Granville Posté(e) le 3 octobre 2024 Partager Posté(e) le 3 octobre 2024 (modifié) Salut à tous, Voici longtemps que je n'avais pas posté ici. J'ai eu une longue période de mou, pour différentes raisons IRL, mais je commence à doucement reprendre les rênes de mes projets d'écritures de Warhammer 40.000, qui commencent l'air de rien à s'empiler dans tous les sens. J'en posterais d'autres à l'avenir, mais pour le moment, je voudrais vous introduire à l'un de ces projets, un vieux qui commence à lentement prendre forme. Un projet de longue haleine destiné à honorer l'auteur qui a bercé la grande majorité de mes lectures de jeunesse : Dan Abnett. Ma passion dévorante a été de lire et relire "Les Fantômes de Gaunt" tant et tant de fois que je commence à connaître les livres par coeur, et même si mon esprit d'adolescent ne comprenait pas très bien tout ce qui se passait, je savais que c'était absolument passionnant. Très grand fan de l'univers qu'il a créé, en particulier celui de la croisade des Mondes de Sabbat, qui loin d'être un tributaire de ses histoires, était plutôt ce qui cimentait la progression des Fantômes, je me suis mis en tête d'écrire une chose : on sait que Macaroth est arrivé au commandement de la croisade un peu de nulle part, et est devenu un des plus grands maîtres de guerre que l'Imperium aie connu. Mais qu'est-il arrivé avant ? Comment ce simple officier de la garde a-t-il évolué avant son avènement, qui est absolument et totalement inspiré de l'ascension de Napoléon Bonaparte aux plus hauts sommets de la politique française ? Eh bien, Dan n'en parle pas, mais il est possible au travers de tout ce qui a été publié sur la croisade (notamment un bouquin génial appelé "La Croisade des Mondes de Sabbat"), de retracer un parcours, à savoir le parcours de la Cinquième armée, alors qu'il servait sous les ordres du général Curell jusqu'à cette date fatidique de 259.765M41, celle de la bataille de Balhaut (à laquelle prit également part Ibram Gaunt en tant que commissaire cadet du 8ième Hyrkien). 10 ans, presque jours pour jours. Il peut se passer tant de choses en 10 ans, et dans les faits il s'en est passé beaucoup. Cette étape de la croisade est absolument cruciale, car si l'archi-ennemi y avait pris l'avantage, elle se serait enlisé avant même d'avoir commencé, ce qui a bien faillit arriver, mais la bataille de Balhaut permit de renverser la vapeur en faveur des impériaux, qui prirent l'avantage pendant de très longues années. La raison pour laquelle Ibram Gaunt et ses fantômes voyagent autant et sautent autant de planètes en planètes sans trop de pauses est enraciné dans les choix de Macaroth après Balhaut : l'avantage gagné était énorme, et il prit la décision de le pousser autant que possible pour avancer dans les Mondes de Sabbat, jusqu'à étirer le front autour de cette percée irrépressible, ce qui mènera à l'enlisement avant Urdesh. Et aussi à l'épuisement des régiments, engagés dans une rotation infernale pour mener à bien le plan fou de Macaroth : atteindre le cœur de l'Ennemi avant l'effondrement des forces de croisade. Mais bref, mon histoire n'est pas sur cette phase, qui est largement documenté dans les écrits de Dan, mais bien sur cette période obscure qu'est le début de la croisade des Mondes de Sabbat, centré sur l'ouverture de trois grands fronts et deux opérations majeures. J'ai voulu cette histoire comme à la fois une fresque stratégique et historique, Macaroth étant, dans mon esprit, un tacticien de génie déjà avant de devenir maître de guerre, et conseillant Curell au commande de son corps d'armée, le 32ième. J'ai pour cela fait un extensif travail de collecte d'information afin de reformer le fonctionnement de l'armée de croisade, de sa hiérarchie à son organisation, utilisant au maximum ce que Dan me mettait sous la dents, et faisant des suppositions éclairées le cas échéant. J'ai voulu rester fidèle à son univers, et n'aie jamais rien changé lorsque c'était officiel et formellement écrit. Le plus incroyable au cours de ce très long travail, ça a été de constater que les erreurs au sein de son Lore personnel étaient très rares, et la très grande majorité des informations sont recoupables, et forment un tout cohérent même quand elles sont ainsi distribuées avec parcimonie. C'est la marque selon moi d'une création rigoureuse et fournie pendant laquelle Dan Abnett ne s'est permis aucune facilité : il a créé, trié, organisé, consigné, et s'est servi de cette matière pour former une gigantesque toile de fond dans laquelle évoluent Ibram et ses fantômes. Alors, évidemment, même un taré comme Dan ne peut pas décrire/écrire 100% des choses qui se sont passées au sein de son univers, et c'est sur ce point que je vais capitaliser pour mon histoire : il sera question de développer ce qu'il a évoqué, et de combler ce qu'il n'a que suggéré. Je n'ai pas la prétention de faire aussi bien que lui, mais par l'Empereur, j'ai bien l'intention d'essayer aussi fort que possible. Voici donc un des projets qui me tiennent le plus à cœur : Le Maître de guerre. (Vous moquez pas, je suis pas graphiste, juste un proto-écrivain au rabais) ------------------------------------------------------------------ * * * ------------------------------------------------------------------ Prologue Versay, 753.M41, Ruche de Grancastel Prime. Le monde-forteresse de Versay était de ces planètes typiques qu’il est possible de trouver dans tout l’Imperium. Comme beaucoup d’entre-elles, elle avait développé sa propre manière d’appréhender l’influence culturelle impériale, tout en se recouvrant de cités-ruches gothiques dans lesquelles s’entassaient environ vingt milliards d’êtres humains ; un exemple fort peu original d’urbanisme sauvage et démesuré, comme il sied si bien à l’Imperium. Et entouré de ses cinq lunes-forteresses, c’était un monde qu’il était très difficile de faire plier. Car comme beaucoup de planètes, Versay avait connu la guerre. Une longue et épuisante guerre de plusieurs centaines d’années, dressée seule face aux armées qui tentaient de s’introduire dans le Segmentum Solar par le golfe de St-Juste à l’Âge de l’Apostasie, cherchant à blesser un Imperium fragilisé par la tyrannie de Goge Vandire. Restée fidèle à l’Empereur en cette période sombre, mais isolée dans les limites de son système, elle s’était érigé en bastion imprenable qui avait vécu une dizaine d’importants sièges, mais avait su les endurer avec un stoïcisme remarquable. Jusqu’à ce que les Astartes et l’Astra Militarum parviennent à reconnecter la planète épuisée aux domaines impériaux, et utilise les ouvrages militaires locaux comme bases logistiques pour se projeter dans la reconquête du Segmentum Tempestus, gangrené de rebelles aux allégeances controversées. Fière de ce glorieux héritage militaire, Versay avait fourni à l’Astra Militarum de nombreux régiments spécialisés dans les guerres de siège, et s’enorgueillissait d’une tradition millénaire conservée par des familles qui passaient les armes et les héraldiques de père en fils et de mère en fille. Combattre pour l’Imperium était un honneur et une obligation qui s’était enracinée dans la mentalité Versayanne, et les vétérans étaient hautement considérés. Le général Curell ignorait si le ‘petit Capitaine’ était originaire de ce lieu, car aussi loin qu’il se rappelle, il ne l’avait jamais entendu parler de famille ou d’héritage. Peut-être était-elle chère à son cœur, et s’y était-il établi après ses premières années de service dans ses armées, mais toujours était qu’il n’avait jamais arboré l’écusson de planète sur les manches de son impeccable uniforme, comme il était de coutume chez eux pour tout militaire de métier qui en provenait. Le plus probable était qu’il fut né sur l’un des satellites-forteresses qui gravitent autour de Versay, faisant de lui un hors-monde qui en était étrangement proche. Cependant, il était maintenant difficile de le distinguer de ces aristocrates voués corps et âme aux régiments Versayans, et cela se ressentait dans la richesse de son domaine, situé dans les bas-quartiers d’une haute-spire fortifiée. Oui, cet homme avait toujours eu beaucoup de goût, un goût classique et recherché, autant qu’une intelligence naturelle pour la guerre qu’il avait déjà