DwarfKeeper Posté(e) le 31 août 2020 Partager Posté(e) le 31 août 2020 C'était une chambre agréable. Dans une auberge agréable. La NAF avait encore un peu de budget pour les matchs de play-offs. Cela se ressentait particulièrement lors des repas, où d'habitude on retrouvait un ou deux mollards en fonction des ardoises laissées par la puissante ligue lors des passages précédants. Là, même la bière était de qualité acceptable, et le lit n'était pas une simple paillasse couverte de vermine posée à même un sol couvert de détritus. Gustaf avait fait le voyage depuis Nuln avec huit autres officiels. Normalement, il aurait fallu le double en effectif pour encadrer ce genre de rencontre, mais le corps arbitral avait du mal à conserver des rangs suffisamment garnis. Le Blood Bowl était un sport dangereux, et pas que sur le terrain. Le regard de Gustaf fut attiré par une tâche sur le plafond de sa chambre. C'était une petite tâche sombre, sûrement dûe à une inflitration à cause de tuiles qui avaient bougé. C'était dommage d'avoir son plafond abimé à cause d'un soucis aussi menu. Il devrait en toucher deux mots à l'aubergiste, pour le remercier de lui amener son repas sans mollard supplémentaire. La douleur le rattrapa enfin. Gustaf essaya de crier, mais l'air avait déserté ses poumons. Deux solides paires de mains l'agrippèrent par les épaules et le forcèrent à se remettre debout. Une seconde plus tard, un poing de la taille d'une enclume vint percuter son estomac, le faisant se plier en deux. Sans pouvoir opposer de résistance, l'arbitre de terrain chuta visage en premier vers le plancher, s'écrasant de tout son poids. Des larmes lui montèrent aux yeux sans qu'il puisse les en empêcher tant la souffrance était importante. Quelques part dans sa tête, une petite voix lui chuchotait qu'il avait encaissé bien pire du temps qu'il jouait sur les terrains en temps que trois quart des Carroburg Raiders. Mais une autre se gaussait de lui aussitôt, en lui rappelant pour quelles raisons il avait rejoint le corps arbitral. Une solide botte cloutée se posa sur son cou, exerçant une forte pression. Juste ce qu'il fallait pour le mettre à l'agonie sans lui briser la nuque. "Demain pendant le match, tu sais ce qu'il conviendra de faire, l'umgi." Le message était clair. Un dernier coup de botte dans les cottes, et ses invités surprise quittèrent sa chambre en riant grassement, comme s'ils venaient de faire une bonne blague à un vieil ami. L'arbitre du huitième de finale entre les Canonniers de Nuln et les Artilleurs de Zhufbar bascula difficilement sur le dos. Il se demande entre deux quintes de toux, s'il aurait la force de remonter sur son lit. Après tout, c'est la NAF qui payait. Il aurait été dommage de ne pas en profiter... *** Une grande claque dans le dos raviva la douleur, forçant Gustav à serrer les dents. "Si cet imbécile à ouvert sa porte, c'est tout ce qu'il mérite lança Marc dans un grand éclat de rire." Gustav repoussa son ami qui bascula en arrière sous les rires moqueurs de ses comparses. L'ancien lanceur était du genre à appuyer là où ça faisait mal. Littéralement. "Cet imbécile n'a pas tort Gustav, tu n'as pas été prudent." Le vieux Dimitri était affairé à tâter les cotes de Gustav, pour détecter une éventuelle fêlure. Il était à peu près sûr qu'il s'en sortirait avec une belle collection d'hématomes et rien de plus, mais le vétéran était responsable du groupe d'officiels et prenait sa charge à coeur. "La prochaine fois, respecte les consignes de sécurité, et n'ouvre que s'ils ont le bon mot de passe. - Dimitri, ils avaient le bon mot de passe. - Alors n'ouvre pas quand même. Les matchs où les nains sont présents en nombre ne sont jamais des parties de plaisir, tu le sais. - Parcequ'il existe des matchs qui sont des parties