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La renaissance du Faucon


Shas'o Benoît

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Avant d'entrer dans le vif du sujet, un...

Bref aperçu des peuples en terre lointaine

Les Elfes

Les êtres couramment appelés elfes se rassemblent en fait en peuples, sous la bannière respective de chacun des Seconds. On distingue en particulier :

-Les slaqhors

Fidèles d’Asslanquo, ce sont les elfes d’or, les elfes de lumière, du moins à l’origine. Jusqu’à la chute du Soleil, ils restent ses plus acharnés serviteurs. Lorsque l’Astre fut élevé au firmament, une scission divisa à jamais ce peuple. La majorité se tourna vers la haine et la rancœur, pour former des puissances ténébreuses. En sortirent elfes noirs, vampires et démons. Une petite parcelle resta affermie dans ses convictions, et poursuivit honorablement le combat de ses pères.

-Les Boghors

Fidèles de la Lune, ennemis jurés des précédents depuis la Guerre du Soleil.

-Les Dimhors

Fidèles d’Atthur le Monarque, les plus fiers et les plus nobles.

-Les Unadmhors

Fidèles du Mont, elfes des montagnes plus impitoyables et intransigeants que la pierre.

-Les Akkavunganhors

Fidèles de l’Onde, Elfes marins

-Les Feifhors

Fidèles du Sonneur, elfes vigilants et enjoués, ne se lassant jamais de chanter, faisant résonner leurs voix harmonieuses dans des hymnes ou des mélopées, selon les circonstances.

-Les Vharhors

Fidèles de l’Ave, elfes ariens attachés aux êtres volants.

-Les anurwenhors

Elfes de l’Aimable, attachés à la nature paisible du monde.

-Les nollstilhors

Elfes de l’Etoile, voyageurs du firmament et devins astrologues.

LES DIX RACES

-Les Humains

Répartis en de nombreuses peuplades, que l’on range le plus souvent entre pan-estains et pan-ouestains.

-Les Nains

Descendants des sept pères des nains d’où sont issus les sept peuples nains : les pères des nains étaient entre autres Rîn, Mîn, Lîn.

-Les Dryades

Habitants des bois, on fait la part entre les foerstiers-dryades et les hernes, bien plus sauvages. Les forestiers prennent pour reines les enchanteresses, celles parmi les fées des bois les plus versées dans l’art de manier les Vents de Magie. Certains peuples sylvains, pervertis par les elfes noirs, sont les esclaves des stryges et striges.

-Orques

Les peaux-vertes se scindent en divers peuplades très disparates ( chétifs microcéphales, gobelins inventifs, orques barbares, hoborques violents et cruels… )

-Trolls

S’ils connurent une brillante civilisation à l’origine, les trolls ont rapidement sombré dans la décadence, laissant les géants conserver les reliquats de leurs us et coutumes.

-Gnomes

Comparés à tort aux gobelins, les gnomes sont les plus industrieux des dix races, mettant à profit le savoir contemplatif des elfes ; ils réalisent quelques unes des étapes les plus importantes de l’histoire ( conception de l’imprimerie, des voyages en aéronefs, en dirigeables, mise au point des porte-nefs ; découverte de la poudre, du feu grégeois, et d’une grande partie des herbes magiques ). Les gnomes ont permis à l’alchimie de connaître un essor retentissant qui ne s’est jamais démenti.

-Squals

Hommes-lézards des marais ( auxquels on assimile les bacrophages, pourtant bien plus anciens, et les macrotaciens qui, retombés à l’état sauvage, sont leurs « chiens » de guerre dans les contrées les plus reculées ).

-Fenris

Le Fenri a la peau bleue et s’habitue à vivre dans des pics glacés, au nord du monde. Endurant et endurci par les hivers, il arpente les glaciers comme un humain marcherait dans la plaine. Le peuple fenri n’a jamais été très populeux. Ses royaumes ont été gouvernés par des rois et reines ( les dynasties matriarcales sont assez répandues, comme chez les dryades même si les peuples sylvains choisissent leurs reines pour d’autres raisons que celles du sang ).

-Hommes de pierre

Habitants des montagnes à la peau de pierre.

-Hommes de boue

Habitants des marais à la peau de boue.

Les peuples ancestraux

Nombreuses furent les créatures douées de paroles qui peuplèrent la terre bien avant la venue des elfes. Ce aqui suit est une brève liste, par ordre d’ancienneté ( d’après les approximations du sage elfe Ulsarter, qui étudia longuement la question à la Cité Naturelle sur le Grand Fleuve ) :

Esprits divers des Vents de Magie

Vassaux des esprits des Vents de Magie ( élémentaires, antarachnides )

Antémars / Phénix

Griffons / Gargouilles

Anguipèdes

Bacrophages

Minotaures / Centaures / laganthropes

Hommes-cochons / lies / fées

La renaissance du faucon

Livre I : les Landes ténébreuses

Prologue :

Le conteur était assis en tailleur devant l’âtre, emmitouflé dans sa cape de fourrures. Fourrures de renard polaire, d’ours blanc et de loup albinos. Et blanc aussi demeurait son visage, comme la neige sur les branches gelées des pins. Ses deux yeux bleus miroitaient à la lueur des flammes dansantes, et il prit la parole :

« -Maintenant ce soir le vieux Kalores dira un conte aussi vieux que notre cité rayonnante, une histoire de notre Grand Nord, un récit des temps révolus. Voici le destin de Lamenoire Gandacier, celui-qui-parlait-aux-bêtes.

Et le conte évoque cette même terre froide et venteuse sur laquelle nous nous tenons. Mais en cette époque elle vacillait entre deux puissances opposées : le Chaos et L’ordre du Faucon.

Le Chaos était violent comme le gel et froid comme le brasier, il dévorait la terre, l’air et les mers ; il descendait du Nord comme une marée néfaste, apportant avec lui guerres, massacres et pillages, annexant à son Empire Maudit les villes démunies. Et nombreux étaient les hommes pervertis qui servaient sa cause, trahis dans leurs espoirs et dans leurs pensées, nourris de haine et de mensonges qu’il ne pouvaient percer à jour, aveuglés par leurs défauts. Et accompagnés de monstres ils avançaient, et ces bêtes toutes plus immondes les unes que les autres se révélaient. Pourtant les pires encore restaient en repli, attendant leur heure. Et ce malheur répendait ses maladies, ses envoûtements et ses maléfices sur tout le pays, encerclant les forteresses et brûlant les campagnes.

Mais face à cette nuée noire s’éleva un rempart pour l’espoir : l’Ordre du Faucon ! Comme de nouvelles exactions s’accomplissaient en la cité de malzar, un homme-rapace, à la tête ornée d’un plumage brun et de deux yeux d’or, au bec jaune et tranchant, aux bras recouvert de plumes lisses, apparut au plus fort du combat, et de ses serres puissantes trancha les corps désemparés des créatures maléfiques. Les habitants malzarites, admiratifs et respectueux de cet être qui avait terrassé près de quarante servants du chaos, se joignirent à lui. Et il les instruisit tous, leur enseigna l’escrime, le pistage et l’astronomie, et toutes les sciences naturelles. Et ils quittèrent la ville pour un temps, vivant dans les bois et traquant les bêtes corrompues. Et l’on vit souvent des groupes d’hommes vêtus de noir fureter dans les forêts, à l’aurore et au crépuscule. On les appela les rôdeurs, les gardiens des landes ; et souvent des jeunes gens de toute extraction les rallièrent, désirant comme eux protéger les routes. Et bientôt leur compagnie grandit et fut assez forte pour braver les forces de la Nuit. Et sans interruption des groupes isolés sapèrent les communications des armées chaotiques, tuant les messagers, les espions et les éclaireurs. Et le Faucon dirigea à plusieurs reprises des expédition réunissant la totalité de la confrérie, anéantissant plusieurs corps d’armée. Enfin leur guérilla porta ses fruits et les villes formèrent des milices, qui défendirent les derniers bastions libres avec l’énergie du désespoir. Le Chaos recula, l’impossible s’accomplit : le Faucon repoussa les hordes ténébreuses jusque dans leurs cavernes nordiques. Les cités l’accueillirent en héros, et il devint roi des Landes. Il établit alors sa capitale là où il apparut pour la première fois : à Malzar. Puis il envoya des membres de son ordre instruire les milices de leur savoir, et l’Ordre grandit encore, rayonnant sur toute la contrée. Enfin quand l’homme-faucon mourut il laissa un royaume débarrassé du mal, et une société canalisée par ses seconds, qui dès lors portèrent un médaillon à l’effigie d’un Faucon, en l’honneur du restaurateur de la paix.

