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Anathème


Celt

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Bonjour à tous !
Je fais surgir à nouveau un de mes projets né l'été dernier, mais hélas suspendu et effacé dans le crash du forum (Hélas !). Ce projet, c'est celui d'une pièce de théâtre baroque, de style shakespearien, écrite par [b]un auteur anglais fictif[/b] du nom de [i]Hircar Chursery[/i]. [b]De manière fictionnelle[/b], je vais donc "traduire" sa pièce (en réalité ma propre œuvre... Clair, non ? ^_^ ).

Mais avant de démarrer, je me dois de vous expliquer les raisons de ma reprise de ce projet. C'est simple : sans m'épandre sur ma vie privée, disons que je suis parvenu, après deux ans de classe prépa, à intégrer une grande école (ce qui est somme toute normal). Or celle-ci possède une association de théâtre très développée, qui laisse la possibilité d'écrire et de jouer sa propre pièce. En découvrant cela, imaginez mon ravissement ! Je peux non seulement reprendre mon projet de pièce de théâtre pour le mener à terme durant ces vacances estivales, mais en plus avec de bonnes chances de voir cette pièce jouée l'année prochaine ! Vous comprenez donc que ma motivation est très présente. Or j'en aurai besoin, car j'ai la fâcheuse manie d'abandonner mes projets les uns après les autres pour passer au suivant... Il me faut donc maintenir le cap. De plus, je suis très exigeant avec moi-même, et ai du mal à écrire quand je considère que ce qui a été écrit auparavant n'en vaut pas la peine. Il me faut faire taire ce critique intérieur à tout prix, donc.

Voilà pour la présentation. Vous savez donc tout de mon projet : j'ai un mois et demi pour écrire (un peu moins de) cinq actes ! Je compte donc m'astreindre à un rythme d'une scène (ou un morceau conséquent d'une longue scène) tous les trois jours, afin de me forcer à écrire (sachant que le synopsis détaillé est écrit). Je compte sur votre futur soutien ^_^

Mais trêve de blablas, la présentation :

[center][b]Anathème[/b]
Ou
[b]De l’honneur et de la religion[/b][/center]
Tragédie baroque en cinq actes

Auteur : [b]Hircar Chursery[/b]
Traduction : [b]Celt[/b]

[size="4"][b]PERSONNAGES[/b][/size]

[size="4"]MORTELS[/size]

LACERTE…………………………………………………………………………………Soldat, lieutenant de Scipio
SCIPIO……………………………………………………………………………………Général des armées d’Açorie
MEMNOCH*………………………………………………………………………………Second de Lacerte
REMUS………………………………………………………………………………………Roi d’Açorie
MGR DEODAT…………………………………………………………………………Evêque de Cap
SECHAN……………………………………………………………………………………Zélote, chef de la Garde
DHELIA… ………………………………………………………………………………Reine d’Açorie, épouse de Remus
LUDIVINE………………………………………………………………………………Princesse d’Açorie, fille de Remus et Dhelia
FINNIA……………………………………………………………………………………Servante de Lucine
Ainsi que des SERVANTS, NOBLES, GARDES, PAYSANS, COMMERCANTS, etc.

[size="4"]ÊTRES SURNATURELS[/size]

AZIRAPHALE……………………………………………………………………………………...Ange
METATRON……………………………………………………………………..La voix de Son Maître

(liste sujette à changements)
*Le nom original du personnage est [i]Evenoch[/i]. Le traducteur a pris la liberté de le modifier en raison de jeux de mots fréquents dans le texte, intraduisibles sans ce changement.


