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Taurus23 Récits de campagne


Glid

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Bonjour à ceux qui passent dans cette section.

Avec des amis, nous avons récemment lancé une petite campagne à arborescence sur trois scénarios et certains d'entre nous se sont pris au jeu du récit.
Ce sont des textes courts, fragmentaires, décrivant des moments choisis de la guerre qui se joue. Le but n'est donc pas d'être exaustif à tout prix.

Si le début vous plait, je vous livrerai la suite. À ce jour, il nous reste encore un scénario à jouer.

 

En préambule, nous avons deux équipes de deux joueurs chacune.
Dark Angels et Chevaliers Gris
contre
Thousand Sons et Démons de Slaanesh.

 

 

Le contexte :

 

tl;dr : C'est une planète avec un artefact convoité par tout le monde, la bonne raison pour se foutre sur la gueule.

Révélation

 

    Les faits se déroulent sur Taurus23, une planète colonisée lors du moyen-âge technologique mais perdue depuis. 
    De part son isolement du reste de l'humanité, le niveau technologique sur Taurus23 a fluctué jusqu'à s'effondrer. Aujourd'hui, les populations humaines sont revenues à un niveau équivalent au XVIIIème siècle européen.
    La plus grande particularité de Taurus23 vient du fait que la majeure partie de la population est pratiquante d'un art quasi religieux, l’Art suprême : la philosophie. L’ensemble des choix fait sert à « gouverner » la vie de toute personne de ce monde et ces choix sont tous rédigés dans le grand livre de la loi : Le Grand Traité.
    De fait, même si des forces de l'ordre et militaires sont toujours nécessaires, l'hégémonie du Grand Traité implique que la règle d’or en vigueur depuis cinq siècles est de tout régler par la diplomatie. Les instances gouvernantes préférant choisir la meilleur solution en toute chose. 
    Un cas d'école de résolution de débat qui revient souvent est la recette officielle pour faire du pain, il a fallut 10 ans pour choisir si on met l’eau dans la farine ou la farine dans l’eau. La solution officielle fut de les mettre toutes les deux en même temps dans le pétrin.

    Elle fut récemment redécouverte par un libre-marchand et l'Imperium y a installé les administrations de base.
    Une ancienne ruine xenos fut découverte par les autorités impériales sur Taurus23. Les premiers résultats de l'analyse des ruines indiquent la présence de banques de données actives qui emmagasineraient des informations venues d'autres points dans la galaxie. Ces informations concerneraient plusieurs événements majeurs et des bribes de données décryptées auraient trait à des événements récents à l'échelle de la ruine tels que l'avènement de l'Empereur de l'humanité, la Chute des Eldars ou l'ouverture de la Cicatrix Maledictum. Ainsi, cette ruine pourrait faire partie d'un réseau plus grand observant peut-être la galaxie toute entière.
    Malheureusement, après le retour de ces premières observations prometteuses, tout lien avec l'expédition fut perdu et depuis, plusieurs intérêts convergent vers cette source de savoir au potentiel inestimable. 
    Parmi ceux qui ont eu vent de la trouvaille et qui réagirent le plus rapidement, les Dark Angels souhaitent éviter que leurs secrets ne soient ébruités et espèrent peut-être utiliser l'artefact pour traquer plus efficacement les déchus. 
Les machinations de l'Architecte du destin ont amené à la résurrection d'un prince démon de Slaanesh, amenant désordre et destruction sur Taurus23 tout en offrant des alliés potentiels aux serviteurs de Tzeentch, avides de connaissances.
Les Chevaliers Gris quant à eux, guettaient le retour du prince démon mais manquèrent de temps pour l'empêcher. Ils doivent maintenant bannir la présence démoniaque et, potentiellement, fournir un rapport détaillé des installations xénos à l'Inquisition.

 

 

Voici donc le premier texte issu de notre événement narrant ici le retour du prince démon de Slaanesh Gzyn'Naef'Voo sur Taurus23.

