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La politique dans le légendaire de Tolkien


Poupi

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Bon, allons-y donc. Dans bien des discussions, qu'elles soient consacrées aux femmes, à Peter Jackson ou au broshing d'Aragorn, on évoque des questions politiques. Donc bon, c'est que ça doit être un filon intéressant. Alors on peut voir si y'a moyen d'avoir quelques échanges comme on a pu en avoir par exemple au sujet des femmes...
Donc bon, comme la dernière fois, j'ouvre avec quelques considérations générales, à voir si d'autres veulent rebondir là-dessus ou introduire de nouveaux éléments à discuter (le vieillard local s'était montré assez brillant dans ce rôle).

[u][b]
De l'importance des traditions[/b][/u]
C'est sans THE idée qui régente les questions politiques dans le légendaire de Tolkien. Les exemples sont légions. Aragorn, roi idéal, est celui qui respecte toutes les traditions de son royaume, quitte à s'interdire lui-même d'aller en Comté. S'il est suzerain des Rohirrim, il se doit de respecter et faire respecter les traditions de ce peuple. On voit d'ailleurs que Tolkien est monarchiste parce que traditionaliste, et non l'inverse ; lorsqu'il n'y a pas tradition monarchique, il ne doit pas y avoir monarchie (la Comté est un bon exemple). De même, comme évoqué dans le topic sur les femmes, il n'y a exclusivité masculine du pouvoir que parce que c'est la tradition, notamment à Numenor, où la rupture de cette tradition participe au déclin du royaume (tout comme d'autres ruptures de tradition : lorsque les souverains arrêtent d'abdiquer en fin de règne, par exemple) ; mais Galadriel règne sans contestation sur la Lorien.
[u][b]
Quelques principes universels[/b][/u]
Si le respect des traditions locales est ce qu'il y a de plus important, un bon chrétien comme Tolkien ne va pas tomber dans le relativisme de bas étage. Plusieurs principes "politiques" sont condamnées comme intrinsèquement mauvais, indépendamment des circonstances. Typiquement, l'idée que "la fin justifie les moyens" est on ne peut mieux dénoncée dans la terrible déchéance de Saruman, Tolkien montrant qu'en voulant employer les méthodes de l'Ennemi, on devient soi-même un esclave de l'Ennemi... La tentation du "la fin justifie les moyens" se retrouve aussi dans l'épreuve de Boromir, qui se voit utiliser l'anneau pour restaurer la gloire du Gondor. On trouve aussi dans le légendaire plusieurs traces de l'anti-impérialisme de Tolkien, qui quoique patriote anglais, n'éprouvait aucun attachement pour l'empire colonial et le Commonwealth. Cela se voit à mon sens dans le vocabulaire même du légendaire : le lexique de l'empire, au sens politique ou au sens spirituel, se retrouve fréquemment pour parler de l'Ennemi (Morgoth ou Sauron), jamais chez les seigneurs incarnant la justice (et Tolkien était bien du genre à connaître la différence entre un Roi et un Empereur).
Cela se voit bien dans l'histoire de Numenor, dont le peuple, d'instructeur des hommes de Terre du Milieu, devient l’oppresseur impérialiste de ces derniers, et ce dans le cadre d'une rivalité avec Sauron, pour voir qui exerce le plus grand empire en Terre du Milieu. Ce qui est très beau, dans cette histoire, c'est que Tolkien relie ici impérialisme et peur de la mort : l'Homme veut dominer son prochain pour oublier sa propre mortalité.

[u][b]Le rejet du politicien professionnel et de la machine politique[/b][/u]
C'est pour moi un sujet passionnant chez Tolkien, qui a bien été étudié par certains mais pas assez popularisé à mon goût. Dans le légendaire, il y a rejet constant de celui "dont les mains sont stériles", pour reprendre l'expression de Khalil Gibran. Le souverain n'est pas un simple politicien, il se doit d'être aussi guerrier, guérisseur et/ou jardinier (les lecteurs de Dumezil apprécieront la tripartition). ça se voit déjà dans Bilbo, avec le rejet du Maire professionnel et marchand au profit de Bard l'Archer. Aragorn, dans les prophéties qui courent à son sujet, est précisément définit comme un roi dont les mains ne sont pas stériles. Et un jardinier comme Sam fait un bien meilleur régent de la Comté qu'un politicien professionnel.

