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Le retour des HL


Invité Mr Petch

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Invité Mr Petch

Allez, la suite. Bonne lecture à tous!

(plus court que d'habitude, Feurnard et Impe comprendront pourquoi!)

Tuanahok ne voyait plus rien depuis l’arrivée à Estijk. Il entendait juste les voix des humains qui se trouvaient dans la rue et sentait le roulis de la carriole sur la voie pavée. Un instant il sentit qu’on s’arrêtait, mais la charrette démarra de plus belle. Enfin, on stoppa définitivement et cette fois, la cage fut comme transporté su des roues. Les voix de la ville s’éloignèrent, Tuanahok percevait l’air iodée de la mer. Il sentit comme un choc et plus rien, le silence total se fit dans la cage, et le drap était toujours posé sur la cage. Le skink attendit un instant pour vérifier qu’il n’y avait bien personne dans la pièce où il pouvait se trouver. Comme aucune voix ne venait à ses oreilles, il entreprit de retirer le drap. Il tira de l’intérieur un coup sec et la toile tomba au sol. Il observa alors son environnement et conclut, d’après l’architecture des lieux qu’il devait être dans une cale de bateau. Ses ravisseurs projetaient-ils de le ramener chez eux, loin de l’autre côté de la Flaque ? Cette idée l’effraya. S’il s’éloignait de la Lustrie, il ne pourrait plus accomplir sa quête…A moins que la prophétie de Pahuax, qui le prévenait d’un « contact » avec les humains, ne prédisait en réalité ce si long voyage ? Mais pourquoi les Anciens l’emmèneraient-ils là-bas ? Tuanahok se mit à hésiter sur sa mission. Cet événement était-il prévu par le dessein des Anciens, faisait-il partie intégrante de leur volonté ou bien le hasard s’était-il mêlé à son aventure l’espace d’un instant, avec les conséquences tragiques actuelles ?

C’est alors que Tuanahok entendit la voix d’un homme. Il se retourna brusquement. Devant lui se trouvait un vieillard humain attaché par des chaînes aux parois de la cale. Son visage était sombre, il portait une barbe grise et ses yeux étaient glauques, presque inexistants. Il ne portait qu’un pagne blanc et son corps était couvert d’égratignures et de marques de coups. Tuanahok fut étonné, car il ne l’avait pas remarqué au début, croyant que la cale était entièrement vide. Il avait cru l’entendre prononcer quelques paroles mais à présent, le vieillard restait silencieux sans même regarder le skink, obligeant ce dernier à lui adresser la parole en premier :

« - Qui êtes-vous ?

Tuanahok avait parlé dans le langage humain dont il avait appris quelques mots avec Marco Colombo. Mais il savait qu’il ne pourrait pas tenir une longue conversation. Aussi étonnant que cela paraissait, l’humain lui répondit en saurien, faisant même claquer sa langue dans sa glotte courte pour marquer les intonations :

- Peu importe qui je suis, jeune skink.

- Vous parlez saurien ?

- Et bien plus encore ! Mais toi, que fais-tu ici ?

- Je répondrai si vous faites de même ?

- D’accord Tuanahok. (le skink sursauta en entendant son nom). Je commence.

Le vieillard se leva et commença à raconter :

- J’ai été capturé par ces esclavagistes qui t’ont toi aussi, je suppose kidnappé. J’ignore pourquoi, mais je me retrouve dans ce bateau en ta compagnie. J’ai beaucoup voyagé de par le monde, je connais de nombreuses choses sur plus de sujets que tu ne peux l’imaginer (Tuanahok restait fixé sur les yeux amorphes de son interlocuteur si étrange). Je suis très heureux de te rencontrer.

- Comment connaissez-vous mon nom ?

- Si je te le disais, tu ne me croirais pas. Et c’est là toute la difficulté de ta mission…Peux-tu croire à l’impossible ?

Tuanahok ne comprenait rien. Qui était cet être fantomatique qui apparaissait si étrangement devant lui ? Et que lui voulait-il ? Mais le skink n’osa pas lui parler. Alors le vieillard continua :

- Je sais que tu es venu ici pour accomplir une mission jeune Tuanahok. Et en cela je peux t’aider. Montre-moi la pierre que tu tiens si précieusement dans ta main gauche.

En effet, Tuanahok serrait contre lui la gemme de Tepok. Il la tendit ostensiblement en avant. Le vieillard tenta de se rapprocher malgré ses chaînes et ajouta :

- Un bien beau joyau…Sais-tu quoi en faire ?

- Non…je ne sais pas.

- Tu ne le sais pas encore ? Tu le sauras à temps alors.

Puis le vieillard se tut, baissant la tête. Tuanahok resta interdit, regardant le bijou de Tepok. Soudain, il entendit la porte de la cale s’ouvrir et le second à l’œil bandé descendre. Il ne sembla pas remarquer le vieillard. Il se contenta de râler en voyant le drap par terre et le replaça sur la cage. Tuanahok fut de nouveau plongé dans le noir.

Le parcours dans la jungle s’avérait difficile pour Kitla, Korai et Leïla qui tentait de suivre péniblement derrière. L’amazone avait quitté la jupe et l’avait chiffonnée sous le regard réprobateur de Leïla. Elle lui promis donc de le remettre une fois arrivé à Estijk, et ils repartirent. Heureusement, la carriole avait laissé des marques profondes dans le sol humide et il n’y avait aucune difficulté à suivre la piste. Le plus dur était de presser le pas, car chaque minute comptait. Korai partait souvent loin devant et les deux humaines le retrouvait alors assis sur un rocher au bord du sentier. Kitla se doutait que le kroxigor ressentait la présence de son maître à mesure qu’ils s’approchaient de la ville. En un après-midi, ils arrivèrent à Estijk. Kitla se dépêcha d’enfiler ses vêtements. Mais elle s’inquiétait pour Korai et fit part de son hésitation à Leïla. Cette dernière la rassura en lui expliquant tant bien que mal son plan : elles allaient toutes les deux entrer en ville et le kroxigor allait les attendre à la sortie, tapi dans un buisson. Cependant, Kitla douta de cette méthode. Leïla réussit tout de même à la persuader que c’était la meilleure méthode pour entrer en ville. Kitla expliqua donc au kroxigor qu’il fallait rester ici jusqu’à leur retour, qu’elles se contenteraient de faire une visite de repérage. Korai sembla acquiescer et partit se cacher comme prévu. Les deux filles partirent dans la ville.

Habillées comme elles étaient, personne ne les dérangea, à l’exception de quelques mendiants lubriques et mal intentionnés. Elles accédèrent ainsi à la place du temple, où se tenait un podium sur lequel se trouvait une immense cage. Une foule immense encombrait la petite place. Kitla comprit vite que ce devait être là qu’était enfermé Tuanahok, car juste à côté se trouvait le gros chef et son second à l’œil bandé. Les deux hommes criaient et gesticulaient, Kitla ne comprenait rien. Leïla lui expliqua sommairement qu’ils annonçaient un « trésor extraordinaire » qu’ils céderaient à prix d’or au plus offrant. Kitla dut repousser ses ardeurs guerrières qui la poussait à monter sur scène et massacrer les deux marchands. Entendre dire ça de son ami lui était insupportable, mais elle mis de côté sa rancœur et attendit. La harangue continua, et enfin, le second commença à retirer le drap. Apparut alors aux yeux de tous le skink. La foule émit un extraordinaire cri de stupeur, on entendit des femmes s’évanouir. Pour eux, l’existence des hommes-lézards n’était qu’une légende. Alors le marchand reprit son discours. Leïla semblait absorbée par ce que disait le gros homme. Puis, on vit dans la foule une main se lever. Le marchand se mit à sourire de toutes ses dents gâtées, la somme proposée devait être rondelette. Leïla sursauta même en entendant la voix. Kitla devait réagir à tout prix. Au hasard, elle leva la main. Voyant son initiative, Leïla cria un prix qui agrandit le sourire du marchand, mais l’autre homme renchérissait toujours. Alors Leïla fit de même. L’échange de cris dura un bon moment, et la joie du marchand se lisait sur son visage boursouflé. Leïla put avoir le dernier mot, l’autre homme se retira en poussant en juron et la foule s’éparpilla.

