Kael Posté(e) le 29 août 2014 Auteur Partager Posté(e) le 29 août 2014 Petite suite, pour compenser de l'énorme de la dernière fois [center]***[/center] Swen sortit précipitamment de la salle. Le Stirmarshall avait été catégorique. Et cette fois-ci, il espérait bien ne pas le décevoir. Il ne pouvait pas se le permettre, d’autant qu’il avait pu constater la baisse d’estime qu’il avait chez celui qu’il considérait comme son mentor, malgré ses propres mots. Le capitaine ne retenait qu’une chose. Ludenhof aurait dû sanctionner sans tarder le comportement indigne d’Aloïs von Rinauer. Au lieu de cela, il avait mis cette affaire de côté. Meltburg n’ignorait pas le pragmatisme singulier du Commandant Suprême, mais il ne pouvait croire que ce caractère justifiait à lui seul un tel cynisme. Un officier avait torturé un soldat méritant, qui avait affronté la mort elle-même par patriotisme envers sa province. Non, ce ne pouvait être que parce que c’était Swen qui avait dénoncé pareille attitude que Ludenhof n’avait pas donné suite. Depuis le temps qu’il le secondait, le Fürst avait fini par comprendre la signification des actes du Stirmarshall. Il ne faisait jamais rien par hasard. Désormais, tout ce que pouvait faire Swen, c’était faire face à la mission impérieuse qu’il venait de lui confier. L’armée du Stirland tenait là une chance d’assurer sa victoire. Si Johann Meltburg menait un régiment galvanisé tout droit jusqu’au nécromant, responsable du cauchemar qui allait s’abattre sur eux, la Sylvanie serait une nouvelle fois vaincue. Mais pour cela, il fallait le convaincre. Et pour le convaincre, il fallait le trouver. Et où il était passé ?! Le père Vilnius ne pouvait pas aller bien vite, alors pourquoi Swen ne les voyait pas, pourquoi il ne les entendait pas ? Ils ne pouvaient pas être loin. -Vous croyez sérieusement qu’un répurgateur ne connaît pas les moindres recoins de cette citadelle ? Denhöf. Cölestin Denhöf. Swen ne l’avait même pas entendu. -C’est la porte vers la Sylvanie. Croyez moi, ces murs ont connu les affres de l’inquisition, siffla le spadassin, sarcastique. -Vous savez où il pourrait être ? -Qui ça ? Votre frère ? -Répondez-moi. Denhöf. L’espion ne répondit pas. Calmement, il descendit l’escalier, avant de prendre le premier couloir sur la gauche. Swen n’allait pas le laisser partir de la sorte. Alors qu’il s’apprêtait à insister, il entendit des bruits. C’étaient des murmures. Pourtant, le corridor étroit dans lequel ils se trouvaient était vide. Aucune porte sur les côtés, c’était une aile qui menait sur une tour, surplombant la rue en contrebas. Mais les murmures étaient bien là. Denhöf indiqua à Meltburg une plaque de granit au sol. Dans la pénombre, on avait bien du mal à la distinguer des autres pierres, mais en y regardant de plus près, elle était différente. Une toute petite poignée pouvait s’en retirer, et certainement la faire basculer. C’était une trappe. Comment Cölestin avait-il fait pour la découvrir ? Sûrement pas de lui-même. Un de ses informateurs avait dû lui vendre un tel secret. Même le comte von Stople devait tout en ignorer. -Il y a une sortie à cette trappe ? murmura Swen, prudent. Denhöf n’avait pas entendu. Il se rapprocha, et tendit l’oreille. -Vous connaissez une sortie ? -Il n’y en a pas. Allez attendre votre frangin plus loin. Je vais fermer l’accès de l’autre côté du couloir. Amitiés, mein Fürst. Et Cölestin s’en alla. Tel un prince. «[i] Frangin [/i]» ?! Il ne restait plus à Swen qu’à patienter. Mais dans le même temps, il ne pouvait pas attendre ici. Non, il devait seulement faciliter une « rencontre fortuite » avec son frère. Le Fürst s’en retourna donc dans l’escalier, prêt à descendre quelques marches au moment où il entendrait l’inquisiteur revenir par ici. Le jeune Meltburg resta ainsi pendant quelques secondes. Jusqu’à entendre un son. Mais ce son venait d’en haut ! Les autres officiers descendaient, et ils allaient le trouver là… une discussion s’en suivrait forcément, et à tous les coups, Johann en profiterait pour s’éclipser. Repartant discrètement dans le corridor, il vit néanmoins qu’il s’agissait de Klemens et de Joseff. Tous les deux avaient un pas pressé. -Si vous me dites que deux de vos fils se trouvent parmi mes soldats, alors, nous devons les trouver au plus vite, fit zu Hochschleswigl, d’un ton curieusement préoccupé pour pareil personnage. -[i]Dängschee[/i]… j’veux juste leur dire quelques mots… -Je vous amène jusqu’à mes troupes. Leurs noms ? -Karl et Albérich. -Oh ? Original, ça, salua ironiquement Klemens. Swen connaissait bien l’histoire de Joseff Rodörfy. Il n’oubliait pas que c’était grâce à lui qu’il avait pu faire ses preuves en qualité d’administrateur militaire à Wurtbad. S’il n’avait été à l’origine de la nomination, ce fut néanmoins cet officier, décrié à tort, qui l’accompagna et le soutint quand le doute venait assaillir le jeune exilé qu’il était encore jusqu’il y a peu. Depuis le début des opérations sur Leicheberg, Meltburg n’avait eu que très peu de temps pour parler avec Joseff, qu’il considérait comme un véritable ami. Il espérait seulement que ce dernier comprenait ses nouvelles responsabilités, et qu’il ne lui tiendrait pas rigueur de la distance que lui imposaient les événements. La trappe s’ouvrit. Maladroitement, Swen se précipita dans l’escalier. Assez peu discrètement. Ne sachant où se mettre, il chercha désespérément à paraître préoccuper. Il eut tout juste le temps de jeter de prendre deux ordres écrits qu’il avait déjà exécuté depuis l’avant-veille et de faire semblant de les lire. -Je vous remercie, mon père… -Vous êtes un soldat de Sigmar. Si vos actes accusent, le résultat vous excuse. Sigmar le reconnaîtra, lui répondit Vilnius Schmirler, souriant à la vue de Swen. Ah, vous voilà capitaine ! -Euh… oui. J’avais encore… euh, je viens de recevoir… ne sut que dire Meltburg, trop embarrassé. -Isch sehe es ! s’exclama le prêtre-guerrier, souriant derrière sa barbe, et posant lourdement