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[WHFB][VO] Thunder & Steel - Omnibus Dan Abnett


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Titre : Omnibus Thunder & Steel

Contient les romans Gilead Blood, Hammers of Ulric, Riders of the Dead et le Comics Warhammer

 

Auteur : Dan Abnett

 

Loin de l’agitation qui secoue le nouveau monde de Warhammer, j’ai décidé de prendre le temps de me replonger dans cet omnibus des œuvres Fantasy de l’auteur numéro uno de la Black Library. Car oui, avant d’envoyer des Fantômes héroïques terrasser les pires immondices de la galaxie avec un bon sens tactique (1), ou de dépoussiérer de la cave au grenier l’histoire du 31ième millénaire, Mr Dan Abnett a pondu quelques romans dans l’univers tout aussi glauque et tout aussi mal éclairé de Warhammer Battle.

 

Attention à celui qui s’aventure plus loin dans ces lignes, vous vous apprêtez à rentrer en un temps qui sens bon la poussière, le vieux fluff qu’on à laissé trop longtemps au cellier et des références qui ont perdu toute forme de sens il y à des années.

 

L’auteur :

 

Faire une présentation même non-exhaustive de l’œuvre de Dan Abnett pour la Black Library prendrais une chronique à elle seule. Pour faire simple c’est le nom qui te fait acheter n’importe quel bouquin GW sans même jeter un œil à la 4ème de couverture.

 

Dan donc est surtout un auteur de romans BL pour le 41ème millénaire et sa succursale l’Hérésie d’Horus. Son plus grands succès de librairie et pendant un temps critique est la saga des Fantôme de Gaunt, très proche de l’épopée militaire à la Sharpe Rifles (pour les passionnés de Sean Bean), mais ancré dans l’univers visuel de 40K. L’autre Magnum Opus de Mr Abnett est bien évidement le cycle Einsenhorn/Ravenor, sorte de Space Opéra mélangé à un film de Capes & d’épées.

 

 

Plus récemment, il a aussi été réquisitionné pour donner corps à la publication fleuve de la BL pour l’Hérésie d’Horus, avec des résultats dont je n’oserais juger, n’ayant lu que Horus Rising , mais dont les échos qui me sont parvenu sont pour le moins mitigés d’un roman à l’autre.

 

Le style Abnett peut se définir comme très cinématographique, alternant des scènes d’actions en général bien chorégraphiés et des dialogues percutants le tout enrobé dans une intrigue qui se donne le plus souvent la peine d’exister à défaut d’être toujours d’une logique ou d’un respect fluffique infaillible.

 

Car s’il y a un défaut à pointer du doigt dans les œuvres futuristes de ce cher Dan c’est bien que le récit et toutes ses composantes ne sont là que pour brillamment servir l’action. Les romans de Abnett, en particuliers ceux traitants de l’Inquisition comme Einsenhorn ou Ravenor ont une méchante tendance à introduire du fluff sorti de sous le tapis voir même de nulle part, la plupart du temps pour introduire des scènes d’actions grandiloquentes où très vite la vraisemblance laisse la place à la coolitude et demande au lecteur d’augmenter son niveau de suspension du sens commun vers l’infini et au-delà.

 

Dernier point important du style Abnett, des personnages souvent très bien brossé, du plus petit  extra au fond à gauche aux titulaires au premier plan. Abnett arrive en particulier à réaliser des personnages humains plus qu’attachant, une performance à noter dans le marasme régulier qu’est le répertoire de personnages de 40K.

 

(1) Et une sacré dose de PLOT Armor il faut parfois le reconnaître

 

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On commence en beauté avec :

 

Gilead’s Blood

 

Le Pitch (Issus du site BL et transcrite par votre serviteur) :

 

Gilead Lothain, guerrier exceptionnel et dernier de la ligné de Tor Anrok, chemine en étanchant sa soif de vengeance sur les créatures maléfiques qui hantent les forêts et montagnes du Vieux Monde. Accompagné de son fidèle compagnon Fithvael, le fataliste Gilead combat hommes-bêtes, humains corrompus, guerriers des Dieux Sombres et plus encore dans cette collection d’histoires pleines d’action.