Ce rejet du professionnalisme politique me semble lié au dégoût de Tolkien pour la "machine politique". Ce qu'il y a d'intéressant, c'est qu'il reprend cette expression au pied de la lettre. ça se voit bien dans sa correspondance. J'avais déjà posté dans un autre topic la lettre 186, dont voici un extrait très révélateur :

[quote] I am not a 'democrat' only because 'humility' and equality are spiritual principles corrupted by the attempt to [b]mechanize[/b] and formalize them, with the result that we get not universal smallness and humility, but universal greatness and pride[/quote]
Traduction rapide (tirée de mes trads personnelles) :
[quote]Si je ne suis pas « démocrate », c'est uniquement parce que l'humilité et l'égalité sont deux principes spirituels corrompus par la tentative de les [b]mécaniser[/b] et de les formaliser, avec cette conséquence, que nous n'en tirons pas la modestie et l'humilité universelles, mais l'orgueil et la fierté universels, en attendant qu'un Orc ne mette la main sur un anneau de pouvoir - et alors nous subirons, et alors nous subissons l'esclavage. [/quote]

Pour Tolkien, le professionnalisme politique constitue véritablement une forme de machinisme, et on sait tout le mal qu'il pense de cela.
D'ailleurs, le personnage de Saruman, qui est le plus machiniste de tous, est aussi le plus politicien du SdA : c'est lui qui est imprégné de mentalité du type "la fin justifie les moyens", c'est lui qui emploie le vocabulaire le plus politique (y'a qu'à lire ses discours à Gandalf ou Théoden : ça parle de "bien commun", d'alliance politique, etc...), c'est lui qui emploie des conseillers politiques comme Grima, et dans son oppression de la Comté, il brille autant par son machinisme industriel que son machinisme social et politique (règles, sherrifs et compagnie).
C'est d'ailleurs une occasion de relire l'opposition Saruman-Sylvebarbe, qui n'est pas uniquement une opposition nature-industrie (même si cette dimension est flagrante et importante). Sylvebarbe et Saruman sont deux personnages clairement construits en opposition, et ce sont les deux seuls personnages définis par leur usage de la [i]parole[/i] : la fameuse Voix de Saroumane, et les préoccupations langagières de Sylvebarbe. Or, ce dernier à un rapport très poétique au langage : pour lui, donner le nom d'une chose, c'est donner un pouvoir sur la chose même, et on connaît son amour des poèmes. L'opposition Saroumane-Sylvebarbe est donc, non seulement l'opposition de deux rapports à la nature, mais aussi l'opposition de deux rapports au langage : un [i]usage poétique[/i] du langage, qui finit par triompher d'un [i]usage politiqu[/i]e du langage.



Poupi,
c'est mon avis et je le partage...
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[b]Mode Modo ON :
Mieux vaut prévenir que guérir : merci de rester courtois (on dérape facilement sur ce genre de sujet), et de ne pas tourner au débat politique. La question n'est pas de savoir quel est le meilleur type de gouvernement mais le rapport de Tolkien au politique.
Mode Modo OFF[/b]

Il est d'ailleurs intéressant de noter que beaucoup de souverains chez Tolkien. On le voit bien sûr chez les seigneurs elfes (Elrond, Cirdan, Celeborn, Galadriel par exemple), mais aussi chez les humains (Aragorn). Et Sam Gamegie possède une "sagesse paysanne" bien établie, Denethor connait son histoire, Theoden, bien que roi guerrier, n'est pas non plus dénué de culture et de sagesse.

Autre aspect, celui qui s'accroche au pouvoir finit mal : les souverains Numenoréens qui refusent d'abdiquer pour régner jusqu'à leur mort, Denethor qui ne veut pas lâcher le pouvoir en faveur du roi légitime. Au contraire, Aragorn donne la couronne à son fils, Samsagace arrête de son propre chef d'être maire au bout d'un certain temps.
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Très belle entrée en matière, très intéressante. Faisons en sorte de restez sur ces bases saines. [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/happy.gif[/img]

