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Le Royaume du Chaos [TERMINÉ]


Kayalias

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Et oui j'ai mis du temps, navré! Mais l'envie est revenue (d'autant que j'ai pas mal d'idées pour le dernier chapitre donc je suis obligé de continuer).

Un peu plus d'action dans ce passage, car il en faut. C'est un récit d'aventure quand même!

Pour l'orthographe j'essaie de m'améliorer à chaque fois mais si certaines fautes vous choquent vraiment n'hésitez pas à me le faire remarquer.

Bonne lecture !









[center]***[/center]








[center][size="5"][b]Chapitre 3 : Du sang pour le dieu du sang ![/b][/size][/center]








Aussi fou que cela puisse paraître Malékith ne se félicita pas d'être encore vie. L'espoir avait cédé place à une détermination sourde, une formidable énergie qui le faisait avancer sans relâche, tel un condamné à mort. Si le démon disait vrai, [i]ils[/i] finiraient par le retrouver. C’était sans compter son esprit guerrier, éprouvé et taillé au tumulte du champ de bataille. Ses poings se serrèrent, refusant le destin funeste qu’on lui promettait. Les dunes de sable fongiques le privaient de tout repère. Il devait uniquement se fier à l'intuition qui l'avait tant aidé par le passé. La marche semblait interminable dans le désert et le soleil cramoisi semblait résolu à ne jamais faiblir. Seuls quelques scorpions tinrent compagnie à l’elfe, hérissant leur dard venimeux sur son passage. Deux jours, peut-être trois s'écoulèrent sans que Malékith ne rencontre le moindre signe de vie intelligente. Bien que les puissants sortilèges de sa mère maintenaient son corps en vie, lui permettant d'endurer les pires blessures, il restait mortel, comme le lui avait rappelé le Gardien. Il fit une halte, en appui sur son garde-lame, scrutant l'horizon. Vers ce qu’il imaginait être le nord, pointait un détail qui attisa sa curiosité. Aussi perçant fut son regard d’elfe, il ne put distinguer qu'une mince colonne ivoire qui transperçait le ciel. Aussitôt que ses yeux se portèrent dessus, il ressentit un puissant afflux sanguin. Sans savoir pourquoi, ses poings se serrèrent d'avantage, tandis qu'un rictus haineux se dessinait sur son visage. Son corps tout entier vibrait d'une rage irrépressible, prêt à verser le sang. Il reprit dès lors sa marche, comme hypnotisé par la colonne.

Deux jours complets, il marcha encore. A l'aube du troisième, il comprit. La colonne qui lui avait semblé si fine paraissait maintenant démesurée. Son sommet aurait ridiculisé par sa taille les plus hauts donjons de Naggaroth. Il lui semblait qu’aucun mortel n'eut pu bâtir une telle ziggourat. Au pied de celle-ci se dessinait un immense cercle duquel émanait un flot de matière pourpre. Par-delà le cercle, une gigantesque muraille aux pointes acérées aurait dissuadée le plus intrépide des envahisseurs. Prétendre que Malékith ne frémit point devant ce spectacle serait mentir. La véritable difficulté qu'il lui restait à surmonter, fut d'accepter le fait qu'il était déjà mort. Il se martelait inlassablement cette idée en tête comme pour s’immuniser aux épreuves à venir. Sa soif de sang l’avait conduit à cet endroit pour une raison qu’il ignorait. Depuis la dune, il cernait les contours d'une porte bardée de fer. C'est ici qu'il devait se rendre et trouver des réponses. L'intuition folle qui l’avait guidé dans les profondeurs de la grotte ne le quittait plus. Pire elle s'accentuait, occultant sa conscience par moment et balayant ses interrogations légitimes. Il marcha encore et encore, à n’en plus sentir la fatigue qui engourdissait ses muscles. Le sol jusqu’à maintenant sec et craquelé se changea en terre battue légèrement ocre. Quelques rares rochers troublaient l'harmonie de ce désert infernal sans que Malékith ne les remarque. Pas plus qu'il ne s'attarda sur les traces de pas où plutôt de griffes qui balafraient la terre. Une voix rauque que lui seul pouvait entendre lui inspirait confiance et détermination. En état de transe, il s’approcha des remparts. Quand il parvint aux portes qui le dominaient, un cor retentit, suivi d’un rugissement assourdissant.

Il ne s’agissait pas d’une voix humaine, mais d’un cri bestial, inspiré d’une rage sans équivalent. Le rugissement se répercuta sur toute la plaine et à des milles à la ronde, annonçant une heure de carnage. Une nuée de rongeurs en fuite contourna Malékith. Tous regagnaient leur tunnel à la hâte. Le Roi Sorcier leva les yeux par-delà les remparts et son cœur pourtant si froid se glaça. A quelques centaines de pieds se tenait l'entrée d'une forteresse infernale dont le mortier beige n'était autre qu'un amoncèlement de squelettes étêtés, un assemblage d'os ternis, asséchés par les vents du désert. Pêle-mêle, gisaient entassés hommes, femmes et enfants sans distinction de race. Les victimes les plus fraîches surplombaient les remparts pour que leurs atroces blessures continuent d'abreuver les douves. Il émanait de celles-ci une puanteur insoutenable. Aux effluves de mort se détachait l’odeur du sang, plus forte encore. Un corps sans vie roula sur la pile d’ossements, puis disparut, emporté par le courant de la rivière. Malékith comprit qu'il venait d'y être sacrifié par la créature au faciès de bouc, à demi accoudée au mur. Son regard fugace se porta sur l’elfe. Le démon n'exprimait ni remord, ni culpabilité. Il se contenta de fendre l'air de sa hallebarde peu avant que d'autres le rejoignent. Ils étaient des milliers, des milliers de démons au corps d'homme et au visage animal. Tous fulminaient et battaient sauvagement le sol de leurs sabots, faisant trembler le monticule d’os. Certains démons se défiaient même entre eux, comme pris de frénésie.

Un geste céleste attira soudain l'attention de Malékith. La tour qu'il épait depuis plusieurs jours abritait un être titanesque, plus impressionnant que toutes les créatures du vieux monde que Malékith avait pu affronter jusqu’alors. Le corps du titan était musculeux et bardé d’acier. Seuls ses membres inférieurs étaient visibles. La partie supérieure de son buste était dissimulée par d'épais nuages couleur d'obsidium. Du haut de sa tour, le démon suprême dominait tout. Le Prince sentit la peur étreindre son coeur. Il ne put qu'admirer l'être divin à l’œuvre. Ce dernier leva son poing gigantesque, sillonné de veines battantes, avant de saisir une hache aux proportions irréelles. A cet instant tous les démons contemplèrent la fureur de leur maître. Malékith murmura une prière silencieuse dès que l’arme fut brandie, puis il fut soufflé par l’impact. L'onde de choc balaya tout sur son passage, faisant s'écrouler de nombreux pans de la forteresse et jetant à bas plusieurs démons. Malékith vit la terre se déchirer et les tornades de poussières recouvrir la plaine.

La dernière chose qu’il distingua fut l’imposante herse qui se levait. Aussitôt, une cohorte d’humanoïdes en déroute jaillit de la citadelle. Certains étaient armés, d’autres ne revêtaient que des pagnes de fortune. Le premier fuyard fut un orc mâle terrorisé qui manqua de trébucher à plusieurs reprises. A la hauteur du Roi Sorcier, il ne lui prêta aucune attention. Puis vint un groupe d'humains apeurés, d'autres orcs ainsi qu'un petit contingent d'elfes. La plupart d’entre eux ne lui jetèrent aucun regard mais dans l’œil des autres, il lut d’abord de l’incompréhension, puis de la haine. Se sachant perdus, deux azurs fondirent de la brume et se jetèrent sur le Roi Sorcier qu’ils avaient reconnu. Celui-ci poussa un juron avant de parer aisément l'assaut du premier guerrier. Le pommeau de son épée s'écrasa lourdement sur le visage de l'elfe qui s’écroula au sol, inanimé. Le second fantassin tenta de prendre Malékith à revers, cherchant à lui transpercer les omoplates de sa lance. Mais il fut trop lent. En une fraction de seconde, la hampe se trouva déviée et avant qu'il ne put émettre le moindre son, un revers de Malékith lui trancha la gorge. Un troisième combattant recula devant l’ennemi de son peuple. Le Roi Sorcier ne lui accorda aucune faveur. Il feinta vers l’avant et entailla profondément l’aine de l’Azur. Le jeune elfe poussa un hurlement de douleur, rapidement étouffé par les cris des fuyards. Un dernier elfe surgit de la brume. Ses airs n’étaient pas à la menace. Malékith leva sa garde.

« Mon Seigneur ! Vous êtes ici ! » s'écria l'elfe se jetant à terre.

Malékith reconnut là le fils cadet d'une modeste maisonnée de Nagarond.

« Relève-toi, Druchii, l'heure n'est pas aux simagrées », rétorqua-t-il en repoussant les mains tremblantes de son sujet.

— J'ignore la raison de la présence nos cousins maudits en ce lieu, tout comme j’ignore ce que ces lâches fuient. Parle ! tonna Malékith.

— Mon Seigneur, les chiens ! Les chiens de l'enfer seront bientôt à nos trousses. Il nous faut fuir !

Malékith voulut châtier cet elfe couard. Mais quand il perçut les grognements féroces d'une meute à travers les nuages de poussière, il révisa son jugement.

— Allons-y ! s’écria-t-il, comme si la retraite fut son idée première.

Les deux Druchii rattrapèrent rapidement les humains maladroits ainsi que d'autres orcs patauds. Les grognements s'intensifièrent et provenaient de toutes les directions à la fois. Déjà, l’épuisement se faisait sentir et les humanoïdes en tête de cortège ralentirent leur course. Malékith ordonna à son jeune serviteur de s’arrêter. Ses sens aux aguets il tentait de dénombrer la meute.

« Une dizaine, peut-être plus », persiffla-t-il.

Le Druchii à ses côtés dégaina son épée, terrifié. Un silence pesant assourdit le champ de bataille. La tension était palpable. Quelques longues minutes s'écoulèrent avant que les premières lamentations des victimes se fassent entendre. Celles-là devaient provenir de l'assaillant estropié que Malékith avait laissé pour mort. D'autres plaintes l’accompagnèrent rapidement. C'étaient des gémissements horribles d'hommes dévorés vivants, mêlés aux aboiements furieux. Par-delà la poussière on entendait les mâchoires claquer et les os se briser par saccades. Tandis qu'une clameur s’élevait des remparts, le premier mastodonte fendit la brume toute gueule dehors, se jetant sur le Prince. Modifié par Kayalias
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Yeah !

Enfin une suite ! Par contre j'ai dû lutter pour me rappeler qu'est ce qu'il faisait dans le désert :P Ca datait tellement ! Enfin j'ai lu la fin du dernier passage quoi en fait ;) Bon, il avait l'air assez impressionnant la brave créature et j'aurais pas aimé que la hache me tombe dessus :P Le truc c'est qu'on sait pas le pourquoi de ce qu'il se passe en fait. Y a trop de confusion sans explication :P !!

@+
-= Inxi =-
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  • 2 semaines après...
Voici la suite, bonne lecture!








[center]***[/center]








Malékith esquiva l'assaut en glissant sur le côté. L'animal dépassait largement la taille d'un cheval au garrot. Il n'en demeurait pas moins extrêmement vif et dangereux. Un vortex s'éleva autour de l'elfe un court instant, avant qu'une pluie de rochers s'abatte sur le monstre. Ce dernier jappa à peine lorsque les projectiles frappèrent son cuir. Aussitôt, il se dressa sur ses pattes arrières et bondit. Surpris par ce volte-face, le Prince trébucha et ne put que se préparer au corps à corps. Il croisa les bras au dessus de sa tête, afin d'empêcher autant que possible l'animal de lacérer son visage. Le choc fut terrible. Bien que l''armure de Vaul l'atténua en partie, Malékith fut presque piétiné à mort. Au sol, il lui fallait maintenant affronter d'innombrables rangées de crocs aiguisés comme des lames. A deux reprises, la bête larda le visage de l'elfe. Malékith poussa un juron et riposta, en écorchant la mâchoire du monstre, à l'aide de ses brassards surmontés de pointes. Malékith se débattit comme un diable, asséna de violents coups de coude qui entaillèrent la chair du démon. Le lourd collier de l'animal exerçait une pression considérable sur le torse de l'elfe qui étouffait. C'est à cet instant que le jeune Druchii intervint.

L'aspirant brandit une serpe barbelée et frappa de toutes ses forces l'échine du monstre. La lame déchira instantanément sa peau et y creusa une profonde balafre rouge. La bête hurla tant de rage que de douleur et éjecta le Druchii d'un coup de pattes arrières. C'était l'ouverture que Malékith attendait. Il se releva à la hâte et ramassa son épée, étendue à quelques mètres de lui, puis porta un coup de taille en direction des membres inférieurs du démon. Les tendons sectionnés, la bête s'affaissa de toute sa masse. Le Roi Sorcier en profita sans vergogne pour lui porter deux nouvelles estocades dans l'abdomen, sauvant le jeune elfe d'une mort certaine. Il contourna rapidement l'animal blessé et l'observa avec dédain, tandis que l'aspirant haletait, à distance respectable du monstre. Bien que blessé à mort le démon écumait de rage, les babines retroussées et les yeux injectés de sang. Il brûlait d'une haine que seule la mort pouvait éteindre. Plutôt que d'achever l'animal, Malékith jouait avec lui, tendant l'épée vers sa gueule pour l'éloigner dès que ses mâchoires claquaient. Le jeune elfe restait silencieux, plus effrayé par l'attitude de son Suzerain que par l'agonie dont il était témoin.

« Vois-tu, jeune Druchii, même les bêtes les plus féroces doivent être dressées », dit Malékith, empli d'assurance.

Et il cogna l'animal du plat de sa lame.

— Celui-ci ne déroge pas à la règle, renchérit-il.

D'un geste fluide, il brisa le collier du démon. La folie semblait l'avoir gagné. Il rengaina avec soin, puis projeta d'un coup de pied négligent, une volute de poussière dans les yeux de l'animal, dément. L'air crépita.

— Tu te plieras à ma volonté, ou tu mourras ! rugit le Prince.

