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Le duel des Dieux


Aleron

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Pas mal ce petit chamboulement !

Ce qui aurait été encore mieux c'est qu'à un moment dans le texte on était une sorte d'état des lieux où on parlerait des sauriens justement. Ca renforcerait la surprise et la fierté de voir le guerrier l'un de ceux là. Alors maintenant c'est peut être le cas mais je me souviens plus exactement de tous les passages d'avant !!!

En tout cas, j'aime bien, j'attends la suite puisque je suppose que dans ses dires se trouvera la trame de l'histoire !

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-= Inxi =-
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  • 2 semaines après...
[quote]Et voici la suite ! De plus, si vous faites un petit tour sur le post #20 vous pourrez voir qu'il est plus long ! le post a été complété afin de ne plus être bâclé! Bonne lecture et j'attends votre avis comme d'habitude ! [/quote]





Nous échangeâmes un regard surpris. Une théorie venait de traverser tous nos esprits, une théorie invraisemblable et qui, pourtant, expliquerait bien des choses. Cet homme ne venait pas de ce monde.
Ainsi, il existerait d'autres mondes, encore peuplés de Sauriens, et peut-être même de dragons...
Cette idée me fit froid dans le dos. Si un Saurien avait pu rejoindre notre monde, qu'est-ce-qui empêchait un dragon d'y venir ?
Aleron possède une collection de livres à leur sujet. Ennemis jurés des dieux, ils sont les premiers êtres à avoir maîtrisé la magie. L'une des plus puissantes et dévastatrices. Une magie qui n'a pas traits aux dieux.

Les livres racontent que ces dragons détenaient toute la magie du monde, empêchant à quiconque son accès. Toute la magie du monde contenue dans cinq créatures, c'était impensable, mais les livres de légendes en rajoutent toujours un peu. Chaque dragon représentait un domaine. Le ciel, la terre, le feu, l'eau, et la vie. Ils étaient si puissants que la magie irradiait autour d'eux, altérant aussi bien les êtres vivants que les reliefs. La seule race à ne pas subir leur colère était les Sauriens. Ils les adoraient comme nous adorons nos dieux et, en échange, les dragons leur donnaient accès à la magie. Je pourrais passer mes journées à parler de dragons... Imaginer leur puissance, leurs ailes gigantesques, leurs écailles luisantes et impénétrables. Seulement, les dragons ont été éradiqués de Setla par les dieux bien avant qu'ils créent les races mortelles.

-« Setla. » répondit Aleron.
-« Je vois… C'est donc l'un de ces mondes… Et pourquoi les races asservies se font-elles la guerre ? »
-« Attendez une seconde ! C'est à nous de vous poser une question ! » s'exclama Cyaphas, visiblement tendu.
-« J'ai dit que je répondrais à VOS questions lorsque vous aurez répondu aux MIENNES. » insista le Saurien.
Cyaphas poussa un léger grognement de rage. Il appréciait de moins en moins notre nouvelle connaissance.

Les races asservies… C'est ainsi que les anciens textes parlent des races servant les dieux. Je ne me suis jamais réellement sentie asservie par les dieux, mais je suppose qu'il ne s'agit pas de leur point de vue…

-« Il y a une tour, au centre de Setla. » commença Aleron. Le Saurien semblait l'écouter mais il ne regardait son interlocuteur que de temps en temps. En effet son regard s'attachait bien plus sur Noïsha. La pièce avait beau être peu éclairée, je savais ses yeux capables de transpercer la plus intense des pénombres. Descendants des dragons, les Sauriens ont hérité de plusieurs de leurs capacités. Ils sont plus forts, plus rapides, plus agiles. Comme une sorte de surhomme. Leurs sens sont plus aiguisés, et ils sont, à ce que l'on raconte, aussi doués dans le maniement de la magie que dans les arts de la guerre. On ne sait que peu de choses sur leur magie, à part qu'ils seraient capable d'absorber l'âme et la magie de leurs ennemis défunts.
« Celui qui activera la tour au nom de son dieu recevra sa puissance en plus d'élire son peuple au rang de peuple élu des dieux. La tour ne peut être activée que par ceux qu'elle a choisi » dit-il les yeux fixés sur la rune gravée sur sa main, signe qu'il était un élu pour le peuple elfe. Noïsha passa ses doigts sur le dos de sa main, caressant les lignes de la rune d'Enoch. « Chaque race possède deux élus qui ne sont remplacés que lorsque les deux meurent. Eux seuls peuvent aspirer à la puissance des dieux. » continua-t-il, la voix teintée de tristesse. Être élu était un lourd fardeau à supporter pour le reste de ses jours.

Le saurien se tut un instant. Son regard dans le vide trahissait d'une réflexion stratégique. Comme s'il élaborait déjà un plan pour … je ne sais quoi…
-« Et pourquoi personne n'a-t-il déjà activé cette tour… ? » demanda-t-il, récupérant les informations manquante à l'élaboration d'un tel plan.
-« Cela ne pourra être fait que pendant le Jour Promis. » répondit Aleron qui semblait de moins en moins enclin à répondre aux questions du Saurien.
-« Pourquoi ne puis-je pas utiliser ma magie comme dans mon monde ? »
-« Je suppose que la magie est plus volatile dans notre monde que dans le vôtre... » répondit-il en haussant les épaules

Le saurien nous regarda un instant, jaugeant je ne sais quoi en nous.
-« Ce devrait être jouable… » pensa-t-il à haute voix avant de lancer un regard à Aleron, attendant certainement ses questions maintenant.

-« Quel est votre nom ? »
-« Snell. »
-« Comment êtes-vous arrivé dans notre monde ? »
-« On m'y a grandement aidé. »
-« Qui ? »
Le saurien déploya son sourire radieux.
-« Vous ne me croiriez probablement pas. »
-« Essayez toujours… »
Les deux hommes se regardèrent, chacun plus déterminé que jamais.

De grands coups résonnèrent sur la porte de la grange.
-« Aleron ! Aleron ! Il faut que tu viennes voir ! Il y a un soldat à l'entrée du village et il a apporté des choses pour l'humain ! »

Tous les regards se tournèrent alors sur cette porte.
-« Sauvé par le gong… » laissa échapper Aleron avant de se diriger vers la sortie, accompagné de Noïsha. Cyaphas et moi-même nous retrouvâmes seuls avec le Saurien encore enchaîné. Il n'avait pas quitté Aleron des yeux jusqu'à la fermeture complète des portes, après quoi, il tourna immédiatement son regard vers moi. Il m'interrogeait des yeux, attendant d'autres questions. Je ne savais quoi poser, que demander à cet être d'un autre monde que tout le monde semblait craindre. Cet être qui m'avait sauvé la vie à deux reprises déjà.

C'est Cyaphas qui prit la parole.
-« Tu crois vraiment qu'on va te faire confiance ? Comment peut-on savoir que tu n'es pas contre nous, que tu n'es pas notre ennemi ? »
-« Vous ne pouvez pas. » répondit calmement le saurien.
Cyaphas resta là, surpris ; il s'attendait probablement à une réponse différente.
-« Pas d'autres questions ? » continua Snell.
-« Pourquoi venir dans notre monde ? »

-« Vous voulez vraiment le savoir ? » dit-il, un grand sourire aux lèvres.
-« Évidemment sinon je n'aurais pas posé la question ! » s’énerva Cyaphas.


Le saurien nous regarda tour à tour.

Ses yeux brillaient de cet éclat dangereux qu'ont les hommes déterminés, les hommes qui n'ont plus rien à perdre.
-« Je vais tuer un dieu, je ne sais juste pas encore lequel. » Modifié par Aleron
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Yes !

Pas mal ce passage ! Il s'y passe pas grand chose à part un dialogue et une explication sur les dragons mais le fait est qu'on a la trame de l'histoire. On sait ce qu'on va suivre maintenant ! Bon je t'encourage à poster la suite ! On sait ce qu'il veut faire mais pas comment les autres vont se positionner par rapport à cette quête !

Alors la suite ! Et essaye de poster un peu plus long ;)

@+
-= Inxi =-
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  • 2 semaines après...
[quote]Bonjour/soir à vous tous! Voici la suite du récit, en espérant qu'elle vous plaira ! Au prochain post, retour sur le flashback du tournoi ![/quote]

En temps normal, Cyaphas aurait probablement éclaté de rire à la simple évocation de l'idée de tuer un dieu. On ne peut pas tuer un dieu, ils ne sont même pas sur le même plan que nous, ils sont immortels et tout-puissants, nous le savions.
Tout comme nous pensions savoir impossible l'existence d'autres mondes ou même qu'il reste un Saurien en vie.

Mon ami d'enfance était paralysé par cette nouvelle, tout comme moi. Pourquoi vouloir tuer un dieu ? Comment cela pourrait-être possible ?
Cyaphas regarda Snell, bouche bée, sans pouvoir y croire. Il tenta d'articuler une phrase, bégayant quelques mots incompréhensibles.
-« Pourquoi nous dire cela ? » bafouillai-je, incrédule.
-« J'ai dit que je répondrais à vos questions, et puis, je suis persuadé que vous saurez garder mon petit secret » dit-il le regard plein de malice.
Cyaphas semblait aussi furieux que perdu. Il cherchait quoi répondre, quoi demander, quoi faire.
Il fut interrompu par le retour d'Aleron.
-« Pourquoi est-ce-que je viens d'accepter une caisse de fournitures pour vous de la part d'un colonel humain ? » dit-il sans même attendre que les portes soient refermées.
Noïsha et Soldran se tenait dans leur ouverture, regardant tour à tour Snell et Aleron.
-« Je vous avais dit que vous ne me croiriez pas... » dit-il en haussant, comme il le pouvait, les épaules.
Aleron s'approcha du prisonnier avec détermination, se pencha près de la chandelle à la flamme vacillante et embrasa un papier qu'il tenait depuis son entrée.
-« Vous lui avez posé d'autres questions ? » nous demanda-t-il.
Cyaphas hocha lentement la tête, le regard grave. Nous devions prévenir Aleron des intentions du Saurien. S'il avait réellement trouvé le moyen de tuer un dieu, nous devions connaître ce moyen, et nous assurer que sa cible ne soit pas Enoch.
-« S'il y a la moindre raison pour ne pas le libérer, dites le moi tout de suite avant que je fasse une grosse erreur.» enchaîna Aleron.
Cyaphas ouvrit la bouche, s'apprêtant, je l'imagine, à tout raconter. Mais il resta là, la bouche ouverte sans rien dire, sans émettre le moindre son. Puis il me regarda, paniqué, comme un appel à l'aide silencieux. J'imaginais qu'il était dépassé par tout cela. Que la situation était trop invraisemblable pour qu'il sache par où commencer, ou comment formuler tout cela.

Ce serait donc à moi de le faire.

Je me tournais vers Aleron, mais rien ne vint.
Le vide dans mon esprit, dans mes poumons. L'air ne venait pas, les idées non plus. La moindre tentative pour former une phrase dans ma tête, le moindre effort de ma mémoire au sujet des plans du Saurien semblaient former un mur dans mes pensées. Je me sentais opprimée, comme si le sort de cet assassin m'affectait encore. Mais pas uniquement ma gorge, mon esprit aussi, mes gestes. Je regardais Snell qui me souriait, il n'était ni fier ni désolé, il me souriait simplement, presque compréhensif.
Quelque chose m'empêchait de raconter ce qu'il nous avait révélé. Quelque chose ou quelqu'un. La même personne qui empêchait Noïsha de lire dans l'esprit de cet être. Je sentais sa puissance maintenant. Je la ressentais en moi, comme une enclume se posant sur mes poumons, ou un bâillon m'enjoignant au silence. J'étais impuissante face à cette magie. Si Noïsha n'avait pu en venir à bout, alors je savais que je n'avais pas la moindre chance. Plus j'essayais et plus le verrou magique semblait se renforcer. J'avais même l'impression d'oublier petit à petit ce que je voulais dire.
Lutter était inutile.
C'était terrifiant, je me sentais comme entravée, cantonnée à un espace réduit dans une claustrophobie la plus totale. Si je n'abandonnais pas rapidement mes tentatives, je perdrais sans doute connaissance, si la folie ne me frappait pas avant. Ma tête commençait à tourner, mon ventre se serrait, mes lèvres tremblaient. Je n'avais jamais ressenti de magie si puissante. Comme un serpent se faufilant entre mes organes, à l'affût de celui qui tenterait de trahir le secret du Saurien, prêt à l'attaquer immédiatement après.
Je ne parvenais plus à dire quoi que ce soit et me résolus donc à simplement faire non de la tête.
Je sentis alors le regard de Snell me quitter en même temps que ces sensations plus que désagréables.

Aleron nous regarda tour à tour, tentant de comprendre nos comportements.
Cyaphas arriva le premier à formuler une phrase.
-« Tu... tu ne dois pas le libérer Aleron... On ne sait pas de quoi il est capable... »
-« Pas de grand-chose pour le moment... je vais l'entraîner, lui apprendre à maîtriser ses pouvoirs et en échange il servira Enoch, il alimentera notre forge et nous aidera tant dans le village que dans l'ensemble de cette guerre. » dit-il, laissant Cyaphas presque sans voix.
-« Tu... Tu vas l'entraîner en plus !? » bégaya Cyaphas, incrédule.
-« Mon choix est déjà fait, inutile d'en discuter. » répondit-il.
Lorsqu'Aleron disait quelque chose, on ne discutait pas, Cyaphas n'ajouta donc rien, mais je savais qu'il garderait un œil sur le Saurien. En permanence.

Soldran détacha Snell. Ses poignets étaient différents, ils étaient noircis par des écailles, défense native des Sauriens. On disait que rien ne pouvait les transpercer après leur apparition. Leur seul point faible est qu'elles émanaient d'un réflexe, pas d'une prévision du danger. Le coup porté devait donc être mortel où il fournirait une armure partielle redoutable. Encore un héritage des dragons. La couleur des écailles dépendait du dragon que le Saurien servait. Celles-ci étaient noires comme la nuit. J'avais beau chercher dans mon esprit encore embrumé, je ne me souvenais pas qu'aucun des cinq dragons soit noir.

Leurs noms étaient impossible à prononcer dans notre langue mais je me souviens que celui du feu était rouge, celui de la terre était couleur bronze, le dragon du ciel était pourpre, celui de l'eau était bleu glace et celui de la vie blanc ivoire. Mais si cet homme venait d'un autre monde, rien ne disait que les dragons de son monde aient les mêmes couleurs que nous, ni même que leurs domaines ou leur nombre soient les mêmes.
Ils nous appelaient races asservies, mais ils entretenaient à peu près la même relation avec leur dragon que nous avec notre Dieu. J'imaginais toutefois une armée de ces hommes, menée par des dragons gigantesques à la force comparable aux dieux, rien ne pourrait arrêter une telle chose.
Mais nos dieux l'avaient fait. C'est ce que disent les livres en tout cas.

Snell se massait les poignets, faisant disparaître ses écailles luisantes. Cyaphas continuait de le regarder, l'air inquisiteur, tandis que Noïsha le guidait jusqu'à la maison qu'il occuperait. Aleron l'avait laissé sous sa surveillance ainsi que celle de Soldran le temps qu'il prévienne le village et qu'il inspecte plus en détail le contenu de cette fameuse caisse à l'attention du nouveau venu.

Au final il n'y avait rien d'extraordinaire dans cette caisse. Des vêtements, de l'argent, de quoi repartir à zéro. Ça et du métal, une quantité incroyable de métal. La caisse en était presque pleine ainsi que d'autres matériaux de forge. De quoi faire une armure entière et peut-être même une arme.
Mais, tout au fond de cette caisse, sous le métal, reposait une petite boite renforcée qui ne contenait qu'une petite amulette. Une amulette que je ne croyais véritable que dans mes livres. Un héritage des dragons. Une amulette donnée au roi de la plus grande et la plus forte tribu Saurienne. L'Œil du dragon était un artefact magique unique. Il absorbait l'énergie magique environnante, y compris venant d'attaques ennemies, et la donnait à son porteur. En plus de cela, elle ralentissait la perte de cette énergie. En contrepartie, chaque absorption d'énergie risquait de tuer le porteur s'il n'était pas assez fort pour l'encaisser ou en contenir autant.

Ce petit objet représentait l'objet le plus puissant qu'il m'est été donné de voir. Un simple cercle de métal doré contenant une gemme verte en son centre, formant le rayon vertical, comme la pupille dans l'œil d'un dragon.
L'artefact était si puissant que je pouvais ressentir sa magie d'ici. Le simple fait de l'admirer commençait à hanter mon esprit, me donnant des envies de vol, de pouvoir et de puissance. J'avais presque l'impression qu'il murmurait dans ma tête, trop bas pour que je puisse distinguer quoi que ce soit, mais il était là.
-« Comment le colonel a-t-il pu mettre la main dessus… ? » demandais-je les yeux rivés sur l'amulette.
-« C'est probablement lui qui a fourni le sang de dragon également… » dit Aleron.
Je secouais la tête, me détachant tant bien que mal de l'objet envoutant pour le dévisager lui.
-« Comment tu le sais ? »
-« Un homme qui donne un tel objet, en prenant le risque que nous l'interception, n'est plus à cela près. Et qui serait capable de se procurer du sang de dragon ? A part une personne capable d'obtenir jusqu'à cette amulette ? Il devait savoir que le sang de dragon sauverait le Saurien de ses blessures, comme un remède miracle. Il voulait que Snell survive et qu'il arrive jusqu'ici, qu'il obtienne cette amulette, et ensuite… ? » Snell plongeait ses yeux dans celui de l'amulette, réfléchissant intensément.
-« Mais alors pourquoi envoyer des assassins ? Ça n'a pas de sens, ou bien voulait-il nous berner ? »
'Un bel échec' aurait dit Cyaphas, mais il n'avait pas voulu quitter Snell des yeux.
-« Ce n'est pas nous qu'il a voulu berner, pas au vu du contenu de sa lettre, ni de ce coffret… Il joue double jeu avec l'empereur, si tu veux mon avis. Reste à espérer qu'il ne le fasse pas avec nous aussi. » dit-il, rangeant l'amulette dans sa boite.
Cette lettre, j'y repensais maintenant. Elle avait convaincu Aleron d'accepter Snell parmi nous, je me demandais alors ce qu'elle pouvait bien raconter pour changer les choses à ce point.
-« Et qu'est ce qui te dit qu'il ne joue pas double jeu qu'avec nous ? Qu'il n'espérait pas plutôt que tu en arrives à cette conclusion ? » demanda Cyaphas derrière moi, me faisant sursauter.
-« Noïsha a sondé l'esprit de Caldera, le colonel connait Snell bien mieux que quiconque, il savait de quoi il était capable et lui a donné l'opportunité de s'enfuir tout en ne faisant rien pour vous empêcher de partir non plus. » répondit Aleron, rangeant le coffret au fond de la caisse, avant de la refermer.
Cyaphas émit un petit raclement de gorge, cet argument ne suffirait pas à le convaincre, seulement à mettre fin à cette conversation.
-« Tu n'étais pas censé surveiller Snell ? » lui demandai-je, étonnée.
-« Noïsha m'a renvoyé. Soldran et elle le surveillent pendant qu'il examine la forge, je continue à penser que c'est pas une bonne idée, tout ça… »
-« Ton avis a bien été noté, Cyaphas, maintenant aide moi plutôt à lui apporter cela, il en aura besoin s'il est à la forge. » répondit Aleron, faisant signe aux gardes à l'entrée du village qui s'empressèrent d'amener un chariot. Les hommes chargèrent le tout sur le chariot pendant que je rejoignais la forge.

