Epektazer
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Eldars et philosophie Stoïcienne (et par extension le rapport à la philosophie des autres factions)
Epektazer a répondu à un(e) sujet de Newspaper1905 dans 40K - Background
Hello, Je salue l'initiative et l'intérêt mais pense pour ma part qu'il est assez vain de descendre si précisément en catégorie, notre millénaire favori étant un patchwork plus ou moins inspiré de divers sources culturelles. Pour répondre sur les Asuryanis précisément, on retrouve, il est vrai, une forte inspiration antique européenne, qui correspond d'avantage pour moi au grand âge classique hellénique, bien plus que les latins plus tardif (qui étaient stoïciens). Déjà, l'aspect civilisation idéale éteinte, surclassant toutes les autres par sa science. La recherche invariante d'une voie modérée et stable face à l'hubris (ainsi que de la Némésis qu'elle promet à quiconque s'en approche un peu trop). Les citoyens soldats prenant les armes pour défendre leur cité (l'hoplite athénien). Le mot Archonte qui est grec et désigne une fonction politique (un fonctionnaire athénien, il me semble, mais je ne suis plus sûr...). Le dieu moqueur qui est un calque de Dionysos, dieu de l'ivresse fertile, du dévoiement des apparences et surtout de la Tragédie / Comédie, rassemblement civique et artistique placé sous son patronage à l'occasion des grandes Dionysies, qui comptent parmi les plus importantes manifestations religieuses annuelles de la cité d'Athènes. On remarquera qu'il s'agit ici d'avantage de données culturelles que proprement philosophiques. EK -
[Background] Primarques et Préjugés !
Epektazer a répondu à un(e) sujet de Elnaeth dans 40K - Background
Hello, personne ne l'a mentionné - et c'est peut être pas très important -, mais quitte à "sourcer" les inspirations historico-culturelles des primarques, l'empereur romain Neron m'a toujours semblé être l'un des grands modèles ayant inspiré Fulgrim. (Tout comme Roboutes est clairement inspiré de la séquence hégémonique et plus "lumineuse" du même empire : Hadrien, Marc-Aurel, et bien sûr Jules César plus loins en arrière ; au passage, relevons également que la livré des légions romaines réservait le bleu marine pour la garde pretorienne, la garde rapprochée du César). SPQR. -
J'ajoute cette suite que j'avais rédigé, pour ceux qui seraient intéressés. Bonne lecture ; ) Douze ans s’écoulèrent avant que je ne revois Siméon. * Je retrouvais enfin l’aube bleutée et éternelle de Gizeh secondus après plusieurs longues semaines d’engagement dans le secteur Azorétien. La planète aux étendues gelées tournait toujours la même face à sa petite étoile, une naine bleuté, elle-même prise en rotation autour d’un second astre rougeoyant, Gizeh Alpha. Le réfectoire de la Clef de feu était bâti sur la ligne méridionale qui démarquait la nuit perpétuelle et glacée de la lumière figée. Comme à mon habitude, mon contingent à peine débarquée, je me rendit immédiatement à la chapelle des mortes avant même de m’être délesté de mon armures. J’allait y révérer l’holo-portrait de Volodine, tombée à mes côtés quelques années en arrière, lors de la grandes pacification de la bordure Icarienne IV. Le petit édifice se trouvait à la pointe de l’aile ouest du complexe, juché sur les hauteurs du chemin de ronde. J’enjambais les milles-quatre-cents noms des premières soeurs réunie sur Gizeh, gravés sur le plastobéton blanc qui menait à son parvis quand un servo-crâne fondit sur moi en fendant la neige. La voix encodée débita à toute allure le numéro d’accès de la transmission à travers les grilles de son auto-vox, avant d’annoncer que je faisais l’objet d’une procédure sixtaine prosegora de deuxième degrés - ce qui signifiait que j’étais attendue toutes affaires cessantes par la prieure. « l’Empereur protège », conclut la bande monocorde avant que son support ne déguerpisse se nicher dans l’une alcôve en surplomb. « Si c’est encore une affaire de peinture… » commençais-je à soupirer à part moi avant de me ressaisir et prendre la direction des annexes. La prieure suppléante Léopoldine avait été dépêchée depuis Ophélia VII afin de succédé à la révérende chanoinesse, éteinte à l’âge de deux-cent-quatorze ans, comme guide spirituel et opérationnel de la Clef de feu. En tant qu’ordre mineur exceptionnel, nous tombions sous le protectorat directif du Couvent Sancturum, qui pilotait toutes nos campagnes dans les tréfonds du Segmentum, au pieds du ruban d’Aléda. Soeur Salomé, peu avare en parole dès lors que se présentait l’occasion de sermonner ses paires, et moi la première, soutenait au contraire que notre bien-aimé chanoinesse n’avait mentionnée aucune successeur à son grand-oeuvre, car elle vit, dans la dernière vision que lui offrit le Trône, qu’il ne se trouvait pas une âme parmi nous qui ne soit déjà perdue. Voilà pourquoi, sifflait Salomé à qui voulait bien l’entendre, la révérende chanoinesse était morte la tête contorsionnée dans ses draps, ayant à l’ultime instant cherchée à détourner les yeux. Drapée de la pourpre enluminée d’or et coiffée de la toque énnéagonale qui rappelaient à tous les sources sacerdotales de son autorités militaire et administrative, la prieure était une femme aux traits replets. Orgueil soulignant son statue d’étrangère et d’autorité suprême parmi-nous, son visage oval était encadré d’une longue et dense chevelure blonde s’échappant des rebords de sa toque. Frivolité apparente qui ne manquait pas de trancher avec l’unique et courte tresse juchée au sommet du crâne oblong de Vertencia, élevée Prima Dogmata du préceptoire depuis la campagne du missionariat Criola. Je m’agenouillais et esquissais à l’attention de chacune un salut révérencieux en signants mon bustes de l’aquila impérial. « Soeur Galata, me salua la prieure, votre empressement à honorer les martyrs est digne d’exemplarité. — C’est vous qui les honorez de vos paroles, votre Excellence. — Gardez-vous de trop d’enthousiasme