Bon voilà une nouvelle suite ! Alors j'ai fait des changements qui vont du chapitre VII au X ( donc sur quatre chapitres ) Dejà le nom du régiment ( j'avais mis deux noms, désolé Gemini ! Donc j'ai laissé en pilleurs des tombes ) Ensuite, j'ai tenu comptes des remarques de Wilheim et Feurnard : Donc quelques phrases casées un peu partout dans le texte ! Et plus de peur ( Avec plus de description au moment des canons et de l'arrivée des hommes bêtes avant le combat ! Pour Iliaron, je t'ai fait un mort En fait, ils étaient 7 au départ et j'en ai oublié un en route! Moralité, je le fais mourir ! Pour ce qui est du fils conducteur de l'histoire, il y en aura plusieurs ! On pourra découper mon texte en plusieurs grandes parties ( là, on est dans la première avec la maturation ) Pour toi Iliaron, j'ai rajouté une phrase du lieutenant quand au combat quand a la fleche precise, j'ai réglé les problemes de distances de temps et fait en sorte que le mage et sa boule de feu fasse un peu moins tombé du ciel !
J'ai aussi corriger les fautes signalées ! Merci Kroxi, Gemini et les autres ! Et merci aussi a mon nouveau lecteur Odoacre
'Tin, mine de rien, c'est que ca en fait des trucs a dire ! Bon j'envoie la suite ! On est vendredi hein ( meme s'il est encore jeudi soir dans ma tête )
Chapitre XI
Neldirage se leva rapidement malgré toutes les courbatures qui habitaient son corps. Pourquoi le capitaine voulait le voir ? Il ne le savait pas, cela avait peut-être un rapport avec ce qu’il s’était passé … Enfin il verrait bien. Par contre, il ne pouvait aller voir son chef dans cet état : Il était couvert de boue, son visage était maculé de terre comme de sang et il sentait la transpiration à des kilomètres à la ronde.
-J’arrive tout de suite, laisse-moi une seconde !
Neldirage prit son armure qui traînait au sol et l’aspergea avec une carafe d’eau. Une fois que celle-ci fut sans traces terreuses visibles, il tira un drap dont il se servit pour sécher l’armure. Il jeta discrètement le drap-chiffon dehors une fois que sa mission fut accomplie puis courut rejoindre le soldat qui l’attendait près de la tente du capitaine. Celle-ci était noire et rouge ce qui représentait les couleurs générales de l’armée. Les Pilleurs de tombes étaient pratiquement les seuls à avoir la chance de porter du vert et du rouge… quelle distinction ! Enfin si c’était une chance … Ce n’était pas toujours un avantage d’être les plus visibles sur un champ de bataille.
Après ces pensées qui lui firent perdre une minute de plus, Neldirage se décida enfin à passer le petit rideau qui menait dans la tente. A l’intérieur de cette dernière se trouvaient les membres ayant participé à la mission de reconnaissance la veille. Il y avait aussi le capitaine, ainsi qu’un des lieutenants les plus importants du camp : le bras droit du capitaine.
-Messieurs, installez-vous, je vous prie ! Commença le capitaine.
Les hommes, y compris le sergent qui portait un atèle au bras et de nombreuses marques de contusion, s’assirent sur des petits sièges en bois.
-Nous n’allons pas perdre de temps en formalité : Vous n’aimez pas les longs discours et moi, j’aime encore moins les faire !
Cela eut pour mérite d’arracher un sourire à l’escadron.
-Vous avez fait preuve d’un courage extraordinaire hier et pour cela, nous tenons à vous récompenser !
Le lieutenant hocha la tête.
-Nous avons décidé de vous accorder trois jours de permission dans notre capitale ! Elle se trouve à trois jours au nord.
Neldirage ne put s’empêcher de tiquer. La capitale ? Trois jours au nord ? Ca se trouvait à des mois de chez lui ! Il ne pourrait jamais rentrer …
-Vous devrez rejoindre la caserne dans six jours. Nous, nous partons dans trois jours, si vous faites le calcul, vous verrez que je ne vous ai pas menti. Nous partirons d’ici au moment où vous arriverez là-bas.
Neldirage et les autres hommes ne savaient de toute façon pas compter alors ils le crurent sur parole.
-Messieurs, vous pouvez disposer !
-Merci, messire ! Dirent-ils en chœur.
-Non, soldats, merci à vous ! Avant de partir, nous allons purifier cette forêt ! Pour la gloire de l’Empire !
-Pour la gloire de l’Empire ! Reprirent les soldats un poing sur leur blason.
Ils hochèrent la tête et sortirent de la tente. Une fois qu’ils furent hors de vue de l’état-major, ils exultèrent de joie. Les soldats ne tenaient pas en place. Neldirage et ses amis n’avaient pas fait de pause depuis qu’ils avaient été recrutés. Trois jours de liberté ! C’était tellement ! Ils se faisaient de petites claques dans le dos et riaient…
-Soldats, dit le sergent, je ne peux malheureusement pas venir avec vous ! Je resterai ici pour aider le camp à se préparer ! Amusez-vous bien et mettez-vous en route le plus vite possible si vous voulez mon avis. Ah oui, une dernière chose ! Dit-il avant que les soldats ne courent se préparer. Evitez de dormir près de la route, nous ne voudrions pas vous retrouver en morceau…
Ils acquiescèrent tout en se remémorant leur entrevue avec le minotaure.
-Hey Neldirage !? Dit, Ylanay, l’archer qui avait failli voir sa tête se faire arracher par la hache de la bête.
-Qu’est-ce qu’il y a ? Demanda notre ami.
-On vient de parier avec les autres que tu arriverais le dernier à la tente ! Pour une kriek !
Neldirage ne savait pas ce que c’était mais après un grand sourire, il s’élança en direction des tentes. Les autres participants réagirent très vite et se mirent à le poursuivre.
-Ah, ces jeunes … Dit en souriant le plus vieux des cinq.
Chapitre XII
Ils ne mirent que peu de temps à rassembler leurs affaires. Les soldats avaient tous le même paquetage : Une arme, des pièces d’armures, de l’or et quelques effets personnels. Une fois que tous furent parés, les soldats marchèrent côte à côte dans la direction indiquée par le capitaine. La discussion ne s’engagea pas tout de suite ce qui laissa à Neldirage le soin de bien observer les compagnons avec qui il avait fait la reconnaissance. Ylanay lui avait raconté l’histoire de ces hommes avec qui le soldat avait effectué la reconnaissance. C’était la première fois qu’il avait travaillé ensemble.
