Quelque chose que j'ai omi de signaler : Merci à tous ceux qui sont allés jusqu'au bout des Huits pattes ! Notement Kroxi, Iliaron et Fibz ! ( Y a Gemini aussi mais je sais pas si il a lu l'épilogue Et Feurnard pour ses critiques si particulières ! Surtout que c'est celles que je recherche le plus ) Je suis vraiment ému car je pensais pas que tant de gens lirait jusque là :'( (Et si tu me dis que c'est normal Iliaron pour ce que je fais pour les autres, j'te vampirise Je veux qu'on lise mes textes parce qu'ils sont bien et pas parce que je post sur les votres )
Bon, j'ai laissé le discours ( je regarderai a tete reposé comme arranger ca de manière optimale ! ) Voici donc la suite :
Chapitre IV
Neldirage avait commencé son travail dans la grange principale. Celle-ci ne comportait qu’un niveau où une douzaine de petits établis se succédait. Le dernier fromager encore présent lui expliqua sa tâche. Ils devaient fabriquer un fromage particulier de la région et qui se vendait assez bien. L’adolescent allait devoir gérer six établis en restant sur chacun d’eux une minute maximum. En effet, les fromages se solidifiant en une dizaine de secondes, il devait aller assez vite pour passer de plateaux en plateaux.
Il rythmait donc ces journées dans cette grange qui sentait le lait sous toutes ses formes. Il répétait inlassablement ces mêmes gestes toute la journée et au bout d’un moment, parce qu’il allait assez vite, Neldirage reçut l’autorisation de prendre des petites pauses. Notre adolescent ne se plaignait pas de son travail car il ne connaissait rien d’autre. Mais en lui, rien n’avait changé, il avait gardé ses rêves et il continuait de s’entraîner dans sa grange personnelle.
Maintenant, il corsait même la chose en enfilant l’armure. Neldirage était encore petit et pas assez musclé pour la supporter plus de cinq minutes.
Il continua son rythme de vie pendant deux longues années monotones et répétitives. Il crut un jour pouvoir sortir de cet ennui mais il ne fut que réaffecté à un nouveau travail. En effet, sa mère et son père, le trouvant assez vieux pour travailler en plein air, le firent travailler dans les vignes. Neldirage ne sut alors pas dans quelle galère il allait s’embarquer. Il fut d’abord affecté, pendant la période des vendanges, en tant que coupeur. Il devait se pencher et couper ses maudites grappes toujours plus cachées sous les feuilles. Il finissait avec de terribles maux de dos ainsi qu’avec les mains dans un piteux état.
Le reste de l’année, il devait étayer les cèpes, enlever les mauvaises herbes, planter de nouvelles semences et s’occuper des anciennes ainsi que compter les individus qui porteraient des fruits à l’automne prochain. Neldirage dut travailler dans des conditions extrêmes : les jours de grand vent qui le refroidissaient des pieds à la tête, les jours de pluie où celle-ci s’infiltrait à travers toutes ses couches de vêtements et les canicules qui l’assommaient de ses ardents rayons.
Après deux ans de braves et loyaux servies, le jeune homme laissa sa place pour celle de porteur. Il devait ainsi emmener des paniers, remplis au préalable par les coupeurs, jusqu’à la charrette. Le reste de l’année, il devait, majoritairement, couper du bois et les tailler en pieux pour les vignes. Neldirage s’habitua rapidement à la rigueur de l’hiver comme de l’été. Chaque jour, il enfilait son équipement métallique et c’est seulement à l’aube de son seizième anniversaire qu’il enfila, et put porter, correctement son armure.
Neldirage s’entraîna donc à porter cette pièce métallique qui entravait ses mouvements. Il restait encore un peu d’espace, ce qui rappela à l’adolescent qu’il devrait encore développer son corps. Il s’adapta rapidement à cette contrainte et put bientôt faire tous les mouvements possibles qu’il faisait sans cette dernière. Neldirage rembourra quand même l’intérieur de l’armure de tissu car lors des roulades, elle lui faisait assez mal. Enfin, l’adolescent espérerait qu’il n’aurait pas trop ce mouvement à faire.
Mais un événement imprévu, à son dix huitième anniversaire, le força à ne pas retoucher son équipement avant un certain temps. En effet, son père fut atteint d’une maladie grave et il ne pouvait plus beaucoup se déplacer. C’était une vraie tare pour cette famille qui comptait beaucoup sur cet homme dans la force de l’âge. Neldirage dut, à contre cœur, accepter le rôle qu’il se voyait confier. Sa mère gérait l’argent, le père des embauches et le fils des hommes.
Neldirage fut rapidement débordé par les demandes incessantes et la mauvaise volonté de certains de ses employés. Etant un peu naïf, il n’osait pas se faire respecter en haussant le ton et certains en profitaient largement. Il fallut qu’il se retrouve face à deux coupeurs en train de faire semblant de cueillir pour qu’il pique sa première crise. Les employés passèrent par tous les noms d’oiseaux et après une bonne centaine de menaces, ils rattrapèrent rapidement leur retard.
Il acquit rapidement un sens de l’organisation et de direction humaine. Les hommes avaient un assez bon rendement et ils ne se plaignaient pas trop. Il eut quand même quelques accidents qui montrèrent à Neldirage que tout ne va pas toujours comme on veut. Cela lui montra aussi ce que cela faisait de voir une personne proche en danger. Une véritable relation de confiance et de complicité s’installa alors et notre jeune homme put enfin pendre plaisir dans son travail.
