Djassa Posté(e) le 30 avril 2016 Partager Posté(e) le 30 avril 2016 J'avais dit que je posterais le fluff que j'avais écrit pour le tournoi patrouille des Champions du Warp, ce sera maintenant chose faite ^^, bonne lecture. LE CHASSEUR Le seigneur du chaos fulminait intérieurement. Ce dernier raid de ravitaillement aurait dû être une formalité mais depuis les trente dernières minutes les choses allaient de mal en pire. Cela avait commencé juste après le décollage de l'escadron Nighthawk, son dernier escadron de Thunderhawks encore apte à voler. Sur les cinq appareils, seul Hawk1 disposait de sa pleine puissance de feu. Les quatre autres aéronefs avaient atteint divers niveaux de délabrement. C’était compréhensible pour des engins sans réelle maintenance depuis plusieurs centaines d’années, et qui allaient assurer aujourd’hui un rôle ne nécessitant pas de combattre. Les techmanciens à bord de son croiseur, le Dark Hunter, avaient fait du bon travail. L’intérieur des quatre Thunderhawks avait été reconfiguré pour pouvoir accueillir une grande quantité de liquide dans de vastes cuves, les transformant ainsi en véritable réservoirs volants. Car c'était bien là le but de cette mission : voler un maximum de carburant pour achever le ravitaillement de sa force de Marines du chaos et quitter ce satané système. Attaquer et piller une raffinerie aurait pu être une solution mais c’était trop ambitieux au vue des forces dont il disposait. La détruire n’aurait pas posé de problème mais la vider était autrement plus délicat car ces sites disposaient de systèmes anti-personnel très poussés et son groupe de combat ne devait pas souffrir plus de pertes que nécessaire. Le seigneur du chaos s’était rabattu sur une attaque de convoi. La planification avait été méthodique mais un grain de sable d'une taille conséquente était venu gripper la mécanique de son plan. Les scanners de surface du Dark Hunter avaient pourtant repéré la proie idéale. Une vaste colonne de véhicules citernes se déplaçant sur une autoroute qui traversait une lande verdoyante en direction de la raffinerie qui alimentait la capitale planétaire. L’escadron Nighthawk avait décollé aussitôt du Dark Hunter pour cette mission d’interception. Mais en à peine quelques minutes, les conditions météo au-dessus de la zone avaient changée du tout au tout. Le ciel dégagé avait cédé sa place à un large front nuageux. Les vents violents qui agitaient la surface de la planète avaient déployé ce manteau compact et gris sur toute la zone d’intervention. Le convoi avait disparu des pict-enregistreurs mais ce n’était pas là le plus gênant. Le manteau nuageux était si dense et si agité qu’il bloquait également les flux d’ondes électromagnétiques. Plus de signature thermique, rien. Avant que les cinq Thunderhawks n’atteignent l’orbite basse, la colonne de véhicule avait complètement disparu de tous les écrans des cogitateurs embarqués. Face à cet imprévu et aux risques qu’il faisait peser sur la mission, le seigneur du chaos eut un instant d’hésitation. A l’allure où filait son escadron il n’avait tout au plus que trois secondes pour se décider. Il fit taire ses réticences et laissa le raid se poursuivre. Il avait attendu cette proie trop longtemps pour la laisser filer derrière un voile de brume, aussi menaçant fût-il. Les cinq appareils de la légion s’enfoncèrent à travers les nuages, naviguant aux instruments et compensant au mieux leurs trajectoires à travers les vents tourbillonnant. Ce n’est qu’après être descendu sous la barre des 150 mètres que les pilotes purent retrouver une visibilité décente. La tempête en formation les avait déviés de leur point d’insertion mais la queue du convoi était encore visible à une dizaine de kilomètres au nord de leur position. Le seigneur du chaos ouvrit sa liaison vox à destination de tous ses pilotes. Ici le seigneur Kaosu sur Hawk1 pour l’escadron. Hawk1 part en tête pour largage et interception des cibles. Hawks 2 à 5, tenez-vous prêt à atterrir pour le remplissage dès que nous aurons sécurisé un périmètre autour des véhicules cibles. Terminé. Bien reçu seigneur, terminé, répondirent ses pilotes à l’unisson. Hawk1 rattrapa le convoi puis décèlera au maximum pour se caler légèrement au-dessus de la vitesse du convoi et sa rampe frontale s’ouvrit alors qu’il