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Le duel des Dieux


Aleron

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[quote] Voila une histoire qui me trotte dans la tête depuis bien longtemps et apparait enfin sur "papier" après maints encouragements de mon ami Sebastus (plus connu dans la partie Science fiction : [url="http://www.warhammer-forum.com/index.php?showtopic=203422"]Un ratling aux commandes[/url] )
En espérant que cela vous plaira, j'attends vos remarques et avis avec impatience ! Bonne lecture ! [/quote]

[size="4"][u]Chapitre I : L'intrus.[/u][/size]

[i]"L'ennemi de mon ennemi est un problème pour le futur, en attendant il peut être utile."[/i]
[i]Inconnu. [/i]



Cyaphas avait fini par accepter de venir avec moi.

Je l'observai rapidement, il était toujours aussi bel homme, bien que pas mon genre. Le corps élancé, plus encore que la plupart des elfes. Il était agile et svelte, se déplaçant dans l'ombre sans un bruit, son teint un peu plus sombre et sa tenue de cuir noirci le camouflant aisément. Ses oreilles étaient moins grandes que les miennes, normal pour un mâle d'une tribu du Sud. Ses traits étaient assez fins bien qu'ils étaient constamment déformés par cet air blasé, qu'il n'abandonnait que pour ce regard sévère, qu'il portait sur moi à ce moment d'ailleurs.


Nous étions tous deux allongés en haut de la colline, surveillant les allées et venues du campement humain en contre-bas. Les tentes de toiles blanches somptueuses s'étendaient à perte de vue, éclairées uniquement par les astres de la nuit et quelques feux de camp épars qui se reflétaient dans les dorures qui les ornaient.

La nuit nous cachait, les humains ne pouvaient nous voir dans l'obscurité alors qu'elle améliorait notre vision. Les elfes sont nyctalopes et notre vue est plus perçante, plus précise que celle des humains qui étaient alors vulnérables dans la pénombre.

Pas de traces de notre informateur. Un humain renégat qui devait nous retrouver à quelques lieux de là ce matin avec les plans de batailles humains.

Personne n'était venu de la journée.


-"Tu penses qu'il nous a menti?" demanda mon compagnon de route.
-"Non, ils ont dû l'attraper." répondis-je en soupirant. Il n'ajouta rien mais nous savions tous deux que s'il avait été capturé par les légionnaires désertant avec de tels documents sur lui, il ne serait plus de ce monde.
-"Qu'est ce qu'on fait alors?" souffla-t-il après une vague hésitation.
Si le messager n'était plus là, le message pouvait encore l'être.
-"On y va."
Je me mis a dévaler la colline le plus discrètement possible, glissant sur le dos dans un petit nuage de poussière. Si j'avais laissé le temps de réfléchir à Cyaphas il aurait rebroussé chemin.

Et moi aussi.
Au léger bruit derrière moi je compris qu'il me suivait. Tant mieux je ne me sentais réellement pas de m'aventurer dans le camp ennemi seule.
-"Si Aleron l'apprend il va nous ..." Je l'interrompis d'un geste de la main, nous étions désormais trop proches des patrouilles pour nous permettre de faire du bruit, et puis je connaissais très bien la fin de cette phrase.

Les soldats étaient plutôt relâchés, personne ne s'attendait à une action elfe à ce jour. L'empire humain était moins peuplé que la communauté elfe sur Setla, mais bien plus organisé et mieux armé, aussi, les humains s'imaginaient nous dominer comme des animaux serviles. Bien que les tribus elfes et les humains vivaient, à peu de choses près, en harmonie, nous savions de sources sûres que cela ne durerait plus très longtemps. Les conflits avaient secrètement déjà commencé, déclarant une guerre froide entre nos deux peuples, mais elle deviendrait probablement totale d'ici peu. Cette opération aurait dû nous permettre de savoir à quel point le conflit était proche.


Je n'avais aucune idée précise de la tente qui pourrait abriter notre messager ou son message. Ni même si une telle tente pouvait exister. Me jeter dans cette aventure avait été stupide et irréfléchi, mais nous étions allés trop loin pour revenir en arrière, les quelques patrouilles humaines coupaient à présent notre retraite.

Nous avancions dans le camp à pas de loup, slalomant entre les tentes sans un bruit, sans une trace dans le sol rocailleux.
C'est au détour d'une tente vers le milieu du camp que les ennuis commencèrent. Alors que je cherchais mon chemin, un légionnaire à moitié saoul, sûrement en quête d'un endroit discret pour vider sa vessie, se tourna vers moi. L'alcool avait ralenti ses réflexes et le temps de se remettre de sa surprise lui fut fatal. Je me jetai sur lui, désarmée, posai ma main sur sa bouche pour étouffer tout cri et écrasai sa pomme d'Adam d'un violent coup de poing de l'autre. Quelques convulsions et gémissements gutturaux plus tard, il était mort. Retenant le bougre, je le déposai dans un coin sombre entre deux tentes. Cyaphas me regardait d'un air de reproche, nous laissions un premier cadavre sur notre route. Non pas que les remords nous affectaient, mais nos chances d'être repérés augmentaient encore et nous ne pouvions nous permettre la moindre alerte.


Cyaphas et moi nous dispersâmes à l'approche d'un feu de camp, trois humains discutaient, assis autour du feu.
[color="#ff0000"]
[color="#000000"]-"Alors comme ça ils ont chopé un déserteur ce matin?"[/color][/color]
-"Ouais c'est ce que m'a dit un gars du V ème. Il avait piqué la carte tactique ou un truc comme ça ce con."
-"Encore une chance qu'il soit pas arrivé jusqu'à un campement elfe..."
-"Tu m'étonnes, je suppose qu'ils l'ont torturé. On aurait dû entendre les cris jusqu'ici non?" dit le seul garde debout en riant.
-"Le colonel voulait le faire personnellement, mais comme il était absent le prisonnier a eu le droit à quelques heures de répit."
-"Mouais, il fait que retarder son destin remarque."
-"Ça va encore être à nous de nettoyer derrière le colonel..."
-"Parle pas si fort, il pourrait t'entendre."

C'est à ce moment là que mon agilité légendaire... me fit défaut. Voulant améliorer ma cachette je heurtai un seau à mes pieds qui roula à la lumière du feu, accompagné d'un vacarme des moins discrets.
L'homme déjà debout s'approcha de ma position le glaive à la main tandis que les deux autres se levaient, dégainant eux aussi leurs armes. Je ne pouvais pas reculer et n'avais nul part où aller, j'étais bloquée.


Un bruit fugitif attira l'attention du légionnaire alors qu'il était sur le point de me repérer. Derrière lui, Cyaphas venait d'égorger simultanément ses deux compagnons. Il allait hurler, prévenir les autres, je devais faire vite. L'homme me faisait toujours face mais il regardait ailleurs. Sortant de ma cachette je posai ma main au niveau de ses poumons. Une légère lumière d'un bleu glacial apparut.

Je me sers de ce pouvoir tous les jours, m'entraînant sans relâche à le maîtriser, et pourtant cette lumière séduit toujours autant mes yeux. La lueur de la glace se formant par magie devant ma main, cristallisant l'humidité de l'air du matin, transperçant l'armure en maille légère ainsi que la peau, écartant les muscles et la chaire, formant un pic qui grandissait à une vitesse astronomique, jusqu'à percer les poumons du garde.

Il lâcha un dernier soupir, bref, étouffé, avant de s'effondrer, se noyant dans le sang qui abondait de sa gorge. J'adressai un sourire de gratitude à mon collègue qui me regarda de son air dépité avant d'éteindre le feu et de cacher les deux cadavres qui se trouvaient à côté de lui. S'il avait dû faire équipe avec n'importe qui d'autre, il serait déjà parti et aurait prévenu Aleron de la mort de son compagnon. Mais je savais que pour moi c'était différent, il avait des sentiments pour moi depuis tout petit, mais je ne partageais pas cette vision. Et puis, partir était plus facile à dire qu'à faire à présent.
Nous avions notre information et même plus. Non seulement le message était sûrement proche, mais son porteur était encore là aussi !
Il ne restait plus qu'à fouiller le périmètre avant la mort du messager si possible. Rien de bien compliqué au vu de ce que nous avions déjà accompli ! Modifié par Aleron
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Trouver la tente du colonel ne fut pas bien difficile, c'était la plus grande à cents mètres à la ronde. Bien sûr, plus loin, celle de son supérieur était encore plus impressionnante. Cyaphas et moi même nous faufilâmes lentement jusqu'à notre cible.

Deux gardes demeuraient devant l'ouverture de la tente.
Mon collègue me fit signe, il souhaitait ouvrir la toile de sa lame et assassiner les gardes de l'intérieur. Je fis non de la tête et, bien que cela semblait l'énerver, il m'obéit. Rien ne nous disait que nous y trouverions le prisonnier, et encore moins qu'il y serait seul. Des chuchotements difficilement perceptibles provenant de l'intérieur arrivèrent jusqu'à mon oreille, me confirmant cette hypothèse.


-''Ce ne devrait pas être possible mais …'' j'entendis difficilement leur conversation et seules des bribes me parvenaient : ''Tu dois être celui...'' ainsi que ''… je ne peux pas te...'' et enfin ''...t'échapper...''.
A ce moment bien que n'ayant pas compris de quoi ils parlaient, je comprenais simplement que ce n'était pas un interrogatoire. Il n'était pas nécessaire d'avoir eu la "chance" d'être torturé par un humain pour s'en rendre compte.
L'homme en compagnie du renégat sortit de la tente et fit signe aux deux gorilles plantés devant.
-"Ça n'est pas de mon ressort, amenez le au Généralissime pour un examen plus... approfondi."
-"Oui mon colonel!" dirent à l'unisson les deux soldats en joignant un signe militaire.

L'escorte se mit en route dans une direction, le colonel dans une autre. C'est en tout cas ce qu'indiquaient les bruits de pas puisque, de derrière la tente, nous ne pouvions rien voir.
Deux assassins, deux objectifs, certains y verraient le hasard. J'en faisais partie, à ce moment.
Je chuchota à mon partenaire:
-"Fouille la tente, trouve la carte ou n'importe quoi d'utile, je vais récupérer notre "ami" et on se retrouve à la maison."
Je me mis à la poursuite des trois humains immédiatement, privant Cyaphas de trop de réflexion.

Il détestait que j'agisse ainsi mais il avait un mal fou à me dire non et il était temps que je me serve de sa faiblesse.

Le prisonnier s'arrêta un instant, tournant la tête dans ma direction. Il était impossible qu'il m'ait repéré, et pourtant je sentis son regard se poser sur moi, ces deux yeux verts émeraude perçant me dévisageaient, j'en étais sûre.
Les trois hommes se trouvaient en file indienne, le prisonnier au milieu et les gardes devant et derrière. D'une tape sur la tête, l'un des gardes le remis en mouvement.

Les deux gardes étaient massifs dans leur armure de plate argentée. Chacun portait une torche et un long fourreau reposait à leur ceinture, abritant une épée longue d'un acier d'une excellente qualité. Leur prisonnier les suivait de ses pas lourds, il ne semblait pas des plus agiles mais avait probablement la force d'un taureau, à en juger par sa musculature qui transparaissait au travers de sa tunique légère en jute. Il ne portait qu'un pantalon en toile et cette tunique qui laissait apparaître ses deux avant bras couverts de cicatrices ainsi que ses poignets liés par des fers épais et rouillés. Ce renégat et moi avions discuté par lettre discrètement pendant un bon moment mais je ne l'avais jamais vu. Je m'étais imaginée un petit homme chétif, le genre de victime qui n'est bonne qu'à passer le balai, et à trahir les siens. Le doute me vint alors le temps d'une seconde, me demandant si je ne me trompais pas de personne.
Chassant rapidement ces pensées, je commençais à chercher une opportunité pour éliminer les deux légionnaires.
Je n'en eu pas l'occasion. Il le fit pour moi.
D'un geste rapide, le messager attrapa le crâne du soldat devant lui. Un coup sec, un craquement lugubre de cartilage, d'os et de cervicales se brisant en miettes sous la force du choc et c'en était fini. Le garde derrière lui mit la main sur la poignée de sa lame, s'apprêtant à hurler pour alerter les autres tout en abattant sa lame sur le dos du traître. Le renégat fit un tour sur lui fulgurant, renversant son congénère avant de placer ses genoux sur ses épaules afin de le paralyser et de le saisir à la gorge avec force. Le garde devint rouge sous l'effet d'une pression sanguine bien trop élevée, battant difficilement des bras en vain pour atteindre son arme. Le garde cessa tout mouvements dans un dernier gémissement aigu alors que son visage avait pris une teinte violacée.




Le guerrier se tourna vers moi, il reprenait son souffle et semblait perdu, il s'était saisi de l'arme de sa toute récente victime et semblait m'interroger des yeux. Le voir dans une telle panique tranchait avec ses deux meurtres perpétrés juste avant. Plus le temps passait et plus je commençais à penser qu'il n'était pas le messager que nous étions venus chercher. Mais après tout il semblait être l'ennemi de mon ennemi. Et il savait se battre. Il avait beau être un humain, il avait un charme certain. De long cheveux noirs en bataille, un visage fin, une musculature que l'on devinait proche de la perfection.
Au loin, un cor retenti. Ils avaient dû trouver un cadavre. Dans moins d'une minute nous serions fais comme des rats. Oubliant toute furtivité, je m'élançai vers l'humain et l'attrapai par le poignet, l'enjoignant à me suivre. Je courrais à en perdre haleine, et aux bruits de pas lourds me suivant tels mon ombre, le renégat n'était pas loin de moi.
Je n'avais aucune idée de là où mes pas me mèneraient. Rebrousser chemin serait suicidaire, mais courir à l'aveugle ne me plaisait guère plus. J'apercevais du coin de l'œil des mouvement dans les tentes près d'un feu de camp ainsi que la démarche maladroite de l'humain bourru qui me suivait.
C'est au détour de l'un de ces feux de camp que nous croisâmes le premier garde sur notre route. Il était resté là, pantois, ne s'attendant pas à voir un ennemi ici au vu de la distance lointaine d'où était provenu le bruit d'alerte. Je le dépassai sans y faire trop attention, seule la fuite importait maintenant. Au bruit de douleur guttural que j'entendis après l'avoir dépassé, je compris que mon "ami" avait réglé son compte au jeune soldat.


-"Par Dragol ! Un elfe, attrapez le!"
Et merde! Un sonneur de cor nous avait repéré et s'apprêtait à alerter les autres. Je tendis mon bras vers lui, les doigts pointés sur son cor. Pour générer de la glace au corps à corps je n'avais besoin que d'y penser. Mais là j'aurais besoin de plus.
Un cercle de runes bleu se dessina immédiatement autour de mes pieds, suivant mes pas. Une lumière de la même couleur émanait des runes. Je ressentis cette sensation grisante de puissance qui vient à chaque Runique lorsqu'il fait appel aux pouvoirs des Dieux. Ce sentiment de pouvoir tout réaliser et d'être bien supérieur aux mortels dénués de ce pouvoir. Sentiment dont j'avais appris à me méfier, malgré le plaisir qu'il pouvait apporter.

La glace apparaissait au bout de mes doigts en une pointe acérée hérissée d'échardes. Le projectile partit à une vitesse folle, fissurant l'air dans un sifflement cristallin jusqu'à atteindre l'instrument du sonneur et le traverser comme du papier, se fichant dans la gorge du pauvre humain qui le tenait et qui se noyait à présent dans son propre sang. Il plaça ses deux mains au niveau de sa gorge, tombant sur ses genoux avant de s'effondrer pour de bon.


J'avais agi d'instinct, sans y penser. Comme d'habitude, dirait Cyaphas s'il était là. Je me demandais alors comment il s'en était sorti, s'il avait quitté le camp avant l'alerte et si c'était bien un cadavre qui en était à l'origine et pas lui. Mais je n'avais pas le temps de trop y penser, il fallait déjà nous sortir de là. La lumière des runes avait déjà disparu mais n'était sûrement pas passée inaperçue.
Une autre alerte retentit, plus loin et venant d'une autre direction. Cyaphas aussi avait été repéré, ou bien c'était lui qui tentait de les attirer par ici en se servant d'un cor humain.

Je plaçai ma main sur la chaîne de mon ''ami'', gelant ses fers afin de les fragiliser suffisamment pour qu'il puisse les briser de sa force brute. Ce qu'il fit aussitôt.


Ce campement était sans fin. Depuis l'utilisation des Runes, le guerrier me regardait en fronçant les sourcils. Il ne s'attendait certainement pas à ce que je sois une Runique. Mais mon ego fêterait cela plus tard.
L'air était chargé d'un goût salé ici, emplit qu'il était de l'odeur de la mer, il était plus frais aussi. Nous étions arrivés au bout. Au bout du campement et au bout de la terre ferme.

Nous nous trouvions alors en haut d'une falaise vertigineuse. Une dizaine de mètres plus bas, l'eau fouettait les rochers et le pan de continent avec force et rage.

Je réfléchissais à la géographie de Setla, l'île continent. Nous ne pouvions être arrivés au Pan-océan qui borde notre monde, il s'agissait donc, au vu de la taille, de la Mer intérieure, cette mer qui coupe pratiquement Setla en deux.


