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L'iris des Ethar


Poupi

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Dites-moi bien à quel point c'est mal écrit.
Oui mais le problème, c'est que je ne suis capable de faire des commentaires plus poussés et plus constructifs que quand je m'étends sur plusieurs scènes/chapitres. Sur une trentaine de lignes, c'est trop difficile pour moi :wub: et puis quand c'est réussi, c'est réussi quoi :wub: attention tout de même, le second degré de certains n'est pas forcément le second degré des autres...

Mais bon, tentons quand même... Sachant qu'Arion est mon personnage préféré, je suis contente que tu aies décidé de continuer à le développer. Laestriana mérite également une présence plus active, ce que tu viens de faire.

Peut-être qu'au cours de tes dialogues, tu pourrais ajouter plus de mouvements, de gestes ou de tics qui permettent de rendre le personnage plus réaliste et parfois de rappeler quelques uns de ses traits physiques. (je ne me souviens même pas à quoi ressemble Laestriana ni même si tu l'as déjà décrite). Exemple bateau et basique: "elle secoua ses jolies boucles d'un air de dénégation avant de répondre" ou alors "elle posa ses mains sur ses hanches, comme à chaque fois qu'elle comptait lui faire un reproche".

Sinon, on sent pointer les ennuis sur la fin du passage. Attention à ne pas tomber dans les tragédies classiques (personnage de haut rang, amour interdit, prophétie sombre... y'a tous les éléments, essaye de nous surprendre). J'attends la suite!

La faute que j'ai relevée, je ne sais pas si y'en a d'autres mais j'ai pas vraiment fait attention:

deux personnes qui communiquent ensembles
ensemble

Lib

Modifié par Lightsbirth
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  • 2 semaines après...

Et bien ça devient chauuuuuuud !

Von pour les deux gamins on en apprend pas énormément si ce n'est que leurs sentiments suivent leur cours. Par contre une situation intéressante et à laquelle j'avais déjà pensé se met en place pour le papa ! Effectivement il serait intéressant qu'il se remarie et qu'il est une autre femme. Juste pour transmettre sa lignée ! Alors en avant ! On se rebrousse les manches et go :

@+

-= Inxi =-

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Merci de ces deux coms :lol:

J'en ai pas d'autre :) ben... finalement vouqs avez le droit de poser des coms juste pour me dire que vous avez bien aimé, alors, car ce silence.... :clap:

Passons. Avant de poster la suite, je présente un petit résumé (histoire de fêter ma deuxième page) dans l'hypothèse où certains voudraient prendre le récit en route. Notez que si certains trouvent à redire sur ce résumé, j'acceuillerais leurs suggestions avec le plus grand plaisir.

Résumé du début

Les Ethar sont une très ancienne famille d’Ulthuan, célèbre pour les différents héros qu’a engendré leur lignée et pour une couleur d’yeux magnifique que se transmettent les Ethar depuis des millénaires. Petite description de la couleur en question :

« une couleur des plus particulières, à la fois étrange et très belle, une hésitation de la nature entre le bleu et le vert, avec des reflets qui semblaient faire écho à l’écume rejetée par la mer. Le tout gardait un aspect assez foncé, ce qui n’empêchait pas ce regard étrange de briller d’une sourde lumière, et peux étaient capables de le soutenir sans s’émouvoir. »

En 2491, Arion Ethar, héritier de cette lignée et veuf inconsolable, est Ambassadeur d’Ulthuan à Altdorf. Mais sa fille, Tirianis, entretient une relation amoureuse secrète avec Paulus von Plaften, fils d’Heinrich von Plaften, aristocrate vertueux qui représente l’Empereur auprès d’Arion.

Les autres personnages importants sont Laestriana, magicienne elfe et mentor de Tirianis, et le docteur Chirandoux, vieil ami de Heinrich et précepteur de Paulus

Et maintenant, la suite, qui contient encore à la fois un passage assez axé sentiments (souvenez-vous que j'attends vos avis là-dessus, dites moi si c'est bien fait ou pas) et, histoire que les bourrins comme Inxi ne s'emmerdent pas, une jolie scène d'action qui vient accélerer l'histoire et mettre un peu de :D dans tout ce sale :D

Au début de l’hiver, Heinrich von Plaften et le docteur Chirandoux furent conviés à Marienburg une réunion importante des représentants de l’Empire et du Pays Perdu, au sujet du contrôle politique de la Mer des Griffes ; les deux amis devaient intervenir au sujet des relations entre le Vieux Monde et Ulthuan et seraient donc absent plusieurs jours. Le jeune Paulus avait appris la convocation de son père plusieurs jours à l’avance et en avait informé son amante. Le jeune noble avait crut percevoir une lueur inquiète dans les yeux dans son professeur lorsque ce dernier l’avait quitté, comme s’il flairait quelque projet secret dans l’esprit du jeune homme.

Il était minuit passé lorsque Paulus quitta l’aile du Palais où il séjournait. C’était un exercice auquel il s’était déjà livré de nombreuses fois, et qui n’était guère difficile, dans la mesure où la sécurité du bâtiment était conçue pour empêcher d’y rentrer sans autorisation, pas d’en sortir. Il suffisait généralement au jeune homme de prendre des habits communs et un air affairé, puis de sortir comme s’il était le serviteur roturier d’un conseiller impérial chargé d’une quelconque missive.

Après quelques déambulations dans les rues d’Altdorf, Paulus parvint au manoir où séjournait la délégation asur. Le jeune homme était assez effrayé des conséquences qui surviendraient s’il était surpris en train de pénétrer frauduleusement le bâtiment, mais il savait que les gardes hauts elfes étaient considérablement relâchés ; les mystérieux ragots que l’on colportait au sujet de l’étrange race des elfes dans tous les bas-fonds de la ville constituaient l’unique protection dont avaient besoin les asurs pour se prémunir des voleurs qui pullulaient dans la capitale impériale.

Effectivement, lorsque Paulus escalada prestement un pan de mur suffisamment éloigné du portail du parc, puis atterrit avec un bruit mat dans l’herbe, nul ne le remarqua. Les deux vigiles postés à l’entrée, s’ils étaient intimidants avec leur équipement brillant comme un sou neuf, semblaient plus affairés dans leur conversation que dans l’observation des alentours. Avec un petit ricanement intérieur, le jeune humain se dit que la netteté des casques des lanciers hauts elfes procédait peut-être plus du fait qu’ils se retrouvaient rarement sur un champ de bataille que des soins intensifs de leurs propriétaires.

Paulus entreprit ensuite d’escalader silencieusement la façade du manoir, jusqu’à la fenêtre que Tirianis lui avait indiquée comme débouchant sur sa chambre. Effectivement, dès qu’il eut commencé son ascension, l’amoureux transi vit ladite fenêtre s’ouvrir pour laisser passer la tête de sa bien-aimée, laquelle encouragea son amant du bout des lèvres jusqu’aux moment où leurs bouches purent enfin se rencontrer. Tout en embrassant Tirianis et en caressant ses cheveux défaits, Paulus entreprit d’entrer dans la chambre.

Les deux amants restèrent ainsi quelques secondes à glousser de l’aventure et à se caresser gentiment, puis Tirianis ferma la fenêtre et entraîna le jeune noble jusqu’à son lit. A partir de là, forte de son inexpérience, elle laissa l’humain la guider dans leurs étreintes, Paulus déflorant avec passion la créature qu’il adulait. L’union fut intense, le Vent de Ghyran enserrant les deux amants dans ses volutes magiques, accroissant la puissance virile de Paulus et les sens doux et ouverts de l’elfe.

Lorsque d’un commun râle, les deux amants eurent atteint le paroxysme du plaisir, ils restèrent encore longuement enchâssés, ne pouvant se résoudre à séparer leurs chairs malgré la nécessité pour Paulus de partir avant le lever du soleil. Ce fut Tirianis qui parvint à achever leur union, se dégageant avec douceur du corps de son amant. Ce dernier entreprit alors de se rhabiller à contrecœur, se repassant en mémoire les mots, les gestes, les âmes qui s’étaient échangés lors de cette nuit. Puis, laissant un dernier baiser dans les lèvres de Tirianis, il redescendit la façade du manoir, quittant la douce chaleur de la chambre pour le froid matinal de l’Altdorf hivernal. Dans les rues encore sombre, il sentit voltiger les premiers flocons de l’hiver rude qui s’annonçait.

-Les pillards norses profiteront certainement du froid de cet hiver, expliquait le bourgmestre Otto Rickenstard. Les premiers flocons sont déjà arrivés ; cela signifie que nous allons devoir entamer dès maintenant nos réserves hivernales de nourriture. Juste avant le dégel, lorsque ces barbares surgiront, ils seront certains de nous trouver encore plus affaiblis que les années douces, et profiteront sans aucun doute de l’aubaine pour arriver en masse. L’Empire doit servir les intérêts du Vieux Monde en se montrant clément sur le prix du blé qu’il nous vend.

-Vos amis elfes ne peuvent-t-ils vous procurer en nourriture ? coupa Heinrich von Plaften d’un ton brusque.

L’interrompu lui jeta un regard furibond. Il était debout, en train de discourir au milieu des représentants de l’Empire et de Marienburg, et ce nobliau avait l’outrecuidance de le couper à nouveau. Une assemblée de plus de trente dignitaires observait Rickenstard, répartis en cercle sur des sièges disposés le long de la salle ronde de l’Hôtel de Ville de Marienburg, la plus éclairée du bâtiment, grâce à ses nombreuses fenêtres ; le marchand savait que son oraison était un moyen de bien se faire remarquer par ses pairs et il n’avait pas l’intention de laisser un aristocrate impérial lui gâcher son éloquence.

-Encore vos histoires d’accords secrets, Plaften ? cracha-t-il. Vous avez tenté à plusieurs reprise de montrer qu’Ulthuan et Marienburg s’étaient entendues sur le dos de l’Empire. Mais aucune preuve solide n’a été étalée. J’aimerais que vous cessiez vos interruptions intempestives.

-Vous exigez de l’Empire qu’il se montre compréhensif envers vous, poursuivit néanmoins le baron. Comment pourrions-nous aider une cité qui viole nos accords communs ?

-Votre propre prêtresse a reconnu qu’un tel argument était irrecevable ! trancha sèchement Rickenstard.

Heinrich se renfrogna en jetant un regard mécontent en direction de la femme à qui le marchand faisait allusion. La réunion avait été placée sous la présidences de trois prêtresses d’églises et de nationalités différentes : Hilda Caracha, Matriarche de l’Ordre de l’Albatros à Marienburg, Clara Candide, Grande Prêtresse du Culte de Shallya à Couronne, et Minerva Thamen, Doyenne du Temple de Verena à Altdorf. Ces femmes avaient pour but de servir d’arbitres lors des discussions, et Thamen avait effectivement prié Heinrich de ne pas accuser sans preuve lorsque ce dernier avait fait part de ses doutes sur les relations entre Ulthuan et Marienburg pour la première fois.

De l’avis du baron, cet arbitrage était déloyal, la prêtresse de Verena étant la seule faisant preuve d’un réel sens de la justice ; en effet, la prêtresse de Manann cherchait de manière évidente à défendre les intérêts de Marienburg, dont les recettes alimentaient celles de son ordre, tandis que celle de Shallya, bien qu’étant d’une grande foi et réputée pour les miracles dont elle était capable, n’entendait rien en politique et comprenait à peine les enjeux des débats.

Tandis que Plaften nourrissait ces amères réflexions, un fracas lui fit lever la tête, et il vit une des fenêtres de la salle se briser tandis que deux épouvantables mutants pénétraient passaient au travers. L’un possédait une multitude d’yeux répartis sur l’ensemble de sa tête chauve, tandis que l’autre avait le dos orné de plusieurs tentacules qui fouettaient l’air de manière aléatoire. Tous deux étaient couverts de plaies suppurantes, qui suintaient d’un infâme jus vert et visqueux.

Avant que quiconque n’ait pu réagir, les deux mutants avaient jeté au sol plusieurs petites céramiques, qui se brisèrent en libérant d'abjectes volutes d’un nuage vert sombre, plongeant les dignitaires dans un profond malaise ; l’ensemble des diplomates se mit à vomir. Les trois prêtresses finirent cependant par réagir, utilisant leurs pouvoirs pour retrancher le nuage vénéneux au sein du centre de la pièce, d’où Rickenstard s’était empressé de s’enfuir ; le temps de ces incantations, les deux mutants avaient eu le temps de se donner la mort avant que les gardes ne puissent les arrêter.

-C’était affreusement bien préparé, murmurait la prêtresse dans un vague sanglot. Je… mes pouvoirs ne pourront jamais que retarder le mal. Il vous a tous condamnés à mort. Je n’ai pu que rendre ce germe non-transmissible à vos proches. Le halfling n’a pas été infecté, mais…

-Laissez, coupa Heinrich d’une voix rauque. Vous n’êtes coupable de rien. Ce sont ces gras marchands les responsables ! Incapables de sécuriser correctement une réunion de prime importance.

Il se trouvait dans le temple de Shallya local, en compagne des autres victimes de l’attentat. Une ambiance morbide régnait dans la pièce ; en effet, on ne mentait pas à des personnages aussi puissants, et tous avaient appris que le mal dont ils avaient été infectés était incurable, qu’il ne leur restait à chacun que quelques semaines, le temps de mettre leurs affaires en place. Aucun des représentants de Marienburg ne protesta lorsque von Plaften eut remis en doute leurs capacités de gestion, chacun ruminant la sombre pensée de son décès prochain.

Chirandoux, qui était resté en retrait jusqu’à présent, comme si son indemnité, procurée par la résistance naturelle des halflings au Chaos, le rendait indigne de siéger parmi cette assemblée de moribonds, s’approcha de son vieil ami et lui posa une main sur l’épaule. Le baron le va son air patibulaire vers le médecin, qui lui murmura simplement :

-J’ai toujours ce testament que vous m’avez remis. Il faudra…

Heinrich hocha la tête de manière machinale.

-Oui, répondit-il finalement. Il faudra le relire. Il faut que Paulus soit informé de ce qui lui reviendra, aussi…

Quelques rudes larmes coulèrent sur les joues barbues du noble impérial. Il serra la petite main du halfling.

-Je sais que vous ne le quitterez pas, que vous prendrez soin de lui, assura-t-il. Merci.

Chirandoux hésita un moment à lui révéler maintenant ce qu’il avait deviné sur la relation entre Paulus et Tirianis. Mais il jugea préférable de laisser le baron entrer en terre dans l’ignorance quant aux turpitudes sentimentales de son fils. A cet instant, un représentant de la garde communale eut la mauvaise idée d’assurer :

-Nous ferons tout pour trouver les responsables de cet attentat. Soyez-en certains.

Une assemblée de regards noirs lui répondit, et le militaire jugea opportun de ne plus se lancer en de dérisoires tentatives de consolation.

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finalement vouqs avez le droit de poser des coms juste pour me dire que vous avez bien aimé, alors, car ce silence.... unsure.gif

Ha bah dans ce cas je te l'annonce, j'adore ton récit! Plus sérieusement j'aurais bien aimé être constructif mais lors des derniers chapitres je n'ai sincèrement rien trouvé à redire.

Par contre là j'ai quelque petite choses à dire.

Tout d'abord l'action s'accélère, les gros problèmes arrivent, que du bonheur! Par contre le chapitre était un peu trop "monotone" alors qu'il y à pourtant pas mal d'actions. Par exemple:

Tandis que Plaften nourrissait ces amères réflexions, un fracas lui fit lever la tête, et il vit une des fenêtres de la salle se briser tandis que deux épouvantables mutants pénétraient passaient au travers.

Suivie de:

Les trois prêtresses finirent cependant par réagir, utilisant leurs pouvoirs pour retrancher le nuage vénéneux au sein du centre de la pièce, d’où Rickenstard s’était empressé de s’enfuir ; le temps de ces incantations, les deux mutants avaient eu le temps de se donner la mort avant que les gardes ne puissent les arrêter.

