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Warhammer Forum

Conte de Coeur


Silverthorns

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:DA LIRE X-/

Bien le bonjour!

Je vous soumets aujourd'hui un récit qui a plusieurs caractéristiques:

- Il m'a été inspiré lors d'un trajet en navette (comme c'est pittoresque :P ) par une jeune fille qui me semblait triste; elle ne l'était pas forcément, mais mon imagination tourbillonnante avait déjà assemblée une des petites tragédies qui font le grand drame du monde.

- Il est long. Je le sais, mais le partager reviendrait pour moi à diviser par 0: c'est impossible, inutile et réservé à des gens qui veulent se pourrir la vie :wink:

- C'est un conte! Ne cherchez pas de ressemblances ou de vraisemblance, car même si il y a des références à des choses que nous connaissons, le but est de se situer ailleurs. C'est utile au récit, aux images, à la narration, et puis bordel, c'est le principe d'un conte.

- Il est, comme toujours, soumis à la critique: j'ai eu du mal sur certains passages, et je crains des lourdeurs. Alors aidez moi! Pour un monde meilleur, le prix Nobel et les fleurs, si vous avez le temps de relever mes faux pas, n'hésitez pas!

Bien, je pense que c'est à peu près tout. Puisque j'ai déjà eu un retour dessus, qui me le signalait comme peu compréhensible (c'était avant les corrections nombreuses que j'y ai apporté), je prie ceux qui craindraient de se perdre en route de lire l'encadré ci dessous.

Spéciale dédicace à Monsieur Paladin, mais je ne lui dit pas où, comme ça p'têt qu'il lira tout :wink:

Et rejoignez ma croisade pour que l'argent prime sur l'or!

A LIRE POUR UNE COMPRÉHENSION TOTALE:

Au cas où:

île= cœur, mais sa version métaphysique, et non pas organique.

lumière= amour

globe= façade qui masque la réalité des âmes

jumeaux= double facette des gens, qui ne brillent (pour ceux qui suivent, "qui ne sont aimés") que grâce à un globe (pour ceux qui sont bons élèves, "à des faux semblants/hypocrisie/toutcequevousvoulez")

Le village n'a pas de signification particulière, c'est juste pour l'histoire. Par contre, si un type s'en détache, c'est que lui est important. Mais vous verrez bien.

NB: Les mots en gras ne soulignent aucunement l'importance ou la prédominance de certains mots. J'ai fait cela en espérant que le texte soit plus clair pour vous.

Conte de Cœur:

Il était une fois, perdu au milieu d'une mer d'infini, un îlot de solitude qui abritait une seule petite communauté.

Il n'y avait nul horizon, aussi loin que puisse se projeter la vue, et ce pour une raison très simple: l'îlot était plongé dans une nuit éternelle, car le Soleil et la Lune n'étaient ici qu'un mythe que les gens oubliaient de plus en plus facilement. Le village était pauvre, désolé même, la vie morne, triste et difficile.

Il ne poussait presque rien sur ce malheureux morceau de terre, et les rares plantes qui apparaissaient étaient étranges, de formes comme de couleurs, immangeables ou presque; les gens ne vivaient que de la pêche de petits poissons côtiers, ce qui était bien insuffisant pour que la population ne croisse, et même plus simplement pour qu'elle soit forte et équilibrée. Les habitants passaient la plupart de leur temps prostrés, incapables de toute façon de faire mieux, et le village survivait en cahotant dans un silence de mort, uniquement troublé par le bruit des vagues et, une fois par semaine, par le conseil du village. Ce conseil se réunissait en une faible tentative de libération de cette nuit oppressante, usant les dernières ressources du village en des tentatives impossibles, dans la fabrication de machineries improbables, et les séances se finissaient toujours par un accablement plus grand encore: depuis sa fondation il y avait un siècle au moins, toutes les tentatives avaient échouées.

La population y assistait toujours avec un faible espoir, mais tous savaient que leurs prières ne seraient jamais entendues. Alors ils reprenaient leur vie, condamnés à la solitude et à la crainte, au désespoir et à la langueur. Langueur, car d'où venaient leurs ancêtres? Il devait bien y avoir une raison quelconque à l'installation d'un peuple sur cet îlot précisément; mais personne ne savait rien de leur origine, et nombreux étaient ceux qui s'imaginaient un passé glorieux et lumineux, aussi lumineux qu'ils pouvaient s'imaginer la lumière.

Leur déclin était inévitable, en attestaient les quelques cahutes vides en périphérie du village.

Et pourtant, alors que les serres glaciales de l'immobilisme se refermaient lentement mais inexorablement, les prières, qui jusque là restaient silencieuses, se mirent à retentir, d'abord en faibles échos lointains, puis en murmures distincts, enfin en une mélopée chantée par des âmes en peine. Ce chant s'éleva, perça la couche de nuit, atteignit une dimension inconnue de ce village au bord de l'extinction, et, après s'être gorgée de ce monde là, retomba à la manière d'une comète silencieuse là d'où elle était venue.

Cette comète prit la forme de jumeaux, qui s'échouèrent avec leur panier sur une grève de sable noir. Leurs vagissements retentirent si forts, leurs corps semblaient si fermes, que tout le village accourut pour les admirer.

Devant une telle incongruité, le conseil décida que ces jumeaux feraient l'objet d'attentions spéciales, en vue de ne pas gâcher leur potentiel.

Qui se révéla très vite aux yeux incrédules de leurs protecteurs: ils étaient vigoureux, enthousiastes et drôles, affectueux, en tout tellement éloigné du type maladif de l'île qu'ils ne pouvaient être qu'un miracle.

Cependant, les années passèrent, et bien que leur joie et leur vigueur soient un grand réconfort pour les habitants, l'espoir et l'excitation retombaient, laissant l'amertume de la déception se glisser ces hommes qui se sentaient floués.

