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La Fuite d’Isha (OS)


ganonso

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La Fuite d’Isha (OS)

Elle fuyait sans même regarder en arrière.

 

Pourquoi tournerait-elle la tête ? Pourquoi voudrait-elle voir les clairières et les forêts qui, privées de sa présence et sa volonté, retournaient au néant ? Pourquoi voudrait-elle regarder de nouveau le champ de bataille où certains de ses frères avaient perdu la vie et les autres l’espoir ? Elle savait ce qui surgirait de sa mort. Elle savait ce qui naîtrait de son corps profané si elle succombait elle-aussi à la vague d’abomination qui la pourchassait. Elle ne pouvait pas le permettre. Sa mort. Sa vraie mort condamnerait ses enfants à l’extinction, les priverait du désir de se reproduire. Même ce destin serait plus doux que ce qui arriverait si elle succombait sans mourir. Ses enfants verraient alors leurs instincts les plus basiques réécrits depuis la Mer des Âmes. Ils étaient déjà damnés à l’instant même de leur naissance, condamnés aux tourments éternels par les fautes de leurs parents. Elle ne permettrait pas qu’ils soient corrompus dans le ventre de leurs mères, qu’ils entendent dès l’instant de leurs conception les murmures du Prince Noir. Plutôt les voir tous mourir en une génération plutôt que de lâcher une telle plaie sur la galaxie.

 

Donc elle courrait. Et elle n’était pas la seule. Seuls cinq dieux ne courraient pas. Deux d’entre eux étaient morts, tués par la lame, le poison et l’abandon de leurs autels. Asuryan et Ereth Kial, le Roi Phoenix et la Reine Blafarde, si souvent opposés et maintenant unis dans le même trépas et le même destin car deux fléaux avaient surgi de leurs cadavres divins. Des cendres de l’oiseau de la création le Soleil d’Emeraude était né, et des os de la Reine de Miraï la damnation des Eldar avaient été forgée.

 

Khaine avait été brisé dans la dernière bataille, refusant jusqu’à la fin d’invoquer le royaume d’airain et de sang qu’il avait combattu et aimé d’égale mesure. Ses réceptacles avaient été préparés depuis longtemps, trophées de la Guerre Céleste transformés en instruments de conquête. L’ironie que les outils de rébellion du Tueur de Nations soient devenus l’un des seuls espoirs des mortels était visible, même pour Isha la fuyarde. Quant au dernier qui était encore libre…

 

Cegorach, le Dieu Moqueur avait abandonné son manteau divin. Il l’avait brisé en myriades d’éclats caché dans le cœur des vivants aux quatre coins de l’univers. Même les aspects du Prince des Excès ne pourraient jamais les retrouver tous. Le dieu déchu avait diminué en puissance et position, renonçant à son pouvoir pour s’incarner dans l’espace crépusculaire de la Toile. Il n’avait pas fait autrement lors de la guerre contre les Yngir affamés d’étoiles. Il se cacherait et peut-être qu’il rirait le dernier quand les ennemis des Eldar ne seraient plus que cendres. Les enfants d’Isha ne perdraient jamais l’envie de rire, même face aux tourments que l’univers leur enverrait. Elle ne savait pas si c’était une bénédiction ou une malédiction mais c’était quelque chose.

 

Kurnous, son mari, son amour, était mort et la chose enfantée par son cadavre la poursuivait implacablement. Donc elle courrait

 

Donc ils courraient tous aussi vite que leurs jambes pouvaient les porter. Ils plongeaient profondément dans les vagues de non-réalité. Par leur volonté le Warp acquerrait formes et symboles, forêts, montagnes et vastes mers qu’ils franchissaient en un bond. Ils courraient. Ils courraient encore car il était désormais impossible de gagner et leur mort signifierait donner naissance à des monstres et pires que des monstres. Ils courraient sans honte car leur plus grand guerrier était tombé et leur roi avait perdu sa couronne et sa vie.

 

Ils courraient parce que la bataille avait été perdue avant même d’avoir commencé. L’Assoiffée était née, aussi jeune que l’univers, aussi vieille qu’un enfant à naître. Elle était née mais elle avait toujours existé, mais elle n’avait jamais existé. Elle avait réclamé l’existence et l’univers avait changé pour l’accommoder. Dans le monde matériel le paradoxe avait déchiré des milliards d’individus et plongé des centaines de mondes droit dans les griffes des Eidolons. Mais ce n’tait pas le pire, loin de là.

 

Le pire était que cela avait été prévu, cela avait été permis, cela avait été compris. Le dieu encore à naître avait été perçu. Certains avaient fui, certains étaient même parvenu à s’échapper pour le moment mais d’autres… D’autres avaient hâté la terrible naissance. D’autres avaient détruits les mécanismes qui pouvaient l’empêcher. Bien sûr Isha doutait que le résultat final était au goût des architectes de cette tragédie. Ils voulaient devenir des dieux capables de jouer avec leur empire pour l’éternité. Ils avaient été idiots et plus qu’idiots. Ils n’avaient compris qu’à la fin que bien peu de mortels étaient digne de devenir des dieux, et plus rares encore étaient ceux dignes d’être des Eidolons. Même les âmes des Eldars ne pouvaient résister quand les forces du Désir se manifestèrent dans toute leur puissance dans leurs cœurs et leurs esprits. La Soif avait été si puissante que ses victimes avaient été dévorées de l’intérieur, rejoignant le dieu qu’ils avaient créé, aveugles et idiots comme lui.

