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La renaissance du Faucon


Shas'o Benoît

Messages recommandés

Hein ! :blushing:^_^ :'(

S'il te plait et au nom de ton texte fais en plsu ou alors fais les derniers magnifiques ! Alors tu as le choix mais en tou cas, j'espere que ca sera reussi ! Depuis le debut je suis prit dedans et c'est mon petit coup de coeur :wub:

Enfin bon ca clora une grande oeuvre ! Tu as d'autres textes en court si je ne me trompe pas en plus ! :D

@+

-= Inxi =-

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  • 3 semaines après...

Après cela, les nains se turent, et ne parlèrent plus pendant un long moment, se remémorant ces contes antiques décrivant les premiers jours de leur peuple. Ils commençaient aussi à peiner dans cet univers inhospitalier, et chacun ressentait en lui un désir croissant de quitter cette région stérile pour rejoindre la route plus à l’ouest. Ratirk devina les sentiments du rôdeur et opina du chef en remarquant :

« -Certes, cette terre gaste est peu accueillante, mais elle nous cache aux yeux des Sorciers du Nord : la fumée, les rochers nous environnent et occultent nos traces. Ainsi nos caravanes peuvent chaque année quitter les kraks, pour rejoindre les cités des hommes plus au sud. »

Les nains continuèrent leur avancée, s’arrêtant parfois pour inspecter les pans de roc. Ils dénichèrent quelques veines d’obsidienne et divers quartz aux reflets brillants, et en chargèrent quelques échantillons dans leur bagages. Puis le sol se fit plus ferme, et ils arrivèrent dans une grande plaine aux hautes herbes. Bientôt leur bande s’engagea entre les hautes pousses verdoyantes, heureuse de pouvoir contempler ce spectacle merveilleux d’une mer d’émeraude sous un ciel d’azur.

Gonfalon, du haut de ses trois mètres, regardait le convoi cheminer, loin à l’ouest. Debout entre deux rochers, il scrutait le couchant, distinguant à peine les silhouettes ténues d’un petit convoi, serpentant entre les arbustes et les fougères. Il quitta son poste d’observation en ramassant son fléau à chaîne en acier qu’il avait négligemment posé à côté de lui. Il était certain que pas un de ses subalternes ne tenterait de le lui voler. De son pas lourd et inquiétant, il se dirigea vers le camp des gobelins, en se demandant quelle bêtise ils avaient bien pu concocter pendant son absence.

Brizzo et Mangzo, les deux meneurs des frondeurs, s’étaient lancé un défi : celui qui ferait tomber l’autre au sol deviendrait le chef suprême des éclaireurs du clan ; aussi leurs dix compagnons les regardaient lutter avec intérêt, non sans ponctuer le duel de moult commentaires :

« -Vazi Brizzo, fé luimordr’la poussiair !

-T’lèss pahavoar, Mangzo ! Montr’donk’lui d’kel boitut chof !

-Eeeeeheu, il lui afé inkrochpiai ?

-Bin oué, séljeu ! »

Chacun des deux hobgobelins tenait l’autre aux épaules et pesait de tout son poids pour renverser son opposant, dans un combat lilliputien. La sueur perlait sur leur front, les muscles arqués de leurs bras saillaient sous la peau visqueuse, et leurs visages convulsés trahissaient leur extrême concentration.

Soudain un bruit régulier détourna leur attention et la salive resta dans leurs gorges.

Les cailloux du sol se mirent à trembler alors que le martelement de deux pieds démesurés s’approchait. Aussitôt, les deux chefs d’escouade lâchèrent prise et tombèrent ensemble à terre, tremblant de peur.

Gonfalon arriva devant eux, balançant son arme meurtrière à quelques centimètres au-dessus de leurs têtes, tout en grognant de sa voix gutturale :

« -Alor, keske vou fiché enkor ? Vou zavé trouvé un nouvo myen dépuizé vau forss ? »

Seuls de pitoyables gémissements lui répondirent ; les deux hobgobelins ne se rendaient pas compte que leur capitaine ne pouvait se permettre de les tuer, puisqu’ils étaient presque les seuls du groupe à avoir un tant soit peu de jugeotte. D’un mouvement rapide, Gonfalon pulvérisa un bloc de pierre et gronda :

« -Assé djémissman ! Ompar surleur ! »

Aussitôt les deux chefs reprirent un peu de contenance et aboyèrent leurs ordres :

« -Héeep, voudeux ! Zavé entendu l’chaif ! En ran pardeux !