Modifié par Shas'o Benoît
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Arf j'ai pas trop compris a quelle époque ca se passe, et où ca se passe (Kislev), m'enfin ce n'est qu'un prologue.

Je ne me prononcerais pas sur l'histoire vu qu'il ne s'agit que d'un prologue, mais je comprend rien : un homme à tête de rapace avec des serres, ca vient d'où ? c'est pas une créature chaotique ca ? Enfin j'attend la suite, c'est peut etre pas mal :wink: .

Pour ce qui est du style, tu semble avoir du vocabulaire mais ton style est encore à travaillé, il y a des métaphores et comparaisons un peu bizzares genre :

Et blanc aussi demeurait son visage, comme la neige sur les branches gelées des pins.

Mais quant même des petites phrases bien trouvées que j'aime bien genre :

il dévorait la terre, l’air et les mers ; il descendait du Nord comme une marée néfaste, apportant avec lui guerres, massacres et pillages, annexant à son Empire Maudit les villes démunies.
:)

Enfin, c'est là le problème de la critique, on a pas grand chose à dire sur ce qui est bien, mais le moindre truc moins bien on a des tas de choses à dire. :D

Conclusion : un récit bien écrit malgré pas mal de maladresses, et je trouve que le prologue donne envie de connaitre la suite même si l'histoire semble un peu bizzare et peut etre pas très cohérente avec le monde de warhammer. Enfin faut voir la suite quoi.

bon courage !

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Invité Alberthaën

A mon avis cela ne se passe pas dans le monde de Warhammer, mais dans un autre lui étant inspiré... Je me trompe? :wink:

Sinon, comme le dit Caladai, ton texte est plutôt agréable à lire, sans fautes d'orthographe ou presque, mais il faut retravailler un peu le style, notament au début, qui est un peu laborieux...

Maintenant, il est bien court pour émettre un jugement pertinent, ainsi vais-je attemdra la suite pour me prononcer d'avantage :)

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dans sa cape de fourrures. Fourrures de 

Repetition

la lueur des flammes dansantes, et il prit la parole

Le mot "et" rali, en general, deux actions. Ici il n'y en a qu'une et donc in est inutile !

Sinon un texte vraiment agréable! Ca pourrait meme se terminer comme ca ! Bah continues

@+

-= Inxi =-

Modifié par Inxi-Huinzi
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Sérieux Inxi bon ok c'est une question de gout mais je pense toute de même que tu devrais parler plus de l'histoire, du style et tout et tout que des fautes d'orthographe.

Vient donc discuter dans suggestion de la proposition que j'ai fait de faire un "sous-forum : coin de l'écrivain", je pense que ca pourrait t'interesser vu que tu ne semble apprécier que la chasse aux fautes dans un texte plutot que sa lecture :wink: ...

QUOTE 

dans sa cape de fourrures. Fourrures de  

Repetition

Et ? une répétition volontaire peut très bien aller dans un texte. Ici elle passe bien, meme si ca rend pas terrible ca ne doit pas etre considérer comme une erreur, ca ressemble plus a un choix de l'auteur.

-Caladai49, ou le contraire d'Inxi-

Modifié par Caladai49
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Invité Aenario
la lueur des flammes dansantes, et il prit la parole

Le mot "et" rali, en general, deux actions. Ici il n'y en a qu'une et donc il est inutile !

Oui, mais tu noteras que une bonne partie des phrase du texte commence par Et. Probablement un effet de style. Personnellement, j'aime bien ...

C'est une bonne histoire ne cadrant pas vraiment avec le fluff warhammerique (ien ?) : j'imagine que si tout le nord avait été sauvé par une créature étrange. Sa serait marqué quelque part. Sous ce sens (Ces trois mot ne veulent rien dire mais font bien donc je les laisse ^_^ ), je pense qu'il faut considérer qu'il se déroule dans un univers semblable à celui de Warhammer Battle. Quelque part ou les mutants ne sont pas forcément chaotique...

Sinon, c'est un super texte. Félicitation : :wink::):D

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Merci pour tous ces encouragements. Caladai, Aenario, merci pour votre soutien. Hinxi je t'en veux pas. J'avais pensé faire rebondir mes phrases sur un mot...

En fait c'est inspiré du monde de Tü, un univers que j'ai inventé quand j'étais en quatrième. J'ai quelques autres récits en cours s'y rapportant, et des aventures dont on est le héros. :)

D'ailleurs ma signature est un extrait de "l'histoire d'Eojonil", un texte en pleine rédaction ( je sais pas si je le finirai un jour...) :wink:

Bon voilà le chapitre I :

Chapitre premier : la ville-mère

Malzar aux hautes murailles. Malzar la jamais glacée. Malzar, la ville-mère, qui vit à ses débuts le commencement d’une ère nouvelle ! C’était l’été dans les rues, mais toujours la neige tombait sur les pavés de pierre grise. De tous les horizons, des marcheurs solitaires, des groupes de cavaliers et des convois convergeaient vers l’unique porte de la cité, car à nouveau le danger grondait. Pour la première fois depuis près de deux cent ans, une armée menaçait les Landes Ténébreuses. Loin au nord, le nécromancien Nommiard avait accru son pouvoir, au point de lever une armée pour briser d’un coup le Royaume. Aussi le grand-maître et monarque du pays avait mandé tous les rôdeurs de sa ville de rallier expressément la capitale, en protégeant et en escortant les paysans des terres voisines. Depuis dix jours les réfugiés accouraient, sous la garde des hommes des bois. Maintenant les hauts membres de l’Ordre se rassemblaient tous dans la Salle du Conseil et il y en avait une cinquantaine, tous des hommes aguerris et entraînés pour servir leur peuple, combattre les forces démoniaques.

Sur son siège d’argent se tenait droit Ipogax, seigneur de Malzar et roi des Landes ténébreuses. Une simple cape de tissu sombre couvrait ses épaules ; il portait une cuirasse d’acier sur laquelle pendait le médaillon du Faucon. A son baudrier pendait un simple glaive, passé dans la ceinture. Aucune couronne ne ceignait son front, mais un bandeau de pourpre. A sa droite se tenait son fils kazonax, héritier du trône et le plus jeune de tous les rôdeurs, à peine âgé de quinze ans. Mais déjà un grand savoir l’habitait, et une grande volonté. Son mentor était Règledor Madrier, debout à gauche du souverain. Le plus vieux des hommes des bois, ayant formé la plupart des généraux présents alors, et tous respectaient sa parole. Il y avait aussi bien d’autres illustres guerriers, tels Kazers et Badsers les deux jumeaux, toujours en accord, toujours dangereux, Millvjiun au regard perçant, capable de scruter le fond d’un puit sans fond ou de percevoir un signe à l’horizon, ou encore Lamenoire Gandacier et Lancevive Ardentcourroux, les deux cousins. Et sur ces deux là il convient de s’attarder, car ils avaient la faveur d’un ermite, habitant dans les bosquets oubliés d’Ytuzîr, et ce vénérable sage leur avait enseigné tout ce qu’il savait. Lamenoire s’avéra être le plus versé dans les langues, et il apprit les murmures des ruisseaux, les souffles des arbres et les cris du vent, et apprit à converser avec les bêtes des bois et les oiseaux surtout, qu’il respectait et aimait le plus. Mais Lancevive était le plus adroit dans la course, et nul ne rivalisait avec lui comme coureur ou messager ; il filait plus vite que la tempête, que le torrent ou le cerf aux abois.