de plaisir?" Le vieux Dimitri ne répondit rien, et se contenta de tendre un pot d'onguents à l'arbitre meurtri. Rien de cassé, à part un peu plus sa foi dans le culte de Nuffle. Marc le poussa un peu pour s'asseoir sur le banc et atteindre le jambon sur la tablée. L'ensemble des officiels étaient présents dans le salon privé richement éclairé. Une large cheminée répandait sa chaleur dans la pièce, tandis que les discussions allaient bon train sur le déroulement du match du lendemain. Il avait fallu une bonne heure à Gustav pour pouvoir se lever et se trainer hors de sa chambre et rejoindre la tablée. Les frères Hoppenheimer, qui étaient censés assurer la sécurité de l'étage, gardaient les portes depuis l'intérieur de la pièce. Intuile d'être un mage de l'ordre céleste pour savoir qui avaient laissé les nains monter, ni comment ces derniers avaient obtenu le mot de passe. Herg et Bert Hoppenheimer s'appliquaient à vider consciencieusement leur brocks de bière, tout en souriant à Gustav. Les deux brutes étaient parfaites pour éloigner les petites frappes qui venaient les menacer, mais dès que l'opposition se faisait un peu plus sérieuse ou qu'une pièce ou deux changeaient de main, leur niveau de fiabilité atteignait le niveau de compétence du halfling standard. En bout de tablée, Hiliria s'appliquait à remplir de nouveau son assiette d'une potée appétissante. L'ancienne amazone était désormais juge de touche, tout comme Marc. Les deux se détestaient cordialement, surtout depuis que le second avait essayé de pénétrer la couche de la première lors de son intégration au groupe. Les couinements de douleur de Marc cette nuit là restait l'un de ses meilleurs souvenirs. Pour autant, Hiliria ne partageait pas la totale sauvagerie de ses soeurs. C'était un membre fiable de l'équipe, qui n'avait rejoint le corps arbitral que par pénitence d'une erreur commise au sein de sa tribu. Loin d'être un déchet blessé et recasé comme les autres, la fière amazone s'appliquait dans son rôle et il ne faudrait pas longtemps avant qu'elle ne devienne juge de champs. Une promotion dans un autre groupe, ou son décès prématuré dans le sien. Ainsi en allait-il dans sa profession. La terrible blonde aux cheveux longs respectait les règles, et ne convoitait pas sa place. Mais Oblo Doigtgras, le chargé du temps, serait prêt à vendre leurs cadavres contre un sac de pommes ou un pichet de mauvais vin. Le halfing était l'une des pires chose qui soit arrivé au monde du Blood Bowl depuis Trois Cornes. Le petit être grassouillet était une caricature de sa race. Fainéant, menteur, voleur, incompétent... Dimitri avait fait plusieurs demandes officielles pour que le halfling soit "promu" ailleurs en vantant ses compétences et son talent. Mais rien n'y faisait, leurs supérieurs n'étaient pas des sots à défaut d'être des crapules. Oblo restait avec eux, voyage après voyage, leur infligeant sa présence. Gustav était prêt à parier ses émoluments de l'année à venir que le halfing allait encore essayer de se débarasser de lui pour prendre sa place sur le terrain. Le dernier membre de leur compagnie s'était absenté. Arnaud "le mur", le responsable des relations public, était un solide gaillard totalement dévoué à la NAF et complètement indigne de confiance. Contrairement aux autres membres du groupe, lui n'avait jamais été joueur. C'était un pur produit des temples, qui vomissaient des zélotes totalement embobinés par le culte de Nuffle. C'était lui qui était chargé des arrangements concernant la mise en place des matchs. Pré rencontre, feuilles de match, respect des règles du livre Saint hors du terrain, traitement des réclamations et récupérations des indemnités. C'était presque le poste le plus dangereux du groupe, et pourtant Arnaud s'y plaisait comme un