-Dép’chévou, éksasot ! Pad’tan àperdr’ ! »

Un léger bruit de galop résonna dans l’air, et trois gobelins montés sur des loups arrivèrent auprès du reste de la troupe, et le plus gras, un dénommé Rongzo, sauta à bas de sa monture et salua l’ogre de sa rapière :

« -S’lu Gonfalon ! Z’on n’a r’péré dé typs du cauté du soleil couchan é y r’semblai à dé nins et unom !

-Arrr, répondit le géant en découvrant ses dents pointues, on par en chass ! »

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Bon !

J'avais fait un commentaire mais j'ai fermé la mauvaise page et je suis obligé de tout refaire mais bon, c'est parti !

Deja, fais des textes plus gros. La j'ai l'impression que tu ecris pour faire revenir ton texte. On a un petit bout qui traine et pour les commentaires, j'ai rien a dire ! Donc meme si cela t'empeche de poster a un moment, et ben tant pis, tu prends ton mal en patience et tu ecris plus gros :)

Pour le fond, j'aime bien les hobgobs, et l'aventure avance tout doucement donc il va falloir une suite rapide ! Allez suite !

@+

-= Inxi =-

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  • 3 semaines après...

Argh, peut-être un peu trop de retard... :wink:

La suite :

Dans un nuage de poussière grise, les peaux-vertes s’ébranlèrent, trottinant et furetant derrière Gonfalon, qui se félicitait de cette rencontre inattendue. Voilà trois jours que leur détachement avait quitté la horde du Chef, et il n’arrivait plus à faire tenir en place les gobelins versatiles. Un peu d’action les remettraient certainement d’aplomb, se dit-il avec ironie. Faisant tournoyer sa masse d’arme dans les airs avec un sifflement inquiétant, il beugla aux orqueries :

« -Allé, chanté l’imne du klan ! O é For !”

Les voix bêlantes des créatures hésitèrent d’abord sur les premières notes, puis accompagnés par la voix de basse de l’ogre, ils s’enhardirent à clamer fermement leur chant barbare :

« Siffle et claque la trique abattue sur les flancs,

Chacun brandit la pique hérissée de clous cinglants,

Chaque coup fatidique apporte gloire au clan,

La charge chaotique ouvre les rangs sanglants !

Fer, lame et os blanchi, pas la moindre pitié !

L’eau rouge rafraîchit seule le carnassier,

Mais c’est vraiment gâchis que laisser au charnier

Sur les corps enrichis l’argent des chevaliers !

Or, hache et corps bardé de flèches venimeuses,

Qui saurait regarder en face l’enjôleuse,

Oui la mort accordée par nos mains généreuses

Ayant ainsi dardé des armes si nombreuses ! »

Thrôr jeta un regard entendu à Ratirk :

« -Cette colonne de fumée à l’est ? renchérit le capitaine. Quelques maraudeurs sans doute. S’ils nous rattrapent, nous les abattrons, voilà tout. »

Lamenoire observa le petit nuage, loin au levant, qui s’approchait doucement, laissant entrevoir des êtres s’avancer vers la plaine, depuis les contreforts sud des montagnes. Les nains conservèrent leur allure, tout en regardant de temps à autre leurs ennemis approcher.

Peu à peu les pillards se rapprochèrent de la troupe, et la haute stature du meneur cannibale se détachait au dessus du tapis d’herbes hautes. Nhrôr le scruta de ses yeux et reprit la route en maugréant :

« -Que n’ai-je une arbalète à la main ! Je l’aurais renvoyé dans l’autre monde d’un seul trait…

-De toute façon nous n’avions plus de carreaux, lui rappela Altiforge. Mais au prochain voyage nous en emporterons. »

Le temps passa et les poursuivants rattrapèrent bientôt les poursuivis ; seuls quelques centaines de mètres séparaient encore les gobelins des nains lorsque Ratirk ordonna à ses guerriers de se retourner pour faire face. Pilant net, ils stoppèrent la charrette et fixèrent de leurs yeux inflexibles leurs adversaires. Lamenoire dégaina lentement son sabre et observa le meneur ogre qui semblait fredonner encore quelque cantique hargneux. Le géant aboya à ses gobelins :

