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Les Exilés


DwarfKeeper

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Maintenant, c' est clair que Karl a été corrompu par Tzeentch !!!

Ton histoire devient de plus en plus complexe et j' adore ça, continue absolument !!!!!!!!!!

Mais que va-t-il se passer !!!!!

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  • 2 semaines après...
Allons, une suite un peu moins triste à présent? (car je te rappelle que le départ de ton texte était bien plus joyeux et qu'il est étrange de voir à ce point dériver le ton...

Enfin bon, c'est peut-être un effet recherché.

Effectivement, c'est l'effet recherché. Le monde de warhammer est loin d'être idyllique. Et c'est malheureusement loin d'être terminé.

Et une suite bien chaude, une!

* * *

La flamme de la bougie vacilla dans le courant d’air glacé. Wissen Von Steppendorf, bourgmestre de Schtendenburg, s’empressa de clore la fenêtre qui donnait une vue privilégiée sur la vieille ville. La colère ne l’avait pas quitté depuis qu’il avait reçu cette maudite missive. Pourquoi, au grand pourquoi, devait-il toujours retrouver son maudit cadet sur son chemin ! Quelles mauvaises nouvelles allait-il encore lui amener !

Le bourgmestre saisit une bouteille d’eau de vie de mûre au goût fort âcre et s’en servit une forte timbale. Lentement, il fit tournoyer l’opaque liquide dans le récipient, avant de l’avaler d’un seul trait. Immédiatement, sa bouche et sa gorge ressentirent les effets dévastateurs du liquide, et l’aîné des Von steppendorf se mit à tousser violemment, les yeux emplis de larmes.

Il aurait pu largement se payer le meilleur nectar de la région avec la fortune de la ville, et déguster les vins fins d’Estalie dans une coupe de cristal, enfoncé dans un moelleux fauteuil capitonné, tout en se prélassant au bord de la cheminée, avec à l’évidence, une ou deux catins qui l’attendraient dans un lit moelleux à baldaquin.

Il aurait pu, tout comme l’ancien bourgmestre, Sigmar ait son âme. Ou plutôt les divinités du chaos ! Cette infâme loque humaine avait bien mérité son sort. « L’accident », dont il avait été la victime, était parfaitement justifié.

Lui, Wissen Von Stependorf, exilé d’Altdorf par la volonté de son père et la faute de son frère, allait prouver au monde entier ce dont il était capable. Il allait saisir le pouvoir là où il se trouvait, et devenir le maître absolu de la région.

Le bourgmestre se resservit une autre timbale de l’âcre liquide.

Sa venue au pouvoir avait été extrêmement rapide. Une fois remplacé l’ancien maître de la ville, Wissen avait à l’aide de ses fidèles lieutenants, épuré le contingent local de tous ceux qui étaient susceptibles de lui porter préjudice. Il avait ensuite noyauté les différents régiments de ses gradés les plus fidèles, ou les moins à même de lui porter tort. Wissen se retrouvé donc à la tête d’un très fort contingent de troupes parfaitement fidèles.

La première bouteille vidée, le bourgmestre se saisit de la suivante. Sans prendre la peine de remplir la timbale désormais délaissée, il s’affaira à boire directement au goulot, gorgée après gorgée.

Que pouvait-il lui arriver ? Une armée à ses ordres, de solides remparts pour le protéger, une région entière à exploiter. Les nobliaux du coin s’étaient rangés à ses côtés au seul prononcé de son nom. Ils ne connaissaient rien de sa disgrâce, secret familial. Du coup, rien ni personne ne pouvait lui porter préjudice. Hoffman veillait à ce que rien ne lui échappe. Malgré son récent échec, il était son meilleur homme. Grâce à lui et à son propre génie, Wissen espérait bien créer quelques troubles frontaliers avec la bretonnie voisine, pour en annexer certaines des riches terres, qu’il pourrait alors piller à loisir. Rien ni personne ne pourrait dès lors se mettre en travers de son chemin !

Wissen était désormais totalement ivre. Quatre bouteilles vides décoraient ses lugubres appartements, vierges de tout décor superflus. La cire de la bougie dégouttait lentement de la table basse au bord de laquelle le bourgmestre s’était effondré. Ses pensées tourbillonnaient formant des rêves de conquêtes et de victoire. Il se voyait déjà remplacer l’empereur Karl Franz, sur le trône d’Altdorf, sa famille à ses pieds demandant son humble pardon. L’Empire entier reconnaîtra sa glorieuse majesté. Wissen vomit.

A l’entrée de sa chambre, le capitaine Hoffman secoua la tête de mépris. Son seigneur s’était encore laissé allé à une faiblesse impardonnable pour un homme de sa qualité. Bien qu’il supportât bien les « gueules de bois », il s’en trouverait quand même affecté pendant quelques heures le lendemain matin. Cela était tout bonnement impardonnable pour le soldat qu’il était. Saisissant sans ménagement le « fier » bourgmestre, il le porta jusqu’à son lit, évitant avec soin la flaque de ses fluides. Toujours sans délicatesse, à sa manière brute, le soldat laissa tomber son seigneur sur la paillasse qui lui servait de lit, puis prenant une chaise, se plaça en travers de sa porte. Avec les évènements de ces derniers jours, mieux valait être prévoyant.

* * *

Franz remonta dans ses appartements, fatigué. Le plan était en place. Le grain avait été distribué, et ce soir, la ville entière allait se repaître de ce qui serait sans doute son dernier repas. Les choses s’accéléraient. Demain soir, tout serait enclenché. Et le lendemain matin, tout serait enfin terminé. Et il serait libéré de ce cancer qui le rongeait. Il serait libéré de sa servitude, et aurait la vie éternelle.

Ou il serait mort, pensa t’il. Mais mort, pour mort, autant tenter-le tout pour le tout. Et pourquoi pas, survivre ?

Deux hommes l’attendaient dans la sombre pièce.

« C’est fait.

- Parfait. Qu’en est-il de notre ami ?

- Il a des doutes.

- C’est normal, ce capitaine est loin d’être bête reconnu Franz, morose. Et ce freluquet de Burgmeister ?

- Celui là semble plus facile à berner. Il a tellement de problèmes en ce moment qu’il ne sait plus où donner de la tête. Je pense que nous n’aurons pas de…

- Tu n’es pas ici pour penser. Tu es ici pour obéir, et je suis le seul à pouvoir dire qui pose problème ou pas, trancha le capitaine marchand.

Devant lui, les deux hommes échangèrent un long regard, avant de reculer d’un pas dans l’ombre, comme à leur accoutumer. Leur maître leur donnerait des ordres le moment venu. En attendant, ils devaient se soumettre à cet humain.

- Qui est responsable de la garde de la ville ?

- Le capitaine Hoffman.

- Encore lui… j’aurais du mal à l’éviter dans cette cité. Que Gueule en biais se charge de lui. Je veux sa tête sur mon bureau avant la fin de la nuit.

- Capitaine, gueule en biais est mort. La nuit dernière.

- C’est… c’est vrai. J’avais oublié.

Franz resta silencieux quelques minutes, le regard perdu dans le vague. Patiemment, ses interlocuteurs attendirent. Ils avaient l’éternité devant eux… alors quelques minutes. Le capitaine marchand sembla soudain revenir à la vie.

- Bien. Dans ce cas, vous vous en occuperez vous deux. Trouvez le, et tuez-le, vite et bien. Que cela ait l’air d’un accident.

- Tout sera fait selon vos ordres. »

Quelques instants plus tard, Franz se retrouva seul. Un vent glacé pénétrait par chaque fissure de la fenêtre, plongeant la chambre dans une ambiance glacée. Franz se recroquevilla sur lui-même. Un passant aurait pu entendre quelques sanglots.

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^_^ Beuh...C'est trop beau...

