SonOfKhaine Posté(e) le 13 juin 2009 Auteur Partager Posté(e) le 13 juin 2009 C'faisait longtemps, tieng. Ici, ma participation à un petit concours où le seul truc imposé était 1200 mots max et ça devait se finir par "Malgré le geste désespéré de [...], [...] avait déjà ouvert la [...], scellant ainsi leur sort à tous les deux." Fuis. Malgré le geste désespéré de [...], [...] avait déjà ouvert la [...], scellant ainsi leur sort à tous les deux. Tu as eu ta damnée chute, alors pars. Le récit est fini, tout ceci n'est qu'un « P.S. ». Un post-scriptum. Un épilogue inutile. Un parti socialiste à égalité avec les Verts - ils peuvent remercier Home. A propos de home, je suis dans la mienne, de maison. Il est 4h32 du mat, je n'ai rien de mieux à faire que de perdre mon temps à écrire ça. Honnêtement, je suis gentil, je te préviens : pars. Tu as sûrement mieux à faire que de rester comme un idiot devant ton écran à lire cette conclusion sans intérêt. Qu'attends-tu ? Tu as eu ta chute. En restant ici à attendre une histoire, tu ne vas rien faire d'autre que te casser le nez en chutant dans les escaliers savonnés de la nullité pseudo-littéraire et du mauvais humour. J'ai déjà commencé dans le présent paragraphe. Même pas mal ? J'espère bien. Je peux faire pire, bien pire. Je suis capable du meilleur comme du pire, mais pour le pire, je suis le meilleur. Ou pas. Pars. Et ne m'oblige pas à être grossier ou à employer la force... allez, pars. J'écrirais bien quelque chose d'un peu intéressant, moi, maintenant qu'il est parti. Mais quoi donc ? La est la question. Et ce n'est pas estre ou ne point estre. On naît, on est, on meurt, on n'est plus. Engrenage bien huilé de l'existence. Qui commence toutefois à donner des signes de faiblesse. Plus l'être humain perce les secrets de ses mécanisme, plus la vie lui est futile, plus il brûle d'envie de saboter cette machinerie assemblée par des millions d'années d'évolution. Ce n'est que ça, après tout. Évolue ou crève. Mieux, en fait : évolue et crève. Tout n'est qu'une affaire de gène. Des séquences de bases azotées, c'est tout ce que nous sommes, des L'habit pour un soir fait le moine, La camisole et l'entonnoir créent le fou ! La fête elle-même se fane, Et tout cela, christs oppresseurs, ne tient qu'à vous ! La camisole et l'entonnoir créent le fou Qui égorge vos apparences, Et tout cela, christs oppresseurs, ne tient qu'à vous, A vos fastes et à vos danses ! Qui égorge les apparences ? Caïn, Golem, le seul qui ne se soumet pas A vos fastes et à vos danses : Jamais il ne rampera dans vos tristes pas ! Caïn, Golem, le seul qui ne se soumet pas, Vous l'avez façonné, pourtant Jamais il ne rampera dans vos tristes pas, Vous, saints, seins, sains et bien-portants ! Vous l'avez façonné, pourtant Votre noir monstre vous dévore sans pitié, Vous, saints, seins, sains et bien-portants, Il mord votre chair fade jusqu'à satiété ! Votre noir monstre vous dévore sans pitié Il mord votre chair fade jusqu'à satiété T'es encore là ? Écoute. Ou lis, as you want, à la limite je m'en fiche. Pars. Cours. Ce n'est pas que je ne t'aime pas. Au contraire. « Au contraire, Caïus ». Celui qui trouve la référence a le droit à un bonbon. Mais pas de rester, n'abusons point. Tiens donc, et si l'envie soudain me saisissait de continuer en vers, ou mieux, en vert, vert pomme ! Ceci est moche et laid ? Oui oui, fort bien, je sais... Point de ? Zut, ça m'assomme. Enfin, écrivons-donc, et en alexandrins ! Alexandre Ier, roi de la Macédoine, grand con qu'est grand et beau, salade de légumes... « Découvrez la recette de la macédoine : navets, haricots verts, chou-fleur, autres légumes, quatre-vingt grammes par personne, ainsi qu'un oeuf tous les quatre invités. Tailler en petits cubes, cuire dans l'eau salée, séparément, sauf l'œuf, monter la mayonnaise avec l'aide d'un tube, rassembler les légumes dans un très grand plat, ajouter la mayo sans oublier l'œuf dur, et que dire, ah, que dire ? Bâfrez-vous donc, ma foi, Sans mettre les pieds dans le plat : le fond est dur. 674 mots. Tu sais ce que ça veut dire ? T'es à peine à la moitié de tes souffrances. Fuis. F**s. ***, * pr*s*nt j* c*ns*r* t**t*s l*s v***ll*s. L*ch*-pr*s*, t* d*s-j*, *n*t*l* d* t'*ch*rn*r * v**l**r m* l*r*. J*e p**x c*nt*n**r c*mm* ç* l*ngt*mps, t* s**s. *h, ç* n* s*rt * r**n d'*ss***r d* p*ss*r * l* s**t*, j* v**s f**r* **ns* j*sq*'* l* f*n d*s m*ll*-d**x-c*nt m*ts. R**n n* t* s*r* prgn* s* t* n* d*g**rp*s p*s imm*d**t*m*nt. Petit aperçu de ce que je peux faire. Tout petit. Fuis. Que faut-il te dire pour que tu partes enfin, laissant ces étendues de pixels blancs et noirs aux frontière de la folie à qui de droit ? Tiens et si j ecrivais sans virgules ni apostrophes ni accents ni points ni majuscules ça sera marrant je trouve pas toi j ecoute du metal symphonique a chant feminin tout mou fuis te dis je oui meme pas de tiret je suis impitoyable si tu pars pas je vais etre oblige d ecrire en sms j espere que je n aurais pas a en arriver la quand meme J'ai froid aux pieds, il est 5h29, et j'ai faim. Sinistre dilemme. Soit je mange, puis je reviens écrire, soit je mange et je vais me coucher, soit je ne mange pas et j'écris, soit je ne mange pas et je vais me coucher, soit je mange et je fais autre chose, soit je ne mange pas et je ne fais autre chose. Écoutant du metal sympho tout mou – pire que Nightwish, les gens, réalisez si vous pouvez, même moi j'ai du mal ! - je vais opter pour la solution miracle. Rester ici à ne rien faire. Et si je tapais des lettres au hasard ? Allons-y, c'est parti. rejisroh$je34a4 £H H£H06ZK LF4QIJ4QPJFHP<<ddg^slpqpvQ ta'tk* 5h52. Je ne sais pas comment j'ai appuyé sur Alt+F4 ou une combinaison équivalente, toujours est-il que j'ai fermé le traitement de texte. Je suis resté quelques minutes à écouter mon fichu sympho-tout-mou. Puis j'ai tourné la tête vers mes volets entr'ouverts. Le soleil finissait de passer au-dessus de l'horizon dans un voile d'or pâle, aussi rosé que l'herbe qui s'éveillait. Le cerisier au feuillage profond et vert veillait toujours, dans l'atmosphère vague et brumeuse de cette matinée vespérale. Le rebord en briques rouges de ma fenêtre était légèrement humide. Il n'était pas l'heure d'écrire. Il n'était pas l'heure d'être ou de ne pas être. Il était l'heure d'être au-delà de ces questions. Qu'importent les formules qu'utilise Gaïa dans ses incantations. Qu'importent les tours des prestidigitateurs , la magie existera toujours. A trop s'attarder sur le crépuscule, on ne voit pas l'aube arriver. Je ne pouvais apercevoir le couchant et m'en lamentais. Futile désir. Mon âme est au levant. Vers l'orient, toujours vers l'orient, accompagné par la voix cristalline d'une femme que je n'ai jamais vue. Alors, vais-je au final envoyer ceci ? ... Qui m'en empêcherait ? Ceci est mon crépuscule. Mon aube arrive, et elle brille. C'est elle que tu dois voir. J'envoie. « Malgré le geste désespéré de sa part, elle avait déjà ouvert la boîte mail, scellant ainsi leur sort à tous les deux. » Le premier poème est assez clair, faut juste pas chercher à comprendre le lien avec le texte. Je me faisais chier donc j'ai écrit pour passer le temps, sous le coup de l'inspiration. quant au second, bon, bah c'est la recette de la macédoine de légumes en alexandrins . Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 14 juin 2009 Partager Posté(e) le 14 juin 2009 Maintenant j'en suis sûr, écrire sous l'emprise de stupéfiants n'est pas la meilleure chose au monde Bon, je me demande quand même ce que ca fait à la suite de ton texte sachant que la fin me rappele quand même un concours... Bon les poèmes passent bien au niveau du son mais au niveau de la signification, c'est quand même pas mal flou @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Celt Posté(e) le 31 juillet 2009 Partager Posté(e) le 31 juillet 2009 (modifié) S'pèce de vil coyote putréabond. Nauséide, même. Le coup du texte freestyle. Enorme, à ne jamais reproduire. Jamais. J'avais, il fut un temps, dans mes favoris, une critique de Feurnard causant de l'écriture freestyle. Il expliquait, à grands coups de métaphores fines (comme toujours) que c'était comparable à une bouse fraîche du matin (ou équivalent, je me rappelle juste que ça y parlait de vache) qui durcissait et révélait sa vraie nature. Bref, c'est très bon dans le sens que c'est révélateur de l'état d'esprit d'un moment, et que tu parviens à bien retranscrire ton cheminement intellectuel. Les passages à (de ?) vide, caractéristiques de la nuit blanche. Le sympho que jamais tu ne décris mais qui parvient cependant à nos oreilles par le biais de petites allusions - la voix cristalline tournée vers l'astre à l'aube - et l'on rentre dedans. Pour peu que l'on ait déjà connu cet état, on y pénètre et on devient toi. Une paire de secondes, on partage tes pensées alors que tu regardes ton cerisier, pensant - encore une fois ! - à l'étoile du matin, et par association d'idées à Lucifer, et à celle qu'il a laissée mortelle. Et pouf. Seul bémol : La partie sans voyelles. Elle freine, elle bloque, elle irrite. A retirer, à mon très humble avis. Modifié le 31 juillet 2009 par Celt Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Waz Posté(e) le 31 juillet 2009 Partager Posté(e) le 31 juillet 2009 (modifié) J'ai toujours eu un faible pour le freestyle, mais là je suis plus que conquis. Si le contenu est inégal - cela reste du freestyle - c'est une telle performance niveau style (je ne pas pourquoi, mais le tien me laisse pantois, j'accroche à chaque fois et me laisse mener en bateau sans y trouver rien à redire). Alors certes, c'est loin d'être parfait, mais je ne pense pas que ce soit le but recherché. Et puis la partie sans voyelle est juste horrible. Un moyen de consommer des caractères. On pourrait aussi être lassé par les petites touches d'auto-apitoiement qui ont un arrière goût assez désagréable de fausse modestie. Mais bon sang ! que c'est agréable à lire. On en redemanderait tous les jours. Ton style, on peut ne pas l'aimer, moi j'en suis juste dingue. Je peux que plussoyer avec un enthousiasme sans bornes tout ce qui est se trouve au-dessus (et sans doute au-dessous; qui sait?) Waz, en passant... Modifié le 31 juillet 2009 par Waz Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SonOfKhaine Posté(e) le 31 juillet 2009 Auteur Partager Posté(e) le 