commençait à dépasser les derniers camions. Le seigneur du chaos regarda fièrement ses raptors s’élancer l’un après l’autre vers leur cible, leurs réacteurs dorsaux leur permettant d’amortir leur descente et de cibler précisément leur point de chute, même à travers la tourmente extérieure. Le seigneur du chaos aperçut furtivement la forme massive d’un super tanker à l’avant du convoi, capable de transporter près de 200 000 litres là où les autres camions en transportait au maximum 20 000. Malheureusement ce gibier là était trop massif pour eux. Il devrait se contenter des quatre ou cinq camions nécessaires au remplissage de ses quatre appareils. Les bourrasques furieuses couvraient aisément le bruit des turbines du Thunderhawk, si bien que les chauffeurs de camions citernes ne virent qu’au dernier moment l’imposante silhouette sombre qui les dépassait en rase-motte. Cette vision était invariablement suivit d’un bruit sourd et métallique. Celui d’une masse qui impacte le dessus de la cabine du camion. Puis, quelques secondes plus tard venait l’arrachage d’une porte latérale de la cabine et l’élimination rapide du chauffeur quand celui-ci n’avait pas eu la présence d’esprit de sauter du camion en apercevant le massif raptor s’immisçant dans la cabine. Cette scène se répéta sur une dizaine de camions citernes qui, une fois sous contrôle des légionnaires, formèrent une zone circulaire fermée, assez vaste pour accueillir en son centre les quatre Thunderhawks dédiés au transport de carburant. Ici seigneur Kaosu pour Hawks 2 à 5, vous avez l’autorisation de vous poser et de procéder au remplissage. Je descends avec mon escadron de motos pour sécuriser la zone. Terminé. Les pilotes ne prirent même pas le temps de répondre et amorcèrent leurs manœuvres d’atterrissages. A bord du Hawk1, le seigneur du chaos démarra sa moto, rapidement imité par les dix autres motards du chaos présents à ses côtés. Le Thunderhawk n’était pas encore tout à fait à l’arrêt quand sa rampe frontale s’ouvrit et que les onze motards en émergèrent à vive allure, laissant retomber lourdement leurs montures d’un bon mètre à la sortie de l’appareil. Ces motos étaient robustes et toutes encaissèrent la manœuvre sans encombre. La tempête environnante ne facilitait pas le pilotage mais l’escouade de motards fit néanmoins rapidement le tour du dispositif en place. Le seigneur du chaos était satisfait de voir les longs tuyaux se dérouler entre les camions et ses appareils de transport. Finalement cette opération avait débuté fébrilement mais serait menée à bien dans les délais. Il reporta son attention sur les autres véhicules du convoi qui fuyait le site de l’attaque. Il prit instantanément note d’un détail troublant. Le super tanker, lui, avait curieusement fait demi-tour. Le seigneur du chaos utilisait sa vision surhumaine, encore amplifiée par la technologie de son heaume, pour suivre la trajectoire du béhémoth malgré la pluie épaisse. S’il maintenait sa vitesse, il serait sur eux dans moins de deux minutes. L’attitude du véhicule le laissait perplexe mais il allait falloir réagir vite. Une liaison vox s’ouvrit dans son casque : Ici Hawk1 pour le seigneur Kaosu, nous avons détecté un mouvement hostile potentiel au… Je sais Hawk1, je sais. Déclenchez une manœuvre d’engagement et de destruction. Terminé. Bien reçu. Terminé. Tandis que le pilote d’Hawk1 virait pour aligner son appareil sur la menace et que son artilleur activait les différents senseurs d’armement de l’appareil, une nouvelle information troublante retentit sur la fréquence vox. Il s’agissait cette fois de la voix agacée d’Enki, le champion des raptors, chargé de superviser le transfert du carburant sur les appareils. Ici Enki, les camions sont vides ! Tous vides ! Le seigneur du chaos était abasourdi. Cela ne pouvait signifier qu’une chose et tous ses marines l’avaient compris en même temps que lui. Ils étaient tombés dans un piège. Un foutu piège… La confirmation ne se fit pas attendre et la partie supérieure du super tanker qui fonçait sur leur position s’entrouvrit juste assez pour lâcher une bordée de missile sol-air à destination d’Hawk1. Le pilote put esquiver les trois premiers missiles par pur réflexe mais les trois suivants firent mouche, pulvérisant la base de l’obusier lourd de coque, envoyant son