orc noir au milieu de la bagarre. Et chacun de ses actes se faisait exclusivement dans l'intérêt de la NAF et du livre sacré de Nuffle. Trois coups, suivis d'un puis de deux autres. Les frères Hoppenheimer se levèrent et sortirent leurs massues. Les membres autours de la tablée se regardèrent, et Oblo s'esquiva dans un coin de la pièce. Le nouveau code était bon, mais cela ne signifiait pas grand chose. Herg se plaça d'un côté de la porte, faisant signe à son frère de se tenir prêt. Bert posa sa main sur la poignée, et attendit jusqu'au signal. Quelques secondes... Puis Bert ouvrit la porte à la volée, son frère paré à frapper. "Du calme! tonna "le mur. Ce n'est que moi." La tension soudaine dans la pièce disparut en partie alors qu'Arnaud entrait dans le salon privé. Mais pas totalement. Après tout, il aurait peut-être été préférable que les nains soient de retour. L'officiel était suivi par un gros-lard richement vêtu et à la moustache ridiculement longue. Gustav ne le connaissait pas, mais là aussi savait à l'avance qui il était. "Voici Maître Otto Von Brundig, propriétaire Cannoniers de Nuln commença Arnaud." "Maître Otto Von Brundig est venu nous saluer, et conformément aux sacro saintes règles de la Naf, procéder à une indemnité d'avant match. Gustav, nous devons parler." La journée du lendemain serait longue pour le corps arbitral se dit-il... * * * Avernheim. La cité forteresse du sud de l'empire, dirigée par le comte électeur fou, était terrible et imposante. Ses murailles étaient hautes et épaisses, sa garnison loyale et redoutée, et son bastion réputé imprenable. Et sa population aussi cinglée que leur comte. Un match de Blood bowl attirait toujours une foule de spectateurs aussi dangereux qu'instable, mais un match à Avernheim était toujours synonyme de débordements violents et d'émeutes incontrolables. Dans ces terres sauvages de l'Empire, la protection de la forteresse n'était pas suffisante pour éviter aux populations locales le fléau des peaux-vertes en maraude, pas plus que les conflits avec les princes pillards venus des principautés frontalières ou de tilée. Et ça laissait des traces sur la psychée des pécores locaux. Depuis la loge des officiels, Gustav observait les torrents de spectateurs quitter la cité pour s'approcher du stade. La longue queue était émaillée de bagarres et d'incidents au fur et à mesure que l'ambiance montait. Quelques dents avaient déjà quitté leurs propriétaires, et il ne faudrait pas longtemps pour que l'un ou l'autre de ces foux furieux ne surine le pauvre hère devant lui pour gagner une place. Sur tout le trajet, et tout autours du stade, des stands vendant victuailles et tenues de supporters se succédaient. Les bars nains improvisés faisaient bien sûr le plein, et les vendeurs de saucisses étaient littéralement dévalisés. De là où il était, l'odeur du stand Mc Mury's lui parvenait à peine. Mais suffisament pour éveiller son appétit. Gustav reprit une bouchée de son propre sandwich. Fait maison. Pour éviter de menus soucis. Des cris et un mouvement de foule signalèrent le premier surinage. Comme d'habitude, un attroupement se fit autours des demeurés qui avaient décidé de se massacrer. Gustav aperçut un nain au sol en train de se vider de son sang, tandis que deux de son espèce massacraient un gars au sol, sous les encouragements de la foule. La garde se frayait un chemin pour faire cesser la scène, mais ce n'était qu'une question de temps avant qu'un incident similaire ne se produise ailleurs dans la foule. C'était le corrolaire de ce genre d'évènement. Le folklore, comme dirait Dimitri. "S'il n'y a pas une demi-douzaine de morts lors de play-offs, c'est qu'on ne joue pas au Blood Bowl." Marc regardait la scène avec amusement. "Ca leur permet de se défouler avant le