affichée lors de leurs longues soirées à discuter de stratégie militaire pendant la reconquête du sous-secteur Italan. La voiture que lui et son escorte louaient était de ces modèles qui n’avaient de rustique qu’une apparence soigneusement travaillée. Lorsqu’elle coupa les gaz devant la grande porte de fer ouvragé, son moteur ne produisit qu’un petit bruit de soupape purement esthétique, et il quitta le cuir souple des sièges une fois qu’un des Scion assigné à sa protection eut ouvert pour lui le battant de porte. Au-dehors, une pluie légère rafraichissait un début de soirée illuminé par l’astre déclinant, qui descendait lentement vers les plaines industrielles, au-delà des hauts remparts en étoile typiques de Versay. Le domaine se composait d’une aile de manoir adossée à un petit châtelet, au milieu d’un terrain abritant plusieurs jardins à fontaines soigneusement entretenus et particulièrement exquis. — Pourquoi vous déplacer pour un seul officier, monsieur ? » questionna son garde-du-corps, une grande femme au regard dur et vigilant. Bien qu’elle n’en montrait rien par pur professionnalisme, Curell savait qu’elle n’aimait pas les démonstrations excessives de fastes tels qu’il était possible d’en trouver pendant les réceptions, les cérémonies et les visites d’officiels pompeux. « Je sais que vous avez rassemblé la majorité de votre état-major par missives interposées. Alors, quelle différence ici ? — Il n’est pas n’importe quel officier. J’ai une certaine affection pour lui. C’est quelqu’un de brillant, un premier de classe de la Schola Progenium Versayanne qui a porté sur ses épaules une grande partie de la défense du versant d’Ancel pendant l’insurrection que j’ai combattu en 744. Sans lui, j’aime à croire que je serais mort, aujourd’hui. Tué lors de la contre-offensive dans le détroit des Quatre-fosses parce que notre enfoiré de Seigneur-Général était incapable d’admettre une certaine dose de préparation et d’organisation chez les rebelles. Il est reparti pour Versay avant que tu n’entres à mon service. — J’ai lu votre mémoire. Vous ne mentionnez pas de telles difficultés. — L’Inquisition ne l’aurait pas accepté. L’incompétence d’un Seigneur-Général est une affaire délicate, surtout quand celui-ci dispose d’un pouvoir considérable et d’une plus longue liste de victoires que la vôtre. Il est trop poli et rigoureux pour me le montrer, mais je sais qu’il a lu ce mémoire lui aussi, et je crois qu’il m’en veut pour ma version des faits. » Dans la pénombre du couchant, une silhouette se dessina en s’approchant du portail. « Pour être honnête avec toi, Andrea, je m’en veux également. J’ai nui à sa carrière pour me protéger. Je compte bien rattraper ce tort. — Vous n’aviez pas le choix, monsieur. Dans un sens, vous l’avez protégé également, pour pouvoir lui rendre la pareille. Comme aujourd’hui. — Je sais ce que je lui dois. Et il est assez rusé pour reconnaître le bon sens de mes choix. Mais tu comprendras pourquoi je me déplace en personne pour aller le voir. — Oui monsieur. La silhouette se révéla être un majordome à l’allure soignée, habillé d’une queue-de-pie et de guêtres blanches. Il était âgé, et avait un air vénérable. — Le maître vous attendait. » Sa voie était égale et profonde. « Vous et votre escorte pouvez rejoindre le salon. Vos hommes auront des rafraichissements, s’ils le désirent, et pourront vous attendre dans la pièce attenante au bureau. Cela vous convient-il ? Curell hocha la tête, et le portail s’ouvrit de lui-même devant eux. Andrea observa de nombreux systèmes de sécurité, placés avec soin sur le terrain de la demeure. Les Scions, toujours engoncés dans leurs armures carapace ocres, se détendirent également lorsqu’ils constatèrent à quel point l’endroit était savamment protégé. A moins que leur hôte ne veuille du mal au général, aucune menace extérieure ne pourrait vraisemblablement les atteindre ici. Traverser les jardins du domaine avait une saveur particulière. Avec le couchant, la lumière chaude produisait des ombres qui filtraient entre les buissons, et les statues de pierre semblaient vous suivre du regard si un lampadaire de fer forgé n’en éclairait pas le visage. Loin au coin du terrain, presque effacé par la pénombre tombante, un carrousel de bois blanc était juché sur un bout de colline artificielle, et surplombait une petite mare. Pour sûr, cet homme savait profiter de ses terres, et ne semblait rien laisser au hasard ; Curell avait entendu parler du talent des jardiniers de cette planète, qui égalait en toutes mesures celui de leurs architectes militaires, et son hôte avait certainement engagé le meilleur d’entre-eux pour la tâche de réaliser la botanique de son petit bout de terre. C’était reposant ; et les soldats ne s’en relâchèrent que plus, desserrant leur poigne de fer de leurs armes. — Pour un orphelin n’ayant qu’une dizaine d’années de service, je trouve qu’il s’en sort pas trop mal », commenta Andrea, qui ne quittait jamais sa droite de plus d’un mètre. — Alors en fin de compte, tu t’es quand même renseignée sur lui ? — C’est mon devoir, monsieur, de connaître ceux qui sont amenés à passer plusieurs heures seuls en votre compagnie. — Penses-tu connaître quelque chose que j’ignore ? — 31 ans standards, Capitaine de batterie blessé au front il y a trois an, décoré par le haut-commandement de sa planète pour ses nombreuses actions honorables dans le sous-secteur Italan au service du 12ième Grommeleurs de Versay. Ses états de service sont impeccables sur tous les points, et très impressionnants au vu de son jeune âge. Vous l’avez recommandé. Il hocha la tête. — Il n’est pas très doué pour les relations humaines, mais son don naturel pour le commandement et sa capacité de décision au cœur-même des pires échanges de tirs l’on rendu populaire auprès des soldats de son régiment. Eh, ils lui avaient même donné un surnom : le ‘petit Capitaine’, à cause de sa taille. Mais ne ressort pas ça devant lui, je crois qu’il ne l’aimait pas beaucoup », termina-t-il avec un sourire à la commissure des lèvres. Les portes du bâtiment principal trônaient enfin devant eux. Soigneusement éclairée par des projecteurs idéalement placés, la façade, recouverte de fenêtres larges encadrées de colonnes en gravures, supportait un toit d’ardoises, et sa pierre taillée brillait sous les lumières jaunes. Il dégageait une impression partagée entre la majesté et la simplicité d’un bel ouvrage réalisé avec talent. Des balcons en fer forgé barraient les ouvertures, comme une invitation à s’y accouder pour observer la nuit tombante. Ils pénétrèrent dans le vestibule, puis suivirent de longs couloirs relativement étroits vers la pièce principale. L’intérieur n’était pas en reste. Au plafond, des moulures décoratives encadraient les pièces aux murs recouverts de soubassements en boiseries sombres, rehaussés par des tapisseries aux couleurs chaudes, souvent d’un rouge carmin. De nombreuses œuvres d’art ornaient les murs ; en majorité d’artistes locaux, mais certaines importées d’autres secteurs. Curell reconnu ‘Splendeur du triomphe Véhélien’, une grande toile commémorative des festivités qui suivirent l’une des plus importantes prises de la reconquête auquel son hôte pouvait se vanter d’avoir participé ; ou même ‘Une étude de la noblesse navale – Commodore Uriel Ventor’, qui représentait un tacticien de la marine dont Curell savait que les nombreux livres ornaient les bibliothèques de cette demeure ; ou encore ‘des Massacres de Sciope’, dont la représentation très crue d’une apothéose victorieuse de l’Archi-ennemi, destinée à choquer, avait fait grandement controverse lors de sa première présentation il y a près de soixante ans au conservatoire des Arts de Terra. D’autres étaient des bustes, des armes de noble facture, des objets exotiques divers ou des sculptures fines, tous témoins d’un goût prononcé pour l’art de la représentation militaire. Ils débouchèrent enfin sur une pièce de vie richement décorée, pleine de meubles en bois rares et de fauteuils de cuir ou de velours satiné. Une cheminée allumée ajoutait à l’éclairage de la pièce, et remplaçait le chauffage en produisant dans l’air une légère chaleur qui pénétrait l’âme. Bien que la saison ne soit pas encore trop froide, l’heure était assez