canon s’écraser à une centaine de mètres de là. Sonné et dépossédé de son arme principale, l’aéronef se contenta de continuer sa manœuvre d’évitement pour aller se poser près des motards du chaos stupéfaits. Le pilote avait bien anticipé les ordres du seigneur du chaos et celui-ci se contenta d’un ordre qu’il ne pensait pas donner aujourd’hui : A toutes les unités au sol, extraction d’urgence sur Hawk1. Terminé. Les motards réembarquèrent aussi rapidement qu’ils avaient débarqués et les raptors ne se firent pas attendre longtemps non plus. Le toit du super tanker s’ouvrit un peu plus et plusieurs escadrons de land speeders blanc et bleu surgirent en vrombissant, leurs turbines poussées à fond pour atteindre les renégats au plus vite et les empêcher d’atteindre l’orbite. Les marines du chaos reconnurent instantanément les armoiries du chapitre qui les poursuivait inlassablement depuis des dizaines d’années. Une tête de dragon blanc sur un fond bleu nuit : le symbole des White Dragons. Alors que les appareils légers des space marines se rapprochaient, le seigneur du chaos tentait désespérément d’établir le contact avec le Dark Hunter. Il n’eut d’autre choix que de s’adresser au co-pilote déjà bien occupé : Co-pilote, contactez le Dark Hunter immédiatement. Après quelques tentatives infructueuses la sentence tomba : Impossible seigneur. Sans doute des brouilleurs impériaux. J’ai toujours son écho radar mais aucune liaison ne fonctionne. Continuez d’essayer et foncez vers lui. Bien seigneur. Les ricochets de bolts de gros calibre se firent entendre sur la carlingue, signe que leurs poursuivants les rattrapaient. Les artilleurs du Thunderhawk parvinrent à en éliminer certains à coup de laser et de bolter lourd, prenant également bien soin de tenir à distance les land speeders munis de redoutables armes à fusion. Tandis que Hawk1 virait une nouvelle fois de bord pour éviter un rideau de projectiles, le seigneur du chaos entrevit furtivement sur l’écran d’une caméra de contrôle inférieure le sort de ses quatre autres appareils encore au sol. L’un d’entre eux, sur le point de redécoller, fut percuté et coupé en deux par le super tanker lancé à pleine vitesse. Le transport terrestre géant s’immobilisa et les trois autres Hawks, encore arrimés aux camions citernes vides, furent sécurisés par une trentaine de White Dragons qui débarquaient du tanker. Le seigneur du chaos était morose, c’était là une bien belle prise pour ces chiens de l’Empereur. Hawk1 arriva enfin à s’extraire assez haut pour que les land speeders cessent leur chasse. Il arrivait en orbite basse, filant tout droit sur la position de leur croiseur. Les légionnaires allaient enfin pouvoir se mettre à l’abri dans leur sanctuaire spatial. Malheureusement ils n’arrivèrent là que pour assister au point d’orgue de la mise à mort du Dark Hunter. Une demi-douzaine de vaisseaux appartenant à la flotte impériale et aux White Dragons encerclait le croiseur corrompu en le pilonnant de tirs de lances navales. Ses boucliers s’étaient effondrés et un bon quart du vaisseau était dévoré par les flammes. Les marines du chaos à bord du Hawk1 assistaient atterrés à la scène qui se matérialisait sur l’écran de contrôle principal de leur transport. Une dizaine de torpilles d’abordage furent envoyées par les navires impériaux en direction du croiseur meurtri mais l’équipage du Dark Hunter réservait une dernière surprise à ses assaillants. Alors que la première torpille s’enfonçait dans la peau de métal de sa proie, le Dark Hunter sembla convulser un bref instant puis explosa avec la radiance d’une petite étoile. Les techmanciens avaient préféré surcharger les réacteurs et faire exploser le croiseur plutôt que de laisser une chance aux impériaux de mettre la main sur le navire. Le seigneur du chaos ne savait plus s’il devait louer cet acte honorable ou sombrer dans l’amertume de voir disparaitre ainsi son bien le plus cher. Après tout, l’un n’empêchait pas l’autre… La flotte impériale prit rapidement en chasse le Thunderhawk esseulé, envoyant plusieurs escadrons d’intercepteurs à ses trousses. L’appareil déjà mal en point ne supporterait pas une confrontation dans le vide. Inutile de fuir un ennemi aussi rapide avec nul part où se cacher. Le seigneur du chaos, ivre de frustration, s’apprêtait à