dans cette activité ma soeur, m’asséna immédiatement Vertencia d’une voix emprunte de sévérité. Ce n’est qu’en purgeant l’égaré par le feu qu’on honore les martyrs, non pas dans la fréquentation prolongée des images. (Nous y voilà, pensais-je…). Les images saintes sont les pieds du cultes, poursuivit-elle, mais elle sont aussi la quintessence des mille qui pour chacune sont tombé dans l’oubli, humbles et juste serviteurs du Crédo. Prémunissez-vous de l’orgueil et de la morgue des oisifs, chaque soeur qui meure en portant la lumière soulage un peu plus le chagrin de l’Empereur, mais personne sinon Lui n’à droit d’appeler martyr l’une de ses créatures. Qui pense que les images nous sauvent de l’oubli perverti leur leçon. Au contraire, leur tâche est de nous libérer de sa crainte et d’y plonger avec rage !, cessez d’enluminer la moindre de vos soeurs d’armes occis à Son service comme une images éternelle, mais apprenez à pleurer sur elles comme vous pleurez la multitude anonyme. C’est en se sens seulement que se lisent les images : elles vous soulagent d’attacher trop d’importance à la mémoire des cohortes ainsi qu’à la vôtre. Dans la propagande sainte coule la même éternité qu’entre les lignes du Crédo, leurs suprêmes simplicité contient déjà tous les morts à venir. Nulle besoin de vous fatiguer à les amender par soucis de votre propre trépas. — Votre enseignement est dur Dogmata, mais juste. — Bien !, coupa la prieure en soulignant son ton impératif d’un geste ample qui fit onduler le feuillage de ses robes. Cantus ! ». Des ombres feutrées de l’anti-chambre s’avança une silhouette maigrichonne. Arrivée au niveau des deux supérieures, la petite chose baissa les yeux, semblant hésiter un instant à aller plus en avant. Puis, appliquant l’index sororal dans lequel elle trouva sans doute un refuge utile, et constatant que j’étais toujours agenouillé, elle s’agenouilla à son tour devant moi, s’efforçant de s’incliner encore plus bas que je ne l’étais, comme de coutume chez les novices (ce qui n’était pour elle pas très difficile, il est vrai). « Voici la cantus Siméon, parvenue au terme de sa propédeutique entre les mains des abbesses-instructrices de la Schola Progenium Prioris - louées soit sa lumière éternelle -, d’où elle à ensuite été affectée au Calice d’Ebène - que l’Empereur l’honore. Maintenant passée cantus, elle achèvera sa formation entre les mains de la Clef de feu jusqu’au degrés constantia - si l’Empereur le veux et comme le Trône l’entendra -, afin d’être initiée aux arts multiples de la guerre et des savoirs sur la maîtrise desquels reposent nos opérations en bordure galactique, après quoi nous délibérerons sur ce qu’il sera utile de dire concernant son futur. Galata ». A mon nom, je me levait, cependant que Siméon restait prostrée. Durant le laïus de la prieure, nos regard se jaugèrent en un éclaire. Ses cheveux était toujours aussi roux, coupés au bol dans le pure style novice du couvent Prioris, couvrant son large front blanc d’un arc presque rouge. Etonnamment, ses yeux topazes ne recelaient que très peu l’esprit farouche et téméraire que je m’attendais à trouver. Au contraire, ils paraissaient emprunt d’appréhension, mêlés de la profondeur de l’éveil. C’était le regard d’une authentique Légatine fixant les mouvements de la ligne adverse avant l’assaut. Un regard triste qui rayonnait d’une parcelle de glace antédiluvienne autant que du silence de l’éternité spatiale. « Le trône me garde », pensais-je, et je sentis dans cette sentence qu’elle n’était pas née de mon cerveau, mais correspondait davantage à la concrétion en mots du frisson qui venait d’électriser ma colonne vertébrale. « Le ruban d’Aléda ! ». Il ne me fallut qu’un quantum d’instant pour que me revienne en tête l’intégralité de l’épisode du rituel d’inclusion chapitral des astartes, douze année en arrière. C’est une enfant venue d’un monde où le miroitement du ruban n’était jamais absent du firmament, de jour comme de nuit. Elle porte le ruban d’Aléda dans les yeux !, la promesse des confins, le voile pudique du vide, la frontière consacrée, la bordure des bordure de l’Impérium Sanctum. « Cantus Siméon, poursuivit la prieure avec une douce indifférence, la soeur militante Galata supervisera les enseignements qui vous seront promulgués au sein de l’Ordre et en assumera elle-même une partie. Elle répondra de vous et comme le veulent les clauses ordonnatrices rattachées aux us du préceptoire, vous partagerez sa cellule. Vous aurez en sus, en plus de vos heures de formations, d’astreintes à la prière, de dévouement aux tâches de la communauté, de mobilisations sagaces sur les théâtre d’opération afin d’éprouver votre capacité à combattre ou mourir, le devoir de seconder la soeur militante Galata dans son travail à l’atelier, où elle mettra un soin tout particulier à vous inculquer la science des icônes et la Cartitaris Propaganda, le saint artisanat qui parle d’une main aux très pauvres avec les mots sans mots et offre de l’autre l’humilité, la peur et la dévotion qui prémunie la richesse d’être trop dispendieuse en salive. L’Empereur protège, rompez ». Et sur ces mots, la prieure tourna les talons derechef dans le concert silencieux de ses ecclésiales pans de robe. « Et tachez de vous souvenir que le bolter est l’unique pinceau dont vous ne puissiez jamais vous passer ! », ajouta Vertencia en lui emboitant le pas, ne prenant même pas la peine de préciser à laquelle, de moi ou Siméon, elle avait entendue promulguer sa sentence. De toutes évidence, m’astreindre une cantus jusqu’en cellule participait autant d’une démarche punitive que d’une mise à l’épreuve. La permissivité offerte par la clause ordonnatrice hétérodoxe de l’Ordre rendait confuse mon appréciation de la scène qui venait d’avoir lieu. Comme ordre exceptionnel s’appuyant sur des effectifs restreint à haut degrés de spécialité, la structuration opérationnelle et la cléricature de la Clef de feu reposait entièrement sur la