Soldran n'y était plus, seuls Snell et Noïsha s'y trouvaient.
Snell avait déjà commencé, tannant le cuir, comme s'il attendait les matériaux, comme s'il les entendait approcher. Noïsha était adossée au mur, on aurait dit qu'elle l'observait.
Non… Elle l'admirait, à sa façon. C'est la première fois que je vis Noïsha porter le moindre intérêt de ce genre à un homme.
Je sentis une pointe de jalousie percer en moi, je savais ne pas avoir mes chances contre une telle femme dans un 'combat' de séduction. Je rougis simplement en y pensant. Je connaissais à peine cet homme et j'étais déjà en train de m'imaginer me battre pour ses faveurs. La chaleur me montait aux joues.
-« Cela vous va bien, dame Caldera » dit Snell sans même se détourner de son travail.
Je sursautai et Noïsha pris une posture moins familière.
-« Quoi… quoi donc ? » bégayai-je.
-« Lorsque vous rougissez, cela vous va bien » répéta-t-il en me jetant un regard par-dessus son épaule.
Il n'en fallait pas plus, je devenais pivoine dans la seconde, ce qui le fit encore plus sourire.
-« Concentrez-vous donc sur votre forge ! » dis-je affreusement gênée. Mes joues me brulaient et mon cœur s'emballait. Cet homme avait un charme certain, mais je ne pouvais oublier le sortilège de silence m'affectant et dont il était probablement le responsable. Il était charmant, mais redoutable.
-« MA forge ? Cela fait bien longtemps qu'on a pas été si aimable avec moi » dit-il, riant brièvement avant de se remettre au travail.

Le métal arriva peu après.
-« Sans indiscrétion, vous comptez faire quoi avec tous ces métaux ? » demanda Aleron, posant cette caisse, aidé de Cyaphas et des deux gardes.
-« Une armure légère et une claymore. »
-« Et vous avez besoin de tout ce métal pour ça ? Pourquoi autant de sortes ? »
-« Je vais faire un alliage qui est et restera inconnu dans votre monde. »
-« Qu'est-ce qui vous dit qu'on ne le possède pas encore ? Je croyais que vous ne saviez rien de notre monde ? » demanda Cyaphas avec une pointe d'énervement.
-« Car c'est moi qui en ai inventé la composition. »
-« Et qu'est ce qui empêche nos forgerons de le refaire? Vous nous pensez donc si incapables que cela ? » continua Cyaphas, s'emportant quelque peu.
-« Ils n'auront pas le temps pour cela, dans quelques mois ce monde n'existera plus.»
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Wow,

Tu balances des grands coups d'intrigue ! J'aime bien parce que meme si la fin du monde est classique, avec ton histoire tu peux faire quelque chose de vachement original. Ca devient de plus en plus interessant à lire.

J'ai pas vu de fautes et c'est vraiment fluide. Bien joué

@+
-= Inxi =-
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  • 4 semaines après...
[quote]Et voici la suite ! De retour dans le flash back de Lucius. Du haut de ses quatre pages Word ce post est le plus long que j'ai pu faire jusqu'ici. J'attends vos réactions et commentaires avec toujours autant d'envie alors n'hésitez pas ! [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/wink3.gif[/img] Bonne lecture[/quote]
[center][center][size="4"][b][u][i]

Chapitre V : Un nouvel écuyer.

[/i][/u][/b][/size][/center][/center][center][center][i]Quand les soldats elfes commenceront à réfléchir, aucun d'eux ne voudra rester dans les rangs.[/i][/center][/center][center][center][i]Colonel Ultir.[/i][/center][/center]
[i] [/i]

[i]Campement du désormais Colonel Ultir, il y a cinq ans.[/i]

Les trois jours qui suivirent furent les plus longs de ma vie. Trois jours à attendre que le tournoi commence, à se préparer mentalement et physiquement, à affronter des runiques plus forts les uns que les autres. Enfin, deux jours... Le premier fut principalement passé à dormir. Malik me réveillait de temps en temps, me forçant à quelques séances d'étirements et de maintien en forme. Seules choses qui troublaient mon repos.
Une fois dans le combat, il ne serait plus temps de se plaindre de ses courbatures. C'est pourquoi je le fis allègrement pendant ces trois jours. Mes muscles n'avaient pas été habitués à une telle tension et n'avaient jamais eu à subir un tel exercice.
Je voyais beaucoup de gens s'entraîner, forçant leurs runes ou pratiquant leur technique à l'arme. Mais ceux qui m'inquiétaient le plus n'étaient pas ceux que je pouvais voir se perfectionner. C'était ceux qui ne travaillaient pas, ceux qui semblaient le plus à l'aise. Nous ne savions rien de leur magie ni de leur maîtrise du combat mais je ne doutais pas qu'elles puissent être formidables. Malik, quant à lui, prenait cela très au sérieux et ne cessait de s'entraîner que pour reposer son corps. Ce tournoi hantait l'esprit de tout le camp.

Katia. C'était le nom de cette femme à l'endurance impressionnante qui était vraisemblablement amie avec le mage de guerre, dont j'ignorais encore le nom. Le premier jour elle avait observé tout le monde étrangement, comme les dévisageant, tout en maintenant ses runes. Je soupçonnais de plus en plus qu'elle soit également une mage de guerre et, peu importe sa magie, elle s'en servait à ce moment. J'imaginais des pouvoirs hors du communs, permettant de connaître la nature de notre magie où l'état de nos réserves. Elle tâtait le terrain et nous jaugeait tous.

Ultir était dans le camp également et il ne s'entraînait pas, il proposait des séances d'entraînement. Les volontaires étaient nombreux, aussi il en affrontait trois en même temps. Ces combats n'avaient rien de très étonnant, en réalité aucune magie n'y était pratiquée. Chacun tentait de cacher ses capacités au camp. Celui qui se retenait le plus restait évidemment Ultir lui-même.

Ces combats n'étaient que des moments pour se détendre, s'occuper et en apprendre plus sur tout le monde lors d'un travail d'équipe.
Chaque combattant avait une simple arme en bois, car le but n'était pas de blesser qui que ce soit avant le véritable tournoi.
J'étais persuadé que cela n'était qu'une autre technique du colonel pour nous unifier, nous forcer à combattre ensemble contre lui, à nous serrer les coudes alors que le tournoi, lui, était là afin qu'il découvre notre niveau à tous.

A part lors du second jour, Il ne se passa presque rien.

Quatre soldats affrontaient Ultir. Leurs assauts étaient repoussés un par un. J'avais déjà vu l'attaque du colonel, elle était redoutable. Sa défense n'avait rien à lui envier. Aucune attaque ne semblait échapper à son champ de vision et aucun coup n'était aussi rapide que ses parades. Cet homme avait passé sa vie à se battre, cela ne faisait aucun doute, le seul fait qu'il n'apparaisse qu'aujourd'hui était incompréhensible au vu de sa force. Comment un tel guerrier avait pu échapper à la vue de l'empereur et des dieux pendant si longtemps ? Était-ce seulement le cas ?

Les quatre soldats reprenaient leur souffle, entourant Ultir qui attendait patiemment leur prochain assaut.
Ils échangèrent un regard avant de dégainer les lames d'acier à leur ceinture et de s'élancer sur le colonel. Ce n'était plus un simple entraînement, ils voulaient voir le colonel mourir. Malik porta la main à la poignée de sa propre arme, toujours prompt à réagir face au danger. Katia quant à elle posa sa main sur celle de Malik, l'empêchant d'intervenir.
Ultir s'élança vers celui en face de lui, laissant son épée de bois tomber au sol. D'un geste rapide il esquiva l'attaque verticale, se plaçant à côté. Ses runes apparurent, illuminant la scène et recouvrant son bras droit. D'un geste fulgurant il se saisit de la main de son adversaire à l'aide de sa main gauche, j'entendis les os se rompre. De la droite, il empoigna le haut du plastron du soldat. Le métal crissa et ondula sous la force incroyable de son poing. Les runes entouraient chaque muscle des doigts, irradiant jusqu'à les rendre visibles au travers de la peau. Ultir était aussi agile qu'un elfe et aussi fort qu'un ogre, aucun humain ne pouvait atteindre une telle perfection de combat sans l'aide des dieux.
D'une rotation, il envoya le soldat derrière lui, comme s'il n'était rien, l'envoyant percuté l'un de ses alliés.
Le deuxième homme arriva à ce moment dans le dos du colonel, élançant un coup d'estoc. Ultir esquiva d'une rotation sur le côté, comme ayant pressenti l'attaque. Il planta la pointe de la lame qu'il venait de dérober à sa première victime dans la hanche de sa seconde. La lame s'enfonça profondément, embrochant le traître sous les côtes.

Ultir tournoyait comme le vent. Rien ne semblait le surprendre ou le menacer.
D'un geste rapide il déplaça le corps du pauvre homme agonisant sur sa lame, le plaçant entre lui et le dernier soldat debout.

Je vis Ultir détourner la tête vers moi. Il plongea ses yeux dans les miens, me transperçant du regard. Il me demandait quelque chose. Il me prévenait. J'étais le seul à remarquer ce regard.
Une seconde. Une seconde plus tard, la scène se retrouvait baignée de flammes. Le dernier traître encore debout venait d'utiliser sa magie runique pour déclencher une puissante explosion sur le colonel.
Je sentis mes runes se forcer. Ma magie s'activait d'elle-même, dressant un mur entre les flammes et les soldats spectateurs de ce carnage. Je me souviendrais toujours de ces sensations. Cette chaleur accablante venant lécher les parois de ma barrière, la puissance qui avait détourné ma magie et m'avait forcé à l'utiliser malgré mon manque de réaction.

Il ne s'était passé qu'une poignée de seconde depuis que les soldats avaient dégainé leurs armes, tentant de détrôner le colonel. Quelques secondes qui séparaient un entraînement basique de cette scène, de ces flammes, de ces deux et peut-être trois cadavres.
La fumée était épaisse dans ma barrière, cachant à la vue de tous l'état du corps du colonel. Les volutes, noirâtres et épaisses, tournoyaient lentement dans ma barrière magique, lézardant le long des parois. Je ne savais pas comment j'avais activé ma magie et je ne parvenais plus à y mettre fin.

Tout le monde demeurait là, cloué sur place. Le colonel semblait invincible et il venait d'être vaincu. Pourquoi vouloir le tuer ? Qui avait bien pu organiser cela ? Dans quel but !? Comment cet homme qui semblait détenir la puissance d'un dieu avait-il pu être vaincu par de simples runiques ?
Il ne pouvait pas perdre ainsi! J'avais ressenti sa puissance, lors de son duel avec Finelame. Je savais à quel point Ultir était puissant.

Comme résonant avec mes pensées, une lumière, verte qui me semblaient des plus familières, apparu. La barrière se brisa avec violence, laissant s'échapper le colonel, plus rapide que jamais. Les runes remontèrent des muscles de ses jambes, qu'elles avaient certainement élancées auparavant, pour rejoindre son bras droit.
La lame toujours placée dans sa main gauche, lame vers le bas, Ultir parcouru les quelques mètres jusqu'à son adversaire en une fraction de seconde. L'homme tenta un coup horizontal de droite à gauche, espérant faucher le colonel dans son élan.
La lame toujours à la verticale, le colonel para sans difficulté l'attaque pourtant portée à deux mains. Il élança son bras droit, visant le torse de son adversaire, les doigts tendus. Les runes recouvraient sa main droite à présent, mais je ne pouvais pas voir ses muscles. Elles avaient investi le gant droit d'Ultir, comme elles l'avaient fait pour la lame de son glaive lors du duel contre Elias. Je vis sa main s'enfoncer dans le corps du pauvre homme comme s'il était fait de papier. Son bras traversait l'armure, la chaire, les os, rien ne semblait pouvoir l'arrêter. La douleur avait remplacé la surprise sur le visage du renégat. Ses traits se déformaient, le sang jaillissait autour du bras de son agresseur, éclaboussant leurs deux visages. Les runes du traître remontaient depuis le sol jusqu'à sa blessure, comme attirées. Elles pénétraient petit à petit le bras du colonel, investissant son corps, se rependant à travers lui et se déposant sur son corps avant d'y disparaître. Le teint du soldat était plus pâle que la neige, je ne savais comment, mais Ultir venait de dérober la magie du pauvre homme.

D'un coup violent, Ultir retira son bras. Par le côté, causant une autre hémorragie provenant directement du trou béant qu'était son cœur il y a peu. Puis il se retourna vers le dernier homme encore en vie.
Le soldat projeté par le colonel à peine plus tôt, s'était embroché sur la lame de son allié qui désormais se retrouvait bloqué sous un cadavre. Il tentait tout ce qu'il pouvait pour se dégager. Pousser un corps en armure n'est pas aisé, c'est encore plus vrai lorsque l'on porte soi-même une cuirasse de plus de vingt kilos. La panique prenait le pauvre homme, je n'avais jamais eu l'occasion d'observer une telle incarnation de la terreur. Il allait mourir très bientôt et il le savait. Nous le savions tous.

Je regardais Malik à côté de moi. Je savais qu'il comprenait l'exécution du traître mais qu'il ne pourrait pas l'accepter pour autant, il respectait trop la vie humaine pour cela. Je voulais le secouer, lui dire de faire quelque chose. Quelque chose que je n'osais faire moi-même : s'opposer au colonel. Qui aurait le courage de dire non à un homme armé qui venait d'éliminer trois hommes en une vingtaine de secondes ? Pas moi.
Malik demeurait figé, les mains tremblantes. Je supposais qu'il était partagé entre la peur et ses principes, comme je l'étais à ce moment. Il fixait le colonel avec une expression étrange que je n'avais pas vu depuis le duel entre Ultir et Elias. Un mélange de fierté, de crainte et d'admiration. Je ne pouvais presque pas percevoir la pointe de remord à laisser quelqu'un exécuté un homme sous ses yeux. Cette expression et d'autres similaires étaient sur tous les visages, à l'exception du condamné.

Je détournais alors le regard sur Ultir lui-même. Je vis à nouveau ces deux jades intenses. Elles semblaient percer le monde entier en un coup. Rien ne pouvait leur échapper, rien ne leur était caché. Je me perdis dans le regard de ces deux pupilles en amandes. Elles tremblaient légèrement, à cause de l'adrénaline peut-être ? Ou étaient-elles en train de scruter l'ensemble de la scène ? Personne n'aurait pu le dire.

Nous étions sûr de deux choses à présent : Ultir n'était pas humain, ou s'il l'était, il était le deuxième Élu de Dragol avec l'empereur lui-même et que ce serait la dernière déclaration en duel, la dernière tentative d'assassinat qu'il aurait à subir.

Il marchait lentement, d'un pas lourd, faisant monter une ambiance inquiétante. L'homme tentait d'implorer sa pitié à présent, entre de nombreux gémissements de peur. Les pas lourds de cet homme massif en armure soulevait la poussière, marquant le sol de ses empreintes comme autant d'étapes jusqu'à la mort imminente de sa cible. Le gant droit d'Ultir s'envola en poussière comme l'avait fait la lame qui avait tué Finelame. La main désormais à l'air libre avait changé : la peau humaine était devenue écailles noires, les ongles étaient devenus plus longs, épais et acérés, comme de petites griffes.
Le traître tremblait de peur, il transpirait à grandes gouttes et on pouvait voir des larmes descendre le long de ses joues. Ses yeux ne quittaient ceux du colonel que pour se poser sur les cadavres mutilés de ses camarades. Bientôt, les deux pupilles de jades marqueraient sa rétine comme une dernière image rémanente de ces soleils verts. Dernière image avant la fermeture définitive de ses paupières.

Il tenta sa dernière chance, abattant sa dernière carte.
Le traître leva sa main, pointant Ultir du doigt. Des runes mauves se dessinèrent autour du pauvre homme. La peur, la panique, l'hésitation, tout cela rompait la concentration du runique, si bien que les runes étaient d'un tracé plus qu'approximatif. Une petite étincelle apparu au bout de l'index. Il tentait de foudroyer le colonel sur place. L'électricité ne parvenait pas à se manifester, ne laissant que quelques autres étincelles apparaître à intervalles aléatoires.
Ultir balaya l'air de sa main écailleuse. Comme lui obéissant, les runes s'estompèrent immédiatement, ajoutant l'incompréhension aux sentiments qui submergeaient le condamné.

Le glaive dérobé toujours dans sa main gauche, la lame vers l'arrière, Ultir prit la parole.
-« Soldate Katia ? »
Elle le regardait depuis le début, absorbant avec intérêt la moindre action de ce spectacle sanglant.
-« Oui, colonel Ultir ? » répondit-elle avec la fermeté qui lui semblait habituelle.
-« Nous en avons fini pour aujourd'hui, vous organiserez la suite des entraînements demain et vous vous débarrasserez des corps, je vous prie. »
-« Bien mon colonel. Qu'en est-il du survivant ? Voulez-vous qu'on l'interroge ? »
Ultir leva la lame au-dessus du pauvre homme, ses runes couvrirent le sol à ses pieds. Le métal commença à irradier comme son gant plus tôt.
-« J'ignore de qui vous voulez parler » dit-il, relâchant la lame qui vint transpercer lentement les deux corps sans aucune difficulté. Les hurlements, le sang, les bruits de pas du colonel qui se retirait dans sa tente, tout cela faisait froid dans le dos à tous les spectateurs. L'épée s'était plantée dans le foie du pauvre homme qui hurlait à la mort. Son agonie serait longue et douloureuse.

Le message était clair. Ultir savait se montrer paternel avec nous, nous apprendre l'humilité et la force. Mais plus que tous il savait nous apprendre à quel point nous étions faibles. Il nous tendait la main et tous ceux qui tenteraient de la mordre subiraient son courroux.

-« Vous avez entendu le colonel !? Jetez moi ça au feu et aller vous reposer, demain sera une longue journée ! » Aboya-t-elle. Katia n'avait aucune autorité sur nous, elle n'était pas notre supérieur et rien ne nous obligeait à lui obéir. Pourtant, je ne sais si ce fut à cause de son tempérament, du spectacle auquel nous venions d'assister ou des rumeurs au sujet de la soldate Katia, mais tous obéirent.
-« Eig ? T'en penses quoi ? » demanda-t-elle au mage de guerre.
-« Ça pourrait très bien en être un... Tu as vu sa main ? »
-« C'est pas comme s'il essayait de la cacher... »
-« C'est vrai. Tu as pu voir quelque chose ? De quel niveau est-il ? »
-« Aucune idée, il est trop fort pour que je puisse l'évaluer... Par contre quelque chose m'intrigue... »
Eig détourna le regard du dos du colonel qui était déjà loin pour le plonger dans celui de Katia.
-« Hmm ? »
-« Son arme et son gant, lorsqu'il les infuse de magie, j'ai pu voir leur niveau d'énergie... »
Le mage de guerre haussa un sourcil avant de faire de même avec ses épaules. Modifié par Aleron
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[quote]Il ne se passa pas grand-chose pendant ces trois jours, à part lors du second.[/quote]

A part pendant le second jour, il ne se passa rien. Sinon ça fait vraiment maladroit !