Kitla et Leïla s’approchèrent des deux marchands. Leïla se cachait car elle avait peur d’être reconnue. Le gros marchand aboya quelque chose à Kitla pendant que son adjoint ouvrait la cage et mettait les fers à Tuanahok. C’est là que l’amazone usa toute sa force pour enfoncer violemment sa lame dans le ventre obèse de l’homme. Il eut un rictus de douleur. Son second se tourna vers lui, mais l’amazone, plus prompte, lui asséna un coup au bras qui le fit crier. Des gardes armés apparurent alors de chaque côté de la rue. Il fallait faire vite car ils étaient nombreux et encerclaient la place. Kitla détacha Tuanahok de ses chaînes et s’apprêta à faire face à l’ennemi.

Les gardes se mirent en position d’attaque tout autour de l’estrade. Kitla était prête à se défendre, et Tuanahok se saisit d’un bout de bois comme arme improvisée. Leïla, quant à elle, était un peu désarçonnée. Les trois amis s’apprêtaient à vendre chèrement leur peau. Le capitaine des gardes leur cria quelque chose. Kitla eut un mouvement de recul. Soudain, un cri bestial monta du lointain, comme l’éruption d’un volcan. Tous les regards se tournèrent vers la rue principale d’où venait le rugissement, bientôt suivi par des cris épouvantés. Tuanahok souriait intérieurement en pensant à ce qui se passait actuellement, car il savait bien sur, et ne fut pas surpris de voir la silhouette imposante de son ami et allié de toujours, Korai. Kitla et le skink échangèrent des regards, l’amazone amusé lança :

« Pour une fois, l’instinct de Korai nous aura servi à quelque chose ! »

Le kroxigor arriva dans la place, et remarqua tout de suite ses compagnons sur l’estrade. Les gardes de la ville remarquèrent tout de suite la bête et malgré les invectives de leur chef, ils fuirent à toute jambe à l’opposé de Korai qui faisait tourner sa masse en l’air. Il n’eut même pas besoin de l’utiliser car le capitaine, devant cette débandade soudaine, avait suivi sa compagnie. Le kroxigor alla retrouver ses amis sur l’estrade.

« - Heureux de te revoir, Korai !cria Tuanahok

- Il nous faut trouver un moyen de sortir de cette ville, nota Kitla en se tournant vers Leïla qui semblait vouloir leur indiquer quelque chose. »

En effet, la jeune humaine sauta de l’estrade et courut dans la direction du port, en faisant signe aux trois autres de la suivre. S’enclencha alors une course effrénée vers les quais. Les gardes avait en effet repris leurs esprits et suivaient à toute allure les quatre compagnons. Leïla semblait sûre d’elle car elle n’hésita pas en bifurquant vers la bande de terre ocre qui formait le débarcadère. Elle sauta brusquement dans un des bateaux, suivi par les trois autres qui cherchaient à échapper aux gardes. C’était une frégate de taille moyenne – assez solide pour supporter le poids de Korai – avec deux immenses voiles bombées. Kitla, Korai et Tuanahok restèrent immobile sur le pont principal. Le kroxigor envoya sa hache contre les gardes pour les ralentir. La frégate chancela un peu, faisant tomber Tuanahok, et le bateau sembla quitter la rive. Les voiles se gonflèrent de plus belle, la force du vent faisant avancer l’embarcation sur la mer. Peu à peu, ils s’éloignèrent du bord, laissant derrière eux les gardes affolés.

« - Très bien, commença Tuanahok, à présent, nous allons pouvoir expliquer et comprendre ce qui s’est passé. Tout d’abord Kitla, qui est cette jeune humaine ?

L’amazone résuma sa rencontre avec Leïla et fit venir la fille pour qu’elle salue le skink. Elle en profita pour expliquer que, connaissant des rudiments de navigations, elle avait entrepris de partir par la mer. Tuanahok la félicita et elle retourna s’occuper du bateau. Korai alla s’installer dans un coin, laissant seuls Kitla et le skink.

- Donc Kitla, tu me dis que cette fille est l’enfant d’un grand navigateur ? Sais-tu son nom ?

- Non, je l’ignore, nous n’avons communiqué que par signes.

- Mais avec brio, apparemment.

- En effet, entre humaines, nous nous sommes comprises instinctivement.

- Elle m’a l’air d’être quelqu’un de confiance…

- Oui, il me semble aussi. Nous pouvons être sûrs d’elle. Mais toi, Tuanahok, qu’as-tu fais après ton rapt ?

- On m’a placé dans la cale d’un bateau. Là, j’ai rencontré un étrange vieillard qui m’a parlé de mon destin, et de ma pierre…je ne sais que penser de lui.

- Un vieillard dis-tu ? Avait-il les cheveux gris et le teint pâle ?

- Oui.

- Cela me rappelle l’homme qui a surenchérit lors de ta vente. Son allure fantomatique m’a frappé. Pendant qu’ils étaient tous effrayés, lui restait de marbre.

- Etrange en effet, si c’est bien lui… Dans ce cas, je ne comprends plus rien.

- Peut-être n’y a-t-il rien à comprendre… peut-être cet homme est-il l’incarnation d’un Ancien.

Les yeux globuleux de Tuanahok tournèrent dans leurs orbites.

- Kitla, tu es un génie ! Je n’y avais même pas songé… Tepok… En effet, maintenant que j’y pense…

L’amazone se leva fièrement et dit :

- Les Anciens sont avec toi, ne l’oublie pas. »

Elle partit de l’autre côté du bateau, laissant Tuanahok à ses songes.

Korai se tenait vers la poupe, scrutant l’horizon. Kitla hésita puis s’assit à côté de lui. Elle débuta la conversation :

« - Je suis heureux de t’avoir connu, Korai. Je te dis ça maintenant car la tournure que prennent les événements me laisse supposer que la quête de Tuanahok arrive à son terme. Tepok est venu l’aider pour lui indiquer le chemin, sans doute. Mais je sens comme une amertume, un sentiment étrange d’imperfection…Tu n’es pas d’accord ?

Korai grogna doucement.

- Tu as raison… Mieux vaut ne pas y penser. J’ai promis de servir Tuanahok jusqu’à la fin, je le servirai jusqu’à la fin.

Elle s ‘arrêta de parler et regarda devant elle. C’est alors qu’elle s’écria, faisant sursauter le pauvre kroxigor :

- Là ! Un bateau ! Un énorme bateau, et il arrive sur nous ! »

Elle désignait une masse sur la mer, un immense navire à la voilure impressionnante et aux marques rouges. L’amazone se leva et courut avertir Leïla.

Modifié par Mr Petch
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Invité Feurnard

J'appellerais ça la suite de la suite de la suite de la suite de la suite de la... on aura compris. A force de dire que tes suites sont géniales, tu ne pourras vraiment plus me croire.

Bon, je me demande si vraiment Leïla et Kitla ne parlent pas le même language : elles se comprennent comme deux soeurs... et vendre un skink en pleine rue, en Lustrie !? Ils veulent la mort de la colonie ! Egalement une appréciation personnelle du vieillard : Tepok en humain ? :clap: Plus sérieusement, son attitude m'a rappelé Logos qui s'est fait homme pour parler aux hommes... à mûrir.

Vivement que tu achèves le récit, que je puisse te féliciter pour une oeuvre complète mais qui s'en va un peu dans tous les sens... parce que d'après la carte, il fait beaucoup de "S", le skink !

Feurnard, le chemin le plus court c'est le mien !

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Invité Thodric le brave

J'attend vivement la suite , Korai va peut etre charger en pleine ville ?

Le pendentif fait t'il apparaitre un guerier extraordinaire????

Pour que je ne me pose plus de question il me faut une suite.

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Invité Ptitfrere

Salut.

Je ne sais quoi dire tellement ton récit est.......arf.......aucun mot ne qualifie un texte d'une telle ingéniosité, beauté et toutes les qualités possibles et innimaginables...

Ptitfrere...séduit...et nul en français aussi.... :D

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Invité Mr Petch

Kitla fixait la figure de proue de l’imposant navire qui leur faisait face. Elle représentait une sirène étendant ses bras vers l’océan, portant deux conques marines sur la poitrine. Surprise par l’excitation de Leïla, elle lui demanda quelle en était la raison. L’humaine répondit qu’elle reconnaissait la caravelle de son père, et qu’ils étaient donc sauvés. Encore fallait-il que le bateau ne renverse pas leur frêle frégate. Leïla se saisit des cordages pour manœuvrer la voile et orienter l’embarcation dans un axe judicieux. Korai vint à sa rescousse et parvint à modifier le chemin de la frégate pour la protéger des vagues déclenchées par la caravelle. Leïla criait de toutes ses forces et allumait des flambeaux pour signaler sa présence aux occupants de l’autre navire. En peu de temps, ils changèrent d’embarcation, montant dans l’énorme caravelle par une échelle de bois.

