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Tout ce qui a été posté par Inxi-Huinzi
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Lol, désolé de te decevoir mais pas du tout C'est une pure coincidence !!! Les seuls livres que j'ai lu de Feist sont les trois premeirs des : chroniques du krondor ! Et là je lis le quatrième Je comptais lire la guerre des serpents mais pas tout de suite vu que c'est pas à la suite de ce que je lis Mais à priori, je vais avoir des surprises Ca sera différent avec les nains ! On ne saura pas tout de suite qu'est ce qu'ils ont apporté ! En tout cas, heureux que ca vous plaise ! Bizarement, personne ne s'est plaint de ne pas savoir qu'est ce que font les elfes et nains ici Pourtant 'est le plus important le message @+ -= Inxi =- EDIT : J'ai pris en compte les remarques de Iliaron pour que Ylith garde une psychologie plus cohérente
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Voici une petite suite Voule le saurez toujours pas C'est la réponse à la question que tous doivent normalement se demander ! Allez, vla la suite ! / @+ -= Inxi =-
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s'écoula Pas mal sur le fond ! Mon seul reproche sera sur l'enchaînement moment où il est sur le faucon, moment où il fait un enchainement J'ai cru qu'il était decendu donc j'ai du relire pour vérifier que c'était pas le cas Sinon la bataille est bien continuée mais je me demande bien pourquoi il ne souviens plus de l'elfe, c'est quand meme une rencontre importante. Enfin je veux dire que l'efficacité puis la disparition aurait pu lui mettre la puce à l'oreille. Meme s'il se dit : ' Non, ce n'est pas possible que... ' Sinon, c'est franchement bien ! Vivement la suite @+ -= Inxi =-
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Voici donc la suite que, ma foi... J'aime bien / @+ -= Inxi =-
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Bon ben c'est avec grand plaisir que je renoue avec les aventures de tes deux héros Alors, je vais te dire les trucs qui m'avaient marqué dans ton récit En fait, y en a deux que j'oublierai jamais de ma vie : Une blague que tu as faite à la fin d'un de tes chapitres et ce truc avec l'absence de la magie PArce qu'en fait, j'avais jamais eu la réponse du pourquoi y en avait plus !!! Bon bah alors sur le fond, que dire... On reprend doucement ! Tu te fais plaisir en narrant des petits combats et c'est assez chouette En plus, il va perdre contre des gobs... Que d'émotions J'attends de voir ce qui va le sauver !! Encore @+ -= Inxi =-
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Et bien quelle surprise Linuath ! Ca me rappelle une bien lointaine époque Après le retour du syberion, celui de Linuath ! Moi qui croyait que les auteurs de mes débuts avaient tous disparus... ! Je me rappelle également d'un texte mettant en scene un elfe Il me semble d'ailleurs qu'il n'était pas terminé ! A quand la suite je dirai ? Il mérite une fin ( et un résumé avant que je l'y retrouve ! ) En parlant de texte, Gemini va bientot poster le sien ! Tenez vous prêt ! En fait, plutot fantastique ou sciene fiction ? ( Tu devineras ma préférence ) Sinon, je voulais juste dire que je vais faire ces changements et que j'ai retiré la mention de l'épée quand il agresse le général Pour terminer, je sais pas si c'est censé etre une surprise mais mon texte va recouper celui de Fibur. C'est une idée venant de lui Comme il a vu qu'on allait parler de nains, il s'est dit qu'il pourrait les inscruster Comme ca peut etre marrant, j'ai accepté ! Bon le truc c'est que mon récit est bien avancé et vous risquez de comprendre qui ils sont qu'à la lecture du texte de Fibur ! Enfin comme il est loin d'être à ce passage, vous avez largement le temps ! Voilà tout ! La suite demain comme prévue @+ -= Inxi =- EDIT : Amorifices.... Je posterai sa récriture ensuite Je l'avais bien bâclé !
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Mdr, le mieux c'est : Mort de rire Ca balance, ca balance Ah oui, bizarrement dans la liste des courses, j'ai vu passer un Toudou Et puis des ratons laveurs On sait jamais, ca peut servir... En tout cas, retrouve Toudou @+ -= Inxi, uiiiiiiiiii =-
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Tite suite dans laquelle les choses s'accélèrent ! Sur ce chapitre, grand merci au tout mouru qui a trouvé le courage de tout lire ! Et tjs merci aux autres qui continuent à lire / @+ -= Inxi =-
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Ah on peut dire que ca me manquait Par contre, je croyais à un come back mais il n'est meme pas question de Zaleth ! Dommage ! Mais bon, meme les aventures terminées, on aura peut etre droit à une suite, un jour qui sait ? @+ -= Inxi, bref mais plaisant ! =-
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Pas mal J'envie de dire : court ... Et je vais le dire : COURT Alors la prochaine fois long, parce qu'en fait, on croit que c'est pas négatif mais en fait si. Parce que pendant deux minutes, il faut qu'on se rehabitue à l'histoire puis ensuite... c'est la fin Alors, s'il te plait... Plus long !! Pour le fond, c'est pas mal. On sent que c'est le chapitre qui va déterminer la suite de l'histoire ! Surtout avec la dernière phrase. Un petit sursaut de conscience ? Le petit lien avec le début ? On verra vite ! Allez vivement la suite, rien de negatif à dire ! @+ -= Inxi =-
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Que la chasse commence Chapitre LX Neldirage était en train de se soulager dans le fleuve quand une lueur rouge éclaira la région telle un petit soleil. Aussi rapidement qu’il était arrivé, le signal se fondit dans les étoiles. Le capitaine pensait avoir rêvé quand il se précipita vers le campement pour avoir confirmation de ce que c’était. Neldirage émergea dans la clairière en même temps que tous ses éclaireurs. La mission commençait : tous avaient vu le signal. -Prenez les haches et suivez-moi ! Décréta Neldirage en attrapant une arme. Les barbares grognèrent et traversèrent les fourrés à la suite de leur chef et ami. Ils écartèrent les fougères qui gênaient le passage ce qui créa de petites chutes de neige. Sans aucune crainte, Neldirage avança sur la plage. Ses éclaireurs avaient fouillé les environs et ils n’avaient rien trouvé : personne ne surveillait le navire… Un excès de confiance qui leur coûterait la vie et leur navire. La dizaine de soldats monta sur le navire en vue de le saborder. L’absence devait remonter à quelques jours car une fine couche de neige avait recouvert le bateau et un tonneau rempli d’eau avait gelé. Après avoir fait quelques mouvements d’épaules pour se chauffer un peu, Neldirage attaqua le mât à grands coups de hache. Ses compagnons vinrent en renfort ou s’attaquèrent au plancher. Le mât central s’effondra et les amis durent s’écarter de son passage. La barque mesurait trente pieds de long sur neuf de large. Elle était noire comme la nuit avec des symboles rouges peints sur son côté. La couler fut plus rapide que prévu au grand dam des barbares qui pensaient se défouler plus longtemps. Après cinq minutes à projeter du bois dans tous les sens, l’eau commença à s’infiltrer par les brèches. Lorsque Neldirage ordonna le repli, quelques centimètres de ce précieux liquide recouvraient déjà le pont principal. Le bateau coula mais, comme la mer n’était pas profonde à cet endroit, il ne resta que partiellement immergé. Ce fut superflu mais pour calmer l’attente de ses hommes, il ordonna qu’on brûle la partie de l’épave qui dépassait. A la surprise des soldats, Neldirage invoqua une flamme dans sa main. C’était la première fois qu’il usait de magie devant d’autres personnes que Rek. Les nordiques, méfiants de la magie par nature, hésitèrent une première fois avant de mettre leurs branches sèches dans la flamme. Une fois que plusieurs torches furent allumées, ils transformèrent le navire en brasier. -Retournons au campement ! Ordonna Neldirage en espérant que cela ait suffit pour calmer ses hommes pour un temps. -Je ne comprends toujours pas pourquoi s’attaquer à notre forteresse… Avoua Gromf. On est dix fois plus nombreux qu’eux, rien qu’en effectif militaire… Pourquoi ne se doutent-ils pas qu’on finirait par contre-attaquer ? -Je pense, dit Neldirage non loin de la vérité, qu’ils souhaitaient exploiter le filon au maximum. Pourquoi trouver une autre colonie quand ceux d’en face ne se sont toujours pas organisés ? Les chefs chaotiques ne doivent pas se soucier d’une poignée d’hommes : s’ils reviennent tant mieux, sinon… tant pis. -Quelles sont les pertes acceptables pour cette mission ? S’inquiéta un homme. -Nous avons…. Réfléchit Neldirage… cent cinquante hommes, c’est ça ? Ils confirmèrent. -Un état-major considérerait que les pertes acceptables sont de cent quarante-neuf soldats. Les soldats rirent bien que la remarque de Neldirage soit la vérité. Pour lui, les pertes acceptables étaient de zéro. Aujourd’hui, seuls des combattants expérimentés avaient pris part à la campagne et le capitaine ferait tout pour que ce chiffre reste vierge. -Combien de temps allons-nous patienter ainsi ? Demanda Damien. -La logique veut que ça soit le temps qu’ils arrivent. -Je ne mettrai que deux sentinelles aujourd’hui, les autres : au repos ! Neldirage désigna deux gardes qui prirent la première veille. Alors que le jour ne s’était pas encore levé, les sentinelles revinrent et secouèrent tout le monde. -Capitaine… Capitaine ! L’un d’eux reprit sa respiration le temps que Neldirage sorte de la tente tout débraillé. Quand le capitaine comprit ce qu’il passait, il ordonna aux deux veilleurs de ranger le camp pendant que les autres prendraient les chaotiques en chasse. Neldirage avait prévu le coup car les deux premières sentinelles étaient des éclaireurs et aussi les plus jeunes du groupe. -Ne prenez pas de risques… Dit le chef au deux hommes. Si vous n’avez pas fini dans deux heures, vous retournez à la forteresse prévenir tout le monde. Le capitaine savait que ce délai n’était pas tenable. Le tout, c’était qu’eux ne le sachent pas et cela semblait fonctionner. Neldirage enfila le plus rapidement ses affaires et prit Gromf avec lui pour aller jeter un coup d’œil. Il traversèrent une rangée d’épicéas et se cachèrent derrière un petit monticule toujours aussi enneigé. De l’autre côté de la rivière, une vingtaine d’homme, aux cheveux et à la barbe hirsute, allait entreprendre de traverser la rivière. Surgirent quatre cavaliers. Ils n’étaient pas aussi dénudés que le reste de la bande et cela inquiéta Neldirage. -Qui peuvent-ils être ? Demanda notre soldat. -Je ne sais pas… Répondit Gromf. Des surveillants peut-être… Les cavaliers noirs ne perdirent pas de temps et traversèrent la rivière par le même gué que Neldirage et ses hommes avaient emprunté. Les autres barbares, ceux couverts de tatouages, traversèrent pratiquement à la nage comme s’ils étaient insensibles à la température. Au grand regret de Neldirage, aucun ne se noya dans le fleuve. -Dix cavaliers contre vingt hommes peu armés et soutenus par quatre chevaliers, cela me semble jouable ! Déclara Gromf. -Sûrement mais pas sans pertes… On s’en tient au plan, cette vengeance n’est pas que la tienne, Gromf. Le barbare grogna en même temps qu’un chaotique. Ils avaient repéré des traces qu’avaient laissées les précédents cavaliers. Neldirage maudit sa négligence et attendit la suite. Les barbares dégainèrent des hachettes tandis que les cavaliers sortirent des lames plus fines. Ils s’enfoncèrent tous dans la forêt. Le capitaine était légèrement rassuré. Ils ne devraient pas s’approcher du campement. Les deux compagnons firent donc demi-tour et retournèrent prévenir les autres soldats. Ils grimpèrent tous sur leurs montures et suivirent Neldirage après qu’il leur eut expliqué. Ils émergèrent de la forêt mais restèrent assez cachés pour que les barbares ennemis ne les repèrent pas. Les cavaliers furent les premiers à voir que leur embarcation avait été sabotée. Ils se rassemblèrent en cercle et semblèrent parler entre eux. Un des barbares émergea des fourrés, il fut aussitôt suivi par d’autres congénères à la recherche d’une cible. L’un d’eux, voyant que leur moyen de fuite était détruit, cria quelque chose aux cavaliers. Une lame brilla dans la nuit et trancha la tête de l’impudent. Ensuite, un autre montra le nord. Les barbares regardèrent dans la direction et hochèrent la tête. C’était le moment d’agir, Neldirage espérait que ses hommes se tiendraient à carreau. Ils s’avancèrent sur la plage, dos à leur ennemi. Quand il fut assez proche pour leur laisser le temps de fuir, le capitaine dégaina sa lame et se servit de la lune pour que son éclat se reflète sur l’un des visages adverses. Un des ennemis cria et tous se retournèrent vers les chevaliers. Neldirage s’imaginait effrayant : Cavaliers silencieux, la lune dans leurs dos cachait leurs visages et pour compléter le tout, les rayons lunaires et stellaires faisaient scintiller armures et armes. Neldirage créa une flammèche dans sa main. Un cavalier noir fit un signe de tête dans sa direction. Le capitaine dégaina sa lame et chargea dans un silence toujours plus complet. C’en fut trop pour les chaotiques qui fuirent devant ces fantômes. Une fois qu’ils eurent tous disparu en forêt, Neldirage ordonna qu’ils ralentissent l’allure. Ils pistèrent ensuite les chaotiques qui s’étaient cachés derrière un groupe de sapins. Ils manquaient de discrétion mais le capitaine adorait cette chasse à l’homme. Ses compagnons avaient cette même lueur qui brillait dans les yeux. Ils allaient payer mais ne connaîtraient pas tout de suite leur tourment. Neldirage fit exprès de parler fort en espérant que l’ennemi comprenne sa langue. -Nous allons ratisser l’est ! Ensuite, nous repiquerons au sud jusqu’à la forteresse ! En avant… Si les chaotiques avaient un tant soit peu d’intelligence, se dit le capitaine, ils devraient foncer au nord pour éviter de se faire pourchasser. Neldirage et ses cavaliers continuèrent cinq minutes dans la direction indiquée avant de faire demi-tour et de retournez près des arbres où s’étaient cachés les nordiques. Les empreintes fuyaient vers le nord… La chasse commençait. Neldirage se fendit d’un sourire cruel avant de dire : -Laissons-leur un peu d’avance… Ses compagnons rirent. La soif de sang bouillait dans leurs veines. Neldirage et ses soldats jouaient depuis une heure à leur petit jeu. Ils poussaient inexorablement leurs adversaires vers le reste de l’armée. Ils faisaient une sorte de ronde empêchant ainsi les chaotiques de prendre une direction incongrue. Maintenant, Neldirage patientait avec ses cavaliers à l’orée d’une clairière. Si le capitaine avait vu juste, ses ennemis devraient sortir dans la plaine dans quelques instants. Ses prévisions furent conformes à ce qu’il avait imaginé et les cavaliers sortirent de la forêt, entourés des barbares. Notre héros se concentra et capta les vents magiques afin de créer une nouvelle flamme dans sa main. Cette lueur attira l’attention des ennemis qui voulurent s’enfuirent à l’est. Après une cavalcade improvisée en galopant dans le même sens qu’eux, Neldirage et ses hommes finirent par leur faire rebrousser chemin et les orienter vers le nord. Un archer enflamma son trait et banda son arc. Au signal de Neldirage, le projectile parcourut les cieux en laissant une trace de fumée qui ressemblait à une chenille géante. La flèche se planta à une dizaine de mètres derrière les barbares. Ceux-ci accélèrent l’allure en pensant qu’on les visait. En face de lui, la clairière se trouvant sur une petite colline, Neldirage vit des dizaines et des dizaines de torches embraser la nuit. Pierre et Ylanay avaient