Ton intrigue est magnifique, ton style est super...que dire d'autre...Voilà:

Quand on lis un texte comme ça, on ne peux plus parler, on n'écris plus, on ne peux qu'aimer et se mettre à rêver...

...Ô marchand de songes merveilleux, ne me sors pas de mon sommeil... :)

Pardonnez moi, je ne sais plus ce que je dis...

P.S: Au fait, Tu as lu chez moi la suite , ou pas? Sinon, il y a le lien en dessous

:D:lol::D:lol:

Modifié par NETHKHAR
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Invité Feurnard

Bon ben chapeau également.

Ce que j'ai admiré dans ce passage, c'est l'utilisation de descriptions finalement simples (quoiqu'avec un vocabulaire... approprié) pour exprimer beaucoup plus : les sentiments de tes personnages, leur histoire même. Finalement, tu ne nous racontes pas l'histoire, tu nous la fais deviner. C'est quelque chose que j'aimerais bien apprendre à faire...

J'ai été également surpris (agréablement) par les réactions de Franz. Alors qu'on lui portait dédain au début de l'aventure, haine vers son milieu, c'est la pitié qui à présent prend place dans nos coeurs. Comme quoi, faut pas se fier aux apparences.

Qu'ajouter de plus ? Descriptions et sentiments sont tes armes de prédilection. Mais est-ce que ces deux éléments suffisent pour faire tout un texte ? Et, comme toujours, que deviennent nos héros attitrés ? Cette habitude de tirer au sort les personnages desquels tu vas parler... ça donne l'impression d'une attente qui n'est pas vraiment astreignante, plutôt vexante.

Voilà, quoi, c'était mon avis sur ton texte. Comme quoi, même pour les meilleurs, je sais quoi dire !

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Tout d'abord, merci pour toutes ces réponses, cela me fait bien plaisir!!!! Maintenant dans l'ordre :

Au fait, Tu as lu chez moi la suite , ou pas? Sinon, il y a le lien en dessous

C'est en cours Nekthar, rassures-toi! J'essaye de ratrapper mon retard, mais c'est pas facile! (j'en suis à la poursuite des ombres de notre cher Karl) :D

à part continuer et être plus présent j'ai rien de rien à dire

Cela devrait pouvoir se faire, vu que je serai un petit peu plus chez moi dans le mois à venir, pour pouvoir écrire. Peut-être même une suite lundi./ Alors, heureux? :lol:

Comme quoi, faut pas se fier aux apparences.

En effet, et cette remarque que tu soulèves me remplit d'aise car j'avais peur que cela passe inaperçu. D'ailleurs, tout n'est il pas apparence? Slanesh serait d'accord avec moi! ^_^

Et, comme toujours, que deviennent nos héros attitrés ? Cette habitude de tirer au sort les personnages desquels tu vas parler... ça donne l'impression d'une attente qui n'est pas vraiment astreignante, plutôt vexante.

Je comprends ton sentiment Feurnard, mais je n'y adhère pas pour une simple raison. Mon texte parle des exilés. Je n'ai jamais dit desquels! Et il y en a tellement! Le duo de nains survivants, Karl, Marius, Franz dans une certaine mesure (se condamner à voyager sans attaches n'est ce pas une sorte d'exil?) et enfin Wissen. Tous exilés de chez eux, pour des raisons différentes, mais tous présents sur le même échiquier.

Maintenant, que cette attente soit vexante n'est pas du tout le but que je recherchais. J'essaye de vous montrer une grande part de cet équiquier sus-nommé qui s'offre à vous. Toutes les possibilités. Tous les risques. toutes les issues possibles. Ces passages entrecoupés qui sont mon apanages (j'aime passer d'un point de vue à l'autre, pour donner cette vision d'ensemble) auront bien évidemment une fin, à mesure que tous les pions se rassemblent au même endroit.

Et alors là...

J'espère avoir bien exposé mon choix de narration.

Cordialement,

DwarfKeeper, cet aprèm on se fait un "retardez la horde"

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Ben tout est dit plus haut, sauf que je contredirais Feuranrd en disant que je n'ai justement pas du tout ressentit ce changement de sentiment pour Franz. Bon peut etre que je suis moins sensible a la finesse du texte, et qu'il y a quelque passage que je n'ai pas compris, mais je continu a voulior voir mourir Franz, ou survivre mais il restera pour moi toujours un *********** de *******. Et je n'ai pas ressenti de changement , je ne l'ai pas vu plus gentil qu'avant.

Donc tres beau textes et encore ^_^

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Bon... j'ai craqué... en voilà encore un morceau.

* * *

Plic.

La cire de la bougie gouttait de la table basse. Hoffman y jeta un coup d’œil distrait, épuisé par sa veille volontaire. Derrière lui, la respiration lourde et régulière de Wissen Von Steppendorf résonnait dans l’air glacé de la pièce. L’ivrogne cuvait son vin en toute quiétude, protégé par son fidèle lieutenant.

Plic.

Le son agaçant de chaque goutte de cire énervait profondément le capitaine Hoffman. Son regard las se porta sur la fenêtre de la chambre. La nuit était encore noire, et de nombreuses heures le séparaient de l’aube libératrice qui lui permettrait de prendre enfin quelque repos.

Plic.

Hoffman réprima difficilement un bâillement. La fatigue était chez lui une très vieille compagne. D’aucun rigolait qu’il avait du passer plus de nuits en sa compagnie qu’avec des femmes. C’était d’ailleurs vrai. Il n’aimait pas les femmes. Ni les hommes non plus d’ailleurs ! Non, tout cela c’était trop de soucis, trop d’ennuis. Même les filles de joie étaient des sources de problèmes sans fin. Non, en vieux briscard qu’il était, il préférait la rigueur martiale et le doux son des épées qui s’entrechoquent.

Plic.

Mais il n’était pas si vieux que cela. Un peu moins de quarante printemps. Avec sa carrure et son mental, personne ne pouvait venir à bout de lui, songea t’il en souriant. Il pourrait encore faire partie de l’armée pendant quelques temps. Cinq ans sûrement. Peut-être six. Après, il pourrait sans doute ouvrir une école de combat. Ou ? Il n’en savait foutrement rien. Middenheim peut-être. Là-bas c’étaient de vrais guerriers. Ses talents y seraient reconnus. Ou Talabheim peut-être ? Il y avait des cousins, plus jeunes, mais prometteurs. Avec le pécule qu’il avait mis de côté il n’aurait aucun problème pour s’installer. Hoffman réprima un autre bâillement. Avec l’âge il se faisait quand même moins résistant à la fatigue. Il fut une époque où il aurait pu tenir trois jours sans dormir, sans que cela ne lui prête préjudice.

Plic.

Agacé par le bruit, Hoffman attrapa la bougie pour la déplacer. De la cire chaude lui coula sur la main. De surprise et par maladresse, il laissa choir la bougie qui s’éteint. Maudite soit-elle pensa le capitaine. A tâtons, il chercha dans la réserve qui se trouvait à ses pieds une autre bougie, puis farfouillant dans un tiroir proche, une pierre à allumer. Par malchance, celles-ci ne se trouvaient pas à leur place. Maudissant les chambrières, Hoffman persévéra quelques minutes dans sa recherche nocturne, mais il dut bientôt se rendre à l’évidence. Poussant un soupir de lassitude, le capitaine se leva, résigné à aller chercher de la lumière en bas, dans la salle commune où des gardes devaient se réchauffer au coin du feu, comme à l’accoutumée. S’étirant pour faire craquer ses os, Hoffman s’interrogea sur la nécessité de prendre son épée.

Bah, pour une fois se dit-il, il n’allait pas s’encombrer. Deux ans plutôt, il ne s’en serait jamais séparé de dit-il un sourire aux lèvres. Je vieillis, hélas.