faire ses dernières recommandations aux âmes damnés de ses légionnaires quand soudainement, les lumières irréelles annonçant une faille Warp se firent apercevoir à une cinquantaine de kilomètres juste en face du nez du Thunderhawk. Le phénomène, bien qu’impressionnant, était coutumier pour tous ceux qui naviguaient sur les courants de l’Immaterium. Il ne pouvait signifier qu’une chose, l’arrivée imminente d’une flotte de guerre, et pas des moindre à en juger par la plaie béante qui semblait ne pas vouloir cesser de s’étirer entre les deux univers. Au bout de quelques longues secondes une dizaine de vaisseaux émergèrent de la faille, la plupart arborant la livrée de la Black Légion. Le reste de cette flotte se composait d’appareils hétéroclites, volée aux flottes impériales ou bien arborant des symboles de chapitres hérétiques, plus récemment corrompus. Les marines du chaos n’en croyaient pas leurs yeux, cette journée était décidément riche en surprises. Les alarmes de proximités hurlèrent dans l’habitacle, ramenant les occupants de l’appareil à l’urgence de la situation. Une pluie de missiles longue portée filait vers eux, tirés par les escadrons d’intercepteurs impériaux tout juste à portée de tir. Les manœuvres d’évitement allaient devoir être diablement efficace cette fois. Alors que Hawk1 recommençait à virevolter du mieux que ses moteurs poussifs le lui permettaient, la flotte du chaos fraichement arrivée ouvrit le feu sur les navires impériaux dans un concert de tirs qui paraissait cataclysmique du point de vue du Thunderhawk. Ce dernier voyait fuser les gigantesques rayons d’énergie à quelques dizaines de mètres de lui, certains d’entre eux avaient d’ailleurs vaporisé une partie de leurs poursuivants, poussant les autres à se replier. La flotte impériale encaissa le plus gros des tirs sans répliquer, surprise par cet assaut inattendu. Les boucliers du vaisseau en tête de formation ne tardèrent pas à céder et son poste de commandement fut désintégré par un tir chanceux, rendant totalement anarchique les réactions du navire. Les vaisseaux restant lâchèrent une bordée puis se mirent en position de repli, bien conscient que l’issue d’une bataille à deux contre un ne pourrait être que funeste pour leurs rangs. Au même moment, le brillant pilote du Hawk1 sembla un temps capable de semer les missiles lancés à leur poursuite. A grand renfort de contre-mesures et de leurres défensifs lâchés dans son sillage, les missiles étaient déroutés les uns après les autres mais c’est la mécanique qui mit un terme à ce ballet mortel. La turbine principale bâbord s’enflamma quand son moteur pris feu sous la contrainte imposée par ce pilotage extrême. Puis le moteur explosa totalement, envoyant des shrapnels à travers l’habitacle du Thunderhawk, fauchant la plupart des raptors malgré leur blindage de céramite. Les alarmes de dépressurisation prirent le pas sur celles de proximité. Les marines du chaos eurent à peine le temps d’enclencher l’étanchéité complète de leurs armures qu’un missile éventra complètement l’appareil, suivi d’un second qui détona à l’intérieur du Thunderhawk, scellant le destin de l’appareil par une puissante explosion qui propulsa les occupants en tous sens dans le vide spatial. Comment les choses avaient-elles pu aussi mal tournées…Cette question lancinante hanta son esprit pendant de longues et douloureuses minutes. Il finit par trouver la force nécessaire pour ouvrir les yeux. Divers icônes lumineuses dansaient dans son heaume. La plupart de couleur rouge, ce qui n’était pas bon signe… comme s’il avait eu besoin de ça pour s’en rendre compte. Dans cet état de semi-léthargie, le seigneur du chaos repéra l’icône d’étanchéité de son harnois, l’une des rares à s’afficher encore en vert. Il ne put cependant s’empêcher de vérifier visuellement la présence de ses quatre membres. L’explosion de Hawk1 avait été violente et encore amplifiée par le phénomène de dépressurisation sauvage lié à l’impact du missile de croisière impérial. C’était déjà un miracle d’en sortir en un seul morceau mais ses traumatismes étaient sévères. Sévères même au point que son armure arriverait inéluctablement à court de drogues de combat anesthésiantes dans les prochaines minutes. Il flottait mollement dans le vide, il avait toujours trouvé la sensation