plasticité et la division spéciale des tâches. Il est vrai qu’il n’était pas rare au sein du préféctoire d’attribuer à des militantes la supervision doctrinale et martiale d’une aspirante. Après tout, les conventions ecclésiales de la Schola Progenium surveillaient attentivement le parcours de chaque novice dès son départ de la planète sainte. Je n’avait pas à me préoccuper de leur décision, et si les abbesses-instructrices avaient jugées opportun que Siméon accomplisse ses degrés sous la coupe d’une militante et maître d’oeuvre propagandiste de la Clef de feu, qui étais-je pour remettre en cause leur clairvoyance ? Mais assurément, la présence de la Dogmata à cet entretient en disait aussi assez long, sans avoir en plus besoin d’entrer dans le détail de son sermon en forme d’obscure parabole. Siméon s’en rendait-elle seulement compte ? Avait-elle déjà passée suffisamment de temps dans les anti-chambres de l’Adepta ? Avez-t-elle d’ailleurs seulement conscience qu’elle se trouvait dans le même sous-secteur qui l’avait vue naître, après avoir transité par le Monde Trône, à l’exacte opposé de la Galaxie ?, et qu’elle avait été offerte en cadeau à la révérende chanoinesse Mégaré par un seigneur de guerre astartes ? Non, de toutes évidences : comme nous toutes, les soeurs Pronatus avait pris soin de la soumettre à leur sonde dès les premier jour de son séminaire à la Schola. Elle n’avait conservée aucune mémoire de ce qu’elle fut, son existence débutait dans la vaste Curie du convent Prioris, éclairé par son monumental soleil artificiel. Une feuille blanche, sur l’entête de laquelle on avait à inscrit les seize maximes impératives de l’Adepta Sororitas. Son origine, sa seule provenance, le premier de ses souvenirs. Elle se tint coite devant moi. Attendant certainement une réaction de ma part. En même temps que je tâchait de réfréner mes questions, je détaillais à loisir son petit visage au menton rectangulaire et aux joue creuses, déjà partiellement endurcie par la discipline de ses anciennes maîtresses. Vêtu de la bure bleue claire des cantus du Segmentum Solar (une livrée qui n’était pas en vigueur ici, il faudrait y remédier), son coup encore délicat surmontait un buste presque plat, pour son âge, où l’on devinait poindre sous le revers brodé de son col un épiderme tacheté de pastilles brunes, ocres et ors. « Soeur Galat… ». J’agrippais pêle-mêle son oreille et une partie de ses cheveux pour l’envoyer cogner brutalement contre l’une des armoirie de l’anti-chambre, sans lâcher ma prise. « Jamais tu ne m’appels ta soeur ! C’est ‘superviseur’, ou ‘maître d’oeuvre’ si nous sommes à l’atelier !, même pas ‘soeur militante’ !, je te l’interdit !, pour moi et aussi longtemps que ça me chante tu ne vaux pas plus qu’une catin des cercle inférieur de Basilium ! (Je la fit cogner une seconde fois) Si je t’adresse la parole tu réponds ‘superviseur’ en te signant de l’aquila, ou seulement 'superviseur’ en opération. Tu n’as le droit de parler à personnes sauf sur mes ordres, même pas une novice ou une autre cantus, et si l’une de mes soeurs te parles sans m’avoir expressément demandée la permission tu as ordre de la frapper et d’en assumer seule les conséquences, est-ce que c’est clair !? — Oui super… (Troisième fois). Si je t’ordonne d’arrêter de respirer tu arrêtes de respirer même s’il faut que t’en crèves ! Je sais pas quelles hérésies t’ont fourrée dans le crâne les dialogus du Calice mais je te jure que je vais te les ressortir par le nez plus rapidement qu’un ost custodien en expédition punitive ! (Quatrième) Je suis une soeur militante de la Clef de feu et t’as pas la moindre idée de ce que ça implique !, je suis une soeur de bataille !, l’écume de rage à la commissure de Ses lèvres ! (Cinquième) A la moindre faute je te crèves parce qu’ici il n’y a (sixième) que la guerre (septième) ». J’achevais en l’envoyant paître à terre et prenait la direction de la sortie. Au niveau de la porte, je jetais dernier un regard en arrière. « Cantus ! — Superviseur…, dit-elle en levant maladroitement son corps endoloris pour se signer, la moitié du visage rouge et bombée. — Que vous apprêtiez-vous à me dire ? — Une question superviseur, mais vous venez d’y répondre, superviseur. — Bien ». Je constatais avec satisfaction qu’aucune affection de perçait dans sa voix. « En sortant d’ici, redescendez toutes les marches que vous trouverez pour gagner le prieuré du préceptoire, il jouxte la coure d’armes. De là, il vous sera facile de suivre le couloir d’accès aux cellules. Gagnez la 356XV-bis, c’est celle que je partage avec soeur Salomé. Vous choisirez un angle pour y jeter vos effets. Ma remise est celle qui se trouve sur la droite en entrant. Vous y trouverez un médikit avec lequel vous tâcherez de vous arranger un peu. Chaque jour et chaque soir, j’exige de vous une récitation des passages de mon choix prélevés dans le Canon et par laquelle vous me prouverez votre parfaite maîtrise des accentuations imposées par la liturgie. Vous commencerez par la deuxième strophe du Deutéronome immatériel et le huitième appendice du catéchisme des némésis de Sainte-Cécile. Après quoi, vous vous accorderez trente minute pour en méditer le sens, et accomplirez les huitièmes et treizièmes segments de la Prana-gymnia afin de parfaire vos muscles aux aptitudes des guerrières. Quand vous aurez fini, rejoignez-moi à la chapelle des mortes afin que je vous instruise de ce qu’il vous est utile de connaître concernant votre nouvel ordre de rattachement. L’Empereur protège ». En marchant vers le quartier des artificières pour y ôter mon armure et en faire recenser les pièces, je permis à ma satisfaction d’apaiser un tant soi peu mon trouble. Je pensais aux yeux de la Sainte-Ursule béatifiée que je destinais à la fresque du Temple de garnison des ordos d’Extreach prime. * Il lui manquait une joue. La partie gauche de son visage était enfoncée de plusieurs centimètres sous la partie droite, où l’articulation