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Black Templar Tome I


Goulagtime

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Je vous laisse avec la nouvelle qui démarre cette histoire, bonne lecture !

 

 

 

 

 

Le Pont

L'orage venait d'éclater. La pluie commença à tomber sur les cadavres qui se vidaient de leur sang. Elle charriait les immondices en bas de la colline dans des torrents sanguinolents. Le néophyte regarda le ciel, fermant les yeux pour se protéger de la pluie. Il était recouvert du sang de ses ennemies. Le blanc de son tabar avait presque disparu. On pouvait encore distinguer l'héraldique des Black Templar, une immense croix de croisés sur l'étoffe. L'eau lava son visage fatigué. Il passa une de ses mains dans ses cheveux maintenant détrempés. Un éclair illumina le ciel au-dessus de sa tête. Le tonnerre gronda quelques secondes plus tard. Il regarda enfin autour de lui. Il n'y avait que mort et désolation sur cette colline. Des corps mutilés de gardes impériaux, d'hérétiques, et de mutants jonchaient le sol boueux. Des blocs de plastbéton criblés d'impacts de balles, étaient recouverts pour la plupart de membres déchiquetés des ennemis de l'Humanité qui avait essayé de les franchir. Les gardes à couvert derrière avaient tant bien que mal essayé de se défendre devant la charge ennemie, mais c'étaient fait taillés en pièces.

Le néophyte et son escouade avait été envoyé pour défendre cette position stratégique et épauler les gardes dans leur combat. Ils avaient été déployés par module d'atterrissage, directement au sommet de la colline, en plein milieu des combats qui faisaient déjà rage. A peine les portes du module s'ouvrirent, que les dix Astartes sortirent en mitraillant, tailladant, les prières sur les lèvres et le feu dans leurs cœurs. Ils avaient combattu avec les survivants de la compagnie Cadienne contre l'avancée ennemie. Ce fut un massacre. Aucun garde ne survécut, ni aucun cultiste des Dieux sombres.

A travers cette épaisse pluie qui tombait maintenant à verse, le néophyte distingua ce pourquoi ils étaient là. Il était encore intact, malgré les affres de la guerre et du temps. Ce pont permettait de traverser les gorges profondes dont était balafrée cette maudite planète. A quelques centaines de mètres au sud de la colline B-deux cent trente-quatre, le joyau de l'architecture impériale resplendissait par sa simplicité et sa résilience. Ses pilonnes renforcés en aciers plongeaient dans le gouffre obscur, portant le tablier principal du pont. Des motifs de l'Aquila impérial, forgé dans un métal sombre surplombaient les deux côtés de la vallée qui approchaient du pont. Loin, plus au sud, on pouvait percevoir des grondements et des roulements rauques. Ce n'était pas le tonnerre, mais l'artillerie lourde de la garde qui pilonnait la dernière cité encore occupée du continent. Ce pont était la clef de voûte de la défense du flanc droit de la dernière attaque, celle qui devait libérer cette planète d'une guerre qui l'avait mise à genoux.

Celons les rapports émis par les instances de l'Administratum, un vaisseau suspect et non identifié était apparu il y a quelques années dans l'espace proche de la planète. S'ensuivit des largages et des parachutages, que certains définiront comme des forces de guérilla et de sabotage hérétiques. Le vaisseau disparu aussi vite qu'il était apparu. Dans les mois qui suivirent, les actes de vandalismes, de cannibalismes, de meurtres et de kidnapping augmentèrent drastiquement. La force brute fut employée, pour mater un début de révolte jamais vu sur cette planète pauvre mais travailleuse et dévouée à l'Empereur Dieu de l'Humanité. Les forces de défenses planétaires durent réprimer des soulèvements qu'elles qualifièrent « d'hérétique » et « d'inhabituel ». Les disparitions d'enfants, de soldats, et de membres de l'Arbites augmentèrent exponentiellement parallèlement aux attaques ciblées et aux attentats meurtriers. Les forces de sécurités furent vite dépassées, sur toute la planète.

Bientôt ce fut une guerre civile qui éclata. Des groupes en armes sortirent dans les rues, massacrant tout ce qui ne portait pas leurs couleurs blasphématoires et impies. Le vaisseau précédemment aperçu dans l'espace proche de la planète réapparu aussi soudainement que la première fois mais accompagné par deux autres de même tonnage, mais cette fois il largua bien plus que de simples agents du chaos en vue de déstabiliser un gouvernement. Ils avaient lâché les chiens de guerre sur une population déjà terrifiée.

La Garde et l'Administratum avait dépêché des renforts des secteurs voisins. Sous-estimant la menace, ils n'envoyèrent qu'un corps expéditionnaire mineur, qui rencontra une force hérétique préparée. Le combat spatial qui s'ensuivit pour le contrôle des cieux du monde en dessous se résolu par une égalité parfaite. Chaque parti se cachant derrière les lunes et les champs d'astéroïdes pour panser ses plaies et attaquer de nouveau. Le corps expéditionnaire avait néanmoins, au prix de nombreuses vies et d'un antique vaisseau de ligne, réussi à débarquer assez de renfort aux populations locales pour tenir encore quelques mois. Un message d'urgence astropathique avait été lancé à qui voulait l'entendre.

Le chapitre des Black Templar envoya alors le néophyte et son escouade, renverser la vapeur sur ce monde oublié de l'Empereur. Un croiseur d'attaque Space Wolves qui conduisait lui aussi une escouade de loups de Fenris vers la zone de bataille se joignirent à eux. Leurs forces combinées débarquèrent sur la planète, combattant côte à côte, accomplissant en quelques mois ce que des régiments entiers de gardes n'avaient pas pu accomplir en une année complète. Les Black Templars d'un naturel méfiant, sympathisèrent avec leurs frères bourrus et sauvages. De réels liens d'amitiés naquirent entre les guerriers, ainsi qu'entre leurs officiers respectifs. Le frère sergent des Black Templars, Gerhart Reuss, un vétéran endurci avait déjà combattu aux côtés de ces guerriers légendaires lors de nombreuses croisades et avait appris à respecter ces surhommes loyaux et sauvages.

Les hommes de Fenris furent déployés sur le flanc gauche de l'attaque principale, protégeant son accès. Ils étaient en poste dans un petit village de mineurs. Les travailleurs devaient descendre dans ces crevasses abyssales qu'enjambaient les ponts impériaux disséminés un peu partout sur la surface. Celons les rapports vox l'attaque se déroulait bien, et le flanc gauche n'avait rencontré que peu de résistance. Le novice enfila son casque, et se retourna pour rejoindre son escouade de croisés qui l'attendait au sommet de la colline. Il rejoignit son sommet en quelques enjambées puissantes, la boue collait à ses bottes blindées. Il enjambait aussi bien les corps en charpie, ou les fortifications détruites.

Ils étaient tous là, neuf silhouettes, engoncées dans leurs armures énergétiques. Ils se tenaient fiers et puissants, dans l'orage, un éclair vint zébrer le ciel vers le sud, les illuminant une fraction de seconde. Ils dépassaient tous le novice d'une tête, ils étaient aussi sales que lui, mais bien plus imposants, leurs carrures gigantesques les rapprochant plus de statues que d'hommes. Leurs immenses armes dans leurs fourreaux ou dans leurs poings blindés. Ils n'étaient d'ailleurs plus des hommes. Ils étaient bien plus. Les Anges de l'Empereur.

Le novice s'approcha et prit sa place dans le cercle de guerrier. Le sergent de l'escouade prit la parole.

 

-Nous avons réussi à repousser cette attaque, mais notre objectif reste le même. Nous devons défendre ce pont. L'attaque est toujours en court sur la cité, et nous ne pouvons laisser une ouverture dans notre dispositif défensif. Déclara le Sergent, en frappant le plat de sa main dans on poing pour ponctuer sa phrase.

Il parlait assez fort pour se faire entendre par-dessus le bruit de la pluie qui tombait abondamment, et le bruit du tonnerre. Sa voix était déformée par le vox de son casque. La rendant agressive et rauque, une voix de machine.

-Je crois aussi qu'il est temps mes frères. Novice ! Approche. Ordonna le Sergent.

Le novice approcha et se posta devant son sergent. Il était au garde à vous, droit et fier, ses armes rangées dans leurs étuis et au fourreau. La pluie battait sur les armures et les épaulières immenses des Astartes, traçant des sillons de boues et de sang sur le blanc des tabars et le noir des armures.

Le novice enleva son casque et mis genoux à terre, la tête basse en signe de déférence pour son supérieur. Il senti la pluie lui couleur le long du cou, mouillant son corps engoncé dans son armure carapace. Ses cheveux brun coupés court étaient collé à son crâne par la pluie. L'eau lui ruisselait sur le visage, pour goutter dans la boue.

-Depuis combien de temps es tu à mon service, novice ? Lui demanda la voix bourrue du sergent Astartes devant lui.

-Vingt-deux ans monseigneur. Lui répondit le novice, d'une voix forte mais toujours tête baissée.

 

C'était plus du double du temps de servage nécessaire pour un novice au sein d'une escouade d'initiés. Le novice n'y avait pas réfléchi, il avait servi, apprit, combattu, aux côtés de ces guerriers de légendes. Chez les Black Templars, les guerriers expérimentés prenaient sous leur tutelle des novices, qui les accompagneraient sur le champ de bataille et les serviraient durant de longues années aux quatre coins de la galaxie, servant leurs maîtres et le chapitre du mieux qu'ils pouvaient. Ainsi les anciennes générations formaient les nouvelles directement dans le creuset de la guerre. Contrairement à d'autres chapitres qui regroupaient les novices en escouade bien distinctes et à part des autres frères de batailles. Le procédé de formation des Black Templar, prélevait un lourd tribut sur leurs novices qui mourraient en bien plus grand nombre que nul par ailleurs. Ils étaient éprouvés directement sur le champ de bataille, avec des guerriers expérimentés, bien mieux armés et protégés, dans des missions déjà risquées pour un frère de bataille endurci. Mais les novices qui survivaient à leur initiation, étaient fin prêt pour affronter les horreurs de la galaxie et y survivre.

Vingt-deux ans au service d'un Initié était mêmes chez les Black Templars, une période relativement longue. Le sergent était connu pour pousser à leur maximum ses novices, voulant faire ressortir le meilleur d'eux-mêmes dans la bataille mais aussi avec ses frères. Au court de ces années, le novice apprit ce que c'était d'être un Astartes. Chaque déplacement, chaque arme, chaque tactique de combat du chapitre, chaque prière, chaque cantique lui avaient été enseignées. Le sergent avait une idée derrière la tête pour se novice. Il ne formait pas aussi longtemps un néophyte sans raison. Il avait descellé chez lui quelque chose de spécial. Et il voulait exploiter ce potentiel à son maximum. Il était enfin prêt. Il l'avait vu. Quand ils montèrent à l'assaut sur cette colline, il vit que son écuyer se déplaçait avec aisance de couvert en couvert, il faisait partie intégrante de la danse macabre que l'escouade mettait en place au combat. Il appuyait de ses tirs ses frères qui rechargeaient, poignardait de sa lame tout hérétique qui venaient à porter et voulaient s'en prendre à son binôme de combat. Quand un de ses frères fut submergé par une vague de mutants immondes, il n'hésita pas une seconde, et plongea dans la mêlée et ils ressortirent, couvert de sang visqueux, son frère sur son épaule, le soutenant, tout en tirant de sa main libre avec son pistolet bolter. Il avait mis sa vie en jeu pour un de ses frères et avait vaincu.

 

-Renouvelle ton serment en ce jour, Black Templar. Lui ordonna son sergent.

La voix du sergent était puissante, tonitruante. La pluie tombait abondement. Ruisselant sur les armures de combats des chevaliers. Neuf pairs d'optiques rouge sang le fixèrent. Tels des juges silencieux, ils observaient l'intronisation d'un nouveau membre dans leur fraternité de guerriers. Le novice senti ces regards sur lui. Les regards des surhommes avec lesquels il avait combattu durant tant d'année. Il n'avait pas peur. Il était prêt.

-Je crois en l'Empereur-Dieu de l'Humanité et en Son église. Je les protégerais de ma vie. Je jure de protéger le faible contre Ses ennemies. Je défendrais le chapitre qui m'a accueilli. Jamais je ne fuirais devant l'ennemi et je traquerais l'hérétique où qu'il soit, jamais je ne mentirais, il en va de mon honneur, je serais le champion et le gardien du droit et du bien contre les forces du mal. Je le jure.

A ces mots, le sergent dégaina son épée. La brandit bien haut au-dessus de sa tête, vers le ciel zébré d'éclairs lumineux. Le tonnerre gronda et les guerriers avec lui.

-Pour l'Empereur et pour le chapitre !

Neuf gorges hurlèrent dans les cieux, leurs voix amplifiées par les haut-parleurs vox. Ils brandirent leurs poings armurés dans les cieux, leurs lames et leurs armes, hurlant de triomphe, accueillant un nouveau frère de bataille.

-Pour l'Empereur et pour le chapitre. Répondit l'initié, dans un murmure pour lui-même.

Le sergent posa son épée délicatement sur les épaules de son serf, une après l'autre.

- Relève toi, frère Erik Brüner des Black Templars.

L'initié se releva lentement, la tête toujours baissée, et leva le regard qui se plongea dans les optiques du sergent Reuss. Le sergent parti dans un rire sonore, à gorge déployée. Il riait rarement. Ses hommes hurlèrent leur fierté aux cieux. Ce fut le premier jour du reste d'une vie de guerre pour l'initié.

-Force au sol, ici Thunderhawk en survol de la zone de combat, large mouvement ennemi en approche de votre position par le nord. Fantassins et véhicules multiples.

 

L'oreillette du soldat Brüner venait de crépiter, il était en faction derrière un bloc de ferrobéton, une couverture installée par les gardes qui avaient fortifiés à la hâte cette colline. Le Thunderhawk attribué à l'escouade avait fait plusieurs passes de mitraillage et de canonnades, au moment du largage aérien par module d'atterrissage. Ce soutien aérien avait permis de réduire l'écart des forces et avait permis de remporter la victoire pour les Black Templars. Depuis la défense contre la première vague, il survolait le champ de bataille et le pont, à l'affut du moindre contact haut dans les nuages.

-Pilote, donnez-moi un décompte précis des forces en approche. Lui ordonna le sergent.

-En attente.

Le pilote communiquait sur un canal privé avec son navigateur et son artilleur.

-Sergent, nous comptons une vingtaine de transports militaires, des camions bâchés, ainsi qu'environ les effectifs d'une compagnie entière à pieds. Des véhicules Astartes les accompagnent. Je répète, présence de renégats. Trois transports de troupes Rhinos.

-Débutez l'attaque. Leur ordonna le sergent.

 

Le cockpit en verre blindé du Thunderhawk était illuminé par les écrans verts profonds des instruments. Le pilote et son copilote manœuvraient à deux le mastodonte volant surarmé. Il lui fit décrire un large arc de cercle autour d'un nuage sombre et menaçant et lui firent piquer du nez vers le sol. L'engin volant prit de la vitesse, le pilote activa une rune sur son tableau de bord et les aérofreins sortirent de leurs renfoncements dans la coque blindée. Ils leur permettraient de ne pas gagner trop de vitesse et de mieux contrôler le vecteur d'attaque en cours. L'artilleur dans son siège, derrière eux, activa les armes. Les huit bolters lourds furent armés, les bandes de munitions déjà entamées étaient prêtes à être consommées à une cadence folle. Le son caractéristique du canon de bombardement qui se chargeait résonna dans l'habitacle pressurisé. L'obus venait d'être mit dans la culasse par le chargeur automatique. L'artilleur activa deux gâchettes sur sa droite, des réticules de visées apparurent dans son casque. Il saisit fermement les manettes de contrôles et patienta.

L'engin supersonique perfora la couche nuageuse comme un bolt. Il ressorti du nuage noir, c'est à cet instant précis qu'un éclair vint frapper une aile de l'engin super-lourd. Il était conçu pour ça, il encaissa la décharge électrique, et continua sa route. Ses instruments furent à peine déréglés. Ils les voyaient maintenant, l'immense colonne ennemie qui approchait par la route. Ils étaient tous feux allumés, clairement visible malgré l'orage. Le Thunderhawk approchait par les arrières de la phalange, dans son sillage. Un vecteur d'attaque parfait. Il allait remonter toute la file de véhicule et massacrer les ennemis de l'Empereur.

Les hurlements de ses réacteurs étaient suraigus, les bouts de ses ailes laissaient des trainées de condensation derrière elles. L'artilleur eu dans son collimateur la colonne. Il pressa la gâchette du milieu. Le canon de bombardement tonna. L'énorme recul de l'arme fit perdre plusieurs nœuds à l'appareil qui décéléra brutalement. Le chargeur automatique rechargeait déjà l'arme pour un nouveau tir. La culasse se referma. Il pressa encore la gâchette, le coup parti. L'appareil décéléra encore plus. Le pilote fit rentrer les aérofreins, le recul de l'arme était tellement important qu'un tir continu pourrait faire décrocher l'appareil. Ils reprirent de la vitesse. Le canon tonna une troisième fois.

Le sol se rapprochait dangereusement vite. Les flashs de tirs du canon éclairaient par intermittence le cockpit. Les ennemies au sol étaient averties de la présence de l'appareil. La colonne de véhicules sembla s'embraser quand ils ouvrirent le feu sur leur assaillant venu des airs.

Les tirs traçants les prenaient pour cible. Les fulgurants montés sur les transports Rhinos tiraient des rafales de bolts traçants, visibles dans l'orage. Certains ricochaient contre l'antique blindage avant du Thunderhawk.

L'artilleur pressa la détente des bolters lourds. Les huit affuts crachèrent la mort. Les gueules des canons illuminèrent la carlingue noire de jais. Les bandes de munitions furent avalées et recrachées par les mitrailleuses lourdes. Un signal sonore continu sonnait depuis maintenant quelques secondes dans le casque de l'artilleur, il bascula ses armes, souleva un capuchon de protection et actionna la rune rouge vif.

Le premier obus tomba sur un camion de transport rempli de soldats hérétiques. Il détonna dans sa cabine de transport, les soldats alignés en rangs d'oignons, à l'abri du vent et de la pluie, furent annihilés par l'explosion titanesque. Les réservoirs sous le châssis prirent feu, les explosions secondaires retournèrent le camion qui roulait au pas sur la route. Des shrapnels volèrent dans toutes les directions, tailladant les soldats et les mutants qui suivaient la formation à pieds. Les corps furent déchirés, déchiquetés et jetés dans le fossé boueux qui longeait la route. Le second obus détonna devant la cabine d'un autre camion de transports à huit roues. L'explosion lacéra d'éclats de métal surchauffés le bloc moteur avant. Sous la surprise de l'attaque le chauffeur fit une embardée dans le fossé. Il écrasa sur sa route des soldats hérétiques allongés ou accroupis dans la boue pour riposter à l'attaque aérienne. Le troisième obus fit exploser l'avant d'un camion et les roues arrière d'un autre, trop rapprochés pour un déplacement en colonne. Tout l'arrière de la cabine fut vaporisé, dans un geyser de boue, de pluie et de feu. Les soldats passagers furent déchiquetés et éclaboussèrent de leurs viscères leurs compagnons encore en vie. Quand ils ouvrirent le haillon du camion pour débarquer, une vague de sang charriant le reste des corps et des membres coula au sol.

Les bolts tombèrent sur toute la colonne. Les rafales soutenues tombèrent dans la terre détrempée et prélevèrent un lourd tribut sur les cibles non blindée. Les bâches des camions furent perforées, les soldats en dessous furent hachés. Ceux à pieds furent emporter par les explosions rapprochées des bolts dans la boue jusqu'à ce qu'ils les coupent en deux. Des étincelles vinrent illuminer la scène quand les bolts ricochèrent sur le blindage des transports Rhino. Sans grand dommage. Le Thunderhawk passa au-dessus de la colonne à une vitesse hallucinante, ses pilotes s'arc-boutèrent sur les commandes pour lui faire prendre de l'altitude et poussèrent la manette des gaz au maximum. La postcombustion fut enclenchée, des flammes rouge orangé sortirent des tuèrent hurlantes. L'artilleur sélectionna des canons laser et pressa la gâchette. Des trais rouges rubis perforèrent les blindages des Rhinos renégats. Les Astartes voués au Chaos furent démembrés et brulés vif par la puissance des tirs, serrés contre leurs frères dans les compartiments passagers. Les survivants, entourés et éclaboussés par les cadavres de leurs frères hurlèrent de rage et leur envie de carnage dans l'étroitesse de la cabine. Le Thunderhawk orienta son nez vers le ciel et disparu dans la soupe de nuages noirs. Les éclairs continuaient de tomber sur la lande désolée.

Le feu des incendies des véhicules éclairait les survivants qui déblayaient le passage pour le reste de la colonne. Les blessés étaient exécutés sommairement et jetés dans les brasiers des transports détruits. Ils avaient été délestés de leurs équipements.

 

-Passe de mitraillage effectuée. Lourd dommage à la colonne ennemie. Rentrons en orbite pour ravitaillement et rechargement. Que l'Empereur soit avec vous. Terminé.

Le sergent Reuss accusa réception du message du Thunderhawk. Il faisait confiance en son pilote pour avoir prélevé un lourd tribut à l'ennemi. Il avait vu les flashs des explosions et les colonnes de fumées des incendies s'élever dans le ciel. Ils avaient peut-être gagné quelques précieuses minutes pour organiser leur défense. L'agitation était palpable autour de lui. Ses hommes couraient en tous sens, prenaient des positions défensives, établissaient des secteurs de tirs avec leurs binômes de combat. Ils avaient compris que la menace viendrait du nord, par là où était venue la première vague. Cette première vague n'était rien d'autre qu'un coup d'essais, pour tester leurs défenses, elle n'avait en aucun cas l'ordre ou la capacité de prendre cette colline. Pourtant elle avait décimé tous les soldats de la garde. La seconde vague était la vraie. Celle qui devait prendre le pont, et raser tout sur son passage.

Son ancien novice, l'initié Brüner qu'il venait d'introniser aidait aux préparatifs, poussant les corps des mutants en bas de la pente, vers une plaine vallonnée, où plus loin le sol prenait de l'altitude jusqu'à un sommet qui entourait toute la vallée où se trouvait la colline et l'accès au pont. Une route y serpentait et des épaves de véhicules ennemies y gisaient. Détruits par les gardes lors de la première attaque. Le sergent activa son vox vers les postes d'écoutes de la garde.

-Ici le frère sergent Reuss du chapitre des Black Templars, en position sur la colline B-deux cent trente-quatre. Demande de soutient d'artillerie immédiat.

-Nous vous transférons monseigneur. Le garde qui répondit sembla effrayé, mais s'acquitta de sa tâche.

-Batterie Basiliks Delta 3, nous vous écoutons.

Il n'avait pas attendu plus de quelques secondes. Il était en relation avec la batterie la plus proche, elle devait faire face à la ville dans le cadre de l'attaque principale.

-Je requiers un soutient d'artillerie sur ma position maintenant. Orientez vos canons vers le nord et attendez mes ordres.

-Monseigneur, je dois recevoir l'ordre écris d'un de mes supérieurs hiérarchiques pour effectuer ce repositionnement. Entendit-il. Il avait une voix chevrotante, il avait peur de désobéir à son officier mais aussi à un guerrier de l'Empereur. Il était tiraillé par le devoir dans les deux sens. Le sergent Gerhart Reuss n'avait pas de temps à perdre, l'ennemi serait bientôt là, ils avaient besoin d'un soutient quelconque.

-Je réquisitionne votre batterie d'artillerie, je transmets en ce moment même les accréditations.

L'esprit de la machine de son armure envoya par liaisons vox sécurisées ses coordonnées ainsi que les accréditations de la campagne en vigueur au croiseur d'attaque en orbite, qui les transmit directement sur le poste vox de la batterie Basiliks. Le chef artilleur, le visage baigné dans la lueur verte de l'écran, à l'abri de la pluie sous une toile de tente, palis en lisant les informations.

-Nous repositionnons la batterie. En attente.

-Dépêchez-vous soldat, sinon je viendrais moi-même vous châtier pour hérésie. Il coupa la communication.

Le lieutenant qui commandait la batterie Delta Trois, sorti de la tente en trombe, à deux doigts de glisser et tomber à la renverse dans la boue. Il courut vers les affuts de ses canons automoteurs. Il alla voir les sous-officiers responsables des tirs. Il leur transmit les ordres, tous semblèrent pâlir.

-Les Astartes ont besoin de nous ? Entendit le lieutenant dans un murmure.

-Silence exécution !

 

Les moteurs démarrèrent dans des grondements rauques, les échappements crachèrent leurs fumées noires bleutées. Les chenilles mordirent dans la boue, les châssis de chars Leman Russ, où étaient montés les canons Trembleterre pivotèrent vers le nord. Les servants des armes s'accrochèrent aux rambardes qui entouraient l'affût. Les gardes partirent chercher les munitions hautement explosives cachées dans des trous creusés à la pelle dans la boue où de vastes toiles cirées les protégeaient de la pluie. La batterie entière était orientée et prête.

 

-Batterie Delta Trois en attente de vos ordres.

Le sergent venait de recevoir le soutien d'une batterie entière et c'était tout juste suffisant pour espérer tenir cette colline. Ses hommes étaient en position et tenaient en joue la crête qui surplombait la petite colline et l'accès au pont. L'Ennemi ne pouvait venir que de là. L'affichage interne de son casque vint ajouter une surimpression de données en bas à gauche, donnant l'état de la batterie ainsi qu'une ligne directe avec elle. Le frère Brüner était sur la deuxième ligne défensive en partant du sommet de la colline. Il avait collé des cadavres contre le parapet de béton derrière lequel il avait pris position. S'ils devaient monter à l'assaut alors ils devraient escalader leurs propres frères morts. Le sergent Reuss aima l'idée et alla prendre position sur la troisième et dernière ligne défensive. Le module d'atterrissage encore entouré d'une fumée épaisse dû à sa rentrée dans l'atmosphère était dans son dos. Le sergent avait pensé à demander tout de suite un bombardement sur la colonne de véhicules en approches. Mais il n'avait plus les coordonnées exactes et il perdrait l'effet de surprise. Il devait attendre de voir l'ennemi pour un tir et un résultat optimal. Ils devaient attendre.

Le soldat Brüner avait sorti son pistolet bolter et attendait. Il portait son armure carapace noire des novices. Seul un initié recevait une armure énergétique Mark VII. Il fit le compte de ses munitions et de ses grenades. Il lui restait encore huit chargeurs plein ainsi qu'un autre engagé pour son pistolet ainsi que deux grenades à fragmentations. Quand il viendrait à court de munitions ou au corps à corps son couteau de combat sortirait de son fourreau. Il risqua un œil par-dessus le parapet. La pluie tombait toujours. Trois frères de batailles étaient sur la première ligne défensive, ils étaient fermement campés derrière leurs couverts et avaient en joue la crête. Quelque chose sur la droite de la ligne accrocha la lumière, un reflet argenté. C'était le champion du sergent. Frère Castar. Brüner n'avait jamais vu un Astartes aussi habile à l'épée que ce frère de bataille. Il avait posé son pavois blindé contre un muret de ferrobéton et avait sorti son pistolet bolter pour l'engagement à distance qui les attendait. Le champion remarqua que le jeune initié le regardait, lui rendit son regard et lui fit un signe de tête entendu. Brüner répondit à son geste et reporta son attention sur la crête.

Ils les entendirent avant de les voir. Les moteurs hurlants, les châssis et les suspensions grinçantes. Soudain des phares percèrent la pénombre de l'orage et de la pluie qui continuait de tomber. Ils avaient quitté la route, et avaient formés une ligne. Le bruit des moteurs devint maintenant tonitruant. Ils apparurent. Une ligne parfaite, faisant face à la pente vers la vallée et vers le pont. Ils s'arrêtèrent au sommet de la crête. Ils sortirent des transports en courant, prenant position autour. Ils étaient nombreux. Les effectifs d'environ deux compagnies standard. Mais au milieu des soldats hérétiques, des géants bossus, courbés venaient s'y ajouter. Des mutants. Aucun visuel sur les Rhino Astartes renégats. Ils devaient rester en arrière. Ils allaient envoyer leurs chiens de guerre faire le travail à leur place, essuyer la puissance de feu impérial avant de s'y engouffrer. Le sergent donna l'ordre.

-Batterie Delta trois, obus explosifs, tir de barrage sur coordonnées. Ordonna le sergent, vingt kilomètres plus loin la batterie accusa réception de l'ordre de tir.

Les soldats soulevaient les obus de quarante kilos chacun vers les culasses des armes. Malgré le froid mordant de la pluie sur leur peau, ils étaient tors nu, soulevant les charges lourdes jusqu'à leurs armes. Ils étaient en nage, un nuage de vapeur s'échappait de leur peau luisante de pluie et de transpiration. La batterie était prête. L'ordre fut donné. Les chargeurs se bouchèrent les oreilles et reculèrent aussi loin que possible. Les tireurs tirèrent d'un coup sec les cordelettes de tir. Les six canons Basiliks tonnèrent. Les freins de bouche crachèrent une épaisse fumée acres qui se répandit vers le sol dans une nappe épaisse. Les châssis des canons s'enfoncèrent dans la boue. Les culasses furent ouvertes, les douilles furent éjectées en contrebas, et les chargeurs s'activaient déjà pour recharger les armes.

L'affichage du sergent Reuss, lui montrait que la batterie venait de tirer. Les obus étaient en approche. L'ennemi devait parcourir trois cents mètres à découvert pour atteindre la colline. Rien ne garantissait qu'ils ne continuent pas leur chemin vers le pont. Rien ne les retenait d'esquiver dans une manœuvre de flanc les forces sur la colline. C'était l'objectif du sergent et de ses hommes. Attirer l'ennemi sur lui et de ne permettre sous aucun prétexte, à un ennemi de traverser. Soudain la ligne de véhicules et de soldats hérétiques s'embrasa. Les explosions soulevèrent des corps par paquets entier, les mutants furent fauchés. Deux camions de transports explosèrent de concert, créant un cratère d'une trentaine de mètres. Le massacre fut immonde sur une concentration de soldats aussi compacte.

Brüner venait de voir six explosions fleurirent sur la crête. Des corps furent soulevés du sol et retombèrent, brisés, écharpés. Les flammes des véhicules éclairèrent la scène. Un éclair frappa l'arrière des positions ennemies, projetant leurs ombres impies vers le bas de la vallée. L'ennemi ne pouvait plus garder sa position, sinon il se ferait hacher par l'artillerie. Il devait charger. Il le comprit vite, leurs maitres renégats les exhortant déjà à faire mouvement. Une nouvelle masse de soldats et de mutants se bousculèrent vers le sommet de la crête et s'élancèrent à l'attaque.

 

-Obus incendiaire, reportez le tir de cent mètres en arrière. Ordonna le sergent.

La batterie Delta trois chargea les obus et ouvrit le feu. L'initié Brüner n'ouvrit pas le feu sur les ennemis qui chargeaient dans la boue. Ils étaient trop loin pour la portée de son arme. Mes ses frères eux, armés de bolter ouvrirent le feu. Ils avaient réglé leurs armes au coup par coup. Les bolter aboyèrent. Ce n'était pas une arme subtile, ni discrète. Elle était faite pour tuer. Les bolts perforèrent les corps et détonnèrent dedans. La ligne impériale s'embrasa quand huit bolters ouvrirent le feu de concert. Les corps des soldats ennemis furent fauchés. Le premier rang mordit la poussière et s'écroula face contre terre. Ils furent piétinés par la seconde vague qui elle aussi reçu le même traitement. Certains soldats hérétiques eurent un bras ou une jambe arrachée par un tir, les jetant au sol. Certains se noyèrent dans les flaques de boues et d'eau, criant leur douleur. D'autres ennemis dépassèrent le sommet de la crête et chargèrent. Des tirs passaient au-dessus de la tête du soldat Brüner, c'était la dernière ligne de défense qui venait d'ajouter sa puissance de feu. Sur sa droite, frère Kentin ouvrit le feu de son bolter lourd fermement tenu contre son couvert. Il balaya le no man's land d'une rafale soutenue. Les douilles fumantes volèrent dans la boue. Soudain il inversa la prise de son arme et visa la ligne de crête. D'un mouvement horizontal, le doigt crispé sur la détente, l'arme cracha une volée de bolts de gros calibres. La troisième vague qui attendait patiemment les ordres de ses chefs fut touchée. Des monceaux de corps tombèrent à la renverse vers le fond de la vallée devant eux. Malgré le vacarme de l'arme lourde, Brüner entendit son frère rire à gorge déployée.

Les obus tombèrent sur l'avancée ennemie. Les explosions firent éclore des nuages blancs surchauffés, des étincelles prirent vie. La température fut telle qu'elle fit évaporer l'eau dans les ornières en quelques secondes. C'était un nuage compact de vapeur et de feu. Le barrage incendiaire inonda toute la largeur de la vallée. Les hérétiques pris dedans essayèrent de hurler quand leur peau fondit. Mais leur gorge aussi fusionna avec leurs vêtements en feu. Certains à la périphérie du nuage brulant, eurent une partie du corps en flamme, et durent se jeter au sol pour l'éteindre. Les plus avancés furent fauchés par des tirs disciplinés des Astartes sur la colline. Le barrage venait de stopper une bonne partie de l'avance ennemie. Mais la pluie qui tombait toujours, éteignit vite le feu et rendit le barrage quasi inoffensif en quelques secondes. Les hérétiques reprirent leur charge. La troisième vague dévala la pente et se joignit à l'avancée.

 

-Obus explosif, tir de protection sur coordonnées, unité amie dans la zone. Ordonna le sergent.

Il était maintenant à portée et ajouta sa puissance de feu à celle de ses frères. Le pistolet bolter aboya, il le tenait à deux mains pour mieux contrôler le recul familier de l'arme. Les douilles fumantes furent éjectées de la culasse. Le frein de bouche crachait bolt après bolt. Trois soldats hérétiques, vêtues de simple gilets pare-balles furent pulvérisés. Il éjecta le chargeur vide et en inséra un nouveau. Il reprit le tir. Les hérétiques et les mutants arrivèrent aux pieds de la colline mais au lieu d'y grimper, ils partirent sur ses flancs pour la contourner et foncer vers le pont. Brüner tira dans la masse qui esquivait la colline pour la contourner. Ses frères tiraient toujours mélodiquement, prélevant un lourd tribut dans les rangs ennemi.

 

-Feu et mouvement. Repliez-vous sur la deuxième ligne de défense. Prenez des positions défensives sur tout le pourtour. Ordonna le sergent d'une voix calme malgré la fusillade.

Les six obus tombèrent aux pieds de la colline là où se séparait le flot de cultistes qui couraient vers le pont impérial. Ils furent oblitérés par les tirs concentrés. De nouveaux cratères ou s'écroulaient les corps fauchés par les bolts s'ouvrirent dans la terre meuble. Le sergent avait prévu que l'ennemi ignorerait la position qu'ils occupaient. Il devait maintenant interdire l'accès au pont.

-Obus explosif, tir d'interdiction sur coordonnée. N'arrêtez le tir sous aucun prétexte.

-Monseigneur ?

-Exécution soldat. Lui ordonna-t-il, il coupa la communication.

 

Les obus tombèrent les uns à la suite des autres dans un flot continu. Les hérétiques n'eurent aucune chance de passer ce feu roulant et dense qui explosait à l'entrée du pont. La porte était fermée. Aucune chance de passer par là. Ils firent demi-tour et montèrent à l'assaut de la colline B-deux cent trente-quatre. Ils étaient assez proches maintenant pour que Brüner puisse entendre leurs cris, leurs rugissements et leurs envies de sang. Et par l'Empereur il allait leur en donner. Les cultistes et les mutants commencèrent à riposter vers les Astartes à couvert. Les tirs de laser et de munitions solides touchèrent le parapet derrière lequel ils étaient. Arrachant des monceaux de béton. Mais il tenait bon. Brüner riposta et visa un groupe qui c'était arrêté dans la boue et mettait en joue ses frères. Il vida son chargeur d'une traite. Le groupe était tellement compact que chaque tir fit mouche. Les bolts touchèrent aussi bien des soldats déjà morts et qui s'effondraient que les survivants. Il rechargea d'un mouvement fluide et reprit le tir, achevant le seul soldat hérétique encore en vie. Il s'effondra, un trou béant à la place du cœur. La détonation du bolt était si puissante qu'elle arracha son bras gauche avec.

Malgré le tir continu et précis des Astartes la masse d'hérétiques était trop grande pour être stoppée. Ils arrivèrent aux protections impériales en bas de la butte. C'était le signal qu'attendait l'ennemi, les Astartes seraient trop occupés avec l'ennemi presque au corps à corps pour s'occuper de ceux qui viendrait en renfort. Ils chargèrent tous. Des mutants passèrent par-dessus une barricade de sacs de sable, avançant à grandes enjambées vers le sommet. Brüner les visa et ouvrit le feu. Le mutant de tête, un mastodonte, aux bras disproportionnés, qui touchaient le sol, fut touché plusieurs fois. Il ne ralentit même pas quand les bolts détonnèrent dans ses chairs. Il ignora tout simplement la douleur. Une rafale de bolter lourd vint le cueillir au niveau de l'abdomen, lui et ses compagnons derrière. Leurs corps implosèrent dans des gerbes de sang infect. Ils s'écroulèrent la face dans la boue. D'autres passèrent au-dessus d'eux pour atteindre les guerriers de l'Empereur.

Les camions de transport firent mouvement, prenant la route qui menait au pont, et inexorablement à la colline. La grêle de tirs des hérétiques redoublait. Le sergent vit des tirs ricocher sur les épaulières de plusieurs de ses hommes, sans grand dommage. Ils ripostaient martialement et efficacement. Le no man's land commençait à être jonché de cadavres ennemis. Et le grondement de la frappe d'artillerie continue résonna derrière eux.

Le soldat Brüner aperçu des phares dans la pénombre qui avançaient vers eux. Les camions voulaient décharger des renforts directement aux pieds de leur position, sur son honneur il n'en sera pas ainsi. Il mit en joue la cabine de pilotage et appuya sur la queue de détente. Les bolts filèrent droit dessus, perforant le blindage inexistant dans des gerbes d'étincelles. Les conducteurs furent broyés par les bolts et les éclats du pare brise détruit. Dans le compartiment passager, les soldats assis reçurent eux aussi des bolts qui explosèrent dans leurs chairs. Le camion fit une embardée et finit dans un cratère d'obus. Le moteur hurla et cala, une épaisse fumée blanche en sortie, ainsi que les quelques survivants par le hayon arrière. Ils se firent faucher par les tirs d'un frère posté un peu plus loin sur la ligne.

Frère Kentin remarqua lui aussi l'avancée des camions sur la route et ajouta la puissance de feu de son bolter lourd pour les stopper. Les tirs perforèrent les blocs moteurs et les roues, les camions s'immobilisèrent et un débarquement d'urgence fit sortir les soldats dedans sous les tirs meurtriers des Astartes.

Une canonnade en règle venant de la crête vint surprendre les Black Templars. Les trois Rhinos renégats ouvrirent le feu de leurs fulgurants de tourelle. Ils effectuaient un tir de suppression pour que leurs troupes impies puissent arriver au contact. Le sergent Reuss sauta à couvert, au moment où les bolts explosèrent sur leurs positions, il vit un frère de bataille tomber sous les rafales. Une rune ambre puis noire apparu dans son affichage tête haute. Il venait de perdre un homme.

Le tir de suppression était dense et meurtrier. Il ne pouvait pas sortir à couvert pour stopper l'avance ennemie de ses tirs. Son oreillette vox cracha :

 

- Grenades mes frères, frère Kentin tir de suppression sur les transports Rhino.

Brüner sorti une grenade à fragmentation, la dégoupilla et la lança à l'aveuglette par-dessus son parapet. Tous ses frères firent de même. Huit explosions vinrent balayer la vague ennemie qui franchissait la première ligne de défense. Frère Kentin posa lourdement son arme sur son couvert et ouvrit le feu sur les trois transports sur la ligne de crête. La première rafale coupa en deux l'artilleur d'un fulgurant. Il tomba à la renverse dans le compartiment immonde de son blindé. Les autres durent rentrer dans leurs compartiments ou baisser la tête devant le tir de riposte. Ils cessèrent le tir. Le bolter lourd consommait ses munitions beaucoup trop vite. Il allait en manquer. Une fois le magasin dans le dos de frère Kentin, il ne lui resterait que des chargeurs hélicoïdaux à sa ceinture. Il continua de cracher la mort sur les hauteurs. Les douilles fumantes s'éparpillaient autour de ses pieds armurés.

Brüner se releva et ouvrit le feu sur les ennemis qui devaient enjamber maintenant les corps fumants, lacérés par les grenades Astartes. Ils étaient proches. Un éclair vint frapper tout prêt. Illuminant la vallée. Le tonnerre vint ensuite, s'ajoutant au grondement du barrage d'artillerie. Le flash lumineux éclaira la marée de soldats encore vivant avançant sur eux. Ils étaient bien trop nombreux.