d’apesanteur extrêmement désagréable. Aucun contrôle, totalement à la dérive, entièrement impuissant et à la merci du premier tir de suppression venu. Encore fallait-il qu’il reste un ennemi pour tirer sur lui. En face de lui, l’immensité du cosmos et sa noirceur infini. Il pivota sur lui-même du mieux qu’il le pouvait et l’effort lui arracha un grognement de douleur. Il aperçut à travers ses yeux mi-clos la radiance des tirs de laser lourd à quelques kilomètres de là. Ses dernières secondes de conscience lui indiquèrent que la flotte du chaos semblait repousser sans ménagement les navires impériaux et que, du reste il semblait totalement seul à des centaines de mètres à la ronde, aucun autre de ses légionnaires en vue. Il utilisa ses ultimes ressources pour paramétrer son écholocalisation et activer la balise de son armure. Puis il activa sa membrane cataleptique pour se plonger dans un état de coma volontaire, procédure standard en cas de blessure grave sur un théâtre d’opération non sécurisé. Son ultime pensée avant ce sommeil imposé fut à l’image de son existence : pragmatique, et il se dit simplement que ce repos serait peut-être éternel, cela ne dépendait plus vraiment de lui finalement... La première fois, ses yeux se rouvrirent subitement, il ressentit au plus profond de lui ce que signifiait être vide. Durant cinq secondes qui lui parurent une éternité, il ne se souvint ni de ce qu’il faisait là, ni de qui il était. Puis les souvenirs affluèrent petit à petit et de plus en plus vite, parfois dans un ordre contradictoire. Des souvenirs déplaisants comme le dernier raid de son groupe de combat avec son dénouement tragique dans l’espace. Plus dure encore, la nouvelle de la mort de son primarque, d’abord crainte sur Davin une première fois puis infligée de la main même de l’Empereur bien des année plus tard. Des bribes de moments glorieux se mêlèrent à ce tourbillon de nostalgie : son introduction au sein de la seizième légion et sa formation durant la grande croisade, le défilé sur Ullanor et la remise du titre de Maître de Guerre à Horus. Puis bien plus tard, après de funestes évènements, le siège de Terra, la bataille ultime qui vit combattre plus de héros que n’importe quelle autre. Les échos des anciennes victoires et des cuisantes défaites l’emmenèrent plus loin que son esprit encore affaibli ne pouvait le supporter et il sombra à nouveau dans l’inconscience, ignorant du fait qu’il avait été sauvé par ses frères. Son second réveil fut plus apaisé. Il s’aperçut cette fois qu’il baignait dans le liquide régénérant de sa capsule de soin. Il sentait à nouveau la force revenir dans ses membres et il donna quelques coups du poing sur la vitre blindée pour prévenir l’équipe médical de son réveil. Un serviteur hagard s’approcha, son cerveau compartimenté enregistra l’information et il suivi son programme interne qui lui commandait de partir prévenir l’apothicaire en faction. A nouveau seul, le seigneur de chaos laissa courir son regard sur le moniteur de contrôle de la capsule. Il indiquait qu’il était là depuis sept jours. Son état paraissait stable et ses blessures bien soignées. Les équipes médicales qui l’avaient récupéré n’avaient pas chômé et la liste des opérations qu’il avait subies était longue comme le bras. Une large silhouette apparue dans l’encadrement de la porte de l’apothecarium. A cette distance le liquide de la capsule rendit le visage du nouvel arrivant complètement flou. Ce dernier avança vers lui et le seigneur du chaos discerna d’abord un large sourire sur le visage de son bienfaiteur, puis il le reconnut. Il ne put alors réprimer un sourire en retour. Le space marine qui se tenait face à la capsule ne prononça que quelques paroles avant de repartir et de laisser son invité sombrer à nouveau dans un sommeil réparateur : Nous nous parlerons très bientôt Capitaine Kaosu. Mais sache que je suis ravi de t’avoir retrouvé en aussi bonne forme. Tu as vraiment l’art de te mettre dans des situations…. délicates. Son troisième réveil fut le bon. Ses hôtes l’avaient confortablement installé dans un vaste lit de repos. Ils avaient pris soin de lui remettre son armure énergétique. En se levant le seigneur du chaos s’aperçut que ses armes étaient posées sur une table ronde en pierre brut, non loin du lit. Il étudia