Schattra Posté(e) le 8 mars 2019 Partager Posté(e) le 8 mars 2019 (modifié) Salut à tous ! Il n’était, somme toute, qu’une question de temps avant que j’ouvre un sujet de ce type pour centraliser la revue des nouvelles se plaçant dans la dernière-née des franchises de Games Workshop, Age of Sigmar. L’objet et le fonctionnement du présent thread étant calqué sur les exemples déjà déclinés pour Warhammer Fantasy Battle, Warhammer 40.000 et l’Hérésie d’Horus, je vous épargnerai le laïus introductif développé pour ces derniers ; aujourd’hui comme au moment où j’ai initié cette démarche, il y a déjà quelques années (eh oui, le temps passe), mon intérêt pour la découverte, l’analyse et la compilation de ce genre particulier qu’est la nouvelle n’a pas faibli, et je suis donc ravi de disposer d’un nouveau terrain de jeu, même si ce dernier a été « ouvert » aux dépends de mon cher WFB1. J'en profite pour remercier chaleureusement les membres du Warfo qui ont accepté que leurs revues et critiques soient compilées dans ce sujet (@Foudrolle, @Slagash le Lascif, @Red Qafe et @gilian ) , et sans qui ce sujet serait beaucoup moins fourni, riche et intéressant qu'il ne l'est. En piste donc, lecteur intrépide, et partons ensemble à la découverte des nouveaux mondes med-fan de GW, un instantané d’univers (car qu’est-ce qu’une nouvelle sinon cela ?) à la fois. 1 : Cela dit, avec les dizaines de nouvelles qui me restent à critiquer dans cet univers défunt, sans compter les petites réminiscences publiées de temps à autre par la BL, et mon rythme de croisière actuel, j’en ai pour quelques décennies avant d’épuiser le matériel à disposition. Comment est organisé ce sujet: Les nouvelles sont classées par ordre alphabétique d'auteur (prénom nom : les écrits de Chris Wraight apparaissent donc avant ceux de Guy Haley). La critique en elle-même est précédée de quelques informations qui pourront être utiles (ou pas) au lecteur : le titre de la nouvelle, le nombre de pages, le recueil ou le magazine dans lequel elle a été publiée et l'année de la première publication. Le sujet promettant d'être assez long, je fais usage de balises spoiler afin de faciliter la navigation. Cliquer sur la première balise suivant le nom de chaque auteur vous permettra d'accéder à une liste des titres de ses nouvelles chroniquées. Chaque chronique dispose en outre de sa propre balise spoiler. Enfin, et si la nouvelle s'y prête (en cas de twist final particulièrement réussi, par exemple), la sous-partie Intrigue pourra être partiellement ou totalement dissimulée. Les nouvelles récemment chroniquées sont signalées par l'emploi de la couleur rouge (Auteur + Nom de la nouvelle). L'univers d'Age of Sigmar étant vaste et diversifié, j'ai eu recours à des balises pour permettre au lecteur d'identifier plus facilement les auteurs et les nouvelles ayant donné dans les sous-franchises suivantes: Warhammer Horror Warcry Warhammer Underworlds J'essaierai aussi de relever les éléments les plus utiles pour le fluffiste assidu (cela peut aller d'une pratique digne d'être notée: « À la dixième reforge, les Stormcast reçoivent un porte-clé collector dédicacé par Sigmar », jusqu'à un lieu/bâtiment important pour toute une race: « Le campus d’HEC – Hautes Etudes Chaotiques – , filière d’excellence développée par Archaon pendant l’Âge du Chaos, accueille exactement 330 apprentis Varanguards par promotion », en passant par des anecdotes savoureuses sur la vie de personnages bien connus: « Lorsque Sigmar éveilla Alarielle au Temps des Mythes, la Déesse émergea d’une gigantesque pelote fécale gardée par John, Paul, George et Ringo, sa garde rapprochée de Wardroth Beetles »). Ouvrages critiqués (par ordre chronologique de parution) : Recueils Age of Sigmar : Cliquez sur une couverture pour accéder au sommaire du livre. Recueils thématiques (Warhammer Horror, Warcry) : ......... Cliquez sur une couverture pour accéder au sommaire du livre. Recueils événementiels Black Library (Black Library Celebration, Character Week, Summer of Reading, Advent Calendar) : ................................... Cliquez sur une couverture pour accéder au sommaire du livre. Publications récurrentes : ... Cliquez sur une couverture pour accéder au sommaire du livre. Nouvelles critiquées (233) : Adrian Southin (1) Révélation Adrian Southin est un auteur canadien, ayant commencé à écrire pour la Black Library en 2019 avec la nouvelle ‘Path of Grief’. Sa première excursion dans les Royaumes Mortels est la nouvelle ‘Da Stink of Defeat’ (2023). • Da Stink of Defeat Révélation Black Library 2024 Advent Calendar/2024/22 pages Intrigue : Pris dans la spirale infernale des défaites humiliantes infligées par les colons sigmarites venus civiliser leur marais puant, les Boyz de la tribu Slybite auraient le moral dans les chaussettes au début de notre histoire s’ils maitrisaient cette technologie, bien sûr. De retour d’une embuscade s’étant horriblement passée pour eux, la faute au génie tactique digne d’une brique ahurie de leur meneur, le Killaboss Gobmaulla, les Orruks déconfits sentent monter en eux une sourde colère envers leur incapable de chef, mais la carrure imposante de ce dernier fait taire toutes les récriminations à son égard, même si Mork sait à quel point elles seraient méritées. Toutes ? Non ! Un avorton du nom de Rotstik trouve malin de moquer la stratégie du Boss pendant qu’il a le dos tourné, mais ne le fait pas assez discrètement pour empêcher Gobmaulla de l’entendre. La suite va vous étonner (non). Après une solide correction, la forte-tête est reléguée au rang de simple Grot à fumier, et chargée d’évacuer les immondices que Cackla, la monture de Gobmaulla, produit avec abondance dans son enclos même en cette période de Squigs maigres. Blessé plus profondément dans son amour-propre que dans son intégrité physique – les Orruks sont des durs à cuire – Rotstik jure de se venger de son bully, et reçoit à cette fin le soutien tacite mais capital du chamane Mukspitta, qui jette lui aussi un œil désapprobateur sur le manque de ruz’ dont fait preuve Gobmaulla. Ne pouvant pas défier le Killaboss en combat singulier pour prendre sa place (enfin si, il peut techniquement, mais ça risque de très mal se passer pour lui), Rotstik prend son mal en patience pendant quelques jours et accumule les informations nécessaires à l’établissement d’un plan aussi infaillible que vicieux. Il se rend ainsi compte que, derrière sa façade de colosse pétant la santé, Gobmaulla s’est salement foulé une cheville, probablement en shootant trop fort dans un Duardin en armure complète pour tenter d’obtenir un 50:22, et se fait poser un cataplasme anesthésiant par son Grot favori à intervalles réguliers. La mixture étant préparée par nul autre que Mukspitta, notre héros a tôt fait d’en apprendre la composition, et décide de concocter une version extra forte pour se donner toutes les chances lors de son futur affrontement avec Gobmaulla. Rotsnik est également témoin de la perte de statut de la tribu Slybite auprès de ses alliés Hobgobelins, qui refusent de fournir des armes en métal aux Kruleboys tant que ces derniers n’auront pas livré leur quota de prisonniers, comme l’accord passé entre les deux factions le stipule. La nouvelle passe mal du côté de Gobmaulla, mais même ce gros balourd se rend compte qu’il serait contreproductif de massacrer les envoyés des Duardin du Chaos sur un coup de tête. Ayant besoin d’une des grenades à fragmentation utilisées par les Hobgobelins pour équilibrer ses chances contre le Killaboss, Rotsnik s’en va discrètement négocier un nouvel accord auprès des émissaires de la forge, leur promettant de sortir cet incapable de Gobmaulla de l’équation et de leur fournir une généreuse cargaison d’esclaves, en compensation du manque à gagner provoqué par les défaites à répétition de Kruleboyz. L’occasion rêvée pour l’opération vengeanss’ venjress’ se présente lorsqu’un détachement de Stormcast Eternals vient menacer le calme relatif du campement Slybite avec ses gros marteaux, forçant les Kruleboyz à monter une diversion en catastrophe afin d’entraîner les sigmarites voir du pays. Profitant du tumulte, Rotsnik pénètre dans la tente du Killaboss, remplace son onguent pour articulations douloureuses par un baume de sa concoction, et lui pique un des bouts de barbaque qu’il gardait pour sa consommation personnelle, pour faire bonne mesure. Au retour du reste de la tribu, qui a réussi à arracher une victoire mineure de haute lutte, il ne faut pas longtemps pour que Gobmaulla se rende compte qu’on a piqué dans son frigo perso, ce qu’il prend très à cœur, comme on peut s’en douter. Alors qu’il était sur le point d’écarteler à mains nues le Grot qu’il tenait responsable de ce crime haineux, le Killaboss a la surprise de voir arriver Rotstik, stikka à la main et bien décidé à en découdre. Malgré ses préparations minutieuses, la force et l’endurance de Gobmaulla donnent du fil à retordre à notre héros chétif, qui aurait probablement fini noyé dans la bouillasse par son adversaire à l’agonie sans l’intervention discrète mais salutaire du chamane Mukspitta. Au final, Rotstik parvient à vaincre son tourmenteur de façon suffisamment convaincante et graphique pour que les Boys survivants se rallient sans hésitation à sa bannière, et fassent de lui le nouveau Killaboss de la tribu. Un choix éclairé, car Rotsnik remporte la bataille suivante contre les miliciens honnis des Cités de Sigmar de façon convaincante, après avoir attiré le contingent de Stormcast Eternals chargé de la protection de ces derniers dans une visite du bocage local. Une victoire des plus rusées, qui montre que Mork sourit à nouveau à la tribu… Révélation …Mais qui n’est qu’une étape dans le plan à long terme, voir eschatorklogique, que Mukspitta a échafaudé. Le chamane considère en effet Rotstik comme un gringalet et un pion utile au renversement de cette brute de Gobmaulla (son idée, et pas celle de l’avorton), mais pas comme un meneur Orruk digne ce nom. Car si la ruse est un attribut indispensable pour un chef de guerre, un physique avantageux est tout aussi obligatoire, puisqu’il faut être capable de tenir ses rivaux en respect et inspirer les Boyz sur le champ de bataille. Bref, il est temps pour le Swampcalla d’attiser les feux de l’ambition chez un autre membre de la tribu, en espérant que le nouveau prétendant soit un mix plus réussi des valeurs cardinales des Orruks. Ruser ou brutaliser, pourquoi choisir ? Avis : Adrian Southin donne à la (relativement, et au moment où cette chronique est écrite) récente faction des Kruleboyz la nouvelle « culturelle » qui lui manquait avec ce ‘Da Stink of Defeat’, qui nous plonge dans les marais grouillants et saumâtres habités par cette (ig)noble sous-culture orkoïde ainsi que dans ses arcanes sociaux. La revanche très très ruzée prise par Rotstik sur son grand dadais de Killaboss permet de comprendre quelles « valeurs » sont les plus prisées par ces Orruks des marais, et en quoi ils diffèrent de leurs cousins plus portés sur le côté brutal du crédo de Gorkamorka. Les manigances de Mukspitta, qui se rêve en Wurrzag Ud Ura Zahubu du marigot et espère pouvoir un jour coacher l’Orruk parfait (51% ruz’, 51% mais-un-petit-peu-moins-tout-de-même brutalité) sont également une addition bienvenue à cette histoire, et viennent lui donner un caractère mythique, car n’est-ce pas le lot des peaux vertes que de toujours chercher à remplacer leur chef dès qu’il a sécurisé sa place au sommet de la pyramide ? Rotsnik serait donc bien inspiré de profiter de sa place au soleil (ou l’équivalent pour les Kruleboyz, ce qui doit très certainement être l’exact opposé, du coup) et de son mirifique tabouret en or massif, car sa position de Killaboss est sans doute plus précaire qu’il n’y parait. Grâce à cette présentation efficace du cycle de la vi(olence gratuit)e chez les Orruks, égayée par quelques ajouts de lore heureusement plus savoureux qu’un foie de crapaud langue de boue, Southin signe une nouvelle qui mérite le détour, que vous soyez un fidèle dédié de cette fourbasse de Mork ou un simple amateur de littérature Age of Sigmar. Fluff : Faune : Le crapaud langue de boue (mudtongue) est une espèce vivant dans les marécages favorisés par les Kruleboyz. Il possède des glandes aux vertus anesthésiantes et paralysantes, utilisées par les chamanes Orruks pour leurs concoctions. Adrian Tchaikovsky (4) Révélation Adrian Tchaikovsky fait partie de ces rares auteurs de science-fiction déjà (re)connus par la critique et le public au moment de leur arrivée au sein de la Black Library (on peut penser à John Brunner par exemple). Récipiendaire d'un Arthur C. Clarke Award, d'un British Fantasy Award et d'un BSFA Award, il est notamment l'auteur des séries 'Shadows of the Apt', 'Children of Time', et 'Echoes of the Fall', en plus d'un nombre conséquent de romans, novellas et nouvelles. Il a écrit ‘A Taste of Lightning’ pour la franchise Age of Sigmar. • A Taste of Lightning Révélation Conquest Unbound/2022/18 pages Intrigue : La ville minière d’Ort, en Ghur, n’est pas née sous une bonne étoile. A peine établie par une cohorte de hardis mineurs humains et Duardin pour exploiter les filons des montagnes toutes proches, elle s’est révélée être à proximité d’un portail de Royaume donnant sur Shyish, et a été promptement envahie et annexée par une légion d’Ossiarch Bonereapers. Pour ne rien arranger, les expulsés doivent aussi composer avec l’arrivée de gens du voyage d’un genre particulier : la tribu ogor du Tyran Krult. Ce dernier avait prévu d’assiéger la ville pour se repaître de ses habitants, mais a la flexibilité d’esprit nécessaire pour changer le programme de la journée lorsque ses éclaireurs viennent l’informer de l’identité des nouveaux occupants d’Ort, et décréter un « peekneek » (il a appris plein de mots savants lorsqu’il était Mangeur d’Hommes) de réfugiés à la place. Avant que les Ogors n’aient pu se mettre en marche, une délégation menée par l’érudite Lumineth Celarais demande à parler au Tyran. L’Aelf propose à Krult de changer à nouveau de plan, et de se battre aux côtés de la milice d’Ort et des Stormcast Eternals qui les ont rejoints (représentés dans l’ambassade par le taciturne Stenarius) pour reprendre la ville. En dédommagement des services rendus, les Ogors seront payés en nature par l’organisation d’un grand festin, préparé par nul autre que le célèbre chef Hugh Pen Andual, que Celarais a également fait venir, contre son gré il faut le préciser. Intéressé par la proposition mais souhaitant vérifier les credentials de celui qu’il a immédiatement rebaptisé Poignée de Poêle1 avant de s’engager à quoi que ce soit, Krult met au défi le chétif humain de relever le brouet que la Bouchère de la tribu (Brugha) a fait bouillir pour le petit déjeuner des troupes. Une tâche que le chef accomplit aisément grâce à sa réserve d’épices (qui sort très entamée de la préparation, les concepts de « pincée » et « soupçon » étant absents du vocabulaire ogor), lui gagnant l’estime de Krult et de ses fins gourmets. Ce que ces derniers ne savent pas, c’est que Pen Andual a tenté de les empoisonner pour pouvoir filer à l’anglaise, une tentative qui n’avait aucune chance de réussir dixit Celarais (Céleri pour les intimes), qui se doutait que le cuisinier allait recourir au poison pour se sortir de ce guêpier. La Lumineth, spécialisée dans l’écriture de livres de cuisine, ou quelque chose comme ça, a en effet étudié la carrière de Pen Adual et compris qu’il avait tendance à laisser ses employeurs morts ou très malades une fois qu’il décidait d’aller voir ailleurs. Une technique de mobilité professionnelle comme une autre… Du côté d’Ort, un gentlemen’s agreement a donc été trouvé entre les factions non-mortes, qui convergent sur la ville pour en chasser les squatteurs. Grâce à l’impact apporté par les Ogors, la coalition arrive à entrer dans l’enceinte fortifiée, mais la défense inspirée du général Ossiarch (Ankahnet), l’empêche de clamer victoire. Barricadés sur la place du centre-ville, les lanciers squelettiques se montrent intraitables. Pour ne rien arranger, Krult décide de retirer ses troupes de la bataille pour aller prendre un thé à l’extérieur de la cité, au grand désarroi de Celarais. Elle ne met pas longtemps à apprendre que le fourbe Manche de Poêle s’est mis sous la protection du Tyran, qui n’a donc plus besoin de remplir sa part du contrat pour bénéficier des services du chef. Il va falloir trouver un autre moyen de convaincre les Ogors de se remettre à table… Révélation …Et c’est de Stenarius que vient l’illumination. Ayant entendu Krult se plaindre qu’il n’avait jamais eu la chance de déguster un Stormcast Eternal, du fait de leur fâcheuse tendance à partir en fumée au moment de leur mort, le serviable sigmarite accepte de remédier à cette lacune et de faire don de son corps à la panse, mais seulement si Krult arrive à l’attraper. Ceci fait, il part en courant vers les combats, entraînant à sa suite toute la tribu, et se fait un devoir d’aller défier en duel le général adverse, qui le renvoie voir Sigmar en un moulinet de son épée enchantée, sous les yeux horrifiés du Tyran. Ankahnet n'aura pas le temps de savourer sa victoire, son squelette finissant éparpillé façon puzzle par un Krult furieux qu’on lui ait piqué son goûter, et sa fière légion lui emboîte rapidement le pas. Notre histoire se termine par le banquet promis aux mercenaires ventripotents, qui acceptent de mettre les voiles après avoir fini de lécher les assiettes. Il ne fait pas de doute que la tribu reviendra voir ses nouveaux amis dans quelques temps, et que la cohabitation pourrait ne pas aussi bien se passer, mais c’est un problème pour une autre fois… 1 : Panhandle en VO, jeu de mots avec Pen Andual. Avis : Pour sa première nouvelle siglée Age of Sigmar, Adrian Tchaikovsky a choisi de marcher dans les pas de Robert Earl, l’auteur de référence pour la noble race des Ogres à l’époque de Warhammer Fantasy Battle1. On peut aussi lui trouver une affiliation avec Sandy Mitchell, en raison de son approche décomplexée et humoristique d’une franchise autrement plus premier degré. Le résultat est en tout cas très distrayant, parfaitement lisible, et fera plaisir aux fans des Ogors et des Ossiarch Bonereapers, deux des factions les moins gâtées par la Black Library à ce jour2. On espère aussi avoir des nouvelles de Celery et Panhandle, un duo les plus mal assortis des Royaumes Mortels et dont la suite des aventures promet donc d’être passionnante, si le très occupé Tchaikovsky a du temps à y consacrer. 1 : ‘Wild Kingdoms’, ‘The Last Little Bit’. 2 : On peut tout de même signaler que gros lards et sacs d’os se retrouvaient déjà opposés dans la nouvelle ‘Strong Bones’ de Michael J. Fletcher. L’atmosphère était bien moins bon enfant, par contre. Fluff : Ogors (Constitution) : Dans toute l’histoire des Royaumes Mortels, aucun Ogor n’est mort empoisonné. • A Web of Ruin Révélation Black Library 2023 Advent Calendar/2023/25 pages Intrigue : Après que le meneur (Oruthir) de la bande de Tarantulos dont il fait partie ait passé ses nombreuses armes (c’est ça quand on a quatre bras) à gauche après une rencontre musclée avec des maraudeurs Darkoath, le jeune et ambitieux Peter Parker Vexen décide de combler le vide managérial laissé par ce décès subit, et prend les rennes d’une troupe en grand manque de confiance en elle. Marqué par le Voyant Octuple, qui lui a changé un œil en ocelles à facettes du plus bel effet, Spiderboi se sent l’étoffe d’un grand meneur, mais sait qu’il lui faut à tout prix faire ses preuves auprès de ses camarades, faute de quoi il ne tardera pas à rejoindre son ancien boss dans l’au-delà. Son plan initial consiste à traquer les Darkoath responsables de la mort du vieil Oruthir, idée logique et respectable qui lui permet de faire la connaissance du chamane Grot Kankrot, après que ce dernier se soit fait capturer par les Tarantulos suite à la mise en déroute de sa bande de Gloomspite Gitz, ayant eux-mêmes embusqués les Darkoath pistés par Vexen et Cie un peu plus tôt (faut suivre). Réalisant que Kankrot est aussi un grand fan des arachgnides en tous genres, comme son pendentif à huit pattes et les bestioles grouillantes qui se cachent dans ses robes moisies le révèlent sans trop de surprise, notre héros l’interroge sur sa présence dans les Eightpoints au lieu de lui fendre le crâne sans sommation, et apprend que le chamane est venu assister la légendaire Arachnarok Garat-Ulm dans ses derniers moments. Tout à la fois monture et divinité mortelle pour Kankrot et ses ouailles, Garat-Ulm a été grièvement blessée lors d’un affrontement récent contre un ost de Sylvaneth mené par Alarielle et son scarabée de fonction, et s’est réfugiée dans ce Royaume pour y mourir. Voyant dans cette révélation fortuite une preuve irréfutable de la bénédiction de sa propre divinité, Vexen épargne Kankrot pour que ce dernier le mène jusqu’à son animal de compagnie égaré, ce dont le serviable Grot se fait un plaisir. En chemin, les Tarantulos croisent la route d’un guerrier Splintered Fang esseulé (Pallas), dernier survivant de sa bande qui a eu la mauvaise idée de causer du raffut à proximité du repaire de Garat-Ulm en attaquant une colonne d’Iron Golems de corvée de lessive. Pallas conduit ses anciens presque alliés jusqu’au lieu de la bataille, où les cocons de soie laissés par une araignée gigantesque achèvent de lever les doutes de Vexen sur la sincérité de son prisonnier. Après avoir euthanasié par charité chaotique un Pallas dégoûté par sa propre couardise, les Tarantulos se remettent en marche. Leur route les mène jusqu’à une caverne gigantesque, dans laquelle ils finissent enfin par rattraper Garat-Ulm… ainsi que la bande de maraudeurs Darkoath du début de l’histoire (toujours elle), bien décidée à poursuivre son œuvre arachnophobe en faisant son affaire à Shelob Jr. On n’a pas dû leur expliquer que les araignées permettaient de limiter les populations de moustiques, ou bien ils sont à deux doigts de se vouer à Nurgle (et ses mouches), je ne vois que ça. Pas plus bête que le premier venu, Vexen attend que ses ennemis aient chargé Garat-Ulm, qui malgré ses blessures reste toujours un monstre de corps à corps, avant de fondre sur les arrières des Darkoath, remportant facilement la victoire et achevant l’Arachnarok moribonde d’une javeline bien placée au passage. Ceci fait, le premier réflexe de notre héros triomphant est d’aller piquer une tête dans les entrailles fumantes de sa gigantesque victime, avec quelques blocs de varanite en sus en guise de sels de bain, afin de devenir le réceptacle des dons chitineux du Voyant Octuple… Révélation …Et ce dernier met la dose, et plutôt huit fois qu’une. A la sortie de son bain, Vexen est devenu une véritable araignée géante, mais a la mauvaise surprise de se trouver entouré par les cadavres de ses compagnons et une horde de Grots, les suivants survivants de Kankrot qui avaient pisté leur chamane captif à bonne distance. Outré par ce manque de bienséance, Vexen se rue sur Kankrot pour lui faire son affaire, mais plante ses crocs dans le champignon géant que le Grot dissimulait sous ses robes plutôt que dans le ventre de ce dernier. Le nuage de spores qui se répand alors dans la grotte achève de transformer Vexen en réincarnation de Garat-Ulm, promise à bel avenir en tant qu’utilitaire au service de Kankrot et de ses complices à capuche. Elle a peut-être plusieurs divinités, mais l’araignée reste un être bien singulier… Avis : Cela faisait un petit moment que la Black Library ne nous avait pas donné de nouvelles de/sur les Eightpoints, et cette absence est en partie comblée avec ce sympathique ‘Web of Ruin’, qui s’intègre parfaitement dans l’univers bigarré et sans pitié de Warcry. Adrian Tchaikovsky réussit brillamment son entrée dans cette franchise de niche, et plonge le lecteur dans le quotidien forcément violent d’une bande de Tarantulos de façon plus que convaincante, jouant avec malice sur les différences et points communs existant entre les factions arachnophiles d’Age of Sigmar au passage. Une histoire plaisante, prenante et bien conclue (on ne crache pas sur les twists finaux qui tiennent la route ici), qui je l’espère ne restera pas un one shot pour la littérature Warcry trop longtemps : après tout, il y a maintenant une vingtaine de bandes à couvrir… Fluff : Garat-Ulm : Une Arachnarok d’une taille et d’une longévité prodigieuse, vénérée comme une fille de la Déesse Araignée et surnommée Reine Tissegrouille par les tribus de Grots l’ayant domptée. Garat-Ulm était capable de créer des tunnels de toile entre les Royaumes, et fut grièvement blessée lors d’un combat contre une armée de Sylvaneth menés par Alarielle en personne. Elle se réfugia dans les Eightpoints où elle fut traquée et achevée par une bande de Tarantulos cherchant à regagner la faveur du Voyant Octuple. • On the Shoulders of Giants Révélation On the Shoulders of Giants/2024/103 pages Intrigue : Notre histoire commence après un accrochage entre une croisade sigmarite et une bande de Kruleboys mal lavés dont le seul tort aura été de ne pas vouloir abandonner leur marais fétide aux intentions conquérantes des détenteurs du piastre Malleus (traduction personnelle). Bien que la victoire soit revenue au camp du bien de l’Ordre, et que nos héros, le Major-Fusil Rosforth et son acolyte Ogor Slobda, aient joué un rôle certain dans cet épisode, la convocation qu’ils reçoivent de la part du Maréchal Loucher, qui a également fait venir une centaine de soldats de son armée pour l’occasion, n’augure rien de bon. Convaincu que sa colonne fera mieux sans la présence de ses éléments les plus indisciplinés1 et instables, l’officier ordonne en effet à ses têtes de turc de prendre la direction de Newhalt Amarine, village de colons récemment établi dans une forêt de Ghyran, et d’y aller renforcer sa garnison. Cette décimation express laisse un goût amer à nos compagnons, mais les ordres sont les ordres. Sous le commandement de la vétérane +++ Archevalière Marieda, qui a fait sauté Sigmar sur ses genoux quand il avait encore des couches, la mauvais troupe prend donc le chemin de son assignation. En plus de notre duo de choc, on y retrouve un capitaine d’artillerie alcoolique au dernier degré (Barachen Sot), ainsi qu’une Heaumefer fort en gueule mais avec plus d’un tour dans son sac (Selias Breight), soupçonnée par le soupçonneux Rosforth d’avoir fait défection dans le passé et de s’être réengagée par la suite. Voilà pour les personnages notables… pour le moment. Après une journée de marche, l’expédition à la surprise de croiser une autre colonne marchant en sens inverse, et qui se révèle être constituée après inspection des survivants de Newhalt Amarine. Le village a en effet été attaqué sans crier gare par une horde Skavens, vomie par un des trous de ver cosmique qui traversent les Royaumes Mortels comme une meule d’emmental. Malgré la brave résistance de sa garnison, la petite communauté n’a pas fait le poids et ses habitants dépenaillés viennent grossir le contingent de Marieda. On fait ainsi la connaissance de deux autres personnages notables (je vous avais prévenus), le chirurgien de bataille Doktor Grippe2 (qui a amputé Rosforth de ses deux jambes après l’explosion de son canon lors d’une bataille contre les Démons il y a des années de cela, accident qui l’a forcé à monter au cocotier pour continuer sa carrière) et l’apprenti sorcier Theorn. Privés de leur objectif, les croisés déclassés font marche arrière pour rejoindre le gros des troupes de Loucher, mais ces dernières ont également été surprises et annihilées par quelques milliers de rongeurs surexcités pendant que leurs camarades étaient partis. Après avoir récupéré ce qui pouvait l’être des cadavres sigmarites, la petite colonne décide d’aller tenter sa chance auprès de l’enclave Sylvaneth la plus proche, en se fiant aux cartes établies par feu le tuteur de Theorn. Bien que les esprits des bois fassent de mauvais voisins en temps normal, nul doute que la menace posée par ce qui semble être une invasion massive de Ghyran par les Skavens va les amener à une alliance de raison avec leurs camarades citadins, pas vrai ? Cela, on ne le saura jamais car, et pour la troisième fois de suite, Rosforth, Slobda et compagnie arrivent trop tard, et ne peuvent que constater que la biodiversité forestière a été consumée par les incisives avides des hommes rats. Au prix d’un premier accrochage avec ces derniers, qui étaient restés faire des cure-dents avec le dernier Homme Arbre du bosquet, les Sigmarites parviennent à se dégager3, et optent pour la dernière option qu’il leur reste : atteindre une Porte de Royaume supposément enfouie sous des ruines à quelques jours de marche de là. Commence alors une marche forcée des plus pénibles pour les survivants, pendant laquelle le harcèlement constant dont ils sont l’objet de la part d’un sniper Jezzail – jusqu’à ce que Rosforth lui fasse son affaire, bien sûr – et les attaques ponctuelles qu’ils doivent repousser, manquent plusieurs fois de leur faire connaître le même sort que leurs camarades. Marieda, Barachen Sot et Selias Breight perdent tous trois la vie dans cette période troublée, et lorsque les Sigmarites arrivent enfin devant les ruines où la Porte est sensée se trouver, ils ont la surprise de la découvrir déjà occupées par une troupe d’Ogors, avec laquelle il va falloir parlementer pour accéder au portail que Theorn se fait fort de réactiver. Cette mission délicate est heureusement accomplie avec brio par Slobda (à peine un peu aidée par son comparse cul de jatte pendant le moment le plus chaud des « négociations »), qui remporte son duel contre le meneur des Ogors – Hurmak Irontooth – et recrute de ce fait ces derniers au service des croisés. Ces alliés de poids ne seront pas de trop pour tenir les rongeurs affamés en respect le temps que l’apprenti sorcier reboot la Porte récalcitrante, et permette enfin à la colonne éprouvée de prendre le pied en Aqshy, à quelques heures de marche de Brightspear, au nez et à la barbe aux moustaches de leurs poursuivants. Tout est bien qui finit bien, non ? Révélation …Eh bien oui, mais pas pour longtemps. Grâce à leurs trous de vermine, les Skavens ont en effet tôt fait de débarquer à leur tour en Aqshy, mais les hasards de la déviation font que la horde pouilleuse qui se matérialise dans le Royaume du Feu le fasse à une distance importante des murailles de la cité, laissant à Rosforth, Slobda, et leurs suivants tout le temps nécessaire pour aller demander asile à Brightspear. Mais demain sera un autre jour… 1 : Dans le cas de Slobda (et par « capillarité », Rosforth), Loucher a moyennement apprécié que la sourcilleuse Ogor ait fracassé le bras de son neveu après que ce dernier se soit retrouvé en dehors de la ligne du carré castellite lors de la bataille contre les Orruks, et qu’elle l’ait « amicalement » remis en position. Quand on vous dit que la géométrie est au cœur du gameplay d’AoS, on ne ment pas. 2 : Que l’auteur choisit de ne pas genrer, comme Mike Brooks le fait assez souvent dans ses propres récits. 3 : Au cours de la bataille, le canon de Barachen Sot touche malencontreusement le fessier proéminent de Slobda, qui s’était pourtant jetée à terre pour dégager la ligne de vue sur l’ennemi. Bien que l’accident ne se solde que par quelques plombs dans le postérieur de l’Ogor, rapidement extraits par les bons soins du Doktor Grippe, Slobda manque de dévorer le poivrot responsable de ce tir ennemi pendant la troisième mi-temps, pour lui apprendre à forcer sur la dive bouteille pendant le service. Il faudra toute la diplomatie de Rosforth pour empêcher ce buffet froid. Avis : Adrian Tchaikovsky se mesure à l’exercice, pas franchement évident, de la novella « boîte de base » (sans boîte de base correspondant aux forces en présence au moment de la publication de l’anthologie éponyme, ceci dit), sous-genre de la GW-Fiction consacré à la confrontation épico-marketing des unités phare des deux armées en présence… et s’en sort plutôt bien je dois dire. L’intrigue est claire, mais pas aussi simpliste qu’on aurait pu le craindre (je pense notamment à ‘Thunderstrike’ de Richard Strachan, beaucoup plus poussif dans son propos), la petite galerie de personnages convoqués par l’auteur ont tous assez de personnalité et de profondeur pour mériter de figurer sur la feuille de match, Tchaikovsky alterne avec maitrise passages d’action à haute intensité1 – même si, petit grief de ma part, le choc entre Heaumefers formant un carré castelite et hordes de Skavens/Vermines de Choc devient un peu lassant à partir de la troisième fois – et séquences plus calmes, allant parfois jusqu’au drôle, dédiées au développement des relations entre les personnages et la contextualisation du récit dans les Royaumes Mortels : on sent que notre homme maîtrise son sujet. J’ai d’ailleurs particulièrement aimé le chapitre pendant lequel Slobda manque d’engloutir Barachen Sot après s’être fait plomber le cuir et trouer les fesses suite au tir de contre-charge hasardeux de l’artilleur alcoolique, où l’on comprend bien le fossé culturel et racial qui sépare Ogors, même « civilisés », et humains. Adrian Tchaikovsky avait démontré dans ses précédents travaux (‘A Taste of Lightning’) qu’il avait une tendresse particulière pour cette noble et incomprise faction d’Age of Sigmar, et cela se perçoit également dans ‘On the Shoulders of Giants’, novella qui va vous donner envie, si ce n’est de débuter une armée de ces beaux bébés, au moins de vous procurer un exemplaire de Major-Fusil sur Ogor d’affût, je gage. Au final, un moyen format à la fois assez peu mémorable mais plutôt sympathique à lire, ce qui est à mon avis le meilleur résultat qu’un auteur chargé d’écrire ce type de production pour la BL peut atteindre de façon réaliste. 1 : Mention spéciale ici aux séquences d’affrontement à distance entre Rosforth et le Jezzail, mises en scène comme le duel des snipers de Stalingrad, et très prenant à lire. Fluff : Ogors (Culture) : Les Ogors considèrent que l’estomac est le siège de toutes les émotions. Ils n’ont pas de respect particulier pour les membres de leur espèce et mangeront leurs cadavres comme ceux des autres races. Pour un Ogor, être qualifié de gros est le plus beau compliment qui soit. À l’inverse, toutes les remarques littéralement réductrices sont perçues comme des insultes particulièrement graves. • Written in Stars Révélation Black Library 2024 Advent Calendar/2024/24 pages Intrigue : Rien ne prédestinait l’humble apprenti Astromancien Irixi, disciple de l’honoré Acamatl, à jouer un rôle dans l’accomplissement de la volonté des Anciens plus important que l’entretien des plantes vertes du vaisseau L’Oeil Céleste de Tepok, ce qui constituait sa mission principale depuis sa sortie de l’œuf. La volonté de ces anciens démiurges, et celle de leurs serviteurs préférés, les Slanns, est toutefois impénétrable, et quand le vénérable Seigneur Sek’atta ordonne à l’avorton de se rendre sur Ghyran pour faire un relevé céleste à l’importance capitale pour déchiffrer une ancienne prophétie, ni Irixi ni Acamatl n’y songent à deux fois avant de s’exécuter. Après tout, la qualité première des Seraphons est l’obéissance. Pour ne rien arranger des affaires d’Irixi, l’endroit où il doit faire ses observations a été capturé par les forces de Sigmar et converti en fort retranché, protégeant une route stratégique souvent utilisée par les croisades Dawnbringers pour évangéliser le Royaume de la Vie. Seraphons et Sigmarites boxant – en théorie – dans le même camp, et les premiers n’ayant besoin d’être sur place qu’une seule nuit pour contempler le ciel, avant de repartir à jamais orbiter le cosmos, Irixi est envoyé seul sur place après avoir appris les rudiments de la langue locale, et non à la tête d’une phalange de puissants guerriers. Le Skink malingre est accueilli sur place avec tous les honneurs dus à son rang1 par un quatuor de personnages importants : le Maréchal Gordio Kalwaeth, commandant de la garnison défendant la Colline aux Ruines (le nouveau nom donné par les Sigmarites à l’endroit), le diplomate Yolvery Gellenscher, la mage de bataille Helecta SanCyr, et la Sœur supérieure Clemantil. Bien que le choc des cultures soit assez brutal pour les deux camps, la coopération inter-espèce se passe relativement bien, et Irixi est laissé libre de préparer son grand soir (et sa longue nuit) sans heurts. Un autre personnage, également présent sur place, a toutefois prévu d’utiliser la venue de l’Astromancien novice pour avancer ses propres fins. Le maître chasseur/espion pour le compte de l’Ordre d’Azyr Temerai Gost a en effet trouvé des indices suggérant que le camp sigmarite a été infiltré par un serviteur du Chaos, de mèche avec les tribus Darkoath qui hantent les bois de la région. Temerai suspecte les quatre dignitaires précédemment présentés, sans savoir lequel d’entre eux est un agent double. Il a alors l’idée de faire courir la rumeur qu’Irixi est venu sur la Colline aux Ruines afin de débusquer un agent du Chaos, ce qui forcera ce dernier à agir et permettra au répurgateur de le prendre sur le vif. Certes, cela met en danger la vie de l’émissaire Seraphon, mais on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, et Sigmar n’interdit pas d’utiliser ceux des Skinks à la place de ceux des poules, pour changer. Lorsque la nuit fatidique arrive enfin, Temerai se cache donc à proximité du ziggourat ruiné investi par Irixi pour mener sa cérémonie, et s’arme de patience (ainsi que d’une paire de pistolets, évidemment)… Révélation …Si le maître espion avait eu raison de croire que le traître tenterait d’attenter à la vie de l’Astromancien, il ne s’attendait pas en revanche que le cultiste chaotique soit Petir, le porteur de relique et aide de camp du Maréchal Kalwaeth. Cet aveuglement permet à Petir, qui a pris soin d’affaiblir les charmes protecteurs utilisés par Temerai pendant qu’il changeait son linge de chambre (apparemment, les porteurs de relique font aussi room service à Ghyran), de neutraliser facilement le chasseur de sorcières, qui se retrouve saucissonné dans un taillis de ronces. Irixi se retrouve désormais à la merci du traître, et pourrait bien payer cher le coup de poker (perdant) de Temerai… Révélation …Heureusement pour lui, les Anciens font vraiment très bien les choses, et ont pris soin de laisser dans leur poste avancé ruiné un message alertant leur serviteur du péril dans lequel il allait se retrouver. TGCMLA, comme on dit. Petir se fait donc surprendre par un tapis de serpents (comme à la belle époque des Hommes-Lézards) qui lui plantent leurs crochets dans les guiboles, avant de partir en lévitation et de disparaître vers d’autres cieux, Team Rocket style. Tout est donc bien qui finit bien pour Irixi et pour Temerai, le premier ayant réussi à capter le message cosmique que Sek’atta l’a envoyé quérir chez les barbares à peau molle, et le second s’étant débarrassé d’une menace insidieuse. A quand un vrai buddy movie entre ces deux-là ? 1 : En bons administrateurs, les Seraphons avaient prévenu à l’avance de leur visite, en laissant une tablette de RSVP à Hammerhal quelques mois plus tôt. Avis : Une fois encore, Adrian Tchaikovsky prend le contre-pied de ses collègues de la Black Library et met en scène une nouvelle très éloignée des canons belliqueux, sanglants et désespérés de la GW-Fiction, avec ce plaisant ‘Written in Stars’. A moitié mission diplomatique entre cultures que tout oppose, à moitié partie de Cluedo animée par des individualités très hautes en couleur (du Maréchal carriériste souffrant d’un fort syndrome d’infériorité jusqu’à la zélote qui compare tout à la foudre sigmarite parce qu’elle manque cruellement d’imagination, en passant par la mage qui se proclame experte de n’importe quel sujet), cette histoire est une bouffée de fraîcheur parmi les tombereaux de guerre, de sang et de cataclysme que la BL produit à échelle industrielle, mais ne dénature pas le lore d’Age of Sigmar pour autant. Une vraie et singulière réussite. Fluff : Rien de transcendant. Alexander Dan Vilhjálmsson (1) Révélation Bien des années après le passage de Rani Kellock et Rjurick Davidson (qui étaient en fait Australiens tous les deux), Alexander Dan Vilhjálmsson vient représenter l’Islande parmi les nationalités œuvrant à l’enrichissement de la GW-Fiction. ‘All Is Foretold’ (2024) est sa première incursion dans ces univers si particuliers ; avant cela, il a écrit les romans ‘Shadows of the Short Days’ et ‘The Storm Beneath a Midnight Sun’. • All Is Foretold Révélation Wanderers of the Realms/2024/24 pages Intrigue : Les présages sont formels : le village fortifié de Whitemist, perdu dans un coin aussi brumeux qu’inhospitalier (rapport à la forte population de Démons locaux) d’Ulgu, est sur le point de se faire détruire par une catastrophe dont les Royaumes Mortels sont hélas trop familiers – sauf en Azyr, parce que the sun always shines on TV Azyr, comme le dit la chanson. À l’origine de cette prédiction funeste, on retrouve la sorcière Setrima, une Ulgute (?) pur jus, et donc logiquement méprisée et considérée comme une citoyenne de second ordre par l’aristocratie Azyroise (??) qui domine la société de Whitemist. Cette lutte des classes entre indigènes et colons remonte aux débuts de l’Âge de Sigmar, mais a été significativement renforcée par la destruction de la cité d’Azyrsen par les forces du Chaos il y a deux générations de cela, méfait que les Azyriens (…) ont eu tôt fait d’imputer, au moins en partie, à leurs camarades provinciaux. Dans le doute, il faut toujours blâmer les bouseux, c’est bien vrai. Bien qu’elle sache pertinemment qu’elle a peu de chances de convaincre le gouverneur (Gerent) de l’urgence de la situation et de la nécessité de faire… quelque chose pour conjurer le mauvais sort (dans la situation présente, autoriser les Ulgais – je laisse tomber – rejoindre la croisade instiguée pour combattre les Démons des alentours), Setrima tente tout de même de raisonner le mage flamboyant Syserak, conseiller privilégié du notable, pour qu’il plaide sa cause auprès de son maître. Pas de chance, Sys’ est aussi obtus et méprisant que ses petits copains de la haute, et envoie balader l’enchanteresse sans ménagement. Décidément, il n’y a que les nuls qui sont prophètes dans leur IP. Rassemblés sur la place centrale de Whitemist pour regarder partir leurs fiers guerriers, les Whitemist… habitants de Whitemist assistent à une joute verbale entre une Setrima de plus en plus hystérique et le Gerent et son acolyte passablement énervés par le mouvement de désobéissance civique initiée par cette dernière, jusqu’à ce que tout à coup, l’impossible se produise… Révélation …Un grand rayon lumineux déchire le ciel toujours voilé d’Ulgu, annonçant la venue d’un ost de Seraphons menés par l’Astroprêtre Xetaki et l’Astromancien Taketla. Face à la puissance des Saurus, l’agilité des Skinks et la dévastation provoquée par la ménagerie de gros lézards ramenés par les ET d’AoS, la défense des sigmarites craque assez rapidement, et c’est un joli massacre qui est perpétré dans les rues de Whitemist. Seuls Setrima et quelques-uns de ses concitoyens, dont l’horrible Syserak, parviennent à s’échapper du village condamné grâce aux illusions conjurées par la sorcière. Ce répit est de courte durée car les Seraphons ont impeccablement planifié leur offensive, et envoyés des cordons d’éclaireurs rabattre les fuyards. Sans les remords éprouvés par ce sentimental de Xetaki, qui se considère comme une anomalie du Grand Plan du fait des conditions étranges de sa naissance (ses frères et sœurs de couvée sont morts nés, le laissant seul survivant de sa génération), et est donc plus fleur bleue que sang-froid, c’en aurait été fait de Setrima et de sa bande, rattrapés en quelques minutes par les Hommes Lézards. Finalement, Xetaki intervient au moment où ses Saurus allaient déchiqueter les misérables humains (trop tard pour sauver Syserak cependant, il nous manquera), et choisit de les escorter un peu plus au nord du village rasé, avant de les relâcher dans leur milieu naturel. Ce court voyage s’avère riche d’enseignements. On comprend en effet que l’attaque sur Whitemist n’était qu’une mesure préventive des Seraphons pour « pacifier » la totalité d’une zone qu’ils considéraient comme étant en proie au Chaos. Leur première et principale cible était la horde de Démons qui squattait dans la forêt locale, et qui se fait également astropoutrer dans le lointain. Ne sachant pas, ou ayant la flemme de, faire la différence entre cultistes du Chaos et suivants de Sigmar, les Seraphons ont foncé dans le tas et massacré sans discernement. De son côté, Setrima profite de cette petite balade pour faire un criblage arcanique en loucedé des nouveaux arrivants grâce à ses pouvoirs magiques, et découvre avec colère qu’ils sont infusés d’énergie azyrite, ce qui ne fait que renforcer l’a priori très négatif qu’elle éprouve envers Sigmar. Son coup de sang est tellement marqué qu’il attire l’attention d’une entité démoniaque (probablement Nurglesque) du cru, qui en échange de son âme, lui donne les pouvoirs nécessaires pour enrhumer à mort les Saurus et Skinks qui lui servaient de geôliers (sauf Xetaki, qui était sans doute triple vacciné), lui permettant ainsi qu’à ses quelques camarades – qui mutent violemment dans l’opération – de reprendre leur liberté. La nouvelle se termine sur l’entretien préalable à licenciement dissolution de Xetaki devant le Seigneur Ixathandu (sans doute un Basque, vu le nom), en punition de son échec à mener à bien sa partie du Grand Plan. Ixa fait cependant preuve de clémence, et se contente de bannir l’Astroprêtre tourmenté de son vaisseau cosmique, et de lui intimer de découvrir l’emplacement de la Cité Temple du Seigneur Temictli, perdue depuis des éons dans les brumes d’Ulgu, en pénitence de sa faute. Affaire à suivre… Avis : Pour ses débuts dans la GW-Fiction, l’Islandais Alexander Dan Vilhjálmsson jette les bases d’un arc des plus prometteurs, mêlant réflexions intéressantes sur les équilibres de pouvoir dans et entre les factions d’Age of Sigmar, personnages complexes et intrigants, scènes d’action brutales et enrichissements fluff. On serait excusé de penser à une adaptation de l’approche du Dark Coil de Peter Fehervari aux Royaumes Mortels. Qui plus est, comme les Seraphons n’ont pas bénéficié de beaucoup d’attention de la part de la Black Library depuis le lancement d’Age of Sigmar, la lecture d’’All Is Foretold’ est une expérience plus dépaysante que la moyenne. Très sympathique. Fluff : Spirale d’Ulguroth : Région d’Ulgu où les forces de Sigmar tentèrent d’établir une cité, Azyrsen, qui fut détruite moins d’une génération après sa fondation par le Chaos. Les natifs de la Spirale portent la fourrure du myrkvarg, un prédateur local hantant la Forêt Sinistre (Bleak Forest) et ornée de motifs hallucinogènes rendant sa détection presque impossible. Ils vénèrent également des animaux totemiques (Cobra, Panthère, Corbeau, Crapaux – rq : peut-être des incarnations des Dieux du Chaos), bien que ces croyances soient réprouvées par les colons d’Azyr. Sigmar : Son nombre sacré est le 12 (rq : sans doute parce qu’il a la réponse à tout et est vraiment très vieux). Andy Clark (5) Révélation Comme beaucoup de ses collègues, Andy Clark a commencé sa contribution au corpus Age of Sigmaresque de la Black Library avec de façon chaotique (‘Gorechosen’). Il est également le tuteur légal de l’intrépide Neave Blacktalon (‘First Mark’, ‘When Cornered’, ‘Hunting Shadows’), et est un des verts fondateurs de la littérature Gits (‘Gloomspite’). ♫ Neave Blacktalon... Neave Blacktalon... Neave Blacktalon... C'est eeeeeelle !!! ♫ (2) • Blacktalon: When Cornered Révélation Summer of Reading 2018/2018/25 pages Intrigue : Je suis sûr que vous vous êtes déjà retrouvé dans une situation où vous avez été coiffé sur le poteau par un quidam quelconque (à la caisse du Super U par une petite mamie, ou pour l’accès à une place de parking par un automobiliste sans vergogne). On peut tous admettre ici que, malgré le fait que ce soit très pénible et qu’il faille prendre sur soi pour ne pas créer un esclandre, il serait malvenu de laisser ses penchants de primate territorial s’exprimer. C’est à peu près la situation dans laquelle se retrouve la Knight-Zepyhros et chasseresse en chef de Sigmar, Neave Blacktalon, après que la proie après laquelle elle courrait depuis six mois, le sorcier de Tzeentch Xelkyn Xerkanos, se soit fait alpaguer par l’armée du Thane Halgrimmsson, alors qu’il rôdait dans l’arrière-pays chamoniard (il préparait l’UTMB, sans doute). On pourrait penser que la coopération serait naturelle entre la Stormcast et les Duardin, mais comme les deux camps ont choisi de miser sur les raisons de détester Xerkanos (il a tué le roi Halgrimm, père du Thane, ainsi que bon nombre de ses guerriers du côté des petits barbus, et a commis une litanie de massacres et de déprédations qui ont conduit le grand barbu à le mettre sur sa to kill list du côté de Blacktalon) plutôt que de développer leurs talents de diplomate au moment d’établir leur fiche de personnage, le problème est loin d’être résolu pour les forces de l’Ordre. Un fragile accord a été négocié de haute lutte, selon lequel Xerkanos sera ramené à la forteresse des Duardin pour être formellement jugé, mais il reviendra à Blacktalon d’exécuter le sorcier une fois la sentence prononcée. Comme personne n’est dans le fond satisfait de cette négociation, les premières pages de la nouvelle voient Halgrimmsson et Blacktalon palabrer comme des marchands de tapis sur la route qui ramène l’armée du Thane en direction de la petite ville de Lightsdawn, étape obligatoire avant d’arriver au karak du clan. N’ayant pas réussi à convaincre son interlocuteur de régler une bonne fois pour toute son compte au mage à tête de libellule qui se lamente dans une charriote en queue de peloton, l’opiniâtre Stormcast décide d’aller se passer les nerfs en allant se moquer du prisonnier (pas très classe, mais elle ne l’est pas). Avant de se faire gentiment jeter par les Brise Fer qui gardent la roulotte, agacés à juste titre par les jurons démoniaques que Blacktalon fait pousser à Xerkanos à force de punchlines, notre héroïne acquiert la certitude grâce à ses sens trop trop aiguisés que le sorcier fomente une tentative d’évasion. D’ailleurs, elle l’a vu cacher une écharde de bois dans ses robes, ce qui lui sera sans doute utile pour forcer ses chaînes… ou se curer les dents. En tous cas, elle décide très intelligemment de garder cette information pour elle et de ne pas intervenir sur le moment, certaine de sa capacité à vaincre le faquin s’il devait avoir la bonne idée de sortir de sa cage un peu trop tôt… Lorsque la colonne éprouvée finit par arriver en vue de Lightsdawn, les super pouvoirs sensoriels de Blacktalon lui permettent à nouveau de déceler que quelque chose ne tourne pas rond chez les miliciens qui patientent sur le chemin de ronde pendant que les Duardin approchent par la route. Cette fois-ci, elle juge bon de prévenir Halgrimmsson, mais ce dernier a décidé de faire sa mauvaise tête, sûrement fâché qu’elle soit toujours plus grande que lui alors qu’il se déplace sur un bouclier porté par ses Longues Barbes, Abraracourcix-style. Il ne claque donc pas de PC pour donner une défense en règle à ses troupes alors qu’elles entrent dans la ville, ce qui a bien sûr des conséquences tragiques à très court terme. Un terrible cri se fait entendre alors que l’armée chemine sur la grand rue, d’une puissance telle qu’il incapacite les Duardin (et leurs tympans fragiles) pendant quelques instants, permettant aux cultistes (avec boules Quies) qui avaient pris la place des véritables gardes de Lightsdawn de passer à l’attaque sans rencontrer de résistance. Grâce à sa constitution supérieure, Blacktalon récupère plus vite que ses alliés, et se rue en direction du wagon où est retenu Xerkanos afin de l’empêcher de s’enfuir à nouveau, jugeant assez logiquement que l’embuscade a été montée par des disciples du sorcier. À sa grande surprise, comme à celle de sa proie, il s’avère en fait qu’une nouvelle faction s’est jointe aux réjouissances : le culte slaaneshi du Sixième Tourment. Cette bande de chercheurs (nerds) menée par le supersonique Achylla – et sa grande gu*ule – en a après le sang de Xernakos, ingrédient indispensable à la conclusion d’un rituel qui leur permettrait de localiser enfin leur divinité disparue. Blacktalon se retrouve alors confrontée à un dilemme épineux : faire la peau à sa cible en profitant de la confusion ambiante, mais courir le risque de permettre aux hédonistes de parvenir à leurs fins (la Knight Zephyros ne se berçant pas d’illusions sur sa capacité à empêcher les cultistes à récupérer le cadavre du sorcier), ou agir comme babysitter de son ennemi mortel, afin de mettre en échec les sinistres plans d’Achylla ? C’est finalement la deuxième option qui s’impose lorsque ce rusé de Xernakos décide de filer en mode kamikaze jusqu’au temple de Sigmar où il sait que ses disciples ont caché une amulette de téléportation. Protégé bon an mal an par Blacktalon, qui lui court après et laisse les Duardin se débrouiller tout seul, le sorcier parvient jusqu’au saint édifice, où l’attend Achylla et sa garde rapprochée. Big Mouth avait mis une de ses six mains sur l’amulette planquée par les suivants de Xernakos, mais son air suffisant est rapidement effacé par l’énorme uppercut que lui colle Blacktalon après qu’il ait commencé à monologuer comme un méchant de série B. Dans la cohue qui s’en suit, le facteur X parvient à récupérer son bien et à fausser compagnie à tous ses haters, laissant Blackie de trèèèès mauvaise humeur. On souhaite bon courage à Achylla et à ses mauvais bougres dans leur future explication de texte avec une Stormcast Eternal en rogne… Avis : Nous tenons avec ce ‘Blacktalon : When Cornered’ une solide introduction au roman ‘First Mark’ consacré par le même Andy Clark à la (suite de la) traque du sorcier XX par l’infatigable chasseresse. Combinant une bonne présentation, tant sur le plan physique (sens super développés, vitesse éclair, force colossale) que mental (obsession pour ses missions, jusqu’à la mise en danger d’elle-même et d’autrui pour arriver à ses fins) de son héroïne avec quelques scènes d’action bien mises en scène, et un peu de tourisme dans un coin bucolique de Chamon1, ce prequel donne plutôt envie de lire la suite, ce qui est bien tout ce que lui demande. Le seul léger grief que je ferai à Clark est le manque de développement dont il fait bénéficier son antagoniste dans ces quelques pages : mis à part son look d’insecte et son côté savonnette, on n’apprend pas grand-chose sur Xernakos et n’avons donc pas de raison de nous attacher particulièrement à lui. J’espère qu’il apparaît plus à son avantage dans ‘First Mark’. 1 : Je suis un peu triste que les mystérieux croquemitaines nocturnes locaux n’ait joué aucun rôle dans la nouvelle, mais peut-être qu’ils apparaissent dans le roman… Fluff : Faune : Les Duardin utilisent les dobkine, des bovidés recouverts de chitine, comme bêtes de trait • Hunting Shadows // La Traque des Ombres Révélation The Hammer & the Eagle/2020/27 pages Intrigue : Neave Blacktalon, Knight-Zephyros des Hammers of Sigmar et chasseuse de têtes personnelle du grand barbu, opère traditionnellement seule. La mission sur laquelle son divin boss l’a mise, et qui l’a conduite sur les terres désolées d’Ashy, s’avère cependant tellement délicate que les autorités compétentes ont jugé bon de lui adjoindre du renfort, sous la forme du Knight-Venator Tarion Arl (et son aigle étoilé Krien) et d’une unité de Vanguard-Palladors, menée par une vieille connaissance avec laquelle elle a déjà coopéré pour disperser une bande de hippies ayant monté une opération escargot1 dans les Royaumes Mortels, Kalparius Foerunner. Je sais, je sais, cela fait beaucoup de jargon sigmarite en peu de lignes, mais rassurez-vous, savoir qui fait quoi est moins important que de se souvenir de la hiérarchie héroïque à l’œuvre dans cette nouvelle, qui décidera de qui devra mourir et à quel moment. Blacktalon les traîne un peu à l’idée de devoir faire équipe avec des collègues, mais un ordre est un ordre, et si l’on en juge par les charniers calcinés que sa proie (qu’elle peut traquer avec l’espèce de GPS sensoriel peu précis dont Sigmar lui a fait don) a laissé derrière elle, un peu d’aide sera en effet utile. Passées les formalités d’usage, la petite bande part donc en courant/volant/transmutant dans la direction indiquée par la chasseresse, qui ressent de façon diffuse que sa cible possède un moyen de brouiller sa ΣG embarquée. En gros, si elle est toujours capable de savoir vers où se diriger, elle ne peut pas jauger de la distance qui la sépare de son gibier, ce qui aura son importance plus tard. Pour l’heure, la fine équipe, en retard sur l’abomination qu’elle pourchasse, doit faire un choix potentiellement lourd de conséquences à proximité de la ville de Sigenvale, qui a reçu la visite du monstre et a été réduite en miettes/cendres par ce dernier. Neave est plutôt partante pour se remettre en route sans tarder, mais Tarion parvient à la convaincre de faire un crochet rapide par les ruines, histoire de secourir d’éventuels survivants. Malheureusement pour l’altruiste voltigeur, la Marque ténébreuse n’en a laissé aucun, et bien que les chasseurs puissent se passer les nerfs sur un pauvre corpsejaw ne faisant que ce que la nature l’a équipé pour faire (c’est-à-dire bouffer les cadavres croisant sa route), il se fait vite jour que le mystérieux prédateur/incendiaire/décapiteur est déjà loin des lieux du crime. Il faut donc à nos héros repartir sans tarder, d’autant plus que le cogfort sensé participer à la traque semble être avoir fait une mauvaise rencontre quelques kilomètres plus loin, comme le bruit de ses canons l’atteste sans doute possible. Bien évidemment, les traqueurs arrivent trop tard sur place pour secourir la machine de guerre (représentez vous le fruit des amours incestueux entre une Forteresse de la Rédemption et une Arachnarok), qui s’est faite éventrer et toute sa garnison massacrée par l’insaisissable bestiole. Blacktalon est colère devant ce carnage dont elle impute en partie la responsabilité à ce gros sensible de Tarion, mais avant qu’elle puisse reprendre les choses en main et relancer la poursuite, une forme colossale émerge soudainement du lac de montagne à côté duquel reposait la carcasse du cogfort… Révélation …Les pouvoirs de brouillage arcanique dont dispose la cible des chasseurs lui a en effet permis de tendre un piège à ces derniers, qui se retrouvent confrontés à… pour faire simple, représentez vous Clifford le grand chien rouge, mais dont la maîtresse ne serait pas la gentille et aimante Emily, mais Valkhia la Sanglante. C’est donc à un pitbull mécanique de Khorne et de fort belle taille (et crachant le feu) que les Stormcast Eternals doivent faire face, avec des résultats peu concluants, comme on peut s’en douter. Très étrangement, ce sont d’abord les Palladors qui sont envoyés pallader par le juggernaut, rapidement suivis par le brave Foerunner, ne laissant que Blacktalon et Tarion, tous les deux sévèrement blessés, pour tenter de renverser la situation. Ce n’est cependant pas chose facile car leur ennemi est très grand, très fort, très rapide, très costaud, et sans faiblesse apparente, mis à part l’écoutille chaînée qui lui sert de nombril. Après quelques moments difficiles dans les décombres du cogfort où les deux héros ont trouvé un refuge précaire le temps de décapsuler quelques potions de vie, le traditionnel plan de la dernière chance est conçu et immédiatement mis à exécution, permettant aux gardes chasses de Sigmar de remporter la victoire. Pour information, le haut fait en question nécessitera que Neave se déchaîne, et que son comparse loge un tir de l’aigle dans un cratère volcanique chatouilleux, ce qui aura pour effet final de noyer l’habitacle de la machine démon dans la lave. Statistiquement improbable je vous l’accorde, mais la high fantasy et les nouvelles d’action de la BL ne s’embarrassent pas de détails de ce genre. Ceci fait, les deux Knights-…, devenus bons copains dans l’adversité, peuvent reprendre le chemin d’Azyr, où ils pourront passer une convalescence bien méritée, ou se suicider pour être reforgés et ainsi redevenir opérationnels plus rapidement. Les politiques sociales sigmarites sont un peu particulières… 1 : Organisée par l’incontournable Horticulous Slimux bien sûr. Avis : Introduction au personnage de Neave Blacktalon (et à celui de son sidekick, Tarion Arl), ‘Hunting Shadows’ met particulièrement l’accent sur les caractéristiques de super héros des Stormcast Eternals (Blacktalon bénéficie en effet de sens ultra développés, et est capable de courir grotesquement vite - pensez Bip Bip et Vil Coyote), faisant de cette traque monstrueuse une sorte d’adaptation de comics Marvel dans les Royaumes Mortels. Je ne dis pas que c’est foncièrement désagréable, mais ça surprend tout de même un peu. Autre point saillant de cette nouvelle, son côté technique en matière de bestiaire et de hiérarchie Stormcast Eternals. C’est bien simple, on dirait qu’Andy Clark a fait exprès d’aller piocher dans les entrées les plus baroques du Battletome pour trouver ses protagonistes, ce qui peut aisément dérouter/saouler le lecteur non averti. En cela, ‘Hunting Shadows’ n’est pas très newbie-friendly, même si l’intrigue reste relativement facile à suivre, du fait du schéma narratif très simple utilisé par l’auteur. En fait, le seul suspense de l’histoire repose dans l’identité de la proie traquée par Blacktalon et ses sous fifres, qui, manque de pot, se trouve être une création inédite de la part de Clark (à moins que la gamme chaotique d’Age of Sigmar comporte un modèle de chien de métal géant). Manque de pot car le lecteur ne peut même pas au final tenter de deviner qui est derrière ces exactions sanglantes et fumantes en se basant sur sa connaissance du fluff. Petite frustration, mais frustration quand même. Pour conclure, j’ai été très moyennement convaincue par cette démonstration de force de la Wonder Woman d’Azyrheim, héroïne certes très balaise mais assez peu attachante. Peut-être que cela est corrigé dans le roman qu’Andy Clark lui a consacré ? Fluff : Stormcast Eternals : Les Shadowhammers sont la Chambre d’Eclaireurs (Vanguard Chamber) des Hammers of Sigmar. Leur membre le plus célèbre est Neave Blacktalon. Corpsejaw : Une espèce de charognard reptilien originaire d’Aqshy, doté de six pattes griffues et d’une gueule de crocodile. Un adulte pèse plusieurs tonnes. Cogfort : Chefs d’œuvre des ingénieurs Ironweld, ce sont des forteresses rendues mobiles grâce à l’ajonction de pattes mécaniques semblables à celles d’une araignée. Un cogfort possède une garnison d’une centaine d’hommes, et possède la puissance de feu nécessaire pour vaincre une armée. Cogfort nommé : l’Iron Despot (détruit par un démon de Khorne en Aqshy). Autres (3) • Gorechosen Révélation Call of Chaos/2015/13 pages Intrigue : La tribu du Crâne de Fer, joyeux rassemblement de sympathisants de Khorne, dévaste Aqshy sur son passage sous le commandement de son Prêtre du Massacre, le visionnaire Akhagor. Meneur charismatique de la petite armée, Akhagor doit cependant composer avec l’ambition non dissimulée d’un autre champion, le Deathbringer Vorhak, qui ne se gène pas pour contester ses décisions, et en particulier le peu d’empressement du Prêtre d’aller rejoindre Korghos Khul, qui rassemble le ban et l’arrière-ban chaotique pour endiguer la marée métallique de Sigmar. De son côté, Akhagor préfère traîner dans l’arrière-Royaume d’Aqshy, et tient absolument à visiter le Scorchpit, un gigantesque cratère volcanique recouvert de forêts et sillonné par des bandes rivales. Sanguinaire mais pas téméraire, Vorhak prend cependant bien soin de ne pas franchir la ligne blanche rouge avec son boss, qui tolère son insubordination pour des raisons aussi mystiques que mystérieuses. Le trek sauvage dans lequel les Crânes de Fer s’embarquent à la suite de leur champion ne manque pas de décimer la farouche tribu, dont la grande majorité des guerriers finira par connaître la mort violente à laquelle chaque Khorneux aspire, sous les lames des autres factions tournant en rond dans la pampa, ou bien au cours des amicales joutes gladiatoriales organisées chaque soir au moment du bivouac1. La relation entre les deux hommes forts ne s’améliore cependant pas des masses pendant le périple, chacun rivalisant d’exploits martiaux pour s’attirer la fidélité de ses suivants. Lorsque les derniers survivants, qui ont tous gagné une dizaine de niveaux au passage, finissent enfin par sortir du Scorchpit, Vorhak tente sa chance et déclenche une bagarre générale, pendant laquelle il se rue sur son rival… Révélation …Bien qu’ayant d’abord la main haute dans le combat, le Deathbringer commet l’erreur de sous-estimer son adversaire, qui lui sert la feinte du Père Lafeinte et le décapite sans cérémonie, envoyant s’écraser son cadavre dans le cratère dont il venait à peine d’émerger. C’est là le signe indubitable de la volonté de Khorne, qui préfère que ses champions s’illustrent dans un conflit éternel et peu glorieux, plutôt que d’aller rejoindre la pose de ce causeur de Khul (ou l’inverse). Après tout, si l’herbe est toujours plus verte ailleurs, le sang, lui reste tout aussi rouge… 1 : Akhagor profite d’ailleurs de ces moments de convivialité pour siroter son cocktail favori, un blood & sand un peu spécial composé du sang de sa dernière victime, de malepierre et d’ichor démoniaque, saupoudré de poudres alchimiques et relevé d’un trait de tabasco. Avis : À travers sa nouvelle d’exposition des entrées du (à ce stade futur) Tome de Bataille des Lames de Khorne (Prêtre du Massacre, Deathbringer, Bloodreavers, Skullreapers, Chevaliers sur Juggernaut…), Andy Clark arrive à faire passer un message intéressant, central dans le credo de ce Dieu mais rarement mis en perspective de cette manière dans les œuvres de la GW-Fiction : qu’importe d’où coule le sang. Si en général, cet axiome est illustré par les nombreuses luttes intestines et fréquentes auto-décapitations qui font le charme des bandes guerrières de Khorne, Clark pose le problème d’une façon plus originale : le Dieu du Sang se contrefiche que ses guerriers participent à une grande croisade en son nom ou passent leurs journées à zoner dans le sous-sol du Super U de Brive la Gaillarde, du moment qu’ils font couler le gros rouge à foison et atteignent leurs quotas crâniens. Seul un vrai fidèle arrivera à mettre ses désirs de gloire personnelle au second plan pour servir son patron de la façon la plus « efficace » qui soit, réalisation capitale qui sépare Akhagor de Vorhak. Nous sommes donc en présence d’une sorte de conte philosophique à la sauce grimdark, que je ne placerais pas au même niveau que ‘L’Histoire d’un Bon Bramin’ de Voltaire, mais qui mérite certainement la lecture pour de l’Age of Sigmar. Fluff : Scorchpit : Cratère d’Aqshy recouvert d’une grande forêt de conifères enflammés, et sans cesse disputé par de multiples factions chaotiques. • The Offering Révélation Black Library Advent Calendar 2020/2020/18 pages Intrigue : C’est la belle sombre nuit de Noël Nost’rnight, ce qui signifie une chose pour les habitants de Breaker’s Vale, avant-poste minier de Chamon : leur offrande doit être livrée au pied de l’arbre du don sans tarder, sous peine de terribles représailles. Guidée par leur Aîné, une petite délégation de péquenauds chemine donc péniblement jusqu’au point de drop ‘n collect le plus proche, chargée des maigres richesses que les locaux ont mis de côté à cette fin au cours de l’année écoulée. Au moment de repartir se calfeutrer dans les chaumines, le jeune Narry choisit cependant d’initier sa crise d’adolescence en questionnant tout haut le choix de ses concitoyens de détourner une partie de la production de Breaker’s Vale pour payer un tribut à ce qu’il considère n’être que de vulgaires brigands. Le moment a beau être très mal choisi, l’Aîné prend sur lui de remettre le petit rebelle à sa place, en lui racontant ce qui s’est passé l’année où l’offrande n’a pas été faite… À l’époque, Breaker’s Vale venait d’accueillir son nouveau maire, Gustav Thatcher, fils exilé pour détournement de fonds d’une grande famille azyrite. Ce châtiment n’avait cependant pas suffi pour guérir Gus de sa sale manie de truquer les registres et s’en mettre plein les poches (ou dans le cas précis, le coffre), l’édile malgré lui de Breaker’s Vale ne comptant pas rester toute sa vie à moisir rouiller dans l’arrière-pays chamoniard, et ayant besoin d’accumuler un petit pécule pour pouvoir faire son retour dans le game. Un amoureux des livres (de compte) comme lui ne pouvait donc pas manquer de rapidement remarquer les discrètes mais visibles modifications apportées par un quidam tout aussi filou que lui à son propre registre, preuve indiscutable que le PIB de Breaker’s Vale se faisait siphonner par de multiples fripouilles. On pourrait presque parler de république bananière si Sigmar n’était pas un despote (et plutôt foudroyant qu’éclairé, si vous voulez mon avis). Guère soucieux de partager, et encore moins ravi d’avoir été pris par une andouille par ses administrés, Gustav remonta rapidement à l’origine du problème, et fit main basse sur le butin collecté par les locaux, malgré les supplications de son majordome (Saul) de laisser les habitants déposer leur offrande annuelle aux Grobbi Blackencap, sous peine de représailles. Croyant avoir affaire à une vulgaire superstition paysanne, Gustav refusa tout net, ce qui mena Breaker’s Vale à connaître une nuit très agitée, comme vous pouvez vous en douter. Mécontents de n’avoir pas reçu leur dû, les Gits locaux organisèrent une soirée à thème « Spores sur la ville », résultant en de multiples vomissements et purulences fatales parmi la population. Sauvé par le dévouement de ses gardes et le bon cœur de Saul, Gustav parvint à s’enfermer dans son coffre alors que les séides de la Mauvais Lune prenaient d’assaut son manoir, laissant son majordome s’expliquer avec les intrus. Ce fut toutefois la fourberie de trop pour l’arnaqueur de la métropole, qui se rendit compte un peu trop tard que Saul connaissait lui aussi le code de la chambre forte, et n’avait plus aucun scrupule à laisser son employeur s’expliquer en tête à tête avec la mafia gobelinoïde chamoniarde (et le Troggoth du parrain à capuche local). Son récit terminé, l’Aîné (un Saul un peu décrépit par le poids des années) constate avec satisfaction que cette grande gueule de Norry n’a plus rien à redire au versement de la dîme, et enjoint son monde à regagner ses pénates métalliques en attendant que le soleil se lève. Comme on dit dans le coin, entre la caverne et le fungus, mieux vaut ne pas mettre le doigt. Avis : Andy Clark retourne aux champignons avec ‘The Offering’, nouvelle mettant à nouveau en lumière (de la Mauvaise Lune) les déprédations micellaires des Gloomspite Gitz, quelques mois après la sortie de son roman ‘Gloomspite’. Ce court format se suffit à lui même1, et nous sert une variante AoSesque du récit classique du tribut versé par une communauté démunie à une force maléfique pour éviter les ennuis. Le déroulement de cette petite fable sera donc familier à la majorité des lecteurs, l’originalité et la valeur ajoutée de ‘The Offering’ résidant (un peu) dans les quelques descriptions graphiques des maléfices dont sont capables ces farceurs de Gitz, et (un peu aussi) dans la révélation de l’identité « secrète » de l’Aîné, qui aurait pu être aussi bien un Thatcher assagi par son accrochage avec la ruralité profonde de Chamon que le très évident Saul. À titre personnel, et ayant lu à de nombreuses reprises que Clark avait produit pour ‘Gloomspite’ des passages proprement nauséeux (ce qui est une bonne chose pour de la littérature gobeline, j’imagine), je suis resté sur ma faim : mis à part la classique mouche dans le potage – ici livrée sous sa variante d’asticot dans le pudding – et quelques inhalations de spores aux effets dermatologiques regrettables, rien n’est vraiment dégoutant. Un peu trop insipide à mon goût donc, même si l’ensemble reste très correct. 1 : On notera tout de même la présence d’un personnage nommé Saul dans les deux histoires. Comme quoi, en cas d’infestation gobeline, better call Saul. Fluff : Rien de transcendant. • Zograt Révélation Black Library Celebration Week 2023/2023/15 pages Intrigue : La vie de Zograt, humble Git à la carrure chétive et au pied bot de la tribu du Badwater Drop (que l’on pourrait littéralement traduire par « Chasse d’eau pleine », c’est dire), n’est pas de tout repos. La camaraderie n’étant pas une vertu cardinale chez les peaux vertes, quelle que soit leur taille, l’avorton passe son temps à subir des mauvais traitements de la part de ses camarades mieux bâtis, exception faite du benêt – et pas très costaud non plus – Driggz. Cependant, lorsque le chef Skram Badstabba réunit ses guerriers dans la grande caverne tribale pour faire une annonce générale, les deux minus se rendent sur place avec le reste de la troupe, ne serait-ce que pour s’assurer qu’une catastrophe ne va pas s’abattre sur eux sous peu (ce qui arrive assez souvent chez les Gloomspite, on peut le reconnaître). Skram, accompagné des Chamanes de son Gobbapalooza, déclare à ses ouailles qu’il a reçu une vision de la Lune Funeste en personne (?), l’enjoignant à mettre la griffe sur le légendaire le Granpignon Kibrille (Great Glowy ‘Shroom), une rare variété de champignon bénie par la divinité tutélaire des Gloomspite. Se jugeant trop important pour mener cette quête par lui-même, le Loonboss cherche donc à convaincre un des ses séides de faire le boulot à sa place, en l’échange d’une promotion bien méritée. L’enthousiasme délirant que suscite cette offre de prime abord est cependant rapidement éteint par un Zograt trop malin (et grande gueule) pour son propre bien, qui interpelle son chef en lui demandant pourquoi il a soigneusement omis d’indiquer l’endroit où le champignon magique est sensé se trouver. Et pour cause, le divin fungus a été localisé par le Gobbapalooza à proximité du sinistre Shudderwood, une forêt peuplée de monstres (ce qui est mal) et située en surface (ce qui est pire). Cette petite information a pour effet de doucher d’un coup les velléités de progression sociale au sein de la tribu, ne laissant plus d’autre choix à Skram que d’envoyer le souffre-douleur du Badwater Drop s’enquiller le sale boulot, ou plus probablement, mourir horriblement en essayant. Accompagné par un duo de guerriers (Narks et Buggit) tout aussi peu appréciés du management que lui-même, Zograt prend donc la route de Shudderwood. Si le trio parvient à localiser le Granpignon sans autre aléa que l’écrasement malencontreux d’un pauvre scarabée innocent par le Z (à sa décharge, il était alors distrait par les récits de monstre que ses camarades s’amusaient à lui servir pour le « motiver » à avancer – je pense que l’on peut plaider l’insecticide involontaire), le récupérer se révèle être une autre paire de manches, une… bête, ressemblant assez à un Ur-Ghul de 40K, ayant investi la caverne où la précieuse morille a poussé. Alors que Narks et Buggit ne seraient pas contre une retraite prudente, quitte à revenir plus tard avec des effectifs supplémentaires, Zograt se sent attiré de manière inexplicable par le champignon, et décide de tenter sa chance, bien aidé par ses capacités cérébrales supérieures à la moyenne. Il comprend ainsi que le monstre est aveugle mais se repère grâce à son ouïe et à son odorat surdéveloppés, et qu’il est donc possible de lui échapper en progressant sans un bruit et en plaçant un leurre odoriférant (comme le bout de champignon phosphorescent utilisé comme lanterne par les aventuriers de la truffe perdue) à l’entrée de l’antre de la bête. Ces sages précautions, et la stupidité crasse de ses camarades, qui attirent rapidement l’attention de leur hôte et se font donc dépecer sans ménagement, permettent à Zograt de toucher prendre un croque dans le saint des saints. Des visions aussi apocalyptiques que grandioses s’emparent alors de notre héros, culminant en l’apparition de la Lune Néfaste dans sa blafarde majesté : il est évident que le petit Git est destiné à de grandes choses, et donc peu étonnant que Zograt parvienne à s’enfuir avec son butin sans trop de dommage (une oreille balafrée), en se glissant dans une fissure dans la roche trop étroite pour que le monstre puisse le suivre. Si le retour au Badwater Drop ne se passe pas aussi bien qu’il l’avait imaginé, Skram lui arrachant le précieux champignon sans même un merci, lui refusant tout net de le faire Boss comme il l’avait promis, et l’envoyant récurer l’enclos à Squigs avec Driggz pour faire bonne mesure, Zograt sent confusément qu’il n’est plus le même Grot qu’au début de sa quête initiatique, et que les choses sont sur le point de changer du tout au tout au sein de la tribu. Ce petit a du potentiel… Avis : Une introduction honnête au roman consacré par Andy Clark au plus philosophe des Gloomspite Gits (à la différence près que Zograt tient sans doute mieux la ciguë que son illustre prédécesseur), mais où l’on ne retrouve pas assez des deux éléments qui font à mes yeux tout le sel de la littérature grot : l’humour nihiliste d’une part, et l’horreur graphique de l’autre. À considérer comme le « chapitre 0 » de ‘Bad Loon Rising’1 plutôt que comme une nouvelle autonome. 1 : Le roman commence d'ailleurs 10 secondes après la fin de 'Zograt', ce dernier pelletant la bouse de Squigs en compagnie de son fidèle Driggz comme ordonné par Skram Badstabba. Fluff : Gloomspite Gits (Culture) : Le Great Glowy ‘Shroom (rq : que je traduis librement par Granpignon Kibrille) est un champignon sur lequel les rayons de la Lune Funeste se sont posés, lui donnant une forme caractéristique, semblable à la représentation canonique de la divinité (une lune crochue et grimaçante) et l’infusant de magie destructrice. La consommation du Granpignon Kibrille peut induire des visions chez les Gits, et renforcer leurs capacités magiques. Anna Stephens (3) Révélation Anna Stephens a signé la trilogie ‘Godblind’ (et pas Goblin) avant de louer ses services à la Black Library. Son corpus de GW-Fiction comprend la nouvelle ‘The Siege of Greenspire’ et son prélude 'River of Death'. • River of Death Révélation Inferno! #5/2020/19 pages Intrigue : Alors que l’aurore pointe à peine sur les maisons endormies de la ville fluviale de Demesnus, en Ghyran, un trio de jeunes gens attend un dernier compagnon sur les quais. Nos héros sont Brida Devholm, pas encore engagée dans les armées de Sigmar (The Siege of Greenspire), et les jumeaux Sati et Cahn, tous trois issus des classes laborieuses de la cité, et chargés par leurs familles d’aller récolter les joncs dont l’industrie locale fait grand usage, pour la teinture et la vannerie. Leur camarade est le mieux né Eron Rush, fils d’une grande famille locale, et néanmoins énamouré de Brida, à laquelle il compte se fiancer prochainement. Cette dernière l’a donc invité à faire la connaissance de ses amis d’enfance prolos, en espérant que quelques heures passées ensemble à faucher du roseau et se pinter à la bière rapprocheront ces deux mondes que tout oppose (sauf elle, bien sûr). Force est de constater que son plan de copinage se déroule initialement sans problèmes, la bonhomie naturelle et les clowneries outrées d’Eron parvenant à vaincre la suspicion et les préjugés que les jumeaux entretenaient à son égard. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur plus vivace des Royaumes, la petite barque du quator remontant la rivière Quamus jusqu’aux bancs de joncs, atteints ces derniers temps par une sorte de maladie mal identifiée, comme c’est bizarre, lorsque, soudain, c’est la chute. Jetée à la flotte par le choc inattendu de son esquif contre un corps solide, Brida sent un corps sinueux et squameux lui frôle le mollet, ce qui n’est pas pour la rassurer. Sitôt remontée dans la barque, la cause de la collision apparaît clairement aux travailleurs de la rivière : une énorme anguille atteinte de la fièvre aphteuse a des vues peu charitables sur leurs carcasses. Équipés seulement de leurs rames et serpettes de kolkhoziens, les teenagers ne font pas tellement les malins, d’autant plus que les coups de boutoirs de la tanche en rut ont tôt fait de provoquer une voix d’eau inécopable (mais si, ça existe, la preuve) et d’assommer Eron, qui se prend un morceau de pagaie en plein dans le pif. Contraints et forcés, ils abandonnent leur pédalo pour gagner à la nage une île toute proche, Brida restant bravement en arrière garde pour ralentir l’anguille le temps que ses compagnons amènent son cher et tendre en sécurité. Et même si elle ne pourrait pas faire longtemps illusion comme Garde Morrsarr, chevauchée peu concluante de l’inamicale bestiole à l’appui, notre héroïne réussit toutefois à distraire suffisamment longtemps la bête pour que le quatuor parvienne à regagner la sécurité de la terre ferme. Sécurité relative, car l’îlot sur lequel ils ont débarqué est réputé être la demeure de Guette-Rivière, l’esprit tutélaire de la Quamus… Révélation …Et en effet, il ne leur faut pas longtemps avant de croiser le maître des lieux, un vieil ermite encapuchonné, qui se présente comme étant le mythique Guette-Rivière, et leur promet de régler son compter à l’ennuyeuse poiscaille après avoir entendu le récit de leur mésaventure. Leur hôte parti à la pêche, nos ados éprouvés sombrent rapidement dans un profond sommeil. À leur réveil, plusieurs heures plus tard, Brida et Eron découvrent que les jumeaux ont disparu, et commencent fort naturellement à s’inquiéter, lorsque Sati et Cahn font finalement leur retour. Ils étaient partis casser la croûte en compagnie de Guette-Rivière, qui a préparé à ses visiteurs un petit-déjeuner des plus délicieux, et qu’il serait impoli de décliner. Peu rassurés par la situation, et interloqués par l’enthousiasme démontré par leurs amis pour les talents culinaires de Jo le Clodo, les amoureux finissent toutefois par leur emboîter le pas, et arrivent devant le camp de base de Guette-Rivière, où bout un grand chaudron rempli de ragoût. Les signes bizarres d’ascendant flippants allant en s’accentuant (Sati et Cahn, s’empiffrant littéralement, allant jusqu’à saisir la marmite brûlante à mains nues pour se resservir, le brouet de l’ermite étant glacé en dépit des flammes), Brida et Eron décident sagement de sauter le petit-déjeuner, et de fausser au plus vite compagnie à leur hôte. La fausse bonne idée d’Eron de balancer son bol à la tête de ce dernier pour faire diversion se retourne cependant contre l’initiateur de la bataille de bouffe, Guette-Rivière jetant bas les masques et la capuche, pour se révéler être un Rotbringer, aussi jovial et enthousiaste qu’une Maïté nécrosée. Sa transformation entraîne également celle des jumeaux, que leur consommation non raisonnable de soupe d’anguille pestiférée a changé en séides de Nurgle. Ce constat posé, il ne reste plus grand-chose d’autre à faire pour nos héros que de pratiquer un peu de distanciation sociale, et prendre leurs jambes à leurs cous pour échapper aux miasmes et à la fringale persistante de leurs anciens camarades. Après une course éprouvante, Brida et Eron arrivent à mettre suffisamment de distance entre eux et les gros tas pour confectionner un radeau de fortune et partir de l’île maudite en battant très fort des jambes. Malheureusement, si la brioche des Maggotkins ne les avantage pas lors des épreuves de course de fond, elle leur permet en revanche de nager comme des poissons dans l’eau, et nos deux tourtereaux se retrouvent donc contraints à repousser les assauts sous-marins de leurs anciens amis à grands coups de latte. Le salut arrivera sous la forme d’une flotte de pêcheurs locaux, qui, en venant à leur secours, fera diversion assez longtemps pour que le courant emporte le radeau de la méduse, maintenu en un seul morceau par l’étreinte ferme d’Eron, jusqu’à la sécurité d’un banc de sable… Révélation …Le soulagement de Brida est toutefois de courte durée, puisqu’elle découvre que son chevalier servant s’est sacrifié pour permettre à leur coquille de noix de rester à flot, et s’est fait béqueter une bonne partie des bras par l’insatiable Cahn en chemin. Les pansements à base d’algues n’ayant pas eu l’effet purgatif escompté, Brida ne peut que constater la détérioration de l’état d’Eron, qu’elle décide d’achever par compassion avant que sa transformation en morfale cannibale sclérosé ne soit complète. Ceci fait, et jugeant Demesnus probablement perdue (il suffit qu’un seul pêcheur mordu revienne à bon port pour que l’état d’urgence sanitaire soit déclaré), elle décide d’embrasser la voie martiale et d’aller se faire fille de fer au régiment le plus proche. On sait maintenant pourquoi elle passe son temps à se laver les mains dans la suite des ses aventures1... 1 : C’est bien sûr absolument faux. Avis : Il y a des origin stories qui valent la peine d’être racontées, et celle de Brida Devholm, passée de fille du coupeur de joints joncs à capitaine revêche d’une garnison de la Ligne Émeraude (The Siege of Greenspire) fait partie de celles-ci. Ce qui commence comme une petite virée en bateau un peu mièvre passe en effet rapidement au (script de) film d’horreur par l’intermédiaire d’un goujon méchamment grippé, permettant à Anna Stephens de démontrer sa science de la mise en scène et de l’angoisse au cours des quelques pages suivantes. Depuis l’ambiance « Les Dents de la Mer » lorsque le quator tente tant bien que mal d’échapper à l’anguille putréfiée, jusqu’au final à la « Walking Dead » (prévisible mais bien réalisé) où Brida se trouve contrainte et forcée de plaquer son fiancé pour raisons sanitaires, en passant par l’épisode îlien très influencé par « La Colline a des Yeux » (l’ermite fou qui « convertit » les jumeaux aux joies du Nurglisme) et « Massacre à la Tronçonneuse » (la fuite éperdue de Brida et Eron)1, cette expédition nautique emprunte avec bonheur – sauf celui des protagonistes, évidemment – aux différents classiques du genre, pour un résultat prenant et intense. Seule petite ombre au tableau d’une soumission autrement très maîtrisée, la révélation par la BL que Brida poursuit ses aventures anti-chaotiques dans The Siege of Greenspire enlève un peu de suspens au récit, en prévenant le lecteur que ce personnage, au moins, s’en sortira. Il aurait été plus malin de la part des éditeurs de faire le lien avec l’autre nouvelle d’Anna Stephens en fin de River of Death, mais ce type de mise en contexte étant encore trop rare de la part de Nottingham, on ne leur en tiendra pas trop rigueur. En définitive, une vraie bonne nouvelle (haha), qui surprendra – en bien – peut-être ceux qui se sont familiarisés avec la prose AoSesque de Stephens via son plus classique Siege…, a le bon goût de faire le lien avec les autres récits de la BL traitant de Demesnus (Les Fantômes de Demesnus de Josh Reynolds en particulier) et aurait tout à fait eu sa place dans le prochain recueil de Warhammer Horror… 1 : Et un petit clin d’œil plus récent à « Action ou Vérité » avec le sourire figé de Cahn et Sati à l’heure du petit-déjeuner. Fluff : Demesnus : Ville de Ghyran, sur la rivère Quamus, gouvernée par la famille marchande des Rush. Réputée pour ses tissages et sa vannerie. Touchée par la disparition progressive des joncs utilisés pour ces industries, provoquée par les manigances des Maggotkin de Nurgle. Quamus : Guette Rivière (River-Watcher) est l’esprit de la rivière Quamus. En échange d’offrandes, il provoque de bonnes récoltes, ou évite la noyade aux travailleurs fluviaux. • The Siege of Greenspire Révélation Oaths and Conquests/2020/17 pages Intrigue : Ambiance tendue dans la tour de guet de Greenspire, dirigée par la Capitaine vétéran Brida Devholm. Éprouvée par des accrochages de plus en plus fréquents avec les mutants et les Tzaangors hantant le Hexwood, sa garnison est en sous-effectif, et les nouvelles recrues qui lui ont affectée en renfort ne se montrent guère à la hauteur des espérances de l'officier. En témoignent les maladresses de Kende, un paysan fraîchement reconverti dans les choses militaires, et qui commence la nouvelle en fracassant un tonneau de poudre noire sur le sol, avant d'être pris en train de roupiller à son poste quelques heures plus tard en compagnie d'une autre novice, Raella. Fort heureusement, Brida peut également compter sur la compétence et le dévouement de ses frères d'armes, à commencer par ceux de son second, le Lieutenant Duardin Drigg, et du Sergent Brock, tout juste revenu d'une mission d'approvisionnement l'ayant mené à Fort Gardus. Chargeant chacun de la supervision d'un des pioupious mal dégourdis, elle organise avec une anxiété croissance la préparation de Greenspire à une nouvelle attaque chaotique, qui ne saurait malheureusement tarder. Les choses prennent un tour encore plus sombre lorsque Drigg découvre à la faveur d'un contrôle de routine que l'un des canons de la tour a été saboté. Un peu plus tard dans la même journée, ce sont les cas de gastro-entérite aiguë qui se multiplient, reléguant une bonne partie de la garnison aux toilettes de l'infirmerie. La nature suspicieuse de Brida ne met pas longtemps à la convaincre qu'un traître est à l'oeuvre à l'intérieur de la tour, mais le temps lui manque pour effectuer une enquête poussée: la vigie signale en effet l'arrivée d'une horde d'emplumés, qu'il s'agit de repousser bellement avant que justice ne puisse être rendue. Malheureusement pour la milice de la Justice de la Dame, l'agent double n'a pas chômé, et ils découvrent bientôt que la totalité de leur stock de poudre est impropre à l'utilisation, tandis que le feu d'alerte au sommet de Greenspire refuse obstinément de passer au rouge (c'est bien la première fois que quelqu'un s'en plaint), et ainsi de signaler aux tours voisines la situation périlleuse dans laquelle Brida et ses hommes se trouvent. Les soupçons de cette dernière se portant sur ce bon à rien de Kende, ainsi que sur la préposée aux canons Orla, dont les agissements au cours des dernières heures lui apparaissent comme hautement suspects, la Capitaine ordonne à Brock de les placer en détention le temps que l'attaque soit repoussée, si elle peut encore l'être... Révélation Privés de la puissance de feu de leurs canons et arquebuses, les défenseurs ont toutefois les pires difficultés à calmer les ardeurs homicidaires de la ménagerie de Tzeentch, qui commence à escalader les murs avec abandon. Cette situation précaire est irrémédiablement compromise lorsque Brock, qui se révèle être le traître (son petit aller retour en solo sur les routes de campagne de Ghyran ne lui ayant pas porté chance), ouvre les portes de la tour aux assaillants, avant de se faire empaler par un magnifique jet de lance de sa boss. Bien que le mal soit fait, ce javelot cathartique permet au moins au feu alchimique de la tour de passer au rouge, le sort de greenwashing lancé par Brock sur la flamme s'interrompant avec sa mort. Comprenant sa méprise, Brida rallie les survivants pour un confinement héroïque au premier étage de Greenspire, et profite d'une bévue stratégique de la part des Hommes Bêtes pour leur clouer le bec d'une façon définitive, en concoctant une bombe artisanale coupée à la farine avec ses stocks de poudre impropres à la consommation. L'explosion fait un carnage chez les Tzaangors et leurs animaux de compagnie, qui battent en retraite de façon chaotique (c'est fluff), permettant à Brida et ses troupes de reprendre possession de leurs pénates. Lorsque la cavalerie l'infanterie finit par arriver, la bataille est déjà remportée, laissant un goût amer à Brida du fait de la trahison d'un frère d'armes de vingt ans, dont la dernière infamie a été d'exécuter Kende et Orla au lieu de les emprisonner au moment de l'attaque. Moralité: ne jamais se séparer en groupes de un (depuis le temps qu'on vous le dit!), c'est vraiment contre-productif. Les états d'âme de la Capitaine sont toutefois rapidement remisés au second plan, car, une à une, toutes les tours voisines de Greenspire déclenchent leurs feux de warning, signe d'une attaque massive et coordonnée sur la Ligne Émeraude. Le Gondor appelle à l'aide! Ou quelque chose comme ça... Avis : Début satisfaisant de la part d'Anna Stephens, qui choisit pour l'occasion de disserter autour de thèmes classiques de ce genre de littérature: le dernier carré épique d'un petit groupe de héros et la présence d'un traître parmi ce même groupe de gens de bonnes mœurs. Mission remplie sur les deux tableaux, même si la brièveté de la nouvelle se ressent sur l'une et l'autre des dimensions narratives choisies: la bombe F (comme farine) concocté par Brida et Cie s'avère d'une efficacité redoutable, tout comme la culpabilité de Brock crèvera les yeux du lecteur familier des romans policiers. En 17 pages, difficile de faire mieux (c'est à dire plus complexe), et quand on compare The Siege of Greenspire à From the Deep, autre récit inaugural d'une auteur bien établie mettant en scène la défense par l'Ordre de ses terres (ou mers) devant l'attaque d'armées chaotiques, on se dit que l'on a définitivement gagné au change. On notera également la fin à suspens dont Stephens gratifie son récit, qui débouchera peut-être sur d'autres textes détaillant ce qui semble être un assaut de grande ampleur des Bêtes du Chaos sur Hammerhal-Ghyra. C'est osé pour une première soumission, mais après tout, les éditeurs de la BL ont laissé faire, donc pourquoi pas... Fluff : Ligne Émeraude : Réseau de tours de guet défendant les abords de Hammerhal-Ghyra contre les incursions ennemies, en particulier celles des forces du Chaos. Les tours de la Ligne Émeraude sont couronnées par des feux alchimiques qui brûlent d’une flamme verte (rq : d’où son nom, j’imagine), et tournent au rouge lors qu’elles sont attaquées. Parmi les tours nommées, on compte Greenspire, Highoak, Willowflame, Gemfire et Dawnspike, qui gardent les abords du Hexwood. • Ghastlight Révélation Direchasm/2020/23 pages Intrigue : Le Dread Pageant s’est semble-t-il lassé de torturer Beastgrave en laissant toutes ses victimes à 0.1 PV pour empêcher la montagne consciente de se nourrir de la mort, même temporaire, de ses squatteurs1. Désormais guidés par les visions géniales de leur leader suprême Vasillac et les lumières spectroscopiques (ghastlights) émises par Uhl-Gysh, où se trouve la légendaire cité de Shadespire, les quêquêtteurs de Slaanesh cherchent à accéder à la ville maudite en empruntant une fissure de Royaume, par manque de qualificatif plus probant. C’est en effet là que Vasillac pense trouver le légendaire Livre de Slaanesh, réputé contenir tous les sales secrets de la divinité AWOL, à commencer par sa géolocalisation exacte. Une motivation comme une autre. Ayant rapidement expédiés ad patres une bande de Skavens de bas niveau, et fait un prisonnier (Ytash, et son stash) que Vasillac veut utiliser comme monnaie de passage au péage interdimensionnel, les DP passent beaucoup de temps à s’engueuler, un peu moins à se rabibocher (cruelle galoche entre Glissete et son harceleur de boss à l’appui), et des lustres à faire de la randonnée jusqu’à l’origine du monde Royaume, emplacement de la faille magique qui leur permettra de changer de niveau. Pendant qu’elle marche vers sa destinée, Glissete a le temps de réfléchir sur sa situation personnelle, professionnelle et spirituelle, qui ont toutes trois beaucoup progressé depuis son arrivée à Beastgrave, à son pas du tout humble avis. Certes, elle ne peut pas blairer le Slaangor Slakeslash, qu’elle trouve de plus en plus incontrôlable, ne s’est jamais entendu avec l’archer Hadzu, et a mal vécu sa rupture avec Vasillac, mais comme on dit chez les Hédonites : qu’importe l’émotion tant qu’il y a l’excès. Et à ce compte là, son expérience troglodyte s’est montrée particulièrement riche. Ces puissantes ruminations finissent par être salutairement interrompues par la rencontre fortuite avec une vingtaine d’Ironjaws, poussant les Slaaneshi à une retraite prudente. Bien que poursuivis par une meute d’Orruks plus costauds et plus nombreux qu’eux, nos héros trouvent tout de même le temps de faire des pauses méditations au milieu des couloirs, et même de se battre à mort entre eux. En effet, Glissete a surpris Slakeslash à faire une danse de la victoire de Fortnite au dessus de la forme avachie de Vasillac, et a logiquement conclu à une nouvelle crise de la vache folle. L’euthanasie du cheptel n’a cependant pas été du goût du Seignuer de Slaanesh, qui était simplement en train de faire une projection astrale pour trouver son chemin, et a failli mourir lorsque son garde du corps s’est mis à lui meugler dans les oreilles après avoir pris un coup de glaive dans les faux filets. Une bête méprise. Punie de sa prise d’initiative désatreuse, Glissete est envoyée récupérer Hadzu et Ytash en queue de peloton. Après quelques péripéties mineures, toute la bande finit enfin par arriver devant la faille tant recherchée, et qui se trouve gardée par des morts vivants peu conciliants. À Age of Sigmar comme dans le monde réel, les migrants ne sont jamais bien accueillis par les locaux. La situation précaire tourne au totalement bordelique lorsque les Ironjaws finissent par faire leur retard et se jeter dans la mêlée : en même temps, Warhammer Underworlds n’est pas pensé pour des affrontements à trois joueurs, what did you expect. Profitant de la confusion, Vasillac sacrifie en 2-2 Ytash, se lave les mains dans le sang du Skaven et passe de l’autre côté du miroir, rapidement suivi par le reste de sa bande. Il aura fallu attendre la dernière page de la dernière nouvelle de ‘Direchasm’, mais il s’est enfin produit quelque chose de non-scripté dans ce recueil ! Le champagne attendra ceci dit, car comme dit le proverbe, il en restait encore plein de là où il en venait, c’est-à-dire des morts vivants patibulaires et Shadespire. L’intégration des nouveaux venus ne va pas être une partie de plaisir… 1 : Se référer à ‘The Mountain’s Call’ (Graeme Lyon). Avis : Je suis partagé sur ce ‘Ghastlight’, que j’ai trouvé être assez vide pour une nouvelle de 23 pages, les déambulations et ressentiments de Glissete, personnage principal de l’histoire, formant la majeure partie de cette dernière. Autre déception : l’absence manifeste de continu entre la nouvelle de Lyon et celle-ci, alors qu’il aurait été très sympa et relativement simple pour la BL de lier, même à la marge, ces deux histoires. D’un autre côté, Anna Stephens réussit bien à retranscrire la philosophie particulière des Hédonites, qui font feu de tout bois pour nourrir leur excessivité naturelle, et (d)ébauche des relations intéressantes entre les différents membres de la bande, en particulier Vasillac et sa sous-fifre/ex. Le portrait d’Ytash, le Skaven otage, est à mon sens bien moins réussi, car le raton fait vraiment trop humain dès qu’il ouvre la bouche (on notera qu’il respawn immédiatement dans Shadespire à la fin de la nouvelle, malgré avoir été sacrifié à Beastgrave : phénomène physique intéressant que des générations de fluffistes ne manqueront pas d’analyser). Deux point positifs additionnels pour terminer : un détail fluff qui mérite la mention à défaut du détour (le Livre de Slaanesh), et une fin à suspens qui donne envie de connaître la suite de la saga des Dread Pageant. J’ai peu d’espoir à ce sujet, mais qui vivra verra (et qui mourra renaîtra, ce qui revient au même finalement). Fluff : Slaanesh (Relique) : Le Livre de Slaanesh est un ancien grimoire sensé contenir tous les secrets du Dieu perdu, y compris le lieu de sa prison. Il est recherché par les Hédonites, et pourrait se trouver à Shadespire. Ben Counter (3) . Révélation Contributeur historique de la Black Library, qu’il a rejoint au début des années 2000 à la faveur de quelques piges dans Inferno !, le vétéran Ben Counter fait ses grands débuts dans les Royaumes Mortels avec le lancement de Warcry et The Devourer’s Demand, publié dans l’anthologie éponyme (Warcry : The Anthology, pour ceux qui ne suivent pas). • The Devourer's Demand Révélation Warcry: The Anthology/2019/34 pages Intrigue : Fraîchement débarqués depuis leur savane natale dans le Bloodwind Spoil, les guerriers Untamed Beasts de la tribu du Venom Fang livrent bataille à une cohorte d’Unmade dont le tort aura été d’ériger des murets autour de leur camp de base. Car les murets, comme toutes les constructions en dur d’ailleurs, C’eSt PaS cHaOtIQuE. C’est en tout cas le credo des Beasts, qui vénèrent le Chaos sous la forme du Dévoreur, une sorte de Taz haïssant les tours, les murs et les couronnes. Chacun son trip. Parmi les combattants Venom Fang, la caméra se braque sur notre héros, le jeune gringalet Thornwinder, toléré dans l’expédition car il fallait bien que quelqu’un meurt en premier, et quitte à tout prendre, autant que ça soit lui (grosse ambiance chez les Untamed Beasts). Bien décidé à prouver sa valeur, Thornwinder se rue à l’assaut des écorchés vifs, et parvient à terrasser leur meneur en lui grignotant la trachée, ce qui lui vaut le respect du reste de la tribu et lui permet d’obtenir son pins de blood courser, décerné par l’Ancien (28 ans) Speartongue en personne. Quelques mois plus tard, nous retrouvons Thorny en pleine chasse d’une proie un peu particulière, le drac de sang Harrow. Cette créature mythique autant qu’hémophile est considérée par les Untamed Beast comme une incarnation du Dévoreur, et c’est donc tout naturellement que notre héros, toujours poursuivi par son complexe d’infériorité, souhaite la buter pour prouver ses talents de chasseur. Si la traque en elle-même n’est pas compliquée, les flaques de sang et les arbres renversés par le gros lézard permettant de suivre sa trace sans difficultés, Thornwinder sait bien que Harrow est plus malin qu’il n’y paraît, et qu’il lui faudra une stratégie imparable pour espérer triompher. Ayant rattrapé sa proie et pris une position idéale pour lui balancer sa sagaie dans les branchies, le blood courser a toutefois la désagréable surprise de voir son gibier réussir son test d’Initiative (et au vu des conséquences de ce dernier, il a dû faire -39 au dé), attraper sa lance au vol et la recracher avec une moue dédaigneuse. Gloups. Les rôles étant inversés, Thornwinder réussit in extremis à échapper à son destin de poche à sang pour Harrow en plongeant dans une cascade scintillante, dont le glitter le rend à moitié aveugle. Littéralement repêché par ses comparses alors qu’il flottait le ventre à l’air dans son bassin, Thornwinder se requinque doucement au campement du Venow Fang, mais ses problèmes de comportement lui jouent un vilain tour lorsque, vexé de se faire gourmander par l’Ancien (28 ans et 4 mois) Speartongue, qui voit d’un mauvais œil la chasse d’une espèce protégée, Thornwinder pique une crise et lui fait une tête au carré. Je précise bien au carré, et pas au cube, car quand il en eut finit avec Papy Mougeot, le contenu de la boîte crânienne de l’ancêtre était étalé en deux dimensions. Banni par sa tribu en punition de ce méfait, Thorny erre dans les étendues sauvages du Bloodwind Spoil jusqu’à ce que ses visions enfiévrées le ramène à l’endroit de la bataille contre les Unmade, et à la tête du champion qu’il a vaincu, laissée à pourrir sur une pique. De façon tout à fait naturelle, cette dernière commence à lui parler, ranimant la flamme de sa motivation, et faisant même office de potion de vie (un peu galère à ouvrir, ceci dit), permettant à notre héros, complètement aliéné à ce stade, de reprendre la chasse de Harrow, et, cette fois, d’en venir à bout (d’une façon particulièrement peu subtile et gore). Fort de ce haut fait, et bénéficiant manifestement du patronage d’une quelconque entité démoniaque, Thornwinder retourne frapper à la porte (façon de parler, ce n’est pas une technologie qu’ils maîtrisent) des Venom Fang, et s’impose rapidement comme le chef de la tribu, massacrant tout ceux qui osent se mettre sur son chemin (et allant jusqu’à déterrer le cadavre de l’Ancien – 28 ans, 4 mois, 2 jours, 12 heures, 23 minutes et 8 secondes – Speartongue pour se faire une ceinture avec sa peau). Son règne sanguinaire s’achève toutefois brutalement lorsqu’au cours d’un accrochage avec une bande d’Iron Golems ayant eu le malheur de vouloir bâtir une résidence secondaire ans le Bloodwind Spoil, il réalise brusquement que le simple concept de tribu est déjà trop organisé pour le Dévoreur, et qu’il est de son devoir d’y remédier. Ce qui le conduit à massacrer aussi bien ses alliés que ses ennemis, qui finissent par faire front commun pour mettre hors d’état de nuire ce psychopathe, même du point de vue, pourtant assez tolérant, de suivants des Dieux Sombres. Ce n’est toutefois pas tout à fait la fin pour Thornwinder. À son tour reconditionné en tête parlante fichée sur une lance, il reçoit en effet la visite d’une chef de tribu Untamed Beasts engagée dans la traque d’une autre bête légendaire du coin… Apéro ! Avis : Je commence à sérieusement penser que la prise de recul de Counter par rapport à son activité d’auteur pour la Black Library a eu des répercussions positives sur la qualité de son travail. Non pas que je fisse parti des détracteurs les plus véhéments de notre homme à l’origine, notez, mais j’avais comme tout un chacun je pense, expérimenté quelques lectures peu mémorables (ou trop, à l’inverse) de son fait, et considérait donc ses soumissions avec les précautions d’usage. Cette réserve est en train de fondre au fur et à mesure que je parcoure les derniers travaux BLesques de Mr Counter, qui s’avèrent d’une robustesse enviable, surtout quand ils sont comparés à ceux de certains ses successeurs, dont on pourrait dire bien des choses (et c’est d’ailleurs ce que je fais assez souvent). Cette introduction évacuée, passons aux choses sérieuses : pourquoi que c’est bien ? Premièrement, Counter, comme la plupart de ses camarades de cri de guerre, parvient à rendre justice à la mentalité et à la culture de la bande qu’il traite, ici les farouches Untamed Beasts, chasseurs des grandes plaines de Ghur aux tendances anarchistes développées. Si vous cherchiez les héritiers du défunt parti Chasse Pêche Nature et Traditions, n’allez pas plus loin, vous avez trouvé à qui parler, ou feuler, avec ces ours mal léchés. La tentation pour l’auteur non inspiré aurait ici été de dépeindre ces survivalistes ossus en vulgaires barbares assoiffés de sang et de pillages, dans la droite ligne des maraudeurs du Chaos de feu WFB, auxquels je dois bien admettre qu’ils ressemblent fortement. Cette solution de facilité, Counter ne l’a heureusement pas choisie, et ses Venom Fang en sortent renforcés et crédibilisés. En insistant dès le départ sur le paradoxe auquel les Untamed Beasts sont confrontées (chercher la faveur du type dont le job est d’unifier les factions du Chaos et qui vit dans la plus grande forteresse des Royaumes Mortels, est-ce raccord avec la position nihiliste du Dévoreur ?), et amenant son héros à réaliser que ce dernier est impossible à résoudre, avec des conséquences sanglantes et définitives, l’auteur parvient, à mon sens mieux que les autres contributeurs de l’anthologie, à illustrer la fondamentale inhumanité du Chaos. Thornwinder a beau se plier aux exigences draconiennes de sa ligne philosophique (un mot qu’il ne connaît sans doute pas, et qu’il aurait du mal à prononcer à cause de son grand nombre de syllabes) avec diligence et application, force-lui est de constater que seule la folie et la mort l’attendent au bout du chemin, comme ce sera probablement le cas de la pauvresse qui termine la nouvelle en lui prenant la tête. Telle est la nature du Chaos, qui n’a que faire du devenir de ses suivants, et dont les dons ne pourront que retarder l’inévitable descente aux enfers qui attend ceux qui empruntent le sentier octuple. Ce message, peut-être le plus fondamental du lore des univers GW, Counter l’a parfaitement compris, et arrive à le transmettre de bien belle manière dans son The Devourer’s Demand1. Passée cette réflexion de fond, on peut également souligner que cette nouvelle, de par son approche exhaustive de la saga funeste de Thornwinder, depuis ses débuts prometteurs dans le Bloodwind Spoil lorsqu’il n’était qu’un gringalet chétif mais énervé, jusqu’à son apothéose sanglante quelques années plus tard, alors qu’il n’avait toujours pas résolu ses problèmes d’emportement mais avait fréquenté la salle de muscu’ de façon assidue dans l’intervalle, possède un souffle épique, digne (à sa petite échelle) des sagas de Beowulf ou de Siegfried, avec lesquelles il partage la présence d’un gros monstre pas beau en guise de Némésis du héros. Sur cette trame assez peu commune pour un court format de la BL, Counter déroule son propos avec compétence et sérieux, faisant de la lecture de The Devourer’s Demand une expérience à la fois intéressante et gratifiante. Counter, le conteur de la Black Library ? Ça commence à prendre forme… 1 : En prenant en compte le tout aussi excellent The Gods’ Demand de Josh Reynolds, je commence à me dire que les nouvelles contiennent ce terme sont naturellement bonnes. La loi de l’offre et de la demande, sans doute. Fluff : Untamed Beasts (philosophie) : Ces tribus sauvages (Venom Fang, Burned Offerings…) venant de la Savane Déchiquetée (Jagged Savannah) du Royaume de Ghur cherchent à placer l’un des leurs comme Maître de Chasse d’Archaon, le belluaire en charge de dompter les bêtes des armées chaotiques. Ils vénèrent le Chaos sous la forme du Dévoreur (Devourer) et pensent que la civilisation doit être renversée partout où elle se trouve. Untamed Beasts (organisation) : Les bandes sont menées par leur meilleur guerrier, le (ou la) Mangeur(se) de Cœur (Heart-Eater), à qui est réservé le premier sang au cours des affrontements. Elles sont constituées de Coureurs de Plaines (Plains-runners), Tueurs de Proies (Preytakers) et Premiers Crocs (First Fangs). Harrow (créature nommée) : Ce Drac de Sang (Gore Drake) est une créature mythique du Bloodwind Spoil et tient son nom de sa peau écailleuse, suintant du sang en permanence, ce qui le force à chasser pour remplacer le sang qu’il perd. Il fait deux fois la taille d’un homme au garrot, a huit yeux rouges et six pattes, les deux antérieures terminées par des griffes en forme de pelle. Des branchies hérissées de pointes protègent ses organes internes. Les Untamed Beasts le considèrent comme une incarnation du Dévoreur. D’autres bêtes mythiques sont vénérées et/ou chassées par les bandes Untamed Beasts, comme le Brazenwyrm. Divers : Pendant la Saison des Lances (Spear Season), il pleut des éclats d’os acérés sur le Bloodwind Spoil, ce qui force les nomades Untamed Beasts à établir des campements permanents. • Watchers of Battle Révélation Inferno! #5/2020/15 pages Intrigue : Dans un remake audacieux des Bronzés font du Ski, une coalition de gladiateurs des Spire Tyrants part en direction de la Bonebreak Pass (que l’on peut sans doute traduire par passe de la fracture), qui permet le passage depuis Carngrad à Varanspire à travers les montagnes des Crocs, afin d’y gagner une gloire éternelle. Car s’il ne tombe pas de neige dans ce coin du Bloodwind Spoil (il pleut du sang par contre), c’est là qu’Archaon envoie régulièrement quelques recruteurs scruter les combats et repérer les guerriers de valeur, dignes de rejoindre les armées de l’Everchosen. Voilà l’objectif professionnel que s’est fixé notre héroïne, l’imposante Voleska, qui compte bien taper dans l’œil la visière des taciturnes observateurs qu’elle a aperçus en effectuant une mission de reconnaissance du campement de la Cabale Corvus1, cible toute désignée de la furie martiale des Tyrants. Ayant fait son rapport au Preneur de Tête Ferenk Sunder-Spine, qui en profite pour lui propose de devenir son bras droit, voire de prendre sa place si jamais il devait lui arriver malheur au cours de la bataille du lendemain, Voleska, dont le comportement cabotin et la maîtrise du marteau de guerre lui ont valu le titre de « Donneuse de Cadeaux » (Gift-Giver) auprès des aficionados2, repart sans donner de réponses définitives à cette offre de promotion, persuadée qu’un destin bien plus glorieux qu’assistante de direction des Red Sand Raiders l’attend si elle brille au combat. Et pour briller, Voleska brille. Fille illégitime de Hulk Hogan et Brienne de Torth, la gladiatrice rend une tête et trente kilos au plus costauds de ses camarades de lutte. Quant aux frêles cabalistes emplumés, ils ne font littéralement pas le poids. L’accrochage entre culturistes enragés et gothiques homicidaires finit donc par tourner en faveur des premiers, Vovo enchaînant les kills spectaculaires (dont sa spécialité, le nut-buster3), allant jusqu’à concasser un Shrike Talon (Achille de son prénom) pour asseoir son statut de best entertainer de la bataille. Cependant, les observateurs d’Archaon ne donnent pas signe d’être très impressionnés par sa performance avicide… Révélation …Qu’à cela ne tienne, Voleska tourne son marteau vers ses alliés une fois les cabalistes vaincus. Commençant par refaire le portrait à son side-kick Kyryll, elle fracasse ensuite sans discrimination ses anciens frères et sœurs d’armes de droite et de gauche, finissant par un duel au sommet (ou presque) avec Ferenk, qui mordra lui aussi la poussière4 après un combat accroché. Last woman standing parmi ce carnage indiscriminé, Voleska a enfin la satisfaction de voir deux Elus s’approcher d’elle et lui faire signe de les suivre en direction de la Varanspire, où son destin l’attend… Révélation …Mais pas forcément de la façon qu’elle l’imaginait. En effet, amenée dans les forges qui entourent la citadelle d’Archaon, notre survivante est sommairement décapitée au-dessus d’un abreuvoir par ses recruteurs, son sang étant utilisé, comme celui des autres guerriers valeureux draftés par les sbires de l’Everchosen, pour tremper les armes et armures confectionnés pour les osts des véritables Guerriers du Chaos, statut auquel Voleska a eu l’erreur de prétendre. Décidément, le plafond de verre (ou de fer) n’est pas un mythe, même dans les Royaumes Mortels. 1 : Les Scions (du bois) étaient attendus à la Bonebreak Pass, mais n’ont finalement pas pu décaler leurs prières enflammées pour se libérer. Dommage. 2 : Les cadeaux en question étant les têtes de ses adversaires malheureux, qu’elle arrive à faire voler dans la foule d’un moulinet expert de marteau. 3 : Comme quoi, la Distributrice de Cadeaux était également Castratrice de Corbeaux. 4 : Façon de parler, le coup fatal asséné par Voleska faisant passer son crâne en deux dimensions, d’où quelques difficultés à mastiquer. Avis : Excellente nouvelle de la part de Ben Counter, qui s’affirme de plus en plus comme l’expert du Bloodwind Spoil, dont il maîtrise comme personne d’autre le côté brutal et nihiliste. Après avoir décrit l’ascension sanguinaire et illusoire d’un guerrier maigrichon des Untamed Beasts ('The Devourer’s Demand'), il remet ici le couvert avec la quête de reconnaissance professionnelle d’une gladiatrice de Carngrad, prête à tout pour être remarquée par son senpai1. Et, une fois encore, la nature même du Chaos viendra briser les rêves de gloire du héros, avec des conséquences cruellement définitives. Il n’est jamais inutile pour la BL de rappeler que l’adage « beaucoup d’appelés, peu d’Elus » est absolument correct quand il s’agit de décrire la méritocratie chaotique, et quel meilleur moyen pour cela que de mettre en scène des histoires se terminant mal au sein de cette faction ? Après tout, pour un guerrier parvenant à gagner son armure de plates complète, des centaines d’autres ont passé l’arme à gauche dans l’indifférence la plus totale. Ainsi va la vie (et ainsi s’arrête-t-elle) dans les Royaumes Mortels… Prenant dans son déroulé, percutant par sa conclusion, et recouvert d’un discret vernis de gore qui fait tout le charme des nouvelles Warcry, 'Watchers of Battle' est une autre réussite à mettre au crédit du revenant Ben Counter, qui n’a – à mes yeux – jamais été meilleur que depuis qu’il a réduit le rythme de ses contributions. Comme quoi, on a toujours intérêt à choisir ses batailles, et ce n’est pas Voleska qui nous contredira… 1 : Au petit jeu des ressemblances avec les travaux précédents de Counter, il serait dommage de ne pas citer ‘Sacrifice’, nouvelle rattachée au cycle Alaric (Chevaliers Gris), et qui montre comment les armes et armures de ces preux paladins sont réalisées. Là encore, l’opération est plutôt consommatrice en main d’œuvre… Fluff : Bloodwind Spoil (Géographie) : La Passe de la Fracture (Bonebreak Pass), traverse les montagnes des Crocs (the Fangs), et permet de rejoindre la ville de Carngrad depuis Varanspire. Des bandes chaotiques s’affrontent constamment pour la possession de cet endroit stratégique. Bloodwind Spoil (Bandes nommée) : Les Blackblades, les Mercy Slayers, et les Red Sand Raiders (Spire Tyrants). Corvus Cabal : Ils collectent des trophées (oreilles, doigts) sur leurs morts et les exposent aux alentours de leurs campements et repaires pour honorer le Grand Amasseur, l’aspect du Chaos qu’ils vénèrent. Varanspire : La forteresse d’Archaon est entourée par des douzaines de forges, produisant les armes et armures équipant les guerriers d’Archaon. Les forgerons de Varanspire n’utilisent pas de l’eau pour tremper leur travail, mais le sang de guerriers valeureux, choisis par les Elus d’Archaon. Slaves to Darkness (Recrutement) : Archaon envoie des représentants assister aux batailles opposant les différentes bandes luttant pour la possession du Bloodwind Spoil, et sélectionner les guerriers les plus prometteurs pour son armée. Beaucoup des heureux élus sont toutefois mis à contribution dans l’effort de guerre en donnant leur vie et leur sang pour forger les armes et armures des Guerriers du Chaos, et n’en deviennent pas eux-mêmes. • The Jabberslythe's Grin Révélation Direchasm/2020/13 pages Intrigue : Morgok est un Boss Ironjawz et un Orruk avec des goûts simples, tels que prouver qu’il est le plus fort (pour le plus beau on repassera), tuer des trucs, et prouver qu’il est le plus fort en tuant des trucs. Cette saine philosophie le conduit assez logiquement jusqu’à Beastgrave, attraction incontournable et haut lieu de l’inculture Ghuresque, où il espère bien mettre le kikoup’ sur un trophée digne de lui. Comme sied à un nabab de sa trempe, il s’est fait accompagner dans sa quête meurtrière par toute sa bande de Boyz, dont le ruzé Thugg et le brutal Ardskull. Et la nouvelle commence bien pour Morgok, puisqu’il arrive à abattre un Jabberslythe particulièrement vicieux, dont la tête fera un très pittoresque presse papier. Il faut maintenant aux survivants se frayer un chemin jusqu’à l’air libre, ce qui est, on s’en doutait un peu, une autre paire de manches. Car Beastgrave est une montagne possessive, qui accueille tout le monde mais dont peu arrivent à revenir. Galeries mouvantes, précipices à pic, monstres en maraude, illusions plus vraies que nature, mais également bandes rivales : tous les moyens sont bons pour assurer un taux de remplissage optimal, et les Krushas de Morgok sont rapidement mis à rude épreuve. Seul parmi les verts à garder la tête froide, le Boss a fort à faire pour garder ses guerriers dans le rang (façon de parler, bien sûr), et s’il parvient à calmer les visions fiévreuses de Thugg en lui aplatissant le pif d’un fraternel coup de boule, il n’aura d’autres choix que de tuer Ardskull en duel après que ce dernier ait défié son leadership. Enfin, un doux mais musqué vent de liberté vient souffler sur les crânes chauves des derniers Ironjawz alors qu’ils arrivent à proximité d’une sortie. Cependant, Beastgrave n’a pas dit son dernier mot (ni son premier, si on y réfléchit : les montagnes ça ne parle pas) et a placé une grosse bande de Skavens sur la route des peaux vertes. Dans la bagarre qui s’en suit, Thugg se fait carboniser par une malefoudre peu réglementaire, car jouer un Prophète Gris à Warhammer Underworlds semble un chouilla déséquilibré. La charge chevalorkesque de Morgok pour régler son compte au rat bou gris qui vient de carboniser son second se heurte toutefois à un problème de taille, ou plutôt d’épaule. Démise lors du combat avec Ardskull, cette dernière constitue un point faible que le Skaven exploite brillamment, sa transformation temporaire en Rat Ogre (aucune idée que les Prophètes Gris maîtrisaient ce sort) lui permettant de sonner son adversaire, qui se fait achever par un Assassin sorti des ombres. Cette bande était véritablement cheatée, c’est moi qui vous le dit. Fort heureusement, rien ne meurt jamais vraiment à Beastgrave, et Morgok, Thugg et Ardskull respawnent naturellement sur leur dernier point de sauvegarde, sans les trophées collectés jusqu’ici cependant. Philosork, le Boss conclut qu’il s’agissait d’un test de brutalité auquel il a échoué, mais qu’il est tout prêt à repasser encore et encore, jusqu’à ce qu’il batte la montagne à son petit jeu. Les Orruks sont bornés, tout le monde sait ça. Avis : Ben Counter trousse en quelques pages une origin story convaincante pour les Morgok Krushas, dont la chasse au gros gibier n’est pas près de s’arrêter. On retrouve bien la philosophie Orruk, un équilibre subtil entre violence débridée, stoïcisme assumé et humour morbide, sous la plume de l’auteur vétéran, avec le Jabberslythe titulaire et grimaçant dans le rôle de la marque de la faaaataaaaaliiiitéééé, à laquelle nul ne peut se dérober. Sans être la nouvelle la plus inspirée ni plus dépaysante de Counter, cette soumission tient bien son rang parmi le corpus de Warhammer Underworlds, et est un bon exemple d’un travail de commande de bon standing. Fluff : Rien de transcendant. pla Ben Galley (1) Révélation Ben Galley a signé les séries ‘Emaneska’, ‘Chasing Graves’ et ‘The Scarlet Star’, oscillant entre influences nordiques et western dans ses œuvres de fantasy. Ses débuts au sein de la Black Library ont été faits avec la nouvelle ‘Mournclaw’. • Mournclaw Révélation Inferno! #5/2020/32 pages Intrigue : Notre propos débute avec la course effrénée mais peu rapide d’un Duardin esseulé dans un marais putride aux abords de la ville de Kurchok, en Ghur. Se sachant épié et poursuivi, notre nabot embourbé interrompt un moment son mud day dusk pour envoyer sa hache dans le thorax de son stalker, un coureur de boue – plutôt que d’égoût – Skaven. Si le rôdeur n’a pas réussi à arrêter sa proie, c’est sans doute parce qu’il s’agit d’un vulgaire ersratz des ninjas du Clan Eshin, notre raton étant en effet un membre du Clan Skryre. Avant de rejoindre le Royaume de la Ruine, il a toutefois l’obligeance d’expliquer à son tueur qu’il était à la recherche de la Mournclaw, provoquant une réalisation subite chez ce dernier, qu repart en petites foulée en direction de Kurchok. Dans la ville en question, nous faisons la rencontre de notre véritable héros, le voleur Mallon Tein, alors qu’il se trouve en repérage dans la taverne locale. Ayant choisi de tenter sa chance auprès de la bourse d’un marchand Aelf, il parvient à la faire sienne en un tour de main et un renversement de pinte sur le carnet de notes de sa cible, mais se fait griller comme un bleu en lançant à cette dernière une pièce pour sa peine avant de prendre le chemin de la sortie. Car la pièce venait de la bourse subtilisée, et portait donc la rune personnelle de son propriétaire légitime, qui ne manque pas de saisir l’entourloupe. Ah, Mallon… Ta générosité te perdra ! Ou plutôt, aurait pu te perdre, si un chevalier assis en compagnie d’un groupe de gens louches, dont le Duardin susnommé, arrivé en cours de soirée à l’auberge, n’était intervenu auprès de la foule en colère pour sauver les miches du voleur malchanceux, prétendant le connaître et donnant au marchand déconfit une authentique pépite d’or torope en guise de dédommagement. La situation s’étant calmée, Mallon est entraîné par son sauveur, Ulriker, jusqu’à son groupe de parole. Les autres membres de la compagnie sont les mercenaires que le chevalier a recrutés pour l’accompagner dans la quête d’un artefact magique : la masse d’armes Mournclaw. Cette dernière serait enterrée dans un tombeau Duardin bâti par les ancêtres de l’avorton boueux et grincheux croisé un peu plus tôt (Durbrord Grimbelly), qui possède une clé capable d’ouvrir la crypte familiale. Seul petit problème se tenant entre Ulriker et ses Lames Rouillées (le nom, qu’il considère sans doute stylé, qu’il a donné à sa franche-compagnie personnelle) et la reconnaissance que le don désintéressé de cette inestimable relique au Stormhost le plus proche ne manquera pas de leur valoir : aucun de nos larrons ne sait où se trouve le tombeau en question. Ceci dit, l’ingénieux Ulriker a un plan aussi simple que rat-dical pour contourner cette difficulté : kidnapper l’individu possédant l’information qu’il recherche, et qui n’est autre que le Warlock Volz Flayfang, du Clan Skryre. Peu emballé par la perspective d’aller prendre un otage directement chez les Skavens des Fiend Crags, Mallon est toutefois contraint d’accepter de marcher dans la combine, les Lames ayant besoin d’un voleur (même pas très bon) pour compléter les talents de l’équipe, et notre larron n’étant de toute façon pas en mesure de rembourser la dette contractée auprès d’Ulriker pour son sauvetage. Notre joyeuse bande de lurons (Ulriker et son gryph-hound Malefitz, Durbrord et sa bedaine renfrognée, le duo mère fils farouchement anti-Skavens Elfrun et Oddone, le mage de feu non-diplômé Adalbero, le guerrier endormi Lundrich Twice-Killed et notre pickpocket récalcitrant) s’embarque donc dans un périple à travers les paysages pittoresques du Royaume des Bêtes, en direction du terrier de leur proie… Révélation …Si leur mission quasiment impossible se déroule d’abord sans trop d’anicroches, puisqu’ils parviennent à pénétrer le repaire de Flayfang, à se frayer un chemin jusqu’à ce dernier et à repartir avec le rat de laboratoire sur l’épaule pour la somme modique d’un mort (Lundrich, qui se prend une gomme-cogne goût malepierre en plein dans le pif) et d’un blessé (Adalbero, victime d’un coup de queue barbelée à l’estomac), la suite s’avère beaucoup plus compliquée pour nos bras cassés. Ayant convaincu leur otage de les mener jusqu’au tombeau Duardin que ses équipes ont commencé à excaver, les Lames Rouillées sont bientôt en proie à une dissension interne de plus en plus marquée, Mallon et Durbrord soupçonnant Ulriker de vouloir récupérer la Mournclaw pour son propre compte plutôt que de la remettre à qui de droit, et ce malgré les avertissements récurrents donnés par le Passe-Partout de la bande1 à son vieux pote à propos de la nature maléfique de l’arme qu’il convoite. En plus de cela, Mallon découvre que son généreux sauveur s’est en fait joué de lui, et du marchand Aelf du début, en utilisant des bouts de ferraille dorés à la place de ses prétendues pépites d’or torope, et Flayfang propose au cambrioleur démotivé de conclure un pacte de non-agression pour sauver sa vie lorsque son armée personnelle aura mis la griffe sur les rat-visseurs de leur boss, ce qui ne saurait tarder. Les Lames Rouillées parviennent cependant à atteindre leur objectif, situé dans les montagnes de Cornecroc, perdant ce blaireau d’Adalbero, victime d’un mal d’estomac persistant et en rade de Pantoprazole, sur le chemin, rapidement suivi par Oddone et Elfrun. Bien que l’ambiance ne soit pas au beau fixe entre les survivants, ils finissent toutefois par arriver devant la porte de la salle où Mournclaw est entreposée, mais, problème, cette dernière ne pourra s’ouvrir que si le sang d’un descendant de la lignée est répandu sur la serrure, ce que Dubrord se refuse obstinément de faire. Il en faut toutefois plus pour décourager Ulriker, désormais totalement sous la coupe de Mournclaw, et qui tranche la main de son compagnon après un court duel et utilise le moignon pour ouvrir l’ultime porte de ce donjon un peu particulier. Le chevalier disgracié n’aura cependant pas le loisir de looter l’arme héritage sur laquelle il avait des vues, ce fourbe de Post Mallon profitant de ses attributs de classe pour lui trancher la gorge en traître (ce qui n’est pas cool), et faisant subir le même sort au loyal Malefitz lorsqu’il tente de secourir son maître (ce qui est impardonnable). Ceci fait, le renégat s’empresse de jeter la masse aux pattes de Flayfang, bientôt rejoint par ses guerriers, espérant que son coup de main lui vaudra la reconnaissance du Warlock… Révélation …Malheureusement, un Skaven ne tient jamais sa parole, surtout lorsqu’il est en position de force et cherche à se venger des mauvais traitements subis au cours de sa garde à vue musclée. Si Flayfang accepte donc volontiers Mournclaw, que sa race avait bien corrompue après l’avoir dérobée aux Duardin, c’est uniquement pour jouer au polo avec la tête de son allié. Vous aurez plus de chance à la prochaine session de JDR, les gars ! 1 : Hé, il est petit et porte la clé de son équipe. Je ne pouvais pas laisser passer cette opportunité. Avis : Pour ses débuts au sein de la Black Library, Ben Galley démontre sa maîtrise de la nouvelle de sword & sorcery en mettant en scène la quête d’une bande d’aventuriers pour une mystérieuse relique, qui se révélera, comme de juste, maléfique. Si le sujet en lui-même n’a rien de particulièrement original1, l’auteur réussit à nous embarquer dans les aventures de son groupe de mercenaires rouillés sans coup férir, et parvient à mettre en scène son imposante galerie de personnages (8 au total, si on compte le gryph-hound d’Ulriker) sans donner l’impression que certains d’entre eux ne sont là que pour décorer. Autre réalisation technique à mettre au crédit de Galley, l’introduction narrée du point de vue de Durbrord, qui vient « enrichir » l’expérience de lecture. Ça peut paraître un procédé facile de prime abord (et pour être honnête, ça l’est), mais rien de tel qu’un changement de perspective au cours du récit pour immerger le lecteur dans ce dernier, et si l’astuce est souvent mis à profit dans les romans, il est bien plus rare dans les nouvelles. À cela je dis donc : well done sir. S’il apparaît rapidement que la conclusion de ce 'Mournclaw' ne sera pas heureuse pour nos protagonistes, dont le nombre descend graduellement au fur et à mesure que les embûches se présentent, ce manque de suspens est compensé par le désir de savoir qui restera le dernier debout, et comment les autres rencontreront leur fin. Il n’y a que la révélation des manigances du cérébral Flayfang, qui se targue d’avoir tout orchestré mais que l’on n’aura finalement pas vu à l’œuvre autrement qu’en pistolero, punching-ball et gossip rat, qui aurait pu être mieux amorcée par Galley. Pour le reste, nous sommes en présence d’une soumission des plus solides, faisant de notre homme un nom à suivre dans le cas où cette collaboration avec la BL serait amenée à continuer. 1 : La comparaison qui me vient avec une nouvelle de la BL serait ‘A Good Thief’ de Simon Jowett, racontant l’histoire d’un voleur recruté contre son gré par un puissant commanditaire pour dérober un livre magique à un seigneur brigand. On peut également penser au tire-laine ayant subtilisé l’anneau des Von Carstein du doigt de Vladd pendant le siège d’Altdorf. Fluff : Mournclaw (Relique) : Une masse d’armes runique, forgée par les Duardin dans leur lutte contre les Skavens, et dérobée et avilie par ces derniers. Corrompue par le Chaos, Mournclaw fut enterrée dans une tombe Duardin dans le Royaume de Ghur. Le Warlock Volz Flayfang du Clan Skryre, avec l’aide involontaire d’une bande de mercenaires incluant un descendant de la lignée Duardin ayant construit la tombe, récupéra l’arme pour les Skavens. Baronnie de Black Marsh : Située en Ghur, et gouvernée par le baron Kurch. Renommée pour l’or torope, produit par les tortues géantes qui peuplent la contrée. La baronnie comprend la ville de Kurchak et la forêt d’Askan. Ghur (Géographie) : Les steppes d’Ambre (Ember Steppes), les désolations de Vilcroc (Vilefang Wastes), les champs Bloodbloom, appelés ainsi à cause de fleurs rouges qui les recouvrent, les montagnes Cornecroc (Hornteeth Mountains) et les Fiend Crags, des tours de roche volcanique, sous domination du Clan Skryre. C. L. Werner (14) Révélation C. L. Werner est un compagnon de route de longue date pour les amateurs de prose Warhammer-esque. Exemple typique d’une success-story provoquée par la BL, qui lui a donné sa chance au tournant des années 2000 à travers le bi-mensuel Inferno !, Werner s’est depuis imposé comme un auteur professionnel prolixe et contributeur régulier au fluff de GW. Depuis la mise au rebut du Vieux Monde, l’homme au chapeau a signé son quota de romans, nouvelles et audio dramas (Lord of Undeath, Overlords of the Iron Dragon, The Deeper Shade, Guns of the Black Eagle) estampillés Age of Sigmar, revenant de ce fait à une de ses premières amours : la chasse aux sorcières (The Tainted Heart, The Witch Takers). Soyez prévenus qu’il est également rodentiaphile. A total witch hunt : Esselt & Talcoran (1) Révélation • Les Tueurs de Sorcières // The Witch Takers Révélation Sacrosaint & Autres Récits/2018/27 pages Intrigue : Mis sur une sale histoire de meurtre dans la ruralité profonde du Khanat d’Arkl, en Chamon, les chasseurs de sorcières Esselt et Talorcan, unis à la scène comme à la ville, remontent une piste, forcément chaude, à travers les dunes du désert de Droost. De villages martyrs en tombes profanées et cadavres possédés il ne faut pas longtemps à notre fine équipe pour subodorer que quelque chose de pas sigmarite se cache au fond de ce dossier. Il semblerait que quelqu’un hante Droost avec pour seule mission de massacrer tout ceux ayant le malheur de croiser sa route. Quelqu’un… ou quelque chose, qui asservirait ses hôtes les uns après les autres, passant de main en main et ne laissant que les dépouilles de ses victimes et de ses porteurs derrière lui. Alors que les deux Répurgateurs approchent l’oasis de Tora Grae, miraculeusement épargnée par la folie environnante, il leur faudra agir rapidement et intelligemment pour empêcher le Tournetueur (pun intended) de commettre un nouveau carnage… Avis : C.L. Werner qui met en scène un duo de Répurgateurs embarqués dans une quête qui les conduira dans quelque sinistre recoin de leur « circonscription » : du tout cuit pour l’auteur de la (plutôt bonne) série des Mathias Thulmann me direz-vous. C’est aussi ce que je pensais avant de commencer la lecture de ces 'Tueurs de Sorcières', et me suis donc surpris à reconsidérer légèrement ce postulat une fois passé le point final. Comme quoi, rien n’est gravé dans le marbre dans ce bas monde. La première divergence notable qui m’est apparue est la relation amoureuse unissant Esselt et Talorcan, ce qui n’a rien de rédhibitoire en soi (et est même suffisamment rare dans une publication de la Black Library pour qu’on puisse au contraire saluer l’audace de l’auteur), mais m’a semblé tellement éloignée des conventions usuelles de ce genre de littérature que mon expérience de lecture s’en est trouvée, pas polluée, le terme serait un peu fort, mais au moins perturbée par les roucoulades échangées par nos héros1. Passées ces considérations romantiques, l’intrigue que nous propose Werner ne s’avère pas être très haletante, la course poursuite par hôte interposé à laquelle se livrent Buffy, Xander et le bracelet perdu de Valkia la Sanglante suivant son cours avec une linéarité décevante, alors que la méconnaissance par nos héros de la nature et de la forme du mal qu’ils ont à combattre ouvrait la porte au développement de fausses pistes. Quant au binôme de choc proposé par l’auteur, il se révèle être d’une décevante platitude, Esselt et Talcoran ne s’écartant pas d’un pouce de leur stéréotype respectif (la paladine zélée et le rôdeur débrouillard), ce qui ne donne pas vraiment envie d’embrayer sur le roman que Werner leur a consacré ('Le Cœur Corrompu' // 'The Tainted Heart'). Pour terminer, les apports fluff de cette nouvelle se comptent sur les doigts d’une main d’un Zombie de la Peste, le fait qu’elle se déroule dans un bout de désert perdu au milieu de nulle part ne jouant évidemment pas en la faveur d’inclusions significatives (même si ce genre de théâtre d’opérations n’est en rien rédhibitoire pour peu qu’on veuille s’en donner la peine, comme Guy Haley l’a prouvé avec 'Les Sables du Chagrin' //'The Sands of Grief'). En conclusion, il ne reste guère que le métier de C. L. Werner pour faire tenir ces 'Tueurs de Sorcières' debout, ce qui est suffisant pour une lecture rapide de l’ouvrage, mais à peine. 1 : Quand bien même ces dernières sont restées d’une sobriété bienvenue. C’est ainsi, j’ai du mal à voir des « Mon amour » apparaître dans une nouvelle de la Black Library. Fluff : Géographie (Chamon) : Le Désert de Droost, qui entoure le Khanat d’Arlk, est recouvert de sable constitué de petites écailles métalliques, qui créent des mirages argentés. Ordre d’Azyr : Le Chapitre des Tueurs de Sorcières, est une des chambres militantes de l’ordre d’Azyr. Le Haut Prêtre Crautreic est le chef du culte de Sigmar en Arlk. Sa bénédiction consacre les armes des chasseurs de sorcières de l’ordre d’Azyr. Arnhault, Grand Maître KI (2) Révélation • Sacrosaint // Sacrosanct Révélation Sacrosaint & Autres Récits/2018/107 pages Intrigue : Dans ce morceau de bravoure (107 pages tout de même), C. L. Werner prend les commandes d’une force de Stormcast Eternals appartenant à la Chambre Sacrosainte, spécialisée dans l’intervention contre les ennemis faisant joujou avec la magie1, et envoyée par le standard sigmarite régler le problème, non pas de connexion mais de possession, affligeant la ville de Wyrmsditt en Ghur. Mené par le Knight Invocator Arnhault, secondé par un duo de fidèles lieutenants opposés-mais-complémentaires (le psychorigide Penthius, qui attend avec une impatience non dissimulée que Sigmar finisse d’écrire le Codex Stormcastes, et l’instinctif Nerio, qui tire d’abord et se pose des questions après), nos armures ambulantes s’écrasent (littéralement) dans le bois de Gyr, rasant la forêt sur un rayon d’une centaine de mètres, mais arrivant au moins dans le bon Royaume, comme Arnhault le confirme après un bon sniff de la terre du point de chute (apparemment, ce n’est pas toujours le cas, ce qui fait un peu peur tout de même) et pas trop loin de leur théâtre d’opérations. Notre héroïque compagnie n’est pas là depuis une minute qu’une première initiative malheureuse manque de d’avoir des conséquences fâcheuses. Ayant sans doute repéré une souche particulièrement pittoresque, Nerio entraîne ses Castigators pour un squad selfie au delà du cordon de protection mis en place par les Sequitors de Penthius. Surgit alors un Mammochon sauvage, pas vraiment content de l’arrivée fracassante et biocidaire des Stormcast, et également corrompu par Khorne (c’est la version Rubis Oméga dirons-nous) ce qui n’arrange rien, qui décide de régler le problème à sa manière, c’est à dire en fonçant dans le tas. L’occasion pour les Sacrosaints de montrer qu’ils ne sont pas enfants de chœur, et que malgré les conneries de Nerio, ils sont largement capables de se sortir de cette cocasse situation sans problème. Comme notre irascible pachyderme ne tarde pas à l’apprendre, à son corps défendant, le bien-être animal ne fait pas partie des centres d’intérêt d’Arnhault et consorts, qui, bien que sensibles au calvaire vécu par l’autrefois placide herbivore, ne font pas grand chose pour abréger ses souffrances. Brûlé au 8ème degré par les munitions ésotériques des Castigators, écorché vif par les sig-rafales et les sig-éclairs invoqués par le mage de guerre, la trompe arrachée par un sig-carreau bien placé, les pattes brisées à coup de sigmasse, les défenses fracassées… Babar passe un sale quart d’heure avant de livrer son dernier souffle et de voir son esprit capturé par Arnhault à l’aide de la Sigmar-Ball qu’il gardait en réserve pour une occasion de ce type. Cette péripétie évacuée, la colonne prend le chemin de Wyrmsditt, rencontrant en chemin une fillette se livrant à de sombres mais innocents rituels dans un temple de Nagash en ruines, dans l’espoir d’empêcher son frère d’être emmené par le Roi-Voilé, précisément l’esprit frappeur que les Stormcast ont été convoqués pour bannir. Et puisque nous avons mentionné le vilain de l’histoire, passons quelques paragraphes en sa compagnie pour apprendre à le connaître. Notre ectoplasme alpha s’appelle en vérité Sabrodt, et est le dernier Prêtre-Roi du royaume de Kharza, qui occupait la région avant la venue du Chaos. Malgré le confort dont il jouit dans son tumulus et en particulier le magnifique Trône Dragon qu’il occupe, notre homme âme a des ambitions plus élevées. Il s’est donc mis à demander des tributs aux communautés environnantes, qui, si elles sont pour le moment très modérées par rapport à son pouvoir de nuisance (une victime toutes les nouvelles lunes), ont suffi à générer suffisamment de prière à Sigmar pour que ce dernier consente à lancer une enquête. Et comme, justement, nous sommes au moment d’un changement de lune, nous voyons Sabrodt faire ses préparatifs pour sa tournée mensuelle à Wyrmsditt, sans savoir qu’un comité d’accueil un peu particulier l’attend sur place. À quelque distance du squat du Roi-Voilé, Arnhault et ses ouailles ont atteint leur destination, et s’étonnent du manque d’entrain que suscite leur arrivée. C’est vrai quoi, d’habitude les péquenauds, ça aime les défilés militaires. Il faudra l’intervention extatique du prêtre de Sigmar local (Frère Mueller), un vieil aveugle pouvant repérer un Stormcast à son odeur2… de sainteté, et apparemment responsable à lui seul de la saturation du standard sigmarite, pour convaincre les Wyrmsdittois de faire bon accueil à leurs libérateurs. Cela donne l’occasion à Arnhault, Penthius et Nerion de remettre les pendules à l’heure auprès des autorités compétentes, et de faire preuve de l’intolérance religieuse que l’on est en droit d’attendre de la Muttawa de Sigmar en brutalisant l’honnête prêtre de Nagash (Mathias) qui avait eu l’idée d’apaiser les rêves de grandeur de Sabrodt en lui livrant une victime expiatoire à intervalles réguliers. Il aurait bien évidemment dû combattre le faquin les armes à la main au lieu de chercher à l’apaiser, fulminent les Stormcast Eternals, un peu oublieux du fait que tout le monde n’est pas un guerrier immortel larger than life disposant d’arme et d’armure divines. Les villageois convenablement gourmandés, Arnhault décide de tendre un piège à son adversaire, en positionnant ses forces dans les maisons entourant le temple de Nagash et autorisant le Frère Mueller à endosser la chasuble de son collègue pour convaincre le Roi-Voilé que tout est ordre. Ce savant stratagème est toutefois compromis par l’oubli regrettable d’Arnhault d’empêcher le fourbe Mathias de nuire, le prêtre défroqué ne trouvant rien de plus malin que d’aller prévenir Sabrodt du danger qu’il court alors qu’il approchait pépouze juché sur son destrier éthéré. Fort heureusement pour les Sigmarines, leur ennemi est aussi caractériel qu’arrogant, et se contente donc d’exécuter son seul loyal serviteur pour sa peine et de continuer sa route vers le temple, où l’attend toujours le brave Mueller, inconscient du danger. Pas totalement stupide non plus, Sabrodt invoque quelques esprits pour aller reconnaître les lieux, déclenchant le feu et la fureur des Stormcast. L’arrivée d’Arnhault dans la bagarre semble toutefois avoir un effet particulier sur le Roi-Voilé, qui se met à gueuler « Volkhard ! » sur tous les toits, avec des effets dévastateurs sur l’équilibre mental de sa Némésis, frappée de plein fouet par un flashback aussi indistinct que massif. Il faudra le sacrifice de Mueller, dont le « Vous ne passerez pas ! » se termine à peu près bien pour lui que pour Gandalf le Gris et l’intervention musclée de ses troupes pour que le Knight Incantor se remette de ses émotions, et se mette lui aussi à braire un nom, celui de son adversaire. Après un dialogue primé aux Oscars entre Nanar et RV, les nighthaunts finissent par déposer les armes, et le Roi-Voilé opte pour une prudente retraite, ayant lui aussi goûté aux sortilèges barbelés éructés par le capitaine de l’équipe adverse. La logique poursuite à laquelle Nerio voulait se lancer est toutefois réfrénée par son boss, qui trouve plus urgent de « trouver la source de la malédiction de la non-vie et s’assurer de sa purge ». Quand Arnhault réalise que cela passe bien par suivre à la trace Sabrodt jusqu’à sa planque, l’ectoplasme est déjà bien loin. Pas de bol. Heureusement, le Roi-Voilé a pris soin de laisser des traces manifestes de son passage pour permettre à ses poursuivants de le retrouver sans trop de difficulté, dans le but de pouvoir leur rendre la pareille et les attirer à son tour dans un traquenard. La marche d’approche des Stormcast les amène jusqu’au site d’une ancienne bataille, qu’Arnhault identifie comme le lieu du dernier carré des forces de Zharka contre les hordes du Chaos, du temps où il était aux affaires. Car, oui, les dernières heures ont permis à notre héros de recouvrer en partie la mémoire et de se souvenir qu’avant de balancer des éclairs pour le compte de Ziggy, il avait été le Prêtre Roi Volkhard de Zharka. Il se souvient également que la traîtrise de Sabrodt l’Usurpeur avait condamné ses loyaux sujets à la mort, ce qui lui donne une raison supplémentaire d’aller arracher la burka du Roi-Voilé. Avisant l’unique carré de verdure sur la plaine désolée où est situé le tumulus funéraire de Sabrodt, Arnhault/Volkhard ordonne à ses hommes de mettre le cap sur ce point de ralliement, sans savoir (encore) qu’il s’agit de l’endroit précis où son ancien lui est tombé il y a fort longtemps. Parvenus à bon port grâce au recours à l’ingénieuse formation du Dragon et malgré quelques pertes consenties à la marée spectrale que Sabrodt n’a pas manqué d’invoquer pour défendre ses biens mal acquis, les Stormcast voient leur chef adoré virer berserk à peine arrivé sur son petit gazon (à moins qu’il ne s’agît d’un carré de chanvre, dur à dire d’aussi loin), et se ruer dans le tumulus de son ennemi en hurlant de façon incohérente. Confiant à Nerio le commandement, le brave Penthius emboîte prestement le pas à son commandant, jugeant avec sagesse que son intervention sera nécessaire d’ici à la fin de l’histoire. Laissé à la bonne gestion des affaires courantes, Nerio s’illustre par un duel de sidekicks l’opposant à un Dreadwarden mal luné, tandis que dans les ténèbres de l’antre du Roi-Voilé, Arnhault finit par remettre toutes les pièces à leur place. Sabrodt n’est pas seulement le traître qui a entraîné la chute du Royaume de Zharka, mais il est également son frère jumeau. Gasp. Cette révélation, finalement de peu d’impact sur l’histoire, encaissée, il faut bien terminer la confrontation, ce qu’Arnhault fait de façon professionnelle malgré la survenue d’un Lord-Executioner tranchant dans ses interventions (qui se prendra le Mammochon soigneusement stocké dans les tibias). Secondé par Penthius, le Knight Incantor balance une punchline tellement vacharde à son frangin que ce dernier quitte l’invulnérabilité accordée par le Trône Dragon pour aller se faire justice lui-même. C’était bien entendu ce qu’attendait Arnhault, qui lui lance un come(t) at me, bro ainsi qu’un éclair arcanique fatal, trop lentement cela dit pour empêcher son frérot de le suriner à mort lui aussi. Au final, les Stormcast Eternal sortent éprouvés mais vainqueurs de cette bataille, Penthius escortant son supérieur jusqu’au point de sauvegarde précédemment identifié afin qu’il puisse retourner en Azyrheim pour y être reforgé (et oublier à nouveau tous ses souvenirs si chèrement glanés). Les grouillots rentreront à pinces, eux. 1 : Les ghostbusters d’Azyrheim en quelque sorte. On peut même substituer les deux termes dans le générique des films et s’en sortir honorablement, c’est dire. Who you gonna call ? 2 : Malgré toutes les merveilleuses qualités de la sigmarite, on ne me fera pas croire qu’une armure de plates intégrale complétée par un masque de guerre, intégral lui aussi, sont des atours particulièrement respirants. Ca doit sentir le demi-gryff après une journée de marche. Avis : Imaginez être un auteur régulier d’une franchise med-fan, pour laquelle vous écrivez depuis une bonne vingtaine d’années, avec quelques belles soumissions à votre actif. Imaginez être contacté pour écrire la novella introductive d’un recueil destiné aux nouveaux-venus dans l’univers de cette fameuse franchise. Imaginez recevoir un cahier des charges beaucoup plus restrictif qu’à l’habitude, et dont la principale exigence serait, en filigrane, de susciter l’envie du lecteur de se lancer dans la collection d’une armée de figurines. Imaginez que votre éditeur vous glisse de manière appuyée des références à la prochaine boîte de base qui sortira pour la franchise, et vous fasse comprendre sans équivoque qu’il serait de bon temps d’utiliser ce produit comme base de réflexion pour votre récit. Imaginez faire cela, et le faire de façon tellement scolaire, pataude et évidente que le lecteur/chroniqueur (hi Mom !) tombant sur votre soumission finisse par nourrir de sérieux doute sur votre démarche littéraire, et commence son retour critique sur votre novella par l’exposition d’une telle hypothèse. La question est : devez-vous être fier, ou honteux de ce résultat ? Vous avez quatre heures. Au cas où cette introduction « picturesque » n’ait pas vendu la mèche, ce Sacrosaint n’est pas tenu en odeur de sainteté par l’auteur de ces lignes, qui en est le premier attristé. C. L. Werner est en effet à mes yeux l’un des contributeurs les plus robustes de la BL, et l’une des plumes derrière l’affirmation du style de la maison en termes d’approche et de narration, plutôt dans ces aspects positifs que dans les gimmicks assommants qui caractérisent également la prose des free lance de Nottingham dans certains cas. Au delà de l’histoire d’Arnhault et de ses sous-fifres, enchaînement de péripéties martiales d’un intérêt très moyen pour le consommateur acerbe et averti que je dois bien reconnaître être1, j’ai en effet décelé dans le style de Werner des lacunes et lourdeurs qui n’avaient pas lieu d’être dans un travail rédigé par ce bon vieux C. L. La maîtrise narrative dont il a fait la preuve dans les très nombreux romans et nouvelles publiés pour le compte de la Black Library, et en particulier lorsque ces derniers s’inscrivaient dans une série au long cours, appelant donc à un vrai travail de contextualisation à chaque nouvel « épisode » afin de permettre aux nouveaux lecteurs de ne pas être irrémédiablement perdus s’ils commençaient la saga par le mauvais bout2, ne transparaît nullement dans Sacrosaint, qui pêche plutôt par excès de « au-cas-où-vouv-l-auriez-oublié-isme ». On peut le considérer comme une mise en abyme intelligente et spirituelle concernant des personnages maniant des armes contondantes de fort beau gabarit, mais se voir marteler toutes les 10 pages que la mission des Stormcast Eternals est de libérer Wyrmditt du mââââl, ça devient rapidement assez usant, et à la limite de l’insultant pour le lecteur. Il n’aura pas oublié, je vous l’assure, d’autant plus que les forces en présence sont suffisamment manichéennes (trop d’ailleurs, Werner sait d’habitude comment noircir convenablement ses gentils, encore une déception) pour que même le plus étourdi des newbies se rappelle qui est du bon côté de l’histoire. De manière annexe, et j’y vois là encore la patte, ou au mons le souhait manifeste, de la BL de faire passer quelque message mercantile, à défaut d’être subliminal, à ses nouveaux fans, je vous invite à relever le nombre de fois où Werner énumère fastidieusement les noms des unités Stormcast Eternals, afin de ne laisser aucun flotter aucun doute sur qui manie les masses et qui décoche les carreaux3, histoire de pouvoir bien identifier les boîtes en boutique. Et le respect de la nomenclature sigmarite, dans toute sa grandeur ampoulée et ses assonnances en -or, est pour le coup, assuré. Il ne m’a fallu que trois minutes sur le site de GW pour retrouver le matériel sur lequel Werner s’est basé pour 'Sacrosaint', et le recul apporté par cette confirmation ne rend que plus évident le mal que l’auteur s’est donné pour que chaque type de troupe, chaque héros, ait ses quelques lignes de gloire dans la novella. Le dessein de la BL percé à jour, on est en droit de se demander si cette approche « low level » était la plus pertinente, eut égard à l’objectif poursuivi (convertir le tout venant au Hobby). À vouloir prémacher tout le background et tenir la main en permanence du lecteur, 'Sacrosaint' souffre d’une lourdeur qui risque de rebuter ce dernier, et lui donner une image plus flatteuse de l’univers d’Age of Sigmar, dépeint dans la novella comme tournant autour de l’affrontement entre surhommes4 aussi dévoués qu’amnésiques et esprits maléfiques à la solde d’éminences grises consumées par la rancoeur et la jalousie, avec d’innocents, et parfois malavisés, péons humains au milieu de tout ça. Je ne sais pas pour vous, mais ça ne me donnerait certainement pas envie d’aller plus loin si je découvrais AoS, en cette époque de surabondance d’univers med-fan. Et si Werner tente bien d’apporter un peu de complexité à son propos en évoquant les effets délétères de la reforge, il se contente de rappeler le Σ- Ω σω du concept dans ses écrits, bien qu’il emprunte à ce dernier le ressort narratif (assez mollasson d’ailleurs) de sa soumission. Dommage, j’aurais bien aimé qu’il partage plus de ses idées sur le sujet5. Bref, une grosse centaine de pages qui vous donneront peut-être envie d’acheter Tempête d’Âmes, sous quelque forme que ce soit, en fonction de votre degré de fanboyisme. Pour ma part, une triste et décevante introduction à Age of Sigmar et au Hobby en général, indigne des standards habituels de son auteur. Thank you, next. 1 : Et sur lequel je ne m’étendrais pas, n’étant pas le public cible de ce « produit », qui, en tant qu’unique oeuvre originale du recueil, a vraiment été commissionné par la BL dans le but de faire découvrir Age of Sigmar de la façon la plus pédagogique aux nouveaux arrivants. 2 : Se référer à la série Brunner, Bounty Hunter, ou à défaut, à sa chronique par votre serviteur. Si vous n’avez vraiment pas le temps, allez faire un tour sur la chronique des nouvelles Sickhouse et Wolfshead pour voir l’homme au chapeau dans ses oeuvres. 3 : Jeu annexe pour les plus motivés : compter le nombre de fois où Werner précise que les têtes des carreaux des Sequitors contiennent le souffle d’un Dracoth (il doit y avoir de l’élevage industriel quelque part en Azyr pour répondre à la demande, c’est pas possible autrement), à même de dissoudre la matière aussi bien que la magie. Croyez-moi, le résultat est non nul. Enfin, si, mais on se comprend. 4 : Etonnant d’ailleurs pour un livre sorti en 2018 que les gentils ne comptent aucune femme parmi eux. D’autant plus que dans la boîte Tempête d’Âmes, le Knight Invocator est une donzelle. Werner serait-il meniniste ? 5 : Le plus intéressant reste le fait qu’Arnhault est persuadé que Sigmar voudrait que ses Stormcast gardent leurs souvenirs pendant leur reforge, et qu’il s’est fixé comme objectif de corriger le processus. Mais à bien y réfléchir, c’est tout bonus pour Sigmar que ses super guerriers renaissent en n’ayant qu’une absolue loyauté envers lui à l’esprit. La vérité serait-elle ailleurs ? Fluff : Géographie (Ghur) : L’ancien royaume de Kharza intégrait les bois de Gyr, forêt sacrée de Kharza, où la lignée royale venait chasser le sanglier doré avec des lances à pointe de jade et des léopards dressés, en hommage à Taal. Wyrmditt est une ville de Kharza située à proximité d’un champ de geysers, dont les exhalaisons recèlent des minéraux rares, et traversée par la rivière Wyrm, issue du sang du demi-dragon Zhaan. Il est entouré de Frostmoor et ses glaciers hurlants, des Champs Crochus (Fangfields) et des Marches de Takrahn. Royaume de Kharza : Gouverné par des Prêtres-Rois, jusqu’à l’Âge du Chaos, où le frère jumeau du souverain légitime fit un pacte avec Nagash et utilisa ses nouveaux pouvoirs pour annihiler les défenseurs alors qu’ils se préparaient à livrer bataille aux hordes chaotiques. Le souverain de Kharza était le seul à pouvoir s’asseoir sur le Trône Dragon, qui le protège des assauts physiques et magiques… tant qu’il ne bouge pas. Parmi les légendes fondatrices de Kharza, on compte celle de l’héroïne Sofira, qui a vaincu l’Hydre Rhasst avec sa lance d’obsidienne (rq : c’est Elspeth qui terrasse Polukranos ?). Ghur (culture) : Les habitants de Ghur utilisent les mammouths pour les aider dans les travaux des champs, en échange de nourriture. Chambre Sacrosainte (Stormcast Eternal) : Les membres de cette chambre sont des Stormcast qui possèdent tous une sensibilité particulière à l’aether et à la magie. Ils sont capables de ressentir la présence divine qui imprègne les lieux consacrés. Des demi-dieux Duardin ont fabriqué une partie de leur équipement, dont des fioles enchantées qui peuvent capturer l’essence d’ennemis vaincus au combat. Faune (Khorne) : Les Blood-Maggots sont des asticots marqués par Khorne, pourpres avec la rune du Dieu du Sang marquant leur dos. Ils ne sont sensés pouvoir manger que des cadavres ayant connu une mort violente. Culte de Sigmar : Les prières à Sigmar sont analysées par des augures d’Azyrheim, qui peuvent ainsi déterminer où envoyer les Stormcast Eternals. Le processus n’est pas précis à 100%, des clarifications sont parfois nécessaires une fois arrivé sur place. Stormcast Eternal (reforge) : Il arrive que la reforge des Stormcast se passe mal (rq : c’est rare, et celà ne se produit qu’après un nombre important de reforge). L’esprit du héros décédé devient un spectre d’éclair (lightning-geist), une créature décérébrée mais dotée d’une force incroyable. Bataille de la Fontaine Maudite : Le Lord-Celestant Kadir Lingh tient en échec 3.000 hommes-bêtes avec seulement 100 Stormcast Eternals, en utilisant la formation du dragon (carré de Sequitor protégeant les Castigators de l’ennemi, et mettant un genou à terre au signal pour permettre aux tireurs de mieux viser). Divers : Sigmar n’est pas le seul à pouvoir dérober des âmes à Nagash. Tous les dieux peuvent faire de même, mais seuls les élus des divinités échappent à l’étreinte du Seigneur des Morts. • A Sending from the Grave // Vengeance d'Outre-Tombe merci @Red Qafe ! Révélation Invocations/2019/19 pages Intrigue : Red Qafe : Dans un territoire, des météorites tombent régulièrement dans le marais. Des prospecteurs les marquent pour en revendre le métal à une guilde de nains forgerons. Mais l'un des prospecteurs se fait étrangement tuer, on ne retrouve que son corps calciné. Puis c'est le patriarche d'une famille importante du village qui se fait tuer, cette fois devant témoins, par ce qui semble être une boule de foudre. Au cours des jours qui suivent, ce sont plusieurs personnes, surtout des membres de la même famille, qui se font assassiner par cette boule de foudre. Une femme, dont le métier est d'évaluer la valeur des minerais trouvés par les prospecteurs, est témoin de certains de ces meurtres. Elle comprend que la famille visée est celle de son fiancé, parti dix ans plus tôt à la guerre, envoyé par son père qui ne voulait pas de leur mariage. Elle est heureuse que son fiancé ne soit pas là. Un plan est établi, avec l'aide de plusieurs nains dotés d'armes à feu et représentant la guilde, venus défendre leurs intérêts face à cette menace qui diminue leur apport en métal. Les survivants de la famille vont servir d'appâts, et les nains vont tirer sur la boule de foudre pour... espérer lui faire mal j'imagine ? Bref, le plan, voué à l'échec, échoue, les tireur sont blessés ou tués, et les survivants de la famille sont tués. Un chevalier-incantor, un Eternel de l'orage, se présente à la femme. Il pense pouvoir récupérer cette boule de foudre, la capturer pour en débarrasser la région. Et pour cela, il pense utiliser la femme comme appât. Il la place donc dans un cercle magique, et effectivement, la boule de foudre arrive et s'avère incapable de la toucher. L'Eternel essaie alors de la capturer avec un artefact dédié mais échoue et est projeté contre un mur. La femme comprend alors que la boule de foudre est l'esprit défunt de son fiancé. Elle veut lui parler, sort du cercle de protection, et... est tuée bêtement. La boule de foudre esprit pousse un hurlement et se précipite alors vers le stock de minerais dont le magnétisme important la détruit... Le chevalier incantor savait qui était la boule de foudre. Le fiancé tant attendu avait si bien prouvé sa valeur qu'il avait été choisi pour devenir un Eternel de l'orage. Il était mort lors d'une bataille, mais alors qu'il devait être reforgé, son esprit parvint à s'enfuir, et retourna là d'où il venait. Le chevalier incantor voulait le capturer et l'étudier, espérant obtenir des informations sur la disparition des souvenirs des esprits des Eternels à chaque mort. Schattra : La petite ville de Sigmarograd vit dans la terreur d’un tueur mystérieux, laissant derrière lui les cadavres de ses victimes complètement carbonisés. Isolée dans un marais fétide dont les eaux saumâtres attirent (de façon assez peu intuitive je dois dire) les comètes d’Azyr, ce qui a fait la prospérité de la cité, Sigmarograd se retrouve fort dépourvue maintenant que le light gheist s’en est (re)venu. Après avoir branché un honnête chercheur de fer pour se faire la main, le disjonctueur s’est mis à hanter les rues de la ville, avec un attrait particulier pour les membres de la famille Petrovovich. Nous suivons les événements se dérouler aux côtés d’Ivana, la testeuse de métal (assayer) municipale, dont l’affection, réciproque mais contrariée par des parents peu amènes, pour l’un des Petrovovich (Vassili), va placer malgré elle au cœur de l’intrigue. Espérant toujours le retour de son promis, engagé dans les armées de Sigmar depuis maintenant dix ans, Ivana semble être protégée des déprédations électriques de l’esprit vengeur, que ni la milice locale, ni les arquebusiers Duardin envoyés par la Guilde Ironweld protéger ses fournisseurs (et ses intérêts, par la même occasion), ne parviennent à mettre hors d’état de nuire. Quand le Knight-Incantor Arnhault (déjà aperçu dans Sacrosaint, et donc reforgé de frais) arrive à son tour à Sigmarograd pour poursuivre son enquête sur les effets débilitants de la Reforge sur les Stormcast Eternals, les pièces du puzzle ne tardent pas à se mettre en place. Le sagace Arnhault parviendra-t-il à mettre fin aux ravages de son « ancien collègue », sans que ce dernier ne fasse de nouvelles victimes civiles, et en apprenant un peu plus sur la déperdition d’énergie et de mémoire qui frappe les Elus de Sigmar à chaque passage à la case l’enclume départ ? Pas évident… Pas évident du tout… Avis : Schattra : 'A Sending from the Grave' m’a laissé avec un sentiment mitigé. Si Werner – à présent lancé dans une parenthèse russophone, après ses péripéties japonisantes – sait toujours comment embarquer le lecteur dans ses récits, cette nouvelle aurait à mon sens gagné à être plus courte et plus directe dans son approche. En premier lieu, la présence d’Arnault au casting ne tombait pas sous le sens, et tient plus du caméo raté1 que de l’arrivée du chevalier blanc. D’autre part, cela aurait donné une chance à la révélation finale sur laquelle Werner a bâti son récit de surprendre le lecteur. Au lieu de ça, le suspens est grandement éventé au fil des pages, et des révélations et supputations que les personnages émettent au fur et à mesure que le bodycount progresse. Si on ajoute à cela le fait que l’auteur n’apporte aucun nouvel élément fluff sur la malédiction de la Reforge, qui constituait, ou aurait dû constituer, si nous sommes honnêtes, la partie la plus intéressante de la nouvelle, la déception l’emporte largement. 1 : Peut-être encore marqué par sa propre Reforge, le Knight-Incantor se plante dans les grandes largeurs, le piège qu’il conçoit pour attirer le light gheist à lui ne fonctionnant pas des masses, et conduisant son « appât » à une mort peu enviable, juste avant que le Stormcast déformé – plutôt que réformé – n’aille se suicider sur un tas de caillou. Fluff : Fer météorique : Le minerai de fer que l’on trouve dans les météorites d’Azyr est recherché par les forgerons Duardins, qui établissent souvent des liens commerciaux avec les communautés locales pouvant leur en fournir. Certaines guildes, comme l’Ironweld, vend même des bâtons magnétiques aux meilleurs prospecteurs afin de les aider localiser les meilleurs filons (rq : même principe que les baguettes de sourciers : le bout de l’ustensile se met à vibrer à proximité d’un gisement métallique important). Get your filthy hands off my aether-gold : Kharadrons (2) Révélation • Rats de Cale // Shiprats Révélation Sacrosaint & Autres Récits/2018/25 pages Intrigue : La malchance légendaire qui colle à la carène du Dragon de Fer et la peau de son capitaine, le Kharadron Brokrin Ullisson s’abat une nouvelle fois sur le fier navire et son équipage. N’ayant pas trouvé de filon d’aether-or au cours de sa dernière campagne, le navire Duardin s’est résigné à se faire cargo de grain pour au moins rentrer dans ses frais, et a chargé une cargaison de blé dans la ville de Greypeak, qu’il espère vendre à bon prix de retour à Barak-Zilfin. Ce beau projet est toutefois menacé par la présence de passagers clandestins dans la cale du Dragon, une colonie de rats bien décidée à faire bombance sur les stocks des Arkanautes. Entre les petits barbus et les encore plus petits moustachus, il ne saurait y avoir de terrain d’entente, mais que faire pour débarrasser le vaisseau de l’infestation de vermine sans endommager ce dernier ? Alors que Brokrin et ses hommes se trouvent réduits à chasser les importuns à coups de pelle, avec des résultats peu concluants, comme on peut se l’imaginer, une bonne et potentiellement riche idée est soumise : pourquoi ne pas faire un détour par la Lamaserie de Kheitar, dont les moines ont par le passé rendu un fier service aux Kharadrons en débarrassant le Dragon de la nuée de crapauds célestes (car apparemment, c’est un aléa climatique assez courant dans les Royaumes Mortels) qui avait élu domicile sur le navire à l’aide d’une fumigation un peu spéciale ? Aussi dit, aussitôt acté, la possibilité de soutirer aux bonzes une de leurs fameuses tapisseries pouvant même permettre d’espérer un profit au trésorier de la petite bande, passablement dépité par le tour pris par les évènements. Après tout, quoi de mieux qu’un lama pour venir à bout d’un rat1 ? Arrivé sur place, Brokrin emmène une poignée de ses gars à la rencontre des paisibles habitants de Kheitar, dont les ancêtres étaient tellement zens qu’ils ont réussi à apprendre à un démon les bienfaits de la méditation. Brokrin, qui connaît personnellement le grand Lama (Serge), est bien étonné de voir apparaître à la place de son vieux pote un nouveau père supérieur (Bernard), qui a la peine de lui apprendre que Serge n’est pas simplement malade (comme on pouvait s’y attendre), mais a carrément atteint l’illumination en commettant le suicide rituel du tulku, un lent empoisonnement débouchant sur une momification graduelle de l’ascète. Malgré cette triste nouvelle, Bernard se montre particulièrement conciliant avec ses hôtes, acceptant non seulement de procéder à la dératisation demandée (sous réserve que les Duardins permettent aux rats de quitter le navire, car telle est le niveau de antispécisme des bonzes), mais offrant même à leurs hôtes non pas une, mais cinq de leurs précieuses tapisseries, pour une contribution laissée à la discrétion des bénéficiaires. En cela, Bernard fait une grave erreur car cette générosité excessive ne manque de déclencher l’alerte piège à khon que tous les Kharadrons possèdent dans un coin de leur esprit. Suspectant une entourloupe, Brokrin charge donc un de ses matelots d’escorter les moines tapissiers jusqu’à bon port, tandis que lui et le reste de son escorte acceptent l’offre de Bernard de rendre visite à Serge, qui serait contre toute évidence, encore vivant. Bernard commet alors sa deuxième boulette, pas aussi grave que celle du Bordeaux – Paris de 93, mais pas loin : soucieux de faire respecter les traditions non-violentes de Kheitar (où même les démons fument du chichon), il somme ses visiteurs de déposer leurs lames avant d’entrer dans le saint des saints. Toujours un à lire les petites lignes de contrats et à trouver les failles dans les termes et conditions qui lui sont proposés, Brokrin fait remarquer à ses hommes que l’injonction du grand Lama ne couvre pas les armes à feu, et emboîte donc le pas à Bernard toujours armé de sa pétoire. Un peu plus loin, les mirifiques carpettes de Kheitar sont entreposées sans heurts dans la cale du Dragon de Fer, sous l’œil attentif et circonspect d’un ratophobe déclaré, le sergent arquebusier Drumark, dont le paternel a été fauché dans la fleur de l’âge lors d’une bataille contre les Skavens. Souhaitant s’assurer que la vermine qui grignote son grain ne s’attaque pas aux précieux tapis, il laisse remonter ses comparses et attend dans la pénombre de voir comment les choses vont évoluer. Quelle n’est pas sa surprise de voir s’extraire des rouleaux apportés par les bonzes une demi-douzaine d’hommes-rats, qui comptaient sans doute s’infiltrer discrètement dans le navire en attendant de jouer un tour pendable à ses occupants légitimes. Les plaisanteries les plus courtes étant les moins longues, Drumark a tôt fait de sonner la fin de la rat-cré, l’arsenal Kharadron ayant rapidement raison des manigances Skavens. Tout cela n’augure toutefois rien de bon pour Brokrin et ses suivants, qui ne tardent pas non plus à découvrir le pot au rat, à la suite d’une performance misérable du Jeff Panacluc Skaven, un dénommé Kilvolt ayant « jeanmarquisé » le cadavre de Serge. Sommé de révéler au véritable maître de Kheitar les secrets de l’ingénierie Kharadron, Brokrin refuse avec noblesse, et met à profit la bévue de Bernard pour arroser les hommes rats venus à la rescousse de Kilvolt avec du Kharaplomb. L’algarade ne dure cependant pas longtemps, l’arrivée de Drumark et des arquebusiers convainquant définitivement les Skavens de la futilité de leur approche. Profitant de l’accalmie, Brokrin et Cie repartent ventre à terre sur le Dragon, non sans avoir pris soin de looter quelques tapisseries supplémentaires en guise de dédommagement. De voleur à vendeur de tapis, il n’y a que peu de chose au fond. 1 : Si vous répondez : un chat, sachez que le félin apporté à bord par les Duardin a fait acte de mutinerie peu de temps après sa prise de fonction. C’est ce qui s’appelle avoir un poil dans la patte. Avis : Accompagnement au roman qu’il a consacré aux plus blindés des Duardin ('Corsaires du Dragon de Fer' //'Overlords of the Iron Dragon'), ce Rats de Cale de Werner s’avère être d’une lecture globalement satisfaisante. Notre homme retrouve avec bonheur ses victimes favorites (les Skavens), qu’il gratifie comme à son habitude d’une inventivité et d’une ambition proportionnellement inverse à leur compétence, pour un résultat aussi spectaculaire que dérangeant1. S’il y a un contributeur de la BL qui sait s’y prendre pour donner aux hommes rats leurs lettres de bassesse, c’est bien l’homme au chapeau, et on ne peut que souhaiter que Nottingham lui confie davantage de commandes portant sur les funestes et fumistes machinations des rejetons du Rat Cornu. On appréciera également l’exotisme du propos, la visite guidée de la Lamaserie de Kheitar permettant au lecteur de se remémorer l’immensité des Royaumes Mortels, où la présence d’une communauté de bonzes vénérant un démon du Chaos ayant trouvé la paix intérieure en téléchargeant Petit Bambou sur son portable est tout à fait possible. On peut regretter que l’accent ne soit pas davantage mis sur la culture des protagonistes, abordée assez succinctement à travers la mention des différentes fonctions des membres de l’équipage de l’Ang Drak et du fameux Code des Kharadron (qui sanctuarise les partenaires de commerce équitable, ce qui doit indiquer que les bananes et le chocolat sont tenus en haute estime par le Geldraad), mais que voulez-vous, on ne peut pas tout avoir dans une nouvelle de 25 pages. Le casting très développé des Arkanautes, conséquence logique de leur inclusion dans le roman cité plus haut, est un autre facteur pouvant diminuer (légèrement) le plaisir de lecture, mais, rassurez-vous, savoir qui est qui n’a que peu d’intérêt au final. Le plus important restant bien sûr de souquer les artimuses. 1 : Sérieusement, imaginer la transformation d’un cadavre de bonze en marionnette animée, c’est un coup à faire des cauchemars. Fluff: Géographie (Chamon ?) : Greypeak, une cité humaine avec laquelle les Kharadron de Barak-Zilfin font du commerce, échangeant notamment du grain contre les merveilles technologiques des Duardin. La Lamaserie de Kheitar est un autre partenaire commercial de la forteresse, dont les nobles tiennent en haute estime les tapisseries tissées par les lamas. Kheitar (culte) : Les lamas vénèrent le démon Zomoth-Tulku qui aurait découvert les bienfaits de la méditation pendant l’Âge du Chaos. Certains lamas s’empoisonnent pour atteindre une perfection mystique, et se momifient de leur vivant. • Gravesend Gold Révélation Gods & Mortals/2019/17 pages Intrigue : Les affaires n’ont pas été bonnes ces derniers temps pour le capitaine Brokrin Ullisson et l’équipage de l’Iron Dragon. Après les tapisseries pleines de rats de la lamaserie de Kheitar (‘Shiprats’) et les manticores mal lunées de Silverreach (‘Overlords of the Iron Dragon’), les ports d’attache visités récemment par l’Ironclad n’ont pas permis aux Kharadrons de se refaire, et le spectre d’une campagne déficitaire plane désormais sur les Duardins. Aussi, lorsque la vigie repère l’épave d’un vieux modèle de cargo volant Kharadron encastré dans une falaise, Brokrin saute sur l’occasion et met le cap sur le lieux de l’accident afin de fouiller cette trouvaille miraculeuse à la recherche de quoi remplir sa cale. La chance semble enfin sourire à l’Iron Dragon lorsque les explorateurs mettent la main sur une cargaison d’or profond, un minerai incroyablement rare dont la source s’est tarie depuis des siècles, pendant les soubresauts de l’Âge du Chaos. Bien que l’épave exsude une aura inquiétante, qui met mal à l’aise ceux qui s’en approchent trop, Brokrin et ses hommes repartent avec un lingot échantillon, et se promettent de transbahuter le reste du magot sur leur rafiot dès le lendemain, lorsque les conditions de luminosité permettront une opération sécurisée. Car si les Kharadrons sont avides, la sécurité sur le lieu de travail est strictement réglementée dans leur Code, et aucun capitaine digne de ce nom ne risquerait de se faire intenter un procès aux Prud’uardin pour mise en danger de ses employés. Toutefois, la tombée de la nuit provoque un événement fâcheux : l’épave se transforme en vaisseau spectral, manœuvrée par un équipage d’esprits de Kharadrons des temps jadis, et part à la poursuite de l’Iron Dragon pour reprendre ce qui lui appartient. Malgré la diversité et la puissance de l’armement dont dispose l’Ironclad (canons, mine volante, harpon géant…), rien n’arrête la menace fantôme, et l’abordage tant redouté finit par se produire. Les pistolets et coutelas étant aussi inefficaces contre les ectoplasmes barbus qu’un déodorant sur un Grand Immonde, l’affaire semble bien mal engagée pour Brokrin et Cie… Révélation …Heureusement, le capitaine n’est pas le dernier des abrutis et comprend vite que ses visiteurs ne souhaitent que rentrer en possession de leur lingot. Bien qu’ils n’en ont guère l’usage dans l’état où il sont réduits, cela n’affaiblit pas le moins du monde la légitimité de leur requête, et Brokrin peut respecter cela. Cependant, il ne s’attendait pas à ce que son homologue mort-vivant demande en sus à être compensé pour le dommage moral subi. Mais le Code étant le Code, et lui-même guère en position de refuser quoi que ce soit à un adversaire éthéré au dernier degré, il n’a d’autre choix que de consentir à ce que les quelques marchandises que l’Iron Dragon ramenait à bon port soient accaparées par ses visiteurs nocturnes. Voilà qui lui apprendra à laisser les épaves abandonnées tranquilles… Avis : Ça sent très fort la panne d’inspiration du côté de C. L. Werner avec ce très quelconque ‘Gravesend Gold’, qui vient « conclure » le premier arc de l’équipage de l’Iron Dragon sans apporter le moindre développement digne de ce nom à ses personnages. Pour un scénariste aussi consommé que notre homme, se contenter d’une simple fouille d’épave qui se termine mal, sans aucune surprise dans le déroulé ni dans l’issue de l’histoire, est un aveu de je m’en foutisme assez patent. Sans doute une commande expédiée à la va-vite pour faire plaisir à la Black Library… Quoi qu’il en soit, on peut faire l’impasse sans problème sur cette micro-péripétie et se concentrer sur ‘Shiprats’ et/ou sur les nouvelles de Drekki Flynt de Guy Haley, si on est à la recherche de khourts formats digne de ce nom. Fluff : Or profond : Une sorte d’or à la teinte rouge, la seule assez résistante pour pouvoir forger des objets tranchants, si dure que l’acier ne peut pas la rayer. Les secrets de son origine ont été perdus lorsque les Tyrans du Fer, qui avaient le monopole de la production de l’or profond, disparurent pendant les invasions chaotiques des royaumes Duardin. Take me down to paradise cursed city... (2) • The Wolf and the Rat Révélation Black Library Celebration 2022/2022/14 pages Intrigue : Scandale à la cour de Radukar le Loup, sanguinaire car vampirique maître de la cité d’Ulfenkarn, en Shyish. Une précieuse relique a été dérobée dans la crypte où elle sommeillait depuis des lustres, plongeant notre atrabilaire héros dans une colère noire (logique) : on lui a volé son doudou !!! Ah, on me dit dans l’oreillette qu’il s’agit en fait de la pelisse du vampire qui lui donné le Baiser de Sang, ce qui est un peu plus classe, mais beaucoup moins drôle, que ma version des faits. Je m’incline de bonne grâce et reprends le cours de mon récit. On apprend rapidement que le crime à peine commis est déjà revendiqué par une coterie de suceurs de sang ne goûtant pas au règne sans partage de Radukar sur son fief, et souhaitant, d’après les mots bredouillants de leur émissaire, le froussard Valac Chrobak, seulement remettre au goût du jour le conseil municipal, où Loulou aurait bien sûr un siège. Le messager ayant raté son test de charisme de façon critique, il est expédié dans la post non-vie par les gardes du corps Ogors de Radukar, qui décide de prendre les choses en main. Sachant que les ravisseurs de courtepointe lui ont donné rendez-vous dans le quartier des docks pour procéder à l’échange, il en prend le chemin sans tarder, confiant dans le fait que sa Sénéchale, l’ex-pirate tournée vampiresse (vive les reconversions professionnelles, franchement) Natasyia, sécurisera discrètement le périmètre avec les squelettes de la garde municipale, au cas où l’affaire s’envenimerait. Sur place, il retrouve une vieille et funeste connaissance, le Prince des Rats Kritza, un noble dévoyé (vampire lui aussi, évidemment) qui a pris la tête de la cabale lupophobe après que Radukar l’ait laissé pour mort suite à un petit accrochage autour de la machine à café. Kritza et son corps de lâche ne sont évidemment pas venus seuls : une petite bande de petites frappes à canines pointues a fait le déplacement, afin d’équilibrer un peu les choses entre Rad’ the Chad et Kritza le Rat. Sans surprise, l’entrevue se passe moyennement, chacun campant sur ses positions, jusqu’à ce que Natasyia arrive avec les renforts promis pour précipiter la résolution du litige… Révélation …Seulement, cette fourbe de flibustière repentie jouait en fait du côté de Kritza. C’est d’ailleurs elle qui a dérobé la peau du père de Radukar, et l’a remise aux conjurés. Les griefs de Nat’ sont simples : elle en veut à son boss de ne lui avoir pas dit qu’être un vampire créait un grand vide spirituel, ce qui était pourtant assez facile à prévoir en réfléchissant deux secondes au concept de non-vie. Heureusement qu’il n’y a pas de termes et conditions dans les Royaumes Mortels, ce serait un véritable carnage. Quoiqu’il en soit, Radukar se retrouve finalement isolé et encerclé au milieu des épaves pourries (je ne parle pas des vampires) du port, ce qui n’est pas une situation enviable. Le plan de Kritza est simple : mettre le feu à l’une d’entre elles et faire pousser le seigneur d’Ulfenkarn dans le brasier par le cordon de sécurité squelettique rameuté par Natasyia. Aussitôt dit, aussitôt fait. A moins que… Révélation …A moins que ce rusé de Radukar ait flairé la combine à des kilomètre grâce à sa truffe de loup, et ait pris des mesures de contingence pour piéger les piégeurs. Il désactive ainsi les squelettes d’une simple commande vocale1, et fait signe à ses fidèles Ogors zombies de sortir des coulisses avec leurs pieux de fonction pour châtier les trublions. Ce retournement de situation pousse la clique de Kritza à tenter de rusher Radukar, avec des résultats… médiocres. Un peu plus réfléchie, Natasyia se saisit de la pelisse convoitée par son ex-patron, et fait mine de la jeter dans les flammes de l’épave s’il ne la laisse pas partir. Manque de bol, en tant que « fille » de Radukar, elle découvre bientôt que braver la volonté paternelle n’est pas une sinécure, et finit par apporter gentiment la fourrure au brasier, et elle avec par la même occasion, lorsque le pater familias lui ordonne. Reste Kritza, qui en tant que personnage nommé avec une figurine dispose d’une sauvegarde invulnérable en sigmarite, et se tire donc d’affaire avec son special move, l’effervescence murine. La nouvelle se termine sur ce tableau théâtral, Radukar jurant sur ses grands morts d’éradiquer la menace surmulote sans aucune merci. Prend des notes, Anne Hidalgo. 1 : J’imagine que chacun squelette avait une dent bleue au fond de la mâchoire. Avis : Nouvelle d’accompagnement du livre qu’il a consacré à la dynastie Vyrkos (‘Cursed City’), qui n’était lui-même qu’un produit dérivé de la boîte de jeu éponyme, ‘The Wolf and the Rat’ sent franchement le réchauffé. Les fortes contraintes scénaristiques avec lesquelles il a dû composer pour écrire cette nouvelle, dont tous les personnages nommés devaient réchapper, ont amené le vétéran Werner à nous servir de la soupe littéraire, qui n’intéressera à la rigueur que les lecteurs souhaitant creuser le lore d’Ulfenkarn, bourgade mineure de Shyish et bac(kground) à sable patenté. Mêmes les surprises que l’auteur souhaitait ménager en guise de twists finaux tombent à plat, faute d’alternatives crédibles à l’inénarrable trahison-du-bras-droit-secrètement-insatisfait, contrée aussi sec par la toute aussi fameuse prévoyance-de-vieux-briscard-qui-ne-faisait-que-donner-le-change-mais-qui-avait-tout-pigé-depuis-longtemps. C. L. Werner fait généralement beaucoup mieux quand on le laisse s’amuser avec des ratons, et on peut donc classer cette nouvelle parmi ses moins réussies pour le compte d’Age of Sigmar. Fluff : Mournhold: Une cité portuaire de Shyish, conquise par le vampire Radukar de la dynastie des Vyrkos, qui la rebaptisa Ulfenkarn. • Last of the Braskovs Révélation Thunderstrike & Other Stories/2021/29 pages Intrigue : Le retour au bercail est compliqué pour la Capitaine Emelda Braskov, descendante d’une famille noble de la cité de Mournhold, en Shyish, et fraîchement démobilisée de l’armée où elle avait servi pendant quelques années. D’une, sa ville natale a été renommée Ulfenkarn pendant son absence, ce qui fait toujours un coup au moral (demandez aux habitants de Ploubalay pour voir). De deux, ladite ville, déjà peu riante à la base du fait de son exposition permanente à la météo capricieuse propre à la côte du Royaume de la Mort (c’est pas pour rien qu’on dit qu’il fait un temps de shyishien), est devenue carrément lugubre depuis que le vampire connu sous le nom de Radukar le Loup s’est autoproclamé maître de la cité. De trois, le règne brutal et anarchique de Radukar a eu un impact désastreux tant sur les habitants que les bâtiments de Mournhold/Ulfenkarn, les premiers étant réduits à la condition de donneur de sang quotidiens, les seconds tombant en ruines dans l’indifférence la plus totale du service de la voirie (#RavageUlfenkarn) et servant de repaire à une faune aussi bigarrée qu’affamée. Bref, c’est la zone. Cela n’empêche pourtant pas notre intrépide – la plupart du temps, elle a des coups de mou de ci de là – héroïne de tenter d’aller visiter le manoir de sa dynastie, afin de se remémorer le bon vieux temps. Bien qu’elle ait laissé à son départ en croisade un vieux père (Varislaus) et une ribambelle de frères en la demeure, il semble qu’elle soit de fait la dernière des Braskov, Radukar ayant une grosse dent, et pas une molaire, contre la vieille noblesse locale. Coup de chance pour la revenante (mouahaha), elle peut compter sur le coup de main d’un ancien camarade de service militaire, le prêtre de Sigmar Grigori, qui était là quand la transition a été effectuée d’une administration à la suivante, et connaît donc Ulfenkarn et ses dangers comme sa poche. S’étant faite presque gauler par la patrouille lors de sa visite à Grigori, réalisée après le couvrefeu et donc punissable de mort par le service d’ordre squelettique mis en place par Radukar, Emelda ne dit pas non à une visite guidée dans les vieux quartiers de la ville, où se trouve le manoir des Braskov. Grigori connaît un raccourci, qui a l’avantage et l’inconvénient de passer à proximité de l’antre d’un nécrolique, charmante bestiole dont le regard pétrifie ses victimes, ce qui décourage les visites de courtoisie. L’odorat développé de ce gros lézard peut toutefois être retourné contre lui, et si une racine particulière est placée devant sa grotte, il ne pourra pas en sortir avant que l’odeur s’en estompte, ce que ce finaud de Grigori compte bien faire. Juste après avoir déposé le pot pourri sur le paillasson du monstre, le duo de touristes croise la route d’un honnête pillard de ruines, qui pour son malheur revient de la villa Braskov et s’attire donc l’antipathie immédiate d’Emelda. Si le malotru (Vladislav) parvient à s’enfuir sans demander son reste, il a le temps de jeter un vieux doute dans l’esprit de notre farouche guerrière, en lui révélant que son vieux père a accepté le Baiser de Sang de Radukar et a rejoint sa Cour Assoiffée, ce que Grigori ne lui avait pas indiqué, pour ne pas la froisser. Quel gentleman, tout de même. Et en effet, lorsque les deux randonneurs de l’extrême arrivent à bon port, Emelda a la douleur de constater que c’est bien un vampire qui joue (mal) de l’orgue dans le petit salon de la demeure, comme son père avait l’habitude de le faire de son vivant. Les retrouvailles entre Braskov se passent bien, papa usant de son charme envoûtant pour hypnotiser sa fille et lui passer sa MST (Malédiction Sanguinement Transmissible)… enfin presque. Ce butor de Grigori intervient au dernier moment et dégaine un talisman de Sigmar à lumière stroboscopique, ce qui incapacite le vampire et ses zombies de compagnie suffisamment longtemps pour que leurs invités puissent s’échapper à toutes jambes. Le karma ne tarde cependant pas à punir le prêtre indélicat, puisqu’il se fait changer en pierre lorsque le duo fait une pose à proximité de l’antre du nécrolique. Rien à voir avec la fraîcheur de la racine chauve-souris que Grigori avait utilisé pour bloquer la sortie du monstre : c’est ce fieffé coquin de Vladislav qui a jugé marrant de prendre la racine avec lui alors qu’il repartait en ville pour faire les pieds à ces empêcheurs de looter en rond. Emelda aurait connu le même sort que son ami n’eut été l’état déplorable des ruines dans lesquelles le nécrolique s’est établi, qui s’effondrent sur la tête du lézard pétrificateur à la première poussée de Miss Braskov, le faisant passer de mort-vivant à mort tout court. Qui vit par la pierre périt par la pierre, comme dit le proverbe. C’est maintenant au tour d’Emelda de se venger, et elle ramène un Vladislav toujours aussi peu coopératif jusqu’au manoir familial afin de vérifier l’information qu’il lui a donné pour qu’elle épargne sa vie lorsqu’elle lui est tombée dessus alors qu’il se soulait tranquillement dans un des derniers bars respectables d’Ulfenkarn : l’emplacement du cercueil de Vratislaus. En fille modèle, Emie ne peut en effet laisser son paternel dans l’état déplorable dans lequel il se trouve, et souhaite le surprendre au saut du lit pour lui faire don d’un pieu dans le cœur, ou quelque chose comme ça. On ne saura cependant jamais si le tuyau de Vlad était percé ou pas, le muffle tentant encore une fois de se carapater sur le chemin du manoir, mais croisant cette fois la route d’un Vargskyr affamé, avec des résultats… définitifs. Désertée par tous ses camarades masculins, Emelda se retrousse les manches et provoque une seconde réunion de famille, interrompant à nouveau son père qui jouait (mal) du Richard Clayderman sur son clavier Bontempi. Motivée par le spectacle de la dernière victime des appétits sanguins Vratislaus et par le grigri de Grigori qu’elle a pris soin de prendre avec elle (et de recharger avec des piles neuves), Emelda refuse à nouveau les avances de promotion jugulaire de son papounet, et le poursuit en hurlant « viens ici que je te bute, sale enc*lé » à travers toutes les pièces du manoir. Car Vlatislaus Braskov déteste apparemment le conflit à un tel point qu’il préfère s’enfuir à toutes jambes plutôt que d’affronter une simple mortelle équippée d’un bracelet néon. La lose. Au bout d’une calvacade assez longue, Emelda finit pourtant par localiser l’endroit où son père a caché son cercueil, et balance le talisman répulsif à l’intérieur, empêchant Vlatislaus de repasser par la case départ et de toucher 10.000 €. Avec le jour qui se lève, et son oubli tragique de fermer les volets de la bibliothèque où il a installé son fat boy, le vampire se retrouve bien embêté : certes, il peut maintenant porter la main sur son effrontée de fille, maintenant qu’elle n’a plus son talisman sigmarite sur elle, mais il ne peut pas la forcer à enlever ce dernier de son caisson d’isolation, ce qui n’arrange pas ses affaires. Profitant de la confusion de son buvard daddy, Emelda lui tranche la tête d’un coup d’épée, devenant officiellement la dernière des Braskov, et se dégageant du temps pour aller régler ses comptes avec ce triste sire de Radukar. On lance une petite partie ? Avis : Elevé au rang d’auteur officiel de la boîte de jeu Cursed City, C. L. Werner donne à l’un des héros de cette dernière un historique plus détaillé que la page de fluff du livret de règles, et c’est tout à son honneur. En matière d’introduction à l’histoire et à l’ambiance propres à Ulfenkarn, cet auteur vétéran fait tout à fait le job, présentant la cité mort-vivante, ses dangers et même sa faune de manière experte et captivante. Cela donne envie de s’acheter le jeu pour commencer une partie, et je pense que c’était l’objectif poursuivi par la BL lorsqu’elle a mandaté l’homme au chapeau pour écrire cette nouvelle, donc well done, Herr Werner. Je l’ai par contre connu plus inspiré que ça en tant que scénariste, la mini-quête nostalgico-parricide d’Emelda Braskov semblant tirée tout droit d’un script de jeu vidéo pas très bien foutu, à force d’errements caractériels de la demoiselle (qui oscille entre courage et peur, volonté et renoncement, selon ce qui arrange le plus le scénario), aller-retours entre les mêmes lieux (l’antre du necrolisque, le manoir familial), et autres fluctuations suspectes du niveau de menace posé par son paternel (un être aussi rapide et fort qu’un vampire ne devrait être forcé à la fuite par une simple humaine portant un talisman de Sigmar...). Au final, c’est une sympathique descente dans les bas fonds pittoresques d’Ulfenkarn, mais loin d’être le meilleur de ce que C. L. Werner peut nous proposer. Fluff : Mournhold : Une cité sigmarite de Shyish, située au bord de la Baie de la Banshee, et tombée sous la coupe du prince vampire Radukar le Loup après qu’il soit intervenu avec ses Ogors Korasagi pour lever le siège du Prince Démon Slaughn. Radukar s’installa dans la Citadelle d’Ebène, l’une des forteresses de Mournhold, et rebaptisa la cité Ulfenkarn. Une cohabitation malaisée s’installa entre vivants et morts, les premiers devant payer un tribut de sang à leur nouveau maître, et se voyant interdits de sortir dans les rues après la nuit tombée, sous peine d’exsanguination par l’Ulfenwatch, les patrouilles de squelettes arpentant la ville pendant le couvrefeu. Les autres monuments notables de la ville sont la Cathédrale de la Comète, le Temple de Nagash et la ménagerie Ven Alten. Faune : Le necrolique est un parent mort-vivant du basilique, capable lui aussi de pétrifier ses victimes d’un seul regard (cela ne fonctionne que sur les créatures vivantes). Il ressemble à un lézard de la taille d’un cheval, avec huit pattes griffues. Il se nourrit de la force vitale de ses proies. C’est une créature nocturne qui déteste l’odeur de la racine chauve-souris (bat thorn), ce qui permet de l’éloigner. Autres (7) • The Deeper Shade Révélation Black Library Advent Calendar 2018/2018/13 pages Intrigue : Quelque part sur le littoral luxuriant de Ghyran, la bande d’affreux du sorcier Thalinosh de Charr se prépare à explorer un donjon un peu particulier. La cible des cultistes est en effet la Griffe de Mermedus, une aiguille rocheuse fermement plantée dans une baie isolée de la côte ghyranite, et que les locaux évitent avec soin du fait de son effroyable réputation. Comme le confirme le vieux prêtre de Sigmar que Thalinosh a capturé pour lui servir de guide, un fantôme assoiffé de sang moelle hante les lieux et attaque tant les hommes que les navires ayant la mauvaise idée de s’aventurer sur son territoire. Il en faut cependant plus pour décourager notre héros, car c’est ici-même que son apprenti fugueur (Gratz) a perdu une relique que le sorcier souhaite absolument récupérer, spectre grognon ou pas. Accéder à la grotte où le monstre, que Thalinosh suppose avec raison être désormais l’heureux détenteur de son bien, se prélasse ne sera pas chose facile, la caverne se situant à la base de la Griffe et étant donc submergée par les eaux. Il en faut toutefois plus pour décourager le sorcier, qui grâce à un ingénieux dispositif de digue (magique) et de pompage (magique aussi), parvient à mettre la base de l’aiguille en cale sèche, au modique prix de la vie du prêtre et de son chenapan d’apprenti. Ceci fait, il emmène ses fidèles suivants, commandés par l’homme-bête Sharga et la guerrière Borir, faire un peu de spéléologie marine. Au bout d’une marche d’approche sans autres désagréments qu’un pantalon trempé et une persistante odeur de limon, la fine équipe arrive au cœur de la Griffe, où tout semble indiquer que le mystérieux fantôme a pris ses quartiers. Le sol est en effet jonché d’ossements rongés et de trésors boueux, et lorsque le trio de goons qu’il a envoyé à l’avant-garde est attiré sous la surface par un invisible assaillant, il est temps pour que le boss fight que l’on devinait se profiler à l’horizon se déclenche. Envoyez la musique… Révélation …L’adversaire auquel Thalinosh et Cie font face se révèle être un Krakigon adulte, soit le fruit des amours interdits entre un kraken et un caméléon. Si les capacités mimétiques de la bête compliquent dans un premier temps son ciblage par nos aventuriers trempés jusqu’à l’os, la magie de Thalinosh permet de jeter une lumière crue sur l’ennuyeuse bestiole, et de révéler que dans grande coquetterie, elle porte l’éclat de shadeglass dérobé par Gratz à son tuteur en sautoir. Au bout d’un combat éreintant au cours duquel tous les personnages non nommés finissent éclatés sur les parois de la grotte ou dévorés par la bête, l’intrépide Sharga parvient à arracher le précieux du maître au caractériel calamar, avant que ce dernier ne se fasse écraser par un pan de falaise que ses tentaculaires gesticulations avaient dérangé. Voilà une affaire rondement menée… Révélation …Mais cela est sans compter la perfidie naturelle des Disciples de Tzeentch, bien sûr. Borir trahit donc ses comparses et arrache le précieux éclat des doigts raidis par la mort du pauvre Sharga après lui avoir planté sa dague rituelle dans le cœur. Elle révèle à Thalinosh avoir fait un pacte avec le rival de ce dernier, l’infâme Carradras (qui s’est enfin réveillé, il faut croire), et, confiante dans l’état de fatigue avancé de son ancien patron après les efforts consentis pour venir à bout du Krakigon, lui expédie sa dague en pleine poitrine pour faire bonne mesure. En cela, elle commet une grave erreur, comme lui souffle ce rusé de Thalinosh, car c’est le sortilège du sorcier qui empêche les eaux d’engloutir la grotte où ils se trouvent. Réalisant sa boulette, Borir se lance dans un sprint éperdu en direction de la sortie, laissant Thalinosh seul dans la caverne, mais moins mal en point qu’il n’y paraissait. La dague avec laquelle la traitresse l’a frappé étant un athame qu’il a lui-même confectionné, il ne pouvait être blessé par ce projectile. Mouahahaha. Trop fatigué pour donner la chasse à son acolyte, il claque ses dernières réserves de mana dans un sort de vol afin de sortir de la Griffe par le trou dans le plafond obligeamment aménagé par le Krakigon dans son agonie, et a la satisfaction de voir Borir se faire submerger par les vagues lorsqu’il met fin à son enchantement. Qui sait, peut-être qu’il trouvera ce qu’il cherche lors de la prochaine marée basse ? Avis : C. L. Werner revisite l’archétype de la nouvelle d’heroic fantasy, la bande d’aventuriers en quête d’un artefact mystique gardé par un monstre patibulaire, en mettant en scène une bande de cultistes de Tzeentch plutôt qu’un groupe à l’allégeance plus neutre. Le résultat est tout à fait satisfaisant, même si assez convenu, Werner ayant assez de métier pour rendre une copie de qualité. Un filler très honnête. Fluff : Krakigon : Un monstre marin ressemblant à un kraken, doté de nombreux tentacules terminés par des éperons osseux, quatre nageoires et de huit yeux. Le Krakigon a la capacité de changer la couleur de sa peau de manière instantanée, le rendant très difficile à apercevoir. • No Honour Among Vermin Révélation Inferno! #2/2019/21 pages Intrigue : Membre d’un commando d’élite missionné par le Prophète Gris Nezslik pour lui rapporter une cloche démoniaque1, dont les actuels propriétaires, une petite congrégation de cultistes de Khorne, n’étaient pas disposés à se séparer, même contre tout le cheddar de Vile Ville, le rat à tout faire Fylch Tattertail doit composer avec un certain nombre d’aléas venant compliquer une mission pourtant pensée dans ses moindres détails. Ayant pris soin de repérer les lieux en prévision de leur casse, les skavens ont beau connaître sur le bout des griffes les horaires et le déroulé des offices, au cours desquels un bien heureux fidèle a le privilège de servir de snack au démon clochard (formule adaptée, autant en profiter), et bénéficier de l’avantage de la surprise, de la préparation et de la puissance de feu, le proverbial grain de sable qui semble poursuivre la noble race des hommes rats dans toutes leurs entreprises ne manque pas de se matérialiser avec volupté dans l’engrenage bien huilé des manigances de Fylch & Cie. Crotte-zut. Pour notre héros, cette poisse persistante s’exprimera par un corps à corps mal négocié avec les gardes du corps de Cloclo, permettant au prêtre suppléant (le titulaire ayant du s’excuser suite à une balle de jezzail prise en pleine poire un peu plus tôt) de mettre le précieux carillon en sécurité dans un sarcophage enchanté avant d’être victime d’une combustion spontanée, ce qui obligera Fylch a un crochetage express et en mode contre la montre dudit caisson, sous le regard sévère et sanguin du technomage en charge de l’opération (Skowl Scorchpaw). Il lui faudra ensuite transporter la future cloche à fromage de Nezslik jusqu’au point de collecte le plus proche, en évitant soigneusement de la faire vibrer, le pope Khorne officiant dans icelle étant un glouton patenté, ne sachant pas dire non à un petit gueuleton sur le pouce, dès lors qu’on le sonne. Pour les camarades de Tattertail, tous des experts dans leurs disciplines respectives, les conséquences seront malheureusement bien plus graves et définitives : incident de tir explosif pour le tireur d’élite, masque à gaz défaillant pour le globadier, rat incendiaire trop collant pour le dresseur, trahison bête et méchante pour le gros bras de service et le géo trouve-tout de la bande, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que Fylch et son patron pour se partager le butin promis par leur puissant commanditaire. Ayant trempé de près ou de loin dans tous les regrettables « accidents » ayant fauché ses braves camarades dans la fleur de l’âge (pour un skaven, c’est 5 mois et 20 jours), à la demande expresse d’un Scorchpaw guère partageur, Fylch ne nourrit guère de doute sur le destin qui l’attend s’il laisse le technomage aux commandes de l’opération. Fort heureusement, notre héros est un rat plein de ressources, et comme on dit au Conseil des Treize, « passe-moi la salade, je t’envoie la rhubarbe rira bien le rat qui rira le dernier ». 1 : Les Skavens et les cloches, c'est décidément une histoire d'amour, quelle que soit la franchise. Avis : Werner et les skavens, c’est une affaire qui roule depuis maintenant des années, et ce sympathique 'No Honour Among Vermin' ne vient pas déroger à la règle. Peu d’auteurs de la BL ont en effet pris la mesure des particularités de nos chers hommes rats comme C. L. l’a fait, ce qu’il démontre de manière magistrale dans cette nouvelle au rythme enlevé, et – c’est à signaler – absolument pas connotée Age of Sigmar (jugez un peu : ni Stormcast, ni Royaumes, ni portails… rien que des Khorneux bas du front contre des skavens astucieux), au point que j’en viens à soupçonner la récupération d’un travail écrit avant la disparition de WFB, et « habillé » aux couleurs de la nouvelle franchise med-fan de GW. Quoi qu’il en soit, le plaisir de lecture n’en est pas affecté, et c’est bien le principal. La réussite première de Werner pour cette soumission aura ainsi de mettre en scène de manière probante, à travers l’exemple de l’ingénieux Fylch Tattertail et de ses comparses de l’agence Tooreesk, le quotidien mouvementé de nos ratons favoris, dont on ne sait jamais trop s’ils vivent la pire journée de leur vie (les premiers deux tiers de la nouvelle) ou s’ils sont en maîtrise totale des évènements (la conclusion). La réponse se situe sans doute entre ces deux extrêmes, les sujets médiocres ou malchanceux ne vivant pas assez longtemps pour apprendre de leurs erreurs, tandis que les individus suffisamment retors et intelligents arrivent (presque) toujours à se sortir de situations que le commun des mortels considèrerait comme inextricables. La société skaven, une impitoyable méritocratie ? Vous avez 10 minutes (le temps de lire la nouvelle). Fluff : Skavens (culture): La langue des hommes rats s’appelle le Queekish (rq : à ne pas confondre avec le Quidditch). La Paw of Gory est une patte de skaven enduite de paraffine et dont chaque griffe se termine par une mèche. Une fois allumée, et tant que les flammes brûlent, la Paw of Gory contrecarre les sceaux magiques et malédictions diverses destinées à empêcher son propriétaire de voler un objet qui bénéficierait de ce genre de protection. • Reflections in Steel Révélation Black Library Advent Calendar 2019/2019/19 pages Intrigue : Le village de Kyoshima, attaqué par la bande du chef barbare Gharm, brûle bellement tandis que ses habitants sont passés au fil de l’épée par les pillards1. Tous ? Non ! Le jeune Kenji, qui revenait sans doute du casting de The Voice, est épargné in extremis par le boss en question, qui n’hésite pas à châtier un de ses sbires de son épée enchantée2 lorsque le rustre fait mine de hacher menu notre menu. La discipline, c’est sacré. La situation de Kenji ne s’améliore toutefois que marginalement suite à ce sauvetage, le coup de buzzer et d’espadon de Gharm ne débouchant que sur une douloureuse servitude aux mains du maître esclavagiste Sazaal, dont le sadisme et l’amour des châtiments corporels font honneur à cette belle profession. Placé tout en bas de la pyramide sociale de l’armée du chef de guerre Kravoth, Kenji tue le temps en tuant ses compagnons d’infortune pour nourrir les fringantes et carnassières cavales de l’ost chaotique, et en se jurant de vivre assez longtemps pour se venger de son infâme tortionnaire. C’est à l’occasion d’un raid mené contre un nouveau village qu’une occasion se présente pour l’esclave de mener ses plans à exécution, et Sazaal également par la même occasion. Réquisitionné par les maraudeurs – qui apprécient sans nul doute sa jolie voix, même s’il est quasiment impossible de jouer de la guitare avec les mains enchaînées – Kenji se retrouve pris dans une embuscade montée par des Skavens en quête de loot, et qui s’abattent sur l’arrière garde piétonne de la bande pillarde alors que les cavaliers ont le dos tourné. Quand on vous disait que ces hautes herbes étaient dangereuses (saleté de Ratatas). Un coup de chance et une épée récupérée sur un cadavre plus tard, Kenji peut enfin laisser libre cours à sa revanche, et réduit Sazaal en purée une fois la vermine mise en déroute. Loin de s’offusquer de ce petit meurtre entre amis, Gharm, revenu sur ses pas constater pourquoi ses péons n’arrivaient pas, libère Kenji de ses chaînes et lui offre un CDI (carnage à durée indéterminée) dans son équipe, ce que Jiji accepte sans broncher. Nous retrouvons notre héros quelques temps plus tard, à l’occasion d’une véritable bataille entre la horde de Kravoth et un ost de Fyreslayers probablement doublement discriminés du fait de leur peau noire et de leur poil roux (combo). L’affrontement donne l’occasion à Kenji de s’illustrer auprès de son n+1, en l’aidant à venir à bout d’une Salamandre souffrant d’un léger problème de coordination motrice, en s’acharnant comme le sadique qu’il est devenu sur le petit orteil de la bestiole. Ce qui est atrocement douloureux, comme quiconque a une table basse chez lui peut en témoigner. De hauts-(mé)faits en triomphes, la côte de Kenji continue de croître en même temps que son stuff se bonifie, ses chakrams de fer passant à l’or, au platine, puis au diamant, jusqu’à ce jour fatal où Gharm emmène ses ouailles piller un hameau absolument mi-na-bleuh, ce que notre self made man trouve très humiliant, en grande partie car cela lui rappelle douloureusement ses propres débuts. D’ailleurs, c’est lorsqu’il refuse d’épargner un jeune garçon qui se cachait dans les décombres de sa cahute que Gharm se retourne contre son suivant dissipé, et lui fait goûter à la même médecine métallique et auto-nettoyante qu’au faquin qui avait fait mine de lui porter le coup de grâce toutes ses années auparavant. La boucle est bouclée pour Kenji, qui ne peut constater la disparition de sa bonne étoile, tandis que son menton repart avec sa nouvelle trouvaille, Lilian Renau (sans doute). 1 : Ce qui permet de vérifier encore une fois que les noms se terminant en -shima semblent attirer les catastrophes (voir Hiroshima et Fukushima). 2 : Elle se nettoie toute seule en un clin d’œil… Voilà ce qui arrive quand on laisse ce farceur de Zuvassin s’occuper des dotations aux aspirants. Avis : Après 'The Last of the Blood' ('Maledictions'), C. L. Werner poursuit ses explorations japonisantes des Royaumes Mortels, avec cette nouvelle de belle facture, remettant au goût du jour deux classiques de la littérature « chaotique » : le cheminement (ou la déchéance) du héros, qui progresse insensiblement vers la damnation jusqu’à devenir ce qu’il avait toujours combattu d’une part ('Les Cavaliers de la Mort', et plus récemment, 'The Path to Glory'), et la saga épique se terminant de façon ignomineuse et prématurée, rappelant à quel point les Dieux du Chaos sont des maîtres cruels et inconstants ('The Ignorant Armies', 'The Laughter of the Dark Gods', 'The Talon of Khorne'). Si ce récit n’apprendra rien de nouveau aux vétérans de la BL, qui pourront tout de même bénéficier de la maîtrise de Werner en matière de conduite d’intrigue et de construction d’atmosphère – on regrettera seulement que les Skavens de l’histoire ne soient que des goons, alors que l’homme au chapeau s’est souvent illustré par son utilisation inspirée de cette noble race dans ses écrits – , les plus jeunes (ou en tout cas les plus neufs) des lecteurs en seront quitte pour un apprentissage des choses du lore, en compagnie d’un des professeurs les plus qualifiés et compétents qui soient. À mettre en toutes les mains/pattes/tentacules. Fluff : Rien à signaler. • The Abominations of Kriik Weirdpaw Révélation Age of Sifmar Week 2023/2023/23 pages Intrigue : La collecte osseuse menée par le Soulmason Carsius dans les villages tributaires de la Légion Dolorum ne se passe pas comme prévu. L’expédition des Ossiarch Bonereapers a en effet traversé plusieurs hameaux vides d’habitants, et donc d’os, et portant des marques de combat1. Sur le conseil du Necropolis Stalker qui lui sert de second (Quintus, en référence aux cinq personnalités distinctes qui habitent son squelette quadricéphale – quatre achetées, une offerte –), Carsius décide de pousser jusqu’à l’île de Myrne, utilisée par les habitants du Blytemoor comme refuge en cas d’invasion depuis des temps immémoriaux. Cette intuition se révèle payante, et les légionnaires se retrouvent face à face avec un groupe de villageois déconfits, chassés de leurs villages par les déprédations d’une horde impie. Ces attaques constituant une violation du pacte conclu entre les Bonereapers et les humains de leur domaine (pétrole contre nourriture protection contre ossature), Carsius s’engage à bouter les fâcheux hors du Blytemoor, et de rétablir la quiétude putride de ce marais bucolique. Dès lors, la narration alterne entre le point de vue de Carsius et celui de Quintus, parti en éclaireur avec quelques Morteks afin de localiser le camp de base des braconniers. Arrivés à temps à proximité du village de Darkmere pour être témoins de son attaque, le Necropolis Stalker et ses hommes peuvent enfin identifier leur ennemi. Sans surprise (voir le titre de la nouvelle, son illustration et le passif de C. L. Werner), il s’agit de Skavens, mais de Skavens particulièrement moches, attention. Les hommes rats qui se déversent sur Darkmere afin d’en capturer les habitants, troupeaux et victuailles arborent en effet des mutations osseuses particulièrement répugnantes, mais également étrangement familières pour Quintus. C’est comme s’ils essayaient de reverse-engineer des modèles bien plus élégants et fonctionnels, avec le côté destroy et jemenfoutiste propre à leur race. Ne comptant malheureusement pas de fin limier dans sa collection d’animii, Quintus ne perce pas à jour ce mystérieux mystère, et en est quitte pour poursuivre son enquête de terrain. Après quelques heures de discrète poursuite de la colonne skaven (et une utilisation décisive de la technique de la plume pour rester hors d’odorat de leurs proies), Quintus et Cie finissent par localiser l’entrée du terrier des hommes rats, et plutôt qu’attendre que Carsius et le reste des troupes les rejoignent en jouant aux osselets, ils décident de lancer une attaque suicide au cœur du QG adverse afin de maintenir l’ennemi occupé et limiter les chances de détection de la colonne Ossiarch. Ce noble dessein coûtera presque sa non-vie à Quintus, mais lui permettra de tirer cette histoire de copyrights enfreints au clair de manière définitive. Capturé après une série d’escarmouches par les Skavens, il est amené dans le laboratoire de Kriik Weirdpaw, un Maître mutateur du Clan Moulder obsédé par les Ossiarch Bonereapers et s’étant inspiré à la fois de leurs châssis et de leurs techniques d’approvisionnement en matières premières dans ses expérimentations démentes. Bien qu’étant dans la posture peu enviable de la grenouille pendant le TP de dissection, Quintus parvient à se libérer de ses chaînes grâce à son barbare intérieur (les avantages secrets de la schizophrénie) et à sortir vainqueur d’un combat peu favorable contre l’Abomination pimpée que Kriik était en train de terminer dans son labo. L’affrontement provoque un incendie, au cours duquel le Maître mutateur disparaît (de l’histoire en tout cas), et qui permet à un Quintus bien ébréché de se frayer un chemin jusqu’à la surface, où Carsius et le gros des troupes (un Gothizzar Harvester) ont brillamment repoussé les assauts des Skavens calcifiés. La nouvelle se termine par la libération des captifs humains que Kriik gardait en réserve dans son repaire, et auxquels un Carsius compréhensif donne royalement dix jours pour retourner dans leurs villages et rassembler le tribut d’os qui est dû à leurs suzerains. C’est ce qu’on appelle la trêve décennale (à ne pas confondre avec la garantie hivernale, bien sûr), et c’est la preuve que les Ossiarch Bonereapers sont sans aucun doute la faction plus empathique de tous les Royaumes Mortels. 