-"Voyez-vous cela... La petite Caldera en personne. C'est un honneur que vous nous faites en nous offrant ainsi votre vie." Je reconnu cette voix. Grave, autoritaire, acérée et glaciale. Le généralissime lui-même était dans ce camp et il m'avait retrouvé.
Je détestais cet homme. Sentiment largement partagé parmi ses hommes d'ailleurs. Il était imbu de sa personne, hargneux, hautain. Encore un gratte-papier aristo qui ne méritait pas une telle place. Un tel grade devrait être obtenu par le combat et le mérite, pas par la naissance. Il avait ce sourire malsain, maléfique presque. Ce sourire qui remontait jusque loin sur le territoire de ses joues, affichant deux pommettes largement creusées et le dévisageant dans un faciès vicieux et détestable.
Je me retournai lentement, appréhendant la vue de ce rictus de victoire si désagréable qu'il devait afficher.
Il était là, dans son armure d'apparat d'un blanc ivoire et ornée de multiples dorures, juché sur son cheval tout aussi blanc. A ses côtés se trouvaient une bonne dizaine d'archers et à peu près autant de légionnaires armés de leurs longues lances. Un autre homme portant le même genre d'armure que le général se trouvait à côté du cheval, à pied celui là.
-"Colonel, le prisonnier était sous votre responsabilité ! Puisqu'il s'est échappé, faites moi donc le plaisir de les éliminer tous deux."
Le colonel ne prit même pas la peine de regarder son supérieur.
-"Pour ce qui est du prisonnier, je l'avais remis à vos deux gardes incapables. Techniquement, c'est donc vous qui êtes responsable. Et pour l'elfe... Et bien c'est votre campement, donc là encore..." dit-il d'un ton disant clairement "Faites le vous même". J'avais entendu des histoires sur ce colonel. Simple soldat il y a à peine trois ans, il avait pris ce grade à la manière des anciens : en tuant le colonel précédent. Cette manière était vue comme promotion officielle chez les humains tant que le duel était équitable et loyal. Depuis il n'avait pas perdu un combat à ce que l'on disait de lui. Il venait de répondre insolemment à un supérieur et de lui désobéir, la cour martial humaine punissait cela de mort imminente sans besoin de déclarer la sentence. Mais pas un homme ne leva le petit doigt. C'est le colonel qui se battait avec les hommes, c'est d'ailleurs lui qui les entraînait. Tous savaient ce qu'il valait au combat et c'est pourquoi aucun ne bougea.
-"Comment osez-vous!? Je devrais vous faire exécu..."
-"Ma paye de colonel commence à me paraître légère au vu de tous mes efforts, ne m'encouragez pas à obtenir une promotion, généralissime." le coupa-t-il.
Je sais que l'officier qui venait de parler était un ennemi, mais je le respectais. Je le respectais pour le guerrier qu'on le disait être, pour l'entraînement efficace qu'il avait donné à ses hommes, le respect que ces derniers lui portaient et, plus que tout au monde, pour la façon dont il avait renvoyé le généralissime à sa place.




Le colonel se tenait là, les bras croisés, son casque à visière cachait entièrement son visage mais on devinait clairement qu'il nous dévisageait.
Son supérieur aurait pu répliquer, mais il resta là, bouche bée. L'officier n'avait jamais respecté la supériorité qui était dû au grade de généralissime, pourtant son attitude le surprenait toujours autant. L'énervement que le colonel provoquait chez le généralissime était presque palpable dans l'air ambiant.
-"Exécutez l'elfe et plus vite que ça imbéciles !" Hurla-t-il à ses hommes, comme pour se redonner confiance et s'assurer de l'obéissance de leur obéissance.
Ce cri me ramena bien loin de mon admiration pour l'homme au casque, ça et le bruit des dix cordes d'arc bandées simultanément.


Dans ce genre de situation j'avais l'habitude de ... En fait je ne m'étais jamais trouvée face à la mort de cette manière. Cyaphas ou Aleron étaient toujours à mes côtés lorsque j'avais des problèmes. Mais pas là. Mon cerveau aurait probablement dû fonctionner à toute vitesse, mais il semblait au contraire inactif. Comme s'il avait admis la défaite. Je ne pourrais pas esquiver toutes ces flèches, ni même me débarrasser des lanciers qui chargeraient tout de suite après la première volée. Et même si j'échappais à tous ces hommes qui voulaient ma mort. Où irais je? Sauter dans l'eau peut-être? A cette hauteur et avec les rochers au pied de la falaise, j'avais encore moins de chances d'y survivre qu'en affrontant les flèches. Et puis... Depuis toute petite j'ai le vertige, une peur panique du vide même.

Un tir. C'est tout ce que j'entendis. Les flèches avaient été tirées avec une telle synchronicité qu'un seul sifflement, puissant et aussi acéré que les flèches le produisant, se faisait entendre. Je repensai à Cyaphas, à ce guerrier que j'avais emmené dans une mort certaine, à Aleron que je ne reverrais jamais, lui qui était comme un père pour moi. Je les regarderais bientôt aux côtés d'Enoch, veillant sur eux avec les autres de mon espèce tombés au combat, attendant leur venue.
Je fermai les yeux, me recroquevillant légèrement, par réflexe. J'espérais simplement mourir sur le coup, sans souffrance.

Un coup de vent, rien de plus. L'arrêt de ce sifflement avec un bruit d'impact final. Mais pas de douleur. Le vent caressait mes joues, soulevant mes mèches de cheveux. Sa douceur marine emplissant mes narines. Je me sentais bien. Attendez...? Je me sentais bien? Pas de douleur? Je rouvris les yeux. Le guerrier était là, il me faisait face, son regard n'était plus celui de l'homme perdu qui suivait une elfe inconnue. Il était déterminé. Il me rappelait Aleron dans ses combats les plus acharnés. Il était debout, voûté au dessus de moi. J'apercevais les empennages en plumes des flèches plantées dans son dos d'ici bien qu'elles n'aient pas traversé son corps.


-"Qu'est ce que vous attendez?! Abattez les, bande d'incapables !" Hurla le général à ses archers qui étaient restés bouche bée. Personne ne l'avait vu venir. Tous leurs visages étaient décomposés de surprise. Seul le Colonel qui portait un casque masquant totalement son visage ne montrait aucune émotion. Les archers se reprirent néanmoins, bandant à nouveau leurs arcs.

Le traître me regardait avec insistance. La seconde salve de flèches ne tarderait pas. Il plaça une main sous mes genoux, l'autre derrière mes épaules et me souleva comme si je n'étais rien, avant de s'élancer vers la falaise.
Je pouvais voir les humains par dessus de son épaule. Ils avaient décoché leur volée de flèches dont certaines vinrent s'ajouter aux autres dans le dos de mon "nouvel ami".
Je dois l'admettre, il y a bien UNE chose que je hais plus que le général et son rictus. Le vide. J'ai une peur chronique du vide, un vertige maladif.
Je sentis mon foie remonter légèrement dans mon anatomie. Mes pieds ainsi que ceux du guerrier ne touchaient plus le sol,
Le vent soufflait doucement dans mes oreilles, comme une mélodie. Puis la mélodie devint vacarme. Le souffle augmentait avec notre vitesse de chute, saturant très vite mon ouïe de ses cisaillements, dispersant mes cheveux mi-long parmi ceux du messager. Nous allions mourir écrasés sur les rochers.
Mon regard était tourné vers le ciel, le sommet de la falaise s'éloignait à grande vitesse.




Une légère lueur verte se manifesta au niveau des pieds de mon compagnon d'infortune. Elle scintilla doucement avant de devenir plus nette. Un cercle de runes vertes s'était tracé. Il était un Runique lui aussi. Un de ces mages qui utilisent la puissance que les Dieux lui ont accordé, reconnaissables à l'apparition de runes correspondant à son Dieu. Mais jamais je n'avais vu de runes de cette forme. Quoi qu'il en soit, à ce moment, peu m'importait la divinité à laquelle il prêtait allégeance, peu m'importait aussi ce qu'il comptait faire. Mais qu'il le fasse vite!

Deux puissantes ailes noires se déployèrent de son dos massif, brisant certaines flèches ainsi que sa tunique. Ce n'était pas qu'un Runique, c'était un Archange ! Ils sont les champions des dieux. Leur puissance est inimaginable à ce qu'on dit. C'était la première fois que j'en voyais un.
Il redressa le cap violemment. J'avais l'impression que tous mes organes se promenaient librement en moi et je me sentais particulièrement mal. Je voulais crier mais la seule vue de ces ailes m'empêchait toute action. J'étais tétanisée simplement en imaginant la force de celui qui venait de me sauver. Nous nous éloignâmes du continent afin d'échapper aux humains avant que les ailes ne disparaissent, devenant des lambeaux de cendres qui s'envolaient au vent. Nous avions évité les rochers et réduit notre vitesse, mais la chute serait rude.




Un homme sans armure, plutôt chétif, qui était masqué par les légionnaires plus massifs depuis le début prit la parole :
-"Un archange ici mon colonel? Souhaitez-vous que j'effectue des recherches sur ce soldat ?"
Il s'agissait de Lucius, l'écuyer du colonel. Il avait été choisi par ce dernier dès la prise de ses fonctions. Lucius avait une particularité physique des plus singulières : son œil droit était d'un vert foncé magnifique alors que son œil gauche scintillait d'une couleur rouge-orangée flamboyante.
-"Inutile, il n'y a rien que je ne sache déjà sur lui." répondit calmement le Colonel avant de faire demi-tour pour regagner sa tente.
-"Colonel Ultir! Je pourrais vous faire traduire devant l'empereur pour cette traîtrise! Vous connaissiez cet homme, vous saviez qu'il était un Archange!"
Le colonel s'immobilisa.
-"Vous pourriez... Avec plus d'hommes à vos côtés, peut-être." Modifié par Aleron
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  • 2 semaines après...
[size="4"][b][u]Chapitre II : Setla.[/u][/b][/size]

[i]Les dieux nous créent dotés du libre arbitre et nous punissent si l'on ne suit pas leur volonté. Suis-je le seul à y voir une douce ironie?
Aleron.[/i]

Le colonel marchait devant moi, déterminé, comme toujours, soulevant des nuages de poussières à chaque pas. Je ne voyais rien d'autre que son armure tant il était épais et je n'avais aucune idée d'où il allait mais tout le monde s'écartait sur son chemin de toute façon. C'était devenu un réflexe depuis longtemps, depuis sa prise de position. Je m'en souvenais comme si c'était hier, tout spectateur s'en souvenait. Un soldat sortant de nul part avait défié en duel le colonel de l'époque, Elias Finelame. On ne connaissait pas son véritable nom mais celui-là lui convenait alors... Il l'avait hérité de son style de combat. Il se battait à l'aide d'un long sabre à la lame des plus fines et du meilleur acier qu'il m'ait été donné de voir. On disait qu'elle pouvait couper n'importe quel matériau et, vu l'habilité de son manieur, je n'en doutais pas.


Le colonel Ultir esquissa un virage brusque, me tirant de ma rêverie un instant afin de ne pas être semé, juste le temps d'esquiver deux gardes massifs transportant une caisse d'armes et d'armures avant de repartir en ligne droite.


L'officier était très rarement défié en duel. Beaucoup ne connaissaient pas l'existence de cette loi du Défi, et ceux qui en savaient tous les détails savaient également comment se battait Finelame.
Comme à chaque fois, nous nous étions tous regroupés en cercle, délimitant l'arène où, nous le pensions tous, se ferait décimer le pauvre bougre affrontant notre colonel.
Un cercle d'à peu près dix mètres de diamètre où se tenaient les deux combattants, face à face. La majorité des gens regardaient pour prendre exemple sur le style particulier du colonel. Les paris étaient déjà lancés. Le nombre de coups nécessaire à Finelame pour gagner, le temps que tiendrait son adversaire, l'endroit où le coup mortel serait porté, et bien d'autres, mais aucun sur l'identité du vainqueur. Peu croyaient réellement en les chances du soldat.


J'étais au premier rang ce jour là, juste derrière Elias Finelame.

-''Si je gagne, as-tu une dernière volonté, soldat ?'' énonça le colonel, comme avant chacun de ses combats en duel.
-''Je ne compte pas perdre. Et vous même ?'' répondit-il en haussant les épaules avec détachement.
Le colonel hésita un peu, comme partagé entre la curiosité et la déception causées par une telle réponse.
-''Que mon corps soit brûlé aux côtés de mon sabre.''
[color="#000000"]L'homme se saisit d'un glaive, tendu par un frère d'arme, le balançant deux-trois fois dans l'air pour en tester l'équilibre avant de le brandir devant lui, d'une main.[/color]

-''Bien, ce sera fait.'' assura-t-il.

[color="#000000"] Les deux adversaires ne portaient pas d'armure, c'était une tradition du colonel. Il voyait cela comme une marque de déshonneur, de manque de respect. L'armure coûtait cher et le plus fortuné des deux duellistes serait donc avantagé. Le soldat portait simplement un linge, de couleur foncée, masquant son visage à l'exception d'une bande au niveau des yeux. Je me souviens m'être perdu dans ces yeux et...[/color]

[color="#000000"] C'est à ce moment de mes rêveries que je fus bousculé par un soldat qui faisait bien deux têtes de plus que moi, et était deux et demies fois plus large que mon pauvre corps rachitique. Encore une boule de muscles qui se battait... enfin ''s'entraînait'' plutôt, selon eux... contre un autre monstre de la même espèce. Il avait été repoussé au sol et son bras m'avait projeté plus loin encore, comme une mouche. Il me semble d'ailleurs avoir entendu quelque chose comme ''Dégage moucheron !'' ou bien était-ce ''blanc-bec'' ? Je ne sais pas...[/color]

[color="#000000"]Son adversaire se jeta sur lui, frappant verticalement de son épée de bois avec tant de fureur que je m'attendais presque à la voir se briser. Le maladroit para l'attaque de justesse, tenant son arme d'une main, et frappa d'un violent coup de poing au visage de l'autre, déstabilisant son ennemi pendant un court instant. Posant ses deux pieds sur le torse de son confrère, il le repoussa plus loin avant de se relever et de le charger comme un buffle enragé.[/color]

[color="#000000"]Je me relevai avec difficulté, je n'avais pas leur endurance ni leur force. En fait, depuis que le colonel Ultir m'avait nommé écuyer, je n'avais plus participé à aucun entraînement. Du moins pas ce genre là.[/color]

[color="#000000"]Le colonel m'avait semé. Je soupirai, je n'avais pas pour habitude de me perdre dans mes pensées comme cela mais ce jour ci était différent. Je savais au fond de moi que, ce jour là, que ma vie avait pris le tournant le plus important qu'elle ne connaîtrait jamais. Ce jour où un simple soldat devint colonel et où je devins son écuyer.[/color]







Le vent faisait voler mes cheveux tout en murmurant à mes oreilles. A ce moment je ne pensais ni aux conséquences de notre petite escapade, ni à Cyaphas, ni à Aleron. Seul cet Archange obnubilait mes pensées, mes désirs, mes envies. Mes joues étaient brûlantes, rouges de timidité. Jamais un homme ne m'avait pris dans ses bras ainsi. Il m'avait sauvé la vie. Un Archange des dieux avait risqué sa vie pour une simple Runique... pour moi.

J'étais épuisée. Mon sauveur avait absorbé le choc de notre entrée dans l'eau en majeur partie mais il avait perdu connaissance depuis. Nous avions dérivé jusqu'aux rivages plus au Sud, sur l'autre partie du continent, ou peut-être étions nous encore au Nord, je n'en savais rien. Traîner son corps inanimé sur la terre humide avait été aussi dur que s'il avait été un cheval mort. C'est pourquoi je n'avais pas réussi à le sortir totalement de l'eau, d'ailleurs.

L'eau était glacée et à chaque fois qu'un peu de forces me revenaient, je le déplaçais de quelques centimètres supplémentaires. Ainsi, en ce qui me parut deux heures et demie, je l'avais entièrement éloigné de cette source de froid qui ne serait pas bonne pour sa santé.

Je ramassai quelques brindilles ça et là, les rassemblai et plaçai des pierres autour pour contenir un feu si Enoch le voulait bien.

Il me fallut encore près d'une heure pour que deux de ces stupides cailloux acceptent de produire des étincelles à force de les fracasser l'un contre l'autre. Transie par le froid de cette eau de malheur, mes gestes étaient peu précis. Tremblant et aléatoires était très certainement plus exact.

J'observai l'humain à mes côtés, simplement éclairé par la faible lueur de mon feu ridicule, Le sel de la mer avait stoppé les saignements et les flèches avaient été chassé lors de l'impact.
A cette distance, aucun détail de son corps ne pouvait m'échapper. Sa chair était balafrée à tant d'endroits que j'en eu des frissons, s'ajoutant à cette, déjà désagréable, sensation de froid. Sur chacune de ces cicatrices, je pouvais lire de grandes batailles et de furieux combats. Cet Archange avait déjà probablement tué plus d'hommes que je n'en avais seulement rencontré.
Tous ses muscles avaient été sculptés, ne laissant aucun point faible sans pour autant gêner le mouvement.
Il était une machine de mort, la main armée d'un dieu, et tout en lui était prévu à ces desseins.
Ses membres étaient puissants et en détaillant sa musculature, je me rappelai leur manière de me soulever sans la moindre difficulté.
Ses mains semblaient capables de briser un crâne et là encore je me souvins de la facilité avec laquelle ils avaient broyé une nuque et comprimé une gorge.

Les traits de son visage étaient fins, les Archanges devaient probablement être choisis parmi la haute société. Sa longue chevelure noire cascadait autour de sa tête. Il arborait une barbe finement taillée autour de sa bouche, mettant ses lèvres en valeur.

Je n'avais jamais ressenti quoi que ce soit pour un humain et le fait qu'il soit un Archange n'y était peut-être pas pour rien. Aleron me disait souvent que dans ce monde, environ une personne sur dix appartient aux Runiques et que seuls ceux-ci pouvaient aspirer à devenir un jour un Archange. Il n'était pas sûr qu'il y en ait un seul vivant dans tout Setla et, s'il y en avait effectivement, ils se compteraient sur les doigts d'une main.

Cela signifiait que l'un des êtres les plus puissants de ce monde était là, inconscient devant moi.

La seule présence d'une telle sommité si proche de moi me donnait des vertiges. Plus je le regardais et plus je me sentais faible à côté. Plus je le dévisageais et plus j'avais envie d'être faible également. Être faible pour qu'il me protège à nouveau et qu'il veille sur moi, qu'il m'enlace de ses bras protecteurs. Je rougis à cette seule pensée.