positionné parfaitement ses hommes. Ils formaient une large ligne dans laquelle les dix cavaliers rabatteurs allaient repousser les chaotiques. Les dix cavaliers s’équipèrent de torches. Quatre partirent au milieu de la clairière, deux sur le côté ouest et deux sur le côté est. Neldirage espérait faire croire aux envahisseurs qu’une véritable armée se trouvait derrière eux. Alors que le capitaine pensait que le contact avait déjà eu lieu avec Van et Pierre, les barbares émergèrent et se précipitaient vers Neldirage et ses trois soldats au centre de la clairière : Ils faisaient demi-tour. A leur suite, quatre chevaux chaotiques réapparurent pour seulement deux cavaliers. Ils dépassèrent rapidement leurs congénères à pieds avant de charger les quatre soldats. Neldirage dégaina son épée et décala son cheval au centre de la formation. Gromf fit de même ce qui créa deux couloirs dans lesquels allaient s’engager les deux cavaliers restants. Neldirage, incapable de dégainer sa deuxième épée encore attachée à la selle, opta pour son bouclier. Il le mit devant lui et avec son autre main, il mit son épée de façon à pouvoir frapper. Les cavaliers noirs n’eurent pas le temps de modifier leur course et s’engagèrent dans les deux petits espaces laissés pour le passage. L’un des deux chaotiques tenta de frapper Neldirage qui rabattit son bouclier vers lui. La lame rebondit dessus mais la force du coup le laissa sans possibilité de réponse. L’homme se situant à droite de Neldirage put, lui, assener un coup d’épée au niveau du torse qui propulsa le chaotique au sol. Sans hésiter, l’homme qui venait de frapper sauta de ses étriers pour étriper à mains nues l’homme qui avait participé à l’attaque de son village… Car ce devait être les cavaliers qui avaient éliminé la patrouille. A sa gauche, Gromf s’était aussi défait de son adversaire d’un coup de hache qui lui fit sauter la tête dans un geyser de sang. Les chevaliers de Pierre et Ylanay sortirent de la forêt immédiatement après. Ils avaient dû peiner à traverser la zone boisée. En tout cas, les chevaliers frappèrent tous les barbares du plat de la lame avant de se jeter, parfois à plusieurs, sur un homme. Neldirage était révulsé devant tant de violence. Des membres étaient coupés, des têtes arrachées, certains étaient battus à mort, d’autres se tortillaient pour éviter de cruelles exécutions. Le capitaine, dans sa jeunesse, n’aurait jamais laissé ses hommes accomplir de tels méfaits. Mais Neldirage trouva que ces châtiments étaient encore trop doux. La seule chose dont il était sûr, c’est qu’il commençait à s’enivrer des batailles et le sang sur sa lame l’apaisait. A cette révélation, le capitaine faillit lâcher son épée. Etait-ce elle qui lui faisait savourer ces moments de haine et de barbarie ? Neldirage ne le savait pas et il se promit de demander à Rek dès son retour. Autour de lui, les barbares semblaient avoir calmé leur inextinguible soif de vengeance. Certains étaient assis et pleuraient, sûrement en souvenir de ceux qui avaient été tués il y avait quelques nuits de ça. Certains essayaient d’enlever le sang de leurs corps comme s’ils avaient été possédés lors de cette chasse meurtrière. D’autres encore s’assirent à côté des soldats qui pleuraient pour tenter de les réconforter. Neldirage vit avec stupéfaction la plaine se recouvrir d’un rouge écarlate. Que s’était donc t-il passé pour qu’ils en arrivent là ? Le capitaine secoua la tête et se mit en quête d’un bilan sur les pertes de la bataille. -Un blessé de notre côté, dit Pierre. C’est arrivé quand les cavaliers ont chargé… Un coup d’épée au niveau du genou. Ca a l’air grave… Je crois qu’il faudrait demander à Ylanay. -Fais-le quérir… Neldirage guida Eclair jusqu’à la source des hurlements. Derrière un bosquet pourtant accueillant, un homme criait en se tenant la jambe. Autour de lui, deux hommes le plaquaient au sol tandis qu’une plaie suintait sur sa jambe. Le bas pendait mollement et une artère semblait avoir été sectionnée. Autour d’eux, une véritable mare de sang s’était créée. -Neldirage ! Hurla Ylanay en arrivant, il faut que tu allumes un feu et fais chauffer ces outils, vite ! Ylanay tendit une hachette et une sorte de grosse pelle à Neldirage. Ce dernier apostropha plusieurs hommes pour qu’ils dégagent un coin sec… Il fallut creuser et il leur délégua le soin de créer un brasier. Neldirage retourna près du souffrant. -Que faut-il d’autre ? S’enquit-il. -De la bière… -On a de la bière ? Demanda Neldirage à Pierre juste derrière lui. -Un tonneau ! -Va le chercher ! Vite ! Pierre disparut en vitesse pour rejoindre le campement à quelques minutes de là. Son ami revint relativement vite pour la circonstance. Neldirage et Pierre firent rouler le tonneau du chariot et le capitaine saisit une gourde qu’il mit dans sa poche. Pendant ce temps, les autres militaires avaient crée un feu dans lequel reposait les outils. -Bon tout est là ! L’hémorragie semble calmée ! J’ai du pincer l’artère pour éviter qu’il ne se vide de son sang. Je crains pour sa jambe qu’il ne soit trop tard… Tu comprends ça ? Demanda Ylanay en passant un main sur le visage de l’homme et lui dégageant les cheveux. -Oui… Parvint-il difficilement à articuler. -Amenez le tonneau de bière ! Dit Ylanay. Le capitaine et Pierre le firent de nouveau rouler vers le bloc chirurgical improvisé. -Faites-le boire ! Saoulez-le ! Moins il sera conscient, mieux ça sera. Les barbares présents autour de la scène attrapèrent de petits gobelets et le firent boire à tour de rôle. Ylanay, quant à lui, exerçait encore la pression qui évitait que l’homme ne perde tout son sang. Il en coulait encore, nota Neldirage, mais beaucoup moins qu’avant. Quand l’homme sembla complètement ivre, Ylanay indiqua ce dont il avait besoin pour la suite. -Neldirage, toi qui as encore les mains propres, tu vas me seconder. Notre ami n’était pas forcement honoré d’être aux premières loges. Il accepta quand même, c’était l’un de ses hommes et pas question de le laisser dans cet état. -Que devrai-je faire ? -Quand je commencerai à couper, verse de la bière sur la plaie avec ta gourde… Neldirage comprit alors pourquoi l’homme devrait être le plus amorphe possible. En plus de lui scier la jambe, il allait attaquer la plaie à coup d’alcool. Le capitaine se jura d’être prudent pour éviter de se retrouver dans cette situation. -Un homme fort supplémentaire ici ! Hurla Ylanay. Un homme se présenta. Si la vue du sang le répugnait, il n’en laissa rien paraître. D’une main puissante, il appuya sur le torse du soldat pour que les deux autres se concentrent sur les bras et les jambes. -Vous ne lui dites pas que je vous l’ai dit, hein ? Dit le soldat ivre en délirant. -Bon tout le monde est prêt ? -Les papillons ! Ne sont plus dans la clairière ! Chanta à tue-tête le patient. Neldirage lui mit un rondin de bois circulaire dans la bouche. -Hachette ! Cria Ylanay à l’adresse des soldats qui patientaient près du feu. Ils se précipitèrent et l’opération put commencer. D’un coup net, Ylanay frappa la jambe juste au-dessus de la plaie. L’homme eut une convulsion, ses yeux roulèrent dans leurs orbites. Neldirage lui conseilla intérieurement de s’évanouir. La douleur lui fit reprendre légèrement conscience et il aurait hurlé s’il n’avait pas eu quelque chose dans la bouche. Ylanay réitéra. D’un coup sec, il coupa l’os mais ce ne fut pas assez fort pour trancher le reste de la jambe qui n’était plus qu’attaché par un mince lambeau de chair. Neldirage, lui, avait fermé les yeux et versait l’alcool au hasard sur la plaie. L’homme s’évanouit au soulagement de ses amis aux alentours. -La pelle ! Demanda Ylanay qui venait de trancher le membre. L’acier avait blanchi sous la température et les soldats firent attention en le manipulant. Ylanay la saisit prestement et demanda à ce que le soldat soit bien tenu. Il appliqua le morceau de fer sur la plaie qui grésilla. Une mince fumée s’éleva ce qui eut pratiquement pour effet de faire vomir Neldirage. L’homme se serait redressé en sursaut s’il n’avait pas été tenu par ses compagnons. Il tenta de se libérer mais malgré la force qu’il mit en œuvre pour se dégager, il ne parvint pas à s’extirper. -Encore quelques secondes… Dit Ylanay en maintenant le morceau d’acier sur la chair à vif… L’homme ne bougeait presque plus. De la sueur perlait sur son front et il regardait le ciel. Ses yeux décrivaient de lents allers-retours. On lui retira le morceau de bois de la bouche et il ne dit rien. Il resta silencieux, le regard perdu. Ylanay saisit le membre arraché et alla l’enterrer plus loin. Neldirage s’assit en reprenant sa respiration. Il n’était pas mécontent que cela se termine. Autour du soldat mutilé, les trois hommes n’avaient pas non plus bougé mais avaient relâché leurs étreintes. Son pouls était faible mais pas alarmant, déclara Ylanay en revenant. -Sortez-le de là et installez-le sur le chariot… Il l’a bien mérité. Deux barbares hochèrent la tête et soulevèrent l’homme par les aisselles. La place était assez choquante : de la neige couverte de sang, une pelle avec des morceaux de peau collés dessous… On devinait facilement ce qu’il s’était passé. Neldirage se leva pour se changer les idées. Ses chausses étaient couvertes de sang et son bas de pantalon aussi. Le voyage de retour serait assez poisseux, nota le capitaine. -Rassemblement ! On retourne au campement que vous avez établi ! On remballe et on part d’ici ! Hurla Neldirage. Les hommes acquiescèrent. Neldirage, ne se trouvant pas indispensable pour cette mission de rangement, resta veiller sur le mutilé jusqu’à leur retour. Pendant une demi-heure il contempla le malheureux. Désormais, celui-ci sommeillait. Le lendemain serait difficile quand il devra se dire qu’il vivra avec un membre en moins pour le reste de ses jours. Neldirage entendit plusieurs bruissements de neige qu’on écrase. Après quelques secondes à sonder les ténèbres, Pierre et Ylanay émergèrent et annoncèrent qu’ils étaient prêts à partir. Ils déclarèrent aussi qu’ils avaient trouvé quatre piédestaux sur les corps des barbares. Ils décidèrent de remettre l’étude de l’objet à plus tard pour partir au plus tôt. Le capitaine acquiesça, passa les commandes du chariot à quelqu’un d’autre puis remonta sur Eclair. L’heure était à la réjouissance malgré ce tragique imprévu ! Un vent froid doucha l’enthousiasme de Neldirage qui grogna… Chapitre LXI Deux années et une poignée de mois après, trois hivers avaient passé. Neldirage et ses amis ne s’étaient toujours pas habitués aux rigueurs de l’hiver. Néanmoins, ils s’adaptèrent à cette vie calme et recluse de toute civilisation. Rek et Neldirage avaient continué à développer les nouveaux talents du Dévoreur de magie. A leur grand regret, et surtout celui de Neldirage, ils ne réussirent guère à faire mieux que dans leur début. Le capitaine pouvait invoquer une flamme plus conséquente et la faire changer de couleur. Cela lui amena bien des railleries de ses compagnons qui lui demandèrent d’animer les soirées dansantes. Quant à ses amis justement, Neldirage leur avait octroyé des permissions pour qu’ils retournent à la capitale. Seul le capitaine ne pouvait y aller, trop de choses l’empêchait de partir loin de la forteresse. Il fit quand même passer des lettres par Van et Pierre pour sa princesse. Le premier retournait en ville pour voir sa fiancée tandis que l’autre allait prendre des nouvelles de sa salle de jeu. Aux grands regrets des soldats, mis à part ceux de Ylanay que rien n’attachait à la capitale, le capitaine n’autorisa que deux voyages par an. Neldirage ne pouvait pas s’empêcherc de penser à sa princesse. Les lettres étaient assez courtes car cela leur évitait d’être filtrées. On savait que des nobles avaient découvert cette liaison naissante et faisaient tout pour discréditer notre capitaine. Ils évitaient donc les longues lettres qui auraient pu les compromettre. La dernière missive reçue lui arracha le cœur. Elle lui avait marqué qu’elle était désolée mais qu’elle allait devoir se marier avec le fils d’un général. Elle marquait qu’elle n’avait pas le choix et qu’elle était désespérée car rien ne pourrait la sortir de là. Neldirage froissa le papier dans ses mains et le jeta du haut des remparts après l’avoir enflammé. Il s’en voulait énormément, il n’aurait jamais dû partir. Maintenant, dans six mois, elle serait mariée à un noble. Neldirage chercha des excuses pour ne pas désespérer : De toute manière, elle lui parlait constamment d’autres hommes qu’elle rencontrait et qui faisait son bonheur. Neldirage n’était pas particulièrement jaloux mais la succession de ces rencontres auxquelles il ne pouvait rien changer lui laissait un goût amer dans la bouche. Le capitaine argumenta en disant qu’il n’était pas indispensable… Il ne se sentait pas bien… Malgré le fait qu’il se dise que cela irait mieux demain, la douleur lancinante lui broyait le cœur dans une étreinte douloureuse. Le bonheur lui échappait, il aurait dû faire quelque chose avant mais quoi ? Pour lui, la nuit allait recouvrir son être. La princesse semblait même faire l’innocente dans ses lettres. Elle faisait semblant de ne pas le voir mal qu’elle lui faisait. Neldirage ne savait pas si cette feinte était voulue ou pas et il craignait la réponse. Le capitaine rumina ses pensées en essayant de chasser le visage de sa mémoire. Il se disait que ça n’aurait jamais pu marcher, qu’ils avaient des vies trop différentes… Mais au fond de lui, il savait quand même que ça aurait pu fonctionner. Neldirage regardait désormais la forêt qui avait quitté son manteau de givre un mois auparavant. Cette même forêt qui avait caché pendant quelques mois un groupe de pillards aux yeux de la communauté. Malgré quelques pertes, les bandits avaient pris une sacrée rouste quand ils tentèrent de saccager le village. La cinquantaine d’individus avait dû battre en retraite et Neldirage, malgré les poursuites, ne remit pas la main dessus… Il supposait qu’ils avaient dû partir loin de là. Pendant ces deux années, la forteresse n’avait pas été menacée outre mesure. Pourtant, alors que le capitaine regardait une fois de plus le magnifique paysage qui s’étendait à ses pieds, une curieuse délégation fit son apparition. Neldirage ne reconnut pas les cavaliers qui se présentèrent à la porte… Pourtant les gardes les laissèrent passer rapidement. Le capitaine les suivit des yeux jusqu’à ce que le carrosse et les chevaliers se soient arrêtés dans la cour. Notre ami quitta son perchoir et décida d’aller voir par lui-même ce dont il en retournait. Neldirage descendait les marches deux à deux. Ses épées claquaient contre sa cotte de mailles dans un vacarme assourdissant. Rek avait étudié l’épée… Il en avait conclu qu’elle était peut-être responsable de cette soif de sang et de cruauté lors des batailles. Le capitaine avait quand même décidé de la garder… Ces petits défauts pourraient sûrement faire la différence lors d’un combat. Des objets qu’ils avaient découverts sur le champ de bataille, les piédestaux s’étaient montrés plus intéressants. Les quatre objets permettaient de créer une sorte de champ de dissimulation. Ils l’avaient testé autour de la forteresse et cela les surprit tous. Le plus spectaculaire fut lorsqu’on avançait à travers la barrière et tout se découvrait. Le problème qu’avait remarqué Rek et Neldirage, était que ces objets s’alimentaient par l’énergie magique qui passait à proximité. Plus la distance à couvrir était grande, plus la magie était utilisée. Après une certaine distance, il était impossible que les objets fonctionnent… Mais ça expliquait au moins comment les barbares avaient fait pour échapper à leurs recherches. Pour