Une clameur inhumaine partie de la crête. Le sergent focalisa ses optiques et y vit un attroupement d'hérétiques Astartes. Il reconnut aussitôt les héraldiques. Des World Eaters. Des barbares enragés, pervertis, qui ne vivaient que pour tuer, boire le sang de leurs ennemis et collectionner les crânes des vaincus pour le trône du dieu sombre Khorne. Ils levèrent leurs haches tronçonneuses vers le ciel et partirent à la charge. Eclairés par les incendies, les explosions et le tonnerre. Des cris venaient de la crête, le soldat Brüner risqua de regarder par-dessus le parapet entamé par les tirs de fulgurants ennemis. Une marée se pressait vers lui, ils étaient sur eux. Il ouvrit le feu imité par ses frères. C'était une fusillade à bout portant. Les hérétiques s'effondrèrent, du sang gicla dans la pluie. Les éclairs éclairaient de façon stroboscopique le carnage. Brüner rechargea son arme. Il ne lui restait plus beaucoup de chargeurs pleins. Il sorti son poignard de la main gauche. Prêt à défendre chèrement sa vie.

Le bolter lourd crachait la mort sur les Astartes qui chargeaient à découvert. Ils hurlaient comme des déments. Le sergent ajouta ses tirs à ceux de son porteur d'arme lourde. Du coin de l'œil il vit sur la crête des rapides mouvements ennemis, puis deux trainées blanches partirent dans un sifflement distinctif. Les missiles antichars filèrent droit sur le sommet.

-En approche ! Hurla le sergent dans son vox.

Les missiles passèrent au-dessus de sa tête et détonnèrent. Une immense explosion vint soulever des monceaux de terre dans les airs. La fumée et le feu envahirent l'univers proche du sergent Reuss. Il fut projeté contre son parapet de béton. Sous la violence de l'impact il eut le souffle coupé. Quelque chose lui en céda. Une de ses parois costales se brisa. Il cracha du sang à l'intérieur de son heaume de bataille. Il eut beaucoup de mal à se relever. Il risqua un œil derrière lui. Le module d'atterrissage avait été touché. Il ne restait plus qu'un cratère fumant. L'eau de pluie le remplissait déjà.

 

Une explosion titanesque venait de terrasser la colline. Impossible pour Brüner de voir ce qu'il c'était passé. Il combattait maintenant au corps à corps. Les monstres mutants et les hérétiques essayaient de passer son remblai. Il tirait à bout portant dans des visages grimaçants. Et tailladait à grands coups de moulinets dans les bras qui le saisissaient. Les ennemies perdaient doigts et bras dans leurs vaines tentatives. Le bolter lourd tirait toujours, il visait les Astartes ennemis. Plusieurs furent fauchés sans ménagement, leurs armures ne pouvant pas encaisser la puissance de feu. Le tir continu se sembla pas les affecter, même plutôt à les enrager d'avantage si c'était possible. Soudain le tir de suppression stoppa. Frère Kentin venait de consommer toute sa réserve de munition, d'une pensée il libéra le magasin de son paquetage dorsal. Il tomba dans la boue, au milieu des douilles encore fumantes. Il saisit son bolter lourd et y inséra un chargeur hélicoïdal. Il reprit le tir avec parcimonie.

 

-Replis sur la dernière position défensive ! Feu et mouvement ! Le sergent hurlait pour se faire entendre par-dessus la fusillade intense et les corps à corps sanglant.

A l'ordre, Brüner tira quelques cartouches et sorti de son couvert, à reculons, tout en ripostant et en tirant. Un soldat venait de sauter par-dessus le parapet et le chargea. Il dévia sa baïonnette d'une parade. Le garde emporté par son élan dépassa l'Astartes qui lui planta son couteau de combat dans la nuque. Il rengaina ses armes, saisi une grenade et la lança. Il partit en courant vers le sommet. Dans son dos la détonation fut étouffée par l'amalgame de corps qui passait au-dessus. Sur sa droite, il vit un spectacle qui réveilla en lui son instinct guerrier. Frère Castar traînait un de ses frères, mort, coupé en deux au niveau de la taille vers la dernière position défensive. Il était assailli de toute part et ne pouvait pas se défendre et ramener le corps de son frère dans leurs lignes. Aussitôt, Brüner couru dans sa direction, il dépassa deux de ses frères qui continuaient de délivrer un feu nourri tout en se repliant. Un mutant passa entre ses deux frères et tenta de l'intercepter dans sa course effrénée. Il ne ralenti pas et mis son épaule gauche en avant en accélérant la cadence de course. Le choc fut brutal, l'hérétique passa par-dessus son épaule pour tomber dans son dos, se brisant la nuque sous son propre poids. Il restait qu'une dizaine de mètres pour atteindre ses frères en mauvaises postures. Brüner sauta par-dessus un remblai de béton et atterri lourdement derrière, son pied droit rencontra l'arrière de la tête d'un ennemi blessé à l'abdomen. Sous la masse de L'Astartes, il fut plongé la tête la première dans la boue, l'avalant à pleine bouche, avant que le pied blindé ne lui brise les os du crâne.

Il était à portée de ses frères, il dégaina ses armes et mitrailla la masse grouillante autour de Castar. Il découvrit les deux Astartes. Castar respirait encore, il était enseveli sous les corps. L'autre Astartes n'était plus. Le champion était gravement touché. Il essayait de le relever pour reprendre le repli vers le sommet, mais ses jambes se dérobaient sous lui. Brüner s'attendait à tout moment à recevoir un coup de baïonnette ou de lame tronçonneuse dans le dos pendant qu'il aidait tant bien que mal son frère. Il releva la tête, les hérétiques passaient à côté de lui, sans lui prêter à attention. Il vit pourquoi. Une bande d'Astartes en armure d'un model qu'il n'avait jamais vu le toisait de haut. Elles étaient peintes en rouge cramoisis, soit avec de la peinture soit avec du sang. Ou un mélange des deux. Une voix résonna, puissante, horriblement inhumaine, comme si dans cette gorge surhumaine coulait des débris de verre pilé.

 

-Il est à moi. Je veux son épée.

Il parlait de l'épée de frère Castar. Les deux Astartes impériaux comprirent. Castar dans l'incapacité de se battre tendit son épée à Brüner. Une épée d'apparence commune. Ce n'était pas une épée énergétique. Aucun champ disrupteur ne la parcourait. Sa fusée en cuir tanné, finissait par un pommeau en ivoire, une tête de mort stylisée y trônait. Sa garde représentait, dans un métal clair l'aigle bicéphale de l'Imperium. Le métal dont était faite la lame était sombre. C'était une relique, donnée au frère Castar pour des états de services exemplaires. C'était un engin de mort parfait.

-Alors viens la chercher, traître.

L'Astartes renégats parti d'un rire sonore et faux. Il se moquait ouvertement du jeune initié.

-Combattre un novice ? Ce n'est pas un combat pour moi. Toi, tue-le.

 

Il désigna un de ses soldats en armure. Il s'avança dans un grognement grotesque. Il était armé d'un fléau. Aux bouts des chaines pendait des crânes humains à plusieurs étapes de décomposition, ainsi que des boules de métal hérissées de piques. Le renégat chargea. L'initié chargea lui aussi. Raccourcissant l'allonge supérieure de l'arme de son adversaire. Il enjamba frère Castar mourant. Qui se vidait de son sang par de nombreuses blessures. Ses cellules de Larraman peinaient à endiguer le flot qui quittait son corps.

Brüner passa sous sa garde, le fléau de crâne siffla au-dessus de sa tête. Il planta fermement ses pieds dans la boue et entama un arc de cercle avec son épée la tenant fermement à deux mains. Il rencontra les genoux de l'hérétique qui lui aussi se retournait, mais pas assez vite. Ses deux jambes furent sectionnées. Il tomba au sol, sur le ventre. Il hurlait de rage et de douleur. Maudissant l'initié. Il mit fin à ses obscénités en lui plantant la lame dans l'arrière de son crâne. Elle ressorti par sa fosse nasale, transperçant son casque.

Brüner extirpa la lame d'un mouvement sec, découpant ce qui restait du crâne, et revint au-dessus de frère Castar, le protégeant de son corps.

-Qui sera le suivant ? Lança-t-il à l'assemblée d'hérétiques.

Ce n'était plus un rire qui sorti de la gorge de l'officier ennemi. C'était un rugissement de haine.

-Que personne ne les touche. Ils sont à moi.

Il activa ses haches tronçonneuses. Dans un grondement de moteurs torturés, elles crachèrent leurs fumées d'échappements. Il chargea lui aussi. Il était beaucoup plus rapide que son soldat. Il était sur lui. Il effectua une rapide passe d'arme, en feintant un coup d'horizontal pour frapper de son autre main verticalement. Brüner mit l'épée de Castar en opposition au dernier moment. Les lames mordirent dans le métal de l'épée mais ne parurent pas l'entamer. Des trombes d'étincelles jaillissaient des lames tronçonneuses, tombant sur le corps mourant de Castar. Soudain, une de ses lames partis vers le ventre de Brüner. Il sauta en arrière, essayant d'esquiver l'attaque sournoise. La lame mordit dans le plastron, et entailla la chair en dessous. Une douleur vive lui vint de sa blessure. Un sang chaud se répandait dans le bas de son armure. Son adversaire possédait l'avantage des armes, il en possédait deux. Il devait réduire se désavantage s'il voulait survivre. Il dégaina son couteau de combat de sa main gauche.

Il était à quelques pas de frère Castar, toujours au sol. C'était le traître qui était au-dessus de lui. En l'enjambant pour se rapprocher de Brüner il entailla d'une de ses lames hurlantes la jambe du frère Black Templar. Celui-ci hurla de douleur.

 

-Vous êtes faibles, loyalistes.

-Approche, viens voir par toi-même si nous sommes faibles. Lui répondit Brüner.

La réponse parue rendre encore plus fou de rage l'hérétique.

-Ton crâne viendra embellir ma collection. Ton corps nourrira mes esclaves. Et tes frères supplieront que je les achève.

-Sur mon honneur tu ne quitteras pas cette planète en vie, sale chien.

Brüner enrageait. Mais canalisait cette envie de meurtre sanglant au nom de L'Empereur-Dieu de l'Humanité. Il c'était redressé, pointait la pointe de l'épée vers les cœurs impies de l'hérétique et avait prononcé cette insulte. Il n'avait pas fallu plus. Le renégat chargea de nouveau. Cette fois c'était une attaque sans feinte. Les lames venaient des deux côtés horizontaux en même temps. L'initié au lieu de reculer, avança d'un pas, dans l'étreinte mortelle des bras de l'ennemi, mais trop près pour être inquiété par ses haches. Il lui assena un immense coup de tête. Son arcade sourcilière s'ouvrit sous le choc. Sa vision était obscurcie par le sang qui lui coulait dans les yeux. L'Astartes ennemi, surprit, recula de quelques pas.

 

Il enleva son casque aux optiques fissurées par le coup et le jeta au sol. Brüner fit de même. Il put voir le visage de son ennemi. Un regard noir, sans pupille. Une peau blanche et blême. Scarifiée à l'excès. Ses doigts taillés en pointes venaient entailler ses lèvres bleues, pourrissantes. Des câbles venaient perforer son crâne pour plonger dans son armure. C'était un spectacle immonde. La pluie lui coulait sur le visage, lavant le sang qui s'échappait de sa blessure. Il avait maintenant la vue un peu plus dégagée. Tout autour de lui les autres Astartes renégats les encerclaient et regardaient le spectacle. Ils semblaient amusés, et impatient d'eux aussi se joindre au massacre. Mais ils laissaient leur chef s'amuser un peu. Derrière eux les hérétiques continuaient de progresser vers le sommet. La fusillade faisait toujours rage.

L'hérétique chargea de nouveau, des fluides étranges se déplaçaient dans les tubes qui étaient reliés à son crâne. Surement des drogues de combat. Elles augmentaient l'agressivité et la soif de sang du patient. Il attaqua sans subtilité. Une de ses haches fondit sur le crâne de l'initié. Il intercepta le coup avec l'épée de Castar. Sous la force du choc, il ploya le genou. Il avait arrêté les dents de la lame rugissante à quelques centimètres de son visage. L'effort surhumain avait ré ouvert sa plaie à l'abdomen qui se remit à saigner abondement. Dans un élan insensé il décida de poignarder la hache de son couteau. La lame monomoléculaire pénétra enter deux dents, et arrêta la lame. Le métal vola en éclats, la garde restante fermement planté dans le moteur qui ne pouvait plus tourner. L'hérétique jeta son arme inutilisable à terre. Et asséna un violent coup de poing ferré au visage de l'initié. Sa blessure à la tempe empira quand sa peau s'ouvrit encore plus sur une dizaine de centimètres. Il grogna de douleur et fut projeté sur le dos, au sol, plus loin. L'hérétique approcha rapidement, bien décidé à achever son ennemi.

Soudain il fut retenu par une force inconnue. Frère Castar dans un élan héroïque agrippa la jambe de l'hérétique, l'empêchant d'avancer plus pour tuer son frère. D'un mouvement ample et rageur, il fit fondre sa seconde hache en état de fonctionner sur le bras qui le retenait. Le bras quitta son propriétaire dans une gerbe de sang et un cri de douleur. Brüner saisit l'occasion, se releva et sauta sur le traître. Sous la violence du choc ils tombèrent tous les deux au sol, Brüner sur lui. Il lui asséna un violent coup de poing, et un second. Puis une série ininterrompue. L'hérétique au sol avait essayé de riposter, mais ses coups manquaient de précision. Le crâne du guerrier du chaos commença à céder. Brüner dans un cri de rage pure donna un unique coup de poing qui passa à travers le visage du renégat. Il ne restait qu'une bouillie immonde de dent, d'os et de cervelle. Il se releva, titubant sous l'effort, blessé. Il recula jusqu'à son frère, lui aussi blessé et reprit sa garde pour le protéger. Le reste de la troupe de guerre semblât surpris devant la mort de leur chef et n'attaquèrent pas tout de suite. Ce fut leur perte.

Un tir soutenu venant du sommet les faucha tous. Le bolter lourd aboyait, couvrant le bruit des blessés et de l'artillerie.

 

- Couvrez-les ! Replis vers le sommet, maintenant frère ! Hurla le sergent.

Brüner avait perdu son oreillette et son casque dans le corps à corps avec le chef hérétique. Ses frères devaient hurler jusqu'à lui pour se faire entendre. Sans attendre il donna son pistolet bolter à Castar, lui donna son épée qu'il cala comme il put, de son bras invalide, le saisit par les aisselles et le traîna vers le sommet. L'ascension fut longue et difficile. Son frère blessé en armure était lourd et encombrant. Aucun mutant ou soldat humain ne les atteignit. Fauchés avant de les atteindre par un tir de bolter précis. Les deux survivants furent éclaboussés de terre et de sang dans leur repli. Frère Castar tirait bolt après bolt sur les ennemis enragés qui les chargeaient. Il rechargeait d'une main et aidait son frère qui le traînait en poussant sur son unique jambe dans la terre meuble.

Brüner était en nage, perdait son sang de plusieurs blessures grave. Il n'avait pas la puissance d'une armure énergétique avec lui pour l'aider dans sa tâche. Les fibres musculaires synthétiques qui tapissaient l'intérieur de l'armure et les servomoteurs auraient rendu sa quête plus facile. Ses jambes le lançaient. Ses cœurs pompaient son sang sans discontinuer, envoyaient ses globules rouges améliorés, chargés d'oxygènes à ses muscles de fer, forgés par la guerre et la chirurgie. Les tirs de bolter dans son dos se rapprochaient. Ils étaient bientôt au sommet. Frère Castar rechargeait son arme, un mutant horrible surgit d'une nappe de brouillard, en hurlant de rage, un poignard à la main. Il se rua sur frère Castar. Brüner lâcha son frère qui tomba dans la boue se saisit d'un seul mouvement de son couteau de combat de lança de toute ses forces sur l'ennemi. Il se ficha dans son plexus solaire, il s'écroula de tout son poids sur frère Castar au sol, l'écrasant sous son poids. Le frère blessé hurla de rage, et de douleur, insultant et maudissant le mutant renégat. Brüner se ressaisit et traina son frère sur les derniers mètres. Il cala son frère mal en point, dos contre une barricade, lui donna ses derniers chargeurs. Frère Castar reprit le tir, méthodiquement. Traitant chaque menace qui assaillait ses frères.

 

-Frère Brüner, prend mon épée, je ne peux plus combattre avec elle, tu t'en es montré digne. Va et poursuit le combat. Je te couvre. La voix de Castar était ténue et faible. Presque dans un murmure.

Brüner se releva l'épée à la main et parti rejoindre ses frères encore valides sur la ligne de défense.

Le bolter lourd c'était tut. A court de munition, il gisait au sol, son canon chauffé au rouge dans une flaque d'eau la faisait s'évaporer dans ses volutes de vapeur. Le sol était jonché de douilles vides. Un corps d'Astartes gisait lui aussi contre un remblai, perforé par des tirs de bolts ennemis. Brüner accouru vers son frère tombé. Il vit le carnage qui l'avait emporté. Fit une rapide prière pour son frère tombé au combat et se saisit de son bolter. Il lui restait encore quelques bolts dans son chargeur entamé.

 

-Frère Brüner avec moi ! Appela le sergent.

Il se tenait fièrement sur un monticule d'hérétiques occis. Il tirait et fauchait tout ce qui passait à sa portée dans de grands moulinets précis de son épée énergétique. Elle séparait les os des corps et les têtes des coups dans ses grésillements d'énergie. L'eau qui tombait sur la lame s'évaporait sous la chaleur dégagée.

Dans une course effrénée ils se rejoignirent au bord du cratère du module d'atterrissage. Il commençait à se remplir d'eau. Un cadavre d'Astartes allié gisait au fond avec plusieurs autres d'hérétiques. La fusillade faiblissait. Il commençait à tomber à court de munition et entamaient des corps à corps sanglant tout autour de la dernière ligne.

Brüner vida le chargeur de son bolter qu'il tenait à une main sur un groupe ennemi qui contournait le frère Kentin, tirant au pistolet bolter maintenant que son arme lourde n'avait plus aucune munition. Il rejoignit le sergent Reuss. Son amure était en piteux état. Son tabar blanc était méconnaissable, brulé, perforé de part en part. Une de ses épaulières était fissurée, et du liquide de lubrification s'en écoulait abondement. Un violent choc avait embouti un coté de son casque et fissuré une de ses lentilles optiques.

 

-J'ai demandé l'appui d'une seconde batterie d'artillerie sur notre position, les tirs sont en approche. Lui annonça-t-il.

-Frère Sergent, nous devons nous regrouper dans un dernier carré autour du cratère.

-Nous sommes débordés, nous ne pouvons pas... La phrase mourut dans sa bouche.

Le bolt ennemi l'avait frappé dans le dos, perforant les couches d'armure, sectionnant son épine dorsale et l'avant de sa cuirasse. Il détonna entre les deux Astartes. Le sergent mortellement surpris, posa sa main armurée contre l'épaule de Brüner. Les deux guerriers, mortellement touchés tombèrent à la renverse.

Sous le choc il avait perdu connaissance quelques secondes. Il reprit ses esprits, écrasé par une masse énorme sur son torse. Il ouvrit les yeux et vit son sergent, mourant sur lui. Ils étaient au fond du cratère, qui se remplissait d'eau et de sang. Un nouveau choc percuta les deux Astartes, un nouveau corps tomba dans le charnier c'était des soldats ennemis tués par le reste de ses frères à la surface. Soudain une détonation retentit, c'était la seconde batterie qui visait directement leur position. Les explosions soulevèrent des monceaux de terre dans les airs qui retombèrent dans le cratère. Ensevelissant un peu plus, les deux Astartes touchés, dedans.

-Frère sergent ! Appela l'initié.

Son visage touchait presque le casque de Reuss.

-Erik, survit par n'importe quels moyens. Venge-nous, accomplis ta mission, et honore le chapitre. Il parlait dans un murmure à peine perceptible malgré les hauts parleurs de son heaume de guerre.

-Nous devons-nous sortir de là et combattre notre ennemi.

-Honore ton serment chevalier, rends-moi fier. Jure-le.

-Je le jure.

 

Le sergent coupa la communication et Brüner put entendre les sons caractéristiques d'une communication privée dans le heaume du sergent Reuss. Il essaya de soulever le corps de son officier qui le clouait au sol quand un nouveau choc venant du haut du cratère vint les percuter. Une nouvelle détonation de l'artillerie retentit. Brüner avait la respiration coupée, le sternum écrasé, il ne pouvait plus respirer. Plus haut, au sommet, il distingua les bruits d'une empoignade violente. Un cri de guerre couvrit les détonations de l'artillerie, des mourants et du tonnerre. Il se répercuta sur toute la vallée, comme un signe de défis.

-Pour Dorn, pour Sigismund, et Pour l'Empereur Dieu de l'Humanité, à mort !

Une violente explosion, si proche et puissante qu'il sembla à Brüner que son âme lui était arraché de son corps, vint percuter le fond du cratère. Il perdit connaissance, et entra dans un voile de ténèbres.

 

Le soldat Brüner se réveilla dans un sursaut. Le corps trempé de sueur, ses deux cœurs battant la chamade. Il ne réalisa pas tout de suite où il se trouvait. Son cerveau pensa qu'il était encore sur cette planète maudite, au fond de ce trou immonde où tombait les corps de ses frères de batailles et les cadavres impies. Il se releva d'un bond et sauta au sol. Ses pieds nus sentirent le froid du sol en métal. Il était ébloui par la lumière blanche et crue qui l'enveloppait. Ses yeux s'habituèrent vite à son nouvel environnement. Les parois de carrelage blanc, d'une propreté clinique lui rappelèrent quelque chose dans la brume qui obscurcissait ses pensées. Il risqua un œil vers son torse. Une blessure bandée de pansements neufs venait barrés le coup de hache tronçonneuse qui avait failli l'éventrer. La cicatrisation avançait bien, une légère cicatrice était encore visible sur ses abdominaux.

Il pouvait percevoir les ronronnements distinctifs des moteurs d'un vaisseau spatial malgré l'épaisseur des murs et des couches de blindage. Il était surement en orbite.

Soudain une porte sur sa gauche qu'il n'avait pas vu s'ouvrit à la volée, se rétractant dans le plafond. Un géant en armure complète entra. Il était du chapitre des Blacks Templars lui aussi. Le soldat Brüner, seulement vêtu d'un bas de pantalon rêche, paru surpris. L'Astartes qui venait d'entrer leva ses mains dans un geste d'apaisement.

 

-Du calme, néophyte.

-Je ne suis plus un néophyte, frère. J'ai été adoubé. Où sont mes frères ? Où est notre escouade de croisés ? Avons-nous gagné ? Lui demanda précipitamment le soldat Brüner.

-Je ne peux répondre à tes questions mon frère. Habille-toi, je dois t'amener au sénéchal à ton réveil. Ce sont mes ordres. Quand il eut terminé sa phrase il barra sa poitrine de ses bras puissants et armurés, bloquant l'accès à la seule sortie de cette salle de ce qui ressemblait à un Apothecarion.

L'Apothicaire marchait vite, aidé par la puissance de son armure. Brüner suivait la cadence malgré sa carrure plus petite sans armure. Il était toujours pieds nus, portant une bure de laine épaisse sur ses épaules. Il entendait les bruits de liaisons vox qui s'ouvraient et se coupaient dans le heaume de guerre de l'Apothicaire.

-Où sommes-nous ? Depuis combien de temps je suis plongé dans le coma ?

-Tu es sur la barge de bataille du sénéchal Organon. Cela fait près de trois semaines que tu étais dans le coma. Nous t'y avons plongé suite à tes blessures. Maintenant silence, croisé.

 

Brüner réfléchi à toute vitesse. Cela faisait trois semaines qu'il devait être à bord, les Black Templars des suites d'une altération de leur patrimoine génétique, perdait la capacité de rentré dans une transe réparatrice des suites à une blessure grave, les Apothicaires du chapitre avaient pris pour habitude de les y plonger eux-mêmes les guerriers touchés grâce à de puissantes drogues. Ils marchaient dans les corridors de la barge de bataille, les torches et les braseros accrochés aux murs et aux plafonds éclairaient leurs pas dans les coursives du vaisseau.

Ils étaient venus accompagner des loups de Fenris sur cette planète et dans ce système pour mener à bien cette campagne aux cotés de la garde impériale. Comment ce pouvait-il que le sénéchal soit aussi présent dans ce système perdu ?

Il n'avait aucune réponse à ses questions, et suivait humblement son frère de bataille. Ils arrivèrent vers une allée majestueuse de colonne de pierre immense qui la bordait. Ces colonnes faisaient la taille d'un transport Rhino en diamètre et supportaient une voûte elle aussi de pierre, tellement haute que les feux qui crépitaient dans des braseros énormes peinaient à éclairer le plafond qui les surplombait. Un tapis d'un rouge profond et somptueux était tendu sur toute la longueur de la voûte et des colonnes. Entre chaque colonne, un garde d'honneur, portant épée et bouclier, scrutait les allers et venues des serviteurs ou des frères de batailles. Le tapis contrasta immédiatement avec le froid glacial du sol sur lequel ils venaient de marcher. Ils durent traverser tout le grand hall menant à la salle du conseil du sénéchal.

Brüner n'avait jamais eu l'honneur d'arpenter la barge de bataille du sénéchal. C'était une très étrange opportunité de le faire en ce jour. Il avait entendu parler des exploits de leur commandant. Le sénéchal Organon, chef de la croisade, avait été formé par le sergent Gerhart Reuss bien des années auparavant. C'était même des amis de longues dates. Le sergent refusant catégoriquement toute promotion à un grade supérieur. Préférant être au plus près de la bataille et former les jeunes recrues dans les horreurs de la guerre. Le temps les avait séparés, mais ils gardaient un lien très fort. Organon était un héros de légende, aussi bien connu pour ses stratégies pointues et adroites, mais aussi pour sa fureur légendaire.

Ils arrivèrent devant deux immenses portes d'adamantium. Sur chaque battant était gravé dans le métal dur comme du diamant, les exploits d'illustres champions qui ne seront jamais oubliés. On voyait des guerriers brandir haut dans le ciel d'immenses bannières aux couleurs des Black Templars, sur des monticules de corps Orks, sur d'autres on pouvait voir des carrés héroïques se battre contre des nuées tyrannides. Chaque héros sublimé par les coups de burin du maître artisan qui avait façonné ces portes pendant une centaine d'années de travail acharné. Ces battants inspirèrent l'humilité à qui quiconque les regardes. De part et d'autre de ces portes deux Astartes en armure Terminator barrait le chemin de leur masse. Ils portaient une hallebarde énergétique chacun. A l'approche de l'Apothicaire et du soldat Brüner ils croisèrent leurs armes dans un tintement de métal qui se réverbéra sur les murs et colonnes derrière eux.

 

-Je suis l'Apothicaire Drausd. J'ai été convoqué par le sénéchal avec ce guerrier.

Les hallebardes les laissèrent passer. Quatre Astartes torse nu, et musculeux sortirent des ombres et s'arc-boutèrent contre les battants de la porte. Ils poussèrent de toutes leurs forces dessus et elles commencèrent à infléchir leurs directions vers l'intérieur. Un immense brouhaha sorti immédiatement de la pièce que les portes protégeaient. Un courant d'air chaud vint de l'intérieur, charriant l'odeur des feux de cheminées et des lampes torches de la salle de guerre. Le vacarme cessa d'un seul coup quand les occupants s'aperçurent que des nouveaux arrivants entrèrent.

A peine eussent-t-ils franchit le pas de la porte, que l'Apothicaire disparu dans l'assemblée qui entourait une estrade de pierre au centre de la pièce. Les gardes d'honneur qui protégeaient les portes entrèrent et encadrèrent le soldat Brüner. L'un d'un geste brusque le poussa en avant. Ce fut comme si un marteau venait de lui frapper les os. Il avança vers le centre de la pièce. Les armoiries de la maison du sénéchal flottaient fièrement à des colonnes de pierre noire, suspendues au-dessus de feu immenses, éclairant et chauffait l'immense pièce. Les frères réunis autour de l'estrade fixaient le soldat Brüner des optiques rouge sang de leurs casques. Brüner senti immédiatement l'hostilité des personnes présentes. La foule s'écarta devant lui, le laissant voir l'estrade de pierre et les trois marches qui amenaient dessus. Il y grimpa, d'un pas souple et lent. Et se fixa, debout, fier et droit.

Il le vit, le sénéchal, dans une armure Terminator complète. Assis dans son trône d'airain. Sa puissante main droite tenait son épée à deux mains pointées vers le sol, sa main reposant sur sa garde. Son casque était posé sur un des accoudoirs de son trône. Son visage n'était que haine et fureur. Tailladé de cicatrices. Ses cheveux blonds coupés court encadraient un visage qui un jour avait dû être beau, mais aujourd'hui ne ressemblait qu'à un champ de bataille ravagé. Des clous de services étaient plantés dans sa tempe, montrant à tous la durée de sa vie de guerrier héroïque. Il était le parangon d'un Black Templar. Un chevalier, qui ne vivait que pour la guerre.

Il était entouré par une cohorte de chapelains, à l'air menaçant. Leurs heaumes aux faciès de crânes et de démons hurlants toisaient Brüner.

Les Terminators se postèrent derrière Brüner et avant qu'il ne puisse mettre genoux à terre, il reçut de la part des deux géants deux violents coups dans le creux de ses jambes. Il se retrouva à genoux, la tête baissée, grognant sa rage et sa douleur. Un héraut du chapitre s'avança, un parchemin dans ses mains. Il était vêtu humblement comme le voulait la tradition du chapitre qui ne tolérait aucun faste. D'une voix claire et forte il entreprit de lire le contenu de sa missive.

 

-Néophyte Erik Brüner, au service du Frère Sergent Gerhart Reuss, engagé dans la campagne visant à libérer ce monde oublié de l'Empereur-Dieu, vous serez jugé par ce tribunal militaire.

Le soldat Brüner prit la nouvelle comme un missile en plein cœur. Il était jugé. Voilà pourquoi l'assemblée semblait si hostile à son égard. La tête toujours basse, il prit la parole.

-Je ne suis un pas un néophyte, je suis un initié du chapitre des Black Templars, adoubé par le frère sergent Gerhart Reuss !

Le héraut paru décontenancé devant l'annonce. Il se retourna légèrement vers le sénéchal qui n'avait pas bougé d'un pouce sur son trône, comme une statue antique, jugeant la scène. Un des gardes Terminator avança d'un bas lourd et asséna un violent coup de poing sur le visage du soldat à genoux. Ce fut comme si un char de combat lui roulait dessus. Il fut projeté à terre, crachant du sang de sa bouche ouverte. Il se remit à genoux s'aidant de ses bras.

-Vous paraissez en ce jour, pour avoir faillis à votre devoir. La sentence est la mort.

-Pour quel crime ? Où sont mes frères ? hurla le condamné, toujours à genoux. Saignant abondement sur la pierre de jugement.

-Ce n'est pas à vous de poser les questions ! Lui répondit un chapelain, derrière le trône du sénéchal.

Le second Terminator s'avança et lui asséna un autre coup de poing armuré. Lui ouvrant l'arcade sourcilière. Il cracha de nouveau du sang. Qu'importe la douleur, il devait savoir. Le héraut poursuivis.

-Le frère sergent Gerhart Reuss est mort au champ d'honneur ainsi que toute son escouade de croisés. Vous êtes le seul survivant. Vous avez été retrouvé gisant dans un cratère entouré de cadavres de vos frères, et de votre officier. Les fils de Fenris ont découvert votre corps et nous l'on amené.

- Nous avons accomplis notre mission, nous avons tenus cette colline. L'ennemi n'est pas passé, par l'Empereur-Dieu nous avons combattu des Traîtres ! Ce défendit l'accusé.

-Silence ! Hurla de rage un Astartes dans l'assemblée.

Le premier Terminator fit un pas en avant et saisit la nuque du guerrier à genoux. Il lui serra si fort qu'il écrasa son larynx, l'empêchant de parler et en l'immobilisant.

-En effet, celons les enregistrements vox de l'affrontement, des renégats du chapitre trois fois maudits des World Eaters ont été aperçus. Les loups de Fenris ont massacré ce qu'il restait d'eux. Quoi qu'il en soit, pour manquement à l'honneur, et pour avoir failli à votre serment, ce tribunal vous condamne à mort. Appliquez la sentence.

Le deuxième Terminator souleva sa hallebarde haute dans le ciel, armant son bras pour frapper la tête immobilisée du soldat Brüner.

-Monseigneur ! Appela un chapelain. Il sorti de la foule, bousculant ses frères pour se tenir devant son maitre. Notre frère Techmarine m'a fait part d'un détail dans cette affaire. Notre regretté frère sergent Gerhart Reuss, aurait laissé un message avant de succomber à ses blessures.

Le sénéchal paru enragé. Les veines sur son crâne et sa gorge se gonflèrent sous l'effet de la colère.

-Parlez Techmarine ! Lui ordonna le chapelain.

-Notre regretté frère a en effet, enregistré son testament avant de mourir. Il l'aurait enregistré alors qu'il gisait dans ce cratère, mortellement touché.

Une représentation audio verte pale s'afficha au centre de la pièce, au-dessus de la pierre de jugement. Les hauts parleurs dissimulés dans la salle du trône retransmirent la voix du sergent.

-Moi, Gerhart Reuss du chapitre des Black Templars, demande assistance immédiate, unité impériale Astartes submergée. A quiconque entendra ce message, mes hommes se sont vaillamment battus. On entendait le vacarme de l'artillerie derrière sa voix. Ainsi que les tirs de bolter et les cris de guerre.

-Je confie mon commandement à l'Initié Erik Brüner, du chapitre des Black Templars, ne...

-Assez ! Hurla de rage le sénéchal. C'était la première fois qu'il prenait la parole. Sa voix ressemblait à un cri rauque d'un prédateur d'un monde sauvage. Elle était sans douceur aucune. L'extension d'une âme guerrière.

L'enregistrement disparu aussitôt.

-Poursuivez la sentence !

-Monseigneur, en vertus de nos lois, un officier Astartes ne peut être condamné à mort par notre main. C'était encore ce même chapelain. Il c'était encore plus avancé, et était maintenant sur les marches menant à la pierre de jugement. L'autre Terminator se posta devant le chapelain pour qu'il ne s'avance pas plus. Quelques grognements d'approbations sortirent de la foule amassée aux pieds de la pierre, qui avaient appris la nouvelle.

 

Un membre de la cour du sénéchal s'approcha et murmura quelque chose à l'oreille de son officier. Il hocha imperceptiblement la tête. Et fit geste d'une main aux Terminators. Ils desserrèrent leur prise sur le condamné, qui put respirer librement.

Le héraut repris la parole. Appliquant la loi en vigueur.

-Sergent Erik Brüner, du chapitre des Black Templars, je vous condamne au bannissement de cette croisade.

Le choc fut encore plus douloureux pour le soldat. Il venait d'apprendre que son mentor était mort. Qu'il héritât de son commandement et était bannis du chapitre qui venait de l'accueillir en son sein. Sa tête lui faisait mal, son esprit bouillonnait.

-J'ai une requête ! Hurla-t-il.

Ce fut le mot de trop. Le sénéchal se leva d'un bond, planta la lame de son épée dans la pierre, sous son trône. Il hurla de rage :

-Comment oses-tu ? Ils sont morts et tu as survécu, mon mentor est mort par ta faute, et tu prends son commandement. Qu'a-t-il pu voir en toi ? Cracha-t-il.

-Je demande humblement « le premier choix ». Brüner avait prononcé ces mots dans un murmure.

C'était une vieille tradition, que peu d'Astartes mettaient encore en place. Pour tout soldat qui prenait des fonctions en tant qu'officier, il était coutume chez les Black Templars d'honorer la première requête faite par l'officier. Certains demandaient de rejoindre un théâtre d'opération particulièrement dangereux, cherchant la gloire et les batailles, d'autres demandaient qu'une relique leur soit confiée.

Les deux Terminators le saisirent par les bras, dans leurs étreintes puissantes. Le sénéchal se rassit, encore essoufflé sous l'adrénaline de son emportement.

-Que veux tu ?

-Je demande qu'on me fournisse le moyen d'arriver à mes fins. Demanda le jugé.

Le sénéchal se pencha sur son trône, rapprochant son regard carnassier et rageur du soldat à terre.

-Tu ramèneras notre relique dans ce cas. Tu seras la douzième croisade d'expiation.

Un murmure parcouru l'assemblée. Il y a bien des millénaires, pendant le siège de Terra, un héros légendaire, se battit aux cotés de Sigismund et du primarque Dorn. Son nom fut depuis longtemps oublié, mais pas son équipement. Il rejoignit par la suite, le champion de l'Empereur, Sigismund, dans la fondation du chapitre des Black Templars. Il mourut dans une campagne aux proportions dantesques. Son équipement fut démantelé et distribués à toutes les croisades existantes du chapitre. Son poing énergétique revint de droit à la croisade de frère Organon. Dans des circonstances étranges cette relique fut perdue corps et bien, et depuis les frères de batailles punis étaient envoyé à la recherche de cette relique. Aucune de ces croisades ne revint jamais. Cet artefact aux propriétés quasi mystiques était connu sous le « Poing du champion ».

Les cœurs du soldat Brüner se glacèrent d'effroi. Son mentor lui avait souvent parlé de cette relique et de la quête punitive visant à la rechercher.

-Tu auras ce que tu demandes, chien, seulement parce que je respecte le code de mon mentor que tu as laissé mourir. Donnez-lui un vaisseau, et une escouade. Et chassez-le de ma croisade. Il a trois jours pour partir. Lança-t-il à la foule, magnanime.

 

Des approbations se firent entendre.

Un des Terminator souleva le jugé et lui asséna un violent coup de tête. Son crâne parti en arrière selon un angle étrange, mais l'Astartes était trop têtu pour s'évanouir, le Terminator lui asséna un autre coup et un autre et un autre. Le visage en sang il perdit enfin connaissance. Il chargea le corps saignant abondamment sur son épaulière, laissant une traînée rougeâtre derrière lui et parti de la salle du trône, son frère gardien sur ses talons. Le chapelain ayant pris sa défense, se retourna pour retourner dans la foule, mais le sénéchal l'arrêta.

-Chapelain Markus ! Vous l'accompagnerez, et vous n'en répondrez qu'à moi. Au moindre signe de faiblesse. Exécutez-le. Lui et ses hommes. Maintenant partez.

 

Le chapelain effectua une révérence et parti à la suite des Terminators, passant les portes en adamantium qui se refermaient déjà dans un claquement. Etouffant les conversations et le brouhaha de la salle du trône, qui avaient repris

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  • 4 semaines après...

Le Départ

 

 

Le sergent Brüner reprit connaissance. Son visage tuméfié sentait le froid du sol en métal sous lui. Ses plais avaient saignés abondement sur le sol, il gisait dans une mare de sang séché. Il sentait contre le sol les vrombissements et les pulsations sourdes caractéristiques de moteur Warp d'un vaisseau de ligne. Ses blessures commençaient déjà à cicatriser. Il ne savait pas où il était. Il risqua un coup d'œil autour de lui. Une pièce austère, pauvre en mobilier. L'éclairage était faible et la température basse. De la buée sortait de sa bouche aux lèvres ouvertes. Il se rappela dans un flash un frère Black Templar en armure Terminator lui asséner coup sur coup jusqu'à ce qu'un voile assombrisse sa vue. Il avait dû quitter la salle du conseil en étant traîné. Il se souvenait. Il avait été banni. Soudain quelque chose bougea imperceptiblement dans son champ de vision. Toujours au sol, il se releva d'un bond, en position de combat. Il n'était pas seul dans la pièce. Son mouvement soudain fit sursauter la personne avec lui.

Dans un réflexe, l'étranger mis genou à terre et baissa la tête en signe de respect. Le sergent Brüner desserra les poings, mais resta sur ses gardes.

 

-Qui es tu ? Que fais-tu là ? Où suis-je ? Lui demanda agressivement le sergent.

Le serf, tremblant sous la décharge d'adrénaline, se ressaisit et commença à répondre au véritable interrogatoire qui lui tombait dessus.

-Monseigneur, je suis un serf du chapitre, vous êtes sur la barge de bataille du sénéchal, dans une cellule de rétention, je suis ici pour servir.

-Comment ça ? Le sergent venait de s'approcher de lui.

Il le dominait de toute sa taille, le serf paraissait chétif par rapport à la montagne de muscles génétiquement modifiés qu'était l'Astartes. Il aurait pu lui briser la nuque d'un seul coup.

-Je dois vous préparer pour votre départ dans votre croisade monseigneur. Lui répondit humblement le serf, il avait repris un tant soit peu de contenance.

-Que sais-tu de ma mission ?