arrière de sa mâchoire avait perforée la gorge. En ôtant casque, le tout avait menacé de se disloquer complètement entre mes mains. Malgré mes efforts, je n'ai rien pu faire pour les yeux. * J’entendit qu’on s’avançais dans la Chapelle. Je m’arrachait à la contemplation de l’holo-portrait et coupait l’interrupteur. Le visages déformé grésilla un instant, puis le rouleaux se rétracta jusque dans son orifice en faisant ronronner son moteur. « Vous pouvez entrer, cantus », dis-je, percevant qu’on s’était arrêté à l’orée de la nef. Le visage de Siméon était maintenant couvert de grosses ecchymoses. Quand elle m’aperçut, elle s’empressa de se signer. J’avançais jusque’à la quintuple rangée de candélabres de la travée et m’empara d’un cierge encore allumé pour propager sa flamme aux autres. « Il suffit ». Elle laissa retomber ses mains le long de son corps et releva la tête pour suivre mon mouvement à mesure que j’approchais d’elle, mon cierge toujours à la main. Je m’emparais de son front pour inspecter la face tuméfiée de son visage à la lumière. Je senti sa respiration courir sur mon poignet et constatais qu’elle ne trahissait aucune peur. Elle était calme, régulière, patiente. Je la repoussait en arrière et allais m’installer sur un bancs en réajustant le col de ma bure. « Récitez » Planté sur place, elle entama les décasyllabes caractéristique du Deutéronome immatériel, laissant trainer la mélopée sur les derniers quatrains, en bonne scholiaste. Elle avait la voix bien plus grave que je ne m’y serais attendu. « Et tous les saints sortiront de terre, toutes les étoiles y descendront ». * Il y avait Volodine qui courrait quelques mètres seulement devant-moi et l’instant d’après, rien qu’un rideau de terre brune obstruant la totalité de mon champ de vision. J’eu juste le temps déraper et de me recroqueviller en me couvrant la tête. Un grondement assourdissant fit vibrer toutes les jonction de mon armure et le sol retomba sur moi en pluie fine. Je parvins à me relever malgré la persistance du grondement. J’étais totalement sonnée, les couleurs imprimaient de longs filaments sur mes rétines alors que je bougeais douloureusement la tête. Volodine n’était plus, remplacée par le cockpit de l’appareil qui venait de s’écraser sous mon nez et d’où émergeait le buste meurtris d’un artilleur empalé sur un débris, en travers de la vitre. * « C’est assez, passez à la huitième appendice du catéchisme. — Superviseur. — Quoi ? — Le catéchisme des némésis de Sainte-Cécile ne comprend que cinq appendices. — Eh bien (je soupirais, m’efforçant de prendre l’air le plus imperturbable possible), laquelle avez-vous choisis ? — La cinquième, superviseur ». Je l’invitait à débuter d’un geste sommaire, calais mon coude sur mon genou et enfonçais mon menton dans ma paume. J’aurais pu forger un aphorisme pour travestir la faiblesse de mon étourderie en enseignement pieu. Une vrai militante, aurais-je pu aboyer en tirant sa petite main vers les candélabres et la morsure des flammes, une vrai militante aurait fermé le livre et l’aurait rouvert en s’en remettant à l’Empereur et son Trône jusqu’à ce que le huitième appendice vienne à apparaître sous ses yeux plutôt que d’avoir la défiance de réinterpréter chichement les instructions de sa supérieur en choisissant l’appendice numériquement plus proche. Mais j’étais lasse. Je réalisais que je n’avais pris aucun repos depuis mon retour du front. Elle aurait au moins pu choisir le premier, me dis-je en l’écoutant détacher nettement ses ïambes. Celui qui traite de la purgation des peurs, à moins que ce soit dans les Préludes à l’holocauste attribués à l’Archi-diacre de Sépaphos sixte ? « Bien, dis-je en me relevant pour l’interrompre. C’est suffisant. Vous placez mal votre souffle, c’était tout ce dont je voulais m’assurer. Vous vous trainez comme un serviteur défectueux. Je n’ai pas vue tomber mes soeurs au champ d’honneur aujourd’hui pour gaspiller mon énergie à prêter plus longtemps l’oreille à vos vagissements. Tâchez de faire mieux demain et sachez que je ménagerais moins mon courroux. Celle qui ne sait pas respirer correctement ne portera un tir émérite que par l’artifice de la chance, un facteur dont vous apprendrez vite à vous défaire. La respiration précède l’esprit. Nous la recevons en héritage, elle nous traverse de part en part et c’est pourquoi elle est la première et la plus fidèle image de la guerre. Venez ». Je l’emmenais jusqu’à l’abside de la chapelle. Un grand portrait en pied de la révérende Chanoinesse répondait à une immense tapisserie représentant les soeurs des quatre ordres prédécesseurs réunies, foulant pour la première fois le sol de Gizeh secondus dans leurs anciennes livrées. Entre les deux, magnifié par les voûtes axiales de la chapelle reposait l’imposant gisant de Mégaré. Un bloc monolithique creusés de bas reliefs. A son sommet, une chimère à tête de lion conservait jalousement le heaume de combat de la vieille soeur, tandis qu’à ses pied, assis sur le rebord du bloc, un petit chérubin de pierre se couvrait le visage de ses mains en signe d’éternelle affliction. « Que vous a-t-on déjà appris au sujet de la Clef de feu ? — C’est un ordre détaché, placé sous le patronage de la révérende Chanoinesse Mégaré, du Calice d’Ebène, pour opérer aux confins et pacifier la bordure orientale. — C’est juste, nous avons l’isolement et la solitude pour condition, nos interactions avec le reste de l’Imperium sont rares et couteuses. A vrai dire, nous sommes l’Imperium. La majeur partie de mes soeurs proviennent comme vous de la Schola du couvent Prioris, nous sommes l’exemple, le bastion. — Superviseur, la prieur Léopoldine n’est-elle pourtant pas la porte-voix du couvent Sancturum ? — Ophélia VII est plus proche. La foi des filles de Terra est un outil dont l’Abesse Suprême honore la prieur suppléante. Nous somme une arme, notre salut est dans l’obéissance. — Superviseur, s’il revient à la Clef de feu d’assumer le