Invité Thomas Trolljaeger Posté(e) le 15 octobre 2002 Partager Posté(e) le 15 octobre 2002 :tongue: Le jour se levait sur la plaine de Luccini. Le ciel sans nuage promettait une belle journée, et le capitaine Giuseppe Falcone en était heureux, lui qui se hâtait en petites foulées dans l'herbe humide de rosée vers l'aile droite de son dispositif. Là l'attendaient ses hommes, une dizaine de duellistes armés de pistolets à poudre noire flambants neufs et particulièrement onéreux. Malgré la mauvaise volonté évidente de Renato Baldi, son trésorier, il avait fait cet investissement en prévision de la bataille qui s'annonçait. Il faut dire que la prime versée par son employeur anonyme était particulièrement conséquente. Ainsi, il avait pu s'adjoindre les services de ces aventuriers commandés par Pirazzo, une vingtaine de fantassins armés de piques, mais dont le premier rang ne comportait que des arbalétriers, et de ces brigands de Halfelings, une dizaine, commandés (autant que faire se peut) par ce coquin de Lupin Croupe. Baldi était venu avec dix de ses gardes, des anciens galériens dont il avait racheté la liberté quelques mois auparavant : il semblait que ces rudes gaillards lourdement équipés d'armure lourde et de hallebardes lui vouaient un respect plus que déraisonnable pour des chiens de guerre, et l'un d'entre eux arborait fièrement une bannière richement brodée. Usant de son influence, son mystérieux employeur avait obtenu de la cité de Luccini une compagnie d'arbalétriers, un détachement de cavalerie lourde, et un chef cuisinier, qui était en ce moment même en train de s'affairer autour d'un étrange engin avec deux de ses assistants.Immédiatement sur sa gauche, il avait placé les piquiers. Ensuite, venaient les cavaliers à la livrée d'argent et de gueules dont l'écu s'ornait d'une superbe tête de taureau. A leur gauche, se trouvait le trésorier, accompagné d'un spécialiste des arts magiques recruté à grands frais pour l'occasion, qui avaient pris place parmi les hallebardiers. Arbalétriers et cuisiniers avaient pris place sur une colline providentielle, sur son aile gauche, Lupin et ses comparses s'étant déployés devant.Les premiers rayons transpercèrent la brume matinale, et se reflétèrent sur les armes et les armures polies de leurs adversaires. Falcone qui venait de prendre position, fronça les sourcils. Il n'imaginait pas ses adversaires si nombreux - il avait pensé les écraser sous le nombre mais à son grand déplaisir, il allait devoir livrer une bataille à l'issue incertaine, ce qui est une chose que tous les chiens de guerre préfèrent éviter. Toutefois, il estimait le rapport de force en sa faveur - son commanditaire lui avait demandé de bouter les elfes hors de Tilée, et il avait payé assez cher pour celà. Il ne serait pas déçu. :frown: Le commandeur Aethis regarda le soleil se lever à l'est et soupira. Il aurait donné cher pour être en ce moment à Lothern et ne pas avoir à subir une nouvelle journée de chaleur écrasante dans ce pays étranger. L'expédition ne se déroulait pas comme elle aurait dû. Ils tardaient à trouver les ruines de leurs anciennes installations, desquelles ils étaient censés extraire divers artefacts et documents, dont un obscur bibliothécaire avait retrouvé la trace dans des archives en Ulthuan. De plus, par il ne savait quel moyen, ces humains avaient eu vent de la présence de ses troupes et venaient à présent les empêcher de recouvrer leur bien, au motif sans doute que ces terres étaient les leurs depuis des lustres... Il prit un mouchoir de soie pour éponger son front. La chaleur commençait à se faire sentir, et il savait que ce seait bientôt pire. L'odeur de sa propre transpiration l'incommodait, et il en voulait à ces humains qui le forçaient à livrer bataille dans ces conditions. Toutefois, le commandeur n'était pas sans motif de satisfaction. Le messager d'Ulthuan venu hier soir était porteur d'un parchemin le confirmant dans son rôle de commandant de ce détachement. Il savait que Bel-hot, le mage qui l'accompagnait, n'était pas satisfait du déroulement des opérations, et il avait craint un moment que celui-ci n'usât de quelque stratagème auprès de la cour afin de se faire octroyer le commandement de la mission à ses dépens.Il remit son casque, et prit sa place au premier rang des fiers maîtres des epées, qui l'attendaient, impassibles. Il revit mentalement son dispositif. Lui-même se tenait sur le flanc gauche, avec une vingtaine de maîtres des épées. Non loin, mais à