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L'iris des Ethar


Poupi

Messages recommandés

Bonsoir! ^_^

Après un genre de flop avec ma "nouvelle de l'été" (pas d'importance), je reviens sur cette section avec ce nouveau projet, que je jure d'aboutir....

Pour l'introduire briévement, je dirais que c'est un genre "d'entrainement" à l'écriture, dans la mesure où (en partie grâce à ce forum) je suis parvenu à un stade de perfectionnement et non d'apprentissage en soi de l'écriture. J'ai donc pour but:

1) de battre mon record de longueur de saga (Maximilian Draken= 45 pages word taille 12)

2) de créer une fresque de personnages variés, complets mais rapidement cernables par le lecteur

3) de m'exercer à l'écriture de scènes sentimentales. Ne riez pas, c'est quelque chose de très complexe, il faut toujours faire attention à ne tomber ni dans le mièvre ni dans le plat.

4) de refréner ma tendance au bourrinisme

5) de m'exercer au genre tragique

Voilà, c'est donc principalement sur ces points que j'attend des critiques, mais tout com sera le bienvenu!!! :rolleyes:

Voici la bête:

L’iris des Ethar

Première Partie

Tirianis

Chapitre 1

L’Ambassadeur

Nordland. Printemps 2471 du Calendrier Impérial.

La flèche s’extirpa de la blessure avec un bruit répugnant, des lambeaux de chair restant fixés à sa pointe. Le baron Heinrich von Plaften, à qui appartenait le thorax ainsi mutilé, grimaça sous la douleur, mais sentit bientôt sa souffrance s’apaiser, tandis que le halfling qui lui faisait face appuyait un linge imbibé d’anesthésiant sur la plaie. Puis le petit chirurgien s’efforça de raccommoder le poitrail de l’humain.

-Vous ne serez sans doute jamais aussi vigoureux qu’auparavant, expliqua-t-il après quelques dizaines de minutes d’opération, mais au moins vous aurez la vie sauve. N’allez jamais plus combattre les Norses sans cotte de mailles, à l’avenir.

-Je tâcherais de m’en souvenir, grommela le noble en contemplant la cicatrice qui scintillait désormais sur son thorax. J’ai été bien stupide…

-Que cherchiez-vous à prouver ? demanda le halfling en nettoyant ses outils.

Heinrich haussa les épaules, laissant son regard vagabonder dans la confortable chambre de son château qu’il occupait.

-Je ne sais pas exactement, murmura-t-il. Je crois qu’avec la mort de mon épouse, je ne goûtais plus vraiment à la vie, et je voulais finir la mienne en beauté… mourir en défendant l’Empire et son peuple…

-Voilà bien le genre de sottises dont les grands gens arrivent à se persuader, remarqua cyniquement le médecin. Nous autres, halflings, avons un principe quant à nos nuits : jamais deux fois la même fille. Ainsi le corps se soulage tandis que le cœur se repose, bien tranquille dans son coin, sans nous émoustiller de ses indécentes sautes d’humeurs.

Il prit un air plus grave en ajoutant :

-Je crois que votre femme est morte en couches. Ce qui signifie que vous avez un enfant à éduquer.

-Oui, approuva le baron en baissant les yeux. Honte sur moi… j’ai un fils qui portera mon nom et mon domaine, et cela ne me semble pas une raison suffisante de vivre.

-Nous autres halflings, reprit le petit homme, nous ne nous encombrons pas de la morale que les grands gens se plaisent à traîner. Nous faisons fi de la religion dans laquelle vous vous complaisez. Nous ne prêtons pas de serments, nous nous contentons d’agir. Mais la famille… sans doute la seule chose vraiment sacrée dans cet univers.

-Vous avez bien raison, docteur Chirandoux, approuva mécaniquement Heinrich. Qu’allez-vous faire à présent ? Vous étiez en route pour Middenheim ?

-Oui, mon cabinet me manque, expliqua Chirandoux. Le foyer est sans doute la seconde chose sacrée dans cet univers. Mes comme je ne cesse de l’expliquer aux grands gens butés et dogmatiques qui me servent de collègues, rien de tel que l’hiver à Kislev pour fortifier son organisme.

Le baron entreprit de serrer la main de son petit soigneur.

-Je vous dois la vie, assura-t-il. Et si jamais je…

-Vous ne me devez rien de plus que mes honoraires, coupa sèchement Chirandoux. Et croyez-moi, ils vont vous sembler nettement suffisants. Et soyez gentil, quand je repartirais, n’allez surtout pas remercier je ne sais quelle divinité de m’avoir fait passer par votre château précisément lorsque vous aviez besoin de soins. J’attraperais l’urticaire, la lèpre et le choléra à la simple pensée d’avoir pu déclenché un vague sentiment de dévotion- sans doute la maladie la plus pernicieuse et la plus répandue dans cet Empire…

-Vous n’êtes guère idéaliste, dit Heinrich d’une agréable litote. J’avais rencontré un barde elfe, il y a quelques années- tout le contraire de vous…

-Les elfes, grommela Chirandoux. Sont-t-ils seulement bon à quelque chose ?

Mer des Griffes.

L’Iris des Ethar filait sur l’onde glacée avec l’élégance d’un cerf bondissant au-dessus d’un ravin. Les vagues ne frappaient pas le bois blanc de la nef, elles étaient traversées, modulées par le navire qui avançait comme si elles n’avaient été faites que d’air, quelques envolées d’écumes s’accrochant seulement à la splendide proue du bateau, représentant un coursier avec tout le réalisme et toute la délicatesse dont étaient capables les meilleurs artisans d’Ulthuan.

Le navire possédait trois voiles triangulaires, d’un blanc immaculé, qui s’accordaient parfaitement avec le bois blanc de la coque, dont la réalisation avait demandé le couteux achat de ces cèdres à la teinte si magnifique. Le nom du navire était peint en glyphes elfes sur le flanc droit, scintillant dans sa teinture ocre qui contrastait magnifiquement avec la coque. Les runes étaient toutefois masquées de temps à autres par les gerbes d’écumes que soulevait l’Iris, et qui allaient s’accoler à la coque, à la proue ou au personnage qui se tenait juste devant cette dernière, droit comme une tour d’Ulthuan.

L’individu était un elfe de sexe masculin, dont les longs cheveux blonds étaient coiffés en un catogan qui s’agitait sous l’effet du vent maritime. Il était vêtu d’une tunique et de braies bleues, ainsi que d’une teinte de la même couleur, parsemée de petites runes qui scintillaient délicieusement, comme un fragment de la nuit étoilée mis en tissu. L’elfe arborait une lame au côté gauche, dont la garde et le fourreau luisaient d’un aspect doré, signe d’une évidente richesse. Pourtant, ce qui attirait le regard lorsqu’on contemplait cette personne, ce n’était ni son catogan, ni sa cape, ni son épée. C’était l’iris de ses yeux.

Les yeux de l’elfe avaient en effet une couleur des plus particulières, à la fois étrange et très belle, une hésitation de la nature entre le bleu et le vert, avec des reflets qui semblaient faire écho à l’écume rejetée par la mer. Le tout gardait un aspect assez foncé, ce qui n’empêchait pas ce regard étrange de briller d’une sourde lumière, et peux étaient capables de le soutenir sans s’émouvoir. Cet iris délicat était en fait assez connu dans les hautes cours d’Ulthuan, car il était le blason charnel d’une maisonnée dont l’ascendance remontait jusqu’à l’époque d’Aenarion, la noble lignée des Ethar.

L’individu se nommait Arion Ethar, l’ultime elfe à porter le délicat nom d’Ethar. Sans doute avait-t-il des cousins aux degrés plus ou moins éloignés dans plusieurs cités d’Ulthuan, car les alliances matrimoniales étaient monnaie courante entre les différentes maisons nobles de l’île-continent, mais il était le seul dont l’ascendance jusqu’au premier des Ethar soit uniquement constituée de mâles, aptes à transmettre le nom. Et surtout, il était le seul elfe vivant d’Ulthuan à posséder l’iris des Ethar, cette couleur indéfinie que les bardes n’avaient eu cesse de chanter au cours des siècles, chaque fois qu’un membre de la lignée s’était illustré d’une manière ou d’une autre.

Ethar était à l’origine le nom d’un héros de l’arrière-pays d’Eataine, un nobliau qui avait fait partie des premiers à jurer allégeance à Aenarion. Il était également le premier elfe recensé dans l’histoire d’Ulthuan à posséder cet iris si particulier. Après sa mort, son fils avait accolé le nom paternel au sien, devenant Jovis Ethar, et la lignée avait débuté son aventure tumultueuse au sein des différentes généalogies des Asurs. Les membres de la famille s'étaient couverts de gloire en tant de reprise qu'arborer leurs yeux revenait à faire écho à de multiples exploits. Ce cheminement fait de mariages, d’alliances et de gloire familiale avait finalement débouché sur Arion Ethar, dernier héritier de la maisonnée. Et beaucoup craignaient que ses yeux ne soient les derniers à arborer l’iris des Ethar.

Arion, en effet, était marié à une belle elfe d’ascendance modeste, Tyriana, qui quelques années à peine après l’hymen avait montré les symptômes d’une santé des plus précaires, toussant comme une pestiférée au moindre coup de froid. Elle devait la plupart du temps garder le lit, une pâleur maladive s’emparant d’elle régulièrement sans la moindre raison, son pauvre corps se mettant à grelotter dès qu’on lui retirait une couverture. C’était pour Arion une double douleur que de voir sa moitié souffrir de la sorte.

Tout d’abord, il était profondément amoureux de son épouse, et voir son visage gémir sous le malaise, ses petits seins trembler sous la fièvre, ses bras si doux se recourber en position fœtale quand la belle était prise de cauchemars, tout cela lui donnait un furieux sentiment d’impuissance : il aurait voulu pouvoir aider Tyriana, la guérir au péril de sa vie et, tout comme ses nombreux ancêtres qui s’étaient illustrés sur le champ de bataille, faisant luire l’iris des Ethar du juste courroux d’Ulthuan, il aurait voulu pouvoir affronter le terrible mal qui s’était emparé de sa femme, le voir se matérialiser sous la forme de quelque hideux démon, pour pouvoir l’affronter et le transpercer de son épée.

Par ailleurs, on ne pouvait raisonnablement exiger d’une femme dans un tel état qu’elle enfante. Et c’était là le motif d’une grande souffrance pour Arion Ethar, qui portait en lui la responsabilité d’une ascendance illustre, qu’il se devait d’immortaliser à travers la procréation. Jamais il n’aurait voulu que les bardes se souviennent de lui comme l’Ethar qui avait égoïstement refusé de transmettre son iris à un héritier. Parfois, Arion se surprenait à penser que si Tyriana venait à mourir, il pourrait prendre une autre femme plus fertile.

Lorsque de telles pensées s’emparaient de lui, le dernier des Ethar se culpabilisait parfois pendant plusieurs jours, déchiré entre son indéfectible amour pour Tyriana et ses devoirs de porteur d’un nom- et, en l’occurrence, d’une couleur des yeux. Le pire était lorsqu’il sentait que Tyriana construisait de pareils raisonnements, le regardant à travers ses yeux mi-clos et murmurant dans un faible soupir :

-Mon pauvre ami… je vous suis un bien lourd fardeau.

Modifié par Poupi
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Flop ? Ma, qué flop ? Y avait des commentaires, c'était loin d'être inintéressant, il fallait continuer.

Bon, sinon c'est un début qui me laisse un peu perplexe. D'abord, on a deux scènes très différentes sans rapport. Revenons rapidement sur la première : les halflings sont loin d'être des athées convaincus, ils ont leurs divinités et vénèrent aussi Sigmar ; précisons que l'athéisme, courant à notre époque, me paraît plus difficilement envisageable dans le monde de Warhammer, d'autant plus que la magie donne une consistance aux Dieux. Bref. La scène d'introduction n'introduit... rien. Enfin si, dans les (très) grandes largeurs deux personnages qui n'ont rien à voir avec ce qui suit.

Le passage sur l'elfe est tout aussi frustrant. La moindre des choses, quand tu nous livres un passage, c'est de faire autre chose que de la description. Là, on a un portrait rapide d'un elfe qu'on imagine protagoniste important — étant donné que tout s'y prêtre : issu d'une famille glorieuse, dans une situation propice au tragique...

Je ne vais pas revenir sur l'orthographe car celle-ci me semble se passer de critique. Ceci dit, il y a de très nombreuses répétitions. Au début du passage sur le navire "bois blanc" revient deux fois, il y a "à travers" et "traverser" dans la même phrase. Et la métaphore du "cervidé bondissant au-dessus d'un fossé" est relativement inefficace dans la mesure où le terme "cervidé", plutôt scientifique, évoque tout sauf la grâce que l'on rattache au cerf, à la biche, au daim ou que sais-je. Nommer la bête me semble indispensable.

Revenons au fond : on voit se dessiner dans ton texte ce que tu amorces comme explication avant de nous livrer ton passage. Je m'explique. Ton héros a un attribut particulier (sans quoi il ne serait pas un "bon héros") mais celui-ci n'est pas "bourrin", à savoir ses yeux qui seraient très beau. C'est bien mais on ne devient pas "illustre" pour ça. "Réputé" au mieux, "connu" éventuellement. D'autant que tu ne cites aucun autre évènement que le fait d'avoir rejoint tôt le camp d'Aenarion. Du coup, ça colle assez difficilement.

D'autre part, tu verses à mon sens un peu trop dans le pathos concernant la description de ladite malheureuse femme. D'autant que pour le coup, ça fait vraiment cliché de la "pauvre princesse malade". Par contre, le héros bouillant de rage de ne pouvoir affronter le mal à l'épée, exemples et métaphores à la clé, est plutôt bien vu.

Je critique, je critique mais l'extrait est loin d'être mauvais. C'est — comme d'habitude — bien écrit, fluide et compagnie. Maintenant, il va falloir nous présenter un peu plus de contenu pour qu'un avis constructif puisse t'être livré. :rolleyes:

Cordialement,

Ignit.

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Après un genre de flop avec ma "nouvelle de l'été"

Ca l'a pas été plus que tout autre texte ! C'est juste que pas grand monde répond en temps normal alors l'été c'est pire !

Pour l'histoire, je répète ce que j'ai dit sur l'autre texte : y a quand même eu une marge de progression depuis ton premier texte. J'espère que tu t'en rends compte :) Là on a donc deux passages distincts qui n'ont pour l'instant pas grand chose à voir l'un avec l'autre. C'est fluide et bien écrit mais attention à parfois de pas en faire trop. Par exemple, pour les premiers paragraphes de description du bateau sur l'eau. Y a trop d'écho, je trouve qu'on a presque l'impression de relire la même chose. Sois prudent !

En tout cas c'est bon !

@+

-= Inxi =-

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Eh bien!

Voici deux posts qui m'encouragent à l'humilité! :D

Je réponds rapidos aux remarques d'Ignit:

halflings sont loin d'être des athées convaincus

Bien sûr; je voulais créer un perso "libertin" et en faire un halfling m'a semblé une bonne idée; mais je ne dis absolument pas qu'il est représentatif de sa race...

