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L'iris des Ethar


Poupi

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Tu n'es pas obligé de te prendre la tête pour Arion. Parce qu'au final, être dénué d'émotions (alors qu'auparavant on en était pourvu) est une sorte de désespoir en soi et peut parfaitement traduire sa souffrance finalement. C'est peut-être parce qu'aujourd'hui on est trop habitué aux héros grandiloquents qui expriment leur souffrance en massacrant leurs adversaires en dix épisodes. C'était pour chercher la bête (quoique tu sais que je ne dirais pas non à une nouvelle scène sur Arion :ph34r:).

Un petit début de chapitre qui n'a rien d'exceptionnel, mais qui a le mérite de bien porter son titre. Le pseudo combat entre Paulus et le Norse est très réaliste. Rien à redire ici, des descriptions pas forcément très étoffées mais suffisantes pour laisser une belle part à l'imagination (les Norses ont un côté très viking).

Les fautes (ça faisait longtemps que j'avais pas fait ça, tiens :clap:):

Les habitants du domicile brulant ne tentèrent même pas de fuir
brûlant
dégout une tête humaine fraichement accrochée à la celle de celui qui semblait être le chef du groupe
dégoût, fraîchement (fâché avec les accents circonflexes? ^^) et je suppose que tu voulais parler de la selle?
Paulus s’effondra à nouveau chez les quolibets
quolibets=railleries, on en a bien la même définition?
jugeant qu’il valait mieux reconnaitre une soumission qui,
reconnaître. La famille est une soumission? Y'a matière à débattre là :clap:
petit homme et avoir bon maitre
maître
Paulus et Tirianis installèrent leur germes
problème de pluriel
jusqu’à la mi-chemin entre leurs pieds et leurs genoux
mi-chemin est masculin
Les enfants étaient certes mieux lotis que leurs ainés,
aînés, tu dois le faire exprès là? :angry:
la famille d’esclave put se blottir
esclaves, répétition de blottir + lotir

Voilà, la suite!

Lib

Edit: ^_^ 3e page! o/

Modifié par Lightsbirth
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Oh !

Quelle agréable surprise ! Je suis content de se retournement dans l'intrigue car je l'avais vraiment pas vu venir. Par contre, maintenant j'essaye de penser comment le papa elfe va venir les secourir parce que je ne vois plus que lui maintenant ! Bon j'espère qu'ils seront pas séparés sur place sinon ça veut dire qu'il y aura une partie de l'histoire sur comment se rassembler !

@+

-= Inxi =-

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Tadam ! 3 pages !

Et en plus, je retrouve mon zozio de lumière correcxteur orthographique... elle est pas belle la vie ? X-/

Bon, chti résumé pour attirer de nouveaux pigeons clients ouailles adeptes cultistes lecteurs

Résumé du début

Les Ethar sont une très ancienne famille d’Ulthuan, célèbre pour les différents héros qu’a engendré leur lignée et pour une couleur d’yeux magnifique que se transmettent les Ethar depuis des millénaires. Petite description de la couleur en question :

« une couleur des plus particulières, à la fois étrange et très belle, une hésitation de la nature entre le bleu et le vert, avec des reflets qui semblaient faire écho à l’écume rejetée par la mer. Le tout gardait un aspect assez foncé, ce qui n’empêchait pas ce regard étrange de briller d’une sourde lumière, et peux étaient capables de le soutenir sans s’émouvoir. »

L'histoire se passe en 2501 CI

Arion Ethar, héritier de cette lignée et veuf inconsolable, a été Ambassadeur d’Ulthuan à Altdorf. Mais sa fille, Tirianis, ayant disparu dans des circonstances mystérieuses, le Prince Ethar a perdu toute sa famille et le chagrin l'a transformé en un militaire cruel et égoiste, surnommé "Coeur de Druchii" par ses troupes.

En réalité, Tirianis s'est enfuie il y a 10 ans avec son amant humain, Paulus von Plaften, dont elle a même eu, au fil des années, pas moins de 5 enfants. En effet Tirianis, apprenti-mage, entretient une liaison particulière avec le Vent de Vie, Ghyran, ce qui en fait une femme des plus fertiles.

Récemment, la famille de semi-elfes a été capturée par des pillards Norses qui l'ont réduite en esclavage et s'apprête à l'emmener en Norsca...

Et maintenant la suite, focalisée sur Arion Ethar (pour faire plaisir à Lib :wink: ). Dites-moi si le personnage arrive à faire ressentir des trucs au lecteur.

-Partir immédiatement ? J’imagine que vous plaisantez, siffla Arion d’un ton méprisant.

-Ce n’est pas mon habitude, répliqua son interlocuteur d’un air tendu.

Les deux elfes se tenaient au milieu d’une assemblée d’une dizaine de nobles, dans une petite salle de conseil. Tous les dignitaires étaient debout, réunis autour d’une carte d’état-major, où plusieurs figurines de bois avaient été placées pour figurer les différentes forces présentes en Cothique.

-Les elfes noirs qui ont débarqué récemment sont très peu nombreux, expliqua le Prince Ethar. Cela signifie qu’ils n’espèrent pas causer de grands dégâts et ont prévu de se retirer rapidemment. Si nous contre-attaquons tout de suite, ils seront repartis sur leurs navires avec les quelques pièces de butin qu’ils ont obtenues avant même que nous ayons pu engager la moindre bataille.

-Repousser un ennemi sans coup férir ? demanda un noble d’un ton ironique. Je dois avouer que ça me va…

Il reçut aussitôt un des regards condescendants qui avaient fait la réputation d’Arion dans toutes les cours d’Ulthuan.

-Si nous nous gardons d’intervenir immédiatement, continua-t-il en ignorant l’interruption, les corsaires s’imagineront que nous n’avons pas de troupes disponibles pour l’instant. Ils s’avanceront plus en avant dans les terres pour prendre plus de butin.

Ce disant, le général déplaça le pion représentant l’ennemi sur la carte, puis plusieurs unités asurs.

-Alors, termina-t-il, nous pourrons les prendre rapidement à revers, et les massacrer jusqu’au dernier- nous avons assez d’hommes pour cela. Ainsi, non seulement nous débarrasserons l’île de ces traîtres, mais ils ne pourront pas emporter avec eux les richesses du Roi Phénix.

Il y eut quelques instants de silence, puis un autre convive prit la parole :

-Vous envisagez allégrement, Prince Ethar, de laisser ces tueurs se promener plusieurs jours encore dans nos terres ? demanda-t-il d’un air sévère. Et les villages brûlés ? Et les hommes tués ? Et les femmes violées ?

Une moue dédaigneuse traversa le visage su stratège.

-Nous pourrons évacuer quelques communautés, commença-t-il…

-Mais certainement pas toutes, coupa fermement son interlocuteur. Mais peut-être, parce que vous avez perdu femme et enfant, estimez-vous que ce la doit être le cas de tout le monde ?

Il y eut alors une grande bousculade, tandis qu’Arion saisissait l’insolent à la gorge, le plaquait sur la table puis tirait une longue dague de sa ceinture, en dépit des bras qui se mouvaient pour l’arrêter.

-Ne parlez jamais de ça, vous m’entendez ? hurla presque le Prince. Ne parlez jamais de ça !

Finalement, ne pouvant résister contre tous les corps qui se pressaient pour le dégager, il fit signe d’apaisement et rengaina son arme. Puis, se dégageant de ceux qui le tenaient encore, il cracha au sol et se dirigea vers la porte de la salle.

-Je ne resterais pas une minute de plus dans une pièce qui pue la vermine, siffla-t-il. Mon sang est dix fois supérieur à celui de n’importe lequel d’entre vous ! ajouta-t-il brusquement en se retournant et en hurlant. Qui parmi vous possède un tel gage de noblesse ?

Lançant cette ultime question à l’assemblée, il braqua brièvement son index vers ses yeux puis sortit en claquant la porte. De longues secondes de silence suivirent son attente.

-Cet homme est fou, commenta finalement le noble étranglé en se massant la gorge.

-Il est fou, corrigea un autre, mais il est puissant. Je vous conseille de vous abstenir d’autres brillantes réflexions sur sa famille, à l’avenir.

Fulminant, Arion se dirigeait vers ses appartements, lorsqu’une voix l’interpella. Se retournant, il aperçut le sbire Lokhi.

-Sire ? demanda-t-il. Votre réunion stratégique est déjà terminée ?

-Occupe-toi de ton négoce, pourceau, répliqua le Prince avec son amabilité habituelle. Que me veux-tu ?

-Je, euh, je vous ai ramené une fille, expliqua le filou en observant d’un œil inquiet la figure coléreuse de son interlocuteur. Vous savez, une comme vous aimez que…

-La paix, coupa sèchement le Prince Ethar.

Il s’arrêta quelques instants, semblant réfléchir, puis grogna :

-Après tout, cela me fera le plus grand bien. Où est-elle ?

-Elle, euh, elle se prépare, glapit le tire-laine. Elle se rendra directement dans vos appartements dès qu’elle sera prête.

-Bien, grommela l’autre. Va voir mon intendant, je lui ai remis une bourse à ton égard.

Ragaillardi par cette dernière sentence, Lokhi esquissa une parodie de révérence et se retira. Poursuivant sa route, Arion Ethar parvint jusqu’à ses appartements, et pénétra dans une chambre spacieuse et confortable, qui comportait un lit à baldaquin, plusieurs étagères, un secrétaire et même un pichet de vin. Sitôt rentré, l’ancien Ambassadeur s’en servit un grand verre, qu’il avala d’une traite.

Il demeura ensuite de longues minutes parfaitement immobile, son esprit torturé remuant les insultes qu’il avait subies et les douloureux souvenirs qu’elles avaient ravivé.

-Sire ? résonna une voix féminine.

Portant instinctivement une main à la garde de son épée, Arion pivota pour découvrir une ravissante créature qui n’avait sans doute pas un siècle, une jeune elfe à la natte brune et à la peau pâle, enveloppée dans une fine robe vermillonne qui laissait tout savourer de ses formes minces mais ciselées. Ses grands yeux clairs luisaient d’une soumission intimidée, et en plongeant son regard terrible dans ces deux puits candides, le Prince Ethar sentit un désir grossier lui emplir le bas-ventre.

L’elfe était une habitante des faubourgs de Cothique, une fille d’une condition des plus modestes qui tirait sa subsistance dans les auberges ou les lavoirs de son environnement. Simple de fortune comme de vertu, elle n’affectionnait pas les mariages si chers à la noblesse, et se choisissait des amants d’un soir parmi les plus enjoliveurs des garçons de sa cité, monnayant ainsi son corps pour des mots et, à l’occasion, pour de l’or. Ses scrupules n’avaient pas fait long feu lorsqu’on lui avait offert plusieurs pièces d’argent pour ses charmes d’une nuit, ces gages valant plus que ce qu’elle gagnait en un an de services.

Elle avait cependant ouï du général Arion Ethar « Cœur de Druchii », et conservait une certaine appréhension quant à ce qui allait se passer, connaissant la réputation de brute et d’égoïste de l’ancien Ambassadeur. Lorsque le noble s’avança vers elle, avec son allure de spectre, ses yeux flamboyants et ses traits quasi-cadavériques, elle eut un mouvement instinctif de recul qu’elle parvint à réprimer. Mais en arrivant prêt de la jeune fille, le terrible personnage sembla s’adoucir, ses sourcils quittant leur froncement pour se courber en une ligne gracieuse, tandis que ses mains entreprenaient d’enlacer la jeune catin.

Le contact froid d’Arion fit tressaillir la jeune fille, mais elle se sentit rassurée par la douceur étrange qui émanait à présent du noble concupiscent, et consentit à l’enlacer à son tour et à l’embrasser, avant de se laisser entraîner vers la couchette. Leurs ébats furent étonnamment tendres et laborieux, un seul acte leur prenant plusieurs heures. La jeune elfe, tout en passant une nuitée bien plus agréable que ce qu’elle avait craint à un moment, trouvait quelque chose d’étrange dans la virilité précautionneuse du Prince, d’autant plus qu’il lui arrivait de prononcer un nom féminin qui n’était pas celui de sa maîtresse.