protectorat de la bordure orientale en expurgeant les séditieux, pourquoi opérer toujours de plus en plus loins derrière le Ruban d’Aléda ? (Parce que nous fuyons ma pauvre fille, nous fuyons le mal qui ronge le coeur de la galaxie et nous isole un peu plus chaque jour du Monde Trône, nous ne protégeons personnes, nous ouvrons seulement la route au troupeau) — L’expansion et le colonialisme sont les vertus doctrinales du protectionnisme, dis-je d’un ton pédagogue et détaché. (Vanité, si seulement je pouvais abréger et dormir) ». Je l’invitais à se détourner du portrait, laissant derrière-nous les yeux en amande, la fraise et le chapelet de la Chanoinesse pour l’amener devant la tapisserie des ordres. « Décrivez-moi ce que vous voyez. — Je dirais qu’il s’agit de la geste inaugurale de la Clef de feu, superviseur. Dans le ciel, on aperçoit le ruban, symbole de son cheptel. L’aquila bicéphale guide le groupe de soeurs. Au centre, c’est sans doute la révérende Chanoinesse Mégaré, bien qu’elle soit ici revêtue comme une guerrière du Calice. Elle est parée des attributs traditionnels : le serpent des ordres hospitaliers est dressé à ses pieds ; d’une main, elle brandit le Crédo ; de l’autre, sa paume ouverte soutient la clef aux trois encoches, écusson de la nouvelle fondation. Elle est cernée de deux militantes paradant avec les armes saintes : le bolter et le lance-flamme, rappelant à quiconque que la suprématie militaire est le pilier de l’Ecclésia. Le compas que tient la soeur aux deuxième plan indique sa mains-mise sur les cercles du Pontus Sorora. Et… ici, la jarre que cette soeur déverse au sol évoque l’oeuvre Sabine, l’avant-garde qui répand l’eau bénite pour rendre propice aux semonces du Trône d’Or les nouveaux mondes. — Vos pré-requis en propagande vous honores, cantus. La Clef de feu réunie sous le pouvoir militant une pluralité de traits et d’usages hétéroclites. Notre grand isolement exhorte chacune à repousser les limites de ses fonctions. Notre puissance de frappe repose sur un vaste réseaux d’informatrices, nous adjoignons des missions d’effectifs restreints dans les cercles des gouverneurs planétaires, nous devons nous occuper de collecter, d’interpréter et d’archiver nous-même les éventuelles découvertes que nos raids saints nous amènent fréquemment à faire au-delà du ruban. Et nous avons appris à nous passer autant que faire se peut des prélats de mars. Les prêtres rouges sont tolérés dans les ailes du précéptoire ouvertes à l’engeance mâle, bien sûr, mais… mais la majeure partie du temps, nous entretenons seules notre arsenal. C’est assez pour aujourd’hui, cantus. — Superviseur. — Quoi ? — Qui est la soeurs qui se tient derrière cette militantes, près de la chanoinesse ?, elle ne ressemble pas à… » Je n’écoutais déjà plus. Une odeur cuivrée venait de parvenir à mes narine à travers l’air froid et sec de la chapelle. Typique de l’ionisation d’un rayon nomade en train de se stabiliser. Une téléportation. Je me jetais de tout mon poids sur Siméon. Nous heurtâmes violemment le sol, évitant de peu les rayons laser qui calcinèrent la tapisserie. Je la poussait brutalement jusque derrière le gisant alors qu’une nouvelle salve m’atteignit au mollet. Adossée à la pierre du tombeau, je serrais mes dents à m’en défaire la mâchoire. Mes yeux s’injectèrent. L’irradiation se propagea comme une vague à l’ensemble de ma jambe. Je cherchait à agripper sans y parvenir le kriss attaché à ma ceinture ventrale, sous ma bure. C’était peine perdu. Tous mes muscles se guindaient de douleur. J’entendis le claquement de leurs semelles se ruer dans l’abside en même temps que la main de Siméon courrait sur ma peau, cherchant à s’emparer de mon arme. Téméraire mais inutile. Dans moins d’une seconde ils seraient sur nous. Elle aurait au moins l’honneur de mourir en vrai militante, contrairement à moi. La détonation d’une rafale soutenue de bolter retentit à l’entrée de la chapelle. Les amorces auto-propulsante mirent à feu les projectiles juste au-dessus de nous, bien après qu’ils aient pourfendus leurs cibles. Ils se fichèrent dans les voutes de l’abside, causant une série d’explosions cadencées dans un malstrom de gravas et de fumé. Cette félonne utilisait des munitions d’assaut à bout portant… « Pensez-vous ma soeur !, vociféra la voix de Salomé en se réverbérant dans l’édifice, j’ai couru tout le préféctoir pour vous avertir qu’une chienne avait installée sa tanière dans notre cellule, juste au pied de votre lit, sans doute pour y mettre bas ». Les dernières douilles finirent de rouler à ses pieds dans un tintement métallique. « Mais en l’entendant maintenant glapir depuis l’autre bout de la nef, j’ai bien peur, chère soeur, que nous ayons en fait affaire à une truie ». Lorsqu’elle nous découvrit, recluse derrière le gisant, je ne pu guère faire mieux que m’arc-bouter en agitant les bras dans un râle. J’étais avachie sur Siméon, qui serrait ma tête contre elle pour empêcher mes spasmes de me faire heurter la pierre. Salomé haussa un sourcil indifférent. Elle aussi était en bure, un premier bolter en bandoulière, l’autre dans sa main, le canon encore fumant. D’autres soeur parvinrent derrière-elle et tout autour. Dans le préféctoir, des alarmes s’étaient mise à raisonner. « Pas de panique, cantus. Un tire de laser essuyé sans protection sature souvent le système nerveux. Une armure d’adamantium aurait absorbée la majeure partie de la charge, mais là… Fourre-lui ça entre les dents en attendant ». J’agrippait rageusement avec ma bouche le manche du couteau que Salomé venait de tendre à la cantus. L’effort me soulagea, et peu à peu, à mesure que mes membres se calmaient, le monde alentour s’évapora.
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Un inquisiteur chez les astartes.... ?
Epektazer a répondu à un(e) sujet de Epektazer dans 40K - Background
Et sinon merci Falinor pour la vidéo c'est tout à fait dans le gout... ; ) -
Un inquisiteur chez les astartes.... ?