La scène d'introduction n'introduit... rien

Là je te trouve un peu rapide :) , attends quand même d'avoir lu quelques paragraphes supplémentaires avant de dire "ouais ce passage là sert à rien on pourrait le supprimer"

La moindre des choses, quand tu nous livres un passage, c'est de faire autre chose que de la description

Compris, je recommencerais plus.

il y a de très nombreuses répétitions
tu verses à mon sens un peu trop dans le pathos

Je vais corriger celles que tu cites et tenter de ne plus en faire par la suite (si tu en voies dans les textes à venir surtout dis le moi). Pour ma défense, je dirais juste qu'il s'agit de mes premières descriptions "lyriques" et donc j'ai peut-être quelques maladresses.

C'est bien mais on ne devient pas "illustre" pour ça

Je n'ai peut-être pas été clair. Les Ethar ne sont pas célèbres parce que leurs yeux sont célèbres, non, mais leurs yeux sont célèbres parce que la famille est célèbre.

Exemple à la c**: Napoléon n'est pas célèbre à cause de son bicorne, mais son bicorne est célèbre à cause de lui.

C'est ce que je voulais dire: la famille s'est illustrée à plusieurs occasions, donc avoir l'iris des Ethar, c'est prouver qu'on a des ancêtres illustres et "ça a la classe" (navré pour cette expresison kikoolol)

l'extrait est loin d'être mauvais

Ouf! :P

Bien, voici la suite, où ignit aura le bonheur de ne pas lire que des descriptions. C'est également la première scène "sentimentale" que j'écris, alors surtout critiquez-la s'il le faut, dites moi si ça fait "mièvre" ou "olé olé":

En ce moment, le noble haut elfe remerciait silencieusement le Roi Phénix de l’avoir accablé d’une lourde tâche, qui occuperait son esprit loin du chevet de sa femme ou du tombeau familial. Finubar avait sans doute agi consciemment, car nul n’ignorait les terribles dilemmes d’Arion à la cour du Roi, et plusieurs conseillers éprouvant de la sympathie pour l’héritier de l’iris des Ethar avaient sans doute conseiller au Roi Phénix de lui confier une mission importante, à la hauteur de sa valeur- car Arion était un elfe travailleur et intelligent, digne héritier de ses ancêtres-, qui puisse le sortir de l’oisiveté dans laquelle bien des nobles étaient plongés, et qui dans le cas d’Arion Ethar devenait morbide.

C’était ainsi que le porteur de l’iris s’était vu nommé ambassadeur du Trône du Phénix à Altdorf, dans les terres humaines. Arion avait accepté la charge avec la déférence et l’humilité qu’on lui connaissait, préparant sa femmes et ses serviteurs pour l’accompagner à bord du navire familial. Il avait d’abord voulu éviter d’emporter Tyriana avec lui, de crainte que la traversée ne la plonge dans une de ses crises où elle délirait en grelottant, mais son épouse avait insisté pour venir, et Arion savait que ce n’était pas par simple devoir conjugal : sa présence apaisait souvent son épouse au milieu de ses malaises, et il comprenait non sans un certain orgueil teinté de tristesse que Tyriana ne veuille se passer de lui durant un si long intervalle de temps.

D’ailleurs, la traversée c’était plutôt bien passée, Tyriana parvenant même à se balader sur le pont plusieurs fois par jour, s’armant de courage pour se délester des couvertures qui la maintenaient au lit et s’en aller enlacer son époux au milieu des vagues. Elle semblait cultiver une sorte de joie secrète, comme si elle était en train de découvrir quelque chose qui l’emplissait de bonheur, sans oser le révéler à son entourage. Arion ne comprenait pas d’où lui venait cette bonne humeur, mais voir le rose se remparer, ne serait-ce que partiellement, des joues minces de Tyriana le réjouissait suffisamment pour qu’il loue ce mystérieux motif de félicité.

Tandis qu’Arion Ethar méditait ainsi auprès de la proue, un délicat bruit de pas parvint à son oreille. Le son était largement inférieur à celui des vagues aux alentours, mais les sens de l’elfe lui permirent de le reconnaitre entre mille : il se retourna pour accueillir sa femme, qui marchait timidement, dans une belle robe carmine, jusqu’à son époux. Elle avait fait l’effort de nouer ses cheveux bruns en une natte qui reposait mollement sur son épaule, et ses yeux bleu clair luisaient avec la malice qui était leur lorsque Tyriana avait quelque chose à raconter à son mari.

Ce dernier l’accueillit doucement, écartant juste les bras pour qu’elle puisse s’y lover et l’embrasser. Il aimait ces instants fugaces où il sentait le corps de Tyriana s’offrant à son mâle désir, ses petits seins semblant comme vouloir transpercer le tissu qui les séparait des mains de son époux. Se retirant délicatement des lèvres de Tyriana, Arion demanda :

-L’air marin vous sied bien, n’est-ce pas ?

L’elfe rougit en lâchant un bref gloussement. Il était vrai que sa santé précaire ne facilitait pas l’accomplissement de ses devoirs conjugaux, et elle et Arion ne s’unissaient que rarement- même si les étreintes étaient alors d’une douceur passionnée, l’héritier des Ethar semblant traiter le pauvre corps de son épouse avec la prudence qui sied à une précieuse céramique, tandis que Tyriana cherchait à s’offrir pleinement à son homme, à le laisser exercer la domination masculine qu’il devait sans cesse refréner par crainte de la briser.

Bref, cette attitude câline était un nouveau symptôme de la gaieté récente de Tyriana. L’elfe posa son menton sur l’épaule de son mari, lui caressant doucement le lobe de sa joue, avant de murmurer très lentement :

-Je suis enceinte.

Arion se dégagea si brusquement qu’il craignit un instant de l’avoir froissée. Mais elle était là, souriante, savourant la surprise qu’elle avait faite à son époux.

-Mais… balbutiait ce dernier. Mais vous…

-Eh bien, coupa doucement Tyriana avec une ironie gentille, je pense qu’étant considérés tous les maux que les dieux m’ont déjà affligés, il eût été grandement injuste que je souffrisse également de stérilité.

Puis, repassant ses bras autour du coup d’Arion, elle ajouta mélodieusement :

-N’est-ce pas merveilleux ? Vous ne serez pas le dernier à porter ces beaux yeux.

L’Ethar demeura un instant interdit, comprenant que son épouse se réjouissait en fait davantage pour lui que pour elle. Puis il susurra :

-Depuis quand le savez…

-Le lendemain de notre départ de Lothern, répondit doucement Tyriana en plaquant sa frêle tête sur le poitrail vigoureux de son époux, ce dernier ne parvenant pas à achever sa question.

-Il fait absolument que vous y retourniez, s’exclama aussitôt Arion. Ces humains n’ont aucun raffinement… Ils vous logeront dans des conditions indignes de votre grossesse, ils n’auront aucune science en la matière…

Un rire délicat s’échappa de la gorge de son épouse.

-Que j’aime vous entendre dire les sottises ordinaires qu’un mari lance à une épouse ordinaire ! gloussa-t-elle. N’ayez de crainte, je trouverais bien des humaines qui en sauront probablement plus que vous sur « la matière »… Et puis, mes servantes m’ont accompagnée et pourront m’assister. D’ailleurs, ajouta-t-elle en prenant un ton plus attendrissant, je ne saurais me passer de votre présence ; accoucher loin de vous ne pourrait que conduire à une fausse couche.

Lorsqu’elle mélangeait ainsi flatterie et manipulation, Arion se sentait partagé entre le désir de l’étreindre et celle de la sermonner. Il optait généralement pour un juste milieu en la pinçant doucement à la taille, tout en baisant légèrement ses cheveux.

-Eh bien, murmura-t-il en relevant le menton et en contemplant le ciel, il ne me reste plus qu’à me réjouir et à attendre.

-L’attente sera longue et sans doute un peu pénible, mais d’ici deux semaines, vous pourrez gambader dans les rues comme une catin dans des draps, assura le docteur Chirandoux à son patient.

Puis, avisant le regard de ce dernier, il comprit que le brave homme, qui portait un petit talisman en forme de marteau en pendentif, n’avait guère apprécié la métaphore.

-Expression du Moot, expliqua rapidemment le halfling en le faisant se relever. Ce que je veux dire, c’est que vos crises de toux cesseront bientôt.

L’humain régla rapidement sa consultation et sortit du cabinet, tandis que Chirandoux passait la tête dans la salle d’attente en demandant d’une voix enjouée :

-C’est à qui ?

Il s’aperçut alors que la pièce était entièrement vide, à l’exception de quatre personnages qui portaient l’uniforme du guet de la cité.

-Docteur Chirandoux ? demanda l’un des gardes.

-Vous faites erreur, assura le médecin en refermant la porte de la salle d’attente.

Les soldats la rouvrir aussitôt à la volée.

-Humour du Moot, murmura Chirandoux en les regardant d’un air malicieux. Que me voulez-vous ?

-Nos avons ordre de vous emmener au palais de justice, expliqua le chef du groupe qui, de toute évidence, n’avait pas goûté à la plaisanterie.

-Le palais de justice ? répéta le halfling d’un air effaré. Vous voudriez emmener une brave gens comme moi dans un tel lieu de perdition ? Mais le respectable médecin que je suis y côtoierait toute la lie de la société : juges, avoués, notaires…

-Garde ton humour, demi-portion, grommela un des gardes en empoignant le petit homme, et viens avec nous.

Chirandoux n’était pas de taille à résister, et il fut emmené par les soldats au travers des rues de Middenheim, ce qui ne l’empêcha pas de lancer quelques remarques insolentes telles que :

-Tout de même, m’emmener voir un homme de loi… je ne saurais m’y prendre avec lui ! Emmenez-moi donc chez une honnête catin, et vous pourrez me contempler dans toute ma gloire…

Finalement, le halfling fut conduit devant un juge à l’aspect vénérable- même si Chirandoux préféra le nommer « grabataire » en entrant dans la petite pièce du palais de justice- qui ignora ses sarcasmes et sortit plusieurs feuilles devant lui. Le médecin était toujours encadré des soldats.

-Vous êtes bien Gustave Chirandoux ? demanda le juge sans même lever la tête de ses feuilles.

-Vous faites er… commença le halfling.

Mais il reçut un cout de gourdin dans l’estomac avant d’avoir pu achever sa plaisanterie, et l’excellent médecin qu’il était jugea préférable pour sa santé d’oublier son humour pour le reste de la conversation.

-Gustave Flavien Hercule Collineux de Nuhan Chirandoux, c’est bien moi, confirma-t-il en se massant le ventre.

-Vous êtes accusé de vol et de sacrilège, expliqua le juge en soulevant un nouveau document. D’avoir dérobé un antique calice dans le Grand Temple d’Ulric.

-Ah ! ce calice ! dit aussitôt Chirandoux en écarquillant les yeux. Oui, je vois de quoi vous voulez parler.

Le juge releva enfin la tête, surpris d’avoir des aveux aussi rapides.

-Je regrette, poursuivi le médecin, mais nous autres halflings avons un proverbe quant à nos larcins : jamais deux fois le même objet. S’il s’agit d’un vol récent, je ne suis donc pas votre coupable…

Cette plaisanterie- une manière malicieuse de nier un vol commis dans le Moot- lui valu un nouveau coup dans l’estomac.

-De nombreux éléments plaident contre vous, assura le juge. Vous avez un cabinet des plus luxueux, pour un médecin sans notoriété tel que vous. Et puis, vous n’avez jamais montré de respect pour les choses saintes…

-Le tabac, l’ale et la bagatelle ? demanda le halfling d’un air faussement naïf.

Cette fois-ci, il parvint à esquiver le coup qu’on lui destinait.

-Arrêtez vos sottises, reprit-t-il d’un air plus sérieux. Je vois très bien comment vous avez mené votre enquête : vous avez recherché le halfling le plus proche et vous lui avez tout mis sur le dos. Et ensuite, coupable jusqu’à ce qu’on ait prouvé son innocence, voilà votre devise.

-La justice se passera de vos opinions, coupa l’homme de loi. Où étiez-vous le 12 Sigmarzeit dernier ?

-Oh là, je n’ai jamais appris quelque chose d’aussi compliqué qu’un calendrier, glapit le halfling en se massant la tête. Je suis revenu de Kislev il y a trois jours, j’ai passé le dernier mois sur les routes…

-Quelqu’un à Middenheim pourrait-il le prouver ? interrogea le vénérable.

Devant le silence du médecin, il ajouta :

-Voilà qui n’est guère impressionnant. Et le luxe de votre cabinet, provient-t-il d’argent propre ?

-Bien sûr ! s’écria Chirandoux. Un héritage. Celui du beau-frère de mon grand oncle Phinéus, Hercule de Nuhan.

-Phinéus de Nuhan, commença à noter le juge.

-Non ! coupa aussitôt le halfling, parlant à une vitesse effarante. Le beau-frère de mon grand-oncle Phinéus se nomme Hercule de Nuhan. Grand-tonton, lui, s’appelle Phinéus Adolphe de Tiercelieux. D’ailleurs, il ne m’aurait jamais rien offert, depuis qu’il s’est brouillée avec la branche Collineux de la famille- c’est du côté de mon cousin germain, Arthur Collineux, avec qui j’ai des liens fraternels par alliance.

-Je vous demande pardon ? s’enquit l’homme de loi en relevant la tête et en fronçant les sourcils.

-Voilà qui est typique des grands gens ! s’exclama Chirandoux. Vous apprenez par cœur quelque chose d’aussi compliqué qu’un calendrier, mais vous êtes incapable de comprendre les notions les plus élémentaires de généalogie. Comment fichtre votre cervelle est-elle agencée ?

Cette dernière phrase acheva la patience du juge.

-Mettez-moi ça au trou, grommela-t-il. On s’occupera de lui la semaine prochaine… ou dans trois mois. De toute façon sa culpabilité ne fait aucun doute.

Modifié par Poupi
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  • 4 semaines après...

Pas mal cette suite !

Désolé pour le retard mais tout viens à point qui sait attendre ! Bon le passage avec l'elfe me fait craindre le pire pour sa femme, faible comme elle est, je suis sur qu'elle va mourir ! Enfin obligé il va y avoir un problème !!! Le hafling est plutôt marrant, j'aime bien son insolence ! JE comprends pas trop ce qui lui arrive et ce que ça va lui apporter mais j'aimerais pas être à sa place !

Suite !

@+

-= Inxi =-

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Merci de ce commentaire succin mais encourageant :shifty:

Suite:

Chapitre 2

L’Héritière

L’arrivée de l’Iris des Ethar à Altdorf fut célébrée dignement. La délégation d’Ulthuan était attendue par un grand cortège de dignitaire, dont l’Empereur en personne, encadré des chevaliers de la Reiksguard. Le Grand Théogoniste et le Patriarche Suprême des Collèges de Magie avaient également fait le déplacement ; Ulthuan était un allié commercial et militaire que l’Empire se devait d’honorer. Tout ce monde était évidement venu en grande pompe, et les armures des différentes escortes étaient si polies qu’alignées de la sorte, elles reflétaient le soleil avec tant de force qu’un humain aurait eu du mal à les fixer plus d’une minute ou deux- mais les yeux des elfes étaient bien plus résistants aux variations de luminosité.