l’instant ces objets, bien que précieux, n’étaient pas utilisés mais Neldirage savait qu’il ne tarderait pas à trouver une manière de s’en servir. Maintenant, le capitaine entendait Rek parler avec un homme dont la voix lui rappelait de très mauvais souvenirs. Neldirage resta un instant hors de vue à écouter ce qu’ils disaient. Après les salutations, le général Karlinter posa beaucoup de questions à propos de Neldirage. Il voulut savoir s’il était compétent, s’il avait fait des erreurs, si on pouvait lui reprocher quelque chose… Rek fit un éloge des qualités de notre capitaine, ce qui surprit Neldirage. Karlinter émit un grognement et Neldirage crut entendre un : -… Où qu’il aille, il sera toujours irréprochable… Après que le général eut demandé au magicien ce que faisait Neldirage en ce moment, ses opérations et projets, notre ami décida d’entrer dans la salle comme si de rien n’était. -Général Karlinter… Dit le capitaine en lui serrant la main avec un sourire forcé. L’homme avait subi le passage des ans, c’était indéniable. Sa barbe blanche était hirsute, son dos s’était voûté et son visage creusé. Neldirage se demandait ce que cet homme venait faire ici. S’assurer qu’il ne mette plus des bâtons dans ses roues ? Pour ça, dans sa forteresse isolée, il pouvait dire que cela avait marché. Le capitaine était sûr que ce débris était responsable de son exil. Pour cela, il répondit sèchement à toutes ses questions. Heureusement que Van n’était pas là, se dit Neldirage car il n’avait pas oublié le coup d’épée qu’il s’était pris au travers de la figure. Le général invectiva Neldirage de s’asseoir et chassa Rek tel un moins que rien. Karlinter ne passa pas par quatre chemins et lui dit que toutes ces félicitations qui arrivaient au palais commençaient à l’exaspérer. Ensuite, Neldirage eut la confirmation que la princesse allait se marier avec le fils d’un général que Karlinter connaissait personnellement. Le cœur du capitaine se serra et il dut lutter pour ne pas montrer son désespoir. Il apprit également que Rek avait été chargé de le surveiller et que les bons rapports qu’il renvoyait faisaient de l’ombre à certaines personnes. -Pourquoi me dire tout ça ? Demanda Neldirage surpris de ces aveux. -Parce que, contrairement à ce qu’on peut raconter, tu n’es rien ! Tu n’as plus d’influence, tu es loin de tout et donc loin d’être dangereux. Neldirage eut envie de l’embrocher sur place. Il maîtrisa quand même sa pulsion et enleva sa main de la garde de son épée. En plus, il n’avait pas tellement tort. Mais le fait que certaines personnes ne l’avaient toujours pas oublié lui remonta un peu le moral. Ses actions et sa cause étaient soutenues mais en restant ici, son inexpugnable soif de justice ne serait guère comblée. Neldirage le savait : on l’avait banni pour éviter qu’il ne fouille de partout. Le capitaine se fit la promesse, bien qu’il ne sache pas comment, qu’un jour ils payeraient pour tout ce qu’ils avaient fait, pour tout le mal provoqué et pour la destruction de son amour. Neldirage se leva et dit : -Rien ne vous retient, général. Vous n’auriez pas dû vous déplacer pour si peu de choses… Partez de ma forteresse maintenant ! Laissa-t-il siffler entre ses dents. -Quelle manque de courtoisie…. Dit le général en restant à sa place. J’ai un marché à te proposer. -Et pourquoi je vous écouterais ? Dit Neldirage en se plaçant derrière le général. -Pour regagner nos faveurs… -Je me moque de vos faveurs… Le coupa le capitaine. -De l’impulsion… Il vous en faudra pour la mission ! Dit Karlinter en hochant la tête. -Je n’ai toujours pas d’arguments valables… Répéta Neldirage. -Parce que votre condition pourrait être pire que maintenant… Et puis vous ne voudriez pas qu’il arrive malheur à vos amis, si ? Neldirage perdit son sang froid et dégaina. Il posa la lame sur la nuque de l’homme et appuya jusqu’à ce que sa tête soit écrasée contre la table. Il se demandait si l’épée allait lui donner cette petite impulsion qui lui permettrait de tuer le général. -Et vous, général ? Vous n’aimeriez pas que je fasse du mal à votre petite personne ? Ou à votre fils ? Le menaça Neldirage. J’ai beaucoup changé et je perds parfois la tête… -Vous êtes un beau parleur, réussit-il à articuler, mais vous ne mettrez jamais vos paroles à exécution ! Moi, si ! Sur ce point, le général n’avait pas tort. Le capitaine ne ferait jamais de mal à un être innocent et encore moins à un homme âgé qui était en plus désarmé. Neldirage retira sa lame de la nuque de l’homme qui put se redresser. -Je ne crois pas que j’ai besoin de vous rappeler ce qu’il se passera si on apprend que vous avez menacé un supérieur ? Ca sera l’échafaud. Vous n’avez plus guère le choix… Neldirage savait qu’il aurait dû se calmer. Quelle genre de mission cet homme allait lui confier ? -Que devrai-je faire ? Demanda le capitaine, résigné. -Une délégation elfe et naine passera non loin de cette forteresse à quelques jours d’intervalles. Ils menacent l’équilibre de notre saint Empire. Exécutez-les tous. Alors que Neldirage allait demander pourquoi les tuer, le général ajouta : -Je ne répondrai à aucune question… Tu te douteras aussi que nous saurons rapidement si la mission s’est soldée par un succès ou un échec. Bien, maintenant que tout a été dit, je pars ! Alors que l’homme allait s’en aller, Neldirage, n’ayant plus rien à perdre décida de dire quelque chose qui lui brûlait les lèvres depuis quelques années déjà : -Général Karlinter ? -Oui ? Répondit celui-ci devant l’entrée de la forteresse. -Allez-vous faire foutre ! Crevez en enfer ! -On se rejoindra là-bas, dit ce dernier avec un petit signe de tête réjoui. Une fois que l’homme fut parti, Neldirage se laissa tomber dans un fauteuil. Dans quelle situation me suis-je encore fourré ? S’interrogea celui-ci. Le capitaine était persuadé que ces délégations étaient pacifiques. Pire, il se doutait que le général Karlinster se dépêcherait de lui mettre ces crimes sur le dos. Neldirage était dans une sérieuse impasse… La seule chose dont il était sûr, c’est que si la présence des nains et des elfes gênait le général alors il ferait tout pour qu’ils arrivent à bon port. Ses amis choisirent ces instants pour intervenir dans ses pensées. -Et bien ! Tu as dit tout haut ce qu’on pensait tout bas ! Dit Pierre en rejoignant Neldirage. -Vous nous avez écoutez ? Demanda-t-il. -On va dire qu’on a surpris volontairement votre amicale discussion, dit Ylanay avec un clin d’œil complice. -Moi, mon moment préféré, c’est quand tu l’envoies se faire foutre ! Dit Van en mimant un combat de boxe. -J’avais plus rien à perdre et j’en mourais tellement d’envie… -Que comptes-tu faire ? Demanda Pierre. -Aller à la rencontre de ces délégations et tenter de trouver une solution. -Quand doivent-ils arriver ? -Je ne sais pas, avoua Neldirage, il ne me l’a pas dit ! On va devoir envoyer des patrouilles plus souvent. -A mon avis, cela ne va pas tarder… Dit Pierre. -Alors tenez-vous prêt et prévenez quelques hommes qu’on risque de partir en trombe pour une interception. Les trois amis acquiescèrent et partirent prévenir qui de droit. Neldirage, quant à lui, alla rejoindre Rek pour lui dire ce qu’il s’était passé. Ce dernier se permit de déplorer le comportement qu’avait eu son capitaine. Neldirage, déjà énervé contre lui-même, lui lança à la figure que lui, il ne l’espionnait pas. Rek sembla se vexer mais il comprit l’attitude de son ami. Il parut profondément navré et Neldirage se reprit. Ils purent discuter et mettre à plat tout ce qu’il se passait. Au final, il fut décidé qu’ils partiraient à la rencontre de ces délégations comme prévu pour voir en quoi ceux-ci étaient si importants que ça. Chapitre LXII Les sentinelles revinrent au rapport une semaine plus tard, en milieu d’après-midi. La délégation elfe avait été aperçue à un jour de marche de là. Neldirage donna son accord pour l’opération d’accueil. Dix hommes allèrent chercher leurs montures pour rejoindre Van, Pierre, Rek, Ylanay et leur capitaine. Ils quittèrent la forteresse en laissant des consignes à Gromf au cas où ils ne reviendraient pas. Les créatures outre continents n’étaient qu’une demi-douzaine, il n’y avait guère de risques. Les cavaliers se mirent en route rapidement… et silencieusement. Ils pensaient tous aux raisons qui pouvaient amener ces peuples loin de chez eux. Ils étaient cinq en tête de la colonne, tous étaient proches de Neldirage et tous avaient des théories sur ce qui amenait ces elfes, et ces nains, dans cette région si recluse. La seule chose que toutes ces suppositions avaient en commun, c’était le pouvoir que le général Karlinter voulait s’accaparer et que ces délégations menaçaient. A un kilomètre de la forteresse, ils accélérèrent l’allure : les éclaireurs ne suivaient que de très loin le cortège, il ne fallait pas que celui-ci disparaisse. Les cavaliers finirent par tomber sur les deux soldats qui suivaient le groupe. -Où sont-ils ? Demanda Neldirage. -Environ un kilomètre devant, capitaine ! Répondit le soldat. -A quoi ressemble la zone là-bas ? -Une forêt ! Répondit l’autre. Parfaite pour les embuscades… Ajouta-t-il avec un clin d’œil. -Bonne idée, acquiesça Neldirage, faisons un détour et prenons l’avantage du terrain au cas où ils ne seraient pas coopératifs. Les soldats lancèrent leurs montures en avant en ne réfléchissant guère à ce qui allait se passer. Les montures allaient bien plus vite sur un terrain qui avait ôté son habit hivernal. Ils firent un détour qui leur assura de ne pas être repérés et rentrèrent dans la forêt par le sud. Neldirage fit s’arrêter le cortège sur une mince piste qui les força à passer en colonne. -Ici, ça sera parfait ! Déclara Neldirage. Je veux des hommes de chaque côté de la route, à l’avant comme à l’arrière. Ne traînez pas, pas de risques inconsidérés, et surtout soyez prudents. Les hommes se séparèrent et rentrèrent dans le bois. Certains descendirent de monture, préférant le combat au sol. Le capitaine resta sur son cheval où il lui semblait avoir plus d’autorité. Eclair bougea la tête comme pour annoncer quelque chose. Moins d’une minute après, des cliquetis caractéristiques se firent entendre. A une centaine de pas de là, un groupe de cavaliers approchait. Neldirage fut surpris par la vision qui s’imposa à ses yeux. Même de loin, il ne put les confondre avec une troupe d’humains… Quelque chose était différent… Sur eux, leur allure. En se rapprochant, il put voir un visage aux traits somptueux encadrés par des oreilles pointues. Ils étaient tous majoritairement blonds et portaient des coiffures compliquées. Les autres étaient vêtus de casques. Seuls deux guerriers, ceux du milieu, semblaient moins armés que ceux qui les encadraient. Leurs montures étaient recouvertes d’une fine couverture qui reflétait la lumière dans toutes les directions. Bien qu’à l’allure fragile, Neldirage ne doutait pas que cela assurait aux chevaux une protection efficace. Les guerriers, malgré une constitution frêle, étaient aussi recouverts que leurs destriers. Ils portaient des armures finement gravées qui auraient fait passer celles des gardes royaux, que Neldirage enviait tant, pour des armures faites par des enfants. Ils portaient également des casques en forme de dragon. Dessous, on lisait dans leurs yeux une loyauté et une force hors du commun. Celui de droite, au milieu, ressemblait d’avantage à un scribe qu’à un combattant. Il portait une fine tunique et, malgré les anneaux métalliques qui s’entrechoquaient dessous, il ne semblait pas aussi protégé que ses compagnons. Le dernier semblait être le chef du groupe. Il portait d’amples vêtements qui recouvraient en partie son cheval. Une fine couronne d’or trônait sur sa tête et une sagesse éternelle se lisait dans ses yeux. Neldirage prit une inspiration, saisit sa lame en attendant le coup de pouce qu’elle lui dispensait à chaque fois, et dégagea sa monture de la forêt pour bloquer le passage. Ses hommes émergèrent à sa suite. Ils grimacèrent pour tenter d’impressionner le cortège. Ylanay et Rek étaient à l’arrière du convoi pendant que Neldirage, Pierre et Van faisaient face aux elfes. -Je ne pensais pas que nous abattrions du bandit aujourd’hui, chevaliers ! Dit le chef elfe en dégainant une épée sertie de plusieurs gemmes bleues. -Enfin de l’action, jubila un autre en tirant sa lame au clair. -Croyez-vous que vous pourriez l’emporter avec une armée autour de vous ? Demanda notre capitaine. -Je ne vois qu’une quinzaine d’hommes… Rien d’insurmontable… Neldirage dégaina son autre épée tout comme les chevaliers qui encadraient le cortège. -Prendriez-vous quand même le risque ? -Si, j’y suis forcé ! Répondit ce dernier. Nous ne laisserons pas de simples humains se mettre en travers de notre chemin. -Tu sais ce qu’il te dit le simple humain, va te faire en… Commença Van avant de se faire bâillonner par Pierre. -Je vois que la stupidité des hommes se confirme une fois de plus… -Et que l’arrogance des elfes n’était pas une légende. -Nous ne sommes arrogants que quand la situation l’exige. Vous manquez de respect à une race qui vous est aînée. -Et vous, riposta Neldirage, vous manquez de respect à un homme qui contrôle une forteresse près d’ici et forte de trois cents hommes. Qui a pris la mauvaise décision d’après vous ? -Vous êtes le capitaine Neldirage, je suppose… Un homme pas assez courageux pour rester défendre sa belle. A cette évocation, le capitaine se raidit. Si ses yeux avaient pu lancer des éclairs, l’elfe serait mort foudroyé sur le coup. La lame commençait à prendre le contrôle. Le capitaine serra des dents et dit : -J’ai été chassé alors bouclez-la ! Je vais finir par écouter le général Karlinter et vous tuer comme il me l’a ordonné. Les elfes resserrèrent leurs prises sur leurs épées. -Vous êtes tombés si bas que vous travaillez à la solde d’un tel homme ? -Je ne travaille pas pour lui ! J’ai dit que si vous ne cessiez pas vos remarques, je finirais par l’écouter. -Seule la vérité est dérangeante… -Un truc qui va t’être dérangeant, c’est mon poing dans ta … Tenta de caser Van avant d’être une autre fois bâillonné par Pierre. -Vous connaissez le général Karlinter ? Demanda Neldirage soucieux. -Oui, sa soif de pouvoir est au moins aussi grande que son imbécillité… Neldirage se mordit la lèvre pour ne pas sourire quand Van lui dit que pour une fois, il était d’accord. -Il convoite les informations que nous devons transmettre à l’Empereur. Si celles-ci n’étaient pas apportées, le cataclysme qui en résulterait permettrait de renverser le pouvoir en place. -Quelles sont ces informations ? Demanda Rek de l’autre bout de la colonne, qui ne croyait pas ce qu’il se disait. -Je ne puis vous le dire bien que… vous soyez les premiers concernés. -Quelles sont-elles ? Demanda Neldirage qui commençait à entrevoir le pire. -Je viens de vous le dire, je n’ai pas le droit de le révéler. -Si vous ne nous le dîtes pas, nous le saurons des nains ! Une grimace passa sur le visage de l’elfe à cette évocation. -Vous parlementez avec ces demi-hommes à barbe… -Non ! Mais s’ils peuvent nous apprendre de quoi il retourne… -Vous n’en tirerez rien… Les nains sont plus têtus que des elfes ! -Ca m’étonnerait… Dit Pierre à voix basse. -Alors c’est vous qui me donnerez ces informations ! Dit Neldirage d’un ton menaçant. L’elfe sembla parler à voix basse. Le capitaine comprit ce qu’il faisait lorsqu’il jeta un coup d’œil vers Rek. Neldirage ferma les yeux et les ouvrit pour se recentrer sur le monde de la magie. Devant lui, les vents se rassemblaient. Neldirage tendit un poing et ôta ce pouvoir à l’elfe. S’il avait été frappé en pleine face, il n’aurait pas réagi différemment. -Que… C’est impossible ! S’insurgea-t-il. -Nous voulons ces informations… Répéta Neldirage lentement. Vous savez désormais que vous n’avez pas affaire à n’importe qui. Dans les deux groupes, personne n’osait prendre la parole. Tous savaient qu’un important moment était en train de se jouer sous leurs yeux. Le silence était donc la meilleure chose à faire. Même Van semblait conscient de ce qu’il se jouait. -Je vois…! Conduisez-nous à votre forteresse… Nous réglerons ce problème là-bas. -Escorte, en position ! Dit Neldirage avant de voir ses hommes retourner dans les fourrés à la recherche de leurs destriers. -Si ces demoiselles en robes blanches veulent bien me suivre… Leur dit Van avec un air mesquin et en prenant la tête de la colonne. Les humains se mirent en cercle à une distance respectable des elfes avant de prendre le chemin de la forteresse. Ceux-ci n’étaient pas bavards, comme le fit remarquer Ylanay en chevauchant à côté du capitaine. Neldirage se retourna pour les regarder. Ils semblaient perdus dans leurs pensées. -En effet… Confirma-t-il pendant que Van prenait position sur sa gauche. -Que va-t-on faire pour lé général Karlinter ? Demanda-t-il. -Je ne sais pas encore ! Si les elfes témoignent en notre faveur, on a une chance que je sois pardonné de mon comportement. -Espérons-le… Neldirage n’osait pas leur dire que sa fiancée pouvait courir un risque. Après un certain temps de chevauchée, ils furent accueillis à la forteresse sous des regards amusés et respectueux. -Bonne pêche à ce que je vois, capitaine ! Cria un homme du haut de la palissade de pierre. -Si l’on vient, c’est de notre pleine volonté ! Siffla l’individu à côté du commandant elfe. Le soldat recula sur la palissade devant la violente réaction des individus. Comme quoi, leur apparence cachait la force qu’ils abritaient… Du moins celle orale, nota Neldirage avec plaisir. Les elfes délièrent leurs langues et commencèrent à s’étonner de l’aspect de la forteresse. -Quel lieu crasseux ! Dit un elfe en tête du cortège. -Un manque de civilisation certain ! Dit un autre. -Que voulez-vous, répondit Neldirage quelque peu vexé, on survit avec ce que l’on a… -Nous le concevons… Dit le chef elfe. Quel est ce système avec la grande tour ? -Un système d’irrigation, dit le capitaine. -Votre forteresse a beau être délabrée, elle réserve bien des surprises. -Ouais, dit Van fier de l’œuvre à laquelle il avait participé. Ils passèrent les murailles de la forteresse. Les écuyers vinrent chercher les chevaux et leurs yeux étincelèrent quand ils virent ceux des elfes. Neldirage descendit de cheval et se retourna pour voir les elfes immobiles sur leurs montures. -Même la cour était boueuse et inhospitalière… Se plaignit le scribe elfe. -Nous ne ferons rien pour régler vos problèmes, laissez vos chevaux… Les écuyers sont compétents, ils se chargeront bien de vos montures… Neldirage fit demi-tour pour rejoindre ses amis dans la forteresse. Il ne vit pas le doute des elfes sur la déclaration qu’il venait de faire. Quatre d’entre eux rentrèrent et les deux autres restèrent près de l’écurie pour monter la garde. Les amis jetèrent leurs manteaux sur la rampe de l’escalier comme ils en avaient pris l’habitude. Ils se dirigèrent ensuite dans la salle à manger où ils prirent tous les sièges disponibles laissant ainsi les bancs aux elfes. -Quelle hospitalité ! Lancèrent-ils à Neldirage et ses hommes. -Vous ne resterez pas longtemps ici, ça ne sert à rien que je vous mette à vos aises… Les elfes s’assirent avec une sorte de répugnance sur le banc de bois à côté de la table. -Alors maintenant, vous allez me dire quel est votre message ? -Contre des vivres et une nuit de repos. Même si dormir ici… Ne m’enchante guère. Demanda le chef elfe malgré la répugnance qu’il avait sur le fort. -Marché conclu… Accepta Neldirage. Chapitre LXIII Neldirage écoutait le rapport depuis une heure. Pour ponctuer le final de celui-ci, un éclaireur revint. Il poussa les portes de la forteresse, laissant entrer un vif courant d’air. Le petit feu de la cheminée vacilla. Il avait été allumé en prévision d’une nuit qui s’annonçait assez fraîche. Après avoir demandé à Rek de s’occuper des invités, Neldirage alla dans l’entrée pour s’enquérir des dernières nouvelles. Cela lui permit d’assimiler les terribles dernières nouvelles qu’il venait d’apprendre. -Les nains passeront non loin de la forteresse demain dans la journée. -Merci, répondit le capitaine au jeune barbare blond. Ce dernier sortit en même temps que deux autres gardes elfes qui avaient surveillé le cortège. Neldirage retourna s’asseoir et prévint ses amis. -Que comptez-vous faire ? Demanda le scribe elfe. Je veux dire à propos de ces nains… -Les prévenir comme vous de ce qui les attend jusqu’à la capitale… Le mieux serait même que vous voyagiez ensemble, ça pourra pas vous nuire, dit Neldirage. -Plutôt mourir que de voyager avec des nains ! Jura le commandant elfe. -Cela risquerait fort de se produire. Le général Karlinter ne prendrait pas le risque que je refuse le contrat, des assassins vous attendront sûrement sur la route. -Ne vous en faites pas pour nous, nous savons nous défendre. -Je ne mets pas votre parole en doute, commandant Ylith, mais je tiens à ce que des hommes à moi vous servent d’escorte ainsi que les nains soient aussi du voyage. -L’étroitesse d’esprit des nains est légendaire, ajouta le commandant, jamais nous n’arriverons en vie à la capitale ! Vous ne voulez pas que nous nous entretuions, non ? -Bien sûr que non… Mais j’espère que mes hommes serviront d’intermédiaires et de médiateurs. -Belles paroles que voici ! Mais attendez d’en parler avec les autres intéressés avant de fabuler, capitaine… Maintenant, excusez-nous mais le voyage nous a harassés. Il fit un signe de tête à son scribe qui alla chercher les autres elfes. -Rek, conduis-les dans leurs appartements. L’homme hocha la tête, pria les elfes de le suivre et monta dans les étages de la forteresse. Les invités s’inclinèrent et montèrent dans leurs chambres. -Entrevue… Surprenante ! Lança Ylanay quand ils eurent disparu. -Ouais… Répondit Neldirage. Je m’attendais à ce qu’ils entendent raison plus rapidement. -Toujours pas d’idée pour éviter d’être radié de l’armée ? Demanda Van qui était bizarrement optimiste face au sort qu’on réservait à Neldirage.. -On pourra toujours demander à ces délégations d’intervenir auprès de toi, comme prévu ! Ajouta Pierre. -Je pense que nous avons que ça à faire… Je ne nous vois pas les exécuter dans leur sommeil. -S’il y a que ça… Dit Van songeur. -Non ! Hors de question ! Dit brusquement Neldirage. J’assumerai jusqu’au bout et espérerai que la chance soit de mon côté. Les amis opinèrent du chef silencieusement. Ils se séparèrent une dizaine de minutes plus tard pour aller s’occuper de leurs propres affaires. Neldirage partit voir ses hommes qui s’entraînaient sous un magnifique soleil. L’été arrivait aussi vite que l’hiver reculait. Les capes lourdes de fourrure avaient été remplacées par des vestes. Les pantalons étaient allégés et plusieurs en portaient qui arrivaient jusqu’aux genoux. Les hommes s’activaient aux champs pour préparer les récoltes et le système d’irrigation allait démontrer qu’il fonctionnait toujours aussi bien. Neldirage alla s’entraîner avec ses hommes. Les combats de lutte étaient toujours aussi prisés alors que le capitaine avait essayé de réintroduire ses manœuvres. Neldirage se mit torse nu et affronta son premier adversaire qu’il sortit du rond du combat facilement. Plusieurs barbares attendaient leur tour. Le capitaine perdit deux combats sur cinq. C’était une bonne moyenne. Il alla boire un coup à la fontaine avant de retourner affronter quelques amis à l’épée. Les cours qu’il avait appris par le maître d’arme royal étaient à nouveau réutilisés à des buts précis. -Je veux essayer ! Dit Van en sortant une épée et un bouclier de bois. Neldirage sourit. Les amis se battaient rarement entre eux. Ils se chamaillaient souvent mais avaient juré de ne jamais se tourner les uns contre les autres. Après quelques passes d’armes, le capitaine désarma facilement son adversaire. Van fit mine de se rendre avant de frapper Neldirage aux tibias et de se jeter sur son arme de bois. Le capitaine jura et frappa sa cible de haut en bas. Van roula sur le sol et prit de la distance. Pierre se joignit au combat. -On en a marre de tes ordres ! Dit Pierre en rigolant. C’est la révolte ! -Vous payerez ! Répondit Neldirage en pouffant. La technique qu’allait employer notre héros était simple. Lorsque l’on se battait contre plusieurs ennemis, il fallait faire en sorte qu’ils soient toujours du même côté. S’ils se gênaient, c’était encore mieux. Pierre et Van attaquèrent simultanément, comme leur avait appris Neldirage. Ce dernier para les coups de son bouclier avant de les frapper aux jambes avec son épée. Van vit venir le coup mais pas Pierre qui tomba au sol. Van recula mais Neldirage se jeta immédiatement sur lui en espérant prendre l’avantage pendant que Pierre était au sol. Le sergent para toutes les attaques avec succès mais des trous de plus en plus importants se créaient dans sa garde. Pierre revient à ce moment et força Neldirage à arrêter le combat quelques instants pour se replacer. Van utilisa ce sursis pour se reconcentrer. Le capitaine attaqua juste après d’un coup vicieux de ses deux épées qui ne rencontrèrent qu’un bouclier. A la seconde suivante, deux épées tentèrent, si elles avaient pu, de le décapiter. Le capitaine observa le positionnement de ses adversaires en une seconde : Un bouclier n’avait pas été replacé tandis que l’autre se trouvait sur le côté gauche de la poitrine. Neldirage se baissa et sentit les lames passer au-dessus de sa tête. Il fendit dans les deux directions de ses adversaires et toucha le bas ventre de ses deux cibles. -Et là, je vous ai étripés ! Jubila Neldirage. -C’était de la chance… Gémit Van. -Revanche ! Proposa Pierre. -J’aimerais vous venger… messires ! Dit une voix cristalline et autoritaire. Le commandant elfe était descendu de ses appartements. La foule s’écarta en signe de respect. -Je ne pensais pas que vous vous abaisseriez à venir affronter un simple humain… Dit Neldirage avec un respect exagéré. -J’ai besoin de m’entraîner un peu... Neldirage haussa des épaules et donna deux épées à l’homme. Il ne devait pas être dur de le battre. Le capitaine ne savait alors pas ce qui l’attendait. L’elfe avait quitté son large apparat pour des vêtements plus moulants. Un pantalon blanc comme neige et une veste rouge surmontée d’une armure grise décoraient le personnage. L’elfe prit une position farfelue et Neldirage fut sûr de sa victoire contre un homme qui se battait sous la contrainte d’une armure. Les coups furent prudents au départ. Pas question de montrer la technique qu’on allait adopter. La vitesse des coups fut ensuite croissante. Impressionné par la rapidité de l’individu, Neldirage recula tout en évitant le plus de coups possibles. Le capitaine tenta les feintes les plus vicieuses qu’il connaissait mais ne perça pas la défense de l’elfe. L’assemblée restait bouche bée devant les prouesses martiales du commandant elfe. Neldirage, vexé que l’attention ne se porte pas sur ses qualités et, son sang étant encore victime de la rancune exagérée par son épée, repartit au combat par deux coups puissants horizontaux. Ils ne touchèrent pas au but mais suffirent à faire vaciller son adversaire. Neldirage profita de la diversion pour porter trois coups qui eurent pour effet de faire reculer l’elfe. Celui-ci fronça des sourcils, il pensait aussi son adversaire plus faible qu’il ne l’était réellement. Il se jeta sur Neldirage en faisant preuve d’une agilité et d’une adresse hors du commun. Il bondissait, se déplaçait sur les côtés, esquivait toutes les attaques. Neldirage recula d’abord à petits pas puis fut pratiquement obligé de trotter pour éviter les coups qui pleuvaient. Van, Pierre et Ylanay se jetèrent dans la mêlée. A quatre sur l’individu, ils avaient du mal à le maîtriser. Ils portaient leurs attaques en même temps, à des endroits différents avec des angles impossibles et il arrivait quand même à les repousser. L’elfe ne semblait même pas se fatiguer. Il allait si vite qu’il était pratiquement impossible de suivre ses mouvements. Le tourbillon rouge et blanc n’était pas approchable sans risques de prendre quelques coups. Neldirage ne vit pas partir un des pieds de son adversaire qui finit dans son bassin. Le capitaine tomba au sol, la respiration coupée. Il se releva aussi vite qu’il put et ramassa de la terre qu’il lança sur l’elfe. Cela eut l’effet escompté et l’elfe gémit en se tenant les yeux. Les amis lâchèrent leurs épées et sautèrent sur l’elfe. Il fut écrasé sous trois cents kilos de muscles. Des petits cris d’exultations montaient de la pile d’homme. -Tu abandonnes ? Demanda Neldirage qui était tout en bas de la pile et commençait à se sentir compressé. -J’ai pas le choix, dit l’autre, je crois que je suis coincé… Parvint-il à dire. Pour la première fois depuis leur rencontre, tous rirent aux éclats. Les amis se relevèrent permettant ainsi à l’elfe et au capitaine de se dégager. -J’espère vous avoir à nos côtés pour dîner ! S’enquit Neldirage après ce coup d’éclat. -L’invitation est généreuse mais je suis obligé de la décliner, je mangerai avec mes hommes ce soir, dans nos chambres… -Comme vous le voulez, dit Neldirage, serait-il possible de voir comment vous faites pour vous battre ? -Je ne pense pas ! Dit l’elfe en riant. Seule l’expérience t’aurait permis de devenir aussi rapide. Cent années d’expériences… -Vous voulez dire que vous avez… -Cent quarante-quatre ans ! Répondit l’elfe. Neldirage n’en revenait pas. Il ne faisait guère plus de vingt printemps. -Ou alors, continua-t-il, il aurait fallu que vous passiez votre temps à vous battre ce qui semble ne pas être de votre tempérament. Neldirage secoua silencieusement la tête de droite à gauche. -Vous avez du talent… Ce n’est néanmoins pas suffisant. -S’il vous plait… Implora pratiquement Neldirage. Vous savez aussi bien que moi ce qui nous attend. Je ne dis pas que je vais tuer tout le monde mais si je meurt, il risque d’avoir une grosse pagaille. -Je peux vous apprendre quelques techniques ! Céda l’elfe en revenant à la raison. Vous avez le cœur pur et cela pourra vous être d’un grand secours avec les épreuves qui vous attendent ! Neldirage acquiesça en repensant aux nouvelles que les elfes et les nains allaient apporter et se réjouit des leçons qu’il allait prendre. Ces dernières concernaient généralement le combat à plusieurs. L’elfe lui dit que le but n’était pas seulement de grouper ses adversaires d’un côté mais aussi de rester constamment en mouvement tout en frappant les ennemis engagés dans le combat. Neldirage le regarda tourner sur lui-même en frappant tous les mannequins qui avaient été disposés là. Le capitaine essaya à son tour. Si l’elfe avait réussi, cela ne devait pas être impossible… A la manière de Ylith précédemment, Neldirage tourna sur lui-même. Au bout de quelques secondes, il perdit tout repère et ses coups manquèrent irrémédiablement leurs cibles. Après quelques secondes à tourner sur lui comme ça, il tomba dans la poussière la tête entre les mains en espérant que ça s’arrête. L’elfe rit de bon cœur et lui expliqua ce qui n’allait pas. -L’esprit, qu’il soit elfe ou humain, est guidé par les yeux. Lorsque vous tournez, vous laissez les yeux être guidés par le mouvement. Vous regardez ce qui défile face à vous… Moi, quand je tourne, mes yeux anticipent le mouvement et regarde ce qui arrive ! Je ne suis donc pas déstabilisé. Réessayez ! Neldirage se redressa et espéra que son estomac tiendrait le coup… Il se remit en action et comprit pendant quelques secondes comment cela marchait. Ses yeux finirent quand même par fatiguer et par suivre le mouvement. Neldirage chuta à nouveau. -C’est bon, je crois que j’ai compris ! Annonça le capitaine à l’elfe. -Bien, voyons quelques autres techniques puis je serai obligé de vous laisser… -D’accord, fit Neldirage en écoutant la leçon suivante. LA SUITE @+ -= Inxi =-