C’est au milieu du printemps qu’un cortège spécial vint tout bouleverser…
Chapitre V
Le bruit des sabots résonna dans la vallée. On pouvait entendre des cavaliers approcher. Une dense poussière s’éleva sur leur passage. Ils s’arrêtèrent au village. Neldirage, qui était au champ, ordonna une pause. Il courut au village voir ce qu’il se passait. Le jeune homme vit une vingtaine de cavaliers. Tous frappés aux mêmes armes : celles de l’empereur. Neldirage se demanda ce que pouvait faire un groupe de soldats aussi important dans leur maigre village. Il put les observer un peu avant que le chef du groupe prenne la parole.
La majorité des cavaliers portaient une armure légère formée d’anneaux métalliques et de cuir. Ils portaient un manteau de fourrure couvert de boue et de poussière. Ce détail montrait bien qu’ils avaient beaucoup voyagé et que ce village n’était pas le premier à se voir offrir l’honneur de cette visite. Les hommes semblaient épuisés et leurs sacs semblaient aussi vides qu’une rivière par un été de forte chaleur. Les soldats descendirent de cheval et certains ôtèrent leur casque. Neldirage put voir que ces cavaliers étaient aussi nombreux que différents. La troupe était composée de vieillards comme de jeunes hommes.
Celui qui semblait le plus imposant prit la parole d’une voix grave :
-Avis à la populace ! Par ordre de notre bien aimé Empereur, tous les hommes valides que je vais citer ont un jour, pas un de plus, pour se préparer à partir. Ensuite nous rejoindrons les autres… La guerre menace les portes de notre empire et vous êtes réquisitionnés. De même, vous devez veiller à ce que nous ne manquons de rien pendant notre séjour !
Devant le silence des paysans, il sortit de son sac un rouleau qu’il lut à vive voix. C’était les noms des personnes convoquées qui avaient été fournis par le maire du village. Dedans, se trouvait le nom de son père. Neldirage alla, à la fin de la trop longue liste, voir le commandant du régiment. Celui-ci le lorgna avant de dire :
-Qu’est-ce qu’il y a gamin ? Tu ne veux pas partir ?
-Non, ce n’est pas pour moi, c’est pour mon père… Il est infirme et ne pourra donc pas venir avec vous, je suis désolé.
Le chef partit d’un rire gras et descendit de cheval.
-Ecoute fiston, tu diras à ton père que s’il ne vient pas, il sera exécuté pour trahison ! On n’aime pas les peureux…
-Mais ! S’étonna Neldirage. Il ne se cache pas ! C’est la vérité !
-Et ce que je viens de te dire aussi ! On verra demain de toute manière ! Répliqua sèchement l’homme.
Le soldat partit ensuite dans le village où il alla superviser l’approvisionnement demandé aux villageois. Neldirage retourna s’occuper de ses travailleurs, l’esprit bouillonnant. La journée se termina également ainsi et le jeune homme ne perdit aucune seconde pour rentrer chez lui. Lorsqu’il eut passé le porche de sa demeure, il vit son père se tenant faiblement debout, une vieille épée à la main. Il était en pleine discussion houleuse avec sa femme.
-Mais arrête donc voir tes bêtises, disait-elle, tu tiens à peine debout ! Comment veux-tu alors te battre ?
-Je n’ai pas le choix, si je n’y vais pas, je mourrai ! Il toussa à la fin de sa phrase.
-Si tu y vas, tu mourras aussi ! Que ça soit à la pointe de l’épée ou par ta maladie !
Un grand silence s’empara de la maison. Tout le monde avait les yeux rivés sur le sol, chacun pour une raison différente. Neldirage préféra ne pas s’attarder, il monta rapidement dans sa chambre.
Son estomac était noué. C’était surtout parce qu’il n’avait pas encore mangé, pensa-t-il, mais au fond de lui, il savait que c’était dû à la peur. Il allait devoir prendre une décision, une décision qui allait changer le cours de sa vie à jamais. Sa mère cria de venir manger. Neldirage la remercia intérieurement de l’avoir tiré de ses réflexions. Le repas se passa dans le silence, et après avoir mangé du poulet, chose rare, le jeune homme s’éclipsa dans la grange pour sa séance d’entraînement.
Sur le chemin, il croisa plusieurs soldats ivres qui avaient déjà bien entamé les provisions offertes. Ils tenaient à peine debout et titubaient dans les chemins terreux. Ils firent même peur à une paysanne en lui proposant une généreuse nuit à leur côté. L’un d’eux fini par tomber dans la boue sous les rires de ses amis. Cette dernière imprégna son corps et le casque, qu’il tenait jusque là à la main, roula sous un buisson. Après l’euphorie provoquée par cette chute, les compagnons de l’homme l’aidèrent à se remettre debout, oubliant le casque sous le taillis végétal.
Neldirage, qui n’avait pas perdu une miette du spectacle, attendit que le groupe s’éloigne pour aller récupérer la pièce de métal. Il la récupéra discrètement et courut la cacher dans sa grange. Au moment où il allait rentrer dedans, son père l’appela d’une voix forte :
-Neldirage ! Viens voir !
Le jeune homme, après avoir dissimulé le casque sous un nouveau buisson, accourut. Pour éviter que le soldat ne le reconnaisse lorsque le jeune homme le porterait, il donnerait quelques coups de marteau pour changer sa forme générale.