Renfermant la lourde porte de chêne derrière lui, le capitaine abandonna quelques instants son seigneur endormi. Précautionneusement, il descendit chacune des marches de l’escalier, autant pour éviter aux lattes de grincer, que pour éviter une brusque et sûrement fatale dégringolade… une dégringolade, voilà ce que lui inspirait la situation actuelle. Depuis le début de sa veille, Hoffman s’était interdit de réfléchir là-dessus, mais tout ce qui arrivait l’inquiétait énormément. Trop… entre ces attaques incessantes des villages voisins, cette mort mystérieuse dans sa prison, dans sa ville ! Et ce capitaine-marchand… il lui déplaisait plus que tout. Il y avait quelque chose de pas net. De pas net du tout. Son instinct pour cela l’inquiétait vraiment. Le burgmeister aurait dû prendre plus de mesures à son égard, mais il avait tellement à faire.

Et il était vrai que la situation était inquiétante. S’il s’était s’agit d’une armée en mouvement, Schtendenburg serait bientôt encerclé. Seul les voies du sud étaient encore ouvertes. Mais il ne semblait pas qu’il s’agisse d’une waaagh, seulement de pillards gobelins. Une waaagh aurait tout détruit sur son passage, les villages auraient été rasés, des incendies se seraient vus à des lieus à la ronde. Non, là les villages étaient tout simplement pillés et les convois systématiquement attaqués.

Oui mais… des gobelins en maraude auraient eux aussi rasés les villages pillés et incendiés tout ce qu’ils pouvaient. Il en avait suffisamment l’expérience pour le savoir. Différents notables de la ville avaient émis l’hypothèse qu’il s’agissait peut-être de bandits humains, qui, sous couverts de l’identité de gobelins, agissaient ainsi. Non, invraisemblable, les cadavres retrouvés étaient bien ceux de gobs. Aucune chance pour que cela soit autre chose.

Alors quoi ? Son seigneur avait recommandé d’attendre les ordres d’Altdorf. Après tout, il dépendait encore de cette ville, et il avait agit en conformité avec ce que l’on attendait de lui. Mais si c’était autre chose. Des éclaireurs étaient partis dans la matinée pour découvrir de quoi il retournait. D’ici quelques jours, il saurait. Mais tout cela le tracassait. Il devrait trouver quelque chose.

Tout à ses pensées, le capitaine poussa la porte de la salle commune. Immédiatement, l’air tiède de la pièce lui balaya agréablement le visage, contrastant avec le froid des sombres couloirs. Mais immédiatement, le capitaine sursauta. Ces effluves qu’il percevait dans l’air… c’était l’odeur du sang ! On ne préparait pas de quartier de viande dans la nuit, même ici. Dégainant son poignard, Hoffman pénétra dans la pièce, juste à temps pour voir un homme retirer une immense épée du corps encore agité d’un de ses hommes. Autours de la table centrale, quatre à cinq corps encore gisaient dans une parodie de ce qu’ils avaient été. Démembrés, décapités, ou tout simplement égorgés, les gardes avaient été totalement surpris par leur assassin, qui ne leur avait laissé aucune chance. Aucune arme n’avait été dégainée. Et il n’avait pas entendu de cri d’alarme.

Avant qu’il puisse réagir, l’assassin se jeta sur lui, l’épée haute. La vivacité de son attaque et l’adresse dont il fit preuve stupéfia Hoffman. Celui-ci esquiva d’extrême justesse le coup qui lui était destiné, et il roula hors de portée de son adversaire. Momentanément. Simplement armé d’un poignard, Hoffman savait qu’il n’avait que peu de chance de pouvoir tenir tête à un tel agresseur. Maudite faiblesse pensa t’il ! Par fainéantise il ne s’était pas armé de son épée pour descendre. Cette erreur, il risquait de la payer de sa vie.

De nouveau, l’assassin se jeta sur lui, épée brandie. Hoffman se recula de toute vitesse, saisit une chaise vide de sa main libre, et la jeta devant lui, gênant son opposant. Saisissant l’opportunité, le capitaine fit demi-tour et se jeta sur un des gardes occis, arrachant une épée à un fourreau qui l’enchâssait, avant de se retourner pour contrer un coup d’une puissance formidable. La force de l’impact remonta tout le long du bras du capitaine, jusqu’à l’épaule qui s’engourdit. Sans se démonter, Hoffman appuya son dos contre la lourde table et de la botte repoussa son adversaire qui s’effondra cul par-dessus tête.

« A la garde ! hurla Hoffman. A la garde ! »

Se remettant d’aplomb, son adversaire le toisa de haut en bas. Ainsi armé et prêt au combat, il ne représentait plus une proie aussi facile. Lentement, l’homme se mit à tourner autours du capitaine, faisant changer son arme de main pour montrer à sa proie la confiance qu’il avait en ses talents martiaux. Hoffman ne se laissa pas démonter. Le vieux guerrier passa à l’offensive, et attaqua avec l’arme fraîchement récupérée. Coup d’estoc et de taille. Malgré l’engourdissement de son épaule, le capitaine mettait toute sa force et son adresse dans chacun de ses coups. Son opposant se retrouva à reculer pas à pas, surpris par ce retournement de situation. Hoffman ne relâchai pas son étreinte. Un coup ascendant fut bloqué, un coup d’estoc esquivé de justesse.

Chacune des attaques du capitaine se rapprochait de sa cible. L’homme qui avait occis ses gars était à sa merci ! Il ne faillit pas voir le coup venir. Un sifflement dans l’air l’alerta qu’on l’attaquait dans le dos. De justesse, Hoffman se baissa, évitant la lame courbe d’une longue épée. Un cimeterre, presque. Sans s’attarder sur ce détail, Hoffman se désengagea, repoussa son agresseur initial d’un revers puissant, et bouscula de l’épaule l’homme qu’il l’avait attaqué dans le dos.

Deux, se dit Hoffman. Là ça devenait inégal. Ses agresseurs l’empêchèrent de s’enfuir par la porte, et petit à petit, à mesure que les passes d’arme s’écoulaient, le vieux guerrier se retrouva acculé dans un coin de la pièce. Là, il ferrailla désespérément. La lutte était par trop inégale. Soudain, une attaque basse perça sa garde et une intense douleur lui signala qu’une épée s’était enfoncée dans sa cuisse. Hoffman tomba sur une jambe, et para désespérément un coup vicieux qui visait sa tête. Tout était perdu. Il allait mourir. Ils venaient sûrement pour le bourgmestre. Tout était fini.

Ses agresseurs levèrent ensemble leurs épées. Les reflets de l’âtre se reflétèrent le long des lames ensanglantées, comme annonciatrice du destin de la cité. Toute résistance était inutile.

Soudain, une dizaine d’hommes l’arme au poing, menés par un Wissen essoufflé et enragé, firent irruption dans la pièce. Surpris, les deux assassins se retournèrent, oubliant un fatal instant leur adversaire initial. Profitant de ce moment d’hésitation, Hoffman rassembla toute son énergie et transperça de part en part son agresseur au cimeterre. Ce dernier hurla à l’agonie, tout en laissant tomber son arme sur le sol. Son compagnon n’hésita plus, et avant même que l’arme ne s’immobilise complètement, il avait bondi à travers la pièce vers une fenêtre qu’il traversa dans un fracas de vitres brisées, pour s'enfuir dans les ombres de la nuit.

« - Poursuivez-le ! Ne le laissez pas s’échapper ! Dix pièces d’or pour sa tête ! Hurla Wissen. Capitaine, vous allez bien ?

- Ca ira mon seigneur… ça ira pour cette fois… »

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Oh oui ^_^ Oh oui :o Sucombes encore à la tentation ! :P C'est vrai que ton texte à subit une forte progression depuis le départ mais bon c'est absoulment pas dérengant ! Alors continue et cède ! Cede !