31 juillet 2009 Rholalala, que du beau monde sur ce topic, je suis ému, tiens. Me fait d'ailleurs penser que malgré mes lectures je n'ai jamais commenté le Waz, malgré (ou à cause de ?) le fait que je l'aie toujours considéré comme étant un cran au-dessus de moi sur l'échelle du talent (pour ce qui du Celt, je le considère au même niveau ou peut-être un poil au-dessus, mais bien au-dessus pour ce qui est de l'art du commentaire). Alors oui, c'est du freestyle complet, quasiment sans relecture orthographique. A la base le but était de pondre quelque chose de travaillé, mais dans l'objectif d'obtenir le texte le plus illisible, irritant et décourageant possible, bref, de faire en sorte que le lecteur ne parvienne pas à la fin et décroche avant, d'où par exemple la partie sans voyelles (on avait reproché, à mon "Astre du soir", entres autres, d'être trop compliqué à lire, j'ai voulu montrer un peu ce que c'était, compliqué à lire). Au final ç'a été du freestyle complet. Quoi qu'il en soit, je reste un peu surpris de voir que certains ont aimé, tant mieux d'un côté. C'est vrai qu'en me relisant, ce truc ressemble à un texte qu'on pourrait lire pour le plaisir, ou du moins à un texte qui a un autre but que de faire fuir le lecteur. M'fin bref, p'tet referai-je d'autres freestyles, mais pas à des concours, je pense. D'autant plus que j'ai promis une aube, moi, d'ici la fin de l'été, et qu'elle a intérêt à être bien sinon je vais me faire lyncher . SoK, c'est donc bien vrai, Waz aime mon style P.S : A propos de la partie sans voyelle, dans l'optique purement freestyle-je-retranscris-le-moment, c'est à virer. Dans l'optique hardcore, c'est la moitié du texte qui est à refaire (au moins). Éternelle hésitation entre psychobilly et death metal... Bref, merci à tous de vos retours. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Celt Posté(e) le 31 juillet 2009 Partager Posté(e) le 31 juillet 2009 (modifié) Me fait d'ailleurs penser que malgré mes lectures je n'ai jamais commenté le Waz [...] Déclaration erronée, votre honneur ! Je viens tout juste de lire l'inverse inopinément (si si ) : Là (héhé) EDIT SoK : Dis iz'nt a comment, it's a fuckin' little post, you fuckin' hudge bastaaaaaard ! [...] (pour ce qui du Celt, je le considère au même niveau ou peut-être un poil au-dessus, mais bien au-dessus pour ce qui est de l'art du commentaire). Wahou, un compliment B) Et même pas dans mon topic, en plus Cadobonux ! Pour ce qui est de l'écriture, je serais bien incapable de juger (je n'atteins pas le niveau d'humilité d'Impe, mais pas loin ), mais pour ce qui est du commentaire, je te remercie grandement. Ca veut dire que mes lectures de guides d'écriture fonctionnent a reverso Merci Asimov. (Ouais, et le nombre de textes lus, aussi ) Bref, je squatte, je squatte, il est temps d'aller se zombifier le cerveau. Modifié le 31 juillet 2009 par SonOfKhaine Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SonOfKhaine Posté(e) le 2 septembre 2009 Auteur Partager Posté(e) le 2 septembre 2009 Me revoici. Avec l'aube promise à la fin du texte précédent. Cette fois, thème "Le grand départ", 2000 mots max. Celt, je t'ai vaguement parlé de Xes'gu, dans lequel ce passage s'inscrira avec quelques rajouts si jamais j'écris tout ça... Je ne t'impose pas de garder le silence sur l'interprétation du bouzin, heing, fais comme tu veux en fait. Le grand départ Les cristaux s'illuminèrent soudain. Blancs. Noirs. Bleus. Verts, jaunes. Orange, rouges, violets. Le cube de verre était un kaléidoscope de couleurs mouvantes, une flasque transparente d'éther pur dans laquelle s'agitait un océan chromatique. Un prisme pour l'âme des autres et un miroir pour celle de son utilisateur. La pièce sombre, face à sa lueur, prit des teintes froides et surnaturelles. Il se laissa flotter dans ce déluge d'astres frémissants comme dans le chaos des hiéroglyphes inouïs, et son âme déserte s'égara dans les déserts envoûtés. Toujours y coulaient les larmes de l'avenir. Chatoyant, il s'anéantissait dans ce néant solitaire. Et, dans toutes les directions, bravant les sphères qui incantaient, s'élança un chuchotement. Non, un chant. Le cri primal d'un nihiliste happé par l'hypnose de l'insomnie. La rumeur adamantine d'une minuscule goutte, née des abîmes stellaires, s'écrasant quelque part parmi les immensités caverneuses de l'orient, accompagnée du maelström brassé par ses onze ailes ophidiennes et son écho. « N'yim ! Est-ce toi ? », s'écria t-il au travers de la brume. Il lança éperdument sa monture inhumaine dans les dédales hallucinés du hasard, continuant à appeler. « Oui, mais plus pour longtemps, je crains », lâcha son ami, d'une voix usée par la fatigue. Cette fois, ce fut Tu'L qui garda le silence dans sa tourbière aphone et hantée. Aucun des deux n'osait effleurer l'autre du regard. Les yeux voilés de N'yim fixaient les arcanes fugitives entre lesquelles rôdaient les géants. Il ne cilla pas quand l'autre reprit la parole avec difficulté, l'arrachant de leurs mâchoires crochues. « Qu'importe, te voilà, te revoilà enfin ! - Si ces lieux à nouveau sont souillés de mon pas, c'est pour dire à jamais qu'il ne sera plus là, corrigea son aîné, battant furtivement des cils et tournant la tête. » Cinquante-deux runes méridionales jaillirent, puis s'éclipsèrent. « Et où ce vil couard fuit-il en t'emportant ? demanda soudain le jeune homme. - C'est moi, le vil couard qui le pousse en avant. - Et où, à part ici, comptez-vous donc rêver ? - Nous avons, semble t-il, sommeillé bien assez. » Tu'L s'enfonça dans les nids titanesques hérissés des émeraudes qui jalonnaient leur folie, sans rien dire. L'espace s'allongea en grognant pendant que de vivantes racines remontaient le cadran lunaire. « Et où dans votre éveil subirez-vous les heures ? - Nous vivrons chaque instant dans les rues de l'ailleurs, où minute et seconde haïront nos soucis ! s'écria N'yim. - Mais passé, et futur, ouest et est, sont ici ! » Un sublime anagramme de hérauts solaires obnubila la foule des terreurs embrassées, alors que le yéti finissait sa tour revenante en raclant la justice, amère, lacérée, et bénie. Enfin, les codex torturés firent flamboyer le globule qui suintait des palimpsestes. « Reste donc en ces lieux, mais ma vie n'y est plus, répondit simplement le saint, sans prêter d'attention aux monolithes cyclopéens qui se faisaient et défaisaient çà et là. - Quoi ? Toi, tu pars ? Toi, mon mentor ? - Tu ne l'as vu, dit-il au jeune homme en le regardant dans les yeux, par le passé qu'en passant face à un miroir. - Il est vrai que tu fus avec moi dans le noir, reconnut Tu'L, quand je peinais, pauvre novice, à voir ma route. - Et à présent, il est grand temps que tu la goûtes. Tout seul, bien sûr, car tes pas ne sont pas les miens. » Les sarisses des nécromants nageaient dans les couleurs tourbillonnantes d'une orbe rouillée, jurant furieusement. Le chthonien gangréné démembra un félin de son poing grotesque, avant de filer en dansant dans l'ordre primitif. Et la paix brûla. « Mais tu le sais, sans toi tous mes efforts sont vains, et le sentier est parsemé d'éclats de vers de tous les fous qui en ces lieux seuls dans l'ombre errent. - Aussi petits que ces débris puissent sembler, conseilla N'yim, il suffira d'en prendre douze et de créer un bijou tel, que tu n'auras qu'à le polir, pour qu'au travers de l'Univers, quelqu'un s'y mire. » Une lueur boréale transperça la clarté du crépuscule. Le grand voile de soir, empalé sur cet ivoire irisé, flotta un instant comme l'étendard d'un augure décapité, dont les flammes de la couronne tournoyaient. Chauffé au rouge, l'emblème laissa transparaître la robe des aurores délavées. Les ténèbres saluèrent l'épiphanie de quelque navire oublié, portant la calligraphie d'odyssées spectrales. Puis, ce lointain reflet s'estompa, comme s'il n'avait jamais été. « Ah, pour te compenser, pour me faire exister, à nouveau en tant qu'être éveillé et entier, il faudra bien plus que cent-vingt estropiés ! Oui, je chancellerai sur chacun de mes pieds. - Et pourtant, jusque là, tu courus solitaire. Jamais tu ne tombas, et je n'eus rien à faire, sauf peut-être un coup d'oeil, jeté à l'occasion, car ta course éclairée méritait l'attention. - Si brillante elle était, ce ne fut pas par moi, mais bien par la lumière exaltée de ta voix, fit remarquer le jeune homme. - Le génie est en toi, je ne fus qu'un prophète. » Des nuées d'arachnides blafards strièrent la voûte du ziggourat, avec faux et vérité strangulées par leurs lianes griffues. Le décharné mais titanesque autel se parait d'ocre aigu sous le sifflement psychédélique des djinns. Peut-être un aède torturait-il une poignée de sagas, mais seule l'épopée muette du chamane accompagnait le nocher, poussant les idoles par-delà l'arc-en-ciel. « Eh bien alors, le dieu que tu mets dans ma tête se trouve donc, ma foi, être bien plus qu'étrange, pour être aussi petit aux côtés de son ange. - C'est toi, tout aveuglé, c'est toi qui me dis Dieu. Tes cieux sont moins voilés que ne le sont tes yeux, le rassura N'yim, mais si ce que tu vois se trouve être réel, alors tu ferais bien de prendre en main ta pelle, car je suis décédé, selon le philosophe. » Les pics atlantéens parsemèrent la suie de coraux ternis, pendant qu'une lame de bronze gris estropiait la pyramide des chrysanthèmes. Et de cette ascension rugit le néant euclidien. Aucun faucon ne traversa les cieux millénaristes. Puis, la hache des dimensions hétéroclites s'abattit sur un miroir de pierre polie, le fracassant en un grincement dément. « Nietzsche a raison, hélas, et c'est ma catastrophe. Je crains que je sois loin de l'éclat d'un Surhomme. - Si tu me vois ainsi, tu en auras le chrome, car en cadeau d'adieu, je veux t'offrir mon trône. Prends ceci comme offrande, et non comme une aumône. - Et que ferai-je, solitaire en ton château, demanda Tu'L, à part peut-être y mettre en berne ors et drapeaux ? - Tu devras y dresser les tiens en ajoutant le symbole immortel qui traverse les temps ! Dans mes mains, il échut, et à toi, il revient. » A l'apogée se bâtit l'hypogée, et le cornu fut émasculé dans le ventre même de la terre fauve. Sur un portrait méphitique en vert-de-gris s'effaçaient les contours d'un exarque, pendant que des rayons d'icônes irisaient une basilique anonyme. Le cairn toujours s'empile à la chute : ainsi va la