[quote]Je sentis mes runes se [b]forcées[/b]. Ma magie s'activait d'elle-même[/quote]

hop une faute qui t'a échappé


Le fond c'est pas mal. Effectivement, j'avais pas pensé au fait qu'il puisse rester des gens qui veuillent tuer le nouveau colonel. Par contre, désolé pour l'effet de surprise mais j'étais persuadé qu'il était pas mort. En fait c'est pas rapport au fait que le personnage panique alors qu'il ne voie rien. Ca aurait été plus crédible devant les restes d'un corps (même si c'était pas celui du colonel)

Pour le fond c'est pas mal, l'histoire avance du coup. Le colonel est protégé des futures tentatives et on se pose des questions sur ce qu'il peut etre !

@+
-= Inxi =-
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  • 3 semaines après...
Salutations,

Je comprends mieux le pourquoi du comment sur les archanges maintenant.

J'attends juste de les voir débarquer pour de vrai :)

Pas mal le coup de la fin du monde et de "je viens pour tuer un dieu". J'ai beaucoup aimé le ton très froid et très naturel sur lequel le saurien le dit.

A voir également comment les 2 mages de guerres vont tenter un truc contre Ultir ^^ (ou alors ce sont des archanges et ça annonce un combat dantesque).

[quote]Par contre, désolé pour l'effet de surprise mais j'étais persuadé qu'il était pas mort. En fait c'est pas rapport au fait que le personnage panique alors qu'il ne voie rien. Ca aurait été plus crédible devant les restes d'un corps (même si c'était pas celui du colonel)[/quote]

+1

C'est très cliché ce genre d'image, du coup l'effet de surprise est très dur à faire intervenir. Ce qui aurait pu être vraiment surprenant c'est que à la fois Ultir et le jeteur du sort s'en sorte et continuent à se battre.

[quote]Le colonel est protégé des futures tentatives et on se pose des questions sur ce qu'il peut etre ![/quote]

+

[quote]Le gant droit d'Ultir s'envola en poussière comme l'avait fait la lame qui avait tué Finelame. La main désormais à l'air libre avait changé : la peau humaine était devenue écailles noires, les ongles étaient devenus plus longs, épais et acérés, comme de petites griffes.[/quote]

Ainsi que le dialogue final entre les 2 mages de guerre:

Je dirai sans trop hésiter qu'Ultir est également un saurien (qui semblent avoir la faculté d'imposer leur volonté aux autres (cf passage avec l'elfe qui obéit à Ultir))

J'attends donc la suite pour voir le monde s'écrouler :devil:

Crio
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[quote]Et voici la suite ! Tout d'abord, pour ce qui est de la surprise ratée, c'était en quelque sorte prévu. En effet, vu qu'il s'agit d'un flashback, on sait déjà qu'Ultir ne peut pas mourir. C'est surtout le détournement de la magie de Lucius qui est important. Merci de vos remarques continuez comme cela vous me motivez vraiment à continuer ! (et à écrire plus long ^^) Bonne lecture ! [/quote]

-« Il y a autre chose d'anormal » dis-je, regardant Ultir s'éloigner.
Malik, Katia et Eig me regardèrent. Les deux derniers semblaient même ne pas avoir remarqué ma présence avant cela. En voyant leurs trois mines interrogatives, je devinai qu'il me fallait expliciter.
-« Un runique n'a accès qu'à une seule magie. Un runique de feu n'utilisera pas de magie de glace et inversement. C'est l'une des premières choses que l'on apprend à l'entraînement magique. Il peut y avoir plusieurs déclinaisons, comme par exemple le fait qu'il puisse enchanter aussi bien ses muscles que ce qu'il touche. Mais comment expliquer qu'il puisse annuler une incantation runique ou en forcer une ? »
L'idée semblait faire son chemin dans leurs esprits comme elle l'avait fait dans le miens plus tôt.

-« Attends Lus', forcer une incantation ? » demanda Malik, intrigué.
-« Je n'ai pas choisi de dresser une barrière magique entre nous et l'explosion, je n'ai pas eu le temps. J'aurais probablement essayé de protéger le colonel ou les soldats autour, mais pas en faisant encourir de tels risques à l'un ou l'autre… Le colonel m'a forcé à le faire, je ne sais pas comment, je ne sais même pas si c'est réellement possible… » répondis-je, confus.


Eig réfléchit un instant avant d'ajouter :
-« C'est possible… Je me souviens avoir lu que leur maîtrise des runes étaient bien plus poussée que la nôtre. »
Ce fut à Malik et moi de regarder cet homme avec incompréhension. Ce mage de guerre savait quelque chose que nous ignorions.
Il esquissa un sourire malin.
-« Je m'intéresserais aux ouvrages sur les Sauriens si j'étais vous » dit-il, énigmatique.

Ultir un Saurien ? Comment cela pouvait-il être possible ? Et pourquoi Malik et moi-même étions les seuls surpris par une telle théorie ? L'idée était farfelue mais expliquait bien trop de choses pour ne pas être envisagée. Les Sauriens, descendants des dragons, ont appris la magie directement de ces derniers. Ils étaient capables de bien plus de choses que nous dans ce domaine. Peut-être même maîtriser plusieurs magies runiques.
Je repensais alors au combat, particulièrement au moment où le colonel m'a semblé absorber la magie d'un des traîtres. Se pourrait-il qu'il n'absorbe pas que l'énergie mais aussi la maîtrise runique de sa victime ? Dans ce cas, combien de personnes avaient déjà subi cela ? Combien de runiques avaient alimenté la magie d'Ultir depuis tout ce temps ? Imaginer tout le potentiel de la force du colonel me donnait le tournis.
Je comprenais mieux l'attitude d'Elias Finelame à présent. Il s'était rendu compte de la différence de puissance entre lui et son adversaire et pourtant il était encore loin du compte.

On brûla les corps dépouillés de toutes leurs possessions, raya quelques noms de registres et la journée se finissait. Les simples soldats n'avaient le droit qu'à peu de processions funéraires, les traîtres n'en avaient aucune. Ils devenaient cendre et on les oubliait. Se débarrasser des corps avait pris plus de temps à la dizaine d'homme qui en était chargé qu'il n'en avait fallu à Ultir pour leur en ôter la vie.

Le troisième jour fut marqué d'un entraînement intensif sous le joug de l'officier temporaire Katia. Je ne savais pas si c'était dû aux événements de la veille, à la poigne implacable de cette femme ou à la réputation qu'elle avait mais personne n'exprima la moindre remarque ou plainte. Les hommes racontaient que Katia et Eig provenaient d'une unité d'élite qui avait l'habitude de pénétrer jusque loin derrière les lignes ennemies. Unité dont ils étaient les seuls survivants.
Ses traits étaient assez simple, presque géométrique par moment. Elle n'était pas très grande mais imposait par son caractère, son ton impérieux et son habileté au combat.
Katia proposait également des duels d'entraînement. Cette femme semblait infatigable. Je ne sais toujours pas ce qui m'effrayait le plus en elle. Était-ce la précision chirurgicale de ses attaques ou le tranchant de sa voix lorsqu'elle hurlait « Au suivant ! » sans même attendre que son ancien adversaire ait rampé en dehors du terrain d'entraînement ? Elle semblait sérieusement pouvoir rivaliser avec le colonel lui-même.

Restait le cas de son ami, Eig. Il ne s'était pas battu depuis le début de ces trois jours, il n'accordait que peu de son temps à l'entraînement physique d'ailleurs, juste le strict minimum pour maintenir son corps éveillé. Le mage de guerre demeurait assis là, regardant de temps en temps sa sœur d'arme donner une leçon à un soldat sexiste et un peu trop sûr de lui. Il forçait ses runes sans relâche, toujours aussi endurant. La magie est comme un muscle, elle ne se développe que si on l'entraîne, Eig l'avait bien compris. La force physique est plus simple à obtenir que la puissance magique.

Je suis peut-être mal placé pour parler de cela mais l'obstination et la volonté sont suffisantes pour sculpter son corps en une arme. Pour dominer la magie et devenir un runique puissant il faut beaucoup de patience, de force, de concentration, de maîtrise tant de l'esprit que du corps. Frapper de toutes ses forces dans un sac est à la portée de tout le monde, déchaîner ses pouvoirs sans se faire consumer par eux, voilà qui requiert du talent.
Le simple fait qu'Eig puisse accorder tant d'importance à façonner son esprit et sa magie, plus encore que son corps, me faisait le respecter. Cet homme était un soldat, un guerrier, mais pas l'une de ces brutes sans cervelle. Il était un mage de guerre méritant qu'on l'honore autant qu'on le craigne au combat.
Cet homme m'intriguait. Rien au monde ne semblait l'intéresser, pourtant, en l'observant soigneusement, on pouvait presque discerner une certaine curiosité dans son regard. Comme s'il feignait d'être ennuyé par n'importe quel sujet tout en voulant en percer tous les secrets.
Eig était bien plus compliqué qu'il ne voulait bien le laisser croire. Son attitude détachée et parfois moqueuse cachaient probablement l'homme le plus intelligent que j'ai pu rencontrer et je ne doutais pas que son esprit soit aussi précis et effilé que ne l'étaient ses tirs et ses flèches.
J'avais hâte de le voir à l'œuvre sur un champ de bataille. Ou pendant le tournoi.


Beaucoup de soldats n'avaient pas encore montré leur niveau de combat, et même dans ceux qui s'étaient essayés aux duels, la plupart n'avaient pas révélé la nature de leur magie runique. Après les nombreuses victoires du colonel et de Katia, de plus en plus de soldat ne participaient au tournoi que pour être sous leurs ordres plutôt que l'espoir de les vaincre. Il devenait petit à petit évident que le soldat Katia monterait en grade à la fin du tournoi, qu'il s'agisse d'une simple promotion ou du titre d'écuyer.
Pour ce qui était d'Eig, eh bien il se faisait assez discret et il me semblait que personne d'autre que moi ne faisait réellement attention à lui.


Le jour du tournoi arriva enfin. Je n'étais pas impatient d'y participer, mais plutôt que tout cela soit fini. Servir sous les ordres du colonel Ultir serait un honneur bien suffisant pour moi sans avoir à participer à ce tournoi, mais je l'avais promis à Malik et il était trop tard pour faire demi-tour à présent.
Nous étions tous au garde-à-vous, attendant qu'Ultir annonce le déroulement du tournoi. Pas un bruit ne circulait dans les rangs. Par sa simple présence et ses démonstrations de force passées, le colonel avait déjà réussi à discipliner ses hommes encore un peu distraits. Le colonel passa son regard sur ses hommes. Il avait laissé son casque habituel pour un autre plus pratique au combat. Le métal descendait jusque bas devant sa gorge, remontant comme un rempart protégeant même le haut de ses joues. On pouvait voir ses yeux mais pas au-dessus de ses sourcils. Le casque n'était pas décoré, il semblait avoir été utilisé dès sa sortie de la forge. Les égratignures sur sa surface semblaient dire qu'il n'était pas à Ultir.

L'homme en armure nous observait, tout en prenant plus de temps pour certains soldats. Difficile de dire qui il regardait depuis ma position, mais il me semblait qu'il s'intéressait particulièrement à ceux dont nous ne connaissions pas encore la magie. Il tenait un gros livre, le même que celui dont s'entichait Esterasse il y a quelques jours encore. De temps en temps, Ultir regardait l'un de nous puis cherchait dans le livre, comme s'il préparait l'arbre du tournoi dans son esprit.

Comme toujours, Malik s'était arrangé pour être près de moi. Il était grand et tourné dans cette direction, je ne pouvais le reconnaître qu'à condition qu'il soit devant moi. Mais il avait toujours cette odeur légèrement vanillée qui me faisait me sentir en sécurité, car elle indiquait qu'il était près de moi, tel un garde du corps.

Ultir appela les premiers combattants. Peut-être le colonel et Katia nous avaient-ils habitué à des combats d'un niveau hors normes, ou l'impatience et l'appréhension avaient émoussé notre excitation, mais il n'y eu rien de spectaculaire pendant ces combats. De temps en temps un runique utilisait sa magie de manière astucieuse comme ce runique de glace qui se servait de sa magie pour déséquilibrer son adversaire plutôt que de le frapper directement. Il plaçait des plaques de verglas sous les pas de son adversaire. Sa magie était probablement d'un niveau trop faible pour en faire une véritable arme mais, bien utilisée et additionnée à une série d'attaques agressives, elle lui accorda la victoire.

Une douzaine de combats s'enchainèrent, les deux participants changeaient à certains combats alors qu'à d'autres le vainqueur participait à plusieurs affrontements à la suite. Cela ne ressemblait plus vraiment à un tournoi mais plus à un simple enchainement de combats dans un ordre des plus aléatoires. Ultir avait quelque chose derrière la tête. Son tournoi ne suivait pas un arbre comme tous les autres. J'avais la curieuse impression qu'il se fichait pas mal du gagnant de chaque combat, il ne gardait probablement pas les résultats en tête d'ailleurs. Il souhaitait plus certainement tester les combattants sous ses ordres. Ce tournoi était encore une des mascarades dont il avait le secret. Petit à petit d'autres l'avaient remarqué et le but n'était plus de vaincre mais de montrer de quoi nous étions capables. Les combats n'en furent que plus intéressant. Chacun rivalisait d'ingéniosité dans l'interaction de ses runes avec son style de combat.

Un autre combat pris fin, Ultir ne déclara aucun vainqueur, il se contenta de renvoyer les deux participants dans les rangs, qu'ils rejoignirent après s'être désaltérés rapidement auprès d'un des jeunes laquais déjà présent lors de la dernière épreuve.

L'un d'eux me regardait dans le blanc des yeux. Je n'avais aucun doute sur son identité, il était celui qui m'avait apporté mon paquetage pour l'épreuve d'endurance. Je reconnaissais son visage aux traits fins. J'aurais presque pu croire qu'il était fils de noble s'il n'était pas vêtu du plus simple habit donné par l'armée. Il était couvert de crasse et de poussière, je suppose que les douches n'étaient pas journalières pour ces jeunes orphelins désormais filles et fils de l'armée elle-même. Leur place dans la société était plus enviable que celle d'un mendiant, mais moins que celle de n'importe quel autre serviteur. Seules les basses besognes leurs étaient confiées et leur vie n'avait aucune valeur aux yeux de l'armée. Ce jeune homme était l'un d'eux. Son visage, bien qu'encore bien fait, avait vieillit avant l'âge. Son regard brun était sérieux et dur quand il aurait dû être innocent et pleins de rêves. Sa chevelure blonde mal arrangée et ses mèches en bataille lui tombaient sur le front et certaines descendaient jusqu'au niveau de ses yeux. Il était un parmi tous ces serviteurs qui ne représentaient rien, ni individuellement, ni tous ensemble.

Le colonel feuilletait son livre avec plus d'intérêt maintenant. Il regarda les noms un bon moment, hésitant avant de s'arrêter sur une page qui semblait l'absorber.
Il releva la tête, le regard pointé dans ma direction. Je me raidis. Mon ventre se serrait, j'allais enfin combattre. Sans trop savoir pourquoi, j'avais espéré ne pas avoir à affronter l'un de mes frères d'arme. Comme si j'étais là simplement en spectateur. J'allais devoir combattre un homme certainement bien plus grand, puissant et expérimenté que moi, j'espérais désormais simplement que la différence entre lui et moi ne soit pas trop grande.

-« Eig » dit Ultir sans me quitter du regard.

Tout mon corps se figea, le combat n'était pas un combat à mort, mais il m'aurait fait le même effet. La peur me submergeait, je n'étais plus impatient du tout de le voir en action à présent. Je l'entendais se mettre en place pour le duel. Il semblait plus décontracté que jamais. Chacun de ses pas résonnait dans ma tête, faisant rater plusieurs battements à mon cœur. J'entendais ses pas comme un compte à rebours avant la fin. Avant ma fin. Le regard d'Ultir semblait me prévenir, me dire de me tenir prêt, mais il me donnait envie de fuir plus que tout, envie d'être très loin lorsqu'il prononcerait mon nom. Je transpirais à grosses gouttes et ma propre sueur me faisait frissonner en descendant le long de ma nuque. Mon cœur semblait vouloir perforer ma poitrine pour s'en échapper, de même que mon sang semblait chercher une échappatoire au niveau de mes tempes.

-« Et Malik » acheva-t-il après un instant de réflexion qui me parut bien trop long.
J'entendis l'armure de Malik cliqueter derrière moi alors qu'il se dirigeait vers le terrain du combat. Il posa sa main sur moi en me dépassant et sourit.
-« Enfin les vrais combats commencent, on dirait. »
Son odeur de vanille s'éloignait et pourtant, je ne m'étais jamais senti aussi en sécurité qu'à ce moment. Le moment où je venais d'échapper à un combat contre un mage de guerre. Modifié par Aleron
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  • 2 semaines après...
Pas mal !

Les choses se corsent ! J'aime particulièrement ce passage où je trouve que la peur et les sentiments du héros sont plutôt réalistes et on comprend de plus en plus le pourquoi du comment. En tout cas, je suis impatient de voir ce que la suite des combats vont donner individuellement mais aussi ce qui est prévu derrière tout ça !

Tu as l'air d'avoir quelques idées donc vivement d'en savoir plus ;)

@+
-= Inxi =-
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Malik se tenait face à son adversaire, le saluant respectueusement. Il avait choisi un glaive de bois simple alors qu'Eig, confirmant mes soupçons, s'était muni d'un arc court et d'un carquois remplit d'une dizaine de flèches aux pointes arrondies en cuir. Ces flèches ne tueraient pas un homme, mais pourraient le blesser. Ce premier choix avait, à lui seul, éveillé la curiosité des soldats et du colonel. Même un archer émérite aurait du mal à utiliser une arme de jet à cette distance contre un ennemi qui serait au contact en une poignée de secondes. La première flèche serait décisive, si toutefois elle avait la chance d'être tirée. Ultir refusa que l'archer charge son arme avant le combat et lui laissa une chance de changer son choix, ce qu'il refusa poliment.

Ultir donna l'ordre du début du combat mais aucun des deux hommes n'esquissa un geste. Malik s'attendait à voir son adversaire armer son arc et tirer sa flèche dès le début du combat, mais il n'en fit rien. Chacun attendait un geste de l'autre pour répondre en conséquence. Malik se tenait dans une position agressive, prêt à se jeter sur Eig tout en évitant son tir. Eig se tenait droit, détaillant son adversaire bien plus grand que lui. Malik représentait une cible assez facile, d'autant que son agilité était loin d'égaler sa force.

Quelques longues minutes s'écoulèrent sans que le colonel n'intervienne, il semblait apprécier cette tension montante. Il était aussi primordial pour Malik d'esquiver le premier tir que pour Eig de toucher sa cible. L'échec de l'un serait la victoire de l'autre. Tous deux le savaient.

Finalement, Malik fut à bout de patience avant l'archer sur lequel il s'élança, zigzaguant en prévoyance du tir. Eig le laissa s'approcher, son arc toujours non armé. Malik arriva au contact. Se servant de son élan, il décocha une frappe d'estoc à deux mains, puissante et fulgurante. Agile comme un elfe, Eig posa sa main sur celles du soldat massif, esquivant l'attaque de côté tout en le laissant être emporté par son élan, il encocha deux flèches d'un seul mouvement sur son arc et les tira en l'air dans la foulée, sans aucune chance d'atteindre sa cible. Malik fit demi-tour et bondit, ses runes apparurent à ses pieds. Son glaive, embaumé de runes, se mit à luire, rappelant la magie d'Ultir lui-même. Mais je connaissais cette magie, en tout point différente. Le glaive s'allongea et devint une claymore de bois massive sous l'effet de la magie runique. Si Eig fut surpris d'une telle magie, il le cacha magnifiquement bien derrière son regard las et désintéressé habituel. La frappe de taille fut plus violente encore à présent que l'arme avait triplé de longueur. Les réflexes de l'archer étaient surhumains, aussi il esquiva l'attaque d'une simple roulade, se servant de sa petite taille pour passer entre les jambes du guerrier qui ne vit rien venir. En un éclair, Eig se retourna et sauta sur le dos de son adversaire, agrippant ses deux mains sur le haut de sa cuirasse pendant que ses jambes tendues poussaient sur le bas de son dos. Malik se retrouvait arqué en avant comme près de trébucher, évitant la chute de justesse. Sa force lui aurait facilement permit d'attraper Eig et de le projeter sur sa lame, s'il n'avait pas déjà perdu le combat.