Je ne parvenais plus à le quitter des yeux, ma nuque refusait tout mouvement tandis que mes yeux semblaient ne pouvoir se passer de la vue de ce corps parfait.
Je sais ce qu'est la peur, mais pas ce genre là. Une peur qui vous paralyse sans raison apparente, qui réchauffe le cœur tout en compressant votre estomac. Une peur qui vous donne mal au ventre en vous prenant aux tripes. La peur de décevoir cette personne, de ne pas être à la hauteur, qu'il lui arrive du mal, qu'elle ne s'intéresse pas à vous. Mon cœur battait plus vite que la normal, le sang jouait des percussions sur mes tempes au même rythme que mon cœur dans ma poitrine.




[quote] Voila la suite ! N'hésitez pas à commenter, je connais déjà l'histoire et ce n'est pas pour moi que je l'écris ! Alors prenez vos fleurs pour certains, vos pierres pour d'autres et lancez moi tout cela, tous compliments, critiques, remarques, avis, idée et encouragements sont les bienvenus ! Montrez moi donc que j'ai des lecteurs et qu'ils sont actifs ! [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/wink3.gif[/img] [/quote] Modifié par Aleron
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  • 4 semaines après...
Alors les remarques en général :

D'abord, hésitez pas à aller regarder les épinglés pour de l'inspiration. En effet, les couleurs sont pas vraiment les bienvenues dans un texte, ça gâche la lecture ;)

Pour l'histoire, ça commençait pas mal mais le coup de tomber sur la conversation sur le déserteur, j'ai trouvé ça un peu facile.
Ensuite, le colonel m'est fort sympathique, j'aime bien qu'il remballe le général à chaque fois. Par contre l'autre va vite avoir l'air con ;) :P
Voyons ce que la relation entre l'Archange et le reste va donner.

Bon en tout cas, je veux la suite !!

@+
-= Inxi =-
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[size="4"][size="2"][quote]Enfin un commentaire! Quelle joie ! [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/smile.gif[/img] Merci de tes remarques, les couleurs ont été retiré à partir de ce post. Pour ce qui est de la facilité de l'infiltration, c'est voulu, non seulement dans l'histoire mais aussi pour ne pas perdre trop le lecteur qui ne connait pas le monde du récit (plus de détails sur le monde bientôt [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/wink3.gif[/img] ) Continuez à me donner votre avis, cela me boost réellement pour continuer d'écrire! Bonne lecture! [/quote][/size][b][u] [/u][/b][/size]


Le soleil avait fini par se lever, les oiseaux gazouillaient, le vent murmurait à mes oreilles et rapportait les douces odeurs de la forêt jusqu'à mes narines. Je m'étais endormie les yeux rivés sur mon sauveur. J'ouvrai doucement mes paupières, encore fatiguée, sur ce délicat tableau d'une nature en plein éveil. L'herbe était fraîche et douce, les odeurs d'arbres, de fleurs comblaient mes sens.

Il me fallut quelques minutes pour me rendre compte que j'avais été déplacée pendant mon sommeil.
J'écarquillai les yeux, balançant mon regard de tous côtés. J'étais encore dans la forêt, ce n'était donc pas l'œuvre des soldats humains, je n'étais pas pour autant dans un camp de chasseur ou un village elfe. Et, plus important que tout, j'étais encore en vie, donc pas une bête non plus...

Je me figeai, comprenant qu'il n'y avait qu'une personne qui avait pu me déplacer.


-''Bien dormi ?'' me demanda une voix rocailleuse derrière moi.
Ce seul son avait fait frissonner mon corps entier.
Je tournai lentement ma tête vers Lui. Il était là, assis sur une souche, me regardant de ses deux yeux verts émeraudes. J'avais eu le temps d'observer, soyons honnêtes, d'admirer son corps la nuit dernière. Mais ces yeux auraient mérité autant si ce n'est plus d'attention. Deux pupilles d'un vert magnifique et profond, mon regard se perdait dans cette mer de jade étincelante tandis que l'humain semblait attendre quelque chose.
Je balbutiai des mots incertains et tremblant en guise de réponse. Je ne sais même plus ce que je lui ai dit ce jour là, mais cela devait suffire puisqu'il me sourit.

-''Je ne pouvais prendre le risque qu'ils nous retrouvent, alors je nous ai éloigné du rivage, vous ne m'en voulez pas ?'' dit-il lentement, comme s'il parlait à un enfant ou quelqu'un ne maîtrisant pas sa langue. J'avais eu tant de mal à lui répondre qu'il semblait croire ma langue natale différente de la sienne. Vous parlez d'une première impression...

Je secouai horizontalement la tête, tant pour répondre négativement que pour retrouver mes esprits devant le regard charmeur qu'il me lançait. Je décidai d'observer plus loin que notre position immédiate.

Je connaissais bien cet endroit. A nos pieds de l'herbe, verdoyante; tout autour de nous de grands arbres, des chênes, des pins, des sapins aussi. D'ici nous dominions la vallée, grande étendue verte parsemée d'arbres majestueux et centenaires. Au milieu lézardait la rivière, traversant la forêt, abreuvant mon village, disparaissant dans le lointain pour se jeter dans la Grande Mer. Noïsha et moi venions ici autrefois, elle me racontait l'histoire de la flore, me présentait la faune et m'apprenait la géographie. Noïsha était comme une mère, pour moi et pour tout le village, et jamais personne n'aurait pu croire qu'elle était complètement aveugle tant elle semblait connaître la région. Cette femme était la douceur incarnée, elle était magnifique, sa voix aurait même bercé un mercenaire sanguinaire. La nature semblait l'apprécier particulièrement, les animaux ne la craignaient pas, aucun prédateur ne lui voulait de mal. Les branches semblaient s'écarter de son chemin, les oiseaux chantaient pour elle. Personne ne pouvait vouloir du mal à un être pareil.

Mais je m'éloigne de mon récit.

Je me retournai à nouveau, comme si la vue de mon Archange me manquait, mais il n'était plus là.
Seule une grande grotte, à quelques mètres de là, me faisait face, à même le flanc montagneux. La gueule béante dans la pierre, les arbres dressés comme des dents et la solitude soudaine me prirent au ventre.

Après quelques minutes, je sentis mes forces me revenir pleinement. Je devais avertir Aleron de mon intrusion chez les humains, de l'échec magnifique qu'elle constituait, et aussi, savoir ce qu'était devenu Cyaphas.
Je me mis en route afin de descendre le long de la montagne, à l'ombre des arbres et au rythme des piaillements des oiseaux de la région. Le soleil était levé depuis peu maintenant. La rosée perlait encore sur les feuilles. Je courais, sautant au dessus des racines, glissant sous les branches, slalomant entre les troncs. Comme lorsque j'étais enfant. Rien n'avait changé ici, ni la forêt, ni mon plaisir d'y jouer. Cette forêt et le village étaient tout ce que j'avais connu depuis ma plus tendre enfance.
Je suis orpheline mais Aleron et Noïsha, bien que n'étant pas ensemble dans la vie, m'avaient recueillie, élevée, entraînée aussi. Je les aimais et les considérais comme des parents biologiques. Ils avaient toujours été là pour moi lorsque j'en avais besoin. Et aujourd'hui j'avais besoin d'eux, plus que jamais.







Les combats de Finelame étaient souvent assez long. Pas à cause de difficulté de la part du colonel, mais plus à cause de son... disons altruisme. Même pendant les duels, alors que certains auraient vu leur ennemi comme un ingrat n'ayant pour autre but que de voler leur place, le colonel avait toujours une vue paternaliste. Il conseillait son adversaire sur sa posture, la force ou la vitesse de ses coups, l'efficacité de sa défense.

Ce jour-ci, pas un conseil ou avertissement ne fut donné.


C'est le colonel qui avait engagé le combat, en chargeant, la lame levée au dessus de sa tête, menaçante, impétueuse, implacable. Le soldat était resté parfaitement immobile jusqu'au dernier moment. D'une impulsion il s'élança contre son adversaire, trop près pour manier facilement une lame comme celle du colonel. D'un coup de coude dans le ventre, il déstabilisa son rival avant de tourner autour de lui d'un pas de côté, se plaçant dos à dos et élançant sa lame pour frapper les côtes. Le mouvement avait été rapide et puissant. Mais ce n'est pas la technique du soldat qui surpris le plus, ni même le fait qu'un soldat tenait tête à l'invaincu Finelame.

Lorsqu'il frappa du coude, toute la scène fut illuminée d'une lueur verte. Des runes étaient apparues aux pieds du soldat inconnu, encerclant ses pas à chaque attaque qu'il portait ou recevait.
Le colonel était loin d'être un débutant, et la douleur ne suffirait pas à le paralyser, pas plus que la surprise. D'un geste rapide, il plaça sa lame, pointe vers le sol, et para le coup. Encore ces runes.

Les deux adversaires se replacèrent face à face, mais quelque chose avait changé.
J'ai toujours eu du mal à me battre. Probablement à cause de ma carrure rachitique, ou de ma lenteur d'action, allez savoir. J'ai toujours été plutôt du genre mental, vous voyez ? Analyser les combats, les techniques, les habitudes, c'était plus cela, mon genre...

Je savais à la posture d'Elias qu'il prenait ce combat bien plus au sérieux à présent. Ses pieds s'étaient déplacés légèrement, pour un meilleur équilibre, ses mains serraient la poignée de la lame plus fermement. Alors qu'en face, celui qui sera connu plus tard sous le nom d'Ultir, ne tenait plus de position de combat.

C'était la première fois que l'on entendait parler de lui et probablement n'avait il jamais assisté à un combat du grand Finelame.

Le colonel disait souvent que le meilleur moyen de connaître quelqu'un était d'échanger quelques passes avec lui. Les deux duellistes connaissaient désormais leur adversaire et, pour la première fois, Finelame était inquiet.
-''Si vous déposez les armes maintenant, je vous accorde la vie sauve.'' dit Ultir de sa voix grave.
-''Et me couvrir de honte et de déshonneur ? Je préfère encore la mort, jeune homme, le combat n'est pas fini alors ne criez pas victoire trop vite.'' répondit le colonel en souriant. Il n'ajouta rien sur la posture de son ennemi, les deux hommes savaient ce qu'ils faisaient et son adversaire n'était pas d'un niveau qu'Elias pouvait conseiller.

Le soldat émit un rire bref et je devinais la déception qu'il aurait éprouvé si sa requête avait aboutie.
-''Soit.''

Ce fut à Ultir d'engager le combat. Ses mouvements étaient diablement rapides et le colonel avait un mal monstrueux à suivre la cadence, chose rare. A chaque attaque, les runes étincelaient, aveuglant petit à petit les spectateurs. Je mis mes mains en visière, observant difficilement la scène.

Le colonel était en mauvaise posture, il tenait son sabre haut au dessus de sa tête, un genou à terre.

Les assauts de son adversaire étaient rapides et puissants, frappant sans relâche du même mouvement vertical et dévastateur. Le temps entre chaque attaque était si court que les runes persistaient désormais. Les runes n'étaient plus la seule source de lumière, toute la lame du glaive scintillait de la même intensité.

La qualité de l'acier et de la musculature d'Elias suffisait à retenir les attaques répétées mais il ne pouvait rien faire d'autre que les subir. Et personne ne pouvait dire au bout de combien de temps cela ne suffirait plus.



Le glaive irradia lors du dernier assaut, de même que le cercle runique aux pieds d'Ultir. La puissance accumulée à chaque attaque et parade arrivait à son apogée. La lame projeta toute cette force avec une ultime attaque aveuglante. La lumière devint énergie, l’énergie devint lame, et ce qui n'était qu'un devint deux. La magie runique d'Ultir avait taillé à travers le métal, à travers la chaire et à travers une portion du sol.

J’eus l'heureux réflexe d'utiliser ma propre magie, dressant une barrière magique entre cette énergie dévastatrice et le public, et accessoirement, moi.
La puissance de cette attaque, bien que grandement amortie par le colonel, était renversante et pendant un instant je failli lâcher prise. C'était le Runique le plus puissant que je n'avais jamais vu. Il accumulait l’énergie du combat et la projetait en lame magique qui déchirait tout sur son passage.


Lorsque tout ce jeu de lumière fut terminé, l'horreur remplaça l’étonnement des soldats aux alentours.
Le sabre du colonel avait cédé, se coupant net en deux. Mais la déflagration magique ne s'était pas arrêtée au métal. Le colonel se trouvait là, tremblant.
La trace de coupure continuait dans le sol jusqu'à ma barrière qui était alors fissurée en d’innombrables endroits. Fissurée et ensanglantée. Ce dernier coup avait tranché le colonel au niveau de l'épaule jusqu'à la jambe. Il s'effondra sur le côté, son corps ravagé expulsant des gerbes de sang.


Le glaive de l'ancien soldat disparu en poussière, le fer de qualité standard de la lame n'avait probablement pas pu supporter tant de puissance se déversant en elle.

Le silence qui régnait n'était plus dérangé que par le murmure du sang qui continuait de se déverser, formant rapidement une mare autour du corps. L'obscurité du soir timidement chassée par quelques torches et ce spectacle morbide avait jeté un froid qui tranchait avec l’allégresse du début du combat.


Mais je ne me préoccupais pas de cela. En face de moi se tenait le nouveau colonel. Il m'observait, me dévisageant jusqu'aux tréfonds de mon âme. Seuls ses yeux étaient visibles. Un regard qu'on ne peut oublier, il vous marque comme un tatouage.
J'y lisais de l’étonnement, de la curiosité même.




-''Qu'on respecte sa dernière volonté'' dit-il, brisant le silence sonore qui demeurait depuis que le corps d'Elias s'était vidé de son sang. Modifié par Aleron
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  • 3 semaines après...
Hmm... Sympathique :)/>

J'avoue avoir été un peu confus lors du premier changement de narrateur mais après avoir compris je trouve enrichissant d'offrir deux points de vue opposé. Deuxième petite confusion sur les colonels (le combat entre Finelame et Ultir) mais en relisant j'en ai déduit qu'il s'agissait d'un flashback (espérons que je ne me sois pas trompé :whistling:/> )

Sinon, tu nous offres un récit savoureux dans un univers qui semble assez bien construit. J'aime bien l'opposition humains/elfes que l'on trouve assez peu souvent dans les récits fantastiques. Peut être manque-t-il pour l'instant les raisons du conflit ou tout au moins des détails indiquant que le monde ne se limite pas au campement humain et à la forêt de l'elfe.

Quelques points en vrac :

Le départ précipité de l'Archange. Il disparait vraiment vite, et sans donner d'explication, alors qu'il vient de s'échapper d'une prison militaire (comment s'y est-il retrouvé d'ailleurs, au vu de sa puissance ?)
L'elfe qui passe d'une mission d'infiltration à la béatitude la plus pure en se retrouvant chez elle... Je veux bien qu'elle ait vécu une nuit difficile, mais elle doit bien rendre compte de sa mission, non ?
Un peu trop d'insistance sur l'amour provoqué par l'Archange. Il est certes le bienvenu mais attention à ne pas trop l'appuyer.

Mais je suppose que la suite répondra à mes interrogations B-)

Voilà, sur le fond on a un réussi bien mené, une narration qui ne divague pas ; on suit bien les pensées de personnages... J'aime =)

ClP, back to the future Modifié par CodoulePou
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  • 2 semaines après...
Bonjour,

J'avais lu mais pas eu le temps de commenter, je répare cette erreur.

[quote]J'avoue avoir été un peu confus lors du premier changement de narrateur mais après avoir compris je trouve enrichissant d'offrir deux points de vue opposé.[/quote]

Je ne sais pas si cette confusion est un effet voulu, mais perso, moi j'aime bien. Ca permet de conserver une ambiguité quant au conflit sous jacent entre les deux peuples. (j'ai un peu de mal à exprimer ce que je pense, désolé :unsure: )

[quote]Sinon, tu nous offres un récit savoureux dans un univers qui semble assez bien construit. J'aime bien l'opposition humains/elfes que l'on trouve assez peu souvent dans les récits fantastiques. Peut être manque-t-il pour l'instant les raisons du conflit ou tout au moins des détails indiquant que le monde ne se limite pas au campement humain et à la forêt de l'elfe. [/quote]

Entièrement d'accord avec mon camarade. Le monde dans lequel évolue les personnages semble bien maîtrisé et bien réfléchi mais il nous manque le pourquoi du comment de cette guerre.

[quote]Le départ précipité de l'Archange. Il disparait vraiment vite, et sans donner d'explication, alors qu'il vient de s'échapper d'une prison militaire (comment s'y est-il retrouvé d'ailleurs, au vu de sa puissance ?)
L'elfe qui passe d'une mission d'infiltration à la béatitude la plus pure en se retrouvant chez elle... Je veux bien qu'elle ait vécu une nuit difficile, mais elle doit bien rendre compte de sa mission, non ?
Un peu trop d'insistance sur l'amour provoqué par l'Archange. Il est certes le bienvenu mais attention à ne pas trop l'appuyer.[/quote]

J'appuie les remarques concernant le départ de l'archange qui est vraiment rapide. Il dépose l'elfe dans une clairière, parlotte vite fait et puis... :ph34r:

Pour son incarcération, j'imagine bien qu'il l'ait fait exprès pour des raisons que tu nous donneras par la suite, mais c'est vrai que ça fait un peu light pour le moment.

Le changement d'état d'esprit de l'elfe est effectivement un peu brutal. Ou alors elle a fumé un pétard gros comme un séquoia et elle est dans son trip.^^

[quote]mon intrusion chez les humains et de l'échec magnifique qu'elle constituait[/quote]

Hum, un échec magnifique...On dirait du slaanesh là <_< A la rigueur un échec est retentissant mais pas magnifique. Ou alors c'était volontaire de sa part mais ce n'est pas dit. (et en plus je crois pas à cette version tordue à la lecture de ton récit).

