Undred Posté(e) le 17 mai 2014 Partager Posté(e) le 17 mai 2014 (modifié) [center][size="4"]La sonate[/size][/center] [center][size="2"]Version [/size][url="https://www.dropbox.com/s/se3vmuxvk5de9ay/La%20sonate.pdf"]PDF[/url] [/center] Je t'aperçois marcher. Une silhouette fragile, esseulée et pâle sur le trottoir. Vue de cette distance, tu ressembles à une nymphe solitaire et diaphane. La lueur des lampadaires te donne un aspect irréel et éthéré. Tu passes tes deux bras autour de tes épaules et tu avances aussi vite que possible. Je me retrouve à te suivre. J'emboîte tes pas, j'emboîte ton destin, me liant à ton pas. Je te détaille en me mouvant dans ton ombre. Des cheveux noirs, courts, qui tombent sur tes épaules, recouvrant une nuque pâle et fragile. Chaque pas fait glisser la chevelure et me dévoile le petit lapin que tu as tatoué au creux de la nuque. Tes épaules sont recouvertes d'un tissu vaporeux qui laisse voir ta peau pâle, ton dos délicat et tes muscles souples. J'aperçois aussi l'élastique de ton soutien-gorge, noir, qui tranche sur ta peau. Un tatouage descend le long des reins, légèrement rouge et bleu, suivant l'éclairage, qui représente un dragon rampant... Il se poursuit le long de ta jambe droite jusqu'à ton pied... tu es chaussée de bottines de cuir noir avec de discrets talons hauts, qui doivent rajouter quelque centimètre à ta silhouette... des boucles argentées ferme le tout. Je vois tes bras se couvrir d'une chair de poule. La température, peut-être ? Ou ma présence ? Je suis certain que c'est ma présence qui te fait couvrir d'une chair de poule glacée. C'est ma proximité qui te fait presser le pas, mon contact qui te fait peur. Tu respires plus vite, plus fort et plus profondément. Ton cœur cogne dans ta poitrine et tu jettes un coup d'œil derrière ton épaule. Nos regards se croisent un bref instant. Un bref instant, je me fige et je te regarde, certain que tu m'as vu. Tu as des yeux magnifiques, sombres et profonds. Plus profonds que l'abysse ou qu'une nuit sans lune. Je comprends pourquoi tu as choisi de t'habiller comme cela. Tes lèvres sont rouges, un carmin qui fait ressortir ta carnation naturelle. Ton visage a quelque chose d'exotique et de charmant. Quelque chose qui m'évoque le pays du soleil levant, peut-être la forme des yeux... Tes yeux glissent, tu esquives ma silhouette, tu ne me vois pas, alors que je suis devant toi, campé sur mes jambes et je te regarde droit dans les yeux. Tu demandes alors, d'une voix mélodieuse, mais une hésitation la ternit : [left][i]« Il y a quelqu'un ?»[/i][/left] Tu as un accent chantant, un rien d'étranger, un reste de ton pays que tu n'as pas réussi à effacer ? Tu ne t'es jamais demandé ce que tu ferais si quelqu'un, un jour, te répond : [left][i]« Oui, il y a quelqu'un, avec toi, dans l'obscurité. »[/i][/left] Visiblement, non. Tu restes plantée comme un lampadaire sur le trottoir, puis tu rajustes ton sac à main et repart d'un pas pressé. Je te suis, emboîtant une fois encore ton pas et ton destin. Tu marches jusqu'à l'arrêt de bus et tu regardes les alentours. Il est 22 h 22... Et l'endroit est vide. Tu attends en tapant du pied et en regardant les alentours. Je remarque que tu as de plus en plus froid, ton cœur palpite et tu ne cesses de jeter des coups d'œil nerveux. A 22 h 26, un bus arrive, s'arrête devant l'arrêt et tu montes. Je te suis, me faufilant entre les portes. L'intérieur est sombre, chaud et mal ventilé.Une odeur de plastique me vient au nez, de plastique et de corps suants. Il y a quelques personnes endormies, deux jeunes hommes qui discutent au fond et toi. Tu prends la place juste derrière le chauffeur et tu observes l'extérieur. Je prends la place derrière toi et je t'observe. Dans un espace clos, ton odeur me vient au nez et je frissonne presque en le sentant. Doux et chaud, il m'évoque un environnement