sa main sur l’épaule frêle de l’officier. Mes fils, je laisse les frères se retrouver… Et il s’en alla. « [i]Les frères ?![/i] » -Je suis heureux de te voir, Swen, commença l’inquisiteur, retirant son grand chapeau. -Je… Johann… -Fürst auprès du Stirmarshall en personne, ça aurait sûrement déplu à père. Tu le sais ? Swen resta silencieux. Il peinait déjà à contenir son émotion. Johann l’avait reconnu. Ou alors… ou alors… ce foutu prêtre avait compris ! -Mais je crois que ce que je suis moi-même devenu ne lui aurait pas plus… c’est bon de te voir, conclut le répurgateur, en ce qui devait être son meilleur sourire. -Comment… comment as-tu rejoint les frères inquisiteurs ? Et puis… je… tu m’as manqué, Johann. Sincèrement. Maman te regrettait tout le temps à Südenburg… -Ah bon ? Je n’ai pas du tout le souvenir de lui en avoir laissé un bon ! Et comment va-t-elle ? -Elle… est décédée. Il y a maintenant près de trois ans, répondit Swen, gêné. -Ah. J’aurai une pensée pour elle. Ecoute, je sais que tu voudrais me poser des tas de questions, et j’en aurais sûrement tout autant. Mais tu as entendu ce qui m’amène ici, poursuivit Johann, ajustant son chapeau, et commençant à partir. -Attends ! Attendre quoi ? Swen savait bien que ce n’était pas le moment des retrouvailles. Mais ce pouvait être le moment pour autre chose. Certainement de plus important. -Johann. J’ai à te parler, reprit le Fürst, sur un ton plus assuré. Tu vas m’écouter. -Je te vois venir à plusieurs lieues… j’ai déjà dit non. Je traque cet enfoiré depuis trop longtemps pour m’encombrer d’un régiment. Non merci, Swen. On se verra plus tard. [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2014/08/29.44.jpg[/img][/url] [size=10][i]Johann Meltburg, Inquisiteur de la Flamme Purificatrice.[/i][/size] Il continua de descendre les marches. Sans comprendre le sentiment qui le parcourut, le capitaine se mit à courir après lui, enjambant plusieurs marches dans une agilité qu’il ne soupçonnait pas, et plaqua son frère contre le mur, le coude sur sa gorge. -Je t’ai dit que tu allais m’écouter ! -Mais… t’as perdu la tête ?! -Tu crois que je vais te laisser te barrer ? Encore une fois ?! Non. Là, je te dis non. J’ai gardé le souvenir d’un frère aîné qui ne pensait qu’à sa gueule et qui ignorait tout ce qui l’entourait ! Jusqu’à la maladie de maman ! Et maintenant que je te retrouve, tu vas me refaire le même coup ?! Alors que la vie de plusieurs milliers de nos hommes est en j… -Je ne reviendrai pas sur… -Ta gueule ! Tu ferme ta putain de gueule, tu m’as entendu ? J’en ai rien à faire que tu sois devenu un inquisiteur. L’avenir de toute une province dépend de ce que tu sais, et je ne te laisserai pas échouer ! -Eh mais… ! Tu vas plus me gêner qu’autre chose ! J’ai pas besoin d’un foutu régiment à mes chausses ! Swen recula, laissant son frère se dégager. -T’as… t’as un peu changé, frangin… -J’ai appris du meilleur, Johann. Tu ne veux pas d’un régiment, soit, c’est une idée complètement absurde. Tu as besoin de discrétion. -Voilà, merci, tu m’as compris. Maintenant, si tu permets… fit le répurgateur, s’apprêtant à partir avant que Swen ne lui coupe la voie. -Ce dont tu as besoin, c’est d’hommes de ta trempe. Discrets, mortels, efficaces. -Rien que je ne puisse trouver dans le Stirland ! -Et si je te les trouvais ?! s’emporta à nouveau le Fürst, furieux comme jamais. Johann s’arrêta. Un instant. -Si tu me trouve d’ici une heure cinq gars qui répondent à mes attentes, alors j’accepterai qu’ils m’accompagnent. On va dire que je le fais autant pour toi que pour elle… la mère qui nous a tous deux enfanté, termina-t-il, froidement. -Merci Johann. Merci, je vais te les trouver, et… on pourra célébrer nos retrouvailles, répondit Swen, souriant à cette pensée. -Dans une heure. Devant l’église. Johann Meltburg s’en alla sans se retourner, laissant son frère, seul, dans le grand hall du palais du comte. Sa joie se dissipa en soupir. Trouver cinq personnes de la trempe de Johann, en si peu de temps, parmi des troupes régulières… Ludenhof aurait sûrement une idée. Mais encore fallait-il ensuite les trouver… -Bonsoir, mon capitaine chéri ! -Steinbrück ?! Son second. Wolfgang Steinbrück ! -Oh, vous ! Vous vous tombez bien ! -[i]‘sicher[/i], ‘essaye de pas me ramasser… je venais vous faire mon rapport, [i]mein Fürst[/i], fit le bonhomme, en se grattant le ventre. -Plus tard ! Vous êtes l’homme que je désirais voir le plus au monde ! -Ah ça ! Vu ce qu’il rôde dans le coin… j’peux comprendre. Dites, ‘êtes au courant de l’état de votre ami, von Rinauer ? -Pas le tem… pardon ? Son état ? -Oui, j’l’ai vu filer, en larmes. C’serait pas de votre fait, capitaine adoré ? soupçonna Wolfgang, dans un petit regard malicieux. S’reriez pas aller raconter la mésaventure de l’ami Lied ? [i]Zum Zufall ?[/i] Von Rinauer ? En larmes ? Il devait être sorti par une des ailes du palais. Mais pourquoi aurait-il été dans un tel état ? Á moins que ce ne soit encore une farce de Steinbrück… non, il n’avait pas sa mine d’abruti blagueur habituel. Ludenhof avait dû lui faire une sévère remontrance. Ce qui impliquait… ce qui impliquait qu’il avait tenu bonne note de ses remarques ! Essayant de dissimuler sa propre satisfaction, il attrapa la manche de Wolfgang. -Il se peut. Mais suivez-moi maintenant ! Nous devons retrouver immédiatement Son Excellence ! Et vous allez nous être très utile ! s’exclama Swen, en entraînant son second à vivre allure dans les escaliers. -Mais… mais qu’est-ce que… je… ? -J’ai besoin d’un homme qui les connaît tous ! [center]***[/center] Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
