Tricotos Posté(e) le 10 janvier 2013 Partager Posté(e) le 10 janvier 2013 (modifié) J'ai lu avec beaucoup d'intérêt ton post Poupi. L'emploi des mots race et sang, et l'idée qu'ils servent à transmettre, me semblent ici franchement passionnants, et très "tolkiennien" : sans variété sanguine, affirme Lewis, réduction de la solidarité et de la pensée. Or, la plus célèbre Communauté inventée par Tolkien est justement connue pour son caractère racialement hétéroclite, et le texte le plus ouvertement philosophique du légendaire s'inscrit précisément dans la confrontation de deux races différentes La vérité se tient devant tes yeux ! Quelqu'un dans ce topic ou un autre faisait une différenciation originale entre Hobbit-Enfants et Elfes-Adultes, la réalité est légèrement plus subtile, chaques races dans l'oeuvre de Tolkien portent des valeurs qui ne sont ni bonnes ni mauvaises en elles mêmes mais qui sont plus ou moins bien appliqué. Si on transforme tout les personnages de ses écrits en humains, apparraissent de manière flagrante les différences sociétales entre les habitants de Mirkwood et d'Erebor par exemple, qui expliquent ces différences de pensée. La comparaison par race est une façon d'accentuer ces différences et de les rendre visibles physiquement. Ce qui n'empêche pas Tolkien d'ettoffer en montrant bien que chaque races, bien que parcourues de valeurs communes n'agissent pas comme un seul homme. Par exemple, la guerre du Nauglamir, a vu une partie des Nains affronter les elfes, pendant qu'une autre partie, outragée par le crime des elfes, se tiendra cependant prudemment à l'écart pour des raisons qui leurs sont propres. Plus flagrant, les Istari, qui sont pourtant de la même race, ont une façon de raisonner bien différente les uns des autres en fonction de leurs origines non pas raciales mais mythologique (Sarouman est envoyé par Aulé et est plus versé dans l'art des anneaux, anneaux qui sont forgés, Aulé = forgeron... Radagast est envoyé par la hippie Yavanna, et c'est un gros hippie avec un nid d'oiseau sous le chapeau... hummf...). On peut prendre comme référence une oeuvre de fantasy beaucoup plus récente, qui pour le coup deviens encore plus intéressante : La Saga du Trône de Fer. Les personnages sont tous des humains, et, comme dans la réalité, les jeux de pouvoirs entre membres d'une même maison, le choc des valeurs (We do not Sow, High as Honor...) font de cette oeuvre l'une des plus complexe. Complexe ? Pas seulement à cause des jeux de pouvoirs, mais de son (relatif) manque de lisibilité pour un lecteur peu attentif. Il est plus aisé de comprendre et se rappeller que les nains brulent des arbres pour nourrir leurs fourneaux et que les Ents aiment pas ça, que de se rappeller que Ned est membre de la famille Stark, donc une famille ancienne qui ne vie pas au même rythme que ses contemporains du sud (d'aucuns diraient "lents") et leurs valeurs du nord, la fidélité, le foyer, sont très importantes l'hiver, lorsque les loups sont à votre porte et qu'il faut défendre votre famille à la pointe de l'épée, mais inutiles, voir même archaïques par rapport aux valeurs d'été du reste de la population qui fonctionne à grand coup de corruption... Tolkien, et la fantasy qui lui à emboité le pas, profitent des "races" pour définir de manière claire et concise des sociétés et des valeurs différentes. Ils peuvent, alors ils en profitent ! La Fontaine faisait exactement la même chose, en écrivant une fable avec la fourmi-économe, la cigale-dépensière... On visualise mieux la chose, et on sort du domaine du réel, seul les gens d'esprit parvenant à perforer le vernis fantastique pour mordre à pleine dent dans la pensée de l'auteur. Tricotos, Dire j'aime les nains, c'est plus classe que d'aimer les conservateurs consanguins d'1m40. Modifié le 22 mai 2019 par Peredhil Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Poupi Posté(e) le 12 janvier 2013 Auteur Partager Posté(e) le 12 janvier 2013 (modifié) chaques races dans l'oeuvre de Tolkien portent