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Les contes de l'oasis


Invité Mr Petch

Messages recommandés

Ayant fait recemment l'acquisition du LA des rois des tombes, projetant de me mettre sous peu à cette armée, je quitte la Lustrie pour vous narrer une bien singulière histoire venus du désert de Nehekhara, dont voici l'introduction.

Bonne lecture!

Les contes de l’oasis

La légende d’Abdul El Kasaar

Et il est dit qu’un jour les antiques rois de Nehekhara se lèveront et accompliront leur conquête éternelle sans crainte de la mort

La nuit est tombée sur le grand désert de Nehekhara, terre des morts inapaisés, des tourments éternels, des peines ininterrompues. Ce si vaste territoire était foulé, dans des temps immémoriaux par des hommes courageux, membres d’une brillante civilisation qui connut son apogée bien avant notre ère. Mais aujourd’hui, ce royaume n'est plus que sable et poussière misérablement secoués par un violent simoun sec et chaud, n’apportant que malheur et désolation.

On raconte mille et une légendes à propos de la terre des morts, les vieux nomades font frissonner les voyageurs en leur narrant le récit d’aventuriers perdus dans les sables, rongés par des insectes mus par un dessein magique, invincibles protecteurs des tombeaux ; ou ces contes évoquant des guerriers rutilants, faits d’os et de cuir, aux armes de bronze et à l’infatigable volonté ; ou encore parfois, lorsque les soirées s’éternisent autour du foyer chaleureux, ces légendes de rois enterrés là depuis des millénaires, ces rois glorieux, maudits et déchus qui reviennent à la vie par delà la mort pour retrouver leur vaste royaume. On raconte ces légendes et bien d’autres encore, à Ka-Sabar, à Al-Kalabad, dans tous les oasis qui bordent la terre des morts.

Mais celle que je vais vous conter là relate l’aventure d’un jeune garçon, Abdul El Kasaar. Nul ne sait et ne saura jamais s’il a vraiment existé, si son aventure a été bien réelle ou complètement fictive. Mais du désert, tant de choses ont été dites qu’on ne peut s’empêcher de les croire. Asseyez-vous et tenez l’oreille. Voici la légende d’Abdul El Kasaar.

Modifié par Mr Petch
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terre des morts

Cette si vaste terre

ces terres ne sont plus que

Répétitions. Désolé, mais ça embête beaucoup...

ces rois glorieux, maudits et déchus

Et il ose parler de moi dans ses textes! L'empereur va intervenir! Quoi? Ah... Bon, ben désolé, fausse alerte...

Vraiment une très bonne introduction qui met l'eau à la bouche (oui, même malgré les répétitions!)! Y a pas à dire, que ce soit tes skinks ou le désért, tu as une bonne facilité à nous emmener dans ton univers!

Reste à voir la suite...

Imperator, empereur maudit, mais pas, mais alors vraiment pas déchu!!! (lol)

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J'ai l'étrange impression que tu passes ton temps à chercher le détail dans mes textes :D ! Me trompe-je ^_^ ?

:D

Bon bref, si ça te dérange tant que ça, je corrige. Merci de ta contribution!

Mr Petch

Modifié par Mr Petch
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Arf, y a pas a dire... c'est ce qui se fait de mieux dans le monde l'intro.

Nan vraiment, on rentre vite dans l'histoire, que dis je! dans l'univers de ce récit.

le plan est parfait, et on a meme l'impréssion d'etre quelqu'un de privilégié auquel on raconte une histoire, sortit tout droit des legendes ou autres comptes immémoriaux.

Faudrait etre endui de sois meme ou jalou pour n'y voire que les si petites fautes de styles... ;-) nan, nan vraiment, je ne peu te dire que Bravo.

Pourtant, les compliments c'est pas mon fort. Donc en conclusion vivement la suite.

Damned-

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Voila donc pour le début de ce nouveau récit, en espérant qu'il vous plaira autant que les autres.

***

Chapitre 1 : les ombres du désert

A l’ombre du sycomore en fleur, Abdul somnolait doucement, dodelinant de la tête, laissant les insectes du désert tournoyer autour de lui. La nuit s’apprêtait à tomber et c’était dans le désert le meilleur moment de la journée, car la fraîcheur nocturne commençait à apaiser le chaleur du jour. Ainsi, le jeune arabien aimait à dormir sous cet arbre, ce grand sycomore aux longues branches, qui constituait un paisible lieu de sieste.

Abdul El Kasaar était ce qu’on appelle un enfant des rues, un pauvre gosse de Ka-Sabar. Orphelin de naissance, il fut élevé pendant près de quinze ans par son oncle, un brave commerçant de la ville, Sidi Ben Assouan. Le vieillard s’était toujours attristé de ne pas avoir eu de fils et Abdul lui avait redonne force et jeunesse. Une grande complicité était né entre eux. Et un jour, Ben Assouan avait été tué lors d’un raid de brigands arabiens dans le désert, et Abdul s’était de nouveau retrouvé orphelin. Sans famille, il avait du apprendre à se débrouiller seul. Il avait appris à voler les commerçants, à manger les déchets des seigneurs de la ville, à mendier. A présent, il avait vingt ans et connaissait toutes les ficelles de sa cité. Il pouvait s’y retrouver sans problème, saluait les marchands qui le saluaient en retour, lui lançant des moqueries affectueuses pour l’amuser un peu. Il avait sa place dans la ville. Mais après vingt ans passés à Ka-Sabar, il rêvait d’autre chose. De plus en plus, il s’aventurait dans le désert, marchant pendant de longues heures pour méditer sur sa vie. Il avait rêvé d’une vie d’aventure, comme lui contait son oncle, à rechercher les trésors des ruines de Khemri. Au début, il se contentait de s’éloigner un peu de la ville, mais toujours en vu des hautes murailles. Puis, depuis quelques jours, il pénétrait plus avant dans le désert, comme s’il voulait éprouver son courage. Aujourd’hui, il avait entrepris de franchir les limites du royaume perdu de Nehekhara. Il avait décidé de dépasser cette borne noire plantée dans le sol. Après sa sieste quotidienne, il commença sa marche.

La grande colonne noire se distinguait nettement dans le ciel bleuté. On pouvait la voir à plusieurs kilomètres à la ronde, grande borne inquiétante et immobile. Selon les légendes locales, elle séparait le pays des morts du pays des vivants. Quiconque dépassait ces limites était voué à une mort proche et douloureuse dans les sables du désert. On racontait que des créatures squelettes, des statues animées gardaient les nécropoles des anciens rois et ne supportaient pas que l’on vienne les déranger. Mais Abdul ne craignait ni les légendes, ni les contes sans queue ni tête de son oncle. Il avait pris son courage à deux mains pour s’aventurer loin de sa cité natale. Peut-être connaîtrait-il enfin le frisson de l’aventure.