Il tendit son gantelet couvert de morsures et libéra un flot d'énergie dévastateur, éclipsant la fureur du démon pour toujours. L'apprenti fut ébloui par la conflagration. Il ramassa son heaume, avant de baisser les yeux par crainte de subir le même destin. Malékith ne lui accorda aucun remerciement pour son intervention. Au contraire, il l'ignora et analysa le champ de bataille. La poussière masquait la plaine, mais ça et là il pouvait distinguer quelques silhouettes de combattants épars. Il se dirigea au pas de course vers le plus proche d'entre eux. Le Druchii lui emboîta le pas prestement. Des humains et quelques demi-portions affrontaient l'un des chiens de Khorne. L'animal se rua sur un homme et détacha la tête de son corps dans une gerbe de sang. Les compagnons du Keigh moon prirent la fuite, sous les jurons des nains. L'un deux particulièrement téméraire planta sa hache dans le jarret de l'animal qui se débattait furieusement. Le chien orchestra une roulade et écrasa de tout son poids le nain, farouchement cramponné à sa hache. L'on entendit un craquement sec et les mains charnues se détachèrent du manche. Galvanisés par la mort de leur frère, deux nains chargèrent et abattirent leur pioche simultanément sur le crâne du monstre qui s'écroula, inerte.

Malékith eut à peine le temps de réagir lorsqu'un second chien de Khorne bondit sur lui. Il le contourna habilement et la bête se trouva nez à nez avec les nains en furie. Le Roi Sorcier estima qu'il n'était plus nécessaire d'intervenir et s'enfonça plus au sud dans la brume, escorté par son sujet. Là, trois elfes maintenaient un démon à distance, tandis que le quatrième lui portait un coup de lance fatal entre les vertèbres. Malékith plongea pour éviter un javelot. Le projectile émanait d'un autre détachement d'elfes, non loin de là. Le Prince maudit ses lâches cousins, jurant qu'en un autre temps, il les éliminerait jusqu'au dernier. Un démon sembla exaucer sa prière, dévorant vivant l'elfe désarmé. La masse fumante de crocs et de muscles ravageait les Asurs. Les deux Druchii obliquèrent alors, croisant plusieurs corps mutilés, avant de rencontrer une poignée de survivants qui faisaient face à deux molosses. Malékith nota de suite qu'aucun collier protecteur ne pendait au cou du monstre. Il pétrifia la zone entière, faisant fi des hommes alentours. Quelques hurlements d'elfes retentirent dans la plaine. Il y avait du mouvement. Malékith revint sur ses pas et retrouva le corps sans vie des nains, détenant néanmoins à leur actif un molosse supplémentaire. Plus en amont, d'autres hommes étaient livrés en pâture. Les crocs couverts de sang, l'une des bêtes se tourna vers le jeune Druchii. In-extremis, celui-ci parvint à éviter la gueule sanglante tout en écrasant sa serpe contre le museau de l'animal. Malékith révisa son jugement : le cadet ne manquait pas de panache. Avec quelques siècles d'expérience en plus, il deviendrait un formidable combattant. L'aspirant, à nouveau en périlleuse posture, le Roi Sorcier se décida à intervenir. Chaque fois qu'il abattait sa lame, il se sentait envahi d'une énergie nouvelle, d'une haine sans pareille contre quiconque s'opposerait à lui.

Diverses acclamations gutturales se firent entendre. Elles provenaient du groupe des peaux-vertes.

« Pauvres imbéciles, pensa Malékith, vous ne ferez qu'attirer à vous d'autres démons ».

A juste titre, les cris victorieux ne tardèrent pas à se muer en hurlements terrorisés. Le Prince suivi de prés par son nouveau garde du corps exécuta deux pas chassés, prudent, la garde levée. Il tendit son index et indiqua par ce geste que le disciple devait s'écarter. Celui-ci approuva, prenant ses distances. Malékith ressentait toujours une forte présence démoniaque mais ne pouvait précisément la situer. Une colère sourde grondait en lui, troublant la sa concentration. La brume compliquait également la tâche. Incertain, il crut percevoir la course pesante d'un démon. Il posa genou à terre aux aguets. Le Druchii fit de même. Le pas s'accélérait, la bête était proche. Il y eut comme un instant de flottement dans l'esprit de Malékith.

« Quel gâchis... », songea-t-il, en ordonnant sciemment à son disciple de tenir position.

On entendit un rugissement terrifiant et dans la foulée, un chien de Khorne fendit la brume toutes griffes dehors. Sans l'once d'une hésitation, l'animal dépeça le jeune disciple, puis referma sa gueule sur son crâne. Le heaume d'acier se tordit, la peau fragile de son cou se déchira et ses vertèbres se brisèrent net. Le molosse agita furieusement son trophée dans une gerbe de sang chaud avant que le corps sans vie de l'elfe ne s'effondre, parcouru de soubresauts.

Malékith n'eut ni le temps ni l'envie de s'apitoyer sur le sort du Druchii. Il profita de l'instant pour nourrir sa lame d'enchantements. Le démon perçut instinctivement l'aura que dégageait Malékith et le danger croissant qu'il représentait. La bête relâcha immédiatement le crâne méconnaissable du défunt elfe, qui vint rouler entre ses pattes. Les deux opposants se firent face. La scène sembla se dérouler comme au ralenti. Chaque mètre parcouru se dédoublait. Quasiment au contact, Malékith plongea sa lame brûlante dans le coeur de l'animal. Celui-ci jappa de douleur alors que son corps de disloquait dans l'éther. Par un geste désespéré, le démon chercha à emporter l'elfe dans la tombe. Il voulut mordre à hauteur du cou, mais ne trouva que l'acier des épaulières du Prince. Jusqu'au tout dernier moment, l'animal brûlait d'une sauvagerie qui dépassait l'entendement. Quand son essence colérique se fut évaporée dans le Warp, Malékith contempla froidement la dépouille de son serviteur.

« Sois fier, dit-il, ton destin fut de périr afin que je vive ».

Sa soif de sang momentanément épanchée, le Roi Sorcier perçut des milliers d'acclamations bestiales, en provenance des remparts. La poussière retombait enfin sur la plaine. Tandis que de nouveaux crânes gagnaient le trône d'airain, la porte de la forteresse d'os s'ouvrit à Malékith.  Modifié par Kayalias
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Bon ben ca a l'air d'être bien la galère de son côté là :P

Je vois pas ce qu'il va faire la dedans mais comme le côté confusion et on comprend pas trop ce qu'il se passe, j'attends la suite ;) Déjà au moins il est plus emprisonné comme au début mais je sais pas si sa situation est vraiment meilleure !

@+

-= Inxi =-
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  • 3 mois après...
Une rentrée, quelques récits et des activités annexes plus tard, je reprends ma chronique.








[center]***[/center]








[i]Loin du chaos, quelque part dans les eaux troubles de la mer traîtresse, voguait une flottille sombre. De part sa réputation, seuls quelques rares matelots particulièrement intrépides ou fous à lier tentaient la traversée d'est en ouest. La houle, miroir passif d'un territoire fongique renvoyait aux marins l'image d'un ciel gris et morne. En ce jour, les vents ne semblaient pas capricieux. Ils traversaient les tuniques et s'insinuaient profondément dans les coeurs des voyageurs. Ces vents étaient lents, froids, ils étaient traîtres. Tout capitaine digne de ce nom savait qu'il ne fallait jamais sous estimer ce calme de façade. Le brouillard tombait vite par ce lieu ; il recouvrait la mer de son étreinte, masquait les étoiles et rendait la navigation des plus périlleuses. En outre, il n'était pas rare que les masses d'air changent sans mot dire et que de leur union naisse une tempête, châtiant les bravaches importuns. Ces eaux étaient aussi vieilles que le monde. Elles n'appartenaient à quiconque et personne ne les revendiquait sienne. En réalité, le véritable danger se trouvait sous la surface. Insidieux, puisque invisible. Sous les eaux étaient tapies des créatures primitives, plus vieilles que la race des elfes. La plupart ne possédaient ni d'yeux ni oreilles, mais ressentaient la plus infime variation des courants, qu'il s'agisse d'une coque fendant les flots ou d'une voilure juste un peu trop bruyante. Dans cette hypothèse la sanction était sans appel.[/i] 

Sarosnar savait déjà tout cela. En tant que capitaine de « l'éternel » et légitime vaValuk de la cité de Karond Kar, il n'en était pas à son premier périple. Au contraire, depuis l'accès à sa nouvelle fonction administrative, les voyages se faisaient rares. La solitude du large, les embruns, les périls, tout cela lui avait secrètement manqué depuis son palais d'or et d'argent qui n'était que le reflet d'une ascension sociale remarquable. C'est en feignant la nonchalance qu'il accepta sa mission auprès de la Valsharess, la matriarche de Karond Kar. Depuis plusieurs jours déjà, d'inquiétantes rumeurs provenaient du front, des rumeurs sans cesse déformées par les mensonges des traîtres et des bavards. Pour qu'on le mandate lui, Sarosnar, les nouvelles devaient être prises très au sérieux. 

Le capitaine de « l'éternel » détacha son regard de l'horizon et aperçut à bâbord le corps échancré d'un dragon marin. Son coeur cogna fort dans sa poitrine comme autrefois, au temps de ses jeunes exploits. L'espace d'une seconde, il avait oublié que ces monstres étaient dorénavant ses protecteurs, charmés par les harpes sortilèges des dresseurs de bêtes. Il frissonna quand le corps serpentin couvert d'écailles s'enfonça dans les eaux. Il ne cautionnerait décidément jamais cette escorte, mais au fond de lui il savait. Mieux valait qu'elle soit avec eux que contre eux. 

Il tenta de chasser cette image noire de ses pensées, en s'avançant sur le pont. A chacun de ses pas, le bois craquait sous ses bottes. Il en était conscient et accentuait volontairement cet effet pour asseoir son autorité sur l'équipage. En vérité, il n'avait nul besoin de cet apparat. Tous connaissaient et respectaient son rang. Chaque corsaire était à son poste. Certains levaient la voilure, d'autres manoeuvraient, efficaces et silencieux. Deux imprudents, sans doute de jeunes recrues conversaient discrètement sur la proue du navire. Ils n'échappèrent pas à la vue perçante du vieux Druchii mais ce dernier se tint volontairement à l'écart, tendant l'oreille.

— Tu sais pourquoi on est là ? demanda le premier.
— Non, mais je sais ou nous allons, répondit le second.
— Har Ganeth, n'est ce pas ?
— En effet.
— Cela est curieux, n'est-ce pas mon frère ?
— De quoi parles tu ?
— Ces rumeurs... Cette mission. Je ne crois pas aux coincidences...

Un troisième individu bouscula la recrue. Les deux intervenants se jaugèrent du regard puis le corsaire cracha son mépris au jeunot avant de retourner à sa tâche. 

— Sois prudent avec ces choses là, je ne voudrais pas être accusé de trahison et finir pendu à ce mât.
— Par Khaine, tu as raison. Mais ne joue pas les imbéciles, tu es forcément au courant.
— Bien sur que je le suis, tout le Toyaume sait pour...
— Sait pour quoi ? coupa sèchement une voix autoritaire.

Les deux Druchii visiblement intimidés par la présence du capitaine baissèrent immédiatement les yeux. Sarosnar poursuivit avec le même ton menaçant.

— Est-il une chose dont vous voudriez nous faire part, à l'équipage et à moi-même messieurs ?

Il n'y eut que le roulis des vagues pour seule réponse.

— Répondez ! s'exclama Sarosnar, hors de lui. Êtes vous sots au point de mentir à votre maître ? 
— Non, Capitaine, se risqua l'un des matelots. Nous nous interrogions sur l'avenir du Royaume.
— « Il paraîtrait que », « on dit que ». Ne pensez-vous pas que tous ces racontars nuisent suffisamment à l'avenir du Royaume pour ne pas nuire en plus à votre mission ?

Le capitaine tourna le dos à ses à ses recrues, certain d'avoir usé de l'autorité nécessaire pour remettre les choses en places. Il n'en fut rien et le jeune Druchii poursuivit avec fougue.

— Capitaine, les rumeurs évoquent la fin du Seigneur Malékith. Pour la pérennité de notre peuple, nous devons savoir.

Tout l'équipage, y compris l'autre recrue semblèrent outrés par ce manque de respect. Certains corsaires agitaient nerveusement leurs mains, d'autres esquissaient un sourire sadique quant au sort probable du jeune Druchii. Le capitaine Sarosnar fit immédiatement volte-face, les poings serrés. 

— Sache petit impudent qu'il y a peu, la fougue des jeunes années m'aurait conduit à te jeter par dessus bord, afin que ton corps pourrissent dans l'abîme de ces eaux sans âge.

Il marqua une pause, foudroyant l'elfe du regard.

— Je vais cependant répondre à l'équipage une fois pour toute. Ces rumeurs ne sont que du venin, destiné à empoisonner les fondations de notre société. Combien d'entre vous peuvent se targuer d'avoir rencontré notre Seigneur ? [i]Je[/i] l'ai rencontré. Sa puissance est sans égale. Aucun adversaire ne saurait le défaire et certainement pas, l'un de nos pathétiques cousins. Entendez le, car je ne le dirai qu'une seule fois. Nous sommes tous des exilés. Notre Royaume a été spolié, détruit, engloutis. Nous l'avons rebâti, plus fort et plus majestueux qu'il ne l'a jamais été. Il durera pour des millénaires. Tout souillon qui colportera ces rumeurs alarmistes sera dès lors considéré comme un traître, assumant par la même toutes les conséquences que cela entraîne. Messieurs, à vos postes.

Ni une, ni deux tous les Druchii s'exécutèrent, certains déçus par l'effusion de sang qui n'eut pas lieu. Sarosnar quant à lui retourna lentement vers la poupe du navire. Quand il atteignit enfin le bastingage, son regard se perdit de nouveau vers le large. Le jeune Druchii émettait des doutes légitimes, que lui même partageait. Mais il ne pouvait se permettre de les laisser étioler la foi de son équipage. A Har Ganeth, ses doutes seraient balayés. A Har Ganeth il trouverait des réponses.  Modifié par Kayalias
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  • 2 semaines après...
Tout comme l’Invocation d’Haldu, j’ai lu le récit d’une seule traite.
D’entrée, Malekith comme personnage principal : tu te mouches pas du coude, hein ? :wink:
Mais bon, si la qualité est là, pourquoi pas… Et elle est là, ma foi !
Bon style, intrigue et personnages développés, péripéties variées… Pas mal… Pas mal du tout !
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  • 3 semaines après...
Et voilà les renfooooooooooorts :P

Nan plus sérieusement, on va d'un autre côté, un peu plus classique sans le 'bourrin' que nous obligé Malékith ce qui fait que nous tendons d'un texte un peu plus classique. Bon sur ce passage là je vais pas crier à l'originalité puisque ça nous refait un petit coup de brosse sur les EN, leur patron pas content et un paysage associé à leur mentalité :P

Alors j'attends la suite !

