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Légende


Ignit le Fourbe

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La première mouture du texte est disponible [url=http://www.les-chroniques.eg2.fr/bibliotheque/fantasy/one-shots-fantasy/896-legende.html]ici[/url].





[b]Légende[/b]



Comme souvent, en ces soirs hivernaux, l’auberge était bondée. Placée non loin des quais, nombre de voyageurs en transit, de matelots attendant que fondent les neiges ou autres individus louches s’y donnaient rendez-vous et l’on entendait cris, rires et chants provenant de l’ancien entrepôt reconverti jusque tard dans la nuit, à l’heure où la ville s’endort paisiblement, comme enveloppée dans un cocon. Les soirées étaient froides dans la Cité Marchande et il valait mieux passer l’essentiel de la nuit au chaud si l’on souhaitait se réveiller le lendemain. C’était, au fond, une auberge bien comme les autres : une enseigne rouillée qui peinait à afficher le nom de l’auberge – « la Pause du Matelot » - nom que tous ou presque avaient oublié au profit d’un plus exclusif « l’Auberge des Quais » ; une marche à descendre menait dans une grande salle, bien souvent enfumée ; derrière le comptoir, le tenancier, Eric, était un gros gaillard barbu qui avait suffisamment écumé les mers pour connaître toutes les légendes en vigueur, affirmant même avoir bien connu un des mystérieux Aeves, connus comme les « Anges Errants » ; quant aux serveuses, vulgaires et plantureuses, elles demandaient rarement plus d’une pièce d’argent pour une nuit chaleureuse. Cette position, au croisement des docks et de la rue du Pic qui remontait jusqu’au cœur de la ville, lui offrait un panorama unique auquel s’ajoutait le plaisir d’observer, avant d’entrer, les lueurs vespérales illuminer le port avant qu’il ne sombre dans une macabre obscurité. Il en résultait une bonne adresse que l’on conseillait aux étrangers passant par là.


De plus, ces temps-ci, le Sobre Eric – l’origine de ce sobriquet paraît évidente – avait loué les services d’un ménestrel qui échangeait avec plaisir une chambre, un bon repas et à boire contre quelques chansons, contes ou légendes de son répertoire trois soirs par semaine. Ce soir-là, justement, déjà éméché alors que les gardes commençaient seulement leur ronde, brandissant son luth d’une main tremblante, il s’avança sur la petite estrade spécialement confectionnée pour lui. Lentement, le silence se fit dans la salle pourtant bondée. Tycho, délaissa le jeu de cartes – qui avait de toute façon fort peu de chances de le faire gagner – qu’il tenait en main et fit un signe de la tête aux autres joueurs. Il se tourna vers la source de l’attention générale, sirotant sa bière distraitement. Plutôt grand, musclé et endurci par les ans, le taciturne mercenaire se prit à se demander ce qui allait être chanté ce soir et caressa doucement sa Lame-Esprit.

« A la demande de notre cher Eric, je vais ce soir sortir un peu du répertoire habituel. Ne soupirez pas d’avance, vous en aurez d’autres, des chants paillards que vous connaissez de toute façon déjà par cœur ! Non, ce soir, vous aurez droit à une histoire que je ne raconte pas souvent : celle de Tarq l’Impitoyable. »

Par un effet de contraste saisissant la salle, pourtant agitée par le bruit des chaises et des serveuses apportant des boissons, semblait plongée dans le silence, comme suspendue aux mots du conteur qui, il fallait bien le reconnaître, savait s’y prendre. Tycho avait levé un sourcil en entendant ce nom ; si tout le monde connaissait les grandes lignes de l’histoire, elle était peu racontée dans la région car longue et peu garnie en héros. Finissant d’un trait sa bière, il observa le ménestrel. S’éclaircissant la voix, ce dernier commença :