tardive pour que la fraîcheur se soit répandue sur la cité-ruche, et infiltre les grandes pièces de la demeure. Le majordome pria Curell de s’asseoir, tandis que son escorte restait debout, positionnée à différents endroits stratégiques de la pièce, puis pénétra dans la pièce contigüe. Deux minutes plus tard, il ouvrit la porte pour un homme de petite stature habillé d’une veste de laine bleue à la mode de la classe moyenne Versayanne ; bien chichement, comparé à la richesse de sa décoration. Ses yeux bleus clair se posèrent sur Curell, et il inclina légèrement la tête en sa direction, les bras croisés derrière le dos. — L’annonce de votre visite m’a surpris, mon général. Je ne m’attendais pas à ce qu’un aussi haut dignitaire de l’Astra Militarum fasse du tourisme sur notre petite planète. — Et ce n’est pas le cas. Je suis ici pour une raison officielle et personnelle. Comment va votre blessure à la cuisse ? — Parfaitement guérie, malgré les pronostics des Mediace. Cependant, je doute que vous ayez traversé le Segmentum pour seulement vous enquérir de la santé d’un petit officier. — Non en effet. Merci de nous accueillir chez vous, Capitaine Macaroth. Je serais ravi d’avoir une plus ample discussion avec vous autour d’un verre de votre vin local, dont vous m’avez tant vanté les mérites auparavant. Sûrement vous devez en avoir ? — Évidemment. Modifié le 3 octobre 2024 par Granville Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
MarmIsACaribou Posté(e) le 5 octobre 2024 Partager Posté(e) le 5 octobre 2024 Salut Granville ! Je suis heureux de pouvoir lire à nouveau ta plume ! Je n'ai héla pas le temps de lire aussi finement que je le souhaiterais, et encore moins de commenter aussi finement que tu le mérites, mais sache que j'ai apprécié ce début de récit, et l'introduction du personnage, exercice difficile s'il en est, mais que tu as fort bien réussi ! J'ai hâte d'en lire la suite ! Pour les quelques suggestions : Révélation - Le paragraphe où le mot voiture apparait, on a l'impression que c'est le 'petit Capitaine' qui loue la voiture. On comprend un peu après, mais ça embrouille un chouïa (ou peut-être est-ce moi qui suis déjà embrouillé ?). - D'ailleurs le mot 'voiture' et la question de fin 'sûrement vous devez en avoir ?' sont peut-être à revoir : le premier sonne étrange, tant dans l'univers que dans la bouche si huilée de ce beau général ; le deuxième arrive après une bonne répétition de 'avoir', qui en plus dans cette question manque un peu de précision, de couleur. Rien que 'sans doute vous devez en conserver une bouteille quelque part' sonne plus cohérent avec sa façon précédente de parler ! (je me permets car je me souviens que c'est le genre d'infos qui te tenait à coeur). - 'ressorS' - 'Medicae', non ? En tout cas je conseille à tous de suivre ce récit ; j'ai déjà lu un petit roman de ce monsieur, et une chose est sûre : il sait écrire ! A+ Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Granville Posté(e) le 6 octobre 2024 Auteur Partager Posté(e) le 6 octobre 2024 Salut Marm, ravi de te voir répondre à mon topic ! J'accorde beaucoup de valeur à ton analyse et tes suggestions et j'espérais justement que tu sois encore dans le coin pour voir ce nouveau projet Content que la mise en place te plaise, introduire un personnage est toujours un exercice délicat en effet, et je dois prendre en compte d'autres paramètres avec celui de Macaroth : c'est un personnage existant qui doit aussi correspondre à ce qu'il deviendra dans le futur écrit par Dan Abnett, sans pour autant être identique pour pouvoir instaurer un développement de personnage. On sait ce que va devenir Macaroth, alors ce qui est important c'est de créer un intérêt pour comment il en est arrivé là. Concernant tes remarques : - Oui je vois parfaitement ce que tu veux dire. Petite erreur de ma part de liaison anaphorique. Le "lui" semble relié à Macaroth parce qu'il est le dernier sujet évoqué. Je vais changer ça par "Curell" pour dissiper le malentendu. - Pourquoi "voiture" serait inapproprié dans cet univers ? Vraie question dont j'aimerais avoir ton point de vue. - Je comprends ton point de vue sur "sûrement vous devez en avoir". Pour être honnête, la tournure ne me plaisait pas forcément à moi non plus, mais j'avais du mal à m'expliquer pourquoi. Elle est correcte grammaticalement, elle semble juste...alambiquée. Ton explication avec la répétition du verbe avoir ajoute du corps au problème. Que penses-tu de "Vous devez en conserver une bouteille quelque part, assurément ?" et ajouter "Bien évidemment." en réponse. - Noté pour tes autres petites corrections ! Merci du compliment, venant d'un lecteur "exichiant", il a de l'importance Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Granville Posté(e) le 7 février Auteur Partager Posté(e) le 7 février (modifié) Après avoir manqué à mon intention de poster un chapitre par mois, me revoilà. Un chapitre d'introduction assez extensif. J'espère que les bases posées ici permettront une bonne accroche pour les personnages qui doivent apparaître dans l'histoire ! ------------------------------------------------------------------ * * * ------------------------------------------------------------------ Je dois beaucoup au seigneur-général Curell. Son esprit simple et organisé a été pour moi un exemple vibrant de ce que devraient être tous les généraux de l’Astra Militarum. Je chéris chacune de nos discussions, chacun de nos débats autour des cartes de déploiement, chacune de nos décisions stratégiques, même lorsqu’elles impliquaient des conséquences dramatiques. Je crois fermement qu’il fut source d’inspiration, de respect et d’apaisement dans les premières années de ma carrière, et qu’il m’a mené plus loin sur la voie du commandement que ne l’a fait Slaydo lui-même. C’est après tout grâce à lui que je me suis retrouvé à superviser les opérations tactiques d’une division de la cinquième armée de croisade…</div> Journaux III, ii, 7 Chapitre 1 : La fierté d’un général Le bureau de Macaroth était l’épitomé de ces études consacrées corps et âme aux sciences militaires, à l’examen des grandes figures du genre et à l’étalage savant d’une vie de travail dans le domaine. D’une certaine manière, le jeune officier n’était pas de ces hommes destinés à relayer et appliquer des ordres à un niveau aveugle de toute analyse globale d’un champ de bataille. Curell avait rapidement détecté chez lui cette capacité à voir les choses au travers des compilations de données de combat, à prospecter le terrain jusqu’à préparer des plans élaborés aux ramifications multiples, et à assumer ces choix qui pouvaient impliquer la mort calculée de plusieurs milliers de gardes impériaux. — Comment vous portez-vous, mon général ? » demanda Macaroth en remplissant deux verres à pieds en cristal d’un alcool à la couleur rouge et dont le parfum capiteux parvenait aux narines de son invité. — Eh bien, depuis la fin de la guerre je me tournais les pouces dans le manoir que l’on m’a accordé sur Gargorant. Le travail de pacification est presque terminé, et la place que j’y occupe n’est pas très grande. Vous serez certainement ravi d’apprendre que le 12ième s’est particulièrement illustré lors de la prise finale des forts de la ceinture orientale. Mais je pense que vous le savez déjà. — J’ai gardé un œil sur leurs actions, en effet. Et le commandant De Marsois a correspondu avec moi ces derniers mois. Je n’ignore rien de leurs récentes affectations. — Et concernant la vôtre ? J’ai cru comprendre que le haut-commandement Versayan vous a détaché du 12ième, qu’allez-vous faire lorsqu’ils vous estimeront à nouveau apte au service ? — Je sers déjà en tant qu’officier de liaison pour la hiérarchie de la lune-forteresse de Pointe-Seste. Mais ma candidature au conseil tactique pour Pointe-centre a reçu un écho favorable ; je suppose qu’avec une telle situation je réussirais peut-être un jour à influencer mon retour au service de la Garde. Je crois que le général Desmonds, qui commande les FDP, n’apprécie pas la fuite de nos éléments les plus brillants vers les fronts trop éloignés de Versay. Son administration rends très difficile l’affectation aux régiments d’active. Curell contempla quelques instants le liquide sombre qui