1 : C’est ce qu’on appelle, et n’appelle pas, « tomber sur un os ». Avis : Des années après son ‘Marshlight’, C. L. Werner reprend le concept éprouvé mais toujours marrant des Skavens essayant tant bien que mal de copier la tech’ d’autres factions dans ce ‘The Abominations of Kriik Weirdpaw’, qui, comme son lointain prédécesseur, ne laisse finalement aux hommes rats que le rôle d’antagonistes. Pour ma part, ce parti pris m’a plutôt satisfait, car il a permis à Werner de centrer le propos sur une armée encore assez mystérieuse (en tout cas dans la GW-Fiction) d’Age of Sigmar, les Ossiarch Bonereapers. L’auteur vétéran rend une copie nuancée des plus intéressantes, illustrant les relations complexes qui unissent les super soldats de Nagash à leurs protégés/fournisseurs de (cu)bit(u)s, et, dans un tout autre registre, utilisant à bon escient tout le potentiel narratif des animus multiples que l’on retrouve aux commandes de ces Mecanos osseux. A l’heure où cette chronique est écrite, les nouvelles écrites du point de vue des Ossiarch Bonereapers sont encore assez rares, faisant de ‘The Abominations…’ une soumission incontournable pour les lecteurs intéressés par cette faction. Fluff : Shyish (Géographie) : Le marais de Blytemoor est un territoire placé sous domination de la Légion Dolorum des Ossiarch Bonereapers. Il compte plusieurs villages humains, dont Darkmere, Oakhollow, Greybriar et Stillpool. • Last of the Blood // Le Dernier du Sang merci @Red Qafe ! Révélation Maledictions/2019/16 pages Intrigue : Red Qafe : Les derniers survivants du clan Nagashiro, certains par le sang, d'autres par mariage, sont convoqués et réunis dans ce qui reste du palais du clan par le seigneur actuel. Il leur explique qu'ils sont victimes d'une malédiction : tous les cent ans, le spectre d'un bourreau chargé d'exécuter leur famille vient tenter d'exécuter tous les survivants en question. Mais le seigneur du clan a une idée : il pense pouvoir faire en sorte de berner le spectre. On met tous les survivants dans un cercle de protection, les rendant invisibles au spectre, on invoque ce dernier, et comme il ne les voit pas, il pense qu'il ne reste plus de descendant du clan à tuer et donc s'en va. Révélation Sauf que lorsqu'il invoque le spectre, il l'invoque DANS le cercle de protection et est la première victime. Les autres tentent de s'enfuir et sont décapités l'un après l'autre. Mais deux des survivants se rendent compte que quelque chose cloche : les victimes du bourreau ne saignent pas, mais le premier mort saignait abondamment. Ils retournent sur les lieux du rituel pour trouver le seigneur bien vivant. Il leur explique qu'en réalité, c'est le bourreau qui est victime d'une malédiction. Il revient tous les cent ans tuer les survivants du clan SAUF UN car à l'époque, il avait accepté d'en laisser un en vie contre de l'argent. Le seigneur a rassemblé les autres pour les faire tuer, tandis que lui restait à l'abri d'un vrai cercle de protection et créait une illusion pour faire croire à sa mort. Le bourreau arrive alors et se dirige vers l'un des deux survivants (sans compter le seigneur). L'autre, une femme entrée dans le clan par mariage, prend l'un des braseros ayant servi au rituel et fracasse le crâne du seigneur. Le bourreau... disparaît alors. Pourquoi reste-t-il deux survivants ? Parce que la femme, entrée dans le clan par mariage, n'a jamais consommé ce dernier, son mari préférant les hommes. Il ne reste donc qu'un seul survivant du clan en réalité. Et celui-ci n'a pas d'enfants et ne compte pas en avoir. Avec lui se terminerait donc la malédiction, le bourreau n'aurait donc plus à revenir chasser les descendants du clan. Schattra : La cousinade à laquelle le Baron Eiji Nagashiro a convié les membres de sa famille, et se tenant dans le faste de la forteresse du clan, commence sous de bien sinistres auspices. Comme tous les cent ans, en effet, cette noble lignée se retrouve la victime de l’antique malédiction qui la frappe depuis l’Âge des Cinq Princes, époque où le roi Ashikaga trouva malin d’asseoir son pouvoir en envoyant son bourreau personnel, Yorozuya, raser gratis les dissidents et toute leur famille, jusqu’au dernier beau-frère issu de germain par alliance. Ayant trouvé un moyen d’échapper à l’aristocide, les Nagashiro doivent cependant composer avec le retour régulier du fantôme de l’émissaire royal, qui traque les descendants du Baron Jubei, à raison d’une tête par mois, jusqu’à disparaître mystérieusement une fois sa rage immortelle assouvie (ou le coffre de sa Twingo rempli à ras bord, c’est selon). La saison de la prise de tête ayant commencé depuis maintenant quelques lunes, les cousins survivants se réunissent donc pour écouter la proposition du rusé Eiji, qui pourrait avoir trouvé le moyen de mettre en échec l’intraitable revenant. Ayant fricoté plus qu’à son tour avec les secrets occultes de la non-vie1, Eiji convainc rapidement son auditoire, composé, entre autres parents, de sa mère, sa belle-sœur, une ribambelle de cousins et un petit cousin par alliance, de coopérer avec son plan, prétendument infaillible, qui permettrait à l’assemblée de feindre sa disparition aux yeux de leur bourreau, renvoyant ce dernier pourrir tranquillement dans quelque recoin humide du sous-monde. Malheureusement, si le décor mis en place par Eiji ne manque pas de cachet, l’efficacité de son rituel laisse toutefois sérieusement à désirer, et laisse notre apprenti nécromancien partagé quant à la suite à donner à son idée pas si géniale que ça. De leur côté, les Sacquet de Besace et autres Soucolline, considérablement refroidis d’avoir vu leur hôte perdre si soudainement la tête, s’égaient dans la demeure comme une volée de moineaux effarouchés, et constatent avec chagrin que feu le Baron a donné des ordres stricts à ses suivants pour que le couvre-feu soit appliqué. Il faudra donc, et c’est assez peu fréquent, éviter les flèches plutôt que de les suivre pour atteindre la sécurité toute relative de l’extérieure, ce fripon de Yorozuya ayant prouvé à maintes reprises sa capacité à rattraper les fuyards. Coincés entre le marteau et l’enclume, ou entre le katana et les makiwaraya dans le cas présent, les invités optent pour différentes stratégies, plus ou moins couronnées de succès. Constatant que résignation, confrontation, tractation et invocation se sont toutes soldées par une décollation, le spirituel Toshimichi décide de tenter sa chance avec la réflexion, et passe en revue les éléments et évènements ayant pris place depuis son arrivée au château… Révélation …Bien lui en prend car il découvre rapidement que leur hôte est loin d’être aussi mort qu’il n’y paraissait, ayant mis en scène son propre trépas et piégé sa smala dans le seul but de devenir le dernier des Nagashiro. Il est en effet établi que l’ultime survivant de la lignée maudite bénéficie d’une protection impénétrable contre les assauts du spectre, qui disparaît alors prendre un siècle de vacances bien méritées. Bien à l’abri derrière son pentacle de craie noire, seule protection ayant été d’une quelconque utilité face aux ravages de Tonton Yoyo, Eiji se délecte à l’avance du succès de ses manigances, lorsqu’un brasero en fonte vient lui friser les moustaches et lui aplatir l’occiput, signe on ne peut plus clair du mécontentement de sa belle-sœur devant sa bassesse éhontée. Ce deuxième décès étant définitif, Toshimichi ne tarde pas à découvrir qu’il est, de facto, l’ultime représentant de sa race, les horions du pauvre Yorozuya ne faisant plus que l’effleurer. Il peut en celà remercier l’homosexualité, désormais irréfutable, de son cousin Mikawa, dont le mariage avec la douce Otami n’a pas été consommé. Encore une fois mis en échec par sa malédiction, le spectre vengeur n’a pas d’autre choix que de prendre congé, et de ronger son frein pendant un nouveau siècle avant de pouvoir retenter sa chance. C’est plus qu’il n’en faut à Tosh’ et sa belle doche, qui comptent bien vivre et mourir de leur belle mort d’ici là. (Meta)carpe diem, comme on dit chez les Mortarques… 1 : Après tout, de Nagash à Nagashiro, la nuance est tenue. Avis : Schattra : À la lecture de cette nouvelle, comme d’autres avant elle, on peut soit décider que C. L. Werner ne se soucie guère du fluff d’Age of Sigmar, soit au contraire décréter qu’il est l’auteur ayant le mieux intégré toutes les libertés offertes par la nouvelle franchise de Games Workshop en termes de background. Les partisans de la première école mettront en avant l’absence quasi-totale d’éléments caractéristiques des Royaumes Mortels dans ce 'Last of the Blood', quelques mentions rapides à Nagash, Sigmar et Dracothion mises à part. Ceux de la seconde feront remarquer qu’avec huit Royaumes-Plans distincts à exploiter, et des milliers d’années à couvrir, il serait dommage de ne raconter que des histoires de Stormcast Eternals. Chaque approche peut être défendue, et pour ma part, je préfère saluer la fantasie de Werner plutôt que de m’outrer de son hétérodoxie manifeste. Son trip japonisant a beau détonner fortement avec les péripéties métalliques d’Hamilcar, Gardus et consorts, il serait dommage de bouder son plaisir, d’autant plus que notre homme trousse ici une petite nouvelle d’horreur ma foi assez réussie, et proposant au lecteur un double twist final pour sa peine, ce qui est toujours agréable. Certes, le fluffiste acharné ne trouvera pas grand chose à se mettre sous la quenotte, la culture particulière présentée par Werner n’étant vraisemblablement pas destinée à apparaître dans d’autres publications, mais l’amateur de nouvelles fantastiques sortira assez satisfait de cet exercice de style, qui démontre une foi encore la versatilité narrative de l’homme au chapeau. Je vous tire donc le mien, Herr W. Fluff : Bestiaire (demigryph) : Les demigryphs qui proviennent de la province d’Arlk sont réputés pour être particulièrement endurants et loyaux, au point que certains soupçonnent qu’un lien télépathique se met en place entre cavalier et monture. Personnage nommé : Yorozuya était le bourreau attiré du roi Ashikaga Hidenaga pendant l’ère des cinq Princes. Il fut chargé par son suzerain de vaincre et d’annihiler chacune des lignées rebelles, ce qu’il fit sauf dans le cas des Nagashiro, qui arrivèrent à corrompre le général pour qu’il épargne leur plus jeune descendant. Lorsque Hidenaga l’apprit, il condamna Yorozuya à mort, et maudit son cadavre pour lui refuser le repos éternel. Tous les cent ans, le spectre réapparaît pour tenter d’honorer sa parole en décapitant tous les descendants de la lignée. Il ne peut cependant jamais blesser l’ultime survivant de cette dernière, et est donc condamné à hanter éternellement les Royaumes Mortels. Nécromancie (rituel) : Les rites de nécromancie peuvent inclure des objets arcaniques assez sinistres, comme des bougies faites à partir de la graisse d’hommes assassinés, de la craie mêlée à des os broyés, ou des bruloirs à encens alimentés par éclats de cercueil exhumés les nuits de pleine lune. • The Shadow Crown Révélation Anathemas/2020/16 pages Intrigue : Sortie crépusculaire et secrète pour la Dame Cualli, qui brave la mauvaise foi réputation nocturne de sa cité de Maktlan, en Aqshy, pour aller écouter, non pas aux portes, mais aux fontaines. Faisant fi des rumeurs de monstres, de malades et de monstres malades sensés errer dans les rues désertées à la lune tombée pour se repaître des passants malchanceux, notre aristocrate a été dépêchée par son mentor et suggar daddy Ekurzakir, saint homme très bien en cour depuis qu’il a sauvé le fils du roi Tlanextli1, espionner la rencontre entre le chancelier disgracié Icnoyotl et un autre conspirateur, pour le moment inconnu. Bien qu’elle n’ait aucun scrupule à dénoncer le fourbe fonctionnaire pour s’attirer les faveurs de son influent patron, l’ambitieuse Cualli se retrouve confrontée à un dilemme cornélien lorsqu’elle s’aperçoit que le date d’Icnoyotl n’est autre que son propre frère Tochtli, le capitaine de la Garde Jaguar de Sang du roi. D’autant plus que ce dernier avoue qu’il n’a accepté de rencontrer le chancelier que pour tirer sa sœur de l’emprise d’Ekurzakir, qui l’inquiète au plus haut point. Tiraillée entre sa carrière et sa famille (comme beaucoup de femmes, il faut le reconnaître), Cualli finit par trouver une solution tierce : balancer Icnogood et prétendre qu’elle n’a pas vu le visage de son interlocuteur. De retour dans les appartements du prêtre, que ce dernier a tapissé des plans du métro de Mhurghast – c’est un style – elle patiente un bon moment sur le canapé défraîchi de son hôte en se servant des petits coups à boire (malgré le malaise que lui provoque le regard fixe que lui jette le serviteur contrefait d’Ekurzakir2), jusqu’à ce que ce dernier finisse par faire son entrée depuis l’escalier de service. Et là, c’est le drame : ce fragile de chancelier a craqué sous la torture, et balancé tous ses complices, y compris Tochtli, qu’Ekurzakir a fait fissa arrêter à son tour. Peu content de la traîtrise de sa subalterne, le prêtre la punit en la mettant littéralement en face (via un miroir) de la décrépitude qui l’a gagnée. Victime de la même maladie que le prince, Cualli avait en effet jusqu’ici été épargnée de ses effets délétères et bubons disgracieux par la magie d’Ekurzakir, qui lui est désormais retirée. Chassée par son thérapeute, l’intrigante n’a plus qu’à aller se jeter dans la fontaine de lave la plus proche pour abréger ses souffrances. La caméra se braque alors sur le malheureux Tochtli, jeté dans un cachot après une séance de torture plus intense qu’un WOD de crossfit. Résigné à mourir avec dignité, le capitaine a toutefois la surprise de voir la porte de sa prison s’ouvrir, et apparaître le visage amical de son second, le fidèle Xochipepe. Les Jaguars de Sang se sont en effet cotisés pour soudoyer le geôlier, et permettre à leur bien-aimé officier d’échapper à son triste destin. Touché par ce geste, Tochtli demande d’abord à ce qu’on l’autorise à aller chercher Cualli pour l’emmener avec lui, et apprend du même coup que this girl was on fire, toussa toussa. Tristesse. Déterminé à venger cette mort, dont il tient – à raison – Ekurzakir responsable, il convainc Pepe la grenouille jaguar de lui prêter son macuahuitl pour qu’il aille obsidienner la gu*ule du prêtre, et qu’importent les conséquences… Révélation …Trouvant les appartements du saint homme désertés, Tochtli erre quelques temps entre la cuisine et le salon, avant de se faire attaquer par derrière par le serviteur d’Ekurzakir. Mordu jusqu’au sang par le furtif bossu, le capitaine le coupe prestement en deux d’un coup de sa massue crantée. Surprise, le cadavre se révèle être celui d’un rat humanoïde, ce qui évoque à notre héros le souvenir de l’ancienne guerre des premiers habitants de Maktlan contre les mystérieux rampeurs de l’ombre. Avisant l’escalier par lequel le raton est entré, précédemment caché par une tapisserie décidément moche, Tochtli s’enfonce dans les souterrains, jusqu’à rencontrer le reste de la colonie Skavens locale. Sans blague. Le clan Pestilens a en effet envoyé quelques infectiologues experts contrôler l’impureté de l’aquifère local, et l’intrépide Jaguar voit avec horreur les ratons préparer une mixture innommable dans un grand chaudron. Tout s’explique. Comprenant qu’il est de son devoir de prévenir le roi de la situation, Tochtli rebrousse chemin, mais croise Ekurzakir en route. Surprise, le prêtre n’est pas non plus celui qu’il semble être, l’anneau enchanté qu’il porte au doigt camouflant son identité secrète de Prêtre de la Peste. Tout se re-explique. Malheureusement, comme ce rat d’Ekurzakir est venu avec quelques bedauds, notre héros n’aura pas l’occasion d’accomplir son destin de lanceur d’alerte. Poule jaguar au pot, ce n’est pas mal non plus, notez. 1 : Qui n’est pas un hommage à la cité gallosie de Llanelli. Je suis formel. 2 : Le bougre a du trop regarder de vidéos avec des filles sur des canapés. Avis : Après le Japon ('Last of the Blood', 'Reflections in Steel') et la Russie ('A Sending from the Grave'), Werner poursuit son œuvre « civilisatrice » des Royaumes Mortels en mettant en scène une histoire d’Incas dans la chaleur torride d’Aqshy. Il s’agit malheureusement du seul aspect mémorable de 'The Shadow Crown'1, dont l’intrigue et le déroulé se révèlent d’une platitude décevante pour un contributeur de la trempe et de l’expérience de C. L. Werner. Signes révélateurs de cet échec, les deux partis pris narratifs forts (le changement de personnage principal en milieu de récit et la révélation de l’identité d’Ekurzakir2) de l’auteur desservent la nouvelle plutôt qu’ils ne la renforcent ; quant à la dimension horrifique de cette dernière, on peine à bien la discerner. Certes, l’histoire se termine mal pour les héros, qui ne parviennent pas à contrecarrer les manigances pustuleuses des Skavens, mais il y avait tellement moyen de faire plus trash avec ces antagonistes – ce que Werner a déjà fait par le passé – qu’on ne peut conclure qu’à une occasion manquée. Retenons simplement que les hommes rats sont apparemment capables d’infiltrer très facilement les sociétés humaines (et sans doute celles des autres races, il n’y a pas de raison3), ce qui écorne sérieusement au passage l’utilité du clan Eshin, et passons à autre chose. 1 : Dont je réalise après coup qu’elle n’a même pas été identifiée à coup sûr par l’auteur… Rien à voir avec la babiole d’Alith Anar, ceci dit. 2 : Chose (heureusement) rare, Werner prend limite son lecteur pour une buse à ce sujet. On avait compris, Clint. 3 : Après tout, on commence toujours par tester les nouvelles technologies sur les souris. Depuis le temps, ces dernières doivent maîtriser la transfiguration sur le bout des moustaches. Fluff : Maktlan : Cité d’Aqshy, abritant une civilization d’inspiration inca. Les premiers habitants de Maktlan combattirent les Skavens, qu’ils nommèrent rampeurs de l’ombre (shadow creepers). Gouvernée par un Roi (Tlanextli au moment où la nouvelle prend place), et défendue par des guerriers maniant le macuahuitl (massue incrustée d’éclats d’obsidienne), dont les Jaguars de Sang, garde d’élite attachée au monarque. Le Clan Pestilens empoisonna les sources d’eau de la ville. Skavens : Les ingénieux Hommes Rats ont découvert un moyen de prendre l’apparence d’un être humain, et d’infiltrer ainsi plus facilement les communautés qu’ils veulent conquérir. • The Root of Death Révélation Direchasm/2020/18 pages Intrigue : Les Wurmspat sont dans la place et prêts à encrasser des bouches. Vomis par le Wyrmaggot que Papy Nurgle a réquisitionné pour leur servir d’Uber Pool jusqu’à Beastgrave, Fecula Flyblown, Sepsimus Plaguesworn et Ghulgoch le Boucher (sans oublier le glaviche – mélange entre un glaviot et un caniche – de compagnie de Fecula) sont en mission sacrée pour le Grand Père, qui s’inquiète de l’immortalité de fait qui frappe les visiteurs de la montagne de Ghur. Si ce mal venait à s’étendre à travers le Royaume de la Bête, le merveilleux cycle de déchéance et renaissance du Dieu de la pestilence, de l’économie circulaire et du maroilles serait mis en péril, et ce n’est certes pas notre projet. Nurgle a donc envoyé sa Very Impotente Prêtresse et ses deux Rotguards d’élite remettre de l’ordre et/ou du Chaos, dans ce pierrier. Une quête d’intérêt général, en quelque sorte. Comme chacun sait, Beastgrave est envahie par des dizaines de bandes rivales, ce qui rend la progression de nos héros difficile. Le baptême du feu s’opère lorsque les Wurmspat contre-embusquent une patrouille de miliciens des cités libres de Sigmar, menée par un Prêtre Guerrier d’icelui1. Malgré l’avantage du nombre, la tentative de prendre à revers les pestiférés, et les éclairs balancés par leur chef, la soldatesque citadine ne tarde pas à mordre la poussière, vaincue par la résistance écœurante (à plus d’un titre) de leurs adversaires, et l’arsenal de sorts de Fecula. Cette dernière demande toutefois à ce qu’on lui amène un prisonnier vivant, ce que Ghulgoch se fait une joie de lui fournir, en réalisant un cataplasme de morve sur le moignon d’un épéiste en état de choc. Le survivant ne fera toutefois pas long feu, étant « proprement » éventré par la sorcière pour servir de Mappy arcanique aux prouteux. Direction donc les niveaux inférieurs, où réside la source du malaise. En chemin, les Wurmspat croisent quelques Skavens passifs, mais surtout la Chasse Sauvage de Skaeth, qui se voit obligée d’attaquer les suivants du Dieu qui a voulu refiler ses MST à leur précieuse Alarielle durant l’Âge des Mythes. Entre les cervidés et les Covidés, le combat fait rage et les coups pleuvent, jusqu’à ce que Ghulgoch cisaille Karthaen et son hélicon, et que Fecula vomisse un nuage de mouches qui permet aux agents à doubles mentons de Nurgle de filer à l’anglaise. Cette diversion insectile, doublée d’un effondrement de galerie pour faire bonne mesure, laisse une avance confortable à nos héros, qui finissent par déboucher dans une caverne traversée de part en part par une racine titanesque… et corrompue par la grande baie vitrée donnant ce qui semble être Shadespire, qui occupe le fond de la salle. Les préparatifs de purification putride de Fecula, bien décider à (se) faire les carreaux, sont toutefois interrompus par le début du deuxième round contre Skaeth et ses échassiers, qui ont semble-t-il trouvé un raccourci bien pratique. Sans doute une intervention de Beastgrave, qui se sentait menacée. Ce nouvel affrontement est tout aussi serré que le précédent, jusqu’à ce que l’esprit de la racine (Jean ?) décide de s’en mêler, et vienne attaquer sans distinction les représentants du règne animal qui se chicanent sur ses rhizomes. Face à cet assaut de type hentai, Fecula riposte par l’entaille, et c’est super efficace ! Pendant que ses gardes du corps se font molester par les Kurnothi, Mlle Flyblown s’épanche de manière sanguine et bilieuse sur le végétal malfaisant, qui a l’amabilité de se décomposer à vue d’œil. C’est dire si elle a de mauvaises humeurs. Ce don de sa personne n’est toutefois pas gratuit en termes de points de vie, et Fecula sent que la vie la quitte en même temps qu’elle empoisonne la racine. C’est un prix qu’elle est prête à payer, mais le sol se dérobe sous ses pieds avant que la vidange ne soit complète, et lorsque notre héroïne revient à elle, quelques minutes plus tard… elle se rend compte que le problème n’est pas résolu. En effet, Ghulgoch est plus ou moins frais et dispos lui aussi, alors qu’il s’était fait tuer par Skaeth d’un jet de javeline rageur lors de la mêlée générale. C’est la preuve irréfutable que l’influence néfaste de Shyish pèse encore sur Beastgrave, et que les Wurmspat doivent poursuivre leur œuvre mortificatrice pour la plus grande gloire de Nurgle. Avec un tel comité de salut public, on peut s’attendre au triomphe des bonnes morts, à défaut de mœurs… Avis : C. L. Werner revient à Beastgrave, qu’il avait défriché avec son roman du même nom avant la parution de ‘Direchasm’ où cette nouvelle a été publiée. Foin d’Hommes Bêtes en rut et de Dryades à montée de sève ici, mais c’est sans doute pour le mieux car les Wurmspat forment un groupe de protagonistes hauts en couleurs, le mélange de compassion dévoyée, humour gras et caustique, et morbidité répugnante propre aux fidèles de Papy Nurgle étant au rendez-vous. Autre réussite notable de l’auteur, on n’a pas l’impression de lire une histoire à l’intrigue aussi figée qu’un aventurier malchanceux dans un bloc d’ambre, comme c’est parfois le cas pour les nouvelles de Warhammer Underworlds. Certes, Fecula et ses boys ne parviennent pas à traiter à fond la racine maléfique qui donne son titre à ce court format, mais ils s’approchent concrètement de leur objectif (et le lecteur en est quitte pour un peu de lore sur les liens entre Shadespire et Beastgrave) au lieu de se contenter d’errer dans les boyaux de la montagne en faisant des mauvaises rencontres/se disputant, comme beaucoup d’autres bandes. On peut souvent compter sur Werner pour soumettre des nouvelles de bon niveau, et c’est ici à nouveau le cas, même si on sent nettement que le sujet ne l’a pas inspiré outre mesure. C’est ça aussi, être un auteur professionnel. Fluff : Rien de transcendant. p Chris Thursten (2) Révélation Chris Thursten est un auteur et concepteur de jeux vidéos, ayant commencé à écrire pour la Black Library en 2022. On lui doit 'Cauldron of Blood' et 'The Long Run' pour Age of Sigmar. • Cauldron of Blood Révélation Aelves Week 2022/2022/24 pages Intrigue : On a des nouvelles du front, et elles ne sont pas bonnes (pour changer). La Croisade Dawnbringer dans laquelle la Capitaine Ketta Morrow officie s’est pris un méchant coup sur le malleus après que l’avant-garde de la Goretide du Seigneur de Khorne simplement appelé le Forge Chaîne (Chainsmith) lui soit tombée dessus sans crier gare. Ses protecteurs Stormcast Eternals tous partis en un éclair et son métalithe fracassé sur le plancher des <insert Age of Sigmar animal’s name here>, l’expédition passe à deux doigts du massacre pur et simple. Mais alors que la brave Morrow s’apprête à faire une Jon Snow pour rejoindre Sigmar en beauté, une bande d’Erynies folles furieuses (leur état normal, je vous assure) s’extirpe des ruines de la méta pour mettre une race monumentale aux pauvres Lames de Khorne. Toute ressemblance avec l’été 2022 serait bien entendue totalement fortuite. Ces nouvelles arrivantes/passagères clandestines (elles ne voulaient surtout pas que feu foudre les Stormcast Eternals soient au courant de leur présence, pour une raison que je n’ai pas compris) sont menées par une vieille connaissance de Ketta Morrow, la Prêtresse Virathe. Les deux guerrières s’étaient en effet rencontrées dans l’arène il y a de cela vingt ans, un duel remporté contre toute attente par la combattante humaine grâce à l’infaillible technique du « je bouge pas et je mets une grosse châtaigne ». Fly like an anvil, swing like zweihander, comme on dit à Hammerhal. Si les raisons de la présence du Draichi Ganeth (le nom de cette secte khainite) est mystérieuse, en tout cas pour Morrow et ses troupes, sa léthalité permet aux Croisés de se sortir de ce mauvais pas sans perdre la tête, ce qui est toujours un risque lorsqu’on se frotte à des Khorneux. Autour des feux de camp, certains vétérans blanchis sous le harnais (Ossel, pour ne pas le nommer) grommellent de sombres histoires sur la soif de sang et le goût du meurtre de ces Aelfs en bikinis, mais Morrow reste convaincue qu’une coopération de bonne foi est possible entre les deux contingents, même après que Virathe lui ait annoncé dans le plus grand des calmes que les Sigmarites étaient destinés à mourir sous peu. Et c’est même Morathi qui lui a dit, na. Cet échange d’amabilités n’empêche pas les deux meneuses d’échafauder un plan porter un coup fatal au Forge Chaîne et à ses hordes barbares, avant qu’ils ne franchissent la Porte du Four (Kilnsdoor) pour aller ravager la cuisine Ulgu. Pendant que les insaisissables DoK harcèleront les flancs de la Goretide, Morrow et ses troupes iront livrer bataille contre l’élite adverse, laissant l’opportunité à Virathe de porter le coup fatal depuis les ténèbres. Cette stratégie se révèle payante, au moins jusqu’aux premières minutes de l’affrontement entre Sigmarites et Chaotiques, qui tourne rapidement en faveur du côté alignant le plus de guerriers fous furieux et recouverts d’armures de plate complète (étrangement). Lorsque les Furies et les Juggernauts entrent dans la danse, la bataille tourne au carnage sans nom, ce qui provoque chez l’intraitable Morrow le besoin ardent d’aller soloter le QG ennemi le plus proche (on appelle ça le leadership par l’exemple), en l’occurrence un Prêtre du Massacre meilleur en incantations qu’en combat singulier. Malgré ce coup d’éclat, il semble bien que les carottes soient khuites… Révélation …C’est alors que le Draichi Ganeth revient à nouveau faire parler de lui, un peu tard au goût de Morrow, mais de manière suffisamment punitive pour forcer le Forge Chaîne à prendre part au combat. C’est d’abord Virathe qui tente sa chance contre le boss ennemi, révélant au passage sa véritable forme de Melusai, et lui infligeant quelques sérieuses blessures, malheureusement plus que compensées par l’avalanche de dons que Khorne déverse sur son champion. Lorsque sa comparse finit empalée sur l’appendice du Forge Chaine (en tout bien tout honneur hein, on n’est pas chez Slaanesh ici), c’est au tour de Morrow de rentrer dans la danse, mais de manière plus subtile. Accompagnée par un Ossel blessé à mort et définitivement trop vieux pour ces conneries, la Capitaine localise un Chaudron de Sang – vous saviez que ça allait arriver, n’est-ce pas – sacrifie son camarade à la gloire de Khaine, réanime l’Avatar du Dieu à la main sanglante et s’en va tataner le Professeur Chaîne. Confronté à deux adversaires buffés à mort, le Forge Chaîne finit par révéler qu’il est le maillon faible, et termine sa carrière transpercé par l’épée enflammée de l’Avatar. Il ne fait cependant pas le voyage vers l’au-delà seul, Morrow ayant reçu un coup de fléau fatal dans la cuirasse un millième de seconde avant que la statue divine ne porte l’estocade. Faute de combattants, la bataille se termine donc sur une égalité, et la Croisade sur un échec cuisant. Beaucoup de pelés, peu d’élus… Avis : Je dois dire que ce ‘Cauldron of Blood’ m’a laissé très songeur. D’un côté, il possède un souffle épique et mystique dont peu de nouvelles de la Black Library peuvent se targuer (ça m’évoque assez les travaux de Jake Ozga, si vous voyez de quoi je parle), en partie dû au flou artistique que Thursten laisse planer sur certains aspects de son propos. De l’autre, je ne suis pas certain d’avoir totalement compris de quoi il en retourne dans cette histoire, et j’ai froncé les sourcils très forts à plusieurs moments du récit1. Il faudra voir de quoi sera fait la suite de la carrière de Chris Thursten en matière de GW-Fiction, mais il démontre ici qu’il a le potentiel de s’imposer comme un contributeur de premier plan, mais également des lacunes en matière de construction narrative et/ou de fluff AoS. Only time will tell… 1 : Premièrement, lorsque les Filles de Khaine jaillissent des ruines du métalithe de la Croisade comme s’il s’agissait d’un transport de troupes (ou d’une Pokéball…), usage que ces structures ne semblent pas avoir d’après le lore que j’ai pu consulter en ligne. Deuxièmement, lorsqu’une humaine sigmarite se pique de devenir prêtresse de Khaine sur le tas (de cadavres). Fluff : Rien de transcendant. • The Long Run Révélation Black Library Celebration Week 2023/2023/14 pages Intrigue : Le problème quand on est techniquement immortel, c’est qu’on est jamais à l’abri qu’un jeune loup ne vienne piquer votre place en se faisant bien voir auprès de la direction générale (un désagrément beaucoup moins fréquent quand on a que <insert number of years here> à cotiser avant de partir à la retraite). C’est la mésaventure qui est arrivée à notre héros personnage secondaire, Hendrick Silver Wolf : alors qu’il a eu l’honneur de compter parmi les tout premiers Knight-Zephyros des osts de Sigmar, et d’occuper la fonction « honorifique » de maître assassin du patron pendant un temps, il a été déclassé par l’ascension de cette arriviste de Neave, qui lui a chipé le nom de Blacktalon (singulier) ainsi que le rôle de meneur de la petite bande de tueurs connue sous le nom de… Blacktalons (pluriel). Bien qu’il ait accepté cette mobilité interne avec philosophie et noblesse, les relations entre Hendrick et Neave ne sont pas tout à fait apaisées, chacun ayant tendance à considérer que sa parole fait foi. Le briefing de mission qui réunit la fine équipe, constituée de nos deux lascars et de deux autres Stormcast Eternals (le bourrin Rostus et la snipeuse Shakana) ainsi que de la Soulscryer Idoneth Lorai, voit ainsi Mr H. et Mme N. se chamailler sur la marche à suivre pour régler son compte au Prince Démon de Slaanesh Skiros, dont la dernière occupation est de tailler des croupières à la colonne de croisés Dawnbringers ayant entrepris la traversée de Chamon pour aller secourir la cité de Vindicarum. Isolés dans le désert métallique, les sigmarites sont à la merci des raids réguliers menés par les Hédonistes véhiculés de Skiros, beaucoup trop rapides et fuyants pour être contraints à une honnête bataille rangée. C’est cette mobilité démoniaque qui pose également problème aux Blacktalons : bien que ne doutant pas être en mesure de régler son compte au fat faquin s’ils parviennent à lui mettre la hache dessus, l’attirer dans une embuscade ne sera pas une partie de plaisir. Finalement, nos barbouzes concluent que leur meilleure chance consiste à exploiter la présence d’un canyon à proximité de la route de la caravane pour – tenez-vous bien – balancer par surprise un de leurs Knight-Zephyros dans le buffet du Slaaneshi grâce au pouvoir de « chevauchement de courant d’air en Mach 3 » dont ces versatiles guerriers disposent, apparemment. Après quelques crispations, c’est finalement Neave qui occupera le rôle de la femme canon, laissant ses comparses tenir la ligne en compagnie des croisés et cliquer Skiros au corps à corps. L’exécution de ce plan très aéré à défaut d’être bien huilé se passe sans anicroche, Hendrick et Rostus se tapant le sale boulot en utilisant la technique « dos d’âne en sigmarite » sur le char démoniaque de leur Némésis. Persuadée qu’elle n’aurait aucun mal à littéralement rouler sur un pauvre cordon de deux Stormcast Eternals après charge, cette dernière se craque monstrueusement sur ses jets de dé et laisse les fiers paladins à un PV chacun. Esquintés mais pas vaincus, nos héros ne font rien en retour mais l’arrivée providentielle et millimétrée (ça aurait été très drôle qu’elle rate son approche et aille se planter dans une dune) de leur boss, et ses 6D6 blessures mortelles à l’impact, sonne le glas de Skiros. Perforé comme doughnut, le Prince rend piteusement l’âme et ses suivants se débandent, laissant les survivants éprouvés reprendre leur marche vers la cité promise dans de meilleures conditions. Pour les Blacktalons, c’est une nouvelle mission accomplie avec brio grâce à une coopération optimale. Pourvu que ça dure ! Avis : Après plusieurs soumissions plus ou moins heureuses sur le nouveau line up Black-talonesque, Chris Thursten remet enfin le temple au milieu de la cité (de Sigmar, bien sûr), avec ce très correct ‘The Long Run’. On a finalement droit à une, certes limitée, mais c’est tout de même appréciable, présentation et contextualisation des différents membres de la bande, de leurs talents particuliers1 et de leurs relations personnelles. La rivalité entre Hendrick et Neave, née de la supplantation du premier par la seconde dans la hiérarchie des traqueurs de Sigmar, est ainsi une trouvaille très intéressante, puisqu’elle donne à la fois envie d’en savoir plus sur le passé de ces deux personnages, et sur la manière dont ils parviendront – ou pas – à passer outre ce changement de statut un peu awkward. En plus de cela, la traque de Skiros, qui sert de trame et d’excuse à ce passage en revue des Blacktalons, se révèle être tout à convenable dans son genre (high fightasy, si vous me passez le néologisme et l’anglicisme). Bien qu’il ne s’agissait pas de l’aspect central de son propos, l’auteur livre une copie propre en la matière, le brave mais vicelard Skiros jouant son rôle de méchant très méchant sans fausse note. Au final, je sors de cette nouvelle avec une envie sincère de connaître la suite des aventures de cette troupe de tueurs en sigmarite, ce qui n’était pas le cas des précédents épisodes de la saga Blacktalon : rien que pour ça, merci à Chris Thursten. 1 : On apprend ainsi que Shakana est capable de faire des simulations mathématiques afin de déterminer les meilleures conditions pour déclencher une embuscade, en plus d’être la DPS à distance de la fine équipe. Fluff : Stormcast Eternals : Le nom Blacktalon (rq : serre noire en français) est attribué au premier des assassins de Sigmar, généralement un Knight-Zephyros. Au cours des siècles, plusieurs individus se sont succédés à cet office, l’actuelle tenante du titre étant Neave Blacktalon. Christopher Allen (3) Révélation Le nom de Christopher Allen est assez commun, au point qu’il est porté par un gardien de football gambien, un acteur de séries américain, et un auteur australien de romans (la série ‘Intrepid)’. Peut-être que l’un d’entre eux est celui qui a commencé à collaborer avec la BL en 2023, avec la nouvelle ‘False Dawn’, mais rien n’est sûr... • False Dawn Révélation Dawnbringers Week 2023/2023/14 pages Intrigue : La Croisade Dawnbringer emmenée par la Hiérophante Anaximandra en direction de la mystérieuse cité oubliée d'Elucidae fait face à quelques difficultés en cours de route, à commencer par le one shot 1 brutal de sa meneuse (qui l'avait tout de même bien cherché à se balader en peignoir dans un marigot grouillant d'hostiles), victime des terribles talents d'acupuncteurs de la tribu de Kruleboyz s'étant installée sur le territoire où la ville mystique a été localisée. Fort heureusement pour les Sigmarites, ils peuvent compter sur l'intervention décisive et on peut le dire, héroïque, de la Capitaine Ephrenna Brynn, qui rallie à elle les forces de l'Ordre pataugeant en pleine confusion (et dans de la gadoue lumineuse, Hysh oblige) après le décès d'Anaximandra, et parvient à convaincre la colonne de tenter une périlleuse marche forcée jusqu'à Elucidae, position beaucoup plus défendable que les marais dans lesquels les Croisés se sont embourbés. Si les motivations d'Ephrenna apparaissent comme purement désintéressées de prime abord, on ne tarde pas à comprendre que cette dernière est également persuadée qu'une grande destinée l'attend, et puisque son oracle personnel (Caustus) multiplie les prédictions pouvant être interprétées comme favorables après avoir tiré des lattes sur sa chichavenir - les ravages de la drogue... - elle n'hésite pas longtemps avant d'ordonner de doubler la cadence, laissant les membres les plus mal en point de son armée distraire les cruels Orruks pendant que le reste de sa force réalise une Ferocious Advance permettant de sécuriser l'objectif. Le répit n'est cependant que de courte durée pour les Sigmarites, qui se font assaillir dans leur nouveau chez-eux par deux ennemis implacables : les Kruleboyz discos (ils incrustent des éclats de miroirs à leurs armures pour aveugler leurs ennemis, ce qui est assez funky il faut le reconnaître) précédemment mentionnés, et les terribles visions de désespoir qui s'abattent sur les malheureux ayant la mauvaise idée de contempler l'un des très nombreux miroirs laissés dans les ruines d'Elucidae par ses précédents propriétaires. Pour la petite histoire, ces derniers avaient eu l'excellente idée de tenter d'améliorer la nature humaine en confrontant leurs concitoyens à leurs plus grandes peurs grâce à ces miroirs enchantés; le raisonnement étant qu'il était nécessaire de triompher de ses démons intérieurs pour devenir une meilleure personne. Considérant la disparition de leur civilisation, il faut croire que ces méthodes de psychanalyse expérimentale étaient un peu trop en avance sur leur temps. Cela est toutefois le cadet des soucis d'Ephrenna, qui réalise rapidement qu'elle ne pourra pas remporter cette bataille avec la majeure partie de ses soldats affectés par des terreurs nocturnes diurnes, et décide donc d'aller s'expliquer avec Caustus pour avoir au moins la satisfaction de passer sa mauvaise humeur massacrante sur quelqu'un. Après tout, c'est un peu de sa faute si elle s'est lancée dans cette galère, pas vrai ? Révélation En bon voyant, Caustus refuse cependant de prendre toute responsabilité pour les interprétations fantasques que son employeuse a fait de ses prédictions (qui consistaient la plupart du temps à plisser les yeux très fort et à éructer un mot comme "lumière", "mort" ou "trombone à coulisse"). Il révèle toutefois à une Ephrenna, qui réalise un peu tard sa propre mégalomanie, que son rêve avait toujours été de marquer l'histoire, ou a défaut, de permettre à quelqu'un de le faire, et ce de manière positive ou négative. Et être responsable de la destruction d'une Croisade Dawnbringer est très certainement un moyen de parvenir à cette fin. Vous parlez d'un syndrome d'Érostrate. C'est sur cette infamante annonce que se termine notre propos, alors qu'une petite bande de Kruleboyz toque à la porte de la salle où Ephrenna et Caustus se sont réfugiés. Ça risque d'être assez dur de Stayin' Aliiiiiiive, c'est moi qui vous le dit. 1 : Bon en fait, il y a eu deux tirs séparés. Mais le résultat reste au final comparable à une perte de son général au tour 1 sur un jet de dé chanceux de l'adversaire. Avis : Christopher Allen développe des idées intéressantes dans cette première aventure signée de sa main dans les Royaumes Mortels (en particulier le concept de "faux oracle", qui est une continuation habile du fluff établi pour Excelcis1) mais ne réussit malheureusement pas à 'stick the landing', comme on dit à Nottingham. J'ai trouvé la conclusion de son histoire assez décevante, à la fois par son manque de surprise (au bout d'un moment, on comprend bien que la bonne Ephrenna a ferré un trop gros poisson et ne parviendra pas à conserver sa nouvelle conquête) et à cause des motivations très nébuleuses de Caustus - qui n'a même pas l'excuse d'être un cultiste de Tzeentch, dont les plans sont naturellement incompréhensibles à nous autres pauvres mortels. Sans doute qu'un dénouement plus simple et plus direct aurait mieux servi le propos, et j'espère qu'Allen rectifiera le tir pour ses prochaines soumissions : le mieux est toujours l'ennemi du bien, après tout. 1 : Le terme de "Dawners" pour désigner les croisés me fait également bien marrer. Je ne sais pas si Allen en est le créateur, mais cela ouvre le champ à une infinité de blagues "OK Dawner", et cela me comble de joie. Fluff : Excelsis (Culture) : Certains individus disposent d’une sensibilité exacerbée aux éclats de la Lance de Mallus, leur permettant de bénéficier de révélations plus précises lors de leur utilisation. S’ils ne disposent pas de véritables pouvoirs de divination, ils sont appelés “faux oracles”. • Hounds Révélation Wanderers of the Realms/2024/27 pages Intrigue : Deux chasseuses de sorcières de l’Ordre d’Azyr, Vorena Endreclaw et Shesheba Tookoor, arrivent dans un village en déréliction de Ghur (Ketterhal), afin d’enquêter sur la présence de Bêtes du Chaos dans la région. Nos héroïnes ont en effet croisé la route d’un Tzaangor sanglant à proximité de la communauté, et bien qu’elles lui aient réglé son sort sans coup férir, il y a fort à parier pour que l’homme poulet a quelques copains qui rôdent dans les parages. Après avoir rencontré le conseil des anciens qui gère les affaires de Ketterhal, et plus particulièrement le patriarche Artom et la chargée à l’urbanisme – qui du point de vue de Vorena, fait très mal son boulot, vu l’état de la voirie – Beatrijs, les inquisitrices partent faire du repérage dans la direction d’un dernier hameau encore habité du village, où réside un dénommé Haust. Il a peut-être été témoin des fréquentes disparitions qui frappent Ketterhal depuis quelques mois, comme reporté par les notables à leurs hôtes de marque, qui sait. Cette enquête de voisinage permet de réaliser que la relation entre Vorena, qui a décidé de laisser Excelsis derrière elle après une décennie de service dans cette mégalopole aussi éprouvée que dépravée, et la vétérane Shesheba, qui sillonne Ghur depuis près de trente ans, est loin d’être cordiale. Shesheba juge sa comparse comme une arriviste idéaliste et absolument pas préparée à la dure réalité du Royaume de la Bête, et la suite de l’histoire ne tarde pas à lui donner raison. S’étant séparées pour couvrir plus de terrain, Vorena tombe nez à nez avec Haust sans l’appui de Shesheba, et ne parvient pas à tenir à distance le local passablement perturbé et scarifié de la tête aux pieds qui lui fait face. En plus des nombreuses entailles qu’il semble s’être infligé, Haust est également partiellement possédé par un esprit bestial, qui se manifeste lorsque Vorena commet l’erreur de le mettre en joue avec ses pistolets, et la force et la résistance surnaturelles accordées par cet ami imaginaire permettent presque à Haust d’expédier ad sigmares l’inquisitrice, pétoires rutilantes ou pas. Attirée sur place par les déflagrations, Shesheba morigène sans ménagement sa junior pour son incapacité à gérer un simple maniaque armé d’un couteau, mais consent tout de même à panser la blessure que feu Host a infligé à Vorena avec ladite lame pendant leur altercation. Le couteau en question est soumis à l’investigation du sorcier résident de Ketterhal, Taegher Dreich, spécialisé dans l’étude des corps astraux de Ghur et non dans le domptage de Pokémons, comme on pouvait s’y attendre. L’érudit révèle aux enquêtrices que sa lame est faite de pierre de royaume, ce qui n’est pas sans inquiéter Vorena. Des effets secondaires désagréables seraient-ils à redouter ? Eh bien, du moment qu’elle évite de patauger dans trop de sang, surtout en cette période de foire annuelle du boudin (Veinspill, en langue vernaculaire), tout devrait bien se passer. Dans le cas contraire, il est possible que des crocs poussent à sa plaie et qu’elle se fasse dévorer de l’intérieur, you know, just girl Ghur things. Une fois cette pause fraîcheur terminée, Vorena et Shesheba décident de poursuivre leurs recherches, et comme la première ne peut pas accompagner la seconde dans le quartier des abattoirs, où plusieurs des disparus travaillaient, elle opte pour une entrevue avec Beatrijs, dont les choix de mobilier urbain lui sont définitivement restés en travers de la gorge. L’hypothèse développée par Vorena, après avoir écoutée Taegher faire un exposé sur la grande concentration de ruines et de reliques magiques dans le sol de Ghur, ce qui pourrait expliquer comment un simple péon comme Haust a pu se retrouver en possession d’une dague magique de niveau 49, simplement en labourant son champ, est que Beatrijs a utilisé les blocs d’une ancienne tour de mage, à proximité de laquelle Ketterhal a été bâti, pour… faire des dingueries. Ce raisonnement a beau être un peu tarabiscoté, il n’en est pas moins valide, mais encore une fois, un regrettable incident vient empêcher notre fin limier de conclure son interrogatoire comme il se doit. Contrairement au diagnostic rassurant de Taegher Dreich, la blessure infligée par la lame de Haust s’est en effet infectée, et le bruit des colifichets en dents et en os de Beatrijs plonge Vorena dans un état second, ce qui lui fait appuyer sur la détente et abattre la conseillère sans sommation. Ça sent la boulette… Révélation …Beatrijs avait toutefois plus d’un tour dans son sac, ou plutôt, était un sac (à viande), car de sa dépouille mortelle surgit soudain un Tzaangor, qui se met à caqueter de manière triomphale devant une Vorena de moins en moins lucide. La grande idéologie de Beatrijs est que dans le Royaume des Bêtes, il faut se transformer en bête, ce qui est une déclinaison un peu extrême de « à Rome, fais comme les Romains », mais qui sommes-nous pour juger, hein ? De son côté, Voranimal a gardé une dent, ou plutôt un croc, contre les cultistes du Chaos, même dans son état de transe, et saute à la gorge du Tzaangor sans se poser beaucoup de question. Boostée comme Haust par un développement soudain de muscles et d’appendices acérés, elle règle définitivement son compte à l’urbaniste de Ketterhal, mais cela ne signe pas pour autant la fin de ses ennuis, ni de notre histoire. Comme on peut l’imaginer, Shesheba n’est pas d’humeur à collaborer avec une collègue loup-garou, et lorsque les deux femmes se croisent à nouveau, alors qu’une Vorena ayant repris forme humaine essaie désespérément de sauver sa chemise imbibée de sang au lavoir (chacun ses priorités), la discussion tourne rapidement à l’affrontement. Affrontement dont Vorena sort tout aussi rapidement vainqueur, son état de possédée lui permettant d’envoyer valdinguer Shesheba sans ménagement dans le décor. La vétérane n’avait toutefois pas fait le déplacement seule, et Taegher Dreich donne un peu plus de fil à retordre à Vorena à cause de ses pouvoirs arcaniques. Il finit toutefois également en PLS, et consent alors à nous donner le fin mot de cette histoire décidément très compliquée, sous l’œil courroucé et la griffe acérée de Vovo. Se sentant abandonné par Excelsis, qui malgré la levée du siège, ne consentit pas à envoyer des troupes à Ketterhal durant la décennie qui suivit, le patriarche Artom demanda à Taegher Dreich une protection contre les déprédations des bêtes et des hordes de maraudeurs entourant la communauté. La solution du sorcier fut de remettre à un volontaire (Haust) une lame magique lui permettant de se transformer en super prédateur, et ainsi de sauvegarder Ketterhal contre les rudesses de Ghur. Cette expérience finit cependant par détraquer l’esprit de Haust, qui continua sa mission en chassant les disciples de Beatrijs, sans pouvoir expliquer ses motifs lors de ses rares moments de lucidité. Cet exposé est interrompu par la culmination du rituel de Veinspill, qui consiste à étancher la soif de Ghur en déversant des tonneaux de sang (animal, mais aussi humain) dans le sol, pour obtenir en échange de l’eau pure de l’aqualithe local. A cause des manigances de Beatrijs et des expériences de Taegher Dreich, ce délicat équilibre a été rompu, condamnant les habitants de Ketterhal à mourir de soif… à moins que l’offrande annuelle soit relevée du sang d’un chasseur d’exception, et l’altruiste Vorena se saigne donc aux quatre veines pour que les locaux ne se fassent pas couper l’eau. Ceci fait, la possédée prend la poudre d’escampette et part hanter la forêt la plus proche, laissant à Artom et Taegher Dreich le soin de mettre en place une nouvelle combine pour assurer la sécurité et l’approvisionnement en eau potable à leurs concitoyens au cours des prochains mois. Décidemment, l’administration territoriale est un sacerdoce… Avis : Pour sa deuxième excursion dans les Royaumes Mortels, Christopher Allen nous immerge avec une maestria consommée dans la culture de Ghur (Ghulture ?), territoire certes prédateur, mais pas intrinsèquement mauvais ou chaotique. L’exploration réussie de ce Royaume très particulier constitue à mes yeux la principale raison de lire ‘Hounds’, bien que ni l’intrigue mise en scène, ni les personnages convoqués par Allen ne manquent d’intérêt. La fin de l’histoire est d’ailleurs assez ouverte pour permettre à l’auteur de poursuivre la chronique de la vie mondaine et sanguine de Ketterhal dans d’autres nouvelles et romans, et s’il continue dans cette veine (I have to), le résultat vaudra également le détour. Fluff : Ghur : Les deux lunes de ce Royaume sont Koptus et Gnorl Mi-Mangé (Half-eaten). Kett : Tribu de Ghur ayant rallié la cause de Sigmar lors de la reconquête des Royaumes Mortels. Les Kett adultes arborent tous une dague de sang (vein-dagger), lame honorifique utilisée lors des célébrations hémorragiques (Veinspill) pour abreuver la terre de sang et ainsi rassassier la soif de Ghur en échange d’eau pure provenant de l’aqualite de Ketterhal. Les dagues de sang sont inspirées de l’arme qu’utilisa le chef des Kett pour s’entailler les joues et ainsi faire allégeance à Sigmar. • The Rose of Bhaskar Révélation Black Library 2024 Advent Calendar/2024/27 pages Intrigue : Fraîchement engagé dans un régiment de miliciens issus de la cité de Vindicarum afin de se reconnecter avec son héritage Bhaskari (ville de Chamon envahie par les forces du Chaos, dont sa famille est issue), le jeune Ermilios Masqueri goûte peu sa première campagne. Rattaché au Maréchal Benandantos Hyshaios Lucente (que je n’appellerai pas BHL, mais la tentation était forte) en qualité d’estafette et aide de camp, notre héros a passé plus de temps à « déterrer des légumes » et à rapporter des livres à son supérieur qu’à astiquer son armure ou le seconder sur le champ de bataille, comme il aspirait à le faire. Déçu par la réalité de la vie de camp, et par son incapacité à créer des liens avec les autres descendants de Bhaskar qui servent dans son régiment (la Rose de Fer), Ermilios ne se doute cependant pas qu’il aura bientôt l’occasion de se confronter aux réalités de la guerre, à la faveur d’une manœuvre hardie de la part de Lucente. Ce dernier a en effet été averti par un éclaireur du péril qui guette la cité de Seolfor, située à quelques jours de marche de la position des miliciens. Convoqués par la Grande Maréchale Herrenhorne afin de constituer une croisade assez puissante pour vaincre définitivement la menace représentée par l’Impératrice Sextuple, dévouée à Slaanesh, les Roses de Fer auraient dû converger vers Geithen, où se trouve le camp de base sigmarite. Cela aurait cependant laissé Seolfor sans protection contre l’incursion du champion de l’Impératrice, Kynewul l’Exilé, ainsi nommé car il a été chassé par les habitants de la ville après que ces derniers se soient rebellés contre sa tyrannie et son règne inique. Comme tout bon méchant de série B, Kynewulf a juré de se venger de ses anciens sujets, et aura l’occasion de (re)passer Seolfor par la torche sans trop de difficulté, à moins que la garnison de la cité ne reçoive rapidement des renforts. Animé par un tempérament chevaleresque, en dépit de son attrait suspect pour la botanique et les aquarelles de volatiles, Lucente n’hésite pas longtemps avant d’engager une marche forcée à travers les Friches Jadahaki afin de contrecarrer l’incursion chaotique. Il peut pour cela compter sur les réserves d’Aqua Ghyranis (qui sert de solde aux soldats de ce Royaume, d’où vient d’ailleurs l’expression « payer en liquide ») de son train de bagage, fortifiant très utile à qui s’apprête à faire de l’ultra trail en armure dans les vallons de Ghyran, sur un alignement des planètes Royaumes favorable1, ainsi que sur le ralliement d’un autre régiment de miliciens, les sinistres Fossoyeurs, issus de Shyish. Après deux jours de marche forcée éreintante par monts et par vaux, au cours de laquelle Ermilios peut enfin avoir une discussion d’homme à homme avec Lucente et vider son sac à propos du manque de décorum de son service (ce dont Lucente se fiche éperdument, mais qu’il comprend être important pour son junior), les renforts arrivent en vue de Seolfor, à peu près au même moment que Kynewulf et ses hordes parfumées. Il ne faut pas longtemps avant que le combat s’engage, et malgré le chaos qui règne sur le champ de bataille, et la férocité dopée aux substances illicites des Slaaneshi, Lucente est persuadé que la victoire est à portée de main. Il n’hésite d’ailleurs pas à se jeter au cœur de la mêlée, escorté par un Ermilios reconverti en porteur de bouclier, pour motiver les troupes et les inspirer par son exemple, pendant que ses lieutenants (la mage de bataille Canidia, la Fusil Major Hallenhof et la Chevalière Eminente Belthos) exécutent sa stratégie ailleurs sur la ligne d’affrontement. Ce qui doit arriver arrive, et les deux commandants finissent par se rencontrer au milieu de la tuerie. Le plan de Lucente se révèle alors : occuper le prétentieux et très psychologiquement fragile (mais très physiologiquement robuste) Kynewulf afin qu’il ne puisse pas se rendre en compte que ses bandes de guerre se font dérouter les unes après les autres par la discipline sigmarite. Pour cela, rien ne vaut un bon combat singulier des familles, et bien qu’Ermilios juge bon d’intervenir (assez piteusement il faut dire, mais ça lui apprendra à apporter une lame cérémonielle pour défier un seigneur du Chaos au corps à corps) lorsque son patron semble en difficulté, ce manque de fair play n’est pas relevé par un Kynewulf plus tourmenté par les quolibets de Lucente à propos de son expulsion peu glorieuse de Seolfor que par les messages d’alerte de ses conseillers et courtisans. Cet aveuglement stratégique sera fatal au général chaotique, dont le dernier point de vie se fait arracher par une charge de flanc millimétrée de la part de Belthos, qui fracasse le crâne de l’Exilé d’un revers de marteau. La bataille remportée, on a le droit à une conclusion à haute teneur en émotion lorsqu’Ermilios sort de son sac une authentique rose de fer de Bhaskar et la présente à Lucente. La poignée de main épineuse entre les deux hommes, dont le sang se mélange l’un à l’autre dans l’opération, produit un miracle botaniquo-symbolique et permet l’éclosion de la fleur métallique, symbole de bon augure s’il en est un. Le flower power a encore de beaux jours devant lui à Age of Sigmar, c’est moi qui vous le dit. 1 : Shyish passe dans l’orbite de Ghyran, ou quelque chose comme ça, ce qui provoque un dépérissement (relatif) de l’exubérante végétation du Royaume (c’est pour ça que Lucente avait besoin qu’Ermilios lui trouve des échantillons) et permet aux miliciens de se frayer un chemin (relativement) facilement à travers l’arrière-pays Jadahaki. Avis : ‘The Rose of Bhaskar’ évoquera sans doute des souvenirs aux lecteurs familiers de la novella ‘The Path to Glory’ d’Evan Dicken, évocation épique et très réussie de la chute d’un empire de l’Ordre confronté à une invasion chaotique de grande envergure. Comme Dicken avant lui, Allen parvient à immerger le lecteur dans une culture chamonite fouillée, crédible et terriblement exotique, et ce en l’espace de quelques pages : un petit tour de force littéraire que peu de contributeurs de la Black Library ont réussi à accomplir depuis le lancement de la franchise Age of Sigmar. S’il ne devait y avoir qu’une raison de lire ‘The Rose of Bhaskar’, cette plongée dans la richesse civilisationnelle des Royaumes Mortels serait ma recommandation, mais cette nouvelle possède d’autres points forts en sus. Citons ainsi la très bonne caractérisation des personnages (principaux – les secondaires passant un peu à la trappe du fait de noms à rallonge et assez similaire, et du manque de présence au premier plan) de cette histoire, qui parviennent tous à au moins sortir du moule archétypal (le jeune noble idéaliste, le vétéran camouflant un lourd passif, le cultiste de Slaanesh totalement imbu de lui-même…) auquel un auteur moins doué les aurait confinés. Mention particulière à la mage d’ambre Canidia, qui remporte la palme de sorcière la plus marquante de la littérature AoS à ce jour, et ce en seulement deux interventions dans le cours du récit. De même, le soin ménagé par Christopher Allen pour laisser un suspens « personnel » planer sur la conclusion de son récit (on sait que les Sigmarites vont remporter la victoire, mais on ne sait pas si les protagonistes survivront à leur combat contre Kynewulf) engage le lecteur de manière efficace. Vous l’aurez compris, ‘The Rose of Bhaskar’ est un véritable coup de cœur en ce qui me concerne, et bien que nul indice ne semble indiquer à coup sûr que ce petit coin de Ghyran bénéficiera d’autres sorties de la part de la BL, je me prends à espérer que la carrière d’Ermilios Masqueri soit couverte plus en détail dans le futur. J’ai même un titre pour une future série : ‘Guns and Roses’... Fluff : Friches Jadahaki (Jadahaki Weald) : Région de Ghyran disputée par des Réclamés alliés aux armées de Sigmar (bien qu’ils vénèrent d’autres dieux, comme le Moissonneur – Man of All Harvests –, Sig Chaussé d’Acier – Sig Steel-Shod –, la Déesse Dorée – Gilded Goddess – ou la Mère en Haillons – Mother-In-Rags) et des cultistes de Slaanesh (vénéré sous son incarnation de la Chèvre Pâle) répondant à l’Impératrice Sextuple. La cité de Seolfor fut brièvement assiégée par les forces du champion de l’Impératrice et ancien dirigeant de la ville, Kynewulf l’Exilé, pendant la croisade menée par la Grande Maréchale Herrenhorne pour rallier la région à Sigmar. Secourue par deux régiments de miliciens, dont la Rose de Bhaskar, la garnison parvint à défaire les hordes slaaneshi, et Kynewulf fut tué pendant l’affrontement. Une autre ville majeure de la région est Geithen. Bhaskar : Ville de Chamon réduite en ruines pendant l’Âge du Chaos, et surnommée cité des roses de fer. Une partie de ses habitants parvint à gagner Azyr avant la chute de la ville, conservant avec eux le souvenir de la culture de cette dernière. Une autre partie resta sur place et parvint à survivre pendant les siècles de domination chaotique, avant de rallier les forces de Sigmar lors de l’ouverture des Portails de Royaume. Le symbole de Bhaskar est une rose métallique à cinq pétales. Le régiment de la Rose de Fer, commandé par le Maréchal Benandantos Hyshaios Lucente, comporte un grand nombre de descendants de Bhaskar dans ses rangs, bien que la majeure partie d’entre eux soient issus de la cité de Vindicarum, où les Réclamés de Bhaskar se sont établis. La livrée de la Rose de Fer est le rouge de rouille et le vert de gris. Colin B. Harvey (1) Révélation Colin B. Harvey est un auteur ayant travaillé sur de nombreux projets (jeux, comics, livres, radio…), et dont la première collaboration avec la Black Library, la nouvelle ‘The Hunter’s Quarry’, date de 2022. • The Hunter's Quarry Révélation Aelves Week 2022/2022/15 pages Intrigue : L’heure de la vengeance a sonné pour Qulathis, chasseresse Kurnothi déterminée à venger l’invasion de sa forêt natale, le massacre et l’expulsion de son peuple, et la mort de son frère bien-aimé, Nurrago. Les responsables de ces odieux méfaits ne sont autres que les vampires Vyrkos de ce bon vieux Radukar l’Alouette, et en particulier son lieutenant Zakramise (nom de famille Zakrantalon), qui a dépecé le pauvre Aelf alors qu’il tentait de gagner du temps pour permettre à ses compatriotes d’évacuer leurs cabanes dans les arbres. Qulathis peut compter sur l’aide de deux camarades dans sa quête revancharde, Lanstarn le peltaste argenté (rapport au métal de ses javelines), et Mira l’opossum (rapport à sa capacité à faire la morte pour piéger ses ennemis), qui tenaient le défunt Nurrago en très haute estime. Après une petite embuscade de mise en bouche, pendant laquelle le trio Kurnothi démontre sa léthalité et sa complémentarité en réglant leur compte à une patrouille de Kosargi placé sous le commandement (pas très inspiré1) d’une vampire nouvelle née et rapidement morte, les choses sérieuses peuvent commencer. Qulathis souhaite assassiner Zakramise alors que le seigneur de guerre ripaille dans les ruines du village Kurnothi, et la marche d’approche ne sera pas de tout repos. L’altruiste Mira est la première à passer l’arme à gauche, son bon cœur la conduisant à tenter de libérer des compatriotes mis en perce par les buveurs de sang, et attirant une vague de vampires hématoliques pour sa peine. Bien que ces derniers ne fassent pas le poids face à l’arsenal sophistiqué de ses camarades, l’Aelfette finit l’empoignade avec un gros suçon dans le cou, et décède dans les bras de Qulathis. Attristés par cette perte mais déterminés à ce qu’elle ne soit pas inutile, les deux survivants décident de… se reposer dans un de leurs refuges secrets. Outstanding move, vraiment. Qulathis en profite pour servir à son compagnon un Imovane biodynamique à base de champignons et de feuilles, plongeant Lanstarn dans une léthargie bien plus profonde que ce à quoi le javelinier s’attendait. La chasseresse est en effet déterminée à terminer sa mission en solo, sans risquer davantage de vies aelfiques. Ces nobles sentiments ne lui sont cependant d’aucun secours lorsqu’elle se fait gauler comme une bleue par les vampires en goguette avant d’avoir pu décocher son trait à Zakramise, et se réveille pieds et poings liés devant la silhouette imposante du général Vyrkos… Révélation …À sa décharge, elle avait été témoin d’une scène terrible ayant ruiné sa concentration au moment décisif. Nurrago n’est en effet pas mort, comme elle le croyait, mais été réanimé et pris en stage sommellerie par son bourreau (qui semble tout de même avoir un bon fond). Plus douée pour tirer à l’arc que pour dissimuler ses sentiments, Qulathis n’arrive pas à dissimuler à Zakramise le lien très fort qui l’unit à Nurrago, et le vampire a l’idée géniale de permettre à son nouvel échanson de se faire les crocs sur la captive. Tout cela aurait sans doute très mal fini sans la double intervention du pouvoir de la famille (Vin Diesel approves this message) et de l’amitié (Yu-Gi-Oh approves this message). Alors que son petit frère est sur le point de lui faire une trachéotomie non conventionnée, Qulathis lui susurre dans l’oreille la catch phrase qu’ils ont partagé pendant des années : « Manglers never lose Nurrago always wins ». Cela a pour effet de permettre au cadavre réanimé de reprendre une partie de ses esprits, et de se ruer sur son créateur avec l’envie d’en découdre, non sans avoir rompu les liens de sa sœur auparavant. Sur ces entrefaites, Lanstarn (qui s’est finalement réveillé) rejoint les festivités, plongeant la célébration vampirique dans le chaos le plus total. Grâce au sacrifice altruiste de ses deux compagnons, qui consentent à prendre l’aggro des mobs et du boss sans avoir les moyens de gérer quoi que ce soit, Qulathis parvient au bout du compte à décocher sa flèche fatale dans le téton de Zakramise, ce qu’il prend… avec philosophie. S’étant éclipsée sans demander son reste après le succès (relatif) de sa vendetta, notre héroïne décide qu’il n’est pas encore temps de retourner faire des tisanes et des chaises en rotin avec le reste de sa communauté. Direction donc Ulfenkarn, où un certain Radukar aurait bien besoin qu’on lui apprenne les bonnes manières 1 : « Stop ! C’est sans doute un piège. » « Proiiiiiiiiie… » « Oui mais tu trouves pas bizarre qu’une Aelf trébuche sur une racine et s’étale de tout son long 10 minutes après le début de la poursuite ? On n’est pas à Blood Bowl là ! » « PROOOOO-AAAAAAAA !!! » « Ok vas-y mais je t’aurais prévenu. » Avis : Pour sa première incursion dans les Royaumes Mortels (et la GW-Fiction), Colin B. Harvey signe une nouvelle très classique sur le modèle du rape raid (and raise dead) and revenge, même si la faction choisie pour cette expédition vengeresse est assez originale, il faut le reconnaître. J’avoue avoir tiqué plus d’une fois pendant la lecture, pas tant à cause de la quasi-invulnérabilité dont la triade infernale dispose (si Qulathis est aussi forte dans les parties de Cursed City, il faut la prendre à chaque fois), même si Harvey aurait pu davantage soigner sa copie à ce niveau-là, mais plutôt à cause du comportement et de la constitution des vampires qui servent d’antagonistes. Bien que l’auteur prenne le soin d’expliquer comment Qulathis et Lanstarn parviennent à empiler les one shots, je trouve les buveurs de sang de ‘The Hunter’s Quarry’ bien empotés et assez peu menaçants au final, alors qu’on a tout même affaire à des bloody vampires (si on me passe l’expression) ! Le personnage de Nurrago, autour duquel la résolution de l’intrigue repose, s’intègre également assez mal dans le lore d’Age of Sigmar tel que je le comprends1 : puisqu’il a été réanimé par Zakramise, il ne devrait en aucun cas être capable de se retourner contre son maître, alors qu’il ne se gêne pas pour (essayer de) lui mettre quelques tartes une fois son destin tragique remémoré. Au final, je sors peu emballé de ‘The Hunter’s Quarry’, dont le principal intérêt est pour moi qu’il confirme les plans de la BL pour le passage de Cursed City dans la GW-Fiction, comme Blackstone Fortress. On attend les nouvelles introductives pour les autres personnages de la boîte2. 1 : Il est possible et même probable que je fasse une simple transposition de WFB à AoS, mais comme un certain nombre de personnages nommés morts-vivants du Monde qui Fut ont trouvé une deuxième jeunesse (éternelle) dans les Royaumes Mortels, la ligne de démarcation est très fine entre les deux univers. 2 : À ce stade (août 2023) et d’après mes recherches, seule Emelda Braskov (‘Last of the Braskovs’) et Qulathis ont bénéficié de ce traitement de faveur. Fluff : Kurnothi (Culture) : Les flèches dont les hampes sont faites du bois du Chêne des Âges Passés sont tellement imbues de magie ghyranite qu’elles se révèlent instantanément fatales pour les morts vivants qui en sont frappés. En mélangeant des spores du champignon morg wist avec les feuilles du pekkada, on obtient un puissant somnifère. Dale Lucas (2) Révélation Dale Lucas n’est pas un novice en matière d’écriture. Avant de rejoindre la Black Library, pour laquelle il a écrit la nouvelle ‘Blessed Oblivion’, il a signé les séries ‘The Fifth Ward’ (décrit par son auteur comme un mélange de ‘l’Arme Fatale’ et du ‘Seigneur des Anneaux’) et ‘Doc Voodoo’. • Blessed Oblivion Révélation Oaths and Conquests/2020/28 pages Intrigue : S’il y a bien une constante dans le monde professionnel, ce sont les effets débilitants et démoralisants que la routine peut avoir sur les travailleurs. Dans le cas, certes assez extrême, de notre héros, le Liberator Klytos de l’ost des Celestial Vindicators, cette routine est littéralement mortelle. Comprendre que le (quasi) quotidien de notre armoire à glace turquoise est de se faire déboîter, éventrer, décapiter, piétiner, empaler, et j’en passe, ce qui le contraint à de fréquents passages sur l’Enclume de l’Apothéose, où il perd à chaque fois des souvenirs de sa vie passée. Et ça, Klytos le vit très mal1. Alors, avant chaque bataille, il passe en revue les éléments – de moins en moins concrets – qu’il lui reste de son existence de mortel : le visage de sa femme et de son bébé, les mains de son père (ou d’un vieux type, il ne sait plus trop). Déployé avec sa cohorte sur une mission humanitaire en Shyish, Klytos n’a pas à attendre longtemps avant d’être à nouveau renvoyé à la case l’enclume départ, après s’être fait ouvrir en deux comme une huître par un Exalted Deathbringer amateur de poésie (et de hache à deux mains). Etant arrivé devant les Six Forgerons juste au retour de leur pause pipe (je les vois mal fumer autre chose), notre héros bénéficie d’une remise en état expresse, et est renvoyé sur le terrain très rapidement, où il retrouve ses camarades éprouvés mais victorieux. Ayant à nouveau perdu un peu de sa mémoire, il sombre dans une rêverie morose tandis les autres Liberators de son unité se livrent chacun à leurs propres rituels post-traumatiques (grosse ambiance chez les Stormcast Eternals). C’est dans cet état contemplatif que son supérieur, le Liberator-Prime Gracchus le trouve. Après avoir proféré quelques politesses mensongères mais motivantes2, Primo décide que le mieux pour Klytos est d’aller voir là-bas s’il y est, ou « mission de supervision de la sécurisation du périmètre allié », comme on dit à Azyrheim. Envoyé se dérouiller les solerets dans les collines avoisinantes, Kly’ tombe par hasard sur une scène de combat opposant un couple de hipsters à un groupe de beaufs. Classique. Sauf qu’à la place des hipsters, il s’agit en fait d’un bretteur et d’une sorcière Aelfe, le premier n’hésitant pas un instant à donner sa vie pour que la seconde puisse jeter un sort mortel aux importuns, en couchant la plupart. Les survivants, un duo de Skullreapers chaperonné par un Slaughterpriest faucheur, n’ont cependant pas de mal à capturer la donzelle pendant la recharge de son blast, et l’histoire se serait sans doute mal finie pour elle sans l’intervention héroïque de Klytos, qui parvient à occire les deux goons. Malmené par le maxi mini-boss, le Liberator se voit déjà repartir à la reforge, mais est à son tour sauvé par l’intervention de la sorcière, qui fait dévorer le prêtre par des lombrics de lumière. Awesome. L’ennemi vaincu, les deux vainqueurs socialisent un peu. L’enchanteresse révèle s’appeler Lichis Evermourn, et être en mission secrète pour récupérer une pierre de royaume cachée dans une maison de campagne abandonnée par son couvent dans l’arrière-pays de Shyish. D’abord peu intéressé par la quête de celle qu’il considère avec méfiance après l’avoir vu égorger son malheureux compagnon (malgré le volontariat de ce dernier), Klytos se fait finalement convaincre par Litchi de lui servir de garde du corps, en échange d’une mémoire restaurée grâce à la magie de la pierre en question. Adieu, veau, Vindicators, cochon, couvée, notre héros déserte et s’embarque pour un trek en pays ennemi avec sa nouvelle patronne. Au bout de quelques jours de marche, les deux lascars arrivent en vue d’une bâtisse qui semble abandonnée… mais ne l’est pas tout à fait. Deux honnêtes cambrioleurs sont en effet à pied d’œuvre lorsque Klytos et Lichis arrivent, ce qui ne plait pas du tout à cette dernière, qui les bouledefeu-ise sur le champ afin de s’assurer qu’ils n’ont pas récupérer la précieuse pierre sur un malentendu. Evidemment, cela ne plaît pas vraiment à Klytos, qui, de rage… se débarasse de son casque. Chacun ses méthodes de gestion de la colère. Rassurée que le grisbi est toujours à sa place, Lichis entraîne son preux mais plus très motivé chevalier servant en sous-sol, où se trouve une crypte. Klytos réalise, un peu tard, que la sorcière n’est qu’une voleuse de tombes de bas étage, ce qui le rend chafouin, mais ses états d’âme sont remis à plus tard lorsque le gardien des lieux se matérialise après que Lichis ait commencé à incanter pour briser le sceau protégeant la pierre. Confronté au cousin germain de Kedrek, Klytos a bien du mal à se faire respecter du Knight of Shrouds en furie et en voix qui se met à le tataner sévère. Entre deux formules ésotériques, Lichis parvient toutefois à balancer un hack à son palouf de compagnie : « Utilise la Force Foi, andouille ! ». Et le pire dans tout ça, c’est que ça marche. Puisant dans des ressources insoupçonnées, Klytos parvient à aligner suffisamment de 6 sur ses jets de dés pour envoyer Shroudie au tapis. Bien joué gamin. Le gardien vaincu et la pierre du royaume récupérée, tout s’annonce pour le mieux pour notre héros, qui insiste pour que mémoire lui soit rendue, malgré la réticence de Litchis… Révélation …Et pour cause, Klytos ne tarde pas à réaliser qu’il a, en fait, vécu une bonne vie de m*rde. Sa femme s’est fait tuer par un pillard, qui a enlevé sa fille alors qu’elle était bébé. Son père a fait une overdose de chloroquine avariée, et a fini comme un légume sans qu’il ne trouve la force de mettre fin à ses souffrances. Sa mère est morte quand il était jeune, frappé à la tête par le sabot d’une mule grincheuse. Les gens du village d’à côté se sont entre-dévorés lorsque la famine s’est déclarée un hiver. Il a eu plusieurs fois la gastro et s’est souvent cogné le petit orteil sur le coin de son armoire. Ca fait beaucoup. L’épilogue de notre histoire voit Klytos, que cette épiphanie malvenue a plongé dans la folie, ressortir de la crypte et tomber sur une nouvelle bande de brocanteurs opportunistes (ça commence à faire beaucoup), auxquels il demande gentiment de le tuer, sous peine de mort. Confus par cette requête aussi extrême que contradictoire, les pillards décident de battre en retraite, mais pas avant que Klytos le dingue en ait découpé deux pour leur peine. Si seule la mort met fin au devoir, il n’y a plus qu’à espérer qu’elle mette aussi fin à la mémoire, mais rien n’est moins sûr… 1 : On pourrait arguer qu’il n’avait qu’à être meilleur à son taf’ au lieu de claquer aussi souvent, comme un noob. Ce serait vrai, mais peu charitable. 2 : Gracchus complimente Klytos en lui disant qu’il s’est bien battu ce jour. À moins qu’il ait aussi des problèmes de mémoire, il ne lui aura pas échappé que son protégé s’est fait sortir dans les deux premières minutes de la bataille… Avis : Surfant sur la vague du Stormcast Blues, cette nouvelle introductive de Dale Lucas dépeint avec justesse l’autre côté du masque de bataille des colosses en sigmarite, qui malgré leurs abords stoïques, restent sujets à des doutes et peurs bien humains. Le personnage de Klytos, tenaillé par son devoir envers Sigmar, qu’il vénère par-dessus tout, et son désir – assez légitime – de ne pas perdre tout souvenir de sa vie précédente, offre un mélange complexe de sentiments tourmentés au lecteur, en plus de poser quelques questions intéressantes en matière de fluff (et si l’amnésie progressive des Stormcast Eternals était finalement une bonne chose pour eux ?). À ce rythme là, nous n’aurons guère à attendre avant que la BL ne nous propose des histoires de Stormcast renégats, ou en tout cas émancipés de leur curatelle divine, ce que je suis tout prêt à lire ! Plus sombre et psychologique que la nouvelle Stormcast Eternals classique, 'Blessed Oblivion' a également la bonne idée de mettre en avant une sous-faction assez peu représentée jusqu’ici, les Darkling Covens, et leur rapport pour le moins particulier au concept d’Ordre. Les frictions entre Klytos et Lichis se font ainsi l’écho de l’hétérogénéité des philosophies des différentes cultures que Sigmar et son panthéon ont rallié sous leur bannière, thématique riche de potentiel encore peu explorée par les auteurs de la Black Library, qui ont pour le moment privilégié les coopérations « faciles » dans leurs ouvrages (ceux que j’ai lu en tout cas). Avec autant d’idées pertinentes, et plutôt bien développées, à son actif pour une première soumission, Dale Lucas se positionne naturellement parmi les rookies à suivre de la BL, en espérant que cette dernière poursuive sa collaboration avec cet auteur déjà établi. Fluff : Rituel de Reforge : Les Stormcast Eternals sont (re)forgés dans la Chambre du Monde Brisé (Chamber of the Broken World), où leur âme est surchauffée et martelée par les Six Forgerons sur l’Enclume de l’Apothéose (Anvil of Apotheosis). Ce rituel peut être accompli en quelques heures, mais prend généralement plus longtemps. Pierre de Royaume : Cette substance magique est capable (entre autres choses) de restaurer la mémoire des Stormcast Eternals, même après plusieurs Reforges. • Last Rite of the Hag Queen Révélation Direchasm/2020/26 pages Intrigue : La sortie entre filles/femelles (comment qualifier une Melusai ?) organisée par la Hag Queen Morgwaeth la Sanglante jusqu’à Beastgrave est en train de virer en jus de boudin. Et pas au sens propre, notez bien (normal que le sang coule à flot quand les fifilles de Khaine entrent dans la danse), mais au sens figuré. La raison de l’ambiance délétère qui menace de diviser un groupe jusque là uni est assez simple : l’incapacité notoire et démontrée de Mo’ d’emmener son équipe jusqu’au Fragment de Khaine que Morathi les a envoyés chercher dans la montagne de Ghur. Le dernier accrochage en date avec une bande d’Hédonites plus démonstratifs que dangereux a en effet ouvert la voie vers une tombe prometteuse… mais qui s’est révélée être totalement vide. Pour ne rien arranger, une trentaine de Slaaneshi en rut s’est manifestée pour menacer les arrières des Furies, ce qui est une perspective terrifiante (et interdite au moins de 18 ans) quand on y réfléchit deux secondes. Fort heureusement, les pouvoirs conférés à Morgwaeth par son statut de Mémère Mégère Vénère (la seule traduction française acceptable de Hag Queen, si on me demande mon avis) lui permettent de faire s’effondrer le tunnel par où arrivait les importuns, laissant le Clan de la Lame (Blade-Coven) vaquer à ses occupations. Ce n’est qu’un pis aller pour Morgwaeth, qui sent et voit bien que son autorité naturelle est en train de s’effriter. Si le niveau de bitcherie de ses deux Witches, Lethyr et Kryssa, ainsi que celui de sa Sœur du Massacre Kamyss, sont encore à un niveau raisonnable, on ne peut pas en dire autant de celui de la Melusai Blood Stalker de la coterie, la (naturellement) fourbe Kyrae. Ainsi, lorsque leur chef leur donne l’ordre de se séparer pour explorer les différentes intersections d’un carrefour, Kyrae pousse un grand soupir sifflant en levant les yeux au ciel, en mode « nan mé halo kwa1 » assumé. Isolée de ses subalternes par la force des choses, Morgwaeth a tout le temps de débattre avec elle-même de sa situation peu enviable, des imprudences passées qui ont probablement conduit à son exil (elle a eu l’audace de critiquer publiquement Morathi, et pas qu’une fois), et des solutions qui s’offrent à elle pour regagner son statut écorné par l’échec. Mais cette voix froide et cassante qui résonne et raisonne dans son crâne, est-ce bien sa conscience (professionnelle), comme elle le pense, ou un tour pendable que lui joue Beastgrave ? Qui peut dire de quelles fourberies la Montagne qui Dort est capable… Mo’ a toutefois de la chance dans son malheur car son boyau finit par l’amener jusqu’à une corniche surplombant une salle où quatre Orruks et trois Ogors s’affairent à déblayer un éboulis. Enfin, les Orruks travaillent pendant que les Ogors regardent, ce qui est dans l’ordre naturel des choses, et si les Peaux Vertes ne sont pas d’accord, c’est même tarif (avec une baffe en plus). Tout cela est rendu plus intéressant pour la Matriarche lorsqu’un coup de pelle enthousiaste libère l’accès de la salle suivante, qui exhale un subtil fumet de tripoux avarié. L’odeur caractéristique de l’aftershard de Khaine, pour sûr, et une nouvelle occasion inespérée pour Morgwaerth de remonter le moral des troupes. Le retour au bercail, s’il se fait en courant de la part de notre héroïne, est toutefois accueilli froidement par ses plus si fidèles que ça harpies. Profitant de l’absence prolongée de sa suzeraine, Kirae s’est en effet mis à siffler dans les oreilles de ses camarades, et a réussi à convaincre Lethyr de rejoindre sa cause. Ces dissensions ne pouvant plus être ignorées, Morgwaerth accepte d’affronter la Melusai en duel rituel pour mettre une fois pour toutes les choses au clair et prouver à son monde que c’est elle qui porte la culotte le string clouté. Dans la plus grande tradition des affrontements décisifs, la protagoniste commence par avoir le dessous, et se retrouve en fâcheuse posture, à un doigt de se faire poinçonner la brioche par une dague chargée à bloc d’énergie mystique. Qu’à cela ne tienne, la Sanglante utilise un life hack littéral pour siphonner en douce la force vitale emmagasinée par Kirae dans son coupe chou de fonction, et qu’elle réservait plutôt à Morathi en honnête Stalker qu’elle est. L’overdose de sangria qui manque de lui liquéfier le cerveau permet cependant à la Hag Queen de remporter son combat en balançant la couleuvrine sur le mur de la caverne, ce qui met tout le monde d’accord… au moins pour le moment. Il est donc temps pour le Clan des Chipies de reprendre sa quête : je connais des Ogors qui vont se faire méchament crêper le chignon2. 1 : Une antique imprécation khainite, peu facilement traduisible dans notre langue grossière. 2 : Je n’inclus pas les Orruks, qui sont chauves comme chacun sait. Avis : Nouvelle sympathique de Dale Lucas, qui présente de façon romancée et assez prenante le background du Clan de la Lame de Morgwaerth, en n’hésitant pas à prendre un peu de distance et en convoquant Morathi pour un petit cameo (deux bonnes idées) pour ce faire. On peut savoir gré à l’auteur d’être parvenu à instiller un peu de suspense dans son récit, en faisant sourdre la mutinerie des grognardes de Hagg Nar contre leur supérieure hiérarchique, et d’avoir utilisé de façon bien sentie les effets délétères de Beastgrave sur la psyché de ceux qui y pénètrent. La montagne est elle vraiment capable d’influencer l’esprit de ses hôtes, où est-ce seulement la paranoïa naturelle des Aelves qui parle ? Le mystère reste entier et c’est très bien comme ça. En conclusion, une belle entrée en matière pour Morgwaerth et ses filles, qu’on aurait presque envie de suivre plus amont dans leur quête du Khlou du spectacle. Fluff : Daughters of Khaine (Armement) : Les Sciansá et Scianlar sont des dagues rituelles, qui peuvent stocker l’énergie vitale de leurs victimes, mais également produire de la lumière. Danie Ware (1) Révélation Danie Ware est d’abord une spécialiste du 41ème millénaire en général, et des Sœurs de Bataille en particulier, comme ses premiers travaux pour la Black Library l’ont amplement montré. Transcendant la barrière entre les univers de la GW Fiction, elle a commencé à écrire pour Age of Sigmar avec ‘The Rage of the Mountain’, pour Warhammer Underworlds. • The Rage of the Mountain Révélation Direchasm/2020/17 pages Intrigue : Gitmob exilé, Rippa Narkbad est arrivé à Beastgrave avec ses deux compagnons d’infortune Stabbit (lancier) et Mean-Eye (archer), trois Snarlfangs très malins (ils comprennent vraiment tout ce qu’on leur dit), et des rêves de revanche plein la tête. Son objectif dans la vie est de trouver le plus loppest de tous loppas, ce qui passe dans son cas par de multiples, et souvent infructueuses, tentatives de racket à destination des autres bandes qui zonent dans le périmètre. Ce qui suit est son histoire. La première partie de la nouvelle est consacrée à la préparation de l’embuscade que Rippa souhaite tendre à un trio de Fyreslayers transportant (peut-être1) un loppa digne de lui. Peu aidé par sa sale tendance à psychoter sur le moindre détail de son environnement dès qu’il y pose les yeux plus de cinq secondes consécutives, et par le caractère Looney tunesque de ses sous fifres, qui font foirer consécutivement deux pièges soigneusement préparés2, le grot en chef finit par se rabattre sur le plan C : une prise en tenaille sur un pont étroit surplombant un gouffre hanté (peut-être le même que celui traversé par Morgok dans ‘The Jabberslythe’s Grin’). Laissant la troupe prendre position, il prend la lourde responsabilité d’aller harceler les nabots. S’approchant à pas de loup de ses cibles, qui chantent ‘Fyre Jacques’ avec une insistance proprement migraineuse, Rippa a la déception de constater que les avortons se sont déjà faits embusqués par une bande de fantômes aussi importuns qu’inefficaces, puisqu’ils se font bannir (ou en tout cas disparaissent) sans blesser le moindre Duardin. La voie étant libre, notre héros commence à arroser les rouquins de flèches, ce qui attire leur attention et attise leur colère de manière certaine. Il est à noter ici que Rippa est un tireur d’élite au talent rare, capable d’atteindre sa cible même juché sur un Snarlfang lancé au galop. Quel gâchis qu’il ne soit équipé que de flèches en mousse, qui se plantent dans la peau épaisse des Fyreslayers sans grand effet sur leur endurance et leur détermination. La deuxième et dernière partie de l’histoire traite de l’interminable 3 vs 3 qui se déroule sur le pont d’Avignon, étiré sur des pages et des pages par Danie Ware. Je vous fais grâce des péripéties intermédiaires, à l’exception du double bull’s dwarf’s eye obtenu par un Rippa qui a appris à Legolas à bander (UN ARC, EVIDEMMENT), pour vous donner les résultats des courses : victoire 3 à 1 pour les peaux vertes, la chute malheureuse de Stabbit et du mirifique loppa dans l’abysse dans les derniers moments de l’accrochage venant ternir cette autrement belle performance des gobbos. Ceci dit, comme le fait remarquer Mean-Eye à son boss, nous sommes à Beastgrave et une autre chance de récupérer le grisbi ne tardera pas à se présenter, une fois que les PNJs auront eu l’amabilité de ressusciter. Qui sait, cela laissera peut-être le temps de préparer un piège cette fois-ci… 1 : Notre héros bave dessus pendant des pages, mais il n’apparaît pas une seule fois à l’écran (de la liseuse). Si ça se trouve, les nabots revenaient bêtement de la boulangerie avec des baguettes dans leur cabas. 2 : La première plantade est la responsabilité de Rippa, qui fait creuser une fosse de belle taille (trois mètres de profondeur tout de même) à Stabbit et Mean-Eye dans une cuvette qui se remplit d’ambre – on est en Ghur – à vitesse grand V. Le trou se transforme donc rapidement en bassin… et on passe à autre chose. Avis : Je ne me cache pas d’être un sceptique irrepenti de la prose GWesque de Danie Ware, réservée jusqu’à ce ‘The Rage of the Mountain’ aux ténèbres du quarante-et-unième millénaires. Pour être tout à fait franc, je m’attendais à pire que cela (on ne ressort pas indemne des aventures de la Sœur Supérieure Augusta ‘Hold my Faith’ Santorus… surtout si on est un Boss Ork), et doit donc reconnaître que cette nouvelle est une des meilleures de cette auteure qu’il m’ait été donné de lire. Ce qui reste assez peu de chose, finalement. Le propos est en effet assez quelconque, les personnages peu attachants, le déroulé décousu ou « dilué » jusqu’à l’ennui, et le titre sans grand rapport avec l’intrigue. Ce qui fait soit beaucoup, soit peu, pour un texte de moins de vingt pages, selon la perspective que l’on adopte. Histoire de finir sur une note positive, soulignons tout de même que Danie Ware tente, contrairement à la plupart de ses condisciples, de créer une continuité dans l’univers Warhammer Underworlds en mentionnant le nom d’une bande rivale (les Morgok Krushas), ce qui est une attention louable. Mais cela reste tout de même très insuffisant. Fluff : Rien de transcendant. Darius Hinks (4) Révélation Darius Hinks a repris le manteau de commémorateur de l’increvable Gotrek dans les Royaumes Mortels, et s’attache désormais à relater l’interminable épopée martiale de son héros à mohawk, accompagné de l’Aelf Maneleth en lieu et place de Felix Jaeger (‘Ghoulslayer’//’Tueur de Goules’, ‘The Neverspike’, ‘Death on the Road to Svardheim’). Il a également écrit la novella ‘Warqueen’//’Reine de Guerre’ et la nouvelle ‘Stormcast’ pour Age of Sigmar. New world, old me - Gotrek (3) : • The Neverspike Révélation Thunderstrike & Other Stories/2019/15 pages Intrigue : Trachos, Lord-Ordinator des Celestial Vindicators, revient en Aqshy après une mission mouvementée dans le sous-monde de Shyish, où il a « égaré » son escorte de Hammers of Sigmar dans quelque échauffourée intolérante avec la population locale, ce dont notre bonhomme semble être coutumier. Sigmar ayant apparemment trouvé d’autres qualités à ce chic type que l’amour de son prochain, la camaraderie et le sens des responsabilités, cette vendetta sanglante n’affecte pas le moins du monde notre héros, qui souhaite simplement faire son rapport à la forteresse la plus proche et repartir concasser de l’hérétique en paix. Cependant, la voix accusatrice qui résonne et raisonne dans sa tête n’est pas d’accord avec sa position bien tranchée sur le sujet, mais cela est le moindre souci de notre héros lorsque sa route le met sur le chemin d’un affrontement peu commun entre un drake pierreux d’Aqshy et un drôle du duo : Gotrek et Maneleth en personne. Bien qu’étant à première vue convaincu que les deux bipèdes n’ont plus que quelques secondes à vivre face à un monstre à la peau aussi épaisse, Trachos assiste in fine à une slaying masterclass de la part du petit rouquin aussi costaud qu’odoriférant, qui ne tarde pas à remettre de la viande au menu. Peu fréquentable mais tout de même poli, le Stormcast vient saluer les deux voyageurs et apprend de la bouche de l’Aelf qu’il s’agit du sixième drake massacré par Gotrek depuis qu’il s’est mis en tête de localiser le Neverspike, une montagne magique dont la direction peut être connue grâce au savant art de lecture dans les entrailles de draconoïde. Et si le nabot souhaite tant visiter ce lieu à la sinistre réputation, c’est parce qu’il a appris qu’il s’agissait de la prison du Prince d’Améthyste, un héros des temps jadis condamné à une agonie éternelle par ce vieil acariâtre de Nagash. Tout ceci n’intéresse que moyennement Trachos, mais quand il apprend que Maleneth accompagne Gotrek pour récupérer la rune majeure logée dans la poitrine du Tueur, il décide de participer à son tour à cette opération « recyclage et valorisation », jugeant comme l’Aelf qu’un tel trésor mérite meilleur écrin que le corsage velu d’un ivrogne édenté, et, pire, athée. Car Gogo ne se prive pas pour expliquer à sa nouvelle connaissance à quel point il déteste les dieux, ce qui peut se comprendre quand on comptait sur eux pour s’offrir une mort digne de ce nom et qu’on se retrouve à la place propulsé dans un autre monde de manière totalement gratuite. Cette ouverture d’esprit déplaît bien entendu à Trachos, qui accepte toutefois d’aider le duo mal assorti à rejoindre bon port grâce à ses capacités d’ingénieur arcanique et son matériel de pointe, qui semble beaucoup intéresser Gotrek sans que le méprisant Lord-Ordinator n’y fasse grande attention. Sachant fort bien que la magie de mort baignant le Prince d’Améthyste consumera Gotrek dès qu’il y fera mine d’y planter la hache, Trachos se dit qu’il n’aura qu’à ramasser la rune sur le cadavre du Tueur une fois qu’un regrettable accident lui sera arrivé. Cependant, le Stormcast Eternal commet l’erreur fatale d’accepter le défi de lever de coude que propose Gotrek lors du bivouac de fin de journée, confiant dans sa physiologie surhumaine pour annuler les effets de l’alcool. Cela aurait sans doute marché avec n’importe qui d’autre, mais on ne couche pas un Tueur (de Bière) comme ça, et Trachos finit par sombrer dans un sommeil hébété, penndant lequel il dévoile à son insu ses sinistres intentions à son compagnon. Lorsque le trio arrive au Neverspike le lendemain et commence à se frayer un passage dans la horde de revenants qui garde la montagne, Gotrek se retourne brusquement contre le félon, et lui subtilise un de ses gadgets pour accomplir son véritable plan… Révélation …Au lieu de chercher à tuer le Prince d’Améthyste, comme Trachos le pensait, Gotrek inverse en effet la polarité des courants éthériques pour transformer la malédiction de Nagash en portail vers Shyish, bannissant tous les morts vivants à la ronde dans l’opération, dont le Prince en question. Car comme il le révèle à Trachos avant que le rideau ne tombe sur notre histoire, sa rancune ne porte pas sur un vulgaire héros de second ordre, mais bien sur Nagash en personne. Et pourquoi se taper des mois de route pour accéder au Grand Nécromancien quand on peut utiliser un raccourci ? C’est donc un retour à la case départ qui échoit à Trachos, aspiré dans le Royaume de la Mort par le vortex ouvert par Gotrek pour son speed run personnel. Il n’est pas toujours bon de fréquenter des VIP… Avis : Le Tueur le plus et le moins accompli du Monde qui Fut revient aux affaires dans ce très sympathique ‘The Neverspike’, dans lequel Darius Hinks deux éléments capitaux : une bonne contextualisation de ce personnage légendaire de la GW-Fiction, d’une manière très appropriée (une bonne couverture du passif du héros et de ses nouvelles motivations, sans trop d’exposition) d’abord, et un personnnage très intéressant en la figure de Trachos, premier Stormcast Eternal positivement mauvais que nous rencontrons dans le cadre d’une histoire d’Age of Sigmar1. Trachos semble en effet avoir un certain nombre de problèmes psychologiques, ainsi que quelques crimes de guerre sur la conscience, ce qui en fait un protagoniste (?) plus passionnant à suivre que l’immense majorité des good guys en sigmarite que la Black Library nous a refourgués jusqu’ici. On peut le voir comme le chaînon manquant entre les vertueux paladins de Sigmar et les guerriers déchus d’Archaon, et une étape importante dans le cheminement qui finira par nous mener aux Stormcast du Chaos (j’y crois). C’est dommage qu’il semble ne pas survivre à la fin de la nouvelle, mais peut-être refait-il une apparition dans ‘Ghoulslayer’ (dont ‘The Neverspike’ est l’introduction littérale), ce qui donnerait une raison supplémentaire pour partir à la découverte des premières aventures de Gotrek dans des Royaumes d’autant plus mortels du fait de sa présence… 1 : À ma connaissance, qui est loin d’être exhaustive. Mention honorable à ce bon vieux White Reaper, mais je ne l’ai pas vraiment vu en action. Fluff : Neverspike : Montagne du Royaume de Shyish qu’un chevauchement entre les plans a fait apparaître en Aqshy. Le Neverspike est la prison du Prince d’Améthyste, un héros de l’Âge des Mythes puni par Nagash d’une combustion éternelle de son corps pour l’avoir défié. Gotrek utilisa la magie baignant ce lieu pour créer un portail donnant sur Shyish afin d’aller défier Nagash, consummant le Prince dans l’opération. Azyr : Les artisans de ce Royaume ont créé des instruments arcaniques tels que l’inverussphere, capable d’inverser la polarité des courants de magie (pouvant par exemple bannir des morts vivants en remplaçant un vent de Shyish par un vent de Hysh), ou l’adylusscope, un planétaire miniature suivant la course des Royaumes et des corps célestes. • Death on the Road to Svardheim // Morts sur la Route de Svardheim Révélation Character Week 2020/2020/15 pages Intrigue : En route vers la cité de Svardheim pour une raison sans doute logique mais inconnue de l’auteur de ces lignes au moment de l’écriture de cette chronique, le duo le plus mal assorti des Royaumes Mortels1 passe le temps et les kilomètres sur la route 88 (c’est tout plat, désertique et décoré avec des monceaux de crânes) en discutant théologie, comme à leur habitude. Bien évidemment, la situation finit par gentiment dégénérer, l’anticléricalisme blasphématoire d’un Gotrek toujours chafouin de s’être fait rouler dans la farine par les Dieux du Monde Qui Fut mettant sur les dents, qu’elle a éclatante, la dévote Maleneth. À force d’enquiller les bornes, elle finit même par les dépasser, allant jusqu’à accuser son rusé et runé camarade de servir le Chaos, à l’aide de l’argument, bien connu de George W. Bush, du « si tu n’es pas avec moi (et Ziggie) tu es contre moi ». Avant que la situation ne dégénère trop franchement, et que le Tueur vétéran ne doive se trouver encore un nouveau sidekick, les comparses tombent sur le théâtre d’une embuscade ayant été fatale à une bande de prêtres sigmarites, dont les corps décapités jonchent les alentours d’une carriole incendiée. Après une rapide enquête, il s’avère que les assaillants n’ont pas réussi le perfect en matière d’élimination de témoins, une pauvre nonne répondant au nom de Carmina se présentant à nos héros et leur expliquant que sa congrégation s’est fait dérober une relique irremplaçable, le Poing Incorruptible, dont elle avait la charge et promenait de ville en ville pour ranimer la foi des locaux. Avant que Gotrek n’ait pu marquer de nouveaux points d’athéisme hardcore en demandant à Carmina en quoi un poing pouvait être corrompu, pour commencer (il en serait capable le bougre), Maleneth se fait embringuer dans une mission de récupération du saint gantelet, qu’il s’agit simplement de reprendre des mains malpropres d’une petite vingtaine de bandits, retranchés dans une forteresse abandonnée à quelque distance de la route. Rien que de très banal pour notre Tueur, qui accepte toutefois de mettre les formes et de suivre un plan un minimum intelligent (attendre que Maleneth se soit mise en position derrière le bastion pour intercepter d’éventuels fuyards) avant d’aller toquer à la porte le plus naturellement du monde. La prévoyance de l’Aelf paie rapidement car il se fait bientôt jour (enfin, nuit, mais je me comprends) que les brigands sont un peu plus qu’une bande de maraudeurs sanguinaires, mais bien une authentique secte de Khorne, en train d’invoquer un démon de fort belle taille à l’aide de leur collection bien mal acquise de grigris et talismans. Maleneth n’a pas le temps de signaler qu’il y a une courge dans le potage que Gotrek est cependant déjà en train de défoncer la porte et de se tailler un chemin à travers les mobs de bas niveau, jusqu’à poser l’œil sur une Némésis digne de lui, qu’il engage évidemment en combat singulier dans la plus pure tradition du genre. Etant un VIP incontournable du multivers, Gogo est reconnu par son adversaire, qui a la mauvaise idée d’insinuer que le Tueur a fui son monde au moment de la Fin des Temps au lieu de rester et de se battre pour le défendre. Cela met notre nabot en rogne, et les deux adversaires se balancent quelques baffes amicales, sans trop d’effet de part et d’autre, jusqu’à ce que Meleneth ait l’idée géniale de confisquer les reliques ayant été mise à profit pour invoquer le démon, et dont ce dernier a encore besoin pour maintenir sa présence dans les Royaumes Mortels. Au fur et à mesure que les héros shootent dans les breloques, leur adversaire perd en taille et en carrure, jusqu’à finir rachitique et malingre, et se faire décapiter sans cérémonie par un Gotrek enfin à la bonne taille pour jouer de la hache. Ceci fait, le duo infernal n’a plus qu’à remettre le Poing Incorruptible à la brave (en fait pas trop) et reconnaissante Carmina, qui s’en va à cheval remettre le précieux héritage en sécurité, pendant que nos héros continuent à pied leur périple. Poing/t final de notre histoire ? Révélation Eh bien non (comme la balise spoiler ne le laissait pas du tout envisager), car lorsque nos voyageurs, fourbus (surtout pour Maleneth) et assoiffés (surtout pour Gotrek) tentent d’obtenir le gîte et le couvert d’un monastère sigmarite croisé un peu plus loin sur la route, se disant à juste titre que tous les culs bénis à la ronde leur sont redevables de leurs récents exploits, c’est pour entendre un son de cloche bien différent. Carmina était en fait une voleuse ayant mené sa bande, déguisée en prêtres, dérober le fameux Poing Incorruptible (mais pas Inatteignable) de la garde des vrais fidèles de Sigmar, en tuant quelques uns au passage. L’abbé outré qui fait ce récit aux voyageurs est persuadé que l’iconoclaste va briser la relique en mille morceaux pour revendre la Pierre de Royaume dont elle est faite au plus offrant, au mépris de tous les commandements de Sigmar. C’est donc une grosse boulette, sur laquelle Maleneth manque de s’étouffer, mais qui ne déclenche chez ce philosophe de Gotrek qu’un rire tonitruant. Il en a certes vu d’autres… 1 : Gotrek est un Nain (et pas un Duardin) roux exhibitionniste, et Maleneth est une Aelf brune gothique. Avis : Eh bien ça y est : après avoir laissé Gotrek (et le regretté Felix) à leurs aventures dans le Monde Qui Fut, je renoue enfin avec ce héros mythique sous sa nouvelle incarnation, à travers ce court format signé du père adoptif #3 du Tueur de… trucs, Darius Hinks. Ce qui m’intéressait particulièrement dans ces retrouvailles était de voir ce qui avait changé, et ce qui était resté, des précédentes aventures de M. Gurnisson, qui constituaient un sous-genre de la littérature BL à elles seules. L’équilibre n’était pas facile à trouver entre respect servile du cahier des charges, forcément un peu obsolète, établi par King et Long en la matière, et innovations radicales, qui auraient enlevé tout le sel de ce come-back improbable. Et je dois dire que Darius Hinks s’en est plutôt bien sorti, tant sur le fond que sur la forme. On est bien en présence d’une aventure de Gotrek & Cie, avec notre petit rouquin teigneux, grincheux et pince sans rire s’embarquant dans un combat à haut risque contre un adversaire très balèze (sur le papier en tout cas), au grand désespoir de son partenaire attitré. Ce qui change ici est que Gotrek est devenu un mécréant militant, gardant sa dernière dent contre tout le panthéon divin (à commencer par Sigmar, qui s’en prend plein les tresses), alors que Maleneth est, sous ses abords de tueuse froide, une zélote du grand barbu, ce qui est à la fois surprenant (c’est le type qui la voyait comme une pseudo Assassin druchii qui parle) et intéressant. Notons également que Hinks ne se gêne pas pour glisser quelques références au passé proprement légendaire de son héros et donc à feu Warhammer Fantasy Battle, ce qui devrait faire plaisir autant qu’intriguer le lecteur historique de la saga. Bref, le contrat est bien rempli dans ce 'Death on the Road to Svardheim', qui tient son rang parmi les cohortes de nouvelles Gotrekesques publiées par la BL depuis des temps immémoriaux. Reste à savoir ce que cette dernière compte faire de son increvable héros sur le long terme, maintenant qu’il ne peut absolument plus mourir (ce serait un énorme fail), mais ceci est une autre histoire. Fluff : Relique nommée : Le Poing Incorruptible (The Incorruptible Fist) est un artefact sacré représentant (grossièrement) le poing de Sigmar, et fait de Pierre de Royaume. • The Crown of Karak-Khazhar Révélation Black Library Character Day 2023/2023/26 pages Intrigue : La cité de Sephyrum, siège du clan Pic de Fer et havre d’ordre et de stabilité pendant des centaines d’années, a été à moitié envahie par les hordes emplumées et encornées de Tzeentch, qui entre autres méfaits ont répandu du mercure mutagène partout dans les rues. Les monstres. Bien que quelques défenseurs aient décidé de vendre chèrement leur vie/leur progression (dans le cas des Stormcast Eternals) dans un dernier carré héroïque et futile, il ne fait aucun doute que le Chaos a remporté cette bataille, ne laissant que peu d’alternatives aux citadins survivants. L’une d’entre elles est la Brisefer Ulvgrid, qui a décidé après mûre réflexion que sa meilleure stratégie était de marchander son passage vers un environnement plus salubre en échange de la légendaire couronne de Karak-Khazhar, autrefois possession et emblème de son clan, et maintenant bibelot inutile depuis la mort du dernier roi et de la majorité de ses sujets au combat. Son commanditaire est un individu louche du nom de Pharasalus, dont l’arène gladiatoriale ne désemplit pas depuis le début du siège. Ce n’est pas parce qu’une armée chaotique a envahi la ville qu’il faut arrêter de sortir le soir, c’est vrai ça. Le duo peut également compter sur la présence taciturne mais rassurante de l’impayable Gotrek, que les hasards de la vie ont amené dans Sephyrum en ce moment délicat, et qui semble satisfait de refaire le portrait des gladiateurs semi-pros et des barriques de bière que Pharasalus lui met à disposition. Il suffit toutefois à Ulvgrid de mentionner qu’un homme-bête d’une carrure hors normes a pris ses aises dans la chambre forte où la couronne est conservée pour que le Tueur old school se joigne à l’aventure. Le chemin jusqu’à la salle du boss est l’occasion pour Gotrek et Ulvgrid de sympathiser en trucidant quelques Hurleurs de concert (c’est approprié me direz-vous), et en échangeant des banalités sur la qualité intrinsèque de l’infrastructure urbaine de Sephyrum, bâtie par le clan de la Brisefer freelance. Cette dernière ne comprend pas pourquoi Gotrek se laisse houspiller par Pharasalus. Gotrek voit d’un mauvais œil (le seul qui lui reste) l’abandon d’une relique duardin à un profiteur humain. Bref, la communication n’est pas facile entre les deux demi-portions, mais on s’en fout car voilà qu’arrive (enfin) le combat final. Juste après avoir récupéré la couronne grâce à la connaissance qu’Ulvgrid avait des lieux et la clé de service qu’elle avait conservé1, Pharasalus se révèle être un pharasalaud (pretends to be shocked), abandonnant ses camarades du mauvais côté d’une flaque de mercurochrome carcinogène et reprotoxique, et s’apprêtant à déguerpir avec son loot dans un éclat de rire sardonique. Son hilarité s’interrompt toutefois lorsque le Myrmidon qu’Ulvgrid avait aperçu lors de sa reconnaissance des lieux finit par rentrer au bercail, et lui plante sa lance dans le torse pour lui apprendre à empiéter sur la propriété d’autrui. S’ensuit un combat « indécis » entre Gotrek et le monstre, au cours duquel Ulvgrid intervient (un peu) pour démontrer son utilité. Quand la poussière retombe et le plafond commence à s’effondrer, notre héroïne réalise qu’elle a perdu sa chance de s’exfiltrer hors de la ville déchue, mais se fait convaincre par Gotrek de garder la couronne en sa possession au lieu de la refourguer au premier marchand venu, et de l’utiliser pour redonner du baume au cœur et un semblant d’unité aux survivants de son clan. Le roi est mort, vive l’arène. 1 : Le prestige des Brisefer a vraiment beaucoup baissé entre le Monde qui Fut et les Royaumes Mortels. Ça avait plus de gueule de purger les souterrains des peaux vertes et des Skavens que de garder la salle des coffres du grand chef. Avis : Darius Hinks délaie considérablement son propos dans ce bien longuet ‘The Crown of Karak-Khazhar’, qui n’a pas grand-chose à nous apporter de nouveau depuis l’époque de ‘The Dark Beneath the World’ (1990…), autre nouvelle où un Gotrek ronchon et nihiliste accompagne des aventuriers dans des ruines naines – sur lesquelles il ne tarit pas d’éloges – pour récupérer une relique inestimable. Rien n’est surprenant dans cette histoire, depuis la trahison de Pharasalus (qui aurait pu croire que ce personnage de salaud cupide serait un… salaud cupide et fourbe ?) jusqu’au déroulé et à l’issue du combat contre le mini boss de fin. On n’apprend pas grand-chose non plus sur les Royaumes Mortels à sa lecture (ce qui est en fait la vraie valeur ajoutée des nouvelles mettant en scène Gotrek, à mes yeux), ce qui aurait été la moindre des choses. Pour finir, Hinks reste criminellement vague sur le seul point qui a piqué mon intérêt dans ‘The Crown…’, à savoir les raisons qui ont poussé notre Tueur préféré à embrasser la carrière de gladiateur dans une arène souterraine alors qu’une cité remplie d’innocents est attaqué et envahie par les hordes de Tzeentch deux étages plus haut1. Si dans l’absolu, ce motif (un peu puéril, mais Gogo n’est pas le personnage le plus mature qui soit) peut tenir la route, l’auteur aurait pu se donner la peine de mieux le contextualiser pour les lecteurs qui, comme moi, voient le petit rouquin comme un parangon d’honneur martial depuis plus de trois décennies. Bref, copie très moyenne pour Darius Hinks, qui a bien fait de laisser un autre chroniqueur, on l’espère plus inspiré, reprendre en main la geste de l’increvable nabot. 1 : À croire que l’expérience de la défense de Praag ait été si éprouvante qu’il a choisi de faire l’impasse cette fois. Fluff : Clan Pic de Fer : Clan duardin ayant fondé et bâti la cité de Sephyrum, et pactisé avec les forces de Sigmar après le début des croisades de reconquête des Royaumes Mortels. Sephyrum fut attaquée et rasée par une armée de Disciples de Tzeentch, et le clan quasi exterminé au cours du siège. La couronne de Karak-Khazar, relique de l’Âge des Mythes et symbole de l’unité du clan, fut récupérée dans les ruines de la ville par la Brisefer Ulvgrid, assistée de Gotrek. Autres (1) : • The Bloody Kiss Révélation The Accursed/2021/11 pages Intrigue : Le trappeur Raziv se languit d’amour pour la belle Marya, et fait le mur de sa ville natale, Dravko, pour aller la rejoindre dans les ruines d’une ancienne forteresse perdue au milieu de la forêt. So romantic. Comme nous sommes dans les Royaumes Mortels, et plus précisément à Shyish, cette entreprise est très loin d’être sans risques, car la région est infestée de choses non-mortes et pas vraiment amicales, à commencer par les hag-kin, ou les petits-petits-petits-petits enfants de Belladamma Volga, la matriarche de la dynastie Vyrkos. Ces vampires mâtinés de loups-garous rôdent dans les halliers obscurs à la recherche de sang frais, et sont une menace à prendre très au sérieux même par un survivaliste aussi expérimenté que Raziv. Ce dernier a toutefois une botte secrète pour ne pas faire de mauvaises rencontres sur le chemin le menant à sa dulcinée : il connaît les voies secrètes qui traversent la forêt, dont la connaissance est transmise de génération en génération par les lignées de trappeurs de Shyish. Jusqu’à présent, aucun d’entre eux n’a mis Volga et sa clique au parfum, ce qui permet à notre héros de voyager sans se faire trop de soucis pour sa sécurité personnelle. Les choses prennent cependant un tour funeste lorsque l’ardent Raziv, qui bout littéralement de rejoindre sa bien-aimée pour qu’elle lui parle poésie, peinture et voyages (ce que sa propre femme, la gentille et timide mais assez rustre Sanja est bien incapable de faire), se rend compte qu’il est épié, alors même qu’il a emprunté un des chemins secrets que ces lourdauds de hag-kin sont censés ignorer. Croyant d’abord à la présence d’un autre trappeur noctambule, il doit vite déchanter lorsque le collègue qu’il suspectait (Velizar) est retrouvé étripé et à moitié dévoré quelques centaines de mètre plus loin. Le doute n’est plus permis : un Vyrkos plus cultivé que la moyenne est de sortie, ce qui est une complication désagréable, mais pas rédhibitoire pour notre héros, qui a vraiment envie de voir Marya. Après quelques astuces de Castor Junior, comme remonter une rivière à pied pour dissimuler son odeur à ses poursuivants, et une rencontre assez glaciale avec un hag-kin plus chien fou que loup alpha, Raziv croit avoir semé ses poursuivants, et arrive enfin à l’endroit où sa belle l’attend… Révélation …Seulement, quelqu’un est venu pour tenir la chandelle, et comme la troisième roue du carrosse est un gros buveur de rouge, notre Roméo en culotte de peau est horrifié de constater que sa chère et tendre a été goulument siphonnée par cet invité surprise. Ou plutôt, cette invitée, car le vampire responsable du worst Tinder date ever de Raziv n’est autre que sa femme, Sanja, qu’il reconnaît à sa ceinture plutôt qu’à son visage (assez logique, vu les circonstances de la rencontre). Non contente de l’avoir cockblocké sans pitié, Sanja la revancharde lui jette un maléfice de récursion, qui le condamne à revivre éternellement cette soirée dramatique. Notre malheureux héros se rend d’ailleurs compte pendant les cinq secondes de chargement du niveau qu’il n’est pas le fringant jeune homme plein de sève qu’il pensait être, mais un vieux croulant blanchi sous le harnais, preuve que cette mesquine vengeance se perpétue depuis déjà quelques décennies. Mais pas le temps pour ces considérations terre à terre, il faut aller rejoindre la belle Marya, qui attend au cœur de la forêt… Avis : Darius Hinks s’empare d’un classique de la littérature horrifique, le « vampire anonyme » (on sait qu’un des personnages est secrètement un vampire qui a réussi à camoufler son identité) et parvient à nous proposer une histoire avec des twists finaux tout à fait réussie, ce qui est une performance à part entière. Pour ne rien vous cacher, je m’attendais vraiment à ce que le résultat final soit totalement prévisible dès la lecture du titre et des premières pages, où tout suggère le vampire mais Hinks prend bien soin de ne pas mettre les pieds dans le plat, comme s’il essayait de ménager du suspens. Compte tenu de la tendance de la Black Library à vendre la mèche de la conclusion de ses histoires par pure négligence, et du fait que le sieur Hinks a déjà signé des nouvelles d’un tout petit niveau, je craignais le (vam)pire et fais donc amende honorable ici. ‘The Bloody Kiss’ est une soumission très solide pour Warhammer Horror, et sans doute le meilleur court-format de cet auteur dans le genre horrifique. Je commence à croire que Hinks est fait pour écrire pour Age of Sigmar plutôt que pour 40K… Fluff : Rien de notable. Dave Gross (1) Révélation Dave Gross est un concepteur de jeux ne dédaignant prendre la plume pour écrire de la fiction, entre un livre de règles et un script de jeu vidéo (il a notamment travaillé sur Baldur's Gate). Ses principales contributions littéraires ont été faites pour la série 'Pathfinder Tales', avec les romans 'Prince of Wolves', 'Master of Devils', 'Queen of Thorns', et 'King of Chaos'. Il fait ses débuts au sein de la Black Library avec 'Mourning in Rainhollow'. • Mourning in Rainhollow Révélation Inferno! #6/2021/19 pages Intrigue : La chasseuse de primes Janneke Ritter s’est mise sur la piste d’une nouvelle proie, un déserteur parti de Glymmsforge vers l’arrière-pays de Shyish. Sur le chemin qui l’amène à Rainhollow, la petite bourgade où elle rattrape enfin le fugitif, on apprend à mieux connaître cette héroïne droite dans ses bottes et hautement pragmatique, comme les noms qu’elle donne à ses armes (Coupeur, Attrapeur et Souffleur) et monture (Bidet), le démontrent. Cette grande professionnelle n’est toutefois pas en-dessous d’une bonne et gratuite action de temps à autre, comme le sauvetage qu’elle effectue en chemin d’une famille de colons attaqués par deux cadavres de cougars animés (de mauvaises intentions) le démontre. Cette péripétie mineure lui permet également de prendre la mesure de son gibier, le mage fantasque Eldredge Duul, qui a généreusement donné son âne aux voyageurs pour aider leur poney à tirer leur chariot. On est loin du mercenaire sanguinaire ou tueur psychotique, donc. Lorsqu’elle parvient à Rainhollow, Ritter est guidée par les locaux jusqu’à la place centrale de la ville, où elle trouve Duul en plein combat contre un Bladegheist Revenant ayant décidé de s’installer dans la fontaine municipale. Malgré sa maîtrise magique appréciable, le bon samaritain n’en mène pas large face au spectre, et ce n’est qu’en coopérant avec celle dont il ne sait pas encore qu’elle est venue pour l’arrêter qu’il parvient à bannir l’insistant ectoplasme. Une fois le danger écarté, Ritter se fait un devoir d’annoncer à sa cible qu’elle est en état d’arrestation, mais cette dernière ne s’en formalise pas plus que ça, et parvient grâce à son charme naturel à entraîner l’austère matamore jusqu’à la porte d’une maison toute proche. C’est ici que vit celle pour laquelle il a décidé de prendre un congé sabbatique et non validé par sa hiérarchie, son amour de jeunesse et ex-femme, Zora. Malheureusement pour le jovial Duul, Zora a été victime de la micro-invasion de Nighthaunt que Rainhollow a connu depuis le passage fugace mais remarqué d’un touriste tellement mécontent de l’accueil qu’il a reçu des locaux (il a dû attendre des plombes à l’entrée de la ville avant qu’on lui ouvre) qu’il a réanimé les morts au lieu de se contenter de laisser des avis incendiaires sur Trip Advisor. Zora, qui n’avait pas la langue dans poche ni l’habitude de se laisser marcher sur les pieds, a eu la mauvaise idée d’engrainer ce visiteur peu commode, et est passée de vie à trépas dans l’opération. Double peine pour ses maris (Duul et Ritter sont accueillis et mis au courant par Gerren, le veuf de Zora – qui s’était remarié après son divorce d’avec son premier amour1), il est de notoriété publique que les victimes du springbreaker fou reviennent hanter leurs proches sous la forme d’entrées du Battletome Nighthaunts à la nuit tombée. En même temps, c’est comme le Port Salut, c’était écrit dessus. Peu confiant dans sa capacité à faire le nécessaire pour bannir son grand amour, Duul convainc la finalement assez serviable Ritter de participer à une veillée d’armes, et au bout de la nuit, du suspense, du soleil violet de rigueur, et d’une engueulade de vieux couple (et personne ne veut s’engueuler avec une Banshee, croyez moi…), Zora la Blanche trouve enfin la paix de l’au-delà, non sans avoir estafilé à mort son second époux avec le couteau à pain qu’il lui avait offert pour leurs noces de kouisine. Il le méritait aussi un peu, tout de même. Désormais plus intéressée par la conquête que par la capture de Duul (if you see what I mean), Ritter décide d’aller apprendre les bonnes manières au touriste mal en groin responsable des malheurs de Rainhollow plutôt que de traîner le mage AWOL en justice, et ce dernier s’avère partant pour donner un coup de main à la vigilante Vigilante. Et à Bidet, évidemment. 1 : Comme quoi, on peut vivre dans un Royaume des morts sans repos gouvernés par Skeletor, Premier du Nom, et avoir des mœurs très modernes. Avis : Il flotte sur ce ‘Mourning in Rainhollow’ un parfum de fantasy fantasque et espiègle, pas si éloigné dans l’esprit et le style de ce que le regretté Terry Pratchett était capable de mettre en scène avec sa série du Disque Monde. Eldredge Duul campe un Rincevent des Royaumes Mortels assez convaincant (mais beaucoup plus doué), tandis que Janneke Ritter semble être un mélange de Mémé Ciredutemps et Sam Vines. L’intrigue proposée par Gross n’est certes pas très complexe, mais la fraîcheur que ce nouvel contributeur apporte à la GW-Fiction, tout en prenant soin de ne pas galvauder le background établi (et donc de s’aliéner les fluffistes qui constituent une bonne partie de son lectorat potentiel), compense amplement cette simplicité assumée. Je ne sais pas si Dave Gross s’acclimatera aux contrées généralement sinistrement sérieuses de la Black Library, ou si son passage parmi nous n’est qu’éphémère, à l’image de celui d’un Andy Jones il y a plus de vingt ans de cela, mais cette petite nouvelle « exotique » vaut le détour à mon sens. Fluff : Rien de transcendant. David Annandale (12) Révélation David Annandale, le spécialiste es horreur de la Black Library, a jeté son dévolu sur la plus sexy des transfuges du Monde qui Fut vers les Royaumes Mortels : Neferata, la vamp qui en était une ('Mortarch of Blood', 'La Danse des Crânes' // 'The Dance of Skulls', 'Black Atonement', 'Obsidian', 'Dominion of Bones'). Lorsque son exigeante patronne lui laisse un peu de temps libre, il s’acoquine avec d’autres factions d’Age of Sigmar, qu’il s’agisse du Chaos ('The Prodigal', 'Blood & Plague', 'Knight of Corruption '), des Fyreslayers ('Les Clés de la Ruine' // 'The Keys to Ruin', 'Shattered Crucible') ou des bandes de rôdeurs en milieu urbains ('Doombound', The Harrower). She's a maaaan-eater... : Neferata (5) Révélation • The Dance of the Skulls // La Danse des Crânes Révélation Sacrosaint & Autres Récits/2018/17 pages Intrigue : Invitée à honorer de sa présence un bal donné par la reine Ahalaset et le seigneur Nagen dans la cité de Mortannis, Nefarata se doute bien que cet évènement mondain n’est qu’un prétexte commode pour permettre à ces deux grandes lignées d’agir à ses dépends, ce qui ne l’empêche pas d’accepter gracieusement de se rendre sur place, n’ayant de toute façon rien d’autre de prévu ce soir là. Voyant d’un mauvais œil le rapprochement s’étant opéré entre Ahalaset et Nagen, la Mortarque de Sang suppute avec raison qu’un piège va lui être tendu, et se réjouit d’avance de cette (més)aventure, le quotidien de Nulahmia devant apparemment être assez terne. Après avoir été accueilli avec tout le faste et la pompe liés à son rang (et infligé râteau sur râteau à ce pauvre Nagen, auquel elle promet toutefois une danse plus tard dans la soirée1), Neffie se voit proposer par son hôte une dégustation privée de crus tirés de l’hématothèque personnelle d’Ahalaset, ce qui ne se refuse pas. Guidée jusqu’à un salon lounge où l’attendent une dizaine d’esclaves qui s’appellent tous Mathusalem ou Réhoboam, notre rusée vampire à tôt fait d’identifier l’aiguille d’argent se terrant sous la roche, en l’occurrence un assassin assermenté doté d’une fourchette à escargot à la place du bras (c’est la mode à Hammerhal). Ayant raté son test d’Initiative, le faquin est toutefois aisément neutralisé par sa victime supposée, qui l’attache à son service d’un langoureux battement de cils. Satisfaite de la tournure prise par les évènements, et comme toute quinqua-millénaire de la bonne société après une dure journée de labeur, Neferata s’accorde un petit verre (et fracasse au passage toutes les « bouteilles », qui espéraient peut-être qu’on les laisse tranquille le temps qu’elles refassent le plein) aux frais de ses hôtes avant de revenir se joindre à la fête. Là, il est temps pour la Lahmiane de porter l’estocade aux traîtres débusqués, et en musique s’il vous plaît, la danse des crânes consentie à ce benêt de Nagen donnant amplement le temps à notre héroïne de cimenter sa victoire en enchantant légèrement son cavalier, qui ne trouvera rien de plus malin lorsque l’assassin d’Ahalaset viendra sonner les douze coups de minuit à son ancienne patronne à l’aide de son argenterie intégrée, de lancer sa devise dans le silence de mort (héhé) qui s’ensuit. Cette dernière tombera à plat comme la totalité de ses blagues, et, mal comprise par la garde de la reine défunte, aura des conséquences tragiques pour notre pauvre Nagen. Un verre ça va, trois verres… 1 : En même temps, cette coquetterie de laisser dépasser une canine par dessus sa lèvre inférieure ne doit pas aider à lui donner un air très intelligent. Avis : C’est peu de chose de dire que la prose de Herr Annandale n’était pas tenue en haute estime de ce côté du clavier, depuis la chronique de ses débuts pour la BL ('The Carrion Anthem', 'Hammer & Bolter #11') jusqu’à aujourd’hui. Les choses ont légèrement évolué avec cette 'Danse des Crânes', qui s’affirme facilement comme la meilleure soumission de notre homme que j’ai pu lire à ce jour. Certes, on parle ici en progrès relatif plutôt qu’en performance absolue, cette courte nouvelle ne se comparant guère aux travaux d’auteurs que je considère être plus méritants que David Annandale, Abnett, Dembski-Bowden, Farrer et Fehervari en tête, pour n’en citer que quelques uns (la liste serait assez longue sinon), mais j’aurais trop beau jeu de ne pointer que les trous dans la cuirasse ou les défauts dans la raquette des travaux de ce régulier de la BL, sans souligner les sources de satisfaction à la lecture de ces derniers. L’Empereur sait qu’ils sont encore rares à cette heure. Alors, quels sont les éléments positifs de 'La Danse des Crânes' ? Pour commencer, une absence de ce que l’on peut presque appeler une « annandalerie », terme forgé par serviteur et désignant une mauvaise, grossière ou grotesque exploitation d’une idée de départ pourtant assez sympathique, pour des résultats évidemment décevants. Le huis-clos victorien qui nous est proposé ici ne pêche ainsi pas excès de zèle ou manque de structuration, les péripéties s’enchaînant de façon tout à fait convenable et crédible, ce qui pourrait sembler aller de soi mais n’était pas gagné d’avance au vu du pedigree de l’auteur. On sent que ce dernier a réfléchi à la manière dont il devait dérouler son récit pour que le plan alambiqué de Nefarata puisse se dérouler sans (trop) d’accroc, et même si l’usage d’un petit TGCM en fin de nouvelle pour parfaire le triomphe de Mama Lahmia peut être noté, c’est finalement peu de chose comparé aux problèmes structurels émaillant quelques unes des précédentes soumissions de David Annandale. Autre source de contentement, la description intéressante qui nous est faite de la haute société morte-vivante, nid de vipères aux crocs acérés et n’hésitant pas un instant à comploter pour précipiter la chute de leurs prochains, alors même que les ennemis extérieurs se comptent par milliers, et qu’un brin de solidarité entre macchabées ne serait pas de trop pour défendre le pré carré de Nagash. Le fait que cette société, mêlant vampires et humains à tous les échelons, apparaisse comme fonctionnelle et pérenne (en même temps, c’est bien le minimum quand on est immortel) est une autre réussite d’Annandale, qui parvient à donner un volume fort bienvenu à une faction qui jusque là se réduisait à des légions de squelettes traînant leur mélancolie dans des déserts violacés. On peut s’amuser aussi en Shyish, telle est la morale de cette petite histoire. Fluff : Géographie (Shyish) : La cité de Mortannis, dirigé par la reine Ahalaset et la cité de Nachtwache, par le seigneur Nagen, dont la devise familiale est « Jamais agenouillé » (Never bend the knee). Neferata est quant à elle la maîtresse du royaume de Nulahmia. Danse des Crânes : Jouée lors des bals de l’aristocratie vampire. Deux nobles vampires, auxquels sont remis à chacun un esclave enchaîné, se font face, assistés par deux nobles humains portant un bol d’ivoire en forme de crâne. À la fin du premier refrain, les vampires coupent la jugulaire de leur esclave, et doivent contrôler l’écoulement du sang pour que les humains puissent remplir le bol et leur remettre à chaque début de refrain. L’agonie des esclaves doit également être assez longue pour permettre au morceau d’arriver à son terme. À la fin de la danse, les vampires décapitent les esclaves et remettent leur tête à leur suivant. La difficulté réside en l’interdiction pour les vampires de se quitter du regard, la saignée des esclaves doit donc être totalement maîtrisée. • The Claw of Memory Révélation Myths & Revenants/2019/12 pages Intrigue : Neferata tient conclave dans sa capitale de Nulahmia, et a rassemblé les plus fins esprits de son royaume pour discourir de sujets d’importance, comme l’opposition entre mémoire et histoire (oui, c’est chiant). Parmi l’auguste assemblée, un érudit mortel du nom d’Alrecht Verdurin s’éclipse discrètement pour faire une pause technique, ou du moins veut-il le faire croire à son hôtesse. Une fois sorti de l’hémicycle, il se dirige en effet dans une tout autre direction que celle des toilettes, et s’enfonce dans les couloirs labyrinthiques du Palais des Sept Vautours. Cette expédition très peu protocolaire est motivée par un besoin tout aussi pressant qu’une vessie trop pleine pour Alrecht : accomplir une quête familiale. Notre homme est en effet le lointain descendant d’un certain Karlet Verdurin, invité en son temps à un autre café phil-os par Neferata, et qui profita de sa visite pour voler une page d’un grimoire de la bibliothèque personnelle de la Necrarque du Sang. Ecrite dans une langue inconnue, et restée non traduite à ce jour malgré les diligents efforts de ses héritiers, cette page (sans doute jaune) a joué un rôle majeur dans la vie des Verdurin, et Alrecht compte bien être celui qui égalera l’exploit de son grand-pépé, en retrouvant le chemin de la bibliothèque secrète, et en ramenant à son tour un petit souvenir. Pour mettre toutes les chances de son côté, il a décidé d’amener la page en question avec lui, et grand bien lui en a pris car cette dernière agit comme un GPS et le guide dans le dédale souterrain, jusqu’à ce qu’il finisse par arriver à bon port. Il aurait cependant dû se douter que tout cela était bien trop facile, et Neferata en personne ne tarde pas à venir lui tenir compagnie, escortée par un Glaivewraith Stalker avec gravé « To Verdurin, with love, XXX » sur le crâne. Très possessive de ses effets personnels, la monarque vampirique n’avait manqué de remarquer le vol dont elle avait été la victime il y a plusieurs siècles, et se montre enchantée de pouvoir enfin remettre la main sur la page manquante (qui devait l’empêcher de terminer sa liste d’armée à AoS, nul doute). Alrecht, quant à lui, devine qu’il va devoir expier le crime de son ancêtre, et décampe sans demander son reste, laissant derrière lui le précieux vélin. Ne se faisant pas d’illusion sur sa capacité à distancer ou à terrasser un Glaivewraith Stalker, il chevauche à bride abattue vers sa demeure, et prend la plume dès son retour pour consigner par écrit sa triste histoire, afin que son jeune fils Lorron puisse en prendre connaissance lorsqu’il sera devenu adulte. Malheureusement, son assassin spectral défonce la porte avant qu’il n’ait terminé son premier jet, et ramasse sa copie (et son âme avec) sans cérémonie. Neferata, qui avait décidément beaucoup de temps libre en ce moment, a également fait le déplacement, et va s’entretenir avec un Lorron réveillé en sursaut par le meurtre sauvage de son père et les lamentations de sa mère. En visiteuse aimable, elle n’a pas manqué de ramener un petit cadeau à ses hôtes… Révélation …En l’occurrence, une nouvelle page tirée de sa bibliothèque secrète, qu’elle confie à Lorron en lui enjoignant de la déchiffrer lorsqu’il aura grandi, et de venir ensuite lui rendre visite. Ce que l’enfant ne peut pas savoir, c’est que la page a été écrite avec des emojis nehekhariens, et ne veut donc strictement rien dire. Cette peste de Neferata compte ainsi pourrir la vie de Lorron et de ses descendants avec cette énigme insoluble et blague d’un goût douteux, afin de se venger pour de bon du vol de Karlet. La mesquinerie des vampires ne connaît pas de limite… Avis : On savait que Neferata était très très très rusée et très très très manipulatrice (cf toutes les autres nouvelles que lui a consacré David Annandale), mais on ne l’avait pas encore vue être très très très revancharde. C’est maintenant chose faite avec cette petite nouvelle, qui comme d’habitude apporte un peu de fluff sur Neferatia… et pas grand-chose d’autre. La question est : était-ce vraiment nécessaire, ou cela était-il suffisamment clairement induit par le reste du corpus neferatesque pour être parfaitement inutile ? Je ne crois pas avoir besoin de répondre. Fluff : Nulahmia : Le Palais des Sept Vautours comporte deux bibliothèques, la première immense et très réputée à travers Shyish, et la seconde (appelée Griffe de Mémoire) secrète et connue de Neferata seule. Le bâtiment abrite également l’Ossuaire de Rigueur, un amphithéâtre construit avec les os des plus éminents intellectuels de Neferatia et des dalles d’obsidienne, et dans lequel Neferata convoque des conclaves pour débattre de sujets philosophiques. • Obsidian Révélation Gods & Mortals/2019/13 pages Intrigue : Bien que la mort soit importante à Nulahmia, l’amour a également sa place dans la métropole vampire, et c’est lui qui réunit Karya Treveign et Evered Halorecht dans la Grande Chapelle de la Fringale (ok c’est Night’s Hunger en VO et je me suis un peu emballé dans ma traduction). Nourrissant l’un envers l’autre une passion dévorante et sincère, malgré les siècles d’inimitié opposant leurs dynasties, les deux tourtereaux sont décidés à utiliser la mort récente et tragique du conseiller du père de Karya (Vorst), afin d’obtenir la bénédiction de Neferata à leur union. Seule la souveraine est en effet en mesure d’imposer l’arrêt des hostilités entre les Capulet et Montaigu de Nulahmia, et comme elle ne peut manquer d’aller rendre hommage au cadavre du noble vampire qui repose dans la Grande Chapelle, Karya et Evered n’ont qu’à attendre qu’elle arrive pour lui soumettre leur projet nuptial. Dans un bon jour, ou une bonne nuit, Nefarata accepte de bénir cette union pourtant porteuse de danger pour elle, comme sa conseillère et maîtresse espionne Mereneth lui fait remarquer : Treveign et Halorecht s’affaiblissaient mutuellement à travers leur futile vendetta, mais réunis en une seule lignée, ils pourraient devenir une force redoutable. Cela ne semble pourtant pas inquiéter outre mesure la Mortarque du Sang, qui décide même d’assister à la noce en personne. Le jour venu, la cérémonie se déroule sans anicroche jusqu’à l’échange des vœux sangs entre fiancés, puis sombre de manière assez prévisible dans le chaos et l’émeute après que non pas un, mais deux assassins se soient manifestés au cœur de l’assemblée. Le premier fait perdre la tête à la matriarche Halorecht, et le second fait mine d’attaquer Karya : lorsque le chevaleresque Evered s’interpose, c’est lui qui hérite d’une lame en argent plein cœur, et va donc rejoindre sa vieille maman au paradis des vampires. Bouleversée par la tournure tragique qu’a pris le plus beau jour de sa vie, Karya reste un temps hébétée sur le cadavre de son cher et tendre, oublieuse de l’affrontement rangé qui oppose Treveign et Halorecht autour d’elle. Lorsqu’elle revient à elle, elle surprend toutefois le regard mauvais d'un membre de l'assistance, et comprend en un éclair que cette personne est responsable de cette tragédie… Révélation …Ce qui est fort, reconnaissons-le, mais surtout pratique pour accélérer la résolution de l’intrique. Le coupable s’avère donc être Vorst Treveign en personne, et lorsque que Karya parvient enfin à le rattraper au sommet du beffroi de la Grande Chapelle, pour obtenir des explications sur son geste insensé, elle manque de se faire défenestrer par son paternel. Seule l’intervention salutaire de Nefarata évite le pire à notre héroïne, qui ne tarde pas à devenir matriarche de sa dynastie après que la souveraine ait réglé son compte au mauvais noceur. Mais pourquoi a-t-il agi de la sorte ? me demanderez-vous. Eh bien, pour plaire à Neferata, bien sûr. Vorst avait en effet été convaincu par sa reine de prouver sa loyauté à la couronne en provoquant un bain de sang pendant le mariage de sa fille. Malheureusement pour lui, Neferata trouvait également plus sage de le remplacer par une dynaste lui étant totalement acquise, par exemple parce que convaincue que sa suzeraine lui a sauvé la vie. Au final, la Mortarque du Sang sort de cette journée maritale plus forte que jamais, de potentiels rivaux ayant été transformé en laquais affaiblis et dévoués. Et elle vécut heureuse et eut beaucoup de descendants… Avis : La Nefarata de David Annandale est décidément très occupée par la vie sociale et amoureuse des nobles de Nulahmia (voir ‘The Dance of the Skulls’), mais comme l’auteur parvient à utiliser ces cérémonies mondaines comme trame et excuse pour nous faire entrer dans la complexe géopolitique de Neferatia de manière originale et efficace, on ne lui en tiendra pas rigueur. Les quelques pages de cette nouvelle suffisent en effet à Annandale pour nous servir une petite conspiration assez réussie, en ce qu’elle démontre bien à quel point Neferata est retorse, et manipule son monde pour maintenir un statut quo qui consolide son pouvoir. Le fait que nous ne soyons pas en mesure de découvrir l’identité du commanditaire du double assassinat de la rue l’église Morgue par déduction logique n’est donc pas si rédhibitoire que ça, car notre propos n’est pas tant un Whodunit qu’une chronique de la realpolitik vampirique. Finalement, le seul défaut que je trouve à ‘Obsidian’ est une petite incohérence logique1 oubliée par un David Annandale plus intéressé par le développement du background de sa faction de cœur que par des basses considérations terre à terre. Tels Neferata à la fin de cette histoire, faisons preuve de magnanimité et pardonnons-lui. 1 : Annandale explique que les familles de vampires nobles ne transforment que l’aîné de leurs enfants en immortels, afin de préserver la lignée (les vampires ne pouvant plus se reproduire après le Baiser de Sang). Or Karya et Evered sont tous les deux vampires, et tous les deux enfants uniques. Fluff : Nulahmia : L’un des monuments majeurs de la cité est la Grande Chapelle de la Faim Nocturne (Grand Chapel of Night’s Hunger), édifice servant de lieu de mariage pour les nobles familles de Nulahmia. La Grande Chapelle a été construite autour de la cage thoracique fossilisée d’un léviathan tué par Nagash en personne pendant l’Âge des Mythes, et les interstices entre les côtes ont été comblés avec des dalles d’obsidienne. Son beffroi a été sculpté dans les pattes de la bête. Vampire (culture) : Un mariage entre deux vampires de nobles familles se conclut par l’échange de sang mari et femme, chacun buvant à la gorge d’un serviteur de l’autre lignée pour sceller l’union. • The Gossip of Ravens Révélation Thunderstrike & Other Stories/2021/14 pages Intrigue : Le seigneur Raglev règne sur la petite ville de Darkhail, située dans le royaume de Nulahmia, fief de Nefarata. Il a deux passions dans la vie : écrire des bouquins de stratégie qu’il trouve géniaux mais dont il est le seul lecteur, et convaincre ses proches qu’il est plus malin que la Mortarque du Sang, qu’il « utilise » à ses dires pour se débarrasser de ses rivaux en lui envoyant en paiement de sa dîme de vassal. Cette confession satisfaite, qu’il fait à sa fille unique Kyra alors qu’une colonne de prisonniers part pour Neferatown, ne va pas tarder à se retourner contre lui car son héritière a, elle, un respect sincère pour la reine vampirique. De plus, les nuées de corbeaux que cette dernière utilise comme espions étaient de sortie au dessus de Darkhail ce jour là, ce qui n’augure rien de bon pour le noble « félon »1. Le soir même en effet, Raglev ne peut que constater la disparition surnaturelle de Kyra, emportée par un tunnel de corbeaux (concept) alors qu’elle semblait sous le coup d’un envoûtement, en direction du nord de son domaine. Bien que la nuit soit noire (et pleine de terreurs), Rag’ n’hésite pas un instant à rassembler une troupe de cavaliers pour secourir sa fille, dont il a absolument besoin pour perpétuer sa dynastie et convaincre ses descendants qu’il était un Machiavel en puissance. Et peut-être, peut-être, qu’il l’aime un peu, aussi. Après quelques heures de chevauchée, les secouristes arrivent devant la tour de Greymourn, abandonnée depuis des lustres et de sinistre réputation. Il serait étrange que Kyra s’y trouve mais comme cette dernière a mentionné ce nom de manière totalement random quelques heures plus tôt, ce ne serait pas non plus totalement farfelu. D’ailleurs, une silhouette ressemblant fort à la jeune femme apparaît fugitivement à la fenêtre du donjon alors que les cavaliers se rapprochent, faisant renaître l’espoir du côté de Raglev. S’étant aventuré dans l’édifice en compagnie de son capitaine des gardes après une ouverture de la voie nord via coinceurs (la porte a été construite à dix mètres du sol, c’est pratique), notre héros se retrouve dans une reconstitution glauque et jonchée de cadavres de sa salle du trône, redécorée avec des instruments de torture divers et variés. Et ce n’est pas Kyra qui l’attendait, mais un amalgame nécromantique lui ressemblant vaguement, et qui boulotte goulûment le sidekick de Raglev pendant que lui s’enfuit piteusement et retourne dare dare à Darkhail. Cependant, alors que le jour se lève sur la ville, le noble aperçoit sa fille qui l’attend sur le balcon de sa forteresse. Il semblerait qu’une bonne âme l’ait trouvée et ramenée à son vieux père, ce qui est un acte bien charitable, et la preuve que les Shyishois ne sont pas aussi froids et égoïstes qu’on le raconte… Révélation …Manque de bol pour Raglev, le bon samaritain en question n’est autre que Nefarata, qui n’est pas venue seule. Sa garde de chevaliers noirs d’élite a pris possession de la cité sans coup férir, et si le noble déchu est autorisé à se rendre dans la salle du trône où l’attendent Kyra (transformée en vampire par Neferata en récompense de sa délation par corbeaux interposés) et sa suzeraine, ce n’est pas pour être réprimandé, mais puni avec une dureté toute immortelle. La Mortaque de Sang donne ainsi le Baiser du même ordre à son vassal comploteur, avant de l’emmurer dans la tour de Greymourn où il passera sa non-vie à expérimenter une abstinence stricte. Le crime de bitch majesté est puni très sévèrement à Nulahmia, et je ne peux pas prétendre que cela me surprenne plus que ça… 1 : J’utilise des guillemets car le bonhomme ne semble pas avoir commis d’autre forfait que de considérer qu’il était très malin d’envoyer ses ennemis politiques donner leur sang à Nulahmia, ce qui n’est pas une forfaiture impardonnable. Plutôt une alliance entre l’utile et l’agréable. Avis : Petite histoire oscillant entre accompagnement sans prétention des romans ‘Mortarch of Blood’ et ‘The Dominion of Bones’ et la gamme Warhammer Horror (dont David Annandale est l’un des plus gros contributeurs au sein de la Black Library), ‘The Gossip of Ravens’ met plus l’accent sur le caractère impitoyable de Nefarata que sur ses talents de stratège et de manipulatrice, ce qui est dommage car c’est bien cela qui caractérise ce personnage. Peut-être que cette soumission prendra une autre dimension si on recroise ses protagonistes dans la saga de l’ex Lahmiane, mais prise séparément, il n’y a pas de quoi s’enthousiasmer pour cette nouvelle assez fade. Fluff : Nulahmia : La capitale du royaume de Nefarata, où la Mortarque du Sang règne depuis le Palais des Sept Vautours. Une des ses tours (Daggersight Tower) sert de volière aux nuées de corbeaux que Nefarata utilise comme espions. • The Threshold Révélation Character Week 2020/2020/12 pages Intrigue : Bien qu’il lui en ait beaucoup coûté, aussi bien physiquement (bras gauche, œil droit, rotules…) que mentalement, le Seigneur Ormand a réussi à atteindre le but qu’il s’était fixé : libérer sa cité de Lugol de la domination de Nagash et de Neferata. Ce qui n’est pas un mince exploit quand on réside au cœur de Nefaratia (le royaume personnel de la Mortarque du Sang), et que l’on ne peut plus compter sur les Stormcast Eternals de l’affable Sigmar pour faire service d’Ordre. Au prix de mesures drastiques (interdiction des cimetières, crémation obligatoire en dehors de la ville le jour même du décès) et arcaniques (mise en place d’un sceau magique autour de la ville pour en interdire l’accès à tous les morts vivants), Lugol est devenu indépendant, et Ormand a la satisfaction de pouvoir passer ses derniers jours avec la satisfaction du devoir accompli. Alors qu’il effectuait sa balade quotidienne jusqu’aux ruines de la passerelle qui reliait précédemment la forteresse de la cité à la passe de Blindhallow, détruite lors de l’ultime siège subi par la cité1, notre héros à la désagréable surprise de se faire héler par nulle autre que Nefarata, venue par Adevore express tailler le bout de gras avec celui qui a osé la défier. Assise posément de l’autre côté de l’abîme, la Mortarque ne semble pas nourrir, ou boire, de mauvaise intention envers Ormand, et se montre simplement curieuse à propos des ambitions poursuivies par le mortel à travers cette émancipation « amortelle ». D’abord suspicieux, et on le comprend, Ormand se laisse finalement convaincre de revenir dialoguer le lendemain, malgré les protestations de sa fille et héritière Kristane, qui flaire un coup fourré de la part de la vamp. La conversation reprend donc, et après avoir flirté un moment avec la haute philosophie (Nefarata demandant à son interlocuteur que valait une liberté achetée au prix d’une peur et d’une vigilance constante2), finit par porter sur le crépi (Nefarata trouve que l’extérieur de Lugol est tristounet) et les divertissements (Nefarata est convaincue que les Lugolois s’ennuient à – presque, vue que c’est interdit – mourir). Ormand n’a beau ne pas être d’accord, il peine à contredire son adversaire, et passe une très mauvaise nuit à imaginer des répliques percutantes qu’il aurait pu lui sortir pour lui rabattre le caquet. À son réveil, cela va tellement peu fort qu’il se persuade rapidement que son heure est arrivée. N’ayant donc plus rien à perdre, ni à craindre, il tue le temps en attendant d’aller poursuivre son entretien avec une vampire en faisant un petit tour en ville, où, effectivement, ce n’est pas la joie qui étouffe ses sujets. Qu’importe pour Ormand, dont la thanatophobie militante s’accommode bien de quelques sacrifices. C’est donc le cœur léger mais le souffle très court que le vieil homme rejoint son siège près du pont, pour une ultime joute verbale avec la Reine des Mystères… Révélation …Qui évidemment, ne s’est pas tapée le voyage depuis Nulahmia et deux nuits en camping sauvage au pied des murailles de Lugol pour repartir bredouille. Comme craint par la sagace Kristane, Nefie avait un plan pour reprendre le contrôle de la cité : donner à Ormand le baiser de sang pour en faire son serviteur. Sans blague. La vraie question est de savoir comment elle va s’y prendre, étant donné que l’accès de la ville lui est impossible, et que notre héros n’est pas assez bête pour l’inviter à entrer. Eh bien, par l’hypnose, pardi ! Nefarata baratine quelque peu son public sur la « joie du sang » et la « beauté de la mort », et quand elle claque des doigts, Ormand est devenu son vassal. Simple, basique. // Ta Gueule, C’est Magique. Pas la peine d’être plus précis, cette histoire est déjà finie. Ormand pète le sceau protecteur le soir même, convertit sa fille à l’hématophilie, et l’envoie ouvrir la porte à Neferata, qui prend possession de Lugol comme si de rien n’était. Une reconquête sans arme ni haine ni violence, ça se respecte. 1 : Quand il dit qu’il coupe les ponts, il ne fait pas semblant. 2 : Ormand, qui a fait un bac pro et pense que Kierkegaard est une marque de baskets, ne sait pas trop quoi répondre. Avis : David Annandale retombe dans ses travers passés de jemenfoucécool-iste décomplexé avec la conclusion de ‘The Threshold’, qui était pourtant assez plaisant jusqu’à ces fatidiques deux dernières pages. Les bonnes idées de l’auteur, telles que donner le beau rôle à l’adversaire de Neferata, ou privilégier la réflexion (pseudo) philosophique à l’action frénétique, se retrouvent en effet battues en brèche par le dénouement proprement scandaleux que l’auteur nous sort de son stylo, justifié par une pauvre phrase balancée par Nefarata au détour d’un paragraphe3, comme si de rien n’était. Au-delà du fait qu’il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour cafards volages, et que ce qu’a fait Annandale correspond à annoncer « bombe nucléaire !!! » dans une partie de chifoumi, cela ouvre une longue et large faille de « mais si…, alors… » dans le background, ce qui est cher payé pour pouvoir offrir un twist final à une nouvelle de 12 pages. À moins qu’il soit de notoriété publique et fluffique que dans Age of Sigmar, on peut donner le baiser de sang par message vocal, auquel cas, je retire mon accusation d’opportunisme narratif envers Annandale. Mais on ne me retirera pas de l’esprit qu’il y avait moyen de faire, et surtout, de finir, mieux que ça. 1 : “VaMpIrIsM cAn TaKe MaNy FoRmS.” Fluff : Lugol : Cité de Shyish bâtie sur les contreforts des montagnes de Pierredouleur (Stonepains), dans le royaume de Neferatia. Sous l’impulsion de son seigneur, Ormand, Lugol parvint à devenir indépendante grâce à l’établissement d’un sceau arcanique autour de la ville, interdisant aux morts vivants d’y accéder, et en incinérant ses cadavres à l’extérieur de son enceinte. Nefarata parvint toutefois à reprendre la cité en faisant d’Ormand son engeance. Autres (7) Révélation • The Prodigal Révélation Call of Chaos/2015/5 pages Intrigue : Il était une fois une ville de lumière, qui n’était ni Paris, ni Beyrouth, mais Lykerna. Située dans le Royaume d’Hysh, elle se situait au cœur d’une montagne, ce qui est plutôt improductif en termes d’ensoleillement, mais n’empêchait pas la cité de faire péter les lux, grâce à un astucieux système de miroirs de marbre. L’avantage de cet emplacement troglodyte était d’ordre sécuritaire, la réclusion volontaire et la difficulté d’accès à Lykerna protégeant efficacement ses citoyens, tous de bons Tyrionites, des déprédations des bandes du Chaos rôdant à la surface. Cette tranquillité se retrouva toutefois brisée par le retour triomphal et énervé de Graunos, un natif de Lykerna ayant eu la malchance de naître aveugle. Isolé par son handicap, et soûlé qu’on lui répète sans cesse que ce dernier constitue une bénédiction de Tyrion en personne1, Graunos avait choisi l’exil, et réussi on ne sait comment à devenir un champion de Khorne, à la vue rétablie grâce à un casque un peu spécial2. Après avoir bien bourlingué, Graunos revint au bercail avec sa bande d’affreux jojos, mettant à profit sa connaissance intime de Lykerna pour guider les pillards jusqu’à bon port (ce qui me paraît compliqué tout de même du fait de sa vision partielle, à moins qu’il n’ait dû détruire tous les rochers, stalactites et stalagmites sur le chemin). S’en suit un affrontement à sens unique, durant lequel le rougevoyant champion fracasse un Luminarque et exécute un Hiérophante, avant de mettre Lykerna à feu et à sang. That’s all folks !!! 1 : Que le fluff d’Age of Sigmar a transformé en Donald Trump aelfique, ce qui est triste tout de même. 2 : D’après ce qu’en dit Annandale, Khorne permet à son champion de voir les choses qu’il doit détruire, et uniquement celles là. Je serais à sa place, j’éviterais les miroirs (des fois que le Dieu du Sang soit d’humeur trollesque). Avis : Reconnaissons à David Annadale qu’il faut un sens de l’ironie poussé pour appeler une nouvelle de cinq pages ‘The Prodigal’ (qui peut se traduire par « copieux » ou « conséquent » quand il est utilisé comme adjectif). Bien sûr, ce titre joue sur la parabole biblique du retour du fils prodigue, qui dans notre cas se contente de prodiguer des coups de hache, tandis que l’auteur peine, lui, à fournir des explications satisfaisantes à sa démarche littéraire. What’s the point of all this, David ? Des champions de Khorne qui étaient auparavant plus ou moins gentils, et qui rasent des villes parce qu’ils sont définitivement méchants, la GW-Fiction en compte des tripotées : l’intérêt de cette nouvelle d’une brièveté confondante ne saute donc pas aux yeux. À la rigueur, et si on est très gentil avec Annandale, on peut reconnaître qu’il lève un peu de mystère (qui n’existait pas à l’époque, tous les Royaumes étant des terra incognita) sur Hysh, et qu’il présente un personnage développé plus en détails plus tard1. Si on est très gentil, et pas très proche de ses sous s’entend, car à 70 cents la page, cela fait cher le teasing. Finalement, le plus prodigue dans cette histoire, c’est sans doute le lecteur… 1 : Graunos reprenant du service dans ‘Neferata : The Dominion of Bones’. Fluff : Lykerna: Cité de Hysh consacrée à Tyrion, bâtie à l’intérieur d’une montagne et éclairée par de nombreux miroirs captant la lumière du jour à l’extérieur. Rasée par la bande de Khorne du champion et exilé de la ville, Graunos. • Knight of Corruption merci @gilian ! Révélation Call of Archaon/2015/XX pages Intrigue : La retraite de Copsys Bule et de ses troupes se poursuit. Après leur défaite face aux Séraphons, ils ont franchi un portail, croyant pouvoir enfin échapper à leurs poursuivants. Mais la guerre les rattrape, et la horde de Bule continue de répandre la mort et la corruption sur son passage. Fistula, le bras droit de Bule, perçoit cette marche comme une fuite, mais Bule sait qu’il en est autrement. Il est guidé par un appel irrésistible, qui, bien qu’il ne vienne pas directement de Nurgle, semble imprégné de sa sombre bénédiction. Bien qu’il ignore encore la véritable nature de cet appel, il choisit de guider sa bande de guerriers vers sa source. Lorsqu’ils atteignent une région déjà gangrenée par l’influence de Nurgle, un temple leur apparaît, fortifié par les dévots de Sigmar. Pour Bule, leur mission est claire : ce sanctuaire doit tomber. Mais alors que la bataille fait rage, les Stormcasts viennent au secours des défenseurs. Bule, de nouveau acculé, se trouve au bord de la défaite. C’est alors qu’une révélation lui traverse l’esprit : l’appel qu’il perçoit depuis le début le mène vers une porte de royaume dissimulée sous le temple. Elle est son passage vers Archaon, vers une vengeance et un destin qui transcendent même la faveur de Nurgle. Avis : Dans cette histoire, la tension s’intensifie entre Bule et Fistula. Ce dernier, qui demeure sourd à l’appel d’Archaon, se montre de plus en plus sceptique envers la quête de son chef. Annandale parvient à capturer les horreurs macabres des dévots de Nurgle, décrivant leurs perversions avec un réalisme glaçant. On peut cependant regretter que cette nouvelle rappelle un peu trop la première, où Bule, encore une fois pourchassé, est forcé de fuir par un portail. Fluff : - • Blood and Plague merci @gilian ! Révélation Call of Archaon/2015/24 pages Intrigue : Les deux bandes de guerriers – les Rotbringers de Bule, dévots de Nurgle, dieu de la peste, et les Bloodbound de Mir, adorateurs de Khorne, dieu de la guerre et du sang – arrivent enfin dans l’arène pour un duel décisif sous les yeux d’Archaon, le Maréchal du Chaos. Archaon les observe et annonce que seul un guerrier sera digne d’entrer dans ses rangs d’élite, la Varanguard. Cette déclaration est cruciale : il parle d’un unique guerrier et non d’une bande. Dès lors, chacun comprend qu’il devra se battre pour lui-même. Les tensions internes commencent à monter, et le combat s’engage. Bule opte pour une stratégie attentiste, tandis que Mir, fidèle à son dieu de la guerre, se jette furieusement dans la mêlée. Alors que la bataille s’intensifie, le paysage autour de l’arène est déformé par la puissance du Warp. Quand le combat touche à sa fin, Bule et Mir, méfiants, éliminent leurs derniers alliés pour éviter toute trahison, se préparant au duel final. Mir, meilleur combattant, parvient à terrasser Bule. Cependant, avant de succomber, Bule parvient à l’empoisonner. Finalement, tous deux s’effondrent sur le champ de bataille. Archaon annonce alors qu’il avait déjà choisi un autre prétendant pour intégrer la Varanguard, déclarant que ni Mir ni Bule n’étaient dignes. Avis : Je dois dire que je ne m’attendais pas à cette fin. La conclusion est véritablement surprenante. Après l’échec de Zuvius dans la nouvelle précédente, je pensais que nous découvririons ici notre nouveau champion, mais Archaon les juge tous deux indignes, et nous restons sans nouvelles de celui qui a été choisi. Bien que cette nouvelle ne soit pas la meilleure du recueil – elle se résume essentiellement à un combat d’arène entre deux bandes rivales où chacun tente d’être le dernier survivant – la conclusion apporte un intérêt certain.Il reste à voir ce que la suite nous réserve. Fluff : - • The Keys to Ruin // Les Clés de la Ruine merci @Foudrolle ! Révélation Hammerhal & Other Stories // Hammerhal & Autres Récits/2017/30 pages Dramatis Personae : Vrindum : duardin, fireslayer, Fils des runes de la loge Drunbhor Beregthor : duardin, fireslayer, Père des runes aurique de la loge Drunbhor Frethnir : duardin, fireslayer, Fils des runes de la loge Drunbhor Intrigue : Foudrolle : Dans les régions de l’Eternelle Clameur sur la plaine du Feunéant la loge Drunbhor des Fireslayers est au prise depuis des jours avec son environnement. En effet, les guerriers duardins n’affrontent pas des démons ou autres créatures mythiques mais de simples herbes. Il est vrai que les végétaux sont quelque peu agressifs, puisqu’ils disposent de plusieurs mâchoires et crachent du feu. Il n’en reste pas moins que ce n’est que de l’herbe, même si elles capables de transformer certains fireslayers en horreur de Tzeentch. Vrindum fils des runes de la loge Drunbhor a hâte d’affronter un adversaire à sa mesure. L’occasion semble se dessiner lorsqu’au loin apparaît une forêt qui n’a de nom que l’apparence. La loge Drunbhor suit son père des runes Beregthor dans une quête mythique qui doit lui permettre de trouver une porte des royaumes menant à la forteresse d’une loge de fireslayers jumelles des Drunbhors. Tout a commencé quand les duardins étaient encore bien à l’abri dans leur fort-magma de Sibilatus. Une tempête magique a ravagé l’Eternelle Clameur détournant suffisamment l’attention des fireslayers pour permettre à une armée du chaos de s’infiltrer en plein cœur de leur impénétrable forteresse de détruire leur bien le plus précieux : une porte des royaumes. Les fireslayers anéantissent l’envahisseur mais le mal est irréparable et c’est pourquoi Beregthor lance sa loge sur la trace d’une seconde porte légendaire située dans les mythiques montagnes de Typhornas. Problème personne n’a jamais entendu parler de cette porte, pas même le père des Runes du clan, et personne n’a jamais trouvé ces fameuses montagnes. Qu’importe ! Les fireslayers sont braves et rien ne peut les arrêter… Mais le temps passe les morts s’accumulent et certains, comme Frethnir fils des runes de la loge s’interrogent sérieusement sur la santé mentale de Beregthor. Frethnir en vient même à se demander s’il ne devrait pas défier le Père des Runes pour devenir Père à la place du Père. Revenons-en au présent… nos braves rouquins pénètrent dans cette fameuse forêt à l’aspect étrange et constate avec effroi que cette « forêt » est constituée d’horreurs empilées les unes sur les autres et est infestée de démons de Tzeentch. Les fireslayers ardents du haut de leur crinière jusqu’au bas de leur pagne combattent avec leur fureur habituelle et détruisent leurs adversaires malgré les pertes qu’ils subiront. S’ensuit plusieurs jours de franches galères où toujours plus de fireslayers perdent la vie. Vrindum s’inquiète de plus en plus de l’état de santé de Bereghor, totalement obnubilé par sa quête, tandis que de son côté Frethnir se demande pourquoi il ne l’a pas encore défié. Les fireslayers atteignent les montagnes de Typhornas qui a pour particularité assez singulière de se soulever et s’abaisser comme-ci les monts respiraient. Les Drunbhor trouvent finalement la porte et des cohortes de démons de Tzeentch en embuscade. Toute l’épopée se révèle être une machination tendue par les sbires de Tzeentch pour permettre aux démons d’utiliser la porte… Bereghtor se révélera être possédé par un Duc du Changement depuis quelques temps (le Père des Runes reçoit une épine démoniaque dans le cou pendant la bataille dans la forêt des horreurs) et pratique un rituel qui condamne l’accès à la porte pour les fireslayers mais l’ouvre pour les démons. Ni une ni deux ce sera finalement Vrindum, la mort dans l’âme, qui affronte le Père des Runes. Heureusement il parviendra à le sauver, et le Père des Runes se sacrifiera héroïquement en affrontant le Duc du Changement (histoire de rétablir son honneur). Les fireslayers détruisent la porte corrompue à grands coups de hache et l’explosion magique qui en résulte détruit tous les démons (Duc du Changement compris) et pas mal de Drunbhor. Au final Frethnir après avoir refusé de devenir Père des Runes de la loge décide de fonder une nouvelle loge sur l’emplacement même de la porte. THE END. Schattra : L’escapade en terre inconnue organisée par le Père des Runes Beregthor en guise de séminaire professionnel pour sa loge de petits rouquins en string ne se passe pas comme prévu. Partis en force depuis leur forteresse de Sibilatus, construite dans le squelette calcifié d’un cochon d’Inde géant, les Fyreslayers de Drunbhor éprouvent les pires difficultés à traverser la Plaine de Feunéant sans se faire lécher les guiboles par les herbes démoniaques qui poussent dru en cette saison. En plus d’être désagréable, c’est dangereux car l’abus de changement est dangereux pour l’intégrité physique, c’est bien connu. Ajoutez à tout cela des Incendiaires de Tzeentch qui font la danse du ventre tous les trente mètres en vapotant comme des possédés, et vous aurez une idée de la galère dans laquelle les Duardin se sont jetés. Si ces péripéties n’entament pas la bonne humeur et la motivation de Beregthor, sa marmaille est un peu moins convaincue, à commencer par le Fils de Runes Frethnir, qui donne des signes marqués d’agitation, et qui hésite visiblement à défier son paternel pour lui reprendre les clés du camion. Ou du Magmadroth. C’est pareil chez les Fyreslayers. Pour comprendre pourquoi les dealers de haches ont décidé de partir en excursion si brusquement, il faut remonter quelques jours auparavant. Une tempête peu commune avait éclaté autour de Sibilatus, et une chanson, ou plutôt un jingle (trois notes en boucle, c’est pas du Tchaïkovski), s’était élevée dans la plaine, plongeant Beregthor dans une agitation fiévreuse aux causes pas vraiment claires. Le bougre avait beuglé tellement fort qu’il FALLAIT V’NIR VOOOOOOOOOOIIIIIIIIIIRRRRRRR !!!! que tous ses guerriers avaient déboulé contemples les éclairs… et permis à une armée de cultistes de Tzeentch de se faufiler en douce jusqu’au cœur de la citadelle (si si, ça s’est passé comme ça), dans le but de détruire la Porte des Royaumes de Sibilatus. Bien que les Fyreslayers aient fini par comprendre qu’il y avait Horreurs sous roche, et, menés par le Grimwrath Berserker Vrindum, faits la peau aux intrus, le portail avait été détruit. « Pas grave, j’en connais un autre qui fera l’affaire » avait dit le Père des Runes au conseil d’après bataille, surprenant tous ses conseillers avec l’histoire de la Porte de Typhornas, sensée mener jusqu’à la loge paternelle (ou maternelle) de Drunbhor, avec laquelle tout contact a été perdu depuis des siècles. Le respect pour Beregthor empêchant ses fistons et ses lieutenants de déclarer cette idée comme étant éminément foireuse, en plus d’être aussi bien sourcée qu’un tweet de Donald Trump, tout ce petit monde était donc parti en vadrouille pour rendre visite à la famille éloignée. Soit. Retour au temps présent, où les nabots en calebute ont fini par arriver dans une forêt tout aussi torve et organique que la plaine qu’ils ont traversée. Il se trouve que les arbres de ce biome peu commun sont en fait des Horreurs Roses agglutinées et empilées, et une vague de vagues Démons menace d’emporter la colonne des Fyreslayers. C’est sans compter sur les prouesses martiales et les runes d’ur-or de ces derniers1, qui repoussent l’assaut malgré quelques pertes très graphiques, pour déboucher en vue de la fameuse montagne de Typhornas. Qu’il leur faudra encore huit jours de marche, dans des milieux divers mais mortels2, pour atteindre. Pendant tout ce temps, cet indécis de Frethnir n’en peut plus de peser le court et le pontre, tandis que Vrindum voit avec inquiétude l’attitude de son vieil ami Beregthor se rassombrir de jour en jour… Lorsque les Duardins finissent par arriver devant la Porte promise, ils s’aperçoivent que celle-ci est éteinte, et que ses linteaux sont gravés de runes inconnues même des experts ayant fait le voyage. Ceci n’est pas un problème pour le Père des Runes, de plus en plus grisâtre et de moins en moins bavard, qui se met à parler en patois devant l’arche de pierre, avec des résultats notables, même si pas vraiment rassurants. Lorsque vient le moment pour Beregthor de donner un tour de clé avec son passepartout géant qui lui sert également de décapsuleur et de gratte-dos, une vieille intuition de malheur imminent saisit Vrindum, qui tente d’empêcher son boss de commettre une action que tous pourraient regretter. Leur proximité permet au Berzerker de se rendre compte que le Père des Runes a été blessé par une épine chaotique lors de la récente bataille forestière3, et après un round de catch viril mais cordial, il parvient à ôter l’écharde du cou de Beregthor. Ce dernier a toutefois eu le temps de hurler le mot magique, qui se trouve être ici Kaz’arrath, soit le nom d’un Duc du Changement venu avec ses hordes prendre possession de la Porte obligeamment ouverte par le nabot possédé, et ainsi continuer son œuvre malfaisante dans un autre Royaume, et possiblement l’arrière boutique d’une loge de Fyreslayers inconscients du danger. Réalisant qu’il a été manipulé comme un pion, Beregthor charge dans le tas pour tenter de se racheter une dignité en plumant le poulet en toge qui prend des selfies en arrière plan. Déterminé à mourir au combat, il doit cependant subir la double infâmie de se faire ramasser comme un hamster en rogne par Kaz’arrath, ramené à la Porte à demi ouverte (que Vrindum et quelques potes tentent de détruire pour limiter les dégâts), possédé à nouveau et forcé à tourner sa hache-clé dans la serrure de sécurité, permettant au Duc du Changement de… se prendre un pilier branlant sur le coin du bec. Pouf mallette. Du coup, je ne sais pas s’il faut attribuer la victoire à l’Ordre ou à la Destruction, moi. Lorsque la poussière retombe enfin et que les derniers Démons ont été bannis, les survivants Fyreslayers doivent décider de la marche à suivre maintenant que leur Père des Runes les a quittés (Beregthor ayant en effet eu la bonne idée de choire sur la tête et sans casque lorsque Kaz’arrath l’a laissé tomber). Laissant à son frangin Bramnor le soin de ramener la hache paternelle, plus qu’un peu voilée, à la loge et prendre en main la destinée de cette dernière, Frethnir décide de s’installer sur place avec quelques guerriers, dont Vrindum, pour lancer sa propre affaire. Chacun chez soi, et les Magmadroths seront bien gardés. 1 : Et le fait qu’à l’époque où cette nouvelle a été écrite, les Horreurs Bleues ne se changeaient pas encore en Brimstone Horrors, ce qui a statistiquement permis aux Fyreslayers de remporter la victoire plus de deux fois plus vite qu’ils auraient dû. 2 : C’est de là que vient la série des livres pour jeunesse ‘Duardin à la plage’, ‘Duardin à la neige’, ‘Duardin à la campagne’, ‘Sale journée pour Duardin’, etc. 3 : Genesis, toujours visionnaire, a immortalisé cet épisode dans la chanson ‘The Battle of Epine Forrest’, sortie plus de 40 ans avant cette nouvelle. Avis : Foudrolle : Une nouvelle abordant de manière originale le peuple nain. On pouvait légitimement s’attendre à ce que l’action se déroule sous terre ou à minima dans une forteresse. Il n’en est rien puisque les Fireslayers évoluent la plupart du temps à l’air libre. A mon sens un tel changement de cadre, dans une nouvelle censée présenter les Fireslayers à un néophyte, témoigne de la volonté de Games Workshop de casser les vieux stéréotypes qui ont toujours collés à la barbe des nains. Par rapport à cette nouvelle en particulier cette volonté et autant une bonne qu’une mauvaise chose. Si le lecteur peut être effectivement pris au dépourvu par cette exode inhabituelle il sera également certainement déçu du traitement superficiel des Fireslayers. Le fluff est plutôt avare, hormis quelques allusions à l’Ur Or et aux caractères tout feu tout flamme des Fireslayers il n’y a pas grand-chose à apprendre sur les barbus rouquins. A l’inverse les démons de Tzeentch, principaux antagonistes de l’histoire, sont bien mieux mis en scène, fortement aidés par les paysages de la nouvelle. Entre une plaine constituée d’herbes pyromanes pourvues de mâchoires, et d’un bois faits d’horreurs empilées les unes sur les autres, sans même parler des effets mutagènes sur la chair et la pierre dû aux bienfaits du Changement, les démons sont bien mieux lotis que nos tueurs. Dans un tout autre registre le récit pêche dans son amorce par l’utilisation d’un TGCM trop artificiel… Soyons sérieux, comment une armée entière de démons et de guerriers du chaos a pu s’infiltrer au nez à la barbe de toute une garnison de Fireslayers, chez eux, en plein cœur de leur forteresse ? Tempête magique ou non ce ressort scénaristique m’a vraiment paru trop facile. Globalement, j’ai surtout apprécié cette nouvelle pour son côté inattendu. Je ne m’attendais pas en attaquant ma lecture à suivre des nains, qui au fil de leur quête seront confrontés, à des d’herbes démoniaques, des arbres en pâte à modeler, à une montagne qui respire et à un Duc du Changement. Schattra : David Annandale poursuit sur sa veine musicale1 avec ‘The Keys to Ruin’, titre qui prend d’ailleurs un sens un peu différent quand on le considère depuis cette perspective (key voulant dire également « tonalité » en anglais), et nous sert une nouvelle dépaysante à défaut d’être totalement enthousiasmante. En effet, si je dois reconnaître que les décors convoqués par l’auteur sont parmi les plus marquants qu’il m’ait été donné de parcourir dans des nouvelles d’AoS, et plus généralement de la GW-Fiction (ce qui est positif), son exécution des scènes d’affrontement est beaucoup plus quelconque, et la logique de l’intrigue est, elle, aux abonnés absents. On ne comprend pas pourquoi les Fyreslayers ont absolument besoin de quitter leur chouette forteresse pour aller à la chasse au dahut dans les montagnes lointaines, ni comment les cultistes de Tzeentch ont pu les enrhumer de la sorte2 pour commencer, ni pourquoi un Duc du Changement a besoin de faire venir une armée alors qu’il n’a techniquement parlant besoin que de la hache du Père des Runes (qu’il pourrait voler pépouze, vu la sécurité qui règne dans la loge), ni comment ou si Beregthor a été envouté par Kaz’arrath pour se lancer dans cette quête suicidaire, ni si l’épine démoniaque était une machination du Démon pour asseoir sa domination sur sa marionnette, ou un pur coup de chance comme Tzeentch aime en accorder de temps à autres. Ça fait donc beaucoup de « détails » sur lesquels Annandale passe sans ciller, et même si son travail se lit sans difficulté (et même avec soulagement au milieu de toutes ces nouvelles de Stormcast Eternals), le résultat aurait pu être vraiment bon au lieu d’être juste sympathique. Du progrès, mais on n’y est pas encore. 1 : ‘The Carrion Anthem’, sa toute première nouvelle pour la BL, tirait également sur cette corde. 2 : L’explication officielle d’Annandale est juste trop WTF, je ne peux pas la considérer comme acceptable. Fluff : Fyreslayers : La Loge de Drunbhor s’est établie dans la forteresse de Sibilatus, dans la Montagne Sifflante. La Porte des Royaumes qu’elle abritait ayant été détruite par une incursion de Démons de Tzeentch, le Père des Rune Bereghtor emmena une expédition revendiquer la Porte de Typhornas, par laquelle les fondateurs de Drunbhor sont arrivés dans le Royaume, d’après les légendes. • The Harrower Révélation Warcry: The Anthology/2019/37 pages Intrigue : Nous suivons Gravskein, Bienheureuse Unmade menant sa petite bande de cannibales écorchés dans les désolations du Bloodwind Spoil à la recherche de la mythique Tour Festive (Tower of Revels). Si Gravskein tient tant à mettre la main faucille sur ce bâtiment en particulier, c’est que ce dernier occupe une place centrale dans les croyances de sa faction, ayant été conquis il y a de cela fort longtemps par le légendaire Roi Ecorché, qui initia son peuple de bobos intellos coincés aux joies de l’automutilation après une virée sauvage dans les Eightpoints. Ayant malheureusement omis de prendre une carte avec eux dans ces temps héroïques, les Unmade ne connaissent plus l’emplacement de cet HLM mythique et chargent donc leurs guerriers les plus prometteurs d’en retrouver le chemin. Persuadée qu’elle sera celle qui parviendra à ramener la Tour dans le giron des résidents de Tzlid, Gravskein suit donc les visions qu’elle reçoit de temps à autre lorsqu’elle passe en mode veille (difficile de dormir quand on n’a plus de paupières), accueillant chaque nouvelle déconvenue et rencontre mortelle avec fatalisme et bonne humeur. Voilà pour le cadre de notre histoire. Après avoir bénéficié d’un flashback inaugural, permettant au lecteur de découvrir la façon dont l’héroïne a gagné ses galons et ses moignons1, suite à un accrochage sanguinolant avec une bande de morts vivants menés par un Dragon de Sang et son loup funeste de compagnie, nous accompagnons nos joyeux masochistes dans leurs tribulations désertiques, leur goût pour la chair humaine leur permettant de se sustenter en toutes occasions dès lors que l’un d’entre eux éprouve un petit coup de mou. Guidée par une précédente vision, l’enjoignant à rechercher le poison, Gravskein décide d’interpréter cet augure en remontant le cours aride d’une rivière polluée, malgré les soupirs défaitistes de son second, le (finalement pas très) Joyeux Bulsurrus. Etant parvenu à tracer l’origine de la source amère, les Unmade s’engagent dans une prairie herbeuse et très inhospitalière, du fait de la nature carnivore de sa végétation. Fort heureusement, la formation et l’équipement de derviche tondeuse de leur meneuse, qui se met à tourner sur elle même en fauchant la verdure comme une moissonneuse batteuse de Khorne, permettent aux survivants de se sortir de ce gazon maudit, et d’arriver dans les ruines d’une cité, où ils trouvent les cadavres d’une autre bande Unmade. Après un petit buffet froid pour se remettre de leurs émotions, Gravie (qui a looté un cor relique sur la dépouille du chef des défunts2) et ses sidekicks poursuivent leur route, la rasade prise par cette grande folle de Bienheureuse à la fontaine empoisonnée de la ville lui ayant apporté une nouvelle vision des plus encourageantes. Leur chemin les mène à travers une sorte d’arène jonchée de cadavres et d’armes abandonnées, où ils tombent bien évidemment dans une embuscade. Ce sont ces fourbes de Splintered Fang qui leur tombent sur la couenne, et l’usage pas vraiment fair play de lames empoisonnées prélève un lourd tribut dans les rangs des Unmade. Encore sous l’effet de sa potion magique, lui ayant donné une immunité à toutes les substances toxiques moins agressives que le Novitchok, Gravskein aux mains d’argent prend ses responsabilités et démarre l’enchaînement de Flashdance jusqu’à rester seule maîtresse du dance floor (ce qui prend assez peu de temps quand on a des lames et pas des pattes d’ef au bout des jambes). Réduite à un trio, la bande de guerre finit cependant par (enfin) arriver en vue de son objectif. Léger problème, la Tour Festive est occupée par une garnison Splintered Fang, et les Unmade plus assez nombreux pour pouvoir espérer les déloger. Gravskein est toutefois allée trop loin pour faire demi-tour maintenant, et se lance donc à l’assaut en hurlant comme une banshee. Zigzagant entre les flèches, elle finit par se jeter dans la rivière qui coule jusqu’au pied de la tour, Bulsurrus à sa suite, et parvient à retenir sa respiration assez longtemps pour déboucher jusqu’au niveau inférieur de cette dernière, malgré le pH non euclidien et les substances innommables du cours d’eau. S’étant sans doute insensibilisée en nageant dans la Seine étant petite, Gravskein s’extrait du bassin intérieur, et réalise que la mythique Tour Festive est en fait une vulgaire station de traitement des eaux, qui fonctionne assez mal maintenant qu’elle est squattée par les cultistes du Splintered Fang. Comme quoi, la réalité est toujours enjolivée. Mais maintenant qu’elle est là, autant finir le boulot. Laissant cette petite nature de Bulsurrus cracher ses poumons près du pédiluve, la Bienheureuse se fraie un chemin sanglant jusqu’au sommet de la Tour, en prenant le soin d’initier les cultistes qu’elle croise aux joies du toboggan hématique (c’est comme un toboggan aquatique, mais avec du sang, généralement le vôtre), non sans avoir effectué quelques réglages de bon aloi dans la salle des machines auparavant. Pas pour rendre aux eaux de la rivière leur pureté originelle, bien sûr (on n’est pas chez les Sylvaneth ici, baby), mais pour diminuer la léthalité du poison qui y coule, afin que ceux qui en boivent puissent expérimenter la glorieuse souffrance qui est le lot des Unmade. Bref, diarhée pour tout le monde ! Ceci fait, Gravskein redescend ramasser Bulsurrus, qui a bien mérité de passer sa retraite (2 jours) avec un panorama digne de ce nom sur le Bloodwind Spoil. C’est un bonheur bien fugace cependant, une nouvelle bande de guerre se présentant rapidement à la porte de la Tour pour en prendre possession, sûrement pas content de l’état dans lequel les bidouillages de Gravskein ont mis leur pantalon. Qu’importe, la Bienheureuse a accompli sa destinée, et accueille les challengers avec la fameuse Horn Intro de Modest Mouse avant de lancer Dancing Queen sur sa boom box. Let’s jive, boys & girls. 1 : La philosophie Unmade se rapprochant assez de celle de l’Adeptus Mechanicus, en délestant ses adeptes de leurs parties charnues au fur et à mesure qu’ils progressent dans la hiérarchie. La différence principale étant le refus catégorique du recours à l’anesthésie des Unmade. 2 : Dont on se demande bien comment elle arrivera à en sonner. À côté de ça, jouer du violon avec des gants de boxe, c’est easy peasy. Avis : Sur la lancée de sa 'Danse des Crânes', Annandale continue de progresser et d’impressionner le lecteur dubitatif envers sa prose que j’étais. Je n’ai en effet pas pu prendre en défaut 'The Harrower' par rapport au cahier des charges que je m’étais défini pour cette première anthologie Warcry. Du fluff sur les Unmade ? On en a, et plutôt deux fois qu’une. Sont abordés les sujets de la philosophie particulière de cette faction de masochistes cannibales (et comme vous vous en doutez, il y a des choses à dire) ainsi que leurs motivations à déambuler paisiblement dans les étendues du Bloodwind Spoil. En bonus, et contrairement à la majorité de ses camarades, David Annandale fournit quelques éléments sur l’histoire de ses petits favoris, menés sur le chemin de la déchéance et du don d’organes par la figure tutélaire du Roi Ecorché. De l’action « chaotique » (à ne pas confondre avec de l’action chaotique, la spécialité de notre ami Andy Smillie) ? Là aussi, la maison Annandale régale, les tribulations de Gravskein et consorts portant la marque – sans doute gravée au fer rouge, vu les penchants coupables des Unmade pour la simulation synaptique – des Dieux Sombres, cocktail entêtant de sang, de fanatisme et de folie. La petite bande d’écorchés vifs s’en prend plein la poire du début à la fin de sa quête, ce qui leur donne pleinement l’occasion de mettre en pratique les tenants de leur foi douloureuse. En outre, dans sa construction elle-même, 'The Harrower' tient bien la route, la quête mystique de Gravie & Cie bénéficiant de la dizaine de pages additionnelles par rapport à la longueur classique d’une nouvelle BL pour gagner en profondeur (flashback à l’appui) en intensité et en variété. Le grand final dans la Tour Festive ne vole ainsi pas son nom, le lecteur ayant été convenablement préparé par l’auteur à cette ultime épreuve attendant les survivants Unmade, et n’a donc pas l’impression que la quête de ces derniers a duré 2h35, ce qui arrive assez souvent lorsque les lignes viennent à manquer. Finalement, l’ouverture qui vient terminer le récit, parce qu’elle souligne toute la vacuité des agissements des suivants des Dieux Sombres, achève sur une touche grimdark tout à fait bienvenue cette soumission fort solide. On passera avec indulgence sur certains aspects pratico-pratiques (certains diront secondaires) non explicités par Annandale, comme la mobilité et la dextérité merveilleuse de son héroïne, dont l’absence de mains et de pieds devrait pourtant compliquer bien des choses, comme le simple fait de se mettre debout et manger, sans parler de jouer du cor (aller jeter un oeil sur la figurine de Blissful One pour vous en convaincre). C’est cette même Gravskein qui a soloté un Vampire à cloche-pied cela dit, ce qui en dit long sur sa motivation et son acharnement. Ces quelques incohérences sont toutefois très mineures par rapport au reste de la soumission de David Annandale, qui fixe avec 'The Harrower' son record personnel de lisibilité. Vous pouvez fav. Fluff : The Unmade (histoire): Descendants dégénérés d’un royaume de Shyish situé sur l’île de Tzlid, autrefois réputé pour ses philosophes. La chute de cette civilisation fut entrainée par une expédition désastreuse du Roi Vourneste, qui passa le Portail des Royaumes de Tzlid avec son armée et revint sous la forme du Roi Ecorché, convertissant ses sujets au Chaos. Sa légende raconte qu’il conquit la Tour Festive (Tower of Revels) dans le Bloodwind Spoil, et les bandes de guerre Unmade patrouillent ce dernier à la recherche de ce lieu mythique. Il aurait été tué par Neferata, mais ses sujets les plus dévôts sont certains qu’il reviendra guider son peuple vers la gloire. The Unmade (philosophie) : La souffrance, tant subie qu’infligée, occupe une place centrale dans les croyances des Unmade. Ils ressentent la douleur mais arrive à la canaliser et à la transcender pour en faire une force. Un Unmade vétéran est ainsi très dur à neutraliser, car il peut encaisser des blessures qui auraient raison de n’importe qui. Leurs mutilations permettent de détourner leur esprit du chagrin et du désespoir, qui sont les seules afflictions contre lesquelles ils sont démunis, la seule souffrance qu’ils ne peuvent embrasser (rq : un Unmade déprimé est un Unmade mort). The Unmade (organisation) : La progression dans leur hiérarchie guerrière est marquée par les mutilations que les combattants s’infligent, depuis le grade d’Eveillé (Awakened One), où la peau du visage est écorchée (rq : c’est peut-être pour ça qu’ils ont pris ce nom, car ils ne peuvent plus dormir après ça, n’ayant plus de paupières) et apposée sur l’armure du combattant, jusqu’au statut exalté de Bienheureux (Blissful One), dont les mains et les pieds sont rituellement amputés et remplacés par des lames. Les autres grades connus sont, dans l’ordre, celui d’Elevé (Ascended One) et de Joyeux (Joyous One). Accéder au statut de Bienheureux nécessite de prouver sa valeur à la bataille en tuant un ennemi de note, et recevoir des visions de la Tour Festive, afin de guider sa bande de guerre vers cette dernière. Tzlid : Île située dans le Royaume de Shyish, séparé du continent et des Désolations Hurlantes (Screaming Wastes) par un détroit sur sa côte occidentale. Un Portail des Royaumes, débouchant dans le Bloodwind Spoil, se trouve sur l’île, à l’orée de la Forêt Blanche (qui tient son nom du fait que ses arbres sont faits d’os). • The Hunt // La Traque merci @Red Qafe ! Révélation Invocations/2019/12 pages Intrigue : Red Qafe : Nous commençons avec l'histoire d'un chasseur de sorcières qui souffre d'insomnies : il voit des fantômes qui s'approchent lentement de lui, toujours plus proches, nuit après nuit. Il est persuadé qu'ils viennent l'emporter pour le punir d'avoir fui un avant-poste où il devait protéger la ville avec d'autres personnes, qui se sont toutes, sauf lui et une autre, fait massacrer. A noter que ce massacre aurait eu lieu lors de l'apparition en ville des guerriers de Sigmar. Et le voilà qui doit enquêter sur un possible culte. Il se retrouve à combattre, et tue, ce qui semble être un cultiste dans un entrepôt. Tatoué sur le cadavre, l'insigne représentant le fameux avant-poste. Il va donc demander de l'aide à l'autre survivante du massacre. Si les cultistes sont liés à leur passé commun, autant qu'ils aillent résoudre la situation ensemble. En fait, il sait qu'il veut être accompagné pour deux raisons : lui demander si elle lui pardonne le fait qu'il ait fui, et pour ne pas être seul car c'est cette nuit que les fantômes vont le rattraper. Ils vont donc dans les ruines de l'avant poste, et les fantômes apparaissent effectivement, les poursuivant dans les couloirs jusqu'à ce qu'ils parviennent à l'endroit où la femme s'était cachée pour survivre... Et elle y enferme le chasseur de sorcières... En réalité, elle avait survécu en se vendant à l'ennemi (Slaanesh) Les fantômes venaient pour protéger le chasseur de sorcières de la traitresse. Et l'histoire est racontée à la deuxième personne : quelqu'un s'adresse au chasseur de sorcières, raconte son aventure en lui parlant... Il s'agit d'un Seigneur des Secrets. Schattra : Il y a des réalisations qui peuvent déprimer même le plus optimiste et enthousiaste des individus. Dans notre morne quotidien grimdull, cela peut être le changement climatique, la corruption politique ou la 16ème place du DFCO1. Pour les hardis habitants des Royaumes Mortels, les raisons peuvent s’avérer un peu plus exotiques, comme c’est le cas pour notre héros, le Chasseur de Sorcières Bered Ravan. La déprime de notre fier Répurgateur est en effet causée par le constat implacable qu’une véritable marée de Spectres renfrognés, qu’il est le seul à voir et à entendre, se rapproche insensiblement de lui chaque nuit. À la tête de cet ost sépulcral, une Banshee fort en voix n’en finit plus de roucouler, empêchant Bered de jouir du sommeil réparateur auquel chaque honnête citoyen sigmarite a droit. Bien que notre homme ignore la raison pour laquelle Casper et sa famille élargie en ont après lui, il se doute qu’il a peu de chances de pouvoir plaider sa cause une fois que les ectoplasmes lui auront mis la main dessus, ou plutôt, au travers. Vivant sur du temps emprunté, et ne pouvant que constater à chaque crépuscule l’approche inexorable de ces hordes diaphanes, Bered tire logiquement une tête de six pieds de long, ce qui ne l’empêche pas de répondre à l’appel du devoir lorsque nécessaire. C’est donc avec empressement que l’inquisiteur répond à la sollicitation de la marchande Thevana Pasala, une ancienne connaissance avec laquelle il a rompu toutes relations il y a de cela bien des années, et pour une excellente raison : alors que tous deux servaient dans la milice locale de leur cité natale, Everyth, soumise aux déprédations régulières des bandes chaotiques de la région avant que Sigmar ne lance sa fameuse royaumetada, Bered fit le choix de déserter son poste de défenseur de la forteresse de Grenholm, assiégée par les séides de Nurgle, pour aller rejoindre les Stormcast Eternals fraîchement matérialisés. Thevana, elle, fit honneur à son serment et combattit jusqu’à la chute du bastion, dont elle fut l’une des rares survivantes. Rongé par la honte et le remords, Bered s’est tenu à distance de son ancienne amie pendant des lustres, mais accepte volontiers d’aller lui rendre une visite professionnelle, découvrant avec un soulagement non feint par la même occasion que la belle ne lui tient pas rigueur de son parjure. Voila qui fait la journée de notre homme, la nuit étant, comme dit plus haut, une toute autre affaire. Si Thevana l’a fait venir, toutefois, c’est avant tout parce qu’elle a des preuves de l’existence d’un culte chaotique local, comme l’illustrent les gravures profanes retrouvées au flanc des tonneaux de vivres qu’elle comptait expédier à Mhurghast pour soutenir l’effort de guerre. Comme on peut l’imaginer, ces dégradations païennes ont eu un effet délétère sur la nourriture contenue dans les fûts, et la catastrophe n’a été évitée que de justesse (on suppose que les procédures de rappel de marchandises sont aussi efficaces dans les Royaumes Mortels que dans notre bas monde). Sans piste sérieuse à exploiter, Bered décide de rendre une petite visite au tonnelier fournisseur de sa comparse, qui a la mauvaise idée de ne pas faire de discrimination à l’embauche, suscitant de fortes suspicions de la part de notre intolérant zélote. Ayant fait sortir tout le monde pour mieux pouvoir inspecter l’atelier, Bered se fait surprendre dans ses recherches par un cultiste empressé mais maladroit, que notre héros occit d’un bon coup de torche en pleine tête (le danger d’avoir des cheveux gras…). La fouille du corps révélant un double marquage de cultiste Slaaneshi et de milicien de la forteresse de Grenholm, c’est assez logiquement2 que le Répurgateur opte pour se rendre sur place, afin de se confronter à ce mystère en même temps qu’à son passé… Révélation …Ayant convaincu Thevana de l’accompagner (ce qui l’arrange bien car il se sent un peu pétochard sur le coup), ou en tout cas, n’ayant pas fait grand-chose pour la persuader de rester en ville, Bered arrive dans les ruines de la forteresse à la tombée du jour, et réalise que le grand soir est arrivé : les Spectres ne sont plus qu’à quelques kilomètres de sa position, et l’auront rattrapé avant la levée du jour. Déterminé à clore cette enquête avant de partir conter fleurette à tonton Nag’, notre héros pénètre dans la forteresse, Thevana à ses côtés. Sentant l’écurie approcher, les fantômes rattrapent toutefois les aventuriers en quelques minutes, et Bered a au moins la satisfaction de constater que sa collègue peut elle aussi les voir, ce qui le fait se sentir moins seul. Toujours en danger de mort, mais moins seul. Thevana, qui connaît bien les lieux pour y avoir été enterrée vive lorsque la forteresse a été envahie par les Maggotkins, entraîne alors Bered vers une cachette de sa connaissance, qui se révèle être un trou à la base d’un mur. Hésitant à faire le grand saut, Bered est pris totalement au dépourvu lorsque Thevana lui tranche les jarrets et le précipite dans la fosse en question, la marchande se révélant être elle aussi une membre du culte Hédoniste… qui aura décidément attendu bien longtemps pour prendre sa revanche sur celui qui l’a trahi il y a toutes ses années, la poussant de ce fait dans les bras aimants et protecteurs du Prince des Excès, le seul qui ait répondu à ses prières lorsque les sbires de Nurgle ont commencé à déféquer dans tous les couloirs de la forteresse condamnée. Sans doute l’application du principe bien connu du « plus on attend, meilleur c’est ». Enfin, ce que j’en dis… 1 : Au moment de l’écriture de cette chronique. 2 : Je suis assez généreux avec Annandale ici. Bered saute quelques étapes à mon goût en décidant de délocaliser son enquête sur la foi d’une coïncidence somme toute assez facilement explicable. Avis : Schattra : Connaissez-vous 'Le K', amis lecteurs ? Cette nouvelle du grand Dino Buzzati met en scène un héros passant toute sa vie à fuir l’approche menaçante d’un gigantesque requin (le fameux K), pensant à tort que le squale cherche à le gober, mais réalisant dans ses derniers instants que ce dernier voulait juste lui remettre une perle de bonheur, dont il meurt avant de pouvoir faire usage. Un classique des classiques, que je ne peux trop vous recommander. Il ne vous aura donc pas échappé que 'The Hunt' est la version aos-ée de ce texte fondateur, qu’Annadale adapte à sa sauce et avec malheureusement plus de bonnes intentions que de réussite. Si l’idée de la marée de fantômes pourchassant le héros est ainsi excellente dans le cadre d’une nouvelle Warhammer Horror, car elle apporte une dimension indéniablement angoissante à l’histoire, le twist final est trop rapidement expédié pour que la révélation qui l’accompagne fasse vraiment effet. La faute à mes yeux au choix d’Annandale de rajouter un deuxième coup de théâtre, qui tient plus du coup d’épée dans l’eau, avec la trahison de Thevana, qui, elle faisait beaucoup moins mystère (mais avait été « préparée » de façon assez bancale également). Comme cela arrive parfois avec les auteurs de la BL, l’excès de bonnes choses, ou en tout cas d’idées intéressantes, est parfois un mal, et je pense sincèrement que 'The Hunt' aurait été d’un tout autre calibre si Annadale avait simplifié sa copie. On retiendra également de cette nouvelle l’usage, assez rare mais très sympathique je trouve, de la seconde personne du singulier par le narrateur, qui décrit donc en direct toutes les actions du héros jusqu’à ce que ce dernier fasse sa connaissance. En définitive, et malgré les réserves exprimées plus haut, je crois que nous tenons le texte le plus marquant et abouti d’Annadale à ce jour, ce qui est somme toute logique au vu de l’attrait que notre homme a pour le genre horrifique. Il n’y a plus qu’à attendre le prochain recueil pour voir si les progrès se poursuivent… Fluff : Everyth : Cité libre située dans le Royaume de Ghyran, qui parvint à résister aux déprédations chaotiques pendant l'Âge du Chaos. Everyth dut une partie de son salut à la forteresse de Grenholm, qui, si elle finit par tomber sous les assauts des cultistes de Nurgle, les tint en respect suffisamment longtemps pour permettre aux Stormcast Eternals de remporter la victoire finale. • A Deep and Steady Tread Révélation Anathemas/2020/14 pages Intrigue : C’est jour d’exécution publique à Everyth, ville de Ghyran où la vie ne gagne donc pas toujours à la fin. La liesse populaire, bien compréhensible, n’est cependant pas partagée par Velaya et Beretice Navaan, respectivement fille et femme de la victime de l’assassin qui répondra de ses crimes aujourd’hui. Le meurtre du brave Mr Navaan, retrouvé en train de barboter dans un caniveau quelques jours plus tôt, leur pèse en effet lourdement, bien que la veuve semble moins affectée que l’orpheline par cet odieux forfait. Coupable avoué de ce dernier, Jerek Holforn, scion d’une autre puissante famille de la ville avec laquelle les Navaan sont en bisbille depuis des temps immémoriaux, est amené au bloc par nul autre que Krentz Navaan, fils du défunt et bourreau de circonstance, après avoir servi de tortionnaire pour extorquer au scélérat ses aveux circonstanciés. Après tout, l’adage dit bien que quand on veut que les choses soient bien faites… Sanglé dans une bride porcine l’empêchant de prêcher son innocence de façon intelligible, le malheureux Jerek finit la journée raccourci d’une bonne tête, après que Krentz ait accompli son sanglant office – il lui aura fallu deux tentatives tout de même, preuve que la décollation est un art délicat –. Plus sensible que sa parentèle, Velaya a bien du mal à se réjouir que justice ait été rendue, quand bien même le maire d’Everyth a promis à sa mère à la fin de la cérémonie de poursuivre les investigations portant sur le reste des Holforn. Une des clauses du jugement rendu dans cette affaire condamnant en outre les Holforn à céder leur manoir à la partie lésée, Velaya a toutefois l’occasion de se changer les idées en accompagnant son frère à la remise des clés, prévue le lendemain de l’exécution. Surprise : l’état des lieux révèle que les précédents propriétaires se sont tous entre-tués, servants compris, ce qui n’a pas l’air de toucher ni surprendre beaucoup l’impitoyable et imperturbable Krentz. Sa sœur se sentant indisposée par l’odeur de charnier se dégageant de la bâtisse, et prétendant de plus entendre des chuchotements de mauvais augure en provenance de la cave à vin, notre homme à tout faire accepte galamment de prendre en charge seul le nettoyage des locaux, prouvant ainsi qu’il est tout à fait bon à marier. De retour dans le manoir familial, où l’attend la froide Beretice, Velaya attend une journée entière le retour de son frère, en vain. Inquiète par cette absence prolongée – Krentz est d’habitude le prince de la serpillière, il faut croire – elle finit par retourner chez les Horlorn, malgré le conseil appuyé du maire d’Everyth de ne rien en faire… Révélation …Sur place, il est vrai que l’atmosphère ne s’est guère améliorée, malgré l’enlèvement des cadavres. De retour dans la cave bavarde après une visite non concluante du reste de la bâtisse, Velaya finit par trouver l’anneau d’argent de son frère, taché de sang, sous un tonneau de gros rouge. C’est à ce moment que quelque chose commence à faire des claquettes au premier étage de la baraque, provoquant la fuite éperdue de la jouvencelle. Sa confrontation avec sa mère à propos de la disparition inquiétante de Krentz, si elle ne permet pas de lever ce mystère, jette cependant un nouvel éclairage sur les derniers événements. Il s’avère que Beretice et Krentz ont organisé le meurtre de leur mari et père pour pouvoir faire porter le chapeau (et le masque de cochon) à Jerek Holforn, et pouvoir se débarrasser du reste de la smala sans éveiller les soupçons dans la foulée. Ne jamais sous-estimer la ténacité de la rancune de vos voisins. Horrifiée par cette révélation, Velaya va s’enfermer dans sa chambre, et voit bientôt approcher la silhouette de son tueur de frère, transformé par la grâce de Nagash en Lord Executioner, entouré des crânes volants de ses innocentes victimes. Paralysée par la peur, elle ne peut que suivre de loin les ravages provoqués par le (doublement) revenant, qu’elle espère – égoïstement – se terminer avec la mort de sa mère. Après tout, elle n’a rien à voir dans toute cette combine, pas vrai ? Aussi, lorsqu’elle entend le pas pesant et posey du spectre1 monter jusqu’à elle, elle hurle de toutes ses forces « parle à ma main porte », ce qui, miracle !, stoppe le spectre… Révélation …Jusqu’à ce qu’elle commette l’erreur de passer une tête en dehors de sa chambre après quelques minutes de silence. Krentz attendait poliment qu’elle lui ouvre, sans doute pour ne pas avoir à fracasser la porte. La nouvelle se termine sur le final cut du Lord Executioner, ayant enfin remis les pendules à l’heure entre Navaan et Holforn. Merci qui ? Merci Naggie ! 1 : D’ailleurs, ce n’est pas très logique : les Nighthaunts sont tous des culs de jatte. J’imagine que Krentz frappe deux crânes l’un sur l’autre pour faire le bruitage, Monty Python style. Avis : Le retour d’Annandale à Everyth (la ville où se déroulait 'La Traque', autre nouvelle Warhammer Horror signée de sa main) se passe malheureusement de façon mitigée. Plus classique dans sa construction, cette histoire de vendetta entre deux familles nobles manque de suspens, l’implication des Navaan dans la déchéance et l’anéantissement des Holforn ne faisant guère de doutes après quelques pages parcourues. Dès lors, la vengeance d’outre-tombe des innocents assassinés tient plus de la chronique factuelle, matinée de mise en avant commerciale1, que du récit d’angoisse, et le « pas lent et régulier » de justice divine se mue en pénible traînement des pieds2. Comme quoi, il ne suffit pas de convoquer l’esprit et la substance des morts sans repos pour accoucher d’une nouvelle d’horreur réussie. 1 : Sentiment particulièrement renforcé lorsque Annandale fait le choix d’identifier Krentz comme Lord Executioner (une entrée spécifique de l’armée Nighthaunt), ce qui fait basculer la nouvelle dans la publicité romancée plus que dans l’histoire d’horreur. 2 : Mention spéciale à Krentz qui attend poliment une heure devant la chambre de sa sœur qu’elle sorte, au lieu de se frayer un chemin à la hache comme il l’a fait précédemment… Quel farceur ! Fluff : Everyth : Ville de Ghyran, dont le maire est un certain Bassar Chalkrew. Parmi les grandes familles de la cite, les Navaan et les Holforn (qui viennent originellement de Mhurghast) s’opposent depuis des générations. Les Maisons mineures Fallasing et Derithkin sont affiliées aux Navaan. La ville compte une garnison de Stormcast Eternals de la Garde de Ghyran. • The Vintage Révélation Warhammer Horror Week 2021/2021/11 pages Intrigue : Il y a des promotions qui valent un enterrement, et ce n’est pas Ullior Arkhant qui nous dira le contraire. Capitaine chevronné de l’armée de sigmarites s’étant ralliée aux Anvils of the Heldenhammer lors de leur campagne de libération de Shyish, Ullior caresse le secret espoir de devenir à son tour un des Elus du Grand Barbu, et a donc fait de son mieux pour soigner ses stats en combattant aux côtés des Stormcast Eternals. S’il s’est fixé cet ambitieux objectif, c’est parce qu’il est hanté depuis son enfance par le souvenir du jour où son village natal et tous ses habitants ont été passés au fil de la griffe et de la canine par une bande de vampires assoiffés, menés par nulle autre que la redoutable Anasta Malkorion. Ayant échappé au carnage par un gros coup de bol (il a été recouvert par un bout de charpente lorsqu’un Vargheist grognon a défoncé la hutte familiale), Ullior ne s’est jamais débarrassé de son complexe du survivant, et aspire donc à être reforgé pour laisser une bonne fois pour toute son passé derrière lui. Aussi, lorsque le Lord Celestant des Anvils of the Heldenhammer lui annonce qu’il l’a choisi pour garder la forteresse de Fovos, en grande partie parce qu’il est un natif de la région, pendant que les Stormcast poursuivront leur croisade dans le Royaume de la Mort, le brave Ullior présente une figure d’enterrement à son supérieur (qui ne relève pas, croyant sans doute qu’il s’agit de la manière dont les Shyishois marquent leur contentement). Il est toutefois trop obéissant et discipliné pour refuser cette mission, d’une importance vitale pour sécuriser les lignes d’approvisionnement des Stormcast Eternals. Les premières semaines s’écoulent avec monotonie, rien ne venant perturber le calme mortuaire de Fovos, malgré les mauvais pressentiments qui pourchassent notre héros. Persuadé que le pire est à venir, ce dernier ne compte pas ses heures et prend si peu de repos que sa seconde finit par lui intimer d’aller piquer un roupillon pour reprendre du poil de la bête et convaincre ses hommes qu’il a confiance en eux. Ullior accepte et part faire un somme amplement mérité, mais est aussitôt assailli par un terrible cauchemar, et revient à lui dans une forteresse plongée dans un silence de mauvais augure… Révélation Et pour cause : la garnison a été massacrée par un ennemi sanguinaire, qui se révèle bien sûr être Anasta Malkorion en personne. On apprend alors que la survie d’Ullior ne devait rien au hasard ou à la chance, mais n’était qu’une manigance de la vampire pour créer un « grand cru de sang » à partir du traumatisme subi par notre héros, laissé à psychoter pendant quelques décennies comme on peut élever un vin de garde dans un (Monde qui) fût en chêne. Une telle patience ne peut que s’applaudir, et bien que l’issue de la nouvelle ne soit guère heureuse pour Ullior (qui mourra sans avoir été remarqué par Sigmar), il aura au moins la satisfaction de savoir que sa misérable existence a permis la création d’un fameux millésime. Boire ou périr, pourquoi choisir ? Avis : David Annandale et les personnages tourmentés, rattrapés et terminés par leur passé douloureux, c’est une des associations les plus pérennes de Warhammer Horror (‘A Deep and Steady Tread’, ‘The Hunt’, ‘From the Halls, the Silence’)… juste derrière David Annandale et les vampiresses manipulatrices et implacables (‘The Threshold’, ‘The Dance of the Skulls’, ‘The Gossip of Ravens’, ‘Obsidian’). Ici, notre homme réunit ses deux marottes avec une nouvelle d’ambiance assez bien construite, compensant son manque criant de suspens par la caractérisation réussie dont bénéficie Anasta Malkorion1, abomination morte-vivante alliant cruauté bestiale et raffinement aristocratique. Ca se laisse lire autant que le pauvre Ullior Arkhant se laisse boire, même s’il ne s’agit pas d’un chef d’œuvre horrifique. 1 : Le personnage nommé le plus énigmatique d’Age of Sigmar, puisqu’elle semble avoir été créée de toutes pièces lors du Warhammer Day 2021, et n’a plus jamais fait parler d’elle depuis. Cela n’a pas empêché la Black Library de sous-titrer ‘The Vintage’ comme étant « une histoire d’Anasta Malkorion », comme s’il s’agissait d’un personnage amené à bénéficier de sa propre série. Fluff : Rien de transcendant. David Guymer (19) Révélation David Guymer s’est taillé une place de choix dans le sérail de la Black Library en un peu moins d’une décennie de bons et loyaux services. Ayant fait ses premières armes dans feu Hammer & Bolter avec le couple iconique Gotrek & Felix ('The Tilean Talisman'), manié à bien d’autres reprises par la suite ('City of the Damned', 'Slayer'), il a été de toutes les entreprises d’envergure de la BL depuis lors, depuis l’apothéose funèbre du Vieux Monde ('Headtaker', 'Thorgrim', 'Marienburg Stands') jusqu’à l’avènement de l’Âge de Sigmar, en passant par l’Hérésie d’Horus ('Ferrus Manus : The Gorgon of Medusa'), la Guerre de la Bête ('Echoes of the Long War', 'The Last Son of Dorn'), les terrains de Blood Bowl ('A Last Sniff of Glory'), ou encore le soutien à la jeune création ('A Place of Reflection' et 'The Darkness in the Glass' pour Shadespire). Il est l’impresario du (quasiment) célèbre Hamilcar Bear-Eater, Stormcast Eternal Haddock-ien en diable, et probablement personnage le plus attachant de cette noble, mais liiiiiiisse faction à ce jour. Mais où est donc Hamilcar? (5) Révélation • Bear Eater // Mangeur d'Ours merci @Foudrolle ! Révélation Black Library Celebration 2018/2018/17 pages Dramatis Personae : Hamilcar Mangeur d’Ours : Stormcast Eternal, Seigneur-Castellant des Astral Templars Joraad el Ranoon : Humain, Roi Soleil de Jericho Sarmiel el Talame : Humain, général de Jericho Intrigue : Foudrolle : Après avoir traversé la Mer des Os et affronté les sankrits, un peuple de lézards bipèdes, Hamilcar Mangeur d’Ours, Seigneur-Castellant des Astral Templars, et une poignée d’Eternal Stormcasts du même ost tempête atteignent un joyau sans pareil. Perdue et oubliée de tous, la cité de Jericho subsiste depuis l’Age des Mythes. Le Chaos n’a jamais atteint cette ville qui, encore aujourd’hui, est immaculée de toute corruption. L’objectif d’Hamilcar est double. Il souhaite rallier Jericho à la cause de Sigmar, tout en continuant sa traque de Mannfred von Carnstein, dont il espère bien écourter définitivement l’existence immortelle. En effet, Hamilcar remplace le seigneur-relictor Ramus de l’Ame Ombragée, rappelé auprès des Hallowed Knights. Hamilcar n’en est pas moins tout autant motivé que Ramus, puisque Mannfred von Carnstein l’a déjà tué une fois sur Ghur. Aussi majestueux que poussiéreux, les Stormcats Eternals arrivent à Jericho et son accueillis en fanfare par le Roi Soleil Joraad el Ranoon, bien que ce dernier soit situé tout en haut d’un rempart à l’ombre, et les Stormcast Eternals sur une place, à cuire au soleil. Joraad el Ranoon est entouré par ses rayons, des humains entièrement soumis à sa volonté, qu’il peut utiliser comme des marionnettes. Les Stormcast Eternals sont par la suite conduits à l’écart puis désarmés par la Garde Soleil, l’élite de l’élite de Jericho. Joraad el Ranoon, confiant, annonce aux Stormcast Eternals, par le biais d’un de ses rayons, qu’il n’est plus intéressé par Sigmar et l’a renié. Les élus de Sigmar vont donc périr ici-même à l’abri des regards. Malheureusement pour le Roi Soleil, même désarmés les Stormcast Eternals restent des adversaires bien trop puissants pour de simples humains. Les élus de Sigmar déjouent donc le piège de leur façon habituelle, en fracassant des crânes, et se mettent en quête de Joraad el Ranoon. Au cours de leur recherche, les Stormcast Eternals tomberont nez à nez avec le général Sarmiel el Talame de Jericho, un ami d’Hamilcar depuis qu’ils ont combattu ensemble et vaincu les sankrits. Le général se rallie aux Stormcast Eternals et leur apprend par la même que le Roi-Soleil a établi sa cour dans le Palais Lunaire. C’est donc au dit Palais Lunaire que les Stormcast Eternals sont enfin confrontés à des adversaires à leur mesure. Les proches du Roi-Soleil se révélant tous être des vampires… Mannfred est passé par là. Hamilcar finira par retrouver le Roi Soleil qu’il abattra, d’un superbe lancer digne du film 300, libérant ainsi Jericho de la corruption vampirique et l’amenant de ce fait dans le giron de Sigmar. Schattra : Toujours en maraude dans les Royaumes Mortels (ici en Ghur) avec ses Astral Templars pour le compte du patron, Hamilcar Bear Eater voit une occasion en or d’agrandir le protectorat sigmarite se présenter à lui lorsqu’il arrive en vue de la cité de Jercho. Miraculeusement épargnée des déprédations des hordes du Chaos, cette ville ferait un bastion idéal pour les croisés d’Azyr… si Hamilcar arrive à convaincre son monarque, le Roi Soleil Joraad el Ranoon, de rejoindre le camp de l’Ordre. Rien de plus facile pour notre héros, dont les prouesses martiales ne sont égalées que par ses talents de diplomate (du moins c’est comme ça qu’il voit les choses, en sa qualité de plus grand fan de lui-même). Après une petite parade militaire réalisée dans des conditions éprouvantes (#SousLeSoleilExactement), même pour des immortels en sigmarite, Hamilcar et ses lieutenants (le vieux bougon Broudiccan et un random dude du nom de Thracius) sont pris à parti par une émissaire de Jojo et sommés de laisser leurs armes au vestiaire pour respecter le protocole officiel. Lorsque nos trois compères finissent par obtempérer, ils ont la désagréable de surprise de constater qu’ils sont tombés dans un piège, une petite armée de gardes se déversant dans le hall avec des velléités peu charitables envers les Stormcasts. Punk à chien gryffhound dans l’âme, Hamilcar ne perd pas de temps à tenter de résoudre ce conflit par la parole, et commence à zlataner à tout va les malheureux mortels qui lui passent sous la main. Ayant manifestement sous-estimés la puissance de leurs adversaires, les miliciens de Jercho finissent par battre en retraite, laissant toute latitude à notre héros de monter une expédition punitive envers ce pendard de Joraad el Ranoon (officiellement) et d’annexer la cité pour la plus grande gloire de Sigmar (officieusement)1. Sur le chemin de la salle du trône, il rencontre une vieille connaissance, le général Sarmiel el Talame, avec qui il a fait le coup de feu contre les Sankrit quelques semaines auparavant, et qui l’avait mis sur la route de Jercho après la bataille de Heliopalis. Miraculeusement convaincu par Hamilcar en l’espace de deux répliques qu’il était dans le camp des méchants, Sarmiel fait défection de la Garde Solaire et accepte de guider ses gros copains jusqu’au Palais de la Lune, où le Roi Soleil tient sa cour. En route vers son objectif, Hamilcar développe un point de côté persistant2 et se retrouve confronté, en plus des bidasses solaires qui défendent le Palais, à des vampires feulant, preuve irréfutable du passage de ce coquin de Mannfred von Castein (ennemi juré de notre héros depuis qu’il s’est fait tuer par le Mortarque3) par Jercho. Il en faut toutefois plus pour empêcher l’injouable Mimil – qui se paie le luxe d’infliger une Mike Tyson à un suceur de sang un peu trop sûr de lui – de se frayer un chemin jusqu’à l’affreux Jojo. Ce dernier ne peut compter que sur ses rayons, des serviteurs totalement assujettis à sa volonté, pour faire office de derniers défenseurs, et place Hamilcar devant un dilemme cornélien pour le héros du Bien (avec un grand B et un grand nez) qu’il est : massacrer des innocents pour atteindre son objectif, ou les épargner et laisser le Roi Soleil s’en tirer à peu de frais… Révélation …Malheureusement pour Joraad el Ranoon, une troisième voie était possible, à savoir embrocher le lumineux monarque sur son trône d’un jet de hallebarde bien senti. La mort rapide et sanglante du roitelet permet au moins d’établir qu’il n’avait pas été changé en vampire par Mannfred von Carstein, ce qui est… une information. Et le savoir est le pouvoir, paraît-il. La nouvelle s’achève sur cette conquête nette et (presque) sans bavure d’une nouvelle Cité de Sigmar par les Astral Templars. Du travail bien fait. 1 : On peut remercier Guymer d’adapter un grand classique de la culture britannique à la sauce d’Age of Sigmar. Appelons ça le Fardeau du Mangeur d’Ours Blanc. 2 : Qui ne sera pas expliqué dans la suite de la nouvelle et n’aura pas d’impact sur la conclusion de cette dernière, mais suggère fortement que Guymer avait quelque chose de particulier en tête au moment de l’écriture. 3 : Voir ‘Beasts of Cartha’. Avis : Foudrolle : Une nouvelle plaisante à lire, ayant pour cadre une ville de lumière perdue en plein désert, vierge de toute trace du Chaos mais en proie au vampirisme. L’un des moments les plus intéressants de la nouvelle est l’association que fait Hamilcar entre vampires et Chaos. Aux yeux du Stormcast Eternals il n’y a aucune différence entre l’un ou l’autre. Hamilcar a une vision du monde très simple : il y a Sigmar et tout le reste est apparenté au Chaos. L’opposition des Stormcast Eternals face à de simples soldats humains montre clairement l’écart divin séparant les guerriers de Sigmar aux mortels. Ces derniers sont littéralement surclassés et ne peuvent rien faire face aux Stormcast Eternals qui sont des géants piétinant des fétus de pailles. Le personnage d’Hamilcar est par ailleurs une franche réussite dans son genre. Cliché du bout de ses bottes de sigmarites au haut de sa crinière rousse, Hamilcar est la personnification même du héros de fantasy un peu bête, toujours brave et fort, sans peur et surtout, convaincu d’œuvrer pour le bien. A l’inverse, le Roi Soleil incarne à merveille l’antagoniste fourbe et planqué toujours enclin à laisser ses sous-fifres faire la sale besogne. En revanche je n’ai pas été particulièrement emballé par la cité de Jericho, qui m’a semblé émerger du sable juste pour illustrer que la corruption était capable de s’infiltrer partout, même dans une ville de lumière ayant banni la nuit. Un peu de nuance n’aurait pas été un mal. Cette nouvelle est quoiqu’il en soit très sympa à lire, ne serait-ce que pour l’exubérance du personnage d’Hamilcar Mangeur d’Ours et les quelques informations que l’on peut y glaner sur le fluff (les sankrits, l’existence d’endroits non touchés par le chaos). Schattra : Je ressors de ce ‘Bear Eater’ avec une persistante sensation de gâchis au fond de la gorge (ou peut-être du cerveau), ce qui me désole au plus haut point compte tenu de mon attachement pour le personnage de Hamilcar, une des premières têtes d’affiche moderne (comprendre, un brin complexe) des Royaumes Mortels, et qui faisait ici ses grands débuts dans la carrière. En cause, le choix de David Guymer de placer son intrigue dans un cadre exotique et singulier (donc intéressant) en diable, mais de confiner ce dernier à une toile de fond au profit d’une nième baston entre Stormcast Eternals et locaux impénitents. La deuxième moitié de la nouvelle vient ainsi ruiner le travail de world building de la première, en se focalisant uniquement sur les exploits martiaux du fortiche Hamilcar, qui parviendra une fois encore et sans aucune surprise à vaincre l’affreux vilain que la destinée lui a mis sur son chemin. Et comme les compétences martiales de sa Némésis du jour (ou de la nuit) culminent à « lever le bras d’un air vaguement menaçant », on n’a même pas le droit à un combat final digne de ce nom, comme cela avait été le cas lors d’épisodes précédents de la série. De manière générale, il se perçoit bien trop clairement à la lecture que ‘Bear Eater’ n’est qu’un segment d’un arc narratif bien plus large, dans la droite ligne des événements relatés dans ‘The Realmgate Wars’, écrits à quatre mains par Guymer et Josh Reynolds lors des premières années d’Age of Sigmar. Les références à la traque de Mannfred von Carstein sont tellement nombreuses au fil des pages que je soupçonne que cette nouvelle devait initialement faire partie d’une nouvelle tétralogie (comme ‘The Hunt for Nagash’ et ‘Knights of Vengeance’), avant que le projet soit abandonné pour une raison non précisée. Cela expliquerait aussi cette fin des plus abruptes ainsi que le traitement bizarre réservé au personnage de Sarmiel el Talame, qui semble avoir un passif conséquent avec Hamilcar et ses Astral Templars : je suis prêt à mettre une pièce sur le fait que cette première rencontre aurait dû faire l’objet d’une nouvelle ou d’un audio drama. Bref, un véritable et regrettable accident de parcours pour la paire Guymer & Hamilcar, sans doute causé par les errements éditoriaux de la Black Library à l’époque. Fluff : Ghur : Les sankrit, un peuple de reptiliens (à ne pas confondre avec les hommes lézards) ont établi un petit empire au Nord de la Mer des Os. Ils furent vaincus par une coalition d’Astral Templars, menés par Hamilcar Bear Eater, et d’une armée de la cité de Jercho, commandée par le général Sarmiel El Talame, à la bataille de Heliopalis. • The Hardest Word Révélation Summer of Reading 2017/2017/13 pages Intrigue : En poste dans la forteresse des Sept Mots (sans doute construite par les sept nains) en Ghur, l’incommensurable Hamilcar Bear Eater reçoit la visite de la Lord-Veritant Vikaeus, qui arrive porteuse, outre de son heaume et d’une moue dédaigneuse, de troublantes nouvelles. Prophétesse reconnue à travers les osts de Sigmar, Vicky a eu la vision d’une horde de Skavens attaquant le bastion tenu par les Astral Templars et capturant l’insurpassable Hamilcar pour en faire le sujet d’une expérimentation aussi obscure dans ses motifs que douloureuse dans son application (d’après la description qui en faite, Hamilcar passerait de battant à batterie, ce qui n’est pas une évolution de carrière très désirable). Pour notre inarrêtable héros, il est clair qu’il faut saisir le rat-taupe par les bornes, et tant pis si la prophétie de son invitée n’est guère précise à propos du moment où le danger se matérialisera, et la direction d’où il viendra. Prédiction, mobilisation, comme dit le proverbe. Lors donc, Hamilcar s’emploie à rassembler le ban et l’arrière-ban de son petit domaine, sans va se planter à l’entrée de sa forteresse, et hurle un défi à la cantonade : si les Skavens arrivent à la vaincre en combat – et même pas en combat singulier, c’est dire s’il est sûr de son fait – les Sept Mots leur seront remis sans coup férir. Voilà une offre qui ne se refuse pas, et à la grande surprise de l’assistance réunie pour voir le patron faire ses pitreries, un émissaire Skaven se présente quelques instants plus tard pour annoncer à la grande-gueule en armure violette que le Warlock Ikrit accepte la confrontation. Comme on pouvait s’y attendre de la part d’une race totalement étrangère au concept d’honneur martial, Ikrit ne se déplace pas en personne, mais envoie une de ses créations, que l’on peut décrire comme le fruit des amours illicites entre un Cuirassier Némésis et un Rat Ogre, s’emparer de l’indémodable Hamilcar, qui l’intéresse beaucoup plus que la possession des Sept Mots. Bien que le cédant à son adversaire mécanique en carrure et en force, et devant composer avec le feu nourri des Jezzails que le prudent Ikrit a également mis sur le coup (on n’est jamais trop prudent), le Lord-Castellant préféré de ton Lord-Castellant préféré réussi à vaincre son adversaire déséquilibrant l’exo-ratmure et la mettant sur le ventre. Ce triomphe est toutefois assombri par le retour de cette pimbêche de Vikaeus, très courroucée d’être tombée sur une bande d’éclaireurs Skavens pendant ses investigations, et d’avoir dû s’en débarrasser par elle-même. Avant de s’en aller bouder dans ses quartiers, elle assure à l’indécrottable Hamilcar que son récent exploit n’a fait que repousser l’échéance, et que les Hommes Rats en ont toujours après lui. Ce qui est fort possible – après tout, qui ne rêverait de posséder une copie conforme de Sigmar ? – mais sera l’affaire d’une autre histoire… Avis : David Guymer prépare dans ce ‘The Hardest Word’ (rien à voir avec la chanson d’Elton John, pour autant que je puisse le dire) l’intrigue du roman qu’il consacrera à son personnage fétiche (‘Hamilcar : Champion of the Gods’), et dans lequel le Stormcast prodigue et prodige devra défendre son intégrité physique contre les assauts répétés d’un Skaven illuminé. On y voit un Hamilcar en grande forme faire ce dans quoi il excelle : prendre des décisions radicales sur un coup de tête, se battre comme un chiffonnier (et gagner à la fin), et plus important, balancer des vannes dirigées autant vers ses camarades que vers le lecteur, ce qui est une raison suffisante pour lire les travaux consacrés à ce personnage haut en couleurs d’Age of Sigmar, si vous voulez mon avis. Une honnête réussite pour Guymer, qui arrive à trouver le juste équilibre entre les nombreux composants d’une bonne histoire d’Hamilcar Bear Eater (intrigue, contextualisation, développement des personnages, style…), ce qu’il ne parvient pas à faire à tous les coups. Fluff: Knights Merciless : Ost de Stormcast Eternals dont l’armure est blanche et bleue. Ses membres ont pour tradition de ne mettre leur heaume que lorsqu’ils se trouvent en territoire ennemi ou qu’ils dispensent la justice de Sigmar. Ghur : La forteresse des Sept Mots est nommée en référence aux sept vents de pouvoir qui y soufflent, et dont les échos sont écoutés par un ordre de mystiques afin d’en tirer des prophéties et des informations utiles sur les Royaumes Mortels. Ce bastion a été construit avec la roche du plus haut pic de Ghur, le Gorkoman, et garde l’accès au Portail des Royaumes menant à Azyr. • Gods' Gift // Don des Dieux Révélation Black Library Celebration 2019/2019/23 pages Intrigue : Prenant place après les évènements narrés dans 'Great Red' et 'The Beasts of Cartha', pour ne citer que deux des précédentes aventures de notre fougueux héros, 'God’s Gift' voit Hamilcar et quelques uns de ses potes des Astral Templars accomplir une mission d’intérêt général, sans doute pour avoir commis quelque tour pendable à une chambre rivale lors d’une permission à Hammerhall. Il s’agit en l’état de punir et faire stopper les exactions d’une bête monstrueuse s’amusant à disposer des hardis bûcherons d’un camp de colons récemment implanté dans les terres farouches de Ghur, tâche récréative pour des Stormcast Eternals de la trempe de nos gais lurons. Guidés par un local – Fage – qui malgré son âge vénérable semble tout émoustillé par la seule présence des Elus de Sigmar, Hamilcar & Cie s’embarquent donc dans une épopée aussi directe et rapide qu’une quête de zone de didacticiel de World of Warcraft. Depuis le relevé de empreintes jusqu’à la constatation de l’heure du décès, ou plutôt, de l’abattage, il ne se passera ainsi qu’une petite journée, soit une vingtaine de pages pour le lecteur, juste le temps pour Ham’ de piquer un roupillon qui lui apportera un rêve plus ou moins prophétique, dans lequel un chêne vient lui chanter 'Je suis malade' (ce qui est ‘achement dur pour un végétal, et mérite le respect), ce qui lui permettra de prendre une décision des plus inspirées quelques heures plus tard. La nouvelle se terminant pour un petit cliffhanger pas vraiment haletant, mais sans doute important pour la suite de la saga d’Hamilcar (Mark de son prénom), le lecteur en est quitte pour embrayer sur directement sur la première, ou plutôt le premier roman dédié à Guymer à sa coqueluche hirsute ('Champion of the Gods'), dans lequel il est presque certain que des réponses seront apportées aux questions laissées en suspens à la fin de 'God’s Gift' 1 : L'Homme Arbre qui s'était chargé de la besogne de déshumanisation - c'est comme la désinsectisation, mais avec des primates - servant de pied à terre racine à humus à une Sylvaneth passablement enrhumée. Avis: Malgré les dizaines de titres que compte sa bibliographie BL à l’heure actuelle, ce n’était que la deuxième soumission de Mr Guymer m’étant tombée sous la main depuis l’inaugural 'The Tilean Talisman', initialement publié en 2011. Et je dois dire que mon appréciation de l’œuvre du bonhomme est resté scrupuleusement identique, huit ans plus tard : des aptitudes certaines en terme de narration, avec des personnages au minimum distrayants, à défaut d’être immédiatement attachants (mention spéciale à Brouddican, l’Hillarion Lefuneste personnel de cette grande gueule d’Hamilcar), relevé par quelques notes boisées – c’est le cas de le dire – de fluff, plombées par une vacuité de l’intrigue assez rédhibitoire. C’est bien simple, celle de 'God’s Gift' (d’ailleurs, on ne comprend pas vraiment quel est le don auquel Guymer fait référence dans le titre de sa nouvelle1) s’articule en deux temps trois mouvements, sans qu’on ait l’impression d’une quelconque progression entre le début et la fin de la nouvelle. Hamilcar traque un monstre. Hamilcar rêve d’un chêne. Hamilcar tombe dans une embuscade d’Hommes Bêtes (il faut bien qu’il montre qu’il est un cador du corps à corps). Hamilcar débouche sur un bosquet de chênes sacrés, gardé par… le monstre qu’il traquait. Coup de bol. Baston. Victoire. Fin. Bref, rien de bien challengeant pour l’intellect du lecteur, qui aurait pu s’attendre à quelques liens de causalité entre les différents éléments constitutifs du propos de Guymer. Rien de tel ici, ou de manière tellement évidente et peu fine que les relever n’a pas grand intérêt. Comme dit plus haut, cela peut sans doute se justifier par le fait que 'God’s Gift' est un rehaut littéraire à un travail plus conséquent, avec lequel l’auteur prend bien soin de faire la liaison. Telle la rondelle de tomate venant décorer une entrecôte frites, cette nouvelle peut être consommée si on a vraiment faim, mais ne remplira pas l’estomac pour autant. Et comme dit plus tôt (Décembre 2014, pour être précis), c’est plutôt cher payé pour ce que c’est. On me souffle dans l’oreillette que c’est fois ci, c’est gratuit. Bon. Mais avant cela, cela ne valait certes pas les 2,99€ demandés. Rem-bour-sez nos in-vi-tat-tions ! 