L’orgueil légendaire des hauts elfes ne leur permettait pas de laisser l’emphase des humains l’emporter sur la leur lorsqu’il s’agissait de protocole diplomatique ; aussi, lorsque le navire fut amarré, des rangs de lanciers disciplinés, mêlant les soldats au service de la famille des Ethar et les unités que le nouvel Ambassadeur avait reçues du Roi Phénix, se postèrent sur la passerelle qui menait au quai, les lances brandies vers le ciel, avant que l’Ambassadeur, son épouse et les principaux dignitaires qui les accompagnaient ne surgissent sur leurs magnifiques coursiers elfiques, dont les caparaçons brillaient d’un éclat qu’aucune fabrication humaine ne pourrait égaler, et ne descendent lentement la passerelle, avec toute la morgue dont un elfe est capable lorsqu’il lui plaît de prendre un air dédaigneux.

Le petit groupe de cavaliers s’installa en ligne, face au cortège d’impériaux, tandis que les lanciers se reformaient pour former une garde d’une cinquantaine de membres, alignée par rangées de dix, juste derrière les dignitaires. Puis un noblaillon qui assistait Arion Ethar s’avança jusqu’à l’Empereur, dont le destrier, sorti tout droit des plus belles écuries de l’Empire, semblait comme poussiéreux à côté des montures elfiques, et lui remit les documents qui présentaient Arian Ethar comme le nouvel Ambassadeur du Roi Phénix à Altdorf.

D’un point de vue diplomatique, ce procédé était un petit outrage, trop moindre pour être un motif de contentieux entre les deux nations, mais suffisamment notable pour satisfaire l’ego des hauts elfes : en effet, en cet instant, Arion était le représentant vivant d’Ulthuan, tandis que l’Empereur incarnait sa nation. Pour que les deux empires soient véritablement traités d’égal à égal, Arion aurait donc dû remettre en personne les documents au souverain humain ; confier cette tâche à un léger subalterne revenait à placer l’Empereur légèrement en dessous de l’Ambassadeur.

Le monarque était suffisamment sage pour ne pas relever la mesquinerie et se contenta de lire la version des documents écrite en reikspiel, laissant au Patriarche Suprême le soin de déchiffrer celle qui était rédigée en eltharin. Puis, relevant la tête, il déclama à l’elfe qui lui faisait face :

-Dites au Prince Ethar que je suis on ne peut plus heureux de le recevoir, et que s’il daigne m’accompagner, je lui montrerais l’hôtel qui sera sa résidence lors de son séjour en nos murs.

Cette simple phrase fut accueillie avec un grand contentement intérieur par la délégation d’Ulthuan, non pas tant à cause du fond qu’à cause de la forme. En effet, l’Empereur ne s’était pas adressé directement à l’Ambassadeur, mais à son subalterne montrant qu’il avait remarqué l’outrage effectué par les Asurs et qu’il l’approuvait, qu’il acceptait de s’adresser à un sous-fifre et non au représentant légitime d’Ulthuan. Les hauts elfes n’avaient pas débarqué depuis un quart d’heure que déjà leur île natale se voyait ainsi flagornée par l’Empire ; leur mission diplomatique commençait on ne pouvait mieux, et l’Ambassadeur d’Ulthuan autorisa un petit sourire satisfait à traverser son visage, que sa fonction lui recommandait pourtant de garder impassible.

Quelques heures plus tard, les diplomates avaient achevé de visiter le petit manoir qu’ils occuperaient, un vaste domaine situé non loin du Palais impérial ; plusieurs baraquements situés dans le vaste parc de la résidence permettraient par ailleurs de loger la garde des dignitaires. Arian et Tyriana, en tant qu’Ambassadeurs et premiers membres de la délégation, occuperaient le premier étage du manoir, c'est-à-dire le plus accessible ; en aparté, l’Ambassadeur avait avoué à sa femme que cela le tranquillisait, dans la mesure où il ne souhaitait pas voir son épouse escalader de hauts escaliers dans son état de grossesse.

Tandis que les roturiers elfes se chargeaient d’installer les affaires de leurs seigneurs, la délégation d’Asurs fut invitée à une première entrevue au Palais impérial, afin que l’Empereur puisse connaître les fonctions de chacun et que les deux nations s’échangent les traditionnels vœux de prospérité mutuelle, mais également pour définir les principaux objets de discussion des mois à venir les positions respectives des deux puissances à leurs sujets. L’Empereur se montra courtois et flatteur, et en dehors de son incapacité à prononcer convenablement les noms elfes, les Asurs ne trouvèrent que peu à redire à son attitude.

Ils se présentèrent donc avec enthousiasme : outre Arian Ethar, l’Ambassadeur à proprement parler, la délégation comportait Aramil, le noblaillon qui s’était déjà adressé à l’Empereur, sur le quai, et qui était l’assistant personnel d’Arian ; l’Amiral Portharion, conseiller militaire de l’Ambassadeur ; le Prince Athariel, que les différentes Maisons Marchandes de Lothern avaient désigné pour être leur représentant mutuel ; et enfin Laestriana, érudite venue du Royaume de Saphery, chargée de conseiller l’Ambassadeur dans les questions liées à la pratique des arcanes.

Lorsque les différentes formules d’amabilité eurent été échangées, l’Empereur et ses conseillers entrèrent dans le vif du sujet, exposant les différents sujets sur lesquels ils attendaient le truchement des diplomates : la surveillance des navires norses dans la Mer des Griffes et la Mer du Chaos ; l’établissement d’itinéraires commerciaux entre Ulthuan et l’Empire émancipés de l’hégémonie de Marienburg ; la conservation de l’équilibre actuel des forces politiques dans le Vieux Monde, la Bretonnie ayant récemment tendance à montrer des dents ; et enfin l’échange culturel et intellectuel, notamment le partage des connaissances entre les différentes institutions de sorcellerie- à ce sujet, Laestriana fit remarquer que les Mages de Hoeth seraient ravis de partager leurs connaissances si seulement les Collèges de Magie avaient quoi que ce soit à leur apprendre en retour.

Cet exposé terminé, Arion Ethar remercia l’Empereur et lui assura qu’il pourrait toujours compter sur son soutient à la cour du Roi Phénix. Puis les Asurs se retirèrent avec leur escorte et retournèrent en la demeure qu’on leur avait allouée, conversant rapidemment en chemin de leurs premières impressions. Cependant, lorsque les diplomates parvinrent au manoir, ils avaient fait à peine quelques pas dans le hall d’entrée qu’une jeune suivante accourut vers Arion en l’appelant :

-Prince ! Prince !

Parvenant à la hauteur de l’Ambassadeur, elle murmura d’une voix épouvantée :

-C’est madame votre épouse, Prince… ses fièvres l’ont reprise.

Arian s’écarta aussitôt du reste des diplomates pour se précipiter à l’étage où sa femme logeait. Il trouva Tyriana allongée dans le lit qu’on leur avait alloué, emmitouflée dans ses couvertures, gémissant sous l’effet du mal-être et du délire. Son époux s’approcha jusqu’à son chevet, et passa une main hésitante dans ses cheveux défaits : la belle elfe était toute chaude et suait. Le contact de son homme sembla cependant lui faire quitter son délire ; tournant doucement sa pâle figure, elle lue l’embarras et le désarrois dans les si beaux yeux de l’Ethar et prononça faiblement :

-Mon pauvre ami…

-Vous allez repartir, assura aussitôt Arion. L’air pestilentiel des humains ne saurait vous laisser assumer votre grossesse. Je vais donner des ordres pour que l’Iris se prépare et…

-Je vous en supplie ! coupa Tyriana en agrippant le poignet de son époux. M’éloigner de vous serait fatal.

Le Prince Ethar regarda longuement son aimée, puis poussa un long soupir. Il se pencha et embrassa le front brûlant de Tyriana.

-Je vous ferais quérir les meilleurs médecins, assura-t-il. Et je parlerais de vous à Laestriana.

Un sourire fugace traversa le visage de son épouse, qui ferma ensuite doucement les yeux et fuit dans le sommeil les dures réalités de ce monde.

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Aie aie aie !

Ca commence à chauffer ! Petite surprise avec les relations humains où on s'attend pas franchement à cette histoire de rivalité mais pourquoi pas... Avec le titre du chapitre, on s'attend à ce que l'enfant soit une fille ! Voyons où nous menerons ces sinueux chemins !

@+

-= Inxi =-

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Merci à Inxi de m'offrir des coms :(

Juste, si tu pouvais te montrer un peu plus "critique", en me montrant des exemples de trucs biens ou mauvais, je t'en saurais fort reconnaissant <_<

Suite:

Middenheim. Hiver 2471 du Calendrier Impérial.

La porte de l’infâme geôle dans laquelle moisissait Gustave Flavien Hercule Collineux de Nuhan Chirandoux depuis quelques mois s’ouvrit en grinçant sur ses gonds. Le halfling leva la tête de ses guenilles, qu’il portait sur lui depuis plusieurs semaines. Le petit médecin était triste à voir : son air bonhomme et ses joues rondes l’avaient quitté, pour laisser place à un air sombre et une mine de chien battu. En effet, les conditions hygiéniques déplorables avaient considérablement affaibli le médecin, tandis que l’infâme nourriture du cachot avait anéanti le jovial halfling.

Mais en voyant la grande silhouette qui pénétrait dans la cellule, Chirandoux sentit un air d’espoir lui regonfla le cœur : son visiteur était Heinrich von Plaften, le noble qu’il avait soigné quelques temps avant son arrestation.

-Mon pauvre ami ! s’écria le baron en se précipitant vers le petit médecin.

-Von Plaften, murmura faiblement le halfling. Qu’est-ce qui vous amène à Middenheim ?

-Mais, vous, s’écria l’humain, qu’alliez-vous imaginer ? J’ai appris votre arrestation il y a une semaine, et je me suis précipité ici pour attester que le jour du larcin dont on vous accuse, vous m’avez soigné en mon château !

Un air malicieux passa dans les yeux de Chirandoux :

-Vous êtes bien brave, commenta-t-il, mais dites-moi franchement quelle est la coïncidence qui vous amène dans cette ville pour me sauver.

-Puisque je vous assure que je ne suis venu qu’à votre égard ! s’agaça Heinrich. Douteriez-vous de ma parole ?

-Nous autres halflings nous fions moins aux paroles qu’aux actes, répliqua Chirandoux. Mais passons. Vous dîtes que je suis innocenté ?

-Et comment ! assura l’humain. Le geôlier est juste parti chercher les clés qui permettront d’ôter vos chaînes.

Un sourire satisfait s’installa sur le visage du halfling, qui attendit tranquillement qu’on vienne le délivrer, suite à quoi le baron le raccompagna chez lui. Comme on pouvait s’y attendre, le cabinet avait été vandalisé par des voyous quelconques qui avaient sûrement entendu que le propriétaire de la riche maison était enfermé là d’où il ne pourrait pas protester. Heinrich suggéra un moment de retrouver les coupables, mais le médecin savait bien que toute recherche se révèlerait infructueuse.

-Sachez que vous serez toujours le bienvenu en ma demeure, assura néanmoins le baron. Je vais devoir la quitter, car un cousin m’a obtenu une place à la cour impériale, à Altdorf, mais…

-Attendez un instant, le coupa Chirandoux. Vous voulez dire que pour vous occuper d’un halfling, non seulement vous avez chevauché durant une semaine, mais en plus, vous avez fait un détour sur un chemin important pour votre carrière politique ?

Comme l’autre se contentait de hocher la tête, il ajouta :

-Mon instinct de halfling me susurre que vous êtes un grand gens des plus particulier, baron.

Puis, avec un petit sourire.

-Et mon instinct de médecin m’assure que vous seriez un spécimen très intéressant à étudier. Je crois que je vais vous accompagner à Altdorf.

Altdorf.

La porte de la chambre de Tyriana s’ouvrit devant Laestriana. Le visage de la magicienne arborait une expression de profonde tristesse qu’Arion sut tout de suite interpréter.

-Non ! s’écria-t-il.

Il se leva brutalement, renversant la chaise qu’on avait installée pour lui dans le couloir, et se précipita vers l’embrasure de la porte. Laestriana se contenta de s’écarter pour le laisser passer, quelques larmes perlant de son regard d’habitude si froid. L’Ambassadeur pénétra dans la pièce et le changement brutal de température le frappa aussitôt : un grand feu avait été installé dans la cheminée. Autour du lit conjugal, plusieurs suivantes se tenaient silencieuses, certaines laissant échapper quelques larmes.

Il y avait aussi un médecin humain, qui regardait le Prince elfe avec une expression navrée. Lorsqu’Arion s’avança, le docteur lui posa une main sur l’épaule :

-Ecoutez, expliqua-t-il en reikspiel, je comprends votre douleur, mais tâchez donc de vous focaliser sur…

-Lâche-moi, vermine de puîné ! coupa brutalement l’Ambassadeur en eltharin.

L’humain ne comprit pas les mots, mais il comprit le ton. Il baissa la tête avec servilité et se retira lentement de la pièce, tandis qu’Arion Ethar avançait vers le lit. Tyriana gisait en face de lui, les yeux clos, la pâleur s’étant définitivement emparée d’elle. Les larmes ruisselant silencieusement sur son visage, l’héritier des Ethar se pencha sur le corps de sa femme et lui baisa longuement le front. Puis il recula et, les mains tremblantes, il tâcha de replacer la tête de sa bien-aimée dans une posture digne de son rang et de donner une apparence convenable à sa chevelure ébouriffée.

-Sa dernière pensée a été pour vous, assura une suivante. Elle a murmuré votre nom dans son dernier soupir.

-Merci, répondit simplement Arion.

Puis, naturellement :

-A-t-elle beaucoup souffert ?

-Les derniers efforts étaient au-dessus de ses capacités, expliqua la même suivante. Elle a sacrifié sa vie pour y parvenir. Mais avant de nous quitter, elle a sentit la vie qui jaillissait de son corps. Je suis sûre que sa dernière sensation a été une sensation de bonheur.

-Comment va l’enfant ? interrogea aussitôt l’Ambassadeur, se maudissant de n’avoir posé la question plus tôt.

-Vous êtes père d’une petite fille, répondit une autre suivante en montrant le petit corps rose qu’elle tenait dans un linge. Elle se porte très bien.

L’être entier pris d’une soudaine émotion, Arion prit le linge avec une grande maladresse, et regarda l’être étrange qui semblait somnoler, les yeux mi-clos. Mais cette toute jeune elfe n’avait pas besoin de grand ouvrir les paupières pour que son père reconnaisse l’iris qu’elles dissimulaient. L’enfant avait hérité des yeux des Ethar. En voyant cela, Arion sentit son cœur se serrer davantage encore, ému par l’ultime effort de Tyriana, qui jusqu’au seuil de la mort s’était efforcé d’offrir à son époux la descendance qu’il désirait tant. Levant l’enfant au-dessus de lui, il déclara avec une solennité émue :

-Tes yeux attestent du sang qui coule dans tes veines. Je te nommerais comme l’épouse du premier des Ethar ; ton nom sera Tirianis.

Un silence dévot suivi ce baptême, puis Arion, sentant que sa nervosité ne lui permettait pas de garder sa fille trop longtemps, la rendit à la suivante. Il se tourna ensuite vers le corps de son épouse et murmura :

-Nous la brûlerons dès demain. Puis j’ordonnerais que tous les elfes de la ville suivent un deuil de trente jours. Lorsque je serais de retour en Ulthuan, je disperserais ses cendres sur ma terre natale. J’entends que son nom reste toujours associé au mien et à celui des Ethar, qu’on se souvienne d’elle comme de la plus parfaite des épouses.