Il y avait donc Ylanay, son plus proche ami dans le camp. Celui-ci ressemblait étonnamment à Neldirage par son comportement assez enfantin. Par contre, physiquement, il était différent. Ylanay était moins imposant que Neldirage. Il lui avait dit qu’il était coursier avant de s’être engagé dans l’armée. Depuis que les deux se connaissaient, ils se débrouillaient toujours pour être ensemble et cela avait marché !
Pierre était le plus jeune de toute la bande. Fils de bûcheron, il s’était aussi engagé très tôt dans l’armée. C’était le plus joueur des cinq comme l’avait noté Neldirage en l’apercevant plusieurs fois dans le camp. Sa bourse devait aussi être celle dont le contenu variait le plus. Il connaissait les jeux de dés par cœur et n’hésitait pas à organiser quelques soirées à thème.
Ensuite venait Rob, c’était le plus vieux. Il aurait pu être leur grand-père. Mais son âge montrait aussi que c’était le genre de personne contre lequel il ne fallait pas tomber au combat. Une profonde cicatrice zébrait son visage et on pouvait se douter que celle-ci devait être la plus visible de toutes.
Le quatrième et dernier guerrier s’appelait Van. Il ne parlait pas beaucoup mais il en disait plus par ses actes qu’avec sa langue. C’est lui qui avait été le premier à pourfendre le minotaure. Il était vêtu d’une longue cape noire qui cachait que partiellement son équipement militaire. On sait juste qu’il venait de la capitale...
Ce voyage promettait d’être passionnant, pensa Neldirage avant d’engager la conversation.
Celle-ci durait à présent depuis plus d’une heure déjà. Ylanay et Neldirage parlaient tout seul au départ mais, au fur et à mesure, les langues se délièrent. Ils parlèrent de leurs projets à la Capitale puis se mirent à parler de leur combat.
-En fait, bravo les gars pour notre victoire sur les hommes-bêtes ! Dit Ylanay.
-On leur a mis une bonne tôle ! Dit Rob.
-Par contre, je sais pas vous mais, j’ai encore mal partout … Dit le plus jeune, Pierre.
-Arrête donc de te plaindre, se moqua Neldirage, regarde ce qui est arrivé à Nef… Ou encore…
Il laissa la phrase en suspend. Il ne voulait pas gâcher la journée en parlant d’un soldat que pratiquement personne ne connaissait.
-C’est vrai qu’il a bien morflé le pauvre Nef.
Quand le sergent n’était pas là, ils avaient l’habitude de l’appeler comme ça. Cela faisait plus humain d’après eux…
-Vous avez vu la chute qu’il a faite ? On se demande comment il a survécu ! S’étonna Ylanay
-Il pourrait jouer aux jeux de Pierre qu’il raflerait tout le bougre!
-Tu insinues quoi, fripouille ? Le taquina ce dernier.
-Que tu sais manier les dés quand il le faut, canaille ! Dit Neldirage avant de rire.
-En tout cas, sans mes flèches, on ne serait peut-être plus là ! Se vanta Ylanay.
-C’est sûr, tu as attiré sa hache pendant que nous, les vrais, on se tapait le plus dur du travail ! Le rappela à l’ordre Rob.
-N’empêche que j’ai tué deux bêtes et demies, moi !
-J’ai… fait tout le travail, dit Van d’un ton glacial.
Tout le monde tourna la tête. Etait-il sérieux en disant ça ? Personne ne put donner la réponse, en tout cas, ils partirent dans un grand fou rire qui eut au moins le mérite de tirer un pâle sourire sur les lèvres de Van juste avant qu’il ne détourne la tête.
-Mais qu’est ce qui se passe, Van ? Dit Pierre comme s’il parlait à un bébé. Qu’est ce que j’ai vu apparaître sur tes lèvres ? Mais c’était un sourire ! Exulta le jeune homme.
-Rho ! Ca va lâche-moi… Dit Van en retenant tant bien que mal le nouveau sourire qui montait à ses lèvres. Pierre continua les provocations si bien qu’il finit par relâcher sa joie et de faire un sourire de toutes ses dents.
-Mais qu’il est mignon … Dit Neldirage en lui tapotant la joue.
-Bas les pattes ! Se défendit Van qui avait retrouvé sa langue.
-Oh oh ! Dit Ylanay, monsieur est joueur ! En garde, maître de la fin des temps ! Dit-il en ramassant une branche par terre.
-Nous ferons les canons, dit Neldirage en plaisantant et en allant ramasser des cailloux avec Pierre qu’ils lancèrent sur les deux protagonistes.
-Aaaa, les bâtards ! S’insurgea Ylanay. Pause, alliance, on les fracasse Van !
-C’est parti ! Répondit-il.
-Cassons-nous ! Proposa Neldirage avant d’être devancé par Pierre qui prit ses jambes à son cou.
-Attendez-moi les gamins ! Dit Rob, avant d’essayer de rattraper ces quatre jeunes qui couraient devant lui.
Chapitre XIII
Maintenant, il pleuvait. Les cinq hommes avaient dressé un bivouaque à l’entrée d’une grotte et ils attendaient patiemment que la pluie s’arrête. Un bon déluge s’abattait sur la région et ils finirent par décider de rester camper dans la caverne pour la nuit.
Ils allumèrent un feu autour duquel quatre des soldats firent un cercle pendant que l’autre restait dans la proximité de l’ouverture rocheuse pour monter la garde. Après s’être confortablement installés, la conversation reprit un peu. Elle était plus sérieuse que précédemment.
-Vous, pourquoi vous êtes dans cette galère ? Demanda Pierre, curieux de savoir qui étaient ses compagnons.
Comme personne ne semblait vouloir répondre, il commença :
-Moi, je suis fils de bûcheron comme vous le savez … Et en fait, la vie qui m’attendait devant moi ne me plaisait pas du tout alors j’ai décidé de m’engager. Pour l’instant, je n’ai pas à regretter mon choix ! On vit la grande aventure les gars ! Dit-il avant de s’attaquer à une de ses rations.
-Moi, j’étais coursier avant. Mais un jour, alors que je devais livrer un colis, j’ai assisté à un meurtre… Alors j’ai dû fuir la ville avant que ces hommes ne me retrouvent, continua Ylanay.
-On est dans le même genre de galère, dit Van. Moi, j’ai le malheur de ne pas avoir travaillé pour les bons. Quand j’ai été arrêté, j’ai réussi à m’évader et à trouver une place de mercenaire avant d’être engagé dans cette armée. C’est pour ça que je ne crains de devoir vous laisser avant la capitale où je suis sûrement activement recherché.
-T’inquiète pas, dit Pierre, ils t’auront sûrement oublié depuis le temps ! Ne te prends pas pour le centre du monde, dit-il avec un clin d’œil complice.