1 : Soit ce sont les visions vagues envoyées par Sigmar, soit c’est le photophore magique remis par icelui, et qui permettra à notre fier héros de venir à bout de Marylise Lebranchu. Au lecteur de décider s’il prend le messie ou la lanterne. Fluff: Hamilcar Bear-Eater : Un esprit libre parmi les Stormcast Eternals, il s’est scarifié rituellement le visage (rq : certains lui ont fait remarquer que c’était un blasphème envers Sigmar, qui l’a reforgé, mais il s’en fout), et a inscrit des runes tribales de son ancienne vie, quasi oubliée, sur son armure, qui arbore également des trophées. De son propre aveu, il n’est pas Vandus Hammerhand. Il a un gryph-hound apprivoisé (Crow). Il a été forgé deux fois, tué par Ashighorath la première fois. Parmi ses faits d’armes notables, il est le champion de Cartha, et a vaincu le chef Orque Grand Rouge au cours d’un combat à mains nues qui a duré un jour et une nuit. Bear-Eaters : Cet ordre a contribué à la chasse du titan Mammothas, haut-fait retranscrit dans la Saga des Rois du Tonneau (Saga of the Barrel Kings), probablement une chanson à boire. Âge des Mythes (mythologie) : Sigmar a chargé à cette époque mythique Gorkamorka de traquer les monstres menaçant les peuples libres. À la suite de la défection du Dieu vert, les Astral Templars ont repris cette mission quelques millénaires plus tard. Pour le commun des mortels, les Stormcast Eternals ne dorment pas, mais ils le font bien. Ghur (caractéristiques) : Le soleil de ce royaume est aussi sauvage que le reste du plan, et se lève et se couche quand bon lui semble. Parmi les particularités de ce royaume, on compte les pins sangsues (leechwood pines) une essence de conifères endémique de Ghur, se nourrissant de sang. • Force of Personality Révélation Gods & Mortals/2019/27 pages Intrigue : La guerre opposant Sigmar aux Fab4 fait toujours rage dans les Royaumes Mortels, et les champs de bataille sur lesquels s’illustrer ne manquent pas pour les Stormcast Eternals. Certains sortent cependant franchement du lot, et c’est une remarque qui s’applique aux deux catégories précédemment citées. C’est ainsi qu’on retrouve le Lord Castellant Hamilcar Bear Eater en position de conseiller stratégique dans la ville flottante de Nemisuvik, assiégée par la flotte du redoutable Capitaine Blackjaw depuis de longs mois. Une affectation que notre grandiloquent héros n’apprécie guère à cause du choix de l’ennemi de bombarder la cité à distance respectable, ce qui rend impossible l’honnête confrontation d’homme à homme qu’Hamilcar considère comme la forme la plus civilisée du combat. De leur côté, les Nemisuvikois prennent les événements avec une décontraction et une résilience impressionnantes, heureux de passer le temps en regardant leur allié surhumain insulter les Khorneux depuis les remparts de la ville. Les choses se décantent toutefois lorsque Hamilcar est témoin d’une émeute opposant une foule en colère à quelques gardes entourant ce qui ne semblait être à première vue qu’un bassin de plus dans cette cité portuaire maritime1. Les mécontents semblent réclamer la présence d’un certain Roi Gris, qui ne tarde pas à apparaître dans notre histoire après qu’une manifestante ait réussi à déjouer l’attention du service d’ordre et à plonger dans la cuvette. Elle a ainsi l’honneur de se faire ramasser par un immense tentacule, qui la jette dans une non moins immense gueule, celle du Roi Gris en question, ou Angujakkak pour les locaux, comme un notable de Nemisuvik l’explique ensuite à Hamilcar autour d’une soupe de poisson. A la fois protecteur et prisonnier de la cité flottante, le Roi Gris grandit lentement sous cette dernière jusqu’à atteindre la taille et la force nécessaires pour déchirer les filets qui l’emprisonnent, et finalement partir faire sa vie dans l’océan ghurite, non sans avoir laissé un œuf derrière lui pour que le cycle se perpétue. Les gilets jaunes de Nemisuvik essayaient donc d’accélérer le processus en sortant Angujakkak de sa léthargie grâce à un bon gueuleton, afin qu’il aille couler la flotte de Blackjaw avant que cette dernière n’ait rasé la cité. Un plan que ce bon Hamilcar trouve absolument génial, mais qui est fermement refusé par le conseil des anciens de Nemisuvik, car Jak n’a pas encore pondu de mini-lui2. S’il part maintenant, qui prendra sa place ? Et la réponse sera au final : Sigmar. Pas littéralement, bien sûr (encore que, pour ce qu’il fait en ce moment pour aider l’effort de guerre dans les Royaumes Mortels, il pourrait barboter dans une piscine d’eau de mer sur le littoral de Ghur), mais philosophiquement. Suite à un strike chanceux d’une catapulte chaotique ayant envoyé Hamilcar et quelques défenseurs de Nemisuvik à la flotte, le Roi Gris décide enfin de se secouer les écailles et d’aller se servir dans les eaux très poissonneuses qui baignent la cité. Hamilcar se convainc tout seul que c’est son impayable personne qui est responsable de ce petit miracle, son combat acharné contre les multiples bestioles ayant tenté de le becqueter alors qu’il faisait de la brasse coulée ayant été sanglant, mais la vérité restera probablement un mystère. Toujours est-il qu’Angujakkak est de sortie, et que la flotte de Blackjaw n’était pas prête pour cette attaque de bête zodiacale. Les navires chaotiques sont réduits en allumettes les uns après les autres par les tentacules musclés du Roi Gris, en plus de servir de trompe de mûmak pour un Hamilcar qui passe en mode Legolas une fois sorti de sa trempette, et finit par arriver sur le pont du navire amiral de sa Némésis. Cette dernière étant visiblement plus à l’aise au tir qu’au corps à corps (shocking je sais, même Hamilcar n’en revient pas), le rideau tombe sur cette nouvelle avant même que ce duel déséquilibré ne soit conclu. Et c’est ainsi que Nemisuvik a banni à jamais le maintien en captivité de grands animaux marins, deux ans après Marineland. Une pratique barbare qui n’avait plus lieu d’être dans une époque aussi avancée que l’Âge de Sigmar, bien évidemment… 1 : Car les habitants de Nemisuvik ne maîtrisent pas l’art de la construction navale, ce qui explique aussi pourquoi ce siège prend aussi longtemps. 2 : Comment une bande d’Inuits hippies ne maîtrisant pas la technologie du kayak est capable d’asséner de grandes vérités sur la reproduction des poulpes géants me dépasse. Avis : David Guymer nous donne une nouvelle de Hamilcar à son plus drôle avec ‘Force of Personality’, qui peut donc logiquement concourir pour le titre de meilleure entrée de cette saga haute en couleur, et mérite donc d’être lu par tous ceux qui souhaitent vivre l’Hamilcar experience dans des conditions idéales. En auteur vétéran et maître de l’exercice délicat de l’écriture comique, Guymer s’applique à faire de chaque élément de cette histoire autrement très classique une source d’amusement pour le lecteur, la palme revenant sans doute aux dialogues riches en one liners percutants et aux commentaires en aparté que Hamilcar distille à son auditoire alors qu’il narre ses invraisemblables exploits. De plus, tout le monde agit stupidement dans cette histoire, depuis la flotte de Blackjaw qui n’arrive pas à toucher un éléphant dans un couloir avec ses catapultes mais s’obstine à bombarder Nemisuvik pendant des mois plutôt que de l’attaquer, jusqu’aux habitants de la cité qui préfèrent attendre que leur mascotte finisse de grandir plutôt que de hâter un peu les événements, et même jusqu’à Sigmar qui envoie le pire choix possible parmi ses Stormcast Eternals pour renforcer une ville soumise à un barrage d’artillerie. Comme il est clair que Guymer ne se prend pas du tout au sérieux, le résultat final n'est pas grotesque (ce qu’il aurait été si l’histoire avait été racontée au premier degré) mais ajoute à la folie ambiante de ce mélange entre un épisode d’American Dad et un rapport de bataille de ManoWar à la sauce Age of Sigmar. Très sympathique, si vous aussi vous aimez quand la BL sort de son paradigme grimdark de temps à autres. Fluff : Nemisuvik : Cité flottante construite dans les Stormwilds de Ghur, et d’allégeance sigmarite. Sa culture est assez proche de celle des Inuits de notre monde, et ses guerriers se nomment maorai. Les habitants de Nemisuvik croient que leurs ancêtres ont été déposés sur le lieu qui allait devenir la ville par le Roi Gris, une créature marine gigantesque agissant comme le protecteur de la cité. Quatre Rois Gris se sont succédés entre la fondation de Nemisuvik et l’Âge de Sigmar, le dernier en date ayant été nommé Angujakkak et s’étant libéré des filets le maintenant sous la ville lors du siège de cette dernière par la flotte du Capitaine Blackjaw. Angujakkak joua un grand rôle dans la destruction des navires chaotiques, avant de disparaître dans l’océan. • The Age of Enlightenment Révélation Black Library Celebration 2019/2019/26 pages Intrigue : Nous retrouvons Hamilcar Bear-Eater après les événements narrés dans Champion of the Gods, et si vous n’avez pas lu ce bouquin, c’est bien dommage car Guymer ne s’embarrasse guère d’un compte rendu des aventures vécues par son héros. Juché sur une princesse aetar (une sorte d’aigle géant, de ce que j’en ai compris) et accompagné de son écuyer/garde du corps/conscience Nassam, le Mangeur de nounours en guimauve arrive dans les Terres Déchaînées (Unchained Lands), où une force des cités libres défend une forteresse isolée contre une armée de Nighthaunts. Jugeant certainement qu’il est de son devoir d’intervenir en faveur des assiégés, qui ont le bon goût de connaître son nom et de l’acclamer alors qu’il fait des loopings dans le ciel porcin1, Hamilcar atterrit avec la classe et le panache qu’on lui connaît, et n’a que le temps de se farcir un petit Morghast qui passait par là qu’un Liberator vient le chercher pour le mener jusqu’au commandant en chef des sigmarites. Malheureusement pour notre grande gueule, l’officier en question se révèle être une connaissance, plus professionnelle qu’amicale : le sépulcral et très corporate Lord-Celestant Settrus. Qui est également une connaissance de tous les anciens de Warhammer Fantasy Battle, comme le démontre amplement le nom de la chambre militante qu’il dirige d’une main de fer : les Impérissables. Ça, et la décoration très nehekarienne dans l’esprit de son armure. Wink wink2. Plongé dans la contemplation d’une carte dessinée à l’encre antipathique (c’est à dire qu’elle se révèle petit à petit) de la forteresse qu’il défend, Settrus n’a que peu de temps à accorder à son franc tireur de collègue, qu’il considère être venu aider sur ordre du patron. Ce n’est pas vraiment le cas, Guymer révélant à mi-mot qu’Hamilcar est au contraire recherché pour déformation spirituelle, ou quelque chose comme ça, mais notre héros est trop heureux de donner le change pour éviter d’être âme-çonné par la patrouille. Bear-Eater apprend ainsi que les Anvils of the Heldenhammer sont chargés de défendre l’une des Stormvaults récemment révélée par le Necroséisme, le trésor qu’elle contient ou le monstre qu’elle enferme étant convoité par les scions de Nagash. Cela explique aussi pourquoi la carte du bastion reste relativement cryptique, la magie du Penumbral Engine de fonction jouant des tours à la mémoire, tant vive que réelle, des êtres et choses des alentours. Alors que Settrus, tout à ses ordres, est absolument ininterressé par le contenu de la Stormvault, Hamilcar ne peut résister à la tentation d’aller y jeter un coup d’œil, et parvient sans aucun mal à trouver l’entrer du lieu (alors que les autres défenseurs évitent inconsciemment l’endroit, ce que Guymer ne justifie pas le moins du monde), toujours accompagné de son coffee boy Nassam. À l’intérieur, le duo trouve évidemment un neuralyzer arcanique construit par Grugni selon les plans de Teclis, mais également sa batterie intégrée, qui se trouve être la haute prêtresse Ansira, une vieille femme enfermée dans la crypte depuis des millénaires et dont la foi en Sigmar a alimenté la machine pendant tout ce temps. Seul petit problème dans cette parfaite symbiose, Ansira en a gros. Très gros. Peut-être du aux douloureux escarres que des éons passés sur un fauteuil, même rembourré, ont certainement causés, ou bien au fait que ce goujat de Sigmar ne lui a même pas installé le câble et la wifi avant de partir jouer à la guerre, la brave dame en a ras la carafe et est bien décidée à prendre sa retraite, l’âge pivot étant depuis longtemps dépassé. Malgré les arguments – assez médiocres, il faut le reconnaître – avancés par Hamilcar et Nassam, mamie supernova (ses yeux brillent très forts) ne veut plus rempiler pour servir de pile à la machine. D’ailleurs, sa foi en Sigmar s’est trouvée tellement ébranlée après tout ce temps qu’elle ne pourrait plus officier, même si elle le voulait. Na. Cette joute oratoire est interrompue par la percée réalisée par les forces mortes vivantes, forçant les survivants sigmarites à un dernier carré (ou un dernier rhomboïde, la faute à ces damnés socles ronds) dans la crypte, tandis que Mannfred von Carstein, qui était le général en charge de l’assaut, emmène ses boys au pillage… Révélation …Ayant déjà perdu la au moins une vie sous les coups du Mortarque, Hamilcar charge ce dernier pour obtenir sa revanche, décapiter l’armée adverse et se couvrir de gloire (dans l’ordre que vous voulez), tandis que Settrus et ses bien mal nommés Impérissables tentent de repousser les chevaliers vampiriques et Morghasts personnels du lieutenant de Nagash. Dans la fureur des combats, nos trois têtes d’affiche finissent par converger, au grand plaisir de Mannfred qui finit par se rendre compte qu’il connaît le sinistre Stormcast qui s’échine à lui faire bosseler la grève (sans grand succès). À moins qu’il ne s’agisse d’une vieille blague de Sigmar dont seuls les quelques transfuges du Monde qui Fut auraient le secret, ce que soupçonne le Manf’ devant la faiblesse de son adversaire. La rigolade s’arrête toutefois pour le vampire lorsque Settrus, totalement surclassé mais loyal jusqu’au bout à son patron, trouve le moyen de se connecter en dérivation au Penumbral Engine délaissé par Ansira, entrant en surcharge mystique et finissant sa carrière en fusible arcanique, non sans avoir illuminé/purifié/désinfecté (triple effet kiss cool) la crypte, avec des effets dévastateurs sur les morts vivants. Il n’y a guère que Mannfred qui s’en sorte à peu près, et trouve le moyen de ramper hors champ pour aller s’acheter un tube de biafine, profitant de l’amnésie commode d’Hamilcar au moment de porter le coup de gâce à sa Nemesis. Car, inspirée par le sacrifice altruiste de Settrus (qui pour le coup, est bel et bien mort, et ne pourra pas repasser à la case reforge), Ansira décide de reprendre ses fonctions de génératrice à communion nucléaire, permettant au Penumbral Engine de se remettre en marche de façon optimale. Comme disait Sigmaurice Thorez : « Il faut savoir terminer une grève ». À bon entendeur… 1 : Sans rire, l’air de Ghur sent apparemment le sanglier. 2 : Ironiquement, Settra/us est lui incapable de faire des clins d’œil, le masque intégral couvrant son visage ne laissant apercevoir que des puits insondables à la place des yeux. Il paraîtrait que ce regard sévère aurait, par contre, fait sciller un Slann. Avis : Je suis assez partagé par ce 'The Age of Enlightment', qui comporte à mon sens autant de points forts que de faiblesses. Du côté de la coupe à moitié pleine, le personnage d’Hamilcar est toujours aussi distrayant à voir évoluer, son second degré assumé, parfois teinté d’un zeste d’amertume, le rendant très sympathique auprès du lecteur, surtout lorsqu’il est mis en contraste avec des Stormcast Eternals plus « classiques ». Et à ce titre, on ne pouvait pas trouver meilleur contrepoint à notre exubérant héros que le primesautier et gouleyant Settrus, dont le statut de demi-personnage nommé (si je puis dire) est un autre argument à mettre au crédit de cette nouvelle. D’ailleurs, le fait que notre very imperishable person rencontre ce qui semble être son destin dans The Age… ne fait que renforcer l’importance de cette lecture. Fans des Rois des Tombes, voici un incontournable absolu. D’un autre côté, je reproche à Guymer d’avoir pensé cette nouvelle comme une sorte d’épilogue de Champion of the Gods, et n’avoir pas (ou en tout cas peu) pensé aux lecteurs qui aborderaient cette nouvelle sans connaissance particulière des événements relatés dans ce livre. Il faut donc s’accrocher pour replacer les personnages, leurs relations mutuelles et leurs motivations respectives, alors que quelques lignes de contextualisation auraient permis de reprendre le fil de façon satisfaisante. Peut-être en lien avec ce constat d’ignorance, j’ai trouvé que l’intrigue péchait par manque de vraisemblance sur certains points : comment les défenseurs Sigmarites ont-ils pu localiser une forteresse protégée par un appareil dissimulant magiquement sa présence, et toujours fonctionnel comme le montre la carte inutile de Settrus ? Comment se fait-ce qu’Hamilcar ne soit pas tout le temps affecté par cette magie, et beaucoup moins que les autres sigmarites, puisqu’il arrive à trouver la porte de la crypte en deux minutes montre en main ? Comment expliquer que le Penumbral Engine fonctionne tout court, puisqu’Ansira a perdu la foi quand Hamilcar la trouve ? Et comment arrive-t-elle à le remettre en marche, alors qu’elle semble plus résolue que convaincue à la fin de la nouvelle ? Peut-être que la réponse – logique, s’entend – à ces questions se trouve ailleurs dans les écrits de Guymer, mais sans éléments convaincants à exploiter de mon côté, mon impression finale est assez contrastée. Il faudra faire lumière sur tout cela. Fluff : Royaumes Mortels (Géographie) : Algavr est la plus haute montagne des Royaumes. Stormcast Eternals (Chambre Militante) : Les Imperissables (Imperishables), menés par le Lord-Celestant Settrus, font partie de l’ost des Anvils of the Heldenhammer. Settrus porte une armure noire richement rehaussée de hieroglyphes et de serpents dorés, coiffée d’un casque blanc ressemblant à un crâne dénudé. Un aspic à crête entoure sa tête en formant un halo. Stormcast Eternals (Caractéristiques) : Les reforgés sont capables de ressentir l’âme de leurs pairs, et si cette dernière a subi des dommages, le Stormcast en question peut générer un malaise chez ses frères d’armes (rq : un peu comme un Paria à 40K ?). Relique nommée : Le Glaive Sorcier d’U’hor (Witchglaive of U’hor) est une des armes enchantées que Sigmar a scellé dans ses Stormvaults. Convoité par Mannfred von Carstein, cette relique fut conservée in extremis par les défenseurs sigmarites et le sacrifice du Lord-Celestant Settrus. Orange is the new Black Library : Gotrek (4) Révélation • One, Untended // Sans Surveillance Révélation The Hammer & the Eagle/2020/23 pages Intrigue : Une fois n’est pas rancune, nous retrouvons le Tueur préféré de ton Tueur préféré, Gotrek Gurnisson, dans le mal le plus complet au début de cette nouvelle aventure, qui sera sans aucun doute trépidante, mais qui commence par être vomissante. Notre héros est en effet pris d’un mal de ventre carabiné, ce qui, de l'aveu piteux et pâteux qu'il fait à son acolyte Maleneth, ne lui était jamais arrivé avant. Et si l’Aelfe sigmarite, en bonne camarade qu’elle est, prend soin de tenir la crête de Gotrek pour éviter que cette dernière ne prenne une couleur et une texture encore plus dégoûtantes qu’à l’accoutumée, elle n’est pas étrangère à cette gueule de bois subite. Bien au contraire, c’est elle-même qui en est la cause, ses tentatives d’empoisonner le Nain afin de lui dérober la rune majeure de Krag Marteau Noir pour la ramener à Azyrheim n’ayant eu pas plus d'effet qu’un émétique avarié sur la robuste constitution du Tueur1. Ses vaillants efforts pour se débarrasser de Gotrek devront cependant attendre un peu, car les éructations du transfuge du Monde qui Fut sont dérangées par une scène de ménage entre plusieurs individus aussi louches qu’imbibés. La raison de ce tapage nocturne se fait bientôt jour : un jeune bambin du nom de Tambrin a échappé à la vigilance légère de ses parents (Junas et Magda), et s’est semble-t-il enfoncé dans les catacombes d’Hammerhal Ghyra, que l’on dit hantées par le spectre vengeur d’Hanberra (à ne pas confondre avec celui d’Harambe, même si ça lui donnerait une bonne raison de persécuter les garçonnets), un ancien héros local ayant renoncé à servir Sigmar sous la forme d’un Stormcast Eternal à sa mort, et à la recherche des enfants qu’il n’avait pas pu sauver de son vivant depuis lors. La perspective de se frotter à un spectre légendaire pique bien évidemment l’intérêt professionnel de Gotrek, qui insiste pour prendre la tête de l’expédition de secours mise sur pied par les habitués de la taverne où les deux compères ont passé la nuit. En plus de Junas, qui sert de videur à l’auguste établissement, on retrouve la Ranger retraitée Halik et le Prêtre d’Alarielle Alanaer, qui serviront donc de meatshields aux véritables héros de l’histoire. Dommage que personne ne les ait prévenus. La descente s’engage donc, et après quelques heures de progression dans les boyaux insalubres de la cité, un premier ennemi pointe le bout de ses moustaches. Il ne s’agit pas de Philippe Martinez, mais d’une bande de Moines de la Peste, peut-être syndiqués, squattant le bas de la cage d’escalier comme un gang de trafiquants de la cité Péri. Et à propos de périr, laissez moi vous dire que les ratons ne font pas long feu face à la colère incandescente de Gotrek, qui peut désormais passer en mode super saiyan lorsqu’il est très énervé, et élever la température autour de lui à des niveaux insupportables. Sa nouvelle hache de fonction, si elle est sans doute un peu moins cheatée que l’ancienne (dur de battre une arme forgée par Grugni pour Grimnir, tout de même), s’avère également très efficace, et la menace murine est donc prestement éliminée par les aventuriers, qui peuvent poursuivre leur route sans autre dommage qu’un pif écrasé par un coup de matraque pour Junas. Le moment tant attendu de la confrontation avec Hanberra finit enfin par arriver, l’esprit ayant bien dérobé/envoûté Tanbrin (qui dort comme un bienheureux) qu'il a pris pour son propre fils, Hangharth, et refuse d'en démordre. Némésis de Gotrek oblige, le combat est bien plus serré que précédemment, la pauvre Halik rendant les armes et l’âme au premier cri poussé par le poltergeist kidnappeur, qui prouve au monde entier qu’il existe des Banshees masculines. Non mais. L’évanescence intermittente du fantôme n’est pas sans poser quelques problèmes au Tueur, ce qui ferait plutôt les affaires de Maleneth, toujours déterminée à récupérer la rune majeure tant convoitée de sa dépouille, mais il lui faut pour cela donner une raison à Hanberra de se battre à fond, ce que sa main mise sur Tambrin l’empêche de faire. La cultiste de Khaine repentie puise donc au fond de sa sacoche un clou de ci-gît Rolf2, souverain contre les ectoplasmes tenaces (et les Mortarques collants), et le frotte vigoureusement sur le bras porteur d’Hanberra pour lui subtiliser son précieux. N’ayant plus rien à perdre, le spectre va certainement réduire Gotrek en bouillie… Révélation …Eh bien non (quelle surprise). Mais le plus étonnant n’est pas tant le résultat final que le dénouement, non violent, de cet affrontement. Le Tueur parvient en effet à faire entendre raison à son adversaire par le dialogue au lieu de lui faire manger sa hache, et ce dernier se dissipe donc de lui-même, comme le malentendu qui l’avait mené à dérober les enfants des autres depuis quelques siècles. Tout est donc bien qui finit bien (sauf pour Halik et la bière que Gotrek avait laissé sur le comptoir3), mais Maleneth la malhonnête devra trouver une autre combine pour récupérer la précieuse broquille incrustée dans le pectoral de son compagnon. 1 : Maleneth ne sait pas que la glotte de sa cible est marquée de la rune majeure de Cubi, le dieu Nain de l’alcoolisme. 2 : Vous me pardonnerez le calembour, mais traduire ‘wightclove’ en français n’est pas facile. 3 : À ce propos, il est probable que ce soit elle qui ait donné son nom à la nouvelle (que l’on pourrait aussi traduire par ‘Laissé(e) sans surveillance’) et non pas Tanbrin. Avis : David Guymer, qui avait écrit les dernières aventures de Gotrek (et Felix) dans le Vieux Monde, signe avec ‘One, Untended’ un parfait récit de transition et d’acclimatation pour les lecteurs familiers du personnage mais pas des Royaumes Mortels. Au-delà du déroulé précis de cette quête, tout à fait classique sauf dans son dénouement, ce sont les informations que l’auteur donne sur ce nouvel univers, les changements subis par son héros (nouvelle arme, nouvelle rune, nouveau sidekick) depuis qu’il y a fait son entrée, et les motivations, pas vraiment charitables, de Maleneth, qui rendent cette lecture intéressante, et même indispensable pour qui voudrait reprendre la suite de la geste de Gotrek sans passer par la case romanesque (‘Realmslayer’). L’auteur parvient également à aborder des éléments de fluff relevant de la sociopolitique, comme l’acculturation progressive des habitants de Ghyran aux mœurs d’Azyr, qui donnent une profondeur et un réalisme très appréciables à une franchise qui en manquait (et en manque toujours) cruellement par rapport à Warhammer Fantasy Battle. Bref, c’est une transition très réussie que Gotrek Gurnisson doit à David Guymer, bien que le flambeau des rancunes soit passé peu de temps après à Darius Hinks. Fluff : Gotrek Gurnisson : Le Tueur iconique a évolué depuis son arrivée dans les Royaumes Mortels. Sa hache runique ayant disparu dans la bagarre, il a hérité de Zangrom-thaz, une relique Fyreslayers au fer enchanté avec des flammes de forge (forgeflame). Il est également marqué de la rune majeure de Krag Marteau Noir, qui démultiplie sa force, le rend insensible au feu et lui permet de se transformer en torche humaine naine totalement imprenable au corps à corps quand il est vraiment en rogne. Poisons : Le Verrou de la Tombe (Gravelock), le Stoppe-Coeur (Heartcease) et le Trèfle Ecarlate (Scarlet Clover) sont des poisons mortels. Le Clou Spectral (Wightclove) a le pouvoir de bannir les esprits, ou de sérieusement incommoder les Mortarques, lorsqu’il est fraîchement cueilli. Il garde ses propriétés anti mort vivants même sec, mais ces dernières s’amenuisent progressivement. Acculturation : Les peuples libres placés sous la protection de Sigmar à l’extérieur d’Azyr s’acculturent progressivement aux us et coutumes de ce Royaume. Les prêtres d’autres divinités intègrent le marteau de guerre à leurs symboles, certaines des anciennes croyances ont purement et simplement disparu au contact de cette culture dominante. • The Dead Hours Révélation Black Library Advent Calendar 2020/2020/13 pages Intrigue : Ereintés après une rude journée de tuerie en Shyish, Gotrek et Maneleth ont fait halte dans la petite ville de Skeltmorr pour se requinquer en attendant l’aube. Lorsque commence notre histoire, le Duardin a sombré dans le sommeil du juste après avoir vidé un tonneau de de bière et s’être fait un masque de beauté à base de jeune d’œuf et de bacon (c’est ça où il fait la vaisselle avec la langue et sans les mains). Maneleth s’est elle éclipsée pour prendre l’air, et, d’après la discussion entre les deux occupants de l’auberge investie par le vieux couple, aurait fait une mauvaise rencontre sur le chemin. Skeltmorr doit en effet un bon paquet d’os à Nagash, et les rares visiteurs sont donc invités à faire des donations en nature à l’œuvre de salut public municipale. Un tel destin attend également Gotrek, dont l’état comateux n’inspire pourtant pas confiance à Nieder Pedsen, le malabar chargé de l’amener, mort de préférence, jusqu’au repaire du redouté Tithekeeper. La méfiance du reître était justifiée car le nabot émerge du coltard au moment où Pedsen s’apprête à lui faire tâter de son gourdin, et parvient à massacrer l’aubergiste (qui pour sa défense, venait de lui tirer dessus à la chevrotine) et à traîner son complice dans la rue malgré une gueule de bois carabinée. Sous ses abords bougons, Gotrek ne peut en effet laisser Maneleth dans les griffes des locaux, et demande donc à être conduit jusqu’à ce fameux Tithekeeper afin de plaider sa cause (un peu) et de planter sa hache (surtout). Sans doute nommé Lagardère sous sa cagoule de fonction, c’est le fonctionnaire tortionnaire qui vient toutefois à lui, en même temps que la moitié de la ville, réveillée par les beuglements imbibés du Duardin. Trop musclé/runé/ravagé pour être incapacité par les faibles attaques des Skeltmorriens, Gotrek massacre sans distinction tous ceux qui ont le malheur de croiser le chemin de sa hache, à commencer par le Tithekeeper. Le « boss final » de la nouvelle a donc mordu la poussière alors que nous n’en sommes qu’à la moitié du récit : comment Guymer va-t-il meubler la fin de ce dernier ? La réponse est : avec des étagères Ikea et une petite visite dans la crypte du temple de Sigmar local, reconverti il y a quelques millénaires en entrepôt de stockage par les autorités de Skeltmorr. C’est en effet là qu’attend cette princesse de Maneleth que son chevalier servant vienne la secourir, ou plus précisément qu’un gentleman vienne lui rendre le couteau qu’elle a laissé planté dans la dépouille de son agresseur (ce sera Pedsen qui lui rendra ce service). Au passage, Gotrek réduira en cendres une meute de chiens issus de la filière de recyclage des déchets organiques de la ville, et que le Tithekeeper gardait pour lui tenir compagnie. Jamais à court de bonnes idées et toujours prêts à rendre service, les deux compagnons finissent la nouvelle en saccageant les stocks de cendres, d’os et d’âmes accumulés par leurs hôtes, actant par là leur « libération » de la tutelle de Nagash, mais signant plus certainement l’arrêt de mort des derniers habitants de Skeltmorr lorsque l’heure de la dîme aura sonné. Mais après tout, ils l’ont bien cherché. Avis : Péripétie très mineure de la nième saison des aventures de Gotrek, ‘The Dead Hours’ est plus intéressant par les détails fournis sur la vie en Shyish que par ses péripéties combattantes, ni Gotrek ni Maneleth ne rencontrant ici un adversaire digne de ce nom1. Cela sent vraiment la panne d’inspiration devant un travail de commande pur et dur pour David Guymer, dont la tentative de s’écarter un peu du schéma classique de la nouvelle gotrekienne (embrouille, fessage de goons, gros monstre final) s’avère aussi peu concluante ici qu’elle l’avait été bien des années plus tôt avec ‘The Tilean Talisman’, son tout premier travail publié par Nottingham. Je sais bien qu’il est dur de faire des variations sur un thème usé jusqu’à la corde, mais une soumission classique mais sérieuse aurait été plus appréciable que cette improvisation assez peu concluante. Le mieux est l’ennemi du bien, du rien, et du Nain. 1 : Cela aurait été le cas si le Tithekeeper avait été la vieille qui se met à flécher Gotrek depuis sa fenêtre, avant de se faire fracasser les côtes d’un grand coup de boule. Sans doute le combat le plus mémorable de notre Nain depuis la Fin des Temps. Fluff : Rien de transcendant. • The One Road Révélation Black Library 2023 Advent Calendar/2023/22 pages Intrigue : Sur LA (il n’y en a qu’une, vraiment) route qui mène à Eaux Grises, le wagon conduit par le marchand itinérant Vogel Hornbroom a fait une sortie de piste et s’est retrouvé proprement enraciné dans un petit bosquet en contrebas de la voie carrossable. Ce qui n’aurait pu être dans d’autres Royaumes qu’un incident très mineur à mettre sur le compte de l’inattention d’un conducteur fatigué prend toutefois des proportions effrayantes en Ghyran, et plus précisément dans le très mal fréquenté Dreadwood que la route traverse. Les Sylvaneth qui peuplent ce bout de forêt ont en effet une dent – façon de parler – contre les colons azyrites, et malgré le cessez le feu très logiquement conclu entre Sigmar et Alarielle (cette dernière craignant l’incendie, comme on sait), les relations ne sont pas au beau fixe entre les deux factions de l’Ordre. L’Homme Arbre surnommé le Chêne Pâle mène d’ailleurs la vie dure aux forces détachées d’Eaux Grises, chargées de sécuriser comme elles le peuvent l’accès à la cité. Un peu plus loin sur la même route, nous faisons la connaissance de trois hardis cavaliers de la milice locale, Elsworn, Tonan et Garvil. Interrompus dans leur partie de dés avec leur supérieure Vida par l’arrivée d’un wagon plus blindé qu’un Leman Russ devant leur fort routier, les compères apprennent de la bouche de la conductrice qu’elle a été témoin de la sortie de route de Vogel, mais s’est bien gardée de s’arrêter pour lui porter secours pour ne pas risquer le suraccident. Qui pourrait lui en vouloir ? N’écoutant que leur devoir, et certainement pas la pauvre Vida qui les enjoignait à l’inverse de rester au bercail, les trois pistoleros sellent leurs montures et partent à la rescousse du véhicule accidenté, sachant fort bien que lui laisser passer la nuit sans protection reviendrait à sceller le sort de son aurige. Après un petit galop tranquille, le trio arrive à proximité de l’endroit de l’accident, à temps pour constater que Vogel a attiré l’attention malvenue d’un groupe de Dryades, bien décidées à venger leurs cousines transformées en planches de wagon en écharp/dant à mort le pauvre cocher. Ce dernier se défend comme il peut, et est très soulagé de voir de l’aide, même en faible effectif, poindre à l’horizon. Ce qu’il ne savait pas, au contraire du lecteur qui a contemplé la couverture de cette nouvelle, c’est qu’il n’avait pas vraiment à s’en faire, puisqu’il transportait, en plus de sacs de grain, l’arme fatale des Royaumes Mortels dans son compartiment à bagages. Un Gotrek Gurnisson rendu chafouin par un fort mal de crète et une gueule de bois (c’est approprié) carabinée s’extirpe en effet pesamment du wagon, sorti de sa torpeur par le vacarme des combats. Après avoir débité quelques Dryades trop entreprenantes, il décide d’aider son associé à remonter la pente et pousse l’attelage jusqu’à la route, ignorant royalement l’escarmouche échevelée qui prend place entre les trois cavaliers et la bande de Sylvaneth. Et en cela il fait bien, car il ne se passe rien de très intéressant dans cette empoignade : quelques Dryades anonymes se font plomber par les hussards, et le combat au sommet entre Elsworn et leur Matriarche se solde par une victoire par abandon de l’humaine, son adversaire lui laissant la vie sauve après avoir réalisé qu’elle avait elle-même été épargnée par Elsworn quelques minutes plus tôt. Un vrai gentlewomen agree(n)ment, ça. Finalement, tant Vogel que Gotrek arrivent à bon port, et tandis que le premier se dépêche de vendre sa cargaison à un Aelf portant une tulipe flétrie en boutonnière pour pouvoir échapper à la pollution endémique d’Eaux Grises, le second s’en va pesamment vider la première taverne qui croise sa route. Ceci débouchera sans doute sur une autre histoire… Avis : L’histoire nous dira si ‘The One Road’ est un prélude à un arc narratif Gotrekien plus conséquent que ces quelques pages1 (ça m’en a tout l’air), mais prise individuellement cette nouvelle ne tient pas vraiment la route, ce qui lui fait un point commun avec le wagon de Vogel Hornbroom. David Guymer passe en effet beaucoup de temps à nous présenter un trio de personnages dont le rôle dans l’histoire est finalement assez limité, et à mettre en scène un duel dont l’issue honorable et non violente m’a laissé songeur. Tout ça pour ça ? Gotrek en est relégué à faire de la figuration dans une histoire qui est pourtant marketée autour de lui, et si ses interventions sont appréciables de ronchonnerie, on n’en a pas vraiment pour notre argent. Je reconnais tout de même à Guymer qu’il a su nous insérer quelques détails fluff de bon aloi au fil de sa prose, ce qui aide à faire passer la pilule mais n’est pas suffisant pour sauver ‘The One Road’. 1 : Je n’ai pas assez pratiqué les dernières aventures de Gotrek dans les Royaumes Mortels pour savoir si la Prêtresse Guerrière qu’il envoie valdinguer à travers une table de taverne en début de nouvelle était sa sidekick de ‘Blightslayer’. Si c’est le cas, c’est probablement l’information la plus notable de la nouvelle. Fluff : Cités de Sigmar (Héraldique & Uniformes) : Les membres de la milice Greycaps portent un uniforme écartelé jaune et noir (rq: l’Averland quoi). Les cavaliers du regiment Forgewrought Flintlocks (rq: ce qui se traduit à peu près en français par “Platines à silex forge”, donc je laisse en VO) portent une livrée orange à carreaux noirs. Cités de Sigmar (Organisation) : Un réseau de fortins a été construit à intervalles réguliers sur la route menant de la Porte de Royaume de Festermere jusqu’à Eaux Grises afin de permettre aux voyageurs l’empruntant d’échapper à la vindicte des Sylvaneth. Leur garnison compte entre cinq et quinze soldats. Eaux Grises (Culture) : Malgré leur aspect malingre, causé par la pollution à laquelle ils sont exposés, les montures d’Eaux Grises sont réputées pour leur ténacité, et peuvent continuer leur avance bien après que des chevaux présentant mieux se soient épuisés. Elles apprécient que leur nourriture soit coupée avec de la sciure de bois et ne tombent que rarement malades lorsqu’elles s’abreuvent aux puits de la cité. • The Beast of Grey Gardens Révélation Black Library Celebration Week 2024/2024/18 pages Intrigue : Arrivé à Eaux Grises après un voyage relativement sans encombre, en tout cas pour lui (‘The One Road’), Gotrek Gurnisson s’est engagé dans le premier gang d’égoutiers venu – les Loose Cannons de Sorrol Tun – afin de gagner sa croûte et son eau de vie (mais pas celle à laquelle il pensait, et ça a dû le mettre en rogne). Au sein de cette noble autant qu’utile profession, chargée entre autres travaux d’intérêt public de débarrasser la mégalopole ghyranite de son infestation récurrente de Zombies, les Loose Cannons font figure de parias, et héritent donc des missions les plus ingrates et dangereuses qui soient. Pas de quoi faire frémir notre Tueur préféré cependant, qui n’a pas besoin de forcer son talent ni d’utiliser ses deux mains ou de faire descendre son taux d’alcoolémie sous les trois grammes pour débiter les hordes de morts vivants qui hantent les égouts d’Eaux Grises. Il a vu (et tué) bien pire, en son jeune temps. Enhardi par la réalisation que sa nouvelle recrue est une véritable machine de guerre, Tun décide d’aller se frotter à un plus gros morceau, à savoir la légendaire Cockatrice des Jardins Gris, figure du folklore local que peu ont vu mais dont la sinistre réputation n’est plus à faire. Un tel spécimen valant son poids volume en Aqua Ghyranis, la joyeuse bande se met en chasse du serpent à plumes/poulet à écailles avec un enthousiasme inversement proportionnel à ses capacités martiales. Fort heureusement pour les Loose Cannons (sauf pour la pauvre Greenhilde, dont la fierté l’a empêché de baisser les yeux au moment opportun), avoir un clutch slayer est parfois suffisant pour remporter une escarmouche contre un monstre nommé. Au terme d’un combat poussiéreux et ténébreux, Gotrek met ainsu un terme aux déprédations de Bruno Cockatrice1 en lui plantant sa hache ébréchée dans le bréchet, à peine aidé par la diversion faite par ses camarades alors que le dindon chaotique était en train de le chicoter. Tout est bien qui finit bien (et à la taverne la plus proche), même si les Loose Cannons devraient sans doute apprendre à se défendre par leurs propres moyens, car leur égoutier star ne restera sans doute pas très longtemps parmi eux… 1 : Ce qui est au fond assez malheureux car la bestiole ne se nourrissait que de Goules et de Skavens, et rendait donc un service écosystémique à la population d’Eaux Grises. Avis : David Guymer renoue avec les fondamentaux de la nouvelle de Gotrek avec ce ‘The Beast of Grey Gardens’, qui permet à notre rouquin teigneux de compléter son tableau de chasse avec une Cockatrice, et à l’auteur de contextualiser les aventures de son héros à crète dans l’enfer urbain qu’est Eaux Grises. Je n’ai pas grand-chose d’autre à dire sur cette soumission, qui est très loin d’être mémorable. Fluff : Eaux Grises (Histoire) : À la suite de l’invasion des niveaux souterrains de la cité par des centaines de milliers de Squelettes et de Zombies, pendant l’événement connu sous le nom de Grand Soulèvement, il est formellement interdit de jeter des cadavres dans les égouts d’Eaux Grises (ce qui n’empêche pas la ville d’employer des gangs d’égoutiers pour réguler la population des morts vivants qui errent sous terre). Habemus Papule : Clan Morbidus (2) Révélation • The Unlamented Archpustulent of Clan Morbidus Révélation Inferno! #3/2019/28 pages Intrigue : C’est un jour spécial qui se lève commence (le soleil brille-t-il ici ?) à Vile Ville pour Rattagan Borkris, l’honorable Malfaisant Supérieur de l’Eglise de la Ruine Rongeuse. À la suite du décès brutal, mais pas totalement imprévu de l’Archipustulent Heerak Gungespittle, la charge occupée par ce dernier est vacante, et notre héros compte bien la faire sienne. S’il parvient à ses fins, il occupera une position de choix au sein du clan Morbidus, et pourra rêver à siéger un jour au sein du Conseil des Treize, si le représentant actuel de sa faction devait lui aussi avoir un accident malheureux. Pour cela, il lui faut remporter l’élection du Lycée des Lecteurs, dont les vingt-et-un membres doivent se réunir sous peu pour désigner le nouveau chef spirituel du clan. Pouvant compter sur le soutien de huit des cardinaux, Borkris est pleinement confiant dans la suite des événements, n’ayant besoin que de convaincre deux autres votants de la qualité de sa candidature pour accéder à la fonction à laquelle il aspire. Cependant, l’ambitieux Supérieur doit compter avec deux rivaux, tout aussi déterminés que lui à prendre en patte la destinée du clan. Hascrible, un simple moine de la Peste, compensant sa cécité et ses origines serviles par un zèle implacable et une dévotion exubérante envers le Grand Corrupteur, a l’oreille des masses laborieuses et du bas clergé Morbidus, et constitue donc une force avec laquelle il faut compter. Le Verminable Dengue Cruor, 500 ans bien tassés et de fait doyen de l’assemblée, est un autre prétendant valide à l’élévation, et le seul disposant d’une influence à même de rivaliser avec celle de Borkris. Coup de chance pour ce dernier cependant, Nicodemus a eu une panne de rat-veil ce matin, et avec l’absence simultanée d’un autre Lecteur, Drassik, il n’a besoin que d’un vote supplémentaire pour devenir rat-life à la place du rat-life. À quelque distance du Temple Fendillé, où se tiennent les débats, nous retrouvons les deux absents, occupés à d’importants préparatifs. Cruor, en sa qualité de Sage Bilieux de la Voie Extirpée et maître des potions, s’active à une concoction un peu spéciale en vue de faciliter sa future élection. Drassik, de son côté, le seconde de son mieux, en lui fournissant une moustache, puis son dernier rât-le, deux ingrédients nécessaires à la réussite du gaspacho mitonné avec application, plutôt qu’avec amour, par l’ancien maître. N’ayant pas vu passer l’heure, il se hâte ensuite vers le concile, où les choses ont avancé plus vite qu’il ne l’avait prévu. Le premier tour de vote n’a en effet rien donné, Borkris ratant l’élection à une voix près, secondé de plus loin par Hascrible, qui demande de manière véhémente un recomptage des voix (ce n’est pas parce qu’il est aveugle qu’on peut la lui faire à l’envers), et, à la surprise générale, y compris la sienne, par un troisième larron, Salvik Rakititch, joueur du FC Rat-rcelone, plénipotentiaire du clan sur Aqshy. Les débats ayant été levés pour la journée, Borkris s’empresse d’aller à la rencontre de Rakititch afin de lui proposer une offre qu’il ne pourra pas refuser, et cimenter ainsi son prochain succès. Alors que nos deux larrons étaient sur le point de conclure un accord, l’intrusion soudaine de Hascrible et de ses zélotes, animés de mauvaises intentions (ce qui est mal) et armés de fléau à malepierre (ce qui est pire), vient sonner la fin des pourparlers, et force les intrigants à chercher la protection de leurs escortes respectives. Il faudra l’intervention musclée autant que solidaire des septons du Temple Fendillé pour stopper l’alga-rat-de, au cours de laquelle Rakititch essaiera de zigouiller Borisk, sans succès (c’est résistant, un rat de Nurgle), qui lui rendra la pareille de façon plus efficace. Un de moins. Révélation Le deuxième tour de vote débute donc sous des auspices très différents du premier, avec un Borisk un peu amoché et en situation de faiblesse, un Harscrible renforcé par son coup de force et l’attribution – certes imméritée, mais les voies du Rat Cornu sont tortueuses – de la mort de Rakititch, et un Cruor gardant sa botte secrète en réserve. Profitant de son droit d’adresse avant que le vote ne débute, le Verminable enjoint fortement ses collègues à le choisir, pour la bonne et simple raison qu’ils ont tous été contaminés à leur insu par le splintergut, une infection aussi mortelle qu’horriblement douloureuse, dont seul Cruor possède l’antidote. Consternation dans l’auguste assemblée, sauf de la part de Hascrible, tellement certain de la bénédiction dont il bénéficie de la part de sa divinité tutélaire qu’il n’hésite pas à envoyer grignoter le vieux croûton croûteux. Interprétant mal la défiance de son rival, et suspectant une entente secrète de ses adversaires, Borkris a alors la mauvaise idée de décapiter Cruor, certain que ce dernier se contente de bluffer. Sauf queue (de rat) non. La nouvelle se termine donc sur le renouvellement complet du haut clergé du clan Morbidus, l’ignoble Lycée des Lecteurs ayant pris un aller simple pour la bedaine du Rat Cornu suite à la gaffe de Borkris. Place aux jeunes ! Avis : Carton plein pour Guymer, depuis le titre savamment sophistiqué de sa nouvelle jusqu’à la conclusion, convenablement tragi-comique (ce terme a été inventé pour les Skavens) de cette dernière. Ayant pu lire beaucoup de bien à propos des ouvrages de notre homme pour la Black Library, sans avoir été personnellement emballé par rien de ce que j’avais pu lire de sa prose jusqu’à présent, que ce soit dans le Monde qui Fut ('The Tilean Talisman') ou les Royaumes Mortels ('God’s Gift'), j’étais plus qu’un peu dubitatif sur la hype entourant le sieur Guymer. 'The Unlamented…' est la soumission qui a mis tout le monde (c’est à dire votre serviteur et le reste de l’univers) d’accord sur le sujet, et plutôt à l’avantage de notre auteur, ce qui est le meilleur scénario possible (croyez-le ou pas, mais je préfère lire des textes qualitatifs, même si, je l’avoue, chroniquer des scories littéraires est généralement une entreprise assez rigolote). Pour aller un peu plus loin dans l’exposition de mes louanges, je distinguerai trois sources principales de satisfaction : le fond, la forme, et le parti pris de narration. Par ce dernier terme, j’entends le choix fait par Guymer de plonger directement dans le lecteur dans le cœur du lore d’Age of Sigmar, sans prendre le temps de lui présenter/prémâcher le background de base des factions mises en scène (ici les nobles Skavens). Je n’ai aucun problème à reconnaître que les premières pages, et la première lecture en général, de 'The Unlamented…' ont été un peu ardues pour moi, même si je me considère comme raisonnablement calé en matière antropomurine. Mon bagage de connaissances, hérité quasi-exclusivement de mes lectures WFB, s’est en effet avéré insuffisant pour couvrir l’organisation ecclésiastique du clan Morbidus1, autour de laquelle Guymer construit l’intrigue de la nouvelle. Entre les noms, les titres et les relations de pouvoirs des membres du Lycée des Lecteurs du Clan, il est assez facile de s’emmêler les moustaches au sujet de qui veut faire quoi et tuer qui. Personnellement, cette approche « rentre dedans » me plaît davantage que la tendance inverse, consistant à tout expliquer, souvent de façon très scolaire – et donc assez ennuyeuse – pour être sûr de ne pas perdre le lecteur, surtout si ce dernier a des chances d’être neuf dans le Zhobby. Inferno! étant un produit plutôt destiné aux vétérans de la BL, le choix de Guymer m’apparaît tout à fait valide, et assez valorisant pour le public, qui appréciera sans doute qu’on ne le prenne pas pour le dernier des noobs (même si nous sommes tous passés par là). Deuxièmement, la forme est donc également une source de satisfaction. On se trouve en présence d’une vraie nouvelle, dont l’intrigue se développe et mature au fur et à mesure que les motivations et les projets des trois personnages principaux sont présentés. Les péripéties s’enchaînent de façon convaincante, alternant entre intrigues et confrontations, parfois violentes, de nos cardinaux scrofuleux. Enfin, la conclusion vient illustrer de façon adéquate pourquoi les Skavens, malgré tous les avantages à leur disposition par rapport aux autres factions d’Age of Sigmar, n’ont pas réussi à conquérir les Royaumes Mortels (et n’y arriveront sans doute jamais). Cette tendance à l’autodestruction, de manière spectaculaire, douloureuse et distrayante (vue de l’extérieur) est en effet une marque de fabrique de cette noble race, et il aurait été déplacé de ne pas y faire référence. Enfin, le fond est lui aussi à l’honneur dans 'The Unlamented…', Guymer parvenant à retranscrire de belle manière le fonctionnement et les luttes intestines du Clan Morbidus, tout en nourrissant généreusement son lectorat d’éléments fluff sur l’organisation de ce dernier, sa place dans la société skaven et son territoire au sein de Vile Ville. Même si la nouvelle ne contient pas de révélations majeures sur le background raton, elle est suffisamment bien écrite pour satisfaire l’amateur, qui en retirera des éléments intéressants, et une meilleure compréhension de l’organisation (ou de son manque) des suivants du Rat Cornu. Bref, un très bon cru que 'The Unlamented Archpustulent of Clan Morbidus', et un mètre étalon raton à garder en tête pour les prochaines soumissions de David Guymer. 1 : Et pourtant, j'ai une copie des 'Uniformes et Héraldiques Skavens', dans lequel le Clan a été introduit. Fluff : Skavens (caractéristiques) : Les Skavens ne savent pas se battre en équipe, ce qui explique pourquoi ils sont vaincus par des adversaires moins nombreux, mais plus solidaires. Les skavens ont un sens de l’odorat développé mais une mauvaise vue. Les skavens connaissent l’existence du Monde qui Fut. Culte du Grand Corrupteur : Les robes du culte peuvent être d’un blanc immaculé. Il y a 169 Verminlords qui servent l’aspect du Rat Cornu comme Grand Corrupteur. Vile Ville : Compte a un milliard d’habitants. L’acropole du clan Morbidus dans Vile Ville s’appelle le Temple Fendillé (Splintered Temple). Splintered Temple : Arbore une fresque « peinte » par l’artiste Glotto (ses disciples ont utilisé les fluides corporels de son cadavre pour peindre l’œuvre après sa mort) : Visions of Final Withering, qui dépeint les neuf divinités de l’Ordre en train de mourir de façon thématique (Sigmar foudroyé, Nagash décomposé, Alarielle pourrie, Grugni noyé dans du métal en fusion…) sous le regard des 4 divinités chaotiques (dont le Rat Cornu et sans Slaanesh donc). Clan Morbidus (clergé) : Les affaires religieuses du Clan sont l’apanage de son Archipustuleux, qui est élu par un conclave de 21 électeurs, appelé le Lycée des Lecteurs (Lyceum of Lectors). Parmi les détenteurs de cette charge au moment où se déroule la nouvelle, on dénombrait : - Rattagan Borkris (Malfeasant Superior of the Church of Gnawing Ruin, un million de fidèles, implantée dans les royaumes du Metal et de la Mort), - Graunch Festerbule (Most High Supreme Patriarch of the Carrion Blights), - Wastrett Spleenrot (Pox-Abbott of the Ghurish Spreading), - Hascrible (First Claw Broken of the Scratching Ruin), - Dengue Cruor (Bilious Sage of the Extirpated Way), - Pustiss Ventik (Lord-Brewer of the Shrivelling Pox), - Gastrule Skabes (Provost-Warden of the Excremental Feast), - Drassik (Bilemaster of the Church of the Scales of Pungeance), - Sequeous Rank, Milketan, Sithilis, Verukik, Ureik, Perish, Salvik Rakititch… Une fois l’Archipustuleux choisi par le Lycée des Lecteurs, le sexton-général ordonne que les fournaises du Temple Fendillé soient alimentées par de la vile mousse (greenvile) et du bois chancré (cankerwood), ainsi que par la chasuble de l’impétrant. La fumée générée par ce mélange impie est tellement toxique que seuls les dévôts du Grand Corrupteur peuvent la respirer sans tomber raides morts. Les fidèles sont ainsi avertis de l’élection de la nouvelle éminence suprême du clan. Les septons officiant dans le Temple sont des mutants, les résultats les plus viables des expériences (majoritairement non concluantes) réalisées par le Clan Morbidus pour imiter le Clan Moulder. Clan Pestilens (organisation du culte) : Si une secte se développe assez, elle sera reconnue comme une Congrégation de la Saleté (Congregation of Filth) par les autorités spirituelles du clan. Parmi les clans mineurs inféodés à Pestilens, on compte les clans Morbidus, Septik et Feesik. Seul le premier est représenté au Conseil des Treize. Wightrot : Encens spécial capable de provoquer des fièvres à celui qui le respire. Il provient de l’écorce éthérique de certains arbres de forêts mortes, et est très rare et très cher. Splintergut : Une infection d’origine magique, nécessitant des ingrédients aussi exotiques que de la poudre de corne de Grand Immonde, la moustache d’un prêtre de la peste à l’article de la mort, une décoction de Nighthaunt et une goutte de pluie prise dans un nuage d’Azyr. En plus d’être mortelle et extrêmement douloureuse, cette maladie piège l’âme de ses victimes dans leur cadavre, les condamnant à une éternité de souffrances. • The Nefarious Antipustulent of Clan Morbidus Révélation Inferno! #6/2021/42 pages Intrigue : Nous avions laissé le Clan Morbidus empêtré dans les putrides subtilités de l’élection de son meneur spirituel, l’Archipustulent, à la fin de la nouvelle éponyme1 consacrée par le petit rat-porter David Guymer à cet événement d’importance. La situation s’est quelque peu décantée lorsque notre histoire débute, car c’est Makulitt Pus, acolyte du défunt Verminable Cruor, qui a endossé la chasuble souillée et la mitre mitée de Pape des Pestes. Son autorité est toutefois contestée par Moldrent Sour, qui a déclenché un schisme religieux à l’intérieur du Clan et s’est fait proclamer Antipustulent. Les deux factions sont à couteaux et gourdins tirés, et se sont lancées dans de grandes campagnes évangéliques pour rat-meuter de nouveaux fidèles à leur cause. L’un de leurs terrains d’affrontement est le district de Fleshstink, un quartier industriel de Vile-Ville contrôlé par le Clan Moulder, et le duel d’o-rat-eurs qui s’apprête à s’y dérouler va donner un tour nouveau à cette querelle épiscopale. Du côté de…euh… l’ordre (?) établi, c’est le Poxmaster Gagrik, rat de confiance de l’Archipustulent, qui est chargé de défendre les couleurs (vert caca d’oie et marron vomi) de son éminence. Son challenger est Weep Dripclaw, simple prêtre du Corrupteur mais conseiller proche de l’Antipustulent (casaque vert vomi et marron caca d’oie). Dans la plus pure tradition skaven, les concurrents ont fait construire leurs estrades de prêche à une distance stratégique l’une de l’autre (assez loin pour ne pas risquer de se faire tabasser par la faction ennemie, assez proche pour entendre ce que l’autre camp raconte), et le match de gospel reste longtemps indécis… jusqu’à ce que la plateforme de Dripclaw s’effondre à cause du zèle de ses propres partisans. L’avantage passe alors à Gagrik, plus doué avec les clous qu’avec les mots, jusqu’à ce qu’une émeute religieuse vienne dévaster les rues, déjà dangereuses et sales, de Fleshstink. La situation dégénère totalement lorsque Makulitt Pus en personne décide de se joindre à la querelle, et qu’une catapulte de la peste amenée en douce dans le voisinage par un bedeau trop enthousiaste, commence à arroser le quartier de manière indiscriminée (un évènement qui restera gravé dans les mémoires comme le Bloody Squeekday). Cette guerre ouverte entre zélotes pestilentiels sur son territoire ne faisant pas les affaires de Zhurn Aelf-Eater, maître Moulder du Clan Dregg et membre du Conseil des Treize, il convoque le Prophète Gris Ratskitten, diplomate skaven reconnu, pour négocier la fin des hostilités, ou en tout cas des affrontements, entre Archie et Andy Pustulent. P-rat-gmatique, Ratskitten décide d’inviter les deux chefs de faction à des négociations privées et sécurisées par les vermines de choc personnelles de Zhurn. Après avoir recueilli l’avis favorable de Pus, et un grognement presque apaisé de Sour (qui est tellement béni par le Rat Cornu que ses propres fidèles le gardent enfermé avec camisole et muselière hors du champ de bataille), le Prophète Gris invite tout ce beau monde à le rejoindre dans la Tour de Kavzar, où se tiendront les pourparlers. Bien évidemment, les deux camps ne se tiennent pas aux clauses de non-agression édictées par Ratskitten, et trouvent le moyen de déjouer la surveillance du service d’ordre dans le but de se débarrasser du chef adverse. L’Archipustulent dissimule ainsi des assassins dans le châssis du char de la peste de son rival, tandis que l’Antipustulent coupe les coffres d’épices apportés comme cadeau de Pus à Zhurn avec de la poudre à canon. Sour n’attend cependant même pas que sa manigance fasse effet : sortant un encenseur à peste de sous ses robes (la palpation des Vermines de Choc laisse vraiment à désirer), il part rejoindre la mêlée générale qui s’est déclarée à peu près 13 secondes après que Ratskitten, Pus et lui-même se soient retirés dans la chambre de négociations. Ce choix intrigue (mais soulage aussi un peu, soyons honnêtes) le Prophète Gris, qui ne comprend pas pourquoi Sour n’a pas profité de la situation pour réduire l’Archipustulent en archiporridge, et réunifier ainsi le Clan Morbidus sous sa bannière. La réponse est, très prosaïquement, que Sour n’a pas envie de prendre la place de son rival, et préfère de loin répandre la corruption sur les champs de bataille, occupation peu compatible avec la fonction d’Archipustulent. Pus, de son côté, ne rêve que de retourner à l’anonymat qui était le sien avant que la mort de tous les autres prétendants à l’élection rat-pale ne le fasse devenir Archipustulent (et donc la cible d’innombrables complots), contre sa volonté. Voyant dans le chaos complet qui descend sur la Tour de Kavzar sa chance de filer à l’ulguaise, il enclenche sa skitterstone et se téléporte loin, très loin des intrigues néfastes et malodorantes de Vile-Ville… Révélation …Mais pas assez loin pour empêcher ses fidèles, toujours plus nombreux depuis son audacieux assassinat de l’Antipustulent dans l’édifice le plus sacré de la race skaven, de le retrouver dans sa retraite d’Aqshy, et de le ramener aux affaires. Après tout, le Clan Morbidus n’a jamais été plus puissant depuis que le schisme s’est résorbé, et il est de notoriété publique que le très pieux et très rusé Makulitt Pus a les yeux tournés sur le siège de Zhurn Aelf-Eater au Conseil des Treize. ‘Twas ze plan all along, of course… 1 : ‘The Unlamented Archpustulent of Clan Morbidus’ (Inferno! #3). Avis : David Guymer donne une suite de haute volée à sa fantastique nouvelle explorant les arcanes de la politique et de la religion skavens avec ‘The Nefarious Antipustulent of Clan Morbidus’. Les ingrédients qui ont fait le succès du premier opus (du fluff, du fun et du sale) sont à nouveau au rendez-vous, et si je place ‘The Nefarious…’ un peu en deçà de ‘The Unlamented…’ (comment surpasser le potentiel littéraire d’une élection papale chez les Skavens, ceci dit ?), il ne fait aucun doute que si vous avez apprécié l’original, la lecture de la copie vous est plus que recommandée. Fluff : Skavens (Culture) : Les Skavens sont un peuple très pieux, notamment à cause de la brieveté de leur existence. Conseil des Treize : Le dixième siège est occupé par Zhurn Aelf-Eater, maître Moulder du Clan Dregg. Il possède une remarquable collection de specimens empaillés, allant de ses rivaux Skavens aux Démons. Vile-Ville : Elle compte (d’après Guymer, qui a peut-être été un peu gourmand sur le coup), un milliard de milliard d’habitants. La Tour de Kaznar, érigée par le Rat Cornu ou Skreech Verminking en personne (d’après certaines légendes, d’autres prétendant que ce sont d’autres divinités qui l’ont édifiée) dans la cité du même nom, dans le Monde Qui Fut, a été déplacée dans Vile Ville après la destruction de ce dernier. Les membres du Conseil des Treize disposent chacun de plusieurs étages leur étant réservés dans la Tour. Autres (8) Révélation • Godless merci @Slagash le Lascif ! Révélation Call of Chaos/2015/13 pages Intrigue : Slagash le Lascif : Pendant l'Avant de Noël dernier, la Black Library a proposé 24 nouvelles se plaçant dans l'univers de Warhammer : Age of Sigmar. C'est une excellente idée pour se plonger dans le nouvel univers de Games Workshop, et d'en apprendre plus. Alors que certains décrient la pauvreté de l'historique, on a ici une source d'informations facile d'accès. Chacune de ces nouvelles fait une dizaine de pages et se centre sur une des divinités de Chaos, y compris Slaanesh ! Pour ceux qui n'ont pas suivi, Slaanesh est porté disparu dans le fluff de Age of Sigmar, depuis plus de mille ans d'ailleurs. Si certains de ses suivants s'autoproclament Dieu ou continuent de ravager les Royaumes mortels comme si de rien n'état, d'autres sont à la recherche du Prince du Chaos, ce sont les Traqueurs (Seekers en VO). Godless, Sans Dieu, nous raconte la quête de Shahleah, champion de Slaanesh au genre indéfini (mais désigné par "her" (elle) dans la nouvelle) et de ses suivants dans le Royaume de l'Ombre, à la rencontre d'un mystérieux oracle : Jago. Celui-ci les orientera vers un ancien et mystérieux temple abandonné... Schattra : « Perdu Dieu. Aperçu pour la dernière fois entre Ulgu et Hysh. Câlin et joueur, mais ne répond pas à son nom. Forte récompense (en nature). » Alors qu’ils collaient des affiches dans tous les recoins des Royaumes Mortels pour tenter de découvrir où est passé ce fripon de Slaanesh, Shahleah et sa bande d’Hédonistes sont dirigés par leurs dernières victimes hôtes en date vers la cahute d’un oracle démoniaque, qui pourrait peut-être les aider à resserrer un peu le périmètre de recherche. Après tout, c’est à ça que servent les devins. Pas de bol pour nos quêteurs dépravés, l’individu en question semble être plus qu’à moitié fou, et passe autant de temps à discuter avec son ombre (qui s’appelle Jago) qu’à répondre, de manière peu concluante mais il fallait s’y attendre, aux questions de ses visiteurs. En plus de la Championne Shahleah, qui a hérité du fardeau du commandement parce que, justement, c’est un fardeau, trois autres individus hauts en couleurs ont fait le déplacement : le cosplayer de Shun des Chevaliers du Zodiaque et sado-masochiste Cruciax, la sculpturale et très tendance Prefuria, et la sublime drama queen Hel’ein. Si la discussion trouve rapidement à l’aigre, et finit, comme on pouvait s’y attendre, par le décès brutal de l’oracle (qui demandait rien de moins que de parler en premier à Slaanesh après sa redécouverte pour assister nos héros), notre quatuor de pisteurs est mis sur le chemin de l’Astrosanct, une relique des temps anciens où seraient archivés tous les événements des Royaumes Mortels. Voilà qui est intéressant. La route vers l’Astrosanct est, comme on pouvait s’y attendre aussi, semée d’embûches, les ténèbres grisâtres d’Ulgu se révélant peuplées d’escadrilles de proto-Nighthaunts (nous sommes en 2015) fort peu amicaux. Rien de très sérieux pour les Hédonistes cependant, qui se font un plaisir de repousser les assauts sépulcraux des stalkers embrumés. Les choses prennent toutefois un tour un peu plus sérieux lorsque la bande arrive enfin à destination, devant un bâtiment en bronze recouvert de symboles mystérieux, dont beaucoup représentent des astres… Révélation …Et annoncent un désastre pour les suppôts de Slaanesh, car la garnison de Seraphons qui constitue le service d’Ordre de l’Astrosanct ne tient pas vraiment à accueillir du public. Un régiment de Saurus se téléporte soudainement devant les cultistes, menés par un Sang Ancien affectueusement baptisé Eclipse par Shahleah, sans doute en hommage au fameux cheval de course du XVIIIème siècle, avec la ferme envie d’en découdre. La bataille qui s’ensuit, bien que plus serrée et exigeante pour nos héros que la précédente, est finalement remportée par les Hédonistes, qui peuvent accéder aux archives tant convoitées. Trouveront-ils à l’intérieur un indice qui les rapprochera de leur cher/chair disparu(e) ? Mystère et boule de gomme. Mais, comme le dit Shahleah à ses collègues (en substance) : « C’est le jeu ma pauvre Lucette ». Avis : Slagash le Lascif : D'un point de vue littéraire, j'ai un peu galéré. Je pensais que l'anglais passerai bien mais là on est sur un vocabulaire assez spécifique et l'auteur complique encore les choses en narrant son histoire de manière non-linéaire, ce qui fait que je me suis retrouvé un peu perdu parfois. Rien d'insurmontable au final, mais je devrais le relire une ou deux fois pour bien avoir les détails en tête. Shahleah et ses suivant son bien traités, pas mal de descriptions, notamment des principaux protagonistes et des environnements. Le thème central est tellement important, on parle quand même d'un Dieu du Chaos disparu, que 10 pages sont vite passées, et on a l'impression que ce petit morceau fait parti d'une histoire bien plus grande. J'aimerai beaucoup qu'une suite soit écrite. Voilà pour cette rapide critique de Godless, j'en ferai d'autres, la prochaine sera encore consacré à Slaanesh (il n'y en a que deux sur les vingt quatre, alors elles ont eu ma priorité, évidemment). Schattra : David Guymer réussit un tour de force avec cette nouvelle, qui exploite parfaitement le statut AWOL de Slaanesh, une des grandes nouveautés du fluff chaotique d’Age of Sigmar par rapport à Warhammer Fantasy Battle, et présente donc l’intérêt de sortir le lecteur de sa zone de confort et de l’emmener loin des sentiers battus et des stéréotypes éculés trop souvent attachés aux Guerriers du Chaos. On bénéficie également d’une mise en perspective intéressante de la mentalité des Seekers, à la fois désespérés et physiquement éprouvés par l’absence de leur Dieu, mais incapables de refréner leur nature débauchée et jouisseuse même lorsque cela va à l’encontre de leur quête (comme tuer l’oracle alors qu’ils auraient peut-être eu besoin de lui plus tard pour Shahleah et Cie) Voilà pour le fond. La forme est également digne de louanges, car l’auteur parvient à convoquer des personnages d’une singularité et d’une définition (plutôt qu’une profondeur, car il faut tout de même raison garder pour une nouvelle de moins de 15 pages) rares pour un court-format de la Black Library. Qu’il s’agisse de Shahleah et de ses groupies, ou de l’oracle démoniaque, tous présentent des particularités intéressantes, et des personnalités plus fouillées que le clampin de base d’une nouvelle d’Age of Sigmar. Autre satisfaction, la narration de Guymer s’avère être plus ambitieuse que celles de ses petits camarades, avec des zones d’ombres volontairement maintenues par l’auteur (ce qui est fluff, on est en Ulgu après tout) et qui donnent en vie de relire l’histoire pour s’assurer de n’avoir rien raté la première fois. Enfin, merci à David Guymer d’avoir permis aux Seraphons de faire (enfin !) leur entrée dans la GW-Fiction, je commençais à désespérer de voir les lézards holographiques prendre la lumière. Seule petit bemol, ‘Godless’ se termine sur un énorme point d’interrogation, ce qui laisse envisager une suite. Du moins je l’espère, car j’aurais plaisir à recroiser – littérairement plutôt que littéralement – les païens pailletés de Shahleah… Fluff : Slagash le Lascif : Pour les informations sur le fluff que nous donne cette courte histoire, comme elles peuvent dévoiler des éléments de l'intrigue je vous invite à les découvrir sur mon blog ou dans la section BG de Age of Sigmar du forum. Schattra : Astrosanct : Tour de faite de plaques de bronze façonnées en forme de spirales entremêlées, située au cœur d’une ville en ruines d’Ulgu. Les prêtres de l’Astrosanct possédaient le pouvoir de contempler des visions des autres Royaumes et d’anciens éons, et les ombres de leurs contemplations sont réputées être encore enfermés dans le minaret, faisant de ce dernier une source de savoir incommensurable. Une garnison de Seraphons protège toutefois la relique des visiteurs importuns. • Beneath the Black Thumb // À l'Ombre du Pouce Noir merci @Foudrolle et @gilian ! Révélation Hammerhal & Other Stories // Hammerhal & Autres Récits/2017/38 pages Dramatis Personae : Copsys Bule : Humain, Seigneur de la Peste, maître du Pouce Noir Kletch Croûtegriffe : Skaven, prêtre de la peste, membre du clan Rikkit Fistula : Humain, Premier Seigneur-Flétrisseur du Pouce Noir Intrigue : Foudrolle : Kletch Croûtegriffe a été désigné par le clan Rikkit comme émissaire auprès de Copsys Bule, le seigneur du Pouce Noir, dans l’espoir de renouveler une alliance datant de l’Age du Chaos pour repousser les Stormcast Eternal. Copsys Bule règne depuis deux-mille-quatre-cent-une années sur un immense territoire appelé les Marais des Cadavres. Kletch fait sa proposition à Copsys Bule, qui lui demande de revenir à la prochaine haute lune, car pour la première fois depuis des milliers d’années, les étoiles vont aligner la porte de son royaume avec une autre. Pendant ce temps Fistula moissonne des orruks et quelques séides de Tzeentch avant de rentrer aux Marais des Cadavres pour la Haute Lune. Kletch Croûtegriffe retourne voir Copsys Bule comme convenu et participe à un festin tout nurgelesque. Un rituel est en cours et la porte va inéluctablement finir par s’ouvrir, permettant ainsi à Copsys Bule d’étendre son domaine. Les étoiles s’alignent, Copsys Bule jubile… et déchante lorsque les séraphons débarquent (littéralement) des cieux pour contrecarrer ses plans. Les sbires de Nurgle affrontent les séraphons pendant que Kletch Croûtegriffe fuit pour sa vie. Fistula est défait par un saurus mais sauvé par le skaven. Les deux compères se mettent d’accord pour abandonner Copsys Bule à son sort et s’échappent par la porte récemment ouverte. De son côté Copsys Bule s’amuse comme un petit fou même s’il est particulièrement pénible pour lui de voir sa corruption bien aimée être purifiée par les séraphons. Bien qu’invincible Copsys Bule semble tout de même tester la limite d’un tel concept lorsqu’un slann commence à décrocher des étoiles du ciel pour envoyer des météores sur son armée. Ni une ni deux, Copsys Bule opère une retraite tactique et traverse à son tour la fameuse porte. Sur place il rejoint Kletch Croûtegriffe et Fistula. Ce dernier, passablement énervé, essaye de le tuer, mais Copsys Bule l’infecte de tout un tas de joyeuseté transformant le Seigneur-Flétrisseur en quelque chose de très certainement infiniment plus nurgelesque. Copsys Bule s’attaque ensuite au cas de Kletch Croûtegriffe… Bref, les skavens sont un engrais de qualité. gilian : Depuis l’arrivée des armées de Sigmar dans les Huit Royaumes, les Skavens du clan Rikkit enchaînent les défaites. En désespoir de cause, ils envoient un émissaire, Kletch Scabclaw, auprès de Copsys Bule, seigneur de guerre de Nurgle, pour lui rappeler leur alliance d’antan et solliciter son aide. Cependant, Bule n’éprouve aucune urgence à répondre et préfère attendre quelques jours, le temps qu’un alignement astral ait lieu pour guider sa décision. Hélas, alors que Scabclaw patiente et que Bule attend une vision, une armée de Séraphons surgit et massacre sans pitié, forçant Bule à fuir par la porte de royaume la plus proche. Scabclaw pense que Bule se verra contraint de le rejoindre, ayant perdu son territoire, mais ce dernier choisit plutôt de tuer le Skaven et se prépare à répondre à l’appel d’Archaon, qui semble imminent. En effet, juste après l’attaque des Séraphons, il a reçu une vision. Schattra : Copsys Bule est un homme heureux, ayant fait siens les mots de Candide à la fin de ses errances philosophico-géographiques. Autrefois seigneur de guerre de Nurgle portant la rouille et les glaires aux quatre coins des Royaumes Mortels, il se consacre depuis quelques millénaires (2.401 ans, très précisément) à "cultiver son jardin" de la peste dans les Marais des Cadavres. Cette honnête et "saine" activité, lui procurant une joie sincère et un plaisir déléctable, est toutefois vue d’un mauvais œil par son bras droit, l’ambitieux Blightlord Fistula, très peu intéressé par le marcottage et le bouturage. Ainsi, pendant que le Seigneur des Pestes passe ses journées à enterrer des cadavres pourris avec son fidèle trident de jardinage, Fistula emmène sa bande de Blightknights casser de l’Orruk en bordure du domaine du patron, et rêve de partir à la conquête de son propre empire. Ce statut-quo séculaire est remis en question par l’arrivée d’un émissaire du clan Rikkit, Kletch Scabclaw. Victimes des attaques soudaines des Stormcast Eternals, les Skavens souhaiteraient en effet renouer leur ancienne alliance avec les Maggotkin de Nurgle, comme à la bonne vieille époque. Seulement, Bule est beaucoup moins intéressé par les choses de la guerre que dans sa prime senescence, et s’il n’envoie pas ch*er Scabclaw de but en blanc, il réserve toutefois sa réponse définitive aux prochaines calendes, qui seront très spéciales. Pour la première fois depuis jeudi dernier (au moins), son Portail de Royaume va s’aligner avec un autre, et il a un feeling that tonight gonna be a good good (Blightk)night. Allez savoir pourquoi par contre. Scabclaw, qui n’a rien d’autre à faire que de gober ses cachetons anti-malaria (Rikkit descend de Pestilens, mais le système imunitaire n’est pas tout à fait au niveau) en attendant que son hôte prenne une décision, accepte de patienter le temps que Bule sorte de sa bulle, et nous voilà tous réunis pour le banquet de l’amitié alors que la lune nouvelle se lève. Mais voilà, l’Elizabeth Teissier locale s’est plantée dans les grandes largeurs dans ses prévisions. Au lieu d’un heureux présage quelconque, comme une pluie de grenouilles ou une tempête de morve, c’est une armée de Seraphons1 qui se matérialise au cœur du domaine du Pouce Noir, pour le plus grand déplaisir du maître des lieux. L’affrontement qui s’en suit, s’il permet à chacun de nos personnages de briller (à leur manière respective), demeure incertain jusqu’à ce qu’un random Gaunt Summoner se matérialise aux côtés de Bubulle et l’enjoigne à aller le rejoindre, à travers le Portail des Royaumes désormais fonctionnel que Maggotkin et Seraphons convoitent. L’homme à la tête de bêche2 n’a pas le temps de développer qu’un autre invité de marque fait son apparition : le Seigneur Kroak en personne, pas encore plastifié mais toujours au top de son game. Un petit appel de la comète plus tard, les prouteux deviennent gazeux (un comble) et Bule, Fistula, Scabclaw et quelques suivants décident d’aller se changer les idées à la campagne. Logiquement chamboulé par l’éviction injuste qu’il vient de subir, mais également par le message sybillin sussuré par le Gaunt Summoner furtivement croisé quelques minutes plus tôt, le placide Bule réagit mal aux velléités de rébellion de Fistula, qui ne se sent plus péter (dommage vu son affiliation) depuis qu’il a pris pied sur une terre vierge et pas encore trop polluée. Un gros câlin rancide plus tard, le jeune arriviste maigrelet est au lit avec 49°C de fièvre et complètement ravagé par le variant breton de la Pourriture de Nurgle. Ce qui a pour conséquence de le transformer en jukebox à prophétie : toujours pratique pour faire avancer l’intrigue. On apprend ainsi que le RSVP adressé à Copsys Bule émanait de nul autre qu’Archaon en personne, en grand besoin d’élus pour rejoindre les rangs de sa Varanguard. Pas du genre à se hâter, notre pondéreux et pondéré héros prend toute fois le temps de la réflexion (et du massacre et du compostage des quelques Skavens qui lui courraient dans les pattes, dont Scabclaw), avant de prendre sa décision finale… 1 : Identifiés par Scabclaw grâce à la mémoire innée qu’ont les Skavens de leurs ennemis ancestraux, et même interstellaires si on y réfléchit. 2 : L’ennemi mortel de l’homme à la tête de chou, comme chacun sait. Avis : Foudrolle : Je suis très mitigé sur cette nouvelle. Elle déborde de descriptions qui raviront les amateurs de maladie et de putrescence. L’univers si particulier de Nurgle est très bien retranscrit dans ce récit et les amoureux du Grand Père devrait adorer. Kletch Croûtegriffe vaut à lui tout seul la lecture de la nouvelle tant il dépeint avec brio ce qu’est l’esprit skaven (coucou les réminiscences de la Lustrie). J’ai vraiment adoré ce personnage qui aura été misérablement génial du début à la fin. Alors, il est ou le problème ? Je n’arrive tout simplement pas à adhérer au concept des séraphons. Leur intégration à l’univers, même en prenant en compte les largesses d’AOS, est pour moi vraiment trop WTF. Leur arrivée casse complétement le bon départ de la nouvelle. On commence par quelque chose de délicieusement répugnant, pour finir sur un combat contre des lézards armés de sarbacanes stellaires (et pourtant j’adore les skinks !). Je grossis volontairement le trait mais certains mélanges ne marchent tout simplement pas. gilian : Bien que n’étant pas d’une originalité folle, cette nouvelle introduit efficacement un nouveau personnage au sein de la série. L’avenir de Copsys Bule s’annonce prometteur, et l’on ne peut qu’espérer une suite pour ne pas rester sur notre faim. Schattra : David Guymer lance l’arc de ‘Call of Archaon’, série de nouvelles écrites à quatre ou huit mains, selon que l’on considère un stylo ou un clavier, relatant les aventures concurrentielles de trois champions de Dieux Sombres (moins Slaanesh, qui cuve ses excès de la veille) pour intégrer la Varanguard, avec ce ‘Beneath the Black Thumb’1. Donc oui, au cas où vous en douteriez encore, Copsys Bule finira par lâcher sa bêche pour partir pour Varanspire. Si Guymer se montre à son aise pour mettre le lecteur dans l’ambiance mortifère mais joviale propre (haha) aux fidèles du Grand Père, et que l’opposition qu’il met en scène entre Pestilens « civilisés » et Maggotkin tribaux et anarchiques – en un mot, chaotiques – est assez bien sentie, le résultat final sonne encore trop comme la simple introduction (qu’elle est, en toute honnêteté) des futures aventures de Bule qu’une œuvre à part entière. Ce qui est dommage car il ne manquait pas grand-chose pour que le résultat soit satisfaisant. On appréciera tout de même de croiser les Seraphons, même cantonnés au rôle de faire-valoir lumineux, dans cette nouvelle, qui est l’une des rares à ce jour à mettre en scène ces transfuges célestes du Monde Qui Fut. 1 : Je soupçonne un jeu de mots avec ‘under my thumb’, qui veut dire ‘sous ma coupe’ en français, mais rien de fulgurant ne m’est venu jusqu’ici… Fluff : Skavens (Culture) : Le souvenir de leur rivalité avec les Hommes Lézards/Seraphons en Lustrie s’est perpétué au sein de l’espèce malgré la disparition du Monde Qui Fut. • Great Red // Grand Rouge merci @Foudrolle ! Révélation Hammerhal & Other Stories // Hammerhal & Autres Récits/2017/37 pages Dramatis Personae : Ramus de l’Âme Ombragée : Stormcast Eternal, Seigneur-Relictor de la chambre des Cœurs de Taureau de l’ost tempête des Celestial Vindicators Vandalus : Stormcast Eternal, Chevalier-Azyros de l’ost tempête des Astral Templars Skraggtuff : Ogor décapité Korruk le Grand Rouge : Orruk, Megaboss Ironjaws Le Grot : Grot Intrigue : Foudrolle : Ramus de l’Âme Ombragée est lancé dans une traque éperdue de Mannfred von Carnstein après la trahison de ce dernier – O_o - et la perte du Seigneur Célestant Tarsus Cœur de Taureau. Accompagné d’un groupe d’Astral Templars et de Vandalus chevalier-Azyros, du même ost tempête, il écume la Mer des Os en quête de sa proie. Dans cette quête vengeresse, il est guidé par la tête de Skraggtuff, un ogor mort également trompé par le vampire. En suivant Skraggtuff, Ramus et les Astral Templars tombent nez à nez avec un groupe d’Ironjaws. COMBAT. Un ver hurleur s’invite dans la bataille entre Stormcast Eternals et Ironjaws, et avale Paul le big boss des Ironjaws… qui est finalement juste coincé dans sa gueule. Les Stormcast Eternals finissent le travail et reprennent leur route jusqu’à atteindre la forteresse du Grand Rouge. COMBAT. Les Stormcast Eternals conquièrent la forteresse et trouvent un grot solitaire qui leur apprend que le Grand Rouge est parti avec la plupart de ces boys. Bien évidemment le Grand Rouge ne tarde pas à revenir. Ramus le défie avec l’aide de Vandalus, le Grot se fait pulvériser et au final, tout ce petit monde se rend compte qu’il a été manipulé par Mannfred von Carnstein à travers Skraggtuff. Statut quo. Le Grand Rouge rejoint ses boys, les Stormcast Eternals restent dans la forteresse et Mannfred von Carnstein n’en peut plus de rire de son propre génie diabolique. Schattra : Dans la Mer des Os, les choses ne sont pas optimales pour Ramus de l’Âme Ombragée (c’est bien la seule chose qui l’est en ce moment), meneur de facto d’une coalition éprouvée d’Hallowed Knights et d’Astral Templars, sous le commandement du bien nommé Vandalus, qui progresse péniblement en direction de la forteresse d’un chef de guerre Ironjaws connu sous le nom de Grand Rouge. Le but de la manoeuvre ? Convaincre cette grosse mais simple brute de s’allier avec les Stormcast Eternals et lancer un assaut décisif sur les positions de Mannfred von Carstein, qui s’est fait un ennemi (im)mortel en la personne de Ramus suite à sa trahison lors de la rencontre malheureuse des Hallowed Knights avec un Nagash imbuvable quelques mois plus tôt. Bilan des courses : une reforge supplémentaire pour tout le monde, sauf pour le malheureux Lord-Celestant Tarsus, dont l’âme s’est faite happée par le Dieu de la Mort avant d’avoir pu repasser par la case Sigmar. Depuis, Ramus poursuit le vampire félon à travers les Royaumes Mortels, bouclier magique en bandoulière et tête d’Ogor GPS1 au côté. Bref, it’s complicated. Ce qui n’est pas compliqué, par contre, est le refus catégorique des Orruks locaux de se plier à l’exercice de pourparlers avec les Sigmarines, forçant ces derniers à massacrer tous les peaux vertes se plaçant en travers de leur route en gueulant (eh oui, ce sont les Hallowed Knights) « NOUS VENONS EN PAIX », ce qui est tout de même assez particulier. Ajoutez à cela les assauts réguliers de grindworms2 curieux, attirés par les coups sourds et réguliers des marteaux des Stormcasts sur le crânes épais des Ironjaws, et vous aurez tous les ingrédients d’un trek mémorable. Au four, au moulin et au reliquaire lance-éclairs, Ramus donne de sa personne pour accéler les négociations, jusque là peu fructueuses, avec les bandes des guerre nomades qui sillonnent le désert de Ghur, et finit par mener ses ouailles jusqu’au pied de la forteresse du Grand Rouge, où elles demandent à être reçues. Aux bataillons statutesques de Stormcast Eternals, les Orruks répondent par l’envoi d’un striker défoncé aux champignons et chantant en boucle l’intégrale de Crazy Frog, ce qui est perçu comme une offense délibérée de la part de locaux. L’approche diplomatique ayant à nouveau échouée, Ramus, Vandalus et le reste de l’omnibus, dont ce bon vieux Cassos, que je tenais à citer car j’adore vraiment son patronyme, passent sur le corps de la garnison Ironjaws avec le professionnalisme qui les caractérise, et investissent les lieux dans l’attente du retour de leur propriétaire légitime. Sur place, Ramus a le temps de s’initier aux mystères insondables de l’écriture Orruk, où les mots veulent dire ce qu’ils disent (à sa grande perplexité), et Vandalus trouve même un Grot solitaire pour servir de guide du patrimoine à la troupaille pour passer le temps. Fort heureusement pour tout le monde, à commencer par le lecteur, l’attente n’est pas longue, Grand Rouge et ses hordes qui… avaient oublié de couper le gaz avant de partir en migration vers le Portail du Royaume tenu par Mannfred, j’imagine, se présentant devant leur domicile de fonction en rangs serrés. Une nouvelle fois, Ramus invite courtoisement le chef adverse à venir discuter de leurs intérêts communs, et une nouvelle fois, il se retrouve à devoir défendre sa vie contre les assauts brutaux de son « partenaire3 ». Ca commence à être usant, même si Vandalus, en bon copain, prend rapidement la relève pour permettre à Delafon Dragée de souffler un peu. Les choses auraient pu suivre leur cours naturel n’eut été la manifestation soudaine et non sollicitée de ce vieux Skraggtuff, qui se révèle être une simple enceinte Bose depuis laquelle Mannfred en personne soufflait ses précieux conseils à Ramus. Consternation chez les Stormcast, hébétude chez Grand Rouge, hilarité chez le vampire, qui a la satisfaction de livrer un petit monologue de grand méchant victorieux à ses adversaires sidérés, avant de leur donner rendez-vous au Portail du Royaume pour une explication terminale. Comprenant enfin qu’il a été dupé, Grand Rouge repart en braillant à travers la Mer des Os à la tête de ses hordes, qui finalement se sont tapées un aller-retour pour rien. Honteux et contrit de s’être fait une nouvelle fois avoir, Ramus avale quant à lui le peu d’amour propre qui lui reste pour emboîter le pas du Megaboss et emmener ses troupes vers la bataille finale. Ca va zouker dans les chaumières. 1 : Ogor dont l’utilité est vraiment toute relative, puisque les indications qu’il donne sont de l’ordre du « Mannfred n’est pas loin. » La triangulation ne marche pas super bien on dirait. 2 : Population excessive de Shai-Hulud d’Arakis exportés vers une autre franchise fantastique pour dans le cadre d’un programme de préservation de l’espèce. 3 : En même temps, commencer les négociations en affirmant que le territoire de la partie adverse ont été conquises au nom de Sigmar et balancer un éclair sur leur porte-parole ne doit pas aider à détendre l’ambiance autour de la table. Avis : Foudrolle : Je n’ai vraiment pas aimé cette nouvelle qui est une succession de combats sans réel intérêt puisque sans enjeu. Les Stormcast Eternals ne perdent jamais et surtout pas contre la Destruction. Reste le grot tellement mignon que les Stormcast Eternals renoncent à le passer au fil de l’épée. Schattra : 'Grand Rouge' est un travail difficile à évaluer de façon indépendante, son intégration dans un arc narratif s’étant considérablement complexifié depuis ses débuts (on parle du 7ème épisode d’une série en comptant 8 ) rendant l’entreprise assez peu aisée, surtout pour le lecteur non familier des épisodes précédents, ce qui est mon cas. On peut toutefois affirmer sans équivoque qu’il s’agit, encore une fois, d’une nouvelle où des Stormcast Eternals tapent sur des trucs, ici un échantillon représentatif du Battle Tome Ironjaws, avec des résultats toujours aussi con…cluants. Les puristes pourront mettre en avant le fait que les Orruks sont légèrement plus résistants, mais sensiblement moins vifs, que le guerrier du Chaos moyen, ce qui est perceptible dans la description du combat opposant Ramus à l’un des géants verts créchant dans la Mer des Os. Si on veut. Les amateurs de bataille rangée en auront également pour leur argent, la sortie effectuée par les Peaux Vertes après que les Stormcast Eternals aient frappé à la porte pour leur demander des friandises donnant lieu à un affrontement d’assez belle taille. Reste que si on enlève les parties belliqueuses de 'Grand Rouge', on se retrouve avec pas grand-chose de plus que des dialogues de meublage, qui paraitront assez abscons aux pauvres âmes n’ayant pas eu la chance et le privilège de lire les épisodes précédents de la geste des Hallowed Knights. Pareillement, le cliffhanger des familles venant terminer la nouvelle, et augurant d’une bataille finale proprement titanesque (j’en frétille d’avance…) risque fort de tomber à plat pour qui n’avait pas cotoyé Ramus de l’Âme Ombragée et de la Petite Tête pendant un laps de temps assez long pour être touché en plein cœur par la nouvelle fourberie de Mannfred. Cette connaissance des évènements précédents pourrait d’ailleurs peut-être expliquer de façon satisfaisante et logique pourquoi le grand méchant décide tout d’un coup de révéler sa présence, alors qu’il était bien parti pour obtenir que ses deux adversaires s’entretuent posément, ce qui aurait fait ses affaires, sans doute. Au lieu de ça, son désir d’être reconnu comme la personne la plus intelligente du Royaume a vraisemblablement conduit à l’établissement d’un cessez le feu entre Ramus et Grand Rouge, ce qui n’augure rien de bon pour notre taquin de Mortarque (je dirais même que ça lui Nuit… get it ?). Bref, une nouvelle qui n’en est pas vraiment une au final, mais plutôt un chapitre de la saga compilée dans 'The Realmgate War' : si vous n’avez pas lu le début de l’histoire, je vous dispense, dans mon infinie munificence, de vous infliger la lecture de cette nouvelle. Fluff : Géographie (Ghur) : La Mer des Os est un désert de sable sous domination Orruk, et servant de terrain de chasse à des vers géants (grindworms) qui chassent les inconscients qui osent traverser ces étendues désolées. Orruks (mentalité) : Les Orruks sont plus raisonnables et fiables que leurs ancêtres Orques, on peut s’en faire des alliés en les impressionnant par de hauts faits d’armes. Les Orruks aiment construire en hauteur, à la fois pour démontrer leur statut et pour pouvoir contempler ce qui leur appartient. Astral Templars : La livrée des Astral Templars est marron (rq : maroon en VO, ce qui se traduit en marron mais indique une teinte rougeâtre) et or. • The Sea Taketh Révélation Myths and Revenants/2019/27 pages Intrigue : Les Kharadron sont prêts à toutes les extrémités pour faire du profit, et pour le héros de notre histoire, l’aventurier Ingrdrin ‘The (Code) Rock(s)’ Jonsson, cela se traduit par un peu de plongée sous-marine sur le littoral de Blackfire Bight, en Shyish. Ses dernières pérégrinations l’ont en effet amené à mettre la main sur un carnet de notes skaven, localisant l’emplacement d’une cité du légendaire peuple des Idoneth Deepkin : Aighmar. Flairant une opportunité de s’en mettre plein les poches, il embauche un pêcheur local (Tharril) pour l’emmener jusqu’au lieu où la ville engloutie est sensée se trouver (en tout cas sur le cadastre), et réalise une plongée exploratoire dans son scaphandre dernière génération1, manquant certes de se faire croquer par un allopex affamé, mais réussissant à rassembler quelques artefacts exotiques qu’il espère pouvoir écouler à un bon prix sur le marché de l’occasion. Cependant, et contrairement à ce qu’il annonce à Tharril et à sa fille Thalia une fois remonté à la surface, sa visite ne s’est pas passée aussi tranquillement que cela, et notre maître Duardin ne tarde pas à mettre les voiles le moteur pour repartir vers l’enclave Kharadron de Toba Lorchai. Bien lui en a pris, car le soir même le petit village reçoit la visite d’une bande d’Idoneth pas vraiment jouasses, menés par un Soulrender sentimental et rien de moins que la Reine de Mor’phann, la possessive Pétra. Ne trouvant rien de très intéressant parmi les cabanes en torchis et les barques à moitié pourries qui constituent tout le patrimoine de cette humble communauté, les Aelfs des abysses font le plein d’âmes et se remettent en chasse, ne laissant que la pauvre Thalia fredonner ‘la maman des poissons… elle est PAS gentilleuuuuh’ auprès des formes comateuses de ses proches anâmiés. De son côté, Jonnson a beau faire grand train vers Toba Lorchai, dont il espère que la solide enceinte et la forte garnison décourageront les précédents propriétaires de son loot de venir porter plainte, il se doute bien que les Idoneth ne lâcheront pas l’affaire de sitôt, comme la persistance d’un vague (haha) écho et les relents tenaces de poisson avarié qui le suivent partout le laissent envisager. Son premier réflexe une fois arrivé à bon port est de faire un crochet par la boutique de Murrag, une chineuse d’antiquités Ogor avec laquelle il est en affaires depuis des années, afin de lui remettre son butin ainsi que le carnet avec l’emplacement d’Aighmar. Lui-même n’aspire plus qu’à prendre l’air à bord de son dirigeable et laisser l’océan de Shyish loin derrière, mais à son grand regret, sa receleuse se contente de prendre ses babioles ouvragées, et lui laisse le bout de corail noir qu’il avait également ramassé pendant sa plongée en paiement de ses services. Bien que percevant l’aura magique entourant cet artefact, ce qui ne manque pas de le mettre mal à l’aise, Jonnson ne peut se résigner à l’abandonner dans la première poubelle venue : en tant que Kharadron, il en va de son honneur, non de son devoir, de tirer profit de ce caillou enchanté. Il repart donc en direction des quais de Toba Lorchai, mais n’y arrive pas avant que les Idoneth aient lancé leur attaque sur la cité. Les habitants du cru ne se laissent pas faire et ripostent bellement, permettant à Jonnson et son équipage de tirer leur révérence dans la confusion des combats ; une fois la sécurité de la troposphère atteinte, notre héros miraculé reconsidère ses priorités et décide finalement de balancer ses derniers souvenirs d’Aighmar par dessus-bord… Révélation …C’était toute fois sans compter l’arrivée soudaine d’un leviadon et de tout un escadron de créatures marines très à l’aise dans les courants atmosphériques. Malgré l’héroïque résistance que leur oppose l’équipage du dirigeable, les Idoneth n’ont aucun mal à aborder le frêle esquif et à rentrer en possession de leurs biens. Comme Pétra l’explique aimablement à Jonnson avant de lui prendre son âme en dédommagement des préjudices subis, ce que le Kharadron avait pris pour un simple morceau de corail était en fait un éclat du chorrileum d’Aighmar, et contenait une partie des âmes des anciens habitants de l’enclave. Il était donc hors de question de le laisser entre les doigts boudinés d’un Duardin cupide, alors que le reste des artefacts volés par Jonsson n’intéressait ironiquement que très moyennement les Idoneth. Morale de l’histoire : la marée n’est pas prêteuse, c’est là son moindre défaut. 1 : Il a même l’eauto-radio, c’est dire. Avis : David Guymer nous livre une parfaite introduction aux Idoneth Deepkin avec ‘The Sea Taketh’, mettant en scène de manière inspirée et atmosphérique l’approche particulière que les Aelfs sous-marins ont de la guerre et leurs rapports de semi-ostracie avec le monde de la surface. Le choix de Guymer de raconter cette histoire du point de vue du pillard traqué par les Idoneth permet à ces derniers de conserver leur aura d’étrangeté et s’avère être une décision judicieuse d’un point de vue narratif. J’ai également apprécié le phénomène des « acouphènes marins » qui frappe le héros après son forfait, trouvaille intéressante pour faire comprendre au lecteur que s’éloigner de la côte n’est pas une solution pour échapper à la vengeance des militants Sea Shepherds des Royaumes Mortels. Enfin, il se donne la peine d’intégrer au récit les caractéristiques propres de l’enclave Mor’phann que sont le talent inné de ses Soulrenders pour rescuciter les Namarti, et la brume glacée que les parties de chasse de cette faction invoquent pour fondre sur leurs proies sans se faire repérer, ce qui est une attention touchante pour son lectorat de fluffistes. Une vraie réussite, qui donne envie de se donner sur les autres travaux océaniques de cet auteur, à commencer par son roman ‘The Court of the Blind King’. Fluff : Faune : Parmi les espèces marines des Royaumes Mortels, on trouve le merwynn et le kelpdarr, isolationnistes et territoriaux. Chassés par des prédateurs de plus grande taille, comme le lurkinarth, le kalypsar et l’allopex. Le krakigon et le leviadon sont des monstres marins. • The Learning Révélation Myths and Revenants/2019/27 pages Intrigue : Nous suivons l’apprentissage difficile d’Ubraich, un jeune Idoneth ayant gagné à la loterie des profondeurs et étant né avec une âme (et des yeux), et placé par sa mère en internat au temple isharann le plus proche après que son potentiel de mage ait été découvert. Ayant tapé dans l’œil d’un Embailleur (ce qui est délicieusement ironique) du nom de Giléan aux Six Yeux pendant ses études, Ubraich se fait rituellement taillader le visage par son futur tuteur pendant la journée porte ouverte organisée par Giléan dans la piaule de son futur apprenti. Car chez les Idoneth, on ne choisit pas de faire des études, ce sont les études qui débarquent chez vous par effraction et animées de mauvaises intentions. Peine de mort pour les redoublants, je suis sûr. Le vieux maître est une peau de vache de mer, mais parvient tout de même à former son apprenti de manière convenable avant qu’un tragique accident de domptage de deepmare rétive (comme toutes les deepmares) ne vienne mettre un terme sanglant et définitif à sa carrière. Son sacrifice permettra toutefois à Ubraich de terminer de mater l’acariâtre bestiole, pour le compte de la tout aussi acariâtre Dame Sithilien, qui désirait une monture digne de ce nom pour frimer parmi la jet set des profondeurs. 20 ans plus tard, nous retrouvons Ubraich, devenu maître Embailleur à son tour et formant trois apprentis (Irimé, Flowain et Valhanir) alors qu’il se masse une cuisse douloureuse dans le confort de sa moule de compagnie. Il s’agit d’une des séquelles que notre héros a hérité lors de sa confrontation avec la deepmare de Sithilien, et qui n’a jamais guéri (fun fact : les Idoneth cicatrisent très mal). Alors qu’il regarde du coin de l’œil ses pupilles (ça aussi, c’est pas mal comme calembour) tabasser un pauvre allopex avec les matraques électriques qui sont l’outil principal des Embailleurs, il est surpris par l’arrivée de sa vieille amie with benefits (fun fact : les Idoneth sont libertins), qui lui apporte des nouvelles intéressantes du vaste monde. Une deepmare d’une taille prodigieuse aurait été aperçue près de l’enclave de Dwy-Hor, et comme Ubraich s’est donné pour but de devenir la référence absolue de la profession, il ne peut pas passer à côté de cette occasion de surpasser son maître en capturant ce léviathan. Dwy-Hor n’étant pas la porte d’à côté, une telle expédition ne pourra se faire sans l’appui d’un patron influent, et Sithilien accepte noblement de prêter sa petite armée de Namasti à son concessionnaire favori. Tout ce beau monde se met en route, et au bout d’un voyage éprouvant, parvient à l’endroit où la bête fabuleuse a été repérée. Grâce aux pouvoirs mystiques des Embailleurs, qui peuvent pister une âme à partir de la morsure laissée dans un bout de bidoche (c’est fort), les chasseurs ne mettent guère de temps à localiser l’antre de la deepmare, qui se révèle être en effet d’un fort beau gabarit (trois fois la taille de la monture de Sithilien). L’opération de capture commence, et comme prévu, un grand nombre de Namasti connaît une mort horrible en détournant l’attention de la bête pour le compte de leurs patrons. Confiant dans sa maîtrise du bâton de berger, Ubraich nage en douce jusqu’à la tête du monstre et lui assène un coup bien placé qui lui réduit un œil en bouillie (ce qui fait partie du protocole classique de domptage chez les Idoneth, je vous rassure). Encore un, et l’affaire sera dans le sac… Révélation …Sauf que la deepmare en question dispose d’un système nerveux particulier, qui la rend insensible à la vague de douleur indicible qui incapacite en temps normal les êtres vivants frappés par une crosse d’Embailleur. Elle est seulement très mécontente d’avoir été éborgnée par l’Aelf en calbute qui essaie maintenant de s’éloigner frénétiquement en brasse coulée, et on peut la comprendre. Ubraich essaie bien d’appeler à l’aide son apprentie la plus proche pour qu’elle utilise ses pouvoirs pour empapaouter la bestiole vengeresse le temps qu’il se mette à l’abri, mais cette fourbe d’Irimé, aussi avide de gloire qu’Ubraich l’était à son âge, ignore malencontreusement les instructions de son maître et ce dernier se fait promptement déchiqueter par la deepmare. Moralité de l’histoire : le dialogue intergénérationnel est vraiment rompu chez les Idoneth… Avis : Je ne sais pas pour vous, mais de toutes les factions développées par Games Workshop à ce jour, j’ai trouvé les Idoneth Deepkin les plus complexes à comprendre (mes avocats me disent que je dois préciser ici que je n’ai pas lu le Battle Tome de cette armée). Outre le fait que leur existence sous-marine me fait poser un tas de question pratico-pratique qui sont rarement évoquées dans la GW-Fiction, le lexique qu’il faut maitriser pour ne rien rater de leurs pérégrinations aquatiques est particulièrement riche. Certes, il est souvent possible de laisser sa curiosité insatisfaite devant un mot incongru écrit en italiques (on peut vivre sans savoir comme les Idoneth appellent leurs pinces à bigorneau), mais il est au contraire parfois essentiel de faire de la recherche appliquée pour ne pas passer à côté d’un élément important de la résolution d’une intrigue. Je me suis fendu de ce paragraphe de contexte pour pouvoir décerner à ‘The Learning’ la palme (de plongée) de la nouvelle Idoneth Deepkin la plus accessible – ce qui est bien – et la plus didactique – ce qui est mieux – du catalogue de la BL à ce jour. Avec un titre et un sujet pareils, vous me direz que c’est assez logique, et vous aurez raison, mais les contributeurs de la Black Library ne sont pas tous égaux au moment de prendre la plume, et je suis sûr que d’autres que David Guymer auraient sombré dans les abysses sombres et glacées du « cf le Battle Tome » s’ils avaient écrit cette histoire. Rien de tout ça ici, la culture si particulière de cette faction étant présentée avec le bon niveau d’immersion (lol) et de pédagogie, ce qui permet d’en apprendre beaucoup sur les Aelfs des mers en l’espace de quelques pages. C’est là la première qualité de ‘The Learning’, mais l’histoire en elle-même est loin d’être mauvaise (on a le droit à un twist final bien senti, c’est déjà ça), même si son intrigue est d’une simplicité consommée. Bref, j’en recommande la lecture à tous ceux qui veulent découvrir les ID dans les meilleures conditions. Fluff : Idoneth (Culture) : Les Idoneth favorisent la fécondité à la fidélité, les naissances hors mariages ne sont pas rares, et acceptées. Ils sont également plutôt puritains, et peu inclinés à la pompe et aux démonstrations de splendeur. Idoneth (Cités) : Il y a cinq enclaves Idoneth dans la Faille Verte (Green Gulch) de Ghyran : Briomdar ; Elgaen, la Cité Blanche ; Dwy-Hor, où les Sylvaneth se rendent de temps à autres ; Guethen, renommée pour ses murailles de pierre et la bravoure de ses guerriers ; et Túrach, la Cité des Epines. • Death by a Thousand Gnaw-Bites Révélation Black Library Events Anthology 2019/20/2019/19 pages Intrigue : Devenu sans terrier fixe après l’invasion de son bastion séculaire par le clan Zappitch et ses machines du diaaaable, le clan Grench brave les conditions hostiles du désert souterrain de Necros en Shyish, afin de quémander l’aide de ses « alliés » (disons qu’ils se connaissent depuis longtemps et ne se sont pas toujours tapés dessus) du clan Fetter. Menés par le Maître de Meute Krowl, les hordes dépenaillées de Grench finissent par arriver à bon port malgré les ravages des morts sans repos et les rafales dévastatrices du mistral local, et les négociations s’ouvrent avec le sous-chef Thiskrule, à qui Krowl fait une offre difficile à refuser : en échange d’un couple d’Ogors pour reprendre son activité d’élevage de Rats… Ogors (eh oui, les chats ne font pas des chiens), le clan Grench fera cadeau de ses dix premiers spécimens à son généreux bienfaiteurs, plus 10% de la production future, plus une meute de rats géants offerte, plus 20% de la production future de rats géants offerte, plus un porte-clé, plus un autographe de Jervis Johnson. Pas mal du tout. Thiskrule est tenté, mais son propre clan est déjà en négociation exclusive avec Zappitch, dont l’arsenal démentiel provoque une peur bien compréhensible chez ses voisins immédiats. Il y a toutefois toujours moyen de moyenner, et le sous-chef finit par accepter de laisser chasser Krowl et ses sbires en paix pendant quelques heures dans une carrière secondaire exploitée par le clan Fetter, le temps pour eux de capturer quelques-uns des nombreux Ventres de Feu baguenaudant dans cette région volcanique. Pour cela, il suffit d’attendre la nuit et d’appâter ces grands gourmands en mettant à jour des coulées de lave à l’aide d’explosifs. Le R.A. RA du métier pour des mineurs et dresseurs expérimentés tels que Fetter & Grench… Révélation …Mais les Skavens cannot have nice things, c’est bien connu. Thiskrule trahit donc Krowl en faisant fuiter l’accord à ses alliés de Zappitch, qui envoient un bataillon de Jezzails faire du maintien de l’ordre dans la méga-bassine où les Moulder déracinés s’étaient mis à l’affût. Outré par tant de vilénie, Krowl fonce dans le tas en hurlant All Skryre Are Bastards et castagne la moitié des tireurs à lui tout seul, avant de se retrouver face au Maréchal des Logis Technomage en charge des opérations, qui lui intime l’ordre de se rendre sans plus faire de vilain. C’est mal connaître l’esprit libre et punk qui habite Krowl, qui subtilise le tonfa enflammé de son interlocuteur d’un coup de fouet bien placé, et le balance dans le tas d’explosifs le plus proche au moment où cette fouine de Thiskrule vient s’enquérir de la situation. Et ça fait BOUM BOUM BABY, comme disent les jeunes. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais la résistance exceptionnelle des personnages Moulder permet à Krowl de survivre à l’explosion, et de constater qu’il a finalement un peu de chance dans son malheur. Un Ventre de Feu par le magma alléché est venu étancher (?) sa soif à proximité, et notre héros arrive même à mettre la patte sur un attrape-chose fonctionnel qui traînait dans les décombres (même s’il doit faire la peau du collègue qui ne voulait pas lui prêter cet outil de travail pour en récupérer l’usufruit). Pas de clan ? Pas de problème. C’est ça qu’on appelle la start-up nation. Avis : Eh bien, je dois dire qu’il y avait longtemps que je n’avais pas lu de nouvelle de GW-Fiction aussi exigeante en matière de style. Ce n’est pas faire outrage à la Black Library que d’affirmer que sa prose est dans la majorité des cas d’une très grande simplicité, ce qui la rend d’ailleurs assez accessible aux lecteurs dont l’anglais n’est pas la langue maternelle, ce qui est mon cas. Guymer s’inscrit en faux de cette tendance de fond dans son ‘Death by a Thousand Gnaw-Bites’, qui multiplie les tournures plus tarabiscotées que d’ordinaire, utilise un vocabulaire plus spécifique et abuse de digressions anecdotiques1, pour un résultat proprement grisant et déroutant. Si vous avez envie de vous mesurer à un court format de GW-Fiction d’un niveau « avancé », vous tenez ici un bon spécimen. Ces considérations stylistiques mises de côté, on a affaire à une histoire de Skavens assez riche en détails fluff (miam) comme Guymer sait en écrire, mais dont le scénario est d’une scandaleuse simplicité. Ce n’est pas la fin du monde, mais vu le mal que l’auteur s’est donné sur la forme, il est vraiment dommage qu’il n’ait pas jugé bon de muscler un peu sa copie de ce point de vue-là, tout aussi si ce n’est plus important. D’ailleurs la sixième et dernière partie de la nouvelle est si grossière (« tout-a-pété-mais-je-suis-toujours-en-vie-et-oh-regarde-il-y-a-un-Ogor-qui-passe-et-je-pique-l’attrape-chose-du-copain-qui-ne-veut-pas-le-donner-alors-je-le-tue-et-je-pars-à-la-pêche-comme-si-de-rien-n-était ») que j’ai honnêtement cru à la première lecture qu’une partie de l’histoire manquait. Rien de tout ça au final, seulement une expérimentation étrange, intéressante mais inaboutie, signée du fantasque David Guymer. 1 : Un bon exemple de cela est le titre de la nouvelle, qui fait référence au vent « dévitalisant » et démoralisant qui souffle dans le désert souterrain de Shyish où se passe l’histoire… et qui ne joue finalement aucun rôle important dans l’intrigue. Pour qui connaît la tendance des auteurs de la Black Library à choisir des titres directs et percutants, c’est un choix particulier qu’a fait David Guymer. Fluff : Skavens (Caractéristiques) : Les Skavens ont une mauvaise vue (ce qui est compensé par leur odorat et ouïe très développés). • The Ancestors' Hall Révélation Age of Sigmar Character Week 2022/2022/14 pages Intrigue : Petite ambiance au festin donné par le roi Aegil Throndiksson pour le Kungstrollen. Cela peut s’expliquer par la moyenne d’âge très élevée des participants, ainsi que par leur faible nombre par rapport à la démesure du grand hall où se tient l’événement. Ah, et puis la bière est fade, et les discours prononcés n’ont pas bougé depuis au moins trois millénaires. L’ambiance « EHPAD pour nabots » est salutairement secouée lorsque les gardiens des portes de la forteresse viennent annoncer au roi et à ses invités que l’impensable vient de se produire : un visiteur s’est présenté à l’accueil. Bouleversée par cette nouveauté, l’auguste assemblée se rue sur ses déambulateurs et fauteuils roulants, et part à la rencontre de ce singulier personnage. En chemin, Aegil semble être sur le point de se souvenir de quelque chose d’important, mais finit par laisser tomber pour se consacrer à son activité favorite : sucrer les fraises. Enfin, tout ce petit monde arrive à destination, et fait la connaissance de Grombrindal, ou Gotti (« le voyageur » en vieux nainois1), dont le look étincelant aveugle presque les grabataires. Le Nain Blanc se plaint bruyamment du piètre accueil qui lui est fait (pas de bière, quelle honte), et fait mine de partir après avoir regretté qu’elle ne soit pas là. S’il est probable que la légende vivante fasse référence à sa Valaya d’amour, toujours portée disparue depuis la Fin de Temps, Aegil est quant à lui ramené au souvenir de sa femme Helnwyn. Qu’il avait simplement oublié (la classe), après qu’elle ait froncé les sourcils tellement fort qu’elle a implosé, ou quelque chose comme ça. C’était il y a foooort longtemps. Les trous de mémoire d’Aegil ne sont cependant que le cadet de ses soucis : le roi est d’abord inquiet par ce qui se passera si les portes de sa forteresse sont ouvertes pour permettre à Gotti de sortir, persuadé qu’il est que l’ENNEMI n’attend que ce moment pour envahir son domaine. On ne stoppe toutefois pas aisément Grombrindal, et le baroudeur barbu parvient sans mal à regagner l’air libre, Aegil et sa cour sur les talons. L’occasion pour les troglodytes cacochymes de jeter un œil sur le monde alentour, qu’ils n’ont pas contemplé depuis un petit moment… Révélation …Et ils sont ainsi fort surpris de se rendre compte qu’ils sont à Shyish, comme le visage géant de Nagash qui flotte dans le ciel, dans une imitation grimdark des Teletubbies (son émission préférée, sans doute) permet de l’établir sans contestation possible. Autre révélation majeure : ils sont morts. Gotti a la bonté d’aider son hôte à se souvenir de ce petit mais important détail, ainsi que du rôle qui lui a été confié lorsqu’il a passé l’arme à gauche en combattant les légions de Nurgle à Ghyran, de son vivant : accueillir les âmes des Duardin morts dans sa forteresse. Une tâche qu’Aegil a décidé d’abandonner pour se claquemurer dans son terrier lorsque Nagash a eu sa necro-fringale et a envoyé ses armées assiéger la montagne. Quelques millénaires d’isolation et l’absence d’interactions sociales ont cependant eu un effet déplorable sur l’état cognitif d’Aegil et de ses camarades, comme on a pu le voir plus haut. Il n’est cependant jamais trop tard pour adopter un mode de (non) vie plus sain, et le vieux roi passe le Rubicon Theodenis2 avec brio, menant ses guerriers à la défense de leur domaine lorsqu’une bande de spectres patibulaires les attaque alors qu’il discutait encore avec Gotti sur le pas de la porte. La nouvelle se termine avec le départ du Nain Blanc, qui affirme vouloir continuer sa tournée des forteresses Duardin de Shyish de l’espoir de la trouver (c’est beau l’amour tout de même), et l’arrivée des cohortes de réfugiés spectraux qui créchaient dans des camps de migrants aux alentours depuis des éons. Enfin un décideur politique qui prend ses responsabilités face au drame de l’immigration. C’est rare en ce moment. 1 : A ne pas confondre avec Gotye, qui est juste un type qu’on a connu. 2 : Celle-ci est vraiment de niche, mais j’ai bon espoir que mon lectorat la comprendra tout de même. Avis : David Guymer avait prévenu que ses écrits consacrés à Grombrindal (rassemblés en grande partie dans l’anthologie ‘Chronicles of the Wanderer’) ne ressembleraient pas à sa production classique pour la Black Library. On voit avec ‘The Ancestors’ Hall’ qu’il a tenu parole. Toute proportion gardée, on a plus l’impression de lire un passage des ‘Contes & Légendes Inachevés’ que du ‘Seigneur des Anneaux’, tant le propos de cette nouvelle semble se concentrer sur les mythes et croyances des Duardin. Si l’auteur laisse un peu de suspens planer sur la condition d’Aegil Throndiksson et de ses vieux copains, on sent qu’il n’a pas spécialement cherché à écrire une nouvelle à twist final, mais plutôt à donner à voir ce à quoi ressemble la « vie » des Duardin à Shyish. Pour ma part, le résultat final ne m’a pas plus emballé que ça, mais je soupçonne que la meilleure façon d’apprécier ces chroniques est de les lire en entier, plutôt que de se contenter d’une nouvelle individuelle1. 1 : Si c’est le cas, dommage que la Black Library ait choisi d’intégrer ‘The Ancestors’ Hall’ dans l’Age of Sigmar Character Week 2022, du coup… Fluff : Le Nain Blanc : Il se fait appeler Gotti (le voyageur) dans les Royaumes Mortels. Il a juré de visiter toutes les forteresses Duardin de Shyish, très probablement pour retrouver Valaya (présumée morte, et donc qui devrait se trouver dans ce Royaume). • Eight-Tailed Naga Révélation Warcry: The Anthology/2019/28 pages Intrigue : Réveillé par le contact déplaisant d’un serpent lui rampant sur le visage, Malik à la désagréable surprise de découvrir qu’il a été jeté au fond d’un puits rempli de rampants, ce qui ne colle pas du tout avec le souvenir qu’il avait de sa journée précédente. Par chance, il n’est pas le seul dans cette galère, les cris stridents de sa femme le menant très logiquement à… chercher où il a mis son couteau. Malik semble en effet avoir un petit problème avec la gent féminine, comme nous le verrons plus tard. En attendant, et toujours au fond du trou, Malik voit sa chère et sèche (on n’est pas tendre dans le Deepsplinter) se faire mordre par une des bestioles avec lesquelles ils partagent la fosse, avec des conséquences définitives pour la pauvre fermière. De son côté, il s’en sort mieux, non pas qu’il réussisse à passer entre les gouttes de venin des serpents avec lesquels il cohabite, mais en survivant à leur morsure, et en étant gratifié en sus d’une vision prophétique, l’enjoignant à se rendre dans les Collines de Cuivre à la recherche du Naga aux Huit Queues. À son (deuxième) réveil, Malik apprend de la bouche de son nouveau sidekick, Klitalash, qu’il fait maintenant parti du Splintered Fang, sa résistance au poison du serpent sacré Blan Loa l’ayant désigné comme un disciple de Nagendra. Il a aussi gagné un nouveau nom dans l’opération, et se fera désormais appeler Ma’asi (Ma’anon étant un prénom féminin). Après avoir grignoté un bout de Khaga pour se remettre de ses émotions, Ma’asi emboîte le pas de son guide et traverse le campement du Fang, qui a squatté sans gêne le hameau de Malik après s’être débarrassé de ses occupants, jusqu’à la tente du chef de la bande, Yaga Kushmer, affectueusement nommé Papa Yaga par ses ouailles. Yaga, en tant qu’émissaire des Coiling Ones, a pour charge de guider le culte en suivant les visions envoyées par Nagendra, mais son accoutumance aux diverses drogues ingérées, inhalées, étalées ou absorbées de façon quotidienne par les adeptes du Splintered Fang ayant eu des effets néfastes sur sa « réceptivité » aux signaux de sa divinité, il se montre très intéressé par le potentiel chamanique de sa dernière recrue. Cette dernière, après avoir un peu râlé pour la forme, accepte de coopérer avec Papa Yaga, bien aidée en cela par la correction infligée par le Pureblood de la bande en punition de sa mauvaise volonté. Ma’asi guide donc ses nouveaux amis jusque dans les Collines de Cuivre, malgré les conditions climatiques épouvantables s’abattant sur la petite troupe pendant le voyage1. Problème, la zone est vaste, et la vision peu précise. Heureusement, une embuscade d’Untamed Beasts, eux aussi sur la piste d’un gros gibier, permettra au Splintered Fang, après avoir repoussé les belliqueux naturistes (et massacré une Femen vindicative dans le cas de Ma’asi – quand je vous disais qu’il n’aimait pas les femmes –), de s’attacher le service d’un guide compétent, en la personne de Thruka, Heart-Eater et ultime survivant des malheureux assaillants. La bande arrive donc en périphérie d’un campement Grotkins, très occupés à miner les riches filons de cuivre dont les Collines tirent leur nom, qu’ils parviennent à valoriser grâce au venin corrosif d’une grande bête parquée dans un enclos non loin2. Persuadés d’avoir trouvé le fameux Naga de la prophétie, Papa Yage entraîne ses guerriers à l’attaque de la colonie peau-verte… Révélation …Et doit vite déchanter, quant, à l’ouverture de l’enclos, ce n’est pas un serpent qui s’en extrait, mais une Arachnarok copieusement mutée (elle pue tellement des pieds que ses pattes sont venimeuses, c’est dire) et de très méchante humeur. Spécialisé dans les bêtes squameuses et pas chitineuses, le Splintered Fang paie très cher sa méprise, et perd nombre de guerriers dans la bataille qui s’en suit. Finalement, c’est Ma’asi qui s’en sort le mieux, le venin de l’Arachnarok lui permettant d’atteindre le grade de Trueblood en trois battements de coeur, et la disgrâce de Papa Yaga de rallier à lui les survivants du Fang pour débuter sa propre bande. Le malheur des uns... 1 : Quand il pleut des hallebardes sur le Bloodwind Coil, vous pouvez être certains que ce n’est pas au sens figuré. 2 : On remarquera aussi qu’ils font un grand usage d’éoliennes, ce qui est au fond logique. Qui mieux qu’un Grot pour produire de l’énergie verte ? Avis : La vision (un concept important ici, comme vous l’aurez compris) que David Guymer a du Splintered Fang s’avère être à part égale déroutante et satisfaisante. Je ne m’attendais en effet pas à l’inspiration 'Les Cavaliers de la Mort' qu’on trouve dans la nouvelle, avec un protagoniste s’initiant et s’intégrant progressivement à la culture de ses ennemis, jusqu’à devenir un champion de ces derniers. Si le roman d’Abnett était bon, la nouvelle de Guymer, faute d’espace, parvient moins à entraîner son monde, mais réussit toutefois à singulariser les cultistes du Fang par rapport aux autres factions chaotiques du Bloodwind Spoil, beaucoup plus restrictives en termes d’admission. La mentalité assez inclusive des scions de Nagendra est un bon révélateur de la diversité des sociétés chaotiques, pas forcément « mauvaises » au dernier degré dans leur rapport au monde, ou en tout cas pas sur tous les sujets. Tant qu’on discute (ou en tout cas, que je parle) de l’approche choisie par l’auteur, notez qu’il est également le seul à avoir joué la carte de l’humour dans son récit, encore que légèrement (et c’est tant mieux, ayant tendance à penser que les Chaoteux se fendent la tronche de façon littérale plutôt que figurée la plupart du temps). En témoigne le personnage de ce roué de Papa Yaga1, fidèle dévoué mais pragmatique, qui fait confiance à son Dieu surtout quand ça l’arrange. De même, la mention de l’art délicat du silans, ou le talent de ne pas faire de bruit, me semble être un petit clin d’œil de Guymer à son lectorat à travers le quatrième mur. L’histoire en tant que telle est assez convaincante, l’intégration d’antagonistes un peu exotiques, par l’intermédiaire d’une tribu de Grots très loin de chez elle, mais assez bien accompagnée, permettant de varier un peu des affrontements fratricides qui sont la norme dans l’anthologie (à raison, ceci dit, et 'Eight-Tailed Naga' ne fait d’ailleurs pas exception). On pourra toutefois reprocher à Guymer son manque de clarté en ce qui concerne la prophétie éructée par son héros après que son épreuve de Fort Boyard se soit mal terminée. En ce qui me concerne, je n’ai pas compris qui faisait figure de naga à huit queues, ni pourquoi. Peut-être ai-je mal lu un paragraphe important, mais si la clarté n’est pas la qualité première de toute vision prophétique qui se respecte, il est en revanche important que le lecteur puisse saisir sans équivoque possible le fin mot de l’histoire, sans quoi l’auteur passera pour un jambon. Si quelqu’un à une interprétation définitive des élucubrations de Ma’asi, c’est volontiers que je prendrais connaissance de cette dernière. Enfin, Guymer fait le job au niveau de l’éclairage du background du Splintered Fang, avec un soin particulier apporté à la description de la société qu’entretiennent les cultistes, sorte de Woodstock perpétuel à la fois sanglant et tolérant. En plus de quelques notions culinaires, on en apprend également plus sur Nagendra et les Coiling Ones, ce qui est toujours bon à prendre. En revanche, les motivations du Fang envers Archaon restent assez floues, et je vois mal le Maréchal de l’Apocalypse tolérer qu’une caravane de drogués viennent squatter devant la Varanspire s’ils n’ont pas de solides arguments à faire valoir2. Il va falloir bosser votre présentation les gars. 1 : Dont le nom seul est suspect. Lorsqu’une nouvelle commence par « papayagapapayagapapayaga », on est en droit de se demander si la Reine de la Nuit ne va pas pointer le bout de son nez quelques pages plus loin. 2 : Et « t’en veux ? » n’en fait à mon avis pas partie. Fluff : Splintered Fang (philosophie) : Les cultistes du Splintered Fang viennent originellement des jungles d’Invidia (rq : à rapprocher de la déesse romaine du même nom, incarnant l’envie et la jalousie et représentée avec un serpent dans les mains) en Ghyran et sont au service des mystérieux Coiled Ones (rq : les ‘Enroulés’ ?, les ‘Lovés’ ?), qui sont les descendants du Dieu serpent Nagendra dont la mort a engendré les serpents des Royaumes Mortels. Chaque sacrifice fait à Nagendra rapproche sa renaissance, les bandes du culte se battent donc pour faire des prisonniers, en suivant les visions envoyées à leurs prêtres. Contrairement aux autres factions de Warcry, ils intègrent assez facilement les vaincus dans leurs rangs, sous réserve que ces derniers parviennent à survivre à leur épreuve d’initiation, qui consiste à se faire mordre par le Blan Loa, un grand serpent blanc sacré pour le culte (rq : à noter pour le lol que l’art de ne faire aucun bruit est appelé ‘silans’ par le Splintered Fang). Le Splintered Fang fait grand usage de poisons et de toxines, qui paralysent, asphyxient ou font muter leurs victimes. Splintered Fang (organisation) : Les cultes sont menés par des prêtres chamanes appelés Serpent Callers, qui reçoivent des visions de Nagendra. Les guerriers du Splintered Fang gagnent du galon au fur et à mesure qu’ils se transforment en reptiles. En bas de l’échelle se trouvent les Sangs Clairs (Clearblood), puis viennent les Sangs Purs (Pureblood) et les Vrais Sangs (Trueblood), dont le sang est empoisonné. Parmi les mutations les plus fréquentes on compte le développement de crocs empoisonnés et d’une langue fourchue et la perte de paupières, remplacées par une fine écaille transparente, comme chez les serpents. Les cultistes sont également impavides, comme sied à des animaux à sang froid. Splintered Fang (culture) : Les cultistes sont de grands consommateurs de drogues, qu’ils fument ou qu’ils ingèrent. Même leur biscuit traditionnel, le Khaga, est empoisonné, encore qu’à un niveau très faible pour eux. Il est de couleur noire et de consistance dure et graineuse, et est réalisé à partir de la noix de khaga. Bloodwind Spoil (géographie) : Les Collines de Cuivre (Brazen Hills) sont riches en minerai de cuivre, et les locaux pensent qu’elles ont été élevées lorsque Khorne a abattu sa hache sur les Eightpoints, et laissé un fragment de cette dernière fiché dans le sol. Cette légende a également donné son nom à la région environnante, le Deepsplinter. On peut également visiter la Bloodneedle Savannah, les Torrids, le Blood Lake Basin ou les Corpsworm Marches dans le Bloodwind Spoil. Faune : Parmi les nombreuses espèces de serpents que l’on trouve chez le Splintered Fang, on dénombre les bronze mambas, bush dragons, splinterworms, cannibal asps, rattlenecks, sandsnakes, blindsnakes à la morsure mutagène ou encore le vénéré Blan Loa. Le Neb-Ka est un serpent à deux têtes qui selon la légende descend des seigneurs Neb et Ka de Varanspire, fusionnés dans le même être en punition de leurs querelles persistantes malgré l’appel à l’unité d’Archaon. Moins venimeux, les brass-horn sont des bêtes de ferme semi-domestiques gardées par les habitants des Eightpoints pour leur lait et leur laine. Denny Flowers (1) Révélation Le mystère sur l’identité de Denny Flowers, contributeur récent à la Black Library, reste à peu près entier qu’il l’était lorsque notre homme a fait ses débuts au 41ème millénaire (croyez bien que je suis sur le coup). ‘The Gnawblade’ est sa première œuvre pour Age of Sigmar, introduction underground (Warhammer Underworld) s’il en est. • The Gnawblade Révélation Direchasm/2020/15 pages Intrigue : Skritch Spiteclaw est un chef de meute Skaven avec un talent très spécial : la détection d’artefacts imprégnés de malepierre. Cette aptitude enviable l’a par exemple mené à acculer un Homme-Bête portant une amulette que notre pusillanime héros lui enviait, et qu’il finit par récupérer sur le cadavre de son adversaire après que ses trois derniers Guerriers des Clans valides soient vaillamment morts au combat pour leur boss. Fort heureusement, nous sommes à Beastgrave, où le turn over est rapidement compensé, comme Skritch le sait bien. Tout ce qu’il a à faire pour s’assurer de sa main mise sur ses hordes rongeuses fraîchement ressuscitées est de leur fournir un buffet d’accueil pour qu’ils évacuent leur fringale passagère, et de demander à son garde du corps attitré, Krrk le Presque-Confident de tailler des croupières aux plus belliqueux des revenants pour asseoir son emprise sur la meute. Une cérémonie d’accueil que notre héros maîtrise sur le bout des griffes. On découvre bientôt que la babiole luisante récupérée par Skritch n’a pas une simple valeur esthétique, mais est également imbue de la présence d’un authentique Verminlord Warpseer, qui invite le chineur à moustaches à une petite visite onirique/cauchemardesque du champ de ruines qui lui sert de permanence. Le rencard est intéressé, comme toujours avec les Skavens, car le démon souhaite mettre Skritch sur la piste d’un authentique incunable : la Rongelame de Vile-Mort (Gnawblade of Fell-Death), forgée à l’origine pour occire Sigmar en personne, dans la plus grande tradition théocidaire des hommes rats1. Une arme tellement toxique qu’elle a fait un trou dans la réalité pour finir sa course dans une caverne de Beastgrave, et attend depuis qu’un porteur assez ignoble s’en saisisse. Et ce porteur, ce sera Skritch, bien évidemment. Les jours passent, les tunnels se creusent, et la horde vermineuse finit enfin par toucher au but, guidée par l’instinct infaillible de son commandant et le renforcement progressif des radiations débilitantes de la Rongelame. Comme rien n’est jamais facile dans les Royaumes Mortels, les ratons devront négocier non pas une, mais deux autres bandes rivales (Orruks et Stormcast Eternals), fort heureusement déjà occupées à se claquer le beignet à leur arrivée, pour accéder au butin. Ou plutôt, Skritch laisse ses sbires ralentir l’adversaire le temps qu’il puisse se saisir de la relique… qui lui donne aussi sec un debuff de Force et d’Endurance. Une grosse arnaque ? Pas tout à fait, car le contact avec la magie fulgurante des armes de sigmarite des Stormcast « met en marche » la Rongelame, qui se met à siphonner les batterie arcaniques aux alentours au profit exclusif de son porteur. Résultat des courses, Skritch devient proprement invulnérable, inarrêtable, insécable et injouable pour l’adversaire, ce qui est tout aussi bien car toute sa clique a rencontré une mort violente à l’arrière plan (même KrrK a rendu son tablier). Cependant, dans la grande tradition Skaven, le triomphe final du héros est contrecarré au dernier moment par un détail trivial, ici un Aetherwing kamikaze qui distrait suffisamment longtemps le maniaque pour permettre aux envoyés de Sigmar de mettre au point une nouvelle stratégie. Ramassant les armes pourraves de leurs adversaires défunts pour éviter de recharger la Rongelame, les colosses en sigmarite parviennent à désarmer le champion du Rat Cornu, qui voit avec désespoir son couteau à fromage maudit tomber dans une faille de Royaume, en mode Athame automatique (automathame ? Athamatique ? le mystère demeure). Un tel événement n’est pas sans s’accompagner de répercussions géologiques notables, et l’effondrement de la caverne permet à Skritch de tirer sa révérence… mais pas d’échapper au courroux de son commanditaire. Car à Beastgrave, les morts ne le restent jamais longtemps, et sans buffet froid pour calmer la faim de ses séides revenus d’entre les morts, c’est notre héros qui va devoir donner de sa personne… 1 : Flashback pédagogique sur l’exemple de Nagash dans le Monde Qui Fut à l’appui. Pas sûr que Skritch ait compris la référence, mais sympa pour le lecteur. Avis : Avec seulement deux personnages nommés à se mettre sous l’incisive (une caractéristique de la bande de Skritch), Denny Flowers rend une copie honnête mais pas transcendante avec cette histoire de quête d’artefact de pouvoir typiquement Skaven (l’artefact et la quête). Le petit clin d’œil au Monde Qui Fut est appréciable, comme l’ajout au background que représente la Rongelame ayant donné son nom à la nouvelle, mais l’ensemble s’avère correct plus qu’enthousiasmant. On est encore assez loin de la maestria murine développée par C. L. Werner ou Robert Earl, même si les bases sont là : à retenter un peu plus tard, et avec une soumission un peu plus ambitieuse, pour voir ce que ça donne. Fluff : Skavens (Relique) : La Rongelame de Vile-Mort (Gnawblade of Fell-Death) a été forgée par les Skavens pour tuer Sigmar à partir de sigmarite volée et de malepierre. Le résultat a été si néfaste que la Rongelame a ouvert une fissure entre les Royaumes et a atterri dans la Beastgrave. Cette arme sape les forces de son porteur, mais emmagasine l’énergie magique libérée à proximité et lui restitue, ce qui peut le rendre invincible et invulnérable… pour un temps. placeholder Eric Fomley (1) Révélation Eric Fomley est un contributeur régulier de publications de science-fiction et de fantastique telles que 'Daily Science-Fiction', 'Galaxy's Edge' et 'Tales to Terrify'. 'Blood Drought' est sa première incursion dans les Royaumes Mortels et sa première contribution à la Black Library. • Blood Drought Révélation Inferno! #6/2021/13 pages Intrigue: Une sévère crise des liquidités guette la bande de Mylox l’Ecorcheur, champion de Khorne dans le désert de Callidium, en Aqshy. Depuis plusieurs semaines, les victimes sacrificielles se sont faites rares, et le moral des troupes s’en est trouvé atteint. Avant que son statut de chef de meute ne soit remis en question par ses bidasses, Mylox doit donc impérativement trouver du péon à charcuter. Dur dur d’être un be…rzerker. Aussi, lorsqu’il tombe sur une colonne de Flagellants emmenés par un Prêtre Guerrier purifier cette région des déprédations chaotiques, il ne perd qu’un tout petit peu de temps1 avant d’emmener sa bande à l’assaut des Sigmarites en vadrouille. Plus doués en EPS qu'en statistiques, les Blood Warriors se retrouvent cependant assez rapidement dans le mal. À cinq contre cent en effet, le combat finit logiquement par tourner en faveur des défenseurs, qui malgré des pertes effroyables ne lâchent pas un pouce de terrain. Alors que les deux derniers Khorneux se préparent à vendre chèrement leur vie, un autre joueur rejoint cependant la partie : Skyrut le Slaughterpriest (et sa bande de benis oui oui). Mylox a un gros passif avec le nouvel arrivant, car ce dernier l’a plus d’une fois devancé dans le massacre des caravanes traversant le désert de Callidium au cours des dernières semaines, et comme le dit le proverbe : même la plus belle fille du monde ne peut être décapitée qu’une seule fois. Il est donc hors de question de laisser cet arriviste mettre l’épée sur le cou parcheminé du Prêtre Guerrier que Mylox se réserve, et cette jalousie puérile donne un tel coup de fouet (de Khorne) à notre héros qu’il parvient à enfoncer les lignes ennemies, taper son meilleur sprint, établir un nouveau record de saut en hauteur, enfourcher un cheval qui traînait dans le coin, et finalement engager le combat contre le meneur adverse2, en toute intimité. Le duel ne se passe cependant pas comme prévu pour Mylox, fatigué par la première mi-temps qu’il a dû livrer contre les mobs enragés pour réussir à chopper le cureton entre quatre yeux (ou plutôt trois, puisqu’il en a perdu un dans la bataille). Mis à terre par son adversaire, il est sauvé par un assist déterminant de son rival, qui décapite le Prêtre Guerrier en loucedé, rien que pour faire bisquer notre brave petit psychopathe. Les Royaumes Mortels sont décidément bien injustes. Evidemment, un tel affront à son honneur martial ne peut se solder que par un nouveau duel à mort, mais Skyrut choisit de se la jouer petit bras en invoquant une hache de colère pour faire le boulot à sa place. Confronté à la manifestation de la haine de Khorne, Mimile n’en mène pas large, mais parvient tout de même à tenir jusqu’à la fin du timer et la dissipation du jugement divin. Sentant la faveur patronale changer de camp, Skyrut daigne enfin donner de sa personne, et le tête à tête qu’il engage avec Mylox se termine par la perte de cette dernière par le Slaughterpriest. Comme quoi, ce n’est pas la taille qui compte. Après avoir assené à son adversaire vaincu une punchline digne d’une cour de récré et/ou de Vladimir Poutine (un autre champion de Khorne reconnu), Mylox ramasse ses trophées chèrement acquis et retourne sur les lieux de la bataille principale, non sans avoir débloqué une nouvelle récompense divine (des khornes rasoir) au passage. À la vue de ses nouveaux attributs, les survivants des deux bandes rivales s’accordent pour dire que notre héros est le fenec des hottes de ce boa, comme on leur a appris à l’école, et à enterrer pour un temps la hache de guerre pour se mettre à son service inconditionnel. A Skarr is born. 1 : À faire comprendre à ses sous-fifres que le crâne du meneur adverse lui revient (et à personne d’autre). Et vous savez ce que l’on dit : le Blood Warrior comprend vite, mais il faut lui expliquer longtemps. 2 : Soit la liste des épreuves du pentathlon fantastique. Avis : Eric Fomley nous renvoie à l’époque de ‘Call of Chaos’, et ses récits de bandes de guerriers chaotiques luttant pour s’attirer la faveur de leur Dieu (ou le retrouver, dans le cas de Slaanesh), avec ‘Blood Drought’. Comme on pouvait s’y attendre avec un tel casting, c’est l’action sanglante qui prédomine au long de ces 13 pages, le brave Mylox se taillant la part du lion en s’offrant pas moins de trois duels de boss (la hache de Khorne compte comme un, je suis désolé), pour au final être khokhufié par sa divinité. Mais il le prend bien, merci pour lui. Si Fomley parvient à maintenir l’intérêt du lecteur malgré la nature répétitive « Kill Maim Burn » de sa prose, ‘Blood Drought’ est trop limité d’un point de vue narratif pour faire de sa lecture une expérience mémorable. À réserver aux Khorneux les plus zélés (à condition qu’ils sachent lire, bien sûr). Fluff : Rien de transcendant. Eric Gregory (5) Révélation Le saviez-vous? Il existe un prix Eric Gregory, décerné par la Society of Authors à un jeune poète britannique âgé de moins de 30 ans. Quel rapport cela a-t-il avec notre Eric Gregory ? Probablement aucun, tout comme les livres 'All My Tomorrows : A Story of Tragedy, Transplant and Hope' et 'Politics and the Order of Love: An Augustinian Democratic Citizenship' signés d’un ou d’autre(s) Eric Gregory. Si l’on se concentre sur les publications BL de notre homme, on obtient une trilogie – pour le moment – de nouvelles : Bossgrot, The Warden in the Mountain et The Fourfold Wound. • Bossgrot Révélation Oaths and Conquests/2020/19 pages Intrigue : Gribblak, boss du Gobbolog Skrap, rencontre un problème de leadership des plus sévères, qui pourrait bien remettre sa place dans la hiérarchie, ainsi que son intégrité physique, en question. Après une nouvelle bataille catastrophique contre un ramassis de cultistes de Khorne ayant eu la mauvaise idée de faire du camping sauvage dans le parc privé du Loonking, s'étant soldée par une débâcle inqualifiable et la perte de nombreux bons Gits (et d'un Gargant nommé Hurg), Gribblak réunit son Gobex et lui soumet son projet de conquête du jusqu'ici inexpugnable Mont Pizmahr, sur lequel toutes les armées envoyées par Skargrott se sont jusqu'ici cassé le nez (qu'elles ont pointu). Rien de tel qu'une randonnée sous les boulets de canon pour booster le moral des troupes, pas vrai? À sa grande surprise, ses fidèles conseillers, par la voix du chamane Oghlott, expriment un avis contraire de façon très marquée, et enfoncent le clou en révélant au bienheureux Gribblak1 que sa côte de popularité auprès de l'homme de la rue, ou dans notre cas, du Gob' du tunnel, est abyssalement basse, et qu'il ferait mieux de se faire oublier quelques temps s'il ne tient pas à finir en croquettes de squig. "Basses menteries et piteuses billevesées!" s'exclame Gribblak2, qui décide d'aller prendre le pouls de l'amour que ses troupes lui portent en se rendant incognito (une capuche noire suffit, c'est l'avantage avec les Gobelins de la Nuit) dans les baraquements du Skrap. Et là, surprise et désappointement, il se révèle bien que tous ceux auxquels il parle nourrissent de bien sombres desseins à son égard, et ne rêvent que de le voir périr de la façon la plus divertissante possible. Comprenant qu'il n'est plus le bienvenu parmi les siens, et proprement renversé par le putsch tramé par ce traître d'Oghlott pendant qu'il faisait du micro-trottoir, Gribblak décide de montrer au monde de quel bois il est fait et de prouver à tous que le peuple le plus brave de la Gaule, c'est lui! Ou quelque chose comme ça. En tout état de cause, il profite du tumulte pour aller chercher son véhicule de fonction (un beau duo de Manglers) au sous-sous-sol, et partir en catimini et en laissant ouvert l'enclos à squigs, car sinon c'est pas drôle. Les problèmes se succédant les uns aux autres, il se rend rapidement compte qu'il n'a jamais passé le permis S, et s'il parvient à diriger sa deux chevaux squigs dans la bonne direction, il bute en revanche sur l'usage du levier de vitesse. Repéré par les gardiens du Mont Pizmahr, l'audacieux Git se fait canarder de toute part, crève un pneu, puis l'autre, pour finir catapulté sur le toit d'une des bâtisses du camp retranché maintenu par les cités de Sigmar sur cette montagne. N'ayant heureusement pas été repéré par les zoms qui ont bassement plombé ses montures, notre héros réalise qu'il s'est attaqué à un trop gros morceau, et qu'il sera déjà chanceux de faire ce que la Mauvaise Lune sait faire de mieux: s'éclipser. Trahi par la ferraille mal entretenue qu'il trimbale sur lui, Gribblak attire l'attention de la garnison, mais parvient à subtiliser une arquebuse à l'un de ses poursuivants avant de s'élancer dans un zig-zag éperdu qui finit par l'amener devant un Celestial Huricanum expérimental, en pleine opération de divination... Révélation ...Se souvenant sans doute qu'il appartenait à la Grande Alliance de la Destruction, et peu favorablement impressionné par la luminosité de l'engin, qui lui rappelle celle de son pire ennemi (le soleil), Gribblak commet l'inévitable et l'irréparable en déchargeant sa pétoire volée sur l'instrument arcanique, prestement imité en cela par une bande d'arquebusiers peu finauds cherchant à le mettre hors d'état de nuire. Bien évidemment, ces échanges de tir ont des conséquences catastrophiques, et le fort de Pizmahr finit par être réduit en poussière suite à l'explosion de la machine infernale, mais pas avant que Gribblak ait trouvé le moyen de se carapater. Ayant retrouvé par hasard le chemin de son Skrap, devenu SGF pour cause de dégâts des squigs majeurs, notre héros est tout prêt à se laisser abattre et manger (et pas nécessairement dans cet ordre) par ses congénères, lorsque ces derniers, rendus conciliants par l'ingestion de vastes quantités de space cake, sont témoins de la fin enflammée de Pizmahr, et comprennent que leur boss a tenu parole et conquis à lui tout seul cette place forte imprenable. Devant un tel exploit, il serait mesquin de leur part de lui tenir rigueur de ses erreurs passées, et voici Gribblak renommé séance tenante Boss du Gobbolog Skrap, sous les yeux dépités mais résignés d'Oghlott. A Star Moon is born. 1: En même temps, ce serait déplacé que de lui reprocher d'avoir la tête dans la lune: il a tout fait pour et en est très fier, merci pour lui. 2: Enfin, il aurait certainement dit ça s'il avait le vocabulaire nécessaire. En l’occurrence, il s'est contenté d'un "céfô". Avis : Eric Gregory signe une petite nouvelle très rigolote1, et presque émouvante par endroit (ce pauvre gobbo que personne n'aime alors qu'il se croyait populaire... c'est d'un triste!), qui ferait presque figure de fable dans le monde cruel et sanglant d'Age of Sigmar. Oubliez 'La Petite Poule Rousse' (T'he Little Red Hen' en VO, d'où vient l'expression "the little hen that could"), place au Vaillant Petit Gobelin, qui a réussi - sur une succession de gros coups de bol, il faut le reconnaître - à regagner l'estime de sa tribu et enlever une forteresse qui résistait aux armées de Loonking. Bon, il a probablement causé la mort de quelques dizaines de braves soldats et mages humains, qui étaient sans doute de bons bougres, mais on n'est pas à quelques victimes collatérales près. Il est rassurant de voir que la Black Library n'a pas complément fermé les vannes du second degré en matière de GW-Fiction, et autorise de temps à autre un de ses auteurs à soumettre ce genre de nouvelles. Après le positivement répugnant 'Gloomspite' d'Andy Clark, dépeignant la faction sous son (absence de) jour le plus détestable et sadique, une alternance plus légère complète bien le "spectre" gobelinoïde dans la littérature BL. Il en faut pour tous les goûts. 1 : Ma punchline préférée étant "‘You boys remember,’ Vork interrupted, ‘when we lost a lair to those trees? Trees in a cave. I never.’" Fluff : Gloomspite Gits (Territoire) : Les territoires sous domination du Loonking Skragrott couvrent les Montagnes de Yhorn (Yhorn Mountains) en Chamon, où est située sa « capitale », Skrappa Spill. Au Nord, l’avancée des Gits a été stoppée par le fort sigmarite localisé en haut du Mont Pizmahr. Gloomspite Gits (Personnages nommés) : Les généraux les plus estimés de Skragrott sont Izgit et Warrblag. Gloomspite Gits (Culture): Les Gobelins de la Nuit personnifient le soleil (rq: ou les soleils, on est dans les Royaumes Mortels après tout), l’ennemi juré de la Mauvaise Lune et donc de leur race, sous le nom de Glareface Frazzlegit. Parmi les nombreux champignons utilisés par les Gits, le dincap donne à celui qui le consomme une voix tonitruante, comme s’il utilisait un mégaphone (rq : hasard ou clin d’œil, ce champignon a une teinte d’un violet profond – deep purple en VO). • The Fourfold Wound Révélation Inferno! #4/2019/41 pages Intrigue : Shinua Gan, cartographe freelance des Royaumes Mortels, poursuit un dessein bien particulier. Hantée par la mort de toute sa famille lors d’une attaque de brigands alors qu’elle s’était absentée de sa ferme natale, elle poursuit d’une haine tenace et implacable le milicien qui était censé monter la garde dans la tour de guet voisine, et dont le penchant pour la dive bouteille a permis aux marauds maraudeurs de fondre sur la PME familiale dans l’impunité la plus totale. Elle traque depuis la sentinelle alcoolisée, du nom de Halas, à travers les Royaumes, bien décidée à lui planter sa dague entre les omoplates pour lui apprendre à développer une éthique professionnelle. Classique, vous allez me dire. Là où cela devient intéressant, c’est que le Halas en question est mort. Et là où ça devient passionnant, c’est qu’il s’est attiré les bonnes grâces de Ziggie en expirant en combattant un Champion du Chaos, ce qui lui a permis de bénéficier d’une reforge gratuite et de devenir un Stormcast Eternal. Pas que cela décourage le moins du monde Shinua, notez : au contraire, dégoûtée par le choix divin, elle s’est rangée du côté des mémés (le mécontents mécréants), une société secrète dont les membres ne tiennent ni le Grand Barbu, ni ses sbires métallisés, en haute estime. En plus de se retrouver à intervalles réguliers pour baver sur les rouleaux en sigmarite de Charles Martel, les Sentinelles (Watchers en VO) collectent également des informations sur le déploiement et la composition des osts Eternals, qu’ils sont prêts à mettre à disposition des ennemis d’Azyrheim. Nous arrivons ainsi à Ark’non, un village de pêcheurs de baleines et d’éleveurs de marmuts (pas besoin que je vous décrive à quoi ressemble cette petite grosse bête je pense), en compagnie de Shinua, qui cherche à tirer au clair un rapport mystérieux faisant état du déploiement des Marteaux de Sigmar, ost auquel Halas a été reversé après son recrutement manu divinii sur place, mais dans un futur proche au moment où elle prend connaissance. Ayant contacté la cellule de Sentinelles locales, elle est emmenée par la jeune Nor jusqu’au phare de fonction qu’occupe son frère Sgon, surnommé le Lordbreaker depuis qu’il a mené une révolte contre les Seigneurs qui exploitaient la population locale. Pas de bol, Sgon, qui avait pu prédire l’arrivée des Stormcasts en utilisant les visions conférées par la magie de sang des anciennes familles d’Ark’non, est irrémédiablement exsangue à l’arrivée de sa visiteuse, qui constate bientôt que ses prédictions météorologiques sont tout ce qu’il y a de plus fiables, de gros hommes de métal tombant des cieux pour purger Ark’non au nom de Sigmar, qui comptait sans doute les anciens Seigneurs parmi ses amis. It’s raining men, halle shit shit shit. Entraînant la pauvre Nor1, qui après avoir perdu ses parents quelques semaines plus tôt, doit composer avec le suicide de son frère et la combustion de sa grand-mère, avec elle jusqu’au port d’Ark’non, Shinua croise sur son chemin un Liberator qui semble la reconnaître. Et pour cause, il s’agit bien sûr de Halas, très désolé de sa bévue pre-mortem, et qui se confond en excuses, puis en éclair, après que Shinua, très rancunière, lui ai planté une défense de morse dans le cortex. Il ne s’agit toutefois qu’une mise en bouche pour notre héroïne et sa pupille – tout aussi remontée contre le service d’Ordre, à raison – bien décidées à se venger de toutes les morts dont elles tiennent responsables l’impardonnable, et donc impardonné, Halas (hélas pour lui)… 1 : C’est un usage bien établi, il ne faut jamais perdre la Nor. Avis : Je ne connaissais pas Eric Gregory avant de donner sa chance à son 'The Fourfold Wound', mais oh boy, je vais désormais suivre de très près sa production pour la Black Library. C’est bien simple, cette nouvelle est, de très loin, le meilleur texte de fiction estampillé Age of Sigmar qu’il m’ait été donné de lire. Et pourtant, il y a des Stormcast Eternals dedans (ce qui est d’habitude un facteur aggravant). Eh bien, Gregory a réussi à me réconcilier avec les Maschinenmensch de GW, et avec l’univers de cette franchise en général, ce qui était loin d’être évident. L’angle d’attaque choisi par l’auteur, faisant des Stormcast les antagonistes, s’il n’est pas absolument novateur (Josh Reynolds fit de même dans 'The Iron Promise'), est encore assez peu usité à l’heure où ces lignes sont écrites pour piquer l’intérêt du lecteur. La description d’une société secrète de ressortissants des Cités Libres, et donc théoriquement loyaux à Sigmar, la divinité tutélaire et protectrice de la civilisation et de l’Ordre dans des Royaumes Mortels en proie au Chaos, nourrissant une défiance forte pouvant aller jusqu’à la haine pure et simple, pour le « bon » dieu et ses super soldats, est une superbe trouvaille de la part de Gregory, faisant naturellement passer son récit dans la Twilight Zone, cet espace narratif délicieusement non-manichéen, où le lecteur est libre de choisir qui est son protagoniste. Serez-vous plutôt team Shinua, dont la quête vengeresse, pour justifiée qu’elle soit, va l’entraîner sur une pente de plus en plus glissante, et vers des alliances de circonstances de moins en moins moralement justifiables ? Ou préférerez-vous prendre le parti de ce brave Halas, qui malgré son erreur de jeunesse, n’en demeure pas moins un authentique héros et un être qu’il est difficile de haïr, tant son désir de repentance est sincère ? Shinua, qui prend le parti des petites gens opprimées par la dictature militariste – car il faut bien appeler un gryphound un gryphound – de Sigmar, un dieu tellement bienveillant qu’il n’hésite pas à envoyer ses immortels raser un village de pêcheurs dont le tort aura été de se révolter de façon un peu trop sanglante ? Ou Halas, qui a chaque reforge, perd toujours plus de son humanité1, et ne peut pourtant pas se résoudre à faire du mal à sa meurtrière à chaque fois que leurs chemins se croisent ? À vous de voir. Autre réussite notable à mettre au crédit de Gregory, sa description des Royaumes Mortels, qui se détache véritablement de l’influence de Warhammer Fantasy Battle. Ainsi, s’il peut sembler aux premiers abords de voir Shinua aller proposer un marché à l’armée de Rotbringers contre laquelle les Marteaux de Sigmar sont engagés, il faut bien reconnaître que cette réaction immédiate n’est en fait qu’une réminiscence de WFB, univers dans lequel il était inconcevable qu’un ressortissant d’un royaume « civilisé » du Vieux Monde et non engagé sur la voie du Chaos puisse espérer sortir vivant d’une telle rencontre. Autres temps, autres lieux et autres mœurs : bien que les disciples de Nurgle ne soient pas au-delà d’un peu de prosélytisme de bon aloi, et que le marché que Shinua conclut avec ces derniers pèsera sans doute lourd dans la balance au moment de rendre l’âme, la transaction se passera de façon tout à fait honnête, et chacun poursuivra sa route sans anicroches (enfin, peut-être le nez qui coule pour Shinua). À titre personnel, je suis assez favorable à cette rupture avec l’héritage de WFB, qui sera nécessaire pour qu’Age of Sigmar puisse se sortir de l’ombre de son glorieux aîné et gagner en singularité. Quitte à jouer la carte de la high fantasy, autant « dépassionner » les relations entre les différentes factions quand cela est possible, et Gregory réussit à faire cela de façon assez convaincante et naturelle. Bref, une vraie et franche réussite pour cette première nouvelle, qui se révèle être la soumission la plus intéressante de cet 'Inferno! #4' et fait d’Eric Gregory un nom à suivre dans les prochaines publications de la Black Library. 1 : Il finit d’ailleurs sa carrière comme sauveteur en mer sur une plage au fin fond d’Aqshy, ses trop nombreux décès l’ayant transformé en Hodor en plates complètes, aux capacités intellectuelles très limitées. Fluff : Watchers : Organisation secrète regroupant des ressortissants des peuples libres mécontents envers Sigmar (à qui ils reprochent de ne pas être juste dans sa sélection de ses guerriers) et ses Stormcast Eternals (qui peuvent avoir commis des crimes avant de connaître l’apothéose de la reforge). Ses membres, qui se reconnaissent par le tatouage en forme d’oeil qu’ils arborent, recensent les apparitions des osts de Stormcast et l’identité des guerriers qui composent ces derniers, et rassemblent ces informations dans des Almanachs. Ils cherchent à comprendre quel est l’objectif de Sigmar dans sa guerre de conquête des Royaumes Mortels, et comment s’effectue la sélection des Stormcast Eternals. Marmut : Une espèce de mammifère utilisée comme bête de trait par les populations du Nord de Ghyran. Barak-Laskar : Une forteresse Kharadron Ark’non : Village humain du Nord de Ghyran. Les familles qui y habitent possèdent un pouvoir de vision du futur. En recouvrant les os de leurs proies avec leur sang et les brûlant dans un brasier, elles peuvent voir le futur. Abundance/Plaguespire/City Bereaved : Une cité construite dans les marécages au Nord-Ouest de Ghyran, décimée par une épidémie. Assiégée par les Stormcast Eternals et les Sylvaneth. • The Hammer of Immanence Révélation Thunderstrike & Other Stories/2021/22 pages Intrigue : Nous retrouvons le très patient Lord Celestant Gardus Steel Soul des Hallowed Knights alors qu’il mène une force d’élite de Stormcast Eternals au secours du Fort Immanence, assiégé par les Ossiarch Boneareapers. Une fois n’est pas coutume, le vétéran blanchi sous le harnais a reçu son briefing directement de la bouche de Sigmar en personne, et la mission n’est pas aussi simple qu’elle en a l’air de prime abord. Bien que les premiers ordres de Steel Soul soient de détruire les catapultes ennemies qui pilonnaient les fortifications sigmarites, il surprend son monde, à commencer par sa Retributor-Prime, Thuna, en n’exploitant pas l’opportunité se présentant à lui de décapiter littéralement l’ost de morts vivants en arrachant le Soulmason commandant l’armée des Ossiarchs de son déambulateur osseux. À la place, il entraîne son petit groupe en direction de la forteresse, où l’attend sa vraie cible. Cette dernière se trouve être l’Abbesse de Guerre Nawal ib’Ayzah, 80 printemps, toutes ses dents et un caractère bien trempé. Grâce à son commandement inspiré, Fort Immanence a résisté aux assauts de Nagash, bloquant son avance vers la cité de Gravewild et ses riches réserves de nonosses. La victoire semble cependant impossible, ce qui a poussé Sigmar à envoyer son larbin peroxydé (qui a gagné un nouveau super pouvoir après sa dernière Reforge) exfiltrer en douce la matriarche afin qu’elle coordonne les forces de l’Ordre au niveau régional, au lieu de mourir bêtement au combat dans une escarmouche mineure. Petit problème pour Gardus : Nawal refuse catégoriquement cette proposition, semble-t-il à cause d’une rancune persistante qu’elle entretient à l’encontre du boss d’Azyr, qui a envoyé une bande de Hallowed Knights mal dégrossis secourir le monastère où elle était novice pendant son enfance, et qui ont accompli leur mission sans se soucier du moins du monde de la survie des civils qu’ils étaient pourtant sensés défendre. La fin de non recevoir qu’il reçoit ne fait pas l’affaire de notre héros en fer blanc, mais il ne dispose que de peu de temps pour convaincre Nawal de coopérer, les hordes d’Al’akhos (le Stonemason précédemment entrevu) faisant une entrée fracassante dans le fort. En désespoir de cause, Gardus décide donc de filer un coup de main à son hôtesse, car s’il y a une chose qu’il sait faire mieux que personne, c’est mourir au combat pour la plus grande gloire de Ziggy ! Avant de donner à nouveau de sa personne et de passer par la case Reforge, comme l’intégralité de ses Stormcast Eternals d’ailleurs, le secourable Lord Celestant vient faire échouer le complot ourdi par les lieutenants de Nawal pour… on ne sait pas trop en fait, mais qui passait par le menottage et le face plant de cette dernière sur le carrelage du temple où un Luminark est utilisé par les défenseurs pour… faire pousser leurs légumes. Un usage un peu étonnant d’une ressource aussi précieuse dans un contexte de siège contre un ennemi n’étant guère connu pour sa résistance à la magie lumineuse, mais il est vrai qu’une alimentation variée est très importante tant sur le plan physique que psychologique. Tous les médecins s’accordent là-dessus. Toujours est-il que Gardus met fin à la petite sédition qu’Oron, le Hiérophant senior de Fort Immanence, avait ourdi pour déposer la fanatique Nawal, dont le plan consiste à conjurer une supernova avec le Luminark au moment où les Ossiarch Bonereapers s’empareront de la forteresse, détruisant assaillants et défenseurs dans une glorieuse explosion lumineuse. Seems legit. Croyez-le ou non, mais c’est ce plan qui finira par être mis en œuvre lorsque les légions squelettiques viendront toquer à la porte du temple où Gardus et Nawal se sont réfugiés. Sigmar montrera à cette occasion qu’il n’est pas aussi mauvais que l’abbesse le pensait, en palliant au décès tragique d’Oron (écrasé par une pierre au pire moment) et envoyant une étoile carboniser Fort Immanence et sa grande banlieue après que nos héros aient récité la liste de ses nombreux épithètes pour le flatter (ou attirer son attention, il est peut-être dur de la feuille). Une fois de plus, la team Gardus s’envole vers d’autres cieux – ceux d’Azyr pour être précis – mais avec le sentiment du devoir accompli. Avis : Gardus Steel Soul fait son retour après avoir servi sous les ordres de l’émérite Josh Reynolds dans la première ère de la GW-Fiction made in AoS, et il n’est malheureusement pas en grande forme. C’est fluff vous me direz, mais c’est surtout pénible à lire, et plutôt surprenant de la part d’Eric Gregory, qui avait montré dans ses précédents travaux dédiés aux Stormcast Eternals qu’il avait pris la mesure de cette faction faussement simple à mettre en scène (‘The Fourfold Wound’). Pour commencer, l’intrigue est à la fois simpliste et inutilement compliquée, notamment par la convocation de nombreux personnages secondaires dont cette histoire aurait pu se passer pour se concentrer sur Gardus et Nawal. Même leur Némésis calcifiée Al’akhos ne sert pas à grand-chose d’un point de vue narratif, se contentant de diriger ses hordes de constructions osseuses depuis son propre exo-squelette. On a l’impression que toute cette galerie de bons à rien n’a été intégrée au récit que pour permettre à l’auteur d’atteindre son quota de pages, ce qui est toujours une mauvaise idée. Si Nawal tient à peu près la route dans son rôle de grand-mère punk et intraitable, adorant Sigmar avec un salutaire second degré (et jurant comme un charetier, ce qui n’est pas si commun), Gardus en revanche n'est plus que l’ombre du héros contrasté de Josh Reynolds, et apparaît à côté de ses pompes d’un bout à l’autre de la nouvelle. Il se contente d’ailleurs de se faire apprendre la vie par l’inflexible Nawal, et de gueuler sur la pauvre Thuna lorsqu’elle a le malheur d’avoir des intuitions stratégiques tout à fait valables, ce qui est la marque des grands commandants. Je me dois également de mentionner la mini conspiration des sous-fifres de Nawal qui constitue un tel sous-événement dans l’intrigue (alors que cela aurait pu être l’occasion de faire décoller l’histoire) qu’elle est évacuée en l’espace de deux pages, et n’aura finalement aucun impact par la suite. Enfin, l’indigne deux ex machina qui termine l’histoire est également regrettable, et met le doigt sur une question que le fluff n’a pas encore traité (à ma connaissance) : si Sigmar est tellement interessé par le recrutement des mortels les plus prometteurs pour rejoindre ses armées, et qu’il est le dieu sans pitié que le background dépeint, pourquoi ne se contente-t-il pas de foudroyer directement ses futures recrues, au lieu de gaspiller des ressources précieuses pour les convaincre de rejoindre son service ? Bref, une soumission pataude et très oubliable de la part d’Eric Gregory, qui se reprendra bientôt j’espère. Fluff : Gravewild : Cité de Sigmar située dans le Royaume de Shyish, et convoitée par Nagash. Défendue par le Fort Immanence, jusqu’à sa destruction lors du siège mené par les Ossiarch Bonereapers du Stonemason Al’akhos. • The Warden in the Mountain Révélation Conquest Unbound/2022/18 pages Intrigue : C’est la soirée du grand oral pour les apprentis garde-chasses (Wardens-in-the-Wild en VO) de la Grande Gardienne Tythrae. La petite poignée d’aspirants se rend au pied de la Beastgrave pour passer l’épreuve décisive : passer toute une nuit prosternés dans la poussière à l’entrée d’une des cavernes de la montagne magique, sous le regard sévère de Mémé Tythrae. Et si cela ne semble pas très compliqué de prime abord, il faut prendre en compte la fâcheuse tendance de la Beastgrave à venir souffler des propos peu amènes dans les oreilles de ceux qui s’en approchent trop. Imaginez-vous un podcast de 10 heures pendant lequel Alex Jones d’InfoWars ne ferait que hurler que personne ne vous aime, que votre race et vos dieux sont morts, et qu’il a mangé votre passé et votre futur avec des cuisses de grenouilles gay. Soumis à un tel traitement, il n’est pas étonnant que plusieurs novices pètent les plombs. Pour les chanceux, cela se termine par une reconduite au bas de la montagne, et une inscription en CAP chaudronnerie. Pour les autres, c’est un sprint malavisé directement dans la gueule du loup, ou plutôt de la montagne, ce qui force Tythrae à abandonner la supervision de l’épreuve pour ramener ses brebis perdues au bercail. Leur professeur n’étant pas revenue au moment où le jour se lève et l’épreuve prend fin, les trois derniers participants (Maethys, Laeren et Weheol) décident de pénétrer à leur tour dans la caverne pour s’enquérir de la situation, et malgré les instructions très claires laissées par Tythrae à son départ de ne surtout pas la suivre. Aaaah, si jeunesse savait écoutait… Bien évidemment, ce noble dessein ne va pas tarder à rencontre la dure et froide (normale pour une montagne) réalité de la Beastgrave, d’où il est beaucoup plus facile d’entrer que de ressortir… Le premier personnage à tirer sa révérence est Maethys, qui n’avait jamais été trop branché (haha) par la position de garde-chasse de toute façon, mais s’était accroché à cause de son béguin pour sa camarade Laeren, qui se trouve être la petite-fille de Tythrae. Lorsque le trio est embusqué par un monstre flou et maniant le couteau comme Philippe Etchebest, le chevaleresque Aelf s’interpose entre sa dulcinée et l’affreux jojo, et finit au fond d’une crevasse, les os en miettes. Son sacrifice permet toutefois à Laeren et Weheol de distancer leur agresseur, mais seulement pour un temps. Perdus dans le dédale des galeries, et retardés par la cécité de Weheol, les deux survivants se font rattraper par leur stalker, qui blesse l’aveugle mais ne rate pas Laeren. Dans son dernier souffle, elle expédie son camarade dans la rivière souterraine qui coule en contrebas, lui permettant d’échapper à nouveau au surineur de l’ombre. Repêché par Tythrae, qui avoue ne pas avoir réussi à sauver l’aspirant qui avait piqué son meilleur sprint dans la Beastgrave, et être aussi totalement perdue, Weheol indique à sa mentor qu’il a mémorisé l’itinéraire emprunté par feu ses camarades et lui-même, et qu’il se fait donc fort de trouver la sortie si on le ramène à l’endroit où Laeren l’a initié au plongeon de 10 mètres. C’est dans les cordes de la Grande Gardienne, qui guide son dernier pupille dans la remontée, jusqu’à ce que la paire doive négocier un nid de stagwyrms endormis pour accéder au niveau supérieur. Révélation …C’est le moment que choisit le monstre pour refaire parler de lui. On apprend qu’il s’agit d’un ancien aspirant garde-chasse (Ossifal), qui a raté son épreuve de passage du temps où cette inconsciente de Tythrae organisait cette dernière non pas devant, mais dans la Beastgrave. Perdu corps (seulement yeux et bras pour être exact, mais c’est déjà pas mal) et biens dans la montagne, Ossifal a toutefois trouvé une nouvelle vocation dans les ténèbres, s’autoproclamant Gardien des Wyrms et prenant sur lui de poignarder tous les aventuriers passant à sa portée. Désireux de tester le métal dont est fait Weheol pour s’assurer qu’il est digne de devenir garde-chasse, il se heurte au refus catégorique de Tythrae, et de dépit, siffle la fin de la récré. Cela réveille en sursaut les stagwyrms qui pionçaient pénards à proximité, et dans la confusion qui s’en suit, Weheol parvient à s’échapper en direction de la rivière, pendant que Tythrae et Ossifal s’entretuent à l’arrière-plan. Un peu plus gaillard que son ancienne prof principale, Ossifal se traîne jusqu’à l’aveugle pour aller s’empaler de son plein gré sur le bout pointu de sa canne de marche, et lui proposer de prendre sa succession comme Gardiens des Wyrms. La position vient avec une super cape de bras spectraux, très pratique pour poignarder les intrus, et qu’Ossifal portait jusqu’à son récent suicide. En bon objet magique maléfique, la cape essaie de se greffer à son nouveau porteur, mais Weheol, après avoir considéré une reconversion, décide qu’il n’a pas envie de revivre le cauchemar de la plateforme Parcours Sup pour changer de filière, et bastonne la relique impie à mort (?) avant de repartir vers la sortie. On espère qu’il aura trouvé son chemin, après avoir trouvé sa voie... Avis : Très bonne nouvelle de la part d’Eric Gregory, qui parvient à se sortir de l’écueil narratif que représente Warhammer Underworlds en mettant en scène des personnages ne faisant partie d’aucune bande nommée, et donc dont il a tout loisir de pouvoir faire vivre et mourir comme il l’entend. L’ambiance de thriller/slasher qui se dégage de ces pages est une réussite, tout comme la manière dont l’auteur retranscrit la malignité de Beastgrave, qui vient plomber le moral de nos pauvres aspirants de manière à la fois directe et insidieuse. Seule micro-doléance de mon côté, le manque d’explications fournies à propos de la super cape d’Ossifal, qui semble être la véritable antagoniste de l’histoire, et la source des pouvoirs du Gardien des Wyrms. Rien qui ne vienne gâcher la lecture de ce qui est à mes yeux la meilleure nouvelle de cette sous-franchise (en même temps, la concurrente n’est ni nombreuse, ni rude), cependant. Fluff : Faune (Ghur) : Les stagwyrms sont des créatures serpentiformes vivant dans les montagnes de Ghur. Leurs bois et les plumes de leurs crêtes sont recherchés dans les cités libres. Les stagwyrms sont connus pour dévorer leurs morts et les jeunes les plus faibles de leurs portées. • I, Behemat Révélation Conquest Unbound/2022/17 pages Intrigue : Exilé de son clan après avoir joué trop de sales tours à ses petits camarades, Yaggle le Git a trouvé refuge dans une ferme (dont il a tué le propriétaire, il faut tout de même le préciser), et médite sur sa condition de génie incompris auprès du cochon qui lui sert de thérapeute. Ses réflexions cathartiques sont interrompues par l’arrachage en règle du toit en chaume de la masure, et la descente d’une main gigantesque, qui vient rafler bétail, cadavre et gobelin, avant de tout fourrer dans une musette de fort belle taille. Yaggle, qui n’est pas le dernier des abrutis, comprend assez vite qu’il a été ramassé par un Gargant, situation peu favorable s’il en est1. Profitant de la gloutonnerie du géant, qui ne peut s’empêcher de piocher dans son sac comme s’il s’agissait d’un sachet de dragibus, Yaggle s’accroche à la vache sélectionnée par le Gargant et se retrouve face à face cagoule avec HRADOTH, le plus puissant des Mega-Gargants, ou du moins se présente-t-il ainsi. De son côté, notre ruzé héros s’introduit en toute simplicité comme étant la réincarnation de Behemat, le dieu et ancêtre de tous les Gargants. Hradoth faisant remarquer avec justesse qu’il est un peu petit pour une bête zodiacale, Yaggle assure qu’il vient de renaître, et qu’il grandira plus tard. Sentant le doute s’emparer de son public, le pseudo-Behemat propose à son pseudo-descendant de lui révéler une information que seul un dieu peut connaître, et qui se trouve être l’endroit où faire le meilleur repas de sa vie. Plus affamé que brillant, Hradoth accepte et son nouvel ami le dirige droit vers le campement de son ancien clan, pour une petite revanche par Gargant interposé… Après avoir aplati, piétiné et englouti la plupart des Gitz et leurs animaux de compagnie, Hradoth se laisse aller à une confidence digestive auprès de Yaggle. Il a lui aussi été chassé par les siens, en l’occurrence la sévère Tantine et ses trois idiots de fils (Baldoth, Qu’un Œil et Junior), après qu’il ait commis l’affront de se servir en premier à manger. Bien que ne boxant pas dans la même catégorie, Yaggle est sensible au traitement injuste que son gros copain a subi, et lui souffle quelques conseils avisés pour lui permettre de se venger de sa famille indigne. Grâce à la ruse du Git et l’avantage de taille de Hradoth par rapport à sa parentèle (qui ne sont « que » des Gargants), le duo de choc remporte une victoire probante, les trois affreux cousins mordant la poussière et Tantine étant à son tour forcée à l’exil. Cette nuit bien remplie a fatigué Hrodath, qui se dirige dans une forêt toute proche pour piquer un petit roupillon, mais pas avant que Yaggle ne lui ait raconté une histoire pour s’endormir. How cute. De son côté, le Git décide de ne pas plus forcer sa chance, et abandonne le grand dadais dans son sommeil pour reprendre une vie normale. Ce retour sur le plancher des Squigs se passe cependant moins bien que prévu, Yaggle tombant sur une bande de guerre de chevaucheurs d’araignées, bien décidés à régler son compte au Mega-Gargant avant qu’il ne leur fasse subir le sort de leurs cousins troglodytes, dont ils ont eu vent. Embarquant Yaggle au passage dans leur vendetta colossale, ils ne se doutent pas que le Git maigrichon qu’ils ont pris en stop est le commanditaire de l’extermination de leurs voisins. Par contre, le loonboss Wazzit, seul survivant du massacre et responsable de l’exil de Yaggle, est en mesure de les rencarder sur ce petit détail de l’histoire. Ce revirement de situation force notre héros à prendre ses robes à son cou et courir réveiller Hradoth avant que le venin des araignées ne le paralyse. Profitant du nez chatouilleux du Gargant, Yaggle parvient à sortir ce dernier de sa torpeur à temps pour qu’il écrabouille les menaçantes bestioles, et Wazzit avec par la même occasion. Cette péripétie convainc le Git, qui avoue à Hradoth n’être pas vraiment Béhémat, mais son prophète, de finalement rester coacher le grand dadais, lui promettant de lui trouver les meilleurs plans pour casser la croûte à travers les Royaumes Mortels. Après tout, la fable ne dit-elle pas qu’on a toujours besoin d’un beaucoup plus gros que soi ? 1 : Au moins ce Gargant là avait un sac, et notre héros n’a pas fini dans le pantalon du colosse, comme ça aurait pu être le cas à Warhammer Fantasy Battle. Avis : Petite nouvelle fun de la part d’Eric Gregory, dans la lignée de ‘Bossgrot’. Sans grande surprise, mais avec un plaisir curieux (c’est la première fois qu’une nouvelle donne le point de vue d’un Gargant), on suit les mésaventures de ce duo de choc, pas si différent l’un de l’autre une fois la question du gabarit évacuée1. L’intrigue est très simple, et Gregory a déjà montré qu’il savait faire mieux que ça, mais ça reste tout de même sympathique à lire. 1 : Ce qui est logique parce qu’il n’y a plus de gabarit à Age of Sigmar. Fluff : Gloomspite Gitz (Culture) : Les Gitz pensent que le soleil est une divinité (rq : évidemment ennemie de leur chère lune funeste), qu’ils appellent Glareface Frazzlegit. Evan Dicken (10) Révélation Spécialisé (à l’heure actuelle) dans les Royaumes Mortels, et sommité mondiale de l’Empire Lantique, le trublion Evan Dicken s’est taillé un fief littéraire dans les contreforts métalliques de Chamon, où se déroule la plupart de ses récits (The Path to Glory, Acts of Sacrifice, Fangs of the Rustwood, et la novella The Red Hours/Les Heures Rouges). • The Path to Glory Révélation Inferno! #1/2018/52 pages Intrigue : Il y a des nouvelles dont la lecture vous dépayse plus que d’autres, et The Path to Glory d’Evan Dicken fait définitivement partie de ce genre de soumissions qui tirent le lecteur de sa zone de confort narratif. Bienvenue dans l’empire Lantique, au moment où ce dernier livre la plus grande bataille de son histoire contre les hordes assoiffées de sang d’Azakul the Winnower (soit, très littéralement, Azakul le Vanneur, ça c’est un patronyme à potentiel). Comment, qu’entends-je ? Vous n’avez pas la moindre idée de ce qu’est l’empire Lantique, et le nom d’Azakul ne vous évoque qu’une vague sensation de déjà lu (spoiler alert, vous confondez avec Asavar Kul) ? Cuistres que vous êtes. Les gens de bonne société savent tous que Lantia ( ?) était un royaume humain du plan de Chamon, dont l’avance technologique et la maîtrise de la metallarcanie (you know what I mean) ne furent pas suffisants pour résister aux assauts chaotiques, bien aidés il faut le reconnaître par la défection des Fyreslayers alliés de l’Empire et la destruction par ces derniers de la Ceinture d’Orvapeur (Gilded Steamgrid), qui avait défendu le domaine des humains pendant des siècles. Allez donc, maroufles, tout le monde sait ça. Nous suivons donc, au cours de cette longue nouvelle (52 pages tout de même, soit le format novella de la BL), les dernières heures du malheureux empire, tel que vécues par trois de ses sujets. Honneur aux dames, nous commencerons donc par présenter le capitaine Sulla, officier dans les Légions Lantiques, et propulsée commandante des dernières forces armées de l’Empire à la suite du tragique décès de tous ses supérieurs, impératrice Xerastia comprise1. Survivante éprouvée par les combats, mais déterminée à faire son devoir jusqu’au bout, Sulla mène les restes de l’armée Lantique jusqu’à Uliashtai, cité du stuff et de l’embrayage (City of Gear), bastion de l’ordre doré, dont les sortilèges millimétrés ont réussi à maintenir en respect les suivants du Vanneur (car c’est bien connu, les métalleux n’ont pas d’humour). À Uliashtai, soumise à un siège interminable par Skayne Bloodtongue et sa cabale de sorciers, nous faisons la rencontre du mage Kaslon, courageux mais pas téméraire, et prompt de ce fait à déserter le champ de bataille lorsque la savante géométrie arcanique de l’ordre est prise en défaut par un nouveau maléfice de Bloodtongue, avec des résultats pour le moins corrosifs. Unique survivant du carnage, Kaslon passe en coup de vent à la Tour d’Argent, QG des mages dorés, et prend connaissance du dernier message reçu par les maîtres de l’ordre, les alertant de la chute de l’Empire et les enjoignant à fuir avec leurs concitoyens jusqu’au portail menant à Azyr, pour se mettre sous la protection de Sigmar. Abasourdi par la nouvelle, Kaslon se ressaisit cependant vite et pense à aller looter la réserve d’artefacts trotrokwioul des métalleux, dont il ressort avec un magnifaïk bâton de cristal, aussi mystérieux que badass. Lui aussi mis par le destin à la tête de son peuple, il réussit à organiser l’évacuation rapide de la cité condamnée en direction du palais de l’Autarque, siège du pouvoir temporel d’Uliashtai et unique accès au tunnel menant à ce fameux portail. Il peut en cela compter sur le précieux soutien de Sulla et de ses troupes, arrivées juste à temps pour claquer le beignet de l’avant-garde chaotique, et la porte de la ville au nez crochu de Skayne. C’est enfin dans le palais de l’Autarque, ravagé par une peste à l’efficacité toute biactolique (comprendre qu’elle a éliminé 99,9% de la population) que s’éveille notre troisième protagoniste, répondant au nom de Livius. Fils indigne d’une famille noble disgraciée, Livius peut toutefois se targuer d’être l’Empereur légitime d’Uliashtai, le décès impromptu du monarque précédent et des 1298 prétendants mieux placés que lui à la succession au trône de fer/bronze/plomb/palladium brossé ayant laissé le chemin vers le pouvoir grand ouvert. Ayant également hérité d’un sabre enchanté, Fléau des Veuves2 (Widowbane) suite au décès de ses chers ascendants, dont une mère castratrice dont il ne pourra s’empêcher de mutiler le cadavre au passage (hmmmm… okay), Livius se montrera rapidement utile à la progression de l’intrigue en ouvrant les portes du palais de l’Autarque à son peuple, chose que seul l’Empereur régnant peut accomplir, pour des raisons mystico-logiques. Soit. Laissé durement éprouvé par ce fait (que je ne qualifierai pas de haut, car faut pas déconner non plus), Livius est ramené à la vie par Kaslon et Sulla, et tous trois finissent par conclure que la seule option qui s’offre aux ultimes survivants de l’empire est de fuir vers le portail d’Azyr, en refermant les portes du palais pour gagner un peu de temps, même si cela revient à condamner les derniers réfugiés à un tête à tête avec Skayne et Sbarbie. Comme on dit chez les Papous, Fosse quille faux. La suite de l’histoire verra nos trois héros mener leur colonne de survivants jusqu’au (possible) salut représenté par ce fameux portail vers Azyr, alors même que les forces de Skayne et d’Azakul se rapprochent pour la curée. Pour ne pas spoiler la fin de cet épique The Path to Glory, je m’arrêterai ici, mais sachez tout de même que vous risquez de finir le récit avec une image un peu différent de ce cher Sigmar, qui n’apparaît pas ici sous son meilleur profil (qu’il a aquilin), ce qui est tant mieux, si vous voulez mon avis. 1 : Cette dernière, vainqueur du concours d’hardcore limbo improvisé par Azakul en plein champ de bataille, gagna un billet pour le monde merveilleux d’Azyr et un beau masque doré pour sa peine. 2 : Ça tombe plutôt bien, l’alcoolisme mondain de Livius lui avait également gagné le surnom de Fléau des Veuves Clicquot, ce qui est presque pareil, reconnaissez-le. Avis : Pour un début, c’est un beau début. Le newbie Dicken fait plus que servir la soupe ou se compromettre avec une Space Marinade réchauffée au micro-ondes, tenez-le-vous pour dit. Le choix de s’embarquer dès son galop d’essai dans une saga mêlant batailles, magie, exploration du background des Royaumes Mortels au temps de l’Âge du Chaos, et réflexion, certes classique, mais pas mal menée, sur le thème « l’enfer (ou en Chamon, l’en fer) est pavé de bonnes intentions », aurait pu se solder par un pataquès littéraire, boursoufflé et incohérent, mais force est de constater que le gars Evan réussit à mener sa barque avec un talent consommé. On ne s’ennuie pas à la lecture de 'The Path to Glory', que ce soit en découvrant la civilisation Lantique à travers le prisme de sa chute sous les assauts chaotiques, ou en suivant le cheminement de nos héros vers leur destinée, qui pourrait être tout autre que celle qu’ils envisageaient. Rien de bien neuf sous le soleil de ce point de vue, mais du moment que l’exécution est bonne, et ne sombre ni dans la caricature, ni dans la vacuité, il n’y a pas à bouder son plaisir. On pourrait même prêter à Dicken une finesse supplémentaire dans sa construction du récit, en plaçant la trajectoire de chacun de nos protagonistes sous le patronage de l’un des trois Dieux du Chaos « survivants », les aptitudes, tempéraments et péripéties vécues par Sulla, Kaslon et Livius – personnages d’une richesse appréciable, tout comme leurs némésis Skayne (a.k.a. Bad Santa) et Azakul (« Jonah Hill, sort de cette armure du Chaos ») – permettant d’établir ce genre de passerelles sans trop de difficultés. Il serait intéressant que l’auteur donne une suite à cette novella pour constater si cette hypothèse se vérifie. Bref, un coup d’essai de fort belle facture pour Evan Dicken, et un nom qui mérite d’être suivi dans les mois à venir, si j’en suis juge. Fluff : Empire Lantique : Dirigé au moment de sa chute par l’Impératrice Xerastia. Vénère Sigmar. Défendu par des légions (nommées : Légion d’Eshunna, dont le symbole est un dragon, passée au Chaos, Légion de Thunn, dont le symbole est un lion doré, passée au Chaos, la Légion de Khem, dont le symbole est un Moineau et un Soleil, passée au Chaos) dont les soldats ont des armures dorées. La conscription est mixte. Civilisation technologiquement avancée, connaît la poudre à canon et les tanks à vapeur (un est nommé : Old Tiberius). Parmi les corps d’armée, on retrouve des ordres de chevalerie, des joueurs d’épée, des lanciers et des arbalétriers. Cités nommées : Uliashtai, the City of Gears, Khem, Nehaj & Thunn. Impératrice Xerastia : Dernière dirigeant de l’Empire Lantique, vaincue en combat singulier par Azakul, et enlevée par Sigmar dans un éclair au moment de sa mort. Son armure est dorée, elle se bat à la manière traditionnelle de l’aristocratie lantique, avec une lance et un bouclier enchanté par des runes duardin. Uliashtai : Les murs de la cité sont couverts de runes magiques, qui repoussent les sortilèges ennemis. La cité est montée sur un mécanisme gigantesque, qui réarrange la disposition des rues au fur et à mesure du passage du temps. Les seules constantes sont la Tour Dorée (Est) et le Palais de l’Autarque (Ouest). À midi, ces deux endroits sont joints en ligne droite par la rue de l’Horloge. À leur mort, les nobles de la cité ont leur dépouille transformée en statue métallique, intégrée au Palais de l’Autarque. Tour Dorée : S’élève comme le poing de Sigmar, un monument de perfection, à la symétrie sans défaut. Elle n’a pas de portes ou de fenêtres, les parois sont constituées de tesseracts, qui permettent aux sorciers d’entrer à leur guise. L’intérieur est organisé en bibliothèques, ateliers, salles de cours, planétaires et halls. Au sommet se trouve l’Auracularium, dont l’accès est réservé aux seuls maîtres. C’est une salle au plafond recouvert de miroirs, et aux murs parsemés de conduits harmoniques, reliant la Tour d’Uliashtai aux autres tours de l’Empire, et même à d’autre plans. Les nouvelles peuvent ainsi être communiquées rapidement, par vibration du métal. La tour possède une crypte enchantée où sont scellés de puissant artefacts, dont un bâton de cristal don’t les maîtres n’ont pas réussi à percer les mystères, et qu’ils ont dissimulé en conséquence. Palais de l’Autarque : Siège du pouvoir temporel à Uliashtai. Possède une cour de duel, ouverte au public. Les combattants s’affrontent dans une arène dont le sol est un enchevetrement de rouages. L’Autarque est l’oncle de l’Impératrice Xerastia, et a combattu à ses côtés les hordes chaotiques. Il a cependant succombé à la paranoïa à la suite de la destruction de la Gilded Steamgird et s’est cantonné aux murs de son palais. Seul l’Autarque a le pouvoir d’ouvrir et de fermer les portes du palais Ordre Doré : Magie hautement procédurière, requérant un positionnement précis des praticiens sur un quadrillage arcanique pour donner les meilleurs résultats. Si cet assemblage est perturbé, c’est l’intégrité du système qui est compromis, et laisse les mages vulnérables. Les maîtres de l’ordre sont au centre, les mages de rang les entourent sur les sommets des lignes, les apprentis sont sur les lignes et les croisements. Au moment de la chute d’Uliashtai, l’ordre comptait encore plus d’une centaine de mages de rang, malgré les pertes subies au cours du siège, et le grand maître s’appelait Lek. La magie s’incarne par des paraboles acérées, qui banissent les démons. L’ordre pense que tout peut être rationalisé et compris, et a tendance à ne pas tenir compte des phénomènes et objets inexplicables, ce qui constitue sa plus grande faiblesse. Incantations de l'Ordre Doré : Golden Mean : Permet au sorcier de s’envoler sur une spirale d’acier dorée. Diction Harmonique : Technique de diction spéciale, dont l’harmonie leur permet d’hypnotiser leur auditoire du sorcier. Sceaux de protection : Dévient les coups et les lames. Transmutation mercurielle : Change le sol en mercure pour engloutir les ennemis du sorcier. Convocation d’aiguilles d’acier liquide : Attaque perforante. Conjuration aurique : Invoque des grilles d’or pour bloquer le passage des ennemis du sorcier. Téléportation ou déplacement très rapide via un fil d’argent tiré entre le sorcier et le point qu’il souhaite atteindre. The Underway : Tunnel reliant le Palais de l’Autarque à la Loge des Fyreslayers de Lofdnir, construit par l’art des Maîtres des Runes auriques des Duardin et celui des mages de l’Ordre Doré. Le long des parois, des statues d’or des héros de l’Empire gardent le passage. The Gilded Steamgird : Un mur d’enceinte protégeant l’Empire Lantique et la Loge de Lofdnir des dépradations du Chaos. Renforcé par des batteries d’armes de siège (canons, catapultes, marteleurs galvaniques, canons orgues, dynamos de guerre). Détruit par les Fyreslayers eux-mêmes. La Porte de Royaume d’Azyr : Titanesque en proportion, elle ridiculise par sa taille la Steamgird. Elle luit d’une douce lumière azure ; c’est une arche d’acier constellée de veines d’or et d’argent et de gemmes polies, qui dessinent des constellations. Elle peut être close par Sigmar, et empêcher le passage entre Azyr et les autres royaumes. Lofnyr Fyreslayers : Alliés de l’Empire Lantique et bâtisseurs de la barrière Gilded Steamgird. Ils ont fait défection pour partir à la recherche d’ur-gold et détruit la barrière, ce qui a permis au Chaos d’envahir l’Empire. Azakul The Winnower : Seigneur du Chaos ayant envahi et vaincu l’Empire Lantique du Royaume de Chamon pendant l’Âge du Chaos. Il se bat avec un fléau. Son armure est un enchevêtrement de plaques métalliques, en acier et en bronze, qui ondulent comme des serpents et le rendent difficile à toucher. Il se bat avec une grâce saccadée, comme une marionette dont on tirerait les ficelles. Il a une voix surprenemment douce, et son visage évoque plus le clerc que le barbare : sa tête est petite avec des joues rondes et un menton fuyant, ses cheveux bruns sont dégarnis. Seuls ses yeux, totalement noirs, reflètent sa vraie nature. Il marque ses suivants de sa main sur le front, ce qui décuple leur force et endurance. Skayne Bloodstongue : Sorcier du chaos monté sur un disque de Tzeentch. Son armure d’écailles scintillantes apparaît comme un patchwork de métal, reflétant et difractant la lumière autour de lui. Ses mouvements génèrent des variations prismatiques. Il a des cheveux longs qui flottent au vent, et lui donnent un air de grand-père amical. • Acts of Sacrifice Révélation Black Library 2018 Advent Calendar/2018/14 pages Intrigue : La situation n’est pas fameuse pour les templiers de l’ordre de l’Étoile Ardente, dédié à cette bonne vieille Myrmidia. Assiégés dans leur forteresse par la horde de Sulkotha Godspite, championne de Khorne au physique impressionnant, ils ont résisté avec vaillance pendant des semaines mais la sauvagerie et le nombre de leurs adversaires ne laissent que peu d’espoir aux derniers rescapés quant à la conclusion de cet affrontement. Leur Grand Maître (Vaskar) tombé au champ d’honneur la veille, et sans aucune nouvelle de l’émissaire dépêché en début de siège quérir l’aide des Fyreslayers de la Loge Hermdar, la commandante par intérim Anaea se résout à tenter le tout pour le tout et à monter une sortie pour rejoindre le Drakemount, un autre bastion de l’ordre situé à quelques jours de voyage sur le plateau de Flamescar. Malgré la réticence de son second Karon, un chevalier old school tout prêt à donner sa vie pour l’honneur et la gloire dans un dernier carré futile, Anaea convainc ses troupes d’abandonner aux Khorneux la possession du terrain, et les Myrmidions se lancent à l’assaut des barbares braillards, juchés sur leurs fidèles demidroths. Au prix d’une mêlée furieuse pendant laquelle Karon et Godspite croisent le fer et l’indispensable Anaea récupère la bannière de l’ordre au moment où elle allait tomber 1) par terre et 2) à l’ennemi, les templiers parviennent à transpercer les lignes ennemies et à s’enfuir dans le Désert de Verre, gardant l’accès au Drakemount. Le voyage est éprouvant pour les chevaliers lézardiers, plus d’un succombant à ses blessures ou à l’impitoyable soleil d’Aqshy, tandis que les meutes de molosses mutants (check l’allitération) que Godspite utilise comme éclaireurs harcèlent les rescapés. Lorsque la forteresse tant attendue se profile enfin à l’horizon, Anaea entraîne ses troupes dans un dernier élan vers la sécurité du bastion allié, où ils pourront enfin se reposer avant que les hostilités recommencent… Révélation …Mais c’était sans compter sur l’omniprésence de l’ennemi (on ne l’appelle pas Chaos universel pour rien), qui a attaqué la forteresse et passé sa garnison par l’épée il y a de cela plusieurs mois, à en juger par l’état des cadavres que les templiers découvrent sur place. La horde de Godspite n’étant qu’à quelques heures de marche du Drakemount, et sans autre plan de rechange à disposition, c’est au tour de Karon de faire valoir ses arguments, et de résoudre ses compagnons d’armes de vendre chèrement leur vie dans les ruines de la citadelle. Cette décision suicidaire n’est toutefois pas du goût d’Anaea, déterminée à faire survivre son ordre à tout prix, et en solitaire s’il le faut. Cette traditionaliste acharnée s’éclipse donc par une poterne (toujours avec sa précieuse bannière, parce que why not) avant l’arrivée des Khorneux, et bien qu’elle doive rabrouer quelques vilains doggos en route vers sa prochaine destination, elle parvient à nouveau à s’échapper de la nasse chaotique. La nouvelle s’achève sur sa contemplation, forcément morne et déchirante, de l’ultime bataille livrée par son ordre, avant qu’elle ne reparte en direction d’un nouveau foyer. Que font les Stormcast Eternals quand on a besoin d’eux ? Avis : ‘Acts of Sacrifice’ fait partie de ces nouvelles qui se terminent et laissent un fort goût d’inachevé à leurs lecteurs. C’est d’autant plus dommage qu’Evan Dicken avait réussi à rendre intéressant son histoire de dernier carré désespéré, notamment grâce à une personnification réussie des personnages principaux. La terrible Sulkotha Godspite (et sa chaîne magique) n’aura donc pas le droit au combat épique auquel elle semblait pourtant promise, ce qui est particulièrement dommage. Même si l’histoire racontée par Dicken tient la route, et offre même une variété bienvenue par rapport aux happy/glorious endings qui forment la majorité du corpus de la GW-Fiction, je reste convaincu que la conclusion aurait pu et dû être plus soignée, pour un résultat plus satisfaisant1. 1 : À moins qu’il ne s’agisse d’une sorte de prologue à un arc plus large, au cours duquel Anaea aurait la chance de se venger de sa Némésis. Mais pour le moment, rien de tel n’a été publié ou annoncé par la Black Library. Fluff : Myrmidia : L’ancienne déesse de la victoire du Monde qui Fut est également vénérée dans les Royaumes Mortels. • Fangs of the Rustwood Révélation Summer of Reading 2019/2019/13 pages Intrigue : Chargé d'escorter les trois suspects de l'assassinat du Gouverneur Bettrum de la cité d'Uliashtai, en Chamon, le Répurgateur Kantus Val(l)o de l'Ordre d'Azyr décide de couper à travers bois pour rallier au plus vite la cité d'Eshunna, où les geôles spacieuses et les tortionnaires attentionnés de l'Inquisition sigmarite auront tôt fait de délier - ou d'arracher, à défaut - les langues des gardés à vue. Ces derniers, mis à part un bon motif d'en vouloir à feu Bettrum, n'ont pas grand-chose en commun. Notre triumvirat de crapules se compose en effet du mage geignard et prophétique (un vrai Nighthaunter d'Age of Sigmar) Elabrin, de l'empoisonneuse patentée Garrula Heko, et de la Capitaine édentée de la garde d'Uliashtai, simplement nommée Lim. Le choix de Kantus d'emprunter la route traversant le Bois de Rouille ne s'avère guère brillant (ce qui est normal, car l'oxydation du fer corrode le métal), mais plutôt tranchant, la flore acérée de Chamon forçant la petite troupe à jouer de la hache pour se frayer un chemin sous les frondaisons métallisées. Ayant profité d'une halte pour cuisiner ses prisonniers, le Répurgateur doit mettre en pause son interrogatoire lorsqu'une de ses gardes se prend les pieds dans le tapis et choit lourdement dans une fosse tapissée de pieux empoisonnés (piejâkon#1). N'écoutant que son courage, Kantus... accepte qu'un des collègues de la malheureuse aille la repêcher au fond de son trou. Il donne cependant de sa personne en faisant contrepoids au bout de la corde, mais une autre fausse manœuvre des plus ballotes déclenche prestement la détente d'une tige épineuse… empoisonnée (piejâkon#2), qui met le bon samaritain en PLS, juste avant que Kantus ne le laisse carrément aller se pieuter en sous-sol lorsqu'un Gobelin des Forêts juché sur une araignée géante décide de s'inviter à la fête en hurlant "I am Groot!". L'invité mystère ayant intoxiqué l'un des deux gardes restants de notre héros, ce dernier est colère et règle leur compte aux nuisibles de quelques moulinets bien sentis, avant d'aller s'enquérir du bien-être de ses charges (une enquête de l'IGPN est si vite arrivée). Le dialogue qui s'engage a vite fait de convaincre Kantus de l'impératif catégorique de laisser les gredins lui prêter main forte afin d'avoir une chance de se sortir du guêpier arachnéen dans lequel il s'est jeté. Rendant à ses prisonniers leurs armes et équipements en échange d'une vague promesse de bien se comporter (quel laxisme), Kantus les entraîne vers l'orée du bois, dans l'espoir un peu vain de distancer les Grots dont les tambours commencent à résonner dans les fougères. Ce qui devait arriver arrive lorsque notre petite troupe, au casting digne du JDR Age of Sigmar s'il était sorti (un Chasseur de Sorcières, un Mage, un Guerrier, un Rôdeur et un PNJ à DLC courte), débouche dans une clairière où l'embuscade des peaux vertes se déclenche. Bien aidé par le sort de pointeur laser inversé et préemptif d'Elabrin1, les humains ne s'en sortent pas trop mal dans un premier temps, les carreaux empoisonnés de Garrula et les coups d'épée de Kantus et Lim prélevant un lourd tribu dans la biodiversité du Bois de Rouille. Hélas, comme il l'avait prédit, le mage se fait capturer au lasso, et si son noble - et pas du tout consenti - sacrifice permet de gagner un peu de temps à ses comparses pendant qu'il se fait torturer à mort dans un bosquet, la situation n'est pas brillante pour ces derniers... Révélation ...réduits au nombre de deux après que Kantus ait constaté le décès inopiné de la dame de carreau(x). Fichtre. Enjoint par la vétérane Lim de quitter les lieux le plus rapidement possible, notre héros décide de faire du zèle en collectant les armes de Garrula, qui pourront peut-être permettre d'identifier le tueur du Gouverneur Bettrum, si on venait à retrouver une trace d'un poison similaire à celui utilisé pour pourrir (littéralement) l'édile sur les lames de l'empoisonneuse. Une bonne action ne restant jamais impunie, le Répurgateur se fait prestement attaquer par Brienne de Tarth (dans ta gu*ule), après avoir constaté que Garrula a connu la même fin que l'infortuné Gouverneur, révélant Lim comme la coupable des deux meurtres. Cette dernière trouvait en effet que cette grosse bête de Bettrum utilisait bien mal les forces de l'Ordre, et que son incapacité notoire à s'occuper de l'infestation Grot couvant dans le Bois de Rouille condamnerait à terme Uliashtai à la Destruction. Ca se tient, ça se tient, y a pas à dire. Insensible aux arguments de la soldate, Kantus l'est beaucoup moins à ses bottes vachardes, et l'idée de son trépas prochain lui travers l'esprit en même temps que l'épée de Lim fait de même avec sa panse. Abandonné à son triste sort par l'intraitable Capitaine Marlim, Kantus devrait se dépêcher de mourir s'il ne veut pas goûter à l'hospitalité légendaire des tribus Spiderfang... 1 : En gros, on voit une petite lumière s'allume à l'endroit où un projectile va finir sa course une seconde avant que le coup parte, très pratique pour la balle au prisonnier et l'esquive de flash ball). Avis : Evan Dicken nous revient après ses débuts très convaincants ('The Path to Glory'), toujours à Chamon mais cette fois à l'époque contemporaine1, avec une histoire se voulant un match-up d'enquête policière (Mais qui a tué le Gouverneur Bettrum?) et de sword & sorcery. Si la brièveté de son propos ne lui donne pas la possibilité d'exceller dans l'un ou l'autre de ces exercices, le meurtre de Bettrum se résolvant sans grande révélation, et la baston finale, pour honnête qu'elle soit, n'étant en rien mémorable, Dicken déroule cependant son récit avec sérieux, ce qui rend la lecture de 'The Fangs of the Rustwood' plaisante. L'auteur réussit assez bien à faire ressortir la nature sauvage et dangereuse des Grots des Forêts, qui n'ont pas grand-chose de marrant lorsqu'on se retrouve nez à chitine avec leurs araignées géantes. Il parvient aussi à maintenir une tension narrative digne de ce nom, d'abord en jouant sur l'identité secrète du tueur, puis sur le destin attendant le héros. Venin sur le crochet, le fluff n'est pas absent de ces quelques pages, ce qui est tout bénef. Bref, ce (plus) court format permet à Dicken de cimenter son statut de Hot New Talent de la BL, et l'une des plumes à suivre d'Age of Sigmar dans les mois à venir. 1 : Même si des références à son cher empire Lantique et à la cité d'Uliashtai, qui avaient été mis à l'honneur dans cette première nouvelle, se retrouvent tout au long du texte. Fluff : Chamon (Géographie) : Eshunna est une cité libre de Chamon comportant une forteresse de l’Ordre d’Azyr. Le Désert de Fer (Iron Desert) est traversé par une route datant de l’empire Lantique. Chamon (Faune) : L’ibuq est un lézard géant utilisé comme bête de somme. Chamon (Flore) : Le razorweed est une herbe tranchante comme un rasoir. Divers : Les menottes peuvent être gravées de runes de négation pour neutraliser les pouvoirs arcaniques du sorcier qu’elles emprisonnent. • Vault of Souls Révélation Gods & Mortals/2019/21 pages Intrigue : Envoyés par Sigmar en personne explorer Shadespire à la recherche de toute information utile à l’amélioration du processus de Reforge des Stormcast Eternals, et en particulier l’effritement de leur personnalité au fil du temps (le fameux syndrome de délavage), le Knight Incantor Averon Stormsire et ses deux acolytes (Ammis et Rastus) sont sur une piste aussi prometteuse que dangereuse : celle du Katophrane Thalasar. Ce dernier est passé maître dans l’art nécromantique, ce qui pousse Stormsire à penser qu’il pourrait utiliser ses savoirs (un peu impies certes, mais on ne fait pas de surhommelettes sans casser des œufs) pour avancer dans sa propre thèse de recherche fondamentale. Problème, Thalasar est discret, et remonter sa piste n’est pas facile, même pour un arcaniste du talent de notre Knight Incantor. Problème bis, Thalasar était le gardien de la Briar Queen avant que le Nécroséisme ne vienne la libérer, et cette âme damnée n’a pas oublié les millénaires de tourments qu’elle a subi des mains de son geôlier. Son but dans la non-vie est donc de lui rendre la pareille, et elle hante (haha) elle aussi la Nightvault à la recherche de sa proie. Les Cursebreakers disposent toutefois d’un coup d’avance grâce à leurs sacro-saints pouvoirs, qu’ils mettent à contribution pour localiser, immobiliser et fouiller une construction nécromantique de Thalasar, faisant office de raffinerie à âmes mobile. L’automate collecteur n’avait cependant pas été laissé sans surveillance par son propriétaire, et le trio de choc doit affronter un golem animé par une source d’énergie particulièrement détestable pour nos vertueux héros : l’âme d’un de leurs cousins de chambrée. Grâce au copieux grimoire de sort de Stormsire, la menace est neutralisée, et le chemin menant vers le laboratoire secret de Thalasar localisé grâce un rituel tellement limite-limite que l’acariâtre meneur de bande demande à ses sous-fifres de l’attendre dehors pendant qu’il fait sa petite affaire. Il me faut préciser ici que l’ambiance n’est pas au beau fixe chez les Cursebreakers, Stormsire étant l’archétype du vieux de la vieille aigri et cassant, tandis que Rastus est un newb plein d’enthousiasme affublé d’une fâcheuse tendance à foncer dans le tas sans réfléchir. Ammis quant à elle essaie de fluidifier les échanges entre ses collègues, mais souvent sans résultat. Ces considérations psychologiques doivent cependant être remises à plus tard, car l’écho de la bataille et le rituel de Stormsire a attiré la Briar Queen et son épineuse cour de spectres, et une confrontation ne serait pas forcément en faveur des Stormcast Eternals (peut-être que c’est la méta qui veut ça). Guidé par sa vision, Stormsire peut toutefois entraîner sa troupe en direction du repaire de Thalasar, situé au plus profond de la Nightvault, et juste en dessous du trône où la Briar Queen a passé quelques siècles à se faire spiritboarder. Les Cursebreakers sont accueillis par une vision de mauvaise augure de Stormcast se faisant laminer et dépouiller de leur âme et de leur matos par les golems du Katophrane, ce qui explique pourquoi les pertes ont été si élevées lors de la première exploration de Shadespire par les larbins du divin barbu. Et bien évidemment, le piège que leur avait tendu Thalasar ne manque pas de se refermer sur eux… Révélation …Le Katophrane reclus était en fait aussi intéressé par Stormsire que ce dernier, et cherchait à l’attirer dans son laboratoire afin de s’incarner dans son corps1. Terrassé par la douleur de cette tentative d’usurpation d’identité, Stormsire ne peut qu’assister du coin de l’œil à l’attaque brave mais futile de Rastus contre les sortes d’aimants à âmes que Thalasar a installé dans son sous-sol, et qu’il utilise pour animer ses golems. Les éclairs conjurés par l’Evocator sont en effet absorbés par la machinerie infernale au lieu de l’endommager, et les automates de Thalasar ne tardent pas à se mêler à la partie, pour ne rien arranger. La solution viendra d’Ammis, qui sous ses airs de sainte nitouche, avait retenu les invocations pas très recommandables de son supérieur et les utilisera pour combattre l’influence néfaste de Thalasar. Ce léger sursis permet à Stormsire d’endommager le VPN arcanique déployé par le Katophrane sur son labo, attirant immédiatement l’attention de la Briar Queen, qui débarque avec pertes et fracas pour régler ses comptes avec son vieux copain, faisant s’écrouler le plafond sur les machines infernales de ce dernier et renversant par la même le cours de l’affrontement. Peu enclin à goûter sa propre médecine, Thalasar supplie Stormsire de le laisser crécher dans son cerveau pour échapper aux funestes intentions de la Briar Queen, et aurait sans doute obtenu un bail mental sans l’intervention d’Ammis, qui choisit de régler son compte au faquin d’un cri qui tue bien placé. Bien que Stormsire commence par lui reprocher sa prise d’initiative après que les Cursebreakers se soient tirés d’affaire dans la confusion de la bataille, il finit par réaliser que la prudence de l’Evocator était sans doute bien fondée. La journée n’a cependant pas été vaine, nos héros ayant recueilli l’âme de plusieurs Stormcast Eternals gardés comme batterie d’appoint par Thalasar dans leurs gourdes magiques, en plus d’avoir fait s’écrouler le laboratoire du Katophrane sur le suaire de la Briar Queen. Il faut parfois savoir remporter une partie grâce aux objectifs secondaires… 1 : Petit rappel utile si vous n’êtes pas familier avec le fluff de Shadespire, les Katophrane ont été emprisonnés par Nagash dans des éclats de shadeglass (verre d’ombre ?). Pratique pour résister au passage du temps, mais plutôt restrictif en termes de mouvement. Avis : Evan Dicken signe une masterclass dans le sous-genre particulièrement casse-gueule de la nouvelle d’Underwolds, sur lequel plus d’un contributeur de la Black Library s’est cassé les dents depuis que cette mini franchise dispose de son accompagnement littéraire, avec ce ‘Vaults of Souls’. Il y est parvenu en adoptant une approche pragmatique qui lui a permis d’éviter les écueils que les prémisses de cet univers (des bandes immortelles cherchant toutes à accomplir un objectif impossible) présentent à tout auteur cherchant à intéresser son lectorat à une aventure qui ne peut pas, par nature, s’achever. Voici comment il s’y est pris. Premièrement, en créant un antagoniste original pour la bande à laquelle l’histoire est consacrée, ce qui a le grand intérêt de permettre aux héros de se débarrasser pour de bon de leur Némésis, au lieu de devoir souffrir l’infamie de la voir s’en tirer d’une manière ou d’une autre. Cela permet également d’éviter le classique, mais maladroit, « bande contre bande » que certains auteurs ont cherché à mettre en scène, avec des résultats généralement assez peu concluants (pour la raison ci-dessus, a.k.a. personne ne peut gagner). Notons tout de même qu’Evan Dicken a enrichi son histoire en intégrant les Epines de la Briar Queen à cette dernière, mais en prenant soin de ne jamais opposer directement les deux bandes sur le champ de bataille. À la place, leur rivalité pour embaucher Thalasar comme free lance permet de faire avancer l’intrigue de manière fluide, sans risquer de déboucher sur un bête statut quo. Deuxièmement, en permettant à ses héros d’accomplir un objectif, même mineur, à la fin de leur aventure. Ici, il s’agit de la récupération des âmes de Stormcast : on est loin du secret de la Reforge sans déperdition d’énergie qui est le leitmotiv d’Averon et de ses gorilles, mais c’est tout de même une victoire notable pour ces derniers, et surtout, une progression nette par rapport au début de la nouvelle. Troisièmement et pour terminer, en faisant évoluer ses protagonistes entre le début et la fin de la nouvelle, ce qui donne une bonne raison pour le lecteur de s’intéresser à leur sort. Le trio de Stormcast Eternals bénéficie de ces délicates attentions de character development : Averon Stormsire gagne en empathie envers ses camarades, Ammis sort de cette aventure légèrement corrompue par son utilisation de magie nécromantique, et Rastus a appris à réfréner sa nature impulsive. Bien qu’ils soient légers (et pour être honnête, il n’y avait pas grand-chose de plus que Dicken pouvait s’autoriser s’il ne voulait pas enfreindre son cahier des charges), ces changements donnent l’impression que les Cursebreakers ne sont pas un trio monolithique condamné à errer dans le sous monde jusqu’à la Fin des Temps (ou l’arrêt du jeu), mais une bande de héros affectés par leur quête. Vous l’aurez compris, c’est une franche réussite en ce qui me concerne, et un, si ce n’est le, modèle à suivre pour les prochaines nouvelles de Warhammer Underworlds. Fluff : Rien de transcendant. • Shriekstone Révélation Oaths & Conquests /2020/24 pages Intrigue: Ratgob, High Creeper - et donc nabab en chef - de la forteresse Gloomspite Gitz de Shriekstone est confronté à un problème littéralement existentiel. Alors qu'il avait mené quelques uns de ses gars massacrer l'habituelle expédition de Duardins malavisés ayant décidé d'explorer les ruines de leur ancienne demeure (Shriekstone étant auparavant connue sous le nom de Lachad, loge et logis de Fyreslayers), il recueille la confession rigolarde d'un des nabots, qui l'avertit que sa mort sera bientôt vengée par l'arrivée d'une armée de rouquins à hache, mobilisée par le Père des Runes Thunas-Grimnir l'inflexible1 pour reconquérir les lieux. Cette funeste prédiction se réalisant sous quelques jours, Ratgob est d'abord tenté de prendre la poudre d'escampette, mais réalise en chemin qu'il ne peut tout simplement pas laisser les avortons barbus lui arracher ce que ses ancêtres ont dérobé aux leurs sans se battre. Question de principe. En plus de ça, sa statue personnelle dans le Hall of Fame2 de Shriekstone n'est pas encore terminée, et ne le sera jamais s'il ne prend pas en charge la défense du bastion. Première étape pour notre verdâtre héros: convaincre sa myriade de sous-fifres de ne pas déserter leur poste, ce qui est loin d'être gagné à la vue de l'ost mobilisé par Thunas. Heureusement, Ratgob n'est pas devenu High Creeper par hasard, et parvient à rallier tout son monde à sa bannière rapiécée, en affirmant haut et fort qu'il a reçu une vision de la Mauvaise Lune en personne, qui lui a révélé les ruz' nécessaires pour vaincre les Duardin. Devant un tel argument d'autorité, les autres Gobs ne peuvent qu'obtempérer, certains de plus mauvaise grâce que d'autres, comme le shaman et sceptique devant l'éternel Vishuz Spookfinger. Si le siège tourne d'abord plutôt en faveur des défenseurs, qui, guidés par le génie tactique la fourberie mesquine de leur boss, jouent quelques mauvais tours aux Fyreslayers, à base d'attaques sur leur base arrière, de fosses à squigs affamés, de gaz hallucinogène, de lâchers de fanatiques, ou, encore plus mesquin, d'empoisonnement de leur réserve de bière3 (tous les coups sont permis), la férocité, discipline et haine ancestrale qui animent les attaquants contraignent les peaux-vertes à sans cesse reculer. Ayant joué son va tout en provoquant une attaque inconsidérée des Fyreslayers dans l'enclos des Troggoths locaux en poussant ses derniers esclaves dans ce dernier afin de pincer la corde honorable des Duardin, Ratgob n'a plus qu'à vendre chèrement sa vie et celles de ses derniers gars au cours d'un dernier carré davantage provoqué par les événements que choisi par les défenseurs. Notre héros s'est auparavant débarrassé de ce faux-jeton de Spookfinger, qui avait, de façon prévisible, tenté de lui faire la peau (et de façon même pas originale en plus, ce que Ratgob fait remarquer au traître avant de le laisser en pâture aux trolls). Encerclés par les survivants, bien éprouvés il est vrai, de l'armée du Père des Runes, les Gobelins vendent chèrement leur peau (verte), à l'image de Ratgob qui parvient, au terme d'un duel accroché au cours duquel il finit unijambiste, à refiler une souche ultra virulente du COVID 19 à Thunas-Grimnir. Le virus étant, comme chacun sait, plus mortel chez les personnes âgées, les 267 ans bien tassés de l'Inflexible vieillard le condamnent donc à une suffocation expresse, permettant au High Creeper d'arracher une victoire morale. Et alors que tout semble perdu pour notre héros, à la merci des derniers Fyreslayers, il a la satisfaction d'entendre approcher une horde de ses congénères dans les niveaux inférieurs de Shriekstone, qui se remet à geindre de plus belle après quelques minutes d'aphonie4. Comme dit le proverbe: pierre qui hurle n'amasse pas barbe. 1: Nommé ainsi à cause de son absence de souplesse légendaire: il n'arrive même pas à toucher ses genoux en se baissant. 2 : Ou, comme on dit chez les Gitz, la Grotte of Grots. 3: On découvre à cette occasion que les Duardin des Royaumes Mortels ont "hérité" de leurs ancêtres Dawi du Vieux Monde l'habitude de baptiser leur binouze avec des X. Par respect pour la XXXXXX de Bugman, celle de l'armée de Thunas ne s'appelle que XXXX. 4: En fait, la forteresse a été nommée Shriekstone (la pierre hurlante en VO) après que les Fyreslayers en aient été chassés, car la roche s'est mise à produire des sons similaires à des hurlements. On peut penser à de la magie runique ou de l'animisme, mais moi je pense simplement que les Duardin ont volontairement déclenché l'alarme du détecteur de fumée pour faire chier les Gobs. Avis : Très sympathique nouvelle de la part d'Evan Dicken, dont la construction minutieuse dénote d'une maîtrise appréciable des codes du genre et de l'univers d'Age of Sigmar. On peut ainsi mettre au crédit de l'auteur tant son choix de renverser les rôles classiquement attribués dans l'affrontement iconique entre Nains et Gobelins (en faisant des seconds les protagonistes et les défenseurs, ce qui est plutôt rare), que sa réussite à faire de Ratgob et de ses sbires des personnages plutôt attachants, en grande partie grâce à leur fibre comique, qui contraste agréablement avec la fureur vertueuse du malheureux Thunas. Au final, le lecteur a bien du mal à prendre un parti entre la cause, fondamentalement noble et justifiée, des Duardin, et celle du charismatique High Creeper, ce qui donne au duel final de la nouvelle une tension narrative très bienvenue. Autre preuve manifeste du soin apporté par Dicken à la construction de son propos, la symétrie parfaite de l'ouverture et de la conclusion de son propos, qui mettent tous deux en scène un personnage mourant annonçant à son vainqueur qu'il va être vengé par ses congénères. C'est net et précis, et ça fait du bien de la part de la Black Library, qui se contente souvent de publier des histoires à l'intrigue et au déroulement approximatifs. Et en plus, on a le droit à un peu de fluff intéressant sur Ghur. Pas grand chose à jeter dans ce 'Shriekstone', et un parcours de plus en plus intéressant pour Dicken, qui se positionne comme l'une des nouvelles plumes les plus intéressantes des Royaumes Mortels. Fluff : Lachad/Shriekstone : Une forteresse Fyreslayers, située dans les Bruteplains de Ghur, et conquise par les tribus de Gobelins de la Nuit, qui l’ont rebaptisée Shriekstone du fait des bruits de hurlements qui semblent provenir de la roche. Le Père des Runes Thunas-Grimnir mena une grande armée de Fyreslayers reprendre Lachad, mais sa tentative ne semble pas avoir été couronnée de succès, et se solda par sa mort au combat. Segmapèdes : De grands insectes (rq : plutôt des mille-pattes, d’après la description qui en est faite), aussi grands qu’un Troggoth, utilisés par les Gobelins de la Nuit comme bête de trait. De nature placide, les segmapèdes peuvent être utilisés comme bêtes de guerre s’ils sont apeurés ou excités. Gobelins de la Nuit (Personnage nommés) : Blister-blade Grothammer, Shkrug Neverchosen et Morg Six-Knives ont été des High Creepers (chefs suprêmes) de Shriekstone. • Archmage Révélation Gods & Monsters Week/2021/15 pages Intrigue : Cerith Anlethnir, maître du Lyceum Vanari d’Hysh, a la particularité de ne pas être un mage, comme ses collègues ou ses élèves, par manque absolu de capacités arcaniques. Cela ne l’a pas empêché d’obtenir une place dans l’institution où il enseigne, car à défaut de pouvoir pratiquer, il comprend fort bien comme fonctionnent les courants de magie. Cependant, son impuissance thaumaturgique en fait la risée et le souffre-douleur de certaines âmes peu charitables, comme le maître Seraval, archétype du bully méprisant prenant un malin plaisir à venir chercher des noises à notre héros à la fin de ses cours. Avant que l’un ou l’autre des adversaires ne se soit retrouvé enfermé dans son casier, une sonnerie convoque Cerith en salle des professeurs (ou l’équivalent chez les Aelfs d’Hyish, soit un jardin zen couvert de runes), interrompant l’esclandre. Le dévoué professeur a alors la surprise et l’honneur de réaliser que c’es Teclis lui-même qui l’a fait mander, car le Dieu et Archimage a une mission particulière à confier à son dévoué serviteur. Comme il l’explique à ce dernier alors que la Celennar les emporte jusque dans une ville en ruines de l’arrière-pays hyshois (c’est comme l’arrière-pays niçois, mais avec plus de haches), un sort persistant des temps jadis, le Vanneur1, a été réactivé par un sorcier de Slaanesh pour bousiller la belle symétrie de tonton Tecluche. Le Vanneur ayant comme caractéristique de se nourrir de magie, une approche directe est impossible, et c’est là que Cerise entre en scène : pendant que l’Archimage montrera sa lune aux alentours pour attirer l’attention du sortilège (car apparemment, c’est possible), le prof aura pour mission d’interrompre le rituel impie d’Arkathi (l’empêcheur de mandaler en rond), armé seulement de son bon sens, d’une épée et d’un fragment du pouvoir teclisien, à n’utiliser qu’en dernier recours pour ne pas susciter l’appétit du Vanneur, et ses funestes blagues. On comprend mieux pourquoi Tek Lisse a choisi de faire appel à un théoricien plutôt qu'à un praticien des arts magiques pour ce plan, l'abus de sorcellerie étant ici dangereuse et contre productive. Bien entendu, le chemin de Cerith est semé d’embûches et parsemé de goons en collants en résilles et piercings mal placés, qu’il parvient malgré tout à vaincre grâce à ses vieux restes d’escrime médiévale et l’intervention salutaire de Celennar. Lorsqu’il arrive enfin dans le temple squatté par Arkathi, il est accueilli par un hôte fort aimable, qui le tente avec des promesses de véritables pouvoirs magiques (il n’est jamais trop tard pour agrandir son p…otentiel), et lui révèle qu’il n’est que le dernier expédient en date envoyé par l’imperturbable et insensible Teclis, qui a déjà sacrifié une troupe de mages et de Vanaris pour tenter de déloger le parasite slaaneshi, en vain. Plus motivé et débrouillard que ses prédécesseurs, Cerith refuse de prêter l’oreille aux promesses empoisonnées du sorcier et de se laisser abattre par ses sortilèges (mauvaise idée d’Arkathi, qui se fait fissa ingurgiter par le sort persistant et affamé), et parvient à localiser le mandala d’où le Vanneur tire sa puissance. Convoquant l’éclat de puissance divine qui lui a été confiée, notre héros se prépare à dissiper le phénomène arcanique… Révélation …Mais Teclis avait opté pour une approche un peu plus directe et brutale, avec Cerith dans le rôle de la bonbonne de nitroglycérine utilisée pour éteindre un incendie. Lorsqu’il reprendre connaissance, le zélé fonctionnaire à la surprise de constater qu’il n’est plus qu’un esprit désincarné, ou plutôt une présence magique que Teclis gobe promptement, non sans lui avoir indiqué qu’il avait été promu au rang de Gatorade divin (goût cerise, évidemment), ce qui n’est pas donné à tout le monde. Et croyez-le ou non, Cerith disparaît heureux de cette apothéose. Good for him, I guess. 