sécurisé avec une chaleur et un foyer... Tu me rappelles ma vie, celle que j'ai perdu. La route défile lentement et tu consultes ton portable. Tu murmures quelque chose et l'éteins d'un geste agacé. Les gens aux alentours me sentent. Pas consciemment, mais leurs cerveaux reptiliens les avertis qu'il y à danger, qu'un loup est dans la bergerie. L'un des dormeurs se met à cauchemarder de manière un peu trop bruyante, jusqu'à ce qu'il se réveille et qu'il jette un regard paniqué, son regard s'arrête sur moi, mais ne me voit pas... Finalement, tu appuies sur le bouton arrêt et tu descends. Je te suis comme ton ombre. Je reconnais le quartier, avec ces immeubles pour étudiants, c'est Roanalke Creek, un quartier universitaire qui ne dort pas encore. Tes talons claquent sur le sol alors que tu te diriges aussi vite que possible vers ton appartement, vers ton refuge. Le lieu où tu vas quand le monde t'es insupportable. Tu tapes le code sur la porte d'entrée, 785. Puis tu t'engages en allumant la lumière. La lumière du hall rend ton visage encore plus blanc. Je peux presque glisser mes doigts dans tes cheveux, je peux presque poser mon nez dans ton cou... tu es si proche et si loin. Je lâche un soupir de frustration, qui te fait frissonner. Tu t'engages presque en courant dans l'escalier, mes pas sont calqués sur les tiens, de façon à ce que tu ne m'entendes pas. Tu t'arrêtes devant l'appartement numéro trois et tu sors les clés de ton sac à main. Mais tu es tellement nerveuse que tu les laisses tomber et que tu dois te pencher pour les ramasser, sans t'en rendre compte, nous sommes si proche, si serré. Tu ne me remarques pas, je n'existe pas pour toi. Tu devines que quelque chose est dans les parages. Quelque chose qui t'en veut. Ce n'est même pas de l'intelligence, juste l'instinct du lapin qui s'aplatit dans les hautes herbes pour éviter un prédateur. Tu te redresses, tu ouvres la porte et tu t'engouffres à l'intérieur. Le timing est tellement serré que tu as failli me laisser dehors. Mais tu as hésité un bref instant, me laissant l'ouverture nécessaire pour entrer chez toi. Tu habites un deux pièces. La cuisine sur le côté gauche, le salon/salle à coucher. Il y a de douces couleurs, chez toi. Tu frissonnes, pose ton sac à main, puis défais tes chaussures que tu ranges dans le débarras. Tu es petite et légère. 54 kilos, peut-être moins, pour 1 mètres 59. Tu marches jusqu'à la fenêtre et tu fermes les volets, puis tu cherches dans ton placard une tenue pour dormir. Tu me la caches, pas à dessein, mais je ne cherche pas à la voir, de toute façon. Tu la prends sous le bras et tu te diriges vers ta salle de bain. Je ne te suivrai peut-être pas jusque là. Tu me plais trop et je n'ai pas envie de regretter ce que je ne peux plus avoir. Je parcoure ta demeure, pour apprendre à te connaître mieux. Il y a beaucoup de sachets de thé dans ton placard, ainsi que des produits bios. Il y a même un poster de Greenpeace. Tu fais attention à ta santé et à ton alimentation, tu es une militante, peut-être. Dans ton frigo, que j'ouvre doucement pour ne pas t'avertir, presque pas de viande, des légumes, des fruits. La cuisine est propre et bien rangée. Je la quitte et déambule tranquillement. Tu chantonnes sous la douche et cela me fait m'arrêter. Malgré l'eau, je crois reconnaître la chanson. Je n'en suis pas certain mais tu chantes français. Le plus troublant, c'est ton manque d'accent. Malgré le bruit de l'eau tombant sur ton corps et le mur, le son me parvient presque totalement. Tu as une belle voix, presque autant que ton corps. Tu me rends ivre de tristesse comme ta présence dans la rue m'a rendu ivre de quelque chose. Je n'ai qu'une envie, une seule. C'est de me mettre en boule et de pleurer. De pleurer mon âme perdue, de me vider de cette tristesse qui m'accompagne depuis toujours... Je n'explore plus