Les flèches tirées peu avant se tenaient devant lui, flottant dans les airs en attendant un ordre de leur maître archer. Je remarquai alors les discrètes runes que ce dernier avait maintenues depuis son tir, redirigeant les flèches selon son grès. Si le combat avait été réel, les flèches se seraient déjà fichées dans la gorge maintenant à découvert dans la position qu'imposait Eig à Malik.
L'archer avait quitté son expression habituelle pour un grand sourire narquois tandis que son adversaire se figeait devant les pointes de ses flèches. Le combat fut réglé en une poignée de secondes. Je sentis des frissons parcourir mon dos, les mêmes que quelques minutes plus tôt. Si j'avais dû affronter cet homme, je n'aurais pas eu la moindre chance. Il se déplaçait avec la même agilité et la même vitesse qu'un elfe. Je prenais mentalement note de ne pas me frotter à lui, à l'avenir.

Ultir n'avait pas bougé, pas émis le moindre son, mais sa visière laissait apercevoir la fin des pommettes que devait dessiner un sourire.<
Les flèches retombèrent, Eig laissa Malik à une position droite, plus honorable et confortable.
Malik rejoint les rangs, j'aperçu la déception derrière ce masque impassible militaire. Je posai ma main sur le bas de son épaule, incapable d'en atteindre le haut en gardant une pose stricte, et lui sourit, comme il l'aurait fait pour moi à ma place. Il me regarda et repris son sourire. Rien n'était joué pour le poste d'écuyer, et quoi qu'il arrive, Malik servirait sous les ordres du colonel, il n'y avait pas de quoi être déçu, Eig était simplement plus fort et ce ne serait qu'une motivation de plus pour s'améliorer.


Le mage de guerre avait récupéré ses deux flèches et était resté sur le terrain d'affrontement comme lui avait demandé le colonel. Nous aurions donc la chance d'être témoin d'un autre de ses combats.
-« Katia » appela le colonel.

Voilà un combat qui s'annonçait des plus intéressants. Eig ne semblait pas du même avis car il grimaçait à présent. La perspective d'affronter sa collègue mage de guerre ne semblait pas le ravir.
Les deux mages de guerre se faisaient face, attendant l'ordre de commencer le combat. Eig avait raffermi sa prise et changé sa posture, prêt à en découdre. Il semblait la craindre par-dessus tout.
Katia s'était munie d'une hache et d'un glaive, tenant une arme dans chaque main et faisant des moulinets du poignet par moment. Sa posture était clairement agressive, se tenant prête à charger sa cible dès que l'ordre serait donné. Elle portait un casque à visière qui recouvrait entièrement son visage, ne laissant qu'une bande de meurtrières verticales au niveau des yeux.

Ultir observa les deux combattants avec intérêt.
-« Allez-y. » déclara-t-il calmement.

Katia s'élança comme une lionne, cette fois-ci aucune hésitation ne fut ressentie, par aucun des combattants. On voyait clairement qu'ils avaient l'habitude de s'entrainer ensemble, ce qui ne rassurait pas l'archer. Eig décocha sa première flèche immédiatement, encochant une autre tout de suite après et guidant son arme vers nous.
La flèche s'arrêta juste avant d'atteindre sa cible, contrôlée par Eig, car sa cible n'était plus là. Un autre soldat, qui avait combattu parmi les premiers, se trouvait à la place de Katia, dans la même position. Il ne comprenait pas ce qu'il faisait là.
Cet homme se tenait dans les rangs, à mes côtés, l'instant d'avant. Eig décocha une flèche dans notre direction. Un courant d'air, une hache déviant une flèche, un soldat en armure s'élançant vers l'archer depuis les rangs. Je m'efforçais de comprendre cette magie d'un type nouveau. Katia avait échangé sa place et sa position avec un autre soldat spectateur. Eig connaissait sa magie, il savait qu'elle échapperait à la flèche tout en l'obligeant à retenir ses coups. Eig devait surveiller en permanence ses flèches et se préparer à les arrêter au dernier moment pour ne pas blesser de spectateur.
Katia atteint la mêlée avant que la première flèche n'ait le temps de faire demi-tour. Elle se déplaçait comme un diable, chaque foulée plus rapide que la précédente, soulevant des nuages de poussière.
La première frappe fut dévastatrice, mais sa cible y était habituée. D'un bond arrière, il esquiva la lame de bois qui lui aurait sans doute arraché la gorge.

Le fait que ces deux-là se connaissent ne les faisait pas retenir leur coups, bien au contraire. Chacun connaissait les attaques de l'autre et savait comment il ou elle y réagirait. Ils jouaient une partie d'échec, devinant plus encore les coups futurs de leur adversaire que leurs actions sur le moment.
Ce jeu d'échec-là était bien moins à mon goût.


Eig ne tentait pas de distancer Katia, il se contentait d'esquiver de justesse ses assauts tout en dirigeant ses flèches vers elle. Il esquivait certaines attaques à l'avance, sachant déjà où elle frapperait. Cela ne lui donnait en rien l'avantage pourtant, elle attaquait sans relâche et bien trop rapidement pour lui laisser le temps de décocher une autre flèche.
De temps en temps, lorsque la flèche manquait de l'atteindre de peu, Katia changeait de position avec un autre soldat, réinitialisant ainsi le combat. Les mêmes séquences se répétaient, sans jamais perdre en intensité ou en prouesses techniques.

Katia lança un ultime assaut, s'élançant depuis les rangs à toute vitesse. La hache qu'elle lança empêchant Eig de tirer une flèche supplémentaire sous peine de finir le combat avec de multiples côtes en pièces ; une seule flèche fondait sur la soldate. Katia l'attrapa au vol de sa main libre, comme si de rien n'était. Eig, surpris comme nous tous par cette parade, fut trop lent pour esquiver la lame qui s'immobilisa sur le côté de son cou.

Elle ne pouvait pas avoir attrapé une flèche au vol comme cela, j'avais du mal à le croire possible.
Alors que le combat se terminait par un abandon de l'archer, j'étais perdu dans mes pensées.
Si Katia était capable d'arrêter les flèches à la main, elle l'aurait non seulement déjà fait pendant le combat, mais n'aurait pas surpris Eig. Ces deux soldats s'entrainaient ensemble et je doutais qu'ils aient un secret l'un pour l'autre surtout du genre « Eh au fait je sais rattraper les flèches à main nue et en plein vol ! ». Je souriais en imaginant la sévérité de Katia effacée par une telle annonce.
Il y avait forcément autre chose, la soldate avait tenté quelque chose d'inhabituel avec succès, à la plus grande surprise de tout le monde, mais quoi ? Puis la réponse me parut évidente. Eig arrêtait ses flèches avant qu'elles n'atteignent leur cible afin de ne pas blesser un individu qui aurait échangé sa place avec celle de Katia, et la soldate le savait. Elle avait joué dessus. La flèche n'avait pas été attrapé en plein vol mais bien immédiatement après qu'elle se fige. Katia avait, en fait, simplement récupérer sa flèche alors qu'elle flottait dans les airs.

Eig riait aux éclats d'un rire des plus communicatifs. La défaite ne semblait pas l'attrister plus que cela. Même Katia semblait sourire.

L'archer chercha des yeux un emplacement libre dans les rangs. La magie de Katia avait mélangé les places libre et semblait en avoir laissé une derrière moi car il se dirigea dans ma direction. Il se plaça juste derrière moi, aux côtés de Malik et je les entendis chuchoter.
-« Vous vous battez réellement bien. » dit Malik en toute sincérité.
-« Merci, vous aussi. » répondit l'archer tranquillement, d'une voix un peu plus enjouée que d'habitude.
-« J'aimerai bien m'entrainer avec vous, à l'avenir. »
-« Pourquoi pas. Attendez, vous ne savez pas rattraper les flèches en vol vous j'espère ? » plaisanta Eig. Les deux hommes ricanaient le plus discrètement possible et je sentais déjà qu'ils s'entendraient bien.


Katia se tenait toujours sur le terrain de duel.

Cette dernière enchaîna plusieurs combats sans utiliser sa magie et demeura invaincu jusque-là. D'autres magies défilaient devant nos yeux, certaines assez courantes et d'autres, comme celle de Katia, sortaient du commun. Il y avait ce soldat qui semblait modeler le métal à souhait. Il avait failli la vaincre d'ailleurs, en créant une percé dans l'armure de la soldate. Ce genre de magie était normalement des plus classiques. Une grande partie des forgerons de l'empire en possédait une similaire mais il était le premier que je voyais combattre avec. Généralement, les effets varient légèrement d'un individu à l'autre. Certains peuvent le faire à une distance plus ou moins élevée mais ce soldat ne pouvait apparemment le faire qu'à un mètre, tout au plus.
Pour l'entrainement il se contentait d'écarter le métal afin de bloquer les mouvements de son adversaire, faisant de chaque armure un véritable étau, mais je ne doutais pas qu'il soit tout aussi capable de les transformer en vierges de fer.

La soldate attendait depuis un moment que l'on annonce son prochain combat maintenant. Ultir feuilletait les pages mais plus aucun nom ne semblait l'intéresser.

-« Je suppose que c'est fini. » chuchota Eig derrière moi.
-« Mais tout le monde n'a pas combattu, si ? » demanda Malik à voix basse.
-« A quoi bon ? Il a déjà vu les magies de chacun d'entre nous. Je me demande qui il va choisir. »
-« Katia probablement, elle est bien supérieure aux autres en termes de technique et de magie.»
-« Il ne s'agit pas de cela, le colonel avait fait son choix bien avant d'organiser ce tournoi et si vous croyez qu'il va changer ce choix juste à cause de cet Esterasse, vous êtes bien naïf. Katia n'aurait aucun intérêt, elle a déjà un niveau trop haut pour qu'il l'entraine lui-même et que cela reste rentable. »

J'écoutais avec intérêt leur conversation, les yeux d'archer d'Eig semblaient capables de voir au travers du jeu du colonel. Je l'enviais car pour le moment je n'avais jamais pu comprendre les intentions du colonel que trop tard.

-« Il la nommera surement première lieutenant, elle est un bon officier et une bonne guerrière, il le sait, il ne lui aurait pas donné le commandement pendant une journée sinon. Il semble être un homme qui a un plan pour tout, le tournoi n'est pas une excuse pour élire un écuyer, ni pour voir notre niveau. »
Je me tournais légèrement, regardant Eig qui me sourit, il savait que je les écoutais, comme toute personne qui se trouvait à portée d'ouïe de leurs chuchotements.
-« Si sa magie lui permet effectivement d'utiliser la magie d'un autre Runique, alors je dirais qu'il voulait uniquement connaitre nos magies à tous. C'est surement pour cela que seuls les runiques pouvaient participer à ce tournoi d'ailleurs. »
Le colonel semblait avoir décidé d'organiser un tournoi sur un coup de tête, simplement pour respecter les traditions mais tout était planifié. Depuis combien de temps avait-il réfléchit à ce plan, et jusqu'où s'étendait ce dernier ? Je voyais déjà un guerrier hors pair en Ultir, je suppose que « tacticien » ne ferait que s'ajouter à la liste de ses attributs.
-« Donc c'est fini, il annonce son choix, nomme Katia au grade de lieutenant et on s'en va gagner la guerre, c'est ça ? » dit Malik en plaisantant légèrement.
-« Pas tout à fait, il doit tout de même la tester avant de la promouvoir. » répondit Eig en souriant.
-« Mais il l'a déjà plus que testé, tous ces combats servent aussi à cela, non ? » demandais-je, curieux.
-« Il ne l'a pas encore testé lui-même » me dit-il, affichant un grand sourire avant de m'indiquer d'un hochement de tête le terrain de combat.

Je me retournai pour découvrir que Katia s'y tenait désormais face à face avec Ultir. Modifié par Aleron
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  • 1 mois après...
[quote] Et voici la suite rien que pour vous ! Un post un peu plus court que les précédents car nous arrivons à la fin de ce chapitre. Merci de vos commentaires, les relire de temps en temps redonne vraiment envie de continuer [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/wink3.gif[/img]. De plus cela m'aide beaucoup pour m'orienter et corriger mes lacunes le long de l'écriture alors continuez ! Bonne lecture ![/quote]


Aux côtés du colonel se tenait le jeune laquai portant deux glaives de l'armée à bout de bras. Ultir empoigna les armes et, alors que le jeune homme se retirait, fit quelques moulinets pour s'échauffer les poignets. Un autre laquai tendait à Katia une épée et une hache, récupérant les armes d'entraînements dont elle n'avait plus besoin. Le colonel et Katia s'affronteraient à armes réelles.
Une lueur brillait dans les yeux du colonel. Une flamme guerrière de détermination. De tous les combats que je l'avais vu mener à ce jour, celui-ci était le seul qu'il prenait au sérieux. Une pensée m'envahit. Comme un doute terrifiant. Et si Eig avait tort ? Et si Ultir ne testait pas la force de Katia ? S'il la tuait devant nous à cet instant, personne ne pourrait lui en vouloir, tout le monde saurait alors qu'il est le plus puissant de nous tous. Asseyant la supériorité qu'il avait établi lors de la tentative d'assassinat. Il ne pouvait défier Katia en duel selon les lois des anciens car il était d'un grade supérieur au sien, mais tuer par « mégarde » l'un de ses hommes pendant un entraînement ne lui causerait aucun problème.
Je me tournais alors vers Eig, avec l'intention de l'informer de mes doutes. Il observait Katia en souriant, les bras croisés. Il était réellement impatient de voir ce combat et sa curiosité de savoir qui était le plus fort des deux duellistes semblait l'aveugler. Il me regarda un instant et je sentis qu'il lisait mon inquiétude sur mon visage. Il reporta son regard sur Ultir, son sourire s'érodant quelque peu.
-« Tu es sûr qu'... » fut tout ce que j'eus le temps de dire avant d'être interrompu par le bruit strident d'un cor déclarant le début du combat.


La surprise me fit tourner le regard vers l'origine de ce bruit. Encore et toujours ce laquais blond au regard azure. Il me fixait droit dans les yeux. J'avais l'habitude d'une telle chose à cause de la couleur de mes yeux. Mon œil droit est vert comme ceux de ma mère alors que mon œil gauche est d'un rouge-orange qui semble capter bon nombre de regards surpris.
Je le dévisageais à mon tour mais ma ligne de vue fut coupée, ramenant mon attention sur le combat qui se déroulait juste devant moi. Ultir avait lancé une de ses armes sur Katia, l'empêchant d'être la première à charger.


Le colonel fut au contact en un rien de temps. Katia avait oublié toute tentative d'agression et maintenait une garde robuste, prévoyant une attaque des plus violentes. Alors qu'Utlir était enfin à portée pour frapper, il esquissa une rotation sur lui-même tout en tournant autour de son ennemi. Ses pieds dérapaient sur le sol, maintenant une vitesse respectable et augmentant encore l'effet de surprise. Sa frappe approchait dangereusement du dos de Katia alors qu'elle disparut, laissant la place à un autre soldat. D'un mouvement expert, Ultir décala son attaque, frappant le dos du soldat avec son avant-bras, le projetant à terre. Le colonel faisait preuve de bien moins de retenue que ne l'avait fait Eig, pour autant le soldat innocent demeurait indemne, plus de peur que de mal.

Ultir se retourna et para l'attaque de Katia. Elle avait dû prendre la place de quelqu'un dans les premiers rangs afin de ne pas perdre l'effet de surprise. Mais le colonel avait vu clair dans son jeu. Je ne saurais dire s'il fut capable de reconnaitre le soldat de dos tout en se souvenant de sa position, ou s'il avait repéré la magie de Katia mais il savait d'où elle viendrait.
Les deux duellistes se battaient avec acharnement, enchainant les coups et parades à une vitesse fulgurante tout en maintenant une certaine puissance de frappe.
Je remarquais alors quelque chose d'étrange. Depuis le début du combat nous n'avions vu aucune rune. Le colonel ne s'était pas servi de sa magie, bien que je me demandais pourquoi ses runes n'apparaissaient pas à chaque attaque comme lors du duel contre Finelame. Mais pourquoi n'y avait-il eu aucune rune aux pieds de Katia ? Je me souvenais de leur blancheur uniquement après les avoir vues pendant l'entrainement alors qu'elle nous jaugeait tous. Les runes étaient-elles si discrètes que je puisse les rater ? Non, elles devaient être là, ou plutôt, ailleurs.

Comme me répondant, je vis des runes étranges se dessiner sous mes pieds. Pendant mes réflexions le combat avait suivi son cours et j'avais alors un rappel express. Un vent frais frappait le côté de mon visage. Ultir se tenait juste devant moi, sa lame arrêtée nette au niveau de ma gorge. Il était à quelques millimètres seulement de m'égorger. La peur et la surprise me paralysaient; pour le mieux au vue de ma proximité avec l'acier tranchant du glaive du colonel. Ce n'était pas moi qui lui qui se tenait devant moi mais plutôt l'inverse. Katia avait échangé sa place avec moi. Je voyais alors la magie dans les muscles du bras du colonel. Je suppose qu'il n'aurait pas été capable d'arrêter son geste à temps sans cela. J'entendais même le sifflement de la lame qui vibrait encore suite à son immobilité soudaine et forcée. Ces ultrasons traversaient ma chair et mes os de manière douloureuse comme si la mort elle-même caressait mes nerfs. Je n'osais même plus respirer. Le regard perçant du colonel s'était figé sur une expression de surprise mêlée à ce qui me semblait être une pointe de peur. Il avait réellement craint de me tuer dans cette attaque. Je vis ce regard se transformer en rage guerrière. Cette haine d'avoir été berné se lisait dans ses yeux puis, je ne vis plus que le terrain du combat depuis les rangs des spectateurs.

Katia avait à nouveau échangé nos places, jouant sur la surprise du colonel pour l'attaquer alors que sa garde était baissée.

D'un coup de hache elle repoussa la lame du glaive avant d'élancer sa propre épée vers le visage du colonel. Ultir fit un pas rapide en arrière. Tout semblait aller au ralentit à présent, probablement à cause de l'adrénaline qui courait dans mon sang. Le pied du colonel glissa sur une pierre instable, dérapant en arrière et le faisant trébucher. La lame atteint son but, se fichant dans la fenêtre du casque ne masquant pas les yeux d'Ultir. Je vis la lame s'enfoncer profondément dans la partie creuse du casque alors que le colonel continuait de glisser. Le casque fut projeté en l'air. La magie d'Ultir envahit ses deux jambes alors que ses pieds se posaient sur le torse de Katia. D'une impulsion surhumaine il la propulsa trois mètres plus loin.

Les deux combattants étaient alors à terre, la chute avait sonné Katia, laissant le temps de se relever au colonel. Du revers de la main il s'essuya le haut de la joue, chassant le sang qui s'y répandait. L'attaque avait été évité de justesse, n'entaillant que sa joue et retirant son casque alors qu'elle aurait pu être fatale. Les runes émeraude tournaient aux pieds d'Ultir. Sous son casque, il portait une sorte de masque, protégeant le bas de son visage par un maillage métallique complexe des plus fins. La perte du casque avait libéré une chevelure longue et noire comme l'ébène qui lui tombait à présent sur les épaules.