l'écart, se tenait le mage Bel-Hot. A sa droite, une balliste, puis une vingtaine de lanciers, puis une autre balliste et enfin sur son flanc droit, six heaumes d'argent. Ses troupes étaient maigres, mais quelqu'un avait pensé qu'un petit détachement attirerait moins l'attention. Il allait à présent devoir faire avec, mais il était confiant dans la qualité de ses troupes. De toute façon, il était trop tard pour regretter quoi que ce soit, la bataille commençait. :tongue: Falcone venait de donner l'ordre de faire mouvement. Au centre, la cavalerie s'avança au pas, suivie de chaque côté par les fantassins qui forçaient l'allure afin de conserver un front régulier. Sur les flancs, les tirailleurs avançèrent au pas de course, en tentant de déborder l'ennemi. Gunther Mann, le mage qui se tenait aux côtés de Baldi, tenta d'invoquer un sort, qui fut contré par le mage adverse avec un parchemin. Seule la catapulte à marmite était à portée de tir d'un régiment de lanciers de l'ennemi. Cependant, le chef s'apperçut avec consternation que la marmite était vide, et que la réserve de soupe avait été également volée. Brandissant un hachoir menaçant, il se mit à vociférer des imprécations à l'encontre des Coqs de Combat de Croupe qui s'avancaient vers un amas de rochers la mine réjouie et le ventre plein, pendant que ses deux assistants se mettaient à éplucher des légumes en toute hâte. Falcone jura entre ses dents ; la catapulte à marmite ne tirerait pas de sitôt. :frown: Aethis donna l'ordre d'avancer à la rencontre de l'ennemi. Pendant que les lanciers conservaient leur position, ses maîtres des épées et les heaumes d'argent avançaient à vive allure en direction des flancs de l'ennemi. Bel-Hot lança des incantations. Une boule de feu fut contrée par le mage adverse, grâce à un parchemin, et une tête enflammée ne parvint pas à se matérialiser en raison de la résistance naturelle de l'ennemi, un peu aidée par la présence d'un magicien. Dépité Bel-Hot brandit le poing et libéra le feu de Khaine de son anneau magique, mais avec trop de précipitation, et l'énergie magique se perdit dans l'atmosphère. Ricanant, Aethis fit signe aux artilleurs qui ouvrirent le feu sur l'ennemi. De la première machine, surgit une vollée de traits, qui tomba sur le régiment de piquiers - trois de ces soldats ne se relevèrent pas. La seconde machine prit pour cible le régiment de cavalerie lourde, mais le seul trait puissant lancé par la machine ne parvint pas à toucher sa cible. :tongue: Falcone se trouvait face à un problème ; pour être précis, face à un régiment de vingt maîtres des épées. Il faisait confiance à ses hommes, mais pas au point de les engager dans un combat inégal contre de meilleures troupes. Il prit donc la tangente, essayant de se faire oublier, et exposant le flanc des piquiers derrière lui. De cette manière, il espérait que les elfes se dirigent vers les piquiers encore assez éloignés, lui permettant soit une charge de flanc, soit une tentative d'infiltration vers les machines de guerre ennemies. Par ailleurs, avisant le mage qui se pavanait à l'écart du régiment, il quitta ses hommes avec des ordres vagues pour le tour suivant et prit position face au mage ennemi. Au centre, les piquiers s'arrêtèrent pour rester face aux maîtres des épées, mais la cavalerie et les gardes du trésorier avancèrent à pleine vitesse vers l'ennemi. A gauche, les halfelings emmenés par un Lupin Croupe prudent poursuivirent leur course vers la sécurité d'un amas de rochers, sortant du champ de vision des heaumes d'argent. Le mage Gunther Mann tenta de jeter un regard embrasé aux lanciers, mais il fut dissipé. Sur le haut de la colline, pendant que le chef cuisinier s'activait à rallumer le feu et que ses deux assistants poursuivaient la corvée de peluches, le régiment d'arbalétriers faisait feu sur les heaumes d'argent. Leur tir précis et puissant en élimina deux, ce qui causa la panique au sein des quatre survivants, surpris par ce feu nourri. Au premier rang de la légion perdue, les arbalètes claquèrent également, et deux maitres des épées périrent transpercés. :frown: Pendant que les heaumes d'argent un instant désemparés se regroupaient, Aethis fit avancer ses troupes vers les piquiers de la légion perdue. Il ne souhaitait pas rester sous le feu de leurs arbalètes plus longtemps que nécessaire. Le mage suivit le régiment pour se placer en vue des tirailleurs qui menaçaient leur flanc. Au centre, les lanciers avançèrent pour bloquer le passage à la