Après cette dune, il serait enfin parvenu face à la colonne de pierre, finalement, ce n’était pas si difficile d’être courageux. Abdul chassa les mouches qui rodaient autour de son visage par un large geste de la main. Leur bourdonnement l’empêchait de réfléchir. A l’est s’étendait une vaste chaîne montagneuse ocre, et derrière encore, Abdul le savait pour avoir consulté les cartes de son oncle, une jungle touffue et dangereuse. Mais ce n’était pas là qu’il comptait aller. Il avait vu sur ces fameuses cartes une croix marquant l’emplacement d’une nécropole appelée « Nétchér Ah ». En langue Nehekharienne, cela signifiait « le palais des dieux ». Ce nom présageait des richesses qui se camouflaient sous les pierres. Abdul en salivait d’avance. Il savait que l’ancienne civilisation qui avait foulé ces terres étaient extrêmement riche. Les étrangers venus de l’Empire, de Bretonnie, de Tilée, d’Estalie qui cherchait ses trésors revenaient rarement, mais lui, Abdul, était plus malin qu’eux et saurait déjoué les pièges de ceux qui étaient, somme toute, ses propres ancêtres. La nécropole de Nétchér Ah était donc son but, mais il ne comptait pas y aller dès aujourd’hui, non. Il marcherait petit à petit, pour se familiariser avec les lieux. Aujourd’hui, il allait juste tourner autour de la colonne, la dépasser un peu pour voir (car Abdul gardait tout de même un brin de superstition), observer, fureter, sentir l’atmosphère que l’on disait plus sèche que le grand désert de sable, au sud. Il retournerait en ville avant l’aube et se coucherait, en rêvant des richesses du royaume perdu.

Le soleil s’était bien couché, cela faisait plus d’une heure qu’Abdul rodait autour du pilier. C’était une grande colonne noire, une tour de guet. On pouvait y entrer par un petit escalier. Mais son allure délabrée et ruinée laissait à penser qu’il ne valait mieux pas tenter l’escalade. Qu’importe, Abdul ne comptait pas le faire pour le moment. Il auscultait la pierre, la caressait de ses mains bronzées. Il mettait ses doigts entre les trous des pierres et dérangeait parfois un lézard des sables qui se mettait alors à courir sur la roche. Abdul s’amusait. Il franchissait exprès l’invisible frontière comme pour mieux se persuader qu’il n’y avait aucun danger, que les légendes de son oncle n’était rien d’autre que des histoires à dormir debout. Un fennec, petit renard des sables vint le regarder jouer. Abdul l’invita à venir avec lui mais l’animal partit se cacher dans son terrier de sable. Alors le jeune arabien s’assit contre la roche froide et contempla le ciel étoilé, si beau par cette nuit sans lune.

Il s’était un peu assoupi. Et pourtant il devait rentrer. Demain, il ira plus avant dans les terres, vers cette fameuse nécropole. Prenant sa gourde dans les mains, il s’apprêta à partir quand un bruit attira son attention. Cela venait de l’intérieur de la tour. Ca n’avait été qu’un son imperceptible, un bruit furtif. Mais Abdul, aux aguets l’avait bien entendu. S curiosité le poussa à regarder cette tour. Il avait cru voir à l’intérieur des yeux sombres qui le regardaient, et une lame briller. Inquiet, il s’avança pour observer la tour de plus près. Le son se répéta. C’était comme un tintement métallique, des armes qui s’entrechoquent. C’était assez étrange pour qu’Abdul décide d’entrer dans la tour.

Il s’avança vers la porte et, d’un pas peu assuré, commença à prendre l’escalier. Les marches étaient peu solides, le bois complètement vermoulu. Mais en haut, le tintement se répétait. Il faisait froid à l’intérieur de la tour, on entendait comme des bruits d’ailes et des piaillements, sans doute des faucons qui nichaient dans le creux des pierres. Et toujours ce tintement qui poussait Abdul à monter les marches. Il n’était plus loin à présent.

Enfin il fut sur le palier, dans la tour. Le plancher était aussi solide que le reste, il fallait faire attention. Dans cette tour, tout était intact. Des armes en bronze oxydées se trouvaient contre la pierre, à côté de grands boucliers de bois rongés par les vers, preuves qu’il y avait eu une vie dans ces lieux.

Abdul leva la tête et vit alors d’où venait le tintement et ce qu’il avait vu scintiller dans la nuit. Une cloche dorée était disposée au-dessus de sa tête. Elle devait servir à alerter les troupes lorsqu’un danger arrivait. Le vent doux avait du la faire vibrer un peu, ce qui avait trompé Abdul.

Ce dernier fit le tour des lieux du regard. C’est là qu’il vit la cassette. C’était une petite boîte dorée et bleuté. Il la prit dans ses mains et sourit, heureux de son acquisition. Il pouvait revendre cette merveille à Ka-Sabar. L’idée ne lui vint même pas de l’ouvrir. Il se précipita en bas en courant le plus vite possible, brisant sur son passage quelques marches et manquant de trébucher. Il comptait déjà l’argent qu’il gagnerait en la vendant. Décidément, cette journée aura été fructueuse !

Il s’éloigna de la tour et courut vers Ka-Sabar. Au loin, on pouvait entendre l’écho de la cloche qui tintait à nouveau. De plus en plus fort. Elle sonnait inlassablement, comme pour avertir quelqu’un ou quelque chose. Et le vent était tombé.

Modifié par Mr Petch
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Il avait décidé de dépasser cette borne noire plantée dans le sol qui marquait, selon les légendes locales.

Qui marquait quoi? Bon, c'est un détail, mais faudrait compléter cette phrase...

Sinon, c'est parfait, on est dans l'ambiance, on ressent les choses!

Imperator, empereur qui fait des remarques s'il en a envie (oui, j'ai trouvé une faute, même plusieurs si vous le voulez!)

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meme si on se doute de se qui va se passer

Ca ça métonne, même moi je ne sais pas encore ce qui va se passer! :P

Ya plus original que Abdul en prenom en plus ca me fait penser a la pub !!!

A ton avis, pourquoi j'ai choisi ce prénom :D ?

Imperator, empereur qui fait des remarques s'il en a envie (oui, j'ai trouvé une faute, même plusieurs si vous le voulez!)

Ne te vexe pas, Impe ! Comme tu dis, ça prouve que tu lis attentivement mon récit :D !

Mr Petch

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Ne te vexe pas, Impe

En faites, vous n'y êtes pour rien, mais je suis vraiment sur les nerfs... J'aurais du mal à explquer la chose, mais le fait est que j'ai du mal à rester calme, concentré etc...

Pour me détendre, rien de mieux que cette section!

Mais l'ennui, c'est que, par un reflexe assez étrange et idiot, je me sens très vite agressé lorsque l'on dénigre ma critique (comportement que je ne supporte pas moi-même et qui a atteint son paroxisme il y a peu lors d'une réponse tout à fait indécente).