Dès qu’elle fut sur le pont, Leïla s’empressa de serrer dans ses bras chacun des marins de son père et de leur faire subir une longue logorrhée verbale, elle sembla présenter chacun des trois autres compagnons et parvint à persuader les marins de faire entrer Korai. Une ambiance de joie générale régnait sur le pont, tous avaient quittés leur poste pour accueillir la jeune disparue. C’est alors qu’apparut, sortant de sa cabine, celui qui devait être le capitaine de ce navire, et le père de Leïla. Mais ce ne fut pas elle qu’il remarqua en premier, car elle n’en avait pas fini avec les retrouvailles…Non, la première chose qui fixa son attention fut Tuanahok, le skink qui venait juste de franchir le bord et rangeait sa dague à sa ceinture. Le capitaine lui cria :

« - Tuanahok !

Le skink se retourna et dévisagea l’humain. Ses souvenirs remontèrent à la surface…

- Marco Colombo ! C’est toi !

L’humain avait du continuer d’étudier le langage saurien, car il parvenait à communiquer avec le skink :

- Je ne pensais pas te revoir un jour, Tuanahok…Cela me fait plaisir !

- Et je te ramène ta fille, en plus !

C’est là que Colombo remarqua Leïla qui s’attardait avec un des marins. Voyant son père, elle lui sauta aussitôt dans les bras et l’embrassa fortement sur la joue. Colombo ajouta :

- Eh bien, que de surprises en si peu de temps… Ce soir, je vous invite tous à un grand banquet ! » Cuisinier, prépares le vin, la viande et les fruits !

Le reste de la soirée passa très vite. Kitla, Korai et Tuanahok furent invités à la table du capitaine avec Leïla. La scène était très étrange, deux lézards qui mangeaient en compagnie d’un grand capitaine de la marine estalienne. Ils échangèrent plusieurs mots, se comptant mutuellement leurs mésaventures. La rencontre à Tlax datait de près d’un an. Depuis, Colombo était rentré chez lui et avait entrepris de visiter l’isthme au nord qu’il connaissait grâce à certains marins nordiques qu’ils avaient rencontrés. Il avait amené avec lui sa fille, Leïla, qui se passionnait déjà pour la marine et les terres lointaines.

« - En tout cas, Tuanahok, je ne pensais pas te revoir ici… J’avais déjà entendu parler de ta quête à Tlax, mais je n’imaginais pas qu’elle allait m’amener à te revoir. J’en suis heureux.

- Moi de même, Marco Colombo. J’ai appris bien des choses pendant cette quête, j’ai vécu bien des aventures, mais le plaisir de revoir un ami est immense.

- Quant à ma fille, je te promets de veiller sur elle cette fois. Elle a disparu dans une autre colonie de la côte, à Yareyil. Je la cherchais désespérément dans tous les ports nordiques qui parsèment l’isthme.

- Je suis étonné de voir tout ces ports.

- Je connaissait leur existence, les marins nordiques ont découverts bien avant nous la présence d’un continent nouveau au sud de l’océan, cela depuis plus d’un demi-siècle. Ils ont eu tout le temps de s’installer ici. Mais ils craignent de rentrer à l’intérieur des terres, ce ne sont que des paysans, pas des aventuriers, comme nous !

Il partit dans un grand rire en disant ça et but dans sa coupe un peu de vin. Tuanahok le regarda en souriant et avala d’un coup le fruit qui se trouvait dans son assiette. Colombo, qui le vin avait un peu enivré, continua en changeant de sujet :

- Et ta quête ? Sais-tu où aller à présent ?

Le skink hocha la tête.

- Non, malheureusement. J’ignore le chemin à prendre. Tout ce que je sais est que je dois trouver le miroir de mon destin… Une expression bien trop vague…

Colombo fronça les sourcils :

- Le miroir du destin, dis-tu ? Attends.

Il se mit à courir hors de la cabine et entra dans une salle attenante. On entendit des bruits de tiroirs qui s’ouvrent et se referment, et le capitaine réapparut rapidement, une feuille à la main. Il l’étendit sur la table en poussant les couverts. Il s’agissait d’une carte de l’isthme.

- Regarde bien, j’ai pu me procurer cette carte à Yareyil par des marins nordiques.

Il pointa son doigt sur un point dans l’océan

- Nous sommes ici, venant de Estijk. Nous traversons la petite mer intérieure qu’ils nomment mer des serpents. Maintenant observe.

Il transporta son doigt sur la terre ferme, en direction du nord où se trouvait la jungle touffue. Il montra une croix au-dessus de laquelle se trouvait des signes incompréhensibles.

- Là se trouve un petit lac entre deux falaises. Les nordiques nomment ce lac « lac au destin », car il est dit que ceux qui regardent à l’intérieur voit leur destin devant leurs yeux, et cette vision est tellement atroce, car il voit aussi leur mort, naturellement, qu’ils meurent bine souvent, ou au moins deviennent fous. C’est peut-être là que tu trouveras ton destin…

- En effet, c’est une hypothèse intéressante. Et de toute façon, je n’en vois pas d’autre. Il ne reste plus qu’à y arriver.

- Pour ça ne t’inquiète pas, j’ai mon idée.

Il reprit la carte et montra le symbole d’un village sur la côte.

- Cette ville s’appelle Skeggi. C’est la plus ancienne et la plus grande des colonies nordiques. De là, il est facile d’atteindre le lac au destin, il n’est alors qu’à quelques jours de marche. Je te propose de te débarquer à Skeggi, puis tu continueras ton chemin à travers la jungle. Qu’en dis-tu ?

- Je ne vois pas d’inconvénients, et je te remercie de m’aider ainsi.

- Tu m’as rendu ma fille, cela compte beaucoup pour moi.

- Mais tout le mérite en revient à Kitla !

L’amazone qui écoutait distraitement la conversation s’étouffa avec sa viande et la cracha. Confuse, elle dit :

- Moi ? Mais non… C’est trop d’honneur, Tuanahok. C’est ta quête et….

Colombo lui posa une main affectueuse sur l’épaule :

- Tu as l’étoffe d’une héroïne, Kitla, je n’en doute pas ! »

Tous rirent et le dîner se termina ainsi, sur le visage souriant de la jeune amazone.

La nuit était tombée, et la lune pâle se reflétait dans les ondes noires de l’océan, vibrant silencieusement. Tuanahok se trouvait sur le pont, à la poupe et contemplait l’atmosphère chaude et calme du soir. Soudain, il entendit un bruissement derrière lui et une ombre se glisser froidement dans son dos. Il se retourna brusquement et observa le pont. Il ne vit qu’un marin qui lavait le sol. Cependant, son instinct lui dit d’aller jusqu’à la proue, de l’autre côté de la caravelle. Il courut furtivement, sa silhouette fuyante s’affichant sur la voile gonflée, puis arriva à la proue. Là, il s’arrêta net. Face à lui se trouvait, fine et immobile, l’ombre d’un téradon immense aux ailes pliées contre son corps oblong et sa tête droite surmontée d’une crête. Tuanahok ne vit pas si l’animal était de face ou de dos. Il recula et se plaqua contre la paroi d’une cabine. Puis la bête étendit ses ailes et se pencha en avant, baissant la tête. Il descendit alors du dos du téradon une ombre vague. Tuanahok comprit tout de suite à qui il avait à faire… Il reconnut la crête de Feriboatl, et le téradon n’était autre que Kai, sa monture. Tuanahok osa s’approcher un peu. La tête de Feriboatl fut éclairée par un rayon de lune.

« - Feriboatl…

Tuanahok avait chuchoté ce nom dans le silence nocturne. Feriboatl s’approchait toujours et arriva face à lui.

- Oui, c’est bien moi, jeune Tuanahok. Je dois te parler à présent.