Puis il déposa un dernier baiser sur le front de sa bien-aimée.

La cérémonie eut lieu en fin d’après-midi. L’ensemble de la délégation asur était présente, y compris la garde prétorienne des diplomates, dont les membres avaient revêtu leurs armures d’apparat. L’Empereur avait voulu montrer sa sympathie en envoyant un de ses conseillers, mais l’humain avait rapidemment compris qu’il n’était pas le bienvenu, et s’était retiré après avoir assuré les condoléances de l’Empire à l’Ambassadeur. Les serviteurs avaient dressé dans le parc du manoir un gigantesque bucher funéraire, horizontal, sur lequel était allongé le corps de Tyriana, et autour duquel tous les elfes étaient à présent réunis.

Les musiciens du régiment de garde commencèrent par sonner un air de trompette, celui que les hauts elfes utilisaient au combat pour signaler la perte du général. Puis Arion Ethar s’avança au milieu de la petite foule, auprès du bûcher. En cet instant, toute la fierté de son auguste lignée était condensée en sa personne, son visage incarnant la noblesse même, son regard luisant du célèbre iris de ses yeux. Gravement, le Prince prit la parole :

-La femme qui me quitte aujourd’hui vaut toutes les elfes d’Ulthuan réunies, proclama-t-il. Le sang qui coulait en ses veines était plus pur encore que le mien, et il lui procurait une vigueur des plus incroyables, car en dépit des maux dont les dieux l’accablèrent, elle parvint à tenir jusqu’au bout ses devoirs d’elfe et d’épouse, même jusqu’au seuil de la mort. Elle était dans son ménage comme un brave sur le champ de bataille, refusant de reculer, dévouée à sa cause et non à elle-même. C’est pourquoi, je le jure devant Asuryan, son nom sera à tout jamais associé à celui de ma lignée, et je demande au père des dieux de châtier tout barde qui aura l’audace de chanter ma maisonnée sans citer Tyriana Ethar, la femme la plus forte et la plus accablée de tout Ulthuan.

L’Ambassadeur recula de quelques pas pour signaler que son discours était terminé. Les anciennes suivantes de son épouse s’avancèrent alors et tournèrent sept fois autour du bûcher en répandant des fleurs sur la gisante. L’une d’entre elles tenait la petite Tirianis dans ses bras. Lorsqu’elles eurent fini leur ronde, un soldat s’avança, tenant une jarre d’huile à deux mains, et entreprit de répandre le précieux liquide sur le corps de sa défunte maîtresse. Ensuite seulement, une torche enflammée fut remise à Arion, qui s’approcha lentement du bûcher et, contenant ses larmes avec un stoïcisme digne des plus célèbres héros, apposa flamme contre une bûche, qui s’embrasa aussitôt.

Le feu se répandit au travers du bûcher en quelques instants, projetant une fumée grise dans le ciel, tandis que tous les elfes assemblés regardaient Tyriana se consumer. Durant cette lente ignition, un parfait silence régna, et chacun eut une illusion d’éternité ; les minutes qui passaient auraient pu être des secondes comme des millénaires, chacun se sentait déconnecté de la réalité, l’esprit vide de toute pensée réfléchie, la conscience uniquement focalisée sur le scintillement des flammes, les crépitements du bûcher, le mélange étrange entre la chaleur qui se dégageait du monument funéraire et le froid de la soirée hivernale, l’odeur à la fois répugnante et transcendante de la chair brulante.

Lorsque tout fut vraiment fini, le soleil s’était couché. Des serviteurs s’approchèrent pour récupérer les cendres de Tyriana, et Arion préféra s’éloigner de la scène, jugeant plus opportun de contempler les restes de son épouse lorsqu’ils reposeraient dans une urne, l’Ambassadeur entendant bien trouver la plus belle céramique possible pour accueillir la poussière à laquelle sa femme était retournée. C’est pourquoi il s’approcha d’une suivante, prit la petite Tirianis dans ses bras et retourna à l’intérieur du manoir en fredonnant une berceuse traditionnelle d’Eataine.

Modifié par Poupi
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Pas mal celui-là !

Je veux bien paraître critique mais celui-là, j'ai rien à dire <_< Ca se passe bien tout. Première partie où il manque d'explication je pense de l'humain. Le coup du 'je vois un grand avenir pour vous' me parait un peu léger.

Deuxième partie niquel, ca se passe comme on l'imaginait même si tu n'appuies peut être pas beaucoup le deuil de l'elfe.

Allez suite !

@+

-= Inxi )-

Modifié par Inxi-Huinzi
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Merci de ce com. Le deuil? J'avais pourtant essayé de bien traduire sa tristesse...

Suite:

Chapitre 3

Protocole et linguistique

Altdorf. Printemps 2491 du Calendrier Impérial.

-Le baron Heinrich von Plaften sera mon attaché personnel à votre Ambassade, expliquait l’Empereur à l’Ambassadeur Arion Ethar. C’est un homme loyal et travailleur, qui me sert depuis plusieurs décennies maintenant Il possède une grande expérience politique et sera apte à dialoguer avec vous.

Arion hocha pensivement la tête, comme s’il se réjouissait de la nouvelle, mais en réalité, il craignait que cet humain dans la cinquantaine n’ait obtenu son poste plus à force d’intrigue que par réel mérite. Les manigances politiciennes des impériaux l’agaçaient souvent, mais il ne pouvait prétendre que les cours d’Ulthuan donnaient le bon exemple.

-Je serais ravi de m’entretenir avec le baron von Plaften, assura-t-il néanmoins en reikspiel avec un accent que les années avait rendu parfait. Je propose qu’il soit convié à dîner chez ma fille et moi dès ce soir ; mes gardes viendront les chercher au Palais.

Le baron accepta en inclinant la tête, assurant qu’il était extrêmement flatté de cet honneur et qu’il serait accompagné de son fils et d’un halfling du nom de docteur Chirandoux.

-C’est un, euh, conseiller personnel, expliqua-t-il d’une voix quelque peu hésitante. Un homme- enfin, un halfling- inconnu de la cour car il est peu, euh, protocolaire, mais sa sagacité ma été des plus utiles au cours de ma carrière.

Arion Ethar haussa les sourcils, étonné qu’on puisse qualifié un halfling de « sagace » ; il avait toujours considéré cette race avec plus de dédain encore que les humains. Mais ses vingt ans de diplomatie l’avaient conduit à abandonner plusieurs préjugés sur les héritiers de Sigmar, et le Prince asur songea qu’il lui faudrait peut-être aussi oublier certaines idées reçues sur les habitants du Moot. Il espérait simplement que son argenterie serait au complet à la fin du dîner.

L’Ambassadeur prit congé de l’Empereur et du baron, puis quitta le petit salon du Palais où il se trouvait. Ses gardes le rejoignirent et le reconduisirent au manoir, où Arion avait hâte de retrouver sa fille. Il désirait lui parler de ce dîner, le premier repas protocolaire que la jeune elfe aurait à subir. C’était principalement en songeant à l’éducation de Tirianis qu’Arion avait proposé ce repas, et il espérait vivement qu’elle montrerait l’habilité et la diplomatie de ses ancêtres.

Mais il n’avait que peu d’inquiétudes à ce sujet : Tirianis était incroyablement Ethar, peut-être encore plus que son père. Il était de nombreux enfants dont l’identité de la mère est bien connue, mais pour lesquels il planait quelques doutes quant aux hommes qui les avaient réellement conçus ; Tirianis était un cas tout à fait opposé : elle était d’une vitalité et d’une constitution extraordinaires, si bien qu’on avait bien du mal à discerner la faible Tyriana en elle. En revanche, des Ethar, elle possédait toutes les caractéristiques. Elle n’arborait pas que le célèbre iris, mais également des traits moins célèbres, comme le nez légèrement aquilin, les genoux noueux, la chevelure blonde, les lèvres ciselées...

On aurait dit un condensé de tous les tableaux de famille de la galerie de portraits qu’Arion possédait dans sa propriété en Eataine. Et son âme semblait également la réincarnation simultanée de tous ses illustres ancêtres : entière dans ses décisions, tout en étant capable de réflexion et de mesure, d’une grande affection pour son père et sa race, habile de ses doigts et d’une énergie qui ne demandait qu’à être dépensée ; elle avait d’ailleurs parfois du mal à supporter l’existence cloisonnée dans le manoir qu’on lui avait imposée, et se réjouissait d’accompagner son père en Eataine chaque fois que cela était possible.

Par ailleurs, Tirianis avait montrait une grande affinité avec Ghyran, le Vent de Vie, et Laestriana l’avait prise pour élève lors de sa seizième année. Lorsque l’Ambassadeur pénétra dans le parc, il aperçut sa fille et Laestriana toutes deux assises en tailleur dans l’herbe, probablement en quelque leçon de méditation. Mais le diplomate avait à peine fait quelques pas que Tirianis se leva aussitôt et courut vers lui en s’écriant :

-Père ! Pitié ! Dîtes-moi que vous avez à me confier quelque tâche qui m’éloignera de cette harpie quelques heures.

Laestriana se leva à son tour, l’air furibond. L’élève et l’enseignante possédaient deux caractères dissemblables qui se querellaient de manière régulière ; là où Tirianis était vive et joyeuse, Laestriana était lente et grave ; là où la fille d’Arion Ethar était instinctive et précipitée, la magicienne accomplie était lente et méthodique. En secret, Arion s’amusait souvent de ces chamailleries, mais il savait où était son de voir de père, et décida de punir cette insolence en remettant à quelques heures plus tard sa conversation avec sa fille :

-Ne prononce plus jamais d’insulte à l’encontre de ton professeur, gronda-t-il d’une voix autoritaire. Et retourne à tes leçons.

-Je suis lassé des leçons, rétorqua Paulus à son mentor.

-Vous espérez mentir à un halfling ? demanda Chirandoux avec un sourire malicieux. Ce n’est pas à un vieux nain qu’on apprend à grommeler. Vous adorez étudier l’histoire, l’alchimie et la politique. La vérité, c’est que vous craigniez que vos compagnons de beuverie ne l’apprennent.

Un soupir las s’échappa des lèvres de Paulus von Plaften, faisant se lever quelques mèches de ses cheveux roux.

-Pourquoi avez-vous toujours raison, docteur ? interrogea-t-il. Est-ce parce que vous êtes un scientifique ?

-Nenni, mon garçon, reçut-t-il en réponse. C’est parce que je suis un halfling. Et maintenant, retournons à l’Age des Trois Empereurs, voulez-vous i vous y tenez, quand votre père rentrera, je lui assurerais que vous avez été un élève insupportable, insolent et incapable.

-Et moi, murmura l’élève, je nierais avoir entendu la moindre plaisanterie grivoise lors de votre cours sur la lignée des Franz.

-Eh bien ! s’écria soudain Heinrich von Plaften en entrant dans la salle d’étude où avait lieu cette conversation, comment se déroule le cours.

-Epouvantablement, rugit aussitôt le médecin. Votre fils est un butor, un âne bâté, tant et si bien que j’en viens à douter qu’il soit de vous...

-Docteur Chirandoux, je vous dispense de telles insinuations, grommela le baron. Qu’a à dire mon héritier, légitime jusqu’à ce qu’on ait prouvé le contraire ?

Paulus agita ses cheveux et grommela en fixant le sol.

-C’est si morne. Les halflings ignorent-ils donc les astuces rhétoriques qui rendent un long discours vivant ?

-Sache, gronda Heinrich d’un ton sévère, que tu as probablement le précepteur le moins étroit d’esprit de tout l’Empire. Je n’ose imaginé quelle platitude tu dois montrer pour le navrer de la sorte.

Après une courte pause durant laquelle Paulus s’efforça d’avoir l’air repentant et Chirandoux excédé, le baron ajouta :

-Il faudra pourtant que tu apprennes à te tenir. Je suis convié à diner chez l’Ambassadeur d’Ulthuan ce soir même et j’entends que tu m’accompagnes. Il est grand temps que tu fasses ton entrée dans la société mondaine.

-Attendez-vous à recevoir une déclaration de guerre du Roi Phénix dès demain, murmura le halfling en poursuivant son rôle de professeur exaspéré.

-Je désire bien me mettre à l’abri des dérapages de mon fils, assura Heinrich. C’est pourquoi je vous prends avec moi, Gustave.

Le médecin leva la tête d’un air effaré.

-Moi ? répéta-t-il. Avec des elfes ? Mais voyons, Heinrich, vous me connaissez ! Pensez-vous que je sois capable de les fixer plus de quatre minutes sans être pris de fou rire ?

Il se lança alors dans une agréable pantomime d’elfes, adoptant des allures fort maniérées, et même un peu efféminées. Tandis que Paulus pouffait sous cape, son père se rapprocha du précepteur, et lui posa une main sur sa petite épaule en murmurant :

-Je connais bien vos défauts, vieil ami. Mais je sais qu’en vingt ans, vous avez grandement appris à vous contenir. Et nous ne serons pas trop de deux pour surveiller mon rejeton. Toutefois, abstenez-vous de questions comme celle que vous avez posée au Comte d’Averland, il y a deux semaines...

-Puisque je vous assure qu’en dialecte du Moot, expliqua Chirandoux de l’air faussement innocent qu’il savait si bien prendre, « couille » est un mot courant pour dire « enfant ». Je désirais simplement m’informer de l’étendue de sa progéniture...

-C’est ça, grommela Heinrich. Nous partons dans quelques heures ; tâchez de vous préparer.

Dès qu’il fut sorti, Paulus s’empressa d’afficher un sourire triomphant à son professeur.

-Chez des elfes, grommelait celui-ci. Un respectable médecin tel que moi ! Quant à vous, ajouta-t-il à l’adresse de son élève, je m’avoue eu pour ce soir, mais à compter de demain, attendez-vous à être loué comme un élève modèle !

Modifié par Poupi
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Un peit com, en passant, ça n'a jamais tué personne... désolé de ne pas avoir donné signe de vie plus tôt ; je suis un poil débordé ces derniers temps.

Bref, je me rattraperai sans doute pendant la "semaine de révision" :clap:

L'Iris des Ethars... à vue de nez, je dirais qu'on va avoir droit à un genre d'épopée - pas lu tes oeuvres précédentes, alors je me trompe peut-être m'enfin. En tous cas, pour l'instant, ça se développe bien ; j'ai beaucoup apprécié cette longue introduction, et j'ai hâte que tu rentres dans le vif du sujet - ce qui ne devrait guère tarder.

J'ai bien aimé les personnages - à la fois stéréotypés et originaux, tous travaillés et cohérents. On s'attache facilement au docteur, par exemple (j'ai beaucoup aimé ses plaisanteries), mais aussi à Heinrich (un brave type complètement désintéressé, sorte de parangon de la vertu malgré lui). Arion est moins attachant, peut-être parce que c'est un elfe (son côté méprisant est très bien retranscrit, j'aime beaucoup).

Je sais pas encore ce que ça va donner avec les deux rejetons mais si tu t'y prends aussi bien que pour le baron, le halfling ou encore les quelques elfes qu'on a pu croiser, ça ne présage que du bon !

Bon, après, l'histoire a peu avancé. A vrai dire, il n'y a même pas de vrai "méchant" - d'ailleurs, je sais pas ce que t'as prévu, mais je sens du potentiel pour introduire de l'anti-héros. Toujours dans le cadre de l'épopée, j'ai envie de dire : "ça sent la romance à plein nez" ^_^

Mais pour l'instant, pas grand chose à dire...

