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Fluff Astra Militarum - CDW Avril 2018


Djassa

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Salut à tous,

 

Ayant pondu un bout de fluff pour présenter ma force dans un tournoi ce mois-ci (pratique encouragée et prise en compte dans les résultats ^^), je vous livre mes élucubrations ici histoire de partager le travail fourni.

 

Mes excuses pour les fautes de français que vous détecterez (j'ai relu mais il doit en rester...), bonne lecture !

 

NOUVELLE AFFECTATION

 

 

La météo est exécrable. Une pluie battante balaye la carlingue de mon transport. Je suis crevé. Pourtant ce ne sont pas les efforts physiques de ces dernières semaines qui m’accablent. Non, ça j’y suis habitué. D’ailleurs les entrainements quotidiens pendant les voyages inter-systèmes me permettent d’oublier pour un temps que je suis enfermé dans une boite de conserve géante.

Mais non. En fin de compte ce qui me pèse c’est cette nouvelle affectation surprise qui m’est tombée dessus alors que je venais de sortir premier aux tests de sélection pour le grade de lieutenant qui s’ouvrait dans mon peloton… Mon score était juste au-dessus de celui du sergent Braham, le foutu neveu du commandant de régiment… Et ce con aurait fait n’importe quoi pour placer son neveu.

Je me souviens encore de mon dernier entretien là-bas avec mon ex-commandant.

« Sergent Millers, je serais bref, vos précieuses compétences sont réclamées sur un autre théâtre d’opération. Vous êtes une centaine à être remobilisés ».

Il avait marqué une pause et avait eu ce genre de petit sourire qui vous fait dire que quelque chose de merdique va vous arriver… ça n’avait pas loupé…

« Et… je vois que avez été retenu pour une affectation qui mettra en valeur vos qualités hors normes. Vous nous remettrez vos effets de service, votre nouvel équipement vous sera remis à votre arrivée dans votre nouveau régiment. »

Ouai…

Bandes d’enfoirés va…

Et c’était parti pour un voyage inter-système de trois semaines dans une chambrée insalubre mais néanmoins individuelle, sur l’un des innombrables transporteurs spatiaux vétustes de la flotte.

 

 

Le pilote de ma navette de descente orbitale enclenche les réacteurs de poussée inversée tandis qu’il entame la fin de sa phase d’approche. La secousse me tire de mes pensées et j’essaie de me souvenir du nom du trou où l’on m’a affecté… Korda… Korta… Je crois bien que je me fous complètement du nom de ce système à vrai dire…

Nous débarquons directement en transport terrestre blindé, sans vue sur l’extérieur, parfait pour trouver ses repères ! Le road trip dure une demi-journée. Je n’échange que quelques mots avec les autres passagers, je suis encore d’humeur renfrognée apparemment. Le voyage est ponctué de quelques détonations sourdes au loin. Je peux me tromper mais pour moi c’est le bruit caractéristique de mortiers de gros calibre.

Le transport s’immobilise et la rampe arrière s’ouvre. Le soleil ne me fait pas mal aux yeux, c’est le moins que je puisse dire. Par contre une pluie continue et drue vient fouetter mon visage. Il n’y a que quelques mètres à parcourir jusqu’à l’entrée des baraquements mais cette distance suffit à me détremper. Une voix rauque nous accueille, celle d’un sergent d’après ses galons.

 

 

« SUIVEZ LE COULOIR JUSQU’AU BLOC 7, LA, VOUS RECEVREZ VOS AFFECTATIONS ET LES DOTATIONS QUI S’Y RAPPORTENT. EXECUTION.» 

 

 

J’y marche aussi vite que possible pour pouvoir me changer rapidement. J’examine brièvement les locaux, ça à l’air d’être du temporaire. Extrêmement spartiate et minimaliste de ce que je peux en apercevoir par les encadrements de portes qui débouchent sur notre couloir. Je me présente au premier comptoir disponible du bloc 7 où un bidasse recherche nerveusement ma feuille d’affectation. Ses yeux s’illuminent et il me délivre le précieux sésame avant de m’indiquer la zone de retrait des équipements. Je parcours le document des yeux pour y trouver la dénomination exacte de ma future unité tout en avançant d’un pas soutenu.

 

 

«Affectation : 8ème armée de pacification Korskienne / 8ème  régiment / 1er détachement indépendant de reconnaissance et intervention (1er DIRI)

Unité : 317ème section

Grade : Sergent »

 

 

Bon… Pourquoi pas. Il y aura de l’action au moins. Y a juste le terme « indépendant » qui me chagrine… peut-être parce que mon expérience traduit ça par : « sans soutien »… et ça ce n’est pas bon pour l’espérance de vie de mon unité sur le terrain. Perdu dans mes pensées et encore passablement agacé je percute un autre soldat qui arrive en sens inverse. Le choc me fait tomber et j’en déchire ma feuille d’unité…

De mauvaise humeur et de mauvaise foi, cocktail explosif, je commence à me relever en l’apostrophant :

« Tu peux pas regarder où tu vas enfoi…»

La fin de ma phrase s’éteint dans ma bouche quand je pose mes yeux sur lui. Ce soldat est une carcasse de facilement deux mètres, membre des forces spéciales vu la qualité de son équipement. Et lui n’est pas tombé ! Je me dis d’ailleurs qu’il ne doit pas tombé souvent. Engoncé dans une épaisse armure carapace couleur blanc givre, il me toise d’un regard noir. Il me saisit par l’avant-bras et me redresse vigoureusement. Je ne moufte pas et il reprend la parole.

« Ici on ne laisse personne à terre sergent…»

Puis ses yeux balaient rapidement les lambeaux de ma feuille d’unité et il ajoute avec un léger sourire : « Quelque chose me dit qu’on va se revoir très bientôt.»