[u][b]Intrigue :[/b][/u]
Lacerte, valeureux héros des guerres de la Mer du Nord, rentre au pays (en Açorie ; pays situé au Nord du Saint Empire Romain Germanique, entre les royaumes de Hollande et de Danemark) après un exil volontaire de plusieurs années en Italie (Florence) avec son lieutenant Memnoch. Mais à son retour à la ville principale Cap, tout a changé. Son ancien général, Scipio, a été frappé d’anathème, et nul ne peut plus lui parler ; pas même sa fiancée Ludivine, princesse du royaume. Le peuple vit dans la crainte du châtiment et les incroyants sont exclus. La raison de cette agitation est l’arrivée dans le royaume de l’Ange Aziraphale, qui se prétend messager de Dieu pour rétablir la paix dans le royaume et gouverner l’Açorie. Témoin bien tardif, Lacerte va mettre en péril sa vie pour rétablir la justice et la quiétude dans le royaume.

[center]----------------------------------------[/center]

[center][b][size="4"]ACTE I[/size]

Scène 1 : Lacerte, Memnoch[/b]

[i]La campagne açorienne.

Lacerte et Memnoch entrent[/i][/center].


LACERTE – L’air mord dru, Memnoch. Je ne me souvenais pas qu’il fît si frais en cette période en Açorie.
MEMNOCH – Hélas, mon bon seigneur ! Voilà déjà plusieurs années que nous sommes partis pour les vertes campagnes italiennes ; le bienheureux climat de Florence nous aura fait oublier la rudesse des automnes de nos natives contrées. Il est déjà rassurant de constater que deux hommes seuls peuvent voyager à pied sans être achevé par quelque affliction ou bien attaqué par une bête errante ; n’espérons pas en sus avoir beau temps, le Seigneur s’il n’est pas avare conserve tout de même ses bienfaits pour les répartir avec équité.
LACERTE – Cessez donc de tout rapporter à votre Dieu, Memnoch. Je doute que la pluie sur nos visages ou bien la foudre qui frappe des hauteurs et vient surprendre le paysan esseulé soient de son fait. A vrai dire, s’il s’en préoccupait, ce serait là un Dieu bien méprisable et futile ! Vous rendez-vous compte, s’occuper non seulement des sordides affaires de ses agneaux – lesquels entre nous seraient bien mieux décrits affublés d’un patronyme plus carnassier, au vu de la fureur qui les habite – mais se soucier également de leur bien-être par tout temps ? Non, non, Ses préoccupations seraient bien supérieures… Si tant est que le nom que vous psalmodiez recouvre quelque réalité.
MEMNOCH – J’en frissonne, monseigneur. Cessez ces hérésies que vous clamez à tue-tête à longueur de journée, vous allez vous attirer le courroux du Ciel ; et moi qui ne suis que votre lieutenant, je frémis d’être pris dans la punition et de subir à mon tour les flammes et mille tourments d’un Enfer qui me serait éternel. Il ne sera pas dit que le brave Memnoch aura fini sa vie pour cause de sa loyauté envers son athée de seigneur.
LACERTE – Enfin, Mem ! Ne constatez-vous pas que les pires fripouilles s’en tirent en ce bas monde sans même une simple punition ? Alors pourquoi craindre un quelconque châtiment céleste pour deux âmes droites comme les nôtres ? Non, cessez vos boniments, ils n’ont pas prise sur moi. Que dites-vous de contenir notre marche pour quelques minutes ? Ma gorge me paraît aussi sèche que les déserts d’Afrique et aussi irritante qu’une messe ! [i](Ils s’assoient.)[/i]