Voilà... Je suis désolé d'être comme ça en ce moment, mais avec un peu de chance, ça devrait passer (ça ne dépent pas vraiment de moi...)

Imperator, empereur bouleversé et damné qui vient chercher le réconfort au milieu du désert et de la jungle, du chaos et des elfes, des dragons et des dieux...

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Mr Petch, chapeau! Je trouve que tu sais parfiatement mené ta barque. L'introduction à l'ancienne est très réussi et la suite est très riche. On est invité à un spectacle dont on sait à peu près le cadre, comme on prend plaisir à voir un péisode de Colombo, on voit à peu près ùu ça ira, mais on veut savoir la suite et tu déroules tes scènes avec un grand sens du temps et de l'espace.

Ce que j'aime beaucoup, c'est que tu donne corps à ton personnage sans décrire fondamentalement sa personnalité. C'est la multitude de détails qui fourmillent dans ton récit qui la lui donnent et qui créent aussi le climat etl'ambiance du récit. C'est assez rare.

Y a pas à dire, tu mérites ton statut sur le forum d'auteirs parmi les plus lus!

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Invité Le chat noir

Ouais... Pas désagréable cette entrée en matière. :whistling:

Honnètement, je ne suis pas fan du style qui a quelque chose de bizzare, mais que je n'arriverais pas à définir, mais l'histoire est entrainante et ce qui se trouve dans la cassette commence déjà à me turlupiner! Et puis j'aime bien aussi le gosse qui a une immagination un peu trop fertile et qui croit voir les yeux et la lame. Ou encore, une fois qu'il part avec cette fameuse cassette, la cloche qui se met à sonner... Bref y'a bon toutes ces petites idées!!

Je veux la suite!

Le chat noir:"Ce serait-ce une approbation? Non sire, un plébicite!" :mrgreen:

Modifié par Le chat noir
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Me revoila. Merci pour ces compliments! Je suis content que ce texte puisse vous plaire et vous distraire! :mrgreen:

Je suis content que tu passes me voir, Zara! Ca fait plaisir! Tes conseils sont toujours les bienvenus!

Et puis j'aime bien aussi le gosse qui a une immagination un peu trop fertile et qui croit voir les yeux et la lame

Que tu crois, cher matou ! :whistling:

Bon, j'en dis déjà trop, donc je vous livre la suite pieds et poings liés (qu'est-ce que je raconte, moi?)

Il s’éloigna de la tour et courut vers Ka-Sabar. Au loin, on pouvait entendre l’écho de la cloche qui tintait à nouveau. De plus en plus fort. Elle sonnait inlassablement, comme pour avertir quelqu’un ou quelque chose. Et le vent était tombé.

Abdul courut longtemps dans le désert rafraîchi par l’air nocturne. Enfin il arriva en vue des murailles de Ka-Sabar. Il ralentit un peu pour reprendre son souffle, s’appuyant contre le tronc humide d’un palmier solitaire. Il observa la cassette sous toutes ses coutures, la tournant et la retournant dans sa main. Elle portait ses symbole étranges. Il voyait mal car la lumière de la lune était bien trop faible, mais il croyait distinguer des têtes de morts gravées sur les flancs de la boîte. Il y avait aussi des inscriptions dans cette ancienne langue hiéroglyphique. Mais Abdul ne savait pas la déchiffrer. Il décida de les reproduire contre la surface du palmier. Prenant sa dague à la main, il grava sur l’écorce les dessins dorées. Là un crâne, là un scorpion, là une plume, là un roseau. Lorsqu’il eut fini, il sentit comme un frisson lui parcourir l’échine, comme si les ombres de la nuit était passées derrière lui. Il se retourna brusquement et ne vit que les hautes murailles de granit et d’argile. Il chercha autour de lui et ne vit rien d’inquiétant. Son imagination lui avait encore joué des tours. Ayant suffisamment repris son souffle, il marcha à petits pas vers les portes de la cité.

A une heure si tardive, il fallait montrer patte blanche pour pouvoir entrer à Ka-Sabar. Abdul regarda furtivement qui était de garde cette nuit sur le chemin de ronde. Il aperçut la fluette et élégante silhouette de Kamal Askri, le capitaine des gardes. Il tenait à la main une grand lance et regardait fixement en direction du désert. Il n’avait même pas vu Abdul. Ce dernier, comme pour le provoquer, lui cria son nom :

« - Kamal !

Le capitaine sursauta de peur. Il hésita un peu avant de se retourner et de voir que sa frayeur ne venait que du jeune garnement. Il lui demanda d’un ton plein de reproches :

- Qu’est-ce qu’il y a Abdul ?

- Je veux rentrer, pardi !

- Qu’est-ce que tu faisais dehors ? Tes parents ne…

Le capitaine s’arrêta avant de se rendre compte qu’il avait dit une bêtise. Il abandonna donc la partie :

- Bon, je vais ouvrir. »

Abdul entendit les pas délicats de Kamal descendre les escaliers. Il riait de s’être moqué de Kamal, comme à chaque fois qu’il le voyait. Il fallait dire qu’il n’était pas le seul et que le pauvre capitaine des gardes n’étaient guère aimé à Ka-Sabar.

Son parcours était plutôt atypique. D’une nature maigrelette et faible, Kamal n’était pas fait pour l’armée. Ses parents l’y avaient obligés, pour honorer la longue dynastie de héros qui émaillait la famille Askri. Dès ses premiers combats, Kamal tomba malade et dut rester en arrière des lignes de combat. C’est là qu’il rencontra le shah Muhammad IV, un de seigneurs de la région, lequel tomba de suite amoureux du garçon. La suite n’a pas sa place dans cette histoire car Kamal gagna les faveurs du shah par des moyens peu honorables que je me répugne à réciter ici pour ne point offenser nos dieux du désert. Toujours est-il que Kamal eut ainsi sa place de capitaine des gardes. Heureux de pouvoir enfin commander, il tyrannisa les soldats, les faisant agir selon son bon vouloir. Il fut rapidement considéré, à juste titre comme un opportuniste et un arriviste incapable de combattre dignement. Et puis, à la mort du shah, il perdit un peu de son autorité, et à présent, des rumeurs concernant sa prochaine exclusion de l’armée courait parmi les rangs des gardes. Ainsi, ayant perdu le soutien de son shah, l’autoritaire Kamal s’était mué en une sorte de loque apeuré par le moindre insecte. C’était lorsqu’il essayait de fanfaronner qu’il était le plus ridicule. Son destin au sein de l’armée se jouait d’heures en heures, et au moment où il vint ouvrir la porte à Abdul, le shah Muhammad V, successeur du précédent, venait de signer sa mise en arrêt définitive, et le coursier quittait le palais royal vers Ka-Sabar.