-Presque rien monseigneur, je ne fais que suivre mes ordres et vous préparer. Il se leva, toujours tête baissée, et indiqua d'un doigt long et fin le fond de la pièce.

L'Astartes avança, un détecteur automatique de mouvement s'activa et un projecteur zénithal s'alluma, inondant de lumière blanche et cru un renfoncement dans la pierre de la cellule. Le renfoncement était verrouillé par deux battants solides d'adamantium de synthèse, protégeant son contenu. Brüner posa sa paume dans le réceptacle génétique conçu à dessein. Son code génétique fut analysé quand une aiguille aussi fine qu'un cheveu vint se planter dans sa peau. Il ne ressenti aucune douleur. Son organisme surdéveloppé oblitérait les informations telles que les douleurs les plus infimes comme celles-ci. Le réceptacle disparu dans la roche. Un bruissement de vérins hydrauliques et de pistons ce fit entendre.

Les battants d'adamantium s'ouvrirent. Elle le dominait de toute sa taille. Elle faisait une tête de plus que lui. Imposante, robuste, magnifique et mortelle. Dans un murmure l'Astartes parla :

-L'armure des chevaliers errants.

Le serf approcha discrètement sur sa droite et se posta aux côtés du sergent, un peu en retrait.

-Conçu spécialement pour les Anges de l'Empereur errants, monseigneur. Je n'en ai jamais vu de vie d'homme.

-Moi non plus. Lui avoua le sergent.

 

A chaque intronisation dans l'ordre des Black Templars, un initié recevait une armure standard mark sept. C'était un bijou de technologie guerrière. Une pure invention sortie des cerveaux les plus brillants de l'Imperium. Elle était parcourue de fibres musculaires synthétiques, s'adoptant parfaitement à la morphologie de l'Astartes. Elle était une deuxième peau, reliée par des fiches corporelles directement dans la carapace noire du soldat. Ainsi connectée à la moelle épinière, elle répondait à la volonté de son porteur. Son paquetage dorsal alimentait en énergie les puissants servo moteurs et gyrostabilisateurs de l'armure. Un Astartes se retrouvait dans une carapace le protégeant de tous les dangers externes et améliorant par la technologie ses capacités martiales déjà hors normes.

Brüner n'avait pas encore eu l'honneur de se voir confier une de ses précieuses machines. Avant d'être accepté par ses pairs au sein de l'ordre, il était tombé au combat lui et ses frères dans une bataille abominable où il fut le seul rescapé.

C'était une tradition antédiluvienne de confier les armures mark huit aux chevaliers en disgrâce. C'était le parangon de l'armure standard d'un guerrier de l'Empereur. Elle était mieux blindée, aucun câble d'alimentation n'était pas recouvert d'une plaque de blindage d'adamantium supplémentaire. Et son massif gorgerin venait protéger la jointure entre le coup et la tête du porteur. C'était la principale caractéristique extérieure, par laquelle on pouvait la distinguer des autres.

Ce qu'elle gagnait en protection, on aurait pu penser qu'elle le perdrait en mobilité, mais c'était tout autre. Les capteurs, les servos moteurs, et le paquetage fournissait plus de puissance pour pallier à ses désavantages en termes de poids ou d'encombrement supérieur. Le seul défaut apparent de cette cuirasse, était sa tendance à la surchauffe dans une utilisation prolongée et totale. Ses plaques de blindages supplémentaires laissaient peu de place à une circulation de l'air et un refroidissement optimal des composants dans des conditions extrêmes.

Elle était peinte aux couleurs des Black Templars, l'Aquila d'argent trônait fièrement sur son plastron blindé. Le noir profond de la peinture contrastait vivement avec la croix blanche de croisé sur son épaulière gauche. Signe distinctif de son appartenance au chapitre. Le sergent y posa la main, très lentement. Il senti une légère vibration sur la carapace blindée, qui la parcourait.

 

-As-tu déjà officié en tant qu'artificier ? Connais-tu les rites de montage et d'apaisement de la machine ? Demanda le sergent au serf derrière lui.

-Oui monseigneur. J'ai déjà servi un guerrier du chapitre.

-Aides moi à la revêtir. Lui ordonna Brüner, le regard toujours plongé dans les optiques rouge sang du casque de l'armure.

-Ainsi soit-il, monseigneur.

Le serf s'approcha de la petite table en bois sur un coté de la pièce, y alluma une bougie et un encensoir qu'il laissa brûler doucement. Les huiles et les onguents sacrés brûlaient et laissaient dans la pièce une odeur agréable et épaisse. Le sergent Brüner remarqua que le serf savait parfaitement ce qu'il faisait, ses gestes étaient calculés et précis. Il vidait sur la table dans un ordre bien précis tous les outils et ustensiles qu'il aurait besoin pour revêtir l'Astartes de son armure. Quand il eut fini, le serf dépassa le sergent et activa une rune cachée dans la paroi. Une mechadendrite et un servo bras sortirent du râtelier d'armure. Le son d'un moteur qui montait en régime résonna. Le serf s'arc-bouta sur une massive botte blindée, la soulevant et la plaçant devant le pied droit du guerrier. La botte s'ouvrit pour accueillir le pied du sergent. Il y glissa son énorme pied. Le premier contact fut doux, l'intérieur capitonné dénotait avec le froid du sol en métal. Le serf apporta la deuxième botte, qu'il enfila aussi. Brüner fit tomber au sol la robe de bure qu'il portait. Il n'était plus vêtu que d'un léger voile de lin fin sur ses parties intimes. Le serf paru surpris devant la musculature de l'Astartes mais ne dis rien et continua sa tâche.

Il apporta ensuite les jambières, qu'il plaça et vissa autour des mollets et des cuisses du guerrier, il commença les chants d'apaisements et rituels du montage de ces antiques machines. Les jambières se verrouillèrent elles aussi aux articulations des jambes de Brüner, s'articulant aussi au bottes déjà mise en place. Le bas de son corps était armuré. Le serf tout en récitant ses catéchismes rituels, commença à souder les parties qui devaient l'être.

 

-Jurez-vous, monseigneur, d'honorer cette armure ?

-Je le jure. Répondit le sergent.

Le servo bras se saisit du plastron, la pièce d'équipement la plus lourde, le serf ne pouvait pas la porter lui-même. L'encens et les huiles bénies, flottaient dans les airs. Donnant à la scène un caractère divin et onirique. Le servo bras arrima le plastron surblindé au torse de l'Astartes. Le serf approcha, se sait d'un tabouret pour arriver à hauteur de l'Ange guerrier et commença à boulonner les différentes parties.

-Jurez-vous de sauvegarder par tous les moyens cette antique armure ?

-Je le jure.

 

Le plastron était presque fixé, son entre jambe, et son torse était engoncé dans le compartiment capitonné. Au dernier boulon, vers son épaule gauche, le serf se mis sur la pointe des pieds. Son mouvement tira sa bure de serf. Le sergent Brüner put voir ses avants bras. Ils étaient perclus de cicatrices monstrueuses. Des trous profonds dans ses chairs venaient parsemer ses avants bras et ses biceps. Ils correspondaient bizarrement aux emplacements connectiques d'une carapace noire, se dit le sergent.

-Jurez-vous de vous allier à l'esprit de la machine et de ne faire qu'un avec lui, pour l'accomplissement de votre mission ?

-Je le jure.

Le plastron fixé, le serf descendit de son tabouret pour aller chercher les immenses canons d'avants bras et de biceps. Au fur et à mesure, le mannequin de pierre sombre sur lequel l'armure l'attendait, se vidait de ses parties. Le sergent fixait toujours les optiques du casque, qui le regardait en retour. Les canons d'avants bras fixé, ses bras puissants, veineux et musculeux engoncé dans l'armature blindée, le serf alla chercher tout en récitant un nouveau verset dans la fumée de l'encensoir, les énormes poings blindés. Il commença à enfiler la main droite, puis la gauche. Le sergent fit jouer ses doigts dans la céramite. Toutes les parties articulées fonctionnaient parfaitement bien. L'armure qu'on lui faisait revêtir commençait à le couper de l'atmosphère glaciale de la pièce de détention. Soudain la mechadendrite elle aussi approcha et commença à souder, les parties entre elles et les câbles d'alimentations dans des geysers d'étincelles qui tombaient au sol.

-Jurez-vous de respecter le précédent propriétaire de cette armure et de transmettre celle-ci à une prochaine génération ?

-Je le jure.

 

Le servo bras lui enfila enfin le casque aux optiques rouge sang. Sa perception du monde extérieur se limita plus qu'à ce casque. La noirceur l'enveloppa. L'armure ni le casque n'étaient alimentés en énergie. Les sons et les odeurs disparurent. Seule, la chaleur relative de l'intérieure de l'armure fut son environnement direct. Il se tourna, montrant son dos au râtelier et à son serf. Il sentait encore le froid mordant sur ses épaules, son paquetage et la partie arrière de son armure n'étant pas encore fixé. Une légère voix se fit entendre malgré le casque qui lui engonçait le crâne. Il ne voyait rien. N'entendait presque pas. Il utilisait tous ses autres sens pour analyser la pièce dans laquelle il était.

-Jurez-vous d'aller au combat l'esprit pur et le bras solide face aux Ennemis de l'Empereur ?

-Je le jure.

 

Il senti un poids supplémentaire s'additionner à son armure déjà en place. Le paquetage dorsal venait d'être posé. Les étincelles et la chaleur du poste à souder se fit sentir sur sa peau, mais il n'y prêta aucune attention. Le bruit de la boulonneuse du serf arriva jusqu'à ses oreilles. Le bruit se fit plus distant, son armure le protégeait de l'extérieur. Dans un coquons hermétique. Un poids supplémentaire encore vint s'ajouter sur une de ses épaules, et sur l'autre, quand les énormes épaulières d'adamantium furent fixées. Ainsi que sur ses genoux, quand les genouillères blindées furent soudées. Toujours privé de la moitié de ses sens, il senti l'excitation de revêtir sa première armure de combat intégrale, en tant que simple néophyte il n'avait eu qu'à disposition une armure carapace lors de toute sa formation. A l'orée de son ouïe, il entendit le serf crier derrière lui.

-Lève-toi, guerrier de l'Empereur !

Dans un murmure, Brüner ferma les yeux et pria.

-En son nom, je marche.

 

La douleur fut atroce et soudaine. Les fiches connectiques rentrèrent de force dans les ports cutanés de la carapace noire de l'Astartes. Si violemment que certaines saignèrent. C'était comme être poignardé par milles aiguilles en même temps directement dans ses nerfs. Brüner serra les dents et ferma les yeux. Ne laissant aucun son s'échapper de ses lèvres tuméfiées. Une autre douleur vint supplanter la première, quand les plus grosses fiches connectiques virent rentrer violemment dans les vertèbres, tout le long de son épine dorsale, rentrant dans sa moelle, la dernière fiche à la base de son coup lui rentra si violemment dans le corps, qu'il eut un hoquet de douleur. Il était connecté. Un vrombissement lui parvint de son paquetage dorsal quand le générateur se mit en marche. Il monta en régime. Les notes graves augmentèrent exponentiellement avec la montée en puissance. D'un coup tous ses muscles se retrouvèrent contractés par une impulsion neuronale. L'armure, d'elle-même, testait si le corps de son guerrier répondait bien. Le sergent essaya de reprendre son souffle, ses cœurs battant la chamade. Il ne put le faire, quand l'intérieur capitonné, se verrouilla, serra et immobilisa chaque membre du porteur. C'était comme être prisonnier de l'estomac d'un monstre ancien, ne pouvant plus bouger sous la pression musculaire exercée. Lentement, très lentement la pression s'évanoui, l'intérieur capitonné, que le sergent pensait à sa taille au tout début, il ne la sentait même plus. C'était comme s'il était vêtu d'une simple robe de prière. Le calibrage musculaire avait fonctionné. L'armure était maintenant parfaitement à sa taille. Toujours dans le noir et le silence le plus total, il perçu un murmure. Une présence. Elle était belliqueuse. Il savait que le traitement qu'il venait de subir n'était pas totalement normal. Beaucoup trop violent. La présence semblait vouloir repousser le porteur vers la sortie. D'une simple pensée, Brüner canalisa toute sa détermination, dans une phrase simple.

 

-Non, c'est toi qui me sers.

L'esprit de la machine recula devant la volonté déployée. Elle s'avoua vaincu, elle servirait.

Les optiques s'allumèrent d'un coup, l'affichage tête haute aussi. En une seule seconde le courant parcouru les fibres musculaires de l'armure, alimentant les servos moteurs et les stabilisateurs inertiels. Brüner n'avait jamais connu une telle force et une telle énergie. C'était comme si son corps venait de recevoir la puissance de dix de ses frères. Il se sentait fort, imposant et invincible. Tout son être et son corps étaient élevés à une dimension supérieure de force et d'endurance. Il remarqua sur son affichage des données qui défilaient en cascade, au rythme de son cerveau et le cogitateur embarqué qui demandaient des informations en temps réels. Il eut la température de la pièce en une seule pensée, les états de services du serf d'un seul coup d'œil, l'état du navire sur lequel il était avant même d'y penser. C'était grisant.

Il réalisa enfin que ses cœurs étaient en tachycardie. Son organisme fou répondait à la puissance donnée par plus de puissance. Il récita un mantra intérieur pour calmer sa physionomie améliorée. Le réacteur embarqué dans son paquetage dorsal baissa lui aussi en régime en même temps que ses cœurs.

Il décida de se retourner, faisant face au serf maintenant à genou. Ses bottes blindées claquèrent au sol. Le martelant sous le poids immense de l'armure. Ses optiques de combat analysèrent le serf, le traitant comme un allié après une microseconde de calcul. Une rune verte pale vint s'ajouter sur son centre de gravité. Il pouvait entendre grâce aux vox amélioré de son heaume les battements réguliers du cœur du serviteur. Ils étaient calmes et continu. Il n'était pas effrayé.

 

-Vos armes, monseigneur. Lui annonça le serf.

Deux autres râteliers d'armes s'ouvrirent de part en d'autres du premier râtelier d'armure. Le sergent reconnu en clin d'œil ces armes attachés aux murs par des crochets d'argent ouvragés. Avant même qu'il puisse parler, le serf lui annonça leur provenance.

-Vous avez été trouvé ces armes à la main, impossible de vous les arracher dans votre coma monseigneur. Le seigneur Apothicaire a été obligé de vous administrer un relaxant musculaire puissant pour vous les retirer.

Le sergent ne répondit rien. C'était l'épée de Castar, un parfait bijou de guerre. Une épée simple, la lame sombre n'était parcourue d'aucun champ énergétique, mais elle pouvait trancher les pires blindages, il l'avait vu en action. Son pommeau en ivoire, représentait un crâne humain hurlant et sa garde brillante représentait l'aigle bicéphale, symbole de l'Imperium. Castar était tombé au combat, pour défendre son frère il avait dû combattre avec elle, et il avait occis plusieurs renégats avant de se replier au sommet de cette colline. Le bolter il le reconnaissait aussi, il l'avait pris justement sur le cadavre d'un de ses frères au sommet de cette fameuse colline avant de tomber sous les coups ennemis. Le bolter était un modèle godwyn standard, fiable et robuste. Il semblait entretenu et état de fonctionner.

-As-tu pris soins de ces armes ? Demanda l'Astartes.

Sa voix le surpris lui-même. Elle était transmise par son hautparleur vox de son heaume de bataille. Elle était grave et puissante. Elle tonna dans la petite pièce.

-Oui monseigneur. Je suis aussi armurier. Répondit le serf.

Le sergent passa autour de son cou le tabar blanc à la livrée des Black Templar peint dessus, une immense croix de croisé stylisée noire et se saisit de la lame engoncée dans son fourreau de cuir brun, et l'y attacha à ses hanches, de sorte qu'il puisse la dégainer avec sa main droite. Il saisit aussi son bolter qu'il accrocha à sa cuisse par une attache magnétique. En une seconde le cogitateur mit à jour l'armement du guerrier en y ajoutant l'épée et le bolter en surimpression de son affichage tactique. Les fiches techniques et détaillées des armes apparurent en défilant sur le côté gauche.

 

- Relève toi serf. Lui ordonnât-il. Comment t'appelles-tu ?

Sa voix rauque et puissante résonnait dans la cellule. Les évents du paquetage dorsal expulsaient le trop plein d'énergie par les bouches métalliques, et réchauffait en peu la petite pièce. De la buée sortait encore de la bouche du serf et de la grille du heaume du sergent. On aurait dit un prédateur qui respirait fort avant une attaque surprise dans la neige d'un monde perdu.

-Amaric, monseigneur.

-Tu rentres à mon service dès à présent.

-Mais, monseigneur...

Le serf n'eut pas le temps de finir sa phrase que la porte de la cellule s'ouvrit à la volée et un chapelain vêtu de la même armure que Brüner entra. Le sergent se retourna et lui fit face.

-Frère sergent, je suis le chapelain Markus. Se présenta le chapelain, il inclina légèrement la tête en avant.

Brüner remarqua immédiatement le marquage de son épaulière, il n'y avait qu'un douze en chiffre stylisée, et aucun autre marquage d'appartenance à une arme de la croisade du sénéchal. Brüner regarda aussi son épaulière droite, le même douze y était inscris. Devant le regard scrutateur du sergent le chapelain reprit la parole :

-Nous ne faisons plus parti de cette croisade, sergent. Nous sommes la douzième croisade d'expiation.

-Je reconnais votre voix mon frère, lui répondit le sergent de sa voix caverneuse, déformée par les hauts parleurs de son armure. Vous m'avez défendu à mon procès.

-Effectivement, et maintenant je suis sous vos ordres dans cette entreprise. Lui appris le chapelain Markus.

Le sergent Brüner déverrouilla son casque dans un chuintement de dépressurisation, et le saisit sous son aisselle armurée, il tendit la main vers le chapelain toujours immobile dans l'encadrement de la porte automatisée de la cellule. Le chapelain lui aussi enleva son casque, et tendit son bras droit. Les deux guerriers se saisirent par l'avant-bras droit, une ancienne tradition de la vieille Terra, quand deux guerriers ce salut. Le visage du chapelain était buriné par les années et les combats. Il n'était plus qu'un tissu cicatriciel. Ses cheveux blonds, coupés court venaient encadrer un visage parfaitement rasé et modelé par la guerre.

-Merci d'avoir pris ma défense. Le remerciât le sergent Brüner.

-Je n'ai pris votre défense seulement parce que la justice et l'honneur le demandait. Le code allait être bafoué. Lui annonça-t-il d'une voix cassante.

-Et pour cela on vous a aussi banni de cette croisade. Lui asséna le sergent, le regard du chapelain ne trahissait aucune émotion.

-Notre seigneur est parfois colérique, mais un ordre est un ordre. Il mérite qu'on meure en l'accomplissant. Récita le chapelain, son regard glacial toujours fixé dans celui, déterminé du sergent.

-C'est notre tâche à tous.

 

Ils se lâchèrent les mains, le chapelain osa un regard vers le fond de la pièce vers le serf qui rangeait ses affaires, et mettait une tablette cyber data dans son sac.

-Qui est-ce ? Questionna-t-il.

-C'est mon serf, il m'accompagne.

Le chapelain paru étonné mais esquissa un léger sourire déformé par ses cicatrices horribles quand il renfila son heaume.

-Frère sergent, nous avons beaucoup de travail, suivez-moi jusqu'à notre vaisseau qui nous a été donné pour mener à bien notre mission.

-Non, chapelain. Il faut que je le voie. Répondit froidement le sergent, en remettant son casque en place dans un bruit de verrouillage mécanique et de pressurisation.

-Nous n'avons pas beaucoup de temps pour notre départ... Essaya d'argumenter Markus.

-C'est mon premier ordre, chapelain, exécution. Toi, serf, suis-nous. Leur ordonna-t-il.

Leurs pas claquaient sur le sol de pierre sombre, les torches illuminaient leurs pas dans les coursives intérieures de la barge de bataille. Ils passaient d'un pas énergique sous les arches de pierres, qui loin au-dessus d'eux n'étaient éclairés que par les flammes de grands braseros. Brüner, Markus et le serf qui courait derrière eux, croisaient de temps en temps d'autres serviteurs du navire. Ils semblaient connaitre le serf, et lui lançait des regards interrogateurs, voyant qu'il suivait les deux géants en armure. Le serf haussait les épaules et ne prononçait aucun mot, il était aussi surpris que ses anciens collègues. Le sergent le remarqua mais ne dit rien. Ils avançaient à grand pas, le serf devait trottiner avec son sac en bandoulières regroupant toutes ses maigres affaires qu'il avait réussi à prendre avec lui avant son départ précipité.

-Chapelain Markus, réquisitionnez un Thunderhawk pour un trajet jusqu'au Caemeterium. Ordonna le sergent tout en continuant sa marche dans les coursives sombres jusqu'au hangar de proue.

 

Il entendit distinctement une liaison vox s'ouvrir dans le casque du chapelain. Il exécutait ses ordres. Toujours sur ses talons le serf les suivait.

Les portes du hangar s'ouvrirent dans un hurlement de sirènes et les flashs des gyrophares jaunes maladifs. Ils arrivèrent sur le pont de métal du hangar où régnait une agitation certaine. Des escouades de sécurités de gardes de la barge de bataille patrouillaient entre les transports et les engins d'appuis Thunderhawk. Certains appareils cloués au sol étaient recouverts par des équipes de maintenance, dans leurs mains des postes à souder ou des clefs nanométriques, effectuant les entretiens et la maintenance des engins volants centenaires. Un de ces mastodontes reçu l'ordre de décoller, faisant hurler ses rétrofusées qui le soulevèrent du sol, pour qu'il puisse enfin engager ses trois réacteurs à pleine puissance, le propulsant vers le bouclier atmosphérique à l'entrée du hangar. Il marquait la frontière entre l'espace et le hangar de sa lueur bleutée, gardant l'oxygène et l'atmosphère à l'intérieur, repoussant le froid du vide spatial.

Le chapelain Markus pointa du doigt un Thunderhawk amarré au sol. Ses réacteurs en chauffe, ils s'y dirigèrent. Le serf bouchant ses oreilles de ses mains comme il put.

Le sergent fut le premier à poser le pied sur la rampe blindée juste en dessous du cockpit. Quand il passa, il put voir à travers le verre blindé et teinté les pilotes et co-pilotes effectuer la check-list d'avant décollage. Le serf s'enfonça dans le compartiment passager et s'assit tout au fond dans un siège trop grand pour lui. Ce mastodonte était conçu pour accueillir des Astartes en armure complète pour la bataille, pas un humain non modifié. Il avait attaché son harnais du mieux qu'il pouvait, le serrant au maximum pour arriver à sa taille. Les deux Astartes s'assirent l'un en face de l'autre et s'harnachèrent eux aussi. Le vox du casque du sergent prit vit, c'était le pilote.

 

-Bienvenu à bord frère sergent. Autorisation de décoller. Il coupa la communication.

La carlingue vibra, de plus en plus, avec les grondements des moteurs qui eux aussi montèrent en régime. La rampe se referma, Brüner put voir les équipes d'entretiens et de sécurité quitter les environs du Thunderhawk. La rampe se ferma complètement. Le sol trembla de plus belle, ils avaient quitté le sol. Les rétros fusées les maintenaient au-dessus du sol. Ils étaient en train d'effectuer une rotation pour faire face à la sortie du hangar. Soudain ils se retrouvèrent collés au fond de leurs sièges, le serf serra fort sur les sangles de son siège pour reste en place sous la poussée phénoménale. Ils quittèrent l'atmosphère du hangar et se retrouvèrent dans l'espace silencieux. Les tremblements de la carlingue se furent plus diffus et le vacarme des réacteurs surpuissants, plus lointain.

Le sergent déboucla son harnais de sécurité. Ses bottes blindées s'arrimèrent au sol métallique de la carlingue par magnétisme, dans l'environnement en apesanteur de l'espace. Il partit vers la cabine de pilotage, montant l'escalier central au milieu du compartiment passager. Il laissa seul, le chapelain. Un cogitateur optique reconnu l'Astartes devant le cockpit et déverrouilla la porte. Brüner rentra dans un long couloir où dos à dos l'artilleur et le navigateur, concentré sur leurs écrans pix verts scrutaient les fréquences, et les informations de la flotte autour d'eux. Brüner monta les trois marches métalliques qui menaient à la bais d'observation du pilote et du co-pilote. Il baissa la tête sous le plafond assez bas et risqua un œil à travers le verre blindé, où en surimpression les données de vol étaient affichées.

 

-Nous serons à destination dans une vingtaine de minutes, frère sergent. Lui annonça le pilote.

-Le trafic est dense. Remarqua le sergent Brüner, quand l'appareil passa sous la coque parsemée de tourelles de défense d'un escorteur de la flotte de croisade.

-En effet, nous faisons route pour quitter ce système dans les plus brefs délais. Lui répondit le pilote, tout en guidant son appareil dans un balais spatial maitrisé.

Le spectacle à travers la bais du cockpit était époustouflant. Le Thunderhawk, lancé à toute allure, remontait une procession de vaisseaux spatiaux innombrables, ses trois statoréacteurs poussés à plein régime. Suite à l'hérésie d'Horus il y a presque dix mille ans, le chapitre des Black Templar fut créé. Sigismund, champion de l'Empereur prit la tête du chapitre, successeur des Imperial Fists, descendants du grand primarque Rogal Dorn. Ils se lancèrent dans une croisade éternelle, n'acceptant pas le Codex Astartes, dicté par le Saint Guilliman. Découpées en croisades, les forces de Sigismund sillonnèrent la voie lactée, rachetant leurs anciennes fautes et lavant leurs péchés dans des guerres saintes sanglantes.

Une flotte Astartes était un spectacle rare et brutal. Mais une croisade Black Templar était bien plus. La croisade du sénéchal Organon était titanesque. Les forces Black Templar sont des croisades itinérantes, n'ayant aucun monde chapitral, recrutant leurs futurs soldats sur des mondes récemment libérés. Ils n'avaient aucune maison, aucun port d'attache. Nul par où retourner. Ils ne faisaient qu'avancer, toujours plus loin, guidés par la volonté de l'Empereur Dieu. C'est pourquoi une croisade ne comportait pas que des vaisseaux de lignes et de guerres.

 

Le Thunderhawk accéléra brutalement et passa au-dessus d'un lourd cargo ravitailleur. La croisade en possédait plusieurs, disséminés dans la longue procession de navires de guerres. Elle était escortée par une multitude de croiseurs d'attaque lourd, qui eux même était escortés de vaisseaux d'attaque légers. Des frégates et destroyers gravitaient autour de ces monstres d'aciers et d'adamantium, assurant une bulle de protection pour le convoi long de plusieurs milliers de kilomètres. Au milieu de cette formation précise et millimétrée, hérissée de tourelles, de macros canons lourds et de lances lasers, naviguaient des vaisseaux inhabituels. Il n'y avait aucun vaisseau non combattant dans une croisade Black Templar, même les ravitailleurs, gonflés d'excroissances bulbeuses de métal renfermant du carburant volatile et du plasma en fusion pour alimenter les réacteurs de la flotte possédaient un armement relativement lourd. Plus d'un ennemi de l'humanité, pensait attaquer un vaisseau civil non armé, une proie facile. Ils se retrouvaient dans un tir de barrage venait du navire ravitailleur, assez puissant et soutenu pour que des renforts spatiaux arrivent et les mettent en fuite ou les détruisent. La protection sur ces navires clefs était renforcée par une escadre toute particulière. La barge de bataille menait la colonne spatiale, fendant l'abîme noir de l'espace de son blindage sanctifié.

Le pilote du Thunderhawk slalomait entre les spires innombrables d'un croiseur d'attaque lourd. Brüner pouvait distinguer malgré la vitesse, des équipes de réparations sur sa coque, ressoudant des pilonnes de bouclier Void. Un brutal virage sur la droite les amena dans un couloir spatial entre deux croiseurs d'attaque. Un vaisseau d'attaque Astartes, escorté par deux frégates Gladius, remontait la file de vaisseaux pour se positionner sur le flanc gauche de la croisade. Ces navires, pourtant immenses et puissants, paraissaient minuscule face aux deux géants de plus de deux kilomètres et demies de long que faisaient les croiseurs d'attaques.

-Nous approchons, à une heure frère sergent. Le pilote pointa de sa main droite une direction vers la baie du cockpit.

Malgré les flammes des réacteurs à plasma démesurés, que crachaient les deux croiseurs d'attaques, qui naviguaient presque flanc contre flanc, seulement une centaine de kilomètre les séparaient, Brüner put distinguer un énorme vaisseau non conventionnel. Il naviguait à l'arrière de la colonne de croisade. Non pas qu'il n'était pas important, bien au contraire. Il était encadré par deux formations de trois vaisseaux d'attaques légers chacun. Les Black Templar de la croisade Organon, l'appelait le Caemeterium Imperialis. C'était une ancienne barge de bataille reconvertie. Son armement était resté en état de fonctionner et il restait un navire combattant. Mais ses coursives, ses espaces de vies, et ses hangars avaient été modifiés au court des millénaires. C'était un vaisseau tombeau.

Ils approchèrent du hangar, son champ réfracteur bleuté était la seule lueur qui sortait de ce mastodonte de l'espace. Toute lumière était éteinte. On aurait dit un navire mort, à l'abandon. Il se déplaçait, naviguait, dans la noirceur d'une nuit sans étoile, les rayons d'un soleil distant venaient quelque fois éclairer ses spires et flèches majestueuses de sa lumière. Le vaisseau nécropole fermait la marche d'une croisade carnassière.

Le sergent retourna dans le compartiment passager, après ce spectacle saisissant. Le chapelain avait dans ses mains, une tablette cyber data qu'il avait décrochée d'une paroi du Thunderhawk et semblait aspiré par les données qu'il consultait. Brüner se rassit devant lui. Le chapelain, toujours absorbé par sa tablette lui adressa la parole par les hauts parleurs de son casque :

 

-Vous avez l'autorisation de recruter une escouade d'Astartes nouvellement adoubés dans notre croisade. Je consulte en ce moment même leurs états de services. Certains sont prometteurs.

-Nous n'avons pas le temps de mettre en place un programme de sélection chapelain Markus. Lui répondit le sergent.

-A quoi pensez-vous frère ? L'interrogea Markus.

-Ils sont normalement sur le Scholae Bellum, non ? En attente de rejoindre leurs affectations ?

Le chapelain consulta sa tablette, une lueur verte défilait sur son casque à tête de mort hurlante. Il trouva l'information, et paru satisfait.

-Exactement, ils ont été regroupés sur le navire d'entrainement, et attende d'être transférés dans leurs unités respectives. Lui assura le chapelain, en levant le nez de sa tablette.

-Bien, mets en attente leurs transferts, ce sera notre prochaine étape.

 

Le ronronnement distant des statoréacteurs se fut plus présent et bruyants. Ils venaient de pénétrer une atmosphère, et donc le bouclier atmosphérique du hangar du Caemeterium Imperialis. Le Thunderhawk perdit de la vitesse, et ses patins d'atterrissage frappèrent le sol du hangar, ils étaient au sol. La rampe sous le nez de l'appareil s'ouvrit. Le hangar du Caemeterium Imperialis, dénotait avec l'effervescence du hangar de la barge de bataille personnelle du sénéchal. Dans le bruit des moteurs surchauffés de leurs transports qui s'éteignaient progressivement dans une note aiguë, la rampe s'abaissa sur un hangar sombre, et vide. Un léger courant d'air vint les accueillir quand la rampe toucha le sol.

 

-Attends nous ici, serf. Ordonna le sergent en descendant la rampe accompagnée du chapelain.

La rampe se referma derrière eux. Aucun comité d'accueil cérémoniel ne vint les accueillir. Même à travers les respirateurs et purificateurs de son heaume de guerre, Brüner pouvait sentir l'odeur de la mort, de la pourriture, et des produits d'embaument. L'air recyclé par les systèmes de survie du navire, n'avait pas connu une purge complète et un remplacement de ses réserves d'oxygènes depuis des éons.

Le hangar était vide de tout vaisseau ou véhicule, ils étaient les seuls. Le pilote avait posé son engin au plus près d'un sas d'entrée vers les coursives du navire. Les deux Astartes partirent vers ce sas d'un pas décidé, dans un silence inquiétant, troublé par le son et les plaintes du vent.

Le sas s'ouvrit dans un grincement métallique. Il ne devait pas avoir été entretenu ou connu un graissage depuis un certain temps. Les deux guerriers franchirent son seuil, le sas se referma derrière eux. L'air était glacial. La respiration rauque des deux Astartes laissaient des nuages de vapeur sortirent de leurs grilles à l'avant de leurs heaumes. Une fine couche de givre recouvrait les coursives de métal. Et un léger brouillard venait envelopper les chevilles des deux croisés. La coursive dans laquelle ils étaient, partait dans trois directions, ils étaient au centre d'un carrefour. Un reliquaire fait de crânes humains empilés les uns sur les autres, s'élevant à cinq mètres sol, étaient maintenu par des tibias et des fémurs eux aussi humains, mais d'origines Astartes, c'était ce qu'avait remarqué le sergent Brüner. Ces autels, fais des restes de leurs illustres frères, servaient de panneaux giratoires, pour se repérer dans les méandres de coursives du navire.

Au bout du couloir devant eux, deux silhouettes encapuchonnées surgirent, et marchèrent vers eux. Ils avaient la tête basse, et marchaient vite. Ils tenaient dans leurs mains bleuies par le froid, de petits cierges pour s'éclairer. Ils s'approchèrent des Astartes et tournèrent vers la gauche sans s'arrêter.

 

-Serviteurs ! Héla le chapelain à l'intention des deux serfs.

-Ils ne pourront vous aider, messeigneurs. Ils ont fait vœux de silence. Répondit une voix dans leurs dos.

Un serf, lui aussi encapuchonné, qu'ils n'avaient pas entendu approcher venait de surgir et de leur répondre. Ils se tournèrent vers lui. Brüner main sur le pommeau de son épée, Markus sur la hampe de son crozius.

-Je vous servirais en ce jour, messeigneurs. Que puis-je pour vous ? Sa voix était faible mais pourtant les deux guerriers pouvaient l'entendre distinctement.

Il semblait frêle sous sa bure. Ils ne pouvaient distinguer un pan de peau ou de visage, entièrement dissimulés par son habit.

-Nous souhaitons voir la sépulture du frère sergent Gerhart Reuss et de ses hommes. Demanda poliment le chapelain avant que Brüner ne puisse lui-même faire la demande.

-Suivez-moi. Lui répondit tout aussi doucement le serf chétif et il partit, suivi des deux guerriers dans les couloirs sombres et austère du mausolée volant.

Leurs pas claquaient sur le métal du sol des coursives du navire. De part et d'autre, à la place des murs donnant sur des antichambres, des cloisons creuses ou des quartiers d'habitations de l'équipage, ce trouvait des murs de crânes humains. Ils ne faisaient pas la taille d'un crâne d'un humain lambda. Ils avaient été modifiés génétiquement et renforcés. Brüner pouvait le voir par les arcades sourcilières plus prononcées et la forme de la mâchoire carrée et protubérante. Ils se déplaçaient dans une immense catacombe dérivant dans l'espace. Il était impensable pour un Black Templar d'abandonner le cadavre d'un de ses frères sur un champ de bataille. Un croisé n'abandonne jamais ni ses frères ni ses armes. Chaque corps était ramené au sein de la croisade. Ses glandes progénoïdes récoltées et son équipement distribué pour équiper et former une nouvelle génération de guerrier. Les Black Templar, ces croisés sans terre, inhumaient alors leurs morts dans des vaisseaux tels que le Caemeterium Imperialis, qui suivraient la croisade où qu'elle aille. Ils pénétrèrent au détour d'un couloir dans les coursives intérieures du navire. Le plafond s'élevait bien au-dessus du sol, les torches disposées de manières régulières mais très espacées entre elles n'éclairaient pas le sommet de la voûte du couloir. Des murs de crânes s'élevaient eux aussi vers le plafond, disparaissant dans la pénombre.

Brüner risqua un œil sur sa droite, une chandelle votive était allumée devant un de ses murs d'ossements, elle était brûlée jusqu'à la moitié. Un Astartes était venu récemment se recueillir devant la sépulture d'un guerrier tombé il y a bien longtemps. Le sergent Brüner réalisa d'un coup que les mugissements du vent qu'il pensait entendre n'en était pas. Le chant doux d'une centaine de gorge, résonnait dans les coursives morbides. Le magnifique chant parlait d'honneur et de repos éternel pour un guerrier ayant fait preuve de sa bravoure.

Certains héros illustre du chapitre demandaient ou étaient inhumés dans leur propre vaisseau. Une statue ou une épitaphe venait embellir le hall des commémorations des croiseurs d'attaque lourd des Black Templar. Le recueillement et le respect des héros passés étaient aussi importants pour un croisé que la maîtrise martiale et la guerre éternelle qu'ils avaient choisi de poursuivre.

 

Le serf s'arrêta soudainement et pointa du doigt, la tête toujours baissée, un renfoncement dans le mur de crânes. C'était une arche faite de cages thoraciques d'Astartes, où brûlaient à l'intérieur de petits cierges, éclairant le passage dans le mur. Sans attendre Brüner pénétra. Le chapelain paru hésiter, ne voulant pas s'immiscer dans le moment de recueillement du sergent. Brüner tourna la tête, lui indiqua d'un signe qu'il pouvait le suivre. Markus décrocha une torche du mur juste avant d'entrer.

Ils entrèrent dans une chapelle, entièrement faite d'os et de crânes. C'était impressionnant. La clef de voûte était tenue par un crâne hurlant, une chaîne épaisse en sortait pour tenir suspendu une énorme lanterne qui éclairait faiblement la pièce faite de cadavres Astartes.

Brüner et Markus enlevèrent leurs casques en signe de déférence. Le sergent Brüner s'agenouilla, son armure accompagna subtilement son corps dans son mouvement, sa genouillère blindée teinta au sol. Au centre de la chapelle trônait un monument aux morts bien particulier. Une statuette d'un Astartes aux contours du visage floue et indistinct, gisait l'épée planté dans le sol et semblait mal en point. Un bolter et une épée gisait contre l'autel. D'un coup d'œil Brüner les reconnus, c'étaient les armes de son sergent et maître. Chaque autel ou statue avait une signification dans la posture où l'effigie qui avait été sculptée. Dans le cas du défunt frère sergent Reuss, elle représentait un guerrier tombé au combat, des suites de blessures graves.

Brüner commença à prier en silence, les yeux fermés. L'odeur de mort était plus présente que jamais, ainsi que le parfum des torches et des braseros qui brûlaient.

 

-Pour une faute que je n'ai pas commise, j'ai été banni seigneur. Pria-t-il.

L'autel demeura silencieux. Il était posé sur un monticule de crânes. Il comprit que c'étaient ses anciens frères, eux aussi tombés au combat. Ils avaient été nettoyés de toutes chairs et blanchis. Certains portaient les impacts de bolts ou de lames. L'arrière de leur crâne défoncé par les projectiles.

-Donnez-moi la force de poursuivre votre œuvre et de laver mon honneur. Demanda-t-il. Par l'Empereur votre enseignement ne m'a pas préparé à tout cela.

Le silence et le chant angélique qui résonnait dans ces coursives furent les seuls à lui répondre. Le chapelain priait en silence. Sa torche projetait des ombres inquiétantes sur les crânes de ses frères.

-Dans l'adversité je suis né et j'ai vaincu. Dans le chaos Tu m'as trouvé, et j'ai triomphé. Dans la bataille je me suis forgé et je me suis hissé au-dessus de la masse. Prononça-t-il dans un murmure.

 

Le chapelain parut entendre ces mots et réagis physiquement, imperceptiblement.

-Des paroles dignes. Affirma-t-il.

-Frère Reuss terminait souvent ses prières par ses mots. Ils n'ont jamais été aussi vrais qu'en ce jour. Lui avoua Brüner.

-Je ne vous décevrais pas, maître. Prononça-t-il enfin à haute voix.

Le sergent Brüner posa sa main gantée d'acier sur l'autel, et n'en ressenti aucunement le froid de la pierre sombre taillée par un artisan habile et maître de son art. Son regard porta sur les crânes de ses frères de bataille. Ses cœurs s'accélérèrent, son esprit prit feu, une rage intérieure et puissante menaça de le submerger. Il focalisa tout son être à ne pas contenir cette rage mais de la conserver le plus longtemps possible. Il se releva et sorti de la chapelle, le chapelain sur ses talons.

-Merci serf, de nous avoir conduit. Remercia le sergent.

-Le sénéchal, trois fois béni, Organon a insisté pour que le seigneur défunt Reuss et ses hommes reçoivent les plus grands honneurs et une chapelle dédiée pour le dernier de leurs voyages. Leurs appris le serf.

-Ils le mérite.

