SonOfKhaine Posté(e) le 29 novembre 2010 Partager Posté(e) le 29 novembre 2010 (modifié) J'ai écrit "Feu hivernal" aujourd'hui. Il n'est pas vraiment fini, mais ne le sera peut-être jamais, alors bon... autant le poster. J'y adjoins toutes les ébauches liées de près ou de loin au même projet. EDIT : Et "Aube grise" en cours ce matin. AVRIL (décembre 2009) La nuit était toute embrumée Et le ciel plein des vapeurs vagues De suie, de poussière et fumée Comme une mer dénuée de vagues Pourtant frappée par l'ouragan, Semblable au feu pris dans la glace Et dont l'âtre gris, fatiguant, Aurait rejoint, de guerre lasse, La ronde stellaire et astrale Où tout l'éther fête la nuit Et où luit diamant, danse opale, Brille miroir, contre l'ennui. Mais sans que vraiment je ne sache Quelle puissance était en moi, Restant sans bouger et en cache, Fixant ce lourd voile de soie... Ô charme inconnu et mystique ! Qui étais-tu pour me figer Dessous la dentelle hypnotique Que j'ai cent fois interrogée ? Longtemps, je restais à songer, Que je pouvais un jour passer Ce drap tout frigide, enneigé, Me condamnant à rêvasser. Soudain, j'aperçus, ou crus voir, La grande lune, et belle et pleine, Jeter un regard sur mon soir, Avoir pour moi quitté la scène. Surpris, je crus à l'illusion, Contre mon cœur qui s'emportait, Et elle me donna raison - L'instant d'après, elle partait. Plus tard, bien plus tard seulement, Je rabaissai enfin mes yeux Et vis, tout-à-coup, le printemps : Son jeune vert était radieux. ************* MATIN D'ÉTÉ (juin 2009) Les cerises de jais déjà dévoraient les Corbeaux mûrs, alors que le soleil résonnait : Six heures se levaient de la terre éveillée Pour aller conquérir le clocher endormi. ...é ...i ...an L'herbe ruisselait sous le visage oppressant, Sa sueur se figeait sur mon calme émacié, Et les iris du ciel embué regardaient Le nuage orageux de mes yeux estivaux. ...é ...o ...è ************* EN FIN (octobre 2010) L'eau du ruisseau s'est rafraîchie Et finit de bleuir mes doigts Pour y griser l'éclat de vie. Automne, enfin, te revoilà. ... LA LUNE DE SAMHAIN (novembre 2008) Au carrefour du clair-obscur, je veille et songe. La lune est emplie de lumière et de sève, Vampirisée aux arbres que l'automne ronge Comme mon esprit est aspiré par mes rêves. Le jour rougi par la Samhain n'est plus qu'une ombre Éclairée par l'argent d'une bien pleine sphère. Les étoiles, ces bougies sidh, masquées, sans nombre, Mon œil ne les voit que comme une vaste mer, Un océan, un maelström, si onirique Que c'est un lac d'Hypnos ou une cauchemare. Ô pâle éther asséchant le sol famélique, Baigne au moins de tes eaux l'ivoire du grand phare ! Engibbe, de ta brume et ta nébuleuse onde, Ce qui fait de l'ombre à tes mères les étoiles, Que je puisse enfin aller chercher le sommeil ! LE CIEL VESPÉRAL (octobre 2009) Le ciel semble hésiter, crachant à l'occident Des soupirs de brouillard faits d'automne et de cendre. Dans un sommeil brûlé qui n'a plus rien d'ardent, Il attend sans regret la nuit qui vient le prendre. Poussière et fumerolle, et l'astre est consumé ; Quelque braise invisible est encor rougeoyante Dans le fond de cet âtre enfin tout embrumé. L'horizon nébuleux me murmure et me chante : ... ************* FEU HIVERNAL (novembre 2010) Et la nuit continue, pour encore et toujours, Nous contemple, distraite, -enivrée par sa vigne, Le vin noir du ciel pâle,- patienter tous autour Du brasier familial allumé sans un signe, Du foyer crépitant dont la lueur nous hante, Dégustant lentement, sans un mot entre nous, Les châtaignes grillées, encor toutes brûlantes, À la chair mordorée par les crocs du feu fou, Et les dernières noix laissant un goût amer Sur la langue immobile en sa bouche fermée, Car chacun, face à l'âtre, est pensif, et dans l'air Tourbillonnent songeries, suie, chaleur, et fumée. ... AUBE GRISE (novembre 2010) Cri du corbeau dans le vent dur et froid Hantant l'hiver comme un esprit du nord. Je marche, fier, en cet âpre décor, Où les flocons et le givre sont rois. Le vieux soleil dans son pâle linceul Est moins brillant que la lune sorcière Qui invoquait la sombre nuit dernière Des fossoyeurs scintillants, noirs et seuls. ... YULE (décembre 2009) Un souffle sombre et froid parcourt l'hiver ce soir, Comme un soupir givré tout droit sorti d'un crâne Plein de poussière antique et de chicots d'ivoire Autour duquel pendraient quelques lambeaux diaphanes. Une bourrasque étrange affine avec le râle Déchire l'air glacial, lui