-Oui, papa ?
-Je suis fatigué, je voudrai que tu ailles aiguiser ma lame pour demain.
-Ca sera fait, dit notre héros.
Sans le faire exprès, le père venait de donner la dernière pièce manquante qui acheva de convaincre le jeune homme sur ce qu’il allait faire. Demain, il irait à la place de son père s’engager pour la guerre.
Chapitre VI
Neldirage ne réussit pas à fermer l’œil de la nuit. Il s’endormait bien par moment mais jamais il ne sombra dans un profond sommeil. Il avait l’estomac noué par ce qui se préparait. Le jeune guerrier se levait sans cesse pour regarder si l’aube approchait. Sa maison, la plus éloignée de la ville, lui permettrait donc d’arriver avant son père. Si tous ce passait comment prévu, le père n’aurait pas à quitter la maison car il ne trouverait pas l’épée que Neldirage avait gardée.
Les yeux se fermant par intermittence, le soldat alla s’asseoir sur le rebord de sa fenêtre, conscient que ça sera l’une des dernière fois … La lune était en train de se coucher ce qui expliquait cette couleur orangée qui se levait doucement à l’opposé de l’horizon. Les étoiles perdaient lentement leur éclat, le jour reprenait ses droits. C’était donc le moment pour Neldirage de partir.
Il enfila donc les vêtements les plus chauds et souples qu’il avait, il prit de la nourriture dans un vieux sac, et rejoint la grange après s’être assuré qu’il ne serait pas surpris. Neldirage regarda une partie de l’exploitation de son père et hocha la tête de satisfaction : il y aurait toujours quelqu’un pour s’en occuper. Le jeune homme commença par enfiler son armure, il mit ensuite son casque et passa son épée à sa ceinture. Ce n’était pas la place d’une épée et cette dernière avait tendance à battre ses cuisses à chaque pas.
Sans cette allure hésitante, Neldirage aurait presque pu passer pour un vrai soldat. Une fois qu’il fut paré, il referma la grange et après un dernier regard vers sa maison, partit. Le temps en cette matinée était assez doux et le froid n’était pas encore mordant. La fin de l’année approchait et Neldirage espérait être rentré avant les grands froids de l’hiver.
Neldirage était confiant, dans un mois, tout devrait être terminé. Le vieux sage du village avait raconté des histoires de batailles qui se transmettaient de générations en générations. C’étaient ces histoires là qui avaient commencé à faire rêver Neldirage. Dans ces dernières, l’enfant avait appris à croire en les héros et à vouloir leur ressembler. Des hommes capables de terrasser des armées entières et de vaincre des dragons faisaient le bonheur des enfants. Mais maintenant que Neldirage avait grandi, il se doutait que ce genre de personnes n’existait pas. Ce n’était pas possible d’être aussi unique alors que les hommes étaient si semblables.
Neldirage avait bien vu que les hommes étaient que des mortels et que la vie était fragile. Il se rappellerait toujours cette nuit où il avait vu ces hommes d’armes morts pour son village. Par contre, Neldirage ne doutait pas que l’organisation et la volonté humaine permettrait de vaincre n’importe quoi. Il avait vu la petite troupe de chevaliers dans son village et il se demandait ce qui serait assez résistant pour subir la charge de ces cavaliers… Rien, il en était convaincu.
De plus, il avait vu des chasseurs s’attaquer à un ours une fois. Ils n’étaient que trois archers et pourtant, en deux salves, ils tuèrent la créature. Alors si une armée contenait ne serait-ce que dix fois plus d’archers, personne n’arriverait jusqu’à la première ligne.
Un jour de marché, Neldirage surprit même une conversation entre un marchand itinérant et un homme du village. Le marchand racontait qu’il avait assisté à un entraînement de mage. C’étaient des hommes capables de faire pleuvoir des tempêtes de feu sur leurs ennemis. Même si Neldirage avait du mal avec ce que l’on appelait magie, la présence d’un des ces hommes pourraient tout changer.
Un autre conte du vieillard, venait de se souvenir Neldirage, racontait l’histoire d’une armée humaine uniquement constituée de machines métalliques. L’armée était censée avoir terrassé une marée de créatures vertes dans une profonde vallée. Une fois l’armée ennemie coincée, un déluge de fer était tombé du ciel. Neldirage doutait sérieusement de la santé mentale de l’homme à l’époque car maintenant, il était mort. Enfin si ces armes existaient, qui pourrait empêcher les humains de triompher ?
Oui, dit Neldirage avant de se présenter à l’appel et monter dans la charrette, il serait de retour dans un mois…
Chapitre VII
Cela faisait quatre ans maintenant que Neldirage était parti. Quatre ans qu’il s’était engagé et qu’il se battait à côté de soldats. Il avait vingt-deux ans et le jeune homme se battait aux côtés des Pilleurs des tombes. En principe, c’était une unité d’éclaireurs. Mais en réalité, lui et ses dix camarades servaient aussi bien d’appât, que de ravitailleurs, que de messagers que d’hommes de première ligne…
Il ne restait plus grand monde des hommes que notre paysan avait rencontrés dans la charrette. La plupart était mort ou transféré dans une autre unité. Neldirage s’en souvint comme si s’était hier.