MEMNOCH – Très spirituel, monseigneur. C’est ce genre de boutade qui vous a fait expulser du royaume.
LACERTE – De l’insolence, Mem ?
MEMNOCH – A peine une pique, monseigneur Lacerte.
LACERTE – Vous faites bien ! Il est bon de me rappeler que mon retour en Açorie n’est pas anodin. Des années d’exil, volontaire s’il en est, me précèdent, et mon nom n’est probablement guère plus qu’un murmure dans le royaume, que les vieillards évoquent au coin du feu devant leurs marmots médusés de n’avoir pu vivre et servir sous le commandement d’un tel homme ! Quelle peine doit emplir le cœur de ces bambins lorsqu’ils écoutent le récit des guerres de la Mer du Nord ! Ne pas avoir combattu coude à coude avec d’aussi braves combattants. Ah !
MEMNOCH – Monseigneur…
LACERTE – Qu’y a-t-il, Mem ? Vous interrompez ma rêverie.
MEMNOCH – Nous ne sommes partis que depuis quatre ou cinq automnes…
LACERTE – Ah ! Vous me plantez un poignard dans le cœur, mais la raison est vôtre. Je ne dois pas me laisser aller à l’orgueil ou à la contemplation d’une quelconque gloire passée ; le véritable soldat ne pense qu’à ce qu’il peut accomplir pour sa patrie.
MEMNOCH – Voilà qui est bien parlé. [i](Il prépare une rapide collation)[/i]
LACERTE – Reste que mon exil fut bien douloureux à mon âme, après que j’ai eu offert au roi mon âme et ma lame pour défendre mon peuple.
MEMNOCH – C’est le lot de tout homme que d’être remplacé par d’autres…
LACERTE – Mais pas si jeune, pas si jeune ! Songez, Memnoch, que je m’enrôlai à seize ans, défiant d’un même mouvement et l’avis de mon père et les larmes de ma mère, bien décidé à me tailler la part du lion dans le conflit à venir. Mais en fait de lion, je n’étais qu’un chaton miaulant qui ne connaissait rien [i](Il se saisit de son épée et fait quelques passes)[/i] [1] et qui dut apprendre à se battre, à survivre, à blesser, à tuer même !
MEMNOCH – Oui ? [2]
LACERTE – Non, je ne vous sollicitais pas ; je me contentais de décrire. Décrire… Comment raconter la fureur des combats, le sang des mourants, les mêlées hurlantes dans lesquelles vous peiniez même à reconnaître votre frère, si tant est qu’il fût encore en vie. Ce fut une période de ma vie triste et sombre, qui revient parfois encore me hanter jusque dans mes rêves les plus secrets. La guerre, plutôt les guerres, nous opposaient à tous nos voisins conjurés ; le Saint Empire Romain Germanique au sud, mené par la Saxe, et puis le royaume de Danemark à l’est ! Et que dire des Hollandais à l’ouest, qui tentaient vainement de nous soutirer des parcelles de souveraineté, soutenus par ces perfides Anglais, envieux de nos richesses. Le conflit s’enlisait, Memnoch. Et puis un jour, il survint ! Lors d’une bataille contre… contre je ne sais même plus qui – nous ne baissions jamais les bras, si ce n’était pour prier, les conflits étaient incessants – je le vis, luttant à l’épée comme quatre, menant ses hommes d’une poigne de fer. A l’avant avec les troupes, il montrait l’exemple : il tailladait du Nordique avec une hargne extraordinaire, qu’on eut pu croire d’origine divine. C’était Arès tout de fer vêtu, Héraclès redescendu de l’Olympe : le héros