1 : The Winnowing en VO. On notera au passage que ce terme est très apprécié par Evan Dicken, qui avait déjà un Winnower comme antagoniste dans la nouvelle ‘The Path to Glory’. Avis : Petite nouvelle sympathique permettant de s’immerger dans le quotidien lumineux mais contrasté d’Hysh, ‘Archmage’ vaut principalement le détour par le portrait troublant qu’elle fait de Teclis, divinité indubitablement bénéfique et protectrice de son peuple, mais qui n’hésite ni à sacrifier froidement ses sujets, ni à leur dissimuler la vérité, pour arriver à ses fins. En cela, Evan parvient à distinguer l’Archimage du reste du panthéon « positif » de l’Ordre, et à lui donner une profondeur intéressante, comme d’autres auteurs avant lui sont parvenus à faire de Sigmar un good god avec une part d’ombre. Ironiquement (vu son Royaume de prédilection), c’est également le cas pour Teclis ici, et c’est tant mieux, si vous voulez mon avis. Fluff : Lumineth (Runes): Alaithi est la rune des montagnes, Senlui celle de la vivacité et de la précision, et Ydriliqi représente la rivière. • Chain of Storms Révélation Conquest Unbound/2022/23 pages Intrigue : La glorieuse campagne de reconquête du royaume d’Eldingar, en Hysh, à laquelle le général Skeos a consacré tant de temps et d’efforts, est en passe de se solder par un échec cuisant et sanglant à peine initiée. Descendant d’une longue lignée de princes et princesses exilés de cette ancienne cité, frappée par le fléau du vampirisme il y a des siècles, Skeos a réussi à convaincre de généreux mécènes d’Hammerhal de financer son expédition, mais la petite armée sigmarite a été fraîchement accueillie par les hordes de goules d’Arakhir Boneblight, le seigneur mort-vivant (et lointain grand-oncle de notre héros) alors qu’elle touchait au but. Malgré les savantes formations inventées par Skeos pour repousser l’ennemi, ce dernier refuse de jouer le jeu et s’amuse au contraire à trucider et boulotter (et pas forcément dans cet ordre) les miliciens de la cité libre. Sauvé d’un tel destin par l’intervention d’un Prêtre Guerrier pragmatique et mal embouché (Trask), Skeos bénéficie d’une autre arrivée miraculeuse, en la personne du Knight-Azyros Telamon, dont la lanterne magique crache suffisamment de lumens pour convaincre les nécrophages de battre en retraite pour le moment. Comme l’Elu de Sigmar a fait le déplacement seul (le service public d’Azyr est lui-aussi concerné par des coupes dans les effectifs), la partie est loin d’être pliée en faveur de l’Ordre. Sur les conseils avisés, et grâce au jet-pack angélique et bras musclés, de Telamon, Skeos décide d’aller rendre une nouvelle visite aux clans des Pics Prismatiques pendant que ses hommes fortifient le camp dans l’attente de la nouvelle attaque des Mordants. Nouvelle, car l’arrogant général a déjà tenté de s’attirer les bonnes grâces des autochtones dans sa lutte contre ce qu’il voyait comme un ennemi commun, mais les a pris tellement de haut lors de sa première entrevue qu’il n’a récolté que l’hostilité des péquenauds. Sous le regard scrutateur et insondable de son business angel, Skeos essaie donc de repartir du bon pied avec la cheffe de clan Ydri, avec des résultats encore une fois assez peu concluants. Il pense alors avoir une idée brillante en défiant son interlocutrice en duel, et en désignant le Stormcast comme son champion… mais ce dernier refuse (lol), laissant le freluquet se battre tout seul contre la robuste Ydri. C’est toutefois un mal pour un bien pour Skeos, qui écope de quelques bleus dans l’affrontement mais parvient à gagner le respect des clans dans la foulée, et arrive finalement à convaincre ces derniers de lui prêter main forte dans le combat contre Arakhir. Cette quête secondaire rondement menée, nos deux personnages se séparent, Telamon partant faire de la reconnaissance au-dessus d’Eldingar en fredonnant ‘Ca plane pour moi’ tandis que Skeos retourne au camp à l’arrière d’un char à yak, les sympathiques montagnards ayant également accepté de ravitailler leurs nouveaux alliés afin qu’ils ne partent pas à la bataille le ventre creux. Une surprise désagréable attend toutefois le général diplomate à son arrivée : croyant à sa désertion, et assez peu impressionnés par la qualité de son leadership jusqu’ici, ses troupes ont placé Trask à leur tête, et ce dernier n’est pas très chaud à l’idée de laisser ce bon à rien de Skeos reprendre son rôle de commandant. Usant de la même tactique qu’il y a quelques heures (manger quelques gnons avant de finalement convaincre son interlocuteur), l’aristocrate mal aimé parvient tout de même à obtenir que « son » armée se rende sur le champ de bataille pour engager l’ennemi, au lieu d’attendre l’assaut des goules sur le campement fortifié, ce qui aurait empêché une coordination avec les clans montagnards. Enfin, la bataille décisive s’engage, et comme on pouvait s’y attendre, la participation de Telamon et des tribus des Pics Prismatiques équilibre le rapport de force. Combattant en première ligne pour inspirer ses troupes, Skeos finit par se retrouver face à face avec Arakhir, tout à fait enchanté de faire connaissance avec un nouveau membre de sa famille. Les pas de danse du vampire ne lui servent pas à grand-chose contre la détermination de Telamon et l’opportunisme de Skeos, et l’affable nécrophage finit décapité par le second, scellant la défaite des Mordants. Avant de repartir sur un autre front, le Knight-Azyros fait promettre au nouveau souverain d’Eldingar de faire reforger le Collier Fendu, une des reliques de la dynastie régnante dont Skeos est l’héritier, et que le prince de Bel Air gardait sur lui par sentimentalisme (et parce que personne n’avait voulu lui acheter un bout de chaine de vélo rouillé, aussi). Telamon lui remet aussi un maillon portant le nom du dernier roi d’Eldingar avant l’usurpation d’Arakhir, révélant qu’il a été cet homme avant d’entrer au service de Sigmar (et donc également un ancêtre de Skeos). La famille, c’est important. Avis : On a vu et lu tellement de nouvelles consacrées aux exploits guerriers des Stormcast Eternals depuis le lancement d’Age of Sigmar que ce créneau narratif est – à mon humble avis – largement épuisé. Heureusement pour les surhommes en sigmarite, certains auteurs parviennent tout de même à proposer des angles intéressants pour continuer à les mettre sur le devant de la scène (et d’autres, moins scrupuleux, se contenteront de nous servir encore et toujours la même sauce pour des siècles et des siècles1). Evan Dicken fait partie de ceux-là, et son ‘Chain of Storms’ constitue une variation rafraichissante du topos classique « les Stormcast arrivent à la dernière minute pour sauver les miches d’une armée de l’Ordre ». En plus d’être des formidables guerriers, ce que la fin de la nouvelle met bien en avant, les Elus de Ziggy peuvent aussi jouer le rôle de stratège, mentor, commémorateur, scout et chauffeur Uber, comme démontré dans ces quelques pages. Et cela est tout aussi intéressant à lire que la description d’une mêlée furieuse, quand celui ou celle qui tient la plume sait ce qu’il fait. Une autre bonne idée de Dicken aura été de refléter toute la diversité culturelle des Royaumes Mortels, qui peut avoir tendance à disparaître derrière les images d’Epinal données par les figurines et les illustrations des Battle Tomes. Les Mordants d’Arakhir Boneblight en sont un parfait exemple, leurs manières raffinées et leurs cris de guerre en vieux François contrastant admirablement avec leur apparence très classique de marée de goules. Les clans de la montagne bénéficient aussi de ce traitement, Dicken parvenant en quelques paragraphes à nous donner l’impression d’une société avec son histoire, ses croyances et ses traditions. Pas étonnant de la part de l’auteur qui nous a donné le très dépaysant (en bien) ‘The Path to Glory’, mais appréciable quoi qu’il en soit. Bref, encore une preuve que vous pouvez vous diriger en confiance vers les écrits de cet homme, même (ou surtout) s’ils sont consacrés à l’une des factions les moins mystérieuses d’Age of Sigmar. 1 : Amen. On peut appeler ça la tragédie du Space Marine. Fluf : Eldingar : Royaume humain d’Hysh, entré en decadence lorsque son aristocratie fut souillée par la malediction du vampirisme. Les Mordants d’Arakhir Boneblight forcèrent les souverains légitimes d’Eldingar à s’exiler à Hammerhal. Bien des siècles plus tard, une expedition menée par le dernier descendant de la lignée, Skeos, parvint à reconquérir le royaume, grâce à l’appui du Knight-Azyros Telamon (dernier roi d’Eldingar, tué au combat avant de devenir un Stormcast) et des clans montagnards des Pics Prismatiques. Une des reliques d’Eldingar est le Collier Fendu (Riven Collar), dont chaque maillon porte le nom d’un souverain (Indira la Dorée, Hesjeret, Kytharedes, Oranu Brisemuraille…). • Harrowhand Révélation Black Library Celebration Week 2022/2022/15 pages Intrigue : Les Collines Creuses de Ghyran présentent des particularités qui les rendent stratégiques pour deux factions ennemies des Royaumes Mortels. Pour Sigmar (en l’occurrence, les croisés Dawnbringers qui représentent le grand barbu hors d’Azyrheim), il s’agit d’un endroit parfait pour établir une colonie du fait de la présence d’un nexus géomantique. Nagash (qui a donné sa délégation à la Wight Queen – #Féminisme – Isavir Harrowhand) est quant à lui plus intéressé par les tertres funéraires qui tapissent l’intérieur des trois collines en question, et Skeletor s’est jusqu’ici montré intraitable dans la défense de ce qu’il considère comme étant son bien, et tant pis si on est dans le Royaume de la Vie. Une croisade entière est déjà tombée sous les coups d’Harrowhand et de ses guerriers sépulcraux, et une autre est promise au même sort funeste à moins que Neave Blacktalon et ses Stormcast Eternals d’élite (la Raptor Shakana Goldenblade et son dindon de combat Anda, le Retributor Rostus Oxenhammer et le Deambulator1 Hendrick) ne parviennent à assassiner la meneuse ennemie. Problème : personne ne sait où elle se cache, et même les pouvoirs de détection de la Soulscryer Idoneth (Lorai) que les Blacktalons ont pris avec eux pour l’occasion ne sont d’une grande aide. Chaque seconde qui passe rapprochant la colonne de sigmarites de son funeste destin (apparemment, on n’a pas le droit de les prévenir qu’ils se dirigent droit dans un piège dans ce scénario), la bouillante Neave finit par abandonner l’approche prudente conseillée par Shakana, et emmène son commando à l’assaut du tertre #2 après avoir tiré son objectif au D3. Quand faut y aller, faut y aller. Malheureusement pour nos héros, Loec s’est foutu de leur masque en sigmarite, et après avoir vaillamment ferraillé pendant quelques pages contre des hordes de squelettes qui ne demandaient que ça, ils finissent par battre en retraite par le toit ouvrant du tertre (une fonctionnalité très pratique, installée en 2-2 par Rostus et son gros marteau). Bien qu’aucune perte ne soit à déplorer du côté des Stormcast Eternals, ils n’ont pas avancé d’un pouce dans l’atteinte de leur objectif, et ce constat d’échec crée quelques crispations dans les rangs. Particulièrement entre Shakana, qui aimerait bien éviter de devenir un légume à force de reforges successives et n’est plus trop chaude pour mourir pour les mauvaises idées de sa supérieure – même de mort lente –, et Neave Blacktalon, qui ne voit absolument pas le problème. La tension professionnelle est cependant évacuée lorsque les Blacktalons réalisent brusquement que si Harrowhand n’était pas dans le tertre, comme la logique le scénario le voulait pourtant, c’est parce qu’elle était en train de préparer l’embuscade de la prochaine croisade. Vous savez, celle que Sigmar vous a envoyé protéger. BANDE DE GLANDS. Comme quoi, on peut être foudre de guerre et très lent à la comprenette. Cette épiphanie un peu tardive remet Neave et Cie dans le sens de la marche, et la fine équipe tend une embuscade aux petits oignons à la Wight Queen alors qu’elle attendait au milieu de ses troupes l’arrivée des ses prochaines recrues (involontaires), sans doute en jouant aux osselets. Comme l’a chanté Francis Cabrel à la fin du siècle dernier : « pas la pei-neuh que je pray-cise » ce qu’il se passe au cours des quelques minutes suivantes. Au terme d’un affrontement éclair, la revenante, qui était elle aussi dans la Team Sigmar dans sa première vie, ce qui perturbe un peu cette sensible de Shakana, repart hanter Shyish, ce qui désorganise légèrement son armée. Les croisés en seront toujours quitte pour une bataille rangée contre les légions de Nagash, mais ce n’est plus l’affaire des Blacktalons, que l’on quitte sur une scène de franche rigolade et d’honnête camaraderie. C’est bien de faire un métier que l’on aime, tout de même. 1 : Comprendre qu’il est vieux. Et c’est sa seule caractéristique différenciante de ces petits camarades, malheureusement. Avis : On se croirait revenu au bon vieux temps des débuts d’Age of Sigmar, où la Black Library ne nous proposait que des récits de batailles de Stormcast Eternals. Certes, ici les fiers paladins en armure sont opposés à des Squelettes et non à des guerriers du Chaos (#Variété), mais le résultat n’en est que marginalement différent, et marginalement intéressant. Lorsqu’une nouvelle peut être résumée en une (courte) phrase sans que rien d’important ne soit omis, ce n’est jamais bon signe pour la qualité de la soumission, et l’autrement irréprochable Evan Dicken faillit à ce test avec ce simpliste ‘Harrowhand’, qui ne mérite même pas d’être lu par les fans inconditionnels des Blacktalons à moins qu’ils ne soient devenus les automates décérébrés dont Shakana redoute tant de rejoindre les rangs1. 1 : Mon hypothèse à ce stade (Décembre 2022) est que la BL est en train de préparer son lectorat au retour des Blacktalons, sous une forme ou une autre, dans les prochains mois. Si cela se vérifie, certains aspects de cette nouvelle pourraient faire plus de sens. Je pense notamment au personnage de Lorai, qui traverse l’histoire comme un fantôme et ne sert pas à grand-chose au final : je ne vois pas pourquoi Dicken a trouvé utile de l’intégrer à son récit, sauf s’il s’agissait pour lui de respecter une continuité narrative qui n’a pas encore été totalement établie à ce stade. À suivre… Fluff : Ghyran : Les Collines Creuses (Hollow Hills) sont trois tertres funéraires situés dans les Neverpeaks de Ghyran. Y sont enterrées des légions de soldats et de héros sigmarites des précédents âges, faisant de l’endroit une position convoitée par les armées de Nagash. La proximité d’un nexus géomantique attira également l’attention des armées des Cités Libres lorsque les croisades Dawnbringers furent lancées. • The Low Road Révélation Aelves Week 2022/2022/22 pages Intrigue : C’est la mobilisation quasi-générale dans le bosquet côtier (une mangrove, s’il faut dire les choses) de la Branchwraith Shikal. Une horde d’Ironjaws a été repérée dans les Plaines Brutales, et l’Homme Arbre Kuonor rassemble ses troupes pour renforcer les défenses du boistion (comment on traduit greenhold, franchement ?) Écorce de Fer auquel ces Sylvaneth sont affiliés. Il laisse derrière lui quelques Dryades en gardiennes de but, dont l’impétueuse Shikal, qui n’apprécie guère cette corvée de jardinage musical – tout est fait en chanson chez les Sylvaneth – mais se plie bon gré mal gré à cette paisible assignation. La cohorte végétale n’est pas bientôt partie à travers le redouté Marais Rampant que des signes avant-coureurs d’une catastrophe écologique se manifestent sur le rivage. Une pellicule huileuse vient recouvrir les vagues et empoisonner les crustacés du coin, comme si un super tanker avait coulé au large de la Mer des Krakens. Cette première marée noire de l’histoire littéraire des Royaumes Mortels n’a cependant pas été causée par une coque rouillée et une mer un peu forte, mais par les manigances des Krulboyz du Chamane Krakspine, dont l’avant-garde émerge des marais pour cherche noises à Shikal et ses consœurs. Si cette escarmouche est remportée haut la main branche par EELV, la deuxième manche est en revanche à sens unique, Krakspine se contentant de mettre le feu à la nappe de pétrole qui s’est étendue jusque dans le bosquet pendant la baston, causant une déflagration qui réduit la mangrove et ses défenseurs en braises fumantes. Shikal échappe toutefois à cette combustion spontanée, et se fait réveiller à coup de pelle par deux pillards Orruks à la recherche de butin, quelques heures plus tard. S’extirpant sans mal des sables de l’estuaire, la Branchwraith règle leur compte au peaux-vertes malchanceux et comprend que Krakspine cherche à prendre par surprise le boistion pendant que ses défenseurs seront occupés à castagner les Ironjaws dans la pampa. C’est une course contre la montre qui s’engage entre l’armée Krulboyz et son unique poursuivante, à travers l’étendue hostile et boueuse des Marais Rampants… Au bout du compte, et de péripéties éprouvantes qui la voient se faire avaler et recracher par une grenouille géante, puis chassée à courre(te portée) par des Embrocheurs désœuvrés, Shikal finit par conclure un accord avec la bande de Parias qui squattent ce biome fangeux, après que leur affliction les ait contraint à s’exiler de leurs communautés (peut-être qu’ils chantaient faux et que ça gonflait leurs camarades). Profitant de leur connaissance sans pareille des marécages, elle tend une embuscade à Krakspine (et à sa Bête Faukarde, sinon c’est trop facile), et parvient à assassiner le général ennemi au terme d’un dur combat et de nouvelles blessures physiques et psychologiques. La confusion qui s’en suit chez les Orruks lui permettra de porter son message au boistion à temps pour que ce dernier organise une défense digne de ce nom, pas vrai ? Révélation …Eh bien, oui, mais Shikal n’en verra rien. Les traumatismes qu’elle a vécus, les massacres qu’elle a causés et son acoquinement avec les Parias du Marais Rampant ont transformé la jeune et bouillante Branchwraith en psychopathe incurable (elle chante en grunt maintenant !), qui n’a plus sa place parmi les Sylvaneth civilisés de l’Écorce de Fer. C’est bien égal pour Shikal, qui repart aussi sec dans le bayou une fois son message transmis à cet incapable de Kuonor. Ils ne te méritaient pas de toute façon, ma fille. Avis : Après une mise en place un peu poussive, ‘The Low Road’ parvient à explorer de manière satisfaisante la lente déchéance d’une Sylvaneth prête à sacrifier son statut social et sa raison pour relayer une alerte cruciale à ses camarades. Même si on voit bien où Dicken veut en venir, la réalisation est suffisamment soignée pour que le destin tragique de Shikal, qui finit la nouvelle comme punk à grubworm reniée par sa hiérarchie, fasse vibrer la corde sensible du lecteur. C’est un peu comme si ‘The Killing Joke’ (Batman) avait été adapté à Age of Sigmar. La vie est Ghure en dur… Fluff : Rien de transcendant. • Head of the Serpent Révélation Black Library 2023 Advent Calendar/2023/25 pages Intrigue : Disgraciée et quasi-exilée par le Conclave d’Hammerhal après qu’elle ait personnellement exécuté quatre de ses membres (des félons ennemis du bon peuple, bien sûr), la Première Maréchale Tahlia Vedra, plus connue sous son surnom de Lionne de l’Aride, a été mis sur une mission de second ordre par son supérieur le temps que les choses se tassent dans la cité. Elle doit ainsi localiser et neutraliser Dame Fade (c’est plus classe en anglais), une cheffe de guerre suspectée de vouloir confédérer les tribus Darkoath des Pics Caustiques à des fins anti-sigmarites. Elle peut compter pour cela sur quelques centaines de miliciens aguerris, deux antiques canons, et le support grincheux des éclaireurs de la Capitaine Jesha Fairweather, avec laquelle elle ne s’entend guère. Mais comme on dit, à la guère comme à la guerre. L’Aride étant un territoire passablement étendu, vide et dangereux, Tahlia résout de ne pas éterniser son trekk dans les caldeiras autour de la Citadelle Coron(avir)us et demande à Fairweather de la mener jusqu’au campement de la tribu la plus proche, qui se trouve être les Chiens de Deuil-la-Barre (Hounds of Mourn-la-Barre en VO). Pas de bol pour l’expédition de reconnaissance punitive, le village en question se trouve être vidé de ses habitants, qui ont semble-t-il décidé de rejoindre en masse le campement de Dame Fade à la demande expresse des Guerriers du Chaos qui forment sa garde rapprochée1. Intriguée autant qu’inquiétée par cette relocalisation impromptue, Tahlia ordonne à sa colonne de suivre les traces des migrants, et les sigmarites ne tardent pas à tomber sur les restes d’un champ de bataille où l’arrière garde des Chiens du Deuil a été rituellement massacrée par un mystérieux adversaire. Alors qu’elle était partie en reconnaissance sur sa fidèle Incarnadine (canard manticore de fonction) pour tenter d’identifier la cause de ce carnage, Tahlia fait la connaissance d’un louche individu répondant au nom de Vasyar, maître dans l’art du camouflage volcanique et de la plongée cendreuse. Vasyar informe la Lionne qu’elle n’a que quelques minutes pour se préparer à l’arrivée d’une cohorte de Chiens du Deuil, qui ne réfléchira sans doute pas à deux fois avant d’attaquer les sigmarites qui campent parmi les cadavres de leurs congénères, même si les miliciens ne sont pour rien dans la tuerie. Et en effet, deux mille guerriers Darkoath écumants de rage ne tardent pas à se présenter dans la passe où le contingent d’Hammerhal stationne, forçant Tahlia à faire preuve de ses capacités de stratège et de meneuse d’hommes. La bataille se passe raisonnablement bien, mais c’est l’intervention de quelques centaines de margoulins arborant le même style vestimentaire que Vasyar et qui prennent à revers les Chiens du Deuil alors qu’ils étaient en train d’aboyer sur le carré castelite des sigmarites qui permet aux gentils urbains de remporter l’affrontement. C’est le début d’une collaboration teintée de méfiance mais sans coup fourré entre Tahlia et Vasyar, qui se révèle être un des chefs de la tribu des Vipères des Cendres (Ash Vipers), dernière peuplade indigène non affiliée au Chaos vivant de ce coin de l’Aride. Ayant bien compris que la survie de sa tribu passait par la neutralisation de la menace représentée par Dame Fade, elle-même simple lieutenant de l’énigmatique seigneur Ebonpyre, Vasyar accepte de guider sa nouvelle amie jusqu’au camp chaotique, ce qui permet à la Première Maréchale de concocter un plan risqué mais pas désespéré pour décapiter la horde rassemblée par Fade. Pendant que le gros de ses troupes tiendra une position défensive à proximité du village de yourtes des maraudeurs, Tahlia, les éclaireurs de Fairweather et les Vipères des Cendres de Vasyar contourneront les combats pour aller assassiner Dame Fade, « seulement » protégée par quelques Guerriers du Chaos. Comme on peut se l’imaginer, cette expédition plus qu’à moitié suicidaire est couronnée de succès, et malgré la magie aussi fumeuse que toxique de Dame Fade, qui manque de suffoquer notre casting trois étoiles, la ribaude se fait occire de haute lutte. De là, il suffit juste à Tahlia d’agiter le casque de la sorcière devant le nez de ses suivants pour que des luttes intestines viennent à bout de la fragile unité des guerriers tribaux, qui succombent à l’animosité et commencent à se castagner à qui mieux mieux, laissant les miliciens et leurs alliés s’éclipser sans demander leur reste. La nouvelle se termine avec la proposition de Tahlia à Vasyar d’abandonner son mode de vie nomade pour rejoindre la sécurité et la civilisation de Hammerhal, comme le propre peuple de notre héroïne l’a fait il n’y a pas si longtemps que ça pour échapper aux déprédations du Chaos. « J’y penserai cocotte » répond le fier bédouin avant de repartir faire des pâtés de cendres dans la pampa. La suite au prochain épisode... 1 : Tahlia et Fairweather découvrent cela en remarquant les empreintes distinctives de crampons en forme d’étoile à huit branches dont les solerets des Guerriers du Chaos disposent tous. Il faut le savoir. Avis : Evan Dicken signe une nouvelle med-fan militaire assez classique et linéaire avec ce ‘Head of the Serpent’, qui introduit le personnage de Tahlia Vedra dans la GW-Fiction, ce qui n’est pas donné à toutes les entrées de Battletomes, il faut le reconnaître. Si l’intrigue de cette histoire peut être décrite comme d’une simplicité élégante, c’est dans le déroulé de cette dernière que Dicken s’illustre le plus à mon sens, prouvant qu’il est capable de « servir la soupe » de manière convenable, comme il l’avait déjà montré dans ‘The Path to Glory’ il y a quelques années. Cette dernière nouvelle s’était toutefois révélée bien plus riche en lore et rebondissements que celle qui nous occupe aujourd’hui, et garde donc ma préférence – quoi qu’il en soit ‘Head of the Serpent’ est une entrée sérieuse à mettre au crédit de cet auteur, et j’espère que le trio infernal cendreux Vedra/Fairweather/Vasyar reviendra courir la pamParch’ dans d’autres soumissions de la Black Library. Après tout, ce mystérieux Ebonpyre ne va pas s’éteindre tout seul… Fluff : L’Aride : Parmi les tribus indigènes de cette région inhospitalière d’Aqshy, on trouve les Vipères des Cendres (Ash Vipers), les Chiens du Deuil (Hounds of Mourn), l’Engeance de Kraka (Kraka’s Brood), la Ruine Ecorcheuse (Flensing Ruin) et les Frères des Bêtes (Beastbrothers). Toutes sont inféodées au Chaos, sauf la première. Hammerhal (Personnage nommé) : Le commandant en chef (Prime Commander) des forces de la cité du côté d’Aqshy est Katrik le Guillion. Gary Kloster (6) Révélation Gary Kloster a commencé sa collaboration avec la Black Library sous le signe de l’araignée, avant de tisser sa toile jusqu’aux Royaumes Mortels. ‘Heart of the Beast’ est sa première contribution à Age of Sigmar. Volari - Oh oh - Cantari - Oh oh oh oh : Nyssa Volari (2) • Anger and Ash Révélation Age of Sigmar Character Week 2022/2022/18 pages Intrigue : Dans la famille, que dis-je, la dynastie Volari, je demande le père (Corsovo), la mère (Vasara) et la fille (Nyssa). Puisque nous parlons ici de vampires, il est à la fois tout à fait et pas du tout approprié de parler de liens du sang, même si cette triade entretient des relations assez proches de celles qui unissent les mortels d’un même foyer. L’histoire commence par la sale blague que joue Nyssa à une bande de maraudeurs nomades rôdant dans les Plaines Brisées, et ayant pris la frêle jouvencelle qu’elle semble être pour une proie facile. GROSSE erreur, bien évidemment, dont pas un ne sortira vivant. Son tour pendable accompli, Nyssa revient au bercail avec ses victimes (sauf une, qu’elle a essayé de transformer en Zombie, avec des résultats aussi décevants qu’à l’accoutumée – ce n’est pas vraiment son point fort dirons-nous), pour le plus grand plaisir de son pôpa, et sous le regard désespéré de sa môman, qui s'obstine à (tenter de) lui enseigner l’art subtil et délicat du swag. En vain jusqu'ici. Avant que l’intrigue tourne à une vulgaire scène de ménage, l’invité de Corsovo et Vasara, qui sont également les souverains du petit royaume vampirique que quelques Kastelai en rade ont établi dans ce coin d’Aqshy il y a 60 ans, fait son apparition. Il s’agit du seigneur Salvera, Kastelai lui aussi mais franchement brut de décoffrage par rapport à ses hôtes, et vassal assez indépendant/problématique du Trône de la Rose. Le pétillant Salveta est venu convaincre ses suzerains de marcher sur Gowyn, la seule cité des alentours n’ayant pas juré allégeance aux vampires. Si agrandir leur domaine est tout à fait du goût de Corsovo et Vasara, ces derniers se méfient cependant de la coalition de la Bande du Poing (dont les nomades massacrés par Nyssa faisaient partie), qui pourrait profiter du départ de l’ost Kastelai pour aller piller leurs terres sans rencontrer de résistance. Au bout d’intenses tractations, pendant lesquelles Nyssa, laissée sans surveillance par ses parents, s’occupe en bolossant un des chevaliers loup de Salvera1 qui lui avait mal parlé, il est décidé de tenter une approche diplomatique. Vasara et Nyssa iront à la rencontre du chef de la Bande du Poing, Celas, afin d’obtenir son ralliement et ainsi avoir les mains libres pour attaquer Gowyn. Persuadée de pouvoir gérer les négociations en personne, Vasara laisse sa fille monter la garde à l’extérieur de la yourte de Celas, mais réalise très vite que le fourbe mortel ne l’a pas fait venir pour obtenir le baiser de sang, comme elle le pressentait. Plutôt, sentant sa mort venir, il a cherché à partir sur un coup d’éclat/pari culotté : piéger les émissaires du Trône de la Rose (qui en l’occurrence, réalisent qu’ils sont tombés dans le panneau tapis) ou die trying, avec tout son peuple pour le suivre dans l’au-delà. Car Celas est un peu cabot, et ne supportait pas l’idée qu’on lui survive, apparemment. Dans la confusion qui s’en suit, si Vasara parvient à punir l’arrogant nomade en lui sirotant la jugulaire, elle n’arrive cependantpas à sortir de la yourte avant que cette dernière ne parte en fumée, et elle avec, malgré l’intervention désespérée de Nyssa pour la secourir. La nouvelle se termine avec une scène père-fille, Corsovo venant remonter le moral de sa teenager en lui promettant que maman finira par ressusciter, et lui remettant l’armure trop stylée que Vasara avait faite faire pour elle en secret. Comme quoi, elle avait bon fond, au fond. 1 : Un nommé Durin : comme quoi il y a des noms qui portent vraiment la poisse quelque soit l’univers de fantasy où on se trouve. Avis : À l’heure où ‘Anger and Ash’ est publié (et chroniqué par votre serviteur), aucun de ses personnages principaux n’a (à ma connaissance, et je dois préciser que je ne suis plus abonné à White Dwarf depuis belle lurette) d’existence officielle dans le fluff d’Age of Sigmar, ce qui rend l’assurance avec laquelle Gary Kloster les présente assez intrigante1. On peut assez facilement parier que ce n’est pas un one shot, le nombre de personnages « inutiles » (en tout cas à cette nouvelle), la conclusion qui fait des plans sur la comète, et l’intégration de ‘Anger and Ash’ dans une Character Week, concourant à établir que Koster reviendra bientôt nous conter des histoires de Kastelai. Passé ce léger malaise, on se retrouve avec une histoire de chevaliers vampires, plus ou moins nobles, plus ou moins impulsifs et plus ou moins famille, qui tient la route mais n’envoie pas vraiment du rêve. L’héroïne principale – ou en tout cas, celle qui survit – n’inspire pas une sympathie démesurée au lecteur, et semble plutôt destinée à une carrière de protagoniste dans un roman pour jeunes adultes (l’ado rebelle qui finit par comprendre que ses parents veulent son bien) que de figure centrale dans une série de GW-Fiction. Enfin, le choix de Gary Kloster d’alterner les points de vue à la première personne entre deux personnages tout au long du récit, et celui de la Black Library de ne pas utiliser de marqueurs visuels permettant de comprendre que l’on passe d’une section « Nyssa » à une section « Vasara », ne facilitent pas l’immersion dans le récit (en tous cas au début). Bref, c’est un mouairf franc et massif de ma part. 1 : Ce n’est pas comme si les vampires manquaient de héros nommés en ce moment (Neferata, Mannfred, Lauka Vai, Radukar, Cado Ezechiar… même Genevieve Dieudonné est revenue !), ce qui pose la question de la nécessité de rajouter de nouvelles têtes de gondole à un achalandage déjà fourni. Fluff : Kastelai : Une branche des Soulblight Gravelords caractérisée par son code d’honneur martial (rq : l’adaptation des Dragons de Sang à Age of Sigmar, pour faire vite). Les Kastelai résident dans la Forteresse Ecarlate, qui a le pouvoir de se déplacer entre les Royaumes Mortels et apparaît à proximité de champs de bataille, permettant à ses occupants de prouver leur valeur en participant à la mêlée. Lors d’un passage de la Forteresse Ecarlate en Aqshy, un groupe de Kastelai se laissa emporter par sa fureur guerrière et ne put rentrer dans le bastion avant qu’il ne disparaisse. Ces vampires établirent un royaume, le Trône de la Rose, sur les Plaines Brisées, dirigé par le souverain Corsovo Volari. • The Waste, the Worm and the Witch Révélation Black Library 2022 Advent Calendar/2022/15 pages Intrigue : Nous retrouvons la vampire Ruinemâne Nyssa Volari peu de temps après les événements de ‘Anger & Ash’ et la perte de sa mère de sang, Vasara, brûlée au dixième degré lors de l’embuscade tendue par les nomades de la bande du Poing. Au grand déplaisir de notre héroïne sanguine, Vasara a décidé d’occuper sa non non-vie à hanter ses pensées et à hurler des choses incohérentes dans sa tête, ce qui menace de faire tomber sa belle-fille dans la folie la plus profonde. Pour ne rien arranger, le petit royaume vampirique gouverné par le père de sang de Nyssa, Corsovo, est menacé par les incursions répétées des Chercheurs de Soleil, une faction humaine un peu trop vertueuse et éclairée au goût des buveurs de sang. La nouvelle s’ouvre ainsi par une escarmouche durant laquelle la schizophrénie galopante de Nyssa l’empêche de mener à bien l’attaque surprise qu’elle avait planifiée, permettant à sa proie, la Lieutenant Takora, d’échapper une nouvelle fois à ses crocs. De retour au Palais Gris qui sert de capitale au domaine paternel, Nyssa apprend de la bouche de l’un de ses gardes du corps (Erant) qu’il connaît une sorcière ayant le pouvoir de parler avec les morts, et qui pourrait donc aider sa patronne à se débarrasser de sa squateuse mentale. N’ayant plus grand-chose à tuer et du temps à perdre (et l’inverse), Nyssa s’embarque dans cette quête Doctolibesque, accompagnée de ses fidèles gorilles (Erant, donc, et sa comparse Rill). Après un trekk sans histoire ni ravitaillement dans les plaines cendreuses qui entourent le volcan Temero, le trio finit par croiser la route de la sorcière de la décharge1, qui fait son office de PNJ et demande à ce que lui soit remis un croc de verre de boue d’une longueur respectable avant de consentir à aider Nyssa. Les Ruinemânes partent donc sur la zone de farmage de cette noble bestiole, un lac peu profond situé à quelque distance. Comme on pouvait s’y attendre, la mission n’est pas aussi simple qu’il n’y paraissait sur le papier. Les vers de boue en question sont en effet très coriaces, et ont la sale tendance à faire repousser les extrémités dont les vampires les amputent à grands moulinets d’épée aussi vite qu’ils en sont privés. Cela ne serait pas un gros problème pour des bretteurs de la classe de Nyssa et compagnie si les crocs des individus tailladés n’étaient pas d’une taille insuffisante pour satisfaire à la demande de la sorcière, et ne se dissolvaient pas dans l’air une fois prélevés. Quand ça veut pas, ça veut pas. Le rapport de force s’inverse lorsque the mother of all mudworms fait son apparition, tel un boss de fin de donjon après que ses minions aient été vaincus. D’une taille bien supérieure à celle de ses congénères, Lombricator a également les crocs, ce qui est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour les chasseurs de vampires. Il faudra une coopération sans faille entre Nyssa, Erant et Rill pour parvenir à tronçonner une longueur convenable du ténia géant, dont les dents plantées dans le bras de Miss Volari au cours de la bataille resteront heureusement en un seul morceau après que le trio ait pris la poudre d’escampette. De retour devant la sorcière, Nyssa lui remet la quenotte demandée, et obtient en échange un conseil de psychiatre (« faîtes le deuil de votre perte ») en lieu et place du rite nécromantique trop stylé qu’elle espérait recevoir. Cela chagrine fortement notre héroïne, qui décide de faire goûter à cette charlatan sa propre médecine en lui enfonçant le croc dans la jugulaire, mais s’en trouve empêchée par la disparition soudaine (et salutaire) de cette dernière – la sorcière, pas la molaire. Nyssa se rend cependant compte peu après qu’il y avait de la logique dans la folie de l’enchanteresse, puisque la voix de sa mère semble désormais être consciente de son état, et consent à ne plus hurler « AU FEEEEEEEEEEEUUUUUUUUUU2 » à tout bout de champ, comme elle faisait auparavant. A la place, elle lui prodiguera ses sages conseils depuis l’outre-tombe, comme la mère attentionnée – mais insupportable – qu’elle était jusqu’à son regrettable accident. Pas l’idéal pour une esprit libre comme Nyssa, mais un progrès certain par rapport à sa précédente condition. 1 : Witch of the Waste en V.O., ce qui sonne mieux en plus d’être un clin d’œil au Magicien d’Oz. 2 : Vasara semble également détester cordialement une certaine Lira, qui l’aurait trahie et dont elle souhaite se venger. Il est probable que ce personnage apparaisse dans la suite de la série, je me permets donc de le mentionner ici. Avis : Deuxième épisode des aventures de Nyssa Volari, ‘The Waste…’ se révèle être une side quest sans beaucoup d’intérêt, ce qui est dommage car Gary Kloster aurait pu utiliser cette nouvelle pour contextualiser un peu plus ses personnages, leurs relations et leurs histoires. L’avantage de son approche est qu’il n’y a pas besoin d’avoir lu ‘Anger & Ash’ pour faire sens de cette histoire, mais le résultat n’est pas spectaculaire, ni même très utile pour la suite de la série (à moins que la voix de mommy Vasara joue un rôle par la suite). Si Kloster veut concurrencer le Cado Ezechiar de John French, il va falloir qu’il se donne un peu plus de mal. Fluff : Trône de la Rose : Ce royaume ruinemâne situé dans les Plaines Brisées d’Aqshy a pour capitale le Palais Gris, une forteresse construite au pied du mont volcanique Temero. Le lac d’Irewater sépare le Palais Gris de la ville humaine de Maar, qui fait également partie du royaume. Autres (4) • Heart of the Beast Révélation Direchasm/2020/18 pages Intrigue : Le Chasseur Ogor Hrothgorn s’est aventuré dans le dédale de Beastgrave avec armes et bagages larbins (les Gnoblars Luggit & Thwak, Bushwakka et Quiv), sans oublier sa fidèle Frost Sabre Thrafnir, afin de ramener la pelisse d’une bête fantastique qu’il a surprise au sortir de son bain, et qui s’est enfuie dans les boyaux de la montagne pour échapper au traqueur. C’est le début des ennuis pour l’amateur de gros gibier, qui ne tarde pas à découvrir que Beastgrave n’est pas un terrain de chasse comme les autres, et qu’il est lui-même devenu la proie du massif bestial, ce qui ne lui fait pas du tout plaisir. En plus d’errer depuis des jours/semaines dans les traîtres tunnels de Ghur, Hroth crève la dalle de façon inquiétante (surtout pour ses Gnoblars d’ailleurs), car les seuls adversaires qui croisent sa route sont des squelettes animés qui jaillissent des mares d’ambre parsemant les cavernes et les galeries de Beastgrave, et donc assez peu nutritifs. Voilà qui est fort mesquin. Fort heureusement, une rencontre fortuite avec les Pillards de Garrek, qui avaient certainement décidé de passer le week-end à la campagne, loin de l’agitation frénétique de Shadespire, donne l’occasion à notre Ogor de se requinquer un chouilla. La crevasse qui sépare les deux bandes joue en effet en faveur de celle qui possède la meilleure puissance de feu, et les carreaux à tête chercheuse et piégeuse de Hrothgorn ont tôt fait de ramener un Khorneux écumant du bon côté de l’abysse. Après avoir cassé la khroute, les belluaires se remettent en chasse, et finissent enfin par rattraper leur proie. S’en suit un combat en trois actes, assez répétitif je dois dire. À chaque fois, le monstre se jette sur la petite bande depuis un trou dans le plafond, Hrothgorn essaie de lui décocher un carreau mais rate (sauf une fois), la bête essaie de lui rouler une galoche avec la langue mais se la fait couper (elle repousse en x+1 exemplaires dix minutes après), et s’enfuit pour aller lécher – façon de parler – ses plaies pendant un quart d’heure. Ce cycle vicieux finit par s’interrompre lorsque la bête parvient à entraîner Hrothgorn et Cie jusqu’au campement des survivants de Garrek, qui se font ignominieusement défoncer par la team Destruction, sans même réussir à coucher un Gnoblar. C’est Khorne qui doit être fier de ses petits gars1. Cette brève algarade est cependant assez longue pour permettre à la galinette cendrée de Ghur de semer ses poursuivants, ce qui enrage le Chasseur mais lui fait réaliser que son destin est désormais de chasser éternellement sa proie dans les ténèbres de Beastgrave, ou de devenir celle de la montagne. Tant qu’il trouve à grignoter de temps à autres, notre Ogor philosophe ne demande pas mieux. 1 : Mention spéciale à Thrafnir, qui fait un croche patte à Garrek alors qu’il tentait de charger Hrothgorn. Le chef maraudeur finit écrasé comme un cafard sous la semelle de l’Ogor. Avis : Gary Kloster fait le strict minimum avec ce ‘Heart of the Beast’, qui met en scène les Piégeurs d’Hommes de Hrothgorn dans une traque sans surprise ni grand intérêt. Si l’action ne faiblit pas d’un bout à l’autre de la nouvelle, le peu de suspense ménagé par l’auteur dans le déroulé de l’intrigue rend rapidement la lecture rébarbative, tant il apparaît certain que Hrothgorn, en tant que leader incontournable et irremplaçable1 de la bande, est protégé par une armure en scenarium massif (qui s’étend d’ailleurs à ses larbins). Ce sont Garrek et ses pillards qui font les frais de l’invincibilité littéraire et littérale de leurs adversaires, et se transforment en bêtes faire valoir, ce qui est dommage en soi et particulièrement insultant pour des guerriers de Khorne confrontés à des Gnoblars. L’affrontement avec la bête traquée par le Chasseur est pareillement insatisfaisant : non pas parce que la nouvelle s’achève sans que l’Ogor ait pu lui tailler des croupières (ce qui était attendu), mais bien parce que rien de bien intéressant ne s’est passé entre les deux protagonistes, comme leurs trois rounds en mode Ctrl+C/Ctrl+V dans l’octogone le démontrent par l’absurde. Bref, une soumission absolument dispensable, à ranger avec ‘Mountain Eater’ (Andy Smilie) dans les déceptions ogresques de la BL. 1 : Et plutôt culturé, comme ses lignes de dialogue le laissent apercevoir. Ça ne « sonne » pas très Ogor, si je puis me permettre. Fluff : Rien de transcendant. • The Perfect Assassin Révélation Black Library Celebration Week 2021/2021/14 pages Intrigue : Coincée dans le bourg décati de Losten, en Ulgu, Maleneth Witchblade tourne en rond comme une lionne en cage pendant que Gotrek s’amuse à lentement drainer de sa bière une taverne qui croyait malin de proposer une offre « boisson à volonté » à celui qui battrait le champion local (un Ogor) au bras de fer. Les Nains ayant la constitution robuste et la rancune tenace, il ne fait aucun doute que le Tueur réformé arrivera à son objectif, une pinte à la fois, mais à son rythme de sénateur alcoolique, il s’en faudra d’encore quelques jours avant que le duo ne puisse quitter Losten. Aussi, lorsqu’une aristocrate du nom de Talm et se revendiquant comme l’une des notables de la ville se présente à elle et met un contrat sur la tête d’un mystérieux Seigneur des Ombres, accusé d’avoir assassiné deux aristocrates en autant de jours nuits pénombres (dur à dire en Ulgu), la cultiste de Khaine repentie se pique au jeu et se met à suivre son employeuse à bonne distance, laissant Gotrek chanter Les Lacs du Kone Mharag seul dans son bouge. Plus intéressée par le challenge de se frotter à un collègue assassin semble-t-il compétent que par l’accomplissement scrupuleux de sa mission de protection de Talm, Maleneth laisse cette dernière et ses gardes se faire écharper par un assaillant mystérieux, semblant se matérialiser depuis les ombres, en plus d’être protégé des coups par une chappe d’obscurité. Elle note cependant que le reître porte autour du coup un pendentif orné d’une pierre pourpre, assez semblable à celui, vert, qu’arborait feu Talm au moment de sa mort. Comme elle ne tarde pas à l’apprendre en rendant une petite visite à l’Office de Tourisme local (l’Aethaneaum1), ces colliers sont l’apanage des sept grandes familles de Losten, et la lignée des Verska était celle qui avait choisie le magenta comme couleur. Les Verska étaient des maîtres assassins réputés, et de ce fait, les véritables maîtres de la cité, jusqu’à ce que leur patriarche, Novim, pousse le bouchon et le stylet un peu trop loin, et se mette à massacrer sans discrimination ennemis, critiques et mécontents. À sa mort, son héritier se révéla ne pas être aussi doué en ninjutsu que son prédécesseur, et se fit donc neutraliser par ses pairs de manière préemptive. Ce qui aurait dû mettre fin à la lignée des Verska. Mais rien n’est aussi simple qu’il n’y paraît. Ainsi rencardée, Maleneth décide logiquement de se rendre dans l’ancien manoir des Verska, où elle trouve facilement le dernier rejeton de la famille, un avorton nommé Arvis, fort occupé à essayer de récupérer sa cape que le sang de sa dernière victime a malencontreusement taché. Si Arvis est un bretteur assez quelconque, la breloque qu’il a piquée dans le mausolée de son grand-père, l’illustre autant qu’obscur Novim, compense largement son jeu de jambes médiocre et sa synchronisation déficiente. Capable de se matérialiser depuis les ombres, qui parent à sa place les coups assenés par l’Aelf, le dernier Seigneur des Ombres donne du fil à retordre à Witchblade, jusqu’à ce qu’elle identifie le point faible de son adversaire : une aversion pour les liquides. Un jet de cire brûlante à la figure plus tard, voilà l’apprenti surineur en PLS sur le sol, paralysé par le poison dont Maleneth a enduit sa dague et délesté de son précieux colifichet. Malheureusement pour notre héroïne, la relique ne peut-être palpée que par un membre de la lignée des Verska, et lui glisse entre les doigts comme la savonnette que Gotrek n’a jamais utilisé depuis qu’il a prêté le serment du Tueur. Dommage. Elle rend toutefois son calme à Losten en exécutant sans état d’âmes le jouvenceau vengeur, dont la vendetta était motivée par le meurtre de ses parents par les autres familles nobles de la ville, comme vu plus haut. Ceci fait, elle peut retourner à l’auberge que le Duardin n’a toujours pas fini de tarir, et sonner la fin de la beuverie en mettant le feu au local comme elle l’avait pour le manoir des Verska. C’est un Gotrek bougon mais philosophe qui finit par émerger du brasier, un dernier tonneau de bière sous le bras pour solde de toute ardoise. Le déicide est une activité déshydratante, c’est bien connu. 1 : Où Gotrek était venu chercher quelques jours plus tôt des informations sur la meilleure façon de tuer un dieu. Sans grand succès d’ailleurs (une autre raison pour se saouler). Avis : Depuis sa renaissance dans les Royaumes Mortels, Gotrek Gurnisson est passé sous la plume de nombre d’auteurs, perpétuant une tradition datant du Monde Qui Fut, où le petit rouquin a été mis en scène par un aéropage de collaborateurs de la Black Library, depuis King, Long et Reynolds jusqu’à Brunner, Guymer ou Goulding, pour n’en citer que six. Gary Kloster s’attaque avec ce ‘The Perfect Assassin1’ à un sous-sous-genre particulier : la nouvelle de Gotrek & Felix sans Gotrek (ni Felix, pour des raisons évidentes), qui permet de développer un peu plus le compagnon du nabot irascible sans que ce dernier ne vienne résoudre l’intrigue à grands coups de hache. Tout le monde n’a pas réussi à mener à bien ce genre de projet de façon convaincante (je pense en particulier à ‘The Oberwald Ripper’), mais Kloster s’en sort de manière honorable. Cette petite virée en tête à tête avec Maleneth Witchblade permet ainsi d’en apprendre plus sur le passif et les motivations de l’Aelf au couteau, tout en insistant sur ses points communs et ses différences par rapport à Gotrek. Ainsi, si les deux comparses peuvent être qualifiés de tueurs chevronnés, là où le Duardin est honorable (à sa manière) et frustre, l’agente de l’Ordre d’Azyr est sans pitié (comme le montre son exécution sans complexe d’un antagoniste pas foncièrement mauvais et qui ne lui avait rien fait) et raffinée. La dynamique intéressante que l’auteur souligne entre ces protagonistes mal assortis mais complémentaires fonctionne bien, et donne envie de voir ce que Kloster pourrait faire du duo le plus iconique d’Age of Sigmar si l’occasion se représente. 1 : Un homonyme presque parfait d’une autre nouvelle de la Black Library, ‘Perfect Assassin’ de Nick Kyme. Un hommage à l’éditeur senior de la part du nouveau-venu Kloster, ou une simple coïncidence ? Fluff : Losten : Cité d’Ulgu, gouvernée par sept grandes familles et en particulier par les Verska, une lignée d’assassins réputés ayant une maîtrise surnaturelle des ombres. La ville accueille également un centre d’archives réputé, l’Aethaneaum. • Memories of Blood and Sand Révélation Age of Sigmar Character Week 2022/2022/16 pages Intrigue : Neave Blacktalon et sa fine équipe de Stormcast Eternals de choc ont été missionnés pour récupérer un artefact magique, le Sandken, dérobé par un mage de bataille pendant la bataille d’Ashfork. Bien que le voleur en question (un petit gars du nom de Tareth Vir) ait permis aux forces de l’Ordre de remporter l’affrontement grâce au déchaînement élémentaire (mon cher Watson) qu’il fit s’abattre sur les Khorneux d’en face, cet emprunt non réglementaire d’un talisman aussi puissant ne peut être toléré. Charge donc à Neave (DPS close), Rostus (Tank), Hendrik (DPS close aussi, mais moins bien forcément) et Shakana (DPS range) de localiser le fifrelin, de le mettre hors d’état de nuire et de restituer le Sandken à ses propriétaires légitimes. Bien que Shakana ne soit pas franchement emballée par cette mission, qu’elle considère comme indigne des talents très spéciaux des Blacktalons, la séniorité de Neave (un peu) et la bonhommie de Rostus1 (beaucoup) permettent à la fine équipe d’éviter une prise de bec stérile et de se mettre à pied d’œuvre sans tarder. Aidée par une mage d’eau (Lorai) dont le principal intérêt est de pouvoir lancer le sort Brumisateur de zone sur le groupe – toujours appréciable quand on se balade dans Aqshy – nos héros se rendent dans le village de Karis (et non le village de Kaaris, qui est Sevran, en Hyish), où le mage renégat a été localisé pour la dernière fois. La première confrontation se passe assez mal pour les Blacktalons : bien qu’ayant réussi à approcher leur cible malgré la tempête de sable qu’elle avait créée pour préserver son intimité, les Stormcast réalisent rapidement que Tareth Vir, en dépit de son apparence famélique, est un mage de haut niveau. Grâce aux pouvoirs du Sandken, et un effroyable malus de -13 à la touche, le sorcier parvient sans mal à se sortir de l’embuscade tendue par Neave et Cie, fracassant le genou (et le marteau) de Rostus au cours de l’échauffourée. 1-0 pour le local de l’étape. Pendant que ses camarades passent les alentours au peigne fin pour tenter de localiser leur cible, Rostus récupère dans le village d’à côté, ce qui va heureusement assez vite pour un Élu de Sigmar. Alors qu’il clopinait dans les ruelles, il vient au secours d’une autre éclopée, Belil (en terre, du coup), qui se faisait bolosser par une bande de gamins des rues pas très au fait de la politique « 0 Bullying » décrétée par Sigmar. Cet acte de charité se révèle rapidement payant pour les Blacktalons, puisque Belil apprend à son gros copain qu’elle n’est autre que la cousine de Tareth Vir. Ce dernier l’a sauvée grâce à ses pouvoirs naissants après que son village ait été rasé par des maraudeurs de Khorne, et elle carbonisée au 3ème degré dans le processus. Il est ensuite parti s’engager dans les armées de l’Ordre pour combattre l’engeance chaotique, et la suite est connue de tous. Info utile : Belil indique aux Stormcasts où se trouvent les ruines de son hameau, où Rostus est persuadé de pouvoir retrouver le sorcier AWOL. Et devinez quoi ? C’est le cas. Tareth Vir souffre en effet d’un PTSD très sévère, et amplifié par l’énergie destructrice qui provient du Sandken, et revit en permanence l’attaque des Lames de Khorne sur son village. Peu enclin à assassiner un héros de guerre traumatisé par ses expériences passées, Rostus obtient de Neave la permission de tenter une approche raisonnée, mais se retrouve rapidement confronté à une armée de maraudeurs chaotiques de sable, conjurés involontairement par Tareth Vir et son joujou arcanique. Fort heureusement, Neave et les autres jouent le jeu jusqu’au bout et viennent aider leur comparse à repousser les apparitions, plutôt que de tenter d’achever les souffrances du mage. En fin de compte, ce dernier est tiré de sa rêverie morbide par la mention de sa cousine Belil par Rostus, ce qui le distrait suffisamment longtemps pour que les Blacktalons puissent le chloroformer en douce, et lui reprendre le Sandken au passage. Mission accomplie sans le moindre kill pour les Griffes Noires, ce qui, pour une fois, était le meilleur résultat possible. 1 : Un Stormcast tellement sympa que son surnom est le Géant Rigolard. Et que tout le monde l’appelle Rost. Avis : Gary Kloster reprend le management de Neave Blacktalon (précédemment coachée par Andy Clark) et lui adjoint quelques camarades de jeu. Le résultat est assez plaisant, ce casting élargi permettant aux différentes personnalités de se répondre et de se compléter (même si Hendrik peine à exister dans cette nouvelle). À ce petit jeu, le Gentle Giant Rostus Oxenhammer brille particulièrement, son altruisme chevillé à l’armure en sigmarite contrastant bien avec la froide efficacité incarnée par sa supérieure hiérarchique, et plus largement le reste de la fine équipe. Ajoutons à cela quelques idées intéressantes de la part de Gary Kloster (qu’arrive-t-il à un Stormcast qui est gravement blessé, mais pas tué ?), une construction narrative peu commune (l’histoire commence par la rencontre entre Rostus et Belil, suivie d’un flashback, puis reprend normalement) et un peu de fluff, et on obtient des débuts prometteurs pour ce qui pourrait être une adaptation du thème de la Band of Brothers (& Sisters) à Age of Sigmar. Ça manquait, il faut bien le reconnaître. Fluff : Objet Magique : Le Sandken est une relique magique liée au Royaume d’Aqshy, donnant à son porteur la maîtrise sur le sable et la pierre, particulièrement ceux issus de champs de bataille où le sang a coulé. • Of Blood and Guts Révélation Age of Sigmar Week 2023/2023/18 pages Intrigue : Bien qu’il soit l’Ogor le plus rusé de ce côté-ci des Royaumes Mortels, le Mangeur d’Homme Groz Gutsmart se retrouve dans une situation compliquée lorsque la Bande Bleue dans laquelle il sert passe sous le commandement du Sorcier de Tzeentch Orm. Rejoint par le reste de son armée chaotique dans la jungle à l’extérieur d’Anvilgard, Orm entraîne son ost emplumé et ses nouveaux « alliés » à travers un Portail de Royaume, direction Shyish. Le plan machiavélique et multi-dimensionnel du Sorcier (dont l’exposition nous sera heureusement épargnée par Kloster) passe par une victoire sur les forces du potentat local, le vaniteux et apprêté Veragin le Blanc. Dans son cas, son surnom vient davantage de sa crinière peroxydée que de sa pureté ou de sa sagesse, tout le monde ne peut pas être Gandalf après tout. Plus intéressé par le menuet et la fashion week que par les choses de la guerre, Veragin emmène malgré tout sa coterie de Vampires et son armée animée à la rencontre des envahisseurs, mais avec style (tout le monde est sur son 31). Nous faisons à ce moment la rencontre de notre seconde héroïne, la Vampire de poche Isana. Contrairement à ses frères et sœurs de non-vie, elle s’est lassée du train de vie de la Cout des Poupées, et aspire à faire quelque chose de productif de son éternité, loin des caprices de Veragin. Malheureusement pour elle, ses velléités d’émancipation sont venues aux oreilles aquilines (je ne sais pas si c’est possible, honnêtement) de Mister V, qui la punit de son insolence en l’envoyant commander la petite force d’avant-garde chargée d’occuper l’armée chaotique pendant que le reste de l’armée vampirique se positionnera pour une prise de flanc dévastatrice. La bataille s’engage, et Groz, qui a mangé suffisamment de cerveau de gens intelligents au cours de sa carrière pour savoir repérer un piège quand il se présente, décide de faire défection lorsqu’Orm fait donner toute la Bande Bleue contre les derniers squelettes de la patrouille commandée par Isana, alors que la conclusion de l’affrontement ne semblait pas faire un pli. Cette décision permet à l’Ogor d’éviter de se retrouver dans la position désagréable de la thin blue line, qui encaisse de plein fouet la charge du reste de l’armée de Veragin (qui déteste les peaux lisses) et disparait purement et simplement de la circulation. Cela l’amène également à croiser la route d’Isana, qui a réussi à s’échapper alors que ses derniers sacs d’os se faisaient réduire en poudre par les mercenaires. Après avoir brièvement croisé le fer, les deux adversaires réalisent qu’ils ont une carte à jouer s’ils associent leurs talents : Groz a très envie de déguster le cervelet d’Orm, en sapiophage émérite qu’il est, tandis qu’Isana est contrainte de faire son possible pour sauver la perruque de son seigneur ingrat, en bonne fille Vampire obéissante. La paire mal assortie commence par empêcher que l’armée de Veragin soit à son tour prise à revers par une cohorte de Disciples de Tzeentch envoyée faire un tour de rond-point par ce malin d’Orm, en l’ensevelissant sous une avalanche de rochers. Ceci fait, ils se dirigent droit vers le cœur de la mêlée, où la Cour des Poupées et leurs petits soldats d’os se font lentement mais sûrement enfoncer par les Guerriers du Chaos et les Démons au service d’Orm. Ce dernier, défendu par un garde du corps imposant mais trop anonyme pour pouvoir espérer autre chose qu’une mort hors champ, a la surprise de se faire assaillir par un Vampirette à la verticalité contrariée (appelons là Mimie Hémathie) et un Ogor lanceur de marteau, avec des résultats destructeurs. La mort de son seigneur provoque la disparition et/ou la démoralisation de l’armée de Tzeentch, laissant Verre à gin et ses barbies seuls maîtres du champ de bataille. Avant que la rencontre entre le Vampire poudré et ses sauveurs improbables ne prenne place, Isana fait jurer à son gros copain de ne pas tenter de tuer son cher papa, faute de quoi elle sera forcée d’intervenir et de mettre fin à une amitié prometteuse… Révélation …Grotz est toutefois trop malin pour tenir sa parole lorsqu’il sent qu’un petit mensonge (blanc aussi, c’est raccord) ferait les affaires de tout le monde. Témoin de l’houspillage en règle de l’ingrat Veragin envers sa fille rebelle, Grotz fracasse le crâne du malotru entre ses marteaux avant que quiconque n’ait pu réagir. Comme il l’indique à une Isana rendue (un petit peu) chafouine par cette trahison, il n’a pas techniquement tué Veragin, car ce dernier était déjà mort. Un Ogor qui a lu Lovecraft, avouez que ce n'est pas banal. La mort disparition de Big V provoquant à son tour la dispersion/l’effondrement de son armée, Isana et Grotz peuvent décider tranquillement de la direction à donner à leur carrière. La paire opte pour retourner sous des cieux plus cléments et des latitudes plus tempérées, où ils n’auront certainement pas de mal à trouver un employeur prêt à monnayer leurs talents… Avis : Gary Kloster fait une infidélité à sa chère Nyssa Volari mais reste fermement du côté de la Mort dans ce sympathique ‘Of Blood and Guts’, sorte de buddy movie littéraire mettant en prise deux personnages que tout oppose, mais dont la complémentarité leur permet de sortir victorieux d’une situation bien mal embarquée. À titre personnel, je ne serais pas contre revoir le rusé Groz et la vicieuse Isana faire les quatre cents coups dans les Royaumes Mortels, d’autant plus que le créneau du héros Ogor est pour le moment assez libre dans le panthéon de la GW-Fiction. Fluff : Soulblight Gravelords : La Cour des Poupées (Doll Court) de Veragin le Blanc contrôlait une région de Neferatia connue sous le nom des Vergers Gris. Veragin était connu pour son excentricité et ses maniérismes, insistant notamment pour que sa Cour se rende à la bataille en habits de bal plutôt qu’en armure. Il fut tué par le mercenaire Ogor Groz Gutsmart à l’issue d’une bataille contre l’ost du Sorcier de Tzeentch Orm, qui tomba également sous les coups de Groz et de son alliée vampirique, Isana. Gav Thorpe (4) Révélation Le grand ancien Gav Thorpe, qui tint la haute fonction de Maître du Savoir du Monde qui Fut avant que la Fin des Temps ne le mette au chômage technique, a cumulé quelques missions d’interim pour le compte des Royaumes Mortels, avec un succès certain puisque son Warbeast a reçu le prix David Gemmell Legend en 2017. En attendant qu’il tombe sur les Duardin et les Aelf comme un Stormcast Eternal sur la misère du monde (on ne peut pas lutter contre sa nature profonde), on peut déjà consulter ses, majoritairement chaotiques, travaux Age-of-Sigmar-esques (The Red Feast, Blood Gold, La Source Courroucée//Wrathspring, Lord of the Cosmic Gate). • Lord of the Cosmic Gate Révélation Call of Chaos/2015/14 pages Intrigue : Après des décennies à en chercher l’emplacement, Rikjard l’Enumérateur (Rikjard of the Many Numbers en VO1), Champion de Tzeentch ayant bien réussi dans la vie, est tout proche d’accéder à la mystique Porte Cosmique, dont la particularité est de mener partout. Dans chacun des huit Royaumes Mortels, évidemment, mais aussi au-delà, et jusqu’au Labyrinthe de Cristal de Tzeentch en personne, où notre héros souhaite mettre à l’épreuve ses derniers calculs. Car Rikjard est un peu le Ian Malcom d’Age of Sigmar, soit un mathématicien génial et imbu de sa personne, spécialisé dans la théorie du Chaos, et dont le but ultime est de coucher sur le parchemin l’équation éternelle, qui permettrait de tout comprendre et donc de tout maîtriser. Vaste programme, pour lequel il faut de vastes pouvoirs et une non moins vaste armée, attributs que Rikjard possède bien entendu. Rendu dans la contrée déjà bien chaotique, car éminemment changeante, des Mille Portails (à ne pas confondre avec la contrée d’Emile et Image, ou, comme on l’appelle parfois, Toulouse), le Magister convoque ses troupes en un claquement de serres, se livre à quelques savants calculs pour déterminer l’angle et le moment exact de l’ouverture de la Porte Cosmique, qui tournicote dans le ciel comme un fond d’écran animé démoniaque, et donne le signal du départ vers une colline voisine où les astres s’aligneront littéralement pour lui. En chemin, et comme il l’avait prédit, sa colonne est embusquée par une grande armée de Seraphons (on reste dans l’esprit Jurassic Park), dont les frappes en profondeur millimétrées s’avèrent compliquées à contrecarrer. Rien toutefois qui ne fasse transpirer un stratège comme Rikjard, que son vieil oncle wargamer a initié à Domination2, et qui peut également compter sur les Dodécaèdres de Dérive Continentale laissés en libre service sur le champ de bataille pour envoyer ses troupes là où elles sont le plus utiles. Pendant que Disciples, Démons et Dinosaures s’étripent dans la joie et la bonne humeur, Rikjard guette l’arrivée du Slann qui commande les Seraphons, dont il a besoin des connaissances arcaniques pour mener à bien son propre rituel. Il croise bien un crapaud tacheté perdu, lâchement balancé à ses pieds par un chevaucheur de Ripperdactyl opportuniste (on ne change pas une technique qui gagne), mais pas de grenouille impotente en vue, jusqu’à ce que, finalement… Révélation …Ce bon vieil Xalanxymanzik fasse son apparition, attirant à lui tout le contingent démoniaque de l’armée de Rikjard, ainsi que ce dernier et sa cavalerie lourde. Alors que l’assaut des séides de Tzeentch est sur le point d’aboutir, le Magister reçoit l’illumination et ressent l’alignement des Mille Portails, qui s’ouvrent sur la Porte Cosmique. Le grand « Eureka » qu’il s’apprête à pousser en découvrant les derniers éléments de l’équation éternelle meurt toutefois sur ses lèvres lorsqu'il s'aperçoit qu'il a fait une erreur de calcul, et pas des moindres. Eurekaka. S’en suit un plantage complet du cerveau de notre héros, avec des conséquences bien évidemment fatales pour ce dernier. Il était pourtant si près du but… Révélation …Ou plutôt, Xalanxymanzik était près du but. Car c’est le rusé Slann qui avait guidé depuis ses premières parties de jeux de plateau Rikjard vers sa destinée, dans le but d’accéder au Labyrinthe de Tzeentch pour pouvoir remettre un peu d’ordre dans ce boxon innommable. Trop rationnel pour percer seul les mystères de la Porte Cosmique, Xala’ s’est en effet fait une spécialité de susciter des carrières mathémagiques chez des humains prometteurs, espérant que ces derniers parviennent, avec le petit grain de folie qui les caractérise, à craquer l’équation éternelle et permettre aux Seraphons de porter la guerre directement aux Dieux du Chaos. Ce ne sera pas pour cette fois, mais Xalanxymanzik a tout le temps du monde… 1 : On peut aussi interpréter ce patronyme peu commun en considérant que notre héros possède un grand nombre de cartes SIM, qu’il utilise pour filtrer les appels des individus qui lui déplaisent. 2 : Un jeu qui existe vraiment , et auquel Thorpe a peut-être déjà joué dans sa jeunesse (sorti en 1982). Avis : Nouvelle sympathique que ce ‘Lord of the Cosmic Gate’, qui voit Gav Thorpe surfer avec brio et inspiration sur les fantasmagories propres au Chaos (ici d’un point de vue plutôt géographique et topographique), et donner au lecteur un aperçu saisissant de l’étrangeté intrinsèque de cette dimension parallèle. Une fois n’est pas coutume, j’ai trouvé le style de Thorpe plus riche et littéraire qu’à son habitude, ce qui est bien sûr positif. En plus de cela, il parvient non seulement à mettre les Seraphons en vedette de son histoire (ce qui intéressera plus d’un amateur Homme Lézard, je gage), mais également à leur donner un véritable potentiel dans l’équilibre des forces d’Age of Sigmar. J’imagine que cela est couvert dans le Battle Tome qui leur est consacré, mais cela n’avait pas été le cas dans mes lectures d’œuvre de GW-Fiction jusqu’ici, et c’est donc un ajout que j’accueille avec plaisir. Cerise sur le linteau (on parle de portail après tout), le twist final de ‘The Lord of the Cosmic Gate’ est plutôt bien pensé et amené, alors que je craignais que les débuts prometteurs de cette nouvelle ne débouchent que sur une sorte de meta rapport de bataille entre Disciples de Tzeentch et Seraphons. Ce n’a pas été le cas, et c’est tant mieux ! Fluff : Rien à signaler. • La Source Courroucée // Wrathspring Révélation Sacrosaint & Autres Récits/2018/37 pages Intrigue : Confronté aux ravages de la pollution que les Skavens du Clan Pestilens déversent par bennes entières dans son domaine, le Vénérable Homme Arbre Diraceth, bien affaibli par des années de rejets de litière souillée directement dans les nappes phréatiques d’où sortent les eaux de la Source Courroucée, d’où la communauté Sylvaneth qu’il administre tire son nom, consent enfin à porter le combat aux infâmes hommes rats. Il est cependant sans doute déjà trop tard pour les militants de la Surf Rider Foundation, dont l’opération sous-bois propre se heurte rapidement à la mauvaise volonté des pollueurs-pilleurs, menés par un Verminarque grossier (il rote carrément à la face des défenseurs de la cause végétale, ce qui n’est pas très poli) et graisseux, bien décidé à hâter la biodégradation de Diraceth et de ses ouailles. Alors que notre létargique protagonniste est sur le point de se laisser abattre, un miracle se produit soudainement. Ce petit point dans le ciel, est-ce un oiseau, est-ce un avion Ironclad ? Mais non, c’est… le soleil. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour le bois ça veut dire beaucoup, cette légère éclaircie annonçant un retournement complet de la situation. Le Verminarque Pestilens étant sans doute un rat-taupe à la peau sensible à l’exposition, il décide de retourner se mettre à l’ombre à Vile-Ville, laissant ses ouailles fort dépourvues. Car ce soleil, ce n’est pas juste le soleil, c’est en fait Alarielle en mode super luciole, et la déesse n’est pas venue seule, les osts de guerre de sa cour royale ayant également fait le déplacement. Il ne faut pas longtemps avant que les ratons s’enfuient comme des dératés, laissant la Source Courroucée aux mains branches des Sylvaneth. Pas du genre à laisser traîner les détritus de façon indue, la déesse endosse ensuite son aspect ménager et se change en borne Rowenta géante afin de mieux purifier la forêt des déprédations de la vermine. C’est pas tout le monde qui sait faire ça. La corvée terminée, un conseil de guerre est convoqué, où il doit être décidé du prochain objectif de l’arboretum ambulant qui sert de cour à Alarielle. Et là, c’est le drame. Tout le monde a une idée bien précise de l’endroit où l’intervention des huorns assarmentés est la plus nécessaire (c’est le problème quand 95% de votre Royaume est tenu par l’ennemi), on ne s’entend bientôt plus grincer. À ce petit jeu, c’est le Gardien de Dreadwood qui arrive à tirer sa brindille du fagot, rappelant à la déesse que son ost a combattu pour elle à la bataille des Landes d’Emeraude contre la promesse d’une assistance future. Soucieuse d’honorer sa parole, Alarielle ordonne à ses fidèles de se diriger vers le Val de Nuit d’Hiver, bastion d’un clan de Dreadwood investi par les fidèles de Nurgle. La bataille titanesque qui suit l’arrivée impromptue des Sylvaneth dans le terrain vague colonisé par les Rotbringers verra la Reine Eternelle monter au front en première ligne (enfin presque) pour jeter à bas l’oeuvre corruptrice des séides du Chaos. Gather round, children, et je vous raconterai l’histoire des Trois Petits Bubons et de la Grande Méchante Loupe des Bois1… 1 : Confrontation inégale sur le papier qui faillit cependant se terminer comme dans le conte. Il se murmure dans les cernes autorisés murmurent qu’Alarielle avait, ce jour là, la gueule de bois. Avis : Connu et craint à égales mesures pour son approche souvent grandiloquente du fluff de Warhammer Fantasy Battle et son amour immodéré pour les personnages nommés surpuissants, Gav Thorpe confirme avec cette 'Source Courroucée' qu’il n’a rien appris ni rien oublié de cette glorieuse période. Après un petit échauffement de quelques pages consacré à la défense mollassonne de la Source Courroucée par cette vieille branche de Diraceth, plus vénérable que vénère dans sa lutte contre l’envahisseur skaven, l’arrivée dramatique d’Alarielle, plus efficace que Béatrice et Patricia de C’est du propre ! dans son genre, permet à notre homme de laisser court à ses coupables penchants pour la biographie romancée des grands de ce(s) monde(s). Exit le Yucca neurasthénique, qui fera tout de même acte de présence lors de l’assaut sur le Val de Nuit d’Hiver, et bonjour à la déesse de la Vie, que la plume élégiaque de Thorpe fait ressortir sous son meilleur j- ah non, pardon, qui apparaît comme une divinité passablement froussarde et – un comble – empotée, sauvée d’une fin honteuse des mains boudinées de trois petits sorciers de Nurgle par l’intervention altruiste d’un Homme Arbre de sa cour. Il n’y a pas à dire, il vaut mieux laisser les vrais bonhommesdieux, comme Sigmar et Grimnir, s’occuper de chasser les nuisibles et cantonner les déesses au ménage et aux compositions florales, activités bien plus adaptées à leurs capacités (#IronieInside). Blague à part, j’ai trouvé étonnant que Thorpe présente Alarielle si peu à son avantage, eut égard à son passif d’hagiographe superlatif. Peut-être a-t-il essayé d’illustrer la relative faiblesse de son héroïne à la sortie de sa cosse, au moment où Ghyran était encore largement aux mains des fidèles de Nurgle, et qu’Alarielle, bien que divine, n’était pas au top de sa forme et prenait donc des risques à mener le combat depuis sa quatre ailes1 ? Il est vrai que les Royaumes Mortels n’ont pas volé leur nom, et que même les divinités ne sont pas à l’abri d’une mauvaise surprise s’ils ne font pas attention où ils mettent les pieds/sabots/nageoires/tentacules, comme Kurnoth pourrait en témoigner s’il était encore parmi nous. La mise en œuvre de ce concept pêche cependant dans son exécution, Alarielle apparaissant comme une campeuse patentée préférant laisser monter ses fidèles en première ligne plutôt comme une incarnation de la nature vengeresse. C’est en tout cas mon ressenti à la lecture de cette nouvelle. Autre constat regrettable, cette Source Courroucée ne s’avère être qu’un agrégat de rapports de bataille romancés, Thorpe consacrant le gros de son texte à narrer par le menu la levée du siège mis par les Skavens à la Source Courroucée, puis au retour des Berces du Caucase dans le Val de Nuit d’Hiver, tenu par les plus crades des locataires. Le mini conseil de guerre intercalé entre les deux épisodes de l’opération Mains Propres permet de grapiller quelques éléments de fluff sur la cour royale d’Alarielle, mais rien qui ne soit déjà disponible dans le Battle Tome correspondant, je gage. Nous nous retrouvons donc avec une « nouvelle de Stormcast Eternals » sans le moindre Sigmarine à l’intérieur, ce qui serait fort si ce n’était pas triste, au vu du peu d’intérêt de ce genre de publication. Thorpe oblige, la bataille prend des proportions équipes, avec l’intégralité du bois de Boulogne venant prêter branche forte à l’assaut final sur le Val (des dizaines d’Hommes Arbres, des centaines de Revenants, des milliers de Dryades…), mais en l’absence d’une véritable tension narrative, ces hordes végétales ne feront sans doute pas monter le cardio du fanboy transi qui sommeille en chacun de nous. Vivement qu’on permette au Gav de faire mumuse avec ses sujets de prédilection du Monde qui Fut (c’est-à-dire les personnages nommés elfiques de haut niveau), afin de voir si Mr Thorpe, à défaut ne pas l’avoir très verte, n’a pas perdu la main. 1 : Les coléoptères ayant, comme chacun sait, deux paires d’élytres. Fluff : Géographie (Ghyran) : L’enclave Sylvaneth de la Source Courroucée (Wrathspring) se situe en Ghyran, et est le lieu de naissance des Eaux Courroucées (Wrathwaters), qui se jettent dans la Mer Ecarlate (Scarlet Sea). Une autre enclave majeure est située dans le Val de Nuit d’Hiver (Winternight Vale), vallée gardée par deux pics nommés les Sœurs Sereines (Sisters of Serenity). Les Falaises Verdoyantes (Verdant Cliffs) et les Collines de la Lune (Mooncrags) accueillent également des communautés Sylvaneth. Comme toutes les places fortes de l’Ordre, ces lieux ont subi les assauts des forces Nurgle et du Clan Pestilens pendant l’Âge du Chaos. On sait que c’est la horde du Seigneur Foulslug qui a assiégé les Collines de la Lune. Factions Sylvaneth : La Cour Royale d’Alarielle compte des représentants des principales factions, nommées Clairières (Glade), Sylvaneth : Oakenbrow (dirigée par un Haut Roi, qui semble être le personnage le plus éminent de la nation après la Reine Eternelle), Harvestboon (et sa Reine Saule, ou Willowqueen), Ironbark, Winterleaf (dirigé par un Roi), Gnarlroot, Heartwood, Dreadwood (régi par un Gardien). Chacune de ces factions se divise en Clans, sous la coupe d’un Homme Arbre Vénérable, le Maîtrefeuille (Leafmaster), qui peuplent les enclaves Sylvaneth des Royaumes Mortels. Par exemple, le Clan Arleath (Maîtrefeuille : Diraceth) de la Clairière Winterleaf occupe les environs de la Source Courroucée, et le Clan Faech (Maîtrefeuille : Holodrin) de la Clairière Dreadwood le Val de la Nuit d’Hiver. La Clairère Dreadwood a mauvaise réputation, et compte un grand nombre de Parias et renégats d’autres Clairières dans ses rangs. Elle obéit toutefois à Alarielle, et a combattu à ses côtés lors de la bataille des Landes d’Emeraude (Emerald Moors) en échange de la promesse d’une aide prochaine contre ses ennemis. Farfadets : Certains de ces petits esprits sylvestres sont très spécialisés, comme les quiverlings (carqueux ?) qui produisent les munitions tirées par les arcs des Chasseurs de Kurnoth. Alarielle : Le chef de la garde prétorienne de la déesse est Raldorath le Maître de Chasse. • Blood Gold Révélation Black Library Advent Calendar 2018/2018/13 pages Intrigue : Un ost de Lames de Khorne se dirige dans le chaos et l’anarchie (logique) vers la forme imposante du Mont Vostargi, le méga-volcan du Royaume d’Aqshy ayant servi de berceau enflammé aux robustes Fyreslayers. L’arrivée des maniaques n’étant pas passée inaperçue, une armée de petits rouquins a pris position devant la Porte de la Défiance Eternelle pour leur barrer la route, sous le commandement du Père des Runes Ungrimmsson Drakkazak. Alors que les Duardin patientent avant que la mêlée ne s’engage, Ungrimmsson décide de raconter à un jeune et nerveux Vulkite les origines de la malédiction qui frappe les membres de sa Loge, et a changé la peau de ses fiers guerriers en roche en fusion (ce qui n’est pas banal, reconnaissons-le). Durant l’Âge des Mythes, la Loge Ironfist était dirigée par un Père des Runes aussi acariâtre que déterminé, Brynnson Drakkazak. Alors que les autres Loges se satisfaisaient d’exploiter les ressources minérales de leurs montagnes natales, les Ironfists n’hésitait pas à monter des raids à travers Aqshy, et plus (loin) si affinités, afin de récupérer le plus possible du précieux ur-or disséminé à travers les Royaumes. Après tout, la reconstitution de l’intégrité physique de Grimnir ne pouvait pas être retardée par des considérations aussi terre à terre que le respect des traités et le consentement libre, informé et préalable des populations locales, pas vrai ? Cette attitude belliqueuse n’était pas appréciée des autres Pères des Runes, mais Brynnson n’étant pas du genre à écouter les jérémiades de ses pairs, les Ironfists ne restaient jamais longtemps au Mont Vostargi à se tourner les pouces. Un beau jour, ou peut-être une nuit, se présenta un émissaire humain du nom d’Ologhor Shenk, qui annonça à l’assemblée des Pépères (un nom approprié pour cette instance suprême, à mon humble avis) venir forger une alliance avec les Fyreslayers. En échange d’une grande quantité d’ur-gold, d’une qualité particulière mais reconnue comme legit par le Seigneur des Runes de fonction, il était à la recherche d’alliés prêts à se salir les mains pour le débarrasser d’une tribu rivale, les Direbrands. Ces derniers étant des sigmarites invétérés, et donc protégés par l’alliance établie entre Sigmar et Grimnir avant que ce dernier parte en safari, l’offre fut refusée par tous les Pères des Runes présents… à l’exception bien sûr de Brynnson. L’enthousiasme du maître des Ironfists ne tarda pas à redescendre lorsqu’il se rendit compte que Shenk n’était pas le type le plus honnête de l’univers, et que sa haine des Direbrands était sans limite. Après avoir guidé les Fyreslayers jusqu’au camp d’été de la tribu, où les guerriers humains surpris en pleine bombance se battirent vaillamment mais se firent massacrer jusqu’au dernier par les implacables Duardin, Shenk exigea de ses alliés qu’ils fassent subir le même sort à la colonie de vacances établie pour les enfants Direbrands à quelques encablures du camp des adultes. Mercenaire avec des principes, Brynnson refusa de tourner full Anakin Skywalker, et repartit vers le Mont Vostargi avec son ur-or salement gagné, laissant Shenk se débrouiller avec sa marmaille. Cette décision ne fut pas sans conséquence, car lorsque les membres de la Loge se livrèrent au rituel de runification corporelle pour lequel les Fyreslayers sont bien connus, les effets secondaires ne tardèrent pas à se manifester. Comme vous pouvez vous en douter, le métal mystique remis par Shenk, qui était coupé avec du bronze provenant de la forteresse de Khorne, causa la peau des Duardin à se transformer en roche fondue, conséquence du déplaisir de la divinité tutélaire du fourbe émissaire devant un job bâclé par les Ironfists. Bien que l’ur-or ait gardé ses propriétés de renforcement musculaire, les Fyreslayers Ironfists furent marqués à jamais par leur association douteuse – mais involontaire, il faut leur reconnaitre au moins ça – avec une divinité chaotique. Retour au temps présent et au périphérique vostargien, Ungrimmsson ayant terminé son histoire et les Khorneux ayant fini leur marche d’approche. Lorsque son jeune interlocuteur lui fait remarquer qu’il a narré cette légende comme s’il y avait pris part, le Père des Rune a un petit sourire triste, et révèle au Vulkite que c’est bien le cas. Ungrimmsson, ce qui signifie briseur de serment en whatever la langue des Duardin is called these days, a pris ce nom après que la malédiction se soit abattue sur sa Loge, et attribue sa trèèèèès longue vie au sens de l’humour très particulier de Khorne, qui s’est plu à prolonger les jours de celui qui a osé le défier il y a tous ces millénaires. La nouvelle se termine sur une nouvelle transaction à l’amiable entre chaotiques et Fyreslayers, la meneuse des maraudeurs balançant une bourse d’ur-or aux pieds de la (mini) Chose. On ne saura pas pourquoi les deux généraux ont trouvé malin de déranger leurs armées pour cet échange trivial, mais pour une fois que les choses ne dégénèrent pas dans les Royaumes Mortels, on ne va pas s’en plaindre. Avis : Gav Thorpe reprend du service comme aède épique (l’un des rôles dans lesquels il est le plus à l’aise, et le plus « performant ») dans ce ‘Blood Gold’, et nous sert une petite histoire tout à fait satisfaisante sur la géopolitique complexe du Royaume d’Aqshy aux temps jadis. Il en profite pour faire le lien avec ses travaux chaotiques initiés dans ‘The Red Feast’, ce qui fera sans doute plaisir aux lecteurs de ce bouquin. J’ai particulièrement apprécié le portrait nuancé que fait Thorpe des Fyreslayers, qui apparaissent comme les véritables mercenaires que le background établit, et n’ont donc aucun problème à massacrer sans crier gare de lointains alliés pour peu qu’ils aient été payés au juste prix. Cela les différencie très nettement des honorables Tueurs du Monde qui Fut dont ils sont les héritiers, ce qui est une bonne chose, et donne à cette faction une complexité qui est la bienvenue dans le monde de high fantasy d’Age of Sigmar. Une réussite. Fluff : Duardin (Langage) : Ufdaz signifie “moins que Duardin”, un statut infamant attribué aux Duardin ayant commis des actes honteux. • Buyer Beware Révélation Black Library Advent Calendar 2020/2020/19 pages Intrigue : Notre histoire commence par une descente de boardercross Kharadron, qui, comme chacun sait, se court en combinaison intégrale de laine de goret à poils longs de Chamon. Partis à cinq de la ligne de départ, située dans le nid d’une Maw-Crusha en attente d’un heureux événement, seuls quatre Duardin parviennent à boucler la course dans les temps impartis et en un seul morceau. On portera longtemps le deuil de Rogoth (casaque, culotte et barbe jaune poussin), dont les tendances gauchistes lui ont été fatales. Les Nains sont un peuple de (virage à) droite, c’est bien connu. Parvenus jusqu’à la sécurité – toute relative – de leur vaisseau (Night’s Daughter), le capitaine Karazi ‘Fairgold’ Zaynson et ses acolytes n’ont pas besoin de signaler au reste de l’équipage qu’il serait de bon ton de souquer les aethertibuses, comme on dit à Barak-Mhornar : les rugissements tonitruants et les attaques en piqué de la mère poule dérangée dans sa retraite étant une motivation suffisante. Un tir de mitraille bien senti plus tard, l’affaire est réglée aux torts partagés : une gueule et une épaule chevrotinée pour le Maw-Crusha, ce qui l’oblige à rejoindre le plancher des Squigs, et une méchante estafilade de coque pour la Night’s Daughter. Pas assez pour amener le fier vaisseau par le sol, mais assez pour occuper l’endrineer de bord et son assistant pendant une bonne partie du voyage jusqu’à la destination fixée par Fairgold : un avant poste Orruk où l’attend le deal de sa vie. Car oui, à Age of Sigmar, les Nains et les Orques ne sont pas irrémédiablement et définitivement fâchés, et peuvent (apparemment) faire affaire quand la situation l’exige. En l’état, Fairgold a besoin de renflouer les caisses en exploitant un filon d’aether-or localisé par la tribu peau-verte avec laquelle il a rendez-vous, afin de financer une nouvelle expédition pour localiser l’épave d’un navire familial, le Night’s Gift. Une raison qui en vaut une autre, et se révèle donc assez impérieuse pour justifier les tractations contre nature dans lesquelles le capitaine entraîne ses matelots. Arrivés à bon port après ne s’être que légèrement écrasés dans la forêt proche du village Orruk (équipage secoué + immobilisation), les Kharadron envoient une délégation réduite négocier l’accord avec la partie adverse, tandis que le reste de l’équipage s’emploie à remettre le châssis en état, sous les ordres de Verna (l’endrineer susnommée). À terre, Fairgold et ses compagnons rencontrent finalement le massif Orgaggarok, chef de la tribu du Poing qui Tombe, qui possède ce qu’ils désirent : une carte localisant l’emplacement précis du gisement d’aether-or convoité, flairé par les pouvoirs surnaturels du Wardancer local1. Mais en échange, Orgaggarok veut les trois œufs de Maw Crusha que ses invités ont apportés avec eux, ce qu’un négociateur vétéran comme Fairgold ne peut laisser passer sans froncer de la moustache. Après un marchandage vindicatif et énergique, l’accord est sur le point de sans conclure sans le moindre sang versé sur la base de deux filons contre trois œufs, lorsque l’expert en ruralité profonde que le chef Orruk a amené à la table au tronc de négociation, lui hurle dans l’oreille qu’il est en train de se faire avoir comme un bleu. Les taches caractéristiques qui ornent la coquille des œufs montrent en effet de façon formelle que ces derniers viennent des Pics de Fer… qui sont sur le domaine des Poings qui Tombent. Oupsie. Vendre un bien que l’acheteur possédait déjà étant une pratique universellement condamnée, le dialogue tourne court et les lames sortent des fourreaux (pour ceux qui en ont). Bien que tenus en respect par l’arsenal de leurs visiteurs, les Orruks sont tout prêts à foncer dans le tas pour apprendre les bonnes manières leurs visiteurs, mais l’arrivée de deux catastrophes aériennes coup sur coup va donner à Fairgold et ses matelots la distraction nécessaire pour se sortir de ce guêpier. D’abord, Mama-Crushaw débarque au village, guidé par son instinct maternel infaillible, ou la puce de géolocalisation qu’elle avait placé sur ses œufs (allez savoir, c’est de la high fantasy, je ne serais même pas surpris). Puis, c’est la Night’s Daughter, enfin réparée, qui arrive à son tour, abat pour de bon le lézard volant en rut, défonce la palissade Orruk, et maintient les sauvages en respect assez longtemps pour permettre aux VRP de remonter à bord. Bien entendu, Fairgold a trouvé le moyen de chiper la carte d’Orgaggarok au passage, et tout est bien qui finit donc bien pour nos petits gars et filles. Même mieux que bien, car ils ont gardé le dernier œuf de Maw Crusha pour eux, et que ce dernier vient d’éclore. Et une mascotte pour la Night’s Daughter, une ! 1 : Spécialisé dans les souffles (ou pets, si on demande à ce diplomate né de Fairgold) de Mork, nom donné par les Orruks à ce type de filon. Avis : Après des débuts discrets à Age of Sigmar (comparé à sa production soutenue pour Warhammer Fantasy Battle ; 40.000 et l’Hérésie d’Horus), Gav Thorpe signe une petite nouvelle posant tous les jalons d’une suite plus ambitieuse avec ce ‘Buyer Beware’. J’en veux pour preuves la galerie conséquente de personnages qu’il prend le temps de nous présenter, ainsi que les relations particulières qui unissent certains d’entre eux (Fairgold et Verna semblent très proches), mais également la mise en perspective de la quête inlassable de Fairgold pour le Night’s Gift, qui justifie tous les événements narrés dans ce court format. Il est encore trop tôt (au moment où cette chronique est écrite) pour acter de la véracité de cette intuition, d’autant plus que Thorpe a déjà une série de romans sur le feu – ça se passe à Aqshy après tout – pour AoS, avec ‘The Red Feast’ (et sa.es suite.s), mais il y a des signes qui ne trompent pas. Pour le reste, ‘Buyer Beware’ tient assez bien la route, sans originalité folle ni style flamboyant, mais avec un dosage correct d’action et d’humour, et surtout sans les incongruités regrettables dont Gav Thorpe parsème parfois ses soumissions à écrire sans se poser de questions. Qualité naine, dirons-nous. Fluff : Rien de transcendant. Graeme Lyon (6) Révélation Graeme Lyon (à ne pas confondre avec Steve Lyons) a commencé à écrire pour la Black Library peu de temps avant la Fin des Temps, et a depuis collaboré à la plupart des franchises que compte la GW-Fiction (y compris Blood Bowl !). Pour Age of Sigmar, il a notamment signé la novella ‘Code of the Skies’ et la nouvelle ‘Beneath the Rust’, mettant en vedette les Kharadron Overlords. Il a également donné dans le Chaos, avec ‘The Sacrifice’ et ‘The Eight Victory’. It's a kind of (anti) maaaagiiic... : Jaqlyn Kouslo (2) • Trail of Ash Révélation Inferno! #5/2020/18 pages Intrigue : Dernière magister de la cité détruite de Tantalum, en Chamon, Jaqlyn Kouslo, accompagnée par un régiment de survivants de la ville, poursuit un monstre insaisissable depuis plusieurs mois à travers les étendues sauvages de Ghur. La bête en question, qui ne laisse sur son sillage que ruines et cadavres carbonisés (les derniers en date appartenant au petit village de Farhold, dont le défaut fut de ne pas connaître le secret de la potion magique), a été libérée pendant la défense de Tantalum contre les assauts des morts vivants réveillés par le nécro-séisme de Nagash et les Hommes-Bêtes opportunistes des Bois de Fer voisins, ayant décidé que c’était un bon moment pour aller régler leurs comptes avec leurs voisins civilisés, d’une façon qui ne l’était guère. Responsable, mais pas coupable (ou quelque chose comme ça), de ce fiasco1 arcanique, Jaqlyn a juré de mettre ce nouveau danger pour les habitants des Royaumes Mortels hors d’état de nuire, et mène donc sa petite bande de conscrits sur la trace de la mystérieuse calamité, malgré les reproches qui lui sont adressés à mi-voix par la soldatesque, et le poil dans la main de son second, le Sergent Archus2. Entre deux séances d’orientation en forêt et cauchemars la ramenant dans les ruines de Tantalum, où, dans son zèle d’interrompre le lancement d’un sort par un chaman Homme-Bête, elle a concocté l’imbuvable cocktail magique (une base d’Azyr, un peu de Hysh, un zeste de Ghyran, une pincée de Chamon…) qui a donné naissance au monstre qu’elle poursuit depuis, Jaqlyn finit enfin par refaire son retard avec ce dernier, alors qu’il était sur le point de réduire en charpie un malheureux Duardin isolé… Révélation …Ayant trouvé le moyen de se téléporter avec ses hommes dans la clairière où le drame était sur le point de se dérouler, ou de courir très très vite une fois sa vision terminée, Jaqlyn engage le combat avec la monstruosité, qui se révèle être un Wildfire Taurus de fort belle taille et de méchante humeur. Quand on vous disait que ces sorts étaient persistants, on ne vous a pas menti. Pensez à les dissiper à la fin de la bataille, ce serait sympa pour les voisins. Malgré leur courage et leur discipline, les soldats de Tantalum ne font pas le poids face à la mugissante manifestation, et finissent tous piétinés et encornés, 1D3 blessures mortelles à la fois. Dernier défenseur, Archus se rachète de sa fainéantise passée en mourant bravement au combat contre Mad-guerite, et gagnant le droit de devenir un Stormcast Eternal dans sa prochaine vie3. De son côté, Jaqlyn a bien du mal à mettre à profit le temps acheté par ses protecteurs de leur vie, sa méthode de « dé-tricotage » magique se révélant inefficace contre la Vache qui Cuit. Elle bénéficie toutefois de l’aide inattendue du Duardin précédemment sauvé par son intervention, qui balance pokéball sur pokéball sur l’entité magique, faisant à chaque fois tomber quelques HP, mais ne semblant que retarder l’inévitable. Comprenant qu’il lui faut changer d’approche si elle veut avoir une chance de remporter ce combat bien mal engagé, notre sorcière se résout à refaire usage de la magie (elle était réticente à le faire depuis la catastrophe de Tantalum), et… invoque un nouveau sort persistant. What could go wrong, après tout? Et pas n’importe quel sort persistant, notez : Pacman. Oui, Pacman. Après tout, on est en Ghur. Au final, la combinaison des assauts du dentier géant, des gadgets astucieux de son allié de petite taille, et la découverte d’un fil de magie un peu décousu, finiront par sonner le glas de la vachette en furie, dans une spectaculaire déflagration. À son réveil, Jaqlyn, laissé désœuvrée par l’accomplissement de sa quête réparatrice, accepte l’offre du providentiel Duardin, l’ingénieur expérimental et doctorant en ectoplasmologie (les Nains ne sont plus ce qu’ils étaient), Thorri Steelfist, de devenir son associée et d’aller combattre les mages maléfiques et leurs créations à travers les Royaumes Mortels. Toss a coin… 1 : Ceci est un meta jeu de mots. 2 : Il commence en effet la nouvelle par proposer à sa cheffe de monter le camp dans les ruines de Farhold. On apprend deux lignes plus loin qu’il était à peine midi… 3 : Fun fact : À chaque fois qu’il récupère une âme valeureuse pour ses armées, on peut voir la tête de Sigmar apparaître dans le ciel, et entendre un gros « Yaaaasssss ». Avis : Cela partait pas mal pour Graeme Lyon, son idée de sorts vraiment persistants1 étant bien trouvée, et capitalisant sur une des innovations les plus iconiques d’Age of Sigmar par rapport à son prédécesseur. Un sujet parfait pour une nouvelle AoS, donc. Si la première partie de 'Trail of Ash', jouant sur le mystère de l’identité du tueur poursuivi par l’inspectrice Klouso et ses séides, et les flashbacks ramenant cette dernière au moment de la création de Buffalo Bill2, se passe plutôt bien, la confrontation finale entre le monstre et la sorcière est en revanche bien moins convaincante. En cause, une combinaison de facilités narratives, permettant certes à Lyon de terminer son histoire (même si le partenariat entre Steelfist et Kouslo laisse à penser que l’auteur est parti sur une série de nouvelles), mais pas de manière très satisfaisante. Ainsi, entre la convocation, celle-ci sans aucun problème de long terme, d’un nouveau sort persistant pour combattre le mana par le mana (si ça n’a pas marché la première fois, pourquoi cela fonctionnerait la seconde?), l’intervention d’un random Ghostbuster, introduit de façon purement opportuniste dans le récit, ou encore le mode opératoire try again-iste de Jaqlyn (comprendre que sa méthode de dé-tricotage commence par se monter parfaitement inefficace, avant de parvenir à décomposer Raging Bull sans trop de problèmes quelques minutes plus tard), le dénouement de cette traque de longue haleine tient plus de la queue de poisson que de l’apothéose. On ne répétera jamais assez qu’il est important pour un auteur de nouvelle de soigner sa sortie, que cette dernière se fasse à travers un twist final (si possible) bien trouvé, ou bien par l’intermédiaire d’un bon vieux combat entre protagonistes et antagonistes. Et même si la première solution est généralement plus complexe à mettre en scène, la seconde n’est pas beaucoup plus facile à orchestrer de façon satisfaisante, comme de nombreux dénouements de courts formats de la BL au cours des siècles3 l’ont démontré. Better luck next time ! 1 : Le pitch a dû se passer comme ça : “Dude, you know these endless spells stuff? What if… ‘hits joint’…they were really endless? Like they are running away from the battlefield. And you have to chase them.” “Dude.” “Bro.” 2 : Pas le chasseur de bisons, hein, le tueur en série. 3 : J’ai techniquement le droit d’utiliser cette formule, et je ne vais pas me gêner. Fluff : Tantalum : Ville de Chamon, rasée à la suite du necro-séisme, lorsque les Hommes-Bêtes des Bois de Fer (Iron Woods) profitèrent de la confusion causée par le réveil des morts de la cité pour submerger ses défenses. Ses couleurs étaient le gris et le pourpre foncé. Vents de Magie : Ils sont opposés sur la roue du Chaos. Pour dissiper un sort utilisant un vent particulier, il est plus efficace d’utiliser le vent contraire (Aqshy -> Azyr ; Ulgu -> Hysh ; Shyish -> Ghyran ; Ghur -> Chamon). • Tower of Secrets Révélation Black Library Events Anthology 2019/20/2019/16 pages Intrigue : Dans la foulée de leur session initiatique de Pokemon Ghur (‘Trail of Ash’), la mage Jaqlyn Kouslo et le Duardin Thorri Steelfist se retrouvent engagés comme free lances par un mage décrépit du nom de Malgorius. Leur mission ? Aller récupérer un artefact que leur employeur dû laisser derrière lui lorsque la tour où il résidait a été envahie de morts vivants lors du nécro-séisme. Cette couronne magique, en plus de renforcer les pouvoirs de son porteur, augmente également sa vitalité, chose dont Malgorius manque cruellement depuis qu’un revenant peu amène lui ait littéralement refait le portrait (il porte encore la marque de cette baffe spectrale sur la figure). Il est donc tout à fait vital pour l’arcaniste réfugié de remettre la main (et le crâne) sur son bien, avant que la sénescence ne le rattrape et l’envoie conter fleurette à tonton Nagash. Trop affaibli par l’expérience, il ne peut faire le voyage en personne, mais charge sa garde du corps Karemma d’accompagner Kouslo et Steelfist dans leur aventure. Après une marche d’approche un peu longue mais sans encombre, le trio pénètre dans la fameuse Tour des Secrets où Malgorius s’est établi, et ne tarde pas à rencontrer ses premiers mobs, des Zombies et Squelettes tout ce qu’il y a de plus classique. Ces gardiens de bas niveau sont rapidement expédiés par les pouvoirs de Kouslo, les flingues de Steelfist et les lames de Karemma, mais les choses se corsent lorsque les aventuriers se retrouvent confrontés à des enchantements hostiles, les empêchant de progresser en direction des niveaux supérieurs. Rien qui ne résiste très longtemps aux compétences en dissipation de la Magister itinérante, et/ou aux gadgets disruptifs de son collègue bricoleur, mais assez pour flanquer une bonne décharge à Karemma, qui avait commis l’erreur de vouloir rusher ses acolytes pour pénétrer en premier dans la salle suivante. En plus de refroidir l’ambiance entre la stoïque bretteuse et ses associés un peu geek, cette mésaventure trouble Kouslo pour deux raisons : premièrement, Malgorius avait assuré à ses prestataires que le nécro-séisme avait détruit tous les sceaux de protection qu’il avait placé dans sa tour, ce qui n’est finalement pas le cas. Deuxièmement, ces enchantements « répulsifs » n’ont d’effet que sur les individus sensibles à la magie, et n’auraient dû donc pas affecter cette normie de Karemma, tout comme ils ont laissé de marbre Steelfist du fait de sa nature duardin. Tout cela est bien étrange… Les niveaux et les épreuves se succèdent, jusqu’à ce que les trois compères se retrouvent face au boss de fin de niveau : une Banshee fort en voix et aux ongles longs, qui ôte quelques points de vie à Steelfist, déprime fortement Kouslo, et sépare le duo de son tank attitré. Karemma ayant fort logiquement pris l’aggro, Kouslo n’hésite pas longtemps avant de balancer une grenade anti-psy dans la mêlée, friendly fire ou pas, avant de traîner un Steelfist à l’épaule esquintée dans un coin tranquille le temps qu’il reprenne ses esprits et que l’esprit vengeur se soit calmé. Lorsque nos deux héros osent enfin revenir dans la salle du boss, la banshee et Karemma ont disparu, ce qui est fort tragique mais ouvre le chemin du septième et dernier niveau de la tour, où les attend la fameuse couronne… Révélation …Seulement voilà, cette dernière est déjà ceinte par un sorcier/taxidermiste ressemblant trait pour trait à Malgorius, et pas vraiment ravi de constater que des intrus aux bottes boueuses et aux manières cavalières ont violé son intimité. Cette ressemblance s’explique facilement : Malgorius n’a jamais quitté la tour malgré les ravages du nécro-séisme, qui l’ont poussé à utiliser une forme peu recommandable de magie pour renforcer ses défenses arcaniques contre les assauts des morts vivants, mais quelqu’un a usurpé son apparence et son identité pour mettre Kouslo et Steelfist sur sa trace. Et cette personne, c’est bien évidemment Karemma, qui ne s’appelle évidemment pas Karemma, et se trouve être un Démon de Tzeentch avec lequel Malgorius a fricoté par le passé. Ayant conjuré une illusion à la place du vieillard rabougri que nos deux larrons ont « rencontré » au début de la nouvelle, le K s’est servi de ces derniers comme démineurs occultes, afin de pouvoir accéder jusqu’au dernier niveau de la tour et récupérer la fameuse couronne. Son plan, grandiloquent comme souvent chez les Démons, est de rassembler suffisamment de ces artefacts, distribués par Nagash à ses lieutenants, pour atteindre la divinité. Bien entendu, Kouslo et Steelfist ne sont pas d’accord et tentent de s’interposer, mais ne font pas le poids face à cet adversaire un peu trop coriace, rapide et puissant pour eux. Karemma n’a donc aucun mal à ramasser la couronne sur le cadavre du pauvre Malgorius après l’avoir éventré d’un revers de griffe, mais décide tout de même de battre en retraite dans une dimension parallèle lorsqu’une nouvelle grenade alakon du Duardin bricoleur menace d’exploser à proximité. La nouvelle se termine sur le serment de l’instant de Costco et Poing d’Acier, qui jurent de contrer les aspirations de promotion sociale de Karemma, et décident d’utiliser la bibliothèque bien remplie de feu Malgorius pour renforcer leur érudition… et peut-être passer niveau 2 ? On est tous passés par là… Avis : Graeme Lyon donne une suite à ‘Trail of Ash’ et une carrière aux héros de cette nouvelle dans ce ‘Tower of Secrets’, qui présente tous les signes de la préparation d’un futur long format (la quête de Kouslo et Steelfist pour mettre leur Nemesis transformiste hors d’état de diviniser). Ou plutôt, présentait tous les signes, car notre homme a mis fin à sa collaboration avec la Black Library avant d’avoir pu concrétiser ce projet plus ambitieux que les nouvelles qu’il avait l’habitude de signer pour Nottingham. Tout le monde ne v/peut pas faire carrière… Sur le fond, ‘Tower of Secrets’ est un dungeon crawler des plus classiques, souffrant du peu de charisme de ses personnages principaux et de l’évidence de sa chute (en tout cas en ce qui me concerne). Ces deux points ne sont pas rédhibitoires, et je me dois aussi de relever que l’idée de Lyon de ne pas donner à ses héros les compétences archi-classiques de ce genre de littérature (barbare, paladin, voleur, ranger…), mais d’en faire des sortes d’ingénieurs-magiciens, est intéressante. Malheureusement, il éprouve quelques difficultés à valoriser cette trouvaille dans le cours de son récit, sa tendance à régler les problèmes auxquels sont confrontés Kouslo et Steelfist par un bête « pif paf je dissipe le sort » ou « go-go-gadgeto bidule anti-magique » étant frustrante pour le lecteur. Avec un peu plus de métier et/ou d’inventivité, le résultat final aurait pu être d’un tout autre calibre ! Dommage. Fluff : Rien à signaler. Autres (4) • The Eighth Victory Révélation Call of Chaos/2015/11 pages Intrigue : Les derniers mois ont été intenses pour Krev Deathstalker et son armée de Lames de Khorne. Assaillis sans relâche par les forces de Sigmar, les chaoteux ont réussi à vaincre à sept reprises leurs adversaires, mais au prix de lourdes pertes. Et, bien que Deathstalker fasse preuve d’un optimisme à tout épreuve auprès de ses lieutenants, dont le vieux Prêtre du Massacre Drane fait partie, les grands desseins de leur chef, persuadé que l’élévation démoniaque sera sienne s’il parvient à atteindre le chiffre magique de huit victoires, suscitent quelques froncements de sourcils parmi les membres de son Comex. Finalement, il revient au Deathbringer Koroth de provoquer une petite explication de texte avec son boss, sous la forme consacrée d’un honnête combat à mort. L’impétueux impétrant voit toutefois ses espoirs douchés par la survenue d’une averse de sang corrosif, manifestement déclenchée par Khorne en personne à la demande de Krev, et qui transforme l’Élu en flaque de barbaque en l’espace de quelques secondes. Le don démoniaque « peau en sucre » n’a pas que des avantages, finalement. Après avoir remis de l’ordre dans sa maison, il est temps pour Deathstalker de mener son armée, très diminuée, à la bataille contre une nouvelle vague de Stormcast Eternals. Étrangement, il insiste pour rester en retrait des combats et garder Drane à ses côtés, pendant que les autres champions prennent place au cœur de la ligne rouge. L’affrontement qui s’engage tourne rapidement en faveur des Sigmarines, dont la puissance, la discipline et l’équipement surclassent facilement les hordes braillardes et chichement vêtues de Deathstalker. Ce dernier reste cependant très calme au fur et à mesure que la situation dégénère et que Drane lui rapporte la mort successive de ses lieutenants, jusqu’à ce que seuls le Prêtre du Massacre et le Seigneur de Khorne demeurent pour guider les quelques dizaines des Bloodreavers survivants de la « horde » de Krev. Il serait peut-être temps d’agir maintenant, non ? Révélation …Et en effet, Deathstalker passe finalement à l’action. Il explique posément à son dernier sous-fifre qu’il a fait exprès de mener son armée dans une bataille qu’il ne pouvait pas gagner, dans le but d’offrir à Khorne le sang et les morts glorieuses de héros renommés nécessaires à sa promotion prochaine. Comme les Stormcast Eternals ne sont guère partageurs en termes d’hémoglobine et de crânes, leurs restes mortels étant prestement récupérés pour la Reforge par leurs très efficaces moyens généraux, il est revenu aux Lames de Khorne de se taper le sale boulot. Drane devine alors qu’en tant que huitième et dernier membre survivant du cercle intérieur de Deathstalker, il peut commencer à numéroter ses abattis, et se fait sans surprise couper en deux après un court et inégal combat contre son fourbe de patron. Cela en valait toutefois la peine car Deathstalker débloque bien un nouveau skin, ainsi que la capacité d’ouvrir un portail vers les Royaumes du Chaos, ce qui lui permet de remporter finalement la victoire, grâce à l’afflux de troupes fraîches et motivées. Toujours garder son objectif final en vue, c’est la clé des grands Champions. Avis : Autre nouvelle surfant sur la vague sanguinaire du « je m’en fous d’où ça vient du moment qu’il y en a », ‘The Eighth Victory’ aborde une facette importante de la philosophie de Khorne, mais de manière plus passable qu’inspirée1. Les manigances de Deathstalker sont assez transparentes pour le lecteur au fait de son fluff, faisant tomber à plat l’incroyable révélation de ce petit malin de Seigneur du Chaos. À noter tout de même que les Stormcast Eternals en prennent pour leur grade dans cette histoire, à commencer par le piteux Meros Oathkeeper, qui fait ici preuve de l’intelligence, du courage et de l’adresse martiale d’un Nurgling. Les effets secondaires de la Reforge, sans doute… 1 : Dommage pour Lyon, mais le positionnement de sa nouvelle juste après le ‘Gorechosen’ d’Andy Clark, qui utilise le même concept comme twist final, dans l’anthologie ‘Call of Chaos’, ne joue pas en la faveur de ‘The Eighth Victory’. Fluff : Stormcast Eternals : À leur mort, ils partent à la Reforge avec armes et armures, ce qui rend impossible pour leurs adversaires de prélever des trophées sur leurs cadavres. • The Sacrifice Révélation Call of Chaos/2015/11 pages Intrigue : Le Magister de Tzeentch Arioso, surnommé le Sage de Minuit, nourrit, comme c’est le cas de beaucoup de ses collègues, une ambition dévorante. Soucieux de s’assurer qu’il marche sur la bonne voie, il a sacrifié 9*9 victimes, dont la dernière est un vampire outré du traitement qu’on lui inflige, à son Dieu pour obtenir rendez-vous avec un démon, et percer le voile de sa destinée, qu’il espère grandiose. Et en effet, la vision que lui accorde son visiteur est prometteuse : à la tête d’une grande armée, il combattra les Orruks dans la Vallée des Dieux Déchus, et connaîtra une apothéose lui permettant d’atteindre la vie éternelle lorsqu’il mélangera les cendres du sacrifié avec le sang de l’éternel. Seule petite ombre à ce teasing très attrayant, la vision s’interrompt juste au moment où Arioso engage le combat avec le chef de guerre ennemi, une sombre brute sur Mawcrusha faisant deux fois sa taille et cinq fois son poids. Notre héros ne serait donc pas contre un partage du director cut de son avenir, histoire d’être sûr de triompher de cet adversaire balèze. Malheureusement, il se prend une fin de non-recevoir polie mais ferme de la part du démon, et raccroche donc avant que la situation tourne au vinaigre. Après avoir assassiné son acolyte, sans doute pour se passer les nerfs, il collecte les cendres du vampire, carbonisé par la session Skype chaotique, et se met en route vers sa destinée. Neuf (quelle surprise) ans plus tard, et après avoir gagné des milliers de followers de toute allégeance et toute race (même des Skavens, c’est dire), et s’être dégoté une panoplie de Seigneur du Chaos digne de son nom, dont un disque d’or en guise de monture dérobé dans le mausolée de Jauni l’Allité, une liche enfermée dans un pénitencier pour avoir mis le feu à ses souvenirs, souvenirs, Arioso, qui se fait désormais appeler le Roi Doré, est enfin au bon endroit au bon moment. Face à son armée se présente une horde d’Orruks, et, bien qu’il n’ait pas réussi à voir la fin de son combat contre sa Némésis pendant son errance, il est raisonnablement confiant sur ses chances de l’emporter. La suite lui donne d’ailleurs raison, le Big Boss finissant avec une big bosse et raccourci d’une tête après un duel rapidement expédié par l’Élu de Tzeentch. Et en bonus, il n’a même pas perdu toute son armée, comme le démon le lui avait pourtant annoncé. La voyance n’est pas une science exacte, c’est vrai. Rendu dans le temple du fond de la fameuse vallée, et ayant trouvé dans ce dernier un calice rempli de sang, Arioso fait ce qu’on attend de lui et verse le contenu de son cendrier portatif dans le Saint Graal, avec des résultats détonants… Révélation …Et pour cause, notre héros à la surprise de voir se réincarner devant lui le vampire qu’il avait sacrifié il y a toutes ces années, et qui l’a donc trollé en beauté (le démon, c’était lui – me demandez pas comment –). Le sang du calice appartenait au mort vivant, qui a mis son bourreau sur un plan foireux pour hâter sa propre résurrection. Qu’à cela ne tienne, vous me direz, Arioso reste un Seigneur de Tzeentch ayant prouvé sa valeur au cours de dizaines de batailles et équipé de puissantes reliques… sauf que, non. Le Roi Doré se fait victimiser en trois lignes par son adversaire, qui le transforme en mort vivant à sa solde, accomplissant ainsi la promesse d’une vie éternelle qui lui avait été faite. Une non-vie certes, mais techniquement, c’est correct. Avis : J'aurais bien aimé dire de ‘The Sacrifice’ qu’il s’agit d’une nouvelle très classique mais déroulée de façon convenable par Graeme Lyon, mais le résultat final n’est pas au dessus de tout reproche. Si la duperie dont est la victime Arioso était tellement évidente qu’il serait mesquin de ma part de le reprocher à l’auteur, ce dernier aurait pu faire un peu plus d’efforts pour justifier comment un vampire lambda est capable de se faire passer pour un démon et énoncer une prophétie qui se révèle juste à 95%. On peut aussi s’interroger sur les raisons qui ont poussé le buveur de sang à cacher une poche de plasma dans un squat abandonné gardé par des trillions d’Orruks (très pratique pour aller se refaire facilement une santé en cas de besoin), mais ce serait pinailler. Je pense qu’il y avait moyen de boucler la boucle de façon un peu plus aboutie et logique pour cette histoire, et en tiens donc grief à Graeme Lyon ici. Fluff : Rien à signaler. • Beneath the Rust Révélation Oaths and Conquests/2020/17 pages Intrigue : Jusqu'où faut-il aller pour conquérir un prospect? Pour Borri Kraglan, Endrinrigger (euse?) de son état, et rattachée par ses supérieurs de Barak-Nar à l'accompagnement de l'expédition de la Fraternité Sigmarite en Chamon, la réponse est assez simple: les Stormcast Eternals qu'elle et ses comparses Kharadron over-chapeautent ayant découvert un réseau de tunnels s'étendant en dessous du lieu qu'ils ont choisi pour bâtir un avant-poste, il faudra accompagner les surhumains azyrites dans leurs aventures cataphiles (contre monnaie sonnante et trébuchante après établissement d'un avenant au contrat, bien sûr). Pour être complet dans notre introduction, précisons en outre que le bout de terrain sélectionné par la Fraternité était auparavant squatté par une horde de disciples de Khorne mal léchés, dispersés à grands coups de marteau dans les gencives pour leur apprendre à respecter le droit de propriété. Sans blague. En plus de Borri Kraglan, les spéléologues en herbe et armures de plates complètes comptent Mr et Mme Steelfist, respectivement Capitaine Arkanaute et Endrinrigger (et meilleure amie - et bien plus encore - de Borri), accompagnés d'une bande de farouches corsaires Kharadron, et un petit groupe de Stormcast voltigeants (super choix pour explorer des tunnels), menés par le très zen Venator Ferram Drakesbane. Si tout se passe assez normalement pendant les premiers temps de la descente, les choses se compliquent cependant assez rapidement, les visiteurs se trouvant confrontés à une nouvelle vague de Khorneux assez chafouins que l'on vienne à nouveau violer leur intimité (un vrai truc de Slaaneshi!). Après une escarmouche rapidement remportée par les forces de l'Ordre, la tension a bien du mal à retomber entre les Kharadron, qui sont même à deux doigts de commencer à se mettre sur le masque. Grâce à ses super pouvoirs de Reforgé et sa pratique intensive de la méditation, Ferram met toutefois rapidement le doigt sur le problème: une influence maléfique rend les Duardin très irritables (lui-même et les autres Stormcast étant immunisés à ces effets délétères). Rendue consciente du problème, mais ayant bien du mal à ne pas claquer le beignet de Harek Steelfist, auquel elle n'a jamais vraiment pardonnée de lui avoir "volé" sa BFF Mala, Borri fait de son mieux pour ne pas piquer sa crise, d'autant plus que sa chère et tendre n'est pas revenue avec les Prosecutors de Ferram de la poursuite engagée des fuyards chaotiques. Les recherches de nos héros finissent par les amener dans un cul de sac, ce qui énerve (logiquement) suffisamment Harek pour qu'il balance un coup de poing dans le mur... ce qui permet d'ouvrir une porte cachée, apparemment équipée d'un rage-o-mètre intégré1. Derrière cette paroi, l'expédition retrouve enfin Mala, allongée sur autel maculé de sang et entouré d'une douzaine de Bloodreavers, qui ne résiste pas longtemps à la mauvaise humeur ni aux munitions perforantes des Kharadron. Alors que les choses semblent s'améliorer, une remarque malheureuse de Borri à Harek fait déborder le vase à éther-or de ce dernier, qui se met en tête d'apprendre à cette mégère non apprivoisée à se mêler de ses affaires, à coup de hache si nécessaire. Dans la confusion qui s'ensuit, Borri met un coup de scie éthermatique mal placé dans l'autel, qui se fend en deux dans un déferlement de visions sanguinaires. Lorsque notre héroïne revient à elle, le boss de fin de la nouvelle a fait son entrée comme le prince démon de Khorne qu'il est, et s'active à massacrer tout ce qui a le malheur de croiser le chemin de sa hache. Le petit laïus explicatif de rigueur rapidement expédié par le toujours aussi chill Ferram, il faut maintenant à nos héros trouver un moyen de bannir leur Némésis. Ceci sera fait grâce au détournement des enveloppes porteuses (mon dieu que ce terme est moche) de Borri et Mala, transformées en bombes artisanales en deux tours de clé à molette par les ingénieux Duardin. Il faudra tout de même que Ferram se sacrifie noblement pour aller faire détonner le deuxième drone piégé au contact du démon pour arracher la victoire, qui se soldera en outre par la mort de Mala, qui poussera cet empoté de Harek hors de la trajectoire de la hache de Dédé mais encaissera à sa place l'ultime horion du Khorneux. C'est ça aussi d'avoir une Initiative de 2. Unis dans leur chagrin, mais également dans leur détestation mutuelle, Borri et Harek remontent à la surface, et la nouvelle se termine avec la décision de la première d'aller explorer les Royaumes pour se changer les idées. Après tout, pourquoi pas. 1: C'est un peu comme lorsqu'on arrive faire fonctionner un appareil ménager en tapant dessus. Cette bonne vieille énergie cinétique a accompli bien des miracles que la science peine à expliquer. Avis : Pas grand-chose à se mettre sous la dent avec ce 'Beneath the Rust', tant au niveau de l'intrigue, d'une simplicité consommée, que des éléments fluff apportés par Lyon. C'est d'autant plus dommage que l'auteur aurait pu rendre son propos plus intéressant sans apporter de grands changements à son récit, par exemple en gardant la cause de l'énervement suspect des Kharadron pour la conclusion de la nouvelle, au lieu de l'éventer après la première escarmouche: la tension narrative en aurait été préservée. Je note également que Lyon s'inscrit à contre-courant de la tendance actuelle des auteurs d'Age of Sigmar de faire de la Reforge des Stormcast Eternals un événement traumatique et redouté par ceux qui y sont soumis: ce brave Ferram Drakesbane n'hésite en effet pas une seconde à se changer en kamikaze pour remporter la victoire, en justifiant sa décision par son immortalité. Il revient d'ailleurs en fin de nouvelle partager le deuil de ses camarades, sans apparaître avoir changé d'un iota: vu comme ça, c'est vraiment cool d'être un Stormcast. Finalement, l'élément le plus mémorable de 'Beneath the Rust' restera sans doute le triangle amoureux entre Borri, Mala et Harek, inédit à bien des aspects. Ce n'est pas vraiment ce à quoi de m'attendais en commençant la lecture d'une histoire de Nains steampunk se déroulant dans un univers med-fan, mais (à nouveau) pourquoi pas. Fluff : Chamon : Les Stormcast Eternals de la Fraternité Sigmarite (Sigmarite Brotherhood) ont installé une tête de pont sur Chamon, dans les Désolations Rouillés (Rusted Wastes), à proximité du Stratis Skull. Ils se sont alliés avec les Kharadron Overlords de Barak-Nar, qui ont ainsi pu bénéficier d’un accès aux portails des Royaumes libérés par les osts de Sigmar, et les utiliser à leur avantage commercial. • Trail of Ash Révélation Inferno! #5/2020/18 pages Intrigue : Dernière magister de la cité détruite de Tantalum, en Chamon, Jaqlyn Kouslo, accompagnée par un régiment de survivants de la ville, poursuit un monstre insaisissable depuis plusieurs mois à travers les étendues sauvages de Ghur. La bête en question, qui ne laisse sur son sillage que ruines et cadavres carbonisés (les derniers en date appartenant au petit village de Farhold, dont le défaut fut de ne pas connaître le secret de la potion magique), a été libérée pendant la défense de Tantalum contre les assauts des morts vivants réveillés par le nécro-séisme de Nagash et les Hommes-Bêtes opportunistes des Bois de Fer voisins, ayant décidé que c’était un bon moment pour aller régler leurs comptes avec leurs voisins civilisés, d’une façon qui ne l’était guère. Responsable, mais pas coupable (ou quelque chose comme ça), de ce fiasco1 arcanique, Jaqlyn a juré de mettre ce nouveau danger pour les habitants des Royaumes Mortels hors d’état de nuire, et mène donc sa petite bande de conscrits sur la trace de la mystérieuse calamité, malgré les reproches qui lui sont adressés à mi-voix par la soldatesque, et le poil dans la main de son second, le Sergent Archus2. Entre deux séances d’orientation en forêt et cauchemars la ramenant dans les ruines de Tantalum, où, dans son zèle d’interrompre le lancement d’un sort par un chaman Homme-Bête, elle a concocté l’imbuvable cocktail magique (une base d’Azyr, un peu de Hysh, un zeste de Ghyran, une pincée de Chamon…) qui a donné naissance au monstre qu’elle poursuit depuis, Jaqlyn finit enfin par refaire son retard avec ce dernier, alors qu’il était sur le point de réduire en charpie un malheureux Duardin isolé… Révélation …Ayant trouvé le moyen de se téléporter avec ses hommes dans la clairière où le drame était sur le point de se dérouler, ou de courir très très vite une fois sa vision terminée, Jaqlyn engage le combat avec la monstruosité, qui se révèle être un Wildfire Taurus de fort belle taille et de méchante humeur. Quand on vous disait que ces sorts étaient persistants, on ne vous a pas menti. Pensez à les dissiper à la fin de la bataille, ce serait sympa pour les voisins. Malgré leur courage et leur discipline, les soldats de Tantalum ne font pas le poids face à la mugissante manifestation, et finissent tous piétinés et encornés, 1D3 blessures mortelles à la fois. Dernier défenseur, Archus se rachète de sa fainéantise passée en mourant bravement au combat contre Mad-guerite, et gagnant le droit de devenir un Stormcast Eternal dans sa prochaine vie3. De son côté, Jaqlyn a bien du mal à mettre à profit le temps acheté par ses protecteurs de leur vie, sa méthode de « dé-tricotage » magique se révélant inefficace contre la Vache qui Cuit. Elle bénéficie toutefois de l’aide inattendue du Duardin précédemment sauvé par son intervention, qui balance pokéball sur pokéball sur l’entité magique, faisant à chaque fois tomber quelques HP, mais ne semblant que retarder l’inévitable. Comprenant qu’il lui faut changer d’approche si elle veut avoir une chance de remporter ce combat bien mal engagé, notre sorcière se résout à refaire usage de la magie (elle était réticente à le faire depuis la catastrophe de Tantalum), et… invoque un nouveau sort persistant. What could go wrong, après tout? Et pas n’importe quel sort persistant, notez : Pacman. Oui, Pacman. Après tout, on est en Ghur. Au final, la combinaison des assauts du dentier géant, des gadgets astucieux de son allié de petite taille, et la découverte d’un fil de magie un peu décousu, finiront par sonner le glas de la vachette en furie, dans une spectaculaire déflagration. À son réveil, Jaqlyn, laissé désœuvrée par l’accomplissement de sa quête réparatrice, accepte l’offre du providentiel Duardin, l’ingénieur expérimental et doctorant en ectoplasmologie (les Nains ne sont plus ce qu’ils étaient), Thorri Steelfist, de devenir son associée et d’aller combattre les mages maléfiques et leurs créations à travers les Royaumes Mortels. Toss a coin… 1 : Ceci est un meta jeu de mots. 2 : Il commence en effet la nouvelle par proposer à sa cheffe de monter le camp dans les ruines de Farhold. On apprend deux lignes plus loin qu’il était à peine midi… 3 : Fun fact : À chaque fois qu’il récupère une âme valeureuse pour ses armées, on peut voir la tête de Sigmar apparaître dans le ciel, et entendre un gros « Yaaaasssss ». Avis : Cela partait pas mal pour Graeme Lyon, son idée de sorts vraiment persistants1 étant bien trouvée, et capitalisant sur une des innovations les plus iconiques d’Age of Sigmar par rapport à son prédécesseur. Un sujet parfait pour une nouvelle AoS, donc. Si la première partie de 'Trail of Ash', jouant sur le mystère de l’identité du tueur poursuivi par l’inspectrice Klouso et ses séides, et les flashbacks ramenant cette dernière au moment de la création de Buffalo Bill2, se passe plutôt bien, la confrontation finale entre le monstre et la sorcière est en revanche bien moins convaincante. En cause, une combinaison de facilités narratives, permettant certes à Lyon de terminer son histoire (même si le partenariat entre Steelfist et Kouslo laisse à penser que l’auteur est parti sur une série de nouvelles), mais pas de manière très satisfaisante. Ainsi, entre la convocation, celle-ci sans aucun problème de long terme, d’un nouveau sort persistant pour combattre le mana par le mana (si ça n’a pas marché la première fois, pourquoi cela fonctionnerait la seconde?), l’intervention d’un random Ghostbuster, introduit de façon purement opportuniste dans le récit, ou encore le mode opératoire try again-iste de Jaqlyn (comprendre que sa méthode de dé-tricotage commence par se monter parfaitement inefficace, avant de parvenir à décomposer Raging Bull sans trop de problèmes quelques minutes plus tard), le dénouement de cette traque de longue haleine tient plus de la queue de poisson que de l’apothéose. On ne répétera jamais assez qu’il est important pour un auteur de nouvelle de soigner sa sortie, que cette dernière se fasse à travers un twist final (si possible) bien trouvé, ou bien par l’intermédiaire d’un bon vieux combat entre protagonistes et antagonistes. Et même si la première solution est généralement plus complexe à mettre en scène, la seconde n’est pas beaucoup plus facile à orchestrer de façon satisfaisante, comme de nombreux dénouements de courts formats de la BL au cours des siècles3 l’ont démontré. Better luck next time ! 1 : Le pitch a dû se passer comme ça : “Dude, you know these endless spells stuff? What if… ‘hits joint’…they were really endless? Like they are running away from the battlefield. And you have to chase them.” “Dude.” “Bro.” 2 : Pas le chasseur de bisons, hein, le tueur en série. 3 : J’ai techniquement le droit d’utiliser cette formule, et je ne vais pas me gêner. Fluff : Tantalum : Ville de Chamon, rasée à la suite du necro-séisme, lorsque les Hommes-Bêtes des Bois de Fer (Iron Woods) profitèrent de la confusion causée par le réveil des morts de la cité pour submerger ses défenses. Ses couleurs étaient le gris et le pourpre foncé. Vents de Magie : Ils sont opposés sur la roue du Chaos. Pour dissiper un sort utilisant un vent particulier, il est plus efficace d’utiliser le vent contraire (Aqshy -> Azyr ; Ulgu -> Hysh ; Shyish -> Ghyran ; Ghur -> Chamon). • The Mountain's Call Révélation Direchasm/2020/40 pages Intrigue : À la lueur des lunes de Ghur, une chasseresse humaine – qui n’a pas de nom et que nous appellerons donc Chantal – arrive dans les ruines d’une ancienne cité sigmarite, détruite depuis longtemps. Elle a à peine le temps de s’émerveiller devant les bas reliefs décorant la tour centrale de la ville abandonnée, et qui racontent le glorieux ragequit de Sigmar à la fin de l’Âge des Mythes, qu’un portail des Royaumes s’ouvre devant elle. N’écoutant que sa prudence, elle se cache derrière une pierre pour éviter de se faire repérer par les quatre (cinq si on compte le hibou) individus qui pénètrent en Ghur par cette ouverthur. Il s’agit des (presque) célèbres Purificateurs de Myari, venus dans le Royaume de la Bête pour tenter de calmer la Beastgrave. Les rêves du mage à catogan qui dirige la petite bande l’ont en effet averti que l’esprit de cette montagne risquait de s’éveiller, avec des conséquences aussi floues que terrible pour Hyish. Ces songes troublés ont apparemment convaincu Teclis de laisser partir son sous-fifre avec quelques copains (le Stoneguard Bahannar, la Sentinelle Senaela et la Je-N-Ai-Pas-D-Entrée-Dans-Le-Battletome-Mais-Je-Ressemble-Fortement-A-Un-Maître-D-Epee Ailenn), pour aller…heu, purifier le massif. On leur souhaite bonne chance. Chantal, qui a révélé sa présence d’un sonore « c’est diablerie ! » lorsqu’elle a vu que Myari se déplaçait en flottant au dessus du sol1, croit sa dernière heure arrivée. Cette bête bête ne fait en effet pas la différence entre un Idoneth et un Lumineth, qui sont pourtant deux sous espeth différentes, comme le fait remarquer Bahannar2. Les nouveaux venus ne veulent aucun mal à la pauvrette, et acceptent même de lui filer un coup de main pour traquer la bête qui a massacré son village3, et dont elle a suivi la trace jusqu’ici, en échange d’une excursion guidée jusqu’à la Beastgrave. Tope là c’est entendu. En bon leader incompétent, Myari envoie ses guerriers chercher des empreintes de la bestiole dans les ruines, pendant qu’il reste à tailler le bout de gras avec Chantal. Bien évidemment, le monstre (une sorte d’araignée géante avec des aiguilles à tricoter à la place des pattes) profite de l’éloignement relatif – une heure à l’aller, cinq minutes au retour – des Aelves pour passer à l’attaque. Et bien évidemment, Myari se révèle trop coriace pour le nuisible, et tient la baraque assez longtemps pour permettre à ses gardes du corps de revenir terrasser le mob. Ceci fait, il est grand temps de partir pour Beastgrave. Pendant que les cinq pèlerins cheminent jusqu’au piedmont, nous faisons la connaissance de leur contrepartie maléfique : l’Effroyable Parade (Dread Pageant) du Champion de Slaanesh Vasillac le Doué. Il y a là le Slangor Slakeslash, l’archer Hadzu et la vougière Glissete, qui s’amusent comme des petits fous dans les tunnels de la Beastgrave. Sur place depuis longtemps, ils ont vite réalisé que les énergies magiques de la montagne ramenaient à la vie tous ceux qui mourraient sur place, ce qui est une véritable aubaine pour des sadomasochistes comme nos amis. On apprend aussi (un peu plus loin mais je condense), que Vasillac a un grand plan pour réveiller pour de bon Beastgrave, en lui sacrifiant 216 (6x6x6) victimes d’un coup. Ca fait beaucoup de bandes d’Underworlds à neutraliser, même en prenant en compte la Garde Sépulcrale, mais les pervers ont de la ressource, c’est connu. Retour sur Myari et Cie, qui finissent par arriver à bon port, entrent dans les galeries et… se perdent. Car notre bande de fiers Lumineth (+ Chantal) n’avait pas de plan précis pour mener à bien sa mission. Ca fait un peu tache, si je peux me permettre. Heureusement, l’endroit est animé et les Aelves ne tardent pas à faire leur première rencontre : la Grymwatch du Duc Crakmarrow. Entre les chauves souris par paquets de douze et les Goules véhémente, nos combattants d’élite se trouvent en mauvaise posture, jusqu’à ce que Vasillac et ses punks débarquent. Crakmarrow finit écrasé sous un rocher, et ses séides mis en déroute, mais l’aide des Slaaneshi a un prix élevé pour les Hyishiens : Chantal finit étripée par Slakeslash, et Bahannar se fait capturer après s’être fait assommer par Hadzu. Je répète : un Stoneguard aguerri en armure lourde s’est fait surprendre et assommer par un archer en tutu. Je ne sais pas s’il revient aussi à la vie ici, mais le respect est bel et bien mort. Pendant que Bahannar se fait torturer pour expier sa nullité crasse, ce qui ne l’émeut pas plus que ça, Chantal revient « miraculeusement » à la vie quelques heures plus tard, ce qui surprend ses compagnons d’infortune4 mais leur fait comprendre que le terrain est vraiment spécial. Ils partent alors à la recherche du Stoneguard, qui se lance Force Tectonique sur lui-même, beacause why not, se libère de ses liens, fracasse Hadzu qui essayait de le faire réagir à ses tortures en lui jouant les sketches du spectacle d’Arthur, et s’en va en petite foulée vers… loin d’ici (toujours pas de plan, ça fait plaisir). En chemin, il croise un golem de roche, décide de faire demi-tour pour le guider vers le QG de Vasillac, sur lequel il tombe littéralement au détour d’un couloir. Pendant que les Slaaneshi sont occupés à concasser de la caillasse, Bahannar trouve le journal intime de Cadillac, le lit (eh oui), vomit, escalade une paroi, et décide de faire de la slackline sur une chaîne incrustée de squelettes. Si vous avez l’impression de suivre le compte rendu d’une partie de D&D dirigée par un MJ très peu concerné, c’est normal. Ces péripéties confusantes laissent au moins le temps à Miyari et ses copains d’arriver dans la salle en question, et l’Effroyable Parade leur tape dans la main comme au catch pour les laisser gérer le golem pendant qu’eux se cassent. Ou quelque chose comme ça. Le salut, ou en tout cas la diversion, viendra du mage au hibou, qui claquera tous ses points de mana pour invoquer un élémental de pierre, permettant aux Aelves et à Chantal de partir discrètement à leur tour pendant que Jean-Pierre et Jean-Roc s’expliquent. Tout est prêt pour le grand final de la nouvelle, puisque sa malsaine lecture a permis à Bahannar de percer à jour le plan et la planque des chaoteux. Les Purificateurs tentent donc d’interrompre le rituel de Vasillac, en engagent enfin la bande adverse (Hadzu a ressuscité pour l’occasion). Bilan des courses : Bahannar tue (à nouveau) Hadzu, Ailenn tue Slakelash mais se fait tuer par Glissete. Chantal décoche un magnifique throatshot enflammé à Vasillac, mais se fait brûler au troisième degré par la flèche elfique qu’elle avait emprunté à Senaela (qui ne sert absolument à rien – qui a dit que les Sentinelles Lumineth étaient pétées ? –), puis étriper par Vasillac en représailles, avant que Myari ne décapite sa Némésis d’un revers de son bâton à anneaux. C’est dire s’il a tapé fort. Cette victoire indéniable calme un peu la montagne, mais les Aelves ont compris qu’ils ne peuvent pas quitter les lieux (Chantal semble définitivement morte, elle), et prennent le parti de rester sur place pour empêcher Vasillac (qui ressuscite lui aussi à la toute fin de la nouvelle) de recommencer à faire des sournoiseries. 1 : Un pouvoir bien cool, qu’il n’utilisera plus du tout par la suite. Allez savoir pourquoi. 2 : Qui ferait mieux de ne pas la ramener car son pouvoir spécial de sentinelle endormie n’envoie pas du rêve. 3 : Les Lumineth croient que cette rencontre n’est pas le fruit du hasard, mais une conjuration de Teclis. Ce qui voudrait dire que le noble et lumineux mage suprême a planifié la destruction d’un village humain pour obtenir un sherpa pour ses acolytes. Pas très Charlyish ça. 4 : Qui en profitent pour lui demander son nom (ils n’avaient pas pensé à le faire avant sa mort…). Elle ne répond pas mais ça en dit long sur le degré de compassion et d’altruisme des Lumineth. Avis : Mes attentes étaient modérées pour une nouvelle de commande mettant aux prises les deux bandes de la boîte Direchasm, mais Graeme Lyon n’a pas rempli sa (faible) part du contrat avec ce ‘The Mountain’s Call’. Il n’y a pas grand-chose d’intéressant, ni sur le fond, ni sur la forme, dans ces péripéties mal rythmées et erratiques, commises par des personnages auxquels on a bien du mal à s’attacher (particulièrement les Aelves, qui ne sortent jamais de leur stéréotype de nobles-mais-distants-êtres-de-lumière). Le dernier tiers du récit m’a paru particulièrement peu maîtrisé, l’intrigue se résolvant d’elle-même grâce à la toute puissante magie des coïncidences (en même temps, ça a l’air d’être la spécialité de Teclis, donc on peut considérer que c’est fluff), perdant petit à petit toute crédibilité et tout intérêt pour un lecteur de plus en plus blasé. Je dois ici reconnaître que je n’étais pas au courant des pouvoirs de régénération apportés par Beastgrave, qui sont certes pratiques pour justifier la présence récurrente de bandes nommées dans le jeu de figurine, mais un « tue l’intrigue » absolu pour la mise en scène d’œuvres de fiction. Quand personne ne peut vraiment mourir, à quoi bon s’intéresser au devenir des personnages, qui seront libres de « retenter leur chance » jusqu’à parvenir à leur fin ? Sans même un peu de fluff à se mettre sous la dent, la récolte est maigre pour cette nouvelle. Fluff : Rien de transcendant. Graham Thomas Wilcox (1) Révélation Graham Thomas Wilcox est un contributeur régulier du trimestriel de dark fantasy Old Moon Quaterly, ce qui l’a assez logiquement mené jusqu’aux Royaumes Mortels. Sa première nouvelle publiée pour le compte de la Black Library (2023) est ‘Grimnirsson’. • Grimnirsson Révélation Dawnbringers Week 2023/2023/16 pages Intrigue : Lorsqu’une croisade Dawnbringer s’aventure dans les montagnes de Cathair Conaill, territoire du clan Fir Danu, à la recherche de vivres, d’eau et de guides pour pouvoir poursuivre son œuvre d’évangélisation sans mourir bêtement de faim et froid dans ce coin pittoresque mais isolé des Royaumes Mortels, la prise de contact avec les frustes indigènes génère quelques frictions. Au lieu de remercier leurs sauveurs de l’insigne honneur qu’ils leur font en vidant leur garde-manger et confisquant leur cheptel, les autochtones cherchent à négocier (gasp) avec les Sigmarites afin de ne pas finir aussi plumés que le proverbial dindon de la farce. C’est du moins la position adoptée par la fille du roi Aed, Aoife, dont l’assurance est renforcée par la présence à ses côtés d’un Fyreslayer du nom de Genseric, recueilli et adopté par les Fir Danu il y a de cela une dizaine d’années. Bardé de runes des pieds à la crête, Genseric (Gen pour les intimes) est un guerrier redoutable, mais passablement instable. Il a en effet des hallucinations récurrentes dans lesquelles il se pense être le dieu Grimnir, et tout entières consacrées à l’activité préférée de la bouillante divinité : le sudoku la baston (Rage Noire, vous avez dit Rage Noire ?). Pour le moment, cela n’a pas eu d’effets trop fâcheux, mais Genseric se sent perdre peu à peu pied, et redoute de commettre prochainement l’impardonnable lors d’une crise de somnambulisme sanguinaire. Alors que nos deux héros se sont rendus dans le hall où un Aed blanchi sous le harnais tient sa cour, pour plaider une nouvelle fois leur cause (enfin, surtout Aoife, Genseric n’étant pas du genre causant), ils sont surpris par l’arrivée impromptue d’une délégation sigmarite, menée par une Prêtresse Guerrière dont le fanatisme ferait passer Torquemada pour un modéré. Après avoir salué ses hôtes en balançant la tête tranchée de son ambassadeur (auquel il est visiblement arrivé un accident sur le chemin du retour des précédentes tractations avec Aoife1) au pied du trône d’Aed, la zélote exige que ses demandes soient exaucées sans plus de délai, sans quoi elle sera au regret de considérer les Fir Danu comme des hérétiques patentés, avec toutes les douloureuses conséquences que cela pourrait entrainer. Aoife ne se dégonfle pas pour autant, et aurait peut-être réussi à éviter un bain de sang grâce à sa langue bien pendue, n’eut été la décision malheureuse de la Prêtresse de se moquer de Genseric, qu’elle traite (à juste titre d’ailleurs) de paria et de lunatique, exilé de sa Loge après avoir échoué à l’Epreuve du Courroux. Pas très malin de sa part de froisser l’amour-propre d’un être aussi zen et équilibré qu’un Fyreslayer à moitié dément, mais que voulez-vous, certaines personnes veulent toujours avoir raison. Sans surprise aucune, Genseric/Grimnir ne prend pas l’affront à la légère, et colle sa hache dans le torse de la médisante créature, déclenchant une mêlée furieuse dans la salle du trône entre la garde d’Aed et l’escorte de la défunte Prêtresse. Malheureusement pour les locaux, les visiteurs peuvent compter sur la présence imposante d’un Stormcast Eternal, qui se révèle bien trop balèze pour les mortels lui faisant face (malgré les furieux coups de talon runique de Genseric). Aed ayant noblement choisi de rester se battre pour permettre à sa fille et à son nabot de compagnie de s’enfuir, ces derniers décampent dans la montagne sans demander leur reste, pendant que le village se fait passer par l’épée par les Sigmarites. Après avoir semé leurs poursuivants, Genseric et Aoife interrompent leur course folle pour décider de la marche à suivre. Honteux d’avoir démarré les hostilités (même si on l’avait bien cherché), Gen remet à sa bonne amie une des ses runes et l’enjoint d’aller la convertir en coupons-rancune auprès de son ancienne Loge, qui se fera, si n’est un plaisir, au moins un devoir, d’aller punir les déprédations des croisés. De son côté, le Fyreslayer déchu partira trouver une noble mort au combat, comme ses lointains ancêtres du Monde qui Fut avant lui. Aoife n’est pas en phase avec ce plan mortifère, et souhaiterait plutôt aller se réfugier auprès d’un clan allié des Fir Danu, mais à nouveau, la discussion est interrompue par l’arrivée de visiteurs malpolis, ici le Stormcast Eternal qui servait de garde du corps à feu la Prêtresse Guerrière… Révélation …Malgré l’aide apportée par ses piercings en ur-or, Genseric se fait rapidement mettre au tapis par l’Elu de Sigmar, mais c’est alors qu’une nouvelle vision de Grimnir s’impose à lui, décuplant ses forces et lui permettant de mettre une tôle à son adversaire. Plongé dans un état second, Genseric ne fait plus la différence entre alliés et ennemis (Grimnir déteste tout le monde, c’est connu2) et aurait fait goûter sa hache à Aoife, sans l’intervention opportune du Stormcast – lui non plus pas tout à fait mort – qui empale proprement le Fyreslayer sur son épée alors que ce dernier se recoiffait la crête. Une blessure mortelle, pour sûr, mais pas immédiatement mortelle, ce qui permet à notre increvable héros de remporter le match une bonne fois pour toutes, et à mains nues s’il vous plait. Une bonne mort, à tout le moins. 1 : Accident dont on suppose que Genseric n’est pas étranger, s’étant réveillé couvert de sang après avoir rêvé d’avoir massacré quelques Skavens la nuit précédente. 2 : Et après on s’étonne que Valaya ait eu une aventure avec le Nain Blanc. Lui au moins ne critiquait pas sa cuisine. Avis : Pour sa première incursion dans les Royaumes Mortels, Graham Thomas Wilcox (qui sera probablement renommé GTW s’il parvient à devenir un habitué des lieux) signe une nouvelle placée sous le signe du grimdark plutôt que de celui de la high fantasy, comme on pouvait s’y attendre pour une soumission se déroulant dans les mondes merveilleux d’Age of Sigmar. Exit les Sigmarites pleins de bons et nobles sentiments envers les peuples qu’ils sont venus libérés de l’emprise du Chaos, et bonjour aux fanatiques manichéens, considérant la moindre hésitation ou critique envers leur sainte entreprise comme une hérésie abominable, qu’il convient de châtier par le fer et le feu1. De la même manière, le Fyreslayer déchu Genseric (et à travers lui, sa faction toute entière, à commencer par sa divinité tutélaire, Grimnir) est dépeint comme un maniaque sanguinaire pour qui seule la guerre importe, et tant pis pour les conséquences. Cela permet de mettre en perspective la fragilité de l’entente entre les différentes factions de l’Ordre, et rend bien plus complexe, et donc crédible, la géopolitique des Royaumes Mortels. Sur ces prémisses intéressantes, Wilcox développe une histoire assez classique de rédemption, avec Genseric dans le rôle du guerrier couturé hanté par un passé honteux, qu’il devra affronter pour de bon afin de s’en libérer définitivement (d’une manière ou d’une autre). Bien que l’intrigue ne se révèle guère surprenante, l’auteur compense le manque de rebondissements par une bonne caractérisation de son anti-héros, complétées par quelques ajouts fluff de bon aloi et des scènes de combat d’une violence graphique rafraichissante (#LaMontagneCaVousGagne). Les passages narrés du point de vue de Grimnir sont une autre bonne idée de Wilcox, permettant au lecteur de pénétrer la psyché particulière (pour ne pas dire complètement ravagée) du divin nabot. Au final, une histoire de bonne qualité, qui donne envie de suivre le parcours de Graham Thomas Wilcox pour la Black Library. 1 : Les Stormcast Eternals ont perdu leur pureté et leur innocence assez tôt dans la chronologie d’AoS, ce qui fait du personnage du « Chevalier Blanc » de ‘Grimnirsson’ un ajout sympathique plutôt qu’une pure nouveauté. Fluff : Fyreslayers (Culture): L’argot des Fyreslayers est le Zharrdrengi. Kalanbarazi signifie “parent de choix” (sworn-not-born) et désigne un camarade n’étant pas un Fyreslayer. Le Grimgromgikaz (Epreuve de Corroux) est le rituel auquel se soumettent les Berzerkers les plus violents d’une Loge. Des runes d’ur-or de puissance et de fureur sont martelées dans leur chair : ceux qui ne parviennent pas à maîtriser cet afflux de pouvoir sont tués ou deviennent fous et sont exilés. Guy Haley (15) Révélation Guy Haley est un nom familier aux lecteurs de la BL, quelle que soit leur franchise de coeur. Ayant embrassé la carrière d’écrivain professionnel, après avoir exercé comme journaliste (et notamment au sein de l’équipe du White Dwarf), Haley a signé pour Age of Sigmar quelques nouvelles à dominante chaotique (The Crystal of Fate, The Gift of Khorne, The Trial of the Chosen, The Solace of Rage…), mais pas que (The Volturung Road, Pantheon), en plus d’être le père de plume d’une des têtes d’affiche de cette nouvelle franchise, le Prince Maesa Shattercap (Hungerfiend, Sands Of Grief, The Autumn Prince, At the Sign of the Brazen Claw). • The Gift of Khorne Révélation Call of Chaos/2015/7 pages Intrigue : Gigante le géant (eh oui, il y a des Italiens dans les Royaumes Mortels) s’est donné un objectif précis pour rester dans les bonnes grâces de Khorne, sa divinité tutélaire : raser le petit royaume de Barruscuna, qui résiste encore et toujours aux armées du Chaos qui ravagent Ghyran, bien planqué derrière sa muraille enchantée. C’est un projet au long cours, et semé d’embûches et de défaites, que poursuit notre champion, qui s’est déjà cassé les crocs à plusieurs reprises sur la maçonnerie superlative des honnêtes Barrus. Qu’importe, Gigante a de la ressource, de la ténacité, et une réserve apparemment inépuisable de larbins sanguinaires, tout prêts à mourir pour sa cause. Mieux que ça, Gigi est dans les petits papiers de Khorne, qui l’a arrosé de dons avec une constance admirable et des résultats plutôt monstrueux. En plus d’une taille peu commune et une double queue cracheuse d’acide (son attribut physique favori), notre « homme » est un cyclope à défenses et à cornes. Seul petit problème, qui n’en est pas vraiment un, Gigante a, littéralement, deux mains gauches, ce qui est pratique pour donner des gros coups de hache tout en consultant son profil Tinder, mais tout de même handicapant quand on veut que les choses soient faites. La nème fois est toutefois la bonne pour le pillard obstiné, et ses canons à crânes parviennent à faire une brèche dans les défenses de Barruscuna. Menant ses hommes par l’exemple, Gigante se rue à l’assaut et fait un grand carnage parmi les pauvres piquiers Barrus, dont l’entraînement n’a pas couvert le délicat art de mettre hors de combat un Élu de Khorne à deux doigts/griffes/tentacules (rayer les mentions inutiles) de l’élévation démoniaque. Alors que les carottes de Ghyran semblent cuites pour la principauté, les derniers bataillons de soldats étant repoussés sur les rives d’un lac (et ne savant probablement pas nager), un miracle se produit : les Stormcast Eternals arrivent ! Tout cela n’était en fait qu’une ruse pour forcer la horde chaotique à attaque franchement, et les braillards de Khorne sont bientôt coupés en deux par un fin mais solide cordon de sigmarite. Nullement impressionné par ce retournement de situation, ou ne disposant plus des capacités cognitives suffisantes pour s’en inquiéter (au choix), Gigante repère le meneur ennemi, un Lord Celestant totalement marteau1, qu’il souhaite offrir au Dieu du Sang pour enfin monter de niveau. Le combat qui s’engage, bien que plus serré qu’à l’habitude pour Gigante, qui se mange quelques bonnes pralines pour sa peine, finit par tourner en faveur du mutant, qui broie à mains nues le Stormcast dans sa coquille. Ce triomphe est toutefois de courte durée, car la perte de leur commandant n’a pas empêché les meilleurs de Sigmar de repousser les cultistes, et d’encercler le meneur adverse, sans échappatoire pour ce dernier. À moins que… Révélation …À moins que Khorne ne se décide à troller tout le monde, et à accorder le don « ADN instable » à son champion, qui prend alors l’aspect d’un kit Play-Doh laissé à la disposition d’une classe de petite section de maternelle : coloré, mou et informe. Totalement incapacité par ce cadeau divin, Gigante est une proie facile pour le Lord Castellant de faction, qui se fait un devoir d’éclairer son ennemi sur ses choix de vie discutables et ses mauvaises fréquentations, avec des résultats incendiaires. La hiérarchie chaotique n’est définitivement pas une méritocratie. 1 : J’en veux pour preuve qu’il en porte jusqu’au bout de sa cape. Avis : Guy Haley met au goût d’Age of Sigmar un trope classique de la GW-Fiction, à savoir l’Élu du Chaos qui finit consumé (dans tous les sens du terme) par les attentions de son Dieu, au lieu d’accéder à la démonification à laquelle tous aspirent. Rien de nouveau sous les soleils d’un point de vue histoire, le fluff, romancé ou non, regorgeant de destinées semblables à celle de Gigante, depuis Kurt von Diehl dans ‘The Laughter of Dark Gods’ jusqu’à Scyla Anfingrimm dans les Livres d’Armée Guerriers du Chaos. Haley livre une copie correcte, généreusement dosée en action et saupoudrée de suspens, mais décidément bien courte pour une nouvelle vendue 3,49€ à l’unité, ce qui place la page à près de 50 cents. J’aurais été atterré de payer autant pour cette micro-fiction à sa sortie, et la pilule est toujours amère à avaler aujourd’hui (d’autant plus que ‘Call of Chaos’ n’est pas donné). Voilà pourquoi il faudrait que la BL indique le nombre de pages dans le descriptif des nouvelles, ou adapte plus finement ses tarifs en fonction de la taille des courts-formats proposés à la vente1. Malgré la sympathie que m’inspire Guy Haley et le caractère satisfaisant de ‘The Gift of Khorne’, je dois donc accoler l’étiquette « arnaque » à cette nouvelle. Parfois, la taille compte. 1 : C’est quand même dingue que pour 7€ je puisse acheter ‘The Gift of Khorne’ + ‘The Prodigal’, soit 15 pages au total, ou l’anthologie (format papier) ‘Sacrosaint & Autres Récits’, qui en fait 520. Fluff : Barruscuna : Petit royaume de Ghyran, protégé des dépradations des hordes chaotiques par une muraille enchantée, abattue par le Champion de Khorne Gigante après plusieurs sièges infructueux. Les derniers défenseurs de Barruscuna, débordés par l’ennemi, durent leur salut à l’intervention des Stormcast Eternals, qui repoussèrent les assaillants après que Gigante ait été transformé en Enfant du Chaos. • The Crystal of Fate Révélation Call of Chaos/2015/14 pages Intrigue : La guerre ne se passe pas très bien pour le Duc Phostrin des Bancs de Ciel, son pré carré et céleste de Chamon étant en plein sur la route des légions vengeresses de Sigmar. Pas la peine d’espérer une cohabitation avec les nouveaux arrivants, car Phostrin est un Seigneur de Tzeentch et aura donc du mal à convaincre les Stormcast Eternals de le laisser tranquille. Fort heureusement, à défaut de pétrole, ou d’éther-or, Phostrin a des idées, et a conclu un marché avec un sorcier excentrique vivant dans une tour de 1.600 mètres de haut1 pour aller piller un sanctuaire bien particulier à la recherche de quelque relique mystique qui lui donnera l’avantage dans les combats à venir. Après avoir capturé un mutant particulièrement difforme dans les environs, et s’être tapés l’ascension du donjon jusqu’au salon de leur hôte, Phostrin et sa garde rapprochée d’Elus (qui se doutent certainement que leur destin sera de mourir en cours de route) laissent l’arcaniste – Chalix le Gaulois – réaliser un beau mandala à la craie, avant de sacrifier le X-Man rapporté par ses visiteurs, et ouvrir une porte vers la banlieue du Labyrinthe de Cristal de Tzeentch. Il est temps pour la petite bande de passer de l’autre côté du miroir, et de commencer sa quête pour le légendaire Cristal du Destin. Comme on peut s’en douter, le chemin est semé d’embûches, qui viennent à bout de trois des cinq gardes du corps du Duc, victimes des crocs des Hurleurs qui chassent en meute dans la région, ou de leur propre reflet animé. Et, lorsqu’enfin les survivants parviennent à bon port, c’est au tour de Chalix de révéler sa fourberie, en utilisant les pouvoirs du Cristal pour, le croyez-vous, cristalliser ses compagnons dans un éclat de rire mauvais. Scandalisé, mais pas stendhalisé, par cette trahison dont il se doutait tout de même un peu (on ne devient pas Champion de Tzeentch en faisant confiance à son prochain), Phostrin, qui a été sauvé par l’anneau enchanté hérité de son grand-père, met à mort le sorcier pour récupérer le fameux Cristal. Persuadé qu’ingérer ce dernier lui permettra d’accéder au statut de Prince Démon, et donc de pouvoir faire défendre son fief par des hordes d’Horreurs et d’Incendiaires, il ouvre grand son gosier et gobe le talisman, avec des conséquences évidemment spectaculaires… Révélation …Mais peu satisfaisantes de son point de vue. Car s’il a bien été démonifié, le Duc réalise bientôt qu’il est devenu un minuscule homonculus enfermé à l’intérieur du Cristal du Destin, et à la merci du propriétaire de ce dernier, qui n’est autre que Kairos le Tisseur de Destins. Banni des Royaumes Mortels après une rencontre malheureuse avec les armées de Sigmar, l’Archiduc du Changement n’était pas aussi convalescent que Phostrin et Chalix l’avaient anticipé. Et, s’il a laissé les mortels faire irruption dans sa chambre, c’était surtout pour pouvoir récupérer un nouvel assistant personnel, le précédent étant parti à la retraite (ou quelque chose comme ça) il y a peu. La nouvelle se termine avec la signature d’un CDD2 entre les deux parties, et le début de la formation de Phostrin pour devenir le parfait auxiliaire de non-vie dont Kairos a besoin au quotidien, cécité présentielle oblige. Voilà qui apprendra à notre fouineur de héros à laisser tranquilles les affaires des autres. 1 : Petite conversion de ma part sur la base des 9.000 marches dénombrées par Haley au début de sa nouvelle. La loi de Blondel considère que la hauteur optimale d’une marche est de 17 centimètres, mais j’ai arrondi à 18 pour des raisons fluffiques. 2 : Neuf éternités et un jour. On peut tout de même considérer que Phostrin bénéficie d’une certaine sécurité de l’emploi. Avis : Petite nouvelle de quête d’une relique mystique, et au final « maudite », par une bande d’aventuriers endurcis (trame classique de la littérature med-fan s’il en est), ‘The Cristal of Fate’ se démarque – un peu – de la concurrence grâce à quelques trouvailles de Guy Haley, comme l’intéressante inversion de perspective qu’il donne au cadre de son récit (contrairement au Monde Qui Fut, c’est le personnage chaotique qui doit défendre son royaume, ou ici duché, contre la venue d’une armée d’envahisseurs apparemment invincibles), ou l’utilisation de deux têtes connues au casting de son histoire, luxe permis même en ces temps précoces d’Age of Sigmar par la fameuse ubiquité démoniaque. On glane également quelques éléments de fluff sur Chamon, les bêtes zodiacales et le Labyrinthe de Cristal, ce qui n’est pas à jeter. Une soumission très convenable, à défaut d’être follement originale, de la part de Guy Haley, en somme. Fluff : Chamon : Contrées d’Anvrok (ceinturée par les Montagnes Voûtées – Vaulten Mountains), Denvrok et Kantruk, formant les Vallées Suspendues (Hanging Valleys). Kairos Tisseur de Destin : Le coeur et l’essence de ce demon sont contenus dans le Cristal du Destin (Crystal of Fate), conservé au cœur du Labyrinthe de Cristal de Tzeentch. Lorsqu’il est banni des Royaumes Mortels, c’est autour du Cristal que Kairos se reforme. • The Solace of Rage merci @gilian ! Révélation Call of Archaon/2015/XX pages Intrigue : Après avoir tourné son œil vigilant vers Copsys Bule et Orphaeo Zuvius, le mystérieux serviteur aux Mille Yeux est attiré par les récents bouleversements parmi les Bloodslaves. Kalaz le Dépeceur a trouvé la mort lors d’un dernier affrontement contre les Heyerans, laissant la horde sans chef. Deux prétendants émergent : Ushkar Mir et Mathror, chacun rivalisant de force et de cruauté. Mathror, en quête de soutien, accuse Mir de servir ses propres intérêts plutôt que ceux de Khorne. Mais parmi les disciples de Khorne, ce n’est pas par la parole que l’on règne ; tout se tranchera dans le feu d’un duel. Afin d’amplifier encore la brutalité de l’épreuve, le serviteur aux Mille Yeux détourne une bande d’Ogors de leur chemin, les guidant vers le camp des Bloodslaves pour y semer le chaos. Après une bataille acharnée contre les Ogors et un duel titanesque s’étendant du jour jusqu’au cœur de la nuit, Ushkar Mir triomphe enfin et s’impose comme chef incontesté des Bloodslaves. À cet instant, le serviteur aux Mille Yeux apparaît pour révéler à Mir que l’heure est venue. Archaon l’attend, et sous ses ordres, il pourra assouvir sa vengeance ultime contre Khorne. Avis : Lorsqu’on évoque la Black Library, le nom de Dan Abnett vient souvent en premier. Mais depuis plus de dix ans, celui qui s’illustre sur tous les fronts, de toutes les séries, c’est Guy Haley, à qui il ne manque plus qu’un roman d’horreur. Pour revenir à cette nouvelle, même si elle me semble un peu en deçà de ce qu’Haley propose pour l’univers de 40K, elle se distingue néanmoins parmi les meilleures contributions de la Black Library. Elle introduit brillamment un autre prétendant à la Varanguard d’Archaon et approfondit le mystère du serviteur aux Mille Yeux, observateur omniprésent et silencieux depuis le début du recueil. Fluff : - • The Trial of the Chosen merci @gilian ! Révélation Call of Archaon/2015/XX pages Intrigue : Après avoir définitivement pris le contrôle des Bloodslaves, Ushkar Mir décide de répondre à l’appel d’Archaon et emprunte une porte de royaume pour se rendre dans Shyish, le royaume de la Mort. Une fois sur place, il rencontre le mystérieux serviteur aux Mille Yeux, qui apparaît sous la forme d’un corbeau. Ce dernier lui annonce que, pour être jugé digne de servir Archaon, il devra survivre à quatre épreuves, chacune imposée par un dieu du Chaos. Pour Khorne, il doit faire preuve de force lors d’un combat impitoyable. Pour Nurgle, il doit réussir une épreuve d’endurance. Pour Slaanesh, il affronte une épreuve de loyauté, mettant à l’épreuve l’attachement de ses partisans et sa propre tentation de les abandonner pour un chemin plus facile. Enfin, pour Tzeentch, il est confronté aux tourments psychiques d’une rencontre avec une version de lui-même venue du passé. Après avoir triomphé de toutes ces épreuves, Ushkar Mir est jugé digne par le serviteur d’Archaon. Un portail s’ouvre, menant lui et ses guerriers vers un nouveau défi dans leur quête pour rejoindre Archaon. Avis : Dans cette suite de Solace of Rage, Guy Haley évite habilement le piège dans lequel sont tombés les auteurs des deux nouvelles sur Copsys Bule. Ici, l’histoire évolue réellement avec de nouvelles épreuves et une surprenante incursion dans le passé de Mir, qui introduit une situation inattendue. Hâte de découvrir la suite, probablement marquée par la réunion des trois champions. Fluff : - • Pantheon // Panthéon merci @Foudrolle ! Révélation Black Library Celebration 2018/2018/17 pages Dramatis Personae : Sanasay Bayla : Humain, plus grand mage de Ghyran Sigmar : Dieu Alarielle : Déesse Teclis : Dieu Nagash : Dieu Le Nain Blanc : Duardin ? Intrigue : Foudrolle : Sigmar erre seul dans Altheim, le parlement des Dieux, autrefois demeure des Dieux qui régnaient sur les Royaumes Mortels. Altheim est bâti sur le Mont Céleste, la plus grande montagne d’Azyr. Au centre de la cité, une tour de lumière s’élève au-delà des cieux, et à son sommet culmine la Cour des Dieux. Dans cette cour se trouve un trône pour chaque Dieu : en os pour Nagash, en marbre blanc pour Tyrion, en argent pour Teclis, en pierre noire pour Malerion, en ambre ivrée pour Grimnir, en acier immaculé pour Grungni, en essence de cœur de sylve pour Alarielle et en or pour Sigmar. Tous les trônes sont tournés vers le Miroir de Bayla. Sigmar attend… il attend la venue d’Alarielle, qu’il a invitée en ces lieux oubliés pour lui conter une histoire sans pareille. Il s’agit de l’histoire de Sanasay Bayla, le créateur du Miroir présent dans la Cour des Dieux. Alarielle se présente à Sigmar, et l’ancien mortel du monde-qui-fût, commence son histoire. Sanasay Bayla était un mage de l’âge des Mythes. Pour être exact, il était le mage de ce temps. On le qualifiait de plus grand penseur de sa génération et de sorcier le plus puissant de tout Ghyran. Il maîtrisait cinq des huit vents de magie et son savoir comme sa richesse étaient conséquents. Pourtant, malgré une vie paisible dans la cité d’Andramar auprès de sa femme et ses enfants, Sanasay n’est pas heureux mais tourmenté. Il cherchait un but, une raison à son existence, une cause pour laquelle employer ses vastes connaissances. Sa femme lui parle des Confins du Royaume de Ghyran, un mythe selon lui, et elle lui conseille de demander conseils aux Dieux. Le mage se rend au Temple de Teclis le Sage en Andramar où le Dieu répond à son appel et lui confirme l’existence des Confins du Royaume. Une porte cachée dans les montagnes mène aux Confins, et il faut dans un premier temps trouver la clé permettant d’ouvrir cette porte. Teclis prévint également Sanasay que cette quête allait potentiellement le consumer, et qu’il serait peut-être plus sage de rester en Andramar. Malgré les pleurs de sa femme et de ses enfants, notre héros se lançe en quête des Confins du Royaume. Il voyage pendant six ans et atteignit les Temples de Fer duardin du Vallon de Ferron en Chamon où il espére trouver la clé menant aux Confins. Malheureusement les duardins lui refusèrent l’accès et malgré ces prodigieux pouvoirs Sanasay ne parvint pas à percer les défenses des Temples de Fer. Dépité il installe alors son campement et rumina son échec. Jusqu’à ce qu’un duardin à la barbe blanche et fumant une pipe en os se présente à lui. Le duardin, après avoir bu et mangé avec le mage, lui offrit sa clé permettant d’ouvrir la porte menant aux Confins. Motivé quoique septique notre vaillant magicien repart en Ghyran et après trois ans de recherche trouve la fameuse porte tant convoitée. Il voyage plusieurs jours de plus, après avoir traversé la porte, et tombe nez à nez avec un loup aux dimensions impossibles. Sa tête fait par exemple la taille d’une cathédrale. Le loup était un gardien et Sanasay ne pouvait pas passer, les Confins lui était interdit à lui comme aux Dieux. Sanasay tente de tuer le loup mais il parvient au mieux à le faire rire. Invulnérable le gardien ne peut être vaincu. Bien décidé à passer notre mage plein de ressources, tente le tout pour le tout et se suicide à l’aide d’un poison. Son objectif est de demander une audience à Nagash afin qu’il tue pour lui le loup. Sanasay arpente donc le bon royaume de Shyish, protégeant son fil de vie des attaques des moissonneurs bien décidés à le tuer pour de bon. Il obtint son audience et l’aide de Nagash qui en échange de la mort, provisoire, du loup Afrener, exige du mage qu’il le serve cinq cents et cinq jours après sa mort. De retour dans son corps Sanasay peut enfin pénétrer dans les Confins du Royaume où il rencontre une créature étrange vêtue de robes. La créature montre au mage un futur où il acquiert la vie éternelle et une puissance ultime. Mais Sanasay est troublé. Ou est sa femme et sa famille ? Il comprit alors ce qu’il cherchait, son but dans la vie. Sanasay ne souhaitait pas l’immortalité et le pouvoir mais juste devenir un bon père et un bon mari. Son immortalité passerait par sa famille. Le magicien apaisé contemple alors les réussites de ses descendants jusqu’à ce que des guerres apocalyptiques réduisent à néant Andramar et son peuple. Sanasay en avait trop vu, aussi la créature, un démon de Tzeentch, tente de l’éliminer. Bien mal lui en pris car le plus grand mage de Ghyran n’a pas usurpé son titre et est immensément plus puissant que le démon. Sanasay rentra finalement chez lui avec non pas un mais deux buts : vivre sa vie de mortel avec les siens et prévenir les Dieux de l’apocalypse à venir. A cette fin il leur offrit un miroir, à travers duquel ils pourront contempler le passé comme le futur. Malheureusement les Dieux ne tinrent pas compte du cadeau de Bayla et le chaos vint, comme prévu, et l’Age des Mythes s’écroula. Schattra : À une époque lointaine et plus heureuse, Sigmar prit sur lui de faire construire l’équivalent de Strasbourg (une ville avec du cachet + un lieu de rassemblement pour les décideurs politiques) sur la plus haute montagne d’Azyr. Nommé Highheim, ce qui sonne convenablement alsacien vous le reconnaitrez, ce complexe accueillit pendant un temps, voire une ère, les Dieux (plus ou moins) civilisés qui formèrent le panthéon des Royaumes Mortels. Puis le Chaos arriva, et chacun repartit dans ses pénates, laissant le pauvre Ziggy errer comme une âme en peine dans les allées désertes de la Theopolis. La guerre totale décrétée par le divin barbu contre les quatre affreux est toutefois l’occasion pour le premier de réactiver ses vieux réseaux, et par une belle mâtinée pas encore tout à fait ensoleillée, il invite Alarielle à faire un Teams (avec webcam) pour parler du bon vieux temps. Au début franchement sur la défensive – ne pas oublier que la blitzkrieg sigmarienne a failli très mal finir pour elle – la Déesse finit par se détendre un peu, et accepte d’accompagner son hôte jusqu’à la place centrale du Highheim, où se trouve comme de juste une pièce d’eau. Mais attention, ce n’est pas n’importe quoi : plutôt qu’un bête bassin avec une fontaine rococo et des fientes de pigeon sur la margelle, il s’agit d’un miroir argenté créé par le mage Sanasay Bayla, et offert au Panthéon comme cadeau, outil et avertissement. Bayla, qui n’était pas la moitié d’un abruti, a en effet réussi à réaliser une œuvre qui permet à qui la contemple de voyager dans l’espace et dans le temps. Si Sigmar a tenu à ce qu’Alarielle vienne avec lui devant le miroir, ce n’est pas pour tenter de conclure avec la seule Déesse un tant soit peu accorte de son entourage (on est d’accord que Morathi est un peu creepy sur les bords), mais pour mater ensemble la vie de Brian Bayla, qui en plus d’être distrayante – on parle tout de même d’un type qui a réussi à maîtriser cinq des huit formes de magie – pourrait se révéler instructive. La caméra se braque donc sur le mage prodige, au moment où une crise existentielle le saisit. A force d’exceller en tout, notre homme ne sait plus quel but se donner dans la vie, et après mûre réflexion, il décide d’aller vérifier si les Royaumes Mortels ont bien une fin physique, just for the thrill of it. La première étape de cette odyssée est de fact checker le sujet auprès d’une sommité en la matière, et comme Bayla a le bras long et le cœur bien accroché, il monte tout en haut du minaret du temple de Teclis le plus proche, entre en transe et se téléporte directement auprès du Dieu, qui lui assure que l’on peut bien s’asseoir sur le rebord du monde1. Cependant, cela n’est pas donné au premier clampin venu, car il faut passer par une porte secrète qui ne peut s’ouvrir qu’avec une clé forgée exprès par Grugni, puis terrasser un monstre immortel. Ça fait cher le coup d’œil. Ce topo ne fait cependant pas peur à Bayla, qui abandonne séance tenante femme et enfants pour se lancer dans ce trek de l’extrême, ce qui l’occupe pendant quelques années. S’il ne parvient pas à négocier une audience auprès du Dieu forgeron lorsqu’il se rend à son temple de Chamon, il réussit tout du moins à obtenir un double de la clé en partageant sa Rince-Cochon avec le Nain Blanc (qui passait dans le coin). Il trouve également une astuce pour venir à bout du loup géant (Afrener) qui garde l’accès au bord du monde en se suicidant à 99% pour pouvoir rencontre Nagash, qui accepte d’euthanasier l’encombrant clébard en échange de cinq siècles et cinq jours de servitude post-mortem. Faut ce qu’il faut. Ces obstacles enfin négociés, Bayla peut enfin boucler son périple, et contempler l’immensité magique et chaotique où les Royaumes (ici Ghyran) commencent et s’achèvent. Il est cependant immédiatement alpagué par un Magister de Tzeentch, qui essaie de lui vendre un plan de carrière mirobolant en l’échange de son âme, mais qui commet l’erreur de révéler que l’équilibre perso-pro ne serait alors pas vraiment respecté. Car Bayla est, au fond de lui, un authentique pater familias, et toutes ses pérégrinations lui ont ouvert les yeux sur le fait qu’il n’a pas été très présent au cours de la dernière décennie. Raccrochant violemment au bec de son démarcheur (ou l’équivalent dans les Royaumes Mortels), il repart dare-dare en direction de son foyer, non sans avoir eu la vision d’une époque lointaine où ce dernier serait frappé par la guerre. Sachant qu’il ne serait plus là pour le voir, et donc l’empêcher, il décide de créer son fameux miroir pour que les Dieux puissent s’en servir dans leur veille constante contre le Chaos. Ce qui nous ramène au point de départ et à Highheim. La nouvelle se termine sur un petit speech de Sigmar à sa bonne amie, qu’il voudrait plus active auprès des mortels afin de contrecarrer les fake news répandues par le Chaos à propos de la vie éternelle qui attendrait les serviteurs des puissances de la ruine. Qui de plus qualifié que la Déesse de la Vie pour porter ce message optimiste et philosophique auprès des habitants des Royaumes Mortels, hein ? Alarielle lâche un gros « mouais, j’y penserais » et repart semer du gazon en Ghyran, laissant Sigmar passer la mop et fermer la lumière sur Higgheim. C’est pas tous les jours facile d’être un petit patron. 1 : C’est malin, je vois maintenant Teclis avec la moustache de Francis Cabrel. Avis : Foudrolle : Une excellente nouvelle prenant à contre-pied les habitudes d’Age of Sigmar. Pour une fois c’est un mortel qui donne une leçon aux dieux. Nous sommes ici face à un récit reprenant les codes de la quête initiatique. La différence la plus notable résidant dans le statut de Sanasay, qui est dès le début de son aventure à l’apogée de son art. Le lecteur voyage et croise du beau monde à chaque page ou presque. Panthéon nous offre un aperçu de ce qu’était l’Age des Mythes. On y parle de dieux et de créatures mythiques, d’endroits légendaires et de cités mythologiques, mais toute cette grandiloquence un peu folle, coutumière d’Age of Sigmar, gagne une véritable cohérence suite aux voyages de Sanasay Bayla. Notre mage aussi puissant soit il n’est au final pas grand-chose, mais ça ne l’empêche pas d’être tout à fait à sa place dans le paysage hyperbolique d’Age of Sigmar. Je ne peux que recommander cette nouvelle qui est pour le moment mon histoire préférée de tout ce que j’ai lu sur Age of Sigmar. Schattra : On savait Guy Haley très à l’aise dans le registre « mythique », qu’il est l’un des seuls contributeurs de la Black Library à pratiquer de manière régulière1, et ‘Pantheon’ est sans doute sa soumission de référence en la matière. Il parvient en effet à mettre en scène une épopée légendaire comparable à celle Gilgamesh (un héros d’une puissance quasi-divine s’embarque dans une quête impossible), transposée dans l’univers d’Age of Sigmar, et même plus largement, de la GW-Fiction, comme les références au Monde qui Fut qui émaillent le récit le dénotent. On se laisse embarquer dans ce voyage très différent des nouvelles ordinaires de la BL, où le moindre personnage est un Dieu, une Bête Zodiacale ou un individu mythique, et qui se termine comme souvent dans ce type de littérature par un enseignement moral à méditer (ici un bon carpe diem des familles). C’est à la fois rafraichissant et bien réalisé, et mérite donc vraiment d’être lu par celles et ceux qui souhaitent explorer le catalogue de la Black Library à la sauce AoS. Un classique en devenir, à mon humble opinion. 1 : Voir sa série sur le Prince Maesa, par exemple. Fluff : Highheim : Cité construite par Sigmar sur le mont Celestian, la plus haute montagne d’Azyr, pour que les Dieux de son Panthéon puissent y résider. En plus des palais bâtis pour chacun, on y trouve des trônes gigantesques (en os pour Nagash, marbre blanc pour Tyrion, argent pour Teclis, obsidienne pour Malerion, ambre pour Grimnir, inox pour Grugni, bois pour Alarielle et or pour Sigmar. Gorkamorka a probablement dû casser le sien), ainsi que Miroir de Bayla, œuvre du mage du même nom. Celui qui contemple sa surface argentée peut voyager dans l’espace et le temps des Royaumes Mortels. Après la venue du Chaos, Highheim fut déserté par ses divins occupants. • La Route de Volturung // The Volturung Road Révélation Sacrosaint & Autres Récits/2018/79 pages Intrigue : Alors que l’anniversaire des cent-et-un ans du siège fait à la forteresse Fyreslayer de l’Ulmount par les hordes dépravées du Prince Démon Qualar Vo se rapproche, le Fils de Runes Ulgathern, descendant de l’auguste Père des Runes Karadrakk-Grimnir, est troublé par les similitudes perçues entre une ancienne prophétie déterrée par le Maître des Runes paria Drakki1 et la situation actuelle de l’entreprise familiale. Selon le poème en question, une place forte sera enlevée après un siège de 101 ans, mais pas avant que son seigneur ait été tué par ruse… ce qui ne manque pas de se produire au cours d’une sortie des plus anodines (après un siècle de combat, on ne s’alerte plus de grand-chose), précipitant du même coup l’élévation de notre héros au rang de Père des Runes de plein droit (mais sans attribution fixe, ce qui est tout de même moins bien). Attristé par la mort de son paternel, enchanté d’accéder au statut qui lui permettra d’obtenir la main2 de sa dulcinée, et tourmenté par les échos funestes de la prophétie que son fidèle sidekick lui rabache en boucle pour l’inciter à l’action, Ulgathern sait qu’il n’a pas le loisir d’attendre longtemps, et décide donc de tenter le tout pour le tout en entraînant sa poignée de fidèles sur la route du Volturung, forteresse mère, et même grand-mère des Loges de l’Ulmont. Ayant informé ses oncles et frères de sa décision et échoué à convaincre quiconque de se joindre à son exode, Ulgathern prend le chemin des ruines de Gaenagrik, forteresse ancestrale de sa lignée ayant été abandonnée à la suite à une invasion encore une fois mal négociée par les petits rouquins il y a trois cents ans de celà. Si ce lieu intéresse particulièrement notre héros, malgré sa mauvaise réputation et les nombreux dangers qui y rôdent (on y aurait vu errer le fantôme de Valérie Damidot, sa raclette de marouflage à la main), c’est qu’il s’y cache un Portail des Royaumes reliant le bastion à Aqshy, où est situé le Volturung. Toujours fourré dans les bons coups, c’est encore une fois au zélé Drokki qu’il revient la tâche peu enviable de trouver un guide aux émigrés en partance, ce qu’il arrive à faire de justesse en recrutant les services d’un Grimwrath Berzerker plus cinglé que la moyenne, et traînant un lourd passif de duardicide, ce qui n’est guère rassurant. Ayant réussi à instaurer le dialogue avec cette perle rare de courtoisie et de savoir-vivre nommée Brokkengird avant que la perle en question ne le décapite et lui vole son ur-or, Drokki conclut un marché avec le crétin à crète, qui accepte de guider les partisans d’Ulgathern jusqu’au Portail en l’échange des décalcomanies apportées à dessein par le Maître des Runes. Le voyage débute sans encombre mais prend rapidement un tour désagréable lorsque les Slaaneshi dépravés de Qualar Vo se lancent aux trousses des nabots, après avoir investi l’Ulmount à la suite de la trahison d’un des frères d’Ulgathern, n’ayant pas digéré d’être déshérité par son paternel dans son testament. La capacité de mouvement des Duardin étant ce qu’elle est, Ulga’ finit par opter pour une action d’arrière garde en compagnie d’une poignée de ses guerriers afin de laisser assez de temps aux civils de sa colonne d’atteindre le Portail, et à Drokki de l’ouvrir. Malgré l’avantage de la position et de la valeur, nos braves naturistes finissent par se retrouver en fâcheuse posture, surtout après l’arrivée de Qualar Vo en personne, qui ne trouve rien de plus malin que d’aller promener son pagne souillé sous le nez de notre héros. Respirant par la bouche, Ulgathern repart à l’assaut des Hédonistes, mais tombe rapidement en rade de runes, le pouvoir de ces dernières pouvant apparemment s’épuiser en cas de surconsommation (c’était mieux dans le Vieux Monde !). La saga du Père des Runes se serait sans doute arrêtée nette, sous le pagne de ce vicieux de Qualar Vo, sans l’intervention opportune de Brokkengird qui, s’il n’est pas capable d’aligner trois mots sans fumer du crâne, a suffisamment de piercings en ur-or pour transformer le Slaaneshi en sushi. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, Ulgathern est également rejoint par les rescapés de l’Ulmount, menés par son frère punk à chien salamandre et un Maître des Runes au regard d’orve. Tout ce joli monde passe le Portail obigemment rebooté par Drokki et pénètre en Aqshy. Ce n’est toutefois pas la fin des galères pour nos SFF : arrivé devant les portes de Volturung, ils se font sèchement éconduire par un Fils de Runes aussi ostentatoire que grossier (Trumpunnir Golgunnir), qui les informe en termes non incertains qu’ils ne sont pas les bienvenus chez leurs cousins (même si les femmes et les enfants peuvent être pris comme esclaves domestiques s’ils demandent poliment). Bon prince, l’agent aux frontières indique qu’une petite forteresse satellite, proprette mais sans lave courante installée, est disponible à l’emménagement à trois jours de marche d’ici, dans le mont Crètacier. Seul un léger problème de vermine viendrait compliquer l’installation de la loge d’Ulgathern, qui n’a cependant pas d’autre choix que d’accepter. La dernière partie de la nouvelle est donc logiquement consacrée à l’opération de dératisation menée par notre bande de héros, qui se divise en trois groupes afin de mieux tromper la vigilance de l’ennemi. Pendant que Drokki et son vénérable maître emmènent une poignée de guerriers inonder les niveaux inférieurs de la forteresse (et pour les Fyreslayers, cela consiste à causer une éruption volcanique « contrôlée »), ce qui leur donne l’occasion de massacrer les mères porteuses des ratons au passage, Ulgathern et sa garde rapprochée se chargent d’occuper le gros de la garnison skaven, tandis que Brokkengird, Sala-man et le reste des Fyreslayers provoquent une sortie massive des hommes rats en montrant leurs fesses devant la porte (mais hors de portée des Jezzails tout de même, faut pas déconner). Malgré quelques pertes tragiques, et un gros coup de chaud pour Ulgathern, dont l’entraînement au sauna paye lorsqu’il se retrouve confronté à des lance-feu fonctionnels (tout arrive), la victoire sourit aux nabots, qui n’ont plus qu’à passer la mop et poser leurs affaires après toutes ces péripéties. Au menu du barbecue de la pendaison de crémaillère, auquel participe un Stormcast Eternal VRP qui volait dans le coin : grillade de Skaven ! 1 : Représentez vous Jamel Debbouze avec une barbe rousse et un casque à crète et vous aurez un portrait fidèle de notre Duardin, dont l’un des bras est atrophié et qui passe son temps à faire des remarques pseudo humoristiques qui tombent assez souvent à plat. 2 : Et encore mieux que ça, pouvoir lui voir les orteils. Car oui, ça a l’air d’être le summum de l’érotisme chez les Duardins, dont on devine que leurs femmes ne portent pas de tongs (une inégalité flagrante par rapport à leurs va nu pieds de maris). Avis : Malgré le désir de considérer chaque nouvel ouvrage avec des yeux neufs, je dois avouer avoir parfois du mal à faire abstraction du passif que chaque auteur régulier de la BL accumule à mes yeux à force de lecture et d’analyse de sa prose. De là la conception, fausse et paresseuse, d’avoir pris définitivement l'aune de l’écrivain en question, et de cataloguer chacune de ses soumissions dans la case mentale qu’on lui a attribué, que cette dernière soit flatteuse ou non. Guy Haley faisait jusqu’à récemment les frais de cette politique que nous qualifierons poliment d’heuristique, ses travaux chroniqués au cours des mois et année précédentes lui ayant valu une solide étiquette de contributeur moyen+ de la BL, n’ayant jamais été particulièrement impressionné, en bien comme en mal, par ses œuvres. 'La Route du Volturung' est venue sérieusement rebattre les cartes, et, j’ai plaisir à le dire, de façon très positive. Pour faire simple, cette nouvelle est celle que j’attendais depuis maintenant un moment de la part de la Black Library, celle qui me convaincrait vraiment et totalement de l’intérêt et de la profondeur de ce nouvel univers, qui n’avait jusque là à mes yeux que l’honneur douteux d’avoir remplacé mon cher WFB sur le créneau med-fan de Games Workshop. Autrement dit : il faut bien faire avec1. Et avec l’hégémonie de fait des batailles de Stormcast Eternals vs léméshan dans la production littéraire de ces dernières années, généreusement complétée dans un second temps par les batailles des autres factions développées depuis vs léméshan ossi, force était de constater que l’amateur de récits n’étant pas du hammerporn n’avait pas grand chose à retirer d’Age of Sigmar. Cerise sur le sig-gateau, ces productions annexes n’apportaient pas grand-chose de concret en termes de fluff, autre qu’une liste interminable de nouveaux lieux, villes et régions, n’étant pour la plupart jamais repris par la suite, et abolissant ainsi toute la tension narrative que nous avions connu lorsque le Vieux Monde (et surtout l’Empire) était le théâtre des aventures des héros et affreux de la BL. Pas d’approfondissement de l’historique, de la mentalité ou des objectifs des différentes factions d’Age of Sigmar à attendre dans ce premier corpus (ou alors j’ai mal cherché), rien que du concassage de crâne à tire larigot. 'La Route du Volturung' est je l’espère le marqueur qu’une nouvelle direction éditoriale a été actée à Nottingham, et que les lecteurs sont désormais en droit d’attendre autre chose des nouvelles qu’on leur propose. Des choses pas forcément simples (même si certaines le sont) mais essentielles au plaisir de lecture et au maintien de l’intérêt pour cette partie du catalogue de la Black Library : des histoires contextualisées, donnant à voir et à comprendre les tenants et les aboutissants des luttes qui secouent les Royaumes Mortels ; des intrigues originales2 tout en restant crédibles, auxquelles on donne le temps de se développer logiquement et d’aller jusqu’à leur terme (et tant pis – ou tant mieux – si cela nécessite plus de pages : la Fin de Temps ne s’est pas faite en un tweet) ; des apports réels sur le fluff des factions couvertes, afin de donner au lecteur une meilleure compréhension de ces dernières3 ; des personnages bien pensés, complexes et attachants/intéressants (le slash a été mis pour le Fils des Runes Golgunnir, une belle enflure mais qui mérite le détour) et, pour finir, moins de Stormcast Eternals, ou alors utilisé de manière adaptée, comme ce Knight-Azyros qui apparaît dans le dernier paragraphe pour proposer une alliance aux Fyreslayers. Croyez-le ou non, j’aurais aimé lire ce que ce rapprochement aurait donné, et n’aurait pas dit non à une petite bataille entre nouveaux potes. C’est suffisamment rare pour que je le précise. En plus de ces nouveautés appréciables, Haley assure également sur les fondamentaux de la nouvelle med-fan, avec un rythme soutenu, des scènes de combats sympathiques et une bonne rasade d’héroïsme bien kioul (mention spéciale au berzerk allumé du bulbe et adepte du runing4 qui solote un Prince Démon et un régiment de Vermines de Choc dans la joie et la bonne humeur) en sus. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin, après tout ? Bref, carton plein que cette 'La Route du Volturung', qui me servira désormais de mètre étalon pour toutes les nouvelles conséquentes d’Age of Sigmar, ainsi que pour les futures soumissions du sieur Haley, qui a prouvé de façon indéniable qu’il avait l’étoffe d’un cad(ur)or. 1 : Ou pour reprendre le titre de CS&N : If you can’t be with the one you love, love the one you’re with. 2 : C’est tout de même révélateur de la pauvreté actuelle des nouvelles Age of Sigmar qu’un classique des classiques comme la défense d’une forteresse naine assiégée par des hordes innombrables de bad guys apparaisse comme original ! 3 : C’est d’autant plus crucial pour les Fyreslayers, qui sont encore largement vus dans l’imaginaire collectif du Hobby comme « les Tueurs de Troll d’Age of Sigmar », ce qu’ils ne sont pas du tout. Haley fait un super boulot à ce sujet, en décrivant une société riche et fonctionnelle, qui diffère en de nombreux points de ses illustres « ancêtres ». 4 : C’est comme le tuning, mais avec des runes. Fluff : Géographie (Ghur) : L’Ulmount, située dans la cordillère volcanique des Cornecroc (Hornteeth) est le siège des Loges Ulgaen-ar et Ulgaen-zumar, fondées par les survivants de la chute de la forteresse de Gaenagrik. Les Cornecroc séparent les plaines intérieures de Ghur des rivages du Darkdeep Ocean. Gaenagrik possédait un Portail des Royaumes reliant Ghur à Aqshy, et la forteresse Fyreslayers à la cité de Vharrashee, située dans les basses terres de Mordash. Géographie (Aqshy) : La forteresse Fyreslayers de Volturung, sise dans le mont Voltdrang, est un bastion majeur de l’Ordre dans la chaîne de Crèteflamme (Firespike Mountains), qui domine les Plaines Brisées (Broken Plains). À trois jours de marche du Voltdrang se trouve le mont Crètacier (Steelspike), ancienne colonie de Volturung envahie par les Skavens et reconquise par les exilés de l’Ulgamount. Cité de Vharrashee et basses terres de Mordash (voir ci-dessus). Fyreslayers (architecture) : Les Fyreslayers peuvent s’établir dans des volcans actifs car les runes d’ur-or permettent de stabiliser l’activité magmatique. Fyreslayers (rituel funéraire) : Le défunt est placé dans une cage de fer surplombant un lac de lave, dépouillé de ses runes d’ur-or, qui seront fondues et redistribuées à ses héritiers. S’il s’agit d’un noble, ses yeux seront couverts par des médailles d’or représentant Grimnir endeuillé. S’il s’agit d’un guerrier, un lingot de fer sera placé dans sa bouche. Le cadavre est plongé dans la lave, afin que le défunt puisse rejoindre Grimnir. Fyreslayers (culture) : La langue des Fireslayers est le Grimnizh. Porter trop de vêtements ou, pire, d’armure est considéré comme un affront à Grimnir par les Fyreslayers (rq : ça n’empêche pas que la tenue cérémonielle des nobles des Loges soit un poncho recouvert d’or, pas très pratique ni confortable surtout dans une forteresse-forge). Les livres des Fyreslayers sont constitués d’enfilades de perles pyramidales d’ur-or, traversées par des liens de cuir d’Orruk, et sur lesquelles sont gravées des runes (trois par face). Peu de Duardin savent les lire. Ouvrage nommé : Telling of Great Omens, qui prophétise entre autres catastrophes la chute de l’Ulgamount, du Maître des Runes Hulgar. Critères de beauté des femmes Duardin (qui n’ont pas de barbe, mais un duvet de poils très fins sur la mâchoire) : robustesse et force physique, grands et larges pieds (rq : avec fétiche sur les orteils). Les proportions régulières et carrées sont tenues en haute estime. Les Duardin s’embrassent en faisant du nez à nez, comme les Inuits. Fyreslayers (runes d’ur-or) : Ces runes forgées par les Maîtres des… Runes sont faites d’un or particulier, que les Fyreslayers considèrent comme les restes du Dieu Grimnir après son combat contre la Mère des Salamandres. Elles ornent aussi bien les objets et les armes que les bâtiments et même les individus (ces derniers peuvent toutefois faire des « overdoses runiques » si les runes sont trop nombreuses, ce qui les fait sombrer dans la folie, le plus souvent berserk, et peut aller jusqu’à menacer leur intégrité physique), et les font bénéficier de pouvoirs surnaturels. Les runes d’ur-or peuvent perdre de leur pouvoir en cas de surutilisation. Noblesse oblige : Prince Maesa & Shattercap (6) Révélation • Les Sables du Chagrin // The Sands of Grief Révélation Sacrosaint & Autres Récits/2018/23 pages Intrigue : Nous retrouvons la trace du Prince Maesa, toujours accompagné de sa mascotte de poche Shattercap, dans la cité de Glymmsforge, métropole sigmarite sise dans le Royaume de Shyish, alors que Sa Hautesse Sublissime termine les emplettes nécessaires à la prochaine étape de son voyage orphique. Toujours fermement décidé à ressusciter sa bien-aimée Ellamar, qui est morte avant de lui dire où elle avait rangé les piles pour la télécommande, le noble Wanderer s’apprête en effet à braver les étendues sauvages du Royaume de la Mort, à la recherche d’un sable bien particulier. La sagesse populaire veut en effet que toute vie des Royaumes Mortels trouve un écho dans le désert de Zircona et se cristallise sous la forme de grains de sable colorés. Celui qui parvient à collecter tout le sable de vie d’un individu et à l’enfermer dans un sablier arcanique aura le pouvoir de rendre l’être en question immortel, tant que le sable ne sera pas totalement écoulé (il faut penser à retourner l’engin souvent, encore une raison pour laquelle Maesa a kidnappé Shattercap à mon avis). Ainsi équipé d’un minuteur ésotérique et d’un compas à âme, Maesa quitte Glymmsforge juché sur son Grand Cerf et trace sa route en direction du filon de l’être aimé1. Le chemin est toutefois long et semé d’embûches, à l’aridité naturelle du lieu se conjuguant son caractère délétère qui sape la vitalité des explorateurs (et les contraint à des bains de bouche fréquents avec du Ghyxtril, solution brevetée made in Ghyran), la nécessité de laisser traverser les légions de mineurs de Nagash, les prospecteurs rivaux pas toujours aimables, sans compter les patrouilles de rangers Nightgaunts, à l’affaux de tout collecte non-autorisée de silice. Il en faudra cependant plus pour détourner Maesa de sa mission sacrée, sa détermination sans faille, son épée magique siphonneuse d’âmes, la diligence servile de Shattercap, dont le syndrome de Stockholm a tellement enflé qu’il atteint désormais Oslo, et la vitesse de pointe de son destrier cornu, lui permettant de triompher d’une épreuve qu’aucun mortel n’aurait pu réaliser. Mais alors qu’il retourne vers son point de départ, sifflotant sans doute du Deep Purple (Might Just Take You Life, probablement), notre Aelf nécrophile ne se doute pas que son familier a gardé à son insu un grain du sable de vie de sa dulcinée2. Les conséquences de ce vol seront sans doute terribles… 1 : Dont il trimballe le crâne partout avec lui : utile quand on justement besoin d’une dent pour amorcer la recherche GPS, mais un rien creepy tout de même. Je ne veux pas savoir ce qu’il a fait du reste du corps au décès de sa dulcinée. 2 : Ce qui explique l’excentricité du farfadet : il a un grain. Avis : Figure montante du panthéon de héros d’Age of Sigmar, le Prince Maesa gagne avec ces 'Sables du Chagrin' une profondeur appréciable, surtout pour les lecteurs ne le connaissant qu’à travers la session d’Action ou Vérité relatée dans la nouvelle mouture d’Inferno ! Apprendre la nature de la quête du noble Wanderer permet de prendre la mesure du projet littéraire entrepris par Guy Haley, et justifie pleinement l’approche « contes et légendes » choisie par l’auteur pour narrer l’épopée de Maesa, veuf éploré cherchant un moyen de faire revenir à lui sa bien-aimée mortelle. Si la connotation grimdark de WFB aurait fatalement mené notre héros à sombrer dans les abysses de la nécromancie pour atteindre son objectif, la tonalité plus high fantasy d’Age of Sigmar ouvre la porte à une issue moins sinistre, même si nombreux seront les dangers qui guettent l’intrépide Aelf et son très trépide (et kleptomane) familier. Mine de rien, peu nombreux sont les contributeurs de la BL à proposer un style s’éloignant des canons habituels de la maison, et pour AoS, Haley est à ma connaissance le seul à le faire. Rien que pour cette raison, la lecture des 'Sables du Chagrin' présente un intérêt, cette nouvelle positionnant son auteur en héritier putatif (et encore incertain à l’heure actuelle) de Brian Craig, chef de file historique de l’approche « contemplative » de la Black Library. Au-delà de ce parti pris narratif, que l’on peut aimer ou non, on peut apprécier l’exotisme de cette nouvelle, dont le théâtre n’a pas grand-chose à envier en termes d’étrangeté aussi onirique que léthale aux Désolations Nordiques du Monde qui Fut. Les visions convoquées par Haley au cours du périple de son héros, comme ces processions éternelles de squelettes rapportant grain à grain de la Pierre des Royaumes jusqu’au trône de Nagash, frappent l’imaginaire du lecteur et viennent enrichir la palette du fantastique de la BL, trop souvent confinée à sa portion congrue (sword & sorcery, pour faire court) afin, sans doute, de faire le lien avec le wargaming que cette dernière est sensée servir. On peut enfin mettre au crédit de Haley un souci d’apporter du grain à moudre au mordu de background, en livrant une description concise mais riche d’une cité libre de Shyish, d’instruments arcaniques au potentiel fluffique des plus évidents (Who wants…to live… foreveeeeeer ?) ou encore des bigarrés sables de vie, concept aussi sympathique que poétique. Bref, une lecture obligatoire pour qui s’intéressent la geste de Maesa (la Gaeste quoi), et pas loin de l’être pour ceux qui souhaitent découvrir Age of Sigmar à travers les publications de la Black Library (que je félicite au passage d’avoir intégré cette nouvelle dans le recueil 'Sacrosaint & Autres Histoires', où il a tout à fait sa place). Fluff : Glymmsforge : Une cité de Sigmar située dans le Royaume de Shyish. La ville s’organise en districts en forme de cercles concentriques, s’étalant depuis le portail des royaumes de Shimmergate. Elle accueille la forteresse de Stormkeep ainsi que le Collège d’Améthyste. Le lac de Glass Mere est situé à l’intérieur de la ville. Le Mausolée des Saints Célestes est la clé de la longévité de Glymmsforge. Ce sanctuaire à la forme d’une étoile à 12 branches rassemble les reliques de douze créatures magiques, dont l’aura repousse les créatures morts-vivantes. Une tranchée de sable enchanté complète la protection de la cité, qui est entourée par le Désert de Zircona. Wanderers : Ils favorisent les couleurs neutres pour leurs vêtements (vert et gris surtout) et portent des armures de bronze. Les Aelves ont moins besoin de dormir que les autres races (rq : un somme toutes les 72 heures leur suffit). Prince Maesa (équipement) : Il possède une épée magique et buveuse d’âmes, la Chanson d’Epine (Song of Thorns). Sablier de vie : Permet à son porteur de devenir immortel. Il faut pour celà recueillir tout son sable de vie, jusqu’au dernier grain, dans les déserts de Shyish. Une fois cette tâche complétée, retourner le sablier avant qu’il ne se vide prolongera l’existence de l’individu. Cherche-âme : Compas enchanté, qui peut détecter l’âme (ou le sable de vie) d’une personne à de grandes distances. Il doit être aiguillé par une relique provenant de l’être recherché. Divers : L’eau tirée des puits de vie de Ghyran permet de revivifier celui qui la boit. Indispensable pour qui voyage dans les déserts de Shyish. • At the Sign of the Brazen Claw : The Innkeeper Tale Révélation Inferno! #1/2018/18 pages Intrigue : Prise dans une tempête d’une sévérité peu commune, l’auberge de la Griffe Hardie se trouve être le théâtre d’une veillée forcée entre les tenanciers de l’établissement (Horrin, sa femme Ninian et leur palefrenier/fils adoptif Barnabas), un vénérable nain amateur de pipe (Idenkor Stonbrak), un quidam à l’air louche, aux manières nerveuses et au nom recélant sans doute une contrepèterie grivoise (Pludu Quasque), et, finalement, arrivant en dernier comme le prince qu’il est, l’elfe Maesa du Monde, nouvelle icône de la BL pour Age of Sigmar, accompagné comme de juste par son sidekick de bourse1, le farfadet Shattercap. Le dirigeable permettant de rejoindre Ghyran par le portail le plus proche ne s’étant pas éternisé pour éviter la drache (qui sur le plan de Shyish, s’appelle la Nagadrash), les hôtes décident de tuer le temps en se racontant à tour de rôle une histoire, activité tout ce qu’il y a de plus classique quand on est un personnage d’un univers médiéval-fantastique (c’est tout de même plus classe que se taper un Blanc Manger Coco édition Slaves of Darkness). Ayant initié l’idée, c’est tout naturellement que Horrin, fils de Juvamin, démarre le tour de table, en racontant la façon dont il est devenu l’aubergiste de la Griffe. Jeune homme aventureux et peu tenté par la perspective de reprendre l’honorable charge de croque mort détenue par son paternel, Horrin partit donc voir ailleurs si l’herbe était plus violette (Shyish oblige) lorsque ce dernier voulut lui imposer son choix de carrière. Peu familier des immensités sauvages de cette morte plaine, notre héros ne tarda cependant pas à se perdre, jusqu’à arriver en vue de la fameuse Griffe Hardie, éminence rocheuse ayant la forme d’une main gigantesque, aux doigts tendus vers le ciel. Ayant trouvé une chaumière, habitée par une vieille femme (Michèle), à la base du monolithe, et passé la nuit au chaud et au sec grâce à l’hospitalité offerte par cette dernière, Horrin ne put refuser de lui rendre un petit service en reconnaissance de l’Air BnB gracieusement offert : apporter à son mari (Jacky), occupé au sommet de la Griffe, un panier de vivres et quelques fagots. Embrassant sa vocation de coursier Uber Eat avec diligence, Horrin s’exécuta, et fit la rencontre de son hôte, dont l’activité consistait en l’entretien du feu flambant dans une cheminée taillée à même la roche de la Griffe. “Ce brasier ne doit jamais s’éteindre” l’avertit le vieil homme pendant qu’ils cassaient la croute, “faute de quoi le géant dans la main duquel nous nous trouvons se réveillera (il est frileux), avec des conséquences des plus fâcheuses !” Moyennement convaincu par cette histoire, mais d’une politesse et/ou d’une crédulité incommensurable, Horrin accepta ensuite de relayer son comparse, en poste depuis trois ans sans interruption d’après ses dires, le temps d’une sieste crapuleuse (no joke) avec bobonne. Je vous donne la suite, que vous aurez déjà deviné, gros malins que vous êtes, en mille : Jacques Cheminée (à ne pas confondre avec Jacques Cheminade) ne remonta jamais, laissant le trop bon et trop con…ciliant Horrin jouer du tisonnier en solo à sa place. Ayant bien tenté de prendre la poudre d’escampette à son tour après quelques nuits de camping plutôt frisquettes, Horrin réalisa cependant avec horreur que la légende du géant endormi avait plus qu’un fond de vérité, et résolut de tenir la baraque sans tenter le diable le temps de trouver un suppléant. De fil en aiguille, à force de patience et de troc fructueux, notre assigné à cheminée réussit toutefois à devenir assigné à résidence, puis finalement à auberge, gagnant une femme aimante et un garçon d’étable sans doute sous payé dans l’opération. Merci qui ? Merci Jacky et Michèle ! 1 : C’est la même chose qu’un familier de poche, mais comme chacun sait, celles des jeans extra skinny des Elfes sont cousues. Question de style. Avis : Ce premier épisode d’At the Sign of the Brazen Claw' permet à Guy Haley de faire ronronner sa machine à débiter de la high fantasy impeccablement proprette, et très, mais alors très, proche dans l’esprit de ce que peut proposer World of Warcraft en termes d’atmosphère. Entre l’aubergiste très affable, le nain très ronchon, le haut elfe très noble, fourni avec monture stylée (un grand cerf) et mascotte collector, le gredin en puissance dont on flaire la duplicité à travers la tablette (c’est dire si l’odeur est forte), le système de zeppelin qui fait la jonction entre les différents royaumes, et l’aventure PEGI 13 (personne ne meurt, merde !) narrée par Horrin, on s’attendrait presque à voir débarquer Malfurion et Thrall dans le rade pour s’en jeter un petit. Alors que WFB se distinguait par son côté glauque et décadent, l’Age of Sigmar propose par Haley prend le contre-pied de son prédécesseur. Ce n’est pas mal fait pour autant, le gars Guy sachant tourner son propos de manière plutôt agréable, mais cela risqué de surprendre, et pas forcément en bien, les lecteurs nostalgiques du med-fan nihiliste qui était la marque de fabrique du Vieux Monde. Rendez-vous au prochain numéro pour voir si le sieur Haley a réussi à mettre un peu de malepierre dans son lait grenadine. Fluff : Shyish (géographie) : Quelques détails sont donnés sur des lieux emblématiques du royaume, comme la ville de Pandanjan, où les morts et les vivants cohabitent, les Hauts d’Améthyste (une chaîne de montagne), et les Plaines des Dents (étendues sauvages et mal famées), dans lesquelles ont trouve la Porte d’Argent, qui relie ce royaume aux autres. À noter que ce portail se trouve dans le ciel et ne peut donc pas être traversé à pied. Les habitants du royaume ont une carnation très pale. Haemonculi : Ces petites créatures magiques sont liées et soumises à la volonté de leurs maîtres par des charmes, qui peuvent être affaiblis ou brises si des règles strictes ne sont pas respectées. Par exemple, s’ils sont mis en contact avec du fer, des métaux fraîchement minés ou de la terre. • At the Sign of the Brazen Claw : The Merchant Tale Révélation Inferno! #2/2019/18 pages Intrigue : Retour à l’Auberge de la Griffe Effrontée (ou quelque chose comme ça), après que le maître des lieux ait fini de raconter son histoire. Le propos en question mettant en avant des principes dégoulinants de compassion et de charité, il revient au marchand Duardin Idenkor Stonbrak de calmer les ardeurs hippiesques de l’assistance, en narrant à ses compagnons d’infortune un récit de son cru, illustrant au contraire les souverains bienfaits de la méfiance envers son prochain. Résident de la forteresse côtière de Barak Gorn, une des rares enclaves naines du royaume d’Ulgu, Stonbrak commence son récit par un précis géopolitique assez fouillé, brossant en quelques minutes l’histoire du bastion, déserté pendant l’Âge du Chaos et ré-investi par des colons d’Azyr dans les traces de la reconquista lancée par les soldats en fer blanc de Ziggy. Cette reprise de bail permit aux Duardin de se rendre compte de deux choses très importantes : 1) contrairement aux racontards publics, sans doute colportés par les agences de voyages de Hyish, il fait souvent beau en Ulgu, plusieurs fois par an même, et 2) leurs anciens voisins Aelves squattent toujours la montagne d’à côté, où ils s’étaient tenus reclus pendant que les hordes chaotiques zonaient dans la cage d’escalier. Bien que naturellement assez méfiants envers ces skuru elgi, ou elfes gris, qui travaillent tous comme contrôleurs à la SNCF (comprendre qu’ils ne portent que du gris, peuvent apparaître et disparaître en un clin d’oeil, et ne sourient jamais), nos nabots relocalisés entretiennent des relations apaisées avec leurs longilignes colocataires, le commerce entre les deux peuples leur bénéficiant mutuellement. Le cadre étant planté, Idenkor enquille sur le récit à proprement parler, qui met aux prises un honnête artisan de son propre clan, joailler réputé à des lieues à la ronde, à un mystérieux client Aelf, lui ayant commandé une parure de gemmes d’eau, pierres aussi rares que dispendieuses, qu’il compte offrir comme cadeau de mariage à sa dulcinée. Alf (appelons le comme ça) lui ayant remis les pierres en question, mais pas la moitié du paiement de la prestation, que notre honnête artisan lui demandait d’avance, ce dernier prend tout de même le risque d’honorer la commande, appâté par la commission promise par son client en cas de livraison rapide. Dudu (appelons l’autre comme ça) se met donc à l’ouvrage sans tarder, et ne ménage ni les efforts, ni les dépenses pour mener sa tâche à bien dans les délais impartis, allant jusqu’à emprunter aux usuriers de la Confrérie du Granit pour financer l’entreprise. Malheureusement pour Dudu, sa ponctualité n’est pas récompensée à sa juste mesure, son commanditaire ne se présentant pas pour règlement et enlèvement le jour convenu (arguant sans doute d’une rupture de caténaire sur la ligne U, comme c’est pratique). Les journées passant sans qu’ Alf ne donne signe de vie (et ce malgré le rétablissement du jour de carence dans la fonction elfique), la situation de Dudu va en s’agravant, ses prêteurs insistant lourdement pour qu’il rembourse sa dette, dont les intérêts vont croissant, menaçant notre pauvre nain d’une faillite rapide s’il ne parvient pas à se faire payer incessamment sous peu. Aussi, lorsqu’une missive d’excuse trouve mystérieusement le chemin de sa table de nuit, l’enjoignant d’apporter la parure dans une crique dérobée à proximité de la cité Aelf à la nuit tombée le lendemain en échange du paiement promis, Dudu n’a guère d’autre choix que s’exécuter. Flairant néanmoins une entourloupe, il prend soin d’emporter sa pétoire de service, et de se faire suivre à distance par sa vendeuse, pareillement armée, pour couper court à toute traîtrise elfique. Rendu sur le lieu de l’échange pétrole pactole contre nourriture belle parrure, Dudu n’a pas à attendre longtemps avant qu’Alf ne rapplique, et ne tente de lui extorquer son bien sans bourse délier, promettant que le paiement sera laissé par sa promise sur la plage une fois la qualité de l’ouvrage contrôlé par cette dernière, et enjoignant notre artisan à faire retraite dans l’intervalle. Pas né de la dernière pluie, Dudu refuse tout net, et signifie à son client indélicat la rupture de leur contrat de confiance, au grand désespoir de l’escroc. Alors qu’il se prépare à repartir pour Barak Gorn, la fiancée d’Alf sort de l’onde amère telle la Venus de Boticelli, et, en bonne Idoneth Deepkin qu’elle est, fait main basse sur les diams et sur l’âme de Dudu, dont le tir de semonce ne fera pas le poids face à la fourberie elfique. Laissé pour mort sur la plage abandonnée, légume parmi les coquillages et crustacés, Dudu est ramassé par sa vendeuse, et comate quelque temps avant que le conseil de déontologie local ne décide l’arrêt des soins. Pas du genre à se laisser émouvoir, la confrérie du Granit insiste malgré tout pour que l’emprunt souscrit par le macchabée soit honoré, et saisit donc toutes les possessions matérielles de feu Dudu, en plus du sac d’or laissé par Mr et Mme Alf en dédommagement du travail fourni. C’est sur ces entrefaites qu’Idenkor retourne à Barak Gorn, et apprend le tragique trépas de Dudu, qui se trouvait être son frère. Décidé à obtenir vengeance, il passe la décennie suivante à intenter des actions en justice aux Aelves pour tromperie aggravée et nanicide volontaire, jusqu’à ce que l’affaire soit réglée une fois pour toute aux Prudhumanoïdes, et que le conseil des Anciens l’enjoigne de passer à autre chose, ce qu’il fait, contraint et forcé. Reste que notre stoïque Duardin garde en son cœur une rancœur tenace envers les Aelves, dont Maesa et Shattercap ont fait les frais depuis leur arrivée à la Serre Impudente (ou quelque chose comme ça). C’est d’ailleurs à ces derniers qu’Idonrak intime de prendre la parole après lui, afin d’apprendre à la compagnie comment cette paire mal assortie s’est retrouvée constituée, ce que Maesa, beau prince (c’est triplement le cas de le dire), accepte de faire. La chuite au prossain épisode ! Avis : Haley sert à nouveau la soupe bière dans ce second récit, dont les apports en termes de background (qui aura cependant toutes les chances de ne trouver d’écho dans aucune autre publication – c’est l’inconvénient de placer son récit dans un univers virtuellement « infini » : chacun peut faire ce qu’il veut de son côté –) et la narration maîtrisée compensent, en partie, la platitude de l’intrigue. Bien qu’il ne soit jamais vain d’instruire le lecteur de la perfidie des oreilles pointues, qui ne manqueront pas une occasion de rouler leur prochain dans la farine de lembas, et que l’inclusion des Deepkin à l’intrigue permet d’en apprendre (un tout petit peu) plus sur la faction SS1 d’AoS, l’intérêt de cette soumission s’avère au final très limité. Son positionnement en ouverture de ce deuxième numéro d’Inferno! en fait un amuse-bouche convenable, et pas désagréable, mais guère plus. Si on me permet une prédiction, je n’ai pas de grands espoirs pour les deux prochains épisodes non plus, qui verront, sauf retournement de situation et téléportation de Stormcast Eternals dans l’auberge, Maesa et Pludu Quasque (ce nom !) narrer leur propre histoire. J’espère tout de même que Guy Haley réussira à donner à son feuilleton une conclusion satisfaisante, qui devrait emprunter de chacun des récits des voyageurs et assembler ces éléments disparates en une proposition cohérente, si la pastiche se veut être fidèle au modèle original. Les paris sont ouverts. 1 : Comme Sea Shepherds, hein. À quoi vous pensiez ? Fluff : Barak Gorn : Une forteresse Duardin sise sur la rive de la Mer des Murmures (Whispering Sea) du royaume d’Ulgu, à l’intérieur d’une gigantesque caverne donnant sur l’océan (rq : Barak Varn-like). Bâtie à l’Âge des Mythes, dévastée et abandonnée durant l’Âge du Chaos, et ré-établie par des réfugiés venus d’Azyr sur les traces des ost de Stormcast Eternals, qui ont utilisé le portail localisé dans les halls de la cité pour pénétrer dans cette dernière. Une ville Aelfe est bâtie dans la montagne qui surplombe la forteresse Duardin, et autrefois les deux cités n’en formaient qu’une, jusqu’à l’Âge du Chaos. Parmi les guildes qui y résident, on compte les usuriers de la Confrérie du Granit (Granit Brotherhood), réputés pour pratiquer des taux exorbitants. Ulgu : Le royaume compte treize contrées, recouvertes de brumes et d’intrigues, où il ne fait jamais jour et jamais nuit. Ulgu compte une importante population d’Aelves, appelés skuru elgi, ou elfes gris, par les Duardin. Ces Aelves portent des couleurs ternes pour se fondre dans leur environnement, peuvent disparaître en un éclair et ne sourient jamais. Leur proximité rend l’air humide. Les Duardins d’Ulgu sont considérés avec méfiance par leurs congénères des autres royaumes, et sont peu nombreux. Gemmes d’eau (Watergem) : Un type de diamant très rare, et convoité par les Aelves d’Ulgu. Le reflet du soleil sur la mer est contenu dans le cœur de ces pierres, et plus ces dernières sont parfaites, plus la profondeur de l’océan apparaît au spectateur. • At the Sign of the Brazen Claw: The Prince Tale Révélation Inferno! #3/2019/18 pages Intrigue : Après avoir écouté l’honorable Horin et le stoïque Stonbrak raconter leurs histoires respectives, il est temps de laisser la parole à la star de la série du sieur Haley, le prince Aelf Maesa. Sommé par l’irritable Duardin de narrer la manière dont il s’est entiché de son farfadet de compagnie et side-nick (side-kick aurait été un peu démesuré pour un être devant péniblement atteindre les vingt centimètres de haut) Shattercap, l’affable Zoneille s’exécute avec sa grâce et son équanimité coutumière, parfaitement à l’aise dans l’exercice de l’alcoolisation mondaine (c’est surtout ça qu’on apprend dans la haute société elfique, en fait). Les convives ayant été ravitaillés en victuailles solides et liquides par l’aubergiste – je ne vois pas pourquoi Haley prend la peine de passer un paragraphe sur le sujet, quitte à refaire passer Horin, qui avait juré la main sur le cœur dans le premier épisode que l’hospitalité était sa valeur cardinale, pour un hypocrite patenté – et certains étant même passé aux toilettes dans l’intervalle (#WhatDoIDoWithThisInformation), Maesa commence son récit. Nous apprenons donc qu’à l’origine de l’errance du bellâtre se trouve une tragique histoire d’amour entre ce dernier et une humaine (Ellamar), qui finit comme on peut se l’imaginer bien trop tôt au goût de notre Elfe, et le poussa à prendre la route pour surmonter son deuil. Ce qui prit un peu de temps, mais lui permit de parcourir les Royaumes Mortels en long, large, travers, à cloche-pied, en échasses et en trottinette électrique, mais toujours en solo, tel que Jean-Jacques Goldman l’aurait voulu. Et puis, un beau jour, la mise à jour inespérée du logiciel de sociabilité de Maesa se finalisa, provoquant chez lui une soudaine poussée d’empathie. Avisant un village humain construit au milieu des ruines d’une cite de l’Âge des Mythes, en plein cœur de Ghyran, notre voyageur résolut de passer la nuit sur la branche d’un arbre proche, afin de se réhabituer doucement à la civilisation. Réveillé par des pleurs amers quelques heures plus tard, il se surprit lui-même à descendre de son perchoir pour aller s’enquérir des raisons du désespoir de ses nouveaux voisins. Résistant à la tentation de planter sa dague dans le dos de la jeune femme effondrée l’ayant tiré de son sommeil (alerte psychopathe), Maesa se souvint qu’il était un héros en puissance et s’enquit donc des raisons du désarroi de la pauvresse, comme il était sensé le faire. Malgré l’accueil musclé et peu amical que son intrusion dans l’enceinte du village ne manqua pas de lui valoir, le Prince au bel air, conduit devant le doyen du village, un ivrogne nommé Gurd (ça ne s’invente pas), accepta la mission proposée par ses hôtes, c’est à dire retrouver et ramener saine et sauve la nièce de la pleureuse précédemment aperçue, enlevée la veille par les Sylvaneth locaux comme une demi-douzaine de jeunes enfants avant elle. Passant l’éponge sur le délit de faciès dont les humains, tout à leur ignorance crasse, commirent à son égard (comme s’il suffisait d’être un Aelf pour être pote avec toute les Dryades de la terre… c’est du racisme ça Madame), Maesa se mit donc en route, et sur un coup de chance ou de pif assez heureux, mais logique du fait de son statut de protagoniste, partit dans la bonne direction1. Traversant une forêt visiblement frappée d’un mal profond, ou tout simplement une sapinière alors qu’un nuage passait devant les soleils, le Prince finit par trouver des traces fraîches à exploiter, et rattrapa bientôt la bande de Farfadets transportant le bébé dérobé à la garde maternelle, alors que ces derniers s’apprêtaient à amener leur prise à l’Homme arbre patibulaire qui les attendait sur une île au milieu d’un lac souterrain2. La raison de ce kidnapping apparut rapidement dans toute son horreur à Maesa: gravement brûlé par des flammes chaotiques au cours d’une précédente bataille contre les hordes du Seigneur Fangmaw, l’Ent de service (Svarkelbud) avait depuis recours à un type de terreau enrichi en protéines pour écourter sa convalescence, et faisait feu de tout bois (expression peut-être malheureuse au vu de la situation) pour retrouver la santé. Passablement dérangé, au point d’avoir immolé ses propres Dryades après qu’elles lui aient fait part de leur réticence à le seconder dans son idée d’ouvrir son business de capsules funéraires, et récupéré leur soulpods pour s’en faire un collier, Svarkelbud refuse bien évidemment l’offre raisonnable du Vagabond de laisser ce dernier repartir avec l’enfant, ce qui force l’Aelf à prendre des mesures plus radicales. Révélant quelques compétences en magie guerrière et au tir à l’arc, le Prince décime la clique des Farfadets, épargnant seulement celui qui fit preuve d’une retenue salutaire au moment d’égorger l’enfançon, qu’il se contente d’assommer et d’embarquer en même temps que le précieux colis. L’Homme Arbre, quant à lui, hérite d’une flèche enflammée en plein dans l’œil, ce qui a rapidement de lui. Quel dommage qu’il ne soit pas souvenu qu’il était au milieu d’un lac. Le reste de l’aventure n’est qu’une formalité pour notre héros, qui dépose la miraculée devant chez ses parents avec une carte de visite glissée dans ses langes (ce n’est pas la modestie qui étouffe Maesa, qui a souligné à de nombreuses reprises au cours de son récit à quel point il était le plus doué, le plus fort et le plus rapide3, et qu’il aurait pu tuer tout le monde en un clignement d’œil s’il l’avait voulu), et repart sur la route, non sans avoir planté les soulpods récupérées au passage dans un bosquet tout proche. Vive l’économie circulaire. Quant au Farfadet magnanime, ou simplement indécis, on aura compris qu’il s’agit du fameux Shattercap, que Maesa a choisi de garder auprès de lui afin de lui apprendre les bonnes manières. Il avait apparemment vraiment besoin de compagnie. Peut-être un peu trop d’ailleurs. 