@+
-= Inxi =-
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  • 3 semaines après...
De retour pour approfondir cette petite parenthèse dans le récit ! J'éspère que le bourrinisme ne vous a pas trop manqué ( hein Inxi ?! ) car je change momentanément d'air pour aborder une vision de la société Druchii en l'absence du Suzerain et donner ainsi un autre angle.



[quote]Tout comme l’Invocation d’Haldu, j’ai lu le récit d’une seule traite.
D’entrée, Malekith comme personnage principal : tu te mouches pas du coude, hein ?
[/quote]

La timidité est le défaut des petits hommes et l'arrogance la vertu des grands ;)/>

( heureux que le récit te plaise )

Voici la suite, bonne lecture !








[center]***[/center]








Les vagues de la mer traîtresse portèrent « [i]l'éternel[/i] » sain et sauf jusqu'au port lugubre de Har Ganeth. Éviter les écueils se révéla être un jeu d'enfant pour le vieux Sarosnar. Ce capitaine émérite avait sillonné les océans bien avant la naissance de nombre de ses hommes d'équipage. De tous ses raids, de tous ses pillages, l'expérience maritime qu'il en avait tiré constituait l'ultime richesse. Lorsque le bastingage fut amarré, Sarosnar contempla la cité du meurtre. Ses tours sinistres perpétuellement rougies du sang des esclaves sacrifiés ne lui inspirait que du dégoût.

« Comment peut-on gâcher autant de main d'oeuvre bon marché pour assouvir les caprices d'une divinité insatiable ? », songea-t-il, las.

En tant qu'ambassadeur attitré, ce genre de remarque lui était prohibé et en tout circonstance, il se devait d'afficher la plus grande neutralité d'expression. Cette tâche fut compromise, lorsqu'il fit face au cortège qui lui était réservé. Deux demi-douzaines d'élues de Khaine attendaient sa venue. Faiblement vêtues, aucune ne frissonnait, malgré le vent glacial qui cinglait leur corps. A la vue du Capitaine, elles se portèrent à sa rencontre. Leurs hanches dessinées, chaloupaient telle la coque d'un navire, voguant sur des eaux tumultueuses. Des pendentifs identiques pendaient à leur cou. Ils représentaient un cœur de rubis, pressé par une main de fer. En proie à la solitude des longs périples, de nombreux corsaires leur esquissèrent un rictus volontairement grivois, que seul un rappel à l'ordre du capitaine put effacer. L'une des créatures fantastiques se détacha soudain des autres et se tourna d'instinct vers la figure d'autorité, fraîchement débarquée. Elle tendait en offrande un coffret rempli d'or et de joyaux. 

— Bien le bonjour, Capitaine. Nous attendions votre visite, dit-elle simplement.

L'intéressé s'inclina en signe de respect, avant d'ordonner à deux de ses sbires de déposséder la servante. Non loin du quai, de l'agitation capta son attention. En aval du ponton, une foule armée s'agitait, car un second navire accostait. Une escorte de vierges l'attendait également. Sarosnar n'était pas dupe. Une simple manoeuvre politique de séduction ne pourrait altérer son jugement. Son regard se porta au loin et il reconnut son homologue : le capitaine Aeryn. D'un tempérament bouillonnant, Aeryn était membre de l'une des plus puissantes dynasties de Klar Karond. S'il avait lui aussi voyagé jusqu'ici, le péril couru par le Royaume était terrible. Le Capitaine pressentit que d'autres généraux viendraient. Le regard embrasé d'Aeryn croisa les pâles pupilles grises de Sarosnar. Les deux commandants se toisèrent un instant avant qu'une succube blafarde les invite à pénétrer dans la cité. 

La troupe de corsaires emprunta de nombreuses portes dérobées, chacune silencieusement gardée par un où plusieurs soldats d'élite. Les exécuteurs de Har Ganeth ne manquaient pas de panache. Une armure lourde finement ouvragée les recouvrait de la tête au pied. Leur heaume à l'aspect squelettique leur conférait une aura menaçante. Aucune parcelle de leur visage n'était visible. Ces guerriers, passés maîtres dans l'art de tuer n'exprimaient aucune émotion. A la vue des vierges, leurs puissantes lames s'écartaient et le chemin s'ouvrait vers d'autres portes, d'autres couloirs, d'autres horreurs. 

Sarosnar jugea pathétiques les quelques regards timides de sa troupe. Le poids des années lui avait fait oublier l'effroi primitif qui le fit tressaillir, lorsqu'il vit pour la première fois l'un de ces porteurs de mort. Quand la marche interminable toucha à sa fin, la magnifique créature en tête de cortège conduisit les corsaires dans les profondeurs de la cité. L'un d'eux se tourna vers son maître en quête d'approbation. Sarosnar hocha la tête et ordonna seulement à ses plus fidèles conseillers de le suivre. La troupe se sépara en deux courants et tandis que les corsaires s'éloignaient à pas réguliers, une vierge au visage pur poussa la porte d'ébène. D'un regard mutin, elle encouragea le capitaine et son escorte à y pénétrer, sans plus attendre. 

Quelle surprise fut celle du capitaine lorsqu'il découvrit l'immense salle de réception. A la lumière des braseros flottaient les ombres des protagonistes, répartis autour du banquet. Aucun met parmi les plus fameux ne manquait. L'on y trouvait du gibier, du poisson de rivière et du faisan, assaisonnés de poivre noir et de Safran, en quantité. Les convives s'abreuvaient de vin, d'hydromel et de lait d'amande. D'éminents Druchii du Royaume étaient réunis. Certains conversaient froidement ; d'autres se muraient dans un silence méditatif. Éprouvés par le voyage, la plupart d'entre eux dégustaient l'un des nombreux plats alléchants. Sarosnar retrouva Aeryn non loin de là. Ce dernier portait en bouche une substance grumeleuse, rouge, presque rosée. Il la savoura du bout des doigts et Sarosnar se souvint. Pour tous les dévots de Khaine, la chair humaine était exquise.

« Quelle décadence, songea le Capitaine, plutôt mourir que d'y goûter ».

Il n'était plus novice dans l'art de la négociation et savait qu'un agent fourbe et tenace emploierait toutes les méthodes à sa disposition. Toutes, sans exception pour le corrompre. Il s'assit ainsi sur l'une des nombreuses couches au fond de l'antichambre et patienta un long moment. Depuis sa position reculée, il observait en silence. Afin de distraire les invités, quelques elfes sublimes dansèrent au son de la harpe. A mesure que les accords résonnaient, la faim le tenaillait d'avantage. L'appétit gagna également d'autres nobliaux qui manquèrent à la prudence, en dégustant chacun des plats à leur disposition. Leur avidité dépassa rapidement celle des harpies de la cité.

Divertis et repus, les convives se laissèrent porter par l'allégresse de la fête et en oublièrent la mission pour laquelle ils étaient diligentés. Sarosnar déplora intérieurement la faiblesse d'âme de son peuple, la fébrilité des cœurs et le règne des mondanités. Un noble plus ivre que les autres émergea de la foule pour tituber jusqu'à l'une des nombreuses couche pastelle. Une jeune elfe de grande beauté vint cajoler son ego aviné et tous deux sombrèrent dès lors dans les affres de la luxure. Cela ne sembla point choquer l'assemblée, à l'exception du Capitaine. Afin de n'en rien montrer, celui-ci saisit discrètement un verre de vin rouge dont il n'avait l'intention d'en boire aucune goutte. Ses conseillers le pressaient de participer aux réjouissances. Il leur avait jusqu'à présent refusé ce privilège, mais estima qu'il serait plus sage pour son clan de ne pas dénoter dans la soirée. Fort de ces considérations, il consentit une permission à ses conseillers.

Hautement reconnaissants, ceux-là s'évanouirent rapidement dans la foule. La salle semblait s'être d'avantage remplie. L'air chaud et humide était à peine respirable. Depuis les diverses poternes dissimulées çà et là dans la salle de réception, d'autres nobles continuaient d'investir la pièce. Le Capitaine reconnut certaines maisonnées à leur blason. La majorité n'avaient jamais connu le tumulte du champ de bataille et beaucoup étaient issus de la noblesse oisive de Nagaroth. Sarosnar rêvait d'estampiller ces héritiers défroqués de son sabre. 

Au hasard, son regard croisa à nouveau celui d'Aeryn, l'un des seuls stratèges militaires qui semblait encore en possession de ses moyens. Parce que que leur condition était similaire, une rivalité invisible se cristallisa en eux. Appréciant peu d'être scruté, Aeryn bouscula une servante avant de régler ses comptes avec celui qui l'espionnait. Habitué de ces démonstrations viriles, Sarosnar n'avait pas peur d'en découdre. Il porta la main sur son garde-lame, impassible. Mais tandis que l'impétueux Aeryn s'approchait, un voile fugace se déposa devant ses yeux, aussi fin qu'un clignement de paupière. Il s'ensuivit une ombre qui sembla traverser l'antichambre, esquivant les convives. Elle se mouvait rapidement, se fondant dans la foule, imperceptible.

— Quel est ce sortilège ? Gardes ! s'exclama Sarosnar à haute voix.  

La paralysie tétanisait son corps et une douce langueur empêtra son esprit, tel un insecte prisonnier d'une toile. Il souhaita se débattre, appeler ses conseillers, mais ces derniers étaient trop saouls pour entendre, et leur maître trop faible pour s'exprimer. Lentement, sa colère se dissipait. La voix de Sarosnar se perdait au fond de sa gorge et peu à peu, une profonde fatigue l'assommait. Derrière l'écran de ses yeux, apparaissaient les rivages de la lointaine Tiranoc. Aucun détail ne faisait défaut, en particulier les Alezans sauvages qui galopaient sur d'interminables plages de sable fin. Il n'était pas un jour sans qu'elles ne lui eurent manquées. 

Sa torpeur fut dissipée par une force prodigieuse qui l'attrapa au collet et le projeta au sol, sans ménagement. Un parterre de rose tournait tout autour de lui, se mêlant aux embruns de la mer du crépuscule. Quelqu'un le saisit alors par la chevelure et lui brisa le nez contre le sol.

— Porte une nouvelle fois ton regard sur moi et ton crâne ornera la proue de mon navire ! dit la voix d'Aeryn.

Au même instant, une immense porte ornée d'émeraudes s'ouvrit au fond de la salle. Les convives n'accordèrent plus aucun regard à Sarosnar et l'atmosphère devint solennelle. L'élue de Khaine se tenait fièrement sur le promontoire, face à l'autel. En contrebas, les servantes débarrassaient les plats, tous vides. Contrairement aux vierges, la beauté de la matriarche semblait altérée et quelques rides creusaient son visage livide. Ainsi que tous le percevaient, Helleborn était prête à discourir. Modifié par Kayalias
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Pas mal ce retour !

Effectivement on change d'ambiance mais on reste toujours dans ce côté sombre et dépravé ! En tout cas, j'ai pas bien compris ce qui se passe quand il finit au sol si c'est de la magie ou pas ! Ça mériterait d'être retouché ce passage ! Ou alors c'était peut être moi !

Attendons en tout cas de voir ce que la patriarche va dire !

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-= Inxi =-
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  • 2 semaines après...
Voici la suite, vous en saurez plus sur ce qui se trame dans le royaume. J'ai sincèrement pris du plaisir à écrire ce passage, bonne lecture ! ;)/>



[b]Edit Inxi : Sarosnar regarde Aeryn avec un peu trop d'insistance. Celui-ci n'apprécie pas et décide de coller une trempe au vieux capitaine. Sarosnar ne peut riposter, comme engourdi par les propriétés apaisantes de la couche ( sans doute des sortilgès que l'on devine ). Limpide ? ^_^/
[/b]









[center]***[/center]









La matriarche saisit une coupe ancestrale qu'elle fit tinter à deux reprises, pour imposer le silence. Ce tintement sonna le glas du festin et des conversations politiciennes. A cet instant si particulier, tous se tournèrent vers la maîtresse des lieux.

— Chers frères, chères sœurs, votre glorieuse présence honore Har Haganeth, dit-elle de sa voix sans âge. D'aucuns ont certes refusé mon appel, mais j'ai l'immense satisfaction de vous compter nombreux en mes murs.

La suite du discours de Dame Hellebron ne fut qu'une apologie de la jeune noblesse de Naggaroth. L'éloge de l'aristocratie et de la raison, la fierté du peuple Druchii, ainsi que la l'exaltation du meurtre, furent autant d'ennuyeuses homélies pour le Capitaine. Sarosnar tentait en effet de reprendre ses esprits, passant sa main sur son visage ensanglanté. Quelques ravissantes promises de Khaine tentèrent de lui porter secours, mais ce fut sans compter l'arrogance du vieux marin. 

— Qu'on me laisse en paix ! rugit-il. Me voilà suffisamment déshonoré pour ce soir.