El Padre Posté(e) le 29 août 2014 Partager Posté(e) le 29 août 2014 Toujours excellent, ton texte m'a vraiment tapé dans l'oeil mon gars, je l'adore tout simplement. Mais tu devrais précisé plus souvent qui parle, c'est vrai qu'on peut s'embrouiller un peu. Et il est vrai que certains personnages, comme le commandant suprême ou le comte devrait utiliser un langage plus soutenu, ce qui aiderait encore plus à planter tes personnages.[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/wink3.gif[/img] Tu penses à éditer ? Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 1 septembre 2014 Partager Posté(e) le 1 septembre 2014 [quote]Ils avaient des [b]vus [/b]sur l’Empire. Ça tombait bien, lui aussi.[/quote] vues [quote]-Si tu me [b]trouve [/b]d’ici un[/quote] [quote]-J’étais à Middenheim, trou du cul, répliqua Aloïs, furieux d’un tel manque de respect. -‘nous intéresse pas ta vie… et mon trou du cul est un peu plus bas, t’veux l’sentir ?[/quote] [quote]-Eh là ! -Euh oui, doucement… -‘va pas la fermer sa gueule lui…[/quote] [quote]-Tu crois que je vais te laisser te barrer ? Encore une fois ?! Non. Là, je te dis non. J’ai gardé le souvenir d’un frère aîné qui ne pensait qu’à sa gueule et qui ignorait tout ce qui l’entourait ! Jusqu’à la maladie de maman ! Et maintenant que je te retrouve, tu vas me refaire le même coup ?! Alors que la vie de plusieurs milliers de nos hommes est en j… -Je ne reviendrai pas sur… -Ta gueule ! Tu [b]ferme [/b]ta putain de gueule, [/quote] Je remets un coup car les passages me donnent tous la même impression sur les dialogues. On dirait que c'est des jeune de 17/18 ans qui parlent. Alors qu'il n'y aurait pas à changer grand chose pour rendre ça plus crédible. Le maman en mère par exemple. Le fermes ta putain de gueule fait bien trop morderne : "Mais ferme là bordel !" aurait atteint l'objectif sans le conflit d'époque ! Pour le fond c'est pas mal. On glisse d'une bataille et d'un siège vers la traque d'une créature. A voir si tu vas nous faire du multi format : un coup la bataille, un coup la traque ou tu vas seulement te concentrer sur l'un des deux. D'après moi, ça sera un coup l'un un coup l'autre ! @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kael Posté(e) le 31 octobre 2014 Auteur Partager Posté(e) le 31 octobre 2014 (modifié) J'ai trop de mal à abandonner ce récit ! J'peuuuux pas ! Bah, et pis j'ai pas mis un an à faire la suite ! [center]***[/center] Aloïs von Rinauer marchait. Tout autour de lui, les rues et les places étaient vides. On entendait bien, ci et là, quelques mères crier à l’enrôlement forcé de leurs fils, mais la citadelle semblait avoir réussi à contenir les caprices de la populace. Il n’y avait même plus de patrouilles. Tout n’était plus que casernes et murailles. Il devait aussi y avoir du mouvement dans les catacombes. C’était l’affaire de cet ahuri de Rodörfy, pas la sienne. Derrière lui, les meilleurs éléments de son régiment principal, celui de Marburg. Ils portaient toujours le blanc de la livrée de la patrouille fluviale, l’élite du Stirland. Mais ensemble, ils s’étaient aventurés bien au-delà de la grande rivière, et leur calme les rendaient presque fantomatiques. Ces hommes connaissaient les périls de la guerre. Alors pourquoi leur capitaine pleurait-il ? Aloïs pleurait. Sans un sanglot, son œil valide laissait entrevoir la tristesse de son cœur. La tristesse, ou bien l’humiliation ? Le Stirmarshall l’avait littéralement anéanti. Pourtant, il avait fait son devoir. On commande aux soldats d’agir avec obéissance et honneur. Pour von Rinauer, ces deux notions étaient bien souvent incompatibles. Bien sûr qu’il n’était pas fier de ce qu’il avait fait. Avoir torturé cet éclaireur. Comment s’appelait-il déjà ? Lied. Markus Lied. Le doute n’était pas une éventualité. Aloïs connaissait bien les enjeux de ce siège. Ce ciel d’obsidienne. Ce vent, tantôt léger, tantôt tempête. Et le regard de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants… et de ses hommes. Les siens. Les horreurs de Middenheim venaient le hanter. Chaque jour, il revoyait ce qu’il avait affronté sur les murs de la cité du loup blanc. Aucun officier de l’armée du Stirland n’avait plus d’expérience que lui. Si c’était à refaire, il n’hésiterait pas. Que valait l’existence d’un éclaireur à moitié fou face à la certitude. La certitude des informations qu’il avait transmises. La perspective qu’un nécromant de la première heure soit aux côtés de celui qui menait cette armée contre Leicheberg pouvait annihiler tout espoir de l’emporter. Les soldats pouvaient repousser les monstres de l’au-delà. Ils en avaient l’habitude. Mais vaincre la magie, dans sa forme la plus sombre qui soit, ça, ils ne le pourraient jamais. Alors pourquoi cet enfoiré ne le voyait-il pas ?! Ludenhof… un nom étranger, originaire du Hochland. Il n’avait rien à faire à la tête de cette armée. Un parvenu, un politicien qui ne songeait qu’à sa carrière, et qui voyait évidemment en von Rinauer un rival potentiel. Le pouvoir. La politique. L’ambition. Qu’est-ce qu’il pouvait en avoir à foutre ! -Je ne demande qu’à protéger mon peuple ! Les soldats s’arrêtèrent. Ils n’osèrent pas demander à leur supérieur s’ils pouvaient faire quelque chose pour lui. Un d’eux tendit une gourde au capitaine. -Merci, Stöner. C’était un alcool fort. Sûrement de Zhufbar. Ou bien une très bonne imitation. Il devait avoir coûté une petite fortune. Il en aurait besoin durant le siège. Aloïs n’en prit qu’une gorgée, avant de la lui rendre, non sans reconnaissance. Ils se remirent en marche. Et Meltburg. Sigmar pouvait-il avoir engendré pareil officier ? Idéaliste, mielleux, tendre, et si valeureux. Avait-il seulement combattu ? Propulsé au rang de Fürst. C’était une honte, de la même nature que ce Rodörfy. Ludenhof prenait-il plaisir à humilier l’armée elle-même ? Il l’avait anéanti. Von Rinauer ne portait plus la cape rouge des gardes écarlates. Le Stirmarshall avait osé lui reprendre ce que le Graf de Wurtbad en personne lui avait remis. La garde écarlate. La prestigieuse troupe des joueurs d’épée du Comte Electeur, qui avait été de tous les champs de bataille aux côtés de son suzerain légitime, c’était ce qui restait de plus cher à Aloïs. Son père en avait été le commandant. Toute sa jeunesse avait été dictée par la conduite de ces braves parmi les braves, sortis