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Le don de soi


Antigone

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LE DON DE SOI

J’aimerais te donner mes yeux fervents et tendres

Pour que ton regard bleu se pose avec émoi

Sur le front de l’enfant aux cheveux palissandres

Qui dort dans son berceau tout à côté de toi.

J’aimerais que mes mains t’enseignent la tendresse…

En effleurant sa joue d’un geste maladroit,

Tu la transformeras en perles de caresses

Quand tu tiendras ses rêves au bout de tes doigts.

J’aimerais te donner les fibres de mon cœur

Qui ont brodé d’amour les ourlets de ma vie

Et, berçant ton petit, tu tariras ses pleurs

Quand il s’endormira entre tes bras, blotti.

J’aimerais que la voix qui jaillit de ma bouche,

Celle qui t’a donnée, jadis, tant de baisers,

T’apprenne, peu à peu, à être moins farouche,

Le guidant, pas à pas, avec simplicité.

Puis, j’aimerais t’offrir, comme un porte-bonheur,

Tous les frissons ardents que sème sur ma peau

Le Soleil au levant qui butine les fleurs

Quand la Mer l’étourdit déliant ses chevaux.

Je reviendrai alors à travers tes pensées…

Marchand dedans tes pas… Dans chacun de tes gestes,

En te donnant un peu avant de m’en aller

Trouver ma vérité sous la voûte céleste…

…Et je te survivrai féale sous la pierre

Quand, débouchant le vin et rompant le pain blanc,

Tu te rappelleras ces mots de la prière :

« Mangez, c’est de ma chair ! Buvez, c’est de mon sang ! »

© Extrait de LE MONDE A MA FENETRE)

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  • 2 semaines après...

Hugh.

Avec le débat houleux qu'a suscité il y a quelques temps un autre de tes poèmes, il fallait bien que je vinsse te commenter un peu. À vrai dire, j'aurais dû le faire il y a quelques temps déjà, mais je pensais que tu avais déserté la section... ce qui est loin d'être innocent. Mais j'y reviendrai.

Que dire, alors ? Mes sentiments sont partagés.

D'une part, on ne peut que se réjouir d'accueillir sur la section quelqu'un qui, fraîchement débarqué, possède une maîtrise relative des règles de la prosodie traditionnelle. Du moins les alexandrins sont-ils corrects et les césures maîtrisées. Alors certes, d'habitude, les nouveaux "fraîchement débarqués" sont aussi des novices dans le domaine de la poésie, ceci expliquant cela... Il n'empêche que là, tous les vers sont bons, les accents fixes maitrisés, les accents mobiles un peu moins mais globalement à leur place. Le vocabulaire jouit d'une certaine richesse, sur laquelle je dirai cependant deux mots un peu plus loin.

Tout ceci n'est pas sans nuance. J'ai été déçu, face à des poèmes d'un tel niveau de maîtrise, de ne trouver aucune alternance du genre des rimes, ce qui donne des passages un peu mollassons . Encore ce poème est-il le moins représentatif de ce travers, avec deux strophes fautives seulement, mais tout de même. L'antépénultième est assez sèche (eur/o/eur/o). Lesdites rimes, d'ailleurs, sont parfois riches, parfois satisfaisante, souvent pauvres. Une rime sur deux est pauvre. Tes fins de vers n'accrochent pas l'oreille ; mais, passe, chacun situe où il le souhaite le centre de gravité de ses poèmes. Ici, ça n'est manifestement pas à la rime.

Le rythme est parfois un peu hésitant, la faute à des accents mobiles un peu branlants, ou mal placés. Ainsi les trois derniers vers de la strophe 4 : autant la mise en regard de "peu à peu" et "pas à pas" est bonne, autant la structure à bizarrement monotone et hachée avec deux grosses virgules en milieu de vers (décalée d'un vers à l'autre, pour ne pas conserver d'harmonie : 2/4 // 2/4 ; 2/4 // 3/3 ; 3/3 // 2/4.) Et encore, j'ai césuré l'avant dernier vers en 2/4, au détriment du sens : il me semble que tu tendes ici à isoler le "peu à peu" entre les virgules, ce qui nous donne une césure en 3/3 avec un accent sur le "e" de "t'apprenne", fort disgracieux quant à ses sonorités. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, pas si nombreux que cela, et c'est, encore, un point de détail. Je voulais juste mettre le doigt sur les failles d'une structure formelle qui est, globalement, bonne, ce qui fait toujours plaisir à lire.

Ce qui me déçoit plus, et sur l'ensemble de tes poèmes, c'est ce que l'on appellera grossièrement le fond.