de tout un peuple. Issu des basses classes, il avait su en peu de temps se faire un nom au combat ; et ses talents de stratège étaient à l’avenant. Son destin : sauver le royaume d’Açorie. Son nom : Scipio. Très vite, à sa suite, je ne tardai pas à me faire connaître. Il me remarqua et m’intégra parmi ses proches. Je devins alors son enseigne ; et je gravis les échelons avec lui, tandis que nous enchaînions les victoires ! Ah, figurez-vous, Memnoch, ce que fut ce temps ! Avec quels hourras les soldats nous recevaient ! Avec quels honneurs les officiers nous traitaient ! Scipio était l’invaincu, à ses côtés marchait Lacerte le loyal.
MEMNOCH – Belle histoire que celle-ci. Il est cependant dommageable que ce soit la trentième fois que vous me la narriez…
LACERTE [i](Il ne semble pas avoir remarqué Memnoch)[/i] [3] – A partir de son accession au rang ô combien prestigieux de général des armées, la fin de la guerre n’était plus qu’une question de mois. Comprenez, Memnoch, que sa stratégie audacieuse et son art de la logistique nous permirent en six semaines d’achever ce que nous n’avions pu finir en dix ans ! Les guerres de la Mer du Nord n’étaient plus qu’un souvenir, alors que nous rentrions à Cap la grande, ville de toutes les délices et de notre triomphe. A notre retour, un seul nom était sur toutes les lèvres : Scipio. Et c’était bien mérité ; nul dans toute l’Açorie n’aurait eu plus de mérite à être ainsi loué. Il est des hommes dont le destin est si grand qu’il implique celui de milliers d’autres, le général était de ceux-ci. Le roi lui promit même la main de sa fille Lucine à sa majorité.
MEMNOCH – Un grand homme que voici, assurément.
LACERTE – Oui, c’est bien ce que ma bouche exprime et que votre tête entend ; je suis impatient de nous voir à nouveau dans Cap. De nombreux bruits ont circulé, comme vous le savez, jusqu’à nos oreilles, et tous ne sont pas d’heureux augures. On raconte que la volonté du bon roi Remus a été altérée avec l’âge – je n’ose le croire –, qu’il a laissé un autre manipuler ses royales affaires, que Scipio n’est plus de ces terres – folie ! –, que le mariage même a été remanié, enfin que le royaume vit dans la répression et l’isolement. Encore une fois, je ne peux y accorder crédit, ce ne sont que des racontars de vieille femme. L’Italie est fort loin de notre patrie, il en va probablement d’une bien autre façon, et les récits ont été déformés par tant de langues successives.
MEMNOCH – Je l’espère, monseigneur. J’ai quelque famille à Cap ; j’espère de tout mon cœur qu’il ne lui est rien arrivé de fâcheux.
LACERTE – N’ayez crainte, loyal second. Par le serment qui nous lie, je vous dois protection de mon influence – si tant est qu’il m’en demeure quelques brins – et je châtierai de ma lame la moindre souillure portée à votre nom, dût-elle être lavée avec du sang.
MEMNOCH – Je connais votre générosité, monseigneur, et je vous en remercie humblement. Mais voilà qui vient.
LACERTE – Que dites-vous ?
MEMNOCH – Nous allons être dérangés dans notre discussion, semble-t-il. Voyez l’équipage qui se dirige vers nous, suivant la route. Il semble en piteux état.
LACERTE – Avisons cela, peut-être ces gens nécessitent-ils notre aide.