Le lendemain, alors que la pauvre fille s’éveillait, elle constata qu’Arion, s’en être redevenu une brute égoïste, semblait cruellement froid après cette nuit. Il tendit sèchement sa paye à la prostituée et lui somma de se retirer. Avant de partir, la jeune elfe observa le visage du noble et comprit que ce qui le rendait aussi misanthrope, c’était un véritable dégout de lui-même, une haine de sa propre personne.

-Pourquoi vous torturer de la sorte ? La vie n’est-elle pas assez cruelle comme cela ?

Paulus jeta un regard désespéré à son ancien mentor, qui venait de lui poser ces interrogations. Le halfling et ses compagnons se trouvaient dans une des pièces humides qui servaient de logis aux esclaves, dans la cale du navire norse ; cette salle misérable avait tou juste assez d’espace pour accueillir quelques six couchettes. Outre la famille de Paulus, un couple de kisleviens se trouvait dans la même « chambre », de toute évidence des paysans enlevés qui n’avaient pratiquement pas parlé depuis le début du voyage.

L’air puait la saleté humaine, le sol craquait et tanguait sous le roulis du bateau, les couchettes n’étaient que de simples paillasses de bois, et Tirianis avait même aperçu un rat qui se faufilait entre les différents dortoirs à prisonniers. Aussi, pour exprimer son sentiment, Paulus n’eut-t-il qu’à englober la pièce du bras et à demander :

-Voyez-vous quelque élément positif dans notre situation ?

-Eh bien, répliqua doctement le médecin, à ce qu’il semble, nous sommes tous en vie, pour l’instant. La fortune nous a pris tout ce que nous avions bâti en dix ans, cela est vrai ; mais plutôt que de nous focaliser sur un passé qui ne reviendra pas, nous ferions mieux de concentrer notre énergie à survivre et à appréhender le futur immédiat.

Balayant son regard, il ajouta :

-Vous savez, à côté des geôles de Middenheim, cet endroit a presque l’air confortable.

Le jeune homme fronça aussitôt les sourcils :

-Depuis quand connaissez vous les geôles de Middenheim ? demanda-t-il.

Un sourire triomphant s’afficha immédiatement sur le visage de Chirandoux.

-Vous voyez, exulta le halfling, j’ai réussi à vous faire penser à autre chose qu’à notre pitoyable condition. Approchez-vous donc, il est temps que vous appreniez comment j’ai rencontré votre père. Et puis, cela fera passer le temps dans cette pénible odyssée…

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Bon, étant donné que j'ai pas posté au dernier chapitre, je fais les deux d'un coup!

Pour le précédent rien à redire, que du bon et du tout frais. Une dédicace particulière au duel lamentable de Paulus, qui rajoute une touche de réalisme bienvenue.

Le chapitre de cette semaine est quand à lui très bien réussi, et j'ai pris beaucoup de plaisir à la lire.

Dans la première partie Arion se dévoile enfin complétement, et j'ai découvert son aspect tourmenté avec beaucoup de plaisir. La dispute dans la salle du conseil reflète bien la folie et le dégoût de lui même qui le caractérise, donnant au final un personnage égocentrique et antipathique. Mais d'un autre côté il se révèle terriblement attachant, et tu es l'un des rares auteurs à savoir crée un personnage de ce calibre, mêlant autant d'émotions complexes et parfois contradictoires. Que dire à part un grand bravo? :wink:

De plus, de nouveau au sujet de la dispute, le caractère elfique est ici très bien représenté à mon sens, tu sais combiner arrogance et intelligence chez les généraux présents. La dernière phrase de cette partie reflète bien la complexité des relations entre Arion et la cour d'Ulthuan.

Pour la partie sur Paulus et sa famille, je la trouve bien réalisé et mettant leur calvaire en scène de façon réaliste. Paulus parait avoir murit et c'est une évolution bienvenue, mais j'espère aussi voir la famille au complet mis en avant. Après tout même s'ils sont relativement bien traités, ils sont censés vivre un calvaire. Une dédicace particulière à chirandoux, lui aussi un personnage unique et toujours attachant.

En dernier la description de la prostitution chez les hauts elfes est elle aussi très bien trouvée. La scène des ébats d'Arion me semble plus qu'appropriée au personnage et renforce encore la profondeur de ses tourments. Le seul défaut serait peut être la dernière pensée attribuée à la jeune prostitué, c'est une explication un peu rapide et simpliste à mon goût.

Maintenant la partie la plus fastidieuse, les (rares) fautes.

visage su stratège

"du" plutôt, non? X-/

De longues secondes de silence suivirent son attente.

Petit problème de compréhension là.

les douloureux souvenirs qu’elles avaient ravivé.

"Ravivés" si je ne m'abuse.

Elle avait cependant ouï du général Arion Ethar

Ce ne serait pas plutôt "ouï dire"?

cette salle misérable avait tou juste

Un t est portée disparu ici. :wink:

Modifié par Ogre
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Bien ! Pas mal du tout !

J'ai bien le passage avec le père même si je trouve vraiment surprenant le fait qu'il déteste vraiment tout le monde. Qu'il s'en veuille à lui ok mais à la terre entière... Surtout qu'il y a pas vraiment de responsable à part les humains ! Enfin bref, le personnage est beaucoup plus creusé et je pensais pas qu'il prendrait une catin, ça le rend plus intéressant ! En tout cas, vivement qu'il aille délivrer sa fille et ses petits fils !

@+

-= Inxi =-

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Et en plus, je retrouve mon zozio de lumière correcxteur orthographique... elle est pas belle la vie ?
Pas particulièrement au taquet mais présente quand même o/

Le passage sur Arion est vraiment excellent. Il suscite enfin de la pitié, moins d'indifférence. La provocation du noble est bien rendue, et ses ébats également. Par contre, je trouve que la jeune elfe perce trop facilement ses sentiments. Tu devrais décrire l'expression de son visage plus en détail pour qu'on puisse imaginer comment la prostituée a découvert son dégoût de lui-même. Peut-être par exemple la façon dont il regarde sa propre main après lui avoir tendu son argent?

Pour Paulus et sa famille, et bien, on avance pas particulièrement beaucoup. Le mythe Chirandoux va se briser sous peu apparemment. Est-ce que nous aurons également le droit à un peu plus de détails sur son passé? Avant qu'il ne rencontre le baron ou tu n'as pas spécialement l'intention de développer? Ah, edit: je trouve aussi que tu ne développes pas suffisamment la personnalité de Tirianis, qui pour le moment fait assez fade, puisque cela fait longtemps que nous n'avons pas eu le droit à une petite incursion dans ses pensées :wink:

Les fautes (parce qu'Ogre en a loupé ^_^):

estimez-vous que ce la doit être
cela
et se dirigea vers la porte de la salle.
tu n'es pas obligé de préciser "de la salle", ça me paraît relativement évident...
ajouta-t-il brusquement en se retournant et en hurlant
peut-être que tu pourrais mettre directement "hurla-t-il", parce que là il fait un peu trop véhément et théâtral.
Mais en arrivant prêt de la jeune fille
près
s’en être redevenu une brute égoïste
sans
c’était un véritable dégout de lui-même
dégoût (toujours ces maudits accents circonflexes :blushing: )

Voilà, la suite, comme d'hab!

Lib

Modifié par Lightsbirth
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Merci de ces commentaires :wink: J'ai pris note des différentes remarques (à l'essentiel assez positif :wink: )

Puisque Lightsbirth trouve que je ne me focalise pas assez sur Tirianis, voici une suite où elle est au coeur du sujet. Tout les malheurs qui pourraient arriver à notre héroïne sont donc à imputer à Lib et ses réclamations. :wink:

Chapitre 10

Sorcellerie et métaphysique

Les deux norses refermèrent la porte des prisonniers qu’ils venaient de nourrir en maugréant. Distribuer leur pitance aux esclaves était une tache des plus ennuyeuses qu’ils prenaient comme une humiliation, ne supportant pas de voir les fiers guerriers qu’ils étaient devoir jouer les nourrices.

-J’en ai plus qu’assez, grogna l’un tandis que la porte se refermait. Le retour va durer plus longtemps que prévu à cause de ces maudits vents, et nous passons nos journées à nous occuper de ceux qui sont précisément censés nous servir ! Pourquoi est-ce que c’est toujours nous qui sommes désignés pour ce boulot, hein ?

L’autre eut un simple mouvement d’épaule. Il se palpait le visage, comme s’il cherchait ses mots pour dire quelque chose.

-A quoi tu penses ? lui demanda son compagnon.

-Eh bien, murmura le norse. J’en ai moi aussi assez de nourrir ces vermines du Sud. Mais on est bien obligé d’obéir ; par contre…

Il laissa sa phrase en suspens. L’autre, intéressé, baissa la tête.

-Par contre ? répéta-t-il.

-Par contre, poursuivit le guerrier, un mince sourire sur les lèvres, nous pouvons légitimement nous offrir quelques compensations.

Son sourire se propagea aussitôt sur le visage de son compagnon.

-Quel genre de compensations ? demanda celui-ci.

-L’elfe, évidemment, grogna le pillard d’un air complice. Depuis quand un chef interdit-t-il à ses guerriers de jouir des prises de guerre ? Je ne vois pas pourquoi nous laisserions cette créature entre les pattes de son compagnon sudiste.

-Tu as raison, reçu-t-il immédiatement en réponse. Les guerriers que nous sommes avons besoin de ce genre de défouloir.

Lançant quelques rires gras, les deux esclavagistes se dirigèrent vers la cellule où se trouvait Tirianis. Ils en ouvrirent la porte et trouvèrent la dizaine d’occupants allongés sur leurs couchettes, certains conversant. L’elfe, ayant abandonné le luxe de la pudeur dans des conditions aussi misérables, donnait le sein à son dernier-né, dévoilant sa ravissante poitrine, qui regonfla le désir des gardes-chiourme. L’un d’entre eux posa sa main sur l’épaule de Tirianis, un peu trop violemment pour dissimuler parfaitement ses intentions, et tout en mimant de la main le fait de se lever, il lui lança en norse :

-Allez, viens avec nous !

Tirianis fronça les sourcils, visiblement méfiante. Le guerrier s’en agaça et la tira plus brusquement ; la jeune mère, effrayée pour son enfant, reposa le bambin qui se mit à brailler, réclamant sa pitance lactée. Paulus, cependant, appréciait peu la façon dont sa compagne était traitée, et s’approchant des esclavagistes, il commença en kislevien :

-Qu’est-ce que vous…

Il ne put achever sa phrase. Le pillard, énervé par son désir pressant et le manque d’obtempération des esclaves, empoigna sa hache et frappa violemment le jeune baron avec le plat de la lame ; Paulus s’effondra, le crâne en sang, déclenchant une fanfare de cris et de pleurs dans l’assemblée. Le deuxième guerrier vint à la rescousse de son compagnon en envoyant son pied frapper violemment Chirandoux, qui tomba presque assommé, puis empoigna à son tour la jeune elfe, que les deux hommes firent rapidemment sortir de la cellule, dont ils refermèrent prestement la porte, ignorant les coups et les cris des esclaves contre le bois de l’ouverture.

Les deux Norses purent enfin se focaliser pleinement sur leur captive qui, paniquée, tenta de hurler mais reçu une main grasse en guise de bâillon. Désemparée, Tirianis sentit les deux esclavagistes lui empoigner les bras, puis lui arracher brusquement son vêtement, dévoilant ses formes à l’air nauséabond de la cale du bateau. Agitant le regard, elle aperçut l’un des malfrats secouer ses braies pour en sortir un sexe érigé qui amorça sa terrible approche du corps de l’héritière des Ethar.

Alors que l’esprit de Tirianis semblait définitivement sur le point de sombrer dans la folie, elle sentit une soudaine puissance l’envahir, et aperçut l’effroi s’installer brusquement dans les yeux de ses agresseurs : des arcs d’un bleu électrique avaient commencé à se former autour de la jeune elfe, infligeant de terribles brulures aux deux vauriens. Ils s’écartèrent de la jeune mère, mais les crépitements d’énergie semblèrent les poursuivre et les envelopper, les corps des pillards se couvrant de boursouflures tandis que leur chair émettait une curieuse lumière azurée.