1 : On notera au passage qu’il possède également un super-pouvoir assez intriguant : la capacité de déterminer le moment du passage d’êtres vivants à un endroit précis en jaugeant de la température au sol. Soit il a une vision infrarouge vachement précise, soit Haley a oublié de préciser, sans doute pour préserver l’aura romanesque de son personnage, qu’il a besoin d’un étron frais de sa proie pour réaliser cette prouesse. 2 : Et, détail fendard, assis sur un trône façonné dans un arbre. Moi je vois ça de cette façon. 3 : Pas trop rapide espérons le, sinon c’est Ellamar qui a dû s’ennuyer. Avis : Les épisodes se suivent et se ressemblent, en style tout du moins, pour Haley. Encore de la high fantasy siglée Age of Sigmar, univers de tolérance où les unions libres entre individus de races différentes sont apparemment possibles (même si ces couples ne peuvent pas avoir d’enfants), et tolérées. Le Vieux Monde était un chouilla plus conservateur sur le sujet, ou avait tendance à tomber dans le glauque dès qu’il abordait le sujet (coucou les Fimirs!), l’idylle entre Maesa et Ellamar est donc un nouveau marqueur du changement de braquet “atmosphérique” entre le fluff de la franchise qui fut et celle qui a pris sa place. D’un autre côté, il s’agit également du récit le plus sombre du lot pour le moment, incluant des détails assez morbides/dérangeants dans sa narration, comme l’enlèvement de nourrisson à fin de sacrifice (et de consommation, comme l’avoue inconsciemment ce boute en train de Shattercap), ou les parures en organes (végétaux certes, mais tout de même) de cet incompris de Svarkelbud. The Prince Tale présente également l’avantage sur ses prédécesseurs (et probablement sur ses successeurs, sauf si l’impayable Pludu Quasque se révèle être le nouvel Heinrich Kemmler) de mettre en scène une demie célébrité d’Age of Sigmar, ce qui peut intéresser les fans inconditionnels du Prince Maesa (qu’ils se dénoncent). Pour le reste, c’est du Haley, pur jus encre, donc tout à fait lisible, et même parfois assez bien tourné, à défaut d’être passionnant. Fluff : Farfadets : Ces petits êtres magiques sont issus des forêts et des arbres. Ils sont « l’incarnation de la volonté de la mousse, le rêve des branches, la pensée des bourgeons, les digressions de l’herbe » (Maesa, après une grosse latte). Rq : Peut-on demander à un Farfadet de tondre la pelouse, ou cela va à l’encontre de ses principes ? Relations inter-espèces : Les Elfes et les Humains peuvent se mettre en couple, même si c’est généralement mal vu de la part de leur entourage. Leur union restera stérile. Alliance Sylvaneth – Wanderers : Ces deux factions, historiquement alliées, utilisent des formules codifiées pour dialoguer lorsqu’elles se rencontrent. Les présentations se font par l’emploi de la tournure « As life made me (so) » + nom et qualité du locuteur (ex : as life made me so, I am Maesa, exile prince). Nul ne peut s’y soustraire, même les individus ne souhaitant pas révéler leur identité. • At the Sign of the Brazen Claw: The Sorcerer Tale Révélation Inferno! #4/2019/19 pages Intrigue : Nous retrouvons nos compagnons de boisson alors que la tempête s’abattant sur l’auberge de la Serre Effrontée (ou quelque chose comme ça) faiblit quelque peu. Ayant écouté le récit de l’alcoolique androgyne, les soiffards pressent désormais le dernier membre1 de la compagnie de leur régaler les esgourdes avec un racontar de son cru. Pludu Quasque, le bien-nommé, finit par s’exécuter et commence donc son histoire. Né d’une noble famille de sorciers dans le Royaume d’Hysh, Pludu reconnaît ne pas avoir été très brillant (un comble) pendant sa jeunesse, tant en matière de relations familiales que d’études arcaniques. Ayant finalement obtenu son bac, ou l’équivalent local de ce précieux sésame, il partit étudier la magie à Poudlard au Lyceum de Radiance, sans écouter les précieux conseils prodigués par son tendre pôpa au moment de son départ. Sur place, son manque d’humilité et de discipline lui joua un mauvais tour, l’empêchant de progresser aussi vite et aussi loin qu’il l’escomptait dans la rigide et codifiée hiérarchie hiérophantique. Comme tous les étudiants, Pludu n’était jamais le dernier à se rendre en soirée (si ce concept existe dans un Royaume où tout brille, tout le temps), ce qui finit par précipiter sa chute. Au cours d’un de ces événements mondains, et alors que les convives prêtaient de mignons petits serments de progrès et de réussite devant la statue du demi-dieu Adembi, greffier en mi-temps thérapeutique2 du panthéon Hyshien, Pludu eut la mauvaise idée de jurer de retrouver la fameuse larme divine volée par les Skavens, afin d’impressionner ses camarades de beuverie. Il ne s’attendait certes pas à ce que le Dieu en personne lui envoie un accusé de réception, condamnant l’impudent à quitter Hysh pour mener à bien cette quête. S’en suivirent quelques années, voire décennies, difficiles, pendant lesquelles notre grande gueule de mage parcourut les différents Royaumes en quête de savoir et d’informations sur l’emplacement de cette larme. Ayant réussi à déterminer qu’elle se trouvait dans la dimension Skaven, aussi connue sous le nom de Ruine, à proximité du Royaume de Shyish, Pludu emprunta un portail de son cru jusqu’à cet espace de non droit, et se rendit dans la tour du Verminarque ayant commandité le vol de la babiole des siècles plus tôt. L’édifice en question se trouvant dans une zone contestée par Nagash, le sorcier enquêteur put admirer les légions des uns et des autres se mettre sur le coin, qui du museau, qui du cartilage septal, avant de procéder à son larcin. Ayant potassé l’intégralité des manuels D&D pendant ses études, et bien aidé par le fait que le boss de fin du donjon avait été précédemment occis par un héros malchanceux au cours d’éons passés, Pludu n’eut pas de grandes difficultés à mettre la main sur la larme, sans la déclencher (l’alarme – suivez un peu). Cela n’empêcha toutefois pas les scions de Nagash de fondre sur lui en toute hâte, le dieu des Morts s’étant lui aussi piqué d’intérêt pour la babiole d’Adembi. Ayant réussi à leur fausser compagnie d’un nouveau coup de poignard subtil, Pludu finit son récit en s’excusant platement auprès de ses compagnons de beuverie pour le triste destin qu’il a attiré sur leurs têtes, le fracas tout proche que l’on entend désormais étant causé par la brigade des Stups Spectres de Naguy, toujours déterminée à mettre le scaphoïde sur la larme. Nos héros la passeront elles à gauche ? La suite au prochain épisode… 1 : En tout cas, le dernier membre considéré comme important de la compagnie. Peut-être que la femme de Horrin et son fils adoptif auraient eu des choses intéressantes à raconter, mais Shyish semble être une patriarchie des plus rigides. 2 : Adembi est le Dieu devant lequel les résidents de Hysh prêtent serment. Incarné dans sa statue après s’être fait tailler les shakras en pointe au cours d’une bataille divine des temps jadis, Adembi s’est de plus fait voler une des précieuses larmes en pierre de royaume incrustées dans sa statue par un rôdeur Skaven. Choqué par ce larcin, il est devenu distant et n’enregistre plus que les serments portant sur la restitution de son précieux. Avis : Meilleur épisode signé par Haley dans sa série 'Brazen Claw' pour le moment, ce 'Sorcerer’s Tale' bénéficie d’une dimension plus épique que les précédents récits, beaucoup plus terre à terre dans leur propos. En plaçant son intrigue dans deux lieux encore très mystérieux, et donc intéressants pour le lecteur, des Royaumes Mortels (le Royaume d’Hysh et Ruine), l’auteur remplit d’ores et déjà son contrat par les seules infos de background qu’il est possible de retirer de cette nouvelle. La quête de Pludu Quasque s’avère également être captivante, l’imagination et le style distinctif de Haley lui donnant une patine de Sword & Sorcery assez proche dans l’esprit des aventures de Conan le Cimmérien, récits très contextualisés et atmosphériques, mettant davantage l’accent sur le ressenti des personnages que sur la description hyper détaillée des scènes de combats (le pêché mignon et patte distinctive de la Black Library). Cerise sur le gâteau, le cliff-hanger final de ce quatrième épisode donne vraiment envie de savoir comment nos héros vont réussir à se tirer de la session de tear or trick qui se profile à l’horizon, ce qui donnera normalement l’occasion à Guy Haley de mettre en scène un peu de baston après ces débuts plutôt apaisés. Vivement la suite (et probablement la fin), donc. Fluff : Shyish : Si l’on en juge par un passage de la nouvelle indiquant que le milieu de la nuit est marqué par les 16 coups d’une horloge, les journées de ce Royaume compteraient 32 heures. Hysh (Culture) : Le Royaume Lumineux est organisé en empire, bâti autour des Sept Cités construites sur les rivages de la Mer Brillante. L’une de ces dernières se nomme Balshizzam, et compte un Lyceum de Radiance, où les mages locaux apprennent leur art. L’empire est résolument isolationniste et n’accueille que très peu de voyageurs issus des autres Royaumes, par crainte que leur présence ne vienne déséquilibrer le fragile et complexe équilibre d’Hysh. Il est dirigé par un conseil de Hiérophantes, la Septarchie, dont le plus puissant a le titre de Grand Luminance et agit en tant qu’Empereur. Les êtres de Hysh sont littéralement lumineux, même si cette lumière tend à s’estomper s’ils quittent leur Royaume natal trop longtemps. Les chevaux d’Hysh sont capables de voler. Hysh (Panthéon) : Les humains d’Hysh croient que la magie leur a été enseignée par des Dieux plus anciens que le panthéon sigmarite. Ils reconnaissent des Dieux mineurs, parmi lesquels on trouve Adembi, le sage larmoyant (weeping sage). Adembi est le dieu de la Vérité, conseillant la Septarchie et le Grand Luminance, et recevant les serments solennels des citoyens d’Hysh. Incarné dans une statue à son effigie, il fut victime du vol de l’une de ses précieuses larmes en pierre de royaume (qui sont plus rares sur Hysh qu’ailleurs, du fait de la nature éthérée de la magie lumineuse, qui se solidifie plus rarement) par un Skaven. Enfreindre un serment prêté devant Adembi, et reçu par ce dernier, est puni d’exil. • At the Sign of the Brazen Claw : The Hounds of Nagash Révélation Inferno! #5/2020/18 pages Intrigue : Dans l’auberge de la griffe bronzée, c’est le moment de passer à la caisse. Quelques instants après que l’inénarrable Pludu Quasque ait achevé son récit larmoyant, à plus d’un titre, un raffut de tous les diables se fait entendre à l’extérieur de la bâtisse. Ce sont les corgis molosses de Nagash, les redoutés Glaivewraiths, qui se manifestent pour escorter le mage voleur jusqu’à la case nécro-prison, en punition du vol qu’il a commis dans une des nombreuses maisons de vacances du Grand Nécromancien. Fort heureusement, les convives ne sont pas sans défense : Idenkor Stonbrak peut compter sur sa hache runique, Maesa sur son épée en bois (mais offerte par Alarielle, donc « hostile aux morts », dixit yours truly), et même nos gentils aubergistes se révèlent être plus équipés qu’une armurerie du Texas profond, Horrin dégainant un tromblon à balles d’argent et une paire de dagues enchantées de son comptoir. Il aurait cependant été plus malin de sa part d’investir dans des charmes répulsifs de qualité que dans un arsenal d’aventurier de D&D, car la protection accordée par les grigris qu’il a accrochés au mur ne tardent pas à rendre l’âme, permettant aux spectres de faire leur entrée dans la place. Pire, la descente en rappel dans la cheminée, Santa Claus style, éteint le feu dans l’âtre, ce qui ne manquera pas d’avoir des conséquences, hum, fumeuses. Car comme les lecteurs les plus attentifs de ces chroniques s’en souviendront, ce couvre-feu brutal est une très mauvaise nouvelle (supplémentaire) pour nos héros, puisqu’il est voué à réveiller le géant endormi dont la main constitue les fondations de l’auberge. Alors, pendant que ses hôtes font le crâne au carré à la première vague des Nighthaunts, Horrin se démène pour ouallumer le feuheu, comme le chantait le fameux barde Marienburger naturalisé Bretonnien Jauni l’Edenté, en pure perte. À croire que le Glaivewraith coupable de cet acte haineux a uriné sur les braises pour marquer son territoire1. Lorsque les premiers soubresauts du dormeur du val secouent les fondations de la bicoque, il est temps pour notre petite troupe de plier les gaules, malgré les protestations de Horrin. Il faudra l’empalement, mortel, de Ninian (sa femme) par un spectre opportuniste, pour décider notre brave homme à abandonner sa position, Stonbrak emmenant les civils et Quasque en sécurité… ailleurs, pendant que Maesa et Shattercap livrent un dernier carré, ou dans leur cas, ligne droite, héroïque dans le lobby, interrompu avant son terme par le petit lever du fils de Behemat. À force de saltos et de souplesses arrières purement aelfique, nos héros arrivent toutefois à éviter de se faire écraser par le mobilier, et, profitant de la confusion, parviennent à rattraper leurs comparses. Et là, c’est le drame. Pludu Quasque, qui n’avait pas servi à grand-chose jusqu’ici, a pété les plombs et pris en otage Barnabus (le fils adoptif de Horrin et feu Ninian). Le mage, plus illuminé que lumineux, a pour intention d’échanger son âme contre celle du palefrenier, se gagnant ainsi un peu de répit. Malgré l’offre de Maesa de protéger le sorcier des Nighthaunts s’il voulait bien n’en rien faire, celui-ci refuse tout net, et profite de la série de pompes que Gégé le géant fait pour se remettre en forme pour fausser compagnie au reste des héros, Barnie sous le bras. La suite de notre histoire est assez confuse, le WOD du titan réduisant progressivement l’auberge en ruines et envoyant voler nos personnages de droite et de gauche. Premier éjecté du ring, Horrin est toutefois sauvé d’une chute mortelle par l’intervention salutaire du cerf de compagnie de Maesa, qui l’emporte en sûreté en contrebas de la montagne. Puis c’est Stonbrak qui voit sa glissade interrompue d’une flèche bien placée du Prince, agrafant ses braies à une planche porteuse. Pendant que le Duardin se démène pour se libérer, Maesa part à la poursuite de Quasque, qu’il finit par acculer dans un coin. Ses talents de négociateur laissant définitivement à désirer, il profite de la distraction que lui procure l’intervention sournoise de Shattercarp, envoyé en éclaireur, qui se fait les crocs sur le bras du kidnapper, pour récupérer Barnabus. Malheureusement, le Sprite passe par-dessus bord lorsque Quasque commence à dabber comme un dingue pour s’en débarrasser, provoquant l’ire bien compréhensible de l’Aelf. Il assiste donc d’un air détaché à la fin de Quasque, confronté et appréhendé par une patrouille de Glaivewraiths, qui repartent sans demander leur reste une fois le mage réduit en poussière. Est-ce la fin de notre histoire ? Presque, mais pas tout à fait. À présent tout à fait réveillé, le géant de pierre a été témoin du dénouement du drame avec tout l’intérêt qu’un humain un peu benêt peut avoir pour un duel de fourmis prenant place dans sa main. Le spectacle étant terminé, il résout de se débarrasser des derniers restes de l’auberge en s’essuyant sur la montagne la plus proche, forçant Maesa à sauter de sa plateforme, Barnabus sur l’épaule, et atterrir sur une corniche surplombant une falaise à pic. Au matin, Shattercap, plus résistant qu’il n’y paraît, et Stonbrak (et sa fidèle corde) arrivent à la rescousse des naufragés, et une petite séance de rappel permet aux survivants de regagner le plancher des vaches Lumineth, et à Maeasa de faire preuve de sa bogossitude ultime. Par un heureux coup de bol, Barnabus trouve même la précieuse larme d’Adembi sur le chemin du retour, et la confie à Maesa pour qu’il aille la rapporter à qui de droit. Intéressé par la perspective de toucher une récompense de la part des Hyshois reconnaissants, Stonbrak prend le parti d’accompagner l’Aelf dans sa quête restitutrice, et c’est sur ces entrefaites que notre histoire se termine pour de bon, nos héros cravachant dur pour être sûrs de chopper le 15:37 des Kharadron Overlords pour le Portail des Royaumes le plus proche. Pas de répit pour les braves. 1 : Après tout, il a une tête de chien, alors… Avis : Et voici que se referme ce qui resta sans doute, pour des siècles et des siècles, l’histoire signature de l’année I d’Inferno !. Que retenir de ce pastiche des Mille et Une Nuits transposée dans les Royaumes Mortels ? Si l’on commence par s’intéresser par l’épisode final de cette nuit de beuverie à l’auberge, je dois admettre qu’il ne s’agit pas à mes yeux de la partie la plus intéressante du récit déroulé par Haley. En effet, la préparation qu’il en avait fait en conclusion du conte de Horrin (There is a fire that MUST never goes out) et de la quête désespérée de Pludu Quasque (I Want Your Sex Soul) pavait la route des événements narrés dans ce Hounds of Nagash, et alors que les racontars échangés par les voyageurs s’étaient avérés riches en surprises, cette baston nocturne en terrain très dangereux ne l’a pas vraiment été. Autre grief, j’ai trouvé parfois les péripéties difficiles à suivre à partir du moment où le géant s’est réveillé pour de bon, l’orientation de l’auberge et sa dégradation progressive appelant à mes yeux une chute rapide et définitive des héros en contrebas. Ces déceptions évacuées, il faut reconnaître que Guy Haley accomplit son office avec sérieux et compétence, livrant une petite nouvelle d’action pure où le Prince Maesa peut enfin apparaître comme le Legolas des Royaumes Mortels qu’il est. Legolas nécrophile, mais Legolas tout de même. L’auteur fait également la liaison avec la suite des aventures du dandy au sprite, Hungerfiend, qui le voit faire équipe avec Stonbrak sur la route de Hysh. Si on considère 'At the Sign of the Brazen Claw' dans son ensemble, maintenant, on se retrouve face à une novella très différente de la soumission classique pour Age of Sigmar. Ceci est bien sûr dû à la structure de récit utilisée par Haley, qui faisait très bien l’affaire pour une histoire sérialisée, contrainte que les autres novellas de la GW-Fiction n’ont pas intégrer. Et, ne serait-ce que pour la bouffé d’air frais que ce format particulier apporte au lecteur, je pense que 'At the Sign… 'mérite le détour. À cela s’ajoute les nombreux sujets et cultures que le récit aborde, qui intéressera donc une plus large audience que la nouvelle « 1 vs 1 » classique, à commencer par les fluffistes. Notons aussi que les capacités de conteur de Haley sont généralement bien exploitées d’un récit à l’autre, dont le ton varie du très high fantasy (Horrin et sa cheminée géante) au plus grimdark (la conclusion de la novella), en passant par le conte et l’épique. Bref, l’expérience est à mes yeux des plus intéressantes, et scelle un peu plus le statut de Guy Haley comme l’homme à tout faire de la Black Library, capable de jongler entre les styles et les franchises sans faux pas. Reste maintenant à voir si Inferno ! se trouvera un digne successeur pour l’année II… Fluff : Glaivewraiths : Aussi appelés les molosses de Nagash, ce sont des Nighthaunts chargés par le Grand Nécromancien de chasser les individus qui lui ont déplu. Ils sont recrutés parmi les âmes de chasseurs cruels, et arborent la tête d’un chien de leur meute à la place de la leur dans non-vie. Passe ton code d'abord! : Drekki Flynt (3) Révélation • The Lost Karak Révélation Black Library 2021 Advent Calendar/2021/15 pages Intrigue : Ambiance orageuse sur l’Aelsling. Lorsque le Maître des Runes Kedren Grunnbor, deuxième mascotte du navire (après le familier mécanique de Flynt, Trokwi), insiste lourdement pour faire une halte sur îlot rocheux insignifiant perdu au milieu des Bancs Célestes Adromites, le capitaine Kharadron commence par refuser. La Longue Barbe ne s’avoue toutefois pas vaincue, et commence à grommeler si fort que même le blagueur Flynt comprend que l’affaire est sérieuse. Si sérieuse que Kedren va jusqu’à utiliser le mot magique pour amadouer le capitaine, extrême extrémité à laquelle peu de Duardin sont prêts à se rabaisser (même s’ils ne sont pas grands). Intrigué par l’opiniâtreté de son vieux complice, Flynt finit par capituler, à la condition de pouvoir accompagner Kedren dans son escapade en terre inconnue. Après une ascension éreintante à travers la forêt vierge qui recouvre l’île, le petit groupe (Flynt, Kedren, l’Ogor Gord et quelques Kharadrons additionnels) arrivent devant l’entrée d’un ancien Karak, ce qui explique l’intérêt que le Maître des Runes porte à ce caillou autrement dépourvu d’ather-or, et pique celui de Flynt. Après tout, les Dépossédés ne le sont que parce qu’ils ont oublié de prendre leur magot avec eux pendant l’Âge du Chaos : leurs anciennes demeures ont de bonnes chances d’être pleines de loot… Il faudra cependant faire attention, le flair infaillible du khemiste qui accompagne les explorateurs (Otherek Zhurafon) a décelé le puissant et musqué bouquet du Troggoth dans les galeries souterraines empruntées par la petite troupe. Et cela ne rate pas, en effet. Un Dankhold Troggoth squatte les niveaux inférieurs de la forteresse, et malgré l’absence de trêve hivernale en Chamon (un Royaume plutôt chaud il faut le dire), personne n’a eu le cœur, ou le courage, de le faire déguerpir. Le combat s’engage entre les courts sur patte et le grand dadais, la régénération de ce dernier posant rapidement de gros problème aux barbus. Il faudra finalement une combinaison de tir de mitraille du tromblon runique de Kedren, et une ingestion d’aether-bombe provoquée par un shoot habile de Flynt, pour que l’ennuyeuse bestiole consente à décéder de manière définitive. Ceci fait, il est temps d’une franche explication de texte entre le Maître des Runes et ses invités involontaires : pourquoi par Grugni tenait-il tant à se rendre sur place ? La réponse est toute bête, surtout pour des Kharadrons : rendre hommage à ses ancêtres. C’est en effet toute la famille de Kedren qui est enterrée dans ces cavernes, et cela n’a pas de prix pour un traditionaliste tel que lui. S’il tenait à s’y rendre seul, malgré les dangers évidents, c’est qu’il craignait que ses copains capitalistes ne profitent de la visite pour s’en mettre plein les poches… Crainte non dénuée de fondements, comme le renflement suspect dans la besace de Flynt à la fin de l’histoire le laisse apparaître, mais dans l’ensemble, l’équipage de l’Aelsling se comporte dignement. Ils ne sont pas si insortables que ça, finalement. Avis : Les différences entre les factions Duardin d’Age of Sigmar ont beau être très visibles quand on compare les figurines des différentes gammes, il n’est jamais inutile de se pencher également sur ce qui les sépare de manière invisible, c’est-à-dire leurs cultures, croyances et traditions. C’est la piste que Guy Haley explore dans ‘The Lost Karak’, qui montre à quel point Dépossédés et Kharadrons diffèrent en matière de philosophie, mais aussi, et c’est intéressant, qu’ils restent liés par des valeurs communes. Sur cette idée simple mais riche, Haley ajoute un soupçon d’humour (sa marque de fabrique pour sa série arkanaute), un bon fond de fluff et un enrobage d’action, pour un résultat tout à fait correct. Fluff : Duardin (Physique) : Une taille de quatre pieds et deux pouces (rq : environ 127 cm) est considérée comme imposante chez les Duardin. Kharadron (Culture) : Un raadfathom aérien est équivalent à la distance qu'un vaisseau céleste parcourt en une seconde. C’est une unité de mesure basée sur un modèle d’aether-endrin depuis longtemps obsolète (le Grindisson première modèle), établie par le Nav-Master Groffin Terrenk. Le Geldrungburz est la bourse des matières premières des Kharadron. • Krenkha Goronga Révélation Black Library Celebration Week 2022/2022/14 pages Intrigue : La journée a mal commencé pour l’équipage de l’Aelsling, capturé par une tribu de Gloomspite Gits ne dédaignant pas de mettre de la chair naine au menu. Saucissonné comme ses hommes, l’optimiste capitaine Drekki Flynt garde toutefois espoir de se tirer de ce mauvais pas avant que les carottes soient cuites, et lui avec. Ses options sont toutefois limitées : les Grobis l’ont fermement attaché dans quelques hectomètres de soie d’araignée, et le seul membre d’équipage ayant échappé à la capture est le Mangeur d’Hommes Gord, dont la loyauté est mise en question par les arkaunautes les plus défaitistes, à commencer par Adrimm Adrimmsson. Sorti presque major de sa promo à Barak-Mhornar, comme il aime le répéter à tout bout de champ, Adrimm regrette amèrement d’avoir choisi Flynt comme premier employeur, et ne se fait pas prier pour le seriner sur tous les tons. Il en faut bien sûr plus pour entamer la bonhommie naturelle de notre héros, qui échafaude même un plan audacieux qui capitalise sur le mal-être de ce chouineur d’Adrimm, ainsi que sur son caractère soupe au lait. Estimant avec justesse que l’échafaudage brinquebalant sur lequel l’arkaunaute est ligoté ne résistera pas à quelques secousses bien senties, Flynt use de son art consommé du persiflage pour excéder son matelot, dont les soubresauts indignés finissent par avoir l’effet escompté. Ayant trouvé un couteau sur la dépouille du malheureux Git sentinelle qu’il a twerké à mort pendant l’effondrement de la plateforme, Flynt a tôt fait de se libérer, puis de rendre la pareille à son équipage… sauf à Adrimm, qui dans sa fureur a osé remettre en cause son capitanat en invoquant (heureusement sans succès) le krenkha gorogna, que l’on peut traduire comme « mention de censure » en khazalide. C’est le moment que choisit le fidèle Gord pour lancer un groupé-pénétrant dans l’antre des Grobis, qui se font tailler en pièce en l’espace de quelques secondes, après que les Kharadrons aient rejoint la mêlée une fois leurs armes et armure récupérées. Magnanime, Drekki Flynt accepte de passer l’éponge sur l’insubordination de son matelot (qu’il avait sciemment provoqué, il faut le reconnaître), et notre histoire se termine autour du frichti de Gits que ce gourmet de Gord prépare dans le chaudron destiné à l’équipage de l’Aelsling. Ça aurait été dommage de gâcher la soupelette… Avis : Petite nouvelle sympathique, où la forme l’emporte franchement sur le fond (il n’y a qu’à voir la taille du résumé ci-dessus, et pourtant ‘Krenkha Gorogna’ fait 14 pages, ce qui est dans la moyenne des nouvelles de la Black Library), cette péripétie mineure mais drolatique de la carrière de Drekki Flynt permet surtout d’en apprendre plus sur la manière dont le Kharadron roublard s’est attaché les services de son Ogor de choc, ainsi que sur la culture de cette faction et son fameux KhCode. Mis à part ça, on se contentera de profiter des saillies bien senties de ce boute en train de Duardin, qui cabotine ici outrageusement pour notre plus grand plaisir. En tout cas, moi, j’aime bien. Fluff : Kharadron Overlords (Culture) : Le Code des Kharadron autorise un membre d’équipage jugeant que son capitaine est indigne de sa charge à le renverser, en invoquant le Krenkha Gorogna. Pour être acceptée, cette « motion de censure » doit être approuvée à la majorité des votants par le trommraad (littéralement, « conseil de la barbe »), composé des membres les plus âgés, et donc sages, de l’équipage. • The Skyborne Grudge Révélation Character Week 2022/2022/15 pages Intrigue : Le capitaine Kharadron et forban notoire Drekki Flynt est en route vers le Bavardia avec navire (l’Aelsling) et équipage (beaucoup de Duardins, dont le Maître des Runes Kedren Grunnsson, et l’Ogor Gord), où l’attend une relation d’affaires. Malgré le timing serré, lorsque se présente à l’horizon un îlot de metalithe de fort beau gabarit, synonyme de ressources naturelles à mettre sur le marché à un tarif avantageux, le sang et le sens du commerce de notre héros ne fait qu’un tour, et il dirige aussi sec son esquif vers l’île flottante au trésor. Il lui faut en effet effectuer quelques relevés de terrain, et procéder à une appropriation contractuelle en bonne et due forme, pour qu’il puisse sereinement et réglementairement jouir de l’usufruit de sa trouvaille. Malgré son comportement parfois irrévérencieux, Flynt reste un Kharadron et en tant que tel, attaché au sacro-saint Code (surtout quand ça l’arrange). La manœuvre est toutefois contrariée par l’arrivée soudaine et hostile de l’Ironclad Kantuz Grundi, qui commence à bombarder à vue l’Aelsling, au grand dam de son capitaine. Surclassé par la puissance de feu du nouveau-venu, le vaisseau de nos héros met à profit son agilité et sa vitesse supérieures pour échapper à son poursuivant, au moins de façon temporaire. Car il faut plus qu’une bordée de carabines éthériques pour décourager le capitaine Drekki ‘I like money’ Flint de mettre la paluche sur bon filon, surtout si les carabines en question tirent mal. Après tout, it’s free real estate. Le mystère des raisons de cette incompréhensible agression reste entier, mais la détermination de l’Ironclad laisse à penser que l’affaire est personnelle, et non pas liée à la revendication de l’îlot de metalithe. Malheureusement, cela réduit assez peu le champ des possibles, car Drekki s’est fait un nombre incalculable d’ennemis au fil des années. La rançon du succès quand on est aussi grand, beau, génial et accompli que notre ami barbu, sans doute. L’Aelsling s’approche donc subrepticement de son objectif, permettant à l’Aether-Khemist du bord, Otherek Zhurafon, de confirmer la présence de minéraux et gaz de valeur, et à son boss de prendre officiellement possession de Flyntland au nom de Barak-Thrund et de l’amère batterie. La cire n’est pas encore sèche sur les tablettes que le Kantuz Grundi revient faire parler de lui, coinçant sa proie entre son stratocanon et la paroi de metalithe. Pour ne rien arranger, un quatuor d’Endrinriggers se pose sur le pont de l’Aelsling, condamnant tout espoir d’évasion de ce dernier. Le face à face entre les deux capitaines Kharadron va bien avoir lieu, et quand son homologue soulève la visière de son casque gravé, Flynt est effaré de reconnaître… Révélation …Personne de sa connaissance. Ce qui chagrine fortement son vis-à-vis, Arlfred Flodisson, persuadé qu’il était de sa propre importance et renommée. S’en suit un savoureux dialogue de sourd pendant lequel on apprend que la raison de la rancune de Flodisson envers Flynt est que ce dernier a renversé la pinte de bière du premier sur son plus beau veston, refusé de compenser les dégâts causés d’une quelconque façon, et argué que le veston en question était de toute façon affreusement moche. C’était il y a quatre ans, Drekki était fin saoul, et n’avait pas réalisé que sa nuit de beuverie lui avait causé une inimitié aussi tenace. La proposition de Flodisson de régler leur différend par un duel à mort n’étant pas vraiment à son goût, Flynt décide de mettre fin au malaise en larguant une torpille Grudgesettler sur l’Ironclad que l’imprudent Flodisson a placé en contrebas de l’Aelsling. N’ayant pas non plus pensés à se désencorder après leur abordage les Endrinriggers sont entraînés dans la chute de leur bateau. C’est ballot. Si l’équipage du Kantuz Grundi dispose de quelques minutes pour réparer l’avarie causée par cette canaille de Flynt avant de s’écraser au sol – ce qui devrait être largement suffisant pour un équipage de Duardins – la poursuite, et on l’espère la rancune, s’arrête ici entre les deux capitaines. Voilà une journée profitable pour notre Akanaute à la barbe fleurie. Avis : Après des débuts inquiétants de complexité pour le tout venant (tous ces noms nains de trois syllabes ou plus qui se terminent par -on, c’est un peu prise de tête), Guy Haley parvient à redresser la barre dans la deuxième moitié de cette courte nouvelle, en laissant la part belle à la truculence naturelle de son héros, jamais à court d’une remarque acerbe, et à sa maîtrise de la mise en scène de situations et de dialogues absurdes. On retrouve en Drekki Flynt une déclinaison high fantasy du Belisarius Cawl que le même Haley a positionné comme concurrent sérieux au titre de personnage nommé le plus cool de Warhammer 40.000 (en compétition avec Trazyn l’Infini et Fabius Bile lorsque Josh Reynolds est en forme), et je dois dire que ça fait plaisir. Pas au point de me lancer dans le roman consacré au personnage (‘The Arkanaut Oath’), mais assez pour attendre avec impatience que les autres nouvelles à la gloire du Drek soient proposées dans des recueils de la Black Library. Fluff : Kharadron Overlords (Guildes) : La Nav-Guilde achète les coordonnées et les dimensions des îlots flottants des bancs célestes de taille importante afin de compléter les cartes aériennes qu’elle produit. Ce genre d’informations est donc considéré par les Kharadrons comme aussi précieux que de l’aether-or. Schattra, the coming of age (of Sigmar) Modifié samedi à 22:16 par Schattra Ajout des critiques des nouvelles du Black Library 2024 Advent Calendar Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 8 mars 2019 Auteur Partager Posté(e) le 8 mars 2019 (modifié) Hal Wilson (3) Révélation Il est à peu près certain que le Hal Wilson qui nous intéresse ici n’est pas l’acteur de films muets né en 1861 (et mort il y a bien longtemps de cela). Pour autant que je le sache, notre homme est un aspirant auteur dont le premier travail pour la Black Library est la nouvelle ‘Past Returns’ (2023). • Past Returns Révélation Dawnbringers Week 2023/2023/16 pages Intrigue : C’est très bien de s’enrôler dans une croisade Dawnbringer et d’aller donner sa vie pour la plus grande gloire de Sigmar, mais cela n’est possible que si les fonds nécessaires au financement d’une entreprise aussi coûteuse sont levés auparavant. Pour cela, tous les moyens sont bons, mêmes les plus honteux : notre héros, le Colonel Kai Valgor, un vétéran ventripotent et alcoolique, a donc opté pour le démarchage des autres invités du bal auquel l’a convié la Dame Aslin, ce qui se passe… moyennement bien. Et je ne dis pas tant ça à cause de son incapacité à empocher le moindre centime (ça peut arriver à tout le monde), mais plutôt en raison du meurtre de sang-froid que Valgor se retrouve contraint de commettre sur la personne d’un serviteur du manoir. Pour sa défense, le bougre était en fait un cultiste de Slaanesh, comme son torse tatoué et piercé le révèle (gasp), surpris par le brave Colonel en train de danser de la tektonik dans une salle isolée que Valgor avait confondu avec les toilettes. Rejoint par son bras droit, la Capitaine Freya Gorrick, également conviée à ces réjouissances mondaines, les deux soldats établissent un plan de bataille : pendant que Gorrick camouflera le cadavre derrière une commode pour que sa disparition passe inaperçue (#CommeCestCommode), Valgor mènera son enquête parmi les convives, pour identifier d’autres hédonistes en puissance, et trouver si possible du renfort pour les mettre hors d’état de nuire. Hélas, Valgoche n’est guère doué pour le relationnel (c’est un militaire après tout), et échoue royalement sur les deux tableaux, jusqu’à qu’il engage par hasard la conversation avec une femme en uniforme martial, qui se révèle être la Dame Aslin en personne. Rassuré par ses manières directes et franches, le Colonel ne met pas longtemps à lui souffler que son personnel laisse à désirer, et à l’emmener constater de ses propres yeux la preuve irréfutable(ment morte) que Gorrick lui a gardé au frais dans l’arrière-boutique… Révélation …Seulement voilà, de cadavre à l’endroit convenu, il n’y a pas, ou plus. Très conscient de passer pour une poire auprès de la maîtresse de maison et mécène potentielle de son effort de crowdfunding, Valgor ne sait plus où se mettre, et accepte donc sans réfléchir le petit verre d’eau de vie que lui propose la charitable Aslin pour l’aider à surmonter sa gênance. Mal lui en prend toutefois, car le spiritueux contenait un puissant somnifère, et lorsque Valgor se réveille, c’est en fâcheuse posture : dans la galerie des portraits torturés de son hôtesse, attaché à une chaise et à la merci d’un dangereux peintre nudiste répondant au nom d’Arak, se présentant comme l’artiste en résidence du manoir et tout disposé à tirer un portrait sur le vif du petit curieux que sa patronne lui a ramené. Laissé en tête à tête avec le Dali slaaneshi par Aslin, qui après tout a d’autres invités à divertir, Valgor puise dans ses réserves (un peu) et profite de la fragilité du mobilier (surtout) pour parvenir à se libérer de ses liens. Son duel avec un Arak pas vraiment jouasse que son sujet trouve malin de sauter partout aurait cependant pu se terminer très vilainement pour le Sergent Colonel Garcia, n’eut été l’incendie fortuit de l’atelier qui se déclare pendant le pugilat, une des bougies utilisées pour obtenir une atmosphère convenablement tamisée embrasant le contenu d’une bouteille de térébenthine brisée au cours de la lutte. En plus de transformer le Nin des Royaumes Mortels en torche humaine (c’est ça d’avoir les cheveux gras à l’excès), la conflagration attaque également la collection picturale d’Aslin, libérant les esprits tourmentés des ses précédentes victimes, piégées jusqu’alors dans les toiles. Salement amoché pendant la lutte, Valgor se décide cependant à mener à bien ce qui sera sa dernière mission pour le compte de Sigmar : brûler le manoir impie jusqu’aux fondations, afin d’anéantir l’influence perverse d’Aslin et de son culte de débauchés. Pour cela, il peut compter sur les larges réserves de térébenthine de feu (mouahaha) Arak, et sur la rage bien compréhensible des gheists réanimés, qui ont la gentillesse de se concentrer sur les hédonistes plutôt que de venir lui chercher des noises. Avant que le rideau tombe sur notre histoire, Valgor finit enfin par recroiser la route de Gorrick, dont on se demandait bien ce qu’elle glandait depuis tout ce temps… Révélation …À sa décharge, l’évanescente Capitaine était morte depuis des années, abandonnée par Valgor avec les autres soldats de son régiment lors de la débâcle de la Plaine des Esquilles, où les armées de Sigmar se firent massacrer par une horde slaaneshie. On comprend alors que le Colonel, toujours hanté par sa culpabilité, était saisi d’hallucinations récurrentes lors de situations stressantes, pendant lesquelles il conjurait l’image de son adjointe pour lui demander conseil. Comprenant que sa dernière heure est arrivée (une artère fémorale qui fuit, ça ne pardonne pas), Valgor fait enfin la paix avec son passé honteux, et s’en va déclarer sa flamme à cette garce de Dame Aslin. C’est vrai ça, qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ? Avis : Pour ses débuts dans la GW-Fiction, Hal Wilson nous sert un huis clos psychologique et sensoriel (merci Slaanesh) plutôt bien exécuté, mais assez mal séquencé. Je m’explique : à la lecture de la nouvelle, il est clair que Wilson a le talent nécessaire pour conserver l’effet de surprise de sa révélation finale, mais il choisit de dévoiler le pot aux roses aux deux tiers de son récit, ce qui gâche quelque peu la fête, comme son balourd de héros d’ailleurs. On retrouve aussi ce décalage à la toute fin de ‘Past Returns’, qui se termine sur ce qui ressemble furieusement à l’enclenchement d’une péripétie. Je ne saurais dire à ce stade si cela fait partie du style de cet auteur, ou s’il peut encore progresser à ce niveau. Cela dit, pour un nouvel arrivant au sein de la Black Library, Wilson s’en sort très bien sur les autres plans (et notamment en matière de maîtrise du fluff), ce qui est encourageant et donne envie de voir ce qu’il pourra nous proposer par la suite. Les plus anciens parmi vous verront enfin un hommage, peut-être involontaire mais en tout cas réussi, à une vieille nouvelle de Warhammer Fantasy Battle ayant également mis en scène un tableau slaaneshi (‘The Blessed Ones’). Ça ne nous rajeunit pas… Fluff : Bataille nommée : Un ost de Slaanesh a massacré une armée des cités libres de Sigmar lors de la bataille des Plaines des Esquilles (Boneshard Plains). • The Nameless Révélation Wanderers of the Realms/2024/25 pages Intrigue : Un homme se réveille en sursaut dans une ruelle sombre d’une ville déserte de Shyish. Dans sa main, un pistolet gravé du nom « Marne ». Dans sa tête, pas un souvenir de qui il est, ni d’où il se trouve, même si les environs lui semblent familier. Pour compléter ce tableau idyllique, une horde de Nighthaunts attend patiemment à l’extérieur de la cité, prête à investir les lieux lorsque la protection arcanique de ces derniers se sera dissipée, ce qui ne saurait beaucoup tarder. Pour notre héros amnésique, c’est le début d’un jeu de piste pour essayer de retrouver la mémoire, et peut-être parvenir à empêcher l’invasion imminente de la ville par les forces de Nagash… Révélation …Le parti pris littéraire de l’auteur rendant l’écriture d’un résumé détaillé un chouilla artificiel à mon goût, je me contenterai de vous briefer sur les éléments saillants de l’intrigue de façon chronologique. Le personnage principal était le serviteur du sorcier Marne, chassé d’Hammerhal à cause de démêlés avec la justice, et spécialisé dans les sorts d’amnésie de masse. Son rôle précis était de sonner la cloche enchantée que Marne avait installé au sommet de sa tour, et dont le carillon était insupportable aux Nighthaunts. Tombé amoureux d’une autre servante du sorcier (Scarlet), John Doe était allé subtiliser le pistolet de son maître afin de pouvoir s’échapper avec sa dulcinée lorsque Marne lança son dernier sortilège, rendant amnésique la ville entière, mais écopant d’une entaille fatale à la jugulaire de la part de Scarlet, plus que saoulée de servir de cobaye aux expérimentations mnémoniques de son employeur (ou plutôt geôlier, car qui peut dire si elle avait consenti à le servir avant de se faire brainwasher tous les quatre matins ?). Malheureusement pour les tourtereaux, leur complicité ne survécut pas au sort de Marne, et lorsqu’il se retrouvèrent au cours de leur errance, John finit par abattre Scarlet avec la pétoire du patron afin de récupérer le journal du sorcier, dans lequel il espérait pouvoir trouver un remède à son amnésie. La mort de Scarlet, que Marne avait utilisé comme réceptacle pour son enchantement, permit à John de retrouver la mémoire, pile au moment où les dernières idoles gardiennes de la ville tombèrent en morceaux, permettant aux Nighthaunts d’investir la cité. Après un sprint en direction de la tour de Marne, John parvint à carillonner suffisamment fort la cloche magique pour provoquer la dispersion de la death mob, et rester seul avec ses souvenirs et ses regrets… Avis : Soumission très sympathique de la part de Hal Wilson, qui nous rejoue Memento à la sauce Age of Sigmar. Il faut une vraie maîtrise littéraire et stylistique pour livrer une histoire convaincante avec un héros amnésique, et Wilson démontre qu’il est capable de relever ce défi. Au milieu de l’océan des nouvelles sword and sorcery d’AoS, quelques expérimentations comme ce ‘The Nameless’ apportent une variété bienvenue à la GW-Fiction. Fluff : Rien à signaler. • The Wanderer Révélation On the Shoulders of Giants and Other Stories/2024/21 pages Intrigue : Lorsque la croisade qu’il mène dans le sous-monde Shyishois de Stygxx est menacée par une (petite ; 6 cas sur plus d’un millier de recrues) vague de suicides parmi ses soldats, le Maréchal Luit Weiss charge son éminence grise et gars sûr, le Prestelame Zelef Eryx, de tirer les choses au clair rapidement et efficacement. Aidé par son réseau d’informateurs et par ses talents de ninja interrogateur/autiste Asperger (il se dit capable de reconnaitre les visages de tous les membres de la croisade, ce qui n’est tout de même pas banal), notre héros ne tarde pas à déceler la piste d’un mystérieux individu dont le plus grand crime semble d’avoir une barbe miteuse de ne pas avoir de potes parmi les centaines de soldats qui composent le contingent sigmarite. Cette misanthropie suspecte pourrait elle dissimuler de noirs desseins ? Bien évidemment que oui (avec seulement 22 pages de nouvelles, pas le temps de développer des fausses pistes) : le nommé Chora se révèle être un oracle nécromantique, protégé par le chef (Lenghum) de la troupe d’Eclaireurs attachée à la croisade de Weiss. Grâce à ses pouvoirs occultes, Chora est en effet capable de communiquer avec les défunts, talent tarifé sur lequel Lenghum touchait une commission jusqu’à ce que la milice de Lethis ne fasse une descente sur le culte dont Chora faisait partie, forçant ce dernier à se mettre au vert. En désespoir de cause, Lenghum prit son protégé avec lui lors de son départ en croisade, mais les révélations macabres qu’il fit à quelques-uns de ses clients au cours des derniers jours s’avérèrent si plombantes qu’un certain nombre d’entre eux commirent l’irréparable plutôt que de noyer leur cafard dans la boisson, comme les soldats le font habituellement. Après un bref combat avec Lenghum la crapule, Eryx parvient à le maitriser et l’exécute froidement pour intelligence avec l’ennemi et complicité dans les suicides constatés parmi la troupe, sous les yeux de ses hommes et du Maréchal Weiss, qui faisait du cheval à proximité (car le cheval, c’est génial, sachez-le). Ne reste plus à notre discret héros qu’à rattraper le fuyard Chora, qui s’était fait la malle de la tente de Lenghum pendant le combat entre le chasseur et le Prestelame, ce qu’il parvient à faire relativement facilement malgré la nuit noire, la pluie soutenue et le terrain difficile qui entoure le campement sigmarite. Disciple de Nagash, Chora s’était mis en tête de châtier les forces de l’Ordre pour leur effort de conquête de Stygxx en déprimant à mort quiconque prêtait l’oreille à ses funèbres tuyaux, et malgré son entraînement avancé et sa volonté bien trempée, Eryx faillit tomber dans le même panneau que les précédentes victimes du nécromant lorsque ce dernier lui fait passer un message de la femme et du fils qu’il a perdus bien avant d’endosser la cagoule de Prestelame. Ayant réussi son test de mélancolie, Eryx plante sa lame de fonction dans la glotte du mécréant, mettant fin à ses manigances et achevant du même coup notre histoire. Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour préserver le moral des troupes, tout de même… Avis : Hal Wilson se sort bien de ce qui semble être une nouvelle de commande de la part de la Black Library pour donner un peu de profondeur à la boîte de corps de commandement des Guildes Franches des Cités de Sigmar, dans laquelle on retrouve, entre autres figurines hautes en couleur, le filiforme Prestelame. ‘The Wanderer’ permet d’illustrer le rôle de cette figure de l’ombre lorsqu’elle ne tente pas d’assassiner des personnages ennemis sur le champ de bataille avec sa petite rapière, et bien que l’intrigue de l’histoire ne soit pas particulièrement mémorable, on s’intéresse malgré tout à l’enquête de Zelef Eryx grâce aux efforts déployés par l’auteur pour mettre en scène une croisade sigmarite réaliste, avec ses différents corps de troupe et ses rivalités internes. Je ne sais pas si les autres figurines de l’état-major des Cités de Sigmar bénéficieront d’un traitement similaire, mais je serais assez partant pour lire ce que ça donne (surtout le Berger des Âmes, soyons honnêtes). Fluff : Lethis : L’eau puisée dans les lacs de cette cité de Shyish a des pouvoirs thérapeutiques, elle peut effacer les émotions et les souvenirs indésirables de ceux qui la boivent. Lunaghast : Une lune des Royaumes Mortels, dont la surface apparait comme un crâne céleste. Ian Green (1) Révélation L’auteur écossais Ian Green (à ne pas confondre avec Nathan Green, malheureux !) a commencé à écrire pour la Black Library en 2024 avec la nouvelle ‘Doomwheel’. Avant cela, il a publié la trilogie med-fan ‘The Rotstorm’ et le thriller ‘Extremophile’. • Doomwheel Révélation Black Library 2024 Advent Calendar/2024/18 pages Intrigue : La bataille pour Spit Hollow, et ses riches gisements de malepierre, bat son plein entre une cohorte de Seraphons et une horde de Skavens affiliés au clan Skyntyk, succursale du clan Skryre. C’est l’occasion pour le Technomage Cralk Seventoes de prouver l’étendue de son génie mécanique et thermodynamique à ses collègues et néanmoins rivaux, par Roue Infernale interposée. Notre héros est en effet spécialisé dans le tuning de ces bolides déments, et compte bien démontrer à la concurrence qu’il a la plus grosse rapide et la plus solide. En compagnie de huit autres Roues, Cralk charge donc le flanc droit des lignes Hommes Lézards, avec des résultats percutants. Mieux encore, il parvient à survivre à l’impact, ce dont les autres équipages ne peuvent pas se vanter, et part garer sa caisse à proximité d’une ziggourat luxuriante, qui à deuxième vue se révèle être une machine terraformatrice (Realmshaper Engine) ancrant la ligne de bataille des Seraphons. A l’aide de son dévoué et impavide (il ne manifeste jamais la moindre peur, ce qui en fait un Space Murin) assistant Vermitch, Cralk effectue les réparations les plus urgentes, et pas une seconde trop tôt car l’unité gardien de but ennemie ne tarde pas à se manifester pour contester l’élément décor aux ratons entreprenants. Grâce à l’arsenal embarqué dans la Roue (fioles d’acide, pistolet à malepierre) et à la bénédiction du Rat Cornu, qui switche obligeamment l’alimentation de l’unité motrice au générateur à malepierre, et permet ainsi à Cralk de carboniser les derniers assaillants avant que ces derniers n’aient eu la chance de porter la moindre attaque de corps à corps, les Skavens parviennent à se tirer de ce mauvais pas et repartent à toutes berzingues vers les lignes arrières pour un arrêt au stand bien mérité. Pendant que le staff s’active à remettre sa Roue en état, Cralk sollicite une audience auprès de son supérieur, l’Archi-Technomage Shankrot, afin de l’alerter sur la présence de la machine terraformatrice. « Raton, gère-moi ce problème tu seras gentil » lui répond son boss, et voilà notre pilote de compétition qui repart au charbon, accompagné de deux autres Roues. Comme on s’en doute, les Seraphons ont renforcé leur défense lorsque l’escadron Rat One revient sur les lieux, mais ce n’est pas ça qui va refroidir les ardeurs tamponnantes de Cralk, croyez-le bien. Nouvelle charge à tombeau ouvert, nouvelle déflagration titanesque, et nouvelle victoire de canard Riton, décidément chanceux aux dés sur cette bataille. Ce succès semble toutefois arriver trop tard pour les Skavens, qui expérimentent une phase de déroute catastrophique et battent en retraite de façon indiscriminée. Le fromage est-il fondu pour les disciples du Rat Cornu ? Pas tant que Cralk est encore en mesure de faire des roues (arrière ou avant, on s’en fiche) ! Nous laissons donc notre héros se préparer à arracher la victoire des mâchoires de la défaite d’une nouvelle charge dévastatrice dont il a le secret, et arrêtons là notre chronique de cette journée Fast & Furious. Avis : Si quelques entrées dans les Livres d’Armée/Tomes de Bataille ont la chance de disposer d’un encadré narratif mettant en scène l’unité décrite au combat, le format de ces pastilles fluff tourne généralement autour du paragraphe. Ian Green transpose ce concept sympathique mais pas essentiel non plus à l’échelle supérieure, et nous livre 18 pages de war solowheel, soit bien plus qu’il n’en faut pour satisfaire le lecteur le plus passionné par ce mode de mobilité pas vraiment douce. ‘Doomwheel’ souffre à mes yeux de n’être rien de plus qu’une collection de péripéties martiales (et circulaires), sans réelle intrigue pour justifier son existence. Certes, Cralk Seventoes est un Technomage de premier plan, et sa monture vaut son pesant en malepierre, mais on finit par se lasser de les voir passer leur temps à foncer sur la plus grosse concentration de Seraphons pour en faire des tapas, nuker sauvagement toute forme de vie dans un rayon de 6D6 pas grâce à la bobine Tesla montée sur le châssis de l’engin, ou faire des réparations en urgence pour pouvoir rinse and repeat ad nauseam les deux premières actions. Peut mieux faire. Fluff : Clan Skryre : Le clan Skyntyk, dirigé par l’Archi-Technomage Shankrot, est affilié au clan Skryre. Il contrôle les mines de malepierre de Spit Hollow. Jaine Fenn (1) Révélation Mme Fenn détonne par rapport à ses camarades de la Black Library et d’Inferno!, en grande majorité de jeunes hommes dont il s’agit des premières publications « professionnelles ». Auteur des séries Hidden Empires et Shadowlands, Jaine Fenn est au contraire une écrivain chevronnée, à rapprocher d’un Barrington J. Bayley ou d’un John Brunner. • From the Deep Révélation Inferno! #2/2019/26 pages Intrigue : Une chose que l’on ne peut pas retirer à l’univers d’Age of Sigmar par rapport à Warhammer Fantasy Battle, c’est l’étendue bien plus vaste qu’il couvre en termes strictement géographiques. Avec ses huit royaumes mortels, les portails et la dimension du Chaos en sus, et jusqu’aux Séraphons qui squattent le cosmos, il n’y a pas de risque d’empiéter sur les plates bandes du voisin, pour peu qu’on veuille s’en donner la peine. Si on ajoute la dimension temporelle à l’équation, les possibilités, déjà vastes, se trouvent encore démultipliées jusqu’au vertige, ce qui devrait permettre à chacun de trouver encrier à sa plume, même (ou surtout) aux petits nouveaux de la BL, dont la maîtrise de l’historique de la franchise n’est peut-être pas optimale (tout le monde ne s’appelle pas Josh Reynolds). C’est sans doute pourquoi que Jaine Fenn a décidé de nous entraîner dans le lagon de la Mer des Serpents du royaume de Ghyran pour son galop d’essai en terre sigmarite, à la rencontre du mystérieux peuple des algues que l’on nomme les Néréïdes. Notre héroïne, Kelara, occupe la noble fonction de maraîchère des forêts de kelp et gardienne des bancs de nektons qui s’y ébattent joyeusement, et tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes royaumes si les hordes du Chaos, encore elles, n’avaient pas décidé de poursuivre leur campagne d’extinction de masse dans un nouveau milieu, après avoir consciencieusement ravagé le littoral. Notre candide Néréïde a ainsi la désagréable surprise de découvrir un VRP vérolé à sa porte un beau matin, tenant mordicus à lui vendre une séance d’acupuncture à base de lance rouillée, ce à quoi Kelara est plutôt opposée. Déconfit par ce refus, le scion de Nurgle se répand en invectives, puis en nuage de corruption, après que Kelara, à qui il ne faut pas baver longtemps sur les branchies, lui ai fait goûter à sa propre médecine. À son grand ennui, ces épanchements ont pour effet immédiat de faire crever une partie non négligeable de ses plantes vertes, et elle s’empresse de prêter secours à ses ouailles, toutes également importunées par des Blightkins trop insistants pour leur propre bien. Cette première vague gérée, Kelara réalise qu’elle se retrouve en première ligne de la guerre de la Vie, et se mue alors en général aussi enthousiaste qu’inepte1. Gardant un œil attentif sur les activités ennemies à la surface, Kel’ tente également de convaincre ses cousins des profondeurs, spécialistes de l’élevage de serpents marins d’un fort beau gabarit, de rejoindre le combat, avec de très maigres résultats. Surprise en pleins pourparlers avec les voisins du dessous par le cri de douleur déchirant d’Alarielle, qui s’était alors cognée le petit orteil dans une racine qui dépassait du sol (comprendre que ça a dû lui faire très mal sur le coup, mais qu’il ne s’est strictement rien passé de grave dans les minutes, heures et jours qui ont suivi pour la gent Sylvaneth), Kelara remonte en catastrophe dans les eaux du lagon et décrète la mobilisation générale… et pas grand chose d’autre. Ou comment perdre une journée. Un peu plus tard, elle doit gérer une crise d’un genre particulier, lorsque la surface de la Mer des Serpents se met soudainement à geler sur plusieurs mètres, emprisonnant et broyant les malheureuses Néréïdes ayant eu la mauvaise idée de traîner dans le coin à ce moment. Persuadée d’une manigance de l’ennemi2, Kelara envoie des patrouilles se renseigner sur les actions de ce dernier, et découvre que les Blightkins ont tiré parti de ce soudain âge polaire pour confectionner des Nurglaçons, qu’ils larguent dans les eaux internationales pour poursuivre leur travail de sape. Avec succès, car, comme Fenn le note, Kelara n’a aucun moyen de lutter contre ces cacatovs d’un genre particulier. Sale guerre que celle-ci. Un peu plus tard, et bien décidée à reprendre l’offensive, Kelara dévoile une nouvelle facette de son caractère : une couardise pathologique. Cherchant désespérément à se rendre utile, notre héroïne voit en effet son heure de gloire poindre à l’horizon, sous la forme d’une petite bande d’Hommes-Bêtes occupée à faire une bataille de boules de neige sur la banquise. Confiante dans le fait que ses forces sont quatre fois plus nombreuses que l’adversaire, que celui-ci ne les a pas vu arriver, et qu’elles disposent d’armes de jet pour débuter les hostilités sur la bonne nageoire, Kelara se retrouve tout de même prise en flagrant délit de fuite éperdue, après que le Gor désarmé qu’elle attaquait par surprise ait réussi à lui arracher sa lance des mains. On ne peut pas gagner à tous les coups. Cette escarmouche malgré tout remportée par les forces de l’Ordre, Kelara emmène ensuite ses sœurs à la rescousse d’une petite force de leurs cousins Sylvaneth branchus (à défaut d’être branchés), livrant bataille à une horde chaotique non loin de là. D’abord chaude comme la braise à l’idée de se joindre au combat, Kelara voit son trouillomètre monter dans les tours à la vue de l’ost ennemi, et ne réussit à sauver la face que grâce à la rencontre fortuite avec un des Stormcast Eternals combattant aux côtés des militants de CPNT, qui l’informe obligeamment que lui et ses camarades effectuent une action d’arrière garde pour permettre à la Lady of Vines (Dame des Rameaux ?) de porter le cuir dans l’en-but adverse Alarielle sous sa forme de cosse jusqu’au portail des royaumes le plus proche. Toujours une à fuir le combat dès qu’une occasion se présente, Kelara s’empresse de fausser compagnie aux braves Stormcasts, dans le but avoué d’aider la suite divine à parvenir à bon port. La promenade de santé tourne toutefois au parcours du combattant lorsqu’un trio de serpents de mer corrompus par le Chaos décide de littéralement briser la glace avec les défenseurs d’Alarielle, confondant certainement cette dernière avec une cacahouète. L’occasion pour Kelara, capitaine Albacore, de prouver sa valeur ; ce qu’elle fait avec zèle, à défaut d’efficacité. En même temps, personne n’a jamais stoppé un cachalot berserk en lui lançant des cure-dents (ce qui est la stratégie choisie par notre général-nul-issime), tenez-le-vous pour dit. Malgré tout, notre héroïne parvient à triompher de l’adversité en transperçant le cerveau de la bête furieuse avec sa lance… qui se trouve être faite d’une dent de serpent de mer. Anatomiquement parlant, cela m’a semblé tiré par les écailles, à moins que le serpent de mer moyen tienne autant du smilodon (pour la longueur des dents) que du brontosaure (pour la taille du cerveau), mais passons. Durement éprouvée par cette bataille des plus épiques, Kelara se réveille entourée de ses sœurs survivantes, qui lui demandent des nouvelles d’Alagraine, perdue de vue au cours de l’esclandre. Tirant parti de sa connexion 4G (comme Ghyran), Kelara arrive à localiser le précieux chargement, qui continue sa route vers la terre (haha) promise. Et c’est sur cette consultation de traqueur GP que From the Deep se termine. Non ? Si. 1 : Reconversion ratée qui se devinait d’ores et déjà dans la décision pleine de bon sens qu’elle avait prise d’armer ses Néréïdes en prévision d’une attaque… mais de stocker toutes les armes dans une caverne éloignée des forêts de kelp, laissant ses sœurs totalement dépourvues quand les pesteux furent venus. Astounding move. 2 : Alors que pas du tout, il s’agissait d’une manoeuvre des suivants d’Alarielle pour faciliter et accélérer son extraction vers le Portail le plus proche. Après le feu ennemi, on est donc en présence du concept de « glace amie », la chute brutale du thermostat ayant coûté la vie à quelques ondines. Avis : Vous l’aurez compris au ton adopté pour cette chronique, cette nouvelle ne m’a guère convaincu. N’ayant rien lu de Mme Fenn jusqu’à présent, que quelques recherches m’ont permis de considérer comme un écrivain SF établi, et donc normalement capable de raconter une histoire de façon satisfaisante, je n’ai pas trouvé mon compte dans From the Deep. Outre le fait que l’héroïne de l’histoire passe son temps à nager en rond en faisant soit des conneries, soit preuve d’une pleutrerie assez étrange au vu de la faction à laquelle elle appartient, on n’apprend finalement pas grand chose d’intéressant sur l’historique d’Age of Sigmar à la lecture de cet opus, ce qui est tout de même rédhibitoire pour un univers aussi jeune et en besoin de cadrage que celui-ci. La « création » d’une sous faction Sylvaneth (je n’ai pas trouvé trace de Néréïdes ailleurs dans le fluff), qui plus est assez proche dans l’esprit de la nouvelle race, cette fois-ci officielle, des Idoneth Deepkin ne m’a pas semblé des plus opportunes, car potentiellement porteuse de confusion à un moment où les mots d’ordre devraient plutôt être la clarification et concentration. Je vois d’ailleurs l’actuelle prédominance des Stormcast Eternals dans le corpus Age of Sigmar comme l’expression de cette logique, qui fait sens même si elle peut s’avérer pénible pour le lecteur. Bref, à ne briller ni par son approche, ni par son exécution, From the Deep ne peut logiquement revendiquer, et recevoir, qu’une appréciation des plus moyennes. Try again, Jaine. Fluff : Néréïdes (Naereids) : Une ramification (héhé) de Sylvaneth, adaptée à la vie sous-marine. Ils veillent sur les champs d’algues de la Mer des Serpents ainsi que sur les léviathans dont la région a tiré son nom. Les « cultivateurs » sont bipèdes, les « éleveurs » ont deux queues de serpent (Starbucks like) à la place des jambes, et ne peuvent quitter les profondeurs où ils vivent car ils ont besoin d’une pression forte. Les Néréïdes peuvent communiquer psychiquement. Rotbringers : Pour attaquer les Néréïdes, les suivants de Nurgle ont mis au point un système de scaphandre autonome, leur permettant de plonger sous l’eau avec une réserve d’oxygène limitée. Comme leur but est de commettre des attaques suicides pour corrompre les champs d’algues avec les germes contenus dans leur carcasse, l’autonomie réduite qui est la leur n’est pas vraiment un problème. Ghyran (faune) : Le Royaume de la Vie abrite des espèces d’une taille fabuleuse, comme les Jotenbergs, appelés également Montagnes qui bougent (Mountains that move), ou Hivers Vivants (Living Winter), ou les Serpents Mondes (World-Serpents), dont les mouvements régissent les marées et les saisons. Malgré leur taille, ces léviathans peuvent être corrompus par le Chaos. Jake Ozga (5) Révélation Jake Ozga fait partie de cette nouvelle génération de contributeurs de la Black Library, se définissant d’abord comme fans des produits Games Workshop, et ensuite comme écrivains. Dans la « vraie » vie, Ozga est ainsi un concepteur free lance de sites web, dont la passion pour les Royaumes Mortels a débouché sur une première ‘Supplication’, qu’on lui souhaite n’être que le début de sa collaboration avec la BL. • Supplication merci @Red Qafe ! Révélation Invocations/2019/20 pages Intrigue : Red Qafe : Un vieil homme vient de perdre sa femme. Ils s'étaient isolés de leur village car sa femme était accusée d'être une sorcière. Lui l'aimait, ils ont vécu leur vie dans l'isolement, et maintenant elle est morte. Il a quitté leur demeure, gardant avec lui le crâne de sa défunte épouse, qui lui parle même à travers la mort. Il se remémore... Leur peuple avait été un peuple de guerriers du plan de Ghur. Ils s'étaient tous battus, dès leur plus jeune âge, animés d'une colère bienvenue... Mais ils avaient décidé de laisser cette vie derrière eux, s'étaient construit un village isolé, et étaient devenus des fermiers. Le vieil homme se dit qu'il va retourner au village, voir ce qui s'est passé pendant toutes ces années. Il se rend peu à peu compte qu'il y a un souci. Les plantes, les animaux, quelque chose de bizarre. Et il se cache sur un côté de la route, voyant passer des gens qui ne sont pas de son peuple mais d'un peuple ennemi, avec un blason constitué d'une orbe et de deux croissants. Il veut quand même aller au village. Le village a sans doute été attaqué et pris il y a un moment. Mais il veut le revoir. Il traverse des toiles d'araignées dans les arbres, et s'aperçoit qu'elles portent une substance hallucinogène. Il essaie de ne pas se laisser emporter par la folie, et finit par trouver un corps humain, fusionné avec un arbre, avec une silhouette qui danse autour au son des gémissements de la victime : un démon. La démonette se tourne soudain vers le vieillard, qui se sent paralysé, et elle dit vouloir jouer avec lui, mais qu'il a une autre destinée. Il s'évanouit. Il se réveille, plus près du village. Il s'y rend. Des vestiges de combat s'y trouvent. Sur la place du village, un autel dédié à l'orbe et aux deux croissants. Ce qui semble être un démon majeur s'y trouve et se dirige vers l'homme. Le crâne de sa femme lui dit qu'il est seul, comme lui, qu'il veut retrouver les faveurs d'un dieu qui l'a abandonné. Le démon prend le crâne et l'absorbe dans son corps. Le vieillard le charge en hurlant "Du sang pour le dieu du sang !" et plante son poignard dans le ventre du monstre... Révélation ... et s'aperçoit que le ventre lui a arraché les mains. Le crâne de sa femme continue à lui parler, à lui dire qu'il souffre, qu'elle souffre depuis longtemps, qu'elle a appris à aimer la souffrance et que lui aussi va aimer la souffrance. Et il rejoint les autres villageois, dans une masse de chair informe où douleur et plaisir se mêlent à l'infini. Schattra : Meet your hero, Jondo1 : esprit libre au sein d’une tribu de libres penseurs, il a rompu tous liens avec sa famille et ses amis pour aller vivre avec son crush dans une petite maison construite de leurs mains dans les profondeurs sauvages de Ghur. Protégés par les pouvoirs de dissimulation de la donzelle (Jando, du coup), le couple a vécu heureux pendant des décennies, jusqu’à ce que la maladie, puis la mort de sa femme entraîne chez Jon une crise existentielle bien compréhensible. Témoin des changements affectant la région, et de la progression d’une sorte de pourriture incurable, dont sa femme, plus sensible que lui à cette malédiction, n’est qu’une des victimes, notre héros décide d’aller rendre une visite de courtoisie à ses proches – qui ne le sont plus vraiment –, après avoir donné des funérailles dignes de ce nom à son aimée (il fout le feu à leur maison, égorge tous leurs animaux, et part avec le crâne de Jan à la ceinture : pretty brutal). Signe d’une démence déjà bien prononcée, ou des pouvoirs persistants de la défunte enchanteresse, Jon entend la voix de sa femme dans sa tête, et les deux peuvent dialoguer de temps à autre, comme au bon vieux temps. Après quelques journées, et autant de pages, de trek bucolique dans un paysage de plus en plus marqué par ce que l’on ne peut qualifier que d’influence chaotique, Jon finit par rencontrer les premiers habitants de la vallée où le reste de sa tribu s’est installée, il y a de cela fort longtemps. Et, horreur et consternation, la procession qu’il voit déambuler sur la route est constituée de junkies Slaaneshi de la pire espèce, ce que notre hardi et vieux bûcheron ne peut supporter. Il faudra toute la diplomatie post-mortem de Jan pour le convaincre de ne pas foncer dans le tas avec sa cognée, combat qu’il aurait eu du mal à remporter malgré toute sa vaillance. Un peu plus tard, après avoir échappé à des arbres carnivores, Jon tombe sur une Démonette donnant une représentation du Lac des Cygnes au bord d’une rivière. Destiné à devenir le f*ckboy du démon et/ou à rejoindre son orchestre de choristes coralliens, il n’est sauvé que par l’intervention décisive (du crâne) de sa femme faisant comprendre à la petite débauchée démoniaque que Jon est déjà pris. La tentatrice laisse donc partir notre héros à regret et reprend ses entrechats, non sans lui avoir promis qu’un destin de toute beauté l’attendait. Mauvais cygne pour mauvais signe, si vous voulez mon avis… Révélation …Finalement, Jon arrive au bled et le trouve déserté, ce qui n’est guère étonnant au vu des traces de la bataille ayant pris place à cet endroit entre les suppôts de Slaanesh et les habitants de la ville. Au centre de cette dernière se trouve un autel construit à partir des squelettes de la biodiversité locale, mais la visite touristique de Jon est rapidement interrompue par la survenue d’une foule de cultistes, qui l’amènent manu slaneshii jusqu’à la structure osseuse, après qu’il ait corrigé quelques uns de ces galapiats pour leur peine. De l’autel se matérialise un Prince Démon, avec lequel la perfide Jan a passé un marché en échange des soins palliatifs que son mari lui a refusé pendant les derniers mois de sa vie (ou quelque chose comme ça). Réalisant la trahison dont il a fait l’objet, Jon tente de mobiliser ses racines de Khorneux repenti, mais ne parvient à rien de concluant avant que le PD ne le balance dans le slime mutant qu’il a préparé avec les survivants de sa tribu, ce qui revient à un game over dans les Royaumes Mortels. Pas de morale à cette histoire, si ce n’est que l’euthanasie a parfois du bon… I guess ? 1 : Par convention, Ozga ne révélant pas les patronymes de ses personnages. Avis : Schattra : Pour ses débuts au sein de la Black Library, Jake Ozga choisit de s’écarter des chemins battus stylistiques de la maison, et de livrer une copie un peu moins « terre à terre » que la moyenne. Depuis les personnages non nommés jusqu’à la large part dédiée aux descriptions par rapport à l’action, en passant par le rythme contemplatif de la narration, Supplication est à mon avis assez proche de ce que pourrait produire Brian Craig s’il débutait dans la GW-Fiction de nos jours. Ayant un faible pour les mises en scènes intrigantes des Royaumes du Chaos, j’ai été plutôt gâté avec cette nouvelle, qui n’est pas avare en manifestations démoniaques et dérangeantes, bien qu’elle se déroule en théorie en Ghur. Seule la conclusion, que j’ai trouvé un peu faible, de cette histoire est venue ternir une performance autrement très solide de la part du nouveau venu Ozga, qui semble bien parti pour apporter un peu de variété aux récits autrement assez standardisés de la BL. Fluff : Rien à signaler. • Skull Throne Révélation Black Library Advent Calendar 2019/2019/12 pages Intrigue: Présence discrète dans le Royaume de Shyish, la narratrice de notre histoire, que nous appellerons Ninon faute de mieux (Ozga ne lui donnant pas de nom) évolue dans un univers cotonneux et incertain, où les choses ne semblent pas être ce qu’elles sont vraiment. Troublée par des rêves persistants dans lesquels elle se voit et se revoit être faite prisonnière, puis décapitée, par un trio de maraudeurs chaotiques adeptes de la prise de tête, Ninon ne sait plus très bien si elle est vivante ou morte, et consomme des quantités importantes de thé psychotrope pour tenter de chasser son mal-être existentiel. Cette routine macabre prend fin lorsque débarque un nouvel arrivant, se révélant être également un barbare assoiffé de sang, et tout aussi intéressé par le crâne de Ninon que les trois affreux précédemment évoqués. Son sinistre dessein, qu’il souhaitait mettre à exécution en chantant et dans la maison en ruines de notre héroïne – trop shootée pour prendre soin de son chez-elle – est toutefois contrarié par une traversée de plancher inopinée, permettant à Ninon d’échapper à une décollation sommaire. Prouvant qu’elle a bien gardé la tête sur les épaules, cette dernière ébouillante le rustre en lui déversant le contenu d’un chaudron d’eau bouillante sur le râble, avant de décider de partir en mission spéciale avec la tête du malotru sous le bras. Il s’avère en effet que le barbare était l’un des trois gredins l’ayant peut-être (it’s complicated) décapitée il y a quelque temps, et Ninon souhaite récupérer ce qui lui appartient de plein droit. On suppose à ce stade qu’elle considère un échange de caboches avec les envahisseurs de Shyish. Après avoir un peu marché, et atteint une plage évoquant fortement le front de mer dunkerquois, Ninon finit par localiser les pillards, qui font bombance à côté du cadavre d’un léviathan à moitié dévoré par un banc d’anguilles1. Saisissant sa chance, elle se glisse jusqu’à la marmite dans laquelle les joyeux cannibales préparent leur rata, et y déverse ses réserves de racines de mhurghast. Le résultat ne se fait pas attendre, les maraudeurs sombrant dans ou succombant à la paralysie apportée par ce charmant condiment, ce qui permet à Ninon de chiller tranquillement dans le camp à son réveil. Identifiant son pseudo tueur parmi les cataleptiques à la hache monstrueuse qu’il porte à son côté, Ninon est frappée par l’inspiration : si elle veut récupérer la tête qu’on lui a prise, il lui faudra offrir un sacrifice digne de ce nom à la divinité compétente en la matière, cet entrôné de Khorne… Révélation …Profitant du lag persistant de ses hôtes, qui ne peuvent que contempler leur fin arriver lorsqu’elle se présente avec la hache empruntée à leur champion pour leur offrir une coupe gratuite, Ninon passe sa journée à la plage à faire un château de crânes, n’oubliant pas au passage d’embrocher le meneur des maraudeurs avant que les effets débilitants de la racine de mhurghast ne s’estompent pour de bon. Ceci fait, elle propose un deal au Dieu du Sang, offrant le fruit de sa récolte en échange… de la tête de sa sœur jumelle. Ce qui explique pourquoi et comment Ninon a pu se voir se faire tuer en début de nouvelle. Seulement, Khorne est dur en affaires, et bien qu’il ne prononce pas un mot, la négociation finit par déboucher sur l’accord du Dieu pour que les sœurs se retrouvent dans l’au-delà, conduisant Ninon au suicide. Tout le monde n’a pas l’étoffe d’une Valkia. 1 : Qui ne jouent aucun rôle dans l’intrigue à part ajouter un peu plus de glauque à une histoire qui n’en manquait pas. Un clin d’œil à A Cure for Wellness, peut-être ? Avis: Soumission très atmosphérique de la part de Jake Ozga, ce Skull Throne joue habilement des caractéristiques uniques de Shyish pour dérouter le lecteur sur la condition de son héroïne, jusqu’à ce que sonne l’heure du dénouement, qui, s’il se révèle plus triste1 qu’horrifique, s’avère néanmoins réussi. Le choix de l’auteur de faire du Royaume de la Mort un endroit à la fois onirique, apaisé et sinistre, frappe l’imagination du lecteur, tout comme les zones d’ombre laissée à dessein par Ozga sur ce qu’il s’est vraiment passé lors de la rencontre entre blanche neige et les trois balourds. Ce manque orchestré de certitudes donne à Skull Throne un cachet particulier, très différent du standard habituel de la Black Library, mais aussi appréciable qu’intrigant. La première moitié de la nouvelle m’a ainsi faite penser à A Ghost Story, film dans lequel le personnage principal revient hanter (de manière plutôt passive) la maison qu’il habitait après son décès dans un accident de voiture. Ce film a reçu un accueil polarisé, et je pense que cette nouvelle pourra également dérouter le lecteur, mais pour ma part, je salue la prise de risque et l’exécution de Jake Ozga dans ce Skull Throne, qui se révèle au final bien moins sanglant que ce que son titre laissait envisager. 1 : C’est un peu la petite fille aux allumettes à la sauce Age of Sigmar. Fluff: Flore : La racine de mhurghast est utilisée par les habitants de Shyish pour assaisonner leurs plats, mais une dose trop importante causera la paralysie ou la mort. • Suffer the Vision Révélation Anathemas/2020/23 pages Intrigue: Dans les collines de Ghur, un chasseur de sorcières anonyme accompagné de trois mercenaires barbares locaux (Grar, No’Grok et Rhunkhal) tombe sur les restes mutilés de la bande de cultistes chaotiques qu’il traquait depuis quelques temps. Victimes d’une attaque d’ours ronchon, les proies de notre zélote masqué (il se balade avec un casque intégral imitant celui d’un Stormcast Eternal, en bon fanboy de Sigmar qu’il est1) ne sont plus en état de corrompre qui que soit, mais lorsque ce dernier détermine qu’un enfant les accompagnait, sans pouvoir trouver son cadavre dans le campement ravagé, sa conscience professionnelle le force à pousser les recherches jusqu’à un village tout proche. Arrivant dans un véritable havre de paix, dont les habitants vaquent paisiblement à leurs occupations sans crainte des déprédations des tribus chaotiques qui écument pourtant la région, nos pisteurs se persuadent rapidement que le tableau est bien trop idyllique pour ne pas dissimuler une vérité hideuse. Appliquant ce bon vieux principe de précaution persécution, le héros décide donc de réduire la paisible communauté en cendres. On n’est jamais trop prudent. Cette bonne résolution prise, il tombe en syncope, expérimente quelques visions fiévreuses, et revient finalement à lui au milieu d’une situation tendue. Le moment de faiblesse de leur boss a en effet mis les mercenaires sur les dents (taillées en pointes), les menant à considérer la nourriture que leur avaient apporté les anciens du village comme empoisonnée. Ce possible malentendu (le héros ayant un passif de migraines débilitantes, qu’il considère comme la preuve que Sigmar s’intéresse à ses faits et gestes) a déclenché un affrontement en règle entre les locaux et les visiteurs, remportés de haute lutte par les seconds, mais au prix de la vie du fidèle Rhunkhal, abattu d’une flèche. Les villageois s’étant repliés dans les bois, le chasseur de sorcières a tout le temps de juger les trois anciens capturé par ses comparses. Et plutôt que de s’embêter à mener un interrogatoire serré des suspects (boring !), il préfère les paratonnerriser – c’est comme une crucifixion, sauf que les mains de la victime sont maintenues au-dessus de sa tête par un pieu métallique les traversant. Le principe est très simple : il suffit ensuite d’attendre qu’un orage se déclare, et qu’un éclair frappe la tige de métal. Si le foudroyé voit son âme confisquée par Sigmar, c’est qu’il était innocent. Sinon, il était coupable. Dans tous les cas, il est mort, mais on ne va pas s’arrêter à ce genre de petit détail, pas vrai ? La nuit passe donc dans une ambiance électrique, les trois suppliciés étant tous reconnus coupables, l’un après l’autre, sans avoir cependant confessé grand-chose d’utile au Torquemada des Royaumes Mortels. Au moins, le spectacle est au rendez-vous car l’incendie qui s’étend depuis l’arbre où sont poinçonnés les suspects jusqu’aux maisons aux alentours produit des flammes de couleur pas vraiment réglementaires. Sans doute enragés de voir leurs aînés finir en marshmallow et leurs logis partir en fumée, les villageois font cependant une autre tentative pour chasser les intrus, sonnant méchamment notre héros et provoquant une commotion cérébrale sévère chez No’grok. Devant cette fronde et ces frondes, le vertueux trio décide de se replier dans la tour abandonnée qui se trouve à l’entrée du village, seul bâtiment en pierre et défendable aux alentours, grâce à la diversion procurée par la pétoire enchantée du héros. Le répit que lui et ses sbires trouvent à l’intérieur est toutefois de courte durée, les Primozoulinois en délire venant mettre le siège au refuge des vertueux défenseurs de la foi. Sans d’autres options à leur disposition, ces derniers en sont réduits à emprunter les escaliers menant vers les sous-sols, d’où le sorceleur masqué à cru entendre monter une voix d’enfant. Laissant No’grok faire tampon dans une embrasure de couloir trop étroite pour sa carrure d’Ogor, Grar et son patron finissent par déboucher, après avoir parcouru des kilomètres de galeries, dans la tanière de l’ours responsable du massacre du début de la nouvelle. Tout est dans tout, et inversement2. Le plantigrade, aussi maussade que muté3, fait mauvais accueil aux intrus, blessant à mort Grar avant de tomber sous la balle (il ne lui restait plus qu’un tir) du héros. C’est alors que le récit, déjà assez obscur, atteint un nouveau niveau de cryptisme (certes assez poétique). Notre chasseur de sorcières découvre qu’une jeune fille – celle qu’il cherchait depuis le début de la nouvelle – cohabitait avec le monstre. Elle lui touche le front et son mal de crâne persistant disparaît miraculeusement. Après avoir réalisé que son père, qu’il tenait pour un saint homme, était un vrai salaud (il n’est jamais trop tard pour une petite thérapie), il décide de la prendre sous son aile, et les deux compagnons partent à travers un portail qui semble déboucher sur le Labyrinthe de Cristal de Tzeentch. The f*ck did I just read ? En tout cas, c’est sur cette image poético-tragico-nonsensique que se termine notre récit. Charge au lecteur de faire sens de tout ça. 1 : Son but dans la vie est d’ailleurs de devenir un Stormcast lui-même, en attirant le regard du Roi Dieu sur ses actions prosélytes et souvent meurtrières. Notice me Sigmar-senpai! 2 : À ce stade, j’avais arrêté de me poser des questions, mais les principales sont listées dans le paragraphe ci-dessous, si vous le souhaitez. 3 : La description qu’Ozga en fait m’a rappelé la faune divine de ‘Princesse Mononoke’, influence que je n’ai pas retrouvé ailleurs dans la nouvelle. Avis: Fidèle à son approche de la GW-Fiction, Jake Ozga livre à nouveau un récit envoûtant, mais loin d’être exempt de tous reproches d’un point de vue strictement narratif, ce qui affaiblit quelque peu ce Suffer the Vision. L’auteur convoque en effet plus d’éléments (potentiellement) importants pour l’intrigue qu’il ne se donne la peine d’en justifier la présence, laissant le lecteur combler les vides et les non-dits du scénario de la nouvelle. Quel est le rapport du narrateur avec ses parents et avec le chasseur de sorcières qui l’a recueilli (et qui semble être finalement un très sale type) ? Pourquoi ce dernier collectionnait-il les apprentis ? Cela a-t-il un lien avec les migraines sanglantes qui affligent le héros ? Et peut-il vraiment convoquer des orages pour rendre ses jugements (ou est-il l’esclave des bulletins météo pour faire son travail) ? Qui les habitants du village vénèrent-ils (il semble que cela soit Tzeentch, mais ce n’est confirmé nulle part) ? Sont-ils conscients/responsables de la création de l’ours-garou, qui semble les protéger du monde extérieur ? Quel usage font-ils des enfants qu’ils placent dans les souterrains ? La nouvelle se termine-t-elle sur le départ du héros et de son acolyte vers les Royaumes du Chaos (je l’interprète comme ça en tout cas) ? Bref, beaucoup de questions laissées sans réponses, ou de manière trop cryptique pour moi. C’est dommage car Ozga a vraiment du style, et que l’on suit avec plaisir les errements du chasseur de sorcières épileptique qui lui sert de héros. Mais si la forme est satisfaisante, il faudrait que le fond ne laisse pas trop à désirer non plus. Fluff: Ghur: Parmi les peuplades natives de ce Royaume, on trouve les Olg’hal des collines, dont les guerriers se liment les dents en pointe et utilisent un pigment noir comme peinture de guerre, et les Gath’ok. Culte de Sigmar : Les armées de fidèles qui ont suivi la bannière des Stormacast Eternals lorsque Sigmar a lancé sa reconquête des Royaumes Mortels n’étaient pas uniquement constituées de professionnels. Ainsi, le/a Denebreke était un rassemblement de paysans et de citoyens, sans entrainement militaire. • Into Dark Water Révélation The Harrowed Paths/2021/68 pages Intrigue: Le Knight Questor Ra’Xephael des Hammers of Sigmar débauche le vieil historien et commémorateur médiocre1 Alessander Cellarius pour l’aider à traduire un journal codé où est donné la localisation de la légendaire citadelle flottante d’Amaranthe, qui a pris la mer avec 8.000 (7.778, pour être précis) âmes à son bord pendant l’Âge du Chaos pour échapper aux attentions putrides des flottes de la Peste. Ra pense y trouver le Szo-en-kur, soit le cœur/la force de la mer (en berrichon), ou simplement un œuf (en tagalog), mais définitivement une relique puissante qui pourra aider Sigmar dans sa reconquête des Royaumes Mortels. N’ayant rien d’autre à faire et puisqu’on le paye en litres de gros rouge, sa monnaie favorite, Cellarius accepte la mission et les deux comparses se trouvent un bateau pour voguer jusqu’à la position supposée de l’Amaranthe, telle qu’indiquée dans le journal décrypté par l’érudit. À travers de réguliers extraits de ce dernier, que l’on comprend avoir été écrit par le souverain d’Amaranthe il y a de cela fort longtemps, on suit la progressive désillusion, puis désespérance, des passagers de l’arche perdue, au fur et à mesure que les mois, puis les années, puis les siècles passent sans que Sigmar ne vienne au secours de ses fidèles. Tout cela fait le jeu de Papy Nurgle, qui finit par devenir la divinité tutélaire d’Amaranthe, et transformer tout ce petit monde en Zombies de la Peste. La dernière entrée du journal intime du monarque abusé indique toutefois que ce dernier, transformé en sorte de portail démoniaque par la grâce du Chaos, a trouvé un moyen de submerger son domaine, et ainsi de se venger de ses ingrats de sujets, qui ont massacré sa reine (une changepeau de Ghur) et noyé sa fille adoptive en sacrifice à… Ursula2 ? Dans le présent de notre histoire, le navire finit par arriver à destination, une zone inexplorée et couverte de brume des mers de Shyish. L’Amaranthe est bien là, mais en piteux et putréfié état, ce qui ne colle pas vraiment avec la chronologie établie, car l’Arche est sensée avoir appareillé il y a quelques décennies, et pas plusieurs millénaires, comme cela a l’air d’être pourtant le cas. Très étonnamment, Ra et Alex se font attaquer par les locaux, de vrais fondus (au sens premier du terme) ceux là, et après une héroïque mais futile résistance, le Stormcast finit enterré sous un tas de caillou sur une plage désertée, ce qui est apparemment le mode de sacrifice rituel des Amarathiens. Seulement, la constitution robuste du Stormcast et l’aura d’entropie qui baigne la citadelle empêchent le surhomme de passer l’arme à gauche, et il se fait même adopter par le Grand Immonde bien esquinté qui sert de GO aux plaisanciers depuis leur mutinerie. De son côté, l’historien a réussi à éviter les mobs, mais est trop faiblard pour aider son gros copain à se tirer de cette relation toxique, jusqu’à ce que… Révélation …Il trouve un carreau d’arbalète made in Azyristan sur le cadavre de l’une des victimes du massacre commis par Ra il y a de cela XXX semaines/mois/années (le temps passe bizarrement ici), et l’apporte à ce dernier alors qu’il gisait comme une loque sur la plage (se faire briser les os à longueur de journées n’étant pas conseillé par 9 ergothérapeutes sur 10). Le plan est aussi simple qu’efficace : Ra se suicide avec son spare bolt pendant que le Grand Immonde lui fait faire son rot en lui tapotant le dos après lui avoir donné le saindoux, et profite de l’éclair de courtoisie envoyé par Sigmar pour rapatrier son Stormcast pour griller le démon comme un vieux marshmallow moisi. Dans ce qui reste du gros tas liquéfié, Alessius trouve, ô miracle, un œuf bleu (le fameux Szo-en-kur, qui était en fait la forme primaire d’un dieu mineur de la mer qui s’était fait grailler par le Grand Immonde), qu’il ingère prestemment et qui lui permet de retrouver la santé. Ragaillardi par ce snack divin, l’historien parvient à construire un radeau, qui le ramène on ne sait trop comment sur le continent de Shyish. Un peu plus tard, il est accosté par un Stormcast que l’on devine être Ra, ressuscité mais délesté de nombreux souvenirs au passage, dont celui de sa précédente vie et de sa rencontre avec Alessius. On avait aussi appris que Ra était la réincarnation du roi d’Amaranthe, et qu’il ne gardait de sa première existence que le souvenir d’un grand chat de Ghur (la forme féline de sa reine consort) se décomposant sous ses yeux. Sans surprise, le Stormcast annonce être à la recherche de la légendaire citadelle flottante de blablabla, et l’histoire se termine sur une fin de non recevoir ferme mais polie d’Alessius, qui projette de retourner le crâne de chat géant qu’il a ramené d’Amaranthe en Ghur, pour rendre hommage à qui de droit… 1 : En même temps, les Anvils of the Heldenhammer sont un peu les Iron Warriors des chambres militantes de Ziggy : mauvaise pioche pour notre ami. 2 : En même temps (bis), cette dernière a sans doute joué un rôle dans la poisse qui s’est abattue sur les Amaranthois, car leur contrat de location précisait bien qu’ils ne pouvaient être qu’un nombre limité sur leur croisière. Et la fifille au patron leur a fait dépasser ce quota. Avis: Fidèle à son approche artistiquement floue (c’est un compliment ici, I swear) d’Age of Sigmar, Jake Ozga livre une novella atmosphérique à souhait avec ce ‘Into Dark Water’. On suit avec plaisir la quête de nos deux héros (mention spéciale à Ra, dont la mentalité tempétueuse est bien mise en avant), aussi opposés que complémentaires, pour la citadelle perdue d’Amaranthe, et on n’a pas de difficulté à s’intéresser au secret du destin, forcément funeste (mais pas spécialement horrifique), de cette arche disparue dans les brumes des mers et du temps. Le style a toujours été le point fort d’Ozga depuis ses débuts pour la Black Library, et cela ne change pas ici, comme les petites introductions faites aux deux premières parties de l’histoire (The Unturning Wheel et The Disenchanted Flesh) l’illustrent parfaitement. On peut par contre trouver que l’intrigue s’embourbe un peu dans le dernier tiers du récit (lorsque Ra devient grand invalide de guerre), et regretter que le dénouement de l’intrigue ne soit pas amené de façon plus carrée par l’auteur1. Tout cela reste compréhensible, mais Jake Ozga reste sur ces points moins habile que d’autres contributeurs de la Black Library, et s’il parvient à progresser là-dessus, on tiendra certainement l’un des meilleurs représentants de la nouvelle vague (haha) de la GW Fiction. 1 : Qui gobe un œuf… gobe un œuf. Fluff: Amaranthe : Cité de Shyish loyale à Sigmar, et dont les souverains lui firent prendre la mer pour échapper aux flottes de la Peste pendant l’Âge du Chaos, grâce à un pacte avec un vieux dieu des mers. Cette isolation ne se solda cependant que par un répit de quelques années, le désespoir des habitants de l’arche devant l’absence de réaction de Sigmar permettant l’essor d’un culte de Nurgle au sein d’Amaranthe. Finalement, la population toute entière se transforma en Zombies de la Peste, exécuta les derniers loyalistes (dont son souverain, qui fut réincarné par Sigmar en Stormcast Eternal), et se mit au service du Grand Immonde que ses prières avait invoqué. De nombreux aventuriers se sont depuis lors mis en quête de cette cité perdue, que l’on dit renfermer le légendaire Szo-en-kur, un puissant artefact. • Aberration Révélation Warhammer Horror Week 2021/2021/18 pages Intrigue : Marianne est une jeune paysanne ayant passé toute son enfance dans un petit village de Shyish, entourée d’une famille nombreuse et (une fois n’est pas coutume) heureuse. Tout changea cependant lorsque la nation du feu a attaqué le nécroséisme se produisit, déclenchant des calamités localisées à travers les Royaumes Mortels. Pas de chance pour notre héroïne, la cabane où elle vivait avec parents et frères et sœurs fut frappée par un incendie magique pendant qu’elle était partie cueillir des champignons, tuant tous ses occupants et laissant la pauvrette seule au monde. Pour ne rien arranger, son absence sur les lieux du drame, loin de susciter la compassion du voisinage, la fit bientôt considérer avec suspicion par les péquenauds superstitieux des alentours, qui ne mirent pas longtemps à se convaincre qu’elle devait avoir ourdi la mort de ses proches pour gagner quelques pouvoirs magiques. Pas plus stupide qu’une autre, Marianne décida donc de changer d’air avant d’être à son tour réduite en cendres, et partit en direction du seul endroit où elle était sûre d’avoir une paix royale : le château en ruines surplombant la région. Au terme d’une marche d’approche frigorifiante (c’est ça aussi de partir faire de la randonnée pieds nus dans la neige), Marianne arrive devant son nouveau chez-elle, qui n’est cependant pas aussi désert que son aspect décati semblait l’indiquer. Un châtelain, que nous appellerons Vyktor pour nous simplifier la tâche, habite en effet toujours les lieux, et il est clair au premier coup d’œil que notre homme est un Vyrkos (ce que l’on obtient lorsqu’on ne peut pas choisir entre la team Edward et la team Jacob dans Twilight) pur jus. Cela ne décourage pas pour autant Marianne, qui a rêvé que son destin se trouvait dans ces vieilles pierres, et qui est d’ailleurs fort civilement accueillie par son hôte. S’en suivent quelques semaines où la jeune fille et le vampire cohabitent de manière très prosaïque en mangeant des anguilles dans la ruine qui leur sert de coloc, et sans qu’une quelconque alchimie de type ‘La Belle et la Bête’ ne se développe entre eux. C’est même plutôt l’inverse qui se produit, Vyktor finissant par délaisser complètement son invitée, jusqu’à une nuit funeste où il part régler son affaire à une bande de maraudeurs ayant eu l’outrecuidance d’envahir ses terres. A son retour, Marianne décide qu’il est grand temps de crever l’abcès entre eux, et énerve si bien Vyktor (en lui plantant son propre couteau dans le torse, il faut bien ça pour exciter le stoïque Vyrkos) qu’il lui croque le visage de la façon la moins sensuelle et la plus littérale possible. Les histoires d’amour (?) finissent mal… Révélation …Sauf en Shyish, où rien ne finit vraiment. La nouvelle se termine sur une ultime scène qui voit la macchabée discuter avec les fantômes de ses sœurs, et partir errer dans la forêt voisine. So long, Marianne. Avis : On reconnaît dans cet ‘Aberration’ la patte (de loup) si particulière de Jake Ozga, mais je dois avouer que j’ai eu bien du mal à rentrer dans cette histoire d’orpheline solitaire qui va squatter chez le châtelain du coin pour des raisons obscures. Si le final macabre n’est pas vraiment une surprise, eut égard à la franchise dans laquelle Ozga écrit, j’aurais aimé comprendre de quoi il en retourne avant que la pauvre Marianne excède la patience de son bienfaiteur. Tout comme j’aurais aimé comprendre si elle meurt vraiment à la fin (dur à dire en Shyish), et qui sont les camarades de deuil qu’elle gagne après avoir été féminicidé. C’est bien beau d’être onirique, M. Ozga, mais un peu de clarté dans ses propos ne nuit pas non plus. Fluff : Vyrkos (Croyances) : Cette lignée de vampires vénèrent le dieu-loup Hrunspuul, aussi appelé Chien des Cairns. C’est lui qui a donné aux Vyrkos la possession de leurs terres en Shyish, et ils pensent que lorsqu’il reviendra dans le Royaume de la Mort, il dévorera l’étoile d’Azyr et plongera les terres dans les ténèbres. Jamie Crisalli (2) Révélation Faisant partie du contingent neo-infernal (si l’on me passe l’expression), Jamie Crisalli a fait ses premières armes dans les pages de cette auguste parution (Ties of Blood et The Serpent’s Bargain), avant de passer à la vitesse supérieure avec la novella The Measure of Iron pour Warcry. • Ties of Blood Révélation Inferno! #2/2019/19 pages Intrigue : Savrian, Seigneur du Chaos inféodé à Slaanesh, emmène une petite bande de ses plus fidèles lieutenants dans une opération d’infiltration à haut risque, dont le but n’est autre que la libération de son fils Verigon, kidnappé alors qu’il n’était qu’un bambin joufflu, par un chef Maraudeur servant le Dieu du Sang (Chogorath). Localisé bien des années plus tard par le réseau d’espions de son père, qui entre autres choses règne sur le royaume de Sarn, nommé d’après un mythique ancêtre ayant très bien connu la déesse disparue, Verigon languit dans une cellule du Bastion de la Poussière Rouge, état de fait intolérable pour notre flamboyant héros, qui malgré des défauts certains, possède une véritable fibre familiale. Escorté de sa concubine plus qu’à moitié démoniaque (Cirine), son bras droit (Issaya) et sa moucharde en chef (Yeneya), Savrian pénètre donc dans les ténèbres de la forteresse de sa Némésis, dont la petite entreprise de pillage à domicile a fructifié au fil des ans, et fait de Chagorath un propriétaire foncier au dessus de tout soupçon (en même temps, les soupçons de trois mètres, il n’y en a pas des masses). Cette petite virée dans le quotidien de ses ennemis tutélaires donne à Savrian, esthète sûr de sa force mais laissé amoindri par une tentative d’empoisonnement fomentée par un rival, l’occasion de constater le fossé qui sépare l’homme de l’animal, tant il est vrai que les bipèdes bestiaux et malodorants qui servent de suivants au Chag’ ne peuvent être considérés comme des individus à part entière. Ce jugement fât est toutefois relativisé lorsqu’après la promenade de santé qu’a constitué la pénétration (hmmmmm) des niveaux inférieurs du bastion, Savrian and Cie finissent par libérer le fils prodigue, qui, au lieu de tomber dans les bras de son paternel avec reconnaissance, préfère lui tomber sur le râble avec un hachoir rouillé. L’ingrat. La crise d’adolescence, sans doute. Dérouté par cet accueil des plus froids, Savrian – qui a potassé son Dolto avant de venir – tente de raisonner son fiston et réussit presque à lui faire lâcher son coupe-chou, quand les retrouvailles familiales sont interrompues par l’arrivée importune de Chogorath et de ses sbires. Père beau et beau-père (moche) ne pouvant s’accorder sur un régime de garde partagée, le maître des lieux insiste pour que l’affaire soit tranchée de la seule manière qu’un disciple de Khorne puisse le concevoir : un combat à mort dans une arène gorgée de sang. Guère impressionné par les hordes de berserkers que Chogorath lui sert en apéritif, qui d’écervelés passent à décervelés sous la caresse de Malicette, son sabre enchanté (pas du nom qui lui a été donné, si vous voulez mon avis), Savrian réalise rapidement que la plus sûre façon de pouvoir prendre congés du cloaque visqueux dans lequel il est en train de ruiner ses mocassins à pampilles en cuir de Cocatrix, son fiston sous le bras, et sans devoir percer la rate (ce qui est plus fun que de graisser la patte) de tous les Khorneux de la place pour ce faire, est de triompher du Choggoth en combat singulier. Quelques piques savamment envoyées suffisent heureusement à convaincre la brute que son honneur ne peut être lavé que par le sang, sans doute parfumé, du monarque de Sarn, et nos deux Elus débutent donc leur duel au milieu de la gigantesque mêlée ouverte qui s’est emparée de l’arène. Après quelques réglages de bon aloi, et malgré la « descente » subie à la dissipation des effets fortifiants de l’infusion verveine réglisse consommée au début de sa mission, Savrian finit par venir à bout de son butor d’ennemi, et entraîne femme et enfant à la plage, où l’attend le navire qui l’a amené sur place. Satisfait de la tournure prise par les évènements, et planifiant déjà une prochaine offensive sur le Bastion du regrettable Chogorath, promettant une prochaine extension de son royaume, aux dépends de cette brutasse de Khorne qui plus est, ce qui ne gâche rien, Savrian est tiré de ses douces rêveries par une série d’évènements incommodants. Tout d’abord, sa chère Cirine lui sert une crise de jalousie fort déplacée, arguant que le ralliement de Verigon à sa cause ne serait qu’un calcul de la part du cher bambin. La mijaurée. Puis c’est au tour de Verigon de s’y mettre, en égarant sa hache dans le torse de sa belle mère alors que Savrian avait le dos tourné. Le garnement. Enfin, et pour ne rien arranger, notre père aimant finit la nouvelle avec un rein et trois litres de sang en moins, lui aussi victime des espiègleries d’un Verigon décidément très taquin, et peu enclin à attendre plus longtemps que nécessaire pour hériter du royaume familial (surtout que l’on a tendance à être immortel du côté paternel), pour lequel il a de grands et sanglants projets. Le rejeton était un faux jeton ! Tout d’un coup très fatigué, et blâmant les effets de ces saletés de perturbateurs endocriniens, nous disons adieu à Savrian alors qu’il s’apprête à tirer sa révérence avec l’élégance d’un Seigneur de Slaanesh, à peine attristé par l’absence persistante de sa chère divinité, qu’il aurait pourtant tant aimé revoir avant de redevenir glitter (car la poussière, c’est pour les ploucs, darling). Que voulez-vous, les divas savent se faire désirer, c’est ainsi. Avis : Cette première soumission de Jamie Crisalli est une des nouvelles les plus abouties se déroulant dans l’univers d’Age of Sigmar qu’il m’ait été donné de lire, ce qui ne représente à l’heure actuelle qu’une douzaine de travaux, mais se doit malgré tout d’être souligné. Mieux que la majorité de ses condisciples, Jamie a en effet su tirer parti des caractéristiques les plus intéressantes de ce nouvel univers, pour proposer un récit fortement ancré dans ce dernier, sans avoir, pour une fois et c’est heureux, recours à la sempiternelle figure du Stormcast Eternal pour estampiller sa soumission AoS. Ici, c’est tout « simplement » l’utilisation d’un Seigneur du Chaos civilisé, opposé à d’autres suivants des Dieux Sombres bien moins éduqués et cultivés que lui-même, qui place d’emblée le lecteur dans un cadre bien différent de celui du Monde qui Fut. Tout à son opposition entre Chaos et civilisation, Warhammer Fantasy Battle n’avait ainsi que très rarement fait dévier son archétype du Seigneur chaotique du monomaniaque de la destruction, ne rêvant à rien d’autre qu’à l’annihilation du Vieux Monde. Les motifs pouvaient à la limite légèrement différer d’un affreux Jojo à l’autre, mais tous les Elus des Fab Four, période Vieux Monde, étaient des adeptes convaincus de la tabula rasa. À l’inverse, le Savrian de Crisalli est lui un gouverneur et un gestionnaire, ce qui ne l’empêche pas d’être totalement dévoué à Madame S. Rien que ce changement, que l’on pourrait regarder comme mineur mais qui est pourtant fondamental, suffit à faire de Ties of Blood une lecture intéressante. À côté de celà, Crisalli met en scène plutôt habilement quelques oppositions d’ordre philosophique, s’appuyant pour l’occasion sur les différences entre Slaanesh et Khorne. Civilisation contre sauvagerie, donc, mais également famille contre individualisme, ou aristocratie contre mérite personnel, sont autant de thèmes questionnés par l’auteur sur fond de nouvelle d’heroic fantasy, ce qui reflète un certain niveau de réflexion au moment de l’écriture. Ajoutons enfin que les personnages de Jamie Crisalli se révèlent beaucoup complexes, et donc intéressants que les suivants des Dieux Sombres lambdas, et vous aurez encore une raison de parcourir Ties of Blood1 avec un a priori positif. En sa qualité de protagoniste, c’est bien entendu Savrian qui retient le plus l’attention, l’investissement émotionnel envers ses proches dont il semble véritablement capable, jusqu’à la jalousie la plus puérile dans certains cas, contrastant fortement avec les trésors de sadisme et de cruauté gratuite que l’on est en droit d’attendre de la part d’un Elu de Slaanesh. On pourrait d’ailleurs se demander si le libre arbitre dont semblent disposer les disciples de cette dernière, par rapport aux autres Dieux du Chaos, Khorne en tête, ne pourrait pas être lié à sa disparition actuelle. À creuser, à débattre, à argumenter. En tout cas, c’est toujours intéressant de voir des personnages prendre un peu d’épaisseur par rapport au stéréotype leur servant de « moule », ce que Crisalli a plutôt réussi avec son flamboyant Sevrian. Bref, un premier jet plus que digne d’intérêt, qui donne envie d’en lire plus dans les mois à venir, et peut-être de découvrir si le mioche Verigon a réussi à son entrée dans la haute société de Sarn. 1 : Ce titre est d’ailleurs à double sens. Parle-t-on des liens du sang d’un point de vue figuré ou littéral ? Fluff : Savrian : Seigneur du Chaos inféodé à Slaanesh, descendant du héros Sarn the Everliving (ascendance marquée par des yeux d’un violet foncé – rq : non, il n’est pas Cadien ! – ), et maître du royaume du même nom. Il manie un sabre enchanté, Malisette, dont la lame a été baignée des larmes d’Elus de Slaanesh au moment de sa forge. La morsure de Malisette a un effet narcotique sur sa victime, qui est ainsi facilement capturée. Son apparence physique est sans défaut, comme sied à un champion de Slaanesh, mais suite à une tentative d’empoisonnement, ses sens ont été diminués, et il n’est capable de fonctionner « à plein régime » qu’en ingérant un élixir spécial. Révélation Assassiné par son propre fils, Verigon, qu'il avait libéré des geôles de Chagorath dans le Bastion de la Poussière Rouge. Chagorath : Seigneur de Khorne, et maître du Bastion de la Poussière Rouge, c’est un humain de la taille d’un Ogor, au visage couturé de cicatrices. Ses dents sont taillées en pointes et ses yeux sont jaunes. Il manie une hache gigantesque, dont la tête est en pierre et non en métal. Révélation Tué par Savrian en combat singulier. Bastion de la Poussière Rouge (Bastion of Red Dust) : Forteresse de basalte de guerriers de Khorne, sur les bords de la Mer des Indésirés (Sea of the Unwanted). Ses tours sont surmontées par des statues armées de haches, surplombant des arènes gladiatoriales où les suivants du Dieu du Sang s’affrontent pour sa faveur. L’endroit est recouvert d’une épaisse couche de poussière rouge, et empeste le sang à des kilomètres. Le maître du Bastion est le seigneur Chagorath. • The Serpent's Bargain Révélation Inferno! #4/2019/19 pages Intrigue: Victime des déprédations classées S (pour salaces) d’une bande de Maraudeurs de Slaanesh, le village de Varna ne doit son salut qu’à l’exploitation raisonnée décrétée par l’économe Seigneur Zertalian. Les pillards partis, pour mieux revenir quelques temps plus tard, les survivants sortent de leur trou (littéralement dans le cas de notre héroïne, la précautionneuse mais pas téméraire Laila) et tiennent conseil sur la marche à suivre. Malgré la position stoïque prônée par les anciens du village, qui préfèrent rester chiller au coin du feu dans l’espoir que les Slaaneshii trouvent une autre cible plus juteuse d’ici à leur prochaine crise d’ennui homicidaire, Laila, qui a déjà perdu son mari sous la lame des psychopathes princiers, est, elle, partisane d’une approche un peu plus proactive. Et pourquoi pas aller demander de l’aide aux Blonds1, ces mystérieux reclus qui vivent dans la vallée d’en face et que les légendes locales décrivent comme des adversaires acharnés du Chaos, et en particulier de ces margoulins dépravés d’Hédonistes ? Il paraîtrait même que ces gais lurons volent à la rescousse de ceux qui luttent contre de tels ennemis, ce qui est précisément le cas de nos Varnites. Devant la réaction mitigée que sa proposition suscite auprès du conseil gériatrique du village, Laila décide de faire profil bas, mais n’en résout pas moins d’aller tenter sa chance auprès des Blonds, entraînant avec elle un vieux pote chasseur de niveau 3 (Stefen) et un lancier mercenaire gras du bide mais au pied léger (Ano). Le trio trace la route vers la blonde vallée, bravant pour ce faire le décret de confinement édicté par les anciens, et finit par arriver à bon port, n’ayant perdu qu’un seul de leur membre (Ano le stalker) en chemin. Faisant face à un temple décoré de moultes statues de donzelles en string et en rogne, les deux survivants commencent à douter du caractère véridique de leurs légendes, mais il est trop tard pour faire demi-tour, et l’entrée du temple étant gratuit pour les filles et interdite pour les mecs, c’est seule que Laila pénètre à l’intérieur. Laissant prudemment le chaudron rempli de serpents à bonne distance, elle marche jusqu’à un petit jardin intérieur, où elle fait la connaissance de Cesse, jardinière manifestement elfique qui consent à écouter la doléance de son invitée. S’en suit une petite négociation, à l’issue de laquelle Cesse accepte d’aller combattre les Slaaneshii, qu’elle et le reste de ses Blondes détestent véritablement, en échange d’un paiement en sang de la part des humains. C’est alors que Laila révéle sa propre blonditude, croyant bêtement que la petite coupure qu’elle hérite pour sceller le pacte consiste en sa part du paiement en totalité. Aha. La cruche. Elle aurait ouvert un Battle Tome Daughters of Khaine, ou même eu la moindre notion en elfenoirologie qu’elle aurait compris qu’elle venait de se faire carroter dans les grandes largeurs. Les dangers de l’ignorance. Bref. Ressortant du temple, Laila découvre avec effroi une flèche brisée et une flaque de sang là où elle avait laissé son chasseur de compagnie, et en conclut que ce dernier n’a pas fait de vieux os. Parvenant malgré tout à revenir jusqu’à Varna, elle relate son périple à ses concitoyens, s’attirant un regard lourd de reproches de la part des vieux de la vieille, qui se doutent bien que le marché passé avec les Blondes a de grandes chances de ne pas se résoudre en faveur des péquenauds. Avec raison. En effet, lorsque les scions de Zertalian décident de refaire une virée pillarde et paillarde en ville, ils ont beau se faire promptement méduser par Cesse et ses groupies, cette dernière demande ensuite que le tribut de sang leur soit remis. Incompréhension, puis mauvaise foi de la part de Laila, qui ne trouve pas ça très charlie. Qu’importe, un marché est un marché, et les Varnites ne sont de toute façon pas en mesure d’empêcher les Fifilles de Kékhaine de prendre leur dû, soit les faibles du village. Comme l’explique doctement Cesse à une Laila qu’elle précipité du haut du mur d’enceinte pour lui apprendre à mal lui parler, il n’y a qu’en supprimant les faibles que les forts pourront survivre, et il s’agit d’une mission de service public, vraiment. Cela ne convainc pas vraiment Laila, qui finit la nouvelle en pleurant comme une madeleine sur sa propre stupidité. Moralité : si les hommes préfèrent les blondes, la réciproque n’est pas toujours vraie. 1 : Fair Ones en VO. Ce qui peut se traduire par les Beaux, également. Voyez-y un hommage à Gad Elmaleh, ou à son inspirateur. Avis: Retour mi-figue mi-raisin pour Jamie Crisalli, qui ne retrouve pas avec ce The Serpent’s Bargain la recette du succès de sa première soumission pour Inferno!. La faute à une intrigue cousue de fil blanc (le marché léonin conclu par un héros ignorant avec des « alliés » pas si sympathiques que cela), exploitée par d’innombrables auteurs dans autant d’ouvrages avant que Crisalli ne revisite à nouveau ce classique des classiques. Si son choix de ne pas faire de la révélation de la fourberie des Blondes le twist final de sa nouvelle est compréhensible, l’absence d’éléments venant enrichir l’intrigue et le déroulé du récit l’est moins. À titre personnel, j’aurais bien aimé que l’auteur passe plus de temps à justifier le positionnement des Filles de Khaine, et pourquoi leur mission d’épuration des faibles leur tient tellement à cœur (ce que Crisalli fait en quelques lignes en fin de nouvelle), ce qui aurait apporté un contrepoint bienvenu à la vision « gentillesque » autant qu’horrifiée de Laila. Je n’ai pas non plus compris ce que Crisalli voulait accomplir avec les personnages de Stefen et Ano, dont la relative importance dans le récit ne débouche sur pas grand-chose. Coup de moins bien, donc. Espérons qu’il ne soit que temporaire. Fluff: Poisons : Le Sang du Spectre (Blood of the Wight) est un poison violent, procurant une mort quasi-instantanée, mais pas indolore, à quiconque l’ingère. Plantes vénéneuses : Strikeweed, Neolinem et Grave-Eye. Jamie Mistry-Evans (1) Révélation Le Gallois Jamie Mistry-Evans a commencé sa carrière de contributeur pour la Black Library en 2022 avec la nouvelle ‘The Gnarled Bough’ (Warhammer Horror). Souhaitons-lui de devenir assez fameux pour rejoindre ADB au très réduit panthéon des auteurs trigrammés de la BL. • The Gnarled Bough Révélation Warhammer Horror Week 2022/2022/18 pages Intrigue: Alors que les autres serviteurs du Seigneur Schreikwood partent dans leur village natal pour fêter avec leurs proches la Nocta Heldenfast, le jeune Arnvoe, garçon à tout faire de la propriété, surprend sans le vouloir une transaction entre le majordome (Kratchloc) et une ranger aelf de passage dans la vallée Morrthawn, en Shyish. S’il n’arrive pas à apercevoir ce qui se dissimule dans le paquet que la voyageuse remet à l’antipathique Kratchloc en échange d’une quantité respectable de sable de tombe, il réussit toutefois son entrée, en s’écrasant du haut du (petit) beffroi jusqu’aux pieds des deux conspirateurs. Le majordome n’étant pas connu pour sa clémence, Arnvoe se prépare à passer une sale journée lorsque son boss trouvera le temps de s’occuper de son cas, ce qui est heureusement reporté à plus tard du fait d’une activité chargée (ces latrines ne vont pas se nettoyer toutes seules) et d’un effectif plus réduit que d’habitude, du fait des festivités prochaines. Nous suivons alors Arnvoe dans son morne et pénible quotidien, fait de récurage, dépoussiérage et autre passage de serpillière dans les recoins les moins salubres du manoir de Schreikwood. N’étant pas natif de Shyish, mais de Ghyran, où il était enfant des rues jusqu’à ce que le Seigneur S. ne le ramène comme souvenir d’une des ses nombreuses escapades dans le Royaume de la Vie, auquel il voue une passion aussi dévorante que dispendieuse, Arnvoe ne s’est jamais pleinement intégré à ses collègues de servage, et ne bénéficie lui d’aucun jour de congés (motif officiel : ce n’est pas sa culture). Les travailleurs détachés sont toujours les plus mal lotis, ça, ça ne change pas. Seule la vieille cuisinière a un peu d’égard pour lui, et lui permet ainsi de se faire un petit gueuleton à base d’os – on est à Shysish, what did you expect ? – entre deux corvées. Le sursis laissé par Kratchloc finit cependant par expirer, et après s’être fait copieusement corriger à coup de ceinture pour apprendre à espionner les gens et à pointer au boulot en retard, Arnvoe est envoyé nettoyer la cave où le Seigneur Schreikwood garde sa collection d’incunables ghyranites. Une tâche d’ampleur pour notre héros, et qui surtout le place à proximité d’une sinistre relique, que tous les membres de la maisonnée évitent comme la peste… Révélation …Alors qu’il est occupé à épousseter un tas de glands, Arnvoe assiste au début d’une réaction en chaîne provoquée par la proximité entre le paquet ramené le matin même par l’aelf (et qui contient de la jadéite, la pierre de royaume de Ghyran) et l’inquiétante acquisition #83, précédemment évoquée. Comme cette dernière se trouvait être, non pas un cep de vigne particulièrement pittoresque, mais la « coquille » d’un Tree-Revenant, la situation dégénère rapidement au fur et à mesure que le réveil de l’esprit des bois s’accompagne par la pousse spontanée et rapide de ronces et d’épineux animés de sanguinaires attentions envers les humains qui leur passent à portée de tige. C’est la pauvre cuisinière qui est la première à se prendre une écharde mortelle dans le gras du talon, suivie par les gardes du château. Au bout de quelques minutes aussi confuses que vivaces, il ne reste plus que Arnvoe, Kratchloc et le Seigneur Schreikwood de vivants dans le manoir. Lorsque le Tree-Revenant, un peu groggy après ces années à servir de cale porte, se présente finalement devant le trio de survivants, il peut compter sur un allié inattendu mais fort utile en la présence d’Arnvoe, dont les racines (mouahaha) ghyranites le rendent sensibles à la chanson d’Alarielle que l’esprit de la forêt marmonne. Alliant l’inconscient à l’agréable, il profite de l’inattention de ses boss pour planter une hache dans le dos du majordome lorsque celui-ci tente de transformer le Tree-Revenant en torche, et laisse le fantôme de Yannick Jadot faire son affaire au Seigneur Schreikwood sans s’interposer. La nouvelle se termine sur la perspective d’un compostage prochain et express de la biomasse que constitue le corps d’Arnvoe, mais avec le consentement de ce dernier. C’est dire à quel point la musique devait être bonne, bonne, bonne… Avis: Jamie Mistry-Evans n’est pas le premier à explorer la face sombre des Sylvaneth pour le compte de Warhammer Horror, et je dois dire qu’il n’est pas l’auteur dont la tentative m’a le plus impressionnée. Là où Lora Gray avait réussi à mettre en scène de façon viscérale la folie des Parias (‘Crimson Snow’), et Josh Reynolds donné un aperçu de la menace fongique posée par les suivants d’Alarielle (‘A Darksome Place’), Mistry-Evans reste assez convenu et réservé dans son approche, ce qui est un gros handicap pour susciter l’angoisse chez le lecteur à mon humble avis. A cela s’ajoute une intrigue qui devient dénuée de tout suspens à mi-chemin (une fois que le dormeur du val s’éveille), et qui donne la part belle à l’action (convenue et là encore assez peu marquante) aux dépends de l’atmosphère ou du suspens. Pas mauvais à proprement parler, mais assez quelconque. Fluff: Ghyran : Le Temple du Printemps Eternel (ou de la Source Eternelle, ou du Ressort Eternel – dur à dire avec l’anglais) est situé dans la Cité Vivante de Ghyran. Il est fameux pour ses deux chênes de fer (ironoaks) dont la ramure atteint le plafond et dans lequel est construit le beffroi du temple. Culte de Sigmar : La Nocta Heldenfast, ou « Nuit du Dieu-Roi », est un festival religieux célébré par les fidèles de Sigmar à travers les Royaumes Mortels. Jeremy Lambert (3) Révélation Auteur de comics (Doom Patrol, Buffy the Vampire Slayer, Goosebumps…), Jeremy Lambert a élargi sa palette créatrice en rejoignant la Black Library en tant qu’écrivain en bonne et due forme. On lui doit notamment les nouvelles ‘The House of Moons’ et ‘The Somewhere Sister’. • The House of Moons Révélation Aelves Week 2022/2022/22 pages Intrigue : Le Seigneur Régent Velithor Cellenya a hérité du poste que personne ne veut parmi la noblesse guerrière Lumineth : la garnison de la Tour de Tyrr, située dans une passe des Monts Lunarest. Ce dédain généralisé est causé par la situation géographique particulière de la Tour en question : bien que sensée protéger l’accès de la cité marchande de Calthrys, cela fait bien des siècles que ce coin d’Hyish est sous la coupe des Lumineth, et les ennemis à affronter se sont faits très rares. C’est donc une sorte de placard doré cristallisé dans lequel Velithor végète, en punition d’une campagne précédente s’étant apparemment terminée de manière peu honorable, et dont les souvenirs le hantent encore aujourd’hui. La situation évolue cependant drastiquement lorsque ses Sentinelles débusquent la trace d’une petite bande de Démons de Tzeentch, en route pour attaque la Porte de la Lune que la Tour garde. Bien que ses lieutenants lui conseillent d’envoyer une estafette alerter la Loge Thungur, établie à proximité de la garnison, de cette menace, l’orgueilleux Velithor décide qu’il est bien assez grand et beau et fort et swag pour régler le problème rapidement et discrètement (c’est marrant, tout le monde chuchote). Après tout, ne peut-il pas compter sur un escadron de magnifiques Hurakan Windchargers (seulement 55€, commandez les vôtres dès à présent !!!) pour prendre à revers les faquins, pendant qu’ils viennent s’écraser sur la muraille défendue par ses Gardiens et ses Sentinelles ? Juché sur sa lightcourser1 Nathyr, notre héros pense remporter une victoire nette et sans bavure, mais lorsque la dernière Horreur Rose finit par mordre la poussière, après s’être dûment divisée et subdivisée, il réalise que la horde qu’il a vaincu n’était que l’avant-garde d’une armée bien plus importante, et menée par un Magister DJ (littéralement). N’écoutant que son devoir et son courage, il prend le parti de… fuir le combat pour aller rameuter les Fyreslayers qu’il avait pourtant snobé il y a quelques minutes, pendant que ses camarades vendent chèrement leurs vies pour lui gagner du temps. La cavalcade échevelée de Velithor l’amène droit sur une patrouille de petits rouquins pas frileux, dont le chef accepte à contre-cœur de l’amener jusqu’à sa suzeraine, Maegrym, pour qu’il puisse plaider sa cause. Cette mauvaise volonté peut être mise sur le compte d’une rancune gardée contre les notables de Calthrys, ayant loué les services des Fyreslayers il y a fort longtemps pour repousser une horde de Khorne sans jamais régler la note (un chipotage très discutable sur les termes du contrat + un service comptable obtus comme on les aime : un grand classique même dans notre monde). Peu commode, la Mère des Runes se donne une protection contre le bullshit2 avant de s’engager3, et un Velithor aux abois lui promet en plus du paiement de la facture en souffrance, une coquette récompense pour le service que Super Concierge (après tout, c’est la patronne de la loge…) va rendre à Calthrys, et la restitution de la Lance de Thungur dont les Lumineth étaient opportunément et subrepticement entrés en possession par le passé, sans que les Fyreslayers ne sachent que leurs « alliés » leur avaient piqué leur relique la plus précieuse… Les termes étant agréés, Maegrym entraîne ses Duardin à la rencontre des Disciples de Tzeentch, et une bataille rangée s’engage entre les deux armées. L’affrontement penche de plus en plus en faveur des Démons, beaucoup plus nombreux que leurs adversaires et dont la supériorité aérienne permet de bombarder les nabots de projectiles magiques avec impunité, jusqu’à ce que Velinor réussisse un double saut héroïque (il saute de la selle de Nathyr, qui avait auparavant sauté depuis la croupe du Magmadroth de Maegrym) lui permettant d’embrocher le Magister flottant. Bien que l’atterrissage soit douloureux pour Flaesh Gordon, qui se fracasse un fémur et se tasse quelques vertèbres à l’impact, ce coup d’éclat permet aux Fyreslayers de reprendre l’avantage et de mettre l’ennemi en déroute. Sanglé sur un brancard tiré par son indispensable monture, élue MVP de la nouvelle, le Seigneur Régent ne peut qu’assister à la réappropriation de la Lance de Thungur, gardée dans le musée de la Tour de Tyrr, par Maegrym, avant que cette dernière n’ordonne à ses troupes de mettre le cap sur Calthrys. Bien que la cité ignore tout du péril dans lequel elle s’est brièvement trouvée, et que Velithor n’avait pas le mandat nécessaire pour négocier en son nom, il reviendra à l’Aelf éclopé de régler ces technicalités. Après tout, personne ne veut se fâcher avec 300 Duardin naturistes… 1 : Ah que je regrette l’époque où Games Workshop prenait la peine de traduire ses noms d’unité en français… 2 : C’est fluff vu qu’elle négocie avec un adorateur de vachette géante. 3 : Normalement c’est l’inverse qui se passe, c’est vrai. Pas la peine d’appeler un Juge. Avis : Il n’est pas facile pour un nouvel auteur de faire ses débuts dans un univers fictionnel qu’il n’a pas lui-même créé, et il est assez commun que les premières incursions des néo-contributeurs à la GW-Fiction soit d’un classicisme oscillant du solidement scolaire au franchement ennuyeux. C’est le cas de Jeremy Lambert, dont l’inaugural ‘The House of Moons’ n’a rien de bien excitant, et se révèle être une (assez longue) nouvelle martiale tout ce qu’il y a de plus convenu, la chose militaire occupant le gros des quelques trente pages consacrées aux cavalcades de Velithor Cellenya. Ce parti pris est assez frustrant de mon point de vue car Lambert s’est laissé la possibilité de parler d’autres choses, un peu plus intéressantes que du hack ‘n slash bas du front, dans son propos. Notamment des relations crispées entre Lumineth et Fyreslayers, alliés de circonstances plus qu’amis de longue date. J’aurais apprécié que l’auteur développe cette partie diplomatique et politique, dont la conclusion est malheureusement laissée en suspens à la fin du récit. Entre la morgue des Lumineth et le caractère rentre dedans des Duardin, il y avait toutes les chances que l’accord négocié en catastrophe par Velithor ne soit pas respecté et tourne potentiellement à la guerre ouverte entre les deux factions, et ça, ça m’aurait intéressé. Par ailleurs, certains détails semblent indiquer que Jeremy Lambert a vu plus grand que cette nouvelle, comme les mentions du passé honteux de Velithor, son attachement sans justification à son colifichet en étherquartz, ou même la Lance de Thungur (qui fait son apparition dans l’histoire de manière un peu trop gratuite et faussement anodine pour une relique aussi importante) le laissent à penser. À l’heure où cette chronique est rédigée, ‘The House of Moons’ reste un one shot, mais peut-être que l’on reverra Velithor, Maegrym et compagnie dans d’autres travaux… Fluff : Monts Lunarest : Chaîne de montagnes situées dans le Royaume d’Hyish, et sous domination Lumineth, qui y ont construit la cite marchande de Calthrys, protégée par la Tour de Tyrr, située à proximité de la Porte de la Lune. La Loge Thungdur, dirigée par la Mère des Runes Maegrym, s’est également établie dans les Monts Lunarest, et s’est alliée plusieurs fois aux Lumineth pour repousser des invasions chaotiques. • The Wayward Tale Révélation Wanderers of the Realms/2024/15 pages Intrigue : Bien qu’ils soient réputés pour leur nature hardie et résiliente, les Fyreslayers trouvent parfois plus costauds qu’eux lorsqu’ils sortent de leurs Loges pour aller baguenauder dans les Royaumes Mortels. C’est précisément ce qui est arrivé aux guerriers de Narrgrund, que l’on découvre éparpillés façon puzzle dans la neige de Shyish lorsque le dernier d’entre eux, le Battlesmith Volgrym, revient péniblement et douloureusement à lui après avoir s’être mangé quelque chose dans le buffet. Confronté au massacre de sa communauté, à sa prochaine propre fin prochaine (cage thoracique fracassée oblige), et surtout, surtout, à la disparition de sa chère enseigne customisée, Volgrym prend la seule décision qui s’impose : poursuivre la traque de la bête monstrueuse que le reste de la Loge était partie chasser, avec les résultats peu probants que l’on a découvert plus haut. Il ne fait en effet pas de doute que c’est cette titanesque bestiole qui s’est faite les crocs et les griffes sur l’expédition des Duardins, avant de s’éclipser dans un bois voisin. Accompagné par les fantômes lumineux du défunt Père des Runes et de sa maisonnée, le Battlesmith éprouvé mais pas découragé repart donc à la chasse. Un peu plus loin, et un peu plus tard, nous faisons la connaissance d’Eldra Wolfsmane et de ses Astral Templars, occupés à traquer, je vous le donne en mille, un monstre. Eldra prend cette mission très à cœur car son supérieur Jarrus a été tué quelques jours plus tôt alors qu’il faisait des repérages à la recherche de cette proie très particulière. Bien qu’elle lui doive sa récente promotion, Eldra tient donc à se venger de cette bestiole en l’honneur de son mentor – qui n’est pas vraiment mort évidemment comme c’est un Stormcast, mais vous saisissez l’idée. La piste a mené les chasseurs dans une forêt de Shyish (tiens tiens), mais surtout à proximité d’un campement de Maraudeurs Noir-Serment, menés par une musculeuse raine guerrière (Khyrux). Alors qu’Eldra était initialement partante pour esquiver les cultistes au profit de la poursuite de sa mission, l’arrivée tonitruante de Volgrym, qui chantait à tue-tête pour se donner du cœur à l’ouvrage, crée les conditions d’une situation cocasse. Le Duardin solitaire se retrouve fissa encerclé par les Maraudeurs goguenards, mais le monstre traqué par Volgrym et les Stormcast Eternals se manifeste de manière spectaculaire avant que les Chaotiques aient pu régler son compte au nabot délirant, provoquant l’intervention d’Eldra et ses hommes. S’en suit une bagarre générale pendant laquelle trois camps se constituent : les forces de l’Ordre coopèrent sans grande conviction, Khyrux et ses groupies attaquent tout ce qui bouge (et se font rapidement punir pour cela), et le gigantesque-loup-fait-d-ossements qui se trouve être la Némésis putative de la Loge Narrgrund et du pauvre Jarrus compte les points au milieu. Au terme d’un affrontement sanglant, Skeloutor finit par mordre la poussière, non sans avoir préalablement écrasé une Khyrux grièvement blessée par Eldra lors de leur duel au sommet. C’était d’ailleurs la même Khyrux qui était responsable de la mort de Jarrus, et non pas le loup géant, dont le principal tort aura été de passer avec ses grosses patounes à proximité du lieu où le Stormcast a péri peu de temps après son trépas, endossant de ce fait le statut de suspect principal1. Volgrym, quant à lui, a la satisfaction de récupérer son enseigne, qui s’était plantée dans le palais du loup comme un vulgaire cure-dent pendant le précédent affrontement, avant de rendre enfin son dernier souffle, sous le regard respectueux d’Eldra. Encore une Loge qui disparait, ceci dit : l’immobilier ne se porte pas terriblement du côté des Royaumes Mortels... 1 : Il y avait peut-être une raison pour laquelle Eldra n’était pas la plus haute gradée de cette bande de Stormcast spécialisés dans la traque, je le rappelle… La lecture d’empreintes n’a pas l’air d’être son point fort. Avis : Je dois avouer que le but recherché par Jeremy Lambert à travers ‘The Wayward Tale’ m’est largement passé au-dessus de la tête, à la lecture de ce qui m’a semblé être un pastiche pas vraiment inspiré des aventures de Neave Blacktalon. A moins que les personnages ou les antagonistes de cette nouvelle se trouvent être importants dans le fluff d’Age of Sigmar (ce qui est possible, je suis le sujet d’assez loin), je ne vois pas vraiment pourquoi l’auteur s’est donné la peine de mettre en scène cette chasse au monstre trilatérale. Fluff : Shyish : La région de Stygxx est connue sous le nom de pays des Dieux Oubliés. Stormcast Eternals : Parmi les Stormhosts, les Astral Templars sont réputés pour leur férocité. • The Somewhere Sister Révélation Warhammer Horror Week 2022/2022/19 pages Intrigue: Dans une vallée perdue de Hyish, une famille aelfique vivote en hébergeant les voyageurs se dirigeant vers la cité mythique de Ar-Ennascath, dont l’accès est défendu par des montagnes aussi inhospitalières que dangereuses. L’auberge de la Sœur Errante (traduction par votre serviteur de la V.O. Somewher Sister) a cependant connu des jours meilleurs, puisque seule notre héroïne, Vendriel réside encore entre ses murs décatis. Après avoir perdu sa mère, puis sa sœur jumelle, Velethir, toutes deux victimes de leur addiction aux éclats d’aetherquartz1 qui entourent le miroir de la matriarche, Vendriel doit gérer l’établissement par ses propres moyens, tout en restant persuadée que Velethir n’a pas vraiment quitté les lieux, rêves macabres (elle la voit hurler sans un bruit, une entité imprécise mais certainement maléfique coincée au fond du gosier) à l’appui. Fort heureusement, la Sœur Errante ne croule pas sous les visiteurs, et est même complètement vide au moment où se présente le forgeron Duardin Gryn Garinsson, bien décidé à présenter son heaume runique lors du festival de Syari, qui se tiendra dans quelques jours à Ar-Ennascath. Prise de court par l’arrivée du nabot (mouahaha), Vendriel parvient à donner le change et à lui refiler sa piquette premier choix – alors que Gryn voulait de la bière, comme tout nain qui se respecte – malgré l’atmosphère décidément creepy qui baigne l’auberge. Après avoir été à nouveau témoin de l’apparition pas franchement rassurante de Velethir dans le cellier, elle abandonne son hôte pioncer devant la cheminée, mais, miracle, Gryn parvient à passer une nuit tranquille et repart en sifflotant le lendemain à l’aube. Il serait temps de laver le linge miroir sale en famille, maintenant… Révélation …Ces choses là sont cependant plus faciles à entreprendre qu’à conclure, comme Vendriel s’en rend compte lorsqu’elle tente de se défaire du miroir en question. Son idée ne plait en effet pas du tout au démon de Slaanesh qui a possédé Velethir, ni à celui qui a fait de même avec sa mère auparavant, d’ailleurs (peut-être est-ce le même d’ailleurs, l’engeance du Prince du Chaos n’étant pas franchement connue pour être monogame). Confrontée à cette double menace, notre héroïne n’a pas d’autre choix que de rejoindre la petite affaire familiale, et de devenir à son tour une junkie hallucinée et pseudo-démoniaque. Lorsque Gryn repasse par la Sœur Errant pour faire coucou, une fois le festival terminé, il bénéficie d’un accueil dont il se souviendra… toute sa vie. 1 : L’aetherquartz est la forme Hyishienne (?) des pierres de royaume, et a entre pouvoirs celui d’aspirer les sentiments tristes et négatifs de celui qui le contemple. Les éclats finissent cependant par se saturer de pensées néfastes, et doivent alors être purifiés, leur trop grande concentration pouvant les transformer en générateurs d’angoisse et de déprime. Avis: Jeremy Lambert poursuit sur sa lancée aelfique (après ‘The House of Moons’) avec cette nouvelle où se perçoit nettement son passif de scénariste de comics, tant il semble à la lecture que cette histoire a été écrite avec des effets d’horreur « visuelle » en tête. Les jeux de miroir, de dédoublement (et plus si affinité), le basculement de la narration d’un point de vue de personnage à l’autre… sont autant de stratagèmes éprouvés pour créer un sentiment d’angoisse et de tension chez le spectateur, et si cela marche un peu moins bien sous format littéraire, le résultat reste tout à fait satisfaisant. Finalement, le seul reproche que je pourrais faire à ‘The Somewhere Sister’ est son manque de pédagogie à propos des éléments du fluff Lumineth nécessaires à la bonne compréhension de l’intrigue, à commencer par les éclats d’aetherquartz dont la famille de Vendriel fait si grande consommation, et les effets néfastes de cette dernière, particulièrement lorsque le recyclage en est négligé. Quand on vous dit que l’économie circulaire, c’est important… Fluff: Hyish: La cité d’Ar-Ennascath, perdue dans les montagnes et d’accès notoirement difficile, est renommée à travers tous les Royaumes Mortels pour le festival annuel de Syari qui s’y déroule, et au cours duquel les forgerons et armuriers viennent présenter leurs artefacts et créations à de riches Lumineth. John French (4) Révélation John French est une figure connue et reconnue de la GW-Fiction, qu’il sert avec fidélité et compétence depuis le début des années 2010. Notre homme a toujours eu une préférence pour le grimdark, et la majorité de son catalogue BL est consacré à 40K et à l’Hérésie d’Horus (où il a atteint le statut distingué de Seigneur de Terra). Le personnage du Roi Vide, Cado Ezechiar, lui a permis de faire son entrée dans les Royaumes Mortels, par l’intermédiaire d’un roman (‘The Hollow King’) et plusieurs nouvelles (‘Tower of Empty Mirrors’, ‘Beasts’, ‘Blood Bound’). • Beasts Révélation Black Library 2021 Advent Calendar/2021/12 pages Intrigue: Les années et les siècles n’ont pas été tendres envers Cado Ezechiar : alors qu’il disposait de son propre petit royaume et gérait ses affaires dans son coin, le Chaos vint frapper à sa porte avec des gros sabots anarchiques, résultant en la ruine de son domaine et le massacre de ses sujets. Depuis, l’ex souverain immortel (c’est un Vampire) traque les huluberlus qu’il tient responsable de ce fiasco (un culte de Tzeentch nommé la Main Enflammée), ce qui l’a amené dans la cité de Glimmerheart, récemment reprise par les forces sigmarites. Ayant massacré les trois sorciers de niveau 3 qui zonaient dans la ville sans penser à leur demander de le mettre sur une piste digne de ce nom pour poursuivre sa quête, Cado se retrouve dans une impasse, et obligé de faire profil bas pour éviter d’attirer l’attention des vertueux et peu tolérants Azyrites. Il accepte ainsi une mission d’escorte de prêtres chargés de contrôler la pureté d’une ancienne source sacrée, située à quelques heures de marche de Glimmerheart. De retour dans la cité, il fait la connaissance d’un mystérieux individu, Byrazan, qui semble en savoir beaucoup sur son tragique passé, et n’accepte pas « non » comme une réponse à sa demande de lui rendre un petit service en échange de renseignements. Avant qu’il n’ait pu expliquer au présomptueux mortel pourquoi il n’est pas conseillé de lui baver sur les rouleaux, Cado est mis KO de manière aussi rapide qu’inexpliquée, et se réveille quelques heures plus tard au plus profond d’une caverne humide, obscure et mal fréquentée. Ayant repris ses esprits et réglé son compte à l’araignée géante qui avait des vues sur sa carcasse, notre héros se met en quête d’une sortie, mais ne parvient qu’à attirer l’attention du Troggoth affamé qui s’est établi dans ces tunnels. Bien que disposant d’aptitudes physiques bien supérieures à celles de l’humain moyen, et pouvant compter sur les esprits des membres de feu sa cour royale (ici, l’érudite Solia, qui ne peut malheureusement rester longtemps à cause de problèmes récurrents de connexion1) pour le conseiller, Cado n’est pas vraiment à son avantage. En cause, la constitution robuste et la résistance à la magie de son adversaire, ainsi que les nuages de spores hallucinogènes déversés par les champignons qui recouvrent les parois de la caverne. Fort heureusement, notre héros a la bonne idée d’utiliser le décor pour venir à bout de son poursuivant, et parvient à faire basculer le Troggoth dans un graaaaaaand trou dans le sol, qui se révèle être un abysse arcanique (encore un kit de décor qui sera vendu 50 balles par GW dans les années à venir, j’imagine), soit une sorte de trou de ver menant vers une dimension parallèle, et dont l’accès était entravé par la présence d’une locale hostile, comme l’explique posément Byrazan lorsque Cado sort enfin de son trou, quelques temps plus tard. Logiquement outré par le traitement qu’il a subi, le Roi Vide doit cependant mettre sa colère en veilleuse car son interlocuteur révèle avoir sur lui une fiole contenant le sang d’un vampire de sa lignée, ce qui fonctionne basiquement comme une injonction d’éloignement/kryptonite/Xanax pour la gent à longues canines (ce qui explique le black out subi par Kad&O lors de sa première rencontre avec l’impudent mortel). En attendant d’identifier l’employeur de Byrazan et de comprendre l’intérêt qu’il lui porte, Cado récolte tout de même les fruits de son labeur, Byby lui indiquant d’aller visiter une tour de sorcier située dans les hauteurs de Glimmerheart pour faire progresser sa quête. Une tour invisible et inatteignable, certes, mais ce n’est pas vraiment son problème. Les PNJ donneurs de quête ne sont plus ce qu’ils étaient, c’est malheureux. 1 : En même temps, l’histoire se passe dans un tunnel. What did you expect ? Avis: John French pose proprement les bases de sa première série siglée Age of Sigmar avec ce ‘Beasts’, qui introduit de manière efficace le Roi Vide Cado Ezechiar, sa quête vengeresse dirigée vers les séides de la Main Enflammée, les anneaux de pouvoir qui constituent son équipement distinctif, et les relations troubles qu’il entretient avec ses mystérieux et puissants commanditaires. Toute cette exposition est faite de manière fluide, ce qui n’est pas donné à tous les contributeurs de la BL, et le combat/course-poursuite qui met notre immortel héros aux prises avec un Dankhold Troggoth jaloux de son intimité nous change agréablement de l’ordinaire des bastons mises en scène dans la littérature AoS. Un début prometteur dans les Royaumes Mortels, tant pour Cado que pour son créateur. Fluff: Vampires : La magie du sang (blood sorcery) lie les membres d’une même lignée vampirique. Elle place les descendants sous le pouvoir de leurs ascendants, ou de quiconque possède un peu du sang des premiers (généralement dans une fiole), et leur permet notamment de saper leur force, de les faire souffrir ou de les faire tomber en catalepsie. • Tower of Empty Mirrors Révélation Black Library Celebration Week 2022/2022/11 pages Intrigue: Dans un remake AoSesque de Piège de Cristal, Cado Ezechiar aka le Roi Vide, vampire disgracié mais trotro balèze de son état, se démène comme un beau diable pour atteindre le dernier niveau de la tour habitée par un sorcier de Tzeentch, en dépit de toutes les surprises confusantes, déplaisantes et hallucinantes dont l’occupant des lieux a tapissé son antre (pensez à du papier peint des années 70, puissance 9). Si sa creuse majesté se donne autant de mal, c’est parce qu’un de ses informateurs de la cité de Glimmerheart (Byrazan, yes man de Neferata, que l’on retrouve également dans ‘Blood Bound’) lui a soufflé que le Magus solitaire détenait des informations sur la Main Enflammée, une puissante sorcière de Tzeentch responsable de la destruction du royaume dont Cado était autrefois le souverain. Comme notre homme a consacré sa non vie à traquer cette vile bougresse, il n’en fallait pas plus pour le convaincre de partir en reconnaissance dans l’arrière-pays de Glimmerheart, où la tour est sensée se trouver. Les indications n’étant pas des plus précises (position : sur la ligne de démarcation pluie-neige) et l’édifice en lui-même étant évidemment dissimulé aux yeux des badauds – même les sorciers de Tzeentch préfèrent éviter les vendeurs qui font du porte à porte – il faut quelques savante réflexions et observation à notre héros, aidé pour l’occasion par son mentor fantomatique Solia, dont l’essence est conservée dans l’un des neuf anneaux qu’il porte aux doigts, pour trouver l’entrée du donjon. A l’intérieur, c’est bien sûr la fête du slip arcanique en matière de continuité spatio-temporelle, et Cado erre/court/nage/tombe/vole/twerke de salle en salle, expédiant quelques sbires de Tzeentch de temps à autres, sous le regard inquisiteur mais pas franchement hostile de son hôte. En effet, ce dernier a été emprisonné dans la tour par son ancienne maîtresse, la Main Enflammée en personne, après avoir conspiré contre elle et s’être planté dans les grandes largeurs. Condamné à la perpétuité incompressible, qui peut être extrêmement longue quand on est un disciple de Tzeentch, le Magus a vu ses pouvoirs décliner au fil des siècles, et n’est plus qu’une carcasse animée à l’arrivée du Roi Vide. Lorsque ce dernier finit par arriver au dernier niveau de la tour, une offre lui est faite : apprendre tout ce que le sorcier grabataire sait sur la Main Enflammée en échange d’une réponse honnête à la question qui définit l’identité de Cado Ezechiar : pourquoi est-il si méchaaaaaaant ??? pourquoi déteste-t-il les disciples de Tzeentch ? Une fois n’est pas coutume, le taiseux vampire accepte de se prêter au jeu de la psychanalyse, et révèle à son interlocuteur que la cause de sa haine vient du fait que la Main Enflammée et ses sbires l’ont confronté à qui il était vraiment, ce qui n’a pas dû lui faire plaisir, I guess. La nouvelle se termine avec la destruction de la tour, après que son occupant ait été soumis à une euthanasie de bien-être (#RIPFreya) par Cado le miséricordieux. Les informations récoltées, si elles peuvent être crues, mèneront notre héros vers le Sud. Pas très précis, mais on fait avec ce qu’on a. Avis: Le topos du héros solitaire qui explore une tour de sorcier et se retrouve confronté à des dangers mortels aussi bien physiques que psychologiques est un des fondements de l’heroic fantasy, depuis la création du genre en littérature1, et la GW-Fiction compte son lot de travaux appartenant à cette catégorie2. Il était somme toute normal qu’un pilier de la Black Library comme John French se frotte à son tour à cet exercice de style, et je dois dire qu’il s’en sort plus qu’honorablement, peut-être aidé dans sa tâche par son passif d’auteur affilié au Dieu du Changement et ses disciples flamboyants (série ‘Ahriman’). En l’espace de 11 pages, il parvient à la fois à nous embarquer pleinement dans l’exotique Absurdistan que constitue la tour d’un sorcier de Tzeentch, à l’aide de quelques situations et visions convenablement fantasmagoriques, à nous en apprendre plus sur l’histoire de son héros creux (et sans abuser de scènes d’expositions, ce qui est appréciable), et à faire avancer – légèrement – la quête de ce dernier. Le tout de façon plaisante et, il faut aussi le souligner, rafraîchissante, du fait de « l’humanité » que témoigne le résident de la Tour de Miroirs au bout du compte. Pour une fois qu’un Elu du Chaos ne s’arqueboute pas sur sa vilénie nihiliste pour la beauté du geste, mais cède à des sentiments bien humains de désir de repos (même éternel) et de revanche contre ses ennemis, quand bien même ces derniers sont techniquement dans son camp, on peut apprécier le fair play du Magi en fin de vie. Bref, une soumission de qualité de la part de John French, que je conseille au-delà du cercle des amateurs de Cado Ezechiar. 1 : ‘La Tour de l’Eléphant’, de Robert Howard, une des nouvelles iconiques du non moins célèbre Conan le Cimmérien, date de 1933. 2 : On peut citer ‘The Fist of an Angry God’ (W. King) pour Age of Sigmar, mais il y a également des exemples rattachés à 40K, comme ‘Journey of the Magi’ (J. Green), ou encore certains passages de la série ‘Eisenhorn’ (D. Abnett) ainsi que le final de ‘Requiem Infernal’ (P. Fehervari). Fluff: Vampire (Caractéristiques): La non vie ne fait pas disparaître les sensations tells que l’inconfort et la douleur, mais elle permet aux vampires de les ignorer s’ils le souhaitent (rq : ce qui est généralement le cas, for obvious reasons). • Blood Bound Révélation Character Week 2022/2022/14 pages Intrigue: Cado Ezechiar, aussi connu sous le nom du Roi Vide (Hollow King), est un vampire asocial qui gagne sa non-vie en servant de mercenaire d’élite dans les coins chauds des Royaumes Mortels. De passage dans la cité de Glimmerheart, il est mis sur une mission sensible par une de ses connaissances, l’influent et manipulateur Byrazan. En échange d’informations sur l’identité des cultistes de la Main Brûlante, responsables de sa tragique origin story (famille assassinée, royaume détruit, toilettes souillées, vol de nourriture dans le frigo collectif… la classique), il doit intercepter les ravisseurs d’un héritier d’une grande famille locale, et libérer ce dernier avant qu’il ne lui arrive malheur. Rien de très compliqué pour un être aussi ancien et puissant que notre héros, dont les aptitudes martiales viennent rapidement à bout des preneurs d’otage malgré leur détermination et les armes runiques anti-vampire à leur disposition. Cet arsenal inhabituel semble indiquer que ce rapt n’est pas une opération crapuleuse banale, ce qui est rapidement confirmé lorsque Cado prend la mesure de l’état de forme du colis (Hortio) qu’on lui a demandé de récupérer. Le nobliau a en effet reçu le baiser de sang il y a peu de temps, et est un cocktail d’hormones ambulant, ce qui l’a rendu facile à piéger. L’adolescence n’est pas une période facile, de son vivant ou de sa mort. Cette petite surprise, que Byrazan s’était bien gardé de lui éventer, n’est pas la seule qui attend notre taciturne protagoniste. Hortio est ainsi son « petit-fils », comme son nez/instinct affuté le lui révèle bientôt. Comme Cado n’a eu dans sa longue vie qu’un scion, ou plutôt scionne (?), Sissendra, cela signifie que cette dernière est impliquée dans cette louche histoire. Ce qui est bien sûr le cas, comme on l’apprend lorsque Kad & O balance son descendant sur les bottes de ce fourbe de Byrazan. Sissi sort de coulisses et le briefe rapidement sur la complexe géo-politique vampirique : Neferata (l’aïeule de Cado) et Mannfred sont en bisbillle quasi-ouverte, et Hortio a rejoint la lignée de la première pour lui permettre de contrôler Glimmerheart grâce à son statut d’aristocrate. La réunion de famille n’est pas très joyeuse, tout le monde détestant/méprisant tout le monde, mais le respect qu’un scion doit à son parent (ou en son absence, au porteur du flacon de sang de ce dernier) empêche les choses de tourner au vinaigre. Byrazan, conciliant, propose à Cado un autre boulot avant de lui remettre ce qui lui a promis : neutraliser l’agent ennemi responsable de l’enlèvement de Hortio afin de sécuriser la cité pour le compte de la Reine du Sang. Les vampires étant des êtres civilisés et respectueux de l’étiquette, un rendez-vous officiel est conclu un peu à l’écart de la ville entre les deux factions. Après un échange d’amabilités et de menaces, les tatanes commencent à pleuvoir dru. Hortio n’est pas d’une grande aide et Sissendra guère plus, mais heureusement, Cado ne se déplace jamais sans ses neuf anneaux de pouvoir, qui ne lui permettent pas de crier d’une voix suraiguë ou de porter la capuche avec une classe incomparable, mais contiennent l’âme des amis et suivants du Roi Vide, que ce dernier peut invoquer en cas de besoin pour lui filer un coup de main. Faisant face à une forte troupe de squelettes et de loups funestes, en plus d’un vampire (Voltekar) peu commode, Cado choisit la facilité et manifeste Herezai, son dragon zombie de compagnie. Ce renfort inattendu permet à nos trois compères des remporter la partie, et de repartir avec les cendres de Voltekar enfermées dans un sac d’aspirateur en nullstone, ce qui devrait l’empêcher de nuire pendant quelques millénaires. En paiement de ses bons et loyaux services, Cado reçoit une plume bleue imbue de magie, qui devrait l’aider à retrouver la piste du Magister de Tzeentch responsable de son errance, et/ou d’Elon Musk s’il finit par racheter Twitter. L’avenir nous le dira… Avis: John French se trouve avec Cado Ezechiar dans une position que peu de ses camarades de la BL peuvent se vanter d’avoir : une liberté quasi-totale de développer un héros neuf d’une faction (quasi) neuve de la GW-Fiction. N’étant pas familier des autres écrits consacrés par notre homme à ce personnage au moment de ma lecture de ‘Blood Bound’, je ne savais pas à quoi m’attendre, mais ressort de cette première rencontre avec le Roi Vide plutôt satisfait. Si lui-même n’est pas d’une originalité folle (on peut penser à Gilead ou Brunner, si on souhaite se restreindre à des exemples tirés de Warhammer Fantasy Battle), il dispose déjà de traits de personnalité, d’un historique et de quelques babioles intéressants, et je ne doute pas de la capacité d’un auteur vétéran comme John French de proposer quelque chose de solide sur cette base. Une série à suivre si vous avez des goûts classiques en matière d’heroic fantasy1, à mon humble avis. 1 : Si vous êtes un peu plus second degré, le Drekki Flynt de Guy Haley me semble par contre plus approprié. Fluff: Vampires : Ils peuvent imposer leur volonté, directement ou indirectement (par exemple, à travers une fiole de leur sang remis à un tiers) à leurs descendants, qui ne peuvent pas facilement s’opposer à eux. Ils peuvent être sérieusement blessés par des armes gravées de runes d’Aqshy. En l’absence de sang, des plaies causées par ces lames s’écoulent des cendres. Un vampire dont le corps a été détruit peut se reconstituer au bout d’un certain temps. Ce processus est impossible si ses cendres sont gardées dans un réceptacle de nullstone. • Cannibal Gate Révélation Black Library Celebration Week 2024/2024/15 pages Intrigue : Toujours en quête de l’insaisissable Main Enflammée responsable de la chute de son royaume lors de l’Âge du Chaos, il y a de cela des éons, Cado Ezechiar a.k.a. le Roi Vide a pris la route de Lethis a.k.a. la Cité de la Corneille après avoir été rencardé sur la présence de sa Némésis dans cette humble bourgade. Sachant fort bien que sa proie risque de lui filer entre les doigts (ce qui est ballot pour une Main, mais celle-ci est peut-être moite), comme lors des 708.259 épisodes précédents de sa traque, Cado s’est risqué à prendre le chemin le plus direct, qui l’emmène dans une contrée plus mal famée que la moyenne puisqu’occupée par une colonie de goules. Alors qu’il se prépare à passer le portail marquant l’entrée de leur domaine pour poursuivre sa route (malgré les sages conseils de sa mentor Solia, l’une des neuf âmes sauvées par notre héros lors de la déchéance de son royaume, et stockées dans les anneaux que Cado porte aux doigts), il est arrêté par un courtisan Flesh-Eater et son escorte de nécrophages, qui lui indiquent que la loi locale demande à ce que le passage soit payé par un tribut au roi. N’ayant pas d’autre choix que d’obtempérer, Cado rend visite au monarque en question (Azoquor), qui exige que cet étranger « bestial et ignoble » (venant d’une goule, c’est savoureux) aille terrasser les monstres qui hantent ses terres depuis quelques semaines, et dont ses armées affaiblies ne parviennent pas à se débarrasser. Après avoir juré sur l’épée rouillée du souverain d’accomplir sa volonté, Cado se met en chasse. Pas plus bête que le lecteur moyen de la Black Library, notre héros se doute bien qu’il y a une chance non nulle pour que les « monstres » en question se révèlent être des mortels tout ce qu’il y a de plus banal, sans doute l’expédition de croisés azyrites dont il a détecté le passage quelques jours plus tôt, d’ailleurs. Si ce cas de figure devait se vérifier, Cado jure à une Solia horrifiée par la promesse hâtive1 faite par son patron à cette grande goule d’Azoquor qu’il reniera sa parole et tâchera de trouver un autre moyen de gagner Lethis, et tant pis si ça lui rallonge un peu le chemin. Il ne sera pas dit que le Roi Vide soit devenu complice de la folie collective de ses cousins Flesh-Eaters, allons ! Sur ces entrefaites, la route du vampire et de son spectre de compagnie croise celle d’un groupe d’humains nimbés d’une aura étrange et d’une lumière stroboscopique trop violente pour les sens délicats de Cado, qui tombe en pâmoison avant de n’avoir pu faire plus ample connaissance avec les nouveaux venus. A son réveil, il se découvre enchaîné par des fers enchantés (alors que lui pas du tout, mais ça se comprend), et à la merci d’un Mage-Forgeron qui ne s’appelle pas Valentin – faîtes ce que vous voulez de cette information. La situation est critique, mais une honnête conversation entre gens éduqués devrait permettre de tout tirer au clair, pas vrai ? Révélation …Il s’avère en fait que Valentino et ses comparses ne sont pas les vertueux croisés azyrites dont ils ont dérobés les habits et armures (ce qui a un temps abusé Cado lorsqu’il a émergé de son coltar), mais bien un Sorcier de Slaanesh et sa bande de joyeux et pervers sycophantes, ce qui est à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle pour notre héros. Certes, il se trouve en bien mauvaise posture, avec un tison enflammé qui s’approche dangereusement près de son anatomie, mais au moins les monstres qu’Azoquor l’a envoyé occire sont bel et bien des sales types, et leur mort n’entachera pas son absence de conscience. Comme quoi on peut être creux et principiel en même temps. Comme lors de son affrontement contre Voltekar et sa clique de squelettes (‘Blood Bound’), Cado dégaine son arme secrète et cheat code digital en matérialisant son dragon zombie Herezai, dont l’arrivée impromptue et les grands claquements de mâchoire suffisent à distraire les Slaaneshis suffisamment longtemps pour que le Roi Vide se débarrasse de ses chaînes et de Valentino, dûment jugularisé par notre vampire assoiffé. La suite n’est qu’une formalité, les cultistes et Gors accompagnant le Sorcier exsangue ne faisant pas le poids contre le vampire et son dragon. Retour chez Azoquor pour terminer la nouvelle, et remise au souverain de quelques cadavres frais en signe de respect et d’amitié. Bien que le monarque s’offusque du refus de Cado de participer au festin qu’il donnera pour marquer la fin de l’incursion des monstres sur son paisible domaine, il lui permet malgré tout de poursuivre sa route sans plus de condition, et lui offre même un cadeau (un éclat de fémur pointu) marquant Cado Ezechiar comme un hôte distingué par le roi cannibale. Nul doute que cette babiole d’un goût douteux servira par la suite… 1 : C’est donc ça qu’on appelle un serment de l’instant ? Avis : La route de Cado Ezechiar se poursuit dans cette nouvelle, continuation logique de celles écrites antérieurement par John French (et probablement du roman ‘The Hollow King’) à propos de la quête vengeresse de son personnage tourmenté. Le résultat est égal aux épisodes précédents : assez agréable à lire et donnant à voir la noblesse contrariée – et les armes digitales complètement fumées, à croire qu’il y a des Jokaeros dans les Royaumes Mortels – du Roi Vide, aux prises avec des alliés de circonstance et des ennemis peu fréquentables… ou peut-être est-ce l’inverse. Pas mal. Fluff : Shyish (Géographie) : Les croyances des habitants des Royaumes Mortels à propos de l’au-delà se matérialisent en Shyish sous la forme de régions distinctes et séparées par des bancs de brouillard. Plus la civilisation est importante, plus la région sera étendue. Jonathan Green (1) Révélation Jonathan Green a été un des premiers auteurs à travailler pour la Black Library lorsque la maison d’édition a été créée, à la fin des années 90, et a signé son content de nouvelles et de romans pour Warhammer Fantasy Battle, Warhammer 40.000 et Necromunda. Actif jusqu’à la fin des années 2000, il est revenu s’enjailler dans la GW-Fiction en 2020, et a fait le grand saut vers les Royaumes Mortels en 2023 avec la nouvelle ‘Krakenbane’s Curse’. • Krakenbane's Curse Révélation Age of Sigmar Week 2023/2023/27 pages Intrigue : Dans la famille Krakenbane, on est corsaire de génération en génération. Le père (Vainlor) était le maître de la flotte Krakenhunter, qui comme son nom l’indique s’est spécialisée dans la traque et la capture des léviathans sous-marins dont les armées du Fléau raffolent tant. Sa fille (Kirineth) a repris le flambeau et le tricorne qui va bien après que son paternel ait sombré corps et biens après une rencontre tragique avec un siphon assoiffé. La plomberie c’est dangereux, tenez le pour dit. Avant que notre histoire ne débute vraiment, nous avons droit à une petite scène familiale, père et fille allant taquiner le kharibdyss par une nuit sans lune sur la Mer Brûlante. Comme on peut s’en douter, l’expédition n’est pas sans risque et le monstre qui se présente devant la flotte Krakenhunter est d’une taille si imposante que Vainlor décide tout naturellement de le laisser partir tuer. En solo. Et il y arrive en plus, le bougre, même si Green ne nous fait pas l’honneur de dépeindre cet affrontement titanesque et hentaiesque entre un Aelf à queue de cheval et un tas de tentacules dégoulinants. C’était sans doute pas PEGI 18. Quelques années plus tard, on retrouve Kirineth à la tête d’une flotte réduite à sa portion congrue (deux navires), orpheline de père et forcée par les circonstances à pactiser avec ses lointains cousins des bas-fonds, dans tous les sens du terme. La corsaire a en effet conclu un accord avec le roi Carcinus de l’enclave Fuethán, en vue d’un raid commun sur une petite île peuplée par une farouche tribu de disciples de Khorne. Aux Idoneth Deepkin les âmes de ces brutes en pagne, et aux Fléaux l’accès exclusif au temple local, où Kirineth souhaite faire un dépôt plutôt qu’un retrait, ce qui est assez étrange pour un corsaire vous le reconnaîtrez. En cause, la poisse persistante qui frappe les Krakenbane depuis que papounet a pillé ce même temple par le passé, et y a dérobé un crâne doré et un parchemin parcheminé, qu’il a gardé en souvenir dans sa cabine. Appelez ça intuition féminine ou facilité narrative, mais Kirineth est persuadée que le crâne est maudit et attire la guigne à ses porteurs, et ce ne sont pas les péripéties cocasses qui s’abattent sur sa flotte depuis lors qui la convaincront du contraire. Indice supplémentaire, le crâne en question s’appelle reviens, chaque tentative de s’en débarrasser s’étant soldé par un échec cuisant. L’esprit pratique de Kirineth est donc convaincu qu’il faut faire les choses dans les règles de l’art, et que seul un retour du crâne dans son temple mettra fin à cette déveine persistante. Soit. Comme rien n’est simple dans les Royaumes Mortels, il ne suffit pas de laisser la relique avec un mot d’excuse devant la porte du saint lieu pour régler le problème. Un assaut en bonne et due forme sur le village des sauvages iliens est donc lancé, et c’est le début d’une foire à la saucisse qui va durer sur des pages et des pages. Le plus important dans tout ça est de noter que malgré ses meilleurs efforts, et la supériorité des Aelfs sur leurs lourdauds adversaires, Kirineth ne parvient pas à entrer dans le temple avant qu’une quatrième armée ne vienne se joindre aux festivités en fracassant un des navires corsaires avec l’éperon crâneur de sa barge osseuse. 22, v’là les Ossiarch Bonereapers ! La mêlée reprend de plus belle mais les nouveaux arrivants ne rigolent pas du tout (normal, ils sont morts) et se taillent un chemin sanglant à travers les humains et les Aelfs. Sentant le vent tourner et la marée descendre, Carcinus bat prudemment en retraite à travers les vagues, laissant son alliée se débrouiller toute seule face aux tas d’os. Comble de l’horreur pour Kirineth, elle se rend compte que l’Hekatos qui commande les Gardes Mortek n’est autre que son père, ou du moins ce qu’il en reste, et que tout sentiment familial lui a été expurgé de l’animus par les Mortisans de Nagash. C’est la tuile. Au bout d’un dernier carré de quelques pages, Kiri se retrouve seule sur le pont de son bateau, entourée par une horde de squelettes patibulaires. A court d’option, elle se réfugie dans sa cabine, qui était celle de son père avant elle, et où se trouvent les reliques collectionnées par ce dernier. Lorsque la porte finit par céder sous les coups de boutoir des Mortek, notre héroïne empoigne à deux mains la côte de kahribdyss gardée en souvenir par Vainlor, et se prépare à vendre chèrement sa vie… Révélation …Mais au final, il ne lui sera fait aucun mal. Un Mortisan se pointe, lui arrache son cure-dent des mains, désigne le parchemin qui pend au mur (et qui arbore des hiéroglyphes ossiarches (?)) d’un doigt accusateur, lui annonce que le tribut est payé, et s’en va comme un prince avec ses troupes. Le crâne n’était donc qu’un macguffin magique (et le parchemin ne sert visiblement pas à grand-chose non plus puisqu’il n’est pas repris), et si la malédiction des Krakenbane semble levée, Kirineth finit l’histoire absolument seule au milieu d’un charnier désossé, sur une île perdue au milieu de l’océan. C’est pas la joie, donc. Avis : Pour ses débuts dans la nouvelle franchise medfan de la GW-Fiction (après des années de bons et loyaux services pour Warhammer Fantasy Battle), Jonathan Green s’embarque dans un récit qui réussit le tour de force d’être à la fois trop long et trop court, ce qui est un petit tour de force de lose. Il consacre en effet la moitié de ses pages à narrer l’affrontement sanguinaire entre trois, puis quatre armées sur un bout de plage, ce qui s’avère assez rapidement lassant. Il se paie également le luxe d’un prologue un peu plus prenant, mais conclu au lance-pierre (j’ai cru que Vainlor était tout simplement mort au combat contre le kharibdyss), et qui ne sert finalement pas à grand-chose dans la suite de l’histoire. D’un autre côté, Green aurait pu et du passer plus de temps à mettre en scène la fameuse malédiction des Krakenbane, qui n’avait pas l’air si terrible que ça au fond, et passe totalement à la trappe dans le dernier tiers de la nouvelle. Je ne suis pas non plus convaincu par son utilisation des Idoneth Deepkin, qui n’avaient absolument rien à gagner à s’associer aux corsaires de Kirineth (de ce qu’en raconte Green, ils étaient largement capables de mener le raid sur la tribu chaotique tout seuls) et dont la participation à cette histoire tient plus du cameo opportuniste – et une faction de plus au sommaire, une ! – que de l’exploitation réfléchie de leur background. Il y avait sans doute moyen de mieux justifier cette alliance que par l’association un peu facile Aelfs marins + Aelfs amphibies. Pour terminer, parlons un peu de la conclusion très étrange de ‘Krakenbane’s Curse’. Finalement, ce n’est pas le crâne doré la relique la plus importante de l’histoire, mais le parchemin dérobé dans le même temple, soit. Mais alors, 1) c’est vraiment pas de chance que les Ossiarch Bonereapers aient choisi de reprendre possession de leur bien après que la famille Krakenbane l’ait dérobé, alors qu’on peut supposer que ca faisait des siècles qu’il attendait dans le temple de l’île, et 2) pourquoi le Mortisan ne reprend-t-il pas le parchemin avant de sonner la retraite ? Je peux comprendre dans l’absolu que c’est l’acte de vol qui a été puni en soit, et que le parchemin lui-même ne contient peut-être qu’un mode d’emploi pour aspirateur en cyrillique, mais dans ce cas, pourquoi s’acharner sur les corsaires, qui n’ont pas eux-mêmes volés le parchemin à leurs propriétaires légitimes ? Bref, beaucoup de questions et de réserves au sujet de ce ‘Krakenbane’s Curse’, qui ne me réconcilie pas vraiment avec la prose du sieur Green. J’espère que la suite sera d’un meilleur niveau… Fluff : Rien de transcendant. Josh Reynolds (15) Révélation Où commencer avec Josh Reynolds ? Depuis l’époque où il n’était qu’un « Hot New Talent » de la Black Library, JR a fait couler des litres d’encre au service des franchises GW, le plus souvent med-fan. Pour ne parler que de ses travaux Age of Sigmar-esques, on peut trouver une abondante production à la gloire des hommes casseroles de papi Ziggie (dont une bonne partie centrée sur les Hallowed Knights du peroxidé Gardus Steel Soul), rehaussée de quelques travaux consacrés à leurs rivaux non-morts. De la Guerre des Portails (The Realmgate Wars) à la Guerre des Âmes (Soul Wars), le soldat Reynolds les a toutes faites, comme il fera sans doute celles qui viendront. Un vrai vétéran, en quelque sorte. Ô Rage, ô désespoir…: Les Lamentations de Khorne (3) • The Road of Blades Révélation Black Library 2016 Advent Calendar/2016/14 pages Intrigue: Ahazian Kel est ce que l’on peut appeler un routard des Royaumes Mortels. Guerrier accompli et sans pitié, il a tout sacrifié (y compris sa famille et sa tribu) pour se vouer à Khorne et devenir le plus grand dresseur Pokémon la guerre incarnée, avec un certain succès il faut le dire. Au début de notre propos, nous cueillons cette grande baderne flegmatique (y a pas grand-chose qui touche sa hache qui fait bouger son marteau) au saut du cheval, sa monture ayant prise une flèche dans l’œil après qu’il ait été repéré par un groupe de maraudeurs de Caldera alors qu’il parcourait les Herbes Noires (une steppe d’Aqshy). Peu impressionné par cet accueil hostile, Ahazian découpe quelques-uns de ces faquins mongoloïdes, ce qui convainc les survivants d’aller voir ailleurs s’il y est. L’Elu de Khorne peut donc reprendre sa route, qui doit le mener… à une autre route, mais pas n’importe laquelle : il a en effet reçu des présages insistants l’enjoignant à rejoindre la légendaire cité de Soulmaw, située à la croisée des Royaumes et centre névralgique de la production d’armes et d’armures des hordes du Dieu du Sang. Pour cela, il est nécessaire d’emprunter une huit voies, connue sous le nom de Route des Lames. L’appellation n’est pas mensongère, comme il ne tarde pas à s’en rendre compte, puisque cette route est littéralement constituée de lames fondues ensemble, comme si un conquérant Targaryen anonyme avait eu des envies de tapis plutôt que de fauteuil. A chacun ses goûts. Comme Khorne n’est pas du genre à ménager ses champions, Ahazian est confronté à quelques épreuves sur le chemin de Soulmaw : des Epées de Vive-Argent s’extirpent de la route et lui tombent sur le râble, des automates tueurs lui refusent la priorité, et d’autres aspirants attirés par les mêmes présages de carnage et de grandeur que lui cherchent querelle alors qu’il attend à la sortie de la bretelle de péage. Pas vraiment ce qu’on peut appeler de la mobilité douce. Le sanguin A-ha est bien décidé à resteeeeeer sur sa route, en recourant au meurtre si nécessaire, mais avant que l’irréparable ne se produise, il est téléporté à l’intérieur d’une forge spacieuse mais rustique, où le maître des lieux lui accorde audience. L’hôte en question, le Skullgrinder Volundr, n’est pas n’importe qui. Il s’agit de l’un des huit Maîtres de Forge de Khorne, soit l’élite de la crème des forgerons chaotiques. Chacun d’entre eux a notamment créé l’une des huit Lamentations du Dieu du Sang, armes exceptionnelles que Khorne avait offert à ses frères1, et qui furent perdues pendant l’Âge du Sang. Vovo a ainsi confectionné l’épée Coupemoelle (Marrowcutter en VO, c’est à peine moins ridicule), trempée dans le sang de cent démons. C’est lui qui a convoqué Ahazian, car il sait que les armées du Chaos auront bientôt besoin d’être menées par des héros maniant des armes légendaires, et il a pressenti que notre homme, s’il est le dernier des Kel, n’était pas le dernier des abrutis, et pourrait avoir l’étoffe nécessaire pour le job. Pour en être sûr, et comme c’est la tradition lors de recrutement à la Khorne Khorp., il défie Ahazian en duel, et se fait vaincre par une fourchette dans les yeux vicelarde mais réglementaire. Satisfait par le fighting spirit de sa recrue, il lui remet une hache bien stylée, et le prend à l’essai pour un premier contrat. La suite dans ‘The Spear of Shadows’. 1 : Ce qui est assez stupide de sa part car cela fait 2.666666666666667 armes par Dieu. Il en aurait fait 9, ça aurait été plus simple. Avis: Nouvelle présentant les origines du principal antagoniste de ‘The Spear of Shadows’ et contextualisant la légende entourant les Lamentations de Khorne, ‘The Road of Blades’ n’a curieusement pas été nommément reliée au cycle éponyme par la Black Library, alors qu’elle y a toute sa place. Il n’en reste pas moins que cette histoire de champion chaotique embarqué dans une quête mortelle et affrontant des dangers aussi variés que surnaturels (Chaos oblige) se laisse lire sans problème, et permet à Reynolds de nous livrer un beau spécimen d’anti-héros aussi charismatique que détestable. Comme le dit l’adage, une bonne histoire repose en grande partie sur la qualité de son méchant, et Ahazian Kel est un (futur) antagoniste auquel on s’attache rapidement. Lecture essentielle si vous vous lancez dans la saga, malheureusement inachevée, de Reynolds pour Age of Sigmar, et sympathique sinon. Fluff: Soulmaw: Citadelle-forge de Khorne, située à la confluence des Royaumes Mortels, où sont forgées les armes et les armures de ses osts mortels et démoniaques. Selon la légende, c’est également là qu’aurait été forgé Warmaker, l’épée à deux mains du Dieu du Sang en personne. La Soulmaw est sous la coupe des huit (un par Royaume) Maîtres de Forge de Khorne, même si le Maître d’Azyr est porté disparu au moment de l’Âge de Sigmar. Le Maître d’Aqshy est le Skullgrinder Volundr de Hesphut. Lamentations de Khorne : Huit armes de légende, créées par les Maîtres de Forge de Khorne et offertes aux autres Dieux du panthéon chaotique. Les textes identifient l’épée Marrowcutter et la lance Gung (rq : c’est moins classe tout d’un coup). Les Lamentations ont été perdues pendant l’Âge du Sang. • The Tainted Axe Révélation Black Library 2017 Advent Calendar/2017/20 pages Intrigue: Peu de temps après les événements relatés dans ‘Spear of Shadows’, nous retrouvons le chevalier – ou plutôt, demigryphier – Roggen de Ghyrwood March, de retour en Ghyran avec une main en moins et des souvenirs en plus. Ayant refusé l’offre de Grugni de remplacer son membre manquant par une réplique mécanique, au profit d’une solution plus naturelle, notre héros n’a toutefois pas trouvé chaussure à son pied ni prothèse à son moignon. Sa convalescence prend un tour particulier lorsqu’il se sent appelé une nuit dans le bosquet de ferbois consacré de son ordre, où l’attend une Branchwraith mutine, avec une nouvelle quête divine à lui confier. Loin au Sud se trouve le Gaut Tors1, une forêt qui a cruellement souffert des déprédations de Nurgle et des ses séides au cours des dernières années. Un champion du Dieu des maladies y a jadis mené une expédition corruptrice, dont il n’est jamais revenu mais qui a résulté en l’abandon de sa hache maudite sous un tas de feuilles. Depuis lors, cette arme maléfique corrompt les bois aux alentours, comme une pile au mercure enterrée dans l’humus. La mission de Roggen consistera donc à localiser cette relique impie et à la ramener à sa commanditrice, qui en échange de ses bons et loyaux ordonnés services lui fera pousser une nouvelle menotte. Bien que notre héros ne soit pas né de la dernière pluie, et se méfie à juste titre des fantasques Sylvaneth, le serment d’allégeance à Alarielle qu’il a prêté en devenant chevalier, et l’attrait de retrouver la main, le convainquent rapidement d’accepter cette quête. Avant de retourner écouter pousser les fleurs, la Branchwraith a l’amabilité de lui adjoindre les services d’un sherpa forestier, en la personne compacte mais grincheuse d’un esprit de la forêt. Nous suivons alors Roggen, son guide mal-luné (il passe son temps à appeler le chevalier « viande », ce qui n’est guère aimable) et sa farouche monture (Harrow) jusque dans les profondeurs mal famées du Gaut Tors. Bien que sa patronne lui a promis qu’il aurait un droit de passage auprès des Sylvaneth du cru, le fait que ces derniers soient perturbés par les émanations toxiques de la hache perdue d’une part, et leur allégeance à nulle autre que Drycha Hamadreth d’autre part (un petit détail que la Branchwraith avait omis de préciser à son prestataire pendant le briefing), n’incitent pas Roggen à la détente de son slip (en bois, comme le reste de sa garde-robe). Le trio finit toutefois par arriver dans une clairière, où un petit groupe de Rotbringers est à pied (gangréné) d’œuvre, et vient d’exhumer une sorte de cocon de racines calcifiées, qui ne peut être que le réceptacle de cette fameuse hache. Confiant dans ses capacités de bretteur et l’effet de surprise, Roggen fonce dans le tas avec abandon, mais se retrouve rapidement en difficulté, notamment du fait que ses adversaires ont apporté avec eux des arbalètes, ce qui n’est pas très fluff tout de même. Avant que l’impétueux chevalier n’ait été transformé en hérisson manchot (ce qui vaut mieux qu’un échidné pingouin, qu’on se le dise), une voix tonitruante vient intimer aux Nurgoons de cesser le feu. Il s’agit du Blight Knight qui commande l’expédition des prouteux, et qui, en véritable chevalier de l’ordre de la mouche, propose à Roggen de régler l’affaire par un duel tout ce qu’il y a de plus honorable, et au gagnant le loot. N’ayant pas de meilleure option sous la main, notre héros accepte la proposition de son adversaire (Feculus), et les deux champions se mettent sans tarder à l’ouvrage. Si sa monture parvient sans mal à vaincre le destrier démoniaque de sa Némésis, Roggen éprouve quant à lui les pires difficultés à tenir tête à cette dernière, qui est à la fois plus forte et plus résistante que lui. Au bout du compte, il faudra l’intervention, pas vraiment fair play mais très secourable, de son sidekick végétal (qui utilise l’attaque airbark) pour que Roggen parvienne à vaincre l’ignoble Feculus. La mort de leur patron libère toutefois les Rotbringers de leur serment de non-intervention, et le chevalier Dubois n’aurait pas fait long feu sans l’arrivée à point nommée des Sylvaneth du Gaut Tors, qui se font un plaisir d’offrir une démonstration de bio compostage express à leurs ennemis honnis. Cela laisse le temps à Roggen de repartir avec sa relique rouillée, et de se retrouver en bout du compte avec une greffe maniable. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. 1 : Je ne sais pas si cette nouvelle a été traduite en français, mais je suis hyper fier de ma proposition (Writhing Weald en VO). Avis: On ne le savait pas encore à l’époque de sa publication, mais ‘The Tainted Axe’ constituait la dernière apparition du chevalier Roggen de de Ghyrwood March, l’un des personnages attachant1 créés par Josh Reynolds dans le cadre de sa saga – laissée inachevée – des Lamentations de Khorne. Si cette péripétie mineure ne se place pas parmi les meilleures soumissions de notre homme, on y retrouve toutefois les points forts habituels de sa prose, à savoir des personnages intéressants (mention spéciale au jovial Feculus, que l’on retrouve cité dans les écrits consacrés par Reynolds à l’ordre de la mouche), une intrigue et un développement qui tiennent la route, et une généreuse dose de fluff pour napper le tout. Des nouvelles comme ça, je pourrais en lire 10 par jour sans me lasser. A mettre entre toutes les mains (haha). 1 : Notamment parce qu’il a pas mal de traits communs avec Erkhart Dubnitz, du très saint et très violent ordre de Manann, un des héros les plus hauts en couleurs de la Black Library. Fluff: Ordre du Sillon : Une confrérie de templiers d’Alarielle, base en Ghyran. Ses membres chevauchent des demigryphs et utilisent du ferbois pour leurs armes et armures à la place de métaux. Ghyran (maladie) : La Mousse Lépreuse est une affliction propagée par des spores contaminés, qui transforme la chair de ceux qu’elle affecte en blocs de lichen. La maladie progresse relativement lentement, et est indolore. • Auction of Blood // Enchères de Sang Révélation Sacrosaint & Autres Récits/2018/23 pages Intrigue: Les plans pour une soirée de bouquinage tranquille de Palem Bo(o)k, libraire d’incunables à Eauxgrises et accessoirement espion à la solde de Nefarata, sont brutalement et définitivement balayés lorsque notre fin lettré reçoit l’ordre de représenter sa généreuse patronne à une session d’enchères privées, se tenant le soir même au Nid de la Pie, une institution bien connue par les habitués de la vie secrète de la métropole Ghyranite. Bien forcé d’accéder à la gracieuse et impérieuse requête de sa bienfaitrice s’il tient à conserver sa jugulaire intacte, Bok se rend sur place, et réussit à négocier son entrée, malgré une absence d’invitation (les grandes de ce monde ne prennent pas en compte des détails aussi triviaux) et une vigile elfique vraiment patibulaire du tout. Même pas briefé sur l’objet qu’il devra acquérir pour le compte de sa maîtresse, il a peine le temps de jeter un regard sur le reste de l’assistance, où se pressent pêle-mêle un mage lumineux et dragonnet de compagnie, un Nain du Chaos essayant de camoufler son appartenance à une autre franchise sous une épaisse capuche, et la Femme en Rouge locale (il en faut une dans tous les univers med-fan dignes de ce nom apparemment), une beauté ténébreuse et balafrée, au souvenir avenant s’il ne dévoilait pas des dents taillées en pointe. Attendant patiemment que son heure vienne pendant que les premiers lots trouvent preneurs, Bok finit par comprendre que la babiole que Nefarata veut ajouter à sa collection est l’étrange fouet à huit lanières que le commissaire priseur révèle être Charu, le Fouette-Âme, rien de moins que l’une des huit Lamentations de Khorne ! Pressentant que cette acquisition va le mettre sur la paille, à condition qu’il arrive à remporter l’enchère avec ses moyens somme toute limités (l’industrie du livre est en crise partout), Bok est sauvé de la faillite par l’intervention inattendue de Melissandre, qui se trouve être une activiste de Khorne et ne goutte pas du tout à ce que cette sainte relique soit vendue comme un vulgaire bibelot lantique. Preuve que la malabar de l’entrée n’a pas fait son job de façon correcte, une demi-douzaine de comparses de la Lady in Red (Kesh de son prénom), se lèvent pour appuyer la revendication de leur meneuse, et la situation dégénère tranquillement lorsque le préposé à la vente tente de prévenir le service d’ordre et se prend une hache de jet entre les deux yeux pour sa peine. Dans la mêlée générale qui s’en suit, Bok a l’occasion d’assister aux premières loges à une démonstration de fouet que n’auraient renié ni Corax ni Indiana Jones, Kresh ayant réussi à mettre la main sur l’arme du crime, dont le deuxième effet kiss cool est de voler l’âme des malheureux qu’elle lacère. D’abord contraint de régler leur compte à quelques cultistes mugissants tout prêts à l’enkhorner, Bok est rapidement convaincu par le talent meurtrier de Kesh de mettre le Charu avant les bœufs. Malheureusement pour notre héros, this girl is on fire et sa pétoire, bien que de fabrication Duardin, ne suffit pas à mettre fin au tohu-bohu. Animée de mauvaises intentions, malgré la perte d’un hémisphère cervical consécutif à un headshot proprement exécuté, Kesh l’est également par la magie impie de son arme, et il faudra que quelqu’un se dévoue à lui prendre littéralement la main pour que l’ambiance, finalement, retombe. La seule autre survivante de la soirée étant l’Aelf de garde, à présent chômeuse et à laquelle il s’empresse de proposer un job, Bok n’a aucun mal à faire main basse sur la vieille Charu, dont on se doute que Nefarata fera un usage raisonné… Avis: Voilà une nouvelle de Josh Reynolds telle qu’on les aime. Loin du fracas des combats de première ligne entre Stormcasts et indigènes, Enchères de Sang s’attache à dépeindre la vie dans une cité libre de Sigmar, où, si l’ordre règne, tous les citoyens n’épousent pas forcément les vues progressistes et altruistes du Dieu céleste. Comme le Monde qui Fut avant lui, les Royaumes Mortels sont donc gangrenés par les agissements souterrains d’individus peu recommandables, ce qui est dans l’ordre naturel des choses à mon avis, mais méritait quand même d’être couvert par une nouvelle ou deux afin que le lecteur, surtout novice, ne s’y trompe pas1. Les amateurs de la série Malus Darkblade apprécieront sans doute le récit de la soirée très compliquée de Bok, contraint comme son lointain et illustre prédécesseur de prendre tous les risques pour récupérer une relique impie pour le compte d’un employeur pas vraiment compréhensif. Les nostalgiques du Vieux Monde et de l’archéo-fluff souriront à la rencontre des quelques easter eggs que l’auteur a glissé au fil des pages2. Tous reconnaîtront que Reynolds sait s’y prendre pour dépeindre les côtés peu reluisants d’une métropole med-fan, quadrillée par les sociétés secrètes en tout genre, les cultes chaotiques de quartier et les exécuteurs des basses œuvres d’éminences d’un gris souvent très foncé. Une chose est sûre, cela donne plutôt envie de découvrir quelles sont les sept autres lamentations que ce distrait de Khorne a égaré dans les Royaumes Mortels, dans ce qui pourrait bien être la série la plus intéressante des premières années d’Age of Sigmar. Les paris sont ouverts… 1 : À quand la sortie du supplément Quelque chose de pourri à Hammerhal ? 2 : On peut d’ailleurs s’étonner que la BL ait laissé passer la mention faite à Necoho, divinité chaotique désavouée par GW depuis des lustres. Ne boudons pas notre plaisir, ce n’est sans doute pas demain la veille que nous recroiserons ce Dieu renégat. Fluff: Greywater Fastness : Une métropole sigmarite du royaume de Ghyran. Après chaque pluie, des spores lumineux envahissent l’atmosphère, et se mettent à pousser sur les choses sur lesquelles ils se posent. La monnaie locale se décompose en comets, motes et flinders. Les passants peuvent héler des rattletrap, des fiacres tirés par des chevaux mécaniques, pour se déplacer dans la cité. Ouvrages nommés : Le Miroir d’Onyx de Kelaf est une symphonie. Les Révélations de Necoho ou La Lumière du Doute, est un clin d’oeil de Reynolds au vieux fluff (rq : Necoho est le dieu du Chaos… qui ne croit pas dans le concept de la divinité. Il n’y a que l’Empereur de l’Humanité qui le vénère). Huit Lamentations (relique) : Charu le Fouette-Âme (Soul-Lash) est un fouet de guerre et l’une des Huit Lamentations de Khorne. Il se compose de huit barres métalliques acérées, reliées à un manche façonné dans un fémur par des chaînes. Charu vole l’âme de ses victimes pour renforcer celui qui le manie. Il peut également posséder son porteur après sa mort pour continuer le massacre. La changeante histoire de L'omepal(lious) (2) • The Last Gift Révélation Call of Chaos/2015/8 pages Intrigue: C’est l’heure du règlement des comptes, du vidage des querelles et l’effacement des ardoises à Rot-Horn, forteresse naturellement délabrée et insalubre du champion de Nurgle Ephraim Bollos, aussi connu sous le nom de Seigneur Rotskull. Sa Némésis, le flamboyant et acerbe Ompallious Zeyros, a emmené sa bande de Disciples de Tzeentch à l’assaut du bastion pestiféré, avec la ferme intention de faire d’une pierre deux coups. En plus de se faire bien voir du patron en massacrant du prouteux, Zeyros souhaite se venger de Bollos, qui dans un temps très lointain, était un de ses frères d’armes. Sa défec(a)tion soudaine et son ralliement à sa majesté des mouches, s’ils restent voilés de mystères pour le lecteur, ont en tout cas poussés par réaction l’ombrageux Ompallious à choisir le chemin opposé sur ce grand rond-point qu’est le Chaos. Après des siècles à se courir après et se faire de coups fourrés, il semble que cette fois-ci soit la bonne pour notre héros, dont les humanoïdes associés ont triomphé de leurs putrides ennemis. C’est donc l’heure du date final entre un Zéro et un Bolos. Quel casting. Après avoir déambulé quelques temps dans les coursives moisies de Rot-Horn, Zeyros arrive dans la salle du trône où l’attend gentiment Bollos. La DLC de ce dernier est tellement dépassée qu’il a commencé à se répandre aux alentours, ne faisant plus qu’un avec la moquette à deux mètres à la ronde. Ce qui est certes exceptionnel d’un point de vue organique, mais guère pratique lorsque l’on veut/doit déguerpir pour éviter de se faire hacher menu. L’état proprement végétatif de Bollos n’affecte cependant pas sa bonne humeur, et il fait bon accueil à son vieil ami, qui, lui, n’a pas d’aussi bonnes dispositions envers son imposante personne. Le petit dialogue qui s’en suit permet toutefois à Bollos de faire comprendre à son futur meurtrier qu’il lui doit beaucoup, et en particulier sa raison de vivre, la poursuite du renégat ayant obnubilé les pensées de Zeyros pendant des décennies. La philosophie zen de son gros copain crasseux ne convainc cependant guère notre héros, qui finit par tailler le problème dans le vif, avant d’y mettre le feu pour faire bonne mesure. Sans se départir de son calme et de sa bonhomie, Bollos saisit le bras de son bourreau et lui annonce qu’il lui fait un dernier cadeau avant de rejoindre pour de bon le jardin de Papy Nurgle… Révélation …Et ce cadeau, c’est une jolie MST (Maladie Sporiquement Transmissible), Zeyros n’ayant pas eu d’autre choix que d’inhaler quelques particules corrompues par Bollos durant son œuvre de purification incendiaire. C’est ainsi que le vaincu parasite le vainqueur, et poursuit son existence sous une autre forme, dans une fusion intéressante des credos de Nurgle et Tzeentch. Le changement, c’est purulent ! Mais comme dit la chanson, ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine. Avis: Avec ses huit pages bien pesées, dont au moins la moitié est consacrée au récit, savamment obscur, de la rivalité entre ses deux protagonistes, ‘The Last Gift’ constitue une bien belle introduction à la saga de l’assez sympathique1 Ompallious Zeyros, aussi nommé le Chevalier Radieux (mais pas ici), plus largement couverte dans ‘Order of the Fly : Tourney of Fate’, autre nouvelle du prolixe Josh Reynolds. En revanche, pour qui juge ce très court texte sur ses propres mérites, et son prix prohibitif de 3.5€, le constat sera sans doute plus réservé. Pas que Reynolds démérite avec cette petite parabole sur la nature circulaire de la philosophie de Nurgle, mais le lecteur n’en a clairement pas pour son argent. Bref, si vous devez choisir, prenez plutôt le plat principal que l’amuse-gueule, vous ne serez pas (ou moins) déçu. 1 : Tout personnage de GW-Fiction qui commence sa carrière littéraire par un « Tu l’as dit bouffi » (ou l’équivalent) bénéficie de ma bienveillante neutralité. Ajoutons à cela que Zeyros peut compter sur un sidekick peu commun, une Horreur Bleue sarcastique et jemenfoutiste du nom de Tugop. Fluff: Rien à signaler. •Tourney of Fate Révélation Gods & Mortals/2019/27 pages Intrigue: Lorsque la plus totalement fraîche mais tout de même respectable Dame de Cankerwall, régente des Duchés Niellés, est enlevée par un Héraut de Tzeentch pendant un tournoi opposant la fine fleur (fanée) des chevaliers pesteux des environs, nombreux sont les braves qui jurent de libérer leur suzeraine et se mettent en quête de la tour ambulante où le faquin se terre avec sa victime. Parmi eux se trouve le jeune Carkus Gryme, qui doit encore gagner ses éperons et sa bedaine de Blightknight, mais qui compense son inexpérience et sa taille 36 par une dévotion et une noblesse indéniable. Ayant reçu l’autorisation de la Dame de participer au tournoi malgré son statut inférieur, il était bien décidé à l’impressionner de ses putrides prouesses1, et en veut donc mortellement au disciple du dieu poulet, Ompallious Zeyros. Accompagné d’un Pestigor cuisinier et fataliste (Blisterback), Carkus remonte la piste de la caravane de Zeyros, espérant la rattraper avant que les autres paladins enrhumés (qui ont des montures, eux) ne récoltent toute la gloire. À toute chose lenteur est bonne cependant, car le peloton de tête a visiblement rencontré plus fort que lui. Carkus tombe en effet sur les cadavres épars de ses frères de pus, éparpillés façon puzzle par un adversaire mystérieux. Avant cela, il avait reçu la visite d’un vieux démon de Tzeentch asservi par Ompallious, et chargé par ce dernier de dissuader le blanc-bec de se frotter à lui. Ayant considéré cette offre comme la preuve que son adversaire avait peur de lui, notre héros avait refusé crânement. Pour sa peine, il se trouve donc confronté au plus Disney de tous les adversaires : un chevalier constitué entièrement d’une nuée de rossignols, grives et autres merles, contre lequel son épée est bien inutile. Heureusement, le sagace Blisterback parvient à identifier l’oiseau en chef, qu’il capture et gobe aussi sec, provoquant la désagrégation de la murmuration. Ce premier adversaire vaincu, Carkus et son sidekick sont libres d’accéder au logement de fonction d’Ompallious, dans lequel le pas encore chevalier pénètre seul, comme le panonceau interdisant l’entrée à nos amis les animaux situé à côté du paillasson le stipule. La troisième épreuve de notre héros (la deuxième étant de ne pas s’arracher les yeux devant les choix de décoration intérieure très tzeentchy de son hôte) est d’affronter un autre serviteur de Lompallious, et en l’occurrence, une (quasi) célébrité : Mordrek le Maudit en personne. Bien que ce vénérable guerrier se plaigne que les petits jeunes chaoteux d’aujourd’hui ne le connaissent plus, il a gardé suffisamment de punch pour pousser Carkus dans ses derniers retranchements. Qui plus est, les Dieux du Chaos n’ont pas résilié son immortalité lors de son transfert de franchise, ce qui fait une fausse joie au pesteux après qu’un coup chanceux ait brisé la nuque de son adversaire, qui se relève sans broncher quelques secondes plus tard. Désespérément surclassé et n’ayant pas la caisse d’un véritable Blightknight, Carkus voit sa dernière heure son compostage arriver… mais réussit un deuxième coup critique d’affilée, ce qui convainc Mordrek de le laisser poursuivre sa quête et de se confronter enfin au maître des lieux. Ce dernier l’attend en compagnie de la Dame de Cankerwall, qu’il a kidnappé pour qu’elle l’aide à guérir d’une maladie honteuse refilée par un champion de Nurgle avec lequel il a eu un duel non protégé il y a de cela bien longtemps. L’heure des révélations ayant sonné, Carkus apprend coup sur coup qu’Ompallious Zeyros faisait partie de l’ordre des chevaliers ayant juré allégeance à la Dame lors de son arrivée dans les Duchés, et que si le premier cherchait tant à éviter le combat, c’est parce qu’il est en fait son lointain ancêtre. Cette double annonce ne détourne cependant pas Carkus de son leitmotiv, mais son état de fatigue avancée ne lui permet pas d’inquiéter Ompallious, qui le flanque par terre sans ménagement. Il aurait incinéré son arrière petit fillot sans état d’âme n’eut été l’intervention conjointe de la Dame de Cankerwall et de Mordrek, la première acceptant de débarrasser Ooumpa Loompa de ses mycoses tenaces en échange de la vie de Carkus, et le second forçant son ex-patron (son contrat d’asservissement contenant une clause suspensive à la première défaite enregistrée) à tenir sa parole après sa guérison express. Son problème sanitaire ayant été traité, Ompallious donne congé à ses invités (c’est fort civil de sa part) et met le cap sur un autre Royaume pour passer sa convalescence. De son côté, si Carkus n’a pas le bonheur d’être élevé au rang de Blightknight par sa Dame, il repart tout de même avec un lot de consolation fort sympathique, en l’occurrence un cor de chasse enchanté lui permettant d’invoquer le redoutable Mordrek (qui part faire du tourisme de l’Apocalypse dans cette franchise qu’il ne connaît pas) en soufflant dedans. Quant à la Dame, elle souhaitait en fait utiliser le Héraut de Tzeentch pour ressusciter un ancien champion après qu’il eut atteint un taux de moisissure satisfaisant (un peu comme un roquefort), et n’a donc pas vraiment apprécié l’intervention du morveux, mais se calme lorsque Carkus révèle qu’il a gardé un bout de la biopsie de son illustre aîné pendant qu’Ompallious passait le reste au lance-flamme, ce qui donne une réelle chance de revival à l’ancien. Quelqu’un aurait-il une boîte de Petri en rab ? 1 : Dessiner un blason en vomissant est le comble du chic chez les Maggotkin. Avis: Josh Reynolds exerce son talent de conteur dans ce ‘Tourney of Fate’, qui parvient à donner leurs lettres de noblesse aux Maggotkin de Nurgle sans galvauder le moins du monde leur aspect foncièrement morbide et résigné, qui ne le destinait pas du tout à endosser le rôle de protagonistes (à mon humble avis). En faisant de son héros un parangon de chevalerie, certes putride mais animé des sentiments les plus honorables, Reynolds démontre sa capacité à questionner les stéréotypes de fantasy que nous avons tous intégrés – souvent sans nous en rendre compte –, ce qui contribue à en faire l’un des auteurs les plus intéressants et talentueux de la Black Library. Si l’aventure dans laquelle le jeune Carkus Gryme est, elle, relativement convenue (même si de bonne facture), ‘Tourney of Fate’ mérite donc la lecture rien que par son originalité par rapport aux autres nouvelles chaotiques d’Age of Sigmar. Ceci dit, cette histoire a d’autres atouts à faire valoir, Josh Reynolds ayant été particulièrement motivé par son sujet. Ainsi, il prend soin de poser les jalons d’un arc narratif plus ambitieux que cette nouvelle, à laquelle répondent plusieurs autres de ses travaux. On peut retrouver Ompallious Zeyros dans ‘The Last Gift’, et Feculus dans ‘The Tainted Axe’, ce qui est suffisant pour parler d’un mini-Reyniverse des Royaumes Mortels. Dommage que son départ de la BL ne lui ait pas donné l’occasion de mener à bien son projet, par exemple en faisant intervenir Gryme et Zeyros dans la série des Huit Lamentations, aux côtés du champion de Khorne Ahazian Kel. Avec des antagonistes aussi charismatiques, et un auteur aussi doué que Reynolds à l’écriture, les épisodes suivants de la saga auraient été passionnants à suivre. Quoiqu’il en soit, ‘Tourney of Fate’ est une nouvelle qui sera d’autant plus intéressante que le lecteur est familier des histoires déclinées en parallèle de la quête de justice de Carkus Gryme. Pour finir, il régale le fluffiste en réalisant un savoureux cross over entre Warhammer Fantasy Battle et Age of Sigmar, à travers la convocation du Comte Mordrek, personnage nommé de second ordre du Vieux Monde (et qui apparaissait déjà dans des productions écrites pour WFB par Reynolds). Il nous avait déjà fait le coup avec Aekold le Miraculeux dans ‘Hammerhal’, et cela ne fait que m’inciter à lire le reste de sa bibliographie AoSesque pour voir s’il n’y a pas d’autres easter eggs dissimulés au fil des pages. Bref, c’est du Josh Reynolds comme on adore le lire, et dont il serait dommage de se priver. Fluff: Blighted Duchies : Une coalition de sept duchés (dont Festerfane et Bitterbile) situés dans le Royaume de Ghyran, unifiés dans le culte de Nurgle par la Dame de Cankerwall. Ce royaume est défendu par l’Ordre de la Mouche, une confrérie de Blightknights dotée d’un code d’honneur rigoureux. Autres (10) • Hammerhal // Hammerhal merci @Foudrolle ! Révélation Hammerhal & Other Stories // Hammerhal & Autres Récits/2017/106 pages Dramatis Personae : Rollo Tarn : Humain, marchand céleste, magister d’un culte de Tzeentch Sol Gage : Humain, Chevalier de l’ordre de la Comète à deux queues (Répurgateur) Carus Serment de Fer : Stormcast Eternal : Seigneur-Véritant de l’ost tempête des Hallowed Knights Kuva : Aelf membre des lions errants (référence aux lions blancs de battle… ?) Bryn : Duardin, Dépossédé, ex brise fer Serena Tranchesoleil : Stormcast Eternal, Liberator de l’ost tempête des Hallowed Knights, membre de la chambre des Ames d’acier Ole Creel : Humain, Sergent dans la guilde libre des Lames Fidèles Gardus Âme d’Acier : Stormcast Eternal Seigneur Célestant de la chambre des Ames d’acier Tzanghyr Âme Fendue : Tzaangor, Grand Métamorphe du Troupeau de Guerre de Roncesabot Aek : Humain(s), Maître du destin de Tzeentch Intrigue : Foudrolle : Tout commence dans les docks éthériques d’Hammerhal Ghyra où le répurgateur Sol Gage enquête sur les activités du marchand céleste Rollo Tarn. Ce dernier parvient de manière tout à fait mystérieuse à fournir à la cité d’importantes quantités de bois. Cette ressource et pourtant difficile à trouver puisque la moindre brindille de Ghyran appartient aux sylvaneths. Accompagné de l’aelf Kuva, du duardin Bryn et du Seigneur-Véritant Carus Serment de Fer, Sol Gage découvre un entrepôt dans lequel sont stockées des piles de bois. Le groupe est attaqué à ce moment par des cultistes de Tzeentch bien décidés à les réduire au silence. A l’Ouest d’Hammerhal Ghyra, dans le Bois Maudit, les Stormcast Eternals des Ames d’acier accompagnés par la guilde libre des Lames Fidèles sont bien décidés à éradiquer la présence du chaos. Nous suivons ici la Liberator Serena Tranchesoleil et le Seigneur-Célestant Gardus Ame d’acier qui ont fort à faire face aux tzaangors et autres démons de Tzeentch qui les assaillent. Du côté d’Hammerhal Ghyra, Sol Gage et sa fine équipe remontent la piste de Rollo Tarn et comprennent que ce dernier tente de s’échapper à bord d’un aéronavire. Rollo Tarn est par ailleurs en lien direct avec Tzanghyr, le chef des tzaangors du Bois Maudit. Ils ont tous les deux un plan pour envahir Hammerhal Ghyra qui consiste à utiliser le bois importé par Rollo Tarn comme portail pour les démons de Tzeentch. Rollo Tarn est aidé dans cette tâche par Aek, un puissant combattant de Tzeentch. Gage et Carus Serment de Fer rejoignent l’aéronavire de Rollo Tarn et tentent le tout pour le tout afin d’arrêter le rituel. Carus Serment de Fer rencontre son égal en la personne de Aek et Gage essaye de neutraliser Rollo Tarn. Malheureusement le portail s’ouvre et les démons commencent à se déverser dans Hammerhal. L’arrivée de Kuva et Bryn rééquilibre le débat, si bien que Rollo Tarn est mortellement blessé. Aek acculé finit par s’enfuir. Carus n’a d’autre choix que de se sacrifier afin détruire les chemins permettant aux démons de rejoindre Hammerhal Ghyra. Dans le Bois Maudit les Stormcast Eternals et leurs alliés humains progressent difficilement mais parviennent finalement à atteindre le cœur du Bois qui n’est autre que le point de départ des démons vers Hammerhal Ghyra. Les Stormcast Eternal parviennent à défaire les tzaangors et à stopper le rituel. Hammerhal Ghyra est, pour cette fois, sauf. Schattra : Notre histoire commence par un caméo à la fois céleste et divin, puisque c’est Sigmar Gabriel en personne qui profite d’une accalmie dans les affaires courantes du SPD pour aller s’encanailler dans un autre Royaume que le sien. Le grand barbu se manifeste en effet en Ghyran, où sa vue perçante a décelé une manigance de l’ennemi1. Il y a bien là une tribu de Tzaangors qui fait une rave party en consommant du collagène de poulet et d’autres substances illicites, mais c’est plutôt le cairn cristallin qui trône au centre de la clairière du Hexwood où ce rassemblement a pris place qui attire l’attention de la divinité. À la base de cette construction, un tas de soul pods Sylvaneth a été pris dans la gangue magique, et appelle pitoyablement à l’aide, ce qui est tout de même fort pour des bulbes et des glands. Ziggie, qui a fait vœu de non-violence et de non-interférence dans les affaires mortelles depuis qu’il s’est fait plumer au bonneteau en Ulgu, aurait bien envie d’aider, mais il n’arrive pas à convaincre Alarielle, qui l’a rejoint sur place, alertée par son intrusion, d’accepter son offre d’assistance. Madame est en effet convaincue que ses propres enfants sont tout à fait capables de régler le problème. Enfin, elle en est convaincue jusqu’au moment où la petite force de Sylvaneth qu’elle a envoyé mettre fin aux ébats des Hommes Bêtes se fait piteusement repousser par les mutants (le Chamane en charge des opérations menaçant d’égorger un des marrons qu’il retient en otage si les esprits de la forêt ne quittent pas les lieux – une scène horrible). Après avoir lancé un regard de merlan frit à Sigmar, qui prend ça pour une autorisation d’accomplir sa BA de la journée, Riri repart tenter d’arracher son Royaume des grosses patounes graisseuses de Nurgle, et notre prologue se termine sur le rire grinçant de Tzeentch, qui regardait sûrement Demain Nous Appartient en arrière-plan et trouvait ça irrésistiblement drôle (il en a de la chance). Le théâtre étant planté et les enjeux de l’histoire connus du lecteur, nous suivons en parallèle deux arcs narratifs, qui finiront évidemment par se rejoindre. D’un côté, une équipe de Répurgateurs de choc (Sol Gage le Chevalier d’Azyr, Kuva la « Lionne Blanche » Aelf, Bryn le Brise-Fer Duardin, Zephyr la Gryph-hound et son maître le Lord-Veritant Carus Iron-Oath) enquête sur les docks d’Hammerhal Ghyran sur les activités suspectes du marchand Rollo Tarn. Ce dernier a fait fortune en approvisionnant la cité en bois de construction, sans donner l’origine des précieuses grumes qu’il amène par barge volante toutes les semaines à Hammerhal. C’est une infraction flagrante au RBUE, et comme Alarielle et les Sylvaneth sont notoirement chatouilleux sur les questions de déforestation, les allées et venues de Tarn ont fini par taper dans l’œil des autorités locales. Dans les Monts Nevergreen, une force conjointe de Stormcast Eternals de la Chambre des Âmes d’Acier et de soldats des régiments réguliers d’Hammerhal progresse sous le commandement de Gardus Steelsoul en personne vers une destination tenue secrète par ce dernier. Il s’agit en fait d’aller aider les Sylvaneth à déloger les Hommes Bêtes du Chamane Tzanghyr Split-Soul de la clairière où ils ont dressé leur cairn pour remonter dans l’estime d’Alarielle. Mais ce que les vertueuses forces de l’Ordre ne peuvent pas savoir, c’est que les Disciples de Tzeentch ont monté une opération de grande ampleur pour capturer Hammerhal (rien que ça), et qu’ils vont donc se retrouver confrontés à une véritable légion de poulets-garous. Le lien entre les deux intrigues est assuré par le duo Tzanghyr-Rollo Tarn, qui ont chacun donné un petit bout de leur âme à leur BFF en signe de leur amitié sincère et profonde, et sont capables de communiquer malgré les distances qui les séparent. Vivement que les Duardin inventent le téléphone, tout de même. Tarn est un Magister de Tzeentch sous couverture, et le bois qu’il livre à Hammerhal provient du Hexwood, ce qui lui donne d’intéressantes propriétés de conductibilité démoniaque. Le plan des deux affreux est d’ouvrir un portail entre le cairn des Hommes Bêtes (grâce à la puissance des glands Sylvaneth) et les bâtiments d’Hammerhal construits avec le bois de Tarn, afin de permettre aux hordes de Tzaangors d’envahir la cité depuis l’intérieur, et contourner ainsi ses prodigieuses défenses extérieures. L’intervention des Répurgateurs dans les entrepôts d’Hammerhal force Tarn à prendre l’air sur son navire pour conduire le rituel d’ouverture en relative tranquillité, mais ce plan presque parfait partira finalement en fumée (comme Tarn) après que nos héros aient réussi à prendre pied sur la barge, à décimer l’équipage et à interrompre le rituel des cultistes grâce au sacrifice/surcharge de Carus. Dans la forêt profonde, c’est la Liberator Selena Sunstrike qui s’illustre particulièrement, en accompagnant Gardus et sa taskforce d’élite jusque dans la clairière du cairn, et en récupérant les précieuses soul pods au péril de sa vie. Voyant que les otages ont été libérés, les Sylvaneth qui épiaient les déboires des Stormcast depuis les fourrés se manifestent enfin, et mettent en déroute les Hommes Bêtes qui n’avaient pas encore eu le temps de prendre leur ticket pour Hammerhal. La victoire est donc totale pour l’Ordre, malgré les pertes subies dans l’invasion avortée de la cité. C’est toutefois avec les cultistes défaits, mais toujours confiants dans leur capacité à revenir avec une nouvelle idée aussi tordue que géniale pour jeter à bas la civilisation que Reynolds choisit de terminer son histoire. Le Fatemaster Aek, qui servait de confident et de garde du corps à Rollo Tarn, et a réussi à s’échapper de la barge volante en se jetant dans les flammes rituelles de Tzeentch au moment où les Répurgateurs s’apprêtaient à lui régler son compte, vient assister aux derniers instants de son ami, brûlé au neuvième degré comme le vrai cultiste qu’il est. La nouvelle se termine sur une note émouvante, avec Aek qui accueille les âmes de Tarn et de Tzanghyr dans ses… euh… gantelets ?, avant partir en coup de vent chercher une nouvelle conspiration dans laquelle s’impliquer. Vu comme ça, c’est assez cool d’être un cultiste du Chaos, finalement. 1 : Quoique, vu la description que fait Reynolds du rassemblement de Tzaangors, c’est peut-être son ouïe de taupe ou son odorat d’éléphant qui ont été mis à profit. Les voies du Seigneur sont impénétrables, mais pas ses fosses nasales. Avis : Foudrolle : A travers les péripéties du répurgateur Gage et de sa petite bande on entrevoit un réel potentiel pour Age of Sigmar de raconter des histoires plus intimistes et personnelles, bien loin des éternelles batailles cataclysmiques et autres faits divers armés mythologiques. Le trio Tarn, Aek, Tzanghyr est par ailleurs assez étonnant. On pouvait légitimement s’attendre à des antagonistes méchants pour être méchants, qui n’aiment rien ni personne et dont la personnalité tient sur un timbre rétréci. Il n’en est rien ! Ils sont certes tous les trois malfaisants mais leurs histoires et les différents liens qu’ils ont tissés entre eux les rendent attachants. Le personnage de Serena pour sa part nous dépeint une Stormcast, qui est certes totalement acquise à la cause de Sigmar, mais qui a ses propres doutes et peurs sur sa condition et la Métamorphose. La collaboration entre les soldats des lames Fidèles et les Ames d’acier est également une bonne surprise. Certes les Stormcast sont des bulldozers (les Retributors démolissent je ne sais combien de mètres de paroi rocheuse dans le chapitre huit) mais les frêles mortels ne sont pas en reste pour autant, et ont même un sacré répondant. En faisant lutter les Stormcast aux côtés de simples humains la lutte dans le Bois Maudit gagne une saveur toute particulière que l’on ne retrouvera malheureusement pas dans les autres nouvelles. On découvre pas mal de petites choses au niveau du fluff puisqu’on apprend ce que sont les Bastions Ignés d’Hammerhal Ghyra, à quoi ressemblent les docks éthériques de la cité, le fonctionnement des aéronavires humains et les différences avec les vaisseaux karadrons… On parle également de l’inter dépendance d’Hammerhal Ghyra et d’Hammerhal Aqsha. La nouvelle nous offre quelques repères géographiques avec l’évocation des Monts Rabougris, situé à l’Ouest d’Hammerhal Ghyra et du Bois Maudit, qui s’étend à leurs pieds. Il est également question du Fort Gardus et sont mentionnés très succinctement les Terres Scabreuses et les marécages de la Baie Verdoyante. Schattra : Josh Reynolds signe avec ‘Hammerhal’ la novella d’introduction à Age of Sigmar parfaite, en ce qu’elle parlera à tous les publics de la Black Library. En plus de s’avérer très didactique dans sa narration, et de présenter de façon intelligible-mais-pas-scolaire les motivations et organisations des principales factions de la franchise (au moment de l’écriture), dans un clair effort de facilitation de l’immersion des nouveaux venus dans cet univers, ‘Hammerhal’ a la bonne idée de ne pas reposer sur un manichéisme entre « gentils » sigmarites et « méchants » cultistes, que les lecteurs vétérans auraient sans doute trouvé horripilant. Au contraire, Reynolds réussit à faire de ses personnages chaotiques de véritables anti-héros, éminemment sympathiques malgré la monstruosité de leur plan. En cela, il parvient à justifier, mieux que beaucoup d’autres auteurs, l’attrait que le Chaos peut avoir pour des gens normaux comme Rollo Tarn (qui est devenu cultiste après avoir été sauvé d’une mort certaine des mains branches des Sylvaneth par Tzanghyr et ses Hommes Bêtes). Le marchand/Magister est une figure des plus intéressantes, puisqu’il est dépeint comme éprouvant une véritable amitié (réciproque) pour Tzanghyr et Aek, loin de l’image d’Epinal du cultiste obnubilé par sa progression dans les rangs et considérant tous ses alliés comme de simples pions. Reynolds donne même une dimension pathétique à Tarn en révélant que son fils a été transformé en Curseling en cherchant à maîtriser des rituels trop complexes pour lui, et qu’il n’a jamais vraiment pardonné à Tzeentch ce coup du sort. En plus de ce casting des plus intéressants, Josh Reynolds s’illustre également ici en fournissant de nombreux détails fluff à ses lecteurs, et en dépeignant Hammerhal à la manière d’un MJ présentant la ville à une bande d’aventuriers. C’est ce genre d’informations qui manquaient jusqu’alors dans le background d’Age of Sigmar, et qui empêchaient une immersion aussi complète que dans Warhammer Fantasy Battle : il faudra plus qu’une novella, et plus qu’un Reynolds, pour pallier à ces manques, mais si tous les auteurs de la BL pouvaient suivre cet exemple, Age of Sigmar deviendrait bien plus intéressant à mes yeux. Comme les scènes d’action occupent une bonne partie du récit, je me dois de souligner ici que Josh Reynolds rend une copie très propre à ce niveau, en gardant son propos facile à suivre et en proposant juste assez de variété pour que ces passages ne confinent pas au soporifique, comme ils ont la fâcheuse tendance à le faire chez d’autres auteurs. Ce n’est pas l’aspect de ‘Hammerhal’ que j’ai préféré, mais la pilule est passée sans problème, ce qui n’était pas une mince affaire pour une histoire de plus de cent pages, dont 75% de scènes de combats. Non, en tant que vieux de la vieille, ma préférence est logiquement allée vers les références au vieux fluff que Reynolds a intégré dans son propos. Cela varie du petit clin d’œil, comme le titre du prologue (‘Dark God’s Laughter’ qui est un hommage à ‘The Laughter of Dark Gods’, une des premières nouvelles de WFB publiées), à l’intégration incognito de personnages du Vieux Monde à l'intrigue, un peu relookés pour l’occasion, mais tout à fait reconnaissable dès lors qu’on se penche un peu sur le cas. Ici, c’est l’immortel Aek(old) qui revient nous dire bonjour, de façon véritablement miraculeuse si on me permet l’expression. Je reconnais sans problème que l’un de mes plaisirs de lecture de GW-Fiction est de découvrir des easter eggs et Reynolds est l’un des auteurs qui maîtrise le mieux cet art subtil de la référence. Ce qui m’incitera à probablement lire toutes ses nouvelles pour AoS, même si je sais qu’une grande partie de ces dernières sont des Stormcasteries écrites à la chaîne : tout benef’ pour la BL. Bref, je recommande chaudement cet ‘Hammerhal’ à tous les lecteurs intéressés par cette franchise de la GW-Fiction, quel que soit leur connaissance de cette dernière : Josh Reynolds a parfaitement répondu au cahier des charges qui lui a été fixé, et est même allé au-delà du strictement nécessaire pour contenter le plus grand nombre. Je dis bravo. Fluff: Hammerhal : Cité de Sigmar s’étendant de part et d’autre d’une Porte de Royaume reliant Aqshy à Ghyran, deuxième par la taille, derrière Azyrheim. La cité est gouvernée par un Grand Conclave, et protégée dans sa partie ghyranite par des douves de magma alimentées par des canaux en provenance d’Aqshy. Un réseau de forteresses, les bastions de feu, ceinture la périphérie de la cité. Ordre d’Azyr : Confrérie de chasseurs de sorcières chargés de débusquer la corruption spirituelle et physique du domaine de Sigmar. Ses membres se reconnaissent à leur insigne du Marteau et de la Comète, et coopèrent parfois avec les Lord-Veritants des Stormcast Eternals, dont les prérogatives sont similaires. L’Ordre d’Azyr entretient des liens privilégiés avec le Culte de Sigmar, dont la figure de proue est la Grande Théogoniste. Ghyran : Le ciel de ce Royaume est vert. • The Prisoner of the Black Sun // Le Prisonnier du Soleil Noir merci @Foudrolle ! Révélation Hammerhal & Other Stories // Hammerhal & Autres Récits/2017/32 pages Dramatis Personae : Tarsus Cœur de Taureau : Stormcast Eternal, Seigneur Célestant de la chambre des Cœurs de Taureau de l’ost tempête des Hallowed Knights Ramus de l’Âme Ombragée : Stormcast Eternal, Seigneur-Relictor de la chambre des Cœurs de Taureau de l’ost tempête des Celestial Vindicators Mannfred von Carstein : Vampire, salopard en puissance, destructeur du Monde qui fût, Traître, accessoirement Mortach de la nuit Tarka Porte-Malheur : Humain, Champion du chaos de Khorne Intrigue : Foudrolle: Sigmar a décidé de se rabibocher avec son vieux copain Nagash. A cette fin, il envoie neuf chambres de Stormcast Eternal, dont la chambre des Cœurs de Taureau des Hallowed Knights, demander une audience au Grand Nécromancien. Reste un léger problème, Nagash s’est retiré dans le sous monde de Stygxx et il faut dans un premier temps retrouver l’une des neuf portes menant à son domaine. Nous retrouvons donc Tarsus Cœur de Taureau accompagné de ses Stormcast Eternal et du Seigneur-Relictor Ramus de l’Âme Ombragée en quête de l’une de ces fameuses portes dans le Royaume de la Mort. La chambre piétine et, malgré le sac de diverses forteresses et l’exploration de ruines lugubres, les Stormcast Eternal ne parviennent pas à mettre le marteau sur l’une des portes. Ils finissent par tomber sur un observatoire abandonné dans lequel ils découvrent Mannfred von Carstein, enfermé à l’intérieur d’un soleil noir en fer. Les lieux comme le vampire font échos aux souvenirs mortels de Tarsus Cœur de Taureau, si bien que les Stormcast s’attardent plus que de raison et sont surpris par le retour de Tarka Porte-Malheur, propriétaire auto proclamé des lieux et de sa bande d’adorateur de Khorne. L’ennemi de mon ennemi étant parfois mon ami, les Stormcast Eternal libèrent le vampire et ensemble ils exterminent les suppôts du chaos. Ce menu détail réglé, Mannfred von Carstein et les idiots Stormcast Eternals s’allient provisoirement pour trouver la porte menant à Stygxx. Schattra: On se bat méchamment dans le Val des Tourments, région montagneuse de Shyish où sont sensés être dissimulées les entrées vers le Stygxx, le sous-monde servant de repaire à Nagash d’après les sources de Sigmar. Le Dieu du Marteau souhaite organiser une réunion avec le Dieu de la Faucille afin de tenter de recoller les morceaux et de recréer l’Interdivine Communiste, qui a volé en éclats lorsque le camarade S. s’est mis à entretenir son culte de la personnalité de façon un peu trop visible. Logique pour une divinité, me direz-vous. Bref. Sigmar a chargé les Hallowed Knights sous le commandement du Lord-Celestant Tarsus de caler ce fameux meeting, et il ne sera pas dit que les Stormcast Eternals ont laissé tomber leur patron. L’exploration des contreforts du Val est toutefois ralentie par le grand nombre de cultistes de Khorne présents sur place à l’occasion d’une semaine sport divers1 dans le cadre du séminaire de team bruising annuel, et les Hallowed Knights doivent donner de la voix pour se faire respecter par les Khorneux en goguette. Ca tombe bien, c’est leur spécialité2. Ayant arraché de haute lutte l’accès à une forteresse abandonnée après un nouvel accrochage avec les chaoteux, Tarsus, le Lord Relictor Remus de l’Âme Ombragée et leurs petits camarades de casse décrètent une pause syndicale. Profitant de l’accalmie, les deux officiers partent explorer le bastion qu’ils viennent d’investir, afin de s’assurer qu’il ne s’y dissimule pas un accès vers le Stygxx. On n’est jamais trop prudent. Tarsus est alors assailli par une forte sensation de déjà vu alors qu’il traverse les pièces désertes, ce qui pour un Stormcast n’a rien de surprenant, mais le plonge dans les affres d’une profonde réflexion, ce qui lui fait plutôt mal au crâne. Il n’a cependant pas le temps de s’apesantir sur cette remontée de souvenirs brumeux, car nos deux compaings débouchent dans une salle occupée par un planetarium géant, ce qui n’est déjà pas commun, mais qui l’est encore moins du fait de la présence d’un homme à l’intérieur de la sphère représentant le soleil, maintenu en place par des pieux de laiton fichés à travers ses poignets. How peculiar. En se rapprochant un peu, Tarsus et Ramus doivent se rendre à l’évidence que l’homme est en fait un vampire, et assez affamé s’il faut en juger par sa tentative malheureuse de sauter au cou de ses visiteurs pour leur souhaiter la bienvenue. Peu impressionné par ces effusions, les Stormcast calment l’ardeur hémophile du suceur de sang à grands coups de marteaux, et commencent à l’interroger pour comprendre comment il a atterri ici. Il leur faut toutefois se rendre rapidement à l’évidence : le prisonnier du soleil noir est bien plus malin qu’eux, et ils n’arriveront pas à lui tirer les vers du nez sans lui tirer les pieux des poignets d’abord, ce qu’ils ne semblent pas pressés de faire. Ce badinage mondain permet au moins aux Stormcast d’apprendre qu’ils ont empiété sur le territoire d’un champion de Khorne nommé Tarka Porte-Malheur, qui ne devrait pas tarder à revenir de la supérette locale où il était parti acheter des croquettes pour ses nombreux animaux de compagnie. Et en effet, une sonnerie de cor retentit bientôt dans la vallée, annonciatrice du retour de Tarka et ses cathares. Coincés comme des rats, mais des rats en armure de plate complète de sigmarite, les Hallowed Knights se préparent à faire ce qu’ils savent faire de mieux (à part brailler comme des putois en rut) : concasser du contestataire. Refusant de libérer leur nouvelle connaissance sur parole sous prétexte que les vampires sont rien que de menteurs, Tarsus et Ramus organisent la défense des bleus et blancs pendant que Tarka les harangue de loin sur l’illégalité du squattage des biens d’autrui, avant de lâcher sa meute de Khorgoraths, menée par son rottweiler Bloodswiller, sur les ZADistes. Dans la mêlée conuse qui s’ensuit, les Stormcast se retrouvent assez vite débordés, au point de reconsidérer la généreuse proposition du vampire, finalement dépunaisé en désespoir de cause par un Tarsus loin de prendre son pied (et pourtant, avec un nom pareil), afin de sauver Ramus des papouilles frénétiques de Bloodswiller. Il faudra ensuite gérer les récriminations de Tarka et sa gueule de porte-bonheur en personne, venu avec le Dread Abyssal confisqué à son prisonnier en laisse, ce qui sera fait avec tact et courtoisie dans un premier temps (0,003 secondes pour être précis), puis avec une violence débridée, une horde de squelettes et un avaleur d’apathique ne l’étant certes pas lui-même. Hallowed nan mais Hallowed quoi. La nouvelle se termine sur la proposition de Mannfred von Carstein, car c’était bien lui, d’escorter ses nouveaux copains jusqu’au portail vers Stygxx le plus proche. Malgré le sombre pressentiment qui lui secoue les tripes, ou peut-être était-ce seulement la viande en sauce de la cantine du baraquement, Tarsus accepte le coup de main du Mortarque de la Nuit, et voilà les Stormcast partis vers d’autres aventures… 1 : Décapitation, démembrement, équarrissage, duel à mort, lancer de hache, agility démoniaque, blood polo… Il y en a pour tous les goûts. 