 

Brüner remonta la rampe du Thunderhawk, le chapelain sur ses talons qui alla s’asseoir. Les moteurs montaient déjà en régime. Le sergent risqua un dernier œil sur le hangar du vaisseau tombeau. Il n'était pas sûr de le revoir un jour, lui et la sépulture de son mentor et de ses frères de bataille. Le Thunderhawk prit de la hauteur quand ses rétrofusées crachèrent leurs langues de flammes vers le sol, l'arrachant à la gravité artificielle du hangar à vaisseaux. La rampe se ferma, dans un bruit de pressurisation et de vérins hydrauliques. Le serf n'avait pas bougé et semblait occuper, il mettait de l'ordre dans ses effets personnels qu'il avait eu de prendre avant leur départ précipité. Quand Brüner s'assit, le chapelain lui tendit la tablette cyber data qu'il regardait sur leur chemin pour venir jusqu'ici.

-Pilote, amenez-nous sur le Scholae Bellum. Ordonna le sergent, se saisissant de la tablette.

-A vos ordres, monseigneur. Lui répondit le pilote.

 

Le Thunderhawk quitta le hangar à toute allure, ses tuyères crachant le feu et la fureur, traversant le bouclier atmosphérique comme un bolt, rejoignant l'espace. Ils remontèrent la procession de vaisseau de la croisade sur les traînés de combustion de leurs statoréacteurs poussés au maximum.

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  • 2 semaines après...

Préparatifs

 

Le Scholae Bellum, était un vieux navire. Presque aussi vieux que la croisade elle-même. C'était un ancien transport super-lourd civil, qui fut militarisé voilà des millénaires. Quand il se joignit à la croisade des Black Templars, il fut transformé. Les croisés ne possédant aucune terre, ni aucun fief, seulement des mondes libérés qui devenaient leurs vassaux, ils ne pouvaient mettre en place des planètes de recrutement ou d'entrainement. Les ponts du Scholae Bellum furent alors aménagés pour pallier à ce manque crucial. Chaque pont distinct, longs comme un manufactorum, était censé représenté un écho système où des conditions climatiques que rencontrerais les futurs croisés. Un navire d'entrainement comme celui-là se retrouva bientôt l'objet de toutes les convoitises. Les plus vieux guerriers côtoyaient les plus jeunes dans les salles d'entrainement et de perfectionnement pendant les longs transits Warp. Le Thunderhawk arriva par l'arrière du vieux navire, évitant dans une large courbe les trainées de plasma de ses immenses réacteurs le propulsant dans l'espace. Il dépassa la cathédrale et ses hautes flèches, construites sur les quartiers arrière du mastodonte. Les hangars d'appontage sur ce type de navire étaient sur les flancs du vaisseau. Avant de virer, le Thunderhawk survola une verrière blindée qui donnait sur l'espace. Dans cette verrière on pouvait voir malgré l'épaisseur du blindage, des chars Astartes tirant à munitions réelles sur des projections hololythique dans un entrainement sur terrain vallonné. Les détonations des canons et des bolters illuminaient par intermittence le noir de l'espace qui régnait au dehors.

Le hangar du navire était plein. Ils avaient dû attendre l'autorisation d'appontage pendant de longues minutes, flottant dans l'espace à l'entrée du bouclier atmosphérique bleuté. L'agitation à l'intérieur était électrique. On aurait dit que toute la croisade voulait s'entraîner, recruter ou perfectionner ses techniques de combat quelles qu'elles soient. La croisade et ses guerriers se préparaient au prochain saut Warp qui les amènerait vers d'autres batailles et de glorieuses campagnes. Le sergent Brüner avait regardé la liste des croisés en attente d'affectations, et avaient survolé leurs états de services. Tous étaient de bons et loyaux guerriers, mais il leur fallait quelque chose de plus. Il s'embarquait dans une quête dont personne n'était revenu vivant auparavant. Qu'importe qu'il soit chassé de ses frères. Il devra mener à bien sa mission, regagner son honneur, laver ses péchés, et ramener tous ses hommes chez eux, sur cette croisade. Et pour cela il devait monter, entraîner, une équipe digne de ce nom.

Il traversait le hangar d'un pas rapide et sec, le chapelain à sa hauteur. Des Astartes en court d'embarquement ou de débarquement les regardèrent. Brüner remarqua leurs regards. Certains étaient suspicieux, ou leurs yeux trahissaient l'étonnement de voir leurs armures si rares. Un groupe de croisés sur une rampe d'embarquement, crachèrent au sol en voyant le sergent. La nouvelle c'était répandue comme une traînée de poudre. Un néophyte nouvellement adoubé, fut retrouvé vivant après un massacre et recevait le commandement de son défunt chef. Le bannissement, pour certains croisés n'était pas la solution qu'ils auraient voulue. Le sergent n'y prêta aucune attention et continua son chemin jusqu'au sas de sortie du hangar donnant sur les coursives du vaisseau.

 

-Chapelain Markus, conduisez-nous à la salle d'entrainement où sont stationnés les Initiés. Lui demanda-t-il sur le vox de son armure.

Le chapelain tablette à la main, accéléra le pas pour passer en tête et guider son sergent. Sur la droite de Brüner un croisé, en armure complète Terminator, déchargeait des caisses de munitions et des armes d'un Thunderhawk de transport, s'arrêta dans sa tâche et regarda le sergent avancer. Remarquant qu'il le fixait, le sergent lui rendit son regard de ses optiques rouge sang. Le Terminator abaissa la tête en signe de respect, le sergent surprit au début lui rendit son signe, le Terminator hocha la tête avant de se remettre au travail en hurlant sur des serfs du chapitre, de se dépêcher.

La salle de contrôle était large et spacieuse, mais mal éclairé. Des consoles de contrôles de toutes sortes illuminaient le miroir sans teint, derrière lesquels des officiers Astartes examinaient les initiés dans le hangar d'entrainement en dessous. Brüner et Markus rentrèrent dans la pièce bourrée de monde. Les regards se tournèrent vers les nouveaux arrivants.

 

-Que fais-tu là ? Demanda un sergent, explosant de rage.

Le marquage de son épaulière le disait sergent dans une escouade d'assaut. Brüner ne répondit rien, le toisant dans son armure bien différente du modèle antérieur de celui qui venait de lui adresser la parole.

-Une chance que notre seigneur ne t'a pas tranché la tête, sale lâche. Dit-il en crachant au sol.

Markus fit un pas en avant, vers le sergent. Brüner l'arrêta d'une main.

-Surveillez vos paroles frère, ou je serais en devoir de défendre l'honneur de mon officier. Lâcha Markus, lui aussi perdant son calme.

-Votre officier seigneur chapelain ? Un nouvel initié qui usurpe le commandement de son ancien chef ? Il aurait dû être abattu comme un chien. Le ton montait très vite, des Astartes se postaient derrière le sergent des troupes d'assaut, d'autres restaient en retrait.

-Viens m'expliquer ce que tu penses, en face. La voix du sergent sorti des hauts parleurs de son heaume comme un coup de tonnerre.

 

Le sergent d'assaut écarquilla les yeux de surprise et de colère, ses narines s'ouvrirent quand il prit une pleine respiration de ses trois poumons modifiés pour charger le sergent Brüner. Markus voulu s'interposer, mais Brüner le poussa de nouveau, et chargea lui aussi. Il fit partir son poing droit blindé dans un crochet puissant. Ses jambes fermement ancrées au sol, utilisant tout son poids dans son coup. L'Astartes attaquant, reçu le coup en pleine mâchoire et fit dévier sa course sur le sas qui permettait d'entrer et de sortir de la pièce d'observation. Emporté par sa masse, l'officier des troupes d'assaut rencontra à pleine vitesse, la porte qui céda sous son poids. Le métal plié, dans un geyser d'étincelles, émis un son dur qui résonna dans les coursives.

L'Astartes, sonné, se releva d'un bond, prêt à se battre. Le chapelain lui aussi se mit en garde, les poings levés aux côtés de son sergent.

 

-Il ne me plaît pas de rester avec des lâches comme vous. Dit-il en paraissant moins sûr de lui, sa respiration décélérant. Vous êtes une honte pour ce chapitre. Nous ne nous reverrons pas, bonne mort. Lança le sergent des troupes d'assaut et il partit.

La porte pliée par l'impact s'ouvrit difficilement, dans un grincement de métal torturé. Le sergent et un attroupement d'Astartes sortirent avec lui. La pièce sembla se vider instantanément.

-Nous n'apprenons pas à nos recrues de tels techniques de combat, sergent Brüner.

La voix venait de derrière lui. Un autre officier, un capitaine à en juger par ses galons, sorti des ombres.

-Il est jeune et fougueux, l'âge et les batailles mettront du plomb dans son crâne étroit. Dit-il en lançant un coup de menton vers la porte blindée tordue.

-Vous me connaissez mon capitaine ? Osa demander le sergent Brüner.

-Bien sur sergent. J'ai entendu parler de vos exploits. Votre avenir était prometteur parmi nous, dommage qu'il soit aussi vite écourté. La voix du capitaine était douce, mais seulement en apparence. On pouvait sentir une réserve, celle des guerriers en temps de paix. Sa voix ne demandait qu'à crier des ordres sur un champ de bataille chaotique.

-Pardonnez-moi mon capitaine, je ne vous connais pas. Lui avoua le sergent.

-Ne t'en fais pas, cela ne fait aucune différence. J'ai servi de nombreuses années avec Reuss. Si ce vieillard t'a confié son commandement, alors c'est qu'il avait de bonnes raisons. Il n'y avait aucune moquerie ou méchanceté dans ce que disais le capitaine, c'était un vieux guerrier parlant d'un autre.

Brüner sourit à la remarque du capitaine inconnu.

-Je compatis à ta peine frère sergent. Il était mon ami, et je suis le tiens. Il te restera toujours un soutient dans cette croisade. Lui déclara-t-il, les hommes du capitaine venu l'accompagner, dans les ombres hochèrent la tête dans leurs armures.

Brüner s'inclina humblement, Markus fit de même devant les paroles du capitaine.

- Alors comment comptes-tu faire sergent ? Lui demanda le capitaine en montrant du menton, les bras croisés sur sa cuirasse, le fond du hangar où étaient les initiés.

 

Les initiés, ils étaient une quarantaine à peu près, reprirent leurs occupations après le vacarme qu'ils avaient entendu derrière la vitre sans teint loin au-dessus du sol du hangar d'entrainement.

-Ils s’entraînent depuis le matin, leur raconta le capitaine. Ce sont tous de bons guerriers. Certains sortent du lot.

-Il n'y qu'un moyen d'en être sur frère capitaine. Lui dit le sergent Brüner. Lancez l'Extremis.

Le capitaine sembla surpris et puis sourit de toute ses dents dans son heaume. Il déverrouilla grâce à ses codes de contrôles sur une des consoles les pares-feux permettant de lancer le programme de combat. Il appuya sur une rune rouge clignotante et regarda par la bais vitrée les initiés qui ne se doutaient de rien.

Ils se battaient, tiraient, couraient depuis le début du cycle diurne du navire. Entre deux épreuves de sélections ils rechargeaient leurs armes, complétaient leurs chargeurs, ou s'occupaient des blessés. Un des initiés avait les deux bras brisés par un affrontement à main nu après avoir été désarmé par un servitor de combat. Un Apothicaire s'occupait de ses fractures. Partout dans le hangar gisait des corps désarticulés de servitor de tout gabarit. Les douilles fumantes roulaient sur le sol. Un initié faisait de large moulinet de sa lame, faisant jouer les muscles de son épaule. Un de ses frères, complétait un chargeur en attente de la prochaine vague. Soudain l'éclairage s'éteignit. Et se ralluma subitement. Ça n'avait duré qu'une fraction de seconde. Si l'un des initiés avait cligné des yeux alors il aurait manqué l'extinction et le rallumage des projecteurs du hangar d'entrainement. Les jeunes guerriers furent surpris. Certains se redressèrent et scrutèrent les environs du hangar. Les lumières s'éteignirent derechef. Et se rallumèrent aussitôt. Et puis recommencèrent une nouvelle fois. Le tempo d'allumage et de rallumage accélérait. Soudain dans le fond du hangar, à la faveur de la noirceur, des servitors de combats de toutes tailles et de tous types surgirent. La lumière stroboscopique était si rapide et violente que les yeux modifiés génétiquement des Astartes n'étaient pas assez rapide pour s'habituer au noir et voir dans la nuit. Pareil pour leurs optiques de leurs casques. Les Astartes remarquèrent qu'ils étaient encerclés à la faveur des stroboscopes par une multitude de servitors. Il y en avait des centaines. Les cales de maintenances des servitors étaient vidées. Ils sortaient tous pour un combat. Il y en avait beaucoup plus qu'à la dernière vague. Un initié le remarqua.

 

-Ils sont trop nombreux ! Hurla-t-il à la foule de ses frères autour de lui.

Soudain la lumière s'éteignit une longue seconde, quand elle revint, les servitors c'étaient rapprochés de dix mètres environs et chargeaient droit sur le groupe d'initié. La lumière s'éteignit, et se ralluma, ils venaient de parcourir encore une dizaine de mètres en chargeant droit devant eux. Un long cri rauque de guerre résonna, les Astartes anticipant le combat à venir. A la prochaine extinction les servitors seraient sur eux.

La lumière revint mais ne disparut plus. Le groupe d'Astartes était encerclé de servitors de combat, ils étaient plantés, en cercle autour du groupe. Certains avec des lances aux pointes effilées à la place des bras, d'autres des marteaux à la place des mains. Chacun était une machine à tuer cybernétique. Quand ils reçurent un ordre qu'eux seuls pouvaient entendre, ils retournèrent dans les alcôves dissimulées dans les murs du hangar, attendant un autre ordre pour servir d'ennemi dans les entraînements du chapitre.

-J'ai vu ce que je voulais voir, déclara le sergent. Chapelain, je vous note en ce moment même les noms de ceux qui feront partie de notre croisade.

Son heaume de combat affichait en temps réel les noms de ceux qu'il avait repérés et envoyait par lien noosphérique les données au chapelain, la tablette cyber data dans les mains.

Le capitaine avait arrêté le programme d'entrainement Extremis au dernier moment, avant que les Astartes ne se fassent submerger. Ce programme prévoyait d'envoyer tout le stock de servitors de combats disponibles jusqu'à la victoire d'un camp et la mort de l'autre. C'était un programme redoutable, visant à tester dans des conditions réelles les réactions d'un Astartes à une mort imminente.

-Lesquels choisissez-vous sergent ? Demanda le capitaine, amusé, Brüner pouvait le sentir dans sa voix.

-Vous voyez ces deux Astartes ? Il montra un guerrier l'épée à la main et un bouclier dans une autre, et un autre à genoux derrière lui. Quand ils comprirent qu'ils n'avaient aucune chance, ils se sont mis dos à dos et s'apprêtaient à vendre chèrement leurs vies. C'est même le guerrier à l'épée, il regarda les informations qu'il avait sur son affichage tête haute, le frère de bataille Dord, qui a hurlé de rage. Il avait compris qu'ils n'avaient aucune chance, pourtant il a formé un dernier carré avec son frère le plus proche.

-Je vois, lui répondit le capitaine.

-Et cet apothicaire ? Il a planqué au sol l'Astartes blessé dont il s'occupait, pour le couvrir de son corps et le défendre. Certains se sont instinctivement rapprochés de leurs frères, les protégeant de leurs corps, mettant des secteurs de tirs en place en une fraction de seconde. C'est ces comportements que je recherche. Lui expliqua le sergent Brüner.

-Il vous a bien formé. Reconnu le capitaine en parlant du défunt sergent Reuss.

-En effet monseigneur. J'ai eu le meilleur des maîtres.

Brüner prit congé du capitaine, et sorti de la pièce d'observation.

-Au fait sergent, rajouta le capitaine avant qu'il ne quitte la pièce. Le Wolf Guard qui vous a trouvé et ramené jusqu'à nous, sur cette colline, avait un message pour vous. « C'était un bien beau combat ». Ce sont ses mots.

-Oui monseigneur, c'était un beau combat. Lui répondit le sergent en sortant de la pièce et rejoignant une coursive.

-Que l'Empereur te garde dans sa paume, Astartes. Murmura le capitaine quand la porte se referma derrière lui.

-Chapelain. Ils marchaient tous deux dans les coursives du Scholae Bellum. Préparez notre départ, donnez leurs affectations aux guerriers que nous avons sélectionnés. Assurez-vous qu'ils revêtent leurs armures de chevaliers errants. Faites-les monter dans notre navire d'affectation, eux et leurs serviteurs. Vous avez une heure.

-Où allez-vous frère sergent ? Questionna le chapelain qui c'était arrêté de marcher pour se fixer dans le couloir.

Sans s'arrêter le sergent Brüner, répondit :

-Je vais prier mon frère. Je ne sais pas si nous rêverons cette croisade un jour.

 

En finissant sa phrase, d'un pas énergique, il partit vers la poupe du Scholae Bellum, vers la cathédrale de verre et d'adamantium, qui surplombait tout le navire naviguant dans l'espace.

Le sergent Erik Brüner se retrouva devant les deux battants de la cathédrale du Scholae Bellum. Il avait croisé de moins en moins de personnel, plus il s'enfonçait dans les entrailles du navire pour rejoindre sa poupe. Les battants taillés dans un bois noire et dur, s'élevaient vers le plafond en pierre grise, éclairés par les flambeaux et les torches. Le sergent poussa une des portes de ses deux mains. Aussitôt son armure ajouta sa puissance mécanique à la sienne déjà surdéveloppée. Le battant s'ouvrit sans un bruit, et bien plus facilement qu'il n'aurait pu le penser. Aucun homme n'aurait pu ouvrir cette porte seule, ni une dizaine. Il réalisait maintenant la puissance brute de l'armure qu'il avait revêtit. Une puissance contenue dans ses plaques de blindages. Une puissance quasi mystique.

Le réacteur dans le paquetage dorsal, baissa en régime, après l'effort déployé. Le sergent pénétra dans la cathédrale. Il enleva son casque, laissant sa tête nue, et ses cheveux noirs de jais sentir la fraîcheur de l'atmosphère. Ses plaies au visage, qui commençaient à cicatriser, lui firent mal au contact mordant du froid. Son corps et son esprit psychoendoctrinés ignorèrent cette information. Sans un bruit, le système automatisé des portes, les refermèrent derrière lui.

Des rangés de bancs d'airains et de chênes encadraient une allée de pierres sombres, où un immense tapis rubis avait été disposé. Il amenait vers l'autel principal de la nef. Un piédestal où les chapelains faisaient leurs sermons à leurs ouailles avant la bataille, et où leur inculquaient la seule vraie foi en l'Empereur de l'Humanité.

Le sergent s'avança et décida de s’asseoir sur un de ces bancs. Il ne prit pas celui le plus proche de l'autel, ni le plus éloigné. Un braséro crépitait à côté de lui, éclairant de ses flammes un pilier qui supportait la voûte au-dessus de sa tête. Toute la nef était éclairée par une lumière mi- naturelle mi- artificielle.

Un immense vitrail de verre blindé de toutes les couleurs venait laisser filtrer la lumière des étoiles, qui entraient dans la cathédrale. Il représentait un héros du chapitre, ses traits étaient floués, peut-être pour que chaque Astartes s'identifie à lui, ou simplement parce que son visage ne survécut pas aussi bien que sa légende. Il plantait fièrement la bannière du chapitre sur un tas d'éboulis et de gravats, entouré par une ville en flamme. Ses frères en bas le regardaient avec admiration, et une aura dorée illuminait leurs visages emplis de fierté. Quand on regardait assez ce vitrail de plusieurs dizaines de mètres de haut, on pouvait distinguer à travers, toute la proue du navire qui naviguait dans l'espace. Un pouvait distinguer les salles d’entraînements supérieures qui tapissaient tout le long du navire spatial. Ainsi que les traînés de plasma des autres navires de la croisade, qu'ils laissaient s'étendre sur des kilomètres. Un Thunderhawk passa devant les flèches de la cathédrale, et les vitraux. La lumière des étoiles lointaines projeta son ombre sur l'autel. Sans un bruit il disparut aussi vite qu'il était apparu au sergent Brüner.

C'était la première fois qu'il était seul depuis sa chute dans le cratère de la colline B-deux cent trente-quatre. Il posa son casque à ses cotés sur le banc. Prit sa tête dans ses mains et s'effondra.

Les émotions qu'il avait réussi à cacher et endormir resurgirent comme un bolt. En l'espace de quelques instants il fut adoubé par son mentor de toujours. Lui et son escouade tombèrent dans une embuscade, tous ses frères et son officier furent massacrer. Laisser pour mort, il fut sauvé par des frères de batailles. Il reprit conscience dans le vaisseau de son seigneur, jugé et banni pour avoir laissé son ancien maître mourir. Il hérita du commandement d'une escouade, et avait seulement trois jours pour quitter la croisade de son seigneur, le seul foyer qu'il n'eut jamais connu. Les émotions étaient sur le point de le submerger. Il ne le montrerait jamais rien devant le chapelain Markus, mais l'injustice de cette sentence le rendait fou. Il avait accompli sa mission et bien plus encore. Il était plus victime de la colère de son sénéchal, qui avait perdu un ancien ami, que d'avoir trahis.

 

Sa respiration rauque, ses cœurs battant la chamade, lui indiqua que la colère montait en lui. Il laissa la colère gagner du terrain. Il saisit le montant du banc devant lui de ses mains blindées et l'agrippa. Il serra du plus fort qu'il put. Il c'était entraîné toute sa vie pour ce moment, faire partie du chapitre, et voilà qu'il en était banni. Il était tiraillé intérieurement. Son devoir et ses obligations n'étaient pas fini envers la croisade, son seigneur et le chapitre. Il sera encore plus fort le montant de bois devant lui. Le bois craqua dans sa poigne.

Aussi loin qu'il se souvenait, l'Adeptus Astartes était tout pour lui. Il ne se souvenait pas de sa vie d'avant son intronisation. Ses souvenirs effacés par les procédés d'entrainement et de conditionnement. Il devait n'être qu'un orphelin parmi tant d'autres, qui c'était détaché de la masse par ses compétences martiales et intellectuelles. Il entra au service du sergent Gerhart Reuss à la fin de nombreuses épreuves de sélections aussi éprouvantes que dangereuses. Nombreux prétendants mourraient au cours de leur sélection. Le chapitre ne pouvait garder que les plus forts.

Maintenant il était seul. Il venait d'hériter du commandement de son mentor et avait pour mission de retrouver une relique antédiluvienne perdue. Il desserra sa poigne du banc en face de lui, le bois semblait cassé ou enfoncé, épousant la forme de ses doigts et de ses mains. Il avait perforé le bois dur de ses propres mains sous la rage qu'il ressentait.

Il essaya de canaliser les flots de pensées qui l'assaillaient. Il devait se rappeler son enseignement. Que disait son sergent dans des moments difficiles ? Se concentrer sur ce qu'on savait. Ce qui était sûr. Et en faire émerger un plan, simple et efficace. Il ouvrit les yeux et regarda l'autel de pierre qui trônait au centre de la nef. Un reliquaire protégé par un champ de force bleuté, éclairait la pierre autour de lui d'une lueur fugace. A travers le champ d'énergie pure, Brüner distingua un fragment d'armure qui tournoyant sur lui-même à quelques centimètres du sol. C'était, dis-t-on, un fragment d'une jambière d'un héros tombé sur les remparts des murs de Terra la Sainte. Mort au champ d'honneur, en protégeant le palais impérial.

Devant le spectacle de cet artefact, ses cœurs s'apaisèrent. Sa respiration reprit son calme.

Une mission lui avait été confiée. Aussi dure soit-elle, elle devait être accomplie. Un navire l'attendait, lui et ses hommes. Son seigneur l'avait renié, mais encore certains officiers dans cette croisade comptaient sur lui. Abandonner n'était pas dans sa nature. Il avancerait, contre vents et marées. C'était son but, ce pour quoi il avait été créé, forgé. L'échec n'était pas une option.

Il devait mettre de l'ordre dans ses idées et vite. Mettre en place en plan à court, moyen et long terme. Dans un premier temps, rejoindre son navire et ses hommes. Dans un second temps, préparer leur départ, trouver une piste. Et enfin, retrouver cette relique et rentrer chez eux, leur honneur lavé. En énumérant cela, Brüner paru satisfait. Cela restait des mots, et le plus dur restait à faire. Mais il s'en contentait largement. Il risqua un œil sur le reliquaire. La pièce d'armure paru briller plus intensément que le moment d'avant.

Il se releva et laissa son banc et celui qu'il avait brisé à mains nues. Il s'agenouilla dans l'allée vers la nef et pria l'Empereur, le primarque et le chapitre de lui donner la force, le courage et la détermination de mener à bien sa quête. Il partit d'un énergique vers les portes, les cœurs en paix, et l'âme ravivée.

Le chapelain Markus l'attendait dans le hangar de vaisseaux du navire Scholae Bellum. Il était posté devant un Thunderhawk qu'il avait réquisitionné pour les amener à bord de leur nouveau navire. Brüner le salua et ils montèrent à bord. Durant la traversé, le chapelain l'informa que son serf, ses dix Astartes, leurs équipements, leurs armes, et leurs serviteurs étaient déjà à bord et les y attendait. Brüner paru satisfait et remercia le chapelain pour sa diligence, pour avoir supervisé le transfert. Ils firent le trajet dans un silence relatif, dans le grondement lointain des réacteurs et les turbulences du compartiment passagers. Le silence se brisa quand le pilote du Thunderhawk activa une liaison vox avec eux :

 

- Messeigneurs, nous arrivons aux abords du Revenant. Leur annonça une voix déformée par la liaison vox de son casque de pilotage.

-Très bien pilote, faites-nous saluer. Lui demanda le sergent Brüner.

 

Brüner et Markus se levèrent pour regarder par un des rares hublots du compartiment blindé du monstre volant. Ils aperçurent un monstre d'acier, d'adamantium et de verre naviguer sur le flanc droit de la croisade du sénéchal. Il était un peu en retrait, et semblait mis à l'écart par les autres navires. Comme un paria. Il continuait sa route, ses immenses propulseurs à plasma lançaient dans le vide sa masse de plusieurs dizaines de milliers de tonnes laissant derrière lui des trainés de combustion sur plusieurs kilomètres. Ses deux kilomètres et demie de long étaient parsemés de bouches de macro canons et de tourelles de défense rapproché. A l'avant son canon de bombardement et sa lance laser lourde pointaient droit devant lui, cherchant à débusquer la moindre menace. Son pont de commandement, vers la poupe du navire, surplombait de toute sa hauteur le reste du vaisseau en transit. En le voyant, Brüner fut impressionné. Pas que ce fut la première fois qu'il voyait un croiseur d'attaque lourd de la flotte de croisade, mais simplement qu'il en était responsable et en avait le commandement. En s'approchant il vit que le hangar situé à la proue blindée du navire, s'ouvrait pour laisser éclairer l'espace devant lui de la lumière bleutée de son champ de force atmosphérique.

Ils se rapprochaient à grande vitesse du Revenant. L'espace aérien autour de lui était dégagé. Aucun autre transport ou navire ne s'approchait de lui. Ils purent distinguer ses ponts qui envahirent le hublot quand ils frôlèrent sa coque blindée. L’affût d'un macro canon envahi complètement leur champ de vision quand ils passèrent devant. La coque et le blindage semblait avoir subi des dégâts récents et importants. Des éraflures de plusieurs mètres de profondeur, et des impacts d'armes navales balafraient sa coque. Interrogateur, le sergent Brüner se tourna vers le chapelain Markus.

 

-D'après mes informations frère sergent, le Revenant était une patrouille dans un secteur de la bordure orientale. Il fut engagé, lui et ainsi que deux vaisseaux d'attaques qui l'escortaient, par des pirates Ork. Nous avons perdu un vaisseau d'attaque dans la bataille. Et le Revenant à mit en fuite le reste de la bande de pirate. Il a subi des dégâts légers comparé à ceux qui l'escortaient. Lui apprit-il.

- Il a l'air pourtant encore vaillant. C'est plus que je n'espérais. Dit Brüner dans un murmure empli de respect pour le navire multi-centenaire.

-Il reste un atout majeur de la croisade, mais restait en retrait dans les combats d'envergure jusqu'à ce qu'on puisse le remettre en état. Déclara Markus, en lisant sa tablette. Maintenant, il nous a été confié.

Les moteurs du Thunderhawk moururent dans un sifflement de turbines qui s'arrêtent. Ils venaient de se poser dans le hangar du Revenant. Le chapelain Markus et le sergent Brüner se tenaient debout, droit et fier devant la rampe pas encore abaissée du transporteur lourd. Soudain, dans un bruit de pistons, de dépressurisation, et un nuage de graisse qui s'évapore sous la chaleur la rampe s'abaissa devant eux. L'éclairage était faible dans le hangar, les optiques de son heaume firent la mise au point et augmentèrent la luminosité d'eux même dans un battement de cœur. La rampe toucha le sol du pont dans un fracas de métal. Sans attendre, les deux Astartes en descendirent. Ils se retrouvèrent devant une compagnie complète de serf du chapitre. Ils portaient une tenue complète de combat, fusil et gilets par balles. Ils se tenaient au garde à vous. Un officier dans une tenue d'apparat se tenait devant eux. Lui aussi en armes et au garde à vous. Devant eux, dix Astartes en armure mark huit, ainsi que deux équipages de véhicules Astartes en armure carapace noire eux aussi saluèrent comme un seul homme quand le sergent Brüner posa en premier le pied sur le pont.

-Officier sur le pont !

C'était l'Astartes, qu'avait vu plus tôt Brüner sur le terrain d'entrainement, celui qui portait une épée énergétique et un pavois de guerre, qui avertit tout ceux présent. Sa voix rauque, déformée par son haut-parleur, résonna longtemps dans l'immense hangar vide. Sur la droite du détachement Astartes, un capitaine, à en juger par ses galons, en tenue d'apparat flambant neuve et rutilante, salua le sergent et son chapelain. Au milieu de cette délégation, trônait un gigantesque piédestal, où flottait une immense bannière aux couleurs du chapitre. Une croix de croisé blanche, au milieu du tissu noir de jais. C'était la bannière de sa croisade d'expiation. Un douze stylisé trônait dans le coin supérieur droit de la bannière. Une trentaine de serviteur en bure sombre, portaient sur leurs dos, le pesant symbole du chapitre.

Brüner s'avança et se planta devant le capitaine du navire. Markus en retrait derrière lui. Il se mit au garde à vous, et salua le capitaine.

-Capitaine Ström, commandant du Revenant, mon navire et mes hommes sont à votre disposions monseigneur.

-Sergent Brüner, commandant de la douzième croisade d'expiation, du chapitre des Black Templars.

En prononçant son rang d'officier, Brüner fut surpris. Il n'avait pas l'habitude de se présenter ainsi. Il devait s'y habituer et vite.

-Tout votre équipement et vos hommes ont été transférés. Nous attendons vos ordres. Lui annonça le capitaine, un cigalho entre les lèvres.

-Nous n'avons pas beaucoup de temps capitaine, il nous reste deux jours pour quitter cette croisade, et mettre en place notre plan de route. Lui dit le sergent d'une voix grave.

-Parfait, la guerre me manquait. Lui répondit en souriant le capitaine dans un nuage de cigalho.

L'atmosphère du stratégium était étouffante. La fumée du cigalho du capitaine formait de gros nuages qui passaient devant l'écran hololithique vert au centre de la pièce, au-dessus de la table de commandement. Ils avaient tous retiré leurs casques et attendaient patiemment, les bras croisés sur leurs torses engoncés dans leurs armures, ou au repos, regardant leur sergent. Les dix Astartes nouvellement recrutés étaient à la périphérie de la lueur de la table hololythique, leurs visages baignant dans sa lumière. Les équipages qu'avait aperçu Brüner plus tôt sur le pont se tenaient dans la pénombre et écoutaient eux aussi. En plus du capitaine, un officier, qui semblait responsable des forces de défenses du navire attendait patiemment dans l'ombre des géants autour de lui.

-Messieurs, nous avons une mission. Annonça le sergent de but en blanc. Nous avons deux jours pour quitter cette croisade. Notre but est de retrouver le poing du champion.

Un murmure de surprise parcouru l'assemblée. Même le capitaine laissa tomber son cigalho au sol quand il ouvrit la bouche de surprise. Il alla rouler sous la table hololythique.

-Nous sommes la douzième croisade d'expiation. Lança Brüner à l'assemblée.

L'Astartes à l'épée énergétique s'avança d'un pas, le casque sous le bras. Des ombres verdâtres dansaient sur son visage carré et dur. Ses cheveux blond coupé très court, encadraient un regard perçant et vif.

-Frère Dord, se présenta l'Astartes. Cela voudrait dire que nous partons dans une quête dont aucun frère n'est jamais revenu ?

-Absolument, frère Dord. Mais je compte bien réussir là où nos frères n'ont pu accomplir ce pour quoi ils étaient partis.

 

Le chapelain Markus observait et jugeait la conversation. Brüner le savait.

Un autre Astartes s'avança. Un profonde cicatrise lui fendait le cuir chevelu sur le côté droit de son crâne dans ses cheveux bruns.

-Frère Konrad, frère sergent. Comment cela se peut ?

-Parce que je vous ai choisi personnellement, et que nous avons un avantage nettement supérieur. Nous avons le Revenant. Lui répondit calmement le sergent, plantant son regard dans celui de Konrad et celui de Dord tour à tour. Capitaine Ström, faites-nous un compte rendu de notre situation s'il vous plait.

Le capitaine s'avança vers la table et pianota quelques touches. La vue de la croisade en hologramme s'évanoui pour laisser place à une vue tournoyante sur trois cent soixante degrés du Revenant.

-Au cours du dernier affrontement nous avons subis de légers dégâts que nous réparons en ce moment même pour reprendre du service actif dans la croisade. Nous avons subi un abordage en règle de la part des Orks et avons perdu de nombreux soldats de sécurité. Capitaine Makloff ?

L'officier des forces de sécurité s'avança lui aussi.

-Nous avons perdu l'équivalent d'un régiment de bons et loyaux soldats dans l'attaque mais nous les avons repoussés.

-Combien d'hommes vous reste-t-il ? Demanda le sergent en croisant ses bras sur sa poitrine.

-Environ trois milles hommes et femmes, fidèles au chapitre et à l'Empereur. Répondit Makloff en retournant dans les ombres.

Les chiffres n'étaient pas en leur faveur. Ils avaient perdu un quart de leur force de défense si un autre abordage survenait. Et impossible de les remplacer en si peu de temps.

-Je vois, dit le sergent en réfléchissant. Capitaine Ström, je veux une révision complète du navire, des réparations les plus succinctes et exhaustives possibles. Je veux être prêt à faire route et partir en guerre dans deux jours. Lui ordonna le sergent.

-Ce sera fait monseigneur. Lui assura le capitaine.

-Je veux aussi un inventaire complet de nos munitions, de notre parc de véhicules, de nos armes. Énuméra Brüner.

-Monseigneur, lui répondit Ström. Un seigneur Techmarine du nom d'Osmound est déjà détaché à notre navire depuis de nombreuses années. Il est non combattant, ses jambes furent sectionnées dans une bataille horrible et aucun implant ne purent lui être greffé. Il est limité aux déplacements dans son atelier par un servo bras puissant. Depuis votre affectation il effectue cet inventaire. Il sera prêt en très peu de temps.

Deux autres Astartes sortirent des ombres. C'était de toutes évidences deux chefs de véhicules.

-Frère Rudikher, frère sergent. Se présenta le premier. Mon équipage et moi-même sommes détachés à ce navire et votre mission. Nous avons reçu un transport de troupe Rhino dans un état lamentable. Mes hommes et moi sommes en train d'essayer de le rendre opérationnel. Mais nous manquons de pièces détachées rares et de mains d'œuvre qualifié.

-Frère Hasmond, pilote de Thunderhawk, frère sergent. Nous sommes aussi détachés à votre croisade, avec mon appareil, qui est en état de voler. Mais le Thunderhawk de transport assigné à ce navire manque de pilote. Nous ne pourrons piloter l'appareil d'attaque et celui de transport en même temps.

-Tant que notre transport blindé Rhino assigné sera hors service, le transport Thunderhawk sera une priorité secondaire, frère Hasmond. Je vous charge de la maintenance et de l'entretient de vos appareils. Faites avec les moyens du bord, nous ferons les demandes concernant les fournitures et les denrées que nous avons besoin. Leur demanda Brüner, d'un ton qui n'appelait à aucune contradiction.

Une évidence commençait à émerger dans l'esprit du sergent. Le sénéchal ne leur facilitait pas la tâche. Et entravait peut-être intentionnellement le bon déroulement de leur départ.

-Demandez à notre navigateur de trouver le dernier emplacement connu de la croisade d'expiation la plus proche. Sauf contre ordre, c'est notre première étape. Ajouta le sergent. Prenez vos quartiers. Soldats, je vous attends dans une heure dans le hangar d'entrainement. Rompez.

 

Le sergent Brüner se tenait devant la porte blindée de ses quartiers. Il avait parcouru les coursives tertiaires, celles qui couraient tout le long de la coque du navire. Il avait vu de nombreux impacts de lasers et de balles solides tout du long. Au plus fort des combats, des pans de sol grillagé manquaient ou avaient fondu. Les stigmates d'un important abordage apparaissaient partout où sont regard se posait. Les Orks n'avaient pas réussi à atteindre les coursives secondaires et primaires, celles qui protégeaient les quartiers de l'équipage, les armureries et les hangars vitaux. C'était une preuve exemplaire de l'efficacité et du courage des défenseurs de ce vaisseau. Il pénétra dans ses quartiers, quand dans son affichage tactique apparu l'inventaire complet de leurs ressources, compilé par le Techmarine Osmound qu'il n'avait pas encore rencontré.

Les niveaux étaient alarmants. Les munitions pour les canons principaux étaient au plus bas, pas plus de cinq coups par pièce. Les réservoirs de plasma étaient eux aussi presque à sec. Quelques tourelles de défenses étaient inactives, et les munitions pour les bolter et les armes légères de l'équipage venaient à manquer. Un ravitaillement de taille et d'urgence était nécessaire.

L'éclairage automatique de sa chambre s'illumina quand il détecta le mouvement de l'armure de Brüner. Il transmit en une pensée, les demandes de munitions et d'équipements qu'il avait pris en note lors du briefing plus tôt, par voie noosphérique. Les officiers de communications transmettraient au reste de la flotte et aux ravitailleurs. Sa chambre était spartiate. Un lit aux montants de bois simple, encadraient une paillasse rêche et rustique. Un bureau de pierre simple venait s'appuyer contre le mur opposé, où deux tabourets solides étaient rangés dessous. Une malle était posée aux pieds du lit, et un placard venait terminer le tout. Il remarqua une ouverture dans la pierre au fond de la pièce. Et un scanner d'empreinte génétique dissimulé dans le mur. C'était le rangement dissimulé pour son armure. Il communiquait avec un monte-charge dans la paroi du navire qui amenait directement à la chambre de son artificier personnel et serf, quelques étages plus bas. Une alarme discrète l'averti que quelqu'un attendait devant la porte de ses quartiers. Il vérifia l'affichage pix grâce à la connexion de son armure avec l'environnement technologique qui l'entourait pour voir que c'était son serf. D'une pensée il autorisa l'ouverture de la porte blindée.

Il entra, et s'inclina poliment.

 

-As-tu apporté toutes mes affaires, serf ? Demanda calmement Brüner.

-Absolument monseigneur. Lui répondit le serf. Comme vous le souhaitiez.

Le sergent avait peu d'affaires personnelles ou de valeur. Son statut de guerrier le voulait ainsi et il s'en contentait.

-J'aimerais que tu installes un râtelier d'arme dans mes quartiers.

-Ce sera fait.

-Bien, j'ai plusieurs règles que tu devras suivre en me servant. La première, je m'occuperais personnellement de mon épée. Tu t'occuperas de mon armure et de mes autres armes. Lui annonça-t-il.

Son épée, était une relique qui appartenait à frère Castar, mort sur cette fameuse colline. Il l'avait défendu de sa vie contre des hordes d'ennemi, et avait été retrouvé inconscient avec, toujours dans ses mains. Refusant de s'en séparer même aux portes de la mort.

-Qu'elles sont les autres, monseigneur ? Demanda humblement le serf.

Le sergent se retint de sourire devant l'empressement du serf d'apprendre et de servir.

-Tu les apprendras en temps voulu. Essaye de voir si tu peux te rendre utile aux réparations du navire avant notre départ. Tu me feras ton rapport. Tu peux disposer.

Sans attendre son reste, le serf sorti à reculons, ne montrant pas son dos à son maître et sorti de la pièce. Brüner l'entendit grâce à son ouïe grandement améliorée, s'éloigner d'un pas rapide claquant sur le sol.

 

Il s'autorisa un instant pour souffler, s'assit sur un des tabourets. Il but une longue gorgée d'une eau mainte fois recyclée dans un gobelet d'argent posé sur la table. Elle était fraîche dans sa bouche et le désaltéra. Ses hommes devaient eux aussi prendre possession de leurs appartements en ce moment même, dans les quartiers d'équipages réservés aux Astartes.