Je trouve ton lien avec l'impérialisme très intéressant. Effectivement, on se rend compte que les états qui tendent à s'étendre finissent plutôt mal (ceux du mal bien sûr, Numénor comme tu le dis, mais aussi le Gondor, et quelque part aussi les royaumes noldorins (je pense aux textes qui parlent du désir de Galadriel d'avoir son propre royaume)), alors que ceux qui restent dans leurs limites originelles ou à peu près (Comté, Rohan, Lorien, ...) s'en sortent mieux. Quelque part ça se lie à un état d'esprit qui tend à se contenter de ce qu'on a : le pêché d'envie, la convoitise tant des terres que de la connaissance, du pouvoir, des richesses, de l'immortalité ne donnent rien de bond. En cherchant à atteindre ce qu'on a pas, on finit par perdre ce qu'on a.
A lier aussi à la thématique du déclin. J'ai le sentiment que pour contrecarrer le déclin, soit on reste dans les traditions qui ont permis un certain âge d'or, soit on se remet en cause et on part sur de nouvelles bases. Effectivement Tolkien est de la première école.

Après, pour les différents systèmes politiques qui peuvent apparaître et plus ou moins critiqués dans l'oeuvre de Tolkien, je crois qu'il faut faire attention au sens que l'on donne aux différents systèmes politiques (originel ou moderne) et à la complexité que peut cacher un concept.


Pour ce qui concerne la monarchie, par certains aspects elle est assez liée à la conception et à l'histoire britanniques : loin d'être linéaire, avec des branches cadettes éloignées, la question du rôle des femmes, des coups d'état, des mésalliances....
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[quote]Il est d'ailleurs intéressant de noter que beaucoup de souverains chez Tolkien.[/quote]
Euh, il manque un bout de phrase, là, non ? :whistling:
J'imagine que c'est une histoire de sagesse...

[quote]Autre aspect, celui qui s'accroche au pouvoir finit mal : les souverains Numenoréens qui refusent d'abdiquer pour régner jusqu'à leur mort, Denethor qui ne veut pas lâcher le pouvoir en faveur du roi légitime. [/quote]
Oui, et encore une fois, tout ça est toujours lié à un rapport malsain à la mort : les Rois de Numenor refusent d'abdiquer en même temps qu'ils refusent d'accepter la mort, et Denethor se comporte en souverain du Gondor et non en simple Intendant, de la même façon qu'il se comporte en maître de la vie, et non en simple Intendant de la vie : il faut vraiment relier le reproche chrétien que lui fait Gandalf ("vous n'avez pas la légitimité d'arrêter vous même le jour de votre mort") à la leçon de vie dont il gratifie Frodon ("nous ne choisissons pas le temps que nous vivons, nous choisissons ce que nous en faisons").

[quote]Effectivement, on se rend compte que les états qui tendent à s'étendre finissent plutôt mal (ceux du mal bien sûr, Numénor comme tu le dis, mais aussi le Gondor, et quelque part aussi les royaumes noldorins (je pense aux textes qui parlent du désir de Galadriel d'avoir son propre royaume)), alors que ceux qui restent dans leurs limites originelles ou à peu près (Comté, Rohan, Lorien, ...) s'en sortent mieux[/quote]
Ta référence à la Lorien m'a fait penser à autre chose : le fait que les frontières du royaume elfique soient liées à un Anneau (celui de Melian et celui de Galadriel) qui le protège en même temps qu'il le [b]circonscrit[/b], au sens à la fois géopolitique et mathématique du terme.
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POur la comté, il y a bien une aristrocratie que ce soit les Touque ou les Brandebouc qui gèrent aristocratiquement leurs domaines. Titre, suzerenaité itou.
Et les Touque sont les "intendants" de la Comté, vice-roi pour l'Arnor
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Je trouve qu'on est beaucoup plus proche des familles de "notables", de la grande bourgeoisie rurale, que de la noblesse aristocratique.
Le Thain a certes un pouvoir, mais surtout "présidentiel", au sens où il ne fait [i]que[/i] présider. Le pouvoir politique reste fondamentalement démocratique, en tout cas je trouve que c'est ce qui ressort des bouquins.
Il faut voir aussi que la dimension "aristocratique" du Thain est due au fait que cette fonction est liée à la monarchie de l'Arnor : elle a été crée pour pallier à la disparition du royaume du Nord, le Thain prenant les fonctions militaires que les aristocrates des "Grands Gens" assumaient autrefois. Et d'ailleurs, lorsque Aragorn redevient roi, le Thain assume des fonctions de conseiller royal.
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[quote name='deathshade' timestamp='1351900769' post='2242332']
Les Touque sont les Thain de la Comté certes (mais pas depuis le début), mais c'est juste un titre "militaire". Le dirigeant de la Comté reste le Maire.
Par contre, oui, il y a une gestion du domaine par des grandes familles.
[/quote]
Le maire c'est le maire de grand'cave pas le titre de maire de la comté. Finalement c'est une sorte, je dis bien une sorte d'oligarchie même si cela reste très superficiel, les instances dirigeantes ne prenant peu de décisions et n'intervenant très peu dans la vie des hobbits
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De Tolkiendil :