rapidement la configuration de la pièce où il se trouvait. De grandes alcôves sombres et profondes s’enfonçaient dans les quatre murs. La décoration était spartiate, propice à l’introspection et à la méditation. Une arme étrange surplombait un petit autel dans la zone opposée à l’entrée de la pièce. Une sorte de tête de trident faite d’un alliage doré et patiné par le temps. L’arme, si s’en était bien une, semblait tout à fait adaptée pour être montée sur un gantelet d’armure énergétique. Une curieuse sensation de malaise envahit le seigneur du chaos tandis qu’il essayait de détailler un peu plus l’artefact, au point qu’il dut détourner son regard au bout de quelques secondes. Il scruta l’ouverture de la pièce, une élégante arche assez large pour laisser passer deux marines de front. Il écouta attentivement mais ne détecta aucun son ou mouvement menaçant. Il rebrancha néanmoins son gantelet énergétique sur son bras gauche et rangea son pistolet bolter dans son holster de ceinture. Il se sentait bien à présent, apaisé par le ronronnement continu émis par le réacteur énergétique de son paquetage. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas ressenti un tel apaisement. Il avait pourtant tout perdu, ses légionnaires, son vaisseau, sa quête de gloire… C’était peut-être là que résidait le secret de ce calme retrouvé : il n’avait plus rien à perdre. Il remercia d’une brève pensée les forces du chaos d’avoir épargné sa vie et se mit en chemin. Il franchit l’arche et l’architecture particulière du couloir, qui était en fait une coursive, lui indiqua qu’il se trouvait à bord d’un vaisseau spatial. Il ne tarda pas à croiser des membres humains de l’équipage, bien affairés, puis quelques serviteurs qui ne le remarquèrent pas davantage. Il en conclu à juste titre qu’il se trouvait dans les quartiers de l’équipage humain sur un vaisseau appartenant à la seizième légion. Il s’apprêtait à embarquer dans l’ascenseur menant au pont principal quand une voix humaine l’interpella : Attendez mon Seigneur ! Il se retourna et vit un jeune garçon au crâne rasé qui s’agenouilla devant lui. Une étoile à huit branches lui avait été tatouée sur le visage, son centre s’étendant à partir de la joue droite du jeune homme. Un aspirant de la légion comme il le fut autrefois : Pardonnez-moi mon seigneur, j’étais chargé de veiller sur vous et je me suis absenté quelques temps pour aller me nourrir. Je n’ai pas pu vous assister à votre réveil. J’accepte avec humilité toute sentence de votre part et…. Relève-toi humain car je n’ai nul besoin d’être assisté pour quoi que ce fût. Pourtant, sans mon assistance, je crois que tu serais encore en train de tourner sur toi-même quelque part entre deux étoiles, dit dans son dos une voix qui ne pouvait pas être celle d’un humain. Le seigneur du chaos esquissa un sourire et se retourna vers son ancien compagnon d’arme qui sortait de l’ascenseur. Il était escorté par deux autres marines de la Black Legion qui restèrent en faction près de l’entrée. Oko mon ami, c’est un plaisir de te revoir. Comment dois-je te nommer à présent ? Sorcier ? Commandeur ? Ou bien les deux à la fois peut-être ? Restons simple Capitaine Hanta Kaosu, pour toi « Oko » sera bien suffisant. Alors merci Oko. Il semblerait que j’ai eu beaucoup de chance, mais tu sais bien ce que je pense de la chance…. « La chance est un hasard qui se provoque », oui, j’ai dû entendre ça une petite centaine de fois sous tes ordres. Et je ne peux pas te donner tort. Une fois encore, ce sont mes visions qui m’ont ramené vers toi. J’ai vu les grands périls qui te guettaient et Il m’a demandé de te secourir car Il m’a montré les projets qu’il avait pour toi. « Il » ? Le Grand Architecte. Le seigneur du chaos ferma les yeux en secouant légèrement la tête, comme s’il doutait de ce qu’il venait d’entendre. Et tu as réussi à dérouter une flotte pour venir me chercher Oko? Impressionnant ! Je dirige cette flotte, Hanta. Tu es sur le Black Light, mon croiseur, et qui est actuellement le vaisseau amiral de cette flotte. Les autres commandants m’ont juré allégeance le temps que nous rejoignions l’Œil. A vrai dire c’est plus par intérêt que par obéissance : ils savent que je suis le meilleur navigateur qu’ils puissent espérer suivre pour rallier notre destination rapidement. Et ils