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[Samedi] Desnos, contre l'esprit de sérieux


Invité Absalom

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J'apporte ma pierre à l'édifice avec cette lecture d'un Poème de Robert Desnos. Si jamais, sans le vouloir j'enfreins le règlement de la Section (je n'ai pas trop fait attention s'il fallait s'inscrire au préalable ou poster impérativement un Samedi ^_^ ) ,je m'en remets aux bons soins des Modos de la section ^_^

Etant donnée la teneur du Poème (chanson) en question, je me suis autorisé à utiliser un ton un peu décalé et potache, me plaçant sous la paternité amicale des "Papous dans la tête"ou du Pr Rollin (ou encore de l'Oulipo mais là c'est prétentieux :flowers: ). Je précise que le Poème n'est pas représentatif du style Desnos mais il convient parfaitement à l'exercice auquel j'aimerais vous convier.

Voilà:

L'Amour tombe des nues

Un samedi du moyen âge

Une sorcière qui volait

Vers le Sabbat sur son balai

Tomba par terre

Du haut des nuages

Ho ho ho madame la sorcière

Vous voilà tombée par terre

Ho ho ho sur votre derrière

Et les quatre fers en l’air

Vous tombez des nues

Toute nue

Par où êtes vous venue

Sur le trottoir de l’avenue

Vous tombez des nues

Sorcière saugrenue

Vous tombez des nues

Vous tombez des nues

Sur la partie la plus charnue

De votre individu

Vous tombez des nues

On voulait la livrer aux flammes

Cette sorcière qui volait

Vers le sabbat sur son balais

Pour l’ascension

Quel beau programme

Ho ho ho voilà qu’la sorcière

A fait un grand rond par terre

Ho ho ho quel coup de tonnerre

Il tomba d’l’eau à flots

Et l’eau tombe des nues

Toute nue

Éteint les flammes tenues

Et rafraîchit la détenue

L’eau tombe des nues

Averse bienvenue

L’eau tombe des nues

L’eau tombe des nues

Et la sorcière se lave nue

Oui mais dans l’avenue

L’eau tombe des nues

Qu’elle était belle la sorcière

Les présidents du châtelet

Les gendarmes et leurs valets

La regardaient

Dans la lumière

... et un éclair qui brille

Et c’est vos yeux qui scintillent

... et votre cœur pétille

Nous sommes sourds d’amour

Et nous tombons des nues

Elle est nue

Oui mais notre âme est chenue

Nous avons de la retenue

Nous tombons des nues

Sorcière saugrenue

Nous tombons des nues

Nous tombons des nues

Qu’on relaxe la prévenue

Elle nous exténue

Nous tombons des nues

Et je...

Mais tombe des nues

Tu tombes des nues

Le monde entier tombe des nues

L’amour tombe des nues

Et vive les femmes nues !

Robert Desnos.

Le poème s’ouvre sur une information d’ordre calendaire à la fois précise et particulièrement vague, ce qui traduit concomitamment le propos historique de l’Auteur mais aussi exactement le contraire.

Il est à noter que ni l’heure ni l’année ne sont données.

Le fait que cela n’influe en rien la nature de l’aventure relatée n’est évidemment pas une explication suffisante. Cela dit, je n’en vois pas d’autre.

La suite des évènements nous incite toutefois à croire que le crépuscule pointe, déjà, le bout de son nez rosi. Mettons qu’il doit être aux alentours de 18h en Automne ( nous optons pour Octobre, vers la fin du Mois ...disons le 30).

Pour l’année, je serai tenté de contredire l’Auteur (que ce Cher Maître me pardonne) : les procès en Sorcellerie étant chose assez peu répandue au Moyen Age, je pencherais pour le 17ème siècle, sans pouvoir être plus précis.

Je ne reviens pas sur le récit détaillé et explicite des faits rapportés par l’Auteur.

Attardons-nous, si vous le voulez bien (et même si vous ne le voulez pas), sur le personnage principal, sobrement qualifié de Sorcière, ce qui ici n’est en rien insultant, la jeune personne semblant effectivement user à de nombreuses reprises, de ce que le Savoir Populaire désigne sous le terme Sorcellerie. Qualifier votre vieille institutrice de Sorcière est, à contrario, une insulte. Les boutons et le nez crochu de la dite institutrice ne peuvent constituer une preuve suffisante (ni même nécessaire, dixit le Poème) d’usage de Sorcellerie.