-C’était affreusement bien préparé, murmurait la prêtresse dans un vague sanglot. Je… mes pouvoirs ne pourront jamais que retarder le mal. Il vous a tous condamnés à mort. Je n’ai pu que rendre ce germe non-transmissible à vos proches. Le halfling n’a pas été infecté, mais…

-Laissez, coupa Heinrich d’une voix rauque. Vous n’êtes coupable de rien. Ce sont ces gras marchands les responsables ! Incapables de sécuriser correctement une réunion de prime importance.

On à comme une impression d'irréel, aucune émotion n'est visible du point de vue des différents participants, à part les vagues sanglots de la prêtresse. Si je devais défénir la scène, je dirais qu'on à l'impression d'un blanc, personne n'a l'air de réagir vraiment. Ensuite c'est peut être l'effet voulu, mais j'en ai gardé une impression étrange. :whistling:

Au final la façon dont est raconté l'action donne un air irréel à tout ce chapitre mais c'est à cette partie que c'est le plus visible. Sinon au niveau de la rédaction et du vocabulaire, là aucune critique à faire! :(

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Je passais par hasard et, je dois bien le dire, c'est le titre de ton récit qui m'a accroché. C'est vraiment un joli titre.

Passons au récit, dans la mesure où j'ai, sur ton conseil, attrapé le train en route.

***

(souvenez-vous que j'attends vos avis là-dessus, dites moi si c'est bien fait ou pas)

Enfin quelqu'un qui dit ce qu'il attend. Je vais me faire un plaisir d'y répondre, du moins de mon modeste point de vue.

De manière générale, la liaison que tu décris est, à mon goût, trop superficielle, rapide, vague et presque caricaturale et malgré tout assez réussie sur plusieurs plans. Je vais aller dans les détails pour vraiment montrer ce que j'entends par là:

Le jeune Paulus avait appris la convocation de son père plusieurs jours à l’avance et en avait informé son amante. Le jeune noble avait crut percevoir une lueur inquiète dans les yeux dans son professeur lorsque ce dernier l’avait quitté, comme s’il flairait quelque projet secret dans l’esprit du jeune homme.

Là, c'est parfait. L'amour innocent qui doit se cacher, le doute, etc... rien à redire.

Le jeune homme était assez effrayé des conséquences qui surviendraient s’il était surpris en train de pénétrer frauduleusement le bâtiment

Ah oui, et le lecteur? Comment pourrait-il avoir peur? Bon, c'est clair, j'ai pris le train en route, donc forcément, tu as peut-être expliqué lesdites conséquences auparavant. Ceci étant, pour moi qui n'ai lu que ça, franchement, c'est vide de sens. Il va se faire écarteler, refuser le droit de la voir, déshériter? Y a-t-il simplement des conséquences politiques qui l'inquiètent?

J'avoue qu'avec ce seul passage, impossible de savoir.

J'ai lu la première page en diagonale, je n'ai rien vu directement sur les conséquences pour Paulus, seulement les conséquences pour Tirianis.

Prenons l'hypothèse que tu n'aies pas explicitement, avant cette partie, dit ce que cette union risquait de provoquer, dans ce cas un petit "Il imaginait déjà telle conséquence se dérouler et s'obstinait malgré tout".

Si tu l'a déjà explicitement décrit (ce qui pourrait arriver), quelque part, je le ferais aussi, ou alors j'enlèverais carrément ce passage, ou je le sous-entendrais ("Il marchait vite, son coeur battait au point de couvrir le bruit de ses pas, il sentait des gouttes de sueur perler sur son front", ce genre de chose qui sous-entendent la peur, l'angoisse, mais qui restent des faits objectifs).

L'ennui pour moi, avec ce passage, c'est qu'il semble être là uniquement pour "ajouter du suspens", mais n'apporte au lecteur aucune information, il donne ce côté "caricatural".

Ceci étant, c'est plus une question de style personnel, niveau romance il ne change pas grand chose.

***

La romance alors:

Paulus entreprit ensuite d’escalader silencieusement la façade du manoir, jusqu’à la fenêtre que Tirianis lui avait indiquée comme débouchant sur sa chambre. Effectivement, dès qu’il eut commencé son ascension, l’amoureux transi vit ladite fenêtre s’ouvrir pour laisser passer la tête de sa bien-aimée, laquelle encouragea son amant du bout des lèvres jusqu’aux moment où leurs bouches purent enfin se rencontrer. Tout en embrassant Tirianis et en caressant ses cheveux défaits, Paulus entreprit d’entrer dans la chambre.

Ah, la grande scène de la fenêtre. Très bonne transition du regard à la bouche et au baiser. Là, franchement, rien à redire. C'est doux, tendre, mielleux, tout bon.

En revanche, franchement, je me suis marré en le lisant parce que, entre nous, imagine un peu le type passer par la fenêtre tout en embrassant la fille. Pour quiconque s'est essayé à cet exercice, ça prend des proportions franchement épiques.

De plus, au simple niveau émotionnel, je te conseillerais (et j'emploie bien le conditionnel) de ne pas mélanger les baisers et le fait de pénétrer dans la demeure. En effet, si tu veux décrire un amour vrai et innocent, mieux vaut ne pas lier un baiser, preuve d'amour et moment de bonheur, avec le fait d'entrer dans la chambre, qui relève de la symbolique, et dans le fantastique, le plus souvent de la symbolique de possession.

Ceci étant, si Paulus est plutôt du genre profiteur, alors là, au contraire, l'association est la bienvenue. Un peu comme celui qui garde les yeux ouverts en embrassant et en profite pour saluer encore un copain qui passe en même temps :D .

Les deux amants restèrent ainsi quelques secondes à glousser de l’aventure et à se caresser gentiment

Tu as vraiment un style particulier. Parfois c'est très caricatural ("il avait peur des conséquences") et parfois franchement terre à terre et presque trivial.

Il serait intéressant de savoir quel type d'amour tu veux montrer au lecteur. Ici, visiblement, tu cherches à montrer le vrai visage d'une passion adolescente, une vision externe aux deux amants, plus réaliste, plus critique. (et du coup, l'association que je décriais en haut est la bienvenue)

Si c'est effectivement cette sorte de "raillerie" que tu veux faire passer, alors tu choisis très bien tes termes, entre gloussement (péjoratif par excellence) et la niaiserie des "gentilles caresses".

A partir de là, forte de son inexpérience,

Plus j'avance, et plus je suis persuadé que tu veux te foutre de la gueule de cet amour, probablement encore plus de l'amour que porte Tirianis à Paulus. Mais en tout cas, c'est le genre de tournure toujours efficace et bienvenue.

L’union fut intense, le Vent de Ghyran enserrant les deux amants dans ses volutes magiques, accroissant la puissance virile de Paulus et les sens doux et ouverts de l’elfe.

Là, on repart dans le mielleux et l'amour avec un grand A.

Lorsque d’un commun râle, les deux amants eurent atteint le paroxysme du plaisir, ils restèrent encore longuement enchâssés, ne pouvant se résoudre à séparer leurs chairs malgré la nécessité pour Paulus de partir avant le lever du soleil. Ce fut Tirianis qui parvint à achever leur union, se dégageant avec douceur du corps de son amant. Ce dernier entreprit alors de se rhabiller à contrecœur, se repassant en mémoire les mots, les gestes, les âmes qui s’étaient échangés lors de cette nuit. Puis, laissant un dernier baiser dans les lèvres de Tirianis, il redescendit la façade du manoir, quittant la douce chaleur de la chambre pour le froid matinal de l’Altdorf hivernal.

Oulà, on est carrément dans le sentimental. Tu es passé de la critique sarcastique à la pure description gentille et mignonne (que j'affectionne personnellement) d'un amour innocent et pur (et pas l'inverse, non mais...)

C'est à cause de ce passage que j'hésitais sur ce que tu veux faire passer comme vision de l'amour entre les deux. Sarcasme, critique, émotion? Sont-ce des héros ou des victimes? Y a-t-il de la magie entre eux ou de la (l)chimie? Difficile à dire, tu brouilles les pistes et en tant que lecteur, je suis porté à croire la seconde solution.

Un peu des deux me diras-tu peut-être, soit, mais cela demande une continuité dans les deux visions, un mélange continu. Parce que là, pour le lecteur moyen que je suis, Paulus et Tirianis s'aiment vraiment d'un bel et pur amour de roman, même si tu te fous bien de leur gueule à plusieurs reprises (et déjà dans la première page).

De manière générale, si je devais parier sur le moment, je dirais que tu écris ça au feeling, au ressenti et que tu cherches à faire passer leur innocence au travers d'un fort amateurisme (gloussements, hésitations, etc... le fameux "vous ne me giflez pas?") tout en cherchant à montrer un amour vrai, innocent et pur, etc...

Je n'arrive pas à me faire un avis sans avoir tout lu au complet sur l'ensemble des personnages pour voir l'image que tu veux faire passer d'eux, mais dans tous les cas, j'ai la sensation que tu laisses passer des messages trop contradictoires pour le lecteur moyen, notamment avec ce terme de "glousser" qui revient et qu'une ligne directrice plus claire serait la bienvenue, quitte à aller dans cette nuance de l'amour innocent qui reste terre à terre, mais sur la longueur.

Par exemple, Tirianis, en se levant, pourrait facilement bousculer un peu Paulus, ou n'importe quel truc de ce genre (et hop, le bras coincé en dessous) qui arrive dans la vraie vie lorsque la magie de la nuit fait place à la dure réalité.

Dans les rues encore sombre, il sentit voltiger les premiers flocons de l’hiver rude qui s’annonçait.

Bonne transition pour passer à la suite. Rien à redire, c'est du bon.

Mais je vais rester encore sur cette nuit. J'ai parlé du caricatural, du vague (messages contradictoires), mais avant tout, cette union est trop... rapide.

Bien sûr, nous ne sommes pas là pour décrire dans le détail chacun de leurs faits et gestes (mais on pourrait faire un texte sacrément comique sur cette base), seulement il y a quelques petites choses, dans les regards, les sensations, qui peuvent être exploités.

Paulus mets, pour le lecteur, plus de temps à venir jusqu'à son amante qu'à coucher avec elle. C'est pas ce qu'il y a de plus romantique.

L’union fut intense, le Vent de Ghyran enserrant les deux amants dans ses volutes magiques, accroissant la puissance virile de Paulus et les sens doux et ouverts de l’elfe.

Lorsque d’un commun râle, les deux amants eurent atteint le paroxysme du plaisir

C'est un peu là, dans ce passage, qu'on passe du début des sensations les plus fortes au râle de fin. (râle commun, ce qui contribue encore à mon hypothèse de l'amour parfait et de ton écriture au feeling)

Si tu veux éviter d'entrer dans les détails et rester soft (ce que je peux comprendre et encourage, vu qu'il y a des mineurs sur le forum), tu peux employer l'habituelle allégorie ou métaphore pour décrire leur nuit. Tu es parti sur les volutes magiques du Vent, tu aurais pu continuer un peu là dessus, ou partir sur les images habituelles, la mer, la nuit étoilée, etc... Simplement parler des esprits qui s'évadent, pour faire bien mièvre, qui s'échappent du monde pour rentrer dans un nouvel ordre des choses, un endroit bien, un endroit agréable où il ne fait plus froid, où tout n'est plus que délice, etc...

Enfin bref, c'est là l'idée. Faire en sorte que la scène d'amour dure un rien plus long, histoire que Paulus, auquel le lecteur va s'identifier, ne soit pas venu pour rien, afin que Tiriana, à laquelle la lectrice va s'identifier, ne se sente pas trop lésée (j'arrête là, je vais commencer à dire des conneries X-/ ).

***

Au niveau de la romance, c'est tout ce que j'ai à dire. Bien sûr, c'est mon point de vue personnel, limité par le manque de connaissance du texte et écrit sans une réflexion suffisante, mais je rappelle que j'étais surtout venu pour le titre, l'iris des Ethar.

Je suppose d'ailleurs que cette iris, c'est Tiriana, iris qui est tiré d'iridos, messagère des dieux, symbole de royauté, bref, une fille au destin plutôt important qui, pour l'instant, est encore aux balbutiements de son existence.

Je me demande quelle taille tu as prévu pour ce roman...

***

Quoi qu'il en soit, tu as un bon style, j'ai bien aimé lire ce texte, même si, pour vraiment juger, j'aurais dû lire l'ensemble. Si je pouvais te donner un seul conseil, et en sachant qu'il dépend de ma connaissance très limitée de ton style, donc qu'il peut être totalement faux et mauvais, je dirais: "Pense parfois à ce que le lecteur va lire et comprendre de ce que tu as écrit".

Ah oui, il va de soi que je ne fais pas franchement mieux B) .

Juste un dernier truc pour la seconde partie:

L’un possédait une multitude d’yeux répartis sur l’ensemble de sa tête chauve, tandis que l’autre avait le dos orné de plusieurs tentacules qui fouettaient l’air de manière aléatoire. Tous deux étaient couverts de plaies suppurantes, qui suintaient d’un infâme jus vert et visqueux.

Mouais, euh... cette description pose problème dans la mesure où elle casse l'immersion. On voyait tout depuis les yeux du baron et soudain, on a droit à cette description des deux mutants qui, au fond, ne nous apprend rien d'utile (ils sont moches, mouais, on s'en doutait) et ne correspond à la vision d'aucun personnage. Si tu veux la faire, je conseille d'employer la formulation:

"Un tel fut frappé par la multitude d'yeux répartis [...] Mais plus que tout, ils (les types de l'assemblée) devaient garder en mémoire les plaies suppurantes dont ils étaient couverts, qui suintaient..."

Ce genre de truc en mieux fait (facile à dire X-/ ).

Impe, en coup de vent.

ps:

Merci de ces deux coms smile.gif

J'en ai pas d'autre ermm.gif ben... finalement vouqs avez le droit de poser des coms juste pour me dire que vous avez bien aimé, alors, car ce silence....

Les gens vont, viennent, il est déjà étonnant que nous ayons du temps à consacrer à ce genre d'activité sur internet.

Modifié par Imperator
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X-/ Sorry pour le flood

Je tenais à exprimer mon émotion intense devant ce p*** de commentaire de dieu (soit disant réalisé "en coup de vent"). X-/

Je réponds pas à tout mais j'ai vraiment bien lu et je promet d'en tenir compte pour la suite (je réintroduirais une scène dans le genre à l'occasion).

Mes remerciements lles plus sincères,

Poupi

réalisé en coup de vent... mon cul oui

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Allons-y pour un peu de flood, à cette heure-ci les modos dorment, hein Inxi X-/ .

réalisé en coup de vent... mon cul oui

Non, je t'assure que ça a été vite fait. Il faut bien comprendre que même si j'ai été assez actif ici à une époque, je ne suis plus qu'un visiteur occasionnel, faute de temps à y consacrer, à mon très grand regret.

Et puis, normalement, pour un commentaire, je lis le texte, je laisse reposer, j'y réfléchis en dehors, je reviens un jour ou deux (parfois une semaine ou deux) plus tard, je pose mes hypothèses, je cherche à les vérifier dans le texte, puis je cherche des solutions.

Le minimum pour cela est d'avoir lu l'ensemble du texte.

Ici j'ai lu en diagonale le départ et en entier le dernier passage. Je ne peux même pas te proposer de véritable piste avant ton retour sur commentaire pour m'orienter et m'informer. J'ai quand même fait mieux comme commentaire.

Au passage, j'avais aussi commenté ton texte "Maximilian Draken: Quête de sang, lors du concours de critique. Bon, ça date vraiment, mais... il me semble qu'il y a des recoupements avec mon commentaire de l'iris des Ethar, par exemple:

-Vous savez bien qu’aucun vampire ne peut accomplir ce rituel, rappela l’humain qui lui faisait face.

Là, trop simple. Désolé, mais un lecteur ne peut se contenter de cette solution de facilité. Pourquoi aucun vampire ne pourrait-il l'accomplir? Décision divine? Coïncidence heureuse? Si en plus Romain (au nom sur lequel je devrais m'arrêter deux secondes, il le mérite) doit rester, au vu de la description vue ci-dessus, il serait bon que ce soit pour une autre raison qu'un rituel que les vampires, pourtant violents magiciens s'il en est (en haut-elfe ayant bien combattu les vampire, j'en sais quelque chose...) ne peuvent accomplir.