Epektazer a répondu à un(e) sujet de Epektazer dans 40K - Background
Yes, merci à tous pour vos réponses ; ) Effectivement, Daemonifuge comprend d’ailleurs une autre occurrence d’inquisiteur, Silas Hand, qui a sa propre armure très semblable à celle des astartes. Vos retours recentrent un peu le problème, qui est donc moins l’accès à une physionomie modifiée ou à une armure que le fait de passer totalement incognito au milieu de la routine quotidienne d’un petit contingent de frères de bataille. J’aime bien l’idée que la structure particulière des Black Templar le permette plus que chez d’autres, c’est un début de piste (encore faut il qu'il ne partagent pas les douches... -_-"). Dommage que les scénaristes n’aient pas plus étayés cet aspect, qui en l’absence de précisions demeure une petite incohérence dans l’univers traité. Mais toutefois, les quelques éléments apportés me permettent mieux de l’accepter et de finir mon propre travail d’imagination à ce sujet. Ah oui, c’est vrai. Mais alors, je pense que j’ai toujours trouvé ce concept tellement bancal que j’ai fais de la dénégation et n’y ai même pas songé. (C’était déjà ce qui m’avait fait lâcher la lecture de la saga Dune à l’époque, quand une technologie similaire entrait en jeu). -
Bonjour les fluffeux. Je viens vers vous car une question me taraude. Je me suis replongé il n'y a pas longtemps dans la BD Daemonifuge, estampillée avec un label GW en pied de couverture (la protagoniste principale à même eu droit à sa figurine pour l'anniversaire de la parution, je crois). Si la saveur global de l'univers y est plutôt bien retranscrite, de façon visuelle autant que dans le lore que déploie l'oeuvre, les auteurs me semblent néanmoins avoir pris certaines voies peu orthodoxes vis-à-vis des rudiments les plus établis de cette licence. A savoir, et c'est le centre de ma question : un inquisiteur infiltré chez les Black Templar. Gidéon, qui est un personnage de second plan, semble n'avoir eu aucun mal à se revêtir d'une armure énergétique afin de mener à bien son enquête. Autant, qu'un agent de l'inquisition soit conditionné depuis sa plus tendre enfance à intégrer les rangs d'un chapitre space marine (sans doute avec une mémoire modifiée), afin d'être "activé" au moment opportun par ses véritables maitres, je trouve ça plutôt bien sentie et même assez badass. Mais qu'un inquisiteur adulte même très doué puisse se faire passer pour un astartes à sa guise (et surtout nos croisés préférés....), comme ça à l'air d'être ici le cas... vous conviendrez que plus d'un détail me chagrine... Y-a-t-il eu un retcon de l'ancien lore à l'époque concernant les astartes, où même un adulte puisse être modifié ?, ce qui rendrait déjà plus crédible la chose ? Ou inversement, un astartes "naturel" pourrait-il devenir inquisiteur sur le tard, rompre son allégeance initiale et profiter de sa physionomie pour aller infiltrer des chapitres dont le sectarisme parait suspicieux ? Enfin, je n'ai jamais lu le roman dont est issue la BD, qui fournit peut-être plus de justifications sur ce personnage et son contexte. Merci de vos retours éclairés, si ma question vous parait pertinente (toutes mes excuses également si elle a déjà été traitée par le passé).
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Bonjour les amis. De passage ici pour vous partager un récit cours qui à lieu dans l'univers de Warhammer 40K. N'hésitez pas à partager vos retours bienveillants, et bonne suite à vous. Le ruban d'Aléda. Je venais d’être admise soeur militante de la Clef de Feu, ordre mineur détaché dans les confins de l’Ultima Segmentum sur ordre exceptionnel du Ministorum, afin de préserver et promouvoir la Sainte Parole du Monde Trône au-delà le ruban d’Aléda. Gigantesque formation gazeuse enroulée d’une robe de météores et de poussière miroitante, le Ruban était visible à l’oeil nu depuis la plupart des mondes où nous opérions et délimitait notre cheptel. Les navigateurs le considéraient comme la frontière de l’Imperium, la bordure lointaine de l’Ultima Segmentum. Depuis de longs mois, la sédition gangrénait le système de Népéphrème. Et en ce jour de grâce, le dernier de ses bastions venait d’être occis. Népéphrème secondus, où les traîtres amassés avaient tenu un affligeant baroud d’honneur, était retombée entre nos mains. * Une neige bleutée virevoltait entre les flèches en ruine. Le jour commençait à peine à poindre, mais l’air froid qui soufflait sur les décombres appartenait encore à la nuit. Au-dessus de moi, la huitième flottes finissait de s’amarrer en orbite basse, augmentant la profondeur du ciel nocturne en étalant la perspective de ses nombreux bâtiments. Des monstres de plast-acier à demi-émergés dans une mer d’encre, parfois seulement esquissés par le réseau lumineux de leurs superstructures. Je m’attachais à arranger les corps sans vie de mes soeurs, prestement alignées dans l’attente du derniers rite : l’Onctum Magnificat, qui devait guider l’âme des guerrières tombées jusqu’en Son sein au travers des voies tortueuses de l’Immatérium. Des servocrânes s’agitaient à proximité du sol, enregistrant les visages figés dans le trépas. Bientôt, ils épaissiraient les armoires à rouleaux entreposées dans la chapelle des mortes de notre préceptoire. « Connais-tu la signification de l’ancien vocable ‘siméa’ ? » Je me redressai et attendis la suite en silence, espérant que la chanoinesse révérende Mégaré, réputée pour sa mansuétude, comprenne que la fatigue du combat et le douloureux labeur de l’Onctum me rendent la moindre parole douloureuse. « C’est un mot d’ici », poursuivit-elle en se détournant. Elle longea à pas pesant la quadruple rangée de corps, absorbée dans ses méditations. « Un mot dérivé d’un dialecte abâtardi que ne connaissent plus que les vieillards. Et beaucoup d’entre-eux baisent à présent les pieds de nos soeurs qui cheminent vers la dernière demeure, comme tu l’imagines ». Elle chassa un servocrâne de la main en s’inclinant au-dessus de soeur Avezy. Elle lui referma les paupières, restées grandes ouvertes sur son regard convulsé. Comme j’allais me répandre et implorer son pardon pour ma négligence, elle m’interrompit d’un geste sec et poursuivit : « Un mot mort, juste fantôme pour un monde qui désormais revient à peine à la vie. Il dérive du bas gothique lypsae, qui vient d’apolypsa, lui-même lointain cousins d’une lignée perdu, même pour les Dialogus les plus