du rang et qui ne faisaient en rien valoir leurs éventuelles ascendances aristocratiques. Le capitaine s’arrêta. Les siens en firent de même. Ils étaient sur la Ludwigstraße. Cette rue donnait vue sur tous les niveaux inférieurs. De là, on pouvait constater la hauteur de la citadelle. Une simple petite barrière en osier retenait de la chute, assurément mortelle à cette hauteur. Aloïs y songea. Il venait de perdre tout ce qui lui restait d’autrefois, de cette période qui avait précédait son départ pour le Nord. C’était un homme brisé. Du moins, il l’était déjà avant son altercation avec « Son Excellence ». Mais il s’attachait encore à cette partie de lui-même, il avait toujours réussi à se persuader qu’il lui restait « au moins ça ». Von Rinauer fit signe à ses hommes de rester là. Lui, il s’avança. Il y a plus digne que le déshonneur, c’est l’aveu de faiblesse. [i]« De faiblesse. » « De faiblesse… » « De faiblesse ?! »[/i] [i]« Moi ! Moi, je suis faible, Ludenhof ?! Vous croyez sincèrement que ce que vous m’avez fait subir m’empêchera d’aller jusqu’au bout ?! »[/i] Son œil était révulsé. Les larmes avaient laissé place à une rage, sourde, muette, insondable, et qui habitait désormais tout son être. Regardant l’horizon lointain, il scruta cette ligne de ténèbres. De la terre et du ciel allaient surgir des forces que lui seul était en mesure d’arrêter. Qu’importait les remontrances du Stirmarshall. Aloïs von Rinauer avait vu le Seigneur de la Fin des Temps. Il avait soutenu le regard de l’Élu, de cet œil nimbé de ténèbres et qui attirait tout son être vers les abysses de ses terreurs les plus enfouies. La honte. Le déshonneur. L’humiliation. L’échec. -Cette citadelle… Puis, il se retourna vers ses soldats. -Tërnberg. -Mon capitaine ? Petrach quitta le rang, s’avança de quelques pas. [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2014/10/31.5.png[/img][/url] [i][size=10]Petrach Tërnberg, lieutenant de la Patrouille Fluviale de Marburg[/size].[/i] -Tu te souviens de Kristoff ? -Il avait une belle voix. Je crois qu’il n’a pas survécu au second jour. -Oui. Mais il leur en a fait voir. -Il s’en est pas six sur les murailles ? -Tout du moins. -Il chantait bien. -C’était quoi ce qu’il nous chantait, la veille, avant que Todbringer nous sonne ? -‘tendez. Ludwig, [i]wahs war das lieblinggs Lied von Kristoff ? Warst du nicht von dem selben Dorff ?[/i] -[i]‘war “Heilig Heimland“[/i]. - [i]“Heilig Heimland“[/i], mon capitaine. -Ça faisait… [i]Na, nana… na… -Talala. Laa. Na, nana… na. « Als, war ich noch Jung… na, nana… na »[/i]. -On a pas pu le ramener chez lui. -On a pu lui faire une tombe honorable, en bas des murailles. ‘aurait pu être mieux. -Il méritait pas d’être enterré avec tous ces branleurs. -Non. ‘méritait pas. Un silence s’ensuivit. Petrarch fit signe à un des hommes de venir à lui. -Mon capitaine… il vous reste encore l’épée de votre père. Le soldat lui tendait sa flamberge. Aloïs la regarda, tendrement. Elle représentait beaucoup. Il n’avait jamais voulu lui donner un nom, mais elle incarnait tout ce qu’il aimait encore en lui. Il s’en saisit. Elle n’était pas ouvragée. Autrefois, oui. Mais son argent avait noirci par endroit. Était-ce alors de l’argent, comme il s’en vantait si souvent, alors jeune recrue de la garde. On pouvait cependant encore y lire ce que son père avait fait graver avant de la lui transmettre. [i]« Sperat anima mea »[/i]. Mon âme espère. Aloïs se retourna vers les siens. Ses compagnons des pires heures. Ludwig, qui parvenait à faire oublier qu’il boitait depuis son enfance. Arnolff, qui avait tué un de ces maraudeurs avec la corne de son propre casque. Franz, qui avait eu cette romance avec une jeune Kislévite. Friedrich, qui passait la plupart de son temps à s’éloigner de la sobriété. Et tous les autres. Á chaque visage, un souvenir. Un souvenir qui réchauffait le cœur de cette homme, de cet officier, de ce brave qui avait tout sacrifié pour sa patrie. Jusqu’à son œil. Jusqu’à son père. Jusqu’à son honneur. -Leicheberg va tenir, les gars. Tous hochèrent la tête. -Cette foutue province, elle va se montrer digne de son héritage. Ouais. On va faire ça. [i]Für Kristoff[/i]. Tous répétèrent d’un même murmure. [i]« Für Kristoff »[/i]. -On l’a déjà fait. On va le refaire. ‘seid bereit, les gars.[i] ‘Seid bereit[/i]. Sans effusion de joie à la vue de retrouver leur capitaine, les hommes sourirent, complices, et bien décidés à suivre Aloïs, quoiqu’il puisse advenir. Ils se remirent en marche, vers le mur Sud. Modifié le 31 octobre 2014 par Kael Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kael Posté(e) le 5 novembre 2014 Auteur Partager Posté(e) le 5 novembre 2014 [center]***[/center] -Mais ça n’a aucun sens ce que vous dites ! Est-ce que vous vous en rendez compte ?! -Euh, pardonnez-moi… mais s’il y en a bien qui semble avoir du sens ici… hein. -Hum ? -Euh, non, je disais pas ça à votre propos, Anton… du tout. -Votre théorie est contraire à tous les dogmes arcaniques, vous l’savez ça, Dieter ? -Mais qu’est-ce que… qu’est-ce vous y connaissez à la fin ?! Retournez dans votre pyramide et on vous demandera le temps qu’il y fait à l’intérieur ! -Non môsieur, ça c'est le Collège d'à côté, c'lui des Cieux ! Et ce que j’y connais ? Ce que, moi, j’y connais ?! Écoutez-moi bien, espèce de sorcier niguedouille, j’en ai combattu de ces bestioles, annihiler des saloperies de l’outre-monde, c’est mon domaine ! ‘entendez… sombre coprolithe ?! -Niguedouille ? s’étonna le Stirmarshall de la remarque. -Oh oui, il l'est ! -Mais c’est n’importe… mais fermez la ! Si c’est pour raconter des conneries pareilles ! -Des conneries ? Des conneries ?! J'ai eu le temps de vous en entendre dire ! -Messieurs ! Ludenhof avait du mal à se contenir. Quelle idée il avait eu de demander aux deux magisters s’ils étaient de taille à affronter un nécromant. Cela faisait plus d’un quart d’heure qu’ils se chamaillaient sur la méthode, sur le procédé, sur tel courant doctrinal, et