Pour l'amour provoqué par l'archange: je sais pas si c'est réellement le sentiment amoureux ou une forme d'exaltation que tu essaies de transmettre.
Un peu comme quand un humain regarde un Primarque ou un ange.
=> on ne devient pas amoureux mais on se sent transcendé (enfin j'imagine, j'ai jamais vu ni de primarque ni d'ange)

J'espère que la suite viendra rapidement pour combler nos interrogations,

Crio
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[quote] je senti mes forces me revenir pleinement[/quote]

Une petite faute ! J'en ai relevé qu'une mais y en a d'autres du même acabit. L'histoire est pas mal. On se perd un peu dans l'action avec la fille je trouve mais du coup le duel est lui bien décrit. Dommage pour le colonel, on l'aura pas vu beaucoup mais bon on gagne pas contre la magie !

Voyons ce que donnera la suite ;)

@+
-= Inxi =-
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  • 3 semaines après...
[quote]Et voici la suite ! Avec beaucoup de retard il est vrai, reprise du boulot oblige. Continuez de commenter cela fait un plaisir fou ! Pour ce qui est des fautes, il y en a en effets quelques unes qui échappent à ma vigilance, je tenterais de tout relire depuis le début avant trop longtemps pour arranger tout cela. Le prochain post (ou le suivant d'ailleurs) expliquera le pourquoi de cette guerre, ne vous en faites pas, c'est tout à fait normal. Pour ce qui est de vos interrogations, il s'agissait bien d'un flashback et cela se reproduit dans ce post même. Sans en dévoiler trop, ''l'amour'' de Caldera est appuyé car important, de même que l'admiration de Lucius. Et pour finir, le texte est compté par les personnages, il est donc normal que l'on retrouve des phrases pas très commune (comme une pierre stupide ou un échec magnifique).
Continuez de poser vos questions et donner votre avis ! En espérant que la suite vous plaise, bonne lecture ! [/quote]



Mon char avait été attelé bien moins vite que d'habitude. Il faut dire aussi qu'à l'accoutumée, c'était sur ordre du colonel Ultir lui-même, ce qui expliquait l'empressement général. Mais pas cette fois. Cette fois, c'était secret. J'avais prétexté prendre un jour de repos pour voir un peu de pays et était parti par mes propres moyens. C'était une directive d'Ultir.

Me rendre, incognito, au village de la jeune Caldera, tels étaient mes ordres. Elle devait probablement y être retournée, et avec un peu de chance, son sauveur aussi.

Je jetai un dernier coup d'œil derrière moi, vérifiant que tout était bien harnaché puis donnait un coup de rênes, faisant partir mon cheval au pas. J'emmenais avec moi tout un bazar pour le renégat que m'avait confié le colonel plus des provisions pour le voyage. J'y avais également ajouté une petite bourse de pièces d'argent, comptant sur la corruption si jamais les elfes m'accueillaient de manière peu chaleureuse. C'était peu mais je voulais garder assez pour ma femme et notre foyer.


Il faisait beau et l'air restait frais, le voyage était agréable. Je n'entendais que le vent, les oiseaux et les bruissements de la rivière longeant le sentier. Le voyage ne durerait qu'une journée et demie si tout se passait bien. Et j'espérais sincèrement que ce soit le cas.
Très vite, la routine des mouvements de tête de mon cheval, du bruit de l'eau et des essieux de mon char me poussait dans un état semi-conscient. Je me remémorais ma montée en grade, le lendemain même de celle du colonel Ultir.


L'ancien écuyer du colonel Elias était allé à la rencontre du nouvel officier pour lui annoncer qu'il devait maintenant choisir celui qui le seconderait dans toutes ses actions. Le plus souvent, les gradés gardaient le premier écuyer puisqu'ils n'attachaient que peu d'importance à ce rôle.

J'étais alors en train de balayer la cour comme beaucoup d'autres. En réalité, nous, jeunes recrues inexpérimentées et au physique particulièrement mal adapté au métier militaire, étions les souffre-douleurs du camp. Le tout récemment nommé colonel me dévisageait. Il avait beau porter son casque d'officier, masquant tout son visage à l'exception d'une ligne au niveau des yeux, je le savais. Je le sentais. Ses deux pupilles brillaient. Il semblait me reconnaître de la veille. J'entendais, comme en sourdine, l'écuyer Esterasse lui expliquer toutes les fonctions que son poste visait à remplir. J'étais à nouveau perdu dans ce regard si profond.

Tous baissaient les yeux lorsqu'ils croisaient ce regard depuis hier, moi je n'arrivais plus à l'oublier. J'avais presque l'impression de pouvoir sentir sa puissance couler en moi simplement en l'observant dans les yeux.

Le monologue d'Esterasse était de moins en moins audible et je ressentais presque le même sentiment d'indifférence que devait éprouver Ultir.


-''Si vous le désirez je peux demander à tous les volontaires pour le poste de venir se présenter à vous en début d'après midi ?'' demanda Esterasse. C'était un homme de taille normale, mais ridicule à côté du colonel. Il avait servit sous les ordres d'Elias pendant plusieurs années et connaissait parfaitement les modalités du poste d'écuyer. Inutile de dire qu'il savait également se battre. Il savait se faire discret et quand agir ou non. Mais depuis la mort d'Elias, il était différent. Son officier supérieur était rapidement devenu son mentor puis son ami. Devoir collaborer avec l'inconnu l'ayant abattu lui était insupportable, aussi je doutais qu'il se présente à nouveau pour le poste. Il semblait même vouloir en finir le plus vite possible avec tout cela.

-''Hmm ? Oui faites, faites...'' répondit le nouveau colonel sans trop y accorder d'importance. Je n'étais même pas totalement certain qu'il ait entendu un traître mot de tout ce qu'avait raconté Esterasse. Mais ce dernier pouvait maintenant disposer et cela lui convenait sûrement autant qu'à Ultir.










Je courais à grandes enjambées, sautant au-dessus des racines, des rochers. Il m'arrivait d'apercevoir mon village par les quelques trous dans les feuillages de cette forêt touffue. J'entrevoyais quelques chevreuils, des écureuils, des sangliers. Il y avait toujours eu beaucoup de vie ici.

Je suivais un petit cours d'eau qui descendait le flanc de cette montagne, pour rejoindre sa grande sœur rivière en contrebas. Le soleil dans mon dos me réchauffait la nuque alors que le vent rafraîchissait mon visage. A mes pieds, mes runes commençaient à miroiter. Aleron m'avait expliqué que chaque Runique possède une faible puissance de base et qu'il en obtient d'avantage d'une manière qui lui était propre. Nous avions remarqué que pour moi, la vitesse était la force. Aussi, lors d'une telle course en pente, mes runes bleues apparaissaient légèrement sans même que je n'ai à les forcer. J'étais curieuse de savoir comment faisait mon ''ami'' archange pour engranger son énergie et comment il l'utilisait. Je n'avais pas bien souvenir d'avoir vu ses pouvoirs, si ce n'est ses ailes.

Cela me faisait penser que je devais absolument voir Noïsha. Je devais lui parler de ce que j'avais ressenti. Mais avant tout, Aleron devait être mis au courant.

Je pensais tout à coup à Cyaphas. S'en était-il tiré ? J'espérais qu'il soit sain et sauf. S'il lui était arrivé quoi que ce soit, ce serait ma faute. La présence de cet archange m'avait vidé la tête de toute pensée qui ne le concernait pas et j'avais, l'espace d'un instant, oublié mes compagnons.

Tout bien réfléchi, cette opération n'était pas tant un échec. Nous avions libéré un archange qui semblait être l'ennemi de notre ennemi. A moins qu'il n'ait fait exprès de se faire capturer ?

Je sentis le doute m'envahir petit à petit, au même rythme que je ralentissais. Comment avaient-ils capturé un héros des dieux de cette puissance. Comment pouvaient-ils le maintenir prisonnier ?




J'étais désormais immobile et anxieuse. Les runes n'étaient plus visibles. Et si leur but était d'approcher Aleron et de l'éliminer ? Ou peut-être Noïsha ?
Déclarer une guerre avec éclat, en tuant l'un ou les deux élus de la tour d'Enoch, ce serait digne d'un scénario de livre comme je les aime... Mais ici, ce n'était pas un livre et la trame me plairait bien moins si j'en étais l'héroïne.

Je secouais la tête avec énergie. Je n'étais pas du genre à penser si loin ! Reprends-toi ma petite Caldera ! Aleron décidera de toute façon, moi je n'ai que mon rapport à lui faire ! Me dis-je reprenant ma course.


Après quelques minutes, je m'arrêtai à nouveau. Devant moi se tenait un humain. Il portait une armure de cuir noire et un masque recouvrant tout son visage. Le masque semblait également en cuir, plus rigide. Il était entièrement noir, à l'exception des yeux et de la bouche, entourés de rouge, dessinant un visage impassible. Sur son front, un œil rouge peint semblait ne plus me quitter du regard.

Dans chaque main, il tenait une dague courbe faites en un métal noir que je ne connaissais pas mais qui apparaissaient comme les armes de la meilleure facture qu'il m'ait été donné de voir. Il se tenait droit, les deux bras pendants le long du corps.
Je remarquai tout un tas d'équipement accroché à sa ceinture : dagues de lancer, seringues, probablement du poison … Je savais à quel genre de personne appartenait cet équipement.


Un assassin.

Je sentis deux bras me saisir les épaules en passant sous mes aisselles. J'avais beau me débattre, mon agresseur était très fort et, au vu de sa facilité à me surprendre, particulièrement expérimenté.
Ils m'avaient retrouvé ! Ils y avaient mis de tels moyens, je n'avais plus aucune chance à présent.
J'étais paniquée et m'agitais autant que possible pour me sortir de l’étreinte de mon oppresseur. Le rôdeur devant moi avait levé l'un de ses bras, s'approchant vers moi en brandissant sa lame suintante.

J'hurlais de toute mes forces, j'étais assez proche pour qu'on m'entende, peut-être qu'Aleron lui-même viendrait me sauver ! L'humain qui me maintenait déposa deux doigts sur mon cou, me tenant toujours fermement. Des runes jaunâtres apparurent à ses pieds, illuminant les bois avoisinants. Mon cri s'éteignit instantanément. Il m'imposait le silence ! Non c'était plus que cela, il bloquait l'air qui tentait de sortir de ma bouche, me plongeant dans une panique plus grande encore. Il ne m'empêchait pas seulement de gueuler comme une putois, il m'étouffait !

-''Ne la tue pas, elle sait sûrement où il se trouve.''

Mon ravisseur pressa légèrement moins ses doigts sur le côté de ma gorge et ses runes perdirent quelque peu en intensité. Je sentais l'air voyager à nouveau dans mes poumons, lentement. Tout juste assez pour respirer, péniblement.

L'homme à la dague s'approcha de moi, collant presque son visage au mien. Il empestait la mort et son arme dégageait une puissante odeur qui me piquait violemment les sinus.
-''Où est-il'' articula-t-il lentement dans un souffle putride, gangrenant le peu d'air qui arrivait jusqu'à mes narines.
Je le regardais, paniquée, affolée. Devais-je dénoncer l'Archange ? Il était évident qu'il était la réelle raison de leur présence. L'empereur humain n'aurait pas envoyé deux assassins d'un tel niveau juste pour moi. Était-ce un test ? Le moment de vérité qui définirait si ma mission suicide avait été utile ou non.

Rien ne m'assurait qu'il me laisserait vivre après que je lui ai répondu. C'était d'ailleurs tout le contraire... Et, à ce moment précis, j'eus l'impression que cet Archange faisait partie d'un plan bien plus grand que ma petite vie. Un futur qui me dépassait de loin, moi et probablement ce monde.

J'aurais tant voulu savoir cracher comme ce truand de Cyaphas. Histoire de mourir avec le prestige d'insulter mon ennemi jusqu'au dernier moment. Enfin, si l'on peut appeler cela du prestige.
Je tentais tout de même d'amasser la salive dans ma bouche, préparant mon ultime ''attaque'' dans ce combat désespéré qu'aura été ma vie.

-''Hé, Slain.'' interpella mon geôlier, attirant l'attention de son confrère, lui pointant dans son dos d'un mouvement du menton.
Mon regard et celui de ce Slain se tournèrent ensembles dans cette direction.



Il était là. Il m'avait suivi, protégé, surveillé. Ses yeux brillaient de la même lueur que plus tôt. Non, c'était différent, ils étaient encore plus étincelants. Je voyais des flammes danser dans ces yeux. Ses pupilles s'étaient étendues verticalement et étaient désormais ovales. Ce regard n'était pas celui d'un homme. C'était le regard d'un monstre en chasse, prêt à déchaîner toute sa haine sur sa proie. Modifié par Aleron
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Bonjour,

Un nouveau passage fort sympathique. :)

Bon, commençons par le côté désagréable: les fautes...
Fautes d'accord et de temps en particulier, qui gachent un peu la lecture. (j'attache moins d'importance aux fautes de frappe).

L'ennui, c'est que ça commence dès le premier verbe:

[quote]La caravane avait été [b]attelé[/b][/quote]
"attelée"

Puis la répétition de "d'habitude" est un peu dommage.
Dire "une caravane" pour un chariot unique me semble exagéré. A la rigueur on pourrait dire "l'équipée" ou alors il manque une description du reste des chariots/membres de la caravane.

[quote]Je jetai un dernier coup d'œil derrière moi, vérifiant que tout était bien arnaché [b]puis donnait un coup de rennes[/b][/quote]

C'est le genre d'erreurs qui me fait marrer :lol:
Je vois trop ton personnage malingre fouetter son cheval avec un des rennes du père Noël ^^
Plus sérieusement, on dit: "des rênes".
"harnaché"

[quote]ma monté en grade[/quote]
"montée"

[quote]Je n'étais même pas totalement certain qu'il ait entendu un traître [b]mort[/b] de tout ce qu'avait raconté Esterasse.[/quote]

:P

[quote]Je courais à grande enjambée[/quote]

Pluriel là, sinon ce n'est pas une course: "grandes enjambées"

Bon, j'ai pas tout relevé mais passer par un correcteur d'orthographe ou mieux, un relecteur te permettrait d'éviter ce genre de fautes grossières.

Sinon, une phrase dont la tournure me paraît plus que bizarre:

[quote]Le tout récent nommé colonel me dévisageait, il portait un casque de commandant, masquant tout son visage, seules ses deux pupilles brillaient dans l'ombre visible de son visage.[/quote]

Ou la construction est à revoir, ou la ponctuation n'est pas bien choisie. Le plus simple serait de séparer en plusieurs phrases:

"Le tout récemment nommé colonel me dévisageait. Il portait un casque de commandant masquant tout son visage. Seules ses pupilles brillaient dans [b]l'ombre visible[/b](??) de son visage."

Et encore, ça me paraît perfectible. On comprend l'idée mais certains termes me semblent inappropriés (tels que ceux en gras) et la construction de la phrase mériterait d'être allégée.

J'aurais écrit:

"Le tout nouveau colonel me dévisageait; ses pupilles brillant d'une lumière glacée sous le masque de commandant qui parait son visage."

Bon, sinon, j'ai beaucoup aimé ce passage avec ton héros (dont je n'arrive pas à me rappeler le nom) sur son chariot.
Je trouve juste dommage qu'on ne sache pas pourquoi il a été choisi comme écuuyer: il est le seul à s'être présenté?
Parce que tu commences en nous mettant l'eau à la bouche en nous disant: "Voilà comment j'ai été promu:..." et puis: plus rien... :'(

Le passage avec l'elfe me fait penser à Eragon lorsqu'il est avec Brom et qu'ils sont poursuivis par les Razacs (dans le film) dans la forêt.

Ca reste classique mais c'est bien mené. Je m'attendais à l'arrivée de l'archange sur la fin, mais la description que tu en fais me laisse penser que finalement, même un archange a un côté animal, sauvage et ténébreux qu'on ne lui aurait pas accordé de prime abord.

En tout cas, on sort du classique elfe qui voit tout et entend tout et qui du coup ne peut pas être surpris, et qu'il s'il l'est quand même reste calme et stoïque.

Là, on a une elfe lambda (ou presque) qui a peur et qui se demande si elle va pas finir en jambonneau. Et j'aime :good:
J'aurais presque souhaité voir les deux barbouzes lui dire qu'ils la violeraient avant de la planter, mais ça fait peut être trop cliché.

Bon, maintenant, j'attends de voir comment les deux assassins vont dérouiller :)

Mes deux sous,

Crio Modifié par criomega
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Hola !

Alors je suis un peu plus dubitatif sur ce passage où je trouve que ça fait vraiment enfantin. En fait sa manière de penser est trop courte et très simple, je pense que ça vient de là. On voit pas un adulte penser comme ça. C'est extrêmement passif également. Au niveau de l'enlèvement, on dirait qu'on regarde la TV, on est pas dans le personnage. Comme si elle était coincé dans un corps et qu'elle décrivait. Essaye de complexifier la chose, ça rendra plus intéressant.

Pour le fond, je pense que c'est un moment important et qu'avec une petite correction de forme, ça serait encore mieux !

@+
-= Inxi =-
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  • 3 semaines après...
[quote]Bonjour à tous, merci de continuer vos commentaires, j'en prend note et j'espère que cela se voit ! Une adorable relectrice m'aide en ce moment même à corriger les erreurs des posts précédents! Aujourd'hui un post un peu plus cours que d'habitude entièrement sur Caldera. Le prochain post sera dédié à Lucius et à sa prise de fonction en tant qu'écuyer ! En espérant que cela vous plaira, bonne lecture ![/quote]

Il demeurait immobile. Ses grandes respirations sonores rappelaient celles d'une bête sur le point de charger.