tournait dans son verre, puis en dégusta une lichette avant de faire claquer sa langue avec un bruit approbateur. — Une situation regrettable. Vous émousseriez votre talent, à rester le cul assis sur une chaise pendant les années que nécessiteront ces manœuvres politiques. » Son hôte sourit. Ce mélange de raffinement et de franc-parler était l’une des raisons pour lesquelles il appréciait le vieux général. — J’en suis conscient mon général, mais j’ai les mains liées. Il avala une autre gorgée, pendant que Macaroth observait attentivement, son propre verre à la main. — Et que diriez-vous si je vous proposais le moyen de vous passer de ce jeu puéril, en garantissant votre retour dans le service actif d’ici quelques mois ? Le jeune homme se pencha dans son siège en croisant les bras, visiblement intéressé par la tournure des événements. — Je vous écoute. — Avez-vous entendu parler des guerres de Khulan ? — Une série d’affrontements dans le secteur Antigone entre la 6ième division du Pacificus et des armées d’invasion en provenance des mondes de Sabbat. Le Seigneur-militant Slaydo a reçu la tâche de stopper l’avancée d’un grand contingent rebelle, qui a déjà provoqué une déroute complète de nos éléments dans le secteur voisin », répondit-il avec sur ton presque comiquement académique. — Vous avez faits vos recherches. — C’est un conflit pour lequel j’attache un certain intérêt, monsieur. La perte des mondes de Sabbat est, selon moi, l’une des plus grandes hontes de ces cent derniers cycles. Il était temps que quelqu’un mette un coup d’arrêt à plusieurs dizaines d’années de ‘retraites stratégiques’. — Que savez-vous de l’armée qui tente en ce moment de prendre le système de Khulan ? — Pas plus que le commandement de Versay, monsieur. Je sais qu’elle est menée par un hérétique qui se fait appeler ‘l’Archonte’, et que par extension cette vermine prétend appartenir à ‘l’Archonat’, un protectorat répugnant qui verse trop dans l’occulte pour être de simples rebelles. — En effet. Avec ses généraux, il est une menace tangible pour le Segmentum Pacificus. On dit que ses forces comptent plusieurs dizaine de millions de guerriers, et qu’il s’est emparé d’assez de ressources pour en lever cent fois plus. On ignore aussi son âge, mais les rumeurs sur le commandement ennemi circulent depuis bien avant les premières défaites à la frontière des Mondes Sanguinaires, dont il apparaît qu’il aurait unifié les tribus. — Il aurait donc bien les… faveurs des dieux sombres ? » Une grimace avait tordu ses traits en disant cela. — Ça ne fait aucun doute. On ne dispose que de peu de données sur son apparence, mais la nature des affrontements sur Khulan, ainsi que les rapports qui circulent sur les défaites dans les mondes de sabbat écartent toutes les hypothèses de simples rébellions. — Pourquoi me dire tout ça ? Comment avez-vous eu accès à autant de données sur ce conflit ? — Mes données viennent des services de renseignement de la 6ième division, et de mon goût aussi prononcé que le vôtre pour les compilations de données tactiques. Le fait que je vous les partage me permet de vous annoncer que la défaite de l’Archonat sur Khulan est proche. Khulan Extentio a été reprise, et l’ennemi est en déroute sur Kazin I et Kazin III. — Ce sont de très bonnes nouvelles. — De très bonnes nouvelles en effet. Que savez-vous de Slaydo ? Macaroth s’adossa dans son siège, et resta pensif quelques instants. Emettre un avis sur un seigneur-militant n’était jamais une mince affaire. — Le seigneur-militant Slaydo est, de ce que l’on m’en a dit, un commandant très efficace, et très capable. Je le crois habité de beaucoup de bon sens en matière stratégique. Son ‘Traité sur la nature de la guerre.’, bien qu’il ne soit certainement pas le premier à revendiquer un tel nom, m’a laissé une très bonne impression, et ses ‘Subtilités de commandement, ou De l’importance des préoccupations mineures sur le terrain.’ m’ont particulièrement intéressé. Bien que je ne connaisse pas toute la liste de ses succès, je sais qu’il s’est particulièrement illustré en tant que simple commandant de corps d’armée lors des grandes incursions Orks dans le Segmentum, aux environs de 665.M41. — Une description brève mais efficace. Votre étude est-elle sûre ? Macaroth appuya sur un interrupteur sous le bureau et le bruit caractéristique d’un holo-champ de brouillage s’éleva dans l’air jusqu’à ce que l’appareil atteigne son plein potentiel. — Elle l’est, maintenant. Satisfait, Curell hocha la tête avant de commencer sa tirade. — La défense des Marches d’Antigone est primordiale pour le Seigneur-militant Slaydo, car c’est une base logistique parfaite pour que l’Astra Militarum inverse la tendance vers les Mondes de Sabbat. Le système abrite des agrimondes qui pourront alimenter un effort de guerre conséquent, le secteur est riche, et les industries du monde-forge d’Arvinx Cardinale pourront fournir le matériel nécessaire pour équiper et approvisionner nos armées durant les premières poussées. — Même ainsi, pour qu’une campagne ne s’enlise pas immédiatement il faudrait des millions d’hommes et un gouffre financier de matériel. Comment l’Astra Militarum compte faire ça ? Il y a quelques années à peine, on estimait que le secteur de Sabbat n’était plus reprenable, et le commandement pensait qu’il était moins important que les autres incursions majeures du Segmentum. — Imaginez. Des centaines de millions de soldats issus de plusieurs divisions de Segmentum, une dîme de guerre pour lever de nouveaux régiments, le soutien des Adeptus… — Est-ce possible ? Slaydo pourrait arracher cette autorisation aux hauts-seigneurs de Terra ? — C’est un fait déjà accompli. Slaydo et son état-major discutent depuis plusieurs mois d’un plan d’attaque, et un grand nombre de divisions se regroupent sous la bannière de leurs seigneur-généraux pour être déployées en vue d’une invasion majeure. — Dont la vôtre. — J’ai soixante-dix régiments qui voyagent vers Berenga, à quelques années-lumière derrière le système de Khulan, officiellement pour des manœuvres militaires avec le reste de la 3ième division du Pacificus. Je sais qu’au moins une dizaine d’autres ont été redéployées et se préparent à faire le trajet dans le secret le plus total, selon les consignes de Slaydo. — Comment espère-t-il obtenir l’autorité nécessaire pour commander aux autres Seigneur-militants ? Dans ce contexte, une reconquête ne pourra pas se faire de manière collégiale, et il le sait. — Sauf si le conseil de Terra lui accorde une autorité absolue, et établi le caractère sacré de son action. » Répondit Curell avec un sourire satisfait en coin. — Une croisade ? — Menée par un maître de guerre. Macaroth sembla réfléchir un moment. — Que viens-je faire dans tout cela ? — Je dois fournir dans deux semaines la liste de mon état-major personnel au commandement en formation de la croisade. Je veux que vous en fassiez partie. — Vous auriez l’autorité pour me détacher des FDP de Versay ? — Aucun gouverneur planétaire ne peut se soustraire aux exigences d’un général de croisade. J’ai reçu toute latitude pour la réquisition de personnel et de matériel, et sur un mot de ma part, ils n’auront d’autre choix que de vous laisser m’accompagner. Le jeune officier considéra l’idée pendant quelques minutes. La possibilité de retourner immédiatement au front, en tant que conseiller privilégié aux côtés d’un général pour une croisade, était ce genre de proposition alléchante qui ne se manifestait qu’une fois en plusieurs vies. — D’aucun diraient qu’une telle entreprise est futile, passé l’euphorie de participer à quelque chose d’aussi grand. Les exemples de démonstrations de force qui se soldèrent par une débâcle complète ne sont pas rares. Conserver la cohérence d’une telle puissance de frappe est un véritable casse-tête logistique et stratégique. — Et c’est notre travail, capitaine. Un travail dans lequel je sais que vous excellez. Vous me l’avez démontré il y a quelques années. Nous pourrions gagner une gloire éternelle pour le 32ième corps et ses régiments, et vous prouveriez que vous méritez vos galons au sein du Tacticae. Peut-être même réussirez-vous gagner quelques rangs dans l’active pour commander un jour votre propre régiment ? — J’apprécie fortement