Les cris des deux gardes-chiourme se mêlant à ceux des occupants de la chambre de Tirianis, le vacarme ne tarda pas à attirer d’autres marins, qui découvrirent ainsi un édifiant spectacle : la ravissante elfe, demi-nue, était prostrée en position fœtale, des larmes de colère, de peur et d’humiliation coulant sur ses joues délicates, ses cheveux blonds formant une voile informe sur son visage ; autour d’elle, deux hommes se crispaient et hurlaient de douleur, leurs corps en proie à des convulsions, des brulures et des scintillement à l’évidence surnaturels. Lorsque, finalement, ils cessèrent leurs mouvements répugnants, plus aucun souffle ne s’échappait de leurs lèvres.

Les Norses, superstitieux, hésitèrent à s’approcher de la scène. Plusieurs d’entre eux firent divers signes de la main, destinés à éloigner le mauvais œil. Un guerrier, un peu plus courageux que les autres, marcha jusqu’à l’elfe et la secoua du pied en lui ordonnant de se lever ; Tirianis demeura cependant prostrée. Les pillards, voyant que leur camarade n’avait été frappé d’aucune malédiction, se joignirent à lui et entreprirent d’invectiver la jeune mère, sans déclencher néanmoins la moindre réaction dans son comportement ; ils comprirent alors qu’elle ne les entendait même pas.

Tirianis était plongée en une sorte d’état second, une transe malsaine dans laquelle l’avait plongée la magie qu’elle avait usée par accident. Depuis sa fugue, dix ans auparavant, elle n’avait recouru à ses dons aethyriques qu’avec la plus vive précaution, sachant bien quels ravages pouvaient provoquer l’usage de la sorcellerie sans mentor pour servir de garde-fou ; toutefois, dans ce moment de terreur panique, elle avait instinctivement puisé dans les Vents les plus proches pour ce défendre, condensant les énergies présentes en un infâme mélange que les thaumaturges nommaient la Dhar, le Vent de Magie Noire.

Recourir à la Magie Noire, même de façon aussi ponctuelle que le sort qu’avait lancé Tirianis, comportait de nombreux risques, notamment pour une sorcière aussi peu expérimentée, et l’elfe s’était donc retrouvée dans un coma provisoire, où elle voyait se mouvoir ses cauchemars et ses sentiments douloureux. Ces visions dérangeantes ravivaient tous les mauvais souvenirs que la jeune mère n’avait pas encore vraiment digérés, notamment l’abandon de son père et de sa tutrice.

Au milieu de ces fantasmes épouvantables, surgit soudain l’immonde être psychique que l’héritière des Ethar avait déjà aperçu lors de son premier évanouissement, alors qu’elle vivait encore à Altdorf. La chose abjecte sembla ramper dans l’air jusqu’au plus proche de la conscience de Tirianis, pour lui susurrer :

-Eh bien, ma belle ? Tu n’as pas l’air d’aller ?

Une nouvelle fois, tout aussi terrifiée par la créature elle-même que par le répugnant attrait qu’elle provoquait, l’elfe concentra toute son énergie à éloigner le monstre d’elle. Ce dernier glapit de sa voix tendre et crasseuse :

-N’as-tu pas vu quelle magie tu as employée ? N’as-tu pas senti la noirceur de ton sort ? Le regrettes-tu pour autant ?

Sous la volonté de Tirianis, la chose finit par reculer, tout en réitérant de vieilles menaces :

-Tu me repousses à nouveau ! Ton châtiment est proche !

Poussant un faible cri, Tirianis ouvrit les yeux et découvrit ceux de son amant. Elle se trouvait dans les bras de Paulus, ramenée dans la cellule de sa famille. Ses proches l’avaient vaguement rhabillée et l’entouraient, tandis que le couple kislevien, tout en manifestant son évidente sympathie, n’osait interférer. L’elfe se courba et se leva contre le torse de son compagnon, tout en haletant. Le jeune baron, dont la tempe était toujours couverte d’un sang coagulé, caressa tendrement le dos de sa bien-aimée en pleurant doucement.

Les enfants marchèrent silencieusement jusqu’à leur mère et entreprirent également de la câliner. Leurs petites âmes n’avaient certainement pas entièrement compris ce qui s’était passé, mais percevaient parfaitement la souffrance qui émanait de leur mère, spécialement les jumeaux, dont les sens aethyriques étaient troublés par les émotions négatives que rejetait l’elfe dans les Vents aux alentours. Entre deux sanglots, Tirianis renifla :

-Les dieux nous accablent. Nous avons déserté nos places, et maintenant, ils nous font payer notre amour égoïste…

-Laissez les dieux en dehors de tout ça, voulez-vous ? grogna Chirandoux. Inutile qu’ils entreprennent de nous accabler, ces nordiques le font assez bien comme ça. Allons, tachons tous de dormir, à présent ; c’est bien le seul confort qu’on ne puisse nous retirer et nous en avons grand besoin.

La famille de semi-elfe s’exécuta en silence, s’allongeant sur les couchettes inconfortables. Paulus frictionna un peu plus fort de dos de sa compagne.

-Il me semble à moi aussi, murmura-t-il, que les dieux ne voyaient notre fortune que d’un très mauvais œil…

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Tiens tiens !

Ca refait écho au passage où elle "visite" la magie et qu'elle voit déjà beaucoup trop de choses. Au moins, ils n'auront plus de problème de ce côté là et ils vont pouvoir rester ensemble. J'attends toujours leur arrivée parce que je me demande si tu vas les séparer ou pas une fois sur plus. La facilité serait de les laisser ensemble mais ça se trouve, tu as pensé à quelque chose d'autre donc je suis assez curieux de voir ce qu'il va se passer !

Une suite !

@+

-= Inxi =-

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Ah ben tiens, j'étais persuadée d'avoir commenté ce passage! Mais puisque ce n'est pas le cas...

Je prendrais donc l'entière responsabilité du futur de notre petite Tirianis! (même si je sens que je vais le regretter) Ce passage est très bien, parce que tu nous permets d'imaginer quelle pourra être la tragédie que tu comptes monter. Il pose beaucoup de questions et offre de nombreuses possibilités, moi ça me va très bien! La description du déclenchement de ses pouvoirs et de son interaction avec sa partie sombre est très bien décrite. Je n'ai vraiment rien à dire finalement...

Comme d'habitude, tu ignores ces pauvres accents circonflexes: notamment dans "brûlures" et "tâchons de". (je me souviens les avoir relevés en lisant mais je ne me souviens plus très bien où).

Voilà, j'attends la suite!

Lib

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Merci de ces 2 petits coms encourageants :crying: Et mille excuses aux accents circonflexes.

Suite qui fait avancer l'intrigue. En plus de vos commentaires sur la qualité du texte, j'aimerais bien que vous me disiez comment vous imaginez les prochains passages à ce stade du récit.

-Pourquoi plait-t-il tant aux dieux de tourmenter les mortels ? grogna Thur Udinson dans sa barbe. Aurais-je commis quelque crime de lèse-divinité ?

Le chef de guerre se trouvait dans une position de plus délicates, au milieu de guerriers en colère et superstitieux qui exigeaient ce qu’ils estimaient nécessaire pour éloigner le mauvais œil.

-Ecoutez, prononça Udinson d’un ton qui se voulait apaisant. Cette esclave vaut immensément cher, surtout si elle possède des pouvoirs magiques. Il faudra prendre des mesures supplémentaires de sécurité, bien entendu, mais…

-Deux hommes sont morts ! coupa fermement l’un des Norses. Cette sorcière a attiré la malédiction sur le bateau ! Tu es notre chef, Thur, mais tu n’es pas au-dessus des présages divins : nos lois exigent que nous nous débarrassions de la thaumaturge et de sa famille de bâtards ; faute de quoi, les dieux nous reprocherons d’avoir ignorer leurs avertissements…

Le chef norse grimaça. Lui aussi était sensible à l’argument religieux, mais la perspective de perdre cette esclave qui devait être le clou de son butin lui était insupportable. Il préférait encore raisonner son équipage, quitte à froisser une quelconque divinité qu’il apaiserait par la suite avec quelques menus sacrifices, qu’abandonner un tel joyau. Il décida d’avancer son argumentation sur le terrain superstitieux, le plus propre à convaincre les rudes guerriers du Nord.

-Si nous jetons la sorcière à la mer, signala-t-il, son esprit sera avide de vengeance, et nous ne pourrons plus jamais prendre le large sans être victimes d’effroyables tempêtes.

-Nous ne sommes qu’à quelques encablures du Pays des Trolls, lança aussitôt un marin. Nous pouvons la déposer là.

-Et l’abandonner à une mort certaine ? railla Udinson. Je ne pense pas que ses mânes en seraient apaisés.

Le mot fit mouche, et durant quelques magnifiques secondes, nul ne trouva à répartir et Thur crut qu’il avait remporté la bataille ; cependant le même matelot reprit la parole pour émettre une nouvelle idée :

-Lorsqu’un marin accepte de se soumettre au jugement des dieux, on l’abandonne sur une côte avec un poignard pour seul outil, expliqua-t-il. Si nous accomplissons ce rite pour la catin elfe et ses bâtards, ses mânes ne sauraient nous en tenir rigueur.

Intérieurement, le chef de guerre lâcha une avalanche de jurons à l’encontre de l’insolent et se promit de trouver un jour un prétexte pour le décapiter. Mais en attendant, le marin avait conquis son public : l’ensemble des pillards hochaient la tête d’un air approbateur. Les plus audacieux allaient jusqu’à lancer des regards impérieux à leur chef. Ce dernier aurait volontiers fait empaler toutes ces graines de rebelles, mais en l’occurrence, s’il voulait éviter une mutinerie, il lui fallait céder à la pression grégaire.

-Soit, grogna-t-il. Nous agirons ainsi.

Plusieurs rumeurs satisfaites traversèrent le gros des guerriers qui lui faisaient face. Résigné, Udinson se tourna vers son second, Ragnar, et soupira :

-Fais virer le cap à l’est. Demain, nous atteindrons le Pays des Trolls.

Puis, revenant à l’assemblée de pillards, il beugla :

-Vous avez eu ce que vous vouliez, non ? Alors chacun retourne à ses occupations et arrête de saisir la moindre occasion pour arrêter de travailler !

Ce cri était à la fois un ordre et un test, afin de voir si le chef de guerre avait récupéré l’autorité sapée par les mutins. Thur constata avec plaisir que tous les guerriers lui obéissaient sans rechigner ; il était de nouveau maître à bord. Mi-satisfait, il se leva et sortit de la cabine où il avait reçu les doléances des marins. Marchant gravement sur le pont, il fixa le large, à l’est. Son imagination lui donnait l’impression de déjà sentir les relents nauséabonds du Pays des Trolls.

La sorcière et sa famille n’avaient objectivement pas la moindre chance de survivre plus de deux ou trois jours. Le froid et les bêtes les auraient achevés dans ce laps de temps. Et ils seraient débarqués à au moins dix jours de marche du hameau kislevien le plus proche. A y bien réfléchir, Udinson doutait que les mânes de l’elfe se satisfassent de cette solution ; on ne pouvait exiger de ces faiblards du Sud qu’ils subissent les mêmes épreuves que les fiers guerriers de Norsca.

Néanmoins, si les dieux venaient reprocher cette mort au chef de guerre, il pourrait toujours arguer qu’il avait agi sous la contrainte de son équipage. Le Norse décida que cette nuit, il dormirait en paix.

-Est-t-il donc impossible de dormir en paix, chez vous ? grogna Chirandoux comme la porte de la cellule s’ouvrait devant une dizaine de guerriers norses.