2 : On connait évidemment leur devise « Seuls les fidèles//Only the faithful », mais ce n’est pas le seul cri de ralliement de l’ost. Un autre très populaire est le classique « C’est les Liberators/Prosecutors/Judicators/Retributor/… qui gueulent, qui gueulent // C’est les … qui gueulent le plus fort ». Avis : Foudrolle: Clairement l’une des nouvelles que j’ai le moins aimé. Il ne se passe globalement rien hormis des combats. Pourtant les 40 premières lignes sont très chouettes et posent tout de suite l’ambiance. Dommage qu’elle ne perdure pas ! Les souvenirs de mortel de Tarsus ne sont pas assez exploités pour être intéressants et même Mannfred von Carnstein ne brille pas par son jeu d’acteur. Schattra: Les histoires de Stormcast Eternals se suivent et se ressemblent, et malheureusement, pas en bien. Les bastons succèdent aux bastons, l’identité des malheureux tabassés et le lieu des exactions commises par les forces de l’Ordre (avec l’-O majuscule de rigueur) apportant seuls un peu de diversité dans ce corpus à l’intérêt de moins en moins évident pour le lecteur. En l’occurrence, le choix de Reynolds de mettre aux prises Hallowed Knights et Blades of Khorne pourrait même être considéré comme un retour aux sources de la fiction d’Age of Sigmar, au temps où la boîte de base opposant Sigmarines et Red Devils était l’alpha et l’omega de la nouvelle franchise de Games Workshop. Les esprits chagrins, dont je fais partie, ne manqueront pas de noter que ces prémices n’avaient rien de particulièrement mémorables, et ne méritaient pas spécialement qu’on leur rende hommage en recréant ce premier affrontement « mythique », mais on ne peut pas reprocher à Reynolds, qui s’embarquait avec ce Prisonnier du Soleil Noir dans une saga au long cours aux côtés des Hallowed Knights, de faire feu de tout bois (ou clou de toute ferraille, eut égard à la nature profonde de ses héros1). Reste que cette nouvelle s’avère être aussi appétissante qu’un grand bol de protéines en poudre sans lait, ce qui constitue sans doute l’ordinaire des Stormcast Eternals et expliquerait pourquoi ils tirent généralement une tête de six pieds de long, et est l’incarnation « BLesque » des sempiternels et irritants au possible combats contre des mobs de bas niveau, que chaque RPG se fait un point d’honneur d’intégrer dans son gameplay, et qui, de vaguement intéressants en début d’aventure, finissent par devenir une véritable corvée après quelques temps. Reynolds a beau nous livrer en pâture quelques miettes de fluff sur les Hallowed Knights et bénéficier de la présence au casting d’une célébrité tout ce qu’il y a de plus legit, il faudra tout de même s’enquiller quelques pages de combats homériques entre Hallobots et Deceptikhornes, conclus en « beauté » par le duel (enfin, pas vraiment, les Stormcast Eternals n’étant pas vraiment beaux joueurs sur le coup) entre capitaines des équipes bleu et rouge sur le mur des champions (le perdant repeignant le dit mur avec son sang). L’auteur a beau maîtriser son sujet et livrer une copie tout ce qu’il y a de plus propre, ce ne sera qu’une maigre consolation pour le lecteur n’étant que trop familier avec ce type de soumission. On pourra noter pour le fun que le seuil de résistance de Josh Reynolds envers les bibendums en sigmarite semble également s’amenuiser dangereusement, à en juger par la manière dont Mannfred arrive à faire passer Tarsus pour un abruti fini à chaque ligne de dialogue (ce même Mannfred qui gère en deux temps trois mouvement le Khorgorath de compagnie de Tarka la Crème, qui s’ébattait auparavant comme un chien dans un jeu de quilles). Maigre consolation pour nous, pauvres victimes collatérales de l’amour démesuré que GW porte à ses têtes d’affiche, mais tout est bon pour faire passer la sig-pilule. 1 : Après tout, quand on est con...tondant, on est c- Fluff: Hallowed Knights : Il s’agit du 4ème Stormhost fondé par Sigmar. Ses guerriers ont le point commun d’avoir invoqué Sigmar (rq : assez fort pour qu’il entende, ce qui peut expliquer pourquoi ils aiment tant crier) pendant la bataille et d’avoir donné leur vie pour une noble cause. Ils se surnomment les Cœur de Taureau, en hommage à la bravoure de leur chef, Tarsus : leurs marteaux sont des sabots et leurs épées des cornes (rq : et eux sont des gros bœufs). Leur héraldique est des cornes blanches sur fond bleu. Leur cri de guerre est « Seuls les Fidèles ! » (Only the Faithful). Géographie (Shyish) : Le Val des Tourments est la région de Shyish où Sigmar a envoyé les Hallowed Knights à la recherche d’un des neuf portails reliant le royaume au Stygxx, le sous-monde de Shyish où réside Nagash. Chaque portail est protégé par une citadelle, certaines imposantes, d’autres cachées dans les montagnes. • Assault on Mandrake Bastion // Assaut sur le Bastion de la Mandragore merci @Foudrolle ! Révélation Hammerhal & Other Stories // Hammerhal & Autres Récits/2017/24 pages Dramatis Personae : Orius Adamantin : Stormcast Eternal, Seigneur Célestant de la chambre des Adamantins de l’ost tempête des Hammers of Sigmar Moros Calverius : Stormcast Eternal, Seigneur-Relictor de la chambre des Adamantins Tarkus : Stormcast Eternal, Chevalier-Heraldor de la chambre des Adamantins Anhur le Seigneur Ecarlate : Humain, Champion de Khorne Kratus le Silencieux : Stormcast Eternal, Chevalier-Azyros de la chambre des Adamantins Intrigue : Foudrolle: Nous nous rendons ici en Aqshy en compagnie des Stormcast Eternals Adamantins des Hammers of Sigmar pour purger le Bastion de la Mandragore (à ne pas confondre avec la Forteresse de la Manticore) du royaume de Klaxus… Un cours de géographie s’impose ! L’action se déroule en Aqshy et plus précisément dans les jungles Cendreuses du cratère de Tephra, dans lesquelles on comptait autrefois au moins trois royaumes : Vaxtl, Ytalan et Klaxus. Ce dernier étant le plus puissant de tous les royaumes. Le Bastion de la Manticore quant à lui surplombe la cité d’Uryx, qui n’est autre que l’ancienne capitale du royaume de Klaxus. Le siège du pouvoir d’Uryx se trouve être la citadelle de Souffre, ancienne forteresse des rois-prêtres de Klaxus. Le cadre étant désormais posé, reprenons le cours de notre histoire. La nouvelle adopte 3 points de vue différents. Celui d’Orius Adamantin, d’Anhur et de Kratus le Silencieux. Dans un premier temps nous suivons Orius Adamantin et ses Adamantins, lancés depuis trois jours dans une ascension meurtrière du versant nord du cratère de Tephra. L’information importante est que les adamantins ne sont en réalité qu’une diversion pour permettre à Kratus le Silencieux et ses Prosecutors de conquérir le Bastion de la Mandragore. Nous nous portons ensuite aux côtés d’Anhur le Seigneur Ecarlate, accompagné de ses quatre-vingt-huit meilleurs guerriers. Anhur prépare un chouette rituel bien à l’abri dans la citadelle de Souffre mais a hâte d’aller découper du stormcast. Pour finir nous assistons à la prise du Bastion de la Mandragore par Kratus le Silencieux. Petite particularité de la citadelle, elle est protégée par des mandragores géantes dont le cri réduit en bouillie le cerveau de n’importe qui ou quoi, Stormcast Eternal compris. La suite logique voudrait qu’Orius rejoigne finalement Kratus, et que les guerriers de Sigmar quittent le Bastion de la Mandragore pour se rendre dans la citadelle de Souffre et échanger quelques politesses avec Anhur. Tout l’intérêt de la nouvelle repose sur le passé commun liant Orius Adamantin et Anhur l’Ecarlate. Tous deux sont originaires du cratère de Tephra et se connaissent plutôt bien. Avant d’être reforgé comme Stormcast Eternal, Orius Adamantin se nommait Oros d’Ytalan. On apprend qu’Oros a servi le prince d’Ytalan et a participé à une révolte contre les rois-prêtres de Klaxus mais a été vaincu. Anhur est un contemporain de cette époque puisqu’il n’est autre que le prince en question. C’est lui qui a mené l’insurrection pour son peuple. Contrairement à Oros, il a échappé de peu à la mort. Toutefois Khorne le trouva et lorsque Anhur revint parmi les siens, il renversa bien les prêtres rois, mais massacra au passage à peu près tout le monde. Schattra: La guerre totale déclarée par Sigmar contre le Chaos poursuit son petit Stormcast de chemin, et parmi les nombreuses zones contestées des Royaumes Mortels, nous nous concentrons sur Klaxus, en Aqshy. Là, la Reconquista rime avec Remontada, car les champions d’Azyr doivent progresser sur les pentes escarpées du cratère géant qui abrite le(s) royaume(s) – c’est pas clair et/ou c’est pas intéressant, en tous cas j’ai pas suivi – humains conquis par le Seigneur de Khorne, Anhur. À la manœuvre pour les azur et or, le Lord-Celestant Orius Adamantine tente d’attirer à lui le gros des forces ennemies (spoiler, c’est un Bloodstoker) pour faciliter le travail de Kratus le Silencieux1 (un Knight-Azyros peu bavard) et de ses pioupious, chargés de prendre le fameux Bastion Mandragore au nez crochu et à la barbe rêche des berserkers du Dieu du Sang. Je vous passe les péripéties martiales de rigueur (mortis), pour annoncer l’inévitable victoire des Stormcast Eternals, qui finissent la nouvelle en possession du ballon bastion. Qui l’eut crû, franchement. De son côté, le grand méchant du cycle se contente d’emmener son gang de 88 élus faire du tourisme dans les ruines d’Uryx, la cité temple que ses hordes ont conquises en un tour de hache il y a quelques jours. On pourrait penser que c’est une occupation indigne d’un Elu de Khorne, mais comme Anhur aperçoit ce dernier dans les nuages pendant qu’il fait des selfies sanglants avec sa fine équipe, on peut considérer que la divinité a donné son feu vert pour cette escapade. L’autre activité planifié sur l’agenda décidément bien rempli d’Anhur est d’aller inspecter les travaux de son sorcier de compagnie (ça aussi c’est pas très khorneux), Pazak le Disco Dancer2. Ce dernier est très occupé à tenter d’ouvrir une sorte de faille démoniaque entre Uryx et la dimension chaotique, grâce à des assiettes d’obsidienne qu’il doit faire tourner sur des baguettes sans qu’elles tombent jusqu’à ce que les Dieux du Chaos applaudissent. Ou quelque chose comme ça – c’est pas clair et c’est absolument pas passionnant, j’ai pas honte de dire que je m’en tape. Pour le moment, tout se déroule sans problème, ce qui est donc très chiant pour le lecteur. On apprend tout de même qu’Anhur était un prince d’Uryx du temps de sa splendeur, et qu’il a côtoyé celui qui est devenu Orius Adamantine (Oros d’Ytalan), lors d’une insurrection populaire il y a foooooort longtemps. Orius ne se souvient que vaguement de cet épisode, ce qui nous promet une bonne grosse révélation sur qui faisait quoi avec qui lorsque les deux caïds finiront par croiser le fer. Croyez en ma vieille expérience de lecteur de nouvelles de Stormcast Eternals. C’est tout pour moi je pense, à vous les studios. 1 : Qui était chanteur de karaoké dans sa vie d’avant, et qui a fait vœu de silence jusqu’à ce que le Chaos soit définitivement vaincu. M’est avis que Sigmar lui a fait comprendre qu’il surévaluait un peu son organe après sa reforge, et qu’il l’a mal pris. 2 : Il a une boule à facettes à la place d’un œil, c’est un signe qui ne trompe pas. Avis : Foudrolle: Cette nouvelle atteint tout son potentiel lorsque le lecteur fait attention à l’ensemble des petits détails qui parsèment les pages. Avec une lecture en diagonale vous êtes face à un texte montrant encore et toujours des Stormcast Eternals pulvériser leurs adversaires, avec tout l’héroïsme et la surenchère qui les caractérisent… Sympa mais on commence à être fatigué. En appliquant un peu de sérieux à la lecture, les Stormcast Eternals deviennent secondaires et on ne vous conte pas seulement leur lutte contre le chaos, mais également la tragique histoire des jungles Cendreuses, de leur colonisation à la mise à mort des royaumes bâtis en leurs seins. Schattra: Premier épisode d’une série de nouvelles aujourd’hui assez largement tombées dans l’oubli (la preuve, même la BL n’a pas jugé bon de sortir un ouvrage le regroupant toutes, comme c’est la règle pour beaucoup des publications de l’époque), ‘Assault on the Mandrake Bastion’ porte les stigmates évidents d’un travail de commande débité plutôt qu’écrit par un Josh Reynolds n’essayant que moyennement de faire illusion. Quand on sait les efforts conséquents que cet auteur a consenti pour donner à Age of Sigmar ses premières œuvres de fiction, on ne peut pas lui en vouloir d’avoir bâclé cette 68732ème nouvelle de Stormcast Eternals, dont le niveau vole aussi bas qu’un Prosecutor qui cherche ses clés sur le champ de bataille. Ceci dit, le résultat reste tout de même très décevant, puisque ‘Assault on the Mandrake Bastion’ n’est rien d’autre qu’une succession de scènes de combats peu inspirées, où défilent toutes les entrées des Battle Tomes Stormcast Eternals et Lames de Khorne disponibles à l’époque de l’écriture1, entrecoupées de scènes d’exposition des personnages (nombreux et peu différenciables2) qui interviendront plus tard, et des tenants et aboutissants de l’intrigue qui sera déroulée pendant les sept épisodes suivants de ‘The Black Rift of Klaxus’. On peut seulement grappiller un peu de fluff au passage, notamment sur les fameuses mandragores dont le bastion titulaire tire son nom, et qui semblent être le fruit des amours interdits d’un Homme Arbre et d’une Banshee. C’est d’un bien maigre rapport temps/bénéfice, et ne donne pas vraiment envie de lire la suite, donc c’est un échec pour le camarade Reynolds. Heureusement, il en a écrit d’autres. 1 : Ce que j’appelle une nouvelle en -or : Liberators, Protectors, Retributors, Decimators, Judicators, Prosecutors, Relictor… Ils sont venus, ils sont tous là (on pige rien). 2 : La palme revient au camp des gentils, où on a Orius, Moros, Tarkus – à ne pas confondre avec Kratus, ni avec Klaxus – et Gorgus. Il y a un peu plus de diversité chez les Khorneux, mais comme ils ne font strictement rien de la nouvelle, c’est dur de retenir leurs blazes aussi. Fluff: Astral Templars : La Chambre de guerre des Fléau des Bêtes (Beast-Bane) menée par le Lord-Celestant Zephecleas, fait partie des Astral Templars. Mandragore : Entité végétale douée d’un rudiment d’intelligence, et cultivée par les prêtres rois de Klaxus, en Aqshy, pour défendre leur cité. Le cri de la mandragore est tellement perçant qu’il est capable de tuer ceux qui l’entendent. • The Ghosts of Demesnus // Les Fantômes de Demesnus Révélation Black Library Celebration 2019/2019/43 pages Intrigue : Profitant d’une permission bien méritée, le Lord-Celestant Gardus Steel Soul, tourmenté par des rêves le ramenant sans cesse à son passé de mortel, s’embarque pour une croisière bucolique jusqu’à la cité où il a vécu sa première existence, dans l’espoir de pouvoir mettre des mots sur sa soudaine mélancolie. Débarqué incognito (enfin, aussi incognito qu’une taille et une stature de Stormcast Eternal peuvent conférer) dans la riante Demesnus, port fluvial d’importance du royaume de Ghyran, Gardus, autrefois Garradan, baguenaude pensivement de ruelles en parcs, à la recherche des bribes d’un passé déjà lointain. À peine a-t-il le temps de rosser un trio de faquins cherchant des noises à une accorte damoiselle en représailles de la lépreuse compagnie qu’elle entretient, et d’échanger quelques platitudes avec son professeur de philosophie de terminale, que les voix qui le hantent l’amènent droit dans les ruines de son ancien hospice. Dans une autre vie, Gardus était en effet ostéopathe guérisseur, et avait dédié sa vie et ses économies à accueillir les nécessiteux des alentours, avec un dévouement ayant fini par attirer l’oeil de Sigmar en personne, qui, à la faveur d’une attaque de Skineaters1, drafta le malheureux praticien dans sa team de surhommes. Sûrement qu’il avait besoin d’un massage, aussi. Malgré l’aspect décrépit du lieu, laissé à l’abandon depuis belle lurette, Gardus a la surprise de tomber sur une communauté de squatteurs, pas vraiment présentables et majoritairement scrofuleux, pestiférés, voire pire, mais persuadés que Saint Garradan les a appelés en ce lieu pour qu’hommage lui soit rendu. Un peu gêné par la situation, qu’il n’a en aucune mesure orchestrée, le probe Gardus accepte l’hospitalité de ses nouveaux amis, dont fait partie la pauvresse qu’il a secourue sur les docks quelques heures plus tôt. Cette dernière, et le Prêtre Guerrier de Sigmar invalide à 134% qui sert d’autorité morale à la croûteuse congrégation, attendent le prochain signe de Gare du Nord avec un zèle admirable, totalement oublieux aux réalités les plus basiques, comme le droit de propriété. D’où la visite de courtoisie que vient leur rendre le possesseur du terrain en question, un maquignon à la retraite du nom de Sargo Wale, bien décidé à lancer les travaux de réhabilitation de l’ancien hospice dans les meilleurs délais, et par la force s’il le faut. Il faut reconnaître qu’il a la loi de son côté, la trêve hivernale ayant expiré et le conseil municipal lui ayant délégué tout pouvoir pour faire triompher l’intérêt commun. Entre l’alignement légaliste bon de Wale et celui chaotique (un comble pour un Stormcast Eternal) bon de Gardus, aucun compromis ne peut être trouvé, mais, confiant dans son bon droit à défaut de l’être dans les chances de sa bande de ruffians face à l’opposition ferme et polie (comme son épée runique de deux mètres) du colosse servant de videur aux éclopés de l’hospice, le diplomate propriétaire laisse une journée entière de réflexion à la partie adverse, et s’en va comme un prince. Ce délai supplémentaire sera mis à fort bon usage par Gardus, qui n’a pas toute l’éternité pour régler le problème qui le tourmente, tout comme Reynolds n’a pas 300 pages pour conclure son propos. La nuit suivante verra donc un esprit Kaonashi geignard s’extirper du sol pour aller se repaître des humeurs (de manière littérale et figurée) des malades endormis. Surpris par le Gardus de garde et son sixième sens de preux paladin, la mystérieuse entité se fait rapidement la malle, mais reparaît quelques heures plus tard, trop affamée pour prêter beaucoup d’attention au demi-Primarque qui patiente dans sa zone de spawn, des questions plein la bouche et une épée enchantée à la main. Manque de bol pour notre héros, l’amalgame pleurnichard qui lui fait face est plus intéressée par la boustifaille que par la discussion, et l’attaque sans sommation, sous le regard bienveillant de Wale, qui se révèle être un cultiste de Nurgle. Après avoir constaté que ses gros muscles ne sont d’aucune utilité face aux assauts de suçons de son adversaire, Gardus dégaîne son special move, c’est à dire son énorme… empathie, et sert donc le démon dans ses bras puissants en lui susurrant des mots de réconfort aux oreilles. Et ça marche. Touché par tant de compassion, et sans doute un peu par la pure lumière céleste que Gardus est capable d’exsuder sur commande, telle une luciole d’Azyrheim (séquelle plutôt kioul de sa seconde reforge), la vilaine bête fond comme un lépreux dans un pédiluve, libérant une à une les âmes des malheureux qui lui servaient d’ancrage. Ceci fait, Gardus n’a plus qu’à régler son compte au traître Wale, qui malgré sa force démoniaque et son épée rouillée, ne fait pas le poids face au double quintal de JUSTICE du Stormcast Eternal. Convaincu d’avoir accompli sa mission, et débarrassé Demesnus d’un détestable faux jeton, Steel Soul peut reprendre le ferry de 06:39 pour regagner sa caserne et l’éternelle lutte contre les ennemis de Sigmar. Voilà un week-end productif. 1 : Le nom peut faire peur, c’est vrai, mais si on y réfléchit deux secondes, il inclut également les Garra Rufa (poissons docteurs), d’excellents auxiliaires de pédicure. Du coup, la légende du Garra Dan en prend un coup Avis : Les turpitudes psychologiques de Gardus Steel Soul, pour lequel la conciliation du moi, surmoi et ça ne relève pas de la sinécure, ne m’ont que moyennement intéressées, comme la plupart des soumissions mettant au premier plan des Stormcast Eternals je dois le reconnaître. Reynolds m’ayant habitué à des nouvelles bien plus travaillées en termes d’intrigue et de progression narrative, la grande simplicité avec laquelle notre Action Man blanchi sous le harnais résoud le problème auquel il est confronté, m’a laissé un goût d’inachevé. Toutefois, je dois reconnaître que l’inclusion de The Ghosts of Demesnus dans cette anthologie introductive est un choix des plus pertinents de la part des éditeurs de la BL, puisqu’il permet aux nouveaux lecteurs de découvrir une facette intéressante de la faction reine de l’univers (la difficile conciliation entre leur passif de mortels et leur mission de soldats de Sigmar par les Stormcast Eternals), tout en les immergeant dans le quotidien d’une cité libre de Ghyran, loin des batailles contre les forces du Chaos déjà abondamment couvertes dans le jeu de figurines et les suppléments s’y rattachant. Ajoutez à celà des personnages un brin complexes (en particulier Sargo Wale, qui est loin d’être un chef de culte à tendance mégalo-anarchique, comme c’est souvent le cas) et l’habituel nappage de fluff que Josh Reynolds se fait un point d’honneur à servir, et vous obtenez un récit d’une honnêté insoupçonnable. On peut cependant reprocher à Ghosts…, même si dans une moindre mesure que pour God’s Gift, son manque de singularité, évidemment causé par le fait que Gardus est, comme Hamilcar, un héros récurrent de la BL, dont les aventures passées rejaillissent fatalement sur les évènements narrés dans la nouvelle. Ici, c’est l’inclusion du vieux sensei Yare, compagnon d’aventure d’une précédente épopée, qui fait figure de passage obligé à la valeur ajoutée assez limitée. Rien d’horripilant là non plus, mais pas l’idéal pour accrocher le lecteur novice ou indifférent. Bref, une première incursion honorable, à défaut d’être mémorable, dans le monde metallisé des meilleurs de Sigmar. Fluff: Stormcast Eternal (caractéristiques) : Ils font presque deux fois la taille d’un humain normal. Ils éprouvent rarement le besoin de dormir. Certains ont des souvenirs relativement précis de leur ancienne vie (métier, famille, lieux…). Stormcast Eternal (reforge) : Les Stormcast Eternals subissent des changements physiques et psychologiques à chaque reforge. Cela peut aller d’un changement de couleur de cheveux, à la perte de souvenirs ou une modification du caractère. Gardus, lui, s’est mis à émettre une lumière capable de blesser les démons (rq : cette « séraphon-isation » indéniable mènera t-elle notre héros à se rebaptiser Séraphin Petitboudin ? La ressemblance physique est frappante). Sigmar : Le souverain d’Azyr reçoit des pétitions de la part de ses sujets, et décide souvent de l’endroit où il envoie ses légions de Stormcast Eternals en fonction de leurs demandes. Demesnus : Ville fluviale du sud de Ghyran, à la croisée de plusieurs cours d’eau navigables, dont la Quamus, autrefois renommée comme un centre de culture et savoir. Les derniers siècles l’ont vu se changer en place de négoce (plus grande criée de la région), et refuge d’une importante population d’indigents et de malades. Les habitants de la ville ont toutefois gardé un certain intérêt pour la littérature, et beaucoup d’entre eux savent lire. La garde de la ville arbore un uniforme ochre avec des armures de cuir de Troggoth. La ville est gouvernée par les membres de la famille des Rush. Le culte de Sigmar est fermement implanté sur place, même si celui d’Alarielle prédomine. Ghyran (caractéristiques) : La rivière Quamus relie Hammerhal à Demesnus. Maladies endémiques : La lèpre moussue (moss-leprosy), qui dévore la chair et les muscles du malade (c’est indolore, mais pas inodore) et pneumonie des marais (marsh-lung). Les affectés sont généralement parqués dans des pontons. Personnages nommés : Orthanc Duln, Héros de Sawback. Elazar Tesh, martyr ayant fait s’effondrer la Maison Rouge sur lui et des chiens de Khorne. Devenus des saints de Sigmar. • The Resolute Révélation Sylvaneth/2016/26 pages Intrigue : Dans les ruines biodégradables et très dégradées de Gramin, a.k.a. la cité des roseaux, en Ghyran, deux contingents de guerriers de l’Ordre se rencontrent par hasard alors qu’ils zlatanaient du pesteux chacun de leur côté. À ma droite, on retrouve les Tree-Revenants de Felyndael tête de tigre, Gardien du Crépuscule1, venus pour protéger les graines d’âme stockées dans le sous-sol de Gramin par Alarielle il y a fort longtemps. À ma gauche, s’avancent fièrement et fidèlement les Stormcast Eternals d’Aetius Shieldborn, un sous-fifre de l’illustre Gardus Steelsoul. Comme beaucoup des osts sigmarites engagés dans la guerre pour les Royaumes de Jade, les Hallowed Knights patrouillent dans la pampa à la recherche d’ennemis à embrasser et de bonnes causes à occire, et inversement. L’important, c’est de participer, c’est bien connu. Comme on peut s’en douter, les deux meneurs, après une période de défiance mutuelle qui dure à peu près treize secondes, décident de coopérer afin de porter un coup décisif aux hordes Maggotkin qui squattent la cité : interrompre le tapage diurne provoqué par une volée de cloches sonnant depuis le beffroi de la Basilique de Gramin. Pour Felyndael, l’affaire est critique : il a en effet senti que les effets délétères de cette cacophonie mettaient en péril la survie des graines d’âme dont il a la charge. Aetius ne déplore quant à lui qu’un Stormcast fragile ayant vomi dans son masque à l’écoute de ce son impie, mais comme il est très serviable, il décide d’accompagner sa vieille branche de nouvel ami dans sa quête de quiétude. Laissant leurs grouillots rentrer dans le lard de la horde pestiférée qui zone sur le parvis de la Basilique, les deux héros s’éclipsent par les toits et pénètrent dans l’édifice, où ils font la rencontre du Comte Dolorugus de l’Ordre de la Mouche, meneur des forces du Grand-Père à Gramin et maître d’œuvre ayant supervisé l’installation des cloches maudites filant le bourdon aux forces de l’Ordre. Après les banalités habituelles en pareille situation, le combat s’engage et Felyndael décide rapidement de laisser son comparse se taper le sale boulot tandis que lui ira réveiller les graines enfouies sous la Basilique afin de… les faire se téléporter dans un endroit plus préservé, ou quelque chose comme ça (la nature est merveilleuse, et incompréhensible parfois). Après avoir un peu bougonné qu’on les réveillait trop tôt, les glands Sylvaneth finissent par se bouger la cupule et émigrent vers des cieux plus cléments, désintégrant au passage une bonne partie de la Basilique, et sauvant les miches d’Aetius, en grande difficulté face à son adversaire. Le pauvre Comte Dolorugus se fait en effet écraser par ses propres cloches après qu’elles se soient décrochées du beffroi fracturé par le départ des Sylvaneth, et finit au fond du trou. De son côté, Aetius pardonne sans peine à Felyndael de l’avoir laissé en plan(t) pour boucler sa side quest sans aucune explication, car c’est vraiment un gars sympa, et les deux factions se séparent bons amis (ou presque) après avoir mis en fuite l’armée de feu Dolorugus. Efficacité totale. 1 : Guardian of the Waning Light en V.O. À ne pas confondre avec son cousin le Guardian of the Warning Light, qui aide Alarielle à signaler les pannes de sa coccinelle. Avis : Dans les temps très anciens où cette nouvelle a été écrite, il n’y avait que la guerre, et cela se sent douloureusement dans la vingtaine de pages de baston ininterrompue qu’un Josh Reynolds en mode tâcheron/bûcheron nous livre. Sylvaneth contre Maggotkin, Stormcast Eternals contre Maggotkin, Sylvaneth et Stormcast Eternals contre Maggotkin, duel (ou plutôt, truel à mi-temps) entre les commandants des armées de Sylvaneth, Stormcast Eternals et Maggotkin : y a pas à dire, il y en a vraiment pour tous les goûts ! La seule lueur de fantaisie dans cette histoire de fantasy est la présence d’un truculent membre de l’Ordre de la Mouche en tant qu’antagoniste, et ses tournures montypyhtonesques apportent un peu de couleur et de joie (ironiquement pour un personnage affilié à Nurgle, je dois dire) à un récit autrement bien terne. On peut enfin noter que le dispensable Aetius Shieldborn reviendra taper le carton et faire le nombre dans le roman ‘Black Pyramid’ du même Josh Reynolds, dont l’amour du caméo est bien connu. Fluff : Hallowed Knights : Les Hallowed Knights ont été le quatrième Stormhost assemblé pendant la Première Forge (First Striking), et ne sont constitués que de guerriers à la foi en Sigmar inébranlable pendant leur existence mortelle (ils ont tous invoqués le nom de Sigmar à la bataille). • The Outcast Révélation Sylvaneth/2016/24 pages Intrigue : Missionné par la Dame de Cankerwall à la corruption du Gaut Tors, forêt ghyranite qui résiste et repousse encore et toujours à l’envahisseur chaotique, le Duc Goral, fier parangon de l’Ordre de la Mouche, a emmené ses 77 guerriers à l’assaut de ce pénible bosquet, qu’il compte bien transformer en jardin à la Nurglaise pour la plus grande gloire du Grand-Père. Son objectif est de localiser puis corrompre les pierres gardiennes qui constituent le cœur du Gaut Tors, et il peut pour cela compter sur le flair des limiers pouilleux de son bon ami Uctor, tout à fait à même de pister les Sylvaneth qui hantent ces sous-bois crépusculaires, et qui se replieront fatalement vers leur QG plutôt que de se confronter à la bande bien armée de Goral. Ce plan infaillible est toutefois menacé par la présence dans le Gaut Tors de la fille incestueuse entre un bonzaï accueillant une colonie de frelons asiatiques et un Buveur de Sang atteint de mononucléose, j’ai nommé Drycha Hamadreth. Plongée dans une torpeur fiévreuse et boudeuse depuis des éons (ou peut-être 20 minutes, elle a des petits problèmes de mémoire), la fille terrible d’Alarielle est brutalement réveillée par la déesse afin de venir en aide aux défenseurs du bosquet, guère de taille à s’opposer aux déprédations des Maggotkin. Du doom metal vegetal plein les oreilles, Drycha s’en va apprendre aux jardiniers putrides à respecter la propriété et la propreté d’autrui, accompagnée de sa horde de Parias rigolards. Cette arrivée imprévue de renforts couturés et bouturés prend Goral et ses troupes au dépourvu : alors que le Duc donnait la chasse à un Homme Arbre à l’agonie pour garnir son rack de trophées1, laissant à son second le soin de pervertir les pierres gardiennes2 désertées par leurs défenseurs, Drycha et ses ouailles ont tôt fait de tailler des croupières aux pesteux divisés. Après une course éperdue dans la forêt et la perte de tous ses hommes et de sa monture, Goral finit par revenir dans la clairière où les menhirs Sylvaneth vibrionnent comme des bipers libanais, avec pour ultime objectif de les fracasser avec sa hache enchantée (Lifebiter, doigtée par Nurgle en personne) et ainsi arracher une victoire stratégique. Las, le Duc ne fait pas le poids face aux mandales ligneuses de Drycha, qui le met littéralement en terre grâce à sa magie vitale et signe ainsi la fin de la 84ème invasion du Gaut Tors par ces forceurs de Maggotkin. Notre histoire s’achève sur la défiance boudeuse de Drycha, qui refuse de se mettre à nouveau en veille comme demandée par sa chère môman, et décide de rester éveillée pour mieux combattre les mécréants qui osent s’attaquer aux forêts des Royaumes Mortels, et accomplir son rêve d’un hégémonisme Sylvaneth. Le wokisme, ce fléau… 1 : Ce qui est finalement assez idiot de sa part, car rien ne ressemble plus à une branche d’Homme Arbre qu’une branche d’arbre. 2 : Sans doute comme ça. Avis : Sous ses abords assez simples de quête corruptrice mettant aux prises les ennemis jurés que sont Maggotkin de Nurgle et Sylvaneth, ‘The Outcast’ se révèle être une véritable démonstration de force littéraire de la part du vétéran Josh Reynolds, qui nous livre une nouvelle de fort bon aloi, et ce à bien des niveaux. Commençons par saluer son choix de faire des antagonistes objectifs de l’histoire (la pollution forestière, c’est pas cool, je crois qu’on est tous d’accord) les héros de cette dernière, ce qui donne une tension narrative fort bienvenue à ce récit, beaucoup plus que si la bande de Goral avait été présentée comme les bad guys1. Cela rend le terrible destin des suivants du Duc bien plus poignant pour le lecteur que si ce dernier avait pris fait et cause pour Drycha et ses esprits frappeurs dès le début de la nouvelle. Le traitement de Drycha elle-même est une autre source de satisfaction, Reynolds lui donnant une personnalité à la fois cruelle et tragique, fille disgraciée d’une Alarielle dépeinte sous un angle assez peu flatteur par son utilisation de la Dryade déchue comme une simple arme de guerre. On sent que l’auteur d’une bonne partie de ‘The End Times’ s’est fait plaisir en glissant quelques références à la destruction du Monde Qui Fut dans son propos, et en insistant sur la relation d’amour-haine entre la déesse et sa servante, ce qui vient donner une profondeur bienvenue aux Sylvaneth, qui comme toutes les factions d’Age of Sigmar ont tendance à être présentés comme totalement dévoués à leur divinité tutélaire. Finalement, et avec le recul apporté par les années et la connaissance des autres travaux de Reynolds pour cette franchise, on peut se satisfaire de la continuité entre ‘The Outcast’ et ‘The Tainted Axe’, qui prend places des années après l’expédition malheureuse de Goral et raconte comment un des personnages de la série des Lamentations de Khorne (Roggen) se rend à son tour dans le Gaut Tors pour déterrer l’arme corrompue du Duc occis à la demande des Sylvaneth. Tout comme les racines des forêts de Ghyran, le reynoldiverse croît et s’entremêle de façon harmonieuse, et bien qu’il semble que l’auteur en a terminé avec la Black Library, ce genre de découverte est toujours sympathique, même des années plus tard. 1 : C’est d’ailleurs ce que le même Josh Reynolds avait choisi de faire dans ‘The Resolute’, autre nouvelle consacrée à la lutte vitale entre Sylvaneth et Pesteux, et écrite au même moment. Fluff : Drycha Hamadreth : Première fille des Sylvaneth, surnommée l’Exilée (Outcast), elle a survécu à la Fin des Temps, dont elle a gardé quelques vagues souvenirs. Elle a une relation d’amour-haine avec Alarielle, dont elle n’entend que le chant guerrier. La déesse a une influence limitée sur Drycha, et peut la plonger dans la torpeur lorsque ses services ne sont pas requis. •The Library of Forgotten Moments Révélation Gods & Mortals/2019/18 pages Intrigue : Peu après les événements de ‘Soul Wars’, le Lord-Arcanum Balthas Arum des Anvils of the Heldenhammer décide d’aller faire retraite dans une bibliothèque perdue dans les montagnes de Shyish, afin de creuser son sujet de mémoire professionnel : la Reforge des Stormcast Eternals, et comment l’améliorer (ils ont tous le même, ces escrocs). L’endroit n’est mentionné que dans quelques vieux grimoires poussiéreux, et son accès n’est pas facile, mais il en faut plus pour décourager Balthas, qui arrive comme un prince, monté sur son gryph-charger Quicksilver, et est froidement accueilli par les archivistes morts vivants qui s’occupent de ce temple du savoir. Ayant juré qu’il venait en paix et après avoir montré sa carte d’étudiant, le Stormcast peut pénétrer dans l’édifice, contenant des montagnes d’ouvrages plus exotiques les uns que les autres. Cependant, Balthas n’est intéressé que par un type bien précis de littérature : les classiques préhistoriques. La rumeur court en effet que la bibliothèque des moments oubliés (son petit nom) contient des savoirs prédatant les Royaumes Mortels, et venant du Monde qui Fut. Persuadé que la clé de sa quête d’information se trouve dans le lointain passé, Balthas part donc à la recherche des livres les plus anciens qu’il puisse trouver, bien aidé par ses sens arcaniques aiguisés. Après quelques temps, il finit par localiser une zone prometteuse, mais remarque un détail curieux sur les codex qu’il feuillette : si leur contenu semble bien provenir d’un autre temps, comme en témoignent l’usage d’écritures inconnues et le sentiment persistant de déjà-lu qu’il éprouve en les consultant, leur reliure est récente. Qui aurait pu écrire l’histoire d’un monde détruit il y a des milliers d’années ? Cette question académique devra cependant attendre un peu, car l’étude de Balthas est interrompue par l’arrivée d’un autre visiteur, qui s’il rit beaucoup, n’en est pas sympathique pour autant : Mannfred Von Carstein en personne. Le Mortarque de la Nuit ayant été déclaré ennemi d’Azyr par Sigmar, le Lord-Arcanum se sent dans l’obligation d’appréhender le maraud, mais ce dernier ne se laisse pas faire. L’affrontement magique qui s’en suit dévaste quelques sections de la bibliothèque, forçant ses gardiens à s’interposer et à proposer aux belligérants de faire une trêve, en échange de l’accès au secret le mieux gardé de ces archives (quasi) infinies. Balthas et Mannfred partageant le même amour pour les informations confidentielles, ils acceptent de mettre leur inimitié en veilleuse pour quelques minutes et sont escortés par leurs hôtes jusqu’à une caverne située sous la bibliothèque… Révélation …Cette dernière a la particularité d’accueillir un authentique fragment de Mallus, a.k.a. le Monde qui Fut, dont les éclats sont utilisés par l’armée de scribes qui travaille dans la grotte pour retranscrire des connaissances datant de cette époque légendaire. Ceci explique comment des incunables comme ceux négligemment carbonisés et réduits en compost par les deux affreux quelques instants plus tôt ont pu être proposés à la lecture. Cette découverte enchante Mannfred, qui se doutait bien que l’endroit recelait un secret pouvant intéresser Nagash, et avait multiplié les visites depuis plusieurs années afin de mettre la griffe dessus, en pure perte jusqu’ici. Cependant, Balthas refuse de laisser le vampire repartir avec le caillou antédiluvien, redoutant l’usage que le Grand Nécromancien pourrait en faire, et le fragile cessez-le-feu vole en éclat. Dans la bataille qui s’en suit, le Stormcast et le Mortarque semblent revivre les (douloureux) souvenirs de vies antérieures, et le premier remporte le match en poignardant son adversaire avec une écharde tirée du rocher miraculeux. Le cringe est trop grand pour Mannfred, qui se téléporte hors de la bibliothèque, laissant Balthas seul avec les archivistes. Lorsqu’il les interroge sur les raisons qui les ont poussés à lui révéler leur secret, ils répondent que c’est Mallus qui leur a demandé de le faire, sans doute pour permettre à un être digne de lui de bénéficier de sa gnose. Quoi qu’il en soit, Balthas a maintenant accès au Verrah Rubicon, et si on n’a plus guère entendu parler de lui depuis lors, c’est qu’il doit être en train d’en dévorer le fluff… Avis : Josh Reynolds fait plaisir aux fluffistes et aux amoureux de Warhammer Fantasy Battle en proposant une nouvelle clin d’œil aux événements de la Fin de Temps (qu’il a écrit en grande partie). Comme vous l’aurez sans doute compris à ce stade, et c’est encore plus évident à la lecture de cette histoire, Balthas Arum n’est autre que la réincarnation de Balthasar Gelt, et si Mannfred Von Carstein semble persuadé qu’il a déjà rencontré le Lord-Arcanum masqué (bon je triche, ils le sont tous), c’est parce que c’est le cas : après avoir trahi l’Empire et s’être réfugié auprès de Vlad Von Carstein, Gelt se fit tuer par Mannfred lors de l’ultime bataille de cette campagne eschatologique. Inutile de dire que si vous êtes au courant de ce menu détail, ‘The Library of Forgotten Moments’ est une gourmandise délectable, Reynolds se faisant un plaisir de faire comprendre au lecteur qu’il sait qu’il sait (qu’il sait). Pour les autres, cette nouvelle sera sans doute moins intéressante – soyons honnête, il ne s’y passe pas grand-chose au final – mais elle reste suffisamment bien écrite pour pouvoir être lue avec plaisir par l’amateur de GW-Fiction. Fluff : Balthas Arum : Lord-Arcanum des Anvils of the Heldenhammer, et réincarnation du Patriarche Suprême Baltasar Gelt de Warhammer Fantasy Battle. Comme son incarnation précédente, Balthas est un mage de guerre érudit avec une affinité pour le métal, maniant un bâton enchanté et chevauchant une monture à plumes nommée Quicksilver. Bibliothèque des Moments Oubliés : Edifice de Shyish, aussi appelé le Puits Fantôme et le Hall Perdu, et contenant des milliers de livres de tous les Royaumes Mortels, et même du Monde qui Fut. Cela est possible grâce à l’éclat de Mallus qui s’est retrouvé enchâssé dans la paroi de la montagne autour de la laquelle la bibliothèque a été bâtie. Les fragments de cette roche sont récupérés par les scribes de la bibliothèque pour consigner les échos de ce passé lointain par écrit. •A Darksome Place // Dans les Ténèbres merci @Red Qafe ! Révélation Maledictions/2019/18 pages Intrigue : Red Qafe : Un groupe d'égoutiers d'une cité est allé chercher un autre groupe qui n'est pas revenu. Les deux groupes sont menés par des vétérans, qui se rendent bien compte que la ville s'est énormément étendue, que les égoûts sont devenus très dangereux, et que les nouvelles générations d'égoutiers sont... peu efficaces. Ils remontent une route à peu près sûre, et petit à petit se rendent compte de deux choses : il y a des spores et des champignons qu'ils ne connaissaient pas jusque là, et certains d'entre eux disparaissent peu à peu... Le vétéran finit par se retrouver tout seul, fuyant les corps envahis de spores de ses équipiers, contrôlés par ce qui semble être une sorte d'esprit de la nature qui veut se venger de la destruction de son habitat pour créer et développer cette cité... Schattra : S’il est toujours compliqué de discuter des couleurs (surtout quand on parle à des figurinistes), l’égout peut-il, lui, être abordé de manière satisfaisante ? C’est en tout cas le postulat de Josh Reynolds, qui entraîne ses lecteurs dans les galeries souterraines de Greywater Fastness, métropole Ghyranite qu’il avait déjà explorée dans Auction of Blood. Une équipe d’égoutiers (underjacks1) sous le commandement du vétéran Tooms, est à la recherche de collègues portés disparus depuis quelques jours, ce qui n’augure rien de bon pour sûr. Alors qu’ils progressent vers la zone où leurs confrères se trouvaient lorsqu’ils ont cessé de donner signe de vie, les agents territoriaux de GF sont confrontés aux aléas classiques du métier, qu’il s’agisse de Troggoth en maraude, d’une infestation de champignons, ou de cadavres de catacombistes amateurs. Il semble cependant certain que quelque chose de pas très sigmarite se trame dans les profondeurs des canaux, comme l’insinue la multitude de signaux que les Tooms Raiders ne manque pas de remarquer : d’où vient cette odeur de propre ? Pourquoi n’y a-t-il pas de rats ? Comment expliquer la prolifération de cet étrange fungus ? Qui diffuse le mystère des voix bog-lares dans le dédale des canaux ? Ajoutez à cela la disparition régulière et soudaine des membres de la fine équipe, jusqu’à ce que seul l’inébranlable Toto demeure, et vous obtenez un point d’alerte à remonter à la direction dans le rapport circonstancié de mission, pour sûr. Ce ne sont toutefois pas ces menues péripéties qui décourageront notre zélé héros d’aller au fond des choses, dans l’espoir, de plus en plus incertain, de retrouver son mentor – Agert – qui l’attend quelque part dans les profondeurs de Ghyran… Révélation …Et pour cause, Tooms finit par tomber sur le pot aux coulemelles – il n’y a pas de roses qui poussent dans les caves, voyons –, une rave party géante où la consommation de champignons est aussi massive qu’inversée (ce sont les fungi qui mangent les humains), sous le haut patronage d’une entité faite entièrement de spores, et sujette à l’adoration béate de ses proies alors même qu’elles succombent à la mycose (ce qui est toujours mieux que de succomber à la sinistrose, avouons-le). Introduit à cette dernière, une certaine Mme A. Larielle, dont nous respecterons les demandes d’anonymat, par son pote Agert, désormais totalement ravagé du bulbe, Mister T parvient à se défaire de la peer pressure et obtient la fermeture temporaire de la salle de spores en l’embrasant d’un jet de lanterne bien placé, avant de partir en rafting vers la civilisation. Cependant, alors qu’il tente désespérément de retrouver le chemin de sa cité bétonnée, il réalise que lui aussi entend désormais Lucy in the Sky lui retourner la tête avec ses délires de tangerine trees et cellophane flowers. Et le pire dans tout ça, c’est qu’il y prend (é)goût… 1 : On peut noter la fidélité de Reynolds envers cette noble profession, qu’il avait déjà mise à l’honneur dans une de ses nouvelles dédiées au très saint et très brutal ordre de Manann, Dead Calm. Avis : Schattra : Beaucoup d’atmosphère, mais finalement peu de contenu de la part de Reynolds dans cet A Darksome Place, son parti-pris de suspens autour des causes de la disparition des égoutiers, et de l’identité et motivations du responsable d’icelle, restant assez nébuleux d’un bout à l’autre du récit. Pour ma part, il a fallu que je me renseigne un peu sur Greywater Fastness pour comprendre les tenants et les aboutissants de la nouvelle, qui contient pour le lecteur averti une mini-révélation fluff assez intéressante. Il est dommage que les efforts consentis par l’auteur pour permettre une révélation spectaculaire à la fin de son récit (lieux oppressants, narration en flashbacks, catchphrase faussement bénigne – it’s a kindness // c’est une faveur – martelée à l’envie) n’accouche que d’une réalité que le lecteur avait sans doute percée à jour de lui-même quelques pages plus tôt, et d’une « bête » confrontation entre le héros et son antagoniste. Même le renoncement du premier, synonyme de victoire du second, à la toute fin de la nouvelle, se trouve affaibli par le peu de doute subsistant quant à l’issue finale de cette dernière. Bref, je m’attendais à mieux, et à « pire » de la part de Reynolds, qui une fois n’est pas coutume, ne tire pas le niveau général de l’anthologie vers le haut. Ca arrive Josh, ça arrive. Fluff : Ghyran (géographie) : Greywater Fastness est une métropole de Ghyran comptant des millions d’habitants, et dotée d’un important réseau d’égoûts. Ce Royaume compte plusieurs soleils verts. Royaumes Mortels (culture) : Le culte des Dieux de l’Ordre est majoritaire dans les cités libres, mais celui des Dieux chaotiques semble être tacitement toléré au niveau individuel (rq : personne ne dénonce son voisin s’il adresse une prière à Khorne de temps à autre). Panthéon de l’Ordre : L’entente cordiale entre les divinités de l’Ordre peut laisser place à des franches inimitiés. Alarielle n’a ainsi pas digéré l’établissement d’une métropole de la taille de Greywater Fastness à Ghyran, qui s’est fait aux pris de lourds travaux de déboisement et de drainage. La déesse de la Vie est décidée à raser la cité, et a développé une espèce de fungus capable de « zombifier » quiconque l’inhale, et qui décompose rapidement son hôte. Le processus n’est (heureusement) pas douloureux pour ce dernier (rq : c’est potentiellement la seule différence avec une peste de Papa Nurgle… À quoi joues-tu, Alarielle ?). • A Dirge of Dust and Steel // Un Hymne Funèbre de Poussière et d'Acier Révélation Sacrosaint & Autres Récits/2018/21 pages Intrigue: À la recherche de la légendaire cité corbeau de Caddow et de son Portail des Royaumes reliant à Shyish à Azyr, une petite force de Stormcast Eternals de la Chambre Vanguard des Hallowed Knights (soyons précis) a conclu un pacte avec les Duardin de Gazul-Zagaz, seuls à connaître l’emplacement de cette ville mystérieuse1. En échange de leur aide contre les hordes du Gardien des Secrets Amin’Hrith, connu sous le nom d’Ecorchâme, les nabots dépressifs (leur royaume est en ruines, leur Dieu s’est fait bouffer par Nagash et l’âme de leur dernier prince sert de skin au démon de Slaanesh) mèneront les guerriers du Lord Aquilor Sathphren Swiftblade jusqu’à bon port. Jamais le dernier à rendre service à son prochain, notre héros accepte bien entendu cette généreuse proposition, et se fait fort d’entraîner ce fat d’Amin’Hrith dans un piège ingénieux. Ayant réussi à capter l’attention des Hédonistes, probablement en leur faisant remarquer que leurs soieries avaient fait fureur à Ghur il y a trois saisons de celà (ce qui, pour une fashionista des Royaumes Mortels, est une insulte mortelle), les prestes cavaliers de Sigmar emmènent leur nouveaux amis dans une course éperdue à travers les dunes, jusque dans les ruines de Gazul-Zagaz, où les attendent de pied ferme (et depuis un petit moment apparemment, à en juger par l’épaisse couche de poussière qui les recouvre) les guerriers Duardin. S’en suit une bataille des plus classiques, illustrant de fort belle manière l’intérêt de se rendre au combat avec une armure de plates et non une combinaison en viscose, dont le point culminant sera le duel entre Swiftblade et Amin’Hrith dans le temple de Zagaz, où le rusé Stormcast s’emploiera à faire un boucan à réveiller les morts… 1 : On peut donc dire qu’ils ont une carte Caddow. Mouahahaha. Avis: À l’heure où cette chronique est écrite, Josh Reynolds est probablement le contributeur principal de la BL en matière de contenus siglés Age of Sigmar. Une telle prodigalité ne pouvant évidemment pas être synonyme de qualité exceptionnelle à chaque soumission, il est en somme tout à fait logique que certaines des nouvelles rédigées par notre homme ne s’avère pas être d’une lecture des plus passionnantes. C’est le cas de ce A Dirge of Dust and Steel (on me passera l’usage du titre original, à la fois plus poétique et plus élégant que le monstre qu’il est devenu en VF), qui se trouve être une nième variation du topos le plus employé de cette nouvelle franchise : la baston de Stormcast Eternals contre les forces du Chaos1. On pourra certes m’opposer que cet épisode particulier se distingue des dizaines qui l’ont précédé par l’emploi d’une Chambre relativement nouvelle (Vanguard), d’un héros inédit (Sathphren Swiftblade) et d’un environnement exotique en diable (l’Oasis de Gazul, en Shyish). Ce à quoi je répondrai que les Vanguard ne sont « que » des Stormcast sur demi-gryffs, et ne conservent de fait que très peu de temps l’attrait de la nouveauté. Swiftblade a quant à lui l’originalité d’une boîte Barbie et son Cheval, même son côté grande gueule n’étant plus vraiment novateur depuis l’arrivée d’Hamilcar Beareater sur le créneau « humoristique » des SE. Pour terminer, Gazul a depuis sans doute rejoint l’interminable liste des lieux des Royaumes Mortels dans lesquels plus personne ne reviendra jamais, et ne mérite donc pas que l’on s’y intéresse plus que de mesure. Non, pour ma part, la seule vraie valeur ajoutée de ce Dirge… tient en l’inclusion d’une faction Duardin sortant franchement du lot du fait de sa vénération d’un Dieu de la Mort mort (combo !) et de sa capacité à invoquer des esprits, ce qui constitue des variations intéressantes par rapport au stéréotype du guerrier nain que tout lecteur connaissant ses classiques se représente de façon plus ou moins inconsciente. Pour le reste, c’est de la qualité Reynolds (Josh), donc un récit bien structuré et rythmé, s’intégrant parfaitement dans les conventions définies pour Age of Sigmar en termes de fluff et d’atmosphère, et s’avérant dans l’ensemble plaisant à lire. Ne lui retirons pas ça. 1 : Comme les dernières années ont vu apparaître d’autres types d’adversaires, comme les morts-vivants de Nagash pendant la Tempête des Âmes ou les Orruks Ironjaws de manière collatérale à la traque de Mannfred von Carstein, j’attends avec impatience le moment où les vertueux Sigmarines commenceront à taper sur d’autres factions de l’Ordre, en attendant l’inévitable guerre civile que tout l’historique de GW nous promet depuis que le premier Stormcast a dévoilé le bout de son masque de guerre. La Vilainie de Vanus, ça c’est un titre qui claque ! Fluff: Géographie (Shyish) : L’Oasis de Gazul est le fief des Duardin de Gazul-Zagaz. La montagne de Gazul-Baraz occupe le centre du site, qui est entouré par un désert appelé Mer de Poussière. La cité mythique de Caddow, aussi appelée Cité des Corbeaux, recèle l’un des rares portails reliant Azyr à Shyish. Gazul-Zagaz : Royaume Duardin dont les sujets vénèrent le dieu des morts Zagaz, dévoré par Nagash lors de l’Âge des Mythes. Dirigé par une caste de chante-runes (rune singers), capables de convoquer l’esprit des morts. Mis à sac par les armées du Gardien des Secrets Amin’Hrith, l’Ecorcheur d’Âmes (Soulflayer). • The Iron Promise Révélation Warcry: The Anthology/2019/27 pages Intrigue : Vos Stalis, Dominar démotivé1, est envoyé avec sa bande de guerre par son cousin germain Mithraxes, s’enquérir de la raison de l’arrêt du versement de la dîme due aux Iron Golems par leurs alliés Duardin du Chaos. Traversant à pied les dangereuses Skullpike Mountaines, territoire de chasse de Harpies affamées et de Polypes Cristallins… déterminés, les Légionnaires finissent par arriver devant les portes du bastion de Khoragh Ar-Nadras Has’ut (à vos souhaits), où, devant l’absence de réponse à leurs coups de sonnettes, ils décident de camper en attendant qu’on vienne leur ouvrir. Parce que oui, on peut ressembler à une bouche d’incendie adepte de black metal, et avoir des manières. D’ailleurs, nos bidasses étaient en train de se livrer à leur activité favorite, le bivouac-philo, quand la grille de la forteresse s’est ouverte, invitant les hommes de main du parrain de Chamon à entrer. Là, Vos et ses sous-fifres doivent d’abord faire face aux assauts patauds des nains de jardin d’un genre un peu spécial que leur hôte a disposé dans sa cour pour décourager les démarcheurs à domicile. Membre historique du FLNJ2, le fier Dominar n’a aucun mal à calmer les ardeurs tiédasses des Fyreslayers zombifiés de Droghar, qui finit par se présenter devant ses racketteurs protecteurs, escortés de deux Ocorps en guise de gardes du gors. Ou l’inverse. Bref. Droghar explique à l’envoyé de Mithraxes qu’il est tout à fait prêt à honorer sa parole et délivrer le chargement de minerai de fer dû aux Iron Golems, si ces derniers voulaient bien l’aider à venir à bout d’une nuisance étant venue nicher dans les niveaux inférieurs de sa forge. Malgré l’énergie employée, et les cohortes de sbires envoyées sur place, pour régler le problème, le monstre en question n’a pu être vaincu, ne laissant pas d’autres choix au maître des lieux que de condamner les issues de son propre bastion, et d’attendre l’arrivée de la Légion pour venir à bout de l’intrus. Poussé à agir par les piques envoyées par le roué nabot, Vos accepte de ramener la tête de l’empêcheur de forger en rond et entraîne sa fine équipe dans les ténèbres de la forteresse de Droghar, sans trop savoir ce qui les attend à l’intérieur… Révélation …La surprise sera donc (presque) totale lorsque la bête en question se révélera être un Prosecutor (je pense, mais je ne suis pas expert en Stormcast Eternals) bien amoché, s’étant matérialisé dans la place à la suite de l’excavation par Dragoth d’une relique sigmarite dans les niveaux inférieurs de sa forteresse, autrefois siège d’une Loge Fyreslayers. Bloqué sur place, mais pas découragé pour autant de propager le message de Sigmar en ce lieu de ténèbres, Prozy s’est livré à une guérilla sanglante contre les contremaîtres et mercenaires de Droghar, libérant les esclaves de ce dernier au passage, et foutant suffisamment le boxon pour que ce dernier décide de boucler le périmètre pour arrêter les frais. Confronté aux Iron Golems, il repart vaillamment à l’assaut, mais finira par rendre l’âme sous les horions de la Légion, non sans avoir prélevé un lourd tribut parmi ses adversaires. Cette sale besogne accomplie, Vos boitille jusqu’à la sortie, où le vil chipotage de Droghar, qui lui fait remarquer que comme le Stormcast s’est évanoui dans la nature et que le Dominar n’a pas de tête à rapporter pour prouver ses dires, il n’a pas tenu sa parole et l’arrangement conclus avec les Iron Golems ne tient donc plus (nananèr-reuh), ne trouve pas une oreille compréhensive chez les Légionnaires éprouvés. Puisant dans ses dernières réserves, Vos concasse les gros bras du fourbe Duardin, avant de balancer ce dernier dans sa propre rivière de lave pour lui apprendre à chercher à entourlouper son monde. Ceci fait, il prend officiellement possession de la forteresse au nom de Mithraxes, car après tout, on n’est jamais mieux serti que par soi-même. 1 : Il commence la nouvelle en poussant littéralement un soupir d’ennui. 2 : Front de Lamination des Nains de Jardin. La Libération, ce sera pour plus tard. Avis : Comme à son habitude, Reynolds rend une copie propre et plutôt qualitative, permettant au lecteur de se familiariser avec les éléments saillants du fluff des Iron Golems. Occupant le créneau de la faction des gros balèzes en armure de l’écosystème de Warcry, un archétype chaotique des plus connus, le travail de contextualisation à réaliser pour cette bande était sans doute moins important que pour d’autres, mais si Josh Reynolds l’a joué relativement sobre et classique ici (à supposer qu’il ait eu son mot à dire), il a aussi pris le soin de ne pas laisser le lecteur en terrain totalement familier. Apprendre que les Golems, malgré leur apparence frustre et leur philosophie militariste, philosophent de concert le soir au coin du feu, permet de leur donner un début d’originalité dans l’esprit du lecteur, ce dont ils ont sans doute plus besoin que les Unmade ou la Cabale Corvus. La véritable de trouvaille de Reynolds repose toutefois dans son choix d’antagoniste, et dans la manière dont ce dernier est introduit dans le récit. Si le lecteur devine assez rapidement que le briefing lapidaire, laconique et lacunaire d’Hatshoum cache quelque chose de pas très net, et que les indices parsemés en cours de récit permettent de cerner l’identité du coupable, l’arrivée finale de ce dernier fait tout de même son effet, et place l’observateur dans une situation aussi paradoxale que savoureuse, en remettant en cause son « allégeance » à Vos et ses Légionnaires, suffisamment dépeints comme des braves types au cours des pages précédentes pour que leur décès ne nous soit pas agréable, mais restant au demeurant des servants des Dieux Sombres, et ne pouvant donc revendiquer une supériorité morale sur leur adversaire (c’est même plutôt l’inverse). De là, l’installation d’une tension narrative certaine, quand les autres nouvelles du recueil en étaient plutôt dénuées (crevez tous, chiens du Chaos !). Contributeur prodigue de la littérature d’Age of Sigmar, on peut vraiment dire avec The Iron Promise que Reynolds boucle la boucle, en ayant trouvé le moyen de faire endosser au héros la pelisse du méchant, et de façon assez réussie je dois dire. Pour le reste, on n’est pas sur un travail remarquable en termes de parti pris narratif ou d’exécution littéraire, Josh Reynolds se reposant sur ses très solides acquis pour dérouler son histoire d’enquête de voisinage dans l’environnement bigarré du Bloodwind Spoil. Comme toujours, ça se lit très bien, et on sort de The Iron Promise sans avoir l’impression d’avoir perdu son temps. C’est déjà ça. Fluff : Iron Golems (philosophie) : L’empire des Iron Golems s’étend depuis le Poing d’Onyx (Onyx Fist), leur forteresse du Royaume de Chamon sise dans les Monts Ferrium. C’est une société militariste et bien organisée, dont les Légions sont la colonne vertébrale. Les Iron Golems ne sont pas des brutes décérébrées pour autant, le débat d’idées étant encouragé entre soldats, notamment pendant les bivouacs où légionnaires et officiers peuvent échanger d’égal à égal. Iron Golems (organisation) : Les bandes de guerre des Iron Golems sont menées par un Dominar, officier de haut rang choisi par le Seigneur Suprême Mithraxes en personne. Il est secondé par un Maître de Discipline (Drillmaster) et un Porte-Enseigne (Signifer). Les Breachers sont les troupes de choc de la Légion, généralement des Ogors, utilisés pour briser les lignes ennemies et enfoncer leurs portes. Bloodwind Spoil (géographie) : Les Skullpike Mountains et le Désert de Cendres de Kardeb (Kardeb Ashwaste). Liane Merciel (3) Révélation Liane Merciel est une auteur de fantasy ayant collaboré aux franchises 'Dragon Age' ('Last Flight') et 'Pathfinder Tales' ('Nightglass', 'Nightblade', 'Hellknight'). Elle a également lancé sa propre série de romans fantastiques, 'Ithelas' ('Heaven's Needle' et 'The River Kings' Road'). 'Roadwarden' est sa première nouvelle pour la Black Library. • Roadwarden Révélation Inferno! #6/2021/25 pages Intrigue: Recrutée par une bande d’aventuriers convenablement hétéroclite (un sorcier à masque mécanique, un Aelf à dagues cristallines, une Duardin chauve et cinq cultistes de Khorne repentis) pour leur servir de guide à travers les terres brûlées au vent des landes de pierre d’Aqshy, la patrouilleuse (roadwarden) Fereyne s’embarque sans le savoir dans la quête d’une vie. Le but de l’expédition montée par le mage Veskil est, sur le papier, très simple : il s’agit de localiser la légendaire Fontaine d’Eshael, dont le pouvoir regénérant pourrait permettre de redonner vie au désert désolé qui couvre une bonne partie du Royaume de Feu, et peut-être même de faire pousser des choux-fleurs sur place. On rigole, on rigole, mais ça coûte cher à l’import, ces petites choses là. Quoi qu’il en soit, les indices rassemblés par le sorcier indiquent que l’artefact se trouve au cœur du territoire d’une des nombreuses tribus qui essaient tant bien que mal de survivre dans cet environnement aride, les Smokescars. Coup de chance, ces derniers ont toujours farouchement repoussés l’influence corruptrice de Khorne, et sont restés des « bons » sauvages, avec lesquels il serait techniquement possible de palabrer. En revanche, le fait que la moitié de la troupe de Fereyne soit marquée (au fer rouge) comme de confession khorny, même si la situation est plus nuancée qu’il n’y parait, incite la patrouilleuse à la prudence et l’évitement de la confrontation. Après tout, il n’est pas dit que les Smokescars soient des adeptes de la pensée complexe, même si les experts débattent encore de la couleur de leurs gilets. Cependant, le manque d’eau et de vivres finit par pousser les aventuriers à tenter d’aller dormir chez les autres, mais en vain : tous les sites où la tribu s’est établie sont déserts, ce qui apparaît à Fereyne, guère sereyne, comme un mauvais pressentiment. Même l’EHPAD de Beau Séjour, où les Smokescars font résider leurs vieux et leurs malades à l’année, semble déserté. Semble seulement, car les cadavres putréfiés des quelques locaux qui sont restés sur place portent la marque indéniable de Nurgle. Il semblerait que le Seigneur des Pestes ait jeté son dévolu et ses germes sur ce petit bout d’Aqshy, ce qui s’expliquerait par la proximité de la Fontaine d’Eshael, seule capable de faire subsister la forêt de cuivrécailles (copperscales) s’étendant à proximité du campement, et accessoirement, de donner de la biomasse à moudre à ce grand cultivateur qu’est Nurgle (qui aime moyen le sable et les cendres). Ayant purifié l’endroit grâce aux pouvoirs aseptisants et cautérisants de Veskil, qui découvre par la même occasion que Fereyne est une mage en puissance, les voyageurs peuvent remonter la trace des habitants du campement, qui se dirigent vers le cœur de ladite forêt. Comme on pouvait s’y attendre, les Smokescars ont été corrompus jusqu’au trognon, et tendent rapidement une embuscade aux aventuriers, qui la repoussent sans trop de pertes. Un peu plus loin, ils tombent sur un crop circle d’un style particulier, puisque fait avec des Sylvaneth corrompus figés dans du mucus solidifié. Cette vision de nature morte vivante fait comprendre à Veskil, qui n’est pas le dernier des abrutis, que la Fontaine est en fait un Portail des Royaumes reliant Aqshy à Ghyran, ce qui ne va pas être très pratique à transporter. Le mage commet toutefois l’erreur de trop réchauffer la gangue emprisonnant les esprits de la forêt avec son fer à friser magique, ce qui contraint la petite bande à faire un peu de bucheronnage avant de pouvoir repartir. Laissant la corruption derrière eux, les survivants se dirigent vers la partie la plus saine de la forêt, et tombent sur un combat titanesque entre un Homme Arbre et un Rotbringer. Se découvrant une fibre écolo, Fereyne vole au secours du végétal malmené, malgré son pauvre niveau 2 et sa spécialisation Ranger, entraînant le reste de sa team avec elle. Si la magie enflammée de Veskil semble faire effet sur le seigneur Maggotkin, l’absence de tank dans l’équipe pour prendre l’aggro et le gros permet au boss pansu d’engager le corps à corps avec le sorcier (horreur !) avec son gros tentacule (malheur !), et on sait tous comment ce genre de plan finit en général. Fort heureusement, une inspiration géniale de Fereyne, couplée à une indigestion sévère et un haut niveau de stress des remurants servant de bêtes de somme aux aventuriers, permettent à la patrouilleuse de terminer le boulot. Un gros rototo à tendance lance-flamme plus tard, il ne reste plus du jovial Nurgleux que la semelle de ses bottes et une odeur tenace de graillon. La situation n’est cependant pas brillante du côté de l’alliance Ordre et Engrais : Veskil a choppé une maladie sporiquement transmissible et préfère s’immoler par le feu plutôt que de finir corrompu, les autres comparses de Fereyne sont dans un coma profond, et l’Homme Arbre que le prouteux avait couché d’un coup de masse est en train de finir de croquer sa feuille. Avant de demander à la patrouilleuse de l’allumer à son tour, il lui passe quelques lamentiri, remet sur pied ses camarades, et lui demande d’aller alerter Alarielle en personne que les gardiens de la clairière de Taelrhunil ont choppé le mildiou, et qu’il ne faudra pas compter sur eux pour la prochaine kermesse. Désormais investie d’une mission, la patrouilleuse/mage (matrouilleuse ?) emmène ses side kicks à travers le Portail pour mener à bien ses toutes premières quêtes comme véritable chef de groupe. On est tous passé par là. Avis: Débuts appliqués dans la GW-Fiction pour Liane Merciel, qui démontre avec cette quête initiatique à forte teneur en high fantasy son savoir-faire en matière de sword & sorcery. En tant qu’auteur établie dans ce genre littéraire, cela tenait plus de sa part de la confirmation attendue que de la plaisante surprise. À ce compte là, ce sont les nombreux détails fluff qui parsèment son récit, et viennent donner une épaisseur bienvenue au coin d’Aqshy où se déroule l’histoire, qui me sont apparus comme de vrais bonus. Du côté des points d’amélioration, je mettrai principalement en avant le caractère assez terne des personnages convoqués par Merciel, qui ne dépassent pas leur fonction de quota de race/classe, et ont bien du mal à justifier leur « présence nommée » dans la nouvelle. Cette dernière se finissant comme le premier épisode d’une série au long cours (il faudra bien que quelqu’un apporte ces graines à Alarielle), il n’est pas interdit d’envisager une suite à ce ‘Roadwarden’, qui permettrait peut-être à Khensev, Whyrlin et Brokkar de justifier leur statut de personnages secondaires-mais-pas-marginaux, si vous voyez l’idée. On verra bien. Fluff: Fontaine d’Eshael : Un artefact mythique d’Aqshy, dont les pouvoirs revigorants permettent le développement de végétation aux alentours. La Fontaine est en fait une Porte des Royaumes donnant sur Ghyran, et est protégée par une clairière de Sylvaneth. Cultistes de Khorne : La tribu Skullborn, inféodée à Khorne et menée par le seigneur de guerre cannibale Gringur Bloodfist, sévissait entre les Plaines de Piroc (Piroc Plains) et les Sables Vautours (Vultur Sands). Elle fut exterminée par les Stormcast Eternals lors de leur venue en Aqshy. Ses membres portaient la marque de Khorne, apposée au fer rouge, sur le cœur. Aqshy (Faune) : Les remurants sont des bêtes de trait insectoïdes, se nourrissant d’herbes sèches et de rochers. Ce régime alimentaire est bien adapté aux conditions de sécheresse chronique d’Aqshy. Ils sont capables de cracher des gaz enflammés. Aqshy (Flore) : Les cuivrecailles (copperscales) sont des arbres d’Aqshy aux feuilles semblables à du cuivre. Très légères et résistantes, elles sont utilisées par les tribus locales pour confectionner des armures adaptées aux fortes chaleurs du Royaume du Feu (où il n’est pas une bonne idée de se revêtir de métal). • Oracle Révélation Gods & Monsters Week/2021/24 pages Intrigue: Envoyé avec quelques copains des Hammers of Sigmar renforcer la garnison d’Anvilgard, fortement réduite par le départ d’une grande partie des Anvils of the Heldenhammer à travers Aqshy pour soutenir l’effort de guerre azyrite, le Stormcast Eternal Etanios se retrouve malgré lui impliqué dans une affaire criminelle, aux côtés des Répurgateurs de l’Ordre d’Azyr. C’est dire si les effectifs sont limités. Chargé de protéger ses frêles collègues tout de cuir vêtus dans leurs investigations de l’empoisonnement d’un notable de la cité, Etanios échoue sur toute la ligne lorsque le quatuor (le Chasseur de Sorcières Ithyrac et ses deux stagiaires, et lui-même) prend d’assaut la planque de Remera, une chef de culte chaotique suspectée d’avoir joué un rôle dans la mort du Magister. En plus de ne pas réussir à garder en vie les mortels qui l’accompagnent (et qui portent bien leur nom pour le coup), Etanios n’arrive même pas à appréhender proprement sa suspecte, qui se dissout dans ses glaires après avoir évoqué le venin rouge d’un serpent noir. C’est la boulette, mais ça ne surprend pas le Lord-Relictor Sereghast, qui attendait dehors par crainte de passer à travers le plancher (fallait pas demander du rab’ à la cantine de la caserne) : c’est le quatrième cas de désagrégation spontanée après que la victime ait fait mention d’un monstre aux écailles noires. Tout cela est fort intéressant et sinistre, mais ne fait pas progresser l’enquête ; cette dernière devra toutefois attendre un peu car les cloches du Grand Temple de Sigmar se mettent soudainement à sonner, précipitant le retour au bercail de Sereghast et de ses Enclumes de collègues. De son côté, Etanios obtient la permission de rester un peu collecter des indices et sécuriser le bâtiment. Le devoir avant tout. Notre héros est surpris dans ses relevés d’empreinte par l’animation fortuite d’un des cadavres jonchant les lieux, et servant de point relais à une de ses vieilles connaissances, la sorcière Aelf Thaelire (déjà croisé dans ‘Red Claw and Ruin’). Cette dernière étant présumée morte par Etanios depuis ces funestes événements, il est à la fois ravi et suspicieux de cette reprise de contact, et son désarroi ne fait que croître lorsque Thaelire l’enjoint de déserter son poste séance tenante, et de retourner fissa à Azyrheim en passant par la Porte des Royaumes d’Anvilgard afin d’alerter Sigmar de la trahison de Morathi. Les forces de l’Oracle de Khaine sont en effet en train d’attaquer la cité, et si sa chute ne fait aucun doute, Momo ferait moins la maligne si Ziggy envoyait une cohorte de Stormcast remettre un peu d’ordre du côté de l’Ordre. D’abord dubitatif, Etanios réalise rapidement que le tuyau est tout à fait valide lorsqu’il se fait attaquer par des pillards Aelfs alors qu’il part secourir une poignée de civils pourchassés par de mystérieux assaillants. Malgré sa constitution robuste et son adresse au marteau, il aurait fini en PLS sur le pavé sans l’intervention décisive de Thaelire, qui se matérialise depuis les ombres afin de convaincre son gros copain de suivre son plan au lieu de charger dans le tas. Et ce plan nécessite une bonne dose de confiance de la part d’Etanios envers sa bonne amie, car devant la rapidité avec laquelle les troupes de Morathi se sont saisies de la cité, la meilleure option pour avertir Sigmar pourrait bien être un suicide héroïque de la part du Stormcast, afin de filer à la Reforge sans devoir s’avaler tout le trajet à pied. C’est à cette fin qu’il accepte que la sorcière lui jette un sortilège de Reset sous le plastron, garantissant une mort expresse si la situation le nécessite. À la guerre comme à la guerre. La suite de la nouvelle voit notre duo mal assorti mais apparemment assez amoureux (eh oui) se frayer un chemin jusqu’au port d’Anvilgard, Thaelire parvenant à grand peine à réfréner les envies d’Etanios de compléter toutes les quêtes secondaires pour paladin désintéressé pour le garder concentré sur la mission principale… Jusqu’au moment fatidique où un petit groupe de civils, pensant pouvoir filer tranquillement en embarquant sur un navire faisant dans l’humanitaire, se fait repérer par les Furies et les Corsaires montant la garde sur les quais. C’en est trop pour Etanios, qui abandonne le sortilège de discrétion que lui avait jeté sa comparse pour faire obstacle de ses gros biscotos entre la plèbe et les sbires de Morathi. Noble action mais mauvais timing, car c’est le moment qu’avait choisi l’Oracle de Khaine pour flâner dans la marina d’Anvilgard, et que le résultat de cette confrontation ne fait malheureusement pas un pli. Fidèle à lui-même, Etanios joue la montre afin de gagner du temps pour ses protégés, mais lorsqu’il en est réduit à la portion congrue de son dernier point de vie, il donne son autorisation à Thaelire de l’euthanasier pour la cause, ce qu’elle fait en… l’orgasmant à mort (?). Momo, qui avait donné pour instruction à ses troupes de blesser les Stormcast gardant Anvilgard et non de les tuer, pour éviter que son petit acte de trahison soit porté à l’attention de qui on sait, n’a toutefois pas dit son dernier mo’, et parvient à entraver l’âme d’Etanios au moment où elle quitte son corps et s’élève vers Azyr. Il faudra l’intervention salutaire de Thaelire, qui parvient à hypnotiser toute la cour de Morathi et à la retourner contre cette dernière, pour que la forme astrale du Sormcast réussisse à reprendre son vol et à filer au bercail, constatant au passage que les civils qu’il a si héroïquement défendu ont réussi à embarquer et filent vers des cieux plus cléments. Double victoire moral pour, heu, l’Ordre, j’imagine ? Avis: Liane Merciel prend la suite de sa novella ‘Red Claw and Ruin’ (que je dois préciser ne pas avoir lu au moment où cette chronique est écrite) avec ‘Oracle’, qui (re)met en scène l’improbable couple Stormcast/Sorcière Etanios/Thaelire. Chose assez rare pour être signalée, et appréciée, cette nouvelle relate un événement vraiment important des Royaumes Mortels, avec l’attaque en traître de Morathi sur Anvilgard. Les avancées de cet ordre étant généralement restreintes aux parties fluff des Battletomes, on se doit de souligner cette incursion de la Black Library dans le background « chaud » d’Age of Sigmar, et remercier Merciel pour ne pas avoir gâcher cette rare opportunité qui lui a été offerte. En effet, ‘Oracle’ remplit parfaitement son cahier des charges, en précipitant la rencontre entre un « vulgaire » Liberator armé de bonnes intentions (et d’un gros marteau) et une divinité en puissance des Royaumes Mortels. Même avant que cette confrontation déséquilibrée ne prenne place, Merciel avait réussi à brosser une histoire digne d’intérêt, mettant en scène un Anvilgard magnifiquement lugubre et glauque, et ménageant jusqu’au bout le suspens quant au sort attendant Etanios : quand même mourir est vu comme une victoire, il est difficile de prévoir à l’avance comment le récit va s’achever. Une vraie réussite que cet ‘Oracle’, dont j’espère qu’il donnera lieu à un match retour entre Tonio et Momo. Fluff: Anvilgard : Les habitants de cette cite portent des habits gris et noir, car l’atmosphère viciée d’Anvilgard déteint rapidement sur les teintes plus claires. Poison : La/e varanite est l’essence distillée du Chaos, et sa consommation est mortelle. • The Eyeless Mask Révélation Black Library Character Day 2023/2023/26 pages Intrigue: Neave Blacktalon et ses guerriers (et mage) d’élite sont envoyés à la rescousse d’une expédition sigmarite, portée disparue dans la jungle ghyrane alors qu’elle cherchait à prendre possession des ruines de la cité d’Arphallos, réputée à travers les Royaumes Mortels pour deux spécialités locales. 1) elle contient des artefacts mystérieux d’une puissance incommensurable, et 2) elle finit par rendre fou tous ceux qui osent y pénétrer, à cause de vibrations inexpliquées retentissant en permanence dans la ville. Une première exploration rapide du périmètre autour du camp où les soldats disparus étaient cantonnés n’ayant rien donné, les Blacktalons décident de partir en direction de la Piscine à Bulles Bosquet Bouillonnant mentionné dans les notes laissées par le Liberator Prime des Hallowed Knights qui accompagnaient les mortels dans leur expédition archéologique. On apprend aussi au passage que le vieux Hendrick a eu une vision d’un « masque jaune sans yeux chantant une chanson terrible alors qu’il s’abreuvait de sang et d’éclair », ce qui aurait décidé la compréhensive (à bien des égards) Neave à partir pour Arphallos. C’était ça ou interdire au vétéran de forcer sur la bouteille pendant le service, et quand on vient juste de prendre la place de son ancien boss sur décision managériale, comme cela a été le cas ici, il est important de ménager les susceptibilités. Tout ça pour dire que nos héros finissent par déboucher sur un quartier d’Arphallos où des formations de pierre jaune semblent avoir pris au piège les Stormcast égarés, comme les reflets révélant la présence de colosses en sigmarite dans les anfractuosités de la roche permettent à l’instinctive Blacktalon de le deviner en un éclair. Quelques coups de masse plus tard, son intuition est confirmée et les Hallowed Knights éprouvés et drainés par l’épreuve s’extirpent des gravats, porteurs d’une bien mauvaise nouvelle : les sorciers de l’Ordre de la Nuit Brûlante, qui accompagnait l’expédition, ont été corrompus par Tzeentch et se sont retournés contre leurs alliés. C’est eux qui sont responsables de l’emprisonnement des meilleurs de Sigmar (ainsi que celles des miliciens des Cités Libres, mais comme ces derniers n’ont pas survécu à l’épreuve à cause de leurs armures en papier mâché, on n’en parlera plus), et eux qui serviront donc d’adversaires à Neave et Cie. J’aurais bien aimé vous faire un compte rendu détaillé de cet affrontement titanesque, mais comme vous l’aurez peut-être déjà deviné à la lecture du paragraphe précédent, j’éprouve quelques difficultés à rendre justice à un combat où le grand méchant est un bloc de pierre avec des reflets étranges, et dites vous bien que ce n’était que l’échauffement pour Merciel. Pour faire simple, les sorciers corrompus sortent également des décombres et commencent à hurler « OOOOOHMMMM » tellement fort que les Blacktalons se sentent mal, ce qui ne les empêche pas de combattre, pour ceux qui savent le faire (sorry Lorai). Leur incantation provoque l’apparition d’un dôme tentaculaire, au sens premier du terme, qui cherche à siphonner l’énergie de tous les combattants présents en faisant du peau à pierre. Le dôme finit par se transformer en le fameux masque de la prémonition de Hendrick, puis utilise ses tentacules pour transformer les sorciers en amalgames chaotiques, après avoir piqué leurs yeux et leurs métacarpes pour s’en faire des colliers. Neave a alors une autre épiphanie salutaire, et comprend qu’il lui faut tuer les mini boss pour affaiblir leur gros copain, ce qu’elle réussit à faire grâce à sa super vitesse avant que les bad vibes des affreux ne la mettent en PLS. Ceci fait, il est facile aux Blacktalons de réduire en poudre the Masked Screamer, remportant ainsi une victoire aussi indéniable que foutraque pour le compte de Sigmar. Il y a des jours comme ça… Avis: C’est au tour de Liane Merciel de se frotter aux Blacktalons, et je dois dire que je n’ai pas été emballé par le résultat. Si elle arrive fort bien à mettre en scène la cité perdue d’Arphallos et la jungle aussi exubérante que mortelle qui l’entoure, Merciel se retrouve en revanche embarrassée par le nombre important de personnages qu’elle doit faire intéragir1, et son idée de faire de l’antagoniste de la nouvelle une sorte d’horreur indicible à la Lovecraft fait long feu, pour un résultat plus proche de la description romancée d’un combat contre un boss d’Elden Ring, remporté grâce à la super vitesse de Neave The Flash Blacktalon. Autre déception, alors que les deux précédents « épisodes » de la série (signés par Gary Kloster et Chris Thursten) étaient parvenus à donner de la profondeur aux Blacktalons et à mettre en lumière leurs relations, parfois complexes et ambivalentes, ‘The Eyeless Mask’ ne nous apprend absolument rien de nouveau sur le sujet, mis à part que Rostus semble avoir une excellente mémoire et qu’Hendrick a des visions. Peu concluant. 1 : Au point de faire déclarer à Lorai son absolue inutilité pour la mission en cours. C’est révélateur. Fluff: Arphallos : Cité en ruines située dans la jungle de Ghyran, et construite par une civilisation oubliée. Les bâtiments d’Arphallos sont constellés d’ouvertures de tailles variées, et le bruit du vent passant à travers produit des vibrations qui finissent par rendre fou ceux qui s’aventurent dans la ville. La pierre jaune dont ils sont faits est capable de se reformer en utilisant la matière organique à proximité. placeholder Lora Gray (4) Révélation Lora Gray continue à ce jour à faire ses armes dans des revues de fiction spécialisées telles que Shimmer, The Dark et Flash Fiction Online. Il faut bien commencer quelque part. • Crimson Snow // Neige Ecarlate merci @Red Qafe ! Révélation Maledictions/2019/16 pages Intrigue : Red Qafe : Dans une forêt se battent des armées du Chaos contre des sylvaneths. Des dryades, trop jeunes pousses pour se battre, attendent et prennent soin des blessés. L'une d'elles va tenter de trouver des blessés une fois la bataille terminée. Elle tombe sur un "paria", un sylvaneth à peau bleue, réputé pour être fou. Il rend son dernier soupir devant elle. La jeune dryade sent petit à petit des choses étranges. Elle fait des rêves bizarres, voir du sang à la place de la neige, s'imagine tuer son amie... Elle se rend compte que quelque chose a pris racine en elle. Un Lumineux, qui lui dit avoir froid et chercher la chaleur. Mais qui en même temps essaie de la rendre agressive, de lui faire apprécier le sang et sa chaleur, de l'inciter à tuer d'autres jeunes pousses pour se réchauffer dans leur sang. Terrifiée, la jeune dryade finit par tomber d'une falaise et se brise l'échine. Sa dernière vision est celle d'une de ses amies en larmes... L'amie en question ne comprend pas ce qui s'est passé. Elle veut ramener le corps de son amie, mais sur la route, elle voit qu'au lieu de neige, c'est du sang qui tombe... (Les Sylvaneth incluent peut-être ce qu'ils appellent des parias, des individus devenus fous à cause d'une sorte de parasite. Je ne connais pas assez AoS pour en savoir plus). Schattra : Alors que les osts du bosquet de guerre de Feuillehiver (Winterleaf) affrontent une armée chaotique lors du traditionnel match du dimanche après-midi, les jeunes Dryades Kalyth et Idrielle, assignées à la buvette et à l’infirmerie, attendent patiemment que l’empoignade se termine dans la sécurité de la lisière. Le service sèvique de nos deux tendres boutures manque toutefois de connaître une fin aussi tragique que prématurée lorsqu’une paire de combattants, aussi altérés de sang l’un que l’autre, titube jusqu’à leur position, avec des intentions pas vraiment amicales. Fort heureusement pour les jeunottes, c’est la liste EELV qui finit par l’emporter sur celle de la Frange Insoumise1, mais la situation reste toutefois assez tendue, car le vainqueur du duel n’est autre qu’un Paria au self-control des plus ténus. Tout finit pourtant par rentrer dans l’ordre, l’esprit enragé reprenant de lui-même la direction du champ de bataille sans trucider ses camarades de classe. Quelques heures plus tard, alors que la troisième mi-temps bat son plein sous les frondaisons, Kalyth se rend sur le pré pour porter secours à ses confrères et sœurs pouvant encore être sauvés repiqués. Elle tombe par hasard sur le même Paria, toujours aussi écumant, mais dont la transformation avancée en pâte à papier rend l’approche plus facile que précédemment, et, reconnaissante des services rendus, l’assiste dans ses derniers instants, ignorant au passage les recommandations de ses aînés à propos de la quarantaine à laquelle il convient de soumettre les sujets chancrés. Cette bonne action pourrait cependant avoir de graves conséquences, car dès le lendemain, notre bonne âme se trouve inexplicablement attirée vers le refuge de Parias le plus proche lors de la mission de reconnaissance à laquelle est assignée, et acquiert rapidement la certitude qu’un Lumineux (Bright One) et sa colonie de parasites a élu domicile sous son écorce. Alors que son emprise sur la réalité se fait de plus en plus ténu, et que les voix demandant que la sève soit versée deviennent chaque jour plus insistantes, Kalyth arrivera-t-elle à mettre la branche sur de la bouillie bordelaise pour traiter son affliction avant de commettre l’irréparable l’imbouturable ? 1 : Les suivants du Chaos éprouvent des difficultés notoires à se coiffer. Pas évident de maintenir un brushing entre les casques intégraux et les mutations aléatoires. Avis : Schattra : Soumission sérieuse et appliquée de la part de Lora Gray pour ses débuts au sein de la Black Library. Reprenant les codes de l’horreur psychologique (la présence maléfique que le héros est le seul à ressentir, et qui finit par le rendre fou), relevé d’une touche de gore assez graphique (automutilation notamment, le truc qui marche toujours avec moi), Crimson Snow explore avec réussite un des aspects les plus sombres de la faction Sylvaneth, les mystérieux Parias, dont les causes de la folie sanguinaire sont encore mal connues. N’étant pas vraiment familiers avec les subtilités du background de cette armée, j’ai eu un peu de mal à assimiler le rôle joué par les Lumineux (un terme qui n’apparaît pas, ou peu, dans les textes canons) dans la propagation du mal, d’autant plus que la « matérialisation » du parasite de Kalyth s’opère dans gélatineux (?) un flou artistique ne facilite pas la compréhension. Reste que la progression de l’intrigue vers sa funeste conclusion est suffisamment claire pour que tout le monde puisse s’y retrouver, néophytes comme vétérans. Pouce vert pour Gray, donc. Fluff : Sylvaneth (culture) : Les Esprits tombés peuvent se réincarner en partie dans de nouveaux corps si leur « âme » (lamentiri) est prélevée de leur cadavre et plantée dans le bosquet Sylvaneth (rq : c’est presque comme des glandes progénoïdes, sauf que ce sont des glands dans ce cas de figure). La maladie qui frappe les parias (outcast) n’est pas bien comprise des Sylvaneth, qui croient qu’il ne faut pas respirer leur souffle, croiser leur regard, et fuir tout contact avec ces derniers. • He Feasts Forever // Le Festin Eternel merci @Red Qafe ! Révélation Invocations/2019/12 pages Intrigue : Schattra : Cuisinier employé à la cour du roi, Dedric mène une vie affairée mais heureuse dans le tumulte et la chaleur de sa brigade d’adoption. La seule ombre au tableau de son existence bien réglée est la relation tendue qu’il entretient avec son frère aîné, une sombre brute du nom de Hodge, qui sert sa majesté en qualité de chasseur. Alors que le roi et son armée, de retour d’une longue campagne, se préparent à faire bombance dans leur château, Hodge se présente avec une nouvelle prise, un jeune cerf que Dedric n’a d’autre choix que de caser tant bien que mal dans un garde-manger déjà plein à craquer, son frangin n’étant pas connu pour sa patience ou son empathie. Plus tard, alors qu’il prépare la carcasse (sur son temps libre), il est interrompu dans sa tâche par un garçonnet apparemment captivé par l’art de la marinade de jarret et de la préparation du bouillon à l’os. Les ravages de Top Chef. Intrigué par cet invité mystère, qu’il ne se souvient pas d’avoir croisé auparavant, Dedric s’entend dire par ce dernier qu’ils se sont pourtant déjà rencontrés sur la Route Orientale, ce qui dit vaguement quelque chose à notre héros. Cette conversion a au moins le mérite de faire réaliser au marmiton qu’il n’a bizarrement que peu de souvenirs de sa vie avant son arrivée dans le château. Les ravages d’Alzheimer. Décidant d’en avoir le cœur net, Dedric s’ouvre à Hodge à ce sujet, récoltant une fraternelle clé de bras et une menace de mort pour sa peine (ce qui était à prévoir), mais également la confirmation tacite que ce dernier a également la mémoire qui flanche à propos de son origin story. Cette confrontation fait remonter d’autres souvenirs, assez déplaisants, à Dedric, qui revit des bribes d’une orgie de protéines crues, ingérées de manière contrainte en compagnie d’individus répugnants. Et, non, ce n’est pas d’une session de all you can eat dans un sushi shop miteux du 13ème arrondissement dont il est question ici… De retour dans sa cuisine, Dédé croise à nouveau le mystérieux garçon, qui se montre cette fois un peu plus prolixe dans sa conversation, et finit par cracher le morceau (ce qui est particulièrement dégoûtant dans un endroit où la nourriture est stockée) à son interlocuteur… Révélation …Ils se sont bien croisés, et très récemment qui plus est. Le jeunot voyageait avec sa famille sur une route près du château, lorsqu’ils ont été embusqués par une bande de goules, qui ont massacré et dévoré (et pas forcément dans cet ordre) les voyageurs. Son cadavre a alors été ramené par Hodge jusqu’aux cuisines royales, où Dedric – qui a dû courir très vite reprendre son poste pour arriver avant son frère, et se prendre un sévère coup de louche de la part du chef pour avoir oublié cet événement aussi sec – l’a pris en charge, pensant avoir affaire à un cerf. Ce qui explique mieux l’intérêt du fantôme pour les petits plats de notre héros, qui sort totalement de la matrix et réalise qu’il n’est qu’un rat in a cage une goule dans une ruine. Ainsi décillé, et assez normalement horrifié par le tour grotesque qu’a pris sa vie depuis que sa propre famille se soit fait boulotter quelques années plus tôt, son frère et lui étant changés en mordants après avoir été gavés de barbaque humaine par leurs assaillants, Dedric s’enfuit de la cour cannibale qu’il fréquentait à son insu, jusqu’à croiser une charrette se rendant jusqu’à Mhurghast. Désireux de refaire sa vie, il demande aux occupants de cette dernière de le prendre à bord, proposant, en dédommagement pour son passage, de les faire bénéficier de ses extraordinaires talents de cuisinier… Red Qafe : Un des cuisiniers d'un seigneur est embêté lorsqu'il trouve près de son poste de cuisine un enfant qui lui fait peur et qui disparaît subitement. Il est légèrement malmené par son frère, un chasseur qui ramène encore et encore son gibier pour le festin du seigneur. Le cuisinier revoit l'enfant, qui l'accuse de l'avoir tué. Il essaie de parler à son frère, et s'aperçoit qu'il ne se souvient pas de son passé, avant d'être cuisinier dans ce château. Son frère le malmène encore, furieux qu'il doute de leur seigneur qui les a accueillis et les loge et les nourrit. Mais derrière cette colère, il y a de la peur. Le cuisinier finit par revoir l'enfant, et se souvient... Révélation Son frère et lui ont été recueillis par des Goules, qui les ont forcés à manger de la viande humaine (dont l'enfant et sa famille) Ils sont sous une illusion : eux et les autres sont des monstres décharnés, le château est en ruines, le gibier est composé d'humains, les cuisines sont dégueulasses et produisent des mixtures horribles. Le cuisinier s'enfuit. Il finit par atteindre une route, et, déguisé sous un capuchon, parvient à se faire prendre en carriole, direction une ville quelconque. Il déclare qu'il sait cuisiner, et sera donc de bonne compagnie et saura travailler... Avis : Schattra : Lora Gray poursuit l’exploration des côtés sombres des factions d’Age of Sigmar avec une nouvelle bien pensée et tournée, tirant le meilleur parti de la cruelle et terrifiante illusion collective qui frappe les Flesh-Eaters Courts. Comme dans Crimson Snow, Gray ne se montre pas avare en détails macabres et gores, ce qui est ce que l’on attend d’une nouvelle de Warhammer Horror, et donc tout à fait approprié (mais bien dégueu tout de même…). On pourra seulement reprocher à cette solide soumission que sa révélation centrale, le soit justement de façon littérale. La mindblowing révélation qui frappe Dedric arrive en effet aux deux tiers du récit, débouchant sur une longue « conclusion » qui à mon sens n’apporte pas grand-chose à ce dernier. Je fais ma fine bouche, mais s’il y a bien une nouvelle où cela est approprié, c’est sans doute He Feasts Forever (superbe titre, au passage). Fluff: Rien à signaler. • These Hands, These Wings Révélation Anathemas/2020/12 pages Intrigue: Si vivre dans un donjon n’est pas facile quand on est une fille de onze ans qui a la pneumonie, vivre dans une ferme de Shyish quand on est un garçon de treize ans, orphelin de père et de mère et recueilli par un oncle sociopathe et alcoolique, n’est pas non plus aisé. Frappé par ce sort peu enviable, notre héros, Myles, essaie tant bien que mal de s’adapter à la dureté de son nouveau quotidien, entre brimades incessantes de la part de son tonton Ourii et conséquences, variant du morose au mortel, du dernier nécroséisme provoqué par ce fripon de Nagash. Victime des conditions climatiques détestables des derniers mois et d’une pénurie de main d’œuvre inquiétante, Ourii envoie un beau violet matin son neveu faire mission d’épouvantail1 dans son champ de maïs, afin d’en éloigner les corbeaux qui picorent les maigres récoltes en devenir, les pièges installés aux alentours ne s’étant pas révélé très efficaces. Myles, qui de son propre aveu est encore un grand bébé, accepte la mission plus par peur de sévices corporels que par gaieté de cœur, et se découvre une certaine sympathie pour la gent emplumée, dont la solidarité collective contraste douloureusement avec sa situation de paria. Ayant passé la journée à observer et baptiser les membres de la volée de corbeaux contre laquelle Ourii l’avait envoyé, il finit même par partager avec eux son maigre déjeuner. Revenu à la ferme le soir venu, et dans l’attente que son oncle lui apporte les restes de son dîner, comme il en a l’habitude, Myles se perche sur une branche et se met à rêver de devenir Corax. Mal lui en prend car lorsqu’Ourii finit par sortir lui donner royalement la carcasse de poularde rôtie qu’il a englouti pour son souper, l’attitude proprement volage de l’adolescent lui vaut une bonne raclée, tellement sévèrement appliquée que Myles en perd une dent (qu’il garde toutefois contre son oncle). Levé avant l’aube le lendemain pour aller retrouver ceux qu’il considère comme étant ses nouveaux amis (les drames de l’enfance malheureuse), Myles brave un brouillard de mauvais augure pour aller rejoindre son poste, et a la douleur de découvrir que le Vieux Borgne, patriarche protecteur de la volée, s’est pris l’aile dans un collet, et gît en piteux état à proximité du champ. Déterminé à intervenir, notre héros décide qu’un bon petit-déjeuner réglera sans doute le problème et va cueillir un épi pour nourrir l’oiseau blessé. Malheureusement, les rejets non contrôlés de magie nécromantique par la Nagash Corp. ont eu un effet délétère sur les cultures alentours, et au lieu de grains de maïs, ce sont des dents qui garnissent la rafle2. Cela ne décourage cependant pas le Vieux Borgne de déjeuner sur le pouce, ou la serre dans son cas, en béquetant l’intérieur de la tige qui lui est proposée, et se révèle être convenablement protéinée. Les vegans en rêvaient, Nagash l’a fait : de la viande végétale. Ça mérite un prix Nobel. Collation et découverte sont cependant interrompues par l’arrivée impromptue d’Ourii et de sa fidèle pelle, qui scellent le sort du pauvre corbeau estropié, à la grande horreur de Myles. Guère touché par le souci que son oncle semblait se faire pour lui, l’ado rebelle attaque au contraire son tuteur après que ce dernier ait fracassé le crâne de l’oiseau. L’histoire se serait mal terminée pour notre héros, auquel le sanguin Ourii n’aurait pas hésité à rouler une pelle pour lui apprendre la vie, sans l’intervention du reste de la volée de corbeaux, qui fond sur le paysan furibard et commence à lui prélever des échantillons de tissus mous (mouchoirs, cravate, oreille et œil). Myles profite de cette distraction salutaire pour récupérer la bêche qu’Ourii a laissé bêtement tomber pour terminer proprement le travail, réduisant son oncle en engrais biodégradé en quelques minutes. Voilà qui devrait améliorer les rendements. Ceci fait, il ne reste plus à notre apprenti Raven Guard qu’à suivre sa famille d’adoption en battant des bras et en croassant à plein gorge, signe manifeste d’un équilibre mental parfaitement préservé. Comme quoi, les Anglais ne se sont pas trompé en appelant un rassemblement de corbeaux murder… 1 : Les véritables épouvantails ayant une fâcheuse tendance à s’animer et à attaquer leurs propriétaires dans le merveilleux royaume de Shyish (particulièrement à proximité de Murghast, que Gray n’oublie pas de citer au détour d’un paragraphe), Ourii a pris la sage et luddiste décision de remplacer la machine, ou en tout cas l’artefact, par de la main d’œuvre. 2 : Un mal pour un bien vraiment. Ourii n’a plus qu’à devenir prothésiste dentaire, ou producteur d’ivoire, deux activités sans doute plus rentables que le maraîchage. Avis: Gray signe à nouveau une très satisfaisante nouvelle horrifique, se concentrant cette fois-ci sur l’atmosphère de sa pièce plutôt que sur son intrigue (comprendre que, contrairement à He Feasts Forever, le récit se termine sans grande surprise ou révélation pour le lecteur). À rapprocher de La Petite Marchande d’Allumettes d’Andersen, conte tragique avec lequel These Hands, These Wings (encore un titre d’une classe folle à mettre au crédit de Gray !) partage son schéma narratif : un héros innocent et en grande difficulté, et qui sera condamné plutôt que sauvé par les rares événements positifs se produisant au cours de l’histoire. Oui, cette nouvelle tire un peu sur la corde du pathos, mais une fois de temps en temps, on ne va pas s’en plaindre. Comme c’est le cas avec les nouvelles d’ambiance de la gamme Warhammer Horror, je ne peux que vous recommander de lire These Hands, These Wings (en espérant que la BL traduise le recueil un de ces jours/mois/années), auquel cette critique humoristico-factuelleTM ne fait pas honneur. Pas étonnant que les éditeurs d’Anathemas ait choisi de baser l’illustration de couverture de l’anthologie sur cette nouvelle, qui se révèle être l’une des plus abouties du lot. Fluff: Rien à signaler. • Five Candles Révélation Warhammer Horror Week 2020/2020/12 pages Intrigue: Vivant en ermite parmi les collines reculées d’Aqshy, la vieille Havisa a commis l’erreur de piquer un roupillon sans avoir éteint sa chandelle de chevet. Réveillée par le début d’incendie, elle ne peut que clopiner jusqu’à la mare la plus proche pour tenter d’éteindre les flammes, même si ses problèmes d’articulation diminuent drastiquement ses chances de succès. Dans son malheur, elle a toutefois la chance de rencontrer un étranger venu s’abreuver au point d’eau, prêt à lui venir en aide de façon désintéressée (ce qui n’est pas du tout la coutume en Aqshy apparemment). Las, malgré la jeunesse et la vigueur de son nouvel ami (Eudon), qui est trop poli pour lui arracher le seau des mains et doit donc jouer les pompiers de service avec un abreuvoir (balèze le type), Havisa ne parvient pas à sauver sa masure, et doit se contenter de sauver quelques économies ainsi que sa fidèle lance de guerre. Si seulement elle n’avait pas tenté de marchander le prix de cette alarme incendie lors du dernier passage du camelot itinérant… La contemplation des ruines fumantes laisse au moins un peu de temps pour que de vraies présentations se fassent. On apprend ainsi qu’Eudon est une sorte de héraut campagnard, voyageant de Royaume en Royaume et de village en village pour alerter la populace des dangers du récent nécroséisme, beaucoup plus virulent que les précédents. Comme Havisa n’a d’autres choix que de se rendre jusqu’au hameau le plus proche, malgré les relations glaciales (un comble en Aqshy) qu’elle entretient avec la bande de jeunes – moyenne d’âge : 14 ans – qui y vit, elle accepte que le bon samaritain l’escorte. En route, il lui raconte la légende du chien noir de Mhurghast, une bête maudite dont le régime alimentaire consiste en voyageurs se trouvant à des carrefours à minuit, ce qui est tout de même très spécifique. Le pauvre toutou doit crever la dalle, c’est moi qui vous le dit. Bien entendu, Havisa refuse de gober ces sornettes, et bien entendu, Eudon lui assure le plus sérieusement du monde que le chien noir est tout ce qu’il y a de plus réel. Et ça tombe plutôt bien d’ailleurs, car la nuit commence à tomber. L’ombre furtive que Havisa croit voir rôder à la limite de son champ de vision serait-ce un simple campagnol obèse, ou une présence plus néfaste ? Arrivés au village, les deux voyageurs obtiennent une audience de la part du conseil, qui accueille avec sarcasme la mise en garde d’Eudon et son conseil de migrer vers des zones plus clémentes. L’étranger a beau pincer la corde de la fierté des Aqshiens, ces derniers n’en démordent pas : ils resteront dans leurs collines. Eudon n’a plus qu’à reprendre la route, et demande à ce qu’on lui accorde un guide pour le mener jusqu’au prochain hameau. Comme c’est là que sa seule famille réside, et que personne ne lui adresse la parole sans lâcher des gros « OK Boomer », Havisa se porte volontaire. Son bon sens paysan lui fait toutefois acheter quelques vivres et cinq bougies pour la route, qui se fera, comme c’est étrange, de nuit… Révélation …À ce stade, l’histoire passe en mode narratif automatique. Après quelques échanges sans intérêt, les voyageurs arrivent à un carrefour à minuit moins une, et, ô surprise, le chien noir de Mhurghast se manifeste. La petite surprise consiste en sa « fusion » avec Eudon, qui se transforme en une sorte de loup garou de la mort et attaque Havisa avec appétit. Initialement surclassée par le malotru, notre héroïne trouve la motivation et un second souffle malgré la perte de trois litres de sang, et finit par planter sa lance dans le gosier du hooligan. Ce qui le tue mortellement. Au matin, la mamie déter’ se découvre être toujours assez vivace pour reprendre la route, et l’histoire se termine ainsi. Avis: Lora Gray m’avait habitué à des histoires plus prenantes et abouties que ce ‘Five Candles’, qui ne se révèle guère surprenant (un défaut majeur pour une nouvelle d’horreur). Avec deux personnages principaux et une menace mystérieuse, le suspense aurait eu du mal à être insoutenable, mais l’ambiance aurait pu être plus travaillée, à l’image de ce que Gray avait réussi à faire dans ‘These Hands, These Wings’ par exemple. Une petite déception valant mieux qu’un gros ratage, je ne déconseillerai pas la lecture de ‘Five Candles’ dans l’absolu, mais recommanderai plutôt de se pencher sur les autres œuvres de Lora Gray avant de considérer celle-ci, à réserver aux inconditionnels de cet auteur. Fluff: Aqshy (Culture) : Les habitant du Royaume du Feu révèrent la fougue et la gloire martiale. Ne pas mourir à la bataille pendant sa prime jeunesse est considéré comme un déshonneur. placeholder Luke Scull (2) Révélation Luke Skull est l’auteur du roman de fantasy ‘Les Compagnons du Chaos’, et a également travaillé pour l’industrie du jeu vidéo (Ossian, Boiware) avant de s’engager pour la Black Library. Sa première nouvelle publiée pour cette dernière est ‘Boss of Bosses’ (2022). • Boss of Bosses Révélation Black Library 2022 Advent Calendar/2022/23 pages Intrigue: Ce n’est pas la grande forme pour Gordrakk en ce moment : forcé à abandonner le siège d’Excelsis après l’arrivée de Morathi pour se réfugier dans les collines de Morruk afin de panser ses plaies, le Boss des Boss(es) sait que son emprise sur sa Waaagh ! est plus tenue que jamais. Pour ne rien arranger, il doit composer avec les reproches du chamane Snazzgar Stinkmullet, qui revient le tourmenter depuis l’au-delà en lui reprochant d’avoir tout fait de tra…vert (ce qui est assez approprié pour un Orruk, il faut le souligner). Souhaitant se changer les idées de la seule manière qu’il connaisse, il sort de sa tente pour casser quelques têtes, et montrer à ses boyz qu’il ne vaut mieux pas espérer le remplacer de sitôt. Les premiers à faire les frais de son humeur belliqueuse sont un groupe de soldats d’Excelsis faits prisonniers par les peaux-vertes, auxquels Gordrakk offre la liberté s’ils arrivent à lui entailler le cuir. Beau joueur, il retire son armure, arme ses adversaires et combat à mains nues, ce qui ne l’empêche de faire de la chair à pâté des forces de l’Ordre… jusqu’à ce qu’un Duardin trouve fair play de lui trouer le biceps avec un pistolet qu’un Ironjaw un peu benêt lui avait permis d’utiliser dans cette mêlée ouverte. You know what they say : never bring an Orruk to a gunfight. Bien que le petit malin s’en sorte avec une tête de moins (même si la FER lui donnait raison sur ce coup-là), Gordrakk n’est pas satisfait par cette victoire aux poings et trouve d’autres sparring partners plus à son niveau dans la foule des badauds : d’abord l’Ogor Stinkbelly, puis le Gargant Thromgor. Bilan : un mort, un blessé grave, et un Big Boss plus énervé que jamais. Avant qu’il n’ait trouvé le moyen de martyriser une Bête Zodiacale dans sa quête d’un opposant digne de lui, Gordrakk est interrompu par l’arrivée du chamane Drooldrop, qui lui annonce qu’il a de la visite. Une délégation de Kruleboyz menée par le chef Skeptis Tongue-eater vient en effet de s’embourber à l’entrée du camp, et demande une audience auprès du Poing de Gork pour lui remettre un cadeau de la part de Gobsprakk en personne. Avant d’aller s’enquérir des desiderata des émissaires de la Bouche de Mork, Gordrakk accomplit deux quêtes secondaires : primo, récupérer son Maw-Crusha Bigteef, qui boudait dans un coin du bivouac, secundo, aller rappeler à son vieux copain Krazz Dredclaw, un Mega-Boss Ironjaw avec des vues sur sa position, si on en croit les rumeurs, qu’il a à l’œil. Ceci fait, notre colérique héros arrive en majesté jusqu’au campement de Skeptis, qui attendait sa venue en dégustant les langues de ses prisonniers, comme son surnom le laissait à penser. Derrière la déférence de façade qu’il présente à son hôte (qui a après tout le privilège d’entendre les voix de Gork et Mork1), Skeptis dissimule une fourberie digne de son statut de Bosskitu. La couronne enchantée qu’il remet à un Gordrakk d’abord circonspect a en effet été maudite par son Vasomancien, et bien qu’elle commence par apaiser les maux de tête dont souffre le Big Boss (qui rentre fissa au bercail frimer devant ses troupes), elle se révèle bientôt être une nuisance débilitante, s’enfonçant profondément dans le crâne de son porteur et sapant sa force de manière insidieuse. Ayant compris qu’il a été dupé, Gordrakk convoque Drooldrop pour tenter de combattre la magie par la magie, mais le chamane se déclare incompétent (pour changer), et conseille à son patient de faire jouer le service après-vente, c’est à dire aller mettre une rouste à Skeptis. Ce plan d’une simplicité élégante est compliqué par l’arrivée imprévue de Krazz Dredclaw, convaincu par les propos séditieux du Bosskitu de défier son rival pour devenir le Vert Alpha de la Waaagh ! Malgré son état de (relative) faiblesse, Gordrakk fait son affaire au challenger mal inspiré, héritant au passage de quelques blessures supplémentaires. Les emm*rdes volant en espadrilles, Bigteef se révèle être indisposé, la collation de grunta lui ayant été offerte par les Kruleboyz ayant été marinée à la mort aux rats. C’est donc seul et à pied que le Poing de Gork se dirige jusqu’au campement de ses cousins marécageux, bien décidé à régler cette sombre affaire de manière directe et tranchante. Considérablement affaibli par ses récentes mésaventures, Gordrakk parvient à se frayer un chemin à travers les Eventreurs adverses pour expliquer sa façon de penser à Skeptis, mais connaît un gros passage à vide au moment décisif. Malmené par le bruxodon de compagnie du Bosskitu, il a alors recours à son arme secrète : son karné dadress. Sa connexion privilégiée avec Gorkamorka lui permet d’invoquer inconsciemment la fameuse Main de Gork (ou peut-être de Mork), qui broie la couronne maudite et permet au Boss des Boss de retrouver son prime. Dès lors, il n’y a plus match : le caniche des marais finit en pâté pour squig, et son maître préfère battre prudemment en retraite en jurant qu’il se vengera… jusqu’à ce que Bigteef, lui aussi complètement remis de son intoxication alimentaire, lui tombe sur le râble et le coupe en deux. Faut savoir retirer les gens négatifs de sa vie. Tout étant rentré dans l’ordre, Gordrakk est libre de faire ce qu’il sait faire de mieux : planifier les prochaines batailles de ses boyz. Et on peut dire qu’il vise haut : inspiré par cette histoire de couronne, il jure de trucider tous les dentistes des Royaumes Mortels, à commencer par Archaon et Sigmar. Il demandera ensuite une revanche à Kragnos pour rétablir la hiérarchie chez les poids lourds de la Destruction. Demandez le programme ! 1 : Et de ses deux haches, Krazeuz' et Ruzée. Et de Snazzgar Stinkmullet. Ce qui commence à faire un sacré paquet de monde. Il faudrait qu’il embauche un Grot de direction pour gérer tous ces voicemails. Avis: Luke Scull donne l’impression d’être un vieux briscard de la Black Library dans ce très convaincant ‘Boss of Bosses’, qui continue sur la lancée des Malign Portents et ‘Kragnos : Avatar of Destruction’ et développe le fluff d’un des personnages majeurs du siège d’Excelsis. Cette lecture m’a furieusement rappelé les passages narratifs des suppléments de jeu pour Hordes et Warmachines, qui développent l’intrigue sous-tendant ces univers, et sont une raison tout à fait valable d’acheter ces bouquins. Cette nouvelle m’a aussi donné envie de me renseigner sur l’arc narratif développé dans la saison de Thondia, sujet qui m’intéressait vaguement auparavant. Une franche réussite pour une première soumission, et une des meilleures nouvelles consacrées aux Orruks que j’ai pu lire depuis le lancement d’Age of Sigmar. Fluff: Rien de transcendant. • The Road to Helsmarch Révélation Dawnbringers Week 2023/2023/16 pages Intrigue : Voleurs flamboyants (forcément) d’Hammerhal Aqsha, Darian Kage et Asha Darkeyes étaient sur le point de pouvoir laisser leur vie d’aventures et de rapines derrière eux lorsqu’un dernier coup ayant mal tourné (le cambriolage de la tour du mage Alazandrius) a forcé le couple de gredins à quitter précipitamment la métropole pour échapper au sort peu enviable que le Collegiate Arcane réserve à ceux qui agressent ses membres. Engagés dans une des nombreuses croisades Dawnbringers envoyées établir de nouvelles communautés fidèles à Sigmar dans l’immensité sauvage des Royaumes Mortels, Darian et Asha ne sont toutefois pas partis les mains vides : alors que Monsieur a mis la main sur un orbe ressemblant très fortement à un palantir, Madame est repartie de chez Alazandrius avec une dague au pommeau incrusté de six améthystes. Même si les chances de pouvoir refourguer ces reliques à un collectionneur fortuné dans le hameau misérable qu’ils contribueront à fonder, si tout se passe bien, sont assez maigres, le prix qu’ils ont payé pour s’emparer de ces babioles a été trop élevé pour qu’ils s’en débarrassent sur le chemin qui les amène à Helsmarch, leur destination finale. Au fur et à mesure que les jours passent, apportant avec eux leur lot d’ampoules, de camarades bougons et corvées d’épluchage de patates, Darian remarque que sa compagne a développé une fascination aussi inexplicable qu’inquiétante pour la dague qu’elle a dérobée. Lui-même a eu l’impression de se faire posséder par une entité avide de plaisir et de souffrance la dernière fois qu’il l’a prise en main, ce qui lui a passé immédiatement l’envie de se couper un bout de fromage, comme il en avait l’occasion, et l’a à moitié convaincu qu’il serait plus sage de bazarder le surin sans tarder. Asha n’étant pas de cet avis, et Darian trop diplomate pour insister, on en restera là pour le moment, d’autant plus que la colonne de croisés a d’autres chats à fouetter. Les éclaireurs du convoi ont en effet repéré une grande harde d’Hommes Bêtes convergeant vers la petite armée sigmarite, alors qu’elle se prépare à traverser le col des Pics Douloureux : si les Dawnbringers veulent avoir une chance de s’en sortir, il faut absolument que l’affrontement se produise dans un terrain plus favorable, où leur artillerie Ironweld pourra décimer l’adversaire. Une marche forcée est donc ordonnée par l’officier en charge, le cavalier (à plus d’un titre) Edmiland ven Tavarus, au cours de laquelle une avalanche de rochers s’abat sur le train arrière de la colonne. Sur place au moment du drame, Darian et Asha assistent à l’agonie d’un vieil homme coincé sous un moellon, que Miss Darkeyes achève par bonté d’âme (un peu) et pour tester sa nouvelle dague fashion (surtout), ce qui ne fait qu’accroître les soupçons de son concubin sur la dangereuse influence que le coupe chou exerce sur sa dulcinée. Quelques heures plus tard, l’expédition atteint enfin le nexus où la nouvelle colonie peut être établie, et entame les opérations d’installation des menhirs idoles gardiennes qui seront à même de protéger la future bourgade de possibles déprédations démoniaques. C’est toutefois le moment que choisissent les Bêtes du Chaos pour attaquer leurs nouveaux voisins, précipitant Darian et Asha dans le terrifiant chaos d’une bataille rangée… Révélation …Laissés par ven Tavarus comme cordon pour protéger l’antenne 5G en cours d’installation de Helsmarch les Gonesse, les deux voleurs repentis ont fort à faire lorsqu’une bande de Bestigors réalise une percée et se rue vers leur position. Interceptés in extremis par la Stormcast Eternal Jayna Trueheart et ses Liberators, les biquettes en furie ne parviennent pas dans les trois pas réglementaires et ne peuvent donc pas engager le petit couple, ce qui n’est pas le cas du Slaangor Blackmane, arrivé en douce en claquant des pinces. Il révèle à Darian ce que le lecteur, et lui-même sans doute, savaient déjà, à savoir que la dague d’Asha est une relique de Slaanesh, et qu’il tient donc fort à en prendre possession, de gré ou de force. Peu intéressée par cette offre, Asha tente de régler son affaire à la chèvre en bas résille qui lui fait du rentre dedans, mais ne réussit qu’à se faire littéralement casser la gu*ule par le Slaangor, tandis que Darian hérite de quelques côtes cassées pour faire bonne mesure. C’est le moment que choisit l’héroïque Jayna Trueheart pour s’interposer une fois encore entre ses petits protégés et l’adversité bêlante, malgré un bras en vrac et beaucoup de sang perdu à la suite de son combat (victorieux) contre les Bestigors. Au terme d’un duel très équilibré, chaque combattant empale son adversaire, ce qui fait les affaires d’Asha, tout à fait possédée par le démon de la dague à ce stade, et qui achève froidement Trueheart d’un coup de canif dans la jugulaire (ce qui lui permet de bénéficier d’une rhinoplastie et d’un recollage d’orbite express). Horrifié par l’acte de sa bien-aimée, Darian comprend que son devoir est de neutraliser la menace qu’elle représente, mais n’aurait pas fait le poids face à la force et à la vitesse surnaturelle de new Asha sans l’aide apportée par son propre artefact (il faut croire qu’il était un seigneur de guerre, sous ses humbles abords). À l’usage, il apparaît en effet que la boule à neige piquée chez Alazandrius était en fait une Orbe de l’Hiver, ce qui est la mort du fun mais surtout la mort d’Asha, dont l’attaque vicieuse se retrouve ralentie, redirigée vers elle, puis réaccélérée à la suite d’un enchaînement fortuit. Bilan des courses : les deux tourtereaux n’ont plus qu’à se dire adieu avant que Miss Darkeyes les ferme pour de bon (ses yeux, pour ceux qui ne suivent pas), laissant son inconsolable assassin jurer de dédier sa vie à empêcher que la dague maudite ne tombe entre de mauvaises mains. En tout cas, on lui souhaite. Avis : Pour sa deuxième nouvelle pour la Black Library, Luke Scull remplit une nouvelle fois ses obligations contractuelles et nous livre une histoire assez prenante ayant comme décor les croisades Dawnbringers, ce qui était le cahier des charges qu’il devait respecter. Bien que le caractère néfaste des objets piqués chez le malheureux Alazandrius ne fasse rapidement plus aucun doute, ce qui enlève du suspens à la conclusion de ce récit, ‘The Road to Helsmarch’ peut compter sur ses personnages attachants (même si certains auraient pu disparaître sans problème, vu ce qu’ils apportent à l’intrigue, comme Tarn le vétéran cracheur), ses scènes d’action convenablement brutales, et sa petite touche romantique (une fois de temps en temps, ça ne fait pas de mal) pour emporter l’adhésion de son lectorat. De plus, Scull a le bon goût de se montrer assez didactique à propos des Dawnbringers, ce qui permet au public non familier de prime abord avec ce développement relativement récent du fluff d’Age of Sigmar de mieux comprendre ce dont il en retourne ici. Du bel ouvrage. Fluff : Hammerhal: Le district de Cinderfall, dans la partie de la ville située en Aqshy, était autrefois un quartier aisé, mais le développement trop rapide de la cité l’a transformé en coupe-gorge en l’espace d’une génération. Croisades Dawnbringers: Ces expéditions utilisent des métalithes, des plateformes de pierre enchantée pour léviter, pour transporter les structures et matériaux nécessaires à l’établissement rapide d’une colonie. Le centre de cette dernière est placé sur un nœud géomantique par un Knight Arcanum, et protégé par des idoles gardiennes capables de repousser la magie hostile et les incursions démoniaques. Matt Keefe (1) Révélation Parcours intéressant que celui de Matt Keefe au sein de la Black Library. Bien que le gros de ses contributions soient relativement récentes et prennent place à Necromunda, sa première nouvelle (Fate's Masters, Destiny's Servants) pour une franchise de GW a été publiée en 2006, dans le recueil thématique 'Tales from the Dark Millenium', qui a accompagné le TCG éponyme de Sabertooth Games. Plus de dix ans après, le voilà de retour, et dans un univers totalement différent qui plus est. • The Book of Transformations Révélation Inferno! #3/2019/33 pages Intrigue: Matt Keefe choisit de narrer la vie et l’oeuvre de l’apothicaire Mehrigus, établi dans une ville des Gens Libres du Royaume de Chamon. Ayant appris son art auprès d’un alchimiste au sens de l’humour et de la décoration un peu particuliers1, notre homme exerce sa noble et utile profession au service de la communauté, mais rêve et travaille en secret à d’autres projets, bien plus ambitieux que la confection de cataplasmes ou la réduction des fractures. Passionné par le concept de transformation de la matière, une lubie qu’il tient sans doute de son mentor, Mehrigus est persuade que la médecine pourrait progresser de façon notable si elle arrivait à mettre à profit la puissance du changement et de la mutation. Je sais à quoi vous pensez en ce moment même, amis lecteurs, et pour répondre à votre question, non, Mehrigus ne réalise pas que cette philosophie mène tout droit à l’ornithologie démoniaque. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir une copie du Battletome Disciples of Tzeentch (neuf, de préférence, c’est plus fluff) sur son étagère, ou peut-être que c’est le libezard de compagnie de notre héros qui l’a bouffé avant qu’il ait eu le temps de le feuilleter. Qui peut dire. Ayant eu le malheur d’exposer un peu trop directement ses idées lors d’un colloque scientifique il y a quelques années, avec des résultats pas franchement probants, Mehrigus a fait depuis profil bas, tout en continuant ses expérimentations dans son laboratoire personnel entre deux purges de nourrissons et séances de podologie à l’EHPAD du coin. La visite d’un confrère à la retraite, répondant au nom de Trimegast et apparemment lui aussi intéressé par le sujet d’étude de Mary Grüss, constitue donc une surprise de taille pour notre apothicaire, mais une surprise des plus heureuses, puisque son nouvel meilleur ami lui laisse en prêt une copie annotée du Livre des Transformations, lui demandant seulement de le tenir au courant des avancées qu’il pourrait réaliser au cours des prochains mois. Bien aidé par ce grimoire providentiel, et profitant des malheurs de ses concitoyens, tracassés par les déprédations d’une bande de maraudeurs de Nurgle ayant décidé de squatter les égouts de la ville, Mehrigus a bientôt l’occasion de délaisser la recherche fondamentale pour quelques cas concrets, dont il fait bénéficier de sa nouvelle forme de médecine. Cette dernière commence par donner des résultats probants, les pommades hydratées à défaut d’être hydratantes et les poses de sangsues fluos s’avérant redoutablement efficaces pour combattre l’infection, en plus d’apporter une plus-value certaine en matière de chirurgie reconstructrice. Las, comme vous vous en doutez, l’état de grâce ne dure pas, et la survenue d’un cas désespéré, traité tout de même par un Mehrigus à mi-chemin entre Hippocrate et Mengele à ce stade, fait naître d’affreux soupçons chez notre héros quant à de potentiels effets secondaires indésirables de ses traitements. Un petit tour en ville le lendemain de l’accident le convainc rapidement que son protocole gagnerait à être revu, ses anciens patients se plaignant tous de s’être fait pigeonner (comprendre qu’ils se transforment littéralement en pigeons, ce qui n’est pas agréable). Révélation C’est le moment que choisit Trimegast, ou plutôt Trimegastraxi’attar-i-qash (à vos souhaits), pour refaire son apparition, sous sa forme fringante et pédagogue, puisqu’il annonce posément à Mehrigus qu’il le prend comme apprenti avec effets immédiats, pour la plus grande gloire de Monsanto Tzeentch. Ne pouvant se rabattre sur aucun autre vœu sur Parcoursup – un classique – et pas vraiment emballé à l’idée de tenter de raisonner la foule en colère qu’il contemple de loin mettre à sac son domicile, notre héros accepte la proposition qui lui est faite, et fait ses premiers pas sur la voie mystique et tortueuse du… transformisme. Hé, il faut bien commencer quelque part. 1 : Installer un petrulus dans son vestibule, ce n’est pas forcément du meilleur goût, même si ça fait un porte chapeau des plus pratiques. Avis: Matt Keefe se donne les moyens de ses ambitions avec The Book of Transformations, nouvelle “deluxe” par rapport aux standards habituels de la BL, tant en termes de longueur (33 pages, ce qui la place dans les travaux les plus conséquents de la maison d’édition pour ce type de publication), que de découpage (un prologue et sept “chapitres”, chacun disposant de leur propre titre) et de narration. C’est en effet, si ce n’est toute, mais au moins une grande partie de la vie de Mehrigus qui défile au gré des pages, depuis son placement en apprentissage chez l’alchimiste pétrophile jusqu’à sa reprise d’études, bien des années plus tard, auprès d’un maître d’un autre genre. Mine de rien, les chroniques de ce type sont assez rares de la part de la BL, qui ne fait pas mystère de son amour pour la règle des trois unités. À titre personnel, j’ai tendance à tenir à l’œil les auteurs capables de sortir des sentiers battus – qui le sont parfois tellement qu’ils en deviennent creux, comme les travaux de ceux qui les empruntent – même si les résultats ne sont pas toujours à la hauteur. Cette audace littéraire est en effet souvent révélatrice d’un véritable potentiel, voué à se révéler à court ou moyen terme (c’est l’idée en tout cas). Quand le résultat est tout à fait correct, ce qui est ici le cas, cela ne gâche évidemment rien. Autre source de satisfaction, l’approche à la fois respectueuse et old school qu’a Keefe du Chaos et de la façon dont il parvient à corrompre même les âmes les plus vertueuses. Laissez-moi enfiler ma toge de docteur en littérature GWesque pour préciser ma pensée, amis lecteurs. Au fil des publications de la BL (et avant elle, car il y a eu un avant!), différents courants se sont en effet faits jour, auxquels il est possible d’affilier les auteurs et les travaux des franchises de GW. Alors qu’Age of Sigmar semble, pour le moment en tout cas, favoriser une approche de high fantasy, tandis que les dernières années de Warhammer Fantasy Battle penchaient fortement vers le grimdark sans filtre, je rangerais davantage ce The Book of Transformations dans l’école “réaliste”, que l’on retrouve par exemple dans la prose d’un Brian Craig (nom de plume de Brian Stableford), un grand nom de la littérature de genre qui a enfanté un corpus assez conséquent de travaux estampillés WFB dans les années 90. Qu’est ce que le “réalisme” chaotique, me direz-vous? C’est une excellente question et je vous remercie de l’avoir posée. Eh bien, j’y vois le parti pris de l’auteur de faire interagir ses personnages de façon rationnelle et réfléchie avec la notion du Chaos, qui, bien qu’étant une force corruptrice, perverse et immensément dangereuse, n’est pas le repoussoir ultime qu’elle est devenue par la suite. Exemple gratuit : alors que le grimdark fait pousser des tentacules au quidam qui aurait la déveine de contempler un peu trop longtemps une étoile à huit branches, le réalisme admet que le petit grand-père qui vit de l’autre côté de la rue possède quelques curieux grimoires dans sa bibliothèque, qu’il a acquis sous le manteau en sachant que c’était mal, mais dont la possession n’a pas jeté son âme en pâture aux Quatre Fantastiques pour autant… ou en tout cas, pas en un claquement de doigts. C’est cette approche que l’on voit à l’oeuvre dans The Book of Transformations, Mehrigus restant égal à lui même du début à la fin de la nouvelle, malgré la possession pendant une grande partie de cette dernière d’un ouvrage des plus “idéologiquement connotés” qui soit. Et si sa damnation finale et complète ne fait pas grand doute (d’ailleurs Keefe conclut intelligemment son propos en faisant remarquer que si les disciples de Tzeetch sont des maîtres de la transformation, la seule chose qu’ils ne pourront jamais changer est leur allégeance au Chaos), notre héros termine l’histoire comme le “type bien” qu’il était au départ. Merci donc à Matt Keefe pour cette résurgence, sans doute isolée mais pas inintéressante pour autant, de cette conception chaotique. Ah, c’est moche beau la vieillesse… Fluff: Petrulus : Nom savant de la dépouille mortelle d’un être vivant changé en pierre par le regard d’un cocatrix. Baetylus : Pierre à l’odeur caractéristique de petrichor, gravée de runes sigmarites représentant les constellations célestes. Après quelques incantations, la pierre se met à luire et procure un pouvoir à son porteur, notamment de guérison. Les baetylus les plus puissants sont issus de météorites provenant du Royaume d’Azyr. Matt Westbrook (1) Révélation Matt Westbrook a pris la plume pour relater les balbutiements fluffique d'Age of Sigmar, aussi connue sous le nom de l'Âge-des-Stormcasts-qui-pètent-des-trucs. En témoigne sa série de nouvelles relatant les déboires du jeune reforgé Thorros Bladestorm ('Bladestorm'), commencée avec 'Vengeance Eternal' et conclue avec 'The Spiral Tower'. • Vengeance Eternal // Vengeance Éternelle merci @Foudrolle ! Révélation Hammerhal & Other Stories // Hammerhal & Autres Récits/2017/27 pages Dramatis Personae : Eldroc : Stormcast Eternal, Seigneur-Castellant de la chambre des Lames d’Orage de l’ost tempête des Celestial Vindicators Tharros Âmégide : Stormcast Eternal, Seigneur-Relictor de la chambre des Lames d’Orage de l’ost tempête des Celestial Vindicators Thostos Lame-d’Orage : Stormcast Eternal, Seigneur Célestant de la chambre des Lames d’Orage de l’ost tempête des Celestial Vindicators Mykos Argellon : Stormcast Eternal, Seigneur Célestant de la chambre des Argelloniens de l’ost tempête des Celestial Vindicators Intrigue : Foudrolle : Sigmar décide d’attaquer une nouvelle phase de son plan global et envoie deux chambres des Celestial Vindicators, les Lames d’orage et les Argelloniens, à Ghur dans les Plaines Rugissantes, prendre d’assaut la Forteresse de la Manticore qui protège une porte des royaumes, vitale pour la suite de la guerre. Le Seigneur-Castellant Eldroc et le Seigneur-Relictor Tharros ont hâte de retourner au combat mais s’inquiètent des effets de la reforge sur la personnalité du Seigneur Célestant Thostos Lame d’Orage. Tharros ne tient par ailleurs pas Mykos Argellon, le Seigneur Célestant des Argelloniens, en haute estime, le jugeant vaniteux. Après une ellipse on retrouve les Celestial Vindicators en plein combat face à des skavens. Nous suivons dans un premier temps Mykos Argellon qui doit s’adapter à la percée insensée de Thostos Lame d’Orage. Ce dernier fonce tout droit dans une embuscade, et il va bien falloir que quelqu’un le sorte de ce mauvais pas. On retrouve donc Thostos Lame d’Orage en compagnie de skavens qui se font joyeusement massacrer par les Stormcast Eternal. Le piège des hommes rats se referment tout de même sur les guerriers divins qui se retrouvent en bien mauvaise posture. Heureusement les Argelloniens se portent aux secours de leurs frères et les skavens se font exterminer. En découle un échange tendu entre les deux Seigneurs Célestants, où Mykos Argellon reproche à demi-mots les actions de son collègue. La suite de la nouvelle nous entraîne sur les Plaines Rugissantes où les Stormcast Eternals portent secours à une tribu d’humains chassée par une bande d’orruks en maraude. Mykos Argellon tente de négocier avec les peaux vertes et parvient même à amorcer un début de conversation avec leur chef… Jusqu’à ce que Thostos Lame d’Orage envoie son épée fracasser la tête du dit chef. S’en suit une nouvelle bataille où les orruks se font laminer. Le récit se termine sur un Mykos Argellon particulièrement remonté contre Thostos Lame d’Orage, dont le discernement semble avoir disparu pour être remplacé par une soif de sang délétère. Schattra : La guerre des Portails des Royaumes, premier acte de l’offensive générale ordonnée par Sigmar contre… euh… le reste de l’univers, suit son cours et les armées de Stormcast Eternals prennent pied dans les Royaumes Mortels. Signe que le destin leur sourit, ils sont parvenus à localiser et à récupérer Ghal Maraz, permettant à Sigmar de reprendre ses parties de croquet (son passe-temps favori). Il y a cependant fort à faire et peu de temps pour se reposer sur ses lauriers : les Lames de Tempête, chambre guerrière des Celestial Vindicators, ont été convoquées par l’Empereur-Dieu pour être briefé sur leur prochaine mission, quelques heures seulement après être revenus à Azyrheim. Pendant Ziggy fait sa balance sur scène, nous faisons la connaissance de nos héros, tous officiers supérieurs des Vindicators. Il y a là Eldroc, alias the nice guy, Lord-Castellant ne sachant pas encore qu’un certain Hamilcar Beareater ne va pas tarder à l’éclipser à jamais des mémoires des lecteurs de la BL. On trouve à ses côtés Tharros Soulwarden, Lord-Relictor aussi jovial que la porte de prison qu’il porte en collier. Enfin, pas vraiment, mais vous voyez l’idée. Ils servent tous deux sous Thostos Bladestorm, souvent abrégé en "The" Bladestorm, le Lord-Celestant des Lames de Tempête. Et si vous vous dîtes que Thostos ne se gêne pas à baptiser sa chambre d’après son propre blaze, attendez que Mycôse Argellon, le Lord-Celestant des Argellonites, fasse son apparition. Dans son infinie sagesse et sa fainéantise absolue, Sigmar a en effet décidé d’envoyer les deux chambres guerrières reprendre la forteresse de la Manticore, qui garde l’accès à un Portail des Royaumes trotro important. Lui ne peut malheureusement pas se déplacer, héhé, il a polo tous les mardis (il faut bien que son marteau lui serve à quelque chose1), et on compte sur lui pour faire des discours d’obédience fachiste à ses osts de guerriers surhumains à intervalles réguliers, d’abord. Sans transition ni mise en garde, nous passons du clinquant de la salle du trône de Sigmar à l’intérieur moisi et tortueux de souterrains Skavens, empruntés par les Celestial Vindicators pour rejoindre leur destination finale. Comme on peut s’y attendre, les hommes rats ne sont pas trop d’accord pour laisser les Stormcasts empiéter sur leur territoire, et la progression des colosses de sigmarite est légèrement ralentie par les hordes de guerriers des clans qui tentent honteusement de leur rayer le plastron avec leurs sales griffes. Rien qui ne pourrait menacer une avance réfléchie et concertée de la part des deux chambres guerrières bien sûr ! Sauf que cette avance n’est qu’à moitié réfléchie (merci Argellon), et pas du tout concertée. En effet, depuis sa récente reforge, Bladestorm a décidé de maxer son trait de commandement « regard glacial perdu dans le lointain », au détriment de toute prudence ou réflexion tactique. Ce qui est embêtant quand on est en position de commandement, et plus encore quand on est à la tête de guerriers réputés pour leur zèle et leur impétuosité, qu’il s’agit de canaliser pour éviter de, par exemple, tomber dans un piège grossier tendu par un adversaire qui connaît mieux le terrain que vous. Et devinez quoi… Menés par un Bladestorm imprenable au corps à corps mais aussi réfléchi qu’un Buveur de Sang s’étant cogné le petit orteil sur le coin du trône de Khorne, les Lames de Tempête font la douloureuse rencontre de l’artillerie du clan Skryre, et auraient sans doute été renvoyés dans leurs pénates, lanterne magique qui rayonne du mercurochrome ou pas, sans l’intervention salutaire d’Argellon et ses Argellonites, qui prennent à revers les ratons. À Bladestorm revient l’honneur de zigouiller le meneur ennemi, ce qui met en fuite son armée, mais lorsque les deux commandants débriefent à l’issue de la bataille, l’ombrageux Thorros réalise qu’il aurait peut-être dû coordonner son offensive avec son homologue, plutôt que de foncer dans le tas et espérer qu’Argellon couvre ses arrières. Beau joueur, ce dernier ne tient pas rigueur à Bladestorm, conscient « qu’il a des problèmes », comme le fidèle Edroc lui fait comprendre en aparté. Un peu plus tard, et de retour à l’air libre, les Stormcast Eternals prennent le parti de secourir une bande d’humains de Ghur, poursuivis par une forte troupe d’Ironjaws. Le but de la manœuvre, pas vraiment totalement désintéressée, est de recueillir des informations utiles de la part de locaux sur les Plaines Rugissantes et la forteresse de la Manticore, ce qui pourrait permettre de limiter les pertes dans cet environnement hostile. Favorable à la négociation avec les Orruks, qui, s’ils sont chafouins de s’être fait piquer leurs proies, ne semblent pas disposés à enfoncer le mur de boucliers des Vindicators pour les récupérer, Argellon emmène une délégation rencontrer le meneur adverse. Celui-ci, trop caustique et grande-gueule pour son propre bien, mais pas menaçant à proprement parler, ne tarde pas à hériter de l’épée de ce pisse-vinaigre de Bladestorm en pleine face, ce qui chagrine fortement les peaux vertes. La baston qui s’en suit, si elle voit quelques élus de Sigmar se faire renvoyer à la case départ forge, se solde rapidement par une victoire des visiteurs. Cela n’empêche pas Argellon de reprocher turquoisement à son camarade son impétuosité homicidaire, et la situation aurait pu dégénérer sans l’intervention éclairée (et même lumineuse) d’Eldroc. Cependant, le mal est fait car les Lames de Tempêtes et les Argellonites ont vu leurs officiers à deux doigts de se prendre le casque en public. Les Celestial Vindicators parviendront-ils malgré tout à mener leur mission à bien ? La fuite au prochain képi d’iode… 1 : D’autre que cyalume détecteur d’impureté, s’entend. Avis : Foudrolle : Cette nouvelle a la bonne idée d’aborder la problématique de la Reforge, et son effet sur la personnalité des Stormcast Eternal. Thostos Lame d’Orage ne paraît clairement plus apte à commander, et pourtant il continue de mener sa chambre à la guerre vers un chemin potentiellement destructeur pour ses frères. Hormis cet aspect, qui est tout de même la thématique centrale, le reste n’est qu’une succession de combats que je n’ai pas trouvé spécialement intéressants. Schattra : Matt Westbrook plante le décor de son roman feuilleton ‘Bladestorm’ avec ce premier épisode, dont la lecture ne s’avère pas aussi satisfaisante que celle d’une nouvelle indépendante, pour des raisons évidentes. Si on peut à la rigueur pardonner à l’auteur de terminer son propos sur un vague cliffhanger (il y a six autres épisodes après celui-là), on peut par contre légitimement lui reprocher de ne pas proposer grand-chose d’autre que des Stormcasts qui tabassent des indigènes pendant 25 pages, ce qui n’est pas très intéressant en soi. On peut également lui tenir grief de bombarder le lecteur sous les blazes, les grades et les titres des trillions de Stormcasts qu’il semble prendre plaisir à nous présenter, quand bien même la plupart de ces illustres inconnus doivent se contenter d’une vague mention et d’un rôle très secondaire dans l’intrigue1. Il y avait pourtant des pistes prometteuses à explorer pour Westbrook, à commencer par les séquelles de la reforge chez Stormblade, sur lesquelles on devine que tout l’arc narratif repose, mais qui restent cantonnés à du « agrou grou, je suis maintenant un psychopathe », ce qui n’incite pas vraiment à ressentir un tant soit peu d’empathie envers ce personnage. Le seul point fort, peut-être involontaire, que je vois à ce ‘Vengeance Eternal’ est la description finalement assez contrastée qui est faite de Sigmar. Soit celle d’un despote impotent qui envoie ses guerriers raser des forteresses et leur ordonne spécifiquement d’en massacrer la garnison, incapable de relever de son commandement un officier qui est devenu complètement marteau (un comble), et doté d'une vision particulière de la « pacification » des Royaumes Mortels. Je pense en particulier au souvenir un peu honteux d’Argellon d’avoir contribué à exterminer les Orruks d’Azyr, afin de permettre aux Stormhosts de s’aguerrir avant de partir sur le « vrai » front. Au final, une « nouvelle » à laquelle il manque une conclusion et un intérêt. Ce qui fait beaucoup de lacune. Notons pour finir que l'inclusion de 'Vengeance Eternal' dans l'anthologie 'Hammer & Other Stories' ne justifie pas, même un tout petit peu, l'achat de cette dernière, car cette nouvelle est l'une des rares disponibles gratuitement (en VO) sur le site de la Black Library. 1 : Mon préféré étant le Prosecutor-Prime Evios Goldfeather, nommé ainsi en raison de la plume d’autruche qu’il s’est fièrement planté dans le c… asque. Le casque. Fluff: Celestial Vindicators : Légion de Stormcast Eternals portant une armure turquoise rehaussée de sigmarite dorée et de cuir d’un rouge profonde. Les Celestial Vindicators ont la reputation d’être les Stormcast Eternals les plus agressifs, toujours les premiers à se jeter dans la bataille. Parmi leurs chambres de guerre, on compte les Lames d’Orage de Thostos Bladestorm et les Argellonites de Mykos Argellon. Stormcast Eternals : L’une de leur première mission après leur creation par Sigmar a été d’exterminer les Orruks d’Azyr. Michael R. Fletcher (3) Révélation Michael R. Fletcher (l’initiale du 2ème prénom est importante pour ne pas confondre notre homme avec ses nombreux homonymes, dont un acteur et un joueur de football américain) est un auteur de science-fiction canadien ayant rejoint la Black Library avec quelques ouvrages à son actif (Manifest Delusions, City of Sacrifice). Pour l’heure, notre Fletcher se spécialise dans une faction aussi nouvelle que lui-même dans l’univers d’Age of Sigmar : les Ossiarch Bonereapers, pour lesquels il a écrit ‘A Tithe of Bone’ et ‘Strong Bones’. • A Tithe of Bone Révélation Oaths and Conquests/2020/15 pages Intrigue: Markash, champion de Tzeentch de son état et philosophe bavard à ses heures perdues (il commence la nouvelle en dictant ses pensées sur la destinée à son scribe Palfuss1) a été envoyé par ses patrons conquérir la ville de Knazziir, en Shyish, histoire d'apprendre à ce vieux chnoque de Nagash que le changement, c'est maintenant. Persuadé d'avoir hérité d'une destinée grandiose, il ne doute pas un instant de réussir là où son ancien mentor, le légendaire Ammerhan, a failli. Cet autre Élu de Tzeentch a en effet cessé de poster sur Instagram peu de temps après avoir commencé sa campagne necrophobe, ce qui laisse à penser que les indigènes ont eu sa peau, ou plutôt, ses os. Ayant réussi à enlever Knazziir en un après-midi de glorieux combat, Markash a passé les dernières semaines à la défendre contre les attaques, à vrai dire mollassonnes, des âmes damnées du grand Nécromancien, qui poppent au petit bonheur la chance de façon régulière. Cela lui laisse donc beaucoup de temps pour enrichir son corpus philosophique, même si son humeur reste, comme son épée démoniaque Ktchaynik2, massacrante (en témoignent les volutes de fumée noire exhalées par les joints de son armure). Alors qu'il était sur le point de revisiter 'I Had a Dream' à la sauce samouraï architecte (du changement), il est interrompu dans son exposé par l'arrivée de son bras droit, le chevalier Stayn Lishik, qui lui annonce que des "morts bizarres" se sont présentés à la porte de Knazziir. Remisant ses souvenirs d'enfance dans sa psyché éclatée, Markash sort de son isolement pour voir de quoi il en retourne. Effectivement, un petit groupe ossu patiente obligeamment devant les murs de la cité. Menés par un Mortisan Soulreaper très poli, les collecteurs de Nagash demandent que la dîme d'os leur soit remise. "Des os neufs" précise Morty, après que Markash lui ait fait remarquer que les alentours de la ville étaient tapissés de cadavres en plus en moins bon état. Le Nag' ne fait pas dans la seconde main (ni pied, ni jambe, ni cage thoracique) pour son élite combattante, c'est bien connu. Peu impressionné par les envoyé mortifères, Markash décide d'aller se dérouiller les solerets et entraîne quelques uns de ses suivants avec lui - laissant la cité aux mains avides de Stayn Lishik en son absence - pour débiter de l'os à moelle. La bataille qui s'en suit se révèle cependant bien plus accrochée que ce à quoi s'attendait le champion de Tzeentch, qui voit ses guerriers se faire abattre, dépecer et recycler3 par les sac d'os, tandis que lui se trouve fort occupé à repousser les assauts d'un Necropolis Stalker en furie, dont l'un des aspects et des crânes se révèle être occupé par feu (rose de Tzeentch) Ammerhan. Après avoir mis son ancien professeur K.O./Chaos, Markash doit recommencer avec un duelliste Aelfe, un Stormcast Eternal, et une maîtresse bâtonnière bien vénère, qui prélèvent chacun un peu de son endurance et quelques éléments de son anatomie au passage. Finalement vainqueur de ce 1 vs 4 imprévu, et seul survivant de l'équipe anarchiste (je ne compte pas Palfuss, qui se contente de prendre des notes dans un coin), Markash exulte un court instant... avant de se faire prendre la tête d'un coup de faux par le Mortisan Soulreaper de garde. Pas très fair play, ça. Par un étrange revirement de situation, peut-être dû à l'endroit où se déroule le récit, ce n'est pas la fin pour notre champion déchu, qui contemple d'un air (et d'un crâne) détaché son corps être collecté par les Ossiarchs, et sa tête incorporée au Stalker qu'il venait de vaincre, en remplacement de ce bon à rien d'Ammerhan. Sonné par l'expérience, il se "réveille" un peu plus tard dans son nouveau corps, totalement rallié à la cause du Nag' grâce aux bons soins des Mortisans Soulmasons, qui ont remplacé toutes les mentions de Tzeentch dans son code interne par Nagash. Voilà un bel exemple d'économie circulaire appliquée. Les Soulmasons ne l'ont toutefois pas débarrassé de sa croyance en la destinée, et Markash se fixe donc le but de grimper dans la hiérarchie des Ossiarch Bonereapers jusqu'à devenir Katakros à la place du Katakros4. Il faut bien avoir des rêves dans la (non) vie. L'histoire se termine avec le retour de notre héros devant Knazziir, où il a le plaisir de défier en duel son ancien assistant de direction, qui n'a pas fait grand-chose pour venir à son secours lorsqu'il en avait eu besoin. Le combat entre un Markash calcifié et un Stayn Lishik sur-stuffé (il a récupéré l'épée de son patron) est rapidement expédié, et le vaincu mis à profit pour construire un petit Kavalos (triste destin pour un chevalier du Chaos). Comme quoi, il n'est jamais trop tard pour opérer une réorientation professionnelle dans le monde merveilleux d'Age of Sigmar. 1: Vu de loin, on aurait dit Hitler dictant ses pensées à Rudolf Hess, sauf que le livre se serait appelé 'My Change' au lieu de 'Mein Kampf'. 2: D'où dérive ce cri de guerre bien connu: "Ktchaynik, Ktchaynik,Ktchaynik... Aïe Aïe Aïe". 3: Les Ossiarch Reapers ont bien des défauts, mais ce sont les champions incontestés du tri sélectif des Royaumes Mortels. 4: Ce même sentiment le pousse à bolosser ses camarades de crâne, sur lesquels il a prouvé sa supériorité. Il existe donc dans les armées de Nagash un Necropolis Stalker qui n'utilise qu'un seul Aspect - l'aspect de Bogosserie - pour tataner ses adversaires. C'est ce qui s'appelle avoir une nuque roide. Avis: Soumission sympathique de la part de Michael Fletcher, A Tithe of Bone permet au lecteur d'en apprendre un peu plus sur la nouvelle faction des Ossiarch Bonereapers, et plus particulièrement, sur les mortels Necropolis Stalkers que notre héros finit par rejoindre, d'abord à sa tête défendante. Si le titre et la structure de la nouvelle permettent au lecteur d'anticiper le triste destin de Markash, que l'auteur arrive bien à "caractériser" dans les quelques pages qui précèdent sa dernière sortie en ville, le choix de Fletcher de poursuivre la narration après la décapitation de son héros, pour surprenante (dans le bon sens) qu'elle soit, lui permet d'explorer plus en profondeur les arcanes et le fonctionnement de troupes de choc de Nagash. On sort de cette nouvelle avec une meilleure idée du potentiel et de la dangerosité des Ossiarch Bonereapers, qui ne sont définitivement pas venus dans les Royaumes Mortels pour faire de la figuration. Do fear the reapers... Fluff: Ammerhan : Champion de Tzeentch réputé, envoyé par Archaon conquérir Knazziir, une ville de Shyish contrôlée par Nagash. Vaincu par les Ossiarch Bonereapers, il fut incorporé dans un Garde Mortek, avant d’être remplacé par son ancien élève Markash, lorsque ce dernier s’essaya à son tour à la conquête de Knazziir. Necropolis Stalker : Ces guerriers d’élite des Ossiarch Bonereapers sont un agrégat de plusieurs âmes de champions mortels, possédant chacun leurs aptitudes et techniques. Si un ennemi arrive à vaincre un de leur aspect, un autre peut prendre sa place. • Strong Bones Révélation Black Library Advent Calendar 2019/2019/16 pages Intrigue: Jeunes Ogors idéalistes (un peu) et affamés (beaucoup), Stugkor – Stug pour les intimes et les moins dégourdis, ce qui va assez souvent ensemble chez les ogres – , Chidder et Algok décident de fuguer de leur tribu. Le but de cette manifestation, somme toute assez classique de leur mal-être adolescent et de la remise en cause de l’autorité établie qui va avec, est simple : trouver un campement humain dans lequel se servir directement, la consommation des restes rapportés par les vrais chasseurs du clan ne suffisant plus à nos rebelles. Aussitôt dit, aussitôt fait : le trio enfourche ses scooters débridés Ferox et part à travers la taïga hivernale, à la recherche d’une proie digne de lui. Las, les vastes étendues et la faible densité démographique de cette partie de Ghur ont tôt fait d’épuiser l’enthousiasme juvénile des teen-agers, qui peinent dans la neige et le froid pendant quelques jours avant de tomber sur le village qu’ils appelaient de leurs vœux (et de leur estomac). Manque de chance, Stug et Cie ont été devancés par une armée de constructions squelettiques, affairées à dépecer les cadavres de leurs victimes, dans le but de récupérer les os de ces dernières. Un comportement à la limite du sacrilège pour nos Ogors affamés, qui ne comprennent pas pourquoi les morts-vivants jettent de la viande de premier choix pour se concentrer sur les parties dures des cadavres. Il y a certes de la savoureuse moelle à l’intérieur, mais tout de même ! Leurs savantes supputations sont toutefois interrompues lorsque le Soulreaper en charge de l’opération de tri et de collecte, pose son regard perçant sur les badauds bedonnants, et envoie l’un de ses Deathriders kavaler aux alentours. Confiants dans leur capacité de régler son compte au scout ossu, les Ogors piquent des deux et contre-chargent, pour des résultats assez dramatiques. Le Kavalos n’a en effet aucun mal à coup-fataler les Ferox de la fine équipe, ne laissant que Stug en état de se battre après que ses comparses aient raté le test de terrain dangereux consécutif à leur désarçonnage. Et, si l’intraitable squelette finit en esquilles, ce n’est pas sans avoir gravement blessé notre héros, et l’avoir complimenté sur sa solide ossature (ce qui revient sans doute à une déclaration d’amour lorsqu’on est soit même constitué uniquement de cela). En rade au milieu de nulle part et confrontés à une horde de fémurs pas vraiment amicale, les trois petits ogrons décident de mettre les bouts pour avertir leur tribu de l’arrivée de ces nouveaux voisins. La course de fond étant, comme chacun sait, une spécialité des morts-vivants, et voyant la partie mal engagée, les Ogors se séparent, espérant qu’au moins un d’entre eux parviennent à bon port. La fin de la nouvelle est ainsi centrée sur Stug, qui après un vaillant effort, finit par cesser sa course pour faire face à l’inévitable. Les Bonereapers prenant les choses de la guerre très au sérieux, notre vaillant gros lard a l’occasion de prouver sa valeur en concassant un certain nombre de champions ennemis, jusqu’à ce qu’un Stalker vienne finir le job. À l’agonie, Stug ne peut même pas tirer un peu de fierté de la réussite de son plan de contingence, Chidder et Algok ayant déjà été calcifiés par les sbires de Nagash, comme notre héros vaincu ne peut que le constater alors qu’il gît dans la neige. Et quant au sort de sa tribu, il est également scellé, comme lui apprend l’aimable Soulreaper de faction : ses sortilèges lui permettront de prendre possession des souvenirs de sa prochaine victime en même temps que de sa dépouille mortelle. Moralité : ventre affamé n’a pas d’oreilles, mais attention à ne pas tomber sur un os. Avis: Fletcher signe une nouvelle aussi solide que les os de ses malheureux personnages, dont l’un des attraits est la mise en avant de deux factions encore assez peu couvertes par la Black Library à ce jour : les Ogors et les Ossiarch Bonereapers. Si le propos de ce Strong Bones est avant tout de permettre aux petits derniers de Nagash (décidemment un family man) de faire leur entrée dans le monde (ou plutôt, dans les Royaumes), Fletcher se révèle également assez habile dans l’utilisation de Stugkor, Chidder et Algok, et parvient à donner une bonne image de la mentalité et du quotidien des Ogors. Au final, on ressort de cette lecture avec une meilleure image du danger que représentent les Ossiarch pour les autres factions d’Age of Sigmar, ainsi qu’avec une description crédible d’une des plus discrètes de ces dernières. Que du bonus. Fluff: Ogor (Croyances) : Les Ogors considèrent que la meilleure viande est celle qui celle « qui a un plan », c’est à dire qui provient d’un individu intelligent. Les Aelves sont particulièrement prisés de ce fait, les humains venant après, et les animaux ensuite. • No Matter the Cost Révélation Inferno! #5/2020/26 pages Intrigue: Réveil douloureux, comme tous les matins, pour le vieil ermite Fell. Son rituel de lever consiste en effet à constater l’étendue des dégâts infligés par une longue vie et des capacités de guérison très limitées. Et pour cause, notre héros accuse plus de cinq siècles au compteur, et ne peut tout simplement pas se remettre de la moindre blessure, fracture ou luxation. Pourquoi ? Nous n’allons pas tarder à le savoir. Pour l’heure, après avoir rappelé à ses pieds, mains, doigts, genoux et dos à quel point il les détestait (et c’est réciproque), Fell se traîne jusqu’à la cuisine de son petit deux-pièces, où il ne tarde pas à recevoir la visite de sa jeune voisine, Rita. Cette dernière est une bonne âme, qui, en plus de lui apporter quelques victuailles sous la forme de pain et pommes de terre (et, devinez quoi ? Fell déteste les patates), lui fait sa vaisselle, la conversation et l’invite à rejoindre le reste de la communauté à la taverne locale ce soir, où l’aubergiste lui paiera un coup à boire et où il pourra entendre chanter la divine Terese, qui semble avoir le béguin pour l’irascible vieillard, si ses dons réguliers de tubercule peuvent être considérés comme une tentative de flirt (après tout, on est dans un pauvre village de Shyish). Malgré les tombereaux d’insultes et de menaces qu’il déverse sur la fillette, Fell finit par se laisser convaincre d’aller s’en jeter un petit ce soir, histoire de briser sa solitude. Et seul, il l’est… Un flash-back intercalé avec la trépidante vie sociale de Hollow’s Dell (le hameau en question) nous permet en effet d’en apprendre un plus sur le Grouch du Royaume de la Mort. Scribe employé par les magisters de Glymmsforge, Fell avait, en des temps très anciens, une femme (Ruhinn) et une fille (Leona). Lorsque cette dernière tomba malade et mourut, il mit à profit sa mémoire eidétique pour recopier de tête un grimoire de nécromancie qu’un riche commanditaire lui avait commandé (on ne pose visiblement pas de questions d’éthiques à Glymmsforge), ainsi qu’un dictionnaire bilingue lui permettant de décoder les pages qu’il avait auparavant copié sans comprendre. Ce choix de vie ayant reçu l’approbation de son épouse, tout aussi désespérée que lui par la mort de leur fille, Fell avait passé la décennie suivante à bûcher sa méthode Assimil nécromantique, plongeant le couple dans une misère noire mais lui permettant de se consacrer pleinement à sa nouvelle vocation. L’apprentissage du sort de résurrection ultime s’avérant trop compliqué pour notre autodidacte, il avait fini par accepter l’aide d’une professeur un peu particulière, ayant remarqué à ses prunelles enfiévrées (et sans doute à son teint blafard et ses cernes marquées) que Fell en était, tout comme elle. Appelée Misère, cachant son Âge1 derrière une plastique parfaite, et au service d’une mystérieuse Dame Oh, elle s’était engagée à apprendre à l’amateur les mystères des arcanes, en échange d’un service éternel. Au pied du mur et bientôt au bord de la tombe, Fell avait accepté, mais s’était carapaté discrètement avec sa petite famille une fois la connaissance acquise et le sort final jeté, espérant s’installer avec les femmes de sa vie dans un coin pas trop lugubre de Shyish pour rattraper le temps perdu. Malheureusement, Misère avait vu clair dans son jeu, et confronté la petite famille sur le bateau les menant vers leur nouvelle vie. Mettant son élève au défi de la stopper, elle avait dissipé le sort lancé sur Leona, renvoyant cette dernière conter fleurette à Nagash, et desséché sur pied la pauvre Ruhinn, avant de jeter à Fell une malédiction d’un genre un peu particulier : l’immortalité doublée d’une incapacité de guérir. C’est ainsi que notre héros en arriva à traîner sa mélancolie et sa carcasse fragile de village en village pendant des siècles, refusant à échéances régulières les offres faites par Misère de reprendre ses études, et se coupant volontairement du monde avec son comportement grossier pour ne pas donner de nouveaux moyens de chantage émotionnel à la vampiresse. Tout un programme. Alors qu’il se rend au bar du coin, ce soir là, Fell réalise que quelqu’un l’épie du haut de la colline voisine, et, comme de juste, c’est la Misère qui attend de se jeter sur le bas-peuple (lui, en l’occurrence). La tuile. Jugeant qu’il a au moins quelques heures devant lui avant de devoir évacuer les lieux, et souhaitant saluer une dernière fois ses gentils voisins, notre fringant vieillard va s’asseoir au bar, mais est bientôt abordé par un mercenaire patibulaire, envoyé par Misère lui faire la même offre que les décennies passées : rejoindre le service de Dame Oh, ou avoir le saccage de son village d’adoption et le massacre de tous ses habitants et particulièrement celui de Rita, qui s’inscruste sans gêne dans la discussion, sur la conscience. Bien que bluffant à mort que ses concitoyens ne représentent rien pour lui, Fell ne convainc ni le matamore, qui repart en jurant de revenir avec ses troupes dans deux heures, ni lui-même. Décidé à empêcher les ruffians de mettre leur forfait à exécution, notre héros décide donc de rompre le serment qu’il avait fait sur les cendres et ossements de sa famille de ne plus jamais recourir à la Nécromancie, et s’en va donc clopin-clopant rendre une petite visite au cimetière local… La suite et fin de la nouvelle voit Fell et ses légions de morts sans repos embusquer les reîtres de Misère à leur entrée dans le village, pendant que le reste de la population de ce dernier reste sagement enfermée dans l’auberge, comme leur mascotte édentée leur avait demandée. Le poids du nombre ayant remporté les débats, Fell résout d’aller traiter le problème à la racine, et mettre un terme à la non-vie de sa stalkeuse immortelle. Avant de s’embarquer dans sa croisade personnelle à la tête de ses troupes, il profite de sa nouvelle résolution pour annuler la malédiction que Misère lui avait lancé, et siphonne allègrement l’énergie vitale du menaçant mercenaire, fait prisonnier au cours de la bagarre, pour se refaire une santé et une jeunesse. À nous deux maintenant Misère ! Tu vas bientôt t’en mordre les dents, bougresse. 1 : Oui, son Âge, pas son âge. Ça vous donne une idée du nombre de kilomètres au compteur. Avis: Bien qu’il ait déserté pour l’occasion ses bien aimés Ossiarch Bonereapers, Michael Fletcher continue son odyssée Shyishesque de belle manière avec ce No Matter the Cost, dont la plus grande réussite repose à mes yeux dans la variété d’atmosphères que l’auteur convoque. Depuis les débuts plutôt humoristiques de l’histoire, où le lecteur fait la connaissance du cacochyme et ronchon Fell, jusqu’à sa conclusion résolument grimdark, où le même Fell passe enfin full Nécromancien et décide d’aller résoudre l’épineux problème de la Misère dans le monde, en passant par la tragédie personnelle qui l’a poussé à se lancer dans des études occultes, et même la petite touche émotionnelle qui traverse le récit lorsque notre antihéros réalise que, finalement, il s’est attaché à ses concitoyens de Hollow’s Dell et décide de les défendre, Fletcher parvient à habilement changer l’éclairage de la nouvelle au fil des pages, ce qu’il n’avait encore fait que partiellement (Strong Bones) et ce que peu d’auteurs de la BL sont capables de réaliser dans leurs courts formats. Cela démontre donc une maîtrise narrative certaine de la part de ce contributeur, et m’incite d’autant plus à suivre ses prochaines soumissions avec intérêt. Après tout, si un auteur passable peut faire illusion en traitant un sujet foncièrement intéressant, un auteur accompli peut maintenir un niveau de qualité appréciable quelque soit le thème qu’il choisit d’aborder. Partant, il vaut mieux investir son temps et son argent sur les écrivains faisant preuve d’une « technique » suffisante, lorsque cette dernière est détectable. C’est en tout cas mon avis. À côté de cela, une autre satisfaction que je retire de cette lecture est le choix de Fletcher d’avoir dépeint son héros de Nécromancien sous un jour positif, ce qui n’était pas arrivé depuis…Who Mourns A Necromancer (Brian Craig) ? Même si on se doute que les choix de Fell vont finir par lui monter à la tête, et que le chemin sur lequel il s’est finalement engagé après quelques siècles d’atermoiements, va le mener droit en enfer (ou l’équivalent des Royaumes Mortels), notre protagoniste finit la nouvelle comme un « gentil » avéré, et on se met à rêver de le suivre dans la suite de sa vendetta (ou vendett-Oh) personnelle contre la machiavélique Misère et sa mystérieuse – ou pas – protectrice. S’il est trop tôt pour dire si la BL autorisera Fletcher à poursuivre ses chroniques Fêllées, ce dernier a en tout cas réussi à piquer mon intérêt pour le Nécromancien Blanc de Shyish, qui retourne les armes de ses adversaires contre eux pour lutter contre la tyrannie des Mortarques et de leurs agents. À 40K, ça s’appelle être un radical, et c’est parfois toléré, alors pourquoi pas dans les Royaumes Mortels ? Fluff: Nécromancie : Il est possible de ressusciter réellement un mort (qui sera indépendant, et non sous la domination totale du Nécromancien comme un Zombie). Si le sort est annulé, l’individu ressuscité tombera en poussière. Le premier des neuf livres de Nagash contient ce sort. Culture (Shyish) : La pièce de théâtre ‘La Fin du Désespoir : Chute d’un Mortarque’ (The End of Despair : End of a Mortarch) a reçu un accueil contrasté en Shyish. Après une representation à Glymmsforge, les autorités ont ainsi fermé le théâtre et fait exécuter publiquement les acteurs. Michael J. Hollows (1) Révélation Fan de longue date des univers de Games Workshop, Michael J. Hollows a eu il y a peu l’occasion de contribuer à leur extension en endossant le manteau d’auteur conventionné par la Black Library. Pour les Royaumes Mortels, il a signé ‘Ashes of Grimnir’. • Ashes of Grimnir Révélation Oaths and Conquests/2020/19 pages Intrigue: La Loge d'Ealrung traverse une bien mauvaise passe. Située dans un petit volcan de Shyish, elle est assiégée ad vitam aeternam par les hordes désincarnées de Nagash, décidément guère partageur. Sentant la fin arriver sous peu, le Runemaster local, Orrag-Un, en est réduit aux mesures désespérées et se déverse un kilo de coke1 sur le pif, pendant que ses coreligionnaires chantent « pin-pon » (le chant secret des Fireslayers, qui leur permet de résister à la chaleur du magma) autour de lui. Inspiré par l’expérience, il subit plusieurs visions, à commencer par un petit teaser de la chute prochaine de la forteresse, mais parvient tout de même au bout de plusieurs tentatives à visionner le tuto « comment éviter l’annihilation (quand on est petit et roux) » sur la chaîne YouTube personnelle de Grimnir. La réponse divine, qu’il s’empresse de rapporter au Père des Rune Ealgrum-Grimnir et à sa cour (après avoir terminé son bad trip), est d’une simplicité enfantine : il faut que les Fireslayers aillent récupérer l’ur-or qui les attend dans la montagne de chez Smith d’en face. Problème, Ealgrum est moyen-chaud (un comble pour un Fireslayer) pour envoyer des guerriers dans une quête annexe, alors que la survie de la PME familiale est sévèrement menacée. Qu’à cela ne tienne, son unique fille, Varga (Agnès de son premier prénom), est prête à rendre son vieux pôpa fier en allant chercher le bling avec quelques volontaires pendant que ses douze frères se contentent de faire des nœuds dans leur barbe d’un air gêné. Girl powaaa. Accompagnée par Groggni, Oncle des Runes par la force des choses, le fyrd de ce dernier, un apprenti Runesmither raté (Ongrad) et un Berzerker à l’épiderme plus brillant que sa conversation (Ardvig), Varga part en direction de la montagne que lui a indiqué Orrag-Un, qui se trouve être la même vers laquelle son 13ème frère Grumgran s’est dirigé il y a des années, lorsqu’il a tenté (sans succès notable) d’ouvrir une franchise indépendante. Bien évidemment, les morts sans repos ne comptent pas laisser passer les Duardin sans leur jouer de vilains tours, comme leur souffler froidement dans le cou au passage, ce qui est très désagréable. La première embuscade, coordonnée par une Gardienne des Âmes mal-aimable, permet à notre petite troupe de gagner des points de style en fourrageant des spectres de bas niveau (comprendre qu’aucun personnage nommé plus de deux lignes avant ne meurt). Varga fait sa part du travail et mène par l’exemple en (tentant de) piquer à re-mort les assaillants avec vigueur, mais des résultats aléatoires. Saleté de règle spéciale « Ethéré ». Heureusement, Advig le fan de runing2 est là pour dissoudre les ectoplasmes entreprenants, et la petite troupe peut bientôt repartir. Arrivés à destination, les quêteux se rendent rapidement compte que cette dernière a été aménagée par la main de l’homme/du nain. Jonchées de cadavres plus ou moins décomposés, les galeries souterraines s’avèrent être désertes, mais alors qu’ils se rapprochent du cœur de la montagne, les morts se mettent soudainement à se réveiller… Révélation …Je suis sûr que vous ne vous y attendiez pas. Tout comme vous ne vous doutiez pas qu’à leur tête se trouve Grumgran, un peu moisi mais toujours vaillant. Que de surprises. Bref, c’est de nouveau la baston, et c’est cette fois plus dur pour les Fyreslayers, qui perdent même leur meilleur combattant lorsqu’Ardvig se fait faire une cravate colombienne par ce farceur de Grumgran en combat singulier. Croyez-le ou non, l’expérience se révèle être fatale pour le Berzerker3. Pas de quoi décourager Varga, cependant, qui loote le cadavre en récupérant non seulement la hache runique de son comparse, mais également sa rune de gonflette (qu’Ongrad lui cloue sur le biceps en pleine bataille) pour pouvoir manier l’engin avec plus de facilité. Il n’en faut pas plus pour que notre héroïne calme les ardeurs sororicides de son bro’ en quelques moulinets. Trop facile. Cette bataille remportée, les survivants sont libres d’aller piller la salle du trésor, qui contient une quantité faramineuse d’ur-or. Ayant rempli leurs coffres, ils prennent le chemin du retour le cœur léger… et arrivent trop tard pour sauver leur forteresse. Gag. Ils sont cependant aux premières loges (mouahaha) pour assister à la chute de cette dernière, et entendre le dernier cri d’Ealgrum-Grimnir (« Nagash, viens ici que j’te bute sale enc- ») avant que la poussière retombe sur les ruines de leur foyer. Jurant de revenir relever l’Ealfort et venger sa famille, Vagra est contrainte d’aller se chercher un autre QG ailleurs dans les Royaumes. C’est pas la mort après tout. 1 : Hollows a beau dire qu’il s’agit des cendres des ancêtres de la Loge, je ne pense pas qu’une substance aussi banale aurait des effets aussi puissants. 2 : À ne pas confondre avec le running. Le runing c’est comme le tuning, mais avec des runes. 3 : Je le souligne car l’auteur prend le soin de préciser qu’Ardvig était déjà mort lorsque Varga parvient à le rejoindre après qu’il ait été presque décapité par son frangin. Logique. Il aurait dû investir dans une Rune de Préservation. Avis: Michael J. Hollows signe avec Ashes of Grimnir une honnête nouvelle filler, et fait donc ses débuts au sein de la Black Library sans se faire remarquer, ni en bien ni en mal1. En choisissant de mettre en scène une faction (les Fyreslayers) dans une de leurs occupations iconiques (le scrap-booking la recherche d’ur-or perdu), l’auteur fait œuvre de vulgarisation fluffique, ce qui est l’une des lignes éditoriales de Nottingham, ne l’oublions pas. Petit twist dans un tableau sinon très (trop) classique, l’utilisation par Hollows d’un personnage principal féminin, Varga, en lieu et place du héros velu2 que nous étions en droit d’attendre ici, pourra être perçu soit comme une addition bienvenue, soit comme un quota « diversité » requis par l’époque, selon le point de vue depuis lequel on se place. La randonnée mortelle de la Sharon Stone de Shyish (vu son amour pour le meurtre au pic – peut-être à glace – ) et de ses ouailles, s’il elle se révèle aussi mémorable qu’un sommaire de Battle Tome, permet au moins à l’auteur de glisser quelques références culturelles et arcaniques bienvenues, comme ce « clouage de runes » improvisé pendant le combat final, que je ne m’imaginais pas vraiment comme ça, mais maintenant c’est canon. Reste à évoquer la conclusion du récit, et les conséquences aussi tragiques que surprenantes (en termes de déroulé de l’intrigue) du retour tardif de Varga jusqu’à son camp de base. Illustration que la prophétie n’est pas une science exacte, ou perche (magmatique) auto tendue par Michael J. Hollows pour convaincre la BL de le refaire bosser sur la suite de la saga de sa Fifi Brin d’Acier personnelle ? À vous de voir. À noter les points communs entre Ashes of Grimnir et La Route de Volturung (le Berzerker abruti, le Maître des Runes paria), même si la longue nouvelle de Haley est bien supérieure à celle de Hollows. 1: Je m’attendais à bien pire après avoir lu sur le blog Track of Words (qui chronique de façon semi-officielle les sorties de la BL) que son auteur se refusait à faire une revue de ‘Ashes of Grimnir’, car il n’avait pas été emballé par la nouvelle et ne souhaitait pas écrire de critique négative (ce qu’il ne fait effectivement jamais, même lorsque votre humble serviteur considérerait qu’un peu de vitriol ne ferait pas de mal). À ma connaissance, le malheureux Hollows a été le seul contributeure de la BL à recevoir un tel traitement, j’étais donc aussi curieux qu’inquiet de lire de quoi il en retournait. 2: Je ne me prononcerai pas sur la présence de barbe ici, le débat faisant encore rage parmi les experts. Fluff: Ealrung Lodge : Loge située dans l’Ealfort, en Shyish. Constamment attaquée par les armées mort-vivantes de Nagash, la forteresse finit par tomber, sous le règne d’Ealgrum-Grimnir. Sa fille, Varga, mena les quelques survivants de la catastrophe à la recherche d’un nouveau foyer. Binding of Ash : Rituel de Runemaster permettant à ce dernier, après s’être couvert des cendres des morts, de recevoir des visions de Grimnir, portant à la fois sur l’avenir et sur les moyens de modifier ce dernier. Miles A. Drake (5) Révélation Miles A Drake est – pour l’instant en tout cas – un barman d’Amsterdam qui écrit sur son temps libre des histoires se déroulant dans les univers bigarrés de la GW-Fiction. Spécialiste de la plongée en eaux troubles, on lui doit les nouvelles ‘The Harrowing Deep’ et ‘Ghosts of Khapthar’. Tout au fond de la mer // Les Aelves sont tapis : Idoneth Deepkin (3) • The Harrowing Deep Révélation Black Library Celebration Week 2020/2020/28 pages Intrigue: Le Prince Cycladaean poursuit le noble but de l’unification de toutes les enclaves Idoneth, préférablement sous la férule de son boss, le Haut Roi Volturnos, à qui il sert d’émissaire et de diplomate itinérant. Ayant engrangé quelques succès notables, notre héroïque héraut trouve cependant dans l’enclave de Dhom-Hain, gouvernés par la Haute Reine Mheáve et son époux, le très consort (le -sort est silencieux), Roi Akhamar, un défi à la mesure de ses talents. Incarnations même des farouches péquenots de Ghur – qu’ils sont, dans une certaine mesure – les Idoneth de Dhom-Hain n’ont pas l’hospitalité facile envers leurs cousins ultramarins, et ne se montrent guère emballés par le projet de désenclavement (c’est le cas de le dire) que Cycladaean pilote. Il n’y a guère que Mheáve pour se montrer moins glaciale que le reste de ses sujets, et tolérer que Cy’ prenne la parole à la cour, quand son butor de mari ne fait pas le moindre effort pour masquer l’animosité qu’il nourrit à l’égard de son hôte. Et il paraît que l’air marin rend aimable1. Ce délicat jeu de pouvoir et d’influence, dans lequel Cycladaean part perdant, est toutefois perturbé par les ravages causés par un mystérieux prédateur, ayant déjà rasé plusieurs hameaux périphériques de la cité de Rundhar, capitale de Dhom-Hain, et englouti corps et biens les trois expéditions de chasseurs envoyées lui faire les écailles. Saisissant sa chance, notre héros parvient à se faire inviter à la nouvelle partie de chasse montée par leurs altesses bassesses royales, contrariant tellement Akhamar au passage que le Roi décide de se joindre également aux réjouissances, afin de montrer que lui aussi, il en a (des branchies, sans doute). Empoignant sa fourchette magique Pontumahár et chevauchant sa fière monture tentaculaire Ishcetus, Malbrough Cycla s’en va en guerre mer, aux côtés d’une force conséquente d’Akhelians, tous montés sur des bestioles au nom décidément compliqué pour quiconque n’est pas familier de leur livre d’armée (sans blague). Sur la route des profondeurs, le Prince fait la connaissance de Saranyss, l’Isharann de garde, qui, eau surprise, se montre elle aussi plutôt sensible aux arguments fédéralistes, déistes et lumineux développés par l’onctueux VRP. Il faut dire que la donzelle a voyagé pendant sa jeunesse, et roulé sa vague d’enclaves en enclaves, ce qui lui a ouvert les yeux (façon de parler, voilà la fig’) sur les bienfaits de la coopération. Sur ces entrefaites, l’expédition vengeresse autant que chasseresse arrive sur les lieux des dernières déprédations du monstre, que ses membres se mettent à fouiller à la recherche d'indices. Pas de chance pour eux, ils ne réalisent qu’un peu tard que l’absence de traces sortant du village dévasté ne peut signifier qu’une chose : la présence du monstre en question, qui, malin autant que rusé, s’était caché dans un espace fumeur pour s’en griller une petite en attendant que son dessert arrive. Confronté à un Kharibdyss pétant le feu (c’est le cas de le dire), les Deepkin ne sont pas à la fête, d’autant plus que la coopération entre Cycladaean et ses comparses est loin d’être optimale : passe encore que Saranyss reste dans sa bulle – après tout, c’est à ça qu’elle sert – mais l’approche prudentielle adoptée par Akhamar et ses sbires laisse notre preux paladin en fâcheuse posture. Esquivant tant bien que mal les suçons insistants de la bête, il parvient de justesse à se désengager, et décide de charger son rival pour se passer les nerfs. Bon en fait, pas vraiment, il s’arrête juste avant de commettre l’irréparable et se contente d’engueuler Akhalamar comme du poisson pourri, ce qui est assez fluff. Il faut l’arrivée salvatrice de Saranyss, et son expertise pour faire retomber la pression, pour que les alliés ne commencent pas à se fritter, et se lancent à la place à la poursuite du Kharibdyss importun, blessé mais loin d’être mort. Après quelques minutes de marche, ou de nage, dans les profondeurs stygiennes de l’océan, les survivants arrivent en vue de l’antre du monstre, qui se trouve être le cadavre d’un autre monstre, mais plus gros (comme la plupart des bâtiments sur Ghur d’ailleurs). Comprenant que ses camarades de chasse ont toutes les dents de la mer contre lui, Cycladaean se décide à la jouer finement, et parvient à faire passer tous les PNJs restant en pertes et profits, à l’aide de sa science du placement (toujours mettre un gus entre soi et le concombre de mer polycéphale et enragé dont on viole l’intimité, c’est une règle d’or). Gardant le meilleur pour la fin, notre héros, un tout petit peu revanchard, joint l’utile à l’agréable en enchaînant un double kill grâce à son trident incendiaire2 : la bête et le bête. Émergeant seul, mais victorieux, de cette confrontation, le Prince rejoint Saranyss, qui avait une nouvelle fois décidé d’attendre prudemment à l’extérieur (dur de garer un leviadon, même en double file), et nos deux comparses se mettent en route pour Rundhar, où Cycladaean a maintenant bon espoir de convaincre Mheáve d’accepter le principe d’une reprise de contact avec les autres enclaves Idoneth. Après tout, la formule consacrée ne dit-elle pas : sans âme, ouvre-toi (au monde extérieur) ? 1 : On aurait beau jeu de me répondre que les Idoneth Deepkin n’en ont cure puisqu’ils vivent sous les flots. Ce que j’accepte. 2 : C’est encore plus fort sous l’eau. Avis: Plongée (haha) réussie de la part de Miles A. Drake dans le monde baroque et exotique des Idoneth Deepkin, 'The Harrowing Deep' se montre plus intéressant dans sa contextualisation de la faction dont il traite (leur rapport à Teclis, la volonté unificatrice de Volturnos, l’isolationnisme de certaines enclaves…) que dans la traque du Kharibdyss qui occupe une bonne moitié du récit. Non pas que l’auteur pêche (qu’est-ce que je suis spirituel, vraiment) dans sa mise en scène des passages d’action, qui se révèlent tout ce qu’il y a de plus correct, même si sans enjeu (on ne doute pas un instant que le héros va s’en sortir), mais seulement que ces derniers n’apportent qu’une faible valeur ajoutée par rapport aux descriptions « géo-politiques » qui ont précédé. Le temps passé par Drake à présenter Cycladaean, et dans une moindre mesure Saranyss, me laisse à penser que nous pourrions retrouver notre/s héros dans de nouvelles aventures d’ici peu, ce que le titre de la nouvelle (‘Ghosts of Khaphtar’, qui est une autre enclave Idoneth) citée dans la bio de notre homme laisserait en effet supposer. Même si le Prince de Belle Eau ne m’a pas emballé outre mesure, le concept du diplomate errant est suffisamment riche pour que j’accueille avec curiosité une nouvelle soumission de cet acabit. On peut enfin reconnaître à Miles A. Drake son appropriation et utilisation poussées du lore des Idoneth Deepkin, à tel point que le profane se perd parfois dans le glossaire racial dont l’auteur imbibe son récit. Pas que je m’en plaigne, notez, je préfère de loin faire quelques recherches complémentaires en cours de lecture plutôt que d’avoir l'impression d’être pris pour un abruti fini incapable de la moindre extrapolation. Tous dans le grand bain ! Fluff: Enclaves Idoneth: Ionrach, Nautilar, Briomdar, Dhom-Hain. Dhom-Hain : Située dans le Royaume de Ghur, et farouchement isolationniste, cette enclave est localisée dans la Fosse Noire (Black Trough) et s’étend autour de la cité de Rúndhar, où siège la Cour de la Gueule (Maw Court), construite dans le crâne d’une bête divine. Elle est dirigée par la Haute Reine Mheáve et son consort, le Roi Akhamar. • Ghosts of Khapthar Révélation Oaths and Conquests/2020/27 pages Intrigue: La Mer de Khapthar, en Shyish, est tarie. Si on peut remercier les plombiers Skavens pour ce haut fait d'ingénierie appliquée (qui a tout de même provoqué de légers dégâts des eaux et des os dans Vile Ville), ce drainage sauvage n'a pas fait que des heureux, en particulier les habitants de l'enclave Idoneth de Khapthar, que cet assèchement subit autant que subi a placé sous le regard furibard de Nagash (qui n'apprécie guère qu'on lui pique des âmes quand il a le dos tourné). S'étant absentée avec sa partie de chasse pour faire du spiritisme sur les côtes avoisinantes au moment des faits, la Soulrender Akhlys ne peut que constater l'étendue (boueuse et salée) du désastre, et se détourner de sa patrie, désormais perdue, pour entreprendre le périlleux voyage jusqu'à l'enclave la plus proche, Mor'phann. En plus de devoir passer par des territoires tenus par les suivants du Grand Nécromancien, les Idoneth doivent également composer avec la rarification des courants éthériques qu'ils mettent à profit pour se déplacer, condamnant leurs poissons de guerre à une asphyxie rapide, et - plus grave - notre héroïne à se débarrasser de son casque cérémoniel, bien trop lourd et encombrant pour être porté à l'air libre. Bref, c'est la lose. Escortée d'un Tidecaster traditionaliste (Tethyssian), d'un trio d'Akhelians démontés et d'un groupe de Namarti rendus encore plus obtus qu'à l'accoutumée par cette crise inédite de liquidité, Akhlys choisit de privilégier une approche furtive lors de la traversée de l'Isthme Blanchi, qui relie la nouvelle Mer Morte de Shyish - c'est dans l'esprit me direz-vous - au Quagmire qui abrite Mor'phann. Cependant, les survivants auraient grand besoin de récupérer des âmes en route, d'abord pour remettre sur pieds les blessés qu'ils transportent avec eux, mais également redonner du pep's et des yeux runes brillantes à leur contingent de Namarti, et, pourquoi pas, avoir de quoi monnayer leur passage jusqu'à Mor'drechi auprès des autochtones1. Cela tombe bien, un village fortifié se trouve sur leur route, et nos Idoneth mettent à contribution les malheureuses sentinelles qui croisent leur route pour se requinquer, l'altruiste Akhlys décidant de claquer ses âmes mal acquises au bénéfice de la classe laborieuse des Idoneth, plutôt que les garder de côté pour plus tard. La progression de la cinquième colonne finit toutefois par être repérée par les natifs, qui se mettent à donner la chasse aux militants de Sea Shepherd, juchés sur leurs échasses et tromblons à la main (un beau mélange). Ils peuvent également compter sur le support de la milice locale, constituée des cadavres animés de leurs anciens, et sur l'appui aérien prodigué par Batgirl, une vampire ailée à faux cils et faucille, ne se déplaçant jamais sans ses nuées de chauve-souris de compagnie. La nouvelle change alors de rythme, et se mue en retraite stratégique/course éperdue vers l'océan, qui n'est bien entendue pas sans prélever un lourd tribut parmi les Deepkin. Lorsque ces derniers parviennent, après avoir remporté de haute lutte cette course à la mer, à se mettre enfin à l'eau, ils ne sont plus qu'une poignée, dont l'increvable mais bien crevée Akhlys, dont la trépanation sauvage de la suceuse de sang a plongé le reste des poursuivants dans la confusion. Il sera temps plus tard de se soucier de l'accueil réservé par les Mor'phann à leurs cousins mergains, pour l'heure, notre héroïne profite d'une thalassothérapie bien méritée, même si les vagues de la Quagmire ont une qualité huileuse assez particulière. Comme quoi, l'herbe peut être plus verte chez le voisin, mais l'eau n'est pas forcément plus propre. 1: C'est bien connu, les Mor'phann sont des morfales (d'âmes). Avis: Cette nouvelle soumission consacrée par Drake aux Idoneth Deepkin s'inscrit dans la droite lignée de The Harrowing Deep, publié quelques jours avant la sortie de Oaths & Conquests. On y retrouve le parti pris de l'auteur de plonger sans ménagement son lecteur dans les arcanes du fluff de la faction des Aelfs nautiques, en abreuvant largement ce dernier de références (en particulier géographique) dont il devra se dépatouiller comme un(e) grand(e). Subtilité/complexité supplémentaire, Miles Drake intègre à son intrigue des éléments de background tirés de Malign Portents, où il est pour la première fois (à ma connaissance) fait mention de l'enclave de Khapthar, et des conséquences de ce relativement nouvel arc narratif, comme le drainage de la Mer de Khaphtar. Au final, si vous n'êtes pas un minimum familier avec la civilisation des Idoneth (en particulier leur dépendance aux courants éthériques) et avec le néo-fluff des Royaumes Mortels, il se peut que vous ayez un peu de mal à vous repérer dans cette histoire, qui est sinon assez simple dans sa construction (une petite bande de survivants doit aller d'un point A à un point B sans se faire repérer). J'ai d'ailleurs trouvé The Harrowing Deep plus intéressant à lire, car Drake y livrait une double intrigue (la chasse au gros d'un côté et la rivalité entre les héros de l'autre), alors que Ghosts of Khapthar se rapproche de la nouvelle d'action made in BL, dont le but premier est de romancer une bataille pour permettre à une partie du bestiaire de la faction mise en avant de s'illustrer au combat. Dommage que l'auteur ait terminé son propos avant qu'Akhlys et ses derniers suivants n'aient fait leur jonction avec leurs cousins Mor'phann: assister à la rencontre des ressortissants de deux enclaves Idoneth aurait été intéressant, car les relations ne semblent pas au beau fixe (ou au Grand Bleu) entre les habitants de Bikini Bottom. Au titre des satisfactions, relevons la touche d'exotisme que Drake insuffle à son récit avec sa description des pêcheurs de Shyish, qui avec leurs échasses, leurs arquebuses et leurs accessoires de bois flotté et plumes de mouettes, s'avèrent être hauts en couleurs. En comparaison, la vampire qui sert d'antagoniste principale apparaît comme assez quelconque, et pas vraiment mémorable. Une nouvelle plus compliquée que complexe au final, et s'adressant davantage aux fluffistes acharnés d'Age of Sigmar qu'aux lecteurs casu' de la BL, même si la marche n'est pas inatteignable pour les seconds. Fluff: Amalthussanar: Cité Idoneth située dans la Mer de Khaphtar, en Shyish. Envahie par les Skavens après que la mer qui la camouflait ait été drainée par les manigances des hommes rats. Les survivants trouvèrent refuge auprès de leurs cousins Laebreans, en Ghur. Mor’drechi : Cité Idoneth de l’enclave Mor’phann, en Shyish. Mor’phann est située dans le Quagmire, une étendue d’eau séparée de la Mer de Khaphatar par l’Isthme Blanchi (Bleached Isthmus), qui fait partie des Royaumes Revenants (Revenant Kingdoms). Rite des Embruns de Torpeur (Effluvial Torpor) : Sortilège Isharann recouvrant sa cible d’une pellicule de glace, ralentissant ses mouvements et en faisant une proie facile pour les Idoneth Deepkin. • Soul Warden Révélation Aelves Week 2022/2022/32 pages Intrigue : Même dans un univers de high fantasy aussi pittoresque que les Royaumes Mortels, il faut que certains se tapent le sale boulot pendant que leurs petits copains font carrière dans les armes ou dans la magie. C’est le cas de notre héros, Lotann, qui exerce l’utile mais terne profession de Gardien des Registres des Âmes chez les Idoneth Deepkin. L’extrême dépendance de ces Aelfs maudits aux âmes dérobées à leurs voisins côtiers font de la bonne comptabilité de cette manne une priorité absolue, et le grand projet de Lotann est de produire rien de moins qu’une monographie sur ce sujet… passionnant. Pour cela, il voyage d’Enclave en Enclave, et arrive ainsi dans la cité sous-marine d’Ymmerloc pour tenter d’avoir accès aux archives du chorrileum local. Ymmerloc étant située en Shyish, l’Enclave est engagée depuis des années dans une lutte sans espoir contre les armées de Nagash, qui cherchent à la localiser pour apprendre à ces squatteurs aquatiques que le Grand Nécromancien est maître chez lui. La venue d’un unique Soul Warden (accompagné de son Ochtar de compagnie, Mnemesthli) au lieu des phalanges de Gardes Akhelian et de Namartis que le Dialochian (conseil municipal) réclame de longue date à ce poseur de Volturnos n’est donc pas accueilli avec un enthousiasme délirant par les stoïques Ymmerlociens. Malgré l’intérêt général qu’il perçoit dans ses recherches, Lotann se voit refuser l’accès du chorrileum après une audience mouvementée du Dialochian, durant laquelle il perçoit, ainsi que le lecteur, que la notable Annamaras, Soul Warden également, semble avoir une dent contre lui. Jalousie mesquine contre un collègue ayant mieux réussi qu’elle, ou tentative de dissimuler un secret encombrant à un étranger influent ? Comme Lotann doit attendre la prochaine marée pour repartir vers sa prochaine destination, il a tout le temps pour enquêter sur cette rebuffade… Ayant discuté avec le Namarti qui lui sert de chauffeur Über lors du trajet entre l’hôtel de ville et l’Abysse Budget dans lequel ses hôtes lui ont pris une chambre, notre héros apprend que cette caste laborieuse est frappée depuis quelques mois par une malchance tenace lors des opérations de revitalisation nécessaires à sa survie sur le long terme. La propre fille de son interlocuteur a d’ailleurs succombé à ce rituel, plutôt bien maîtrisé par les Incubati Idoneth, il y a de cela deux ans. C’est une nouvelle raison pour aller traîner du côté du chorrileum, où davantage d’informations seront sans doute disponibles pour expliquer ces ratés persistants de la médecine Deepkin. Aidé par son fidèle poulpe éclaireur/cartographe/garde du corps, Lotann fausse compagnie à ses surveillants et s’en va remonter la piste de ce scandale sanitaire en puissance. Je vous passe les détails car cette enquête s’étire en longueur (et nous permet de visiter l’intérieur d’une maison de retraite, ce qui doit être une première dans la GW-Fiction) mais ne s’avère pas très riche en coups de théâtre : c’est bien la perfide Annamaras qui est derrière les déboires de Lotann et des Namartis d’Ymmerloc, car la Soul Warden cherche à créer une arme décisive contre les hordes de Nagash en bourrant de vieux Namartis d’âmes afin de créer des Vacuaris, capables de neutraliser à distance les constructions impies des Ossiarch Bonereapers en siphonnant les esprits qui les animent. L’idée lui est venue après la capture d’un Mortisan, qu’elle a gardé secrètement sous son laboratoire afin d’en étudier les secrets. Comme tout projet de recherche et développement, les essais et les ratés furent nombreux, expliquant la surmortalité suspecte des Namartis depuis quelques mois. Aidé par une Soulrender (Nsenthwe) déclarée hors la loi après s’être frontalement opposée à Annamaras et sa bande de guérilleros Namartis, Lotann monte un raid audacieux sur la chambre de revitalisation utilisée par la Soul Warden démente comme centre d’opérations, et parvient à la capturer sur le fait, et à la remettre à la garnison akhelianne, guère perspicace mais pas corrompue pour autant. La nouvelle se termine avec l’emprunt furtif et à durée non déterminée par Lotann des notes de recherche d’Annamaras, dont les travaux, s’ils n’étaient pas éthiques, pourront tout de même lui apprendre beaucoup de choses (ça me rappelle quelque chose…). Bien que le Mortisan gardé en stase par l’imprudente Soul Warden soit promptement désossé après sa découverte, il est malheureusement possible qu’il ait agi comme une balise GPS pour ses petits copains pendant sa captivité, ce qui pourrait sceller le sort d’Ymmerloc à moyen terme. Mais ceci est une autre histoire… Avis : Miles A. Drake signe sa troisième histoire Idoneth, et on retrouve dans ce ‘Soul Warden’ l’approche caractéristique de cet auteur envers sa faction de cœur : des tonnes de lore (si vous n’êtes pas familiers de toutes les enclaves, professions et bestioles Idoneth, ça risque de piquer), pas mal de fluff (et c’est logiquement l’enclave d’Ymmerloc qui en bénéficie le plus), et beaucoup de va et vient. Cette histoire diffère cependant de ses précédentes plongées dans les abysses aelfiques en ce que son héros se trouve être un personnage nommé, et qu’on se trouve en présence d’une nouvelle d’investigation plutôt que d’action. Et c’est malheureusement là que le bât blesse à mon humble avis, car l’enquête à laquelle se livre l’inspecteur morse poulpe n’a rien de bien palpitant. L’antagoniste est identifiée dès les premières pages du récit, et ses motivations mises à jour à la moitié de la nouvelle, ce qui retire tout suspens aux quelques quinze pages que le lecteur doit encore s’enquiller à ce stade. Il est possible que ce ‘Soul Warden’ ne soit que le premier épisode d’un arc plus conséquent (je ne vois pas pourquoi Drake aurait terminé son propos sur le « vol » d’un manuscrit probablement maléfique par son héros si ce dernier ne revient plus jamais nous intéresser à la comptabilité spirituelle de sa faction1), mais pris individuellement, cette nouvelle ne tient pas malheureusement pas ses promesses. 1 : Il y a aussi une sorte de gimmick qui est répété plusieurs fois dans la nouvelle. J’ose espérer que c’est volontaire. Fluff : Idoneth Deepkin (Enclave) : Ymmerloc se situe en Shyish, sous une mer gelée appelée Helfrost. L’Enclave est construite autour d’un énorme bryozoan à quatre troncs, l’Yggisilarc, où se situent les principaux lieux de pouvoir de la cité. Ymmerloc n’est pas gouvernée par un Haut Roi, mais par un conseil de neuf membres, le Dialochian. L’Enclave est engagée dans un conflit larvé avec Nagash, qui a envoyé ses légions d’Ossiarch Bonereapers localiser la cité Idoneth. Malgré les campagnes de diversion d’Ymmerloc, ses habitants savent que ce n’est qu’une question de temps avant que les forces du Grand Nécromancien découvrent l’emplacement de l’Enclave. Idoneth Deepkin (Culture) : Les Namarti ont besoin de nouvelles âmes tous les dix ans afin de survivre à leur malédiction. Ce rituel, appelé revitalisation, est effectué par une caste d’Isharann, les Incubati. Malgré la maîtrise de cette opération, cette dernière est tellement traumatisante pour le patient que les Namarti ne peuvent la subir qu’une demi-douzaine de fois, réduisant leur espérance de vie à quarante ou cinquante ans. Les individus ne pouvant plus être revitalisés passent leurs derniers jours dans des declinarium (creche wan). Les Idoneth qui vénèrent secrètement Slaanesh sont appelés mallachi. C’est un crime puni par de mort. Autres (2) • Red Knight Révélation Inferno! #6/2021/18 pages Intrigue: C’est jour de match pour Saroglek l’Amarkhaian et son banderium de guerriers d’élite. Envoyée par le bon roi Vlagorescu à l’assaut du dernier bastion de leurs ennemis honnis, les barbares Atrogai, la fine fleur du Domaine Reconnaissant se prépare à mettre un terme aux déprédations de cette peuplade sauvage. Toutefois, le maréchal Saroglek a reçu des instructions précises de la part de son suzerain : offrir à tous ceux qui se rendront la vie sauve et le pardon de leurs crimes passés s’ils consentent à jurer fidélité à l’impuissant monarque1. Si Vlagorescu a envoyé une bande de tirailleurs plutôt que de déployer son armée, c’est parce que les Atrogai, malgré leur manque de bonnes manières, disposent de machines de guerre d’une puissance inégalée, qui auraient prélevé un lourd tribut dans les rangs de ses guerriers. Le banderium est toutefois un adversaire trop rapide et mortel pour que cet avantage technologique puisse être mis à profit par les défenseurs de la forteresse, pris de court par l’assaut impromptu que lancent Charro le Grec et ses comparses. Et une fois le corps à corps engagé, les prouesses martiales des serviteurs du roi font rapidement la différence, avec une efficacité un peu trop sanglante au goût de notre héros, qui se chagrine de constater que personne n’accepte l’honnête proposition de reddition qu’il offre pourtant à ses adversaires terrifiés dès que la mêlée s’interrompt (généralement lorsque tous les Atrogai ont été démembrés par le bandonéon, soit un peu trop tard pour être utile). Après avoir pris les murs, puis vaincus les défenseurs du donjon où se terre Nashan, le seigneur adverse, Saroglek mène ses vétérans à la rencontre des ultimes guerriers ennemis, retranchés dans une chapelle pour un dernier carré… Révélation …Là encore, il ne peut que constater que sa proposition d’amnistie tombe dans l’oreille d’un sourd. Cependant, il comprend mieux pourquoi ses tests de charisme se sont tous soldés par des échecs critiques en contemplant son reflet dans les miroirs qui recouvrent les murs de la chapelle. Au lieu des fiers et nobles guerriers en armure de son banderium, ce sont des goules recouvertes de viscères et maniant des fémurs à moitié rongés qui lui apparaissent. Il s’agit évidemment d’un maléfice jeté par un sorcier Atrogai, et en l’absence de terrain d’entente possible entre assaillants et défaillants, les premiers massacrent les seconds de manière remarquablement horrible2. Un peu traumatisé de se voir si moche en ce miroir, Saroglek finit par lever le malentendu en fracassant les glaces à coup de masse, lui permettant de se refaire une beauté et une noblesse. L’histoire se termine par l’arrivée de Vlagorescu à la tête de son armée, un peu triste que son fidèle lieutenant n’ait pas réussi à rallier quelques survivants à sa cause, mais tout prêt à lui pardonner car avec l’annexion des terres des Atrogai, c’est un nouveau chapitre du Domaine, que dis-je, de l’Empire Reconnaissant qui va s’ouvrir. Et qui serait plus qualifié que le nouvellement appointé Grand Duc Saroglek pour mener les armées de son seigneur et maître à la conquête de Chamon ? Comme on dit dans les cercles autorisés : quand on l’attaque, le vampire contre-attaque. 1 : Je vous jure que c’est son titre officiel. 2 : On salue le talent de Saroglek, qui parvient à éviscérer un adversaire par la gorge. C’est ce qui s’appelle avoir le bras long. Avis: Il est difficile de donner un avis sur ‘Red Knight’ sans gâcher le plaisir de la lecture de cette nouvelle, aussi resterai-je volontairement cryptique1 dans mon analyse. Je commencerai par attribuer un carton rouge indiscutable à la Black Library, qui se permet de spoiler la fin de l’histoire dans le paragraphe introductif à cette dernière dans Inferno ! #6 (ne dîtes pas que je vous n’aurais pas prévenu). Non mais what the fluff, guys ? Il y a tout de même une raison pour laquelle Psychose ne commence pas avec Hitchock alertant le public que Norman Bates est sans doute complètement fou, mais cette dernière a visiblement échappé aux éditeurs de la BL. Ce (gros) grief mis à part, on se retrouve en présence d’un facsimilé d’une autre nouvelle de Drake, publiée quelques mois avant ‘Red Knight’, ‘Claws of Famine’ (‘Direchasm’). Si l’exécution est très satisfaisante, et l’auteur s’est indéniablement donné du mal pour donner de la consistance au royaume dans lequel l’histoire prend place, cette déclinaison du même thème par Miles A. Drake m’apparaît tout de même comme un signe de paresse narrative : dans un univers aussi riche qu’Age of Sigmar, resasser ses vieilles rengaines est encore moins pardonnable que dans d’autres franchises, moins permissives en matière d’invention. J’espère sincèrement, pour Drake et sa nouvelle faction de cœur que ni l’un ni l’autre ne resteront cantonnés à broder sur le même thème ad vitam aeternam. Autrement, il n’y a pas que leurs héros qui risquent de sombrer dans la désillusion… 1 : Mon Dieu, déjà un indice… Fluff: Domaine Reconnaissant : Territoire du Roi Vlagorescu (Flesh-Eater Court) localisé dans la péninsule de Sykarix, en Chamon. Le Domaine regroupe plusieurs tribus et ethnies : Amarkhaian, Karixian, Sradkol, Marakht. • Claws of Famine Révélation Direchasm/2020/27 pages Intrigue: Assiégée pendant un hiver par une harde d’Hommes Bêtes en maraude, la garnison de Gryphon Watch a connu des heures sombres et affamées avant que le noble roi Ghorphang ne vienne mettre en déroute les viles créatures à la tête de son armée. Et pendant que le monarque donne la chasse aux mutants, il revient au Duc Crakmarrow et à ses chasseurs expérimentés de ramener la tête de l’instigateur de l’attaque, un Chamane bestial (despoiler alert : it’s Grashrak) s’étant enfui en direction de Beastgrave lorsque la siège a été levé. Nous suivons particulièrement la traqueuse Valreek, dont le sommeil reste perturbé par des cauchemars récurrents des terribles mois de lutte et de famine qu’elle a vécu avant le retour du roi™. Ces songes agités ne remettent cependant en rien en cause sa détermination à rendre justice aux nombreux compatriotes qu’elle a perdus dans cette épreuve, et elle guide donc ses compagnons (le Duc et son garde du corps Gristlewel, l’Emissaire de la Nuit, le Boucher Royal et Maître Serre et ses oiseaux de proie) sans trembler dans le dédale souterrain où leurs proies se sont réfugiées. Si la chance commence par sourire à la Grymwatch (le nom trop kioul qu’ils se sont donnés), qui rattrape rapidement les traînards de la bande adverse, occupés à repêcher un cadavre pas trop abîmé d’une des nombreuses flaques d’ambre qui parsèment les cavernes de Beastgrave, les choses se compliquent méchamment par la suite. L’arrivée du Chamane et d’un Gor particulièrement costaud sur les lieux de l’affrontement contraint Valreek à battre prudemment en retraite lorsque l’Homme Bête la prend pour cible, ce qui l’isole du reste de ses compagnons. Bien qu’elle parvienne à se débarrasser de son agresseur en le faisant tomber dans un gouffre d’un jet de coutelas bien placé, la fatigue, la faim et le stress accumulés au cours des derniers jours la plongent bientôt dans un sommeil agité, où elle revit à nouveau la fin du siège de Gryphon Watch, juste avant que les renforts ne viennent renverser le cours de la bataille. Et, surprise, ce ne sont plus des Hommes Bêtes qui massacrent les prisonniers humains dans la grande salle de la citadelle, mais une horde de cannibales dégénérés… Révélation …Sous l’emprise de Beastgrave, Valreek va passer une semaine à errer dans les tunnels de la montagne, cherchant à retrouver ses compagnons mais se sentant également traquée par une bande de Goules, qu’elle essaie déspéremment de distancer. Elle est sur le point de mourir de faim lorsque la Grymwatch la localise enfin, et que le noble Krakmarrow lui fait boire un peu de son sang pour la remettre sur pied. Requinquée par ce bon coup de rouge, Valreek peut prendre place sur la feuille de match du grand final de la nouvelle, qui voit les traqueurs se faire embusquer par les Hommes Bêtes dans une salle recouverte de miroirs d’ambre. Dans la confusion de la bataille, notre héroïne se mange le bâton du Chamane en pleine poire, ce qui lui fait voir 36 chandelles… et lève temporairement le voile de folie qui lui obscurcissait les sens. Elle voit alors ses compagnons pour ce qu’ils sont vraiment, c’est-à-dire un ramassis de Goules pas vraiment recommandables, se rend compte qu’elle ne vaut pas mieux qu’eux, et se souvient du véritable déroulé du siège de Gryphon Watch, qui s’est terminé en orgie sanguinaire lorsque les nécrophages de Ghorphang ont submergé les défenseurs. Tenaillée par la faim, Valreek a accepté l’offrande de viande que le Vampire a présenté aux prisonniers humains, scellant ainsi son sort et la transformant à son tour en monstre. Cette triple révélation étant aussi dure à avaler qu’un bout de cadavre en putréfaction, Valreek accueille avec soulagement la flèche d’Ungor qui met fin à sa vie alors que la bataille est sur le point d’être remportée par la Grymwatch. Toutefois, comme rien ne meurt vraiment à Beastgrave (air connu), elle a la surprise de se réveiller un peu plus tard, ses camarades à son chevet. Heureusement pour elle, son trouble de la personnalité semble s’être totalement dissipé, et elle est à nouveau convaincue d’être une honorable (et pas du tout à poil) chasseresse, au service du grand et beau et noble (et chauve) Duc Krakmarrow. Ce dernier lui apprend d’ailleurs que son auguste majesté Ghorphang a donné, par pigeon interposé, de nouveaux ordres à ses loyaux serviteurs : s’assurer que le cadavre du monstre que le Chamane voulait réveiller dans les profondeurs de Beastgrave ne vienne pas menacer les paisibles sujets de son royaume. Une nouvelle mission pour la Grymwatch, qui saura se décarcasser pour l’amour de son suzerain… Avis: On commence à voir émerger un sous-type de nouvelles mettant en vedette les Flesh Eater Courts, et jouant sur les illusions dont se bercent les membres de cette faction, dans lequel on peut parfaitement ranger ce ‘Claws of Famine’ (je pense également à ‘He Feasts Forever’ de Lora Gray). Pour un lecteur un peu au fait de l’historique de cette faction, ou simplement du visuel de la Grymawtch, la révélation apportée par Drake au cours de l’histoire ne sera pas absolue, mais l’auteur parvient cependant à mettre en scène de façon prenante la réalisation, graduelle, délirante et douloureuse, de son héroïne qu’il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark, ce qui rend cette nouvelle assez intéressante à lire (plus que la moyenne des soumissions de ‘Direchasm’ en tout cas). Il s’agit d’une bonne illustration romancée de la lubie persistante qui frappe les cannibales naturistes d’Age of Sigmar (une des meilleures trouvailles de Games Workshop en termes de lore à mon humble avis), venant s’appuyer sur les éléments saillants du fluff de Beastgrave (les effets délétères de la montagne, l’ambre qui suinte de la moindre fissure, l’immortalité de fait des combattants), mais n’hésitant pas à avancer d’autres idées pour enrichir l’intrigue et le développement de cette dernière. Une offrande solide de la part de Miles A. Drake. Fluff: Rien de transcendant. Nicholas Wolf (1) Révélation Nicholas Wolf est un artiste et auteur free lance ayant commencé à collaborer avec la Black Library sur des projets 40K (Warhammer Horror et Blackstone Fortress). Sa destinée l’a toutefois mené vers les Royaumes Mortels et Warhammer Underworlds, où il s’est mis au service du Grand Architecte et de ses arcanites les moins efficaces (‘The Chains of Fate’). • The Chains of Fate Révélation Direchasm/2020/21 pages Intrigue: Après des centaines d’années, et autant d’échecs patentés et de morts honteuses, à tenter de relier Shadespire aux Tours d’Argent de leurs patrons Gaunt Summoners, les Yeux des Neuf se retrouvent catapultés dans Beastgrave à l’insu de leur plein gré. Pendant que son maître, le Magister Vortemis, fait style qu’il avait prévu ce changement de décor pour maintenir son image de profond devin auprès des acolytes Narvia et Turosh, le Tzangor K’Charik, à travers les yeux duquel cette histoire nous est racontée, se met à rêver d’une liberté retrouvée. En effet, si l’immortalité apportée par Shadespire l’avait condamné à une éternité de servitude auprès de Vortemis, dont la mort seule peut libérer l’Homme Bête de sa condition de garde du corps récalcitrant, Beastgrave devrait permettre à notre héros à bec de reprendre son indépendance, une fois que le boss aura mordu la poussière, pas vrai ? PAS VRAI ? C’est en tout cas l’avenir radieux que K’Charik a entrevu dans les entrailles du Kurnothi capturé et sacrifié par les Yeux des Neuf peu après leur arrivée en Ghur. Les semaines qui suivent voient les serviteurs de Tzeentch errer piteusement dans les boyaux de la montagne, sans évidemment pouvoir reconnaître publiquement qu’ils sont perdus (ce qui serait une faute lourde pour un arcanite). La situation devient tellement critique que Narvia, puis Turosh, font défection à leur patron, croyant pouvoir rejoindre leur ancien terrain de jeu de Shadespire par leurs propres moyens au lieu de poursuivre l’atelier spéléologie avec pépé Vortemis. Mais cela, le Magister l’avait évidemment prévu, comme il avait prévu l’attaque de la Chasse Sauvage de Skaeth1, qui est déclenchée alors que les deux rescapés se trouvent dos à, devinez-quoi, un gouffre sans fond. C’est décidemment le décor favori de ‘Direchasm’. Ayant bêtement claqué son premier bolt sur le Malkyn de la bande, dans un remake high fantasy de la rivalité entre Titi et Grominet, Vortemis se retrouve rapidement dans de sales draps, et oblige son obligé à s’exposer dangereusement pour venir à son secours. Ne pouvant désobéir aux injonctions de son maître, ni au collier enrouleur magique qui lui enserre la gorge depuis qu’il est entré au service du Magister, K’Charik se débrouille pour venir à bout de ses adversaires, encaisser une volée de flèches, et se placer entre Vortemis et Skaeth, en bon garde du corps qu’il est. Mais en bon garde du corps qui hait (son patron), K’Charik voit surtout les planètes s’aligner et le temps se ralentir alors que sa vision de la mort de Vortemis est sur le point de se concrétiser. Il attaque alors son maître, dans l’exact enchaînement travaillé à l’entraînement… mais ce fieffé coquin de Magister décide de tourner à gauche plutôt qu’à droite, ce qui lui vaut d’être quasi décapité par le Tzangor plutôt que par le Maître de la Chasse. Cette petite improvisation à part, le résultat convient tout à fait à K’Charik, qui ne bénéficie cependant que de cinq secondes de liberté avant que Skaeth ne lui règle son compte à lui aussi. Au moins, cette mort mettra fin à son intreminable service, pas vrai ? PAS VRAI ? Eh bien, non. Car, comme le chantent les poètes, RiEn Ne MeUrT vRaImEnT à BeAsTgRaVe, et K’Charik émerge bientôt de son coma profond pour découvrir que Vortemis n’a pas eu l’amabilité de décéder. Les deux loustics ont quelques mots durs en salle de réveil, mais peuvent repartir d’un bon pied/sabot une fois leur sac vidé et leur déception bue (pendant que Narvia et Turosh sont condamnés à respawner dans un bloc d’ambre et à étouffer dans leur prison gluante pour expier leur désertion un peu plus loin). Vortemis est en effet convaincu que Tzeentch l’a guidé jusqu’à cet endroit et à cet instant, et reste persuadé de sa capacité à faire basculer Ghur dans le Labyrinthe de Cristal pour la plus grande gloire du Chaos. Un projet comme un autre pour meubler une nouvelle éternité. 1 : Bien aidée dans sa traque des cultistes par les traces de sang laissées à dessein par K’Charik derrière lui, comme un petit poucet suicidaire et hémophile. Avis: ‘The Chains of Fate’ se distingue des nouvelles Warhammer Underworlds sur deux points essentiels : l’emploi d’une narration à la première personne (choix intéressant de Wolf de prendre un Tzangor comme protagoniste), et la bonne dose de second degré qui imprègne le récit. K’Charik voit en effet son boss comme un parfait incapable, et ses collègues de bureau (Narvia et Turosh) comme deux sycophantes aussi carriéristes qu’immatures, ce qui tranche agréablement avec la révérence aveugle habituellement réservée par les cultistes du Chaos à leurs supérieurs. On appréciera également la bonne exploitation que fait l’auteur de l’ancienneté supérieure des Yeux des Neufs par rapport à d’autres bandes de Warhammer Underworlds pour justifier le complot de K’Charik, qui croyait laisser l’immortalité subie de Shadespire derrière lui à son arrivée à Beastgrave. Tout cela donne un certain charme à ‘The Chains of Fate’, qui, s’il se finit comme la majorité des histoires de ‘Direchasm’ sur une résurrection attendue qui remet les compteurs d’intrigue à zéro, a fait preuve avant cela d’une originalité bienvenue. Fluff: Rien de transcendant. Nick Horth (2) Révélation Nick Horth doit pour le moment toute sa carrière d’auteur de la Black Library à la seule franchise Age of Sigmar, et plus particulièrement à son binôme de Répurgateurs de l’Ordre d’Azyr, les presque célèbres Callis & Toll (City of Secrets, Les Vieux Us//The Old Ways, L’Eclat d’Argent//The Silver Shard). Il a également consacré un roman court, Le Cœur de l’Hiver//Heart of Winter à la piratesse Aelf Arika Zenthe, en bisbille avec son paternel. Au service discret de sa Majesté: Callis & Toll (1) • Les Vieux Us // The Old Ways Révélation Sacrosaint & Autres Récits/2018/38 pages Intrigue: Affecté à la surveillance de la cité d’Excelsis, dans le royaume de Ghur, le répurgateur de l’Ordre d’Azyr Halliver Toll, escorté de son sidekick Armand Callis, est envoyé par ses supérieurs tirer au clair une sombre histoire de disparition à Marshpoint, une ville agricole située en périphérie de la Cité des Secrets. Le fils aîné de la puissante famille Junica n’a en effet plus donné signe de vie après avoir eu maille à partir avec quelques soldats de l’autre grande famille locale, les Dezraed, qui l’ont poursuivi jusque dans les profondeurs de la forêt d’Ulwhyr. L’entente entre Junica et Dezraed n’ayant jamais été cordiale, c’est une vendetta en bonne et due forme qui menace d’éclater entre les Capulet et les Montaigu de Ghur, guéguerre qui mettrait en péril l’approvisionnement des régiments d’Excelsis en précieuse soie d’acier, ressource collectée depuis les fermes arachnides de Marshpoint. Il va donc de l’intérêt général que cette triste affaire soit réglée dans les meilleurs délais, et qui de plus qualifié qu’un répurgateur pour traiter ce problème ? Nous suivons donc Thalys et Colle au cours de l’enquête à laquelle ils se livrent à leur arrivée dans le bourg miteux et boueux de Marshpoint. Après un interrogatoire croisé des patriciens des deux familles, l’énorme et suintant Fenrol var Dezraed, autoproclamé Gardien de Marshpoint du fait de sa capacité de bloquer à lui seul l’entrée de la ville s’il lui prenait l’envie de s’asseoir en travers du portail, et le sec et irritable Kiervaan Junica, nos experts se rendent sur les lieux de la disparition à proprement parler, escortés par l’homme de confiance du patricien Junica, un natif du nom de Ghedren, et par un trio de gardes Dezraed. Et s’il se pourrait bien que la rivalité larvée entre familles nobles ait bien fait couler le sang, les enquêteurs feraient bien de prendre au sérieux les rumeurs entourant la Sorcière Blanche d’Ulwyhr. Après tout, ils ont pénétré sur son domaine… Avis: C’est avec enthousiasme que j’avais vu revenir la figure iconique du chasseur de sorcières/répurgateur dans le lore d’Age of Sigmar, que son inclinaison high fantasy aurait pu « immuniser » à l’introduction de ce type de personnage, très grimdark par nature. La lutte contre les cultes chaotiques gangrénant le nouvel ordre rutilant de Sigmar constitue en effet à mes yeux un axe de développement des plus intéressants, et une prise de recul bienvenue sur le manichéisme caractéristique des premières années d’AoS. Encore fallait-il que l’image d’Epinal Hammerhal de l’inquisiteur traquant le vice et la trahison parmi les sujets obéissants de l’autorité centrale (préférablement divine, c’est plus classe) soit convenablement adaptée dans cette nouvelle franchise, la profession en question exigeant une rigueur morale confinant à la psychose, ce qui n’est pas franchement la norme parmi la soldatesque sigmarite (ces martel-sans-rire de Celestial Vindicators mis à part), dépeinte à de nombreuses reprises comme adepte du compromis et de la tempérance. Qu’en est-il avec la paire Callis & Toll, promise à un bel avenir au sein de la BL à en juger de la façon dont leurs noms ressortent dans tous les ouvrages auxquels ils ont été inclus ? Eh bien, c’est plutôt pas mal, encore que pas spécialement pour les raisons détaillées ci-dessus. Je m’explique. Si le fanatisme (dans le bon sens du terme, car, si si, dans la littérature med-fan, cela existe) de nos héros laisse à désirer, la retenue dont fait preuve Toll, sensé être le vrai bad guy du duo, dans le jugement qu’il délivre au coupable, le plaçant à un petit 2 sur l’échelle de Mathias Thulmann (le référentiel absolu de la maison à cet égard), Horth se rattrape néanmoins en glissant quelques remarques de bon aloi à propos d’un certain White Reaper (Cerrus Sentanus sur son état civil), Stormcast Eternal pas vraiment Charlie, à tel point que son nom est utilisé pour effrayer les enfants d’Excelsis. Voilà un type qui mérite que l’on suive, et j’espère bien que ça sera le cas dans un futur pas trop lointain. Cela étant dit, The Old Ways a d’autres qualités, la première étant de proposer une petite enquête policière pas trop mal troussée au vu du nombre de pages limité avec lequel elle doit composer1, l’atmosphère horrifique du passage « sylvestre » du récit étant une autre source de satisfaction. D’autre part, cette nouvelle présente également l’intérêt de creuser le background de la cité libre d’Excelsis, qui devrait normalement ne pas disparaître corps et bien dans les annales du fluff, au vu du nombre d’apparitions qu’elle a faite dans divers écrits depuis son introduction dans le background. En apprendre plus sur cette bourgade présente donc un intérêt pour le fluffiste, tellement bombardé d’informations géographiques par ailleurs qu’on ne peut lui reprocher de ne pas prendre note de tout ce qu’on lui soumet. Enfin, de façon plus large, elle fait ressortir un concept intéressant : le fossé existant entre natifs d’Azyr et populations locales au sein des cités libres, les seconds étant généralement mal considérés, voire méprisés par les premiers, qui les qualifient « d’Amendés » (traduction personnelle de Reclaimed, qui peut aussi s’entendre comme « Récupéré ») ou de « Sang Maudit » (curseblood), ce qui n’est pas très sympathique, mais ajoute de la profondeur à la société sigmarite. Quand on lit que même un personnage « égalitariste » comme Toll n’aurait pas de problème à raser toutes les forêts de Ghur pour pouvoir accélérer la colonisation de ce Royaume, au grand désarroi des locaux qui ont appris à vivre dans les étendues sauvages et à les respecter, on se dit que la possibilité d’un soulèvement des indigènes contre la métropole et ses représentants est une possibilité réelle… et c’est tant mieux en termes de potentiel narratif ! Bref, une plongée satisfaisante dans l’arrière-pays d’Excelsis, et une nouvelle qui vaut le coup d’être lue pour qui s’intéresse au fluff des cités libres. 