des valeurs qui ne sont ni bonnes ni mauvaises en elles mêmes mais qui sont plus ou moins bien appliqué. Si on transforme tout les personnages de ses écrits en humains, apparraissent de manière flagrante les différences sociétales entre les habitants de Mirkwood et d'Erebor par exemple, qui expliquent ces différences de pensée. La comparaison par race est une façon d'accentuer ces différences et de les rendre visibles physiquement. Oui, j'aime bien ce que tu dis là ; en quelque sorte, tu fais un peu le lien entre mes deux "gros posts" précédant, en reliant les considérations sur les sangs différents qui se rencontrent aux propos esthétiques/poétiques/symboliques... Ce qui n'empêche pas Tolkien d'ettoffer en montrant bien que chaque races, bien que parcourues de valeurs communes n'agissent pas comme un seul homme. Par exemple, la guerre du Nauglamir, a vu une partie des Nains affronter les elfes, pendant qu'une autre partie, outragée par le crime des elfes, se tiendra cependant prudemment à l'écart pour des raisons qui leurs sont propres. Plus flagrant, les Istari, qui sont pourtant de la même race, ont une façon de raisonner bien différente les uns des autres en fonction de leurs origines non pas raciales mais mythologique (Sarouman est envoyé par Aulé et est plus versé dans l'art des anneaux, anneaux qui sont forgés, Aulé = forgeron... Radagast est envoyé par la hippie Yavanna, et c'est un gros hippie avec un nid d'oiseau sous le chapeau... hummf...). Indépendamment des exemples, qui ne sont pas forcément les premiers qui me seraient venus à l'esprit, je suis évidemment entièrement d'accord avec toi ; en somme, tu dis que dans le légendaire, un personnage ne se résume pas au sang qui coule dans ses veines, il a aussi des traits propres. Mais Tolkien a une imagination si fluide (à défaut que son style le soit autant...) qu'en fait, la frontière est souvent très floue ; il ne construit pas ses personnages en se disant "bon, voilà les caractéristiques raciales, maintenant je fais les caractéristiques individuelles", il crée un personnage à la fois complet et uni, où la différenciation entre race et individualité propre est en partie artificielle, chacune renvoyant perpétuellement à l'autre. Genre, dans ton sujet où tu citais les propos de Gimli sur la société naine et le traitement de leurs femmes, perso ça l'a direct renvoyé à l'attitude personnelle de Gimli avec les femmes, obscurcissant pour moi la frontière entre ce qui, dans la "courtoisie" de Gimli, relève de la personnalité individuelle et ce qi relève du trait racial. On peut prendre comme référence une oeuvre de fantasy beaucoup plus récente, qui pour le coup deviens encore plus intéressante : La Saga du Trône de Fer. Les personnages sont tous des humains, et, comme dans la réalité, les jeux de pouvoirs entre membres d'une même maison, le choc des valeurs (We do not Sow, High as Honor...) font de cette oeuvre l'une des plus complexe. Complexe ? Pas seulement à cause des jeux de pouvoirs, mais de son (relatif) manque de lisibilité pour un lecteur peu attentif. Il est plus aisé de comprendre et se rappeller que les nains brulent des arbres pour nourrir leurs fourneaux et que les Ents aiment pas ça, que de se rappeller que Ned est membre de la famille Stark, donc une famille ancienne qui ne vie pas au même rythme que ses contemporains du sud (d'aucuns diraient "lents") et leurs valeurs du nord, la fidélité, le foyer, sont très importantes l'hiver, lorsque les loups sont à votre porte et qu'il faut défendre votre famille à la pointe de l'épée, mais inutiles, voir même archaïques par rapport aux valeurs d'été du reste de la population qui fonctionne à grand coup de corruption... J'irais encore plus loin sur ce sujet : je pense qu'en fait, ce n'est pas que Tolkien dise la même chose que George Martin de façon plus simple ; je pense que Tolkien dit carrément plus de choses que George Martin. C'est le propre de l'écriture mythique, et de l'écriture archétypale, de condenser une immense