« L’histoire débute il y a de cela deux décennies environ dans le royaume de Keosandre, au sud d’ici. C’était à l’époque l’un des plus puissants royaumes des Terres Sans Repos – et ce n’est plus qu’un petit vassal sans réelle importance, je crois, aujourd’hui. A l’époque ce royaume prospérait tranquillement, se mêlant peu des incessants conflits qui ensanglantent la région depuis des éons. Il y avait bien sûr des escarmouches frontalières, quelques agressions d’armées en déroute mais, la plupart du temps, les habitants vivaient dans une tranquille autarcie. Ils ne pouvaient cependant regarder sans crainte les ambitions de leurs voisins car, et c’est un détail bien trop souvent oublié, de l’or en grande quantité avait été trouvé peu auparavant sur leurs terres. Quoiqu’ayant tenté de garder secret les nouvelles mines, un si juteux renseignement finit par être connu et, la rumeur grossissant, les habitants de Keosandre s’inquiétaient de plus en plus, tant d’une éventuelle agression que de la passivité de leur souverain – que l’on disait plus occupé à compter les gemmes de sa couronne qu’à se soucier du sort de ses sujets. C’est dans ce contexte que survint un individu étonnant, talentueux et au début assez populaire qui portait le nom de Tarq.

Tarq était pour ainsi dire un inconnu dans la région, pourtant il n’y était pas étranger. Son teint pâlot, ses muscles fins et noueux et ses minuscules oreilles l’indiquaient à quiconque vivait dans les parages comme un membre de la famille royale : bien peu, cependant, se souvenaient réellement de lui. C’est là le premier mystère qu’il convient d’élucider quant à cette figure qui appartient désormais au folkore : pourquoi diable était-il un étranger en sa province ? Les sources divergent mais je crois pouvoir vous garantir la mienne, amis : je la tiens de Bâfreur – oui, ce Bâfreur, l’ancien Chien de Guerre ; on s’est fréquenté il y a quelques années et, comme il boit presque autant qu’il mange, son surnom ne lui ayant pas été donné pour rien, je connais désormais tout un tas de détails sur ses aventures et ses fréquentations. Mais je m’égare ; pourquoi cette longue absence, donc, et j’ajouterai même pour vous mettre sur la piste, pourquoi cet exil ? C’est quelque chose qu’il a tenté d’effacer des mémoires mais qui, comme tout secret, finit toujours par rejaillir. Sachez donc que, alors qu’il n’était même pas adulte et ne disposait que de quelques poils au menton, il fut mêlé à une sombre histoire familiale ; le détail est peu clair – Bâfreur parle beaucoup quand il est ivre mais les récits sont d’autant moins précis, vous vous en doutez – mais il semblerait qu’on l’ait trouvé avec une parente en visite, dans une position fort inconvenante. Je suppose que l’on fit taire les serviteurs mais Tarq, ce troisième fils désormais renié, fut envoyé vite et loin, pour qu’on l’y oublie. Où le cacha-t-on pour éviter le scandale ? On voulut le faire rentrer dans un des temples de l’Arbre. Dans cette région ravagée par la guerre, le culte de l’Arbre a toujours été assez marginal mais conservait quelques points d’ancrage ; il y fut envoyé et le monde l’oublia.

On le sait bien, l’histoire de ce vicieux personnage ne s’arrête pas là ! Combien de temps exactement resta-t-il au temple ? Comment s’en échappa-t-il ? Ce sont des mystères que votre serviteur ne peut se proposer d’élucider. Ce qui est certain, c’est que déjà, Tarq était ambitieux et qu’il fila vers le sud, là où les conflits des Terres Sans Repos battaient leur plein ; là-bas, il se fit mercenaire. Tarq le Mercenaire, ironique, n’est-il point ? Oh, ceux dans l’assistance qui ne savent pas encore pourquoi le comprendront bien assez tôt !
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Commentaire sur la forme :

[quote]l’auberge était [b]bondée[/b][/quote]

Bondée est inesthétique.