ton décor, je reste planté au milieu de ton salon, j'écoute ta voix et ta chanson, les deux m'ensorcellent. Je ne bouge plus, je ne veux plus. Je veux mourir. Je t'ai fait peur, mais maintenant, je suis terrifié par ce que tu me fais... l'eau cesse et la chanson céleste avec, me laissant groggy de tristesse. Je cligne des yeux et attends. Tu sors de la douche dix minutes plus tard, les cheveux encore légèrement humides mais coiffée pour dormir. Tu as enfilé un pyjama blanc, qui fait ressortir la noirceur de tes cheveux et de tes yeux. Dessus, devant, il y a de petit pingouins qui tiennent un coussin. Tu as la mine affairée mais studieuse que tu as certainement pendant les examens. Toute trace de maquillage a disparu, mais tu ressembles toujours à une nymphe éthérée. Tu n'as de regard que pour le canapé et tu t'affaires à le préparer pour t'endormir. Je contourne la table basse pour ne pas te toucher ni t'effleurer. Non que je n'aie pas envie, au contraire je meurs d'envie de te toucher, de te frôler, de t'effeuiller et de caresser chaque centimètre de ta peau délicieuse. Ton parfum est devenu autre chose, plus naturel, très florale, très doux et très appétissant, tandis que tu allumes la chaîne hi-fi. Autre surprise que tu me dévoiles, les doux accords du Sonate au clair de lune retentissent dans la maison. Tu t'allonges doucement dans le lit et tu prends un cahier. Je décrypte sans difficulté la matière. Solfège. Tu as allumé la lampe, éteints la lumière du salon, avant de te recouvrir du drap et de lire. Je t'ai rejoint sans rien bousculer... les secondes se défilent et j'entends ton cœur battre doucement et ton souffle être régulier... c'est étrange, je pense que j'aime l'idée d'être près de toi pendant que tu es occupée. Au bout d'une heure, tu fermes les yeux, pose le cahier et éteint la lampe. L'obscurité tombe comme une masse et un bref instant, je suis aveugle. Puis le monde s'inverse. Ombre devient lumière et lumière devient ombre. Chaque ombre est lumineuse et chaque lumière projette un cône d'ombre. J'attends et t'observe, assis par terre... Tu te détends, puis finalement, tu t'endors, je me déplie et je te regarde dormir avec tendresse. Dans ton sommeil, tu affiches un petit sourire, plongée dans des rêves qui me seront à jamais inaccessibles. Je ne me tiens quasiment plus. Je pose un genou par terre et je sonde doucement ton esprit. Il est doux et chaud. Remplit d'une certaine innocence, mais tu souffres quand même. Tu n'as rien perdu cependant de ton humanité et de ta douceur. J'aime ce que je vois et ce que je sens. Je pose mes lèvres sur le côté du cou... je perçois la chaleur et la douceur onctueuse de ta peau. Je devine qu'il n'y a pas si longtemps, quelqu'un t'a posé un baiser au creux. Je respire doucement l'odeur, qui devient brûlante pour mon nez. Brûlante comme l'est une tentation. Tu restes endormie, plongée dans des rêves merveilleux, mais moi, je deviens ardent d'une soif irrépressible. Je rétracte mes lèvres et pose mes canines contre ta peau, puis je perce lentement, forant un passage pour atteindre une veine. Je sens la peau cédée sous mon Baiser puis le sang couler dans ma bouche, doux et chaud comme l'est l'ambroisie de la Vie. Je t'entends gémir d'un mélange de plaisir et de douleur. Je sens ton cœur qui rate un bref battement. Je t'amène contre moi, te sers contre moi, pour ne pas perdre ton contact, pour ne pas TE perdre, TOI ! Tu es réveillée, mais tu nages en pleine confusion. Rêves-tu ? Ou cauchemardes-tu ? Ton cœur accélère, mais ton corps, lui, s'éveille au désir de mon étreinte. Je te sens pris par tous les sentiments... Stupeur, amour, peur, désir, fascination, puis peur... puis lassitude, quand ton corps comprend que je gagne sur lui. Ton cœur, par contre, lui, n'abandonne pas. Il bat, pulse, se débat aussi fort que possible. Tu essaies de me repousser encore, mais faiblement. Je te tiens et continue de me nourrir. Je sens ton cœur sur mes lèvres, je sens ta vie, je sens que tu veux me tuer plutôt que de mourir. Je sens mon cœur qui repart, puis se synchronise au tien. Je lis dans le sang et dans ton esprit... Tu t'appelles Eva... je le lis dans ton sang. Je comprends l'ironie... Nos cœurs ratent un battement, mais... le mien repart, alors que le silence se prolonge dans ta poitrine... le silence... tu te reposes inerte contre moi. Tu es morte... et la douleur de l'abandon me frappe. Je t'ai perdu. [left][i]Non.