C’est donc prit d’un fou rire qu’Abdul vit le visage maigre de Kamal se dessiner dans l’entrebâillement de la porte.

« - Vas y, entre, mais ne fait pas de bruit.

D’un ton ironique, Abdul répondit :

- Je n’ai pas ta grâce naturelle, grand capitaine des gardes !

- Arrête de te moquer. Je suis vraiment foutu. Ils vont me virer de l’armée d’un instant à l’autre, et je ne sais rien faire d’autre !

- Ce n’est pas ce que disait le shah Muhammad IV

- Tais-toi fils de chien galeux, je peux encore te faire enfermer ! »

Abdul passa devant le regard haineux de Kamal, qui devait enrager intérieurement. Il eut suffi d’un mot de plus d’Abdul pour qu’il le mette en prison sur le champ. Puis le jeune homme courut dans les rues silencieuses de la ville.

La vie nocturne, à Ka-Sabar, est plus mouvementée qu’on le croit. Des brigands détrousseurs rodent à chaque coin de rue, les riches seigneurs de la ville viennent descendre de leur palais pour s’amuser un peu dans les tavernes animés des quartiers défavorisés. On croisent toutes sortes de gens la nuit, sans pouvoir les reconnaître. Mais Abdul ne faisait attention à rien, trop préoccupé qu’il était par sa cassette. Il alla frapper à la porte de Mehmed, son autre oncle. Dans la lignée des Ben Assouan, Mehmed était aussi antiquaire. Il vendait aux voyageurs des trésors volés, des cartes du désert ou des bracelets porte-bonheur. Tout aussi affable que son frère, il était tout de même plus porté sur l’argent et les richesses. Il vint ouvrir :

« - Que se passe-t-il, Abdul ?

Le jeune homme fut surpris de voir que son oncle n’était pas endormi mais au contraire bien éveillé. Il n’avait qu’entrouvert la porte comme pour cacher l’intérieur de sa boutique.

- Mon oncle ! J’ai découvert une boîte dorée.

- Et c’est pour ça que tu me déranges…reviens demain…je suis occupé…je…je fais l’inventaire de la boutique.

- A cette heure-ci ?

- Je ne peux tout de même pas le faire pendant que mes clients sont là !

- Tout de même…regarde cette boîte.

Abdul tendit la cassette à Mehmed. Qui commença à la regarder. Il semblait intéressé. Le jeune homme en profita pour jeter un coup d’œil à l’intérieur de la boutique. Il ne vit qu’une mince silhouette blanche et vaporeuse qui lui tournait le dos. On aurait dit un fantôme en visite. Puis, la silhouette détourna un peu la tête et Abdul croisa son regard…un doux regard clair, des yeux bleus comme il n’en avait jamais vu, une peau pâle comme la chaux, des traits fins et réguliers, et surtout une petite mèche blonde qui jaillissait de sous le voile immaculé qui recouvrait la tête. Une femme…le fantôme était une femme. Abdul se recula brusquement juste au moment où son oncle lui dit :

- Où as-tu trouvé ça ?

- Dans une des tours noirs du désert.

- Tu es allé jusqu’au territoire des morts ? Sais-tu qu’on en y revient pas ?

- Ce ne sont que des légendes, j’en suis sûr !

- Je ne serais pas si sûr si j’étais toi…Enfin bon, entre et ne dis rien. »

Mehmed ouvrit la porte de sa boutique et fit entrer Abdul. Celui-ci vit alors de plus près le fantôme. Il hésita un peu avant d’avancer mais se rendit vite compte que ce n’était qu’une jeune fille. A côté d’elle se tenait un homme plutôt âgé, aux cheveux grisonnants et portant une moustache épaisse. Sa peau était plus halé que celle de la fille, mais son regard clair montrait qu’il ne venait pas d’Arabie. Ses habits étaient plutôt riches, et montraient ses origines impériales. Il devait être un de ses aventuriers impétueux qui descendaient vers le sud pour découvrir les richesses du royaume perdu. Abdul s’assit, fixant encore la beauté de la jeune fille. Mehmed fit les présentations :

« - Herr Markus Grossgrabenstein, je vous présente mon neveu Abdul. Abdul, voici le professeur Grossgrabenstein de Middenheim, et sa fille Klara. Ils sont venus pour découvrir la nécropole de Nétchér Ah. Peut-être pourrais-tu les aider.

Abdul réfléchit un instant avant de dire :

- Nétchér Ah ? Je…je ne sais pas…

- Ne mens pas, Abdul, je sais que tu as pris connaissance des cartes de mon père qui indiquait l’emplacement de ces ruines. Et tu me ramènes ce trésor venu tout droit de Nehekhara. Dis-toi que le professeur a des moyens et de l’argent. Tu pourrais l’accompagner si tu veux être sûr.

- Je ne sais pas…

Abdul posa successivement son regard sur le professeur impériale, puis sur son oncle. Et enfin, il rencontra le regard de Klara. Celle-ci se tenait, muette, face à lui. Elle cligna des yeux et releva doucement de sa main la mèche dorée qui tombait sur son front. Abdul ne résista pas :

- D’accord…je peux vous accompagner. Je sais où est la nécropole.

Le professeur sourit et dit d’une voix grave et puissante, teintée d’un petit accent guttural :

- Parfait jeune homme ! Je sens que nous allons bien nous entendre !

Il lui tendit la main chaleureusement. Abdul la serra sans assurance, le professeur Grossgrabenstein lui broya un peu les os fragiles de sa main et continua d’une voix entraînante :

- Il nous faudrait aussi un soldat pour nous épauler. Je sais combattre, mais ma chère Klara est vulnérable. Il faut la protéger.

- Là, professeur, répondit Mehmed, je ne vois pas quel garde de la ville accepterait de quitter la sécurité des remparts de la ville pour s’aventurer dans le désert.

Abdul sauta sur l’occasion :

- Moi je sais ! lança-t-il. Laissez moi fait, mon oncle.

- Très bien, je te fais confiance Abdul. Rejoignons nous demain ici aux premières lueurs de l’aube. Vous partirez avant midi, sinon, le soleil risque de vous empêcher de marcher.

-Très bien ! s’écria le professeur dans un grand rire. A demain !

Il serra la main des deux arabiens et invita sa fille à se lever et à sortir. Elle adressa un dernier regard à Abdul qui la dévisageait. Mehmed prit alors à part son neveu :

- Abdul, tu vas me donner ta cassette, je dois l’étudier, je t’en tirerais un bon prix.

- Très bien. Je viendrais la récupérer demain.

- Eh bien à demain, Abdul ! »

Le jeune homme quitta la boutique en voyant son oncle saisir avidement la boîte et s’asseoir à sa table de travail. Dehors, il entendit un chacal hurler à la mort. Abdul frissonna et courut se réfugier dans sa cabane.