Le Maire de Grand'Cave était le seul personnage officiel de la Comté, élu tous les sept ans lors de la Foire Libre des Hauts Blancs lors du solstice d'été (Serein). Sa fonction ne lui servait guère qu'à présider les banquets de la Comté. À ce titre étaient associées les fonctions de Maître des Postes et de Premier Shirriff, mais celles-ci étaient de moindre importance.

Ca dépasse donc le cadre de Grand'Cave. Mais effectivement, de façon générale, les Hobbits se gouvernent tout seuls. Y a qu'à voir les Shirriffs qui sont plus des gardes champêtres que des policiers.
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J'aime bien l'association du "Sa fonction ne lui servait guère qu'à présider les banquets" et du "à ce titre était associé les fonctions de Maître des Postes et de Premier Shirrif, mais celle-ci étaient de moindres importances" :D on se demande à quoi elles servent alors...
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  • 2 semaines après...
Pour le Maire de Grand' Cave, certes il ne sert qu'à présider les banquets quand tout va bien. Mais quand Sharcoux arrive, c'est Wil Piedblanc qui est l'un des premiers "locataires" des Trous-Prisons. De plus lors de la reconstruction, on voit que Sam, bien qu'étant le Maire prend un peu tout sous sa direction. Pour le Premier Shiriff et le Maître des Postes, je pense qu'il est sensé tout cordoner, mais qu'en fait les Postes se gèrent seules et que comme les Shiriffs ne servent qu'à éloigner les animaux... Ben le Premier Shiriff ne sert à rien.

D'autre part, le Thain de la Comté n'est à mon sens qu'un titre militaire en effet. Cependant il est important en temps de troubles, regardez bien, ce sont les Touque qui résistent le mieux aux Bandits de Sarcoux.
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Ben pour moi, au départ le Thain est l'équivalent d'un roi (lors de la création du titre), avec tous les pouvoirs que cela suppose. Cependant, cela ne convenant pas aux Hobbits, ils ne sont pas exercés et sombrent dans l'oubli ; seul la fonction militaire se perpétue, mais les Hobbits ne guerroyant pas...
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Je pense Bombur qu'il n'y a même pas besoin de ce processus. Réfléchis : quel pouvoir le Roi d'Arnor exerçait-il effectivement sur la Comté? Aucun. Le Roi était vraisemblablement plus un symbole qu'autre chose et, [u]à la limite[/u], une autorité chargée de les protéger en cas de danger en échange d'une participation (minime) à ses guerres si il était dans le besoin. En fait la fonction de Thain conserve exactement les mêmes privilèges : fonction symboliques et exceptionnellement militaire si une situation de guerre survient.
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Je ne pense pas, parce que ça ne correspondrait pas assez aux traditions locales, qui ne sont pas forcément écrites de façon positive.
Ce que montrent bien les exemples de Maire et de Thain qu'on connaît, c'est qu'ils assument leurs fonctions [b]lorsqu'il y a besoin d'un chef[/b] (reconstruction collective, lutte contre les bandits...). La plupart du temps, il n'y en a tout simplement pas besoin, si bien que la Comté se trouve plongée dans une sorte d'anarchisme paisible, d'où elle ne sort qu'en cas de crise grave.
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Voilà! Je pense qu'il n'y avait pas besoin de règles écrite (comme sous Aragorn) au temps de l'ancien Arnor (puis Arthedain) tout simplement parce que les Rois et les hommes ne s'y intéressaient pas! En donnant la Comté on ne fait que remplir un espace vide. Surtout que l'Est attirait suffisamment l'attention comme ça. Mais si le Roi avait voulu construire un château il n'aurait déjà pas pu recourir à la main d'oeuvre locale puisque les Hobbits ne se sont mis que tardivement à construire des maisons, et à un seul étage souvent en plus, alors une tour! C'est déjà un problème assez important : si on considère que le Sda fonctionne comme le Moyen-Âge on ne déplace pas des populations entières comme ça. Ensuite ça aurait probablement choqué les Hobbits qui n'auraient sans doute pas appréciés la présence d'une telle structure, ni celle d'hommes en armes. Le système féodal est toujours un contrat, dans le cas qui nous préoccupe les Hobbits ont fuis l'ombre de Dol Guldur pour se réfugier dans une région loin des troubles et de la guerre (du moins en théorie), si on construit un château sur leur territoire on trouble leur bonheur précaire qui repose sur l'absence de tous ce qui peut rappeler les dangers du monde "extérieur". Je ne pense donc pas que le Roi aurait eu "le droit" de construire un château sur la Colline...