« -Brizzo, Mangzo, entourélé surlé koté ! Rongzo et té ga, vou vené avek moi ! Désandé d’vo lou, ilé pa kestion de lé zabimé ! Le chaif apprécieré pa ! »

les monteurs de loup sautèrent à bas de leurs montures en soupirant, puis tenant fébrilement leurs javelines, ils regardèrent leur capitaine. Ce-dernier éleva sa masse d’arme et vociféra soudain :

« -KARBUTH EN ALGUD SIRODAZ ! »

Sa force décupla aussitôt comme une lueur sombre occultait ses orbites, et il courut vers les montagnards. Le choc fut terrible. Il percuta la carriole de plein fouet, renversant l’attelage et le bœuf qui beugla de terreur. Gonfalon frappa vers Khrôr qui plongea de côté, mais le fléau pulvérisa un tonneau qui déversa sa farine dans l’herbe. Khrôr se releva en grommelant, déjà une main verte fondait du ciel pour le meurtrir. D’un coup de hache, il trancha le bras et le gobelin s’enfuit en glapissant. Les hobgobelins harcelaient leurs bandes respectives, poussant les fureteurs au combat.

L’ogre moissonnait les cargaisons de la charrette, essayant de tuer les nains qui sautillaient afin d’éviter les coups mortels. Ratirk, aux pieds du cannibale, taillada son pied, mais l’ogre ressentit à peine la douleur ; toujours aveuglé par sa furie destructrice, il décocha un coup de pied à Altiforge qui retomba lourdement sur le sol. Lamenoire Repoussait la masse de gobelins piaillant, quand il entrevit le péril dans lequel se trouvait le chef des nains, et d’un bond, il se retrouva devant Gonfalon. La lame de la rapière vibra jusqu’à la garde quand la masse cloutée s’abattit sur elle, mais le fer ne céda pas, et Gandacier repoussa l’arme d’un geste vif, puis cingla l’épaule droite du géant. Le voile noir qui recouvrait la vision de l’ogre s’estompa, et il trembla légèrement en se ressaisissant ; Nhrôr en profita pour lui sauter sur le dos, et d’un coup de maillet, il assomma le meneur qui tomba de tout son long. Rongzo venait de recevoir une entaille à la jambe. Effrayé par la tournure que prenait les événements, il s’enfuit en boitillant et monta sur son loup qui attendait à proximité. Voyant un de leurs lieutenants prendre la fuite, et leur général en chef étendu sur le sol, les autres gobelins reculèrent puis se débandèrent, s’égayant de toute la vitesse de leurs jambes.

Lamenoire essuya son arme sur l’herbe rase, tandis que les nains entouraient l’ogre. Ratirk avisa le fléau, et le ramassant avec peine, il déchiffra les runes grossières inscrites sur le manche :

« -« Forgé par Kasbras, pour Gonfalon le glaneur de têtes ». Tout à fait dans l’esprit orque ! remarqua t-il.

-Qu’allons-nous faire de lui ? demanda Nhrôr en posant le tranchant de sa hache sur le coup de l’ogre.

-Je ne sais…, murmura Altiforge.

-Je suis d’avis de lui régler son compte à l’instant, répondit Khrôr. On ne va pas s’encombrer d’un balourd pareil.

-Ce serait déloyal que de frapper un ennemi à terre et inanimé, remarqua le capitaine des nains.

-D’autant plus, ajouta Lamenoire, que si vous ne le tuez pas sur le coup, vous allez le réveiller. Cela risque d’être dangereux.

-On ne peut pas le laisser là, constata Nhrôr. Il rallierait de nouveaux gobelins et la chasse reprendrait.

-Ou alors il rejoindrait une horde et nous aurions tout une meute à nos trousses.

-Et si nous le laissons ici, il aura tôt fait de retrouver nos traces pour…

-Silence ! intima Ratirk. Il rangea sa hache dans sa ceinture, et se tournant vers la charrette il déclara :

« -Nous l’emmenons avec nous, nous n’avons pas le choix. Et puis c’est un prisonnier de choix ! Bon, Khrôr, tâche de trouver la grosse corde qu’on avait emportée. Elle doit être tombée quelque part par ici. Nhrôr, fait l’inventaire de ce qui a été endommagé par cette brute. Lamenoire et les autres, vous allez m’aider à redresser le chariot. »