Certains posaient des questions sur les tenants et aboutissants de leur quête, et c'était normal. C'était maintenant à lui de les convaincre, de leur donner une mission, un but et de les guider vers la victoire. Et il était prêt à voir ce dont ils étaient capables. Il lui restait un peu de temps avant de retrouver sa troupe aux hangars d’entraînements, alors il saisit une tablette cyber data et étudia les archives du chapitre concernant les autres croisades précédentes.

Ils étaient tous à l'heure dans le hangar. Le chapelain entra en dernier, fermant la marche. C'était un vaste espace, dans les profondeurs du navire. Malgré l'épaisseur des murs blindés conçu pour l'entrainement à balles réelles, ils pouvaient entendre les réparations dans les coursives et la coque qui allaient bon train. Deux ponts plus bas, les hommes du capitaine Makloff s’entraînaient eux aussi, dans une remise en forme et à niveau aux vues d'un voyage long et rigoureux.

Quand ils furent tous arrivés, ils se mirent en cercle instinctivement, en armes et en armures complètes. Leur équipement était hétéroclite. Il voyait un bolter lourd, ainsi qu'un lance flammes dans les mains de ses hommes. Mais aussi un pavois et une épée énergétique. L'héraldique d'un apothicaire trônait fièrement sur l'épaulière d'un frère de bataille du cercle. Le sergent prit la parole :

-Nous allons-nous aventurer dans des régions inconnues, affrontant les pires ennemis. Nous serons toujours en infériorité numérique. Nous ne pourrons compter que sur nous-même et nos frères. Nous n'aurons qu'un soutient limiter. C'est pourquoi nous devons apprendre à nous battre comme un seul être. Une seule entité. Bouger comme un seul corps, et combattre comme un seul bras armé.

 

Certains Astartes hochèrent la tête. D'autres regardèrent leurs frères génétiques à leurs côtés. Ils ne se connaissaient pas il y a quelques heures à peine. Mais certains c'étaient déjà croisé sur les champs de batailles pendant leurs formations auprès de frères plus expérimentés.

-Nous nous entrainerons deux fois plus fort, et longtemps jusqu'à devenir une unité de combat implacable et invincible. Notre survie et notre succès en dépendent. Asséna le sergent. L'entrainement commence maintenant. Formez vos binômes de combat.

En quelques instants les binômes se formèrent par accointance et se positionnèrent pour les premiers entraînements. Seul le chapelain Markus restait en retrait, jugeant et surveillant les préparatifs.

-Cela vaut aussi pour vous frère chapelain. Vous faites partie de cette unité de combat. Lui lança le sergent.

Le chapelain paru surpris mais ne le montra pas. Son casque de mort renvoyant les regards qui le ciblaient. Il sorti son pistolet bolter et prit position avec le sergent. Brüner enfila son casque, imité par ses hommes. Il activa sa liaison vox :

-Progression tactique, à mon commandement doublette, puis triplette, puis transition. Rechargement standard avec tir d'appuis. Exécution !

 

Les bolters aboyèrent dans les mains des Astartes vers le fond du hangar, les douilles volèrent, et les flammes des canons illuminèrent leurs pas.

L'entrainement allait bon train, ils venaient d'effectuer un mouvement de replis avec appuis feu. Le sergent Brüner paraissait satisfait, même si quelque chose le chiffonnait. Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Ses hommes avaient lâché un torrent de bolt contrôlé vers les ennemis holographiques, et reculait en quiconque, passant derrière leur binôme de combat, tapant sur leurs épaules pour leur signaler leur déplacement. Ils se mettaient alors en position à genoux pour appuyer le mouvement de leurs frères. C'était un balai meurtrier et précis qui se mettait en place. Une vraie chorégraphie. Le sergent rechargeait son arme, insérant un chargeur plein. Il voyait l'Astartes avec son pavois, et son épée discuter avec un de ses frères. Son binôme. Pour l'exercice, il avait rangé son épée dans son fourreau, et c'était doté de son pistolet de service. Chaque soldat se devait d'être versatile et complet. Ils ne pouvaient pas se permettre de troquer un style de combat contre un autre. Ils devaient maîtriser tous les aspects de la guerre s'ils voulaient survivre.

C'était impossible que le guerrier à l'épée, Dord, ne connaisse pas de longue date son frère avec qui il parlait. Son comportement et sa gestuelle, montrait un réel lien, plus profond et ancien que ce qu'il pouvait avoir avec d'autres. Son binôme et lui avait déjà combattu ensemble. Son frère, Tantion, vérifia le sergent sur son affichage tactique, ne semblait pas répondre. D'une simple vérification, il trouva pourquoi. Ce frère avait fait vœux de silence, bien des années auparavant. Dord l'avait surement connu avant que son frère prête ses vœux. Dord semblait expliquer à Tantion, l'angle mort qu'il avait avec son bouclier. Son frère posté derrière lui, devait effectuer des pas chassés sur le côté droit de Dord pour l'appuyer pendant les rechargements à une main de son arme, l'autre étant prise par son bouclier. Tantion hochait la tête pour montrer qu'il avait compris, sans un mot. Dord éclata de rire, posa son gantelet sur l'épaulière de son frère et échangea quelques mots avec lui. Tantion sans un mot, haussa les épaules, Dord reparti d'un éclat de rire sonore. La pause était finie. Dord se remit en position, Tantion derrière lui, prêt.

Ils avaient enchaîné les exercices de tirs. Brüner était en sueur sous son armure. Sa transpiration était recyclée par les systèmes de son armure, pour l'hydrater. Une armure Astartes était un mécanisme complexe et précis. Permettant au guerrier qui la revêtait de combattre en parfaite autarcie pendant une période prolongée et indéterminée.

Ils avaient enchaîné alors avec des exercices de combat au corps à corps. Brüner avait repéré que plusieurs de ses hommes combattaient avec des armes lourdes à distance. Il devait évaluer leurs prouesses dans un combat rapproché. Il ne pouvait se permettre d'avoir dans son unité des combattants avec des lacunes. Le groupe de douze guerriers avait formé un cercle pour délimiter la zone de combat, dans lequel chaque guerrier devait passer affronter un de ses frères, le vainqueur rencontrant le vainqueur d'un autre combat, et ainsi de suite. L'entrainement continuait. Frère Johann avait demandé à combattre sans son bolter lourd, ce que le sergent avait refusé tout net. Un entrainement se devait de se faire dans les conditions du réel ou ce qui pouvait s'en rapprocher le plus possible. Sinon il ne servirait à rien. Alors il s'effectuerait en armure complète, avec portes chargeurs et armes. Frère Johann se débrouillait bien, malgré le poids encombrant de son arme lourde. Il parait, esquivait et ripostait de façon convenable, avec son couteau de combat. A un moment du combat, il bouscula même son frère avec la masse d'acier de son bolter, le projetant au sol, et remportant ainsi le premier tour de la phase de combat.

 

Vint le moment où le sergent Brüner rencontra le chapelain Markus, tous deux excellents escrimeurs. Au centre du cercle, Markus et Brüner se tournait autour, comme deux prédateurs attendant le bon moment pour se jeter l'un sur l'autre. Dans un balai d'apparence calme, ce n'étaient plus que deux boules de muscles et de nerfs prêts à fondre l'un sur l'autre, dans un déchaînement de violence. Le chapelain attaqua en premier, son casque à face de tête de mort hurlante, retentit d'un cri rauque et puissant. D'une rage à peine contrôlée. Le sergent para son attaque de crozius, qui venait du haut vers le bas. Son arme n'était pas activée, son champ disruptif restait inerte. L'épée de Brüner résonna jusque dans son bras sous la puissance du coup. Ses os renforcés vibrèrent. De sa main libre, il envoya un uppercut en plein dans le sternum de son adversaire. L'armure Mark VIII encaissa le coup, sans grand dommage, ni aucune blessure, mais cela permit au sergent Brüner de surprendre son adversaire. Le chapelain recula de quelques pas, son paquetage dorsal touchant presque les poitrines d'acier des Astartes qui les entouraient.

Le sergent attaqua sans demander son dû. D'un coup du tranchant de sa l'âme, en arc de cercle au niveau de la taille. Devant la puissance du coup et sa rapidité, le chapelain n'avait pas beaucoup d'option pour l'esquiver. Et c'est la base du combat au sabre et à l'épée. Diminuer et cadrer son adversaire avec ses coups pour qu'ils n'aient plus aucun moyen de s'en tirer avec une botte ou une esquive, alors on donnait le coup de grâce. Le chapelain mit son crozius en opposition au niveau de sa hanche droite, la protégeant. Laissant tout son côté gauche à découvert. Le sergent fonça dans sa garde, au plus près de lui. Lui assénant un violent coup de coude dans la tempe. Le chapelain, sonné, mis un genou à terre, pour se retrouver nez à nez avec la lame de son officier qui le toisait.

 

-Relevez-vous chapelain, il nous reste encore un long entrainement. Lui lança le sergent, debout face à lui.

Reconnaissant sa défaite, le chapelain accepta la main qu'on lui t'tendait, et se releva avec l'aide son officier. Sans un mot, le binôme de combat suivant s'avança dans l'arène improvisée, et commença le combat.

Dord semblait survoler la compétition, remportant ses combats en quelques touches ou moins. Son habileté à l'épée semblait hors norme. Mais il ne semblait pas s'en émouvoir, ni en tirer une quelconque fierté. Il connaissait ses capacités et en tirer le maximum parti pour arriver à ses objectifs. Sans dénigrer ses frères. Arriva le moment, où le sergent rencontra Dord en combat singulier. C'était le dernier combat. Celui de ceux qui avaient passés tous les autres combats. Tous les regards étaient tournés vers eux, Dord, armé de son épée énergétique, son champ disrupteur lui aussi désactivé pour le combat, et de son pavois, contre Brüner armé de son épée lui aussi. Dord osa un salut, celons l'étiquette des Black Templar, pour un combat jusqu'au premier sang. Le sergent Brüner lui répondit aussi, le saluant de son épée devant son visage. Quand ils baissèrent leurs épées respectives, ils se toisèrent. Dord attaqua le premier, dans une passe habile et rapide. Son habileté atténuait l'effort qu'il devait fournir pour ses attaques. Dans une économie de geste, il fit une attaque d'estoc en plein dans le plastron du sergent. Brüner s'y attendait, il l'avait étudié durant ses autres combats. D'une passe de son arme il dévia sa lame vers la gauche, dans un geyser d'étincelles. Ils reprirent leurs distances, comprenant que le combat serait loin d'être aussi facilement gagné. Le brouhaha des réparations résonnait toujours à travers les cloisons du hangar d'entrainement. Dord reparti à l'attaque, avec la pointe de son bouclier, il essaya de frapper le sergent à la gorge, et de son autre main, dans un geste horizontal visa les jambes de Brüner. Aussitôt le sergent réagis. Il para l'épée avec la sienne et se baissa pour esquiver le bouclier. Au lieu de s'éloigner, il réduisit la distance avec son adversaire. Presque au contact il lui asséna un violent coup de casque qui l'atteignit dans le respirateur. Profitant de son élan, le sergent, dans un geste descendant, venant de la gauche, attaqua la poitrine de Dord.

Dord pivota sur lui-même, esquivant le coup meurtrier. Du coin de l'œil, le sergent vit son soldat l'esquiver par la droite, se mettant hors de portée de son attaque. Il savait qu'il allait se retrouver dans son angle mort et l'attaquer, et qu'il n'aurait aucune chance d'esquiver. Il partit vers la gauche, pivotant sur lui-même, essayant de prendre de vitesse, dans le même tourbillon meurtrier que son adversaire.

 

Brüner senti le choc de la lame inactive l'atteindre au gorgerin. Dord venait de le toucher. Pourtant dans son bras droit, celui avec lequel il tenait sa lame, il senti aussi qu'il avait touché quelque chose. Le sergent Brüner réalisa qu'ils étaient chacun à une distance d'un mètre d'écart, leur lames pointées sur la gorge de l'autre. Dans une parfaite égalité.

Le chapelain s'avança, posa ses gantelets blindés sur les armes respectives des deux combattants.

-Exæquo, messieurs. C'est la fin du combat. Jugea le chapelain d'une voix calme.

Les deux guerriers, surpris, reculèrent de quelques pas et se saluèrent énergiquement.

-Frère Dord, vous m'honoreriez si vous acceptiez de devenir le champion de cette croisade. Demanda poliment le sergent. Ses hommes répondirent en frappant leurs cuirasses de leurs poings, approuvant la demande, dans un geste guerrier.

C'était une tradition, vieille de plusieurs millénaires. Les Black Templars étaient connu pour nommer le meilleur de leur soldat comme champion de compagnie. Il devait prendre le rôle de champion de l'Empereur, comme Sigismund, avant eux, leur fondateur, l'avait fait. Il représenterait le pinacle guerrier de leur chapitre et défendrait les couleurs et les principes des croisés.

-Tout l'honneur est pour moi, frère sergent. Répondit Dord dans un souffle en s'inclinant.

Le martèlement des poings sur les armures reprit pour fêter la nomination du champion de la croisade d'expiation. Dans un sourire sous son heaume, le sergent Brüner tendit son avant-bras pour que Dord le saisissent à l'ancienne mode de Terra.

-Reprenons l'entrainement alors.

 

Les exercices de tirs se poursuivaient, ça faisait bientôt vingt-quatre heures d'affilé, qu'ils s’entraînaient ensemble. Brüner voulait pousser ses hommes dans leurs retranchements, et les pousser à la faute. C'était le seul moyen de se remettre en question, et de progresser. Ils travaillaient sur un exercice de transition. Ils simulaient la fin d'un chargeur, et le fait de passer sur leurs armes secondaires pour continuer de traiter la menace en face d'eux. D'un geste ample de sa main gauche, toujours sur le garde main, il amenait son bolter dans son dos, toujours attaché par sa sangle à son armure, et de la main droite, il sortait son pistolet bolter à sa cuisse, pour continuer le tir. Il ordonna à tous de se remettre en place, pour recommencer l'exercice. Le son d'un chargeur vide frappant le sol un peu trop fort résonna dans le hangar.

Le sergent réalisa dans un battement de cœur, ce qui n'allait pas depuis le début de leur entrainement. Un de ses guerriers, rechargeaient une demie seconde trop lentement, était une seconde en retard sur les déplacements. Imperceptiblement il montrait son mécontentement.

 

-Fin de l'exercice ! Prenez cinq minutes, et reprise des exercices de tir ! Hurla le sergent à l'assemblée.

Il comprit qui était responsable de cette dissension et il devait y mettre un terme le plus vite possible. C'était un Astartes du nom de Karl, le porteur de lance flamme. Depuis leur rencontre il n'avait prononcé aucun mot, était resté en retrait. Brüner avait pris ça pour de la réserve, ou de la déférence. Mais pas du tout, c'était de la colère et du ressentiment.

Le sergent Brüner s'approcha du guerrier isolé, entrain de recharger et compléter ses chargeurs.

-Astartes, suivez-moi je vous prie, nous devons parler. Lui demanda Brüner, d'une voix calme mais ferme.

-Qu'avez-vous à me dire frère sergent ? Lui lança frère Karl. Ses paroles étaient cinglantes. Vous ne voulez pas que tout le monde sache ce que vous voulez me dire peut-être ?

Le ton était vite monté, le chapelain Markus s'approcha rapidement, les hommes autour de lui firent de même. Le sergent se retourna et d'un mouvement de la tête fit comprendre au chapelain qu'il s'occuperait de cette affaire.

-Vous êtes à la traîne soldat, vous handicapez cette escouade de croisés, mais pas par incompétence, vous le faites délibérément, pourquoi ? Demanda le sergent, sa voix commençait à perdre son calme.

Karl se retourna vers son sergent, remettant son chargeur dans son porte chargeur et croisant ses bras sur sa poitrine.

-Permission de parler librement ?

Il venait d'oublier consciemment le titre de son officier en s'adressant à lui. Le chapelain bondit.

-Vous vous prenez pour qui soldat ? Vous avez oublié à qui vous vous adressez ? Hurla Markus.

Le sergent d'un mouvement de la main le fit taire. Markus s'arrêta net et regarde le sergent d'un air interrogateur.

-Parle. Répondit le sergent.

Karl prit une grande inspiration et ce lança, vidant son sac.

-Nous nous retrouvons dans une croisade d'expiation, bannis de notre propre chapitre pour les fautes d'un autre, dans une quête où aucun de nos frères n'est jamais revenu, avec à notre tête un usurpateur ! Je n'ai pas mérité cette honte ! J'étais promis à un avenir glorieux au sein de mes frères de batailles, et nous voilà embarquer dans une quête à la poursuite de chimère !

Karl avait hurlé, explosant de rage, et regardait aussi bien ses frères que son sergent pendant son monologue.

-As-tu fini soldat ? Demanda calmement le sergent.

Sans attendre sa réponse, le sergent arma son bras et envoya un puissant direct en plein casque à son guerrier. Le choc fut tonitruant. L'impact envoya le soldat à terre, qui essaya dans un réflexe de se relever aussi vite que possible. Le sergent se retrouva sur lui. Posa sa botte blindée sur son plastron le maintenant au sol.

-Je suis le sergent Erik Brüner des Black Templars. Appelle-moi par mon titre, Astartes. C'est la première et dernière fois que je te le rappelle. La prochaine fois, je te prélèverais un bras en compensation. Déclara-t-il, assez fort pour que tous puissent l'entendre.

Pour toute réponse, un grognement retentit dans le heaume du soldat à terre. Son nez devait être brisé, et saigner abondement. Le sergent recula d'un pas, laissant l'Astartes au sol se mettre sur les coudes, toujours en le regardant.

-Depuis quand les Black Templars rechignent à la tâche ? Demanda-t-il à l'assemblée. Aucune réponse ne lui parvint. Dois-je vous rappeler pourquoi nous sommes en croisade mes frères ? Depuis presque dix mille ans ? Toujours aucune réponse.

-Je vais vous le dire, mes frères. Pour laver nos péchés. Pour montrer à la galaxie notre pureté. C'est le prix que notre chapitre paye, chaque jour. Mais, mes péchés, ne rejailliront pas sur vous. Les péchés du père n'entacheront pas son enfant. Et cela je vous le promets, mes frères. Nous avons une mission à accomplir, et je ne compte pas échouer. Déclara-t-il, d'une voix forte et claire qui résonna dans le hangar. Chapelain, je vous laisserais le soin de choisir sa punition. Maintenant reprenons l'entrainement. Dit le sergent en s'éloignant.

 

Aucun soldat n'aida à se relever Karl à terre, désapprouvant publiquement son comportement, même si intérieurement, peut-être qu'ils ne pensaient pas moins. Le binôme de combat de Karl, frère Gauron, l'Apothicaire, fut le seul à lui tendre une main, qu'il repoussa violemment, sa fierté piquée au vif. Il se releva seul et se remit en position pour poursuivre l'exercice de tir.

L'entrainement durait depuis des heures, enchaînant les exercices de tirs et de mouvement. Des bips sonores avertissaient de la direction d'une menace et l'escouade réagissait en prenant position pour faire face et répliquer dans l'instant. Quand les chargeurs furent vidés, et que le paquetage dorsal du bolter lourd de frère Johann arriva à sec, ils alternaient avec un entrainement aux techniques de corps à corps. Des serfs alors apparaissaient et nettoyaient le sol de toutes les douilles vides avec de grands balais. Les récupérant pour les refondre dans les modestes forges du navire. D'autres changeaient les cibles au fond du hangar et d'autre rechargeaient les chargeurs pour leurs maîtres surhumains. Les déplacements devenaient fluides, un début de cohésion apparaissait. Mais seule la guerre pouvait forger un véritable esprit de groupe.

Brüner esquiva un coup de crozius ascendant vers son visage. Le champ de force désactivé, l'arme entailla l'arrête de l'optique de son casque. Il répliqua d'une botte d'escrime qu'il avait apprise en regardant ses frères combattre. Il porta un coup d'estoc de la pointe de son épée et quand elle atteint le prolongement de son bras il la ramena vers le haut. La pointe entailla aussi l'arrête du heaume du chapelain. Une liaison vox s'ouvrit :

- Egalité frère sergent. Lui lança le chapelain de sa voix neutre.

-Recommençons alors. Lui répondit sur le même ton le sergent.

Il était en nage dans son armure. Les entraînements de forces, de tirs et de combats se suivaient sans interruption. Sa physionomie améliorée répondait bien, ses cœurs alimentaient en oxygènes ses muscles de fer, et ses poumons pompaient à plein régime l'air filtrée par son armure. Avec la puissance motrice de son armure Mark VIII, il pouvait encore combattre pendant une longue période sans fatiguer. Ses hommes eux aussi combattaient au corps à corps, même le porteur d'arme lourde, frère Johann, qui tenait son bolter lourd d'une main et de l'autre parait et attaquait au couteau.

Il leur avait dit qu'un entrainement se devait d'être dans des conditions réelles, sinon il ne servait à rien. Un frère qui avait une affinité pour les armes à distance se devait d'être aussi un guerrier émérite au combat rapproché et à contrario, un guerrier ne jurant que par l'escrime se devait d'être irréprochable à distance, comme le frère Dord. Ils devaient tous être aussi versatiles que possible. Un véritable rouage dans une machine de guerre bien huilée.

Les bruits des réparations ne s'arrêtaient pas de résonner dans le hangar, les équipes de maintenance étaient à pieds d'œuvre.

-Le sénéchal a tenu sa promesse et a honoré sa part du contrat. Déclara le chapelain, dans un mouvement horizontal de son crozius, en terminant sa phrase d'un crochet de son poing gauche.

Le sergent esquiva facilement le premier coup et le deuxième le toucha au bras droit. Il ignora la douleur et reparti à l'attaque. Il fut presque déstabilisé par les propos du chapelain, c'était comme s'il arrivait à lire ses pensées.

-En effet, mais j'ai l'impression qu'il ne nous laisse que très peu de chance de réussir. Répondit le sergent dans un mouvement de parade, il frappa le poignet du chapelain qui laissa échapper son crozius. Rattaché à son armure par une lanière de cuir il ne tomba pas au sol, mais il était trop loin pour le récupérer. Il se saisit de son couteau de combat à sa botte pour continuer le combat.

-Vous vous trompez, il nous fournit un navire et une escouade, peu de bannis peuvent se targuer d'avoir eu autant. Le chapelain semblait défendre son seigneur devant les réticences de son sergent.

Brüner eut soudain sur son affichage tactique un message écrit qui s'afficha sur sa rétine. Tout en combattant il le lut.

-Je n'en suis pas si sûr. Répondit-il au chapelain tout en parant ses attaques au couteau.

 

Toutes les requêtes ou presque avaient été refusées. Le rechargement en munition pour les macros armements avaient été simplement ignorées et n'avaient reçues aucune réponse. Seuls, le ravitaillement en carburant plasma avait été accepté, mais seulement la moitié de la quantité demandée, et le quart de munitions légères pour les soldats et Astartes. Les pièces pour l'entretien et la réparation du transport Rhino avaient été refusées elles aussi. Le chef de char Rudikher devrait faire sans avant de pouvoir trouver un substitut ou une forge capable de les produire. La requête concernant la demande de renfort de troupes de sécurité, elle aussi fut refusée, sans motif apparent. Un rapide calcul mental, permit à Brüner de comprendre qu'ils ne pourraient faire route vers les derniers signes de vie de la croisade d'expiation la plus proche d'eux, car ils n'avaient pas les ressources pour l'atteindre, tout simplement. Il devra choisir un autre plan de route. Ils continuèrent l'entrainement, jusqu'au prochain cycle diurne du navire.

Ils étaient tous sur le pont de commandement du Revenant. Le sergent Brüner admirait la vue par la baie panoramique du navire. Il pouvait voir la coque peinte en noire, absorber la lumière des étoiles lointaines. La croisade du sénéchal prenait de la vitesse et s'éloignait de plus en plus de son vaisseau. De longues trainées bleutés, et verdâtres des réacteurs à plasma les suivaient dans le vide intersidéral. La multitude du navire de tout tonnage se resserraient pour ne former qu'une pointe de flèche d'adamantium et de canons. Soudain une déchirure dans l'espace réel le fendit en deux. Une balafre mauve émergea du néant et s'ouvrit de plus en plus. Des arcs de foudres eux aussi dans les teintes mauves, poignardaient le vide spatial, et la longue procession de navire s'y engouffrait à pleine régime. Le cœur astropathique de navigateurs de la flotte communiait pour ouvrir un passage assez grand pour qu'une croisade entière s'y engouffre en une seule fois. Les plus petits navires collaient leur peau de métal à leurs frères plus gros, profitant de leur tonnage pour les suivre vers l'Immaterium. Une longue heure fut nécessaire pour que toute la colonne pénètre dans le Warp. Quand le dernier navire passa le portail vers l'espace irréel, la déchirure se referma d'un coup, les éclairs léchant le blindage sanctifié et millénaire. En un instant, ce fut comme si aucune vie n'était passée par là. Ils avaient disparu. La croisade venait de quitter le secteur.

Brüner était maintenant seul, sur son navire. Au court d'une discussion avec Ström, le capitaine du Revenant, il lui avait assuré qu'il lui laisserait son commandement. En tant que commandant de cette mission et aux vues de son grade, il pouvait commander et ordonner sur ce navire. Mais il préférait le laisser au capitaine, qui avait plus d'expérience dans ce domaine et connaissait son navire et ses hommes. Le pragmatisme était de mise. Le sergent Brüner aurait tout de fois, le dernier mot sur la marche à suivre.

Le Revenant était quasiment à l'arrêt. Ses moteurs à plasma tournant au ralenti. Ses dix hommes et le chapelain le regardait fixement. Le capitaine Ström était assis sur son trône de commandement, surplombant toute la scène et les consoles logiques de contrôle des systèmes du vaisseau.

-Nous faisons route vers le port le plus proche, pour nous ravitailler. Prévenez l'astropathe capitaine.

Cette route les éloignerait d'aux moins une centaine d'années-lumière de leur premier objectif, mais ils n'avaient pas le choix. D'après les calculs effectués au préalable, ils leurs faudrait au moins trois semaines de transit complet pour arriver à la station et six semaines complète pour rejoindre le dernier emplacement connu de leurs frères disparu. Si tout se passait bien.

-Vous avez entendu ? Nous partons ! Cria le capitaine à ses hommes qui s'activèrent sur leurs consoles.

 

L'agitation et la bonne humeur du capitaine, toujours cigalho aux lèvres, motiva ses troupes. Le navire reprit vie. Le rugissement et les vibrations des réacteurs se firent sentir jusque dans la passerelle. Le navire effectua un virage à presque cent quatre-vingt degrés, et accéléra dans le vide de l'espace. Une alarme stridente résonna sur tous les ponts avec un avertissement sonore comme quoi le Revenant, allait pénétrer dans le Warp à son tour. Les champs de Geller poussés à leurs maximums s'activèrent et englobèrent la coque. L'espace réel se déchira devant eux. Les volets blindés s'abaissèrent sur la passerelle. Les plongeant dans le noir, quand l'éclairage artificiel prit le relais. Ils accélérèrent, toutes sirènes hurlantes, et dans une dernière poussée, ils pénétrèrent dans le Warp. 

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  • 2 semaines après...

Reflets

 

 

Le sergent Erick Brüner méditait dans la pénombre de ses quartiers. Il fixait de ses profonds yeux noirs son armure Mark VIII, qui lui rendait son regard, impassible. Elle était posée sur son emplacement, dans un renfoncement de pierre brute, dans ses quartiers. Elle le dominait de toute sa taille. Elle était impeccable, son nouveau serf tout nouvellement recruté en prenait grands soins et la nettoyait plus que l'étiquette ne le demandait. Cela faisait maintenant deux semaines qu'ils étaient en transit Warp. Lui et ses guerriers passait le plus clair de leur temps à s’entraîner afin d'acquérir une dynamique de groupe, et d’affûter leurs compétences guerrières. Mais le sergent le savait, ce ne serait que dans un vrai combat qu'ils pourraient forger ses hommes. Il passa une main dans ses cheveux. Ses mains marquées par la guerre passèrent dans ses cheveux noirs coupés très court de sa nuque et des côtés de son crâne. Elles finirent leur course dans ses cheveux un peu plus longs sur le sommet de tête. Il souffla profondément. Vidant ses poumons d'un coup.

L'attente d'un combat est plus meurtrière que le combat lui-même. Tout soldat le savait. Ils se dirigeaient en ce moment même vers la dernière position connue d'une ancienne expédition. Il ne savait pas ce qu'il allait les attendre. Un chemin vers la rédemption ou une route vers la damnation. Un léger tremblement dans le sol métallique et froid de sa cabine le sorti de ses pensées. Les voyages Warp ne se faisaient jamais sans encombre. Le vaisseau était littéralement plongé dans les remous de l'Immaterium, des émotions primaires et des démons hurlants. Seul son champ de Geller les protégeait des horreurs de l'extérieur. Et même cette puissance technologie connaissait des défaillances, laissant filtrer l'enfer dans les coursives des vaisseaux.

Des histoires circulaient dans tout l'Imperium, de ports stellaires en astroports, de vaisseaux perdus corps et biens dans un déchaînement de violence pure quand le champ de Geller rompait en plein milieu d'un saut Warp. Les parois de métal se transformaient en bouches pour venir manger les marins à bords. Des démons prenaient possessions des hommes d'équipages pas encore mort, mais devenu complément fous. Aucune âme n'en réchappait, seule était laissée presque intacte la structure du navire qui ressortait aléatoirement du Warp, des années plus tard, ou même avant que ce même vaisseau ne soit parti de son port d'attache. Le temps n'existait pas dans le Warp. Ses vagues, ses courants étaient au mieux changeant, au pire indéchiffrable. Des navires ramenant des troupes en renforts dans des systèmes assiégés arrivaient des siècles en retard pour une durée de voyage de quelques semaines. Et des cas plus rares, de navires arrivant à destination plusieurs minutes avant que le message d'aide ne soit envoyé.

 

Les tremblements s'intensifièrent. Les quelques effets personnels stockés dans sa cantine et son armoire de bois sombre tintèrent, quand ils s'entrechoquèrent. Le sergent se leva de son siège. Malgré sa physionomie améliorée, son oreille interne génétiquement modifiée lui permettait de garder un équilibre stable dans n'importe quelles conditions. Mais il dû faire un pas de côté pour ne pas tomber quand une nouvelle secousse heurta le navire. Les ronronnements distinctifs du réacteur et des propulseurs situés à des centaines de mètres plus profondément dans le vaisseau s'accentuèrent, leur régime venant d'augmenter.

Une nouvelle secousse, bien plus puissante que la dernière vint frapper la structure du vaisseau. Les faibles lumières de sa cabine s'éteignirent moins d'une seconde. Brüner dut se retenir à son râtelier d'armes. Quelque chose n'allait pas. Sa porte s'ouvrit, son serf, affolé, pénétra dans la pièce en présentant ses respects malgré la situation.

D'un coup, avant qu'il n'ait pu finir sa phrase, Il fut projeté sur le sergent par la violence de la nouvelle secousse. Le sergent le retint de ses deux mains, ne pouvant plus se tenir, il percuta son armoire située derrière lui. Quelque chose cassa dedans. Les lumières virèrent au rouge. Alerte. Tous les quartiers étaient état d'alerte. Une sirène se fit entendre. Sans un mot le sergent se planta devant son armure et son serviteur commença à l'aider à la revêtir malgré les secousses.

-Tous à vos postes de combat ! Ceci n'est pas un exercice ! Sorti Warp d'urgence !

La voix mécanique répétait dans un ton qui ne trahissait aucune émotion les consignes transmises par la passerelle. Le serf redoubla d'effort sur ses outils pour aider son maître à revêtir son habit de bataille. Le serf venait de poser devant son seigneur les énormes bottes blindées, il actionna le mécanisme en appuyant sur la rune à l'intérieur, les bottes s'ouvrirent au niveau des tibias pour laisser la place au sergent de glisser ses énormes pieds dedans. Des prises connectiques s'arrimèrent à sa peau dans les prises de ses carapaces noires dans ses mollets. La connexion entre la chair et la machine n'était jamais agréable. Une légère douleur se fit sentir au niveau de ses nerfs. Il venait d'enlever sa bure de prière, il était complètement nu et attendant les autres pièces de son armure. Il était grand, presque trois mètres de hauts, sculpté pour la guerre, et forgé par la guerre. Il était glabre et puissant. De légères cicatrices couraient tout le long de son corps. Le serf finissait de fixer les cuissardes de l'armure du sergent. Il jouait de sa visseuse comme une extension de sa main pour fixer les boulons rivetés des deux parties basses de l'armure. Le serf peina à soulever les protections en céramite de bassin de l'armure. Une fois positionnée, le sergent la cala de ses bras puissants pur qu'il finisse de souder et connecter le corps de son maître à l'armure.

 

Le serf couru jusqu'au râtelier de l'armure et activa une rune en appuyant dessus. L'alarme criait toujours ses consignes, et l'éclairage d'urgence illuminait la scène d'une lumière rouge maladive, presque onirique. Une mechadendrite munie d'une pince sortie de son logement dissimulé derrière le rangement de l'armure. Elle saisit dans un bruit de servomoteurs les pièces les plus lourdes que le serf ne pouvait pas porter seul. Le plastron fut amené sur l'Astartes qui n'avait pas bougé, il était déjà à moitié armuré sur la partie basse de son corps. D'un coup sec la mechadendrite inséra littéralement le plastron dans les ports connectiques de sa peau. Le serf récitait les hymnes de batailles et de préparations au combat de l'armure pour apaiser l'esprit de la machine qui serait contrarié par la vitesse à laquelle ils étaient obligés de s'exécuter. Le sergent se retourna, et la pince-machine, vint apposer le pack dorsal. Une douleur intense et brève vint lui saisir la colonne vertébrale, quand les prises connectiques pénétrèrent sa moelle. Il était connecté à Elle. Il le sentait. Une présence au bord de sa conscience. Elle était encore endormie, mais même dans sa torpeur, il pouvait sentir son esprit guerrier. Le serf activa le réacteur. Et fini la fixation des parties amovibles de la cuirasse, il boulonnait l'énorme gorgerin qui caractérisait ce modèle d'armure, il était debout sur une plateforme repliable, pour arriver à hauteur de torse du chevalier Black Templar. Le réacteur mottait en régime, et le rythme cardiaque du guerrier montait avec lui. Il senti une puissance incroyable lui saisir ses muscles, quand les muscles artificiels vinrent s'ajouter aux servomoteurs qui tapissaient l'intérieur de la cuirasse. Le sergent venait de fixer son canon d'avant-bras droit dans un chuintement de pressurisation, il fit jouer ses doigts blindés de son gantelet et positionna son oreillette dans son oreille droite. Il alluma un canal avec le reste de son escouade.

 

-Au rapport ! Demanda-t-il d'un ton sec.

Ses guerriers étaient eux aussi en train de revêtir leurs armures. Ils avaient mis eux aussi leurs oreillettes. C'est le chapelain Markus qui prit la parole.

-Nous n'en savons pas plus. Le capitaine nous demande sur la passerelle.

Pendant la courte discutions, le serf et son aide mécanique, venaient de fixer les énormes épaulières de l'armure. Le sergent enfila son casque en dernier, juste après le canon d'avant-bras gauche. Effectivement, sur l'affichage tactique de son casque la demande du capitaine Ström lui apparut. Comment le chapelain avait réussi à revêtir son armure aussi vite ? A moins qu'il ne l'a pas enlevé du tout ? Ces questions attendront leurs réponses. Une nouvelle secousse vint percuter le navire sur bâbord. Le serf quitta le sol et percuta le mur opposé. Il se tenu la tête à une main en se relevant, du sang s'écoulait d'une blessure dans son cuir chevelu.

-Rentre dans tes quartiers ! Et attache toi à quelque chose qui est riveté au sol, notre sortie Warp sera encore pire que ça !

Le serf quitta la pièce en se tenant aux murs. Il tanguait de gauche à droite, ayant du mal à tenir sur ses jambes. Il devait prendre les escaliers de maintenance réservés aux serviteurs et marins pour regagner ses quartiers, au plus profond du vaisseau, sous la chambre de son maître.

L'Astartes ne craignait plus les secousses, les servomoteurs de son armure, couplé à son équilibre hors normes le prémunissaient de toutes chutes ou pertes d'équilibre. Mais ce n'était pas le cas de l'équipage humain. Il vérifia une dernière fois son équipement, ses chargeurs, ses grenades. Rangea son épée dans son fourreau. Fixa aux attaches magnétiques de son armure, son bolter et à son holster de ceinture son pistolet bolter. Les paramètres de puissance et de diagnostic de son armure étaient optimaux. L'éclairage d'urgence s'éteignit pendant deux longues secondes avant de se rallumer, sous la puissance d'une nouvelle secousse. C'était comme si le Revenant était malmené dans la poigne d'un géant, dément. Le sergent sorti de ses quartiers et se retrouva sur une des passerelles circulaires qui courait autour du vaisseau. Il partit d'une course rapide, ses bottes blindées claquant sur le métal dans son sprint effréné vers la passerelle de commandement. Il senti toute la puissance de son armure, réveillée, qui donnait toute la puissance après une période de sommeil forcée. Il sentait l'esprit de la machine, son envie de meurtre, de bataille. Il força encore l'allure, et traversa le vaisseau à une vitesse folle.

-Regroupement sur la passerelle ! Maintenant ! Ordonna-t-il.

-En route frère Sergent. Lui répondit frère Gauron. Onze runes vertes de réponses affirmatives lui apparurent dans son casque.

Ils arrivèrent presque tous en même temps sur la passerelle. Quand le dernier Astartes passa les immenses portes en adamentium pur, elles se refermèrent en un battement de cœur. Si un serviteur ou un membre d'équipage c'était trouvé dessous, il aurait été broyé sans autre forme de procès. La passerelle était maintenant coupée du monde extérieur. Ils étaient attaqués par une force ennemie et non identifiée. Ils ne pouvaient pas prendre le moindre risque.

-Capitaine votre rapport ! ordonna le sergent.

Ses guerriers étaient tous en armure complète malgré le peu de temps qui les séparaient du début de l'alerte et en armes. Les volets blindés de la baie d'observation étaient clos. La vision directe des marées du Warp pouvait rendre fous rien qu'en la contemplant un simple humain. L'air était lourd et chaud sur la passerelle. Les serviteurs lobotomisés s'occupaient de leurs taches sur les consoles de contrôles. L'agitation ambiante n'avait pas l'air de les gêner plus que cela. Par contre, les serfs du chapitre et les marins couraient en tous sens, relayaient les informations qui leurs parvenaient des cogitateurs du vaisseau. Le détachement qui s'occupait de la sécurité du pont était tendu, toute cette agitation mettait leurs nerfs à vifs. Ils s'avaient que la situation était grave. Ils vérifiaient nerveusement leurs armes.

-Une force ennemie inconnue essaye de nous sortir de force du Warp. C'est une attaque. Énonça le capitaine.

On pouvait sentir une tension dans sa voix, malgré son expérience. Une sortie Warp d'urgence pouvait mener à la dislocation du navire, sous la pression des forces exercées.

-Pouvons-nous leur échapper, capitaine ? Demanda le sergent.

-Négatif, nous luttons depuis le début de l'attaque pour leur échapper. Si nous continuons dans ce sens, nous serons à contre-courant des flots Warp, nous allons fracasser le Revenant.

-Branle-bas de combat capitaine. Chargez les canons. Que tout le personnel soit à son poste de combat. Faites passer l'ordre, nous allons être secoués. Ordonna le sergent.

 

C'était une attaque en bonne et due forme. Ils le savaient. Une force d'une taille inconnue les interceptait dans le Warp. Ils n'avaient d'autre choix de concéder ce terrain et de les affronter. Le capitaine donna ses ordres à ses officiers en seconds. Qui retransmirent à tout le vaisseau. Les équipes chargeaient les obus de la taille de tank dans les affûts des quatre macro-canons positionnés sur chaque flanc du Revenant. Ils suaient sang et eau pour charger le plus vite possible et mettre en batterie les armes démesurées. Les batteries de défenses rapprochées étaient chargées en bande de munitions, les accumulateurs d'énergie étaient en train de charger, pour alimenter les tourelles lasers de la coque. Les énormes pilonnes qui permettaient de projeter un bouclier Void autour du navire, montaient en régime pour, qu'une fois sorti de l'Immaterium, ils soient protégés d'un ennemi qui voulait leur perte. Les équipes de sécurités fonçaient vers les arsenaux, et s'armaient pour repousser toutes tentatives d'abordage. Comme l'avait ordonné le capitaine et le sergent, le reste de l'équipage, arrimait les pièces, objets, outils et tout ce qui pouvait causer des dégâts dans une chute lors de la transition de sortie. Dans le hangar et les cales du vaisseau, le Defiance était sanglé au sol par de grosses chaines d'adamantium, et le véhicule blindé Rhino de même. Une sortie Warp normale était en règle générale dangereuse. C'était au bout d'une longue batterie de vérifications, et de calculs qu'un vaisseau pouvait sortir sans encombre dans l'espace réel. Malgré cela des rapports racontaient l'histoire de navire coupé en deux, à cause d'une simple erreur de calcul. La partie arrière de la coque restant dans le Warp pendant que l'avant rejoignait l'univers tangible.