Nous notons que la nature de la Jeune Personne est duale à plus d’un titre. : Ciel/Terre, Pluie/Flammes et Nue/pas Nue. Ces oppositions souvent drolatiques déstabilisent l’assemblée monolithique, indistincte et incontestablement virile. C’est jusqu’à la structure même du Poème qui s’en trouve perturbée.

Les interjections « Ho ho ho » annoncent la survenue de ce joyeux désordre et imprime au Poème un mouvement dansant et populaire. Nous sommes en pleine Farce villageoise.

Le voile de pudeur dont l’Auteur recouvre les détails les plus crus de ce Carnaval impromptu est là pour ménager la sensibilité de chacun et de chacune.

« La partie la plus charnue de votre individu ».

Cette périphrase est d’autant plus déconcertante et mystérieuse que l’Europe du Moyen Age n’est pas connue pour être un Pays de Cocagne. Nous en déduisons que les parties charnues d’un individu lambda devaient briller par leur rareté. Etant donnée la jeunesse supposée de notre protagoniste, et le moyen de locomotion utilisé qui demeure fort incommode, nous en déduisons, dis-je, que la partie charnue devait se localiser approximativement autour du bassin. Une lecture plus attentive du Poème permet de trouver une occurrence de « votre derrière », ce qui confirme notre interprétation (quoiqu’elle fût déjà fort documentée). Le Poète trahit, par là-même, sa volonté de composer un texte volontiers grivois et léger.

La conclusion heureuse de l’épisode et l’exclamation finale « Et vive(nt) les femmes nues ! » nous conforte dans cette interprétation. Notons qu’il doit être difficile, pour une femme ou un homme, de vivre nu(e), qui plus est au Moyen Age, connaissant les contraintes et les rigueurs propres à l’époque. Gageons qu’il s’agisse d’une licence poétique et nous pardonnerons d’autant plus l’Auteur que la formule ne manque pas de Panache.

Voilou :P

A+

Modifié par Absalom
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Héhé... J'ai bien aimé le côté pince-sans-rire du commentaire.

Mais je manque à tout les codes de civilité existants: cela fait plaisir de te voir ici! (oui, je ne suis pas le mieux placé pour dire cela, mais que voulez vous, quand on se sent bien quelque part... :flowers:) Nouvelle facette du profil Absalom, et même agréable à découvrir.

Bref.

Concernant le sujet de la chronique (tiens, répondons à tes interrogations: oui, il est prévu de s'inscrire normalement, comme une réservation; mais bon, vu qu'il n'y a pas foule... Euh, même, puisqu'il dur d'avoir du monde à un rythme soutenu, bah c'est pas grave. En même temps, c'est pas toujours facile à tenir comme contrainte ^_^ . Secondement, l'autre principe de la chronique du samedi, c'est qu'effectivement elle arrive le samedi ^_^ . Mais je ne pense pas qu'on puisse t'en tenir rigueur), c'est sympathique, ça change.

Par contre, je ne sais pas si c'est sensé être chanté par lui, mais je n'ai trouvé qu'une version par un groupe (Les têtes raides me semble). A ce propos, même si Desnos me dit quelque chose, et même si je peux chercher par moi même, j'aurais bien aimé une petite biographie, juste pour avoir quelques informations (qui, quand, principalement).

Voilà, c'est tout. Merci bien, et au plaisir de te rencontrer ici de nouveau.

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Merci Silverthorne pour ta réponse ! J'ai un lecteur !! ^_^

Désolé de n'avoir pas respecté le règlement à la lettre. Du moins en ai-je respecté l'esprit ^_^

Pour ce qui est de la notice biographique, même si les textes de Desnos m'accompagnent depuis un paquet d'années, je dois dire que je suis incapable d'en composer une digne de ce nom.

Je vais me contenter de résumer ce que je retiens du personnage.

Robert Desnos est un poète français du début du 20ème et qui a participé au foisionnement littéraire (et politique) de l'époque (Surréalisme, Grand Jeu et Cie).