-Et surtout que maintenant, tu es un soldat ! Renchérit Neldirage. Moi, je me suis fait engager de force. La bataille du Barrage, vous la connaissez ?
Les hommes hochèrent la tête.
-Et bien, j’y étais. On nous a embauché de force et ils nous ont jetés en première ligne. J’y suis allé en me faisant passer pour mon père qui était malade.
-Pas de chance, gamin, dit Rob. Moi, je suis soldat depuis au moins trente ans ! Je ne compte plus depuis un certain temps maintenant … Quelque part, ça me plait cette vie et maintenant, alors que le temps me rattrape, j’en viens presque à prier que la mort me prenne au champ de bataille.
Cette déclaration un peu sèche surprit les compagnons qui jetèrent un regard ulcéré à l’homme. Devant ces regards inquisiteurs, il ajouta :
-Mais n’écoutez pas les ragots de vieux comme moi ! J’ai encore assez de volonté pour faire plier un nain, croyez-moi ! Dit-il.
Les compagnons surent qu’il ne mentait pas et après avoir continué sur des choses peu intéressantes, ils décidèrent à l’unanimité de se coucher sous le lent clapotis des gouttes d’eau heurtant le sol.
Après une bonne nuit de sommeil, la petite troupe se remit en marche vers la capitale. Ils y seraient normalement dans deux jours. Ils avaient bien marché la veille ce qui faisait qu’ils étaient en avance sur leur programme. Neldirage et les autres hommes surent qu’ils étaient sur la bonne route lorsque les villages se firent plus nombreux et réguliers. Ylanay dut admettre qu’il ne savait pas s’ils étaient dans la bonne direction ou pas… Sans carte, le travail d’éclaireur n’était que plus dur.
Pierre dut plusieurs fois aller demander aux paysans qu’ils croisèrent la direction de la capitale. Neldirage et ses amis finirent par tomber sur une large route pavée. A l’unanimité, ils décidèrent de la suivre. Celle-ci était assez empruntée et Neldirage n’avait jamais vu autant de monde. Les charrettes et carrosses utilisaient le milieu de la voie à toute vitesse tandis que les piétons longeaient le bord.
-Vous savez quoi les gars ? Dit Rob.
-Nan ! Répondirent les autres en cœur.
-Faudrait un code du chemin ! Pour régler la circulation avec des panneaux et tout !
Ses amis rirent.
-N’importe quoi, dit Van, un code du chemin …
Ils se remirent à rire avant qu’un chariot ne manque de les écraser. En fait, ce n’était peut-être pas une si mauvaise idée … La nuit commençait à tomber quand ils furent en vue de la grande capitale. Ils décidèrent de camper sur une petite colline toute proche avant de pénétrer à l’intérieur le lendemain matin. Les portes seraient sûrement closes quand ils arriveraient et ils avaient envie de passer encore une nuit à la belle étoile.
En cette première partie de soirée, c’était Neldirage qui décida de prendre le premier tour de veille. Il n’avait pas très sommeil et c’est sûrement lui qui avait le plus l’habitude de ce changement d’horaires réguliers. Il alla s’asseoir sur un flanc de la colline. Derrière lui, le lent brasier rendait son ombre disproportionné à la nuit. Neldirage ne put s’empêcher de laisser son regard décrire la ville.
Elle paraissait si grande… De sa position, le jeune paysan n’arrivait pas à en saisir toute l’immensité. Les remparts extérieurs serpentaient tout autour de la ville. Des gardes munis de torche les faisaient ressembler à un véritable serpent de feu. Pour le reste de la ville, Neldirage ne voyait que des toits dépasser. A l’exception bien sûr des somptueuses tours qui trônaient de part et autre. L’une d’elles semblait changer régulièrement de couleurs. Une tour de mage déduit le jeune homme qui s’allongea en prenant appui sur ses coudes. Il contemplait toujours cette tour quand la couleur disparut dans la nuit. Il la vit même repasser au-dessus de lui et revenir se lover autour de la grande bâtisse. Neldirage se frotta le cou pour se détendre et réfléchit.
Il déduisit que soit il était bien fatigué soit que c’était un phénomène magique. En tout cas, pensa-t-il en se relevant, c’est à Pierre de prendre la relève. Le garçon se réveilla péniblement et alla prendre son tour de veille. Le matin arriva sans incidents.
Neldirage vit alors qu’ils avaient fait une belle erreur : En effet, c’était jour de marché dans la ville.
Il y avait un monde fou aux portes de celle-ci. Neldirage imagina aisément que les soldats de garde devaient être débordés. C’est là qu’il lui vint une idée.
Chapitre XIV
-Vous avez compris ou j’explique encore une fois ? Bon au cas où … Rob se fera passer pour un général et nous pour son escorte personnelle. Ensuite, quand nous sommes assez près de la garde, nous redevenons simples soldats et continuons à nous faufiler pour prétexter la relève. Ensuite, quand les gardes verront qui nous sommes, ils nous laisseront entrer sans la moindre difficulté !
-Et pourquoi on ne garderait pas l’excuse du général tout le temps ? Demanda Rob à qui la situation plaisait.
-Parce que si les gardes l’entendent, on peut se faire exécuter pour avoir pris le titre d’un gradé…
-J’aime pas ça, dit Ylanay, c’est pas franchement honnête.
-Si tu as envie d’attendre toute la matinée ici en espérant qu’ils te laissent rentrer … Dit Van.
-Non ! Allez, on y va !
-Attendez, et si on passait simplement par le côté de la foule ? On a qu’à le doubler !
-Fais-moi confiance… C’est pas une bonne idée ! Si tu survis à la lapidation de cette même foule, les gardes te diraient de patienter comme tout le monde ! On prône l’égalité ici…
Les cinq amis se mirent donc en route. Une fois arrivés devant la foule compacte, ils ordonnèrent qu’on les laisse passer. Personne ne bougea…
-Ca aurait été sûrement plus convaincant si nous possédions des chevaux ! Dit Pierre.
-Pour l’instant, nous n’avons pas assez d’argent pour en acheter ! Et je doute que nous le puissions un jour ! Répondit Neldirage qui se remémora sa jeunesse et les chevaux du village.
-Bon les filles, dit Rob, va falloir faire les méchants pour passer !
Les soldats hochèrent la tête et dégainèrent.
-Bougez-vous de là ou on vous massacre sur place ! Hurla Van avec la plus grande délicatesse.
Ce coup-ci, ils eurent le droit à un regard. Et même à un espace quand ils firent mine de charger. Neldirage et ses amis durent en venir aux mains et attraper plusieurs fois un homme par le col et l’enlever du chemin manu militari. Il n’y eut aucun incident mis à part qu’ils durent assommer un homme qui allait en venir aux armes. Ils le firent passer pour évanoui ce qui leur évita une véritable émeute.