lapidation. « Et qu'en ferai-je ? - Tout ce que tu jugeras bien, répondit N'yim. - Qui suis-je donc, pour décider ce qui est bon ? - Ce que j'étais. Tu es Morphée, et Apollon. » Tout s'entrechoqua dans le grand palais : le paladin des jours heureux errant sur ses routes oniriques, le jardin des loups sous le portique, le prince ami des cieux qui marchait au travers des monts en grimpant sur les chemins, avec son allié, l'envahisseur viril, porteur du fouet comme de de la plume, les vieux manuscrits anarchiques, le commandant de la cité cachée, les brumes de la boisson flottant sur les quais, le python moqueur, les images sacrées qu'on dévore, l'arbre, l'automne mourant, l'ouroboros, cette impression de déjà-vu, le serpentin, et mille et unes autres allégories ésotériques dont les sens variaient au gré de celui des vents stellaires. « Tu vois très bien que je n'en ai pas l'apparence, lâcha le jeune homme en un soupir ardent qui se perdit dans dans les fissures de l'impossible. - Tu verras bien qu'on tirera sa révérence, car il suffit de porter le fanal du rang pour que soudain on ait les traits d'un conquérant : toute sa vie, chaque être humain désire un guide. - Et comment le serai-je ? En moi règne le vide ! - En cessant d'être humain, en étant l'avatar - le totem éternel - aveuglant du pouvoir ! hurla N'yim. » Un typhon ércuta sur la banquise, l'inondant de mirages narcotiques. Des vagues de reptiles hallucinés explosèrent dans une psychose magmatique. On pouvait entendre ramper les litanies sigillaires des succubes ovoïdes et nécrosées. « Ô que cela t'est attrayant : devenir Grand Ordinateur ! pensa Tu'L dans le labyrinthe argenté de sa conscience. Tu vis le Père, au demeurant, mais tu n'es pas à la hauteur. Devenir Grand Ordinateur... allez, ceins la pourpre impériale ! Mais tu n'es pas à la hauteur, cela n'est que fastes sociales. Allez, ceins la pourpre impériale, empoigne ce sceptre trop lourd ! Cela n'est que fastes sociales - manant, bienvenue à la Cour ! - Empoigne ce sceptre trop lourd, ébroue tes cheveux dans l'eau claire, manant, répondit le dieu déchu. Bienvenue à la Cour, ici commence et meurt une ère. Ébroue tes cheveux dans l'eau claire, improvise-toi des joyaux. Ici commence et meurt une ère, ici nous chantent les flûtiaux. Improvise-toi des joyaux : les rois se parent d'artifices ; ici nous chantent les flûtiaux et tous nous célébrons nos vices. » Le crâne obscur rugit ses nocturnes souffrances dans le noir maelström encrassé des arcanes, comme un sombre ouragan, comme un corbeau qui danse, enragé et criard, avec un rire d'âne. Un singe ascète s'essoufflait sous le sol plein de cendres. Il salit le soleil et son seuil enbavé, sachant le sauver s'il ressemble à s'y méprendre à ces sceaux annonçant si le ciel est gavé. « Les rois se parent d'artifices : d'artifices nous faisons rois, continua N'yim, et tous nous célébrons nos vices, nous nous couronnons de nos croix ! D'artifices nous faisons rois, aujourd'hui les hommes s'égalent : nous nous couronnons de nos croix ; nos princes aussi ont la gale. Aujourd'hui les hommes s'égalent, oignissons-nous de nos péchés : nos princes aussi ont la gale, qui font le monde en leur psyché ! Oignissons-nous de nos péchés, le Carnaval est comme un père qui fait le monde en sa psyché. Ici commence et meurt une ère. » Le tourbillon de minuit absorba la mémoire et la recracha dans les vals horrifiants de l'oubli. Comme des feuilles mortes arrivées au fond du sablier, comme les vitraux pâlis d'une crypte ensablée, tout se changea lentement en poussière de rêve. Ceci ne prit qu'un instant. La seconde s'allongea démesurément jusqu'à englober l'éon, puis se rompit, laissant place à des phantasmes devenus réalité pendant que le vrai abattait son glaive injuste, perçant le cœur de la fiction. Malgré le geste désespéré de Tu'L, N'yim avait déjà ouvert la fenêtre du miroir, scellant ainsi leur sort à tous les deux. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 12 septembre 2009 Partager Posté(e) le 12 septembre 2009 Alors c'est beau ! A lire, c'est impressionnant mais.. On comprend rien. Enfin je comprends rien même si je pense que ça sera pareil pour 90% des gens Le problème est que l'utilisation de mot compliqué et peu utilisé dans la vie courante peuvent faire perdre à une phrase son sens. Quand il y en a qu'un, ça va, on capte le tout mais quand il y en a deux par phrases, on comprend pas ce qu'il se passe et le message que tu veux faire passer. Effectivement pour une description importante cela peut être utile mais pour tout le passage, ça embrouille trop ! En contrepartie, ça rend impressionnante la lecture ! @+ -= Inxi, à choisir ! =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SonOfKhaine Posté(e) le 24 octobre 2009 Auteur Partager Posté(e) le 24 octobre 2009 (modifié) Plop, un petit texte qui, étant du contemporain, ferait peut-être mieux d'aller en SF, mais bon, vu que c'est du one-shot... Y'a sans doute des choses à changer dedans, mais j'arrive pas vraiment à cerner précisément le mauvais ressenti que j'ai vis-à-vis du texte. enfin bref, voilà la bête. Fête « Et pourquoi est-ce que je ne devrais pas y aller, donne-moi une seule bonne raison ! » Il ne répondit pas immédiatement, laissant le téléphone grésiller. « Parce que… ça sert à rien, quoi… - Ah bon ? Franchement, tu crois que tu peux décider de ce qui est utile et de ce qui l’est pas ? enchaîna t-elle. - ‘fin non, je voulais dire… » Il se contenta de claquer de la langue. Tout était si compliqué. Mieux valait toutefois ne pas la faire attendre d’avantage, d’une part parce que c’était lâche, de l’autre parce que cela ne ferait qu’aggraver la situation. « Et… tu comptes faire quoi là-bas ? finit-il par lâcher. - C’est une fête ! Tu sais très bien ce que j’ai l’intention de faire à une fête ! » Nouveau silence. Gêné. Et, comme toujours… « Te bourrer la gueule en faisant semblant de participer à une discussion ? » … il fallait que des conneries comme ça sortent toutes seules. « T’es tout le temps négatif, j’en ai marre ! Franchement t’es lourd, Jean, tu veux jamais t’amuser, y’aura plein de monde ! - Désolé. » Il marqua une pause, puis se força à enchaîner : « Enfin… je voulais dire… - Tu voulais dire quoi ? l’interrompit-elle. - Ben, je les connais pas… - Eh, c’est chez Fred ! Arrête de raconter n’importe quoi, tu le connais, c’est ton ami ! Et y’aura aussi Max et Stef ! - Euh, mais… - Te cherche pas d’excuse, franchement ! Ça commence bientôt, dans une demi-heure je suis là-bas, et je m’en fiche de ce que tu penses ! » La tonalité retentit. Communication terminée. Il resta un moment sur son fauteuil en cuir, un Vodafone archaïque et décoqué à la main, avant de réagir. « Lol », expira t-il d’une voix d’outre-tombe, avant d’ajouter, non sans verve : « Fait chier. » Comme d’habitude, il n’y avait pas trente-six mille solutions, ce qui signifiait donc que nb(x)*c =/= 190²-10², soit nb(x)*c =/= (200)(180), c étant la variable à la con qui venait tout foutre en l’air et rendait l’inéquation insoluble sans rentrer dans un système. Vive la 1ère S. Alt+F4, Entrée, Alt+F4, Entrée, allonger les jambes pour mettre les pieds dans les pantoufles, les ramener en s’appuyant dessus pour pousser le fauteuil tout en se mettant debout. Il existait encore des choses simples. Ou pas, étant donné que les roulettes venaient de se prendre dans le tapis. Qu’allait-il mettre ? Un t-shirt ridicule de black metalleux deux fois trop large - et puant à cause du fait qu’il était impossible de le laver sans en faire partir le motif de dragon d’os sur fond noir - ? Le fameux « I hate you : ) » ? Ou alors, une chemise, histoire de ne pas aggraver son cas. Oui, bonne idée, mieux valait ne pas fâcher Manon d’avantage. Et un pantalon blanc ? Allons pour le pantalon blanc. Avec un nœud papillon vert, et des chaussures noires cirées. Parce que ce n’était pas parce que personne ne comprenait son humour qu’il était sérieux. S’étant accoutré ainsi, il ouvrit la porte d’entrée. Une voix lui parvint immédiatement : « Tu vas où ? » C’était sa mère. « Chez Fred, dit-il en sortant. - Et tu m’as demandé l’autorisation ? » Il referma la porte. Dans l’absolu, il n’avait rien contre les questions rhétoriques, mais en tant que féru d’étymologie, il pensait qu’il était préférable de les cantonner au domaine de l’art oratoire. Et le fait de crier sur son fils à partir de sa chambre en haut de l’escalier tout en s’épilant ne rentrait manifestement pas dans ce cadre. Dommage, elle aurait pu demander à quelle heure il comptait revenir, et même espérer obtenir une vague réponse. Mais ce qui était fait était fait. Et à la réflexion, niveau études, un doctorat en tautologie pouvait être bien, même s’il y avait peu de débouchés. Un bus, une sonnerie suivie d’une mise hors-tension de portable et une demi-heure de marche en traînant les pieds plus tard, il était sur place. « Là-bas » faisait plus romanesque, si tant était que toute cette merde puisse un jour se trouver dans un récit. Cela dit, s’il existait des gens suffisamment désœuvrés et stupides pour le lire, peut-être qu’il n’était pas le plus inutile des êtres rampant sur Terre. Il sonna au grand portail bleu et se fit ouvrir sans même qu’on lui ait demandé quoi que ce soit : tout le monde était invité, ce qui expliquait sans doute pourquoi il était membre des élus - même s’il était outré à l’idée de faire partie de tout le monde. La maison à deux grands étages puait par avance le hit-parade, les spots lumineux placés à la va-vite sans aucune réflexion artistique, et l’alcool de mauvaise qualité. Le premier point se vérifiait aisément à cause des fenêtres ouvertes et de la sono à fond, acoustiquement si mal placée qu’on distinguait un double retour de voix. Appuyant sur la poignée, poussant la porte et étant aveuglé par un faisceau rouge, puis vert, il constata que sa seconde supposition s’avérait également juste. Stéphane était en train de faire une razzia sur les cacahuètes sans sel dans le fond du salon, non loin de son idole, Maxime - sweat à capuche violet, slim et converses - qui était en train de danser avec Julie et Carla. Fait étonnant, d’ailleurs, étant donné qu’au vu de ses critères, aucune des deux n’entrait dans la catégorie « baisable », et qu’il n’accordait de l’importance qu’à celle-ci. « Salut Jean, lancèrent un certain nombre de