Ce serait en plus une marque de pouvoir permanent ce que les Hobbits ne semble pas apprécier, le pouvoir doit rester "de réserve"...
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Je veux dire qu'il en a théoriquement le droit. De là à ce que les Hobbits le construisent :rolleyes: . Et on s'en fiche de la guerre : ça empêche [u]pratiquement[/u] de le faire, pas théoriquement !
De même, on s'en fiche de ce que pensent les Hobbits, ça ne change pas les lois ou les pouvoirs du roi (ça peut juste le faire renoncer à prendre une décision s'il est sympa, mais c'est alors une décision personnelle).
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[quote]Ce que montrent bien les exemples de Maire et de Thain qu'on connaît, c'est qu'ils assument leurs fonctions [b]lorsqu'il y a besoin d'un chef[/b] (reconstruction collective, lutte contre les bandits...). La plupart du temps, il n'y en a tout simplement pas besoin, si bien que la Comté se trouve plongée dans une sorte d'anarchisme paisible, d'où elle ne sort qu'en cas de crise grave. [/quote]

C'est un peu ce que j'ai dit mais c'est pas grave :whistling:

[quote]Je veux dire qu'il en a théoriquement le droit. De là à ce que les Hobbits le construisent :rolleyes: . Et on s'en fiche de la guerre : ça empêche pratiquement de le faire, pas théoriquement !
De même, on s'en fiche de ce que pensent les Hobbits, ça ne change pas les lois ou les pouvoirs du roi (ça peut juste le faire renoncer à prendre une décision s'il est sympa, mais c'est alors une décision personnelle). [/quote]

Au contraire je pense que si un Roi d'Arnor avait décidé de construire un château dans la Comté, ben il se serait passé la même chose que contre Sharcoux, une révolte. Et s'il n'y avait pas eu de Frodo, de Pippin, de Merry ou de Sam, c'aurait été le Thain qui l'aurait provoqué. On voit bien que les Hobbits détestent presque les voyageurs de passage ou en tout cas les méprisent. Ils se méfient même des Hobbits de Bree! Comment veux tu qu'ils acceptent un Château d'Homme?
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Pas vraiment! Relis Poupi! Les monarchies de la Terre du Milieu ne sont pas des monarchies absolues, le Roi doit garantir l'ordre, pas devenir lui-même un élément perturbateur. On ne connaît pas les Lois écrites des Royaumes Dunedain mais si il y en a elles sont sans doute bien en dessous du réel pouvoir du Roi! En plus tu fait du Sharcoux en méprisant les Hobbits ^_^ : une révolte de Hobbits ça fait mal aux dents si on arrive à les y pousser...
(d'ailleurs les Hobbits sont le seul peuple à ne jamais avoir été vaincu sur un champ de bataille :rolleyes:)
Effectivement le Roi pourrait outrepasser le contrat passé avec les Hobbits mais alors il devient un tyran et n'est plus légitime...
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[quote]Au contraire je pense que si un Roi d'Arnor avait décidé de construire un château dans la Comté, ben il se serait passé la même chose que contre Sharcoux, une révolte. Et s'il n'y avait pas eu de Frodo, de Pippin, de Merry ou de Sam, c'aurait été le Thain qui l'aurait provoqué. On voit bien que les Hobbits détestent presque les voyageurs de passage ou en tout cas les méprisent. Ils se méfient même des Hobbits de Bree! Comment veux tu qu'ils acceptent un Château d'Homme?[/quote]Sauf que :
[list][*] Le Thain n'existait pas.
[*] La différence c'est que Sharcoux a maltraité les Hobbits.
[*] La révolte est due à Frodo, Sam, Merry et Pippin.[/list]
Et quand bien même, révolte ou pas, ça ne change rien au fait que le roi en a le droit !!!