Mais cette perte d'intérêt grandissante, qui était plus un sentiment de résignation en réalité, toucha profondément les jumeaux. Ils étaient encore jeunes et souriant quelques heures plus tôt; l'aube d'une nouvelle journée de nuit les trouva graves et résolus. Il assistèrent à toutes les réunions du conseil, se portèrent volontaires pour toutes les missions, mais rien n'y fit: il semblait bien que ce n'était qu'un échec de plus. Le temps passa encore, et ils devinrent de jeunes hommes; ils auraient été tout aussi faibles et moroses que leurs congénères si cette incroyable énergie ne parcourait leur corps. Alors ils l'employèrent à rassembler tout ce qu'ils purent de matériaux, de biens de toutes sortes, dans leur demeure, et s'y enfermèrent. Longtemps. Très longtemps.

A tel point que tout le village crut qu'ils étaient partis, ou bien qu'ils étaient morts; et le vent de morne résignation qui soufflait avec rigueur dans le village abattu prévenait toute vérification.

Et pourtant... Il suffisait de s'approcher et de tendre l'oreille pour deviner l'incroyable réalité qui se répétait inlassablement à l'intérieur des fragiles murs de l'habitation, au déploiement d'une ingéniosité folle, d'une rigueur silencieuse et d'une volonté de fer qui était le quotidien des jumeaux.

Durant une saison de nuit entière, ils travaillèrent. Les plantes furent toutes soumises à un examen approfondi, chaque poisson fut disséqué, la terre fut retournée maintes et maintes fois, le tout fut mélangé, sans qu'une seule heure ne soit gâchée à dormir ou à manger.

Et alors que le reflux de l'océan, véritable forteresse d'eau ténébreuse, laissait comprendre que la saison de nuit s'achevait, leur porte s'ouvrit...

Ce fut comme une explosion de couleurs, le Big Bang originel revisité, une déferlante de sensations inimaginables et salvatrices, ce fut... La Lumière.

Ils la tenaient dans leurs mains jointes, cette forme indéfinissable tant elle était dansante et pâle, rayonnante de bonheur et de vie, une mélodie lumineuse qui se répandait maintenant, amplifiée par l'immensité de vide qui s'offrait à elle, et elle résonnait dans la tête de tout les habitants du village, entêtante.

Éblouis un instant, leurs sens se réveillèrent, ou plutôt s'éveillèrent de leur longue léthargie, s'épanouirent en un instant, et enfin ils furent complets.

Les jumeaux marchaient en silence, couverts d'une aura dorée, suivis par une foule silencieuse encore, et sur leurs pas fleurissaient un monde, coloré, vivant, fort et odorant. Arrivés sur la place du village, devant le conseil réuni spontanément, ils s'arrêtèrent, indécis. Le plus vieil homme du village, décharné et d'un blanc d'ivoire, s'approcha à pas tremblotant. Il tendit sa vénérable main en direction de cette fumée, de ce feu, de cette vapeur - car qu'était-ce réellement? - mais s'arrêta à quelque distance, les larmes aux yeux. Et la joie explosa, les gens dansèrent, avec une vigueur qu'ils ne se connaissaient pas. La simple vue de la nébuleuse de lumière les changeait, les renforçait.

Les jumeaux encore graves furent acclamés à grands cris, invités de tous côtés à se joindre aux festivités, car déjà des arbres fruitiers apparaissaient ça et là, poussant à toute vitesse comme pour rattraper le retard accumulé. Avec mille précautions, les jumeaux déposèrent leur trouvaille dans un petit globe taillé dans une matière d'une grande pureté, étincelant de transparence; dès qu'il fut refermé, la lumière bondit, enfla et projeta ses rayons encore plus loin. Elle semblait translucide, voilà qu'elle avait l'air solide, et les miracles se multipliaient en même temps que se multipliaient ses chatoiements.

Alors que les instruments de musique primitifs entonnaient l'air le plus joyeux qui eut jamais résonné sur l'îlot, les jumeaux s'éloignèrent, couvant de leurs regards le torrent d'or qui se déversait depuis cette source lumineuse.

Au moment même où ils disparaissaient au coin d'une maison et qu'ils rejoignaient la fête, une ombre solitaire s'approcha du globe, les mains tremblantes - était ce de honte, de colère, de passion ou d'envie? - …

Les jours se succédèrent à toute vitesse. On avait dès le début renoncer à recenser tous les changements: l'îlot avait gagné en taille, c'était certain, les terres nouvellement émergées déjà couvertes d'une riche végétation, des insectes sautillaient d'herbe en herbe, les fruits étaient mûrs et lourds, juteux; une forêt s'étendait déjà sur une étendue raisonnable, et des animaux en tout genre y établissaient déjà leur domicile.

Au milieu de tout cela, le village se métamorphosa: les habitations autrefois branlantes et tordues se dressèrent, droites dans leur nouveau costume de bois et de pierre, peintes de couleurs vives; les rues résonnaient des bruits d'une fête incessante depuis que les jumeaux avaient apportés la lumière en ces terres. Des banderoles flottaient au vent tels les étendards d'une armée conquérante, et partout on se réjouissait des fleurs, de la vie qui prenait forme, des futures naissances...

L'îlot était un Royaume de bonheur, et les jumeaux en étaient les Rois. Ils illuminaient ce lieux autant que leur incroyable invention, disait on.

Cependant, ils affirmèrent que leur tâche n'était pas fini, et se retirèrent une fois de plus, pendant une semaine cette fois ci.

Lorsqu'ils sortirent, ils transportaient un autre globe, de la même matière cristalline mais de dimensions toutes autres: il faisait la taille d'un homme, au moins. Les habitants médusés écoutèrent leur projet: ils comptaient transférer la lumière dans ce globe ci, pour qu'elle soit plus belle encore, plus rayonnante et chaleureuse, et ils l'emmèneraient tout en haut du Mont. Car l'îlot avait toujours possédé cette étrange particularité d'avoir, en dépit de sa faible surface de l'époque, un pic fait de roches acérées et grises, un pic escarpé et dangereux, tout en corniches et en failles.