Bref, c'est un vieux vampire adolescent.

Amusant ce coup-là aussi, cette vision adolescente revient souvent chez toi (deux fois, sur le net, ça fait souvent X-/ ).

***

Allez, faut quand même que j'aille me coucher et laisser à nouveau la place aux autres.

Impe, même si j'aime les chroniques, je ne peux pas oublier la section récit.

Modifié par Imperator
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Bien. M'armant de courage, je vais répondre au post d'Imperator!!!

cette vision adolescente revient souvent chez toi

Merci, docteur Freud. Grâce à vous j'ai compris que je suis un ado immature. Le Warfo, ça vaut toute une psychothérapie.

C'est vraiment un joli titre.

Merci.

trop superficielle, rapide, vague et presque caricaturale et malgré tout assez réussie sur plusieurs plans.

Je me demande ce qu'il peut rester de positif dans un texte superficiel, vague, rapide et caricatural...

Sur "la romance"

En fait je cherchais à exprimer 2 faits à la fois :

1) Youpi c'est l'amour c'est beau ils sont trop heureux mes tourtereaux

2) Mais ils sont cons aussi mes tourtereaux, c'est des jeunes gens qui connaissent encore rien à la vie, et celle ci va se faire un plaisir de leur rouler dessus.

C'est pas 2 trucs contradictoires, plutôt les deux facettes d'une même situation. Après j'ai peut-être été maladroit, d'où ton sentiment de style bizarre. Mais mon but n'était pas du tout de me foutre de leur gueule, simplement de signaler qu'ils sont un peu jeunots, quoi.

Ensuite, tu avais l'air de dire que la scène n'était pas assez décrite. Alors bon si je me lance dans des grands récits charnels :

1) Inxi va me dire qu'il en a marre de mes histoires de cul et qu'il veut de la baston (mais non Inxi je t'aime quand même :P on a tous un côté bourrin)

2) Les autres lecteurs vont aps forcément adorer non pls parce que le Warfo est plus peuplé de fan d'epic fantasy que de lolitas qui veulent des grands sentiments

3) Je sais pas si la qualité sera formidable car je me sens pas l'âme d'un auteur érotique.

Néanmoins, pour satisfaire ce cochon d'Imperator, je tacherais de réintroduire une telle scène un peu plus poussée. Sire Impe pourra me dire si y'a du progrès ou pas.

Je suppose d'ailleurs que cette iris, c'est Tiriana, iris qui est tiré d'iridos, messagère des dieux, symbole de royauté, bref, une fille au destin plutôt important qui, pour l'instant, est encore aux balbutiements de son existence
.

Heu... ta culture te rend hommage mais en fait, "iris" désigne simplement la couleur des yeux... En effet le fil conducteur de mon récit et la perenisation de la lignée des Ethar et donc de leurs chtis yeux si magnifiques...

Et pour pas faire de jaloux, je réponds aussi aux autres!!!

Bien reçu les reparques d'Ogre sur la monotonie du ton. On m'avait déja fait la remarque lors de la scène de la mort de la mère de Tirianis, mais méchant garçon comme je suis, j'ai récidivé. Je vais essayé de m'améliorer. Euh... voilà.

Bien, une suite un peu mélo qui a pour but de creuser un peu les personnages des deux papounets. C'est sur ces deux bonhommes que j'attend principalement vos acerbes commentaires (mais tout com posé tel un baume sur mon coeur écorché par la solitude sera le bienvenu). Ah que merci d'avance.

Chapitre 6

Le germe et le moribond

-Nos terres ancestrales te reviennent de droit, expliquait faiblement le baron von Plaften. Tu as passé de nombreux séjours là-bas, mais tu ne connais sans doute pas précisément l’étendue de ton propre héritage. Outre le château, il y a quatre villages placés sous la protection de notre famille, et quelques hectares de terrain de chasse. Le régisseur, Gunther, est un homme loyal et te reconnaîtra sans peine comme son suzerain ; il pourra te détailler plus en avant tes possessions.

Paulus hocha silencieusement la tête, sa pomme d’Adam toujours gonflée au travers de sa gorge. Lui et son père étaient assis avec le docteur Chirandoux autour de la petite table qui leur servait de lieu de conversation habituel. Il y avait quelque chose d’ironique dans cette réunion, comme une macabre parodie de leurs parties de cartes : ils n’étaient plus là pour partager une pioche, mais les possessions d’un homme à qui il restait quelques semaines à vivre.

-En ce qui concerne ton avenir politique, poursuivit Heinrich d’une voix qu’il s’efforçait de rendre aussi normale que possible, je ne veux pas que tu restes à la cour ; étant donnée ton inexpérience, tu y deviendrais le pantin de flagorneurs plus habiles que toi. Retourne donc chez nous, et forge-toi ton talent auprès des terres qui te reviennent ; lorsque tu seras prêt, tu pourras retourner à Altdorf, où mon souvenir te garantira une certaine respectabilité. Mais quoi qu’il advienne, ne va pas à la cour impériale avant d’avoir dépassé les trente-trois ans. Promets-le-moi.

-C’est promis, père, assura Paulus de sa voix mi-brisée.

-Le docteur Chirandoux sera toujours là pour te soutenir, assura le baron, avant d’être pris de l’une de ses répugnantes quintes de toux.

Tandis que le halfling approuvait d’un signe de tête, von Plaften prit un ton plus sincère, plus brisé, et demanda doucement :

-Est-ce qu’il y a quelque chose que tu voudrais me dire ?

Le jeune homme sembla balbutier les lèvres quelques instants, comme s’il hésitait. Son mentor, avec sa vivacité habituelle, comprit que le jeune noble risquait de gâcher les derniers jours de son père en lui faisant de fâcheux aveux. Il passa rapidemment la main sous la table pour gratouiller le genoux de son élève ; ce dernier reconnut le signal que lui adressait Chirandoux lorsqu’il lui conseillait de garder le silence sur tel ou tel point- une soirée débauchée avec ses amis ou l’égarement de quelque document précieux. Paulus sembla surpris mais eut l’adresse de ne pas tourner son visage vers le médecin, répondant simplement :

-Non, père, il n’y a rien.

Heinrich, hocha lourdement la tête, quelques larmes roulant dans sa barbe, puis murmura un faible :

-Bien. Très bien.

Il prit la tête de son fils entre ses deux mains, et l’embrassa rudement sur le front. Comme les deux nobles allaient s’étreindre, Chirandoux toussota et maugréa :

-Heinrich… vous aurez encore le temps d’embrasser votre fils. En revanche, il était prévu que vous alliez voir Arion Ethar cet après-midi. Vous savez comment sont les elfes avec le protocole…

Le baron resta encore quelques secondes avec son fils dans les bras, puis il hocha la tête et se dégagea.

-Vous avez raison, soupira-t-il, comme toujours. Allons-y.

-Restez ici, Paulus, lança le halfling comme une question muette apparaissait sur les lèvres de son élève. Vous êtes ému et pourriez vous montrer… imprudent.

De fait, le jeune homme était dans un tel état qu’il ne saisit même pas les allusions du médecin à sa liaison avec Tirianis. Il obéit machinalement et se retira dans sa chambre, tandis que Chirandoux et son vieil ami se rendaient au manoir de la délégation d’Ulthuan. Ils furent reçus d’une manière bien plus intime qu’à toutes les autres entrevues, pourtant nombreuses, qu’ils avaient eues avec le Prince Ethar cette dernière année, l’Ambassadeur venant lui-même les accueillir au portail.

Tandis que le halfling, l’humain et l’elfe cheminaient le long de l’allée qui menait au bâtiment, Heinrich remarqua que les gardes et les serviteurs qu’ils croisaient faisaient un curieux mouvement de la main droite en le voyant ; sans doute une manière en Ulthuan de bénir un mourant.

-Vous faîtes partie des humains que j’ai le plus respectés, lança soudain Arion après quelques minutes de silence. Je regrette que nous n’ayons pas pu nouer des relations… extra-professionnelles, disons.

-Je le regrette aussi, assura Heinrich. J’ai trouvé votre personnalité très intéressante. Vos airs m’ont toujours fait l’impression d’un homme qui, malgré son succès, aurait le sentiment d’avoir raté sa vie.

Quelques secondes de silence suivirent cette déclaration, puis Arion Ethar répliqua :

-Ma femme est morte en couches. On m’a raconté que vous avez perdu la votre de manière similaire.

Troublé par l’aveu, le baron ne sut que hocher positivement la tête.

-J’ai passé la majeure partie de mon existence à méditer sur l’illustre lignée dont je suis issu, continua Arion. Et maintenant, nul ne portera plus le nom d’Ethar, même si notre iris continuera à se transmettre. Ce n’est pas la fin de mon lignage, non, mais c’est un carrefour dans l’histoire de mon sang… et il est assez malaisé d’être la borne d’un carrefour. Je ne cesserai sans doute jamais de me demander si j’ai fait les bons choix.

Comme les trois politiciens, arrivaient devant les portes du bâtiment, l’elfe leva la tête et demanda :

-S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire, baron, n’hésitez surtout pas à me le demander…

-Arrêtez donc vos manigances avec Marienburg, soupira Heinrich avec un maigre sourire. Si Paulus doit jamais me succéder à mon poste, j’aimerais autant qu’il traite de sujets plus agréables avec vous et n’aie pas à tenter de vous espionner.

Faisant ouvrir la porte, Arion Ethar sourit à son tour :

-Les dieux m’empêchent de mentir à un mourant, grogna-t-il. Je peux bien vous avouer que les Princes Marchands d’Eataine ont roulé vos guildes dans la farine. Mais si c’est la dernière chose dont vous me priez, je saurais convaincre le Roi Phénix de se comporter de manière plus loyale envers l’Empire. J’avoue que j’eusse préféré que vous me fassiez une requête plus… intime.

Le baron haussa les épaules.

-Je vous porte en grande estime, et aimerais avoir une requête plus personnelle à vous adresser. Mais en dehors de mon fils, je n’ai plus rien à combler, et j’ai déjà pris les dispositions pour l’avenir de Paulus.

L’Ambassadeur fit signe qu’il comprenait. En entrant dans le manoir, il demanda :

-Allez vous retourner dans vos terres natales ?

Heinrich remua la tête en signe de négation.

-Les intrigues du Palais ont eu raison du féodal que j’étais, expliqua-t-il. Durant ma jeunesse, j’étais un des derniers vestiges d’un système qui aujourd’hui ne survit plus qu’en Bretonnie. Mais à présent, je me sens complètement citadin- alors que je tiens la cité, ses politiques et ses marchands en horreur. Retourner chez moi ne me ferait aucun bien.

L’Ambassadeur d’Ulthuan hocha pensivement la tête pour montrer qu’il avait compris, puis invita le baron à saluer les autres membres de la délégation et Tirianis avant de prendre sa retraite.

Tirianis songeait silencieusement dans sa chambre, l’âme en émoi. Elle venait de saluer le baron von Plaften, que son père avait fait entrer dans le hall du manoir. On avait prévenu l’héritière des Ethar que le délégué impérial était mourant, mais même si on ne l’en avait pas informée, elle l’aurait deviné d’un simple regard : les yeux du baron étaient emprunts d’une tristesse moribonde, tandis que son corps ne cessait de s’agiter en répugnantes quintes de toux, et le Ghyran se retirait sur son passage, comme si le Vent de Vie était dégouté par cette chair ambulante, ce cadavre en sursis.

Quel effet cela faisait-t-il d’attendre sa mort prochaine ? Chaque fois que la jeune elfe se posait la question, elle sentait un grand vide en son esprit, comme s’il s’agissait d’une question à laquelle son cerveau n’était pas programmé pour répondre. Soucieuse de se débarrasser de ces troubles, Tirianis décida de se plonger en méditation, un exercice qu’elle maîtrisait maintenant relativement bien, son mentor lui ayant enseigné les formules pour repousser les zones d’ombres de son essence.

Alors que sa partie psychique nageait longuement dans le kaléidoscope de couleurs et de volutes de son âme, évitant soigneusement les zones d’ombre, elle aperçut soudain un étrange phénomène, une sorte de kyste aethyrique qui s’était formé au milieu de la masse lumineuse de l’âme de la jeune elfe. S’approchant, cette dernière s’aperçut que cet élément étranger semblait attirer les Vents d’une manière semblable à la sphère étrange qui symbolisait l’essence de Tirianis.

L’héritière des Ethar s’approcha et tenta de toucher du bout de son moi psychique cet étrange parasite. La chose sembla s’animer en une mouvance défensive, puis s’ouvrit lentement, découvrant un chatoiement de couleurs magnifiques, qui luisaient tout faiblement, comme si elles étaient issues d’un soleil en cours de formation. En s’approchant un peu plus, Tirianis sentit un véritable déferlement de tendresse l’envahir, comme si la chose suppliait son âme de la caresser.

Il lui fallut quelques minutes pour comprendre qu’il s’agissait de l’âme de son enfant.

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Merci, docteur Freud. Grâce à vous j'ai compris que je suis un ado immature. Le Warfo, ça vaut toute une psychothérapie.

Ce n'était absolument pas dans mes intentions.

Je me demande ce qu'il peut rester de positif dans un texte superficiel, vague, rapide et caricatural...

La beauté, le plaisir, l'histoire, en somme, une existence.

Je dois m'excuser, visiblement j'ai été trop vite en rédigeant mon commentaire et n'ai pas assez bien choisi mes mots. Crois-moi, de manière générale, aucun de ces adjectifs ne peut objectivement décrire ton texte.

C'est pas 2 trucs contradictoires, plutôt les deux facettes d'une même situation. Après j'ai peut-être été maladroit, d'où ton sentiment de style bizarre. Mais mon but n'était pas du tout de me foutre de leur gueule, simplement de signaler qu'ils sont un peu jeunots, quoi.

À nouveau, encore toutes mes excuses. Je suis habitués aux chroniques et à ma vie personnelle où les mots comptent moins.

Toute la clé est là, je pense en effet que certains effets sont maladroits, parce qu'il me manque cette continuité entre les deux facettes.

Le plus étrange, c'est que j'ai essayé de faire exactement pareil avec un texte d'épouvante et qu'on me reproche plus ou moins la même chose.

Ensuite, tu avais l'air de dire que la scène n'était pas assez décrite. Alors bon si je me lance dans des grands récits charnels :

Comme je l'ai dit, n'importe quel sous-entendu, et poétique tout autant, peut faire l'affaire. Je m'inquiétais pour l'équilibre du texte en rapport de taille.

Véritablement, je tiens à m'excuser si mon commentaire était agressif ou désinvolte, je te prie de croire que je n'ai à aucun moment voulu te manquer de respect, ni à toi, ni au récit.

***

Concernant la partie suivante, je n'ai qu'une question:

comme si le Vent de Vie était dégouté par cette chair ambulante, ce cadavre en sursis.

Qu'est-ce que tu veux, au travers la répétition de "chair ambulante" par "cadavre en sursis" apporter au texte?

Le reste est bien à mon sens, une transition assez forte entre l'occasion de tout avouer et l'apparition de l'enfant.

Impe.

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Monde et Ulthuan et seraient donc absent plusieurs jours

Hop ! La seule faute que j'ai trouvé !

Bon pour une fois, j'ai deux choses importantes à te dire. Enfin des appréciations sur des points que je corrigerais :

1) L'attaque. Hyyyyyyper rapide ! Incroyable. Tout commence et se termine en une poignée de secondes. Je pense qu'il faudrait étendre le passage. Peut être juste avant un pressentiment néface... (Jamais auparavant tu as annoncé une attaque de démon ? Pourquoi ? Ca semble choqué personne dans l'assemblée donc ça soit être courant ! Pourquoi on a pas eu d'allusion ?) Pourquoi après l'attaque il décide de parler cash et il ne se remette pas de la surprise (des regards, de l'errance, des gardes qui entrent, du chaos quoi !)