[1] Indication scénique ajoutée par le traducteur.
[2] Jeu de mots qui justifie le nom de Memnoch. Chursery emploie l’adjectif [i]“even”[/i] à cet usage à plusieurs reprises dans l’œuvre.
[3] Cf. note 1
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Pas de réponse (LiB, Memnoch, SoK, PrYb, Enmerkar, Inxi, tous les autres, où êtes-vous ? :ph34r: ), mais comme il me faut bien conserver la motivation... La suite avec la plus grosse partie de la scène 2.
J'en profite pour signaler que toutes vos remarques seront considérées avec la plus grande attention : puisque la pièce est destinée à être jouée, je prête une attention aussi bien à la forme qu'au fond (construction de l'intrigue dans son ensemble, incohérences, etc.). Toutes les réflexions seront utiles et auront une application concrète. Si vous avez des réactions "de spectateur", brut, sans véritable analyse critique, ça m'intéresse aussi ^_^

[center][size="3"][b]Scène 2 : Lacerte, Memnoch, voyageurs[/b][/size]

[i]La campagne açorienne.

Plusieurs[1] voyageurs entrent.[/i][/center]

VOYAGEUR – Holà, qui sied sur le chemin au-devant ? Faites-vous reconnaître !
MEMNOCH – Ce n’est pas à nous qu’il convient de se faire nommer, voyageur. Tu es celui qui vient nous déranger, toi et toute ta famille, et tu ne portes nul blason de lignée ; l’initiative est donc tienne.
VOYAGEUR – Soit, vos arguments ne sont que raison – et l’épée qui pend à vos côtés est un argument bien supérieur… Je me nomme Dantes, et j’étais autrefois orfèvre à Cap, un des plus réputés d’Açorie. Mais celui-ci, je ne le suis plus, et voici ma famille qui m’accompagne pour ce nouveau périple, et surtout cette fuite honteuse.
LACERTE – Dantes ? Dantes, c’est vous ?
VOYAGEUR – Ces intonations me sont familières… Lacerte ? Est-il vrai, Lacerte ! Vous êtes donc revenu !
LACERTE – Comme vos yeux vous le décrivent. Ah, mon bon ami, l’âge semble ne pas avoir d’emprise sur vous, vous êtes aussi fringant qu’à mon départ !
VOYAGEUR – Flatteries que tout cela, Lacerte, ne vous fatiguez point à ce jeu-ci. Je sais que mes traits sont éprouvés et que mes cheveux ont blanchi en bien peu de temps. Car voyez-vous, nous vivons une époque troublée, des temps où la terre devient refuge du ciel et où la croyance en l’homme seul n’apporte que désolation…
LACERTE – Que dites-vous là ? Tenez, acceptez de reprendre votre souffle quelques instants, et accordez-moi le privilège de quelque fraîche nouvelle de ma cité natale.
VOYAGEUR – C’eut été avec le plus sincère plaisir, mais je ne peux me permettre cette halte. Ma famille et moi-même devons nous rendre au plus tôt auprès de miens cousins afin de chercher asile. Mais ! J’allais oublier de vous présenter celle qui accompagne mes jours depuis bien des années. Seigneur Lacerte, voici ma femme Delicia. Ma chère, tu as devant toi un des héros de la Mer du Nord, un fin bretteur, et plus que tout un seigneur juste et intègre – qualité qui se raréfie de nos jours, croyez-moi.
LACERTE – Madame, c’est pour moi un délice.
VOYAGEUSE – Et je vous rends la pareille, monseigneur. Votre projet est-il donc de retourner en Cap même ?
LACERTE – Assurément, je dois contempler de mes yeux si ce que j’en ai entendu depuis l’Italie n’est pas que pure affabulation.
VOYAGEUR – Hélas ! non, seigneur, il ne saurait être de pire récit qui soit parvenu à vos oreilles que celui du cauchemar que nous vivons désormais.
LACERTE – Eh bien parlez ! Qu’en est-il ? Votre air soucieux ébranle ma sérénité.
VOYAGEUR – L’on vous a probablement informé de l’arrivée de cette créature… Aziraphale est son nom, et le royaume tout entier n’obéit plus qu’à ses ordres. Tout incroyant en son Dieu n’est plus digne de conserver son titre de citoyen d’Açorie : la seule fin possible est l’exil – ou bien la mort.