Ainsi l'entreprise semblait désespérée et irréalisable. Mais l'assurance des jumeaux dissipa les derniers doutes.

Par un ingénieux système de lanières de cuir, les deux frères attachèrent le globe géant à leur deux dos, répartissant son poids – qui était bien insignifiant en comparaison de sa taille – et permettant une montée plus aisée. Ils conservèrent la lumière dans le petit globe le temps de l'ascension.

Et ils se mirent en route, seuls mais confiants, animés d'une volonté inébranlable. Les collines qui étaient récemment apparues furent une étape agréable du voyage, tranquillisant les deux frères plus encore.

Mais lorsque se dressa l'inquiétante silhouette aux contours déchiquetés, leur cœur se serrèrent, et ils se rappelèrent les dernières paroles de l'homme le plus vieux – et par conséquent le plus sage – du village:

« Prenez garde, mes enfants; le Mont n'est pas seulement sinistre d'aspect. C'est là bas qu'ont disparus tout ceux pour qui le poids de notre sort était trop lourd. C'est à son pied aussi que la folie de certains fut révélée... Vos cœurs, vos âmes et vos esprit doivent rester clairs. Aussi purs que cette lumière que vous nous avez apporté. Sinon... Je crains le pire... »

Ils échangèrent un regard. Ils ne renonceraient pas, car on comptait sur eux. Plein de ce sentiment de fierté, ils s'élancèrent, et l'escalade fut mémorable: sautant pour atteindre des prises éloignées, les deux frères luttèrent des heures durant. Ils se sauvèrent la vie à maintes reprises, déjouant les fourbes précipices et les méchants éboulis qui les menaçaient. Et ils le firent sans cogner une seule fois le précieux globe, plus fragile et délicat que le soupir d'amour d'une jeune fille.

Arrivés au sommet, environnés de nuages, les jumeaux contemplèrent ce monde dans lequel ils avaient grandis. Un étrange sentiment s'insinua dans leur pensée commune, sorte d'impression de s'être trompé, une faiblesse de volonté, insidieuse, comme de... L'indifférence? Mais le vieux sage avait parlé et sa voix résonnait en eux. En quelques minutes, ils installèrent le globe de façon à ce que nul vent, nulle tempête ne puisse le déloger.

Enfin, ils transférèrent cérémonieusement la lumière d'un contenant à l'autre.

Et ce fut une véritable révélation, les flots autrefois menaçants éclairés maintenant sur des kilomètres, la nuit chassée à jamais de l'horizon, le Mont illuminé par un flot doré qui le changea en sculpture ingénieuse.

Ce fut le sourire aux lèvres que les deux frères regagnèrent le village en liesse, leur fierté décuplée, la joie au cœur. L'âme en paix ? Nul ne pourrait le dire.

Aucun mot ne pourrait même ébaucher l'année qui suivit: d'un monde de nuit naissait la lumière perpétuelle, abreuvant une population vieillissante à la manière d'une fontaine de jouvence, et le bonheur – ce devait en être- se lisait partout, dans la courbe des vagues comme dans les ondulations du vent, dans les yeux des hommes et dans le rire des femmes, dans le cœur même de l'île. Et tous s'en abreuvaient à outrance, se noyant dans cette existence enfin agréable, se gorgeant de cette vie bienfaisante.

Il est pourtant une chose qu'il faut ici décrire. Les jumeaux étaient les héros d'une population au bord du gouffre, la passerelle branlante qui la reliait au monde des vivants, ils étaient son sang, l'épaule d'Atlas qui la soutenait avec force et ostentation. Malgré cela, aucun habitant n'avait pu effacer de sa mémoire le souvenir des crises passagères de l'un des deux jumeaux; il devenait alors taciturne, distant et grossier, moqueur, insensible... Mais on peinait à y croire, tant il ressemblait à son frère le reste du temps. Encore que... Depuis que la Lumière avait gagné sa place définitive, cette attitude s'était accentuée.

Et depuis ce jour là, au sommet du Mont, à l'instant où un souffle perfide avait effleurer leur sens, il n'avait pas pu oublier. Son frère l'avait fait, et il continuait à déambuler, tout sourire, dans cette atmosphère de fête luxuriante. Mais lui... Non, il était devenu plus sombre, moins visible, et moins populaire.

Et cela le rendait fou. Après tout, il était celui qui avait réellement inventé la lumière. C'était vrai, l'invention de son frère n'aurait été d'aucune utilité si lui n'avait pas trouvé cette matière unique, qui avait sauvé cette risible flammèche...

Un sentiment d'injustice croissant montait en lui.

La veille du jour où devait avoir lieu l'anniversaire de leur succès, il demanda à son frère de l'accompagner, pour se rendre sur le Mont en un voyage symbolique. Réjouit de voir son frère prendre une telle initiative après cette longue période qu'il avait passé seul, il accepta, et ensemble, ils partirent en secret.

L'escalade fut d'une facilité déconcertante, éclairé qu'était le Mont par la Lumière. Ou était-ce qu'il attendait son heure?

Arrivés au sommet, les jumeaux restèrent un temps immobile. D'aussi près, le chatoiement infini de l'orbe géante était réellement magnifique, et même eux deux furent émus.

Non. Il avait déjà trop changé et, comme en un éclair de lucidité, l'île émit un lointain grondement.

La contemplation des deux frères se mua peu à peu en réflexion. Des pensées voletaient légèrement chez l'un, agréables, alors que chez l'autre roulaient de lourds nuages. Ce dernier fit le tour et vint se placer à côté de son frère, dont les yeux demeurèrent fixés sur la danse incandescente de la lumière.