Modifié par Mr Petch
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S'il pense au capitaine, ça risque de mal tourner...

Et puis, de toute façon ça va mal tourner, ça ne peut que mal tourner (ceci est un défi...).

Bon, je vois venir l'histoire d'amour entre Abdul et la petite blonde (qui, si ça se trouve, a laissé son grand amour derrière elle et ne veut pas le trahir), la trahison et la fuite du lâche Kamal et une horde de squelettes jahissant du sol...

Alors, j'ai tout juste? Non? Prouve le, fait moi la suite!

Il voyait mal car la lumière de la lune était bien trop faible, mais il croyait voir des têtes de morts gravées

Juste, au passage... Là, on a deux fois voir (voyait et voir). Je pense que ça touche la répétition (en tout cas, je l'ai lu comme ça...).

Bon, ça, c'était pou trouver des points négatifs afin de sauver la face... T'es vraiment trop fort!

Imperator, qui pense que son scénario a 80% de chance de se réaliser...(c'est toujours un défi...)

P.S.: J te dois mes pleines félicitations pour avoir penser à faire venir un étranger dans ton histoire... (c'est génial!)

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Bon, je vois venir l'histoire d'amour entre Abdul et la petite blonde (qui, si ça se trouve, a laissé son grand amour derrière elle et ne veut pas le trahir), la trahison et la fuite du lâche Kamal et une horde de squelettes jahissant du sol...

:whistling: Mon scénario est si prévisible que ça ?

Imperator, qui pense que son scénario a 80% de chance de se réaliser...(c'est toujours un défi...)

Défi relevé! B)

Bon, donc je vais essayer d'être original, c'est vrai que ce début offre une suite un peut trop attendue, donc je vais innover. Et puis qui a dit qu'un squelette c'est forcement méchant ? :mrgreen:

J'ai corrigé l'horrible répétition :) !

Mr Petch

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Soit t'es plus rapide que ton clavier, soit je me fais vieux...

Mon scénario est si prévisible que ça ?

C'est juste pour m'assurer que tu innove (remarque, c'est aussi pour voir comment tu va réagir...). Dans tout les cas, juste une supposition...

Défi relevé!

D'accord, je prends note!

Et puis qui a dit qu'un squelette c'est forcement méchant ?

C'est pas méchant, ça ne réfléchit pas... Donc en fait, c'est celui qui a invoqué le squelette qui va être méchant ou pas... Et vu le désért, je crois qu'il va être méchant...

J'ai corrigé l'horrible répétition

Soit tu en as marre de me voir tout le temps chercher la petite bête (c'est vrai, elle était minuscule et parfaitement discutable) soit tu es un écrivain consciencieux (en plus d'être fort comme c'est pas possible) et tu prends en compte ce que l'on te dit en en riant un peu... Dans ce second cas, Bravo!

donc je vais innover.

Comme l'a dit mon maître, l'honorable Jean-baptiste Benjamin Dupré, il y a deux façon d'innover, celle de du fermier et celle du producteur agricole diplômé...

Modifié par Imperator
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Invité Le chat noir

Ca s'annonce déjà très intéressant. Là je dois dire que je suis véritablement impatient de voir la suite.

Par contre, Impe, il semble que tu sois doué de dons de préscience, mais c'est pas une raison pour en faire étalage sur le forum!! :whistling: Tu gaches tout le suspense comme ca!

Bref, ca titille sec ton histoire Mr Petch! La suite!

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Par contre, Impe, il semble que tu sois doué de dons de préscience, mais c'est pas une raison pour en faire étalage sur le forum!!  Tu gaches tout le suspense comme ca!

Profitez, dans un moment, je risque de ne plus avoir une seconde pour moi (donc je risque de devoir délaisser un moment le forum). Par contre, si tu pense que ça ne va vraiment pas, alors je me tais...

Imperator, empereur du néant occupé quand il en sort (ce qui est rare (faut être fou pour quitter son royaume!)).

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  • 1 mois après...
Invité Mr Petch

Je sors ce post du néant où la dure loi des réponses l'avait mis (merci Impe de me l'avoir gardé bien au chaud! :wub: ). Et, ayant fini Tuanahok (et venant de lire un bouquin de Lovecraft qui vous donne envie d'écrire des récits fantastiques), je continue cette histoire laissée en suspend. Un petit conseil, tout de même: relisez le dbéut pour vous replonger dans le monde étonnant de Nehekhara...puisse les ombres se garder de vous effrayer lors de votre séjour en ces lieux funestes...

Trève de parole, voilà la bête! Bonne lecture à tous!

« - Une expédition dans le désert ? Tu n’es pas bien !

Le soleil s’était levé sur la cité de Ka-Sabar, un soleil apaisant les troubles de la nuit. Et peu à peu en ville, la vie avait repris son cours habituel, quittant les frayeurs nocturnes qui voyageaient de nuit dans les esprits des habitants. Abdul se trouvait dans la tour principale du rempart, un grand édifice où se réunissaient les gardes de la ville. En face de lui, Kamal Askri, ignorant encore le sort qui l’attendait, triturait son cimeterre pour le polir avec un vieux chiffon ensanglanté. Il ouvrait des yeux ronds en écoutant les paroles du jeune arabien. Un original impérial souhaitait partir explorer le désert et s’enfoncer au-delà des bornes dans les terres des morts. Un pari non seulement risqué, mais aussi complètement inconscient pour qui connaissait un tant soit peu les légendes qui couraient comme le vent chaud sur les sables brûlants du désert. Mais Abdul insista :

- Oui, une expédition. Il souhaite se rendre jusqu’à la nécropole de Nétchér Ah. Les cartes de mon oncle indique précisément son emplacement, nous n’avons rien à craindre.

- Rien à craindre ! cria en réponse le garde. Ne me dis pas que tu ignores les paroles qui circulent sur ce désert ! Ne me dis pas que tu ne sais rien des dangers mortels qui attendent là-bas les fous ! Si cet étranger maudit veux y aller, qu’il y aille, mais ce sera sans moi ! Et toi, si tu veux partir avec eux, je t’en laisse libre, ce ne sera pas une grosse perte !

Le regard cinglant de Kamal rencontra le doux visage d’Abdul. Ses yeux étaient étonnamment bleus, comme la couleur du ciel lorsque l’on scrute l’horizon vide. Kamal se pencha sur son cimeterre en maugréant, de façon à indiquer à Abdul que la conversation était terminée. Le jeune garçon se leva du rocher sur lequel il s’était assis et continua de regarder Kamal d’un air implorant et déçu.

C’est alors qu’arriva dans la pièce un autre soldat en armure qui hurla d’un air renfrogné :

- Kamal ! Un messager vient d’arriver du palais royal et souhaite te parler. Il a un message pour toi, du prince…

Voyant Kamal rougir soudainement, le garde continua sur un ton à l’ironie prononcée :

- Tu vas passer un sale quart d’heure à mon avis.

