Tiki Posté(e) le 9 juillet 2019 Partager Posté(e) le 9 juillet 2019 Qui est allé voir le biopic sur Tolkien au ciné ? Vous en avez pensé quoi ? Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Peredhil Posté(e) le 10 juillet 2019 Partager Posté(e) le 10 juillet 2019 Moi ! Quelques impressions en vrac au sortir du film : 1. Globalement j'ai passé un moment agréable. Peut-être parce que ça fait écho à ma vie en ce moment. Peut-être parce que les acteurs et la réalisation ne sont pas mauvais. 2. J'ai bien aimé qu'ils mettent l'hôpital mais ça aurait pu être développé plus : au final Tolkien a passé plus de temps alité qu'au front. D'ailleurs ça ressort dans le Seigneur des Anneaux ou plusieurs chapitres sont consacrés à la convalescence. 3. Il y a quelques allusions habiles à l’œuvre mais beaucoup d'autres sont assez lourdingues. 4. On comprend que la famille n'ait pas approuvé un film dans lequel leur aïeul est présenté comme un wannabe délinquant qui entre dans un bus par effraction, passe son temps à se faire expulser des salons de thé et ruine les pelouses d'Oxford plein comme une barrique. Il y a un petit côté "Peaky Blinders : The movie". 5. Les passages de "visions" sont assez peu présents finalement et pas forcément d'hyper bon-goût (ça fait très cheap). 6. Les thèmes du film (un amour contrarié et des amitiés brisées par la guerre) sont assez bien rendus mais on ne voit pas trop ce que le film veut dire. Est-ce qu'il parle de la façon dont Tolkien est devenu l'écrivain du Seigneur ? De la façon dont un orphelin sans le sou est devenu professeur à Oxford ? Bon on ne sait pas trop au final ... Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shas'El'Hek'Tryk Posté(e) le 14 juillet 2019 Partager Posté(e) le 14 juillet 2019 Le 11/07/2019 à 01:06, Peredhil a dit : Globalement j'ai passé un moment agréable. Peut-être parce que ça fait écho à ma vie en ce moment. Toi aussi tu écris une mythologie en plusieurs volumes pour la postérité ? Le 11/07/2019 à 01:06, Peredhil a dit : Il y a quelques allusions habiles à l’œuvre mais beaucoup d'autres sont assez lourdingues. C'est un peu ce que je crains. Pour ma part j'attends surtout un film poétique avec des intrusions subtiles du fantastique, un peu à la Neverland. L'exactitude et la nature du passé de Tolkien m'intéressent peu en l'espèce, tant qu'il n'est pas raconté n'importe quoi sur la personne. Je tâcherai de vous faire un petit retour après l'avoir vu. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tiki Posté(e) le 15 juillet 2019 Auteur Partager Posté(e) le 15 juillet 2019 (modifié) Merci pour vos retours, et salut Shas'El J'ai lu une bonne part des critiques-recensions de ce film (le Monde, Vincent Ferré, Michael Devaux, Léo Carruthers) et Tolkiendil en a également produit une. À part celle de Léo Carruthers, toutes sont sévères et comptent les fautes, chronologiques, factuelles, la trahison à l'esprit, etc. Un biopic, ce n'est pas un documentaire, et c'est un format qui doit aussi s'adresser aux personnes qui ne savent rien (c'est-à-dire pas les membres des honorables forums que nous fréquentons). J'ai été tellement déçu d'avance par ces exigences spécialistes que j'ai été agréablement surpris en y allant. C'est une bonne chose qu'un film grand public soit sorti sur sa vie. Modifié le 15 juillet 2019 par Tiki Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Invité Posté(e) le 16 juillet 2019 Partager Posté(e) le 16 juillet 2019 (modifié) La bande annonce laissait présager un film de divertissement grimdark à très grand spectacle ... la soupe habituelle quoi, façon Avengers ou Pirates des Caraïbes et très loin des films de Pablo Larrain ou même du dernier Farelly, tiens. Car il y a aussi de très bons films biographiques, là j'ai fui. L’alibi Tolkien pour vendre de la soupe, merci, y a marre. Modifié le 16 juillet 2019 par Invité Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tiki Posté(e) le 16 juillet 2019 Auteur Partager Posté(e) le 16 juillet 2019 C'est sûr que la bande annonce a certainement appâté le chaland, mais le contenu n'a rien à voir avec un film d'action, l'ensemble est assez touchant et de qualité, et en tout cas assez juste sur la vie de Tolkien. Je ne tiendrais peut-être pas ce discours si j'avais écrit une monographie sur lui, mais je ne trouve pas juste de dire qu'il s'agit d'une soupe sans l'avoir vu. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Shas'El'Hek'Tryk Posté(e) le 16 juillet 2019 Partager Posté(e) le 16 juillet 2019 Je sors du film et, Absalom, il est très loin de l'impression que la bande annonce t'a donnée. Elle ne m'avait d'ailleurs pas laissé cette impression lorsque je l'ai visionnée il y a quelques mois. Le film est plutôt bon, mais finit sur un goût d'inachevé. J'ai frissonné à chaque allusion au plaisir des langues et à la richesse des mots, alors qu'a priori il ne s'agissait pas de la partie la plus facile à amener au cinéma. Même si le film dégage une certaine poésie, il ne s'en tire jamais mieux que lorsqu'il le fait avec sobriété. En effet certaines évocations du fantastique sont parfois excessives, comme l'a regretté à raison l'ami Peredhil. A titre d'exemple voir un dragon sur la Somme m'a vraiment paru déplacé, alors que jusqu'à ce plan les suggestions étaient amplement suffisantes pour saisir le rapprochement. Le film a d'ailleurs un peu trop appuyé sur l'influence de l'expérience du front, alors que Tolkien a toujours tenu