Ce fut à ce moment qu'il frappa. Un morceau de roche dans la main, il commit l'acte fratricide, et le corps sans vie de son frère tomba, environné du halo lumineux qui le couvrait désormais comme un linceul. Glissant en d'horribles cahots le long d'une paroi de pierre, toute sa gloire passée effacée en un instant, sa bonté, sa joie et sa vigueur envolées, le mort termina sa course dans la gueule béante d'une des failles qu'ils avaient vaincu ensemble un an plus tôt.

Tremblant, le jumeau restant regarda autour de lui. La lumière lui appartenait, désormais. Il rit, d'un rire fou.

Et il commit l'impensable. Il s'empara de ce don qu'ils avaient fait à la population du village, de cet élan spontané qui les avait poussé à aimer, à vouloir le bien d'autres personnes qu'eux mêmes; il s'empara de la vie de l'îlot de la manière la plus atroce qui soit. Il s'en saisit, et la lumière regagna son globe premier, qui fut aussitôt enfoui au fond d'une sacoche malodorante.

Ce fut un cataclysme sans précédent. La nuit s'abattit comme un charognard affamé sur l'espace désormais libre de toute lumière, reprit ses droits et en ajouta d'autres. L'océan de ténèbres réapparu, engloutissant voracement toutes ces terres que la lumière lui avait arrachée et plus encore. Les animaux moururent, transpercés par des lances d'ombres, et les habitants fuirent dans leurs cabanes devant l'atroce spectacle de leurs semblables engloutis, dévorés par la nuit ou avalés par la terre agitée de soubresauts.

Le dernier des deux frères réapparut alors, le visage plein d'un mauvais rictus, et tous lui demandèrent son aide, lui demandèrent où étaient son frère et la lumière, pourquoi, enfin, pourquoi ils étaient de nouveau condamnés.

Voyant tout ces gens implorants, rescapés d'une population décimée en plein essor, il sut qu'il avait finalement ce qu'il voulait. Son frère avait trahi, détruit leur ouvrage et condamné ce peuple, leur dit il; il pouvait les sauver mais ils devaient lui obéir, ils devaient l'aimer, l'aduler, sans quoi ils ne reverraient plus la Lumière..

Exerçant son emprise manipulatrice, trompeuse, il devint un tyran, exigeant des concessions toujours plus lourdes pour exhiber son globe lumineux. La population, trop attachée à cet homme, ne pouvait et ne voulait rien faire.

Étourdie de lumière durant une année entière, elle était prête à se saigner pour continuer à la voir, à la sentir...

Et puis, du jour au lendemain, il disparu. Il disparu comme s'évanouit la vapeur dans l'air, sans laisser de traces, sans laisser le globe, non plus.

Et le désespoir tenailla le village plus durement que jamais. Les pleurs ne tarissaient jamais, et le Mont, le sinistre Mont, retrouva avec une énergie renouvelée sa fonction d'ossuaire.

Au milieu de ces âmes en peine qui se traînaient comme des poupées mal articulées, au milieu de cette future cité des morts, marchait un homme. Seul il avait conservé un peu de courage et de force.

Il était triste, bien sûr, mais déterminé. Car lui, depuis la naissance de cet îlot, de ce village, avait toujours été là. Toujours présent, comme tant d'autres, et toujours discret. Combien de fois avait-il tenté de résoudre ce problème, tenter de les sauver? Combien d'essais, quelle patience et quelle volonté il avait déployé! Quel amour, aussi, dans toutes ces heures, ces journées, passées à chercher, à contempler et à soupirer...

Il est vrai qu'il s'était senti très mal lorsque deux nouveaux venus avaient réussis là où lui avait échoué. Jalousie, tristesse, colère. Un éventail réduit mais tellement puissant, qui avait fini par laisser place à une détermination plus grande encore..

Maintenant que l'îlot était livré à lui même, il se sentait la responsabilité de le sauver. De chasser à son tour les ténèbres loin de ce qu'il chérissait. Il en était le seul capable; après tout, il avait bien touché cette matière, la lumière, lors du tout premier jour de fête. Il ne savait alors pas ce qu'il ferait une fois le globe atteint. Finalement, il n'avait fait que l'effleurer, une seconde, la plus longue de sa vie. Il avait eu entre les mains cette formidable entité, l'avait étudié d'après ses souvenirs. Il avait compris qu'elle était imparfaite: un premier jet, en quelque sorte.

Il rentra chez lui. S'assit devant son bureau, inspira profondément, et se mit au travail.

Deux jours plus tard, il rassemblait tous les vivants sur la place du village. Et il leur parla, comme personne n'avait jamais parlé où que ce soit. Il ne les réconforta pas, du moins pas longtemps, et son sermon fut dur. Il reprocha à cette population d'avoir été aveuglée par cette nouvelle sensation, si forte et plaisante, et d'avoir voulu en abuser. D'en avoir abuser, même. Mais ses yeux exprimaient tant de tendresse...

Et cette dureté était la bienvenue: lorsque tout s'effondre, la moindre parcelle de fermeté se transforme en point d'ancrage. Alors la population s'y ancra. Les femmes séchaient leurs larmes, les hommes se redressaient.

Il avait réussi. Et ils étaient prêt à vivre, vraiment.

Alors, lentement, le monde entier fixé sur ses gestes à peine perceptibles dans cette nouvelle nuit, il ramena ses mains à sa ceinture; là, une bourse de cuir était soigneusement ficelée et pendait mollement. Avec délicatesse il s'en saisit, et le cordon d'argent qui maintenait le contenu à l'abri tomba à la manière d'une plume, en un gracieux ballet aérien.

Avec une douceur insoupçonnable renaquit le miracle, une résurrection, une réincarnation de l'entité salvatrice. Cette lumière là était tellement plus belle dans sa modestie, épurée de toute prétention, et brillait avec tant de sincérité qu'elle fut un baume immédiat pour les habitants et pour l'île brisée.