2) L'enfant ! C'est pas une remarque constructive ou pour changer mais juste pour dire que j'y ai pensé quand ils couchent ensemble. :P Je me suis dit : 'et paf elles tombent enceinte et ils doivent le dire' xD

@+

-= Inxi -

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2 réponses ? Bon...

Répondons-néanmoins, et démelons certains malentendus avec Imperator.

Je n'étais pas réellement vexé par tes remarques. Je trouvais simplement la formulation un peu rigolote, et je voulais simplement me moquer gentiment de toi. A l'avenir, j'userais des smileys pour dissiper ces malentendus.

Sinon:

L'attaque. Hyyyyyyper rapide

Après relecture, c'est bien vrai. Je pense que je vais la réecrire et je posterais éventuellement la nouvelle version.

je me suis dit : 'et paf elles tombent enceinte et ils doivent le dire'

Mais quel esprit pervers tu fais...

Qu'est-ce que tu veux, au travers la répétition de "chair ambulante" par "cadavre en sursis" apporter au texte?

Ben, c'est une tentative de gradation dans le morbide : d'abord je met l'accent sur le côté de la char en tant que amas un peu dégueu de muscles, organes, fluides et autres, puis je signale que c'est une chaire en pourriture. J'ai peut-^tre foiré ma figure de style.

Sur ce, suite. Elle a pour but d'accèlerer le récit et au passage, j'ai introduit un nouveau passage de scène charnelle, histoire de voir si Impe trouve celle-là mieux réussie.

Le baron Heinrich von Plaften décéda au milieu du printemps 2492. Il fut enterré en début de soirée et en grande pompe, l’Empereur en personne ayant pris la décision d’assister à la cérémonie. Les ultimes sacrements furent donnés au cadavre par un prêtre de Morr des plus réputés, sous les yeux d’une assemblée qui rassemblait tout ce que le Palais comptait de flagorneurs et d’intrigants. Arion Ethar était présent, ainsi que quelques membres de sa suite, mais il n’avait pas souhaité emmener sa fille.

Ultime hommage à son ami, le docteur Chirandoux adopta une conduite exemplaire durant toute la cérémonie, lui qui ne supportait pas ce qu’il nommait « le commerce des repos » que pratiquait le culte de Morr. Il savait qu’Heinrich aurait apprécié le voir faire ce genre d’efforts, c’est pourquoi il resta digne et silencieux, aux côtés de Paulus, tandis que le cercueil était lentement descendu dans un petit mausolée spécialement installé dans les Jardins de Morr pour l’occasion.

A la fin de la cérémonie, l’Empereur fit un signe entendu à l’un de ses gardes du corps, qui s’approcha du jeune Paulus von Plaften- désormais baron- et lui murmura que le souverain désirait s’entretenir avec lui. Chirandoux esquissa un mouvement pour emboiter le pas du jeune homme, mais le chevalier fit signe au halfling qu’il n’était pas convié à se joindre à la conversation. Paulus se retrouva ainsi seul avec l’homme le plus puissant de son pays, qui lui assura ses condoléances.

-Je vous en remercie, Votre Altesse, assura le jeune baron d’un air crispé.

-Il est peut-être un peu tôt pour parler de cela, poursuivit le souverain, mais j’aimerais savoir quels sont vos projets immédiats. Votre père était un homme de valeur et je me ferais une joie de pouvoir vous aider en…

-J’ai décidé de me retirer pour quelques années de la cour impériale, coupa Paulus d’un ton plus brusque qu’il n’aurait voulu. Selon les souhaits de mon père. Il voulait que je me forme dans nos terres ancestrales.

-Je comprends, répondit l’Empereur en hochant la tête. Eh bien, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bonne chance, jeune Paulus. Il y aura toujours un poste pour vous à Altdorf.

Le baron remercia poliment son monarque et s’apprêtait à se retirer lorsqu’il remarqua qu’Arion Ethar semblait vouloir lui parler. Espérant que les condoléances ne dureraient pas toute la journée, Paulus s’approcha de l’elfe, qui lui dit simplement :

-Votre père était un grand homme. Il faut que vous le sachiez. Je ne veux pas m’éterniser en de longs discours, mais lorsque vous reviendrez à Altdorf, j’aimerais que vous passiez au manoir.

Le jeune homme hocha machinalement la tête. Il n’était pas en état d’être touché par les compliments de l’Ambassadeur, à qui il sourit néanmoins avant de se retirer auprès de son professeur. Aucun des deux ne prononça la moindre parole en revenant au palais, où chacun s’adonna à la lecture de quelque ouvrage pour tenter de se distraire. Paulus et son professeur avaient déjà eu longuement le temps de pleurer l’un dans les bras de l’autre, ou de parler de Heinrich ; il ne leur restait plus qu’à endosser la lourde étoffe du deuil, celle qui les envelopperait sans doute de nombreuses semaines encore avant que leurs conversations ne redeviennent enjouées.

Au chagrin intense succède souvent une lourde lassitude, qui fait s’affaler l’homme le plus dynamique. Ainsi, vers onze heures du soir passées, Chirandoux et son élève n’avaient toujours pas dîné. Ce fut Paulus qui sembla le premier mettre un terme à ce jeûne.

-Je vais me procurer de la nourriture, dit-t-il simplement à son mentor en sortant de la suite qu’ils occupaient.

Le médecin hocha machinalement la tête et garda les yeux fixés sur son ouvrage ; il n’avait pas faim mais trouvait préférable que le jeune baron aille se distraire par quelque activité, fut-elle aussi futile que l’ingestion de nourriture. Ce n’est qu’après avoir lu une petite dizaine de pages supplémentaires qu’il se rendit compte que Paulus n’avait pas demandé à un valet d’aller chercher de la nourriture, mais y était allé lui-même. Le jeune noble avait grandi dans un univers bien trop favorisé pour avoir de tels reflexes !

-Gustave Flavien Hercule Collineux de Nuhan Chirandoux, vous êtes un imbécile ! s’écria le halfling en se ruant hors des appartements.

Evidemment, il n’y avait nulle trace de Paulus aux cuisines, et le médecin devina sans peine que le jeune homme était allé rejoindre sa belle.

-Nom d’une chique, grogna-t-il en lui-même, mon rôle de tuteur commence fort mal ! Enfin, après tout, ce jeune nobliau saura batifoler sans être remarqué, et demain matin, il sera probablement revenu sagement ici. A moins qu’il ne me manque quelque information…

Sachant bien qu’il n’avait aucune chance de rattraper le jeune homme, le halfling s’efforça d’aller dormir.

Lorsque Tirianis ouvrit sa fenêtre à Paulus, celui-ci ne s’encombra pas de manières pour l’embrasser immédiatement en l’entraînant vers le lit. L’elfe se laissa faire et se déshabilla même avec une grande promptitude, sentant le désir quasi-bestial qui grognait en son amant. Les deux jeunes gens s’unirent de manière mécanique, Paulus cherchant à déverser sa peine autant que son désir dans le corps de sa bien-aimée, le deuil de son père et son adulation pour Tirianis se mêlant en une épouvantable confusion des sentiments.

Après s’être répandu en elle, il s’allongea auprès de l’elfe en lui offrant de petits baisers, très tendres, comme pour s’excuser de sa brutalité. Il était déjà dans un demi-sommeil lorsque la voix de son amante lui murmura en un seul souffle :

-Je suis enceinte.

Ecarquillant brusquement les yeux, Paulus fixa Tirianis et lui demanda de répéter. L’annonce réitérée, il souleva les couvertures et contempla le ventre doux de sa bien-aimée, contre lequel il plaça une de ses mains. Il s’en voulait de s’être frotté, d’avoir usé de ce ventre quelques minutes auparavant s’en y avoir perçu la vie naissante qu’il recelait ; c’était comme un blasphème envers son rejeton. Paulus aurait sans doute du être terrifié par les conséquences de cette paternité, mais il n’y parvenait pas, fasciné qu’il était par ce germe d’homme qu’il avait à présent l’impression de percevoir dans le corps de Tirianis, le Vent de Ghyran qui enveloppait les amants lui donnant accès à des sensations qu’aucune autre maîtresse ne lui avait jamais apportées.

-Je suis si heureux, murmura-t-il au bout d’un certain temps.

Ce n’était pas une revendication, ni un désir de faire partager sa joie, c’était un simple constat, qui le surprenait lui-même ; il n’expliquait pas ce sentiment, mais sentait une allégresse presque enfantine l’envahir. Des larmes coulèrent sur ces joues, comme des éclaboussures jaillies de son âme surchargée de sentiments : la perte de son père, l’amour de Tirianis, l’annonce de sa paternité. Finalement, il se recroquevilla à l’intérieur du lit, jusqu’à pouvoir appuyer sa joue contre le ventre de Tirianis, tel un zélateur implorant son idole.

Le contact du corps aimé sembla raviver son désir, et il se déploya à nouveau, remontant jusqu’à l’oreiller, où il entreprit, de serrer l’elfe et de lui mordiller les seins. Il s’apprêtait à la posséder à nouveau lorsque l’héritière des Ethar se dégagea doucement, mettant fin à la pantomime grotesque dans laquelle s’était plongé son amant déboussolé par tant de sentiments. Toutefois, elle garda son visage près de celui de Paulus pour lui murmurer :

-Emmène-moi.

Celui-ci plissa les yeux, comme s’il cherchait quoi répondre. Alors l’elfe, d’un mouvement habile de sa taille, parvint à se serrer contre lui en une étreinte qui était une preuve d’affection sans être une invitation à d’autres ébats, et, ses lèvres dans les cheveux de son amant, elle gémit :

-Emmène-moi loin d’ici, là où nous pourrons pleinement nous aimer… là où je pourrais avoir notre enfant…

-Où tu voudras, assura Paulus.

Les deux amants se débattirent ensuite gentiment l’un avec l’autre, et Tirianis finit par céder aux avances du jeune baron, qui obtint de nouvelles satisfactions avant que les jeunes gens ne prennent la décision enfiévrée de partir.

Le lendemain à onze heures sonnantes, Paulus n’était toujours pas revenu au Palais, et son précepteur commençait à s’en inquiéter sérieusement. Il était invraisemblable qu’à cette heure, il demeure une seule personne endormie au manoir des hauts elfes, et le jeune baron n’était pas encore assez idiot pour dévoiler son aventure amoureuse à Arion Ethar. S’il s’était rendu chez sa belle, il eût donc été rentré depuis longtemps. Où avait-il bien pu passer la nuit ? Excédé, Chirandoux finit par se résigner à demander de l’aide, ce qu’il s’était toujours refusé, de crainte de dévoiler accidentellement la liaison qui unissait Paulus et Tirianis.

Déambulant dans les couloirs du Palais, il croisa par hasard le Marquis de Richoff, un des rares courtisans que le halfling parvenait à trouver sympathique. Le noble marchait d’un air nerveux, tout en griffonnant quelques notes sur un bout de parchemin.

-Eh Richoff ! appela le médecin une fois parvenu à portée de voix.

Le marquis releva la tête de son parchemin, puis l’abaissa pour contempler le petit être qui lui faisait face. Chirandoux s’apprêtait à lui demander qu’il avait aperçu Paulus, mais en voyant l’air grave du noble, il comprit qu’un évènement terrible s’était produit, et se demanda si l’héritier des von Plaften y était lié.

-Attendons-nous au pire, grogna-t-il en lui-même.

-Que se passe-t-il ? demanda-t-il à voix haute. Vous avez l’air bien préoccupé…

-Vous n’imaginez même pas, soupira le marquis. La fille de l’Ambassadeur d’Ulthuan a disparu. Tout le Palais est sur les dents. Excusez-moi, je n’ai vraiment pas le temps de discuter ; l’Empereur m’a chargé de mobiliser le Collège des Ombres…

Richoff était si paniqué qu’il ne remarqua pas le brutal changement de teint qui s’était opéré sur les joues du halfling et continua son chemin. Le médecin resta immobile quelques dizaines de secondes avant de grommeler :

-Et moi qui ne m’attendais qu’au pire… j’étais bien trop optimiste.

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Et bien et bien !

Je dois dire que je m'attendais pas à ce qu'ils fuient tous les deux. Je me suis dit qu'elle allait rester là (même si je voyais pas encore le coup du gamin comment ils allaient gérer) et qu'il y aurait des nouvelles péripéties quand il reviendrait ! Mais là ça chamboule ce que je pensais.

Pas de défaut, la cérémonie et l'annonce qu'elle est enceinte sont bien réalisés. Ca ne demande qu'une suite !

En avant !

@+

-= Inxi, et arrête de croire que 10 000 personnes répondent au texte en récit, deux réponses c'est bien =-

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  • 2 semaines après...

Merci de ce com :innocent:

Suite

Chapitre 7

L’air vivifiant du Nord

Nordland.

Paulus et Tirianis stoppèrent leurs montures devant les portes du château des von Plaften. La demeure ancestrale tenait plus du manoir confortable que de la citadelle fortifiée, mais Heinrich avait toujours exigé qu’on la désigne sous le pédant sobriquet de château. La bâtisse avait une forme de U, et possédait quatre étages ; son apparence témoignait du fait qu’elle était régulièrement entretenue. Au-dessus des portes, un vieil écu- qui remontait à l’arrière-grand-père d’Heinrich- avait été incrusté dans le mur ; son bois régulièrement repeint arborait les couleurs de la famille, une goutte carmine sur fond bleu glacial, ainsi que la devise des von Plaften en classique : Non nobilis esse, sed nobili modo vivere solet (on n’est pas noble, on vit noblement).

Lorsque les deux jeunes gens s’arrêtèrent, ils virent arriver vers eux un homme à la barbe broussailleuse que Paulus reconnut comme le garde-chasse de la famille. Le forestier identifia également le jeune baron, mais jeta un vague regard soupçonneux sur Tirianis, enveloppée dans une cape dont le capuchon lui dissimulait le visage.

-Monseigneur, salua-t-il avec son accent rude d’homme du Nord. Je sui ravi de vous voir. J’ai appris pour votre père…

-Je vous remercie, coupa poliment Paulus, qui ne désirait pas subir d’autres condoléances. Vous aurez bien une clé du château, n’est-ce pas ? Je désirerais m’installer.

-Pour sûr, Monseigneur, assura le garde-chasse. J’ai toujours une clé sur moi.

Il s’approcha de la porte et l’ouvrit face aux jeunes gens.

-Je vais prévenir le régisseur de votre arrivée, promit-il. Il fera quérir des domestiques. Vouez-vous que je vous aide à porter vos bagages ?

-Ce n’est pas la peine, assura le jeune baron. Allez donc prévenir Gunther.

Ce disant, il empoigna son sac et celui de Tirianis et entreprit de pénétrer le hall du château, tandis que l’elfe le suivait silencieusement, toujours dissimulée sous sa cape.

-Vous êtes bien le fils de votre père, affirma le garde-chasse d’un air souriant. Toujours prêt à utiliser ses bras…

-Gunther, grogna Paulus pour toute réponse.

Il tardait au jeune noble de se retrouver seul avec Tirianis. Le garde-chasse acquiesça et courut vers le village le plus proche, où se trouvait le régisseur. Durant son trajet, il se demanda quel était le mystérieux compagnon du jeune baron. Ne trouvant pas de réponse, il se dit que l’héritier des von Plaften avait bien le droit de garder un secret ou deux. Néanmoins, il devrait s’attendre à alimenter les conversations de toutes les commères des environs- à commencer par la propre femme du garde-chasse, qui s’était désespérer la génération précédente d’avoir un suzerain si vertueux et si transparent qu’il n’y avait rien à dire sur lui qui ne fût officiel.

Paulus, cependant, guida Tirianis jusqu’à la chambre qu’il avait occupée lors de ses quelques séjours au château. Ce n’est que la porte de la pièce fermée que l’elfe ôta son capuchon, dévoilant un visage rayonnant d’une naïve allégresse. Gentiment, elle s’approcha de son amant et l’embrassa doucement ; il ne fallut que quelques secondes pour que les deux amoureux s’entraînent mutuellement vers le lit, et Tirianis était déjà à demi-nue lorsqu’elle entendit une petite voix ironique s’exclamer :

-Ne vous dérangez surtout pas pour moi.