sur tout ce qu’ils pouvaient se reprocher. Mais le Stirmarshall n’avait pas de temps pour ça. Il les avait interrogés avec précision, il en exigeait une réponse aussi précise. Si Meltburg ne parvenait pas à convaincre son frère, ces deux pequenauds de magiciens constitueraient la seule alternative crédible pour anéantir ce fumier de nécromancien. Et ce Cölestin qui n’était pas fichu de lui donner la moindre information ! -Vous avez un commentaire à faire, Kraemer ?! Ehrwig était resté dans la pièce. En vérité, il attendait le bon moment pour discuter avec le Stirmarshall, pour savoir s’il avait bien agi, si tout allait pour le mieux. Les remarques de von Rinauer l’avaient particulièrement blessé. Et il avait quelques doutes sur ce qu’il devait entreprendre à l’égard des quelques haleflings présents en ville. Devaient-ils réellement les exécuter ? -C’est que… Votre Excellence… j’aurais souhait… -Plus tard ! Le Commandant Suprême se retourna vers les deux magiciens. -Magisters, je vous ai posé une question ! Pouvez-vous me débarrasser de cette saloperie de nécromant ? Oui ou non ?! Hadolff Streuner et Dieter Würmshoff se turent, mais continuèrent à se toiser. -Je vous en prie, brillant Magister d’Améthyste, faîtes nous part de vos… « lumières », fit Hadolff, un rien sarcastique. Dieter se rapprocha du Stirmarshall, ignorant son confrère. -Anton, nous ne pouvons pas vous présenter de solution miracle. Nous ne savons rien de ce nécromant, sinon qu’il est recherché par ce… Meltburg, c’est ça ? -Et après, ça se la raconte en disant qu’il s’y connaît mieux que tout le monde. Votre Excellence, en vérité, si la personnalité de ce nécromancien importe, il y a des éléments qui sont communs à tous ceux de cette engeance. Savez-vous, par exemple, que la nécromancie ne peut être l’œuvre que de l’humanité ? s’empressa d’ajouter Hadolff, bien décidé à faire reconnaître sa réputation. -Merci de cette évidence. -Je l’ignorais en ce qui me concerne, Dieter. Continuez. Tous les deux, précisa Ludenhof, attentif. -Oui, il y a des points communs entre tous les nécromanciens, et même si vous allez par là, entre tous les sorciers. Quels qu’ils soient. Mais pareilles arcanes peuvent être manipulées par des créatures bien plus dangereuses qu’on ne se le suggère. -Certains vampires, en effet. Encore qu’ils n’emploient pas exactement les mêmes sortilèges, mais usent des mêmes paradigmes. Il est vrai que certains prennent cette apparence pour paraître plus inoffensif. -Un nécromancien est-il inoffensif ? -Non, mais il l’est certes plus qu’un vampire, vous en conviendrez. -On nage en pleine incertitude… ragea le Stirmarshall, serrant le poing. Pouvez-vous l’affronter sans l’aide d’un inquisiteur ? Un nouveau silence suivit les paroles du Commandant Suprême. -C’est plus délicat. Généralement, mieux vaut mettre un terme aux agissements d’un nécromant lorsque celui-ci est isolé. -Je rejoins Streuner sur ce point. Plus facile à traquer qu’à affronter au cours d’une bataille. -Mais c’est néanmoins faisable. Oui. Tout dépend de ses aptitudes, s’il est accompagné déjà, ça compte, oui, mais en soit, on peut combattre tout sorcier. -Voilà, on en revient au même problème, on ne sait rien. -‘fin, si, on sait quelque chose. Il est suffisamment doué pour aller plus loin que de la simple réanimation des corps. -Ce qui vous laisse à penser que… ? Streuner baissa sa voix, afin que Kraemer ne l’entende pas. De peur qu’il ne s’affole. -Qu’il est bien possible que ce nécromant n’en soit pas à sa première carrière. -Un renégat ? -Tout peut s’envisager, on ne sait rien de lui. On frappa à la porte. -Kraemer, allez voir. Le jeune officier eut à peine le temps de toucher la poignée que Swen Meltburg et Wolfgang Steinbrück se précipitèrent. -Il est d’accord, Votre Excellence ! Le visage du Stirmarshall s’illumina. -Alors… ça ! Ça, je dis bravo, Meltburg. « [i]Mein Fürst[/i] », je ne sais pas comment vous vous y êtes pris, la corde familiale ? -Plus ou moins. Plutôt plus que moins. Mais Johann ne prendra que cinq hommes, et encore, il se réserve le droit de les évaluer, répondit le capitaine, flatté de la remarque de son mentor. -Bien… bien, on va y travai… qu’est-ce que vous faîtes là, Steinbrück ? -Euh… [i]‘ist sehr einfach… in der Tat…[/i] je sais pas tellement moi non plus, Votre Excellence, répondit Wolfgang, en regardant Swen. -Le lieutenant Steinbrück connaît chaque homme de notre armée, c’est lui qu’il nous faut pour choisir les cinq qui accompagneront mon frère. -Ah. Euuuh… Steinbrück ne sut répondre mieux. Il était quelque peu embarrassé de se retrouver devant le Stirmarshall en personne, et encore plus de savoir qu’on attendait de lui un professionnalisme… qui ne le caractérisait pas vraiment. -Si je savais d’quelle genre d’mission, il s’agiss… -Contentez-vous de savoir, mon bon ami, qu’il est question de nécromancie, répondit Hadolff en souriant. -Ah. Wolfgang essaya de réfléchir, malgré les regards qui se posaient sur lui. -Vous pouvez prendre votre temps, réfléchissez posément, fit Meltburg pour le rassurer. -Non, pas vraiment, j’en ai peur. Il avait l’air pressé votre frère, remarqua Dieter, perplexe. -Vous savez quand est-ce qu’il partira ? -D’ici une heure. Tous fixèrent avec attention Steinbrück. [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2014/11/01.82.jpg[/img][/url] [i][size=10]Dieter Würmshoff, sorcier du Collège d'Améthyste.