Il était monté dans la charrette et s’était entassé dedans comme les autres hommes présents. Personne ne parlait, conscient de la gravité de la situation. Ensuite le chariot et le convoi s’étaient mis en branle sous les couinements des essieux. Il fallut une semaine pour rejoindre le flanc de colline où un premier affrontement allait se jouer. A la descente, le capitaine lui donna généreusement un vieux fourreau ainsi qu’un bouclier en bois ébréché.
Il fut désigné pour assurer sa première veille. Neldirage finit par s’endormir mais fut réveillé par le bruit d’un cheval. Une seconde plus tard, le capitaine passa devant lui. Il faisait une ronde pour vérifier ses sentinelles … Neldirage se jura d’être plus prudent. Il se frotta les yeux et guetta le moindre signe suspect.
A l’aube, la troupe continua son chemin à travers les montagnes pour rejoindre la plus grande armée qu’il n’eut jamais imaginé. Il devait y avoir des milliers d’hommes. Neldirage et les nouvelles recrues furent disposées sur le flanc droit. Le capitaine leur avait dit que leur but était d’amocher le plus possible l’armée ennemie avant que les troupes plus lourdement protégées arrivent. En fait, Neldirage déduisit qu’il allait jouer la chair à canon…
En face d’eux, il y avait une autre pente de montagne. Et entre ces deux flancs, il y avait une mince vallée creusée par les précipitations. Ce que Neldirage ne vit pas tout de suite, ce fut les dizaines … non, les centaines de grottes qui décoraient le flanc opposé de la vallée. C’est de là qu’ils arrivèrent …
Des milliers de monstres, arrivant par vagues entières. Il devait être trois voire quatre fois plus nombreux qu’eux. Neldirage ressentit pour la première fois la peur, une peur de mourir qui lui prit les boyaux. Le flanc adverse se couvrit d’orcs. Le jeune soldat pensa que cela ressemblait à du gazon, une gigantesque étendue de gazon. Ca eut le mérite de lui arracher un sourire. Il dégaina son épée et la serra, inconsciemment, le plus fort qu’il put. En attendant que l’ordre de charger fût donné, il étudia la scène.
En face de lui, l’armée de vertes créatures attendaient dans une anarchie impressionnante. Neldirage se demandait s’il y avait de l’organisation dans ce peuple. Il y avait également des mouvements dans les formations ennemies qui laissaient penser que les monstres se tapaient dessus … A sa droite, Neldirage put voir un magnifique paysage. La montagne rétrécissait doucement pour se fondre avec le sol et laissait place à une grande plaine recouverte d’arbres. On pouvait également voir de grands lacs qui brillaient sous l’éclat matinal du soleil. C’était paradisiaque. A sa gauche, la vallée débouchait sur un éboulis géant. Des rochers, de la terre, du bois, avaient été accumulés pour former une sorte de barrage. Si jamais il lâchait, les deux armées seraient emportées …
Après, Neldirage ne se souvint pas de ce qui se passa dans cette vallée. Il se souvint que la charge fut donnée et qu’il y eut un violent affrontement. Il se rappela du sang, des cris, de la poussière. Neldirage était perdu, il voyait des hommes se faire étriper partout autour de lui. Il finit par se retrouver au milieu d’un régiment de vétérans qui l’encadra. Il se souvint de leur conseil :
-N’hésite pas, gamin ! Frappe !
Alors Neldirage avait frappé. Il avait senti la lame s’enfoncer dans la chair. Il avait pris du plaisir à tuer cette créature qui avait tué les siens. Il frappa, une fois, deux fois, réduisant le corps en une bouillie informe. Une fois que sa rage fut passée, il hurla et chercha une nouvelle cible. Un homme couvert de sang lui dit :
-Calme-toi ! Tu vas te faire tuer ! Tu n’es qu’un bleuet, cherches-toi plus facile…
Neldirage comprit où voulait en venir l’homme. Il décida de suivre ses conseils et de retourner sur son flanc droit. De ce côté, les créatures grouillaient par centaines. Elles étaient tellement compactes que les machines de fer, oui, Neldirage les avait vues, en tuaient par paquets entiers. Le novice tua une demi-douzaine de créatures. Elle frappait gauchement son armure et lui, il pouvait répliquer d’un grand coup de lame.
Mais ce que Neldirage ne voyait pas, c’était que l’armée était repoussée inexorablement vers les hauteurs de leur position et que les orcs gagnaient petit à petit du terrain. Ce qu’il ne vit pas non plus, c’était un gros orc qui venait droit vers lui.
Chapitre VIII
Neldirage, toussant plus à cause de la poussière ambiante qu’autre chose, vit fondre la mort sur lui au dernier moment. Il eut juste le temps de faire sa roulade sur le côté que la lame vint s’enfoncer dans le sol. Le soldat refusa d’imaginer ce qui se serait passé s’il était resté à cet endroit…
La bête hurla de rage et se dirigea de nouveau vers Neldirage. Notre ami, non désireux de finir en charpie, fuit vers ses camarades.
-Débrouille-toi, cria l’un d’eux, cet orc est le plus petit que j’aie jamais vu ! On peut pas te protéger éternellement, on va s’attaquer aux gros ! En avant !
L’orc, comprenant que personne ne se jugeait digne de lui, s’énerva d’avantage et courut sur Neldirage. Ce dernier l’évita d’une nouvelle cabriole. Notre ami, comprenant qu’il ne pourrait s’en sortir de cette façon, se demanda comment il allait sortir de ce guêpier. Le monstre chargea de plus belle et Neldirage se pencha juste à temps pour sentir l’arme passer juste au-dessus de sa tête.