profondeur de signification en des signes restreints mais incroyablement lourds. Pour reprendre le thème que tu abordes, le rapport à la Nature chez Tolkien est exprimé par quelques figures, mais qui disent énormément. Pour reprendre les Valar tutélaires des deux peuples que tu cites, le chapitre sur Yavanna et Aulë est un passage extraordinaire du Silmarillion, qui ne fait que quelques pages mais en dit plus long que les traités les plus interminables ; en quelques paragraphes, Tolkien explore le couple presque oxymorique qu'il a inventé, la déesse de la nature et celui des forgerons. Rien que les dernières lignes du chapitre me paraissent extraordinaires de profondeur dans leur simplicité formelle : -Que les Enfants d'Illuvatar prennent garde désormais, car les bois seront parcourus d'esprits dont il sera dangereux de réveiller la colère. -Pourtant, répondit Aule, ils auront besoin de bois. Et il continua de couler le métal. Cela n'est vraiment possible qu'avec des figures et une écriture mythiques, et je pense que c'est pour cela que personnellement, je ressens moins de profondeur humaine et spirituelle à la lecture de George Martin : c'est parce que ce dernier ne pratique pas une écriture mythique comme celle de Tolkien, mais une écriture historique et réaliste, ce qui a d'autres qualités que l'incarnation simple de vérités profondes et éternelles. Bref, c'est aussi un autre biais pour lire les races chez Tolkien : des archétypes mythiques, uniques par la profondeur qu'ils recèlent simplement. En ce sens, dire "j'aime les nains", c'est non seulement plus classe que d'aimer les conservateurs consanguins d'1m40, mais c'est aussi plus vrai, car la figure du Nain véhicule énormément de choses, qui ne sont d'ailleurs pas toutes transposables dans un discours rationnel ou analytique. Modifié le 22 mai 2019 par Peredhil Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Ael Posté(e) le 12 janvier 2013 Partager Posté(e) le 12 janvier 2013 La différence de fond entre Tolkien et les autres auteurs actuels, c'est que le temps qu'a passé Tolkien sur son oeuvre est tellement supérieur à celui de Martin, qu'il en est devenu bien plus profond. Un peu comme la différence entre un vieux cognac et un jeune ... Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Peredhil Posté(e) le 13 janvier 2013 Partager Posté(e) le 13 janvier 2013 Oui et puis bon je pense que la profondeur de son oeuvre tient aussi beaucoup à son perfectionnisme. Martin publie au fur et à mesure qu'il écrit, Tolkien ré-écrit et ré-écrit et ré-écrit encore et encore. Je sais plus combien de versions des mythes de Turin ou Beren j'ai lu et pourtant il m'en restent sans doute bien d'autres... Sinon, j'aime beaucoup votre discussion. Je suis jaloux de Tricotos qui contrairement à Poupi semble moins bien connaître les détails de l'oeuvre que moi et qui pourtant dit des trucs plus intéressants Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Poupi Posté(e) le 20 janvier 2013 Auteur Partager Posté(e) le 20 janvier 2013 Je réactive un tantinet ce topic, qui me parait approprié pour causer des relations entre sang et héraldique chez Tolkien. En effet, comme me l'a dit ailleurs le sieur Peredhil, on peut voir un certain paradoxe dans le fait que Tolkien valorise les glorieuses lignées et déprécie cependant l'intérêt qu'y portent les Gondoriens. Je copi-colle vite fait les derniers éléments de cette discussion. [quote] "Des seigneurs sans enfants se tenaient dans d'anciens châteaux, ne pensant qu'à l'héraldique" Donc des seigneurs (et non des princes ou du moins pas seulement, surtout que la lignée d'Imrahil a du peu décliner) existaient déjà à l'époque des Rois, ce n'est pas une pratique nouvelle, et ils avaient leur propre héraldique. Bien sûr les choses ont pu changer, bien sûr ça n'est sans doute pas vrai des seigneurs de moindre lignages (surtout que la noblesse a du se raréfier en Gondor). Mais bon ça va quand même bien dans mon sens[/quote] [quote]Outch, excellente remarque. Toutefois, je