Empli d'amertume et de haine, l'elfe échafauda sa vindicte. Le discours terminé, une dague vengeresse percerait lentement le torse suffisant du capitaine Aeryn. Car tel était le prix d'une réputation à défendre. Sarosnar se perdait dans les méandres de la préméditation. Son regard parcourut machinalement la trace rouge au sol. Elle conduisait en un mince filet de sang : son sang, qui tâchait la précédente couche. Celle-là même où il perdit conscience, peu avant d'être bastonné. Il décida par précaution d'y poser furtivement la main. L'effet fut immédiat, son bras fut gagné par une tendre chaleur. Chaque nerf, chaque parcelle de peau semblaient à vif et cette nouvelle sensibilité convertissait tous ses penchants belliqueux en une douce plénitude. Rapidement, son corps entier fut saisi par la grâce. Cette délicieuse sensation éclipsait tout autour de lui. Les convives, le discours, Aeryn, tous n'étaient que d'invisibles spectres et bientôt le capitaine fut forcé de s'asseoir par une injonction sans appel. Il lutta longuement contre l'ataraxie, mais le piège se refermait inéluctablement, emprisonnant sa conscience. Ce ne fut qu'après un ultime effort de volonté qu'il parvint à se défaire de l'emprise

[i]Nouvelle désastreuse... inquiétude... s'il est avéré...[/i]

De grosses gouttes de sueur perlaient sur son visage, tandis qu'il entendait des bribes lointaines de discours. Ses traits se crispèrent férocement, lorsqu'il ressentit l'intense brûlure qui consumait désormais son bras. La douleur fut intense. Si forte qu'il ne put en émettre le moindre son. Il payait pour s'être libéré du sortilège. Le Capitaine scruta la couche avec terreur, avant d'apercevoir un homme en armes, légèrement excentré de la scène. Cet homme le désignait aux servantes. Celles-ci obtempérèrent immédiatement et écartèrent la foule de leurs membres gracieux. A leurs bats sensuels pendaient toutes sortes de dagues. 

[i]Notre maître... Intendance... Pérenniser notre race... [/i]

Tels furent les derniers mots du discours, que Sarosnar put encore capter. La douleur le martelait et il écarta à son tour la foule afin de fuir ses poursuivants.

« Bon sang, où sont donc mes conseillers ? Ces bons à rien, traîtres qu'ils sont m'ont abandonné », se dit-il.

Le capitaine écrasa plusieurs bottes et renversa de nombreux verres sur son passage. Sa fuite ne provoqua pourtant que très peu d'esclandre. Les convives semblaient captivés, comme hypnotisés par la dialectique de Dame Hellebron. Aucun ne s'autorisa à l'interrompre en houspillant le malotru. Sarosnar fendit la foule et se logea dans l'ombre d'une antichambre. Quelques heures auparavant, s'y était vautrée la noblesse décadente de son peuple. Sur l'une des couches défaite, reposait quelques vêtements oubliés par deux amants. Le Capitaine bénit pour la première fois leur vice. En toute hâte, il revêtit ces guêtres souillés. A la simple vue de leur couche, les brûlures de son bras redoublaient d'intensité.

« Sarosnar, mon ami, il n'y a plus une minute à perdre », pensa-t-il.

Camouflé par de nouveaux oripeaux, le Capitaine devint un autre. D'un regard en coin, il vit du mouvement parmi les convives. On le pistait toujours, mais à présent il ne craignait plus rien. Quelques applaudissements particulièrement nonchalants vinrent briser la litanie de Dame Hellebron.

— Quel merveilleux discours votre excellence ! ironisa Aeryn le fat. 

A peine contrariée, la matriarche adressa quelques mots à ses plus proches soutiens. Le sourire marqua alors son visage d'un renouveau. 

— Capitaine Aeryn, il est bon ton que vous me rappeliez les devoirs d'un hôte. La chaleur ici est étouffante, permettez moi de vous offrir à vous ainsi qu'à l'assistance quelques rafraîchissements mérités. Nous reprendrons dès que vous serez désaltérés. 

L'assistance en question fut décontenancée, moins par l'arrogance d'Aeryn que par l'extrême politesse avec laquelle l'avait accueilli la matriarche. La magnifique porte incrustée d'émeraude s'ouvrit une seconde fois. Un florilège d'esclaves pénétrèrent alors dans la salle, accompagnés de leurs bourreaux. Le cliquetis des chaînes se mêlait à celui des armures de plaque et comme un seul homme, les détenus s'agenouillèrent sur l'estrade. Toute humanité venait de leur être ôtée et aucun d'eux n'esquissa le moindre geste lorsque l'ordre de les abattre fut prononcé. Ces paroles proférées par l'ancienne matriarche reçurent en écho le son des têtes séparées de leurs corps. Cette tâche accomplie, les exécuteurs de Har ganeth rengainèrent leurs lames tâchées de rouge et disposèrent sans un mot. A leur suite vinrent les dévotes de Khaine, avides, qui récoltaient le sang frais des victimes, dans de petites écuelles ouvragées. Le fameux breuvage semblait infini et rapidement tous les convives furent armés d'une coupe. La matriarche leva son verre comme toutes les autres dévotes qui, de concert, vidèrent d'une traite leur sinistre coupe. Leur soif semblait inextinguible. 

Nombre des nobles acceptèrent un verre par politesse, puis le déposèrent dans l'instant suivant, estimant cette pratique bien trop animale. Certains au contraire se voyaient honorés de l'offrande et ne tardèrent pas à épancher leur soif. Par ce pacte silencieux, Dame Hellebron se lia à son oratoire. Cela ne sembla pas perturber Aeryn qui abjurait de telles pratiques. Pire que tout, il ne pouvait souffrir l'idée que la matriarche tire à son avantage l'interruption inopinée de son monologue. Il renchérit de sa voix tonitruante.

— Ainsi, il vous suffit d'un bain de sang, un simple bain de sang pour étouffer la trahison que vous menez.

Ce mot fit frémir l'assemblée tel une injure, y compris le vieux Sarosnar.

— Laissez moi ajouter que nul ici n'est dupe de vos intentions, ma Dame, poursuivit Aeryn. Quand bien même vos rumeurs seraient fondées. Quand bien même notre maître à tous eut été défait au coeur de la bataille, l'intendance reste et restera assurée par notre reine, Dame Morathi la [i]Matriarche suprême[/i].

Le Capitaine, confiant de ses prouesses martiales insista particulièrement sur ce dernier terme, pour rappeler à Dame Helleborn que celle-ci était sans droit ni titre à la succession. Cette impudence fut sa dernière. Aeryn se raidit brusquement quand une lame empoisonné dépassa de sa poitrine. Il s'effondra rapidement, tandis que le poison achevait de le terrasser. L'assassin encapuchonné retira sa dague et disparut immédiatement, invisible parmi les convives. La foule ne s'offusqua pas d'un meurtre en public, une scène désormais bien courante. Une mort express attendait quiconque s'exposerait au courroux de Dame Helleborn. Aeryn en resterait un exemple.

Sarosnar ignorait s'il devait se réjouir ou maudire la mort de son rival. Seule certitude, le parfum de soulèvement qui se répandait dans cette salle ne lui inspirait rien de bon. Il en déduisit rapidement le danger qu'une âme telle que la sienne courrait et estima plus sage d'avertir au plus vite la vaValuk de sa propre cité. Telle une ombre, le capitaine se glissa à travers les convives afin de rejoindre l'une des portes dérobées. Celle-ci n'était heureusement pas gardée, mais lorsqu'il entreprit de la franchir, une main glacée recouvrit sa bouche. Sarosnar ressentit une intense douleur qui épousait le pourtour de sa gorge, puis se sentit glisser, comme dans un bain chaud. On le traîna dans une alcôve, avant de l'abandonner à son sort. Il ne ferait jamais parti de l'insurrection. Les assassins de la matriarche, voyaient tout, couvraient chaque issue. Sa dernière mission s'achevait dans le sang. Déjà, les plages de Tiranoc se perdaient dans l'écume de ses jours.  Modifié par Kayalias
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Je viens de lire l'ensemble de ton histoire. Et je dois dire que tu as un réel talent pour l'écriture. Continue comme ça. :clap:

Mais étrangement, l'histoire de malékith aux royaumes du chaos, m'a fait penser aux aventures de gulliver... :blink: Modifié par loilodan
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  • 3 semaines après...
Ohhhhhhhhhh !

Le pauvre ! Il a pas eu sa vengeance ! Bon du coup, comme il se révoltait, je commençais à bien l'aimer quand même, malgré la raclé qu'il a mis à notre copain. Malheureusement, il était au milieu des EN, et ça pardonne rarement :P

Bon c'est du tout bon en tout cas pour ce passage ! Il a eu chaud avec l'espèce de lit ! Au début, fais gaffe néanmoins, on a l'impression qu'il part de la maison quand on se met à le suivre alors qu'en fait, il reste bel et bien là.

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-= Inxi =-
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  • 2 semaines après...
[quote]Mais étrangement, l'histoire de malékith aux royaumes du chaos, m'a fait penser aux aventures de gulliver...
[/quote]

Rien que cela ? ^_^/>


[quote]Bon c'est du tout bon en tout cas pour ce passage ! Il a eu chaud avec l'espèce de lit ! Au début, fais gaffe néanmoins, on a l'impression qu'il part de la maison quand on se met à le suivre alors qu'en fait, il reste bel et bien là.[/quote]


C'est rendu plus clair, Inxi.


Voici la suite. Écrire du Khorne sur Vivaldi : ça n'a pas de prix.








[center]***[/center]








[i]En terres démoniaques...[/i]

Esseulé sur la plaine désolée, Malékith contemplait la scène la plus terrible qu'il soit. Bâtie à même la roche, la forteresse d'os s'étendait sur des milles et des milles. Ses remparts acérés semblaient être les crocs d'une gueule gigantesque dans laquelle il s'apprêtait à plonger. Derrière elle, un trône d'airain colossal perçait le ciel, surplombant une montagne débordante de crânes. Certains roulaient du sommet de la montagne pour s'écraser en kyrielles de fragments d'os, à la base du monument. Les tempes de Malékith lui semblèrent s'embraser quand il porta regard sur la créature assise sur le trône. Il ne distinguait que les contours musculeux du membre inférieur, recouvert d'une peau rougeâtre, flamboyante. D'un côté de la pile de crânes, reposait le sceptre de la divinité. Il s'agissait d'une hache aux proportions démesurées, qui n'était pas faîte pour trancher les hommes mais les continents. Cette artefact titanesque devait être celui qui avait fait trembler la terre quelques minutes auparavant. 

Une seule certitude obnubilait Malékith : en cette forteresse il rencontrerait son destin. Le vacarme des gardes gagnait en puissance à mesure qu'il approchait de la herse. Lorsque celle-ci fut franchie, l'elfe put enfin distinguer l'horreur qu'il devait surmonter. Une armée d'humanoïdes sauvages, à visage de bouc et au tempérament de feu acclamait sa venue d'une frénésie grandissante. Plusieurs fois au cours de sa longue vie, le Roi Sorcier avait combattu ce genre de créatures mais il découvrit là, la plus gigantesque formation qui lui eut été donnée de voir. Des centaines de milliers de hallebardes semblaient prêtes à ravager le vieux monde. Aucune armée mortelle ne semblait de taille à affronter ces démons, non pas constitués de chair et d'os mais faits de haine et de rage. Les démons l'accueillirent par divers beuglements menaçants.

Melékith n'avait jamais mis les pieds en cette sombre cité. Il semblait pourtant connaître à la perfection le dédale d'allées et de huttes, comme s'il en avait rêvé jadis. Un claquement sec lui indiqua que la herse se refermait derrière lui. Il ne put s'empêcher de frémir, mais continua coûte que coûte sa marche aveugle. Il errait, cherchait [i]quelque chose[/i] mais ignorait quoi. Cette quête déraisonnable le lui apparaissait d'autant plus, qu'il ne subissait aucune entrave dans ses mouvements. Il fut le premier surpris de se voir épargné par les sauvages, dès l'instant où il eut franchi les portes de la citadelle. Ce n'était cependant pas pas l'envie qui manquait aux créatures. Elles tremblaient littéralement d'excitation à l'idée qu'un mortel puisse pénétrer en leur territoire. Celui-ci devait être exceptionnel où exceptionnellement fou et tous voulurent le défier. Leur contenance de rigueur semblait émaner d'un ordre supérieur, interdisant toute brutalité à cet ôte si particulier, du moins pour le moment. Malékith perçut plusieurs gémissements de frustration tout autour de lui, semblables à ceux de chiens rôdant sous la table en quête de nourriture. 

« Qu'ils viennent me chercher », ironisa silencieusement l'elfe.

Ce dernier traversa sans encombre l'allée centrale, couverte d'une épaisse couche de sang craquelé. Aucun garde ne s'interposa non plus, lorsqu'il parvint au jardin. Une forêt d'arbres morts dressés en l'honneur du Dieu du sang imploraient le ciel de leurs branches torturées. Il n'était point de feuillage, seulement des lambeaux de chair dégoulinante. Malékith franchit le jardin sous une pluie de sang qui ruisselait le long de son armure. Ces innombrables gouttes tombaient continuellement, si bien que le sol dégorgeait, ne pouvant les absorber toutes. Quelques rares plantes parvenaient à survivre au milieu des marres cramoisies, des sumacs vénéneux pour la plupart. Ils naissaient des sillons creusés à la hâte, de petits ruisseaux sanguins, qui se jetaient dans de plus grandes rivières, elles même se jetant dans les fleuves extérieurs, constitutifs des douves. Des douves qui ne s'assécheraient probablement jamais. C'est du moins cette évidence qui hantait l'esprit du Roi Sorcier. Jamais dans ses cauchemars les plus fous, n'avait-il imaginé l'existence de ces pâturages sanguinolents, encore moins le cauchemar de les fouler. Un instant, il se remémora les parcs de Dame Sharaz, leur décadente beauté et le sentiment de sécurité qu'ils lui conféraient. Il repensa fugacement aux roses, à l'une d'elle en particulier. Immanqueblement, les gouttes de sang oblitérèrent le visage brisé d'Alyndra. 

Malékith poursuivit son chemin, tandis qu'une infinité de monstres le suivaient du regard. Le malaise grandit quand il atteignit la forge, une sorte de fosse béante, illuminée de flammes infernales. Le brasier semblait animé d'une fureur et d'une énergie vivante et créatrice. Plus imposants que les simples gardes, de grands être cornus alimentaient les flammes insatiables à grands coups de pelletées d'un combustible inconnu. L'un d'eux croisa le regard de l'elfe. Malékith put y lire une cruauté pure. S'il lui avait été ordonné, la créature aurait jeté le Prince tout entier dans les flammes.

D'autres acolytes de plus petites statures coulaient les armes noires qui viendraient armer la marrée naissante de combattants. Des haches, des hallebardes, des piques. La facture de ces lames semblait être de piètre qualité, mais l'on devinait aisément la puissance terrible qu'elles renfermaient. Chacune d'entre elle était comme habitée, habitée d'une âme propre. Tous ces instruments de mort étaient nés des flammes effroyables de Khorne. Les forges brûlaient continuellement. L'épais manteau de fumée qui se dégageait du brasier recouvrait le ciel, condamnant la cité à l'obscurité permanente. 