personnes. - Salut. » Ce dialogue était d’un intérêt stupéfiant. Un bon échauffement. « Ça va ? demanda Maxime. - Ouais, répondit-il machinalement » De mieux en mieux. On battait des records, et s’approchait dangereusement de sa limite de tolérance. Mieux valait tenter de rectifier le tir : « Manon est là ? - Euh, ouais, j’crois. - Elle est où ? - Euh, j’sais pas trop. » « Well done, jeune pomme », pensa Jean. Voilà qui l’avançait beaucoup. Son interlocuteur avait-il conscience du fait qu’il ne rentabilisait pas un dixième du dioxygène qu’il consommait ? Enfin, bref, il avait décidé d’être poli. « Ah, OK, merci », lança t-il avant d’aller voir sur le balcon. Les lampadaires masquaient les étoiles. Il n’y trouva qu’Amandine en train de fumer il ne savait trop quoi, étant donné qu’elle-même ne le savait pas. Fausse blonde, petite, gros cul, gros seins, bisexuelle. Il la fixa de dos pendant deux secondes. Elle s’était probablement aperçue de sa présence, mais ne faisait rien. Il se retourna et rentra dans le salon surpeuplé. Traversant la piste de danse en bousculant un couple, il se dirigea vers la cuisine à l’américaine. Rien qu’à voir les verres de premix ultra sucrés à l’orange additionnés de sirop de menthe, il eut la nausée. Le fait de se bourrer la gueule se tenait en soi, chacun faisant ce qu’il voulait, mais il ne pouvait pas supporter ceux qui n’assumaient pas de se défoncer avec de l’éthanol presque pur. De plus, l’hôte et sa petite amie se trouvaient dans la pièce. À force de baigner dans ce milieu sordide, il avait fini par entendre qu’ils avaient des problèmes récurrents dans leur couple, lui tentant systématiquement de paraître plus con qu’il ne l’était et de cacher le fait qu’il codait en php, elle niant ses quelques escapades avec Amandine et complexant sur son nez sans l’avouer. Devant tant de pulsions refoulées, Jean se contenta de faire marche arrière. Le sous-sol aménagé s’annonçait bien, sans doute grâce à ses trois ordinateurs en LAN. Il en descendit lentement les escaliers, puis vit Manon dans le canapé avec Jef. Le temps qu’il le réalise totalement, il était trois marches plus bas. Il s’empressa de les remonter, sans un mot. Stéphane fut assez fâché d’avoir à partager les derniers chips avec un affalé sur le fauteuil d’en face. Le R’n’B finit toutefois par avoir raison de ce concurrent indésirable, qui se dirigea vers la cuisine pour y échapper. Retraversant la piste de danse, Jean bouscula à nouveau Damien et Constance. Tout s’expliquait, au final. Constance avait quitté Jef, qui s’était naturellement rabattu sur le meilleur parti de la soirée, trop content d’être libéré. Meilleur parti qui semblait fort sarkozyste de part son ouverture à tout et à n’importe quoi. Un enchaînement purement logique. Salope. Crevures. Alors, quelle était la putain de solution ? Nb(x)*c = (200)(180) <=> c = 36 000/nb(x), et comme il n’y avait vraisemblablement qu’une seule solution, c = 36 000. 36 000 moles d’éthanol. Avec une masse molaire de 46 g.mol-1, on obtenait 1,7 tonnes. Ça faisait beaucoup, mais il pouvait essayer, après tout. C’était parti pour l’orange-menthe à 60% de volume d’alcool… Quand il émergea de son coma éthylique, il put répondre à sa mère lui demandant pourquoi il avait suivi les autres : « J’avais besoin du système ». Modifié le 24 octobre 2009 par SonOfKhaine Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Celt Posté(e) le 24 octobre 2009 Partager Posté(e) le 24 octobre 2009 Hmm... Je suis partagé. Je te reconnais pas mal là-dedans, c'est indéniable (dégoût de la masse, voire des hommes, dénonciation de la vanité des relations humaines, et en particulier les relations amoureuses adolescentes) Tes thèmes se retrouvent, c'est agréable, et ça facilite l'expression (cette dernière partie ne veut probablement rien dire, mais on n'a qu'à imputer la faute au manque de sommeil) Mais bon... Le récit finit là où il pourrait commencer, ou du moins il ne prend pas l'espace nécessaire à son développement. Je saute du coca light, mais ça l'amène au point faible de ton texte, les descriptions. Je comprends bien que tu dois retranscrire plus les états d'âme erratiques de ton petit protégé (j'ai cru que ça parlait de Jin, au début, je dois reconnaître. Et comme le second prénom du texte était Fred, j'ai cru à une vaste conspiration, j'avoue ), mais sérieusement, depuis l'entrée et les couleurs criardes des spots, je me suis perdu. C'est un fouillis, un mélange d'alcool, de connerie et d'humains crétins ; et je suis incapable de m'y retrouver. (Au passage, j'ai fait S, et j'avions rien compris à ta formule. Sauf quand ça parlait de moles à la fin) Mouaif mouaif... Dommage, ta vision de la fête me plaisait (si Tarmi passe je vais me faire tanner, moi...), mais j'ai à moitié suivi parce que je ne visualisais pas le tout. Tu passes vite (description d'Amandine, ...) sur pas mal de passages, ça empêche l'esprit de se fixer. C'est probablement voulu, mais ça me bloque (Ow, et pour le texte précédent, puisque qu'on en m'impose rien, je ne dis rien ) Bon, je voulais écrire ce soir... Pas impossible, mais pas gagné. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 24 octobre 2009 Partager Posté(e) le 24 octobre 2009 Bon ça va pas vraiment de notre côté de section ça !!! Je le laisse parce que ça va dans la continuité de ce que tu écris donc... Petit problème de nerd en perspective et je trouve dommage, comme ce que tout le monde peut penser dans ces moments là, qu'il aille pas leur casser la gueule un bon coup. Ca ferait tellement de bien autant au lecteur qu'au gars trompé ! En tout cas bonne chance pour l'alcool, je tente le même pari ce soir @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SonOfKhaine Posté(e) le 4 mars 2010 Auteur Partager Posté(e) le 4 mars 2010 Mouarf, ça faisait longtemps (oui, je sais, longtemps que j'ai rien commenté, aussi). Encore un truc d'ado dépressif. "Ne lisez pas, c'est une merde". Parce que Tout le monde était gris, imbibé d’humidité plus ou moins contenue et de tension paresseuse. La fumée restait en suspension : le vent avait cessé de souffler depuis longtemps, depuis que l’éther avait remplacé l’air tellement chacun était high. Sam s’était assis dans un coin, pour réfléchir un peu. Histoire de retrouver les bienfaits de la solitude, loin de toute cette masse. On l’accusait d’être une langue de vipère… Ils s’étaient vus, eux, les petits anges ? Même en se méfiant de toute paranoïa, il ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’il y avait une cabale derrière tout ça. Toutes ces conneries l’avaient miné, et rien à l’horizon ne semblait pouvoir lui rendre des ailes. On l’accusait même d’avoir laissé Lucy faire, et de… Non, il ne fallait surtout pas qu’il repense à ça, il devait trouver autre chose pour ne pas replonger. Plonger... Mais merde, qu’est-ce qu’ils en savaient, s’il était tombé ou non ? « C’est marqué » ? Ben ouais, bien sûr, et il s’appelait le roi de Babylone ! Putain, mais quels crétins, à ce niveau-là c’était même plus humain. Ou alors simplement humain, en fait. Trop humain. Il le pensait plus ou moins depuis le début, mais sa décision était prise : éradiquer cette espèce de merde apporterait largement plus de bien que de mal. Évidement, il ne le dirait pas à voix haute, parce qu’il y aurait un chœur de chérubins pour lui rappeler que c’était trop le mal, et papa ferait de nouveau un de ses discours moralisateurs à la con… Il avait envie de gerber, même s’il eût mieux valu en rire. Il aurait dû filmer le vieux quand celui-ci avait eu vent des foutus ragots comme quoi « Sam aurait commis la fornication avec Lily ». Qu’est-ce qu’il avait eu envie de lui en mettre une dans sa gueule, à ce réac’… Et quand en plus il avait cru ce que lui avaient dit ces salauds à propos de lui et d’Eva ! Qu’est-ce qu’il aurait bien pu en avoir à foutre de cette blondasse ? Dingue, quand même, à quel point ces sales frustrés pouvaient projeter sur lui leurs fantasmes baveux. Le simple fait d’accorder un regard à cette kikoo-pouffe le dégoûtait déjà. À croire qu’il était le seul ici à attendre autre chose d’une fille que de se faire enculer à quatre pattes et d’avaler quand ça partait. Et depuis le temps, il en venait à se demander si ce n’était pas une bonne idée de se limiter à ça, sans quoi il ne serait jamais satisfait. Bon, y’avait bien Lily, mais… Mais quelle pute, celle là ! Quelle salope ! Quelle salope intelligente… et magnifique, et drôle… et… quelle pute. Il bailla et cligna des yeux. Une larme commença à couler de son œil gauche, puis se perdit dans la crevasse de ses cernes. Ce boulot n’était pas si mal, à bien y repenser. Devoir rester éveillé jusqu’au matin en tentant de s’occuper à des conneries pour ne pas penser à ça, et une fois l’aube passée, enfin s’endormir comme une masse. La fatigue n’était pas un manque de sommeil. C’était un mode de vie. Pas la paresse, attention. Pas la paresse. La fatigue. Cette impression permanente de flottement, de déjà-vu, comme une fin voile qui filtrerait un peu la pourriture de ce monde. Pas assez, mais c’était toujours ça de pris. Enfin, de laissé. Il se laissa planer dans l’éther. Un des rares plaisirs qu’il avait encore… Était-ce vraiment un plaisir ? Ou juste un moyen de calmer un peu ses douleurs ? Plus les mois s’écoulaient, plus l’extase du début se transformait simplement en une baisse de morosité. Comme avec toutes les drogues, toutes les addictions… Toutes les relations… Ça le minait plus que tout, mais impossible de s’en passer. Qu’aurait-il donné pour un regard sur Elle ? Pour un regard d’Elle ? Il lui aurait suffi de descendre d’un étage, physiquement parlant. Mais il connaissait le vrai prix. L’enfer. Là où, auparavant, le premier était un baume rafraîchissant et le second une torche chaleureuse, un seul des deux suffisait maintenant à le consumer d’un brasier sans pitié, pour finalement le laisser piégé dans un bloc de glace. Mais il n’était ni au centre du monde, ni à la recherche d’un trou, contrairement au rôle qu’on souhaitait lui assigner dans la comédie à laquelle tous participaient sans même le savoir, mais que bien entendu personne ne connaissait. Bande d’incultes. Qu’ils crèvent. Loin. Très loin. Il n’irait même pas bouffer leur corps graisseux. À l’inverse de ce qu’on bavait sur son compte, il n’était ni un ver, ni une mouche, ni un