-Nous entamons la sortie ! Accrochez-vous ! Cria le capitaine, pour se faire entendre par-dessus la cacophonie de la passerelle. Il était sur son trône de commandement, il s'accrochait fermement à ses accoudoirs. Ses officiers et soldats s'arc-boutèrent en s'accrochant aux pupitres et calculateurs de données. Ses Astartes étaient solidement ancrés au sol par leurs bottes magnétiquement collés au sol. Le sergent se tenait aux pieds des marches qui menaient au trône du capitaine.

La coque du vaisseau grinça sur toute sa surface. Les vibrations que le sergent avait ressenti au tout début augmentèrent progressivement, jusqu'à qu'ils aient l'impression d'un tremblement de terre continu. Certains marins commencèrent à mugirent de peur. Le chapelain entama des litanies de courage, criées par les haut-parleurs de son casque, pour rappeler leurs devoirs aux humains qui les entouraient.

 

L'espace s'ouvrit. Comme l'acéré par une lame. Une brèche dans la réalité même. Une lueur violacée en sorti. Comme si le vide spatial pouvait saigner. C'était bien une blessure. Une blessure donnant sur les enfers. La déchirure s'agrandit pour vomir des marées de flots Warp dans la réalité. Si ces flots étaient rentrés en contact avec n'importe quel objet cosmique ou humain, il aurait été consumé, brulé et vaporisé par la violence de cette substance. Ce n'était pas une mer comme les autres. C'était un océan d'émotions négatives. Un condensé de toute la rage et la décadence possible. Une personnification du mal.

Un vaisseau en émergea. Sans aucune précaution. A une vitesse folle. Le croiseur d'attaque Astartes, Revenant, retrouva l'espace réel à tombeau ouvert. Avant qu'il ne soit complètement sorti de la faille, une dernière vague vint le percuter vers la poupe, ce qui le fit dériver, dans une courbe non contrôlée. La faille eue du mal à se refermer, vomissant encore et encore des substances d'enfers. Le Revenant était déjà loin et commençait à s'immobiliser. Il était sorti de l'enfer pour entrer dans un autre.

La passerelle était emplie de cris de douleur et de lamentation. Des étincelles sortaient de quelques bornes de calcul, des marins étaient au sol, et tenaient leurs membres fracturés. Des équipes médicales convergeaient vers les blessés les plus graves, mais les médecins de bord étaient eux aussi secoués. Ses guerriers n'avaient rien, ils avaient tenu bon. Le capitaine était toujours sur son trône, il n'avait pas bougé. Du sang coulait de sa tempe, il avait dû heurter un bord de son trône sous la violence de la sortie Warp d'urgence. Avant que le capitaine n'ait pu donner un ordre, le sergent aboya :

 

-Levez les boucliers énergétiques ! Rapports d'avaries !

Il se précipita vers le capitaine et le soutint de sa poigne de fer pour le mettre debout. Le capitaine qui reprit sa constance ajouta :

-Scan d'auspex sur toutes les bandes ! Trouvez toute présence ennemie et où nous avons atterri ! Dégagez les blessés de mon pont et remplacez-les !

-Ouvrez les panneaux blindés. Demanda le sergent aux timoniers.

Les épais panneaux de blindage, s'élevèrent progressivement vers le haut, s’emboîtant l'un dans les autres et disparaissant dans les arrêtes épaisses de la coque. La lumière des étoiles lointaines passa par les filtres du verre blindé épais de plusieurs mètres. Le pont vu envahi d'une lumière crue d'un soleil mourant à des centaines de milliers de kilomètres de là. Ils étaient seuls. Ils étaient perdus.

-Où sommes-nous, timonier ? Exigea de savoir Ström.

-Aucune idée mon capitaine. Nous avons dérivé dans le Warp lors de l'interception. Aucune correspondance pour l'instant dans nos cartes stellaires. L'informa l'officier responsable.

L'espace devant la baie d'observation était profond et vide. Aucune anomalie. Seulement des petits points brillants, d'étoiles lointaines. Une ondulation bleutée passa devant la vitre, signe que les boucliers étaient levé et à pleine puissance. L'apothicaire aidait à soigner les quelques blessés du pont. Il savait que dans tout le navire, les blessés étaient emmenés aux différentes infirmeries disséminées dans les coursives et étaient soignés. Les équipes de sécurités patrouillaient aussi dans ces couloirs, rapportant l'étendue des dégâts, et cherchaient la moindre anomalie.

-Aucun contact ennemi ! Les auspex courte et longue portée ne montrent pas le moindre signe de bâtiment ennemi. Annonça l'officier penché aux dessus d'une table hololithyque. Son visage était emmailloté dans des pansements teinté de sang.

-Comment va mon vaisseau messieurs ? Demanda le capitaine gravement.

-Avaries minimes au réacteur, les équipes de réparations sont déjà sur le problème. Quelques conduites de refroidissement ont rompu. Il faudra un examen approfondi de la structure du vaisseau après une sortie Warp aussi mouvementée. Quelques blessés à déplorer dans l'équipage, aucun mort. Nous avons eu beaucoup de chance. Expliqua l'officier de quart lors de l'incident.

Le sergent se rapprocha de la baie d'observation, posa une maie armurée sur le verre glacial qui donnait sur le vide interstellaire. Il fronça ses sourcils, dans son casque. Il venait de voir une anomalie. Des reflets étranges. Cela arrivait souvent. Le verre était blindé et épais, la lumière subissait des effets de distorsions, comme dans un prisme. Il rapprocha ses optiques de la paroi. La lumière du soleil lointain accrocha l'espace d'une seconde, une forme immense à la proue du croiseur d'attaque lourd, une forme qui ne devait pas être là.

-Puissance maximum aux boucliers de proue, maintenant ! cria-t-il de toute sa voix.

Les serviteurs lobotomisés enchâssés sur les consoles de contrôle réagirent mécaniquement, reconnaissant la voix du sergent Astartes. L'énergie fut transférée en vagues successives vers l'avant du navire. Le sergent pu voir les reflets bleutés plus intenses de la marée d'énergie pure, converger vers la proue. C'est à ce moment précis qu'un nouveau soleil naquit devant eux.

La batterie d'armes pulsar du vaisseau ennemi déchaîna sa toute-puissance sur les boucliers du croiseur d'attaque Astartes. Grâce au sergent Brüner, l'énergie avait été transférée de la poupe vers la proue, permettant d'encaisser l'attaque sans trop de dommage. Dans le cas contraire, les boucliers auraient lâché sous la puissance brute d'une telle bordée.

La baie d'observation changea de teinte aussitôt que ses capteurs détectèrent une source lumineuse assez puissante pour rendre aveugle n'importe quel matelot sur la passerelle. Les optiques du casque du sergent changèrent aussi de teinte pour lui éviter d'être éblouis. Les boucliers tinrent bons. Déviant toute la puissance lancée contre eux, dans des gerbes d'énergies pures rejetées vers l'espace glaciale. Des ondes de chocs énergétiques se répercutèrent sur toute la surface de plusieurs centaines de mètres du navire impérial.

-Boucliers à vingt pour-cent ! Nous ne tiendrons pas une autre salve ! Cria l'officier responsable des boucliers, penché sur sa console de contrôle. Il pouvait y voir les relevés de capteurs de proue qui avaient enregistré la première salve et extrapolaient les suivantes. Les pilonnes projecteurs de champs du bouclier avaient tenus bons. La première salve n'avait pas réussi à faire sauter les énormes disjoncteurs disposés dans la coque du vaisseau.

-Capitaine Ström ! Amenez-moi à portée d'abordage. Demanda calmement le sergent. Il venait de se rapprocher du centre de la passerelle, il le regardait depuis le bas des marches de son trône. Il se tenait parfaitement droit, sans tenir compte de l'agitation ambiante d'une destruction prochaine. Le capitaine le savait. Tenir sa position était inconcevable. La prochaine salve ferait disjoncter les boucliers et les traits d'énergie feraient fondre le blindage. S'en était fini d'eux s'ils ne réagissaient pas.

-En avant toute ! Moteur à plasma à pleine puissance. Cap droit sur eux, quand ils vireront de bord pour éviter la collision, nous prendrons la même courbe, pour être sur leur flanc. Préparez-vous à utiliser les rétrofusées si le virage est trop court. Que les deux ponts d'artilleries se tiennent prêt, nous leur assénerons une bordée à courte portée. Ils ne doivent pas nous échapper. Préparez vos hommes à un abordage mouvementé sergent.

Les immenses tuyères des moteurs crachèrent des langues de plasmas surchauffées dans l'espace. Le navire commença à accélérer progressivement vers la cible ennemie qui les avait pris pour cible. Les volets blindés de la passerelle se fermèrent sous l'ordre de son équipage devant le combat spatial qui arrivait.

-Ennemi identifié, mon capitaine. Croiseur Eldar, de type Shadow.

-Bien, nous savons maintenant qui nous allons annihiler. Déclara le capitaine d'une voix pleine d'amertume.

 

Ils étaient en train de courir le long des corridors de métal du vaisseau. Il se dirigeait, lui et ses hommes vers le centre du vaisseau, sous les affûts des gigantesques pièces d'artilleries. Là, ou se trouvait les rampes de lancement des torpilles d'abordages. En plein dans leur course, ils purent sentir l'accélération que le navire prenait. Ils fonçaient droit vers leur cible, ne leur laissant pas le temps nécessaire pour utiliser leurs armes de proue. La particularité des vaisseaux Eldar est la concentration des armes sur l'avant de leurs navires. Ils comptaient généralement sur leur vitesse, et leur agilité, grâce notamment à leurs étonnantes voilures solaires, pour utiliser leurs armes dans de dévastatrices embuscades. Mais dans un combat à courte portée, ils étaient vulnérables. Et les Astartes ne leur laisseraient surement pas l'avantage de la surprise.

 

-Nous, nous approchons dangereusement de la cible capitaine. Signala le timonier.

Les distances des combats spatiaux se calculaient en milliers de kilomètres. L'espace entre les deux belligérants diminuait rapidement, quelques dizaines de kilomètres les séparaient. Et le vaisseau ennemi ne semblait pas vouloir virer de bord pour éviter le choc frontal. Il espérait surement avoir le temps de faire feu avant. Les mastodontes de métal que sont les vaisseaux impériaux, n'ont en rien l'élégance ou la grâce des vaisseaux Eldar. C'était plus des cathédrales mouvantes. Faites de couches de blindages d'adamantium, hérissés d’affûts de canons, et de tourelles. Il était difficile d'arrêter un navire impérial dans sa course, sa masse et son inertie, ne lui permettant pas des manœuvres serrées. Un croiseur d'attaque était plus petit qu'un vaisseau de la marine impériale de même tonnage. Il était plus robuste, compacte, ramassé sur lui-même. Mais plus blindé aussi. Il était fait pour des percées et des combats à courte portée. Un félin prêt à bondir sur sa proie, comparé aux pachydermes de la marine. La proue blindée du Revenant était faite pour supporter des collisions entre vaisseaux. C'était même une tactique répandue pour se débarrasser de vaisseaux de plus petit tonnage dans des combats à bout portant.

-Ils virent. Ils nous présentent leur bâbord ! Nous arrivons trop vite, nous allons les percuter !

-Virer de bord, à bâbord toute, moteurs en panne, rétrofusées tribord à mon signal. Sergent, embarquez dans les torpilles d'abordages tribord, et attendez mon signal. Que l'Empereur soit avec vous.

 

Le vaisseau Eldar bascula de bord d'une simplicité enfantine. Comme si ça masse n'était pas un problème pour la réalité physique de cet univers. Le croiseur d'attaque n'eut pas cette facilité. Il arriva à pleine vitesse, et commença sa courbe qui devait l'amener flanc contre flanc de son ennemi. Mais la courbe était trop courte. Il allait percuter en son centre le navire ennemi. Quand tout à coup, sur son flanc tribord, des rétrofusées prirent vies et crachèrent leurs flammes chimiques dans l'espace, pour ralentir abruptement la masse du Revenant et l'aider à changer de cap. Au début cela ne parut pas suffire. Mais les rétrofusées, presque chauffées à blanc commencèrent à accentuer la trajectoire folle du navire Astartes. Elles s'éteignirent. Une utilisation prolongée aurait pu les faire fondre. Le métal des tuyères refroidissait dans le silence du vide spatial. Les moteurs arrière reprirent vie pour caler la vitesse des deux vaisseaux. Ils étaient bord à bord, à une cinquantaine de kilomètres l'un de l'autre. Le Revenant ouvrit le feu.

Ils venaient d'être projetés pendant qu'ils couraient, vers la gauche. Le capitaine entamait sa manœuvre pour les mettre à l'abri des armes Eldar. Quand quelques moments plus tard, ils furent projetés sur la droite. Ça y est, ils étaient en place, le long des flancs de leur ennemi. Ils se séparent en deux groupes de combat. Dord prit le commandement du deuxième, et le sergent Brüner du premier. Ils firent embarquer leurs hommes dans les torpilles d'abordages. Le sergent fut le dernier à embarquer, avant de passer la porte, il vit frère Dord, et lui adressa un signe de tête. Ils avaient leurs ordres. Et il savait qu'ils accompliraient leur mission. Il passa la porte et elle se referma en un éclair, et se verrouilla. Ses hommes étaient déjà sanglés, et verrouillés à leurs emplacements. Leurs armes rangées dans des compartiments prévus à cet effet, ou fixées à leurs armures. Ils étaient parés au combat.

 

-A mon commandement, batterie tribord, feu ! Ordonna le capitaine Ström.

A cette distance, les écrans de camouflages Eldar ne servirent à rien. Leur manœuvrabilité ne pouvait les faire esquiver les obus impériaux. Tous leurs avantages en termes de combat spatiaux étaient réduits à néant. La balance était équilibrée.

Les affûts des canons crachèrent leurs obus gros comme des blocs d'habitations. Ils reculèrent sur leurs essieux, faisant disparaître la graisse déposée dessus en des nuages toxiques, sous la chaleur dégagée par le coup de feu tiré. Les équipages s'escrimaient déjà à recharger l'arme. Un nouvel obus montait déjà du magasin à munition, situé loin en dessous, dans les cales blindées.

Le sergent attendait avec son équipe de combat dans la soute de la torpille. Ils étaient immobilisés par des bras pneumatiques et mécaniques qui partaient du plafond et les maintenaient au sol en les comprimant au niveau des épaules. D'un coup, il senti une vibration profonde et un bruit impressionnant venir de plus haut au-dessus de lui. L’affût sous lequel il était venait de tirer. Il l'avait senti malgré les couches de blindages, et les corridors qui le séparaient de lui. Il entendit même le monte-charge disproportionné amener la nouvelle munition pour qu'il soit rechargé. Il n'osait pas imaginer la destruction qui se déroulait entre les deux vaisseaux.

A cette distance, il était impossible pour les maîtres artilleurs de rater leur cible. Les quatre obus sortirent des bouches des canons, à la suite, partant de l'avant du vaisseau vers l'arrière. C'était un combat au corps à corps. Les obus filèrent et traversèrent la distance qui les séparait de leur cible, en un battement de cœur. Le blindage Eldar ne tint pas. Ils perforèrent profondément son flanc et détonèrent. Des pans entiers de carlingues en moelle spectrale, furent arrachés et emportés dans le vide spatial. Le flanc bâbord du navire Eldar, était maintenant outrageusement défiguré. Quatre trous béants venaient le balafrer. Le navire ennemi perdait oxygène, et divers liquides non identifiés par ses plaies béantes. Des corps désarticulés de guerriers Eldar étaient aspirés par le vide insondable de l'espace glacé.

 

Les débris qui dérivaient après la bordée meurtrière, venaient percuter les boucliers encore levés des Astartes. C'est à ce moment-là que les batteries de défenses des flancs du croiseur d'attaque ouvrirent le feu. Elles visèrent les plus petits débris qui passeraient les boucliers et ceux qui entraveraient les torpilles d'abordages.

Il se retrouva coller au fond de son habitacle, son armure lui permettant d'encaisser les G. Ils venaient d'être catapultés à travers l'espace entre les deux vaisseaux. Il entendait les armes de défenses de son propre navire tirer tout autour de lui ses obus et ses lasers, qui permettaient de couvrir sa progression. Le blindage de sa torpille encaissa un choc frontal avec un débris qui n'avait pas pu être détruit à temps. Aucun dommage à déploré. L'esprit de la machine, avait déjà corrigé leur trajectoire. Les deux torpilles d'abordages passeraient inaperçu aux scans et auspex de l'ennemi, l'espace entre les deux mastodontes était saturé de débris. La torpille accéléra une nouvelle fois, juste avant de percuter le blindage du navire. Ses foreuses lasers, une technologie antédiluvienne, s'éveillèrent, et perforèrent couche après couche, le blindage, tandis que la torpille lancée à pleine vitesse continuait sa route vers le cœur du vaisseau.

-Coups au but. Rapporta l'officier artilleur. Importants dégâts sur le flanc bâbord.

-Rechargez et tenez-vous prêt à une nouvelle bordée. Ordonna le capitaine.

Les équipes d'artilleurs étaient déjà en train de s'activer sur leurs immenses pièces d'artilleries. Ils tiraient leurs immenses chaines de métal, amenant l'énorme obus dans la chambre de l'arme. L'obus avançait mètres après mètres, sous les cris des maîtres de manœuvre et les coups de fouets. Les esclaves tractaient l'engin de destruction vers son destin. Ils leurs fraudaient de longues minutes avant de mettre en batterie leurs armes.

 

-Le vaisseau ennemi accélère, il essaye de s'éloigner de notre portée de tir. A cette vitesse nous ne pourrons pas le poursuivre très longtemps.

-En avant toute, essayez de ne pas nous laisser nous faire distancer. Répondit Ström. Où en sont les torpilles d'abordages ?

 

-Ils sont entré.

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Devoir Et Honneur

 

 

Un déluge de tir fondit sur eux. Ils durent se jeter à couvert derrière des coffres de matériels Eldar stockés dans le hangar. Des cristaux venant de catapultes shuriken vinrent se planter dedans profondément, ou dans le mur derrière eux. Quand le bruit de la fusillade fut couvert par le son de l'air coupé dans ses moindres molécules par des projectiles plus gros. Les canons shuriken fonctionnaient sur le même principe que les catapultes shuriken, plus légères des gardiens. Mais ils tiraient des cristaux de la taille d'un bras humain. Ses armes avaient une capacité de destruction nettement supérieure. Dord et ses hommes étaient dos au peu de couvert qu'ils avaient trouvé, frère Maximilian et Luther ripostait violemment avec leur bolter. Mais ils devaient replonger à couvert sous la douche de tir qu'ils subissaient du sol et des passerelles en hauteur. Dord se tourna vers l'apothicaire Gauron, qui rechargeait son arme, il venait d'abattre deux gardiens Eldar.

 

-Nous devrions faire mouvement, ils nous ont acculés.

 

Au moment où il finit sa phrase, la portion de couvert qui le séparait de frère Gauron fut transpercée par deux shurikens de cristal qui finirent leurs courses dans le mur derrière eux et s'y fichèrent profondément. Les projectiles venaient de traverser une grande partie du hangar et leur couvert, sans aucune difficulté. Leur position furent noyés sous un tir de barrage intensif. Dord se jeta à terre, imité par les soldats qui l'entourait. Une fois torse contre le sol, les projectiles passaient au-dessus d'eux, à hauteur d'hommes. Sous cette impressionnante démonstration de force, les soldats à pieds devaient se repositionnés pour déborder les flancs des Astartes.

 

-Fumée et mouvement, séparez-vous, faites le tour, détruisez ces armes ou nous sommes morts !

 

Ses hommes décrochèrent leurs grenades fumigènes de leurs ceintures et les lancèrent au-dessus de leur couvert qui tombait en morceaux. Une épaisse fumée blanche sorti des grenades, noyant sous une chape, les Astartes qui rampaient, cachés, loin de l'enfer qu'on déchaînait sur eux. Ils se séparèrent en deux groupes, Dord, Tantion, et Karl partirent sur la droite, Gauron parti sur la gauche avec le reste du groupe. Il ne faudrait pas longtemps aux artilleurs pour réaliser qu'ils n'étaient plus sur leur ancienne position. Ils devaient faire vite. Ils s'élancèrent en longeant les murs du hangar, derrière les caisses de matériels, et les piliers pour accéder aux positions des armes lourdes.

Le sergent bondit en premier sur la passerelle, en tirant d'une main avec son bolter et brandissant son épée de l'autre. Le recul était plus prononcé quand il n'avait pas ses deux mains fermement dessus. Il mitrailla en rafales les quelques servants Eldar qui s'escrimaient à piloter le navire. Ils moururent sur leurs postes de commandes. Les aspergeant de leurs sangs et entrailles. L'explosion de la porte avait envoyée sur la passerelle des shrapnels de moelles surchauffées, sur les matelots Eldar. Déjà un grand nombre gisaient au sol, mutilés, éventrés, démembrés. Ses hommes surgirent sur ses talons. Mitraillant aussi les quelques survivants du pont, ils n'étaient pas armés, et ils revêtaient de simple robes vertes, symbole de leur rang.

Son bolter émit un cliquetis quand il pressa la détente vers un groupe de serviteurs Eldar, son chargeur était vide, il le raccrocha à son attache et saisit son épée à deux mains. Dans un coup circulaire, il occis les trois pauvres xénos qui ne tentaient même pas de fuir. Ils étaient bien déterminés à effectuer leur devoir, même si cela devait les amener vers une mort horrible. Les quelques gardes restants qui devaient de protéger la passerelle furent faucher par les tirs combinés de frère Markus, Konrad et Hank. Ils arrivèrent au centre de la pièce, quelques mourants gémissaient dans leur langue au sol, cachés par les consoles de contrôle faites elles aussi de moelle. Au centre de cette pièce, comme un miroir déformé d'un vaisseau impérial, trônait un siège de capitaine, lui aussi en moelle, au-dessus flottaient des bannières Eldar hétéroclites de toutes les couleurs. Ils contournèrent le trône par la gauche, pour se positionner devant. Sur les marches se tenaient deux guerriers dans des armures vertes, ils n'en avaient pas croisé de semblable jusque-là. Le sergent les reconnus, des guerriers scorpions. Des tueurs implacables, spécialisés dans le corps à corps. C'était des guerriers inestimables. Des gardes prétoriens. Ils étaient immobiles, se tenant droit, et fièrement sur les marches, dans chacune de leurs mains, étaient tenus une épée tronçonneuse Eldar. Debout devant le trône en moelle, une forme filiforme, enroulée dans une longue robe sombre. Sa robe semblait changer de couleur et était cousu de symboles ésotériques et étranges, sous les flashs lumineux des débuts d'incendies des machines de la passerelle. Le commandant ennemi, sans aucun doute, portait un long casque fin blanc, incrusté de joyaux rouge sang qui luisaient. L'Eldar aux côtés du trône tendit son bras droit et pointa sa longue lame à un seul tranchant, vers le sergent. Il avait dû reconnaître instinctivement le chef de ce groupe de combat. C'était un geste de défis. Pour un duel, entre deux guerriers.

L'honneur imposait au sergent Brüner d'y répondre. Ses deux guerriers à ses côtés se mirent de part et d'autre de ses épaules. Quand le chapelain Markus passa dans son dos pour se mettre sur sa gauche, il voxa :

 

-Celui de gauche est à moi.

 

Konrad eut un petit sourire dans son heaume de combat, et se positionna sur la droite de son sergent. Frère Hank resta en retrait, vers la porte explosée derrière eux, tirant bolt sur bolt pour couvrir ses frères qui étaient toujours au combat et tentaient de freiner les renforts qui essayaient toujours de reprendre la passerelle. Le chapelain fessait des moulinets avec son crozius, le guerrier scorpion avait compris que c'était son adversaire. Il commença lui aussi à jouer de son arme, actionnant par intermittence le moteur de sa lame tronçonneuse. Ils se tournèrent autour et s'éloignèrent des deux autres groupes. Frère Konrad ne bougeait presque pas. Il fixait son adversaire et quand celui si sortait de son champ de vision en lui tournant autour, il se décalait d'un ou deux pas pour lui faire face. Il avait attaché son bolter à sa cuirasse, et avait sorti son couteau de combat dans sa main gauche et son glaive court dans sa main droite. Il semblait prêt, tendu, pour un combat violent.

Le sergent planta violemment sa lame, pointe vers le bas dans la matière du sol. Elle s'y planta et y resta fixement. Il détacha les attaches de son casque, dans un chuintement de dépressurisation et un nuage de gaz, il l'enleva, présenta son visage à son adversaire, comme le voulait la coutume avant un combat singulier. Les fragments de shurikens dans son épaule le firent souffrir quand il ôta son casque. Il garda un visage de marbre, ne montrant aucune faiblesse au commandant du navire ennemi qui les avait attaqués.

 

-Je suis le sergent Erik Brüner, chef de cette escouade de croisés, commandant de la douzième croisade d'expiation. Et je serais ta mort, xenos. Cracha-t-il entre ses dents.

L'étiquette voulait que les deux partis se présentent, le combat ne devait pas se dérouler entre deux inconnus. Mais il n'était stipulé nulle part que la cordialité était de mise. Le sergent fixa les optiques du casque de l'Eldar, ses sourcils noirs étaient froncés par la haine contenue qu'il éprouvait pour lui. Il ne cilla pas quand il lui répondit.

-Tu es bien celui que je cherche, mon-keigh. Je suis le prophète KrainKha, du vaisseau monde Saim-Hann, et par ta mort je protégerais mon peuple. Lui dit-il d'une voie douce et sifflante, comme de l'eau qui coule sur un rocher. Elle était particulièrement audible malgré le casque qu'il portait, et la fusillade lointaine.

-Bien, nous pouvons donc commencer. Répondit le sergent, fermement.

 

Et il verrouilla son casque.

Il avait désactivé les affichages secondaires des optiques de son casque. Un seul ennemi identifié se présentait devant lui, aucune autre information ne devait interférer avec son adversaire. Ses deux autres frères étaient eux aussi à quelques secondes de commencer leur combat. Pas un des partis ne s'en sortiraient sans une blessure. Ils étaient tous les six, les parangons de la caste guerrière de leur race. Des machines à tuer, à combattre. Mais c'étaient aussi des protecteurs. Les Astartes étaient les derniers remparts de l'Humanité. Leur mission était simple, protéger l'espèce humaine de l'extinction pure et simple. L'Imperium était assailli de toutes parts, par des ennemis innombrables et innommables. Et les Astartes trop peu nombreux pour combattre sur tous les fronts. Ils étaient épaulés par la Garde Impériale. De simples humains, armés de fusils lasers et de gilets par balle, mais ils ne valaient en rien la puissance d'un seul Astartes. L'Imperium était à un pas de basculer vers sa destruction, et les Astartes de l'Empereur, Ses anges, ne le laisserait pas basculer.

Les Eldars étaient une race ancienne. Plus vieille que l'Humanité elle-même. Elle l'avait vu naître, grandir, et prospérer. La race Eldar, convaincu de sa supériorité sur les autres espèces, état tombé dans l'hédonisme et la luxure ouvertement. Se vautrant dans des orgies titanesques pour éponger leur lassitude croissante. Quelques réfractaires subsistaient encore chez les Eldars, conscients de la décadence grandissante de leur peuple. Jusqu'au jour où, dans des bains de sang, d'orgies, et de déprédations, sous l'effet d'un choc psychique intense, naquit un nouveau dieu. Sous une telle puissance, le peuple Eldar faillit disparaître. En ce jour, l'empire Eldar n'est plus l'ombre que de lui-même. C'est ses survivants qui arpentent les étoiles, hantés par les erreurs du passé, les remords et les guerres qui assèchent les rangs déjà clairsemés de leur peuple. Les guerriers Eldars n'ont qu'une mission. Entrevoir un des futurs qui sauverait leur peuple, et l'aider à s'accomplir. Tous les prix sont bons à payer pour faire survivre leur peuple une journée de plus.

C'est le chapelain Markus qui porta le premier coup. Avec son crozius, il effectua une frappe du haut vers le bas vers son ennemi qui avait adopté une garde peu commune. Il se tenait ramassé sur lui-même, ses armes croisées devant lui. Dans une posture féline. Il absorba la force de la frappe de ses armes juste au-dessus de sa tête, c'est à ce moment-là que le champ disrupteur déchargea sa charge sur l'Eldar. Un champ de force bleuté le propulsa quelques mètres plus loin, son armure verte, rappelant celle d'un scorpion, le protégea de la majeure partie de la puissance déchaînée contre son porteur. Le chapelain chargea dans un cri de rage non contenue.

Dord et son groupe de combat effectuait une manœuvre de débordement sur les deux flancs des positions d'armes lourdes Eldar au fond du hangar de moelle. L'écran de fumée sur leurs anciennes positions n'était pas encore dissipé, et les tirs d'armes de tout calibre, broyaient en morceaux le peu de couvert restant. Ils slalomaient entre les caisses de rangements, les poutrelles porteuses, et les arches qui partaient jusqu'au plafond. Enfin il les distingua. Deux plateformes anti-grav, qui ronronnaient doucement, les moteurs incorporés à la plateforme, fournissant la puissance aux mécanismes ésotériques, qui repoussaient la gravité artificielle du hangar. Les affûts tiraient salves sur salves sur les anciennes positions Astartes. Un servant d'arme tirait pendant que l'autre approvisionnait le canon en munitions. Une escouade au complet gardait les alentours et les arrières des deux affûts. Des losanges rouges apparurent sur les torses des Eldars gardant les affûts. Les cibles prioritaires étaient marquées de deux losanges superposés. Ses hommes avaient le même affichage et connaissaient leurs ordres. Sur l'autre flanc, Gauron et son groupe se tenait prêt, derrière des caisses de fret. Ils n'étaient pas encore découverts.

 

-A mon signal, frère Gauron. Voxa t-il.

Les hommes du groupe de Gauron saisirent une grenade à fragmentation chacun, et retirèrent la goupille. Tant que la cuillère n'était pas éjectée de la grenade, et qu'ils la tenaient fermement, la grenade n'exploserait pas. Au signal ils libérèrent la cuillère, et les gardèrent en main deux secondes, puis les lancèrent. En les gardant deux secondes de plus, les grenade arrivèrent aux pieds des Eldar, et explosèrent presque instantanément, ne leur laissant pas le temps de donner l'alarme ou de sauter à couvert, tant ces ennemis étaient rapides et agiles.

 

Dord regarda par-dessus son parapet. Quand trois explosions fleurirent au milieu des positions Eldar. Il vit deux gardiens coupés au niveau du bassin pour l'un et au niveau du genou pour l'autre. Ils tombèrent à terre, en criant toute leur douleur. La troisième grenade explosa sous la partie gauche d'une plateforme antigrav, elle souleva l’affût haut en l'air et il retomba lourdement au sol. Une fumée épaisse s'échappait du dessous de la plateforme. Un des moteurs qui contrait la gravité avait rendu l'âme, et le canon pointait vers le sol. Le deuxième canon orienta son angle de tir sur les positions de frère Gauron et ouvrit le feu. C'était l'ouverture qu'il leur fallait.

Konrad était en fâcheuse posture. Il parait tant bien que mal les coups vengeurs du guerrier scorpion. Son ennemi sautait, virevoltait, ne s'arrêtant que pour frapper et repartait aussi vite dans des esquives et des déplacements si rapides que l'œil humain avait du mal à les suivre. Konrad esquiva deux coups d'épées tronçonneuses horizontales au niveau du bassin en utilisant toute la souplesse que pouvait lui permettre son armure. Il se pencha en arrière, une des lames entailla tout le pectoral de l'armure du croisé. Coupant les banderoles des sceaux de puretés qui y étaient accrochés. L'Astartes ne fut pas assez rapide, l'autre lame vint mordre dans son épaulière droite. Une pluie d'étincelles en sorti. Des fragments de céramite détruites étaient projetés dans tous les sens. La lame mordit tellement profondément qu'elle se bloqua dans le métal malmené. Le guerrier Eldar eu un mouvement de recul, mais il était tenu fermement son épée dans ses mains. Il ne put pas se dégager. D'un violent mouvement de bassin vers la droite, il attira à pleine vitesse à lui le guerrier Eldar, ne réfléchissant pas, dans un cri inarticulé, il asséna un énorme coup de casque dans celui de l'Eldar. Quelque chose se brisa. L'Eldar fut projeté à quelques mètres en arrière. Sous la violence de l'impact, il avait lâché son arme qui était encore fiché dans l'épaulière de l'Astartes. Il se releva péniblement, malgré sa grâce féline. Le guerrier humain venait de déloger sa lame, et l'écrasait au sol avec ses bottes ferrées. Le moteur incorporé dans la garde était fichu. Son arme rendue inutilisable. Il lui en restait une.

Konrad sentait une douleur cuisante là où la lame de l'Eldar avait mordu sa cuirasse. Du sang et du liquide de lubrification coulait de son épaulière. Le casque de l'Eldar était fendu sur toute sa longueur et une optique était cassée. Il pouvait voir un des yeux de son adversaire. Un œil en amende. Une pupille verte. Pleine de haine et de rage pour son espèce. Il allait lui donner une raison de le détester.

Le sergent Brüner était complètement focalisé sur son combat. Il savait que ces hommes combattaient à ses cotés sur la passerelle. Mais chacun d'eux avait son propre combat à mener. Le prophète Eldar se tenait toujours sur quelques marches au-dessus de lui et le toisait de toute sa hauteur. Il tenait toujours sa longue lame devant lui, la pointant sur son cœur principal. Le sergent décida de passer à l'action. Il monta les immenses marches deux à deux en chargeant le prophète. Celui si disparu, dans un battement de cœur, il fut si rapide que le sergent ne put voir dans quelle direction il était parti. Une ombre passa dans l'angle mort de son champ de vision, et une cuisante douleur vint le prendre à la cuisse. Sa jambe se déroba sous lui, il trébucha, et reprit son équilibre au dernier moment. Il s'immobilisa à mi-chemin sur les marches, adopta une garde défensive et chercha son adversaire. Il était là. Là où le sergent se trouvait avant de charger, en bas des marches. Il ne l'avait même pas vu se déplacer, et il l'avait blessé. Comment cela était-il possible ?

L'Eldar ricana :

-J'aurais pensé que ce combat serait plus intéressant. Les talents martiaux de ton espèce ne sont guère évolués, et ne tiennent pas la comparaison face aux nôtres.

Le sergent avait un gout de sang dans sa bouche, et il sentait que son fluide vital s'écoulait dans sa jambière blindée. Il avala sa salive qui avait un gout de cuivre et répondit.

-Approche si tu es si sûr de toi, Xenos.

A peine eut-il finit sa phrase que l'Eldar, fondit sur lui comme un aigle sur sa proie, le sergent tenta une parade de son épée, mais elle ne rencontra que le vide. L'Eldar en profita pour lui asséner un coup d'estoc sous la protection de son épaulière, dans ses côtes. Une violente douleur lui parvint dans ce brouillard de douleur qui venait de tout son corps. L'Eldar était à nouveau au sommet des marches. Le toisant avec mépris. Le sergent respirait difficilement, un sifflement se faisait entendre à chaque fois qu'il respirait. Un de ses poumons était perforé. Le prophète aurait pu lui porter le coup de grâce depuis longtemps, mais par abus de confiance, il s'amusait avec lui. Le prophète abaissa sa lame, et ouvrit une main aux doigts grands et filiformes.

-Adieu, mon-keigh.

Une déferlante psychique d'éclairs sorti de ses doigts et coururent vers le sergent. Il leva son épée tenue fermement dans ses deux mains devant lui. Les éclairs frappèrent la lame et son armure. Les éclats de shurikens logés dans son épaule attirèrent le courant électrique psychique, et brûlèrent ses chairs. Une douleur intense mordit son épaule. Il cria sa douleur et sa frustration. Son épée dévia certains arcs électriques qui partirent dans les consoles de la passerelle de commandement. Elles explosèrent dans des champignons de fragments de moelles. Le reste de la décharge psychique fut absorbée par son armure. Son affichage d'urgence était parasité par la puissante attaque. Ses cœurs étaient en tachycardie, il avait une perforation d'un de ses poumons, et des ligaments sectionnés dans une de ses jambes. Mais il était toujours en état de se battre.

-Il t'en faudra un peu plus que ça pour m'abattre xenos. Viens te battre, de guerrier à guerrier.

-Comme tu souhaiteras, humain.

L'Eldar chargea.

 

Frère Karl enjamba les cadavres horriblement mutilés des Eldars qui gisaient aux pieds de l'une des armes lourdes ennemies neutralisées. Il pressa la détente de son arme spéciale. La pression sous laquelle le liquide gélifié sorti du canon de canon de son arme, fit remonter celui-ci. Comme le recul d'un bolter pendant le tir. A peine sorti du canon le liquide toucha la veilleuse du lance flamme de frère Karl. Il s'embrasa dans un bruit de tonnerre. Une langue de flamme jaune enveloppa les rares survivants qui tiraient sur les positions de Gauron et ses hommes. Les Eldars s'embrasèrent, cuisirent dans leurs armures de plaques. Leurs cimiers prirent feu, certains sous la douleur essayaient de retirer les plaques d'armures brûlantes, mais leur peau avait fusionné avec elles. Ils ne firent que s'arracher des lambeaux de peau trop cuit. Leur sang était vaporisé et s'évaporait sous la chaleur insoutenable. Les optiques de frère Karl reflétaient le massacre qu'il venait de provoquer. Frère Dord et Tantion arrivèrent derrière lui pour abréger les souffrances des rares survivants. Les bolts explosèrent dans les chairs cuitent des Eldars. Le groupe de combat de l'apothicaire Gauron arriva lui aussi, et prirent position dans les retranchements Eldars. Ils ouvrirent le feu sur les forces ennemies qui avaient progressé vers leurs anciennes positions, ils étaient complètement exposés, et c'étaient rendu compte de la fusillade dans leur dos bien que trop tard. Le groupe de Dord faucha les vies Eldars à découvert.

Le sergent était à terre, son sang coulait dans son armure par plusieurs coupures profondes causées par le prophète Eldar. Il n'avait même pas réussi à blesser son adversaire, ni l'inquiéter. Il était trop rapide. Frère Johann et Lyderic étaient entrés dans sur la passerelle de commandement, derrière la porte blindée qu'ils avaient abattue. Ils avaient été repoussés par les renforts ennemis qui voulaient reprendre cette position stratégique. Les deux Astartes lâchaient rafales sur rafales, chacun leur tour, appuyant de ses tirs son frère qui rechargeait. Ils fauchaient à eux deux un grand nombre de vies Eldars. Lyderic mis genoux à terre de nouveau pour bloquer son arme dans le creux de son genou. Son bras pendait toujours, inerte sur son flanc, il devait recharger à une main. Frère Johann l'appuyait d'une rafale soutenue.

-Plus qu'une cinquantaine de coups ! cri a-t-il.

-Ils ne passeront pas ! lui répondit Lyderic.

 

Le prophète approchait lentement du sergent. Il voulait l'achevé. Il c'était lassé, et le chasseur voulait en finir avec sa proie. Le chapelain Markus et le frère Konrad combattait toujours les guerriers scorpions, aucun des deux partis n'arrivaient à prendre l'ascendant.

Sa robe flottait derrière lui, le sergent leva la tête pour le voir. Sa vision était brouillée par le sang qui lui coulait dans les yeux. Son haut casque à cimier le regardait avec dédain, il le savait.

-J'ai vu ta mort, mon-keigh. Tu ne peux pas lutter contre le destin.

Le sergent ne répondit pas, rien qu'un rot de sang quitta sa bouche.

-Je ne peux pas te laisser en vie. Cela serait un trop lourd tribut pour le reste de la galaxie. Je fais ce qui doit être fait. Lui dit-il. Sa voix chantait presque. Il parlait dans un bas gothique presque parfait, seul son accent aérien trahissait sa provenance. Il pointa sa longue lame vers le cœur du sergent, les deux genoux à terre. Il allait lui perforer son cœur d'une ultime attaque d'estoc. C'était la fin. La vie quittait son corps. Il arma son bras et la lame fonça vers lui.

De sa main gantée de céramite il agrippa la lame Eldar. Son acier était fait pour couper dans tous les matériaux facilement. Son gantelet le protégea à peine, c'était comme arrêter une épée à main nue. Dans un crissement de métal sur du métal, la lame coupa la céramite et la chair en dessous jusqu'aux os. Si profondément que sa paume fut presque coupée en deux, quelques doigts ne tenaient que par le reste de tendons. Il parvint à arrêter la course de la lame vers son cœur, la serrant des quelques doigts qui lui restaient. Le sergent Brüner, de la douzième croisade du poing, hurla de douleur et de rage en se relevant.

-Tu ne peux plus m'échapper maintenant.