Son rayonnement était faible, encore timide, mais ses flots d'argent adamantin reflétaient plus de passion et de promesse que ne l'avait jamais fait la lumière dorée. Et, miracle, celle ci brillait d'un éclat véritable sans l'aide d'aucun globe.

Des larmes cristallines jaillirent en un jet fabuleux des profondeurs de Mont, arrachant à ses flancs les pierres traîtresses et les roches perverses, polissant ses pentes, comblant ses failles, le transformant en une merveille d'élégance.

Et ces larmes formèrent un torrent, incarnation d'une joie et d'une sérénité incommensurables, le reflet limpide des sentiments de ce village malmené.

Cet homme que nul n'avait jamais remarqué était devenu un héros, un sauveur. Sa lumière fut religieusement offerte au village entier, qui l'accepta en tremblant, et il en fut le vigilant gardien, ne cessant de la regarder croître, toujours plus pure, plus bénéfique, à mesure qu'il la couvait de ses soins; et les habitants savaient que rien ne l'occulterait jamais.

Une ère de félicité s'annonçait, et quelque part, dans notre monde, une jeune fille pleurait de bonheur, son cœur enfin illuminé par le scintillement des larmes qui coulaient sur son visage...

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Oo. Pour commencer, pour ce qui est de l'orthographe, j'ai un petit doute comme ça.

Et depuis ce jour là, au sommet du Mont, à l'instant où un souffle perfide avait effleurer leur sens, il n'avait pas pu oublier.

J'aurais mis "leurs", vu que tu parles des sens des jumeaux, et pas des sens d'un seul jumeau.

Je trouve que ton récit décrit assez bien la dualité humaine et la lumière que représente l'amour dans notre coeur (les mots sont faibles, c'est difficile à décrire) ; et j'aimerais bien savoir ce qui t'as poussé à écrire (moi je veux bien entendre que tu as croisé une belle inconnue et que tu t'es imaginé une romance folle, mais pour ce que je viens de lire, y'a autre chose je pense). Tu as bien fait de mettre un encadré pour préciser certaines notions, sinon jamais je n'aurais compris le passage des globes. Par contre, la lumière et le coeur sont repris assez finement dans le récit, et je trouve cela vraiment remarquable.

La richesse en émotion de ton récit est assez remarquable, si je ne me répète pas :)

M'enfin, ce qui est à retenir, ce qu'il faut que tu continues parce que là, franchement, c'était de la bombe.

Bien sûr, j'ai dû passer à côté de deux ou trois défauts, mais ce n'est pas ce qui m'intéresse. J'ai également admiré la richesse en vocabulaire de ton récit (nan mais sérieusement j'ai vu des groupes nominaux à faire pâlir Victor Hugo).

Ce que tu dois savoir (synthèse quoi), ce que ton récit est riche en émotion et en vocabulaire, que tu n'as quasiment pas fait de fautes de syntaxe, et que tu dois continuer !

:D

Un message un petit peu court peut être, mais c'était juste histoire de te donner un avis sur ton texte.

Modifié par CodoulePou
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[Hum, j'ai bien conscience des règles de la section, Monsieur Inxi- jenemesouviensplus, mais pour un one shot, j'ai du mal à faire autrement que de répondre ici]

D'accord pour le 'leurs', merci!

et j'aimerais bien savoir ce qui t'as poussé à écrire

Bah ça a vraiment été spontané, une fille ( mes souvenirs sont flous, mais il ne me semble même pas qu'elle était charmante, et je n'ai fait que la voir à quelques places de moi dans une navette par un triste matin, le soleil encore jeune) avec une expression plaquée sur le visage, que je me permet d'interpréter. Instantanément, je vois un lieu isolé (une île directement, je crois), deux jumeaux qui apportent une lumière qu'ils reprendront.

Le reste de la journée a vu des morceaux de phrases griffonnés sur une feuille, et le soir même je commençais à écrire.

Y'a rien de plus, sinon que cela correspond à peu près à la situation telle que je l'aperçois au travers du prisme de ma vie.

J'apprécie en tout cas tes encouragements plus qu'enthousiastes! (ouais, parce que quand on aime, on ne compte pas, m'enfin là le Panthéon français doit être agité de soubresauts d'indignation!)

A plouch'

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Un très joli conte que voilà et bien qu'il ne m'ait pas touché au coeur, a su m'intriguer. Il y a pourtant une certaine poésie qui se dégage et l'ambiance flotte comme les nuages qui pèsent sur la montagne, qui pèsent sur l'un des jumeaux. Comme mon prédecesseur, je me demande ce qui t'a vraiment inspiré sur ce coup. En ce qui me concerne ton récit m'a rappelé " la ferme des animaux " de Orwell, les jumeaux incarnant Trotski et Staline, la lumière le moulin. Enfin bien sur qu'il ne doit rien avoir en commun, c'est juste au niveau de l'intrigue et de la forme.

La lumière est très bien décrite pourtant a presque aucun moment on eut pu deviner qu'il s'agissait bien de l'amour ( si tu ne l'avais évoqué au début ). On se demande aussi d'ou viennent les jumeaux, que devient le " ténébreux ", qui est le vieillard? Puis la fin bascule sur la réalité comme pour rendre un hommage à celle qui t'a inspiré. Si le conte ne m'a pas ému c'est parce qu'il vient ( je crois ) d'une émotion très personnelle que tu as ressenti en voyant cette fille. Et il est des choses qu'on ne peut pas décrire aussi habile sois-tu. Et en l'occurence tu l'as été. De très jolies formules comme de mémoire :

l'îlot était un royaume de bonheur et les jumeaux en étaient les rois.