La seconde chambre de la forge se fondait dans la partie supérieure des écuries. L'on y coulait un alliage fumant, probablement de l'airain à même la chair d'énormes bêtes quadrupèdes. Le métal fondu se solidifiait instantanément au contact de la peau, leur arrachant des hurlements terrifiants qui résonnaient entre les baraquements. Les bêtes fulminaient, puis étaient relâchées dans une petite cours, où la souffrance leur faisait perdre la raison. Certaines chargeaient toutes cornes dehors, d'autres agonisaient au sol, traînant leur corps calciné sur quelques mètres de plus. Malékith n'en avait pas la certitude, mais il crut apercevoir le geôlier chevaucher l'un de ces mastodontes. Saisi d'effroi, il poursuivit sa route, longeant les casernes. L'on entendait le fracas du dehors. Quelques yeux noirs, profondément incrustés dans les orbites sinistres, scrutaient l'embrasure de fenêtres rustiques. Tous guettaient le mortel. Ils le reniflaient de leurs larges naseaux et luttaient violemment contre leur instinct de carnage. Certains se battaient entre eux pour exorciser le mal qui les rongeait. En ces terres démoniaques, tout combattant trop faible n'avait pour but que d'être occis. Il n'y avait pas d'entraînement, pas de seconde chance. On combattait avec pulsion et furie, jamais avec maîtrise et dignité. 

Presque encerclé par la foule démoniaque, Malékith accéléra le pas, avant d'être surpris par plusieurs aboiements furieux. Il se plaqua contre les ossements d'une hutte, puis jeta un regard prudent dans l'angle, s'attirant les moqueries des gardes alentours. Plusieurs molosses qu'il avait éliminé à l'extérieur de la forteresse s'étranglaient sur leur propre collier. Les créatures avait flairé l'elfe et trépignaient d'impatience. Les chaînes qui les retenaient semblaient au bord de la rupture. Malékith les contourna, vigilant, et longea d'autres casernes, sans jamais détourner le regard de ces créatures démoniaques. L'elfe ressentit soudain l'impact d'une main bestiale qui lui fit perdre l'équilibre. Il glissa le long d'un remblai de terre battue. Quand il reprit ses esprits, il constata avec stupeur que les gardes s'amassaient, pour former un cercle parfait autour de lui. Il s'adressa de la sorte à celui qui l'avait bousculé.

— Lève une fois encore la main sur moi et ton crâne rejoindra la pile de ton Dieu tutélaire.

La bête ricana telle une caricature grossière du genre humain. Encouragé par ses comparses, il sortit du rang, déterminé à corriger l'elfe. Son arrogance le perdit. Une lame sombre lui trancha la gorge, peu avant de lui perforer l'abdomen. Des cris gutturaux vinrent agiter l'assemblée et l'ordre d'épargner le Prince fut plus ténu que jamais. De nombreuses bêtes incontrôlable sortaient puis rentraient dans le rang, toutes désireuses de venger leur frère tombé. Le cercle se refermait d'avantage sur Malékith qui ne tenait plus que la distance de son épée entre lui et ses opposants. Au sommet du promontoire, il risqua un léger coup d'oeil derrière lui. Deux combattants massifs s'affrontaient au coeur d'une arène. L'un semblait en grande difficulté, tandis que l'autre assénait des coups de plus en plus violents du tranchant de sa hache. Un instant, l'on crut que le participant au sol allait se dégager, mais ce ne fut qu'une feinte de l'homme à la hache qui profita de cet instant de faiblesse pour lui fendre le crâne en deux. De puissantes acclamations démoniaques se firent entendre, y compris sur la butte. Le vainqueur couvert du sang d'un autre s'y tourna à peine essoufflé, puis déclara au Roi Sorcier :

— N'est-ce pas une belle journée pour mourir ?  Modifié par Kayalias
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Oh cette phrase !

It's a good day to die :D (pour info c'est un cheat code dans un célèbre jeu :P) J'ai pas pu m'empêcher d'y penser ! Bon alors il a l'air d'être dans une fâcheuse posture ! Et ça sent le duel qui va le sortir de là. Va falloir qui le gagne, ou qu'il y est un arrangement !!! Bon en tout cas, sans suite, je devrais encore attendre :P

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-= Inxi =-
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  • 2 semaines après...
[quote]Il paraît, on dit que, tous ces racontars nuisent suffisamment au Royaume pour ne pas nuire en plus à votre mission [/quote]

Vu la teneur de la réplique du capitaine, il faudrait en principe mettre entre guillemets "Il paraît...", "on dit que..." puisque que le capitaine ne reprend pas ces expressions à son compte.


[quote]Sache petit impudent qu'il y a peu la fougue des années m'aurait conduit à te jeter par dessus bord afin que ton corps pourrissent dans l'abîme de ces eaux sans âge.[/quote]

En plus des virgules manquantes, il y a une faute d'accord un peu grossière. Non. Très grossière, nyark.


[quote]Le capitaine de « l'éternel » détacha son regard de l'horizon [/quote]

[quote]Les vagues de la mer traîtresse portèrent le blâme sain et sauf jusqu'au port de Har Ganeth[/quote]

Fichtre. Fouchtre. Un navire qui change de nom en pleine traversée : serait-ce une erreur d'appréciation de mes sens égarés ?


Le récit autour de Sarosnar apporte une pause bienvenue aux exploits un brin bourrins de Malekith (mais en même temps, comment ne pas le rendre bourrin, ce brave garçon ?). Les subtilités de la vie courtisane chez les druchii, l'ambiance de complot permanent... On s'y croirait. De quoi regretter que le capitaine se fasse liquider aussi promptement, mais puisque la matriarche l'a exclue de ses plans...

La reprise du récit avec Malekith est réussie ; j'en retiendrai surtout les descriptions de la forteresse d'os, et plus particulièrement celle du jardin.
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  • 3 semaines après...
[quote]It's a good day to die [/quote]


Warcraft II non ?!


[quote]Fichtre. Fouchtre. Un navire qui change de nom en pleine traversée : serait-ce une erreur d'appréciation de mes sens égarés ?
[/quote]


Merci pour ces rappels, il semblerait que je sois parfois distrait :innocent:/>/> . Les fautes de français sont corrigées.

Merci pour tous vos commentaires et place à la suite !










[b][center]***[/center][/b]











Le vainqueur du duel fit mine d'abattre son arme sur un ennemi imaginaire. Le long du tranchant, des perles rouge vif furent expulsées, maculant un peu plus l'arène, de sang frais.

— Je me présente à vous, Seigneur Kazak, maître de ces terres sous l'égide de notre Dieu Khorne, l'insatiable.

D'un bond improbable au vu de sa carrure massive, le Seigneur en question franchit le fossé qui le séparait de Malékith. Dès lors, tous ses sbires s'agenouillèrent et les yeux noirs du Roi Sorcier se mirent à pétiller d'une étrange lueur. Il lui semblait déjà connaître son interlocuteur, alors qu'il n'en était rien. Son coeur battait d'excitation et ses doigts s'agitaient nerveusement. Kazak dominait l'elfe par sa taille et par la largeur de ses épaules. Son visage lui rappelait celui des hommes de Norska. Une chevelure sombre, épaisse, semblable à une crinière recouvrait son crâne massif. Un front osseux, un nez épaté et une large bouche aux contours gelés conféraient au Seigneur une allure autoritaire. Sa barbe hirsute tombait en cascade le long de son torse musculeux, lui-même recouvert d'une armure cramoisie. Les bras du guerrier étaient déraisonnablement larges et nus. Différentes ondes de magie gonflaient ses membres supérieurs, depuis les trapèzes jusqu'aux phalanges. Continuellement, ses veines se gorgeaient de puissance. 

Malékith ne se laissa pas déstabiliser, ni par la stature de son adversaire ni par les manières étonnamement courtoises dont il faisait preuve. L'elfe ne fit qu'un pas avant de tomber sous l'empire d'une étrange pulsion : trancher la tête du Seigneur et lui arracher le coeur. Cet acte, il le savait, serait lourd de conséquence. Une horde déchaînée de crocs et de griffes, déferlerait sur lui, à l'instant même ou il tirerait sa lame. Malékith refréna en bon esprit ce désir soudain et inexplicable. Il s'adonna de mauvaise grâce à la politesse d'usage.

— Vous êtes le Seigneur Malékith, n'est-ce pas ? Votre réputation vous précède, dit le maître des lieux.
— En effet, Seigneur Kazak, je ne puis cependant en dire autant de la vôtre, rétorqua le Prince.

A la suite de ces mots, des secousses de rire secouèrent le guerrier. Ses rires furent repris par les grognements de la foule.

— Cela ne me surprend, Seigneur Malékith. Si la guerre agite votre monde, sachez que le nôtre ne connaît qu'elle. Nos plus éminents généraux se doivent de veiller nos terres où la menace y est permanente. Ceux que vos armées mortelles ont affronté et craint, n'étaient hélas bien souvent que les plus faibles d'entre nous. Ici, nous nous amusons beaucoup de la postérité que vous accordez à nos « champions » défaits, ainsi que du triomphe que vous en tirez.

Les ricanements des écorcheurs alentours s'accentuèrent et le malaise s'épaissit dans le coeur de l'elfe. Ce dernier contre-attaqua :

— Qu'attendez-vous de moi ? S'enquit-il, furieux.
— Rien qui ne vous soit impossible. Notre Dieu se soucie peu de la provenance des crânes mais ne saurait tolérer que l'afflux d'âmes se tarisse.

Il pointa son gantelet en direction de l'inquiétante créature qui surplombait la montagne d'airain.

— Seigneur Malékith, ne voyez-vous pas par delà ces collines l'ost démoniaque ? Ne sentez-vous pas la chaleur infernale des forges et l'odeur âcre du sang répandu sur la plaine ? L'invasion est en marche, rien en vôtre monde ne saurait l'arrêter. Ne me faîtes pas croire que vous l'ignoriez. Vos thaumaturges sondent notre univers et vous ont conté leurs visions. L'heure de la revanche a sonné.

Malékith sentit une haine qui grandissait à la mesure de son impuissance. Il perdait petit à petit le contrôle de lui-même. L'environnement chavirait autour de lui. Des envies de meurtre l'enivraient.

— Je veux que vous prépariez notre invasion depuis l'autre monde. Autrefois, les elfes d'Ulthuan, menés par votre père nous ont opposé une certaine... résistance. Les choses ont changé, n'est-ce pas ? ironisa le Seigneur Kazak. Aujourd'hui, vous haïssez ces elfes presque autant que nous. Ce que je vous demande est simple : débarrassez-nous d'eux une fois pour toute et peut-être que nos dieux reconnaissants vous accorderont le commandement de l'île, sous leur tutelle, bien entendu.
— Quelles sont mes garanties ? s'enquit l'elfe sans ciller.
— Je vous garantis l'éradication totale de votre peuple, de la dernière femme au dernier enfant. Si vous refusez ma proposition, tous ceux que vous chérissez seront passés au fil de l'épée.

Par ses paroles, le Seigneur Kazak révéla sa véritable nature, impatiente et brutale. Malékith ne croyait pas une seule de ses promesses. Les dieux sombres sont rancuniers et manipulateurs. Ils n'avaient pu omettre que les premiers Druchii s'étaient dressés en première ligne pour repousser l'invasion démoniaque. Tôt ou tard, les héritiers de Nagarythe payeraient. Convaincu de cela, l'elfe chercha à gagner de précieuses secondes, afin de mettre à profit les informations qu'il venait de glaner ; il en fut incapable. Subrepticement, il sentit sa conscience glisser vers le néant, comme si une seconde entité, impatiente elle-aussi, se l'appropriait. Il ne perçut dés lors que quelques bribes de la conversation.

— Tâchez de faire mieux que la dernière fois... Votre mère incapable... malgré un don de notre dieu...

Quand le Roi Sorcier revint à lui, ses bottes noires foulaient le sol de l'arène. Il contempla le spectacle tout autour de lui, ne vit qu'une foule de démons féroces prête à l'engloutir. Le Seigneur Kazak ôta son heaume, le confiant à un serviteur cornu. Contre son gré, Malékith fit de même. Il voulut protester contre cette action qui n'était pas la sienne, mais une force invisible paralysait son esprit. Une voix caverneuse le harangua soudain.

« Nous voilà si proches du but, vous allez m'obéir maintenant ! ».

Cette voix était reconnaissable entre toutes. Il s'agissait de Festlok, le serviteur de Nurgle qu'il avait rencontré dans la crypte, tandis que l'ost de Dame Sharaz le pourchassait. Un duel de volonté s'engagea au sein du crâne de l'elfe.

— Festlok ! Je pensais en avoir fini de toi. Je t'ai sauvé et tu m'as trahi ! pesta le Roi Sorcier.
— Il suffit, jeune Prince, économisez vos forces et écoutez moi, avant qu'il ne soit trop tard, répondit calmement le démon.
— Tu as bafoué ma confiance, possédé mon corps et condamné mon peuple à l'extermination. Et tu voudrais en plus que je boive tes paroles ? rugit-il.
— Par pitié, Prince Malékith, écoutez-moi ! Avant de mourir, j'ai prié père Nurgle de m'accorder une seconde chance. Je voyais en vous une opportunité, celle de nous débarrasser du tyran.
— Tu m'as utilisé tel un instrument, un instrument que tu as conduit à la mort !
— Votre vision de la réalité est partielle, Prince Malékith. C'est moi qui ai pansé vos plaies, vous ai indiqué la voie dans le désert. Moi encore, qui vous ai délivré des griffes de Sharaz et ses servants. Sans moi, n'auriez-vous pas péri cent fois ? Vous étiez la seule et unique chance dont je disposais pour libérer mon peuple. Il me fallait votre force, votre agilité et votre ruse .

Une voix puissante les tira de leur querelle interne. Il s'agissait de celle du Seigneur Kazak qui descendit au coeur de l'arène.

— Quelle déception, Prince Malékith. Vous suivrez le même destin que votre père. 