 

L’histoire :

 

Gilead Blood est le regroupement de plusieurs œuvres de jeunesse de Dan Abnett avec sa partenaire Nick Vincent prenant place dans l’univers de Warhammer Battle. Publiés il y a fort longtemps, ces aventures se fondent sur un Background très ampoulé, à  la limite de la continuité canonique par endroit et font plus penser à Warhammer RPG premier du nom qu’à notre plus connus univers de bataille fantastique. Au programme : une tour d’elfes autarciques, une corruption chaotique insidieuse et des plans d’existence maléfiques parallèles, des elfes du Chaos, des chiens de guerres de tout horizon et plus encore !

 

Avant d’aller plus loin, il est important de signaler que cette toute première œuvre de jeunesse est le résultat, en part inconnu, du travail en commun de Abnett, Nick Vincent, et un certain James Wallis. Personnellement je n’ai pas ressentit au cours des nouvelles de ruptures de styles ce qui me laisse à penser que le gros du travail vient de Dan, à la différence de la lointaine suite Gilead Curse (1), qui d’après les retours que l’on trouve ici est très éloigné de la source originale et plus l’œuvre de Vincent.

 

Le style général des six nouvelles est franchement Grimdark tendance cul de basse fosse. Les paysans sont crasseux, les nobles et les puissants corrompu ou mesquin, si ce n’est les deux à la fois. Le Chaos est à la fois une menace insidieuse qui se cache potentiellement en tout homme, et pourtant dans le même temps quelque chose de si aberrant que ses incarnations dans le monde réel tiennent souvent plus lieu de la foire aux monstres et aux abominations contre-nature.

 

L’ambiance, plus intimiste y joue aussi un grand rôle. Les combats, même s’ils ont la part belle dans certaines nouvelles, ne sont pas ce qu’il y a de plus intéressant dans la geste de Gilead. Ce qui ressort de plus intéressant dans ces premières œuvres de jeunesse de Abnett, c’est l’aspect intimiste que l’on retrouvera plus tard dans les Fantôme ou Eisenhorn et Ravenor. Les personnages ici ne sont pas de ce marbre inébranlable dont ont érige en parangon des modèles de vertu. Ce sont des figures d’argile, malléables aux grés des sentiments profonds qui les pétrissent. Les événements qui surviennent dans leur vie les changent d’une nouvelle à l’autre et même parfois au cours de celles-ci. On suit une épopée, un voyage qui, sans être initiatique puisqu’à la fin on n’est pas vraiment plus avancé qu’au début, se rapproche à celui de la vie elle-même avec ses hauts et surtout ses bas.

 

Je ne rentrerais pas dans le détail de chacune des nouvelles, mais sans trop déflorer l’intrigue elles se déroulent dans un ordre chronologiques, suivant les aléas et les malheurs du brave Gilead qui comme tout elfe qui se respecte est la victime d’un destin taquin qui semble bien décidé à faire de son existence une longue succession de mésaventures cruelles dans la pure ligné du héro romantique (2) sombre et aigri. Jugez plutôt ! Gilead non content de perdre son frère jumeau dès les premières pages du roman dans une tentative de le libérer d’une bande de Rapetout assez peu avisés (3), se retrouve tellement traumatisé par la brusque rupture de leur lien gémellaire qu’il s’embarque dans une folle vendetta où il sacrifiera en plus des vingt plus belles années de sa vie presque tout le staff de combat-buttler de sa famille, la santé de son père et tout ça pour quoi ? Retrouver une baraque à moitié en ruine avec personne dedans pour l’accueillir et sans pour autant que cela n’y aie rien fait pour éteindre le feu de sa douloureuse culpabilité jusqu’à sombrer dans l’alcool et l’ennui…

 