[/i][i] [/i][i]Non.[/i][i] [/i][i]Non.[/i][i] [/i][i]Je ne peux pas.[/i][i] [/i][i]Je ne peux pas.[/i][i] [/i][i]Je ne veux pas.[/i][/left][i] [/i]Je te dépose sur ta couche. Blême et vide. Tu es plus légère, mais aussi méconnaissable. Vide de vie et vide d'esprit. Non, je ne peux pas le supporter. Non, je ne peux pas te voir morte... non.. Je te connais depuis deux heures. Peut-être trois. Pourquoi ta perte m'est déjà insupportable ? Je t'ai pris la vie, Eva, alors que tu m'a rendu une partie de la mienne... Je porte mon poignet à mes lèvres et l'entaille férocement, puis ouvre doucement ta bouche. Tu es déjà froide, si morte et si loin de moi. Mon dieu, qu'ai-je fait ? Je verse mon sang dans ta bouche, le laissant couler, laissant filer ma vie entre tes lèvres. Avant de saisir ce que je me prépare à faire, le sang coule dans ta bouche, comme il a coulé dans le mien lorsque je t'ai apposé mon Baiser. Je referme la plaie d'un coup de langue et je m'écarte pour t'observer. Quelque goutte de sang se trouve sur la commissure de tes lèvres. Les minutes défilent si lentement. Si lent. J'ai peur de t'avoir perdu. Je suis terrifié à cette idée. Puis tu changes. Les minuscules imperfections qui faisaient partie de toi sont gommées, tandis qu'un frémissement t'anime. Ton corps devient plus étrange, plus pâle, moins humain, mais de plus en plus gracieux... puis... tu te plies en deux et tu hurles. Hurle de douleur, hurle de frustration, hurle de terreur. Je sais que je t'ai sauvé, tu vivras... tu te convulses, puis finalement, rien. Tu restes alanguie sur le canapé. Je me penche et je t'embrasse, tes lèvres sont froides et douces comme la soie. Tu me reconnais, bien que nous soyons presque des étrangers l'un à l'autre. Je glisse mes doigts dans ta chevelure en t'embrassant doucement. Je suis si bien avec toi... Je t'aime, Eva. Modifié le 18 mai 2014 par Undred Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tzzzeentch Posté(e) le 18 mai 2014 Partager Posté(e) le 18 mai 2014 Ah... Ah... Ah.... .... VAMPIRE !!!![img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/ph34r.gif[/img]([size=1]je vais avoir l'air con, moi, si c'est pas ça en fait...)[/size] Sur le fond, perso, je n'ai rien à redire. Les vampires romantiques et moi ça fait 2, et pourtant j'ai parfaitement accroché (peut-être parce que j'écoutais du Marilyn Manson en lisant...). Tu parviens à mettre une ambiance dans ton texte et ça c'est cool[img]http://www.warhammer-forum.com/public/style_emoticons/default/cool.gif[/img]. Sur la forme, pas grand-chose à redire non plus, à part deux choses. [quote]Vue de cette distance. Tu ressembles à une nymphe solitaire et diaphane.[/quote] Il ne devrait pas y avoir une virgule à la place du point ? Et : [quote]Je vois tes bras se couvrirent de chair de poule[/quote] Retire le "-ent" de "couvrir". Bonne (éventuelle) continuation, Tzzzeentch Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Undred Posté(e) le 18 mai 2014 Auteur Partager Posté(e) le 18 mai 2014 Eh bien, merci pour le feed back. Je vais effectivement corriger les rares erreurs pointés du doigt. C'est effectivement un vampire, mais ce n'est pas très difficile. ^^ Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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