Il déploya sa puissante hache puis se positionna en garde, le buste courbé et le pied gauche légèrement en avant. Festlok, l'ancien porte-peste profita de ces quelques instants pour murmurer à son hôte quelques avertissements.

« Soyez prudent, sa sauvagerie est sans égale. Ne le laissez pas pénétrer votre garde. Je tâcherai de vous assister comme je le peux. Courage, jeune Prince ».

Ce dernier grogna plusieurs insultes en Druk Eltharin à son démon intérieur, puis se mit en garde à son tour. Les deux protagonistes se jaugèrent mutuellement quelques courtes secondes, avant que le Seigneur Kazak se précipite sur son adversaire. Le Roi sorcier fut surpris par tant de vivacité et se contenta d'esquiver, plutôt que de parer les moulinets fulgurants. Festlok n'avait pas menti, le guerrier qui lui faisait face oubliait toute élégance en combat et frappait en tous sens, tel une bête effroyable. L'homme asséna une pluie de coups mortels et Malékith fut contraint de reculer encore et encore, jusqu'à se retrouver bien trop proche des pieux horizontaux qui délimitaient le périmètre de l'arène. Un seul geste puissant non évité et l'elfe finirait empalé sur l'un de ces rondins. Il jugea bon de se décaler vers la droite, afin de se repositionner au centre de la place. Malheureusement pour lui, il ne vit pas le genou vicieux qui le toucha au visage, lui déboîtant la mâchoire. Il n'eut pas le temps de récupérer, que le guerrier bondit à nouveau. Cette-fois ci, Malékith ne se laissa pas surprendre et contre-attaqua immédiatement. Sa lame bloqua la hache de son adversaire en début de course, puis son pommeau entra en contact avec le visage de l'homme, lui brisant deux dents au passage. Cela eut pour conséquence de rendre le guerrier fou d'une rage, dont la hache fut le prolongement. Elle tournoyait dans l'arène comme une tempête d'acier inarrêtable. 

Malékith ne pouvait en dire autant. Il fatiguait. Chaque coup qu'il portait était minutieusement pensé, car sa concentration était quasi-exclusivement tournée vers l'esquive. Épuiser son adversaire ne semblait être la stratégie la plus pertinente et il se décida à prendre d'avantage de risques. Au plus fort de la tempête, il porta un coup de taille à hauteur du genou afin d'obliger le guerrier à baisser sa garde. L'objectif fut atteint et Malékith porta sans attendre un second coup de taille, afin de sectionner l'avant bras du Seigneur Kazak. Celui-ci se redressa à la stupeur générale et l'épée se heurta finalement au flan, balafrant l'épaisse armure d'adamantite. Au même instant, l'immense hache fendit l'air de tout son poids mais Malékith fut trop proche pour l'esquiver. Il tenta tant bien que mal de bloquer cet instrument de mort et crut l'espace d'un instant que ses poignets voleraient en éclat. Il fut à cet effet propulsé plusieurs mètres en aval et Festlok en profita pour intervenir. La paume droite de Malékith s'ouvrit à l'encontre du guerrier et il en émana un essaim de mouches sombres. C'était une ouverture inespérée et l'elfe redoubla de vigueur. Tandis que les mouches obstruaient la vision du Khornite, il en profita pour frapper une seconde fois au genou. L'homme s'affaissa et ne réalisa pas tout de suite qu'une épée venait de trancher son cou. D'un geste sec, Malékith détacha sa tête et ses yeux vides roulèrent quelques instants dans leur orbite, avant de comprendre qu'eux aussi devaient mourir. 

A bout de souffle, le Roi Sorcier ressentit une immense satisfaction. Un craquement se fit entendre et sa mâchoire ne sembla plus si douloureuse. Il s'agissait du fruit de Festlok qui exultait et se lovait confortablement en son abdomen. Le triomphe ne fut que de courte durée. Une onde de choc terrifiante retentit et plaqua l'elfe au sol. L'immense créature s'agitait sur son trône d'airain. Leur champion tombé, les sanguinaires perçurent instinctivement la fureur de leur Dieu et se ruèrent à l'encontre du meurtrier. Malékith ressentit une intense douleur à la poitrine, suivie d'une forte nausée. L'essence de Festlokse désagrégeait en lui.

— Festlok ! s'exclama Malékith, effrayé.
— Le tyran est tombé, soupira le démon. D'autres prendront sa place, mais nous pourrons nous reconstruire.
— Que dis-tu là ? Les hordes nous assaillent !
— En cet instant je ressens la joie de père Nurgle. Il m'appelle depuis l'éther. Je regrette, mais ne puis vous porter d'autre secours.

Le démon semblait comme transcendé et son essence scintillait en poussière d'étoiles aux ombres argentées. Elle surplombait désormais la masse rouge de crocs et de griffes qui se ruait sur le Roi Sorcier.

— J'ai eu tort de t'achever dans la crypte, va au diable félon, ajouta-t-il, tandis que les démons frénétiques sautaient dans l'arène.
— Ne dites pas de sottise, jeune Prince. Je vous ai défendu comme je l'ai pu. J'ai même nourri de la sympathie à votre égard. N'ayez pas peur de la mort, elle n'est que le commencement.
— Je n'ai que faire de tes homélies, traître !
— Voyons, n'auriez-vous pas agi de la même manière que moi, si vous aviez été à ma place ? Que vous disais-je ? [i]Au fond, vous et moi ne sommes pas si différents[/i].

Cette phrase ironique sonnait le glas de Malékith. Il sentit qu'on le tirait brusquement en arrière et comprit que les démons étaient sur lui. La foule le désarma puis maintint fermement chacun de ses membres prisonnier. Le reflet de Festlok le salua une dernière fois, avant de se diluer dans les astres moribonds. La dernière chose que vit Malékith avant de perdre conscience fut le tranchant imparfait d'une hallebarde, brandie au dessus de son crâne. Il crut entendre dans un souffle les dernières paroles du serviteur de Nurgle. 

— Ne vous tourmentez-pas, jeune Prince, il semblerait qu'un gardien infiniment plus puissant que moi vous protège, disait-il.  Modifié par Kayalias
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Eh bien ! Belle scène de combat ! Bien détaillée aux points-clés, mais pas trop par ailleurs afin de laisser l'imagination faire. Bravo.
Et qu'est-ce que tu es cruel d'arrêter ton passage à cet endroit précis.

Ah, une petite critique quand même. Il aurait été de bon ton de rappeler plus explicitement qui était Festlok.
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  • 3 semaines après...
[quote]Ah, une petite critique quand même. Il aurait été de bon ton de rappeler plus explicitement qui était Festlok
[/quote]

C'est fait, Haldu. Le résumé est d'ailleurs posté.

Place à la suite !









[center]***[/center]








[b]Résumé des trois parties précédentes :[/b]


[i]Au cours de la bataille de la plaine de Finuval, Malékith fut foudroyé par Teclis. Il n'eut d'autre choix que de s'enfuir par le royaume du chaos. A moitié mort, il atterrit quelque part dans le néant. Là, il fut recueilli par une puissante servante de Slaanesh qui le maintenait en vie afin de marchander avec sa mère, Dame Morathi. En « captivité », Malékith chercha différents moyens d'échapper à la prison dorée. Il s'amouracha d'Alyndra, jeune démonette qui l'aida après maintes péripéties à s'enfuir. Alors que Morathi cherche par tous les moyens de sauver son fils, celui ci erre désormais sur une terre aride et désolée, aux portes de Nurgle. Submergé par les hordes pestilentielles, le Roi Sorcier est à nouveau maintenu en détention. Pour le maître des lieux, un démon majeur de Nurgle, Malékith est un présage, mais lequel ? Au même moment, un ost slaaneshi par à la recherche du Prince.. Alors que Malékith est destiné à servir de cobaye aux expériences malsaines, trois démonettes éliminent sans difficulté les deux démons sensés cacher cacher l'elfe. Celui-ci saisit alors sa chance, et élimine à son tour celles qui étaient venues le chercher.

Cette tâche accomplie, Malékith se trouva pris au piège dans le sinistre monastère, reconverti pour l'occasion en laboratoire. C'est alors qu'un râle attire son attention. Il s'agit de Festlok, l'un des deux démons de nurgle mandatés pour le protéger. Après une brève mais intense conversation, Festlok indique à l'elfe une issue souterraine dangereuse, mais à priori inconnue des slaneshii. Pour lui avoir fait grâce de ce service, Malékith achève le démon agonisant. Il ne de doute pas un seul instant que Festlok vient, à travers cet acte, de prendre possession de lui. Le démon se fait discret mais mène silencieusement Malékith à travers de nouvelles terres : celles du plus sinistre des Dieux, le Seigneur des crânes. Malékith y lutte pour survivre à chaque instant, et ce n'est qu'au coeur de la citadelle d'os, que Festlok dévoile ses véritables projets. Il voit en l'elfe une occasion unique d'éliminer son plus important rival, le Seigneur Kazac, et de restaurer l'héritage passé de son père Nurgle. Une fois le Khornite abattu d'une mort digne, Festlok abandonne son ancien hôte face à une armée de griffes et de crocs vengeurs.[/i]









[center][b][size="5"]Chapite IV : la réalité détramée[/size][/b]
[/center]









Lorsque la hallebarde s'abattit sur Malékith, il n'en ressentit aucune douleur, comme si l'impact ne s'eut jamais produit. Son corps et son esprit tournoyaient, happés dans ce qui semblait être une autre réalité. Des images changeantes assaillaient le Prince en tous sens. Cela commença d'abord par de terribles éclairs, tous plus aveuglants les uns que les autres. Puis vinrent les souvenirs de la forteresse d'os, la sauvagerie de ses habitants, le feulement de ses molosses et la terrifiante créature qui dominait le ciel et la terre depuis son trône d'airain. L'espace d'un instant, Malékith sentit le regard brûlant de cette divinité se poser sur son âme. Elle la convoitait. L'elfe flottait dans les airs au dessus d'une marre de sang, incapable de mettre fin à sa traversée, se rapprochant toujours plus de la montagne de crânes. D'autres éclairs l'aveuglèrent. La réalité changea à nouveau et entre deux coups de tonnerre, il aperçut une minuscule silhouette s'approcher dans l'obscurité. 

Cette ombre aux contours sphériques ne se détachait pratiquement pas des ténèbres. En rotation sur elle-même, elle approchait, défiant la gravité. Malékith ne distingua que tardivement sa nature. C'était une tête, une tête blafarde, séparée de son tronc. Quelques lambeaux de chair pendaient mollement au niveau de son cou et ses deux yeux roulaient perpétuellement dans leurs orbites sombres. Bientôt, les deux lèvres gelées s'ouvrirent, provoquant un gémissement strident. Malékith voulut crier à son tour, car il s'agissait de la tête du Seigneur Kazak qui le pourchassait dans la non vie. La voix n'était pas la sienne, comme les cris suraigus en attestaient. La tête hurlante arrêta sa ronde et ses deux yeux noirs rencontrèrent un instant ceux du Roi Sorcier. Ses ricanements reprirent de plus belle, la tonalité variant cette fois d'un couinement strident au grave profond, sans cesser de geindre. Malékith se sentit défaillir. Il baignait dans l'éther, se pensant mort, harcelé par le cadavre de son ultime adversaire. Impuissant et terrorisé à l'idée d'avoir gagné un monde infernal, pire que le Royaume du Chaos, Malékith ne put qu'endurer son calvaire. Au bord de la folie, le Prince jura que la tête s'était adressée à lui entre deux plaintes de douleur.

— Tu veux connaître la vérité ? Regarde là ! Elle est devant toi ! dit-elle, d'une voix débordant de souffrance.

Un nouvel éclair particulièrement lumineux brouilla la vision de Malékith à deux reprises. En même temps que les hurlements de la tête se perdaient dans le néant le plus complet, l'elfe noir sombrait vers un lointain passé...

Quand la réalité se figea à nouveau, Malékith se trouvait dans ce qui semblait être un gigantesque tombeau. Il faisait face à sa mère dans la pénombre. Une brise surnaturelle agitait ses longs cheveux. Son visage austère, aux traits purs, ne trahissaient pas son âge. Dans cette réalité, elle ne pouvait voir son fils. Celui-ci errait telle une âme immatérielle dans les couloirs du temps. Dame Morathi contemplait la splendeur d'une œuvre unique. Il s'agissait d'un immense chaudron de bronze, surmonté d'un autel de marbre vert. Un ornement d'or et de jades entrelaçait les différentes parties de l'édifice. Dame Morathi se tint devant le chaudron, immobile, fascinée par la puissance qu'il s'en dégageait. Malékith détacha son regard du visage de sa mère et vint caresser le pourtour du chaudron. Un liquide vermillon s'en échappait. Une vapeur âcre tapissait le plafond de pierre des catacombes. Le sang contenu dans le chaudron bouillonnait, sans qu'aucun feu ne le réchauffe. Le Roi Sorcier ne masqua pas son dégoût. Il observa en détail les magnifiques ornements qui escaladaient la paroi d'une imposante silhouette. Vaguement humanoïde, celle-ci revêtait un masque de mort, et était armée de dagues sacrificielles, comme si elle eut versé elle-même le sang dans le bassinet.

Un nouvel éclair aveugla le Roi Sorcier. 

Cette fois, il marchait sur une plaine vierge. Un cortège Druchii l'accompagnait. De lourds nuages pesaient au dessus de la terre et quelques rocs torturés défiaient les cieux. La caravane était exclusivement constituée de femmes elfes. L'une d'elle chevauchait un palefroi ébène et traversa le corps de Malékith. Elle se retourna, visiblement prise d'un malaise, mais ne vit que l'horizon devant elle. Intriguée, elle vaqua finalement à sa tâche, n'expliquant pas l'objet de son trouble. La caravane débordait d'or et de pierres précieuses. Elle était tirée par ces lézards géants et agressifs que l'on nomme communément « sang-froids ». Pour les dresser, les Druchii devaient s'enduire de leur salive. Ils appréciaient ce genre de monture pour leur endurance remarquable et pour l'escorte qu'elles constituaient en cas de péril. Or, ce dernier n'existait que dans la forme. En effet, les véritables gardiens de la caravane étaient en fait des gardiennes. Toutes membres du couvent noir, les courants de magie vrombissaient à leur passage. Même le Prince pouvait les sentir malgré l'écart temporel. Certaines thaumaturges recelaient une puissance incroyable qui impressionna le Roi Sorcier. Ce talent l'avertit qu'il n'avait pas affaire à de simples néophytes, bien au contraire. Il ne connaissait pas le nom de ces splendides créatures et s'en offusqua. Sa mère lui aurait-elle caché l'existence de ces sorcières ? Lui aurait-elle nié jusqu'à l'organisation de cette expédition dans les désolations ? 