Et Paf ! Vous le sentez le coup Jarnac dans les parties tendres des archétypes elfiques bon teint et propre sur soit ? J’espère que vous apprécierez par ce que ce sera comme cela presque tout du long. Gilead est une sorte d’Elric moorcokien  de WHB, tout y est : le teint pâle, les cheveux blanc javel, la quête sans fin et irréalisable porteuse de toutes les désillusions et de chacun de ses renoncements, etc…

 

Heureusement pour nous, car sinon la BL aurait dû vendre en même temps que chaque exemplaire de Gilead’s blood un flacon de Prozac, comme tout (anti)hero dépressif qui se respecte, et dans l’intérêt de notre joie de vivre et notre espoir dans l’humanité, Gilead est accompagné de son Alfred de service, le brave Fithvael qui a eu l’insigne honneur de cumuler auprès de son maitre les rôles de nourrisse, babysitteur, maitre d’arme, valet et enfin son meilleur car dernier compagnon (4). S’il n’est pas nécessairement bien plus guilleret que son maitre Fifi a pour lui la sagesse des anciens et permet de canaliser les pires tendances suicidaires de Gilead et éviter que cette compilation se termine abruptement à la quatrième nouvelle en le laissant littéralement mourir sur pieds (5).

 

Evidement l’autre raison de la présence du vieil elfe est aussi de servir de faire valoir aux prouesses martiales de son patron. Nous dirons, pudiquement, que Fithvael se débrouille pas mal pour un homme à tout faire de 300 ans et quelques, mais que les performances de Gilead sont clairement d’un autre monde. Abnett  est très sec sur le sujet, se contentant de faire de son héro une machine à tuer en série grâce à son aptitude à devenir shadowfast (6), ce qui se traduit par une vitesse digne du Flash permettant ainsi de décrire de façon efficace tout en restant suffisamment vague le trépas de ses ennemis. On retrouve ici clairement la technique de seconde zone de description de combat dite à la Gotrek & Felix consistant à avoir une machine à tueur au premier plan qui fait le gros du travail avec aisance et deux pas derrière un peu décalé sur la droite un type un peu en dessous qui gère les restes pour une action plus digeste. Cela dit je ne critique pas tant que çà, étant donné que c’est une formule littéraire tellement convenue que la vouer aux gémonies ferait disparaitre les deux tiers de la production mondiale de littérature Fantasy et SF bon marché (7).

 

Je conclurai ma critique en vous parlant un peu plus avant de la dernière nouvelle de cette compilation. D’abord par ce que c’est la plus aboutie stylistiquement et celle qui ressemble le plus aux futurs écrits de Dan Abnett, ensuite par ce que c’est un véritable exercice de style ce qui rend la critique à l’aune d’autres réalisation suivant le même canevas d’autant plus simple. Cette nouvelle pourrait tout simplement s’intituler : Gilead et les 7 mercenaires.

 

Toujours en quête de retrouver un jour une communauté de leur semblables où ils pourront trouver la paix, Gilou et Fifi (8) rencontrent un personnage de leur lointain passé qui les entraine bon grés mal grés à la rescousse d’un village racketté par d’horribles mercenaires entre deux CDD (9) en compagnie d’une flopé de héros riches en couleurs : un Chevalier bretonnien alcoolique à la dérive, un Lansquenet  Tiléen, la Princesse Xena, le Barbare Norse mono-neuronal, un Duo de pistoliers de l’Ostermark, le Haut elfe sur son poney magique, un Templier d’Ulric taciturne et bien sûr l’éternel jeune premier venu faire ses armes… une ode à l’héroïsme en technicolor. En face la plus belle bande de seconds couteaux patibulaire de ce côté du Reik avec : son chef mégalomane, son second lieutenant sanguinaire, l’ogre gargantuesque de service et plus de rufians génériques que n’en compte un épisode Star War.