Pour finir, un petit mot sur le sentimentalisme : ça passe plutôt bien, c'est pas trop charnel pour de l'elfique et assez cependant pour demeurer crédible. En parallèle, j'ai trouvé la scène de l'enterrement beaucoup trop froide - tu me diras c'est le but, mais j'ai pas senti les émotions d'Arion Ethar transparaître au travers de ton écriture. Qu'il ne laisse rien paraître, c'est une chose, mais j'aurai bien aimé que toi, tu nous montres davantage ce qu'il ressent.

Voilà, vivement la suite - et entre nous, j'espère que tu vas réveiller un peu notre ambassadeur :blushing:

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Gloire! Louange! Un deuxième lecteur!!! ^_^:blushing::wub: Dommage qu'Inxi ait saisi ce prétexte pour jouer les abstentionnistes... :lol:

je dirais qu'on va avoir droit à un genre d'épopée

hum... en fait, ce texte a pour but de me désintoxiquer de ma tendance au bourrinisme...

J'ai bien aimé les personnages

En fait, c'est plus ça l'optique de mon récit : une chronique "familiale", qui montre différents personnages (chacun avec son caractère propre) interagir entre eux... et sans tout dévoiler ça finira mal :clap:

l'histoire a peu avancé

Sa va venir, attend encore 1 ou 2 posts pour que l'histoire s'accèlère

ne laisse rien paraître, c'est une chose, mais j'aurai bien aimé que toi, tu nous montres davantage ce qu'il ressent.

Ah, d'accord ! C'est sans doute ce que vouliat dire Inxi. Bon, ben, pour l'instant je ne réecris pas la scène de l'enterement (pas le temps), je m'y mettrais peut être plus tard. Mais à l'avenir, je vais tâcher de toujours présenter une scène du point de vue d'un perso, et pas sur un ton neutre comme pour l'enterrement.

Suite:

Peu après le coucher du soleil, un petit groupe de six lanciers asurs vinrent chercher les trois convives au Palais. Les von Plaften étaient habillés avec le luxe qui convenait à leur rang, tandis que le docteur Chirandoux s’était efforcé d’enfiler as plus belle redingote. En revanche, il avait fermement refusé de mettre quoi que ce soit à ses pieds, arguant que ce serait renier sa race et sa lignée. Heinrich espérait simplement que les elfes ne seraient pas trop gênés en voyant un être dont les membres doigts contenaient plus de pilosité que leurs mentons.

Au manoir, les invités furent conviés à une petite salle à manger, où une table pour six personnes avait été dressée : Arion Ethar avait en effet jugé propice d’inviter également Laestriana pour garder un œil sur sa fille. L’Ambassadeur et le baron firent les présentations, puis tous s’assirent. Arion, en tant que maître de maison, siégeait à une extrémité de la table, Heinrich à sa droite et Tirianis à sa gauche. Laestriana s’arrangea pour être à côté de son élève, tandis que le baron ordonna à son fils de se mettre à côté de lui.

Heinrich ne s’aperçut que trop tard que Chirandoux était assis à l’autre extrémité de la table, juste en face de l’Ambassadeur ; le baron pria silencieusement Sigmar, Ulric et Taal pour que le médecin pense à utiliser ses couverts pour manger. Sans doute une divinité quelconque l’entendit-elle, car lorsque l’entrée fut servie, le halfling commença par tendre deux doigts vers sa salade, puis sembla se rappeler quelque chose et empoigna aussitôt une fourchette.

La conversation démarra en reikspiel, principalement par des mondanités inintéressantes. Elle fut interrompue quelques instants lorsqu’Arion Ethar lança quelques paroles sèches en eltharin à sa fille, en fait pour lui demander de ne pas fixer ostensiblement la barbe du baron. Piquée au vif, la jeune elfe décida de prendre son père à son propre jeu, celui de la politesse :

-Excusez-moi, demanda-t-elle au baron dans un reikspiel très correct où chantait néanmoins un délicieux accent d’Eataine, vous êtes le premier humain auquel j’ai l’honneur de parler. Vos femmes ont-elles également ces longs poils sur le visage ?

Arion et Laestriana furent tant pris au dépourvu qu’ils n’eurent pas le temps de réagir avant qu’Heinrich réponde d’une polie négation.

-C’est bien dommage, s’empressa d’ajouter Tirianis pour montrer à son père qu’elle avait parfaitement retenu ses leçons de savoir-vivre. Je trouve cela très élégiaque.

L’humain ne put s’empêcher de trouver le compliment étrange, mais Laestriana s’empressa d’ajouter :

-Elle veut dire « élégant ». Son reikspiel est encore imparfait.

Intérieurement, la tutrice se félicita de sa remarque, et elle vit dans le regard d’Arion que l’Ambassadeur approuvait. Tous deux savaient que le meilleur moyen de châtier gentiment Tirianis de son insolence dissimulée était de lui faire de légères remarques sur son imperfection, l’orgueil de la jeune elfe étant son point faible. Effectivement, L’héritière des Ethar garda un silence quelque peu boudeur après cette explication.

-Pour quelqu’un qui n’avait jamais côtoyé d’humain auparavant, je trouve son reikspiel remarquable, assura le baron. Elle doit avoir un bon professeur.

Laestriana pencha gentiment la tête pour remercier le compliment. Elle crut poli de se tourner ensuite vers le docteur Chirandoux, alors qu’elle ne fit que déclencher un état d’alerte chez Heinrich.

-Enseignez-vous également la pratique des langues à votre élève ? demanda la magicienne au halfling.

-Oh ! s’écria aussitôt ce dernier, sans lever les yeux de son assiette, qui contenait à présent un faisan à l’aspect des plus alléchants. J’ai peine à lui enseigner quoi que ce soit ! Monsieur Paulus a un esprit des plus étroits, à tel point que j’en viens parfois à douter qu’Heinrich soit réellement son père !

Arion Ethar arrêta son verre à mi-hauteur, se demandant un instant s’il avait bien compris. Peut-être s’agissait-il d’humour halfling ? Mais le petit docteur continuait de dépecer son faisan, apparemment sans s’offusquer de l’absence de rire. Sans doute la petite créature était-elle trop chaste et trop vénérable pour saisir le double sens de ses propos. Arion en vint même à se réprimander d’y avoir déceler une insinuation scabreuse ; sans doute son veuvage lui pesait-il trop.

Heinrich, cependant, adressait intérieurement mille malédictions à l’encontre de son vieil ami. Il observa brièvement les réactions autour de la table : Tirianis, le teint légèrement rosi, s’était mise à chuchoter très vite en eltharin à son père, tandis que Laestriana semblait lui murmurer de bien se tenir. Les efforts de Paulus pour ne pas rire se marquaient sur son visage, et Chirandoux, à son habitude, arborait un air d’innocence qui aurait trompé l’elfe le plus sagace ; par chance, l’Ambassadeur ne semblait pas troublé, et Heinrich eut l’espoir fou que son reikspiel n’était pas suffisant pour comprendre le double-sens des propos du halfling.

Lorsque, quelques heures plus tard, les invités se préparèrent à repartir, Chirandoux tint absolument à baiser la main de Tirianis.

-Mademoiselle, assura-t-il d’un ton qu’auraient envié les aristocrates les plus éloquents, soyez bien persuadée que si j’avais su qu’Ulthuan recelait des perles telles que vous, il y a longtemps que j’eusse appris l’eltharin.

-Je vous remercie, docteur, répondit poliment la jeune elfe.

Puis, contemplant le sol, elle ajouta :

-Oh ! Est-ce que tous les humains ont des pieds tels que les vôtres ?

D’un commun élan, l’Ambassadeur et le baron mirent fin aux adieux.

-Ma foi, glapit Chirandoux lorsque les trois impériaux furent rentrés dans l’aile du Palais où ils séjournaient, je dois admettre que les elfes ne sont pas de si mauvais bougres qu’on pourrait le croire. D’abord, leur cuisine est excellente, ce qui est assurément le signe d’une civilisation évoluée et raffinée. Et cette jeune demoiselle était d’un esprit délicieux, ne trouvez-vous pas ?

-Il est vrai, renchérit Paulus, que si toutes les jeunes filles de haute naissance ont une conversation si pétillante et d’aussi jolis yeux, je risque de devenir quelqu’un de très mondain.

-Je crois que nous pouvons affirmer que tout le monde a passé une excellente soirée, conclut le médecin en souriant. Vous êtes d’accord, Heinrich ?

Le baron poussa un vague grognement et se contenta d’aller se coucher.

Ce dîner fut le commencement d’une longue série de rencontre entre la maison Ethar et la maison von Plaften. En effet, l’Empereur avait crée une nouvelle fonction pour Heinrich, et un attaché à l’Ambassade se devait de visiter la délégation asur régulièrement ; aussi Tirianis vit-elle ses occasions de côtoyer des humains se multiplier. Le baron savait bien qu’il ne pouvait se passer de Chirandoux durant ses tractations, car sous son caractère polisson, le halfling était doté d’une intelligence remarquable, et Arion Ethar fut lui-même surpris de la façon dont le petit médecin soulevait ses pièges en riant.

Paulus prenant grand plaisir à côtoyer les beaux yeux de l’héritière des Ethar et son père préférant le savoir à portée demain plutôt que rôdant dans les rues d’Altdorf en compagnie douteuse, le jeune homme se mit également à fréquenter le « manoir des hauts elfes », comme tous l’appelaient désormais à Altdorf. Tirianis ne manquait pas cette occasion pour signaler à sa tutrice qu’il serait grandement impoli de laisser un invité sans conversation, et la jeune elfe s’empressait d’utiliser ce prétexte pour faillir à ses leçons.

Les deux jeunes gens se retrouvèrent donc à se côtoyer assez régulièrement. Au début, leurs conversations étaient des plus formelles, chacun narrant à l’autre de menus détails de son existence ; en ce temps-là, Tirianis ne voyait en Paulus qu’une échappatoire aux sermons de Laestriana, et le jeune humain voyait l’elfe comme une jolie fille de plus. La plupart de leurs sujets de conversation étaient les dernières nouvelles d’Altdorf, que Paulus rapportait à la jeune elfe. Curieusement, il leur fallut plusieurs semaines pour apprendre qu’ils étaient tous deux orphelins de mère ; en effet, chacun veillait à éviter ce sujet de conversation, et ce n’est que par une longue suite d’étourderies des deux parts qu’ils en vinrent à se découvrir ce trait commun.

Ce jour-là, ils discutaient dans un petit salon du manoir. Lorsque chacun eut appris que la mère de l’autre était morte en couches, ils poussèrent un bref « Ah ! Bon. » conjoint, et plusieurs minutes de silence s’ensuivirent. Puis Paulus releva la tête et demanda timidement :

-Est-ce qu’il vous arrive aussi de vous sentir coupable ?

A son grand dépourvu, le jeune homme vit aussitôt la jolie tête de Tirianis se tordre en une moue grotesque, et la jeune elfe éclata en sanglot, se laissant choir sur l’épaule de l’humain. Ce dernier se demanda ce que lui recommanderait son père dans une telle situation, qu’il n’avait jamais abordée dans ses leçons de protocole et de diplomatie. Curieusement, le jeune homme crut entendre raisonner dans sa tête la voix du docteur Chirandoux :

-Nom d’une chique ! cria son halfling intérieur. Pourquoi les grands gens s’encombrent-t-ils de fioritures dans les moments les plus déplacés ? Faut-t-il un code déontologique pour consoler une enfant qui pleure ?

Paulus se contenta donc de caresser doucement les cheveux blonds de Tirianis, dont les flots salés se calmèrent quelque peu. En cet instant, l’humain éprouvait pour l’héritière des Ethar un respect pratiquement fraternel ; il refréna même le désir qui lui envahissait le bas-ventre, et qu’il laissait allégrement l’envahir quand une aussi jolie fille lui tombait dans les bras de la sorte. L’elfe finit par se relever et entreprit de sécher ses larmes.

-Excusez-moi, murmura-t-elle. Je suis une litote.

-Vous n’êtes pas litote du tout, assura le jeune noble en préférant ignorer la faute lexicale. Je...

Il s’arrêta, cherchant ses mots, tandis que son interlocutrice se tournait vers lui en souriant.

-Vous êtes très gentil, lui dit-elle. Je vous assure. Mais je préférerais arrêter cette conversation maintenant. S’il vous plaît, ajouta-t-elle en se remémorant ses leçons sur les formules de politesse en reikspiel.

Paulus se contenta de hocher la tête, et chacun s’en fut retrouver sa famille. Ce soir-là, quand les von Plaften furent retournés au Palais, le jeune homme se montra singulièrement peu bavard. Son père ne remarqua pas la chose, mais son précepteur, tandis que Paulus allait se coucher, alluma une pipe et s’installa sur un fauteuil en marmonnant pour lui-même :

-Mon cher Gustave Flavien Hercule Collineux de Nuhan Chirandoux, inutile de te mentir à toi-même. Tu ne peux pas remettre en cause tes propres observations. D’abord, tu es un halfling, c’est-à-dire quelqu’un d’extrêmement sagace et observateur. Ensuite, tu es un médecin, c’est-à-dire un expert dans toutes les maladies que peut couver un corps ou un coeur. En conséquence, tu es extrêmement bien placé pour reconnaître un jeune homme amoureux, quand bien même lui-même ne se reconnaitrait pas. Nom d’une chique ! Nous allons au-devant de graves problèmes.

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^_^

Un excellent passage. Il n'y a que deux choses qui m'ont laissées sur ma faim : le fait que tu ne fasses qu'évoquer les "pièges" auxquels échappe Chirandoux, et l'apparente passivité des deux parents - le baron et l'elfe. Mais dans un cas comme dans l'autre, c'est des trucs qui peuvent servir plus tard - inutile de surcharger cette partie du récit, pourvu que tu te rattrapes plus tard.

N'empêche, c'est bien écrit et la scène du repas est très divertissante. La fin de cet épisode est particulièrement bien tournée, j'ai adoré ! Laestriana pourrait d'ailleurs s'illustrer dans les chapitres à venir, si j'ai bien compris où tu veux en venir :clap:

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J'aime beaucoup (pour changer, j'aime ton style d'écriture donc forcément...). L'histoire est plutôt bien construite pour le moment et on imagine vaguement où tout ça va nous mener. J'ai tout lu d'une traite et avec plaisir.

Mais (parce qu'il y a toujours un mais), pour la dernière scène en particulier, comme Fandalg, j'aurais bien aimé avoir un ou deux exemples des pièges évités par le Halfling (qui est très amusant). La relation entre Arion et sa fille pourrait être un peu plus développée, comme celle du baron et de l'Ambassadeur. Par exemple, tu pourrais ajouter qu'ils se comprennent un peu tous les deux parce qu'ils ont chacun un invité à tenir (chirandoux/tirianis) ou parce qu'ils ont chacun un enfant à éléver alors qu'ils sont veufs et qu'ils ont une charge importante (sans pour autant verser dans le mélodrame non plus). Je trouve que ce serait intéressant de voir l'impact de leurs actes sur la relation entre l'Empire et Ulthuan. Voir de quoi ils ont pu discuter ensemble, si ça a servi etc.. Parce que pour le moment, ils n'ont l'air que de servir de prétexte à l'introduction de l'histoire d'amour entre Tirianis et Paulus.