VOYAGEUSE – Et nous, nous monseigneur, qui sommes des plus purs d’entre les honnêtes gens, qui n’avons jamais péché, qui n’avons jamais proféré la moindre parole contre notre prochain ou contre toute divinité, quelle qu’elle soit ; nous dont les créations sont renommées jusqu’à la cour du roi de France ; nous qui n’avons jamais demandé rien de plus que de servir notre bon souverain Remus ; nous voilà forcés de fuir comme des parias, et tout cela pour une seule faute ! Une faute, oui, c’est le nom qu’ils donnent à cette [i]tare[/i] que nous avons en nous.
VOYAGEUR – Nous ne croyons pas, monseigneur. Notre seule foi se place en l’homme, et celle-ci est bien la plus fragile désormais.
MEMNOCH – Voilà qui est de mauvais signe, monseigneur Lacerte.
LACERTE – J’entends bien, mon ami. Dites-moi, Dantes, cet Aziraphale, ce zélote implacable, est-il pour quelque chose dans le destin des plus grands héros de notre nation ? Remus, Diram, ne sont-ils plus que pantins ? Et qu’en est-il de… ?
VOYAGEUR – Silence, monseigneur, je vous en conjure ! Pas un mot de plus ! Bien des noms ont été oubliés de force en ces terres, et par tous leurs habitants. L’occupant actuel du trône frappe de punition divine quiconque prononce le nom d’un banni. Nombre de nos dirigeants et de héros de la guerre ont été frappés de ce sceau, dont celui auquel vous pensiez, je le sais. C’est l’anathème ! Nul ne résiste à Aziraphale, car son pouvoir est divin !
LACERTE – Divin ? Que me contez-vous là ?
VOYAGEUR – Je n’osais y accorder crédit, monseigneur, jusqu’à ce que je le visse de moi-même. Celui qui ceint désormais la couronne n’est pas un homme, car son dieu est avec lui et guide sa main. J’ai été témoin de scènes que jamais je n’eus cru réelles…
VOYAGEUSE – Il a retourné la main d’un homme contre lui-même ! La conspirateur, qui aspirait à occire l’homme – l’être – a vu sa propre gorge fendue par le poignard qu’il destinait à l’usurpateur. Ce fut comme si son propre corps n’était plus pleinement sien.
VOYAGEUR – Racontars de bonne femme que tout cela, monseigneur. Ce que nous tenons pour sûr, c’est que l’être peut s’envelopper d’une lumière aveuglante, qui irradie de ses paumes et de ses yeux. Et cela brûle les hérétiques et les pécheurs. Sur place !
MEMNOCH – Je refuse de croire de telles inepties ! [i](Bas, à Lacerte)[/i] Monseigneur, ne prêtez pas foi à de telles divagations... Cet homme possède aussi peu de raison que sa compagne. Êtes-vous bien sûr de leur valeur ?
LACERTE [i](De même, à Memnoch)[/i] – Autant que de la vôtre, Mem. Cessez d’interrompre leur récit. [i](haut)[/i] Et si ce n’est pas un homme, qu’est-ce ? Qu’est-il ?
VOYAGEUR – Il prétend être un ange, envoyé pour purifier le royaume. Notre bon Remus n’a d’autre choix que de s’incliner, par la foi ou par la force… Le clergé l’y contraint, et la famille royale avec lui.
LACERTE – Et Ludivine ? La princesse est-elle sauve ?
VOYAGEUSE – Certainement, monseigneur Lacerte ! Tout puissant qu’il soit, Aziraphale n’oserait pas nuire à un tel symbole du royaume. Il se murmure même qu’il désirerait s’unir à elle…
LACERTE – Est-il possible !
MEMNOCH – Monseigneur ! Monseigneur, que se passe-t-il ? Vous faiblissez !
LACERTE – Rien, mon brave, presque rien… Le poids de ces révélations comprime ma poitrine, j’y survivrai. Connaître ma patrie en si grand danger… Quel besoin avais-je de voir du pays !
VOYAGEUR – Je vois que vous avez besoin de repos. Quant à nous, la route est encore longue, et nous ne devrions point tarder. Je me vois obligé de prendre congé de vous, Lacerte, à mon plus grand regret. C’est le cœur chargé que je vous abandonne dans la direction qui s’oppose à la nôtre : le chemin qui vous attend va vous être rude, je le crains. Messire Memnoch, puissiez-vous veiller valeureusement sur lui et l’assister au mieux dans ces épreuves ; s’il est un homme qui le mérite c’est bien lui. Bien, marchons ma douce. Notre équipée ne se finira pas de sitôt, je le crains.
LACERTE – Adieu, Dantes, prenez soin des vôtres.
VOYAGEUR – Oh, Dieu n’a plus rien à voir là-dedans, Lacerte ! De l’arbitre impartial qu’il fut, il reste bien peu : désormais, même Dieu joue contre notre camp, par l’entremise de son valet. Prenez garde à lui !