 

Ils avaient transformé Kurnous qui avait été Désir et maintenant le chasseur était sur sa trace. Ils avaient mené la vague de destruction qui avait forcé les dieux à abandonner leurs palais de lumières et voir leurs cités de bonheur sombrer dans la Mer des Âmes. Isha ne versait aucune larme pour les auteurs de cette tragédie, seulement sur leurs actions et ce qu’ils la forçaient à faire pour assurer le futur de ses enfants. Ce qu’elle n’aurait toujours pas fait si Lileath et Morai Heg ne l’avaient pas assurée que des plans avaient été conçus et que si les Eldar survivaient, il viendrait un temps pour se venger.

 

Donc elle courrait. Elle courrait vers le frère de son vainqueur, vers Nurgle qui est le patron de toute lutte sans espoir et qui donne la force de mourir debout. Les hautes forêts corrompues s’ouvraient devant elles et derrière elle le chemin se refermer pour entraver ses poursuivants. Les Eidolons du Seigneur de la Déchéance comprenaient ce qu’elle voulait faire et envoyer leurs armées contre Slaanesh. Ils créaient un chemin pour qu’elle puisse les rejoindre et enfin elle voyait sa destination.

 

Une clairière d’arbres toujours verts où elle s’arrêta un moment. Le pouvoir de ce royaume, du corps-monde de Nurgle, l’avait longtemps tenté mais même dans les donjons de Khaine elle avait refusé d’y faire appel. Maintenant elle n’avait pas le choix. Elle ne pouvait pas courir vers le Seigneur des Crânes parce que cela aurait infecté ses enfants avec sa rage. Elle ne voulait pas trouver refuge dans l’Architecte du Changement car cela aurait signifié laissé les Eldar devenir totalement étrangers à eux-mêmes. Elle venait demander l’aide de Nurgle, dieu de la détermination, de la mort mais aussi de la renaissance.

 

Le Chasseur derrière elle jaillit dans la clairière, tête cornue, masque bestial, yeux pleins de blasphèmes. Elle vit ce qu’était devenu son mari et elle pleura car ses enfants n’avaient plus de père. Elle vit le désir ardent et la peau pâle et prit sa décision avant qu’il ne puisse porter la main sur elle. Combattre sans espoir, survivre à tout prix sans changer était son but et elle le déclara fièrement tout en absorbant le pouvoir de la clairière. Elle s’abandonna totalement à l’essence de Nurgle, alignant son esprit à celui de la divinité incompréhensible et recevant la couronne d’un Eidolon.

 

Les cris du Chasseur privé de sa proie furent sa première victoire. La terre s’entrouvrit et la dissimula pendant l’instant et l’éternité que dura sa renaissance.

 

Quand elle émergea la clairière était couverte de neige mais les arbres étaient toujours verts. Elle se leva dans des haillons blancs, vieillie de plusieurs millénaires. Un grand pouvoir était sien et elle l’utilisa. Elle parla à tous ses enfants vivants qu’ils soient sur les mondes Exodites, les grandes arches de l’espace ou la Cité Crépusculaire. Même ces rares survivants des Mondes Déchus entendirent son commandement à l’intérieur de leur essence, devenant une part essentielle de leurs êtres.

 

« Endurez. Par l’endurance devenez fort. »

 

Elle serait obéie. Les Eldar de toute sorte feraient des enfants, les élèveraient, tenteraient tant bien que mal de survivre même s’ils étaient conscients du sort final de leur race. Ils survivraient assez de temps pour que les plans des autres dieux se réalisent. Et sinon ils combattraient le Prince Noir et le priverait de son repas pour aussi longtemps qu’ils pourraient. Et même s’ils échouaient, même s’ils ne pouvaient qu’échouer c’était là une victoire.

 

Isha regarda ce que ses enfants avaient été, ce qu’ils étaient destinés à être. Elle s’accroupit dans la clairière et se mit à pleurer. Ses larmes tombèrent sur les Mondes Déchus, même ceux se tenant à la lisière du Grand Œil. Certains de ses enfants iraient les chercher et les utiliseraient pour défier Slaanesh, même par-delà la mort. Et tandis qu’elle pleurait, les âmes de ceux qui avaient tenté de changer leur société même en sachant que c’était impossible, les âmes de ces prophètes et devins qui avaient vu la Chute et étaient restés sur les mondes centraux. Ceux qui étaient morts en vain en tentant de sauver le plus de monde possible mais qui étaient morts avant la grande catastrophe et qui étaient donc libres de l’emprise de Slaanesh. Ceux-là s’élevèrent lentement du sol ou sortirent des arbres pour la servir. Et ils la serviraient pendant tout le temps qu’elle resterait dans le jardin qui est le corps et l’essence de Grand-Père Nurgle.

Modifié par ganonso
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Le 28/03/2017 à 09:15, fanfanzevich a dit :

:wub:

Bravo, je trouve ce texte très bien écrit, et voir la Chute par les yeux d'un des dieux du panthéon eldar, c'est une super idée!

Si je ne m'abuse, il n'est pas fait mention de Vaul. Est-ce un oubli ?

Merci

 

J'avais pas d'endroits ou je pouvais montrer le destin de Vaul mais dans cette interprétation il est devenu un Eidolon de Khorne, ce qui est visible quand on considère qu'en 10 000 ans les Eldars ont juste développé leur technologie militaire. Lileath and Morai-Heg ont rejoint Tzeench, donnant aux Eldars l'impulsion de changer leur destin.

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  • 5 ans après...

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