Les autres gardes dans la salle se mirent à rire à tout rompre, regardant le pauvre Kamal qui palissait à présent, comprenant le rôle du messager. Il jeta alors un œil sur Abdul qui, par précaution, n’avait pas encore quitté la tour. Alors il se mit à balbutier à toute allure.

- Les gars…Je ne suis pas là…Je dois partir pour une expédition dans le désert…. Vous en m’avez pas vu…

- Et pourquoi on t’aiderait ? fit un des gardes.

Kamal chercha dans sa poche et sortit des pièces de monnaie qu’il posa dans un bruit métallique sur la petite table de bois devant lui.

- Prenez ça et taisez-vous. Je pars de la ville, dans le désert.

- Tu as jusqu’à la prochaine heure pour partir, passé ce délai on te dénonce si on te voie encore en ville. »

Ils rirent de plus belle. Kamal prit son cimeterre, son armure et son bouclier et quitta la pièce en compagnie d’Abdul.

Les deux arabiens marchaient dans la rue vers la boutique de Mehmed, l’oncle d’Abdul. Ce dernier déclara soudain à Kamal :

« - Tu vois que tu es d’accord pour l’expédition.

- Sache que je ne fais pas ça pour t’aider, ni toi, ni ce cinglé d’impérial. Et à la première occasion, j’enfourche mon chameau et je pars pour la première cité en vue.

- On verra bien.

Abdul voyait l’enseigne de la petite boutique nichée entre les maisons blanchies à la chaux. Un peu de poussière semblait s’échapper de la porte de la boutique ouverte, une fine poussière semblable à celle qui parcourt le désert les jours de vent et de tempête. Abdul, instinctivement, pressa le pas, comme s’il sentait l’ombre pâle d’un danger. Il fut vite à la porte de la boutique. Celle-ci était bel et bien ouverte. Il resta ainsi un instant sur le seuil, quelque peu inquiet par cette négligence inhabituelle.

- Qu’est-ce q’il y a, demanda Kamal sur un ton de reproche.

- Je…je ne sais pas… Il y a quelque chose d’étrange.

Mais, poussé par la honte de montrer sa peur à un être aussi lâche que Kamal Askri, le jeune arabien écarté le rideau de perle qui marquait l’entrée et arriva à l’intérieur de la boutique.

Une odeur d’encens lui parvint aux narines. Une étrange odeur qu’il n’avait jamais senti. Si… Il l’avait déjà senti, dans cette tour plantée au milieu du désert où l’avait mené sa dernière expédition nocturne. Mais cela, il ne s’en rendit pas compte sur le coup, trop alerté par l’absence de son oncle. Car le vieil homme ne répondait pas. La lumière ne pénétrait pas ou peu dans la pièce et seule une lampe à huile en bronze éclairait la pièce. Il y avait comme un vent récurrent qui allait et venait dans l’espace clos de la boutique ; tantôt il faisait tinter deux petits clochetons d’ivoire, tantôt il bousculait une pile de papyrus ocres crayonnés à l’encre noire. Ce vent n’était pas normal, il semblait comme surnaturel, comme venu de lieux innommables et inconcevables par la pensée humaine. Alors Abdul marchait comme un zombie entre les livres qui jonchaient le sol. Il s’approchait du petit bureau de son oncle, sur lequel on voyait encore sa paire de lorgnons, trônant solitaire entre deux rouleaux de parchemins. Derrière lui, Kamal, qui n’avait pas franchi le seuil, s’impatientait par des grognements significatifs.

« Alors Abdul, il est où ton oncle ? Il faut se dépêcher, je dois partir vite. »

Abdul ne l’entendait pas, il posa ses mains fines sur le bois poussiéreux du bureau. Il se pencha sur la chaise où était habituellement assis son oncle, pour estimer les objets. Il sursauta d’un pas en arrière brusquement, manquant de faire tomber un précieux vase d’argile. Il se frotta les yeux pour s’assurer qu’il ne s’était pas trompé. Sur la chaise vide, à la place de son oncle se trouvait un petit tas de cendres grises qui s’étalaient en grains fins sur la paille rembourrée. Au sol se trouvait ses habits, la djellaba turquoise qu’il portait hier soir en lambeaux dans la poussière, au côté de livres retournés et déchirés. Abdul s’accroupit et prit doucement dans ses mains le tissu fin du vêtement. Qu’elle ne fut pas sa surprise de voir, cachée sous l’habit déchiré, la cassette dorée qu’il avait remise à son oncle la veille, pour qu’il l’examine. Le jeune homme refoulant sa peur prit dans ses mains la boîte brillante. Elle était grande ouverte. L’intérieur était vide, et se composait d’une couche d’or le plus fin. Une odeur de pourriture encore plus forte en sortait et fit tourner la tête d’Abdul. Il jeta la boîte au sol avec répugnance. Tout ceci l’inquiétait, l’absence de son oncle, le désordre inhabituel de la boutique, la boîte vide, la djellaba écorchée, les cendres sur la chaise… Se pouvait-il que Mehmed, simple antiquaire de Ka-Sabar ait découvert dans cette boîte un secret inconnu et effrayant qui lui aurait fait connaître une fin funeste ? Abdul frissonna rien que d’y penser. Ce qui était certain était que l’oncle n’était pas là, et que Kamal s’impatientait toujours. Abdul était comme tétanisé et sursauta en entendant derrière lui une voix grave et sonore :

- Mais c’est notre jeune aventurier ! Votre oncle est-il ici ?

Abdul se retourna pour voir la face de l’impérial. Ce professeur Grossgrabenstein qui avait commandité l’expédition. Il ne sut quoi dire et pressa le pas pour sortir de la boutique, tout en parlant. Il discutait mécaniquement, comme les mots lui venaient dans son esprit, sans trop réfléchir. Il se souvint juste qu’il justifia l’absence de son oncle en disant qu’il était tombé malade durant la nuit, mais qu’il lui avait donné ses instructions pour le départ.

- Zehr gut ! s’écria l’étranger. J’ai attelé les chameaux et ma fille s’occupe des vivres, nous avons assez d’eau pour survivre plusieurs mois !

- Bon eh bien… balbutia Abdul… Voyez le reste avec Kamal, le soldat qui nous accompagne. Je dois encore régler quelques détails. »

Le professeur s’éloigna dans les rues et Abdul se dépêcha d’entrer dans la boutique. Il courut au bureau, se pressant et baissant la tête comme pour éviter de rencontrer un hypothétique fantôme. Il se hâta de rassembler des objets divers, des cordes et des gourdes, puis prit la boîte dorée et la mit dans un sac de toile. Il garda aussi les lorgnons dans sa poche, puis se précipita vers les étagères de livre. Il savait que derrière les rayonnages se cachaient un livre contenant toutes les cartes de voyages de l’oncle qui l’avait élevé. Il jeta le livre dans le sac et sortit à toute vitesse de la boutique, laissant tomber au passage un casque de bronze. Puis il se hâta de gagner la sortie de la ville.