[i](Les voyageurs sortent)[/i]


----------------------------------
[1] Le nombre exact n’est pas précisé. On peut en deviner au moins trois. Modifié par Celt
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Ben je travaille pour ma part ;)

Alors moi le tout de suite du premier passage me fait énormément penser à don juan. La relation maître et valet et cette vision totalement opposée de la religion avec le valet croyant et le maître totalement hermétique.

En tout cas autant les dialogues que l'histoire, j'adhère totalement et je vois pas de reproche à faire ! La suite !

@+
-= Inxi =-
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Félicitation pour ta place dans une grande école !

[quote]où êtes-vous ?[/quote]
Vacances... ^_^

Et bien, tout ça a un air de déjà vu ! Je ne me rappelle plus bien ce que je t'avais dis à propos de la première scène, mais il me semble que j'avais déjà fais le rapprochement avec Don Juan. Cela m'a, de nouveau, sauté aux yeux. Pour éviter de faire passer ça pour une pâle copie de ce classique, peut être devrais tu "assumer" cette ressemblance, d'une manière ou d'une autre (oui je sais, j'aide pas beaucoup X-/ ).

Sinon, bien que le théâtre ne soit pas la forme littéraire que je préfère (euphémisme), j'ai réussi à tout lire d'une traite sans décrocher, ce qui témoigne déjà d'une bonne qualité d'écriture et d'intrigue ;)

Mes réactions, en vrac : J'aime bien la façon dont est exposée l'intrigue, les informations arrivent petit bout par petit bout, on peut tranquillement tout digérer :)
L'intrigue elle même s'annonce intéressante, il y a une princesse à sauver ! :woot: :zorro:

Pour ce qui est de la forme, j'ai du mal avec le style pseudo-pompeux qui m'agace par moment, mais c'est très personnel comme réaction. Sinon, c'est très bon !

Allez, la suite !
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  • 3 semaines après...
Pour débuter, un mot sur la forme.
La présentation de ta pièce respecte les didascalies propres au théâtre : c’est en soit une bonne chose, une attitude qui donne envie au lecteur de te prendre au sérieux.
Le concept de la pièce qui n’est pas « écrite » mais seulement « traduite », couplé aux notes en bas de page relatives aux obstacles rencontrés lors de cette même « traduction », voilà qui me fait penser à Borges. Si c’est bien le cas, le clin d’œil est amusant.

Concernant le style, tu t’en tires avec fluidité et aisance. Histoire de pinailler, une réplique de la scène 2 aurait pu être tournée autrement :
« J’étais autrefois orfèvre à Cap, un des plus réputés d’Açorie. Mais celui-ci, je ne le suis plus »
Je ne contesterai pas le bien-fondé grammatical de cette réplique ; le problème est que son ornementation la rend… trop ornementée. Question de goût.


Sur le fond.
Certes, la première scène présente une ressemblance avec le Dom Juan de Molière. Pour autant, pas de quoi fouetter un chat : après tout, Momo s’est lui-même inspiré de Tirso de Molina et (presque) personne ne lui en a tenu rigueur.
Là où j’ai tiqué, c’est devant tes personnages ouvertement athées, notamment Lacerte. A en croire les indications de contexte dans les didascalies, ton histoire se déroule a priori au XVIe, voire au début du XVIIe siècle. Et des athées endurcis comme Lacerte… eh bien, on n’en trouve pas à cette époque. Machiavel lui-même ne nie pas l’existence de Dieu.
Si le mot « athée » existe depuis l’antiquité, il sert avant tout à désigner un autre que soit, c’est davantage une injure qu'une posture intellectuelle jusqu’au XVIIIe siècle.
Voilà pour le prechi-precha historique. Après, c’est ton histoire, tu fais ce qu’il te plaît.

Autre chose, le personnage du voyageur Dantes se contredit dans les deux répliques suivantes :
"VOYAGEUR – Nous ne croyons pas, monseigneur. Notre seule foi se place en l’homme, et celle-ci est bien la plus fragile désormais"
&
"VOYAGEUR – Oh, Dieu n’a plus rien à voir là-dedans, Lacerte ! De l’arbitre impartial qu’il fut, il reste bien peu : désormais, même Dieu joue contre notre camp, par l’entremise de son valet. Prenez garde à lui !"
Alors, Athée or not Athée ? La seconde réplique est trop ambiguë sur ce point. Plus de clarté sur les convictions de Dantes serait bienvenue.