Le soldat allait tenter un combat contre cette masse de muscles. Alors que l’orc n’en semblait pas à son premier adversaire et malgré les efforts qu’il venait de faire, Neldirage fut surpris de voir que la bête ne semblait pas fatiguée. En reculant, le jeune soldat tapa dans quelque chose qui couina de mécontentement. Neldirage se retourna et transperça le gobelin avant que ce dernier réagisse. Le soldat vit alors que l’orc n’avait pas réagi, trop stupide pour saisir la perche que lui avait tendu son adversaire.
Neldirage se remit donc en garde, heureux d’être toujours en vie après avoir laissé une telle opportunité à son adversaire. L’orc assena un violent coup à son adversaire. Neldirage, bien décidé à se battre contre cette abjecte créature, contra le coup avec son bouclier. Ce dernier explosa sous l’impact envoyant des échardes dans toutes les directions. Le soldat tomba à la renverse, le bras désormais inutilisable. Neldirage sut qu’il n’était pas cassé mais il ne retrouverait pas ses capacités avant quelques minutes.
Notre ami se releva à la hâte et se remit en garde comme il put. Mais comment faire pour tuer cette monstrueuse forme ? L’orc chargea pour la troisième fois et Neldirage le laissa passer en lui assenant un coup d’épée dans le dos. L’arme rebondit mollement sur le dos épais et bien protégé de la bête. Elle devait porter un plastron sous ses fourrures. Neldirage en retira les leçons. Il esquiva un coup porté a hauteur de ceinture, répondit d’un coup à l’épaule avant d’éviter la trajectoire de la lame qui menaçait de lui couper les mains.
Les deux combattants s’écartèrent de nouveau l’un de l’autre. L’orc n’arrivait pas à prendre l’avantage car ses coups étaient trop lents et Neldirage ne pouvait vaincre son adversaire à cause de ses coups manquant de force. Ce dernier savait qu’il finirait par perdre car la créature verte avait plus d’endurance. Mais d’ici là, notre ami espérait que les humains auraient défait les ennemis et qu’ils viendraient l’aider.
Cet espoir fut réduit à néant lorsque notre compagnon vit qu’ils étaient seuls sur ce côté du champ de bataille. Il n’avait pas entendu l’ordre de rempli…. Autour d’eux, il n’y avait que des corps et les plus proches combattants se situaient à au mois cent cinquante mètres. Neldirage était seul face à ce faciès grossier… L’orc bava, se frappa la poitrine de son poing ganté et avança vers le soldat. Neldirage se remit en garde et donna un coup d’épée le premier. L’orc contra l’arme et donna un violent coup de pied au jeune homme. Neldirage fut touché aux jambes. Il s’écroula au sol et l’orc se jeta sur lui. Le soldat roula sur le côté et la bête ne saisit que de la boue.
Le soldat ramassa son épée et se jeta sur le dos de la créature toujours à terre. Neldirage planta son épée vers le cœur mais l’orc se releva ce qui, au final, contribua à planter l’épée dans son épaule. L’orc rugit de douleur et envoya le jeune paysan sur un tas de corps à trois mètres de là. Furieux, la masse verte décida d’en finir une bonne fois pour toute. Il saisit l’épée qui dépassait de son dos et la lança sur l’homme à terre. Neldirage pencha la tête vers l’arrière mais fut quand même frôlé par la pointe de l’épée qui le fit saigner légèrement.
Le soldat se remit sur pied en attrapant un bouclier métallique cette fois-ci. Le combat reprit entre les deux protagonistes. Neldirage commençait doucement à ressentir les effets de la fatigue. Bientôt, notre ami perdrait le combat…
Nerldirage vit aussi au loin quelque chose qui lui enleva tout espoir. Les humains s’étaient regroupés sur le flanc de la montagne et les orcs, se battant désormais en supériorité numérique écrasante : un contre sept, entreprirent de monter rejoindre un petit régiment de gobelins déjà aux prises avec les hommes. Ce que ne vit pas Neldirage s’est qu’une poignée d’humains se sacrifia pour les retenir les plus possibles. Ainsi la force humaine put prendre assez de distance pour se regrouper. Les humains s’en débarrassèrent vite et ils se remirent en formation pour faire face à la horde verte qui montait sur eux. Notre soldat se dit que tout était fini et que ce coup-ci, il n’y aurait pas d’aube pour ses camarades.
Notre ami évita de nouveau l’arme rouillée qui menaçait de lui retirer la tête et jeta un rapide coup d’oeil de nouveau ses amis sur le flanc de la colline. De violentes détonations secouèrent toute la vallée. Même Neldirage et l’orc se retournèrent vers la source de ce bruit. Notre ami en profita même pour prendre un peu de hauteur pendant que l’orc ne le regardait plus. Un large nuage de fumée s’était formé, recouvrant les humains de sa protection. Une rafale de vent les redécouvrit et montra aussi également la source de ce bruit : des canons. Ils retirèrent un coup provoquant des hurlements stridents. Ces boulets vinrent percuter, dans un bruit sourd, la pierre du barrage.
Ensuite, tout alla très vite, la vallée gronda de nouveau. On aurait dit un tremblement de terre comme il y avait eu une fois dans son village. Le barrage commença à se disloquer. Des pierres tombèrent laissant place à un jet d’eau d’une force incroyable. Le barrage s’écroula brutalement permettant à l’eau de libérer toute sa puissance. La vallée fut rapidement noyée et Neldirage, après que sa contemplation eut laissée place à la survie, fuit vers les plus hauts sommets.