[/size] [/i] -Euh… [i]sie helfen mir nicht… [/i] -Bon, on revient vers vous d’ici quelques minutes. Kraemer. Kraemer. Kraemer ! Le jeune capitaine se retourna soudainement vers son supérieur. -Votre Excellence ? -C’est le moment. Vous vouliez ? -Je… à propos des haleflings… -Oui ? -On maintient ? -Je vous ai habitué à changer d’avis sur une résolution militaire ? -C’est simpl… -Meltburg, je suis changeant comme Stirmarshall ? -Nullement, Votre Excellence. -Vous voyez. -Je me permettais seulement… de… -De ? Allez-y, on vous écoute. Vous écoutez Meltburg ? -J’écoute. Ehrwig respira un moment. Même si Swen semblait compatissant, il le jugeait. Quant à Ludenhof, il était évident qu’il le mettait à l’épreuve. Son regard glissa vers le sol. Il cherchait quelque chose à leur dire. Mais Kraemer le savait déjà. Et ce n’était pas par terre qu’il trouvera son courage, sauf s’il se débandait. Aloïs von Rinauer allait obéir. Et sous peu, six innocents seraient pendus pour le caprice d’un stratège. -Votre Excellence, je désapprouve la mesure que vous avez ordonnée. Elle est à la fois contraire à l’Edit Impérial de 2356 et contraire aux principes militaires de la province. Elle est à la fois infamante quant à la renommée de notre armée et, de là, porte préjudice à la dignité impériale elle-même. Je me refuse autant à exécuter ces six réfugiés du Mootland qu’à exécuter votre ordre. Je suis prêt à vous remettre mon épée. Swen écarquilla les yeux, et se retourna lentement vers le Stirmarshall, s’attendant à quelque fureur de sa part. Pourtant, bien au contraire, bras croisés, Ludenhof souriait. -Steinbrück, vous avez mes cinq noms ? -[i]Ich denke… dass…[/i] oui, Votre Excellence, je les ai, fit le lieutenant en se rapprochant timidement. -Nous vous écoutons. -Heinrich Friedmann, Arnolff Silkheim, Gaspar Todric, Diebolt Jursöhn et Chlodwig Meier. Sie können mir glauben, ils feront l’affaire. C’sont pas des tendres, et ils en ont vu. -Vous en êtes sûr ? -[i]Ich schwöre es[/i], Excellence. Le ton de Steinbrück ne laissait pas de place au doute. -Ils sont de quels régiments ? [i]-Sie sind alles aus Marburg.[/i] Von Rinauer. -Des vétérans du Nord. Evidemment. Qu’en déduisez-vous, Kraemer ? -Je… je vous demande pardon ? -Votre déduction. Votre conclusion, même. Vite. -Eh bien… nous allons devoir retirer ces cinq soldats du commandement du capitaine von Rinauer. -Donc ? Swen articula la bouche sans prononcer un mot. « [i]Pré – texte[/i] » semblait y voir Kraemer. -Un… un prétexte ? -Un prétexte à ? -Si… si on retire ces cinq hommes au capitaine, on peut penser que… je… je ne sais pas… Votre Excellence. Ehrwig ne comprenait pas où l’on voulait l’amener. -Capitaine, Aloïs von Rinauer n’exécutera pas mes ordres, comme vous vous apprêtiez à le faire, car il accorde plus de valeur à son régiment qu’à l’obéissance envers son supérieur. Vous saisissez ? -Retenez une chose. Les ordres ne se prononcent pas nécessairement. Par expérience, la supposition est souvent plus efficace, glissa le Fürst, complice. -Donc… vous annulez votre ordre ? -Du tout. -Mais… on ne prendra pas les six haleflings, si ? -Pas plus. Vous avez bien parlé. Mais, non, je ne formulerai pas le retrait de mon ordre. Á vous d’en déduire si cependant il sera exécuté. -Je vous remercie, Votre Excellence. Vraiment, répondit Kraemer, reprenant son souffle. Ludenhof se retourna vers les deux magisters. -Finalement, il semblerait que vous n’aurez plus à discuter de ce nécromant. -Permettez-moi de les accompagner, demanda Würmshoff. Vous savez que je fais du bon travail en la matière. Par expérience vécue. Vous vous souvenez ? -Je m’en souviens très bien. -Mon frère a été très clairs, cinq hommes, ajouta cependant Swen. -Je crois que j’en vaux un peu plus. -Eh ben ! Ça va le melon, lâcha Hadolff, levant les yeux au plafond. -Je vous emmerde, Streuner. Vous le savez ça ? -Eh là, on s’calme ! -Non ! Vous n’allez pas recommencer ! Dieter, vous les accompagnerez devant Johann Meltburg. J’espère qu’il vous prendra avec lui, faîtes-lui part de notre aventure avec nécrarque. Maître Streuner, nous allons avoir besoin de vous ici. -Je ne m’étais pas proposé. Aucune envie de partir à Babelweb avec un inquisiteur. Sans façon, très peu pour moi. -Alors la question est réglée. Messieurs, nous nous sommes suffisamment attardés sur ce point. Terminez les derniers préparatifs. Swen, vous restez avec moi. Exécution ! Tous se séparèrent. Kraemer eut un regard mêlé de reconnaissance et de détermination. Ça le changeait. -Permettez-moi simplement, Votre Excellence, de donner mes instructions à Steinbrück, et je suis à vous. -Faîtes. Et, quant à vous, lieutenant, vous serez cité sur le tableau d’honneur. [i]-Viel… vielen dängschee, Votre Excellence.[/i] Encore fallait-il que le tableau parvienne jusqu'à Wurtbad... Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kael Posté(e) le 6 novembre 2014 Auteur Partager Posté(e) le 6 novembre 2014 (modifié) Le coup du Collège des Cieux, c'est parce que l'autre lui demande le temps qu'il y fait à l'intérieur... bon, soit c'est le Magister qui a un humour pourri, soit c'est l'auteur Y'a des noms, y'a pas mal de noms, mais une armée entière, ça ne peut pas tenir par quelques bonhommes. Petit à petit, on s'y habitue. Quant à Séphralis, je suis très étonné que l'on m'en reparle. Á l'heure actuelle, je ne reprends pas l'écriture de ce récit, car j'essaye surtout de m'améliorer, et pour ça, il me faut des avis, or Séphralis ne suscitait guère les suffrages Comme autre texte, je travaille sur celui-ci : http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=223579 Et comme je sais que notre cher modo n'aime pas qu'on réponde juste pour répondre, je poste la swouiiite ! [center]***[/center] Klemens zu Hoschleswigl et Joseff Rodörfy arrivaient au mur Ouest. Ils avaient couru toute la distance depuis le donjon, et si Klemens tenait la forme, il était étonné de voir à quel point l’endurance de son collègue était bien fondée. Malgré son armure de colosse, Josef n’avait pas besoin de reprendre sa respiration. « [i]s’débrouille bien… ce… ce truc.