match poursuivit-il, du coup ils seront sages commes des agneaux tout à l'heure. Bien que là, tu ne sois pas concerné." Gustav resta silencieux, bien moins optimiste que son ami. Les gardes avaient le plus grand mal à séparer les spectateurs, et de plus en plus de badauds devenaient spectateurs en se lançant dans la mêlée. Bien plus que de l'excitation, légitime au vu de l'affiche, Gustav sentait une hystérie sourde, une sorte de folie collective s'emparer des spectateurs se rassemblant. Et ils n'étaient toujours pas dans l'enceinte du stade... L'arbitre maudit Nuffle une fois de plus, et la Naf par dessus le marché. S'écartant de la fenêtre, Gustav rejoignit Hiliria, Marc et Dimitri. L'amazone et l'ancêtre étaient visiblement inquiets, tout autant que Marc qui semblait pour une fois prendre la situation un peu plus au sérieux. “T'as entendu l'information? Demanda Dimitri. -Quelle information? -Avernheim... la ville n'a pas été choisie par hasard. -Toutes les villes pour les quarts ont été tirées au sort, comme le veux la coutume. -Sauf que là... Ecoutes, pendant la saison régulière, l'équipe d'Avernheim a été écrasée en déplacement. Et par les artilleurs de Zhufbar. A la régulière selon les nains, mais y aurait pas un joueur sur deux qui serait rentré en respirant. Et les nains et la régulière...” Un frisson parcouru l'échine de Gustav, craignant d'entendre le reste. “Le truc, c'est que les villes à même de recevoir les quarts, elles sont pas nombreuses. Nuln, Altdorf, Talabheim, Zhufbar, Karak Hirn et Eicheschatten, la capitale du Mootland. Averland n'était pas dans la liste des villes à tirer au sort. Ca veut dire que... -Si Averland a été tirée, c'est que c'était la volonté de Nuffle coupa Arnaud." Le responsable des relations avait fait irruption dans le petit groupe. “Et si c'est la volonté de Nuffle, elle prévaut sur tout. -C'est pas la volonté de Nuffle, c'est juste un sac d'or bien rempli oui.” Hiliria bouillonnait de colère. L'ancienne amazone poursuivit avec de grands gestes : “Ca sent le traquenard à plein nez. Les spectateurs sont déjà en train de s'étripper, les trois quart des fanions dans les tribunes sont déjà aux couleurs d'Avernheim alors que ce sont des Nulniens qui jouent. Le service de sécurité n'est pas à la moitié de ce qu'il devrait être, et la plupart d'entre eux sont originaires d'ici. Et ce sont pas des tendres en face non plus! Si nous on a compris, les nabots savent aussi où ils mettent les pieds. Si c'est un massacre en règle que vous voulez, vous l'aurez!” Gustav regardait l'amazone blonde laisser éclater sa fureur, dire tout haut ce qu'ils pensaient tous. Et pourtant, il ne l'écoutait qu'à moitié, son esprit s'occupant plutôt des courbes et de cette peau d'albâtre qui semblait si douce... Se reprenant, le vétéran comprit qu'il risquait lui aussi de passer une nuit à la Marc s'il se laissait tenter par ce terrain là. “Peu importe ce que vous pensez, arbitre Hiliria. Votre devoir est de rendre hommage à Nuffle en vous assurant que les règles du sacro-saint livre soient respectées. Et à ce sujet, l'arbitre Gustav, sur demande et paiement de Maïtre Otto Von Brundig, a une déclaration à faire.” Sous le regard de ses coéquipiers présents, Gustav soupira. Il porta la main à sa moustache avant d'en tortiller le bout, tic nerveux dont il n'avait jamais pu se séparer. “Bon, quand faut y aller... Oblo a gagné. Aujourd'hui, c'est lui qui s'y colle.” Hiliria explosa d'un long rire hystérique. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Barbarus Posté(e) le 1 septembre 2020 Partager Posté(e) le 1 septembre 2020 Juste... Merci pour ce texte! Barbarus : et vive BB! Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