[quote]Comme souvent, en ces soirs hivernaux, l’auberge était bondée. Placée non loin des quais, nombre de voyageurs en transit, de matelots attendant que fondent les neiges ou autres individus louches s’y donnaient rendez-vous et l’on entendait cris, rires et chants provenant de l’ancien entrepôt reconverti jusque tard dans la nuit, à l’heure où la ville s’endort paisiblement, comme enveloppée dans un cocon[/quote]

Ta phrase est beaucoup trop longue. N'ais pas peur de marquer des pauses entre chaque idée.

[quote] Les soirées étaient [b]froides[/b] dans la Cité Marchande et il valait mieux passer l’essentiel de la nuit au [b]chaud[/b] si l’on souhaitait se réveiller le lendemain.[/quote]

Pléonasme.

[quote]C’était, au fond, une auberge bien comme les autres : une enseigne rouillée qui peinait à afficher le nom de l’auberge[/quote]

Petite lourdeur dans la répétition auberge.

[quote]nom que tous ou presque avaient oublié au profit d’un plus exclusif « l’Auberge des Quais » ; une marche à descendre menait dans une grande salle, bien souvent enfumée ; derrière le comptoir, le tenancier, Eric, était un gros gaillard barbu qui avait suffisamment écumé les mers pour connaître toutes les légendes en vigueur, affirmant même avoir bien connu un des mystérieux Aeves, connus comme les « Anges Errants » ; quant aux serveuses, vulgaires et plantureuses, elles demandaient rarement plus d’une pièce d’argent pour une nuit chaleureuse.[/quote]

Le style est franchement bon, mais la phrase est beaucoup trop longue. A nouveau, tu nous fais une crise de points virgules. Trois dans la même phrase, c'est beaucoup. C'est même trop puisqu'ils perdent leur rôle de " semi-pause " pour devenir des pauses à part entière. Dans ce cas, autant mettre de vrais points.

[quote]Lentement, le silence se fit dans la salle pourtant [b]bondée[/b].[/quote]

Rebelotte. Ouste le vilain !

[quote]« A la demande de notre cher Eric, je vais ce soir sortir un peu du répertoire habituel. Ne soupirez pas d’avance, vous en aurez d’autres, des chants paillards que vous connaissez de toute façon déjà par cœur ! Non, ce soir, vous aurez droit à une histoire que je ne raconte pas souvent : celle de Tarq l’Impitoyable. »[/quote]

Simple mais très immersif.

[quote]et ce n’est plus qu’un petit vassal sans réelle importance, je crois, aujourd’hui.[/quote]

La construction de la phase ainsi que la virgule entre " importance " et " je crois " reste maladroite. Essaie de la lire à haute voix en respectant la ponctuation que tu as décidé. Tu y verras qu'elle cloche. Rien de grave, tu peux facilement la reformuler sans lui faire perdre son caractère " oral ".

Ex : [i]et aujourd'hui, ce n'est plus qu'un petit vassal sans réelle importance, du moins je crois.[/i]

[quote]Son teint pâlot, ses muscles fins et noueux et ses minuscules oreilles l’indiquaient à quiconque vivait dans les parages comme un membre de la famille royale : bien peu, cependant, se souvenaient réellement de lui.[/quote]

Le double point est maladroit et casse le rythme. Encore une fois, un point simple aurait largement suffi.


Pour le fond, il ne s'agit que d'une introduction donc il est difficile de déblatérer pendant des heures. Je t'avoue avoir moins accroché que pour [i]la chute[/i]. J'y ai trouvé moins de poésie et surtout moins d'audace. Aussi, de nombreux défauts de ponctuation ont entaché ma lecture. Essaie vraiment de remédier au problème des points virgules et aux tirets intempestifs qui ralentissent considérablement le récit.

Même si je ne suis pas convaincu, j'attends de voir la suite. Modifié par Kayalias
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  • 3 semaines après...
[quote]Citation
l’auberge était bondée


Bondée est inesthétique.[/quote]

Non. "Bondé" figure dans le Littré, et le Littré c'est le bien. Accessoirement c'était un terme de marine avant de devenir une figure de style. Gare toutefois à sa répétition qui a lieu plus loin.