Le halfling pivota avec le reste de la famille, et tous observèrent les pillards qui leur faisaient signe de sortir. Tirianis se cramponna à l’épaule de son compagnon, qui entreprit de lui caresser la main. Les Norses semblèrent devenir plus insistants ; de toute évidence, ils hésitaient à porter la main sur les semi-elfes, mais si la famille ne se hâtait pas d’obéir, ils finiraient par oser. Aussi enfants et adultes se levèrent-t-ils prudemment, Tirianis portant le petit Arion dans ses bras, avant de sortir de la chambre et de suivre le chemin qu’on leur indiquait.

Arrivés sur le pont, deux éléments les agressèrent aussitôt : le froid, qui se riait des loques qu’ils portaient maintenant depuis plusieurs jours, et le soleil, dont ils avaient été privés et qui les forçaient à plisser les yeux. Les esclaves pivotèrent en se demandant ce qu’on attendait d’eux, lorsque Heinrich agrippa le bras de son père en lui désignant une petite embarcation qui, à en juger par les guerriers qui l’entourait, s’apprêtait à être mise à l’eau.

-Par tous les dieux, murmura Paulus.

Les guerriers leur firent signe de monter dans le canot, et les pauvres hères n’eurent d’autre choix que d’obtempérer, Tirianis aidant ses enfants du mieux que ses pauvres nerfs lui permettaient. Lors que tous furent installés, on descendit la chaloupe à l’eau. Levant les yeux, Paulus aperçut le chef du navire, qui semblait avoir une vague expression de regret dans le visage. Le Norse fit un mouvement du bras, puis lâcha un poignard qui tomba aux pieds du jeune baron.

Les guerriers du Nord se détachèrent ensuite des prisonniers tristement libérés, et le navire nordique s’éloigna peu à peu. Sous l’effet du froid, le bébé de Tirianis se mit à pleurer. L’elfe le serra d’avantage contre son corps, chantonnant de faibles incantations qui réchaufferaient le dernier-né. Pendant ce temps, Paulus et Chirandoux regardaient autour d’eux, et finirent par fixer leur regard sur la côte qui se trouvait à quelques cinq cent mètres. Le jeune homme regarda son ancien professeur, qui hocha les épaules.

-Nous n’avons rien d’autre à faire, soupira le halfling.

Paulus empoigna les rames de la barque et entreprit de diriger l’embarcation jusqu’à la terre ferme, cependant que sa fille venait se serrer contre lui. Il régnait dans la frêle chaloupe une atmosphère de sinistre résignation, les infortunés compagnons n’ayant même plus assez d’énergie morale pour s’attrister véritablement ou se révolter. Ils se contentaient d’être là, subissant le froid et le vent marin, la faim et la fatigue, et la perspective même de survivre de les émouvait plus ; Paulus déplaçait la barque par ce simple besoin d’agir qui caractérise les êtres conscients, cette tendance viscérale à se prouver à soi-même sa propre existence.

-Je n’ai pas de temps à perdre avec la philosophie, siffla Arion entre ses dents.

Le Prince Cœur de Druchii se trouvait dans la grande salle de banquet du Roi Phénix, où était attablé tout un gratin de dignitaires et courtisans divers. Finubar siégeait au milieu de la table rectangulaire, et le général Ethar avait obtenu le privilège de ne siéger qu’a deux ou trois assiettes du souverain. L’ancien Ambassadeur avait tenté d’orienter la discussion vers des sujets militaires, car il voulait obtenir l’appui du monarque concernant certaines manœuvres dans le Nord de l’île-continent, mais les insouciants poètes entourant le Roi Phénix avaient lancé une série de débats métaphysiques qui avaient grandement amusé les convives, ruinant les tentatives d’Arion.

-Ne vous êtes-vous jamais demandé comment l’Etre peut s’arracher au Néant ? demandait justement un des intellectuels courtisans au souverain.

Tandis que Finubar se prêtait au jeu et tentait de répondre à la question, poussé par l’atmosphère joyeuse qui l’entourait, Arion Ethar leva discrètement les yeux au ciel en soupirant. Il ne supportait pas de voir ces flagorneurs s’amuser en empiétant sur son temps, lui qui travaillait chaque jour à la sécurité d’Ulthuan. Aussi accueillit-t-il comme une véritable libération la fin du repas. Tous les convives se levèrent et s’inclinèrent, tandis que le monarque se retirait, entouré de ses gardes.

Toutefois, avant que le Roi Phénix n’ait quitté la salle, Arion Ethar s’était relevé et avancé vers lui, dérogeant à toutes les règles d’étiquette, ce qui ne manqua pas de déclencher de vifs murmures chez les autres courtisans.

-Sire ! s’écria le général en s’approchant de son suzerain. Il faut absolument que je vous parle d’une affaire des plus urgentes !

Finubar se retourna vers lui, l’œil sévère, tandis que ses gardes pivotaient d’un air menaçant. La garde royale était dotée d’un tel prestige que même la sinistre réputation du général Cœur de Druchii n’allait pas intimider ces fiers soldats.

-Votre affaire, prononça le roi de façon à être entendu par tous, est-t-elle importante à ce point, que vous estimiez nécessaire de me déranger pendant que je me retire ?

Le Prince Ethar s’arrêta brusquement dans son élan. Il n’était pas habitué à être traité aussi sèchement. S’il s’était devant n’importe quel autre citoyen d’Ulthuan, il eût probablement grondé l’insolent, mais face au Roi Phénix, il ne pouvait agir qu’avec une obséquieuse déférence.

-Pardonnez-moi, Altesse, murmura-t-il en esquissant une rapide révérence, mais il s’agit de problèmes très urgents qui…

-Si vous avez attendu tout le diner pour m’en parler, vous saurez attendre une nuit de plus, coupa Finubar avec sévérité. Je n’ai pas l’intention de vous accorder le privilège de déroger aux règles de ce Palais. Voyez avec mon Chambellan si vous désirez obtenir une audience.

Sans ajouter un seul mot, il tourna le dos à Arion et sortit de la salle, solidement escorté de ses gardes. Abasourdi de ce rejet, le Prince se tourna brièvement vers les convives, et aperçut plusieurs sourires de triomphe parmi les multiples ennemis qu’il s’était fait ces dix dernières années. Il comprit alors qu’il était en disgrâce.

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La suite du récit hum... épineuse question que voilà... :P

Personnellement je maintiens l'idée de la rencontre "fortuite" entre Arion et sa famille cachée, bien que tes précédents chapitres laissent à penser que tu t'oriente vers une autre voie. Pour ce qui est de la rencontre en question, j'ai l'impression que tu veux la faire rentrer dans un concours de circonstances improbables (par exemple une expédition vers le Pays des Trols) de façon à surprendre tes lecteurs. Mais bon, ça reste des suppositions hasardeuses.

Ensuite je vois bien Arion engager une bataille politique en Ulthuan, ou Lokhi occuperait une place importante. Je m'imagine aussi le Roi Phénix devenir de plus en plus froid avec lui, sans pour autant renier ses capacités de stratège. Toujours sur la relation entre Arion et son seigneur, il me semblait qu'il n'était pas particulièrement apprécié de celui ci depuis longtemps déjà. Mais apparemment il vient réellement de tomber en totale disgrâce (ce qui laisserait supposer une perte de ses titres et alliés peu fiables?). Je suppose donc qu'il va tenter calmer l'ire de son seigneur tout en découvrant les intrigants qui complotent contre lui (et vu le bestiau, je ne donne pas cher de leur peau. L'autre option étant, comme évoqué plus haut, la disgrâce totale. :wink:

Quand à Paulus et sa famille j'imagine qu'ils vont subir une suite d'épreuves extrêmement rudes (qui révéleront d'éventuels talents cachers) et qui se concluront éventuellement par une rencontre avec Arion, bien qu'à nouveau ton précédent chapitre laisse penser que tu a peut être une autre idée en tête.

Pour le chapitre à proprement parler, le seul point qui m'a gêné à été le langage des Norses. Les guerriers ont en effet eut un langage peu courant, ce qui ne correspond pas vraiment à leur statut social ni à leur mode de vie. On peut notamment cité l'utilisation du terme thaumaturge. :)

Éventuellement on peut aussi s'étonner que Paulus ait aussi peu de réactions, il s'agit quand même de sauver sa famille après tout!

Sinon que du tout bon tout frais, on en veut encore! :wink:

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Ok !

Bon ce nouveau chapitre est un peu mou ! Enfin je dis ça sans que ça soit un défaut c'est juste qu'à part le fait qu'ils se fassent éjecter du bateau, on a pas grand-chose. D'ailleurs, je tenais dire à ce sujet que je trouve ça facile qu'ils disent toute la famille ensemble. Ca aurait été plus crédible juste la femme. Après tu aurais pu faire genre qu'ils se jettent à l'eau pour venir avec et personne tente de les empêcher !

Pour la suite, je redis à chaque fois : je sais pas comment mais ils vont avoir des problèmes et seul le père va pouvoir les aider après qu'il ait appris qu'elle est toujours en vie !

@+

-= Inxi =-

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Idem, le langage norse est peut-être un peu trop soutenu, mais après tu peux prétendre que c'est une traduction approximative romancée pour ne pas choquer les lecteurs :clap:

Sinon, le reste du passage ne bouge pas beaucoup, mais il est de toute façon nécessaire. On est relativement content que la famille reste ensemble, même si on aurait pu s'attendre à un départ plus dramatique. Après tout, les semi-elfes valent assez cher eux aussi non? Ou alors ils craignent que la sorcière ne se venge parce qu'ils l'ont séparée de sa famille... Les pensées du chef norse sont bien rendues, et c'est amusant qu'il n'ait qu'une relative autorité sur son équipage. Le principe de la foi superstitieuse est pas mal.

La scène sur Paulus et sa famille n'a rien d'exceptionnelle, mais c'est ce à quoi on s'attend (pas le fait qu'elle n'ait rien d'exceptionnelle hein, mais que les sentiments sont cohérents). Je pense que notre nouveau baron a bien le droit à un fugace instant de désespoir! Je suis étonnée que sa fille se serre contre lui pendant qu'il rame, parce qu'à moins de se coller sur son dos, je vois mal comment il pourrait la réchauffer et ramer en même temps!

Pour Arion, le temps de la disgrâce est enfin venu et c'est tout à fait normal. Il ne pouvait pas s'en sortir aussi longtemps avec son comportement, aussi puissant et bien né soit-il!

Selon moi, Arion va aller jusqu'au bout de sa déchéance et serait complètement disgracié. Il va donc fuir son pays qu'il ne peut plus servir et va errer, jusqu'à tomber sur sa fille et Paulus (oui, moi aussi je suis persuadée que leurs chemins vont se recroiser, mais c'est ce qu'on veut de toute façon!! :clap:). Au niveau de la rencontre, on a plusieurs possibilités: soit Arion entre dans une colère noire et, désespéré et trahi, il les massacre tous, soit Arion tente seulement de tuer Paulus, ce qui nous laisse avec deux options: soit il y arrive et perd tout l'amour de sa fille, soit elle l'en empêche grâce à la magie noire (ce qui pourrait la conduire à le tuer malgré elle peut-être (ouais, je sais, je suis dans le gore)). Je préférerais quand même qu'ils survivent tous ensemble et qu'Arion l'aide à maîtriser ses sombres pouvoirs mais ce serait trop beau, n'est-ce pas? Puis après on rentre plus dans la tragédie :clap:

Les fautes:

Pourquoi plait-t-il tant aux dieux
plaît-il
se trouvait dans une position de plus délicates
des plus
nous reprocherons d’avoir ignorer leurs avertissements…
ignoré
-Est-t-il donc impossible de dormir
est-il (tu bugues sur cette forme de question hein? :whistling: )
qui se trouvait à quelques cinq cent mètres
cinq cents
la perspective même de survivre de les émouvait plus
ne les émouvait
est-t-elle importante à ce point, que vous estimiez nécessaire
est-elle importance au point que? (ça pourrait être plus joli)
S’il s’était devant n’importe quel autre citoyen d’Ulthuan
s'il était ou s'il s'était trouvé
Si vous avez attendu tout le diner pour m’en parler
dîner

Voilà, la suite!