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Désolé Iliaron, j'avais corrigé certaines fautes que tu m'avais indiqué après le passage de Kroxi et Diab ! Mais j'ai oublié de copier coller sous le forum... Je crois que oui, mais je ne sais pas le nom que ca porte C'était ca le truc qui me genait Et tu l'as vu ensuite avec mes dialogues qui sont pas là pour faire avancer mais pour masquer cet aspect C'est surtout pour la distance que je pensais à la boule de feu ! Je pense qu'une flèche serait pas assez visible ^^ Tite rectification : Il y a cinq soldats et cinq civils ' sous les ordres à ' Neldirage qui meurt. Et dix soldats partent à la recherche. Voilà pour les explications, je developperai certains points qui vous genent si vous voulez @+ -= Inxi =-
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Mdr Diab' Totalement... pas ca Nan nan lol, c'est plus général mon problème. C'est introduis par un pourquoi Mais vous prenez pas la tête, si vous le voyez pas, c'est que j'ai donné assez d'explications ! Et donc qu'en fait, je suis plus gêné ! Ca devait être assez lourd... J'utilise ce genre de lance par la suite, faudrait que je me renseigne sur le poids ! Mdr, je me suis bien marré en lisant ca Mais c'est la traque et les chaotiques qui annoncent quelque chose @+ -= Inxi, suspense =-
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Oué, c'est vrai que j'ai un peu hyperbolisé la J'ai enlevé un mètre de profondeur Sinon, la bannière, comme je l'ai marqué et accrochée à une perche et non pas à une lance ^^ Ca devrait être plus crédible désormais Héhé, vendredi Sinon, je vous confierai quelque chose après cette partie... Ca m'a gêné et pour l'instant ca vous choque pas ( heureusement, j'ai fait pleins de changement pour attenuer ce qui me gênait ! ) Mais Iliaron, avec son esprit pervers, est capable de trouver ce qui va pas ( pas sur ce chapitre mais tout le groupe ) ! J'espère que quand je vous le dirai, ca ne perdra pas de la valeur ! En tout cas en attendant profitez ! J'annonce ( et ai annoncé ) quelque chose à travers ces chapitres... Quelque chose de grand, quelque chose qui va encore changer la vie de notre héros @+ -= Inxi =-
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Voilà, j'ai fait les corrections ! Et pour la forme, j'ai corrigé des choses pour m'adapater à ce que tu m'as dit Iliaron. Sinon merci barbe courte d'avoir eu la patience de tout lire ^^ Et aux autres de continuer, evidement Par contre j'ai laissé mon 'sortit dehors' parce qu'en enlevant 'dehors' on se pose la question : ou sort-il ? On peut très bien sortir d'une pièce et donc rester à l'intérieur Enfin bref ! C'est pas bien important ! Voici la suite ! / @+ -= Inxi =-
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T'as raison Iliaron, j'ai changé et marqué que cette idée de pompe n'a pas été trouvée que par lui ! Comme je me ressers plus trop de ce côté ingénieux par la suite, je préfère corriger maintenant Voilà la suite ! / @+ -= Inxi =-
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A la base, c’était pour dire que les deux participes présent à la suite n’allaient pas Je sais pas… Parce que tu dis : l’homme, et la femme, allait et non pas allaient à cause de la virgule… C’était à ton texte que je disais ca ! On voit tout de suite que tu as casé les indices sur la suite Maintenant, le texte : Ca fait un peu RPG comme phrase, baldur’s gate et co ^^ La majuscule ^^ Acharnés Répétition Pas la peine de mettre ‘dans ses pupilles’ c’est bien assez fort comme ca Pas d’accord Alors commençons… Le passage n’est pas redondant avec celui d’avant parce que là, tu prends le temps d’expliquer ! Je dois admettre que j’avais pas tout compris lors du dernier passage. Je pense qu’ils sont largement complémentaires ! Donc garde-les. Ensuite, je ne sais pas si ça vient de moi mais au départ, j’ai cru que c’était Kirla qui s’en allait ! Je sais pas pourquoi j’ai compris ça ! Comme je n’ai pas le temps de relire, regarde rapidement s’il y a pas de fausses pistes Quoi qu’il en soit, c’est triste qu’il parte ! Ensuite le passage avec l’esprit est marrant je trouve, c’est original de faire une bataille psychique Bonne idée, je trouve Vivement la suite quoi ! En fait, combien la taille du texte au final ? @+ -= Inxi =-
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Bizarre ! / Accord Oh la référence accord Enleve voir le 'je ne l’ai été ' étant Pas très belle cette phrase Oué, j'ai moins de mal avec l'action et les descriptios ! C'est le but recherché ! Enfin c'est ma troisieme lecture en plus passée Bon pour le fond, je dirai encore que mon passage préféré est le début parce que c'est là qu'on obtient le plus de réponses ! Enfin pas forcement en nombre mais au moins sur le temps qu'il a fallu pour les avoir ! Folgiwe, c'est lui qui est 'marrant' son attitude est assez humaine quand meme ! En fait, les deux elfes me paraissent humains ! Essaye de les elfisé ! Je sais pas du tout comment faire mais il faut que sans qu'on sache leur race, qu'on devine que se sont des elfes ! Allez c'est un de tes meilleurs passages ! @+ -= Inxi =-
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Allez, voici le dernier chapitre 'tout va bien' Les choses bougen au prochain ! Dommage que vous devez attendre jusqu'à mercredi :'( Alors programme du chapitre: Developement de la caractéristique de Neldirage, magie, voyage / @+ -= Inxi =-
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Normallement, il en est hors de question ! J'ai toujours fini les récits et ca ne devrait pas changer ^^ Mais comme l'a dit syb, plus le temps passe, plus j'ai des idées ! J'en ai eu une majeure qui va rajouter encore plein de possibilité ! Il va avoir des alliances, des trahisons, des lieux méridoniaux, des combats, des pleurs, de l'amour (encore d'autres), des révélations, de la tristesse, des peuples non-humains, des organisations secretes, on passera de palais aux prisons, des pièges, des sièges, des duels, des retrouvailles, de la magie, des courses poursuites, des traques, des prophetes, des nouveaux persos ! Alors impatient ? Enfin tout ca merci pour vos lectures et surtout à Odoacre pour ce magnifique commentaire :'( J'ai cru que l début était gentil pour ensuite mettre des critiques négatives mais quelle a été ma surprise de voir que du positif ! Merci beaucoup ! @+ -= Inxi =-
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Je préciserai qu'il ne l'a deviné que lors de l'avant dernier chapitre posté ! Et uniquement parce que je lui ai dit que j'en avais reparlé En fait, ca compte pas Syb Je considère que tu as deviné en meme temps que les autres ! Toute plainte sur ce jugement sera déposé sur msn :'( Content que ca vous plaise sinon ! @+ -= Inxi =-
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[12 Avril 2005] Une ultime pensée pour Borguth
Inxi-Huinzi a répondu à un(e) sujet de Volkmar dans /!\ Annonces Importantes /!\
Je suis en train d'écouter une chanson qui résume bien ce que je veux dire : 'Words don't come easy'... Je sais pas trop quoi dire car les mots ont peu d'importances dans ce genre de situation... Je présenterai juste toutes mes condoléances à toute la famille et à ses amis... Ca devrait jamais arriver... On a pas le droit de mourir à cet âge là @+ -= Jérémy =- -
Voilà la suite ! Tournant de l'histoire pour Neldirage ! / Vous pensez que j'ai triché et que j'ai casé ca sans l'avoir préparé ? Vous reconnaitrez donc les quote suivants, tiré de six chapitres différents ! Voilà J'espère que ca vous a plu ! @+ -= Inxi =-
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Je me rappelle Je te rapelle que je le lis ton texte Je me demandais juste ce que ca faisait là Ben je suppose qu'il ne peut pas s'écarter trop longtemps de sa tache... Enfin l'argument principal qui fait qu'il a pas revu ses parents, c'est qu'il ne sait pas où ils sont ! Mais j'en reparlerai plus tard dans le récit ! Raconte pas toute mon histoire didju En plus dans ta suite de ton commentaire, tu te doutes de ce qui va se passer Bien que tu puisses pas savoir quand exactement Dans l'histoire même, elle a 18 ans et Neldirage 28 ans, c'est moins choquant ou faut encore que je reduise l'écart ? A l'epoque, je vois bien de riches marchands marier leur fille a de vieux collègues pour sceller des contrats ou ce genre de truc. Alors quanad je pensais à eux deux et leur à peine 10 ans d'écart, j'ai relativisé ! Enfin ca choque ? :'( Je prends en note ! Excellente idée ^^ Je corrigerai ça dès que je reverrai le texte ! Maintenant c'est plus trop pressé Voilà la suite ! Encore assez calme mais je développe les projets du dernier chapitre ^^ Chapitre LV Deux semaines après, les opérations de fortification avaient bien commencé. Bien que le transport de la pierre posait des problèmes, ils avançaient à un rythme convenable et malgré la présence d’hommes aux quatre coins des murailles, personne ne réussissait à voir qui faisait ces destructions. Neldirage ne s’en moquait qu’à moitié car chaque trou était bouché par un pan de mur. Ce qui inquiétait le capitaine, c’est qu’il n’arrivait pas à cerner les motivations de ces individus : Pourquoi n’abattre qu’une partie de la muraille et repartir ? Pourquoi continuer alors qu’ils devaient savoir que de l’autre côté, on s’organisait. Le capitaine savait qu’il finirait par le découvrir, il ne savait pas quand mais il les coincerait. Il surveillait l’avancement de l’apport des pierres vers une nouvelle fraction du mur quand Pierre et Ylanay apparurent à la porte de la palissade. -Quelles nouvelles ? Demanda Neldirage en levant la tête vers les cavaliers… -Nous en sommes sûrs, ce coup-ci ! Ils viennent bien par bateau. Une petite frégate est amarrée sur une plage. -Avez-vous pu vous en approcher ? -Affirmatif ! Après une dizaine de minutes, on a remarqué qu’il n’y avait pas de traces des occupants. -Même pas une sentinelle ? S’étonna Neldirage. -Non ! Pas une ! Dit Pierre. Ou alors elle était drôlement bien cachée et nous a laissé fouiller le bateau tranquillement. Il semble qu’il y ait une quinzaine d’hommes maximum qui ont débarqué. -Les traces menaient dans quelle direction ? -Vers l’est ! Mais rien ne les empêche de bifurquer vers le sud pour venir par ici. -Dites à Van de faire renforcer la garde pour cette semaine, priorité aux sections de bois qui ne sont pas encore renforcées. Vous pouvez disposer. Les deux hommes talonnèrent leurs montures et se dirigèrent vers l’écurie. Neldirage prit à droite à l’intersection pour rejoindre Van qui commandait toujours les hommes qui creusaient. -Faites une pause les gars ! Dit le capitaine en arrivant. Les hommes furent contents de ce répit et sortirent du trou pour se changer les idées. Van vint à sa rencontre après avoir nettoyé la terre qu’il accumulait de partout. -Résultat ? Demanda Neldirage. -Rien pour l’instant… Le capitaine soupira… A croire qu’il se trouvait sur un terrain maudit. -Creusez jusqu’à la fin de la journée puis arrêtez si ça ne donne rien ! -Ca marche ! On leur laisse combien de temps de pause ? Dit Van en jetant un coup d’œil aux travailleurs étalés un peu partout. -Encore cinq minutes. Van hocha la tête avant de retourner examiner ses tranchées. -Neldirage ! Cria ce dernier en sautant dans l’un des trous. Le capitaine se retourna vivement et courut voir ce qu’avait trouvé son ami. En jetant un coup d’œil dans le fossé, Neldirage put voir son ami regarder ses pieds et tourner en rond. -Quoi ? Van se baissa, fit une boule de terre et la lança sur Neldirage qui esquiva au dernier moment. Malgré l’enfantillage de son ami, il ne put s’empêcher de pouffer. -C’était juste pour ça ? Demanda le capitaine en tapant dans une motte de terre pour que celle-ci retombe dans le trou. -Aah ! Hurla Van du fond de la tranchée en recevant ces projectiles sur la tête. Ca avait un but ludique moi ! Se défendit celui-ci. -Et lequel ? Voulut savoir Neldirage en refusant de s’approcher. -Tu as déjà réussi à faire une boule de terre avec de la poussière ? Le silence répondit à sa place. Cela voulait dire que dans ce trou, la terre s’humidifiait ! Et donc qu’il arrivait près d’une source d’eau. Van attrapa une pelle tendue par Neldirage et attaqua le fond de la tranchée. Il pelleta quelques coups et essaya de viser son capitaine discrètement. -J’t’aurai ! Promit le sergent. -Ouais, bah creuse donc voir en attendant ! Après quelques nouveaux coups de pelle, Van avait de l’eau jusqu’aux chevilles. Neldirage ordonna aux soldats d’apporter de quoi consolider la tranchée. Ces deniers obtempérèrent rapidement, aussi excités que leurs supérieurs. Deux barbares se jetèrent au fond du trou en arrosant allégrement la zone autour d’eux sous les protestations de Van. Après quelques minutes un réseau de poutres avait été créé. -Sors de là, Van, dit Neldirage en tendant sa main. -Tout de suite ! Dit-il en attrapant la main de son capitaine. Une fois les deux barbares extraient également du trou, les soldats allèrent chercher l’engin qu’avait créé Neldirage avec l’aide de quelques ingénrieurs. C’était une sorte de gros récipient qui était rempli par une roue fonctionnant à la vapeur. Il était de forme verticale, haut de cinq bons mètres et mesurant deux mètres de diamètre. Le capitaine n’était pas ingénieur mais il était persuadé que sa pompe marcherait. Vingt hommes furent nécessaires pour apporter la machine à roue jusqu’au puit. Un colosse blond jeta ensuite un sac de charbon dans la machine et alluma le tout. Après quelques secondes à attendre une quelconque réaction de la machine dans un silence des plus complets, la machine grinça doucement. La foule manifesta sa joie en voyant la grande colonne se remplir doucement. -Et maintenant ? Demanda Van. -Maintenant, il suffit de mettre en place un système d’irrigation qui permettra d’avoir de meilleures récoltes chaque année ! Ensuite, on ouvre les vannes en bas de la machine et l’eau s’écoulera ! -Ingénieux… Remarqua Van. -Je sais, je sais ! Se vanta Neldirage en passant une main dans ses cheveux. Son sergent lui donna un petit coup de coude et chercha à savoir qui lui avait donné cette idée. Après un interrogatoire où Neldirage refusa de parler, il lui avoua que la bataille du barrage en était en partie responsable. Van décida de rentrer se laver. Le capitaine allait faire de même quand il aperçut une explosion de lumière à l’extrême de son champ de vision. Rek venait de souder un nouveau mur. Neldirage s’enquit de son magicien. -Comment ça va ? Lui demanda le capitaine lorsqu’il l’eut rejoint. Tu as grise mine ! Je t’ordonne de t’arrêter et d’aller te reposer. L’homme ne chercha même pas à discuter. Il partit dormir sur le champ. Neldirage demanda alors des nouvelles de l’avancement des travaux à Gromf, le barbare qu’il avait battu en combat singulier. Il lui répondit que le mur était solide bien que les créneaux ne soient pas superbement réussis. En effet, les boules de feu avaient tendance à disperser les pierres quand elles explosaient. Neldirage demanda à l’homme de combler les trous par des roches mobiles… Ce n’était pas bien grave. L’homme acquiesça et partit avec les charrettes pour le dernier apport en pierre de la journée. Autour de lui, l’air, déjà froid, commençait à devenir