 

 

 

Sainte Gwenaëlle
Madone des Endeuillés


    Le maître et le novice arpentaient l'un des couloirs de la grande bibliothèque de la capitale.
Haarmon était l'apprenti et avait à l'étude la bonne durée pour une période de deuil. Le Grand Traité préconisait 6 ans pour un époux mort, 3 ans et deux mois pour une épouse décédée, 1 ans et six jours pour un membre de la famille proche. Selon la norme établie, au bout d'un an et six jours seulement il aurait du achever le deuil de sa fille car les enfants n'étaient comptés que dans la famille proche. Tout au plus, un amendement annexe lui autorisait deux cycles de lune complet en plus pour assouvir son chagrin. Cela faisait maintenant cinq ans et il comprenait par l'expérience que même cela n'était pas suffisant ; peut-être était-il nécessaire de faire rallonger cette période ou peut-être même fallait-il ajouter des épreuves physiques ou morales pour valider le deuil et pouvoir aller de l'avant.
    Haarmon avait étendu ses recherches au culte résiduel d'une très ancienne sainte de Taurus23 : sainte Gwenaëlle, madone des endeuillés. Gwenaëlle aurait vécu il y a plus de mille deux cent ans, soit avant l'avènement de l'Art Suprême, mais son culte était autorisé en attendant qu'un philosophe se penche sur elle pour formaliser son domaine en bonne et due forme. 
    Haarmon se rendait à la bibliothèque pour mettre la main sur le plus vieil ouvrage de référence sur cette sainte. Il accéderait peut-être au titre prestigieux de maître philosophe si ses recherches s'avéraient fructueuses et qu'il parvenait à formuler correctement les bonnes périodes de deuil.
    Il était donc accompagné de Aymeric Childeforth, son maître et éminent philosophe. Il y a six ans, Childeforth avait défini avec une extrême rigueur quelle intensité devait avoir une flamme, un feu ou un brasier pour punir par la brûlure nombre de crimes et de délits, tous soigneusement référencés dans un appendice juridique prestigieux du Grand Traité.
    Childeforth portait un œil critique mais bienveillant sur les recherches de Haarmon car si ce dernier parvenait à prouver que certains cas nécessitaient un deuil plus ou moins long et si ce deuil avait été provoqué par un crime, alors il devrait immédiatement travailler à un amendement pour réajuster ses propres travaux.

 

    Au cœur de la grande bibliothèque, dans l'obscurité de la salle souterraine où se trouvaient parmi les plus anciens codex de ce monde, Childeforth tentait de convaincre Haarmon.
L'ouvrage qui parlait de sainte Gwenaëlle mentionnait de nombreuse choses dont, selon les coutumes d'antan, un moyen d'entrer en contact avec la sainte directement.
    « Maître, c'est absurde. Personne ne croira à des divinations sorties d'un ouvrage écrit avant même l'établissement de la Philosophie.
    —Je ne dis pas qu'invoquer l'esprit de la sainte suffise à prouver vos théorie, rétorqua Childeforth. Je dis que, si tant est que cela réussisse, elle vous donnerai des réponses. Réponses à partir desquelles vous pourrez bâtir votre raisonnement.
    —Mais partir de la réponse pour établir le raisonnement qui justifie l'énoncé a été rendu inacceptable il y a plus de trente ans. Personne ne fonctionne plus ainsi, cela serait tout de suite décelé par le conseil des sages.
    —Vous savez ce que je crois? demanda le maître sur un ton compatissant. Je crois que la perte d'un enfant mérite un deuil infini. Je pense que vous devriez vous vêtir de noir jusqu'à la fin de vos jours. Vous, ainsi que tous les parents qui sont dans votre cas."
Au fond de lui, cette remarque détourna l'attention de Haarmon. Elle lui fit même plaisir. Un début de joie d'être compris.
    —Mais ce que je crois importe peu, reprit le maître. Lorsque j'ai établi mes théories de la Flamme j'étais comme vous. J'avais beau étudier et tester mes suppositions, rien ne fonctionnait. Il manquait toujours un paramètre ou une donnée. Cela va vous paraître surprenant mais souhaitez vous savoir comment l'on devient un maître Philosophe?
    —Maître, je vous écoute?
Childeforth esquissa un sourir d'exaltation. 
    —Il manquait toujours un paramètre ou une donnée, disais-je. A chaque condamnation, je testais mes hypothèses mais cela ne me satisfaisait pas. Pourtant, après une condamnation de brûlure de seconde catégorie, en contemplant un nouvel échec, la fumée de la brûlure me parla.
    —Pardon?
    —Elle me parla comme je vous parle, Haarmon. Vous savez, il est des choses que l'Art Suprême n'explique pas encore. Je cru cependant devenir fou mais je fis le choix d'écouter ce que la fumée me disait. Sa voix était ténue et ses indication peu précises, entrecoupées, mais à force d'essais je finis par reconstituer son message.
Elle m'indiquait exactement ce que je cherchais. Enfin je pus infliger la brûlure juste. Enfin je pouvais comprendre comment écrire ma thèse et je veux pour preuve de la justesse de mes propos que mes travaux sont dans le Grand Traité, approuvés par le conseil des sages.
    —C'est de la folie!
    —Vraiment? Mais je vous rappelle que vous n'êtes pas mieux vu. Vous transgressez le Grand Traité par votre comportement. Votre vie est articulée autour de votre fille disparue alors que vous auriez du reprendre une vie normale ! »
    C'était vrai. Les visites ponctuelles, plusieurs fois par jour, sur la tombe où reposait ce qui n'avait pas brûlé de son corps dans l'incendie. La lecture de ses premiers écrits dans un ordre précis, après chaque dîner, dans le fauteuil du salon. Les prières qu'il lui adressait à heures fixes en serrant contre lui le pendentif qui contenait une dent de lait qu'il avait préservé.
    « Vous vous complaisez dans votre douleur mais je sais que vous avez raison. Il ne tient qu'à vous d'aller chercher les clefs pour étayer vos travaux et vivre votre souffrance sous le regard compatissant, sous l'approbation de toute la société. Vos réponses sont là mais seul vous pouvez poser les questions. Je le ferai si je le pouvais car ces réponses m'intéressent mais il faut être sous le patronage de la sainte pour qu'elle réponde : je n'ai pas connu votre malheur. »