 

 

Décontenancé par la rencontre, je reprends le fil de mon périple et récupère mon équipement. Un uniforme gris uni avec trois chevrons argentés cousu sur l’avant-bras gauche pour signifier mon grade. Je retrouve aussi le traditionnel pack casque plus gilet flak, de couleur noire métallisée, arborant une large bande jaune sur le casque et les épaulettes ainsi que des symboles impériaux d’usage. Sans oublier le numéro de ma section sur chaque épaulette. Je suis agréablement surpris par la présence d’un headset composé d’un microvox et d’un écouteur intégré à l’intérieur de mon casque. Le tout à l’air costaud. C’est aussi le cas du pistolet laser dans son holster et de l’épée tronçonneuse réglementaire. Tout ça est parachevé par un chapelet de grenades à fragmentation et… une paire de jumelle… Ah oui ! C’est vrai…Je suis dans une section de reco ! Je remarque que tous les nouveaux se rendent dans une vaste salle de briefing. Je leur emboîte le pas, mais au moment de franchir l’entrée, le garde qui contrôle nos feuilles d’unités pour nous placer m’invite à patienter à l’extérieur. Je vais être « pris en charge » directement par un membre de mon détachement. Faisons comme ça.

 

 

Quelques minutes plus tard, j’ai eu le temps de m’équiper, et c’est un alter–ego que je vois arriver vers moi.

« Bienvenue sur Korska sergent Millers, je suis le sergent Dal. Je t’appelle Millers et tu m’appelle Dal si ça te va, autant faire simple.»

Je ne sais pas vraiment pourquoi mais ce gars m’est sympathique.

« On fait comme ça Dal.»

« Suis moi, notre détachement est installé un peu à l’écart, près des aires de décollage, prêt à partir à cause de la sortie de ce soir.»

« Ce soir ? »

« Ouai, tu vas vite être dans le bain.»

« Fais chier.»

« Ah, toi tu es direct au moins, c’est parfait. Allez viens que je te présente tout le monde.»

 

 

On ressort sous la pluie battante, je peux constater que nos tenues sont adaptées, l’eau glisse sur mon treillis sans s’infiltrer, c’est déjà ça. Rien de pire que de devoir se battre tremper. Dal profite du trajet pour m’expliquer la situation sur Korska. Augmentation énorme de la dîme il y a cinq ans pour faire face à des incursions Orks massives dans le système. Un soulèvement populaire de contestation l’année suivante réprimé dans le sang, puis le conflit s’embrase à l’échelle planétaire en une guerre civile meurtrière. Scénario classique, les forces de défenses sont débordées, font appel à Terra qui dépêche une flotte pour mater la rébellion. Trois ans plus tard nous sommes là pour reconquérir le champ de ruines qu’est devenue la planète. Nous, la 8ème armée de pacification Korskienne, sommes ici pour éradiquer toute présence rebelle sur un secteur urbain comprenant la capitale de Korska et sa proche banlieue. Notre camp de base bouge tous les dix jours en moyenne au fil de notre progression. Dal me dit néanmoins que plus on approche du centre de la capitale, plus cette progression est longue. La résistance est plus vive et les rebelles semblent disposés de davantage de moyens. Il se met à chuchoter pour m’expliquer que certains soldats auraient affronté des entités non-humaines inconnues combattant aux côté des rebelles. L’information est remontée rapidement en haut de la chaîne de commandement et une équipe inquisitoriale est arrivée il y a deux semaines pour enquêter. Il baisse encore d’un ton pour me dire que depuis le début de l’enquête, quatre sections complètes ont disparus mystérieusement en mission sans que la moindre info n’ait filtrée sur la cause de leur disparition.

 

 

Nous n’avons pas le temps  de développer le sujet car nous arrivons à l’entrée de notre zone, et j’ai l’impression que ça l’arrange car le sujet le met visiblement mal à l’aise. Le garde en faction le reconnait et nous passons sans nous faire contrôler. Sur notre droite s’étendent les zones de transit de toutes sortent d’appareils, des transporteurs Valkyrie aux massifs bombardiers Marauder en passant par les célèbres chasseurs Thunderbolt. Sur notre gauche, des hangars, casernes et autres bâtiments divers. Nous pénétrons dans l’un des plus grands.

« Tu vois Millers, c’est là que le détachement crèche, tout près des appareils de projection rapide. En général on nous dépose dans un coin tranquille à quelques kilomètres de notre cible et on finit à pieds ou en Taurox. Enfin tu verras ça ce soir, petit veinard… »

Le clin d’œil qui ponctue sa phrase et sa tête foncièrement amicale parviennent à m’arracher un sourire.

« Là, on a notre armurerie personnelle, d’ailleurs tu peux voir nos deux sections de soutien en train de finir la maintenance et l’assemblage de leur matos»

Effectivement, deux unités de six hommes chacune s’affairent à nettoyer et monter des mortiers et des canons lasers. Finalement le détachement aurait un peu de soutien longue portée, tant mieux.

Nous poursuivons et arrivons sur un pas de tir.

« Ici c’est le défouloir ! Là-bas ma section s’entraîne sur du tir à trente mètres. Entre la poussière et les couverts, on tire rarement plus loin dans les magnifiques ruines de Korska. Tes gars à toi sont en entrainement close combat au fond du bâtiment apparemment, mais d’abord faut que je te montre les Taurox.»

 

 

Nous pénétrons dans un hangar où sont alignés une centaine de véhicules terrestres très variés. Certains sont bâchés mais ce n’est pas le cas de nos Taurox. Deux camions blindés chenillés noirs avec des marquages colorés. Jaune pour l’un et rouge et blanc pour l’autre, le même blanc glaciale que celui du soldat que j’ai percuté à mon arrivée. Dal pointe du doigt le transport jaune et noir.