votre confiance, mon général. Combien de temps ai-je pour y réfléchir ? — Le ‘Bucentaure’ appareille dans deux jours, lorsque les nouvelles recrues du 12ième et du 27ième auront embarqué. Le major Stanislas et ses Faucons seront certainement ravis de vous accueillir à bord. — Ainsi ce vaurien de grav-chuteur et ses casse-cous ne se sont toujours pas tués en faisant le saut de trop ? C’est une bonne nouvelle, monsieur. Leurs talents seront d’une aide inestimable pour cette campagne. — Vous en parlez comme si vous aviez déjà accepté ! — Je parle en d’hypothétiques termes, évidemment », sourit le jeune officier. — Quoiqu’il en soit, je crois que nous nous embarquons dans quelque chose de grand, Macaroth. Je n’ai jamais servi auprès d’un aussi grand nombre d’illustres militaires, et quelle que soit l’issue de ce conflit, il restera une tentative nécessaire, et une inspiration pour les générations futures. — Vous avez foi en Slaydo. — Pour s’engager dans une telle entreprise, il le faut. La première conquête de ces mondes par Sainte Sabbat a pris plus de cent ans. Rien ne dit que nous le ferons en moins. — Profitons, mon général, du calme de cette soirée pour en discuter. * * * Le Bucentaure, vaisseau-amiral de Curell, ou du moins celui sur lequel il avait choisi d’établir son quartier-général orbital, était un grand croiseur de classe Avenger à la coque couturée des cicatrices d’une dizaine de batailles. Son escorte se composait du Terrible et du Zélé, deux croiseurs de classe Lunar et Mars, eux-mêmes accompagnés de quatre destroyer légers, le Scipion, l’Eole vengeur, le Diomède et le Seigneur Atlas, ainsi que d’une dizaine de petits escorteurs. Le gros du contingent sous les ordres du sous-amiral Decrès, fort de plus d’une soixantaine de navires, faisait déjà route depuis plusieurs semaines vers Berenga, suivi d’un cortège de vaisseaux de transport à bord desquels se trouvaient près d’un demi-million de soldats. Bien que le Bucentaure ne soit pas le vaisseau de plus gros tonnage en service dans le 147ième groupement naval du Pacificus, largement dépassé par le Royal et le Saint-Vainqueur, il était le plus vieux et le plus vénérable de tous. Plus discret que ces derniers, il avait plus d’une fois sauvé la mise à ses capitaines, lorsqu’en plein milieu d’échanges de tirs apocalyptiques, sa masse plus modeste passait pour moins primordiale que celle des immenses cuirassés obscurcissant les étoiles. Néanmoins, avec ses trois kilomètres de macro-canons, de tourelles à lances et de hangars, il restait un monstre de céramite et de plastacier qu’aucun vaisseau de ligne ne devait sous-estimer. Plus d’un appareil prétendument plus puissant avait perdu un duel, surpris par la puissance de ses boucliers, l’expérience de son équipage et la pure brutalité de ses bordées coordonnées par les meilleures technologies de ciblage que le Mechanicus avait à offrir. Il était la fierté du 147ième groupement, et par extension celle de Curell, qui avait mené presque toutes ses précédentes campagnes à partir des strategiums de la bête. Déjà renseigné sur tout cela, le capitaine Macaroth comprenait pourquoi, car celle qui s’augurait dans les mondes de Sabbat n’y ferait visiblement pas exception. Il avait reçu l’instruction de faire amener ses affaires au magasin du Bucentaure ; que tout doive transiter par le navire signifiait qu’il serait le principal lieu de résidence des officiers d’état-major, et il espérait que ses quartiers soient suffisamment grands pour être aménagés afin d’accueillir la grande quantité de livres et de matériel de données qui le suivait dans chacun de ses voyages. Lorsqu’il avait donné son accord à l’assistant du général, la vitesse avec laquelle le haut-commandement de Versay avait accepté la requête de l’état-major était presque surprenante ; ce qui lui laissait à penser que dans les faits, la chartre de Croisade devant être délivrée à Slaydo en grande pompe sur Khulan dans les mois à venir prenait déjà effet dans le cadre de l’organisation logistique de la campagne. Aucun gouverneur ne pouvait ainsi s’opposer à l’autorité d’un officier de croisade, ce qui lui avait permis d’outrepasser les blocages administratifs établis par le général Desmonds sans la moindre difficulté. Ainsi, il se retrouvait sur une navette en direction de Pointe-Noueste, la plus importante des forteresses stellaires de Versay, à observer par un hublot l’intense activité de vaisseaux à n’en plus finir qui s’ancraient à ses innombrables docks spatiaux tels des tiques sur un gros mammifère. Le vaisseau-amiral occupait à lui seul l’un des plus grands, aussi massifs que les transporteurs au long courrier qui déplaçaient des quantités phénoménales de marchandises entre les sous-secteurs. Une puissance invisible suintait de ses lignes gothiques aux formes de cathédrale de plastacier, car la vision d’un de ces monstres avaient à elle seule le don d’inspirer l’âme ; jusqu’à la faire déborder d’une fierté extrême devant cette preuve de toute-puissance de l’humanité sur le vide. — Magnifique, monsieur, n’est-ce-pas ? » L’homme qui avait parlé était d’à peu près son âge. Il avait dans les yeux un regard admiratif, lorsqu’il les posait sur son ainé, celui d’être au service d’une personne estimée autant pour son intelligence que pour la certitude de ses succès à venir. — Magnifique, oui, Savary. Est-ce que tu as bien ajouté à mes affaires les récents ouvrages de Mont-Marrove sur la contre-offensive de Khulan, comme je te l’ai demandé ? — Bien sûr, monsieur. » Le garçon sourit de contentement. « Ils n’étaient pas encore disponibles aux archives militaires de Grancastel, mais le superviseur Neroy m’a promis qu’ils les feraient acheminer au magasin du vaisseau d’ici demain soir. Il connait votre caractère empressé, et il sait que les ouvrages seront entre de bonnes mains avec vous. J’ai également pris l’initiative d’anticiper vos exigences en matière de données stratégiques auprès du bureau du Tacticae. Vous devriez obtenir d’ici ce soir tout ce que votre accréditation vous autorise à voir en matière de renseignements sur les mondes de Sabbat. — Parfait », approuva-t-il presque distraitement sans quitter le vaisseau du regard. « Parfait. Un autre aurait trouvé déplacé ce manque de gratitude flagrante, mais Savary comprenait son maître mieux que personne. Il le servait depuis plusieurs années maintenant, et savait que la capacité de Macaroth à communiquer avec ses semblables n’était pas sa plus grande force. Le fier capitaine considérait cet effort comme superflu, et c’était souvent à son aide de camp qu’il laissait le soin de ces ‘frivolités’. La vérité était bien différente, et ils le savaient tous deux. La navette impériale amorça son approche finale dans l’un des immenses hangars du Bucentaure. Sur le pont d’envol, des milliers de lexmécanciens, serviteurs, scribes et ouvriers déplaçaient des conteneurs de matériel, des caisses de munitions, des scellés de rations, et guidaient les contingents de troupes qui quittaient leur transporteurs vers les casernements. Beaucoup des visages qui embarquaient étaient de jeunes recrues, mais d’autres étaient des remobilisés, des officiers d’encadrement et des vétérans choisis pour former les pelotons d’élite. Servir l’Empereur dans ses armées était un honneur que beaucoup de jeunes Versayans choisissaient, et cet honneur se renouvelait souvent pour les vieux démobilisés qui voulaient renouer avec leurs anciens exploits militaires. Versay formait des soldats de métier qui savaient avoir un avenir sur leur monde après leur service, et c’était plus que beaucoup d’autres gardes impériaux ne pouvaient espérer, mais leur culture élitiste de la guerre les amenaient souvent à faire carrière toute leur vie dans cette honorable institution impériale. Cependant, les hommes et femmes qui partaient aujourd’hui embarquaient pour une campagne à nulle autre pareille, une entreprise formidable qu’une vie entière ne suffirait peut-être pas à voir se conclure. Les Mondes de Sabbat n’étaient pas quelques planètes rebelles ou un simple système, mais bien un secteur entier où chaque territoire se reprendrait au prix de milliers de vies. Macaroth pensait déjà à l’immensité de cette tâche. Les Mondes de Sabbat formaient une