D'abord (et sans vouloir te blesser) par la banalité candide des sujets et de leurs traitements, complaisamment fleur bleue. Il est vrai que j'ai pris pour cible un exemple un peu caricatural : ton hiver aux seins nus avait déjà plus de charme. Ici, donc, le don d'organes, acte charitable s'il en est, mais uniquement traité sous l'angle de la charité (le dernier vers est d'ailleurs significatif). C'est un déploiement de bons sentiments alignés les uns après les autres, tel que l'on pourrait le trouver dans n'importe-quelle revue bien-pensante, animée par la tendre bonhomie d'une poignée de chroniqueurs qui ont docilement appris les règles de la métrique classique sans jamais les avoir remis en doute ni senti de vocation poétique. Ce qui est étrange, c'est que l'on a parfois l'impression que tu écris sous l'impulsion d'une inspiration vraiment minimale (une fois encore, c'est très vrai pour ce poème, ça l'est nettement moins pour d'autres). Il n'y a, à l'exception peut-être de la troisième strophe, un peu plus lyrique, ni débordement, ni souffle émotionnel, ni pulsion ni pulsation ; seulement un alignement rigoureux d'honnêtes pensées. Je n'ai eu aucune surprise, à la lecture de ce poème : du premier à l'avant-dernier vers, tout était attendu, convenu, et comme répondant à un schéma depuis longtemps connu et dépassé.

Une agréable surprise tout de même : le dernier vers. Même si les reprises bibliques sont, là aussi, attendues au tournant dans ce genre de poème, et même si celle-ci était, pour ce sujet, grosse comme une maison, elle est suffisamment bien amenée, et régulée pour former un alexandrin, pour rattraper un peu le poème.

Contribuant largement à cette impression de déjà-vu, et à cette étrange placidité des sentiments, le vocabulaire, riche, je l'ai dit, mais tout-à-fait convenu. On reste là dans les limites d'une espèce de normalité poétique assez dommageable. C'est d'autant plus intéressant de lire cela maintenant que la première Chronique du samedi porte sur la "Réponse à un acte d'accusation" qui vient précisément proclamer le renversement de ce genre de dogmes syntaxiques. Ainsi la voix qui "jaillit", le "levant", avec le soleil qui "butine les fleurs" et "sème des frissons", ainsi les "cheveux palissandres", mot inhabituel mais trop engoncé dans cette douceur un peu guimauve, la "voûte céleste", et l'expression de la féodalité, plus ambivalente, parce que je trouve assez intéressant ce recours à un vocabulaire médiéval pour exprimer une forme d'attachement évidemment moderne. Mais c'est ponctuel.

En bref, je trouve que tes poèmes, globalement, ne sont pas assez poèmes ; qu'ils n'ont pas tellement de supplément d'âme, peut-être à cause des contraintes techniques qui t'incitent à dérouler les vers comme un appareil à musique ; mais tout ça, à mon goût, ne s'envole pas assez, ou ne creuse pas assez profond, n'importe ; on peut se répandre dans toutes les directions, mais l'important est de ne pas rester étroitement riveté à la forme : il faut s'en servir comme d'un tremplin, et pas comme d'une limite. Je ne trouve pas (et c'est peut-être moi seulement) dans tes poèmes, de vibrations, de force, de lumière, de passion, d'expression d'une sensibilité qui me ferait toucher du doigt quelque chose du monde. J’aimerais te donner mes yeux fervents et tendres Mais ici, je n'arrive pas à voir avec tes yeux.

Voilà, je suis désolé si j'ai eu l'air d'être méchant, mais j'essaie seulement d'être sincère. N'en prends pas ombrage ; et fais-en ce que bon te semblera.

Je voudrais finir par une autre remarque.

D'abord, il est inutile de mentionner à chaque fois le nom de ton recueil, en gras qui plus est, au bas de tes poèmes. Tu n'es pas nécessairement la seule ici à avoir regroupés tes poèmes en recueil, pourtant, personne ne le mentionne. Cela n'apporte strictement rien à la lecture du poème, et donne, en plus, une impression de fatuité qui,même si non fondée, ne te rend pas grâce.

Surtout, j'ai cru à un moment que tu avais quitté la section. Ce n'est pas important en soi, mais ce qui m'ennuie c'est que ton retour (c'est à dire tes nouveaux messages) est uniquement dû à des commentaires qui ont été faits sur l'un de tes poèmes, c'est à dire sur Alzheimer. Je me trompe peut-être, mais j'ai l'impression que ce forum t'est surtout une vitrine personnelle. Or le forum, c'est l'échange ; j'aurais donc aimé voir des interventions de ta part ailleurs que sur tes propres sujets.

Ce paragraphe s'autodétruira s'il s'avère que je me suis trompé.

Enfin, et tant qu'on en est aux messages personnels, je suis désolé des dérives du sujet sur Alzheimer, que j'ai malheureusement alimenté. Mes excuses, donc.

Modifié par Petimuel
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  • 2 semaines après...
et c'est peut-être moi seulement

Pour ne répondre que de celui là (j'ai pas encore tout lu et Lui seul pourra dire quand je l'aurais fait), mais au moins sur ce poème donc, je te rejoins grand-frère.

Et puis pour détendre un peu l'atmosphère :

Tu n'es pas nécessairement la seule ici à avoir regroupés tes poèmes en recueil, pourtant, personne ne le mentionne.

Et bien maintenant je le ferais.

Je mettrais Poème_wip à la fin de chacun des chiffons que je pondrais ici et Receuil_poésie_i (i∈[1,4]) pour les anciens... comment ca je fais trop de math ! C'est pas vrai !

Bisous les gens je vous aime

Pal'

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