Point le temps de dissiper ce mystère. Dame Morathi en tête de cortège leva la main, signe que la destination était atteinte. En amont, se dressait un monolithe d'airain, gravé de runes datant de temps immémoriaux ; le Roi Sorcier ne pouvait les comprendre. Il remonta la caravane, puis frôla le caban délicat de sa mère, humant son parfum de fleurs. Le langage du monolithe lui était bel et bien inconnu. Était-ce une plaisanterie ? Sa mère lui avait enseigné tout ce qu'elle savait. Les sorcières établirent plusieurs sortilèges tout autour de la pierre, dressant un périmètre de sécurité. Puis Dame Morathi commença à psalmodier. Ses paroles étaient dures et glacées. L'atmosphère devint électrique et les montures s'agitèrent. On lisait de la nervosité sur les visages pâles des membres du couvent et toutes semblaient prêtes à défaillir. La matriarche, imperturbable, poursuivit sa sinistre litanie. Des crépitements d'énergie se firent entendre. De derrière les rochers, apparurent d'innombrables silhouettes distordues, attirées par la déferlante de magie. Leurs multiples pattes griffues lacéraient le sik et leur gueule menaçante bavait une substance acide. Elles se dirigeaient vers la caravane. Les sangs-froids brisèrent presque leurs harnais, tant ils s'excitaient.

« Qu'attendent-elles pour les anéantir ?, » s'interrogea le Prince.

Toutes les thaumaturges retinrent leur souffle. Le rituel devait être perturbé le moins possible. Tout sortilège parasite était momentanément proscrit. Les sorcières attendirent le dernier moment pour éliminer ces créatures. Elles levèrent leur doigt à l'unisson et plusieurs tornades d'ombre recouvrirent les abominations. Celles-ci furent transportées dans un violent ballet de magie brute qui dispersa en morceaux leur corps ravagé. Dame Morathi n'accorda aucune attention à ses servantes, pas plus qu'au beuglement des sangs-froids. La ride de la concentration se lisait sur son front. Le rituel progressait et le sol trembla. Désormais, plusieurs failles s'ouvrirent vers différents plans et il en jaillit un flot d'écorcheurs, identiques à ceux qu'avait croisé Malékith, au sein de la forteresse d'os. La horde sanguinaire n'hésita pas un seul instant et semblait prête à tout pour empêcher le rituel de s'achever. Malgré leur résistance inhérente à la magie, la puissance combinée des sorcières de Morathi ne fit qu'une bouchée de ces êtes abjectes. Les éclairs foudroyaient les démons par dizaines, tandis que les rares survivants se heurtaient aux sauvages montures qui tiraient la caravane. Au coeur de la bataille, Malékith voyait la situation se dégrader. Toujours plus de failles s'ouvraient et les sorcières seraient bientôt submergées. Quand un démon tombait, dix prenaient sa place. Dame Morathi suait à grosses gouttes. L'un de ces écorcheurs parvint soudain à tromper la défense du barrage magique et tenta d'asséner un coup vicieux à la Matriarche.

« NON ! », s'écria Malékith, tentant en vain de s'interposer.

Un javelot noir le traversa sans douleur et empala l'écorcheur en pleine poitrine. L'elfe se retourna stupéfait d'être indemne, puis croisa le regard glacial d'une sorcière suprême à la vigilance redoublée. Quand la bataille fut à son paroxysme, un gigantesque portail s'ouvrit au coeur de la plaine. Une créature à la dimension terrifiante penchait son torse en avant, forçant le portail démoniaque trop étroit. Sa tête était celle d'un buffle aux cornes embrasées et à la peau calcinée. Son museau soufflait un air brûlant et ses petits yeux rouges brillaient d'une rage démentielle. A l'aide de ses poings gorgés de puissance, semblables à deux rochers flamboyants, il tentait de se hisser hors de son monde. Aussitôt, les quatre sorcières les plus puissantes se tournèrent vers ce démon que tous eurent préféré fuir. D'une seule volonté, elles unirent leur sortilège et projetèrent une nova d'énergie brute qui fit reculer le monstre. Celui-ci ne renonçait pas et se cramponna fermement au portail, désireux de semer la mort parmi les mortelles.

Les hordes de démons recouvraient la plaine et plusieurs sorcières furent assaillies. Certaines trépassèrent, leur sang pur répandu avidement sur le sol. Un cercle se formait autour de la Matriarche et des quatre thaumaturges. Épuisées, elles ne tiendraient pas longtemps. Un soulagement général galvanisa les sorcières, lorsque Dame Morathi acheva le rituel d'une voix puissante. Le sol trembla à nouveau, le monolithe s'effondra et toutes les failles se refermèrent une à une. Le portail du démon majeur fut le dernier à disparaître. Son hôte chercha à lutter de toutes ses forces, poussant un beuglement de frustration lorsqu'il fut ramené de force vers son Royaume d'origine. Les quatre sorcières et Morathi s'effondrèrent au sol, exténuées. Les survivantes enjambèrent les morts et portèrent assistance à leur maîtresse. Dame Morathi puisa dans ses dernières forces, se leva avec peine puis se tint sur son sceptre aux serres aiguisées. Le monolithe désormais incurvé avait creusé un sillon dans la terre, un sillon qui menait à des catacombes. Malékith s'y précipita immédiatement et y découvrit l'objet de sa première vision. Les sorcières allumèrent des flammèches au coeur de leur paume et illuminèrent un chaudron de sang, orné d'or et de marbre.

Plusieurs acclamations se firent entendre, tranchant avec la nature habituellement placide des membres du couvent. L'une des quatre sorcières s'adressa à la Matriarche, à bout de souffle.

— Toutes mes félicitation, ma Reine. Le rituel s'est achevé avec succès. Le monde se souviendra longtemps comment, grâce à votre talent, nous avons pu dérober au Dieu du sang en personne l'un de ses artefacts de carnage.

Morathi ne répondit pas à ce compliment lourd de sens, mais la flamme du triomphe brillait dans ses deux magnifiques yeux.  Modifié par Kayalias
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[quote]Warcraft II non ?!

[/quote]

Affirmatif ! Tricheur !


Le premier passage est plutôt bien. J'ai pas eu du mal à me remettre dans l'histoire ce qui est plutôt bon signe et le duel n'est pas qu'une vulgaire caricature qu'on peut voir partout donc j'apprécie !

Le deuxième passage est un peu plus flou parce qu'on situe pas bien le passage dans l'histoire quant àla chronologie. Tu dis que c'est du passé mais ça ressemble un peu au présent (invasion de démons). Donc j'attends la suite pour avoir une explication sur tout ça :D

@+
-= Inxi =-
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  • 3 semaines après...
Mes partiels étant terminé, je peux reprendre cette chronique.

[quote]Salut, juste pour dire que même si je ne m'exprime pas souvent je suis ce récit avec grand intérêt.
[/quote]

Et qu'en penses-tu ? :whistling:/>/>

[quote]Le deuxième passage est un peu plus flou parce qu'on situe pas bien le passage dans l'histoire quant àla chronologie. Tu dis que c'est du passé mais ça ressemble un peu au présent (invasion de démons). Donc j'attends la suite pour avoir une explication sur tout ça
[/quote]

La voilà, jeune impatient !










[center]***[/center]










Un nouvel éclair déchira les catacombes. Chacun de ces coups de tonnerre dévoilait à Malékith un pan du passé. Le Roi Sorcier déambulait désormais dans les couloirs de l'antique Antec, le palais de Nagarythe où se tenait jadis, la cour du premier Roi Phénix. Cela faisait une éternité que Malékith n'avait foulé les dalles marbrées de la citadelle, du temps où elle arborait encore ses étendards sable et argent. Il connaissait les lieux à la perfection. C'est ici qu'il avait grandi, dans la plus majestueuse cité du vieux monde, sous l'influence des plus grands généraux de sa race, sous le regard de son père surtout. Chaque portrait, chaque lustre, chaque dorure l'emplissaient d'une délicieuse nostalgie ; il était ici chez lui, loin de la froideur glaciale des tours de Naggaroth, dont l'architecture se mariait à ses états d'âme. Depuis si longtemps, il avait oublié qu'une forteresse pouvait cumuler esthétisme et fonctionnalité. En hâte, il emboîta le pas d'un émissaire aux cheveux châtain. Il semblait éploré et avançait à grand pas vers des appartements qui étaient interdits à Malékith, étant enfant. L'émissaire frappa. La porte s'ouvrit sans un son.

— Parle sans attendre, clama une voix féminine autoritaire.
— Les recherches sur l'île blafarde sont restées vaines, Ô ma reine, rétorqua l'émissaire voûté.

De grosses larmes perlaient sur sa joue. Difficilement, il trouva en lui la force de poursuivre.

— Nous continuerons nos recherches jusqu'au coucher du soleil, puis nous reprendrons demain, et tous les autres jours qui suivront.
— Et bien faîtes, répondit Dame Morathi, aussi glaciale qu'à son habitude.

Cet émissaire remémora à Malékith un bien triste souvenir. Il vivait une seconde fois la veille du jour où on lui annonça le décès de son père, tombé il y a cinq mille ans de cela. Ce souvenir fit jaillir en lui un flot d'émotion qu'il pensait éteint. La sincérité des sentiments de l'émissaire resterait gravée en lui pour toujours.

Au départ de ce dernier, Malékith leva la tête vers sa mère. La froideur la caractérisait. Celle-ci n'était pas feinte, mais bien réelle. Malékith serra les points devant le dédain de celle qui l'avait mis au monde. Comment osait-elle négliger à ce point les recherches ? En tant que Reine, en tant qu'épouse, il était de son devoir d'être sur l'île et de mener les investigations. Il n'en était rien. Dame Morathi se contentait de faire bouillir un chaudron, y déposa plusieurs ingrédients, quelques breuvages obscurs et deux ou trois os poussiéreux. Elle se mit à psalmodier devant sa décoction. L'atmosphère se glaça, assombrissant les somptueux lustres de la tour nord, ce qui ne manqua pas d'attirer quelques diablotins affamés. Nourris par l'énergie accumulée, ces êtres vils tentèrent de la distraire, lui tirant les cheveux ou lui mordillant les poignets. Elle restait cependant imperturbable. Une phrase en Druk Eltharin révéla la véritable nature de son rituel :

« Montre-moi le visage du successeur au trône... », exigea-t-elle du chaudron.

Tous les diablotins se dispersèrent instantanément, repoussés par une force autrement plus consistante. La vapeur du chaudron devint brûlante, âcre. Sa flamme vacilla quelques temps. Morathi porta ses mains délicates sur sa fine bouche rose, puis s'agenouilla sur les dalles tièdes de la tour. Malékith enjamba le corps recroquevillé de sa mère, sans lui porter le moindre regard. Il se pencha en avant sur le chaudron. Le liquide visqueux tournoyait en un vortex qui s'épaississait petit à petit et représentait un visage en suspend. Avec amertume, Malékith constata que les traits n'étaient pas les siens. Autrefois, il eut voulu arracher le chaudron de son socle et le projeter par dessus la fenêtre du palais. Aujourd'hui, la déception n'était plus aussi vive. La culpabilité le rongeait. Était-il semblable à sa mère ? Était-il un être prêt à sacrifier son sang, prêt à sacrifier son père pour monter sur le trône ? Non, il n'en serait jamais ainsi. En tant qu'héritier légitime, toute sa vie avait été menée en honneur de son père. Mais on l'avait négligé, on l'avait trahi. Les extrémités auxquelles il avait été réduit s'étaient imposées à lui. Jamais il ne les avait choisies. 

Un éclair plus fort que les autres sembla consumer l'intérieur de son crâne. Les bannières d'Antec se dissipèrent, cédant à nouveau place aux ténèbres. La tête du Seigneur Kazac semblait toujours aussi démente. Elle se colla presque au visage de Malékith, immobilisé, flottant dans un espace infini, tel un corps sans pesanteur. La tête décapitée adopta alors la voix éplorée de l'émissaire du palais d'Antec. Elle prononça ces mots, très clairement :

— Ces choix ne se sont pas imposés à toi. Tu les as faits en ton âme et conscience. 
— NON ! Protesta l'elfe au bord de l'asphyxie. Chacun d'eux était un sacrifice !

Des images de meurtres, d'empoisonnements, de tortures et d'esclavage le rattrapèrent, se mêlant aux souvenirs nobles de son père.

— Tu n'auras pas été seul dans ton entreprise, ajouta la tête. Nous t'avons aidé...

Ses mots reçurent en écho un ultime coup de tonnerre dont le grondement fut assourdissant. Malékith fut parachuté dans les désolations du Chaos, un territoire qu'il connaissait en détails, pour y avoir combattu les hordes de nordiques. Le passé dans lequel il fut projeté ressemblait trait pour trait à celui de l'invocation des chaudrons de sang. La caravane était la même, mais son équipage différait. Le Roi Sorcier ne parvenait pas à estimer temporellement cet événement qui, de fait, avait eu lieu antérieurement à la déchirure. Il traversa le cortège du sud au nord, frôla quelques âmes qui se retournèrent à son passage, sans le voir naturellement. Sa présence invisible en ce temps qui ne lui appartenait pas était celle du plus infime des feux follets. Il devinait que sa mère menait la caravane. L'air était glacé, le ciel était chargé. Aucune âme ne vivait à des milles à la ronde. La terre privée d'eau et saturée en magie n'abritait ni plante, ni insecte. Les sang-froids beuglaient de fatigue, de faim aussi, tandis que les chariots marquaient le sol de leurs roues. Malékith se faufila dans l'un d'eux. Il semblait abriter des victuailles fraîches. Pain, gibier, potages. Un festin se préparait. Il gagna le chariot suivant. Celui-ci recelait d'or, de calices incrustés de rubis, d'opales scintillantes et de colliers sertis de topazes. Était-ce un tribu ou une offrande ? Il inspecta un troisième chariot qui contenait divers parchemins, sans valeur. Malékith descendit pendant la marche, sans lever un grain de poussière. Sa main spectrale caressa les écailles de l'attelage. Le sang-froid se cambra instinctivement, comme paralysé. La mort elle-même semblait avoir porté la main sur son échine. L'elfe la retira et poursuivit ses recherches. Si on l'avait envoyé ici, c'est qu'il devait comprendre. Ou peut-être n'étais-ce qu'un piège de plus ? Rien ne lui garantissait que ces images étaient bien réelles.