pense qu'en la considérant dans son contexte, elle peut prendre son sens dans nos considérations déjà établies. Je pense en effet toujours que l'esthétique épique de Tolkien méprise l'héraldique, et préfère les caractéristiques personnelles remarquables : couleur fortuite d'un bouclier, beauté physique, bannière célèbre... L'héraldique n'est jamais mentionnée au moment d'une glorieuse bataille, mais uniquement dans le contexte relevé par Peredhil, qui est celui où les rois édifiaient des tombeaux plus splendides que les maisons des vivants, et ils attachaient plus de prix aux vieux noms de leur lignée qu'à ceux de leur propres fils (comme ces paroles sont puissantes et prophétiques dans la bouche de Faramir !). Bref, là où dans mon précédent post, je ne faisais qu'un constat esthétique (dans le style épique de Tolkien, point de blasons, mais des caractéristiques visuelles variées), l'excellente remarque de Peredhil me permet à mon sens de donner un sens véritablement spirituel à cela : pour Tolkien, l'héraldique a la même puanteur que les pyramides, elle s'intéresse aux morts qui sommeillent dans les tombeaux plutôt qu'aux vivants qui s'activent sur le champ de bataille. Dans ce contexte, la mention des caractéristiques visuelles remarquables acquière une véritable profondeur, elle montre que les soldats ne suivent pas leur commandeur à cause de son nom, mais à cause de l'amour qu'ils ont pour lui (comme Eowyn le fait remarquer à Aragorn). Et comme je l'ai dit au sujet de la Pierre d'Erech, il est vraiment pertinent que la passion de l'héraldique se soit développée chez les Numenoréens, qui sont les personnages du Tolkien qui ont un grave problème avec la mort. [/quote] [quote]Une interprétation intéressante mais que je trouve assez fragile à l'épreuve des faits. Tolkien méprisait l'héraldique ? Pourtant la race la plus noble d'Arda, les Elfes, est celle qui crée l'héraldique chez Tolkien. Tu pourrais certes me rétorquer qu'il s'agit des Noldor, la plus faillible des maisons Elfes, et que la création de l'héraldique doit dater de la période où les Noldor commencent à s'armer ("Ils firent aussi des boucliers ornés des emblèmes de nombreux clans qui rivalisaient l'un l'autre et c'était les seules choses qu'ils portaient ouvertement car chacun croyait être le seul prévenu et ne disait mot des armes" -Silmarilion-). Mais j'ai tendance à croire que ces symboles sont antérieures, ne serait-ce que parce que le carré et le losange (les formes d'emblèmes les plus répandues) sont particulièrement impropre a être reproduites sur les boucliers (c'est d'ailleurs un des aspects que j'aime bien dans l'esthétique des films que d'avoir su les intégrer harmonieusement aux bannières, dommage que ça n'est pas été fait pour les boucliers) il me paraît donc peu probable qu'ils aient été conçus en même temps. Néanmoins il est vrai qu'auparavant les Noldor n'avaient pas de raison pressante de se différencier. On reste donc sur un statu quo. Je maintiens tout de même que de nombreuses figures extrêmement positives du Silmarilion ont leur propre emblème (Beren, Earendil, Idril, Luthien, Melian, Finarfin, etc...) Plus important : le Noir ennemi du Monde, Morgoth, n'a pas d'emblème d'aucune sorte, uniquement un fond sable. Si Tolkien méprisait l'héraldique ça paraît assez surprenant. De la même façon les bannières des "méchants" du TA (Sauron, Saruman et le "seigneur serpent") sont les plus minimalistes de l'époque et les seuls à ne pas respecter les règles de l'héraldique à l'européenne. Autre argument : Aragorn et les armoiries du Gondor. Il s'agit là d'un héraldique particulièrement chargé (un arbre, sept étoiles et une couronne qui les surmontent) et pourtant extrêmement positif. Peut-être les Hommes suivent Aragorn surtout par amour pour lui mais c'est bien parce qu'il a déployé son étendard que de nombreux guerriers du Gondor du Sud se joignent à lui, attirés par "la rumeur de l'héritier d'Isildur". Tu avait toi même montré à quel point la lignée était positive