On ne voit pas assez le baron pour le moment, il a trop l'air de dépendre de Chirandoux, d'autant qu'il est supposé avoir une grande expérience politique alors qu'il donne l'impression d'être un peu hésitant/néophyte/peu assuré. Il ne me paraît pas suffisamment compétent pour se confronter à Arion... Il manque de rhétorique.

Il pourrait y avoir un peu plus de descriptions physiques ou des sentiments parfois (comme pour l'enterrement, je sais qu'on te l'a déjà dit et loin de moi l'idée d'insister lourdement, c'est juste un exemple).

Pour ma part, ça ne me gêne pas que l'histoire avance "lentement", je trouve au contraire qu'au début, c'est normal de se laisser du temps pour bien développer les différentes personnalités.

Enfin, comme d'habitude, la suite hein, et ne te décourage pas cette fois!

Lib

Modifié par Lightsbirth
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s’était efforcé d’enfiler as plus belle redingote.

Hop une petite faute toute bête.

Pour le fond, j'allais dire comme défaut que tu passais trop vite au stade où elle était adulte et qu'il faudrait l'amorcer mais je me suis rendu compte que j'avais oublié un passage :P En le lisant, j'ai compris beaucoup plus de choses ! Bon.. Une petite avancée (pas tant puisqu'au final pendant toutes ces années il n'y a rien eu de spécial) mais qui nous amène sur une amourette qui va peut être être au coeur de l'intrigue. En tout cas, j'espère qu'il y aura pas que du :wink: mais aussi du :wink: !

La suite !

@+

-= Inxi =-

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  • 2 semaines après...

:) mais ché mon zozio de lumière!!! (dont j'ai mis 6 mois à me rendre compte que j'avais mal lu son nom!). Et elle ne me relève aucune faute d'orthographe? étrange... :wink:

Je répond néanmoins à vos viles critiques: :P

j'aurais bien aimé avoir un ou deux exemples des pièges évités par le Halfling

c'est un problème pour un auteur lorsqu'il crée un personnage plus intelligent que lui-même: il ne peut que désigner cette intelligence sans pouvoir l'imiter.

La relation entre Arion et sa fille pourrait être un peu plus développée, comme celle du baron et de l'Ambassadeur

d'accord, je vais y penser

Je trouve que ce serait intéressant de voir l'impact de leurs actes sur la relation entre l'Empire et Ulthuan.

Je vais tacher d'y faire allusion, mais la diplomatie est plus une toile de fond que le thème central de l'intrigue.

On ne voit pas assez le baron pour le moment, il a trop l'air de dépendre de Chirandoux, d'autant qu'il est supposé avoir une grande expérience politique alors qu'il donne l'impression d'être un peu hésitant/néophyte/peu assuré. Il ne me paraît pas suffisamment compétent pour se confronter à Arion... Il manque de rhétorique.

je vais également essayé de lui donner plus d'importance pour les chapitres suivants.

Suite:

Chapitre 4

Secrets en tous genres

La scène des pleurs de Tirianis eut pour effet de beaucoup rapprocher les deux jeunes gens. Ils se découvrirent une réelle sympathie l’un pour l’autre, et purent bâtirent une relation qu’on pouvait qualifier d’amicale, alors que leurs rapports étaient jadis des plus formels. Leurs conversations ne se répandaient plus en banalités, mais ils aimaient se narrer réciproquement les anecdotes les plus amusantes sur leur entourage, l’elfe parodiant la rigueur de Laestriana et la grandiloquence de son père, tandis que Paulus énumérait les espiègleries les plus mémorables de son précepteur.

Un autre de leur jeu consistait à parler de leurs langues réciproques, Paulus s’amusant à relever chaque lapsus que commettait Tirianis- même si les dérapages en question devenaient de moins en moins nombreux, tant l’elfe était vive d’esprit. Tirianis, elle, riait aux éclats chaque fois que le jeune humain tâchait de prononcer quelques mots en eltharin, son oreille ne lui permettant pas de déceler les infimes nuances qui existaient entre les différents sons de la langue d’Ulthuan.

Le docteur Chirandoux, pour sa part, avait jusqu’à présent gardé son diagnostique pour lui, mais les sourires qu’arboraient Paulus en revenant du manoir l’inquiétaient grandement, car le halfling savait quels ravages une déception amoureuse pouvait causer sur l’âme d’un jeune homme. Il ne préférait cependant pas parler de ceci à Heinrich, dont il craignait la réaction qui serait probablement trop autoritaire. Lorsque le médecin observait son jeune élève, il comprenait que Paulus lui-même n’avait pas découvert ses sentiments pour la jeune elfe, et il se refusait donc également de parler au jeune homme, de crainte de se heurter à un mur. Pourtant, les signes se multipliaient.

Par exemple, le jeune noble rejoignait de moins en moins ses compagnons de beuverie ; tandis que dans les dernières années de son adolescence, il avait apprécié ces fêtes qui se terminaient bien souvent de manière canaille- le pucelage de Paulus était ainsi parti dans les draps d’une quelconque demoiselle de basse naissance-, il affirmait trouver moins de plaisir à ces soirées, ce qui inquiétait grandement son professeur.

-Quand un homme se met à fantasmer de fidélité, marmonnait souvent ce dernier le soir en fumant sa pipe, même inconsciemment, il est perdu. Jamais deux fois la même fille ! Voilà ce qu’il faudrait leur enseigner dans les temples !

Du côté des elfes, en revanche, on était loin de suspecter le jeune noble de manquer de convenue dans ses sentiments pour Tirianis. Au contraire, on se réjouissait de cette occasion qu’avait la jeune elfe de perfectionner son reikspiel et ses capacités mondaines. Laestriana appréciait par ailleurs la bonne humeur dans laquelle elle retrouvait son élève après ses conversations avec Paulus ; même si Tirianis se plaisait à la présenter comme une affreuse marâtre, la magicienne éprouvait une affection réelle pour la jeune elfe et ressentait une joie sincère à la voir épanouie.

Arion Ethar constatait également que discuter avec un être de son âge faisait du bien à Tirianis. En ces toutes jeunes années, elfes et humains avaient plus ou moins le même caractère- ce n’était que passé leur premier siècle que les elfes commençaient à adopter la mentalité spécifique à leur race-, et l’Ambassadeur se souvenait lui-même de sa toute jeunesse, où la fréquentation de camarades de même âge l’avait grandement aidé à s’épanouir. Cette naïveté quant aux sentiments qui pouvaient unir les deux jeunes gens ne provenait pas d’un esprit candide, mais du fait qu’Arion et Laestriana, ayant tous deux rencontrés des humains pour la première fois au cours de leur quatrième ou cinquième siècle, les avaient tout de suite jugés inférieurs aux elfes et indignes de leur affection ; ce sentiment de condescendance leur semblait donc naturel.

En effet, ils ne gardaient guère de souvenirs de leur toute adolescence, à l’époque où ils étaient jeunes même aux yeux des humains, et ne se rappelaient plus qu’en ces âges, il n’y avait guère de différence entre les deux races. Ils présupposaient naturellement que Tirianis éprouvait pour Paulus un certain respect, teinté néanmoins du petit sentiment de supériorité dont les elfes, à force de le cultiver et l’entretenir, avaient oublié qu’il n’était pas inné. Par ailleurs, le diplomate était suffisamment pris dans ses tractations avec Heinrich et Chirandoux pour ne pas s’inquiéter en plus des vues du jeune noble sur sa fille.

L’Empire et Ulthuan s’étaient en effet retrouvés dans un certain cran diplomatique, en raison de la baisse notable d’attrait que les marchands asurs semblaient trouver aux ports impériaux ces derniers temps. En conséquence, les relations entre Arion et le baron von Plaften restaient cordiales, car les deux hommes s’appréciaient bien, mais le fond des conversations devenait tendu, chacun recevant de ses supérieurs l’ordre de ne pas ménager l’autre. Ce fut curieusement cette tension protocolaire qui acheva de faire sombrer Paulus dans ce que Chirandoux appelait en lui-même « les sottises de la jeunesse ».

Un soir du début de l’automne, le docteur Chirandoux était occupé à fumer une pipe devant la cheminée de l’aile du Palais impérial où il résidait. Le halfling revoyait mentalement les différentes discussions de la journée, essayant de déceler a posteriori les sous-entendus et les pièges qui auraient pu se glisser dans les paroles d’Arion Ethar. L’Empereur et ses conseillers avaient de plus en plus l’impression que le Trône du Phénix leur dissimulait quelque chose au sujet du commerce entre Ulthuan et le Vieux Monde, et les conversations avec l’Ambassadeur s’étaient donc montrées très tendues.

Chirandoux fut interrompit dans ses méditations par l’entrée d’Heinrich dans la pièce. Le baron sortait d’une entrevue avec l’Empereur, et le médecin sut déchiffrer dans les plissements du front de son vieil ami que le monarque lui avait donné des instructions qui ne lui plaisaient pas. Avant que le halfling n’ait pu interroger l’humain, ce dernier avait envoyé un laquais chercher Paulus. Tandis que le valet se retirait, le baron maugréa, à la fois pour Chirandoux et pour lui-même :

-Je commence à me lasser de la politique.

Il n’en dit cependant pas plus. Lorsque son fils fut arrivé, il s’installa avec lui autour d’une petite table, généralement utilisée pour des parties de cartes. Inquiet par l’air grave du baron, Chirandoux les rejoignit.

-Paulus, commença Heinrich d’une voix lente, on m’a ordonné de te demander un service. Je trouve que c’est une tâche un peu lourde pour un garçon de ton âge, mais après tout, tu devais bien commencer les intrigues politiciennes un jour ou l’autre.

Le jeune garçon se raidit un peu, jouant machinalement avec une mèche de cheveux.

-Des rapports d’agents impériaux dans le Pays Perdu laissent entendre qu’Ulthuan mène l’Empire en bateau, expliqua le baron. Il semblerait que les elfes aient passé avec les bourgmestres de Marienburg des contrats qu’ils étaient censés nous réserver, et maintenant, ils nous font fantasmer avec le spectre d’accords qu’ils ne pourront jamais nous donner.

Le noble fit ici une pause de quelques secondes, le temps que son fils digère ces informations.

-Il m’est cependant impossible d’exiger des explications à Arion Ethar, poursuivit-t-il ensuite, sans éléments solides à lui fourrer sous le nez. Les elfes ont assez d’arrogance pour tout nier jusqu’à ce que nous ayons des preuves indéniables de ce que nous avançons. C’est pourquoi l’Empereur et ses conseillers aimeraient que j’obtienne des prémices d’informations concrètes, qui nous aident à préparer nos offensives diplomatiques futures.

-Qu’est-ce que je… commença Paulus, mais son père lui répondit avant qu’il n’ait terminé sa question.

-Il faudrait que tu profites de tes relations cordiales avec la fille Ethar pour soutirer quelques bricoles, murmura-t-il. Demandes-lui simplement si elle a déjà entendu parler d’accords quelconques avec Marienburg, cela confirmera déjà nos doutes.

Le jeune homme manifesta une violente surprise. Intérieurement, Chirandoux insulta Heinrich de tous les noms. Pourquoi le baron n’avait-t-il pas parlé de cela au halfling avant de confier cette tâche à son fils ? Le médecin craignait que cela ne pousse Paulus à faire de bien grosses bêtises.

-Ce ne sera pas très difficile en soi, poursuivit le baron von Plaften. Sois juste un peu prudent, car les elfes sont retords et même leurs enfants savent percer les pièges. Mais tu ne coures pas grand risque, et si tu ramène quelque chose de vraiment intéressant, ton départ dans la politique n’en sera qu’amélioré.

Paulus resta quelques dizaines de secondes immobile, hochant pensivement la tête. Puis il grogna :

-Je ne trouve pas ça très correct. Mais je ferais ce que je peux.

-La politique n’est pas un champ de bataille où il faut faire preuve d’honneur et de vaillance, expliqua son père. Ne t’inquiètes pas, je suis sûr que tout ira pour le mieux.

Le jeune noble hocha la tête puis se retira dans sa chambre. Chirandoux tergiversa longtemps en lui-même avant de décider de ne pas le rejoindre. Avec un peu de chance, Paulus suivrait plus volontiers les instructions de son père que les instincts qui ne pourraient que répugner à tromper la jeune elfe. En venant lui parler sentiments, le médecin risquait de donner à ces instincts une chance de s’exprimer. Jugeant qu’Heinrich ferait preuve de moins de délicatesse que lui s’il apprenait les sentiments de son fils pour Tirianis, le halfling s’abstint également de parler au baron.

Paulus, cependant, ressentait un vif malaise tandis qu’il se couchait. L’idée d’abuser de Tirianis, de se servir d’elle, même si l’espionnage que lui demandait son père était minime, lui semblait méprisable. En plus de ce dégoût, le jeune homme ressentait une vague curiosité envers lui-même, se demandant pourquoi se jouer de l’elfe le répugnait tant, alors qu’il avait passé l’essentiel de son adolescence à jouer les hypocrites avec les courtisans du Palais. Ces interrogations le poursuivirent jusque dans son sommeil, et curieusement, il trouva l’éclaircissement quant à ses sentiments pour Tirianis le lendemain matin, en se remémorant avec une vague honte les rêves qui l’avaient agité tout au long de la nuit.

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mais ché mon zozio de lumière!!! (dont j'ai mis 6 mois à me rendre compte que j'avais mal lu son nom!).
je t'avais manqué hein :lol:
Et elle ne me relève aucune faute d'orthographe? étrange...
C'est pas parce que je ne les relève pas qu'il n'y en a pas :devil: (tiens, dans le passage juste avant, tu écris "en voyant un être dont les membres doigts contenaient plus de pilosité que leurs mentons.", membres doigts me paraît bizarre...)
c'est un problème pour un auteur lorsqu'il crée un personnage plus intelligent que lui-même: il ne peut que désigner cette intelligence sans pouvoir l'imiter.
accepté ^_^

Pour ce qui est de ce chapitre 4, je suis un peu déçue de son début :) le niveau est moins bon que dans les précédents passages. J'ai l'impression que tu l'as rapidemment écrit, sous le coup d'une inspiration soudaine, sans vraiment chercher à le retravailler (je me trompe peut-être complètement et à ce moment-là, j'en suis désolée). Il y a plusieurs fautes de français et d'expression qu'on ne retrouve habituellement pas dans tes textes.

Sinon, au niveau de l'histoire, ben, ça avance :wink: On voit que tu as pris en compte les remarques. J'attends la suite!