glacé. Neldirage rentra donc à la forteresse quérir un peu de chaleur auprès d’un bon feu. A l’intérieur, ses trois amis se reposaient près dudit feu. Pierre semblait chercher à inventer un nouveau jeu avec ses dés, Van se balançait négligemment sur sa chaise et fermait les yeux tandis que Ylanay mangeait un morceau de pain en fixant le feu qui crépitait. -Et bien ! Quel calme ! Dit Neldirage en rentrant dans la salle. Il quitta sa cape qu’il jeta sur une chaise. Il traversa la salle, se mit dos au feu et tendit les mains vers cette source de chaleur. -Rek ? Demanda le capitaine. -Parti se coucher ! Répondit Pierre avec un mouvement de poignet. -Il était tout pâle le pauvre, ironisa Van. Ylanay sourit en mâchonnant son morceau de pain. Neldirage haussa des sourcils et lâcha un soupir déchirant. Il se demandait à quel point cela était fatiguant de lancer des sorts. Enfin cela ne le concernait pas vraiment et ça semblait extrêmement usant. -Quel est le programme pour demain ? Demanda Pierre. -Repos pour tout le monde, je pense ! On l’a bien mérité. -Ca tombe bien, dit Van en s’affalant dans son siège, j’aurais bien fait une grasse matinée ! -Bon, je vais dans ma chambre… Annonça Neldirage. Je vous rappelle que vous êtes de garde demain soir ! Tous les trois… -Fais chi… Commença Van. -Et pas de commentaires ! -Oui, capitaine… Répondirent-ils avec un ton lassé. Neldirage partit se changer et prendre un bon bain. Il traîna dans l’eau… C’était vraiment agréable de ne rien faire ni penser dans une atmosphère relaxante, nota le capitaine. Il finit quand même par quitter sa baignoire faite de planches de bois soutenue par des anneaux métalliques. Comme à son accoutumée, il bénit le repas que les quatre soldats prirent sans Rek qui dormait profondément. Chapitre LVI -Ca va comme tu veux ? Demanda Neldirage à Rek qui venait de se lever. -J’ai l’impression qu’on donne des coups de marteaux dans mon crâne… gémit l’autre. -Prêt pour des nouvelles leçons ? Demanda le capitaine pressé d’en finir avec son éducation. -Doucement... Doucement… Dit le mage en s’asseyant à califourchon sur le banc. Elle est magique n’est-ce pas ? L’intendant devait sûrement parler de l’épée que Van avait offerte à Neldirage et que ce dernier affûtait. Le capitaine regarda un instant son arme sans répondre. Les petites étincelles bleues qui voletaient autour de la lame formaient une danse captivante. -Oui, mais à part ces petites lueurs bleues, je ne vois pas ce qu’elle fait… -Comment ? Rugit le magicien. Neldirage, craignant que son ami ait perdu la tête, se mit en position de combat face au mage. -Calme-toi, hein ! Dit le capitaine. Et si tu continues à crier, je te coupe la langue ! Je ne veux pas finir avec ton mal de tête. Donc tu t’assois, tu restes calme et tu me dis ce qu’il se passe. Voyant qu’il s’était laissé emporter par son excitation, le mage obtempéra et se rassit sur son banc. Neldirage remit sa lame au fourreau en attendant que celui-ci s’explique. -Tu as dit que tu voyais ces lumières ? -Oui, répéta Neldirage, comme à chaque fois que j’observe un phénomène magique. -Incroyable ! S’extasia le mage. Seules des personnes ayant un sens inné de la magie sont capables de la percevoir. Depuis quand le peux-tu ? -Aussi loin que remonte ma mémoire, répondit Neldirage encore sous le coup de la révélation. -Vois-tu les énergies en ce moment ? Neldirage eut beau regarder de tous les côtés, à part les bougies briller, il ne vit rien. Il répondit donc au mage par la négative. Ce dernier commença à parler dans sa barbe. -Hey ho ! Lança Neldirage. Au cas où tu ne l’aurais pas vu, je suis toujours là ! -Excuse-moi, répondit ce dernier, je me disais juste que tu ne pouvais voir les vents magiques car ils ne sont pas concentrés. Ma théorie actuelle est que tu vois les énergies magiques quand elles atteignent leur paroxysme : juste avant qu’un sort ne se déclenche. Ressentez-vous les sorts ? Demanda le mage. -Ben, maintenant que tu le dis, j’ai toujours cet affreux picotement derrière la nuque quand il y a de la magie dans l’air. Ca m’a sauvé d’une boule de feu un jour. Si je m’étais pas baissé, je serai mort carbonisé… Tout ça pour quelques gobelins… -Impressionnant, vous avez raté votre vocation de mage, capitaine… -J’habitais dans un lieu où le concept de la magie n’existait pas… Je n’aurais jamais pu devenir magicien. Vous êtes même le premier que je rencontre. -Je vois ! Dit celui-ci en lissant sa barbe. Je ne suis pas un mage surdoué mais je pense pouvoir t’éduquer sur les bases de la magie. Enfin si vous êtes d’accord ! -Absolument ! Se réjouit Neldirage. La conversation commença alors sur tout ce que le capitaine devrait faire dans ses débuts et ce fut différent de ce qu’il s’imaginait. Neldirage donna rapidement ses ordres à Van qui venait seulement d’émerger du lit. Celui-ci fit une moue d’incompréhension devant les paroles que déblatérait son capitaine. Après avoir déduit que son comportement était dû à ce que Neldirage avait mangé au petit-déjeuner, Van le regarda s’éloigner à la suite du magicien avant de choisir avec attention ce qu’il allait ingurgiter pour ne pas finir dans le même état que son capitaine. Pendant qu’il semblait monter en haut de la tour d’observation, Neldirage attrapa son intendant par le bras et lui dit droit dans les yeux : -Pas un mot à mes compagnons, si jamais je n’y arrive pas, autant que nous soyons les deux seuls au courant. Rek hocha la tête et continua son ascension. Neldirage le suivit pensivement. Allait-il y arriver ? Il doutait sérieusement mais un jour, quelqu’un lui avait conseillé de saisir toutes les opportunités qui se présentaient à lui et c’est ce qu’il comptait faire. Le mage patientait déjà en haut de la tour. En y arrivant, notre héros ne put s’empêcher de s’émerveiller une nouvelle fois du spectacle. Le capitaine dut s’arracher de cette contemplation pour répondre au mage qui venait de lui poser une question. -Non, je ne les vois toujours pas ! Maugréa Neldirage. -Et bien, concentrez-vous un peu ! Et pas que sur la vue qu’on a ! Un étudiant de première année y arrive en une heure ! Bizarrement, comme si leur nouvelle relation de maître à élève jouait là-dedans, Rek était repassé au vouvoiement. -Je doute que ça soit comparable… Rajouta le capitaine tout bas. -Alors fermez les yeux et essayer de la voir… Neldirage s’exécuta. Il se détendit et rouvrit les yeux… A part le soleil qui lui brûlait la rétine, il ne vit rien. -Je vois rien… -Persévérez… Votre esprit n’a pas été forgé assez tôt ! C’est pour ça qu’on recrute des enfants pour devenir magicien… Leurs esprits sont plus façonnables. Neldirage referma les yeux, expira lentement et les rouvrit. Il n’y avait toujours rien. Son cœur se serra, il s’était peut-être trompé. A trop croire, on peut avoir de belles désillusions. -Non, fit-il en bougeant la tête. -Ce n’est pas grave si vous ne pouvez pas les voir tout de suite, dit le mage, rassurant. Allons, redescendons, nous réessayerons plus tard. -Non ! Fit Neldirage plein d’une détermination nouvelle. Je vais encore essayer. -D’accord… D’accord… Capitula le mage. Comme bon vous semblera, capitaine. Mais ne vous fatiguez pas pour rien... Le mage partit et le capitaine ne releva pas le sous-entendu. Il se promit d’y arriver, même s’il devait camper là. Une bourrasque de vent lui fit aussitôt regretter ce qu’il venait de dire. Il faisait bien trop froid pour espérer dormir dehors. Mais ce qui est dit, est dit… Neldirage redoubla de patience et de motivation pour arriver à ses fins. Malgré toutes ses tentatives, toutes les positions différentes qu’il prit, il n’eut pas de résultats. Il vit une fois les lueurs bleues… Mais elles se dirigèrent vers Rek qui était reparti souder des murs à grands coups de boule de feu. Ca ne comptait donc pas. Le capitaine, déçu et honteux, se laissa encore quelques essais avant de renoncer définitivement. Le mage lui avait dit que tout le monde y arrivait en une heure maximum. Lui, cela faisait deux heures qu’il était dessus… Son âge n’expliquait pas tout. Il ferma les yeux en se demandant quand savoir que c’était bon, qu’il pouvait les ouvrir de nouveau. Comment reconnaître quelque chose qu’on n’avait jamais ressenti avant ? C’est après cette question qu’un coup de vent ne parvint même pas à faire frissonner Neldirage. Le capitaine ne s’en étonna pas… Comment frissonner à cause d’un vent chaud ? Neldirage n’osa pas ouvrir les yeux. Un vent chaud en plein début d’hiver ? Le capitaine de la forteresse ouvrit doucement les yeux et le spectacle qu’il vit le fascina. En plus de voir un magnifique couché de soleil, des lignes de lueurs bleues traversaient la région de toute part. Il y en avait de partout et elles allaient dans toutes les directions. Il y avait même une ligne qui semblait passer juste au-dessus de la tour. D’autres faisaient un anneau tourbillonnant autour d’une silhouette que Neldirage déduisit comme étant celle de Rek. Notre ami fit le tour de la plateforme pour se mettre pile sous la ligne d’énergie. Il tendit la main pour essayer de les toucher mais il avait calculé trop juste. Il réessaya en sautant cette fois-ci. Il n’y arrive pas mais la ligne sembla se tordre dans sa direction. Neldirage ne comprit pas tout mais il tenta de se remettre dans la position qu’il avait pris juste après être retombé sur le sol. Les jambes pliées, le bras tendu vers la ligne. Celle-ci se distordit de nouveau. Le capitaine tendit l’autre main. Neldirage ne comprenait pas… Il était de plus en plus fatigué. Il ne faisait aucun effort physique et pourtant une mince pellicule de sueur s’était formée sur son front et ses muscles s’engourdissaient. La ligne finit par rompre et une partie de ce petit fleuve bleuté répondait aux mouvements que faisait Neldirage. Il joua un instant avec cette énergie en lui faisant faire des boucles, des virages et d’autres figures… Quand il eut assez plaisanté avec cette petite étincelle, il entreprit de redescendre prévenir son mage. -Rek… Hurla Neldirage en manquant de tomber plusieurs de fois sur le sol mouillé. -Tu as réussi ? Demanda son interlocuteur devinant la cause de son excitation. -Oui ! Répondit le capitaine avec un grand sourire. -Magnifique ! -Quelle est la suite ? S’enquit Neldirage. -La suite sera demain, capitaine, nous devons finir ces murs. -Oui, oui… Tu as raison : La sécurité avant tout ! Alors nous verrons tout ça demain ! Le capitaine s’en alla d’une démarche rêveuse. Il avait toujours rêvé ajouter des pouvoirs magiques à ses talents de guerrier. Maintenant, c’était plus qu’un rêve, c’était devenu la réalité. Il imagina tout ce qu’il pourrait faire avec ce nouveau don. Cela lui prit toute la fin de l’après-midi ainsi que tout le début de soirée. En fait, pour que demain arrive plus tôt, il partit se coucher très vite. Demain, une journée mémorable l’attendait. Tel un enfant qui attendait avec impatience le jour de son anniversaire, Neldirage trouva difficilement le sommeil. Et quand il se réveilla le lendemain matin, il ne perdit pas une seconde pour se préparer. Levé de bonne heure, il alla dans la chambre de Rek qui ronflait paisiblement. Après l’avoir secoué sans retenue, Neldirage descendit dans la salle à manger pour prendre un repas consistant. Le mage arriva quelques minutes après… Il était drapé dans une longue cape blanche, il traînait des pieds et ses yeux étaient mi-clos. Il leva les bras au ciel en maudissant l’impatience de son capitaine. Il déclara qu’il allait manger un brin pour permettre à son esprit d’émerger des brumes de la nuit. Juste après, ses trois amis rentrèrent de leur surveillance nocturne. -Comment s’est passée la nuit ? S’enquit Neldirage. -Calme ! Répondit Van. Pierre a cru voir du mouvement dans la forêt. -Sûr ? Demanda Neldirage en tournant la tête vers Pierre. -On était assez loin… Même si je peux voir dans la nuit, cela aurait pu être un animal. -Rek, tu feras équiper des éclaireurs… Au cas où. -Bien, capitaine ! Répondit ce dernier en buvant un verre de lait. Voyant que ses amis attendaient au garde-à-vous, il les congédia. Ils disparurent par l’une des portes de la salle. Neldirage supposait qu’ils allaient aller se reposer de leur nuit de veille. Après avoir entendu deux nouveaux rapports de ses soldats, le capitaine attendit patiemment que le magicien revienne de sa mission. Celui-ci surgit en claquant des dents et se frottant les mains avec énergie. -A nous deux, dit-il en jetant un regard vers Neldirage. Chapitre LVII -J’y arrive pas… J’y arrive pas… Se résigna Neldirage. -Allons, réessaye. Le sort d’invocation du feu est le plus basique d’entre tous ! -J’y arrive pas, je te dis ! A part cette flammèche, il n’y a rien du tout ! C’est pas drôle de savoir allumer des feux et faire bouger ces énergies bleues. En effet, depuis le début des leçons, Neldirage n’avait réussi à invoquer qu’une petite flamme dans sa main. -Pardon ? Dit lentement Rek. -Ben oui ! Si tu veux on échange ! Tes pouvoirs contre les miens. -Je… Je reviens ! Dit soudainement le magicien. Neldirage resta seul dans la salle à manger en essayant encore une fois d’invoquer cette maudite boule de feu. Au départ, le capitaine, confiant, avait demandé à Rek de faire leur expérience dans la cour. Mais le magicien lui avait assuré qu’à son niveau, il ne ferait pas beaucoup de dégâts. En effet, à son premier essai, il réussit à invoquer une flamme dans sa main… Et ce fut le même résultat pour toutes ses autres tentatives. Neldirage se sentit désespérément ridicule. Enfin pour un début, c’était mieux que rien. Il referma sa main sur les flammes qui ne le blessèrent pas. Quand il la rouvrit, le feu s’était éteint. -Voilà, j’ai trouvé… Dit Rek en faisant irruption dans la pièce avec un tome poussiéreux. Je crois savoir ce que vous êtes… -Ce que je suis ? Dit Neldirage. Humain comme tout le monde… -Oui, c’est évident. Il n’avait pas lâché le livre des yeux et il le déposa sur la table. -Je crois que tu es tout l’opposé d’un magicien… -C’est sympa ! Dit Neldirage en levant les mains au ciel. Tu viens de casser mes rêves là… Le capitaine soupira. -Ca me sert à quoi alors ce que je sais faire ? -Tu es l’ennemi juré de tous les mages sur cette planète… Dit-il avec un regard lourd de conséquence. Un Dévoreur de magie. -J’aime bien le nom, ça fera bien au milieu d’un banquet… Plaisanta Neldirage. -Soyez sérieux un peu ! En déplaçant les énergies magiques, vous pouvez priver les magiciens d’utiliser leur sort ! Sans ces lueurs bleues, comme vous dites, personne ne peut lancer de sorts. -Je m’attendais à mieux… Avoua Neldirage. -Si ça peut te rassurer, dit le mage, peu de gens sont capables de manipuler ces vents. Tu es unique et redouté où que tu iras. A cette pensée, Neldirage regagna un peu d’orgueil. Il ne serait pas un mage mais au moins, il avait un petit complément. Il ne savait pas si ça lui serait utile car il n’avait pas rencontré beaucoup de magicien pendant sa vie. Enfin, c’était toujours ça de pris, pensa-t-il. -Si tu veux, je vais te montrer un exemple, dit Rek. Neldirage se mit face à son adversaire. -Tous les coups sont permis ! Déclara le magicien. Le capitaine sourcilla. Il haussa les épaules : il fixait ses règles. Si jamais il était blessé, il ne pourrait que s’en vouloir. Rek hocha la tête pour signifier que le duel commençait. Neldirage dégaina ses deux épées et se dirigea sans crainte vers le mage. Ce dernier fit une passe dans les airs et le capitaine eut plus de mal à tenir ses armes. Il eut beau bander ses muscles au maximum, elles lui échappèrent des mains et s’écrasèrent au sol. Impossible de les y déloger. Tant pis, se dit Neldirage, il le finirait à main nue. L’homme appela une