Solarius Posté(e) le 31 août 2023 Partager Posté(e) le 31 août 2023 Hé bien, c’était une bonne surprise ! Ça fait du bien de voir de nouvelles têtes et on découvre avec plaisir le travail d’un auteur motivé. On regrettera une intrigue un peu confuse par moments et un surplus de personnages secondaires pas très utiles. Cependant, Noah van Nguyen est passionné par AOS et nous sert une histoire prenante et originale ainsi qu’un protagoniste mémorable qui mériterait bien sa figurine. L’histoire se déroule en Aqshy, dans un lieu nommé La Vallée Ardente. Cette région était, durant l’Âge des Mythes, peuplée par les Yrduns, un peuple de fiers guerriers. Leur civilisation a été détruite par les forces de la ruine durant l’Âge du Chaos avant que leurs terres ne soient une nouvelle fois envahie, cette fois par les Azyrites durant l’Âge de Sigmar. On peut parler d’invasion car, si ils ne sont pas aussi cruels que les Chaotiques, ils se comportent comme des colons, traitent avec mépris les peuples autochtones et n’ont aucun remords à les exploiter ou à piller leurs terres. Après qu’il ait vu sa soeur se faire tuer en tentant de sauver une prêtresse de Sigmar, Heldanarr, le personnage principal et narrateur, jurera de libérer sa terre natale. Il traversera plusieurs tragédies comme le deuil ou la trahison, ce qui le confortera dans sa haine des forces de Sigmar et des autres dieux. L’enfer étant pavé de bonnes intentions, on le verra petit à petit succomber à l’appel du Chaos, et plus particulièrement du Godeater, un aspect de Khorne. C’est donc une damnation qui nous est racontée en plus d’un point de vue radicalement différent sur les forces d’ Azyr. C’est assez rare ce genre de romans, surtout pour AOS, et mérite d’être souligné. En effet, Heldanarr va au début capturer une prêtresse de Khorne qui deviendra son amie et confidente puis tentera de le convertir au culte du seigneur des crânes. Il va d’abord refuser puis va reconsidérer son avis tout au long du roman au fur et à mesure que les tragédies se succéderont crescendo. C’est un point assez bien foutu : Au départ il reste indifférent au baratin de la prêtresse mais se laisse de plus en plus convaincre de son existence. Puis, cette entité influencera sa vie de moins en moins subtilement jusqu’à l’ apothéose finale. Révélation Vers le milieu de l’histoire, Heldanarr et ses compagnons vont piller une cité yrdune colonisée par les Azyrites. Pendant le combat, il apprendra que sa mère est devenue stormcast. Bien loin de le calmer, cela augmentera encore plus sa colère contre les forces de Sigmar. Il lèvera une armée et assiégera la vallée pendant plusieurs années jusqu’à la bataille finale où il se fera tuer par sa propre mère. Avant de se mourir, il se donnera au Godeater qui le ressuscitera en le gratifiant d’une bouche sur le torse (ce qui rappellera des souvenirs à ceux qui ont lu La Marque de l’Hérésie). Après avoir vaincu les forces de l’Ordre, il jurera de retrouver le Godeater et de le faire payer pour l’avoir manipulé. On retrouvera avec joie la bonne vieille Dark Fantasy sauce Battle ! Exit la High Fantasy insipide, ses stormcasts et la magie overcheaté, dites (re)bonjour au sang, à la déprime et aux anti-héros. Sur ce point là, la BL nous gâte car j’ai rarement vu un perso avec une vie aussi pourrie (même avec Malus Darkblade !). La personnalité d’ Heldanar est plutôt bien retranscrite, ses motivations sont crédibles et il représente bien les mortels rejoignant les rangs des esclaves des ténèbres. L’auteur prend un malin plaisir à nous faire ressentir de la compassion et même de la pitié pour les servants du chaos. D’ailleurs, on verra la bande d’ Heldanar grossir, allant d’une simple bande de brigands à une armée nécessitant l’intervention des stormcasts. Du coup, si vous aimez les sucess story de bad guys vous serez servi. Il y a des scènes vraiment fortes, si bien que j’ai par moment ressenti des coups de blues au cours de ma lecture. Les dialogues, très nombreux, sont bien ciselés et les scènes d’action sommaires. Au niveau des ombres au tableau, il y a une multiplication de persos secondaires pas très intéressants et manquant cruellement de personnalité, à tel point qu’on a du mal à se rappeler qui fait quoi. L’intrigue part un peu dans tous les sens car elle est censée se dérouler sur plusieurs années mais dans les faits on a souvent l’impression que les situations s’enchaînent sans grande logique. Quelques passages un peu ennuyeux sont à souligner. Enfin, il y a un cruel manque de descriptions au niveau de l’apparence physique des persos ou des lieux. Cela dit, tout ceci est rattrapé par les différents (et nombreux) points forts cités ci-dessus. En tous cas, souhaitons bonne chance à Noah Van Nguyen et demandons une traduction VF ! Au niveau du lore : - Enfin une bonne description d’Aqshy ! Je râle (encore) un peu mais je trouve que les bouquins AOS ont du mal à nous donner une idée d’ à quoi ressemble les royaumes. Souvent, on a l’impression de voir une succession de décors fantastiques ou banals mais ici l’auteur s’est donné du mal pour nous faire comprendre à quoi ressemble la vie pour les mortels. Le héros traversera certes des lieux fantastiques comme des grottes gigantesques ou des forteresses souterraines mais dans l’ensemble l’action se