Il asséna un violent coup de casque dans la visière du prophète. Puis un autre, et un autre. Il brisa la visière sous la violence des chocs. Désarçonné, il perdit l'équilibre et ne régit pas tout de suite. Ce qui le mena à sa perte. De sa main droite qui tenait toujours fermement son épée, le sergent ne pouvait pas, à cette distance rapprochée, lui asséner un coup de lame. Il frappa la gorge de l'Eldar avec la garde l'épée, en forme d'aigle impériale bicéphale. La garde rentra dans la partie moins protégée de l'armure du prophète. Il asséna un autre coup. La garde rentra encore dans ses chairs. Le sang du xenos sorti à gros bouillons. Dans un borborygme de douleur, le sergent le lâcha et il tomba à la renverse sur le dos.

Les gardes scorpions, sous l'impulsion psychique de leur chef mortellement blessé, stoppèrent le combat et reculèrent progressivement dans les ombres. Ils étaient toujours en garde, épiant les moindres mouvements de leurs adversaires, mais ils n'attaquaient plus. Les Astartes avaient gagnés, et ils n'avaient plus de chef à défendre. Le sergent avait gagné le combat singulier lancé par leur maître. Le chapelain Markus et frère Hank s'approchèrent de leur sergent mal en point.

L'Eldar au sol commençait à baigner dans son sang qui s'échappait de sa blessure à la gorge. Il n'en avait plus que pour quelques instants. La fusillade près de la porte s'était tut. Frère Johann et Lyderic piétinait à couvert, sur un sol tapissé de douilles fumantes, qu'ils écrasaient de leurs bottes. L'Eldar mourant murmura quelques mots inintelligibles. Les gardes scorpions qui semblaient avoir une ouïe plus développée, mirent genoux à terre et baissèrent la tête, ils semblaient prier.

Le sergent s'agenouilla près du mourant.

-Mon épée... Demanda-t-il dans un souffle.

 

Le sergent tourna la tête vers frère Konrad. Il partit chercher la lame qui était tombé non loin. Il la tendit à son sergent qui lui-même la donna au prophète. Il la prit de ses deux mains, et la serra contre sa poitrine. Comme si sa vie en dépendait.

-Je n'ai pas vu cette réalité possible dans mes visions. C'est impossible. Je n'ai pas su percevoir ma propre fin. Il toussa à la fin de sa phrase, crachant du sang dans la visière brisée de son casque. Sa voix n'était plus un chant fin et mélodieux. Ses cordes vocales avaient été touchées par la garde de l'épée quand elle c'était enfoncé dans sa gorge.

-Vous m'avez vaincu guerrier. J'ai une dernière requête. De soldat à soldat.

Le sergent ne prononça aucun mot. Il acquiesça silencieusement. Il était de coutume d'accorder à un adversaire valeureux ses dernières volontés. Bien sur un hérétique n'était pas reconnu comme tel. Mais l'Eldar avait bien failli lui ôter la vie, c'est pourquoi il tendit l'oreille.

-Quand je serais mort, ne détruisez pas mon vaisseau et mon équipage. Laissez-les partir. Notre combat sera compté à ceux de ma race, mon-keigh. Votre bravoure et votre noblesse sera connue de tous. Sa voix s'éteignait peu à peu.

-Frère Sergent, ici le Revenant, le vaisseau Eldar nous échappe, dans quelques instants vous ne serez plus à portée.

Le sergent activa la balise accrochée à sa ceinture, en tournant les deux parties qui la composait dans les deux sens différents. Une rune rouge apparu sur son pourtour.

-Nous avons votre signal. Transfert en cours. Revenant terminé.

Le sergent se pencha sur le corps presque mort du prophète.

-Sur mon honneur il en sera ainsi.

Quand il eut terminé sa phrase, il planta sans violence ni rage son poignard accroché à sa botte dans le cœur de l'Eldar, abrégeant ses souffrances. Avant de rendre son dernier soupir l'Eldar murmura presque imperceptiblement :

-Qu'elle drôle de vision que voilà...

 

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Son âme quitta son corps. Les gemmes sur son armure parures brillé plus intensément. Dans la culture Eldar, il est dit que les pierres qui ornaient les armures Eldar contenaient les âmes des ancêtres Eldars longtemps disparus. Des pierres d'âmes. Le prophète venait de rejoindre ses ancêtres dans sa quête du salut de son peuple. Le sergent recula de quelques pas en arrière avec ses hommes, les gardes scorpions approchèrent du cadavre de leur maître lentement, puis s'agenouillèrent autour de lui, l'enrobant dans ses capes et s'occupant de sa dépouille. Un léger picotement par-dessus toute la douleur de ses blessures qu'il ressentait vint lui prendre l'arrière de la nuque. Il fut englobé lui et ses hommes dans un halo foudroyant de lumière et d'énergie bleue. Il fut aveuglé. Non ce n'était pas le terme, il voyait, mais il n'y avait aucune couleur, ni lumière, le néant. Il ferma les yeux.

Ils atterrirent dans le teleportharium du Revenant. Ce fut un transfert mouvementé. Le sergent se retrouva à genoux, incapable de respirer. L'air qu'il avait dans les poumons dans le vaisseau Eldar n'avait pas été téléporté avec lui. Il enleva son casque précipitamment et avala de grandes goulées d'oxygènes. Il avait mal à la tête, était désorienté malgré toutes les améliorations génétiques qu'il avait subies, lui et ses frères. Une téléportation malmenait les organismes, surtout si elle s'effectuait dans des conditions aussi exécrables. Konrad fut téléporté dans le croiseur impérial à deux mètres du sol, il atterrit lourdement de tout son long sur le sol grillagé, dans un vacarme assourdissant. Dord et son groupe furent téléportés en plein combat, ils apparurent dans le téléportharium armes pointées devant eux, prêt à tirer. Même certaines douilles tombèrent au sol, étant téléportées avec eux. Tantion apparu dans le téléportharium dans un flash lumineux, mais il fut projeté sur la paroi au fond de la pièce, à la vitesse d'un boulet de canon, il fracassa une console de contrôle en la percutant de son dos. Le sergent leva les yeux, ses hommes étaient tous là, certains blessés, leurs armures cabossées, mais ils étaient tous là.

-Monseigneur, le vaisseau Eldar nous échappe et s'apprête à effectuer un saut Warp. Nous avons une solution de tir sur leurs moteurs. Autorisation d'ouvrir le feu ? Cracha son oreillette. C'était le capitaine Ström.

-Négatif, laissez-les partir. Répondit-il dans un souffle.

-Bien reçu monseigneur.

 

Sa voix trahissait sa surprise et sa frustration. Cet engagement naval avait excité ses sens pour le combat, cela faisait bien longtemps qu'il ne ce n'était pas retrouvé à la barre pendant une empoignade de cette envergure.

 

-Bienvenu à bord Sergent.

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Un Chemin Tortueux

 

 

Depuis leur empoignade avec la force Eldar, le Revenant et son équipage se trouvèrent dans l'obligation de trouver où ils avaient échoué. Une sortie Warp d'urgence, en étant poursuivi par un ennemi était une chose dangereuse. Dans ces flots indescriptibles, le temps et l'espace n'avaient pas lieu. Une rentrée et une sortie Warp rapide pour relier un système stellaire proche à un autre, si elle était interrompue au pire moment, pouvait faire sortir le navire à plusieurs milliers années lumières de sa destination. Il fallut trois jours pour que l'astropathe et les cartographes de bords réussissent à localiser un amas d'étoiles qui permettraient de se repérer dans cette mer de lumières. Ils n'étaient plus perdus, seulement, ils c'étaient éloignés de leur destination principale. Aux vues de leur niveau de carburant et de leurs ressources tactiques, ils devaient trouver un port d'attache et de commerce le plus vite possible. En consultant leurs fichiers cryptés concernant les planètes impériales à proximité ils découvrirent qu'un seul choix s'imposait, à environ huit semaines de voyage. Endless Hope.

L'accrochement avait été consigné dans les annales de combat du croiseur d'attaque. Le lieu, la date et l'ennemi sur lequel ils avaient remporté une victoire décisive avait été rajoutée en lettre d'or sur la bannière de l'escouade de croisés. C'était leur première victoire, et cela avait été bien faillit être la dernière. Ce fut un combat acharné dans les méandres du vaisseau de moelle Eldar, et ses hommes ainsi que lui-même avaient été blessés. Il fit jouer ses doigts de sa main gauche, emmitouflés dans un pansement de gaze stérile. L'apothicaire Gauron venait changer régulièrement ses pansements et vérifier la cicatrisation de ses blessures. A leur retour sur le Revenant, ses hommes déposèrent leurs armures et leurs armes à frère Osmund, le Techmarine, dans son sanctus, enfoncé profondément dans le croiseur Astartes. Il avait passé de nombreuses heures à réparer les armures endommagées, avec les pièces qu'il avait en stock. Il avait accepté avec enthousiasme cette tâche qui cassa sa monotonie, de réparer à l'aide de ses quelques serviteurs lobotomisés, le Contempt Of Death, le char Rhino de l'escouade. Il s'escrimait depuis leur départ de la croisade principale à le remettre en état de marche, mais le manque de moyens humain et de pièce, la handicapait fortement.

C'est frère Gauron, l'apothicaire, c'était chargé de réparer les corps meurtris par la bataille. La main du sergent Brüner avait demandé des heures de microchirurgie, de greffes de peaux synthétiques, et de rééducation. A son arrivée, certains de ses doigts ne tenaient à sa main que par des bribes de peaux ou de tendons. L'apothicaire, dans son sanctuaire, produisait par le biais de culture de la peau synthétiques, facile à greffer, avec un taux de rejets bien inférieur aux moyennes impériales, qui permettaient aussi bien des reconstructions physiques, aussi bien que des soins de premières urgences sur le champ de bataille. Mais lui aussi était en manque de matériel, et de personnel.

Leur départ c'était fait à la hâte, leur seigneur ne leur fournissant que le strict minimum pour voyager. Un croiseur d'attaque antédiluvien, un nombre de membre d'équipage restreint, peu de matériel, un parc de véhicule non opérationnel. Seul le Thunderhawk, Defiance, avait été remis en état de marche avant leur départ. Il avait nécessité presque toutes les ressources et le temps disponible du Techmarine. Depuis le frère Osmund mettait tout en œuvre pour rendre cette croisade opérationnelle à son plein potentielle.

Durant ces nombreuses interventions chirurgicales, le sergent Brüner avait eu l'occasion de se remémorer les faits. A peine avaient ils quittés les leurs, que les pirates Eldars les avaient interceptés. Ce n'était pas une attaque inhabituelle, ils les cherchaient, eux. Pour une raison précise. Le prophète le cherchait lui. Afin de contrer un avenir qu'il avait vu. Un avenir plein de morts et de destruction pour son peuple. Ce pourrait-il qu'il sache l'objectif de leur quête ? Aurait-il vu un avenir incertain où leur quête les mènerait dans un massacre d'Eldar ?

Le sergent s'accorda une journée de repos et de prières après son opération et à ses hommes aussi. Le lendemain, ils reprirent leur entrainement quotidien, malgré les blessures et les corps meurtris. Au court d'un entrainement à l'arme blanche avec le chapelain Markus, ils avaient pu s'entretenir sur ce qui c'était passé sur la passerelle ennemie. Le chapelain ne remit pas en cause le fait que le sergent accorda ses dernières volontés au prophète Eldar, c'était un duel d'honneur, et les Black Templar n'avait qu'une parole, et mettait l'honneur par-dessus tout. Si le chapelain avait jugé tout comportement comme déviant il aurait appliqué une sentence rapide et juste. Le sergent le savait. Il se demandait surtout ce qu'avait voulu dire l'Eldar avant de mourir.

 

-Croyez-vous qu'il a vu une possibilité que nous réussissions notre quête ? Demanda le sergent, en sueur.

 

Cela faisait maintenant plus de cinq heures qu'ils s’entraînaient tous dans le gymnasium aménagé dans les cales du croiseur d'attaque. Ses hommes, hors du cercle de combat, s’entraînaient au tir sur cibles, démontaient leurs armes sur des tables de marbres blanches recouvertes de tissus, où s’entraînaient au combat à main nue. Certains avaient amenés leurs serfs, qui observaient pour reproduire les mêmes gestes d'entretient quand leurs maîtres leur demanderont.

Le sergent saignait de sa blessure à la main, la cicatrisation avançait bien. Son organisme surdéveloppé refermait déjà la blessure, mais les quelques agrafes c'était rouvertes. Le chapelain de son glaive d'entrainement effectua une attaque tranchante horizontalement. Le sergent au lieu de reculer pour esquiver l'attaque plongea sous la garde de son adversaire, pour se retrouver torse contre torse.

 

-Cette manche est à moi.

Il avait la garde de son épée entrainement sur la gorge du chapelain. Il avait terrassé le prophète de la même manière. Ils reculèrent et prirent leurs distances pour une nouvelle passe d'arme.

-Les Eldars peuvent lire les différents fils du destin qu'ils pensent percevoir. Nous sommes des Astartes, le destin pour nous, n'existe pas. Seul compte la vérité impériale. Nous ne croyons pas à la superstition telle que cela. Dis le chapelain en reprenant son souffle. Son torse ruisselait de transpiration.

-Certes, mais ils nous ont attaqués, délibérément. Ils nous cherchaient. Dans un but précis. Cela a peut-être un rapport avec notre mission.

Les deux Astartes se tournaient autour, leurs pieds nus sur l'acier froid du pont. Ils étaient ramassés sur eux-mêmes. Comme deux fauves s'apprêtant à bondir.

-Ce xenos, n'a pas pu prévoir sa propre mort. Les Eldars ont péchés par acquis de conscience. Ils sont trop imbus de leur personne. Cela les aveugles. Méfiez-vous des mensonges des ennemis de l'humanité.

-Vous avez raison, chapelain. Comme toujours.

 

Les lames s'entrechoquèrent.

Les ronronnements habituels des moteurs Warp, auxquels ils c'étaient habitués durant leur transit de plusieurs semaines, changèrent de sonorité. Ses blessures à la main avaient bien guéri mais ses doigts abîmés étaient encore raide. L'apothicaire avait fait du beau travail. Il resterait quelques cicatrices, là où la peau synthétique avait fusionnée avec sa véritable peau.

 

-Sorti voyage Warp estimée : vingt minutes. Dit la voix féminine préenregistrée dans les hauts parleurs du vaisseau.

Quelques instants plus tard, le serf du sergent arriva dans ses quartiers.

-Préparons-nous. Ordonna le sergent.

Depuis l'attaque surprise des Eldars, toute sorti de transit Warp était source de tension au sein de l'équipage. Le sergent Brüner avait fait passer des consignes. Quand le croiseur d'attaque sortirait ou entrerait dans l'Immaterium, le moment où ils étaient le plus exposés, tout l'équipage, ainsi que le personnel Astartes serait sur le pied de guerre. Ils avaient été surpris une fois, cela ne se reproduirait pas.

L'espace devant le croiseur se déchira et laissa entrevoir l'espace réel et les reflets des étoiles. Il décéléra brutalement, reprenant pieds dans la réalité. Les volets blindés qui protégeaient la bais d'observation de la passerelle de commandement s'ouvrirent.

Les boucliers Void du vaisseau étaient levés, son armement paré, et ses soldats prêt à toute éventualité.

-Scan d'auspex dans toutes les directions ! Maintenant ! Ordonna froidement le capitaine Ström.

Ses lieutenants de quarts exécutèrent ses ordres sans broncher. Des ondes partirent des antennes relais sur toute la surface du navire pour chercher la présence d'ennemi quel qu'il soit.

-Rien capitaine. Répondit l'officier responsable. Il regardait l'écran verdâtre de sa console avec application. Ses instruments ne distinguaient rien. A part la station.

 

Elle était massive. Au début, à cause de la distance qui les séparait, le sergent ne la distingua. Il était en armure complète, ses hommes derrière lui. Il avait les bras croisés sur la poitrine. Et regardait fixement la bais d'observation. Soudain, un des rayons du soleil accrocha la surface métallique de sa structure. Elle faisait presque deux cents kilomètres de diamètre. Elle était tellement vieille qu'on avait oublié qui l'avait construite. Une structure de métal, circulaire, avec en son centre du vide. Assez de vide, pour que les premiers explorateurs impériaux, aménage son centre en un port d'attache spatiale. Dans les grandes heures de son histoire, plusieurs cuirassés et navires de plus petit tonnage pouvaient stationnés en orbite haute au centre de la structure monumentale. Cette station, qui avait depuis longtemps, perdu son nom véritable, gravitait au-dessus d'une planète d'une lueur jaune maladive. Cette planète était un monde ruche. Où les habitants vivaient les uns sur les autres, se marchant dessus pour aller travailler dans les immenses manufactorums de munitions et de matériel à sa surface. L'exploitation à l'extrême des ressources premières de cette planète avait obligé les guildes marchandes et artisanes à faire importer les matières premières d'autres systèmes voisins pour répondre aux quotas de production.

La particularité de cette station, plus vieille que certaine civilisation, était que sa vitesse de rotation était calquée sur la vitesse de rotation de la planète dont elle était le satellite. Et la ville principale de ce monde était juste en dessous d'elle. Les rares travailleurs qui avaient pu regarder le ciel pollué de leur monde purent voir l'auréole de la station plané au-dessus d'eux.

Cette particularité bien singulière, causa deux choses. La première, fut la construction d'un ascenseur spatial de fret et de personnel du sol vers la station. Les reliant en à peine quelques minutes, la station devint un port en espace peu profond pour communiquer et commercer avec le sol.

Le second, fut, au fil des années, la croyance des élites de la bourgeoisie en place, qui pouvait observer le ciel plus que de simples travailleurs, que la station avait quelque chose de divin, comme une extension de la volonté de l'Empereur lui-même. Cette station qui faisait comme une auréole au-dessus de cette cité ruche, au fil des millénaires, fit émerger la croyance que le peuple de ce monde oublié était béni. Plusieurs guerres civiles de purifications de leurs gênes plus tard, la caste dirigeante, mit en place un procédé radical.

Aucun « outre-monde » ne devra poser le pied sur le sol sacré de cette planète. Dans un souci de préservation de gênes pures. Dans un second temps, tous les « impurs » seraient bannis de ce monde. Dans le seul endroit qui pourrait accueillir autant de monde. C'est pourquoi tous les criminels, les hérétiques, les handicapés, et ceux jugés impurs par des tribunaux populaires furent envoyés en orbites, sur la station spatiale. Elle devint autant une prison, qu'un port d'échange commercial, vu qu'aucun marchand hors sol ne pouvait plus poser pieds à terre.

Au fil des années la fréquentation du secteur diminua drastiquement, les points d'ancrages de la station furent abandonnés les uns après les autres, leurs entretiens coûtant trop cher. Seuls un petit nombre, le strict minimum fut gardé en service pour assurer les échanges nécessaires à la survie de la communauté du dessous.

La station se transforma petit à petit en bagne. Où les ostracisés, les oubliés de la société du bas les exploitaient. Ils entretenaient la station, les contremaîtres les obligeant à coup de fouets et de bâtons électriques pour le reste de leur vie. Ils étaient parqués dans une zone réduite de la station, le reste des centaines de kilomètres de couloirs étant abandonnés.

Le Revenant se dirigea vers la prison spatiale qui dérivait dans l'espace.

 

-Faites nous saluer, et transmettez nos codes d'identification. Ne ralentissez notre allure qu'au dernier moment. Manœuvre d'intimidation. Nous transportons les anges de l'Empereur. Annonça calmement le capitaine à son timonier en chef.

Celui-ci hocha simplement la tête et s'exécuta.

Le sergent reporta son regard devant lui et inspira profondément. Il ne pouvait pas le voir à cette distance mais des remorqueurs partaient déjà des hangars mal entretenus de la station pour les amener au cœur de celle-ci. Il avait besoin de munitions, de matériel et de ravitailler le croiseur en plasma. Les réserves étaient basses. Leur départ précipité n'avait pas aidé aux préparatifs de leur croisade.

-Monseigneur, les remorqueurs demandent humblement que nous abaissions nos boucliers pour pouvoir s'arrimer et nous escorter. Rapporta l'officier en charge des communications.

-Accordé. Mais que nos tourelles de défenses rapprochées surveillent chaque remorqueur de prêt.

-Ce sera fait capitaine.

-Une petite chose, ajouta le sergent. Faites passer le mot. Quand nous serons arrimés et que le transfert de munitions et de carburant débutera, je veux que toutes les escouades de la sécurité naval du croiseur prennent position aux points névralgiques d'entré et de sorti du personnel sur ce bâtiment. Je ne veux qu'aucun détenu de cette prison ne s'enfuît sur ce navire. Ordre de tirer à vue sans sommation, est-ce bien clair ?

-Absolument, un pragmatisme bienvenu, sergent. Répondit le capitaine.

 

Le chapelain Markus sous son casque sourit et hocha imperceptiblement la tête.

Les moteurs du Revenant étaient presque à l'arrêt. Une dizaine d'escorteurs aux moteurs démesurés par rapport à leurs cabines, poussaient ou tractaient l'immense géant d'adamantium Astartes. Ils furent amenés au-dessus de la station orbitale, au centre de l'ouverture en son milieu, où il y a des centaines d'années, le contrôle spatial aiguillait les navettes et vaisseaux marchands de passage. Ils étaient seuls. Pas un autre vaisseau en vue ou arrimé. Le sergent pu voir par la bais d'observation le nom donné à cette station poussiéreuse. Sur le métal érodé par le temps, les tempêtes solaires et les impacts de micro astéroïdes, figurait son nom, en lettre aussi grande que des blocs d'habitations. Endless Hope. Un nom trompeur. Un espoir infini. Une prison où l'on venait purger une peine illimitée. L'ironie de ce nom collait maintenant à la peau de la cage où ils étaient tous enfermé.

Le Revenant s'immobilisa sans une secousse devant un imposant hangar, son champ atmosphérique bleuté gardait le précieux oxygène à l'intérieur de la prison. Il éclairait l'espace entre les deux structures de sa lumières blafardes. Des immenses bras télescopiques sortirent de la carlingue de la prison pour s'arrimer au blindage du navire impérial. Ce n'était pas pour le retenir à proprement parler. Si le navire Astartes aurait voulu se dégager, la force de ses rétrofusées ou la puissance de ses moteurs auraient suffi pour arracher les arrimages, c'était surtout pour empêcher tout contact entre la station et le croiseur si un événement astronomique imprévu le projetait sur eux.

Raccordés aux pinces d'arrimages plusieurs longs et tortueux tuyaux de ravitaillements, au diamètre grand comme des chars super-lourds commençaient leur lente approche des emplacements de réception de carburant. Ils étaient guidés par magnétismes, par les mêmes remorqueurs qui avaient amenés le navire ici. La manœuvre était longue et délicate. Surtout pour un transfert de carburant aussi important. Cela demanderait plusieurs dizaines d'heures.

 

-Transmettez notre demande de matériel, de munitions, et de carburant. Ainsi que notre accréditation de l'Adeptus Astartes, ainsi que du Mechanicum. Qu'ils soient payés. Demanda le sergent calmement, toujours en regardant la bais d'observation, qui était remplis maintenant des énormes pinces magnétiques, aux longs tentacules qui cherchaient à abreuver son navire.

Un navire Astartes possédait une aura quasi mystique. Peu d'humain pouvait se targuer d'en avoir vu un dans sa vie. Encore moins un guerrier Astartes. Mains quand un ange de l'Empereur, demandait assistance, de n'importe qu'elle sorte, l'instinct de survie humain, ou le respect pour ses guerriers de légendes, obligeaient à lui donner l'objet de sa requête dans les délais les plus bref. Un simple marchand, qui rechargeait ses réservoirs de plasma à bord d'une station, se devait d'honorer sa ligne de crédit contractée, soit en monnaie sonnante et trébuchante, soit en service rendu auprès des autorités, soit en fret, à transporter en plus de sa cargaison. Ce qui amenuisait grandement les bénéfices par voyage interstellaire. Mais c'était le dur métier de libre marchand.

Concernant les guerriers de l'Empereur, leur statut à part, et leur affiliation avec le Mechanicum leur accordait une ligne de crédit presque illimité sur toutes les ressources disponibles dans un secteur. Les Astartes n'étaient pas connus pour le gaspillage de ressources cher à l'Imperium. Et si on leur refusait l'accès à ce qu'ils demandaient, ils le prendraient par la force. Sans autre forme de procès. L'élite de l'humanité ne pouvait pas se permettre de perdre du temps ou des ressources pour des obligations purement humaines. Après leur départ, une ligne de crédit serait ouverte au nom du chapitre Black Templar ou du Mechanicum. Elle sera clôturée dans les délais les plus brefs. Remerciant les acteurs de cette transaction et sollicitant leur discrétion sur ce qu'ils avaient vu.

- Prévenez-moi quand nous serons prêts à partir. Demanda le sergent.

 

Il tourna le dos à la baie d'observation, suivi de ses hommes pour sortir de la passerelle de commandement. Ils s'enfoncèrent dans les entrailles du navire. Le capitaine Ström superviserait les manœuvres de ravitaillement et la bonne marche des opérations.

A sa première rotation, le prisonnier qui pilotait la navette de transport, entra dans le hangar du croiseur Astartes par le bouclier atmosphérique. Il venait de quitter le hangar numéro deux de la station, sa navette transportait deux énormes obus pour les pièces d'artilleries des vaisseaux impériaux. La station employait les prisonniers comme main d'œuvre gratuite, et ils n'avaient aucune chance de s'échapper. Un transpondeur émettait leur position en temps réel, et s'ils s'éloignaient par mégardes des plans de vols transmis, un explosif dissimulé dans le cockpit explosait. Certains avaient essayé, pensant que c'était une rumeur, qu'ils ne pouvaient pas surveiller autant de prisonnier en même temps. Il ne restait d'eux que quelques débris flottant aux encablures de la station. On les voyait encore flotter par certains hublots, comme un avertissement macabre.

Il pénétra dans le hangar sombre, éclairé par des rangées de projecteurs fixés haut au plafond, celons un espacement bien précis. Le hangar du croiseur était imposant. Presque trois cents mètres de larges, mais à sa grande surprise, il était quasi désert. Il n'y avait qu'un monstre de métal arrimé au sol, un Thunderhawk, noir comme la nuit, autour duquel une équipe réduite de serviteurs s'occupaient de sa maintenance. Sa carlingue et ses alentours étaient éclairés par intermittence, par les flashs des postes à souder. Le pilote avait pour ordre de ne pas s'approcher, ou faire mine de s'approcher du monstre endormi, sous peine de mort. Il fessait parti des premières navettes à pénétrer dans le hangar, et une file longue d'un kilomètre attendait derrière lui pour décharger leur matériel. Au sol était marqué, d'une peinture jaune, les emplacements correspondants aux matériels. L'emplacement pour sa cargaison était au centre du hangar, une dizaine de rectangles jaunes pointillés, encerclaient un énorme sas de deux portes, verrouillées dans le sol. Une navette d'un de ses codétenus, déposa son chargement. C'est alors que le sol s'ouvrit. Des gyrophares orange s'allumèrent, des alarmes crièrent de reculer. Les portes du sas engoncées dans le sol s'ouvrirent avec lenteur. Il voyait la scène du haut, en vol stationnaire, la première navette n'était pas encore partie. Les portes d'aciers et d'adamantium s'ouvrirent sur des profondeurs abyssales de métal. Deux énormes pinces robotiques sortirent. Elles travaillaient de concert, chacune prit un obus séparément et le placèrent dans les tréfonds du vaisseau. Le pilote put voir un tapis automatisé gigantesque qui roulait sous le plancher du hangar, les obus y étaient déposés sur des supports métalliques prévus à cet effet, et ils disparaissaient sous le sol, les emmenant aux soutes à munitions.

Le vacarme fut assourdissant. Rajoutant au bruit des navettes qui déchargeaient le matériel léger, le bruit du carburant sous haute pression qui passait dans les conduites du vaisseau, et maintenant le rechargement du magasin du croiseur. Les équipes de sécurité du navire, lourdement armées, qui surveillaient chaque allée et venue, portaient en plus de leur casque lourd, un casque anti-bruit, et c'était compréhensible. Le pilote pouvait entendre le brouhaha de l'effervescence du hangar même dans son cockpit hermétique. Il déchargea ses deux obus en vitesse et reparti. Il lui restait beaucoup de rotations à faire.

 

-Comment avance le transfert ? Demanda le capitaine Ström.

Cela faisait maintenant quatre heures que les balais de navettes déposaient leurs cargaisons dans son vaisseau.

-Le seigneur Techmarine met à jour en temps réel nos stocks. Nous avons presque fini le réapprovisionnement en munitions d'armes légères, en médicaments, en denrée alimentaires, en matériel lourd, et en matière première.

-Et le carburant ? Insista-t-il.

-Il nous faudra encore quatre autres heures pour finir le transfert de carburant et pour les obus de nos pièces de batailles. L'informa l'officier en charge. Il était au-dessus d'une console de contrôle, son écran verdâtre baignait son visage dans un halo étrange.

-Capitaine ! Héla le responsable des communications.

-Parlez nom de nom. L'admonesta-t-il.

-Communications entrante du commandant général de la prison. Il demande une audience avec le Sergent Brüner.

-Refusé. Le sergent ne veut pas être dérangé. Répondit-il.

-Il insiste mon capitaine.

-Cela ne va pas lui plaire.

 

Il posa le pied sur le sol grillagé du hangar de la prison. Le sergent Brüner était encadré d'une escorte protocolaire. Le ravitaillement de son vaisseau avançait vite, mais pas assez à son gout. Il voulait repartir au plus vite suivre les potentielles pistes et la trace de ses nombreux frères disparus. Frère Dord et Luther le suivait de près. Une escouade de gardien en habits bleu sombre, ils étaient armés d'armes à courte portée, de fusils à pompes, surement chargé de munitions anti-émeutes, et de gourdins paralysants à la ceinture. Leur équipement et leur apparence semblaient en piteux état, comme si il était vieux et usés. Ils avaient besoin d'être remplacé au plus vite. Quand la rampe du Thunderhawk s'abaissa, les Astartes en sortirent d'un pas décidé. Ils avancèrent à vive allure vers l'escouade d'escorte qui les attendait. Les gardiens eurent un mouvement de peur incontrôlée. C'était la première fois qu'ils voyaient un ange de l'Empereur. Certains firent deux pas en arrière devant le spectacle. Trois colosses en armures complètes, leurs tabars à l'héraldique des Black Templar flottant dans les courants d'air du hangar, les sceaux de puretés accrochés à leurs épaulières. Ils étaient menaçant par nature et tout en armes. L'officier de l'unité de gardiens essaya de garder sa contenance et fit un bref salut martial au sergent Astartes.

La montagne caparaçonnée grogna son mécontentement dans son casque. Les hauts parleurs vox ne retransmirent qu'un grincement métallique, comme si un rapport d'une boite de vitesse d'un char ne passait pas.

-Agenouillez-vous devant moi quand vous me saluez, garde. Seuls les officiers de notre chapitre peuvent effectuer une révérence, ils ont gagné le droit de le faire, pas vous. Gronda-t-il.

Il ne cachait ni sa colère ni son exaspération vis-à-vis de la requête du commandant général de la prison de le voir. C'était l'officier qu'il avait envoyé qui en faisait les frais. L'officier devant lui et ses soldats crachaient un nuage de vapeur en expirant. D'une simple pensée il activa la température extérieure de son armure par le biais de son affichage tête haute. La température était basse, bien en dessous de zéro. Il ne la ressentait pas le moins du monde, les couches isolantes et le chauffage intégré le protégeait. Par contre les gardes semblaient la subir. Le système de chauffage de la station ne devait pas subir ou était défectueux, cela attestait de sa vétusté.

 

- Conduisez-moi à lui. Maintenant. Exigea le sergent.

 

L'officier se tourna vers le sas blindé situé derrière lui, dans le mur du hangar qui donnait sur le reste de la station. Les Astartes les doublèrent sans ralentir, les gardiens partirent à leur suite. Ils avaient du mal à suivre le rythme de marche des trois géants, si bien qu'ils trottinaient pour ne pas se faire distancer. L'officier avait pris la tête, et courait devant le groupe.

Ils s'étaient arrêtés. Devant un énième sas rouillé. L'intérieur de la station était en très mauvais état. Des traces d'humidité et de champignons venaient parsemer les murs et les plafonds qu'ils avaient vu. Quelques affiches de propagande jaunies par le temps pourrissaient sur les murs, exhortant les prisonniers à donner le meilleur d'eux même dans la rédemption. Ils avaient parcouru plusieurs couloirs qui se ressemblaient tous. Le bruit de l'agitation autour d'eux se faisait entendre. Cela faisait bien des années qu'un vaisseau étranger n'était pas venu et tout le personnel de la prison était sur le pied de guerre pour répondre à leurs besoins. On entendait des chariots élévateurs et des contremaîtres charger des caisses et donner des ordres malgré l'épaisseur des murs. Ils avaient passé un nombre incalculable de poste de garde, de poste de sécurité, où dedans, des gardiens essayaient tant bien que mal de se réchauffer. L'officier posa sa main dans un renfoncement de la porte. Il eut un léger sursaut de douleur imperceptible que les Astartes remarquèrent. Ils ne dirent rien. Une aiguille vint prélever du sang de l'officier pour analyse. Quand la concordance Adn fut validée la porte s'ouvrit.

Encore un corridor grillagé au sol. Le sergent Brüner risqua un coup d'œil en dessous de lui, à travers le grillage. Il y avait des dizaines de niveau en dessous de lui, avec les mêmes couloirs grillagés, et au-dessus de lui aussi. De part et d'autre du couloir il y avait des cellules. Sombres, pas du tout éclairées, seulement par les lumiglobes du couloir principal. Certaines étaient ouverte et vide. Les prisonniers de ces cellules devaient être sortis pour effectuer leur garde d'entretien ou participaient au réapprovisionnement du Revenant. Dans celles où il y avait des détenus, certains dormaient, d'autres discutaient, ou fumaient. Quand ils virent les Astartes ce fut un choc. C'était comme une réaction animale. Quand un fauve enfermé, sans moyen de se défendre, acculé, voyait un autre fauve en pleine possession de ses moyens se déplacer devant lui. Il se débattait, faisait du bruit, mordait tout ce qui passait. Ce fut identique.

Les prisonniers eurent peur. Que les Astartes soient venu pour eux, pour les purger de leurs crimes, c'était comme voir la punition qui venait à vous. La mort incarnée. Ils hurlèrent, renversant les lits sur lesquels ils dormaient. Ils sortaient leurs bras de leurs cellules, à travers les barreaux pour les toucher ou les saisir. Les gardiens firent preuves de plus de courage face aux détenus qu'envers les Anges. Ils brisèrent les os avec leurs matraques, tirèrent à bout portant pour calmer les foules dans les cages. Les croisés continuèrent leur chemin suivant l'officier à travers les couloirs de la prison.

 

-Nous ne pouvions pas passer par un chemin plus discret ? Demanda le sergent.

On pouvait encore sentir la colère à peine retenue dans sa voix, exacerbée par le spectacle qu'ils venaient de voir.

-C'était le seul chemin, monseigneur.

Les cris d'animaux sortant de gorges humaines résonnaient toujours derrière eux, on entendait des insultes, des pleurs, et des gardiens matraquant un à un les détenus déchaînés. Ils essayaient de faire revenir le calme mais c'était peine perdue. Enfin le sas de sorti se referma et on n'entendit plus que les bruits sourd des cris et matraques électriques qui tombaient. Il devait y avoir une dizaine d'aile de détention comme celle-ci.

Ils attendaient devant une imposante cage d'un monte-charge. Il pouvait surement transporter un char Leman Russ à lui tout seul. Il n'y avait aucun combiné ou boutons à actionner pour appeler ce monte-charge. Et l'officier ne semblait pas faire le moindre mouvement ou action pour le faire venir. Il attendait en silence.

Soudain un cervo-crâne apparu de nulle part. Il passa au-dessus de leurs têtes en vrombissant. Son champ antigravitique lui permettait de survoler le groupe sans un bruit. Il s'immobilisa devant eux et les scanna. Un épais rayon bleuté les parcourut de la tête aux pieds. La poussière présente dans l'air rendu visible quand le rayon la traversa.

Quand il eut fini son scan, un mécanisme prit vie dans le monte-charge. Un grondement profond de vérin qui s'actionnait. D'épaisses chaines et des contre poids bougèrent dans la cage juste devant eux. Le monte-charge arrivait.

 

-C'est le commandant général qui décide qui monte le rejoindre. En cas d'émeutes il serait protégé. Expliqua l'officier visiblement gêné d'avoir fait attendre les Astartes.

Brüner ne répondit même pas. Il ne savait que faire de cette information. Il grogna juste. Cette réponse devra lui suffire.

Il faisait chaud. Une chaleur douce et diffuse. Le résultat d'un système de chauffage qui marchait. Un groupe de gardiens, bien mieux armés et équipés les attendaient à la sortie du monte-charge. Les gardiens qui les avaient accompagnés jusque-là furent congédiés par l'officier en charge de la protection rapproché du commandant général de la prison. Brüner put voir la colère des gardiens avec qui il avait traversé la prison, ils devaient repartir dans le froid et le chaos qui régnaient en bas sans même avoir eu le temps de se réchauffer. L'officier en charge de cet étage vint saluer le sergent, et ses hommes comme le protocole le voulait. Un imposant casque lourd à visière et cimier lui recouvrait intégralement la tête.

-Je suis le lieutenant Kremer. Le commandant général vous attend. Je vous accompagne.

Il avait une voix puissante mais dans la retenu, couvert par son heaume. Il avait la carrure et la prestance d'un militaire de carrière, mais de cela il y a bien des années. Le sergent le remarqua et hocha de la tête. Il lui emboîta le pas.

La différence fut flagrante entre ce qu'ils avaient vu en venant ici et les appartements du commandant général. Ils furent tout de suite assaillis par l'agressivité outrageuse du luxe dans lequel il se vautrait. Ils arrivèrent dans un vestibule immense et tapageur. Il était recouvert du sol au plafond d'un velours rouge sang, ornementé de brochures tissé d'or. Au centre trônait une fontaine de marbre, ou coulait un petit filet d'eau clair et surement propre à la consommation. La pièce était très bien éclairée et des petits chérubins grassouillets voletaient au plafond, portant des encensoirs fumants ou chantonnaient des chants impériaux connus. Les Black Templar, était des croisés, des guerriers, austères, froid et implacable. Ils n'avaient cure des richesses matérielles, ou ornementales. Ils affectionnaient l'austérité, la simplicité, et le pragmatisme froid. Au contraire de nombreux d'autres de leurs frères Astartes d'autres chapitres, il n'y aurait aucune trace d'or, ou de frivolités décoratives sur leurs armures. Cette pièce attira le dégoût dans les cœurs des croisés qui venaient à la demande du commandant de la station prison. Ils traversèrent la pièce, des battants d'or et de marbre furent ouverts par un mécanisme silencieux et dissimulé, ils donnaient sur une autre pièce, une antichambre semblable à la pièce précédente, une pièce destinée à faire patienter les personnes qui venaient consulter le commandant. Les bottes blindées des Astartes piétinèrent le sol rouge soyeux. Dord par sa démarche rapide et sèche, froissa et déchira un pan de tissus sur lequel il venait de marcher. Un des gardes d'honneur le remarqua et eu un léger sursaut. Comme si une offense personnelle venait d'être faite. Les Astartes ne s'arrêtèrent même pas.

L'officier Kremer se planta devant la dernière porte, celle qui devait donner sur le bureau du commandant.

-Veuillez patienter ici mes seigneurs, le commandant...

 

Le sergent n'attendit pas qu'il finisse sa phrase, il écarta l'officier et ses hommes qui étaient sur ses flancs des deux mains, qui furent à leur tour écartés par Dord et Luther qui l'encadraient. Le sergent poussa les battants de la porte qui s'ouvrirent à la volée. Ils pénétrèrent dans le bureau, les gardes sur les talons, armes brandies.

Le commandant général était assis dos à la porte, dans un fauteuil luxueux fait d'un cuir surement rare et hors de prix. Il était juste devant une cheminée grésillant. Un verre d'un alcool à la main. Le sergent souri intérieurement, il n'était pas occupé et ils voulaient les faire attendre avant de les recevoir pour asseoir une quelconque supériorité sur eux. C'était peine perdue. On n'exigeait pas audience avec un Astartes, et on le faisait encore moins attendre avant un entretient comme on le faisait avec un homme politique adverse.