[/i] » Les hommes se tenaient prêts. Les derniers commandements du Stirmarshall seraient exécutés sans peine. C’étaient là les régiments de Munzhausen et de Klam, composés aussi bien de patrouilleurs fluviaux que de troupes régulières, ainsi que de civils recrutés sur le tas. Leur capitaine aurait aimé être en mesure de cerner leur état d’esprit. Certains regardaient l’horizon, focalisés sur ce qui allait arriver, d’autres ne pouvaient s’empêcher de guetter l’Est, et d’autres encore se forçaient à faire comme d’ordinaire. Il y avait vraiment de tout. Des vieillards qu’on espérait croire archers, des enfants qui demandaient encore où étaient leurs parents, même des infirmes. Ils pourraient ralentir. En attendant, c’était les soldats qui étaient ralentis. Mais Klemens n’avait pas eu le cœur à les renvoyer dans leurs chaumières. Eux aussi, ils avaient le droit de se battre pour leurs familles. Ou leurs chéries. Oui, ça semblait plus logique. Et tous se redressaient en le voyant. En vérité, Klemens ignorait tout d’eux. Bien sûr, il avait fait la route depuis Wurtbad en leur compagnie, mais il n’avait fait que les commander. Enfin, il n’avait fait que répéter les ordres de mouvement lui venant directement de Ludenhof. Ce ne fut qu’au bout de quelques jours, après les avoir étudié, que Klemens comprit. Il ne servait à rien d’essayer de les imiter pour les séduire, non, s’il voulait les guider, il fallait le faire à sa méthode. Il ne s’agissait pas de paraître naturel. Oh non, il fallait exacerber les traits qui le caractérisaient. Oui, zu Hochschleswigl aimait les femmes, le vin, et les arts. Ses hommes n’aimaient que la vinasse et les catins. Soit. Mais ils attendaient aussi un meneur. Un homme qui savait où aller, qui savait où les guider et pour lequel on était prêt à donner jusqu’à sa vie. Klemens voulait plus que ça. Ils voulaient que ses soldats soient à même de lui offrir leurs épouses avec le sourire. La compétition. Les Stirlanders sont un peuple friand d’exploits sportifs, ou simplement d’évènements qui viendraient gonfler leur ego. De la course aux paris, tout était bon. Evidemment, au début, le capitaine se contenta de prétexter des duels pour distinguer les plus méritants. Puis, curieusement, il prenait le parti de ceux qui avaient perdu, et organisa de véritables rencontres en équipes. Plus qu’une occasion de leur prouver sa dextérité, il finit par les connaître individuellement, à les appeler presque tous par leurs prénoms et même à rire avec eux. Bon, Klemens devait se forcer à accepter cet humour du moment. Mais il ne pouvait pas décemment espérer autre chose de ces paysans en uniforme. Il eut même à supporter, et à adopter ce dialecte de malheur. Mais ça leur plaisait. C’était bien ça l’objectif. Il ne manquait plus qu’arroser l’ensemble de vin et de fluides corporels pour terminer le tout. Enfin, Luitpold Kreussheim n’avait pas été inutile. Son lieutenant était l’officier le plus apprécié de la troupe, et ce avant l’arrivée de Klemens. Zu Hochschleswigl n’ignorait pas que le meilleur moyen de forger une cohésion était de l’opposer à quelque chose. Certes, il y avait la Sylvanie. Mais c’était banal, routine pour ces Stirlanders. On leur en avait que trop servi. C’est pourquoi il paya gracieusement Luitpold pour qu’il accepte de mener la fronde contre son autorité. Et comme Klemens se faisait de plus en plus apprécier, la troupe consolida cette affectation en défendant leur nouveau capitaine contre l’insubordination de celui qu’il maintenait curieusement toujours au poste de second. Mais maintenant, Kreussheim devenait un souci. Il avait demandé à être payer plus. Après tout, ses responsabilités grandissaient avec l’imminent péril. Désormais, Klemens doutait de la duplicité de son lieutenant. La troupe lui appartenait. Seul lui échappait son second. -Comment s’appellent vos fils, déjà ? -L’aîné, c’est Albérich. Et le cadet, Karl. -Ah oui ! Pourtant facile à s’en rappeler ! -Parfois, j’oublie. -Et vous me charriez, là ? -Non, non, ça m’arrive. -Ah. Un silence gêné s’installa entre les officiers. Enfin, Klemens était embarrassé, Joseff sûrement. Aussi. -‘doit pas toujours être facile, hein, cher collègue ? -Ouais. Zu Hochslcheswigl hésita un instant. Il fallait évidemment qu’il ne connaisse aucun Albérich et aucun Karl dans ses régiments. De plus, ceux-ci feraient tout pour éviter leur père, aisément reconnaissable. Visuellement. Et olfactivement, aussi. Quant à demander à un de ses hommes, ou pire, à son second, c’était trop risqué. Mais Rodörfy ne comprendrait pas ses appréhensions. Pourquoi avait-il accepté de l’aider ? Décemment, Klemens ne pouvait pas refuser à un père de voir ses enfants. Non que lui-même eut une relation particulière avec ses propres parents. Bien sûr, ils ne cessaient de lui demander de se marier. Bon, un pas avait été fait auprès de la famille Streuner. Mais, non, rien ne le poussait particulièrement à rendre service à Joseff. Sûrement une question de principe. Il fallait croire que zu Hoschleswigl en avait. Mais comment trouver ces deux gamins ? Sonner le rappel ? Non, ce serait mettre à mal l’organisation de tout le mur Ouest. -Vos fils, vous connaissez quoi d’eux ? demanda Klemens, sans trop d’espoir. -J’crois qu’Albérich aime bien les poulets. -Les… les poulets ? Les cot-cot-cot ? insista le capitaine, perplexe. -Ben, ouais, c’qui pond des trucs. Le voilà bien avanc… mais si ! Les paris ! Y’en avait un, un jeune, qui s’occupait toujours des coqs avant les combats ! Comment il s’appelait ? Allez ! [i]‘ist nich so schwer zu errinern ! [/i] Et voilà qu’il pensait en dialecte maintenant… -Willem ! -Gnéh ? -Suivez-moi ! Ce foutu Albérich se faisait appeler Willem. Oui, il s’en souvenait. Ce jeune gars, qui avait toujours été assez évasif sur ce qui avait précédé son enrôlement. Et il traînait toujours avec… avec, avec… Scheiß ! Bon, en toute logique, la volaille avait été entreposée dans les baraquements. Voilà, et il avait tout un foin pour qu’on n’en vienne pas à manger ses coqs ! Mais Klemens n’y avait jamais fichu le moindre orteil. Il avait eu légèrement autre chose à faire qu’à admirer les fientes de ces volatiles qu’il répugnait par-dessus-tout. Y’avait-t-il plus débile qu’un coq ? Le piaf qui, non content de ne pas comprendre le concept de « gueule de bois », «[i] Brümmhschäddel [/i]» dans leur foutu langage d’arriéré, prenait un malin plaisir à faire souffrir tous ceux qui souhaitaient tellement en profiter ! Á l’odeur. Trouver cette odeur nauséabonde… non, ça c’est Rodörfy. C’était curieux comme tout le monde s’écartait devant lui. Non, ne s’écartait pas, reculait et fichait le camp. Où aurait-on pu mettre ces bestioles ? Réfléchir. Ces poulets servent aux paris… et là où on a des paris… on a… -Hey ! Arnold ! -Capitaine ? -La gnolasse, [i]weißt du wo ist sie ?