importante trainée de systèmes à la bordure orientale du Segmentum. Ce lieu instable était l’inavouable honte des gouverneurs sur cette frange de la galaxie, et le déni de sa chute avait duré des centaines d’années pendant lesquelles l’avancée de l’ennemi avait été favorisée par l’inaction du haut-commandement impérial. Des pâles tentatives avait été faites, des corps expéditionnaires très visiblement sous-préparés à l’ampleur de la tâche avaient été montés ; tous s’étaient brisés d’une manière ou d’une autre sur le titan que représentait la machine de guerre inconnue qui avait avalée les mondes de la Sainte. Mais comme reconnaître que les forces de l’ennemi revenait à accepter trois cent ans d’erreurs stratégiques grossières, c’était un déshonneur que seul un général de corps d’armée avait commencé à endosser en 725, lorsqu’il écrivit « Des Mondes Sanguinaires à Khan Nobilis, Analyse d’un désastreux déni de compétence. » Un papier qui allait se révéler prophétique après l’échec retentissant de la défense de Morlond en 739, et la fuite du gouverneur vers Bardolfus l’année suivante. Slaydo, déjà, avait compris que l’Ennemi ne serait pas arrêté dans les systèmes de Cabal, et qu’il ne pourrait être stoppé avant de menacer le secteur voisin. Beaucoup virent dans son pessimisme une complaisance suspecte, mais il avait formé un cercle de fidèles qui soutenaient son propos et comprenaient sa démarche. Lorsqu’il publia en 732 le livre qui le fit connaître, « Essai sur la reconquête des Mondes de Sabbat », il était devenu Seigneur-général, et ses idées avaient commencées à faire un bout de chemin au sein du haut-commandement. Il ne fut donc pas étonnant qu’il soit assigné à la défense de Khulan, un conflit qu’il envisagea avec un sérieux absolu, engageant une grande partie des effectifs opérationnels de la 9ième Division du Pacificus, ce qui permit enfin de stopper l’avancée implacable des rebelles. Mais stopper une invasion était une chose, en planifier une était une autre. Le secteur conquis était un vieux territoire, parsemé de ressources économiques et militaires pleinement exploitées que les rebelles avaient pris presque sans résistance. De nombreux mondes en parfait état allaient leur permettre de développer leurs armées, leur arsenal, leur logistique ; car les signes d’une cohérence et d’une organisation militaire sophistiquée étaient évidents, et étaient la raison pour laquelle toutes les prévisions de Slaydo s’étaient réalisées au cours des dernières années. La machine qu’il assemblait en réponse à Khulan était, selon les premières observations, absolument formidable, et la propagande impériale devait maintenir cette image d’une puissance inarrêtable pour que le moral des armées se maintienne pendant les premières années de la guerre - mais les doutes subsistaient. Déjà les premiers rapports prenaient forme dans son esprit. Ce qu’il avait pu obtenir jusqu’ici se résumait aux débriefings des commandants contraints à la retraite quelques mois avant l’attaque de Khulan, et aux rapports clairsemés des escadrons de reconnaissance de la Marine chargés des observations préliminaires. De telles informations ne brillaient pas par leur prime fraîcheur, mais tant qu’il n’avait pas reçu officiellement son statut d’officier tactique, il ne pourrait prétendre à mieux. Pour ce qu’il en savait, la structure des services de renseignements opérationnels du maître de guerre ne commençait qu’à peine à prendre forme, et leur première mission était surtout de garder le secret sur les opérations de mobilisation. Le travail en ce sens était absolument titanesque, à la hauteur d’une croisade d’une telle ampleur, et absolument primordial aux premiers mois des opérations. Ceux qui devaient accaparer son attention étaient d’abord et surtout les statuts militaires de la force qu’il allait bientôt commander avec le général Curell. Anciennement 32ième Corps de la 5ième Division du Pacificus, elle allait devenir le 9ième corps de la 5ième armée. Au plus haut de leur chaîne de commandement locale se trouverait le Seigneur-militant Vichres, un favori de Slaydo et membre de ses plus vieux cercles d’amitié à l’époque où il se battait pour faire reconnaître la gravité de la situation dans le secteur de Sabbat. Macaroth ne connaissait pas grand-chose sur lui, mis à part qu’il était auparavant un général compétent qui s’était illustré sur des campagnes mineures dans le Segmentum. Il ne pouvait qu’espérer qu’il soit également un seigneur-militant à la hauteur d’une si grande tâche. Car si le décompte officiel des forces de la 5ième armée n’était pas encore connu, elle allait se constituer d’éléments fractionnés de la 5ième Division du Pacificus, et être renforcée d’un grand nombre de soldats issus d’une massive levée de troupes pour les besoins de la croisade. L’estimation tournait pour le moment aux alentours des soixante-dix millions d’hommes et de femmes ; et c’était sans compter sur le fait qu’il serait également aux commandes d’une seconde armée, la 6ième. Oui, les premières statistiques avaient de quoi faire tourner la tête, mais à l’échelle de l’Imperium, un tel déploiement de forces n’était pas si rare. D’ici quelques jours, il pourrait prendre la pleine mesure des ressources engagées sur le théâtre d’opération des Mondes de Sabbat, car les tacticiens avaient accès aux données d’assignation du Munitorum, un vaste fichier à plusieurs niveaux de sécurité qui permettaient au minimum de voir la répartition des forces et la composition générale des divisions. Après avoir établi résidence dans ses quartiers, il avait pris la direction du pont principal du Bucentaure, en prenant le temps de s’imprégner à nouveau de l’effervescence d’un vaisseau de guerre. Dans ses vastes couloirs ouvragés, le personnel naviguant était en pleine préparation au départ. Versay était la dernière escale majeure avant le départ vers le système de Khulan, alors l’équipage s’affairait à préparer la longue traversée qui se profilait. Les escouades de castigateurs de la Marine sillonnaient les couloirs pour s’assurer que tout était en ordre, tandis que les sous-officiers courraient entre leurs assignations et que les matelots accomplissaient toutes sortes de tâches d’entretien et de manutention avec les innombrables servitors, sous le regard des adeptes et des techno-prêtres. Le vénérable croiseur était dirigé d’une main de fer par le contre-amiral Parthenay, et en tant que vaisseau-amiral, tout le monde à bord se sentait le devoir de montrer l’exemple aux autres appareils du groupement naval. Il prit la navette intérieure, puis le grand ascenseur de service vers le pont de commandement dont les portes s’ouvrirent sur un vaste Strategium, cœur des opérations de la 32ième division du Pacificus. Plusieurs étages sur balcon ouvert donnaient sur la table hololithique centrale, capable d’afficher des mouvements de troupes coordonnées par tous les opérateurs des différents niveaux à l’échelle d’une planète. D’immenses câbles traversaient la pièce, remontaient les colonnes, pendaient du plafond, afin de relier la complexe machine technologique qu’était cette démonstration du savoir du Mechanicus, dont les prêtres étaient visibles à égale quantité avec les opérateurs-scribes et le personnel du Departmento Tacticae. Tout ceci se déroulait sous l’étroite surveillance d’un détachement Tempestus Scion qui partageait ce service avec les meilleurs éléments des compagnies de sécurité navales du Bucentaure. Après avoir pris la pleine mesure de l’endroit, il rejoignit le général Curell, qui discutait avec deux officiers de croisade à l’allure identifiable auprès de la table centrale. — Ah, officier Macaroth ! Je vous en prie, joignez-vous à nous », le héla-t-il alors qu’il approchait, « nous terminions d’organiser l’acheminement des nouvelles recrues dans les régiments de votre planète natale. Sûrement vous devez vous rappeler du maréchal d’Orvère, commandant du contingent Versayan. D’Orvère, je rappelle à votre mémoire l’officier Macaroth. Il a été lieutenant dans le 12ième à l’époque où vous étiez encore à la tête du 2/5ième, vous lui devez le redéploiement magistral de la contre-attaque sur Tiranor il y a huit ans. Si je me souviens bien, la splendide réussite qui s’ensuivit vous