« Celui-là est chargé du transport de notre cher colonel Lars, il est piloté par la seule femme du détachement, Kira. Excellente pilote mais un sale caractère. En général quand ça commence à chauffer elle nous file un bon couvert et un tir de soutien longue portée ». Ce Taurox est équipé d’une paire d’autocanons et de bolter jumélés, plutôt léger comme couverture mais au moins on pourra s’extraire si la situation le demande. Mon attention se porte sur le second véhicule qui me semble bardé d’armes que je ne reconnais pas. Un double canon rotatif en tourelle et des fusils lourds sur les flancs. Il m’a l’air taillé pour la protection anti-personnel.

« Et lui ? Il est à nous aussi ? »

« Oui et non. Il appartient à une section de Tempestus scions qui nous épaule, nos anges gardiens à vrai dire.»

« Il a l’air plutôt suréquipé.»

« Attend de le voir en action ! C’est impressionnant la cadence et la précision que peuvent avoir ces joujoux. Je peux te dire qu’il font baisser les têtes en face.»

Je m’apprête à l’interroger sur cette section de Tempestus mais ma question s’évanouit quand j’entends le craquement caractéristique de décharges de fusil laser. Le bruit est atténué par les murs et vient d’une salle d’entrainement non loin. Dal le remarque et sourit.

« Hé ! T’as l’oreille fine Millers ! Ce sont nos francs-tireurs  qui s’entrainent sur un parcours CQB, des as de la gâchette. Viens les voir.»

Nous nous approchons de l’entrée et j’aperçois l’un des vétérans qui vérifie et recharge son arme en zone de préparation. Je ne peux pas voir son visage, dissimulé par un casque intégral mais je sais qu’il me voit quand il lève la main pour nous saluer. Nous lui rendons son salut. Je vois que Dal cherche quelqu’un du regard. Il interroge le vétéran.

« Sanzo n’est pas avec vous ? »

C’est une voix rauque, filtrée par l’émetteur vox intégré au casque du vétéran, qui répond à Dal.

« Il forme les gars de la 317ème au combat  rapproché. »

« Excellent ! Viens Millers, je vais te présenter notre fantôme. »

 

 

Nous franchissons le seuil d’une salle couverte de tapis d’entrainement matelassés, adaptés au travail au corps à corps.

« Tiens regarde c’est lui là, c’est Sanzo. Tu as de la chance tu vas le voir en action !»

Dal pointe du doigt un membre du détachement, un sergent vétéran de ce que je peux en voir, encapuchonné et de dos je ne parviens pas à voir son visage. Il fait face à trois hommes de la 317ème, ma section. Les hommes l’encerclent et passent à l’attaque, armés de bâtons d’entrainement. Ce Sanzo n’est pas particulièrement rapide mais chacun de ses gestes est effectué dans un timing parfait, esquivant les attaques et désarmant ses assaillants l’un après l’autre. Il se déplace de façon à ce que les trois autres se gênent mutuellement et au bout d’une trentaine de secondes mes trois hommes sont au sol, privés de leur arme. Durant l’échange aucun son n’a été émis par ce Sanzo et je comprends pourquoi lorsqu’il s’approche de nous. Son visage a dû être détruit car il a été remplacé par un masque cybernétique assez rustique. Inutile d’y chercher une bouche.

« Branche ton com-vox Millers. » me dit Dal.

Je m’exécute et j’ai une communication entrante. Une voix masculine teintée d’un accent que je ne parviens pas à identifier se fait entendre dans mon casque.

« Bonjour sergent, je suis Sanzo Shi-An. J’ai une préférence pour la communication radio, plus discrète, mais je peux également m’exprimer… »

 

Un cliquetis se fait entendre dans le masque de mon interlocuteur et c’est une voix mécanique et pesante qui en sort pour finir la phrase.

« …de façon plus conventionnelle, bien que paradoxalement moins humaine dans sa forme. Je vous laisse faire connaissance avec vos hommes mais sachez qu’ils ont encore besoin de travailler avec moi.»

Il nous salue en partant et je pose un regard interrogateur sur Dal.

« Il est doué, c’est clair, mais pourquoi vous l’appelez le fantôme ? »

« Il est unique en son genre, capable d’infiltrer n’importe quelle zone avec son équipe, les gars que tu as vu dans la zone CQB. Le haut commandement a donné son accord pour qu’il se constitue une équipe avec les meilleurs vétérans du régiment, tu le crois ça ! Quand ils apparaissent on sait que ceux d’en face vont morfler. »

« Et son visage ? »

« Une coutume barbare de son monde d’origine d’après ce que j’ai entendu dire. Mais ne compte pas le faire parler là-dessus facilement, les rares infos que j’ai proviennent des réquisitionnés appartenant à la même levée que lui. C’est un ruchier de basse extraction mais putain ce gars a une noblesse naturelle. Un an que je combats à ses côtés et il m’impressionne de plus en plus. »

« Je vois, si ce gars était né sous une meilleure étoile il serait déjà officier… »

« T’as tout compris Millers ! »

Un bip retenti simultanément sur mon com vox et sur celui de Dal.

« C’est le signal Millers, prends ton paquetage et rendez-vous dans une heure dans le hall 9 pour le décollage. On part en balade !»

 

 

Notre détachement est en mouvement. J’ai eu à peine le temps de me présenter à mes hommes que nous sommes déjà assis côte à côte. Nous avons pris place dans des navettes Condor. Ces modèles, d’ordinaires lourds et bruyants à souhait, ont été équipés d’étouffeurs acoustiques autour des moteurs et des turbines, ce qui en fait des appareils d’approche plutôt adaptés pour approcher en toute discrétion. Nous volons très bas pour éviter les radars et, à la faveur de la nuit, nous pourrons nous poser à un ou deux kilomètres de notre objectif sans attirer l’attention. Les haut-parleurs de notre sas se déclenchent. Je n’ai pas encore vu le colonel qui commande le détachement mais sa voix rauque et autoritaire me parvient pour la première fois et j’imagine déjà le genre de meneur qu’il peut être.