Slain avança lentement vers lui en rigolant.

-''T'es finalement venu petit bâtard hein ? T'en fait pas, ça sera pas long.'' dit-il.

-''Slain, déconne pas, celui-là est en phase…'' prévint son camarade d'un ton désintéressé.

En phase ? Lorsque les pouvoirs d'un individu se manifestent pour la première fois, cette personne entre dans ce que l'on appelle la phase. A ce moment, les runes sont mal maîtrisées, leur tracé est approximatif et leur puissance n'est pas canalisée.

On remarque généralement qu'une personne est dans sa période de phase à la forme de ses runes. Mais là c'était différent. Je n'avais jamais vu cela auparavant. Les runes ne reposaient pas aux pieds de l'Archange.

Elles arpentaient son corps. Elles glissaient sur sa peau, le long de ses muscles saillants. Les dessins étaient maladroits et tremblants, comme réalisés par un enfant. Des dizaines de runes dansaient lentement, suivant des chemins aléatoires dans un mouvement hypnotique.




Ce spectacle venait s'ajouter au manque de plus en plus pressant d'air respirable, me donnant des vertiges. L'étreinte de mon agresseur ne perdait pas en force. Il était bien trop professionnel pour se laisser distraire par ce jeu de lumière. La pression qu'il exerçait sur mes bras en les maintenant immobiles gênait la circulation du sang, m'engourdissant les doigts. Ma vision périphérique se troublait, comme se masquant d'un voile sombre. Je me sentais de plus en plus mal et ne tarderais pas à perdre connaissance.


Je sentis les fourmis se calmer au bout de mes doigts et mes bras se détendre légèrement. L'air ne semblait plus être bloqué, aussi j'en inspirais une grande bouffée, comme un nageur sortant d'apnée.
Mon agresseur avait détendu sa prise, me ramenant dans un état plus supportable. Chaque respiration était un vrai bonheur. Le pouvoir de cet homme était redoutable.
Il ne semblait pas réellement me vouloir du mal. Après tout, c'était pour l'Archange qu'ils étaient venus. Je suppose que me tuer ne lui aurait pas posé de problème, mais cela ne lui aurait pas apporté de satisfaction non plus.


Slain fit faire un tour complet à ses dagues d'un geste habile des poignets avant de les ranger dans leur fourreau. Il s'approchait de sa cible d'une démarche calme et lente ne laissant transparaître aucune crainte. Cet homme était un tueur professionnel et je devinais le frisson de plaisir qui traversait son dos avant chaque combat.

L'Archange se jeta sur l'assassin, les runes se précipitèrent au niveau de son bras droit, s'amassant au niveau de ses muscles. Chaque rune gagna en puissance, étincelant à outrance tout comme chacun des muscles enchantés les rendant visibles à travers la peau. Il décocha un coup de poing fulgurant dont je ne pouvais imaginer la puissance. Une telle attaque briserait mes os sans difficulté si ce n'est pire. Slain sursauta, il ne s'attendait probablement pas à une telle vitesse de frappe. Des runes noires se dessinèrent sous ses pieds mais il était trop tard, le poing de son adversaire briserait bientôt son crâne.

Le coup n'atteint jamais sa cible. Seul de fines vapeurs noirâtres se trouvaient à l'emplacement qu'occupait Slain auparavant. L'Archange réarma son poing, incertain des pouvoirs exacts de son adversaire. Je le cherchais du regard, sans comprendre ce qu'il venait de se passer. Le premier affrontement contre un runique est toujours le plus compliqué. Sans connaître les pouvoirs de son adversaire, impossible de prévoir ses mouvements. L'assassin avait pu simplement devenir invisible, peut-être n'était-il qu'une illusion depuis le début. Il pouvait même s'être volatilisé momentanément et il réapparaîtrait très bientôt. Les pouvoirs runiques prennent tant de formes différentes qu'ils sont imprévisibles.




L'Archange reçut un puissant coup de la pointe du pied dans la tête. Il titubait sous le choc et la surprise. Slain s'était téléporté juste derrière sa cible, la prenant à revers et par surprise. L'élu des dieux élança son bras en arrière en un mouvement circulaire ravageur mais c'était trop tard, il n'y avait plus que des volutes de fumée noire. De nouveau, l'assassin apparu sur le côté de sa cible, la frappant du poing à la mâchoire avant de disparaître de nouveau. Slain n'utilisait pas ses dagues, il jouait avec sa proie. Il ridiculisait un Archange en le surpassant par la vitesse.

Je relevais légèrement la tête, regardant au-dessus de mon épaule, observant la réaction de mon détenteur. Il demeurait immobile, le regard fixé sur le combat, comme prêt à agir. En combat, sa magie runique n'aurait que peu d'intérêt mais il restait un assassin entraîné à tuer.

Je reportai alors mon regard sur le combat. L'Archange était dépassé par la vitesse de son ennemi. Il peinait à deviner ses mouvements.

Je sentis une boule monter en moi. Je voulais l'aider, le sauver ! Je ne pouvais créer de la glace de mes mains car elles étaient plaquées sur mes épaules. Me transpercer les omoplates n'arrangerait probablement rien à la situation. J'avais une dette envers cet homme et je voulais la lui régler. Au centuple. S'il se faisait tuer maintenant, je m'en voudrais pour le reste de ma vie. Qui serait très probablement des plus brèves. Je doutais qu'un assassin dont je connaissais le nom me laisse partir.




Slain était rapide, agile et précis. Il exécutait ses attaques à la perfection et ne laissait aucun répit à son adversaire. Frappant du poing, des pieds, visant les côtes, la tête, le foie, il était fait pour se battre et ne semblait vivre que pour cela. Il ponctuait chaque attaque ratée de son adversaire par une petite pique verbale.

Le corps de l'Archange était couvert d'ecchymoses et de bleus. Bientôt il cessa toute tentative d'attaque, se concentrant sur la défense, attendant probablement une ouverture.

Il encaissait les coups, stoïque, parant quelques attaques. Il semblait commencer à anticiper les attaques de l'assassin et était de plus en plus à l'aise pour les esquiver.

Slain se téléporta à quelques mètres de l'Archange, il avait remarqué que le combat n'était plus à son avantage.
-''Pourquoi tu te défends connard ? Tu veux vraiment jouer avec SLAIN ?!'' hurla l'assassin qui ne semblait pas apprécier qu'on lui résiste. Il dégaina ses deux lames qui scintillaient, comme mouillées.

L'humain s'élança vers sa cible, voulant clairement en finir. Son ennemi adopta une pose défensive, levant ses deux bras en face de lui, poings fermés. Toutes les runes se concentrèrent dans ses bras, découvrant les muscles sur-entraînés. Slain bondis vers sa cible, élançant son bras droit, prêt à frapper de sa lame.

L'Archange ne fit que suivre son ennemi du regard, attendant le dernier instant pour agir. Il devait patienter jusqu'au moment où Slain n'aurait plus le temps d'utiliser sa magie.

C'était discret, mais je le vis. Les runes du bras droit semblaient tressauter vers son bras gauche, comme attirer par ce dernier. L'élu s'apprêtait à faire quelque chose, mais quoi ?

Ce fut rapide, mais voilà ce que j'eus le temps de voir. L'Archange guettait son côté gauche du coin de l'œil et lorsque, comme il s'y attendait, Slain disparu à quelques centimètres de lui, il élança son bras gauche en arc de cercle. Toutes les runes du bras droit s'étaient déplacées sur les muscles du côté opposé à une vitesse fulgurante. Il savait ce que ferait son ennemi, il avait cerné ses habitudes.

Slain apparu, pensant certainement le prendre par surprise. Il avait élancé sa jambe pour sonner son ennemi.
Dans un seul et même mouvement, l'Archange se saisit de la cheville de l'assassin et écrasa son corps sur un arbre juste à côté. Il n'eut pas le temps de se téléporter à nouveau, ou peut-être le contact avec son ennemi l'en empêchait.

Le choc fut terrible. J'entendis le bruit sourd de la chair sur le bois. Le craquement des côtes se brisant de manière irréversible, le son lugubre du tibia brisant son enveloppe charnelle pour apparaître à l'arrière du genou du pauvre homme. Modifié par Aleron
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Hey !

Alors ça va mieux au niveau des dialogues même si on manque un peu de personnalité (sauf pour la narratrice puisque du coup elle on la cerne pas mal). Pour le combat, j'ai trouvé ça bien décrit mais trop classique. Je m'explique : j'ai ressenti aucune peur au début quand elle était en train d'éttoufer. Ca paraissait trop évident que l'autre revienne la sauver après un combat d'abord dur où il encaisse puis le réveil de la victoire ! C'est des shémas qu'on voit pas mal, essaye de voir ce qui peut faire changer.

Bon je critique mais j'ai quand même bien aimé même si on apprend pas sur l'histoire ;)

@+
-= Inxi =-
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  • 3 semaines après...
[quote]Et voila la suite! Le prochain poste devrait arriver très rapidement. J'attends avec impatience vos commentaires et critiques, bonne lecture![/quote]


[center][color="#000000"][size="4"][u]Chapitre III : Un nouveau colonel.[/u][/size][/color]
[color="#000000"][i]"Tout a un sens, mais pas forcément destiné à être découvert..."[/i][/color]
[color="#000000"][i]Ultir.[/i][/color]

[/center]

[color="#000000"]Nous étions tous réunis au centre du camp. Alignés au garde à vous. J'étais au deuxième rang mais, au vu de la carrure des soldats du premier, j'aurais aussi bien pu être au dernier. Ces hommes étaient massifs et cachaient tout le second rang. En réalité, moi seul était masqué par leur taille… Je me sentais ridiculement rachitique à côté de ces buffles. Mon regard se promenait sur ces murs humains dans un long soupir. J'entendis une grosse voix murmurer derrière moi.[/color]
[color="#000000"]-''T'en fais pas Lus', ça sera vite fini.'' C'était, Malik, l'un de mes rares amis dans toute l'armée.[/color]
[color="#000000"]Je jetai un regard par-dessus mon épaule en souriant. Il s'était penché légèrement pour me parler plus discrètement.[/color]

[color="#000000"]Malik était probablement ce qui se rapproche le plus de mon opposé physique.[/color]
[color="#000000"]Il était gigantesque et musclé comme deux. Sa peau était sombre comme la nuit et cela lui avait valu pas mal de moqueries lors de son entrée dans l'armée. Moqueries qui avaient rapidement cessées face à l'absence totale de réaction. Il était entièrement chauve et je dois dire que cela lui allait bien.[/color]
[color="#000000"]Malgré son physique guerrier, Malik était un homme très calme bien que passionné par l'armée. Il aimait le côté fraternel, l'entraide et l'amitié entre les soldats qui étaient alors frères d'armes. Il parlait rarement de sa famille, mais j'appris plus tard, en lisant les nombreux registres que tenait Esterasse, qu'il avait quatre frères. Tous étaient morts au combat ou dans la misère.[/color]
[color="#000000"]Nous sommes amis depuis mon entrée dans l'armée. Il m'avait évité les problèmes courant lors d'intégration de personnes à la musculature douteuse, comme moi. Il m'avait pris sous son aile et n'avait pas arrêté depuis.[/color]

[color="#000000"]-''J'espère, on nous a pas laissé manger après le balayage j'ai vraiment faim'' dis-je en rigolant légèrement. Il me tapa doucement sur l'épaule en souriant je voyais dans ses yeux qu'il était dans le même état.[/color]

[color="#000000"]Je vis le colonel Ultir arriver auprès d'Esterasse qui affichait un air disant clairement ''finissons-en''.[/color]

[color="#000000"]L'officier portait une armure de commandant, je suppose qu'il n'y avait pas d'armure pour son grade d'un tel gabarit. Son casque était toujours là, masquant son visage. Il regardait chaque soldat un par un. Son regard passait rapidement sur les six rangées d'hommes et de femmes dorénavant sous ses ordres mais je savais qu'il les observait tous en détail. Nous étions environ deux cents.[/color]


[color="#000000"]-''C'est tout ?'' demanda-t-il à Esterasse qui consultait une grosse archive. ''Ne devrait-il pas y avoir plus de soldats ?''[/color]
[color="#000000"]-''Eh bien... C'est que … Le généralissime ne sachant pas ce que vous valez, je suppose qu'il a diminué vos effectifs en attendant...'' lui répondit-il, tournant les pages de son livre, cherchant je ne sais quoi. Il avait prononcé cette phrase en hésitant, mais je sentais qu'en réalité il éprouvait un plaisir immense à l'occasion d'émettre des doutes sur la valeur du nouveau colonel.[/color]

[color="#000000"]Le colonel et l'écuyer s'arrêtèrent en face de nous. Esterasse continuait de tourner les pages et Ultir nous observait.[/color]

[color="#000000"]Le vent soufflait doucement, transportant les odeurs venant des cuisines parmi les soldats. Nous espérions tous que cela finirait vite, il y aurait probablement quelques volontaires et lorsque le choix serait fait, nous pourrions aller manger. La ration d'hier soir avait été légère, celle de ce matin n'avait pas été distribuée et tous attendaient celle de ce midi.[/color]

[color="#000000"]-''Pour ceux qui ne me connaîtrait pas encore, je suis votre nouveau colonel, Ultir. Vous devez tous être affamés, aussi vais-je simplement donner le nom de celui que j'ai déjà choisi comme successeur au poste d'écuyer.'' prononça le colonel de manière claire et audible pour tout le monde.[/color]
[color="#000000"]Esterasse haussa un sourcil, levant la tête de son livre pour la première fois depuis son arrivée. Les écuyers étaient généralement nommés de manière rapide puisque l'ancien était repris le plus souvent. Néanmoins, lorsque l'écuyer changeait, cela demandait une certaine sélection qui durait plus longtemps. Esterasse avait beau vouloir l'affaire réglée, ce manquement au règlement le dérangeait au plus haut point.[/color]

[color="#000000"]-''Excusez-moi colonel mais, vous comptez réellement annoncer un nom, ainsi ? Je veux dire, sans aucune information sur les autres candidats... ? Il est de coutume de faire une sorte de test, comme un... tournoi''. Dit-il moins fort afin que les soldats ne l'entendent pas. Manque de chance pour lui les premiers rangs étaient réellement proches. L'ancien écuyer était le seul à être gêné par la décision, certes peu habituelle, du colonel Ultir, aussi beaucoup émirent un léger grognement plus ou moins discret.[/color]
[color="#000000"]
Derrière moi, j'entendais le ventre de Malik gargouiller, ou bien était-ce le mien [/color][color="#000000"]?[/color]

[color="#000000"]Ultir tourna lentement la tête vers Esterasse, laissant échapper un long soupir.[/color]
[color="#000000"]-''Bien bien, puisque vous insistez''.[/color]
[color="#000000"]L'écuyer sourit, comme soulagé, avant de se tourner vers nous.[/color]

[color="#000000"]-''Bien, nous allons donc...'' commença-t-il.[/color]
[color="#000000"]-''Qu'est-ce que vous faites, au juste ?'' le coupa le colonel de sa voix rocailleuse.[/color]
[color="#000000"]-''Eh bien... je pensais expliquer aux soldats comment...'' entama le pauvre homme.[/color]
[color="#000000"]-''N'est-ce pas au colonel de faire cela ?'' enchaîna Ultir.[/color]

[color="#000000"]Esterasse était tremblant et commençait à transpirer. Le colonel à côté de lui était bien plus imposant que lui et ses récents faits d'armes le précédaient.[/color]
[color="#000000"]-''Si... si je suppose mais je pensais que...''[/color]
[color="#000000"]-''Ou peut-être est-ce vous le nouveau colonel ?'' L'écuyer avait perdu toute couleur et il ne restait même pas une trace de son sourire.[/color]
[color="#000000"]-''C'est donc vous qui avez tranché le pauvre Elias en deux d'un coup d'épée, c'est cela ?'' le pressa Ultir.[/color]
[color="#000000"]-''Non... mon colonel...'' bafouilla-t-il[/color]
[color="#000000"]-''Dommage, c'était une belle attaque.''[/color]


[color="#000000"]Ultir se tourna vers nous, laissant Esterasse se remettre de ses tremblements.[/color]
[color="#000000"]-''Nous allons donc faire un test. Chaque personne aspirant au titre d'écuyer devra participer, de même que chaque personne voulant demeurer sous mes ordres.'' Je jetai un regard à l'écuyer qui n'était plus que l'ombre de lui-même. Il regardait dorénavant ses pieds et ne releva pas la tête en entendant la dernière phrase de son supérieur.[/color]

[color="#000000"]Tout le monde maintenait le garde à vous, mais la nouvelle avait fait trembler les consciences.[/color]

[color="#000000"]-''Un tournoi sera proposé pour les soldats souhaitant le poste. Seuls les runiques pourront y participer. Toute personne n'étant pas intéressée par le devenir de ses camarades, une place sous mes ordres ou par le poste d'écuyer peut dès à présent quitter les rangs et rejoindre les cuisines du camp où leur seront remises des rations doubles. A n'importe quel moment du test, il vous sera possible d'abandonner et de rejoindre ces mêmes cuisines. Ce sera difficile, autant physiquement que mentalement, si vous ne vous sentez pas de le faire, partez dès maintenant. Pas de faible sous mes ordres.''[/color]

[color="#000000"]Tout le monde écoutait attentivement. Quelques-uns échangeaient des regards, comme s'interrogeant sur la décision de l'autre.[/color]

[color="#000000"]-''Aucune sanction ne sera prise à l'encontre des personnes ayant abandonné. Les rares qui parviendront à surmonter cette épreuve seront entraînés par mes soins, tout particulièrement l'écuyer. Vous avez une heure pour décider de votre participation ou non. Les volontaires seront attendus ici-même à la fin de cette heure.''[/color]


[color="#000000"]Ultir se tourna vers Esterasse avant d'ajouter :[/color]
[color="#000000"]-''Quant à vous, vous pouvez dès à présent rejoindre les cuisines, je ne veux pas de vous dans mes pattes.''[/color]

[color="#000000"]L'officier tourna les talons et s'en alla vers sa tente sous le regard silencieux de tous ses hommes désormais potentiels et d'Esterasse, médusé.[/color] Modifié par Aleron
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Paf, bien fait !