serpent. Ni un adversaire. Enfin, dans le cas où ils y tenaient vraiment… Connards. S’il pouvait se venger d’un dixième de ce qu’ils lui avaient fait subir, il les buterait tous jusqu’au dernier. Façon silence des agneaux. Mais évidement, ces moutons gueuleraient comme des porcs avant de mourir comme des chiens. Parce qu’il n’y avait pas marqué « pigeon » sur son front. Ni « vérité » - dommage pour leurs chimères pseudo-artistiques de potiers refoulés reconvertis en potiches. Oh, bien sûr, et ils l’accusaient d’être allé faire du pr0n en bas… ouais, sûrement. Non, il n’avait pas en permanence besoin de baiser. Enfin, si, mais il y avait la branlette pour ça. Les seuls qui allaient se vider chez les serviteurs, c’étaient eux. Après, bien entendu, ils lui foutaient tout sur le dos - la responsabilité, hein, pas ce qui en sortait. Parce que d’une, ils n’assumaient pas devant le vieux. Parce que de deux, ces putain de crétins de merde étaient infoutus de penser à la capote ! Ou même de penser tout court, visiblement. Faudrait qu’ils décalottent plus souvent. Enfin bref… Quels cons. Bordel, quand on est dalleux et obsédé au point de faire ça, qu’on est assez débile pour ne pas faire en sorte que ça n’arrive pas et qu’on a un gosse sur les bras, on agit en conséquence ! On ne se barre pas en laissant la mère seule, toute conne et moche qu’elle puisse être. On ne laisse pas le gamin grandir et foutre la merde en frappant les autres. Et c’était lui le méchant ? Enculés… Pourquoi est-ce que Lily était retournée voir le mec d’Eva ? Ce type était un putain de crétin. Tout ce qu’il savait faire était de traiter les femmes comme ses esclaves. Et il était infoutu de réfléchir. Comment Elle, si intelligente… Qu’Elle cherche un sex toy, OK. Mais pourquoi cette ordure qui ne pensait qu’à son propre plaisir ? Cette sous-merde était un VHS ! Insert, Avance, Recule, Avance, Recule, Stop, Eject. Peut-être parce que Lily était un DVD : indéniablement plus sophistiquée, mais ça ne l’empêchait pas de tourner, de tourner, de tourner… Bordel, mais Elle était au courant, en plus, qu’il ne valait rien, puisqu’ils avaient déjà sorti ensemble ! Sam était complètement paumé. Autant… Autant essayer d’en parler à son père. Il s’approcha de l’escalier, et se souvint qu’il ne pouvait pas monter. Il l’appela. « Papa ? » « Je voulais… je voulais te dire un truc. » Il attendit. Pas de réponse. « Papa ? Ben, en fait je pense qu’on a pas assez discuté, que j’ai pas été honnête avec toi. Du coup y’a des choses que t’as mal prises… Désolé. J’avais pas le courage, en fait. » « Papa ? T’es là ? » Toujours le silence. Absolu, si on exceptait le foutras sonore de ses frères. Papa ne l’écoutait jamais. Il s’en foutait. Ça faisait longtemps qu’on ne l’avait plus ni vu, ni entendu. De quoi devenir existentialiste. Ou nietzschéen. Mais la seconde perspective ne le réjouissait guère, étant donné qu’il ne figurait sûrement pas sur le testament, quelle que soit sa version. Alors autant en profiter. « Papa, t’es une raclure. T’aurais au moins pu nous dire ce qui était arrivé à maman. Parce qu’on en sait toujours rien, au fond… J’suis sûr qu’elle t’a jeté tellement t’es un pauvre type. T’aurais surtout pu fermer ta grande gueule au lieu de baver de la merde 24/24 pendant des années ! Et plus que tout, t’aurais dû te retenir de baiser l’autre salope, t’aurais jamais dû chouchouter comme ça ce sale bâtard de petit hippie ! T’es une raclure, papa ! » Comme toujours, il ne disait rien. Et comme toujours, ça criait en bas. Des questions, toujours des putain de questions. Et des demandes. Et quelques mercis, jamais honnêtes. Pourquoi si, pourquoi ça, c’est pas juste, gnagnagna, je te remercie, mais en fait j’aimerais bien, tant que t’y es… Il était vraiment censé transmettre toute cette merde ? Elle était où, l’utilité, sachant que même à son fils aîné, le patron ne répondait jamais ? Ah, et ne parlons même pas des quelques crétins qui s’adressaient à lui directement, ceux-là étaient les pires. Pourquoi faisait-il autant de mal ? Ben non, désolé, j’ai rien fait, c’est de la faute du vieux, de mes petits cons de frères, ou plus généralement de tes propres conneries, mec. Pouvait-il, s’il lui plaisait, punir untel parce qu’il avait péché ? Ouais, et toi t’as pas péché, connard ? Va te faire foutre. Si je pouvais cramer qui je voulais, tu serais sur le haut de ma liste. Allait-il signer un autographe ? Ta gueule, le tru3-r3b3l de merde, retourne écouter ton metal de kikoo, te branler devant ton « panthakl » mal tracé, et claquer le fric de tes parents pour voir des guignols cloutés. C’est bien, tu sais écrire trois six, maintenant apprend à compter jusqu’à sept, ça te servira. Et les questions théologiques - bon, c’était rarement à lui qu’on les posait, mais quand même - ! Le vieux écrivait comme une merde, cela dit c’était pas une raison. Sam ne répondait jamais à rien, même si on lui parlait directement, mais s’il devait faire une exception, ce serait sûrement pour les boulets de ce genre là. Un bon gros RTFM. Massif. READ THIS FUCKIN’ MANUAL ! Illettrés. De toute façon, il le savait depuis longtemps, l’humanité devait crever. Et toujours ce silence. Enfin, ce brouhaha, ça revenait au même. Personne ne se parlait vraiment. Aucune communication. Juste des bruits balancés à la gueule les uns des autres, des faux-semblants, des froufrous, des déblatérations sans fin. Ils en avaient décidé ainsi : Sam était leur adversaire. Leur bouc émissaire. Il les aurait bien tous butés, mais c’était impossible. Alors il n’y avait plus qu’une seule solution. Son unique soulagement serait de savoir que leur prochaine cible réaliserait, à coup sûr malgré sa connerie, à quel point elle se trompait en se conduisant comme un mouton, et qu’à présent elle le payait sévèrement. Le monde entier était grisâtre, plein de pluie contenue, et d’orage latent. Les nuages étaient immobiles : le vent avait cessé de souffler depuis longtemps, depuis que, la hauteur aidant, l’air s’était changé en éther. Samaël planta sa lame dans son tronc de l’arbre de vie. Parce que, en ce système de la Chute, même les anges ont le droit de mourir. http://fr.wikipedia.org/wiki/Sama%C3%ABl (oui, parce que finalement c'est quand même de la Fantasy). Si vous n'aviez pas compris, je vous invite à une seconde lecture, étant donné que le texte est truffé de références, principalement judéo-chrétiennes et kabbalistiques (wikipédia et google sont vos amis). Dans la plus pure tradition kabbalistique, je vous laisse chercher seuls (il n'y a pas de valeurs numériques à calculer - dans ce texte-ci du moins), mais si vous voulez un relevé détaillé, ne vous gênez pas. Si vous voulez aussi chercher ensemble sur ce topic (peu probable, mais bon), lâchez-vous, il vous appartient plus qu'à moi. Si je vous emmerde avec mes textes à tiroir, dites-le aussi. Ah, et merci à System of a Down (http://www.dailymotion.com/video/x81yl_sys...chop-suey_music). Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
MaxG Posté(e) le 6 mars 2010 Partager Posté(e) le 6 mars 2010 Classe. Tu as un excellent style. Et la transposition de ce "personnage" de mythe en tant qu'ado rebelle est parfaitement accomplie. Même si j'ai du rater quelques références je suppose. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Celt Posté(e) le 6 mars 2010 Partager Posté(e) le 6 mars 2010 Sors de ma tête. Tout de suite. Bien, merci. Que dire, que dire ? J'ai bien aimé la troisième phrase de ton post, avant le récit. 'Me rappelle des vieux souvenirs, tiens (non, je ne mettrai pas le lien vers mon topic, je ne suis pas une raclure, non plus ). Brèfle. Maintenant, le texte. Très riche, comme à ton habitude, et je dois dire qu'on reconnaît assez bien ta patte, encore une fois. Un style assez sec, syncopé, qui aime à changer d'interlocuteur de manière pas toujours aisée pour le lecteur. En général, on te sent à l'aise à la première personne, et il est vrai que c'est là que tu fais le mieux passer les émotions ; d'autant plus que ça t'évite des descriptions précises, qui ruineraient ici l'effet, et qui - même si tu en es capable, confère le Donjon - te plaisent moins que les parties de grand délire psychologique qui emmènent dans le lointain avant un rapide retour à la réalité. Ce qui me fait penser qu'il est vrai que c'est là que tu - osons le mot - excelles, dans cette description de la pensée humaine (enfin, humaine, ici...). Ce virevoltement si particulier aux moments de repos ou de déprime, quand les souvenirs reviennent dans n'importe quel ordre, qu'un détail de l'un mène à un autre, et que celui-ci nous en rappelle un troisième. On finit par errer dans l'éther de nos souvenirs et par regretter tout ce que l'on a fait de mal dans nos vies. Ce cheminement si particulier, parfois aidé par l'alcool, la drogue ou le maque de sommeil, tu le retranscris particulièrement bien, et je dois dire que ça me plaît beaucoup. Artaud parlait d'un cinéma qui "parlerait à l'inconscient", je crois que tu maîtrises assez bien une littérature qui parle à la semi-conscience. Le texte est fluide, parce qu'il suit vraiment la pensée de Sam. Ca c'est du bon (tabac). Au passage, une bonne partie des phrases, sorties du contexte, font d'excellentes citations très percutantes. Mais ça, je sais que tu le sais déjà (statut, etc). Je pense notamment à la VHS, le passage avec quatre animaux en deux phrases (mais tu aurais pu te débrouiller pour caser les quatre évangiles...), celui sur la fatigue, et peut-être d'autres oubliés. Sinon, mis à part ces louanges... Ah, oui, je suis partagé quant à l'intention du texte. Tu parles vraisemblablement à un public averti, plus ou moins fana d'ésotérisme et de culture judéo-chrétienne [HS : Ce qui me fait penser à un projet de topic en commun de romancer la Bible, ça te dit ? M'enfin, on verra plus tard]. Mais là où le bât blesse, c'est que le texte n'est vraiment pas accessible pour le profane (le mot parfait pour l'occasion, d'ailleurs, vu son étymologie), c'est-à-dire qu'il ne comprend rien ! Ca ressemble à une fête, on nous parle d'étages, de décérébration frénétique, d'accord, mais tout est mêlé, tu parles de beaucoup de choses à la fois. A part Lily et Adam, rien capté de l'histoire "apparente". Tu n'as pas assez brouillé les pistes, à mon sens ; et faute de se faire embarquer dans l'illusion de voir le