 

 

« Ici Lars pour toutes les unités, nous approchons de notre zone d’insertion en secteur urbain dense. Nous finirons la progression par voie terrestre sur les deux derniers kilomètres. Présence hostile supposée. Notre cible est l’ancien QG local des Adeptus Arbites, un bâtiment solide de trois étages mais qui a déjà bien souffert des combats. »

Une holo-carte en trois dimensions apparait dans notre sas, traçant notre itinéraire au fur et à mesure des propos du colonel. Jusqu’à la modélisation du bâtiment cible.

« L’unité du sergent Sanzo devrait être bientôt sur place. Il doit me confirmer la présence du commandant hérétique connu sous le nom d’Ixio. Si sa présence est confirmée notre mission principale sera de l’éliminer, de préférence avec preuves matériels, sinon vidéo. Présence de cultistes mutants probables, ne prenez aucun risque avec eux, pas de prisonnier.»

Ok…ramener une putain de tête au bout d’une pique quoi…

« Nous suivrons notre schéma de déploiement standard. L’ennemi ne s’attend pas à notre visite et le niveau de résistance estimée est faible. J’en profite pour souhaiter la bienvenue au sergent Millers. Sergent, il vous reste exactement quatre minutes trente-sept pour assimiler notre schéma de déploiement. L’Empereur nous garde… »

 «  …et nous gardons l’Empereur. » Répondirent-ils tous d’une seule voix.

 

 

Nous avons débarqué, personne ne parle. Nous avançons aussi silencieusement que possible, faiblement éclairés par la seconde lune de Korska. Les taurox sont restés en arrière avec notre colonel et un psyker fraichement affecté à notre détachement. Les deux véhicules sont prêts à foncer si nous devons ouvrir les hostilités. D’après ce que Dals m’en a dit, les psykers ont été affectés aux différents détachements suite à l’arrivée de l’équipe inquisitoriale, afin d’en savoir plus sur les potentiels alliés non humains des rebelles. Après une vingtaine de minute de marche nous prenons place en vue du bâtiment, nous n’avons croisé qu’une patrouille que nous avons sagement laissé nous dépasser pour ne pas déclencher une fusillade précoce. L’édifice qui se présente à nous est massif, il avait dû être assez majestueux avant la guerre. Il est l’ombre de lui-même, parsemé de brèches, tout comme son mur d’enceinte. Malgré cela, il n’en reste pas moins un point de regroupement idéal dans les environs, défendables sur tous ses axes, à condition d’avoir le personnel adéquat… Nos équipes d’armes lourdes prennent position dans des ruines à bonne distance du bâtiment. Ma section est en première ligne, prête à avancer ou à cueillir une contre-attaque. La section de Dal est en arrière du dispositif, en renfort et prête à intercepter des patrouilles qui tenteraient de nous surprendre. Je tente d’apercevoir l’unité de notre fantôme qui doit rôder quelque part mais sans succès. Nous n’attendons plus que le feu vert du colonel pour intervenir.

 

 

Cela fait presqu’une heure que je lutte pour garder la concentration de ma section intacte lorsque nous apercevons un convoi de cinq véhicules légers et une dizaine de motards. Ils s’arrêtent quelques minutes au check point à l’entrée du mur d’enceinte avant de se remettre en marche et de pénétrer le complexe. Je les perds de vue. Une dizaine de minutes plus tard le colonel nous contact, le bruit de fond me fait dire que son Taurox roule et que l’assaut est proche. Ses paroles me le confirment rapidement :

« Opération activée. Confirmation de la présence de la cible. Attendez mon feu vert pour avancer. Bombardement préliminaire imminent. »

A peine sa phrase fut-elle finie que trois missiles frappent le poste de garde du mur d’enceinte. Six autres heurtent la cour intérieure sans que je ne puisse voir les points d’impacts. Mais les cris et le bruit de tôles froissées me laisse penser que les tirs ont fait du dégât.

« A toutes les unités,  Go ! Go !Go ! »

L’ordre du colonel nous fait sortir de notre abris, couvert pas les tirs de canons laser et de mortiers de nos sections de soutien. Je ne prends qu’un instant pour me retourner vers eux et je constate que le colonel se tient auprès d’eux, dispensant ses ordres à mesure que les données tactiques du QG lui parviennent. Cigare à la bouche, engoncé dans un lourd manteau de cuir et illuminé par les flashs des bouches de canon, il est un parangon de fierté martiale impériale. Je remarque que son bras gauche a été remplacé par une prothèse mécanique et je note mentalement de demander des explications à Dal sur ce sujet. Nous poursuivons notre avancée mais ma section est arrêtée au mur d’enceinte par des tirs nourris provenant du bâtiment. L’un de mes hommes est blessé à la jambe et je suis forcé de l’installer à couvert pour le reste de l’opération. Nous répliquons mais une mitrailleuse arrose notre position, nous sommes cloués là. J’ouvre la fréquence de mon com-vox.

« Ici Millers, demande de soutien sur ma position. Un blessé léger. Essuyons un feu nourri. Arme anti-personnel, une vingtaine de contacts au rez de chaussée et premier étage. Terminé.»

« Dal pour Millers. Négatif pour moi. Je suis retenu sur ma position, nous neutralisons les patrouilles qui reviennent dans notre secteur. Terminé. »

« Lars pour Millers. Je vous envoie les Taurox pour vous dégager et poursuivre la progression. Terminé. »

« Bien reçu. Merci mon colonel.»