Bon comme je me fiche un peu des étiquettes et des chapelles ..passons. :P

Je dis aussi politique car la Légende dit que Desnos était capable de taper sur la tr...che des fascites qui pouvaient parader à l'époque (et je me plais à penser que ce n'est pas qu'une Légende). Desnos a été déporté en 44 et il n'en est pas revenu . Le fait qu'il ait écrit pendant sa déportation est juste une Légende je pense. ^_^

Pour le style... on retient souvent ses jeux avec la langue où il maltraite la syntaxe et l'orthographe, parfois au détriment du sens. C'est toujours virtuose :

"Les ponts s'effondrent tous

au cri du paon qui pond

et les pans du pont

transforment les rivières. "

(l'Aumonyme)

..mais un peu vain.

Parfois je jeu grammatical est moins "gratuit" et fait sens:

"Dans bien longtemps tu m'as aimé"

(Dans bien longtemps-A la mystérieuse)

Notez la contradiction dans l'emploi du passé composé alors que l'on attendrait un verbe au futur ... comme l'impossibilté d'un temps présent. Juste génial :flowers:

Dans cette veine plus intimiste, il ya donc les poèmes de "A la mystérieuse". Des poèmes déchirants (Poésie amoureuse si vous voulez tout savoir). Génial.

Tout ça dispo chez Poésie-Gallimard (Recueil "Corps et Biens")

A+

Modifié par Absalom
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Bien le bonjour à toi te merci pour cette chronique qui sans être publiée un samedi, situe son histoire précisément ce jour - de là à penser aux poètes comme des sorciers il n'y a qu'un pas... que je ne franchirais pas.

La critique est amusante et fraîche mais comme Absalom, je trouve qu'elle manque un peu de profondeur, puisque hormis quelques remarques - certes tout à fait pertinente - nous n'apprenons rien de Desnos lui même ou bien de tes sentiments vis à vis de ce poème - et oui, cela compte aussi - et je trouve cela bien dommage.

Cela dit, tu m'as donné envie de me jeter sur une bibliothèque pour torturer un vendeur jusqu'à obtenir les ouvrages ici mentionnés ce qui est donc un point fort positif.

Pal'

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Merci pour ton com' seigneur Paladin. :wink:

La critique est amusante et fraîche
tu m'as donné envie de me jeter sur une bibliothèque pour torturer un vendeur jusqu'à obtenir les ouvrages ici mentionnés

J'en suis ravi :P

comme Absalom, je trouve que la critique manque un peu de profondeur

Oui je suis schizophrène ^_^ (j'en suis également l'auteur :P ). Profondeur et légèreté ne sont pas incompatibles mais j'avoue avoir choisi ce poème (qui est une chanson en fait) parce qu'il n'y a pas grand chose à approfondir. Sauf à consdérer que" l'humour est la politesse du désespoir". Mon "commentaire" se veut être un exercice de style avec contrainte. ...hommage à Queneau et à l'OuLiPo. Ces écrivains se livrent à des jeux comme : "Réécrire Andromaque sous la forme d'un commentaire sportif." ou "Ecrire un roman sans la lettre E"

Mon deuxième message, j'espère, est moins futile (même si j'abhorre l'esprit de sérieux qui pour moi n'est que forfaiture.)

nous n'apprenons rien de Desnos lui même ou bien de tes sentiments vis à vis de ce poème

Il y a des poèmes de Desnos (ou Pessoa :P, ou d'autres ) qui m'ont plus touché que celui que j'ai choisi. N'y voyez aucune malice ou calcul. C'est juste qu'il est plus difficile de partager les textes qui m'ont le plus marqué. Trop intime, pas assez de recul.... voilà tout :P

Modifié par Absalom
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Poster la chronique du samedi un jeudi <=> 20 % d'averto. :devil:

J'ai toujours rêver de me faire traiter de modo-nazi... :D

Le poème est sympa, léger et amusant. Ça change de ce que j'ai pris l'habitude de lire ce qui n'est pas moins bien. J'avoue que je ne connaissais Desnos qu'à travers le poème d'Aragon chanté par Ferrat et que j'étais curieux de lire un de ces poèmes.

Pour la chronique, je suis assez d'accord avec l'analyse qu'en fait Palouf.

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Sympa, rafraîchissant, bien fait. Je sais que ça ne coûte rien de dire ça, mais merci pour cette petite chronique bien légère qui fait plaisir :wink:

Sinon, je suis pour un truc sur l'OuLiPo... Depuis le temps, j'avais l'impression d'être le seul à apprécier leur travail. Coupaing Absalom :P

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