Katia se releva lourdement, fatiguée par les combats qu'elle avait menés auparavant et la tension que ce-dernier duel devait lui causer. Elle regarda son adversaire ne portant désormais plus de casque et resta surprise un instant. Le colonel avait un charme certain, pour toute personne qui arrivait à tirer son regard de ses yeux verts envoutants. La soldate se ressaisit et repris une pose de combat.
-« Si vous continuez à vous retenir ainsi, vous allez perdre Colonel… Utilisez au moins votre magie, vous m'insulteriez autrement » lui dit-elle. Ultir jeta son arme sur le côté, la laissant dérapée jusqu'aux pieds d'un laquais qui s'empressa de la ramasser et de la nettoyer à même sa tunique miteuse.

Le colonel laissa les runes s'étendre, illuminant le combat plus encore que le soleil de l'heure bleue.

En un instant, il fut au contact de sa cible, esquivant sa contre-attaque avec facilité. Ultir posa sa main sur plusieurs articulations de l'armure de Katia, modifiant sa structure pour la paralyser dans un bruit de métal que l'on tord. D'un geste rapide il se saisit d'un bras de la soldate et lui passa derrière le dos, le bloquant dans cette position en déformant le métal par magie. Katia tenta une attaque de sa main libre et fut stoppée nette par un pilier de glace qui se matérialisa autour de son bras jusqu'à le rendre si lourd qu'elle ne puisse plus le porter. La pauvre soldate perdit l'équilibre et tomba à genou. La glace s'étendit au sol et jusqu'à ses genoux, la paralysant dans une position des plus vulnérables. Les runes se reflétaient dans la glace, amplifiant encore plus cette lueur verte omniprésente.

Katia tentait de résister à la panique et de libérer ses bras, mais la force humaine, surtout dans une telle position, ne serait jamais suffisante pour la sortir de cette paralysie. Ultir s'éloigna de la perdante, lui tournant le dos et la laissant patienter dans l'inconfort. Il récupéra sa lame auprès du laquais qui fixait le sol, effrayé à l'idée de croiser le regard d'un tel mage. Le colonel déployait tant de puissance runique que je pouvais sentir mes organes se serrer de vertige. Il ne pouvait pas être humain. Pas avec une telle puissance.
D'un seul et même geste Ultir lança sa lame en direction de Katia qui ne pouvait faire que regarder la mort fondre sur elle. Je sentis mon cœur raté un battement. Mon attention avait été si sollicitée par le combat que je ne pensais plus à ma théorie d'avant son commencement. J'entendis le hoquet de peur de l'archer derrière moi.

La lame s'arrêta à quelques centimètres de la gorge de la soldate. Je regardai derrière moi. Eig était aussi surpris que moi, ce n'était pas de son fait. Ultir regardait Katia droit dans les yeux, la défiant du regard.
-« Félicitations soldate Katia, vous êtes promue première lieutenant. » dit-il ramassant son casque.

La lame retomba au sol, inerte, la glace fondue instantanément libérant une main qui fut la bienvenue pour retirer l'armure de la soldate. Eig lâcha un long soupir de soulagement. Soulagement partagé par tous les spectateurs.
-« Le tournoi est terminé, vous avez quartier libre pour la fin de la semaine. »
Le colonel remit son casque et s'en alla, nous tournant le dos.

-« Colonel ! Et pour l'écuyer ? » osa demander Malik.
-« Hmm ça… Lucius SteelGuard. » dit-il avec dédain, comme s'il avait oublié qu'il devait élire un… Attendez, Lucius ? La frappe « amicale » dans le dos que m'adressa Malik fut la plus puissante que je connu. Il riait aux éclats, fier et heureux pour son ami ; pour moi. Les mots tournaient dans mon esprit, pourquoi moi ? Je n'avais même pas combattu. Les soldats me félicitèrent, Eig passa près de moi, me faisant un rapide clin d'œil avant d'aller aider Katia à se relever et se débloquer. L'air devenait rare maintenant que tout le camp s'agglutinait autour de moi.

-« Laissez-le respirer, soldats ! » hurla une voix féminine autoritaire. L'ordre fut respecté aussitôt. La défaite de Katia n'avait pas effacé des mémoires ses victoires passées face à tous les autres soldats.
-« Félicitation, écuyer Lucius, maintenant allez tous vous reposer et profiter du temps libre qui vous est accordé, c'est un ordre ! » hurla-t-elle avec un demi sourire aux lèvres. Modifié par Aleron
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Voilà donc à quoi il sert !

Parce que pour l'instant, à part voir tout ce qu'il se passait, il servait quand même à rien ce personnage ! :P C'est tout bon en tout cas et j'ai vraiment cru qu'il allait mourir le colonel !

[quote]De plus cela m'aide beaucoup pour m'orienter et corriger mes lacunes le long de l'écriture alors continuez ![/quote]

Lire les autres aide aussi ;)

@+
-= Inxi =-
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  • 1 mois après...
[center][center][quote]Me voila de retour et je ne suis pas venu les mains vides ! Pour fêter la première année passée depuis le premier post de cette histoire, voilà 9 pages d'histoire en plus ! Bonne lecture à vous ! [/quote][b][u] [/u][/b] [b][u][size="5"]

Chapitre VI : Saurien.[/size][/u][/b][/center][/center][center] [i]« Je ne suis ni ami ni ennemi, ma route en ce monde suit simplement la vôtre pour un petit bout de chemin. » Snell.[/i]
[/center] [center][center][i] [/i][/center][/center]
[left] Snell avait travaillé sans relâche depuis son arrivé. Son arme et son armure étaient finies depuis longtemps et lui avait été confisqué immédiatement. Tout le village se méfiait de lui à l'exception de Noïsha, Aleron et moi-même. Cyaphas continuait de garder un œil sur lui entre chacun de ses entrainements. Snell était un forgeron hors-pair. Il avait rapidement surclassé celui du village et en regardant son armure je pouvais dire sans trop de risque qu'il surpassait la plupart des forgerons de Setla. Les coupes étaient fines et nettes. Le métal pesait tout juste plus lourd que du cuir durci et était cinq fois plus résistant. Les articulations étaient pensées ingénieusement pour ne bloquer aucun mouvement. Il aurait fallu des années à Taro, notre forgeron, pour réussir une telle pièce. Snell l'avait réalisé en à peine une semaine. Il semblait connaitre l'armure par cœur, comme s'il ne faisait que la reforger pour la millième fois. Je l'entendais parfois se plaindre de la qualité de la forge bien inférieure à ce dont il avait l'habitude. Plaintes toujours suivies des rires de Noïsha. Souvent il lui parlait, décrivant son art pour qu'elle puisse l'imaginer. Elle avait alors cette mine fascinée bien qu'elle ne devait pas comprendre la moitié des termes techniques qu'il employait. Ils restaient jusque tard dans la forge, profitant de l'air frais de la nuit pour respirer un peu de temps en temps. Un soir, la sentinelle aperçut Snell sortir du bâtiment en portant une Noïsha endormie dans ses bras. Snell était censé dormir dans la grange qui avait été aménagé pour lui, aussi le voir resté seul avec Noïsha chez elle lui attira quelques problèmes. Quel bazar ça avait foutu dans le village…

Et puis est arrivé ce jour…

C'était encore un de ces jours où Cyaphas harcelait le Saurien de questions, tentant d'en savoir plus sur la fin du monde et sur les véritables raisons de sa venue. Snell demeurait alors silencieux, ce qui énervait mon ami d'enfance au plus haut point.
Ce jour-là, il fut moins patient que les autres jours…
-« On aurait dû te faire passer l'épreuve des exilés dès le début, on en serait pas arrivé là… » lâcha Cyaphas, à bout de nerf.
-« Cyaphas ! » s'exclama Noïsha outrée.
Mais Snell avait cessé tout mouvement.
-« Si je passe ton épreuve tu me laisseras tranquille ? » demanda-t-il calmement.
Un silence de plomb s'en suivit.
-« C'est impossible que t'y survives… » répondit-il finalement.
-« Et si j'y parviens ? Cesseras-tu de m'importuner pendant que je travaille ? » interrogea le Saurien en jetant un regard vers son interlocuteur.
-« Tu n'es pas obligé, Sne … » commença Noïsha.
-« Très bien ! Si tu passes l'épreuve avec succès je te considérerais comme l'un des nôtres. »
Snell hocha la tête et reprit son travail comme si de rien n'était alors que Cyaphas s'en allait prévenir les anciens du village en me lançant un sourire satisfait.

Dès le lendemain nous fûmes tous convoqués à l'orée de la forêt. Généralement on accorde un répit d'une semaine à l'exilé, ou plutôt au condamné, pour se préparer, faire ses au-revoir à ses proches et réaliser ses dernières volontés. C'est à ce moment-là que je compris clairement que nous n'étions pas plus de quatre ou cinq à soutenir le bien-fondé de la présence de Snell. Le village, et tout particulièrement les anciens, souhaitait simplement qu'il s'en aille ou meure avant de devenir une menace.
Tous étaient venu pour le départ de Snell mais seuls quelque uns l'accompagneraient jusqu'au lieu de l'épreuve.
Une fois arrivé devant la grotte, il ne restait que Snell, Aleron, Noïsha, Cyaphas, moi-même et les trois anciens qui formaient le conseil du village. Les autres s'en étaient retournés à leurs occupations.
Cain, l'un des anciens, tendit un couteau de chasse à Snell qu'il prit sans rien dire. Il observa l'arme longuement, les sourcils froncés.
-« Un problème, jeune homme ? »
Le Saurien rangea l'arme à sa ceinture et fit non de la tête.
La grotte était immense et plus sombre que la nuit. Même mes yeux ne pouvaient voir clairement au travers de cette obscurité amplifiée par la magie de la créature qui y habitait.
-« Normalement la chasse se fait dans la forêt entière mais en cette période de l'année c'est le seul endroit où vous pourrez en trouver un. » prononça l'ancien, rangeant ses mains dans ses manches.
-« Trouver quoi ? »
-« Eh bien, un Sar'kith ! »
Snell leva un sourcil interrogateur.
Noïsha s'avança d'un pas, comprenant qu'il ne connaissait rien de nos coutumes.
-« Tu dois entrer dans cette grotte, trouver un Sar'kith et ramener son pelage » dit-elle, anxieuse.
-« Et comment reconnaitrais-je ce… Sar'kith ? »
L'ancienne Atma poussa un petit rire avant de déclarer :
-« Vous le reconnaitrez quand vous le verrez, ne vous en faites pas pour cela. »
Je voyais Noïsha serrer les poings, elle voulait s'élancer vers lui et le retenir, j'en étais sûre, mais la coutume réservait ce genre de geste pour la semaine de préparation auquel ils n'avaient pas eu le droit. Snell sonda les profondeurs de la grotte en soupirant. Apparemment, même les yeux d'un Saurien ne pouvaient percer l'obscurité dégagée par la magie de l'animal légendaire. Il se tourna une dernière fois vers Noïsha, la dévisageant longuement.
-« Combien ont participé à cette épreuve, m'as-tu dit ? »
-« Tu es le dixième… » répondit-elle, resserrant encore un peu plus ses poings.
-« Et combien ont réussi… ? »
Noïsha détourna le regard comme si elle sentait celui de Snell la toisant.
-« Je vois… » achevât-il avant de s'engouffrer dans les ténèbres.
Il portait des habits empruntés à Aleron car leurs carrures étaient assez proches et, ainsi vêtu, il ressemblait à l'un des nôtres. Sa longue chevelure avait été ramenée en une queue de cheval typique des jeunes elfes mâles. Je regardais ce qui semblait être un elfe athlétique marcher vers la mort sans hésitation. Les anciens attendirent quelques instants, s'assurant que Snell ne ressortait pas de la grotte puis rentrèrent au village comme ils en étaient venus.
-« Aller viens Caldera, on rentre, on reviendra demain voir s'il est sorti… » me dit Cyaphas avec son ton désintéressé habituel.
-« T'as qu'à rentrer, moi je l'attends. » dis-je en m'asseyant avec Noïsha, fermement décidées à voir ressortir celui qui m'avait sauvé la vie.
Cyaphas émit un sifflement d'exaspération entre ses dents et fit demi-tour, j'étais têtue et il le savait. Aleron nous observa un moment, Noïsha et moi, nous étions toutes les deux assises devant cette gueule béante géante et remplie d'ombres. Il s'éloigna quelque peu, restant à disposition pour raccompagner Noïsha tout en nous laissant seules. Snell ne ressortirait pas avant longtemps. Cette grotte était un véritable labyrinthe et trouver la bête était une première épreuve en soi.

-« Tu penses qu'il va ressortir ? » demandais-je timidement à Noïsha.
Elle se tourna vers moi et me fis le plus beau de ses sourires.
-« J'en suis persuadée, il me l'a promis. » Je sentis une pointe de jalousie tirailler mes entrailles.
-« Tu… Tu l'aimes ? » dis-je en arrachant l'herbe autour de moi, tentant de me calmer. Elle rougit, détourna le regard mais ne répondit pas. Comme si elle s'interrogeait elle-même.
-« Il… Il a un certain charme » finit-elle par avouer en rougissant. Quelque chose en moi, probablement de la jalousie, me poussa à tenter de lui dire ce que je savais au sujet de cet homme, comme pour l'éloigner de lui, diminuer le chagrin qui l'envahirait s'il ne revenait jamais. Ces raisons s'appliquaient à moi également, je le savais.
-« Il… Il veut tuer un dieu… » dis-je en me figeant. J'avais réussi à le dire ! Le verrou magique n'existait plus !? Cela voulait-il dire que Snell était… ?
-« Je sais.. » me répondit-elle, décuplant ma surprise. Elle passait distraitement ses doigts parmi les brins d'herbe autour d'elle.
-« Il me l'a dit… Il veut venger les siens… »
Je la regardais, bouche-bée. Elle semblait pensive.
-« J'essaye de l'en dissuader, de lui faire changer d'avis… mais il n'aime pas en parler et il y a comme un… »
-« Un verrou magique… » dis-je, me remémorant le silence qui m'avait été imposé dans la grange. Elle hocha la tête.
-« Alors il y est soumis aussi… » pensais-je à haute voix.

L'après-midi passa, puis alors que le soleil disparaissait derrière les cimes des arbres, Aleron vint chercher Noïsha par le bras. Il me regarda un instant, comme me demandant si je comptais rester encore un peu. Je lui fis un petit sourire, n'ayant pas la force de plus. Il me le rendit avant de raccompagner une Noïsha épuisée. Je regardais maintenant cette gueule béante, ouverte sur un monde de ténèbres. Même la nuit ne rendait pas cette obscurité harmonieuse. Peu importait la luminosité ambiante, la caverne serait plus sombre encore. Les étoiles et la lune n'éclairaient que peu la forêt, mais mes yeux pouvaient se contenter de bien moins. Tout était calme. Pas un oiseau, pas un insecte, pas un bruit. Comme si la forêt savait qu'un être dérangeait, en ce moment même, l'animal qui en était l'avatar.
Les Sar'khits sont les esprits de la forêt, ils sont les familiers d'Enoch lui-même. Les affronter c'est défier leur Dieu. Si Snell était apprécié d'Enoch, il survivrait, sinon…Je tentais de penser à autre chose ; en vain. Mon ventre se serrait en imaginant la mort violente de celui qui avait sauvé ma vie et volé mon cœur. J'étais persuadée que Noïsha s'en voulait autant que moi. Nous n'avions rien fait pour empêcher cela d'arriver. Cyaphas avait soumis l'idée aux anciens mais pour qu'elle soit appliquée aussi vite, ils avaient déjà dû y réfléchir. Le fait qu'il vienne leur en parler n'avait fait que les décider à faire ce qu'ils voulaient déjà, simplement un peu plus tôt que prévu. Je ne devrais pas lui en vouloir, il avait raison de se méfier et peut-être l'avenir lui donnerait raison mais je ne pouvais me résoudre à suspecter le Saurien de quoi que ce soit. Lorsque je le regardais je me sentais en sécurité, comme un rappel que je lui devais la vie et que ce ne serait pas la dernière fois qu'il me sauverait.
Encore devrait-il survive au Sar'khit pour cela.

L'air nocturne me fit frissonner. Je m'étais assoupie et n'avais aucune idée du temps que j'avais passé, assise dans l'herbe fraiche. Snell n'était pas ressorti… Les étoiles et la lune éclairaient la forêt jusqu'aux quelques premiers mètres de l'intérieur de la grotte. Je me figeais alors en remarquant que je parvenais à en voir les premiers dédales. La brume magique n'était plus. Mon cœur fit un bond et mon corps avec. Je regardais cette grotte maintenant presque claire, mon sang tambourinait sur mes tempes. Le temps semblait s'être arrêté. Mon esprit s'embrouillait de pensées qui fusaient dans ma tête. Si la brume s'était arrêtée c'est que le Sar'khit n'était plus ou qu'il n'y avait plus de menaces nécessitant une telle barrière magique. Je regardais autour de moi sans savoir ce que je cherchais. Quelqu'un, n'importe qui pouvant m'aider, prévenir Aleron ou me dire qui de Snell ou de la bête avait survécu. Personne. Les oiseaux chantaient à nouveau, même le souffle frais de la forêt faisait se balancer mes cheveux, je frissonnais. Mon cœur battait à toute allure, mon ventre se serrait d'angoisse. L'anxiété me submergeait dans un raz de marée d'émotions et une vague de chaleur. Ma tête tournait et je respirais si vite qu'il m'arrivait de rater des inspirations.
D'un bond je m'élançais vers la grotte.

Le vent froid sifflait sur les parois rocheuses. L'air était humide et glaciale. Des gouttes coulaient le long de stalactites gigantesques pour finir par s'écraser au sol dans un bruit cristallin qui résonnait de manière dissonante avec leurs semblables. J'avançais avec précautions sur le sol rocheux et glissant. La lumière n'entrait pas ici et seule ma vue perçante me permettait de voir ou je posais le pied. J'arrivais devant un carrefour à trois conduits. A partir d'ici l'influence du Sar'khit était de plus en plus forte : le sol n'était plus de pierre mais d'herbe et de mousse, des plantes grimpantes recouvraient les murs tandis que d'autre se laissaient pendre de la paroi supérieure. Je sentis mon pied se poser sur quelque chose de solide et instable. Un rapide coup d'œil m'informa qu'il s'agissait de la dague qui avait été donné à Snell lors de son entrée ici. Aucune trace de sang, de combat ou même du moindre trouble ne marquait les lieux. Je ramassais l'arme et la tenait fermement, comme si cela pouvait me rapprocher du Saurien. Tous les conduits étaient aussi sombres et ils arboraient chacun cette végétation soudainement luxuriante ; mon instinct me guida à l'aveugle dans l'un d'eux. Comme une profonde conviction que je devais suivre cette route. Peut-être sentais-je l'odeur de Snell sans m'en rendre compte. Je continuais ainsi pendant une bonne heure, choisissant mon chemin au hasard parmi les choix qui s'offraient à moi. Je ne voulais pas m'arrêter et prendre le risque de réfléchir à ce qui avait bien pu me pousser à rentrer dans le repaire de la bête au lieu de simplement attendre à l'entrée. Je continuais donc de progresser dans ce qui semblait être une grotte de taille infinie. Pour ce que je savais, j'avais aussi bien pu trouver la dernière cavité par chance ou en ayant fouillé tout le reste de la grotte. Au bout de ce corridor en pierre scintillait une lueur bleue cyan douce et légère. Je posais la main sur la pierre, la lame prête à riposter, alors que je penchais la tête pour voir d'où provenait cette lueur. La cavité était gigantesque, éclairée par des diamants luminescents parsemant la paroi supérieure comme un ciel étoilé. Un saule pleureur somptueux trônait en son sein, enrichissant la lumière des reflets roses de ses feuilles. Un ruisseau courrait le long du sol, abreuvant ses imposantes racines, il provenait d'une cavité dans la paroi et s'enfuyant dans une autre. Je n'entendais pas l'eau et un examen approfondi me permis de comprendre en partie pourquoi : l'eau était figée dans le temps, rien d'autre ne bougeait dans toute la grotte d'ailleurs.