- Me…me parler…

- Oui. Je te suis depuis ton départ de Tlax et j’ai vu ta progression, tes progrès, les efforts que tu avaient déployés. Je suis fier de toi, ta quête a été bien remplie.

- Tu veux dire qu’elle se termine ?

- Tu n’es pas loin d’achever ton aventure, mais les difficultés ne sont que plus grandes à ce niveau là. Ton expérience te servira pour la suite de la quête.

- Je dois aller au lac du destin ?

- Oui, tu as bien deviné Tuanahok, tu dois te rendre au bord de ce lac. Je ne peux t’en dire plus.

- J’ai de trop nombreuses questions à te poser, Feriboatl.

- Et moi, je n’ai que peu de temps à te consacrer.

- Comment as-tu su que j’étais ici ?

- Tu ne sais pas tout de moi, Tuanahok. Si je te suis depuis tout ce temps, ce n’est pas pour rien.

Aussitôt, un éclair lumineux éclaira le visage de Feriboatl l’espace d’un instant. Tuanahok ne put voir nettement ses traits, trop flous et indicibles. Il recula en sursautant, comme effrayé. Feriboatl continua, sa voix s’amplifia étrangement :

- Je ne suis pas un simple chevaucheur de téradon, je ne suis pas un simple prêtre skink…

- Qui es-tu ?

- Je suis ton gardien, ton protecteur, chargé de la bonne marche de ta mission. C’est moi qui t’ai aidé lors de ta chute dans la cascade. C’est moi qui ai envoyé Korai te rejoindre à Tlanxla et t’aider à Estijk. C’est moi qui t’ai guidé dans le néant. Je veille sur toi pour que tu termines ta quête.

- Je…je ne sais pas quoi dire.

- Alors ne dis rien !

Feriboatl marcha vers Kai et grimpa sur son dos. Tuanahok restait silencieux à l’observer. Il n’en croyait pas ses yeux. Juste avant de partir, Feriboatl lui cria :

- Bonne chance, jeune Tuanahok ! »

Puis il disparut au loin, vers l’horizon.

Après son étrange rencontre, Tuanahok alla s’endormir sur sa couchette et repensa à Feriboatl. Il avait bien d’autre questions à lui poser, mais sa peur l’avait paralysé sur place. Il aurait voulu savoir pour la gemme de Tepok, pour le vieillard entrevu dans la cale, et pour d’autres choses encore. Mais il demeurait seul, à présent. Il s’endormit sur l’image fantastique de Kai aux ailes déployées.

Les jours passèrent, il en fallait quatre pour se rendre de Estijk à Skeggi, et Colombo fit souvent appel à Tuanahok. Il souhaitait en apprendre encore sur la Lustrie et les hommes-lézards. Et en échange, l’estalien le renseignait sur le vieux monde et les peuplades humaines. Un soir, leur conversation fut particulièrement intéressante et riche d’enseignements pour Tuanahok. Il avait commencé en lui posant cette question :

« - Il y a une chose que je ne comprends pas dans votre monde. Il y a toujours un partage entre le bien et le mal… J’ai du mal à entrevoir ces notions…

- Le bien est ce qui est juste, honnête et bon, le mal est ce qui est mauvais, cruel et fourbe.

- Mais qui juge de ce qui est Honnête, de ce qui est Cruel et de ce qui est Bon ?

- Personne, chacun se fait sa propre idée.

- Mais alors, une chose peut-être bonne pour l’un et mauvaise pour l’autre ?

- Exact.

- Chez nous, la distinction se fait simplement entre l’ordre et le chaos. L’ordre est ce qui a été dicté par les Anciens, le chaos est ce qui ne vient pas des Anciens. Et tout cela est noté sur des tablettes antiques.

- Ce sont là deux conceptions trop éloignées pour nous nous comprenions. Mais cependant, puisque tu croiseras des humains lors de ta quête, il faut que je t’enseigne que tous ne sont pas bons, et que, même si tout cela est prévu par les Anciens, il peut y avoir du mauvais au sein même de l’humanité. Apprends à te méfier des autres, cela ne peux que t’aider. Des autres, et de qui que ce soit, même ce qui te semble conforme à « l’ordre » peut posséder une part chaotique. »

Tuanahok ne sut quoi répondre et la discussion continua sur la géographie de l’Estalie. Mais Tuanahok repensait toujours aux idées de Colombo en allant se coucher.

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Toujours très bien.dommage que l'on approche de la fin. :D8-s^_^:zzz:

Mais bon encore bravo. :zzz::zzz:

Ah aussi:

Il sentit comme un choc et plus rien, le silence total se fit dans la cage, et le drap était toujours posé sur la cage.

Comme répétition c'est pas mal!

Modifié par NETHKHAR
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Invité Feurnard

Ben franchement, chapeau... j'avais envisagé pas mal de solutions mais celle-ci, je ne l'attendais pas... ce cher Marco Colombo !

Comme je reste sans voix, il me suffira de te parler de ta brillante mise en scène, de ton utilisation intelligente de chaque élément : bref, que de l'admiration ! Peut-être juste un peu trop de vitesse lorsque tu décris un événement...

Enfin bon, voilà : il fallait bien que Tuanahock puisse se reposer. Fais-nous une magnifique apothéose, sans nous laisser sur notre faim !

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Ce sont là deux conceptions trop éloignées pour nous nous comprenions

Pour moi sa ne va pas et je verais plutot

Ce sont là deux conceptions trop éloignées pour que nous comprenions.

Voila sinon ben tout a ete dit, dommage que la fin arrive, mais sa fait plaisir de voir de long texte se terminer. :P

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Invité Mr Petch

« Skeggi en vue ! »

Du haut de son mât, la vigie avait crié l’arrivée au port et tous les marins étaient agités sur le pont. Kitla s’était installée en compagnie de Korai à la proue du vaisseau. Tuanahok et Colombo vinrent vers eux. Le marin commença :

« - Nous allons bientôt accoster, il va falloir passer inaperçu. Nous allons pouvoir mettre mon plan à exécution.

- Et quel est votre plan ? demanda Kitla.

- Il est simple. Tout d’abord, vous, mademoiselle, allez vous changer et mettre une des robes de ma fille. Tuanahok et Korai vont pénétrer dans une caisse censée contenir des marchandises diverses. Nous la transporterons dans un attelage et nous la mènerons jusqu’à la sortie de la ville. Là, ce sera vous, Kitla, qui l’ouvrirez et qui libérerez vos deux compagnons.

- Vous ne nous accompagniez pas dans la jungle ?

- Non, malheureusement, j’ai encore de trop nombreux voyages à effectuer. Mais je ne doute pas de la réussite de votre entreprise. Je vous souhaite bonne chance.

- Alors bonne chance à vous aussi, Marco, fit Tuanahok. »

Il lui tendit la main et ils se saluèrent à la méthode humaine. Se regardant une dernière fois dans les yeux, Tuanahok vit briller une étincelle d’admiration dans le petit œil du navigateur. Le skink aura été content de rencontrer un tel homme. Ils se saluèrent une dernière fois et Tuanahok partit dans la cale, accompagné par le fidèle Korai qui le suivait sans trop réfléchir. Colombo regarda une ultime fois son ami disparaître dans le fond du bateau…Lui aussi aura été content de faire la connaissance d’un futur héros. Car à n’en pas douter, Tuanahok était un héros.

Kitla s’observa un instant dans le miroir qui ornait le mur de la cabine de Leïla. Elle en comprenait pas pourquoi les femmes de ce continent se laissait diriger par les hommes… Peut-être pensait-elle cela car elle avait appris à haïr les hommes… Elle jeta un œil par une sorte de hublot dans le bois et vit Skeggi. Elle eut un étrange pincement en voyant cette ville, mais sans savoir pourquoi. Et pourtant, elle ressentait des ondes étranges, comme si cette ville faisait partie d’elle-même. Elle resta longtemps ainsi à contempler le port. Il avait été construit rapidement et avec les moyens du bord, mais en plusieurs siècles, les nordiques avaient fait du bon travail. On apercevait le toit d’un immense temple au loin ;là, encore, les infrastructures du port était complexe et permettait de charger et décharger les marchandises. Enfin, une muraille faisait le tour de la ville pour la prémunir d’un éventuel danger. Encore plus loin la jungle, forêt vierge impénétrable et qui ne sera jamais apprivoisée. Les arbres dominaient tout l’espace et l’extraordinaire étendue de la jungle montrait sa domination. Tout n’était qu’arbres tropicaux, et Skeggi faisait office d’oasis. Déjà, la chaleur des côtes perturbait le doux air marin et venait faire transpirer les marins de Colombo.