StoneH Posté(e) le 3 septembre 2020 Partager Posté(e) le 3 septembre 2020 J'ai adoré ! J'aime beaucoup ton style d'écriture. Vivement la suite ! Si tant est qu'une suite est prévue bien sûr. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Miles Posté(e) le 3 septembre 2020 Partager Posté(e) le 3 septembre 2020 (modifié) Excellent! Qualité pro! L'idée de mettre en scène les arbitres est géniale! (Par contre, je n'ai pas les refs. Je suis peu familier du Blood Bool moderne. Modifié le 3 septembre 2020 par Miles Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
DwarfKeeper Posté(e) le 6 septembre 2020 Auteur Partager Posté(e) le 6 septembre 2020 Merci pour vos retours, j'apprécie. Pour les références elles s'apprennent vite. Si tu veux creuser des ref que tu ne comprends pas, n'hésites pas à me mp. Je me connecte pas tous les jours, mais je finis tout le temps par répondre. * * * C'était une jolie pièce. Dans un joli stade. La salle du temps avait été aménagée sur les demandes précises d'Oblo, afin qu'il puisse exercer parfaitement sa fonction de maître du temps au nom de Nuffle. En language Halfling, cela signifiait un siège confortable, une immense table, un petit chronomètre, et plus de victuailles qu'un régiment de spadassins aurait pu engloutir en une journée. Bien protégée des spectateurs mais avec une vue imprenable sur le terrain, la place était idéale pour se goinfrer pendant deux mi-temps et d'éventuelles prolongations, sans que personne ne puisse s'y opposer. Seule manquait la gloire, la lumière du terrain. Le moindre être avec un tant soit peu de jugeote n'aurait jamais lâché cette place de son plein gré, mais Oblo ne disposait pas de cette jugeote là. Non, le halfling était jaloux de cette présumée gloire. Il voulait sa place sur le terrain, qu'il n'avait jamais foulé autrement qu'après un match pour récupérer des bouts de sandwichs encore comestibles lancés par la foule. Depuis qu'il avait hérité de cette fonction essentielle à un match, mais ingrate et mal payée, le halfling n'avait eu de cesse de vouloir prendre la place d'un autre. L'abruti. Il n'avait pas conscience de ce qu'il en était vraiment. Les murs de la pièce vibrèrent alors que les cris des spectateurs enflaient, et enflaient encore. Sur la pelouse du terrain, les pom pom girls faisaient leur show, enchainant pirouettes et voltige pour le plaisir des yeux. Gustav laissa son esprit vagabonder quelques instants, appréciants les courbes et les formes de ces jeunes femmes pleines de vie et d'entrain. Vêtues de tenues laissant fort peu à l'imagination, agitant bâtons et rubans, elles ne cessaient de faire rugir la foule d'approbation. Si seulement Hiliria acceptait de porter l'une de ces tenues pensa Gustav, avant de sourire pour lui-même. Par Nuffle, il lui faudrait aller se payer de la compagnie pour éviter de faire une bêtise avec la farouche amazone. Perdre la vie pour une malheureuse affaire de libido, et ce après avoir survécu à près de huit année à jouer sur les terrains... Très peu pour lui. Les pom-pom finissaient leur show. Gustav se pencha en avant pour observer la tribune d'honneur. Debout derrière son pupitre, Von Brunding tentait de faire entendre sa voix, dans un discours sûrement aussi insipide qu'inutile. Entouré d'autres pontes aussi gros et gras que lui, le commanditaire était rouge écarlate tant il essayait de couvrir les rugissements de la foule de sa voix. Cet imbécile avait cru que la foule l'écouterait. La foule n'écoute personne. C'était une bête tout en fureur et en vice, excitée à l'approche de la violence, du sang, de la mort. Elle pouvait aussi bien se mordre elle-même, tout comme emporter le stade avec une égale fureur. Ainsi en voulait Nuffle, maudit soit-il. Gustav fit courir son regard le long de la tribune d'honneur. Il y vit Marc et Hiliria converser ensemble, en attendant