 

Le roman, car cette fois ci il a bien le volume pour en mériter le tire, est une reprise presque plan pour plan des films de Kurosawa et de Sturges, du recrutement dans la cabane aux abords de la ville en passant par le casting des héros, l’entrainement au forceps des villageois, les premiers victoires grâce à l’effet de surprise, les premières défaites quand la cruelle réalité refait surface et le final dantesque sous la pluie où le grand méchant est vaincu sur le fils du rasoir au prix d’un dernier sacrifice, le tout servi avec la maestria chorégraphique d’un Abnett qui laisse entrevoir tout le talent qu’il déploiera plus tard dans ses grands romans à casting chorale comme les Fantômes.

 

Une très bonne lecture qui justifie de s’être parfois farcis les passages les moins inspirés des aventures de l’elfe le plus ronchon du Vieux Monde, à  la fois pour tout ce que Abnett fait à partir des sources archétypales de ce type de récit, et aussi pour le développement final de ses personnages qui se donne la peine de clore de façon habile et distingué la relation légèrement toxique entre Fithvael et Gilead et qui n’appelait pas vraiment à une suite.

 

Une petite anecdote pour finir. Comme je l’ai dit au début je n’ai pas remarqué de variation de style flagrante lors de la lecture de Gilead’s Blood qui semble ne pas souffrir des mêmes affres que son lointain descendant Gilead’s Curse, toutefois, après relecture des chroniques de Schattra sur l’objet du délit je pense avoir identifié un passage caractéristique du style de Vincent :

 

Entre deux assauts vaillamment repoussé par notre groupe de héro, Fithvael essaye de dérider un peu son saturnien patron en l’envoyant se mêlé à la population locale pour faire bonne figure. S’ensuit une scène délirante où Gilead va méticuleusement expliquer dans les moindres détails l’art d’affuter les différents types de lames… à une bande de marmots du cru ! Et non contant de les initiés à cette charmante pratique il va même tous les mettre à l’ouvrage, l’un astiquant un cimeterre, deux autres s’attelant à la hache à deux mains du barbare, etc… c'est clair qu'à l'époque on ne s'embêtait pas avec ces histoires de sécurité ou de travail des enfants... L’aspect irréaliste de la scène a un effet cocasse, renforcé par le sérieux très premier degré et l’absence de cohérence avec le comportement habituel de Gilou que cela confine au nanar ! Effet désiré ou hasard bienheureux ?

 

En Résumé :

 

Gilead’s Blood n’est pas une histoire des plus exceptionnelle, se contentant souvent de brosser un tableau au final assez convenu une fois les principaux jalons de Dark Fantasy installés. De même le plaisir de lecture est parfois un peu amoché par des longueurs mal géré et par des combats, qui quoique présent de façon régulière manquent un peu de reliefs, les mêmes schémas ayant tendance à se répéter d’un ennemis sur l’autre exception faite de la dernière nouvelle. Une contribution moyenne au catalogue si on compare à ce qui pouvais ce faire à la belle époque (Brunner, Fleischer, les premiers Gotrek et Félix), mais un bon premier début tout de même qui n'a pas à pâlir de son contenu. 

 

Cependant, s’il y a une raison de vraiment de se coltiner la lecture de Gilead’s Blood c’est bien de pouvoir observer l’évolution et l’aboutissement de l’écriture de Dan Abnett. L’autre bon point de cet ouvrage c’est de se replonger dans un Vieux monde bien ancien et moins binaire que ses plus récentes incarnations. A titre personnel j’ai trouvé cela assez plaisant de me confronter à un imaginaire et une illustration différente et jusqu’alors pour moi inconnue de WHBF, bien plus en nuance de noir et de blanc que la peinture un peu plus épique et bariolée qui me semble a fini par prendre le dessus à partir de la fin de la 6ème édition.

 

Au final on ne peut pas vraiment faire une critique de Gilead’s Blood seulement à l’aune de sa valeur littéraire. Il vaut mieux pour en apprécier le contenu garder à l’esprit le contexte historique de sa genèse et le considérer aujourd’hui un peu comme un objet d’étude archéologique autant qu’un recueil de nouvelles.