Stoppés dans leur transport, les deux jeunes gens pivotèrent pour apercevoir le docteur Chirandoux, vêtu d’une cape de voyage, un bâton à la main et la pipe à la bouche, tranquillement assis dans un recoin de la pièce sur un petit tabouret.

-Docteur ? s’exclama Paulus en se dégageant de sa maîtresse. Comment pouvez-vous être ici avant nous ? Nous avons pris des chevaux dès que nous l’avons pu.

-Mon garçon, grogna le halfling en se relevant, je parcourais les sentiers de cet Empire avant que vous soyez conçu. Mais passons. Evidemment, intelligent comme vous êtes, vous vous êtes signalé à la population locale. Il faudra trouver un prétexte plausible à votre départ précipité. Vous n’aurez qu’à laisser un message pour Gunther. Quant à la demoiselle assez sotte pour vous suivre, s’il lui plaît exposer ainsi ses mamelles, libre à elle, mais il faudra qu’elle dissimule ses fâcheuses oreilles.

Tirianis entreprit de dissimuler ses formes en rougissant. Le médecin ne s’arrêta cependant pas là dans son laïus.

-Je suppose que vous croyez possible vivre ici, poursuivit-il. Même pour un garçon de votre âge, vous faites preuve d’une stupidité désespérante. Toutes les forces de police de l’Empire sont à la recherche de votre dame, et elles finiront bien par passer par ce château. Le Collège des Ombres est lui-même sur l’affaire. Allez, reprenez vos bagages, nous avons perdu assez de temps comme cela.

Désemparés, les deux amants ne surent qu’obéir, et Paulus rédigea rapidemment un mot à l’attention du régisseur que lui dicta son professeur. Puis les trois compères se mirent à cheval, Chirandoux s’asseyant derrière Tirianis, et ils partirent vers le nord, selon les indications du halfling.

-Au fait, demanda le médecin au bout de quelques minutes de chevauchée, dites-moi donc ce qui vous a poussé à commettre cette folie de vous enfuir- après les frayeurs que vous m’avez faites, rien ne peut plus me choquer, à présent.

-Je suis enceinte, répondit timidement l’elfe qui était devant lui.

Chirandoux faillit faire tomber sa pipe lorsque son visage prit une moue éberluée.

-Et moi qui croyais que nul ne savait mieux qu’un halfling se mettre dans des situations délicates, grommela-t-il finalement. Je risque même de regretter la routine obséquieuse et hypocrite de la Cour à Altdorf. Enfin, hâtons-nous ; le Kislev est encore loin.

*****

Kislev.

La porte s’ouvrit en grinçant, témoignage du fait qu’elle n’avait pas été utilisée depuis longtemps, et dévoila une pièce plongée dans la pénombre. Tâtonnant, le docteur Chirandoux parvint à retrouver la lampe à huile qui se trouvait à portée de main, et l’alluma à l’aide de son briquet d’amadou. Puis il pénétra tout à fait dans le petit bâtiment, sa lumière éclairant un laboratoire poussiéreux, empli de livres et de fioles à l’abandon. Un escalier étroit permettait d’accéder à l’étage.

-Qui a construit cette demeure ? demanda Paulus en entrant à son tour dans la pièce, sa maîtresse sur les talons. On est en rase campagne, là.

-Elle appartenait à un alchimiste kislevien du nom de Grigor Stoyonovitch, répondit le halfling en se débarrassant de son sac et de sa cape. Le pauvre homme avait une tendance à l’agoraphobie, et il était assez fortuné pour se faire bâtir une maison à l’écart des cités.

-Comment est-elle entrée en votre possession ? demanda le jeune baron, un sourire ironique au lèvres.

Le dit sourire sembla offusquer son mentor.

-Mais le plus honnêtement du monde, répliqua-t-il, qu’allez-vous imaginer ? J’ai bien connu Stoyonovitch durant les dernières années de sa vie, et comme je suis le seul être doué de parole qu’il ait rencontré la dernière décennie qu’il ait passée en ce monde, il m’a légué toutes ses possessions. Tenez, c’est même moi qui l’ai aidé à concevoir cette mixture- un coagulant fait à partir de sang de nain. Nous autres halflings n’irions jamais piller l’héritage d’un esprit ouvert tel que Grigor Stoyonovitch- après, pour ce qui est des possessions des gras marchands impériaux… C’est une autre histoire.

Le médecin fixa brusquement son attention sur Tirianis, dont le ventre trahissait à présent pleinement la grossesse.

-Je parle, je parle, grommela-t-il, mais je ferais bien mieux de m’occuper de vous ! Ce voyage a du vous épuiser. Suivez-moi, je vais vous conduire à votre chambre. Pas vous ! ajouta-t-il à l’adresse de Paulus. La demoiselle n’est pas en état de batifoler.

Vexé de la remarque, le jeune homme resta néanmoins en bas, et choisi de ressortir pour admirer la magnifique campagne kislevienne aux alentours. A perte de vue, il n’y avait qu’une vaste plaine d’herbe jaune, que les chevaux étaient occupés à goûter.

-C’est magnifique, murmura-t-il.

-Oh, s’exclama Chirandoux qui était discrètement redescendu derrière lui, vous trouvez ce paysage magnifique parce que nous sommes au début de l’été ! Mais lorsque l’hiver viendra, avec la rigueur et la température qui lui sont propres à Kislev, vous aurez l’âme nettement moins bucolique ! Et maintenant, trêve de bavardage ; aidez moi plutôt à défaire les bagages.

Modifié par Poupi
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Invité SilverInTheDark

Je dois dire chapeau, c'est la première fois que je tombe sur ce récit et la qualité est très bonne, tant par le style que par le rythme ou le souci des détails. J'imagine que cela prend beaucoup de temps à écrire mais cela en vaut vraiment le coup.

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Encore une agréable suite à ce jolie récit. Comme d'habitude très bien rédigée et agréable à lire, mais le personnage de Tiranis me semble placer très en retrait pour le coup. C'est plutôt étonnant étant donné qu'il s'agit d'une elfe et en plus d'une magicienne, sans compter qu'elle à un tempérament qu'on ne peut pas vraiment qualifier de docile. ^_^

J'attends le prochain post avec impatience, j'ai hâte de voir la réaction de l'ambassadeur face à la disparition de sa fille. :shifty:

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Merci de ces coms :lol:

Silver : oui, ça prend tu temps, surtout quand t'es en prépa et quer el temps est un luxe...

Ogre : sur Tirianis, c'est vrai qu'elle n'a pas vraiment l'initiative dans les derniers passages, mais attend encore un peu et elle reviendra sur le devant de la scène.

La suite a pour but de faire évoluer (et de bousculer) le personnage d'Arion, et d'amorcer la pente tragique de l'intrigue. C'est principalement sur le dialogue entre elfes que j'attends vos remarques (mais tout com reste le bienvenu :wink: )

Tandis que les deux compères délestaient les chevaux de leur fardeau, Paulus demanda à son précepteur :

-Vous pensez que nous serons tranquilles, ici ?

-Ma foi, grogna Chirandoux, ce n’est pas sûr, mais c’est sans aucun doute là que nous avons le moins de chances d’être retrouvés. De toute façon, ceux qui cherchent votre tendre moitié sont bien trop orgueilleux pour vous recherchez, vous ; dès qu’ils sont sur une affaire, ils ne peuvent s’imaginer qu’on les a mobilisés pour une histoire plus triviale qu’un culte du Chaos prêt à détruire le monde- où à la rigueur pour un seigneur vampire se réveillant de son hibernation. Jamais ils n’iraient penser que le dangereux criminel qu’ils traquent n’est qu’un pauvre imbécile de vingt printemps.

-Merci du compliment, soupira l’imbécile en question. Et pour l’accouchement ?

-Eh bien, murmura le halfling en soulevant un sac, au cas où vous l’auriez oublié, je suis médecin, et ce n’est pas la particulière stupidité des deux parents qui m’empêchera de mettre un enfant au monde.

-Vous m’avez l’air d’humeur particulièrement aimable aujourd’hui, remarqua Paulus en ôtant la selle de l’un des chevaux.

Il y eut un moment de silence, puis le jeune baron murmura d’une voix serrée :

-Docteur Chirandoux… je sais que j’ai commis de grosses erreurs et que je vous y ai entraîné. Mais vous n’êtes pas obligé…

-Nom d’une chique ! coupa fermement le médecin. Bien sûr que je ne suis pas obligé ! A-t-on jamais vu un halfling obligé ? Rassurez-vous, je ne me sens nullement obligé de vous aider !

Posant provisoirement ce qu’il tenait en mains, il fixa son petit regard pénétrant sur son élève et murmura :

-Vous voulez que je vous dise ? Lorsque j’ai rencontré votre père la première fois, il m’a évité de longues et injustes peines. A l’époque, j’étais d’un tempérament propre à ma race, et si je n’aurais pas été jusqu’à commettre un crime de sang, délester les bourses de me posait guère de problèmes. Lorsque j’ai rencontré Heinrich, je lui ai trouvé un je-ne-sais-quoi d’étrange, comme les symptômes d’une maladie que j’ignorais jusqu’alors. En devenant son compagnon, je m’imaginais pouvoir mieux étudier ce curieux spécimen. Et vous savez quoi ? Votre maudit géniteur m’a contaminé, sans que je comprenne précisément la nature de sa maladie !

Ce exclamant, il reprit son fardeau et entreprit de se diriger vers la maison, mais Paulus profita de sa taille pour le rattraper et lui jeta à l’oreille :

-Ce mal que vous a transmis mon père, c’est la probité.

Surpris de la vivacité d’esprit du baron, le halfling s’arrêta quelques minutes pour allumer une pipe. Tout en jouant de son briquet, il songea :

-La probité ? L’esprit de ce jeune homme est en train de s’ouvrir à une vitesse pharamineuse… Jamais il n’aurait employé de termes aussi abstraits, il y a quelques mois.

Tirant quelques bouffées de tabac, il grogna à voix haute :

- Gustave Flavien Hercule Collineux de Nuhan Chirandoux, inutile de te mentir à toi-même. Il semblerait effectivement que tu sois devenu quelqu’un de bien. Nom d’une chique ! Si ma pauvre mère l’avait su, elle m’aurait déshérité sans états d’âmes !

*****

Lothern. Printemps de la 331ème année du règne de Finubar le Voyageur (An 2493 du Calendrier Impérial).

Assis à un petit bureau couvert de parchemins divers, le Roi Finubar le Voyageur était affairé à examiner divers documents, son front hautain plissé en une moue réflexive. Alors qu’il apposait quelques idéogrammes sur un document, on toqua à la porte de la salle modeste –selon les normes de son Palais- où il se trouvait. Un des serviteurs qui lui portaient des chandeliers se tourna vers lui d’un air interrogateur. Un bref mouvement du visage, le monarque fit signe d’aller ouvrir.

Un des gardes du corps qui veillaient sur lui nuit et jour fit aussitôt pivoter la porte sur ses gonds, dévoilant un des multiples hérauts qui travaillaient à la Cour de Lothern.

-Le Prince Arion Ethar, claironna l’elfe lorsque le Roi Phénix l’eut invité à parler. Il porte une convocation ornée de votre sceau.

Finubar fronça les sourcils. Non à cause des propos du valet, car il avait effectivement convoqué le Prince Ethar, mais à cause du trouble qui habitait le roturier ; ce dernier masquait sa gêne avec une habilité acquise suite à des décennies de pratique protocolaire, et aucun humain n’aurait sans doute remarqué son embarras, mais les sens du Roi Phénix, aiguisés même pour un elfe, lui permettaient de percevoir les infimes variations comportementales qui témoignaient d’un malaise certain chez le héraut.

-Faites entrer, ordonna laconiquement le monarque.

Arion Ethar entra dans la pièce, et Finubar comprit d’où provenait le trouble du valet : le Prince était entièrement vêtu d’un noir de jais qui contrastait violemment avec sa chevelure blonde et le teint pâle qu’il arborait depuis les malheurs qui s’étaient abattus sur sa famille. Une tenue aussi sobre, devant le Roi Phénix, relevait presque de l’outrage, et le courtisan expérimenté qu’était Arion ne pouvait l’ignorer. Plusieurs gardes et serviteurs sortirent même de leur immobilisme par un bref tressaillement lorsque l’Ethar pénétra dans la pièce.

Feignant de ne rien remarquer de particulier, le monarque se tourna vers l’un des serviteurs et ordonna :

-Laissez-nous un chandelier et retirez-vous. Retirez-vous tous, ajouta-t-il à l’adresse de ses gardes du corps.

Les roturiers s’exécutèrent en silence, leur impassibilité retrouvée. Lorsque les deux nobles furent tout à fait seuls, Finubar fit signe à son ancien Ambassadeur de prendre une chaise. Le Prince s’exécuta, et tout en s’asseyant, fit une brève révérence de la nuque en murmurant :

-Vous m’avez demandé, Seigneur.

-Et j’espérais vous voir en une tenue plus joyeuse, répliqua le Roi Phénix du tac au tac.

Son regard était dénué de toute compassion, et exhalait l’outrage que lui infligeaient les vêtements d’Arion. Ce dernier trembla brièvement des lèvres devant le reproche royal, puis se ressaisit en inclinant à nouveau la tête, qu’il garda basse en expliquant d’une voix qu’il tentait de rendre la moins serrée possible :

-Que Monseigneur me pardonne. Aujourd’hui est le jour anniversaire de la disparition de ma fille. Mon cœur ne pouvant se résoudre à l’attendre encore, j’ai ordonné à toute ma maisonnée de porter son deuil. Considérez que vous recevez un père éploré.

-Cet anniversaire a-t-il un rapport avec la demande que vous m’avez fait porter ? demanda aussitôt Finubar.

Cette répartie immédiate était une technique rhétorique qui, au fil des siècles, était devenu un reflexe ; elle permettait au monarque de toujours paraître indifférent aux paroles de ceux qui tentaient de l’émouvoir. Le Roi Phénix chercha parmi les documents qui parsemaient sa table et en sortit un petit parchemin arborant le sceau des Ethar. L’approchant de son visage, il le relut pensivement en expliquant :

-Vous me demandez les moyens de financer des expéditions de protection maritime contre nos noirs cousins de Naggaroth. Je sens quelque rapport entre cette demande et votre tenue.

-La sagacité d’Asuryan vous habite, assura Arion Ethar d’un ton déférent.

Il sembla chercher ses mots quelques instants, les lèvres hésitantes, puis se jeta à l’eau en déclamant :

-Les dieux semblent avoir décidé que mon illustre lignée s’éteindrait avec moi. D’abord ils m’ont enlevé mon épouse, puis ma fille alors qu’elle n’était qu’une enfant. Je dois aujourd’hui me résoudre à passer mes derniers siècles plongé dans mes sombres souvenirs. La vie de Cour me laisse trop d’occasions de gamberger en ressassant mes idées noires ; c’est pourquoi j’espère que vous aurez la clémence de m’offrir une fin de vie sur les champs de bataille ou les ponts des navires abordés, où le feu de l’action défoulera mon corps et occupera mon âme.

Fait rare, le monarque se donna une bonne dizaine de secondes pour digérer cette déclaration. Puis il demanda sans défausser sa voix de neutralité :

-Vous n’envisagez absolument pas de perpétuer votre race par un nouveau mariage ?

Nouvelle insolence, Arion ne répondit à cette interrogation qu’en relevant la tête et en gardant un éloquent silence. Finubar décida de se montrer plus agressif ; il avait besoin de secouer le Prince qui lui faisait face pour prendre tout à fait conscience de son état.

-Ignorez-vous que les lois interdisent de troubler le deuil d’un père ? déclara-t-il soudain d’un ton brusque. Vous avez chargé mon âme d’une faute envers les décrets divins en négligeant m’avertir de votre état.