Une fois à quelques mètres de la garde, ils changèrent leur excuse et chuchotèrent aux oreilles les plus proches qu’ils venaient relever leurs camarades. Ils durent utiliser cette excuse qu’à ce moment précis car les gens, plus proches de la porte que ceux du fond, laissaient plus facilement passer des gens. Ils étaient également plus détendus et donnaient plus volontiers leur place pour des personnes enclines à les faire avancer plus vite.
Après quelques minutes à faire réellement la queue, ce fut à leur tour de passer devant les soldats. Ceux-ci étaient une dizaine pour trois postes de contrôle.
-Identité et raison de votre visite ! Dit le premier d’un ton monotone, lassé et sans même lever la tête.
-On rentre ! Dit Van d’un ton sec.
Le soldat releva les yeux et après les avoir inspectés, il demanda :
-Vous êtes de quelle compagnie ?
-Celle du capitaine Hoff.
-Ah d’accord, mais je croyais qu’elle devait revenir dans trois jours ? Demanda-t-il soupçonneux.
-On a eu une permission pour un acte de bravoure ! Se vanta Ylanay.
-Ah je vois, sourit le garde. Bon allez-y, et pas de grabuge surtout ! On se reverra sûrement à la caserne.
-Avec plaisir, lança Neldirage avant de franchir le cordon de sécurité à la suite de ses amis.
Ils firent quelques mètres et formèrent un cercle pour pouvoir discuter :
-On fait quoi ? Demanda Rob.
-J’ai deux trois trucs à faire en ville… Mentit Neldirage qui avait envie d’être seul.
Ylanay le regarda en fronçant.
-D’accord, on se retrouve à la caserne ce soir ? Demanda ce dernier.
-Ca marche ! Dit Van.
-Alors à tout à l’heure ! Dit Pierre en se retournant déjà pour partir.
Neldirage avait, en fait, peur de la ville. Il n’était jamais allé dans une ville de cette taille, jamais. Etant enfant, l’occasion ne s’était pas présentée et depuis qu'il était soldat, il n’avait vu que des hameaux. En y réfléchissant, Neldirage se dit que la logique aurait voulu qu’il reste avec ses amis pour ne pas être déboussolé mais bon … A moi de me débrouiller par moi-même un peu ! Pensa-t-il.
Pour commencer, notre soldat voulut laver ses affaires. Il partit donc au hasard des rues pour trouver un endroit où on pourrait les nettoyer. Il finit, après une bonne heure d’errance, d’impasses et après avoir tourné en rond pendant un certain temps, par trouver une sorte de lavoir. Neldirage apprit qu’il devait nettoyer ses affaires de lui-même… Après que la gérante du lieu eut ri devant son expression, elle lui proposa de lui prêter quelques habits pendant qu’elle s’occuperait de ses vêtements. Neldirage, heureux de ce service, accepta directement. Elle lui demanda de repasser dans quelques heures le temps que ça sèche.
Notre soldat réfléchit à sa prochaine étape. Fier de son pantalon blanc et de sa fine veste verte et rouge, il décida de se rendre chez un armurier qu’il avait aperçu non loin. La façade était découverte et deux énormes enclumes étaient posées au sol. Sur l’une des deux, un forgeron était en train de façonner une lame. Juste derrière lui, il y en avait d’autres qui allaient être réparées. Quand notre soldat arriva devant lui, il leva un front couvert de sueur et se replongea dans son travail.
Il frappa deux coups à l’aide de son marteau avant de laisser reposer sa lame dans un tonneau remplit d’eau froide. Un petit nuage de vapeur s’éleva. L’imposant homme s’approcha de Neldirage et lui dit avec un grand sourire :
-Que puis-je faire pour vous ?
-J’ai une armure à refaçonner ainsi qu’une épée à retaper…
-Montrez-moi ça … Dit l’homme.
Neldirage lui tendit son arme et armure qu’il traînait depuis le lavoir et attendit le diagnostic. Il put alors pleinement regarder l’homme. Ce dernier avait une fine barbe noire, un visage marqué par les efforts et surtout un corps d’athlète. En effet, le forgeron devait mesurer une tête de plus et avait des bras de la taille de ses cuisses alors que Neldirage était loin d’être frêle…
Une fois que notre soldat eut toutes les raisons d’être jaloux, du moins physiquement, il eut sa réponse :
-Pour l’épée, cela devrait être assez rapide : La lame a été bien aiguisée et a donc été considérablement rétrécie, il faudra donc rajouter un peu de matière histoire qu’elle redevienne comme avant. Elle n’est pas récente cette lame, je me trompe ?
-Non, répondit Neldirage, elle doit avoir une dizaine d’années minimum…
-Je dirai dix-sept, expertisa le forgeron, le style correspond à celui de la génération passée, cette lame n’est pas la vôtre je dirais mais celle d’un de vos ancêtres, qui peut, bien sûr, être votre père…
-Exact ! Dit Neldirage impressionné. Et pour l’armure ?
-Elle est basique donc ça devrait pas être bien long non plus mon cher monsieur ! Elle est juste un peu cabossée, on dirait que vous vous êtes battu pendant dix ans contre un orc affamé !
-Vous n’en êtes pas loin ! Sourit Neldirage.
Le forgeron rit et envoya à notre ami une tape amicale qui manqua de lui défaire une épaule…
-Ca sera prêt pour demain, petit gars !
-Merci, et bien à demain et bonne fin de journée !
-Merci, toi aussi !
Chapitre XV
Malgré l’envie qu’avait Neldirage d’aller manger et de laisser ces corvées ennuyeuses, il avait encore des choses à faire. Pour commencer, il devait trouver une auberge où passer la nuit. Il fit une dizaine d’établissements avant de comprendre qu’une auberge calme, ça n’existait pas… Il choisit l’Auberge du pendu, qui était donc située sur une ancienne place de pendaison, apprit-il de l’aubergiste lui-même. La caserne se situait à environ vingt minutes à pied et à cinq minutes à cheval.
Neldirage choisit donc cette taverne, et après avoir payé la moitié de son séjour, il suivit l’aubergiste à l’étage pour qu’il prenne possession de sa chambre. Pendant le trajet, ils parlèrent un peu :
-Et vous faîtes quel métier en fait ? Interrogea l’aubergiste.
-Je suis soldat, dans l’armée du capitaine Hoff…
-Ah ce bon vieux capitaine ! Vous savez que j’ai servi dans l’armée à mes débuts ?
Neldirage n’en doutait pas, cela expliquait même pourquoi l’aubergiste boitait un peu.
