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L'Ire du Crépuscule


Loup Noir

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L'Ire du Crépuscule

Le soleil rouge descendait à l'horizon. Sa course inexorable le ferait bientôt disparaître derrière les majestueux pics enneigés des Montagnes du Bord du Monde. Les contours déchiquetés des cols et des vallons s'étendaient à perte de vue, comme dominant le monde d'en bas.

C'est sur les pentes vertigineuses d'un de ces cols que se tenait, fier, Urgrim Œil-Rouge, fil de Dalik. Le nain à la barbe et à la crinière blanches et hirsutes observait ces monts tant aimés. Combien d'hivers avait il passé à l'ombre de ces massifs intemporels ? Combien de peaux vertes avait il abattu en ces terres ?

Urgrim était grand pour un nain. Sa peau légèrement foncée contrastait avec sa barbe neigeuse. Un bandeau oculaire recouvrait son œil gauche. Une longue cicatrice dépassait de part et d'autre de la prothèse sommaire, témoignant d'un quelconque combat sanglant. Il portait une armure terne, battue par les intempéries, qui semblait avoir vécu de nombreuses batailles épiques. Composée d'un casque, d'une cotte de maille et de jambières, elle était de bonne facture, et quoique vieille, elle dégageait la même aura de puissance que son porteur. Le nain portait également une lourde cape de fourrure pour se protéger du froid mordant des hautes montagnes. Sur son visage, on pouvait lire les années, imprimées irrémédiablement sur sa peau par de profondes rides. Ses mains calleuses étaient posées sur la tête d'une hache à large lame, dont le manche était planté dans la neige. L'arme, qui semblait tout aussi vieille que l'armure, avait pourtant gardée sa beauté des premiers jours. Le tranchant unique était orné de gravures esthétiques, et le bois du manche finement ciselé et garnit de deux gros diamants au dessus de la poignée. Compte tenu de la hauteur de la hampe, la hache était assurément faite pour être maniée à deux mains. Debout et stoïque, malgré le zéphyr glacé sifflant à ses oreilles, Urgrim Œil-Rouge semblait attendre, impassible, la venue de quelque chose, ou de quelqu'un.

L'œil d'Urgrim quitta la contemplation du sentier du col, menant à sa position, et se tourna vers le ciel, nimbé de la clarté écarlate de l'astre du jour mourant. Le vieux guerrier laissa son esprit vagabonder, et voguer dans les limbes de son passé. Il avait perdu son œil gauche il y avait des années de cela, lors d'une escarmouche avec des Skavens s'étant introduits dans les souterrains de la forteresse de Zhufbar, auprès de laquelle il avait offert ses services de mercenaire. Ses compagnons lui avaient par la suite attribué le surnom de « Œil-Rouge » en raison de son œil restant, qui semblait s'injecter de sang à chaque fois qu'il combattait. Urgrim passa son large pouce sur le fils de sa hache, dans un geste machinal pour en estimer le tranchant. Cette lame faisait sa fierté. Le nain l'avait maniée habilement dans de multiples batailles, et, jusqu'alors, elle lui avait toujours permit de rester en vie. Son dernier exploit remontait a une semaine à peine, alors qu'il avait sauvé un diplomate de Karaz-A-Karak de la mort.

Le col que Urgrim défendait aujourd'hui n'était pas une position stratégique. Le sentier était étroit, et , d'habitude, il n'était sillonné que par des pisteurs et des éclaireurs. Mais ce chemin menait tout de même à la route principale, conduisant tout droit vers Karak Kadrin; une route sur laquelle les défenseurs de la cité avaient déjà à combattre une armée de peaux vertes. Urgrim et ses amis mercenaires avaient été mandatés pour retenir la troupe orc, qui pouvait devenir menaçante si elle prenait les soldats de la cité à revers. Mais les créatures que Urgrim et ses amis étaient censés retenir s'étaient révélées bien plus nombreuses que ce qu'ils avaient prévu. Le vieux nain avait vu ses amis, avec lesquels il avait passé une grande partie de sa vie, tomber sous ses yeux. La vue de leur sang avait apparemment décuplé ses forces, car il était toujours en vie. Mais il était bien le seul.