-La raison d’Etat passe bien avant les hommages funèbres, répliqua le Prince du tac au tac. Les dieux ne sauraient s’offusquer qu’un serviteur du Roi Phénix réponde à l’appel de son maître, fut-il endeuillé.

Finubar comprit que le vétéran courtisan avait anticipé cette remarque.

-Vous êtes un elfe intelligent, murmura-t-il. Et entièrement dévoué au Trône du Phénix. Rester à la Cour n’est-t-il pas pour vous la meilleure façon de me servir ?

-Je crains que le Destin ne m’ait trop accablé pour que mon esprit reste aussi vif qu’il l’était auparavant, répondit déferrement Arion. Mon coeur est encore trop entaché de rancune.

-Contre le Destin ? interrogea aussitôt le monarque, s’engouffrant dans la brèche. Ou contre votre Roi qui s’est refusé à rompre les relations diplomatiques avec l’Empire des hommes ?

Le Prince Ethar ne répondit pas, mais un mouvement crispé de sa mâchoire le fit pour lui. Le Roi Phénix prit une expression dédaigneuse et murmura en tournant négligemment la tête, son regard balayant la pièce :

-Malheureusement, je considère qu’il est dans l’intérêt d’Ulthuan de garder des relations amicales avec ses alliés du Vieux Monde.

-Tous vos conseillers ne partagent pas cet avis, grogna l’ancien Ambassadeur.

Interloqué, le monarque demeura interdit une ou deux secondes, avant de reprendre un ton autoritaire :

-Vous multipliez les insolences aujourd’hui, gronda-t-il : votre tenue, votre morne, vous me répondez… Remettez-vous en cause ma clairvoyance diplomatique ?

Arion s’inclina à nouveau, très légèrement. Malgré sa déférence, sa voix trahissait une sourde rancune.

-Votre voix est celle des dieux, assura le Prince.

-Vous partirez à la guerre, conclut brusquement le Roi Phénix. Mais n’allez pas le prendre pour un honneur, mais comme une disgrâce.

Arion Ethar encaissa l’insulte silencieusement. Sans prononcer un seul mot, il se leva, effectua une courte révérence puis se dirigea vers la porte. Alors qu’il s’apprêtait à ouvrir cette dernière, Finubar le rappela d’un ton familier :

-Arion ! lança-t-il.

Lorsque le Prince se fut retourné, le monarque murmura d’un ton proverbial :

-Je ne sais pas ce qu’il est advenu de Tirianis, mais son père est vraiment mort.

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Intéressant !

Bon j'avais un chapitre de retard mais me voilà rattrapé ! Enfin chapitre pas vraiment.. Passage dirons-nous ! Bref, alors dans l'ensemble j'ai bien aimé mais je trouve rapide le fait qu'il passe par la demeure du garçon pour se trouver à Kislev juste après. Je dis pas forcement au niveau des descriptions même si j'y pense un peu mais surtout par l'aspect psychologique qui n'évolue pas du moment où il s'enfuit jusqu'à ce qu'ils attendent l'accouchement. De plus, j'aurais trouvé logique qu'ils disent au père indirectement que tout va bien...

Bon voila pour mes remarques, j'attends la suite !

@+

-= Inxi =-

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Parfais, le texte devient de plus en plus intéressant. Par contre je suis déçut que l'on ait pas de vision de l'accouchement de Tiranis et des réactions de Paulus (ton récent post se situant un an après sa disparition je suppose que la date est dépassé depuis longtemps). Tout comme Inxui je m'attends à ce que ces différents évènements changent le jeune noble, étant donné qu'il reste aussi un fugitif devant prendre soin de sa famille. :wink:

Pour ce qui est du dialogue entre elfes, je comprends les réactions d'Arion mais je suis étonné qu'il défie son roi aussi ouvertement (je parle surtout de ses habits, il s'est "retenu" quand à ses paroles). Apparemment il a voulut jouer la carte psychologique à fond.

Sinon je trouve aussi Finubar un peu dur. Il est normal qu'il soit hautain (c'est aussi bien une nécessité qu'une conséquence du pouvoir) mais il est quand même très rude envers l'un de ses plus fidèles conseillers. ^_^ Toutefois le dialogue est vraiment réussi, et je ne pense pas que tu ais besoin d'y retoucher malgré ma remarque.

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Merci de ces deux commentaires :skull:

J'ai pris bien note des différentes remarques même si je n'y reviens pas et vous livre directement la suite :

Chapitre 8

Cœur de Druchii

Kislev. Hiver 2501 du Calendrier Impérial.

-Heinrich ! s’écria Paulus en pénétrant dans la cuisine. L’eau est chaude ?

Un garçonnet d’une dizaine d’années, à la longue chevelure blonde, jeta un bref coup d’œil sur la marmite qui était posée sur le feu, observant es bulles qui en émergeaient. Son iris qu’Arion aurait sans peine identifié se plissa sous le scintillement des flammes.

-Elle bout, répondit-t-il laconiquement.

-Bien, grogna son interlocuteur en se précipitant pour empoigner le récipient. Va aider ta sœur. Et ne t’inquiètes pas.

-Bien sûr, assura le dénommé Heinrich.

Il sortit tranquillement de la cuisine pour se diriger vers la pièce commune de la maison, ressentant une vive curiosité quant à l’agitation qui se déroulait à l’étage. A chaque fois qu’il avait reçu un frère ou une sœur, son père lui avait demandé de ne pas s’inquiéter, alors que Paulus semblait toujours beaucoup plus inquiet que son fils. Heinrich en était venu à penser que ce qui se déroulait lorsqu’on sortait le nouveau-né du ventre de sa mère comportait de grands risques que lui-même ne pouvait imaginé- et cela le poussait à admirer son père.

La pièce commune était occupée par une fillette rousse aux oreilles légèrement incurvées, dont les grands yeux verts ne cessaient de se promener avec une vivacité étonnante. Elle avait sept ans environ. Présentement, elle était occupée à jouer avec deux petits bambins, des jumeaux qui n’avait probablement pas plus de trois ans. Les deux gamins agitaient leurs jouets favoris, à savoir une paire de cuillères, qu’ils faisaient voler ne l’air, parfois au sens figuré, en lançant les ustensiles puis en les rattrapant, mais également au sens propre, l’un des petits plissant de temps à autres ses yeux en prenant un air concentré, faisant se figer momentanément son couvert dans les airs.

-Père vient de monter, Tyriana, lança Heinrich en refermant la porte derrière lui. Le bébé ne va sans doute pas tarder.

-J’espère que ce sera une fille, répondit sa sœur en tournoyant machinalement sur elle-même.

Un étranger à la famille aurait sans doute eu toutes les peines du monde à comprendre les paroles des deux enfants, qui utilisaient un mélange indistinct de reikspiel, de kislevien et d’eltharin pour communiquer. Ce langage improvisé défiait toute règle de grammaire, Heinrich pouvant par exemple décliner un nom kislevien sur le modèle reikspiel, tout en utilisant un ordre syntaxique propre à la langue des elfes. Paulus avait lui-même bien du mal à suivre les conversations de ses propres enfants.

Cet étrange dialecte venait en fait de l’éducation toute particulière dont avait bénéficié la fratrie. Peu désireux de marginaliser leur progéniture, Paulus et Tirianis s’étaient efforcés de leur faire fréquenter les enfants des environs, ce que le père des gamins avait relativement bien réussi grâce au métier de précepteur et d’écrivain public qu’il s’était octroyé. En cette région isolée de la campagne kislevienne, les paysans étaient bien contents d’avoir à leur disposition une famille sachant lire et écrire, suffisamment en tout cas pour s’abstenir de poser des questions- notamment sur la compagne de Paulus, qu’ils ne voyaient que très rarement, et alors recouverte d’un châle ou d’une capuche.

Heinrich et Tyriana avaient donc naturellement mélangé, lorsqu’ils étaient entre eux, les différents idiomes auxquels ils étaient habitués, les deux semi-elfes créant ainsi un baragouin qu’eux seuls comprenaient parfaitement, même si leur mère pouvait suivre l’essentiel de leurs conversations. C’était cette langue étrange que les deux jumeaux, Osariel et Stephen, avaient commencé à apprendre. Les deux cadets de la famille possédaient les cheveux bruns de leur grand-père Heinrich, mais leurs yeux attestaient leur appartenance à la lignée des Ethar ; de fait, Tyriana était la seule à posséder des yeux humains, ce dont elle s’accommodait bien tout en louant l’iris de sa mère.

Des cris commencèrent à retentir à l’étage.

-Je me demande comment ils font sortir le bébé, lança Tyriana qui continuait sa ronde étrange.

Heinrich ne répondit pas et fixa son regard sur l’une des cuillères des jumeaux qui, non contente de résister aux lois de la gravitation, se mouvait en l’air comme pour tracer des lettres invisibles. Les jumeaux avaient manifesté très tôt des affinités avec les Vents de Magie, ce qui avait été un temps un sujet d’angoisse pour leurs parents. En effet, si Tirianis avait affiné sa maîtrise de l’Aethyr de manière autodidacte au fil des ans, elle s’estimait bien incapable d’enseigner à ses enfants.

Finalement, Paulus et sa compagne avaient décidé que les jumeaux devraient attendre encore de nombreuses années avant de pouvoir manipuler des énergies réellement dangereuses. Alors, il faudrait aviser. Tant que les deux bambins se contentaient de faire voler des cuillères, leur mère pouvait les laisser s’amuser sans craindre de voir un démon surgir de l’Aethyr pour les dévorer. Le docteur Chirandoux, qui assurait l’éducation des quatre enfants, regardait néanmoins d’un œil assez méfiant les ustensiles qu’Osariel et Stephen faisaient tournoyer autour d’eux.

Un long temps plus tard, alors que Heinrich était toujours occupé à observer ses petits frères, la porte de la salle commune s’ouvrit devant un Chirandoux exténué et grisonnant, mais au visage souriant.

-Venez donc voir votre petit frère, lança-t-il aux enfants.

Follement excités, Heinrich et Tyriana prirent chacun un des jumeaux dans leurs bras, avant de suivre leur précepteur dans l’escalier qui menait dans la chambre de leur mère. La pièce était plongée dans une vive chaleur, Paulus et le halfling ayant installé plusieurs braseros à l’intérieur, et une Tirianis fourbue mais rayonnante dans le creux de son lit attendait ses enfants, un nouveau-né fièrement niché contre son sein.

-Il s’appelle Arion, annonça l’elfe lorsque les quatre enfants eurent grimpé sur son lit.

-J’aurais préféré une sœur, murmura Tyriana.

-Ce sera pour une autre fois, rit son père en passant ses bras sur ses épaules. Mais Arion a hérité des mêmes yeux que toi.

-C’est bien dommage pour lui, s’exclama aussitôt la vive enfant. Les yeux de mère sont bien plus beaux que les vôtres.

Tirianis sourit devant la candeur de sa fille, puis observa ses deux jumeaux, qui observaient leur petit frère avec des yeux ronds. Comme elle, ils percevaient les émanations de Ghyran qui jaillissaient du nouveau-né et fixaient intensément la source de cet étrange phénomène. Heinrich, lui, contemplait la créature avec sa placidité habituelle- le garçon possédait un tel calme pour son âge qu’il arrivait à sa mère de songer avec regret qu’il aurait fait un serviteur stoïque et loyal du Roi Phénix, si les lois des dieux et des mortels avaient daigné accepter l’amour de Paulus et Tirianis. Peut-être même se serait-il illustré au combat.

Cothique.

La lourde hache du pillard nordique s’abattit vers le torse de l’elfe, mais ce dernier esquiva prestement l’attaque avant de faire cingler sa lame en direction de la poitrine de l’humain, qui s’effondra quelques instants plus tard. Son ennemi retira prestement son épée du moribond, faisant jaillir quelques gouttes de sang qui traversèrent l’air puant du champ de bataille, puis abattit violemment son arme, tranchant ainsi la main de l’être humain. Ce dernier cria sous l’effet de la douleur et, toujours à terre, le torse percé et le bras mutilé, il susurra brièvement en norse :

-Grâce !

Un rictus dégouté traversa le visage presque blanc de l’elfe, qui grogna :

-Pourceau.

Puis, d’un mouvement brusque, il trancha la gorge du pillard désarmé. Relevant sa tête blonde, l’elfe à la peau pâle contempla les environs : les derniers pillards achevaient de se replier, la contre-attaque des défenseurs d’Ulthuan ayant porté ses fruits. Satisfait, le guerrier elfe rengaina son épée, puis contempla d’un air dédaigneux les macules carmines qui parsemaient l’habit entièrement noir qu’il portait par-dessus son armure. Remettant sa cape sombre bien en place, il se tourna vers le musicien de son unité et dicta d’un ton suffisant :

-Quel les cavaliers poursuivent ces chiens et les tuent avant qu’ils ne puissent remonter à bord de leurs navires. Qu’ils sachent que s’ils laissent des survivants, je finirais par l’apprendre. Quant aux autres soldats, ils n’ont qu’à rentrer avec moi. La journée a été longue.

-Bien, Prince Ethar, murmura le joueur d’un ton déférent qui dissimulait mal une rancœur contenue mais ferme.

-Et faites vite, recommanda Arion.

Sans rien ajouter, il pivota et entreprit de battre en retraite tandis que le héraut transmettait ses ordres par trompette et par messager. Après quelques minutes de marche en compagnie de ses lanciers, le Prince arriva au niveau d’un serviteur qui lui apportait un coursier. Le noble lui arracha presque la monture des mains, avant de monter en selle. Il sembla fixer la crinière du destrier, puis se tourna vers le roturier.

-Peux-tu te galvauder d’un quelconque lignage ? interrogea-t-il d’un air menaçant.

Comme, hébété, le valet répondait par la négative, il ajouta :

-Dorénavant, avant de toucher une des montures de l’héritier des Ethar, tu laveras tes répugnantes mains de puiné, à moins que tu désires qu’elles ne te soient coupées.

Relevant la tête, le Prince Ethar retira son casque et le jeta au serviteur, secouant sa longue chevelure blonde.

-Inutile de me raccompagner, lança-t-il à ses soldats. Le campement est à une demi-heure de marche. Dans une heure, je vous veux tous devant ma tente, vos armures étincelantes au soleil. Tout contrevenant se verra retirer sa journée de solde.

Puis il s’élança au galop, laissant les elfes gros jean comme devant. Le valet semblait encore en état de choc.

-Tu ne connais pas Cœur de Druchii ? grogna l’un des lanciers.

-Cœur de quoi ? répéta le roturier en pivotant en direction des soldats.

-Cœur de Druchii, expliqua un autre. C’est ainsi que tous surnomment le Prince Ethar.

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Me voilà de retour :skull: je sais que je n'ai pas commenté depuis un petit moment, mais ça ne veut pas dire que je ne t'ai pas lu!

Alors dans le chapitre 7 l'ensemble est plutôt bien amené. La conversation avec le Roi Phénix est très bien, même s'il est regrettable qu'il n'ait pas plus de pitié pour un serviteur aussi digne que Arion Ethar.

Pour le chapitre 8, le passage sur Arion est excellent, rien à redire. Sa tranformation psychologique est extraordinaire mais paraît cohérente. Je trouve dommage qu'on ne sache pas si sa fille a la moindre idée de ce qu'il advient de son père... M'enfin, j'adore tellement Arion Ethar que tant qu'il y aura des passages sur lui je serais satisfaite. L'expression "laissant les elfes gros jean comme devant" me paraît mal employée sur la fin, d'autant que c'est assez familier et que ça fait référence à notre monde réel. En gros je doute qu'elle ait sa place dans ton texte.