[quote]Placée non loin des quais, nombre de voyageurs en transit, de matelots attendant que fondent les neiges ou autres individus louches s’y donnaient rendez-vous et l’on entendait cris, rires et chants provenant de l’ancien entrepôt reconverti jusque tard dans la nuit, à l’heure où la ville s’endort paisiblement, comme enveloppée dans un cocon.[/quote]

Ta période est incorrecte dans la mesure où le sujet, à savoir l'auberge, en est exclu. Au delà du sujet absent, ça fait trop fouillis, comme signalé par Kayalias. A revoir.

Au-delà des quelques petits défauts sur la forme, l'ambiance de l'auberge est bien rendue. Bon point également pour l'amorce du récit à proprement parler, quoique le ménestrel soit censé chanter son texte, ou du moins le déclamer, alors qu'au final on se retrouve face à un discours / monologue standard.

Passons au point négatif : la présentation de Tarq — a priori ton héros pour la suite des événements — laisse présager d'un guerrier trotrofor nimbé de mystère comme on n'en voit pas souvent dans les récits de fantasy. D’où une certaine lassitude, peut-être trompeuse, à ce stade de la lecture...
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  • 2 semaines après...
Premier message pour une version retravaillée du premier extrait. Merci pour les commentaires. Précision cependant : non, un conteur n'est pas "censé" chanter ; surtout, il est par principe erroné de considérer qu'un récit, parce qu'il se situe dans une ambiance fantastique, se situe dans un univers où les codes et les rôles sont les mêmes que dans le nôtre.


[b]
Légende[/b]


Comme souvent, en ces soirs hivernaux, l’auberge était bondée. Placée non loin des quais, nombreux étaient ceux qui s’y donnaient rendez-vous. On y trouvait des voyageurs en transit, des matelots attendant que fondent les neiges et autres individus louches. On entendait cris, rires et chants provenant de l’ancien entrepôt reconverti jusque tard dans la nuit, à l’heure où la ville s’endort paisiblement, comme enveloppée dans un cocon. Les soirées étaient froides dans la Cité Marchande et il valait mieux passer l’essentiel de la nuit à l’abri si l’on souhaitait se réveiller le lendemain. C’était, au fond, une auberge bien comme les autres : une enseigne rouillée qui peinait à en afficher le nom – « la Pause du Matelot » - nom que tous ou presque avaient oublié au profit d’un plus exclusif « l’Auberge des Quais » ; une marche à descendre menait dans une grande salle, bien souvent enfumée ; derrière le comptoir, le tenancier, Eric, était un gros gaillard barbu qui avait suffisamment écumé les mers pour connaître toutes les légendes en vigueur, affirmant même avoir bien connu un des mystérieux Aeves, connus comme les « Anges Errants » ; quant aux serveuses, vulgaires et plantureuses, elles demandaient rarement plus d’une pièce d’argent pour une nuit chaleureuse. Cette position, au croisement des docks et de la rue du Pic qui remontait jusqu’au cœur de la ville, lui offrait un panorama unique auquel s’ajoutait le plaisir d’observer, avant d’entrer, les lueurs vespérales illuminer le port avant qu’il ne sombre dans une macabre obscurité. Il en résultait une bonne adresse que l’on conseillait aux étrangers passant par là.

De plus, ces temps-ci, le Sobre Eric – l’origine de ce sobriquet paraît évidente – avait loué les services d’un ménestrel qui échangeait avec plaisir une chambre, un bon repas et à boire contre quelques chansons, contes ou légendes de son répertoire trois soirs par semaine. Ce soir-là, justement, déjà éméché alors que les gardes commençaient seulement leur ronde, brandissant son luth d’une main tremblante, il s’avança sur la petite estrade spécialement confectionnée pour lui. Lentement, le silence se fit dans la salle pourtant remplie. Tycho, délaissa le jeu de cartes – qui avait de toute façon fort peu de chances de le faire gagner – qu’il tenait en main et fit un signe de la tête aux autres joueurs. Il se tourna vers la source de l’attention générale, sirotant sa bière distraitement. Plutôt grand, musclé et endurci par les ans, le taciturne mercenaire se prit à se demander ce qui allait être chanté ce soir et caressa doucement sa Lame-Esprit.