Ou encore

plus fragile et délicat que le soupir d'amour d'une jeune fille

Des descriptions effiaces bien qu'on ignore tout de l'apparence physique des jumeaux et des autochtones. Mais encore une fois tu gagnes quelque part ton pari par cette atmosphère " aérienne " qui frôle de justesse l'indifférence. Sans jamais l'atteindre toutefois. Bref c'est bon. Bien sur il reste quelques fautes d'orthographe / conjugaison qu'il serait fastidieux de relever ( il manque des t a disparu par exemple, ou quelques s en trop ) et certaines maladresses dans le style :

" le big bang revisité " j'ai bien ri en lisant cela, c'est sympa mais tranche avec l'atmosphère plus " sérieuse ". C'est comme si cette phrase nous ramenait illico des cieux au rat des paquerettes. Bref l'idée est originale, mais il faut vraiment que tu t'exprimes sur la morale si morale il y a ou sur ce qui t'a reellement motivé à l'écriture de ce conte.

Ah et pour finir

le Panthéon français doit être agité de soubresauts d'indignation!

J'ai vu des footballeurs amateurs rivalisant avec Messi alors pourquoi Hugo serait-il indétronable? Ah ah ça reste de l'humour. Au contraire, le panthéon ne peut que se flatter d'avoir des descendants de qualité, bataillant sans cesse pour faire au mieux. Dur labeur.

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[Hum, j'ai bien conscience des règles de la section, Monsieur Inxi- jenemesouviensplus, mais pour un one shot, j'ai du mal à faire autrement que de répondre ici]

Je rappelle le règlement de la section (Fantastique) :

vous ne pouvez pas répondre aux commentaires qui sont faits sur vos textes SAUF si vous postez en même temps une suite à votre texte ou que vous avez des choses intéressantes à dire.
Aucun problème pour ma part ; d'autant plus pour un one-shot. Le but est de débattre, diantre ! :)

Sinon, un texte que je m'efforcerai de lire bientôt. Ca a l'air riche, te connaissant il y a du niveau, et la longueur entre dans mes préférences. Bientôt :D

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Alors !!

Moi je vais te faire pas mon impression : :wink: . Alors en fait, j'ai pas lu les cadres au moment où j'écris (sauf le premier) mais je trouve qu'il est toujours dommage que dans un livre, et à plus forte raison dans un film, où il faut d'autres explications pour comprendre. J'aurais aimé que ça soit inclus dans le texte pour pas laisser pomé !

La forme est en tout cas irréprochable et c'était vraiment un plaisir de te lire mais si je regrette l'absence de dialogue qui provoque des longueurs :) !

Pour le one shot, juste laisser le temps que les commentaires s'accumulent plutôt que répondre du tac au tac !!! Voila, bravo en tout cas !!

@+

-= Inxi =-

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  • 2 semaines après...

Je voulais attendre la réponse de Celt avant de répondre, mais je n'y tiens plus, donc zou.

Kayalas:

Un très joli conte que voilà et bien qu'il ne m'ait pas touché au coeur, a su m'intriguer. Il y a pourtant une certaine poésie qui se dégage et l'ambiance flotte comme les nuages qui pèsent sur la montagne, qui pèsent sur l'un des jumeaux. Comme mon prédecesseur, je me demande ce qui t'a vraiment inspiré sur ce coup. En ce qui me concerne ton récit m'a rappelé " la ferme des animaux " de Orwell, les jumeaux incarnant Trotski et Staline, la lumière le moulin. Enfin bien sur qu'il ne doit rien avoir en commun, c'est juste au niveau de l'intrigue et de la forme.

On ne peut pas toujours taper juste, malheureusement. Honteux, je dois t'avouer que je n'ai jamais lu la Ferme des animaux, malgré le grand plaisir que j'ai eu à lire 1984.

La lumière est très bien décrite pourtant a presque aucun moment on eut pu deviner qu'il s'agissait bien de l'amour ( si tu ne l'avais évoqué au début ). On se demande aussi d'ou viennent les jumeaux, que devient le " ténébreux ", qui est le vieillard? Puis la fin bascule sur la réalité comme pour rendre un hommage à celle qui t'a inspiré. Si le conte ne m'a pas ému c'est parce qu'il vient ( je crois ) d'une émotion très personnelle que tu as ressenti en voyant cette fille. Et il est des choses qu'on ne peut pas décrire aussi habile sois-tu

C'est une des choses qui me fait peur, que mon texte soit trop imperméable (d'ailleurs, Inxi a raison de dire que si l'on doit rajouter des précisions, ce n'est pas forcément une bonne chose). Mais comme tu le soulèves, c'était assez fugace et personnel comme moment, donc il est difficile d'être clair là dessus.

Pour toutes les petites questions que tu te poses... Et bien, c'est libre, au lecteur d'imaginer. Sinon, ce ne serait pas un vrai conte.

Et en l'occurence tu l'as été. De très jolies formules comme de mémoire :

Merci!

Mais encore une fois tu gagnes quelque part ton pari par cette atmosphère " aérienne " qui frôle de justesse l'indifférence.

Pari risqué que je tente inconsciemment. On va dire que j'ai eu de la chance.

Bien sur il reste quelques fautes d'orthographe / conjugaison

Je me suis rendu compte à mon grand effarement que je ne savais plus conjuguer en français ! Ni quand mettre quel temps, ni quoique ce soit ! Alors d'instinct, ça marche souvent, mais c'est pas glop quand même...

alors pourquoi Hugo serait-il indétronable

Disons que si il n'est pas indétrônable, il est "indétrôné"...

Celt:

Ca a l'air riche, te connaissant il y a du niveau, et la longueur entre dans mes préférences

Huhu, c'est marrant l'effet que cela a lorsque l'on tient quelqu'un en grande estime.

Merci.

Inxi:

mais je trouve qu'il est toujours dommage que dans un livre, et à plus forte raison dans un film, où il faut d'autres explications pour comprendre. J'aurais aimé que ça soit inclus dans le texte pour pas laisser pomé !

Oué, je suis d'accord, mais j'avoue avoir beaucoup de mal à ne pas le faire. Déjà, c'est plus libre d'interprétation pour le lecteur; ensuite, cela le force à être très attentif à tous les détails. Enfin, c'est plus joli.