A présent Ipogax se lève et parle en ces termes :

« -Compagnons de toujours, de fortune et d’infortune, voici un avenir incertain qui se profile. A nous incombe la tâche de protéger notre peuple, comme cela advint dans le passé. Que nous ne faillissions pas à la mémoire de nos ancêtres ! Aujourd’hui vient l’heure du jugement, et nous montrerons que nous sommes dignes de leur souvenir ! »

Une triple ovation accueillit ces brèves paroles. Puis le roi assigna à chacun sa tâche, et il donna à chaque capitaine le commandement d’une cinquantaine de rôdeurs. On établit des tours de garde et des factions sur les remparts, on assura des milices régulières dans les rues de la ville. Malgré cela Ipogax restait soucieux, car il redoutait les forces ennemies si longtemps tapies et craignait que le savoir de l’Ordre ne se soit amenuit au cours des âges. Ses éclaireurs, menés par le capitaine Ardentcourroux, revinrent à la tombée de la nuit. Lancevive alla droit face au monarque et dit :

« -Grand maître, les forces ennemies ne sont plus éloignées de notre ville-mère, et sans doute demain à l’aube elles s’étaleront à nos portes ; Millvjiun en a dénombré plusieurs compagnies, mais leur nombre s’avère incalculable ! A chaque instant de nouvelles troupes fraîches descendent des glaces nordiques, et leur masse noirâtre tache les monts de l’extrème-nord comme un lit de cendres. Nous avons vus des hommes traîtres, des créatures noires montant des loups hurlant de rage ; des ombres sillonnant les airs, des cohortes de soldats asservis et armés de fléaux. Même, une armée de peaux-vertes s’est jointes à eux.

-Des nouvelles du nécromancien ?

-Pas la moindre. Il ne se montra point, mais sans doute marche t-il avec l’arrière garde.

-Quel coup du sort néfaste ! au moment même où nos frères de Raturn sont assiégés par une flotte de corsaires, voilà que ce damné Nommiard déferle sur nous !

-Sans nul doute, cela n’est pas le fruit du hasard, remarqua Règledor. Car les forces des ténèbres agissent de concert, tissant leur toile et préparant leurs coups avec minutie, mais quand ils frappent, leur poing est lourd. »

La nuit se passa dans l’anxiété et l’attente d’une chose que personne ne désirait. Avant même que l’astre diurne ne se levât, des troubles survinrent et des habitants de la périphérie aperçurent, derrière les volets de leurs fenêtres, des formes noires comme la nuit voler au-dessus du parapet. Quand le soleil apparut à l’est, la relève découvrit les guetteurs de la tour nord morts, fracassés au pied des remparts. Ils avaient été précipités du haut de leur poste. Aussitôt Kazers et Badsers accoururent avec leurs hommes et grossirent les rangs des remparts. Soudain Millvjiun cria en montrant du doigt les corniches du palais :

« -Là ! Des créatures du chaos !

-Archers, abattez-les ! »

Mais avant que les gardes n’encochent leurs flèches, un vol d’êtres malfaisant s’éleva ; des dizaines de monstres aux cornes d’ivoire et aux ailes de chauve-souris sortirent de leurs caches, dans les recoins obscurs des mâchicoulis. Et ils poussèrent des cris stridents comme des crécelles, puis s’envolèrent vers le nord. Et une immense clameur monta de la plaine. Et voilà que les forces du chaos recouvraient les terres à perte de vue, tel un manteau rongé par la pourriture. Des milliers, des dizaines de milliers de soldats voués au mal, entourés de loups monstrueux, de trolls ligaturés de barres de fer, d’orques armés de haches primitives, d’aurochs aux cornes sanglantes. La guerre commençait.

Le roi convoqua une dernière fois ses généraux et leur assigna à chacun une tache précise :

« -Mes amis, l’heure n’est plus aux palabres mais à l’action. Hugan et Fugan, prenez vos soldats et fouillez de fond en comble le palais, vérifiez chaque recoin ; assurez-vous que pas une seule de ces bêtes volantes ne se soit infiltrée. Kalis et Mazzio, perquisitionnez de même dans la ville et répétez bien aux civils de rester claquemurés. Wiidjet et Garf ,vous garderez le mur nord. Millvjiun et Fulgur, positionnez-vous le long du rempart ouest. Lamenoire et Lancevive, vous défendrez la muraille est et le portail. Miok et Riok, à vous incombe la défense du sud. Tous les autres, restez au château ; vous constituerez la réserve et irez soutenir les positions menacées, lorsque l’instant sera critique. Allez, et que l’esprit du faucon vous préserve ! »

Chacun alla à la tache lui étant impartie, hélant ses troupes avec autorité. Peu avant midi, deux lanciers apportèrent à Lamenoire et Lancevive une collation dans le corps de garde, au-dessus du pont-levis gardant la ville. Les deux cousins observaient à travers une meurtrière les forces ennemies, en se répondant par intervalles :

« -Hum ! Ils ne me paraissent guère sensés, pas vrai ?

-Tout juste ! Se serrer ainsi de si près, que certains tombent dans nos douves ! Nous n’aurons pas de mal à les tirer comme des lapins. Tes archers sont prêts ?

-Et fin prêts, à leurs postes ! Au moindre signe, leurs traits voleront et feront des trous dans cette orgueilleuse armée. »

Le rôdeur déposa un plateau chargé de victuailles sur le rebord d’une table de chêne, et leur apporta les nouvelles du palais :

« -Messires Hugan et Fugan sont désormais certains que toutes les fenêtres étaient bien fermées cette nuit, et qu’aucune n’a été forcée. Il semblerait que le vol de ces créatures n’avait pour seul but que de nous terrifier. Quand à… »

Mais sa voix fut coupée par la sonnerie de trompettes, et un chant lugubre résonna au dehors des remparts, glaçant le sang des malzarites. D’abord s’élevait une musique discordante, poussée par les cris des orques, les instruments à vent et les tambours de guerre. Puis au-dessus du vacarme monta la voix sépulcrale et froide, sans pitié, et tous purent voir qui chantait : au milieu de la horde se dressait, face à la porte, une puissante entité tissée de noirceur et de peur ; noire d’habit, de cœur et d’esprit, drapée dans des ailes griffues et démesurées, élevant une tête impalpable aux yeux creux et caves. Et de sa gueule dentelée de crocs de glace sortait un souffle effrayant portant jusqu’aux tourelles son chant maléfique :

« -Tremblez face à mon pouvoir noir,

Qui s’étend sur les steppes blanches

Comme l’ombre s’étend au soir

Etouffant dans le cœur la chance

D’un espoir attendu,

D’une espérance tue,

Ployez face à mon ouragan

Plein de haine plein de souffrance,

Et secoue vos esprits branlants

Quand par mes pouvoirs j’entre en transe

Et vous plonge dans un

Sommeil plus qu’incertain,

Frémissez face au gel glacé

Qui se répand dans la campagne

Fauchant de par ma volonté,

De vos enfants, de vos compagnes

Leurs pauvres vies fugaces

Qui devant moi s’effacent,

Pleurez face à mes forces vives

Sortant de moi comme un écrin,

Feu qui comme la mort arrive,

Plus frémissant que l’air marin,

Frappant comme le givre,

Otant l’envie de vivre,

Désespérez face à ma voix

Qui résonne tel un tonnerre

Fendant les airs, semant l’effroi,

Et foudroyant comme l’éclair

Ceux qui résistent sans sagesse

Au joug qui écrase et oppresse,

Abandonnez devant ma force

Qui sans conteste se répand

Telle la sève sous l’écorce

A travers les âges, les ans

Elle s’écoule, mais

Ne s’usera jamais,

Jetez les armes face à moi

L’exécuteur des forces sombres

Et, des esprits de nuit, le roi

Qui dirige l’armée sans nombre

Des servants d’Asslanquo,

Le Premier, sans rivaux ! »

Cette mélopée hargneuse fut aussitôt suivie d’un vacarme toujours plus croissant ; et quand cet assourdissement atteignit son paroxysme, les forces du Mal donnèrent l’assaut.