Son adversaire n’eut pas sa lucidité d’esprit et il fut, avec la plus grande partie de l’armée orc, emportée par les flots. C’est ainsi qu’il gagna le combat, se félicita-t-il intérieurement.
Chapitre IX
Neldirage resta allongé un moment. Il était fatigué et ne servirait pas à ses collègues dans cet état. Il reprit son bouclier en main et son épée de l’autre puis se remit en route pour aider les humains à défaire les derniers orcs. Dorénavant, ils se battaient à deux contre un. Neldirage dut rejoindre le reste de l’armée en marchant, s’il se mettait à courir, la fatigue s’emparait de lui et il ne pouvait plus avancer. En plus, les humains avaient l’air de très bien se débrouiller sans lui. Il regarda quelques secondes la mêlée puis prit à partie un petit gobelin qui se pensait plus malin que les autres. La créature verte donna un coup de lance que Neldirage esquiva d’un pas de côté. Il coupa la hampe de celle-ci d’un revers d’épée puis lui fracassa la tête d’un grand cri de rage. Il se dirigea ensuite vers le reste de la bande, qui exposait son dos vulnérable.
Il transperça aussi un gobelin qui ne surveillait pas son flanc puis un autre qui ne vit pas la mort dans son dos. Les autres créatures, voyant cette cible derrière eux à l’écart, se précipitèrent sur Neldirage. En tout, dix créatures lui foncèrent dessus. Le soldat battit en retraite du côté de ses collègues. Deux flèches se plantèrent dans son bouclier et Neldirage para une première épée. Il riposta mais le gobelin esquiva et s’enfuit en piaillant. Le soldat réussissait à les maintenir loin de lui à l’aide de grands moulinets de bras. Ils étaient sur un match nul. Les autres se rassemblèrent dans un groupe compact et regardèrent Neldirage, terrifiés. Le soldat, fier de l’effet qu’il produisait, se redressa de toute sa taille
Les gobelins tremblaient de tout leur corps à présent. Neldirage hurla pour les faire fuir mais une étrange source de chaleur le propulsa au sol. Sa nuque le piquait et il ne pouvait lutter. Juste après, il y eut une violente explosion qui l’empêcha de relever la tête. Quand le soldat put regarder ce qu’il se passait, il ne vit qu’une épaisse fumée à l’endroit où se tenaient précédemment les gobelins. Toujours allongé au sol, Neldirage tourna la tête pour voir d’où cela venait. Un homme, vêtu d’une longue cape rouge et la barbe nouée dans un motif compliqué, se tenait debout l’air fatigué. Il hocha la tête et alla sur une autre partie du champ de bataille.
Neldirage était impressionné, il venait de voir son premier magicien ! Il était d’une telle puissance ! Il avait tué si facilement ces créatures vertes… Neldirage ramassa son bouclier encore brûlant et alla achever les derniers gobelins qui étaient en train de fuir.
C’était sa première bataille, cela faisait quatre ans… Depuis lors, d’autres combats s’étaient succédés, d’autres temps, d’autres lieux. Neldirage ne pouvait absolument pas dire où ils se trouvaient, lui et l’armée. Il espérait qu’il n’était pas trop loin de chez lui.
Aujourd’hui, le lieutenant les avait envoyés pour une simple mission de reconnaissance près d’une bourgade appelée Chastelurk. La petite troupe était composée de cinq hommes d’armes et de deux archers.
Neldirage leva la tête et vit que les arbres s’entremêlaient tellement qu’ils formaient un rideau compact ne permettant qu’à très peu de lumières de passer. Autour d’eux, la forêt était calme. On avait toujours l’impression que des formes se mouvaient dans la partie extrême du champ de vision. Bien qu’il faisait jour, on ne pouvait s’empêcher de croire que la nuit allait tomber. Les arbres prenaient des formes hideuses, leurs branches tordues ressemblaient à des griffes qui essayaient de happer les imprudents voyageurs. Le sol était à la limite de la consistance boueuse ce qui provoquait des sussions sonores.
Au grand soulagement de tous, ils en émergèrent sain et sauf et purent emprunter une route qui serpentait entre les champs. Après une bonne dizaine de minutes de marche, ils tombèrent sur une vieille cabane désaffectée. Le sergent ordonna à deux hommes d’entrer. Ces derniers ressortirent vite à l’air libre et l’un d’eux vomit.
-Des hommes… Enfin ce qu’il en reste ! Sergent, ces personnes ont été mangées..
-Depuis combien de temps diriez-vous ? Demanda le chef du groupe.
-Je dirai une bonne semaine ! Dit le plus vieux des deux.
Le jeune soldat revint s’essuyant la bouche d’un revers de sa manche.
-Désolé, c’était insoutenable…
-C’est pas grave, petit, bon continuons le chemin pour voir si quelqu’un peut nous renseigner sur cette maison.
Neldirage, qui était monté en haut d’un arbre, dit :
-Il y a de la fumée derrière la colline là-bas !
-Compagnons, en route ! Dit le sergent.