Peredhil : le contrat ne fait qu'accorder des terres aux Hobbits, qui deviennent des sujets comme les autres ! C'est pas pour ça qu'elles n'appartiennent plus au roi (au contraire de ce qui se produit sous Aragorn II) !
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Je pense que nous, nous concevons le droit et la loi uniquement sous sa forme positive (c'est à dire ce qui est énoncé au travers de textes concrets). Dans une société traditionnelle, l'essentiel de la loi, "essentiel" à la fois au sens numérique et au sens de "le plus important" repose sur des lois non-écrites. Du coup, pour bien connaître la loi, il ne faut pas étudier un corpus législatif à la manière de nos étudiants en droit, mais vivre en osmose avec la société, pour en connaître les us et coutumes. Sharcoux à violer les lois de la Comté, même s'il ne l'a pas fait d'un point de vue positif. Construire un château dans la Comté, ce serait un peu comme ne pas enterrer le frère d'Antigone : cela correspondrait peut-être au droit positif et à la volonté royale, mais ça serait contraire aux lois non-écrites. C'est pour cela aussi que le pacte qui lie la Comté au Roi ne se résume pas aux mots rédigés dans des contrats ou des édits : il passe aussi par un ensemble implicites de traditions et de coutumes qu'il faut évidemment et implicitement respecter.
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C'est bien ce que j'essaie d'expliquer. J'aurais du définir auparavant ce que je voulais signifier par "pas le droit"! N'oublie pas Bombur que le Royaume-Uni de Tolkien repose en plus, encore au vingt-et-unième siècle, sur la jurisprudence : le droit est beaucoup moins fixé dans le système anglo-saxon, ta vision des choses n'est donc pas même celle de nos contemporains d'outre-manche. Qui plus est Tolkien se réfère lui à une période beaucoup plus lointaine. Pense tu qu'il y ait une constitution du Gondor? J'en doute fort. Les seuls textes de Loi auquel il est fait référence chez Tolkien, dans mes souvenirs, sont celle qui interdit aux "grandes gens" d'entrer dans la Comté et les lois d'héritage de Numenor (et encore Numenor est assez "hors-jeu" dans cette discussion tant son niveau de développement est supérieur aux autres nations de l'oeuvre, j'ai envie de dire que selon des standards qui ne sont pas ceux de Tolkien Numenor est même plus "avancée" que les Royaumes Elfes).
D'ailleurs je ne suis pas sûr qu'Aragorn concède les terres de la Comté (me rappelle plus), si je ne me trompe il s'en interdit l'entrée c'est différent.
De façon générale, bien que ça me surprenne, tu semble avoir encore plus de difficulté que moi (et pourtant!) à intégrer la logique médiévale. Le Roi est garant d'équilibre et c'est bien plus important que les Lois écrites, si il perturbe l'équilibre il perd son "droit" à la Couronne. Plutôt que de "droit" il serait en fait plus adéquat de parler de légitimité (qui vient du latin "legitimus" : ce qui est estimé être conforme à la Loi ; on voit bien qu'ici tout est affaire d'estimation, de perception, et pourtant les Romains, eux, avaient un droit écrit).
Tu voit d'ailleurs bien qu'entre le contrat de jure et ses conséquences de facto il y a un écart : si les Hobbits étaient vraiment des sujets comme les autres du Roi de l'ancien Arnor ils auraient du fournir, comme l'Arthedain et le Cardolan l'ont probablement fait en cette heure désespérée, un effort de guerre conséquent. Or ils n'envoient que quelques archers que tout le monde a oublié! C'est bien la preuve que "les sujets du Roi" qui vivent dans la Comté n'ont pas la même relation au souverain que les autres "arnoriens" mais bien que leur situation est différente. Le contrat (qui peut-être implicite) qui les relie à leur souverain est beaucoup moins contraignant que ce que tu prétend. Et le souverain se gardera bien d'outrepasser ses droits sur la Comté... Modifié par Peredhil
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