Lib

Et, puisque tu insistes:

Un autre de leur jeu consistait à parler de leurs langues réciproques
leurs jeux, "dans" leurs langues et non "de" je crois? (ça paraîtrait plus cohérent avec ce que tu racontes ensuite)
le pucelage de Paulus était ainsi parti
je trouve ça un peu mal dit, s'était ainsi envolé? évaporé? disparu?
de manquer de convenue dans ses sentiments pour Tirianis
"convenu" ne peut s'employer que comme adjectif, et non pas comme un nom (il me semble). Peut-être voulais-tu utiliser convenance? Je trouve que ce serait mieux de retourner la phrase "ses sentiments pour Tirianis ne manquaient pas aux convenances".
En ces toutes jeunes années, elfes et humains
en leurs, tu répètes trop elfes dans ce passage (et juste avant)
ayant tous deux rencontrés des humains
rencontré
de leur toute adolescence
répétition de toute (par rapport à toutes jeunes années)
L’Empire et Ulthuan s’étaient en effet retrouvés dans un certain cran diplomatique
certain cran diplomatique ne se dit pas
Chirandoux fut interrompit
interrompu
ils nous font fantasmer avec le spectre d’accords
fantasmer mal employé ici (et répété par rapport aux pensées de Chirandoux)
Mais tu ne coures pas grand risque
ça, c'est moche :wink:
En venant lui parler sentiments, le médecin risquait de donner à ces instincts une chance de s’exprimer. Jugeant qu’Heinrich ferait preuve de moins de délicatesse que lui s’il apprenait les sentiments de son fils pour Tirianis, le halfling s’abstint également de parler au baron.
répétition de sentiments (encore répété dans la dernière ligne) Modifié par Lightsbirth
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Mon premier post pour ce texte que je lis depuis le début. Tout d'abord, j'adore réellement ton style, et le docteur Chirandoux n'y est pas pour rien. Je n'ai décelé presque aucune faute de rédaction, tu a une écriture fluide et agréable à lire.

Pour ce qui du texte lui même, le scénario est sympathique et reprend un stéréotype (histoire d'amour entre deux personnes de milieux très différents) mais en réussissant à en faire quelque chose de nouveau et de rafraichissant. Au niveau des personnages que dire à part qu'ils ont tous leur caractère bien à eux et sont particulièrement charismatique, je pense que je n'ai pas besoin de te dire mon préféré. :)

Enfin j'en viens au dernier chapitre. L'action réelle commence tandis que les ennuis se profilent au lointain.

Et en dernier le petit bonus.

Quand un homme se met à fantasmer de fidélité, marmonnait souvent ce dernier le soir en fumant sa pipe, même inconsciemment, il est perdu. Jamais deux fois la même fille ! Voilà ce qu’il faudrait leur enseigner dans les temples !

Un quart d'heure à me rouler par terre après avoir lut ça. :unsure:

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Comme le dit Ogre, on dirait bien que c'est parti. J'aime bien la façon dont tu introduis les choses, ça semble presque naturel (quoique, je dirais un poil "pathétique", si mes souvenirs de collège - lycée ne sont pas trop périmés).

Sinon, j'ai remarqué ça :

Ce fut curieusement cette tension protocolaire qui acheva de faire sombrer Paulus dans ce que Chirandoux appelait en lui-même « les sottises de la jeunesse ».
Là, j'aurais procédé autrement, histoire de lier davantage avec la suite (au choix)

1) je serais revenu à la ligne

2) j'aurais rajouté un petit "et" avant, voire carrément des points de suspension à la fin (appogiature ? apo... je me souviens plus du nom de la figure de style).

3) les deux ! ! !

Mais ça, c'est une question de goût et de style.

Oh, et une faute aussi (faut bien aider Lightsbirth :unsure: )

Le docteur Chirandoux, pour sa part, avait jusqu’à présent gardé son diagnostique pour lui,

...diagnostic, non ? Là, c'est l'adjectif.

Bon, j'attends la suite avec une certaine appréhension, c'est bon signe. Reste à savoir si tu vas jouer la carte du romancier, et écrire un peu ce à quoi tout le monde s'attend (mais ça sera joli alors on te le pardonnera), soit décider de jouer les originaux, voire les réalistes... et là ça peut faire très mal.

Quant au baron Von Plaften, j'attends son intervention avec impatience - mais je pense qu'elle ne doit pasavoir lieu avant quelque temps, et je suppose que tu le sais déjà, donc je me fais pas de souci. Mais avec impatience quand même :)

Oulà, c'tait alambiqué ça. Bref, vivement la suite, et tâche de continuer à t'appliquer !

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et si tu ramène quelque chose de vraiment intéressant

Attention aux fautes comme celle-ci (y en a quelques unes !!)

Pour le fond, je suis pas hyper fan des amourettes dans un récit tant que ça dure pas en longueur donc pour l'instant ça va. Pas grand chose à dire sinon qu'il va se retrouver en dilemme de sentiments envers la fille mais aussi de son devoir et soutirer des informations. Pas trop d'avancée et je me demande encore ce que sera l'objectif des personnages, le final, le tout parce que pour l'instant on a, d'après moi, encore que des bribes.

@+

-= Inxi =-

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Hum, des commentaires divers et partagés... :clap:

Tâchons néanmoins d'y répondre:

Attention aux fautes

Méchant Poupi. Je vais m'améliorer

je suis pas hyper fan des amourettes dans un récit

Comme annoncé dans mon premier post, l'amourette en question va occuper une place assez importane... Mais rien que pour toi, je rajouterais du gor et du bourrin. :D

je dirais un poil "pathétique"

J'ai commencé ce récit en bonne partie pour apprendre à écrire des scènes sentimentales. Alors toute critique là-dessus est la bienvenue!!! Genre, si tu pouvais être un peu plus concret que ce "pathétique" général et abstrait.

Mais ça, c'est une question de goût et de style.

Je suis pas fan des éléments de séparation, ni des signes de poncuation extravertis (..., !, etc), désolé.

J'ai l'impression que tu l'as rapidemment écrit, sous le coup d'une inspiration soudaine, sans vraiment chercher à le retravailler

Je sais plus j'ai écrit ce passage il ya plusieurs semaines. Prmis je recommencerais plus... :lol:

La suite immédiate est franchement "eau de rose", alors critiquez-moi bien là-dessus, dites moi ce qui est ridicule/superflu/irréaliste... Le passage se termine avec un petit paragraphe qui réjouira Inxi :)

Quelques deux jours plus tard, Heinrich et Arion se retrouvaient à nouveau au manoir pour palabrer des affaires courantes. Le docteur Chirandoux les accompagna afin d’aider son vieil ami en ses tractations, mais son esprit demeurait tourné vers le jeune Paulus, espérant que ce dernier saurait maîtriser ses pulsions et ses sentiments et n’irait pas se fourvoyer en des attitudes qui pourraient froisser la fille de l’Ambassadeur d’Ulthuan. En raison de ses préoccupations, le halfling se montra quelque peu maladroit dans ses négoces, au grand étonnement d’Arion Ethar et du baron von Plaften, habitués la vivacité et la sagacité du médecin.

De leur côté, leurs enfants respectifs se retirèrent dans un salon pour discuter ; Tirianis trouva au jeune noble un air quelque peu étrange, qu’elle ne parvint pas à interpréter. Paulus semblait en proie à une sorte d’hésitation, triturant nerveusement quelques mèches de ses cheveux roux, ses grands yeux noirs perdus dans le vague. Alors que d’habitude, l’humain inaugurait les conversations par une anecdote plaisante, mais jamais grivoise, qu’il avait entendue dans les couloirs du Palais impériale, la jeune elfe dut pour la première fois trouver une amorce à la discussion.

-Eh bien, dit-elle lorsque les deux jeunes gens se furent assis, vous m’avez l’air bien drôle aujourd’hui. Quelles nouvelles du monde extérieur avez-vous à me rapporter qui soient si troublantes ?

Le jeune homme hocha vaguement les épaules. Il ne regardait toujours pas son interlocutrice, se contentant de regarder nonchalamment la décoration du salon où ils se trouvaient. Il sembla hésiter encore quelques temps, puis résoudre de manière tranchée son dilemme avant de parler.

-L’ambiance est assez maussade, au Palais, ces derniers temps, expliqua-t-il en faisant de vagues mouvements des mains pour accompagner ses paroles. Des problèmes de diplomatie. Mon père est de très mauvaise humeur. Apparemment, il y a des ennuis avec des accords concernant Marienburg. Votre père ne vous a jamais évoqué rien de semblable ?

Un doux rire s’échappa de la gorge de la jeune elfe.

-Mon père ne me parle jamais de son travail, dit-elle. Ce qui ne l’empêche pas de me parler du mien ! Il ne cesse de me raconter comment une femme doit se tenir, occuper les invités, me parle de mes leçons avec Laestriana…

Puis, voyant que son interlocuteur ne daignait même pas sourire à la moindre de ces allègres évocations, elle ajouta :

-Oh ! Paulus, nous sommes en bons termes. Pourquoi ne me dîtes-vous pas ce qui vous préoccupe réellement ? Je vois bien que ces histoires de marchands ne vous tourmentent pas.

Paulus leva un regard rêveur vers elle et, avant qu’elle n’ait pu réagir, il avança la tête et posa brièvement ses lèvres sur celles de Tirianis. Lorsqu’il eut reculé, l’elfe écarquilla les yeux en rosissant, et quelques secondes de silence passèrent. Puis l’héritière des Ethar eut un petit sourire et passa ses mains autour de la nuque de son soupirant.

-Tirianis ? murmura celui-ci avec une surprise non feinte. Vous ne me giflez pas ?

-Te gifler ? répéta-telle avec son rire chantant. Tais-toi et embrasses-moi encore, idiot d’humain.

Le jeune homme eut à peine le temps de murmurer un bref « Vous me tutoyez » exclamatif avant que l’elfe ne colle son visage au sien. Les deux jeunes gens s’embrassèrent longuement, les mains de Paulus parcourant la taille et le dos de Tirianis avec une maladresse où se mélangeaient désir et crainte.

Lorsque les impériaux eurent quitté le manoir après des tractations peu fructueuses et assez maussades, Laestriana fit appeler Tirianis afin de lui donner quelques leçons, la jeune elfe s’étant habilement débrouillée pour les esquiver tout au long de la journée. Dès qu’elle vit entrer l’héritière des Ethar, la magicienne sentit une allégresse profonde qui l’habitait, et qui se manifestait par un tourbillonnement joyeux de Ghyran autour de son élève. Toutefois, l’idée qu’une conversation avec un humain puisse être une source de félicité était tellement étrangère à l’esprit de Laestriana- elle était bien loin d’imaginer ce qui s’était produit entre Tirianis et Paulus- qu’elle inversa aussitôt cause et conséquence, supposant que les circonvolutions du Vent de Vie étaient la cause de la joie de la jeune elfe, et non que cette allégresse fut la cause du phénomène magique.

Tirianis, pour sa part, était en proie à l’euphorie des jeunes vierges amoureuses, et se montra d’une humeur excellente, ce qui réjouit grandement son professeur, plutôt que de l’inquiéter. L’élève ne rechigna même pas lorsqu’on lui annonça qu’elle allait se livrer à un exercice particulièrement difficile pour une apprentie de son niveau.

-La méditation que je vais vous enseigner, expliqua Laestriana, a pour but de vous plonger à l’intérieur de votre propre âme, dans le lieu de votre être qui fusionne avec les Vents de l’Aethyr. Ainsi, vous travaillerez votre troisième œil et serez plus à même de percevoir les fluctuations des Vents.

Cet exposé théorique manquait de clarté aux yeux de Tirianis, mais la jeune elfe suivit les instructions et les conseils de son mentor, et elle finit par atteindre l’état que Laestriana avait tenté de lui dépeindre. Son l’influence des incantations et de la concentration mentale, elle parvint à faire se replier étrangement son esprit sur lui-même, à explorer l’essence surnaturelle de son être, cette instance de son âme qui avait un reflet dans l’Immaterium et qui lui permettait d’utiliser les Vents de Magie.

Il est malaisé de retranscrire de telles contemplations. Son troisième œil percevait cet endroit étrange comme une forte source lumineuse, dissimulée au fond de l’elfe, qui attirait les différents Vents à des degrés différents. Tandis que la partie psychique de Tirianis percevait cet étonnant paysage intérieur, sa partie physique entendait toujours les instructions de son mentor, qui lui expliquait la signification de ce qu’elle voyait.

-Il faudrait des années pour analyser les rapports entre l’âme et les Vents de Magie, disait Laestriana. Les émotions qui attirent ces énergies varient d’un individu à l’autre, et certains sont plus naturellement sensibles à tel Vent qu’à un autre. Les nuances entre les différents Vents sont également parfois infinitésimales. Par exemple, un individu en proie à une colère instinctive, qu’il ne maîtrise pas, comme un fou furieux, attirera plus le vent de Ghyr, tandis qu’un individu en proie à une colère sciemment entretenue, comme un fanatique ou un héros, attirera plus le vent d’Aqshy. Sur un champ de bataille, le soldat qui refuse de reculer par sens de l’honneur attirera le vent d’Hysh, tandis que celui qui refuse de reculer par fatalisme attirera le vent de Shysh.

Tout en entendant ces paroles, Tirianis s’évertuait à comprendre les rapports entre la fontaine de son âme et les Vents qui l’entouraient. Il était notable de constater à quel point Ghyran l’imbibait, la traversait, la pénétrait, mais les autres Vents évoluaient avec des circonvolutions complexes, dans un va-et-vient anarchique qui se jouait de toutes les analyses. Alors qu’elle réfléchissait à ces étranges tourbillons, elle perçut un recoin étrange dans la masse lumineuse que constituait son âme, une sorte de zone obscure, de trou noir qui semblait absorber les volutes de Vent magique passant à proximité sans rien émettre en retour.

Tirianis absorba sa conscience psychique de cet étrange phénomène, mais alors qu’elle tentait de le comprendre, le trou noir sembla vomir son obscurité en dehors de lui-même, et l’elfe eut le sentiment d’être cernée par cette noirceur. Au milieu de cette nuit soudaine, jaillit un être à l’apparence répugnante et magnifique à la fois, une créature visqueuse dont les courbes lisses transpiraient d’une sensualité immonde. L’héritière des Ethar aurait été bien incapable de situer la tête ou les membres sur ce corps abominable, qu’elle avait envie de frotter contre sa peau tout en le tenant en répugnance.

De cette chose, une voix douce et sifflante sortit, aux intonations chantantes et grinçantes tout à la fois.

-Ma douce, susurra-t-elle, ma bien-aimée, ma Tirianis…

Si les sens de l’elfe étaient partagés entre le désir et le dégoût, son esprit ne pouvait que craindre une telle abomination. La conscience psychique de le jeune Ethar s’efforça de sortir de la nuit où elle était.

-Tu me rejettes ? demanda ironiquement l’abomination. Tu ne peux te rejeter toi-même. Va, fuis-moi donc, je t’annonce bien des malheurs. Ton nom serra souillé, ton père te reniera, ton amant périra, de même que tous ceux qui porteront ton amour et ton sang… à l’exception de quelques gouttes, qui seront préservées. Alors tu comprendras quel tort tu avais de rejeter une partie de ton être, et tu me supplieras de te revenir.

-Silence ! coupa Tirianis d’une voix mentale terrifiée. Silence !

La voix sembla avoir un petit gloussement féminin, tandis que l’obscurité s’épaissit autour de l’elfe, jusqu’à la serrer, l’étouffer, l’aveugler, l’anéantir.

-Tirianis ! sembla venir un très lointain écho. Réveillez-vous !

L’elfe ouvrit les yeux et se retrouva dans le parc du manoir, Laestriana et quelques suivantes apeurées autour d’elle. Poussant un soupir soulagé, elle se redressa brusquement et saisit son mentor par les épaules. Le contact de la magicienne lui fit du bien et l’aida à retrouver adhérence avec la réalité.

-J’ai peur, murmura-t-elle faiblement.