 

(1) Chroniqués par le volontaire Schattra ici

(2) Le genre Littérature du 19ème siècle, pas le vampire à paillettes du 21ème

(3) Brigands par ailleurs assez mal avisé ce jour-ci dans leur choix de monter d’un coup dans la chaine alimentaire du grand banditisme en milieu bucolique en passant directement du gros paysan du coin à l’héritier de la famille d’elfes des bois et son équipe complète de ranger-ninja…

(4) Le problème quand on a une longévité aussi éternelle qu’un elfe, c’est bien que si on se récupère un job à la con on peu le garder longtemps…

(5) Sérieusement la moitié de la nouvelle est consacré à Fithvael remettant Gilead d’un héroïque plantage windows (avec écran bleu et tout).

(6) Technique qui comme toute bonne attaque de japanimation est intraduisible sans tomber dans le ridicule…

(7) Et je m’en voudrai d’être le fossoyeur d’une industrie si prometteuse

(8) Je me permets ces familiarités car franchement taper à répétition ces noms à la typo aussi traitresse fini par me courir sur le râble.

(9) Carnages Dûment Dédommagés

 

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C'est tout pour le moment, la suite avec Hammers of Ulric, un autre roman feuilletonesque de Abnett avec pour décor et personnage Middenheim elle même !

 

 

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JutRed, je suis fan! Un immense merci de t'être attelé à cette imposante, mais très digeste chronique, et de t'être penché sur les travaux de jeunesse med-fan du gars Abnett.

Je m'étais promis de remonter à la source du "mal" une fois la chronique de la séquelle (qui porte très bien son nom) terminée, mais ta critique m'a poussé à franchir le pas dès à présent. Il me tarde de comparer les deux opus pour voir si c'était mieux avant, comme le dit le proverbe.

J'ai une question technique à te soumettre: est-ce que Gilead fait la rencontre d'un universitaire humain répondant au nom de Mondelblatt lors d'un passage à Nuln ? Ce personnage apparaît en effet dans le chapitre que je viens de terminer, et il me semble qu'il s'agit d'une vieille connaissance de nos héros...

À bientôt pour le prochain retour, dont il me tarde de savoir ce que tu as pensé.

Schattra, la naissance d'une légende
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  • 2 semaines après...

Deuxième volet de cet Omnibus Fantasy de Dan Abnett, le roman BL avec la couverture la plus criade qu'il m'aie été donné de voir :

 

 

hammers-of-ulric.jpg

 

 

 

Hammers of Ulric
 
Le Pitch (Issus du site BL et transcrite par votre serviteur) :
 
En la cité de Middenheim, une compagnie de Chevaliers du Loup Blanc se dresse pour défendre la cité et ses alentours face aux ténèbres. Alors que les forces du mal convergent aux pieds de l’ancienne forteresse montagneuse qu’est le Fauchlag, la cité du Loup Blanc, seul les templiers d’Ulric menés par le Commandeur Ganz et sa compagnie s’opposent entre la cité et son ultime destruction.
 
L’histoire :
 
Toujours par Dan Abnett, Nik Vincent et James Wallis (1), Hammers of Ulric est comme son titre et son résumé de 4ème page de couverture ne l’indique clairement pas, un roman feuilletons centré sur plusieurs personnages évoluant dans la merveilleuse si ce n’est un peu frisquette cité de Middenheim. Certes les chevaliers du Loup Blanc, véritables proto-space marines de l’aveux même de l’auteur font partie de la galerie de personnages et habitent de près ou de loin la moitié des récits du présent ouvrage, mais il faut aussi compter sur une petite cohorte de civil tel que la charmante servante love intrest de service, le sombre prêtre de Moor Dieter aussi Sherlock Holmes à ses heures, le grand escogriffe pickpocket rongé par la culpabilité, un sergent de la garde mi-comic relief mi-Mr Exposition, un baron du crime ventru et son âme damné de nain répugnant et j’en oublie d’autres…
 