Kitla quitta ses pensées et sortit de la cabine, réajustant machinalement un pli de sa robe.

Le débarquement s’était bien passé, Kitla faisait très attention à la caisse qui contenait Tuanahok et Korai. Ce qu’elle craignait le plus était que le kroxigor, comme à son habitude, veuille sortir et détruise la caisse de l’intérieur. Mais tout se passa bien. Elle s’engagea avec son attelage dans la rue principale qui quittait la ville. Colombo la suivit un moment pour lui donner des conseils, puis dut rapidement partir.

« Je vous souhaite une dernière fois bonne chance, à vous tous. »

Il s’éloigna, un dernier sourire sur ses lèvres. Kitla resta à l’observer partir au coin de la rue. Tous les hommes n’étaient pas haïssables, tout compte fait. Enfin, elle partit le long de la rue vers la sortie de la ville.

Skeggi étant entouré de murailles, les allées et venues étaient très contrôlées. Un garde avait été installé à la porte qui donnait sur la jungle. Kitla arrivait, conduisant l’attelage. Le garde s’avança vers elle, surpris par la grosse caisse qui se trouvait derrière son dos, et lui demanda :

« - Où allez-vous comme ça, demoiselle ?

Kitla ne sut trop quoi répondre. Le garde était arrivé à son niveau et sa tête arrivait juste au niveau de ses cuisses cachées par la longue robe. Robe sous laquelle se trouvait aussi un poignard. Elle jeta un coup d’œil dans les environs. Il y avait du monde tout autour de la porte et les maisons n’étaient pas très loin. Se battre n’était donc pas une bonne solution. L’amazone n’ayant pas compris la question du garde, elle mit au point un fin stratagème. S’approchant du garde, elle prit un air plaintif et une moue boudeuse.

- Voyons, mademoiselle, je ne peux pas vous laisser passer, il me faut une raison.

Mais Kitla était décidée à se servir de la carte de la séduction. Elle souleva doucement les plis de sa robe pour laisser apparaître sa cuisse bronzée.

- Mademoiselle, ne m’obligez pas à appeler les gardes…

Kitla insista encore plus, renforçant son regard douloureux. Le garde hésita. La fille était bien mignonne, mais les ordres étaient les ordres. Et pourquoi ne lui répondait-elle pas ? Et que contenait cette caisse ? Il hésitait encore plus. Après tout, si elle voulait aller se faire tuer dans la jungle, c’était son droit. Il recula et alla ouvrir la porte.

- Allez-y, c’est mon jour de bonté »

Disant cela, il vérifia que nul membre du conseil de la ville n’était à proximité. Kitla le remercia en l’embrassant sur son crâne dégarni. Tous les hommes ne sont pas haïssables, se dit-elle, mais tous sont corruptibles !

Kitla amena l’attelage encore quelques temps sur le chemin qui s’enfonçait dans la jungle, regardant sans cesse en arrière jusqu’à voir disparaître sous les arbres les pierres ocres des murailles de Skeggi. Elle sortait du monde des humains et retournait dans sa jungle sauvage et cruelle. Mais le monde des hommes n’était-il pas bien plus cruel que le sien ? Elle descendit de l’attelage. Colombo lui avait dit de laisser les chevaux en liberté, ils iraient d’eux mêmes jusqu’au murailles de Skeggi et il les récupéreraient ensuite. Elle détela donc les rennes et détacha la caisse. Sortant sa dague, elle coupa les cordes qui maintenaient en place la caisse. La lourde plaque de bois tomba au sol dans un grand fracas et la tête massive de Korai apparut dans l’obscurité de la caisse. Il sourit de toutes ses dents jaunes à Kitla et poussa un immense grognement. Sans doute était-il heureux de retrouver la lumière du jour. Tuanahok arriva juste après, essuyant sa cape de plumes.

« - Eh bien Kitla, le plan de Colombo a parfaitement marché, nous voilà sortis de la jungle, sain et sauf. Nous n’avons plus qu’à suivre le chemin jusqu’au lac, et là-bas, je suis certain de découvrir le fin mot de mon histoire. Les Anciens ne m’ont pas amenés ici pour rien, tout de même !

Kitla lui répondit en riant :

- Qui peut dire leur volonté ? Nous le saurons une fois là-bas, mais pour le moment, marchons, la route est encore longue. »

La procession habituelle reprit son ordre de marche. Tuanahok en tête, puis Kitla, et enfin Korai qui fermait la marche en grognant. Le skink conservait précieusement la gemme de Tepok dans sa besace. Il vérifiait à chaque instant qu’elle y fut bien. Aucun incidents notables ne vint perturber les cinq jours de marche jusqu’au lac. A l’exception peut-être d’une nuit où Tuanahok faisait le guet…

Ce soir-là, le skink se tenait, une sarbacane à la main, à la chaleur des flammes de son feu de bois. Il guettait l’arrivée d’éventuels intrus ou de d’animaux sauvages. Soudain, il entendit un bruit en provenance d’un des buissons, puis une ombre se faufila dans les méandres de la jungle. Il se leva et marcha prudemment jusqu’au buisson. Prêt à tirer une salve de projectiles, il attendit de distinguer nettement la face de l’intrus. La lune ne luisait pas dans le ciel, et la nuit était particulièrement sombre. Il dut approcher près pou enfin voir l’identité de l’espion. Il émit un petit cri aigu de surprise. Il s’agissait du vieillard. Le vieillard déjà entrevu dans la cale du bateau.

« - Qui…qui êtes-vous ? demanda Tuanahok à voix basse.

Le vieillard se retourna lentement et ne parut pas surpris de parler avec le skink. Il lui répondit :

- Peu importe qui je suis, sache juste que je suis sur ton chemin.

- Etes-vous Tepok ?

Le vieillard parut cette fois plus surpris, il fronça les sourcils et s’avança vers le skink :

- Tepok ?

Il plaça ses mains le long de son cou long et fin, puis articula nettement :

- Peut-être, en effet. Peut-être suis-je ton dieu venu te tester.

Tuanahok resta silencieux et observa le vieillard partir dans les profondeurs de la jungle. Il caressa la gemme de Tepok. Il crut un instant la voir briller fortement alors qu’aucune lumière ne parvenait dans la clairière. Il retourna enfin à son poste.

Modifié par Mr Petch
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Invité Ptitfrere

Encore !!! Encore !!! Encore !!! :P:-x

J'adore, j'attends avec grande impatience la suite et je me demandais aussi si après Tuanahok tu continuerai d'écrire (dis oui, dis oui...) et si oui (c'est logique !!) sur quel héros ?!

Ptitfrere...trop impatient :P

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NON d'une pipe en terre !!!!!! :-x J'ai tout lue !! j'ai enfin reussi a vous ratrapper ! oula j'en avais marre de me coucher a minui tous les soirs B) !

En tout cas ton histoire est exellente et tu raconte hyper bien !!! :-x .

Tu sais quoi ? :P Tu m'as donné envie de jouer les hommes lezards !!! :-x !

BRAAVOOOO !!!! :P

bye l'ami ! continu comme ca youpiiiiii !

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Invité Mr Petch

Ouf.... Voilà l'avant-dernière partie des avnetures de Tuanahok. Bonne lecture à tous!

A l’aube du cinquième jour, ils approchèrent enfin de l’emplacement tant attendu du lac au destin. Cependant, sa situation était telle qu’il ne purent le voir. En effet, il devait se trouver dans un creux de terrain, encadré par d’impressionnantes falaises de calcaire blanche. Le tout formait un immense cratère, un gouffre sans fond. Car même en s’approchant au bord de la falaise, le lac, engoncé dans l’écrin blanc des falaises, était toujours invisible. Certains nordiques disaient qu’il s’agissait de la bouche d’un volcan éteint depuis des siècles et que la végétation avait envahi, d’autre racontaient plus simplement que c’était une entrée vers les limbes chaotiques. Dans tout les cas, peu osaient s’en approcher et les trois compagnons durent marcher à travers la jungle car aucun sentier n’existait.