 

 

J’entends le premier Taurox avant de le voir, ses moteurs gonflés vrombissent et le véhicule nous dépasse à vive allure pour se poster à portée de tir des hérétiques retranchés. Il s’agit du véhicule marqué de blanc et de rouge appartenant aux Tempestus scions. Le Taurox se plante entre ma section et le bâtiment. A peine arrêté, ses doubles canons rotatifs de tourelles font pleuvoir un rideau de mort. Les impacts répétés autour des ouvertures fragilisent les murs, si bien que quand les munitions à tête explosive de ses bolters storm sont tirées, ce sont des pans entiers de maçonnerie qui tombent sur les défenseurs. Une dizaine d’entre eux sort de la fumée des décombres, encore abasourdis, la plupart sont fauchés par les traits concentrés de fusils radiants lourds, la dernière arme de l’impressionnant arsenal du véhicule. Nous en profitons pour continuer d’avancer mais au bout de quelques mètres de nouveaux tirs d’armes lourdes provenant du toit du bâtiment tuent mon homme de tête de façon aussi spectaculaire que sanglante. Nous nous remettons rapidement à couvert. Le second Taurox arrive et se positionne au plus près de notre position, sa porte latérale s’ouvre et sa pilote aussi mignonne que caractérielle nous invective :

« Magnez-vous le train les planqués ! S’ils abîment mon bébé à cause de vous ça va chier ! »

Délicieuse ! Ça ne m’étonne pas qu’elle soit la mascotte du détachement.

L’autre Taurox nous couvre difficilement car ses armes ne sont plus à portée efficaces et ses artilleurs peinent à aligner leurs armes vers le toit. Nous continuons donc d’essuyer des tirs, masqués par le véhicule salvateur, nous entendons les projectiles rebondir sur son blindage. Tandis que mes hommes embarquent je me demande pourquoi les Scions dans l’autre Taurox n’interviennent pas. La réponse ne tarde pas à se faire entendre : le bruit caractéristique d’un vol rapide et bas de Valkyrie. Sa baie arrière est ouverte et lorsque l’appareil passe au-dessus du bâtiment, une dizaine de Scions équipés de harnais de chute anti-grav en sautent,  lâchant dans leur descente un torrent de plasma et de laser sur les hérétiques postés sur le toit. Les tirs vers notre position cessent aussitôt. En bon chef de section j’embarque le dernier dans le Taurox et constate avec soulagement que Kira s’est arrêtée récupérer mon blessé. Elle démarre en trombe vers l’ouverture creusée par le premier Taurox au rez-de-chaussée.

Mon com-vox s’active.

« Leader Scions à tous. Toit sécurisé. Résistance modérée. Commençons progression pour exécution cible dans dernier étage. Terminé. »

 

 

Nous sommes presque arrivés au pied du bâtiment lorsqu’un marcheur de combat surgit au coin de l’édifice. Son pas est pesant et je crois reconnaitre une Sentinelle lourdement modifiée avec du blindage et des systèmes d’armes supplémentaires. Elle est ornée de divers trophées macabres organiques et parsemée de runes incompréhensibles. Le véhicule hérétique ouvre le feu et un puissant rayon laser frôle l’avant du compartiment de pilotage de Kira. Le flash du rayon l’aveugle temporairement. Elle perd le contrôle un instant et nous percutons le bâtiment. Le choc nous envoi au tapis dans le compartiment passager. Kira à l’air consciente, je l’entends pester et je me surprends à en sourire malgré la situation. La sentinelle ouvre le feu à nouveau et cette fois c’est un missile antichar qui vient percuter le flanc de notre transport. Le blindage tient bond mais le véhicule se renverse sur le flanc. Nous nous retrouvons projetés les uns sur les autres et deux de mes hommes sont assommés. Ils gisent inconscients dans des positions incongrus. Nous devons évacuer au plus vite et j’enclenche l’ouverture de la trappe arrière. Je suis contraint de laisser mes blessés dans le véhicule si je veux éviter d’autres pertes. Kira aussi nous pousse vers la sortie. Je constate à son absence de réparties cinglantes qu’elle est légèrement sonnée. Nous venons de descendre et je reçois un ordre direct.

« Lars pour Millers. Déplacez-vous légèrement en retrait de dix mètres pour attirer les tirs de la sentinelle sur vous et l’amenez dans le champ de tirs de nos équipes d’armes lourdes. »

« Bien reçu. Terminé. »

Encore un bon plan foireux qui nous oblige à faire les lapins à découvert. Je demande à Kira de rester à l’abri derrière son véhicule. Avec les cinq membres de ma section encore debout nous nous déplaçons en tirant sans grande conviction sur le poste de pilotage de la sentinelle. Nous avons de la chance, elle ajuste mal ses tirs de riposte. Un missile et un tir de laser lourd labourent le sol juste derrière nous. Nos équipes de canons laser sont plus précises et au moment où elle se trouve dans leur axe de tir, trois rayons traversent simultanément la cabine de pilotage du marcheur de part en part. La sentinelle s’écroule mollement sur le flanc dans un bruit métallique.

 

 

Nous nous dirigeons vers la sécurité relative offerte par l’ouverture dans le bâtiment et j’en profite pour faire un point rapide sur la situation. En levant la tête j’aperçois furtivement des flashs de lumière indiquant une fusillade nourrie au dernier étage, les scions font du ménage. D’autres flashs sont visibles au loin sur l’arrière de nos positions, Dal et sa section sont pris à parti par les patrouilles ennemies et sont soutenus par des tirs incessants de nos mortiers. Le Taurox des scions n’a pas perdu de temps et son équipage arrime un câble d’acier tressé sur le Taurox de Kira pour le remettre sur ses chenilles. Nous n’essuyons plus le moindre tir mais ma section progresse avec précaution dans l’obscurité ambiante du bâtiment. Nous enjambons les corps des hérétiques mis en charpies par la mitrailleuse gatling du Taurox scion. C’est plutôt écœurant à voir et je dois reconnaitre que le résultat est à la hauteur de la violence déployée. Nous fouillons la zone à la recherche de notre cible mais sans succès.