La galerie de personnages est donc très bien fournie ne serait-ce que chez les chevaliers d’Ulric, entre le strict Commandeur Ganz récemment promu et forcé de faire ses preuves par rapport à son illustre prédécesseur,  Gruber l’officieux bras droit homme d’ expérience mais hanté par les batailles du passé, Aric le jeune porte étendard qui cherche sa place, Morgenstern le vieil ours un peu trop porté sur la bibine, Anspach le beau gosse sulfureux amoureux des femmes et des jeux d’argents et la bleusaille gorgé d’héroïsme. Sans compter les autres membres de la compagnie moins mis en valeur au fils des pages qui jouissent tous au moins d’un nom et d’un trait de caractère ou fonction les définissant. Le parallèle que l’on peu faire avec les Fantômes de Gaunt est saisissant, on est presque devant un pastiche.
 
Mais le véritable personnage principal de ce feuilleton c’est Middenheim elle-même ! Au fils de chaque nouvelles, Dan et ses comparses s’escriment vraiment à mettre au cœur de l’action et des enjeux la cité du Loup Blanc. Comme dans un Add-on pour Maitre de Jeu chaque facette de la métropole du Middenland est explorée dans ses moindres recoins au prétexte de servir de décor aux intrigues développées par Abnett. Du palais du comte électeur, avec son microcosme de serviteurs plus ou moins sympathiques, aux bas-fonds et caves lugubres des bas quartiers en passant par à peu près toutes les tavernes sordides, les temples à l’atmosphère ampoulée ou les places vibrantes de monde, aucun  effort ne sera de trop pour peindre dans les plus petits détails un tableau vibrant de la cité.
 
Et l’effort ici déployé ne l’est pas en vain ! Si Dan et ses collèges s’évertuent ainsi à nous faire découvrir le Fauschlag et ses habitants c’est bien pour établir un lien émotionnel entre le lecteur et la cité, pour que les aventures qui s’y déroulent et les conséquences qu’elles peuvent avoir sur elles nous tiennent en haleine, pour que le décor en somme soit plus qu’un élément de mise en scène, mais bien un élément primordial du récit au même titre que ses personnages.
 
Attaquons nous maintenant à la forme. Comme indiqué en début de chronique nous avons ici affaire à un feuilleton plus qu’à un roman ; une suite d’histoire et d’aventures ayant en commun des personnages et  évoluant de façon plus ou moins progressive autours d’un même lieu vers une action finale. Dans le même genre on est très proche d’un Tueur de Skaven(2)  de la saga Gotrek & Felix ou chez 40k d’un Ghostmaker de l’aveu même de Dan(3).
 
On peu diviser ces histoires en trois grandes catégories en fonction du groupe de personnages qui y sont les principaux acteurs :
 
Tout d’abord la geste brutale des chevaliers du Loup Blanc qui représente une grosse moitié du contenu de l’ouvrage. Ici on est dans du très classique récit BL de baston haubert au front marteau au clair. Nos chevaleresques héros y affrontent toutes formes de vils adversaires cela dit assez variés (4), dans les lieux les plus sombres de la région, forêt inhospitalières ou catacombes brumeuses au choix. On y botte des culs à tire larigot et à grands coups d’instruments contendants en se riant de la mort à grand renfort de Plot Armor (5) savamment utilisé dans le plus grand style Abnett ;  à savoir que nos héros ne risquent la plupart du temps pas grand-chose jusqu’au moment où l’action nécessite de remettre en place un peu de suspense et le sacrifice nécessaire d’un second rôle pour nous le rappeler.
 
 L’action est bien mené et les situations assez différentes d’une histoire à l’autre pour que çà ne se transforme pas en roman de Ben Counter, une variation bienvenue et renforcée par le fait que les nouvelles chevaleresque se suivent rarement plus de deux fois à la suite et comportent souvent un peu de développement des personnages (6).
 
Ensuite les enquêtes de Dieter, prêtre de Moor, deux nouvelles assez honorables au demeurant qui selon Dan sont surtout le résultat du travail de son complice James Wallis. Dans l’esprit ont est pas très loin d’un Zavant où l’intrigue commence toujours par une mort inhabituelle que le brave prêtre et aussi responsable du funérarium local se charge d’élucider… un pari sur l’intellect plutôt que sur la baston assez osé et rarement repris ailleurs dans le catalogue de la BL.
 