ne veulent surtout pas arriver en retard… Un rassemblement d’envergure dans l’Œil, cela ne peut augurer que d’une chose…une nouvelle croisade noire se prépare. Mais je n’arrive pas à croire que tu sois prêt à laisser tomber les projets pour lesquels tu t’es tant investi au profit des ambitions égocentriques du Fléau ? Tous ces efforts, ces cultes secrets que tu as réussi à implanter, toutes ces machinations, ces complots et ces prophéties que tu sèmes depuis des dizaines d’années dans les systèmes impériaux du secteur. Tout ça tu comptes le laisser tomber pour cet idiot ? Hanta… toujours cette même rancune pour Ezekyle… mais je n’ai pas vraiment le choix. C’est lui qui nous donne les moyens de nous battre. Et même si mon esprit est libre, mes ressources proviennent de son bon vouloir. Je dois lui obéir. Regarde vers qu’elles extrémités ta soi-disant indépendance t’a menée. Après tant d’années à tenter de subsister par tes propres moyens, que te reste-t-il aujourd’hui mon ami? Le seigneur du chaos sera machinalement les doigts de son gantelet énergétique sous l’effet de cette attaque. Et pourtant il savait combien son interlocuteur avait raison. Il prit une profonde inspiration et expira lentement pour se calmer avant de poursuivre : Pourquoi es-tu venu me sauver Oko ? J’ai besoin de ton aide car tu as raison sur un point. Il me coûte énormément d’abandonner mes travaux dans ce secteur car je sais qu’ils peuvent se couronner de succès et retourner le pouvoir impérial d’ici peu de temps. Attiser la haine et retourner les humains contre leurs dirigeants à grande échelle est le seul moyen durable de prendre la main sur ces systèmes. Mais pour cela j’ai besoin que tu veilles sur les sectes qui se développent à travers tout le secteur. Mes cultistes ne sont pas encore assez nombreux pour se révéler au grand jour mais je sais que certaines cellules menacent d’être découvertes. Soutiens-les mon ami, deviens le protecteur divin que je ne cesse de leur promettre. Et ce sera sur tes victoires que se bâtiront les nouveaux credo de nos adorateurs. Oko, reste sérieux, comment veux-tu que je protège tes fanatiques dans un secteur entier à moi tout seul ? Il faudrait au moins une compagnie de combat au grand complet ! Tu effectueras des frappes chirurgicales là où le besoin s’en fera sentir. Tu divagues, c’est du délire…comment veux-tu que je sache où et quand intervenir, je ne suis pas un sorcier, je… Non Hanta tu n’es pas un sorcier, tu es bien plus que cela. Tu es un élu des Dieux car c’est Tzeentch lui-même qui t’a choisi pour cette mission. Suis-moi. Sans dire un mot de plus le sorcier retourna dans la pièce où le seigneur du chaos s’était réveillé quelques instants plus tôt. Hanta, te souviens-tu d’Erebus des Word Bearers ? Hanta sourit à l’évocation de ce nom. Même si j’ai l’impression que tu fais référence à une autre vie, il aurait fallu que je prenne un très gros coup sur la tête pour oublier cet illuminé ! Que vient-il faire dans ton histoire ? Erebus avait été initié dans bien des domaines par les loges Davinites. Entre autre dans l’art de se déplacer entre les mondes grâce à de puissants artefacts : les anathames. Des lames maudites ayant le pouvoir de déchirer le voile entre les réalités pour permettre des déplacements quasi-instantanés entre deux points de l’univers. Quelle est encore cette fable Oko ? Crois-moi Hanta, j’ai appris à maitriser cet art et je vais t’apprendre à t’en servir pour pouvoir te déplacer où bon te semble dans ce secteur galactique. J’ai fait fabriquer un anathame à trois lames spécialement à ton attention. Il est d’une grande puissance et t’ouvrira un chemin à travers l’Immaterium avec une grande précision. Le seigneur du chaos ne put s’empêcher de rires tout en passant sa main sur yeux et son front, puis sur le pourtour de son crâne rasé jusqu’à sa nuque. Je comprends tout à fait ta réaction Hanta. Je l’avais prévu. Le sorcier dégaina en un éclair une lame sombre comme la nuit qui se trouvait à sa ceinture. Le coup fendit l’air devant lui, ouvrant une plaie béante dans la réalité. Avant que le seigneur du chaos ne puisse réagir, le sorcier avait franchi le seuil de ce portail. L’instant d’après il reparut derrière lui, le portail infernal se refermant instantanément après son passage. Le seigneur du chaos se