-J’en ai vécu des choses … dit-il avant que son regard ne se perde dans la lune, enfin bref ! Dit-il en revenant à lui, vous avez l’air épuisé, je vous laisse !
Neldirage se contenta de hocher la tête et de rentrer dans sa chambre. Ce qui était assez stupide en soi car notre ami n’avait pratiquement aucune affaire à y déposer. La petite chambre se composait exclusivement d’un lit, d’une chaise, d’une petite étagère ainsi que d’une fenêtre. Neldirage s’allongea sur son lit et pensa à sa dernière étape. Enfin c’est ce qu’il aurait fait s’il ne s’était pas immédiatement endormi.
Il se réveilla en sursaut près de cinq heures après : Il se leva d’un bond, comme à chaque fois qu’on s’endormait alors qu’on ne le devait pas… Il eut une bouffée de chaleur et paniqua en se demandant quelle heure il pouvait bien être. Heureusement pour lui, le soleil déclinait seulement et d’après la période de l’année, Neldirage déduisit qu’il était sept heures du soir. Notre ami décida de manger un bout avant de rejoindre ses compagnons une heure ou deux plus tard.
Il descendit et commanda de la viande, chose qu’il n’avait pas mangée depuis un bon bout de temps. Cela revenait assez cher et les soldats pouvaient donc en manger après des parties de chasse, ce qui restait en soi relativement rare. Refusant d’aller s’asseoir seul au milieu des clients, Neldirage resta debout au comptoir. Pas question de passer pour un solitaire… Une fois ce délicieux repas fini, il commanda une bière qu’il dégusta en regardant les autres clients de ce début de soirée. Après un nouveau regard dehors, il vit que la nuit avait commencé à étendre ses ailes. Il sortit après avoir réglé sa note à l’aubergiste.
Neldirage suivit la direction indiquée par le tenancier de l’auberge. La ville était bien trop grande et notre ami espérait qu’il n’allait pas s’y perdre. Il suivit les instructions à la lettre et arriva directement au petit château de ce milieu de ville qui formait une des casernes. Devant l’entrée, ses amis étaient déjà là et semblait l’attendre.
-Ah ! Neldirage ! Dit Ylanay en l’apercevant.
Il rit devant son accoutrement.
-Et bien, tu devrais changer de magasin de vêtements ! Se moqua Rob.
-Rho ! Ca va, dit Neldirage en souriant, ils avaient que ça…
-Pas de chance … Continua Van.
-Bon les filles, on fait quoi ? Demanda Pierre.
-On te coupe la langue si tu nous appelles de nouveau comme ça ! Menaça pour plaisanter Ylanay.
-Oui, mon seigneur … Répondit-il en faisant une courbette exagérée.
-Bon, ça me va, dit l’autre avec un clin d’œil. Si nous allions boire un coup ?
Des murmures d’acquiescements retentirent à travers le groupe et ils se dirigèrent au hasard dans l’une des rues en direction d’une échoppe.
-Pourquoi tu n’es pas venu en fait tout à l’heure ? Demanda Ylanay.
-Oh… J’avais quelques trucs à faire, répondit ce dernier évasivement.
Devant la motivation de son ami, Ylanay ne chercha pas à en savoir plus.
-Je vois que tu n’as plus d’équipements, dit Van, tu l’as mis où ? A la caserne ?
-Non, répondit Neldirage, j’ai pris une chambre dans une auberge où j’en ai profité pour manger…
-Hein ? S’étonna Pierre, tu dors pas non plus avec nous ? Tu nous aimes plus c’est ça, dit-il en faisant semblant de pleurer.
-Mais non ! Dit Neldirage en rigolant, j’ai eu l’occasion et je l’ai saisie, c’est tout !
-Mouais, dit-il guère convaincu, on est arrivé ! Annonça Pierre.
-Mais quel est cet établissement de débauche ? Demanda Rob.
-De luxure et de jeux ! Rajouta aussi Pierre.
-Moi, ça me va parfaitement, dit Van avant de rentrer dans l’auberge au bras de deux filles de joie.
-La nuit va être chaude, c’est moi qui vous le dit ! Dit Ylanay en s’élançant dans le bâtiment à la suite de son ami.
-Et bien messieurs, suivons le mouvement… Dit Neldirage.
Ils entrèrent dans l’antre du plaisir, comme c’était marqué sur la porte. Les trois derniers à être entré rejoignirent les deux premiers déjà assis à une petite table en charmante compagnie. Les cinq soldats prirent place sur des canapés faits avec de doux coussins.
Il flottait dans l’air une odeur enivrante, Neldirage n’avait jamais senti ce parfum, c’était excitant… Ses amis étaient en pleine discussion avec les filles qui étaient là, ils racontaient leurs exploits durant les batailles qu’ils avaient vécu.
Une serveuse plutôt jolie vint prendre leur commande.
-Vous désirez ? Demanda-t-elle avec un sourire ravissant.
-Vous ! Faillit dire Neldirage…. Nous voudrions cinq bons pichets de bière s’il vous plait !
-Je vous apporte ça tout de suite, dit-elle avec un clin d’œil enjôleur.
Dès qu’elle se fut éloignée, il se fit taquiner par ses amis.
-Et bien je crois que tu as une touche ! Dit Van.
-Rho, mais arrêtez ! De vrais enfants, y a rien je vous dis… Dit en rougissant Neldirage.
La soirée fut très animée et les bières se succédèrent assez vite. Neldirage dépassa le seuil limite et après que Pierre eut encore arnaqué un joueur avec son jeu de dé, notre ami ne se souvint de rien. Il se réveilla au matin dans une chambre qu’il ne connaissait pas, dans les bras de la serveuse. Neldirage ne mit vraiment pas longtemps à comprendre ce qui s’était passé pendant ce noir.
Notre ami enleva les fins bras qui l’entouraient et sortit délicatement du lit. La serveuse ne se réveilla pas au grand bonheur de Neldirage. Il attrapa ses habits et entreprit de se rhabiller en dehors de la pièce. Il descendit en catimini puis sortit dans la fraîcheur de la matinée. Comme Neldirage ne savait pas où se situaient ses amis, il décida d’aller récupérer ses affaires et de rentrer à la caserne aux alentours de midi.
Il commença par aller chercher ses habits car il commençait lui aussi à se trouver ridicule. Il trouva le lavoir assez facilement, comparé à la première fois… La gérante avait laissé ses affaires soigneusement pliées dans un coin. Vu que personne ne faisait son linge, Neldirage se changea rapidement sur place. Ses habits étaient frais et propres ce qui était assez agréable. La femme avait même rafistolé les trous qui s’étaient formés sur ses vêtements... Neldirage laissa plus d’or que convenu en remerciement. Après avoir déposé également ses anciennes affaires, il quitta la salle.