« A la demande de notre cher Eric, je vais ce soir sortir un peu du répertoire habituel. Ne soupirez pas d’avance, vous en aurez d’autres, des chants paillards que vous connaissez de toute façon déjà par cœur ! Non, ce soir, vous aurez droit à une histoire que je ne raconte pas souvent : celle de Tarq l’Impitoyable. »

Par un effet de contraste saisissant la salle, pourtant agitée par le bruit des chaises et des serveuses apportant des boissons, semblait plongée dans le silence, comme suspendue aux mots du conteur qui, il fallait bien le reconnaître, savait s’y prendre. Tycho avait levé un sourcil en entendant ce nom ; si tout le monde connaissait les grandes lignes de l’histoire, elle était peu racontée dans la région car longue et peu garnie en héros. Finissant d’un trait sa bière, il observa le ménestrel. S’éclaircissant la voix, ce dernier commença :


« L’histoire débute il y a de cela deux décennies environ dans le royaume de Keosandre, au sud d’ici. C’était à l’époque l’un des plus puissants royaumes des Terres Sans Repos – et ce n’est plus qu’un petit vassal sans réelle importance, je crois, aujourd’hui. A l’époque ce royaume prospérait tranquillement, se mêlant peu des incessants conflits qui ensanglantent la région depuis des éons. Il y avait bien sûr des escarmouches frontalières, quelques agressions d’armées en déroute mais, la plupart du temps, les habitants vivaient dans une tranquille autarcie. Ils ne pouvaient cependant regarder sans crainte les ambitions de leurs voisins car, et c’est un détail bien trop souvent oublié, de l’or en grande quantité avait été trouvé peu auparavant sur leurs terres. Quoiqu’ayant tenté de garder secret les nouvelles mines, un si juteux renseignement finit par être connu et, la rumeur grossissant, les habitants de Keosandre s’inquiétaient de plus en plus, tant d’une éventuelle agression que de la passivité de leur souverain – que l’on disait plus occupé à compter les gemmes de sa couronne qu’à se soucier du sort de ses sujets. C’est dans ce contexte que survint un individu étonnant, talentueux et au début assez populaire qui portait le nom de Tarq.

Tarq était pour ainsi dire un inconnu dans la région, pourtant il n’y était pas étranger. Son teint pâlot, ses muscles fins et noueux et ses minuscules oreilles l’indiquaient à quiconque vivait dans les parages comme un membre de la famille royale : bien peu, cependant, se souvenaient réellement de lui. C’est là le premier mystère qu’il convient d’élucider quant à cette figure qui appartient désormais au folkore : pourquoi diable était-il un étranger en sa province ? Les sources divergent mais je crois pouvoir vous garantir la mienne, amis : je la tiens de Bâfreur – oui, ce Bâfreur, l’ancien Chien de Guerre ; on s’est fréquenté il y a quelques années et, comme il boit presque autant qu’il mange, son surnom ne lui ayant pas été donné pour rien, je connais désormais tout un tas de détails sur ses aventures et ses fréquentations. Mais je m’égare ; pourquoi cette longue absence, donc, et j’ajouterai même pour vous mettre sur la piste, pourquoi cet exil ? C’est quelque chose qu’il a tenté d’effacer des mémoires mais qui, comme tout secret, finit toujours par rejaillir. Sachez donc que, alors qu’il n’était même pas adulte et ne disposait que de quelques poils au menton, il fut mêlé à une sombre histoire familiale ; le détail est peu clair – Bâfreur parle beaucoup quand il est ivre mais les récits sont d’autant moins précis, vous vous en doutez – mais il semblerait qu’on l’ait trouvé avec une parente en visite, dans une position fort inconvenante. Je suppose que l’on fit taire les serviteurs mais Tarq, ce troisième fils désormais renié, fut envoyé vite et loin, pour qu’on l’y oublie. Où le cacha-t-on pour éviter le scandale ? On voulut le faire rentrer dans un des temples de l’Arbre. Dans cette région ravagée par la guerre, le culte de l’Arbre a toujours été assez marginal mais conservait quelques points d’ancrage ; il y fut envoyé et le monde l’oublia.