Un coup ascendant fut bloqué

Ma seule remarque vient de cette phrase qui fait beacoup penser à une machine!

@+

-= Inxi =-

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Quoi je cède? Quoi je cède... c'est même pas vrai d'abord...

* * *

« - Bien, j’ai fait tout ce que je pouvais. Gardez les bandages une semaine au moins, et si votre blessure reviens à s’inflammer ou à s’infecter vous avez deux solutions. La lente et la rapide.

- Quelle sont-elles demanda le capitaine Hoffman ?

- Très simple : la lente c’est ce cataplasme d’herbes à l’odeur très… vivifiante, dit le barbier en tendant une poignée d’herbe dont les émanations étaient tout simplement atroces. Avec cela, vous n’aurez pas de cicatrices, et dans un mois, votre jambe sera comme neuve.

- Je vois… et la rapide ?

- Vous versez directement de l’alcool sur les bandages. Vous serez tranquille. »

A la tête que fit le capitaine, le barbier sourit de ses rares dents. Autours du blessé, l’activité était intense. Une dizaine de soldats d’élite ramassaient les cadavres de leurs défunts compagnons. En tout, près d’une dizaine, en comptant les gardes extérieurs. Tous exécutés sans aucunes difficultés. Le moral de la troupe était au plus bas, cela était évident, mais ils effectuaient leur tache avec une rigueur toute martiale qui emplit leur supérieur de fierté. C’étaient les meilleurs. Il y avait veillé.

« - Parfait. Otes-toi de la, médecin de malheur. Va retourner à tes bouteilles, je me débrouillerai tout seul maintenant.

- A vos ordres, mon capitaine, répondit le praticien édenté dont la voix était teintée d’une ironie mal contenue. »

Se relevant tant bien, que mal, l’homme ramassa rapidement ses affaires, avant de prendre la direction de la sortie d’une démarche chaloupée, témoignage de ses nombreuses heures de beuverie. Hoffman le suivit du regard jusqu’à ce qu’il soit définitivement sorti de la pièce, avant de se remettre debout avec difficulté. Sa jambe l’élançait atrocement, mais la blessure était bien moins grave qu’on ne l’aurait cru. Le colosse toisa dès lors la pièce. Quelques servantes équipées de seaux d’eau chaude et de serpillière, s’activaient désormais à nettoyer les flaques de sang coagulé qui inondaient la pièce. Certaines d’entre elles s’attelaient à la tâche les larmes aux yeux, horrifiées par le spectacle qui s’offrait à elles.

« - Comment te sens-tu capitaine ?

Le bourgmestre Wissen Von Steppendorf entra dans la pièce, bien réveillé et alerte. Les résultat de sa beuverie de la nuit avaient disparu, et seul des yeux un petit peu brillants trahissaient ce qui devait être une migraine carabinée.

- Ca ira monseigneur. J’ai connu pire.

- Tant mieux. J’ai bien cru qu’ils allaient t’embrocher comme un poulet, rétorqua le burgmeister en souriant. Hoffman songea que son humour actuel allait encore diminuer le moral de la troupe. Dix des leurs étaient mort, et leur seigneur plaisantait.

- Rassurez-vous, je suis un dur à cuir. Tout comme mes gars. Mais ils ont été pris par surprise et…

- Je le sais Capitaine, je le sais. Tes hommes sont morts à mon service pour me protéger. Leurs familles seront dédommagées et leur mort vengée. Mais pour cela il va falloir trouver les responsables de cela… et donc passer la ville au peigne fin. Qui d’après toi pourrait s’en charger ?

Cette fois-ci, le capitaine Hoffman acquiesça aux paroles du burgmeister. Reconnaître que ses hommes ont péri en son nom et payer le prix du sang… voilà l’attitude que des soldats attendent de leur chef. Ni plus, ni moins.

- Je peux m’en charger moi-même, seigneur.

- Tu en es sûr ? Tu es blessé. Tu pourrais prendre un peu de repos.

- Je vous remercie monseigneur rétorqua le capitaine, mais voyez-vous, j’ai un compte à régler avec ces gars là.

- Bien. Je comprends. Prend quand même quelqu’un pour t’épauler. Que penses-tu du lieutenant Gerart ?

- C’est un bon soldat. Je l’ai déjà eu sous mes ordres.

- Parfait. Qu’il en soit ainsi. Débrouilles-toi pour leur mettre le grappin dessus le plus vite possible. On n’essaye pas de m’assassiner en trucidant mes gardes pour s’en tirer intact. »

Le burgmeister de la ville tapota l’épaule de son lieutenant, avant de quitter la salle, escorté par deux gardes d’élite. D’un mouvement de la tête, Hoffman désigna un de ses hommes. Celui-ci parti immédiatement chercher le capitaine Gerart. Hoffman aimait cela chez ses hommes. Inutile de donner des ordres oraux. Ils étaient suffisamment intelligents pour comprendre d’un seul coup d’œil ce que l’on attendait d’eux. Gerart était aussi de cette trempe là. Ces rats n’avaient qu’à bien se tenir. Espérer assassiner le dirigeant de la ville chez lui, à leur nez et à leur barbe ! Mais qu’espéraient-ils ?

Hoffman se décida enfin à examiner le cadavre de l’homme qu’il avait abattu. Il était curieux de voir sa tête.

* * *

« - Imbécile.

- Je suis navré seigneur, mais nous n’avons pu faire mieux. Cet homme se défendait comme bien, pas comme un simple mortel et…

- Je n’ai que faire de vos excuses. Vous avez raté une mission très facile. La mort de ton imbécile de camarade était plus que méritée.

L’homme fronça les sourcils et posa la main sur son épée. Il releva sa capuche, montrant un visage imberbe, tatoué entièrement de bleu selon des motifs compliqués et changeants. Ceux-ci miroitaient de mille couleurs à la lumière du feu, montrant clairement la voie suivie par cet être qui fut un homme… ce suivant de celui que l’on nomme Tzeentch.

- Nul mortel n’a le droit de me parler ainsi, ni à un membre de ma confrérie. Je suis Exef MarcheSang, de la confrérie du changeur de vie ! Tu vas payer pour cette insulte !

L’homme avança d’un pas l ‘épée à demi sortie du fourreau. Mais sans qu’il ne puisse réagir, Franz pivota sur place, et d’un seul coup de sa lame, sépara la tête du guerrier du reste de son corps.

Avant même que le cadavre chaud n’atteigne le sol, ce dernier fut parcouru d’éclairs électriques. Une vague bleutée déferla de l’épée, et vint envelopper le corps sans vie. Des spasmes parcoururent le cadavre frais. Une lutte inégale s’engagea alors, plus atroce que toutes les morts physiques qui peuvent exister.

Que peut-il arriver de pire que mourir ? La réponse est simple : voir son âme être damnée pour l’éternité, au service d’un maître sans pitié qui n’a cure de votre existence. Mais même alors il existe un destin plus horrible encore : voir son âme être absorbée, digérée, et emprisonnée à jamais dans une arme, condamnée à des tourments tels que la damnation semble un paradis inaccessible à cet esprit capturé.

De violents spasmes agitèrent le cadavre du défunt guerrier du chaos. Son âme résista désespérément, tandis que l’épée démon l’arrachait parcelle par parcelle à son enveloppe corporelle. Cette âme, condamnée depuis des siècles à la damnation, hurlait sa souffrance et sa détresse. Mais rien n’y fit. Elle fut aspirée. Bientôt, le silence retomba dans la pièce. L’âtre s’était brutalement éteint. Un vent froid pénétrait dans la pièce, où seul résidait Franz, livide. Sa respiration était hachée, il transpirait à grosses gouttes et pourtant il se sentait mortellement glacé. Et mortellement las.