Il se sentait mieux dans son pantalon brun qui lui allait parfaitement ainsi qu’avec sa chemise noire. Il portait également une épaulière rouge qui permettait de montrer à quel régiment il appartenait. Il arriva ensuite chez le forgeron qui, comme d’habitude, battait le fer. Neldirage fit mine de se racler la gorge bruyamment ce qui eut pour effet d’attirer l’attention de l’imposant homme.
-Ah ! C’est toi ! Tout est prêt, dit le forgeron.
-Bien, je vous dois combien ?
-Hum, une pièce d’or pour l’épée et deux pour l’armure. Au fait, savez-vous que votre armure est moins fragile qu’il n’y paraît ?
-Ah bon ?
-J’ai eu du mal à la reformer ! Elle est fait dans un alliage bizarre que je n’avais jamais rencontré, ça a confirmé que vous avez vraiment dû avoir un combat violent pour la mettre dans cet état. Mais après deux heures de travail acharné, j’ai réussi à la remettre comme avant. Comme votre épée, elle date un peu ce qui fait que je n’avais jamais eu l’occasion de travailler sur cet ancien alliage. Il est fort résistant mais très peu maniable… C’est pour ça qu’il a été abandonné d’ailleurs.
-Et bien… Merci !
-Mais de rien, ‘ti gars ! Et puis de toute manière, c’est mon métier, ajouta-t-il avec un clin d’œil.
Neldirage renfila son armure qu’il mit avec moins de peine que ces derniers mois et attacha son épée à sa ceinture. Il rangea également son casque par-dessus le pommeau de l’épée et enfila ses gants de cuir. Il régla sa note et alla à la caserne pour y trouver, sûrement, ses amis.
Chapitre XVI
Neldirage s’engagea dans les petites ruelles qui menaient à la caserne. Elles ne pouvaient permettre le passage que de trois hommes de front. Ces dernières étaient pratiques car elles permettaient d’arriver à la caserne en un temps record mais elles n’étaient pas réputées pour être les plus sûres. Même Neldirage, armé et entraîné, n’était pas confiant. Sa main droite tenait la garde de son arme et la gauche aurait pu tirer son bouclier en moins de deux. Ce n’était pas étonnant que les malfrats choisissent ces coins ténébreux pour leurs méfaits.
La caserne finit par se dresser devant lui et Neldirage choisit de rentrer par la porte devant laquelle ses amis et lui s’étaient retrouvés la veille au soir. La porte qui fermait la herse était désormais ouverte et deux gardes, qui s’ennuyaient ferme, l’empêchèrent de passer.
-Déclinez votre identité ! Dirent-ils d’un ton sec.
-Neldirage, du régiment des Pilleurs de la Nuit, de l’armée du capitaine Hoff !
-Bien, des compagnons à toi sont ici ! Répondit-il avec un large sourire.
-Oui, je viens les retrouver ! Dit Neldirage de bonne humeur.
-Et bien bonne chance !
-Comment ça ? Demanda notre soldat.
-Oh rien… Tu verras par toi-même.
Neldirage passa la porte et entendit des petits rires moqueurs derrière lui. Mais qu’est-ce qui se passait donc ici ? Pensa notre ami. Où étaient ses compagnons ?
Il ne tarda pas à avoir la réponse. Il entra dans la caserne mais ne parvint pas à trouver la moindre trace de ses quatre amis. Il avait cherché partout : les dortoirs, la cuisine, le réfectoire, la salle d’armes… Tout, il avait tout fouillé, les moindres recoins, sauf un… Neldirage prit donc la direction de la prison où il espérait que ses camardes assistaient à une séance quotidienne d’interrogatoire, qui était d’ailleurs plutôt une séance de torture. On utilisait le terme d’interrogatoire parce que la torture était interdite, mais sinon, c’était du pareil au même.
Notre ami ne savait pas à quel point il avait raison. Ses amis n’étaient pas devant les barreaux mais bel et bien derrière. Neldirage ouvrit de grands yeux et approcha de la cellule où se trouvait le reste de sa bande.
-Mais qu’est ce que vous faîtes là-dedans …
Ses amis levèrent la tête et Van répondit le premier :
-Ca ne se voit pas ? On tricote au calme !
-Et sérieusement ? Demanda Neldirage que la situation ne faisait pas rire.
-Tu ne te souviens pas ? Dit Ylanay.
-Il devait être trop ivre ! Balança Pierre.
Neldirage se souvint très vite de la gueule de bois qu’il avait eu au réveil. C’est vrai qu’avec la force de sa migraine, notre soldat n’avait pas de mal à croire qu’il avait zappé une bonne partie de la soirée. Donc, pendant qu’il avait « pris du bon temps », ses amis s’étaient fait boucler. Enfin, se corrigea mentalement notre ami, il ne se souvenait de rien alors comment savoir si ça avait été bien ? Et même, que c’était-il passé ? Enfin, pour l’instant, ce n’était pas le plus important.
-Et que s’est-il passé alors ?
-Et bien figure-toi que tu n’étais pas le seul à être sérieusement éméché hier soir, précisa Rob, sauf que pour nous, ça s’est pas fini avec une douce dame mais avec un homme viril !
-Tu as raté un beau combat, dit Ylanay.
-On leur a mis une sacrée rouste ! Se venta Van.
-Et qui étaient-ils, et pourquoi ce combat ?
Il eut un grand silence.
-Il n’y a pas que toi qui a un trou de mémoire … Reprit Van.
-Et vous vous souvenez d’avoir gagné ?
-Oui, s’exclamèrent-ils en cœur.
-Et les gardes nous l’ont confirmé, dit Ylanay.
-Qu’est-ce qui va se passer ? Demanda notre soldat.
-Selon la loi, on va être fouetté.
Cette déclaration jeta un froid et un frisson en profita pour parcourir l’échine de Neldirage.
-Pour quel motif ?
-Trouble à l’ordre public et état d’ébriété pendant le service.
-Pendant le service ? S’exclama Neldirage, mais on était pas en service !
-Ah oui ? Et qui le sait ?
L’évidence frappa Neldirage. En effet, le capitaine Hoff n’était pas encore rentré… Ils avaient donc leur parole face à leurs actes. Personne ne pourrait confirmer qu’ils étaient en permission et personne ne pourrait prêcher leur clémence pour leur combat courageux face aux hommes-bêtes. La sentence allait donc tomber sans qu’ils puissent faire quelque chose.
-Je vois que les fauteurs de trouble finissent toujours par se retrouver.