« Millers à tous. Rez-de chaussée sécurisé, cible non acquise. Quatre hommes à terre, trois blessés, un mort confirmé. Nous allons monter au premier par l’escalier principal. Terminé. »

Nous nous dirigeons vers les escaliers et c’est en général un point de ralliement stratégique en cas d’attaque. Nous nous attendons à une résistance bien ancrée et j’ai déjà armé une grenade à fragmentation en prévision de l’assaut. Nous progressons dans un lourd silence jusqu’au dernier angle de couloir avant le bas de l’escalier, seulement troublés par moment par les impacts d’armes lourdes qui font trembler le bâtiment. Un passage de tête furtif à l’angle me permet de confirmer que l’endroit est désert. Ils ont dû se retrancher en haut. Nous avançons et je m’aperçois que les hommes qui défendaient le point ont déjà été neutralisés… à l’arme blanche si j’en crois leurs blessures. Surement l’œuvre de l’équipe du fantôme. Discrets et efficaces ! Le premier étage est tout aussi dénué de vie. Des corps jonchent le sol ici et là mais aucun de chez nous, le boulot a été bien fait. Une lourde détonation à l’étage fait pleuvoir des lambeaux de plafond sur nous et quelques secondes plus tard une communication me force à arrêter ce qui reste de mon escouade.

« Leader scion  à tous, nous rencontrons une forte résistance au deuxième étages. Les hérétiques se retranchent avec des prisonniers dans une pièce fortifiée, sans doute l’ancienne armurerie. La cible est probablement là. Terminé. »

La communication est hachée et parfois couverte par les détonations.

 

 

L’équipe du fantôme se décide enfin à se manifester de façon tangible et lui donne réponse.

« Sanzo à leader scion, nous sommes près de vous. Je confirme la présence de la cible au deuxième étage. Continuez votre assaut, nous les engageons sur l’angle opposé. Terminé. »

Le colonel se mêle aux échanges.

« Lars pour tous. La situation à l’extérieur est sous contrôle mais plus pour longtemps. Le QG signale une dizaine d’appareils terrestres ennemis en approche. Dal et sa section vous rejoignent, accompagné par le psyker inquisitorial. Il vous reste environ quinze minutes. »

 

 

J’arrive avec mes hommes dans le hall central du bâtiment qui débouche sur l’ancienne armurerie. La zone est bien protégée par des cultistes surarmés et retranchés. Les échanges de tirs sont violents entre eux et les scions. Pourtant il ne fait aucun doute que la discipline martiale de ces derniers va finir par prendre l’ascendant sur ces rebuts dégénérés. Salves après salves les scions éliminent méthodiquement les défenseurs l’un après l’autre. Ce n’est qu’une question de temps avant que nous contrôlions la zone. Le temps… c’est précisément la ressource qui nous fait défaut.  Je vois au fond du hall la lourde porte blindée qui finit de se refermer sur un groupe compact de prisonniers dans en piteux états, enchainés les uns aux autres. Il me semble en reconnaitre certains qui portent des uniformes impériaux. Au moment où ma section s’apprête à prendre part à l’assaut, les fantômes de Sanzo arrivent sur le flanc de nos ennemis par une issue non surveillée. Deux des vétérans dégainent de longues lames effilées et s’occupent des cultistes les plus proches tandis que le reste de l’escouade mitraille dans le dos les défenseurs surpris. Les scions en profitent pour tenter une percée. Ce terrible feu croisé met fin à la résistance rebelle en moins de trente secondes. Mes hommes et moi nous contentons de les rejoindre en achevant les blessés.

 

 

Nos trois escouades se rassemblent près de la porte blindée en prenant soin de regarder si des pièges explosifs n’ont pas été disposés comme ultime protection. Arrivé au plus près de la porte nous entendons d’horribles cris d’agonies malgré l’épaisseur du métal qui isole la pièce. Je me tourne vers les autres sergents et je remarque que les casque du leader scion est fendu du sommet jusqu’au respirateur. Il a pris un sacré impact, nul doute que sans protection il serait mort. Il prend quelques secondes pour l’ôter et je souris en reconnaissant le soldat que j’ai percuté ce matin. Il me rend mon sourire et prend la parole.

« Ces enfoirés sont en train d’exécuter tous les prisonniers. Je veux tous les fusils à plasma en charge maximum, on va faire fondre cette foutue porte.»

Nos trois unités réunies totalisent huit lance-plasma et la lueur qui émane de leurs tirs combinés me force à détourner le regard. Les flasques de plasma finissent par se tarir, laissant une porte en fusion. Elle est toujours debout et la chaleur dégagée nous empêche d’approcher trop prêt. Le leader scions s’adresse une nouvelle fois à nous.

« Reculez à portée de grenades et mettez-vous à couvert. A mon signal vous balancez tout ce que vous avez. Cinq…quatre… trois…deux…un…lancez. »

Nous nous exécutons et la détonation est assourdissante. La porte vole en éclat, projetant du métal liquide dans toutes les directions. Il ne doit nous rester qu’une dizaine de minutes pour finir la mission. Nous nous approchons de l’entrée qui baigne dans un brouillard de vapeurs brulantes. Nous le franchissons prudemment. A l’odeur d’ozone laissée par les décharges de plasma s’ajoute celle d’un véritable charnier. L’explosion fragmentée de la porte n’est pas la seule responsable, la plupart des prisonnier ont été égorgés et éventrés. Nous pataugeons dans une mare de sang et de viscères. Ça me retourne l’estomac mais je tiens bon. Un râle rauque nous parvient du fond de l’armurerie, à mesure que nous approchons nous discernons une lumière indéfinissable et ondoyante à travers la fumée.