Que s’était-il passé ? Franz regarda son arme. Celle-ci avait retrouvé son aspect normal de toujours. Il était sûr de ce qu’il avait vu. La scène avait duré moins d’une seconde, mais pour le capitaine-marchand, cette seconde avait des allures d’éternité. Cette épée… c’était celle qu’il portait depuis toujours, mais en jamais… non… ce n’était pas son arme. Celle qu’il avait porté ne pouvait rivaliser de beauté et de puissance avec cette arme-ci. Mais… jamais il ne l’avait…

« Prends cette marque de mon estime, mon enfant… prends cette marque que je t’offre… et rempli ton office… ceci n’est qu’un avant-goût de ta récompense… »

Franz se jeta à terre en hurlant, les yeux exorbités, les mains collées aux tympans… la douleur… la douleur… cette voie lui vrillait le cerveau… la douleur était insupportable…

« Prends-là… elle est à toi… fais tomber cette cité… et retrouve mon jouet préféré… retrouve-le… et sers-le… et tu seras débarrassé de ton fardeau à jamais… »

Franz se recroquevilla par terre. Du sang coulait par ses oreilles et son nez… Le capitaine marchand agonisait... cette voix… cette horrible voix… celle de son maître.

« Oui… oui…je le ferai » articula t’il difficilement, avant de s’évanouir, vaincu, sur le sol glacé de ses appartements.

Quelques heures plus tard, un soleil rouge se levait…

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Merci pour vos encouragemment! La suite... Samedi soir prochain ou dimanche matin... vu que je suis d'exam Samedi.

Mais dis-moi, l' épée démon... C' est la même que celle qui rend aussi fort qu' un démon majeur?? Hu hu hu

:P J'aurais pu lui coller cela! Mais non, cette épée est différence. Mais un petit indice, je me suis inspiré d'un certain Elric de Melnibonée pour cette arme... cela vous dit quelquechose? ^_^:o

DwarfKeeper, rassurez vous, en moins puissante!

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Eh bé, toi au moins tu ne manques pas d'inspiration à ce que je vois. En tout cas, vu le style, tu n'as pas de problèmes de mise en forme...

J'ai adoré le passage du combat contre les assassins, ca me fait penser à Feist... -_- (C'est une éloge, ignards!) :o

Par contre, je pense que deux points méritent d'être retravaillé si tu t'en sens capable un jour...

-Le capitaine commence à descendre l'escalier et on embraye sur ses pensées. C'est normal, mais je pense que une phrase du style: "Tout en descendant l'escalier, il repensa..." ce serait bien. Attention, j'ai dit "du style de..."

Ensuite, j'aimerais que tu structures un petit peu plus les pensées de Franz.

Oui, je sais des pensées ne sont pas par définition structurées, mais en litterature, il le faut... :-x . D'ailleurs cette remarque est valable pour moi aussi... :P

Enfin, quand je lis ça...

mais en jamais… non… ce n’était pas son arme. Celle qu’il avait porté ne pouvait rivaliser de beauté et de puissance avec cette arme-ci. Mais… jamais il ne l’avait…

« Prends cette marque de mon estime, mon enfant… prends cette marque que je t’offre… et rempli ton office… ceci n’est qu’un avant-goût de ta récompense… »

Franz se jeta à terre en hurlant, les yeux exorbités, les mains collées aux tympans… la douleur… la douleur… cette voie lui vrillait le cerveau… la douleur était insupportable…

« Prends-là… elle est à toi… fais tomber cette cité… et retrouve mon jouet préféré… retrouve-le… et sers-le… et tu seras débarrassé de ton fardeau à jamais… »

Franz se recroquevilla par terre. Du sang coulait par ses oreilles et son nez… Le capitaine marchand agonisait... cette voix… cette horrible voix… celle de son maître.

« Oui… oui…je le ferai » articula t’il difficilement, avant de s’évanouir, vaincu, sur le sol glacé de ses appartements.

Quelques heures plus tard, un soleil rouge se levait…

Où se passe l'action? A quel moment? Maintenant? Peut-être le mot "structurer" que j'ai employé pourrait être remplacé par "expliciter"...

Bon, et pour te laisser une bonne impression de ma critique ô combien subjective, je te met les fautes d'aurtograffe...

- Quelle sont-elles
aucunes difficultés

Sans aucune difficulté...Puisqu'il n'y a pas de difficulté, pas une seule...

Allez, à part les fioritures que je te décris plus haut, ton texte est de loin mon préféré sur le moment, alors encore bravo!!! ^_^:o:D :'(

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Premierement mes plus grande felicitation car tu vien d'ecrire deux poste d'une rare qualite a mes yeux. Deuxiemement les points les plus important on ete dit, mais je rajouterai que lorsque Hoffman decide de ne pas prendre son epee on devine qu'il va etre attaque et qu'il va regreter cet" oubli"; mais je ne vois pas comment tu aurais pu faire autrement pour lui faire oublier son arme.

Encore bravo, et si c'est a chaque fois comme cela que tu craque, et bien tu ferais bien de craquer toute ta vie (jamais deux sans trois :'( )

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Merci pour vos encouragements qui me font très plaisirs. Pour la peine, voilà la fin du chapitre 5, avec le retour de vos anins favoris. bientôt le chapitre 6. Accrochez-vous!

* * *

« Par ma barbe, voilà enfin les murs de cette maudite ville ! Il était grand temps. Je n’en puis plus ! »

Une bourrasque de vent repoussa la barbe détrempée de Zamiel directement sur son visage, cachant la vue des remparts de pierre derrière lesquels il pourrait enfin se reposer un peu. Du moins l’espérait-il. Tout en grommelant, Zamiel repoussa son imposante pilosité pour en coincer la partie la plus au bout dans sa ceinture. Malgré la furia des éléments, l’ingénieur se mit à sourire. Depuis son départ de Nuln, sa barbe avait fort poussé, et la parfaite teinte sombre de sa pilosité l’emplissait de fierté. Il avait toujours rêvé d’avoir, à l’instar des ses aînés du clan Ironfoot, une longue barbe parfaitement sombre.

Peut-être que d’ici quelques années ?

Kelethorn poussa son frère du coude pour le rappeler à la réalité.

« Quoi ? Qu’y a t-il ?

- Au lieu de t’occuper de ta barbe morigéna le nain maudit, tu ferais mieux de m’écouter. C’est la troisième fois que je te demande si tu sais pourquoi Karl et Heindrich sont partis ce matin.

- Et bien en fait non. Zamiel était déstabilisé par les paroles de son frère. Depuis qu’il avait prêté son serment, c’était la première fois qu’il lui adressait de lui-même la parole. Décidé à ne pas laisser l’occasion passer, l’ingénieur continua :

- Je suppose qu’ils veulent savoir quel accueil nous sera fait. Après tout, vu les temps qui courent, il se peut que nous ne soyons pas les bienvenus. Ou alors, ils étaient tellement pressés de trouver des femmes, qu’ils n’ont pas pu attendre ! Surtout Karl ! »

Zamiel regarda son frère. Le visage de ce dernier devint moins renfermé qu’à l’accoutumé, au souvenir des frasques passées de l’ingénieur humain. Des mois plus tôt, il n’aurait sans doute pas compris. Aujourd’hui, malgré la douleur qui le tenaillait, une ombre de sourire s’esquissa sur ses traits fatigués.

« Je vois… Je me demande bien qu’elle femme voudrait bien d’un de ces humains si peu endurant, rétorqua Kelethorn. »

Zamiel sourit à son tour. Mais au fond, le cœur n’y était pas. Lui aussi souffrait de l’absence de Denethorn, leur frère, jumeau de Kelethorn, décédé au cours d’une attaque de gobelins qui devaient les mener en cette cité, il y avait lui semblait-il une éternité.