Neldirage fit face et se trouva nez à nez avec un homme à légère barbe blanche. Une armure de plates complète recouvrait son corps et une lame, plus sertie qu’une couronne de roi, pendait à sa ceinture. Autour de sa tête était fixée une sorte de sert tête faite de branches que Neldirage n’identifia pas. En tout cas, notre soldat sut qu’il n’avait pas affaire à n’importe qui.
-Général, dit Rob, il n’a rien à voir là-dedans…
-Silence, personne ne t’a autorisé à parler Rob ! Quand je t’ai assigné à l’armée du capitaine Hoff, c’était pour que tu te constitues une retraite paisible ! Pas pour que tu fréquentes des voyous et que tu deviennes comme eux !
-Vous avez des idées bien arrêtées… Dit le plus âgé des soldats.
-Peut-être bien… Répondit le général. Alors, des rapports me parviennent en disant que tu étais avec eux hier soir et que l’on ne t’a pas arrêté…
-Réfléchissez ! S’il n’a pas été arrêté, c’est qu’il n’y était simplement pas ! Dit Van en collant sa tête entre les barreaux.
-Et toi, Van ! Misérable ! Un mandat court sur ta tête depuis que tu t’es enfui du service de La Garde. Tu as bien fait de t’engager dans l’armée… Tu échappes à la justice civile mais pas à celle militaire.
En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le général avait dégainé et envoyé un coup magistral, du plat de la lame, en plein visage de l’impudent. Van tomba à la renverse, assommé. Les autres amis se précipitèrent sur le corps inanimé et attendirent silencieusement.
-Oui, j’y étais ! Dit Neldirage à la surprise générale. Il garda la tête haute et attendit la réaction.
-C’est tout ce que je voulais savoir… Dit le général avant de tourner les talons.
-Gardes ! Qu’on déshabille cet homme et qu’on le mette en cellule avec les autres !
Neldirage se laissa gentiment faire et entra en cellule avec ses amis. Ceux-ci l’assaillirent de questions.
-Mais tu es con ? Dit avec son tact habituel Ylanay. Tout ce que tu as gagné, c’est le droit de te faire fouetter. Pourquoi t’as fait ça ?
-Simplement parce que d’une façon ou d’une autre, j’y aurai fini… Réfléchis, regarde comment il attendait que ça ! Il aurait sûrement fait du tort à des personnes qui étaient avec nous hier soir pour qu’elles parlent – Neldirage pensait bien évidement à la serveuse. Alors autant leur éviter des problèmes… Et puis, vous savez quoi ? Même s’ils ne l’ont pas vu, je suis autant fautif que vous ! Au moins les gars, on aura tout partagé !
Ses amis eurent un pâle sourire et Pierre lui tapota le dos. Une amitié bien plus forte que tout les liait à Neldirage désormais… Mais la sentence approchait bien vite.
Chapitre XVII
On vint les chercher une demi-heure après. Les gardes ne prirent pas la peine de les attacher, ils savaient bien que les soldats du capitaine Hoff ne tenteraient rien. De plus, où pouvaient-ils aller ? La petite colonne suivit les couloirs tortueux de la prison et ressortirent sur la cour intérieure. Cinq croix de bois de hauteur d’homme était dressées là. Les amis traînèrent des pieds. Les soldats avaient déjà vu des hommes se faire fouetter et ils se mirent donc en position. Les bras par-dessus la poutre horizontale et les jambes le long de celle verticale. Deux jeunes recrues vinrent leur attacher les pieds.
Une fois qu’ils furent incapables de bouger, le général fit un petit signe de tête. Autant d’hommes cagoulés que de soldats attachés sortirent de la foule. Au signe de tête suivant, l’air s’emplit du bruit des fouets. Un coup, Neldirage serra aussi fort qu’il put le morceau de bois dans sa bouche. Ca piquait, c’était atroce ! Deux coups, une nouvelle trace ensanglantée apparut dans son dos. Trois coups, une larme lui monta à l’œil. Cinq coups, le sang commença a dégouliner le long de son corps. Six coups, une deuxième larme apparut et la première tomba. Sept coups, Neldirage eut l’impression qu’elle tomba au même endroit que la dernière fois. Il eut un mouvement de convulsion contre le poteau. Huit coups, notre soldat s’affala contre le bout de bois le dos en feu. Neuf coups, la douleur avait envahie tout son corps, il aurait voulu hurler. Dix coups, c’était intenable, il défaillit…
Heureusement pour Neldirage, ce coup fut le dernier. Sur les cinq amis, seuls deux n’avait pas perdu conscience : Rob et Van. Pour le reste, ils tombèrent tous dans la poussière quand ils furent détachés. Il y avait un silence de plomb sur la cour, personne n’osait parler. Même si c’était la punition de rigueur, c’était vraiment horrible. Après que le capitaine fut parti, des soldats vinrent les emmener à l’infirmerie.
Neldirage se réveilla allongé sur le ventre, la tête dans un doux oreiller. C’était bizarre, il ne prenait jamais cette position… Il voulut se retourner mais se rappela rapidement pourquoi il était dans ce sens. Une violente douleur traversa son corps dans le sens de la longueur. Neldirage retint le cri qui lui monta à la bouche et se détendit. Il poussa un petit soupir et tenta de se redresser comme il le pouvait. Après une minute d’efforts et de douleurs, il arriva enfin à se mettre debout.
Ses amis dormaient encore. Enfin si on pouvait appeler ça dormir, c’était plutôt pour se remettre de ses émotions. Il les réveilla un par un et vit avec amusement qu’il n’y avait pas que lui qui avait oublié ce qui était arrivé. Après moult injures, tout les compagnons furent sur pied. Leurs affaires tachées de sang avaient été enlevées et ils en avaient des propres au pied du lit. Ils regardèrent mutuellement leurs marques en imaginant celles qui couvraient leur propre corps puis enfilèrent en grimaçant ces ô combien douloureux habits.
Après quelques minutes à bouger, Neldirage trouvait ces élancements presque supportables. Alors qu’ils n’avaient pas fini de se préparer, un soldat entra et leur demanda de venir dans la salle de l’état major. Ils se regardèrent silencieusement puis sortirent, Neldirage ouvrant la marche. En chemin, les cinq amis croisèrent des camarades de retour qui les taquinèrent.
-Et bien les gars, on s’est bien marré à ce que je vois ! Dit l’un d’eux.
Aucun des amis n’avait envie de paraître ridicule et ils firent donc semblant de ne plus rien sentir. Ils bombèrent le torse et se vantèrent de leurs exploits. Le général était parmi eux mais ils ne le virent pas... L’homme écouta une minute puis partit. Une fois que la foule se fut aussi dispersée, les cinq soldats reprirent le chemin de la salle. Ils saluèrent d’autres compagnons de bataille puis passèrent la fameuse porte.