La partie sur la nouvelle famille de Paulus est moins réussie je trouve. Je suppose que tu as voulu établir un contraste entre leur bonheur et le désespoir d'Arion, mais ce bonheur en question ne transparaît pas suffisamment à mon avis. Si tu comptes t'engager dans la tragédie ensuite, il faut que leur bonheur ait atteint un point culminant, la déchéance n'en est que plus forte. (peut-être que tu comptes le développer dans les chapitres à suivre?) Dommage aussi que tu ne détailles pas plus la maîtrise de Tirianis en matière de magie. A-t-elle revu son démon intérieur ou plus jamais? A-t-elle appris à le contenir? (là encore, peut-être que je vais trop vite et que tu comptes en parler plus tard)

Et c'est étrange que pour les âges des enfants, tu ne te contentes que d'à peu près, théoriquement, tout le monde sait quels âges ils ont non? "Probablement plus de trois ans", "d'une dizaine d'années" Tu ne devrais pas les approximer (m'enfin, ça c'est ce que je pense, peut-être que tout le monde ne réagira pas comme moi). Le reproche suivant est peut-être dû à mes lacunes en Warhammer, mais c'est dommage que tu ne précises pas plus la forme de leurs oreilles. Seule Tyriana a les oreilles "légèrement incurvées", c'est étonnant qu'aucun d'entre eux n'ait hérité des oreilles pointues de leur mère.

En gros, un début de chapitre satisfaisant mais qui aurait mérité d'être plus développé.

Pfiouuuu, voilà qui est fait! J'attends la suite maintenant, et vite! :skull:

Lib

Modifié par Lightsbirth
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Merci beaucoup de ce commentaire élaboré :rolleyes:

Je m'explique un peu sur la famille de Paulus. Mon but n'était pas de dépeindre un bonheur idyllique genre "petite maison dans la prairie" mais de montrer que les deux amants ont eu le temps de se rebatir une vie. Si l'âge des enfants est indiqué approximativement, c'est parce que j'avais tenté une narration plus ou moins "cinématographique" (mais c'est raté).

La suite détaille un peu ce cher Arion (pour faire plaisir à Lib) et c'est principalement sur ce personnage que j'attends de viles critiques : est-t-il crédible ? bien fait ? provoque-t-il des sentiments chez le lecteur ?

Lorsque la sentinelle du camp vit arriver au loin la silhouette noire d’Arion, elle grogna quelques injures avant de se mettre au garde à vous. Le Prince s’arrêta juste devant elle et sauta de selle, faisant simplement signe au soldat de s’occuper de sa monture. Habitué à la froideur de Cœur de Druchii- ses hommes préféraient généralement ses silences à ses paroles-, l’elfe empoigna les rênes du coursier et entreprit de trouver repos et nourriture à la bête. Le garde n’était pas surpris que le Prince Ethar rentre seul- son caractère misanthrope qui tendait parfois à l’agoraphobie le poussait à toujours prendre une demi-heure d’avance ou de retard sur son armée.

Arion traversa le campement de sa démarche rapide et déterminée, sans daigner fixer autre chose que la tente vers laquelle il se dirigeait. Il ne posa même pas les yeux sur l’écuyer qui lui écarta la toile d’entrée. La tente était de taille moyenne, et confortablement meublée : outre une couchette, il y avait deux commodes et un petit secrétaire, et même un miroir. Quelques cartes avaient été fixées à la toile de la tente. Lorsqu’il fut entré, le prince étendit les bras et siffla brièvement, faisant signe à l’écuyer de l’aider à retirer son armure.

Cette tâche accomplie, le noble fit signe au roturier de se retirer, avant de se diriger vers le petit secrétaire qui trônait au centre de la tente candide. Arion commença par rédiger un rapport à destination du Roi Phénix. Quelques mois auparavant, d’importantes troupes nordiques avaient pénétré le territoire asur et le Prince Ethar avait été chargé de les repousser, une tâche qui touchait à présent à sa fin. Bientôt, le général que ses hommes surnommaient Cœur de Druchii devrait trouver d’autres ennemis pour nourrir sa rancœur.

Arion Ethar avait le paradoxe d’être l’un des commandeurs les plus brillants et les moins aimés d’Ulthuan. Mais en Ulthuan, en raison de l’esprit légitimiste de l’armée, le plus détesté des généraux ne courrait pas le risque d’être assassiné ou supplanté par l’un de ses subordonnés, surtout lorsqu’il était influent. Or, Arion disposait d’un excellent carnet d’adresses. Son rapport fini, il y apposa son sceau et sortit d’autres morceaux de parchemin, moins élégants, sur lesquels il rédigea de brèves notes.

Ces mots étaient destinés à ses différents soutiens au travers de l’île-continent, leur confiant diverses instructions intrigantes et politiques. En dix ans, tandis que l’ancien Ambassadeur s’était mué pour devenir le parangon d’égoïsme et de rancœur qu’il était, il s’était tissé un réseau de relations qui lui avait permis de conserver et même de fructifier son influence au fil des années. Ces appuis regroupaient tout ce qu’Ulthuan comptait de courtisans cyniques et désenchantés, ceux qui n’apparaissaient jamais dans les annales glorieuses de l’île, des êtres peu regardant envers leurs contacts tant que ceux-ci leur apportaient de l’argent et du pouvoir.

Beaucoup avaient des secrets à protéger, de nombreux Princes Marchands préférant que certaines de leurs transactions demeurent inconnues aux autres grandes familles d’Eataine. De fil en aiguille, Arion en était même venu à se lier avec la lie du continent, et avait plusieurs contacts dans les différents réseaux de contrebandiers et d’escrocs qui proliféraient dans les ruelles des blanches citées asurs, loin des tours des magiciens et des palais des bien-nés.

En fait, l’héritier des Ethar n’avait nullement perdu sa loyauté envers Ulthuan et Finubar. Simplement, des années de souffrance et de désespoir l’avaient rendu amer et cynique au point que si son intellect pouvait toujours se fixer des objectifs nobles en apparence, son âme avait perdu toute faculté d’empathie, et sa philosophie s’était muée en un utilitarisme froid et cynique, considérant qu’intrigue, calomnie, chantage et espionnage étaient des moyens utilisables pour servir les intérêts de Finubar et de son serviteur Ethar.

Par ailleurs, les filous que fréquentait Arion avaient gagné sa collaboration, mais nullement son respect ; le Prince payait ces canailles avec un mépris affiché, les aigrefins acceptant de subir n’importe quelle insulte contre monnaie sonnante et trébuchante.

Lorsqu’il eut fini se préparer ses différentes missives, le Prince Ethar sortit dans l’allée centrale du camp. Comme il l’avait exigé, l’ensemble de son infanterie se tenait prête, les différents éléments d’armure impeccablement nettoyés, même si une fatigue profonde, teintée de rancœur, se lisait sur le visage des soldats. Un général qui, à l’issue d’une bataille, ne faisait ni congratulations aux vivants ni éloge aux morts, ne pouvait espérer voir ses troupes arborer un sourire jovial.

Arion ne regarda que vaguement les lignes de soldats fourbus. Il vérifia simplement que tous avaient nettoyé leur équipement, puis fit signe aux différents capitaines que les hommes pouvaient prendre leur repos. Tandis que les hauts elfes se retiraient en grognant, leur général fit trouver un messager pour Lothern, à qui il confia son rapport à destination de Finubar. Puis, satisfait de sa longue journée, il s’étira et se commanda un repas. Le soleil commençait à décliner à l’horizon.

Alors qu’il achevait son dîner, une sentinelle se présenta à sa tête et lui déclama d’un ton bref et déférent :

-Prince, cet individu désire vous parler. Il porte un de vos laissez-passer.

Le garde s’écarta pour laisser place à un jeune elfe à l’air roublard, vêtu d’habits de cuir qui mêlaient un aspect pratique à une certaine élégance. Ses cheveux étaient noués en une queue-de-cheval assez grossière qu’il rangeait dans le col de sa veste. Reconnaissant Lokhi, un de ses intermédiaires avec la pègre asur, le Prince fit signe au soldat de les laisser seuls. Le filou s’avança dans la pièce et posa une liasse de documents sur la table de son interlocuteur.

-Le courrier du mois, gloussa-t-il avec un rictus complice.

Arion s’efforça de lui montrer tout son mépris en décachetant les premières lettres. Lokhi dut ainsi supporter une longue attente tandis que le noble lisait la douzaine de missives. En reposant la dernière, Arion grogna :

-Bien. Voici ce que tu as à porter. Les noms des destinataires sont inscrits sur les enveloppes.

Il désigna négligemment les épitres qu’il avait rédigés le jour-même, tout en reprenant sa fourchette, laissant au malandrin le soin de les ramasser lui-même. Tout en rangeant les missives dans sa veste, Lokhi sembla hésiter un instant avant d’ajouter :

-Et, euh, pour ma peine ?

Levant les yeux au ciel d’un air blasé, Arion plongea une main dans sa bourse et en retira trois pièces dorées, qu’il jeta à terre comme on jette un os à un chien. En bonne vermine qu’il était, Lokhi ne se piqua pas de l’insulte et ramassa avidement sa paye. Lorsque le roturier fut sorti, l’héritier des Ethar se leva et se contempla dans son miroir. Sa mince silhouette se lui donnait un aspect fantomatique, renforcée par les couleurs dichotomiques de son apparence, le noir de jais de ses vêtements contrastant violemment avec l’extrême pâleur de sa personne, qu’il s’agisse des cheveux ou de la peau.

Seul l’iris des Ethar flamboyait encore d’une lueur vivace, mais une lueur de prédateur, une impitoyable étincelle de haine et de détermination, accentuées par les traits creusés et farouches qui parsemaient à présent le visage de l’ancien Ambassadeur. Ce n’était plus l’elfe qui avait sympathisé avec le baron Heinrich von Plaften, c’était une bête cruelle et rusée, un lévrier noir et famélique qui attendait qu’on lui désigne sa proie pour lui ôter l’existence. Le Roi Phénix avait bien prophétisé, dix années auparavant, en annonçant la mort de l’ancien Arion Ethar.

Un instant, le Prince se demanda ce qu’aurait dit sa défunte épouse en le voyant ainsi.

-Qu’est-ce que c’est que ça, docteur ? demanda Tyriana de sa voix fluette.

Chirandoux se retourna et aperçut le petite semi-elfe en train d’examiner une des vieilles fioles qui parsemaient la salle de séjour, vestige de l’époque où cette pièce servait de laboratoire au halfling et à son ami Stoyonovitch. Grommelant, le médecin prit la potion et la regarda, les yeux plissés :

-C’est une vieille potion que j’ai fabriquée il y a longtemps, expliqua-t-il. Un très bon coagulant fait à base de sang de nain. Le contrebandier qui me l’a vendu m’a assuré qu’il s’agissait de celui d’Alaric le Fou, mais…

-Qui est Alaric le Fou ? demanda aussitôt le vive enfant.

-Un célèbre maître des runes, commença le halfling, qui…

-Un maître des quoi ? le coupa Tyriana.

Souriant, Chirandoux s’approcha d’elle et lui murmura :

-C’est bien de se poser des questions, mais c’est fatiguant d’en poser aux autres. Va donc chercher un peu d’eau au puits et tu aurais droit à un cours d’histoire.

La petite fille eut un sourire grommeleur, mais partit néanmoins enfiler son manteau. La cour de la maisonnée comportait un puits auquel Heinrich et sa sœur étaient habitués à aller puiser l’eau pour toute la famille. La fillette sortit donc dans la rigueur de l’hiver kislevien, ses bottes aux pieds et un seau à la main, tandis que le halfling rangeait la fiole dans sa poche -mieux valait laisser ses vieux produits à l’abri des enfants. Trottinant jusqu’au puits, Tyriana commença à puiser.

Alors qu’elle faisait émerger le seau de la margelle, elle remarqua un mouvement dans le lointain. Plissant les yeux, elle identifia un groupe d’une vingtaine de cavaliers qui galopaient vers la maison. Intimidée, elle se hâta de rentrer et, sitôt parvenue sous son toit, elle apporta l’eau à la cuisine en criant :

-Des cavaliers arrivent par ici !

Paulus, resté dans la chambre pour admirer les babillements de son dernier-né, descendit les escaliers à toute vitesse et rejoignit le docteur Chirandoux qui, sur le seuil, observait la petite troupe. Cette dernière progressait à vue d’œil, et on y reconnaissait des hommes en armes.

-Que fait-on, docteur ? murmura le jeune baron à son mentor. Devons-nous fuir ?

-Ils nous rattraperaient très facilement, répondit le halfling. Mieux vaut rester là et espérer qu’ils n’ont pas d’intentions hostiles. Dans le doute, préparons nos armes.

Hochant la tête, Paulus fonça jusqu’à la remise où il conservait les quelques armes de la famille : sa vieille épée, un arc, quelques flèches et quelques dagues. Alors qu’il revenait vers son ancien professeur, il eut la surprise de voir que Tirianis était descendue, et se tenait aux côtés du halfling. Les enfants se tenaient en retrait, anxieux : tandis qu’Heinrich fronçait les sourcils et contemplait sa mère avec gravité, Tyriana tenait le bébé dans ses bras ; le dernier-né semblait sur le point de se mettre à pleurer, et eut probablement déjà commencé à brailler sans les bercements de sa sœur.

Les jumeaux, eux, ne comprenaient qu’à moitié ce qui se passait autour d’eux, mais percevaient parfaitement l’angoisse générale ; sous l’effet de leurs dons aethyriques, leurs cheveux s’agitaient anarchiquement, comme pris dans une brise invisible. Comme souvent dans leurs moments d’anxiété, ils se tenaient les mains très fort, le contact de leur double les rassurant quelque peu. Ils fixèrent leur père de leurs grands yeux d’Ethar lorsque Paulus se dirigea vers sa compagne.

-Tirianis ! s’écria le jeune homme. Qu’est-ce que tu fais là ?

Sa compagne leva les yeux au ciel et ne daigna même pas répondre. Elle avait accouché à peine dix jours auparavant, et la fatigue se lisait encore sur son visage, mais elle semblait décidée à voir ce qui allait advenir. Paulus remarqua par ailleurs que le petit Arion reposait à présent dans les bras de sa grande sœur. Soupirant, il passa une épée courte à l’elfe, et pria Sigmar qu’elle n’ait pas à en servir.

-Il se passe quelque chose, grogna soudain le médecin. Il y en a un qui fait de drôles de mouvements. On dirait qu’il cherche quelque chose derrière lui.

Les deux autres adultes s’avancèrent un peu et constatèrent avec effroi que l’un des cavaliers était en train de bander un arc, une flèche enflammée prête à être décochée.

-Sortez tous ! lança Paulus.

La famille se rua dans le jardin enneigé, tandis que les premiers traits atteignaient la demeure. Dès l’instant où les projectiles atteignirent les murs, les flammes se répandirent sur le bois sec avec lequel était fabriquée la maison, envahissant la façade avec une rapidité destructrice. La terrible chaleur de l’embrasement contrastait ignoblement avec l’air glacial des champs neigeux. Le petit Arion éclata en sanglot en entendant l’infâme bruit de craquement de l’incendie et en sentant l’angoisse des êtres qui l’entouraient.

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Aïe aïe, ça va pas être facile de le critiquer ce chapitre. :wink:

Bon, au niveau du vocabulaire et de la grammaire c'est toujours aussi excellent. De ce côté là je n'ai personnellement rien à redire.

Par contre ensuite mon côté Rockweller reprend le dessus à la vue de quelques incohérences.

de la tente candide.

Il est facile de comprendre ce que tu a voulus dire içi mais de mon point de vue le terme de "candide" n'est pas forcément à sa place.

En dix ans, tandis que l’ancien Ambassadeur s’était mué pour devenir le parangon d’égoïsme et de rancœur qu’il était, il s’était tissé un réseau de relations qui lui avait permis de conserver et même de fructifier son influence au fil des années.

suivi de

En fait, l’héritier des Ethar n’avait nullement perdu sa loyauté envers Ulthuan et Finubar. Simplement, des années de souffrance et de désespoir l’avaient rendu amer et cynique au point que si son intellect pouvait toujours se fixer des objectifs nobles en apparence, son âme avait perdu toute faculté d’empathie, et sa philosophie s’était muée en un utilitarisme froid et cynique, considérant qu’intrigue, calomnie, chantage et espionnage étaient des moyens utilisables pour servir les intérêts de Finubar et de son serviteur Ethar.