texte "en humain", soit on ne comprend rien, soit on comprend assez vite (surtout que ton vocabulaire est très bien choisi... Tu as écumé le dictionnaire ?), et l'effet de chute tombe plus ou moins à plat. Ou du moins, il est impressionnant, mais pas autant qu'il pourrait être. L'idée en elle-même est diablement (té !) bonne, et bien menée, sauf à cause de ce que j'ai énoncé plus haut, pensé-je. Non, franchement, c'est vraiment le genre de références que j'adore, beaucoup plus que celles sur les mythologies qui me sont inconnues, de fait. Ah, ce qui m'a chiffonné : - "Lucy" est fait exprès ou pas ? Ou c'est juste Lily qui a changé de nom en cours de route ? (bon choix des prénoms, au fait) - L'avant-dernière phrase est grammaticalement fausse, sauf si chacun a son tronc personnel. Mais j'en doute. - J'aime bien quand les mots étrangers sont en italique, question de respect du Français. Je pense ici au high du début. (Lu en écoutant la Soundtrack de la série Angel (titre de l'album : Live Fast, Die Never) Ca marche aussi) (Je te conseille à nouveau De bons présages, de Terry Pratchett et Neil Gaiman, qui va un peu dans ce style-là (avec notamment des apparitions de Métatron... délectables ) (Ah, j'y pense, tu feras attention, je viens de me rendre compte qu'il restait deux voyelles dans "Fuis", en haut de la page. Chrono-pwné) Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SonOfKhaine Posté(e) le 6 mars 2010 Auteur Partager Posté(e) le 6 mars 2010 Lucy est là pour le jeu de mot. Faut prendre le mot d'après avec. "Lucy faire". Référence aussi à des crétins d'intégristes (dont un que j'ai eu comme animateur de colo à 11 ans) comme quoi les Beatles seraient satanistes (ah ben oui, parce que "Lucy(fer) in the Sky with Diamonds". Encens + LSD = attention, dangereux). Pour le dico, eh, non, même pas, c'est vraiment du premier jet pur à peine retouché. Sinon, ouais, dur de trouver le bon public. Mais j'avais envie d'écrire un texte truffé de références. Dans l'ordre, rapide : - l'éther, air divin des couches supérieures du ciel chez les Grecs (certes, pas judéo-chrétien). - "langue de vipère", Sammaël est représenté ainsi. - "cabale", complot, à l'origine groupement d'occultistes, souvent adeptes de la Kabbale (= "donné" en hébreu, référence à une loi orale secrète qui aurait été "donnée" à Moïse en même tant que la loi publique écrite). Sammaël est une invention talmudique (post-Torah, donc) reliée à la Kabbale. - "rendre des ailes", Sammaël est un ange ailé. - "Lucy faire", expliqué plus haut. - "Plonger", "tomber", ... -> déchu, du verbe "choir", tomber. - "roi de Babylone", le passage qui décrit "Lucifer" est une interprétation plus que fumeuse du livre d'Isaïe, où il est utilisé un terme pouvant se traduire en latin par Lucifer (lucis ferre, "porter la lumière", être brillant) dans un passage directement adressé au roi de Babylone. - "humain. trop humain" -> petit coucou à Nietzsche. - "chérubins", classe d'ange vraiment introduite par la Kabbale, mais dont la base est vraisemblablement antérieure. - "Lily", Lilith (l'utilisation de deux l chez les tentatrices est assez répandue, cf. la célèbre Lolita). Je me permets de vous rediriger vers l'article wiki en question, ce sera bien plus clair et complet que moi. - "Eva", Ève. Femme soumise par excellence par rapport à Lilith. - L'enfer, le froid, le chaud, le bloc de glace, le trou, le ver, la comédie... -> la divine Comédie de Dante, où Satan est un ver dans un bloc de glace qui "fait au monde un trou", prenant à contrepied la vision ardente de l'Enfer. - "mouche", "serpent", "adversaire". Belzébuth vient d'une divinité sémite dont le nom a été déformé à Ba'al Zébut, "seigneur des mouches" par les juifs. Serpent, car le serpent de la Genèse est parfois relié à Sammaël, mais rien d'assuré. Adversaire, car c'est la meilleure traduction possible de "satan" (en fait ce serait plutôt "partie adverse" car terme judiciaire). - "vérité", "potiers", "potiches" -> légende du golem, tas d'argile façonné en homme avec EMET, vérité, marqué sur le front. Le golem est un serviteur", d'où le lien avec "pigeon". - "pr0n en bas", enfants qui frappent les autres -> mythe de géants/Nephillims, créatures nées de rapports entre des anges déchus et des femmes. - "existentialiste. Ou nietzschéen". Silence de Dieu face à l'appel de l'Homme/mort de Dieu. - "sale bâtard de petit hippie", ça parle de Jésus. - la transmission des messages des hommes à Dieu, "angellos" signifie "messager". - "Pourquoi faisait-il autant de mal" -> problème du mal chez les monothéistes, le rejet de celui-ci sur Satan et/ou "les vies de Dieu sont impénétrables". - "bouc émissaire". Sammaël a une tête de bouc. Et rite hébreu consistant à envoyer un bouc, chargé des péchés de la communauté, dans le désert, pour qu'Azraël le dévore. Et pour finir "son tronc", c'est-à-dire son torse. Double-sens. Et merci d'avoir lu. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 8 mars 2010 Partager Posté(e) le 8 mars 2010 J'adore ! Franchement c'est bien pensé même si j'avais pas eu toutes les références, j'en ai remarqué quelques unes ! Ensuite j'ai bien le ton vulgaire et dépité où on sent vraiment qu'il est perdu et résigné. Bref j'ai que du positif à dire dessus ! Je m'en vais le relire une fois d'ailleurs, je verrai peut être plus de choses @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SonOfKhaine Posté(e) le 20 mai 2010 Auteur Partager Posté(e) le 20 mai 2010 (modifié) Hop, hop, hop, on repart. Attention, je vous préviens encore une fois, c'est pas vraiment du récit, c'est vraiment du one-shot-freestyle pur. Je vous mets le moins mauvais des deux en premier pour ne pas vous dégoûter (il date de trois semaines). Toujours E = mc². Ça fait super scientifique de commencer comme ça. Tant mieux, je commence à jouer mon rôle dans la grande pièce qu’est le monde, intégrant ainsi un des concepts primordiaux de la philosophie baroque, née au XVIème siècle et… Foutu psycho-conditionnement. Est-ce que j’organise des oraux blancs de français, moi ? Hein ? Bon. Ou mauvais, en l’occurrence. Bref, je disais donc, en termes plus littéraires cette fois, que tout était relatif. Il y a des gens qui souffrent plus que moi, moins que moi, autant que moi, je ne suis pas absolu, et ne suis donc pas une lumière, sauf peut-être pour la célérité à laquelle je déblatère des conneries. Donc, tout est relatif. Mais certains principes sont invariants, tel le fait que l’énergie soit le produit de la masse par le carré de la vitesse d’un photon. Et rien ne peut y changer quoi que ce soit. Je serai toujours dans la merde. Alors bien sûr, il y a eu, a et aura des situations bien pires que la mienne, la famine, les tsunamis, la charia, Dragon Ball : Evolution, Tchernobyl, le IIIème Reich, les Khmers rouges, le Darfour… J’aurais tort de me plaindre, parce que finalement je ne vais pas si mal, que ce serait égocentriste et égoïste, que je ne sais pas me satisfaire de ce que j’ai, qu’eux aimeraient bien être à ma place, que si je vivais comme eux je comprendrais vraiment le sens du malheur. Mais je serai toujours dans la merde. Alors, bien entendu, de temps à autres j’espérerai. Une petite pensée douce, un sourire, un moment de bonheur. Des instants où j’aurai l’impression d’autre chose. Des petits riens qui tenteront de faire un tout. Mais ça ne me suffira pas, parce que je suis un éternel insatisfait. Alors j’aurai des idées, des projets, des fantasmes, j’y penserai jour et nuit, mettrai tout sur pied, m’y donnerai corps et âme, ce sera ce que j’appellerai une raison de vivre, et dans un élan de vie, je m’élancerai sans plus compter, me battrai jusqu’à ce que j’aie les doigts en sang, hurlerai jusqu’à l’extinction de voix, marcherai jusqu’à ne plus avoir de pieds, et rirai jusqu’à en avoir mal aux côtes de mon échec. Parce que malgré tout, je serai toujours dans la merde. Toutes ces envolées, ces charges désespérées, ces barouds d’honneur désespérés et pourtant pleins de foi, ne feront jamais que finir par me ramener dans la boue avec plus de force. Plus j’embrasserai la vie à pleine bouche, plus je me ferai péter les dents. Et quand je n’en aurai plus, je me ferai arracher un rein pour me payer un dentier. Et quand je n’aurai plus un sou en poche, je me ferai vendre comme esclave pour servir de sodomite passif, au moins ce sera officiel. Et enfin, quand il n’y aura plus aucune échappatoire, je continuerai à me faire perforer le reliquat de mes gencives avec les derniers éclats d’ivoire jaunis qu’il restera. Et je serai toujours dans la merde. C’est écrit. Je ne sais pas où, je ne sais pas comment, je ne sais pas pour qui, mais le fait est là. C’est écrit. Je ne suis pas fataliste. Ni même pessimiste, en fait. Ni vraiment en train de me lamenter. Ça aurait pu être du au fait que je sois con, faible, moche, haïssable en tout points, pédant, ignare, borné, frustré, sans intérêt. En fait je suis limite optimiste, quand on y pense bien (c'est toujours mieux que la supposition selon laquelle le contraire serait marqué, mais que Dieu, non seulement existerait, ce qui serait assez catastrophique, mais en plus serait tellement con ou tellement méchant qu'il ne l'appliquerait pas). Mais vraiment bien, quoi. Genre, faut être motivé. Motivé pour se mentir. Je suis naturellement doué pour ça. Tu vois, je passe mon temps dire aux autres que je vais mal pour ne pas avoir à me l’avouer. Pour l’instant ça marche. Pour l’instant. Va falloir faire durer ça longtemps, très longtemps. J’ai l’éternité à passer dans la merde. Autant que ce soit confortable, alors pour alléger ma peine, j’écris, je frappe mon clavier sans relâche pour soulager ma rage, je noircis des feuillets entiers pour tenter d’éclaircir légèrement mon ciel sans lune, je vide des stylos à essayer de remplir mon existence futile, j’accumule les lignes en oubliant la spirale de laquelle je ne parviens pas à sortir, en bref, j’essaye de communiquer avec toi, lecteur, ô mon frère hypocrite comme disait l’autre camé, dans le vain but d’alléger mon fardeau, en bref, comment te dire… Je te fais chier. Si tu ne te lèves pas, toi aussi tu vas finir dans la merde. Alors vas-y, n’attends plus, élance-toi, pars d’ici, et vis enfin, agis, pense, ressens, brille, éclaire ce monde, décrasse-le de sa mélancolie profonde, gratte la couche de défaitisme qui