nouvelle fois les énergies magiques et une boule bleue frappa le capitaine en pleine poitrine le repoussant à quelques mètres de sa position initiale. Après d’autres mouvements de poignet, il fut fixé contre le mur par des lianes sorties dont on ne sait où. -Bon, je crois que j’ai perdu, abandonna Neldirage, dans l’incapacité de bouger. -Je crois aussi, dit le mage avec un clin d’œil. Il leva les bras au ciel et les plantes se transformèrent en poussière. Rek demanda à Neldirage de se remettre en position. Il lui expliqua maintenant ce qui allait changer. Neldirage devait empêcher le magicien d’incorporer les énergies et ainsi lui interdire de lancer des sorts. Le capitaine ferma les yeux et les rouvrit quand il sentit cette chaleur particulière. Les lignes magiques apparurent dans la salle. Véritable petite rivière de pouvoir, elle traversait objets et chair comme si de rien n’était. Le début du duel commença. Comme la première fois, il mit ses mains dans une position complexe. Neldirage n’eut pas le temps de dévier les lignes, il lança son sort avec succès. Le capitaine ne tenta même pas de retenir ses armes et continua à courir vers sa cible. Il fit la deuxième passe et ce coup-ci, Neldirage tendit la main. On aurait dit qu’il voulait rattraper quelque chose qui allait tomber au sol. Les petites étincelles, qui se dirigeaient initialement vers Rek, s’enfuirent au loin. Le capitaine continua sa course et frappa le mage de plein fouet. Ils roulèrent au sol et Neldirage l’immobilisa. Une petite vengeance, se dit le capitaine. Il relâcha son étreinte. -Je vois ce que tu veux dire maintenant… Dit-il. -Tant mieux, dit Rek. -Et je ne peux pas apprendre des sorts ? Redemanda Neldirage. -Normalement, non… Mais tu sais déjà invoquer le feu, d’autres pouvoirs te viendront peut-être ensuite, qui sait ? -Bon, fini de jouer ! Répondit Neldirage en relevant la tête. Du travail nous attend cet après-midi. -Que fait-on ? -On creuse les canaux d’irrigations… Devant l’air lassé de Rek, il dit : -Je rigole ! Repos pour aujourd’hui ! J’ai envie d’une balade le long de la mer ! Je n’y suis pas encore allé. Tu viens avec moi ? -Non, désolé, capitaine mais je vais mettre à profit ce temps libre pour étudier et me reposer. -Comme tu veux ! Un mage reste un mage, hein ? L’homme ne répondit pas et se contenta d’un sourire entendu. Neldirage attrapa une cape de fourrure et sortit. Il baissa la tête quand une bourrasque le percuta de plein fouet. Après une cinquantaine de mètres, il arriva dans l’écurie et se dirigea vers Eclair. -Je suis désolé, mon beau ! Je ne me suis pas beaucoup occupé de toi ! L’animal hennit et secoua la tête pour signifier son assentiment. -Alors on part en balade ! La saison froide ne va pas tarder et je ne prendrai pas le risque de t’épuiser par un temps détestable. Neldirage rentra dans le box et sella sa monture. Il monta dessus et la fit se diriger vers la sortie. Arrivés au niveau de la sortie de l’écurie, l’animal s’arrêta et sembla humer l’air. Un coup de vent balaya la crinière de l’animal. Il fit quelques pas en arrière pour rentrer au chaud. -Je te l’avais dit ! Dit Neldirage en caressant l’encolure de sa bête. Allons, rentrons ! Je ne vais pas te faire sortir par ce temps ! L’animal refusa finalement de faire demi-tour et sortit même dans la cour. Neldirage sourit, quel animal têtu ! Ils sortirent dans la ville sous les salutations des villageois. Grâce au ciel, ces derniers n’avaient pas eu de mal à voir que Neldirage était quelqu’un de bien et tous le respectaient désormais. -Soyez prudent, capitaine ! Lancèrent les soldats de garde à la porte. -Je n’y manquerai pas ! Leur répondit-ils avec un salut. Une fois qu’ils se furent écartés de la porte principale, Neldirage talonna sa monture qui libéra sa puissance. Le capitaine s’était habitué à contrôler son cheval d’une pression des genoux mais là, s’il ne se cramponnait pas, il allait irrémédiablement tomber. Neldirage claqua des dents. Les bourrasques lui fouettèrent le visage en lui arrachant des petits gémissements. Le froid claquait sur ses oreilles et après quelques minutes, le capitaine ne les sentit plus. Quand son cheval se remit au trot, Neldirage remit son casque sur la tête…. C’était toujours mieux que rien. Le cheval fit un tour sur lui-même. Le capitaine fronça les sourcils, dégaina en sondant la végétation. La forêt était silencieuse, trop peut-être… Après quelques minutes à attendre, Neldirage relança sa monture à une allure folle. La cape claquait au vent au rythme des bruits de sabots. Malgré les efforts que fit le capitaine pour la maintenir près de lui, celle-ci se gonflait et s’arrachait de ses mains. Ils chevauchèrent deux heures ainsi, bravant la température ambiante et le sol rocailleux. Sur la fin du trajet, un grondement sourd se fit plus présent. Neldirage ne reconnut pas ce bruit. Quand sa monture parut surprise au contact du sable, notre ami comprit ce qui produisait ce son similaire au tonnerre. La mer : quel que soit l’endroit où portait son regard, il ne voyait que de l’eau. Un perpétuel roulis qui formait de petites bosses à la surface de cette nappe couleur turquoise. Quand l’eau se rapprochait de la côte, elle se levait et venait s’écraser sur le sable dans un tube de gouttes infinies. L’écume blanche finissait par se retirer dans un petit crépitement. Neldirage mit pied à terre et fut décontenancé par la texture de ce sol. Il était incertain et le capitaine finit par trouver un équilibre précaire. Il avança de quelques pas et s’arrêta juste avant que l’eau ne puisse le toucher. Devant lui, le sable était lisse et de petits coraux n’attendaient plus qu’on les ramasse. Une vague plus audacieuse vint lécher les pieds de Neldirage qui s’émerveilla à ce contact gelé. Le capitaine s’accroupit et prit de l’eau entre ses mains en coupe. Il porta le liquide à ses lèvres et but. Ce qu’il regretta instantanément. -Horrible ! Dit-il en crachant plusieurs fois. Qu’est-ce qui peut bien avoir là-dedans ? Dit Neldirage à voix haute. Comme personne ne lui répondit et que ce n’était pas Eclair qui allait le faire, Neldirage remonta sur son cheval en s’essuyant une nouvelle fois les lèvres à l’aide de sa manche. Ils reprirent une longue chevauchée sur le bord de plage. Courir sur un terrain dur et à la fois mouillé semblait plaire à Eclair qui galopa de plus belle. Quand le cheval ralentit, Neldirage le guida vers un groupe de rochers vers lequel ils se reposèrent. Eclair s’allongea sur le sable fin pendant que son cavalier préféra le froid contact de la pierre. Une fois qu’il jugea qu’ils avaient assez traîné, Neldirage et sa monture repartirent pour Kaer Ynir en espérant y être avant la nuit. Cela semblait impossible car le soleil ne formait plus qu’un demi-cercle rouge au-dessus de l’horizon. Chapitre LVIII Une heure et demie plus tard, Neldirage suivait la route qui menait à la forteresse. Il se demanda fortement s’il ne s’était pas perdu quand une sorte de bulle de couleur orangée se créa au-dessus des conifères. Elle illuminait loin devant lui et permettait de voir de la fumée s’éparpiller dans les étoiles. Il y avait le feu… Neldirage était sûr que cela provenait de sa forteresse. Il cria à Eclair de se presser. Le cheval avait aussi senti le danger et frappa durement le sol. Il sembla se pencher et s’élança en avant manquant de faire vider les étriers à notre ami. Le cœur de Neldirage battit à tout rompre et il destina des prières discrètes à qui voulait bien les entendre. La monture arriva en vue de la porte de la première palissade. Devant lui, des flammes semblaient vouloir toucher le ciel. Une forêt de lances s’éleva devant Eclair qui se cabra et frappa l’air de ses sabots. -Qui êtes-vous ? Demanda un des lanciers dont Neldirage ne pouvait voir le visage. -Capitaine Neldirage ! Que se passe-t-il ici ? -On ne sait pas capitaine ! Ils ont encore détruit une partie du mur de bois et ont jeté des torches dans une maison. On essaye encore de maîtriser le feu mais il était trop tard pour ses occupants. La famille est morte brûlée vive. L’homme cracha au sol en maudissant ceux qui avaient ça. -Personne ne les a empêchés de faire ça ? -Si, une patrouille … Ils ont tous été sauvagement assassinés. -Combien de morts ? -Cinq civils et cinq soldats. Neldirage pesta. -Des recherches ont été lancées ? -Le sergent Van et Pierre sont partis avec une vingtaine d’hommes. -Bien, ouvrez les portes ! La petite troupe de soldats s’exécuta. Neldirage franchit les portes et piétina les champs pour parvenir à une distance raisonnable de l’incendie. Celui-ci s’était propagé jusqu’à une maison voisine et il menaçait de s’attaquer aux champs. Une chaîne humaine s’était formée du réservoir d’eau jusqu’aux feux. -Vous là ! Hurla Neldirage en désignant un groupe de civils qui restait bras ballants. Allez chercher des couvertures et éteignez les foyers les plus petits ! Ils détalèrent et allèrent chercher de quoi éteindre les flammèches qui commençaient à brûler le champ le plus proche. Neldirage s’incorpora dans la chaîne et fit circuler les sauts. Ylanay passa devant lui en donnant des ordres pour que le mouvement accélère. Neldirage l’apostropha et lui demanda de le remplacer. Un groupe de soldats restaient inactifs. Neldirage leur ordonna de saisir des pelles et de le rejoindre. Les soldats partirent en trottinant et revinrent armés de pelles et de bêches. -Enlevez vos fourrures ! On va s’approcher de la fournaise ! Creusez tranchée la plus grande que vous pouvez : en longueur ! On va contenir le feu pour éviter qu’il ne s’étende ! Les hommes se débarrassèrent de leur cape et de tout objet métallique capable de les brûler. Neldirage se mit au travail, les yeux reflétant ces couleurs jaunes et oranges de l’incendie. Une poutre craqua et le plafond s’effondra dans la maison. Une gerbe d’étincelles se jeta hors de la maison et se déversa sur Neldirage qui mit le bras devant le visage par réflexe. A l’intérieur, tout était noirci. Le capitaine ne vit aucun corps, une langue de feu surgit par la fenêtre et faillit lui griller le visage. La chaleur était intolérable et Neldirage recula d’une demi-douzaine de mètres. Il saisit fermement le manche de son outil et attaqua le sol en vue de creuser une tranchée respectable. Ils travaillèrent pendant plus d’une heure pour obtenir un résultat plus que convenable. Le capitaine, le visage recouvert d’une fine pellicule noire de suie, félicita ses hommes et regarda le morbide spectacle. Neldirage vit Gromf qui passait par là. -Je veux une dizaine d’hommes qui surveillent que le feu ne se propage pas ! Désigne-les. Ensuite, protégez les cadavres des soldats, on les enterrera demain. -Bien capitaine, dit le barbare en opinant du chef. Neldirage remonta jusqu’à la forteresse en tenant Eclair par la bride. Il jeta quelques regards derrière lui pour regarder les flammes lécher les derniers morceaux de bois qui n’avaient pas encore été consumés. La lumière produite par les édifices en feu mettait en évidence les centaines de silhouettes qui regardaient les crépitements du feu dans un silence funèbre. Neldirage maudit sa négligence et rentra dans la forteresse. Il jeta sa cape sur le sol et s’assit sur le bout du banc. Il jeta ses gants au loin qui étaient couverts de cendre. Il renifla ses habits qui n’étaient guère mieux lotis. Il avait envie d’un bon bain... Il bascula en arrière et s’allongea de tout son long sur le banc de bois. Malgré toute la résistance qu’il mit pour que ses yeux ne se ferment pas, il s’endormit promptement. Il se leva en sursaut le lendemain, il transpirait abondamment et Neldirage savait qu’il n’avait pas rêvé l’incendie... Il puait encore. Neldirage sortit et fit quelques pas négligents. La terre crissa sous ses pieds. Le capitaine baissa la tête et vit qu’il s’était enfoncé jusqu’à mi-tibias dans la neige. C’était incroyable tout ce qu’il était tombé en l’espace d’une nuit. Neldirage frictionna sa poitrine et avança jusqu’à la herse. En contrebas, le village était camouflé sous une épaisse couverture blanche. Deux silhouettes rompaient de façon macabre avec ce beau spectacle. Deux restes noircis d’habitations. Seules quelques poutres subsistaient encore au milieu des tas de cendre. Neldirage frappa la neige de sa botte ce qui eut pour effet d’envoyer une myriade de petits flocons dans les airs qui retombèrent paresseusement sur le sol. Le capitaine retourna dans la forteresse et tapa des pieds à l’entrée. Entre temps, Van et ses amis s’étaient levés. Neldirage les regarda. Ils semblaient épuisés, ils ne devaient pas avoir beaucoup dormi. -Quels résultats hier ? Les trois têtes se tournèrent vers lui. -Que dalle ! Dit Pierre. A croire qu’ils se sont volatilisés. -Si je les trouve, dit Van en serrant les poings, ils regretteront de ne pas être passés au bûcher. -J’ai un plan, dit Neldirage, j’y ai réfléchi et je pense savoir comment faire. -On t’écoute, dit Ylanay en buvant de l’eau chaude. -Il va falloir être patient mais ça devrait en valoir le coup. Il alla chercher une carte de la région qu’il déroula sur la table. Ses trois amis regardèrent par dessus son épaule. -Pour mettre fin à cette guérilla, j’aimerais que Van, puisque tu es le plus gradé, reste ici avec deux cents de nos hommes. -On va où avec les autres soldats ? Demanda Ylanay. -Pierre et Ylanay, vous vous positionnerez ici ! Dit-il en marquant l’endroit que l’on devait emprunter pour rejoindre le nord à pied. Et moi... Je prendrai une dizaine d’hommes et resterai sur la côte. -Ensuite ? Demanda Van qui imaginait ce qui allait se passer. -Sécurité maximale ! Quand ils refrapperont, vous devez les faire fuir ! Pour cela, des hommes devront être placés tout le long de l’enceinte intérieure... Au moindre mouvement, Rek déclenchera le signal par une boule de feu dans le ciel. A ce moment, nous coulerons le navire que vous avez trouvé et guetterons le retour des ennemis. Si ça confirme que c’est eux, nous les rabattrons vers le reste de nos forces. -Pourquoi ne pas les attendre directement près du bateau ? Demanda Ylanay. -Si jamais ils sont plus nombreux que prévu, nous n’agirons pas. Et je crains de ne pas pouvoir retenir les hommes poussés par leur soif de vengeance. Je veux un minimum de pertes. -Donc, une fois les bateaux coulés, vous les fatiguez en les faisant fuir... Comment savoir quand ils seront près de nous ? Demanda Pierre. -Quand on approchera, vous le saurez ! -Alors ça me va ! Proclama Van, vite rejoint par les autres. -Moi aussi ! Dit Rek en ajoutant sa voix. -Tu es là depuis longtemps ? Demanda Neldirage. -Assez pour savoir ce qu’il va se passer ! -Très bien alors faites passer le message aux hommes ! Il a neigé aussi ! Ajouta-il en changeant complètement de conversation. -C’est vrai ? Demanda Van réjoui. Combien ? Neldirage en déduisit que ses amis n’avaient pas regardé par les fenêtres du premier étage. -Un pied de profondeur. -Le début de l’hiver ! Dit Rek en hochant la tête. -Je le crains... Confirma Neldirage. -La chasse n’en sera que plus facile, dit Pierre avec un clin d’oeil. -Ouais, confirma Ylanay, à condition que les empreintes ne soient pas recouvertes. -Au travail ! Quelque chose me dit qu’ils ne s’arrêteront pas là ! Ils refrapperont bientôt. -A propos de ça, annonça Rek en faisant arrêter les quatre militaires. -Oui ? -J’ai lu quelque chose dans l’un de mes livres... -Qui est ? -Certaines tribus nordiques, des corrompues j’entends par là, harcèlent parfois des villes isolées… Comme un rituel. -Tu veux dire que nous faire chier comme ça est un test pour eux ? Demanda Van. -Absolument, je pense que si nous rencontrons de la résistance, elle sera facile à éliminer... Ca ne