Pour le reste, c’est du tout bon. Contexte initial et personnages posés avec savoir-faire. La confrontation à venir avec l’élément perturbateur semble prometteuse… bref, j’attends la suite ^^ Modifié par Oberon
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  • 1 mois après...
Alala depuis le temps que j’avais promis que je lirais ton texte… C’est enfin chose faite ! Je ne me souviens pas vraiment de mes premiers commentaires que j’avais effectués la première fois, donc faisons semblant de repartir de zéro. Je te préviens, j’ai du mal à commenter le théâtre, non pas parce que je ne l’aime pas, mais parce que c’est plus facile lorsque je le vois joué !

Déjà, tu emploies le surnom de Mem, et je me souviens que ça m’avait déjà gênée la première fois. Je te rappelle que raccourcir le nom était très improbable à l’époque. Peut-être que tu devrais lui trouver un véritable surnom, un sobriquet à partir duquel tu pourrais faire quelque jeu de mot ? Ou alors tu laisses comme ça aussi, je pense pas que les spectateurs seront choqués…

La gorge est irritante >> Cette formulation est bizarre, j’aurai mieux compris le « irritée ». Par exemple : « ma gorge est aussi irritée que lorsqu’elle doit chanter à la messe/lorsqu’elle doit avaler l’ostie », quelque chose dans ce genre-là…
Après que j’ai eu offert au roi mon âme et ma lame pour défendre mon peuple >> il me semblait qu’il y avait une règle particulière, comme quoi « après que » est forcément suivi du subjonctif. A revérifier je pense. Et pour défendre SON peuple, non ? Ou notre peuple, parce que là ça donne un peu l’impression que c’était lui le dirigeant.
Sinon, les noms Nord, Sud, Est et Ouest prennent une majuscule (ce n’est pas pour mettre en valeur ces termes que les livres de fantasy mettent des majuscules aux quatre points cardinaux…) Oui je sais, c’est du théâtre, et alors ?
Nous ne baissions jamais les bras, si ce n’était pour prier, les conflits étaient incessants >> prier quoi ? je croyais qu’il ne pensait pas qu’il existe une puissance supérieure ?
Le roi lui promit même la main de sa fille Lucine à sa majorité. >> Elle s’appelle pas Ludivine dans la liste des personnages ? xD

Tout un seigneur juste et intègre – qualité qui se raréfie de nos jours, croyez-moi >> laquelle se raréfie ? Le sens de la justice ou l’intégrité ;)
Madame, c’est pour moi un délice >> oui d’accord, elle s’appelle Delicia, mais le jeu de mots est un peu lourd, non ?
Pareil, on connait les noms des voyageurs, du moins, au moins de ceux de Dantes et Delicia, alors quand ce sont eux qui parlent et qu’on le sait, pourquoi laisser Voyageur et Voyageuse ?

En général, il manque un peu de didascalies dans la seconde scène, d’indications sur le jeu scénique. Même si je sais que ça reste du théâtre et qu’on n’est pas censés avoir de longues descriptions à lire.

[1] Le nombre exact n’est pas précisé. On peut en deviner au moins trois. >> ils donnent plus l’impression d’être deux quand même…

Sinon, ça me plaît bien, l’histoire est sympathique et on veut la suite. Le style pompeux ne me gêne pas, si tu ne l’accentues pas plus que ça. J’aurai plaisir à voir jouer cette pièce !

Libi, qui renaît d'entre les morts pour un commentaire sans grande complexité >_<
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  • 2 mois après...
Hello !

Haaa voilà du nouveau dans le fond et la forme.

Je n'ai qu'une question (coéhence ?) :

[u][b]LUDIVINE[/b][/u]………………………………………………………………………………Princesse d’Açorie, fille de Remus et Dhelia
FINNIA……………………………………………………………………………………Servante de [u][b]Lucine[/b][/u]

Ludivine et Lucine sont-elles le même personnage ? Si oui problème de cohérence dans le nom, sinon citer "Lucine" comme personnage (si c'est un secondaire, tu peux la citer avec les personnages secondaires).

Sinon le coup de la traduction qui est en fait le texte en lui-même est un classique (Norman Spinrad pour "rêve de fer" par ex) mais toujours intéressant à exploiter.
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