La petite troupe de soldats, aux armoiries blanches et noires, avança donc prudemment jusqu’au village. Quand ils arrivèrent non loin de ce dernier, ils purent voir des hommes qui travaillaient dans les champs. Ces derniers levèrent une tête prudente vers ces étrangers qui arrivaient. Un homme à l’allure un peu plus respectable que les autres vint à leur rencontre. Autour d’eux, les soldats purent voir un village dans un état de ruine absolue. Presque plus de portes, des objets cassés étalés de partout… On aurait dit que le village était pillé tous les jours…
-Que puis-je faire pour l’Empire, soldats ?
-Nous sommes les éclaireurs des Pilleurs de Tombes, dit le sergent. Petit régiment d’une armée stationnée non loin d’ici.
-Quel drôle de nom !
-C’est dû à d’anciens soldats qui, lors d’une campagne, ne s’étaient pas privés pour piller des mausolées. Nous aurions besoin d’un repas chaud et aussi de savoir quelle est cette cabane à l’orée de la forêt.
-Commençons par le repas, nous discuterons ensuite... Dit l’homme visiblement gêné.
Les soldats rentrèrent dans une maison à l’aspect chauvine. La décoration était assez simple et une marmite était en train de cuire sur un feu.
-Allez-y, mettez-vous à table ! Dit le maître du village. Que voulez-vous savoir ?
-Qu’est-ce qui se passe dans cette cabane là-bas près de la forêt ? Demanda le sergent.
L’homme releva la tête et remplit les assiettes avec de la soupe.
-Comment dire … Il se racla la gorge. Laissez-moi tout vous expliquer.
Les soldats de l’empire hochèrent la tête. Neldirage goûta à sa soupe qu’il trouva délicieuse. Il but une gorgée puis se concentra sur le récit du chef du village.
-Tout a commencé il y a deux mois, des personnes ont disparu dans les environs et nous les avons retrouvées le lendemain… dans cette cabane. Toutes mortes ! Enfin c’est ce qu’on a jugé d’après ce qu’il restait des victimes… Nous avons prévenu les autorités qui ont dépêché un groupe de mercenaires. Leur enquête les a mené vers la forêt d’où ils ne sont jamais revenus. Juste après, nous avons trouvé une lettre écrite par l’un d’eux qui disait :
Laissez les en paix ! Ca sera le prix de vos vies à tous
-Quelque chose vit dans la forêt mes amis, et ces choses ne tiennent pas à être dérangées. Les victimes sont prélevées toutes les semaines mais à ce rythme, il ne restera bientôt plus rien du village.
-Avez-vous déjà vu une de ces créatures ? Demanda Neldirage.
-On dit qu’elles sont hideuses, qu’elles seraient des rejetons de l’enfer et capables de démembrer un homme à mains nues…
-Des hommes-bêtes, sergent ? Tenta l’un des archers à la peau bronzée.
-Sûrement ! Quand doit avoir lieu le prochain enlèvement ?
-Ce soir… Mais si vous tentez de les en empêcher, ils nous tueront tous !
-Ne vous inquiétez pas, nous pourrons les surprendre ailleurs que dans votre village !
-A quoi pensez-vous, sergent ?
-Sur le chemin ou dans la maison ! Déduit Neldirage à sa place.
-Exactement ! Dit le sergent en souriant. Reposons-nous, messieurs, avant que le spectacle ne commence. Serait-ce possible de dormir ?
-Restez dans ma maison, je vous réveillerai… Et je vous en supplie, faites très attention !
Il sortit ensuite de la maison pendant que les soldats s’installaient correctement. Il eut quand même deux sentinelles par mesure de précaution.
Chapitre X
La nuit tomba bien trop vite à leur goût. Affronter des hordes démoniaques n’était jamais une affaire de plaisir. Neldirage les avait affrontées qu’une seule fois et encore… Il les avait vues de loin pendant un siège. Ils avaient été coincés mais avaient réussi à fuir lors d’une charge victorieuse des renforts. Neldirage avait senti toute la haine qui les animait… Une armée aussi sombre que le ciel qu’il y avait ce jour là : insondable.
Neldirage n’était pas heureux de devoir les affronter de nouveau. La présence d’innocents n’était pas étrangère au fait que notre soldat allait se battre de tout son cœur. La bande d’éclaireurs se posta non loin du village. Les archers furent postés au sommet des arbres tandis que les guerriers de chaque côté de la route. Les archers auraient pour mission d’abattre les créatures qui retenaient les otages tandis que les hommes de se débarrasser du reste.
Pour l’instant tous les regards étaient tournés vers le village. Celui-ci s’endormait doucement malgré toutes les veilleuses allumées. Comme par magie, celles-ci furent toutes soufflées d’un seul coup. On ne voyait absolument plus rien et le faible éclat de la lune parvenait à peine à éclairer les alentours de leur position. Chaque soldat de l’escadron savait ce qu’il était en train de se passer et cela fut confirmé par les cris qui surgirent du village. Maintenant, c’était à eux de jouer. Tous respirèrent lentement pour calmer les battements de leur cœur. Neldirage posa la main sur la garde son fourreau pour avoir la confirmation de sa présence.
Un des archers sifflota doucement, Neldirage décrypta les mouvements que faisait l’homme. Il y avait une grosse créature et six plus petites. Il était donc en un contre un avec l’avantage de la surprise. Neldirage espérait que cela se passerait bien, il n’avait pas envie de moisir dans ce trou où il était… Le soldat était allongé contre la petite dénivellation et tenait fermement son épée contre sa poitrine. Neldirage attendait patiemment que le signal soit donné… en espérant qu’il ne le soit jamais.