 

    Il y eut des débats, même après être sorti de la bibliothèque. Haarmon voulait croire à ce que lui avait révélé Childeforth mais sa foi dans la Philosophie l'en empêchait. Il aurait voulu dénoncer son collègue et ami aussi mais c'était son maître et il n'avait pas vraiment de preuves. Par égard pour ce dernier, il se tût.
    Il avait poursuivi sa lecture du codex sur sainte Gwenaëlle et en lisant le martyr de la sainte, il avait réalisé qu'il voulait juste vivre dans son chagrin, qu'on le laisse tranquille et qu'on cesse de le considérer comme un parjure au Grand Traité.
    La sainte avait vécu toute sa vie dans le chagrin et peut-être était-ce là le seul moyen de trouver le vrai bonheur.
Le livre ne le quittait plus. Il utilisait les dernières lettres de sa fille comme marque-page et compulsait le tout avec ferveur.
    Un soir qu'il priait pour sa fille, il entendit à son tour une voix. La voix de sa propre fille. Elle voulait lui dire quelque chose mais déjà les mots s'étaient évanouis.
    Les jours suivant, l'appel retenti à nouveau dans sa tête. Il se répéta  jusqu'à ce que Haarmon se cloîtra chez lui, priant encore et encore pour entendre ce son qui le confortait dans son choix de vie. Il avait raison de porter le deuil, c'était la seule façon d'avoir la joie d'entendre à nouveau son enfant.


    Au bout de quelques semaines, Haarmon n'était que l'ombre de lui-même. Il avait renvoyé sa servante quand elle avait tenté de lui faire entendre raison. Personne ne se mettrait entre lui et sa fille, entre lui et son bonheur. Mais il était faible. Cela faisait aussi quelques jours qu'il ne s'alimentait plus car la faim le rendait plus sensible aux hallucinations auditives.