arrachant frissons De froid, de peur, de mort, car ce long cri spectral Est l'agonie d'un roi et son dernier vil son. Le ciel est obscurci, voilé par des nuées De marbre arachnéen, de soie monolithique, Vapeur céleste prise au sol désembué, Tout sec et craquelé, tordu et ascétique. ... De ces soirs de solstice où la grand'roue du temps Ralentit brusquement, fait régner le silence, Cesse enfin de tourner et se fige un instant, Puis repart à l'envers, car elle a plus d'un sens. Modifié le 15 janvier 2011 par SonOfKhaine Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Lord Paladin Posté(e) le 8 décembre 2010 Partager Posté(e) le 8 décembre 2010 Bon, je vais commenter au fur et à mesure que le seigneur m'en donnera le temps car je n'ai clairement pas l'intention de gâcher tes poèmes par une lecture hâtive mon cher SoK : Avril : {Les passages sont repérés par la donnée : strophe.vers} Au niveau du rythme, quelque soubresaut brise l'harmonie générale : vers 1.4 notamment. Le hiatus en 2.3 n'est pas génial non plus. Sinon, je trouve que l'idée générale a du mal à être suivie. Tout semble très confus, coupé et brisé sans cesse ce qui ne facilite pas la lecture. Par exemple dans la première strophe la succession des deux métaphores 1.4 & 1.6 donne l'impression que tu part de droite et de gauche sans chercher à retrouve ton lecteur. La deuxième métaphore se poursuit et aboutit par une pirouette cosmique sur une conclusion que j'ai dû mal à comprendre car je ne vois pas ce dot tu parle. Je ne vois pas ce qui est "semblable" le sujet m'a échappé et je ne le trouve plus. C'est dommage car les images sont très belles. De la même manière la strophe 2 s'ouvre sur un "mais" qui ne s'oppose qu'au vent et tombe seul dans le néant accompagnant dans sa chute la fragile raison du lecteur. Ce sentiment d'absence se poursuit durant toute la strophe on cherche l'opposition, on cherche sans trouver et on se trouve un brin déçu pour attaquer la troisième strophe. Bon, là c'est un peu plus clair, on saisit l'idée générale et on finit par retomber sur le printemps qui conclut le poème. J'aurais cependant vu une fin moins saccadée : les virgules fleurissent comme les shrapnels en plein assaut et brise sans cesse le rythme que tu cherches à créer. En conclusion... et bien j'ai l'intuition d'être passé à côté du poème de ne pas l'avoir vu et c'est dommage car de nombreuses images me plaisent énormément et certains vers sont magnifiques ; j'aime beaucoup 3.2, 1.11 & 1.12, pour ne citer qu'eux. Pal' Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
SonOfKhaine Posté(e) le 21 décembre 2010 Auteur Partager Posté(e) le 21 décembre 2010 J'ai aussi pris le temps de goûter ton commentaire (merci, d'ailleurs) avant d'y répondre. La virgule manquante à la fin du vers 3 empêche vraiment de faire que les comparaisons se rapportent à la nuit, c'est relativement dérangeant (mais pas autant qu'on pourrait le supposer, voir plus loin). Dans la strophe 2, les quatre vers commencent de manière assez correcte, l'opposition au mais peut encore arriver (même si on pourrait imaginer qu'il s'agisse d'une opposition aux caractéristiques de la nuit pré-citées, voire même plus fondamentalement à son existence : "la nuit était, mais ..."). Et pourtant, points de suspension, et voilà cette interjection, venue de nulle part, et sans qu'on sache vraiment à quoi elle se rapporte. À la fin de la dernière strophe, le narrateur s'aperçoit seulement du printemps. C'est tout de même être sacrément (et au vu des prémices païens qui étaient déjà dans mon esprit, je penser qu'il faut insister sur le terme) perturbé. Et c'est l'explication à toute ces constructions bancales. C'est la cause - ou la conséquence - de cette observation des fêtards, de ce souhait d'être parmi eux à s'étourdir de la même façon qu'eux. Les étoiles, la lune et les nuages sont ici de simples représentations de la société humaine, des "stars" (je le précise, puisque cela rend le poème un peu atypique dans le recueil). Il en reste bien entendu que cela ne coule pas de source, et que c'est très peu clair. Je l'admets. Le poème a au moins un an (davantage, me semble t-il, mais je ne puis retrouver la date exacte, juste celle à laquelle j'ai pur la dernière fois modifié le fichier) et le contraire eût été étonnant. (sinon j'aime bien ta notation, ça fait presque biblique, huhu) Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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