zélotes. ‘Siméa’ possède, à l’image de l’Aquilla Bicéphale, un double visage. Il indique une fin irrésistible et inéluctable, mais désigne dans le même temps sa transsubstantiation sous les traits d’un voile qui choit ». La notre vieille supérieur gravit l’un des blindés qui se trouvait stationné à proximité. Sa silhouette menue se découpa sur le ruban et les vaisseaux en manœuvre. Nous nous amassâmes pour assister à l’office improvisé qu’elle semblait s’apprêter donner. Elle leva son index osseux, orné d’une lourde chevalière dorée, signe de sa légitimité. « Aujourd’hui mes soeur, la ferveur va faire s’abattre un voile de plus ! Le Légat impose au Carcharodon Astra un arbitrage, et institue comme arbitre suprême l’Abesse Sancturum de l’Adepta Sororitas » Un murmure parcourut les soeurs assemblées. « Et l’Abesse a édictée le transfert exécutif et immédiat de son jugement à l’Ordre de la Clef de Feu, qui devient par conséquent son regard, sa voix et ses oreilles, et se voit intronisé plénipotentiaire ordonnateur de l’arbitrage. Par lui sera ratifiée la volonté du Saint Synode ! ». Une vague de silence accueillit son discours. La chanoinesse darda sur nous ses petits yeux en amande, une expression lointaine et mystérieuse tirée sur le cuir tanné de son visage. Puis elle reprit, plus véhémente encore : « Le Carcharodon Astra a convié en réponse la Clef de Feu à assister, à titre honorifique, à la conférence d’inclusion chapitral qu’il s’apprête à tenir ici-même, afin d’assurer notre personne de sa probité. Achevez le rite funéraire mes soeur !, et rejoignez-moi ensuite au palais des Astropathes recevoir le lègue de notre piété. L’Empereur protège ! » * « La journée ne fait que commencer mes soeurs ». Les remous absorbés par la carlingue du transport couvraient les mots de soeur Volodine. Elle et moi avions été reçue soeurs militantes en même temps. Son crâne était chauve comme le mien, rasé par les Elohiems lors de la cérémonie, juste avant notre débarquement. « Quelle épreuve pourrait nous réserver d’après-vous le palais des Astropathes ma soeur ?, dis-je en tâchant de passer au-dessus du capharnaüm des moteurs. La Pax Impérialis n’a-t-elle pas déjà parlée ? Les astartes honorent l’Adepta, signe qu’ils reconnaissent l’arbitrage. — Avez-vous vu les astartes ? », dit Salomé, une soeur dont la grande arrogance était réputée à travers tout le précéptoire. On murmurait dans son dos que les Dogmata ne cessaient de l’astreindre aux mortifications, et que seule sa très grande piété la préservait d’être condamnée à la Repentance des Guerrières. — Personne, reprit Volodine, l’Adeptus a refusé catégoriquement notre présence sur son flanc. Nous avions ordre de ne pas interférer et de nous concentrer sur les troisièmes et quatrième secteurs. — Nous connaissons les ordres de mission, criai-je ! — Ceux qui combattaient aujourd’hui pour amener le feu de l’Empereur de l’autre coté de la ville charrient une lourde réputation mes soeurs, reprit Salomé. Ils sont enveloppés de mystères. Personne ne les connait, l’espace lointain coule dans leurs veines. Ils écument les étendues noires à plusieurs mois de navigation, loins derrière le nuage d’Aléda. Personne ne sait où les trouver. Ils méditent dans le vide spatial, leurs armures pour seul barrage, cependant qu’en esprit ils sondent le silence et se repaissent de ses sinistres sentences. Ne croyez pas, mes soeurs, qu’ils nous reçoivent dans la joie, le Carcharodon n’aime la compagnie de personne, excepté sa propre ombre ! — Spéculation vaines ! ». C’était soeur Vertencia. Au son de sa voix nous nous tûmes toutes. Elle était la plus âgée du groupe. Moins d’une heure auparavant, j’avais personnellement mené l’Onction Magnificat sur toutes les autres Célestes de son unité. Il ne restait qu’elle. « Depuis quand mes soeurs, reprit-elle, la main droite s’occupe-t-elle de juger la gauche ? Prémunissez-nous du blasphème, nous sommes en vie, c’est une honte bien suffisante ». Salomé s’enfonça dans son siège, sa nuque plus haute et droite que jamais, creusant ses joues d’un âpre mouvement de mâchoire. * Nous entrâmes casqués dans le vaste hall du palais, ou ce qu’il en restait. C’était la dernière place où s’étaient retranchés les factieux avant de tomber aux mains des astartes. Il représentait pour toutes les forces déployées l’indice de leur suprématie militaire. Des autovox montés sur servocrânes nous entouraient, diffusant la lente mélopée du Deutéronome Immatériel dans les couloirs vides. Volodine ouvrait la marche avec les armoiries de l’Ordre et l’encensoir de Sainte-Ursule, entourée des volutes de fumée crème qui roulaient sur le sol à chacun de ses pas. Vertencia, étant la plus expérimentée, fermait la marche, comme le voulait l’Index. Nous dépassâmes un serviteur étalé sur le dos, buste ouvert. Agité de spasmes, il exhalait un râle sporadique. Sa chair profanée dévoilait l’embrouillamini complexe de ses organes modifiés. Sa tête n’était plus reliée à son corps que par une faible jonction de câblage. Il suivait notre progression de ses yeux jaunes à mesure que nous l’enjambions, indifférentes. Un instant, il me sembla que le Deutéronome sortait également des amplificateurs fixés à sa gorge et se mêlait en grésillant à son hoquet. Salomé parla dans l’intervox : « Les litanies nous gardent de la peur mes soeurs, mais combien nous libèrent de la honte ? — Silence ! », siffla Vertencia. Je resserrai mon bolter contre moi, trompant l’appréhension en concentrant mon ressentiment à l’égard du déviant, de l’oisif, du défaitiste et du sorcier. * Le Carcharodon Astra avait pris place dans la Chambre Haute du seigneur Astropathe. Elle était située dans une partie épargnée de la coupole, tout au sommet du Palais. Une vingtaine d’enfants frigorifiés étaient amassés presque contre la porte que nous empruntâmes pour pénétrer dans la pièce circulaire. Nous rejoignîmes les Célestes de Mégaré en complétant leur rang face aux guerriers astartes. Au nombre d’une douzaine, ils nous faisaient face, inflexible et immenses dans leurs armures patinées à la vétusté sortit d’un autre âge. Au centre de la pièce avait été déroulé un vaste tapis brodé à l’usure sablonneuse, issu du reliquaire du chapitre. Cette unique ornementation en disait long sur l’austérité de nos hôtes. Un instant, la pensée que ce dépouillement nous était directement adressé effleura mon esprit. Quand nous eûmes fini de