    Childeforth entra dans la pénombre de la chambre.
    « Haarmon, mon ami, vous empestez.
    —Partez... Je veux l'entendre. La rejoindre.
    —Je comprends très bien, jeune disciple, mais vous avez encore une chose à accomplir en ce monde avant de vous laisser mourir.
    —...
    —La rumeur est sur vous, Haarmon. On raconte que vous bafouez le Grand Traité et que vous allez être déclaré parjure et traître à la nation pour cela.
    —Je n'ai pas besoin des conseils d'un fou.
    —Je suis venu en ma condition d'ami, pas de fou. Je suis venu vous prévenir avant que les autorités ne se décident à déferler ici. Vous vous souvenez ce qui arrive à la famille des traîtres à la nation? »
    Il n'était pas si rare que des gens parjurent le Grand Traité mais ils se repentaient rapidement. Dans un cas de traîtrise déclaré, le traître serait tué puis réduit en cendre et tous ses descendants subiraient un sort similaire. Dans le cas de Haarmon, cela signifiait la désacralisation de la tombe de sa fille, l'exhumation de cette dernière puis le passage au pilon de la dépouille. Haarmon eu un haut-le-cœur.
    Il était faible et mis du temps à se remettre de cette émotion.
    « Je... Childeforth, aidez-moi...
Le codex atterri juste devant lui.
    —Vous savez très bien comment obtenir vos réponses. Vous savez qu'elles vous permettront de rétablir l'honneur de votre famille, de votre enfant.
    Haarmon ouvrit péniblement l'ouvrage à la page de la cérémonie de communion.
    —Nous avons du travail, reprit le maître. J'ai des amis qui pourront nous aider mais il va falloir vous remettre sur pieds rapidement. Prenez ce tonique, mon attelage est devant l'entrée. »

 

 


    Quelques heures avaient passé, peut-être des jours, depuis que Childeforth était venu me chercher. Je ne me souviens plus vraiment mais j'ai pu prier pour ma fille une dernière fois avant le rituel. Je l'ai entendue à nouveau, elle approuvait ce que je faisais pour elle.
    On vint me chercher et on me guida devant l'autel. 
    L'encens. 
    Le chant des assistants. 
    La lumière éclatante du temple. J'ai déjà vu ce temple. Childeforth m'en a parlé ou m'y a déjà amené. 
    Un kriss dans mes mains? Quelqu'un me l'a donné mais je vois trouble. 
    Je suis fatigué. 
    Je veux retourner prier, il n'y a que là que je suis heureux. 
    Voilà. À genoux. Là je peux prier. 
    Où est sa dent? Je veux entendre ma fille. J'ai besoin de sa dent !
    Childeforth? Pourquoi y a-t-il un sac par terre? Vous y avez mis une bête dedans? Ah oui, le sacrifice pour la sainte. 
    Je sais, je dois appeler la sainte. 
    Les flammes sont si chaudes autour de l'autel. 
    J'étouffe. 
    Le sac. 
    Les chants. 
    Tout va trop vite.

 

    « FRAPPEZ HAARMON ! »

 

    ...
    Voilà... 

 

    Le sac rougit du sang de la bête. 
    Je veux entendre ma fille. 
    La sainte va me permettre d'entendre ma fille. 
    Oui, tout va bien. 
    Le feu n'est pas suffoquant, il est doux et chaud. 
    La brûme dans mon esprit se dissipe.
    Elle est là !

 

    Je la vis émerger des flammes colorées et je contemplai la Sainte. La madone des endeuillés était devant moi et, comme sur les enluminures du codex, ses yeux étaient pudiquement cachés derrière un masque de deuil et ses ailes étaient repliées en signe d'humilité. La joie d'être soulagé de ma peine m'envahit et dans l'éblouissant halo de beauté qui l'entourait, je rassemblais mes dernières forces pour me relever en lui posant ma question. J'allais obtenir la réponse pour laquelle j'avais tout donné.
Alors je réalisais que ce n'était pas un masque, que ce n'étaient pas des ailes. Je réalisais qu'une couronne de cornes lui jaillissait des yeux, que des serres dépassaient de son dos. La madone était là mais elle n'était pas ce que je pensais.
    En souriant, elle s'avança vers moi et me caressa le visage. Elle me souleva délicatement le menton de son index pendant que ses membres griffus vinrent me retenir. À mes pieds, le sac de l'enfant que j'avais sacrifié fut bousculé et révéla le visage de celle à qui j'avais ôté la vie. Je n'eus plus envie de fuir.
    La madone du deuil porta ses lèvres contre mon oreille. Elle ne prononça que le nom de ma fille mais sa voix avait le timbre de celle de mon enfant chérie.