 

 

« Laissez-moi passer soldat. »

Le ton est autoritaire et vient de derrière nous. Un homme grand et dans la force de l’âge, vêtu d’un lourd manteau de cuir brun, arrive à notre hauteur.

« Je vais m’occuper de cette…aberration. »

Je reconnais à ses attributs la marque des psykers assermentés, en particulier le long sceptre qu’il brandit devant lui et dont l’extrémité commence à crépiter d’une énergie bleutée surnaturelle. Je suis le plus avancé dans la pièce et en passant à ma hauteur il s’adresse directement à moi en me regardant dans les yeux. Les siens sont devenus deux puits de lumière.

« Reculez avec vos hommes sergent, n’intervenez que sur mon ordre. »

« Bien Monsieur. »

Nous reculons tous de quelques mètres en gardant le psyker en vue. Il va devoir faire vite. Il est entouré d’un halo de plus en plus lumineux et s’avance vers une sphère compacte de brouillard d’où provient un râle grave. Je le vois s’arrêter net, juste quelques secondes avant qu’un assaillant se jette sur lui en traversant les sombres vapeurs éthériques. Je reconnais difficilement notre cible, le chef hérétique Ixio est déformé par d’hideuses mutations. Avant qu’il ne puisse l’atteindre, le psyker projette un champ d’énergie devant lui sur lequel son assaillant rebondis violemment avant de s’écraser au sol à ses pieds. Une voix surnaturelle semble surgir de la gorge du psyker.

«  JE TE CHASSE, CREATURE DE L’AETHER.  RETOURNE EN TON SOMBRE ROYAUME OU MEURT ICI, C’EST LE SEUL CHOIX QU’IL TE RESTE, ABERRATION»

 

 

L’hérétique se tord de douleur en entendant ces mots de pouvoir et bientôt son corps se transforme sous l’effet de spasmes incontrôlés. Sa masse augmente incompréhensiblement, il en devient méconnaissable. Ebahis par le spectacle qui nous est livré, aucun d’entre nous ne pense à activer son pix-enregistreur. Le psyker se décide à mettre fin aux souffrances de l’immonde créature en délivrant un barrage d’éclairs psychiques qui la fait exploser, projetant un ichor brun dans toutes la pièce. Une fois encore le halo du psyker le protège. A l’endroit où se tenait cette chose nous apercevons maintenant un phénomène surnaturel, comme une déchirure dans l’espace, une sorte de fine ouverture donnant sur un ailleurs que l’on devine richement coloré. Etrangement je me sens inexorablement attiré vers cette petite faille.  C’est la voix du psyker qui me sort de ma torpeur, il me parle par télépathie. C’est très perturbant et à voir la tête des hommes autour de moi je sais que nous sommes tous dans la même situation.

« Restez concentrés soldats ! Je dois circonscrire cette anomalie. Ayez foi en Lui car sa lumière nous protège.»

 

Le colonel interrompt cette scène surréaliste pour nous annoncer la suite des réjouissances.

« Ici Lars pour les unités dans le bâtiment. Les renforts ennemis seront là dans moins d’une minute. Le QG a validé ma demande de neutralisation par frappe aérienne. Deux escadrons de Vendetta sont en route pour opérer des frappes afin de les ralentir, il viendra ensuite vous récupérez sur le toit du bâtiment. Je me replie en Taurox avec nos sections de soutiens. L’Empereur vous garde. Terminé.»

 

 

Alors que je m’apprête à répondre, une forme humanoïde commence à sortir de la faille. D’abord un bras putréfié, puis sa tête cornue et cyclopéenne, et enfin son buste meurtri s’invitent dans l’armurerie. Alors qu’elle essaie d’élargir la faille avec son second bras le psyker lui décoche un coup de sceptre qui lui fait exploser la tête. La créature n’est pas encore retombée qu’une autre, plus petite et toute rose tente de s’extraire avec vigueur de l’ouverture. Elle semble avoir ses quatre membres directement reliés à sa tête. Elle caquète en s’engouffrant dans la brèche et bondis dans le dos du psyker en le griffant. Celui-ci parvient à la projeter vers nous. Nous tirons sur elle à bout portant, certains de nos tirs sont déviés inexplicablement dans des gerbes de couleurs irréelles mais la plupart oblitèrent la créature…qui se scindent en deux autres de couleur bleue. Elles tentent de s’enfuir et nos tirs croisés les fauchent près de la porte. En mourant elles se transforment  à leur tour en quatre petits familiers enflammés et passablement énervés. Ces choses font l’erreur de se jeter sur l’équipe de Sanzo. Je n’ai pas le temps de les voir découper ces manifestations étranges car un cri de douleur provenant du psyker me met en alerte. Une créature cornue et rouge sang se tient au-dessus de lui. Le psyker est à terre, il a lâché son sceptre et du sang perle du haut de son bras gauche jusqu’à sa main. L’apparition est comme obnubilée par le liquide pourpre qui se répand lentement au sol. Avant qu’elle n’ait le temps de lever sa lourde épée à deux mains, le leader scion lui décoche un tir de plasma surchauffé en plein torse. La créature, protégée par son aura maléfique, est néanmoins surprise. Elle ne parvient pas à esquiver le moulinet d’épée tronçonneuse que le scion lui envoie au niveau du cou. La créature hurle de rage alors que sa tête n’est plus maintenue à son torse que par un mince morceau de matière. Défiant encore un peu plus les lois de la nature, elle se remet en garde. Je me dirige vers eux pour l’attaquer à mon tour lorsque je suis intercepté par une créature à l’allure féminine hypnotisante. Elle est magnifique et je ne vois pas venir la monstrueuse pince tranchante qui sectionne mon épée et mon armure en un seul passage. Je suis choqué et du sang coule de mon torse blessé. Je n’ai même pas mal. Je n’ai jamais ressenti une telle sensation et je constate impuissant que j’attends sa prochaine caresse avec impatience. Elle n’arrivera jamais. Alors que je commence à me laisser tomber au sol, Sanzo surgit au-dessus de moi. Une passe d’arme comme je n’en ai jamais vue auparavant se déroule à quelques mètres de moi. Sa lame cherchant inlassablement le point faible de la créature qui bouge à une vitesse surhumaine. Je sens des mains m’agripper aux épaules et me tirer, je ne parviens pas à me relever. Je prends pleinement conscience de ma blessure et la douleur irradie dans tout mon corps, m’arrachant un cri.