devrait être que des guerriers sans expérience, continua le magicien. -Parfait, dit Neldirage, en avant ! La chasse va commencer ! Les cinq soldats se séparèrent chacun dans différentes directions. Chapitre LIX Ils se retrouvèrent une heure plus tard, chaudement habillés, près du cimetière du village. Neldirage avait fait amener une estrade de fortune qui lui permit de prendre de la hauteur pour que tout le monde le voit et également qu’il ne finisse pas avec les pieds trempés. Seuls les adultes du village étaient sortis… Enfin la plupart. Les autres gardaient les enfants en attendant le retour des parents. Neldirage put voir quelques personnes pleurer dans l’assistance. Il jugea le moment opportun pour faire son discours. Il monta sur l’estrade et regarda les dix tombes qui avaient été creusées. La moitié des cercueils était réellement remplie. Un frisson parcourut l’échine de Neldirage, ces trous pouvaient représenter la fin qu’ils auraient tous un jour. Et pour un soldat, cela pouvait arriver bien plus tôt que la moyenne : cette journée en était la preuve. Le capitaine se renferma quelques instants dans un silence et observa la foule. -Hier… Il prit son temps. Un acte d’une cruauté gratuite a été commis. Les gens qui ont fait ça… Ne méritent plus de fouler cette terre. Ces soldats, ces habitants, étaient des braves, des hommes et des femmes qui avaient mis leurs qualités au service de la communauté. Leur sacrifice ne sera pas vain ! J’en fais la promesse. On ne les oubliera pas et ils seront vengés. Vous savez ce que je compte faire ! Etes-vous derrière moi ? Lança Neldirage à la foule. De violents cris d’assentiments s’élevèrent d’une foule en colère. Tous savaient que les âmes de ces gens trouveraient leur place au côté de leurs dieux respectifs. Aujourd’hui n’était pas temps de pleurs mais temps de guerre. Les barbares levaient en chantant des haches massives au-dessus de la foule tandis que les autres soldats levaient leurs épées tout juste aiguisées. Les soldats de la forteresse frappaient du pommeau leurs boucliers qui résonnaient à l’appel de cette bataille. Bien que ce jour soit triste, Neldirage se réjouit de la motivation de ses troupes. De plus, comme ils pourraient tous se venger en même temps, une des raisons qui avaient poussé Neldirage à faire en sorte que le maximum de soldats soient là lors de ladite vengeance, le capitaine espérait qu’un lien de fraternité se créerait entre eux. -Alors la mission commence aujourd’hui ! Préparez vos affaires et soyez prudents en chemin… Pierre ?! -Oui ? Dit-il en émergeant sur sa droite. -J’ai besoin que tu m’indiques où les bateaux sont amarrés. -Ca marche, tu as une carte ? Neldirage en déplia une qu’il avait glissée dans sa ceinture. -Ici, dit-il en montrant une terre côtière. -Tout le temps ? Demanda Neldirage. -Je pense, on a sondé les environs avec Ylanay et les alentours sont trop dangereux pour accoster. -Il y a quelque chose qui pourra me confirmer que je suis au bon endroit ? -Il y a un fleuve qui est parallèle à la mer. Ca isole la plage sur une île sur un bon kilomètre. -Bien, va te préparer, rassemblement dans une heure. Pierre hocha la tête et partit préparer ses affaires pour cette campagne improvisée. Neldirage jeta un coup d’œil à la ronde. Les habitants s’étaient empressés de rentrer chez eux et seules trois silhouettes imposantes étaient restées près des tombes. Neldirage décida d’aller voir qui ils étaient. Le capitaine se mit juste à côté d’eux et s’attira un regard des trois barbares. Il se demandait vraiment comment ils faisaient pour ne pas avoir froid dans cette tenue. -Vous les connaissiez bien ? -Oui, c’était nos frères d’armes depuis toujours… Répondit un homme à la barbe recouverte de petits cristaux de glace. Neldirage comprenait sa douleur. Il aurait sûrement réagi de la même façon si l’un des ses amis avaient péri. -Vous viendrez avec moi dans ce cas ! Personne ne mérite plus que vous d’avoir sa vengeance. Ils hochèrent la tête puis se regardèrent et se comprirent sans se parler. On leur offrait enfin l’occasion de riposter et ils ne se gêneraient pas. Ils partirent en trottant. Neldirage espéra fugacement que tout serait prêt à temps. Une heure après, comme prévu, tout était en ordre. Les trois groupes d’hommes étaient en place. Neldirage déplaça Eclair jusqu’à ce qu’il soit devant Van et les soldats. -Je sais que certains de vous sont déçus mais sachez que votre mission est fondamentale… Souvenez-vous de ce qui s’est passé la nuit dernière et évitez que cela se reproduise… Pour votre famille ! Il n’y eut pas de réaction mais Neldirage vit dans leurs yeux le désir de défendre leurs familles face à l’adversité. Le capitaine hocha la tête et se dirigea vers Pierre et Ylanay. -Tout est prêt ? -Il semblerait ! Dit Pierre en jetant un coup d’œil à la ronde. -Les tentes, les chariots, les rations ? -Tout y est, confirma Ylanay. -Bien, dit Neldirage, si tout se passe comme prévu, vous ne rencontrerez personne en chemin mais soyez quand même prudents. Vous êtes les plus nombreux et donc les plus bruyants. Tous les hommes ont des chevaux ? -Oui, confirma Pierre. -Très bien… Alors que le signal soit donné ! Pierre monta sur son animal et agita sa lance à laquelle on avait fixé la bannière de la forteresse. Le sol vibra et les deux groupes de cavaliers se mirent en formation. Une dizaine suivait Neldirage et une centaine derrière Ylanay et Pierre. -En avant ! Hurla Neldirage à la colonne de cavaliers. La colonne s’ébranla et le petit groupe partit dans la forêt. Les autres soldats devaient partir un peu plus tard. Derrière eux, la porte se referma lentement laissant entrevoir le visage des femmes et des enfants, la larme à l’œil. Ils commencèrent à chevaucher à un rythme lent. -Pourquoi faire ce détour ? Demanda un des soldats en remontant la colonne. -Nous ne devons pas prendre le risque de les croiser et qu’ils puissent s’enfuir par les bateaux, répondit Neldirage en se souvenant qu’ils piquaient tout de suite au nord pour ensuite suivre la côte. Gromf ? Appela Neldirage qui avait eu envie d’avoir l’homme à ses côtés. -Capitaine ? -Désigne cinq éclaireurs. Deux devant à un bon kilomètre et trois derrière. Après que le barbare eut désigné des soldats, la colonne se désépaissit un peu. -Que fait-on une fois qu’on les aura trouvés ? -On trouve un endroit tranquille et on attend le signal. -Espérons que le froid ne nous tue pas avant ! Maugréa un homme en levant les yeux au ciel. -J’espère aussi ! Je vous rappelle qu’on ne fera pas de feu ! Mis à part si on trouve un endroit vraiment bien à couvert ! -Alors j’espère qu’on le trouvera, cet endroit… -Moi aussi, dit Gromf qui, même résistant au froid, n’avait pas envie de rester sans feu par un temps pareil. -Pourquoi le massacre de l’autre nuit ? Demanda un soldat dont on ne voyait que les yeux à travers le casque. -D’après Rek, c’est un rite de passage. Harceler notre ville n’est qu’un test qui est devenu apparemment plus violent… -Traîtres ! Murmura Gromf. -Qu’y a-t-il ? Demanda Neldirage. -Ces rites de passage, j’en ai entendu parler ! Avant que ma tribu et moi ne nous fassions chasser du nord, notre colonie était aussi harcelée. Ce sont des hommes qui font ça, ils n’ont aucune expérience de la guerre. Neldirage se sentit rassuré par ces paroles. Il n’avait aucune envie d’affronter autre chose que des humains. En tout cas, ils n’avaient peut-être pas d’expérience des batailles mais ils arrivaient toujours à s’enfuir malgré leurs recherches poussées… Mais le capitaine savait qu’il aurait bientôt sa réponse. L’excitation gagnait la troupe, le capitaine le sentait. Les regards se faisaient plus inquisiteurs, les armes étaient affûtées et les mains prêtes à les saisir. Chaque bruissement de feuilles entraînait un regard meurtrier, chaque ombre était inspectée. Le combat était proche, ils le savaient tous pertinemment. Même la forêt semblait participer à l’ambiance. Le soleil se voila de plusieurs nuages et une lumière sombre envahit les environs. Neldirage se tapit un peu plus dans sa cape, la neige qui recouvrait le sol ne semblait même plus réfléchir les quelques rayons qui arrivaient jusqu’à elle. Les oiseaux et les animaux étaient partis ou hibernaient déjà, un silence complet régnait… Ils finirent néanmoins par atteindre la côte sans aucun incident. La petite troupe de cavaliers longea l’orée de la forêt en prenant garde de ne pas se montrer trop bruyante. Par mesure de précaution, les chevaux se virent installer une sorte de muselière pour les empêcher d’hennir. Aucun animal ne sembla d’accord de ce traitement. Même Eclair s’agita quand Neldirage tenta de le lui passer. Le cheval finit par comprendre qu’il devait absolument le mettre et se laissa faire au grand soulagement de notre ami. Ils gardèrent ensuite un silence complet, ne parlant que par signes. Un éclaireur du front finit par revenir. -Que se passe-t-il ? Demanda Neldirage à voix haute. -Nous sommes arrivés, c’est l’endroit où le fleuve se jette dans la mer. -Bien, dit le capitaine, bifurquez et trouvez un passage où nous pourrons passer… -Oui, Messire. L’éclaireur tourna bride et galopa rejoindre son équipier. Neldirage fit signe à ses hommes qui s’étaient arrêtés. Ils reprirent la marche avec comme signal : « destination proche ». Ils finirent eux aussi par arriver, une demie dizaine de minutes plus tard, à l’endroit où le fleuve se jetait dans la mer. Le capitaine mit pied à terre pour laisser sa monture boire un peu. Le bruit du fleuve permettait aux soldats de parler sans crainte d’être entendus. -Je ne pensais pas que la rivière serait si profonde ! Murmura Neldirage en sondant l’eau d’une couleur claire de pureté. Le capitaine fit demi-tour, saisit la bannière, qui était la plus grande perche que le groupe disposait, et sonda le fleuve: Près de deux mètres de profondeur. Impossible de passer par là, Neldirage espérait que ses éclaireurs avaient trouvé un passage qui conviendrait. Le capitaine fut quand même étonné que l’eau, par cette température, ne fût pas encore gelée. Il remonta en selle et suivit les cavaliers qui avaient repris la marche. L’éclaireur revint de nouveau. Il s’appelait Damien, il avait une barbe rousse à la couleur de ses cheveux. Neldirage le savait impulsif et de confiance. Neldirage leva le menton et ouvrit les yeux pour poser une question muette. -Il y a une cascade non loin de là, les rochers se sont accumulés et ils forment une plateforme. On ne pourra pas passer tous en même temps mais ça devrait être bon. -Explorez la forêt de l’autre côté et assurez-vous qu’il n’y a rien qui traîne. Gromf, dit-il en changeant d’interlocuteur, va prévenir les éclaireurs qui couvrent nos arrières que nous bifurquons ! Demande-leur aussi s’ils ont aperçu le signal. Neldirage s’était plus soucié de la faune et la flore locale que se demander quand le signal serait déclenché. Neldirage se blâma intérieurement de sa flânerie. Si le bateau n’était pas là, cela voudrait dire soit qu’il n’y aurait pas d’attaque soit que les chaotiques n’étaient pas responsables de ce qu’il s’était passé. Le capitaine ne tarda pas à arriver à l’endroit décrit par Damien. Les chevaux montèrent la colline pour se situer au niveau du fleuve, juste avant qu’il ne se jette en contrebas. Neldirage ne regretta pas de ne pas avoir amené de chariot avec lui, il n’aurait jamais franchi les obstacles. Personne ne semblait vouloir rentrer le premier dans la rivière. Le capitaine n’avait pas de mal à imaginer la froide morsure de l’eau sur ses jambes. Neldirage finit par pousser sa monture en avant en priant que l’eau ne le touche pas. Le cavalier et sa monture commencèrent à avancer. Le cheval mit le sabot sur une pierre mobile qui faillit les précipiter dans la rivière. Neldirage grogna, ressaisit la bannière des mains du porteur de l’étendard et entreprit de sonder chaque pierre avant d’avancer. Il put ainsi arriver de l’autre côté, ses hommes sur les sabots… Heureusement, aucune chute ne ternit leur réputation : Tomber pour des soldats de leur trempe et cet épisode les aurait longtemps suivis. De toute manière, tomber dans l’eau à cette température aurait condamné la personne à ne rien pouvoir faire pendant au moins deux heures. Cette personne aurait même pu attraper des maladies, rien de réjouissant… Neldirage secoua la main devant ses yeux pour chasser ces idées. Ils longèrent le fleuve de l’autre côté et atteignirent le coude fait avec la plage au moment où Damien refit son apparition. -Le navire est là, capitaine ! -Bien, dit Neldirage, que tout le monde revienne par ici… Grompf partit chercher les trois éclaireurs qui protégeaient leur arrière tandis que Damien retournait chercher son partenaire. Lorsque tout le monde fut là, leur capitaine leur expliqua la suite des opérations. -Je veux que tout le monde se mette avec un autre soldat. Une fois que les groupes sont établis, je veux que vous trouviez un endroit assez grand pour nous permettre d’installer nos tentes, nos chevaux et de quoi réagir au cas où on serait attaqué. Tous hochèrent la tête en imaginant à quoi pourrait ressembler un tel lieu. Ils s’éparpillèrent tous dans la nature à la recherche de leur camp de base. Alors que Neldirage avait entreprit de remonter un peu la rivière, les soldats revinrent. En tout, trois sites avaient été trouvés. Le premier, trop à découvert, fut rejeté. Les deux autres correspondaient à la description. Ils choisirent une petite clairière d’une quinzaine de mètres sur dix de large. Autour d’eux, d’épais taillis les cachaient. Neldirage donna ses ordres, des sentinelles furent placées stratégiquement tandis que le reste des hommes déblayait la neige qui les empêchait d’établir leur campement. Une fois que de gros tas de neige qui leur servit, après réflexion, de barricade, furent dégagés de part et d’autres de la petite clairière, les hommes s’enquirent de la suite de la mission. Neldirage leur demanda de rester prudents, de ne pas jacter comme des poules et de surveiller le ciel en attente du signal. Des hommes furent envoyés de toute part pour guetter l’arriver des chaotiques ainsi que tout nouveau bateau. -Pourquoi ne pas couler le bateau tout de suite ? Demanda un homme en repassant par le campement. -Parce que si les propriétaires reviennent et que le signal n’a pas été déclenché, ça voudra dire que ce ne sont pas les coupables. -On peut couler le navire, non ? Par précaution ! Au pire, on leur en refera un. Neldirage sourit ironiquement. Ca aurait pu être une solution mais il n’avait pas envie de s’attirer plus d’ennuis qu’il n’en avait déjà. Il lui redit que sa réponse était non et se remit à guetter un signe. Le capitaine, après avoir guetté le ciel au moins une dizaine de minutes, partit se dégourdir les jambes. Il sortit du cercle de verdure et passa devant ses sentinelles qui le saluèrent. La nuit restait profonde et calme. Le lendemain fut similaire : Pour s’occuper, ils tentèrent de camoufler le plus discrètement les traces qu’ils avaient laissées. Ce fut impossible et ils en rajoutèrent une couche à chaque fois. Il fut donc convenu que de ne s’éloigner que par nécessité. Ce calme inquiétant ne fut rompu qu’une seule fois : Il devait approcher de la mi-nuit. LA SUITE @+ -= Inxi =-
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Prêts Pour le fond, on a enfin un appercu de son titre de bourreau ! Je plussoie Warza pour dire que tu es fou Tu as tellement écrit de facon libre qu'au départ, j'ai cru que c'était lui qui allait être tué Enfin du grand talent, c'est indéniable ! C'est tellement pervers que je vois vraiment pas ce qui peut arriver !C'est poru ca que je t'implore une suite @+ -= Inxi =-