Bon on sait donc maintenant comment ça s'active et on devine un plan. Il va y avoir une sélection et je parierai que le jeune soldat va être choisi ! Une fois que la troupe sera triée, ils vont se lancer dans quelque chose pour gagner de la renommée ! Voyons si j'ai raison avec une suite :P ;)

@+
-= Inxi =-
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[quote]Et voila, comme promis, la suite! Continuez à donner votre avis et vos critiques, cela m'aide réellement! Le schéma suivit à présent sera celui-ci : un chapitre, un narrateur et une alternance entre chaque chapitre. Qu'en pensez-vous?[/quote]



J'étais déçu. J'allais rater une occasion d'être sous les ordres d'un des plus grands guerriers que j'avais pu voir de ma vie. Son entraînement n'avait sûrement pas de prix. Je savais au fond de moi que, s'il y avait une épreuve, je n'aurais pas le niveau. Je ne pouvais rivaliser avec tous ces soldats expérimentés et surentraînés.
Être l'écuyer d'Ultir semblait être l'un de ces rêves inaccessibles.
Je regardais mes mains frêles comparées aux paluches des autres soldats. Elles tremblaient.


Je supposais que tout cela allait passer. Je serais relayé dans une autre garnison sous les ordres d'un autre officier. Ce n'était pas si grave après tout, c'était juste... dommage.
Il ne me restait plus qu'à aller manger et attendre patiemment que tout cela se termine.


Le colonel s'était arrêté net, comme oubliant un détail, et s'était tourné vers nous.
-''Une dernière chose, pour ceux qui souhaiteraient participer au tournoi. Je choisirais les participants moi-même selon le déroulement de l'épreuve préalable. Seules ces personnes auront accès au tournoi. Oh et, je participerais moi-même à ce tournoi.
A dans une heure, ou à jamais.'' conclut-il avant de reprendre sa route. On ne voyait pas son visage, mais depuis le début je devinais son sourire, il semblait prendre plaisir à nous mettre dans un tel état.

Je me tournai vers Malik, appréhendant sa décision. Il regardait le colonel au loin, je n'avais jamais vu ses yeux briller ainsi. Il était plus motivé que jamais et cela se voyait sur son grand sourire.
-''Tu te rends compte de ce que cela signifie, Lus'? On va pouvoir être non seulement entraîné par Ultir, mais on va pouvoir se mesurer à lui !'' dit-il plein d'entrain.
Je le regardais surpris, je pouvais comprendre son enthousiasme mais j'étais loin de le partager.
-''Tu vas participer donc... ?'' demandai-je timidement.
-''Évidemment ! Et tu devrais le faire toi aussi, tu es un bon runique, tu as toutes tes chances !''
Je n'étais pas si sûr que créer des boucliers soit un tel atout dans une épreuve physique...
En regardant l'entrain palpable dans les yeux de mon camarade je compris une chose : je devais participer. Pas tant pour moi-même, je n'avais aucune chance, mais pour lui. Il avait toujours été là pour me soutenir dans mes épreuves, je devais être là pour l'une des rares difficultés sur son chemin.
Je souriais, j'étais heureux pour lui. Il allait faire quelque chose qui lui plaisait réellement, pour lui-même et pas pour un autre. Je m'efforçais de ne pas penser à ce dans quoi je venais de me fourrer. La journée serait longue, et à ce moment-là, j'étais encore très loin de la vérité.

L'heure d'attente fut probablement la plus longue de ma vie. Chaque soldat se mettant en route vers les cuisines, chaque gargouillement de mon estomac affamé, chaque inspiration de ce parfum de douce nourriture ébranlaient mes convictions. Heureusement, l'entrain de Malik déteignait sur moi à chaque regard que nous échangions, me rassurant légèrement. Il ne semblait pas douter de sa décision le moins du monde. Il ne semblait même pas anxieux, juste impatient et excité.

Autour de moi, il y avait deux types de personnes. Ceux qui abandonnaient, rejoignant les cuisines avec un certain empressement, parfois mêlé au goût amer de la déception. Goût qui serait très bientôt remplacé par celui de la ration militaire. Ces rations étaient souvent maigres et d'une saveur disons… particulière. Mais en telles quantités et assailli par une telle faim, cela serait sans doute succulent.

Il n'y avait pas tant de soldats quittant les rangs, à ma grande surprise. Il s'agissait principalement de gens comme moi qui n'avaient pas attrait à la guerre et n'étaient là que pour gagner [color="#000000"]leur vies[/color]. Je me reconnaissais en beaucoup d'eux. Principalement à leur maigre carrure.


De l'autre côté, des guerriers plus impatients que jamais. Certains attendaient l'occasion de servir l'un des meilleurs guerri[color="#000000"]er[/color][color="#000000"]s[/color] qui leur ait été donné de voir ainsi que de suivre son entraînement. D'autres souhaitaient tenter leur chance dans le tournoi pour le poste d'écuyer. Les derniers, probablement les plus expérimentés de la garnison, attendaient patiemment de pouvoir affronter le colonel, tester sa valeur et, évaluer le rapport de force entre eux-mêmes et Ultir.

Au milieu de tout cela, il y avait un homme de taille modeste, d'une musculature dégarnie et aux mains tremblantes, comme perdu et incertain. Il y avait moi.

Le colonel revint comme prédit, un fourreau de chaque côté de la ceinture, portant chacun un glaive classique de l'armée. Il se posta devant nous, nous saluant de manière militaire. Un officier gradé n'était pas sensé saluer le premier devant ce qu'ils estimaient comme des moins que rien, de la chair à canon, nous.
-''Vous êtes moins nombreux, mais vous êtes plus respectables. Vous n'êtes pas sans savoir que, de toutes les forces armées de cette île, nous sommes la moins peuplée. Le nombre d'hommes sous mes ordres ne m'intéresse pas, je n'aurais jamais cet avantage sur mon ennemi. Si je ne peux pas avoir la quantité, je miserais sur la qualité. Voilà pourquoi vous êtes là aujourd'hui.'' dit-il d'un ton cérémonieux.

Tous se regardèrent, surpris des manières soudaines du colonel. Je croisais son regard d'émeraude de temps en temps, il avait toujours le même éclat.

-''Certains d'entre vous n'arriveront pas au bout de cette épreuve, ce sera long et difficile. Le principe est simple : deux entraînements, vous choisissez celui qui vous plaît, il est possible d'alterner à n'importe quel moment. L'entraînement physique consiste simplement en une course d'endurance : vous devrez faire le tour du campement. Quant à l'entraînement magique vous n'aurez qu'à forcer vos runes sans interruptions ici-même.''

Je haussai un sourcil. Courir était une question d'endurance en effet, mais le tour du camp, je l'avais moi-même déjà fait à multiple reprises. Quant à ce qui est de forcer ses runes, il s'agissait d'un exercice simple que tout runique connaissait. Il suffisait de maintenir ses runes apparentes sans lancer la moindre magie runique. Cela demandait une bonne concentration et puisait dans nos ressources magiques, mais rien d'impossible, même le ventre vide. Aux murmures qui parvenaient à mes oreilles, personne[color="#ff0000"][s]s[/s][/color] d'autres ne comprenaient pourquoi Ultir avait fait tant de spectacle autour de cette ''épreuve'' qui ressemblait plus à un échauffement. Il ne fallut pas longtemps pour comprendre.
-''Bien, il est donc bientôt une heure de l'après-midi.'' dit-il en regardant le quadrant solaire au centre de la cour. ''Cela nous laisse donc douze heures d'épreuve avant demain...''
Je me figeai en entendant ces mots. Malik était bouche-bée. Nous allions nous entraîner pendant douze heures, le ventre vide depuis la veille au soir. Je réalisais enfin dans [color="#000000"]quel[/color] pétrin je m'étais, volontairement, jeté.

-''Je vous conseille de régulièrement changer entre les deux exercices, afin de ménager au maximum votre énergie, qu'elle soit magique ou physique. Il est toujours possible d'abandonner, que ce soit maintenant ou à n'importe quel moment de l'épreuve. Il vous sera remis un paquetage contenant deux gourdes d'eau ainsi qu'une ration équivalente à un repas. Vous n'aurez rien d'autres jusqu'à demain, gérez correctement vos ressources.'' énonça-t-il.

Nous n'aurions presque rien pour survivre à cet enfer. Comment voulait-il que qui que ce soit réussisse son test surhumain ?! Je cherchais Malik des yeux, espérant le voir se résigner et m'indiquer la direction des cuisines d'un mouvement de tête. Il était au milieu des autres boules de muscles, tous souriaient. Ils ne trouvaient pas cela facile. Ils avaient hâte de relever le défi. Étais-je le seul homme sensé dans ce tas de brutes !?


-''Oh et une dernière chose. Il est strictement interdit de venir en aide à un autre participant. La moindre personne que je surprendrais à donner de ses vivres où aider un soldat trop fatigué pour marcher, sera disqualifiée. Je participerais à l'épreuve pour m'assurer que ces règles demeurent inviolées.'' Modifié par Aleron
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  • 3 semaines après...
A présent, c'était clair. Je n'avais aucune chance. Une épreuve d'endurance où je ne pourrais compter que sur moi-même ne m'était pas favorable.
Certains soldats se plaçaient dès à présent au centre de la place, se préparant à l'épreuve de magie. D'autres s'amassaient près d'Ultir, échauffant leurs muscles pour la course.
Plusieurs larbins arrivèrent, portant difficilement de lourds sacs. J'observais l'un d'eux, il était jeune, très jeune.

L'armée embauchait souvent les enfants des familles trop pauvres pour avoir le choix. Les richesses étaient des plus mal réparties. Les écarts étaient tels que certains devaient se battre pour survivre à la faim chaque jour tandis que les nobles devaient se faire vomir pour goûter chaque plat.
Le jeune homme s'approcha de moi avant de déposer le sac à mes pieds. Je n'eus pas le temps de le remercier, il était déjà reparti chercher les autres sacs. Cela aurait pu être moi. J'aurais pu être ce gringalet mourant de faim et trimant dans le seul but final de prolonger son calvaire.


Je n'avais pas le droit de me plaindre. J'entrepris de soulever le sac mais j'en étais incapable. En l'ouvrant je pus voir le contenu annoncé : deux gourdes pleines accompagnées d'un bon nombre de lanières de bœuf séché ainsi qu'un quignon de pain dur enroulé dans un torchon. Je découvris avec surprise que le fond du sac était tapissé de pierres.

L'exercice n'était visiblement pas assez difficile aux yeux de notre nouveau colonel…

Je poussais à grand peine mon sac jusqu'au centre de la cour, le faisant rouler faute d'autre technique probante.
Une fois en place, je savais que mon sac ne bougerait plus jusqu'à la fin de l'épreuve. Ou jusqu'à mon abandon.


Le colonel aussi avait son sac. A quoi bon se rajouter cette contrainte ? Rien ne l'y obligeait.
Une pensée me traversa l'esprit. Je crois que c'est depuis ce moment précis que j'admire particulièrement le colonel Ultir. Il ne faisait pas l'épreuve pour surveiller que nous ne trichions pas, comme il le disait, du moins pas seulement. Il faisait l'épreuve pour nous soutenir, nous montrer que c'était possible, nous encourager par l'exemple. Du moins c'est ce que je crois, aujourd'hui encore.


Le colonel se tourna vers les participants de l'épreuve magique, dont je faisais partie. Il nous détailla du regard, repérant chaque homme et chaque femme puis, comme un ordre de départ muet, il déclencha ses runes. Nous fîmes tous de même. Le jeu de lumière était magnifique bien qu'atténué par la lumière du jour. Les runes de toutes les couleurs éclairaient la cour, effaçant les ombres des tentes avoisinantes. Du rouge, du bleu, du violet, une lumière d'un blanc parfait même.

Ultir hocha la tête avant de se tourner vers les soldats… les brutes, plutôt, ayant choisi la course.

Les runes du colonel arboraient toujours ce vert magnifique et hypnotisant. Elles luisaient avec une intensité si faible à présent, qu'il était difficile de les discerner, mais elles étaient bien là. Il continuait de forcer ses runes. Maintenir ses runes à un niveau si bas n'est pas éprouvant pour les réserves magiques de l'utilisateur, mais cela demande une maîtrise et une concentration à toute épreuve.

Je regardais mes propres runes, elles brillaient bien trop. Je devais réduire ma consommation, j'avais une longue journée devant moi. L'utilisation des runes puise dans l'énergie magique mais, si on les utilise trop longtemps ou en trop grande quantité, la magie trouve son carburant dans le physique. Une utilisation trop poussée fatigue le runique, lui donne des migraines, puis, endommage ses organes. Beaucoup de runiques sont morts simplement en utilisant leurs pouvoirs ou en tentant un sort trop puissant.

Le temps d'ajuster l'énergie de mes runes, le colonel était parti, suivi des nombreux soldats coureurs.

Nous n'étions pas très nombreux au centre de la cour. La majorité était comme moi, plus … disons spirituel, que physique. Je supposais que, lorsque ma magie serait presque épuisée, j'aurais intérêt à changer d'exercice, histoire de la laisser se régénérer quelque peu. Mais inutile de se faire d'illusions, je n'étais pas même capable de porter mon sac, un tour de terrain au rythme imposé par Ultir aurait suffi à m'épuiser sans me permettre de récupérer une quantité d'énergie runique respectable. Sans parler de maintenir une quelconque concentration sur mes runes en étant épuisé physiquement !


Le début de l'exercice, bien qu'assez simple, semblait incroyablement lent. Toutes les dix à quinze minutes environ, je voyais le groupe de coureurs boucler, une nouvelle fois, leur tour d'épreuve. Tout cela devenait presque soporifique. A tel point que je me demandais si je ne finirais pas par m'endormir bien avant d'atteindre mes limites.

Comme pour me rassurer, le temps y mit du sien. Une fine pluie commença à tomber. C'était le genre de pluie suffisamment dense pour vous faire relever votre capuche mais encore trop faible pour vous obliger à refermer votre manteau. Le genre de pluie agaçante qui ruine votre concentration.
Ce qui était torpeur et apaisement devint pur agacement, une véritable torture.
Les deux exercices souffraient de cette pluie. Les coureurs devaient surveiller leurs pas sur le sol boueux, la pluie venait s'ajouter à la fatigue de leurs muscles et la luminosité, ainsi que la température, avaient drôlement baissé.

Le groupe de coureur passa devant moi. La majorité commençait à souffler à pleins poumons et je m'attendais à les voir abandonner, ou tout du moins rejoindre notre exercice. Le colonel était toujours devant et, en fronçant les sourcils, je remarquai un détail des plus discrets, au niveau de ses pieds. Ses runes étaient encore forcées.


C'est peu après l'apparition de cette pluie que les abandons ont commencé. Petit à petit, ceux qui comprenaient que l'épreuve n'en était qu'au commencement, et leurs forces à leur fin, quittèrent la cour en direction des cuisines. Parmi notre groupe, plusieurs roulements avaient déjà eu lieu. En réalité nous étions deux à n'avoir jamais quitté l'exercice runique. Moi-même et un autre soldat dont j'ignorais jusqu'au nom. Je l'observais attentivement. Il n'était pas très grand probablement ma taille si ce n'est moins. Il ne portait qu'une armure légère, probablement un archer ou un éclaireur. Ses bras, et tout le reste de son corps d'ailleurs, arboraient la musculature sèche d'un homme qui s'entraîne chaque jour.

Je ne connaissais pas cet homme mais, en le regardant, j'aurais imaginé un homme physique qui serait parti courir avec les autres, mais il était là, à mes côtés. Ses runes azures scintillaient doucement sans osciller, trahissant une maîtrise hors pair de sa magie. Je n'avais aucune idée du type de magie que cet homme utilisait, mais il s'en servait en permanence de même que de sa force physique, j'en était sûr. Il semblait doté d'une endurance impressionnante, du genre que l'on n'acquiert que par une pratique intensive et régulière.



Parmi les runiques qui se battent, il y a trois catégories.

Ceux qui ne se servent pas réellement de leur pouvoir, les guerriers. Souvent car leur pouvoir n'a pas réellement de synergie militaire ou par manque de maîtrise, de puissance, cela dépend. En général, ils pourraient tout aussi bien ne pas être runiques, cela ne changerait rien.

Il y a aussi ceux qui n'ont que leur magie, je me considère d'ailleurs comme appartenant à cette catégorie. Plus du genre chétifs et fragiles, leurs armes ne sont ni leur corps ni leur équipement mais leur esprit et leur magie. Ces mages peuvent être redoutables lorsqu'ils déchaînent leur puissance mais cela leur coûte cher et ils peuvent perdre de leur efficacité rapidement.

Et puis il y a la troisième catégorie. Les mages de batailles, ces guerriers qui utilisent autant leur magie que leur force. Cet homme était l'un d'eux, tout comme le colonel. Ils sont parmi les runiques les plus puissants. Rapidement remarqués par les agents de l'empereur, on leur offre souvent un poste clé comme la protection d'un haut gradé, voire de l'empereur lui-même.
Si cet homme était encore un simple soldat, c'est qu'il avait caché ses pouvoirs ou refusé leur offre, ce qui est rarement bien pris. Peut-être avait-il vu en le colonel un officier digne de ses capacités.