cavalerie Tiléenne qui menaçait une balliste. Bel-Hot se concentra et tenta de lancer une boule de feu sur les piquiers de Pirazzo, mais elle fut dissipée par le second parchemin de Mann. Il enchaîna avec une tête enflammée sur les duellistes, mais ne put réunir l'énergie magique nécessaire. Enfin, il tenta d'utiliser son anneau sur ces mêmes duellistes, mais la magie fut dissipée. Les deux ballistes prirent pour cible le régiment de cavalerie lourde à présent proche des lanciers, et l'un des deux traits frappa le régiment, causant deux pertes et la panique consécutive des survivants. :tongue: Du coin de l'oeil, Falcone vit distraitement que sa cavalerie se reformait. Il n'en attendait pas moins de ces chevaliers, plus aguerris que bien des troupes d'infanterie. Puis il entreprit de charger sa propre cible, le mage adverse. Malheureusement, celui-ci prit la fuite, et Falcone s'arrêta lorsqu'il lui fut évident que sa cible lui échapperait. Le souffle court, il perdit ainsi l'occasion d'ajuster sa cible de son pistolet. Dans le même temps, les duellistes chargeaient le flanc des maîtres des épées, leur infligeant trois pertes et ne perdant qu'un homme - malheureusement, la cohésion et la maîtrise des elfes ne faiblirent pas et les duellistes durent prendre la fuite, sous les quolibets des elfes qui ne les poursuivirent pas. A l'autre bout du champ de bataille, les halfelings de Lupin finirent par atteindre la relative sécurité des rochers. Là, les coqs de combat surexcités montraient une balliste à portée de tir à leur chef qui semblait exiger d'eux qu'ils se mettent plutôt à l'abri. Pendant ce temps, les gardes du trésorier avançaient vers les lanciers, et la légion perdue avançait vers les maîtres des épées. Au même instant, Gunther Mann ne restait pas inactif. Des rayons lumineux sortirent de ses yeux pour venir frapper le régiment de lanciers, dont deux sodats s'écroulèrent, transformés en torches. Puis la lumière concentrée dans son regard sembla s'étendre au reste de sa personne, et il en fut bientôt tout auréolé. Soudain, un projectile étrange traversa le ciel du champ de bataille. Le chef halfeling avait nettement surestimé la portée de son arme ; heureusement pour lui, sous l'effet d'un fort vent contraire, la marmite de soupe vint tomber sur les rangs arrières de la formation de lanciers elfes. Quelques lanciers ébouillantés hurlèrent, mais celui qui reçut la marmite en fonte n'en eut pas le loisir - quatre elfes furent éliminés. Néanmoins, leur entraînement supérieur fit qu'ils ne s'enfuirent pas. :frown: Il est temps d'en finir, se dit Aethis qui donna l'ordre de charger ; au même moment, les lanciers se jetèrent sur les gardes du trésorier, et les maîtres des épées sur les piquiers de Pirazzo. Les heaumes d'argent, hors de vue et de portée de l'ennemi rongeaient leur frein. Bel-Hot, reprenant ses esprits, se retourna pour faire face à l'ennemi et tenta de lancer une boule de feu, sans succès, puis une tête enflammée, qui fut dissipée. Enfin, il fit usage de son anneau sur le régiment de tirailleurs en fuite, et en carbonisa sept sur les dix. Une balliste ne pouvait pas trouver de cible, l'autre fit feu sur les halfelings, qui à couvert et en formation dispersée, ne furent pas incommodés. Pedant ce temps, au corps à corps, le combat faisait rage. Les lanciers causèrent de lourdes pertes aux hallebardiers, mais celles-ci furent plus que compensées par le carnage que firent Baldi avec son épée magique et Mann, encore auréolé de la lumière de Pha et doté d'une force surhumaine. Néanmoins, les lanciers tinrent bon. Les maîtres des épées infligèrent deux pertes au régiment de Pirazzo, mais entre le tir de contre-charge et le franchissement du mur de piques, ils avaient perdu trop de soldats. Leur élan brisé, ils firent retraite, et la légion perdue fut incapable de les rattraper. :tongue: A la lisière du champ de bataille, trois duellistes reprirent courage et se regroupèrent. La cavalerie lourde mercenaire chargea les lanciers elfes. Falcone, qui venait de voir l'infanterie d'élite de l'ennemi lui passer devant en désordre, saisit cette opportunité et avança derrière eux. Le chef halfeling prit pour cible le régiment de heaumes d'argent qui menaçait ses congénères retranchés à la lisière d'un cahos de rochers, mais alors qu'il allait donner l'ordre de tirer, une corde cassa, la nouvelle marmite se renversa, et la soupe vint éteindre le feu. Encore une fois, la catapulte serait indisponible un bon