à la minorer. Il aurait été intéressant par exemple de montrer l'aversion de l'homme pour le monde industriel. Les thématiques centrales d'amour et d'amitié contrariés par les épreuves sont portés par des acteurs au niveau. Le film s'achève de façon un peu abrupte sans que l'on s'attarde sur le cheminement de l'écriture de l'oeuvre, long, fastidieux et marqué par une autre guerre vécue elle en tant que parent inquiet. La paternité de Tolkien est d'ailleurs trop rapidement évacuée, alors que c'est en tant que conteur d'histoires pour ses propres enfants que son oeuvre a pris corps. A mon avis le film s'est trop attardé sur la Première Guerre et fait l'impasse sur une part importante du processus créatif de Tolkien. Tiki, avec l'expertise qui est la tienne de l'oeuvre et des influences de Tolkien, j'apprécierais que tu nous livres un avis plus détaillé de ce biopic. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Tiki Posté(e) le 17 juillet 2019 Auteur Partager Posté(e) le 17 juillet 2019 Je ne suis pas très calé sur la vie de Tolkien et ses influences, c'est même l'aspect de Tolkien qui m'intéresse le moins. Mais tu as raison, le film appuie sur la participation de Tolkien a la bataille de la Somme, ainsi que sur sa jeunesse, ce qui fait qu'il passe sous silence l'écriture du Seigneur des Anneaux. Dommage. Il ne mentionne pas du tout la création des contes antérieurs au Hobbit, même ceux directement liés à la première guerre mondiale, comme la Chute de Gondolin et les premiers Contes perdus, où l'on voit pourtant des dragons mécaniques directement inspirés des chars de combat. Seul Earendel est mentionné, furtivement. L'amitié-fraternité est le thème privilégié, et fait écho au Seigneur des Anneaux, alors qu'il n'est justement pas question de ce dernier. Le film fait apparaître un seigneur noir et ses cavaliers en plein champ de bataille, ainsi qu'un Sam (anhistorique) aux côtés de Tolkien. L'amour est exploité, mais à la façon d'une romance classique et pas en lien avec l'oeuvre, puisque le spectateur comprend à peine la référence à Beren et Luthien à la fin, et pourquoi Edith incarne l'inaccessible pour Tolkien. Bref, le choix de cette période se révèle incomplet pour appréhender l'oeuvre de Tolkien. D'un autre côté, ce choix se révèle plein d'avantages. À partir du moment où il n'est pas possible, dans un récit de 2h avec ses personnages et ses événements, de traiter l'intégralité du processus créatif d'un homme sur cinquante ans, il devient nécessaire de faire des choix : soit on balaie l'ensemble superficiellement, soit on s'attache à une période que l'on considère comme fondatrice, à tort ou à raison. La jeunesse de Tolkien s'imposait : on oublie le vieux professeur dont on connaît les photos en noir et blanc, et on vit à la place une romance, une guerre, une amitié éclatante, et les débuts d'une aventure littéraire. Le résultat est-il à la hauteur ? Pour moi, oui. Quand Tolkien reçoit la lettre de G.B. Smith et son injonction à délivrer, par delà la mort des autres membres, le message créatif du TCBS, le message du film devient clair : davantage qu'une période d'effervescence intellectuelle, ou qu'un florilège d'explications à la présence de dragons, de cavaliers, ou d'amis, ou à la détestation de l'industrie dans son oeuvre (furtive mais suggérée, lorsque les Tolkien passent de la campagne à la ville, dans un décor digne d'Isengard), le film détaille comment la fraternité du TCBS a enrichi Tolkien, mais surtout comment la mort de ses membres l'a poussé à écrire. La dernière lettre de Smith, qui meurt peu après, est authentique : Citation My chief consolation is that if I am scuppered tonight - 1 am off on duty in a few minutes - there will still be left a member of the great T.C.B.S. to voice what I dreamed and what we all agreed upon. For the death of one of its members cannot, I am determined, dissolve the T.C.B.S. Death can make us loathsome and helpless as individuals, but it cannot put an end to the immortal four! A discovery I am going to communicate to Rob before I go off tonight. And do you write it also to Christopher. May God bless you, my dear John Ronald, and may you say the things I have tried to say long after I am not there to say them, if such be my lot. Yours ever, G. B. S. (que l'on peut lire dans la biographie de Tolkien par Carpenter, Tolkien : A Biography). S'agit-il de la seule manière d'expliquer la genèse de l'oeuvre de Tolkien ? Sans doute pas. Le film fait le choix de montrer que c'est après la guerre que Tolkien se met à écrire, avec le Hobbit, quoique quinze ans plus tard. Il a donc passé sous silence les innombrables poèmes et contes écrits durant cette période. Il met en exergue l'amitié comme initiatrice du processus créatif, quand c'est Tolkien qui a en fait créé le TCBS (il n'y a pas été intégré), et que son amour des langues avait déjà suffi à inventer la Terre du Milieu. Pour autant, ces choix n'amènent pas de contre-vérités et se comprennent dans leur objectif de faire adhérer le néopthyte à un fil narratif facilement compréhensible, et romancé. C'est pourquoi le film a, à mon sens, ce mérite de livrer un message clair et authentique, qui n'est pas une théorie fumeuse mais un aspect allègrement pointé par la biographie de Carpenter, et d'inviter ensuite ceux qu'il a convertis à la discussion. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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