Il se retourna en sursaut, renversant le contenu de son verre sur un tapis qui devait coûter la production annuelle d'une guilde à la surface de la planète. Il se leva, plissa son uniforme impeccable de ses mains trempées d'alcool. Il transpirait à grosses gouttes, il était surement trop près de cette cheminée qui aurait pu chauffer un petit château. Son crâne chauve et gras dégoulinait de sueur. Il s'épongea la tête avec le revers de son uniforme. Comment un homme de petite taille, gras, et aussi peureux a-t-il pu accéder à un poste aussi élevé ? Le sergent parcouru la pièce du regard, partout où il posait le regard il y avait une étagère croulant sous des livres retraçant des récits de guerre d'illustre généraux, ou des armes croisées sur des bannières régimentaires. L'uniforme du commandant général était orné de médailles militaires. Un ancien officier peut-être ? Surement pas. Il avait dû accéder à un poste à haute responsabilité sans avoir à franchir les étapes antérieures. Il n'avait même surement jamais connu un champ de bataille et pourtant il avait en charge des centaines d'hommes sous son commandement, il était complètement détaché de la réalité du terrain. Le bruit de fusils laser radiant mis sous tensions se fit entendre dans leur dos. Les gardiens venaient de pénétrer à la suite des Astartes et les braquaient de leurs armes. Protégeant leur officier d'un comportement agressif. Même s'ils n'appréciaient guère celui qui les commandait, ils s'acquitteraient de leur mission. Le sergent respecta cela.

-Baissez vos armes ! Tout de suite ! Ce sont mes invités ! Aboya de sa voix nasillarde le commandant général.

Ses hommes eurent un moment d'hésitation devant l'ampleur de la menace éventuelle.

 

-J'ai dit baissez vos armes ! Je suis le commandant général, obéissez !

Encore une preuve de son incompétence, un meneur d'hommes, quel qu'il soit n'avait pas à dire qu'il était le chef. C'est pour cela qu'il n'en était pas un.

-Laissez-nous, tout ira bien Kremer, disposez ! Dit-il d'un geste dédaigneux de la main vers la porte pour les faire partir.

Kremer baissa son arme et ses hommes avec lui. Il sembla au sergent que les gardes d'honneurs suivaient plus les directives de l'officier Kremer que celles du commandant général. Ils sortirent du bureau, à reculons, ne tournant pas le dos aux Astartes, et refermèrent la porte derrière eux. Ils pouvaient être sûrs qu'ils étaient derrière, à ronger leurs freins, et qu'ils débarqueraient au moindre bruit suspect.

-Je ne vous attendais pas de sitôt messeigneurs. Je peux vous offrir un rafraîchissement ?

-Non. Répondit Dord.

Ils étaient en armure complète, leurs heaumes cachant leurs visages, une atmosphère glacée venait de tomber dans le bureau. Le commandant venait de réaliser que même s'ils avaient accepté, ils n'auraient pas bu, leur casque les aurait en empêcher. Il se rassit dans son fauteuil, regardant au sol, gêné.

-Vous avez demandé audience auprès de notre officier, annonça Luther. Il était sur la droite du sergent, en retrait. Sur sa gauche, se trouvait Dord. Parlez.

Il s'éclaircit la voix, ses joues étaient empourprées, il transpirait. Il posa sa main sur son bureau, comme pour soulager de son poids ses jambes qui tremblaient. Il avait voulu piéger les Astartes dans un jeu politique, pour exiger surement d'eux une quelconque contrepartie ou honneur. Les croisés n'étaient pas tombés dedans, ils l'avaient juste enjambé. Le sergent leva la tête, au-dessus de la cheminée trônait un imposant tableau, dans des dimensions incroyables. C'était une immondice. Il représentait le commandant général, vingt ans plus tôt, dans la fleur de l'âge, il était debout, il se tenait fièrement, une botte posée sur le cadavre d'un chef ork, il célébrait sa victoire en brandissant bien haut un sabre de combat. Cette scène n'eut jamais lieu. Il pouvait le parier. Cette peinture qui avait dû coûter une fortune le dégoutta de l'homme devant lequel il se trouvait.

-Je, hum...

-Parlez. Ou nous partons. Lança Dord.

Il était passablement énervé, et semblait difficilement se contenir, il était sur le point d'exploser de rage.

-Oui, pardonnez-moi. Dit-il en s'inclinant. Le réapprovisionnement va bon train, vos réservoirs sont bientôt remplis, et les munitions et le matériel que vous nous avez demandés arrivent bientôt dans vos cales.

Les choix de tournure de phrase et les mots choisis par cet homme étaient obséquieux. Le sergent Brüner s'entait lui aussi l'agacement monter en lui.

-Mais la liste transmise par votre, eu, frère Techmarine, comporte des pièces détachées très rares ou très anciennes. Nous devons envoyés des équipes de prisonniers dans nos propres réserves, loin dans la station inhabitée pour espérer trouver les dépôts où elles sont rangées.

-Vous envoyez vos prisonniers dans les couloirs et dépôts de la station ? Sans surveillance ? Demanda Luther, écartant les autres déclarations du commandant général.

-Nous n'avons pas assez de gardiens pour surveiller les prisonniers autorisés à travailler sur la station, se défendit le commandant. Et puis, ils ne peuvent pas s'enfuir, ils sont obligés de revenir en cellule, sans quoi ils mourraient de froid et de faim en errant dans ses coursives.

-Je ne veux pas savoir si c'est possible d'avoir ce matériel, je veux savoir dans combien de temps.

Le sergent glaça d'effroi son interlocuteur, il l'avait dit sur un ton cassant, sec, sa patience avait des limites, et elles commençaient à s'éroder.

-Aux vues de ce que vous avez demandé, des difficultés de retrouver les dépôts où s'est stocké, et que certaines pièces sont introuvables, nous devons les faire usiner, à la surface de la planète, dans nos arsenaux, je dirais, quatre jours supplémentaires.

-Vous en avez deux.

Le sergent et ses hommes tournèrent les talons pour partir.

-Messeigneurs, Je me dois de formuler une demande officielle auprès de vous.

Le sergent se tourna légèrement, regardant le petit bonhomme gras et suintant de peur sur son tapis hors de prix. Ses optiques rouge sang le fusillèrent du regard. Il trouva la dernière once de courage qui dormait en lui pour formuler sa demande.

-Nous sommes au bord d'une émeute, je n'ai plus assez de gardes, ni de gardiens pour contenir les prisonniers. Je suis obligé de faire travailler nos pires détenus à l'entretient de cette station qui tombe en ruine, nous n'arrivons pas à la réparer assez vite pour contrer les ravages du temps, s'ils arrivent à s'évader ils iront à la surface et massacreront tous les habitants qu'ils verront. Je fais la demande auprès de vous, messeigneurs, de prendre en charge deux cents détenus. Cela permettrait à la station de survivre quelques mois de plus. Nous vous fournirons les implants nécessaires si vous voulez les lobotomiser. Votre frère Techmarine pourrait le faire avec notre bénédiction.

-Accordé.

 

Et les trois Astartes sortirent du bureau du commandant, qui s'avachit dans son fauteuil, tout tremblant de peur, suant à grosses goûtes. Il finit d'un trais son verre qui était resté posé sur son bureau, et s'effondra, en sanglotant, devant son immense cheminé.

Les deux jours étaient passés. Aucune communication entre le Revenant et la station Endless Hope, n'eut court dans ce laps de temps. Le balai des navettes se retrouva amoindri au fur et à mesure que toutes les denrées nécessaires fussent apportées et stockées. Les rares navettes qui faisaient encore le chemin apportaient le matériel rare et important dont les Astartes avaient discutés avec le commandant général. Il venait des manufactorums de la surface par l'ascenseur spatial reliant la station à la planète ou bien des coffres forts de stockage, à l'autre bout de la prison. Le sergent ainsi que ses hommes attendaient, en formation, en armure complète, armes au poing, ils étaient alignés en trois colonnes de quatre croisés, derrière lui. Ils attendaient une des dernières navettes. Derrière l'escouade de croisés, il y avait trois escouades en armes et armures, de la sécurité du vaisseau. Enfin elle arriva, une énorme navette de transport, mais pas de marchandise, une navette de transport de passagers. Elle traversa elle aussi le bouclier atmosphérique, fit un demi-tour pour présenter sa rampe de débarquement vers la garde qui attendait de pied ferme les nouveaux arrivants. Elle se posa lourdement, elle devait être surchargée, les amortisseurs des patins s'affaissèrent sous le poids. La rampe s'ouvrit. En émergea un groupe de gardiens, fusils à pompe braqués derrière eux, vers la cargaison, deux cents prisonniers. Ils débarquèrent difficilement dans le hangar, ils portaient tous un uniforme orange, sale, crasseux, troué parfois. Certains détenus n'avaient pas de chaussures et marchaient pieds nus sur le métal froid du hangar. Ils étaient tous enchaînes. Aux pieds, aux mains et aux coups. Ils étaient aussi enchaînes aux détenus situés devant et derrière eux. Une longue procession émergea, encadré par des gardiens. On aurait dit un long dragon des mers ou un serpent des jungles hostiles, mais fait d'hommes emprisonnés. Quand la longue procession finit par sortir complètement de la navette, l'officier commandant des gardiens de la prison, salua protocolairement les Astartes, et remis la garde des prisonniers, à l'officier des escouades de sécurité du navire. Les gardes rembarquèrent aussi vite que possible et la navette repartie comme elle était venue. Ils semblaient soulagés en repartant, l'embarquement et le trajet avec autant de détenus et si peu de gardes avait dû être éprouvant.

L'officier des escouades de sécurité regarda le sergent Brüner et hocha de la tête. Tout était en ordre, aucun ne manquait à l'appel, et sa tablette de donnée lui donnait le dossier de n'importe quels détenus devant lui. Il suffisait de scanner le code barre qu'ils avaient de tatoué sur le poignet. Makloff, officier des escouades de sécurité, effectua deux cercles concentriques de son index dans les airs, de sa main droite. Aussitôt les trois escouades de gardes, encerclèrent les détenus enchaînés. Le sergent s'avança.

 

-Séparez les détenus qui ont commis des crimes de sang, ou des actes hérésie des autres. Ils seront envoyés à l'Apothecarium. Le frère Gauron s'occupera d'eux. Les autres, écoutez-moi bien. Sa voix portait sans problème, les hauts parleurs de son casque de guerre, la faisait résonner aux oreilles des prisonniers.

-Vous avez maintenant une dette envers le chapitre des Black Templars, et vous la paierez, d'une manière ou d'une autre. Vous serez incorporés en tant que servitors ou soldats des forces de sécurité. Le moindre manquement sera puni de mort. Vous vous rachèterez aux yeux de L'Empereur, ou vous mourrez en essayant.

Au deuxième rang, un prisonnier qui fixait le sergent depuis le début du discours cracha au sol, dans un geste de défis. Sans attendre, le sergent fonça sur lui, écarta d'une main le premier rang qui le gênait, et agrippa le détenu par la gorge. Il le souleva, pour le mettre au niveau de son visage, à trois mètres du sol, sa poigne de fer l'étranglait et il commençait à changer de couleur. Les prisonniers qui étaient enchaînés à lui tombèrent au sol, et se retrouvèrent suspendu au-dessus du sol par leurs chevilles. Le sergent les soulevait tous les trois. Le prisonnier dans ses mains était couvert de tatouages grossiers, une dague noire courait tout le long de son crâne chauve, il avait les dents pourries, et ses yeux révulsés étaient d'un jaune maladif.

-Votre service commence maintenant.

 

Il le lança contre le sol. Sa tempe heurta le sol la première, le prisonnier perdit connaissance sous la violence de l'impact, entraînant par leurs chaines les prisonniers attachés. Une mare de sang se répandait sous lui. Une ligne de détenus entraînés par leurs chaines tomba avec lui.

-Capitaine Makloff, je vous laisse le soin.  

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Préparation

 

 

Le sergent Brüner était accoudé à la rambarde de la passerelle. Il portait son armure complète, ainsi que son casque. Sa main blessée avait eu le temps de cicatriser depuis l'affrontement avec les Eldars. Certains doigts étaient encore un peu raides, mais lors des entraînements il avait retrouvé toute l'agilité nécessaire. La passerelle sur laquelle il se trouvait était proche du plafond du hangar principal. Loin au-dessus du sol. Il aimait arpenter ses chemins de maintenances, pour réfléchir, seul et admirer depuis les ombres les hommes et le navire sous ses ordres. Des dizaines de mètres plus bas, brillaient les étincelles des postes à souder. Une pluie d'un millier de celles-ci pleura de l'aile gauche du massif Thunderhawk stationné au sol. Autour s'escrimaient un nombre anormalement élevé de servitors. Les optiques firent un grossissement automatique sur les silhouettes en contrebas, suivant l'impulsion mentale que donna le sergent qui fut retransmise à son armure en moins d'une seconde. Des servitors, leurs pieds remplacés par des chenillettes de métal arrimaient des missiles hellstrike sous les ailes du Thunderhawk, le préparant pour une prochaine sortie, prêt à affronter n'importe quelle menace. Après leur départ précipité de leur foyer, seul le Thunderhawk était opérationnel, et malheureusement leur stock de munitions et de missiles pour celui-ci était limité. C'est pourquoi sur Endless Hope, ils avaient fait une demande de missile hellstrike, ainsi qu'un large panel d'équipements pour le Defiance. Ces missiles étaient d'une grande rareté et coûtaient un prix exorbitant à produire. Les moyens de les produire étaient réservés aux adeptes les plus hauts gradés du Mechanicum et nécessitaient des manufactorums dédiés. Il comprenait pourquoi le commandant général de la prison essayait de limiter la vente de ses engins, même à des Astartes. Il avait dû surement faire jouer de ses relations pour que les arsenaux de la surface envoient les stocks demandés.

 

Le sergent aperçu un servitor qui rechargeait en munition le canon de bataille sur le toit du Thunderhawk. Ce servitor boitait légèrement, ses deux jambes de chair et de sang avaient été remplacées par deux jambes bioniques, et d'après ce qu'il voyait il ne ce n'était pas encore fait à ces nouvelles prothèses. Une de ses mains avait été aussi remplacée par une énorme pince, qui lui permettait de soulever aisément les caisses de munitions et les obus, sont autre main était une pince plus petite pour des opérations de maintenance. Sous les augmétiques de métal implanté dans son crâne et son œil on pouvait distinguer une dague, tatouée sur son crâne chauve et lobotomisé.

Cela faisait plus de trois semaines qu'ils avaient quitté l'orbite de la prison spatiale. Dans ce laps de temps frère Gauron et Osmound n'avaient pas chômé. Les prisonniers coupables de crimes de sang et jugé en tant qu'hérétiques avaient été lobotomisés et changés en servitors dociles. Ils avaient été envoyés dans les points cruciaux ans lesquels le navire manquait de main d'œuvre. Certains avaient été enchâssés dans des consoles de contrôles de tourelles de défenses rapprochées du vaisseau, d'autre envoyé en tant que mécaniciens comme celui que Brüner observait. Cela avait permis de gros progrès, et cela grâce aux augmétiques que leur avait fournis la prison en échange de cette main d'œuvre que personne ne voulait.

Les autres étaient quelques ponts plus bas et étaient malmenés par Makloff et ses hommes. Ils leur faisaient subir entrainement intensif sur entrainement intensif, les privaient de sommeil et de nourriture, afin de détruire la moindre parcelle des êtres qu'ils étaient dans le passé, et la moindre braise de conscience individuelle. C'était le prix à payer pour avoir une seconde chance, et de se racheter aux yeux de l'Empereur-Dieu de l'Humanité. Dans quelques mois, les survivants incorporeraient les rangs des forces de sécurité du vaisseau, agrandissant leur nombre, assurant une sécurité optimale en cas d'abordage ou autres situations dangereuses que pouvait receler l'espace profond. Le sergent était satisfait de la tournure que prenaient les choses. Un peu plus loin sur le côté du Thunderhawk assoupis, trônait lui aussi, dans sa torpeur le transport blindé de type Rhino, le Contempt of Death. Le chef de char, Rudikher rongeait son frein depuis leur départ de la croisade, il avait été affecté lui et son équipe à se vaisseau, assigné au Rhino. Mais il était en piteux état, le blindé n'était pas opérationnel pour le terrain, son moteur ne démarrait même pas. Il y avait presque tout à changer dessus. Ses plaques de blindages, un nouveau carburateur, une transmission intégrale, les galets de roulements de ses chenilles, la liste était longue. Mais ils il avait quand même en main l'entrainement de son équipage, et avait simulé pendant de longues semaines des combats et des débarquements sous feu ennemis avec les hommes du sergent Brüner. Le transport de troupe était une relique, une ancienne merveille du Mechanicum, mais pas en état de marche. Le chef de char, le techmarine et ses servitors avaient essayé tant bien que mal depuis leur départ de réparer ce char avec les pièces de rechanges qu'ils avaient en stock, en vain. Et le réapprovisionnement sur la prison avait permis de commander la fabrication des pièces nécessaires, et d'autres de rechanges pour le Rhino.

 

Ces dernières semaines l'équipage et une équipe de prisonniers convertis en servitors dédiés à la maintenance du blindé, avaient réussi à changer la transmission et les réparations de l'antique engin. Le sergent pouvait voir le chef de char vociférer sur les servitors qui lui tournaient autour, les admonestant d'insultes, mais les servitors n'en avaient cure et vaquaient à leurs occupations. Rudikher pointa du doigt son pilote qui était sous le char, surement en train de boulonner les dernières vis sur l'arbre de transmission flambant neuf. Il sauta dans le poste de pilotage par la trappe sur le toit du blindé. Le chef ordonna à tous ceux présent autour de s'écarter de quelques pas, les servitors décérébrés ne bougèrent pas et restèrent plantés devant. Un grondement parvint du char, puis plus rien. Rudikher se planta devant les meurtrières blindées permettant au pilote de voir la route et fit de grands gestes de ses mains, comme pour l'encourager de recommencer et de persister. Le grondement revint, plus fort, un toussotement tonitruant se fit entendre. Une épaisse fumée bleutée et grasse sortie des pots d'échappements de l'engin. Le moteur monta en régime, encore plus, il cracha une fumée qui recouvra l'arrière du blindage et le sol du hangar derrière lui. Le moteur s'emballa une nouvelle fois, et la machine eu comme un soubresaut fulgurant quand la première vitesse passa et l'engin se cabra pour avancer de quelques mètres en avant, ses chenilles neuves mordirent dans le sol du hangar. Elle avait failli écraser le chef de char devant elle. L'esprit de la machine, trop longtemps endormi était réveillé. Il avait soif de liberté et de carnage, comme un étalon trop longtemps resté enfermé dans son enclos. Le chef Rudikher croisa ses immenses bras sur sa poitrine et hocha la tête d'un air satisfait. Il s'approcha de l'engin grondant, et posa sa paume sur son blindage antique. Il apprivoisait la bête qu'il venait de réveiller. Son pilote sorti de la trappe et brandit en l'air un poing victorieux. Ils avaient réussi.

Le moteur tournait au ralentit sur le sol du hangar en contrebas, Gauron s'approcha de son sergent, qui semblait concentré sur le spectacle qui se trouvait en bas.

-Frère sergent, puis-je ? Demanda Gauron humblement.

Le sergent se retourna vers son frère apothicaire, et acquiesça. Dans un mouvement souple il enleva son heaume dans un bruit de dépressurisation, l'intérieur de son armure s'ouvrant sur l'air extérieur. Gauron fit de même. Le sergent lui tendit la main et le croisé vint à sa rencontre. Ils s'empoignèrent l'avant-bras, une coutume des guerriers de l'ancienne Terra. Puis Gauron lui tendit une tablette de donnée. Brüner pouvait sentir d'ici le parfum du prométhium qui servait de carburant ainsi que celui des fumées d'échappements. Gauron commença à lui faire son rapport.

 

-Nous sommes bientôt arrivé dans le système Orka, la dernière position connue de la quatrième croisade d'expiation. Enonça Gauron d'une voix calme.

-Notre frère Techmarine a consigné chaque obus, munitions et matériels réapprovisionnés sur la station. Comme vous pouvez le voir sur votre tablette cyber-data, nos réservoirs son quasiment pleins, nos racks de macro obus sont pleins, nous avons assez de munitions, de grenades pour une campagne prolongée. Les niveaux de vivres sont au plus haut. Nos stocks de pièces détachés pour notre parc de véhicule est satisfaisant. Et je vois que nos frères ont réussi à remettre en état de marche notre transport de troupe blindé.

-En effet, Gauron. Nous approchons d'une qualité optimale opérationnelle. Affirma le sergent.

-Pendant les semaines passées, avec l'aide du frère Osmound, nous avons converti presque la totalité des criminels violents en servitors. Ils ont été affectés aux postes les plus urgents à pourvoir, au vu du manque d'effectifs du vaisseau. En ce moment même nous finalisons la transformation des derniers. Les autres ont été pris en charge par les forces de sécurité pour leur incorporation.

-Impressionnant apothicaire, vous avez fait du beau travail.

-Deux prisonniers sont morts pendant les nombreuses opérations chirurgicales, leurs corps n'ont pas supporté les trop grands changements. Des pertes acceptables. Concernant nos futures recrues, dix pour cent ne termineront pas leur entrainement, soit par abandon ou par insubordination.

-Qu'ils soient exécutés sans autre forme de procès. Ordonna le sergent. Je ne veux aucun tir au flanc ou poids en trop dans mon équipage.

-Il en sera fait ainsi. Répondit Gauron. Ses années en tant qu'apothicaire au sein du chapitre lui avait fait voir nombres de morts et de souffrances. Seul un froid calcul des chances de vie et de mort comptait sur un champ de bataille. Mais cela ne voulait pas dire qu'il ne se battrait pas pour garder un seul de ses frères en vie. Dans le cas de ces prisonniers, il n'avait aucune pitié.

-J'ai une consigne pour notre capitaine de la sécurité. Qu'il mette en place des nouveaux quartiers pour accueillir nos nouvelles recrues quand ils seront incorporés. Je veux aussi qu'ils rejoignent des escouades de gardes vétérans, qu'ils se mélangent à l'équipage et qu'aucune distinction ne soit faite entre eux. D'aucune sorte. Mais seulement quand ils auront gagné l'honneur de servir le chapitre.

-Je vois ce que vous voulez faire sergent. Vous voulez qu'ils s'intègrent complètement à l'équipage.

-Absolument apothicaire. C'est la seule solution viable. Affirma le sergent. Frère Gauron acquiesça en silence.

-Frère Rudikher et son équipage pourront se joindre à nous pour notre prochaine opération ? Demanda Brüner, pensif.

-Négatif monseigneur. Nous sommes en manque de personnel pour le pilotage frère sergent. Frère Hasmond ne peut se passer d'aucun membre de son équipe pour piloter le Thunderhawk de transport. Si vous regardez sur la tablette, nous avons effectué des tests d'aptitudes de pilotages sur les détenus. Certains sont prometteurs, et nous les avons améliorés cybernétiquement pour en faire des servitors pilotes. Malheureusement l'apprentissage des compétences sur ce genre d'appareil super-lourd est long et fastidieux malgré l'avantage de l'implantation des implants mnémoniques.

-Vous me dites que nous ne pourrons pas déployer un renfort blindé pour cause de manque de pilote ?

-Affirmatif frère sergent.

-Laissez-moi l'annoncer à frère Rudikher. Demanda le sergent, le regard perdu vers le blindé qui vrombissait au loin, faisant tourner son moteur qui n'avait pas fonctionné depuis des dizaines d'années.

 

L'intérieur du stratégium était brumeux de la fumée du cigare du capitaine Ström. L'épaisse fumée odorante passait à travers la lumière verte qu'émettait la table hololithique qui trônait au milieu de la pièce. Elle affichait un schéma du Revenant qui traversait une carte en trois dimensions du Warp. Il approchait bientôt de sa destination. Tous les membres importants de la croisade d'expiation étaient présents.

-Nous allons sortir du Warp dans quelques instants. Averti le capitaine.

Comme pour lui donner raison, le navire vibra par les forces exercées sur lui. Le capitaine se tint à la table hololithique pour ne pas tomber, les Astartes restèrent debout, bras croisés, dans leurs armures, impassible. Le navire sortait calmement du Warp, aussi calmement qu'il était possible. Le voyage c'était fait sans encombre depuis la station prison.

 

-Bien. Translation terminée. Déclara le capitaine Ström. Synchronisation des horloges, et téléchargement des données de la balise du système.

 

Les voyages Warp étaient dangereux, des démons pouvaient attaquer des vaisseaux aventureux qui passaient sur leurs domaines, mais le temps aussi altéré dans l'immaterium, c'est pourquoi à chaque fin de translation, une synchronisation était nécessaire pour savoir le décalage temporel qu'ils avaient vécu. Quelques secondes concernant ce voyage, rien d'anormal. Les données défilaient sur les écrans, illuminant les visages des guerriers autours. Chaque système possédait une balise à la sortir de son point de Mandeville, une sorte de phare, qui donnait un nombre incalculable de données sur les vaisseaux qui sont passés dans ce système ou l'historique des combats, si on avait les autorisations nécessaires, évidemment.

 

-Je vois quelques informations sur la quatrième croisade, elle est bien passée par ici. Dit tout haut frère Markus.

-En effet. Lui répondit Gauron. Mais rien qui stipule qu'elle en est repartie.

Une rune d'avertissement apparu sur tous les écrans. Un message d'alerte sonna dans la pénombre du Stratégium.

-Un régiment de la garde impériale sur Orka VIII, demande assistance militaire à toute force qui entendra ce message. Ils préparent une attaque suicide sur le dernier bastion ennemi. Lu le capitaine.

-Cela fait combien de temps qu'ils attendent du renfort ? S'enquit Lyderic qui se rapprocha de la table, sortant des ombres.

-Bien trop longtemps, lui répondit le sergent Brüner. Capitaine, vous allez nous approcher de cette planète, et nous irons aider les forces au sol. Pendant ce temps-là vous serez en communication avec leur haut commandement pour glaner autant d'informations que possible sur nos frères disparus.

-Si vous voulez effectuer une attaque au sol, mon Thunderhawk est à votre disposions frère sergent Brüner.

 

Frère Hasmond venait de s'avancer de quelques pas vers le centre de la pièce, la lumière verte venait illuminer son visage buriné par les années. C'était un frère aux états de service impeccable et un pilote d'exception. Il était vêtu d'une armure carapace noire, aux couleurs des Black Templar, il ne pouvait lui et ses hommes porter des armures énergétiques, au même titre que Rudikher et ses hommes. Ils évoluaient dans des espaces restreints, la cabine de pilotage d'un blindé et le cockpit d'un thunderhawk. Ils n'y avaient simplement pas la place de se déplacer librement avec une encombrante armure énergétique.

 

-Je me vois dans l'obligation de refuser, frère. Vous resterez en soutient. Nous effectuerons un largage par module d'atterrissage. La vitesse et la surprise seront importantes. Nous ne pouvons-nous permettre de perdre aucun de ses deux avantages.

-Sergent, si vous me permettez, vous aurez peut-être besoin d'un soutient blinder.

C'était le chef de char Rudikher, il avait la mine sévère et sérieuse d'un homme qui savait ce qu'il voulait. Il avait depuis trop longtemps fulminé de son incapacité à remettre son engin de guerre en état et maintenant il voulait prouver sa valeur au combat. Son visage ne trahissait aucune émotion, et son imposante moustache, qui barrait son visage, était entretenue à la perfection. C'était un homme droit, direct, bourru, mais on pouvait compter sur lui. Un vétéran qui savait ce qu'il faisait.

 

-Nous ne pouvons vous déployer Rudikher, vous et vos hommes, nous n'avons pas les moyens pour l'instant, d'avoir un équipage qui pourrait déposer votre blindé sur le théâtre d'opération par le biais du Thunderhawk de transport. Nous formons en ce moment même des servitors qui pourront le piloter.

-Je comprends, répondit-il en baissant la tête. Il me tarde d'aller au combat.

-Comme nous tous, mon frère. Le rassura Brüner.

 

Tous les guerriers présents hochèrent la tête en silence, c'était la vérité, ils étaient nés pour tuer, pour aller au combat et remporter des batailles. Ils étaient forgés pour la guerre. Et ils leur tardaient d'aller à sa rencontre.

 

-Bien, c'est décidé, nous y allons. Lança le capitaine Ström, son cigalho coincé entre ses dents blanches, un large sourire se dessinait sur ses lèvres. 

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  • 2 semaines après...

La Descente

 

 

L'atmosphère de l'habitacle était étouffante. Ses onze guerriers et lui-même étaient ballottés de gauche à droite par les turbulences de la descente vers la planète glacée en dessous d'eux. Ils venaient d'être catapultés à toute vitesse du croiseur d'attaque Astartes positionné dans la basse atmosphère. Le module d'atterrissage avait été modifié par les servitors et le Techmarine du vaisseau pour pouvoir accueillir douze guerriers au lieu de dix maximums. Pour ce faire, de nombreux composant avaient été retirés, comme des racks de munitions ou des bornes de logus, encastré dans l'afficheur hololithique, situé au centre du module. Les Astartes étaient beaucoup plus serrés qu'a l'accoutumé, épaules contre épaules, dans leurs harnais anti-G. Ils serraient fermement leurs armes contre leurs poitrines. Ils étaient plongés dans l'obscurité, mais leurs optiques et leurs yeux génétiquement modifiés voyaient comme en plein jour.

-Dernières vérifications ! Ordonna le sergent. Il avait été obligé de hurler malgré les améliorations acoustiques des casques de leurs armures qui filtraient les sons parasites, ainsi que l'ouïe améliorée des guerriers.

L'espace clôt était ballotté en tous sens par la rentrée atmosphérique, d'un moment à l'autre ils commenceraient à rentrer dans l'atmosphère, et la friction sur la coque rendrait la température intenable dans la cabine blindée. Le bouclier thermique situé sous la cuirasse du module d'atterrissage les protégerait. Les Astartes vérifièrent leurs armes une dernière fois. Que les bolters soient bien chargés, que les munitions et les chargeurs soient à leurs places, que leurs armures soient dans les normes optimales de combat. Ils étaient prêts et ils fonçaient vers leur objectif.

 

Le timing devait être parfait. Ils fonçaient à toute allure au-dessus de la couche nuageuse, en formation serrée, le leader de son escadrille en pointe, fondant l'air devant lui, cette formation devait faire économiser le carburant des ailiers, profitant du trou d'air que l'ouvreur pratiquait. L'escadrille changeait de pilote en pointe pour alterner les consommations de carburant. Le commandement osait appeler ça une « escadrille », mais c'était plutôt les survivants d'escadrilles. Les trois seuls chasseurs lourds d'interceptions et d'attaques au sol Maraudeurs des forces impériales en présence. Le reste avait été décimé lors de précédents raids infructueux sur la forteresse ennemie. Tout ça pour prendre une forteresse imprenable, qui aurait pu être rasée depuis l'orbite en quelques heures, mais c'était un symbole pour la population et pour le commandement. Alors ils avaient envoyé escadrilles sur escadrilles pour couvrir les forces au sol dans les tentatives vaines d'assaut. Toutes soldées par des échecs, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que trois chasseurs, envoyés dans une mission suicide. Couvrir l'ultime assaut de la forteresse perdue. Et cette fois la défaite n'était pas une option.

Le sergent ordonna d'une simple pensée par l'interface de son armure, d'activer l'écran hololithique du module. Dans la cacophonie de la descente, les moteurs du projecteur se mirent en marche. Une lueur verte apparue au centre du module, une représentation de l'environnement autour du module. Un monde de flamme et de secousses se dessina devants les visières des casques des guerriers, les baignant d'une lumière verte. Ils étaient en train de traverser l'atmosphère, la température montait dangereusement dans la cabine, mais les armures auto régulaient la chaleur des corps qu'elles protégeaient. Et d'un coup le feu cataclysmique s'arrêta sur l'hologramme vert, il était enfin dans l'atmosphère de la planète. Une étendue de montagnes enneigées apparut.

C'était le moment. Ils virèrent sur la droite comme un seul homme. Ils armèrent leurs canons et leurs missiles. Le cockpit vibrait sous les pulsations des puissants réacteurs du chasseur. Il poussa sur le manche, le nez du chasseur piqua vers le bas en même temps que ceux de ces voisins. Ils percèrent la couche nuageuse en direction du sol, le soleil dans le dos, droit vers la forteresse. Même à cette distance il pouvait voir les canons anti-aériens Hydra se tourner vers eux. Mais ils continuèrent droit dessus. Ils devaient couvrir l'arrivée du module d'atterrissage Astartes. Au prix de leurs vies. Ils ne valaient rien comparé aux Anges de l'Empereur. C'était leur mission.

Les tirs traçants partirent d'un coup des contreforts du château enneigé. Ils leur permettaient de traquer et voir où leurs tirs partaient. Les obus anti-aériens commencèrent à exploser autour d'eux, dans des fleurs de shrapnels de métal et de fumée. Son ailier gauche vira de bord pour éviter une rafale soutenue le visant, il se déporta sur la gauche. Un tir concentré de deux batteries Hydra le pulvérisa tout simplement. Les obus perforèrent le cockpit et explosèrent dedans. Le pilote et son co-pilote furent réduits en bouilli. Les explosions coupèrent en deux l'appareil qui tomba comme une feuille morte vers l'esplanade rocheuse devant la forteresse pour s'écraser. L'opérateur radio et l'artilleur de l'appareil étaient encore vivants mais sonnés au moment de l'impact au sol. Devant la perte d'un de ses appareils le leader de la formation tenta une manœuvre osée pour sorti du champ de mort qu'ils tentaient de traverser, il tira brutalement sur le manche, et le poussa d'un coup sec, les obus l'évitèrent de quelques mètres seulement. Mais les deux batteries Hydra qui venaient de cribler ses hommes se tournèrent vers lui pour ajouter leurs puissances de feu à leurs sœurs. Une explosion d'un obus vers l'arrière de l'appareil toucha un réacteur et la gouverne de profondeur du Maraudeur. Une fumée épaisse sortait du réacteur gauche, et les shrapnels de l'explosion bloquaient la gouverne sur un angle mortel. L'appareil perdait de l'altitude à un rythme constant, droite vers le flanc de la montagne au-dessus de la forteresse. Les artilleurs des batteries d'Hydra voyant cela cessèrent le tir sur cet appareil dans un élan sadique, ils voulaient qu'avant l'impact les occupants de l'appareil souffre et meurt de peur, en prenant conscience de leur avenir immédiat. Ils reportèrent leur feu sur le dernier appareil.

C'était le chaos dans l'habitacle. Le co-pilote s'escrimait sur le manche. L'artilleur hurlait de peur dans sa coupole. Le corps sans vie de l'opérateur radio avait repeint l'intérieur du fuselage. Il avait été touché par les éclats. Le pilote avait compris ce qu'il se passait. Ils allaient s'écraser. Il ferma les yeux. Recommanda son âme à l'Empereur et enleva ses mains du manche de son appareil.

La montagne fut illuminée quand le leader de la formation s'écrasa sur son flanc. Le prométhium enflammé éclairait la vallée en contrebas. Une lumière macabre. Il était le dernier chasseur en l'air, l'ultime chasseur de toute la flotte qui était venu sur cette planète. Il avait participé dans de nombreux raids aériens, avait même abattu quelques chasseurs ennemis, leurs escadres avaient été réduites à néants. Mais tout était fini aux pieds de cette montagne.

Ses missiles n'avaient même pas eu le temps de se verrouiller sur une cible plus basse, les tirs concentrés ne permettant pas de se stabiliser pour un tir. Il descendait dangereusement proche du sol et des batteries ennemies. Les éclats des explosions commençaient à ricocher sur sa carlingue. Le pilote ne paniqua pas, il tira sur son manche, et fit prendre au nez de son appareil la direction des nuages. Il encaissa les G, grâce à l'aide de sa combinaison. L'habitacle s'empli de la respiration saccadée des soldats, qui régulait l'oxygène dans leurs organismes pour ne pas s'évanouir. Les tirs traçant le suivirent dans sa montée.

Il voulait faire une dernière passe suicidaire, un dernier piqué vers le centre de la forteresse. Le module d'atterrissage ne devait plus tarder, il devait encore occuper les batteries anti-aériennes. Les obliger à concentrer leur feu sur lui. Son plan vola en éclat en même temps que son aile droite.

 

L'affichage verdâtre du module montrait un combat aérien perdu d'avance, ils avaient déjà perdu deux appareils. Le troisième montait dans une tentative d'échapper aux tirs. Ils les avaient assez occupés pour que le module passe la zone de tirs sans être inquiété. Ils fonçaient à une allure folle, ils étaient dans l'approche finale de la descente. En un battement de cœur, l'aile droite du dernier appareil vola en éclat, atteinte par les tirs croisés de deux Hydra. L'appareil parti dans une vrille incontrôlable montante. Droit sur la trajectoire du module.

Le Sergent compris en une seconde la catastrophe qui allait arriver.

-Impact ! hurla-t-il.

C'était trop tard, ils ne pouvaient plus rien faire. Leur univers se transforma en bruit et en fureur.

Le module se fit percuter de plein fouet par le Maraudeur fou sur sa droite. L'appareil allié se disloqua complètement sous l'impact. L'explosion et le choc envoyèrent valdinguer sur la gauche le module dans sa chute. Le choc fut si brutal que le sergent cru qu'ils avaient touché le sol à leur vitesse maximale. Il se retrouva projeté dans son renfoncement, son harnais tentait tant bien que mal de le maintenir en position. Tous ses guerriers tenaient leurs armes encore plus fermement. Ce n'était surtout pas le moment de laisser échapper le moindre équipement dans la cabine, qui pouvait se transformer en projectile mortel.

-Analyse d'avaries ! Rapport de Situation ! Hurla le sergent.

L'esprit de la machine s'exécuta avec quelques secondes de plus que lors des exercices et entretiens régulier. Il était touché. L'hologramme vert récapitula toutes les informations demandées. Le sergent lut aussi vite qu'il le pouvait, ses guerriers aussi, les informations qui défilaient devant eux. Leur côté droit avait subi le gros de l'impact. Leurs tuyères droites de poussées étaient détruites, ainsi que plusieurs rétrofusées conçues pour ajuster l'approche dans une descente optimale. Sous la violence de l'impact le module avait pris un angle presque parallèle au sol, l'éloignant de leur objectif, les dommages qu'il avait subis l'empêchaient de se remettre d'aplomb et corriger les erreurs de trajectoires.

-Visualisation ! Hurla-t-il.

Rien ne se passa.

-Visualisation ! Maintenant ! S'époumona-t-il à l'esprit de la machine.

 

Une image verte pale, pleins de parasites s'anima devant eux. Des arbres. Beaucoup d'arbres. Ils léchaient presque la carlingue du module. Ils s'écrasaient dans la forêt. Ils s'approchaient beaucoup trop vite et beaucoup trop prêt. L'image se coupa, arriva le second impact.

Un Astartes au court de sa longue vie de combat, vient toujours à relativiser la guerre. La chance n'existe pas. C'est une invention. Il n'y a pas de destin. Seulement l'entrainement et les compétences comptent. Seuls l'entrainement, la lecture de l'environnement et l'instinct permettent de survivre. Dans un combat spatial par exemple, on se doit de mettre sa vie dans les mains des officiers du vaisseau dans lequel on est. On doit faire confiance dans le timonier, ou le capitaine pour accomplir sa tâche et ramener tout le monde en vie. Alors qu'au dehors des plaques de blindage l'enfer se déchaînait. Il y a des choses qu'on ne peut contrôler. Tout ce qu'on peut faire c'est patienter et se tenir prêt pour accomplir sa tâche du mieux que l'on peut avec les compétences qui nous appartiennent quand les autres membres des rouages miliaires auront accompli la leur. Un guerrier digne de ce nom se devait de ne pas détester cela, mais l'accepter. Ne pas avoir de prise sur son environnement, être impuissant jusqu'à ce qu'on puisse enfin avoir un impact sur son monde. C'est une sensation désagréable, surtout sur un champ de bataille. Pourtant tous les guerriers présents dans le module ne paniquèrent pas. Ils n'avaient aucune prise sur la chute incontrôlée du module vers la forêt. Tout ce qu'ils pouvaient faire c'était de se tenir prêt s'ils s'en sortaient vivant.

Le tronc centenaire du pin vola en éclats. Le module d'atterrissage le traversa de part en part. Des aiguillons d'échardes volèrent dans tous les sens. Le module continua sa course vers le sol sans s'arrêter. Il perfora d'autres troncs sur sa course. Il rebondit sur d'autre, les coupants à moitié. Et enfin il toucha le sol, avec un angle presque parallèle à lui. L'esprit de la machine du module actionna la propulsion sous le module, celle qui devait permettre de freiner juste avant de toucher le sol, ce qui les fit décélérer d'un coup. Ils percutèrent le sol. Le module rebondit et parti dans plusieurs tonneaux non contrôlés. Il ravagea la forêt alentour. La carlingue se déchira en plusieurs endroits, exposant l'intérieur à l'air glacial et à la neige qui s'engouffra dedans. Le module fini par s'immobiliser contre une grosse pierre. Il avait semé un carnage dans la flore locale. Un profond sillon de terre retournée et brûlée, de neige fondue sous la chaleur de l'impact, et de la carlingue chauffée à blanc. Des arbres coupés en deux et arrachés, certains finissaient de tomber dans le silence de la forêt gelée. Ils étaient au sol.

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