Chaque éclaireur entendait le lourd pas des hommes bêtes se rapprochant. Des bruits sourds et réguliers : Comme le faisaient les vaches que guidait Neldirage. Ils approchaient, le soldat parvint même à sentir leur odeur repoussante. Au signal convenu, les archers abattirent deux des plus petites créatures qui tenaient par des chaînes cinq humains. Les hommes bêtes voulurent s’attaquer à ces cibles haut perchées. Deux flèches eurent raison de deux autres ennemis. Le minotaure, quant à lui, mit un tel coup de hache dans l’arbre qu’il fut pratiquement coupé en deux. Il s’effondra emportant dans sa chute l’archer qui s’y était caché et qui n’était qu’autre que le sergent. Le choc l’assomma pour quelques minutes.
Un sanglant corps à corps s’engagea. Ils se débarrassèrent rapidement des plus petites bêtes poilues. La plus grosse posa nettement plus de problèmes. Neldirage et ses compagnons se mirent en cercle autour de lui. Notre soldat attaqua la créature alors qu’elle était de dos. La bête se retourna en beuglant et mit un coup de hache qui fut contré par le bouclier du jeune homme. Le coup fut porté avec une telle puissance que Neldirage fut soulevé dans les airs et alla s’écraser une demi-douzaine de mètres plus loin. Ses amis ne firent pas la même erreur et entreprirent d’être plus prudent que lui. Neldirage eut assez de force pour suivre le reste du combat. Une flèche se planta dans la poitrine du minotaure qui l’arracha sans la moindre douleur. La bête du chaos tourna son hideuse face vers l’archer et jeta sa hache avec la force qui lui venait de la haine des hommes.
La hache se planta dans le tronc après avoir sectionné l’arc du tireur. Le minotaure, le désespoir décuplant sa force, se saisit d’un tronc tout proche non sans s’être pris quelques coups d’épées avant. Il fit tourner son arme qui faucha la moitié des hommes. L’un, à la peau bronzée, périt sur le coup, la cage thoracique broyée. Les deux autres continuèrent à le frapper. Un nouveau tour de tronc faillit achever les deux restants. Un des premiers hommes mis à bas parvint à se relever et à planter son arme dans la jambe du monstre qui s’agenouilla. Neldirage saisit son arc et eut la force de décocher une nouvelle flèche sur la bête qui avait soulevé l’impudent soldat.
Il le jeta telle une poupée de chiffon et courut sur Neldirage qui se remettait doucement de ses émotions. Notre soldat tourna la tête pour essayer de trouver de l’aide mais il ne parvint même pas à localiser son bouclier. Le monstre écumait de rage. Les autres hommes s’étaient remis debout et après avoir ramassés leur arme, foncèrent sur le monstre qui les avait déjà devancés. Alors que Neldirage s’apprêtait à intercepter la charge la plus violente qu’il n’eut jamais connue. Une flèche siffla juste à côté de son oreille et se planta dans le genoux du monstre qui s’affala. En se retournant, notre soldat vit le sergent qui dépassait de l’arbre tombé, sa face était couverte de sang.
Le monstre n’eut pas le temps de se redresser que les quatre guerriers, rejoints rapidement par Neldirage, se jetèrent sur la créature et l’achevèrent vite. Une fois que son compte fut réglé, ils fabriquèrent un brancard improvisé pour le sergent qui était sérieusement blessé et traînèrent le cadavre d’un monstre comme preuve. Ils partirent après avoir enterré leur défunt compagnon.
-Mis à part le sergent, personne d’autre n’est blessé ? S’enquit Neldirage.
-Non, un peu secoué mais ça ira ! Mieux que lui ! Ajouta-t-il en montrant la stèle fraîchement bâtie.
-Pouvez-vous rentrer jusqu’à chez vous ? Demanda Neldirage aux villageois.
-Oui… Oui… Dirent-ils.
-Alors rentrez et dites à tout le monde que tout sera bientôt terminé.
Neldirage et ses amis soldats se mirent donc en route silencieusement jusqu’au campement de l’armée. Tous repensaient à cette escarmouche où ils avaient eu de la chance de s’en tirer qu’avec un seul mort. Lors de la traversée inverse de la forêt, les soldats ressortirent leur arme mais rien ne vint les attaquer. Ils ne virent que des ombres et le sombre éclat de la lune.
Ils respirèrent donc un bon coup en voyant les lueurs qui dévoilèrent la position du camp.
-Neldirage, dit le sergent, conduis-moi jusqu’au capitaine…
-Oui, sergent, répondit celui-ci. Et en fait merci pour l’avoir mis en sol…
-De rien ! Mais c’est la tête que je visais…
Le soldat attrapa son supérieur hiérarchique sous l’épaule en se demandant si la chance était seule responsable de sa survie et ils rejoignirent ainsi la tente principale du campement. Quand les deux gardes de la tente les virent arriver, ils se précipitèrent et proposèrent leur aide. Neldirage accepta qu’on lui enlève ce poids et laissa ces gardes s’occuper du sergent. Maintenant, c’était l’heure du décrassage et d’une bonne douche…
Il aurait pu dormir pendant deux jours si quelqu’un n’était pas venu le réveiller le lendemain matin. Neldirage s’était endormi sur la première couchette qu’il avait trouvée et il ne doutait pas que l’homme avait dû en voir pour le retrouver.
-Neldirage, bouge-toi, le capitaine veut te voir…
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-= Inxi =-