Mais comme on peut s’en douter Dieter n’est pas n’importe quel légiste moyenâgeux non ! Comme tout bon représentant de cette profession dans les œuvres de fictions il a son petit plus(7) pour résoudre les crimes que personne au demeurant ne lui a demandé de résoudre. Dieter a en effet un sombre passé de marchand sans scrupule s dont la vie a basculé le jour où sa femme et sa fille se sont volatilisée sans laisser de traces. De quoi attiser l’instinct suspicieux du bonhomme et une méchante tendance à chercher la petite bête, attitude assez pratique pour développer le récit qui s’il n’en tenait qu’aux hommes de la maréchaussée se terminerais bien vite par le constat que personne ne se soucis vraiment d’un cadavre de plus ou de moins dans le voisinage.
 
BL oblige chaque histoire se fini avec une petite tranche d’action pour faire digérer et heureusement pour nous, à la différence d’un certain pastiche de Sherlock maitre poussif des arts martiaux, force est de constater que Dan et Wallis savent rester consistant avec leur personnage et ne lui ajoutent aucunes compétences martiales indues pour se dépatouiller à la fin. Le résultat est donc  moins grandiose qu’à l’accoutumé, Dieter sans sortant plus souvent grâce à sa persévérance, un bon sens logique et pas mal de chance, aboutissant à un final qui permet au récit de garder sa cohérence et de ne pas tomber de façon absurde ou trop abrupte(8).
 
Le dernier type de récit suit la progression de deux personnages d’abord assez secondaires à l’intrigue, mais qui permettront de mettre en mouvement le final. Tout d’abord l’histoire d’un grand escogriffe, pickpocket de son état qui tombe part hasard sur un petit génie de la discipline doublée d’une naïveté à toute épreuve, association de talents qui permettra au plus rusé des deux de tirer profit de sa découverte pour s’en mettre plein les fouilles jusqu’à ce que son petit protégé ramène quelque chose qu’il n’aurait pas dû se procurer. Ensuite ont suit Lenya, servante d’un nobliau de la campagne récemment rapatrié en ville suite à un petit raid pas bien méchant ayant ravagée sa propriété. La charmante donzelle va profiter de sa nouvelle implantation pour partir à la recherche de son petit frère parti à la ville quelques temps plus tôt et qui depuis n’a plus donné de nouvelles, et c’est en persévérant qu’elle va tomber sur notre bel escroc précédemment cité, l’entrainant jusque dans les bas-fonds avec les conséquences qu’on imagine…
 
Ces deux nouvelles sont clairement en dessous du reste. Le problème n’est pas le style, acceptable dans l’ensemble, ni le sujet même si le twist de la seconde partie est gros comme une maison, non le vrai souci ici est que l’ensemble est noyé dans le reste du roman et n’est pas spécialement mémorable en plus de ne pas toujours être facilement situable chronologiquement.  Au final  elles servent surtout à faire se rejoindre certains éléments disséminé aux quatre coins des nouvelles pour le grand final tout en essayant de faire évoluer maladroitement leur propre intrigue.
 
Et c’est ainsi que l’on arrive au final qui se déploie dans les dernières pages du roman. Je n’en dévoilerais pas l’intrigue, pas vraiment pour éviter de gâcher le plaisir des curieux qui seraient amenés à s’y penché, mais surtout à cause de son manque patent d’originalité. En gros c’est la révélation au combien incroyable que tout étais lié, qu’il n’y a pas de hasard et qu’il faut se dépêcher d’aller faire dérailler cette odieuse machination qui menace de renverser toute la cité ! Combien d’histoires se finissent ainsi ? Je m’avancerais à répondre autant que le nombre de décimales de Pi.
 