Mais lorsqu’ils arrivèrent enfin, épuisés, au bord des falaises, Tuanahok contempla le paysage.

« - Nous voilà enfin ! cria-t-il.

Il pencha sa tête :

- Comme nous l’a dit Colombo il est impossible de voir le lac pour le moment. Il faut descendre.

- La falaise a l’air abrupte, fit remarquer Kitla. Il va falloir utiliser des cordages.

- Oui, je pense que ce ne sera pas trop difficile.

- Je l’espère. »

Kitla se pencha à son tour au bord de la falaise :

- C’est incroyable comme c’est profond, on ne parvient même pas à apercevoir la moindre parcelle de terre. Je me demande si…..

Elle coupa net sa phrase et poussa un effroyable cri de terreur en reculant de plusieurs pas, tombant à la renverse sur le dos. Tuanahok se hâta de la rejoindre :

- Que se passe-t-il, Kitla ?

Korai commençait à grogner en lançant son museau en l’air, reniflant les lieux. Il aboya sauvagement. Kitla, encore sous le choc, articula :

- Un monstre… j’ai vu une figure, une forme volante qui montait des profondeurs… Elle…

Mais elle n’eut pas le temps d’achever sa phrase, car surgit du gouffre le monstre en question. Il s’agissait d’un long serpent portant un bec crochu et une parure de plumes qui lui formaient de larges ailes multicolores. Il dominait par sa taille les plus hauts arbres de la jungle et son cri strident devait pouvoir s’entendre à plusieurs lieues de distance. Tuanahok comprit tout de suite à qui ils avaient à faire :

- Le Coatl ! Le légendaire serpent à plumes dévoués à Tepok. Le gardien du labyrinthe maudit du dieu indicible. Je crois qu’il nous reproche d’être entré sur le domaine de son maître.

Déjà, Kitla avait repris ses esprits et se relevait en sortant sa dague. Korai était comme paralysé par la vision de la créature. Tuanahok, quant à lui, reculait sous le regard perçant du Coatl. Dans ses yeux se lisait des flammes violettes ou mauves, pupille écarlate et luisante. Ses ailes gigantesques fouettaient l’air dans de grandes brassées de vent qui faisaient trembler les feuilles solides des arbres alentour. Sur son bec crochu se voyait un peu du sang des ennemis qui avaient du arriver jusqu’au gouffre. Les serres griffues qui croissaient sur sa chair écailleuse étaient aussi grandes que le crâne d’un stégadon. Tuanahok hésita et marchait toujours en arrière, foudroyé du regard.

Kitla prit son courage à deux mains et s’élança contre la bête. De là où elle se trouvait, elle pouvait lui trancher la queue. Courant à toute vitesse, elle s’apprêta à brandir sa dague quand elle fut brusquement arrêtée dans son élan. Elle sentit une immense douleur au ventre et, crispant ses mains sur sa poitrine, vit l’énorme dard caudale du Coatl en travers de son abdomen. Le sang commençait déjà à affluer tout autour et, dans une gerbe d’hémoglobine qui propulsa Kitla quelques pas en arrière, le dard se retira de la plaie, ensanglanté. L’amazone chuta au sol, les bras en croix, le regard inexpressif. Une plaie béante se voyait au milieu de son ventre et elle perdait d’énormes quantités de sang. Sa bouche était à moitié ouverte et crachait le liquide vital. Sa peau bronzée palissait de minutes en minutes.

Tuanahok remarqua de suite au cri qu’elle poussa que Kitla était en grand danger. Voyant son état grave, il cria son nom aussi fort qu’il put. Mais le Coatl était toujours là, et bien vivant lui. Korai ne bougeait pas, fasciné par la créature divine. Alors Tuanahok prit conscience de ce qu’il devait faire. Piochant dans sa besace, il se saisit instantanément de la gemme de Tepok et la brandit en direction du Coatl. L’animal poussa un autre cri encore plus strident et étendit ses ailes. Puis il fonça tête baissée vers Tuanahok. Malgré son agilité, le skink ne put éviter les serres du Coatl. Le serpent à plumes le saisit fermement et retourna dans le gouffre. Ils disparurent tous les deux dans le cratère.

« Le cri du Coatl ! Il s’est réveillé ! »

L’agitation régnait à Skeggi. Le jour ne s’était pas encore levé quand tous avaient entendu le cri du Coatl, l’animal mythique des légendes locales. Les soldats se réunirent sur la place de la ville. Leur capitaine, Olaf Ansson, resplendissant dans son armure luisante, s’approcha de la foule des curieux sortit des maisons.

« - Calmez-vous et rentrez chez vous. Nous allons étudier sans tarder la situation.

Mais tous avaient bien trop peur du cri du Coatl, et personne ne bougea. Ansson s’en doutait, lui même tremblait dans son armure. Il retourna auprès des soldats.

- Le Coatl ne se réveille pas pour rien. Quelqu’un l’a réveillé. Qui était de garde à la porte ses derniers jours ?

Un des soldats leva timidement la main.

- C’est moi, capitaine Ansson.

Le capitaine le regarda droit dans les yeux et lui demanda de sa voix forte :

- Avez-vous vu quelqu’un sortir de la ville lors de ces derniers jours ?

Le soldat hésita… Bien sur, il avait vu quelqu’un sortir de la ville. Quelqu’une plus précisément. La jeune demoiselle qui transportait cette énorme caisse. D’autant plus qu’il avait vu les chevaux revenir seuls dans la journée. Il savait que s’il le disait, il serait exécuté sur place. Mais d’un autre côté, cette information pouvait être capitale pour la ville. Alors, refrénant sa voix désarticulée, il balbutia :

- Oui… Une jeune fille… Elle transportait une caisse dans une carriole. Les chevaux sont revenus seuls ensuite avec la carriole.

- Une caisse ? Que contenait-elle ?

- Je ne sais pas… Elle ne m’a rien dit.

- Elle ne vous a rien dit ? Et vous l’avez laissé sortir ?

- Oui….

Le soldat était devenu atrocement pâle. Il attendait la sentence. Mais le capitaine Ansson se contenta de l’observer du coin de l’œil.

- En temps normal, je vous aurais exécuté sur place, pour l’exemple. Mais là, vu les circonstances, je pense qu’il vaut mieux attendre. En revanche, vous participerez à l’expédition de recherche.

- L’expédition de recherche, éructa le soldat qui, retrouvant ses rougeurs en se croyant sauvé palissait de plus belle.

- Oui. Je dois organiser une expédition jusqu’au lac au destin. Il s’y passe des choses qui nous concernent. Nous devons affronter notre destin. »

Le capitaine, triomphale, quitta la place et se dirigea vers un temple où l’attendait un prêtre portant une longue robe blanche. Ses deux mains étaient croisées sur son ventre.

« - Vous avez entendu, maître Jidj’ijk ? fit en entrant Ansson.

- Oui, répondit d’une voix étrangement posée le prêtre. Le cri du Coatl.

- Veuillez me relire ce qu’il est dit à ce propos dans la prophétie de Fan’dok.

Le prêtre sortit de sa poche un rouleau de papier qu’il déplia et lut :

- « En l’an 605 après l’ère de la construction, le Coatl du lac au destin s’éveillera de son sommeil millénaire pour accueillir un être élu des dieux venu du sud. Il atteindra le lac pour accomplir son destin et nul ne pourra entraver sa route. »

- Nous y sommes. Un élu des dieux. A Estijk, au sud, on a rapporté qu’un lézard, et même deux, accompagnés par deux filles humaines, avaient semés la pagaille en ville. Cela fait trop de coïncidences. Sans doute un de ces lézards, et dans ce cas, nous n’avons rien à y faire. Et pourtant…

- Pourtant ?

- Pourtant, je crois qu’il faut quand même y aller. Peut-être n’est-ce que de la curiosité.

- Non, je ne crois pas, lui répondit le prêtre. Il vaut mieux que vous restiez en dehors des affaires des dieux, et sûrement encore plus en dehors des affaires des dieux de ces lézards, dont nous ne savons rien.

- Vous devez avoir raison. »

Le capitaine Ansson quitta le temple et rejoignit ses hommes. Un instant, il crut voir le prêtre prendre une apparence reptilienne, mais ce ne devait être que l’éclat du soleil naissant à l’horizon.