chez Tolkien en ce qu'elle annonçait de grande qualités, or c'est bien l'héraldique qui représente la lignée. D'ailleurs seuls les plus prestigieux et les plus nobles seigneurs du Gondor en ont une à notre connaissance : le Roi, l'Intendant et le Prince de Dol Amroth. Un peu trop rapide pour le coup je pense... Je viens cependant de penser à un truc : ça rejoint ce que disait Tiki sur l'évolution du rapport à l'héraldique entre les Âges. Dans ce cas le Gondor serait une continuité de Númenor sur ce point, tradition abandonné, avec l'alchimie et l'astronomie (logie?), avec l'accession au pouvoir d'intendants plus sages et plus mesurés (mais là Faramir fait un peu la pub de sa lignée justement, puisque, si peu d'intendants sont à blâmer individuellement, le Royaume a continué à décliner). Peredhil [/quote] Il faut bien voir ce qu'on entend par "héraldique", le même art pouvant être bénéfique ou maléfique selon l'usage qui en est fait. Dans le Seigneur des Anneaux, ce qui est condamné, c'est que les hommes s'intéressent plus à leur arbre généalogique qu'à leurs proches. Et je dis que cela a des conséquences sur l'esthétique épique de Tolkien, où les capitaines ne sont pas abordés par l'angle de leur arbre généalogique, mais par l'amour que leurs proches ont pour eux. Chez les Noldor, le "péché originel" de l'héraldique n'est pas exactement le même, c'est un péché de division, les clans commençant à rivaliser entre eux, et se préparant ainsi au meurtre fratricide que sera Aqualonde. Cela n'empêche pas par ailleurs qu'il puisse y avoir une certaine beauté de l'héraldique : c'est aussi Morgoth qui est à l'origine de l'art de forger lances et épées, et pourtant Anduril est une belle lame, et c'est Morgoth qui est à l'origine de la guerre, et pourtant le courage au combat, c'est beau. Je nuancerais donc mon propos en disant qu'il y a un péché originel dans l'art héraldique, celui de la division et des intérêts morbides, mais que cela n'empêche pas quelques positives exceptions qui rachètent ce péché. Typiquement, la bannière d'Aragorn peut-être vue comme créatrice d'une dynamique proprement opposée aux blasons des Noldor, puisqu'elle n'est pas facteur de division, mais d'unité. De même, la glorieuse ascendance d'Aragorn, justement, ne pousse pas ses proches à s'intéresser aux rois morts, mais à s'attacher au Roi Vivant ; le thème du Retour du Roi, outre ses conséquences politiques concrètes, va sortir le Gondor de sa torpeur morbide, car les Gondoriens auront un roi vivant auquel s'attacher, plutôt que des rois morts auxquels s'intéresser. Pour rejoindre la thématique du sang, justement parce qu'il montre que le sang de Numénor est toujours vivant, Aragorn peut porter sa bannière sans que cela soit morbide. A l'inverse, les nobles décadents feuillettent des livres d'héraldique parce qu'ils ont le sentiment que ce sang ne coule plus dans leurs veines. Les autres grands héros ayant leur blason propre (Beren, etc...) le font pour exprimer leur valeur propre, ils font de l'héraldique parce qu'ils sentent que leur sang est vivant, là où les nobles moribonds font de l'héraldique parce qu'ils sentent que leur sang est mort. Pour faire le lien avec mon premier post ici, en poussant peut-être le bouchon un peu loin, j'aurais tendance à voir l'héraldique comme une sorte de [i]pharisaïsme de la générosité[/i] : tout comme les pharisiens ont plein de rites de purification extérieure pour masquer leur manque de purification intérieure, les nobles du Gondor s'encombrent de monuments funéraires et de blasons complexes pour masquer leur fait qu'ils ne sont plus du tout de bonne race, qu'ils ne sont plus généreux, qu'ils n'ont plus de vraie noblesse. Le messianisme d'Aragorn consiste également à revitaliser le vieux sang de Numenor, en offrant un étendard qui ne soit ni facteur de division ni intérêt morbide, mais unité et expression de la vitalité qui est en lui. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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