« C’est étrange Zamiel. Nous avons quitté Nuln pour cette cité. Trois semaines auraient dû suffire, et cela fait maintenant presque six mois… Six mois de souffrance. Je n’aurais jamais cru que nous aurions dû en passer par là.

Zamiel savait pertinemment de quoi son frère parlait.

« Je sais. Kelethorn… mon frère. Il… il me manque cruellement à moi aussi. Il me manque cruellement.

- A moi aussi mon frère. Et c’est pour ça que je veux le rejoindre, tu sais !

- C’est injuste Kelethorn ! C’est injuste! C’est de ma faute si Denethorn est mort! De ma seule est unique faute ! C’est moi qui devrais être à sa place.. ou au moins à la tienne. Par ma faute, tu as prêté ce… ce… ce serment !

- Tais-toi abruti. Denethorn n’est pas mort par ta faute. Ce n’est pas toi qui a tiré cette flèche qui lui a été fatale. Ce n’est pas toi non plus qui nous a forcé à quitter Nuln. Nous avons choisi notre voie. Et j’ai prêté ce serment de mon plein gré, et ça tu ne peux rien y faire. Alors cesse de te torturer. »

Le regard de Kelethorn devint lointain. Zamiel savait que son frère se remémorait son frère. Denethorn avait toujours été un nanillon impétueux. Avant même que les autres jeunes nains du clan ne sachent marcher, lui s’amusait déjà dans l’atelier de leur père. A plusieurs reprise, l’impétueux nain avait réduit à néant des heures de travail des membres du clan en renversant ustensiles et outils, ou s’amusant à activer le soufflet de la forge plus que de raison.

Là où Kelethorn était prudent et avisé, Denethorn était inventif et risque-tout. Un peu comme Zamiel. Souvent, Kelethorn s’était sacrifié pour protéger son frère jumeau des colères de leur père lorsqu’une bêtise était commise. Furgril n’était pas dupe, il savait pertinemment de quoi il retournait, mais pour ménager la fierté de Kelethorn, il faisait semblant de croire que c’était lui qui avait commis toutes ces catastrophes. Il était extrêmement fier de ses trois fils. Autant qu’un nain puisse l’être de ses enfants.

Mais aujourd’hui, Furgril Ironfoot n’était plus. Tout comme Denethorn. Ils étaient les deux derniers Ironfoot. Les deux derniers. Leur clan était condamné. Et ils le savaient.

« Tu sais Zamiel. Je t’en ai voulu. Je t’en ai affreusement voulu. Pour moi, tu étais le responsable de la mort de…

- Je sais. » Zamiel était livide.

Le nain fou le regarda. Les éléments se déchaînaient sur la petite troupe qui s’avançait à pas lent vers la ville. Des bourrasques d’un vent glacé arrachaient les capes des membres de la colonne, tandis que des trombes d’eau les glaçaient jusqu’au plus profond de leurs os. Nains et hommes peinaient sous ce déluge incessant. Les nuages étaient si sombre que l’on aurait cru la nuit, alors que le jour ne s’était levé que depuis à peine quelques heures ! La seule source de véritable luminosité prenait la forme des nombreux éclairs qui striaient le ciel de leur ballet incessant.

« Mais je t’ai pardonné. On ne pouvait rien y faire. Et on ne peut plus revenir en arrière. La seule chose que je puisse faire, c’est me venger.

- Tout comme moi.

- Tout comme toi. »

Le silence reprit sa place entre les deux frères. Les murailles de la ville projetaient leur image sinistre sur la colonne à mesure que celle-ci s’approchait de la porte principale.

Celle-ci s’ouvrit péniblement tant le vent violent rendait ardue la tache des hommes qui y étaient affectés. Quand celle-ci fut finalement totalement ouverte, une paire d’homme se précipita à leur rencontre. Karl et Heindrich. Bientôt, ils pourraient se reposer pensa Zamiel. Mais existe t-il un repos pour une âme torturée ?

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Non , il n'y aura nul repos jusqu'a leur mort. :innocent:

Non je rigole, ce n'est en plus meme pas texte et voila que je me met a inventer une suite(tres simple ).

Je m'excuse.

Bon et bien tu reste dans ta lance et c'est tres bien, tres bon retour des deux frere. :ermm::o

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allez, une petite suite pour la forme! :innocent:

Chapitre 6 : Compte à rebours.

Quelques bûches supplémentaires furent jetées dans l’âtre. Le foyer s’aviva, répandant de douces ondes de chaleur dans la morne pièce, au grand soulagement de tous ceux qui s’y trouvaient. Saisissant un tison, Zamiel poussa les bûches au cœur du foyer. Tous étaient trempés et fatigués, mais aussi soulagés de pouvoir enfin se trouver dans un lieu sec et, si la pièce était glacée à leur entrée, l’âtre rougeoyant ne devrait guère tarder à tous les réchauffer.

A ses côtés, Heinrich se hâtait d’ôter ses vêtements détrempés, pour les étendre sur le sol devant le foyer. Le nain pensa qu’il faudrait sûrement un bon moment pour que cela sèche. Le capitaine lui adressa un sourire las avant de prendre une nouvelle bûche pour la jeter dans le brasier.

Les doux crépitements des bûches qui s’enflammaient faisaient écho aux soupirs des hommes qui se séchaient et se changeaient. En tout, neuf personnes occupaient la pièce. Zamiel et son frère Kelethorn. Le nain Zarack de Karak Norn. Heindrich Nortfolk le chef de la petite expédition, et Erbo, l’un des plus jeunes soldats d’Heindrich, mais aussi l’un des plus fidèle et des plus compétent. Il y avait aussi Karl leur ami de Nuln, Dietrich Von steppendorf de son vrai nom, qui avait lui aussi pris l’exil de façon volontaire pour éviter les foudres d’un puissant magicien. Tous les six venaient de couvrir un long chemin jusqu’à cette ville de Schtendenburg. Chacun dans un but différent. Chacun avec une destinée différente.

Mais trois autres personnes occupaient une partie de la pièce. Deux d’entre elles auraient pu être négligées, mais l’aspect étincelant de leurs imposantes armures attiraient immanquablement l’attention, tout comme la crispation de leurs visages, et la force avec laquelle ils seraient le manche de leur hallebarde. Pourtant, celui qui attirait le plus attention, était l’homme qui se trouvait entre les deux gardes. L’homme… un colosse, vétéran de nombreux combats à son visage… dont certains plutôt récents au bandage qui enserrait sa cuisse.

Ce colosse les avait amenés dans cette pièce dès leur arrivée dans la cité, sans parler plus que nécessaire. Aucun de ses mots n’était superflu. Il ne les avait pas non plus menacés, ou bien même intimidé, mais rien que sa taille et son attitude, qui avait tout du limier sur le qui-vive, mettait mal à l’aise l’ensemble de l’assemblé.

Zamiel avait l’impression que cet homme jugeait l’un après l’autre les membres de l’expédition. Pourquoi ? Peu importait de le savoir. Ce qui l’inquiétait, c’était surtout qu’il avait l’impression que s’il le voulait, cet homme serait capable de tous les affronter et des les défaire en même temps. L’ingénieur nain ricana intérieurement en se disant qu’au moins l’un d’eux apprécierait cela.

Quelques instants après, les portes de la pièce s’ouvrirent pour laisser entrer quelques servantes, portant différents mets fumant qui excitèrent rapidement l’appétit des membres de la petite colonne armée. Les servantes, jeunes pour la plupart, disposèrent différentes assiettes de viande chaude, et de fruits à l’aspect engageant. De nombreuses carafes de vin furent posées à côtés de gobelets à l’aspect plus pratique qu’esthétique. Quelques pâtisseries furent disposées ça et là sur la table, juste à portée de main.