Kitla restait là, étendu, expirant ses dernières forces. Elle sentait tout son corps partir dans les airs, tout tourbillonnait autour d’elle, la jungle, le ciel, les oiseaux, le soleil orange qui se levait. Elle n’avait même pas mal, la douleur ne parvenait plus à son cerveau. Elle ne sentait que ses yeux pleurer ses dernières larmes. D’un seul souffle, elle prononça ses ultimes paroles :

« Tua…tuanahok… »

Korai sortit de sa paralysie pour voir Kitla agoniser devant ses yeux. Son âme fruste lui permit tout de même de comprendre la situation. Il courut vers elle, lâchant son arme, et se pencha sur son visage. Les yeux de la jeune amazone était inexpressifs. Il expira son souffle chaud sur la face glacée de Kitla, mais sans succès. Soudain, entendant un grand bruit derrière lui, il se retourna lentement. Un téradon vint se poser près de lui. Un skink sauta du dos de la bête. Feriboatl annonça :

« Me revoilà, Korai ! »

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Invité Mr Petch

Et voilà la fin !

Tuanahok distinguait enfin le lac dans l’obscurité du gouffre. Il sentait sa surface onduler. Le Coatl ne l’avait pas lâché et sans doute l’amenait-il en bas, au lac, pour accomplir sa destinée. Tuanahok voyait les falaises de calcaire défiler à toute allure devant ses yeux. Il repensait à Kitla qu’il avait laissé là-bas, presque morte. Il repensait à Korai qui l’avait tant aidé. Il repensait à Huatl, son maître Huatl qui l’avait éduqué pendant de longues années. Pauvre Huatl… Que devenait-il à Tlaxtepok ? Tuanahok le voyait entourant ses mares sacrées et donnant des ordres aux jeune skinks qui l’aidait dans sa tâche. Il repensait à lui, allait-il le revoir un jour. Soudain, il ne sentit plus le vent de la vitesse filer le long de sa crête. Il avait ralenti, le Coatl allait se poser. Le serpent à plumes s’arrêta à proximité du lac et déposa Tuanahok. Puis il repartit en criant le long des falaises. Tuanahok se retrouva seul.

Il regarda au-dessus de lui. On ne voyait qu’un petit bout du ciel, il semblait si loin. Et pourtant, le lac fournissait la lumière nécessaire pour éclairer le gouffre. Tuanahok observa autour de lui la végétation grimpante qui garnissait tout le gouffre, des lianes gigantesques, des palétuviers aux racines immenses. Enfin, il se risqua à observer dans le lac. Il hésita longuement, mais finit par le faire. Il s’accroupit tout d’abord à la surface et pencha sa tête doucement. Il ne vit que son reflet. Juste son impassible visage de saurien qui souriait. Il promena sa main à la surface du lac pour en modifier le mouvement. Rien ne changea, son visage se troubla juste naturellement, entraîné par les ondes douces et claires. Au bout d’un bon moment, rien n’avait changé. Tuanahok se demanda si ce lac était bien magique. Puis, il commença à entrevoir le fond du lac, les rochers bleutés qui couvraient le sol. Etrange, l’onde n’était pas si pure auparavant. Son image avait disparu et il voyait nettement tout le fond du bassin. Il voyait quelques poissons blancs nager, des algues bouger. Tout était net. Il poussa un cri en voyant une longue figure blanche lovée dans un creux de la roche. Le vieillard était là. Il l’attendait. Alors Tuanahok quitta sa cape de plumes la déposa sur le bord, et plongea dans l’onde claire.

Le contact de l’eau sur sa peau la rafraîchit un peu, il se sentait bien dans son élément. Après quelques brasses habiles il atteignit le fond. Devant lui se trouvait, immobile comme une statue, les deux yeux fermés, le vieillard. Tuanahok s’approcha de lui et l’humain ouvrit grands ses paupières pour laisser apparaître ses pupilles glauques.

« - Je t’attendais, Tuanahok.

- Vous êtes bien Tepok ?

Le vieillard occulta sa question et continua :

- Tu dois accomplir ton destin et je vais t’aider en cela. Reste ici et observe.

Le vieillard fit de grands gestes avec les mains. Il se dessina alors sur la paroi une sorte de miroir qui reflétait le visage effaré de Tuanahok.

- Regarde bien.

Le vieillard fit de nouveau quelques passes avec ses mains. Le reflet du miroir changea et Tuanahok vit alors les différentes étapes de son voyage, le départ de Tlaxtepok, l’arrivée à Tlax, la rencontre avec Colombo, le sauvetage de Korai, la rencontre avec les caméléons, l’attaque des amazones et la perte du kroxigor, la rencontre avec les amazones, la transe dans le temple de Tepok, le voyage au fil de l’eau jusqu’à Tlanxla, le néant, Pahuax, Estijk, Skeggi, et enfin les falaises de calcaire et l’attaque du Coatl. L’image s’arrêta sur le visage souffrant de Kitla. Tuanahok tremblait. Il avait accompli tout ce long périple, mit en danger ses amis, et parvenait à présent à la fin du chemin. Il se tourna vers le vieillard qui semblait le regarder et demanda :

- Et que dois-je faire maintenant ?

- Suis-moi. »

Le vieillard se retourna et entra dans un creux de la roche, il se déplaçait en survolant le sol, comme un fantôme. Tuanahok le suivit dans la cavité. Ils quittèrent le lac et retrouvèrent l’air libre. Au bout d’un couloir se trouvait une grande salle humide Le vieillard y entra et s’installa de l’autre côté d’une plaque ronde montée sur un piédestal. Tuanahok se tint devant lui. Il attendit les paroles du vieux.

- Tu trouves face à un choix. Sans doute n’ignores-tu pas que ton amie est en train de mourir, là-haut. Elle est agonisante. Je te laisse le choix : tu peux aller la sauver, avec tes connaissances médicinales, ou bien me suivre et continuer ta quête. Bine des choses t’attendent encore.

Tuanahok fut surpris. Le choix que lui proposait Tepok était presque impossible à définir. D’autant plus qu’il n’était pas sur de pouvoir soigner Kitla.

- Vous êtes cruel !

Le vieillard eut un sourire de contentement.

- Regarde ce qui t’attend si tu suis ta quête.

Etendant les bras, il fit apparaître l’image du skink commandant à une immense armée, entouré d’or et de richesses. Mais Tuanahok, la voix chevrotante demanda :

- Est-ce là ce que veulent les Anciens ? Est-ce vraiment là mon destin ? C’est…c’est impossible.

- Et pourtant, tu dois choisir, Tuanahok !

- Il doit bien y avoir un autre choix.

Le skink regarda autour de lui. Tout était assombri, les murs étaient teintés d’un bleu violacé. Il fixa dans les yeux le vieillard. Il remarqua alors un rictus de cruauté au coin de ses lèvres pâles. Une cruauté toute humaine, qu’il ne connaissait pas chez les lézards. Il se souvint des paroles de Colombo : « Apprends à te méfier des autres, cela ne peux que t’aider. Des autres, et de qui que ce soit, même ce qui te semble conforme à « l’ordre » peut posséder une part chaotique. »

- Si ! cria-t-il. Il y a un autre choix !

Promptement, il se saisit de la gemme de Tepok restée dans sa besace et la lança à toute vitesse vers le vieillard. Elle tournoya sur elle-même dans l’air et vint se ficher dans le front de l’humain qui s’effondra au sol. Il avait crié et chuté, mais bientôt se releva pour faire face au skink. Il portait dans ses yeux autrefois blancs et opaques les marques des flammes rouges de la colère.

- Tu ne t’en tireras pas comme ça ! Ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous et meurs ! »

Le vieillard, dont l’apparence avait changée pour celle d’une sorte de grand monstre mauve sauta sur Tuanahok. Le skink eut juste le temps de l’éviter et de rouler sur le côté. Il se cogna à la paroi de la grotte mais parvint à se relever. Il se précipita vers la sortie pour fuir face à son ennemi. Puis il se reprit. Peut-être n’était-ce pas là une attitude digne d’un héros.