nous placer en ordre de revue, la voix de la chanoinesse claironna : « Veuillez, chef de banc Caliogath, accueillir parmi-vous les derniers éléments de ma suite, et recevoir, au nom de l’Ordre mineur militant de la Clef de Feu, représentant de l’Abbesse Sancturum dans l’Ultima Segmentum, les mérites et béatifications qui vous sont dus. » Caliogath, chef suprême du raid astartes dépêché dans le système Népréphrème, dépassait encore de plusieurs têtes la chanoinesse, bien qu’elle se soit tenu debout et que lui fut assis sur un petit trône de bois brute dépourvu de fioriture, à l’image du tapi et de l’armure de ses hommes. Ils étaient les deux seules personnes de l’assemblée, exception faite des enfants, à se tenir visages découverts. Du reste, les imprécations de Salomé n’étaient pas dépourvues de fondement. La peau absolument blanche du chef de banc était tirée sur son visage triangulaire, et son nez enfoncé sous sa chair était réduit à deux orifices plissés. Combien de siècles d’isolement et de proximité avec le néant avait-il fallu pour engendrer cet être au profil de squale ? Malgré mes efforts pour éteindre mon zèle, la proximité de cette souche génétique dégénérée me serra la gorge. Pas étonnant qu’on ne représente jamais le Carcharodon Astra sur les armoiries des temples et des palais, que tout le monde l’ait en partie oublié et que le Légat s’empresse de lui imposer un arbitrage dès que ses guerriers venaient à se manifester aux confins d’un sous-secteur quelconque… « Le Carcharodon accepte vos béatifications, chanoinesse », proféra-t-il sèchement dans un haut gothique dont le débit lent et hachuré trahissait sa maîtrise peu certaine. Tout dans son expression respirait le mécontentement. « Voudriez-vous nous instruire au sujet des enfants, Seigneur Caliogath, les destinez-vous à recevoir votre souche chapitrale ? — Aux dignes nous offrons l’astre. — Sont-ils de Népréphrème secondus ? — Nous n’avons que l’onde noir pour demeure. La guerre est notre mère. Une bonne mère. — Ceux-là, vous les avez donc jugés dignes ? — Non ». L’un de ses guerriers agrippa deux des frêles silhouettes et les projeta brutalement au centre du tapis. « Ils imploraient parmi les ruines des premières frappes, poursuivit Caliogath. Nous n’avons épargnés ni père, ni mère. Mais nous avons entendu leur plainte, nous leur avons offert d’être l’avant-garde Carcharodon, un bien dont peu peuvent se prévaloir dans la galaxie. Ceux-là en sont revenus. Qui sait s’ils sont dignes ? — Alors procédez. — Un Carcharodon comprend seul ce qu’il doit faire », dit-il à l'attention des enfants. Les deux garçons, qui balayaient du regard tantôt un groupe, tantôt l’autre, finirent par s’envisager mutuellement. Bien que minuscules en comparaison de la pièce et des astartes rangés sur le côté, le son de leurs respirations conjointes emplit l’espace d’une densité peu commune. Ils se mirent lentement à se tourner autour, puis petit à petit, leurs mouvements prirent l’allure d’une danse saccadée. L’un avançant, l’autre reculant. Caliogath plissa ses yeux noir et sans rétine, pendant qu’à ses côtés, Mégaré arborait un masque impassible. Le plus grand des deux bondit sur l’autre et le roua de coups de poings et de genoux. Ils finirent par s’effondrer et l’autre bascula sur le premier, qui répliqua en agrippant la tignasse rousse de son adversaire pour l’entrainer de nouveau au sol. Ils roulèrent encore l’un sur l’autre, se déplaçant de droite à gauche sur le tapis, haletant comme deux chiots. Ils étaient en nage, le roux avait le sourcil ouvert, l’autre boitait maintenant d’une jambe, ils reculaient, se percutaient à nouveaux, de haut en bas, de bas en haut. Leurs membres maigrelets formaient une pelote de fil aux noeuds glissants, ou un gros insecte à la morphologie confuse. De ma journée, pourtant, je n’avais rien vu de plus humain. * Le plus grand des deux avait arrêté de bouger depuis presque une minute maintenant, mais le petit roux continuait à frapper. Il poussait un petit cris à chaque coup, frappait du poing, plongeait pour taper avec sa tête, rouait d’un genou le corps sous lui. Je parcourus l’assemblée des yeux. Malgré les casques, astartes et soeurs semblaient tous émerger d’un rêve étrange et reprendre lentement conscience pendant que les claquements mous continuaient de raisonner sous la voûte. Soudain, le garçon se leva et à ma grande surprise, fonça sur Caliogath. Il eut à peine le temps de lancer son minuscule poing contre la jambière du guerrier que celui-ci l’envoya paître à plusieurs mètres. Propulsé sur le dos, il se releva, ses articulations tremblantes mises à rude épreuve, et planté sur place, poussa un rugissement de lionceau en direction du chef de banc. Alors Caliogath se leva de son trône, dominant tout l’espace de sa monstrueuse carrure, et répondit à l’enfant par un rugissement des centaines de fois plus puissant. Un grondement abyssal dont je perçus la vibration à travers mon sternum. Le silence retombé, l’astartes le rejoignit à pas lents. Nous étions tous suspendus à leur face-à-face disproportionné. Caliogath jaugea le petit corps qui reprenait à grand peine sa respiration. Au milieu de ses tâches de rousseurs, ses yeux aux reflets topazes s’étaient comme éteints. Il paraissait sans forces. Sans doute allait-il s’écrouler d’une seconde à l’autre. Les narines du guerrier se dilatèrent, il huma l’air ambiant un instant et grogna. Sa main se porta à l’un des couteaux enfournés contre les bandoulières de son armure, et d’un éclat de lame net, il rompit l’attache de la petite tunique fripée qui glissa au sol d’une traite. Alors nous vîmes tous. L’enfant se tenait debout, nue et immobile devant le guerrier. Son sang mêlé à celui de l’autre colorant encore par endroit ses mollets, ses avant-bras et ses épaules. Elle ne dépassait même pas la genouillère du géant. Elle était si maigre, sa colonne ressemblait à une crevasse entre ses deux omoplates saillantes, son ventre n’était qu’une cavité sous son buste, où la peau étirée sur ses os aplanissait sa poitrine sur le remous de ses côtes, ses jambe s’arc-boutaient faiblement, comme une ogive, jusqu’au trait blanc de son sexe. Caliogath se retourna vers Mégaré, une grimace de dégout sur le visage. La révérende chanoinesse peinait quant à elle à réfréner un sourire satisfait. « Accepterez-vous, chanoinesse, en remerciement de votre venu, ce présent du Carcharodon ? ». FIN