Tout d’abord il y eut une pluie de feu et de flèches noires, puis des milliers d’épines glacées fondirent sur le parapet, lacérant les bras et les jambes des soldats. Puis force grappins, échelles, corbeaux s’accrochèrent aux remparts, et montèrent des orques en nombre, excités au combat par leur meneur, le redouté Hachedouble, qui se nommait lui-même Coupevie. Les Gardiens des Landes les repoussèrent du mieux qu’ils purent, bien que les Spectres volants les cinglèrent de leurs griffes en rasant les créneaux. Plusieurs groupes vinrent renforcer les hommes sur les murailles, et après des heures de tirs incessants, de combats sur les remparts et de défense acharnée, les entités couleur sable lâchèrent prise, les forces du chaos refluèrent en désordre. Mais les rôdeurs savaient que la victoire n’était point à leur portée, et s’étonnèrent de ce revirement, au moment même où leur résistance faiblissait. Alors du milieu des rangs ennemis se dressa une haute silhouette dans une vêture de bleu, de blanc et de noir mêlés. Et sa bure flottait dans la vesprée, car déjà l’astre du jour s’inclinait au ponant, comme la Lune pointait à l’est. Et cet être mystérieux leva un doigt décharné vers la ville-mère, proférant d’une voix caverneuse :

« -Ne vous réjouissez pas trop, hommes lâches et pleutres, derrière vos murs de pierre. Car ceci ne fut qu’un avant-goût de ma puissance. Maintenant vous allez souffrir par le feu et la glace, jusqu’à ce que votre orgueilleuse cité ne soit plus que ruine, et qu’il n’en reste plus pierre sur pierre. Voici, j’entame un siège et ne partirai plus que vous ne soyez vaincu. »

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Aucun lien avec Tolkien des fois juste par hasard?

Bon, rien à redire, c'est très bon, j'ai lu en diagonale, faute de temps, mais pas grand chose à critiquer, à part la (un tout petit peu) trop grande inspiration du SDA, ton style est très bon, un vocabulaire excellent et très soigné ( à la manière de Tolkien :D ...) Des poèmes (tiens ou c'est que c'est pareil ?? :) ...)

Bref que du bon !

Korelion, rien de méchant, je te taquines juste sur le lien avec SDA. Ton texte est vraiment bon, mais à quand le récit d'Agraël ? :wink:

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J'ai pas tout lu encore mais ton univers, même si c'est pas vraiment celui de Warhammer, me plait, et comme tu le précise j'ai rien à dire là dessus.

En tout cas il semble du peu que j'ai lu que ton style s'affine même si persiste encore quelques maladresses genre :

C’était l’été dans les rues, mais toujours la neige tombait sur les pavés de pierre grise.

Tu pourrait remplacer tout simplement par "l'été rayonnait dans les rues, mais la neige tombait toujours sur les gris pavés de pierre", enfin ce n'est qu'une suggestion bien entendu.

En tout cas vivement la suite :) ! Enfin non car j'ai pas tout lu :wink: .

Bon vu que j'ai pas le droit de critiquer la forme, tu devras trouver tt seul.

Arf toi aussi tu fait la gueule ? bas moi aussi, soit disant que je fait des attaques personnelles... si tu veux causer en privé je serait ravis de te convaincre des bons sentiments que je porte à ton égard et de renouer un lien que je semble avoir rompu aux yeux de certains (tout le monde ?).

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Merci, merci ! B)

Le SDA ? Roh, qu'est-ce qui vous fait dire ça ( gros hypocrite ! ) :D

Bon c'est vrai, quand j'ai inventé mes histoires, c'était censé raconté les aventures des hommes dans les terres de l'est, entre la terre du milieu et les terres du Soleil... :wink:

Et puis après j'ai créé mon propre univers pour plus de liberté ( notamment des races à foison, des pouvoirs magiques, etc... ) :)

Bon la suite demain normalement, et pourquoi pas d'autres textes si vous êtes sages ! ^_^

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Salut à toi, même si on a fait connaissance dans un autre lieu...

Bon, tu as vraiment un style à toi, mélange de souffle, de poésie et d'héroisme.

Pour le 2eme texte, tu nous balance un peu trop de personnage que tu ne laisses pas vivre pour qu'on les différencie. Leur présentation est originale, certes, mais on est un peu obligé de les oublier ou de les mélanger (en plus j'ai une passoire pour les prénoms en guise de mémoire...). Je me demande si tu n'avais pas cherché à nous les présenter un à un dans le feu de l'action, comme dans un flash (à la manière de tARANTINO :D ? Bon , je sais, c'est pas trop la reference mais c'est l'idée :wink: ) n'aurait pas été mieux.

En fait, il y a un côté "résumé" à ton début qui est un peu maldroit et qui ne s'estompe qu'avec les dialogues (disons un peu avant). Mais c'est sans doute parce que c'est le début. Mais on sent que tu en as sous le pied au niveau du background ce qui est plutôt rare, surtout pour une création personnelle.

Maintenant, l'intrigue (le premier texte) était très priginal (même si il y avait un côté résumé d'encyclopédie). Le second traite d'un sujet classique, mais , sous bien des façons, tu le fais de manière originale. Et puis, tu oses un chant versifié dans l'action, chapeau! C'est risdqué car tu coupe un peu l'action. Mais tu contrebalances à cela un véritable souffle. C'est finement fait et bien équilibré. . Enfin, le dernier paragraphe est plein de promesses, donc à toi de les tenir! :)

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Eh bien au moins, voilà un style reconnaissable! :D

Continues dans cette voix, c'est vraiment bien!

Je n'ai pas vu de fautes et l'esprit de Tolkien semble te guider merveilleusement, rien à redire! :)

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La suite :

Chapitre second : De rouge et de blanc

Une saison entière. Une saison entière que les forces du nécromancien et de ses alliés coupaient toute liaison avec Malzar. Ipogax tapa du poing sur la table en grondant :

« -Il faudra bien faire quelque chose ! L’hiver approche à grand pas, la famine nous guette !

-Calme et tempérance, murmura Règledor. Nommiard n’attend qu’une chose, c’est que la colère nous emporte tous, avec le froid et la maladie. »

Depuis ce jour fatidique où l’armée des Ténèbres avait campé devant les remparts, il ne s’était plus écoulé un seul jour sans qu’une pluie de feu ou une tornade de givre ne s’abatte sur la ville. La population, terrorisée, hantait les rues en quête de vivres, et les gardes de faction se protégeaient de leurs boucliers, redoutant les traits ennemis. La nuit, les spectres noirs survolaient les toits, poussant des cris perçants et assaillant les hommes de quart. Bien sûr, nombreux furent ceux qui s’essayèrent à les tuer d’une flèche bien placée. Mais toujours leur vol rapide les dérobaient aux projectiles acérés.

Soudain à nouveau le sol trembla et résonna de salle en salle un profond ébranlement. Tous les capitaines sortirent en trombe du palais, et se précipitèrent vers les remparts. Les gardes se ruaient de toute part vers le mur est et la porte, qui craquait sous des coups redoublés. Inquiet, le Grand maître accourut sur le parapet et jeta un coup d’œil par-dessus le rempart, juste avant qu’une flèche ne se fiche dans la pierre, à côté de sa tête. Il se retourna alors vers le sieur Madrier :

« -Des trolls, et en nombre ! Ils pilonnent le pont-levis !

-Il faut les abattre ! s’emporta Hugan, serrant nerveusement sa cognée.

-Impossible, il y a là des Chniars, à la peau dure comme l’acier, et aux griffes d’airain. Aucune arme ne peut transpercer leur cuir !

-Versez-leur de l’eau bouillante, des rochers ! Il ne faut pas que…

-Siiiiiiiiiiiiiiiiik !

-Messire, à couvert !les ombres ! »

Ils s’engouffrèrent dans le corps de garde. De nouveau coups redoublèrent, puis à nouveau le tremblement formidable. Kazonax, le visage blême, se tourna vers son père :

« -Cela, ce n’est pas l’effet d’un troll !

-Non…

-Des bouches-à-feu ! »

Tous s’avancèrent vers les archères, et purent voir à l’arrière des défenses ennemies, une rangée de pièces d’artillerie, crachant des rocs enflammés. A nouveau le sol trembla, et la décharge de feu pulvérisa un pan de la muraille. Au même instant, les trolls arrachèrent des planches du pont-levis, les pulvérisant de leurs poings. Alors le roi dégaina son épée et rugit :

« -Maudit sorcier, si la porte tombe, tu ne triomphera pas pour autant ! Tous avec moi, allez quérir vos troupes, nous devons repousser l’assaut ! »

Dans un nuage de poussière, les dernières défenses tombèrent et le groupe de chniars entra dans la cité, fouettant de leurs pattes griffues les miliciens effrayés. Alors Millvjiun sauta du haut du parapet, et se ramassa sur lui-même, à deux pas des monstres. Et saisissant sa lance, il courut sus vers le monstre le plus prêt, et la lui ficha dans la gorge, mais la créature massive beugla en la brisant en deux. Le rôdeur au regard perçant sauta alors derrière lui et lui enfonça sa dague dans la tête, et ils tombèrent tous les deux au sol. Puis le laissant là, il courut vers le prochain en tenant à deux mains sa lame. Mais il n’eut pas le temps de faire trois pas. Il fut rapidement encerclé et tué sur place par leurs membres sanguinaires.