L’autre problème qui découle de la construction de cette fin, c’est que toutes les qualités que l’on peut trouvé dans les nouvelles précédentes se retournent contre elle au moment où tous les personnages, événements et références aux aventures précédentes convergent au même endroit et au même moment dans un carambolage sans nom. Comme dans un film chorale chaque personnages, du plus insignifiant au plus illustre se doit d’avoir son paragraphe de gloire, ce qui quand on arrive à la fin d’un livre forcément limité en nombre de page aboutis souvent à quelques faux raccords et autres Deus Ex Machina pour finir dans les temps.
 
En fait c’est un peu le même problème que la fin de Ghostmaker qui lui, à force de passer tout son temps à introduire chaque personnage du roster n’avait plus la place pour amorcer l’action finale et se retrouvait à introduire au forceps son dernier chapitre et à le finir à la Micheal Bay à tel point que la conclusion même du bouquin se terminais avec une note en bas de page signalant que les événements semblaient si improbables qu’ils furent effacés des archives par soucis de cohérence avec la réalité.
 
Résumé :
 
Si je devais résumer mon impression finale de Hammers of Ulric je dirais que c’est un peu le Ghostmaker de WHFB. Les similitudes de formes, mais aussi de personnages vous sautent à la figure dès le premier regard (9).
Dans l’ensemble le résultat est assez plaisant à la lire il faut quand même le reconnaitre, Dan y faisant usage de ses talents de narration bien plus librement et efficacement que dans Gilead’s Blood ; on sent qu’il s’est opéré une sorte de maturité entre les deux ouvrages. L’influence de Wallis dans le personnage du prêtre de Moor est aussi assez agréable et suscite une certaines curiosité chez moi quand au reste de son œuvre, d’autant que le sujet en question est loin d’être inintéressant.
 
Cela n’effacera pas pourtant les passages un peu plus à vide ou moins inspiré du recueil, qui sans être illisibles ne sont pas pour autant très glorieux non plus. Comme dans toutes les séries il faut bien y mettre des fillers j’imagine.
 
Au final on se retrouve avec une moyenne honorable, de celles qui donnent une mention ras les fesses au Baccalauréat. Le fluffiste fan du grand nord y trouvera largement son compte, le rôliste aussi de délectera de quelques intrigues sobre mais pas si mal développées que çà, et le lecteur de la BL se dira que après tout il a déjà vu pire. On n’est peut-être pas devant du grand Abnett, mais on en a quand même assez pour son argent.
 
(1) Auteur du diptyque Mark of Damnation, Mar of Heresy, pour ceux qui comme moi se demandaient quelles étaient les références du type
 
(2) L’un des meilleurs si ce n’est LE meilleurs Gotrek & Felix écrit par William King si vous voulez mon avis (que je vous donne quand même)
 
(3) Pour ceux qui se demandent d’où me sort cette science infuse, il se trouve tout simplement que chaque roman est précédé en introduction par une petite bafouille de Dan ajoutant quelques précieux éléments de contexte concernant l’écriture de l’ouvrage, une attention vivement appréciée par votre serviteur
 
(4)J’ai beaucoup aimé les sortes d’esprits maléfiques d’Arabie, un vieux bout de fluff qu’on retrouve aussi dans l’excellent Zavant Konninger du plus qu’excellent Gordon Rennie
 
(5) Le Plot Armor est à la narration ce que le Spider sense est à Siper Man, à savoir un moyen bien pratique d’éviter de prendre miraculeusement des gnons jusqu’au moment où mettre le héros en difficulté sert le récit
 
(6) Bon c’est souvent du niveau de Closer rubrique qui sort avec qui, mais c’est mieux que rien
 
(7)  Une loi universelle semble s’abattre sur cette fonction qui affublera son titulaire d’au moins un trait de personnalité marquant, de l’accent exotique en passant par l’accoutrement gothique voir même dans certaines production au status de mort-vivant à part entière…
 
(8) Comme  Zavant qui commence avec les enquêtes de Sherlock et se finis comme les aventures de Jackie Chan
 
(9) Pour s’en prémunir munissez vous d’un gros marteau en mousse type Tape Taupes

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