La salle était formée d’une massive table où l’on pouvait apercevoir des tas de cartes en désordre. D’un côté, il y avait une armoire où l’on pouvait voir des livres divers tels que les effectifs par armée, le nom des officiers... A un autre endroit, il y avait aussi deux canapés en une matière noire que Neldirage ne reconnut pas. Et de l’autre côté, il y avait une paire de chaises.
-Restez debout, fit le général aux amis qui firent mine de s’asseoir.
Les amis obtempérèrent. La porte derrière eux s’ouvrirent sur le capitaine Van Hoff. Il rentra dans la salle et vint se positionner juste à côté de son supérieur hiérarchique.
-Nous sommes extrêmement déçus… Le capitaine ici m’a informé de votre permission et nous voyons avec regrets ce que vous en avez fait.
Les amis gardèrent la tête baissée.
-Vous faites bien de ne pas vous en vanter, continua le commandant. Dans le couloir, j’ai entendu une histoire intéressante…
Les amis se regardèrent paniqués quand le général tourna le dos.
-Oui… J’ai tout entendu ! Pour cela, vous serez radiés du corps des armées !
Le capitaine releva la tête, apparemment, il n’était pas au courant.
-Mais… Tenta-t-il de négocier.
-Il n’y a pas de mais ! Par contre, il y aurait peut-être une solution…
-Quelle est-elle ? Demanda Neldirage qui avait redressé la tête en comprenant que tout avait déjà été prévu.
-Une expédition part pour les montagnes de l’est, elle est composée de prisonniers condamnés à la peine capitale ainsi que de soldats bannis. Elle sera aussi composée de soldats de métiers et d’un lieutenant pour maintenir l’ordre. En échange de votre place dans l’armée, vous ferez partie de ces soldats qui les accompagneront.
Les compagnons n’eurent pas beaucoup le choix, ils acceptèrent. Le général se fendit d’un sourire et leur annonça que le départ était prévu pour le lendemain matin. Il leur souhaita, ironiquement, un bon voyage puis sortit avec sur ses talons le capitaine qui n’avait pratiquement pas parlé de la séance. Les amis restèrent un moment silencieux avant que Rob ne prenne la parole.
-Dans quelle merde on s’est fourrée les gars ?
-Je sais pas mais ça me plait pas… Ajouta Ylanay.
-On peut être sûr que cette mission causera notre perte, dit Neldirage.
-Une exécution indirecte quoi, dit Van.
-En gros, répondit notre soldat. C'est plus pervers, on sera des gardes avec des responsabilités mais s'il devait arriver un accident, ça dérangerait personne !
-Au moins, on n’y va pas tout nu, positiva Pierre.
-Bon, allons nous préparer pour demain ! Dit Rob.
Les amis hochèrent la tête et se mirent en route. Ils ne se précipitèrent guère pour faire leurs affaires. Ensuite, ils décidèrent à l’unanimité de rester à la caserne pour leur soirée : Ils étaient crevés et leurs marques de fouets les brûlaient. Tant bien que mal, ils finirent donc tous par s’endormir.
Le réveil fut plus doux que le précédent. Neldirage se roula en boule sans presque sentir ses brûlures… Il réveilla ensuite un à un ses amis et alla chercher ses affaires qu’il avait glissé sous son lit. Il s’assit sur le bord de ce dernier, regarda quelques secondes le vide et se pencha pour attraper ses habits. Une fois que ceux-ci furent enfilés, il alla regarder s’ils étaient en avance ou pas.
Notre soldat traversa de longs couloirs de pierre. Il était tout seul : il devait être trop tôt pour que les autres soient debout. Une flamme vacilla et Neldirage suivit le sens de ce courant d’air. Ce dernier le mena à une petite fenêtre. Dehors, il put apercevoir les premiers hommes qui se rassemblaient au milieu de la cour. En dessous de lui, notre ami perçut des cliquetis qui lui apprirent que les prisonniers n’allaient pas tarder à arriver. Sans plus de motivation, Neldirage retourna auprès de ses amis chercher son équipement.
-Les autres sont déjà dehors… Dit Neldirage en décrochant un bâillement.
Rob haussa les sourcils de façon à dire qu’il s’en moquait éperdument.
-Et bien, allons-y … Dit Van.
Les amis sortirent de la chambre. Neldirage claqua la vieille porte en bois et suivit ses amis dans le dédale de chemins. Après quelques minutes à marcher, les soldats émergèrent au grand jour. Neldirage put voir le lieutenant sur sa gauche qui semblait aussi impatient qu’eux de partir. Au milieu de la place, les prisonniers étaient assis en tas. Autour d’eux, plusieurs geôliers montaient la garde.
Le général s’avança vers eux et dit :
-Bien, je vois que vous êtes là !
-Perspicace… Ne put s’empêcher de lâcher Pierre.
Le gradé lui décocha un regard noir et continua :
-Vous partez sur le champ ! Bonne route … Dit-il avec une pointe de sarcasme.
Dix nouveaux soldats entrèrent dans la cour. Neldirage ne put s’empêcher de remarquer à quel point ils étaient tous similaires malgré leurs différences physiques. Ces derniers vinrent se placer en cercle autour du groupe de condamnés qui se releva. Le lieutenant prit la tête de la colonne et sortit de la caserne.
-Ne vous avisez pas de déserter… Eut le besoin d’ajouter le général.
Les cinq amis suivirent l’arrière de la colonne. Ils furent bientôt rejoints par quatre soldats aux couleurs différentes. La petite troupe composée d’une quarantaine d’individus sortit de la ville dans le silence le plus complet. Les soldats bannis et nos cinq amis gardèrent tête basse en se demandant où on allait les conduire et les prisonniers, quant à eux, se contentèrent de suivre l’homme qui marchait devant. Les chaînes n’entravant que leurs mains, ils avaient quand même une certaine liberté.
La troupe marcha pendant près d’une semaine. Neldirage fut quand même assez étonné du calme que gardaient les prisonniers. Bien que dépourvu d’armes, ils étaient bien plus musclés et hargneux que leurs surveillants. De plus, ils devaient savoir que certains soldats n’étaient pas là de leur plein gré. En attendant, nos cinq soldats firent connaissance avec les quatre bannis.
Ceux-ci n’étaient pas très sociables mais leurs langues se dénouèrent assez vite. Deux d’entre eux furent bannis pour mutilation volontaire. Un autre pour n’avoir rien tenté pour sauver son supérieur pendant une bataille. Et le dernier fut banni pour avoir pillé les rations qui allaient au champ de bataille alors qu’il était censé faire l’éclaireur…
La suite est là ( Chapitre XVIII à un peu plus de la moitié ) : LA !!!!!
@+
-= Inxi =-