Lib

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Bon, visiblement, un passage qui a un peu déçu... je le retravaillerais à l'occasion... navré de cette contre-performance. Promis, le punch va revenir dans les prochains chapitres.

J'espère que ce passage vous plaira plus, au moins sur le plan de la qualité d'écriture. Si je vous avais demandé comment vous imaginiez la suite, c'est parceque ce nouveau chapitre change pas mal l'histoire et je suis assez content que nul ne l'ai prévu ça garde un chti effet de surprise :D Dites-moi si ça vous plait ou si vous trouvez que j'aurai pas du faire comme ça.

Attention, déconseillé aux âmes sensibles :ermm:

Chapitre 11

Damnation

Paulus fit une fois de plus stopper la marche, à bout de forces. Il portait les deux jumeaux et sa fille dans les bras, et n’en pouvait plus. La famille s’arrêta auprès de l’une des aiguilles rocheuses qui parsemaient la plaine où elle se déplaçait depuis plusieurs heures maintenant, et tous s’effondrèrent en grelottant. Le terrain avait la dureté des sols asséchés, et il n’y avait pas la moindre neige ; néanmoins, un froid glacial et anhydre possédait ces terres, qui poignardait la chair pour se saisir des os.

-Nous n’y arriverons jamais, grogna Paulus, la gorge sèche et les joues tremblotantes. Nous mourrons de faim avant d’avoir marché deux jours. Si des bêtes ne nous dévorent pas…

Tirianis leva sa tête hagarde. Sa chevelure était tant décousue qu’elle ressemblait à une folle- et, de fait, les nerfs de l’elfe étaient soumis à leur plus rude épreuve. La jeune mère était occupée à réchauffer sa progéniture par la tiédeur de son corps et quelques incantations de bas étages. Mais un soupçon de volonté se logeait encore dans sa voix lorsqu’elle murmura :

-Il y a peut-être un moyen… Laestriana m’avait enseigné un sort, il y a longtemps, capable de restaurer les forces d’un petit groupe.

Contemplant sa famille, elle ajouta d’un air désespéré :

-Mais nous sommes trop nombreux, je n’arriverais jamais à…

-Essaye donc sur les enfants, coupa son compagnon. Le pauvre Arion est sans doute mourant.

Chirandoux hocha la tête en observant la tête frêle du dernier-né qui, sous ses langes avait mortellement palie. Concentrant sa volonté, Tirianis parvint à se lever et à demander à sa progéniture de se disposer en cercle autour d’elle. Lorsque Heinrich, qui résistait vaillamment à ces conditions éprouvantes, eut transporté ses trois petits frères, qui pleurnichaient silencieusement sans se mouvoir, l’elfe inspira bruyamment, concentra sa mémoire et commença à réciter sa mélopée.

Elle remarqua qu’en ces régions septentrionales, les vents de Magie semblaient moins distincts, de sorte qu’il lui fallait de nombreux efforts pour retirer les fibres de Ghyran dans les énergies qui l’entourait et les distiller dans les veines de ses enfants. Cependant, le rituel sembla prendre effet et les petits reprirent peu à peu des couleurs ; par ailleurs, les incantations faisaient du bien à Tirianis elle-même, qui en se laissant traversée par les énergies revigorantes de Ghyran, voyait ses propres forces augmenter.

L’elfe s’autorisa un bref soupir de soulagement ; mal lui en pris, car elle s’aperçut soudain qu’un peu de magie informe s’était instillée dans son sort. L’erreur était infime, mais comme sous l’influence de la malédiction divine- ou des conditions magiques très particulières du Pays des Trolls-, il y eut une brutale explosion lumineuse et multicolore qui projeta la jeune magicienne à terre, tandis que les enfants hurlaient de frayeur. Paulus et Chirandoux se levèrent aussitôt, pour contempler un spectacle des plus immondes.

Une créature diabolique venait de se matérialiser entre Tirianis et les petits semi-elfes, une monstruosité bipède à l’aspect vaguement reptilien, mais dont les pattes avant étaient pourvues de terribles pinces et dont les écailles luisaient de couleurs fluorescentes ; les quatre yeux de la chose semblaient émettre des flammes, tandis que sa queue barbelée trainait sur le sol. Poussant un gargouillement infect, le démon se cabra en une posture impossible à tout vertébré ordinaire, et avec une vivacité qui tenait du surnaturel, il plongea sa tête en avant et arracha celle du petit Heinrich.

La frêle caboche sauta du petit cou presque instantanément, projetant quelques vertèbres enrobées de sang qui tombèrent mollement sur le vêtement d’une Tyriana tétanisée ; la pauvre semi-elfe tourna de l’œil, tandis que les jumeaux, qui ressentaient les troubles aethyriques causés par l’apparition du démon et la mort de leur frère, hurlaient à pleins poumons. Seul Arion sembla demeurer indifférent au drame, plongé dans un sommeil lourd et frigorifié sous les couvertures qui l’enrobaient.

Terrifié, Paulus empoigna le poignard que lui avait laissé le chef norse et se rua en avant, mais avant qu’il ait pu parcourir les quelques mètres qui le séparaient du démon, ce dernier, de ses pinces, avait transpercé les jumeaux braillards. Les fragiles thorax se déchirèrent sous la force du monstre et du dos des bambins jaillit un infâme mélange de sang, d’os et d’organes. Simultanément, emporté dans son élan meurtrier, le démon posa son pied griffu et draconien sur le front de Tyriana, broyant la tête de la fillette sous son effroyable talon ; le cadavre de la semi-elfe était surplombé d’une bouillie infâme, qui avait jadis été un cerveau, agrémentée de sang et de bile.

Hurlant de rage, Paulus sauta sur le démon, et lui figea sa maigre arme dans le dos. Curieusement, le monstre sembla en éprouver une vive douleur, hurlant un cri infâme. Il sembla se ployer en une vague position fœtale, tandis qu’un jus abject suintait de sa blessure. Le jeune homme, terrassé par cet ultime effort, commença à reculer, tandis que le démon semblait peu à peu s’évaporer. Mais brusquement, la queue cornue de la créature se cabra avec une vitesse surhumaine, transperçant l’humain de part en part avant de devenir comme vaporeuse et translucide.

Dans une ultime tentative de vilenie, le démon sembla s’intéresser au bébé qui gisait à ses pieds, et d’une de ses griffes, il commença par lui entailler la joue. Le dernier-né ouvrit les yeux et hurla en voyant le monstre, mais celui-ci disparut définitivement avant d’avoir pu accomplir son ultime forfait, ne laissant derrière lui que le poignard figé dans son dos et une infâme mare de jus. Cet effroyable massacre s’était déroulé en une vingtaine de seconde, durant lesquelles Tirianis et Chirandoux avaient à peine eu le temps de se lever.

Devant l’amoncellement de cadavres qui lui faisaient face, l’elfe poussa un hurlement démentiel, jusqu’à ce que sa voix soit brisée, puis s’effondra au sol dans un coma d’anéantissement et de désespoir.

Presque instantanément, la jeune mère se retrouva dans la même transe malsaine qu’elle avait éprouvée la veille, après qu’on eut tenté de la violer. Les cadavres de son amant et de ses enfants semblaient danser autour d’elle, tandis que l’infâme créature que recelait son âme jaillissait à nouveau des ténèbres. Mais cette fois, la souffrance avait anéanti l’esprit de Tirianis, et l’elfe n’avait plus assez de volonté pour repousser le monstre. Aussi sentit-t-elle les ténèbres l’engloutir, et l’affreuse chose s’approcher de sa conscience.

Partagée entre un désir charnel foudroyant, auquel sa faible détermination ne pouvait résister, et un dégout du monde, un dégout d’elle-même, un dégout de l’être qui mutait en un irrésistible retour au néant, Tirianis entendit la créature lui susurrer :

-Je t’avais prévenu, ma belle… tu ne m’as pas écouté…

L’immonde chose prenait des accents si mélodieux que l’elfe sentit sa haine la quitter, pour laisser place à l’envie la plus profonde. Lentement, le monstre faisait d’elle sa marionnette, faisant s’évaporer dans les tréfonds de son âme les derniers soupçons de volonté de la malheureuse magicienne.

-Il ne te reste qu’un rejeton, continua le démon intérieur. La goutte de ton sang que j’avais promis d’épargner… ne suis-je pas magnanime ?

Tirianis sentit qu’elle avait définitivement perdu la bataille lorsqu’elle perçu en elle un réel sentiment de reconnaissance pour cet être ignoble, un remerciement sincère d’avoir épargner son dernier-né.

-Mais ton petit est dans le froid, au milieu des cadavres de ses frères, poursuivit le monstre. Il ne tardera guère à mourir si on ne l’aide pas. Je peux te guider jusqu’à un endroit où il sera en sécurité. M’écouteras-tu cette fois ?

-Je vous en prie… pensa la jeune mère avec une ferveur affreusement sincère. Aidez-moi !

Un gloussement féminin traversa l’âme de l’elfe.

-Enfin tu m’aimes ! chantonna le monstre comme une fillette. Comme nous allons être heureux ! N’aie crainte, je saurais te guider. Mais pour l’heure, ton fils a besoin de toi. Il va falloir que tu ouvres les yeux…

Tirianis obtempéra sans même y penser, s’éveillant avec une vitalité nouvelle et probablement maléfique. Pivotant et replaçant maladroitement les cheveux qui gênaient sa vue, elle aperçut Chirandoux, accroupi autour du petit Arion, qui versait un onguent sur la cicatrice du bébé braillard. Avisant que la jeune elfe était en train de se relever, le médecin se tourna vers elle et sembla effrayé par la vigueur malsaine qui émanait de la sorcière.

-Je… balbutia le halfling, encore sous le choc du massacre. J’avais conservé ce coagulant à base de sang de nain. Je pense que ça l’aidera.

Puis il observa l’elfe d’un air docte, comme le médecin qu’il était cherchant à comprendre le cas d’un patient. La jeune mère aurait du, en toute logique, se ruer sur les cadavres de sa famille pour y déverser ses larmes, et au lieu de cela, elle marchait à présent d’un air déterminé vers le semi-elfe survivant, sans même faire attention au corps de Paulus lorsqu’elle enjamba son défunt amant.

-Vous allez bien, Tirianis ? murmura Chirandoux.

Son interlocutrice ouvrit les bras, lui faisant signe de lui donner le bébé.

-Il faut partir, prononça-t-elle calmement, juste assez fort pour couvrir les pleurs du petit Arion qui gémissait tandis que sa plaie coagulait lentement.

-Tirianis, répéta le halfling d’un ton qui se voulait rassurant- et rassuré. Vous êtes en état de choc. Je crois que…

-Il faut partir ! répliqua sèchement l’elfe. Maintenant !

Le médecin eut aussitôt la confirmation que quelque chose n’allait pas. Jugeant préférable de ne pas confier l’enfant à une mère en pleine crise de nerfs, il serra davantage le tas de couvertures dans ses bras et affirma d’un ton autoritaire :

-Je vais garder Arion pour l’instant. Ensuite, nous…

-Rendez-moi mon enfant ! hurla la jeune mère d’une voix déformée par la haine.

Des arcs électriques s’échappèrent de ses doigts, enveloppant Chirandoux, qui lâcha le bébé sous la douleur et se roula sur le sol craquelé en hurlant. Les énergies impies lui traversèrent le corps de part en part, avec une violence inouïe, faisant jaillir ses yeux de leurs orbites et remonter ses organes vers l’intérieur de sa gorge. Finalement, après de longues minutes de clavaire, le sang qui lui emplissait la bouche finit par étouffer le pauvre halfling, qui cessa ses convulsions en trépassant.

Tirianis se pencha et, froide, ramassa son enfant que le sort avait simplement endormi. Puis, sans prononcer un mot, sans jeter un seul regard vers les êtres qui lui avaient été les plus chers, elle se mit en marche, guidée par le sombre instinct qui sommeillait en elle, l’iris des Ethar n’exprimant plus qu’une volonté ferme et maléfique.