Là l’attendaient Kamal, le professeur impérial et sa fille Klara. Les chameaux patientaient de leur air nonchalant, ruminant en cadence.

« Parfait ! lança le professeur. Nous vous attendions. Je pense que nous pouvons y aller.

Abdul rejoignit Kamal en montant sur le chameau. Ce dernier lança alors une réflexion :

- Je n’ai jamais été aussi content de quitte Ka-Sabar ! »

En lui-même, Abdul pensa que lui aussi était pour une fois ravi de quitter cette ville. Il pensait s’éloigner du danger… Sans doute ignorait-il qu’il s’en rapprochait…

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Invité Mr Petch

J'étais en forme et après-midi et je vous ai concocté la suite de mon récit... Bonne lecture!

« - Combien de jours faudra-t-il pour arriver à Nétchér Ah, d’après vous ? demanda le professeur Grossgrabenstein au jeune Abdul qui se tenait devant lui.

- D’après la carte, il va nous falloir marcher six jours en suivant le soleil avant de voir les premières tours de la nécropole.

- Six jours ? Parfait, nous aurons largement assez de nourritures et d’eau pour tenir jusque là ! »

Le vieil impérial se détourna d’Abdul et pénétra dans sa tente. Le soleil tapant fort durant la journée, il était conseillé de s’arrêter au zénith pour éviter l’insolation. Ainsi, les quatre voyageurs avaient établis un petit campement. Ils se trouvaient juste devant la borne qui marquait l’entrée du désert. Cette grande tour sinistre où Abdul avait découvert le coffre maudit.

Durant le cours voyage de la matinée, chacun avait pu lier connaissance. Kamal avait passé toute la traversée à discuter avec le professeur au sujet d’imaginaires exploits guerriers qu’ils auraient accompli. L’impérial riait et parlait fort, commentant à son tour le récit par des anecdotes personnelles. Abdul apprit rapidement que Markus Grossgrabenstein était un ancien ingénieur impérial qui s’était reconverti dans l’archéologie après avoir achevé son service militaire. Il avait combattu au côté des plus grands héros, et avait même rencontré lors d’une bataille le fameux empereur Karl Franz, dont le nom perçait même les lointaines murailles de Ka-Sabar. Car bien sûr, pour les deux arabiens, l’empire, contrée nordique, représentait un inconnu immense. Ils n’en avaient entendus parler que par les commerçants divers qui venaient parfois traverser la ville en transportant leurs marchandises, pour les acheminer vers la colonie impériale toute proche de Wüstenburg. Les hommes qui vivaient là-bas étaient, tout comme le professeur, des hommes massifs à la peau pâle et au cheveux clairs. Mais il y avait un monde entre les deux systèmes de pensée et les deux peuples restaient des étrangers l’un pour l’autre.

Le professeur connaissait la langue arabienne, ce qui montrait une évidente érudition, et la maîtrisait assez bien. Il avoua avoir participé à des batailles dans cette partie du monde, et avait même plusieurs contacts à El-Kalabad. Vint alors l’inévitable question que posa Kamal par curiosité :

« - Mais pourquoi vous intéressez-vous à Nétchér Ah ?

Le professeur prit un air grave, sa moustache épaisse se soulevant légèrement au-dessus de sa lèvre supérieur. Ses sourcils broussailleux gris argent se froncèrent subitement et des rides apparurent sur son front bas.

- Cela est une bien longue histoire mon ami. Je ne sais pas si je saurais la conter dans votre langue.

- Essayez tout de même, vous maîtrisez parfaitement notre langue, je suis sûr que vous n’aurez aucun mal à nous parler.

Un coin de la moustache se souleva, le professeur sourit.

- Soit. Je vais essayer.

Il passa sa grosse main calleuse sur les poils drus de la moustache et s’essuya le coin de la lèvre. Le silence se fit dans la petite tente, Kamal et Abdul attendaient. La jeune fille, toujours aussi muette, s’occupait dans un coin de la tente à ranger la nourriture, mais elle montrait des signes d’intérêt, même pour une histoire qu’elle avait du entendre des dizaines de fois. Le professeur, profitant de son effet, prit une brassée de tabac et en remplit sa pipe, puis l’alluma et la porta à sa bouche. Après avoir rejeté une bouffée de vapeur grise, il commença :

- Ma femme est morte il y a quinze ans. Je me retrouvais seul alors avec la petite Klara âgée d’une dizaine d’années. Je travaillais comme maître artilleur à Nuln et avait frôlé la mort lors des batailles à plusieurs reprises sans trop m’en soucier, pensant continuellement que ce n’était pas mon tour, que j’étais bien trop jeune pour rejoindre mes ancêtres. Mais le décès de ma femme, qui se prénommait Katrina, me mit en face de ce que je pensais n’avoir pas à craindre : la peur de la mort.

« Sans doute vous demandez-vous de quoi est morte Katrina, à un si jeune âge. Là-dessus je ne saurais vous répondre, et cela constitue une partie du mystère qui me fait marcher actuellement sur le sable fin de ce désert. Car Katrina est morte dans des circonstances si mystérieuses que personne à présent n’a pu savoir ce qui s’était vraiment passée dans cette chambre fermée, ce soir froid où un conflit contre des orques m’avait mené hors du foyer. Par chance, la bataille s’était écourté et je pu rentrer au matin. J’ignorais que pendant que ma diligence me menait sur les routes pavées de l’Empire, un drame se jouait dans ma propre maison.

« Vous me direz que je tourne autour du pot, mais même maintenant j’ai bien du mal à en parler. Quand je rentrais au matin, je fus étonné de voir la maison vide et silencieuse. Je ne percevais pas l’odeur habituelle du lard qui fumait dans la marmite. Craignant le pire, je montais les escaliers quatre à quatre en appelant Katrina à tue-tête. Il n’y avait aucun réponse, ni d’elle ni de Klara. Un scénario d’horreur défilait dans ma tête… Des bandits pénétrant dans ma maison, tuant femme et enfant, un sorcier maudit à la recherche de nouveau cobaye, un de ces hommes-rats qui circulent – paraît-il – dans les égouts de la ville à l’affût d’une proie facile. J’arrivais sur le palier, face à la porte de la chambre dans un état d’excitation intense et frappait. Aucune réponse une fois de plus. J’essayais d’ouvrir mais la prote était fermée à clef de l’intérieur. Toujours plus inquiet, je tentais d’enfoncer la porte, me saisissant d’une grosse horloge en marbre comme d’un bélier. Mais le bois résistait et je dus faire appel à mes voisins, un couple de riches marchands. A trois, nous pûmes enfin ouvrir la porte. La planche de bois céda dans un vacarme étourdissant et nous parvenions dans la chambre silencieuse.