de prendre leurs places au bord du terrain. Oblo était là aussi. Habillé de la sacro sainte tenue blanche et noire, il bombait le torse en faisant le paon. En paon ridicule tant une tenue trop grande pour lui. Et dans une fonction qui l'était tout autant. "Le mur" était là aussi, s'assurant qu'Oblo respecterait bien les consignes. Le facilitateur de l'équipe l'avait pris au dépourvu quand il lui avait annoncé la demande de Von Brunding. Il avait d'abord protesté, mais le paiement avait été fait, rubis sur l'ongle. Gustav s'était donc soumis au réglement. Après tout, il ne faisait ce métier que pour l'or. Et si ces imbéciles souhaitaient que le match devienne un bain de sang, ils auraient ce qu'ils voudraient. Le rugissement de la foule s'amplifia encore. Des chants partisans discordant s'élevaient de chaque coin des tribunes, et les nains s'étaient même mis à tapper du pied en scandant le nom de Zhufbar. Les vendeurs en tribune commencèrent à s'éclipser, tandis que les pom-poms laissaient leur place au défile des sponsors. L'équipementier Orcidas, les burgers Mc Murtys, Bloodweiser, Khaineken, Faceblock, Killer's Khorne Flakes... les publicitaires défilaient au gré du son des musiciens, esquivant tant bien que mal les projectiles lancés par la foule. L es bookmakers et parieurs se pressaient en tribune, afin de se faire de l'or sur le dos du premier de ces crétins qui se fairaient blesser. Match après match, les sponsors perdaient du personnel en tentant de se faire connaitre un peu plus. C'était une fonction dangereuse et ingrate, et pourtant il y avait toujours des imbéciles pour se porter volontaire et faire partie du défilé de la mort. Gustav explosa de rire quand le porteur de hampe de Lames Workshop reçu un vrai rocher en travers du visage. Souvent, il s'était demandé ce que ces gens avaient dans le crâne. Maintenant, il avait la réponse. Littéralement. Quel dommage qu'il n'ait pas parié... Sous les rires et cris de la foule en délire, le personnel du stade fit évacuer les publicitaires avant de sortir le corps encore agité de spasmes du cadavre frais. Gustav applaudit furieusement à la vue de la scène cocasse. Ca y est se dit-il, lui aussi y était. Lui aussi était pris par cette ambiance de fureur et de joie primitive. Par la beauté de ce Blood Bowl qu'il honissait tellement mais qui faisait entièrement partie de sa vie. Jamais, jusqu'au jour de son décès, il ne pourrait s'en passer. L'explosion de cri suivit l'entrée sur le terrain des deux équipes. Enfin. Le moment tant attendu. Côte à côte, sans se jeter un regard, les artilleurs et les cannoniers foulaient la sainte pelouse. Défilant ensemble à la vue de la foule enragée, sous les cris et les vivats, les joueurs profitaient de ces quelques moments de trêve avant que la fureur du match ne les emporte. Ensemble sur le terrain, ils recevaient les encouragements et les malédictions de la foule, la véritable bénédiction de Nuffle d'avant match. Pendant ces quelques minutes où ils se mirent en rang pour se faire face, humains et nains évaluèrent leurs adversaires. Avec morgue et respect entre-mêlé. Evaluant ceux qui dans quelques minutes allaient essayer de les abattre, alors qu'eux mêmes feraient pareil. Alors qu'eux-mêmes essayeraient d'emporter la victoire. Par la magie du porte son, ce moment de rêve fut brisé. "Messieurs, je suis Oblo Doigtgras, l'arbitre de votre match. Il va falloir m'écouter." Gustav eut un haut le coeur. 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Miles Posté(e) le 7 septembre 2020 Partager Posté(e) le 7 septembre 2020 T'inquiète tout est suivable, je loupe peut être juste les privates jokes! En attendant ça donne bien! Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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