On le sait bien, l’histoire de ce vicieux personnage ne s’arrête pas là ! Combien de temps exactement resta-t-il au temple ? Comment s’en échappa-t-il ? Ce sont des mystères que votre serviteur ne peut se proposer d’élucider. Ce qui est certain, c’est que déjà, Tarq était ambitieux et qu’il fila vers le sud, là où les conflits des Terres Sans Repos battaient leur plein ; là-bas, il se fit mercenaire. Tarq le Mercenaire, ironique, n’est-il point ? Oh, ceux dans l’assistance qui ne savent pas encore pourquoi le comprendront bien assez tôt !

[b]Légende[/b] (suite)


Avançons, amis, quelque peu dans le temps ! Une quinzaine d’années ont passé et le royaume de Keosandre a somnolé : les mines d’or ont été exploitées dans le plus grand secret et jusqu’alors, ses voisins trop occupés à se faire la guerre ont décidé de l’ignorer. Ce paisible interlude n’était cependant pas destiné à durer et le royaume voisin de Kujah, dirigé par un seigneur belliqueux et cupide, décida de tourner son regard vers ce discret voisin. Nul ne savait s’il s’agissait d’une agression sans motif autre qu’agrandir son territoire en se servant sur un voisin plus faible ou si nouvelles de l’or de Keosandre avaient fini par parvenir à de mauvaises oreilles ; toujours est-il que l’attaque fut soudaine et qu’une armée kujienne traversa la rivière qui servait de frontière entre les deux pays, s’avançant de manière déterminée droit en direction de la capitale. Sur son chemin se dressait une petite ville dont le temps a oublié le nom ; le général kujien, un cousin du roi, y envoya une avant-garde mais ils y trouvèrent portes fermées, une barricade de fortune barrant le chemin et nulle trace d’habitants. La nuit tomberait bientôt et l’armée entama sa traversée du village pour établir un campement de l’autre côté. Alors que la plus grande partie y était engagée, des toits, des ombres et des fenêtres, flèches et projectiles plus étonnants jaillirent ! Bientôt, le général dut ordonner la retraite face à cette résistance inattendue : ce fut une véritable débandade et, alors que les kujiens reformaient leurs rangs un peu plus loin, les défenseurs sortirent de leurs cachettes. Certains étaient des keosans dans la force de l’âge mais la plupart portaient des tenues de combat, usées par le temps et les voyages, aux couleurs souvent dépareillées. Vous aurez bien sûr deviné qui dirigeait cette insolite résistance.

La partie, cependant, était loin d’être gagnée. L’effet de surprise et les rues étroites du village avaient servi mais l’armée kujienne restait supérieure en nombre et un affrontement de plein front aurait été désastreux. Cependant, les esprits devaient soutenir Tarq car le meneur kujien envoya un émissaire, brandissant bien haut son caducée, pour proposer de régler le différend par un duel. Reconnaissant en Tarq des traits noblesques, il lui fut proposé d’affronter le général kujien selon les termes habituels. Il arrivait en effet dans la région, pour éviter des pertes d’armées, que les batailles se règlent ainsi ; chaque participant jurait sur son honneur de noble de livrer un duel honorable et que son armée en respecterait le résultat. En cas de défaite, les keosans laisseraient passer les envahisseurs, se repliant vers la capitale ; en cas de victoire de Tarq, les kujiens repasseraient la frontière. L’émissaire retourna dans son camp : le duel aurait lieu le lendemain matin, à l’aube.