« La première chose que je vis fut ma petite Klara allongée sur son lit les yeux grands ouverts vers le plafond. Elle était bien éveillée et notre intrusion ne la surpris même pas. Je jetais alors mon regard à ma gauche, où était le lit de ma femme. Je ne vis qu’une forme blanche dans les draps. Je ne voyais pas son visage. Mes amicaux voisins vinrent aider Klara à se lever et s’occupèrent d’elle pendant que je me précipitais sur Katrina. Avec terreur, je retournais son visage glacé pour m’apercevoir qu’aucune lueur de vie ne brillait dans ses yeux, à l’exception d’une étincelle de terreur qui me fit frissonner. Elle était bel et bien morte. Je ramassais sous le lit une sorte de petit pendentif doré portant un étrange symbole en forme de serpent. D’étranges reflets bleus luisaient à sa surface et je le gardais dans ma poche. Klara fut placée dans le temple de Shallya, la déesse de la guérison.

« Nous fîmes appel à un ami soigneur qui nous avait souvent aidé. Il conclut après avoir ausculté le corps sans vie de Katrina qu’elle était morte de peur. M’emportant en entendant cette explication ridicule, je lui demandais des précisions. Il me répondit calmement que son visage effrayé, et ses muscles rigides indiquaient que son cœur avait lâché à la suite d’une immense frayeur. Je mettais de côté cette explication et en cherchais une autre. Mais Katrina n’avait aucun signe de blessures sur son corps, et aucun symptôme des poisons connus. Seulement ce visage d’épouvante qui m’avait tant marqué. La bouche grande ouverte, rouge et sa peau si pâle et si froide. Ses mains étaient comme crispées sur les draps, presque déchirés. La porte était fermée de l’intérieur - on retrouva la clef dans un tiroir du bureau – et la fenêtre comportait des barreaux tels que même un rat n’aurait pas pu pénétrer dans la chambre, sut-il voler, car la fenêtre était bien à trois mètres au-dessus du sol. Il fut prouvé qu’aucune trace de pas ne se trouvait dans la chambre. Katrina avait passé la nuit seule dans cette pièce, avec Klara et personne n’avait pu y entrer ou y sortir. On interrogea aussi Klara, mais c’est à partir de ce moment qu’elle devint muette. Elle restait là, les yeux dans le vide, silencieuse, dodelinant de la tête de droite à gauche. Elle ne parla plus jamais et le mystère de la mort de Katrina restait entier, mon seul indice étant ce médaillon trouvé sous le lit, et que je n’avais jamais vu auparavant.

« C’est dans cet état d’esprit que je quittais Nuln et l’armée pour vivre à Middenheim, pour oublier tout cela. Klara reçut l’éducation d’un professeur particulier mais ne parlait toujours pas, ne s’exprimant qu’en écrivant sur ses feuilles de travail des symboles et des dessins étranges. Elle passait le plus clair de son temps à lire dans la grande bibliothèque de la ville. Quant à moi, j’acquerrais rapidement un statut d’érudit en artillerie et retrouvait vite un travail tranquille. Mais j’étais toujours inquiet au sujet de cette mort. Il fallut cinq ans avant que la fortune me mette sur le chemin d’un marchand arabien qui reconnut le pendentif que je gardait toujours sur moi. Il me montra que le serpent était en réalité un crochet qui servait à ouvrir le bijou. Nous l’ouvrîmes. il était vide, seule une odeur de souffre s'en échappait. Ce marchand m’indiqua en outre que ce symbole était celui d’un ancien roi des terres du sud, du fameux désert de Nehekhara. Il me conta les légendes des rois déchus et de l’anéantissement de la cité de Nétchér Ah, fief de ce prince mythique. Il ne voulut m’en dire plus.

« Mais cela me suffisait pour commencer des recherches poussées sur cette pyramide de Nétchér Ah. J’appris qu’il s’agissait du tombeau où était enfoui la dépouille mortuaire du prince Rahmameb et de son épouse, Rekhenté, qui avait régnés sur la cité deux millénaires avant notre ère. On disait que son esprit était encore perdu dans les limbes de l’espace et du temps et une vieille légende disait que les deux époux seraient réunis dans leur tombeau un jour. Cette histoire m’étonna assez pour que je cherche à en savoir plus. Il me fallut encore cinq ans pour réunir assez de documentation sur le pendentif. J’appris qu’il était passé de mains en mains et ma piste s’arrêtait à Nuln. Un marchand me confirma l’avoir vendu à une jeune femme il y a longtemps. Elle était tombée amoureuse du bijou et avait tenu à l’acheter. En effet, j’eut la certitude plus tard que pendant mon absence, Katrina avait acheté ce pendentif dans un marché de Nuln.

« Cinq autres années furent nécessaires pour que j’entreprenne de me rendre dans cette nécropole, dans ce tombeau qui renferme sûrement le mystère de la mort de Katrina. Tout est là-bas je pense, tout ce que je cherche est là-bas. Je pourrais continuer de vivre tranquillement à Middenheim, mais c’est à cause de cette terreur que je lus sur le visage de ma femme… Cette terreur m’intriguait trop pour que je laisse l’histoire en suspend. Il me fallait remonter aux origines, là où tout était parti. Et il y a trois mois, je m’embarquais avec ma fille sur un bateau en direction de Wüstenburg, pour ensuite atteindre Ka-Sabar. Je m’adressais alors à votre oncle car l’on m’avait vanté ses talents d’antiquaire et de spécialistes des objets du désert.

« Voilà toute l’histoire… Peut-être devrions-nous repartir à présent, le soleil semble s’être calmé.

Abdul avait suivi l’histoire avec un grand intérêt. Il n’avait pas quitté le regard du professeur dans lequel se lisait encore l’image fixe de celui de sa femme. Une image de mort imminente. Kamal, pour sa part, n’avait fait que cligner deux trois fois des yeux. Il n’écoutait pas vraiment le professeur car il observait du coin de l’œil la jeune fille. Ainsi était-elle muette, se disait-il, je saurais la faire hurler ! Il rit intérieurement de ces pensées grivoises et s’allongea sur la paillasse. Abdul, plus sage, se disait que cette fille paraissait bien n’être que l’ombre d’elle-même, une ombre suivant son père et la mémoire de sa défunte mère à la trace. Le professeur, se levant, demanda alors, retrouvant sa voix grave et forte naturelle :

- Klara ? Les chameaux sont-ils prêts ? Nous allons bientôt repartir. »

La jeune fille passa sa tête par l’entrée de la toile et acquiesça du regard. Son père s’approcha d’elle et lui baisa son front garni de bouclettes blondes.

Modifié par Mr Petch
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