La forme est en tout cas irréprochable et c'était vraiment un plaisir de te lire mais si je regrette l'absence de dialogue qui provoque des longueurs

Merci. Voui, j'aurais pu insérer des dialogues, mais puisque c'est un univers un peu 'irréel', purement métaphorique, et plongé dans une atmosphère bien particulière, baaaah... J'ai pas voulu rompre le silence éternel des lieux.

Voilà, merci à vous trois en tout cas!

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  • 2 semaines après...

Me voilà ^_^

Je commenterai ici surtout le fond et la réussite de la narration ; la forme sera sûrement pour une autre fois (car il y a des choses à dire :P : outre une douzaine de fautes d'orthographe, quelques règles de ponctuation à te signaler, et surtout une poignée de maladresses stylistiques). Cela dit, cette dernière (la forme, donc) est déjà très bien en l'état. Ca repose de voir un texte qui sait où il va et qui l'écrit correctement, ces temps-ci.

Bref, le fond.

La volonté de créer un conte est, à mon sens, à moitié réussi. Ou, disons, aux deux tiers. Tu parviens bien à créer l'atmosphère du conte, avec ce qu'il faut de simplification narrative pour que l'on s'y retrouve. Mais je trouve que tu compliques trop certaines choses. Typiquement, le :

Au moment même où ils disparaissaient au coin d'une maison et qu'ils rejoignaient la fête, une ombre solitaire s'approcha du globe, les mains tremblantes - était ce de honte, de colère, de passion ou d'envie? - …
...est parfaitement justifié pour ce qui est de l'histoire, rien à dire là-dessus. C'est même très agréable de voir que le texte est réfléchi et que tout n'est pas "clés en main" sur-le-champ. Mais, pour cette fois, c'est précisément une faille dans la construction : un conte a pour vocation d'être lu par des enfants (si si, même les Contes de Grimm ou d'Andersen bien flippants :ph34r: ), et tout doit être immédiatement accessible, facilement compréhensible. S'il y a trois tâches pour que le petit plébéien épouse la princesse sadique et psychopathe, alors le roi annonce qu'il y aura trois tâches (celui qui trouve de quel conte je parle gagne un poutou :lol: ). S'il faut cinq jours pour un voyage, alors on dit dès le début qu'il faut cinq jours. Tout ne doit pas être simple, je n'ai pas dit ça ; mais tout doit être clair.

C'est là qu'on arrive à la deuxième incohérence dans ton intention même : le manque de véritable morale. Si tu suis la structure classique, tu te dois d'introduire une logique inhérente à l'oeuvre. Quelque chose à démontrer pour le petit gniard / le bouseux du coin, même si finalement ton message est tout autre et bien plus profond (en témoignent les métaphores explicitées au début). J'ai personnellement lu le récit sans lire le second cadre préliminaire, cela ne m'a pas empêché de passer un bon moment (je ne le nie pas), mais la fin m'a gêné. Pas la dernière phrase (qu'on comprend avec ton premier cadre), mais plutôt la fin dans la parabole même. Où est la morale ? Où est la conclusion ? On n'est jamais happily ever after sans en avoir tiré une leçon ! Si je devais en tirer une, ici, ce serait "travaille dans ton coin, ne te soucie pas des artifices et de la gloire, un jour ton heure viendra, et tu pourras enfin contribuer au bien de tous dans la plus pure modestie". Mais si c'est cela que tu as voulu dire (j'en doute), il faut l'expliciter ! Et si ce n'est pas cela, c'est dû à...

La troisième faille (huhu). Pas d'unité d'action. Tu changes de héros en cours de route, ce qui n'est pas (amha, comme partout dans ce commentaire d'ailleurs) dans la logique du conte. Cela aurait été compréhensible si tu avais reparlé des jumeaux dans la conclusion, en en tirant une morale (par exemple en établissant une comparaison avec l'homme discret). Mais ça n'a pas été le cas. Et du coup, lorsqu'on n'a pas les clés pour décrypter (et même quand on les a), le seul mot qui vient c'est : "Wtf ?" Où est la fin ? Que veut dire la fin si les jumeaux n'y sont pas ? N'ont-ils servi à rien ? Le village serait-il alors le héros ? Mais alors, pourquoi avoir autant développé les jumeaux ? Car si le village/l'îlot était le héros, il n'y aurait pas eu besoin de trouver une origine étrangère au lieu pour les frères. Ils auraient aussi bien pu provenir du même lieu, finalement, s'ils n'étaient pas si importants. C'est donc qu'ils le sont. Mais alors, pourquoi disparaître aux trois-quarts du récit ? Tant de questions...

Voilà les points sur lesquels j'achoppe. La forme, ce sera pour plus tard, parce que ça fait déjà pas mal ^_^

Sinon, le style même du conte est assez bien maîtrisé : clair mais rarement épuré, simple sans faire trop simplificateur.

Dans le temps, le Palouf avait écrit deux textes en forme de conte (peut-être plus, mais alors je ne les ai pas lus), cela pourra peut-être t'inspirer. Le style en était également assez bon, me semble-t-il. Sont ici (on est en fait assez loin du conte, mais des thématiques et des tournures y font écho) et là (à mi-chemin entre le conte et le mythe). Il devait aussi y avoir un autre texte d'un certain auteur, mais impossible de me rappeler qui ou quoi, hélas...

EDIT : Et parce que je me concentre trop sur les points négatifs, étrangement : bon travail. On passe un bon moment, sans être gêné par la forme ni tiquer sur la cohérence d'ensemble. Nyabon.

Modifié par Celt
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Huhu, comme quoi, tout vient à qui sait attendre :ph34r:

Alors alors, pour un commentaire intéressant, c'en est un.

Mais, pour cette fois, c'est précisément une faille dans la construction

Bah, j'invente un nouveau style, le Conte pour adultes!