Bien vite, Karl s’attabla, bientôt suivi par Kelethorn et Erbo. Karl se versa une coupe d’un vin odorant, tout en se servant copieusement en fruits. Kelethorn pour sa part, se saisit d’une belle pièce de viande qu’il attaqua à pleine dent. Un peu de jus coulait le long de sa barbe, mais le nain n’en avait cure : il avait connu bien pire dans des beuveries épiques désormais passées.

L’estomac de Zamiel gargouilla, lui rappelant que lui aussi était fatigué. Se décidant enfin, il se saisit d’une pomme sèche. Celle-ci était ridée, mais encore savoureuse, et bien vite, le nain se retrouva à se servir lui aussi une platée de viande, en accompagnant tout cela d’un peu de vin. Depuis le temps qu’il n’avait plus eu un vrai repas digne de ce nom, ces mets pourtant assez simple lui faisaient office d’un véritable festin.

Tout à son repas, Zamiel ne prêta guère attention à ce qui l’entourait. C’est ainsi qu’il fut presque surpris lorsqu’il vit un jeune soldat nouvellement arrivé chuchoter quelques mots à l’oreille du colosse. Ce dernier acquiesça lentement, avant de donner congé à son homme d’un mouvement de la tête. Une fois ce dernier sorti, l’imposant soldat s’avança et prit enfin la parole.

« Mon seigneur, le burgmeister Wissen Von Steppendorf, vous prie de l’excuser pour son absence. Des problèmes très importants le retiennent pour le moment, et il viendra vous accueillir en personne dès que…

- Dites plutôt que mon très cher frère tient à nous faire comprendre qu’il est le maître de cette ville et qu’il veut nous faire comprendre qu’il nous verra que quand bon lui semblera ! Est-ce que je trompe, capitaine Hoffman ?

Le ton qu’avait pris Karl avait totalement choqué Zamiel. Ce dernier n’aurait jamais cru que son ami puisse mettre autant de dédain et de mépris dans ses mots ! Que lui arrivait-il ?

- Le burgmeister Wissen von Steppendorf est effectivement le maître de la ville, monsieur. Le ton du capitaine était froid et mesuré. Maintenant, les raisons qui retiennent mon seigneur ne regardent que lui, et nul autre. En attendant, je vous conseillerai de vous restaurer et de vous reposer, à moins que vous ne préfériez rejoindre le casernement de vos hommes. »

Si le ton qu’avait pris Karl avait choqué Zamiel, les dernières phrases du capitaine Hoffman l’avaient glacé. Il y perçait sa fureur contenue. Le nain se doutait bien que Karl en était la source principale, mais il y avait quelque chose de plus. Tous les gardes de cette ville semblaient trop nerveux. La situation générale, avec une armée qui s’apprêtait à leur tomber dessus d’un jour à l’autre devait aussi y être pour beaucoup.

« Capitaine! Commença Heindrich, je serais heureux de rejoindre mes hommes pour s’assurer que tout va bien. Mais auparavant, j’aimerai encore vous notifier l’importance vitale des informations que nous amenons. Chaque minute écoulée risque d’avoir des conséquences dramatiques. Ainsi, vous comprendrez bien l’insistance dont nous faisons preuve.

- De plus, reprit Zarack, le chemin que nous avons emprunté n’a pas été les plus calmes. Et la moindre des politesses en matière de diplomatie est que, quand un émissaire vient apporter un message à un dirigeant d’une cité, ce dernier les reçoive dans les meilleurs délais.

Zarack venait ainsi d’affirmer sa qualité d’ambassadeur de la forteresse de Karak Zorn. Zamiel comprenait enfin une partie de l’étendue des évènements auxquels il était lié. Ce n’était pas seulement sa vengeance qu’il venait réclamer en se rendant à Schtendenburg, ni même le fait de vouloir sauver cette cité. Non, toute cette affaire concernait aussi les nains, du fait de leur alliance séculaire avec l’empire d’une part, mais aussi du fait que si une waaagh se créait ici et maintenant, son peuple aurait à souffrir atrocement dans des temps déjà difficiles. Un frisson le parcourut.

- Je comprends votre impatience, soyez en assuré, et mon seigneur et maître aussi. Vous le rencontrerez le plus tôt possible, n’ayez aucune crainte à ce sujet. En attendant capitaine Nortfolk, l’un de mes hommes vous conduira aux vôtres dès que vous le voudrez. En attendant, veuillez m’excuser. »

Le capitaine Hoffman salua rapidement avant de sortir de la sale d’une démarche assez raide. Visiblement, sa blessure était bien plus que récente. Quelques secondes plus tard, Heindrich sortit lui aussi en compagnie de Zarack, tous deux escortés par un garde. Le dernier de ceux-ci toisa les membres restant dans la salle d’un regard méprisant. Zamiel et Kelethorn se remirent à manger. Il n’y avait que ça à faire pour le moment.

Modifié par DwarfKeeper
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Sa nous promet une veritable orgie de bagare :innocent:, avec des retournement de cituation deans tout les sens(avec Karl qui si je me souvient bien et passe du cote obscure de la force).

J'aurais envie de dire que tu reste sur ta lance au niveau de la qualite mais il y a un truc que je ne vois pas et qui m'empeche de le dire, je pense que les autres pourrons le faire(ils ont une meilleurs experience, et ils sont meilleur que moi en francais) :ermm:

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Invité Thodric le brave

C'est toujours aussi passionant, et encore plus obscur qu'avant.

Que vas t'il se passait ?

j'attend la suite avec impatience car ton oeuvre est sublime...

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Merci beaucoup à tous. La suite devra attendre un petit peu pour cause de révision.

En attendant, si vous en avez le courage, les cinq premiers chapitres corrigés ont été placés par Zara dans dans la section récit (sous hobby, à gauche de l'écran).

Bon courage! ^_^

DwarfKeeper

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:lol: Mais oui! Une faute là:

Un frisson le parcouru.

Le parcourut ^_^

Sinon, je pense qu 'il manque un petit quelque chose là:

et certains plutôt récents au bandage qui enserrait sa cuisse.

Et re :)

Mais tout ça, c' est pour chipoter, continue DwarfKeeper :-x C' est toujours aussi bon :-x Et s' il faut attendre, ben... j' attendrai :D

@+

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Accrochez vous. Interdit aux moins de 18 ans.

* * *

Les heures s’écoulaient les unes après les autres, lentes et monotones. Zamiel tournait en rond dans la pièce doucement chauffée. Une fois rassasié, le jeune ingénieur se retrouva seul face à ses pensées.

Beaucoup de choses le dérangeaient, et il se sentait impuissant. Impuissant à aider, impuissant à se battre. Impuissant en tout. Heindrich aussi devait ressentir cela se dit le nain. Ce maudit bourgmestre les faisait attendre à son gré. De quoi pousser la délégation naine hors d’elle.

Kelethorn était assis dans un coin de la pièce, à se reposer. La respiration lente et régulière de son frère lui laissait entendre que ce dernier n’allait guère tarder à s’assoupir. De même pour le jeune Erbo. Assis au coin du feu, ce dernier semblait se morfondre d’ennui. Il devait rester ici dans le cas ou le burgmeister se déciderai enfin à venir leur rendre visite. Seul Karl semblait alerte dans la pièce, un éternel sourire narquois dessiné sur ses lèvres. Zamiel fut tenté de l’effacer à coup de poing.

N’y tenant plus, le jeune ingénieur nain se leva. Etirant ses muscles endoloris par tant d’attente, il se dirigea vers la porte de sortie, gardée par un unique soldat. Ce dernier le regarda s’approcher, l’air renfrogné.

« Que désirez-vous ? Demanda t-il sèchement.

- Rien. Je vais jute rejoindre le capitaine Heindrich, avec ses hommes.