le recouvre pour le rendre à nouveau étincelant. Mais torche-toi le cul d’abord. Evil sed carbone Encore une dernière mise en garde : si vous apprêtez à lire cela, réfléchissez bien. Allez voir s'il n'y a pas de vrai texte à disposition. Le net en regorge. Au pire allez vite vous jeter sur un des miens, suffit de taper (pas trop fort) mon pseudal dans la barre de recherche. Et si malgré ça vous insistez... et ben tant pis pour vous. Un jour j'écrirai une pièce et théâtre... "Ce texte ne sert à rien. Foutrement à rien, totalement à rien. J’aurais pu écrire du vrai, du beau, du juste, de l’utile, du tout, ou rien. Mais non. Je suis le dernier des cons. Et j’aime ça. Le Ça, super freudien comme concept. Freud, c’est de la merde. La psychanalyse, c’est l’art de voir du sexe partout. En attendant j’ai quand même placé une allusion graveleuse dans chaque phrase, et j’en suis fier. Je parie que t’es même allé vérifier. Crétin. Oui, j’assume, je mets seulement du masculin, et j’assume. Je suis un sale macho sexiste patriarcho-fasciste et homophobe qui veut maintenir le carcan sociétal qui permet l’exploitation de la femme, éternelle prolétaire. J’emmerde Marx, tiens, au passage, mais je pense que c’est clair. Bouh, fuyez moi, je suis un sale faf qui case dans la même phrase des bribes du chant des partisans blancs, Deutschland über alles avec un mauvais accent et la France aux Français tellement je suis con. Pis je me trimballe avec une cagoule fashion de cacacaïste, et le week je crame des croix pour le fnu tellement je suis trop catho-satano-évangélisto-pagano-athée dans ma tête. Ou pas. Tiens, et si je faisais du trve black metal à influences reggae ? Une bonne basse mélodique en contretemps boostée par l’equalization de brute sur les fréquences extrêmes, une batterie groovy à la double-croche à plus de 130 battements à la minute, une gratte syncopée avec la disto grésillant qui va bien, un petit I shot da shiriff growlé alterné avec un hail satanas à l’ancienne de temps à autres, on est parti. Trop-über-international-liberal-white-wood-top-trend, tu peux pas test. Oh, et j’ai oublié de le dire, mais j’emmerde Nietsche. « Dieu est mort », Nietzsche. « Nietzsche est mort », Dieu. « Vos gueules les crevures », Moi. Ouais, je rosque à un point même pas conceptualisable. Je viens de dénigrer avec du pseudo-argument à la con les trois philosophes de mon programme de l’année prochaine avec lesquels j’ai le plus d’affinités. Y’a bien Antisthène et Diogène, remarque. Bon, ben je vous emmerde, les vieux grécaillons, par principe, tellement j’ai trop pas de principe dans ma tête, cherchez pas les gens, paradoxe veut dire contre l’opinion et je suis tellement trop un rebelle dans tout le dedans de mon corps que j’emmerde l’opinion, olol. Allez mourir. À ce propos, vous connaissez Hégésias de Cyrène ? Lisez, c’est bon (d’ailleurs Nyktalgia un superbe groupe de DSBM a sorti un album nommé Peisthanatos, de toute beauté, en particulier la basse sur Pavor Nocturnus, bien que le titre soit en latin. Mangez-en plein). Oh, et Stirner aussi. Ce type est mon idole tellement à fond que c’en est crépusculaire (et hop, je fais référence à une référence à Wagner, qui m’amène sur Verdi, j’invente le sel et me mutine contre Pétain qui me décapite pour ne pas m’empêcher de dormir, je pioche trois cartes et Kamoulox !) : toute forme d’idéologie ou de conception philosophico-politique ne sert qu’à aliéner l’Individu, y compris l’individualisme, ce qui explique pourquoi les anarchistes individualistes l’ont récupéré a posteriori (parce que récupérer quelqu’un a anteriori c’est quand même très « concept », avec l’accent british, hein, parce que j’écoute the Beatles so kwieule, avec plein de paillettes s’il-vous-plaît). Putain, n’empêche, caser des parenthèses de Kamoulox ça peut être fort bon. En y pensant bien. Ou pas, hein. Non, en fait je t’emmerde. Ouais, certes. Cela dit j’en ai ras le cul de ce putain de truc. Un jour j’irai faire du slam dans le métro, et j’apprendrai à jouer de la guitare en m’achetant un violon pour travailler mon souffle. En attendant je vais me branler. Je suis un procrastinateur d’élite, et ça me convient farpaitement. Surtout que j’ai réussi à caser une contrepèterie quelque part dans ce texte, et que tu t’en es même pas aperçu tellement t’es trop low. Quoiqu’en y pensant bien, non. Enfin, tu restes une merde, hein. Mais y’a pas de contrepet fonctionnel. Oui, ça fait deux fois que je te dis de chercher un truc qui n’existe pas, et si ça se trouve t’es pas tombé dans le piano. Euh, tableau. Non, panneau. Cours te tuer à coup de figue molle. Loin. Cthulhu fhtagn. Oui, cette merde devient de plus en plus incohérente. J’irai revendre ça à Marc Lévy, ça va faire un carton. Et le matin quand j’aurai fumé je noterai des phrases que je refilerai, moyennant finances, à JCVD. Je suis tellement intelligent que je suis le meilleur, même dans la connerie. No rage, jeune pomme. Et ensuite je vais faire une sage mp3, avec un sale micro crachoteux, ma sale voix de puceau (sinon c’est pas drôle) et mes longs cheveux gras. Oui, personne ne les entendra, ils sont un peu dans le vide/l’espace/la nuit/la campagne/la Creuse/ce qui se trouve entre tes deux oreilles/ta mère. Admirez le glissement conatif. Tiens, au fait, va mourir." ... et ferai des confettis avec. Modifié le 20 mai 2010 par SonOfKhaine Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SonOfKhaine Posté(e) le 23 décembre 2010 Auteur Partager Posté(e) le 23 décembre 2010 (modifié) Petit (1200 mots) one-shot, thème "Zombies". Pour ceux qui souhaitent un fond musical adapté : Pour ceux qui me lisent depuis quelques temps déjà, je remarque après coup un air de famille avec 8 mai 2009 et l'intro de Désacralisation. Autres influences : la Controverse de Valladolid, Dante, Lautréamont, Baudelaire, et divers représentants de la littérature grecque antique. Et Lovecraft, aussi ,un peu, même si déjà présent dans Désacralisation. Catacombes La chaleur est étouffante par rapport à l’hiver qui règne dehors. Mais il fait pourtant si frais. Chaud, froid… quel intérêt. Cela n’a plus cours ici, comme tant d’autres choses qui régissent la vie dans le monde du dessus. Comme le monde du dessus, aussi. Comme la vie, même. Les Enfers… Mais ils sont si dissemblables à ce qu’on en dit qu’on aurait du mal à les reconnaitre. Pas de flammes. Surtout pas de flammes. Enfin, quelques-unes. Quelques combustions désespérées et sans clarté, luttant contre le manque d’oxygène. Car il n’est pas d’air en ces lieux. Simplement un mélange stagnant de gaz inertes et de vapeur. Beaucoup de vapeur. Pour cette raison et pour tant d’autres inconnues, les exhalaisons des damnés, avec la sueur qui imprègne leur corps et leurs infâmes guenilles - déchirées, sales, tachées, malodorantes et détrempées –, forment en permanence de pâles nuages de condensation, qui flottent vaguement dans l’atmosphère statique avant de se fondre dans son obscurité, à peine plus vite que ne se forment les stalactites, et à peine plus lentement qu’une goutte d’eau souillée ne tombe de celles-ci sur le crâne d’un malheureux. D’autres lueurs percent les ténèbres éternelles de ces lieux. Elles jaillissent du front des errants, révélant leur chemin en les rendant pareils à des chimères d’ange et de cadavre qui en poursuivraient d’autres, plus fantasmagoriques encore. Nul doute que c’est bien leur âme qui brûle là, si tant est qu’ils en aient encore une ! Les Enfers. Sans contestation possible, bien qu’ils soient le royaume du la Contestation. Des rebelles, des déchus, des parias, des exilés. Qui pourrait prétendre être arrivé aussi bas sans avoir chuté ? Qui ? Pas eux. Sûrement pas eux ! Et s’ils le prétendaient, ce ne seraient que mensonges, à supposer que la vérité ait jamais arpenté ces couloirs sans noms – autres que ceux jaillis une ou deux fois de cerveaux déments par le biais de gorges tordues – dont la sortie tant attendue débouche sur des eaux immobiles et sans repos, demeurant limpides uniquement car les effroyables quantités de crasse qui y croupissent se sont déposées au fond depuis la dernière éternité qu’elles ont été foulées. Voilà la raison pour laquelle ils s’imaginent remonter avec des substances étranges, tantôt aspirées, tantôt avalées, pour partir en de longs périples chamaniques au cours desquels ils seront démembrés par les rats porteurs de la peste noire, et chevaucheront des cauchemars ailés sans tête. Mais d’autres choses semblent simplement avoir toujours été si profondes. Semblent même toujours avoir été. Les rayons du soleil leur sont inconnus ; et seuls ceux de la lune, parfois, effleurent furtivement leurs rétines inexistantes au travers de cils qui n’ont jamais poussé, par le biais de reflets que toute physique rend impossible. Ces choses, ce sont les pierres friables qui forment des semblants de murs, troués et scarifiés par des lames ardentes ! Ces choses, ce sont les plafonds pourris auxquels l’espérance se cogne comme une chauve-souris ! Ces choses, ce sont des fleurs fanées fuyant leur faiblesse et leur fausseté, dépourvues à jamais de toute leur malfaisance, elle qui est partie supplier à genoux l’aura immonde de ces lieux auréolés de vérole et de furoncles pétrifiés ! Ces choses, ce sont des papiers putréfiés - ramollis par les torrents de montagne qui à chaque instant coulent subrepticement dans l’air vers des océans huileux -, et dont l’encre, corrompue, forme sur la roche des mares boueuses ! Ces choses… Ces choses, ce sont l’esprit des créatures incréées qui créent dans la craie des crapauds criants pour remplir le vide horrifiant de ces lieux débordants ! Ces choses ! Ces choses ! Ne les voyez-vous pas ? C’est ce que sont venus chercher ici les corps vides – si ce n’est de matière organique en décomposition et d’amas de cellules dont des centaines de milliers se détruisent chaque heure en une cadavérique apothéose qui libère des volées de biomolécules azotées porteuses de secrets à moitié violés - qui rampent, pataugent, marchent, courent à moitié courbés comme des ombres malformées de goules aux crocs jaunis par la chair crue décomposée. Un esprit ! Peut-on seulement espérer un esprit à ces monstres ? S’ils avaient un esprit, ils respireraient, or ils ne font qu’émettre des vapeurs méphitiques et des brumes qui emplissent ces souterrains maudits, que