passe dans un cadre beaucoup plus réaliste : Toundras, déserts, cités de Sigmar… On découvre que le quotidien des humains est loin d’être idyllique entre les différentes saloperies qui peuplent les étendues sauvages et les cités où règnent racisme et inégalités. D’ailleurs, à ce sujet : - Les Azyrites ne sont pas de gentils sauveurs mais des colonisateurs pillant sans vergogne les terrains conquis. Non seulement cela provoque un mécontentement des populations « secourues », mais en plus certains rejoignent les rangs des dieux sombres pour se venger. D’ailleurs, on se rend compte que l’image de Sigmar le gentil sauveur n’est pas partagée par tout le monde. C’est un peu dur à expliquer mais les peuples ayant connu l’Âge du Chaos ont été témoins d’évènements apocalyptiques. Pour nombre des habitants des royaumes, les dieux sombres sont destinés à gagner et il est inutile d’espérer autre chose. Sigmar et les autres dieux passent donc pour des menteurs et des maîtres exploitant sans vergogne leurs suivants. En gros, ceux qui suivent le chaos ne le font pas tous pour devenir prince-démon mais pour préserver leur vie. C’est le plus gros point fort du roman, on a le point de vue inverse sur l’Âge de Sigmar. - Pour le dernier point, il y a une info très intéressante mais qui spoile avec brutalité le roman : Révélation Pendant l’intégralité de l’intrigue, on est persuadé que le Godeater est un aspect de Khorne. La dernière page nous apprend qu’il s’agit en réalité… d’Archaon ! Cela nous montre qu’il possèderait des pouvoirs similaires aux autres dieux et peut influencer la vie des mortels comme Sigmar avec ses champions…). Ma note : 16,5/20 Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Schattra Posté(e) le 1 septembre 2023 Partager Posté(e) le 1 septembre 2023 Merci pour ce retour @Solarius, c'est bien d'avoir des auteurs capables d'écrire de vrais anti-héros pour le compte de la Black Library (et surtout pour Age of Sigmar), ça permet de sortir du manichéisme ennuyeux qui guette les univers fictionnels où il y a clairement des "méchants". Je me souviens quand le livre a été annoncé que les Twittos avaient gentiment chambré le CM de la Black Library, qui avait présenté le roman comme si l'allégeance finale du héros était mystérieuse... avec l'illustration de la couverture, qui ne laisse pas planer de doute sur cela ! Espérons que les ventes soient assez bonnes pour que la BL donne suite, comme la fin du roman l'indique. Une petite confrontation avec Yndrasta, que Van Nguyen a aussi prise en main, en attendant de taper le bout de gras avec Arcachon, ça pourrait être stylé. Schattra, nom nom nom Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Albrecht de Nuln Posté(e) le 1 septembre 2023 Partager Posté(e) le 1 septembre 2023 (modifié) À nouveau merci pour ce retour qui met l'eau à la bouche... Comme d'habitude : ça fait envie, c'est frustrant de ne pas avoir de VF et c'est un vrai problème que les auteurs chargés d'écrire sur AoS galèrent à décrire concrètement les Royaumes Mortels et leurs habitants. GW devrait sérieusement se pencher sur la question même si ce doit être le cadet de leurs soucis (y a plus important comme imaginer la 31548ème version d'un kit space marine ... oui c'est totalement gratuit ). Par contre rien de neuf sous le soleil : les pions du Chaos sont toujours tellement faciles à manipuler... Ça râle, ça regimbe, ça s'imagine contrôler la situation pour finir invariablement par se faire retourner comme une crête (ce message vous était offert par l'Amicale des supporters Sigmarites ) ! Plus sérieusement, ce n'est pas très productif comme méthode de la part des "libérateurs"... Ce sont d'ailleurs vraiment des azyrites d'origine ? Ce qui pourrait expliquer cette attitude hautaine et arrogante. Au moins ça offre un cadre narratif intéressant, c'est certain. Merci encore et vivement la prochaine chronique ! Modifié le 6 septembre 2023 par Albrecht de Nuln Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Solarius Posté(e) le 4 septembre 2023 Auteur Partager Posté(e) le 4 septembre 2023 (modifié) Merci pour vos retours ! @Schattra : Fidèle au poste, à ce que je vois ! Ça serait sympa qu'il se taille son propre bout de gras comme le Abnettverse de 40K. @ Albrecht : Courage, on est tranquille jusqu'à l'année prochaine ! Maintenant qu'on est débarrassé de ceux de 40K on va devoir se taper ceux en plastique de l'Horus Heresy en attendant le 3ème Fulgrim Par contre, le roman offre une certaine réflexion sur la corruption par le Chaos car le protagoniste a bien conscience que les dons des dieux sombres sont empoisonnés et qu'il va devoir faire attention à la corruption. J'ai oublié de le préciser mais il rappelle Abaddon et sa relation compliquée avec les puissances de la ruine. Effectivement, il s'agit d'azyrites d'origine. Cela dit, le roman précise que leurs armées sont aussi composées de natifs ayant rejoint leurs rangs après avoir été libérés. Il est loin le temps de Batlle où les forces de l'ordre étaient plus portés sur la défense que la conquête (en gros, hein ! On se souvient tous de La Guerre de la Barbe ou La Conquête du Nouveau Monde). Modifié le 4 septembre 2023 par Solarius Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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