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Alors la première chose à dire, c'est que ça fait un choc. Certes, c'est juste un récit fictif dont les personnages sont issue de ton imagination fertile, mais bon pour le coup j'étais sur le cul.

Quand le massacre à commencé j'ai comme qui dirais buggé. Je n'ai pas put m'empêcher de relire les phrases pour être sur d'avoir bien compris, et jusqu'à la fin du chapitre j'ai crut (espéré?) à la vision prémonitoire ou autre. Et je dois t'avouer qu'à la fin je n'ai pas su résumer l'impression général que j'en gardait.

Mais si une chose est sûr c'est que tu a ici franchit un cap, aussi bien dans ton récit que dans ton niveau d'écriture. La tuerie presque résumé sur un ton froid, mais parsemé ça et là de détails atroces propre à plonger le lecteur dans le malaise. En un mot comme en cent, c'est très bien réalisé.

Pour ce qui est du texte une dédicace à feu Chirandoux, que je regrette déjà pour la suite du récit. Un regret aussi pour Paulus et sa tendre famille dont j'aurais bien suivie encore un peu les péripéties.

Enfin la tragédie actuelle ne fait qu'annoncer un orage encore plus tumultueux. Car maintenant le général Coeur de Druchi comme Tiranis ne pourront connaître que la désespoir, seul le petit Arion connaîtra peut-être la rédemption. C'est sombre, tragique et poignant.

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Salutations depuis le Japon,

Tout d'abord, un grand bravo pour ton travail, que l'on pourrait qualifier de "nouvelle épisodique". Au stade de maturation de la langue et d'appropriation de l'expression ou tu en es actuellement, il n'est en effet nullement exagéré de parler de travail écrit.

Je laisse les messages laudatifs aux autres membres de la section (je suis émerveillé de découvrir un récit de cette qualité, a fortiori quand le rythme de parution est rapproche et régulier). Un grand bravo.

En revanche, depuis quelques épisodes, je te soupçonne d'excès de simplicité scenaristique. En d'autres mots, les péripéties "capture familiale" et "famille décimée" me semblent se dérouler en un laps de ligne plutôt intense. Pour ma part, j'ai l'impression qu'un jour tu te réveilles "aujourd'hui, la petite maison dans la prairie est victime de marchands d'esclaves" et qu'un autre tu es d'humeur "aujourd'hui, tout le monde meurt".

Tes péripéties (intenses) me semblent paradoxalement manquer justement de rebondissement!

A ) La famille est ainsi trop aisément capturée, on aurait pu imaginer beaucoup de choses:

1) Ils habitent dans la maison d'un ancien alchimiste! Extrêmement réputé a ce que j'ai pu comprendre. Quel autre lieu aurait été plus a même de receler des mystères?

-une sortie cachée (au cas ou les paysans kislevites du coin soupçonneraient cet ermite misanthrope d'avoir gate leurs récoltes au cours d'une mauvaise année)

-une pièce secrète (par exemple un laboratoire de recherche, avec du matériel hors de prix devant nécessairement être l'abri des brigands de passage)

-un miroir d'illusionniste

-une trappe dissimulée

-un grenier/une cave a double fond (a la Anne Franck)

2) A te lire, l'alchimiste vivait dans une cabane de bois (confortable certes).

-dans la plaine kislevite, n'auraient-ils pas pu voir les feux des pillages du village voisin?

-n'ont-ils donc jamais envisage l'éventualité d'une rencontre hostile?

-ne pouvaient-ils tenter de s'enfuir et former plusieurs groupes?

-avaient-ils vendu leurs chevaux? (devenus des rosses vieilles de douze ans mais tout de même!)

-plutôt qu'une épée courte, l'elfe ne pouvait-elle se saisir d'un arc (je suis trop sensible aux cliches)

Bien sur, la famille devait être capturée. Mais cette péripétie aurait pu devenir une petite aventure en soi. (trappe/cave/grenier découvert, sortie furtive réussie mais bébé qui pleure, miroir d'illusionniste fonctionnant mais un barbare moins idiot que les autres découvre la supercherie...)

B ) De même, la famille est trop rapidement décimée. Il aurait semble plus dramatique de recourir a une succession inévitable de morts les unes après les autres.

3) Ce n'était guère la peine d'imaginer un accident de magie, il existe bien des façons de mourir dans le Pays des Trolls.

-très banalement, le bébé meurt de froid (tout aussi dramatique, surtout après de multiples tentatives ratées de contrer la fievre)

-une grotte, refuge providentiel, malheureusement antre d'un ours (dans Le Premier Chien, le père du héros a la jambe labourée par une griffure d'ours et met bien six semaines a mourir de septicémie).

-une simple chute, sur une plaque de verglas, provoquant une fracture ouverte.

-une rencontre avec un troll (bonne chance pour celui qui l'affrontera, un poignard a la main).

4) S'il devait y avoir un accident de magie et apparition d'un démon, ce n'était pas la peine de massacrer ainsi toute la famille d'un coup.

En un mot, je te reproche d'être tombe dans la facilite. Ne le prend pas mal, mais plutôt comme une marque d'intérêt de la part de quelqu'un qui s'est pris d'affection pour tes personnages et regrette le fait de les voir ainsi décimés en un paragraphe seulement.

Dans l'attente de lire la suite des pérégrinations de ta famille (désormais réduite).

P.S.

Navre pour les accents. J'écris avec un clavier qwerty et effectuer la manipulation "insérer caractères spéciaux" a chaque mot devient réellement pénible au bout d'une vingtaine de minutes.

Modifié par emanuel
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Je viens de lire la nouvelle depuis le début (et j'ai mis grosso modo 4H :wink: ) et je peux déjà dire que tu écris très bien.

Je ne vais pas faire une analyse détaillée car elle ne ferait que reprendre ce qui a déjà été dit et donc rajouter du texte inutilement.

Alors rapide résumer de ce que je peux dire sur les chapitres précédents:

-personnages très bien cernés et attachants, tu as très bien réussi à décrire leurs mentales (avec mention spécial pour le halfing :D )

-écriture très bien gérée, avec une excellente alternance des temps, de l'action et des pensées.

-Tu as magnifiquement réussi à faire changer l'intrigue au fur et à mesure.

-Par contre, quand on parle de l'attaque à l'origine de la mort du père de Heinrich, j'y ait absolument rien compris.

Maintenant, parlons de ton dernier chapitres. C'est une boucherie :clap::wink: ! Tu as massacrés toute la famille, mais beaucoup trop rapidement pour que l'on puisse avoir de l'espoir pour les autres qui ne sont pas morts une fois que tu as tué les jumeaux. Moi, je ne m'attendait pas du tout à ça.

Je pense que la fin est très proche, ne restant que 3 personnages.

Alors j'attends, la suite! Parcequ'il ne faut pas laisser se peerdre une si bonne nouvelle. (Tu devrais penser à la mettre dans l'Antique Bibliothèque.)

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Wa.

Effectivement je m'y attendais pas mais cette surprise est peut-être trop énorme. Tu avais construit pas mal de choses pour tout balayer si bien qu'on se demande vraiment où tu veux en venir. Maintenant, je sens que ça va être un affrontement père fille qu'on va avoir ! Elle tourne du mauvais côté !

@+

-= Inxi, dommage que personne ait survécu =-

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Une petite réponse rapide parce que je n'ai pas vraiment le temps de développer (je releverai pas les fautes désolée, mais ça veut pas dire qu'il n'y en a pas :whistling:).

Je suis très surprise par la tournure qu'ont pris les évènements. Je ne peux qu'approuver les commentaires précédents. Je trouve que tu tues la famille trop rapidement, parce que "il y avait trop de personnages et c'était dur de tous les faire interagir, donc je préfère en supprimer un max". J'exagère mais c'est l'impression que ça donne. Je crois qu'on aurait tous préféré une lente agonie, et la créature qui attaque quand certains d'entre eux sont déjà morts de froid, de faim, de fatigue... Si tu peux te débarrasser de Paulus (il est pas très intéressant donc vas-y ! :D ), tu n'as pas le droit de toucher à Chirandoux! (je rigole)

Edit: et tant que j'y pense, tu voulais faire une saga plus longue encore que la précédente non? En coupant la famille si brutalement, ça me paraît difficile...

Sinon, pour voir les bons côtés tout de même, c'est bien écrit et les descriptions étaient très bien. Pour preuve, la scène m'a vraiment gênée, et j'étais assez choquée du traitement que subissait les enfants...

Voili, hâte de voir comment va s'enchaîner la suite!

Lib

Modifié par Lightsbirth
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Mille excuses à Inxi, j'aimerais glisser un orteil au-delà de la ligne sacrée qui différencie le flood du non-flood, car j'estime avoir assez à dire suite aux derniers commentaires pour répondre dans un post séparé. De toute façon je posterai la suite d'ici une heure (voir moins).

D'abord, je remercie mes commentateurs, nombreux cette fois, qui m'ont offert de nombreuses réactions. Mention spéciale aux deux "nouveaux" qui se collent 4h de lecture depuis le Japon pour lire mes récits, c'est vraiment très gratifiant :)

Mon but en pondant ce récit était de faire une véritable tragédie, avec pour "morale" un truc du genre "tu es poussière et tu retourneras à la poussière". Je voulais donc créer toute une bande de personnages sympathiques auxquels s'attachent le lecteur avant de les détruire sans pitié aucune :innocent:

Ce pour me défendre des viles accusations de "aujourd'hui je suis d'humeur à tuer tout le monde", c'était quelque chose de prévu dès le début. Néanmoins vos impressions de "caprice" doivent avoir des motifs et j'aurais sans doute mieux amener la scène.

En revanche il est vrai que les dernieres pages avant le massacre ont été un peu rapidement faites, justement parce que la scène du massacre était ce que j'avais en t^te depuis le début (oui oui le tout début, dès la rencontre entre Heinrich et Chirandoux) et que tu coup je me suis un peu impatienté et j'ai voulu y arriver rapidement. Mea culpa. Je pense notamment que j'aurais pu faire 1 ou 2 chapitres de plus sur la "petite maison dans la prairie"

Au-delà de ces discussions sur la trame du récit, pour ce qui est d'avoir bien retranscrit la scène, je crois pouvoir tirer quelques succès de vos commentaires (notamment Ogre) et je m'autorise un bon point de ce côté là B) . Merci de toujours m'encourager tout en soulignant ce qui est à améliorer, c'est ce qui rend le postage de récit si agréable ^_^

Lib, ne t'en fais pas, j'ai tout prévu et le récit est encore loin d'être terminé (vous pensez que vous avez vu le plus horrible ? héhéhé :P )

Voilà, je vous laisse achever vos prières pour le salut de l'âme de Chirandoux (avouez que vous avez pleurer en lisant sa mort :devil: ) et je vous prépare une suite digne de ce nom ! A dans quelques minutes !

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Vos chants funèbres terminés, vous pourrez lire ceci :

-Quand je pense qu’à une époque, cet iris représentait la vertu et la grandeur d’âme, soupira Finubar en lisant un des rapports qui couvraient son bureau.

Ces derniers temps, le Roi Phénix avait reçu un nombre alarmant d’informations concernant le général Ethar, qui avaient fait chuter le Prince Cœur de Druchii dans le cœur du monarque. Le souverain éprouvait une peine réelle en découvrant ce qu’était devenu son ancien Ambassadeur, mais il craignait que l’âme de l’héritier des Ethar ne se soit trop entachée de rancœur et de haine pour être sauvée, à présent. Aussi Finubar reposa-t-il la note et décida-t-il de recevoir le mage qui avait obtenu une audience avec son roi.

Le monarque fit signe à l’un de ses gardes, et celui-ci sortit brièvement de la pièce, pour revenir accompagné d’une elfe à l’air altier, dont le visage exprimait une grande détermination, mais d’où suintait également une certaine souffrance. Elle se nommait Laestriana et en plus d’être une érudite de la Tour Blanche, c’était une vieille habituée des intrigues politiques. En pénétrant dans le bureau, elle s’inclina rapidemment devant le Roi Phénix puis se redressa, immobile.