Il était là, assis en tailleur sous le saule, les mains fermées sur ses mollets, ses runes luisaient légèrement, éclairant ses muscles seyants et guindés au maximum rendus visibles par l'abandon de sa tunique. Snell demeurait aussi immobile que l'arbre lui-même. Son souffle puissant semblait s'être arrêté et ses yeux clos et son visage impassible trahissaient une concentration hors du commun. Il n'y avait aucun signe du Sar'khit. Je soupirais de soulagement en voyant mon sauveur en vie. L'eau repris son cours, les runes s'évanouirent et Snell ouvrit les yeux. Ses deux amandes émeraude m'observèrent et un sourire fendit son visage concentré.
-« Je croyais que c'était à moi de venir vous trouver lorsque j'aurais fini ? » chuchota-t-il de sa voix grave de séducteur, perpétuant le calme de cet endroit. Je vis son corps se détendre et son souffle reprendre un rythme accéléré de reprise après l'effort.
-« J'étais si inquiète… » avouais-je, débordante de soulagement.
J'entrais enfin dans la cavité, l'arme toujours à la main, lorsque Snell leva une main dans un signe me sommant de m'arrêter. Je me figeais en voyant un œil gigantesque s'ouvrir dans la pierre au niveau de la hanche du Saurien. L'œil monstrueux me dévisageait comme me lançant des éclairs. Une forme massive se découpa dans la roche autour de cet œil avant de se tourner vers moi. Une gueule gigantesque remplie de dents d'une demi-douzaine de centimètres s'ouvrit dans ma direction, laissant échapper un grognement terrifiant. L'intérieure de la gueule rougeoyait comme un fourneau laissant des volutes de fumées s'en échapper. Le Sar'khit se tenait là depuis le début, juste derrière Snell. Il m'observait, grognant agressivement. J'étais paralysée. Ce n'était pas seulement la peur, je sentais la magie qui serpentait autour de mes muscles en les paralysant.
Snell m'observait plus sérieusement que jamais, il n'avait toujours pas bougé.
-« Jetez cette dague derrière vous dame Caldera, je vous prie. » dit-il lentement. « Elle ne vous sera d'aucune utilité contre sa peau de pierre. Elle ne vous sera d'aucune utilité contre quoi que ce soit d'ailleurs, elle est contrefaite. »
Je lâchais lentement le manche mon arme. La lame se sépara du manche en touchant le sol.
Si la bête était plus sereine, elle le cacha parfaitement. La transpiration coulait le long de ma nuque me donnant des sueurs froides contrastant nettement avec la chaleur de la joie des retrouvailles. Snell ne semblait ni étonné ni menacé par la présence du monstre derrière lui. Il était parfaitement immobile et ne s'était même pas retourné. Il me dévisageait avec le même regard que le Sar'khit. Leurs yeux étaient exactement les mêmes, de la couleur à la forme de l'iris. Le Sar'khit ressemblait à un loup mais si grand qu'un elfe pourrait le chevaucher, sa peau était faites de pierre comme s'il avait été taillé dans la roche de cette grotte et elle était parsemée de runes qui luisaient comme ses yeux. Je reconnaissais cette rune. Le tracé était précis, le triangle inscrit dans son cercle, pointe vers le ciel, tous deux enfermés par un autre triangle plus grand, pointe vers le bas, et en son centre un autre cercle qui semblait me fixer comme un œil brillant, Ul, la rune représentant la magie primale. Les griffes de la bête étaient faites des cristaux luminescents qui nous éclairaient et semblaient plus acérées que la plus fine des lames. Il était musclé comme un ours et aussi agile qu'un renard. Il était le prédateur parfait et en l'observant, me menaçant tout en restant derrière Snell je remarquais autre chose. Ces deux êtres étaient plus que semblables. Chacun avait été dessiné pour tuer et pour chasser. Chacun était le plus rapide et le plus efficace dans ces domaines à tel point qu'il semblait impossible de dire lequel était le plus dangereux à affronter. Leur regard trahissait la même force et la même magie qui courraient dans leurs veines. Leurs respirations étaient parfaitement synchronisées comme s'il s'agissait d'un seul et même corps. Je sentais mes jambes trembler sous mon poids. Courir jusqu'ici avait été une mauvaise idée. Une pure folie même. J'envisageais de m'enfuir mais je n'avais aucune chance de retrouver mon chemin, pas plus que d'échapper au Sar'khit s'il me poursuivait. J'aurais dû prier Enoch de me pardonner pour avoir déranger son incarnation en ce monde, le prier de m'épargner mais quelque chose me disait que quoiqu'Enoch veuille, Le Sar'khit seul aurait le dernier mot.
J'entendais à nouveau la voix de Cyaphas parlant de Snell comme un ennemi et tout prenait alors du sens. Le Saurien s'était caché ici pour préparer son plan contre le Dieu qu'il souhaitait détruire. La bête était à ses ordres, voilà pourquoi il avait accepté si facilement de participer à cette épreuve. Il me dévisageait avec une haine certaine.
-« Vous ne priez pas ? » demanda Snell, toujours immobile.
-« Cela changera vraiment quelque chose ? » répondis-je, hésitante.
Son regard changea, il devint moins hostile, comme s'il me jaugeait. Il leva sa main libre et la posa sur l'encolure de l'animal. Les runes apparurent le long du bras comme lorsqu'il me sauva la vie, avant même de trouver notre village. Les runes coururent le long des muscles jusqu'à arriver dans sa main où elles ne firent qu'une courte pause. Un battement de cils plus tard elles se répandirent dans tous le corps de l'esprit de la nature. La bête se calma instantanément alors que sa peau de pierre devenait branchages, mousse et feuilles. Elle se coucha à nouveau, fermant les yeux pour reprendre son repos alors que Snell flattait son encolure.


Il avait dompté la bête des légendes.
Mes jambes cessèrent de me supporter, me laissant tomber sur les genoux. Je ne pouvais déjà plus discerner du monstre qu'un grand buisson semblable à tant d'autres dans la forêt.
-« Co…comment ? » articulais-je difficilement sous le coup de l'incrédulité.
-« Vous ne savez réellement rien de mon peuple en ce monde, n'est-ce pas ? » Je fis non de la tête. Il tapota le sol à côté de lui pour m'inviter à venir plus près. Ce que je fis aussitôt que mes jambes en furent capables.
Il me parla longuement de son peuple, de son monde, faisant quelques pauses lorsque le verrou magique l'empêchait de formuler telle ou telle phrase. Dans son monde la magie était des plus différentes. Chaque être y avait accès à plus ou moins haut niveau. Certain pouvait au mieux la ressentir alors que d'autres poussait la maitrise de cet art jusque proche de la perfection. La magie n'était pas divisée par genre comme ici tout le monde pouvait révéler son plein potentiel. Il tentait de m'expliquer que la magie n'était rien d'autres qu'un catalyseur alchimique ou quelque chose comme cela. Une magie de flamme n'était alors rien d'autre qu'une combustion déclenché à l'aide de l'énergie magique, la glace était formée à partir de l'humidité dans l'air et amplifiée grâce aux runes. La maitrise de la magie reposait dans la gestion de ses ressources magiques, dans la connaissance des runes nécessaires ainsi que dans la rapidité d'action et l'endurance de son utilisateur.
Il me parla du passé, de son espèce, disparue il y a à peine une cinquantaine d'année. Les Sauriens vivaient bien plus longtemps que les autres races, aussi lui-même était âgé de plus de trois siècles. Les Sauriens étaient, d'après lui, la première race à peupler son monde, après les Dragons bien sûr. Les dieux étaient arrivés après et avaient éradiqué les Dragons et les Sauriens, une poignée des siens avaient survécu et vivaient désormais cachés du reste du monde. Il ne put me dire comment il avait pu rejoindre notre monde, le sceau ne lui en laissa pas la chance. Les Sauriens restaient les meilleurs mages grâce aux liens étroits qu'ils entretenaient avec l'âme. L'âme est ce qui lie le corps physique à la puissance magique. Afin d'augmenter leurs capacités, chaque Saurien, une fois l'âge adulte atteint, lie son âme à celle d'un animal de son choix, partageant ainsi leurs ressources magiques. Les âmes devaient se reconnaitre et se choisir d'instinct. La faune de son monde était elle aussi capable de magie et les Sar'khit n'était que des animaux au potentiel extraordinaire.

Il avait lié son âme à ce Sar'khit.

En m'expliquant cela il se mit à caresser la bête monstrueuse qui laissa échapper ce qui s'approchait d'un ronronnement.
-« La question est : si les dieux n'ont pas donné la magie aux animaux dans votre monde, comment peut-il y avoir des Sar'khit ? » termina-t-il en me souriant. Il le savait, il savait beaucoup de choses mais ne pouvait en dire que peu.
-« Qui maintient ce silence magique ? » demandais-je sans trop y croire. Il fit non de la tête.
-« Pourquoi fait-il cela ? » Il me regarda, comme tournant les phrases dans son esprit, cherchant lesquelles ne seraient pas censurées.
-« Il y a des choses qui ne doivent pas être connues trop tôt… » finit-il par me répondre.
-« Pourquoi ai-je pu parler de vos plans avec Noïsha et pas avec Aleron »
-« Car les choses dont vous discutiez étaient connues de Noïsha et de vous-même et que personne d'autre ne pouvait vous entendre, Aleron n'est en rien au courant de ce dont vous vouliez l'entretenir. »
-« Quel Dieu allez-vous tuer ? »

J'entendais un léger bourdonnement magique, le sceau semblait bloquer avec plus d'intensité les réponses à mes questions.
Il ne pouvait répondre à cela, je devinais des détails sur l'identité de notre censeur. Dans mon esprit, je me le représentais comme un marionnettiste tirant les ficelles d'un plan minutieusement préparé dans le but d'abattre un Dieu à l'aide du Saurien qui se tenait devant moi. Ils étaient donc, en quelque sorte, alliés. Snell n'avait eu qu'un allié depuis son arrivé dans ce monde et je le savais puissant, mais je ne le connaissais que de réputation et ne pouvait dire s'il était capable de tout cela.
-« A quel point le colonel Ultir est-il puissant ? » Snell me transperça du regard, je venais de poser la question de trop. Comme si le sceau s'accentuait encore, l'air devint plus lourd. Je vis le Sar'khit s'agiter un peu et ses runes gagnèrent en intensité.
-« Vous ne voudriez pas avoir à le découvrir. »
-« Alors dites le moi, comment un simple humain a-t-il pu mettre la main sur l'Œil de dragon, et sur du sang de dragon ? » Ses yeux s'emplirent d'inquiétude, pour lui, pour moi et peut-être pour tout Setla. Il m'observait durement comme le faisait Aleron lorsqu'il me réprimandait.
-« Êtes-vous notre ennemi ? »
Snell m'observa, réfléchissant à sa réponse.
-« Je ne suis ni ami ni ennemi, ma route en ce monde suit simplement la vôtre pour un petit bout de chemin[i].[/i][size="2"] » me répondit-il simplement. Me laissant dans le doute.[/size]
[size="2"]-« Et donc… Vous n'allez pas tuer Enoch ? » essayais-je.[/size][size="2"]Le bourdonnement magique s'amplifia encore alors que la rune brillait de plus en plus intensément.[/size]
[size="2"]-« [/size]Il y a des choses qui ne doivent pas être connues trop tôt. » Je l'observais, indécise. Je savais que de tout ce que j'avais entendu ou vu dans cette grotte ne pourrait être rapporté au village à cause du sceau de silence.
-« Vous feriez mieux de rentrer au village, dame Caldera, les vôtres vont s'inquiéter. Dites-leur que je ressortirais à l'aube. » achevât-il avant de fermer les yeux et de reprendre ses exercices magiques. Je voulais rester, poser plus de questions et en apprendre d'avantage encore sur cet être fantastique. Le Sar'khit sortit de son repos et me guida jusqu'à la sortie de son repère. Lorsque j'atteins enfin la forêt, je me retournai pour le remercier mais il n'était déjà plus là.



J'avais passé la nuit dans cette grotte, aussi les premiers rayons de soleil commençaient à inonder la forêt de leur chaleur et de leur lumière. Je me mis en route vers le village.
En chemin je repensais à tout ce qu'avait pu me dire le Saurien. Je repensais également à cette épreuve d'expiation. La dague qu'on avait donné à Snell était factice, il n'aurait rien pu tuer avec cela. Et comment ramener la « fourrure » d'un animal dont la peau est tantôt faite de pierre, tantôt d'écorce ? Snell n'était pas sensé pouvoir réussir cette épreuve. Pas étonnant que personne ne l'ai jamais réussi d'ailleurs.
Je voulais parler à quelqu'un, je n'avais plus confiance en les anciens, Aleron me réprimanderait durement pour être entrée dans cette grotte, Cyaphas me ferait la morale et je n'avais vraiment pas la tête à cela. Il y avait une personne qui comprendrait mon attitude, qui écouterait ce que j'avais à dire et serait soulagée des nouvelles que j'apportais.
Elle ne dormait pas, l'anxiété était trop grande pour lui laisser cette chance. Elle sourit dès mon entrée, le plaisir d'avoir de la compagnie l'aiderait à supporter l'attente et elle le savait.
-« Entre Caldera » me chuchota-t-elle. Bien qu'aveugle elle savait à chaque fois que c'était moi, je ne savais si cela venait de ma façon d'entrouvrir la porte, du bruit et du rythme de mes pas ou de mon parfum, mais elle me reconnaissait sans me voir.
J'entrais sans faire de bruit et refermait derrière moi. Je lui annonçai la nouvelle, qu'elle accueillie avec quelques larmes de soulagement. Après cela, nous discutâmes pendant de longues minutes de tout et de rien puisque il nous était impossible de parler de ce qui c'était passé dans la grotte. Je finis par m'assoupir sur ses genoux et tomba dans un sommeil bien trop court à mon gout.

Aleron vint nous réveiller le lendemain matin, comme s'il savait. On raconte que les deux Elus peuvent ressentir les choses que vivent l'autre, peut-être cela était-il lié. Tout le village était venu cette fois. Le départ d'un exilé était rare mais pas exceptionnel, son retour par contre était encore du jamais vu. Les anciens échangeaient des messes-basses dans leur coin, à l'abri des oreilles indiscrètes. Ils n'avaient certainement pas prévu le retour de Snell et j'avais presque hâte de voir leur mine gênée lorsque cela arriverait. Cyaphas gardait son expression neutre mais je savais qu'au fond de lui il enrageait. Le succès de Snell ne changerait probablement pas grand-chose aux attitudes à son égard en fin de compte… Il finit par sortir, marchant calmement comme si de rien était, s'arrêtant un pas après le sol rocheux de la grotte. Il tenait le couteau de chasse brisé dans une main.
-« Anciens, je n'ai pu me procurer la fourrure du Sar'khit, et pour cause il n'en a pas. » Les gens de mon village regardaient tour à tour le Saurien et les anciens, attendant plus de détails. Tous pensèrent alors que Snell s'était moqué d'eux et, bien qu'ayant échoué, avait fait rassemblé le village.
-« Je vous rends votre dague factice, je n'aurais rien pu dépecer avec cela de toute façon » continua-t-il en jetant les deux morceaux aux pieds des anciens.
-« Vous avez donc échoué, Saurien. » Cain prononça ses mots avec un arrière-gout de victoire.
-« Je n'ai pu vous apporter ce que vous demandiez, mais je peux vous donner la preuve que votre Dieu et moi-même ne sommes pas ennemis. » répondit Snell. Cypahas fronça les sourcils et les anciens discutèrent vivement entre eux.

Le Sar'khit sortit du sol de pierre sans même l'altéré, comme s'il sortait simplement d'un lac sans causer le moindre remous. Il était gigantesque. Le haut de la courbure de son dos atteignait presque les épaules de Snell tandis que sa gueule se tenait au niveau de son bassin. Tout le monde poussa un cri de terreur et recula de quelques pas. La majorité se prosterna devant la bête et entama une prière à Enoch pour qu'il épargne leur vie. Snell posa la main sur le sommet du crâne de son familier et commença à le caresser entre les oreilles. La bête ferma les yeux et inclina la tête pour diriger ces caresses, comme le ferait un chat. Je n'oublierais jamais la tête de Cyaphas à ce moment-là. Il se retrouvait pris entre la peur de la bête, la méfiance envers Snell et l'incrédulité causée par cette scène. Aleron et Noïsha souriaient, tous deux heureux que Snell ait pu s'en sortir.
-« Comme vous pouvez le voir, je ne déplais pas à votre Dieu, mais est-ce également le cas de chacun d'entre vous ? » hurla le Saurien à l'attention de tous, le regard balayant la foule. « Maylir, vos mains semblent vous démanger… Ça brûle n'est-ce pas ? »
Tout le monde se tourna vers le pauvre homme. Je le reconnaissais. Il s'agissait du chasseur qui, accompagné de Soldran, nous avait trouvé Snell et moi. Il semblait ne rien comprendre, complétement perdu.
-« Pourquoi ne pas être allé voir Noïsha pour qu'elle soigne vos mains ? Auriez-vous par hasard eu peur qu'elle se pose des questions en voyant le sang de dragon sur vos paumes ? Vous auriez dû plus insister pour m'achever, je suppose que vous comptiez sur le sang de dragon pour finir le travail… » J'essayais de voir les mains du chasseur mais il portait une paire de gants en cuir.
-« De quoi parlez-vous !? Je vous ai sauvé la vie ! Vous devriez av… » commença Maylir avant d'être coupé par Snell.
-« Pour vous il s'agit d'un poison, pour moi c'est un remède miracle, vous n'imaginez pas à quel point mon odorat est fin pour ces choses-là. Je suppose qu'après votre premier échec vous comptiez sur le Sar'khit pour rattraper vos erreurs… Le couteau de chasse est probablement le vôtre, d'ailleurs. Vous ne nous avez pas trouvé par hasard dans la forêt, c'est vous qui avez indiqué notre position aux assassins. C'est aussi vous qui vous êtes débarrassé des corps alors que nous étions au village, Caldera et moi. Vous auriez dû faire plus attention en manipulant l'équipement plein de sang de dragon… J'ai également senti votre présence alors que Caldera me remettait sur pied après notre petit accrochage avec les humains, mais je n'ai pu vous retrouver… Laissez-moi deviner, vous êtes un runique d'invisibilité, n'est-ce pas ? » Maylir avait perdu toute couleur. Soldran l'observait, bouche bée, tout semblait concorder.
-« Et… Pourquoi aurais-je tenté de vous faire assassiner ? C'est ridicule ! »
-« Certainement parce que je suis un ennemi de votre empereur… » répondit Snell, caressant le dessous de la mâchoire de son nouveau familier. Maylir serait un espion au service de l'empereur humain !?
-« C'est une accusation très grave, Saurien ! » s'indigna Cain.
-« Je ne vous demande pas de me croire sur parole, l'esprit d'Enoch sera plus à même de le juger, n'est-ce pas ? » répondit-il calmement, lâchant la tête de l'animal. Le monstre entrouvrit la gueule, laissant les volutes de fumées s'échappées dans un grognement terrifiant. Les yeux de la bête semblaient dévorer le pauvre chasseur.
Maylir força ses runes, une seconde après, il n'était plus là. Il s'était enfui !
-« Retrouvez le ! S'il était innocent il ne s'enfuirait pas ! » hurla l'un des habitants.
-« Priez Enoch et il reconnaitra les siens. C'est écrit dans vos livres… » murmura Snell avant de continuer plus haut, à l'attention du fuyard. « Vous étiez un espion déplorable, j'espère que vous serez une meilleure proie. »

Il émit un sifflement bref et léger. A ce signal, le Sar'khit s'élança à une vitesse surnaturelle dans une direction qui semblait aléatoire et, sans la moindre hésitation, couru à travers la forêt, esquivant les arbres avec une facilité déconcertante. En quelques secondes il s'était enfoncé si profond dans les bois qu'on ne pouvait plus distinguer le monstre pourchassant sa proie. Le village entier s'immobilisa au passage de la bête, effrayé à l'idée d'être sur sa route ou son menu. Même invisible, Maylir ne pouvait espérer fuir le Sar'Khit, j'avais pu voir lors de ma nuit dans la grotte à quel point cette bête était sensible à la magie. L'esprit d'Enoch était entré en résonnance avec le sceau de silence et j'étais à présent certaine qu'il sentait encore mieux la magie que les odeurs du monde physique. Un cri retentissant se fit entendre. Un cri d'horreur, de douleur, et de mort. Un cri inhumain et terrifiant. Le cri d'un traitre décimé par des crocs en pierre d'une demi-douzaine de centimètres.
Je me tournais à nouveau vers Snell pour le voir enlacer Noïsha juste avant de l'embrasser. Cette pointe de jalousie brisa mon cœur, concassant les morceaux trop grand à son gout, encore et encore. Je préférai alors rentrer un peu en avance sur le reste du village, seule. [/left] Modifié par Aleron
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[quote]voilà 9 pages d'histoire en plus ! B[/quote]

Taille 60 ? :huh: Ca fait plus court ! ou alors j'étais tellement pris dedans ça se voyait pas !