retourna et les deux marines du chaos se regardèrent fixement, en silence, comme pour faciliter l’acceptation de la révélation qui venait d’être faite. Bien... Admettons que cela soit possible. Comment pourrais-je intervenir au bon endroit, au bon moment ? J’imagine que tu as aussi prévu cette question ? Voilà ma réponse Hanta. Le sorcier claqua des doigts et cinq énormes molosses, jusque-là tapis dans l’ombre, surgirent des sombres alcôves de la pièce. Ils étaient plus massifs que des marines en armure. Des corps de loups géants, hérissés de piques jonchés de macabres trophées de bataille et des faciès bestiaux ou dérangeants, issus des cauchemars de l’humanité. Mais ce n’était pas tant l’apparence des créatures démoniaques qui choqua le seigneur du chaos que leur aptitude à la discrétion. Malgré ses sens surhumains et les détecteurs de son armure il n’avait pas été capable de repérer leur présence. Ce sont des enfants du chaos Hanta, et je suis leur père. Je les ai créés dans l’unique but de t’assister dans ta tâche. Leur mission est de te guider pendant tes passages dans l’Immaterium pour trouver les points de sorties qui te mèneront à mes cultistes. J’ai lié leurs âmes damnées à celles des responsables de mes cultes. Ils ressentent fortement les prières qui implorent l’aide des Dieux sombres, et cela n’importe où sur les systèmes alentours. Lorsqu’ils commenceront à s’agiter tu n’auras qu’à leur ouvrir un passage à l’aide de l’Anathame et ils te conduiront vers la bataille à mener. Il ne s’agira pas d’envahir une planète Hanta, seulement de discrètement faire disparaitre les forces sur le point de découvrir nos sectes. Oui, seulement… Tout ça à l’air si simple dans ta bouche Oko. Et ça le sera quand tu auras maitrisé le passage entre les mondes. Le sorcier laissa son ami digérer toutes les informations qu’il venait de lui délivrer. Le seigneur du chaos marcha lentement parmi les enfants du chaos, passant sa main dans la fourrure épaisse de leur pelage. Les bêtes adoptèrent instinctivement des comportements de soumission à son contact. Ils sont à tes ordres Hanta. Et j’ai une dernière surprise pour toi. Viens avec moi au hangar principal de l’armurerie. Les deux héros de la Black Legion firent résonner le hangar de leurs pas rendus lourd par les imposantes armures qu’ils portaient. Peu de personnel, en dehors des artificiers de la légion, accédait à cet espace dédié à l’entretien et au rangement de toutes les armes utilisées par les légionnaires, en dehors du bolter que chaque marine conservait en permanence avec lui. Le sorcier appuya sur un interrupteur qui déclencha l’illumination d’une petite zone en bordure des raques remplis de diverses armes lourdes. Sous la lumière trônaient six motos astartes en parfait états et aux couleurs de la Black Légion. Deux d’entre elles avaient troqué leur armement standard, à savoir deux bolters jumelés intégrés à l’avant du carénage, contre un fuseur, redoutable contre toutes les cibles puissamment blindées. Une autre moto se démarquait clairement, enjolivée par un niveau de finition au-dessus de la moyenne, digne d’un capitaine de la Légion. Celle-ci t’est destinée Hanta. Elle est parfaite. Et les autres ? Pour qui sont-elles ? Tu n’es pas le seul survivant de ton groupe de combat mon ami. J’ai pu récupérer cinq de tes motards. Mais aussi forts soient-ils, ils n’ont pas ta résistance ni ta stature. Ils sont encore en salle de soins. Ils devraient être sur pieds d’ici quelques jours. Et c’est juste le temps qu’il me reste pour t’entrainer à manier ton Anathame. La vue de ces équipements parfaitement préparés pour le combat, la satisfaction d’avoir encore un escadron à diriger sur le terrain, et, plus que tout, la certitude d’avoir un destin à accomplir pour le compte des Dieux sombres, tout cela acheva de le remplir d’une furieuse volonté de combattre au plus vite. Son calme et sa résignation s’envolèrent, remplacés par une soif d’action et de vengeance. Bien mon ami alors ne perdons pas de temps. J’accepte d’être ton chasseur. Montre-moi ce que je dois savoir et je veillerais sur tes cultistes jusqu’à ton retour. Alors nous plierons ce secteur à notre volonté pour les siècles à venir. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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