Finubar lui fit signe de s’assoir et, tandis que la magicienne s’exécutait, demanda d’un ton des plus protocolaires :

-Vous avez demandé à me voir ?

-C’est une affaire des plus délicates, répondit Laestriana sans sourciller. Qui ne devrais probablement pas tomber dans n’importe quelles oreilles…

Le monarque hésita un instant, puis décida de faire confiance à sa sujette. D’un geste de la main, il fit sortir ses protecteurs, avant de prononcer d’un ton impérieux :

-J’espère que vous ne m’avez pas fait renvoyer mes gardes pour rien.

-Il s’agit d’une affaire qui concerne le Prince Arion Ethar, commença la magicienne.

Un sceptique haussement de sourcils traversa le visage de Finubar.

-Et c’est pour ça que j’ai du me retrouver sans protection avec vous ? demanda-t-il. Mes gardes ont entendu suffisamment de propos déplaisants à l’égard du Prince « Cœur de Druchii » pour ne pas être choqués des nouvelles que vous pourriez me rapporter.

-Il s’agit de problèmes bien plus graves que toutes les exactions qu’Arion a commises jusqu’à présent, assura Laestriana d’un air embarrassé. Il s’agit de commerce avec le Chaos.

Les sourcils du souverain abandonnèrent aussitôt leur aspect relâché pour se froncer en une moue des plus inquiètes.

-Expliquez-moi ça, ordonna-t-il.

Son interlocutrice prit une grande inspiration avant de commencer son récit.

-J’ai eu une vision, expliqua-t-elle. La préscience a toujours fait partie de mes pouvoirs, et durant mes sept siècles d’existence, j’ai toujours vu se réaliser mes oracles. Dans mon délire, j’ai vu une légion de créatures cauchemardesques se déverser du Nord, pour assaillir un loup gigantesque et blanc comme neige. Une troupe de chevaliers asurs arrivait pour assister la noble bête, guidés par un combattant des plus valeureux, dont je ne parvenais pas à voir le visage. Tandis que les démons reculaient, un gigantesque serpent jaillissait d’entre eux et tâchait d’étouffer le courageux guerrier d’Ulthuan. Ma vision s’est terminée avant que j’assiste à l’issue du combat. Mais j’ai bien vu la tête du reptile : il n’avait qu’un seul œil, au milieu du front… et cet œil arborait l’iris des Ethar.

Quelques minutes de silence tendu suivirent cette déclaration. Finubar, la main caressant pensivement son menton, finit par murmurer :

-L’art de la prophétie est des plus nébuleux…

-Altesse, s’écria la magicienne, je vous assure que mes dons…

Le Roi Phénix tiqua, et la noble dame s’arrêta aussitôt. On n’interrompait pas le souverain d’Ulthuan.

-Loin de moi l’envie de mettre vos dons en question, assura le monarque, montrant ainsi qu’il pardonnait son emportement à l’elfe. Simplement, je mets en avant le manque de précision des oracles : votre vision parle d’une bataille, dont nous ne savons ni le lieu ni le temps, et d’une créature maléfique qui aurait peu ou prou un rapport avec une couleur d’iris que vous pensez être l’apanage de la lignée des Ethar. Ajoutez à cela votre général anonyme, et vous conviendrez que votre prédiction ne saurait être anticipée avec assurance.

Laestriana acquiesça silencieusement. La voix du roi était celle de la sagesse.

-Je vous remercie de m’avoir informé de cette vision, continua Finubar, et vous assure qu’elle occupera une bonne partie de mon esprit. Je vous recommande par ailleurs de n’en parler à personne- Arion cause suffisamment de troubles à la cour sans mystérieuse prophétie à mettre en relation avec sa sinistre personne.

La magicienne s’inclina brièvement en signe d’obéissance, et s’apprêtait à se relever lorsque le monarque lui fit signe de rester encore un peu et lui demanda :

-Vous assistiez Arion, lorsqu’il était mon Ambassadeur à Altdorf, n’est-ce pas ?

-C’est exact, répondit l’autre d’un air tendu. Je l’aidais dans tous ses travaux qui touchaient aux arcanes. Et c’est également moi qui ai servi de tutrice à sa fille avant… avant qu’elle ne disparaisse, acheva-t-elle d’une voix nouée.

-Quels étaient vos sentiments pour le Prince, à cette époque ? interrogea le Roi Phénix, en apparences indifférent au trouble que suscitaient ces souvenirs chez la magicienne.

-J’avais beaucoup d’admiration pour Arion, expliqua cette dernière, avec une sincérité qui lui était très pénible. Après la mort de son épouse, il m’est même arrivé de le convoiter. Mais le respect que j’avais pour lui et pour Tyriana Ethar était bien trop grand et nos relations sont toujours restées des plus formelles.

-Qu’avais-vous fait, après la disparition de Tirianis ? poursuivit tranquillement le monarque.

A présent, Laestriana ne cherchait même plus à dissimuler sa gêne, et c’est le visage crispé qu’elle répondit :

-Arion est devenu presque fou de chagrin, pendant un moment, et pour tous vous dire, c’était nous, ses conseillers, qui devions nous occuper des affaires courantes. Après trois mois, lorsqu’il a obtenu la rupture provisoire des relations entre Ulthuan et l’Empire des hommes, je l’ai raccompagné en Eataine, avant d’être rappelée en Saphery. Je n’ai pas cherché à le revoir, horrifiée par l’être qu’il était devenu- et puis, moi aussi, j’aimais énormément Tirianis, et j’avais aussi un deuil à porter.

Le Roi Phénix hocha pensivement la tête en faisant signe à la magicienne qu’elle pouvait se retirer. Laestriana se leva, s’inclina brièvement puis se dirigea vers la porte. Juste avant de sortir, elle lança :

-J’aimais Arion, et n’irais jamais inventer des oracles pour lui nuire.

-J’en suis tout à fait convaincu, assura Finubar. Mais vous savez aussi bien que moi ce qui arrive aux impudents qui placent une trop grande confiance en la magie.

Des relents d’énergie surnaturelle s’exhalaient du corps de Tirianis tandis qu’elle marchait avec une vigueur infernale, son fils dans les bras. Cela faisait trois jours maintenant que l’elfe avançait, sans prendre le moindre repos, la magie noire qui l’habitait gonflait ses veines et celles du petit Arion d’une énergie impie. Les deux Ethar traversaient à présent une épaisse forêt de conifères, où l’elfe avait à de nombreuses reprises discerné les yeux rouges des bêtes sauvages ; les prédateurs, probablement intimidés par la sorcellerie qu’ils sentaient émaner de la jeune mère, s’étaient toutefois abstenu d’attaquer.

Paulus aurait probablement eu du mal à reconnaitre sa compagne : l’air déterminé, elle avançait, les cheveux en bataille, le manteau déchiré, les bottes trouées, les ongles sales. Son visage avait adopté une pâleur qui la faisait ressembler à un vampire. Un sourire triomphant se figea sur ses lèvres grises lorsque débouchant dans une clairière, elle aperçut un imposant mastaba de briques. Contournant l’édifice, Tirianis finit par apercevoir une massive porte de bronze, dont la serrure avait la curieuse forme d’une rune qui semblait mêler les symboles astrologiques masculin et féminin.

L’elfe s’approcha et apposa délicatement sa main sur la porte : une onde maléfique sembla traverser le métal, et la porte pivota lentement sur ses gonds avec un grincement strident. Usant de ses yeux d’elfes pour se mouvoir dans l’obscurité du mastaba, Tirianis s’avança dans un couloir de dalles rouges. Après quelques deux-cent mètres, elle sembla perdre brutalement ses forces et s’effondra à terre, posant le petit tas de couvertures à ses côtés tandis qu’elle tentait désespérément de se relever.

Un rire méphistophélique résonna alors dans la pièce- où était-ce dans la simple tête de la jeune mère ? Tandis que, effrayée, Tirianis regardait autour d’elle, elle aperçut une demi-douzaine de créatures qui semblèrent jaillir des murs. Ces êtres ressemblaient à des femelles nues humanoïdes d’une ravissante beauté, mais leurs jambes poilues et sabotées rappelaient celles des boucs, tandis que leurs avant-bras se terminaient par de gigantesques pinces de crustacés. A leur tête se trouvait un être dont le démonisme suintait de sa personne comme l’agressivité d’un orque.

Le démon avait l’apparence d’un elfe colossal et androgyne, haut de plus de deux mètres et doté d’une beauté proprement stupéfiante ; il était pourvu d’un seul sein, et une seule de ses joues uniquement couverte d’une fine barbe blonde. Il était vêtu d’une cuirasse élégante, dont les formes évoquaient une sensualité extrême, et deux grandes ailes de chauve-souris ornaient son dos. Se mettant à la hauteur de la jeune mère d’une condescendante génuflexion, l’être murmura :

-Ma tendre Tirianis… comme je t’attendais.

La pauvre magicienne, elle, avait retrouvé son libre arbitre, et se sentait à présent envahie d’une sourde panique.

-Je vous en prie, souffla-t-elle à bout de forces. Laissez-moi…

Prenant un air attendri, le démon passa quelques doigts dans la blonde chevelure de l’elfe, qui sentit sa frêle carcasse frissonner entière de désir.

-Te laisser ? demanda le monstre. J’en serais ravi. Mais regarde donc ce pauvre bonhomme.

Il prit le paquet de couverture et montra la tête du petit Arion, presque blanche comme neige, à sa mère.

-Regarde-le, siffla-t-il avec un plaisir non dissimulé. Il n’en a plus pour longtemps. Si tu veux mourir, libre à toi, mais abandonneras-tu ton enfant ?

Prenant un air amusé, il ajouta :

-Ses yeux ne sont pas aussi beaux que les tiens… il doit les tenir de son père, n’est-ce pas ?

A la pensée de Paulus, Tirianis sentit le désespoir l’envahir.

-Sauvez-le, supplia-t-elle. Que pouvez-vous pour lui ?

Le démon sembla soudain devenir très sérieux ; ses sourcils se froncèrent, et il prononça gravement.

-Je peux offrir l’immortalité à ton enfant. Soit à moi, et tant que ton âme m’appartiendra, ton fils ne mourra pas.

-Je ferais tout ce que vous voudrez, assura la pauvre mère.

Un sourire triomphant apparu sur le visage de l’être diabolique.

-Bien, gloussa-t-il avec un air efféminé. Mais il va falloir apposer une marque à ton enfant…

Ce disant, il redirigea sa main vers le visage de Tirianis, ignorant cette fois ses cheveux. L’elfe hurla de douleur lorsqu’elle sentit un ongle griffu pénétrer son œil gauche.

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Je me demandais quand Laestrina reviendrait. Le serpent à un oeil d'Ethar sera-t'il la mère ou l'enfant? Probablement l'enfant, car il vient de se faire crever l'oeil.

Donc, tout ton texte était manipulé par un Gardien des Secrets? Je sens que le dénouement est proche. Que vont devenir les derniers personnages restants?

Ne nous laisse pas sans réponse, j'exige une suite.

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C'est bon pour le passage d'explications, c'est pas du flood ce genre de choses !!!

Et c’est pour ça que j’ai du me retrouver sans

Je le savais ! Enfin pas tout à fait :P Mais quand tu parlais du reptile à un oeil, je savais que ça pouvait pas être lui et je pensais que ça allait être la fille ! Mais non, donc je pense que le cavalier qui mène la charge ne sera d'autre que le père ! Vivement qu'on arrive la :innocent:

@+

-= Inxi =-

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@ Haldu: Mais c'est Tirianis et non pas Arion qui s'est fait crevé l'oeil!

Je pense donc le petit Arion est le loup blanc et Tirianis le serpent à un oeil (surtout que Arion a les yeux de Paulus, donc pas l'iris des Ethar). Peut-être que même avec un peu de chance, mon personnage préféré sera le valeureux cavalier (ou alors la noble bête), on verra bien. Mais c'est vrai que je suis impatiente de découvrir cette scène!