a valu vos nouveaux galons. Le maréchal d’Orvère était un grand homme barbu d’aspect bourru portant un bonnet à poil, et équipé comme s’il s’apprêtait à rejoindre le champ de bataille. L’un de ses bras chuinta lorsqu’il se tourna vers lui et le tendit en signe de bienvenue. Macaroth fut surpris de l’absence de formalités, mais il savait que le maréchal était un soldat de la vieille garde qui s’embarrassait peu de protocole ; sur le plan hiérarchique, tous deux se trouvaient à un statut presque égal, ce qui rendait de convenance cette démonstration amicale. Sa majestueuse moustache blanche frémit lorsqu’il prit la parole. — Capitaine Macaroth. Vos propres galons vous siéent. De Marsois m’a dit le plus grand bien de vos compétences et j’ai pu attester de leur efficacité. C’est un plaisir de travailler avec vous pour le Tacticae. — Moi de même, maréchal. Je suis ravi d’avoir à nouveau à œuvrer pour un contingent Versayan. — Ne vous bercez pas trop d’illusions, capitaine. Les Lansquenois constituent toujours pour près de la moitié des effectifs de notre division, et tout a toujours tourné autour d’eux. Vous travaillerez plus sur leurs déploiements que sur les miens, j’en ai peur. — Maréchal », le coupa le général Curell, « je connais votre sentiment envers les Lansquenois, et vous savez que je réfute toutes accusations de favoritisme. Ne vous en faites pas trop, la croisade nous mettra tous à l’épreuve. — Quoiqu’il en soit », feigna-t-il de balayer d’un geste de sa main bionique, « soyez sûrs que nous honorerons vos assignations. La sous-maréchale Meredith sera votre interlocutrice privilégiée la plupart du temps, mais je participerais à tous les conseils de guerre auxquels je serais invité, évidemment. A l’évocation de son nom, la sous-maréchale, légèrement en retrait dans l’ombre de son grand supérieur, avança d’un pas et effectua une courbette polie que lui rendit Macaroth. Elle avait ce regard dur des vieux soldats de Versay, et pour en devenir un officier supérieur, il fallait l’être. Equipée comme le maréchal D’Orvère du bonnet à poil et de la redingote bleue, rouge, et blanche bordée d’or, son visage fin aux arrêtes sèches, impassible et froid et qu’aucun sourire ne barrait sembla immédiatement au capitaine taillé pour le commandement. — Je suis certain que les trois régiments de notre planète natale s’illustreront glorieusement au cours de cette croisade, maréchaux », continua Macaroth, « et je suis certain que le général Curell leur donnera la place dont ils… Une grande ovation fit légèrement sursauter le groupe, qui se retourna vers la source du dérangement. — AH ! Les dires étaient vrais ! Le petit Lieutenant est présent sur le pont, et nous mènera à la victoire ! Un grand homme chauve au visage couturé de cicatrices, engoncé dans une armure carapace noire sur un uniforme ocre, avançait vers eux en levant les bras au ciel. Il avait parlé si fort que presque tous les regards sur le pont s’étaient tournés vers lui. — Major Stanislas Yegorovich », lui répondit l’intéressé, « toujours aussi discret dans vos interventions, à ce que je vois. — Ahah ! Une qualité essentielle dans mon métier, lieutenant ! — C’est capitaine, maintenant, assigné au Departmento Tacticae, mon ami. — Voyez-vous cela, j’ai toujours su que ça vous pendait au nez. Mes condoléances, capitaine ! Il était maintenant au niveau du groupe d’officiers, qu’il intégra presque naturellement. Bien que n’étant pas à leur rang hiérarchique, il était un membre fréquent du haut-commandement. En effet, son unité était souvent utilisée pour son expertise militaire : les Faucons du 44ième Harakonniens étaient des spécialistes des assauts aériens et des opérations en autonomie derrière les lignes ennemies, et le général Curell avait souvent recours à lui ; presque qu’autant qu’aux troupes de chocs régulières du 32ième corps. Une saine rivalité existait entre les détachements de spécialistes, qui s’arrachaient les meilleures assignations au nom d’une gloire éternelle. — Vos hommes sont-ils prêts au départ, major Stanislas ? » demanda Curell. — Autant demander à un prêtre s’il est prêt à rencontrer l’Empereur, mon général. Ils étaient déjà prêts le jour où ils sont nés. Aucun ne sait encore pourquoi nous partons, mais les rumeurs circulent et elles motivent les hommes. — Je vous rappelle que la sécurité opérationnelle a été prononcée, major. Restez à l’affut des racontars trop curieusement proches de la vérité. » Il hocha la tête en réponse. — Heureux de vous voir à bord, capitaine », continua le major à l’intention de Macaroth, « je n’ai pas oublié votre bon sens tactique, il nous a valu quelques victoires honteusement faciles sur les rebelles d’Italan. — Et une blessure qui a bien failli mettre prématurément fin à ma carrière. — Une preuve de bravoure, et rien de moins. — Nous avons encore un peu de travail pour superviser les derniers préparatifs. » Le général tendit à Macaroth une tablette de données. « Voici vos codes d’identification pour accéder aux données tactiques opérationnelles à votre niveau. Major, faites faire un tour du propriétaire au capitaine Macaroth pendant que nous nous occupons de ça, voulez-vous ? — Avec plaisir, général », répondit-il en saluant son officier supérieur, « venez, capitaine, je vais vous présenter au reste de la troupe. Les deux hommes commencèrent à arpenter le pont de commandement, glissant entre les foules de scribes-analystes, de serviteurs et de soldats. Stanislas pointa du doigt un homme austère avec une barbe en collier entouré d’un cortège d’officiers dans des uniformes mauves rassemblés près d’un pilier. Lui-même avait la tête couverte d’une casquette cérémonielle et ses chausses de cuir remontaient jusqu’aux genoux. — Lui, là, avec son légendaire balai dans le cul, c’est Nebo Medorach, commandant de l’infanterie de ligne Bardhurienne. Lui et son état-major aiment plébisciter les grandes charges d’infanterie, comme s’ils avaient toujours trop d’hommes et de femmes sous leur commandement et qu’il leur fallait en sacrifier un peu pour s’alléger cette charge. En même temps, quand on commande une seule unité de plus de cent mille hommes, c’est compréhensible. Après, je dois dire qu’ils ont des couilles, et leur infanterie lourde est parfois aussi terrifiante que les vétérans de Versay. Au côté de Nebo se tenait un petit homme au visage à moitié couvert d’un masque, et arborant des tatouages tribaux jusque sur ses bras dénudés. Il était accompagné d’un grand commissaire qui se dressait derrière lui, les bras croisés et le visage fermé. — Ce type-là, c’est pas un rigolo non plus, ce qui explique qu’il s’entende bien avec Nebo, heh. Rami Kormayec, capitaine-général des chacals d’Apex Formundi. Derrière lui, c’est le commissaire Karthur, et j’envie pas son travail. Kormayec, c’est un homme instable et emporté, et il a la charge de le garder à l’œil. Curell le garde dans son état-major pour qu’il se tienne un peu à carreau, et je crois que Karthur demande qu’à l’embrasser pour ça. Puis, une femme aux boucles blondes vêtue d’une tenue d’aviatrice, penchée sur des cogitateurs, un cigalho en bouche. — Elle, Julia Hartman. Elle dirige les groupes aériens de Boltus Secundus. Curell lui a également confié le commandement des défenses anti-aériennes Vigiliennes, mais elle laisse généralement le colonel Taine faire ce qu’il veut. Un sacré brin de femme, si vous voulez mon avis. On la voit rarement ici, elle préfère passer son temps en compagnie de ses pilotes, et elle pourrait rester à la sécurité de l’arrière mais elle continue d’effectuer des sorties. Elle a le pilotage dans la peau, cette petite. Plus loin, une importante assemblée terminait un conseil qui s’était tenu dans l’une des salles sécurisée du Strategium. Ils commençèrent à s’égailler et à quitter le pont de commandement. — Eux, je crois que vous les connaissez déjà de réputation. Les quarante-sept commandants régimentaires de la formation Lansquenoise. On ne verra à l’état-major que leur haut-commandant, le maréchal Achille Von Bernz, le moustachu qui s’entretient avec les trainards, là-bas. Le bonhomme est plein de bon sens stratégique, il te plairait, mais je supporte pas sa condescendance envers les autres régiments. C’est pas parce qu’on possède