Au matin, Tarq sortit, juché sur un destrier noir rapporté de ses campagnes dans le sud, accompagné de quelques-uns de ses hommes et du forgeron du village, qui agissait en guise de représentant. Le meneur kujien à son tour se présenta, escorté de son porte-étendard et de son second. Les deux mirent pied à terre, se firent face et se saluèrent tandis que le prêtre du village entreprit de rappeler les règles régissant de tels duels entre nobles. Alors que Tarq questionnait quelques points « obscurs et mal exprimés » selon ses propres termes – je tiens encore cela de Bâfreur – le reste de ses troupes et les quelques combattants du village prit en embuscade l’armée ennemie. Privée de leurs chefs, les kujiens furent massacrés par les mercenaires ; quant au comte et à ses seconds, Tarq se jeta sur eux dès que les sons des combats retentirent. D’un geste fluide, il dégaina son épée longue et trancha en deux la gorge du chef kujien, avant d’abattre à sa suite le second et le porte-étendard. Tarq, un sourire aux lèvres, rappela au prêtre qu’en tant que fils renié, il n’était pas tenu par l’honneur des nobles et ne se sentait donc pas tenu par tous ces litiges. Le prêtre parut peu satisfait mais une clameur résonna dans tout le village tandis que les restes de l’armée d’invasion étaient pourchassés par les mercenaires. Et cette nuit, dans le petit village keosan, on festoya au nom de Tarq, le Prince Mercenaire. Bientôt, le bruit du retour de ce fils rejeté atteignit la capitale, vers laquelle la troupe mercenaire fit marche. Modifié par Ignit le Fourbe
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[quote] ou si nouvelles [/quote]

Manque un mot.

[quote] flèches et projectiles plus étonnants jaillirent[/quote]

« projectiles étonnants », du genre peaux de banane ? Poulets en caoutchouc ? Singes volants ? Tournure trop obscure : vire-la ou précise la nature des projectiles.

[quote] Vous aurez bien sûr deviné qui dirigeait cette insolite résistance.[/quote]

Ben non. Je dois être un peu lent d’esprit ou alors ta chronologie des événements est un brin confuse.

[quote]Reconnaissant en Tarq des traits noblesques[/quote]

Gargl. « nobles » en tant qu’adjectif fera l’affaire, « nobiliaires » aussi à la rigueur, mais de « traits noblesques » il n’est point question.

[quote] le reste de ses troupes et les quelques combattants du village prit en embuscade [/quote]

Deux éléments dont un forcément conjugué au pluriel => « prirent »

[quote]Tarq se jeta sur eux dès que les sons des combats retentirent.[/quote]

Voyons, si je synthétise ta chronologie des événements nous avons :
1. Début de l’embuscade
2. Tarq passe à l’attaque
3. Massacre des Kujiens

L’attaque de Tarq étant narrée après le massacre, la concordance des temps exige que tu l’écrive au plus-que-parfait : « Tarq s’était jeté sur eux dès que les sons des combats avaient retenti »

Accessoirement, « les sons des combats » est trop flou.

[quote] il dégaina son épée longue et trancha en deux la gorge du chef[/quote]

Ah ben mince alors, moi qui croyais qu’il allait la trancher en trois (voire en quatre, sait-on jamais). Ouste, le « en deux ».

Voilà pour la forme. Sur le fond, il y a un problème avec ton massacre généralisé : c’est du bourrinisme gratuit. Je ne parle pas ici d’un déséquilibre des forces, mais d’une incohérence psychologique : quel intérêt a ton personnage de violer les règles d’un duel de justice qu’il est a peu près sûr de remporter ? Alors oui, tu as prévu le coup avec :

[quote]Tarq, un sourire aux lèvres, rappela au prêtre qu’en tant que fils renié, il n’était pas tenu par l’honneur des nobles[/quote]

Soit. Mais homme d’honneur ou pas, le massacre reste gratuit : même les tyrans et les bourrins savent respecter les lois... tant qu’elles les servent. Ou alors ton personnage est un adorateur de Khorne qui s’ignore.
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  • 1 mois après...

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