Pour revenir au texte, je suis tout de même déçue que tu aies massacré la famille si rapidement. J'aime bien la partie sur Laestriana (qui n'avait pas été évoquée depuis un moment), elle méritait son petit come-back. Je trouve par contre qu'elle a une façon étrange de s'adresser à son maître, et je trouve que tu ne devrais pas la faire si emportée, parce que dans mes souvenirs elle n'était pas si impulsive quand elle discutait avec Tirianis. Globalement, c'est du bon.

Par contre, je ne sais vraiment pas pourquoi, mais les scènes qui incluent Tirianis ne me plaisent vraiment pas en général. C'est bien décrit, etc je pense pourtant que ton personnage était un peu trop naïf au tout début (ce qui était nécessaire, je le reconnais), mais qu'il n'a pas assez évolué en dix ans. Elle est restée un peu cruche, un peu "je subis en permanence" (je sais ce que c'est, j'ai le même problème avec mon personnage >_<). Surtout qu'avec le nombre de grossesses qu'elle a eu, elle devrait avoir un peu plus de caractère (ça te fera peut-être rire mais je pense que vu les souffrances qu'elle a endurées, elle devrait être d'une personnalité plus trempée, surtout qu'elle était censée être malicieuse). A moins que tu ne veuilles en faire une martyre. De toute façon, si j'ai bien compris, ton histoire ne porte pas sur Tirianis mais bien sur le petit Arion? C'est lui que l'on va suivre et tout ce que nous avons lu jusqu'à maintenant n'est qu'une sorte de grosse introduction? Ou première partie peut-être :innocent:

M'enfin comme d'habitude, bon courage, continue et la suite!

Lib

Modifié par Lightsbirth
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Merci de ces coms :D

@ Lib : je crois bien que mes activités d'écriture révèlent ma nature profonde, intensément misogyne :) (second degré). Heureusement que des représentants du sexe faible beau sexe sont là pour me corriger :)

Sérieusement, ce que tu dis est un peu vrai, j'aurais pu (voir du) la mettre plus en valeur.

Euh, Inxi, j'ai pas tout compris ton com...

Enfin, voilà la suite qui livre quelques éléments de compréhension et oriente la deuxième moitié du texte (et oui, vous n'en étiez qu'à la moitié :whistling: )

Deuxième Partie

Arion

Chapitre 1

Deux batailles

Nagarythe. Printemps de la 2ème année du règne d’Aenarion le Défenseur.

Les deux lames se percutèrent avant un bruit sec, avant de se désengager chacune avec une rapidité qui témoignait du savoir martial de leurs propriétaires respectifs. Les deux elfes échangèrent encore de multiples passes, les deux épées ne cessant de se croiser, avant que l’un d’entre eux ne profite d’une infime erreur de son adversaire pour lui plonger le fer en travers du corps. L’elfe transpercé émit un gargouillement infâme, crachant une lapée de sang, tandis que ses jambes pliaient sous le poids du trépas qui arrivait.

En expirant, l’escrimeur fixa le visage de celui qui l’avait vaincu, et grogna en une ultime bravade :

-Tu as vraiment de beaux yeux.

L’autre belliciste s’assura que le mépris soit visible sur son visage avant que le moribond ne décède tout à fait ; l’elfe qui venait de mourir était en effet un traîtres à sa race qui avait pactisé avec les forces du Chaos, et le Prince Ethar n’allait pas faire preuve de grandeur d’âme à son égard. Fier compagnon d’Aenarion le Défenseur, l’élu d’Asuryan, nouveau leader de la race des Bien-Nés, il s’était déjà illustré à plusieurs reprises au cours du conflit qui avait lieu depuis que le Défenseur avait jailli des Flammes du Phénix.

Ethar était sans aucun doute un parfait commandant, que ce soit par sa bonne intuition tactique, son courage, ou le charisme de sa personne et spécialement de son regard ; le noble avait en effet un iris à la couleur des plus particulières, à la fois étrange et très belle, une hésitation de la nature entre le bleu et le vert, avec des reflets qui semblaient faire écho à l’écume rejetée par la mer. Le tout gardait un aspect assez foncé, ce qui n’empêchait pas ce regard étrange de briller d’une sourde lumière.

Présentement, Ethar se trouvait sur un vaste de champ de bataille, en compagnie de certains des meilleurs guerriers d’Ulthuan, ce qui ne signifiait malheureusement pas grand-chose, car la pacifique peuple des Bien-Nés découvrait à peine l’effroyable art de la guerre. Tandis que le preux Aenarion repoussait une vague de créatures blasphématoires dans l’Est d’Ulthuan, il avait entendu parler d’une abominable hérésie : des elfes qui s’étaient eux-mêmes dévoués au culte des Sombres Puissances, sous la direction d’un pervers Prince de Nagarythe du nom de Baal-Nagel, qui avait offert son âme au Prince du Chaos en échange d’une éternité de profanations et de sacrilèges.

Scandalisé qu’une telle sédition ait lieu dans son propre Royaume d’origine, mais ne pouvant raisonnablement quitter son front en personne, le Défenseur avait choisi parmi ses généraux l’un de ceux en qui il avait le plus confiance, et l’avait sommé de stopper la graine d’hérésie avant qu’elle ne se répande ; Ethar avait reçu cet immense honneur, et son efficacité lui avait permis d’isoler les disciples du Grand Hermaphrodite et d’engager une bataille presque gagnée d’avance, de part l’avantage du nombre et du déploiement tactique.

A présent, les braves enfants d’Ulthuan étaient en train de faire ployer le dernier carré des hérétiques, menés par leur valeureux commandant. Ce dernier promena son regard sur les combats aux alentours, cherchant du regard celui qu’il voulait abattre de sa propre main, le traître Baal-Nagel. Il finit par apercevoir son ennemi, qui, reconnaissant le célèbre compagnon d’Aenarion, se précipita lui-même à la rencontre d’Ethar, terrifiant les loyalistes sur son passage ; l’apparence de l’elfe avait en effet été bouleversée par ses différents pactes avec les Sombres Pouvoirs.

A vrai dire, on ne pouvait plus vraiment le qualifier d’elfe, tant sa nature impie l’avait transformé. Le démon avait l’apparence d’un elfe colossal et androgyne, haut de plus de deux mètres et doté d’une beauté proprement stupéfiante ; il était pourvu d’un seul sein, et une seule de ses joues uniquement était couverte d’une fine barbe blonde. Il était vêtu d’une cuirasse élégante, dont les formes évoquaient une sensualité extrême, et deux grandes ailes de chauve-souris ornaient son dos.

L’abomination leva haut son glaive, lévitant à un petit mètre du sol, et chargea avec une brutalité extrême le Prince Ethar, qui eut toutes les peines du monde à ne pas s’empaler sur l’arme massive du démon, et ne dut son salut qu’à une instinctive esquive réussie d’extrême justesse. Les deux adversaires se lancèrent dans un furieux échange de coup, leurs lames respectives cinglant l’air avec une vivacité effrayante ; mais si le démon pouvait se permettre d’user de parades, Ethar ne pouvait que se contenter d’esquives, car son épée était bien trop frêle comparé au yatagan de Baal-Nagel pour le contrer sans se briser.

Le combat, proprement épique, dura plusieurs dizaines de minutes, et cela épuiserait des fleuves d’encre que de coucher sur le papier chacune des passes qui y furent échangées. Toujours est-t-il que l’elfe sacrilège finit, alors qu’il parait un énième coup du Prince Ethar, par frapper violemment son adversaire du poing ; sous le choc de l’uppercut, Ethar s’écroula à terre, la bouche en sang, un long et irritant sifflement dans les oreilles. Le démon eut un sourire reptilien, et fit lentement glisser son sabre sur le torse de l’elfe, l’entaillant à peine, avec un sadisme tout sensuel.

-Ton fils Jovis sera orphelin, murmura-t-il de sa voix perverse. Mais n’ai crainte, il ne tardera pas à te rejoindre dans les tourments éternels qui attendent ceux qui périssent de ma lame.

Alors que la dite lame s’approchait de la gorge exposée du Prince Ethar, il y eut comme un bref éclair de lumière, et Baal-Nagel fut projeté sur le côté. Profitant de l’occasion, ignorant la douleur et ne se souciant de l’origine du phénomène, Ethar bondit sur ses pieds en empoignant son épée, tandis que le démon se relevait en grognant. Levant ses yeux injectés de sang, il aperçut le responsable de sa chute : un Mage du nom de Caladan, qui venait de le frapper d’un sortilège.

Le démon envisagea un instant de bondir sur le thaumaturge, mais il était encore étourdit par les effets de l’enchantement, et avant d’avoir pu correctement réagir, il se retrouva lui-même chargé par un Ethar animé d’un terrible courroux. La balance du combat s’inversa par rapport aux premiers échanges, les muscles du blasphème étant comme engourdi, et Caladan se hâta de lancer un nouveau sortilège qui immobilisa brièvement le démon ; le Prince saisit l’occasion pour plonger son épée en travers de Baal-Nagel.

S’effondrant à terre, le démon sentit son essence quitter lentement cette réalité pour rejoindre les méandres du Warp, où l’ancien elfe serait sans aucun doute dûment châtié pour son échec. Tremblant de rage, avant de s’effacer tout à fait il lança d’ultimes menaces à l’encontre de son ennemi :

-Je suis éternel, Ethar, et je reviendrais, quitte à attendre des millénaires… Si ce n’est sur toi que je me vengerais, ce sera sur ton fils, et si ce n’est sur ton fils, ce sera sur tous ceux qui auront hérité de tes beaux yeux…

*****

Désolations du Chaos. An 2521 du Calendrier Impérial.

Les pas de la colonne de nains résonnaient avec un son clair dans l’air sec du canyon étroit que les petits humanoïdes traversaient. La troupe était composée d’une cinquantaine de guerriers qui marchaient en rangs serrés. A leur tête, juché sur un bouclier porté par ses serviteurs, un nain à la longue barbe noire et au regard farouche trônait, un long sceptre dans la main. L’imposant individu était protégé par une cotte de mailles et un casque de fer ; un observateur attentif, s’il l’avait regardé longuement, aurait finit par s’apercevoir que ses jambes, des orteils aux genoux, semblaient faites de la pierre la plus dure.

Le personnage se nommait Hordek et était un Hiérogrammate, un prêtre du dieu sombre Hatsuth, et faisait partie de l’élite dirigeante de la noire cité de Zhar-Narrund. Il avait été mandé par ses supérieurs pour escorter une marchandise des plus précieuses, fruit du travail des terribles Maîtres des Runes de la forteresse du Père des Ténèbres : une épée puissante et maléfique, imbibée de l’essence d’un démon. Cette arme redoutable se trouvait présentement enfermée d’un un coffre de fer, gravé d’enchantements, que portaient huit guerriers valeureux au centre de la colonne.

L’arme devait parvenir à l’individu puissant qui l’avait acquise auprès des Seigneurs Hiérogrammates de Zhar-Narrund, un puissant thaumaturge situé encore loin à l’ouest. Hordek songeait qu’il effectuait sans doute la partie la plus dangereuse du voyage, car les défilés escarpés que les nains du Chaos empruntaient étaient tout à fait propices à d’éventuelles embuscades destinées à s’emparer de la précieuse cargaison ; par ailleurs, dans un souci de discrétion, le prêtre n’était parti qu’avec une troupe des plus réduites.

Le sorcier jeta un regard rassuré vers les cavaliers hobgobelins qui, juchés sur leurs loups massifs, servaient d’éclaireur à la caravane et cavalcadaient sur les plateaux, en haut de la gorge rocheuse où s’aventurait la colonne. Le défilé était jonché de petites pentes naturelles qui permettaient à un individu isolé de monter jusqu’aux plateaux où d’en descendre, et Hordek avait judicieusement tiré avantage de la géologie locale pour s’encadrer d’éclaireurs gobelinoïdes. Justement comme le Hiérogrammate regardait l’un d’entre eux, un autre cavalier arriva au galop de l’arrière de la caravane et s’écria :

-Seigneur ! Une troupe de pillards, non loin ! Je les ai aperçus ; ils vont tenter de prendre la colonne à revers !

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