moment. Falcone tira sur le mage Bel-Hot, mais ne put l'atteindre. Les hommes de la légion perdue attendirent un ordre de tirer qui ne vint pas. Les coqs de combat lâchèrent une volée de flèches sur la balliste. La plupart de leurs traits finirent sur la machine elle-même, n'occasionnant aucun dommage, mais un elfe servant fut touché et périt. Le corps à corps sanglant du centre touchait à sa fin. Voyant les leurs tomber de toutes parts, les lanciers elfes démoralisés s'enfuirent. Les cavaliers les rattrapèrent en chemin, et continuèrent sur leur lancée, ivres de sang. Ce n'est que lorsque leur fièvre retomba qu'ils se rendirent compte de leur erreur : leur mouvement de poursuite les avait placés de flanc entre les deux ballistes elfes. :frown: Aethis, dégoûté, était entraîné par ses guerriers hors du champ de bataille, incapable de les rallier car ils ne pensaient qu'à échapper à l'ennemi qui les serrait de près. Pendant ce temps, les heaumes d'argent décidés à sauver l'honneur chargeaient les halfelings de Croupe. Ceux-ci, prévenus par leur chef, prirent la fuite, et les heaumes d'argent ne purent les atteindre. Le mage Bel-Hot, décidé à sauver ce qu'il était encore possible de sauver, fit retraite vers la balliste la plus proche. Il lança dans sa course une boule de feu sur les piquiers de Pirazzo, qui ne put être dissipée, et qui infligea trois pertes supplémentaires, mais les piquiers tinrent bon. La tête enflammée fut un nouvel échec, mais l'anneau de khaine finit de décimer le régiment des gardes du trésorier payeur, le laissant seul avec le mage Gunther Mann. Le servant survivant de la machine elfe tira en enfilade sur le régiment de cavalerie lourde. Un seul projectile fut suffisant pour en tuer quatre sur cinq. Le dernier cavalier réussit toutefois à ne pas être paniqué ; avec l'énergie du désespoir, il put maintenir sa position. Pendant ce temps, la seconde balliste tirait sur Giuseppe Falcone, imprudemment placé au devant de ses troupes. Le capitaine mercenaire tomba, ses flancs percés de deux carreaux géants. Les coqs de combat étaient en train de s'enfuir, et Lupin cria à Ned Hamfist, son porte-bannière "Vite, vite, mon gars! Nous partons pour le Mootland, le général est mort !". Mais dans le fracas de leur fuite éperdue, Ned comprit "Hip hip hourrah ! Combattons pour le Mootland ! Nous sommes les plus forts !" Reprenant ce cri de guerre, il brandit sa bannière, et les halfelings, galvanisés, se regroupèrent autour de lui et de Lupin, qui en resta bouche bée sans rien pouvoir dire. Baldi et Mann, seuls survivants de l'hécatombe, se dispersèrent et entreprirent de se mettre à l'abri. Le cavalier restant se rapprocha d'une balliste elfe, pendant que les légionnaires de Pirazzo manoeuvraient hors de vue de l'ennemi, se rapprochant dissimulés par une maison. Hors de portée depuis un bon moment, les arbalétriers décidèrent enfin de quitter leur colline pour se rapprocher de l'ennemi. Dans un coin, trois duellistes couraient se mettre à l'abri. Le chef halfeling priait Esméralda avec ferveur pour que ses assistants parviennent à rallumer le feu sous la marmite. Dans l'autre camp, les servants des ballistes se préparaient à vendre chèrement leur peau dans le corps à corps qui ne manquerait pas de suivre. Les heaumes d'argent envisagèrent un moment de charger les halfelings regroupés mais ceux-ci semblaient hors de portée. Bel-Hot tentait de garder son calme. Mais une brume soudaine obscurcit soudain le ciel, comme si les dieux eux-même se désintéressaient du sort de ces soldats, et dans l'épais brouillard qui s'ensuivit, par un genre d'accord tacite, les combattants se séparèrent. Les elfes avaient subi un terrible revers et allaient abandonner leur entreprise, et les mercenaires ne voyaient pas d'intérêt à se battre plus longtemps, la décision ayant déjà été enlevée. A quelques lieues de là, une sombre silhouette serrait dans ses mains décharnées une boule de cristal. Sous son capuchon, deux orbites vides semblaient contempler les profondeurs de l'objet. Soudain, elle éclata d'un rire lugubre. Les elfes se retiraient, et lui laissaient le champ libre pour ses propres investigations - son plan avait fonctionné, une fois de plus. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Baron Sengir Posté(e) le 18 octobre 2002 Auteur Partager Posté(e) le 18 octobre 2002 Bravo pour ce récit. Et pour cette victoire. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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