Les autres capitaines arrivèrent devant la place, suivis de leurs soldats, et ils leurs ordonnèrent de tenir leurs positions. Riok restait en retrait, sur les remparts, avec les archers et les arbalétriers. Et jugeant le moment venu, ils les fit tirer de toute leur puissance. Les projectiles frappèrent les trolls de plein fouet, et plusieurs s’écroulèrent. Les rôdeurs chargèrent et tailladèrent leurs jambes, les jetant à terre et les blessant mortellement. Mais déjà venait à la suite les hommes avilis et les suppôts du chaos, en cohortes innombrables.

Et derrière chargeait un troupeau immense de bêtes aux cornes blanches, éventrant les corps et piétinant même leurs alliés, meuglant comme des démons furieux, guidés par le Grand Auroch, Le Mugissant, une énorme bête élevée par le nécromancien lui-même.

Le roi fit quérir les dernières forces en réserve de par la ville, à la tête desquelles se tenait Mazzio.

Mais il n’était plus que l’ombre de lui-même ; après des jours et des jours de jeun, passés à soutenir la population ,à éteindre les incendies et à chasser les vols des créatures de la nuit, il ressemblait plus à un fantôme qu’à un homme. Néanmoins il arriva avec ses hommes éreintés, et il chargea en premier les hommes pervertis. Frappant de tous côtés, il les empêcha d’aller plus avant dans la citadelle, mais bientôt sa légion fut perdue dans les combats incessants, et la charge des taureaux venait, massacrant ceux qui gardaient encore les portes. Et lui même périt dans la bataille. Pris de cours, les Gardiens des Landes, cédèrent du terrain et reculèrent pas à pas vers le château, poussés par les forces maléfiques. Déjà les barbares cessaient de se battre pour se livrer au pillage et massacrer la population, s’engouffrant dans les rues et les maisons. Désespéré, le grand–maître cria à ses fidèles :

« -Rôdeurs, gardez la porte à tout prix, jusqu’à ce que j’en ait fini. Voici, je prends ma garde, et je pars sauver le reste de notre peuple. Tout ceux que vous trouverez, dites-leur de se rassembler au palais, où nous serons plus à même de les défendre. Que la bravoure vous inspire ! »

Et il s’éloigna à la tête de ses suivants, pour combattre les guerriers du mal dans les rues, et rassembler les survivants. Règledor se tourna vers les deux cousins et leur dit :

« -A moi de décider en l’absence du Grand Maître : partez à l’arrière garde et visitez chaque maison avec vos hommes : tuez les ennemis et ralliez les villageois, qu’ils aillent sans risque jusqu’au château. Défendez la place des fontaines, qui leur servira de passage jusqu’aux salles du roi. »

Maintenant les orques, les loups sauvages et les créatures sans nom du sorcier massacraient une à une les positions des malzarites, les écrasant sous le nombre ; et Nommiard lui-même entra dans la ville, monté sur un warg au pelage blanc.

Riok vit que maintenant le nécromancien entrait dans la citadelle au mépris de tout danger, certain de sa victoire, et il saisit l’occasion. Bandant son arc, il visa soigneusement et tira. La flèche fila droit par-dessus les combats, et se ficha en pleine poitrine, faisant vaciller le sorcier. Mais bientôt il ricana et l’arracha lui-même, et la brisa en deux. Puis il se tourna vers le capitaine des archers, et son regard le foudroya ; Riok ne dit rien, mais son arc tomba de ses mains flasques, et il s’effondra au sol comme un pantin. Ce que voyant, les derniers archers sur le parapet perdirent tout espoir, et il se précipitèrent vers les issues, pour tenter de rallier le château.

La horde de gobelins se ruait dans les mêlées, frappant au hasard en hurlant des cris bestiaux. Et à leur tête Hachedouble tranchait de toute part, répandant derrière lui un sillon sanglant.

Hugan s’avança alors devant le chef orque et le défia :

« -Bête immonde, viens et affronte ton destin ! Par mon bras tu périras, je le jure ! »

Et l’autre de ricaner :

« -Pauvr’homm’sans cervelle ! Bientôt Coupevie goûtera à ton sang ! »

Ils se jetèrent l’un sur l’autre, et chacun cogna de sa hache dentelée, et s’ouvraient cruellement sans pour autant s’avouer vaincu. Portant bientôt leur combat titanesque prit fin, et d’un coup de sa lame tranchante, le capitaine décapita le meneur orque. Mais lui même tomba à terre sans vie.

Voyant son allié mort, étendu au sol, Fugan se jeta sur les orques en hurlant, et suivi de ses gens, il parvint jusqu’au lieu où son ami était tombé. Après bien des coups, il garda la dépouille du capitaine Hugan le Vaillant, et la porta lui-même jusqu’au château, jusqu’à la salle des Morts. Et là des serviteurs le couchèrent sur un lit de bois imbibé d’huile, et ils mirent le feu à son brasier. Alors Fugan releva la tête, sombre et déterminé ; il saisit sa lance à deux mains et repartit dans la mêlée, et l’on ne le revit jamais plus.

A présent la charge des bêtes à corne submergeait les barricades et emportait tout sur son passage, comme la crue d’un fleuve trop longtemps retenu par un barrage.

Kalis barra alors la route au troupeau furieux, faisant un rempart de son corps ; et ses hommes l’imitèrent, dressant un mur de piques. Et les premiers des taureaux périrent, empalés sur les fers. Mais les suivants, menés par Le Mugissant, sautèrent par-dessus les corps et chargèrent les piquiers, en piétinant beaucoup et en les dispersant. Kalis bondit alors et sauta sur la croupe du Grand Auroch, le tenant par les cornes, et il s’agrippa à son pelage. Puis dégainant de sa main droite sa dague, il taillada avec rage la nuque de la redoutable bête. Ensemble ils basculèrent sur le côté, et périrent, car l’auroch, dans un sursaut d’énergie, se jeta dans une demeure en flamme. Et le capitaine mourut consumé par le feu.

Maintenant la débâcle était totale, et les derniers résistants s’enfuirent vers la place des fontaines. Et Là, ils stoppèrent net, car les bassins étaient rouges et sanglants, et des corps de barbares jonchaient le sol. Mais Lamenoire et Lancevive se tenaient encore debout, accompagnés des survivants de leurs bandes.

Règledor accourut vers eux et s’enquit :

« -Qu’en est-il des civils ?

-La plupart massacrés par ces traîtres, annonça le capitaine Gandacier.

-Mais ceux que nous avons put sauver sont maintenant en sûreté au château.

-Pas pour longtemps, soupira le vieil homme. Mes amis, la ville est prise. Tous à la forteresse ! »

Les survivants pénétrèrent rapidement dans le palais, et l’on ferma derrière eux les portes. Mais cela ne retint guère les forces du chaos ; Nommiard s’avança et étendant la main, il pulvérisa les linteaux. Puis il saisit son bâton de glace, et à la tête de ses hommes il chargea. Tous ceux qui le rencontraient périssaient aussitôt, frappés par son toucher mortel comme l’hiver. A sa suite vint bientôt le reste de son armée, s’engouffrant dans les salles du capitole.

Wiidjet partit alors en retrait, mander l’aide des gardes du roi. Mais il ne vit plus jamais le soleil se coucher : il fut surpris au dédale d’un couloir par une bande d’hommes-loups, et il fut abattu sur place, lacéré cruellement par leurs sabres de cuivre.

Enfin après des affrontements sans fin, les restes de l’armée malzarite arrivèrent devant l’entrée de la salle du conseil, où les derniers habitants se rassemblaient sous la garde du grand maître. Les capitaines et leurs suites passèrent rapidement dans la haute pièce, mais les deux jumeaux demeurèrent en arrière, avec leurs servants.