1 : On saluera également le twist proprement « meta » de Horth, qui fait dire à Toll qu’il avait identifié le coupable depuis belle lurette et attendait juste de voir combien de temps il faudrait à Callis (et donc au lecteur) pour faire de même. On ne me l’avait jamais faite celle-là. Fluff: Géographie (Ghyran) : Le Brackenmarsh est un marais situé à l’Est de la cité d’Excelsis et séparant la métropole de la forêt d’Ulwhyr. La ville de Marshpoint et ses plantations de soie d’acier (silksteel) se trouvent à la frontière entre forêt et marais. Faune (Ghyran) : Les marsh-striders sont des bêtes de somme utilisées par la population locale pour traverser les marais. Elles ressemblent à des mantes religieuses géantes (et herbivores), possédant de longs cils à la base de chacune de leurs six pattes, ce qui leur permet de marcher sur l’eau. Soie d’acier: La soie d’une des espèces d’araignée d’Ulwyhr. La force tensile de leur fil est telle qu’on peut utiliser ce dernier pour tisser des armures légères et résistantes. Indispensable pour l’équipement des milices d’Excelsis, du fait de l’absence de gisements de métaux à proximité de la cité. Cités Libres (culture) : Les populations humaines locales sont appelées « Amendées » (Reclaimed) par les Azyrites, un terme péjoratif dénotant une considération moindre. Le terme de « sang maudit » (curseblood) est employé pour les dénigrer. La Sorcière Blanche d’Ulwyhr : Légende locale, une apparition vengeresse vivant au coeur de la forêt et exigeant que les premiers nés des tribus vivant sur son territoire lui soient sacrifiés. Il s’agit d’une Banshee qui hante la région depuis des temps immémoriaux, et est toujours revenue après avoir été vaincue au cours des siècles. Autres (1) • The Manse of Mirrors Révélation Inferno! #4/2019/24 pages Intrigue: Recrutée par un influent marchand de la cité libre de Lethis pour « visiter » le manoir d’un des plus célèbres résidents de cette dernière, feu (ou plutôt, cendres) Phylebius Crade, Thaumaturge Suprême de Lethis que nul n’a revu depuis cinquante ans, l’archéologue militante Shevanya Arclis se retrouve à la tête d’une petite équipe de spécialistes pour mener à bien ce repérage d‘Un Trésor dans votre Château’. Son employeur a beau considérer comme acquis le décès du propriétaire, le home-jacking du (six) pied(s) à/sous terre d’un mage d’Améthyste de niveau 153 reste une expérience périlleuse pour l’aventurier moyen, comme Arclis et ses compagnons ne tardent pas à le découvrir. Ayant bien négocié les premières salles de ce donjon un peu particulier, Arclis et Cie se retrouvent dans le mal dans la galerie des glaces du manoir, qui ont la particularité d’être des portails donnant sur Shadespire les Vignes, petite bourgade typique de Shyish au centre-ville décrépit mais aux chargés de tourisme très motivés, comme le maître-voleur Goolan ne tarde pas à en faire l’expérience. Tiré au sort pour passer une nuit/vie dans un Air B&B local, le monte en l’air se mue en passe à travers, et file de l’autre côté du miroir découvrir les merveilles architecturales de Shadespire. Quelques secondes plus tard, c’est au tour de la noble aventurière Nazira El-malia de se faire mettre la griffe dessus, ou plutôt à travers, par un Spectre très entreprenant. Il faut toute la science arcanique du dernier membre de la compagnie, le mage stagiaire Dhowner, pour permettre aux survivants de regagner leur intimité, à grands renforts de porte blindée et de poudre de perlimpinpin. La pièce où Arclis et Dhowner ont trouvé refuge se révèle être le laboratoire et cabinet privé de Crade, et regorge de moultes reliques des plus dispendieuses, ainsi que d’un gigantesque miroir expérimental, dans lequel les intrus peuvent contempler tout ce qu’il reste de leur hôte. Ce dernier, peu rancunier, s’avère assez content d’avoir de la compagnie, et explique que cela fait cinquante ans qu’il est piégé dans la cité de Shadespire, sujet d’étude l’ayant littéralement absorbé, à son grand désespoir. Avertissant ses visiteurs que l’influence néfaste de la ville-miroir risque de s’étendre à Lethis à travers son prototype de catalyseur, et que seuls ses vaillants efforts ont préservé la cité corbeau d’un sort pire que la mort, Crade implore les gentlemen cambrioleurs de l’aider à clore une fois pour toute la ligne M du TER de Shyish. À Dhowner de refermer le passage malencontreusement ouvert par Crade – qui accepte noblement son sort de citoyen d’honneur et d’horreur de Shadespire – , et à Arclis de défendre son camarade le temps que le rituel soit accompli. Au grand énervement du maître des lieux, qui lui conseillait de se servir d’un espadon mythique dans sa collection personnelle pour tenir les morts sans repos en respect, notre aventurière choisit de s’équiper d’une dague de pierre sur la seule fois d’une inscription disant ‘feuklémor’ gravée sur la lame. Il n’y a plus de respect ma bonne dame. Révélation La suite de la nouvelle voit toutes les suppositions que le lecteur était en droit d’entretenir à propos de la conclusion de l’intrigue développée par Horth se réaliser. Comme de juste, Crade se révèle être un fieffé chenapan, dont l’altruisme cachait en fait des velléités de possession du malheureux Dhowner. Comme de juste, l’arme sélectionnée plus ou moins au pif par Arclis se révèle être un athame pour personnes en situation de non-vie. Comme de juste, notre héroïne parvient in extremis à empêcher Crade de faire du crade, en bousillant son miroir juste avant que le thaumaturge ait pu prendre entièrement possession de son padawan. Une monumentale explosion plus tard, les deux malfrats, catapultés dans le jardin du manoir, se font cueillir par la Morréchaussée, sans doute pour tapage nocturne. Mais la saga d’Arclis est loin d’être terminée… Avis: Après une quinzaine de pages prometteuses, dans lesquelles Horth parvient à instiller une ambiance macabre tout à fait satisfaisante, son The Manse of Mirrors débouche sur une conclusion assez tristounette, n’exploitant pas vraiment le potentiel horrifique et mystérieux de Shadespire, et résolue de façon très peu imaginative. Comme d’autres courts-formats de la BL, je crains que nous ne nous trouvions en face d’un texte pensé dès le départ par son auteur comme une part intégrale d’une oeuvre plus conséquente, ici la novella Thieves’ Paradise mettant en vedette notre Indiana Jones à oreilles pointues1, ce qui se solde malheureusement par des lacunes en termes de « singularité » de l’histoire développée. Bref, The Manse of Mirrors pourrait bien être le chapitre 0 de Thieves’ Paradise, et ce de façon très (trop) visible pour que le lecteur puisse réellement apprécier cette nouvelle de façon indépendante. Tout le monde n’a pas le talent d’un Dan Abnett, d’un C. L. Werner ou d’un Nathan Long pour réussir à jouer la partition du e pluribus unum de façon satisfaisante, et c’est encore une fois bien dommage. On mettra tout de même au crédit de Nick Horth les quelques ajouts de fluff qui parsèment sa soumission, qui achèvent de placer cette dernière dans la tranche haute du convenable. Cela aurait pu et dû être mieux, pourtant… 1 : Je me suis d’ailleurs aperçu qu’Arclis semblait avoir en main la dague piquée à Crade sur l’illustration de couverture de la novella. Fluff: Morrda : Dieu de la mort de Shyish ayant défié l’omnipotence de Nagash, et réussi à conserver son intégrité (rq : gros clin d’oeil à Morr). Morrda est vénéré par les habitants de la cité libre de Lethis. Raystone : Pierre lumineuse de Hysh, pouvant être utilisée comme une torche qui ne chauffe ni ne s’éteint pas. Deific Mons, ou Montagne des Dieux Silencieux, dont les plus hauts pics sont baignés des rayons dorés d’une lumière divine. Moût consacré (Saint’s Wort) : Mélange d’eau météoritique (starwater) azyrite et des os broyés d’un Prêtre Bataille, cette poudre repousse les morts-vivants. Katophrane Demius Mavos : L’un des maîtres de Shadespire avant sa malédiction par Nagash. Grum Damaz : Cette épée à la lame dorée et crantée, dont le nom signifie Vide Rancune, fut offerte en cadeau par les rois de la forge des monts Dhammask à leurs alliés de l’empire Lantique. Le roi Rhanuld Fireheart occis le Drac du Vide avec cette lame après un duel qui dura trois jours. Nick Kyme (2) Révélation Nick Kyme n’a pas encore posé sa griffe, ou son stylo, sur Age of Sigmar avec autant d’autorité qu’il l’a fait pour les autres franchises de la GW-Fiction. Question de temps, je suppose. On lui doit pour le moment quelques nouvelles et audio dramas, répartis entre le marteau de Sigmar et l’enclume du Chaos : ’The Lightning Golem’, ‘The Imprecations of Daemon’, ‘The Unending Storm’, ‘Borne by the Storm’. • The Unending Storm Révélation Call of Chaos/2015/11 pages Intrigue: Ghaar’eth (Gareth à partir de maintenant) le Fils de la Guerre, champion de la bande des Sang Forgés1, est un homme qui voit grand. Ayant imposé sa loi sur les Plaines Bestiales (probablement en Ghur) en massacrant tous ses rivaux les uns après les autres, il se dit qu’il serait Bête (c’est fluff) de s’arrêter en si bon chemin, et emmène ses hommes vers un orage tonitruant, considéré par son Prêtre du Massacre, Skarku, comme un bristol de Khorne pour la tenue d’une nouvelle boucherie. La tempête se déchaîne sur la vallée de Varnagorn, où sont plantés quatre totems cyclopéens, que l’on dit mener dans un autre monde, un peu comme le haricot magique de Jacques. Avant que de pouvoir se lancer dans cet ambitieux et exposé solo, Gareth doit toutefois composer avec la présence, assez saugrenue, d’un unique Liberator devant les grandes voies, prêté par Sigmar pour faire le vigile j’imagine. Baptisé Stormrider par Gareth, le Stormcast Eternal ne se dégonfle pas lorsque le champion de Khorne lui saute dessus pour lui racketer son masque (et son crâne avec), bien que l’affrontement tourne rapidement en faveur du chaoteux. Ce dernier, qui n’avait jamais affronté ce genre d’adversaire, est tout surpris lorsque sa victime part littéralement en un éclair, le privant d’un nouveau trophée fashion à mettre à sa ceinture. La vie est parfois cruelle. Nous retrouvons Gareth quelques temps plus tard et quelques hectomètres plus haut, après qu’il ait négocié l’escalade des totems de Varnagorn et atterri probablement en Aqshy, où il s’est fait pirate du désert. Nous le voyons donc s’approcher dangereusement d’un ver des sables de fort beau gabarit, à la recherche d’épice d’un accès vers un autre Royaume, qu’il sait se trouver aux tréfonds du rectum de sa proie. Comment est-ce possible, et comment le sait-il ? Mystère. Age of Sigmar n’a pas de temps à consacrer à ce genre de détail trivial. Sa séance de pêche au gros, qu’il dirige depuis le rostre de sa galère personnelle, comme le psychopathe qu’il est, est interrompue par l’arrivée d’un ost de pioupious clinquants, ou Prosecutors en langage corporate, menés par nul autre que le Stormrider, reforgé de frais. Malheureusement pour le manieur de trident, son surclassement par rapport à sa dernière incarnation ne fait pas le poids face à la force démoniaque de sa Némésis, qui fait Feu (c’est fluff) et l’embroche nonchalamment d’un jet de sa lance, portant le score cumulé à 2-0 en faveur des visiteurs. Vous vous doutez à présent que la scène suivante de la nouvelle est un autre affrontement entre Gareth et son stalker, qui prend place sur le dos d’un cadavre de mammouth animé (ou quelque chose comme ça), et probablement en Shyish. Stormrider est devenu Retributor, tandis que Gareth, la Mort dans l’âme (c’EsT fLuFf), a adopté un Juggernaut à la SPA locale. Leur affrontement, s’il est un peu plus serré que précédemment, se solde à nouveau par la victoire finale du champion de Khorne, qui commence à comprendre qu’il ne sera jamais débarrassé de son adversaire. Et en effet, un quatrième round a lieu dans un marais de Ghyran quelques temps plus tard, alors que les Sang Forgés ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes à la suite d’une campagne d’attrition mal négociée par leur chef, et les ravages du paludisme sans doute2. Stormrider, qui a retenu sa leçon des duels précédents et a obtenu un poste de Knight-Venator de sa hiérarchie, se la joue petit bras et abat Gareth d’une flèche bien placée, sans daigner affronter son ennemi favori au corps à corps. On va dire que ce sont les résultats qui comptent. C’est la Vie (…). C’en est donc fini de Gareth Fils de la Guerre et de sa horde… À moins que ? Car Stormrider pense reconnaître son vieux comparse dans la forme bestiale d’un Khorgorath en vadrouille avec sa bande dans les plaines d’Azyr. Et en effet, c’est bien Gareth, retapé par sa divinité, qui a fait le déplacement, et n’est pas contre la vengeance de la belle du match retour. La légende raconte que nous en sommes actuellement à 835 à 742… 1 : À ne pas confondre avec la bande des Sans Forget, une amicale de joueurs de tennis jamais sélectionnés dans l’équipe de France de Coupe Davis dans les années 2000. 2 : Les stocks d’hydroxychloroquine du Royaume ayant été dévalisés par la population d’Eaux Grises après une poussée de COVID soudaine. Avis: Pour ses débuts dans Age of Sigmar, Nick Kyme choisit d’explorer une des caractéristiques les plus marquantes des Stormcast Eternals : leur immortalité. Cette petite nouvelle, répétition ad aeternam/nauseam du combat entre un champion de Khorne et un paladin de Sigmar, fait l’impasse sur l’originalité au profit d’une construction itérative, permettant à chaque round de présenter un petit bout des Royaumes Mortels (dont Kyme arrive bien à retranscrire l’étrangeté et la variété) et une nouvelle classe de Stormcast, depuis l’humble Liberator jusqu’au mortel Knight-Venator. En prime est esquissée l’usure progressive de la Reforge, Stormrider terminant la nouvelle à peu près vide de souvenirs et de personnalité, et se raccrochant seulement à un nom dont il ne se rappelle plus l’origine. L’ultime retour de Gareth, sous sa forme de gorille-poulpe crâneur, fait enfin office de twist final assez bien trouvé de la part de Kyme, qui démontre qu’il n’y a pas que Sigmar qui a investi dans l’économie circulaire. Bref, ça fait la job, comme on dit au Québec, et pour une nouvelle des tous premiers temps d’Age of Sigmar, on ne peut raisonnablement pas reprocher grand-chose à ce ‘The Unending Storm’. Fluff: Rien à signaler. • The Lightning Golem Révélation Myths & Revenants/2019/23 pages Intrigue : Le Lord-Veritant Issakian Swordborne a un but dans les vies1, mettre la main sur un sorcier de Tzeentch lui étant apparu dans un rêve, sous la forme d’un homme à tête de corbeau. Cette quête obsessionnelle l’a mené à traverser les Royaumes Mortels à la recherche d’indices pouvant lui permettre de remonter la piste de sa proie, parfois comme membre d’une expédition de Stormcast Eternals, et parfois comme un poor lonesome lantern boy. Au début de notre histoire, il assiste ainsi un ost mené par le Lord-Celestant Vasselius Ironshield dans la purge d’une tribu de maraudeurs inféodés à Tzeentch, dans les décombres brumeux de la ville d’Harobard. Ayant perdu sa fidèle gryph-hound Rassia à cause d’une flèche malheureuse décochée par un cultiste emplumé, Issakian passe sa rage sur quelques mobs malchanceux, avant de repartir à la chasse aux présages mystiques dans les ruines de la cité « libérée » par ses petits copains en sigmarite. Il fait alors la rencontre d’une fillette égarée, qui lui fait regarder dans son zootrope (et pas son Zoanthrope) avant de disparaître mystérieusement, ce qui n’est pas du tout suspect, bien sûr. Qu’importe, on apprend par le biais de cet incident que l’Invocateur alias le Corbeau Pourpre (la cible de notre héros) est de mèche avec un golem de foudre, et que ce dernier pourrait bien être trop fort pour le night-clad king, qui est… Konrad Curze Batman Johnny Cash Issakian. Suivez un peu. Après avoir passé une dernière nuit d’amour dans les bras de la farouche Agrevaine (qui sert dans l’ost de Vasselius), et refusé catégoriquement qu’elle l’accompagne dans la suite de sa quête, sous prétexte que c’est trop dangereux et qu’il ne pourrait se pardonner qu’un camarade tombe en l’aidant à poursuivre sa lubie, Issakian part en direction d’une montagne à la forme d’une main griffue (c’est pas beau de copier sur les copains2) qu’il a vue dans un rêve. Ce qui est pratique. Et avec une escorte de huit Stormcast Eternals. Ce qui est en totale contradiction avec ce qui vient d’être dit. Trois ellipses plus tard, le groupe a été divisé par deux, mais a au moins atteint une caverne où les attendait le Roi Liche un squelette de guerrier assis sur un trône. Pendant que ses compagnons fouillent les lieux, le revenant constipé s’anime brusquement et enjoint Issakian à faire immédiatement demi-tour sous peine de devenir le prochain snack du golem de foudre. Notre héros proteste mâlement de sa vaillante vaillance, et parvient presque à convaincre l’ancien de lui donner un indice sur la prochaine étape de sa traque, lorsqu’un duo de Stonehorns se manifeste (c’était chez eux, en fait), et réduit les intrus en pastramis. Game over pour Issakian, mais comme il lui restait encore plusieurs vies, ce n’est que partie remise pour l’obsessionnel Lord-Veritant. On le suit donc à travers deux aventures successives, la première sur une frégate Kharadron qu’il a engagée pour l’amener dans un Portail de Royaume instable et colonisé par une nuée de Harpies (sans grande surprise, ça se finit mal), et la seconde en compagnie de rangers Aelfs, alors qu’il tente de se rendre dans une tour inversée plantée au milieu de la lande shyishoise. Alors que le groupe était sur le point de se faire submerger par une horde de Goules et leur Terrorgheist de compagnie, une troupe de Vanguard Palladors tombe des nues pour prêter main forte aux aventuriers. Heureux hasard, l’escadron est mené par Agrevaine, qui est montée dans les rangs depuis sa dernière rencontre avec Issakian. Malheureusement pour elle, son ancien amant a pris trop de coups de marteau sur la caboche à force de Reforges successives pour se souvenir de grand-chose de leur ancienne proximité, et refuse de se détourner de sa lubie quand elle lui propose de participer à une petite campagne nécrocide, comme à la belle époque. Finalement, Issakian finit par entrer dans le donjon tant recherché, où l’attend une vieille connaissance… Révélation …La petite fille au zootrope, qui n’était en fait qu’une des apparences du fameux Conjureur. Pas plus Magister de Tzeentch que vous ou moi, ce dernier est en fait un nécromant avec un canari souffreteux (le fameux Corbeau Pourpre), cherchant à étudier le phénomène de persistance des Stormcast Eternals. Il lui fallait donc un sujet d’expérimentation, et Issakian fera très bien l’affaire, bien qu’il ait mis des plombes à arriver jusqu’au laboratoire du savant fou. Piégé à son insu dans un cercle runique, puis réduit en cendres foudre par magie, le Lord Veritant se transforme finalement en bobine Tesla, accomplissant la prophétie qui l’avait hanté depuis toutes ces années. Moralité : ne poursuivez pas vos rêves, vous risqueriez de les réaliser… 1 : C’est ça l’avantage d’être un Stormcast Eternal, on peut se permettre de se prendre un nombre indécent d’échecs critiques dans la tête, sans payer le prix fort pour sa propre nullité. 2 : Voir la série ‘At the Sign of the Brazen Claw’ de Guy Haley. Avis : ‘The Lightning Golem’ est une nouvelle à rebondissement, mais dans un sens un peu particulier. Il s’y passe certes des choses (beaucoup de choses même), mais ce qualificatif s’attache ici plus à mon niveau d’intérêt pour l’histoire déroulée par Nick Kyme, qui a fluctué entre le très bas et le modérément élevé depuis le titre (« j’espère que ça sera une histoire sur les conséquences de la Reforge des Stormcast Eternals ! ») jusqu’à sa conclusion (« bon bah ça parlait en partie de la Reforge, mais c’était surtout très haché et peu développé »). Au fur et à mesure que les péripéties s’enchaînent de manière brutale, et que les personnages accompagnant le très buté Issakian Swordborne défilent, on comprend ce que Kyme a souhaité faire avec cette nouvelle, mais il lui manque malheureusement un peu de métier en tant qu’écrivain pour arriver à faire prendre la sauce. Les ellipses d’une vie à l’autre de son héros sont ainsi plutôt longues, mais assez répétitives et redondantes, en ce qu’elles n’apportent pas grand-chose de plus au récit une fois que le lecteur a compris qu’Issakian ne lâcherait jamais son idée, quoi qu’il lui en coûte. J’aurais trouvé intéressant que l’idée du narrateur non fiable, un classique de la littérature, soit mise à profit pour illustrer les effets débilitants de la Reforge sur la mémoire des Stormcast Eternals, mais cette piste n’est malheureusement pas exploitée ici. Quant à la conclusion, qui se devait d’être percutante après le mal que s’est donné Nick Kyme pour ménager le suspens quant à l’identité de l’Invocateur et du Corbeau Pourpre, elle est expédiée en deux paragraphes, et n’a absolument rien de satisfaisant. Malgré le fait que ‘The Lightning Golem’ soit sans doute l’une des soumissions les plus intéressantes de Kyme, qui a véritablement tenté de sortir du moule de la nouvelle classique de GW-Fiction, le résultat n’est pas suffisamment abouti pour que je la considère comme une réussite. Fluff : Celestial Knights : Ils portent une armure bleu nuit avec des épaulières blanches. Noah Van Nguyen (5) Révélation Noah Van Nguyen a commencé sa collaboration avec la Black Library en 2021, et a publié pour la maison d’édition de Nottingham deux nouvelles se déroulant dans les Royaumes Mortels au moment de l’écriture de ce paragraphe : ‘Everqueen’ et ‘The Huntress of Ghur’. • Everqueen Révélation Gods & Monsters Week/2021/18 pages Intrigue : Toujours à la recherche d’une idée géniale pour mettre l’ambiance (un peu) et le souk (surtout) dans les Royaumes Mortels, les Skavens ont décidé de tester la puissance d’une nouvelle arme de destruction massive mise au point par le clan Skryre, la Bombe R (comme Ronger – Gnaw-Bomb en Queekish), en attaquant le palais d’Alarielle pour tenter de faire sauter la Déesse. L’hypothèse avancée par ces brillants esprits est que le cadavre de la Dame de Feuilles, en plus d’être une excellente source de fibres, donnera la vie éternelle aux chanceux qui le dégusteront. L’immortalité étant une qualité appréciable pour remporter les innombrables guerres dans lesquelles les hommes rats sont impliqués, de grands moyens sont mis à disposition pour assurer le succès de cette opération, et notre héros, l’humble Guerrier des Clans Hakwit, se retrouve au milieu des hordes de hamsters frénétiques envoyées par le Conseil des Treize commettre un écocide en Ghyran. Comme souvent avec les machinations des Skavens, ce qui devait être un plan sans accroc assurant une victoire rapide et totale s’avère ne pas résister longtemps (deux secondes et demi) aux fourberies de l’ennemi, qui n’a pas eu l’amabilité d’être absent ce jour là. Pris entre la ligne de front où ses semblables se font déchiqueter par les Sylvaneth en rogne, et l’arrière où des Vermines de Choc patibulaires veillent au grain, Hakwit parvient à trouver un coin discret du champ de bataille où patienter jusqu’à ce que les choses se tassent, et une racine comestible à grignoter pour passer le temps. Racine qui se trouve être la wyldroot opérant comme le relai 5Green des esprits de la forêt, et dont le rongeage intempestif permet aux Skaven de remporter contre tout attente cette bataille. Un haut fait ne pouvant rester impuni, le conseil de guerre dirigeant l’armée poilue décide de promouvoir Hakwit au rang de responsable de la Bombe R, afin de se déba-rat-sser de celui qu’ils considèrent être comme un ambitieux de première. Ne jamais prendre d’initiative, c’est pourtant une maxime bien connue dans l’armée, quelle qu’elle soit. Les choses se compliquent fortement pour les ratons lorsqu’Alarielle revient en coccinelle scarabée dans sa salle du trône rat-vagée, après avoir exterminé les attaques de diversion lancées par les Skavens aux alentours de son palais. Les rongeurs impudents ne tardent pas à faire connaissance avec l’aspect furibard de la Déesse de la Vi(ens là que je te colle mes racines dans le fondement pour t’apprendre la vi)e, et malgré des réserves pléthoriques, la présence de l’intégralité de leur Battletome (moins les personnages nommés) et la participation de 13 Verminlords, les enfants du Rat Cornu se font faucher comme les blés. Cela laisse toutefois le temps à Hakwit de déclencher sa bombe sans être dérangé, ce qui anéantit le reste de son armée, mais atteint également Alarielle de plein fouet… Révélation …Il en faut cependant plus pour vitrifier définitivement l’incarnation de la vie, et bien que son brushing en ait pris un coup, Riri survit sans problème à la déflagration. Elle frôle toutefois l’extinction de voix, ce qui aurait été embêtant pour les Sylvaneth, accrocs qu’ils sont à sa playlist personnelle, mais n’aurait été qu’un désagrément passager. Isolé en territoire ennemi et pris entre quatre yeux par une Déesse compréhensive mais pas laxiste non plus, Hakwit voit déjà sa dernière minute arriver, mais c’est un autre destin qui attend le petit rat. Transformé en ca-r(y)at-ide végétal par Alarielle, il devient le Raeternam (Undying Rat), légende parmi les Skavens et les Sylvaneth – pour différentes raisons – et ornement particulier de la salle du trône complètement remarouflée de la souveraine de Ghyran. Avis : Noah Van Nguyen livre une histoire avec plus de forme que de substance avec ‘Everqueen’, qui se contente pour la plus grande part d’être un rapport de bataille romancé se voulant épique mais ne se révélant guère passionnant du fait de son manque d’enjeu (il est à peu près certain qu’Alarielle ne mourra pas à la fin, donc…). Cette dominante martiale est complétée par les réflexions typiquement Skaven de Hakwit, et si on doit reconnaître à l’auteur une bonne appropriation des codes et de la culture de cette faction dans la majorité de ces passages, il y en a toutefois certains qui sonnent/se lisent un peu étrange(ment), comme les délibérations du conseil de guerre ou le discours d’un rat (un Verminlord en fait) en pleine bataille. Dernier point de grief pour ma part : une narration pas toujours fluide, comme lorsque Hakwit remporte sur un gros malentendu la première bataille, ou plus tard lorsqu’il survit mi-rat-culeusement à l’explosion de la Bombe R qui grignote pourtant tout et tous à des centaines de mètres à la ronde. Lisible donc, mais pas exceptionnel ni mémorable. Fluff : Ouvrage nommé : ‘Des Mythes et des Monstres des Royaumes Mortels’ (‘Of Myths and Monstyrs in the Mortal Realms’), de la moniale Oltona Hieronymides. • Monsters Révélation Black Library 2021 Advent Calendar/2021/15 pages Intrigue : Où nous suivons la nouvelle1 chasseuse de monstres officielle de papa Sigmar dans l’une de ses traques dans les Royaumes Mortels, ici Shyish un soir de pluie et de brouillard. Déployée en soutien des Anvils of the Heldenhammer, occupés en contrebas à contenir une invasion de démons de Tzeentch, Yndrasta a fait le déplacement pour bannir un Duc du Changement si changeant qu’il n’a d’autre nom que l’Anomie. Super plan pour éviter d’être convoqué par des mortels ambitieux à tout bout de champ (et de chant), moi je dis. Ayant certainement compris qu’il était dans le viseur de la virago de Ziggy, l’Anomie se la joue cependant petit bras et se transforme en nuage de barbe à papa au lieu de livrer un honnête combat à la championne adverse. Sous cette forme, il se révèle aussi inoffensif qu’invulnérable, ce qui ne fait pas les affaires d’Yndrasta et de sa lance magique, Thengavar, qui disparaît corps et bien dans le protoplasme gazeux et ne revient pas dans la main de sa porteuse, comme c’est habituellement le cas. Sigmar ayant pensé à lui fournir une arme de rechange, Yndie ne se laisse pas décontenancer par la tournure prise par les événements et se rue à l’assaut de sa Némésis pour finir les choses au corps à corps. Un nouveau shenanigan de l’Anomie l’envoie toutefois dans le décor, et l’intrépide héroïne fait une chute douloureuse mais pas mortelle jusque dans la piscine privée d’une grotte souterraine, Gandalf style. Elle serait repartie aussi sec (mais mouillée, je me comprends) castagner le démon si elle ne s’était pas rendu compte que son point de chute n’était pas aussi désert qu’il l’aurait dû être. Un vieil ermite d’une carrure peu commune et arborant une ‘stache de compétition a en effet assisté à sa culbute pas très légendaire, et comme le quidam exsude une aura mythique et possède une hache qui l’est tout autant (appelez ça l’intuition féminine si vous voulez), Yndrasta reste faire un brin de causette. Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre que cet inconnu n’est autre que Voyi. Si cela ne vous dit rien, c’est normal : Voyi, aussi connu sous les noms du Non Béni, du Traître et surtout de l’Oublié, était un héros de l’Âge de Mythes, élevé par Sigmar au rang de champion, mais qui choisit d’aller vivre sa vie en solitaire au lieu de défendre Sigmaron lorsque le besoin s’en fit sentir. Sigmar n’étant pas connu pour sa magnanimité envers ceux qui le déçoivent, et ayant un égo trop important pour reconnaître ses échecs, le nom de Voyi fut rayé de tous les registres officiels, et seuls une poignée d’Elus, dont Yndrasta fait partie, eut vent de l’existence de ce paria depuis lors. Dès lors, la chasseresse se trouve confronté à un dilemme peu évident : rapporter la tête du traître à son patron pour lui faire plaisir, ou tenter de négocier avec Voyi pour apprendre comment, il y a de cela des millénaires, il réussit à bannir l’Anomie… Après un échange tendu, durant lequel Voyi se permit de comparer Yndrasta et les Stormcast Eternals aux monstres chassés par la première, ce qui n’est guère gentil, et ponctué par un duel rapidement conclu par un point de côté débilitant pour le champion grabataire, Yndrasta se résout à laisser l’ancêtre en paix rien que pour lui montrer qu’elle n’est pas si méchante que ça, et à retourner se battre contre l’Anomie, même s’en savoir comment le vaincre. Sa « générosité » est toutefois récompensée par Voyi, qui lui révèle avant qu’elle ne parte qu’il lui suffira de prélever un échantillon sur la forme blurbesque du démon pour l’exiler des Royaumes Mortels (et récupérer sa précieuse lance au passage). Armée de ce tuyau, Yndrasta peut enfin repartir au front, non sans promettre à son hôte de garder pour elle le secret de sa destinée. Ce sera la première fois qu’elle dissimulera des choses à Sigmar depuis sa Reforge : pourvu qu’il ne l’apprenne jamais… 1 : Eh oui, la position était déjà prise avant que la V3 ne fasse de Miss Yndrasta une des têtes d’affiche de la franchise. Remember Neave Blacktalon ? Avis : Une très bonne entrée de la part de Noah Van Nguyen, qui part explorer l’une de mes facettes préférées du fluff des Royaumes Mortels : le côté sombre de Sigmar et de ses élus. Yndrasta en elle-même est très loin d’être une parangon de noblesse et d’humanité, puisqu’elle se décrit volontiers comme cruelle et intéressée uniquement par sa mission de chasseresse, ce qui en fait sans doute la première héroïne Stormcast Eternal de la BL ouvertement antipathique (un progrès, si vous me demandez). Sa confrontation avec Voyi m’a fortement rappelé la difficile transition entre Guerriers Tonnerre et Space Marines entre la fin de l’Unification de Terra et le début de la Grande Croisade, avec Sigmar dans le rôle de l’Empereur1, en plus de venir approfondir et complexifier le fluff de cette faction. Un choix très intéressant de la part de Van Nguyen (j’aurais moyennement apprécié me retrouver avec une nouvelle de Neave Blacktalon bis, pour être honnête), qui démontre ici qu’il est capable de sortir du manichéisme Stormcast Eternals = gentils // opposants des Stormcast Eternals = méchants dans lequel bon nombre de ses collègues ont donné. De bon augure pour son roman ‘Godeater’s Son’, qui traitera spécifiquement de ce thème, et pour la qualité et l’intérêt de la littérature AoS en général. 1 : On peut aussi faire un parallèle avec le ‘Misbegotten’ de Dan Abnett, où le savant fou Fo déclare à Horus qu’il considère les Primarques et les Space Marines comme beaucoup horribles que toutes créations. Fluff : Yndrasta : Dans sa première vie, une guerrière de Ghur qui donna sa vie lors d’une invasion démoniaque, et dont l’âme fut récupérée par Sigmar après sa mort. Devenue Stormcast Eternal, sa mission est de chasser les monstres mythiques qui s’opposent au règne de Sigmar, à commencer par Kragnos. Elle manie la lance Thengavar, forgée dans le même métal que Ghal Maraz, et qui revient (la plupart du temps…) dans la main de son porteur après avoir frappé sa cible, et une épée runique. Voyi : Aussi appelé le Non Béni, le Traître et l’Oublié, il était l’un des premiers héros mortels que Sigmar a élevé au rang de champion (un statut manifesté par des yeux enflammés et une chair enchantée pour résister à la corruption du Chaos), bien avant qu’il ne crée les Stormcast Eternals. Lorsque le Dieu refusa d’aller secourir son peuple au profit de la défense de son alliance avec Morathi, Voyi commit l’impensable et frappa Sigmar avant de disparaître dans les Royaumes Mortels. Il trouva refuge en Shyish où il passa des millénaires à se cacher dans la grotte où les esprits de son peuple se rendent après la mort, et fut retrouvé par Yndrasta lors de sa bataille contre l’Anomie, un Duc du Changement que Voyi avait vaincu par le passé. En échange du secret de sa victoire contre le démon, Yndrasta promis à Voyi de garder son existence secrète auprès de Sigmar, qui aurait sinon exigé la tête du traître. • The Huntress of Ghur Révélation Conquest Unbound/2022/19 pages Intrigue : Nous suivons Luda, traqueuse de monstres de Ghur, dans une cavalcade éperdue à travers les forêts et les montagnes qui entourent l’avant-poste azyrite de Far-Keep. La raison de tant d’empressement ? Son compagnon, un forgeron et vétéran des armées des cités libres, s’est enrôlé dans un des régiments rassemblés pour chasser les Skavens de cette partie du Royaume. Malheureusement, les vermines avaient d’autres idées derrière le crâne-tête et ont embusqué les humains sur la route, décimant leurs forces avant que la bataille n’ait pu avoir lieu. Après avoir examiné le lieu de l’accrochage, Luda se convainc que son cher et tendre n’est pas mort, mais a été fait prisonnier par les Skavens et ramené avec quelques survivants dans leur repaire souterrain, dont elle trouve assez facilement une entrée. Bien que se défendant tout à fait au maniement de l’arc et de la lance à Troggoth, elle sait qu’elle n’est pas de taille à s’aventurer seule dans ces tunnels, et se hâte donc vers les clameurs d’un affrontement tout proche, espérant convaincre d’autres soldats de se joindre à elle pour augmenter ses chances de réussir ce raid audacieux. En fin de compte, elle parvint à embarquer une Stormcast Eternal, Greta Wolfclaw, après lui avoir sauvé la mise lors d’un face à face tendu avec des Stormfiends et Rats-Ogors. Se doutant qu’une Elue de Sigmar ne se rangerait pas à un argument aussi fleur bleue que « mon bien aimé a été kidnappé par des furries », Luda promet à sa nouvelle amie de la guider jusqu’au portail utilisé par les Skavens pour acheminer leurs renforts, et dont la destruction porterait un rude coup à leur effort de guerre. S’étant enduites de bouse de rat (c’est gros un Rat-Ogor) pour masquer leur odeur, les deux chasseresses s’enfoncent dans les tunnels, et… se perdent. Au bout de quelques heures à tourner en rond, et alors que Greta commencer à regretter de s’être embarquée dans cette galère, elles tombent sur une patrouille de Vermines de Choc en train de faire une enquête de voisinage, et massacrent allégrement tout ce qui porte moustache, à l’exception d’un Guerrier des Clans. Luda veut l’utiliser comme guide pour accéder jusqu’au portail, où elle espère low key retrouver la trace de son compagnon, mais Greta, qui a pu expérimenter la fourberie des hommes rats au cours de ses nombreuses vies, est plutôt partisane de liquider le surmulot et de continuer en binôme. La discussion s’envenime (Luda révélant à Greta ses vraies raisons pour la faire participer à son excursion de spéléologie, ce que cette dernière prend moyennement bien) jusqu’à ce que le raton parvienne à tromper la vigilance de Luda et lui entailler la joue avec son canif empoisonné, avant de se faire proprement fendre en deux par la Stormcast pour lui apprendre à respecter les lay-dees. Greta utilise aussi ses pouvoirs (c’est une Evocator-Prime de la chambre Sacro-Sainte des Astral Templars) pour cautérifier la blessure, épargnant à sa comparse une mort longue et douloureuse. Suite à cet épisode cocasse, Luda se persuade que son significant other doit être mort (sans aucune raison particulière, je dois dire), et passe en mode vengeresse. Comme il y a bien un portail à faire péter dans le coin, autant y aller pour embêter le Rat Cornu, pas vrai ? Le portail en question étant défendu par plus de ratons que deux viragos en colère peuvent gérer à elles seules, Greta décide prudemment de passer un coup de fil au standard des Reforgés pour demander des renforts, ou l’équivalent en rituel arcanique. Pendant ce temps-là, Luda est témoin de l’attaque d’une bande de soldats humains sur la position Skaven, menée par nul autre que son +1. Bien évidemment, elle ne peut se retenir de voler à sa rencontre, laissant Greta s’engu*ler avec les standardistes sigmarites à l’arrière-plan. Serait-ce enfin un happy end dans les Royaumes Mortels ? Révélation ...Et non. Enfin, ça dépend de votre allégeance. Si vous êtes un fan des Stormcast Eternals, vous serez heureux d’apprendre que le chéri de Luda se fait drafter par Ziggy, et disparaît donc en un éclair devant les yeux ébahis de notre héroïne. Cette dernière prend évidemment beaucoup plus mal ce revirement de situation, au point de laisser Greta, qui avait à ce stade raccroché après avoir passé vingt minutes à attendre que son appel soit transféré, se débrouiller toute seule dans son combat contre un Verminarque venu se joindre aux réjouissances par le portail des hommes rats. Pire, elle refuse délibérément de lui passer son épée après que le démon l’ait désarmée, causant sa 47ème mort et scellant probablement le destin de Far-Keep, le portail ayant vomi suffisamment de Skavens pour balayer les défenseurs de l’avant-poste, même s’ils peuvent compter sur l’appui des Stormcast Eternals. Nous quittons Luda alors qu’elle part en courant vers la surface avec un nouvel objectif, encore plus ambitieux que le précédent : se rendre en Azyr pour reconquérir le cœur de son boyfriend. Et gare à Sigmar s’il fait mine d’intervenir… Avis : Il y a deux choses qui distinguent positivement ‘The Huntress of Ghur’ des autres récits mettant en avant les exploits guerriers des Stormcast Eternals. Premièrement, le choix d’une narration à la première personne, parti pris assez rare dans la GW-Fiction, et qui permet au lecteur de se mettre à la place du personnage dont l’histoire est racontée. Deuxièmement, et de manière assez complémentaire avec le premier point, la mentalité « tiers mondiste » de l’héroïne de l’histoire, qui balance durant toute cette dernière sur la manière dont elle considère Sigmar et ses serviteurs. Honorables frères (et sœurs) d’armes, alliés de circonstance ou simples esclaves d’un maître à l’égo surdimensionné, Luda passe part tous les états au cours de sa quête souterraine, ce qui permet à Noah Van Nguyen de ménager un véritable suspens au moment de conclure son récit. Une soumission qui ne manque pas d’intérêt, et dont j’aimerais bien qu’elle donne lieu à une suite, pour voir comment les retrouvailles entre Luda, son homme et Greta se passeraient. Quelque chose me dit que ça ne se terminerait pas en ménage à trois… Fluff : Rien de transcendant. • Crown of Flames Révélation Age of Sigmar Character Week 2022/2022/22 pages Intrigue : Le chef de tribu Heldanarr Fall s’embarque dans une chasse au monstre à la demande expresse de trois sorcières de sa tribu, qui ont prédit qu’un grand malheur s’abattrait sur les farouches nomades d’Aqshy à moins qu’un héros ne tue une bête maléfique qui hante une montagne toute proche. Comme la montagne en question se balade littéralement à travers les Royaumes Mortels (ce qui pose la question de pourquoi il est capital pour Fall de régler ce problème maintenant, puisqu’il partira de lui-même sous peu…), notre Beowulf au masque de fer – c’est le look officiel de son peuple, apparemment – se prépare à une ascension expresse du mont du destin, car il n’a qu’une nuit pour accomplir son exploit, sinon… Il devra revenir à pied, j’imagine. Refusant mâlement l’aide de son sidekick maigrichon (Jujjar), il entame la face Nord de la montagne maudite, et finit par arriver en haut de cette dernière, non sans avoir failli s’écraser en contrebas suite à l’arrivée impromptue d’un condor à deux têtes1. Une fois sur place, il commence à explorer les cavernes alentour à la recherche de sa proie, mais surprend à la place une vampire Soulblight qui a fait retraite ici afin d’épargner son peuple de ses penchants sanguinaires. La demoiselle n’est initialement pas très avenante envers le barbare qui s’invite chez elle sans y avoir été prié, mais la situation se détend franchement lorsque les deux adversaires finissent par se reconnaître. La buveuse de sang est en effet Nadalya Mzhzhenko, une ancienne camarade/quasi love interest (ils se sont baignés ensemble dans des canaux et se sont écrits des poèmes, c’est dire) du temps où ils servaient tous deux dans les armées des cités libres. Changée en vampire à la suite d’un affrontement contre des Soulblights taquins, Nadalya a choisi l’exil pour éviter que ses fringales persistantes ne causent un carnage parmi ses concitoyens. Elle accepte toutefois d’aider son vieux copain Fall à venir à bout du monstre qui réside dans la montagne, un sort persistant de type tête enflammée, et connue sous le nom de Couronne de Flammes. La progression jusqu’à la caverne où la Couronne somnole permet aux deux amis, séparés depuis des années et le départ brutal de Fall du service actif, de se rabibocher entre deux combats contre des tourteaux géants, le barbare allant même jusqu’à avouer à la vampire qu’il l’aime toujours, par portes de fer interposées (je simplifie volontairement sinon on en a pour trois pages). Ces considérations romantiques sont toutefois entravées par tout un tas de problèmes bêtement prosaïques mais néanmoins pressants, à commencer par le fait qu’il n’est pas facile de dissiper un sort persistant. Si Nadalya a bien une idée pour ce faire, cela se fera au prix de sa non-vie. Le chevaleresque Fall laissera-t-il sa chère et tendre se tuer à la tâche, alors que c’est à lui que devrait revenir cet honneur ? Révélation …Au final, oui. Mais il faut noter qu’entre cette conclusion tragique et le retour d’un Fall bien cuit jusqu’au bas de la montagne, Noah Van Nguyen nous sert une palanquée de retournements de situation, qui tournent autour du dilemme suivant : c’est Nadalya qui est la vraie proie de Fall, mais il l’aime encore (mais pas autant que son peuple), et elle l’aime encore (elle lui propose même de lui donner le baiser de sang pour qu’ils puissent recommencer leur vie sur un – verre à – pied d’égalité), mais finalement c’est pas possible, mais c’est très triste. Au final, la vampirette finit carbonisée par la Couronne de Flammes – qui elle, continue à persister à ce jour, sauf si j’ai raté quelque chose – ce qui compte comme un succès pour notre héros, mais lui laisse un goût de cendres dans la gorge. Approprié, vous ne trouvez pas ? 1 : Pour se venger de sa frayeur, il fait son affaire à l’insistant volatile une fois arrivé à bon port, alors que même que ce dernier était passé en mode PNJ donneur de quêtes. Quelque chose me dit que Fall n’a pas été loin dans Skyrim. Avis : Noah Van Nguyen donne une introduction complexe au personnage de Heldanarr Fall avec ce ‘Crown of Flames’, qui révèle le passé tourmenté et la psychologie tortueuse de ce héros du peuple embarqué dans une lutte sans merci, et bientôt chaotique, contre le colonialisme azyrite. Les multiples retournements de situation du dernier tiers de la nouvelle, et la place très importante que laisse l’auteur à des considérations romantiques (ce qui est assez rare dans la GW-Fiction, faut-il le faire remarquer ?), peuvent dérouter le lecteur habitué au hack & slash qui constitue le gros des publications siglées Age of Sigmar, mais un peu de variété ne peut pas faire de mal (en tout cas, c’est mon avis). On perçoit également en filigrane de cette quête initiatique le soin apporté par Van Nguyen à créer un univers crédible et concret dans lequel ses personnages évoluent, depuis les rites de la tribu de Farr jusqu’à sa période de milicien dans les armées des cites libres de Sigmar, et cela donne plutôt envie de s’embarquer dans le roman dédié à ce nouvel anti-héros de la Black Library. Intrigant. Fluff : Vampires (Constitution) : La racine d’Aqshy appelée hiitroot est toxique (mais non fatale) pour les vampires. • Murder by Moonlight Révélation Age of Sigmar Week 2023/2023/21 pages Intrigue : Nous retrouvons Gardus Steel Soul dans son élément favori, la boue (une passion développée lors de son escapade dans les Jardins de Nurgle), alors que les hasards de la guerre ont amené ce fier héros et le reste de sa chambrée à défendre les clans de Claw’s Eye contre les problèmes de voisinage causés par des Orruks turbulents, en Ghur. Ce déploiement militaire se double toutefois d’une mission de relation publique, la population locale ayant abandonné le culte de Sigmar pendant l’Âge du Chaos et devant donc être conv…aincue de la bogossitude absolue du divin barbu par les nobles actions de ses paladins. Ces derniers sont donc venus avec tout un stock de petits marteaux porte-clés, qu’ils distribuent sans compter aux indigènes pour démontrer l’infinie munificence de Ziggie, Némésis des (petits) clous à travers tous les Royaumes. Alors qu’il surveille d’un œil sombre les rites mortuaires de ses nouveaux alliés après un accrochage contre les peaux vertes, Gardus est interrompu par l’arrivée d’une guérisseuse itinérante du nom d’Omat, qui insiste pour avoir un tête à tête avec le Seigneur-Celestant. En effet, elle est persuadée qu’un des Stormcast Eternals servant sous ses ordres est responsable d’une série de meurtres perpétrés sur des civils, et clame avoir des preuves irréfutables de la duplicité des bibendums en sigmarite. Gardus, qui a été lui aussi guérisseur dans sa première vie, tombe aussitôt sous le charme d’Omat et de son immaculée propreté, et accepte de la suivre jusqu’au village fortifié de Claw’s Eye où la dernière victime a été retrouvée. Il s’agit d’un jeune garçon dont la gorge a été tranchée, et sur lequel on a retrouvé un des goodies contendants distribués généreusement par les Stormcast depuis leur arrivée. Comme Gardus le fait remarquer, ça ne prouve absolument rien, mais sa nature profondément empathique et la force de conviction d’Omat l’empêchent de classer l’affaire sur le champ. Après tout, il est bien placé pour savoir que les champions de Sigmar ne sont pas tous des enfants de chœur, surtout après une Reforge de trop. Il est donc possible qu’un tueur détraqué sévisse parmi ses compagnons d’armes, et si cela venait à s’ébruiter plus que de raison, la conv…iction des clans de Claw’s Eye serait impossible à obtenir. D’après Omat, qui suit la piste des crimes depuis un petit moment, ces derniers se produisent tous peu après l’arrivée des Steelsouls sur un théâtre d’opérations, et un artefact sigmarite est systématiquement retrouvé sur la victime. Encore une fois, c’est loin d’être suffisant pour incriminer formellement un Stormcast Eternal, mais cela trouble fortement ce fragile de Gardus. En attendant que les Orruks lancent une nouvelle attaque, notre héros décide de chercher le conseil de son second, Feros Grossebaffe (Heavy Hand en VO, mais je préfère ma traduction), sur cette insondable affaire. Loyal jusqu’au bout des ongles à ses frères et sœurs d’armes, Feros réfute en bloc les insinuations d’Omat, et un malaise s’installe entre les deux surhommes lorsque Gardus se montre moins catégorique que son lieutenant sur l’impossibilité qu’un Stormcast soit derrière ces actes odieux. Cette dissension aura des répercussions malheureuses quelques minutes plus tard, lorsque la bouderie de Feros provoquée par le manque de confiance de son manager permettra à un Chamane Orruk de pulvériser les Retributors de Grossebaffe d’un sort bien placé. Le drama parviendra-t-il à vaincre les forces de l’Ordre plus sûrement que leurs adversaires bestiaux ? Une fois la menace verte repoussée, Gardus se rend dans le laboratoire improvisé d’Omat pour s’entretenir à nouveau avec elle, et la surprend en pleine autopsie d’un des cadavres orruks ramassés sur l’enceinte fortifiée. On apprend que la guérisseuse a eu une enfance difficile, ayant retrouvé son village natal rasé jusqu’aux fondations alors qu’elle revenait d’une cueillette de champignons avec son frère. Elle donne également un conseil à Gardus : suivre son instinct pour démêler le vrai du faux. Fort de cette recommandation tout à fait éclairante, Big G convoque ses troupes dans le temple de Sigmar de Claw’s Eye afin de leur faire un recadrage bienvenu… Révélation …En effet, cette balance de Feros a révélé à ses camarades les atermoiements moraux de leur commandant, ce qui n’améliore pas le moral des troupes, déjà éprouvé par la pluie incessante qui s’abat sur ce petit coin de Ghur. Fin orateur, Gardus parvient à sauver les meubles… et à confondre le coupable des crimes « martelés », qui n’est autre qu’Omat. Il aura suffi au Seigneur-Celestant de faire confiance à son instinct, comme conseillé par la guérisseuse (oui, c’est vraiment tout). Cette dernière, qui avait été également convoquée au temple sous un motif fallacieux, parvient tout de même à s’échapper à ses poursuivants. Sa cavale sera toutefois de courte durée, puisqu’à l’extérieur, une Mauvaise Lune a fait irruption dans le ciel. On comprend qu’Omat n’est pas sortie aussi indemne que ça de sa tragédie mycellique originelle, et qu’elle s’est taillée un sanglant parcours à travers les Royaumes Mortels dans le seul but de pouvoir poser les yeux sur la Mauvaise Lune qui l’a rendue folle (à temps partiel, puisqu’elle a réussi à mener de brillantes études à Excelsis malgré cela) dans son enfance. On ne saura en revanche pas pourquoi elle avait un tel beef avec les Stormcast Eternals (mis à part que la perfection, ça attire la jalousie), car la vue de l’astre désastreux provoque une infestation fongique carabinée et fatale chez la guérisseuse. La nouvelle se termine sur une attaque aussi imprévue que massive de la part d’une autre menace verte, mais même à un contre cent, c’est une situation infiniment plus confortable à gérer pour Gardus que sa pige à l’IGPN sigmarite. Béni soit l’esprit trop étroit pour le doute, comme on dit… Avis : Noah Van Nguyen poursuit sa lancée anti-sigmarite (après ‘Godeater’s Son’) dans ce ‘Murder by Moonlight’, qui met la figure bien connue de Gardus Steel Soul face à des questions bien embarrassantes pour un Stormcast Eternal encore doté d’assez de libre arbitre et d’esprit critique. Si le côté whodunit de cette nouvelle est assez bancal (« tu es coupable parce que mon instinct me dit soudainement que tu l’es, na »), le dilemme moral auquel Gardus est confronté, et qui vient confirmer qu’il est sans doute le plus humain des héros Stormcast de la Black Library, vient corriger le tir1. Il serait intéressant que Van Nguyen livre une suite à cette nouvelle, pour explorer la confiance fracturée entre Gardus à l’Âme d’Acier et aux Principes Inflexibles, et ses guerriers injustement mis en cause par le mini crush que leur supérieur a eu pour une militante altermondialiste accro aux champignons. 1 : J’ai particulièrement apprécié le passage où Gardus avoue qu’il considère Sigmar comme imparfait. Pour nous autres lecteurs « impartiaux », c’est une évidence, mais venant d’un Stormcast Eternal, c’est une toute autre histoire. Un pas de plus dans la direction d’une Hérésie d’Horus à la sauce med-fan ? Fluff : Stormcast Eternals : Malgré leur rôle de défenseurs des peoples libres contre les déprédations du Chaos, de la Mort et de la Destruction, tous les osts de Stormcast Eternals ne jouissent pas d’une réputation immaculée auprès des habitants des Royaumes Mortels. Parmi les chambres les plus controversées, on retrouve les Anvils of the Heldenhammer (penchants morbides), les Knights Excelsior (puritains fanatiques) et les Astral Templars (prêts à tous les sacrifices pour remporter la victoire). Peter McLean (1) Révélation Auteur freelance ayant développé son propre univers (War for the Rose Throne) avant de collaborer avec la BL, Peter McLean a surtout signé des nouvelles 40K à ce jour. 'The Method of Madness' constitue son premier texte pour Age of Sigmar, et plus précisément, pour le jeu Warcry. • The Method of Madness Révélation Warcry: The Anthology/2019/42 pages Intrigue : Quittant le confort de ses quartiers de Nochseed, le Thrallmaster Vignus Daneggia entraîne ses Hands of Darkness (qui ne sont pas un groupe de doom metal) jusque dans les bas-fonds de Carngrad, afin de mettre en œuvre le plan subtil que son esprit malade a concocté pour attirer l’attention d’Archaon. Désireux d’obtenir le poste convoité de maître espion et chef des assassins de l’Elu des Dieux, Daneggia a grand besoin de gagner en visibilité auprès de ce dernier, ses innombrables envois de candidatures spontanées (on est civilisé à Nochseed) étant restées sans réponses à ce jour. C’est ainsi que le Thrallmaster et son staff entre dans la cité pillarde, et se fraient (difficilement, les rues étant trop étroites pour la limousine du boss) un chemin jusqu’à une forge du district de la chair, où ils sont accueillis à bras ouverts crucifiés par le maître des lieux, qui acceptent rapidement de leur laisser la pleine jouissance de ses locaux. Las, la réception n’est pas toujours aussi chaleureuse pour les exilés d’Hysh, une bande de coureurs de toits ne trouvant rien de plus malin que d’arroser la petite troupe de carreaux alors qu’elle explore les environs, ce qui donne l’occasion à la Mirrorblade de Vignus, Calcis, et à ses apprentis, de s’illustrer de bien sanglante façon. Ce petit interlude permet également au Thrallmaster de commencer à réseauter, et à identifier les puissants de Carngrad, qui pourront l’aider à se mettre en relation avec le Haut Courtisan Claudius Malleficus, pour lequel il a un cadeau un peu particulier… Au fil des jours qui suivent, les séides de Vignus lui taillent un empire dans son district d’adoption, à coups de glaive et de chakrams pour le trio de Mirrorblades, et à grand renfort de bombinettes à fumée hallucinogène pour sa Luminate (Palania). De son côté, le Thrallmaster déballe son matériel d’alchimie et s’emploie à concocter un cocktail des plus relevés, à destination de ce cher, mais pour le moment inatteignable, Mauvais Ficcus. Ce n’est qu’après avoir atteint la barre des trois chiffres sur le compteur de massacre que Calcis et ses padawans finissent par mettre la main sur un individu digne d’intérêt, extrait manu militari d’une maison de jeu au bec et au jabot de la Cabale Corvus. Notre homme, un digne marchand d’esclaves du nom de Nasharian, est invité à une dégustation privée des dernières concoctions de Vignus, pour lesquelles il ne peut que fondre (littéralement). Le but de la manœuvre, pour notre intrigant Thrallmaster, est de récupérer la peau du visage de son hôte, dont le malheur était d’avoir ses entrées au Palais des Serres, afin d’usurper sa place et d’introduire le Cypher Lord à ses amis hauts placés. Ceci fait, Vignus retourne prestement dans son QG, où il doit préparer le baril de vin de feu de Nochseed qu’il a promis au minordome de Malleficus pour le soir même. Un peu plus tard, et ayant troqué son masque de chair par son, beaucoup plus seyant, masque d’argent, Vignus retourne au Palais avec son précieux chargement de sangria, qu’il présente à la majordome (il a gagné en importance) du Haut Courtisan. Advient alors une cocasse mésaventure, lorsqu’Alfreda exige qu’il goûte devant elle le cru afin qu’elle puisse s’assurer qu’il n’est pas empoisonné (comme dit le proverbe, il faut le boire pour le croire). Vignus, qui pensait que la recommandation de feu Nafarian suffirait pour que son présent soit accepté, commence à suer sous son argenterie, n’ayant pas prévu d’ingérer sa propre création, dont il connaît trop bien les effets secondaires indésirables. Sans autre échappatoire, il siffle donc un petit verre et s’en retourne fissa à son laboratoire, où il passe la plus longue nuit de sa vie à concocter un antidote au poison, luttant contre la folie qui menace de l’engloutir à tout instant. Saleté de delirium tremens. Ce menu désagrément valait toutefois la peine pour Vignus, puisqu’il reçoit quelque jour plus tard la visite de la majordome de Malleficus, qui l’implore de lui fournir un nouveau baril afin de satisfaire l’addiction que son maître a développé pour le nectar de Nochseed. Le Thrallmaster accepte, encaissant quelques espèces sonnantes et trébuchantes au passage, et finit par obtenir l’audience qu’il convoite auprès du Haut Courtisan lors du deuxième passage de réapprovisionnement du staff de ce dernier, dont la dépendance envers le vin de feu va croissante. Introduit en tant qu’hôte de marque dans la cour de Malleficus, à présent épave avinée, hallucinée et incontinente grâce à la potion magique du Thrallmaster, Vignus n’a plus qu’à tendre la main pour que lui soit remis le bâton de général des armées du Courtisan. Sa première action est de rendre une visite de courtoisie en compagnie de ses nouveaux copains, au squat de ces pestes de cabalistes, responsables entre autres maux de la mort de l’un des apprentis Mirrorblades des Hands of Darkness. Une fois les corbeaux plumés, Vignus accomplit à Carngrad ce que Ra’s al Ghul n’a pas pu faire à Gottham : empoisonner le réseau d’eau courante avec son poison hallucinogène, pour des résultats sans doute spectaculaires (la nouvelle s’arrête à ce moment, sur une petite comptine récitée par le Thrallmaster, qui avait sans doute besoin de repos), mais peut-être pas. On est à Carngrad après tout, tout le monde est déjà fou… Avis : Des six nouvelles que compte l’anthologie Warcry, je dois reconnaître que The Method of Madness s’est avérée être ma préférée. Comme pour les autres soumissions de cet ouvrage, la présentation détaillée de la bande confiée à McLean par ce dernier a évidemment joué dans mon ressenti, et je ne pourrai trop conseiller au hobbyiste souhaitant en savoir plus sur les mystérieux Cypher Lords de s’atteler à la lecture de cette nouvelle. Du misérable Mindbound au majestueux Thrallmaster, en passant par les Mirrorblades et les Luminates, McLean décrit en détail le rôle que chacun joue dans l’écosystème bien réglé qu’est une bande de guerre de Nochseed. L’agenda poursuivi par les envoyés d’Hysh est également explicité, et la quête entreprise par ce vieux brigand de Daneggia n’en apparaît que plus capitale. Au fil des victoires et des obstacles que rencontrent les Hands of Darkness à leurs grands projets d’ascension sociale, McLean réussit en outre à nous les rendre plutôt sympathiques, la fibre familiale de Calcis et le coup de folie passager de Daneggia humanisant quelque peu des individus par ailleurs totalement abjects. On peut également noter que les fameuses méthodes utilisées par la cabale masquée (ohé ohé), parce qu’elles diffèrent profondément de ce qu’on a l’habitude de voir et de lire de la part de séides des Fab Four, risquent fort de piquer l’intérêt du lecteur même le plus blasé. On savait de longue date que Jean-Kévin Chaos cartonne en EPS (surtout en boxe française en escrime médiévale), on sait maintenant qu’il se débrouille également en physique-chimie, et que ses ateliers œnologie et rhétorique sur l’heure du midi ont également porté leurs fruits. En plus de cela, la bonne idée de Peter McLean aura été d’offrir au lecteur une visite guidée de la cité de Carngrad, métropole chaotique placée sur la carte à l’occasion de la sortie de Warcry (à ma connaissance), et reflet perverti des Hammerhal, Greywater Fastness et Excelsis sigmarites. Pour qui s’intéresse au fluff d’Age of Sigmar, l’existence de Carngrad est une information capitale, et une des clés à la réponse de nombreuses questions « pratiques » se posant pour les hordes du Chaos, dont l’existence même n’était pas sans poser d’épineux problèmes démographiques, économiques et logistiques depuis les temps reculés de Warhammer Fantasy Battle. Savoir qu’il existe des agglomérations affiliées aux Dieux Sombres permet ainsi de limiter le recours au TGCM, ce qui est toujours appréciable. Les nombreux éléments de fluff donnés par McLean sur la cité pillarde permettent en outre de se faire une image assez précise et colorée de cette dernière, qui sera je l’espère complétée et enrichie par les publications des GW et de la BL dans les années à venir. En conclusion, The Method of Madness est une vraie bonne nouvelle (haha), qui justifierait à elle seule l’achat de cette anthologie. McLean ne rate décidément pas ses débuts dans Age of Sigmar, et démontre qu’il est un des nouveaux auteurs sur lesquels on peut et devra compter pour porter haut les couleurs de la BL. Affaire à suivre… Fluff : Cypher Lords (philosophie) : Les membres de cette faction viennent de la cité de Nochseed dans le royaume d’Hyish. Ils cherchent à devenir les maîtres espions et assassins d’Archaon, et complotent pour placer leurs membres à des postes stratégiques, où ils pourront attirer le regard de l’Elu des Dieux. Les Cypher Lords entretiennent une inimitié particulière avec la Cabale Corvus, qu’ils perçoivent comme des concurrents aux fonctions qu’ils convoitent. Cypher Lords (organisation) : Les bandes Cypher Lords sont dirigées par un Thrallmaster de haute naissance, expert en alchimie. Il commande l’obéissance totale de ses hommes de mains, à commencer par les Mindbounds, qui constituent le gros de ses forces et sont considérés comme de la chair à canon. Plus haut dans la hiérarchie, on trouve les Lames Miroirs (Mirrorblades), des guerriers acrobates aux capacités rendues surhumaines par l’ingestion de décoctions alchimiques. Les Luminates sont des alchimistes spécialisés dans la réalisation de potions et de gaz hallucinogènes. Carngrad : La cité pillarde (Reaver City) est la plus grande ville du Bloodwind Spoil et c’est elle qui approvisionne Varanspire en vivres, biens et hommes. C’est une métropole à la population innombrable, divisée en plusieurs districts (District de la Chair – Flesh District, pourvoyeur d’esclaves… et de viande) et quartiers (Quartier de la Souffrance – Quarter of Suffering, Quartier de la Discipline – Quarter of Discipline), placés sous la domination de l’une des sept Serres, Seigneurs de guerre nommés (ou tolérés) par Archaon en personne pour gérer la cité en son nom depuis la Cour des Serres, un vaste édifice couronné d’un dôme de verre volcanique noir et orné d’innombrables flèches et pointes, chacune accueillant une tête décapitée. Parmi les lieux importants de la cité, on dénombre des places dédiées à une méthode d’exécution particulière, comme la Place du Tourment (Square of Torment) où ont lieu les écorchages, la Place du Jugement (Square of Judgment) où sont élevés les bûchers, ou la Place des Hurlements (Square of Howling). Le District de la Chair est alimenté en eau par l’Aqueduc de la Douleur (Aqueduct of Pain), qui relie un bassin extérieur aux citernes de la Colline de l’Eau. L’une des entrées de Carngrad est la Porte de Dechirechair (Fleshripper’s Gate). Claudius Malleficus (personnage nommé) : Une des Sept Serres de Carngrad, le Haut Courtisan est un hédoniste particulièrement friand d’alcools et de drogues. Il fut empoisonné par du vin de feu de Nochseed, et sombra dans la folie. Le Thrallmaster Vignus Daneggia des Cypher Lords, responsable de l’intoxication, en profita pour se faire nommer général des armées de Malleficus. Œil de Nochseed : Petite sphère dorée et argentée utilisée par les Cypher Lords, permettant à leur possesseur de voir et d’entendre à travers elles. Elles peuvent aussi faire office de relais télépathique, et permettre à des Thrallmasters de donner des ordres à leurs servants à proximité d’un Œil. Tourment : Jeu pratiqué avec des cartes dont les bords sont montés avec des rasoirs. Les perdants de chaque manche doivent s’écorcher une partie des doigts. Gorestorm : Littéralement une pluie de sang, assez fréquente dans le Bloodwind Spoil, qui tire son nom de ce phénomène météorologique assez particulier. À noter que c’est loin d’être le type de précipitations le plus dégoûtant ni le plus dangereux du Royaume du Chaos (rq : où il peut pleuvoir des rochers, des aiguilles et même des couteaux). Flore : L’Arbre Rasoir (Razortree) est une espèce commune du Boodwind Spoil. C’est un prédateur carnivore utilisant ses branches acérées pour déchiqueter ses victimes. Phil Kelly (2) Révélation Phil Kelly est une figure connue des habitués de Games Workshop, pour lequel il a écrit un certain nombre de suppléments de jeu, en plus de participer à son lot de rapports de bataille White Dwarf. Plus familier de l’univers grimdark que du medfan en matière de production littéraire pure, il fait ses débuts à Age of Sigmar avec ‘A Moment of Cruelty’, nouvelle appartenant à la gamme Warhammer Horror. • A Moment of Cruelty Révélation Warhammer Horror Week 2020/2020/24 pages Intrigue: Héritier jouisseur, couard et infect d’une lignée de notables Azyrites venus s’établir en Shyish à la suite de la reconquista initiée par Sigmar, Alabastian Valenth use son indolente jeunesse et de son statut de golden boy pour collectionner les conquêtes, les excès et les gueules de bois. La dernière en date, lorsqu’elle finit par le laisser émerger, le laisse cependant en mauvaise posture car notre héros réalise avec horreur qu’il a trois heures de retard au rendez-vous avec son costumier. Et quand votre vie ne tourne qu’autour du prochain bal masqué de la noblesse, et que votre influent et richissime meilleur ami a également été invité à l’essayage, c’est une tuile de premier ordre, croyez-moi. Une clepsydre hors de prix fracassée au sol, une paire de gardes (Maltratt et Xarantine) rabrouées, et une galerie de clochards et d’infirmes rembarrés sur le chemin du tailleur plus tard, Alabastian arrive enfin présenter ses plus plates confuses à l’illustre Harratio d’Asbe (son BFF), qui l’a patiemment attendu en parfait gentleman. Quelques heures et verres de vin plus tard, les deux amis finissent par se séparer, et pendant que Bastian doit repasser rive droite (ou gauche d’ailleurs) de Mhurghast pour regagner son domicile, Harratio part contempler son gros pif dans un miroir un peu spécial, qui lui renvoie un reflet encore moins flatteur que ce que la prise au vent de son appendice nasal laisse à supposer… Alabastian, qui a fait un détour par le pont des Ahres pour éviter de recroiser la route de la cour des miracles qui l’a tant importuné à l’aller, joue de malchance car il tombe sur à nouveau sur un lépreux particulièrement lacunaire, qui le supplie de lui donner une petite goutte. Pas de pinard, notez, mais d’aqua ghyranis, l’hydroxychloroquine/eau de javel des Royaumes Mortels, capable de remettre sur pied même un cul de jatte. Bien évidemment, notre snob de héros refuse, et pousse la petitesse jusqu’à cracher dans le dos du miséreux, avant de partir en courant dans un grand élan de bravoure. De retour dans son hôtel particulier, il narre sa mésaventure à des deux gardes du corps (Maltratt et Xarantine, si vous suivez), avant d’aller se passer les nerfs en montant au grenier pour vaquer à son occupation d’intérieur favorite : lorgner les passants de la place que surplombe son manoir. Mais même cet innocent plaisir lui est refusé car qui sort des brumes pour lui rendre son regard indiscret dès qu’il a pris place dans son fauteuil de mateur ? Le lépreux susmentionné, évidemment. La paranoïa naturelle d’Alabastian atteint des niveaux cosmiques, et il envoie ses deux chiennes de garde régler son compte à Jo le Clodo sur le champ… sans qu’elles parviennent à lui mettre la main dessus, bien évidemment. Après une nuit agitée, la vue de l’empreinte d’une main amputée de trois doigts dégu*ulassant sa fenêtre, pourtant située à 10 mètres au dessus du sol, manque de faire tomber le nobliau en syncope, et Maltratt et Xarantine en sont quitte pour repartir traquer l’insaisissable estropié dans les ruelles brumeuses de Mhurghast… Révélation …Leur rencontre avec Sally-du-Château, l’aliénée cryptique du quartier (il en faut bien une), permet toutefois aux deux comparses de comprendre que cette sortie était probablement ce que voulait le stalker d’Alabastian, qu’elles ont laissé en train des claquer des miches sous son lit à baldaquin. La carrure de Maltratt l’ayant taillée pour le lancer de Duardin plutôt que pour le sprint, Xarantine parvient à destination avec une avance confortable sur sa collègue, et a donc l’insigne honneur de mourir sous les coups et les crocs du lépreux le plus vivace de Shyish, après une une mauvaise chute dans l’escalier menant à la chambre du patron. Ce dernier ayant bravement laissé le personnel gérer l’intrus sans filer de coup de main, il se retrouve à devoir affronter le roide pelé en un contre un, avec des résultats prévisibles. Mis au tapis par son adversaire, qui lui plante les ratiches dans le coup pour lui apprendre à se moquer du malheur des autres, Alabastian a de la poisse dans son malheur car il constate bientôt que son assaillant lui refile ses plaies et ses bosses en même temps qu’il lui vole littéralement son look. Aussi, lorsque l’inexorable Maltratt finit enfin par pointer le bout de son nez, elle ne réalise pas que l’avorton scrofuleux qu’elle s’en va jeter dans la rivière Hisset pour venger sa camarade et à la demande expresse de son patron, est l’authentique Alabastian. Allez savoir, elle a peut-être gagné au change au final. Avis: Phil Kelly en dit trop ou pas assez dans ce ‘A Moment of Cruelty’, dont les pièces semblent former un tout cohérent mais sans s’emboîter parfaitement. En effet, si l’idée principale développée et révélée par l’auteur en conclusion de sa nouvelle fait écho à quelques indices égrénés plus tôt dans la narration, bien des questions demeurent, trop pour faire de cette soumission une réussite. Le rôle de Harratio d’Asbe dans l’intrigue, les pouvoirs du miroir qu’il utilise, la raison de sa visite chez Alabastian plus tôt dans la semaine, ou encore le sens à donner au rêve (prémonitoire ?) de ce dernier, sont autant de points laissés à la libre interprétation du lecteur. Et que penser de la motivation qui anime le persécuteur de notre froussard de héros ? Poursuit-il des desseins inconnus ou déteste-t-il simplement les gens qui ne font pas preuve de ponctualité ? Dommage pour Kelly, qui avait sinon exposé des idées intéressantes, comme ce jeu d’interprétation, difficilement traduisible en français, autour des sens de « Sally » (un prénom mais également un verbe, qui veut dire « faire route »), en plus de nous avoir offert une première visite de la fameuse Mhurghast. Je ne serais pas contre un peu de rab, afin de prendre totalement la mesure de la carrure AoSesque et horrifique de notre homme. Fluff: Mhurghast : Cité de Shyish sous domination sigmarite, et dont la classe dominante est composée d’Azyrites exilés. La ville est traversée par la rivière Hisset (on connaît les ponts Necrai et Negatian), et compte une place dominée par la statue du Seigneur Vandus Hammerhand. Aqua ghyranis : Une eau spéciale en provenance de Ghyran. Quelques gouttes suffisent à guérir de maladies commines (ou rafraîchir une rose fanée, ce qui est un usage vain mais possible de cette substance). L’aqua ghyranis est une marque de statut et une monnaie d’échange dans les Royaumes Mortels. Lunaghast : Une lune de Shyish, appelée la Lune des Secrets. Célébrée par un festival à Mhurghast. • God of Earthquakes Révélation Gods & Monsters Week/2021/16 pages Intrigue: Sa tribu ayant été dévorée par une bande de Gargants mal lunés, Nensi le dernier des Vexoth s’embarque dans une quête vengeresse à travers Ghur, juché sur sa fidèle monture Sontrani1. Il a pour objectif de réveiller l’ancien Dieu de son peuple, le puissant Kragnos, enfermé dans sous le Pic Bicorne – ouais je traduis à l’arrache, c’est mon côté Troll du Chaos – depuis des éons, afin que le méga-centaure aille faire leur fête aux géants en maraude. Pour cela, Nensi peut s’appuyer sur les jolies peintures rupestres qui ornaient les parois de la caverne sacrée des Vexoth, ses prières régulières à la divinité écrouée, mais aussi sur un random wind of life qui vient souffler sur notre nouvelle sans crier gare ni être expliqué par l’auteur (on est en Ghur, par en Ghyran tout de même). En plus de soigner la cheville foulée de notre héros, et de faire gagner des pecs’ à sa jument, cet événement peu banal semble précipiter la fatidique libération de Kragnos, qui jaillit du cœur de la montagne comme un diable sort de sa boîte. Nensi a-t-il eu une quelconque influence sur cette remise en liberté, ou était-il juste là au bon moment ? L’histoire le dit peut-être, mais c’est pas hyper clair franchement. Il ne reste plus au Vexoth vexé et à sa cavale sous stéroïdes qu’à lancer Crâne d’Os sur les Gargants indélicats, ce qu’ils parviennent à faire malgré l’annonce faite par le narrateur quelques lignes plus haut (dans la nouvelle, pas dans la critique de cette dernière hein) que Nensi n’est qu’un misérable insecte aux yeux du Dieu des Séismes. Il faut croire que ce dernier aime vraiment beaucoup écraser les fourmis, car au prix d’une cavalcade heureusement coupée au montage, l’homme des cavernes attire Kragnos sur les terres de sa défunte et digérée tribu, où l’attendent six grands dadais prêts à la castagne. Il en faut toutefois plus que ça pour effrayer une pointure telle que le vieux Krag’, qui apprend promptement le respect des aînés à ces malotrus de Gargants, ne laissant que leur doyen en vie au bout d’un combat brutal et sanglant. Cela ne plaît pas du tout à Nensi, qui se met à piailler comme une musaraigne contrariée au pied/sabot des deux colosses… Révélation …Et se ramasse un galet dans la tronche pour sa peine. Enfin, un galet pour le Kraken Eater qui lui a fait cette réponse lapidaire, un rocher pour lui et pour la pauvre Sontrani, que sa récente buffitude ne sauvera pas d’une destinée à la Nivacrin. Son cavalier un peu trop cavalier finira lui sous la molaire du Gargant survivant, épargné par Kragnos après qu’il lui ait rendu hommage. La moralité de cette histoire est qu’il ne faut pas compter sur un Dieu du Chaos qui ne vous doit rien et ne vous calcule pas pour régler vos problèmes de voisinage à votre place. Cela me semblait pourtant aller sans dire. 1 : On devrait s’en moquer (du nom du cheval), mais puisque Kelly nous le ressort à toutes les sauces, je transmets ses consignes. Avis: ‘God of Earthquakes’ ne gagnera pas le prix de l’inventivité ni celui de la clarté au concours (à inventer) des meilleures nouvelles de la Black Library. Il n’est pas exclu que Kelly se soit appuyé pour écrire cette histoire sur des éléments du fluff de Kragnos publiés par Games Workshop dans le supplément éponyme, et que tout cela fasse sens pour l’heureux possesseur de ce bouquin, mais si c’est le cas, il aurait pu le faire de manière un peu moins absconse pour le tout venant. Oui, cette histoire de vent de vie qui descend mystérieusement dans la vallée ne m’a vraiment pas convaincu, vous l’aurez compris. Tout comme les moyens mis en œuvre par Nensi pour téléguider son gros copain vers la cible qu’il a choisi pour lui auraient mérité d’être un peu plus expliqués par l’auteur. Pour le reste, j’ai connu Kelly plus inspiré que ça (‘The Court Beneath’, pour ceux que ça intéresse), et ‘God of Earthquakes’ vient cruellement rappeler que ce qui fait un bon écrivain, ce n’est pas sa capacité à écrire des bons textes, mais celle de n’en pas écrire de médiocres. Je vous laisse en conclure dans quelle catégorie je range et cette nouvelle et son auteur à ce stade. Fluff: Kragnos : Dieu des Séismes, aussi connu comme le Fils de Gorgos, le Porteur de Ruine et la Fin des Empires. Il appartient à la race des drogrukh, des centaures géants ayant combattu les draconites en des temps immémoriax. Enseveli sous le Pic Bicorne (Twinhorn Peak) en Ghur, il parvint à rejoindre la surface et prit sa place dans le panthéon des divinités de la Destruction. placeholder R. S. Moule (1) Révélation R. (il parait que c’est pour Roger) S. Moule est l’auteur de la trilogie Erland, et a commencé à collaborer avec la Black Library à la fin de l’année 2024 (‘Shallow Pockets, Deep Waters’). Je ne sais pas si son nom se prononce comme l’humble mollusque français, mais je lui demanderai la prochaine fois que le croise. • Shallow Pockets, Deep Waters Révélation Black Library 2024 Advent Calendar/2024/15 pages Intrigue : Membre du gang des Murkers de Misthåvn, en Ulgu, et en charge du trafic d’animaux fantastiques pour le compte de l’impitoyable Horgath the Shank1, Endrac Ordasi aimerait mettre derrière lui ces allées et venues permanentes d’un Royaume à l’autre et se poser un peu pour profiter de la vie. Pierre qui roule n’amasse pas mousse, même à Ghyran (et il y a été pour vérifier), tout ça tout ça. Les Murkers disposant de leur propre « club » dans la cité nautique, le Grey Whisper, Endrac propose à Horgath de relever un peu le programme proposé aux habitués en faisant combattre à mort dix des débiteurs non solvables du baron du crime contre un adversaire un peu particulier, qu’Endrac a ramené de ses voyages : une Goule. Si l’idée ne plait pas à tout le monde, et par là je pense à Cyntia, autre Murker ayant sécurisé une meilleure place qu’Endrac dans la hiérarchie du gang (#SheBoss #Féminisme), qui trouve le concept un peu trop risqué à son goût, le main event fait un tabac, ce qui place notre héros en position favorable au moment de s’entretenir avec Horgath une fois le rideau tombé et les cadavres éventrés jetés par-dessus bord. Ou du moins, c’est ce qu’il croyait. Le chef de gang a en effet d’autre plan pour son sbire que de le laisser jouer les manager de Mordants, et souhaite le voir partir dès le lendemain pour aller chercher une couvée de vautours de sang en Ghur. Croyant impressionner son patron par son courage en refusant catégoriquement d’accepter cette mission, Endrac ne réussit au final qu’à énerver suffisamment Horgath pour qu’il décide d’en faire le nouveau challenger du nécrophage frénétique, et ce dès le lendemain soir. Parfois, il faut juste fermer sa goule. Bien que son premier réflexe soit de tenter de s’enfuir pour échapper à ce sort peu enviable, ce qui est loin d’être évident quand on connait le réseau fourni sur lequel Horgath peut s’appuyer pour retrouver les fuyards, Endrac décide finalement d’aller rendre visite à un Sorcier Gris disgracié, sur le conseil de Cyntia. Ce mage pourra peut-être lui jeter un sort de buff à même de rééquilibrer les chances en sa faveur, qui sait. Si le bien nommé Thenrig la Capuche s’avère facile à trouver, le convaincre de coopérer est en revanche plus compliqué, bien qu’Endrac ait ramené tout un assortiment de produits psychotropes pour sceller un deal avec le mage. Ce seront finalement les quelques glimmerings qu’il avait oublié dans sa poche après un voyage à Excelsis qui permettront à Endrac de parvenir à ses fins, Thenrig lui révélant après avoir… fumé ? les cristaux de vision qu’une grande bête, serait abattue demain, et qu’une figure, les bras levés en signe de triomphe, serait entourée par une foule hurlante. Tout cela est fort fumeux, mais que peut on attendre d’autre d’un crackhead d’Ulgu, hein ? A peu près certain que cette vision signifie qu’il vaincra la Goule, Endrac retourne sur le Grey Whisper affronter son destin… Révélation …Qui n’est pas tout à fait semblable à ce que Thenrig lui a annoncé. Le combat contre la Goule n’a au final pas lieu, toutes les copines de cette pauvre créature esseulée débarquant sur le navire sans crier gare pour libérer la prisonnière et s’en mettre plein la panse au passage. Dans la cohue qui s’en suit (foule hurlante ?), Endrac se retrouve à nouveau seul avec Horgath dans la cabine de ce dernier, et finit par le tuer d’un coup de couteau – en légitime défense, je le précise – après une brève empoignade (serait abattu demain ?). Grâce à son gabarit filiforme, il parvient ensuite à s’échapper par le hublot de la cabine, et aurait sans doute réussi à nager vers le ponton le plus proche, si un monstre des profondeurs (la grande bête ?) ne s’était pas brusquement invité à la fête, et ait englouti notre héros ainsi que tous les occupants du Grey Whisper en l’espace d’une ligne et demie. Quelqu’un a-t-il dégelé Marit Lage ? 1 : Ce qui peut vouloir dire surin ou jarret, et je n’en sais pas assez pour me prononcer sur le sens correct de ce terme dans ce contexte. Avis : Pour sa première incursion dans les Royaumes Mortels, R. S. Moule nous embarque dans une virée ténébreuse à travers une cité de Sigmar très mal famée (et pas simple à orthographier), relevée par une intrigue classique mais assez bien exécutée de prophétie un peu trop cryptique pour faire sens immédiatement. Si la mise en avant de Misthåvn et de sa population de coupe-jarrets toxicomanes est une vraie réussite, Moule aurait pu à mon sens mieux faire avec ses personnages, pas assez développés pour être vraiment intéressants (en particulier Cyntia, dont les motivations restent floues et dont le destin final est tout aussi brumeux). De même, et à moins qu’un élément du fluff propre à la cité flottante m’ait échappé – ce qui est tout à fait possible – l’arrivée brutale d’un deus ex machina léviathan ex abyssus m’a semblé être un procédé un peu trop facile et gratuit pour conclure cette nouvelle. Fluff : Drogues : La cité de Misthåvn est renommée pour l’abondance de substances psychotropes qui y circulent, comme le synesthalcum, le baume du rameur (skiffer’s salve), ou les cristaux de de poudre de crocs de scie (sawfang dust crystals). Ordre Gris : Les membres de cet ordre mystique font vœu de pauvreté. Faune : Les vautours de sang (blood vultures) sont des oiseaux natifs de Ghur. Ray Cluley (2) Révélation Ray Cluley est un authentique spécialiste de la littérature horrifique, la majorité de son corpus publié à ce jour appartenant à ce genre (Water for Drowning, Probably Monsters, Within the Wind Beneath the Snow, 6/6). Il signe ses débuts dans les mondes merveilleux de Warhammer avec l’aptemment nommé ‘Flesh and Blood’. • Flesh and Blood // De Chair et de Sang merci @Red Qafe ! Révélation Invocations/2019/17 pages Intrigue : Red Qafe : Un village isolé sur une île. Les villageois ont ce qu'ils appellent des commissaires aux dîmes. Ils envoient leurs vieillards, leurs malades, leurs blessés (et sans doute leurs criminels) en dîme à l'île voisine, peuplée de Goules. En échange, les Goules ne les attaquent pas. Des rumeurs circulent disant que les Goules ont pris deux membres de l'équipage du navire qui leur amène la dîme, car celle-ci ne leur convenait pas : elle est trop petite, ou ils ont faim. Un jour, l'un des commissaires voit le navire revenant de son apport de dîme trop tôt. Le navire s'échoue sur les quais de la ville et en sortent des dizaines de goules qui massacrent et dévorent la population. Il parvient à s'enfuir, voyant les monstres surpasser la garde et toute résistance. On voit même à un moment une matriarche qui essaie de faire boire une mixture à un bébé, sans doute pour le convertir. Le commissaire parvient à échapper aux massacres, laissant derrière lui nombre de citoyens déchiquetés par les monstres. Il se rend chez lui, se barricade le mieux possible (inutilement) et va dans la chambre. Sa mère est malade, et il ne l'a pas donnée à la dîme. Les monstres entrent finalement et les dévorent. Schattra : La vie est dure pour les habitants de Broken Cove, ville portuaire des Iles Trois Fois Maudites (Thrice Cursed Islands) du Royaume de Shyish. En plus des émanations délétères qui recouvrent fréquemment la cité, et apportent la pourriture pulmonaire (lung-rot) aux malheureux qui les respirent, le voisinage est également un problème, les goules de l’Île Muette (Mute Island) toute proche considérant les dodus et juteux citoyens de Broken Cove avec un sinistre intérêt. C’est pour cela que les autorités municipales ont institué un système de redevance charnelle, à travers lequel les malades, infirmes et vieillards de Broken Cove sont envoyés en pension sur l’Île Muette afin d’apaiser les appétits carnassiers des Mordants qui y résident. Ce système, dont notre héros, Loukas, est une des chevilles ouvrières, du fait de son rôle de takerman, a fonctionné pour un temps, jusqu’à ce qu’un beau matin, les goules décident de partir en virée au supermarché d’en face (il y a de grandes chances qu’elles le voient de cette manière en tout cas), et débarquent au port de Broken Cove depuis le navire qui était censé leur apporter le dernier chargement d’invalides. Surpris, comme tous ses concitoyens, de la tournure prise par les événements, Loukas n’a d’autre choix que de prendre ses jambes à son cou, s’il veut garder les unes comme l’autre intacts. Dans une reprise post-apocalyptique de « Oh ! J’cours tout seul » (William Sheller1), notre maton à mi-temps se battra (un peu, et autant avec des goules qu’avec une milicienne dont il a eu la mauvaise idée de « recruter » le paternel quelques semaines plus tôt) et se cachera (beaucoup), en essayant vaguement de trouver les deux seules personnes qui comptent à ses yeux : la vendeuse de fleurs Amberyn à laquelle il faisait du bringue, puis, par défaut, sa vieille môman malade, dont il a dissimulé l’état pour ne pas qu’elle soit elle aussi envoyée en cure sur l’Île Muette. Malheureusement pour eux, Loukas s’avère être plus doué en phrases de dragueur beauf qu’en maniement des armes, et l’arrivée d’un groupe de goules passablement affamées jusqu’à son appartement du second étage2 viendra mettre un terme à ces touchantes retrouvailles de façon définitive. They only hit until you die. // After that you don’t ask why… (cos u ded) 1: S’il avait choisi « Je marche seul » (Jean-Jacques Goldman), la nouvelle aurait duré 3 pages. 2 : C’est forcément le second étage. La chanson est formelle. Avis : Schattra : Bizarre et inaboutie nouvelle que ce Flesh and Blood, avec lequel Ray Cluley signe des débuts contrastés pour la Black Library. Si le propos est indéniablement horrifique, dans la frange gore du concept, le lecteur se retrouve face à de nombreuses questions sans réponses après avoir fini cette soumission, qui tient plus de la course poursuite (perdue par le héros) dans The Walking Dead que du récit d’aventures dans les Royaumes Mortels. Ainsi, on ne saura pas pourquoi ni, surtout, comment (les cartes montrant bien la distance entre les Îles Trois Fois Maudite et l’Île Muette1) les goules se sont rendues à Broken Cove, qui est la Matriarche qui mène ses troupes, et pourquoi elle tient tant à allaiter un enfant humain (ce qui ne se passe pas très bien, comme on peut l’imaginer), ou plus généralement, quels sont les tenants et les aboutissants de l’intrigue. Mis à part Loukas, les autres personnages convoqués par Cluley apparaissent et disparaissent sans avoir d’impact sur l’histoire, à l’image de l’évanescente Amberyn, que l’on ne verra jamais vraiment de la nouvelle, ou la milicienne (non nommée) qui se fritte avec et contre le héros pendant un tiers du récit, avant de se faire boulotter hors champ par la random ghoul. Bref, et à moins que Cluley ne se décide à approfondir un peu plus son sujet avec ses prochaines soumissions – ce qui risque d’être difficile, tous ses personnages finissant Flesh and Blood littéralement estomaqués – je reste franchement sur ma faim. Un comble. 1 : À moins que Cluley ait confondu les cannibales dégénérés d’Age of Sigmar et les piratesses de Requiem. Fluff : Shyish (Géographie): Les goules de l'Île Muette semblent disposer de capacités de projection maritime (pour le dire de façon technique), leur permettant de lancer des raids sur les communautés littorales des îles et côtes proches de leur territoire (rq: un peu contre-intuitif quand on voit le niveau technologique des Flesh-Eaters Courts et la capacité de concentration du Mordant moyen...) • The Reaper's Gift Révélation The Accursed/2021/21 pages Intrigue: Le milicien Rutger, confronté à une trop forte opposition lors de la dernière bataille livrée par sa compagnie franche à une bande d’Hommes Bêtes en maraude, a prudemment décidé de se faire porter pâle et quitté le champ de bataille pour le champ de maïs, laissant les copains se débrouiller sans lui. A sa décharge, notre héros courageux mais pas téméraire venait d’hériter d’une méchante estafilade sur le bedon, réduisant fortement son utilité au combat en même temps que son espérance de vie. Dans son malheur, Rutger a toutefois la chance de tomber sur une étable décrépite où il peut s’abriter de la pluie battante de Shyish, et recouvrer quelques forces avant de reprendre sa fuite éperdue. Dans cet abri de fortune, il fait la connaissance de Poll, le jeune fils d’une fermière du cru qui essaie tant bien que mal de survivre avec ses trois enfants et en l’absence de son mari, réquisitionné de force par l’armée locale il y a plusieurs mois. Ayant gagné la confiance du gamin grâce à ses talents de montreur d’ombres, Rutger parvient aussi à se mettre la mère (Maudeline) dans la poche, et est invité par cette dernière à dîner avec sa famille. Pendant que le soldat se fait recoudre la bidoche et se gave de brouet, ses hôtes lui racontent la légende du Faucheur (Reaperman), un croquemitaine ayant l’apparence d’un épouvantail géant et venant punir les membres égoïstes de la communauté à grands coups de faux dans les gencives. Originellement, le Faucheur était un guérisseur dont le fils unique mourut écrasé par sa propre charrue, tragédie qui fit mourir sa femme de chagrin quelques semaines plus tard. Ses voisins n’ayant pas fait preuve d’une grande solidarité envers le pauvre homme dans ces moments difficiles, le désespoir et le ressentiment (et l’intervention de Nagash, aussi) le changèrent en spectre vengeur, que les paysans du coin tentent d’apaiser en se faisant des cadeaux entre eux, démontrant ainsi leur camaraderie. Il se trouve que Maudeline et Cie offrent des épouvantails, ce qui explique pourquoi l’étable où s’était réfugié Rutger était pleine de silhouettes tout à fait creepy. On est à Shyish, aussi. Raccompagné par Maudeline jusqu’à la grange où elle accepte qu’il passe la nuit, Rutger réalise que la brave fermière dissimule en fait une ogresse en puissance, qui n’a pas hésité à tuer et découper les autres déserteurs amochés qui sont venus demander assistance au cours des derniers mois. Cela explique comment elle a pu confectionner autant d’épouvantails dans un endroit aussi reculé, où les fripes d’homme adulte sont rares. Pragmatique jusqu’au bout, Maudeline avoue que c’est l’infection qui commence à gagner sa plaie qui l’a convaincue de ne pas transformer Rutger en jambon, et qu’elle ne lui fera donc aucun mal. Cet échange de civilités est interrompu par l’arrivée d’un Ungor inquisiteur, qui se fait prestement occire par notre coriace agricultrice #LaMortEstDansLePré. Il ne s’agit toutefois que d’un sursis pour la petite troupe, car il est certain que la disparition de l’éclaireur va donner l’idée au reste de la harde de passer une tête cornue dans le coin dans les prochaines heures. N’ayant aucun espoir de prendre de vitesse l’ennemi, Rutger propose de gagner du temps en utilisant la ruse… Révélation …C’est-à-dire mettre à profit le stock d’épouvantails de ses hôtes pour donner l’impression à ces bêtes de Bêtes que la ferme est fortement gardée. Cela ne les trompera ni ralentira très longtemps, mais devrait permettre aux fuyards une chance d’atteindre les voisins les plus proches de Maudeline et sa marmaille. La journée qui s’en suit est donc tout entière consacrée à la préparation de ce musée Grévin hors les murs, mais alors l’après-midi avance, Rutger a une idée encore meilleure pour duper les Hommes-Bêtes en maraude… Révélation …Laisser les femmes et les enfants derrière. Comme il se doute que Maudeline a peu de chance d’accepter, il lui colle un coup de hachette dans le crâne pour avoir les mains libres, et attache les orphelins avec les épouvantails pour donner l’illusion que son régiment de paille est bien vivant. A la guerre comme à la guerre, tout de même. C’est le culte de l’huître bleue qui avait raison, une fois de plus : don’t fear the reaper (fear the deserter). Avis: Pour sa deuxième contribution à la GW-Fiction (après ‘Flesh and Blood’), Ray Cluley corrige la mire et signe une histoire bien noire, et méritant tout à fait sa catégorisation dans la gamme Warhammer Horror. En distillant à petites touches les détails troublants, puis inquiétants, puis révoltants, l’auteur parvient à instiller une pure atmosphère de film de genre, où l’on comprend qu’il peut se passer quelque chose d’horrible à tout moment, et où tous les personnages, même (surtout) les protagonistes, peuvent partir en vrille sans crier gare. Il fait également preuve d’une maîtrise consommée de raconteur d’histoire en entraînant le lecteur sur la piste de l’épouvantail, figure horrifique s’il en est, pour au final donner à son récit un twist final bien plus prosaïque, mais d’autant plus marquant et efficace. Une vraie bonne soumission pour le sieur Cluley, qui remonte sensiblement dans mon estime. Fluff: Shyish (Flore) : L’herbe de sang (bloodweed), aussi appelé plant de cadavre (corpse-wort), est une variété de mauvaise herbe poussant à Shyish. Son nom vient de la couleur d’un rouge profond de sa tige et de ses feuilles, ainsi que sa réputation de proliférer là où la terre a été inondée de sang par le passé. Sa sève est toxique. Très difficile à éradiquer, l’herbe de sang étouffe les cultures auxquelles elle s’attaque, ce qui en fait une ennemie des paysans de ce Royaume. placeholder Rhuairidh James (2) Révélation Rhuairidh James suit l’exemple de quelques-unes des légendes de la GW-Fiction, en passant de l’écriture de textes de background (une sainte et nécessaire occupation) à l’écriture de nouvelles et (peut-être) romans pour la Black Library. Son premier texte publié est ‘The Inevitable Siege’. • The Inevitable Siege Révélation Conquest Unbound/2022/22 pages Intrigue : La très longue vie de Kanem Sharu, sorcier de Tzeentch de profession, a pris un tour désagréable ces derniers temps. Membre de la légendaire troupe des Inévitables Chevaliers (ça rend sans doute mieux en VO), notre héros est techniquement immortel, ce qui est assez sympathique il faut le reconnaître. Ce don lui a été accordé après que lui et ses potes aient mis la main sur l’équivalent du Death Note des Royaumes Mortels, pendant le sac d’une bibliothèque Lumineth. Inscrire le nom et la manière dont une personne doit mourir dans le Livre des Fins Inévitables condamne en effet la première à décéder de cette façon… mais seulement de cette façon. Toujours prompts à exploiter les failles des règles, comme tout bons disciples de Tzeentch qui se respectent, les affreux ont couché sur le papier les morts les plus improbables qui soient (ex : décapitée par une plume), s’assurant de facto l’immortalité. Toutefois, rien n’est éternel sous le regard des Dieux, et la renommée des Chevaliers a fini par leur attirer l’attention soutenue des suivants de Khorne, toujours à la recherche de nouvelles têtes pour décorer le trône du Patron. Jugeant que celles de pseudo-immortels auraient plus de chances de leur accorder les faveurs du K, ils ont poursuivi Kanem et ses potes à travers les Royaumes (et usé d’une approche scientifique du problème à résoudre très étonnante pour des disciples du dieu du carnage) jusqu’à ce que seul ce dernier demeure en vie… pour le moment. Poursuivi par une tueuse du nom de Gulnar Thrax, le Sorcier s’est enfoncé dans un désert très hostile avec l’espoir que sa Némésis périrait avant lui, mais réalise bientôt qu’il se fera rattraper avant cela. En désespoir de cause, il choisit d’utiliser un de ses derniers jokers et appelle un ami démoniaque pour lui demander conseil. Serviable, l’entité magique le téléporte un peu plus loin dans le désert, où une armée est censé l’attendre pour lui permettre de régler son compte à la tenace Thrax. Petit problème, l’ost en question a déjà un commandant, l’Elu de Tzeentch Tzymon Gul Techtvar, et est très occupé à assiéger la cité de Khulna Khesh, pour la plus grande gloire de Cui. Simon est persuadé que l’arrivée subite de Kanem est une intercession de l’Architecte du Changement en sa faveur, et que le légendaire Chevalier Inévitable va l’aider à conquérir la ville. De son côté, notre héros cherche juste à mettre le plus de distance et d’obstacles entre lui et sa poursuivante, et accepte donc la mission impossible qui lui est confiée : s’emparer seul de Khulna Khesh. Confiant dans son immortalité, il demande à son nouveau boss de le déposer au cœur de la cité, où il pourra se refaire une santé avant de se téléporter dans un voisinage plus sympathique (Khulna Khesh est affiliée à Khorne). Tzymon accède à sa requête et charge un de ses Tzaangors sur disque du convoyage, mais garde avec lui le précieux bâton cabalistique de Kanem, en partie pour le forcer à revenir le chercher, et en partie pour se venger du fait que le Sorcier ne se soit pas prosterné devant lui au début de leur entretien. #MeanBoss Echoué dans une cité aussi inconnue qu’hostile, Kanem n’est toutefois pas totalement dépourvu. Usant de son mode opératoire favori (le micro-management des irritants), il créée des dizaines de petits incidents, entourloupes, quiproquos et autres émeutes sur le chemin qui le mène vers le temple central de Khulna Khesh, plongeant la ville dans une anarchie meurtrière encore plus grande que d’habitude, et lui permettant d’esquiver les gardes de faction pour accéder jusqu’au Hierofex, le seigneur de Khorne régnant sur la cité. La confrontation entre notre héros au corps de lâche et l’idole à la peau d’airain qui se révèle être le Hierofex ne tourne logiquement pas en la faveur de Kanem. Bien qu’étant techniquement protégé par son immortalité, cette dernière ne sert qu’à prolonger ses souffrances face au champion de Khorne, qui cherche à attirer l’attention de son dieu en lui sacrifiant l’Inévitable Chevalier (sounds familiar), et est tout à fait au courant de la protection mystique dont son adversaire dispose. Résolu à littéralement tout tester pour parvenir à ses fins, et à celle de Kanem, le Hierofex multiplie les blessures débilitantes mais non mortelles, limitant drastiquement les options du sorcier. En désespoir de cause, ce dernier sort une baguette de sa besace, et la pointe de manière menaçante sur le colosse de métal, semblant oublier qu’il a reçu une bénédiction divine contre les sortilèges, et que quiconque tentera de l’abattre avec de la magie sera puni par Khorne en personne… Révélation …Aussi, lorsque le Hierofex lui arrache son hochet des mains et le casse en deux sans y penser à deux fois, il ne se rend pas compte qu’il a commis une tragique erreur. La baguette contenait un charme de guérison mineur, invoqué par celui qui la brise. Le Hierofex est donc devenu, à son corps défendant, un utilisateur de magie, ce qui fâche Khorne tout rouge. Le champion disgracié fait donc une spectaculaire sortie du chemin de la gloire (alors que l’ascension était si proche, c’est triste) et se retrouve changé en Enfant du Chaos. Cela laisse à Kanem les mains libres pour saboter le plan qu’il avait établi pour vaincre les assiégeants, à savoir sonner la neuf fois (et pas huit) la grande cloche du temple, signalant à tous les défenseurs de Khulna Khesh de s’entretuer pour permettre à un ost de Sanguinaires de se matérialiser dans la cité. Le coup de cloche supplémentaire ayant douché l’enthousiasme des démons, la ville se retrouve sans chef ni renforts, et privée d’une bonne partie de ses troupes. Ce ne devrait plus être très compliqué d’en venir à bout, si ? Eh bien, il semblerait que Tzymon rencontre tout de même quelques difficultés à remplir son objectif, même en mode facile. Lorsque Kanem sort de la cité, cette dernière est en effet toujours contestée, et l’Elu de Tzeentch n’est visiblement pas en maîtrise de la totalité de ses troupes. Ce ne sont toutefois pas les affaires de notre héros, qui veut simplement reprendre possession de son bâton avant de tailler la route. C’est alors que quelqu’un lui tape sur l’épaule pour attirer son attention… Révélation …Horreur, il s’agit de Gulnar Thrax, qui a profité de son occupation récente dans une side quest débile pour refaire son retard. A la grande surprise, suivi d’un grand soulagement, de Kanem, sa poursuivante ne le reconnaît pas, et le prend au contraire pour un collègue (elle l’a vu sortir de la cité). En quête d’informations sur la localisation de sa proie, elle lui demande s’il ne pourrait pas la rencarder à ce sujet, et Kanem se fait une joie de lui indiquer qu’il a pris l’apparence de Tzymon Gul Techtvar pour tromper sa poursuivante, mais a fait la grossière erreur de conserver son bâton comme signe distinctif. Voilà qui devrait occuper ces deux fripouilles quelques temps, et laisser à notre héros éprouvé toute latitude pour disparaître des radars. Du passé, faisons inévitable rase… Avis: Ils sont peu nombreux les auteurs à avoir réussi à dompter le potentiel narratif du Chaos dans leurs écrits, la plupart se contentant de mettre en scène le parcours sanglant mais prévisible et assez ennuyeux au final, d’un héros parvenant à s’élever dans la hiérarchie chaotique et/ou à mourir dans la tentative. Rhuaridh James démontre ici qu’il fait partie de ce cercle très fermé d’Elus, en signant avec sa toute première nouvelle pour la Black Library un futur classique de la littérature chaotique. ‘The Inevitable Siege’ nous plonge en effet dans ce que l’on pourrait considérer comme « la vie de tous les jours » pour les servants mortels des Dieux Sombres, expression beaucoup trop mondaine pour rendre justice à l’anarchie et la folie ambiante qui est leur lot. Kanem Sharu, sorte de Rincevent des Royaumes Mortels (c’est-à-dire un personnage tout à fait banal et prosaïque, auquel le lecteur peut facilement s’identifier, mais maîtrisant parfaitement les codes et les règles de l’univers étrange dans lequel il évolue), tente tant bien que mal de gérer les petites complications de sa vie de champion-de-Tzeentch-immortel-mais-pas-tout-à-fait, avec l’enthousiasme de Carlo Tentacule et la roublardise de Thanquol (oui je sais, ça fait beaucoup d’univers différents convoqués en une phrase). Cette formule détonante fonctionne à merveille, bien aidée par le respect dont James fait preuve envers le background d’Age of Sigmar1. Il ne s’agit pas ici d’une parodie assumée, comme ont pu l’être les écrits d’Andy Jones à l’époque de Warhammer Fantasy Battle2, mais bien des aventures d’un anti-héros dans les Royaumes Mortels. Bonus appréciable, ‘The Inevitable Siege’ contient tous les éléments nécessaires pour devenir le premier épisode d’une future série, qui serait très intéressante à lire si elle continue sur cette lancée : un héros charismatique (à son niveau), son impitoyable Némésis – qui finit aussi l’histoire en un seul morceau –, et un concept central suffisamment riche et original pour permettre à un auteur compétent de produire plusieurs nouvelles/romans pour l’explorer en profondeur. Bref, il va falloir apprendre à écrire correctement le nom de Rhuairidh James (comme celui d’ADB il y a quelques années), car ce petit gars a un vrai potentiel. 1 : Pas étonnant de la part d’un auteur qui a commencé par écrire du fluff pour Games Workshop. 2 : ‘Grunsonn’s Marauders’ et ‘Paradise Lost’. Fluff : Désert de Kharan : Un désert aride de sable et de rocs situé en périphérie des Royaumes Mortels, où la présence du Dieu du Sang se fait fortement ressentir. Les légendes racontent qu’il s’agit d’un des premiers endroits où Khorne s’incarna, et qu’il sala la terre derrière lui afin de s’assurer que seules les formes de vie les plus impitoyables pourraient y subsister. Khulna Khesh : Cité Etat inféodée à Khorne, Khulna Khesh se déplace de Royaume en Royaume pour se repaître des cadavres laissés par les combats de l’Âge du Chaos (rq : le recyclage, c’est important). La cité est bâtie en profondeur, et émane une odeur d’abattoir intolérable. En son centre se trouve un temple dédié à Khorne, où est plantée une lance gigantesque faite d’os et de métal, considérée comme étant une des armes du Dieu du Sang. Objet Magique : Le Livre des Fins Inévitables (Book of Inevitable Fates) est un grimoire qui permet à celui qui le possède de déterminer la manière dont une personne mourra. Il suffit d’écrire le nom de cette dernière et la façon dont elle rencontrera son destin dans les pages du livre pour sceller son sort. • The Thorn Mile Révélation Age of Sigmar Week 2023/2023/21 pages Intrigue : On le sait, les fins de carrière ne sont guère agréables chez les Stormcast Eternals. Après un trop grand nombre de Reforges, ces fiers guerriers perdent leur humanité en même temps que leur personnalité et les souvenirs de leur ancienne vie, et pire encore, ont conscience de sombrer petit à petit dans le rôle peu enviable de PNJ au service de Sigmar. C’est le cas de Haldane des Tempest Lords, qui du haut de sa douzaine de passage sur l’Enclume de l’Apothéose, n’est définitivement pas un perdreau de l’année. Autrefois un peu poète à ses heures perdues, il a aujourd’hui du mal à faire une phrase de plus de cinq mots (et à donc troqué les alexandrins pour les haïkus), et n’a plus vraiment le zèle de ses débuts. Il peut au moins compter sur l’amitié d’un soldat de la milice de l’Aire Noire, Fitzroy, qui a réussi à survivre assez longtemps dans la carrière pour assister à quelques réincarnations de Haldane, et lui tient compagnie alors que les deux compères se dirigent vers le campement d’Hommes Bêtes que l’armée du Seigneur Celestant Mhodrian souhaite purger de manière préventive. Si la bataille s’engage de manière très classique, les Stormcast Eternals ancrant la ligne et prenant l’aggro des mobs adverses pendant que les miliciens s’occupent du DPS, les choses prennent un tour inattendu lorsque la batterie Tonnerre de Feu commandée par Fitzroy bombarde sciemment la position des Elus de Sigmar. Shrapnelisé au troisième degré, Haldane est mis hors de combat assez longtemps pour se réveiller dans un charnier abandonné, après que l’armée sigmarite se soit fait annihiler par ses adversaires bestiaux. Motivé par une bien compréhensible soif de revanche contre son camarade Fitzroy, qui semble avoir tourné cultiste sur ses vieux jours, ainsi que par l’appel pressant de son devoir envers l’Aire Noire, qui doit être prévenue de l’arrivée prochaine d’une harde d’Hommes Bêtes à sa porte, Haldane fait fi de son état déplorable (armure cabossée et anorexie mentale) et part en marchant – mais vite – en direction de la tour de guet la plus proche afin d’y allumer un brasier. Une chance sur deux que le Rohan rapplique, après tout. En chemin, il se fait surprendre par Fitzroy, qui allait dans la même direction mais avec des intentions radicalement opposées. Dans son état de faiblesse avancé, Haldane se fait bolosser par le traître, en voie avancée de devenir un Ungor, et qui révèle au Stormcast qu’il a retourné sa veste en soie parce qu’il ne supportait plus que l’humanité soit préservée, et donc affaiblie, par les actions des Elus de Sigmar. Lui-même a été sauvé par Haldane sur un champ de bataille quelconque il y a de cela bien longtemps, n’héritant que d’une blessure incapacitante au lieu de mourir glorieusement au combat. Et apparemment, son syndrome du survivant l’a amené à haïr cordialement celui qu’il l’avait secouru. Il faut de tout pour faire un monde. Fitzroy commet cependant l’erreur de laisser Haldane avec un bâillon sur le coin du museau plutôt qu’une balle dans le cerveau à l’issue de leur tête à tête, donnant à notre héros éprouvé l’occasion d’être secourue par Mhairi, une petite mamie toute ridée ayant décidé de rejoindre les rangers (avec son long fusil du Hochland baptisé Hugo) sur ses vieux jours. Après avoir donné au Stormcast bosselé une rasade de gnôle coupée à la potion magique, la paire reprend la route, passant par un raccourci connu de Mhairi pour rattraper le retard pris sur le bondissant Fitzroy. S’ils finissent bien par refaire leur retard sur le tourne casaque et change peau à proximité de la tour de guet servant de ligne d’arrivée à la nouvelle, la deuxième confrontation entre le camp de l’Ordre et celui du Chaos tourne à nouveau en faveur des Fab 4. Malgré son aspect toujours plus bestial, Fitzroy demeure un as de la gâchette, et il troue la (vieille) peau de Mhairi, forçant Haldane à choisir entre rester sur place pour la secourir, ou poursuivre Fitzroy et la condamner à se vider de son sang. Bien qu’il ait d’abord choisi l’option la plus altruiste, Haldane est remis sur le droit chemin du bien commun par sa side-kick d’un regard sévère, et le Stormcast se lance finalement dans un sprint effréné en direction de la tour de guet, afin de coiffer Fitzroy sur le poteau… Révélation …Et parvenir à remporter enfin une manche contre son adversaire bêlant. Mais du genre victoire morale plutôt qu’honnête empoignade entre gentlemen. Laissant Fitzroy gâcher ses balles à abattre le pauvre factionnaire en poste dans la tour, Haldane monte les marches quatre à quatre, se poste devant le tas de bois empilé au somment du bâtiment, et attend tranquillement que Mhairi lui colle un headshot synonyme de foudroiement, qui met du même coup feu aux fagots et alerte la garnison de l’Aire Noire que quelque chose ne tourne pas rond en Ghur. Nécessité fait loi, dirons-nous, mais Sigmar a connu triomphe plus marqué que celui-ci. Avis : Rhuairidh James livre une histoire de Stormcast Eternals radicalement différente des standards du genre dans ce ‘The Thorn Mile’, qui donne un sérieux coup au glamour entourant les poster boys d’Age of Sigmar. Il n’est certes pas le premier à jouer sur le côté débilitant des Reforges pour faire gagner de la profondeur à son immortel (mais pas éternel, même si la nuance est fine) héros, mais il va beaucoup plus loin que ses camarades dans la mise en scène de la faillibilité des surhommes en sigmarite, qui n’ont pas toujours la « chance » de mourir proprement au combat et de filer se refaire une santé sur l’Enclume de l’Apothéose. C’est ici le cas pour Haldane, qui s’en prend plein les dents (mais pas que) et s’accroche obstinément à son dernier point de vie pour mener tout de même à bien la mission d’intérêt public qu’il s’est fixée. N’est-ce pas ce que les héros sont censés faire ? Cette nouvelle bénéficie aussi de la science du casting de James (qui avait déjà démontré ses talents dans ‘The Inevitable Siege’), qui oppose à son protagoniste mutique et dur au mal un adversaire aux motivations complexes, à la trajectoire littéralement pitoyable et aux maniérismes appréciables (sa manière de troller ses interlocuteurs pour les faire tourner en bourrique suffira sans doute à lui gagner la sympathie du lectorat). Mémé Mhairi n’est pas en reste, et même si elle n’est qu’un second rôle de l’histoire, son look improbable et ses interventions tranchantes la rendent aussi mémorable que ses camarades. Je crois qu’on tient en Rhuairidh James un talent brut en matière de character development, ce qui n’est pas donné à tout le monde et fait souvent la différence entre un auteur moyen et une valeur sûre de la Black Library. Il est encore un peu tôt pour en être certain (au moment où cette nouvelle est chroniquée), mais ses premiers travaux me rendent franchement optimistes. Enfin, j’ai apprécié les idées et réflexions que James a glissé dans son propos sur le lore d’Age of Sigmar, qui m’ont paru assez bien trouvées. Par exemple, et si la tendance des Stormcast Eternals à porter en permanence leur masque de guerre était dû au fait qu’ils ne reconnaissaient plus leur visage après de trop nombreuses Reforges, et préféraient donc le dissimuler sur les traits anonymes et parfaits de leur armure ? Je n’avais jamais réfléchi au sujet sous cet angle, et cette proposition me plait assez. Là encore, cette capacité à « enrichir » un univers de fiction en repartant de faits assez communs (ici le constat que les Stormcast Eternals sont très souvent représentés casqués en toute circonstance) dénote un potentiel narratif supérieur à la moyenne, et augure du bon pour la suite. Fluff : Cités de Sigmar (Arsenal) : Les fusées des batteries Tonnerre de Feu peuvent être remplies de shrapnel et/ou de charmes incendiaires (faisant fondre le métal), afin de renforcer leur léthalité contre des ennemis en armure. Richard Strachan (13) Révélation À ne pas confondre avec le spécialiste du 200 et 400 mètres britannique, notre Richard Strachan est un auteur n’ayant pas publié grand chose à ce jour. To be completed, I guess. s'étant fait une belle place au soleil depuis ses débuts pour la Black Library. Un spécialiste de Warhammer Horror ('The Widow Tide', 'The Growing Seasons', 'Voices in the Glass', 'Tesserae', 'Bird of Change'), il a enrichi son répertoire et son catalogue aux autres aspects des Royaumes Mortels. On lui doit ainsi les romans 'The End of Enlightenment', 'Hallowed Ground', 'The Vulture Lord' et 'Blood of the Everchosen' (Warcry). (Witch) Hunter x (Witch) Hunter : Galen et Doralian Ven Desnt (3) • The Interrogator Révélation Black Library Celebration Week 2022/2022/13 pages Intrigue : Priez pour le pauvre Gaspar Helding. Scribe sans envergure travaillant depuis 20 ans au service de sa guilde pour un salaire de misère à Hammerhal, notre homme a eu la malchance d’attirer l’attention des zélotes de l’Ordre d’Azyr alors qu’il sortait de son office, comme tous les soirs. Arrêté sans ménagement et jeté dans une cellule humide et sombre, Gaspar se fait bientôt cuisiner, et à feu très vif, par la peu souriante Doralia van Denst, agente assermentée de l’Ordre, qui nourrit des soupçons tenaces sur son implication dans une série d’attentats commis par des cultistes du Chaos au cours des dernières semaines. Le dossier a beau reposer sur des éléments aussi solides qu’une anse de choppe tournée vers une fenêtre, une banalité sur la météo proférée à un vendeur de fruits, ou encore des typos même pas cocasses retrouvées dans les montagnes de pages que Gaspar recopie tous les jours, rien de ce que peut avancer notre héros ne réussit à convaincre sa tortionnaire de son erreur. Entre deux coups de bottin et séances de waterboarding, Dora l’Excavatrice passe le temps (un peu) et se reprend son souffle (surtout) en racontant à son nouveau meilleur ami la fois où elle traquait un Horrorghast un peu trop persistant à Excelsis. Il s’était avéré que ce n’était pas un sort en fuite, mais une projection de la détresse des orphelins des miliciens de la ville, placés dans un hospice après la mort de leurs parents. Confrontée à ce problème épineux, l’avenante Doralia avait favorisé l’option la plus définitive et la plus rapide (et sans doute la plus économique : un carreau d’arbalète coûte bien moins cher que 10 ans de psychothérapie), ce qui révèle bien les trésors d’altruisme qu’elle porte en elle. Ayant laissé Gaspar quelques jours mariner dans son jus et dans ses doutes, elle revient terminer leur petite discussion en lui posant un ultimatum assez tranché. La seule manière qu’il a de la convaincre de son innocence est d’utiliser le couteau qu’elle lui remet pour se trancher la main gauche. Gaspar ne comprend pas vraiment le rapport avec la choucroute, mais sa situation désespérée finit par lui faire commettre l’impensable… Révélation …Ce qui le condamne plus sûrement qu’un aveu circonstancié, puisque sa main tranchée décide d’aller se réfugier dans un coin de la cellule. Ce qui n’est pas la réaction normale et attendue d’un membre sectionné quand ce dernier appartenait à un mammifère (c’est différent pour les céphalopodes, bien sûr). Avant de le remettre à ses collègues de la BAC (Brigade Anti Chaos), Doralia explique au cultiste que le simple fait de se trancher la main aurait suffi à établir sa culpabilité, car « les innocents ne font pas ça ». Ce qui reste à démontrer quand on est à la merci de l’Ordre d’Azyr et soumis à plusieurs jours de tortures physiques et psychologiques, mais on en restera là. En attendant que l’infâme Gaspar ne se mette réellement à table, Dodo peut retourner chez elle s’en jeter un petit bien mérité : grâce à elle, les rues de Hammerhal sont un peu plus sûres ce soir. Avis : Richard Strachan met à profit sa maîtrise des canons de la littérature horrifique (il a commencé pour la Black Library avec plusieurs nouvelles siglées Warhammer Horror) pour signer une nouvelle viscéralement sombre mettant en lumière – haha – la charmante Doralia ven Denst, moitié féminine du duo de chasseurs de sorcières qu’elle forme avec son paternel. Le suspens ménagé quant à la culpabilité de Gaspar Helding, beaucoup plus sympathique pour le lecteur que la véritable (anti)héroïne de la nouvelle, et qui repose en grande partie sur le caractère fallacieux des accusations qui pèsent sur lui, donne à cette histoire un ressenti de thriller psychologique pas très éloigné d’un Saw, surtout lorsque le hachoir fait son apparition. On pourrait trouver que la conclusion est comparativement faible, mais le rendu global est tout à fait satisfaisant, et donne envie de se plonger dans le roman (‘Hallowed Ground’) que le même Richard Strachan a consacré van Denst & Fille. La GW-Fiction peut s’enorgueillir de quelques figures de Chasseurs de Sorcières/Inquisiteurs magnifiquement antipathiques, et il semblerait que les nouveaux-venus soient à la hauteur de leurs honorables aïeuls. Tant mieux ! Fluff : Hammerhal (Personnage nommé): Serraster ven Hext, Prime Commander du Grand Conclave de Hammerhal Aqshy. Assassiné par un carreau d’arbalète empoisonné lors d’un attentat fomenté par des cultistes du Chaos. • The Orphan of Pale Harbour Révélation Age of Sigmar Character Week 2022/2022/18 pages Intrigue: Ayant donné rendez-vous à sa fille et néanmoins collègue dans la petite ville de Pale Harbour à la fin d’une tournée d’audit et purification de l’arrière-pays Ghurois, Galen Van Denst doit tuer le temps pendant quelques jours, étant arrivé en avance. Pour l’agent d’Azyr vétéran, c’est l’occasion de s’enfiler quelques pintes de bière locale et de fumer en skred ses cigarillos, mais aussi et surtout d’enquêter sur les agissements mystérieux d’une enfant des rues, qu’il a vu s’éclipser discrètement de Pale Harbour à la nuit venue par un trou de l’enceinte fortifiée. Les marais de Ghur n’étant pas le voisinage le plus sécurisé qui soit, à plus forte raison après la tombée du jour, Galen prend sur lui de suivre discrètement la fillette pour s’assurer qu’il ne lui arrive rien de fâcheux. Il apparaît que la jeune Alyssan (c’est son nom, comme vous l’aurez deviné) était de sortie pour déposer une offrande à l’esprit de ses défunts parents. Elle est en effet persuadée que ces derniers, morts de la peste verruqueuse vésicale – une infection qui a l’air bien fun, rien qu’au nom – il y a quelques mois, continuent de veiller sur elle depuis l’au-delà. Cette innocente croyance, qu’elle raconte à Galen après qu’il l’ait ramené en sécurité dans la ville et lui ai payé un repas chaud à l’auberge où il a pris ses quartiers, ne convainc pas vraiment notre méfiant héros, qui décide de tirer les choses au clair dès le lendemain. Après avoir alerté le capitaine de la milice locale sur la possibilité qu’il se passe quelque chose de vilain dans les prochaines heures, Galen repart donc avec Alyssan dans les marécages, et lui demande de l’emmener à l’endroit où ses parents lui déposent leurs petits cadeaux (souvent faits à base d’os humains, ambiance ambiance). L’orpheline s’exécute volontiers, et conduit son nouveau copain jusqu’au petit autel qu’elle a réalisé pour communiquer avec ses esprits gardiens. Lorsque le chasseur de sorcières s’aperçoit que l’ingénue a dessiné le plan de la ville, incluant l’interstice dans la muraille par où elle se glisse pour ses visites nocturnes, sur le sol marécageux, soi-disant pour aider les esprits à veiller sur elle pendant la journée, son sang ne fait qu’un tour. Usant de l’irrésistible charisme que lui confère sa moustache, il demande à Alyssan de signaler sa présence à ses parents, et dégaine discrètement son pistolet pendant que la petiote imite le sifflement de galinette tachetée… Révélation …Ô surprise, ce n’est pas un fantôme bienveillant qui se manifeste alors, mais un Kruleboy visqueux, que Galen a tôt fait d’abattre d’une balle en pleine tête. Ce déchainement soudain de violence ne ravit pas Alyssan, qui s’enfuit en hurlant dans les marais. Galen doit alors décider s’il choisit de rattraper l’orpheline, ou partir défendre Pale Harbour, dont le vent lui porte les échos d’une attaque soudaine. N’écoutant que son bon cœur (une faute professionnelle inqualifiable, si vous voulez mon avis), le chasseur de sorcières opte pour la première alternative, ce qui l’amène après une course éperdue dans les marécages jusqu’à une clairière où un chamane Kruleboyz accomplit la danse du chaudron. Après un bref combat, Galen règle son compte à l’affreux crapaud, renverse son infâme brouet, ce qui fait se dissiper l’épais brouillard conjuré par le sorcier, et repart avec Alyssan en direction de Pale Harbour. Bien que durement éprouvés par l’attaque soudaine des peaux vertes, les défenseurs locaux ont réussi à tenir en respect les Kruleboyz, et l’arrivée d’un, puis deux, personnages nommés (Doralia et sa fidèle arbalète se joignant à la fête quelques minutes après le retour de Galen in town) finit par plier le match. Démoralisés par le retour du ciel bleu, les couards Orruks finissent par détaler sans demander leur reste. Tout est bien qui finit donc bien pour le camp de l’Ordre, Alyssan pardonnant même à Galen de lui avoir menti sur ses véritables intentions à propos de ses parents plus tôt dans la journée. Un authentique happy end sans bûcher de joie, c’est rare pour une nouvelle de chasseurs de sorcières, profitons-en. Avis: Il flotte sur ‘The Orphan of Pale Harbour’ plus que l’épais brouillard typique des Kruleboyz1, mais également et surtout une grosse ambiance de quête secondaire de The Witcher, ce qui est très positif, comme tous ceux qui ont joué à cette série pourront en témoigner. Galen Van Denst pouvant assez facilement se déguiser en Geralt de Riv, le choix de Richard Strachan d’aller lorgner du côté de son collègue de fantasy polonais Andrzej Sapkowski dans cette nouvelle marécageuse, ténébreuse, trompeuse et sanglante s’explique facilement. Reste qu’il n’est pas toujours facile de rendre justice à un personnage aussi complexe que celui du « chasseur de sorcières (ou de monstres) sévère mais avec un bon fond » ; fort heureusement pour nous, Strachan y parvient fort bien ici, dépeignant son héros grisonné en vigilante implacable croisé avec un papi gâteau, lorsque le besoin s’en fait sentir. Au final, les Van Denst sortent plutôt grandis de cette petite aventure, qui démontre qu’ils peuvent aussi bien corriger les nombreuses abominations des Royaumes Mortels qu’interagir de façon (presque) normale avec le bon peuple, et entre eux (mention spéciale à la terreur qu’à Galen que Doralia se rende compte qu’il n’a pas arrêté de fumer, comme il lui a promis). Je crois que l’archétype du lonesome cowboy witch hunter a trouvé sa meilleure incarnation dans Age of Sigmar, et c’est Richard Strachan qui en est responsable. 1 : Que Richard Strachan convoque à nouveau après y avoir placé l’intrigue de sa novella ‘Thunderstrike’. Fluff: Ghur (Localités) : Pale Harbour, Skargstone, Grimsvagen et Hektor’s Point sont des communautés sigmarites, à proximité d’Excelsis. • Shadowglass Creek Révélation Black Library 2022 Advent Calendar/2022/13 pages Intrigue: Galen et Doralia ven Denst poursuivent leur tournée de Ghur (entamée dans ‘The Orphan of Pale Harbour’) et arrivent dans la charmante bourgade de Shadowglass Creek, où un indicateur leur a signalé la présence de deux cultistes du Chaos ayant fui Excelsis après la victoire de l’Ordre. Bien que les suspectes en question, Chellane et Niss, se soient parfaitement intégrées dans leur nouvelle communauté, où elles ont ouvert une petite supérette fréquentée par tous leurs concitoyens, l’Ordre d’Azyr n’est pas connu pour passer l’éponge facilement1. Les ven Denst débarquent donc tous flingues et arbalètes dehors dans le fonds de commerce des exilées, qu’ils conduisent manu militari sur la place centrale de Shadowglass Creek pour un feu de joie purificateur et éducatif pour le reste des péquenauds du coin. Leur zèle est toutefois entravé par le manque de coopération manifeste desdits péquenauds, qui ne croient pas un mot des accusations des Répurgateurs et se tiennent prêts à défendre leurs exemplaires épicières/philanthropes/sages-femmes/paroissiennes contre leurs bourreaux. Même le lecteur de Sigmar local (Gruphoven) se joint à la foule en colère, laissant Galen et Doralia bien isolés au milieu des Ghurites en bisbille. Se pourrait-il qu’ils aient fait erreur sur la personne, comme Chellane et Niss ne cessent de leur répéter ? Révélation …Eh bien, non. Lorsqu’il devient clair que la situation est sur le point de dégénérer, Niss, a.k.a. Salvann Urad décoche un Don du Changement dans la direction de Galen avant qu’il n’ait pu appuyer sur la gâchette de sa pétoire, et entraîne Chellane (a.k.a. Xollniz Ta’zath) vers la porte de la cité sous le couvert d’une bombinette à fumées (rose et bleue, évidemment). Le templier est sauvé par l’intervention fortuite de Gruphoven, qui s’interpose sans le vouloir entre le sort et sa cible, et finit transformé en Enfant du Chaos pour sa peine. Une fois le lecteur euthanasié par charité sigmarite, nos héros font parler la poudre et le chanvre, et mettent fin à la cavale des cultistes repenties de deux tirs bien placés. Comme on dit à Azyrheim : never forgive, never (Guy) forget. 1 : La chose coulant chez lui, c’est les nœuds. Avis: Petite nouvelle qui prend la suite de ‘The Interrogator’ (du même auteur) en poussant la réflexion un peu plus loin : est-il possible pour un cultiste du Chaos de laisser son passé derrière lui et d’être absous de ses péchés, si son repentir est sincère ? A Warhammer Fantasy Battle, la réponse avait toujours été un « non » franc et massif. Age of Sigmar étant un univers (un peu) moins sombre et torturé que son prédécesseur, la question était ici ouverte, et Richard Strachan est resté droit dans ses bottes grimdark au moment d’y répondre. Le résultat n’en est que plus impactant, et permet au lecteur de réfléchir à cette question philosophique de son côté. Une nouvelle soumission solide1 de la part de cet auteur, très à l’aise dans la mise en scène des tribulations manichéennes des agents de l’Ordre d’Azyr. 1 : Je m’interroge cependant sur la possibilité que Chellane et Niss aient pu être des cultistes de la Nullstone Brotherhood, qui détestait les pratiquants des arts arcaniques, et était affiliée à Slaanesh plutôt qu’à Tzeentch. Fluff: Rien de transcendant. Autres (10) • The Widow Tide // La Marée de la Veuve merci @Red Qafe ! Révélation Maledictions/2019/12 pages Intrigue : Red Qafe : Dans un village de pêcheurs, Katalina ne parvient pas à faire son deuil. Son mari a disparu en mer, son corps n'a pas été retrouvé, et il n'a pas de tombe. Une nuit, elle découvre sur la plage un corps à peine vivant, et le cache chez elle pour tenter de sauver cet individu étrange, sans en parler au reste du village qui se contenterait de l'achever par pure haine. Mais alors que l'être a repris quelques forces, les villageois finissent par comprendre qu'elle le cache et attaquent sa maison. Katalina et l'être sont obligés de se défendre et de fuir. Ils se cachent au cimetière, et Katalina, épuisée, se sent partir... (J'imagine que l'être est un représentant des Idoneth, et qu'il lui a pris son âme, d'une façon ou d'une autre...) Schattra : Veuve éplorée et inconsolable d’un pêcheur de la côte de Shyish, Katalina éprouve les plus grandes difficultés à faire le deuil de son homme, peu aidée il est vrai par le fait que le corps de ce dernier n’a jamais été retrouvé. Alors qu’elle veille sombrement parmi les pierres tombales du cimetière local à la tombée du crépuscule (une activité des plus saines et naturelles), au grand désespoir du chef de village – et Chief Happiness Officer – (G)Radomir, son attention est attirée par une étrange lumière bleutée émanant de la plage toute proche, qui finit par l’amener jusqu’à une pierre brillante et un matelot mal en point, tous deux rejetés par la marée sur le littoral, après que le navire qui les transportait ait fait naufrage. Faisant fi de l’inhumanité manifeste du rescapé, ainsi que de son odeur de poisson pourri, Katalina empoche le diam’s et embarque le gonze jusqu’à son petit pied à terre, où elle essaie tant bien que mal de soigner son nouveau meilleur ami. Réalisant de manière inconsciente que son acte de charité pourrait fort bien ne pas être perçu de façon favorable par les autres membres de la communauté, dont les réactions face aux débris du bateau retrouvés sur la plage le lendemain de cette nuit extraordinaire varient de la méfiance à l’effroi, Kat prend bien soin de cacher l’homme qui occupe désormais son lit des yeux inquisiteurs de ses voisins, à commencer par ceux de la vieille Agata, veuve comme elle et manifestement peu au fait des notions d’espace personnel et de respect de la vie privée. Ses soupçons ne sont que confirmés lorsque Radomir fait instaurer des rondes de la milice locale dans les dunes qui ceinturent le village, pour des motifs aussi vaseux que les crabes qui constituent le cœur de son régime alimentaire. Cela n’empêche pas notre Aelf-sitter de persévérer dans son œuvre, malgré les quelques tentatives faites par son hôte de lui fausser compagnie en dépit de son état lamentable1. Malheureusement pour notre infirmière sans préjugés, il est impossible de garder des secrets dans un village de pêcheurs subsistant de ragots autant que de turbots. Quelques jours après le sauvetage, c’est donc la traditionnelle foule en colère qui vient délicatement taper à ses carreaux, demandant à ce que le naufragé lui soit remis, et sans doute pas pour l’emmener à l’office de tourisme local, si vous voulez mon avis. S’engage alors une course poursuite aussi poign(ard)ante que sanglante entre péquenots outrés et colocs outés, le nombre et la colère des humains ne faisant pas le poids face à la détermination et les talents meurtriers du Zoneille, assez rétabli pour envoyer une paire de vigilantes aller compter fleurette au Nag’. Pour Katalina, c’est également une page qui se tourne lorsque son protégé décide d’emporter un souvenir de ce long week-end de cure, et lui subtilise son âme à l’aide du caillou bleu qu’elle lui avait obligeamment rendu à son réveil. Moralité de l’histoire : ne jamais accepter les demandes de location d’Air BnB de la part d’Idoneth Deepkin, ça finit toujours mal. 1 : Il avait sans doute lu Misery de Stephen King. Avis : Schattra : Courte nouvelle à l’intrigue cousue de fil blanc, The Widow Tide aurait gagné à bénéficier d’un synopsis un peu plus fouillé. Par exemple en faisant revenir le mari disparu comme entité maléfique, mais néanmoins aimée et protégée par Katalina ; ou en incorporant quelques exactions inexpliquées mais imputables à l’Aelf convalescent recueillie par notre villageoise au grand cœur, et dont on aurait au final découvert qu’elles avaient été commises par un autre Deepkin ayant survécu au naufrage. Cela aurait permis à Strachan d’exploiter plus facilement les codes du récit d’horreur1, au lieu de se retrouver avec un récit trop rapidement expédié pour que puisse s’y développer de manière satisfaisante l’atmosphère angoissante et dérangeante propre à ce type de littérature. La conclusion de The Widow Tide – le « meurtre » gratuit de Katalina par le Deepkin, qui n’avait aucune raison de s’en prendre à elle et dont l’éventuelle (et attendue, après tout les fils spirituels des Elfes Noirs ne sont pas des enfants de chœur) ambivalence vis à vis de sa protectrice n’a été préparée nulle part au cours des pages précédentes – exemplifie encore davantage la réalisation pataude de Strachan de son dessein. Si la nouvelle est un genre codifié, la nouvelle d’horreur l’est encore plus, et malheureusement pour le lecteur, The Widow Tide s’affranchit de trop nombreux éléments inhérents à ce dernier pour que l’expérience soit concluante. 1: La possession d’un être aimé à la Simetierre pour la première piste, le « jumeau maléfique » à la L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde pour la seconde. Fluff : Shyish (géographie) : On trouve une côte des Bonnes Marées (Hopetide) dans le Royaume de la Mort. De l’autre côté de l’océan est sensé se trouver Rive Placide (Placid Shore), endroit imaginaire où les habitants de Shyish pensent que leurs disparus les attendent (rq : les havres gris violets d’Age of Sigmar). Shyish (croyance) : Les habitants humains de la côte de Hopetide se prémunissent des esprits malins et marins en disposant des totems ésotériques à proximité de l’océan. Ce sont des poteaux de bois montés de crânes de requin et de pièces d’ivoire taillées, supposés repousser les démons. Les mariages se déroulent également près de la mer, les deux promis ayant leurs mains attachées ensemble par un lien d’algue pour symboliser leur union devant Sigmar. • The Growing Seasons // Les Saisons de la Vie merci @Red Qafe ! Révélation Invocations/2019/29 pages Intrigue : Red Qafe : Dans une vallée isolée, les villageois s'apprêtent à faire une fête liée au passage des saisons, aux moissons, aux récoltes... (ils font beaucoup de fêtes liées à leur unique moyen de survie : l'agriculture. Ils fêtent et vénèrent la Vie) Mais ils sont interrompus par le retour du fils aîné du chef du village, qui était parti à l'aventure bien des années plus tôt. Si le jeune homme est froidement accueilli par son père, au début, il se fait une place dans la communauté en allant aider un peu partout et en racontant ce qu'il a vu au fil des années. Alors que la communauté va célébrer la fête suivante, le temps est maussade, et il semble que certaines personnes soient tombées malades. Le chef du village doit égorger une chèvre, offrande à la Vie, mais de la plaie de l'animal tombe une pluie d'asticots, souillant la terre et rendant malades plusieurs autres personnes. Les cultures meurent. Les gens tombent malades. Certains prétendent voir des chèvres marcher avec une bouche au niveau du ventre. D'autres parlent à des tumeurs qui leur sont apparues, et celles ci leur répondent. Le chef réunit la communauté. Il veut les rassurer, tout rentrera dans l'ordre. Mais ils ont peur. Isoler le bétail ne ralentit pas les contaminations. Certains disent que la maladie est propagée par les vers, ou les mouches, ou les rats, les oiseaux, voire même des farfadets qui se promènent la nuit. Certains accusent le fils revenu de l'étranger. Certains disent qu'ils ont offensé la Vie, les deux dernières cérémonies se sont mal passées et ils sont punis. Le chef parvient à les convaincre de rester dans la vallée : s'ils sont malades, contagieux, alors autant ne pas quitter les lieux, pour ne pas risquer de propager la maladie... Révélation Quelques temps plus tard, le chef du village et d'autres habitants se sont constitués en milices. Ils surveillent la bonne tenue des quarantaines, mais il semble que quelqu'un décloue les planches pour laisser sortir des contaminés. Ils rattrapent l'un des fuyards, un vieillard qui ressemble plus à un cadavre ambulant, et le ramènent chez lui... le vieil homme semble vivre avec le cadavre de sa femme, mais la quarantaine doit être préservée. Alors que le chef rentre chez lui, il croise d'autres personnes, qui ont capturé le fils. Ils l'accusent de l'avoir trouvé en train de déclouer la maison d'un contaminé (sans doute mort) mais lui dit qu'il a entendu du bruit et voulait s'assurer qu'il ne tombe pas sur la personne qui libère les contaminés. Le chef défend son fils, se bat contre l'un des hommes, finit par dire à tout le monde de rentrer chez soi, et à son fils de se cacher. Il décide de se mettre en quarantaine avec sa femme et ses deux autres enfants. Mais l'un d'eux a un ver dans l'oeil. Enfin, le chef est seul au rez de chaussée de sa maison. Sa femme et ses enfants, à l'étage, sont contaminés, peut être morts et revenus à la vie. Lui a des ulcères aux mains. Il met le feu à la maison, souhaitant mourir avec sa famille. Par la fenêtre, il voit son fils aîné, avec un baluchon sur l'épaule, qui s'en va tranquillement... (Le fils aîné est sans aucun doute un serviteur de Nurgle, qui a transformé une vallée paradisiaque en jardin du Grand Père) Schattra : Dans un coin perdu de Ghyran, au fond d’une vallée isolée du reste du Royaume, une petite communauté humaine vit dans une simplicité heureuse et le respect des commandements vitaux (et pas des commandements de Vitoo, qui sont un peu différents, mais restent dans l’esprit1). Nous faisons la connaissance de la famille du chef spirituel de nos braves péquenauds, Fletch, alors que ce dernier se prépare pour aller prendre sa place dans ce qui peut être décrit comme le carnaval local : la Procession Féconde. Déguisé en Grand Chasseur Vert, qui semble être un cosplay très poussé d’Orion, Fletch mène ainsi les fidèles dans une balade autour de la vallée, jusqu’à arriver devant l’Arbre des Libations, qui doit être dûment arrosé2 afin d’honorer les traditions centenaires assurant à la Vallée Cachée sa prospérité. La cérémonie est toutefois interrompue avant son terme par l’arrivée d’un individu titubant et nauséeux, qui se trouve être Eilert, le fils fugueur de Fletch, ayant précédemment quitté la maison familiale et son village natale pour explorer le vaste monde, à la grande honte de ses parents. Le voici donc revenu en ce moment décisif, et si certaines voix s’élèvent pour que le déserteur soit chassé séance tenante (on a la rancune tenace dans les campagnes), Fletch et Hedda (femme d’icelui) se laissent convaincre d’héberger le fils prodigue, au moins le temps qu’il se refasse une santé. Dans la confusion, les ruraux s’en retournent à leurs masures sans avoir uriné sur arrosé l’Arbre des Libations, ce que Fletch prend plutôt à la rigolade. Evidemment, cet oubli aura des conséquences fâcheuses, et notre héros s’en voudra longtemps de ne pas avoir pris les cinq minutes nécessaires au respect de la tradition (je parie que sa vessie était pleine à ce moment, en plus). Quelques mois plus tard, et alors que les récoltes sont prêtes à être lancées, Fletch est appelé à conduire un nouveau rituel pour débuter la saison de la Ferveur : le sacrifice d’une chèvre au milieu des champs en grains de la vallée. Préoccupé par la réintégration, pourtant assez réussie, d’Eilert dans la communauté, notre héros doit également composer avec, oh comme c’est étonnant, quelques cas d’une nouvelle maladie dont ni l’origine, ni l’antidote, ne sont connues. La cérémonie se passe cependant très mal, et pas que pour la chèvre, qui déverse un torrent d’asticots au lieu du sang attendu lorsque Fletch lui fait rendre gorge. Ce très mauvais présage, confirmé quelques jours plus tard par la perte de l’intégralité de la récolte, qui pourrit sur pied et se fait dévorer par des nuées d’insectes, n’est pas sans provoquer des remous parmi les villageois, d’autant plus que les cas de maladies se déclarent de plus en plus rapidement. Dépassés et effrayés par la situation, les bouseux souhaitent s’en remettre aux bonnes vieilles méthodes, comme l’incinération de sorcières (ils sont moyen chauds pour s’en remettre à un bouc émissaire, après le foin causé par le dernier), ou à défaut, le lynchage d’étrangers, Eilert dans le cas présent. Ayant réussi à calmer, au moins pour un temps, les velléités sanguinaires de ses concitoyens, et convaincu ces derniers que la meilleure solution à leur problème était de se mettre en quarantaine et d’éviter de prendre des douches (ce qui est à la fois merveilleusement altruiste et parfaitement suicidaire), Fletch n’a plus qu’à espérer que la situation va s’améliorer. Spoiler alert. La situation ne s’améliore pas. Au contraire, la riante petite vallée se transforme petit à petit en Zombieland, forçant les rescapés, de moins en moins nombreux et de plus en plus paranoïaques, à prendre des mesures drastiques, comme enfermer chez eux les villageois trop atteints par le mal en attendant qu’ils crament leurs derniers PV. Dans ce cauchemar permanent, Fletch a au moins le réconfort de pouvoir compter sur une famille unie, jusqu’à ce que son deuxième fils, Peer, fasse une poussée de Nurglisme aiguë, annoncée par une thelaziasis de mauvais augure. Pour ne rien arranger, un groupe de péquenauds désespérés décide de purger l’infection en bastonnant les individus suspectés d’avoir provoqué cette dernière, ce qui n’exclut pas grand monde au final. Flecht parvient tout juste à épargner le gourdin à Eilert, mais doit se résoudre à s’appliquer sa propre médecine et à s’enfermer avec ses proches dans leur maison… Révélation …La fin n’est pas longue à venir à partir de ce moment. La santé des claquemurés se détériore rapidement, jusqu’à forcer le pater familias à confiner ses femmes et enfants à l’étage. Lui-même mal en point, il prend la décision de partir en beauté et met le feu à sa maison, en se gardant bien d’en sortir. Dans ses derniers moments, alors qu’il contemple la ruine qu’est devenue sa vallée bien-aimée, il a l’ultime douleur de voir Eilert, clairement marqué comme un Elu de Nurgle, repartir de la vallée avec son baluchon sur l’épaule. Comme quoi, on a bien tort de ne pas faire confiance au bon sens paysan. 1 : Comme tromper son mari/sa femme avec 16 personnes différentes. Très bon pour le brassage génétique. 2 : Comme Strachan décrit le tronc comme marqué par des centaines d’années d’offrandes et que la procession s’arrête tous les cent mètres pour que ses participants boivent un coup, on ne m’ôtera pas l’esprit que la consécration de l’arbre passe simplement par un coup de goupillon (procédé tellement peu naturel). Avis : Schattra : Pour sa deuxième soumission pour le compte de la Black Library, cette fois dans un format un peu plus conséquent que son initial The Widow Tide, Richard Strachan livre une version pestiférée des Quatre Saisons, qui, si elle s’avère plus aboutie que son travail précédent, n’est pas non plus, à l’instar du mystérieux Eilert, exempt de tous soupçons. En sa faveur, retenons une narration maîtrisée, la descente dans l’horreur de la Vallée Cachée, vue à travers les yeux de Fletch, se déroulant avec une implacable logique, depuis les discrets signes avant coureurs négligés par les personnages jusqu’à l’annexion totale et définitive de ce coin de Ghyran par les promoteurs de Papy Nurgle. D’un autre côté, on peut se demander si tout cet espace était nécessaire – autrement que pour instiller au récit une ambiance désespérée, s’entend – à l’aune de l’intrigue simpliste qui sous-tend ce récit. Car, oui, celui que tout indique comme le coupable est coupable, et comme notre héros est trop borné pour remonter sa piste, cette pourriture d’Eilert aura la partie facile du début à la fin de la nouvelle. Cela aurait pu se comprendre si Strachan avait donné au lecteur autre chose d’intéressant, comme une explication sur la manière dont le cultiste s’y est pris pour contaminer toute la vallée, mais rien de tel ne sera explicité1. Bref, plus de forme certes, mais pour la substance, nous n’y sommes toujours pas. 1 : La relecture de la nouvelle m’a de plus fait noter que des fleurs aux formes suspectes étaient présentes dans l’écosystème local (et connues des villageois, puisque leur guérisseur recommande de les suspendre à la porte des maisons pour combattre l’infection) avant le retour d’Eilert. Du coup, une explication sur qui a fait quoi et comment n’aurait pas été de trop. Fluff : Rien à signaler. • Voices in the Glass Révélation Anathemas/2020/15 pages Intrigue : Envoyé prendre la relève et des nouvelles de son collègue et ami Yollin, Prêtre Guerrier sigmarite affecté à la difficile paroisse de Shadespire, en Hyish, Gilvar peine à prendre ses marques dans la cité des miroirs, malgré l’accueil enthousiaste qui lui a été réservé par l’amicale des fidèles. Travaillé par la disparition mystérieuse de l’ancien chargé de culte, et les notes intrigantes faisant état de voix sépulcrales et de verre maudit que son prédécesseur lui a laissé, notre héros ne tarde pas à être victime d’étranges et angoissants phénomènes auditifs, qui lui font également entendre les lamentations bruyantes d’âmes en peine non identifiées. N’ayant pas pensé à ramener ses boules quies depuis Hammerhal, Gilvar passe des nuits agitées, tombant à l’occasion de son lit, et a donc bien du mal à entraîner sa congrégation sur le chemin d’une foi pure et vertueuse, d’autant plus que les membres de son conseil d’ad…juration1 lui jurent leur grand dieu Sigmar qu’ils n’entendent absolument pas la moindre voix du tout. N’ayant pas désespéré de retrouver la trace de son compagnon d’armes, Gilvar se met à errer dans la banlieue littéralement morte de Shadespire pour mener son enquête et occuper ses soirées, loin du tapage qui semble affliger particulièrement sa résidence. Il a ainsi l’occasion d’échanger quelques banalités avec le jeune Prentiss, qui a choisi de s’installer dans un manoir lors de son arrivée dans la cité (qui a beaucoup de problèmes, mais où l’immobilier est apparemment donné). Malgré l’invitation de ce dernier d’aller prendre un dernier verre dans sa chambre, Gilvar, sans doute traumatisé par ces histoires de miroir, refuse tout net la proposition de son hôte. Sur le chemin du retour, cependant, il est de nouveau assailli par un barrage de plaintes tourmentées, dont celles d’une petite fille à laquelle on a manifestement refuser d’acheter un poney, si on en doit en juger par le caractère strident et insupportable de ses pleurs. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le bénitier pour Gigi, qui s’en fuit en courant pleurer dans sa chambre, comme le gros fragile qu’il est, en fait. Le lendemain, mis très en colère par sa propre incapacité à mettre sa vie en ordre, il livre un sermon aussi bref (quatre phrases) que culpabilisant à ses ouailles, qui repartent de l’église la tête dans le culte. Cette crise de colère a au moins eu l’effet de débloquer la parole de la vieille Lizabet, la bonne de Gilvar, qui révèle à ce dernier que sous leurs airs nonchalants, les Shadespiriens sont également victimes des vocalises d’outre-tombe qui affligent le prêtre. Résolu à faire cesser ces nuisances sonores, ce dernier empoigne son marteau pour aller briser la glace, ce qui est un comportement tout à fait pertinent en cas d’urgence, comme chacun peut en témoigner… Révélation …Le plan de Gilvar est simple : ne pas laisser un carreau, une vitre ou une glace intacte dans toute la ville. Il soupçonne en effet que ces surfaces servent d’interface aux âmes damnées du coin, et, plutôt que d’aller consoler ces dernières, il préfère qu’elles aillent hanter ailleurs. Non mais. Guidé dans sa vendetta totalement éclatée par la voix de Yollin jusqu’au manoir de Prentiss, il se décide cette fois à y pénétrer, et découvre que le jeune homme a recréé la galerie des glaces dans toutes les pièces de la demeure. Outré par tant de narcissisme, Gilvar enfile sa salopette de Wreck It Ralph et démolit consciencieusement tous les miroirs passant à portée de son marteau, sourd aux lamentations des spectres qui tambourinent de l’autre côté de la paroi (et à celles de la femme de ménage qui devra se taper de tout balayer). La salle finale se révèle cependant être un défi bien plus coriace pour notre vertueux vandale : confronté à l’esprit de Yollin, piégé lui aussi dans un cadre enchanté, Gilvar n’entend pas venir le fourbe Prentiss, qui lui plante une dague dans le buffet et l’envoie fissa au tapis. À son réveil, il ne peut que constater qu’il est lui aussi passé de l’autre côté du miroir, à la vue de l’antiquaire en train de floss dance-r sur son cadavre. C’est la fin de l’histoire pour notre zélote, qui pourra peut-être sortir de sa dimension parallèle une fois que ses 687.234634 années de malheur seront écoulées… 1 : Le Duardin Dunnot, l’Aelf Amyrillis, le fat Dunceyn, le grabataire Brenton et le « normal » Prentiss. Avis : Si Shadespire est un décor rêvé pour une histoire d’horreur se déroulant dans les Royaumes Mortels, Richard Strachan ne réussit malheureusement pas à tirer la substantifique moelle, ou glace, du potentiel angoissant de la cité des miroirs. La faute à une intrigue insuffisamment développée, qui consiste principalement en une virée destructrice du héros après que ce dernier ait fait les frais de quelques manifestions spectrales. Si l’imposante galerie de personnages présentée par l’auteur (pour une nouvelle de quinze pages) avait sans doute pour but de mener le lecteur sur une fausse piste quant à l’identité de l’antagoniste, ce but louable est toutefois contrarié par la mauvaise exposition du problème auquel Gilvar se retrouve confronté. Sans rire, je n’ai compris que ce dernier était engagé dans un scénario PvP que dans les dernières pages, étant auparavant persuadé que le caractère maléfique « natif » de Shadespire constituerait la Némésis de notre Prêtre Guerrier malchanceux. La conclusion du récit, pour attendue qu’elle soit, est pour finir amenée sans finesse par Strachan, qui fait one-shoter son héros, qui devrait pourtant être familier des choses de la guerre, par un antiquaire armé d’un coupe papier. L’entrainement des recrues laisse vraiment à désirer à Azyrheim. Il est en outre dommage que l’auteur n’ait pas choisi de développer davantage les aspects les plus intéressants (à mes yeux) de son histoire, comme la présence de non humains dans le culte de Sigmar, ou la raison qui pousse les paroissiens de Shadespire à faire comme si la situation était normale, alors qu’ils sont tout à fait au courant de la précarité de leur situation (comme la confession de Lyzabet le révèle). Bref, une soumission assez décevante compte tenu de ce qu’elle aurait pu être, et qui n’ajoute même pas un peu de guimauve shadespirienne à moudre au moulin du fluffiste acharné. Fluff : Culte de Sigmar : ‘L’Enclume et le Marteau’ (The Anvil and the Hammer) et ‘Les Intimations de la Comète’ (Intimations of the Comet) sont deux livres saints du culte de Sigmar, utilisés pour les offices. Saint Tolliver a déclaré que « le marteau s’abat pareillement sur les justes et les injustes, mais seuls les seconds ressentent son poids ». Chamon : Les vins de zéphyr (zephyr-wines) de ce Royaume sont des crus fameux, recherché dans l’ensemble des Royaumes Mortels. • Tesserae Révélation The Harrowed Paths/2021/12 pages Intrigue : Par une nuit sombre et obscure, un mystérieux personnage entre dans une taverne minable de la ville d’Olhum, en Shyish, et commande deux pintes au comptoir. Une pour lui, et une pour un vieux Duardin maussade qui tise devant la cheminée. Par le houblon alléché, le nabot tend la main (parfaitement manucurée) vers le bock si généreusement offert par son nouveau meilleur ami, mais ce dernier pose une condition à cette tournée générale : le Duardin devra lui raconter son histoire. Et, bien que cela semble lui en coûter, ce dernier finit par accepter parce qu’au fond, il fait soif. Nous apprenons donc que notre alcoolique jusque là anonyme se nomme Khelen Khar’nelian (sans doute un ressortissant arménien), et exerçait précédemment la profession de maître verrier, vitrier, mosaïste, scrapbooker, j’en passe et des meilleurs arts décoratifs. Considéré à juste titre que l’artisan le plus doué d’Olhum, Khelen n’avait cependant pas la tête faite pour la conduite des affaires, et sa petite entreprise familiale, gérée avec son fils Khadrick, s’était retrouvée menacée de faillite à cause de l’accumulation des dettes. Malgré ses tentatives désespérées d’améliorer son BFR et son EBITDA en acceptant tous les travaux, même les plus ingrats, pour faire rentre du cash, Khelen n’arrivait pas à se sortir de ce mauvais pas, et accepta donc sans trop faire d’histoire la mission de restauration que lui confia un nouveau client, le Prince Cosimo, dans son manoir d’Ohlum. Malgré la mauvaise impression dégagée par l’aristocrate et le manque de précisions fournies sur la nature des travaux, notre Duardin prit donc ses outils et se rendit dans la rue de Mhurghast (wink sépulcral) dès le lendemain, appâté par la forte récompense promise par son nouvel employeur. Sur place, dans une bicoque grandiose mais fortement décatie, Khelen se fit conduire par Cosimo dans une pièce où se trouvait une grande mosaïque endommagée, représentant un jeune berger marchant dans la campagne avec un agneau dans les bras. La tâche de l’artisan serait de restaurer cette pastorale en utilisant les tesselles fournies par le propriétaire, en l’espace d’un jour et d’une nuit, et sans faire attention aux bruits étranges du manoir, qui accusait son âge d’après son propriétaire. Dernière spécification, Khelen ne devait travailler sur le visage du berger qu’à la toute fin de son ouvrage, et en utilisant uniquement les cubes spéciaux fournis par Cosimo, se trouvant être d’authentiques pierres de royaume d’Ulgu, et donc d’une valeur incommensurable. Ces conditions énoncées et acceptés par son ouvrier plus que qualifié, Cosimo prit son congé et laissa Khelen se mettre à l’ouvrage, ce que ce dernier fit avec entrain, malgré les nombreuses manifestations horrifiques (banshee en arrière plan, voix sépulcrales en fond sonore, main ensanglantée lui passant des tesselles à l’improviste…) venant perturber son travail. Malheureusement pour notre héros, il ne put résister à un petit larcin avant d’achever son œuvre, et substitua une des pierres de royaume par un éclat banal au moment de la pose des derniers tessons. Grave erreur, et lourde de conséquence, car quand vint le moment de contempler la mosaïque complétée, Khelen se rendit compte que ce n’était pas du tout un pâtre faisant du lambnapping qui était représenté au final, mais lui-même en train de porter le cadavre de son fils dans les rues d’Ohlum. Vous parlez d’une myopie alors. Suspectant que ce changement radical avait quelque chose à voir avec son vol de caillou magique, et peu soucieux de faire un état des lieux avec Cosimo, qui s’était absenté pendant les travaux, Khelen s’enfuit du manoir et retourna à son atelier, où il trouva évidemment Kadrick raide mort sur son livre de comptes. Les parents volent, les enfants trinquent, c’est bien connu. Ce fut le début de la fin pour l’artisan maudit, qui sombra dans le désespoir et la boisson, jusqu’à ce soir fatidique où le généreux étranger du début l’aborda pour payer son coup. Généreux étranger qui se révèle être, je vous le donne en mille, le Prince Cosimo, pas rancunier pour deux sous, mais souhaitant tout de même recouvrer sa pierre de royaume (que Khelen avait gardé comme souvenir, car elle lui parle avec la voix de son fils), que le Duardin accepte de restituer sans faire d’histoire. Et c’est ainsi que se termine la nôtre, avec l’éternelle morale de « nain mal acquis ne profite jamais ». Avis : J’ai critiqué plus qu’à mon tour les travaux horrifiques de Richard Strachan (‘The Widow Tide’, ‘The Growing Seasons’, ‘Voices in the Glass’), qui tombaient selon moi toujours à plat pour une raison ou une autre. Le genre de la nouvelle d’horreur est en effet doublement difficile à maîtriser, puisque soumis à une double injonction de retournement de situation final afin de respecter à la fois le fond et la forme de l’exercice. Je dois donc reconnaître que ce ‘Tesserae1’ constitue une nette amélioration par rapport à ces précédentes histoires, et dont la lecture est donc bien plus intéressante. Sur la trame classique du pacte méphistophélique entre un puissant sinistre et un héros désespéré, décliné ici sur le thème de l’art (qui est particulièrement exploré en ce moment par les auteurs de Warhammer Horror, puisque ‘Pentimento’ de Nick Kyme s’inscrit également dans cette veine), Strachan livre une histoire sans grande originalité, mais solide dans son intrigue, déroulement et atmosphère, et exploitant habilement les codes développés par la BL depuis le lancement de cette gamme (et notamment le clin d’œil obligatoire à Mhurghast). Si on peut à la rigueur reprocher à ‘Tesserae’ de laisser en suspens des aspects importants de son histoire (qui est Cosimo, pourquoi veut-il restaurer la mosaïque, qui sont les esprits et manifestations qui hantent la maison…), la manière dont cette dernière est racontée font apparaître ces omissions comme un choix artistique, et le plaisir de lecture n’en est donc pas (sérieusement) atteint. C’est donc une réussite pour Richard Strachan, qui je l’espère poursuivra sur cette lancée macabre. 1 : Que l’on peut traduire en français par ‘Tesselles’ ou ‘Abacules’ si on veut vraiment être snob, soit les petits cubes d’émail utilisés pour réaliser des mosaïques. Fluff : Rien de transcendant. • Bird of Change Révélation Warhammer Horror Week 2021/2021/20 pages Intrigue : Dans un petit village de Chamon, la jeune Vemari attend impatiemment que son corps change. Et, non, il n’est pas question de puberté ici, mais de bonne vieille mutation des familles (après tout, on fait de la fantasy, m*rde) : tous les habitants du bled où elle a grandit avec ses parents et sa jeune sœur Avaryn ont en effet été bénis par Tzeentch, et arborent fièrement qui un œil surnuméraire, qui des serres acérées, qui un petit tentacule du plus bel effet. Vemari, qui n’a pas eu la chance de développer de super pouvoir tumeur maligne au même titre que ses petits camarades, se sent un peu exclue de la vibe locale. Elle part donc souvent de nuit creuser le riche sous-sol chamonite en compagnie d’Avaryn (et de la tête supplémentaire qui lui pousse sur le cou), à la recherche de la changepierre1 qui pourrait lui permettre d’intégrer à son tour les X-Men, ou de confirmer qu’elle est bien un Pokémon. Les opinions divergent. Malgré leurs meilleurs efforts, les frangines ne parviennent pas à déterrer autre chose que des cailloux brillants, et le jour tant attendu par les habitants de Mutanville fini par arriver sans que notre héroïne n’ait échappé à sa condition de normie. Tous les ans en effet, le Magister du village emmène neuf volontaires tirés au sort jusqu’à l’Arbre de Cristal qui surplombe la vallée, afin que les heureux élus puissent rejoindre l’Oiseau du Changement qui vit sous le majestueux végétal. La légende raconte que les visiteurs aident l’Oiseau à grandir, jusqu’au jour où il sera assez fort pour prendre son envol et apporter le changement dans tout le royaume. Le fait qu’on n’ait jamais revu les Nazgul festivaliers revenir au village n’est absolument pas vu comme la preuve qu’il leur est arrivé quelque chose d’horrible, cependant, et les candidats ne manquent jamais. La crédulité paysanne m’étonnera toujours. Bien qu’il soit habituel que le sort « favorise » les plus mutés (comme dans l’Education Nationale) au cours du processus de sélection, Vemari décide de mettre son nom dans la coupe de feu, juste pour voir ce qu’il se passe. Après tout, qu’a-t-elle à perdre dans la tentative ? NE RÉPONDEZ PAS. Et, ô miracle, elle a le bonheur d’entendre son nom appelé par le Magister, ainsi que celui de son pote Mylin, également frappé par la malédiction de la normalité. Comme quoi, la diversité et l’inclusion sont vraiment des vertus cardinales chez les disciples de Tzeentch. Au terme des réjouissances de circonstance, les neuf élus sont emmenés jusqu’à l’Arbre de Cristal, et attachés par de solides chaînes à son tronc. Absolument rien d’inquiétant dans ces préparatifs, bien sûr. Après s’être fendu d’un petit prêche final, le Magister s’en retourne au village, laissant Vemari, Mylin et les autres attendre patiemment l’arrivée de l’Oiseau… Révélation …Évidemment, ce dernier n’est pas Big Bird (ce serait donc ça qu’on aurait appelé le multiverse…), mais bien un authentique monstre assoiffé de sang, qui s’extrait péniblement de son terrier situé sous les racines de l’Arbre et tombe sur les villageois tétanisés comme un Homer Simpson sur un tas de donuts. Par un coup de chance, Vemari est seulement assommée par la bête, et se réveille dans une petite cellule dans l’antre de cette dernière. Ses camarades n’ont pas été aussi favorisés par Ranald, et ont tous été sauvagement dévorés par l’Oiseau, qui a y regarder plus près ressemble plus à un Varghulf qu’à un Duc du Changement… N’y aurait-il pas tromperie sur la marchandise ? En fait, le dindon (très énervé) de notre farce est un seigneur vampire dégénéré répondant au nom de Krugar, que les hasards de la non-vie ont poussé à devenir le croquemitaine du village de cultistes précédemment présenté. N’ayant pas laissée tomber ses lubies de changegirl, Vemari se passionne rapidement pour le parcours de vie (?) de son geôlier, qui est passé d’ignoble suzerain à chauve-souris enragée : que voilà une trajectoire fluide ! Au fil des jours, et au contact de sa prisonnière, Krugar revient petit à petit à reprendre le dessus sur sa condition, et finit par laisser Vemari libre de retourner dans son village, pendant que lui ira régler ses comptes avec les descendants de sa lignée responsables de sa déchéance… Révélation …Cependant, ce n’est pas vraiment le happy end que souhaite notre héroïne philosophe. Désireuse de changer elle aussi, elle ne trouve rien de plus malin que de venir taper sur l’épaule de Krugar pendant qu’il cherche désespérément quelque chose à se mettre dans sa vieille garde-robe, et lui présenter un miroir pour lui faire réaliser qu’il n’a plus vraiment une tête de porte bonheur2. Réaction extrême mais prévisible du vampire : sauter à la jugulaire de cette adolescente pénible, qui finit la nouvelle avec la satisfaction de savoir qu’elle va bientôt expérimenter le changement le plus radical qui soit. Qu’ils sont morbides alors, ces jeunes. 1 : Le nom donné à l’uranium dans les Royaumes Mortels, j’en suis convaincu. 2 : Car oui, apparemment il ne s’en été pas rendu compte tout seul. Assez étrange. Avis : ‘Bird of Change’ ne manque pas d’idées intéressantes, à commencer par le concept du village de mutants vivant comme tout un chacun, loin de l’image d’Epinal des cultistes chaotiques dégénérés. De même, le twist sur l’identité de l’Oiseau du Changement est assez intrigant (et plus surprenant que le fait que le joli mythe du Magister ne soit qu’un gros bobard), et aurait pu déboucher sur un final vraiment intéressant, si Richard Strachan s’était donné la peine de développer son propos de manière convenable au lieu de « s’éparpiller » en tous sens. Les vingt pages que durent cette nouvelle sont en effet insuffisantes pour exploiter de manière convenable les fulgurances de Strachan, qui se permet en plus de mettre en scène des péripéties « orphelines ». Exemple gratuit : l’histoire commence par la scène de recherche de changepierre par Vemari et Avaryn, et notre héroïne reçoit un caillou spécial de la part de sa sœur… qui n’aura aucune espèce d’importance dans le reste de la nouvelle, alors qu’il semblait évident à la lecture qu’il s’agissait d’un fusil de Tchekov. Bref, une offrande qui se démarque par son originalité plus que par son aboutissement, ce qui est toujours un peu dommage. Fluff : Rien de transcendant. • Old Soldiers Révélation The Resting Places/2023/12 pages Intrigue : Le vieux Druner est un vétéran couturé et irascible des régiments de miliciens de Hammerhal, s’enorgueillissant d’avoir participé à la bataille du champ de Brennung, cinquante ans plus tôt. Lorsque l’anniversaire de cet affrontement fatidique arrive, le vieillard commence à manifester des signes d’inquiétude et de paranoïa, inquiétant fortement sa fille Amelya et son mari Vikter, chez lesquels il est logé. Druner voit en effet des gens qui sont morts, comme le dit l’expression consacrée, à savoir ses camarades des Ashpounders, le corps d’armée dans lequel il a servi il y a toutes ces années. Alors que lui a survécu à la bataille avec une jambe cassée, Lukas, Fynn et Ingryd n’ont pas eu cette chance, et où qu’il tourne les yeux, notre vieux héros voit les cadavres horriblement mutilés de ses compagnons le contempler d’une façon vaguement accusatrice. Se pourrait-il qu’il ait quelque chose à se reprocher ? Révélation …Après quelques jours (et nuits) de cohabitation malaisée avec les corps démembrés du trio, Druner entreprend un pèlerinage jusqu’au lieu où s’est déroulé la bataille, il y a toutes ces années. À l’époque, il était le plus jeune servant d’une batterie Tonnerre de Feu, chargé exclusivement de la tâche subalterne mais essentielle du nettoyage des tubes de lancer entre deux volées. Ayant oublié son écouvillon dans les baraquements du régiment le jour précédent la bataille, il mentit à ses camarades sur l’état de propreté de la machine au moment où les Ashpounders se préparaient à envoyer une volée sur les Orruks chargeant leur position, causant un incident de tir qui coûta la vie au reste des servants. Toujours accompagné des spectres de Lukas, Flynn et Ingryd, Druner se rend en pénitence jusqu’au lieu de l’accident, ayant cette fois pris soin de prendre son écouvillon avec lui. S’il croyait apaiser l’esprit vengeur de ses camarades par un honnête, même si tardif, mea culpa et l’offrande de la brossette manquante dans le cratère qui marque encore le lieu de l’accident, cinquante ans après, il en est cependant pour ses frais. Aussi revanchards que des Duardin auxquels on aurait pas rendu leur monnaie, les trois fantômes se matérialisent pour de bon dans le royaume des vivants et font son affaire au commis oublieux. You had ONE job, Druner ! Avis : Ça partait sur de bonnes bases avec un mystère à élucider (pourquoi Druner est-il persécuté par ses frères d’armes alors qu’il se présente comme un héros décoré) et une bonne dose d’horreur graphique, mais (et vous reconnaîtrez avec moi que c’est exactement le bon endroit pour sortir cette métaphore) ‘Old Soldiers’ finit par faire long feu. Une fois que l’on comprend les causes des hallucinations macabres du héros, il ne faut pas longtemps pour deviner comment l’histoire va se terminer, et Strachan termine son récit sans le plus petit retournement de situation. Dommage, car les prémisses étaient intéressantes, notamment pour moi qui fut dans mon jeune temps un joueur de l’Empire à Warhammer Fantasy Battle, et qui a perdu un nombre conséquent de machines de guerre sur le combo bien connu « Incident de tir + 1 ». Hommage à tous les servants partis en fumée pour la défense de la patrie ! Fluff : Bataille nommée : Les armées de Hammerhal ont vaincu une horde d’Orruks durant la bataille du champ de Brennung, situé à une journée de marche du côté aqshyien de la cité. • Blood of the Flayer Révélation Oaths and Conquests/2020/25 pages Intrigue : Dans la vie, il y a des gens qui ne sont jamais contents : Alain Souchon, la mère de l'artiste précédemment connu sous le nom de Prince, ou encore le Seigneur Huthor. Au hasard. Comme vous pouvez vous en douter, notre histoire porte sur le dernier de ces trois individus1, chef d'une bande de Maraudeurs chaotiques tout ce qu'il y a de plus vanille sévissant dans le Royaume de Chamon. Connu sous le nom d’Écorcheur, à cause de sa tendance à mal prononcer le nom de ses interlocuteurs, mais aussi son penchant pour le dépeçage, Huthor voue aux Kharadron Overlords une admiration mêlée de profonde détestation, et aimerait bien aller dépiauter les Duardin volants qui sillonnent les cieux du Royaume, vœu pieux pour le moment. Gardez bien ça en tête, on en aura besoin plus tard. Approché par la sensuelle et aguicheuse Dysileesh, godseeker à plus d'un titre, au sortir d'un petit pillage de village, Huthor accepte de souscrire à une offre de découverte des plaisirs Slaaneshi, sans obligation d'achat. Car s'il y a bien une chose qui vénère notre ombrageux héros, c'est qu'on lui dise - justement - qui vénérer. En attendant, c'est la belle vie pour l’Écorcheur et ses disciples, qui se vautrent dans le stupre et la fornication avec abandon. À tel point que Dysileesh finit par accoucher d'un garçon, Vhorrun, dont la paternité reste sujette à débat entre les Maraudeurs. Ah, c'est ça aussi d'avoir des mœurs libres. Etablis dans les ruines de la Forteresse Dorée, les affreux déprèdent aux alentours dans la joie et la bonne humeur, jusqu'à ce qu'il prenne à Huthor l'idée farfelue d'aller chercher des noises aux Rotbringers barbotant au Nord de son domaine, dans les marais d'Onoglop. L'expédition tourne au fiasco, et notre héros se prend une hache rouillée en plein torse en prime, le condamnant à une longue et douloureuse agonie... jusqu'à ce qu'il se réveille guéri (avec un petit coup de croûte de Nurgle, tout de même). Manque de pot, ses gais compagnons étaient tellement convaincus de son trépas imminent qu'ils ont, pour la plupart d'entre eux (y compris cette insatiable Dysileesh), baffré jusqu'à s'en faire littéralement péter la panse. Ralliant à lui ses derniers fidèles, dont Vhorrun et Vhoss, son plus vieux pote et fidèle bras droit, Huthor décide d'aller se mettre au vert pour un temps, abandonnant son train de vie de bobo dispendieux et vain pour aller au contact de la terre (pourrie). Accueillis à tentacules ouverts par les ploucs d'Onoglop, l'Ecorcheur et sa bande coulent des jours heureux pendant quelques semaines/mois/années2, mais un nouveau venu, le Magos Tyx’evor’eth, arrive un beau matin sur son disque à jantes alu pour tenter de rallier Huthor, décidément très demandé par les Pouvoirs, à la cause de Tzeentch. S'étant pris huit râteaux d'affilée, mais sentant que la neuvième tentative serait la bonne, Tyx' repart une dernière fois à la charge, et parvient à piquer l'intérêt du bouseux en lui faisant remarquer qu'il est en train de gâcher ses plus belles années à faire du camping dans un marais. Vu comme ça, c'est plus la même, et Huthor se laisse enfin convaincre de s'habiller décemment et de perdre un peu de poids pour rejoindre les armées de l'Architecte du Changement (le Magos se chargeant de faire disparaître toutes les mutations disgracieuses affligeant notre héros et ses fidèles au passage). Comme vous devez vous en douter, ce ne sera à nouveau qu'une parenthèse dans l'existence de Huthor, qui finit par rejoindre Khorne après une bonne pige à se balader en toge et à (tenter d') apprendre des sorts, et une rencontre décisive avec un Champion Bloodreaver malchanceux mais guère rancunier. La boucle est bouclée, l'Ecorcheur ayant fait le tour du Panthéon chaotique. Désormais accompagné seulement par son peut-être fils Vhorrun (il a buté Vhoss pendant sa période psychédélique, après que ce dernier ait tenté de l'assassiner) parmi ses compagnons initiaux, Huthor n'a plus qu'une chose à faire : aller casser du Kharadron. Je vous avais dit que c'était important. Et comme il a laissé sa collection de disques à Tyx’evor’eth lorsqu'il se sont séparés à l'amiable, il doit utiliser une technique un peu plus rudimentaire : l'assaut aéroporté à base de bestioles chaotiques. Ayant chargé ses suivants de domestiquer toutes les chimères, manticores et autres bêtes de guerre ailées des alentours, il mène son flying circus à l'assaut de la première flotte Duardin ayant eu la mauvaise idée de croiser dans le coin... Révélation ...Cependant, face à la puissance de feu des nains-génieurs, la rage sanguinaire des Khorneux ne fait pas le poids. Ou en tout cas pas assez. Qu'importe, Huthor is living the dream. Alors que ses troupes se font descendre comme des pigeons, il parvient à écraser sa monture sur le pont d'un vaisseau Kharadron, et à enfin massacrer quelques nabots. C'est le moment que choisit Vhorrun pour exprimer son complexe d'Oedipe longtemps refoulé, et de tomber sur le râble de son père (c'est finalement confirmé), qu'il a toujours détesté, notamment à cause de son inconstance. À cela, Huthor n'a pas grand-chose à répondre, ayant lui-même tué son paternel à l'âge de sept ans, après que ce dernier l'ait abandonné en forêt pour se débarrasser de cet enfant turbulent. Le combat qui s'ensuit voit le vieux chef de guerre se faire botter les fesses par son fiston, qui le précipite par-dessus le bastingage par pure malice quand les Kharadron finissent par donner la charge et envoyer les voltigeurs mettre fin à la fête, afin de priver Huthor d'une mort honorable au combat. Alors qu'il voit Vhorrun se faire abattre par les forces de l'Ordre (encore une bavure !), et en attendant de toucher terre, Huthor a le temps de se remémorer de la prophétie qu'il lui avait été faite, et qui lui avait promis qu'il recouvrirait les plaines de Chamon de sang. Ce qui se révélera exact, mais pas de la façon dont il le pensait. Impact dans 3...2...1... 1 : Ce que je trouve personnellement dommage, car j'aurais bien aimé voir Souchon tenter d'aller voir sous les jupes des Gloomspite Gitz. On avance. 2 : M'est avis qu'ils ont du abuser de champignons et de lichens pour avoir ainsi perdu la notion du temps. Avis : La troisième fois aura été la bonne, ou en tout cas la meilleure à ce jour, pour Richard Strachan. Après des débuts en demi-teinte dans la gamme horrifique de la Black Library (The Widow Tide et The Growing Seasons), il signe en effet avec Blood of the Flayer sa contribution la plus aboutie au corpus des Royaumes Mortels avec Blood of the Flayer, variation intéressante sur le thème bien connu de la destinée attendant les adorateurs du Chaos, et des répercussions, tant physiques et psychologiques, que leur allégeance envers l'unes des quatre Puissances auront sur eux et leurs suivants. Avec Huthor, véritable mercenaire de la dévotion, Strachan se paie le luxe de passer en revue toute l'anarchique fratrie au fur et à mesure des réorientations professionnelles de Mr I Can't Get No Satisfaction. On notera, pour les plus anciens des lecteurs, la différence majeure entre la "rétractabilité" tolérée dans les Royaumes Mortels, et le caractère irrémédiable du ralliement à tel ou tel Dieu, qui était la norme (sauf exceptions vraiment rarissimes, comme Bel'akor et Archaon) dans le Monde qui Fut. Vous vous souvenez de l'époque où on choisissait son allégeance une fois pour toute, et on la conservait jusqu'à la mort (et plus si affinité)? Pepperidge Farm remembers. Si on peut discuter de la validité fluffique de l'approche de Strachan (avant tout nécessaire à l'intrigue, et peut-être pas à graver dans la guimauve séance tenante), il faut lui reconnaître une belle maîtrise narrative, donnant à son récit un équilibre et une symétrie peu communs dans le corpus de la BL. À partir du moment où Huthor rallie les redgreen-necks des marais d'Onoglop, le lecteur est en mesure de comprendre où l'auteur veut en venir, ce qui ne gâche pas le plaisir de lecture pour autant, notamment grâce à l'inclusion de la rivalité latente entre le seigneur indécis et son héritier putatif, qui permet de garder un peu de suspens. On peut également saluer le petit twist final et sanguin de Strachan, plus sympathique que renversant (sauf pour Huthor, bien sûr), mais qui vient terminer son propos de façon opportune, tant sur le plan stylistique que fluffique. Après tout, une histoire où le protagoniste est un suivant des Dieux Sombres ne peut pas bien se terminer, c'est contractuel. Bref, une nouvelle bien sympathique, à conseiller à tous les amateurs des Fab 4 (et aux autres), de l'humble Nurgling au vénérable Prince Démon. Fluff : Chamon (Géographie) : L’épopée de Huthor nous amène à visiter de nombreux endroits du Royaume : les plaines de Muspelzharr, la côte de Beryllium, les ruines de la Forteresse Dorée, les marais d’Onoglop, les Pics Cendreux. • Thunderstrike Révélation Thunderstrike & Other Stories/2021/85 pages Intrigue : Le siège d’Excelsis est à peine terminé que les affaires courantes reprennent pour les braves et sous-payés hommes et femmes de l’armée régulière de la cité. Notre histoire commence sur le radeau du Capitaine Holger Beck des Iron Bulls, alors qu’il mène sa compagnie enquêter sur la disparition de colons ayant eu la riche idée de s’établir au milieu des marais de Mirkmere, dans la grande couronne excelsisienne. Une mission qui aurait fait soupirer le plus inflexibles des vétérans (gadoue omniprésente, chaleur humide, faune et flore hostiles, aucun Starbucks à des centaines de kilomètres à la ronde, 0 réseau…), ce que Holger n’est absolument pas. Elevé à son grade actuel à la fin du siège sur un malentendu, il avait passé l’intégralité de l’attaque à se planquer dans une cave en tremblant de tous ses membres, et ne s’était engagé dans la milice que pour pouvoir jouer aux cartes et courir la gueuse. Un spécialiste des canons à boire plutôt qu’à tirer, en sorte. Il lui faut maintenant donner le change alors que ses troupes remontent péniblement les marais en radeau, notamment devant le fanatique Prêtre de Sigmar Caspar Hallan. La corvée. Une embuscade mortelle tendue par une bande de Kruleboyz en villégiature dans le bayou vient cependant faire voler en éclats le morne et glauque quotidien des miliciens, et si Beck et Hallan parviennent à se retrouver pendant leur fuite éperdue respective, leur répit n’est que de courte durée avant que les Orruks ne leur mettent la patte dessus. Nous nous dirigeons ensuite vers Excelsis, où nous faisons la connaissance du vrai héros de notre histoire, le Knight-Relictor Actinus. Resté une âme simple malgré son élévation au rang d’Elu de Sigmar, Actinus aime venir se recueillir dans un modeste temple des quartiers populaires, en compagnie du vieux prêtre Jonas. Ce dernier, sentant que son paroissien est en proie à une profonde mélancolie à cause des camarades perdus lors de précédentes batailles et n’ayant pas retrouvé le chemin de l’Enclume de l’Apothéose à cause des perturbations chaotiques de ce fripon de Bel’akor, lui remet une « relique » pour lui remonter le moral : l’épée d’un jeune soldat du coin ayant donné sa vie pour défendre Excelsis. Outre le fait que la différence de gabarit entre un humain et un Stormcast Eternal rétrograde l’arme de feu Adert Sommer au rang de couteau à fromage pour Actinus, cette dernière n’a absolument aucune autre valeur que sentimentale, le Sommer en question ayant juste tenu sa position et s’étant fait malettiser aussi sec par un groupie de Kragnos. Aussi poli qu’un type recouvert de plates de la tête aux pieds peut l’être, Actinus accepte l’offrande, avant d’emboîter le pas à un Paladin envoyé par le Lord-Imperatant Taranis en personne pour le convoquer à un briefing urgent. Quelque chose me dit que ce modeste coupe-chou jouera un rôle un peu plus tard dans notre histoire… Après avoir reçu l’ordre de se rendre à Fort Harrow pour enquêter à son tour sur le sort des villages sigmarites n’ayant plus donné signe de vie depuis plusieurs semaines, Actinus se met en marche avec une petite force de Stormcast Eternals, dont je vous épargnerai ici la composition et les personnages secondaires, l’une comme les autres n’ayant pas grand intérêt pour notre histoire. Au bout de quelques jours, la colonne arrive dans le village de Palmer’s Creek, qu’elle trouve totalement vide d’habitants, et marqué par un glyphe inconnu. Alors que les Stormcasts réalisent une enquête de voisinage pour tenter de trouver des indices sur cette disparition mystérieuse, Beck et Hallan refont une entrée plus fracassée que fracassante dans l’histoire. Les deux hommes s’étaient réfugiés dans le village abandonné après avoir réussi à s’enfuir du camp de prisonniers que les Kruleboyz avaient établi au cœur de leur domaine, et vivotaient d’amour et d’eau croupie depuis quelques jours. Hallan a été rendu fou par l’expérience, mais Beck raconte son calvaire à ses sauveurs, qui commencent par douter de l’existence de cette espèce d’Orruks des marais, intelligente, calculatrice et d’une cruauté inédite pour des peaux vertes. Malgré tout, Actinus décide de poursuivre plus avant dans le marigot, espérant avoir une confirmation des racontars du Capitaine déchu (auquel il remet l’épée relique de son pote Jonas, pour fortifier sa résolution vacillante et aussi pour se débarrasser d’un poids mort inutile) et, inch Sigmar, libérer les prisonniers faits par les Kruleboyz avant qu’il ne soit trop tard. Le bataillon reprend la route dès le lendemain, accompagné par Beck mais sans Hallan, laissé à rigoler tout seul et à s’appliquer de la poudre de riz sur le visage dans une flaque. La tension monte d’un cran lorsque l’un des gryph-hounds de la seconde d’Actinus (Leta) est retrouvé cloué à un arbre, décapité et éventré pour faire bonne mesure. La mauvaise troupe finit par arriver à Fort Harrow, où le reste des survivants des Iron Bulls ont été parqués par les Kruleboyz. Les retrouvailles émouvantes entre Beck et les soldats qu’il a laissé littéralement croupir derrière lui lors de son évasion sont cependant interrompues par un concerto de coassements en si bémol, annonçant aux Stormcast Eternals et à leurs camarades humains qu’ils sont tombés dans le piège (Yugi) de Kruleboyz admirablement fair play ou abominablement stupides, puisqu’ils devront faire le siège d’un fortin qu’ils avaient déjà conquis, au lieu d’attaquer les sigmarites au milieu des marais… Les voies de Gorkamorka sont comme les profondeurs de Mirkmere : impénétrables. L’attaque contre Fort Harrow se révèle être une redite du la bataille du Gouffre de Helm à la sauce Age of Sigmar, à la différence que le premier sang revient cette fois-ci à une flèche des assaillants plutôt que des défenseurs. Ah, et il n’y avait pas d’Aelfs en armure à paillettes pour aider Actinus et Cie, bien sûr. Leur Saroumane personnel leur ayant remis des explosifs de qualité, les Orruks se font une joie de réduire un des murs en allumettes, mais la supériorité martiale des Stormcast Eternals leur permet de colmater la brèche et de repousser la première vague ennemie. Les dégâts subis par les palissades sont toutefois trop importants pour envisager de tenir la position sur la durée, et le Knight-Relictor décide d’abandonner Fort Alamo aux Mexicains marécageux et de tenter une retraite en armes jusqu’à Excelsis pour faire un rapport circonstancié des événements à Taranis. Soit un mud day d’une centaine de kilomètres, qui pourrait bien avoir raison de l’endurance des Iron Bulls survivants. Mais foutus pour foutus, c’est toujours mieux que rouiller sur pied au milieu du marais poitevin. Comme on pouvait s’y attendre, les Orruks ne laissent pas partir leurs invités sans rien faire, et le trekk tourne rapidement à la tragédie. Déprimé par l’absence de progrès réalisés par son protégé Beck dans la maîtrise de ses phobies (il s’est caché dans un tonneau pendant que les Kruleboyz attaquaient le fort) malgré la jolie épée qu’il lui a refilée, Actinus l’est également par les pertes qui s’accumulent chez ses frères et sœurs de sigmarite. Il peut au moins se venger des tactiques de terroristes des Kruleboyz, qui balancent des grenades sur sa colonne de réfugiés à la première occasion venue, en utilisant son pouvoir « redirection d’âme » pour envoyer les mânes des Stormcasts déchiquetés sur leurs assaillants, ce qui renvoie les galapiats à leurs chères études. La situation est tellement compromise qu’il va jusqu’à utiliser le bout de fémur consacré qu’il gardait en réserve dans son encenseur de fonction pour passer une invocation AirWick afin de dissiper les brumes nocives des Kruleboyz et permettre à ses camarades de respirer l’air frais d’une pinède de montagne (véridique). Ce n’est toutefois qu’un répit temporaire, et en son for intérieur, le commandant dépressif se voit déjà repartir pour la Reforge, où il pourra il l’espère reprendre contact avec ses copains d’avant. Après quelques sanglantes escarmouches du même ordre, c’est enfin le moment du dernier carré (ou l’équivalent quand on se bat sur des socles ronds). Le Boss des Kruleboyz fait enfin son apparition, juché sur un… truc1, mais s’il s’attendait à avoir la partie facile face à quelques survivants dépenaillés, blessés et extenués, il se trompait lourdement. Ayant enfin réussi un test de bravoure, ou étant devenu complètement fou (c’est selon), le Capitaine Beck mène une charge suicidairement héroïque sur le QG adverse, et parvient à entailler la truffe de sa monture avant d’être envoyé valser dans le décor avec une cage thoracique perforée. C’est aussi le moment que choisit ce beau gosse de Taranis pour débarquer avec le ban et l’arrière-ban de sa chambre, guidé (askip) par la dernière flèche décochée par Leta avant qu’elle ne passe l’arme à gauche et l’âme au ciel, et qui aurait signalé la position de la colonne embourbée aux sentinelles à l’œil perçant d’Excelsis. Mouais. Toujours est-il que les renforts massifs reçus par le camp de l’Ordre suffisent à plier la bataille, Taranis et ses Stormcasts massacrant les Orruks à grands coups de… banc et permettant à Actinus de revendiquer une victoire à la fois tactique et morale (Beck est mort en héros et non en couard). L’histoire se termine avec le retour de notre héros dans sa petite chapelle favorite, où il a la douleur d’apprendre de la bouche de son successeur que Jonas est mort de vieillesse en son absence, mais auquel il remet tout de même l’épée de Beck, en la vendant comme une relique doublement sainte, dédiée à l’adoration des fidèles. Tout le monde ne peut pas avoir un poil de barbe de Hamilcar à vénérer, c’est vrai. 1 : La description qu’en fait Richard Strachan ne colle ni avec un Votour, ni avec une Bête Faukarde, ni avec un Bruxodonte. Je suppose qu’il a dû écrire sa novella avant la sortie officielle de la boîte Dominion, et n’a pas eu accès aux informations nécessaires pour ajuster le tir. Avis : Les novellas figurant au début des recueils introductifs de la Black Library ne sont jamais faciles à écrire, l’obligation portant sur l’auteur de mettre en valeur le contenu d’une boîte de base (ici Dominion) forçant très souvent ce dernier à se contenter d’une longue description des prouesses de l’escouade A et du personnage B, soutenue par une intrigue minimale. A ce petit jeu, Richard Strachan ne s’en sort pas trop mal, et signe avec ‘Thunderstrike’ une histoire assez correcte, et qui se lit sans trop de difficultés. J’ai notamment apprécié le soin qu’il a pris de contextualiser cette expédition hasardeuse dans les marais de Mirkmere en évoquant le siège d’Excelsis, et en se donnant la peine de décrire un tant soit peu cette cité après la fin des combats. La première partie du récit est ainsi la plus intéressante à mes yeux, les soixante pages suivantes n’étant finalement qu’une histoire d’un aller et retour d’une linéarité totale. Ainsi, Strachan ne se donne pas la peine de proposer de vrais antagonistes à ses vertueux héros, opposés à la menace générique des Kruleboyz (même leur chef n’a pas de nom, c’est dire), alors qu’il aurait eu beau jeu de varier les points de vue pour faire monter la tension narrative, comme Josh Reynolds et C.L. Werner l’ont fait dans leurs propres novellas (‘Hammerhal’ et ‘Sacrosanct’). Mais même dans le camp des « gentils », seuls Actinus et Beck voient leur personnalité un tant soit peu ébauchée, le reste du casting n’étant là que pour faire le nombre lors des combats et faire progresser l’intrigue lorsque le scénario le demande. La non-utilité de certains personnages (Caspar Hallan et le Knight-Vexillor Pellion) m’a même fait me demander pourquoi Strachan avait cru bon de les intégrer à son histoire, cette dernière ayant pu se dérouler sans problèmes sans eux. Le résultat est une novella sans surprise ni retournement de situation, alors que ses 85 pages constituaient une longueur rêvée pour développer des arcs secondaires et des intrigues parallèles. Richard Strachan a trop joué la sécurité à mon goût de ce point de vue. Au final, on sort de ‘Thunderstrike’ sans déception ni enthousiasme, ce qui est déjà bien ou assez dommage, selon les attentes que vous placez sur cette histoire (très basses en ce qui me concerne). Personnellement, je trouve cette « neutralité » un peu tristounette avec des bad guys aussi intéressants et originaux que les Kruleboyz, mais je ne peux pas en vouloir à Strachan d’avoir cherché à viser la moyenne plutôt que de s’embarquer dans une histoire plus ambitieuse, en connaissance des contraintes marketing pesant sur sa plume. Fluff : Consecralium : La forteresse des Knights Excelsior à Excelsis. Excelsis : La cité a envoyé des colons s’établir dans les marais de Mirkwere, au sud-est d’Excelsis : Amberstone Watch, Palmer’s Creek, Dezraedsville, Junivatown, et Fort Harrow. •The Spears of Autumn Révélation Thunderstrike & Other Stories/2021/13 pages Intrigue : Une fois n’est pas coutume dans les univers de fantasy, ce n’est pas le Gondor qui appelle à l’aide ses alliés (très cavaliers) à la suite d’une invasion ennemie, mais le Stonemage Carreth Y’gethin, dont le temple d’Ultharadon est dans le viseur d’une cohorte d’Ossiarch Bonereapers. Le Prince Belfinnan le Brave (BB pour les intimes) n’a pas hésité une seconde à faire son Théoden, rassemblé ses Dawnriders pour venir en aide à son voisin, et emmène son unité de 500 Vanari – je ne joue pas à AoS mais je crois que ce n’est pas une taille légale… – à travers le sinistre bois d’Arduinnaleth pour hâter son voyage. Cependant, foin de Ghân-Buri-Ghân pour guider les Aelfs sur les chemins les plus sûrs de ce lieu hanté par les esprits de ses précédents occupants, ce qui fait vaciller le moral de certains des cavaliers novices, à commencer par Ceffylis, un fils de paysan fraîchement sorti de sa cambrousse natale et incorporé à l’armée de Belfinnan. Déjà effrayé par la perspective d’avoir à affronter bientôt l’élite des forces de Nagash armé seulement d’un long bâton pointu, Syphilis voit son trouillomètre passer dans le négatif après que les voix soupirant dans ces bosquets mal famés l’aient incité à déserter de toute urgence, faute de quoi il périra bientôt au combat. Un test de bravoure raté plus tard, notre pusillanime héros décide de déserter en plein cœur de la nuit et emmène discrètement son destrier hors de la clairière où les Dawnriders ont planté leur bivouac, afin de tirer sa révérence sans se faire repérer… Révélation …C’était toutefois sans compter sur le management irréprochable (il connaît à la fois le nom de la jeune recrue et celui de son cheval, c’est pas donné à tout le monde) de BB, qui attendait innocemment Ceffylis sur une souche en se taillant en cure-dent. Au lieu de morigéner vertement le tourne casaque ou de lui planter son épée dans le bide pour lui apprendre à revenir sur son engagement, Belfinnan choisit la voie de l’honnêteté et révèle à la jeune recrue que lui aussi a connu des moments de doute et de peur, à commencer par la fameuse bataille de la Crise de Shadrian, qu’il a pourtant remporté à un tout jeune âge contre une armée de Godseekers assoiffée de carnage. Il avoue ainsi à un Ceffylis estomaqué que son premier réflexe lorsque la mêlée à commencer à tourner en faveur des chaotiques fut de tourner bride et de s’enfuir, comme la majorité de son régiment, mais que l’exemple d’un des ses amis, qui décida au contraire de retourner au combat contre toute logique, le fit revenir sur sa décision. Bien que la légende qui fut écrite après que la bataille soit miraculeusement gagnée par les Lumineth suite à cette contrecharge inspirée ait fait de Belfinnan un héros célébré, le mérite en revenait en fait à ce camarade anonyme, qui ne survécut pas aux combats. Cette confession nocturne raffermit le courage de Ceffylis, qui revient sur sa décision et repart se coucher avec ses frères d’armes. Demain sera un autre jour… Avis : Richard Strachan livre un chapitre additionnel à son roman ‘The End of Enlightenment’ avec cette courte nouvelle pleine de bonnes et nobles intentions (à l’instar de ses héros), mais franchement quelconque prise individuellement. Tout est tellement convenu dans cette histoire de jeune-recrue-hésitante-mais-réconfortée-par-un-vétéran-moins-sûr-de-lui-qu-il-n-en-a-l-air que l’on peut s’arrêter de lire ‘The Spears of Autumn’ à mi-parcours et ne rien rater de bien intéressant dans la partie laissée de côté. Dommage que Strachan n’ait rien tenté de plus excitant dans ces quelques pages, car les nouvelles non-violentes de GW-Fiction sont suffisamment rares pour – presque – toujours mériter le détour, à mon avis. Malheureusement, toute règle a ses exceptions ! Fluff : La Crise de Shadrian : Bataille ayant opposé une armée de Lumineth menée par le Seigneur Aquilith à un ost de Godseekers slaaneshi, en Hysh. L’affrontement a failli se solder par la déroute des Aelfs après que leur charge initiale ait échoué et leur général se soit fait tuer, mais une contre offensive menée par le jeune noble Belfinnan, qui devint un héros célébré après ce haut fait, permis aux Lumineth de reprendre la main et de vaincre leurs ennemis. • Dark Master Révélation Gods & Monsters Week/2021/13 pages Intrigue : Le barde Adel Janssen rêve de devenir le meilleur musicien d’Aqshy, et au passage d’obtenir le patronnage du Seigneur Hoenstahl, éminent membre du Conclave régnant sur la partie incandescente d’Hammerhal, mais malheureusement, ses ambitions dépassent de très loin ses capacités. Après s’être ridiculisé devant le public de l’open mic’ du jeudi soir du Melody Inn, Adel est positivement rolling in the deep, malgré les bobards réconfortants de sa bonne amie Gisela, qui lui assure qu’avec un peu d’entraînement, il arrivera à combler son retard sur les instrumentistes les plus doués de la mégalopole. Le concours ouvert par Hoenstahl se tiendra cependant dans des délais trop serrés pour que le troubadour débutant puisse devenir un maître de Mandolin Hero, aussi Adel choisit-il de se rabattre sur l’apparente facilité : dérober le livre dans lequel le vieux luthier Zymmerman est sensé avoir retranscrit « l’accord secret », et jouer ce dernier à minuit à la croisée des chemins. La légende veut en effet que le souhait le plus cher de celui qui accomplit cette action se réalise comme par magie. Perdu pour foutu, Adel s’introduit subrepticement dans l’arrière boutique de Zimmie, finit par trouver le bouquin en question, et passe les cinq minutes avant minuit assis en tailleur au carrefour susnommé à se tordre les doigts pour tenter de sortir un B7add13(#5) de son ukulélé. Et il y arrive ! Un bien pour un mal cependant, car ce n’est pas le diable qui surgit brusquement de la brume à l’entente de ce bruit particulier, mais un amateur de Black Metal du nom de Be’lakor (ça se voit à la langue qu'il tire tout le temps sur les photos). Un peu surpris par cette invocation soudaine, Bebel sort le grand jeu et accepte d’exaucer le souhait de son nouveau client, et de faire de ce dernier le meilleur musicien des Royaumes Mortels. Comme tuer tous les concurrents prendrait trop de temps, le Prince Démon augmente magiquement la dextérité de son poulain, qui remporte peu de temps après le concours d’Hoenstahl, et accepte naturellement l’offre qui lui est faite par ce dernier à l’issue d’un récital mémorable. Lorsqu’Adel est invité à se produire devant le Conclave dans un salon privé, quelques jours plus tard, il est loin de se douter que sa future prestation restera dans les annales d’Hammerhal… Révélation …mais pas pour les bonnes raisons. Possédé par le démon du jeu et du solo sur la gamme octatonique princière, le barde invoque à l’insu de son plein gré et à ses doigts défendant Be’lakor, qui massacre le public et fait du Seigneur Hoenstahl, seul rescapé du Conclave, son pantin obéissant. Voilà qui va sans doute aider le Chaos à prendre pied dans la cité, afin d’apprendre aux foules sentimentales avec soif d’idéal à shake their money maker. Si Adel semble avoir survécu à cette expérience traumatique, et continue à enchaîner les tubes sur sa gratte à la demande expresse de son mécène, il retiendra sans doute sa leçon et pratiquera avec entrain ses accords barrés au lieu de chercher à progresser de façon indue. Un son clair, ça se mérite. Avis : Richard Strachan se fait plaisir en reprenant à son compte une légende bien connue du folklore musical du XXème siècle (Robert Johnson vendant son âme au diable à un carrefour pour apprendre à jouer de la guitare) et la transposant librement dans les Royaumes Mortels, assortis de quelques autres clins d’œil adressés aux amateurs de rock1. Evidemment, on voit la fin arriver des kilomètres à l’avance, mais comme il s’agit d’un hommage, il serait mesquin de reprocher à Strachan de ne pas avoir réussi à maintenir du suspens jusqu’au bout. Je suis un peu partagé sur le fait d’avoir convoqué Be’lakor, qui n’est pas le dernier des clampins dans le panthéon chaotique tout de même, dans une histoire aussi banale, comme si n’importe qui pouvait avoir accès et faire un marché avec le premier champion des Dieux Sombres, mais j’imagine que c’était une contrainte imposée à l’auteur pour pouvoir coller avec le thème de la Gods and Monsters Week, et la sortie récente de la nouvelle figurine du gonze. On notera enfin que cette nouvelle a un vrai impact sur les Royaumes Mortels, puisque ce n’est rien de moins que l’institution gouvernant une des plus grandes cités de Sigmar qui se retrouve sous la coupe d’un servant du Chaos. On verra si cela débouche sur quelque chose de sérieux, mais il y a un vrai potentiel à ce développement amené en musique par Richard Strachan, et je me félicite que la BL se montre un plus « active » que d’habitude sur ce créneau. 1 : J’ai détecté le vieux Zymmerman (Bob Dylan, de son vrai nom Robert Zimmerman – qui a fêté ses 80 ans trois jours avant la publication de cette nouvelle) et l’accord secret, ou « secret chord » en V.O., chanté par Leonard Cohen dans ‘Hallelujah’, mais je suis sûr qu’il y en a d’autres. Fluff : Hammerhal : La partie de la cité située en Aqshy est dirigée par un Conclave de notables. Bel’Akor parvint à massacrer la majorité de ces derniers au cours d’un récital privé organisé par le Seigneur Honestahl, qui fut seul épargné par le Prince Démon afin de gouverner la cité comme agent du Chaos infiltré. La monnaie d’Hammerhal Aqshy est la braise (ember). placeholder Rik Hoskin (1) Révélation Rik Hoksin fait son entrée au sein du cénacle des auteurs de la BL, et s’asseoit à la table fort d’une carrière bien établie en tant qu’auteur de comics (Superman, Star Wars, Doctor Who, Spiderman & Friends, Disney…) et d’ouvrages de science-fiction. Il a été récompensé du Dragon Award pour son ouvrage White Sand, et est le contributeur principal de la série Outlander, sous le nom de plume de James Axler. • In the Mists of Chaos Révélation Inferno! #3/2019/17 pages Intrigue: Le village d’Ironvale a la mauvaise fortune de se trouver sur la seule voie menant à un Portail des Royaumes reliant Aqshy à… ailleurs, ce qui a provoqué un afflux massif ruffians littéralement mal dégrossis au cours des dernières semaines. Outrés par le manque de savoir-vivre de ces visiteurs indésirés autant qu’indésirables, les locaux, menés par les intraitables frères Weisz (Uffo et Moryn), ont fini par les envoyer balader, à grands coups d’épée et de marteaux pour les plus insistants des punks à chiens disques. Si l’opération Main Propre (en hommage au membre sectionné du sorcier du Chaos qui menait les loubards chaotiques) engagée par les véhéments Ironvalois est un succès, elle a cependant coûté cher aux honnêtes citoyens, aux pertes subies pendant l’échauffourée ayant pris place sur le parking de la supérette locale s’ajoutant la grave blessure subie par Moryn à cette occasion. Laissé presque unijambiste par cette franche explication de texte, Mo’ peine à se remettre de ses émotions, et c’est le cœur lourd que son héros de frangin, le laisse sur son grabat pour mener sa petite bande de voisins vigilants à la rencontre des vandales qui menacent à nouveau la quiétude d’Ironvale. Coup de chance pour nos honnêtes Aqshyssais, leur plus si paisible que ça bourgade est nichée au cœur d’une vallée escarpée, dont la topographie n’est pas sans rappeler les Thermopyles. Ils sont donc en capacité de bloquer complètement la route des maraudeurs, toujours menés par leur gorfou doré1 de leader, Ty’Gzar (un breton donc, ça explique des choses). Encore heureux, car les assaillants ont l’avantage du nombre2, ce qui pourrait jouer des tours à nos vigilantes. Les sommations préliminaires n’ayant rien donné, étonnamment, Uffo décide fort logiquement de tenir la ligne et de laisser l’ennemi se fracasser sur les boucliers de ses sold- ah non, finalement il ordonne une charge générale sur les rangs des cultistes de Tzeentch, où lui et ses collègues commencent par prélever un lourd tribut (car il faut une vignette crit air pour circuler dans la périphérie d’Ironvale, c’est connu). Malheureusement pour notre impétueux héros, son homologue chaotique exhale une latte monstrueuse, qui engloutit prestement le champ de bataille et fait perdre toute cohésion au bataillon sigmarite. Coupé de ses soldats, dont seuls les cris lointains lui parviennent, Uffo continue toutefois à corriger du cultiste, ses horions vengeurs venant à bout de toutes les horreurs et Horreurs que le nuage de fumée met sur sa route. Révélation Après ce qui lui semble être une éternité de combat sauvage, Uffo tombe finalement à court d’adversaires… et se rend compte peu de temps après que le silence de mort qui est tombé sur le champ de bataille s’explique par le fait qu’il a massacré dans son enthousiasme guerrier, abusé qu’il était par l’insidieuse fumette de Ty’Gzar, une bonne partie de ses soldats, et la plupart des habitants d’Ironvale (dont, très probablement, son propre frère), le flux des combats l’ayant ramené jusqu’à son village. Voilà qui est ballot. Et notre héros de comprendre tout d’un coup pourquoi ses ennemis étaient si soudainement si bavards, bien qu’il n’ait pas compris sur le coup que leur salmigondis délirant était en fait un appel à ce qu’il retrouve ses sens. Annihilé par cette révélation, Uffo le louf voit s’approcher Mano Solo, qui se délecte bien évidemment du tour pendable qu’il a joué au vertueux champion des bonnes mœurs. Il a cependant le tort, impardonnable, de commencer à incanter sans respecter les distances de sécurité une fois son monologue satisfait achevé, et se fait fort logiquement châtier de son outrecuidance par un Uffo vengeur, qui ne se gêne pas pour lui reprendre la main. Voilà ce que c’est de la jouer petit bras, maraud ! 1 : C’est une espèce de manchot. Qui a dit que le wargaming ne permettait pas d’accroître sa culture générale ? 2 : Ca ne se joue pas à grand chose, ceci dit. Avis: Ce n’est pas passé loin pour Hoskin, mais ses débuts au sein de la Black Library ne peuvent être considérés comme au dessus de reproches. Malgré l’utilisation d’un ressort narratif guère original, mais toujours efficace, et le métier apparent de notre homme en matière de storytelling, son In the Mists of Chaos pêche légèrement, mais significativement, sur deux points. Le premier est l’assimilation incomplète, non pas du fluff, convenablement traité dans l’ensemble, d’Age of Sigmar, mais plutôt de son atmosphère. À lire cette nouvelle, on ne devinerait jamais que le Chaos est l’adversaire ultime des Gens Libres, et non pas une « simple » menace du même ordre qu’une bande d’Orruks en maraude, ou qu’un banc d’Idoneth Deepkin en quête de butin. Héritage important du Monde qui Fut, et de l’univers GWesque en général, le Chaos est en effet l’éternelle Némésis des peuples civilisés, au premier rang desquels on retrouve les communautés humaines adorant Sigmar, sans doute le Dieu du Panthéon de l’Ordre nourrissant la haine la plus farouche pour les adorateurs du Club des Cinq. Entendre cette bonne pâte d’Uffo interpeller le général adverse comme s’il agissait d’un bandit de grand chemin, et pas d’un champion des Dieux Sombres, imbu de pouvoirs mystiques et à la tête d’une horde de mutants et de démons, s’inscrit donc franchement en faux avec les conventions dont le lecteur vétéran de la BL a l’habitude. On va dire que je radote, et c’est sans doute vrai, mais la high fantasy d’Age of Sigmar, où plus rien n’est vraiment tout à fait glauque, nihiliste, absurde ou amoral, vient encore de gagner du terrain. Je le déplore. Ce n’est que mon avis cependant. Deuxième point d’achoppement, la construction de la nouvelle autour de son twist final, que j’ai trouvé un peu faible. In the Mists of Chaos est typiquement le genre de publication que l’on se dépêche de relire une fois le fin mot de l’histoire connu1, afin de relever tous les indices et suggestions que l’auteur n’aura pas manqué d’intégrer discrètement à son propos, afin de laisser une chance au lecteur d’éventer sa surprise finale à l’avance. Je n’ai pas trouvé que Hoskin avait excellé dans l’exercice, aucun détail savamment dissimulé aux yeux du tout venant, mais absolument révélateur pour l’initié, ne m’étant apparu lorsque je suis revenu sur mes pa(ge)s. C’est d’autant plus dommage qu’un autre auteur de la BL avait exploité (quasiment) la même idée dans une nouvelle publiée il y a quelques années2, avec des résultats que j’avais trouvé bien plus probants. Bref, une entrée acceptable de Rick Hoskin dans la sombre bibliothèque, mais rien de très enthousiasmant. 1 : Ici, c’est « Jeu de mains, jeu de villains ». You know why. 2 : Son of the Empire de Robert Allan, publiée dans le recueil The Cold Hand of Betrayal. Fluff: Portail des Royaumes : Le portail Brimfire, situé dans le Royaume d’Aqshy, est resté camouflé pendant des millénaires par des ruines Duardin. Il est situé à proximité du village humain d’Ironvale. Rob Sanders (6) Révélation Rob Sanders a placé sa contribution à Age of Sigmar sous le signe de l’Oeil de Vision, ou de son absence, comme en témoignent les nouvelles qu’il a écrites jusqu’ici (’Eye of the Storm’, ‘In The Lands of the Blind’, ‘By The Horns’, ‘See No Evil’). En plus de s’être auto-proclamé opticien des Royaumes Mortels, il a également signé ‘Daemon of the Deep’, et ‘Splintered’ pour les Sylvaneth. • By the Horns merci @Slagash le Lascif ! Révélation Call of Chaos/2015/12 pages Intrigue : Slagash le Lascif: Nous suivons les Sybariss, bande guerrière de Slaanesh menée par Chrysaor the Wanton (le Dévergondé, ou celui qui n'en n'a rien à foutre) qui attaquent une tribu de nomades et les massacre allègrement. Wanton profite de spectacle et discute avec 3 démonettes qui l'accompagnent jusqu'à ce qu'une sorte de chaman nomade lui prédise sa fin. Chrysaor se moque d'elle, mais bientôt il se rend compte que ses actions ont attiré des Stormcasts vengeurs. Schattra: Chrysaor le Dévergondé a mené sa horde d’Hédonistes slaaneshi (les Sybariss) à l’assaut d’une tribu de nomades d’Aqshy, qui n’avaient rien demandé à personne et sont logiquement déboussolés par les fumigènes et les brutalités, ni policières, ni policées, employés par les cultistes pour se donner du bon temps. Seul au milieu du carnage, Chrysaor s’en met plein les cornes (à défaut des yeux, qu’une mutation passée a rendu aveugles), ressentant à travers ces organes délicats le monde qui l’entoure. Rejoint par son trio de Démonettes attitrées, qui lui servent à la fois d’auxiliaires de vie (pas facile de s’habiller élégamment quand on ne distingue pas les couleurs), de gardes du corps et des cornes, et, au besoin, de traductrices1, Chrysaor se fait attaquer par la chamane de la tribu, qui ne parvient pas à faire grand-chose d’autre que d’annoncer à son bourreau qu’elle a passé un pacte avec tout le panthéon divin pour provoquer sa perte. Moyennement impressionné par cette malédiction démente, et encore moins par le glaviot qu’il prend en pleine face pour sa peine, Chrystine (& the Queens) prouve à la médisante que, malgré ses basses accusations, il a le cœur sur la main. Enfin, dans. Alors que l’ambiance commence à retomber doucement, faute de bédouins à tourmenter, le sol, lui, part à la hausse. Rien d’anormal à cela car nous sommes dans/sur la Plinte, une région d’Aqshy à la géologie et tectonique indécises, où les montagnes poussent et les vallées se creusent à vitesse grand V, ce qui est pratique pour faire du parapente, mais moins pour faire manœuvrer une armée. En l’état, les Sybariss se retrouvent coincés tout en haut d’un plateau rocheux, et sans le moindre parachute pour rejoindre le plancher des yaks. Cela ne poserait pas de problème insoluble à nos fiers guerriers si l’endroit était désert. Par malchance ou par dessein, ce n’est pas le cas, un ost conséquent de Knights of Aurora faisant de la randonnée pédestre dans les environs. Grâce à ses antennes râteaux, Chrysaor s’aperçoit que la partie est perdue avant d’avoir commencée, ses pauvres 1.000 points de troupes faisant face à un bataillon complet. Comprenant qu’il est sur le point de se faire chambrer, le seigneur de Slaanesh… ne fait absolument rien. Mais vraiment rien. On assiste/écoute donc au massacre des Sybariss, puis des Démonettes, par les stoïques marteliers de Sigmar, avant que Chrys se décide enfin à mettre la main au glaive. Bien qu’il parvienne à renvoyer quelques brutes en sigmarite à la reforge, le Dévergondé finit démantibulé, expérience transcendante pour un jouisseur tel que lui, mais qui se double d’une amère réalisation : Slaanesh n’est pas avec lui, et ne l’a jamais été. Il y a de quoi déposer plinthe, vraiment. 