On pouvait voir des larmes séchées sur les joues d'Urgrim, signe que son cœur était moins froid que la lame de sa hache. Voilà une heure que les orcs avaient été refoulés. Une heure que Urgrim pleurait sur les corps de ses compagnons défunts. Ils n'avaient été au début que des compagnons de route et de bataille. Mais au fil du temps, une réelle relation d'amitié s'était formée au sein du groupe. Son regard se porta sur le corps mutilé de Dimzad. Le nain à la barbe noire avait eut la poitrine enfoncée par le coup de massue d'un orc gigantesque. Avant que celui-ci ne lui donne le coup de grâce, Urgrim s'était précipité et avait paré l'arme de la peau verte. Son bouclier avait était pulvérisé par le choc. Avec un hurlement de guerre, le nain avait ensuite planté sa hachette dans le crane de la créature, si fort qu'il n'avait pu la retirer. L'orc était mort sur le coup. Avant de retourner dans la mêlée, armé cette fois de sa hache à deux mains, il s'était penché sur son ami, qui lui avait plus d'une fois sauvé la vie. Dimzad lui avait alors murmuré, dans un souffle, ce qui devait être sa dernière parole: « Merci ».

Urgrim serra plus fort le manche de sa hache. Le mercenaire se rappelait de sa première rencontre avec Dimzad, soixante quinze ans plus tôt. Ce jour là, il avait bien cru que la mort lui ouvrirait ses bras glacés. Mais c'était sans compter le bras et le marteau de guerre de Dimzad, qui avait chargé les trois brigands attaquant Urgrim. Le premier était tombé si rapidement sous coups du guerrier qu'il n'avait même pas eut le temps de se défendre. Le deuxième n'avait pu résister aux attaques combinées des deux nains, et le troisième s'était enfuit, sachant la partie perdue. Les deux compagnons d'infortune s'étaient alors engagés comme mercenaires dans une ville humaine proche, et avaient continué ce travail, durant trois quarts de siècle.

Le son d'un cor tira Urgrim de sa rêverie. Une nouvelle colonne d'orc approchait en contrebas. Le nain évalua leur nombre approximatif. Ils devaient être au moins une cinquantaine. Il exécuta quelques mouvements de bras pour assurer sa prise. Les premières peaux vertes apparurent au tournant du col. Leurs faces hideuses se tordirent en un rictus méprisant à la vue de ce vieux nain, qui défendait, seul, la route qui les mèneraient à Karak Kadrin. Urgrim avait beau être un mercenaire, il n'était pas pour autant dépourvu d'un sens de l'honneur. Cette mission n'était pas comme les autres; il défendait aujourd'hui la cité qui l'avait vu naitre et grandir, celle où, cent ans auparavant, il avait participé à sa première bataille à vingt cinq ans, au côtés de son père. Voilà plusieurs heures qu'il tenait ce col pour que sa cité tant chérie ne tombe pas. Et, pour éviter ce désastre, il était près à donner sa vie. De toutes façons, Urgrim avait comprit de puis un moment déjà qu'il s'agissait là de sa dernière bataille. Le soleil avait disparu derrière les massifs, mais les montagnes étaient toujours baignées de la lumière rougeâtre du crépuscule. Juché sur une congère, le nain hurla sa colère à la horde lui faisant face, et leva sa hache.

La lame d'Urgrim fendit l'air et s'encastra dans le crâne du premier orc l'ayant chargé, passant outre le casque. « Quel fou ! », se dit le guerrier intérieurement en retirant son arme; l'attaquer seul alors qu'il dominait ses ennemis de toute sa hauteur était du suicide. Il était peut être seul et en grande infériorité numérique, mais il pouvait encore faire des ravages. Deux orcs arrivèrent à sa portée. Le nain détourna la lame du premier, puis lança un violent coup de pied dans la face de deuxième, qui n'était pas protégé. Ce dernier hurla de douleur, mais s'arrêta bien vite, la hache le frappant à la nuque. Son premier adversaire essaya alors d'atteindre Urgrim à la jambe. D'un bon, celui-ci esquiva l'épée, et, d'un moulinet décapita l'orc. Il grogna avant de porter machinalement son regard derrière lui. Ses yeux se posèrent alors sur le corps d'un être plus petit qu'un nain, imberbe, qui souriait, et sur le visage duquel était encore gravée une certaine joie de vivre, même après la mort. Cette vision emplit le cœur du nain de chagrin et de fureur.