« Shandra »

    L'humain fondit en sanglot et se confia à moi. Il n'avait jamais fait le deuil de son enfant. Ses larmes étaient exaltantes et je le réconfortais en le serrant au plus près de moi. Je voulais que ses larmes ne s'arrêtent jamais de couler et je serrais un peu plus fort.
    Il avait œuvré à mon retour alors il serait récompensé. Son âme était déjà mienne mais il connaîtrait une dernière extase avant de mourir. Je lui lacérerai le corps pour en extraire les organes inutiles et ajouterai sa peau à ma collection.
Mes griffes le tailladèrent et il me combla de joie car la douleur de son cœur avait transcendé son corps. Délicatement, amoureusement, je découpais son cou et il pleurait toujours pour sa fille quand sa tête restait seule dans mes mains.
    Tant que tu pleureras pour elle, Haarmon, tant que tu me plairas autant, je veillerai sur toi. Ne crains plus les difficultés de ta vie passée, je suis là. La madone des endeuillés.

 

 

 

Merci de m'avoir lu :3

Modifié par Glid
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  • 3 semaines après...

Merci beaucoup @thane, j'avais presque oublié ce sujet ^^;

 

Du coup, je peux mettre la suite. Même si ça ne raconte pas précisément comment s'est déroulé le premier scénario (Patrouille), on a au moins une idée de qui a gagné.

Pour info, les noms des personnages sont ceux donnés par les joueurs à leurs figs et, pour rendre le tout un peu plus compréhensible, je présente au moins les personnages de mon allié Thousand Son (dont la seconde partie du présent texte est de son fait) :

Apophis, chef du Librarius Noir, commandant de la force au service de Tzeentch.

Ezorath Qu’Rastis, ancien maître d'Apophis, désormais sous les ordres de ce dernier.

Artaxerxès, prince démon de Tzeentch qui saura se rendre utile lorsqu'il entrera en scène au second scénario.

 

_ . _

 

    Depuis des mois déjà, couvaient au sein de la société taurusienne de nouvelles idées, de nouvelles façon de concevoir l'Art Suprême. Les autorités morales maintenaient un cap strict mais insidieusement, plusieurs collèges de pensée suivaient des raisonnements biaisés. Il arriva même que certains se félicitassent d'avoir réussi à tendre l'oreille à la muse de la Philosophie. Une telle image restait métaphorique pour leurs interlocuteurs là où un initié aux forces de l'immaterium se serait douté que la muse, pour aussi métaphorique qu'elle soit avait une voix qui, elle, était terriblement réelle.

    Les déviances au sein de la pratique de l'Art Suprême connurent une violente recrudescence quelques jours seulement avant que la guerre n'éclate pour la première fois sur Taurus23 depuis bien des lustres.
    Quelques heures à peine après la résurrection de la Madone des endeuillés, Taurus23 était en proie à de grand bouelversements idéologiques et c'est dans un climat de guerre civile que, sous couvert d'aider les forces de défense planétaires à maintenir l'ordre, un détachement de Dark Angels patrouillait.

 

    Tout s'était déroulé comme prévu dans ses visions. Apophis avait rencontré des alliés que toute personne n'ayant pas conscience de l'existence de Tzeentch aurait qualifié de "providentiels". La Madone des endeuillés, Gzyn'Naef'Voo ainsi qu'elle s'était présentée à lui, même si ce n'était probablement pas là son nom véritable, lui avait permis de sonder l'esprit des ses suivants humains. De pathétiques être à la pensée soit-disant logicienne mais qui ignoraient trop de paramètres pour être qualifiés d'intelligents et qui avaient pour seul mérite d'être natifs de la région et a qui le prince démon semblait donner un certain crédit.
    Il avait vu ce que les yeux de ces humains avaient vu. Les armures verte de la première légion. Les forces loyales inféodées au cadavérique faux Empereur étaient sur place et il allait donner l'assaut avant que quiconque ne puisse réagir, tel que les fils du destin le lui avaient laissé entrevoir.