Son professeur lui caressa doucement les cheveux, puis expliqua :

-Vous avez été en contact avec votre propre zone d’ombre, expliqua-t-elle. N’ayez pas de honte, ne vous haïssez pas à cause de ce que vous avez vu, toutes les âmes en ont une. Il s’agit de la noirceur qui peut faire passer les plus grands héros sous la coupe du Mal. Je regrette de ne pas vous avoir prévenue, mais il est très rare qu’un apprenti entre en contact direct avec cette zone dès ses premières méditations.

-Il y avait, une chose, grogna Tirianis en tentant de remettre ses souvenirs en place, une créature…

Elle ne trouva pas de qualificatif pour l’abomination qu’elle avait vue.

-Simple manifestation de vos penchants mauvais, assura la magicienne. N’allez pas vous sentir parasitée ou possédée. Oubliez ce que cette créature a pu vous montrer ou vous dire.

La jeune elfe se sentit soulagée que son mentor ne lui demande pas de répéter ce que lui avait dit la créature. Sans doute Laestriana préférait-elle que son élève oublie cette expérience.

-Allez donc vous restaurer, ordonna la magicienne tandis que les suivantes emmenaient leur jeune maitresse au manoir. Et chassez les images obscures que vous avez eues.

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J'ai commencé ce récit en bonne partie pour apprendre à écrire des scènes sentimentales. Alors toute critique là-dessus est la bienvenue!!! Genre, si tu pouvais être un peu plus concret que ce "pathétique" général et abstrait.
Je n'avais pas envisagé que tu confondes ce "pathétique" avec le sens - plus commun - qu'on évoque d'habitude (ce qui, si j'ai bien compris, t'as fait penser que je trouvais cette entrée en matière "minable", alors qu'il n'en est rien !)
Une scène pathétique définit la situation d'un personnage, souvent écrasé par le destin, qui exprime sa souffrance par une plainte.
Du coup, c'était plus une comparaison entre le "naturel" et le grandiloquent, le "pathétique" que m'évoquait ce passage. Paulus va être impliqué dans des affaires politiques, cela contre son gré et aux dépends de sa conscience. Mais il n'a pas le choix, et ses sentiments à l'égard de l'elfe teintent sa tâche de douleur morale - palpable et inéluctable.

C'est mieux ? :D

Je te rassure, c'est un bon passage. Je ne sais pas si la réaction de Tirianis paraîtrait logique à une damoiselle (je ne m'étendrai pas sur mon expérience personnelle :lol: ), mais c'est une jeune elfe - particulièrement espiègle avec ça. Et puis, tu ne t'appesantis pas dessus : tu enchaînes sur le sentiment d'allégresse, puis sur un élément particulier qui possède beaucoup d'importance, et que j'ai du mal à juger pour l'instant.

On a droit à une comparaison entre l'amour vu par Tirianis - poétique quoi - et la manifestation de ses désirs cachés. Le contraste est violent, mais les elfes sont sensés être des créatures complexes et profondes, non ?

Le coup de la prophétie slaaneshi, par contre, je préfère rien en dire pour l'instant : c'est clair, c'est un bon élément, à condition que tu les gères bien - et personnellement, à part une prophétie d'elfe précolombien à propos de baleines gobeuses de montagnes, de progéniture magicienne à forte pilosité faciale et de sorcier pourfendeur de skaven... j'ai pas vraiment d'expérience dans ce domaine !

Un seul conseil : méfies-toi. Pas trop d'échos à cette prophétie, gardes-en pour la fin, et ne fais pas tourner l'action autour d'elle - de son contenu à la rigueur, si tu veux, mais ne la mentionne pas sans cesse au point d'en faire un élément majeur de l'intrigue !

Reste que ce passage me satisfait : tu es à mi-chemin entre les deux possibilités que j'évoquais au-dessus (enfin, de mon point de vue) et ça me ravit :)

EDIT : je me suis rendu compte que j'avais toujours pas précisé que ton style est très agréable à lire - fluide, cohérent et original dans certaines tournures, comportements de persos, etc. Ca se lit tout seul, quoi, et ça me semblait tellement naturel que j'ai pas jugé bon d'en parler !

Modifié par Fandalg
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Aaah pour le coup j'ai bien aimé :D Je suis d'accord avec tout ce que Fandalg a dit (en ce qui concerne la prophétie) et je n'ai pas grand chose à rajouter (j'ai toujours du mal à commenter des scènes en particulier). J'aime le principe de la zone d'ombre de chaque âme, ce qui permet de montrer que les Elfes ne sont pas si parfaits.

Pour ce qui est de la réaction de Tirianis par rapport au baiser de l'"idiot d'humain", c'est crédible, rassure-toi. Une fille se contenterait peut-être de l'embrasser sans répondre quoi que ce soit à la question de Paulus, mais au moins ça te permet d'introduire le tutoiement. Donc pas de souci, d'autant que Tirianis n'est pas nimporte quelle fille :lol:

Les (petites) fautes:

habitués la vivacité et la sagacité du médecin.
habitués à
qu’il avait entendue dans les couloirs du Palais impériale
palais impérial
répéta-telle avec son rire chantant. Tais-toi et embrasses-moi encore
répéta-t-elle, embrasse-moi
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Mon devoir électoral accompli (comprendre: je viens de voter pour le concours de récits), je lis vos commentaires.

Globalement des réceptions positives :wub:

Ah ! ca bouge !
En tout cas ça avance
^^
Aaah pour le coup j'ai bien aimé
c'est crédible
c'est un bon passage
c'est un bon élément
ce passage me satisfait

MAIS BON SANG VOUS VOUS CROYEZ CHEZ LES BISOUNOURS ?!!! Y'A PAS LE MOINDRE REPROCHE!!! VOUS PENSEZ QUE C'EST COMME SA QUE JE VAIS M'AMELIORER ? (seconde degré inside)

Plus sérieusement, il faut vous dire que c'est super agréable de recevoir de tels commentaires et que vous me faites très plaisir, mais essayez de trouver quelques trucs à redire sinon ça va devenir ennuyeux... à moins que je ne sois un dieu de l'écriture auquel cas je vous autorise à m'aduler.

Suite destinée à creuser un peu les personnages elfes. Dites-moi bien à quel point c'est mal écrit.

Chapitre 5

Le cœur et la chair

Le malaise de Tirianis alerta son père, qui s’entretint le soir même avec Laestriana. Les deux elfes se réunirent dans un petit salon du manoir et se firent servir un peu de vin. Les serviteurs renvoyés, les deux nobles entreprirent de discuter de l’héritière des Ethar.

-L’incident n’a rien de très alarmant, assura la magicienne dès le début de la conversation. Il arrive à de nombreux apprentis de mal vivre leurs premières méditations de ce genre.

Arion remua pensivement la tête.

-Ma fille fera-t-elle une bonne magicienne ? demanda-t-il.

Une moue réflexive parcourut le visage de Laestriana.

-Difficile à dire, à un stade aussi préliminaire de sa formation, expliqua-t-elle. Son lien avec Ghyran est à n’en point douter exceptionnel. Mais il existe des individus qui n’ont pas le moindre talent magique qui présentent également un certain lien avec les Vents.

L’elfe se tourna vers l’Ambassadeur en plissant les yeux et ajouta :

-Je vous avais déjà parlé de la manière dont Shysh tourne autour de vous… c’est également assez particulier.

-Vous me ferez mon horoscope plus tard, maugréa Arion Ethar. Nous parlons de ma fille. Vous ne pouvez réellement pas prévoir les conséquences de son lien avec le Vent de Vie ?

La magicienne haussa les épaules.

-Ou alors de manière très superficielle, nuança-t-elle. Il y a sans doute fort à parier qu’elle sera une femme très fertile. Réjouissez-vous, ajouta-t-elle avec un petit sourire, vous aurez probablement de nombreux petits-enfants pour arborer l’iris des Ethar.

-N’allez pas trop vite en besogne, grogna son interlocuteur. Tirianis est encore un petit enfant et j’entends réfléchir quelques siècles avant de la marier. Elle est l’héritière des Ethar…

Une moue un peu triste s’inscrivit sur son visage.

-Et ce lien dont vous me parlez avec le Vent de Mort… Croyez-vous que je n’y songe jamais ? Croyez-vous que je ne craigne pas de ne pas avoir assez de jours pour voir mes petits-enfants ?

Laestriana entreprit de rassurer l’Ambassadeur.

-Les mages les plus puissants admettent ne jamais interpréter sûrement les fluctuations des Vents de Magie, expliqua-t-elle. N’allez pas vous perdre en conjectures dans ce domaine où vous êtes plus qu’ignorant. Je conçois tout à fait votre désir d’assurer la pérennité de votre race, mais gardez bien à l’esprit que Shysh n’est en rien un Vent funeste… Il traduit simplement l’achèvement, l’aboutissement, la destinée…

Elle hésita un peu avant d’ajouter :

-Et si vous craigniez de faire peser trop de responsabilités sur Tirianis et son mariage, rien ne vous empêche d’avoir d’autres héritiers… Votre veuvage dure depuis plusieurs dizaines d’années maintenant et…

-Silence, coupa Arion d’une voix glaciale.

Comprenant qu’elle avait été trop loin, Laestriana décida de traiter le Prince avec le rang qui était le sien et murmura avec déférence :

-Pardonnez-moi, Seigneur. Je n’étais pas à ma place.

Un silence tendu s’ensuivit, durant plusieurs minutes. Puis l’Ambassadeur soupira autant pour lui-même que pour son interlocutrice :

-J’ai juré que Tyriana resterait à jamais dans l’histoire des Ethar. Mais dans les gestes que chantent les bardes, les secondes épouses finissent toujours par éclipser les premières, surtout si elles donnent à leur homme un héritier mâle, au contraire de sa première femme.

-Votre vertu et votre dévotion vous honorent, assura Laestriana, soucieuse de ménager le Prince, qui semblait en proie à de grands tourments sentimentaux.

Arion cessa de fixer le vide pour se tourner vers la magicienne.

-Je vous ai souvent désirée, Laestriana, murmura-t-il. Vous êtes une très belle femme. Mais je ne saurais…

Il laissa sa phrase en suspens, son regard plus désenchanté que jamais. Laestriana exprima un léger tic en réponse à l’aveu, puis elle déclara à son tour :

-Il m’est également arrivé de vous convoiter. Mais je connaissais et estimais trop votre dévouement envers Tyriana pour vous séduire.

Un nouveau silence s’installa, chacun des deux protagonistes suivant le fil de ses pensées. La magicienne se disait à elle-même que c’était peut-être cela qui attirait Shysh chez Arion Ethar : ce fatalisme, cette résignation qui allait au-delà du simple sens de l’honneur pour se rapprocher d’un aveu de faiblesse, d’impuissance.

-Aimez-vous ma fille ? demanda brusquement l’Ambassadeur.

-Plus que si elle était sortie de mon propre sein, assura aussitôt sa conseillère. Je crains fort qu’elle ne s’en rende pas toujours compte, mais elle a énormément de valeur à mes yeux.

-Pensez-vous que sa mère lui manque beaucoup ?

Laestriana jugea préférable de ne pas mentir.

-Je le pense, avoua-t-elle. Je ne me suis guère montrée maternelle dans mon enseignement et je pense qu’un giron parental lui eut été profitable. Mais soyez certain qu’elle vous aime…

-Elle l’aime, maugréait Chirandoux en pensées. Elle l’aime. Et moi qui la tenais pour une fille intelligente ! Les halflings sont-ils donc les seules créatures au monde dotées de cervelles ?

Le halfling avait immédiatement interprété la joie qui transpirait du visage de Paulus, même si le jeune homme s’efforçait de la dissimuler. Le médecin avait ainsi tout de suite reconnu chez son élève les symptômes de l’amoureux transi aimé en retour. Après une longue délibération avec lui-même, Chirandoux n’avait finalement parlé à personne, que ce soit à Heinrich ou Paulus ; la réaction du baron n’aurait probablement servi qu’à faire souffrir son fils, et le médecin savait bien qu’un jeune homme amoureux était impossible à raisonner.

Le halfling se trouvait néanmoins dans une situation très délicate, ne sachant comment faire pour arrêter cette idylle avant que les conséquences n’en deviennent trop catastrophiques. Chirandoux finit par décider qu’il laisserait quelques semaines d’amourette aux deux jeunes gens, puis qu’il parlerait à Paulus ; la vérité était que le professeur redoutait cette conversation, qui risquait sérieusement d’endommager les excellentes relations qu’il avait entretenues avec son élève.

Les semaines qui suivirent furent d’amusants jeux amoureux pour Tirianis et Paulus, les deux amants se caressant à la dérobée tandis que leurs parents se querellaient inutilement au sujet de politique commerciale. L’ambiance au manoir était des plus particulières, le baron et Arion Ethar cherchant mutuellement à piéger l’autre dans leurs tractations, malgré leur estime réciproque, et Chirandoux ayant de plus en plus de mal à se concentrer sur les affaires dans lesquelles il était censé aider son vieil ami. Aucun des deux diplomates n’était cependant suffisamment émancipé de ses préjugés pour imaginer la véritable nature des discussions de leurs enfants respectifs.

Laestriana, pour sa part, demeurait suffisamment bornée dans son esprit hautain d’elfe pour ne toujours pas comprendre la joie débordante de son élève, et se réjouissait elle-même de la voir progresser rapidemment, tant le Vent de Vie soufflait dru en elle. Ces nouvelles réjouissaient également l’Ambassadeur lorsque ce dernier sortait de ses affaires d’états, et l’ambiance de fin de soirée au manoir était ainsi nettement préférable à celle de la famille von Plaften, dont seul le fils gardait un éternel sourire, le père et le médecin ayant chacun l’esprit possédé par ses soucis.

Heinrich avait plusieurs fois redemandé à son fils d’interroger discrètement Tirianis, mais Paulus avait pris la sage habitude de lui affirmer que la jeune elfe ne se mêlait pas des affaires de son père. Les deux amoureux coulaient ainsi leur idylle loin des querelles diplomatiques de leurs pères, et si l’absence de résultat de Paulus ne favorisait pas son départ dans la politique, nul ne le soupçonnait d’entretenir avec la fille de l’Ambassadeur d’Ulthuan des relations qui dépassaient tout cadre protocolaire.

Cette relation secrète ne pouvait cependant pas satisfaire éternellement les deux jeunes gens, et au fil des jours, leurs caresses devenaient plus soupirantes de désir, leurs baisers plus empreints de frustrations, tandis que le contact gentil de leurs corps exacerbaient le frémissement de leurs chairs. Leurs gestes devenaient de plus en plus osés, et néanmoins ils ne pouvaient s’aventurer jusqu’à l’union, risquant de se faire surprendre à tout moment. Lorsque le désir les envahissait, ils refoulaient ces pulsions, allant jusqu’à réprimander l’autre si celui-ci devenait trop aventureux.

Peu à peu, enivrés dans leur amour partagé, ils en vinrent à s’avouer naturellement leur désir ; mais rien n’est plus néfaste que deux personnes qui communiquent ensembles. Sitôt que le langage articulé eut apposé sa marque babélienne sur les fantasmes de Paulus et Tirianis, sa perversité les poussa à rêvasser aux moyens de se rencontrer en dehors de leurs entrevues extra-protocolaires qui avaient lieu durant les tractations de leurs parents. Et bien entendu, lorsqu’ils eurent imaginé plusieurs stratagèmes, il ne leur fallut guère de temps pour vouloir concrétiser ces rêveries.

Modifié par Poupi
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