[quote] On aurait [b]dut [/b]te faire passer l'épreuve[/quote]

[quote]urais-je tenté de vous faire [b]assassine[/b][/quote]

Quelques fautes !

Pas mal sur le fond ! On avance et ferme les portes de la première partie avec ce qu'il s'est passé. J'aime bien que tu expliques bien ce qui s'est passé, ça permet de suivre et que tout le monde soit d'accord. J'aime particulièrement le fait qu'on sent que notre personnage tombe amoureuse lentement. On va voir où ça va la mener ;)

@+
-= Inxi =-
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  • 1 mois après...
Bonsoir,

J'ai beaucoup aimé les derniers chapitres, on sent que c'est plus travaillé (ou alors ca t'a davantage plu de les écrire), plus "mature".

La description du Shar'kit est très sympa mais j'ai toujours un peu de mal avec le fait qu'un gus se ramène avec ce genre de bestiole en bandoulière ^^

Et Ulthir, grand coquin s'il en est, m'a l'air d'être le quasi égal d'un dieu...

J'attends la suite pour réellement le juger, mais pour le moment, je le trouve un poil trop puissant par rapport aux autres.

Mes deux sous,

Crio
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  • 1 mois après...
[quote]De retour après une longue absence, j'ai de nouveau le temps d'écrire ! voila donc la première partie d'un chapitre assez long. Malheureusement Criomega, je ne ferais que te donner raison dans cette première partie, sache que tu auras les justifications dans la seconde partie mais en attendant : oui Ultir est plus fort. [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/wink3.gif[/img] En espérant que cela vous plaise, je vais essayer de suivre à nouveau un certain rythme dans l'écriture. En attendant, dites moi ce que vous pensez de cette première partie ! (après vérification, Inxi, oui cela représentait bien 9 pages word ^^ Juste pour info, cette partie fait 4 pages) Bonne lecture à tous![/quote][center][center][b][u] [/u][/b][/center][/center]
[center][center][b][u][size="2"]Chapitre VII : Armes de légendes.[/size][/u][/b][/center][/center]
[center][center][i]Cette guerre n'a aucun sens mais je ne peux me permettre de la perdre pour autant.[/i][/center][/center]
[center][center][i]Ultir.[/i][/center][/center]
[center][center][i] [/i][/center][/center]
[center][center][i] [/i][/center][/center]
La pluie commença à tomber, chaque goutte reflétant les runes les plus pures qui puisse exister. Chaque respiration du colonel soulevait une brise glaciale, chaque battement de son cœur résonnait en un grondement orageux. La magie de ses runes semblait s'évaporer de son corps en une vapeur émeraude, comme évacuant le trop plein de puissance.
La pluie glissait sur sa peau parsemée d'écailles, ruisselant sur les épines fichées le long de sa colonne et du dos de ses bras, propageant la lumière des arcs électriques qui liaient parfois deux de ces dernières.
Il balaya les alentours d'un regard. Ses yeux brillaient comme deux phares verts tant il débordait d'énergie. Les Foudre-lames suintaient d'un mélange de sang brulé et d'eau qui s'évaporait lourdement sous le coup de la chaleur. Ces armes parfaites frappaient par moments le sol d'un arc électrique bruyant. Il posa son regard sur nous. Le carnage qu'il avait laissé était presque invisible dans l'obscurité projeté par ces nuages si épais. Seuls les éclairs éparses rappelaient l'horreur du génocide, cela et l'odeur de chaire brulée.
La première épine, proche de sa nuque, se retira violemment puis, une par une, toutes s'éjectèrent.
Ultir déploya ses bras vers le sol, balança sa tête en arrière, et poussa un cri inhumain. Un cri si retentissant et terrifiant qu'on n'entendit plus aucun bruit dans les forêts avoisinantes pendant plusieurs jours. La nature elle-même tremblait sous la puissance de ce cri monstrueux. Mais ce râle n'était pas uniquement sonore, il rependait une puissance runique inimaginable plus loin encore que ne portait son vacarme. Nos corps ne nous appartenaient plus, nos muscles se raidissaient, notre magie s'envolait immédiatement. L'écho du râle se propageait en moi, accélérant mon rythme cardiaque. Mon sang tonnait à mes tempes, aussi fort que mon cœur fracassait ma poitrine. Nous nous mîmes tous à genoux, plus vite encore que si Dragol lui-même était apparu. Le temps s'était arrêté net, comme s'il craignait qu'on le remarque. Le cri ne dura probablement qu'une poignée de secondes mais il parut s'étendre sur une éternité.


A des kilomètres de là, la Tour des dieux réagit au déferlement de puissance qui venait de l'ébranler : comme renvoyant l'écho de la vague magique, elle s'activa. Un gigantesque rayon luminescent s'échappa de son sommet, dispersant les nuages et ramenant la lumière en un faisceau centré sur elle. Si un Elu s'était trouvé à proximité, il aurait pu mettre fin à cette guerre mais personne n'aurait pu prévoir que la tour s'éveille en ce jour car ce n'était pas censé arriver. Le Jour Promis n'était pas encore arrivé.

Je sentais au fond de moi que l'activation de la tour n'était pas un hasard, c'était la puissance du colonel qui l'avait éveillé. Comme si la tour savait que la guerre n'avait plus aucun sens avec une telle puissance dans un des deux camps. Comme si la tour annonçait à tout Setla qu'elle avait désigné un vainqueur. Comme si la tour craignait la fureur du colonel Ultir, le tueur d'Ogres.
Les crampes paralysant nos muscles devinrent de plus en plus forte, douloureuses même. Je les sentais se contracter au-delà du possible, bientôt tous lâcheraient, je le sentais. La douleur était insoutenable, mais je ne pouvais hurler, ma mâchoire était maintenu fermée avec tant d'ardeur que mes dents marquaient mes gencives au sang. Je sentais mes membres sur le point d'imploser se déformer. Mes jambes éclatèrent les premières, mes mollets n'avaient pas tenu.



Puis je me réveillai. J'étais en nage, épuisé et paniqué. J'attrapais mes mollets comme pour vérifier qu'ils étaient encore là. Ce n'était qu'un souvenir douloureux, mêlé à une crampe nocturne banale. Je me laissais tomber dans mon lit, incapable de succomber à nouveau au sommeil. Quatre ans. Quatre longues années n'avaient pas effacé les souvenirs de cette nuit-là.
Un linge humide et frais se posa délicatement sur mon front. J’accueillis ce rafraichissement bienvenue, ouvrant les yeux sur le visage bienveillant de ma femme, Eléanore. Elle me sourit, caressant ma joue avec la douceur que je lui ai toujours connue. Ces cauchemars étaient devenus de plus en plus fréquents, si bien qu'elle était toujours prête à m'en secourir.

-«Tout va bien, Lucius mon aimé, je suis là. » me murmura-t-elle.

La lumière des astres de la nuit baignait son visage de reflets argentés magnifiant encore plus sa beauté.
Je la pris dans mes bras, serrant son corps parfait qui chassait déjà les souvenirs douloureux du passé.


-« Lequel était-ce, cette fois ? » me demanda-t-elle de sa voix douce comme une caresse.
-« Les ogres... » dis-je, dégoûté par les souvenirs d'un peuple anéanti en une nuit.
-« Il faut le refaire alors. » me dit la femme de ma vie du ton le plus rassurant possible.

Je dégluti avant de hocher doucement la tête. Eléanore s'assit sur mon bassin, bloquant mon corps dans la position allongée. Comme tous les elfes, elle était plus grande que moi. Je regardais ses courbes athlétiques et, n'étant apparemment pas d'humeur aux plaisirs de la chaire, fermait calmement les yeux, attendant la fin du rituel avant même qu'il n'ait commencé. Comme à chaque fois, elle plaça ses mains sur mes tempes. Je vis la lumière de ses runes à travers mes paupières fermées. Le bleu nuit de sa magie se mélangeait parfaitement à l'argenté de la lune. Les runes dansaient lentement dans la pièce comme les motifs d'un mobile pour nouveau-né. Je succombais à un sommeil de plomb.

Une vieille magie de son peuple qui chasse les mauvais souvenirs récalcitrants. Le seul problème est qu'il faut alors les revivre une dernière fois. Le rituel fonctionne très bien mais n'est pas parfait et il arrive, comme dans mon cas, que les souvenirs reviennent au bout d'un moment. Il était temps que je prenne ma piqure de rappel.



Tous s'agitaient, montant des stocks de flèches sur les remparts, amenant armes et armures de tous côté.

-« Ne devrions-nous pas monter des barricades dans la ville ou renforcer la porte ? » demandais-je, observant les hommes planter des pieux gigantesque dans le sol entourant les murs, incliné vers l'extérieur.
-« Cette porte ne résistera pas aux assauts des ogres, renforcée ou non, et s'ils entrent... Et bien c'est que cela sera déjà terminé » me répondit Ultir, surveillant l'avancement des préparatifs.
-« Ce n'est pas très rassurant... » dis-je en soupirant.

Le colonel se retourna, descendant les escaliers du chemin de ronde. Je lui emboitai le pas.

-« Comment avance la tour ? » me demanda-t-il faisant abstraction de ma remarque.
-« Elle est déjà terminée mais elle ne résistera pas longtemps s'ils ont des engins de sièges... »
-« Tu seras là pour qu'elle résiste. Elle est assez haute ? »
-« Elle donne une vue dégagée loin au-delà des murs comme vous l'aviez demandé, monsieur. »
-« Bien et qu'en est-il de ce que je t'ai demandé de trouver ? » Une requête inhabituelle il est vrai... Le colonel avait besoin de runiques de téléportation et de télépathie.

-« Eh bien le caporal Hans se tient déjà au sommet de la tour, il transmettra vos ordres, j'ai veillé à ce qu'il soit au maximum de ses capacités. »

Je n'ajoutais pas qu'il avait fallu drastiquement augmenter les dites capacités. Il m'arrivait de faire quelques entrainements runiques particuliers depuis mon ascension au grade d'écuyer. Il faut dire que ceux que m'avait fait subir le colonel avaient considérablement développé mes forces.

-« Parfait, il en aura besoin, et pour le téléporteur ? »
-« J'ai recherché parmi vos hommes, aucun n'a ce talent et l'empereur a catégoriquement refusé de nous en ''prêter''. J'ai fait chercher parmi les runiques en garnison ici mais c'est une magie assez rare... »

Les soldats couraient de tous côtés, les civils aidaient où ils pouvaient. Le bruit des bottes frappant les pavés se mêlait au brouhaha des ordres que lançaient les sous-officiers, plaçant les soldats selon le plan établi par Ultir. La forteresse d'Aigle Noir grouillait d'activité, se préparant au cataclysme qui approchait.
Un sous-officier se dirigeait vers nous, courant difficilement à cause d'une armure qui n'était pas à sa taille. Il tirait une jeune recrue par le bras. Le jeune soldat me rappelait un peu mon propre cas dans mes débuts. Il semblait perdu, ne comprenant probablement rien, ni à ce qu'on lui voulait ni même à la situation à laquelle nous aurions tous bientôt avoir à faire. Il semblait déjà essoufflé ; ses cheveux ébouriffés, son corps faiblard et son front transpirant trahissaient le manque de la moindre pratique physique. Même moi me sentait fort à côté.


-« Mon colonel ! Mon colonel ! » appelait le sous-officier en s'approchant de nous.

Il s'inclina avec un grand respect envers le colonel et moi-même, frappant l'arrière de la tête de celui qui l'accompagnait, l'enjoignant à faire de même.
Le jeune soldat ne semblait pas le moins du monde impressionné par le colonel. A l'époque, il n'avait pas encore la réputation qu'il a aujourd'hui mais cela n'était pas une question de grade ou de renommée. Les non-runiques sont plus sensibles à la présence d'un mage. Plus la puissance de ce dernier est grand, plus ils le sentiront. Il arrive que certains soient mal à l'aise à côté de moi, tournant la tête, bafouillant, ils n'ont alors qu'un but : s'éloigner de moi. Pour le colonel c'était différent. Même les runiques de niveau médiocre ressentaient sa puissance.

Aussi étonnant que cela puisse paraitre, cette recrue était un runique et devait avoir un fort potentiel en plus de cela.

-« J'ai trouvé ce que vous cherchiez mon colonel ! » continua le gradé, haletant légèrement après la course qu'il avait dû maintenir depuis la caserne jusqu'ici. Traverser la moitié de la ville en courant était devenu un exercice basique pour les hommes du colonel Ultir, mais ses méthodes d'entrainement peinaient encore à se populariser parmi les autres officiers instructeurs, plus par jalousie envers un ancien soldat devenu Colonel en un combat que par rejet des méthodes elles-mêmes d'ailleurs.

Le pauvre officier s'attendait probablement à un signe de reconnaissance venant du colonel mais pour Ultir, obéir à un ordre coulait de sens, peu importe la complexité d'une telle réalisation. Le colonel ne voyait plus que ce runique de téléportation.

-« Tu sais compter ? » demanda Ultir au soldat essoufflé.
-« Je... Oui mon colonel ! » répondit-il sans trop comprendre le but de la question.
-« Compte jusqu'à dix, à haute voix. »

Il resta bouche-bée, comme s'il ne comprenait pas ce qu'on lui demandait. En quoi savoir compter était-il primordial, pourquoi poser la question s'il en vérifiait la réponse après de toute façon ? A ce moment je me tenais sagement aux côté du colonel comme le demande mon rang mais je n'en savais pas plus que ce jeune soldat. Ultir dévisageait le jeune soldat au travers de son casque d'officier imposant, attendant qu'il s'exécute.
Le soldat sursauta en s'en rendant compte et se mis à compter.

-« Un, deux, trois, … » commença-t-il.
-« Moins vite. » le repris le colonel avec fermeté.
-« Un…deux…trois…quatre » puis il s'arrêta.

Au loin, un cor retenti. Le son était différent de ceux utilisés par l'armée impériale, comme de moins bonne qualité, plus rudimentaire. Plus puissant aussi, ce cor était ou bien gigantesque, ou utilisé par un être au souffle impressionnant. Je savais malheureusement qu'il s'agissait en réalité des deux.


-« Les ogres… » prononça le sous-officier, terrifié, accompagnant ses paroles d'un signe de prières envers Dragol le juste.
-« Toi en haut de la tour centrale, major, retournez à votre poste, suivez le plan. Lucius rejoins Eig sur le mur Est. » ordonna Ultir. Le 'mathématicien' runique s'élança droit vers la tour qui se tenait à présent au milieu de la ville, donnant un point de vue parfait sur le mur en demi-lune cerclant la ville. Le reste des fortifications étaient entièrement naturelles : une montagne abrupte et infranchissable s'élevait comme une muraille gigantesque, à sa surface s'était greffé le bastion d'aigle noir comme une extension de la pierre sombre, aussi implacable et indestructible. Cet endroit avait résisté de tous temps aux assauts. Les murs Est et Ouest étaient difficiles d'accès à cause des forêts et flancs de montagnes qui en faisaient des goulots d'étranglement meurtriers. Seul le mur nord était vulnérable au nombre, ce pourquoi il avait été renforcé, rehausser et armer de balistes et autres catapultes. La forteresse d'aigle noir était réputée imprenable, et aujourd'hui encore elle devrait mériter sa réputation, mais jamais elle n'avait eu affaire avec une telle menace. Cette bataille était plus symbolique que stratégique : perdre cette position serait perdre la face devant les elfes en même temps que la confiance des hommes.


Je cachais donc l'étonnement de ne pas demeurer aux côtés de mon mentor et m'élançais vers le mur Est, esquivant de justesse plusieurs soldats pressés rejoignant leur postes tout comme moi.

Je n'avais pas participé à la répartition des troupes. Je savais la vague ogre en surnombre total par rapport à nous, je savais les munitions des armes de sièges en quantité ridicule et je savais une bonne partie des hommes en garnison afin de pouvoir se déployer en renfort sur la position en difficulté, mais rien ne m'avait préparé à ce que j'allais trouver en haut de ces escaliers que je montais deux par deux.

Sur le chemin de ronde se trouvait Eig, assis en tailleur, un carquois et un arc dans le dos, patientant tranquillement et… rien d'autre. Pas d'archer, d'arbalétrier, de fantassin au pied des murs, de balistaire, de soldat, d'humain, d'oiseau, de bruit, rien.


Rien qu'Eig et le vent frais caressant doucement mon visage. Modifié par Aleron
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  • 2 semaines après...
Haha !

Seul contre le reste du monde ! En tout cas, j'apprécie ce petit passage car mine de rien tu y as glisé plein d'infos. A la limite le plus important et cet effacement de souvenirs ! Assez.. intriguant sur ce qu'on finit par lire. Que des souvenirs ?

Bon, voyons comment ils vont défendre ce mur ! :P

@+
-= Inxi =-
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[quote] Et voila la deuxième partie de ce long chapitre, plus qu'une et on repasse chez les elfes! La dernière partie viendra un peu plus tard cependant, examens oblige. [img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/sad.gif[/img] J'ai essayé de m'appliquer un peu plus sur tout ce chapitre (les trois parties) car c'est un passage que je pense important et risqué pour la crédibilité de certains personnages (ne pas avoir l'air trop gros Bill). En espérant que cela vous plaise! Bonne lecture ! [/quote]





-« Où... où sont les hommes ? » dis-je, un peu perdu.
-« Il n'y a que nous. » répondit Eig en se levant lentement.