 

    Gzyn'Naef'Voo avait rassemblé son cercle de favorites. Le temple qui l'avait vu renaître avait bien changé. Ses filles avaient œuvré à rendre l'endroit tout à fait décent. Les candélabres vibraient sous les ondes que propageaient les chants du Chœur de Douleur au point que lorsqu'une note était trop stridente, l'un des doigts qui retenait les bougies convulsait en laissait choir cette dernière. Le sang s'égouttait de plus belle des tapisseries rougeoyantes comme elles ondulaient en suivant le flot des danses des Bharata Slaanatyam, les danseuses de lilas. 
    « Les peaux humaines sont les meilleurs habillements des murs et des dames, pensa Gzyn'Na. Mais à présent, il suffit. »
    A cette simple pensée, le spectacle s'interrompit brutalement. Les esclaves torturés furent abruptement mis à mort pour les plus chanceux d'entre eux et toutes les démonettes tombèrent face contre terre, prostrée en silence devant leur maîtresse. Le désir des démons de pouvoir œuvrer à la gloire de leur dieu était palpable. Des volutes d'encens ensanglantées décrivirent des runes odieuses au cours de ce bref instant.
    « Mes filles, le moment est venu pour nous d'apporter joie et délectation aux habitant de la cité. Ouvrez les portes du royaume des plaisirs et laissez vos sœurs se déverser sur ce monde. Que dans chaque rue, dans chaque foyer, vous fassiez la démonstration de vos arts aux petits humains ignorants. Gavez les de bonheur jusqu'à ce que leur cœur éclate ! Que les peuples portent le deuil de leurs proches, que la planète porte le deuil de toute vie ! Je veux que les rues ruissellent de rouge et d'extase lorsque, aux côté des sorciers bleus, nous irons au devant de ceux qui ne pleurent pas leurs morts. »

 

    Tout s'était déroulé comme prévu dans ses visions. Ezorath Qu'rastis s'était porté volontaire pour épauler Gzyn'Na qui, étant devenue trop impatiente, avait décidé de lancer l'assaut sur une tête de pont des Dark Angels.


    Tout s'était déroulé comme prévu dans ses visions. Le flot du Grand Océan rendait la méditation d'Apophis harmonieuse et il entrevoyait déjà les endroits où pouvait reposer l'artefact qu'il convoitait.


    Tout ne se déroulerai pas comme prévu dans ses visions. Une goutte. Il entendit une goutte troubler le grondement du Grand Océan. Une présence psychique arrivait à contre-courant. Une présence dont l'empreinte ne lui était pas inconnue : il savait que cette goutte pouvait déclencher une lame de fond. Il lui fallait agir vite, rejoindre ses troupes, lancer un assaut de plus grande ampleur que prévu car les Chevaliers Gris étaient eux aussi sur Taurus23, dans l'enceinte de la capitale.

 

    Garan n'était pas un philosophe, il était libraire. Il n'était pas un mauvais mari, il avait même pensé à l'anniversaire de sa femme cette année. Pour finir, il n'était pas superstitieux, il avait conscience que l'Univers était régit par les lois strictes de l'Art Suprême. Après l'arrivée des premiers prêcheurs de l'Imperium, il avait même commencé à s'intéresser à ce philosophe venu des étoiles qui avait, disait-on, réussi à rallier tous les humains de la galaxie dans son empire de lumière. Garan était un homme bon, réaliste et prosaïque.
    Garan était surtout perdu, en sueur, dans une des rues de la cité. Il fuyait dans le vacarme des hurlements qui avaient envahi le quartier. Quelle n'avait pas été sa surprise de voir un jeune homme à la beauté irréelle avec des pinces à la place des mains utiliser sa femme comme une marionnette pour tenter de l'assassiner avec son propre coupe papier favori ! Heureusement pour son esprit trop rigide, il n'avait pas encore eu le temps de comprendre ce qu'il lui arrivait. Du temps, il n'en avait pas eu depuis qu'il avait fuit sa maison, qu'il avait échappé à un groupe de femmes mantes religieuses et qu'il avait esquivé son médecin lorsque ce dernier s'était défenestré.
    Il entendait toujours un vacarme assourdissant mais la ruelle où il avait trouvé refuge était vide. Enfin du temps pour respirer. Une explosion vint contrarier ses plans lorsqu'elle l'envoya valdinguer dans une poubelle, l'assommant.
    Quand il rouvrit les yeux, Garan glissa un œil hors de son abris de fortune. La poussière était déjà retombée et à travers les ruines de sa ruelle, sous des bâtiments chancelant, il vit un spectacle que peu de mortels avaient eu l'opportunité de contempler. Des géants, des demi-dieux en armure vertes auréolés de gloire combattaient d'autres géants dans une lutte fratricide pendant que des femmes toutes de griffes cavalcadaient sur des créatures ophidiennes. Un mur d'explosions de bolts stoppa net l'avancée des femmes mais une seconde vague de merveilleuses griffes arrivait déjà pour les remplacer. Ici, un véhicule expulsa une salve de missiles qui souleva une vague de poussières, de débris et de griffes. Là, les géants en armure bleu retenaient, par la force de leurs bras, rien de moins qu'un tank!
    Garan n'aurait jamais le temps de comprendre ces derniers instants. Il ne comprendrait jamais pourquoi la cité était devenue folle ni pourquoi dieux et démons se battaient à quelques mètres seulement des restes de sa librairie. Il n'aurait pas le temps de devenir fou. Les ruines autour de sa ruelle avaient peut-être sauvé son âme en s'effondrant sur lui.