Kazers s’agenouilla devant Ipogax et dit :

« -Il faut fermer les portes messire !

-Mais qu’adviendra t-il de vous mon frère ?

-Ne vous souciez pas de nous, riposta Badsers. Bientôt nos ennemis seront là, et vous devrez tenir. Nous les ralentiront, le temps que vous condamniez l’entrée. Hâtez-vous, ne vous inquiétez pas !

-Nous nous reverrons, d’une façon ou d’une autre, nous nous reverrons ! » leur promit le roi.

L’on condamna les portes, et déjà des coups de boutoirs résonnaient de l’autre côté. Le roi, tiraillé entre deux sentiments opposés, demeurait comme une statue face au passage. Soudain un milicien déboula d’un escalier au fond de la pièce et gémit :

« -Messire, ces créatures ailées attaquent le sommet du donjon, ils descendent par les escaliers ! »

Ipogax hésita un instant puis cria :

« -Trente hommes avec moi ! Nous allons les repousser, ou nous mourrons ! »

Et il monta à la suite du soldat, bientôt suivi par la plupart des hommes de sa garde.

Kazers et Badsers, dos-à-dos, se soutenaient et exhortaient leurs derniers fidèles à défendre les portes du château du roi. Déjà leurs forces les abandonnaient, mais ils continuaient à encourager leurs hommes. Bientôt ils se retrouvèrent seuls, au milieu des morts. Alors Nommiard s’avança face à eux et dit :

« -Stupides et fous ! Au nom de quels idées mourrez-vous ?

-La justice et la liberté, souffla Kazers.

-Mais nous ne mourrons pas, ajouta Badsers. C’est toi qui te condamnes par tes actes… »

Et ils expirèrent.

Lancevive regarda un temps les planches trembler, puis il dit à son cousin :

« -Lamenoire, tous ces gens vont périr ! Qu’au moins le sacrifice de nos frères soit utile. Menons-les dans le souterrain.

-Ami, nous avons l’ordre de tenir nos positions.

-Alors je les guiderai seul… »

Gandacier se pinça les lèvres puis abandonna :

« -Très bien, menons-les hors d’ici, mais vite alors ! »

Et ils firent signe aux villageois de descendre vers les caves. A cet instant, Règledor le vit et fit un pas vers eux pour les rappeler à l’ordre, mais les portes cédèrent et la masse hurlante des ennemis entra dans la salle du conseil, et il fut pris dans leurs assauts.

Le souffle rauque, Garf courait dans le couloir, soufflant et soupirant. Une entaille profonde à sa jambe laissait s’écouler du sang sur les marches. Eperdu, il se précipitait toujours plus haut, pour prévenir son seigneur. Hagard, il répétait sans cesse :

« -La porte… La porte à cédé, messire. Venez vite… Ils arrivent ! La porte est brisée… »

Soudain, il poussa un cri, car devant lui se dressait maintenant Zichyas, le roi des Ombres. Et recouvrant de sa terreur toute l’embrasure du passage, il sourit de son affreuse gueule verglacée en ricanant :

« -Tu as couru à ta perte, misérable homme ! Ton maître est mort, ta cité brûle et tu vas périr ! »

Le capitaine était incapable de lever son glaive, envoûté par le rire sadique du monstre. Désespéré, il hurla en se jetant sur lui et le renversa sur les marches, mais son adversaire planta ses griffes dans son ventre. Il sauta en tressaillant, et clopina jusqu’à la porte de la salle d’éveil, au sommet du donjon. Il poussa le battant en haletant. Sur les pierres froides gisaient les corps des hommes de la garde royale, ainsi que ceux de nombreuses entités ailées. Et appuyé contre le mur, le roi agonisait, son épée sanguinolente encore à la main. Garf se jeta à ses pieds et soutint sa nuque. Les yeux du Grand Maître brillaient encore, mais ses membres tremblaient, secoués par les affres de la souffrance. Des dizaines de blessures béantes recouvraient son corps, et le sang teintait sa cape de pourpre. Lentement il ouvrit la bouche et murmura :

« -Je vous vois… mes frères… nous nous retrouvons… bienvenue ! »

Son épée tomba sur le sol de ses mains inertes.

Garf ferma les paupières du monarque et se retourna : Zichyas marchait vers lui, un terrible rictus sur les lèvres. Gémissant, le capitaine se leva et dans un effort sur humain, leva son arme. Mais la créature le renversa au sol d’un coup de griffes et lui hurla :

« -Meurs donc, puisque tu fus assez fou pour te dresser devant moi ! »

Mais Garf rit et répliqua :

« -Grande est notre chute, mais n’oublie pas : glorieuse est LA RENAISSANCE DU FAUCON ! »

Et ainsi il mourut, défiant jusqu’à la fin son ennemi.

Règledor, Fulgur et Miok organisèrent leurs derniers fidèles pour former un dernier carré. Mais bientôt les orques et les barbares les lardèrent de coups, et tous les trois ils tombèrent à genoux en dernier, et moururent l’arme à la main.

A nouveau la neige tombait, et recouvrait tel un linceul la ville-mère en flammes.

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Invité Romaric

Fantastique vraiment très bien !!! C'est vrai qu'il y a beaucoup beaucoup de personnages mais on s'en sort si on est bien pris dans le récit ce qui était pour ma part le cas !!! La seule chose que je regrette ( mais je suis peut etre un peu trop avide de sang ce qui serait normal pour un vampire d'ailleurs) c'est que tu ne détaille pas forcément la mort des tes personnages tu dis "ils sont morts" ou "il meurt l'arme à la main" mais sans plus j'auras peut etre préfré un truc du genre "il sentit la lame aiguisé de son ennemi lui lacérer le ventre et quand il y porta ses mains il sentit un liquide chaud s'échappant de sa plaie béante, et il s'effondra bientôt avec une impression de douleur mélé de sérénité sur le visage." mais bon ce n'est que mon avis et il n'est pas forécment bon !!!

Mais en tout cas toutes mes félicitations, c'est vraiment très très bien écrit !!! :)

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HEIN ! ? :):D Ils sont tous mort ? Alors ca c'est une surprise ...... Mais après mur réflexion je vois ou tu veux en venir ! Mais je garde mes idées pour moi :) Franchement j'ai repéré quelques fautes d'hortographes et c'est pas genant ( notement avec les accords ) Bah que dire sinon bien et .... la suite !

@+

-= Inxi =-

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Vous commencez à me gêner avec toutes vos louanges !

La suite :

Chapitre troisième : L’abîme

Lamenoire éleva haute sa torche, et dévisagea ses compagnons. Ils n’étaient plus qu’une vingtaine de rôdeurs, lui et son cousin compris, pour escorter la centaine de villageois encore en vie. La colonne marcha lentement à travers le tunnel creusé dans la roche, et ils progressaient avec parcimonie, courbés en deux. Le capitaine Gantdacier courut vers l’arrière-garde et scruta les ombres. Peu à peu, un bruit de course soutenue lui parvint, et le martèlement de pas se rapprochait rapidement. Enfin Lancevive apparut à la lueur du flambeau, à peine essoufflé, un sourire résigné aux lèvres :

« -C’est fait.

-Le passage est condamné ?

-Plus personne ne pourrait l’emprunter, assura t-il en hochant la tête.

-Bon, parfait ; alors je vais rejoindre l’avant.

-Je t’accompagne ! Il n’est plus de danger qui puisse venir de l’arrière. »

Ils marchèrent alors avec ardeur vers les premiers marcheurs, doublant les survivants, tout en leur adressant des paroles de réconfort. Il y avait là des gens de toutes tailles et de tout âge, peinant dans l’ombre. Au détour du tunnel, une jeune femme trébucha, et Lancevive la rattrapa par la taille avant qu’elle ne tombe. Ils se sourirent, puis les deux rôdeurs s’éloignèrent en silence, rejoignant la tête de la troupe.