Toute la grotte était devenue entièrement noire et seule les deux figures de Tuanahok et de son ennemi se faisaient face. Le skink était désemparé, il courait dans le néant à la recherche d’une solution. Il repensa à la pierre de Tepok. Celle-ci semblait avoir affectée le démon. Peut-être était-elle dangereuse pour lui. Malheureusement, il l’avait jeté et perdue dans la grotte. Alors qu’il se morfondait encore sur son sort, il eut l’idée de regarder tout de même dans sa besace. Le miracle se produisit : la gemme s’y trouvait. Cette fois, il ne la lança pas, il la tendit vers le démon. Il sentit comme une force le traverser et il prononça des paroles qu’ils ne comprenaient pas. Il vit simplement le visage de son ennemi se tordre et crier de douleur. Dans une gerbe éclatante, le démon disparut à l’intérieur de la gemme. La lumière revint dans la grotte.

Tuanahok était là, immobile, à attendre. Il allait remonter mais attendait, car il se doutait que quelque chose (ou plutôt quelqu’un) allait arriver. Il finit par attendre les battements d’ailes de Kai. Il ne se retourna pas. Feriboatl arriva et se posa devant lui :

« - Je vois que j’arrive trop tard, Tuanahok. Tu as brillamment accompli seul ta mission.

- Ma mission ? Ma mission était de tuer ce démon ?

- Il s’agissait d’un démon dangereux, en effet. Mais vaincre ce démon n’était que l’ultime épreuve. Il devait t’apprendre à penser et à réfléchir sur le monde.

- Il y a une chose que je ne comprends pas. Cet être, fait-il lui aussi parti du dessein des Anciens ? Ai-je accompli un exploit ou une épreuve dictée par la volonté des Anciens ?

- Qu’en sais-je… Je ne suis que leur serviteur !

Feriboatl rit en voyant son protégé, puis il continua :

- Viens, tu as encore un dernier miracle à accomplir avant de repartir. »

Feriboatl et Tuanahok montèrent sur Kai, et le téradon s’élança en avant. Il traversa la grotte, nagea dans l’eau du lac et remonta le gouffre à toute allure.

Kai déposa Tuanahok sur les falaises. Là, Korai attendait sur un rocher. Kitla était toujours étendue sur le sol, mais semblait respirer. Tuanahok s’approcha d’elle et observa sa plaie. Il diagnostiqua, se remémorant les conseils de Huatl.

« J’ai besoin de quelques herbes. Une infusion lui fera supporter la douleur. »

Il lui toucha le visage, passant sa main fine dans les cheveux roux de l’amazone. Il vit alors son regard s’allumer, comme par miracle. Il se tourna vers Feriboatl qui lui souriait.

« Je te l’avais dit ! déclara-t-il simplement »

Puis il disparut dans le ciel bleu, laissant là Kai, qui attendit sagement.

Kitla se réveilla :

« - Où suis-je… Que s’est-il passé ? Oh ! Tuanahok ! Tu es là…

- Oui, et nous nous apprêtions à rentrer à Tlaxtepok. Dépêche-toi, la route est encore longue ! »

Huatl nettoyait consciencieusement les rebords sales des mares de pontes. Il grogna un coup après ses employés, et continua son ménage. C’est là qu’il vit apparaître, sortant d’un fourré, Tuanahok. Il n’en crut pas ses yeux. Son cher Tuanahok était de retour depuis deux années d’absence ! Derrière lui arrivèrent Korai et une humaine. Un téradon aux larges ailes vint accompagner leur arrivée. Huatl courut vers son protégé :

« - Tuanahok ! Te voilà ! Je suis si content que les Anciens aient daigner te rendre à moi !

- Ils l’ont daignés, en effet. Moi aussi je suis content de te revoir, et de revoir Tlaxtepok

- Tu as du vivre des aventures extraordinaires, là-bas !

- En effet, tu ne crois pas si bien dire…

Le skink sourit. Il entendit Kai se poser près de lui. Un instant, par-dessus l’épaule de Huatl, il entraperçu l’ombre claire d’un grand skink. La vision ne dura qu’un court moment. Huatl coupa le silence :

- Eh bien, héros, il y a beaucoup de travail qui t’attend ! Les œufs ne vont pas éclore comme par enchantement ! »

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Invité voivode borkor

Bravo pour la fin. Et quel rapidité pour l'écrire! Moi j'aurais du mal à écrire pendant 2 heures pour arriver à ce niveau là... :D

Moi ça me done plein d'idées d'histoires la tiennent sur les quelles bien enchainer...

Tu vas continuer à écrire? Si oui j'aimerais bien une histoire parlant de feriboatl....ce mystérieux ange gardien.

J'ai juste une petite remarque: ce serais encore mieux si il y avait plusde suspene et de mystère pour que ce soit un texte digne des plus grands écrivains et la si tu veux je suis sur que t'arrivera à les faire éditer ^_^

Encore bravo pour ces textes. :blink:

voivode borkor

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Invité Feurnard

Parce que vous croyez que j'ai oublié ? Et Oyanotec, alors ?! Mais il va nous l'écrire, cette histoire ! Et Asurear nous prêtera sa cave s'il le faut !! :D

Feriboalt, je verrais mal comment le rendre intéressant, sachant que Petch s'attaque à des personnages faibles (sauf pour Koraï).

Bon, je t'ai dit ce qui me plaisait et ce qui me plaisait moins :

- la description du démon, un peu bâclée

- la bataille, vraiment bâclée

- Kitla qui semble de trop à la fin...

- on ne dérange pas un skink pour tuer un "simple" démon !

A force de vouloir nous surprendre, tu risques de dénaturer ton texte. Souviens-toi de toujours la structure comme tu le sens et, même si tout le monde a déjà deviné la fin et tous les événements qui s'y produiront, tiens-toi à celle-ci !

Mais malgré cette cinglante critique, je tiens à raffirmer mon respect pour Petch car il parvient toujours à nous fournir de longs textes réfléchis et bien tenus, avec souvent des descriptions... suggestives (la jungle, les temples, les populaces lézardiennes,...). Bref, un dépaysement à la violence du Vieux Monde. Ca n'est pas donné à tous d'atteindre sa maîtrise et, même si son premier texte (il faut le dire) surpasse celui-ci, Petch ne peut qu'être dûment félicité ! ^_^

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Invité Mr Petch

Bon alors en vrac:

- Merci à tous pour m'avoir chaudement motivé pendant toute la durée du récit. Vous êtes un public qui me donne envie de continuer !

-

A force de vouloir nous surprendre, tu risques de dénaturer ton texte. Souviens-toi de toujours la structure comme tu le sens et, même si tout le monde a déjà deviné la fin et tous les événements qui s'y produiront, tiens-toi à celle-ci !

On en a déjà parlé, et tu sais en effet que la trame de ce récit n'était pas très claire. Tout les défauts qui tu as remarqué (à juste titre!) le sont à cause de ce manque de rigueur sur la trame.

-

J'ai juste une petite remarque: ce serais encore mieux si il y avait plusde suspene et de mystère pour que ce soit un texte digne des plus grands écrivains et la si tu veux je suis sur que t'arrivera à les faire éditer

Je prends note! Suspens et mystère étaient, il est vrai, plus absents dans ce récit, de même que la psychologie des persos. Je m'y attelle pour plus tard.

- fastsnake, je ne sais pas comment te remercier pour cette carte (j'ai jamais réussi à insérer une image dans une réponse... :D ). Pour l'explication, Tlax n'est pas sur la carte, il se trouve un peu au-dessus de Huatl. Le petit marais est le marais des caméléons, le plus grand celui des amazones, le grand fleuve central est l'Amaxone. Au nord, au niveau du Brésil, se trouve Pahuax et encore plus haut Skeggi.

- en fait si, je sais comment te remercier: en écrivant un autre texte. J'héistes entre continuer "les contes de l'oasis", commencé il y a un bout de temps et abandonné, ou continuer avec mes lézards. Dans ce cas, il me semble qu'il y ait un plébiscite pour Oyanotec, le caméléon...En tout cas, comptez sur moi pour revenir faire des siennes dans la séction récits !

Mr Petch, avec ses remerciements sincères !

Edit: mention spéciale à Zara s'il vient à passer, c'est lui le patron ici, quand même !

Modifié par Mr Petch
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En fait tout le monde a adoré Oyanotec mais vu qu' il parle peu, ça va pas être facile de faire des dialogues avec lui.

Mais on compte sur toi pour nous admirer une fois de plus.

Sinon, le démon, c' était un démon de Tzeentch, non ???

Parceque vu la description donnée et celle du Coatl, on aurait pensé à ça.

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