Bon, et sinon... Je ne sais pas trop quoi dire. On me dit que le conte doit être lu par des enfants, et que par conséquent il ne devrait pas y avoir de zone imprécise, un peu d'inconnu et de mystère mais... Je ne sais pas, je n'ai plus vraiment à l'esprit les contes que l'on me racontait enfant, mais il me semble bien qu'ils comportaient toujours un effet de surprise plus ou moins fort. Après, l'exemple qui me vient à l'esprit, ce sont les disneys: indéniablement, ils étaient adressés aux enfants; mais pourtant, tout n'était pas toujours "clés en main" (bon, maintenant on sait que les gentils gagnent toujours, mais imagine enfant, quand tu vois Mufassa mourir ! ).

En fait, je crois que la dénomination "Conte" est mal choisie, parce que je ne le destine pas du tout aux enfants. Disons que c'est la forme d'un conte mise au service de mes attentes, pour servir la morale que je veux faire passer...

On en vient à la deuxième faille (huhu, moi aussi je sais faire ! ): la morale. Je pense que le plus gros souci vient du fait que j'ai moi même une morale et une éthique très particulière. C'est sûrement la forme qui n'est pas assez claire là dessus mais:

Où est la morale ? Où est la conclusion ?

Disons qu'elle s'étale sur plus qu'un paragraphe:

Étourdie de lumière durant une année entière, elle était prête à se saigner pour continuer à la voir, à la sentir...
Il avait compris qu'elle était imparfaite: un premier jet, en quelque sorte.
Il reprocha à cette population d'avoir été aveuglée par cette nouvelle sensation, si forte et plaisante, et d'avoir voulu en abuser. D'en avoir abuser, même
Son rayonnement était faible, encore timide, mais ses flots d'argent adamantin reflétaient plus de passion et de promesse que ne l'avait jamais fait la lumière dorée

Plus la fin, bien sûr.

Mais je me rends compte que j'ai oublié de préciser une chose capitale: ce conte est avant tout destiné aux jeunes filles qui s'abusent et s'illusionnent, et qui ne voient pas où se trouverait leur véritable intérêt et bonheur.

Voilà. Cela doit changer la donne, j'imagine.

Mais je vais tout de même expliquer cette morale que tu n'as pas ressentit: ce n'est pas "reste dans ton coin, on finira par te voir", parce que c'est se placer du mauvais côté du prisme; non, c'est plutôt qu'il faut savoir prêter attention aux détails, à certains gestes, à certains regards; que l'amour (bah voui, il s'agit de cela quand même) n'est pas toujours synonyme d'exubérance, de bruit, que les apparences peuvent être trompeuses. Enfin, ces choses et d'autres, quoi.

Et d'ailleurs, le changement de héros qui intervient est par conséquent normal: l'île (qui est l'image du cœur, donc) a accueilli deux hommes (qui n'en sont qu'un seul en fait), et s'est sentie vivre pour la première fois (hyperbole, je vous l'accorde). Mais c'était juste l'euphorie de la première expérience, de la sensation nouvelle. Le village (qui représenterait peut être l'âme, au final, je ne sais pas) s'est gonflé, heureux, mais en ne voulant voir que cette lumière nouvelle (le sentiment qu'elle croyait être de l'amour donc) et non pas ce qu'elle pouvait cacher de ténèbres (oui, je suis très manichéen).

Bref, si on réfléchit en se plaçant du côté "réel", qu'as t-on? ( Et non pas Caton ) Une jeune fille, aux bras d'un jeune un peu grande gueule, pas forcément sincère, mais très intéressé. Un autre type, un ami de la fille par exemple, qui en devient parfois rouge de colère. Mais malgré cela, il est là quand elle a besoin de parler de lui.

Bon.

Un jour, l'autre niquedouille commence à se lasser: cette fille est bien, ouais, mais un peu coincée, ou alors il d'autres envies. Mais elle, qui croit à l'amour, tente de le garder. Alors elle fait des concessions, des sacrifices. Lui, pour un temps, va rester, parce qu'il pense pouvoir demander toujours plus. Et puis un jour, tout simplement, pouf! Il disparaît. Il l'ignore, et en prend une autre (oui, les jeunes filles sont souvent très naïves). Alors là, l'îlot est de nouveau engloutit, toussa toussa.

Et l'ami rouge pivoine, là, et bien il voit celle qu'il aime vraiment pleurer toute l'eau de son corps. Et il ne peut pas la laisser comme cela. Même si une fois remise elle sera encore inaccessible. Parce qu'il l'aime, tout simplement.

Mais là, dénouement heureux, à force de paroles et de soins, elle se rend compte que depuis longtemps, elle a un sentiment particulier à son égard. Pas la grande chevauchée bruyante, ni même le fracas d'une avalanche, non, mais comme le bruissement d'un torrent lointain, comme la quiétude du vent dans les branches; et ce sentiment, depuis quelques jours, elle le ressent avec plus de force.

Et lui, attentif, il aperçoit, au travers de sa peine, une lueur dans son regard. Alors, téméraire, il lui offre sa lumière, pour ce qu'elle vaut. Et la jeune fille accepte. Parce qu'elle sait désormais ce qu'elle veut vraiment. Parce qu'elle l'aime, en fait. Mais cette première lumière était peut être nécessaire à cette prise de conscience.

Et elle pleure de bonheur.

(Non, ce n'est pas une expérience vécue, mais de l'observation et de la spéculation)

Je ne sais pas si j'ai répondu correctement à tes interrogations, mais j'y ai répondu, alors...

Wouhou, j'ai failli me faire verser une larme moi même.

J'devrais faire du cinéma.

EDIT: ah oui, et quand même: merci beaucoup.

Je lirais les textes de Sieur Paladin, parce que je suis curieux et qu'il est balèze.

Et puis j'aurais pas le droit au poutou, parce que je ne vois pas ce que ça peut être...

Modifié par Silverthorns
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