« Alors beau gosse, on veut faire des câlins d’un peu trop près à la demoiselle ! »

Dal. Je savais bien que j’allais apprécier ce type.

« Allez, tiens le coup Millers, la cavalerie arrive pour nous sortir de ce merdier. »

Tandis qu’il m’éloigne de l’armurerie pour se diriger vers le toit, escorté par ce qui nous reste d’hommes, j’entends les tirs stridents de missiles air-sol lâchés par les Vendettas et les explosions meurtrières qui en résultent. J’ai de plus en plus de mal à garder les yeux ouverts. Une détonation sourde se fait entendre en provenance de l’armurerie, maintenant loin. Nous arrivons sur le toit et Dal m’installe dans un transport. Avant de perdre conscience je vois des scions ainsi que des vétérans de Sanzo monter dans d’autres transports. Nous décollons et moi, je m’envole doucement vers le blackout total.

 

 

                                           ---------------------------------------------------------------------

 

 

Je me réveille vingt-quatre heures plus tard dans une chambre de notre hôpital de campagne. Dal est là.

« Alors, bien dormi princesse ? »

 « T’as rien d’autre à foutre Dal ? »

« Moi aussi j’t’aime bien Millers ! »

Nous nous marrons connement comme seul deux frères d’arme peuvent le comprendre.

Je me remémore la mission et mon air grave est perçu instantanément par Dal.

« Ça va Millers ? C’était plutôt hard pour une première. Tu peux être fier tu as passé le bizutage avec succès sergent ! »

Cette fois je ne ris pas.

« J’ai quand même l’impression d’avoir servi de lapin pendant que les scions et les vétérans faisaient le boulot… »

« C’est pas complètement faux… il faut bien voir un truc quand même Millers, nous ne sommes pas les meilleurs épées de ce détachement ! Il faut croire que nous le servons mieux comme bouclier… »

Je souris. Servir et mourir. Ambitieux programme ! Je repense à mes hommes… et aux autres.

« Et les pertes Dal ? »

« Toutes escouades confondues on a perdu dix hommes, dont deux de la tienne. Vu comment ça a canardé on s’en sort plutôt bien.»

« Ouai, je trouve aussi.»

« Le psyker de l’équipe inquisitorial y est resté aussi, une grosse explosion dans l’armurerie juste après que je t’ai évacué, je n’ai pas tous les détails. Pour tout te dire son remplaçant a déjà débarqué… même dégaine mais en plus expérimenté je trouve. »

« Tu veux dire plus vieux ? »

Il sourit.

« Et ta blessure, comment tu te sens ? »

A cet instant, un soignant fait son entrée dans la chambre et s’excuse en voyant que je ne suis pas seul. « Pas de souci mais repasser dans cinq minutes, je vais bientôt laisser le sergent Millers se reposer »

La question de Dal sur ma blessure me ramène à la créature qui me l’a infligée…un sentiment de malaise profond m’envahit. Comme si les éléments d’un mauvais rêve se superposaient à la réalité de mes souvenirs.

« Dal, ces… choses….que nous avons affrontés là-bas… »

Il baisse d’un ton en regardant brièvement derrière lui.

« Justement, c’est pour ça que je voulais être là à ton réveil. Officiellement, tu n’as rien vu de spécial là-bas. Nous n’avons rien vu. C’est la version du compte-rendu fourni par le colonel. Lars a confirmé l’exécution du commandant Ixio mais sans pouvoir avancer de preuve matérielle ou vidéo. »

« Mais…pourquoi… ? »

Il baisse encore un peu plus la voix en se penchant près de moi.

« L’inquisition… je sais pas comment mais le colonel à l’air d’en connaitre un rayon sur eux… il parait qu’il vaut mieux ne pas avoir à faire à eux…dans notre propre intérêt... »

Je chuchote aussi bas que je le peux.

« C’est une foutue trahison et tu le sais très bien! Il suffirait qu’un seul gars présent sur l’opération lâche le morceau.»

« Pas une trahison, considère ça comme une omission… et ça vaut mieux que la mort. Tous les hommes sous les ordres du colonel le savent, crois-moi. »

« La mort ? »

« J’ai confiance en Lars… et lui n’a pas confiance du tout en l’inquisition, ça me suffit… »

Je reste sans voix.

« Je te laisse Millers où on va croire que je te drague. »

Curieusement son clin d’œil et son demi-sourire m’apaise un peu, je le regarde sortir, pensif.

Dans quoi ai-je mis les pieds ?

 

 

-END-

 

 

 

Modifié par Djassa
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  • 6 mois après...
  • 1 an après...

Vraiment très bon :)

Je suis rentré directement dans le récit, et n'en attend qu'une chose : la suite ^^'

 

On s'attache tout de suite aux personnages, contexte, enchaînement des événements, vraiment une facilité de lecture très appréciable (Je dit cela car je ne suis pas un grand lecteur par habitude) 

 

Enfin bref, du tout bon pour moi en attendant la suite des aventures de ce bon vieux Millers 

 

 

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