Il ne plaisantait pas. Nous devions assurer la défense du mur Est sans renfort d'aucune sorte. Deux contre une attaque ogre. A quoi pensait Ultir me demandais-je, en proie à une panique grandissante.

-« Katia et Malik, où sont-ils ? » demandais-je à mon seul compagnon.
-« Au Nord et à l'Ouest il me semble. » me répondit-il d'un ton neutre, comme s'il ne se souciait pas de la vague de monstres qui s'apprêtait à déferler sur nos murs. Vague que nous ne serions que deux à affronter...
-« Et le colonel ? Il ne combat pas ? » J'étais perdu. Pour la première fois depuis un moment. Je n'avais aucune information sur le plan d'Ultir, de plus, cela ne lui ressemblait pas de se cacher derrière des murs, qu'ils soient de chair et d'os ou de pierre.


Eig se contenta de pointer du menton le haut de la tour centrale. Ma vue n'était pas aussi bonne que la sienne, mais je pouvais l'apercevoir. Il se tenait aux côtés de plusieurs hommes, probablement le téléporteur et le caporal Hans.

-« TRES BIEN SOLDAT ON SE CONCENTRE » résonna une voix dans ma tête et, à voir la réaction d'Eig, dans celles de tous les hommes au front. Hans transmettait les pensées du colonel, donnant les ordres sur les trois champs de batailles à la fois. Il avait tisser une toile mentale sur toute l'armée en activité, j'avais passé beaucoup de temps à l'entrainer, mais je ne pensais pas obtenir un tel résultat.
-« JE NE VEUX PERSONNE JOUANT AU HEROS, CETTE BATAILLE SERA LONGUE ET JE VEUX LE MOINS DE PERTE POSSIBLE. »

Le cor ogre retentit à nouveau au loin.

-« METTONS FIN A CETTE GUERRE, SOLDATS. »

Le plus gros de la force ogre déferlait vers la porte Nord. Seul le surplus de brute se déversait sur les côtés, rejoignant un mur Est qui n'avait alors plus l'air si impénétrable.
Chaque ogre mesurait au moins trois mètres de haut et brandissait une arme rudimentaire gigantesque. Celui-là avait une hache, celui-ci une masse cloutée. Ils ne portaient pas d'armure, pas de vêtement même. Ces animaux n'étaient là que pour tuer et tout ce qui ne leur était pas utile serait détruit.

-« Que Dragol nous aide... » murmurais-je malgré moi.
-« Il l'a déjà fait en te dotant de cette magie, maintenant commence le carnage, tu veux ? » répondit Eig tout en décochant une flèche fulgurante qui se ficha dans l'œil d'un monstre, traversant la boite crânienne jusqu'au cerveau.


Je secouais ma tête, reprenant mes esprits au possible. Deux autres ogres approchaient dangereusement d'un mur de pierre qui ne les retiendrait que peu de temps. Je reculai mon pied droit, renforçant ma prise au sol. Mes runes se formèrent à mes pieds, la puissance remontait le long de mon corps, je la sentais envahir chacun de mes muscles, remplissant mes pensées de désir de violence. C'était la première fois que j'usais de la magie avec une telle ardeur. Je devais sauver ma vie, protéger ceux qui croyaient en moi. Si Ultir m'avait jugé assez fort pour défendre ce mur, alors ce devait-être possible !

La puissance affluait, résonnant des orteils au bout de mes doigts. Mon esprit devint acéré et meurtrier. Une pique gigantesque apparue à quelques mètres de l'ogre le plus proche du mur qui ne semblait pas vouloir ralentir. Ces monstres ne connaissent pas la peur, la défaite ou la fuite, dit-on. C'est ce que nous verrions. Ma magie s'élança, fusant dans l'air en un sifflement strident et puissant. L'épine traversa l'ogre de part en part sans perdre de vitesse, empalant le second dans le même mouvement.

Mes mains tremblaient. L'utilisation de boucliers magique pour en faire des armes ne m'était pas naturelle et pourtant, cela était toujours terriblement efficace. Je n'avais pas le temps pour les remords, ces monstres n'en auraient pas pour nous.

Une autre pointe se déploya en face d'un attaquant, Il ne ralentit pas et s'empala directement dessus, lâchant son arme dans un bruit sourd retentissant. Je pouvais ressentir la perforation. Comme si cette pointe était reliée à mon système nerveux. Comme s'il s'agissait de ma main, ou d'un doigt, écartant les viscères, déchirant les muscles qui refusaient de céder le passage, déchirant la peau pour enfin ressortir à l'air libre. Le sang coulait le long de ma barrière. Quelques gigotements d'agonie de la bête, tout m'était transmis. Je ne saurais dire pourquoi, mais ce fut un sentiment agréable en un sens. Le sentiment qu'un ennemi à l'apparente invincibilité était réduit à néant par ma magie. Le sentiment du chasseur qui attrape sa proie. Le sentiment d'être plus fort qu'une armée d'ogres.

Tant qu'ils arrivaient par petit nombre, nous arrivions à les gérer. Des civils réquisitionnés pour la bataille couraient dans tous les sens, renflouant les stocks de flèches qu'Eig vidait dans les corps de ses ennemis. Il n'avait toujours pas dégainé son arc, chaque trait était décoché à l'aide de sa magie, visant les points faibles, annulant toute chance d'être bloqué ou esquivé.
De temps à autre un ordre fusait dans notre esprit. Indiquant la situation sur un autre champ de bataille. Certains officiers appelaient à l'aide par moment et leurs appels devaient recevoir une réponse car ils cessaient très vite après.
Une dizaine d'ogres approcha du mur, au même moment, une vingtaine sortit de la forêt, hurlant des cris de guerres barbares. Ma magie ne me permettrait pas de tous les éliminer et Eig commençait à être à court de munition.


Un plateau gigantesque se matérialisa au-dessus des ogres pour s'écraser sur eux aussitôt. Je pouvais sentir la résistance des os sous ma barrière magique, les méthodes contondantes ne fonctionneraient pas aussi bien. Je ne faisais que ralentir la vague frontale, bientôt ils serraient au pied du mur !

-« MUR EST EN BESOIN DE RENFORTS ! » hurla la voix d'Eig dans mon esprit, relayée par le caporal Hans.

Aucune réponse.

Le premier ogre du mur leva son maul gargantuesque, s'appétant à ravager la muraille qui semblait soudain si frêle. Il hurlait comme un possédé, libérant un flot de bave nauséabonde. Je ne pouvais l'éliminer, débordé par le reste de sa horde qui n'était déjà plus qu'à quelques dizaines de mètres.
Le premier coup sur le mur le fit trembler comme le ferait un séisme. La force de ces monstres était effrayante. Encore quelques attaques comme celle-là et ça en serait fini de la muraille Est. Un vent assez fort se fit sentir derrière nous.


-« Une minute. » déclara Ultir calmement.

Le téléporteur et le colonel étaient à présent sur le chemin de ronde, derrière moi. Je n'eus pas le temps de me retourner, il était déjà devant moi, s'élançant du haut du mur.

Les runes sous ses pieds étaient resplendissantes. Des runes parfaites et aveuglantes. Il tournoyait dans les airs, me faisant désormais face. Une chaine transparente se déroula depuis sa main. Je reconnaissais ma magie à l'œuvre, même si je n'aurais jamais eu l'idée de m'en servir ainsi. La chaine se terminait d'une tête acérée, rappelant les flèches renforcées d'une baliste. Je vis la pointe transpercer l'ogre de part en part jusqu'à dépasser de son ventre. La pointe se sépara alors en plusieurs ailettes, raffermissant sa prise de sorte qu'il ne soit possible de l'enlever sans oblitérer son hôte. Ultir arriva au sol sans cesser sa rotation sur lui-même. Sa magie fut immédiatement décuplée, rendant les muscles visibles au travers de son armure. Tout son corps n'était plus qu'une arme, ses runes irradiaient avec une telle force qu'elles marquèrent le sol comme des flammes, les imprimant à jamais dans la roche et l'herbe. D'un coup sec, tenant la chaine à deux mains, Ultir ramena le monstre au sol avant de le faire virevolter à bout de bras, comme s'il ne pesait rien. Les ailettes se rétractèrent, envoyant leur proie dans la horde de ses congénères, stoppant net leur charge.

Ultir n'avait pas d'armes physiques. Il avait déployé une deuxième chaîne magique acérée au bout de son autre bras. Les longues lames étaient plus tranchantes et implacables que du métal réel. Je pouvais discerner de si nombreux détails sur ces armes ornées que je ne pouvais dire s'il les avait créés ou s'il avait reproduit des armes existantes. Des dorures semblaient courir le long des maillons, des runes étaient finement dessinées sur les lames aux extrémités, ces armes étaient d'une qualité supérieur à ce que pouvait produire l'Homme et probablement n'importe quelle autre race.

Malgré son armure, il se déplaçait à une vitesse inhumaine, à l'aide de sa magie qui se logeait à présent dans ses jambes. Il passait d'ennemi en ennemi avec aisance et grâce. Ultir s'élança sur l'un d'eux, se servant de ses lames comme d'accroches pour atteindre la gorge. D'un tour sur lui-même il ouvrit horizontalement trois ogres à l'aide des lames qui virevoltaient dans la mêlée, coupant la chaire, cisaillant les muscles, tranchant les artères, arrachant la vie. Les bêtes s'étaient amassées autour du colonel, gênant les mouvements des uns des autres alors que le colonel se faufilait entre les jambes et les lames. Une roulade sous un ogre lui permettait de sectionner les ligaments derrière les genoux. Il virevoltait d'ennemi en ennemi, les éliminant rapidement sans s'arrêter.

Très vite ils ne furent plus si nombreux. Mais le sang rendait le sol glissant, les cadavres réduisaient les mouvements possibles.

-« Soixante ! » cria le jeune soldat derrière moi.

Ultir s'immobilisa, pointant son regard vers l'orée de la forêt. Il disparut en un éclair, au moment exact où un rocher massif vint s'écraser lourdement sur sa position, broyant les cadavres et répandent une quantité astronomique de sang et autres matières organiques.

La pierre roula jusqu'au mur, bondissant par moment à cause d'irrégularités dans sa forme arrondie, traçant un chemin de sang et d'abats avant de se heurter à la muraille qui trembla légèrement sous le choc. Au même moment je sentis une légère aspiration derrière moi. Le runique n'était plus là. Le colonel et lui étaient à nouveau au sommet de la tour. A peine j'eus reconnu sa silhouette qu'il avait disparu, sûrement rejoindre un autre champ de bataille en difficulté. Ultir ne se battait pas sur un front, il était sur toutes les batailles !

-« CATAPULTES A L'OUEST ! » cria Malik dans mon esprit.

Au loin, proche du mur Ouest, un bruit sourd et puissant, rappelant l'orage, se fit entendre. Une catapulte venait de ravager un pâté de maisons dans un bruit témoignant de la violence de l'impact et une secousse légère trahissant d'une longue cavalcade du projectile après son atterrissage. Ultir n'était pas visible en haut de la tour. Il devait être sur un autre mur à présent.

J'eus la preuve qu'il se trouvait à l'Ouest immédiatement après. Une colonne de feu gigantesque s'éleva dans les airs comme un tourbillon venu tout droit des enfers. Je pouvais le voir d'ici, elle devait bien mesurer dix mètres de plus que le mur et brillait même dans le jour. Je sentis sa chaleur jusqu'ici mais je fus plus submerger encore par la puissance runique qu'elle avait dégagée. La colonne grandissait jusqu'à atteindre une taille impressionnante.

Les flammes en son sommet prirent forme.

Je n'avais jamais pu en voir, personne n'avait pu, mais je la reconnu immédiatement à la description qu'en font les livres. Une tête reptilienne gigantesque, de longues cornes qui ondulaient sur le sommet du crâne, une plus petite sur le nez, des dents gigantesques. Les flammes dansaient dans mes yeux alors que je pouvais presque entendre ce dragon de flamme hurler. Si la mort avait un cri, il serait ainsi.

-« Lucius ! » hurla Eig derrière moi, m'obligeant à reprendre mes esprits.

Un second roc avait été tiré et il allait heurter la tour centrale. Je plaçai mes mains, comme faisant écran au vent provenant de la forêt, concentrant tout mon esprit et ma magie sur ce rocher. Une barrière magique se déploya au-dessus de moi, obstruant le chemin du projectile. Le choc fut si violent qu'il m'ébranla. La pierre s'était bel et bien arrêtée nette mais elle avait ravagé ma barrière, absorbant toutes les forces que j'avais pu investir en la dressant. J'étais sonné et ne pouvais me relever. Je regardais la pierre tomber verticalement, droit sur moi, sans pouvoir bouger, crier, respirer ou même utiliser une autre barrière. Je sentais mon ventre se serrer tant sous le coup du choc subit que de celui à venir. La peur me paralysait tout autant que la douleur dans mes muscles.

Je reconnus la lumière azure de ses runes colorant de plus en plus le dessous du rocher qui m'écraserait d'ici peu.

La pierre se déplaça spontanément sur le côté, vers l'extérieur du mur, juste assez pour ne pas m'aplatir, mais pas suffisamment pour ne pas ravager le mur, m'emmenant dans une chute douloureuse parmi les débris.

Mon ouïe était saturée d'un sifflement désagréable. Ma tête tambourinait et tout mon corps était paralysé par la douleur. Ma vue était troublée et je ne voyais que des images floues. Mon œil gauche était aveuglé par le sang qui coulait sur sa paupière, je devais m'être ouvert légèrement à la tête.

Je pouvais discerner la forme d'Eig de l'autre côté du mur, sur le champ de bataille. La muraille n'était plus qu'un trou béant dans notre défense. L'archer était désormais au contact contre les ogres. Virevoltant entre les attaques, son épée courte à la main. Il continuait d'assaillir les ogres de flèches à l'aide de magie tout en les frappant de sa lame. Il était agile comme un elfe et jouait sur la lenteur de ses ennemies. Il escaladait les corps gigantesques de ses proies, montant sur leurs épaules pour atteindre la gorge, la tête, ou n'importe quel point faible qu'il pourrait exploiter. Le plus souvent il n'avait pas le temps de frapper qu'il devait déjà éviter une attaque d'un autre ennemi. Attaque qui, généralement, pulvérisait l'ogre sur lequel Eig se trouvait la seconde d'avant.

Je tentais de me déplacer, je devais lui venir en aide ! Mais chaque mouvement était plus déchirant que le précédent. J'avais probablement quelques os brisés, au mieux, et tant la chute que l'arrêt de la pierre m'avaient laissé dans un état d'hébètements sévère.

-« LE MUR EST A CEDE ! JE SUIS BIENTOT A COURS DE MUNITION, DEMANDE ASSISTANCE » hurla Eig dans mon esprit.
-« ECONOMISE TA MAGIE, PAS TES MUNITIONS, LES RENFORTS ARRIVENT » lui répondit Ultir directement.


Eig était rapide. Il esquivait les attaques, encore et encore. Il s'était désormais muni de son arc et tirait lui-même les derniers traits de son carquois. Mais son endurance comme ses flèches seraient bientôt du passé. Je clignais des yeux, tentant de rétablir une vision correcte, essuyant douloureusement le sang de mon œil gauche du revers de la manche. Au-dessus de moi, le ciel était d'un bleu magnifique qu'aucun nuage ne venait perturber. C'était une belle journée pour mourir, me dis-je.

J'entendis un son au loin. Le son d'une catapulte faisant feu. Quelque chose n'allait pas. Ce son ne venait pas de la forêt, il venait de la ville. Le bleu du ciel fut bientôt zébré par des débris volant en direction d'Eig. Des poutres, des tuiles, des briques, des meubles, tout ce qui avait été trouvé dans les décombres était projeté par catapulte sur le champ de bataille. Je suivais une poutre massive des yeux, tournant la tête vers Eig.

Il s'assit, en tailleur, comme lors de l'épreuve d'Ultir, il y a plusieurs années. Il me faisait face, ses yeux fermés dans une concentration absolue. Derrière lui, un ogre souriant comme un damné leva sa lourde hache bâtarde. Il allait trancher l'archer en deux d'un coup net.
Les runes azures d'Eig firent échos au ciel, illuminant la scène avec une force impressionnante. Je vis ses runes se déplacer sur son corps jusqu'à investir ses paupières. Il ouvrit les yeux. Deux saphirs resplendissants me fixèrent. Ils irradiaient de magie, ne formant qu'une seule entité bleue luminescente où on ne pouvait plus discerner l'iris de la pupille.

La poutre se sépara en une multitude de piques. Chaque projectile se scinda ainsi en plusieurs traits meurtriers qui s'élancèrent avec une vitesse jamais vue dans des ogres, les disloquant sans mal. Le monstre qui s'apprêtait à éliminer Eig fut transpercé d'une dizaine de piques, le plantant au sol dans une position de chute figée. Sa hache lui échappa des mains et s'ajouta aux munitions de l'archer. Elle commença sa chute horizontale avant de s'élancer vers un autre assaillant qu'elle oblitéra sans s'arrêter. Les projectiles improvisés fusèrent, s'abattant sur la vague ogre comme une pluie de mort. La catapulte ogre tira une autre de ses pierres massives. Le roc s'arrêta immédiatement après avoir quitté l'engin de siège, s'immobilisant dans les airs avant de retomber lourdement, brisant la catapulte comme du liège. Modifié par Aleron
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  • 2 semaines après...
J'avoue !

Au niveau du gros Bill, ça va pour notre héros par contre pour Eig, c'est raté. Mais bon tu t'en es rendu compte donc... Après pour éviter ça, il faut retranscrire la difficulté de ce qu'il fait, la douleur et les conséquences qui en découle. Le début va bien par contre quand ça commence à perdre la position sur le mur, il faut les faire douter et imprécis. Par exemple, lrosqu'il use son arc, il pourrait rater des coches. Tu parles de la transpiration et de la respiration. Là, c'est comme si rien ne pouvait l'arrêter !

Bon en tout cas, un petit affrontement bien sympa ;)

@+
-= Inxi =-
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  • 8 mois après...

Salut la Compagnie,

 

(bon, ok, on est une compagnie de 3, qui postons à des intervalles trèèèèèès différents)

 

Je rejoins, bien qu'avec énormément de retard la remarque d'Inxi concernant Eig et son gros billisme assumé ^^; ainsi que celles concernant le moyen d'adoucir le tout.

 

Pour Ultir, je me demande quand même pourquoi personne ne percute que son humanité est plus que douteuse, ou alors, c'est la terreur qu'il inspire qui fait que tout le monde se tait (ce qui me paraît l'explication la plus logique vu les effets que provoquent son hurlement)

 

En parlant de hurlement, cette histoire de Tour des Dieux et d'Elus m'intrigue pas mal ;)

 

En espérant voir une suite prochainement,

 

Crio

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  • 4 semaines après...

Ah ca y est !!!

 

Je sens qu'après cet épisode de transition ça va bouger ! On va apprendre un peu plus sur les motivations de chacun et pourquoi/comment un saurien est toujours en vie. Bien que du coup il demande dans quel monde ils se trouvent donc je pense que c'est juste qu'il est pas du coin ! Reste la question de savoir comment il est venu là alors !

 

@+

-= Inxi =-

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