- Attendez là ! Rétorqua le garde. Je vais aller chercher quelqu’un pour vous accompagner.

- Et qui surveillera les autres alors ? Allez, laissez moi passer, je connais le chemin. »

Le soldat regarda le nain, visiblement mécontent de la justesse de la remarque de celui-ci. Pendant quelques secondes, l’homme sembla être en conflit avec lui-même, puis, finalement, il s’écarta de la porte, laissant ainsi le passage au jeune ingénieur nain.

Zamiel sortit donc de la pièce. « Crétin ! » Pensa t-il.

Un long couloir dénudé s’offrit alors aux pas de l’ingénieur, couloir qu’il avait déjà emprunté à l’aller. De nouveau, le nain put constater l’absence de toute décoration superficielle. Tout était austère, dénudé. Mort. Le nain frissonna. Depuis son départ de Nuln, il était devenu aussi plus fataliste, plus… morbide. « C’est peut-être cela devenir adulte »songea t-il, amer.

Quelques minutes à peine furent nécessaires au nain pour trouver la sortie. Sur le chemin, il n’avait guère croisé que quelques servantes affairées à astiquer une poussière qui n’existait même pas. Au passage du nain, toutes avaient baissé la tête, où s’étaient trouvées une soudaine passion à examiner les murs vierges. Cela en disait long sur la personnalité du maître des lieues.

La porte d’entrée était gardée par deux autres soldats, à la mine sombre et renfrognée. Ceux-ci auraient dû se trouver à l’extérieur de la bâtisse, mais la tourmente des éléments les avaient poussés à se retrancher à l’intérieur.

L’ingénieur frissonna. Il n’avait aucune envie d’affronter à nouveau la pluie et le froid. Il venait à peine de sécher ! Mais c’était cela, ou retourner dans la salle commune et risquer de ne plus pouvoir en sortir. Le nain soupira, et s’apprêta à de nouveau être transformé en boule d’eau.

Une main ferme s’abattit sur ses épaules.

« Attends-moi, mon frère. Je n’ai nul envie de rester avec ces humains. J’ai trop peur de mourir d’ennui.

- Et ce ne serait pas assez glorieux, n’est-ce pas ? Zamiel pouffa dans sa barbe. Le garde t’a aussi laissé sortir ?

- Et bien, rétorqua Kelethorn, en prenant un air innocent, disons que je ne lui ai pas vraiment laissé le choix. Disons aussi que j’ai été beaucoup moins diplomate que toi. »

Les deux frères restèrent là à se regarder quelques instants, avant d’exploser de rire. Le rire. Quelque chose qu’ils n’avaient plus partagé depuis des mois. Zamiel eu l’impression de retrouver une petite partie de lui-même. Une partie qu’il pensait avoir perdue à jamais, même s’il n’en avait pas eu clairement conscience.

Ensemble, les deux frères sortirent sous la pluie battante…

* * *

Le chemin qu’ils avaient pris à l’aller leur sembla bien plus court que la voie qu’ils suivaient. Depuis près de vingt minutes, Zamiel et Kelethorn tournaient en rond dans la grande cité. Perdus. Les rares personnes qu’ils avaient croisées avaient toutes refusé de répondre à leurs questions et s’étaient enfuîtes comme si mille démons les poursuivaient. La pluie venait à peine de cesser quand Kelethorn s’immobilisa.

« Par là. Une clameur.

- Allons-y, répondit l’ingénieur. »

Les deux nains se dirigèrent alors vers l’origine du brouhaha. Autour d’eux, des demeures plus lugubres les unes que les autres jetaient leur ombre sur la ruelle qu’ils empruntaient. Ces maisons étaient majoritairement construites en bois, mais le temps et les années avaient prélevé un lourd tribut sur elles. Presque toutes étaient en ruine, et le seul fait qu’elles tenaient encore debout résultait soit de la chance, soit du fait qu’elles s’appuyaient sur des demeures dans un état légèrement moins délabré. Kelethorn secoua la tête, visiblement écœuré par les humains. « Comment peux t-on vivre dans un tel taudis, se demanda t-il, sans au moins avoir la fierté d’essayer de l’améliorer ? »

Zamiel semblait aussi partager son point de vue. Une moue de dédain se dessina sur son regard lorsqu’il aperçut les ruines de quelques bâtiments qui avaient dû brûler quelques temps auparavant. Ces humains n’avaient même pas pris la peine de déblayer les décombres pour reconstruire par-dessus. Ils avaient laissé les ruines telles quelle.

Soudain, les deux frères débouchèrent sur une vaste place, qui devait servir de marché en temps normal. De nombreux étals vides entouraient le centre de l’endroit, tandis qu’une fontaine éteinte, dans un état de conservation un peu meilleur au regard du reste du quartier, semblait seule représenter un semblant d’architecture développée.

Cependant, l’attention des nains ne fut pas captée par cette fontaine, mais par la masse imposante de la populace qui l’entourait. Les nains furent frappés par l’état global de ces gens. La majorité d’entre eux était vêtue de haillons. Une odeur douceâtre de fluides humains parvenait jusqu’à leurs narines, odeur mêlée de celle plus âcre du sang.

Ces individus semblaient pris d’une frénésie de lapidation. Chacun d’entre eux était armé qui de fouets, qui de fléaux, qui d’autres ustensiles effilés. Ces fous s’en servaient pour se mutiler les uns les autres dans une orgie d’autodestruction, en criant leur foi dans leur dieu : Sigmar.

Zamiel vit un homme qui était écartelé par ses pairs, tandis qu’on le frappait avec un fouet à têtes multiples. Chacun des coups laissait une zébrure sanguinolente sur le corps du martyre, mais ce dernier n’en criait que plus sa dévotion au dieu des hommes. Le nain détourna le regard, horrifié. Un peu à côté, d’autres hommes se flagellaient eux-mêmes le dos. La folie imprégnait cet endroit !

Kelethorn pour sa part resta impassible, le visage dénué de toute expression. Seul son regard vivait, allant d’une scène à l’autre. Il ne disait rien. Il observait.

Soudainement, les scènes de lapidation prirent fin. Les flagellants se tournèrent tous vers la fontaine. Là, un homme couturé de cicatrice prit place, levant bien haut un livre à la couverture usagé. Zamiel ne put lire ce qu’il y avait d’inscrit là-dessus, mais il se douta qu’il devait s’agir d’une œuvre religieuse. Ou assimilée comme telle.

« Mes frères ! hurla le prêcheur. L’heure du châtiment a sonné ! »

La foule hurla aux paroles de l’homme.

« Nous avons pêché ! La fin du monde est sur nous ! » Nouveaux hurlements de la foule. Chacun de ces pitoyables hères criait sa morbide dévotion, en se flagellant à qui le plus. C’était tout bonnement horrible pour le jeune ingénieur.

« La corruption est parmi nous mes frères ! Nous devons l’extirper ! Nous devons la brûler ! Notre rôle est de détruire les impurs ! Allons mes frères, la fin du monde est sur nous par notre faute ! Nous avons été faibles, et nous n’avons que trop pardonné ! Nous devons punir les impurs ! Brûler leurs corps et leurs maisons ! Brûler leurs familles ! Brûler leurs amis, leurs connaissances, et les amis de leurs amis ! Nous devons brûler toute trace de leur existence ! Nous devons brûler jusqu’au souvenir que nous avons eu d’eux ! Et alors, alors seulement, Sigmar notre sauveur nous accordera peut-être le pardon ! »

Zamiel déglutit. Ces fous n’auraient de cesse avant d’avoir brûlé la planète entière ! Le nain n’avait jamais rien vu de tel. Il allait partir de cet endroit, l’oublier. Mais avant qu’il ne puisse faire un pas en arrière, une main s’abattit sur son épaule…

Modifié par DwarfKeeper
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