régurgiter rauquement les linceuls qu’ils ont avalés pour tenter, fous qu’ils sont, de combler leur faim abominable et dévorante, ce gargouillement d’impie qui sans cesse résonne en cette cathédrale de toutes les profanations, bâtie de grillages rouillés et de glaise à la lueur verdâtre. Une conscience ! Peut-on seulement concevoir une conscience à ces pantins ? S’ils avaient une conscience, ils se conseilleraient les uns les autres de sortir d’ici pour espérer que la lumière aille enfin baigner leur esprit, or ils ne font que former de vagues assemblées hétéroclites pour émettre de chthoniens borborygmes exprimant tant bien que mal leur satisfaction - en considérant qu’un sentiment puisse les traverser – qui résonne dans ces cryptes renfermant des savoirs oubliés qu’il vaut mieux ne jamais apprendre, comme des cercueils renferment de savants oubliés qui ont appris à ne jamais juger. C’est pourquoi ces Enfers-là n’ont pas de juges à leur entrée, car seuls y vont ceux qui n’ont jamais jugé mais l’ont toujours été. Un corps ! Peut-on seulement considérer que… Nous pouvons ! Oui, nous pouvons ! Nous pouvons, parce que nos yeux ne veulent pas s’approcher plus près de ces visages de marbre, ou plutôt d’antimarbre, leurs figures étant plus impures que tout ce qu’on peut imaginer. Nous pouvons, parce que notre nez ne veut pas s’éloigner moins loin de cette peau malodorante qui chante la puanteur par chaque pore encore libre de saleté, leur faible nombre compensé par l’attirail infâme qui recouvre l’épiderme hâve et livide en étant au moins aussi puant que lui. Nous pouvons ! Nous pouvons parce que nous ne voulons pas. Quand on ne veut pas, on peut. Telle est la sage leçon que les prophètes tout de noir vêtus dispensent après avoir parcouru ces lieux dans une folle et nocturne cavalcade, suivis de molosses aveugles et sourds, hurlant la mort dans un cor de cuivre violacé. Mais voilà que les hordes de ces cadavres ambulants et solitaires se retrouvent au gré des tunnels, convergeant quelque part. De leurs pas mécaniques, on ne perçoit que le claquement contre les pavés, le bruissement de l’eau croupie, le couinement gras de la boue ; et enfin des traces, figées jusqu’au précédent passage. Ils passent un fleuve, prêtant sur lui des serments rébarbatifs en agitant une main sans honneur ; puis un second, plus petit, sans faire attention à la barque vide qui, du fond du lit vaseux, coulée par le poids de l’argent, continue à réclamer une pièce. Et enfin, face à une fausse source inversée, d’où les gouttes calcaires tombent du haut d’un pilier maléfique fait d’ivoire et semblable à la dent d’un dieu sépulcral, ils passent leur chemin, sans un regard, n’oubliant rien de ce qu’ils ont aperçu dans les ténèbres funestes. Des Enfers, ils sortent, par des soupiraux invisibles aux vivants, pour arpenter leur monde. Qui sont-ils ? Que sont-ils ? Des questions. Modifié le 23 décembre 2010 par SonOfKhaine Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
rafale Posté(e) le 8 janvier 2011 Partager Posté(e) le 8 janvier 2011 J'adore , je me retrouve dans tes textes ...Je n'ai jamais eu le courage de poster la bouse que je pond car c'est toujours du one shoot pas travaillé ...C'est le genre de texte que je rêve un jour de pouvoir écrire ... Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 15 janvier 2011 Partager Posté(e) le 15 janvier 2011 A l'attaque !!!! Je venais de regarder un film sur les zombis donc les définitions me semblent assez réalistes par rapport à l'idée que je m'en faisais Après la forme est impeccable, je n'y ai pas vu de fautes donc un bon point. Le style est aussi fluide si bien qu'on parcourt le texte assez rapidement. Bref, que du positif pour ces créatures errantes de l'Enfer ! @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SonOfKhaine Posté(e) le 7 mars 2012 Auteur Partager Posté(e) le 7 mars 2012 (modifié) Ca faisait longtemps. Mais non, ce n'est toujours pas fini. [u][b][center]Penn ar bed[/center][/b][/u] Une bûche s'effondra dans l'âtre, projetant des étincelles un peu partout. Il commençait à faire nuit dehors. Le vieil homme remua les braises et ajouta quelques brassées de bruyère sèche, qui s'enflammèrent rapidement, puis il ouvrit la grosse marmite et remplit les bols de l'épaisse bouillie qu'elle contenait. Un. Deux. Trois. Quatre. La porte d'entrée s'ouvrit, laissant entrer le vent glacé et deux silhouettes filiformes. « Vous avez bien enfermé les bêtes ? - Oui, père. » Ils prirent chacun leur place, en silence, réchauffant leurs mains dans les volutes de vapeur qui s'élevaient des récipients bouillonnants. On entendait le vent se lever et le feu crépiter. La quatrième chaise restait vide. « Je n'ai pas besoin de vous rappeler quel soir nous sommes ? Vous auriez du rentrer plus tôt, je vous ai assez répété de ne pas jamais sortir pendant la nuit des morts. » Ses fils ne dirent rien. Il continua. « Si il fait déjà aussi froid, l'hiver va être dur. - On a déjà survécu à pire, répondit le cadet. - Les dieux étaient avec nous cette année-là. La récolte avait été excellente. Cette fois, je doute que nous ayons de quoi nourrir trois bouches en plus des bêtes. » Chacun fit mine de vérifier si la soupe avait assez refroidi pour qu'on puisse l'avaler... ce qui n'était pas le cas. « Je vais vous raconter comment vos ancêtres ont bâti cette ferme. - Tu nous l'a déjà raconté, répondit l'aîné. » Son père fit mine de ne pas l'avoir entendu. « C'était trois fois trois générations après l'aube du monde. Tout notre peuple vivait dans une immense plaine, où le soleil était sans pitié, et la neige aussi. La terre était tout à tour brûlée et gelée. Un soir – le même que ce soir, celui de la nuit des morts, au milieu de l'automne – ils se réunirent pour demander conseil aux dieux. Ils leur répondirent de suivre le soleil couchant, ce qu'ils firent. » Les rafales dehors gémissaient comme des esprits en peine, poussant des plaintes de plus en plus déchirantes. On remit un peu de bois dans la cheminée, car il commençait à faire sombre, les dernières braises jetant des lueurs blafardes et inquiétantes dans la pièce. « Chaque année, ils repliaient leurs tentes, rassemblaient leurs bêtes, et continuaient leur route. Ils eurent à affronter les éléments déchainés, l'adversité des peuples belliqueux qu'ils croisaient... parfois aussi à piller ou réduire en esclavage ceux qu'ils croisaient, pour survivre. Certains, aux premiers pâturages accueillants, n'eurent pas la volonté de continuer et s'arrêtèrent là, avec leurs femmes et leurs enfants. D'autres, prêtant l'oreille aux rumeurs propagées par les vaincus, partirent au nord ou sud, appâtés par les promesses de richesses faciles. » Un des fils avala discrètement une gorgée de bouillie noire, et le conteur s'interrompit pour l'imiter. « Il ne resta plus qu'un clan pour continuer la longue route. Suivre le soleil couchant ? Mais jusqu'où ? Ils avaient franchi des fleuves, des montagnes, des plaines, laissé derrière eux des terres fertiles. Combien de temps cela devrait-il durer ? Trois fois trois générations déjà s'étaient écoulées, et aucun survivant n'avait assisté en personne au conseil qui s'était tenu dans la steppe. » Une violente quinte de toux l'obligea à s'interrompre. Il essaya de boire un peu, puis reprit d'une voix encore plus rauque et fatiguée qu'à l'accoutumée. « La nuit des morts approchait. Les rumeurs des indigènes étaient des plus fantaisistes, quand, un soir, depuis une colline couverte de bruyère... » Un faux suspens planait dans les airs. Les deux jeunes hommes raclèrent leur bol pour s'occuper. « Ils virent le soleil se coucher dans un immense lac d'or et de sang. De l'eau à perte de vue, et l'horizon vierge, sans montagne ni côte qui soit visible. Ils s'approchèrent de la falaise qui tombait à pic dans l'océan et le contemplèrent longuement ». « Alors, ils bâtirent leurs maisons sur cette colline au bout du monde, commencèrent à planter les céréales sauvages de cette terre. S'y installèrent pour élever leurs enfants. Ils moururent, et leurs descendants les placèrent dans une barque pour qu'ils voguent vers l'Autre Monde, au-delà des mers, là les dieux les attendent, au pays doré de l'éternelle jeunesse que le soleil visite quand il fait nuit en ce monde. » On entendit la vache meugler dans l'étable attenante – ou peut-être était-ce encore le vent ? « Évidemment, vous la connaissez, cette histoire, hein ? - Oui, répondirent-ils ensemble. - Eh bien, retenez-la. C'est notre plus précieux trésor. Plus que mon épée... » Il la détacha de sa ceinture et la posa sur la table en bois massif. « Plus que cette bague. » Elle tinta légèrement contre le fourreau. « Plus que nos bêtes, plus que cette maison, plus que les arpents de lande qui l'entourent. Plus que tout. Retenez-la, car ce sera à vous de la raconter à... » Il se leva et s'étrangla à moitié en toussant ; prit une petite pause, essaya sans succès d'articuler quelques mots, puis ouvrit la porte. « Père, c'est la nuit des morts ! Seuls les trépassés errent sur les chemins. » Le cadet vit le visage ridé se tourner vers lui, les lèvres s'entrouvrir comme pour lui répondre, puis se clore à nouveau. Le vieil homme lui tourna le dos et franchit le seuil en refermant derrière lui. Ses deux fils se regardèrent, atterrés. Ils ne pouvaient ni se résoudre à le laisser partir, ni à lui désobéir en sortant. Le silence de plomb les étouffait. Le quatrième bol restait sur la table, face à la chaise vide, offert aux âmes des ancêtres qui étaient restées ici pour veiller sur eux. Sans un mot, mais accompagnant de leurs soupirs ceux du vent, ils allèrent se coucher. Le lendemain matin, quand ils allèrent vers les falaises inspecter la crique, ils virent que la barque avait disparu. Modifié le 7 mars 2012 par SonOfKhaine Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 18 mars 2012 Partager Posté(e) le 18 mars 2012 [quote]Tu nous [b]l'a[/b] déjà raconté, répondit l'aîné. [/quote] Pas cool comme histoire !! Mais bon au moins ç'a le mérite d'être un peu plus réaliste que ce qu'on peut lire ! Après ça fait un peu rapide et insensé comme décision donc ça aurait pu être amené plus lentement avec des indices dès le début. Bon je chipote mais j'ai bien aimé ! @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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