Urgrim se rappelait comme si c'était hier de sa première rencontre avec Ludo; ce jour là d'ailleurs, sa vision des halfings avait changée. Dimzad et lui s'étaient par mégarde aventurés en Slyvanie en voulant rejoindre Nuln, où ils espéraient offrir leurs services de mercenaires. Ne connaissant pas la région, ils s'étaient égarés, et avaient croisé la route d'une petite unité de non-morts, qui sillonnaient cette contrée maudite. Pris de peur devant ces abominations, les nains avaient pris la fuite. Tout en courant, ils devinaient que leurs espoirs de survit s'amenuisaient. C'est alors que les deux mercenaires furent sauvés par un groupe de courageux frondeurs halfings. Urgrim et Dimzad les remercièrent et leur offrirent de l'or en échange de leur hardiesse. Alors qu'ils allaient partir pour Nuln, un jeune frondeur du nom de Ludo insista pour les accompagner. Les deux nains acceptèrent, ayant été impressionnés par sa façon de combattre. Le halfing les accompagnait depuis un demi siècle. Il était mort en héros, perçant la poitrine d'un orc, qui, dans son agonie, parvînt tout de même à lui enfoncer ses deux haches de par et d'autre de son cou.

Dix cadavres d'orc gisaient à présent aux pieds d'Urgrim qui en défiaient encore plus de conquérir la congère, rouge de son sang et du sang orc. Jamais il n'avait senti une telle frénésie l'habiter. Il était blessé au coude et au pied droit, mais ne s'en souciait pas. Il ne ressentait plus que deux émotions, la colère et le chagrin. Le chagrin qui, parfois, sans que cela ne le détourne de la bataille, lui faisait songer à ses amis défunts. S'il était le dernier, il avait aussi été le premier. Il se battait déjà, alors que ses compagnons ne marchaient pas encore. Enfin, sauf peut être Anika. Anika, qu'ils surnommaient tous « la Guerrière aux Cheveux Rouges », sachant bien que ça lui faisait plaisir. Anika, qui était à présent étendue dans la neige, une plaie béante dans la gorge. Le cœur d'Urgrim s'envola vers celle qui avait été son amante.

Le groupe l'avait rencontré un an après Ludo, avant une bataille contre des skavens, dans les égouts de Middenheim. Le chef des gardes de la ville leur avait demandé d'enquêter sur des disparitions d'objets inquiétantes, une enquête qui les avaient conduit dans les souterrains, grouillant d'hommes rats. Anika avait demandé à les accompagner dans leur quête, désireuse d'y trouver gloire et richesse. Dimzad, c'était énervé face à cette aventurière impétueuse, et l'avait défié en duel. Mal lui en prit, car elle le battit si vite que Urgrim la recruta immédiatement, espérant au fond de lui que son expérience martiale les protégerait des dangers des profondeurs. Elle devînt par la suite un membre permanent du groupe, qui n'en recruta d'ailleurs aucun autre. Lors de l'affrontement qui vit sa mort, Anika s'était battue comme jamais son amant ne l'avait vu se battre. Sa chevelure rousse claquait au vent et ses deux marteaux de guerre semblaient trouver d'eux mêmes les points vitaux de ses adversaires. Néanmoins, deux orcs réussirent à la désarmer et l'acculèrent contre la pierre glacée du col. Urgrim s'était élancé à son aide, mais il savait déjà qu'il ne pourrait rien faire. Ils abattit tout de même les deux orcs, et contempla son amie, gisant, mortellement blessée, ses marteaux oubliés dans la neige. Urgrim parvînt, contrairement à Ludo qui avait été tué sur le coup, à entendre les dernières paroles de son aimée. « Rejoins moi vite, je t'aime ». Pour le nain, rien n'avait été si terrible en cette journée que de voir cette femme mourir. Les orcs avaient peu après battu en retraite.