Je décidai de ménager ma magie quelque peu le temps de faire quelque tours de course lorsque je le vis passer. Un soldat en piteux état qui semblait au bout de ses forces. Il tentait tant bien que mal de poursuivre sa course, pataugeant dans la boue, les pieds lourds et le souffle court.
Je ne le connaissais pas et ne le connaîtrais jamais mais je sentis mon cœur se serrer en le voyant s'effondrer de tout son long sous l'effort implacable qu'il maintenait depuis maintenant plusieurs heures.
Il demeurait là, inconscient, à une dizaine de mètres de moi. Je devais l'aider, tenter quelque chose. Voilà un moment que le colonel n'est pas passé, il ne devrait pas tarder, il fallait que je me décide et vite. L'aider me ferait risquer l'exclusion et le laisser me hanterait probablement pendant longtemps.

Je demeurais là, indécis. Modifié par Aleron
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  • 2 semaines après...
[quote]Les écarts étaient tels que certains devaient se battre pour survivre à la faim chaque jour tandis que les nobles devaient se faire vomir pour goûter chaque plat.[/quote]

Ca me rappelle Hunger games 2 XD J'espère que tu n'y puise pas ton inspiration car c'est vraiment un déchet cette histoire :P/>

[quote] ce qui est rarement bien [b]prit[/b][/quote]

Attention à la relecture et aux fautes bêtes comme celle là ! Y en a tout un tas d'autres mais pas le temps de les lister ;)/>

Pour l'épreuve, c'est pas mal ! Y a du rythme et on sent la galère. Pour l'instant, c'est pas mais gênant mais attention à pas trop rester dans la tête de ton soldat, les dialogues aident aussi à nous sortir de là ! Ca te concerne pas encore ce problème mais plus tard, oublie pas :P


@+
-= Inxi =- Modifié par Inxi-Huinzi
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[quote] Joyeux Noël à tous et bonnes fêtes ! Un petit "cadeau" pour vous en retard. Merci encore pour ton suivi et tes conseils, Inxi-Huinzi ! Voila le dernier post concernant Lucius et la fin de ce chapitre, la suite sera donc à travers les yeux de Caldera. Bonne lecture![sub] [/sub][/quote]

Cela faisait désormais deux heures, peut-être trois, que l'épreuve avait commencé. Le temps paraissait passer au ralentit et il était difficile de savoir l'heure exacte. Les nuages masquant le soleil rendaient le cadran solaire inutile.
Le soldat épuisé était toujours étendu devant moi et j'avais l'impression d'être le seul au courant de sa présence.

Le groupe de course avait été dispersé depuis un moment déjà, chacun allant à son rythme, en respectant un certain minimum. Si bien que plusieurs personnes étaient déjà passées à côté du pauvre soldat allongé face contre terre, à même la boue. Ils n'avaient pas ralenti, pas même daigné tourner le regard vers lui.
Un sentiment me frappa en remarquant l'indifférence de chacun envers leur pair. Etait-ce le premier soldat à perdre connaissance en pleine course ? Je ne pouvais voir qu'une infime partie du tracé qu'ils suivaient. Combien étaient déjà tombés ? Jusqu'où étaient-ils prêts à aller pour réussir cette épreuve ? Je secouai la tête, chassant l'idée des participants mourants, allongés dans la boue, laissés seuls face à leur sort.

Je vis Malik arriver, il avait toujours la même allure mais s'était détaché du reste du groupe, probablement pour pouvoir courir plus librement. Il respirait fort, inspirant par le nez et expirant par la bouche. Il semblait fatigué mais je savais à quel point cet homme peut être endurant.

Ce fut le premier, mis à part moi, à remarquer l'homme allongé dans la boue. Il s'arrêta, observant un instant ce soldat avant de chercher quelqu'un du regard, certainement Ultir. Je me précipitai vers lui, il allait tenter quelque chose pour cet homme, j'en étais sûr. Malik n'était pas du genre à laisser quelqu'un dans le besoin sans aide. Je faisais cette épreuve pour Malik, mais lui la faisait pour accomplir son rêve, ses ambitions. Je ne pouvais pas le laisser tout gâcher, c'était à moi d'intervenir.

Avant que j'arrive jusqu'à lui, il avait déjà attrapé le pauvre bougre pour le poser sur son épaule.
-''Malik, qu'est-ce que tu fais ? Si Ultir te voit, tu seras disqualifié !'' lui dis-je.
-''Cet homme va y rester si je ne fais pas quelque chose Lus' ! Tu penses vraiment que le colonel est du genre à abandonner un homme car il aide un congénère ?"
Je vis la détermination dans son regard, le genre de détermination qu'aucun de mes arguments ne pourraient vaincre. Je me contentai de hausser les épaules en guise de réponse.
-"S'il est ce genre d'homme alors qu'il me disqualifie, je ne veux pas me battre pour un autre de ces officiers avides de victoire et pour qui la fin justifie les moyens." me dit-il, toujours aussi sûr de lui.

Je voulais l'aider mais je n'étais pas capable de porter cet homme à sa place et ne trouvais aucune idée qui en vaille la peine.
Malik commença à s'éloigner avec son fardeau.

Le tour complet, au rythme du colonel, prenait environ un quart d'heure à parcourir. Malik aurait pu avoir largement le temps de s'éloigner jusqu'aux cuisines et de revenir sans être remarqué par Ultir, il aurait pu si ce dernier n'était pas arrivé à ce moment précis.
Malik et lui échangèrent un regard. Il ne dit rien, ne fit rien, ne ralentit même pas et se contenta d'un hochement de tête discret. Sans s'arrêter de courir, il porta son regard sur moi, regardant à mes pieds. Avec toute cette histoire, mes runes n'étaient plus forcées depuis quelques minutes.

La situation m'échappait mais je tentais de ne pas y penser plus longtemps, forçant à nouveau mes runes avant de retourner au centre de la cour.
Malik continuait son voyage jusqu'aux cuisines.

Allait-il revenir ? Ce regard, était-il un renvoi muet ? Ou était-ce le contraire ? Ultir n'avait rien dit à un soldat enfreignant ses propres règles, sous son nez ! Il l'avait même salué.

Et si ces règles étaient une partie plus tacite de l'épreuve ? Un autre test en somme. Ne pas s'entraider, ne pas venir en aide aux autres. Le but final n'était pas de tenir individuellement jusqu'au lendemain mais bien que le plus d'entre nous y arrive, ensemble. En aidant cet homme, Malik ne s'était pas privé d'une place sous les ordres d'Ultir, il se l'était assurée.

Le reste de l'épreuve devint bien plus supportable en réalité. Comme si nous avions tous compris en même temps ce que je supposais. La règle interdisant l'entraide était un test, pas une règle à proprement parler. Chacun partageait son eau, sa nourriture, avec ceux qui en manquaient. Les plus doués en course portaient de temps en temps le sac des plus faibles qui les remerciaient en leur donnant de leur énergie magique. L'exercice en était presque simple, pour tout le monde.

Simple, au début en tout cas. Car même sans pierres dans le sac, même avec quelques réserves d’énergie supplémentaires, cette épreuve était sans pitié. Sa durée, le sol qui devenait de plus en plus boueux, tout cela nous handicapait et devenait rapidement à la limite du supportable. Quelques abandons s’en suivirent. Ceux qui étaient légèrement trop faibles pour une telle épreuve compensaient par une détermination à toute épreuve. Tous enduraient la douleur et la fatigue, tous acceptaient la difficulté et la longueur de ce défi. Nous nous tuions à la tâche, d’autres perdirent connaissance et furent acheminés jusqu’aux cuisines. Ceux qui avaient déjà abandonné vinrent nous observer, nous encourager. Nous devions réussir, il le fallait. Tous les efforts fournis jusque-là ne devaient pas être vains. Nous nous devions également de réussir pour ceux qui avaient échoué. Cette épreuve était sensée nous apprendre la solidarité, si nous ne pouvions pas nous permettre d’abandonner comme nos camarades, nous ne pouvions pas non plus échouer après tout cela.

Le rythme d’Ultir avait diminué, il se fatiguait donc aussi. Parfois quand je le regardais, j’avais l’impression qu’il avait fait cela toute sa vie, qu’il ignorait la fatigue et la douleur mais le nuage de vapeur qu’il expulsait à chaque respiration était de plus en plus dense. La pluie avait embourbé le sol mais elle avait également amené le froid. Pas un froid glacial, mais assez pour ralentir les coureurs et figé encore plus ceux qui demeuraient immobiles. Comme moi. Je commençais à trembler, déformant mes runes en même temps que ma concentration. L’homme à côté de moi, quant à lui, semblait capable de maintenir la même concentration qu’il fasse beau temps ou qu’il soit sous une cascade. Cet homme disposait d’un calme et d’une maîtrise de soi-même hallucinante. Je n’osais imaginer la puissance qu’il pouvait déployer au combat et remerciais Dragol que cet homme soit dans mon camps et pas en face.

La faim me taraudait, la fatigue m'assaillait et, pire que tout, la pluie ruinait ma concentration. Je ne pouvais plus maintenir mes runes au niveau le plus faible possible, je ne pouvais plus penser qu'au repas qu'on m'avait promis si je me rendais aux cuisines. Au repas et à la chaleur qui devait y régner. J'avais réussi à faire fi de tout cela mais c'était de plus en plus difficile.


A chaque passage du colonel, outre ses runes encore et toujours forcées, je remarquais quelque chose d'anodin. Le groupe de soldats le suivant au même rythme que lui diminuait, petit à petit. Les soldats constituant ce groupe changeaient également mais une femme demeurait.
derrière lui depuis le début de l'épreuve.
Elle jetait toujours un regard vers nous en passant, s'inquiétant de notre réussite. Ou, au moins, de la réussite de ce mage de guerre à côté de moi. Ils semblaient se connaitre. Je ne pouvais dire d'où venaient ces deux-là, mais une chose était sûre, leur niveau était bien supérieur à la moyenne.

J'appris plus tard que ces deux soldats étaient les derniers survivants d'un bataillon envoyé au Nord afin de stopper la révolte elfe en cours à ce moment. Ils étaient des soldats d'élites, et probablement tous deux des mages de guerre.
Ni lui ni elle n'avaient prêté main forte à un camarade, pas plus qu'ils n'avaient demandé la moindre aide.

Cela ne semblait pas gêner le colonel, il comprenait certainement la difficulté pour un soldat qui avait perdu tous ses proches de faire confiance aux nouveaux collègues… Mais il y avait autre chose, comme s'il avait déjà pleine connaissance en leur potentiel. Je commençais à me demander si Ultir lui-même n'avait pas agi de son côté pour s'assurer de leur participation.

-« N'essaye pas d'oublier la pluie » dit le mage de guerre, me faisant sursauter.
Il me regardait de ses yeux du même bleu que ses runes. Il semblait avoir une vue si perçante que je sentais son regard me transpercer.

-« Concentre-toi dessus. » continua-t-il.
Je ne savais pas comment réagir, je voulais lui demander plus de détails mais il avait déjà détourné le regard, se replongeant dans l'exercice.Je pouvais sentir chaque goutte, chacun de leurs impacts, formant une mélodie proche du brouhaha. J'écoutais cette musique, harmonisant au possible mes runes, rendant les courants d’énergie runique plus fluides en moi. Je pouvais reprendre le test.

Lorsque l'exercice se termina, nous étions tous épuisés, bien que cela se voyait bien plus sur certains, comme moi, que sur d'autres. Les deux mages de guerres, Ultir et Malik semblaient être les moins amochés.
Ultir se tourna vers nous tous. Je ne voyais toujours pas son visage, mais ses yeux semblaient trahir une légère fierté.

-"Félicitations à vous tous, vous êtes reçus." dit-il, rapidement acclamé par tous les soldats.
Malik m'attrapa brusquement me cognant amicalement sur l'épaule avant de me frotter la tête du poing, évacuant le trop-plein de joie en lui. Evacuation un peu violente à mon gout, mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Les mages de guerres se regardèrent en souriant mais sans aucune exultation ou surprise.

-"Vous avez tous trois jours de permission, après cela nous entamerons le tournoi. Reposez-vous bien, je vous veux au maximum de vos capacités." ajouta le colonel avant de nous saluer. Le salut militaire m'a toujours attiré. Les pieds serrés, le torse bombé, le corps droit. Le poing droit refermé sur le cœur, symbolisant l'offrande de sa vie pour la cause, l'armée. L'autre poing demeurait le long du corps, bien visible, censé représenter l'absence de coup en douce, de traitrise.

La joie était encore là, mais le sérieux nous repris. Un sérieux enthousiaste en somme. Nous lui rendîmes son salut, souriants et impatients. Modifié par Aleron
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[quote]que l'épreuve avait [b]commencée[/b][/quote]

[quote]Le groupe de [b]soldat [/b]le suivant[/quote]

Encore un peu trop de fautes d'après moi, attention.


Pour le fond, j'ai bien aimé cette partie sur l'entraide, je m'attendais a ce qu'ils doivent faire quelque chose de plus stupide mais ils s'en sortent bien ! J'aurais bien aimé que la fin soit quand même plus axé sur la difficulté car après l'aide au soldat, on dirait que c'est comme une formalité et que c'est facile alors que que neni.

Allez suite !

@+
-= Inxi =-
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[quote]Et voila la suite, déjà! [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/wink3.gif[/img] Bonne lecture et n'hésitez pas à donner vos impressions, vos critiques, vos remarques ![/quote]

[center][center][u][color="black"][size="2"][size="5"]Chapitre IV : Un nouveau venu[/size].[/size][/color][/u][/center][/center] [center][i][color="black"]"Cette guerre va changer la face de ce monde, mais ce sont les dieux et leur tour, le véritable ennemi."[/color][/i][/center] [i] [/i][center][i][color="black"]Aleron.[/color][/i]
[/center]


[center][center] [/center][/center]
[color="black"]Slain se tenait là, au sol, toujours conscient. Le sang affluait de sa fracture ouverte et je savais d'ores et déjà qu'elle lui serait fatale. La scène était horrible et il m'était impossible de regarder cette blessure une seule seconde de plus. Je me souviens encore aujourd'hui des os à l'air libre, rapidement baignés dans le sang. L'armure en cuir n'avait servi à rien face à un tel choc. La chaire avait été déchiquetée comme du papier, les os émiettés comme un rien. Mais le plus terrible restait les cris du pauvre homme. Il aurait été préférable qu'il meure sur le coup, pour tout le monde. Le pauvre assassin hurlait à la mort, tenant sa cuisse ensanglantée, les yeux rivés sur sa jambe.[/color]
[color="black"]Son confrère le regardait, figé. L'attaque avait été trop soudaine, trop rapide, trop dévastatrice.[/color]
[color="black"]Je tournais la tête, fuyant du regard cette scène, ne percevant plus que les cris qui en provenaient.[/color]

[color="black"]Un autre cri, des plaintes et autres suppliques. L'Archange n'en avait pas fini avec Slain. C'est ce qui décida mon agresseur à agir. Il me repoussa au sol, s'élançant à la rescousse de l'humain. Je pris sur moi, puisant dans mon courage, pour tourner la tête, surveillant qu'il n'arrive rien à mon sauveur.[/color]
[color="black"]Il se tenait debout, dos à moi. Il attrapa la cheville encore valide de l'assassin implorant et, d'un coup sec de son pied recouvert de runes, brisa la jambe dans un bruit déchirant. Slain perdit connaissance sous le coup de la douleur. Le pauvre homme mettra encore probablement de longues minutes à mourir réellement. Trop concentré sur sa tuerie, l'Archange n'entendit pas arriver le deuxième assassin.[/color]

[color="black"]L'homme bondit derrière sa cible, la dague au poing. Il se cala sur son dos, plantant sa lame vers l'omoplate droite de son adversaire qui laissa échapper un cri retentissant. Un cri qui n'était clairement pas humain, un cri qui raisonna dans toute la forêt et qui raisonnera encore en moi pendant longtemps. On n'entendit plus un seul oiseau dans la région pendant plusieurs jours après cela.[/color]
L'Archange se saisit de son agresseur d'une main, son bras illuminait tant sa magie y était concentrée. D'un geste dévastateur, il le projeta sur un arbre avec une violence impressionnante. L'homme ne bougeait presque plus, sonné par le choc. Pendant quelques longues secondes, le héros des dieux tenta d'atteindre la lame de sa main gauche. Il poussa un autre cri déchirant lorsqu'enfin, il parvint à la retirer. La blessure était sérieuse, elle saignait abondamment et commençait à se noircir sous l'effet du poison.

Je voulais me lever, courir pour l'aider, mais tous mes muscles étaient raidis à n'en plus pouvoir bouger. Les séquelles de ma captivité sans oxygène étaient dissipées mais je ne pouvais toujours pas esquisser le moindre mouvement. La seule chose dont mon corps était encore capable était de trembler comme une feuille, les os transis par les cris de mon sauveur. Les Archanges ne sont pas que des protecteurs, une fois dans la bataille, ce ne sont plus que des machines à tuer sans pitié.

L'Archange laissa tomber la dague, se dirigeant lentement vers son ennemi encore hébété. Il marchait difficilement, titubant presque. Je le vis saisir son adversaire par le crâne d'une main avant de le soulever au-dessus du sol. L'assassin se débattait de toutes les forces qu'il lui restait, en vain.
Je détournai le regard, prise d'un haut-le-cœur. Les cris de cet homme, les craquements de sa boîte crânienne, le silence oppressant qui entourait cette scène. Pas un seul bruit autre que ceux de la mort, pas de refuge ni d'échappatoire à cette exécution. Je fermais les yeux le plus fort possible, me bouchant les oreilles des deux mains. Je voulais fuir, je voulais oublier. Ma tête me faisait mal tant j'appuyais sur mes oreilles pour les insonoriser. Pas moyen de faire disparaitre cette scène. Les cris s'étaient arrêtés. Pas les craquements. Plusieurs sons plus forts par moment, à chaque fois qu'un doigt pénétrait l'intérieur du crâne, jusqu'à son ultime oblitération.