1 : On peut penser ce qu’on veut de Slaanesh, mais au moins il donne une éducation complète à ses démons. Pas comme Khorne, qui mise tout sur l’EPS, ou Nurgle, qui ne jure que pas l’algèbre et les SVT. Je n’ai pas compris ce qu’on faisait dans les écoles de Tzeentch, sans doute parce qu’elles ont la fâcheuse tendance à brûler dès leur ouverture. Avis : Slagash le Lascif: La particularité de la nouvelle, c'est que Chrysaor est aveugle, mais il perçoit le monde via ses cornes qui lui permette de visualiser une image sensorielle de son environnement. La nouvelle n'est pas du tout complexe dans son déroulement mais elle est remplie de description des sens de Chrysaor et de ce qu'il perçoit, la peur, l'envie, les battements de cœur de ses victimes etc. Autre particularité, c'est que l'action se passe dans un paysage qui change en continu, les montagnes peuvent s'élever et disparaître en l'espace d'une journée, et ça aura un impact sur l'histoire. L'action est relativement gore parce que, et c'est une originalité intéressante, les Sybariss sont eux aussi à la recherche de Slaanesh, mais ils le cherchent dans le plaisir de leur chair et l'agonie de leurs victimes. Pas grand chose de plus à dire, on en apprend encore un peu plus sur les peuplades humaines des royaumes mortels, et ça c'est important. Schattra: Je n’ai pas compris ce que Rob Sanders cherchait à faire avec ‘By The Horns’, ce qui me chagrine un peu. L’histoire qui nous est racontée ici est en effet à la fois très simple et très « étalée », puisqu’elle consiste seulement en l’attaque des Sybariss sur le campement nomade, la malédiction de la chamane, et l’annihilation de la bande d’hédonistes. Cela n’est pas rédhibitoire pour une nouvelle de 12 pages, mais j’ai eu l’impression que Sanders cherchait à faire passer un message ou à provoquer une réalisation de manière assez peu concluante. J’en veux comme illustration le long passage où Chrysaor « regarde » son armée se faire massacrer sans réagir, qui ne m’a pas semblé servir à grand-chose dans la construction ou la conclusion du récit (à vrai dire, je m’attendais à ce que la nouvelle se termine juste après que Chrysaor se soit rendu compte qu’il était piégé et ne pourrait pas s’en sortir). Il n’y a guère que la toute fin de l’histoire, où le héros réalise que sa quête et sa foi ont été vaines, qui apporte un peu de sens à une succession de péripétie martiales convenablement, mais inimaginativement, déroulées par Sanders. Pareillement, l’intervention de la chamane nomade sonne assez creux, sa promesse (tenue, au final) de vengeance tombant comme un cheveu sur la soupe par manque de « préparation » de cette confrontation. À ce stade du récit, Chrysaor est juste un méchant lambda d’Age of Sigmar, qui mérite autant de mourir que n’importe quel autre champion du Chaos des Royaumes Mortels (qui ont tous commis des exactions, j’imagine). D’un point de vue narratif, la malédiction qui lui est jetée est donc trop « banale » pour vraiment fonctionner. Je ne sais pas si j’arrive à bien exprimer mon ressenti face à cette nouvelle, mais je reste en tout cas perplexe devant cette soumission de Rob Sanders, qui m’avait habitué à des travaux plus aboutis. Fluff : Slagash le Lascif: Comme la dernière fois, les infos fluff sont regroupées sur mon blog ou lisible en section BG de AoS sur le Warfo. Schattra: La Plinthe: Région d'Aqshy soumise à de rapides, profonds et éphémères changements géologiques et environnementaux. Des montagnes peuvent s'élever et s'affaisser en l'espace de quelques jours, des rivières se transformer en cascades et en lacs au gré de l'ouverture de crevasses et l'élargissement de leur lit, des forêts y poussent avec la rapidité de moisissures, et sont englouties par des raz de marée soudains. • Daemon of the Deep Révélation Call of Chaos/2015/18 pages Intrigue : Dans le paradis rutilant d’Ersatz, île de la Mer de Verre, en Chamon, un seul homme vient briser l’harmonie et la beauté qui caractérisent ce royaume gâté par la nature : Silas Sheldrac. Car le bougre est bossu, ce qui fout la honte à la famille royale dont il est membre. Isolé par sa disgrâce physique, il passe ses journées cloîtré au sommet de la plus haute tour du palais paternel, afin d’éviter les regards blessants et horrifiés de ses concitoyens mieux lotis, et de laisser le temps au concept de to-lé-ranc-e de faire le voyage depuis le continent. Ce qui prend du temps. Malheureusement pour notre héros, pas méchant pour un sou, un jour ses princes (et frères) sont venus, et pas pour lui claquer la bise ou la bosse, mais bien pour se débarrasser une bonne fois pour toutes du vilain petit canard de la lignée, sur le conseil avisé de Maître Norvik, un Prêtre de Sigmar venu du royaume voisin de Tesseraq en compagnie de Dame Teagan, promise au fils aîné du Roi Lundal (père de Silas), Rodric. Car en Tesseraq, le culte du grand barbu au marteau se teinte méchamment d’eugénisme, conséquence imprévue mais compréhensible de la tendance de Ziggie à choisir des bêtes de concours pour rejoindre ses Stormcast Eternals, destin dont tous les membres des peuples libres rêvent sans doute un peu. Bref, Silas est trop moche pour vivre, et, malgré l’héroïque intervention de sa presque future belle sœur en sa faveur, il est traîné manu militari jusqu’à la Grotte, qui sert de décharge publique (et de temps en temps, de point de collecte de bébés contrefaits) à Ersatz. Faisant fi des protestations et des supplications de leur frère, Rodric et Hearn font balancer Quasimodo dans la caverne, espérant sans doute que la chute le tue. La présence et le positionnement stratégique d’une quantité phénoménale de poissons pourris sauvent toutefois Silas d’une mort précoce, bien que notre héros récolte quelques bleus et fractures pour sa peine. Se croyant abandonné dans les ténèbres nauséabondes, il a la surprise de voir un tas d’ordures prendre la forme d’un Grand Immonde et engager la conversation d’un air affable et compatissant. Pas besoin de s’appeler Eldrad pour deviner que le bossu va finir par se ranger aux arguments de son nouveau (et premier) meilleur ami, qui répond au doux nom de Hergustagrue, et propose à Silas de rejoindre Papy Nurgle, un dieu avec une vraie fibr(omyalgi)e sociale. Commence alors un apprentissage de quelques années, pendant lequel Silas va manger beaucoup de poissons pourris (c’est bon pour la mémoire), et passer son BTS de sorcellerie, sous le mentorat attentif du démon. Son diplôme en poche (s’il en a, ce qui n’est pas sûr), Silas retourne à la surface, et fait une entrée remarquable, à défaut d’être remarquée – il se jette un sort d’invisibilité et d’inodorité – en provoquant un échouage massif de poissons sur le littoral d’Ersatz, ce qui consterne les pêcheurs. L’un d’eux envoie son fils Mungo porter la nouvelle au château des Sheldrac et quérir le Prince Rodric… qui a d’autres choses à faire (violer ses concubines, sans doute). D’ailleurs, l’ambiance est vraiment glaciale à la cour, Hearn manquant d’écorcher vif un de ses servants parce qu’il a eu le malheur de rater une maille sur son dernier pull-over, la marmaille de Rodric rivalisant de vice pour attirer l’attention de leur père indigne, et Maître Norvik étant tellement obnubilé par sa quête de perfection physique qu’il se rue sur Mungo un couteau à la main pour lui retirer le grain de beauté disgracieux qu’il arbore au menton. Fort heureusement, le brave Silas intervient à ce moment, et fait son affaire à l’esthète surineur. Cela ne sauvera pas Mungo longtemps, notez, mais c’est toujours mieux que rien. Comme vous pouvez vous en douter, le culte de Slaanesh a depuis longtemps remplacé celui de Sigmar sur Ersatz, dévoiement logique compte tenu du maniérisme et du souci de l’apparence déjà bien ancrés chez les locaux. Tous les tutos maquillage et les cours de zumba du monde seront impuissants pour combattre l’épidémie de peste ichtyenne que le sorcier purulent et revanchard fait s’abattre sur son ancien foyer, et qui n’épargne que la Dame Teagan, enfermée par Rodric dans l’ancienne chambre de Silas après qu’il se soit aperçu que sa promise avait trop de principes moraux à son goût. Bien que Silas ne veuille aucun mal à la seule personne qui l’a défendu lors de son expulsion, son aspect peu ragoutant et ses méthodes de règlements de compte radicales (tout le monde se change – douloureusement – en Portepeste) plongent la captive dans la folie. Gentleman jusqu’au bout des ongles – s’il lui en reste – Silas promet cependant à sa bonne amie de la ramener chez elle, en compagnie de sa petite armée démoniaque et du réjoui Hergustagrue. La croisière va vraiment s’amuser… Avis : C'est un grand oui de ma part pour ce ‘Daemon of the Deep’, qui coche toutes les cases de la nouvelle sympathique dans mon cahier des charges : une intrigue robuste (même si pas hyper surprenante), des personnages intéressants (avec des gentils méchants et des méchants gentils, et vice et versa), un minimum de suspens/surprise (Slaanesh qui se cachait sous Sigmar), un respect du lore établi (le caractère à la fois sympathique et impitoyable de Nurgle) et quelques ajouts notables au fluff. Il n’y a rien à dire, c’est du solide de la part de Rob Sanders, qui signe ici l’un des classiques du catalogue Nurglesque d’Age of Sigmar à n’en pas douter. Fluff : Îles Brisées (Shattered Islands) : Archipel de Chamon, situé dans la Mer de Verre (Glass Sea), et divisé en de multiples petits royaumes dont Tesseraq et Sheldrac (sur l'île Ersatz). • Eye of the Storm merci @gilian ! Révélation Call of Archaon/2015/XX pages Intrigue : Le "Serviteur aux Mille Yeux" a pour mission de découvrir des champions dignes de rejoindre les rangs d’Archaon. Depuis sa tour de méditation, l’un de ses innombrables regards se pose sur Orphaeo Zuvius, le Prince des Braises, un sorcier puissant et adepte de Tzeentch, cherchant un moyen d’accéder à la cour d’Archaon. Lors de sa quête, après de nombreuses épreuves, Zuvius se retrouve face à une armée redoutable menée par un champion de Khorne, animé du même but. Reconnaissant qu’une confrontation directe mènerait à sa perte, il choisit plutôt de convaincre son rival d’unir leurs forces pour surmonter les obstacles restants. Mais alors qu’ils approchent de leur destination, ils rencontrent un groupe de Stormcast Eternals. La bataille est féroce et, une fois la victoire assurée, Zuvius, fidèle à sa nature trompeuse, trahit son allié. Dans l’écho des cris et du carnage, une vision de Varanspire, la forteresse d’Archaon, s’impose à lui, confirmant qu’il a franchi l’épreuve ultime. Avis : Comme pour la première nouvelle de ce recueil, cette histoire se focalise sur l’introduction d’un nouveau personnage. Rob Sanders explore ici les origines de Zuvius, nous offrant un aperçu de sa vie avant qu’il ne devienne un champion du Chaos. Plus ambitieux et résolu que Bule, qui semble se laisser porter par les événements, Zuvius incarne l’archétype de l’aspirant implacable. L’avenir nous dira ce que son chemin réserve encore. Fluff : - • In the Lands of the Blind merci @gilian ! Révélation Call of Archaon/2015/XX pages Intrigue : Orphaeo Zuvius poursuit sa route à travers des terres désolées, tourmentées par la puissance du Chaos. Grâce à son esprit acéré et aux dons que lui a accordés Tzeentch, il a su éviter les affrontements les plus violents, avançant par ruse et préservant ses forces là où il le pouvait. Au cours de son périple, il a lui aussi dû surmonter diverses épreuves, chacune liée aux quatre dieux du Chaos. Convaincu que la meilleure manière de prouver sa valeur est d’aller directement au Varanspire, la forteresse d’Archaon, Zuvius décide de s’y rendre sans détour. Mais les serviteurs du Maître du Chaos ne lui facilitent pas la tâche. Pour pénétrer dans la citadelle, Zuvius doit user de toute son intelligence, de l’étendue de ses pouvoirs et consentir à sacrifier presque tous ses soldats, n’entrant finalement que par un chemin détourné. Errant longuement dans la citadelle, il finit par atteindre la Chambre des Vaincus, où se dresse le trône d’Archaon. Pensant avoir enfin achevé l’ultime épreuve, Zuvius est surpris d’y trouver à la place le serviteur aux Mille Yeux, qui lui apprend que ses efforts ont été vains. Archaon n’a pas pris place sur ce trône depuis des siècles. La tentative de Zuvius pour éviter les confrontations avec les autres champions s’avère être perçue comme une preuve de lâcheté et d’échec. Pour son audace mal placée, Zuvius est puni : le démon-sorcier le laisse aveugle, torturé et abandonné dans les ténèbres éternelles, lui faisant comprendre qu’il a échoué à saisir la véritable essence de la damnation et de la folie du Chaos. Avis : Je suis réellement surpris. Bien que j’aie pressenti que les trois champions ne réussiraient pas tous les épreuves et que certains pourraient mourir en chemin, je ne m’attendais pas à ce que Zuvius soit le premier à échouer. J’imaginais même que les trois champions finiraient par s’affronter. Rob Sanders nous a offert deux excellentes nouvelles sur Zuvius, un champion du Chaos qui se distinguait par son esprit plus que par sa force brute, ce qui le rendait d’autant plus intéressant. Dommage pour lui... Fluff : - • See No Evil merci @gilian ! Révélation Call of Archaon/2015/XX pages Intrigue : Alors qu’il attendait la mort, mutilé et en pleine agonie, Orphaeo Zuvius voit soudain apparaître Archaon et son mystérieux Serviteur aux Yeux Multiples. Ils lui annoncent qu’il a passé toutes les épreuves et qu’il est digne de rejoindre la Varanguard. Zuvius ne comprend pas pourquoi il a été laissé pour mort et cruellement mutilé s’il a été choisi. Archaon, en réalité, souhaitait lui enseigner une leçon : lui rappeler qu’il est au service du Maître du Chaos. Aussi rusé soit-il, Zuvius reste moins intelligent qu’Archaon. Devenu le Prince des Braises et nouveau membre de la Varanguard, Zuvius se voit confier la tâche de mener une contre-attaque contre les Stormcasts venus assaillir la citadelle d’Archaon au Cap des Désolations. Après une bataille acharnée, les forces du Chaos triomphent, offrant ainsi un départ prometteur à la carrière de Zuvius. Avis : J’ai beaucoup apprécié cette série de nouvelles, et le recueil Call of Archaon est vraiment bien construit. Même si la conclusion est satisfaisante avec la première bataille de Zuvius, on ressent que l’histoire aurait pu s’arrêter avec son intégration dans la Varanguard, et que le reste semble ajouté pour meubler la dernière nouvelle. Fluff : - • The Splintered Révélation Sylvaneth/2016/24 pages Intrigue : Notre histoire commence avec un petit résumé des dernières années de Ghyran avant le début de l’Âge de Sigmar, c’est-à-dire un écocide (im)pur et simple perpétré par les hordes de Nurgle, malgré les vaillants mais vains efforts des guérilleros Sylvaneth planqués dans leurs forêts. C’est dans l’une d’entre elles, Arkenwood, que nous amène ensuite Rob Sanders, au moment où les dernières Dryades luttant contre l’invasion des Maggotkin abattent leur dernière carte en réveillant l’Esprit de Durthu qui pionçait comme une bûche (normal) au cœur du bois. Le grand, le beau, le fort… Shaddock (si si) sort ainsi de sa torpeur centennale et remporte une victoire pyrrhique et tardive au Lac d’Ebène sur les vils envahisseurs, parvenant à empêcher l’invocation du Démon Majeur Feytor le Triple-Père par une cabale de Sorciers putrides. Malgré cela, il est trop tard pour sauver ce qui reste de l’Arkenwood, et Shaddock décide donc de partir à la rencontre d’Alarielle, dont la playlist Spotifeuille résonne dans ses oreilles, plutôt que de demeurer avec ses camarades de lutte (Ardaneth la Sorcebranche et Laurelwort la sidekick) pour tenter de préserver les derniers arbres sains de la forêt condamnée. Sa quête le mène à travers maints paysages désolés de Ghyran, et à tailler des croupières à moultes bandes de Nurgle en maraude, égrenant ses points de vie et sa lucidité au fil des combats. Il faut dire que la marque impie que lui a pyrogravé sur la main gauche un des Sorciers auxquels il a réglé son compte lors de la bataille du Lac d’Ebène a agi comme un catalyseur de pourriture, à travers lequel Feytor le revanchard lui susurre des mots doux avec l’insistance d’un stalker Facebook. Gasp. Tout cela se serait mal terminé pour Shaddock sans l’intervention à point nommé d’Ardaneth et Laurelwort, qui recueillent la forme dévastée de l’Esprit de Durthu et l’amènent se dialyser la sève dans un des rares havres de paix et d’harmonie persistant à Ghyran malgré les ravages du Chaos : Fondcombe Draconite. Cette rencontre n’est pas tout à fait surprenante, les deux Dryades ayant fini par reconnaître que l’Arkenwood n’était plus bon qu’à faire de la biomasse, et emmenées les derniers survivants Sylvaneth du bosquet à la recherche du Chef Shadok. À son second réveil, ce dernier est totalement guéri mais tronçonné du bras gauche, seul moyen trouvé par Ardaneth pour stopper la progression de la maladie. Remis sur pied et sur le droit chemin par cette pause fraîcheur, Shaddock mène ses ouailles jusqu’à la forêt d’Aspengard, où Alarielle devrait se trouver si on en juge par le niveau sonore. Manque de bol, une horde de Nurgle sans doute excédée par ce raffut a mis le siège à la ZAD, précipitant nos héros dans l’ultime affrontement de l’histoire. Bien évidemment, Shaddock a ainsi l’occasion de se frotter l’écorce avec sa purulente Némésis, et bien évidemment, l’Esprit de Durthu parvient à faire la peau au pesteux familias au terme d’un combat accroché (en lui plantant une épée, puis un arbre, dans le bide, pour ceux que ça intéresse). Au niveau macro, la bataille est remportée par les Sylvaneth grâce à l’arrivée de leur brigade aérienne – car ils en ont une – : la forêt céleste de Jynnt. C’est dans cette dernière que Shaddock finit enfin par retrouver Alarielle, qui ne trouve rien de plus pressé que de troller un peu son vieux compagnon avant de le mettre à son service1. Ça fait toujours plaisir. 1 : Pas un mot d’excuse pour les Sylvaneth morts durant le siège d’Aspengard parce que madame jouait les filles de l’air au-dessus de leurs têtes, par contre. Avis : Je suis partagé sur cette nouvelle du vétéran Rob Sanders, la seule qu’il ait écrite pour la faction des Sylvaneth, peu de temps avant qu’il ne cesse sa collaboration avec la Black Library. D’un côté, on y retrouve un souffle épique et des descriptions fouillées des ravages perpétrés par les hordes du Chaos dans le Royaume de Ghyran avant que Sigmar et ses Stormcast Eternals ne viennent au secours d’Alarielle, ce qu’on ne retrouve pas fréquemment dans les nouvelles et romans d’AoS de cette période (pour autant que j’en ai fait l’expérience). De l’autre, ‘The Splintered’ n’est qu’une succession d’affrontements assez peu intéressants pour le lecteur, mettant en scène des personnages l’étant tout autant. Le résultat final est donc particulier, et pourra plaire ou rebuter en fonction des affinités littéraires de chacun. Fluff : Ghyran (Géographie) : Les montagnes de cristal de Quartzendor. Le Lac d’Ebène (Ebon Tarn). Le Verdenhold et sa Porte de Royaume, Glimmerfall, une cascade irisée de lumière et d’eau. Les forêts célestes de Jynnt, poussant dans des nuages et capables de traverser les cieux du Royaume. Robbie MacNiven (2) Révélation Le parcours de Robbie MacNiven au sein de la franchise Age of Sigmar tient pour le moment plus du dépannage occasionnel que du projet littéraire construit (comme ses nombreuses publications pour les Space Wolves, les Carcharodons et les Primaris Ultramarines l'attestent pour 40K). On lui doit ainsi deux nouvelles ('Heartwood' et 'The Pilgrim's Trial'), une novella Gotrekienne ('The Bone Desert') et un roman consacré au Varanguard Vanik - alias The Vivi - ('Scourge of Fate'). • Heartwood // Coeur de Sylve merci @Foudrolle ! Révélation Hammerhal & Other Stories // Hammerhal & Autres Récits/2017/23 pages Dramatis Personae : Nellas la Moissonneuse : Sylvaneth, Sorcebranche de la Maison Il’leath Thaark : Sylvaneth, chef de la Maison Il’leath Du’gath : Sylvaneth, Fielleux-Revenant Intrigue : Foudrolle : La nouvelle se déroule dans Brocéliande Brocélaan, où la Maison Il’leath de la Clairière du Cœur de Sylve est opposée aux très suppurants adorateurs de Nurgle. Nous retrouvons Nellas la Moissonneuse Sorcebranche de la Maison Il’leath, pleinement occupée à taillader des adorateurs putrides. Malheureusement pour les Sylvaneths, tout ne se passe pas pour le mieux et malgré la victoire, les pertes sont nombreuses. Thaark, seigneur de la Maison Il’leath, comptera parmi les victimes. En tant que Sorcebranche, Nellas a la responsabilité de ramener les graines de vie des Sylvaneths tombés au combat à la Prime Clairière dans les Vergers Eternels, pour qu’ils renaissent et perpétuent le cycle éternel de la vie. Blessée pendant la bataille, Nellas est stoppée par Du’gath et ses Fielleux- Revenants qui refusent de la laisser puisqu’elle est corrompue. La Sorcebranche réussira tout de même à convaincre le paria et accomplira son devoir. La graine de vie de Thaark sera plantée à l’ombre même de l’arbre roi, le cœur des bois. Après un court repos, Nellas est convoquée à un conclave où elle apprend que les forêts Ithilia et Mer’epine sont tombées sous la coupe de Nurgle. Nellas souhaite se rendre sur place pour comprendre comment les deux forêts ont été conquises mais le conclave l’en empêche, sous prétexte qu’elle est la dernière des Sorcebranche. Ne se laissant pas démonter, Nellas utilise son chant esprit pour se rendre de façon éthérée à Mer’epine. Elle constate avec effroi que le Bois Sauvage n’a pas été détruit mais totalement corrompu par Nurgle. Il vit toujours mais représente désormais l’antithèse de tout ce que les Sylvaneths chérissent. En enquêtant, Nellas comprendra que Mer’epine est tombée de l’intérieur. La corruption de Nurgle s’est répandue parmi les graines de vie et en les replantant au cœur du bois, les Sylvaneths ont eux-mêmes invités Grand Père dans leur domaine. La Sorcebranche réintègre son corps et se précipite dans les Vergers Eternels où elle a déposé les graines de vie de ses frères et sœurs. Elle se retrouve nez à nez avec des démons de Nurgle et engage aussitôt le combat pour sauver Brocélaan. Du’gath et ses Fielleux-revenants viendront lui prêter main forte mais il semble déjà trop tard. Nellas souffle alors dans son cor en appelle aux esprits de la forêt pour l’aider à vaincre les démons. Les feux follets répondent présents et purgent les bois de toute trace démoniaque en détruisant Archimonde. Les Bois sont sauvés et désormais les Sylvaneths redoubleront de vigilance. Schattra : La guerre, la maladie et les décharges à ciel ouverts ont trouvé le chemin de la Brocélann, enclave Sylvaneth des Royaumes de Jade. Décidés à ne pas se laisser abattre sans réagir, les esprits de la forêt de la maisonnée Il’leath ont tendu une embuscade aux Maggotkin du Seigneur Skathis Rot. Au moment où commence notre histoire, la Branchwych Nellas la Moissoneuse est très occupée à faucher du Blightking, pendant qu’à l’arrière-plan les deux généraux sont engagés dans une battle endiablée. À ce petit jeu, c’est Rot qui sort gagnant, sa technique de massage à coups de masse (d’où le nom) mettant à genoux et à vif le vénérable Homme Arbre Thaark. Mortellement blessé par son adversaire, ce dernier s’éteint – ce qui est peu intuitif pour un végétal il faut dire – dans les bras de Nellas, qui a profité de l’inattention du prouteux pour lui ficher sa faux dans la calebasse. Bien que les Sylvaneth sortent victorieux de la bataille, les pertes ont été lourdes du côté des plantes vertes, et Nellas se retrouve à devoir gérer en solo la récolte et le replantage des lamentiri de ses camarades défunts, les autres Branchwyches de Brocélann ayant été réduites en fagots par les séides de Nurgle. Sur le chemin du cœur de sylve, où les petites graines des esprits de la forêt doivent être rituellement plantées pour assurer leur développement harmonieux, notre héroïne est arrêtée par une bande de Parias menés par l’ombrageux Du’gath. Les sens très développés du Spite-Revenant ont en effet détecté une trace de corruption chez Nellas (blessée dans son truel avec Thaark et Rot), qu’il est absolument vital d’empêcher d’infecter le saint des saints d’Il’lea… en fait non, elle peut passer. Parce que c’est bien d’avoir des certitudes et des principes, mais chacun est libre d’aller où il veut à sa guise, tout de même. Cette civilité appréciable permet à Nellas d’accomplir son office et de mettre en terre les précieuses semences qu’elle a fait trimballer depuis le champ la clairière de bataille par une armée de farfadets bénévoles (on ne maîtrise pas encore la technologie du sac chez les Sylvaneth). Ceci fait, elle s’accorde finalement un peu de repos après cette dure et éprouvante journée, mais fait un mauvais rêve dans lequel elle voit un asticot géant sortir du cocon de l’âprelarve qu’elle a préco chez son Biocoop local, en remplacement de son ancien invertébré de compagnie, squeezé à mort par ce monstre de Skathis Rot. Un présage inquiétant pour la suite. À son réveil, elle est mandée par le conseil des anciens d’Il’leath, qui a appris dans la feuille de chou du coin que les clairières avoisinantes avaient été pourries jusqu’à la sève par les Rotbringers de Papy Nurgle. Nellas aimerait bien se rendre sur place pour investiguer, mais ses supérieurs lui rétorquent qu’elle est désormais trop précieuse pour la survie d’Il'leath, en tant que seule Branchwych apte au service, pour aller baguenauder chez les voisins. Du coup, Nellas décide... d’y aller quand même, parce que tant qu’on ne lui a pas fait jurer sur le rapport annuel de Greenpeace de ne pas faire quelque chose, elle a le droit de le faire. D'abord. Comme dirait Sylvebarbe : it doesn’t make much sense to me, but then again, she’s very small. Notre forte tête se rend donc aux bains publics pour se refaire une santé, et surtout pour posséder une truite remontant le ruisseau de Brocélann à Mer’thorn, afin de spirit walker en province. Là, elle ne peut que constater que le mal a été bel et bien fait : la forêt n’est pas seulement à l’agonie, elle a été corrompue par les bénédictions du Grand-Père, et transformée en site de camping sauvage pour Portepestes en goguette et Nurglings en classe verte. Sa révulsion est telle qu’elle se fait lamentablement griller par les démons qui folâtrent dans l’humus1, et qui lui révèlent fort civilement qu’elle a fait le jeu de Skathis Rot, qui avait tout prévu depuis le début. Ce qui est très con de leur part comme on le verra plus tard, mais les séides de Nurgle sont souvent trop gentils et serviables pour leur propre bien, c’est connu. Ayant repris ses esprits et sa forme corporelle, Nellas, très affaiblie par sa blessure, se rue dans le cœur de sylve pour tenter de sauver les meubles. Ou plutôt les troncs. Enfin, je me comprends. La situation est on ne peut plus grave car la corruption qu’elle a inconsciemment rapportée avec elle a pris racine (façon de parler) dans la pépinière, et Skathis Rot, transformé en Héraut de Nurgle pour l’occasion, a déjà commencé à festoyer parmi les jeunes pousses avec quelques copains. L’appui inespéré apporté par Du’gath et ses Revenants, qui revenaient justement, permet à la Branchwych de se frayer un chemin vers le Chêne des Âges de Brocélann, mais les démons semblent trop nombreux pour que l’intervention désespérée des Sylvaneth fasse une différence. La messe est elle dite pour les Verts ? Non ! Car ce qu’une poignée d’esprits de la forêt ne peut réaliser, une nuée de farfadets le peut. Grâce à son réseau très développé et son forfait SMS illimité, Nellas invite toute la biomasse des environs à fondre sur les intrus, qui se font prestement composter pour la peine. Je ne sais pas si le spam de Spiteswarm Hive est très efficace sur les tables de jeu, mais en tout cas sous la plume de Robbie MacNiven, c’est le nec le plus ultra pour venir à bout du gras et des taches tenaces. Tout est bien qui finit donc bien pour Brocélann et Nellas, sauvée du mildiou par les mandibules secourables de sa nouvelle âprelarve, qui lui a grignoté le flanc pendant qu’elle se remettait de ses émotions. Il faudra maintenant passer l’information des ruses abjectes de Monsanto Nurgle aux clairières encore épargnées, mais cela pourra attendre quelques jours… 1 : Comme c’est son « glamour » (enchantement, illusion en anglais) qui lui fait défaut, on peut considérer qu’elle rate son test de séduction. Avis : Foudrolle : Très chouette ! Une nouvelle centrée sur les Sylvaneths qui nous permet d’en apprendre énormément sur le peuple des forêts et sur toutes les créatures qui gravitent autour d’eux. Une petite mine d’or de fluff pour qui ne connait rien, ou pas grand-chose sur les Sylvaneths. Nurgle n’est pas non plus en reste et nous montre qu’aucun endroit dans les Royaumes n’est à l’abri de ses bienfaits. Sa corruption peut être repoussée mais Grand Père trouvera toujours un moyen de la répandre. Cette nouvelle est par ailleurs la seule où je me suis dit à la fin : « Tiens, tiens ce serait sympa de monter une armée de Sylvaneths ». Schattra : Robbie MacNiven nous livre un affrontement d’école entre les ennemis jurés de Ghyran, les Sylvaneth d’Alarielle et les Maggotkin de Nurgle, dans cette nouvelle pas désagréable à lire mais manquant clairement d’idées et d’audace. Je pense qu’il y avait moyen d’améliorer significativement la qualité de cette soumission en optant pour une approche suspens (Nellas a-t-elle vraiment corrompu le cœur de sylve, où est-ce une hallucination ?) ou fluff pure, plutôt que de ménager la sève et le chou comme l’a fait MacNiven. En l’état, on se retrouve avec une suite de péripéties pas franchement bien mises en scène, de trop nombreux personnages qui ont la fâcheuse tendance à agir dans l’intérêt du scenario plutôt que logiquement, et un dénouement placé sous le signe du deus ex magnolia ne nous apprenant rien sur l’équilibre des forces et les enjeux sous-jacents de la Guerre de la Vie. Décevant. Fluff: Sylvaneth (Maladies) : Les esprits de la forêt peuvent être victimes de la Pourriture Suppurante (Weeping Rot), de la Puanteur Visqueuse (Slimestench) ou du Crachat du Démon (Daemon’s Spit). • Pilgrim's Trial Révélation Gods & Mortals/2019/13 pages Intrigue: Vanik, aussi appelé le Pèlerin Noir (ça sonne mieux en anglais), est un seigneur de guerre chaotique poursuivant le rêve de toute une faction : rejoindre la Varanguard pour approcher le GOAT Archaon. Une telle position se mérite cependant (beaucoup d’Elus, mais peu d’appelés…), et ce n’est pas avec un CV aussi famélique que le sien que Vanik a la moindre chance de réussir son casting : notre héros doit en effet se contenter d’une modeste bande d’une vingtaine de chevaliers du chaos (la Fraternité de Fer) pour toute armée, ainsi que d’un écuyer froussard (Modred) et d’une épée qui coupe. Bien décidé à améliorer son inventaire afin de devenir un redouté Bling King, Vanik entraîne son monde jusqu’en Aqshy, et plus précisément à l’orée du Bois de Braises (Cinderwood), où il a le sentiment que, je cite, sa destinée l’attend. Sa destinée a du coup un point commun avec la Fraternité, qu’il laisse sur le parking de la forêt avec le cadavre de sa monture, sacrifiée pour des raisons aussi brumeuses que la visibilité locale (normal pour une forêt qui passe son temps à brûler, vous me direz). Il est en effet capital qu’il entreprenne la quête qui va suivre seul, et également en moins d’une journée (mais pourquoi, mystère) : s’il n’est pas revenu au premier champ du c(ha)oq, ses braves guerriers ont ordre d’aller porter la nouvelle de sa mort tragique, ou de son égarement gênant, à sa sœur Jevcha, Reine de Guerre de son état. Elle lui donnera un enterrement digne de ce nom, ou viendra le ramener à la maison, selon la situation. Nous suivons donc Vanik alors qu’il explore le Bois des Braises à la recherche de quelque chose, ou de quelqu’un. Cette quête est entrecoupée par des passages narrés en italiques par un personnage qui semble flotter à quelques mètres de l’aspirant garde du corps sans que ce dernier s’en aperçoive, et qui se matérialise lentement grâce à la puissante émanation de… quête qui entoure Vanik. Ses vues sur ce dernier sont ambivalentes, pour dire le moins, mais c’est un problème que le Peignoir Nain devra gérer un peu plus tard, occupé qu’il est à défendre son intégrité physique contre la faune bigarrée qui hante la forêt. D’abord un Chien de Khorne à collerette verte (original), du nom de Korhel1, auquel il n'arrive pas à apprendre à donner la papatte en dépit de ses meilleurs efforts – qui consistent à lui balancer des grands coups d’épée dans la truffe, ceci dit. Ensuite à un duo de Chasseurs de Kurnoth équipés d’arcs, ayant mis en déroute le pauvre cabot avant de flécher la sortie à ce mortel égaré dans leur réserve naturelle. Ayant la vue très basse pour un champion du Chaos (ou ayant mis son heaume à l’envers ce matin-là), Vanik opte pour une fuite éperdue à travers les arbres, mais finit par se faire rattraper par les intraitables Sylvaneth, qui lui mettent une solide raclée au corps à corps et menacent d’interrompre brutalement sa quête de gloire. Ça commence à sentir le sapin… Révélation Heureusement, la cavalerie finit par arriver. Ou plutôt, la monture démoniaque finit par se matérialiser. Car c’était bien ça qui zieutait sans gêne le Pèlerin quelques pages plus tôt. Baptisée Tzatzo, la cavale infernale triomphe là où son (futur) maître avait échoué – un grand classique des wargames – et réduit les Kurnothi en granulés de biomasse en quelques secondes, un chouilla aidée par cet assisté de Vanik. C’est évidemment le début d’une grande amitié entre ces deux êtres que tout oppose, et la nouvelle se termine sur le retour triomphal de notre héros au camp de base de la Fraternité de Fer, et l’annonce de la nouvelle et dernière étape de sa classe quête préparatoire : aller chiner une épée démon aux puces de Saint Ouen. Ce sera risqué, mais il faut bien ça pour attirer l’œil des dieux… 1 : On ne sait pas d’où vient cette connaissance poussée qu’a Vanik du nom des démons qu’il rencontre (sans doute un Pokédex chaotique ramassé dans un donjon mineur), mais en tout cas, cela ne lui rapporte aucun avantage au combat. Avis: Introduction au roman qu’il a consacré à l’ascension carriériste (plutôt que démoniaque) de son héros Vanik le Pèlerin Noir, ‘Pilgrim’s Trial’ ne frappe pas par son originalité, tant au niveau de l’intrigue que du style ou des personnages mis en avant. J’irai même jusqu’à dire que sa lecture est hautement facultative, même si Robbie MacNiven ne livre pas une copie honteuse. Qui a dit que le cheval, c’était génial ? Fluff: Rien de transcendant. Robert Charles (1) Révélation Le croirez-vous, mais il y a plusieurs Robert Charles ayant fait carrière dans l’écriture de nouvelles de science-fiction, et donc potentiellement responsables de la paternité de Faith in Thunder. Parmi les prétendants on retrouve ainsi Robert Charles Smith (80 printemps, tout de même) et Robert Charles Wilson. Il est également possible que notre RC soit un autre RC, ou qu’il s’agisse d’un nom de plume, et que ce soit J. K. Rowling qui s’essaie à Age of Sigmar sous cet alias. Qui peut dire, qui peut dire ? • Faith in Thunder Révélation Inferno! #2/2019/20 pages Intrigue : Pour ses débuts au sein de la Black Library, Robert Charles choisit d’emmener le lecteur à la rencontre d’un Royaume (Ghur) et d’une faction (les Ogors) guère pratiqués par ses petits camarades de plume jusqu’ici, ce dont on peut lui en savoir gré. Prisonnière d’une bande de brutes nourrissant une passion dévorante pour les jeux du cirque, notre héroïne, le sergent Niara Sydona de la garde de Concordia (une des cités des gens libres du royaume de Ghur), commence la nouvelle en vis à vis d’un croc de sabre malingre et grincheux, et animé d’intentions peu amicales envers sa personne. Un lundi habituel en somme pour Niara, dont l’occupation des derniers jours à consister à divertir ses geôliers en combattant contre quelques spécimens choisis de leur ménagerie. Une fois Gros Minet transformé en croquettes, Niara est autorisée à passer au self et à rejoindre ses quartiers, où l’attendent le reste du casting de Faith in Thunder : son comparse Lothran Horst, ultime survivant de la patrouille dirigée par la donzelle au moment de l’embuscade Ogor, une mercenaire Kharadron délestée de sa ferraille, et une armoire à glace à la zénitude consommée (maître yogi 13ème Bambou), ce qui ne l’empêche pas de tataner sans sourciller tout ce qui a le malheur de lui tomber sous la masse, comme le troll qui était décidé à en faire son dîner ne tarde pas à le découvrir à ses dépends1. Notre colosse, Valruss de son prénom, n’a qu’un défaut : son individualisme forcené, qui le conduit à refuser de coopérer avec le plan d’évasion fomenté par ses compagnons d’infortune, à la raison qu’il considère avoir mérité son sort de gladiateur, et doit expier le déshonneur d’avoir survécu alors que tous ses compagnons ont péri lors d’une précédente bataille contre les forces du Chaos. À ce stade de l’histoire, il ne fait guère de doute que Valruss est, non pas l’Egg Man (pas plus que les Ogors ne sont les Egg Men), mais badum tss goo goo g’joob, un Stormcast Eternal disgracié, comme il le reconnaît à demi-mot à une Niara qui tentait malgré tout de convaincre le meilleur guerrier de leur petite bande de rejoindre leur projet de mutinerie, en vain. Cette fin de non recevoir polie mais ferme adressée, Valruss ouvre grand ses chakras et enchaîne sur un Parivrttaikapada Shirshasana boudeur, signifiant à sa groupie que l’entretien est terminé, et renvoyant Niara, non pas à ses chères études, mais au limage des barreaux de sa cage en vue de la mise en exécution prochaine de son plan. À nouveau désignée par les Ogors pour descendre dans l’arène le lendemain, notre héroïne trouve cette fois à qui parler en la personne d’un Yéti très tactile, et, si elle parvint finalement à s’en défaire au prix de quelques ecchymoses et fractures, doit composer avec la boulette de Horst, dont les efforts peu discrets pour se désincarcérer finissent par attirer l’attention du maton. Malgré l’intervention généreuse de la naine de garde, qui se fait feminicider à coup de trique pour sa peine, nos deux loustics voient leurs rêves de grands espaces se réduire à peau de chagrin, et sont convoqués par le Tyran en personne pour s’expliquer de ce comportement inadmissible. Alors que Horst finit collé (au mur de l’arène par un revers de merlin Ogor ayant fait perdre une dimension à sa cage thoracique) pour sa peine et que Niara s’attend au même traitement dans les meilleurs délais, un éclair très vénère s’abat sur l’arène, que les Gnoblars de la tribu avaient semble-t-il construits à partir de cagettes et de futs d’essence, car il prend immédiatement, totalement et irrémédiablement feu. Sursis bienvenu pour M’zelle Sydona, mais véritable épiphanie pour Valruss, qui décide que c’est Sigmar en personne qui a zappé le campement Ogor, et interrompt sa méditation pour accélérer la réincarnation du Tyran en esquirgot (un progrès !), d’une estocade bien sentie. Notre propos se termine dans le campement sommaire que Valruss a installé à quelques distances des ruines du bivouac de feu les suppôts de la Gueule, où il promet à Niara de l’accompagner jusqu’à Concordia afin qu’elle puisse accomplir le grand destin qu’il lui pressent, tandis que lui retournera à Azyrheim pour reprendre du service après son congé sabbatique. Il faut bien cotiser pour sa retraite. 1 : Et ce n’est que justice, car comme le dit l’immortel adage : don’t feed the troll. Avis : Petite nouvelle sans prétentions, Faith in Thunder aurait pu être franchement sympathique si Charles avait davantage exploité les pistes qu’il ne fait qu’esquisser dans son propos. Qu’il s’agisse du fluff des cités libres, de celui des Kharadron, ou de la culture Ogor dans l’univers d’Age of Sigmar, le lecteur pourra en retrouver quelques bribes parsemées au détour des lignes, mais guère plus que cela. Même le sujet qui semble être le centre de l’intrigue, à savoir la déchéance morale d’un Stormcast Eternal, ce qui constitue une forme de rébellion de sa part contre la volonté de Sigmar, même sous couvert d’une pénitence volontairement recherchée, est traité de manière superficielle par Robert Charles, qui fait de son Valrrus un exégète kéraunique au raisonnement des plus nébuleux. Ne reste donc que quelques scènes de baston peu mémorables à se mettre sous la dent, ce qui n’est pas lourd, ni vraiment gratifiant pour le lecteur. Tu peux mieux faire, Robert. Fluff : Concordia : Une ville humaine du royaume de Ghur. Surnommée Cité des Spires. Kharadron (culture) : Portent toujours un masque pour dissimuler leur visage, pour une question d’honneur apparemment. Lexique : wazzok : troll/bête ; duarkvinn : Kharadron/compagnon ; Kazak bryngadum : cri de guerre Kharadron. Forteresse nommée : Barak Skarren. Ogor (culture) : Les Ogors sont des cuisiniers réputés. La présentation des plats laisse à désirer, mais le goût est toujours au rendez-vous. Stormcast Eternals (Ost nommé) : Les Knights Tempestor, qui ont subi de lourdes pertes contre les forces du Chaos. Il se pourrait que les âmes des guerriers tombés n'aient pas été renvoyées à Azyrheim. Robert Rath (1) Révélation L’historien et vulgarisateur (il collabore à la chaîne YouTube Extra History) Robert Rath a rejoint l’écurie de la Black Library en 2019. Sa première contribution à la grande tapisserie du fluff des Royaumes Mortels est la nouvelle ‘The Garden of Mortal Delights’ / ‘Le Jardin des Plaisirs Mortels’. • The Garden of Mortal Delights // Le Jardin des Plaisirs Mortels Révélation Black Library Celebration Week 2019/2019/19 pages Intrigue: Notre histoire prend place sur une île de Ghyran, où le seigneur slaaneshi Revish l’Epicurien tient cour et jardin. Contrairement à la majorité de ses collègues cultistes, Revish s’intéresse davantage aux plaisirs de la chère qu’à ceux de la chair, et occupe donc une bonne partie de son temps à se délecter des mets les plus recherchés et exotiques, comme le foie gras d’un homme de foi, ou encore les gariguettes bio dynamiques et permacultivées produites ultra-localement par bouturage sur des Dryades préalablement décapitées. Comme il fallait une petite main verte à notre gourmet pour s’assurer du bon approvisionnement de son garde-manger, et qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même un esclave hautement qualifié, notre Hannibal Lecter med-fan s’est assuré les services, pas vraiment librement consentis, d’une sorcebranche du nom de Wilde Kurdwen, capturée avec ses sœurs étêtées lors d’un raid sur un bosquet mal gardé. Bien qu’il lui en coûte, et qu’écouter les greffons décérébrés de ses congénères réciter en boucle leur jingle de bataille1 lui file un bourdon pas possible, Kurdwen a accepté le CDI gracieusement offert par son geôlier, et lui fourni légumes, fruits et baies de première qualité. À l’occasion de la punition d’un larbin qui avait eu la mauvaise idée de grignoter quelques mûres ne lui étant pas destinées, Revish accompagne sa jardinière dans un petit tour du propriétaire, qui leur donne l’occasion de discuter des différences philosophiques entre hédonistes et botanistes. Kurdwen en profite également pour présenter à son boss son nouveau projet : la culture de graines âmes, qu’elle voit comme la première étape d’une future alliance entre Slaaneshi et Sylvaneth contre les armées de Nurgle qui ravagent Ghyran. Jouant sur la fibre paternaliste de Revish, elle use de tous ses charmes végétaux pour plaider sa cause auprès de l’Epicurien, qui se montre finalement assez intéressé par cette joint-venture bouture. Cependant, le projet est accueilli avec une froideur palpable par sa girlfiend Sybbolith2, plus intéressée par la quête de Slaanesh que par le reboisement à impact social. Suspectant que l’apathie gloutonne de Revish est le fruit (mouahaha) des minauderies de Kurdwen, Syb’ convainc ce dernier de placer la sorcebranche devant un choix qui lui permettra de juger de sa véritable allégeance : lorsque Revish revient le lendemain, accompagné par quelques guerriers de sa garde personnelle, il demande à la dryade de lui remettre la graine âme expérimentale qu’elle a fait pousser dans son coin, afin qu’il puisse la déguster. Un refus de sa part signifierait que la loyauté de Kurdwen n’est pas aussi absolue qu’elle voulait lui faire croire. Et devant le peu d’enthousiasme manifesté par la semencière à la demande cannibale de Revish, il semble bien que les carottes soient cuites pour la préposée aux espaces verts... Révélation N’ayant guère le choix, Kurdwen remet finalement la précieuse cosse à Revish afin que ce dernier puisse y prendre un croc… qui lui est retourné, à sa grande surprise, par l’occupant de la gousse. Fort mécontente de cette mise au monde prématurée, l’âprelarve qui sommeillait dans la graine âme roule en effet un gros patin mandibulé à Revish, ce qui a pour effet de lui arracher un sourire, et la moitié du visage par la même occasion. Comprenant qu’il a été roulé dans la farine de châtaigne, le nabab navré s’élance à la poursuite de la sorcebranche, qui peut cependant compter sur le soutien d’une petite armée de Dryades, soigneusement cultivées depuis les étrons de Revish (on fait avec ce qu’on a). Dans la bagarre qui s’en suit, Revish a l’occasion de se dérouiller un peu les haches en abattant les végétaux hostiles ayant envahi son île, perdant au passage la totalité des guerriers (dont Sybbolith, qui fait prudemment retraite sur le continent après avoir croisé le chemin d’un Homme Arbre nouveau-né à l’écorce trop épaisse pour son fouet de dominatrice), avant de se retrouver en face à face avec Kurdwen. Sans doute un peu fatigué par sa session de bûcheronnage intensive, l’hédoniste se fait hameçonner par sa prisonnière sans coup férir, et se retrouve ligoté sur son trône jusqu’à ce que mort s’en suive. Des décennies plus tard, les (sans doute rares) visiteurs de l’île peuvent en effet admirer une armure et un crâne à moitié absorbé par un chêne gigantesque. D’engraisseur à engrais, finalement, il n’y a que quelques lettres… 1 : La légende raconte qu’il s’agit de la musique d’attente du standard téléphonique d’Alarielle. 2 : Que la traduction française a criminellement choisi de ne pas baptiser Ciboulette. C’était l’occasion pourtant. Avis: Robert Rath réussit son coup, et son entrée dans Age of Sigmar, avec The Garden of Mortal Delights, qui offre au lecteur une exploration intéressante à plus d’un titre des particularités du lore de cette franchise. Mariant à la fois concepts intrigants mais tout à fait dans l’esprit du fluff (les Dryades servant de substrat aux plantations personnelles d’un slaaneshi gourmet) et mise en relief d’aspects développés dans les Battle Tomes mais pas encore trop dans la GW-Fiction (les différents courants de pensée à l’œuvre chez les hédonistes ; Revish étant un Invader – assez casanier sur ses vieux jours – alors que Sybbolith est une Godseeker pur jus), cette nouvelle est une vraie bonne surprise, qui illustre bien le potentiel dont dispose le background des Royaumes Mortels, dès lors qu’il est confié à un auteur inventif et concerné. Prometteur pour Robert Rath, qu’il faudra suivre à l’avenir. . Fluff: Dryades: Ces esprits des bois peuvent survivre à une décapitation, mais elles deviennent alors inanimées. Sarah Cawkwell (2) Révélation Le nom de Sarah Cawkwell est intimement lié à celui de Hammer & Bolter, successeur malheureux d’Inferno ! dont elle fut l’une des principales contributrices (surtout en histoires de Space Marines du Chapitre des Silver Skulls) au cours de l’année I d’existence du webzine. Ayant fait une pause dans sa collaboration avec la BL à la fin des années 2010, elle met le pied dans les Royaumes Mortels par le biais de Warcry ('Proving Ground', 'Heart of the Fallen'), réminiscence chaotique de ses soumissions sanglantes à Warhammer Fantasy Battle ('Valkia the Bloody', 'Reaper', 'Bloodraven'). • Proving Ground Révélation Warcry: The Anthology/2019/35 pages Intrigue : Il est temps pour Lock, Spire Stalker de la Cabale Corvus, de voler de ses propres ailes. Ayant reçu la bénédiction de sa chef de volée de lancer sa Grande Chasse, qui lui permettra de faire ses preuves aux yeux du Grand Amasseur, l’impétrant décide que sa Bar Mitzvah se fera aux dépends de ces serpents de cultistes du Splintered Fang, dont il vient justement de régler leur compte à trois des leurs, plus à leur aise à ramper dans les rues de Carngrad qu’à poursuivre l’agile rôdeur sur les toits de la cité. Pour attirer les reptiles au sang froid hors de leur trou, Lock a un plan infaillible : faire courir le bruit que le Crochet de Nagendra, une relique sacrée aux yeux fendus de ses adorateurs, a été retrouvée, et se trouve en possession d’une caravane esclavagiste de la Cabale, de retour vers Carngrad. Ayant reçu la confirmation que le Fang, mené par l’ambitieuse Prêtresse Ophidia, est tombé dans le panneau1, Lock invite quelques amis à le seconder dans son expédition initiatique. Malheureusement pour nos Spring Breakers, leur virée dans la banlieue bucolique de la cité pillarde tourne rapidement au fiasco. Sous prétexte de gagner du temps en empruntant un raccourci, Lock et ses comparses débouchent dans un quartier très mal famé, et reçoivent un accueil acerbe de la part des Furies qui squattent les lieux. Bien que réussissant au final à se dépêtrer de ce mauvais pas, les cabalistes sortent de l’altercation très affaiblis, avant même d’avoir trouvé la piste de leurs proies. C’est ballot. La prochaine fois, il faudra suivre scrupuleusement les indications du GPS, hein. Déterminé à mener sa mission à terme, Lock entraîne les survivants dans un mortel jeu de cache-cache aux dépends des cultistes du Splintered Fang, qui disparaissent les uns après les autres au grand énervement d’Ophidia. La confrontation finale prendra place dans le bosquet de la Mère, lieu sacré pour la Cabale où Lock aura l’avantage du terrain… 1 : Se faire pigeonner par des corbeaux, c’est navrant. Avis : Le retour de Sarah Cawkwell en tant que contributrice de la Black Library et ses débuts dans les nouveaux mondes d’Age of Sigmar ne pouvaient sans doute pas mieux se passer (enfin, si, mais on ne va pas exiger la perfection à tous les coups). La Hot New Talent de la BL, révélée par les Hammer & Bolter de l’année I, m’avait laissé une impression assez peu favorable, ses histoires de Space Marines s’étant avérés être d’une systématique incongruité. Il avait fallu attendre sa dernière soumission (Born of Blood – Hammer & Bolter #21), cette fois ci rattachée à WFB, pour constater une progression dans sa prose. Depuis, plus rien… jusqu’à ce Proving Ground, qui est donc la bonne surprise de l’anthologie. Au titre des satisfactions que je tire de la lecture de cette longue nouvelle, on peut d’abord citer l’absence d’éléments abscons dans le déroulé de cette dernière. Vous me direz que cela devrait aller de soit. Je vous inviterais à jeter un œil à mes chroniques consacrées à la série Silver Skulls de notre autrice (il paraît que ce mot existe) pour réaliser le chemin parcouru depuis 2012. À aucun moment, Proving Ground n’a provoqué de face palm chez votre serviteur, ni ne lui a donné envie de jeter sa tablette par la fenêtre. Victory, sweet victory. Deuxième amélioration notable par rapport à l’historique Cawkwellien, un rapport apaisé et normalisé envers le background. Un problème récurrent des écrits de Sarah Cawkwell était en effet son utilisation malhabile des concepts sous tendant le fluff de 40K, comme ce terrible The Pact où la race Eldar a failli. Born of Blood dénotait déjà des signes d’amélioration sur ce sujet, ce qui m’avait amené à conclure que Cawkwell était plus une contributrice WFB que 40K, ce qui aurait pu s’entendre. Proving Ground poursuit sur cette lancée, en livrant une vision intéressante, et, de ce qu’il m’a semblé, juste, des deux factions qu’elle met en scène. On pourrait rétorquer que Warcry est tellement neuf qu’il aurait été difficile de violer son lore, à l’inverse des innombrables textes écrits pour 40K depuis trente ans, et on aurait raison. On pourrait également arguer que Cawkwell, comme les autres contributeurs à Warcry : The Anthology, a probablement été briefé en détail par les concepteurs du jeu sur l’ancrage de ce dernier dans Age of Sigmar, et a sans doute brodé quelques détails de son cru sur cette base plutôt que de se lancer dans une création totale de fluff. On aurait probablement encore raison. Reste que le résultat est plutôt satisfaisant (même si en deçà de ce que les autres auteurs du recueil ont pu faire, l’historique et les motivations de la Cabale restant assez flous), et que je me devais de le souligner. Enfin, on peut certainement attribuer le plein mérite de la construction et du déroulé de l’intrigue à Cawkwell, qui signe quelques passages intéressants, comme cette introduction en traveling, depuis Varanspire jusqu’à Carngrad. Ça pêche par contre à certains endroits, comme durant l’accrochage avec les Furies en dehors de la ville, qui n’apporte pas grand chose au récit et bénéficie d’une ellipse commode pour justifier la victoire des cabalites contre leurs ennemis ailés (à moins que le mot 'Avenge' les ai fait passer en god mode). Au final, vous l’aurez compris, c’est une soumission plutôt qualitative que nous recevons de la part de Sarah Cawkwell, et la meilleure qui m’ait été donnée de lire de sa part à ce jour. Ce qui veut tout dire. Fluff : Corvus Cabal (philosophie) : Ils viennent du Bief Charogne (Carrion Reach), une chaîne de montagnes en Ulgu. Ils vénèrent le Chaos sous la forme d’un corbeau géant, le Grand Amasseur (Great Gatherer), et organisent des chasses en son honneur afin de collecter des trophées et des trésors, qu’ils déposent au pied de la Mère, un arbre gigantesque dans un des rares bosquets du Bloodwind Spoil, censé être le perchoir du Dieu. Les Cabalites croient que les chasseurs valeureux seront emportés à leur mort par le Grand Amasseur pour joncher le sol de son nid, alors que les indignes seront empalés sur les épines de l’arbre où il niche. Ils parlent très rarement aux externes, et leurs voix sont semblables à des croassements du fait du peu d’usage qu’ils en font. En interne, ils utilisent de préférence un langage des signes. Crochet de Nagendra (relique) : Relique sacrée du Splintered Fang, dérobée du temple de la Gueule de Nagendra (Nagendra’s Gullet) il y a longtemps. C’est une lance forgée avec du vif-acier, dont la lame suinte un poison mutagène, qui écorche la peau de ses victimes comme si elles étaient des serpents en train de muer. • The Heart of the Fallen Révélation Summer of Reading 2019/2019/13 pages Intrigue: Dans les grandes plaines du Bloodwind Spoil, une double traque est en cours. Pendant qu'un mystérieux chasseur poursuit sa proie dans les étendues sauvages, trois jeunes guerriers Untamed Beasts, le sensible Dhyer et les frère et sœur Open Skies et Fleet-Foot, sont à la recherche du frère ainé du premier, un pisteur bravache du nom de Sharp Tongue. Ayant juré de traquer l'une des grandes bêtes qui hantent le territoire de la tribu afin de prouver sa valeur et de gagner en prestige, Langue de P*te est parti en solitaire il y a quelques jours, et son frangin s'inquiète de ne pas le voir revenir. Comme quoi, on peut vénérer une divinité chaotique assoiffée de sang1 et avoir le sens de la famille. Les deux pistes finissent par converger à l'entrée d'une caverne d'un genre un peu particulier. Non pas qu'elle semble être un organisme géant, avec mur fourré (et probablement moquette du même acabit), ventilation pulmonaire et œils-de-bœuf plus vrais que nature. C'est finalement assez commun dans la région. C'est plutôt qu'elle possède des caractéristiques hydrographiques a priori inconciliables, la marque d'une véritable bénédiction des Dieux Sombres si vous voulez mon avis. Les Castueurs Juniors relèvent des indices de lutte, dont une dent humaine traînant dans la poussière, révélant que leur cher disparu n'est sûrement pas loin (et en effet, il a dû négocier un pétunia un peu envahissant à son arrivée dans la grotte, qui lui a prélevé quelques PV au passage). Redoublant de prudence, ils finissent par arriver dans une salle occupée par un lac de boue, au milieu duquel, unis dans la mort, se trouvent les cadavres d'un chasseur Untamed Beast et du monstre qu'il a tué avant de périr. Et quel monstre! Il s'agit rien de moins que d'un fort beau spécimen de Raptoryx2. On ne rigole pas dans le fond! Les ornithorynques du Chaos peuvent être dangereux quand ils sont acculés, et ce n'est pas Sharp Tongue qui soutiendra le contraire, raide mort qu'il est. Bien qu'un peu tristes de cette conclusion tragique, US Open, Flip Flop et D'ailleurs décident de rendre au défunt l'hommage qu'il mérite, en dévorant rituellement son cœur afin de bénéficier de la force du macchabée. Le buffet froid est toutefois brutalement interrompu par le réveil du Raptoryx, qui, malgré la lance lui traversant le gésier de part en part, était loin d'avoir dit son dernier coin. La triplette de ploucville n'a guère le choix: il faut finir le boulot que ce peine-à-occire de Sharpie a salopé pour espérer sortir de l'antre de la bête. Malgré leur habileté à la sagaie en os, la hachette en silex et la dague en onyx, les Untamed Beasts ne s'en sortent pas indemnes, et Open Skies change rapidement son nom en Open Guts. Son sacrifice n'est toutefois pas vain, sa sœur et son (probablement futur) beauf combinant leurs forces pour euthanasier l'impossible palmipède. La nouvelle se termine sur un nouveau gueuleton, obligeamment offert par Open Skies, qui dans la mort comme dans la vie, avait le cœur dans la main (même si, ironiquement, c'est du coup aussi vrai de Dhyer et Fleet-Foot). Mais alors que nos tourtereaux se préparent à prélever le foie gras proprement monstrueux de leur proie, les eaux du pédiluve boueux se mettent de nouveau à trembler3... 1: D'ailleurs Cawkwell insiste pour appeler le Grand Dévoreur 'Eater of Worlds'. Ca ne vous rappelle rien? Peut-être qu'Angron vient chiller dans les Huit Pointes lorsqu'il se fait expulser du Materium par les Chevaliers Gris. 2: Sachant que l'individu moyen arrive à l'épaule d'un être humain, celui-ci devait être aussi grand qu'un homme. Bon, ce n'est pas Thornwinder contre Harrow (voir The Devourer's Demand), mais tout le monde ne peut pas se battre contre des vraies créatures semi-divines. 3: Et? Eh bien rien du tout. Ca se termine vraiment comme ça. Etrange. Avis: Je suis un peu partagé au sujet de ce Heart of the Fallen. D'un côté, il m'est agréable de constater que Sarah Cawkwell ne semble pas partie pour retomber dans ses travers Hammer & Bolteresque, sa nouvelle étant solidement construite et, mises à part quelques incongruités (comme la caverne à la sécheresse humide) et erreurs de fluff (le Raptoryx présenté comme un prédateur solitaire alors qu'il a littéralement une règle qui indique qu'il chasse en meute - oui, je suis chiant -), somme toute assez mineures, plutôt agréable à lire. De plus, l'effet de nouveauté de Warcry joue encore à plein, justifiant d'autant plus la lecture de ce genre de soumissions, intrinsèquement originales (ce que ne peuvent pas dire les nouvelles de Space Marines et Stormcast Eternals qui constituent l'ordinaire de l'habitué de la BL). De l'autre, je suis assez déçu de la platitude de l'intrigue, alors que tout semblait indiquer qu'un twist final viendrait récompenser le quidam à la fin de la nouvelle. Jugez plutôt: et si le mystérieux chasseur, qui se révèle au final n'être que ce fier-à-bras-cassé de Sharp Tongue, avait été un guerrier d'un autre tribu que celle de nos héros, et que la bête qu'il traquait avait été Sharp Tongue, horriblement muté par le Chaos? J'avoue que je m'étais drôlement hypé sur cette hypothèse, que le refus catégorique de Cawkwell de nommer son premier protagoniste m'avait fait soupçonner, puis espérer, jusqu'à ce que le pot aux roses soit découvert. On ne me retirera pas de l'esprit que Heart of the Fallen aurait eu plus d'allure avec ce petit retournement de situation final, tout à fait grimdark dans l'esprit. Et puisqu'on parle de conclusion, ce qu'a voulu faire Cawkwell en achevant son propos sur ce que j'interprète comme l'arrivée d'un nouveau monstre dans la mare au canard (mais quel canard), sans plus de précisions ni d'indications sur son origine, m'échappe encore à l'heure actuelle. La nuit porte conseil paraît-il, alors... Fluff: Untamed Beasts (Rites) : Les morts des Untamed Beasts sont consommés par le reste de leur tribu, dans le cadre du Rite du Festin (Rite of Feasting). La famille a le privilège de réaliser l’incision et de réclamer le coeur du défunt, qui est dévoré rituellement par les guerriers Untamed Beasts, qui pensent ainsi s’accaparer la force et l’habileté du mort. Le reste de la dépouille est brûlé et les cendres utilisées pour réaliser des peintures de guerre, et des marquages au fer rouge pour les membres de la famille. Bloodwind Spoil (Faune) : Les Raptoryx sont des prédateurs solitaires (rq : ce n’est pas ce que disent les règles, Mme Cawkwell), qui arrivent habituellement à hauteur d’épaule d’un humain. Certains spécimens peuvent être bien plus imposants. Sarah J. Daley (1) Révélation Sarah J. Daley a embrassé la carrière des lettres après avoir travaillé derrière les fourneaux dans une précédente vie. Elle a débuté sa collaboration avec la Black Library en 2024 avec la nouvelle ‘Sigmar’s Fist’, et a publié le roman ‘Obsidian’ en 2022. • Sigmar's Fist Révélation Wanderers of the Realms/2024/16 pages Intrigue : Le tank à vapeur Sigmar’s Fist a été mobilisé avec les forces d’Eaux Grises pour aller apprendre la politesse à une horde Skavens menaçant de couper les routes commerciales ravitaillant la cité. Alors que ses camarades s’amusent à bombarder de l’homme rat dans le Ghoul Mere, le commandant Mykael Chuikov, qui traîne un trauma récent probablement causé par la perte d’un certain Artem, se morfond dans la réserve en compagnie de l’ingénieure Duardin Stark Thornsdottir et de la jeune recrue Devon Meriwether. Aussi, lorsqu’il aperçoit un Gyrocoptère touché par un tir ennemi s’écraser dans un marais infesté de Sylvaneth hostiles, sa première et normale réaction est de déserter son poste pour aller porter secours au malheureux. Pas très réglementaire, mais comme il est dur de convaincre un tank à vapeur de faire demi-tour une fois qu’il est parti de son côté, les autres soldats de l’arrière-garde ne mouftent pas. Ce remake de Saving Private Duardyan se déroule de manière assez paisible dans un premier temps, le Sigmar’s Fist arrivant sans trop de peine jusqu’à l’épave du Gyrocoptère, que nos trois larrons découvrent vide. Mykael et Devon suivent les traces laissées par le pilote et parviennent à le tirer des griffes fibreuses d’une bande de Dryades du bayou, alors qu’elles s’apprêtaient à l’écarteler sans malice. Le trio rejoint le châssis du tank juste à temps pour échapper à la vindicte d’un Homme Arbre en rogne, dont l’écorce se fait bouillir par le canon à vapeur du Sigmar’s First. Ce péril végétal étant écarté, la pilote (Alexia Rakhe) révèle à ses sauveurs qu’elle a vu pendant son dernier vol un contingent skaven se diriger vers Eaux Grises via le tunnel le moins discret du monde (puisqu’on peut le voir depuis le ciel). Avec l’armée de la cité en vadrouille dans le marigot, la place forte est une proie facile pour les fourbes ratons, et il faut définitivement faire quelque chose pour contrecarrer leurs plans, comme par exemple envoyer un pigeon messager alerter la garnison des événements qui se trament. Ce n’est cependant pas suffisant pour Mykael, que son instinct de mort pousse à aller confronter les tunneliers Skavens sans soutien, avec des résultats assez mitigés, comme on peut s’en douter. Après avoir causé une belle pagaille parmi les rangs ennemis, le Sigmar’s Fist commence s’enfoncer dans le sol spongieux, victime de son propre poids et du terrain traître. Si Mykael, Devon et Alexia parviennent à sauter du véhicule condamné avant qu’il ne soit avalé par les eaux, Stark décide de couler avec son bateau, comme la vraie tête de mule qu’elle est. C’est le moment que choisissent les Sylvaneth, toujours mené par Gilles Bouleau, pour s’inviter à cette petite sauterie. D’abord remonté contre Mykael et ses acolytes, qui l’ont sulfaté au dernier degré, l’Homme Arbre se fait convaincre en deux deux par l’inflexible commandant de se concentrer sur les hommes rats, sous prétexte que l’Ordre, c’est tout de même mieux que le Chaos1. Au final, l’explosion du Sigmar’s Fist en surchauffe, les assauts des Sylvaneth et la prise en revers par un contingent de Freeguilds d’Eaux Grises, sans doute rameutés par les héroïques efforts de Pigeon le Relou, ont raison de la bravoure des Skavens, qui se débandent piteusement. Cerise velue sur le gâteau, il s’avère que même Stark a survécu à cette algarade, au prix de quelques brûlures et d’une main en moins, ce qui n’est pas grand-chose pour une hardie Duardin comme elle. Encore une victoire de canard Sigmar ! 1 : Il a dû faire 20 sur son jet de persuasion, parce que de mon point de vue, la démonstration manque un peu de force. Avis : Premier acte de l’arc du commandant Mykael Chuikov (on termine la nouvelle sans savoir qui est ce fameux Artem, et quelle était sa relation avec le héros), ‘Sigmar’s Fist’ est une nouvelle d’action assez classique et assez gentillette – après tout, personne ne meurt – ce qui n’en fait pas une lecture désagréable pour autant. La GW-Fiction compte suffisamment de prose torturée et nihiliste pour qu’une soumission moins grimdark que la moyenne apparaisse comme une curiosité sucrée mais pas déplaisante. À voir ce que cela donnera par la suite. Fluff : Gyrocoptère : Bien que cela soit rarissime, certains pilotes de ces machines duardin sont des humains. Steven Sheil (2) Révélation Steven Sheil se tient à part parmi les contributeurs de la Black Library, car la spécialité de notre homme se trouve être la réalisation et l’écriture de films ('Mum & Dad', 'Dead Mine', 'Gozo'). Ses débuts dans Warhammer Horror n’étonneront pas les spectateurs de son 'Mum & Dad', film d’horreur indépendant dans la lignée du mythique 'The Texas Chainsaw Massacre', où la sauvagerie redneck est transposée dans l’Angleterre pavillonnaire. Un peu comme si les Dursley s’étaient mis à la torture… • The Healer // La Guérisseuse merci @Red Qafe ! Révélation Invocations/2019/15 pages Intrigue : Red Qafe : Une fillette va trouver la guérisseuse de la vallée. Elle veut lui demander de l'aide car son père est malade. La guérisseuse, une vieille femme qui va de village en village en roulotte pour guérir les gens depuis des décennies, accepte de venir aider. Elle ne demande aucun paiement, seulement de quoi se nourrir. Elle utilise une sorte de pouvoir pour faire sortir la maladie hors du corps du malade, et demande ensuite qu'on la laisse seule se reposer dans sa roulotte, épuisée. Et le lendemain, elle se représente, en bien meilleure forme, et soigne une autre personne. Elle va passer ainsi plusieurs jours à soigner des gens, généralement une personne par jour et se reposer dans sa roulotte jusqu'au lendemain. Une seule personne dans le village semble ne pas l'apprécier : le forgeron, qui semble vouer un culte à Nurgle et prétend qu'elle va leur apporter malheur en empêchant le Grand Père de faire son office naturel. Pendant ce temps, la curiosité de la fillette ne cesse de grandir. L'enfant pense qu'elle pourrait elle même devenir guérisseuse, aider la vieille dame. Et elle se demande ce qui se trouve dans la roulotte. Un soir, la vieille dame est appelée en urgence, alors qu'elle vient déjà d'aider quelqu'un. Elle est épuisée, mais devant l'urgence, accepte d'aider une deuxième personne sans se reposer. Pendant ce temps, la fillette va voir dans la roulotte et.... Révélation ... se fait tuer par un monstre difforme qui sort de la roulotte et se met à attaquer quiconque essaie de l'arrêter. Ceux qui ne font que le toucher meurent quasiment immédiatement de toutes sortes de maladies spontanées. Des villageois menacent la vieille guérisseuse, lui demandent d'arrêter le monstre, mais elle est trop épuisée et il ne l'écoute pas. Alors l'un d'eux la poignarde. Et elle voit son fils, fou de douleur, de peur, de chagrin, qui massacre les villageois alors qu'elle se vide de son sang. Seul le forgeron parviendra à l'arrêter, en lui disant qu'il est un don du Grand Père Nurgle. Ils vont ensemble dans la forêt, sans doute répandre plus de maladies. Le monstre c'est son fils. Elle absorbe la maladie des gens, et la dépose dans le corps de son fils, qui est devenu un réceptacle à maladies, difforme. Elle ne fait pas ça gratuitement : pour une raison ou une autre, elle pense qu'en se sacrifiant ainsi l'un et l'autre, ils attireront l'attention de Sigmar qui fera d'eux des Stormcasts. Schattra : Guérisseuse itinérante, Mère Zinka traverse le Great Parch dans sa petite roulotte, prodiguant des soins aux nécessiteux des villages et hameaux isolés qui parsèment sa route. Lorsque son aide est demandée par la jeune Adirene, dont le père a contracté une méchante bubonite, Zinka n’hésite pas une seconde à faire halte chez les affligés, où elle parvient à chasser le mal tourmentant le brave homme d’une imposition des mains parfaitement exécutée. Tout à leur joie de constater la rémission inespérée du moribond, les villageois ne remarquent pas que la guérisseuse repart d’un pas las se reposer dans son mobil home après s’être dissimulé le visage sous un châle1. Témoins de l’efficacité de l’infirmière libérale, les Aqshyiens n’hésitent pas à la solliciter pour qu’elle les guérisse de leurs propres maux, ce que Zinka ne peut refuser de faire. Seul le forgeron Konrath fait figure d’oiseau de mauvais augure, questionnant tout haut la source des pouvoirs de leur hôte, et prévenant ses concitoyens qu’ils auront à payer le prix de ces soi-disant miracles. Le séjour de la bonne Mère s’éternise donc, chaque session de thaumaturgie laissant la praticienne affaiblie, et nécessitant une nuit de repos complet dans sa caravane, d’où elle ressort fraîche et dispose le lendemain matin, prête à soulager la misère du monde. Cet échange de bons procédés trouve toutefois une conclusion tragique lorsqu’une famille provenant d’un village voisin arrive sans crier gare pour exposer son cas à la Mère Zinka. Profitant de l’absence de cette dernière, Adirene, fascinée par le personnage et convaincue que sa vocation est de devenir l’apprentie de Zinka, se glisse jusque dans la roulotte de la voyageuse, où elle est persuadée de trouver le secret de ses pouvoirs… Révélation …Et si c’est bien le cas, la vérité n’est toutefois pas très reluisante. Réveillée par l’intrusion d’Adirene, une créature cauchemardesque se lève pesamment et se dirige vers la fillette, dont le cri d’effroi attire tous les villageois des alentours, ainsi que Mère Zinka, qui avait sagement préféré se déclarer incompétente pour le dernier cas qui lui avait été présenté, une tourista Mhurghastienne de stade terminal2. Comprenant que son secret a été éventé, Zinka cherche à retenir Adirene, mais la fillette parvient à se dégager, avant d’aller se fracasser le crâne sur la borne kilométrique devant laquelle la guérisseuse avait garé son véhicule. La mort tragique d’Adirene passe cependant rapidement au second plan lorsque le fiston de Zinka émerge de la roulotte maternelle, provoquant une réaction extrême dans l’assistance. Réceptacle de tous les maux que sa mère a extirpé de ses patients au fil des années, qu’elle prenait littéralement sur elle avant de les lui repasser, Zinko est l’incarnation même d’un centre de traitement de déchets nucléaires, et n’a donc vraiment pas une gueule de porte bonheur. Dans la confusion qui s’en suit, Zinka se fait poignarder à mort par le père d’Adirene – plutôt ingrat pour le coup – qui se fait lui-même ouvrir en deux par le mutant quelques secondes plus tard, comme la plupart des villageois ayant eu la mauvaise idée de se confronter à Zinko. Au cours de ses derniers instants, la guérisseuse mal inspirée (elle était persuadée que Sigmar les élèverait, elle et son fils, en Stormcast Eternals en récompense des services rendus) ne peut qu’assister au départ de son fils et de Konrath, qui se révèle être un cultiste de Nurgle (ce qui explique pourquoi il était si chafouin de l’arrivée de Zinka) dans la forêt toute proche, où le jeunot trouvera sans aucun doute une famille d’adoption un peu plus aimante. C’est tout le mal qu’on lui souhaite, en tout cas. 1 : Cela aurait été gonflé de la part d’anti-vaxx de faire un procès en laïcité à leur sauveuse. Tous coupables aux yeux de la République vous êtes, mauvais citoyens. 2 : Le sujet commence à se dévorer lui-même, en commençant par les morceaux les plus tendres, tels que les yeux. Avis : Schattra : Débuts réussis de la part de Steven Sheil avec cette histoire de pacte méphistophélique à la sauce Age of Sigmar, suffisamment bien exécuté pour que la non-surprise de sa conclusion (il est rapidement évident que Mère Zinka dissimule un lourd secret) ne vienne pas ternir le plaisir de lecture. En particulier, j’ai trouvé l’idée de la foi dévoyée en Sigmar de la protagoniste être une très bonne inclusion de la part de Sheil : il est somme toute logique que des Sigmarites cherchent à gagner les bonnes grâces de leur divinité tutélaire pour devenir des Stormcast Eternals, qui ne sont rien de moins que des demi-dieux immortels (ce qui est un statut intrinsèquement supérieur à celui du péquenot moyen), et que certains prennent des décisions un peu trop extrêmes dans leur quête de reconnaissance. La figure de Mère Zinka, guérisseuse totalement dévouée à sa cause et objectivement bonne, sauf à l’encontre du fils qu’elle a choisi de sacrifier pour le bien commun1… mais pas seulement, est particulièrement réussie, et met parfaitement en lumière l’impossible manichéisme du culte de Sigmar. 1 : Le syndrome de Münchhausen par procuration peut prendre des proportions invraisemblables dans les Royaumes Mortels. Fluff : Rien à signaler. • Tithemarked Révélation Black Library Celebration Week 2020/2020/18 pages Intrigue: Tout le monde n'a pas la chance d'être fils unique, ni orphelin. Ainsi songe sombrement Petras, notre héros, tandis qu'il essaie de se soustraire au grand projet que nourrissent pour lui ses chers frères (Grandon et Bron) et père (Gaston? Napoléon? Hachilthalon?), qui consiste à le mettre à contribution pour atteindre le quota d'os demandé par le collecteur Ossiarch Reaper venu démarcher leur village. Ayant déterré tous les cadavres du cimetière, et abréger les souffrances des vieillards, agonisants et enrhumés, sans pour autant remplir l'attaché case du patibulaire revenant, les bouseux se résolvent donc à sacrifier leurs éléments les moins utiles pour le bien de la communauté, et au petit jeu du hachoir musical, Petras se retrouve rapidement shortlisté. Ses vigoureuses dénégations n'y font rien: c'est bien à lui que revient l'honneur de mettre la dernière main, ou plus exactement, le dernier bras, à la collecte de déchets organiques organisée par le Nag'. Au moment où le couperet tombe, il se révèle brutalement, amputé certes, mais depuis un bail: cela fait douze ans que le bras lui en est tombé, et l'enfant mal aimé et chétif est devenu...un jeune homme mal aimé et chétif1. Les relations avec sa famille ne s'étant guère arrangées depuis ce jour fatidique, Petras a depuis quitté le foyer paternel pour voler de sa propre aile, n'écopant malheureusement pas d'une grande sympathie de la part des ses concitoyens de Shyish. Et pour cause, ces derniers le considèrent comme un porte-malheur, lié à jamais aux terribles Ossiarch Reapers par sa manche vide, et ne lui réserve donc pas le meilleur accueil. Malgré cela, Petras tient le coup car il a un but et un rêve: se faire poser une prothèse. Il connaît même l'artisan idéal pour cette opération, un forgeron prodige nommé Helstane, vers l'atelier duquel il se dirige avec toutes ses économies. Croisant sur la route un marchand, qui a lui aussi bénéficié de la science du prothésiste (il a pris sa jambe à son coût), il apprend toutefois de la bouche du colporteur qu'Helstane est loin d'être conventionné, et que ses services ne sont pas donnés. Souhaitant malgré tout tenter sa chance, Petras arrive enfin jusqu'à la forge de son potentiel sauveur... qui lui sort un gros doigt2 pour sa peine. Flûtcke. Le désespoir de notre héros arrive toutefois à émouvoir quelque peu le bourru et pingre Helstane, qui promet à son visiteur d'accéder sa requête et de lui forger un membre - en tout bien tout honneur -, s'il se met à son service sans rechigner, et pour une durée indéterminée. Ce que Petras accepte. Après un an, un mois et une semaine de durs labeurs, de bastonnades régulières et de café dégueulasse (c'est le pire), Petras demande gentiment à son boss quand est-ce qu'il prévoit de lui passer la main (et le reste, tant qu'à faire), provoquant une nouveau geste mal élevé impliquant un doigt de la part du maître artisan. Ce dernier informe en effet sa bonniche qu'il n'a cotisé que pour l'équivalent d'un doigt, ce qui revient dire qu'il a travaillé à l'œil. Mondes cruels que ces Royaumes Mortels, où le fléau de l'esclavage moderne est tout aussi présent que dans le nôtre. Sauf qu'au lieu de confisquer les papiers des travailleurs, on leur refuse leur ferraille. Inacceptable. Bref, Petras en a gros, et commence à désespérer d'être jamais appareillé, ce qui explique en partie pourquoi, lorsque son patron envoie paître un ferrailleur de grands chemins lui ayant proposé d'acheter un bras d'Ossiarch Reaper, après avoir échoué à lui refourguer un plastron bosselé, l'infirme suit discrètement le vendeur éconduit, et lui subtilise son bien à la faveur de la nuit... Révélation ...Fasciné par l'objet, qu'il garde en secret dans sa paillasse, Petras finit par réaliser son fantasme en "essayant" la camelote, ce qui fonctionne... mais surtout pour le reste d'animus complètement dément prisonnier à l'intérieur du triquetrum (dont on ne parle pas assez à mon goût) enchanté. Cette greffe instantanée a des conséquences fâcheuses pour Petras, dont le nouveau bras gauche, pour habile et fort qu'il soit, n'en fait qu'à sa tête - ce qui est conceptuellement compliqué pour un bras -, mais plus encore pour Helstane, dont l'imposante carrure tape dans l'œil dudit bras (restez concentrés), et qui finit donc sa carrière sous les coups de son propre marteau, confisqué par son boy possédé. Il l'avait un peu cherché tout de même. Ce n'est que le début d'un parcours sanglant et psychotique pour Petras, qui retourne à son village pour régler ses comptes avec ses proches, sous l'emprise du membre maudit. En plus de commettre de massacrer et de désosser les malheureux croisant sa route (ses frères, leurs familles, les voisins, la boulangère...), puis d'aller déterrer le cadavre de son père pour se faire un bonnet avec son crâne, Petras, devenu complètement barge, se cloue les meilleurs morceaux de ses victimes sur le corps, dans une tentative valeureuse mais malheureuse de cosplay Ossiarch Reaper. Malheureuse car, au moment de se présenter devant ses pairs, dans la forteresse hantée la plus proche, l'apprenti Squelettor se fait déposséder de son calcium par les factotums de garde, qui ne laissent que ses corps mous et son âme devant l'entrée. C'est ce qui s'appelle tomber sur un os. 1: En fait cette histoire, c'est 'Cendrillon' qui rencontre 'Saw'. Moignillon. 2: En anglais on dit 'he gave him the finger', ce qui marche tout aussi bien. Avis: Sheil signe une nouvelle très convaincante avec ce Tithemarked, qui parvient à marier efficacement deux types d'horreur: celle, psychologique, provoquée par la mise en scène de la déchéance morale inévitable d'un héros pathétique, qui finit par commettre l'irréparable dans la poursuite d'un objectif justifié, mais inatteignable (un peu comme Carrie dans le film du même nom), et une bonne dose de gore allant crescendo dans le sanguinolent et le macabre, ce qui fait toujours plaisir aux amateurs du genre. En outre, sa vision et description des Ossiarch Reapers, la nouvelle faction des Royaumes Mortels, sont plutôt réussies, et parviennent à donner de la profondeur (pas totalement négative, qui plus est) aux petits soldats de Nagash. Bref, une franche réussite à mettre à l'actif de ce rookie, qui je l'espère aura l'occasion de remettre le couvert dans les mois à venir. Fluff: Rien à signaler. Taylor Roberts (1) Révélation Taylor Roberts est une auteur américaine ayant fait ses premières armes dans la GW-Fiction par le biais de la nouvelle ‘Heir of Shadows’, en 2023. • Heir of Shadows Révélation Dawnbringers Week 2023/2023/14 pages Intrigue : Anhil est une Fille de Khaine esquintée par la vie (son dos la fait souffrir, et c’est bien triste), s’étant retrouvée rattachée à une croisade Dawnbringer ayant eu la riche idée de vouloir s’établir en Ulgu1. Malheureusement, mais de façon guère surprenante, la tentative s’est soldée par un échec cuisant, ne laissant qu’une poignée de soldats mortels menés par un vieil homme à moitié gâteux du nom de Bade en état de combattre. Le contingent de Stormcast Eternals des croisés a quant à lui été exterminé au cours d’une bataille dont on ne saura rien. Notre histoire commence alors qu’Anhil retourne au campement de ses alliés après s’en être absenté de manière qu’il faut bien considérer comme suspecte. Et pour cause, elle a été chargée par deux de ses Sœurs, Lasil et Veris, d’envoyer les sigmarites sur le site d’une embuscade, où les Filles de Khaine pourront massacrer la pitoyable colonne pour leur plus grand bénéfice (ce Chaudron de Sang ne va pas se remplir tout seul), sans que ce voyeur de Sigmar ne puisse assister à ce honteux détournement de ressources (merci le brouillard d’Ulgu). Avec des allié(e)s pareilles, plus besoin d’avoir d’ennemis. Bien qu’elle ait réussi sans mal à convaincre Bade de se détourner de la route préétablie pour se diriger vers le lieu où les Aelves se tiennent prêtes à tomber sur le râble des croisés en goguette, Anhil n’est pas certaine que Mistra, la fille et aide-soignante du général, ait avalé le mensonge qu’elle a servi à son paternel. La jeunette est en effet très perspicace, en plus de ressembler de manière troublante à une Aelf… et pour de bonnes raisons : sous ses abords de mortelle, elle est en fait Ulien, une Sorcière des Cercles Ténébreux. Exilée d’Ulgu en Azyr à l’arrivée des hordes du Chaos, Ulien cherche à reprendre possession du fief que sa famille occupait avant d’être forcée à l’émigration… ce qui nécessitait apparemment de prendre la place de la fille du général humain d’une croisade Dawnbringer, tout en s’assurant d’y intégrer un bataillon de Gardes Noirs loyaux à sa cause, utilisés pour se débarrasser des Stormcast Eternals rattachés à l’expédition (mais les deux forces se sont entretuées jusqu’au dernier guerrier). Brumeux, vous avez dit brumeux ? Comme c’est brumeux. En tout cas, c’est ce que Mistra/Ulien explique à Anhil après l’avoir surprise en pleine séance de méditation dans une clairière à l’extérieur du camp. Cette confidence est des plus intéressées : la Sorcière a vu clair dans le jeu de la Fille de Khaine invalide (elle s’est pris une lame de Skaven dans les lombaires lors d’une escarmouche verminicide, ce qui illustre bien l’intérêt d’aller se battre en armure plutôt qu’en string), et se doute que les croisés vont tomber dans un piège. Elle a cependant intérêt à ce que ses suivants ne soient pas tous massacrés avant qu’elle ait réussi à regagner ses terres, et demande donc à Anhil de lui révéler les plans de ses Sœurs, en échange d’une place attitrée dans sa future cour. Traîtresse mais intègre (on n’est plus à un paradoxe près), Anhil refuse de jouer le jeu, provoquant la colère d’Ulien, qui lui jette un sort hallucinatoire dont elle a le secret. Et c’est à ce moment précis que j’ai perdu le fil de l’histoire… Il me semble que c’est également le moment où les Filles de Khaine lancent leur attaque sur le camp (ce qui indique qu’un moment s’est écoulé entre la première scène et celle-ci), car quelque chose ou quelqu’un tranche soudainement la main de la Sorcière (sans que ça lui fasse un grand effet d’ailleurs) alors qu’elle s’apprête à poignarder notre héroïne, complètement dans le coltar. S’en suit une série de flashbacks douloureux autant que pénibles, pendant lesquels Anhil revit la pire journée de sa vie (pendant laquelle elle est devenue invalide à 60%), et surprend les commentaires mesquins et pas vraiment charitables de Lasil et Veris à son égard, alors qu’elle récupérait de sa blessure. Au bout d’un moment, l’illusion se dissipe et Anhil reprend possession de ses moyens. Elle se rend alors compte que les croisés étaient également sous la coupe d’Ulien, et grâce à sa dague-magique-qui-coupe-les-sorts, elle les libère un par un de leur état catatonique (sauf ceux qui ont été tués par les mystérieux assaillants qui sont repartis aussi sec après avoir jeté trois javelines et amputé la Sorcière indélicate) avant de les envoyer dans la direction opposée de l’embuscade prévue (qui n’a donc pas encore eu lieu ? donc c’est une autre bande d’Aelves qui a frappé ? AAaARGH…). Ceci fait, elle égorge sans cruauté excessive – ce qui est assez sympa de sa part, il faut le reconnaître – Ulien, qui a sombré dans un glitch assez incompréhensible (elle fixe le brouillard en chantonnant), avant de repartir en direction du camp des Khainites… qu’elle a pourtant trahi aussi. Crazy, I know. 1 : Des Bretons, sans nul doute. Avis : Comme vous l’aurez compris, je n’ai pas vraiment goûté à cet ‘Heir of Shadows’, un peu trop bizarrement construit à mes yeux. C’est dommage car Ulgu est un des Royaumes le moins visité par la GW-Fiction à ce jour, et l’idée de Taylor Roberts de jouer la carte des illusions confondant le protagoniste était intéressante dans l’absolu. Ironie de l’histoire, c’est l’auteur qui a fini par se perdre (et nous avec) dans le dédale narratif qu’elle cherchait à mettre en scène, pour un résultat très confus. Dommage. Fluff : Rien de transcendant. Thomas Parrott (1) Révélation À l’heure où cette biographie est écrite, il est acté que la collaboration entre Thomas Parrott et la Black Library est consommée, suite à un différend politico-commercial dont quelques échos ont fuité sur Twitter. On peut donc considérer que ‘Halls of Gold’ est le seul et unique texte de fiction écrit par cet auteur, spécialisé dans la littérature 40Kesque, pour Age of Sigmar. • Halls of Gold Révélation Direchasm/2020/15 pages Intrigue: Bjorgen Thundrik et ses profiteurs (de guerre) n’ont pas tardé à se rendre compte qu’aller piller Shadespire n’était pas une idée brillante. Echoués dans la cité miroir comme une baleine immortelle sur un banc de sable fragmentaire, les Kharadron ont fait l’horrible expérience de la malédiction katophrane, et sont tous morts et ressuscités plusieurs fois (huit, enfin peut-être, pour Thundrik) depuis leur entrée dans les faubourgs de la ville nagashisée. Alors que la folie qui les guette s’apprête à leur sauter dessus une bonne fois pour toute, et surtout sur Thundrik qui éprouve de grandes difficultés à garder son calme devant les pop up constants des anciens habitants de Shadespire dans le moindre tesson de verre, et leurs demandes incessantes d’éclats de shadeglass. Il n’y a pas écrit La Poste Carglass, non plus, ho. Aussi, quand un portail vers un ailleurs certes inconnu et potentiellement dangereux, mais qui présente l’immense avantage d’être potentiellement loin d’ici, se met sur leur chemin, nos cinq Duardin (Thundrik, Drakkskewer, Ironhail, Alensen et Lund) n’hésitent pas longtemps avant de tenter leur chance. Il ne surprendra personne que la destination des nabots se trouve être Beastgrave, dont l’ambiance tamisée et nerveuse les change agréablement de la mornitude consommée de Shadespire. Ne sachant pas où ils ont atterri, les profiteurs partent explorer les souterrains, et, ô miracle, trouvent un tunnel qui les conduit à l’extérieur de la montagne. UNBELIEVABLE. Ce qui aurait pu être une série parfaite pour les Kharadron est toutefois interrompue par la mauvaise idée de Thundrik de revenir en arrière pour tenter de dégotter un trésor digne d’être ramené à Barak Narr, un équipage digne de ce nom ne pouvant pas rentrer bredouille au port. Son infaillible sixième sens d’aether chimiste ayant détecté de l’aether or dans l’atmosphère de Beastgrave, et confiant dans la capacité des Duardin de retrouver leur chemin vers la sortie dès que nécessaire, le capitaine convainc son équipage de ne pas l’abandonner, pour l’amour de Gold l’or. L’intuition de Thundrik commence par payer lorsque la bande découvre dans une caverne un véritable magot laissé à l’abandon. Louche autant que suspect me direz-vous, et vous avez raison. Les Gitz de Zarbag (de vieilles connaissances de Shadespire) zonaient dans le coin et sont tout aussi attirés par le loot repéré par les profiteurs que ces derniers. La négociation à l’amiable que lui impose son adhésion au code des cieux n’ayant rien donné, Thundrik se voit contraint d’employer la manière forte pour défendre ses vues sur le magot, et lorsque la poussière et l’ambre finissent par retomber, il est le seul humanoïde debout. Pire que cela, le trésor que lui avait fait miroiter Beastgrave a disparu à 99% (il reste un petit lingot d’aether or en guise de lot de consolation), tout comme le tunnel menant à la sortie qu’il avait emprunté pour venir. Cela sent l’arnaque à plein nez, mon petit, non ? La nouvelle se termine toutefois avec la réincarnation réglementaire de son équipage, confirmant aux Duardin que comme dans le bouquin de Lampedusa qu’aucun d’eux n’a lu, il fallait bien que quelque chose change pour que tout reste pareil. Ici, le décor. Bienvenue à Beastgrave, moussaillons ! Avis: Thomas Parrott traite son sujet avec sérieux et compétence dans ce ‘Halls of Gold’ qui se positionne parmi les meilleures soumissions siglées Warhammer Underworlds que j’ai pu lire à ce jour. Les raisons de cette réussite sont simples et peuvent être résumées par l’expression « contexte & continu ». Parrott prend en effet le temps d’expliquer d’où viennent les profiteurs avant d’arriver à Beastgrave, et comment ils s’y sont pris pour changer d’air, ce que tous les auteurs de la franchise n’ont pas pris le soin de faire, ou pas de façon très détaillée. On a également droit à une mise en scène plus inspirée que la moyenne du « piège » de Beastgrave, c’est-à-dire la réalisation par le héros qu’il est prisonnier de la montagne, sans espoir d’en sortir. Le fait que les profiteurs soient passés à un poil de barbe d’une rédemption miraculeuse, et aient été condamnés par leur avidité naturelle de Duardin, est tellement in character que l’on se doit d’attribuer quelques points de style à Parrott, qui réussit une fusion assez inspirée entre nouvelle d’action med-fan (mention honorable également à l’affrontement entre les deux bandes, qui est nerveux, sanglant, équilibré et plus prenant que beaucoup des échauffourées relatées dans le reste de ‘Direchasm’) et la fable philosophico-fluffique. 15 pages de bonne facture. Fluff: Rien de transcendant. William King (1) Révélation William (Bill) King est, très simplement, une légende de la GW-Fiction. Il en a créé/développé quelques unes (Gotrek & Felix, Ragnar Blackmane), et écrit pour d’autres (Aenarion, Macharius), en plus d’avoir eu l’honneur d’être parmi les tout premiers contributeurs de l’aventure littéraire de Games Workshop, dès 1989. Plus discret depuis les années 2010, il a fini par tourner sa plume vers les Royaumes Mortels (The Fist of an Angry God), suivant en cela les traces de Gotrek Gurnisson, qu’il finira peut-être par tuer un jour (qui d’autre en aurait plus le droit ?). • The Fist of an Angry God // Le Poing d'un Dieu Courroucé Révélation Black Library Celebration Week 2020/2020/18 pages Intrigue: Assignés à la conquête de la forteresse d'Azumbard, dans le Royaume d'Aqshy, le Liberator-Prime Balthus1 et ses Knights Excelsior sont à la peine. Non seulement la décoration psychédélique et les relents d'encens bon marché de leurs adversaires Tzeentchiens sont un affront à leurs sur-sens de surhommes, mais, nombre sacré du Dieu Poulet oblige, ils ont passé des plombes à sécuriser les neuf tours du bastion adverse, ce qui pèsera lourdement sur leur rémunération variable de l'année, alors que les Hammers of Sigmar affectés au front Slaaneshi ont une charge de travail un tiers moindre. Saleté de numérologie cosmique. Faisant contre mauvaise fortune feu de tout bois, Balthus mène ses ouailles à l'assaut de l'ultime donjon adverse, sans réussir à se défaire d'une étrange sensation de déjà-vu, qui ne lui dit rien qui vaille. L'absence de résistance des disciples de Tzeentch lui semble en effet de mauvais augure, et cette sinistre prémonition se trouve vérifiée lorsque la petite force de Stormcast qu'il commande se retrouve embusquée et submergée par une horde d'emplumés vindicatifs. Ayant pris deux méchants coups sur l'occiput, notre héros tombe dans les bras de morphine, et se réveille enchaîné dans un laboratoire arcanique, où il fait la connaissance de la sorcière Aesha, qui à son grand étonnement, semble le connaître2. Après quelques instants consacrés à tenter de se défaire de ses liens enchantés, sans grand succès (ces derniers se resserrant de plus en plus à chaque fois que Balthus force dessus, conséquence d'un puissant enchantement... ou de l'utilisation d'un simple demi-nœud), le Liberator prisonnier - ironie - accepte d'ouvrir le dialogue avec Aesha, qui, cornes et sabot mis à part, se révèle être une hôte plutôt décente, et se montre plus intéressée par la poursuite des examens initiés sur son sujet d'étude que sur le sacrifice de ce dernier. L'échange permet de comprendre que les motivations de la magus sont, en toute simplicité, de percer à jour les secrets ayant permis à Sigmar de créer les Stormcast Eternals, qu'Aesha considère comme la clé de la transcendance divine. Ayant appris, sans doute à la lecture des tomes de la Fin des Temps (trouvés en occasion sur e-bay), que beaucoup des membres du panthéon de l'Ordre et de la Mort ont commencé leur carrière comme de simples mortels dans le Monde qui Fut, notre ambitieuse sorcière ne voit pas de raison de ne pas tenter le coup à son tour. Horrifié par ce projet blasphématoire, et peut-être également par le résultat de l'IRM complet qu'Aesha lui a fait passé grâce à ses miroirs ensorcelés, Balthus décide de contrecarrer les plans de sa Némésis en... rage-quittant. Ou plutôt, en essayant de rage-quitter. Car sa tentative héroïque de se suicider en tirant à mort (littéralement) sur ses chaînes se fait contrecarrer par Aesha, qui le met en pause avant qu'il ne perde son dernier PV, et profite de son coma réparateur pour infiltrer ce rêve, étrange pénétrant, de la fin inconnue de Balthus. En des temps très anciens, Balthus était en effet Leoric, prince héritier du royaume d'Asqualon. Son règne fut toutefois aussi court (3 minutes et 26 secondes) que sanglant, puisqu'il hérita de la couronne après la mort de son père pendant la défense du Temple de l'Orage, dernier bastion de l'Ordre face aux assauts du démon Arkatryx et de ses disciples indisciplinés. Garrotté par son adversaire, Leoric invoqua Sigmar pour venger son paternel, et fut exaucé lorsque le Dieu lui envoya un éclair salvateur, non pas directement sur le démon, ce qui aurait été trop simple, mais sur l'épée que notre héros brandissait toujours. Chargé à bloc, Leoric trouva la force d'électrocuter son adversaire d'un ultime horion, avant de partir en direction de la forge divine. Par un hasard qui n'en était sans doute pas un, Aesha était également présente ce jour là (après tout, c'est elle qui a coup fatalisé le roi Aldred), ce qui donne un nouveau sujet de discussion tout trouvé à nos deux personnages une fois Balthus émergé de sa torpeur. S'en suit une joute verbale digne d'un débat de la primaire démocrate, avec Aesha se posant en Bernie Sanders chaotique, en lutte contre le 1% asqualique ayant exploité le petit peuple et fait exécuter son père parce qu'il avait volé une miche de pain. Face à ce déferlement de progressisme, Balthus ne peut que se référer aux bullet points qui lui ont été inculqués pendant sa formation: "l'Ordre, c'est cool" et "Yes, Sig' Can". Ce passionnant échange est toutefois écourté par la notification que reçoit Aesha sur son portable professionnel, l'informant de l'intrusion d'une meute de militants en sigmarite dans son QG, avanie qu'il lui faut gérer sans attendre. "Pas si vite poulette" lui répond Balthus, qui dégaine son special move et gueule "Par le pouvoir du <insert random stuff here> ancestral, je détiens la force toute puissante!", et parvient enfin à se défaire de ses chaînes par l'intervention du saint sigmarite esprit. La fin de la nouvelle voit nos deux protagonistes jouer au chat et à la souris dans le dédale du donjon d'Aesha, jusqu'à ce qu'ils arrivent dans la salle de téléportation aménagée par cette dernière, et qui se révèle être le Temple de l'Orage où ils se sont rencontrés pour la première fois il y a des millénaires. S'il ne parvient pas à stopper la bougresse avant qu'elle ne s'éclipse, Balthus a au moins la satisfaction de mettre la main sur son ancienne épée, qu'il était le seul à pouvoir retirer de la pierre dans laquelle il l'avait plantée en transperçant le démon (ça me dit vaguement quelque chose...). Un milliard de Tzaangors occis plus tard, notre héros est récupéré par ses frères d'armes, esquinté mais en vie, et ayant inscrit sur sa to do liste de caler un nouveau tête à tête avec Aesha pour discuter du bon vieux temps dès qu'elle se montrera disponible. 1 : À ne pas confondre (je l'écris car je l'ai fait moi-même) avec Balthas Arum, la réincarnation de Balthazar Gelt dans les Royaumes Mortels. 2 : Le plus étonnant pour le lecteur est surtout la question que pose Balthus à sa geôlière juste après qu'elle l'ait identifié. OSEF quoi mon grand. Avis: King fait ses premiers pas dans les Royaumes Mortels de manière assez discrète avec The Fist of an Angry God. Comme on pouvait l'attendre, et peut-être l'espérer, son passif d'auteur historique pour Warhammer Fantasy Battle apparaît clairement dans cette nouvelle à travers le personnage d'Aesha, dont la connaissance du Monde Qui Fut apparaît comme un clin d'œil (je le vois comme ça en tout cas) au parcours de King. Ce dernier prend en marche le train du "Sigmar-bashing" qui sous-tend beaucoup des dernières publications mettant en scène des Stormcast Eternals, et dépeint les méthodes de recrutement du Dieu Roi sous un jour contrasté, tout en justifiant en partie le passage au Chaos d'Aesha. Pas de manichéisme ici donc, et c'est bien le moins qu'on attendait de la part d'un contributeur aussi expérimenté que Bill King, dont les écrits ont toujours mis en avant la "grisaille" ambiante des univers de GW. À titre personnel, je suis toutefois déçu de l'articulation de la nouvelle, dont le début est finalement insignifiant (je m'attendais à ce que King fasse une révélation sur un stratagème spatio-temporel utilisé par les disciples de Tzeentch, ce qui aurait justifié la sensation de "déjà-combattu" de Balthus) et la fin hurle littéralement "À SUIVRE..." à la tête du lecteur1. Le fond étant, comme dit plus haut, assez intéressant à défaut d'être captivant (cela montre au moins que King a digéré le background de cette nouvelle franchise), je trouve dommage que la forme n'ait pas été plus pensée et soignée par l'auteur. Ceci dit, King ne s'est jamais montré très doué sur les très courts formats, ses meilleures nouvelles se situant sur la marque des 40/50 pages. Quoiqu'il en soit, il convient de suivre la suite des événements avec attention, et espérer que le King finisse par remettre la plume sur le fils spirituel ayant lui aussi réussi son passage de Warhammer Fantasy Battle à Age of Sigmar, un certain Mr G. Gurnisson... 1 : En plus de passer vraiment vite sur des éléments pas anodins du tout pour l'intrigue, comme la libération miraculeuse de Balthus. Fluff: Balthus : Avant de devenir Liberator-Prime des Knights Excelsior, il était Leoric, le fils du roi Aldred d’Asqualon. Il a été choisi par Sigmar pour devenir un Stormcast Eternal lorsque son royaume natal a été ravagé par des cultistes de Tzeentch, menés par le démon Arkatryx et la sorcière Aesha. À la merci d’Arkatryx, Leodric a invoqué la puissance de Sigmar, qui a foudroyé son épée – Eclair (rq : ou Foudre, Lightning en VO) – consumant le héros mais lui permettant également de bannir le démon. Stormcast Eternals : Les élus de Sigmar bénéficient d’un squelette aux os renforcés (rq : un peu comme les Space Marines), distinct de celui des hommes normaux. La perte de souvenirs des Stormcast Eternal, à l’exception du moment de leur mort, serait (rq : hypothèse avancée par un personnage chaotique) un moyen pour Sigmar de s’assurer de la loyauté perpétuelle de ses soldats. King fait ainsi remarquer que les « plus grands serviteurs de l’Ordre se sont rebellés en d’autres lieux et d’autres temps », ce qui peut aussi bien faire référence à Archaon qu’à Horus (rq : tout est possible avec le Chaos) ! Engin de siège : Le bélier de siège Brise-Tour (‘Towerbreaker’) est utilisé pour défoncer la porte de la forteresse d’Azumbard. Son maniement nécessite une centaine de Stormcast Eternals, sous le commandement de l’Ingénieur Sacristain Sextus. placeholder placeholder Modifié vendredi à 20:53 par Schattra Ajout des critiques des nouvelles du Black Library 2024 Advent Calendar Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 8 mars 2019 Auteur Partager Posté(e) le 8 mars 2019 Réservé pour nouvelles #51 à #75. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 24 mars 2019 Auteur Partager Posté(e) le 24 mars 2019 (modifié) Ajout des chroniques des nouvelles des numéros #1 et #2 d'Inferno!. The Path to Glory (E. Dicken) At the Sign of the Brazen Claw: The Innkeeper Tale (G. Haley) At the Sign of the Brazen Claw: The Merchant Tale (G. Haley) From the Deep (J. Fenn) Faith in Thunder (R. Charles) Ties of Blood (J. Crisalli) No Honour Among Vermin (C. L. Werner) Modifié le 1 septembre 2019 par Schattra Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 1 avril 2019 Auteur Partager Posté(e) le 1 avril 2019 (modifié) Ajout des chroniques des nouvelles du recueil Black Library Celebration 2019. God's Gift//Don des Dieux (D. Guymer) The Ghosts of Demesnus//Les Fantômes de Demesnus (J. Reynolds) Modifié le 1 septembre 2019 par Schattra Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 15 avril 2019 Auteur Partager Posté(e) le 15 avril 2019 (modifié) Ajout des chroniques des nouvelles du recueil Malédictions. The Widow Tide (R. Strachan) Crimson Snow (L. Gray) Last of the Blood (C. L. Werner) A Darksome Place (J. Reynolds) Modifié le 1 septembre 2019 par Schattra Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 10 juillet 2019 Auteur Partager Posté(e) le 10 juillet 2019 (modifié) Ajout des chroniques des nouvelles du numéro #3 d'Inferno!. At the Sign of the Brazen Claw: The Prince Tale (G. Haley) The Unlamented Archpustulent of Clan Morbidus (D. Guymer) In the Mists of Chaos (R. Hoskin) The Book of Transformations (M. Keefe) Modifié le 1 septembre 2019 par Schattra Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 4 août 2019 Auteur Partager Posté(e) le 4 août 2019 (modifié) Ajout des chroniques des nouvelles du recueil Sacrosaint & Autres Récits. Sacrosanct//Sacrosaint (C. L. Werner) A Dirge of Dust and Steel//Un Hymne Funèbre de Poussière et d'Acier (J. Reynolds) Callis & Toll: The Old Ways//Callis & Toll: Les Vieux Us (N. Horth) The Dance of the Skulls//La Danse des Crânes (D. Annandale) Shiprats//Rats de Cale (C. L. Werner) Auction of Blood//Enchères de Sang (J. Reynolds) The Sands of Grief//Les Sables du Chagrin (G. Haley) The Witch Takers//Les Tueurs de Sorcières (C. L. Werner) The Prisoner of the Black Sun//Le Prisonnier du Soleil Noir (J. Reynolds) Great Red//Grand Rouge (D. Guymer) Wrathspring//La Source Courroucée (G. Thorpe) The Road to Volturung//La Route de Volturung (G. Haley) Modifié le 1 septembre 2019 par Schattra Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 12 août 2019 Auteur Partager Posté(e) le 12 août 2019 (modifié) Bonjour et bienvenue dans la revue critique de Warcry : the Anthology, un recueil de nouvelles dédié, de manière trèèèès originale, au jeu d’escarmouche chaotique récemment sorti par Games Workshop. Se déroulant en périphérie de la Varanspire, dans ce qui peut être considéré comme les Désolations Nordiques du Vieux Monde pour Age of Sigmar, Warcry remet au goût du jour de vieux (Mordheim), voire très vieux (Path to Glory), voire carrément anciens (Chaos Marauders1) concepts de GW, qui, s’il a souvent insisté sur la nature belliqueuse et autodestructrice du Chaos, a généralement préféré donner à ce dernier des adversaires appartenant à d’autres factions plutôt que d’explorer les guerres intestines et incessantes opposant ses fidèles les uns aux autres. Révélation Comme beaucoup de vétérans nostalgiques (pléonasme ?) je pense, j’ai accueilli l’annonce de la sortie de Warcry avec une curiosité bienveillante, le parti pris de GW de développer un pan entier du fluff des Royaumes Mortels en mettant le projecteur sur des bandes d’adorateurs de l’octogramme, et personne d’autre (du moins dans un premier temps), apparaissant à la fois comme une décision un peu osée et une déclaration d’intention envers les plus vieux fans de la maison, sans doute plus sensibles à cet appel du pied venant flatter leur attachement au background du Chaos (l’une des rares constantes fluff ayant survécu à la disparition du Monde qui Fut) que les nouveaux venus biberonnés aux Stormcast Eternals, Sylvaneth et autres Idoneth Deepkin. Maintenant que le produit est entre nos mains fébriles, et alors que les premières parties sont jouées et les premières campagnes organisées, je n’avais guère le choix que de donner sa chance à l’anthologie accompagnant la première vague de plastique siglé Warcry afin d’ajouter ma petite pierre au cairn du retour d’expérience, plutôt positif à ce qu’il m’a semblé, de la communauté. Comme d’habitude, il s’agira pour moi de vous faire découvrir le contenu des six nouvelles (une pour chacune des bandes d’adorateurs du Chaos que compte le jeu à son lancement) de ce recueil, autant au niveau de leur intrigue que de leurs apports en termes de background (ce qui est particulièrement intéressant pour Warcry, dû au fait que le jeu ne dispose que d’un livret de règles pour poser les bases de son « univers »). Vous aurez également la chance ou le déplaisir de connaître mon avis sur ces courts formats, rédigés par six auteurs que les habitués de la BL connaissent bien, mais qui ont fait pour certains d’entre eux leurs premiers pas sous les soleils des Royaumes Mortels avec cet omnibus. Gardant ce contexte en tête, je m’efforcerai d’établir pour chaque soumission si elle répond de manière convenable aux attentes que le hobbyiste est en droit de nourrir à son égard, à savoir : communication d’éléments sur le background de la faction mise en avant, éclairage sur ses motivations à se rendre dans le Bloodwind Spoil, relations avec les autres bandes baguenaudant dans le bac à sable d’Archaon, ou encore rapports entretenus avec le concept de Chaos, sensé être le dénominateur commun entre culturistes en scaphandre de combat, barbares zoophiles, artistes martiaux masqués ou encore ornithologues ravagés du bulbe. Prenez donc place, le direct pour Carngrad est sur le point de partir… 1 : Bon, ok, c’était un jeu sur un Warboss Orc essayant de montrer au monde qu’il avait la plus grosse… armée. Mais le nom est tout à fait dans l’esprit. The Harrower – D. Annandale : Nous suivons Gravskein, Bienheureuse Unmade menant sa petite bande de cannibales écorchés dans les désolations du Bloodwind Spoil à la recherche de la mythique Tour Festive (Tower of Revels). Si Gravskein tient tant à mettre la main faucille sur ce bâtiment en particulier, c’est que ce dernier occupe une place centrale dans les croyances de sa faction, ayant été conquis il y a de cela fort longtemps par le légendaire Roi Ecorché, qui initia son peuple de bobos intellos coincés aux joies de l’automutilation après une virée sauvage dans les Eightpoints. Ayant malheureusement omis de prendre une carte avec eux dans ces temps héroïques, les Unmade ne connaissent plus l’emplacement de cet HLM mythique et chargent donc leurs guerriers les plus prometteurs d’en retrouver le chemin. Persuadée qu’elle sera celle qui parviendra à ramener la Tour dans le giron des résidents de Tzlid, Gravskein suit donc les visions qu’elle reçoit de temps à autre lorsqu’elle passe en mode veille (difficile de dormir quand on n’a plus de paupières), accueillant chaque nouvelle déconvenue et rencontre mortelle avec fatalisme et bonne humeur. Voilà pour le cadre de notre histoire. Après avoir bénéficié d’un flashback inaugural, permettant au lecteur de découvrir la façon dont l’héroïne a gagné ses galons et ses moignons1, suite à un accrochage sanguinolant avec une bande de morts vivants menés par un Dragon de Sang et son loup funeste de compagnie, nous accompagnons nos joyeux masochistes dans leurs tribulations désertiques, leur goût pour la chair humaine leur permettant de se sustenter en toutes occasions dès lors que l’un d’entre eux éprouve un petit coup de mou. Guidée par une précédente vision, l’enjoignant à rechercher le poison, Gravskein décide d’interpréter cet augure en remontant le cours aride d’une rivière polluée, malgré les soupirs défaitistes de son second, le (finalement pas très) Joyeux Bulsurrus. Etant parvenu à tracer l’origine de la source amère, les Unmade s’engagent dans une prairie herbeuse et très inhospitalière, du fait de la nature carnivore de sa végétation. Fort heureusement, la formation et l’équipement de derviche tondeuse de leur meneuse, qui se met à tourner sur elle même en fauchant la verdure comme une moissonneuse batteuse de Khorne, permettent aux survivants de se sortir de ce gazon maudit, et d’arriver dans les ruines d’une cité, où ils trouvent les cadavres d’une autre bande Unmade. Après un petit buffet froid pour se remettre de leurs émotions, Gravie (qui a looté un cor relique sur la dépouille du chef des défunts2) et ses sidekicks poursuivent leur route, la rasade prise par cette grande folle de Bienheureuse à la fontaine empoisonnée de la ville lui ayant apporté une nouvelle vision des plus encourageantes. Leur chemin les mène à travers une sorte d’arène jonchée de cadavres et d’armes abandonnées, où ils tombent bien évidemment dans une embuscade. Ce sont ces fourbes de Splintered Fang qui leur tombent sur la couenne, et l’usage pas vraiment fair play de lames empoisonnées prélève un lourd tribut dans les rangs des Unmade. Encore sous l’effet de sa potion magique, lui ayant donné une immunité à toutes les substances toxiques moins agressives que le Novitchok, Gravskein aux mains d’argent prend ses responsabilités et démarre l’enchaînement de Flashdance jusqu’à rester seule maîtresse du dance floor (ce qui prend assez peu de temps quand on a des lames et pas des pattes d’ef au bout des jambes). Réduite à un trio, la bande de guerre finit cependant par (enfin) arriver en vue de son objectif. Léger problème, la Tour Festive est occupée par une garnison Splintered Fang, et les Unmade plus assez nombreux pour pouvoir espérer les déloger. Gravskein est toutefois allée trop loin pour faire demi-tour maintenant, et se lance donc à l’assaut en hurlant comme une banshee. Zigzagant entre les flèches, elle finit par se jeter dans la rivière qui coule jusqu’au pied de la tour, Bulsurrus à sa suite, et parvient à retenir sa respiration assez longtemps pour déboucher jusqu’au niveau inférieur de cette dernière, malgré le pH non euclidien et les substances innommables du cours d’eau. S’étant sans doute insensibilisée en nageant dans la Seine étant petite, Gravskein s’extrait du bassin intérieur, et réalise que la mythique Tour Festive est en fait une vulgaire station de traitement des eaux, qui fonctionne assez mal maintenant qu’elle est squattée par les cultistes du Splintered Fang. Comme quoi, la réalité est toujours enjolivée. Mais maintenant qu’elle est là, autant finir le boulot. Laissant cette petite nature de Bulsurrus cracher ses poumons près du pédiluve, la Bienheureuse se fraie un chemin sanglant jusqu’au sommet de la Tour, en prenant le soin d’initier les cultistes qu’elle croise aux joies du toboggan hématique (c’est comme un toboggan aquatique, mais avec du sang, généralement le vôtre), non sans avoir effectué quelques réglages de bon aloi dans la salle des machines auparavant. Pas pour rendre aux eaux de la rivière leur pureté originelle, bien sûr (on n’est pas chez les Sylvaneth ici, baby), mais pour diminuer la léthalité du poison qui y coule, afin que ceux qui en boivent puissent expérimenter la glorieuse souffrance qui est le lot des Unmade. Bref, diarhée pour tout le monde ! Ceci fait, Gravskein redescend ramasser Bulsurrus, qui a bien mérité de passer sa retraite (2 jours) avec un panorama digne de ce nom sur le Bloodwind Spoil. C’est un bonheur bien fugace cependant, une nouvelle bande de guerre se présentant rapidement à la porte de la Tour pour en prendre possession, sûrement pas content de l’état dans lequel les bidouillages de Gravskein ont mis leur pantalon. Qu’importe, la Bienheureuse a accompli sa destinée, et accueille les challengers avec la fameuse Horn Intro de Modest Mouse avant de lancer Dancing Queen sur sa boom box. Let’s jive, boys & girls. Sur la lancée de sa Danse des Crânes, Annandale continue de progresser et d’impressionner le lecteur dubitatif envers sa prose que j’étais. Je n’ai en effet pas pu prendre en défaut The Harrower par rapport au cahier des charges que je m’étais défini pour cette première anthologie Warcry. Du fluff sur les Unmade ? On en a, et plutôt deux fois qu’une. Sont abordés les sujets de la philosophie particulière de cette faction de masochistes cannibales (et comme vous vous en doutez, il y a des choses à dire) ainsi que leurs motivations à déambuler paisiblement dans les étendues du Bloodwind Spoil. En bonus, et contrairement à la majorité de ses camarades, David Annandale fournit quelques éléments sur l’histoire de ses petits favoris, menés sur le chemin de la déchéance et du don d’organes par la figure tutélaire du Roi Ecorché. De l’action « chaotique » (à ne pas confondre avec de l’action chaotique, la spécialité de notre ami Andy Smillie) ? Là aussi, la maison Annandale régale, les tribulations de Gravskein et consorts portant la marque – sans doute gravée au fer rouge, vu les penchants coupables des Unmade pour la simulation synaptique – des Dieux Sombres, cocktail entêtant de sang, de fanatisme et de folie. La petite bande d’écorchés vifs s’en prend plein la poire du début à la fin de sa quête, ce qui leur donne pleinement l’occasion de mettre en pratique les tenants de leur foi douloureuse. En outre, dans sa construction elle-même, The Harrower tient bien la route, la quête mystique de Gravie & Cie bénéficiant de la dizaine de pages additionnelles par rapport à la longueur classique d’une nouvelle BL pour gagner en profondeur (flashback à l’appui) en intensité et en variété. Le grand final dans la Tour Festive ne vole ainsi pas son nom, le lecteur ayant été convenablement préparé par l’auteur à cette ultime épreuve attendant les survivants Unmade, et n’a donc pas l’impression que la quête de ces derniers a duré 2h35, ce qui arrive assez souvent lorsque les lignes viennent à manquer. Finalement, l’ouverture qui vient terminer le récit, parce qu’elle souligne toute la vacuité des agissements des suivants des Dieux Sombres, achève sur une touche grimdark tout à fait bienvenue cette soumission fort solide. On passera avec indulgence sur certains aspects pratico-pratiques (certains diront secondaires) non explicités par Annandale, comme la mobilité et la dextérité merveilleuse de son héroïne, dont l’absence de mains et de pieds devrait pourtant compliquer bien des choses, comme le simple fait de se mettre debout et manger, sans parler de jouer du cor (aller jeter un oeil sur la figurine de Blissful One pour vous en convaincre). C’est cette même Gravskein qui a soloté un Vampire à cloche-pied cela dit, ce qui en dit long sur sa motivation et son acharnement. Ces quelques incohérences sont toutefois très mineures par rapport au reste de la soumission de David Annandale, qui fixe avec The Harrower son record personnel de lisibilité. Vous pouvez fav. 1 : La philosophie Unmade se rapprochant assez de celle de l’Adeptus Mechanicus, en délestant ses adeptes de leurs parties charnues au fur et à mesure qu’ils progressent dans la hiérarchie. La différence principale étant le refus catégorique du recours à l’anesthésie des Unmade. 2 : Dont on se demande bien comment elle arrivera à en sonner. À côté de ça, jouer du violon avec des gants de boxe, c’est easy peasy. The Method of Madness – P. McLean : Quittant le confort de ses quartiers de Nochseed, le Thrallmaster Vignus Daneggia entraîne ses Hands of Darkness (qui ne sont pas un groupe de doom metal) jusque dans les bas-fonds de Carngrad, afin de mettre en œuvre le plan subtil que son esprit malade a concocté pour attirer l’attention d’Archaon. Désireux d’obtenir le poste convoité de maître espion et chef des assassins de l’Elu des Dieux, Daneggia a grand besoin de gagner en visibilité auprès de ce dernier, ses innombrables envois de candidatures spontanées (on est civilisé à Nochseed) étant restées sans réponses à ce jour. C’est ainsi que le Thrallmaster et son staff entre dans la cité pillarde, et se fraient (difficilement, les rues étant trop étroites pour la limousine du boss) un chemin jusqu’à une forge du district de la chair, où ils sont accueillis à bras ouverts crucifiés par le maître des lieux, qui acceptent rapidement de leur laisser la pleine jouissance de ses locaux. Las, la réception n’est pas toujours aussi chaleureuse pour les exilés d’Hysh, une bande de coureurs de toits ne trouvant rien de plus malin que d’arroser la petite troupe de carreaux alors qu’elle explore les environs, ce qui donne l’occasion à la Mirrorblade de Vignus, Calcis, et à ses apprentis, de s’illustrer de bien sanglante façon. Ce petit interlude permet également au Thrallmaster de commencer à réseauter, et à identifier les puissants de Carngrad, qui pourront l’aider à se mettre en relation avec le Haut Courtisan Claudius Malleficus, pour lequel il a un cadeau un peu particulier… Au fil des jours qui suivent, les séides de Vignus lui taillent un empire dans son district d’adoption, à coups de glaive et de chakrams pour le trio de Mirrorblades, et à grand renfort de bombinettes à fumée hallucinogène pour sa Luminate (Palania). De son côté, le Thrallmaster déballe son matériel d’alchimie et s’emploie à concocter un cocktail des plus relevés, à destination de ce cher, mais pour le moment inatteignable, Mauvais Ficcus. Ce n’est qu’après avoir atteint la barre des trois chiffres sur le compteur de massacre que Calcis et ses padawans finissent par mettre la main sur un individu digne d’intérêt, extrait manu militari d’une maison de jeu au bec et au jabot de la Cabale Corvus. Notre homme, un digne marchand d’esclaves du nom de Nasharian, est invité à une dégustation privée des dernières concoctions de Vignus, pour lesquelles il ne peut que fondre (littéralement). Le but de la manœuvre, pour notre intrigant Thrallmaster, est de récupérer la peau du visage de son hôte, dont le malheur était d’avoir ses entrées au Palais des Serres, afin d’usurper sa place et d’introduire le Cypher Lord à ses amis hauts placés. Ceci fait, Vignus retourne prestement dans son QG, où il doit préparer le baril de vin de feu de Nochseed qu’il a promis au minordome de Malleficus pour le soir même. Un peu plus tard, et ayant troqué son masque de chair par son, beaucoup plus seyant, masque d’argent, Vignus retourne au Palais avec son précieux chargement de sangria, qu’il présente à la majordome (il a gagné en importance) du Haut Courtisan. Advient alors une cocasse mésaventure, lorsqu’Alfreda exige qu’il goûte devant elle le cru afin qu’elle puisse s’assurer qu’il n’est pas empoisonné (comme dit le proverbe, il faut le boire pour le croire). Vignus, qui pensait que la recommandation de feu Nafarian suffirait pour que son présent soit accepté, commence à suer sous son argenterie, n’ayant pas prévu d’ingérer sa propre création, dont il connaît trop bien les effets secondaires indésirables. Sans autre échappatoire, il siffle donc un petit verre et s’en retourne fissa à son laboratoire, où il passe la plus longue nuit de sa vie à concocter un antidote au poison, luttant contre la folie qui menace de l’engloutir à tout instant. Saleté de delirium tremens. Ce menu désagrément valait toutefois la peine pour Vignus, puisqu’il reçoit quelque jour plus tard la visite de la majordome de Malleficus, qui l’implore de lui fournir un nouveau baril afin de satisfaire l’addiction que son maître a développé pour le nectar de Nochseed. Le Thrallmaster accepte, encaissant quelques espèces sonnantes et trébuchantes au passage, et finit par obtenir l’audience qu’il convoite auprès du Haut Courtisan lors du deuxième passage de réapprovisionnement du staff de ce dernier, dont la dépendance envers le vin de feu va croissante. Introduit en tant qu’hôte de marque dans la cour de Malleficus, à présent épave avinée, hallucinée et incontinente grâce à la potion magique du Thrallmaster, Vignus n’a plus qu’à tendre la main pour que lui soit remis le bâton de général des armées du Courtisan. Sa première action est de rendre une visite de courtoisie en compagnie de ses nouveaux copains, au squat de ces pestes de cabalistes, responsables entre autres maux de la mort de l’un des apprentis Mirrorblades des Hands of Darkness. Une fois les corbeaux plumés, Vignus accomplit à Carngrad ce que Ra’s al Ghul n’a pas pu faire à Gottham : empoisonner le réseau d’eau courante avec son poison hallucinogène, pour des résultats sans doute spectaculaires (la nouvelle s’arrête à ce moment, sur une petite comptine récitée par le Thrallmaster, qui avait sans doute besoin de repos), mais peut-être pas. On est à Carngrad après tout, tout le monde est déjà fou… Des six nouvelles que compte l’anthologie Warcry, je dois reconnaître que The Method of Madness s’est avérée être ma préférée. Comme pour les autres soumissions de cet ouvrage, la présentation détaillée de la bande confiée à McLean par ce dernier a évidemment joué dans mon ressenti, et je ne pourrai trop conseiller au hobbyiste souhaitant en savoir plus sur les mystérieux Cypher Lords de s’atteler à la lecture de cette nouvelle. Du misérable Mindbound au majestueux Thrallmaster, en passant par les Mirrorblades et les Luminates, McLean décrit en détail le rôle que chacun joue dans l’écosystème bien réglé qu’est une bande de guerre de Nochseed. L’agenda poursuivi par les envoyés d’Hysh est également explicité, et la quête entreprise par ce vieux brigand de Daneggia n’en apparaît que plus capitale. Au fil des victoires et des obstacles que rencontrent les Hands of Darkness à leurs grands projets d’ascension sociale, McLean réussit en outre à nous les rendre plutôt sympathiques, la fibre familiale de Calcis et le coup de folie passager de Daneggia humanisant quelque peu des individus par ailleurs totalement abjects. On peut également noter que les fameuses méthodes utilisées par la cabale masquée (ohé ohé), parce qu’elles diffèrent profondément de ce qu’on a l’habitude de voir et de lire de la part de séides des Fab Four, risquent fort de piquer l’intérêt du lecteur même le plus blasé. On savait de longue date que Jean-Kévin Chaos cartonne en EPS (surtout en boxe française en escrime médiévale), on sait maintenant qu’il se débrouille également en physique-chimie, et que ses ateliers œnologie et rhétorique sur l’heure du midi ont également porté leurs fruits. En plus de cela, la bonne idée de Peter McLean aura été d’offrir au lecteur une visite guidée de la cité de Carngrad, métropole chaotique placée sur la carte à l’occasion de la sortie de Warcry (à ma connaissance), et reflet perverti des Hammerhal, Greywater Fastness et Excelsis sigmarites. Pour qui s’intéresse au fluff d’Age of Sigmar, l’existence de Carngrad est une information capitale, et une des clés à la réponse de nombreuses questions « pratiques » se posant pour les hordes du Chaos, dont l’existence même n’était pas sans poser d’épineux problèmes démographiques, économiques et logistiques depuis les temps reculés de Warhammer Fantasy Battle. Savoir qu’il existe des agglomérations affiliées aux Dieux Sombres permet ainsi de limiter le recours au TGCM, ce qui est toujours appréciable. Les nombreux éléments de fluff donnés par McLean sur la cité pillarde permettent en outre de se faire une image assez précise et colorée de cette dernière, qui sera je l’espère complétée et enrichie par les publications des GW et de la BL dans les années à venir. En conclusion, The Method of Madness est une vraie bonne nouvelle (haha), qui justifierait à elle seule l’achat de cette anthologie. McLean ne rate décidément pas ses débuts dans Age of Sigmar, et démontre qu’il est un des nouveaux auteurs sur lesquels on peut et devra compter pour porter haut les couleurs de la BL. Affaire à suivre… The Devourer’s Demand – B. Counter : Fraîchement débarqués depuis leur savane natale dans le Bloodwind Spoil, les guerriers Untamed Beasts de la tribu du Venom Fang livrent bataille à une cohorte d’Unmade dont le tort aura été d’ériger des murets autour de leur camp de base. Car les murets, comme toutes les constructions en dur d’ailleurs, C’eSt PaS cHaOtIQuE. C’est en tout cas le credo des Beasts, qui vénèrent le Chaos sous la forme du Dévoreur, une sorte de Taz haïssant les tours, les murs et les couronnes. Chacun son trip. Parmi les combattants Venom Fang, la caméra se braque sur notre héros, le jeune gringalet Thornwinder, toléré dans l’expédition car il fallait bien que quelqu’un meurt en premier, et quitte à tout prendre, autant que ça soit lui (grosse ambiance chez les Untamed Beasts). Bien décidé à prouver sa valeur, Thornwinder se rue à l’assaut des écorchés vifs, et parvient à terrasser leur meneur en lui grignotant la trachée, ce qui lui vaut le respect du reste de la tribu et lui permet d’obtenir son pins de blood courser, décerné par l’Ancien (28 ans) Speartongue en personne. Quelques mois plus tard, nous retrouvons Thorny en pleine chasse d’une proie un peu particulière, le drac de sang Harrow. Cette créature mythique autant qu’hémophile est considérée par les Untamed Beast comme une incarnation du Dévoreur, et c’est donc tout naturellement que notre héros, toujours poursuivi par son complexe d’infériorité, souhaite la buter pour prouver ses talents de chasseur. Si la traque en elle-même n’est pas compliquée, les flaques de sang et les arbres renversés par le gros lézard permettant de suivre sa trace sans difficultés, Thornwinder sait bien que Harrow est plus malin qu’il n’y paraît, et qu’il lui faudra une stratégie imparable pour espérer triompher. Ayant rattrapé sa proie et pris une position idéale pour lui balancer sa sagaie dans les branchies, le blood courser a toutefois la désagréable surprise de voir son gibier réussir son test d’Initiative (et au vu des conséquences de ce dernier, il a dû faire -39 au dé), attraper sa lance au vol et la recracher avec une moue dédaigneuse. Gloups. Les rôles étant inversés, Thornwinder réussit in extremis à échapper à son destin de poche à sang pour Harrow en plongeant dans une cascade scintillante, dont le glitter le rend à moitié aveugle. Littéralement repêché par ses comparses alors qu’il flottait le ventre à l’air dans son bassin, Thornwinder se requinque doucement au campement du Venow Fang, mais ses problèmes de comportement lui jouent un vilain tour lorsque, vexé de se faire gourmander par l’Ancien (28 ans et 4 mois) Speartongue, qui voit d’un mauvais œil la chasse d’une espèce protégée, Thornwinder pique une crise et lui fait une tête au carré. Je précise bien au carré, et pas au cube, car quand il en eut finit avec Papy Mougeot, le contenu de la boîte crânienne de l’ancêtre était étalé en deux dimensions. Banni par sa tribu en punition de ce méfait, Thorny erre dans les étendues sauvages du Bloodwind Spoil jusqu’à ce que ses visions enfiévrées le ramène à l’endroit de la bataille contre les Unmade, et à la tête du champion qu’il a vaincu, laissée à pourrir sur une pique. De façon tout à fait naturelle, cette dernière commence à lui parler, ranimant la flamme de sa motivation, et faisant même office de potion de vie (un peu galère à ouvrir, ceci dit), permettant à notre héros, complètement aliéné à ce stade, de reprendre la chasse de Harrow, et, cette fois, d’en venir à bout (d’une façon particulièrement peu subtile et gore). Fort de ce haut fait, et bénéficiant manifestement du patronage d’une quelconque entité démoniaque, Thornwinder retourne frapper à la porte (façon de parler, ce n’est pas une technologie qu’ils maîtrisent) des Venom Fang, et s’impose rapidement comme le chef de la tribu, massacrant tout ceux qui osent se mettre sur son chemin (et allant jusqu’à déterrer le cadavre de l’Ancien – 28 ans, 4 mois, 2 jours, 12 heures, 23 minutes et 8 secondes – Speartongue pour se faire une ceinture avec sa peau). Son règne sanguinaire s’achève toutefois brutalement lorsqu’au cours d’un accrochage avec une bande d’Iron Golems ayant eu le malheur de vouloir bâtir une résidence secondaire ans le Bloodwind Spoil, il réalise brusquement que le simple concept de tribu est déjà trop organisé pour le Dévoreur, et qu’il est de son devoir d’y remédier. Ce qui le conduit à massacrer aussi bien ses alliés que ses ennemis, qui finissent par faire front commun pour mettre hors d’état de nuire ce psychopathe, même du point de vue, pourtant assez tolérant, de suivants des Dieux Sombres. Ce n’est toutefois pas tout à fait la fin pour Thornwinder. À son tour reconditionné en tête parlante fichée sur une lance, il reçoit en effet la visite d’une chef de tribu Untamed Beasts engagée dans la traque d’une autre bête légendaire du coin… Apéro ! Je commence à sérieusement penser que la prise de recul de Counter par rapport à son activité d’auteur pour la Black Library a eu des répercussions positives sur la qualité de son travail. Non pas que je fisse parti des détracteurs les plus véhéments de notre homme à l’origine, notez, mais j’avais comme tout un chacun je pense, expérimenté quelques lectures peu mémorables (ou trop, à l’inverse) de son fait, et considérait donc ses soumissions avec les précautions d’usage. Cette réserve est en train de fondre au fur et à mesure que je parcoure les derniers travaux BLesques de Mr Counter, qui s’avèrent d’une robustesse enviable, surtout quand ils sont comparés à ceux de certains ses successeurs, dont on pourrait dire bien des choses (et c’est d’ailleurs ce que je fais assez souvent). Cette introduction évacuée, passons aux choses sérieuses : pourquoi que c’est bien ? Premièrement, Counter, comme la plupart de ses camarades de cri de guerre, parvient à rendre justice à la mentalité et à la culture de la bande qu’il traite, ici les farouches Untamed Beasts, chasseurs des grandes plaines de Ghur aux tendances anarchistes développées. Si vous cherchiez les héritiers du défunt parti Chasse Pêche Nature et Traditions, n’allez pas plus loin, vous avez trouvé à qui parler, ou feuler, avec ces ours mal léchés. La tentation pour l’auteur non inspiré aurait ici été de dépeindre ces survivalistes ossus en vulgaires barbares assoiffés de sang et de pillages, dans la droite ligne des maraudeurs du Chaos de feu WFB, auxquels je dois bien admettre qu’ils ressemblent fortement. Cette solution de facilité, Counter ne l’a heureusement pas choisie, et ses Venom Fang en sortent renforcés et crédibilisés. En insistant dès le départ sur le paradoxe auquel les Untamed Beasts sont confrontées (chercher la faveur du type dont le job est d’unifier les factions du Chaos et qui vit dans la plus grande forteresse des Royaumes Mortels, est-ce raccord avec la position nihiliste du Dévoreur ?), et amenant son héros à réaliser que ce dernier est impossible à résoudre, avec des conséquences sanglantes et définitives, l’auteur parvient, à mon sens mieux que les autres contributeurs de l’anthologie, à illustrer la fondamentale inhumanité du Chaos. Thornwinder a beau se plier aux exigences draconiennes de sa ligne philosophique (un mot qu’il ne connaît sans doute pas, et qu’il aurait du mal à prononcer à cause de son grand nombre de syllabes) avec diligence et application, force-lui est de constater que seule la folie et la mort l’attendent au bout du chemin, comme ce sera probablement le cas de la pauvresse qui termine la nouvelle en lui prenant la tête. Telle est la nature du Chaos, qui n’a que faire du devenir de ses suivants, et dont les dons ne pourront que retarder l’inévitable descente aux enfers qui attend ceux qui empruntent le sentier octuple. Ce message, peut-être le plus fondamental du lore des univers GW, Counter l’a parfaitement compris, et arrive à le transmettre de bien belle manière dans son The Devourer’s Demand1. Passée cette réflexion de fond, on peut également souligner que cette nouvelle, de par son approche exhaustive de la saga funeste de Thornwinder, depuis ses débuts prometteurs dans le Bloodwind Spoil lorsqu’il n’était qu’un gringalet chétif mais énervé, jusqu’à son apothéose sanglante quelques années plus tard, alors qu’il n’avait toujours pas résolu ses problèmes d’emportement mais avait fréquenté la salle de muscu’ de façon assidue dans l’intervalle, possède un souffle épique, digne (à sa petite échelle) des sagas de Beowulf ou de Siegfried, avec lesquelles il partage la présence d’un gros monstre pas beau en guise de Némésis du héros. Sur cette trame assez peu commune pour un court format de la BL, Counter déroule son propos avec compétence et sérieux, faisant de la lecture de The Devourer’s Demand une expérience à la fois intéressante et gratifiante. Counter, le conteur de la Black Library ? Ça commence à prendre forme… 1 : En prenant en compte le tout aussi excellent The Gods’ Demand de Josh Reynolds, je commence à me dire que les nouvelles contiennent ce terme sont naturellement bonnes. La loi de l’offre et de la demande, sans doute. Proving Ground – S. Cawkwell : Il est temps pour Lock, Spire Stalker de la Cabale Corvus, de voler de ses propres ailes. Ayant reçu la bénédiction de sa chef de volée de lancer sa Grande Chasse, qui lui permettra de faire ses preuves aux yeux du Grand Amasseur, l’impétrant décide que sa Bar Mitzvah se fera aux dépends de ces serpents de cultistes du Splintered Fang, dont il vient justement de régler leur compte à trois des leurs, plus à leur aise à ramper dans les rues de Carngrad qu’à poursuivre l’agile rôdeur sur les toits de la cité. Pour attirer les reptiles au sang froid hors de leur trou, Lock a un plan infaillible : faire courir le bruit que la Lance de Nagendra, une relique sacrée aux yeux fendus de ses adorateurs, a été retrouvée, et se trouve en possession d’une caravane esclavagiste de la Cabale, de retour vers Carngrad. Ayant reçu la confirmation que le Fang, mené par l’ambitieuse Prêtresse Ophidia, est tombé dans le panneau1, Lock invite quelques amis à le seconder dans son expédition initiatique. Malheureusement pour nos Spring Breakers, leur virée dans la banlieue bucolique de la cité pillarde tourne rapidement au fiasco. Sous prétexte de gagner du temps en empruntant un raccourci, Lock et ses comparses débouchent dans un quartier très mal famé, et reçoivent un accueil acerbe de la part des Furies qui squattent les lieux. Bien que réussissant au final à se dépêtrer de ce mauvais pas, les cabalistes sortent de l’altercation très affaiblis, avant même d’avoir trouvé la piste de leurs proies. C’est ballot. La prochaine fois, il faudra suivre scrupuleusement les indications du GPS, hein. Déterminé à mener sa mission à terme, Lock entraîne les survivants dans un mortel jeu de cache-cache aux dépends des cultistes du Splintered Fang, qui disparaissent les uns après les autres au grand énervement d’Ophidia. La confrontation finale prendra place dans le bosquet de la Mère, lieu sacré pour la Cabale où Lock aura l’avantage du terrain… Le retour de Sarah Cawkwell en tant que contributrice de la Black Library et ses débuts dans les nouveaux mondes d’Age of Sigmar ne pouvaient sans doute pas mieux se passer (enfin, si, mais on ne va pas exiger la perfection à tous les coups). La Hot New Talent de la BL, révélée par les Hammer & Bolter de l’année I, m’avait laissé une impression assez peu favorable, ses histoires de Space Marines s’étant avérés être d’une systématique incongruité. Il avait fallu attendre sa dernière soumission (Born of Blood – Hammer & Bolter #21), cette fois ci rattachée à WFB, pour constater une progression dans sa prose. Depuis, plus rien… jusqu’à ce Proving Ground, qui est donc la bonne surprise de l’anthologie. Au titre des satisfactions que je tire de la lecture de cette longue nouvelle, on peut d’abord citer l’absence d’éléments abscons dans le déroulé de cette dernière. Vous me direz que cela devrait aller de soit. Je vous inviterais à jeter un œil à mes chroniques consacrées à la série Silver Skulls de notre autrice (il paraît que ce mot existe) pour réaliser le chemin parcouru depuis 2012. À aucun moment, Proving Ground n’a provoqué de face palm chez votre serviteur, ni ne lui a donné envie de jeter sa tablette par la fenêtre. Victory, sweet victory. Deuxième amélioration notable par rapport à l’historique Cawkwellien, un rapport apaisé et normalisé envers le background. Un problème récurrent des écrits de Sarah Cawkwell était en effet son utilisation malhabile des concepts sous tendant le fluff de 40K, comme ce terrible The Pact où la race Eldar a failli. Born of Blood dénotait déjà des signes d’amélioration sur ce sujet, ce qui m’avait amené à conclure que Cawkwell était plus une contributrice WFB que 40K, ce qui aurait pu s’entendre. Proving Ground poursuit sur cette lancée, en livrant une vision intéressante, et, de ce qu’il m’a semblé, juste, des deux factions qu’elle met en scène. On pourrait rétorquer que Warcry est tellement neuf qu’il aurait été difficile de violer son lore, à l’inverse des innombrables textes écrits pour 40K depuis trente ans, et on aurait raison. On pourrait également arguer que Cawkwell, comme les autres contributeurs à Warcry : The Anthology, a probablement été briefé en détail par les concepteurs du jeu sur l’ancrage de ce dernier dans Age of Sigmar, et a sans doute brodé quelques détails de son cru sur cette base plutôt que de se lancer dans une création totale de fluff. On aurait probablement encore raison. Reste que le résultat est plutôt satisfaisant (même si en deçà de ce que les autres auteurs du recueil ont pu faire, l’historique et les motivations de la Cabale restant assez flous), et que je me devais de le souligner. Enfin, on peut certainement attribuer le plein mérite de la construction et du déroulé de l’intrigue à Cawkwell, qui signe quelques passages intéressants, comme cette introduction en traveling, depuis Varanspire jusqu’à Carngrad. Ça pêche par contre à certains endroits, comme durant l’accrochage avec les Furies en dehors de la ville, qui n’apporte pas grand chose au récit et bénéficie d’une ellipse commode pour justifier la victoire des cabalites contre leurs ennemis ailés (à moins que le mot 'Avenge' les ai fait passer en god mode). Au final, vous l’aurez compris, c’est une soumission plutôt qualitative que nous recevons de la part de Sarah Cawkwell, et la meilleure qui m’ait été donnée de lire de sa part à ce jour. Ce qui veut tout dire. 1 : Se faire pigeonner par des corbeaux, c’est navrant. Eight-Tailed Naga – D. Guymer : Réveillé par le contact déplaisant d’un serpent lui rampant sur le visage, Malik à la désagréable surprise de découvrir qu’il a été jeté au fond d’un puits rempli de rampants, ce qui ne colle pas du tout avec le souvenir qu’il avait de sa journée précédente. Par chance, il n’est pas le seul dans cette galère, les cris stridents de sa femme le menant très logiquement à… chercher où il a mis son couteau. Malik semble en effet avoir un petit problème avec la gent féminine, comme nous le verrons plus tard. En attendant, et toujours au fond du trou, Malik voit sa chère et sèche (on n’est pas tendre dans le Deepsplinter) se faire mordre par une des bestioles avec lesquelles ils partagent la fosse, avec des conséquences définitives pour la pauvre fermière. De son côté, il s’en sort mieux, non pas qu’il réussisse à passer entre les gouttes de venin des serpents avec lesquels il cohabite, mais en survivant à leur morsure, et en étant gratifié en sus d’une vision prophétique, l’enjoignant à se rendre dans les Collines de Cuivre à la recherche du Naga aux Huit Queues. À son (deuxième) réveil, Malik apprend de la bouche de son nouveau sidekick, Klitalash, qu’il fait maintenant parti du Splintered Fang, sa résistance au poison du serpent sacré Blan Loa l’ayant désigné comme un disciple de Nagendra. Il a aussi gagné un nouveau nom dans l’opération, et se fera désormais appeler Ma’asi (Ma’anon étant un prénom féminin). Après avoir grignoté un bout de Khaga pour se remettre de ses émotions, Ma’asi emboîte le pas de son guide et traverse le campement du Fang, qui a squatté sans gêne le hameau de Malik après s’être débarrassé de ses occupants, jusqu’à la tente du chef de la bande, Yaga Kushmer, affectueusement nommé Papa Yaga par ses ouailles. Yaga, en tant qu’émissaire des Coiling Ones, a pour charge de guider le culte en suivant les visions envoyées par Nagendra, mais son accoutumance aux diverses drogues ingérées, inhalées, étalées ou absorbées de façon quotidienne par les adeptes du Splintered Fang ayant eu des effets néfastes sur sa « réceptivité » aux signaux de sa divinité, il se montre très intéressé par le potentiel chamanique de sa dernière recrue. Cette dernière, après avoir un peu râlé pour la forme, accepte de coopérer avec Papa Yaga, bien aidée en cela par la correction infligée par le Pureblood de la bande en punition de sa mauvaise volonté. Ma’asi guide donc ses nouveaux amis jusque dans les Collines de Cuivre, malgré les conditions climatiques épouvantables s’abattant sur la petite troupe pendant le voyage1. Problème, la zone est vaste, et la vision peu précise. Heureusement, une embuscade d’Untamed Beasts, eux aussi sur la piste d’un gros gibier, permettra au Splintered Fang, après avoir repoussé les belliqueux naturistes (et massacré une Femen vindicative dans le cas de Ma’asi – quand je vous disais qu’il n’aimait pas les femmes –), de s’attacher le service d’un guide compétent, en la personne de Thruka, Heart-Eater et ultime survivant des malheureux assaillants. La bande arrive donc en périphérie d’un campement Grotkins, très occupés à miner les riches filons de cuivre dont les Collines tirent leur nom, qu’ils parviennent à valoriser grâce au venin corrosif d’une grande bête parquée dans un enclos non loin2. Persuadés d’avoir trouvé le fameux Naga de la prophétie, Papa Yage entraîne ses guerriers à l’attaque de la colonie peau-verte… Révélation …Et doit vite déchanter, quant, à l’ouverture de l’enclos, ce n’est pas un serpent qui s’en extrait, mais une Arachnarok copieusement mutée (elle pue tellement des pieds que ses pattes sont venimeuses, c’est dire) et de très méchante humeur. Spécialisé dans les bêtes squameuses et pas chitineuses, le Splintered Fang paie très cher sa méprise, et perd nombre de guerriers dans la bataille qui s’en suit. Finalement, c’est Ma’asi qui s’en sort le mieux, le venin de l’Arachnarok lui permettant d’atteindre le grade de Trueblood en trois battements de coeur, et la disgrâce de Papa Yaga de rallier à lui les survivants du Fang pour débuter sa propre bande. Le malheur des uns... La vision (un concept important ici, comme vous l’aurez compris) que David Guymer a du Splintered Fang s’avère être à part égale déroutante et satisfaisante. Je ne m’attendais en effet pas à l’inspiration Les Cavaliers de la Mort qu’on trouve dans la nouvelle, avec un protagoniste s’initiant et s’intégrant progressivement à la culture de ses ennemis, jusqu’à devenir un champion de ces derniers. Si le roman d’Abnett était bon, la nouvelle de Guymer, faute d’espace, parvient moins à entraîner son monde, mais réussit toutefois à singulariser les cultistes du Fang par rapport aux autres factions chaotiques du Bloodwind Spoil, beaucoup plus restrictives en termes d’admission. La mentalité assez inclusive des scions de Nagendra est un bon révélateur de la diversité des sociétés chaotiques, pas forcément « mauvaises » au dernier degré dans leur rapport au monde, ou en tout cas pas sur tous les sujets. Tant qu’on discute (ou en tout cas, que je parle) de l’approche choisie par l’auteur, notez qu’il est également le seul à avoir joué la carte de l’humour dans son récit, encore que légèrement (et c’est tant mieux, ayant tendance à penser que les Chaoteux se fendent la tronche de façon littérale plutôt que figurée la plupart du temps). En témoigne le personnage de ce roué de Papa Yaga3, fidèle dévoué mais pragmatique, qui fait confiance à son Dieu surtout quand ça l’arrange. De même, la mention de l’art délicat du silans, ou le talent de ne pas faire de bruit, me semble être un petit clin d’œil de Guymer à son lectorat à travers le quatrième mur. L’histoire en tant que telle est assez convaincante, l’intégration d’antagonistes un peu exotiques, par l’intermédiaire d’une tribu de Grots très loin de chez elle, mais assez bien accompagnée, permettant de varier un peu des affrontements fratricides qui sont la norme dans l’anthologie (à raison, ceci dit, et Eight-Tailed Naga ne fait d’ailleurs pas exception). On pourra toutefois reprocher à Guymer son manque de clarté en ce qui concerne la prophétie éructée par son héros après que son épreuve de Fort Boyard se soit mal terminée. En ce qui me concerne, je n’ai pas compris qui faisait figure de naga à huit queues, ni pourquoi. Peut-être ai-je mal lu un paragraphe important, mais si la clarté n’est pas la qualité première de toute vision prophétique qui se respecte, il est en revanche important que le lecteur puisse saisir sans équivoque possible le fin mot de l’histoire, sans quoi l’auteur passera pour un jambon. Si quelqu’un à une interprétation définitive des élucubrations de Ma’asi, c’est volontiers que je prendrais connaissance de cette dernière. Enfin, Guymer fait le job au niveau de l’éclairage du background du Splintered Fang, avec un soin particulier apporté à la description de la société qu’entretiennent les cultistes, sorte de Woodstock perpétuel à la fois sanglant et tolérant. En plus de quelques notions culinaires, on en apprend également plus sur Nagendra et les Coiling Ones, ce qui est toujours bon à prendre. En revanche, les motivations du Fang envers Archaon restent assez floues, et je vois mal le Maréchal de l’Apocalypse tolérer qu’une caravane de drogués viennent squatter devant la Varanspire s’ils n’ont pas de solides arguments à faire valoir4. Il va falloir bosser votre présentation les gars. 1 : Quand il pleut des hallebardes sur le Bloodwind Coil, vous pouvez être certains que ce n’est pas au sens figuré. 2 : On remarquera aussi qu’ils font un grand usage d’éoliennes, ce qui est au fond logique. Qui mieux qu’un Grot pour utiliser de l’énergie verte ? 3 : Dont le nom seul est suspect. Lorsqu’une nouvelle commence par « papayagapapayagapapayaga », on est en droit de se demander si la Reine de la Nuit ne va pas pointer le bout de son nez quelques pages plus loin. 4 : Et « t’en veux ? » n’en fait à mon avis pas partie. The Iron Promise – J. Reynolds : Vos Stalis, Dominar démotivé1, est envoyé avec sa bande de guerre par son cousin germain Mithraxes, s’enquérir de la raison de l’arrêt du versement de la dîme due aux Iron Golems par leurs alliés Duardin du Chaos. Traversant à pied les dangereuses Skullpike Mountaines, territoire de chasse de Harpies affamées et de Polypes Cristallins… déterminés, les Légionnaires finissent par arriver devant les portes du bastion de Khoragh Ar-Nadras Has’ut (à vos souhaits), où, devant l’absence de réponse à leurs coups de sonnettes, ils décident de camper en attendant qu’on vienne leur ouvrir. Parce que oui, on peut ressembler à une bouche d’incendie adepte de black metal, et avoir des manières. D’ailleurs, nos bidasses étaient en train de se livrer à leur activité favorite, le bivouac-philo, quand la grille de la forteresse s’est ouverte, invitant les hommes de main du parrain de Chamon à entrer. Là, Vos et ses sous-fifres doivent d’abord faire face aux assauts patauds des nains de jardin d’un genre un peu spécial que leur hôte a disposé dans sa cour pour décourager les démarcheurs à domicile. Membre historique du FLNJ2, le fier Dominar n’a aucun mal à calmer les ardeurs tiédasses des Fyreslayers zombifiés de Droghar, qui finit par se présenter devant ses racketteurs protecteurs, escortés de deux Ocorps en guise de gardes du gors. Ou l’inverse. Bref. Droghar explique à l’envoyé de Mithraxes qu’il est tout à fait prêt à honorer sa parole et délivrer le chargement de minerai de fer dû aux Iron Golems, si ces derniers voulaient bien l’aider à venir à bout d’une nuisance étant venue nicher dans les niveaux inférieurs de sa forge. Malgré l’énergie employée, et les cohortes de sbires envoyées sur place, pour régler le problème, le monstre en question n’a pu être vaincu, ne laissant pas d’autres choix au maître des lieux que de condamner les issues de son propre bastion, et d’attendre l’arrivée de la Légion pour venir à bout de l’intrus. Poussé à agir par les piques envoyées par le roué nabot, Vos accepte de ramener la tête de l’empêcheur de forger en rond et entraîne sa fine équipe dans les ténèbres de la forteresse de Droghar, sans trop savoir ce qui les attend à l’intérieur… Révélation …La surprise sera donc (presque) totale lorsque la bête en question se révélera être un Prosecutor (je pense, mais je ne suis pas expert en Stormcast Eternals) bien amoché, s’étant matérialisé dans la place à la suite de l’excavation par Dragoth d’une relique sigmarite dans les niveaux inférieurs de sa forteresse, autrefois siège d’une Loge Fyreslayers. Bloqué sur place, mais pas découragé pour autant de propager le message de Sigmar en ce lieu de ténèbres, Prozy s’est livré à une guérilla sanglante contre les contremaîtres et mercenaires de Droghar, libérant les esclaves de ce dernier au passage, et foutant suffisamment le boxon pour que ce dernier décide de boucler le périmètre pour arrêter les frais. Confronté aux Iron Golems, il repart vaillamment à l’assaut, mais finira par rendre l’âme sous les horions de la Légion, non sans avoir prélevé un lourd tribut parmi ses adversaires. Cette sale besogne accomplie, Vos boitille jusqu’à la sortie, où le vil chipotage de Droghar, qui lui fait remarquer que comme le Stormcast s’est évanoui dans la nature et que le Dominar n’a pas de tête à rapporter pour prouver ses dires, il n’a pas tenu sa parole et l’arrangement conclus avec les Iron Golems ne tient donc plus (nananèr-reuh), ne trouve pas une oreille compréhensive chez les Légionnaires éprouvés. Puisant dans ses dernières réserves, Vos concasse les gros bras du fourbe Duardin, avant de balancer ce dernier dans sa propre rivière de lave pour lui apprendre à chercher à entourlouper son monde. Ceci fait, il prend officiellement possession de la forteresse au nom de Mithraxes, car après tout, on n’est jamais mieux serti que par soi-même. Comme à son habitude, Reynolds rend une copie propre et plutôt qualitative, permettant au lecteur de se familiariser avec les éléments saillants du fluff des Iron Golems. Occupant le créneau de la faction des gros balèzes en armure de l’écosystème de Warcry, un archétype chaotique des plus connus, le travail de contextualisation à réaliser pour cette bande était sans doute moins important que pour d’autres, mais si Josh Reynolds l’a joué relativement sobre et classique ici (à supposer qu’il ait eu son mot à dire), il a aussi pris le soin de ne pas laisser le lecteur en terrain totalement familier. Apprendre que les Golems, malgré leur apparence frustre et leur philosophie militariste, philosophent de concert le soir au coin du feu, permet de leur donner un début d’originalité dans l’esprit du lecteur, ce dont ils ont sans doute plus besoin que les Unmade ou la Cabale Corvus. La véritable de trouvaille de Reynolds repose toutefois dans son choix d’antagoniste, et dans la manière dont ce dernier est introduit dans le récit. Si le lecteur devine assez rapidement que le briefing lapidaire, laconique et lacunaire d’Hatshoum cache quelque chose de pas très net, et que les indices parsemés en cours de récit permettent de cerner l’identité du coupable, l’arrivée finale de ce dernier fait tout de même son effet, et place l’observateur dans une situation aussi paradoxale que savoureuse, en remettant en cause son « allégeance » à Vos et ses Légionnaires, suffisamment dépeints comme des braves types au cours des pages précédentes pour que leur décès ne nous soit pas agréable, mais restant au demeurant des servants des Dieux Sombres, et ne pouvant donc revendiquer une supériorité morale sur leur adversaire (c’est même plutôt l’inverse). De là, l’installation d’une tension narrative certaine, quand les autres nouvelles du recueil en étaient plutôt dénuées (crevez tous, chiens du Chaos !). Contributeur prodigue de la littérature d’Age of Sigmar, on peut vraiment dire avec The Iron Promise que Reynolds boucle la boucle, en ayant trouvé le moyen de faire endosser au héros la pelisse du méchant, et de façon assez réussie je dois dire. Pour le reste, on n’est pas sur un travail remarquable en termes de parti pris narratif ou d’exécution littéraire, Josh Reynolds se reposant sur ses très solides acquis pour dérouler son histoire d’enquête de voisinage dans l’environnement bigarré du Bloodwind Spoil. Comme toujours, ça se lit très bien, et on sort de The Iron Promise sans avoir l’impression d’avoir perdu son temps. C’est déjà ça. 1 : Il commence la nouvelle en poussant littéralement un soupir d’ennui. 2 : Front de Lamination des Nains de Jardin. La Libération, ce sera pour plus tard. *** Alors, que retenir de cette anthologie Warcry au final ? De mon côté, beaucoup de bien, et la certitude que la Black Library devrait définitivement publier davantage de ce genre d’ouvrage thématique1, et si possible, en privilégiant le format des « longues nouvelles » (une trentaine de pages minimum), qui permet aux auteurs de proposer des récits bien plus détaillés et ambitieux que la soumission classique de la maison. En parlant de ces derniers, le fait que les contributeurs choisis pour Warcry : The Anthology soient tous des vétérans (Peter McLean mis à part, mais la qualité de sa nouvelle démontre amplement qu’il a plus que pris la mesure de son sujet) de la collaboration avec GW a certainement aidé à hausser le niveau et l’intérêt de cet opuscule. Il aurait été étonnant que la BL mette des rookies sur ce genre de projet, notez, le niveau de connaissance relatif au background d’Age of Sigmar d’une part, et au concept du Chaos d’autre part, nécessaire à la réalisation d’un travail correct étant significativement plus élevé qu’à l’ordinaire. Mais s’il y a une chose qu’on ne peut pas enlever à la maison d’édition de Nottingham, c’est sa capacité à sortir des sentiers battus et à faire des choix que d’aucuns pourraient considérer comme curieux, voire stupides dans certains cas. Ici, la BL a joué la carte de la sécurité, et la qualité du livrable s’en ressent fortement. Variant du très solide au franchement excellent, les six nouvelles de ce recueil remplissent pleinement leur office, et introduisent avec succès le lecteur au background des factions de Warcry. Je peux révéler ici que lorsque la liste des auteurs sélectionnés pour ce livre a été révélée, l’intégration de certaines de mes têtes d’Orruk au casting m’a fait craindre le pire. En cela, j’avais tort, Annadale et Cawkwell (pour les citer) réussissant à tenir leur rang, et à livrer ce que je considère comme étant leurs meilleurs travaux à ce jour et à ma connaissance. Doit-on y voir la preuve de la puissance des Dieux du Chaos ? Je vous laisse seuls juges, mais sors en tout cas content de cette lecture, qui n’a pas révélé de mauvaises surprises, à la grande mienne. La question est ouverte de savoir si ce succès n’est pas à mettre au crédit, au moins en partie, des concepteurs du lore de Warcry, qui ont défini les caractéristiques de chacune des bandes chaotiques et ont fait un travail absolument remarquable en cela. Un simple regard aux figurines suffit à s’en convaincre, et un auteur professionnel un minimum compétent n’aura aucun mal à faire fructifier ces bases d’une excellente qualité pour en tirer un récit digne d’intérêt. Je n’ai pour ma part aucun problème à partager le mérite entre créateurs et rédacteurs, auxquels je tire donc mon chapeau. Comme toujours dans un ouvrage collectif, certaines pièces sont plus abouties que d’autres, les travaux les plus réussis à mes yeux parvenant, en plus de mettre en exergue la culture et l’histoire de la bande traitée, à faire comprendre les motivations de cette dernière à s’aventurer dans les terres internationales du Chaos et la manière dont elle compte s’y prendre pour gagner les faveurs d’Archaon, qui est bien souvent révélatrice de la « philosophie » chaotique qu’elle entretient. À ce petit jeu, The Method of Madness et The Devourer’s Demand sortent clairement du lot, la première en offrant une visite détaillée de Carngrad et de son système de gouvernance complexe, tout en déroulant une histoire à rebondissements sur les desseins de grandeur d’un Cypher Lord et de sa clique, la seconde en poussant jusqu’à son terme la réflexion sur la nature destructrice, voire nihiliste et donc fondamentalement inhumaine, du Chaos. Pour conclure, je recommande donc la lecture de ce Warcry : The Anthology, à tous les lecteurs (anglophones seulement à ce jour) amateurs d’Age of Sigmar, qu’ils viennent pour l’intrigue ou pour le fluff. J’irai même plus loin en étendant cette recommandation aux enthousiastes chaotiques, quelle que soit leur franchise favorite. Même les mordus du lointain futur pourront trouver leur bonheur dans cet ouvrage, qui, parce qu’il met le Chaos au centre des débats, leur parlera sans doute plus que les aventures de Stormcast Eternals. Enfin, je place cette anthologie au sommet de la liste de lecture de tous ceux qui souhaiteraient se lancer dans le monde, parfois merveilleux, parfois ingrat, mais toujours distrayant, des courts formats de la Black Library. Quitte à se lancer dans l’aventure, autant commencer par une valeur sûre, et vous tenez entre vos mains un futur classique du (sous-sous-sous-sous) genre. Il n’y a plus qu’à espérer que le jeu fonctionne assez bien en termes de ventes pour que GW commissionne une suite à cet ouvrage. Après tout, deux des Royaumes Mortels n’ont toujours pas « leur » faction chaotique résidente connue à ce jour2, sans compter sur les Skavens, les Hommes-Bêtes et les Guerriers du Chaos (les factions non chaotiques étant à mes yeux moins intéressantes à couvrir). Bref, il y a largement de quoi faire. All praise the Dark Lords ! 1 : J’ai donc hâte de voir ce que ‘Vaults of Obsidian’, le recueil consacré à Blackstone Fortress, va donner. Rendez-vous en Novembre pour le savoir ! 2 : Aqshy et, d’un potentiel fluffique beaucoup plus important, Azyr. On ne me fera pas croire que Sigmarland est totalement imperméable au Chaos, les gens n’étant, après tout, jamais contents de leur sort, même quand ils ont la chance de vivre dans des dictatures militaristes éclairées. Schattra, "pour le fluff, voyez au-dessus" Modifié le 1 septembre 2019 par Schattra Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 19 août 2019 Auteur Partager Posté(e) le 19 août 2019 (modifié) Hello tout le monde. Comme annoncé ailleurs, je me lance dans un petit exercice de speed-chronique à l'occasion du Summer of Reading 2019 de la Black Library. On commence tout de suite par la nouvelle initiale, courtesy of Mr Evan Dicken. Fangs of the Rustwood – E. Dicken : Révélation Chargé d'escorter les trois suspects de l'assassinat du Gouverneur Bettrum de la cité d'Uliashtai, en Chamon, le Répurgateur Kantus Val(l)o de l'Ordre d'Azyr décide de couper à travers bois pour rallier au plus vite la cité d'Eshunna, où les geôles spacieuses et les tortionnaires attentionnés de l'Inquisition sigmarite auront tôt fait de délier - ou d'arracher, à défaut - les langues des gardés à vue. Ces derniers, mis à part un bon motif d'en vouloir à feu Bettrum, n'ont pas grand-chose en commun. Notre triumvirat de crapules se compose en effet du mage geignard et prophétique (un vrai Nighthaunter d'Age of Sigmar) Elabrin, de l'empoisonneuse patentée Garrula Heko, et de la Capitaine édentée de la garde d'Uliashtai, simplement nommée Lim. Le choix de Kantus d'emprunter la route traversant le Bois de Rouille ne s'avère guère brillant (ce qui est normal, car l'oxydation du fer corrode le métal), mais plutôt tranchant, la flore acérée de Chamon forçant la petite troupe à jouer de la hache pour se frayer un chemin sous les frondaisons métallisées. Ayant profité d'une halte pour cuisiner ses prisonniers, le Répurgateur doit mettre en pause son interrogatoire lorsqu'une de ses gardes se prend les pieds dans le tapis et choit lourdement dans une fosse tapissée de pieux empoisonnés (piejâkon#1). N'écoutant que son courage, Kantus... accepte qu'un des collègues de la malheureuse aille la repêcher au fond de son trou. Il donne cependant de sa personne en faisant contrepoids au bout de la corde, mais une autre fausse manœuvre des plus ballotes déclenche prestement la détente d'une tige épineuse… empoisonnée (piejâkon#2), qui met le bon samaritain en PLS, juste avant que Kantus ne le laisse carrément aller se pieuter en sous-sol lorsqu'un Gobelin des Forêts juché sur une araignée géante décide de s'inviter à la fête en hurlant "I am Groot!". L'invité mystère ayant intoxiqué l'un des deux gardes restants de notre héros, ce dernier est colère et règle leur compte aux nuisibles de quelques moulinets bien sentis, avant d'aller s'enquérir du bien-être de ses charges (une enquête de l'IGPN est si vite arrivée). Le dialogue qui s'engage a vite fait de convaincre Kantus de l'impératif catégorique de laisser les gredins lui prêter main forte afin d'avoir une chance de se sortir du guêpier arachnéen dans lequel il s'est jeté. Rendant à ses prisonniers leurs armes et équipements en échange d'une vague promesse de bien se comporter (quel laxisme), Kantus les entraîne vers l'orée du bois, dans l'espoir un peu vain de distancer les Grots dont les tambours commencent à résonner dans les fougères. Ce qui devait arriver arrive lorsque notre petite troupe, au casting digne du JDR Age of Sigmar s'il était sorti (un Chasseur de Sorcières, un Mage, un Guerrier, un Rôdeur et un PNJ à DLC courte), débouche dans une clairière où l'embuscade des peaux vertes se déclenche. Bien aidé par le sort de pointeur laser inversé et préemptif d'Elabrin1, les humains ne s'en sortent pas trop mal dans un premier temps, les carreaux empoisonnés de Garrula et les coups d'épée de Kantus et Lim prélevant un lourd tribu dans la biodiversité du Bois de Rouille. Hélas, comme il l'avait prédit, le mage se fait capturer au lasso, et si son noble - et pas du tout consenti - sacrifice permet de gagner un peu de temps à ses comparses pendant qu'il se fait torturer à mort dans un bosquet, la situation n'est pas brillante pour ces derniers... Révélation ...réduits au nombre de deux après que Kantus ait constaté le décès inopiné de la dame de carreau(x). Fichtre. Enjoint par la vétérane Lim de quitter les lieux le plus rapidement possible, notre héros décide de faire du zèle en collectant les armes de Garrula, qui pourront peut-être permettre d'identifier le tueur du Gouverneur Bettrum, si on venait à retrouver une trace d'un poison similaire à celui utilisé pour pourrir (littéralement) l'édile sur les lames de l'empoisonneuse. Une bonne action ne restant jamais impunie, le Répurgateur se fait prestement attaquer par Brienne de Tarth (dans ta gu*ule), après avoir constaté que Garrula a connu la même fin que l'infortuné Gouverneur, révélant Lim comme la coupable des deux meurtres. Cette dernière trouvait en effet que cette grosse bête de Bettrum utilisait bien mal les forces de l'Ordre, et que son incapacité notoire à s'occuper de l'infestation Grot couvant dans le Bois de Rouille condamnerait à terme Uliashtai à la Destruction. Ca se tient, ça se tient, y a pas à dire. Insensible aux arguments de la soldate, Kantus l'est beaucoup moins à ses bottes vachardes, et l'idée de son trépas prochain lui travers l'esprit en même temps que l'épée de Lim fait de même avec sa panse. Abandonné à son triste sort par l'intraitable Capitaine Marlim, Kantus devrait se dépêcher de mourir s'il ne veut pas goûter à l'hospitalité légendaire des tribus Spiderfang... Evan Dicken nous revient après ses débuts très convaincants (The Path to Glory), toujours à Chamon mais cette fois à l'époque contemporaine2, avec une histoire se voulant un match-up d'enquête policière (Mais qui a tué le Gouverneur Bettrum?) et de sword & sorcery. Si la brièveté de son propos ne lui donne pas la possibilité d'exceller dans l'un ou l'autre de ces exercices, le meurtre de Bettrum se résolvant sans grande révélation, et la baston finale, pour honnête qu'elle soit, n'étant en rien mémorable, Dicken déroule cependant son récit avec sérieux, ce qui rend la lecture de The Fangs of the Rustwood plaisante. L'auteur réussit assez bien à faire ressortir la nature sauvage et dangereuse des Grots des Forêts, qui n'ont pas grand-chose de marrant lorsqu'on se retrouve nez à chitine avec leurs araignées géantes. Il parvient aussi à maintenir une tension narrative digne de ce nom, d'abord en jouant sur l'identité secrète du tueur, puis sur le destin attendant le héros. Venin sur le crochet, le fluff n'est pas absent de ces quelques pages, ce qui est tout bénef. Bref, ce (plus) court format permet à Dicken de cimenter son statut de Hot New Talent de la BL, et l'une des plumes à suivre d'Age of Sigmar dans les mois à venir. 1 : En gros, on voit une petite lumière s'allume à l'endroit où un projectile va finir sa course une seconde avant que le coup parte, très pratique pour la balle au prisonnier et l'esquive de flash ball). 2 : Même si des références à son cher empire Lantique et à la cité d'Uliashtai, qui avaient été mis à l'honneur dans cette première nouvelle, se retrouvent tout au long du texte. Schattra, born on a Monday... Modifié le 1 septembre 2019 par Schattra Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 22 août 2019 Auteur Partager Posté(e) le 22 août 2019 (modifié) Quatrième acte du Summer of Reading 2019, nous retournons dans le Bloodwind Spoil en compagnie de Sarah Cawkwell, qui délaisse la Cabale Corvus pour les gros muscles des Untamed Beasts. Heart of the Fallen – S. Cawkwell : Révélation Dans les grandes plaines du Bloodwind Spoil, une double traque est en cours. Pendant qu'un mystérieux chasseur poursuit sa proie dans les étendues sauvages, trois jeunes guerriers Untamed Beasts, le sensible Dhyer et les frère et sœur Open Skies et Fleet-Foot, sont à la recherche du frère ainé du premier, un pisteur bravache du nom de Sharp Tongue. Ayant juré de traquer l'une des grandes bêtes qui hantent le territoire de la tribu afin de prouver sa valeur et de gagner en prestige, Langue de P*te est parti en solitaire il y a quelques jours, et son frangin s'inquiète de ne pas le voir revenir. Comme quoi, on peut vénérer une divinité chaotique assoiffée de sang1 et avoir le sens de la famille. Les deux pistes finissent par converger à l'entrée d'une caverne d'un genre un peu particulier. Non pas qu'elle semble être un organisme géant, avec mur fourré (et probablement moquette du même acabit), ventilation pulmonaire et œils-de-bœuf plus vrais que nature. C'est finalement assez commun dans la région. C'est plutôt qu'elle possède des caractéristiques hydrographiques a priori inconciliables, la marque d'une véritable bénédiction des Dieux Sombres si vous voulez mon avis. Les Castueurs Juniors relèvent des indices de lutte, dont une dent humaine traînant dans la poussière, révélant que leur cher disparu n'est sûrement pas loin (et en effet, il a dû négocier un pétunia un peu envahissant à son arrivée dans la grotte, qui lui a prélevé quelques PV au passage). Redoublant de prudence, ils finissent par arriver dans une salle occupée par un lac de boue, au milieu duquel, unis dans la mort, se trouvent les cadavres d'un chasseur Untamed Beast et du monstre qu'il a tué avant de périr. Et quel monstre! Il s'agit rien de moins que d'un fort beau spécimen de Raptoryx2. On ne rigole pas dans le fond! Les ornithorynques du Chaos peuvent être dangereux quand ils sont acculés, et ce n'est pas Sharp Tongue qui soutiendra le contraire, raide mort qu'il est. Bien qu'un peu tristes de cette conclusion tragique, US Open, Flip Flop et D'ailleurs décident de rendre au défunt l'hommage qu'il mérite, en dévorant rituellement son cœur afin de bénéficier de la force du macchabée. Le buffet froid est toutefois brutalement interrompu par le réveil du Raptoryx, qui, malgré la lance lui traversant le gésier de part en part, était loin d'avoir dit son dernier coin. La triplette de ploucville n'a guère le choix: il faut finir le boulot que ce peine-à-occire de Sharpie a salopé pour espérer sortir de l'antre de la bête. Malgré leur habileté à la sagaie en os, la hachette en silex et la dague en onyx, les Untamed Beasts ne s'en sortent pas indemnes, et Open Skies change rapidement son nom en Open Guts. Son sacrifice n'est toutefois pas vain, sa sœur et son (probablement futur) beauf combinant leurs forces pour euthanasier l'impossible palmipède. La nouvelle se termine sur un nouveau gueuleton, obligeamment offert par Open Skies, qui dans la mort comme dans la vie, avait le cœur dans la main (même si, ironiquement, c'est du coup aussi vrai de Dhyer et Fleet-Foot). Mais alors que nos tourtereaux se préparent à prélever le foie gras proprement monstrueux de leur proie, les eaux du pédiluve boueux se mettent de nouveau à trembler3... Je suis un peu partagé au sujet de ce Heart of the Fallen. D'un côté, il m'est agréable de constater que Sarah Cawkwell ne semble pas partie pour retomber dans ses travers Hammer & Bolteresque, sa nouvelle étant solidement construite et, mises à part quelques incongruités (comme la caverne à la sécheresse humide) et erreurs de fluff (le Raptoryx présenté comme un prédateur solitaire alors qu'il a littéralement une règle qui indique qu'il chasse en meute - oui, je suis chiant -), somme toute assez mineures, plutôt agréable à lire. De plus, l'effet de nouveauté de Warcry joue encore à plein, justifiant d'autant plus la lecture de ce genre de soumissions, intrinsèquement originales (ce que ne peuvent pas dire les nouvelles de Space Marines et Stormcast Eternals qui constituent l'ordinaire de l'habitué de la BL). De l'autre, je suis assez déçu de la platitude de l'intrigue, alors que tout semblait indiquer qu'un twist final viendrait récompenser le quidam à la fin de la nouvelle. Jugez plutôt: et si le mystérieux chasseur, qui se révèle au final n'être que ce fier-à-bras-cassé de Sharp Tongue, avait été un guerrier d'un autre tribu que celle de nos héros, et que la bête qu'il traquait avait été Sharp Tongue, horriblement muté par le Chaos? J'avoue que je m'étais drôlement hypé sur cette hypothèse, que le refus catégorique de Cawkwell de nommer son premier protagoniste m'avait fait soupçonner, puis espérer, jusqu'à ce que le pot aux roses soit découvert. On ne me retirera pas de l'esprit que Heart of the Fallen aurait eu plus d'allure avec ce petit retournement de situation final, tout à fait grimdark dans l'esprit. Et puisqu'on parle de conclusion, ce qu'a voulu faire Cawkwell en achevant son propos sur ce que j'interprète comme l'arrivée d'un nouveau monstre dans la mare au canard (mais quel canard), sans plus de précisions ni d'indications sur son origine, m'échappe encore à l'heure actuelle. La nuit porte conseil paraît-il, alors... 1: D'ailleurs Cawkwell insiste pour appeler le Grand Dévoreur 'Eater of Worlds'. Ca ne vous rappelle rien? Peut-être qu'Angron vient chiller dans les Huit Pointes lorsqu'il se fait expulser du Materium par les Chevaliers Gris. 2: Sachant que l'individu moyen arrive à l'épaule d'un être humain, celui-ci devait être aussi grand qu'un homme. Bon, ce n'est pas Thornwinder contre Harrow (voir The Devourer's Demand), mais tout le monde ne peut pas se battre contre des vraies créatures semi-divines. 3: Et? Eh bien rien du tout. Ca se termine vraiment comme ça. Etrange. Schattra, ...Took ill on Thursday... Modifié le 1 septembre 2019 par Schattra Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 1 septembre 2019 Auteur Partager Posté(e) le 1 septembre 2019 Ajout des chroniques des nouvelles du Summer of Reading 2019. Fangs of the Rustwood (E. Dicken) Heart of the Fallen (S. Cawkwell) Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 16 novembre 2019 Auteur Partager Posté(e) le 16 novembre 2019 Ajout des chroniques des nouvelles du numéro #4 d'Inferno!. At the Sign of the Brazen Claw: The Sorcerer Tale (G. Haley) The Serpent's Bargain (J. Crisalli) The Fourfold Wound (E. Gregory) The Manse of Mirrors (N. Horth) Schattra, cinquantenaire! Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 3 décembre 2019 Auteur Partager Posté(e) le 3 décembre 2019 Je poursuis sur ma lancée (un jour plus tôt que prévu, je pensais que la Black Library alternerait entre nouvelles et audio dramas) avec une Wernerie modérément skavenée. Si vous avez compris cette phrase, félicitations, votre âme est en la possession du terrible démon Behel, aux mille plumes noires... Reflections in Steel – C. L. Werner : Révélation Le village de Kyoshima, attaqué par la bande du chef barbare Gharm, brûle bellement tandis que ses habitants sont passés au fil de l’épée par les pillards1. Tous ? Non ! Le jeune Kenji, qui revenait sans doute du casting de The Voice, est épargné in extremis par le boss en question, qui n’hésite pas à châtier un de ses sbires de son épée enchantée2 lorsque le rustre fait mine de hacher menu notre menu. La discipline, c’est sacré. La situation de Kenji ne s’améliore toutefois que marginalement suite à ce sauvetage, le coup de buzzer et d’espadon de Gharm ne débouchant que sur une douloureuse servitude aux mains du maître esclavagiste Sazaal, dont le sadisme et l’amour des châtiments corporels font honneur à cette belle profession. Placé tout en bas de la pyramide sociale de l’armée du chef de guerre Kravoth, Kenji tue le temps en tuant ses compagnons d’infortune pour nourrir les fringantes et carnassières cavales de l’ost chaotique, et en se jurant de vivre assez longtemps pour se venger de son infâme tortionnaire. C’est à l’occasion d’un raid mené contre un nouveau village qu’une occasion se présente pour l’esclave de mener ses plans à exécution, et Sazaal également par la même occasion. Réquisitionné par les maraudeurs – qui apprécient sans nul doute sa jolie voix, même s’il est quasiment impossible de jouer de la guitare avec les mains enchaînées – Kenji se retrouve pris dans une embuscade montée par des Skavens en quête de loot, et qui s’abattent sur l’arrière garde piétonne de la bande pillarde alors que les cavaliers ont le dos tourné. Quand on vous disait que ces hautes herbes étaient dangereuses (saleté de Ratatas). Un coup de chance et une épée récupérée sur un cadavre plus tard, Kenji peut enfin laisser libre cours à sa revanche, et réduit Sazaal en purée une fois la vermine mise en déroute. Loin de s’offusquer de ce petit meurtre entre amis, Gharm, revenu sur ses pas constater pourquoi ses péons n’arrivaient pas, libère Kenji de ses chaînes et lui offre un CDI (carnage à durée indéterminée) dans son équipe, ce que Jiji accepte sans broncher. Nous retrouvons notre héros quelques temps plus tard, à l’occasion d’une véritable bataille entre la horde de Kravoth et un ost de Fyreslayers probablement doublement discriminés du fait de leur peau noire et de leur poil roux (combo). L’affrontement donne l’occasion à Kenji de s’illustrer auprès de son n+1, en l’aidant à venir à bout d’une Salamandre souffrant d’un léger problème de coordination motrice, en s’acharnant comme le sadique qu’il est devenu sur le petit orteil de la bestiole. Ce qui est atrocement douloureux, comme quiconque a une table basse chez lui peut en témoigner. De hauts-(mé)faits en triomphes, la côte de Kenji continue de croître en même temps que son stuff se bonifie, ses chakrams de fer passant à l’or, au platine, puis au diamant, jusqu’à ce jour fatal où Gharm emmène ses ouailles piller un hameau absolument mi-na-bleuh, ce que notre self made man trouve très humiliant, en grande partie car cela lui rappelle douloureusement ses propres débuts. D’ailleurs, c’est lorsqu’il refuse d’épargner un jeune garçon qui se cachait dans les décombres de sa cahute que Gharm se retourne contre son suivant dissipé, et lui fait goûter à la même médecine métallique et auto-nettoyante qu’au faquin qui avait fait mine de lui porter le coup de grâce toutes ses années auparavant. La boucle est bouclée pour Kenji, qui ne peut constater la disparition de sa bonne étoile, tandis que son menton repart avec sa nouvelle trouvaille, Lilian Renau (sans doute). Après The Last of the Blood (Maledictions), C. L. Werner poursuit ses explorations japonisantes des Royaumes Mortels, avec cette nouvelle de belle facture, remettant au goût du jour deux classiques de la littérature « chaotique » : le cheminement (ou la déchéance) du héros, qui progresse insensiblement vers la damnation jusqu’à devenir ce qu’il avait toujours combattu d’une part (Les Cavaliers de la Mort, et plus récemment, The Path to Glory), et la saga épique se terminant de façon ignomieuse et prématurée, rappelant à quel point les Dieux du Chaos sont des maîtres cruels et inconstants (The Ignorant Armies, The Laughter of the Dark Gods, The Talon of Khorne). Si ce récit n’apprendra rien de nouveau aux vétérans de la BL, qui pourront tout de même bénéficier de la maîtrise de Werner en matière de conduite d’intrigue et de construction d’atmosphère – on regrettera seulement que les Skavens de l’histoire ne soient que des goons, alors que l’homme au chapeau s’est souvent illustré par son utilisation inspirée de cette noble race dans ses écrits – , les plus jeunes (ou en tout cas les plus neufs) des lecteurs en seront quitte pour un apprentissage des choses du lore, en compagnie d’un des professeurs les plus qualifiés et compétents qui soient. À mettre en toutes les mains/pattes/tentacules. 1 : Ce qui permet de vérifier encore une fois que les noms se terminant en -shima semblent attirer les catastrophes (voir Hiroshima et Fukushima). 2 : Elle se nettoie toute seule en un clin d’œil… Voilà ce qui arrive quand on laisse ce farceur de Zuvassin s’occuper des dotations aux aspirants. Schattra, "...quand tu descendras du ciel..." 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Schattra Posté(e) le 8 décembre 2019 Auteur Partager Posté(e) le 8 décembre 2019 Après une pause de trois jours, courtesy of Chris Dows et de son audio drama en 3 parties (Augur of Despair), nous voilà repartis avec un nouvel auteur et une nouvelle faction, rien que ça... Strong Bones – M. Fletcher : Révélation Jeunes Ogors idéalistes (un peu) et affamés (beaucoup), Stugkor – Stug pour les intimes et les moins dégourdis, ce qui va assez souvent ensemble chez les ogres – , Chidder et Algok décident de fuguer de leur tribu. Le but de cette manifestation, somme toute assez classique de leur mal-être adolescent et de la remise en cause de l’autorité établie qui va avec, est simple : trouver un campement humain dans lequel se servir directement, la consommation des restes rapportés par les vrais chasseurs du clan ne suffisant plus à nos rebelles. Aussitôt dit, aussitôt fait : le trio enfourche ses scooters débridés Ferox et part à travers la taïga hivernale, à la recherche d’une proie digne de lui. Las, les vastes étendues et la faible densité démographique de cette partie de Ghur ont tôt fait d’épuiser l’enthousiasme juvénile des teen-agers, qui peinent dans la neige et le froid pendant quelques jours avant de tomber sur le village qu’ils appelaient de leurs vœux (et de leur estomac). Manque de chance, Stug et Cie ont été devancés par une armée de constructions squelettiques, affairées à dépecer les cadavres de leurs victimes, dans le but de récupérer les os de ces dernières. Un comportement à la limite du sacrilège pour nos Ogors affamés, qui ne comprennent pas pourquoi les morts-vivants jettent de la viande de premier choix pour se concentrer sur les parties dures des cadavres. Il y a certes de la savoureuse moelle à l’intérieur, mais tout de même ! Leurs savantes supputations sont toutefois interrompues lorsque le Soulreaper en charge de l’opération de tri et de collecte, pose son regard perçant sur les badauds bedonnants, et envoie l’un de ses Deathriders kavaler aux alentours. Confiants dans leur capacité de régler son compte au scout ossu, les Ogors piquent des deux et contre-chargent, pour des résultats assez dramatiques. Le Kavalos n’a en effet aucun mal à coup-fataler les Ferox de la fine équipe, ne laissant que Stug en état de se battre après que ses comparses aient raté le test de terrain dangereux consécutif à leur désarçonnage. Et, si l’intraitable squelette finit en esquilles, ce n’est pas sans avoir gravement blessé notre héros, et l’avoir complimenté sur sa solide ossature (ce qui revient sans doute à une déclaration d’amour lorsqu’on est soit même constitué uniquement de cela). En rade au milieu de nulle part et confrontés à une horde de fémurs pas vraiment amicale, les trois petits ogrons décident de mettre les bouts pour avertir leur tribu de l’arrivée de ces nouveaux voisins. La course de fond étant, comme chacun sait, une spécialité des morts-vivants, et voyant la partie mal engagée, les Ogors se séparent, espérant qu’au moins un d’entre eux parviennent à bon port. La fin de la nouvelle est ainsi centrée sur Stug, qui après un vaillant effort, finit par cesser sa course pour faire face à l’inévitable. Les Bonereapers prenant les choses de la guerre très au sérieux, notre vaillant gros lard a l’occasion de prouver sa valeur en concassant un certain nombre de champions ennemis, jusqu’à ce qu’un Stalker vienne finir le job. À l’agonie, Stug ne peut même pas tirer un peu de fierté de la réussite de son plan de contingence, Chidder et Algok ayant déjà été calcifiés par les sbires de Nagash, comme notre héros vaincu ne peut que le constater alors qu’il gît dans la neige. Et quant au sort de sa tribu, il est également scellé, comme lui apprend l’aimable Soulreaper de faction : ses sortilèges lui permettront de prendre possession des souvenirs de sa prochaine victime en même temps que de sa dépouille mortelle. Moralité : ventre affamé n’a pas d’oreilles, mais attention à ne pas tomber sur un os. Fletcher signe une nouvelle aussi solide que les os de ses malheureux personnages, dont l’un des attraits est la mise en avant de deux factions encore assez peu couvertes par la Black Library à ce jour : les Ogors et les Ossiarch Bonereapers. Si le propos de ce Strong Bones est avant tout de permettre aux petits derniers de Nagash (décidemment un family man) de faire leur entrée dans le monde (ou plutôt, dans les Royaumes), Fletcher se révèle également assez habile dans l’utilisation de Stugkor, Chidder et Algok, et parvient à donner une bonne image de la mentalité et du quotidien des Ogors. Au final, on ressort de cette lecture avec une meilleure image du danger que représentent les Ossiarch pour les autres factions d’Age of Sigmar, ainsi qu’avec une description crédible d’une des plus discrètes de ces dernières. Que du bonus. Schattra, "...n'oublie pas mon petit soulier..." Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
gilian Posté(e) le 8 décembre 2019 Partager Posté(e) le 8 décembre 2019 Pas mal, j'ai l'impression que les nouvelles/livres sur AOS sont plus diversifiés que sur 40K (ou il y'a toujours des impériaux). Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 8 décembre 2019 Auteur Partager Posté(e) le 8 décembre 2019 C'est vrai qu'après une période de matraquage Stormcast Eternals, on assiste à davantage de variété, en tout cas au niveau des nouvelles. Ça se confirme (pour l'instant) dans Invocations, le nouveau recueil de Warhammer Horror. Schattra, "dans les ténèbres d'un lointain futur, il n'y a qu'à un gros poulet à deux têtes" Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 18 décembre 2019 Auteur Partager Posté(e) le 18 décembre 2019 (modifié) Chose promise... Je comble mon retard, profitant du lancement du 3ème et dernier triptyque audio drama de ce Black Library Advent Calendar 2019, avec la chronique de la dernière nouvelle en date du vieux beau le plus célèbre des Royaumes Mortels, Hamilcar Bear-Eater. David Guymer n'aura pas chômé, avec quatre entrées (à date) dans la session 2019. The Age of Enlightment – D. Guymer : Révélation Nous retrouvons Hamilcar Bear-Eater après les événements narrés dans Champion of the Gods, et si vous n’avez pas lu ce bouquin, c’est bien dommage car Guymer ne s’embarrasse guère d’un compte rendu des aventures vécues par son héros. Juché sur une princesse aetar (une sorte d’aigle géant, de ce que j’en ai compris) et accompagné de son écuyer/garde du corps/conscience Nassam, le Mangeur de nounours en guimauve arrive dans les Terres Déchaînées (Unchained Lands), où une force des cités libres défend une forteresse isolée contre une armée de Nighthaunts. Jugeant certainement qu’il est de son devoir d’intervenir en faveur des assiégés, qui ont le bon goût de connaître son nom et de l’acclamer alors qu’il fait des loopings dans le ciel porcin1, Hamilcar atterrit avec la classe et le panache qu’on lui connaît, et n’a que le temps de se farcir un petit Morghast qui passait par là qu’un Liberator vient le chercher pour le mener jusqu’au commandant en chef des sigmarites. Malheureusement pour notre grande gueule, l’officier en question se révèle être une connaissance, plus professionnelle qu’amicale : le sépulcral et très corporate Lord-Celestant Settrus. Qui est également une connaissance de tous les anciens de Warhammer Fantasy Battle, comme le démontre amplement le nom de la chambre militante qu’il dirige d’une main de fer : les Impérissables. Ça, et la décoration très nehekarienne dans l’esprit de son armure. Wink wink2. Plongé dans la contemplation d’une carte dessinée à l’encre antipathique (c’est à dire qu’elle se révèle petit à petit) de la forteresse qu’il défend, Settrus n’a que peu de temps à accorder à son franc tireur de collègue, qu’il considère être venu aider sur ordre du patron. Ce n’est pas vraiment le cas, Guymer révélant à mi-mot qu’Hamilcar est au contraire recherché pour déformation spirituelle, ou quelque chose comme ça, mais notre héros est trop heureux de donner le change pour éviter d’être âme-çonné par la patrouille. Bear-Eater apprend ainsi que les Anvils of the Heldenhammer sont chargés de défendre l’une des Stormvaults récemment révélée par le Necroséisme, le trésor qu’elle contient ou le monstre qu’elle enferme étant convoité par les scions de Nagash. Cela explique aussi pourquoi la carte du bastion reste relativement cryptique, la magie du Penumbral Engine de fonction jouant des tours à la mémoire, tant vive que réelle, des êtres et choses des alentours. Alors que Settrus, tout à ses ordres, est absolument ininterressé par le contenu de la Stormvault, Hamilcar ne peut résister à la tentation d’aller y jeter un coup d’œil, et parvient sans aucun mal à trouver l’entrer du lieu (alors que les autres défenseurs évitent inconsciemment l’endroit, ce que Guymer ne justifie pas le moins du monde), toujours accompagné de son coffee boy Nassam. À l’intérieur, le duo trouve évidemment un neuralyzer arcanique construit par Grugni selon les plans de Teclis, mais également sa batterie intégrée, qui se trouve être la haute prêtresse Ansira, une vieille femme enfermée dans la crypte depuis des millénaires et dont la foi en Sigmar a alimenté la machine pendant tout ce temps. Seul petit problème dans cette parfaite symbiose, Ansira en a gros. Très gros. Peut-être du aux douloureux escarres que des éons passés sur un fauteuil, même rembourré, ont certainement causés, ou bien au fait que ce goujat de Sigmar ne lui a même pas installé le cable et la wifi avant de partir jouer à la guerre, la brave dame en a ras la carafe et est bien décidée à prendre sa retraite, l’âge pivot étant depuis longtemps dépassé. Malgré les arguments – assez médiocres, il faut le reconnaître – avancés par Hamilcar et Nassam, mamie supernova (ses yeux brillent très forts) ne veut plus rempiler pour servir de pile à la machine. D’ailleurs, sa foi en Sigmar s’est trouvée tellement ébranlée après tout ce temps qu’elle ne pourrait plus officier, même si elle le voulait. Na. Cette joute oratoire est interrompue par la percée réalisée par les forces mortes vivantes, forçant les survivants sigmarites à un dernier carré (ou un dernier rhomboïde, la faute à ces damnés socles ronds) dans la crypte, tandis que Mannfred von Carstein, qui était le général en charge de l’assaut, emmène ses boys au pillage… Révélation …Ayant déjà perdu la au moins une vie sous les coups du Mortarque, Hamilcar charge ce dernier pour obtenir sa revanche, décapiter l’armée adverse et se couvrir de gloire (dans l’ordre que vous voulez), tandis que Settrus et ses bien mal nommés Impérissables tentent de repousser les chevaliers vampiriques et Morghasts personnels du lieutenant de Nagash. Dans la fureur des combats, nos trois têtes d’affiche finissent par converger, au grand plaisir de Mannfred qui finit par se rendre compte qu’il connaît le sinistre Stormcast qui s’échine à lui faire bosseler la grève (sans grand succès). À moins qu’il ne s’agisse d’une vieille blague de Sigmar dont seuls les quelques transfuges du Monde qui Fut auraient le secret, ce que soupçonne le Manf’ devant la faiblesse de son adversaire. La rigolade s’arrête toutefois pour le vampire lorsque Settrus, totalement surclassé mais loyal jusqu’au bout à son patron, trouve le moyen de se connecter en dérivation au Penumbral Engine délaissé par Ansira, entrant en surcharge mystique et finissant sa carrière en fusible arcanique, non sans avoir illuminé/purifié/désinfecté (triple effet kiss cool) la crypte, avec des effets dévastateurs sur les morts vivants. Il n’y a guère que Mannfred qui s’en sorte à peu près, et trouve le moyen de ramper hors champ pour aller s’acheter un tube de biafine, profitant de l’amnésie commode d’Hamilcar au moment de porter le coup de gâce à sa Nemesis. Car, inspirée par le sacrifice altruiste de Settrus (qui pour le coup, est bel et bien mort, et ne pourra pas repasser à la case reforge), Ansira décide de reprendre ses fonctions de génératrice à communion nucléaire, permettant au Penumbral Engine de se remettre en marche de façon optimale. Comme disait Sigmaurice Thorez : « Il faut savoir terminer une grève ». À bon entendeur… Je suis assez partagé par ce The Age of Enlightment, qui comporte à mon sens autant de points forts que de faiblesses. Du côté de la coupe à moitié pleine, le personnage d’Hamilcar est toujours aussi distrayant à voir évoluer, son second degré assumé, parfois teinté d’un zeste d’amertume, le rendant très sympathique auprès du lecteur, surtout lorsqu’il est mis en contraste avec des Stormcast Eternals plus « classiques ». Et à ce titre, on ne pouvait pas trouver meilleur contrepoint à notre exubérant héros que le primesautier et gouleyant Settrus, dont le statut de demi-personnage nommé (si je puis dire) est un autre argument à mettre au crédit de cette nouvelle. D’ailleurs, le fait que notre very imperishable person rencontre ce qui semble être son destin dans The Age… ne fait que renforcer l’importance de cette lecture. Fans des Rois des Tombes, voici un incontournable absolu. D’un autre côté, je reproche à Guymer d’avoir pensé cette nouvelle comme une sorte d’épilogue de Champion of the Gods, et n’avoir pas (ou en tout cas peu) pensé aux lecteurs qui aborderaient cette nouvelle sans connaissance particulière des événements relatés dans ce livre. Il faut donc s’accrocher pour replacer les personnages, leurs relations mutuelles et leurs motivations respectives, alors que quelques lignes de contextualisation auraient permis de reprendre le fil de façon satisfaisante. Peut-être en lien avec ce constat d’ignorance, j’ai trouvé que l’intrigue péchait par manque de vraisemblance sur certains points : comment les défenseurs Sigmarites ont-ils pu localiser une forteresse protégée par un appareil dissimulant magiquement sa présence, et toujours fonctionnel comme le montre la carte inutile de Settrus ? Comment se fait-ce qu’Hamilcar ne soit pas tout le temps affecté par cette magie, et beaucoup moins que les autres sigmarites, puisqu’il arrive à trouver la porte de la crypte en deux minutes montre en main ? Comment expliquer que le Penumbral Engine fonctionne tout court, puisqu’Ansira a perdu la foi quand Hamilcar la trouve ? Et comment arrive-t-elle à le remettre en marche, alors qu’elle semble plus résolue que convaincue à la fin de la nouvelle ? Peut-être que la réponse – logique, s’entend – à ces questions se trouve ailleurs dans les écrits de Guymer, mais sans éléments convaincants à exploiter de mon côté, mon impression finale est assez contrastée. Il faudra faire lumière sur tout cela. 1 : Sans rire, l’air de Ghur sent apparemment le sanglier. 2 : Ironiquement, Settra/us est lui incapable de faire des clins d’œil, le masque intégral couvrant son visage ne laissant apercevoir que des puits insondables à la place des yeux. Il paraîtrait que ce regard sévère aurait, par contre, fait sciller un Slann. Schattra, "...C'est un peu à cause de moi..." Modifié le 25 février 2020 par Schattra Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 21 décembre 2019 Auteur Partager Posté(e) le 21 décembre 2019 La dernière ligne droite se profile, avec un trio de nouvelles à descendre avant de signer la paix des braves. Contrepoint du 40Kesque The Child Foretold, la soumission de ce soir nous plonge dans l'horreur ordinaire du plus morbide des Royaumes Mortels... Skull Throne – J. Ozga : Révélation Présence discrète dans le Royaume de Shyish, la narratrice de notre histoire, que nous appellerons Ninon faute de mieux (Ozga ne lui donnant pas de nom) évolue dans un univers cotonneux et incertain, où les choses ne semblent pas être ce qu’elles sont vraiment. Troublée par des rêves persistants dans lesquels elle se voit et se revoit être faite prisonnière, puis décapitée, par un trio de maraudeurs chaotiques adeptes de la prise de tête, Ninon ne sait plus très bien si elle est vivante ou morte, et consomme des quantités importantes de thé psychotrope pour tenter de chasser son mal-être existentiel. Cette routine macabre prend fin lorsque débarque un nouvel arrivant, se révélant être également un barbare assoiffé de sang, et tout aussi intéressé par le crâne de Ninon que les trois affreux précédemment évoqués. Son sinistre dessein, qu’il souhaitait mettre à exécution en chantant et dans la maison en ruines de notre héroïne – trop shootée pour prendre soin de son chez-elle – est toutefois contrarié par une traversée de plancher inopinée, permettant à Ninon d’échapper à une décollation sommaire. Prouvant qu’elle a bien gardé la tête sur les épaules, cette dernière ébouillante le rustre en lui déversant le contenu d’un chaudron d’eau bouillante sur le râble, avant de décider de partir en mission spéciale avec la tête du malotru sous le bras. Il s’avère en effet que le barbare était l’un des trois gredins l’ayant peut-être (it’s complicated) décapitée il y a quelque temps, et Ninon souhaite récupérer ce qui lui appartient de plein droit. On suppose à ce stade qu’elle considère un échange de caboches avec les envahisseurs de Shyish. Après avoir un peu marché, et atteint une plage évoquant fortement le front de mer dunkerquois, Ninon finit par localiser les pillards, qui font bombance à côté du cadavre d’un léviathan à moitié dévoré par un banc d’anguilles1. Saisissant sa chance, elle se glisse jusqu’à la marmite dans laquelle les joyeux cannibales préparent leur rata, et y déverse ses réserves de racines de mhurghast. Le résultat ne se fait pas attendre, les maraudeurs sombrant dans ou succombant à la paralysie apportée par ce charmant condiment, ce qui permet à Ninon de chiller tranquillement dans le camp à son réveil. Identifiant son pseudo tueur parmi les cataleptiques à la hache monstrueuse qu’il porte à son côté, Ninon est frappée par l’inspiration : si elle veut récupérer la tête qu’on lui a prise, il lui faudra offrir un sacrifice digne de ce nom à la divinité compétente en la matière, cet entrôné de Khorne… Révélation …Profitant du lag persistant de ses hôtes, qui ne peuvent que contempler leur fin arriver lorsqu’elle se présente avec la hache empruntée à leur champion pour leur offrir une coupe gratuite, Ninon passe sa journée à la plage à faire un château de crânes, n’oubliant pas au passage d’embrocher le meneur des maraudeurs avant que les effets débilitants de la racine de mhurghast ne s’estompent pour de bon. Ceci fait, elle propose un deal au Dieu du Sang, offrant le fruit de sa récolte en échange… de la tête de sa sœur jumelle. Ce qui explique pourquoi et comment Ninon a pu se voir se faire tuer en début de nouvelle. Seulement, Khorne est dur en affaires, et bien qu’il ne prononce pas un mot, la négociation finit par déboucher sur l’accord du Dieu pour que les sœurs se retrouvent dans l’au-delà, conduisant Ninon au suicide. Tout le monde n’a pas l’étoffe d’une Valkia. Soumission très atmosphérique de la part de Jake Ozga, ce Skull Throne joue habilement des caractéristiques uniques de Shyish pour dérouter le lecteur sur la condition de son héroïne, jusqu’à ce que sonne l’heure du dénouement, qui, s’il se révèle plus triste2 qu’horrifique, s’avère néanmoins réussi. Le choix de l’auteur de faire du Royaume de la Mort un endroit à la fois onirique, apaisé et sinistre, frappe l’imagination du lecteur, tout comme les zones d’ombre laissée à dessein par Ozga sur ce qu’il s’est vraiment passé lors de la rencontre entre blanche neige et les trois balourds. Ce manque orchestré de certitudes donne à Skull Throne un cachet particulier, très différent du standard habituel de la Black Library, mais aussi appréciable qu’intrigant. La première moitié de la nouvelle m’a ainsi faite penser à A Ghost Story, film dans lequel le personnage principal revient hanter (de manière plutôt passive) la maison qu’il habitait après son décès dans un accident de voiture. Ce film a reçu un accueil polarisé, et je pense que cette nouvelle pourra également dérouter le lecteur, mais pour ma part, je salue la prise de risque et l’exécution de Jake Ozga dans ce Skull Throne, qui se révèle au final bien moins sanglant que ce que son titre laissait envisager. 1 : Qui ne jouent aucun rôle dans l’intrigue à part ajouter un peu plus de glauque à une histoire qui n’en manquait pas. Un clin d’œil à A Cure for Wellness, peut-être ? 2 : C’est un peu la petite fille aux allumettes à la sauce Age of Sigmar. Schattra, "...Pour voir si tu m'as apporté..." 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Schattra Posté(e) le 29 décembre 2019 Auteur Partager Posté(e) le 29 décembre 2019 Ajout des chroniques du Black Library Advent Calendar 2019 : Reflections in Steel (C. L. Werner) Strong Bones (M. Fletcher) The Age of Enlightment (D. Guymer) Skull Throne (J. Ozga) Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 4 janvier 2020 Auteur Partager Posté(e) le 4 janvier 2020 (modifié) Ajout des chroniques des nouvelles du recueil Invocations. The Hunt (D. Annandale) He Feasts Forever (L. Gray) The Healer (S. Sheil) The Growing Seasons (R. Strachan) Supplication (J. Ozga) A Sending from the Grave (C. L. Werner) Flesh and Blood (R. Cluley) Modifié le 28 février 2020 par Schattra Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 24 février 2020 Auteur Partager Posté(e) le 24 février 2020 (modifié) Bonjour à tous! Cette semaine est spéciale car voici que revient la Black Library Celebration Week (édition 2020), prélude au logiquement nommé Black Library Celebration Week-End, dont j'espère que vous profiterez autant que moi. Ayant apprécié l'expérience des speed-reviewing commis ces derniers mois, je remets le couvert une nouvelle fois... en vous prévenant d'avance que j'aurai un coup de retard à partir de demain. C'est dit. Mais en attendant, commençons sans plus attendre avec le retour de Miles A. Drake, que l'on connaissait plus fan de Necrons que plancton (comme quoi, tout arrive). The Harrowing Deep – M. A. Drake : Révélation Le Prince Cycladaean poursuit le noble but de l’unification de toutes les enclaves Idoneth, préférablement sous la férule de son boss, le Haut Roi Volturnos, à qui il sert d’émissaire et de diplomate itinérant. Ayant engrangé quelques succès notables, notre héroïque héraut trouve cependant dans l’enclave de Dhom-Hain, gouvernés par la Haute Reine Mheáve et son époux, le très consort (le -sort est silencieux), Roi Akhamar, un défi à la mesure de ses talents. Incarnations même des farouches péquenots de Ghur – qu’ils sont, dans une certaine mesure – les Idoneth de Dhom-Hain n’ont pas l’hospitalité facile envers leurs cousins ultramarins, et ne se montrent guère emballés par le projet de désenclavement (c’est le cas de le dire) que Cycladaean pilote. Il n’y a guère que Mheáve pour se montrer moins glaciale que le reste de ses sujets, et tolérer que Cy’ prenne la parole à la cour, quand son butor de mari ne fait pas le moindre effort pour masquer l’animosité qu’il nourrit à l’égard de son hôte. Et il paraît que l’air marin rend aimable1. Ce délicat jeu de pouvoir et d’influence, dans lequel Cycladaean part perdant, est toutefois perturbé par les ravages causés par un mystérieux prédateur, ayant déjà rasé plusieurs hameaux périphériques de la cité de Rundhar, capitale de Dhom-Hain, et englouti corps et biens les trois expéditions de chasseurs envoyées lui faire les écailles. Saisissant sa chance, notre héros parvient à se faire inviter à la nouvelle partie de chasse montée par leurs altesses bassesses royales, contrariant tellement Akhamar au passage que le Roi décide de se joindre également aux réjouissances, afin de montrer que lui aussi, il en a (des branchies, sans doute). Empoignant sa fourchette magique Pontumahár et chevauchant sa fière monture tentaculaire Ishcetus, Malbrough Cycla s’en va en guerre mer, aux côtés d’une force conséquente d’Akhelians, tous montés sur des bestioles au nom décidément compliqué pour quiconque n’est pas familier de leur livre d’armée (sans blague). Sur la route des profondeurs, le Prince fait la connaissance de Saranyss, l’Isharann de garde, qui, eau surprise, se montre elle aussi plutôt sensible aux arguments fédéralistes, déistes et lumineux développés par l’onctueux VRP. Il faut dire que la donzelle a voyagé pendant sa jeunesse, et roulé sa vague d’enclaves en enclaves, ce qui lui a ouvert les yeux (façon de parler, voilà la fig’) sur les bienfaits de la coopération. Sur ces entrefaites, l’expédition vengeresse autant que chasseresse arrive sur les lieux des dernières déprédations du monstre, que ses membres se mettent à fouiller à la recherche d'indices. Pas de chance pour eux, ils ne réalisent qu’un peu tard que l’absence de traces sortant du village dévasté ne peut signifier qu’une chose : la présence du monstre en question, qui, malin autant que rusé, s’était caché dans un espace fumeur pour s’en griller une petite en attendant que son dessert arrive. Confronté à un Kharibdyss pétant le feu (c’est le cas de le dire), les Deepkin ne sont pas à la fête, d’autant plus que la coopération entre Cycladaean et ses comparses est loin d’être optimale : passe encore que Saranyss reste dans sa bulle – après tout, c’est à ça qu’elle sert – mais l’approche prudentielle adoptée par Akhamar et ses sbires laisse notre preux paladin en fâcheuse posture. Esquivant tant bien que mal les suçons insistants de la bête, il parvient de justesse à se désengager, et décide de charger son rival pour se passer les nerfs. Bon en fait, pas vraiment, il s’arrête juste avant de commettre l’irréparable et se contente d’engueuler Akhalamar comme du poisson pourri, ce qui est assez fluff. Il faut l’arrivée salvatrice de Saranyss, et son expertise pour faire retomber la pression, pour que les alliés ne commencent pas à se fritter, et se lancent à la place à la poursuite du Kharibdyss importun, blessé mais loin d’être mort. Après quelques minutes de marche, ou de nage, dans les profondeurs stygiennes de l’océan, les survivants arrivent en vue de l’antre du monstre, qui se trouve être le cadavre d’un autre monstre, mais plus gros (comme la plupart des bâtiments sur Ghur d’ailleurs). Comprenant que ses camarades de chasse ont toutes les dents de la mer contre lui, Cycladaean se décide à la jouer finement, et parvient à faire passer tous les PNJs restant en pertes et profits, à l’aide de sa science du placement (toujours mettre un gus entre soi et le concombre de mer polycéphale et enragé dont on viole l’intimité, c’est une règle d’or). Gardant le meilleur pour la fin, notre héros, un tout petit peu revanchard, joint l’utile à l’agréable en enchaînant un double kill grâce à son trident incendiaire2 : la bête et le bête. Émergeant seul, mais victorieux, de cette confrontation, le Prince rejoint Saranyss, qui avait une nouvelle fois décidé d’attendre prudemment à l’extérieur (dur de garer un leviadon, même en double file), et nos deux comparses se mettent en route pour Rundhar, où Cycladaean a maintenant bon espoir de convaincre Mheáve d’accepter le principe d’une reprise de contact avec les autres enclaves Idoneth. Après tout, la formule consacrée ne dit-elle pas : sans âme, ouvre-toi (au monde extérieur) ? Plongée (haha) réussie de la part de Miles A. Drake dans le monde baroque et exotique des Idoneth Deepkin, 'The Harrowing Deep' se montre plus intéressant dans sa contextualisation de la faction dont il traite (leur rapport à Teclis, la volonté unificatrice de Volturnos, l’isolationnisme de certaines enclaves…) que dans la traque du Kharibdyss qui occupe une bonne moitié du récit. Non pas que l’auteur pêche (qu’est-ce que je suis spirituel, vraiment) dans sa mise en scène des passages d’action, qui se révèlent tout ce qu’il y a de plus correct, même si sans enjeu (on ne doute pas un instant que le héros va s’en sortir), mais seulement que ces derniers n’apportent qu’une faible valeur ajoutée par rapport aux descriptions « géo-politiques » qui ont précédé. Le temps passé par Drake à présenter Cycladaean, et dans une moindre mesure Saranyss, me laisse à penser que nous pourrions retrouver notre/s héros dans de nouvelles aventures d’ici peu, ce que le titre de la nouvelle (‘Ghosts of Khaphtar’, qui est une autre enclave Idoneth) citée dans la bio de notre homme laisserait en effet supposer. Même si le Prince de Belle Eau ne m’a pas emballé outre mesure, le concept du diplomate errant est suffisamment riche pour que j’accueille avec curiosité une nouvelle soumission de cet acabit. On peut enfin reconnaître à Miles A. Drake son appropriation et utilisation poussées du lore des Idoneth Deepkin, à tel point que le profane se perd parfois dans le glossaire racial dont l’auteur imbibe son récit. Pas que je m’en plaigne, notez, je préfère de loin faire quelques recherches complémentaires en cours de lecture plutôt que d’avoir l'impression d’être pris pour un abruti fini incapable de la moindre extrapolation. Tous dans le grand bain ! 1 : On aurait beau jeu de me répondre que les Idoneth Deepkin n’en ont cure puisqu’ils vivent sous les flots. Ce que j’accepte. 2 : C’est encore plus fort sous l’eau. Schattra, sous l'océan... (air connu) Modifié le 25 février 2020 par Schattra Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 28 février 2020 Auteur Partager Posté(e) le 28 février 2020 C'est presque le week-end, et il sera bon puisque les recueils de la Black Library Celebration 2020 seront mis à disposition demain dans les centres Games Workshop. En attendant de pouvoir attraper un exemplaire, tuons le temps (et des gens) avec Steven Sheil, déjà croisé (The Healer) dans l'anthologie Invocations de Warhammer Horror. Tithemarked - S. Sheil : Révélation Tout le monde n'a pas la chance d'être fils unique, ni orphelin. Ainsi songe sombrement Petras, notre héros, tandis qu'il essaie de se soustraire au grand projet que nourrissent pour lui ses chers frères (Grandon et Bron) et père (Gaston? Napoléon? Hachilthalon?), qui consiste à le mettre à contribution pour atteindre le quota d'os demandé par le collecteur Ossiarch Reaper venu démarcher leur village. Ayant déterré tous les cadavres du cimetière, et abréger les souffrances des vieillards, agonisants et enrhumés, sans pour autant remplir l'attaché case du patibulaire revenant, les bouseux se résolvent donc à sacrifier leurs éléments les moins utiles pour le bien de la communauté, et au petit jeu du hachoir musical, Petras se retrouve rapidement shortlisté. Ses vigoureuses dénégations n'y font rien: c'est bien à lui que revient l'honneur de mettre la dernière main, ou plus exactement, le dernier bras, à la collecte de déchets organiques organisée par le Nag'. Au moment où le couperet tombe, il se révèle brutalement, amputé certes, mais depuis un bail: cela fait douze ans que le bras lui en est tombé, et l'enfant mal aimé et chétif est devenu...un jeune homme mal aimé et chétif1. Les relations avec sa famille ne s'étant guère arrangées depuis ce jour fatidique, Petras a depuis quitté le foyer paternel pour voler de sa propre aile, n'écopant malheureusement pas d'une grande sympathie de la part des ses concitoyens de Shyish. Et pour cause, ces derniers le considèrent comme un porte-malheur, lié à jamais aux terribles Ossiarch Reapers par sa manche vide, et ne lui réserve donc pas le meilleur accueil. Malgré cela, Petras tient le coup car il a un but et un rêve: se faire poser une prothèse. Il connaît même l'artisan idéal pour cette opération, un forgeron prodige nommé Helstane, vers l'atelier duquel il se dirige avec toutes ses économies. Croisant sur la route un marchand, qui a lui aussi bénéficié de la science du prothésiste (il a pris sa jambe à son coût), il apprend toutefois de la bouche du colporteur qu'Helstane est loin d'être conventionné, et que ses services ne sont pas donnés. Souhaitant malgré tout tenter sa chance, Petras arrive enfin jusqu'à la forge de son potentiel sauveur... qui lui sort un gros doigt2 pour sa peine. Flûtcke. Le désespoir de notre héros arrive toutefois à émouvoir quelque peu le bourru et pingre Helstane, qui promet à son visiteur d'accéder sa requête et de lui forger un membre - en tout bien tout honneur -, s'il se met à son service sans rechigner, et pour une durée indéterminée. Ce que Petras accepte. Après un an, un mois et une semaine de durs labeurs, de bastonnades régulières et de café dégueulasse (c'est le pire), Petras demande gentiment à son boss quand est-ce qu'il prévoit de lui passer la main (et le reste, tant qu'à faire), provoquant une nouveau geste mal élevé impliquant un doigt de la part du maître artisan. Ce dernier informe en effet sa bonniche qu'il n'a cotisé que pour l'équivalent d'un doigt, ce qui revient dire qu'il a travaillé à l'œil. Mondes cruels que ces Royaumes Mortels, où le fléau de l'esclavage moderne est tout aussi présent que dans le nôtre. Sauf qu'au lieu de confisquer les papiers des travailleurs, on leur refuse leur ferraille. Inacceptable. Bref, Petras en a gros, et commence à désespérer d'être jamais appareillé, ce qui explique en partie pourquoi, lorsque son patron envoie paître un ferrailleur de grands chemins lui ayant proposé d'acheter un bras d'Ossiarch Reaper, après avoir échoué à lui refourguer un plastron bosselé, l'infirme suit discrètement le vendeur éconduit, et lui subtilise son bien à la faveur de la nuit... Révélation ...Fasciné par l'objet, qu'il garde en secret dans sa paillasse, Petras finit par réaliser son fantasme en "essayant" la camelote, ce qui fonctionne... mais surtout pour le reste d'animus complètement dément prisonnier à l'intérieur du triquetrum (dont on ne parle pas assez à mon goût) enchanté. Cette greffe instantanée a des conséquences fâcheuses pour Petras, dont le nouveau bras gauche, pour habile et fort qu'il soit, n'en fait qu'à sa tête - ce qui est conceptuellement compliqué pour un bras -, mais plus encore pour Helstane, dont l'imposante carrure tape dans l'œil dudit bras (restez concentrés), et qui finit donc sa carrière sous les coups de son propre marteau, confisqué par son boy possédé. Il l'avait un peu cherché tout de même. Ce n'est que le début d'un parcours sanglant et psychotique pour Petras, qui retourne à son village pour régler ses comptes avec ses proches, sous l'emprise du membre maudit. En plus de commettre de massacrer et de désosser les malheureux croisant sa route (ses frères, leurs familles, les voisins, la boulangère...), puis d'aller déterrer le cadavre de son père pour se faire un bonnet avec son crâne, Petras, devenu complètement barge, se cloue les meilleurs morceaux de ses victimes sur le corps, dans une tentative valeureuse mais malheureuse de cosplay Ossiarch Reaper. Malheureuse car, au moment de se présenter devant ses pairs, dans la forteresse hantée la plus proche, l'apprenti Squelettor se fait déposséder de son calcium par les factotums de garde, qui ne laissent que ses corps mous et son âme devant l'entrée. C'est ce qui s'appelle tomber sur un os. Sheil signe une nouvelle très convaincante avec ce Tithemarked, qui parvient à marier efficacement deux types d'horreur: celle, psychologique, provoquée par la mise en scène de la déchéance morale inévitable d'un héros pathétique, qui finit par commettre l'irréparable dans la poursuite d'un objectif justifié, mais inatteignable (un peu comme Carrie dans le film du même nom), et une bonne dose de gore allant crescendo dans le sanguinolent et le macabre, ce qui fait toujours plaisir aux amateurs du genre. En outre, sa vision et description des Ossiarch Reapers, la nouvelle faction des Royaumes Mortels, sont plutôt réussies, et parviennent à donner de la profondeur (pas totalement négative, qui plus est) aux petits soldats de Nagash. Bref, une franche réussite à mettre à l'actif de ce rookie, qui je l'espère aura l'occasion de remettre le couvert dans les mois à venir. 1: En fait cette histoire, c'est 'Cendrillon' qui rencontre 'Saw'. Moignillon. 2: En anglais on dit 'he gave him the finger', ce qui marche tout aussi bien. Schattra, qui ne fera pas de vieux os Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 1 mars 2020 Auteur Partager Posté(e) le 1 mars 2020 En cette fin de week-end pluvieux (ici en tout cas), qui de mieux qu'une légende de la GW-Fiction telle que William King pour nous sortir de notre infectieuse (...) mélancolie? En tout cas, c'est tout ce que vous pourrez attendre de moi pour ce dimanche, donc ça a intérêt à faire l'affaire. The Fist of an Angry God - W. King : Révélation Assignés à la conquête de la forteresse d'Azumbard, dans le Royaume d'Aqshy, le Liberator-Prime Balthus1 et ses Knights Excelsior sont à la peine. Non seulement la décoration psychédélique et les relents d'encens bon marché de leurs adversaires Tzeentchiens sont un affront à leurs sur-sens de surhommes, mais, nombre sacré du Dieu Poulet oblige, ils ont passé des plombes à sécuriser les neuf tours du bastion adverse, ce qui pèsera lourdement sur leur rémunération variable de l'année, alors que les Hammers of Sigmar affectés au front Slaaneshi ont une charge de travail un tiers moindre. Saleté de numérologie cosmique. Faisant contre mauvaise fortune feu de tout bois, Balthus mène ses ouailles à l'assaut de l'ultime donjon adverse, sans réussir à se défaire d'une étrange sensation de déjà-vu, qui ne lui dit rien qui vaille. L'absence de résistance des disciples de Tzeentch lui semble en effet de mauvais augure, et cette sinistre prémonition se trouve vérifiée lorsque la petite force de Stormcast qu'il commande se retrouve embusquée et submergée par une horde d'emplumés vindicatifs. Ayant pris deux méchants coups sur l'occiput, notre héros tombe dans les bras de morphine, et se réveille enchaîné dans un laboratoire arcanique, où il fait la connaissance de la sorcière Aesha, qui à son grand étonnement, semble le connaître2. Après quelques instants consacrés à tenter de se défaire de ses liens enchantés, sans grand succès (ces derniers se resserrant de plus en plus à chaque fois que Balthus force dessus, conséquence d'un puissant enchantement... ou de l'utilisation d'un simple demi-nœud), le Liberator prisonnier - ironie - accepte d'ouvrir le dialogue avec Aesha, qui, cornes et sabot mis à part, se révèle être une hôte plutôt décente, et se montre plus intéressée par la poursuite des examens initiés sur son sujet d'étude que sur le sacrifice de ce dernier. L'échange permet de comprendre que les motivations de la magus sont, en toute simplicité, de percer à jour les secrets ayant permis à Sigmar de créer les Stormcast Eternals, qu'Aesha considère comme la clé de la transcendance divine. Ayant appris, sans doute à la lecture des tomes de la Fin des Temps (trouvés en occasion sur e-bay), que beaucoup des membres du panthéon de l'Ordre et de la Mort ont commencé leur carrière comme de simples mortels dans le Monde qui Fut, notre ambitieuse sorcière ne voit pas de raison de ne pas tenter le coup à son tour. Horrifié par ce projet blasphématoire, et peut-être également par le résultat de l'IRM complet qu'Aesha lui a fait passé grâce à ses miroirs ensorcelés, Balthus décide de contrecarrer les plans de sa Némésis en... rage-quittant. Ou plutôt, en essayant de rage-quitter. Car sa tentative héroïque de se suicider en tirant à mort (littéralement) sur ses chaînes se fait contrecarrer par Aesha, qui le met en pause avant qu'il ne perde son dernier PV, et profite de son coma réparateur pour infiltrer ce rêve, étrange pénétrant, de la fin inconnue de Balthus. En des temps très anciens, Balthus était en effet Leoric, prince héritier du royaume d'Asqualon. Son règne fut toutefois aussi court (3 minutes et 26 secondes) que sanglant, puisqu'il hérita de la couronne après la mort de son père pendant la défense du Temple de l'Orage, dernier bastion de l'Ordre face aux assauts du démon Arkatryx et de ses disciples indisciplinés. Garrotté par son adversaire, Leoric invoqua Sigmar pour venger son paternel, et fut exaucé lorsque le Dieu lui envoya un éclair salvateur, non pas directement sur le démon, ce qui aurait été trop simple, mais sur l'épée que notre héros brandissait toujours. Chargé à bloc, Leoric trouva la force d'électrocuter son adversaire d'un ultime horion, avant de partir en direction de la forge divine. Par un hasard qui n'en était sans doute pas un, Aesha était également présente ce jour là (après tout, c'est elle qui a coup fatalisé le roi Aldred), ce qui donne un nouveau sujet de discussion tout trouvé à nos deux personnages une fois Balthus émergé de sa torpeur. S'en suit une joute verbale digne d'un débat de la primaire démocrate, avec Aesha se posant en Bernie Sanders chaotique, en lutte contre le 1% asqualique ayant exploité le petit peuple et fait exécuter son père parce qu'il avait volé une miche de pain. Face à ce déferlement de progressisme, Balthus ne peut que se référer aux bullet points qui lui ont été inculqués pendant sa formation: "l'Ordre, c'est cool" et "Yes, Sig' Can". Ce passionnant échange est toutefois écourté par la notification que reçoit Aesha sur son portable professionnel, l'informant de l'intrusion d'une meute de militants en sigmarite dans son QG, avanie qu'il lui faut gérer sans attendre. "Pas si vite poulette" lui répond Balthus, qui dégaine son special move et gueule "Par le pouvoir du <insert random stuff here> ancestral, je détiens la force toute puissante!", et parvient enfin à se défaire de ses chaînes par l'intervention du saint sigmarite esprit. La fin de la nouvelle voit nos deux protagonistes jouer au chat et à la souris dans le dédale du donjon d'Aesha, jusqu'à ce qu'ils arrivent dans la salle de téléportation aménagée par cette dernière, et qui se révèle être le Temple de l'Orage où ils se sont rencontrés pour la première fois il y a des millénaires. S'il ne parvient pas à stopper la bougresse avant qu'elle ne s'éclipse, Balthus a au moins la satisfaction de mettre la main sur son ancienne épée, qu'il était le seul à pouvoir retirer de la pierre dans laquelle il l'avait plantée en transperçant le démon (ça me dit vaguement quelque chose...). Un milliard de Tzaangors occis plus tard, notre héros est récupéré par ses frères d'armes, esquinté mais en vie, et ayant inscrit sur sa to do liste de caler un nouveau tête à tête avec Aesha pour discuter du bon vieux temps dès qu'elle se montrera disponible. King fait ses premiers pas dans les Royaumes Mortels de manière assez discrète avec The Fist of an Angry God. Comme on pouvait l'attendre, et peut-être l'espérer, son passif d'auteur historique pour Warhammer Fantasy Battle apparaît clairement dans cette nouvelle à travers le personnage d'Aesha, dont la connaissance du Monde Qui Fut apparaît comme un clin d'œil (je le vois comme ça en tout cas) au parcours de King. Ce dernier prend en marche le train du "Sigmar-bashing" qui sous-tend beaucoup des dernières publications mettant en scène des Stormcast Eternals, et dépeint les méthodes de recrutement du Dieu Roi sous un jour contrasté, tout en justifiant en partie le passage au Chaos d'Aesha. Pas de manichéisme ici donc, et c'est bien le moins qu'on attendait de la part d'un contributeur aussi expérimenté que Bill King, dont les écrits ont toujours mis en avant la "grisaille" ambiante des univers de GW. À titre personnel, je suis toutefois déçu de l'articulation de la nouvelle, dont le début est finalement insignifiant (je m'attendais à ce que King fasse une révélation sur un stratagème spatio-temporel utilisé par les disciples de Tzeentch, ce qui aurait justifié la sensation de "déjà-combattu" de Balthus) et la fin hurle littéralement "À SUIVRE..." à la tête du lecteur3. Le fond étant, comme dit plus haut, assez intéressant à défaut d'être captivant (cela montre au moins que King a digéré le background de cette nouvelle franchise), je trouve dommage que la forme n'ait pas été plus pensée et soignée par l'auteur. Ceci dit, King ne s'est jamais montré très doué sur les très courts formats, ses meilleures nouvelles se situant sur la marque des 40/50 pages. Quoiqu'il en soit, il convient de suivre la suite des événements avec attention, et espérer que le King finisse par remettre la plume sur le fils spirituel ayant lui aussi réussi son passage de Warhammer Fantasy Battle à Age of Sigmar, un certain Mr G. Gurnisson... 1 : À ne pas confondre (je l'écris car je l'ai fait moi-même) avec Balthas Arum, la réincarnation de Balthazar Gelt dans les Royaumes Mortels. 2 : Le plus étonnant pour le lecteur est surtout la question que pose Balthus à sa geôlière juste après qu'elle l'ait identifié. OSEF quoi mon grand. 3 : En plus de passer vraiment vite sur des éléments pas anodins du tout pour l'intrigue, comme la libération miraculeuse de Balthus. Schattra, "tel père, tel Fist" Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 3 mars 2020 Auteur Partager Posté(e) le 3 mars 2020 (modifié) Ajout des chroniques des nouvelles de la Black Library Celebration Week 2020. The Harrowing Deep (M. A. Drake) The Fist of an Angry God (W. King) Tithemarked (S. Sheil) Modifié le 19 mars 2020 par Schattra Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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