Urgrim tenait toujours, sur son monticule de neige. Il avait abattu quinze ennemis assez fous pour se présenter à la morsure de sa hache. Le nain remerciait en silence le vent violent et l'étroit défilé où il se trouvait, qui rendait l'utilisation de flèches impossible, sans quoi il serait déjà mort. Lorsque les orcs se préparèrent à attaquer une nouvelle fois, Urgrim sut que se serait la dernière mêlée. Alors qu'il attendait les peaux vertes et la mort avec eux, un chant de mort lui revînt en mémoire. Anika lui avait appris « l'Ire du Crépuscule » qu'elle avait composée elle même. En abattant sa hache sur ses adversaires qui étaient parvenu à escalader la congère, Urgrim l'entonna à plein poumons.

« Venez donc, que ma hache vous dévore ! »

Le mercenaire fendit un crane, puis sentit une vive douleur dans la cuisse gauche. Il mis un genou à terre et regarda l'un des orcs dans les yeux. Ce qu'il y vit ressemblait à de la peur. Il l'abattit.

« Tremblez, car c'est là l'Ire du Crépuscule ! »

Un dernier orc tomba lorsque la hache s'enfonça dans sa poitrine, puis une épée transperça le nain de part en part. Son arme lui échappa des mains.

La nuit était tombée sans qu'il s'en aperçoive, et les diamants qu'étaient les étoiles s'instillaient au dessus de lui. Il espérait que les orcs avaient été retenus assez longtemps pour qu'ils ne représentent plus aucune menace. Urgrim regarda Anika et les montagnes se découpant derrière elle, et ferma les yeux. Il mourut paisiblement.

Modifié par Loup Noir
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Yo yo!

Première impression: c'est un bon petit récit, simple mais efficace, classique dans le genre (les mercenaires et leur mort, le chef qui reste) mais qui a le mérite de contenir une petite touche personnelle que je ne saurait définir.

Le titre, ensuite, est vraiment sympathique. Mais là, premier défaut, il n'est pas vraiment relié à ton texte, ou plutôt ton texte ne lui est pas suffisamment relié: tu l'évoques à la fin, rapidement, trop en fait. L'exercice n'est pas facile mais il aurait été bienvenu de rédiger un plus long morceau de ce chant.

Ensuite, les nuances: trop de fautes! Et de tous types! J'avais commencé à les relever toutes, puis j'en ai sélectionné certaines, mais regardes le nombre qu'elles sont déjà (ou alors ce sont des expressions inappropriées, maladroites):

- 'comme dominant le monde d'en bas': pas très évocateur pour des montagnes...

- 'ce tenait': => se tenait

- 'fil': fils

- 'blanche et hirsute': au pluriel puisque la barbe et la chevelure sont concernées.

- 'peau vertes': prend un 'x' je crois => peaux vertes

- 'couleur neigeuse': marche pas: c'est soit neigeuse tout court, soit... Bah autre chose :D

- 'Un bandeau oculaire': huhu, celle là m'a fait marrer! Le bandeau suffit, je pense.

- 'et le bois du manche finement ciselé et garnit de deux gros diamants au dessus de la poignée': manque un verbe

- 'du sentier du col, menant à sa position': défaut récurrent dans ton texte, il y a trop de participes présents. Préfères lui l'usage de la voix passive, trouves des périphrases, évites les lourdeurs!

- 'il y a des années de cela': => il y avait

- 'Il était peut être seul et en grande infériorité numérique': redondance

- 'prient': dans ta phrase, s'écrit 'pris'

En clair, je ne sais pas si tu débutes dans l'écriture, mais c'est pas mal; il y a de l'idée, une certaine connaissance du genre, mais cela nécessite encore du travail.

J'ai quand même passé un bon moment :)

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Combien de peau vertes avait il abattu en ces terres ?

J'allais commencer à lister les fautes mais quelqu'un a déjà fait la remarque donc je te laisserai corriger ! A faire vite avant que ça décourage d'autres lecteurs :wink: !

Ensuite pour mon avis propre c'est un bon texte entraînement. Dans le sens où l'histoire est banale et la rapidité de l'histoire et de la présentation des personnages. Après la forme est très propre donc tu peux lancer une histoire plus grande :) !!

@+

-= Inxi =-

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