Ce comportement rajoute une profondeur bienvenue à Arion mais il devient difficile de comprendre sa logique. Ce serait peut être utile que tu décrive juste un peu plus ses activités, que l'on comprenne mieux le comment et le pourquoi de ses actes.

Par ailleurs, les filous que fréquentait Arion avaient gagné sa collaboration, mais nullement son respect ; le Prince payait ces canailles avec un mépris affiché, les aigrefins acceptant de subir n’importe quelle insulte contre monnaie sonnante et trébuchante.
En bonne vermine qu’il était, Lokhi ne se piqua pas de l’insulte et ramassa avidement sa paye.

Les criminels du monde de warhammer ont sans doute tendance à ravaler leur fierté, mais je dois avouer qu'à ce point là c'est surprenant pour des elfes. C'est surtout le cas de Lokhi qui m'a surpris à vraie dire. D'un côté il apparait comme cupide mais apparemment efficace, mais de l'autre il se laisse littéralement traité comme un chien. De même les soutiens d'Arion on l'air de se ficher royalement d'êtres insultés. Je peux comprendre qu'un elfe se laisse faire jusqu'à un certain point, mais ça m'étonnerait qu'il n'en tire pas alors une certaine rancœur. Ou peut être est ce là un côté que tu développera plus tard.

lorsque Paulus se dirigea vers sa compagne. -Tirianis ! s’écria le jeune homme. Qu’est-ce que tu fais là ? Sa compagne

Ce serait peut être plus fluide si tu remplaçais l'un des "sa compagne" par un autre terme.

Voilà voulou, plus qu'une chose à dire, la suite! Et plus vite que ça! :)

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Alors pour le premier passage : J'avoue que je m'y suis complètement perdu. Y a eu beaucoup de noms d'un coup et avec l'ellipse temporelle ça a pas été évident à accrocher.

Le deuxième passage : Là j'aime mieux puisque je j'ai eu le temps d'assimiler. BOn la présence du père dans le récit me fait dire que son histoire est pas finie et qu'elle va sûrement s'entrecouper encore plus tard. Par contre, on ne sait pas encore la raison de l'attaque qui vient un peu de nulle part donc je veux savoir pourquoi dans une suite !!!

@+

-= Inxi =-

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Pour le coup, je suis vraiment contente de cette suite de chapitre :ph34r: Niveau grammaire et style, c'est très bon, c'est fluide et travaillé.

Pour Arion ( :angry: ), je dois avouer que j'ai du mal à comprendre sa rancoeur. J'avais l'impression qu'il tenait Finubar pour responsable de la disparition de sa fille, parce qu'il avait maintenu les relations diplomatiques avec l'Empire des Hommes. Mais je vois mal comment il pourrait continuer à servir un roi qui l'aurait indirectement trahi. C'est peut-être aussi que j'associe trop rancoeur à rancune, même si par définition ce n'est pas la même chose ^_^

Ses sentiments sombres sont très bien décrits. Ses actions sont cohérentes. Mais finalement, on a du mal à compatir avec le personnage, parce que sa souffrance ne s'exprime que par des comportements un peu matérialistes ou utilitaristes, comme l'égoïsme, la froideur, le mépris, la manipulation. Il manque des émotions plus sauvages comme la haine, la colère ou la frustration, contenues ou non, qui ne transparaissent pas tant que ça. En fin de compte, il est plus vide que désespéré (je sais pas si mon explication est claire... ).

Il est quand même très bien fait hein :clap: (mais comme tu voulais de "viles critiques"!)

Pour la famille de Paulus, rien à redire. Bonnes descriptions, bonnes actions. J'ai hâte d'avoir la suite!

Sinon, les seuls trucs qui m'avaient gênée ont été relevés par Ogre, donc le boulot est déjà fait :clap:

La suite!

Lib

Modifié par Lightsbirth
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Damned ! Que de commentaires ! :angry:

Merci à Ogre d'avoir relevé quelques coquilles.

Je m'explique sur les elfes.

Ce que je voulais retranscrire (avec plus ou moins de succès), c'est qu'Arion a perdu toute empathie et toute considération pour autrui (à cause de son chagrin), mais qu'il reste loyal au Trône d'Ulthuan parce qu'il est toujours obsédé par la lignée dont il est héritier et que donc il ne permettrait pas que le dernier des Ethar trahisse le Roi Phénix.

En fabriquant Lokhi, je voulais m'amuser à faire un elfe qui ne corresponde pas aux clichés habituels, do'ù son caractère méprisable. Dans mon esprit, les elfes sont arrgants envers les autres races, mais entre eux, il doit bien avoir des hiérarchies de respect. Après peut-être que le perso n'est pas réaliste, mais bon, caprice d'auteur... ^_^

J'ai bien lu les commentaires de Lib, je vais tâcher de remettre une scène d'elfes pour rendre Arion plus "accessible".

En attendant, une suite focalisée sur Paulus et Tirianis.

Chapitre 9

Déchéance

Les habitants du domicile brulant ne tentèrent même pas de fuir, les chevaux étant à présent à moins de vingt mètres, et se retrouvèrent bientôt encerclés par les cavaliers. Ces derniers avaient la stature rude et barbare des Norses, et semblaient être un groupe de pillards en maraude ; Tirianis aperçut avec un frisson de dégout une tête humaine fraichement accrochée à la celle de celui qui semblait être le chef du groupe, un guerrier épais coiffé d’un casque à cornes, qui devait avoir une demi-dizaines de haches différentes sur lui.

Le chef fit signe à ses hommes, et deux d’entre eux mirent pied à terre, de lourdes haches entre leurs mains. Paulus dégaina aussitôt son épée et s’interposa entre les barbares et sa famille, ce qui déclencha plusieurs rires gras parmi les cavaliers. L’un des deux Norses, souriant, posa doucement sa lourde hache sur la lame du jeune baron, lui faisant signe de l’abandonner. Alors Paulus, pris d’une vive ardeur, dégagea son épée avant de la lever au-dessus de son épaule, s’apprêtant à frapper le nordique.

Avant qu’il n’ait pu abattre son arme, le guerrier lui avait violemment frappé la tempe du manche de sa hache, l’étourdissant. Alors qu’il chancelait, un cavalier le frappa violemment du manche dans le dos, le faisant tomber à terre. Les rires gras devinrent éclat général. Tandis que Paulus se débarrassait de la lapée de sang qui lui coulait dans la bouche, un des guerriers le ramassa par l’encolure et le souleva, avant de lui assener un violent uppercut dans l’estomac.

Paulus s’effondra à nouveau chez les quolibets, tandis que les deux guerriers se rapprochaient du reste de la famille, lotie derrière Chirandoux qui arborait un air brave malgré sa taille qui n’excédait pas la moitié de celle des Norses. Observant Tirianis et ses enfants, les nordiques commencèrent à échanger de vives exclamations. Finalement, le chef fit relever Paulus, qui ne se soutint debout que grâce au Norse qui le maintint par l’épaule, et demanda dans un kislevien très imparfait :

-Femme et enfants à toi ?

Le jeune homme hocha péniblement la tête, jugeant qu’il valait mieux reconnaitre une soumission qui, si elle n’était pas de droit, était de fait. Le chef arbora un air satisfait, puis se lança dans un soliloque explicatif :

-Elfes et semi-elfes rares, grogna-t-il. Ta famille beaucoup valeur. Alors moi pas vous faire de mal et prendre vous esclaves. Si toi obéir, famille rester ensemble avec petit homme et avoir bon maitre. Sinon, tuer enfants et donner femme à mes guerriers. Comprendre ?

Paulus sentit une violente colère s’emparer de son âme, mais son corps était trop affaibli pour céder à la passion et il hocha à nouveau la tête. Le Norse sembla satisfait. Il donna plusieurs ordres, et un cavalier amena une monture chargée de divers bagages.

-Enfants peuvent monter, expliqua l’esclavagiste.

Réduits à le remercier pour cet acte de mansuétude, Paulus et Tirianis installèrent leur germes sur le poney, avant qu’on leur lie les mains et que commence leur longue marche au travers des steppes glacées de Kislev. Aucun des trois adultes prisonniers ne prononça un mot, c’était inutile ; Paulus déposa simplement un rapide baiser sur les cheveux de sa compagne. Au début, les enfants se mirent à pleurer, mais après quelques séjours dans les bras de leur père, Heinrich et Tyriana se résolurent à sécher leurs larmes et à s’occuper de leurs cadets ; Chirandoux parvint même à obtenir auprès du chef norse une couverture pour le bébé.

En dépit de la volonté manifeste des esclavagistes de soigner leur marchandise, les conditions de marche furent éprouvantes : on était au milieu de l’hiver kislevien, et à certains endroits, Tirianis et Paulus voyaient leurs jambes s’enfoncer dans la neige jusqu’à la mi-chemin entre leurs pieds et leurs genoux ; Chirandoux, lui, peinait encore plus à cause de sa taille handicapante et devait fréquemment demander à ses compagnons de l’aider à se soulever, ce qui ne manquait pas de piquer l’orgueil du vénérable halfling.

En plus de cela, de temps à autres soufflait un vent glacial, tranchant comme une épée, qui lacérait les lèvres et les joues, et semblait rire des manteaux de fourrure des pauvres prisonniers. Tirianis, en particulier, grelottait sous sa pèlerine, son pauvre corps s’agitant de soubresauts mécaniques tandis qu’une buée mortelle s’échappait de sa bouche pour se loger dans son fichu, où elle formait d’exécrables petits grelots qui rendaient l’écharpe inutile, voir nuisible. Enfin, de temps à autres, la neige sournoise parvenait à s’infiltrer dans les bottes des marcheurs, offrant un véritable supplice à leurs orteils.

Les enfants étaient certes mieux lotis que leurs ainés, mais accrochés sur les bagages des pillards, ils n’en menaient pas large non plus, blottis tous les cinq les uns sur les autres, comptant sur la chaleur de leurs différents corps pour les attiédir. Le bébé était tant fatigué qu’il en avait cessé de pleurer et dormait profondément, au milieu de l’assemblage de petits corps- ses frères et sœurs ayant d’instinct compris que le dernier-né était le plus vulnérable et devait être à tout prix protégé du malveillant blizzard.

Ils marchèrent tout le reste du jour et ne s’arrêtèrent qu’au début du coucher du soleil. Les pillards installèrent un bivouac et les prisonniers eurent droit à leur part de nourriture ; malgré son désespoir, Paulus ne put s’empêcher de remarquer qu’il ne mangeait guère moins que les Norses : de toute évidence, ces esclavagistes soignaient leur marchandise. Durant le repas, le jeune baron demanda s’ils devraient marcher encore longtemps.

-Ma compagne a accouché récemment et le halfling est un vieil homme, ajouta-t-il, espérant attirer la pitié du chef.

Cette dernière remarque lui valut un regard noir de son ancien professeur, qui n’appréciait guère que l’on fasse allusion à son âge vénérable.

-Arriver bateau demain midi, répondit laconiquement l’épais guerrier.

Les prisonniers dormirent attachés à un arbre ; quelques pillards jetèrent des regards lubriques sur Tirianis, mais semblèrent rabroués par leur chef, et la famille d’esclave put se blottir pour se protéger du froid, les enfants sanglotant dans la nuit noire.

Thur Udinson se gratta la barbe d’un air satisfait en regardant le butin avec lequel on emplissait ses cales. L’expédition s’avérait être un succès sans doute pas triomphant, mais néanmoins appréciable. Ses hommes avaient capturé une bonne trentaine d’esclaves, et amassés de belles pièces de pillage, dont le chef de guerre se réserverait la part du lion quand sonnerait l’heure du partage. Il ne lui restait à présent plus qu’à attendre une petite patrouille qui avait tenu à faire un dernier raid dans la région, puis le navire quitterait les côtes du Kislev pour repartir vers la Norsca.

-Chef ! s’écria une voix derrière lui. Ragnar rapporte des prisonniers !

Se retournant, Thur aperçut un de ses hommes, qui était descendu dans la cale le prévenir. Ainsi, l’ultime razzia de la petite troupe n’avait été vaine. Réjoui, le chef de guerre monta sur le pont du bateau, et aperçut les cavaliers qui mettaient pied à terre. Cette vingtaine de guerrier avait obtenu le privilège d’emmener leurs montures sur le navire, et avaient profité à maintes occasions de cet avantage pour se livrer à de petites équipées entre eux. Si cela ne favorisait pas la cohésion des différents membres de l’expédition, ces razzias avaient une efficacité réelle.

En l’occurrence, les cavaliers ramenaient une famille d’esclaves, qui rejoindraient les autres prisonniers. Un instant, Thur se demanda pourquoi son second Ragnar n’avait pas fait tuer les enfants, qui rapportaient généralement peu, avant d’examiner plus attentivement l’étrange couple paternel. Il se rendit alors compte que ses hommes avaient capturé une famille de semi-elfes, sans parler du halfling, lui aussi assez rare. Excité à la vue de cette marchandise rarissime, Thur descendit du bateau et se précipita jusqu’à son second.

-Voyez-vous cela, chef ? demanda Ragnar en lui désignant les oreilles de la mère. Les dieux sont avec nous ! Cette famille va rapporter très cher.

-Mes ancêtres sont témoins, assura Thur, qu’à notre retour, toi et tes hommes vous partagerez la moitié du butin. Votre prise va faire notre gloire.

Puis il commença à tourner autour de la famille, comme un négociant avec une pièce rare. Le halfling semblait assez vieux, mais robuste. Les parents avaient un air jeune- même si Udinson n’aurait su estimer l’âge de l’elfe-, bien que leur inquiétude se lise sur leur visage. Quant aux enfants, ils étaient malheureusement très petits, ce qui réduirait leur valeur.

-Ils vaudront cher, murmura le Norse à son lieutenant. Connaissent-ils un peu notre langue ?

-Pas du tout, répondit Ragnar. Mais ce ne sont pas des kisleviens, ils doivent venir de plus au Sud, et parler de multiples langages ; cela augmentera leur prix.

Remémorant ses quelques connaissances en kislevien, Thur se rapprocha de Paulus et lui demanda :

-Quelles langues parles-tu ?

Le jeune homme, de son air fourbu, articula :

-Je connais le kislevien, le reikspiel et le tiléen.

Udinson pivota aussitôt vers son lieutenant.

-Reikspiel ? demanda-t-il.

-La langue de l’Empire du Sud, expliqua Ragnar. C’est sans doute de là qu’ils viennent. Le tiléen se parle encore plus au Sud.

-Ah ! Bien, commenta le chef de guerre. Lorsqu’il connaîtra le norse, il pourra faire un bon intendant ; ça m’a tout l’air d’être un homme intelligent, et toutes ces langues lui permettront de communiquer facilement avec les autres esclaves.

Il se rapprocha ensuite de Tirianis et l’observa attentivement. Malgré sa présente fragilité, l’elfe gardait une apparence des plus belles, et le rude guerrier ne put éviter de se sentir troublé par l’éclat de son iris.

-Quelles langues ? interrogea-t-il brièvement en kislevien.

-Le kislevien et le reikspiel, répondit faiblement la jeune mère. Et aussi l’eltharin.

Thur n’eu pas besoin qu’on lui explique ce qu’était l’eltharin. Cette langue était peu utilisée, mais de toute façon, les elfes étaient sans conteste les esclaves les plus rares en Norsca, et en posséder une serait un signe de grand prestige. Courbant la tête vers le halfling, le Norse lui fit signe d’étaler ses talents à son tour.

-Je parle les même langues que lui, grogna Chirandoux en désignant son ancien élève.

Udinson remua brièvement les épaules pour faire signe qu’il avait compris, Puis il fixa son attention sur la famille dans son ensemble : tout ce monde avait l’air fatigué et affamé, et le chef de guerre ordonna qu’ils soient conduits avec les autres prisonniers et qu’on leur donne à manger.

-Et ne touchez pas à la mère ! aboya-t-il aux guerriers qui emmenaient les semi-elfes. Celui qui essaiera aura les attributs tranchés !

Se retournant vers les cavaliers, il ajouta :

-Dépêchez-vous de monter vos chevaux à bord. Nous partons immédiatement.

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