Maintenant ils marchaient depuis plusieurs heures, quand Lamenoire s’écria :

« -Arrêtez-vous, tous ! »

A quelques mètres de lui ,tapi au sol, un long cobra ondulait, tirant par saccades sa langue fourchue. Et derrière lui, sortant d’anfractuosités dans les parois, d’autres serpents se dressaient, étirant leurs anneaux…

Quelqu’un murmura :

« -On peut peut-être passer, si on ne les gêne pas…

-Non, souffla le capitaine rôdeur, ce sont là des cobras noirs. Voyez les symboles sur la crête : des spirales de sang ! Dressés pour tuer, ils ne nous laisseront pas si aisément sortir. »

A cet instant le plus gros des serpents se tassa sur lui-même, et se propulsa d’un bond sur Lancevive, la gueule béante. Le gardien des Landes tomba à la renverse, les mains plaquées sur la gorge de la bête, tentant de repousser les deux crocs proéminents et dégoûtants de venin… La queue du reptile fouettait les jambes de sa proie, ses anneaux se resserraient sur ses bras et sa bouche grande ouverte sifflait la mort… Lamenoire dégaina et trancha la tête du cobra, juste en-dessous de la poigne de son cousin. Aussitôt le corps retomba comme un paquet au sol, et la tête tranchée roula à son tour. Les soldats sortirent de leurs fourreaux leurs lames et les tournèrent vers les yeux des créatures.

Les autres reptiles avaient compris où était leur intérêt, et ils restèrent tapis dans leurs alvéoles.

Simplement se contentèrent-ils de scruter de leurs orbites irisées les silhouettes passant devant leurs retraites.

Les rescapés ressortirent du tunnel vers minuit, sans autre incident. Alors les hommes de guerre se déployèrent autour de la caravane, et tentèrent de se situer.

Ils se trouvaient à présent au cœur d’une dépression naturelle, encombrée de blocs de basaltes et de rochers explosés.

Lamenoire marcha quelques instants, observant les étoiles au ciel, quand soudain il entendit des cris étouffés venant d’un rocher loin au-dessus de sa tête. Il monta sur un bloc et escalada la falaise, puis attendit un moment. Les cris redoublèrent, et ils les comprit : c’était là le langage aquilain ; se concentrant alors, il répondit :

« -Qui va là, et que se passe t-il ? »

Après quelques instants, une voix aiguë répliqua :

« -Un aigle harpie, mais le moment est mal choisi pour les présentations, humain ! Sors-moi de là !

-Un instant, où es-tu ?

-Derrière ce bloc de pierre, à ta droite ! Ici était jadis mon aire, mais hier au soir, comme je m’étais assoupi, un homme de la mer a fait basculer ce rocher pour m’écraser. Comme tu le vois, j’ai survécu, plaqué à la paroi. Mais je suis incapable de sortir de là, et je meurs de faim !

-Attends un instant ! »

Le gardien des Landes sortit son épée de son baudrier, et la cala entre le rocher et la falaise. Puis s’arc-boutant, il débloqua d’un coup la pierre, qui roula en contrebas.

Aussitôt le rapace se posa sur son épaule en lançant :

« -Merci humain ! Mon nom est Doubleserre, et toi ?

-Lamenoire Gandacier.

-Mais d’où vient ta connaissance de mon langage ? Tu es bien le premier bipède que je rencontre, avec qui je puisse discuter comme à un frère aigle.

-C’est un sage nommé Ytuzîr qui m’enseigna ta langue, comme celle de nombreux autres animaux à plumes ou à poils.

-Dis-moi, Lamenoire, as-tu de la viande ? Je meurs de faim !

-Prends donc dans mon sac, il doit rester un morceau de lard. »

L’aigle fouina un peu dans la besace, puis en ressortit la tête, le morceau de viande dans le bec. Il s’envola alors, en disant :

« -Merchi Lamenoire ! A un de ces jours ! »

Lamenoire rejoignit alors ses camarades, après avoir contemplé quelques temps l’oiseau de proie volant vers le midi.

Les deux capitaines s’assirent en tailleur, adossés aux pans de rocs, et firent le point :

« -Nous sommes sains et saufs, remarqua Lancevive, mais point encore tirés d’affaire.

-C’est vrai, le tunnel nous a amenés ici, mais où aller à présent ?

-Pourquoi pas vers Raturn ?

-Non, elle est menacée par les corsaires !

-Plus maintenant, qui sait ? Et puis nous devrons atteindre la ville la plus proche.

-Oui, elle n’est guère éloignée, mais le risque est grand.

-Nous n’avons pas le choix, nous devons y aller. Là au moins trouverons-nous nos frères d’armes, et asile pour notre compagnie.

-Soit, va pour Raturn. Nous y serons sûrement avant la nuit : même du haut de cette élévation derrière nous, ou doit pouvoir l’apercevoir. »

Lamenoire monta sur les pentes d’une grande motte, et invita les autres à le rejoindre.

Loin en contrebas, une petite silhouette les épiait. Un des rôdeurs l’aperçut, et il marcha dans sa direction, bien déterminer à découvrir de quoi il s’agissait. L’espion se terra sur le sol et se glissa dans l’ombre. L’homme des bois dégaina alors son épée et pressa le pas. Il entendit un cri étouffé, puis la forme s’enfuir dans la nuit et courir ventre à terre vers un piton rocheux. Le soldat pressa le pas, mais arrivé au pied du rocher, il ne vit personne. Inquiet, il allait se décider à rebrousser chemin, quand il sentit les halètements d’une respiration derrière lui. Faisant volte-face, il se retrouva alors nez à nez… avec la silhouette d’un homme-faucon ! L’être s’avança de lui sans mot dire, et d’un coup de ses serres, plaqua l’homme au pan de roc. Trop tard pour crier… Les dernières choses qu’il vit furent deux pupilles dorées le regardant fixement…

Ils montèrent tous au sommet du tertre, et enfin arrivèrent en vue de Raturn. Entre la ville fortifiée et le sommet de la colline s’étendait une vaste forêt d’épicéas, torturés par le givre.

Lamenoire s’interrogea à haute voix :

« -Par où passer ? Les bois, où les landes ?

-Les bois, m’est avis. Nous seront moins visibles, et éviteront plus facilement les mauvaises rencontres.

-Alors va pour la forêt ; première colonne, en avant ! »

Et ils se mirent en marche sous les blancs conifères, suivant une route de terre.

Les arbres étendaient leurs frondaisons verglacées vers le ciel gris, couvrant les têtes des marcheurs de leurs branches craquantes et tordues par le froid.

Soudain Lamenoire fit signe à Lancevive de s’arrêter. Surpris, ce-dernier demanda :

« -Eh bien, que t’arrives t-il ?

-Chut ! Les oiseaux… Tu entends ? Plus le moindre bruit… »

Le silence régnait maintenant sur toute la région, pas un corbeau, pas un hibou ne conversait…

Lentement, ils dégainèrent leurs armes, et firent passer un seul mot d’ordre à travers leur compagnie : se tenir prêt à combattre.

Maintenant le vent marin se levait de l’ouest, balançant les branches d’épines, et hurlant dans les oreilles des malheureux. Ils se tenaient serrés au milieu du sentier, serrant comme jamais les hampes de leurs lances.

C’est alors que l’affrontement eut lieu. De tous côtés, des hommes-loups, des wargs et des sauvages se ruèrent sur les voyageurs, frappant et tailladant avec hargne. Les coups fusaient de toute part, dans un tourbillon de bruine et de poussière. Des cris retentissaient, les coups pleuvaient. Les monstres se jetaient sur les voyageurs sans défense, après avoir tué les gardes affaiblis. Lancevive, accourut au secours d’un groupe de villageois, armés seulement de bâtons et tourmentés par une meute de wargs en furie. Les bourrasques hivernales apportèrent la neige, la grêle et la brume, accablant les combattants. Lamenoire frappait de gauche et de droite, se jetant sur les loups passant à portée de sa lame, ignorant les morsures qu’il recevait de tous côtés. Puis le silence tomba, et il erra, appelant de leurs noms ses compagnons. Enfin les rafales chassèrent le brouillard, il vit son cousin étendu au sol, à côté de la demoiselle qu’ils avaient croisé la veille.

Les malzarites. Lancevive. Tous étaient morts. Il était seul sur la route, entouré de cadavres. Il laissa alors tomber son épée dans la boue, et il s’agenouilla. Des larmes coulaient de ses yeux. Il

avait échoué. Il avait failli. Tous ces compagnons tombés pour rien. Nommiard triomphait.