« Quand bien-même, je n'ai pas le choix », marmonna l'elfe.

La caravane marqua une pause. Malékith scuta la ligne d'horizon. Il ne distinguait que des vestiges de temples et de monolithes, dressés en l'honneur de divinités corrompues. Une silhouette aux longs cheveux noirs se démarqua alors des chariots de bois. Elle ondulait gracieusement des hanches et semblait détenir entre ses mains une étrange couronne sombre. Malékith courut à perdre haleine pour la rejoindre. Il n'osait en croire ses yeux. Dame Morathi pénétra dans les ruines anciennes de Vorshgar, accompagnée de sa garde rapprochée. Les pierres d'anciens temples, bâtis par des mains non elfiques gisaient au sol. Quelques obélisques s'étaient couchées ; de nombreux caveaux avaient explosé par la force du gel. La Matriarche suprême repéra l'un d'eux, s'agenouilla, puis déposa aussi profond qu'elle le put la couronne de fer noire, la même que celle que portait Malékith depuis des millénaires. 

Le sol se déroba sous les pieds de Malékith.

C'était cette étrange couronne qui lui avait suggéré pour la première fois d'étudier les vents chaotiques. C'était cette couronne qui, lors de la déchirure, lui conseilla de plier les démons à sa volonté, afin de repousser l'assaut des ses rivaux de Tiranoc à Ellyrion. C'était encore elle qui lui avait murmuré d'unifier son peuple d'exilés sous l'égide de Khaine. En réalité, les chaudrons ne lui appartenaient pas, ils n'étaient que les instruments du dieu du sang, réalisa le Prince. Morathi les lui avait dérobés avec audace. Quels autres pactes sinistres avait-elle pu passer avec les serviteurs de la luxure pour alimenter son éternelle jeunesse ? Sans le savoir, de nombreux Druchii vénéraient un avatar qui n'était pas le leur. Ce secret, Malékith l'avait toujours soupçonné mais, aveuglé par sa soif de vengeance, cela lui semblait dérisoire. Aujourd'hui, le calcul avait accentué sa colère et la méfiance à l'égard de sa mère s'était décuplée. Si ce passé avait vraiment existé, alors le Roi Sorcier n'était qu'un jouet. Son lien filial l'avait conduit à négliger la véritable allégeance de sa mère. Il pensait à tort que celle-ci partageait sa cause, sa vision de l'équité et de la justice. Mais quand elle sut, que le successeur au trône du Roi Phénix ne serait pas son fils, la rage emplit son coeur noir. Elle ne pouvait supporter l'idée de perdre la place privilégiée qu'était la sienne. Sans l'once d'un remord, elle plaça la couronne de fer noir dans les ruines de Vorshgar et attira Malékith à elle. Cet artefact susciterait la juste dose de curiosité et entretiendrait la rancoeur de son fils. Sa soif de pouvoir ferait le reste.

Ces révélations le laissèrent interdit. Partagé entre l'amour légitime qu'il ressentait pour sa mère et la rage d'avoir été dupé sa vie durant. Il s'empressa de retirer le heaume qu'il portait. Il retira ensuite son gantelet puis contempla la chair calcinée qui découvrait ses tendons à vif. Sa pénitence lui sembla, pour la première fois méritée. Il avait été aveuglé, faible, manipulé. Le véritable danger ne résidait pas derrière la brume qui recouvre Ulthuan mais bien en son fief, à ses côtés. Jamais plus, il ne considérerait Dame Morathi. Il regretta de ne pas l'avoir faite exécuter au retour de ses explorations du vieux monde, lorsqu'il dénonça à l'opinion publique le culte des excès dont sa mère était l'instigatrice. Pour protéger ses intérêts, elle avait fait éclater une guerre fratricide et avait entretenu les années de souffrance de son fils.

Quand le passé se fut dissipé et que Malékith regagna les ombres, la tête du Seigneur Kazak implosa en une gerbe de sang coagulé. Le corps de l'elfe se mit lentement à quitter l'état de pesanteur qui le caractérisait, puis chuta de plus en plus vite, tel un astre éteint. En un silence de perfidie, il se jura que quoiqu'il advienne, Dame Morathi payerait pour toutes ces vies volées.  Modifié par Kayalias
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[quote]j'aime bien c'est inspiré[/quote]

Merci :) N'hésitez surtout pas à me dire ce que vous appréciez et ce que vous appréciez moins.

Voici la suite.










[center]***[/center]










Pendant son intertie, une épaisse couche de nuages privait le noir Suzerain de toute visibilité, renforçant le sentiment persistant de mystère qui planait au dessus du Royaume. Lorsqu'il traversa les cumulus, plusieurs gouttes d'eau perlèrent sur les crêtes de son armure, avant de se disperser dans l'atmosphère.
 
Les nuages pâlirent, à mesure que la descente se poursuivait. Bientôt, l'on put distinguer au travers des masses d'air, les contours ombrageux d'une terre pourpre, presque violacée. Plusieurs blocs de l'écorce terrestre parurent flotter dans les airs, certains en rotation, d'autres parfaitement immobiles. Tous semblaient avoir été arrachés du sol, et quelques uns abritaient encore les fondations de forteresses datant d'un autre âge. Ces blocs de pierre usés par les éléments, inspirèrent à l'elfe une nostalgie semblable à celle qu'il ressentait au souvenir d'Antec. Une intense solitude l'embrassa, tandis qu'il contemplait ces paysages désolés. Aucun cours d'eau ne les traversait, malgré l'apparition de plusieurs sillons, témoignant qu'autrefois cette terre ne fut pas aussi aride. Vers ce qui semblait être l'est, se dressait une montagne aux valons boisés. Ses éclats scintillants captèrent longuement l'attention du Prince qui, malgré ses périples à travers le monde connu, n'avait jamais rencontré d'arbres de cette nature, aux nervures argentées. Le feuillage des pins étincelaient, tel une robe de joyaux. Au delà de la formidable aquarelle qui s'imposait à lui, Malékith distingua les flèches éblouissantes d'une citadelle. Le sommet des tours renvoyait à la péninsule milles teintes et suscitait maints attraits. Une flamme orangée s'échappa vigoureusement d'une cheminée de l'édifice. Elle s'accompagna d'un sifflement strident mais non angoissant. La gigantesque flamme traça dans les cieux une demi-lune embrasée à la queue serpentine, qui persista une poignée de secondes avant de s'éteindre. 

— C'est incroyable.., murmura le Roi Sorcier emerveillé.

Il n'était plus qu'à quelques dizaines de mètres d'un sol, jonché de rochers effilés. C'est ainsi qu'il entama l'incantation qui lui sauverait la vie. Il fut surpris de constater qu'à peine les premières paroles prononcées, la bourrasque qu'il tentait d'invoquer, le soulevait déjà. Les vents soufflèrent sous lui, suivant un cycle qui s'accélérait de plus en plus vite et de plus en plus fort pour devenir incontrôlables. L'elfe poussa un juron. Si ses talents d'arcaniste ne souffraient aucune comparaison dans le monde des mortels, il vagabondait ici bas au coeur de la source même des vents de magie. Ces derniers ne répondaient plus de la même manière ; tous ses repères volaient en éclat. La nature brute des courants décuplait la puissance de tout sortilège. Elle rendait aussi sa stabilité bien plus ardue à maintenir. Il s'en était aperçu, en menaçant Dame Sharaz. Maintenant, il en était convaincu. Il ferma son esprit à l'émotion, à toute autre préoccupation qu'à son atterrissage. Les vents contraires l'emprisonnaient, le transportaient capricieusement dans les airs, telle une poupée de chiffon. Il lutta ardemment pour les soumettre à sa volonté. De grosses gouttes de sueur ruisselaient sur son visage, se mêlaient à la vapeur d'eau des cumulus et dégoulinaient le long de ses cheveux. Encore quelques mètres. Son échine se courba légèrement en avant pour préparer l'impact. Ses forces s'épuisaient rapidement. Les bourrasques soufflaient rageusement. Chaque seconde d'inattention pouvait lui coûter la vie. Sa concentration ne devait fléchir.

Lorsque les vents furent suffisamment ralentis et contraints à le rapprocher de la terre, Malékith interrompit le rituel. Déchaînés, les bourrasques filèrent et regagnèrent les hauteurs célestes. Le Prince chuta aussitôt d'environ deux fois sa taille. Ses genoux craquèrent à la réception et son corps s'affaissa aussi habilement que son armure le lui permit. Son tibia gauche heurta la bordure d'un rocher dans sa course et l'écaille de son armure s'enfonça de quelques centimètres dans sa cuisse. Le Roi Sorcier émit un grognement de douleur.

A l'aide du pommeau de son épée, il redressa le métal tordu. Il déchira ensuite un pan de sa tunique, l'enroula autour de sa blessure et se redressa à mi-hauteur, malaxant le muscle douloureux. Le terrain lui apparaissait plus inhospitalier que ce qu'il avait envisagé. Des rochers poreux, infestés d'insectes venimeux lui barraient la route. Certains s'amoncelaient et formaient des grottes de faible profondeur. En aucun cas, il n'avait désir d'y faire escale. Depuis les cieux, son attention s'était exclusivement tournée vers la magnifique citadelle. Le symbole nimbé de flamme avait résonné en lui comme un appel. Les vents de magie étaient si fortement canalisés en son sein, que tout lui semblait possible.

Malékith ne céda pas aux sirènes des apparences. Ces terres étaient occupée, malgré l'étrange sérénité qui y régnait. Avec prudence il marcha le regard toujours dirigé vers l'est. Il contourna certains blocs de roche, marcha encore, escalada des escarpements, mais ce fut au détour de l'un d'entre eux plus volumineux que les autres, qu'il renifla une puanteur infecte, reconnaissable, car familière. Une brise vespérale portait l'infection entre les fissures de granit. Le Roi Sorcier se tapit en silence dans l'une d'elle, s'assurant que son ombre ne le trahirait pas. Il se risqua à glisser un oeil en contrebas. Quelle fut sa surprise lorsqu'il découvrit un charnier infecte, duquel plusieurs monceaux de corps putréfiés soufflaient l'haleine pestilentielle de la mort. Certains étaient abominablement mutilés, méconnaissables tant la putréfaction les avait rongés. Les affres de la maladie crevassaient leur peau et plusieurs balafres exposaient leurs entrailles à l'air libre. Les mouches bourdonnaient incessamment, se battant pour pondre sur leurs restes méphitiques. Autour du charnier, quelques créatures tentaculaires à la peau nuancée de rouges, de bleus et de violet, s'unissaient en arc de cercle. Leur masse faite de magie solide ondulait en permanence, changeant de silhouette à volonté. Leurs protubérances frétillantes palpaient à chaque instant les courants ascendants. L'une d'elle particulièrement imprévisible entama une succession de chants stridents qui eut pour effet de galvaniser le reste de la meute. Les suivants orientèrent leur gueule inhumaine vers l'astre du crépuscule qui leur communiquait une fraction de sa puissance. Dès lors, les démons projetèrent une infinité de traits enflammés dans toutes les directions. Les carcasses décomposés s'embrasaient du feu divin. Les flammes du changement pourléchèrent les corps, ne laissant rien de leur chair pourrie, si ce n'est quelques lambeaux noircis. L'essaim d'insectes tournoyant disparut à son tour, purifié dans les flammes.

L'elfe fut abasourdi par la violence des sortilèges qui pleuvaient sur les dépouilles des serviteurs de Nurgle. Sa stupeur se changea en incrédulité, lorsqu'il vit les cendres se rassembler, s'animer. Les corps n'étaient pas seulement lavés de la corruption : ils renaissaient. Leur essence avait muté. Les furoncles éclatants avaient cédé place à une peau rosée, parfaitement lisse tandis que les membres reptiliens retrouvaient force et vigueur. L'instant d'après, le surplomb sur lequel Malékith reposait s'affaissa sans prévenir. Les flammes dévorantes modifiaient jusqu'à la structure des matériaux alentour. La roche en amont fondait sous ses yeux, s'écoulait le long des crevasses puis se reconstituait. Pris au piège, il tenta de s'échapper aussi silencieusement que possible, mais lorsqu'il posa le pied sur le rocher à sa gauche, celui-ci se brisa en morceaux qui roulèrent le long de la paroi. La course folle des galets et le cliquetis de l'armure sombre ne tardèrent pas à alerter les démons alentour. L'un d'eux hulula en direction de l'elfe, puis le désigna de ses griffes acérés. Malékith n'eut d'autre choix que d'abandonner toute discrétion. Il tira l'épée de son fourreau et se rua sur le flan de la falaise naissante. Son épaule heurta une paroi qui n'existait pas il y a encore quelques secondes. Il se tint accroupi et vit que la roche mouvante s'enroulait en anneaux de plus en plus large. Il attendit dans l'ombre que son premier adversaire soit cueilli. Ils furent en réalité quatre à pénétrer dans la caverne en formation. Leurs griffes s'agitaient frénétiquement tandis qu'ils arpentaient l'obscurité à la recherche du mortel. A pas de loup, Malékith s'était d'avantage retiré sous la terre, là où la luminosité serait plus faible. L'iris parfaitement adapté à l'obscurité, l'elfe percevait chaque reflet du soleil qui se réverbérait sur la peau des démons. De la sorte, il n'avait aucun mal à deviner leurs plus infimes mouvements. 

Le premier serviteur s'approcha de plus en plus prés du rocher derrière lequel patientait le Prince. Lorsqu'il fut à porté de lame, Malékith retint son souffle. Toujours imperceptible, il noua ses cheveux à l'aide d'une lanière de soie, puis donna à son épée l'impulsion nécessaire à l'arc de cercle meurtrier. La peur brilla quelques secondes dans les yeux orangés du démon, qui ne put qu'opposer ses mains frêles à la frappe. Le traqueur devint proie. Modifié par Kayalias
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