    À peine la poussière était retombée après la fuite des hérétiques et des démons que le grand maître Chevalier Gris Igor s'était entretenu en toute hâte avec le Maître Primaris Daniel des Dark Angels. Il avait demandé confirmation de la façon dont la Madone des endeuillés avait été tuée. L'échange de paroles avait été à la fois froid et courtois. La confiance n'était pas encore acquise ni par l'un, ni par l'autre et peut-être que le concept même de confiance était inatteignable ni pour l'un, ni pour l'autre mais après cette bataille et au cœur d'une ville en proie à la folie naissante provoquée par la résurrection d'un Prince Démon, il fallait garder l'esprit clair et agir vite.
    Le grand maître appris que les primaris étaient parvenus à disperser l'essence du démon à coups de bolts à bout portant. Le récit de bravoure fit poindre une note de respect dans le cœur du Chevalier Gris ; s'il ne pouvait pas leur faire confiance de part la nature de leur ennemi commun, au moins pouvait-il les considérer momentanément comme des alliés courageux loyaux à l'Empereur.
    En remerciement, le Maître Primaris apprit que tuer un démon mineur peut suffire à le dissoudre complètement mais que, dans le cas de démons plus puissants, des rites devaient être observés. Vouloir tuer ne suffisait pas, il fallait vaincre la volonté du démon, formuler son nom véritable en déclamant la prière de détestation et abattre son arme en l'imprimant de toute la volonté de servir l'Empereur possible. Ce n'était pas la seule manière de faire mais c'était la principale utilisée par les Chevaliers Gris et, dans les conditions actuelles, ce serait peut-être la seule manière possible de bannir Gzyn'Naef'Voo.

    Les belles tapisseries de peaux, les candélabres de mains, toute la salle du trône était en flammes. Gzyn'Na était réapparue en son temple et avait laissé sa colère exploser. Elle exultait, fulminait. Tous ceux qui osèrent l'approcher pour la divertir furent détruits. Elle laissait si libre cours à ses émotions qu'elle trouva de la joie à détruire son propre trône en riant aux éclats. Il lui plu aussi de se jeter sur les esclaves rassemblés dans la torpeur des drogues qu'ils avaient consommés.
    Lorsque le feu s'éteignit, lorsque tout le sang possible recouvrait Gzyn'Na, elle fut repue et jeta un regard de reproche à ses servantes pendant qu'une poutre brûlée s'effondrait au fond de la salle.
    « Allons ! Réparez-moi tout ça! dit-elle en sortant de la pièce. Et mettez un peu de décoration, le joli sorcier bleu viendra peut-être nous rendre visite. »

    Comment une telle alliance de Space Marines s'était formée est une question qui interpellera Apophis pendant un moment encore. Devait-il aussi remercier Tzeentch de lui avoir fourni des alliés ou devait-il le maudire que ces alliés soient la cause de la présence des chasseurs de démons? Peu importait pour le moment car si le destin pouvait être manipulé, il devait néanmoins advenir et les dernières informations qu'il avait reçu lui permettraient d'obtenir vengeance tout en accomplissant ses visions.