[/i] -‘[i]der nähe von… dort… [/i] -[i]Dangschëe ! Wo gesht du ? -Sie brauchen mich mit der Artillerie, Kapitän. -Mach es so ![/i] Déjà bien chargé la mule celui-là. « Vers là-bas ». Bon… -Et sinon… vos hommes, les catacombes, tout ci, tout ça ? -C’t’en place. -C’est… c’est bien. Aucune conversation. [url=http://fotoforum.fr][img]http://fotoforum.fr/photos/2014/11/05.7.jpg[/img][/url] [i][size=10]Klemens zu Hochschleswigl, capitaine des régiments de Munzhausen et de Klam.[/size][/i] Ils entrèrent dans une baraque croulante, le verre brisé les guidant. Il avait été astucieusement choisi. Pas trop loin des remparts, et fait de briques, il avait finalement belle allure quand on le comparaît aux tas de bois qui servaient de logis aux soldats. Pour des poulets et de la boisson. Est-ce que c’était si absurde que ça, finalement ? Klemens pouvait s’employer un instant à mettre son éducation de côté. Oublier tout ce qui faisait sa condition sociale, et s’intéresser à ce qui tenait tant à ces hommes, aux siens. L’individu fait corps avec l’espèce. Là où il voyait des fientes et des d’autres déjections, ne pouvait-il par s’efforcer d’aller au-delà ? Lui qui avait bénéficié des meilleurs atouts pour comprendre ce monde, ne pouvait-il qu’en rester à un constat ? Pourquoi tenaient-ils tant à garder ces volatiles et ces tonneaux ? Il ne fallait pas sortir des prestigieuses universités d’Altdorf pour comprendre. Ça faisait leur joie. Tout simplement. De la joie. De la joie, de la joie. Dans tout ce merdier, dans cette angoisse qui habitait tout un chacun, dans l’appréhension évidente d’un péril dont ne savait presque rien, et dans ce climat moribond qui ne laissait aux hommes que leurs devoirs, eux, ils imposaient leur joie. Non, ils n’étaient pas inconscients. Ils savaient très bien ce qui allait se passer. Peut-être même qu’ils étaient plus lucides que leurs officiers. Mais il fallait vraiment être obstiné pour croire qu’un Stirlander se laisserait dévier un seul instant de la voie que ses habitudes, ses traditions, ses croyances, avaient forgé pour lui. Ces poulets. Ils n’étaient pas bien gaillards. Á force de se battre, les coqs avaient presque tous perdus leurs crêtes. Quant à leur plumage, il semblait avoir été la proie des becs. Zu Hochscleswigl fixa un moment l’un d’eux. Qu’est-ce qu’il pouvait avoir l’air débile. Et fier. Ça n’avait aucun sens. Il se baladait, tantôt vers ici, tantôt vers là-bas, avançant et reculant sa tête, lâchant un cri de temps à autre, et toisant le torse. Klemens ne put s’empêcher d’en faire autant avec Rodörfy. Oui, l’analogie tenait. Joseff était quand même un gros poulet. Pas de prise de bec avec celui-ci. [i]-Willst du hier kommen ?! Böse Hahn ! -Willem, zu mir.[/i] „Sigmar, si jamais tu t’es foutu de moi… !“ Pourvu que ce soit bien Albérich. Á bien y regarder, ce blondinet avait beau dissimuler certains traits de son visage, il semblait avoir le menton de Rodörfy. Pas ses yeux. Mais il fallait bien être deux pour engendrer. Klemens ne l’ignorait pas, et d’ailleurs le redoutait. Et il était aussi trapu ce garçon là. Des épaules fortes. Assurément, il aurait fait un bon amant. Enfin, s’il n’empestait pas la volaille. Un autre point commun avec son papounet ? -Kapitän ? -Willem, tu connais assurément le capitaine Rodörfy, des régiments de Wurtbad ? Le garçon se tendit. Il évita le regard de Joseff. -Mon cher collègue, voici votre fi… Rodörfy pleurait. Ce molosse qui forçait à tous ses interlocuteurs à avoir un torticolis pour lui parler était en train de pleurer. Il laissa son épée au sol, non sans effrayer les volatiles, et tomba à genoux. Nez à nez, Joseff plaqua son fils contre lui. -Je te demande pardon. Pardon, pardon… Albérich… -Je crois que je vais vous laisser. Willem, ou Albérich, vous indiquerez à votre père où se trouve votre frère. Évitant de s’en mettre plein les bottes, Klemens quitta volontiers le poulailler. Ce serait difficile pour lui d’accéder à l’alcool durant le siège. Cela le maintiendrait sobre. Quoiqu’il avait bien sa réserve personnelle. Il s’était senti de trop dans ses retrouvailles. Bien sûr, zu Hoschleswigl ignorait tout de ce que Rodörfy avait à se faire pardonner. D’avoir trompé sa femme ? Pourtant naturel chez un soldat. D’avoir abandonné ses enfants ? Non, ce n’était pas le genre. Qui aurait cru que derrière ce bonhomme pouvait se cacher un homme attendri à la vue de son fils ? Se retournant une dernière fois, Klemens se mit à sourire à la vue d’Albérich, qui rendait l’accolade à son père. Tous méritaient ce moment. Tous. Modifié le 6 novembre 2014 par Kael Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 6 novembre 2014 Partager Posté(e) le 6 novembre 2014 Intéressant ! Oh il a retrouvéééé son fils ;p Je reste sur mes remarques par rapport à certains dialogues, genre celui là : '-‘tendez. Ludwig, wahs war das lieblinggs Lied von Kristoff ? Warst du nicht von dem selben Dorff ? -‘war “Heilig Heimland“. - “Heilig Heimland“, mon capitaine. -Ça faisait… Na, nana… na… -Talala. Laa. Na, nana… na. « Als, war ich noch Jung… na, nana… na ». ' Ca aurait mieux fait d'être décrit que cité mot pour mot. Du coup j'enchaîne sur une remarque : l'allemand. Ok c'est dans l'histoire mais ça pénalise des parties où personne ne comprend ce qu'il se dit. Des fois tu arrives adroitement à glisser des traductions et des fois tu ne le fais pas. Je pense surtout à la dernière partie où il y a un dialogue que j'ai carrement sauté. Allez suite ! Ca sent le siège ! @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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