plus de la moitié des soldats d’une division qu’on en est le général, et il a tendance à l’oublier un peu. Penché sur une carte holographique affichant un déploiement blindé, l’officier suivant portait un béret et une épée énergétique au côté. Un casque de tankiste pendait entre le fourreau et son armure légère marron. — Mordred Pavish, à la tête de la formation mécanisée Pardusienne. Un officier de terrain expert des déploiements blindés, que j’respecte au moins autant que la lieutenante-colonelle Hartman. Pas le seul régiment blindé de la division, mais le seul qui a réussi à gagner la confiance stratégique du général Curell. Puis, Stanislas s’attacha à lui présenter les autres commandants régimentaires qu’il jugeait dignes d’être connus. Car pour l’essentiel, la 32ième division était constituée d’une centaine d’officiers d’état-major, et beaucoup n’avaient pas voix aux conseils de guerre de Curell ; la plupart recevaient leurs assignations et les débriefings dans leurs quartiers. Les autres siégaient auprès du général, et avaient le premier rang dans l’auditorium de crise du Strategium, qui pouvait accueillir les presque trois-cent hommes et femmes qui décidaient du destin de la division entière si l’on comptait les nombreux conseiller dont faisaient partie le capitaine. Macaroth inspira, et embrassa l’atmosphère de l’endroit, chargé d’activité, regorgeant de données, d’ordres, de décisions et de protocoles. Il se sentait chez lui ici ; lorsqu’il quitta la compagnie de Stanislas et retourna à ses quartiers, il se mit immédiatement au travail. La première étape fut de prendre connaissance des effectifs totaux de la 32ième Division du Pacificus. Pas une mince affaire. Il déplia les premiers dossiers fermés de cuir tanné et lança le traitement de données de son cogitateur personnel, puis s’imprégna de la masse d’informations. Avant la reformation entreprise pour la croisade, elle comptait quatre-vingt-un régiments dont deux de réserve et un d’auxiliaires, répartis en quarante-et-un régiments d’infanterie, douze régiments de cavalerie légère et lourde, huit régiments d’artillerie, cinq régiments du génie opérationnel et quinze détachements de spécialistes dont la garde rapprochée de Curell. La majorité de ces régiments, soit quarante-sept, provenaient de la formation Lansquenoise, qui était une petite armée en elle-même, parfaitement autonome. Le mécontentement d’Orvère était légitime, car la polyvalence des Lansquenois leur avait souvent valu d’être déployés en priorité depuis qu’ils avaient été incorporés à la 32ième division, plusieurs centaines d’années auparavant. Avec la reformation de croisade, une levée de troupes avait été préparée pour combler les déficits de la division, qui était suffisamment versatile pour faire partie des corps indépendants assignés aux zones d’opérations de moyenne intensité. Onze régiments, principalement de réserve, allaient rejoindre le commandement de Curell pour qu’il dispose de suffisamment d’effectifs face à l’ampleur des tâches qui allaient lui être confiées. Un programme d’approvisionnement en hommes, en matériel et en munitions était déjà mis en place, notamment avec le monde-forge d’Arvinx et la trainée de mondes qui formaient le sous-secteur Pontus. D’ici quelques mois, Curell recevrait du seigneur-général Vichres les armoiries et les galons du 9ième corps de sa 5ième armée ; elle allait être constituée de cinquante-neuf autres, pour près de cent-vingt millions de soldats. Les dossiers officiels listant le détail des effectifs pour le seul 9ième corps formaient une pile notable sur le bureau de Macaroth. Il en consultait la documentation, classée en résumés et en rapports inscrits sur des vélins estampillés de sceaux de l’administratum, quand Savary l’interrompit presque timidement. — Monsieur, un officier tactique demande à vous voir. Toutes mes excuses, je sais que vous n’aimez pas être dérangé pendant vos analyses, mais il est insistant, et il est au moins aussi gradé que vous, je le crains. Il soupira en réponse. — Fais-le entrer, Savary. Et va donc en attendant me quérir les documents qui se trouvent sur cette liste, » dit-il en lui tendant une tablette de données, « il s’agit essentiellement de notes logistiques alors il te faudra certainement passer par le Munitorum. — Bien, monsieur. Une fois qu’il fut parti, la porte s’ouvrit bien vite sur un grand homme parfaitement coiffé et aussi guindé que s’il allait au bal. Sa redingote d’officier n’avait pas un pli de travers, et il avait ce regard froid qu’arboraient les tacticiens capables de s’empresser de sacrifier deux milles soldats pour gagner cinquante mètres de terrain. — Macaroth, je présume. Je me présente, officier Maleville, premier tacticien du général Curell. J’ai appris qu’il vous avait recommandé et assigné à notre groupe de conseil local, malgré le…manque évident de formation initiale au sein du Departmento. Le capitaine avait entendu parler de Maleville auprès de Stanislas. Un homme brillant, diablement intelligent, d’un conseil sûr mais presque trop éminemment pragmatique et qui avait planifié avec brio toute une série de campagnes de répression contre les incursions eldar noirs dans les bordures du Pacificus. C’était aussi un carriériste patenté, impitoyable et bouffi de suffisance, prompt à rappeler leur place à ses subordonnés, et capable d’un aplomb pouvant décontenancer de plus vieux militaires. — Confrère tacticien. C’est un plaisir de faire votre connaissance. Que me vaut votre visite ? — M’assurer tout simplement que vous êtes au fait des règles implicites qui existent dans les cercles d’experts militaires entourant les hauts-officiers, surtout dans le cadre d’une mission aussi importante qu’une croisade. » Il avait commencé à tourner dans la pièce en jetant un regard sur tout ce qui semblait d’intérêt. Le bruit régulier de ses talons frappait les tympans de manière irritante. « Vous avez reçu la tâche délicate et ô combien importante d’influer sur les décisions d’un général de corps d’armée, et c’est un pouvoir qu’il ne faut pas prendre à la légère. — Je ne suis pas certain de vous suivre. — Vous le comprendrez pleinement en temps voulu, je n’en doute pas, vous êtes un homme intelligent, sinon vous ne seriez pas ici. Mais sachez qu’avoir l’oreille d’un général s’accompagne de certains devoirs. Notre conseil est collégial et il souffrirait d’unilatéralité, alors vous comprendrez que je puisse avoir certaines inquiétudes sur la possible présence de favoritisme au sein de mon unité. En d’autres mots, il n’appréciait pas qu’un parvenu comme Macaroth puisse potentiellement lui faire de l’ombre. Le capitaine ne se laissa pas décontenancer. — Je sers avant tout l’Empereur, tacticien Maleville. Mon devoir envers lui sera de donner mon avis au général, et je le ferais dans la pleine mesure de mes compétences. Vous aurez tout loisir de discuter mes opinions, et je serais ravi d’échanger dessus dans le cadre de nos analyses tactiques. — Je ne cherche pas à remettre cela en question. J’ai toute confiance dans votre capacité à saisir les implications d’une collaboration entre experts sur les difficiles questions que nous aurons à résoudre à l’avenir. Une croisade n’est pas une mince affaire et j’ose croire que vous serez à la hauteur. — Ma formation tactique est le fruit de l’expérience. Vous en jugerez bien assez tôt. Maintenant, si vous n’aviez rien de plus à me dire, j’ai beaucoup de travail. — Ne vous méprenez pas, j’accorde beaucoup d’intérêt aux opinions…alternatives, surtout lorsqu’elles viennent d’éléments brillants du Militarum qu’il est sage de ne pas sacrifier sur un champ de bataille. Mais appartenir au Departmento Tacticae implique un tout autre niveau de décision et de point de vue. Je ne faisais que soutenir de légitimes interrogations. Sur un signe de tête poli, il prit la direction de la sortie. Il se retourna une dernière fois face au capitaine qui commençait déjà à reporter son attention vers les documents dispersés sur son bureau. — Bonne journée à vous, tacticien Macaroth, Je n’ai aucun doute sur le fait que vous ferez notre fierté. Modifié le 7 février par Granville Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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