 

_ . _

 

 

    Apophis marchais dans la nuit en direction du temple. Un goût de sang et de métal dans la bouche. Son corps le faisait souffrir. Les battements de ses cœurs n’étaient pas encore redevenus réguliers et les lacérations sur son bras gauche n’avaient pas cicatrisé. Peut-être ne cicatriseraient t-elles jamais. Il savait que guérir d’une blessure provoqué par l'éther pouvait être beaucoup plus complexe qu’une simple blessure de guerre, et cela même pour les plus brillants adeptes Pavoni de la légion.

    Malgré son état, il progressait escorté par ses guerriers rubrics. Le reste de ses forces s'étaient repliés dans un secteur en ruine de la capitale. Les sorciers avaient commencé les rituels pour recomposer les antiques armures des Rubricaes afin de les renvoyer au combat. Ezorath Qu’Rastis, lui-même, avait subit de terribles blessures face aux Chevalier Gris et devait sacrifier l’essence vital de nombreux cultistes afin de restaurer son pouvoir. Des sectaires impies profanaient les lieux de rassemblement des philosophes de Taurus 23.
Partout sur la planète, la guerre se propageait. 

 

    Apophis arriva au temple. Il s’était délesté de son armure et avais revêtu de très beau atours, digne de la haute aristocratie de Terra. Il entra seul pendant que ses guerriers restèrent devant l’entrée. Dès ses premiers pas dans le temple, les afflux du grand océans se firent palpable. Il ferma les yeux quelques instants et éleva sa conscience afin d’être en harmonie avec les énergies empyréennes. Puis il prit le soin de fermer chaque point d’accès de son esprit. Il fut fin prêt pour la rencontre, son esprit était clair, affûté et lucide.
    Il pénétra au cœur du temple, sous la nef baignée dans des volutes d’encens hallucinogènes, les murs décoré par d'étranges hiéroglyphe tracé par les fidèles de la madone des endeuillés. La lumière tamisée par le propre corps des serviteurs et les teintes de sang des fumées donnaient une ambiance particulièrement chaleureuse à la pièce. Un romantisme qui aurait rendu fou n’importe quel être humain.


    Apophis balaya tout cela d’un revers de son esprit. Ses muscles se raidirent, il devait garder un haut niveau de concentration pour ce qui l’attendait. Le warp était fort en ce lieu. Il se sentait fort en ce lieu. Il s'avança dans la salle. Au centre siégeait une immense table à manger, dressée avec une très jolie vaisselle cristalline sur laquelle d'appétissants plats étaient servis. Il salua, d’un sourire enjôleur :
    « Maîtresse. » 
    De l’autre côté de la table l’attendait Gzyn'Na, souriante, assise sur un fauteuil fait d’un mélange de pur soie taurusienne et d'esclaves en transe sous l’influences des drogues de la pièce. Elle l’invita à s'asseoir et se servir, pendant que quelques démonettes entrèrent dans la pièces en dansant sous la musique d’une harpe humaine. Apophis resta immobile, les yeux rivés sur la démone, concentré sur le but de sa venue en ce lieu et tentant de faire abstraction du spectacle l’entourant.

    Le temps se figea autour du sorcier. La musique et les danses devenaient plus intenses, plus enivrantes que jamais. Le warp résonnait des murmures des serviteurs de la madone des endeuillés. Il luttait pour ne pas fléchir sous les tentation corruptrices des filles du seigneur des plaisirs.

    Soudainement, au fond de la pièce, le grand océan se mit à bouillir et tourbillonner. La musique se tût, les danses s'arrêtèrent, les démonettes se retirèrent à mesure qu’une grande silhouette à plume bleues et grises se matérialisa dans le temple. Les flammes des chandelles redoublèrent d’intensité, embrasants les cultistes sous des feux multicolores tandis que l’être, jadis space marine, fini de prendre forme derrière Apophis.

    Gzyn'Na ne souriait plus, Artaxerxès venait de faire son entrée.
    « Tu es en retard, mon frère, fit le sorcier. »

    Apophis se détendit, pris une coupe de vin, quelques fruits et s’assit enfin à la table.

    « Maîtresse, les fils du Lion marchent au côté des Chevaliers gris. Nous devons frapper avant qu’il ne soit trop tard. Nous devons le faire ensemble ou nous serons défait, je le crains. Profitons de ce soir pour nous entendre sur notre stratégie et terrassons les, lors de la prochaine lune. »
 

Modifié par Glid
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