Il enterra le corps de son cousin, et il ficha dessus son épée.

Epuisé, il s’effondra et sombra dans l’oubli.

Il releva la tête. C’était le matin.

Il se mit alors debout, et partit. Il devait trouver le nouveau Grand Maître, et lui annoncer la mort de tous les habitants de Malzar. Tout ce qu’il pouvait faire à présent. Il se mit alors en route, et quitta le sentier pour couper à travers le sous-bois. Avant midi, il sortit de la pinède, à moitié mort. A quelques centaines de mètres de lui, la ville portuaire se tenait, plus froide que jamais, à la merci des vents nordiques. Lentement il avança.

Il fut accueilli comme un paria à la porte de la ville. Les miliciens pouvaient-ils croire que cet hère, couvert de blessures, à la cape déchiquetée et aux habits en lambeaux, soit un survivant de Malzar, ville dont ils n’avaient plus de nouvelles depuis plus d’un mois ?

Ils se moquèrent de ce gueux, et lui accordèrent le droit d’entrer dans la cité, contre son armure à moitié détruite. Il apprit alors de la bouche d’un marchand ambulant qu’un dénommé Vulniaf, ancien commandant des forces des Landes en garnison à Raturn, s’était proclamé Roi et chef suprême de l’Ordre des rôdeurs, depuis la mort d’Ipogax.

Deux semaines entières, le capitaine Gandacier dut vivre comme un mendiant avant de trouver, un matin, une occasion d’entrer dans le palais du nouveau Grand Maître. Ce-dernier fit venir en sa demeure plusieurs troupes de saltimbanques, A l’occasion du solstice d’hiver. Et le capitaine Gandacier résolu de se faire engager dans une de ces troupes. Il s’approcha donc en boitant vers un cercle de roulottes, appartenant à un groupe de ménestrels qui campaient sur la place. Quand ils virent cet homme décharné et affaibli, les voyageurs attendirent en silence sa venue. Il se laissa alors tomber, et dit d’un ton suppliant :

« -Âmes au cœur généreux, octroyez-moi de quoi manger, de grâce ! Voilà quinze jours que je n’ai plus rien mangé de chaud.

-Commençons par les présentations, pauvre hère. »

L’homme qui avait parlé se présentait comme le chef des comédiens. Son teint halé et son costume aux tissus de soie montraient qu’il venait d’une contrée du sud. Il rompit une miche de pain en demandant :

« -Qui es-tu donc, l’ami ?

-le Sire Gandacier. Lamenoire Gandacier des Falaises Ardentes, en fait.

-Rien que ça ! répliqua l’autre en se gaussant. Et bien moi, je ne suis pas de si noble extraction ! Je ne suis que Gatrim le troubadour. Et voici ma troupe. Mais que vous est-il arrivé, noble seigneur, pour vous retrouver en si terrible condition ? »

Le rôdeur épuisé et tenaillé par la faim laissa alors tomber toute prudence, et il leur narra toute l’histoire de la chute de la ville-mère, ainsi que de son voyage vers Raturn. Mais ces gens ne connaissaient alors rien des nouvelles de ces contrées, étant arrivés le matin même dans la ville. Aussi se rayèrent-ils de son histoire. Enfin Gatrim reprit la parole et dit :

« -Je ne sais si tu es fou ou si tu te paie notre tête, mendiant, mais tu as un talent remarquable et une imagination respectable. Va, je t’engage dans ma bande, et tu me rapporteras bien quelques piécettes de plus ! »

Ainsi fut fait, et le soir même ils entrèrent dans le château. Quand vint le tour de Lamenoire, il narra à nouveau le récit de la dernière bataille de Malzar devant toute l’assemblée du Maître-faucon. Alors Vulniaf se leva de son siège et congédia les autres ménestrels d’un geste. Puis il questionna vivement Lamenoire, en le regardant avec méfiance. Car il redoutait un piège du nécromancien. Quand le capitaine en vint à parler du souterrain, le nouveau monarque sut qu’il disait vrai. Il s’emporta alors, blâmant son initiative malheureuse qui ne servit qu’à mener à leur perte de nombreux innocents.

« -Si tu avais obéi à tes supérieurs, peut-être auriez-vous pu tenir encore quelques temps !

Le temps pour nous de vous secourir ! Par ta faute, la ville-mère est perdue à jamais, et le chaos s’étend sur toutes les Landes ! Par ta lâcheté, tu as conduis la plus grande force de notre pays à sa perte ! Tu n’es plus digne de l’Ordre. »

Alors des gardes s’emparèrent du chevalier, ils lui firent mettre genoux en terre, et lui lièrent les mains. Puis Vulniaf lui arracha son médaillon, qui représentait le Faucon. Et il le jeta sur la table devant lui.

Alors un des spadassins s’avança. Il abattit sa hache, le médaillon fut brisé en deux. Le roi le remit au rôdeur déchu, le passa à sa ceinture et lui fouetta le visage. Et il le condamna à l’exil sur-le-champ.

Quatre gardes le menèrent hors de la ville, enchaîné. Et une fois hors de l’enceinte, ils brisèrent ses chaînes mais lui laissèrent les fers aux pieds et aux mains ; et ils lui dirent qu’il était chassé à jamais des terres du Grand Maître, et lui signifièrent qu’il était un homme mort s’il revenait. Après quoi ils retournèrent dans la cité.

Lamenoire courut longtemps vers le sud, sans trop savoir pourquoi. Il se mit à neiger, et les flocons voltigeaient dans une froide sarabande. Quelle force le poussaient donc à marcher encore ? Il était épuisé, affamé. Les vents soufflèrent avec violence, arrachant aux arbres glacés leurs branches spectrales. Il frémissait et tremblait, il ne sentait plus ses pieds douloureux.

Le crépuscule tomba comme un voile sur le monde, et les éléments le persécutèrent, plus cruels encore. Ses jambes se dérobèrent, il trébucha et tomba face contre terre, prostré et abandonné. Un loup hurla à la lune au loin. Mais Lamenoire n’en avait cure. Il n’était plus rien. Lentement les neiges de l’hiver le recouvrirent, le cachant entièrement sous leur blanc duvet.

Modifié par Shas'o Benoît
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Content d'avoir lut tout ça! Franchement, quoi que tu en penses (et je suis sûr que tu le sais bien assez), c'est merveilleux! Tu as décrit là l'une des plus belle bataille qu'il m'ait été donné de lire, et tu as un nombre plutôt agréable de personnage (ce qui tend à faire croire (désolé d'utiliser ce mot, mais vu que tu en fais mourir la plupart...) que tu décrit tout avec précision (un peu comme un autre roman où l'auteur décrit tout un village alors que, une fois qu'on en fait le plan, on se rend compte qu'il y a des incohérences, bref, ta description est géniale).

Ah oui, dans ton tout premier texte... Je sais que les "et" sont des effets de style, mais il faudrait en enlever rien qu'un ou deux dans des passages cruciaux pour ne pas surcharger (c'est vrai quoi... Quand tu te mets aux petites phrases, ça devient finalement lourd...).

Sinon, je n'ai pas grand chose à dire. La seule faute que j'aie put trouver est une faute de frappe et, dans l'ensemble, tout me semble parfait. Bref, c'est un merveilleux texte, fantastique où tu démontre un don véritable pour la description (entre autre les créatures, et l'utilisation des métaphores...).

Je pourrais donc, en fait, résumer mon commentaire en une ligne:

- C'est excellent, continue donc pour notre plus grand plaisir!

Imperator, qui se demande ce que réserve la suite... (et pas qu'au niveau du scénario...)

ps: tu devrais aller te mettre sous l'index des auteurs...

Modifié par Imperator
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Excellent récit, ya pas à dire! Ton style est excellent! :hat: Dis moi, tu n'aurais pas lu les Chroniques de Krondor toi par hasard? La bataille me fait furieusement penser au siège d'Armengar! Mais peut-être que je me trompe...

Tiens, au fait, relis cette phrase:

Ce-dernier fit venir en sa demeure plusieurs troupes de saltimbanques, A l’occasion du solstice d’hiver. Et le capitaine Gandacier résolu de se faire engager dans une de ces troupes.

Voilà, continues!

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