Je vomis.
Plus un bruit, le silence le plus total. La forêt semblait dans le même état que moi. Le silence n'était plus déranger que par la chute de ce corps mutilé, les odeurs de pins remplacées par celle de la mort omniprésente autour de moi à présent. J'entendis quelques pas de l'Archange vers moi. Des pas lents, maladroits puis la chute d'un autre corps plus lourd et massif.


Je restais là, tremblante dans mon vomi, n'osant pas tourner la tête ni bouger le petit doigt, comme une gamine ayant fait un cauchemar, attendant qu'on vienne l'aider.
J'avais froid, mon ventre me faisait mal, comme transpercé par une pointe invisible, je sentais mon cœur se serrer au point de presque imploser. Il battait si vite, si fort. Le sang frappait mes tempes violemment, le monde semblait tourner autour de moi.


Après une dizaine de minutes, qui me parurent des heures, deux elfes arrivèrent, surement attirés par les cris monstrueux de l'Archange. Ils regardèrent l'ensemble de la scène, bouche bée. L'un d'eux vint vers moi, m'assaillant de questions que je ne compris pas, mon ouïe semblait défectueuse et les sons me parvenaient assourdis comme si mes oreilles étaient plongées dans l'eau. Il me demandait probablement comment j'allais, ce qui s'était passé. Je le connaissais, c'était un des chasseurs de mon village, Soldran. Je le regardais, hébétée par les récents évènements. L'autre chasseur passait d'un corps à l'autre, masquant son visage de sa manche pour ne pas succomber aux relents de mort. Il cria quelque chose à son ami lorsqu'il arriva au niveau de l'Archange. Ils allaient l'achever. Je me tournai vers Soldran et articulait difficilement :
-"Il m'a protégé, il faut le sauver !"
Je répétais cette phrase, encore et encore, comme une démente. Il finit par poser une main sur mon épaule, me lançant un regard rassurant. Soldran hurla quelque chose à son compagnon qui sembla marmonner son désaccord. Il chargea néanmoins l'Archange sur la plaque qu'il avait dans le dos servant habituellement à transporter les gros gibiers. Soldran me souleva doucement et, suivit de l'autre chasseur, m'amena jusqu'au village. C'est à ce moment-là que je perdis connaissance.


Lorsque je rouvris les yeux, j'étais chez Aleron. Je viens si souvent ici que je reconnu l'intérieur immédiatement. J'étais encore migraineuse, ma bouche était pâteuse et mes jambes engourdies. Je suppose que Soldran avait décidé de m'amener directement ici, Aleron et Noïsha sauraient quoi faire de moi, et surtout de l'Archange. Pour tout le monde, il n'était qu'un humain comme les autres, aussi, ramener un humain au village serait plus que mal vu. Soldran avait probablement estimé qu'il serait plus sûr de nous amener chez Aleron et de garder le secret à ce sujet.
Je balayais la pièce du regard. Il était là, au-dessus du lit, les bras croisés, me fixant de son regard de père autoritaire sur le point de me gronder. Non, c'était plus sérieux cette fois.
Aleron m'observait patiemment. Il avait probablement été mort d'inquiétude à mon sujet mais l'inquiétude attendrait.

Il prit la parole lentement, appuyant bien sur chaque syllabe.
-" Il faut que l'on parle, Caldera. " Modifié par Aleron
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Oh oh !

Y en a une qui va avoir le droit à des remontrances par toi-même :P Enfin pas obligé au final parce qu'elle est pas forcément responsable de ce qui lui arrive ! En tout cas en attendant, que ce soit l'un ou l'autre, ils sont en piètre état, voyons s'il y aura des séquelles ;)

@+
-= Inxi =-
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  • 2 semaines après...
Plop,

Vieux motard que jamais, j'apporte une petite contribution à ton histoire.

J'ai beaucoup aimé la description de l'épreuve de sélection même si la fin m'a parut trop rapide, trop brutale. Comme l'a déjà dit Inxi, on a l'impression qu'une fois qu'ils ont compris qu'ils pouvaient s'aider, tout devient facile.
Si je me réfère à la marche des 50 km faite par les légionnaires de l'Armée Française lors de leur incorporation, c'est clairement pas de la tarte, surtout qu'ils n'ont pas 12 heures pour le faire et qu'ils ont évidemment le droit de s'entraider.

Là, les gus courent pendant une demie journée, pas forcément à un rythme éreintant, mais quand même quoi... 12 heures à courir, sous la pluie, j'ose même pas imaginer l'état de leurs pieds à la fin, avec un sac de caillasse sur dos...

Et Ultir, il est frais comme un gardon à la fin? Ou il a quanf même un peu douillé?

'fin bon, c'est juste ce ressenti un peu bizarre qu'on a à la fin qui vient un peu gâcher le plaisir de voir ton/tes héros réussirent.


Autre point qui me chagrine un peu: l'Archange.
Je le voyais vraiment comme un monstre de puissance et d'endurance, capable de résister à à peu près tout. Et là, un petit coup de dague empoisonnée et...terminé, KO technique.
Tu me pardonneras, mais du coup, je le vois vraiment pas à sa place sur un champ de bataille.

Surtout que tu nous précises bien que:

[quote]Les Archanges ne sont pas que des protecteurs, une fois dans la bataille, ce ne sont plus que des machines à tuer sans pitié.[/quote]

Parce que sinon, le plan est tout simple: on envoie vingt gus avec des lames empoisonnées; y'en a bien un qui va arriver à le blesser, l'archange tombe dans les vaps et puis, ben y'a plus qu'à l'achever...

J'aurais plus imaginé le fait que justement, malgré le poison sur la lame, ça lui fasse pas grand chose. Que son corps élimine les toxines à la Wolverine ou un truc du genre.

Quelque chose de bien épique dans le genre:

"L'homme bondit derrière sa cible, la dague au poing. Il se cala sur son dos, plantant sa lame dans l'omoplate droite de son adversaire qui laissa échapper un cri retentissant. Un cri qui n'était clairement pas humain, un cri qui raisonna dans toute la forêt et qui raisonne encore en moi lorsque j'y repense. La région resta silencieuse plusieurs jours, le chant des oiseaux laissant uniquement place aux murmures du vent.
D'un mouvement d'épaule l'Archange se débarassa de son agresseur, l'envoyant rouler à terre.
Ses yeux qui brillaient d'un éclat sauvage s'étaient assombris. Ses pupilles du noir le plus pur se dilatèrent jusqu'à emplir la totalité de ses yeux. D'une voix grave et rocailleuse, issue des profondeurs du temps, il prononça ces quelques mots:
-Je suis la mort...

Il souleva son agresseur d'une seule et d'un geste dévastateur, il le projeta sur un arbre avec une violence terrifiante. L'homme rebondit mollement sur le tronc avant de s'écraser lourdement au sol. Il ne bougeait presque plus, son dos brisé formant un angle incongru avec son bassin.

Le héros des dieux tenta d'atteindre le couteau qui dépassait toujours de son dos, le poison suintant lentement le long de la lame. Il poussa un autre hurlement de rage lorsqu'enfin, il parvint à la retirer. La blessure était sérieuse, elle saignait abondamment et commençait à se noircir sous l'effet du poison.

Mais son métabolisme surhumain prit rapidement le dessus, et son sang parfait, après avoir rejeté les toxines, commença à coaguler.

L'Archange laissa tomber la dague, se dirigeant lentement vers son ennemi agonisant. Je le vis saisir son adversaire par le crâne et le soulever au-dessus du sol comme s'il ne pesait rien. L'assassin tenta mollement de se débattre, en vain.
Au travers du sang qui emplissait sa bouche il gargouilla:
-Pitié...

Les yeux noirs comme du charbon de l'émissaire divin plongèrent dans ceux du mourant. Sa voix n'était qu'un murmure, la rendant d'autant plus terrifiante.
-Plus aucune pitié.

Je détournai le regard, prise d'un haut-le-cœur. Les cris de cet homme, les craquements de sa boîte crânienne, le silence oppressant qui entourait cette scène..."

Bon désolé, je me suis enflammé, mais c'est le genre de scène que j'affectionne et sans remettre en cause ta vision des choses, j'aurais préféré quelque chose dans ce style.

En espérant lire la suite,

Crio
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  • 2 semaines après...
[quote]Bien le bonjour ! Voila la suite de mon texte. Cryomega, je pense que tu auras la réponse à tes interrogations dans ce post ! [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/wink3.gif[/img] Le prochain post dévoilera beaucoup plus sur l'histoire et l'univers. Pour ce qui est de la fin de l'épreuve, j'ai conscience de l'avoir en quelque sorte bâclée. L'humeur n'était plus dans cette partie de texte et j'ai préféré sauter cette partie que la raté. Je réécrirais cette partie avant mon prochain post, ou celui encore après, promis! Bonne lecture ! [/quote]


Aleron faisait les cent pas, sans savoir par où commencer. J'étais toujours dans son lit, récupérant mes forces petit à petit. Les draps étaient propres, j'avais sûrement dû transpirer pendant toute la nuit mais Noïsha les avait changées. Cette femme était si attentionnée qu'elle en oubliait bien souvent de se soucier d'elle-même. Mais pour le moment je devais subir les conséquences de mes actes. Je m'attendais à devoir donner les raisons qui m'avaient poussé à m'infiltrer dans un camp humain, mais Cyaphas avait probablement déjà parlé pour moi…

-« Cyaphas ! Il s'en est sorti !? Il va bien !? » m'écriai-je, surprenant Aleron dans sa réflexion.
Il me regarda en fronçant les sourcils, comme s'il avait déjà oublié cette histoire et tentait de se la remémorer.
-« Oui, oui… Nous parlerons de cela aussi, une autre fois » répondit-il visiblement toujours en colère.
De cela aussi. Comment ça « aussi » ? Mon infiltration, bien que stratégiquement avantageuse, avait failli coûter la vie à Cyaphas, à moi-même ainsi qu'à la « paix » fragile qui règne en Setla.
Si ce n'était pas cela qui le mettait dans cet état, ce devait être mon nouvel ami… J'étais assez claire d'esprit pour reconnaître les qualités et les défauts de mon expédition avec Cyaphas, mais quand je pensais à l'idée de ramener un Archange humain dans notre village, seuls les défauts me venaient à l'esprit. Une liste interminable de conséquences fâcheuses même…


De longues minutes s'écoulèrent sans qu'aucun de nous ne parle.
-« Qui est-il ? » demanda Aleron, rompant enfin ce silence qui devenait des plus pesants.
Je déglutis. Sa voix était teintée d'inquiétude, presque tremblante. Je ne trouvai pas la force de lui mentir, ni même d'atténuer la dure vérité.
-« Un Archange humain… Il m'a sauvé ! Dans le camp et dans la forêt ! Il est avec nous Aleron ! » m'écriai-je. Je devais m'être trop emportée car ma faiblesse me rappela à l'ordre. Je sentis mon ventre se serrer et mon estomac se nouer, m'obligeant à faire une pause de peur de vomir à nouveau.
-« Ce n'est pas un Archange… » me dit-il.
Une vague d'incompréhension me submergea.
-« Mais… j'ai vu ses ailes… et… » bafouillai-je.
-« Ce n'est pas un Archange » répéta-t-il, « La dague était empoisonnée avec du sang de dragon, s'il avait été ne serait-ce qu'un runique, il serait déjà mort. »
Les dragons ont toujours été les ennemis des dieux, leur sang lui-même est un poison dévastateur pour quiconque est doué de magie runique. C'est ce que racontent les légendes en tout cas. De là à croire que les dragons aient jamais existé, il y a un gouffre. Enfin, avait…
-« Où auraient-ils trouvé du sang de dragon… ? » demandai-je un peu perdue.
-« Je n'en ai aucune idée mais cet homme y a survécu alors qu'il a accès aux runes.» finit-il.
Aleron me regarda, il était tout aussi perdu que moi. Cet homme n'était pas un Archange, il était quelque chose qui nous dépassait tous.
-« Et… Où est-il ? » osai-je.
-« Tu le sauras bien assez tôt, nous allons le voir dès que Noïsha sera là. Et n'imagine pas que je vais te laisser t'en tirer comme cela, nous en reparlerons.» acheva-t-il.


Je ne m'en sortais pas si mal, finalement. On pourrait presque dire que l'opération était un succès s'il n'y avait eu ce léger problème. Ce petit détail, comme un grain de sable dans la machinerie. S'il n'y avait pas eu un guerrier humain runique... qui n'était pas un runique...

Noïsha finit par arriver, accompagnée de Cyaphas à qui je lançai un sourire. Il ne me regarda même pas. Les retrouvailles attendraient aussi, on dirait.
Elle marchait d'un pas léger et agile, comme si elle glissait sur le sol. Il émanait d'elle un tel charisme, une telle sagesse aussi. Lorsque nous étions plus jeune, Cyaphas et moi, tous les garçons étaient amoureux de cette femme. Je ne m'avancerai pas en disant que ce n'est plus le cas, mais ils ont appris à le cacher. Si la douceur et la beauté avaient une fille, ce serait elle. Noïsha était aveugle et gardait ses yeux fermés en permanence mais cela ne faisait que rajouter à la sérénité de son visage. Rien ne pouvait lui ôter le sourire.
Tout le village l'aimait, car elle était aussi le médecin ici. Sa magie était impressionnante et ne semblait pas avoir d'autre limite que l'imagination. Le jour où elle fut marquée du sceau des Élus de la Tour fut une grande fierté pour tout notre village.
Sa cécité était innée, aussi elle s'y était faite et ne semblait plus en pâtir. Ses autres sens avaient pris le dessus et, à présent, elle était tout aussi capable que n'importe qui.


Cyaphas, Aleron, Noïsha et moi-même rejoignîmes Soldran devant la grange du village. Les portes étaient fermées et un cadenas de bonne taille les scellait. Il nous salua, ouvrit le cadenas et entrouvrit une porte, nous laissant rentrer discrètement avant de refermer derrière nous. Il faisait sombre, toutes les ouvertures possibles avaient été fermées, une odeur de transpiration mêlée au sang et au bois flottait lourdement ici.

-« Heureux de voir que vous allez mieux, dame Caldera » dit une voix rocailleuse.


L'humain était enchaîné, debout contre le mur. Une petite chandelle illuminait le fond de la pièce, où il se trouvait. Ses poignets étaient liés ensemble à une poutre de la charpente si haut qu'il touchait le sol uniquement du bout des orteils.
Je revoyais le corps que je connaissais déjà presque par cœur. Ses balafres, sa musculature, cette chevelure noire cascadant le long de ce visage fin. Et ces deux yeux verts. Il m'observait, esquissant un sourire charmeur. Je ne pu m'empêcher de lui rendre son sourire.
-«Tu penses réellement que c'est le moment, le monstre ? » dit Cyaphas, probablement poussé par un élan de jalousie masculine.
L'humain tourna lentement le regard vers lui, l'observant entre ses cheveux couleur ébène qui lui masquaient en grande partie le visage.
Il s'apprêta à dire quelque chose mais Aleron ne lui en laissa pas l'occasion.
-« J'ai beaucoup de questions plus intéressantes pour toi... Pourquoi quelqu'un enverrai-t-il deux assassins avec du sang de dragon pour tuer un humain? Comment as-tu pu y survivre alors que tu es un runique ? Que faisais-tu dans ce campement ? Quel dieu sers-tu ?... » dit-il, visiblement disposé à allonger mille fois cette liste.
L'humain dévisagea Aleron un long moment.
-« Tu sembles me craindre, elfe ... » répondit-il simplement.
-« Je le devrais ? »
L'humain haussa un sourcil avant d'éclater de rire.
-« Il semblerait que tu ais déjà jugé de la réponse à cette question, n'est ce pas ? » dit-il en désignant les chaînes qui l'entravaient.
Avant qu'il ne puisse répondre, l'humain continua.
-«Si tu réponds à mes questions, je répondrais aux tiennes. » finit-il en souriant.


Aleron perdait le contrôle de cet interrogatoire et il ne semblait pas apprécier cela du tout.
-« Noïsha... ? » Dit-il simplement.
Elle s'avança en dehors de la pénombre. Le regard de l'humain se posa sur elle, changeant son expression en de l'admiration. Il dévisageait cette femme avec intensité. Il y a certaines choses pour lesquelles les hommes sont tous les mêmes.
Elle posa ses index sur les tempes du prisonnier avant de déployer ses runes. Elles étaient de la même couleur que ses cheveux : un blanc argenté resplendissant.
L'humain ferma les yeux et, comme à chaque fois que Noïsha utilise sa magie sur quelqu'un, elle ouvrit les siens. Mais ce n'étaient pas ses pupilles que l'on pouvait voir. Elle avait à présent ceux de cet homme dont on ne savait rien et dont on saurait bientôt tout. Cette magie ouvre un pont entre deux esprits, il les lient temporairement et donne à Noïsha le plein accès aux informations qui s'y trouvent. Cela et bien plus encore. Nous attendîmes de longues minutes puis elle recula, rompant le contact et refermant ses yeux embrumés.

Elle semblait perdue, incrédule.

-« C'est un Saurien. » dit-elle.

Les Sauriens sont les descendants des dragons. La seule race encore directement liée à eux. J'ai lu tellement de livres de légendes à propos des dragons et des Sauriens. Mais ce n'étaient que des légendes. Cet homme n'était pas un Archange, il était le descendant des dragons. Descendants censés être éteints depuis des siècles.

Aleron poussa un long soupir, comme si Noïsha ne lui avait dit que ce qu'il savait déjà. Il ne semblait pas accueillir particulièrement bien la nouvelle. Il lui lança un regard interrogatif auquel elle répondit en faisant non de la tête. Quelque chose avait bloqué la magie de Noïsha. Un sortilège si puissant qu'il rendait impuissante une Élue de la tour.


Il releva la tête, plongeant son regard dans celui du Saurien.
-« Je répondrais à tes questions... »
-« Bien. Dans quel monde sommes-nous ?» Modifié par Aleron
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