Le rôdeur acquiesça et tout ensemble, ils poussèrent de leurs bras pour relever la carriole. En peu de temps, l’attelage était prêt à reprendre la route. Nhrôr avait sauvé ce qu’il avait pu des dégâts sur la cargaison, tandis que les autres avaient solidement ficelé le géant. Ratirk s’approcha de l’ogre et lui lança une pierre qui le heurta à la tête. Dans un grognement, Gonfalon ouvrit les yeux. Il se redressa longuement, pour constater que les gobelins avaient tous fui, et qu’il était à la merci des montagnards, ligoté et retenu par des longes. Altiforge recula un peu et lança :

« -Tu viens avec nous, cannibale. Je te conseille de ne pas faire d’histoire, ou je te tue avec ton propre fléau. »

La brute grogna en défiant du regard le capitaine nain, puis il éclata de rire :

« -Arh arh arh ! Ne m’fais pas rire, vieu barbu ! Je sui un éklaireur de Knut-la-Trik, et avant la tombée de la nui, sa horde sera là pour vou massakrer !

-Avant la tombée de la nuit, répondit le nain, nous aurons traversé la Rivière Noire.

-O milieu dé krues de l’hiver ? Je demande à voar ça !

-Tu vas voir, géant. En attendant, pas de faux mouvements. A la moindre tentative de rebellion, tu auras droit à un coup de casse-tête sur ton crâne. »

La bande se remit en marche à une allure un peu moindre : le bœuf était effrayé par la présence d’un ogre à deux pas de lui, et il clopinait depuis que Gonfalon l’avait renversé avec le chariot. Le cannibale, de son côté, suivait les nains qui le tenaient en laisse tout en ruminant des phrases incompréhensibles.

En fin d’après midi, ils passèrent non loin d’un petit bosquet de bouleaux à courte distance de la route. Ils n’y auraient pas pris garde, si Khrôr n’avait vu quelque objet scintiller au soleil :

« -Là-bas ! s’écria t-il. Quelque chose ou quelqu’un, j’en suis sûr ! On aurait dit un reflet de lumière sur un miroir…

-Etrange, remarqua Ratirk. Apparemment il n’y a personne… Rare sont les voyageurs dans ces contrées, surtout en hiver.

-C’est peut-être un piège de quelques brigands, murmurèrent les nains.

-Piège ou pas, il faut aller voir » répondit Lamenoire.

S’éloignant du groupe, il marcha résolument vers le bosquet isolé. Après quelques hésitations, Ratirk le suivit avec trois autres nains, laissant les autres surveiller l’ogre. Bientôt ils découvrirent ce qui avait attiré l’attention de Khrôr.

A l’orée du bois, un petit monticule de terre avait été dressé, et à son sommet était plantée une large dalle. Elle ressemblait à un bouclier noir, poli et lisse comme du cristal. La lumière s’y réfléchissait, projetant des rayons diffus alentour. Les voyageurs s’approchèrent, intrigués, et ils purent discerner quelques lignes gravées à la surface de la pierre, à peine visibles.

Lamenoire s’avança avec révérence, et s’agenouillant, il regarda les caractères inscrits sur la dalle :

« -Ce sont des runes elfiques ! Et taillées depuis peu, la marque du temps n’y est pas imposée … »

Les mélodieux glyphes s’étalaient au milieu du bloc de basalte, se détachant sur le roc de couleur sombre. Le rôdeur déchiffra de son mieux les runes :

« -Ci-gît Faelion Cœur-de-Givre, de la lignée de Sirth, du peuple des elfes sylvains, mort au cœur de l’hiver de l’an 12254 de la main des Maraudeurs des Landes Vertes ; enterré par ses compagnons, qu’il repose en paix et que son âme trouve les sentiers de la Vallée Eternelle. »

Ecrasé par cette terrible nouvelle, il resta là, à genoux devant le tertre, sans plus rien dire. Les nains restèrent à distance, respectant sa douleur. Enfin Gandacier se releva et se dirigea droit vers Gonfalon, la main posée sur la garde de son sabre. Plongeant ses yeux durs dans ceux de son prisonnier, il demanda d’une voix sans appel :

« -Que sais-tu des Maraudeurs des Landes Vertes ? »

L’ogre s’assombrit mais ne dit mot.

« -Parle ! invectiva le rôdeur. Et n’omet rien ou je te tue, enchaîné ou non !

-Ouais, gronda le géant, c’é dé sales traîtres à notre klan ! Leur chaif s’appelle Krodemort, c’é un minotaure ki a refuzé d’obéir à Knut-la-trik. Alor i sont partis à l’ouaist et not’chaif nou z’a envoyés en éklaireurs pour repéré cé trètres é lé chassé.

-C’était donc ça ta mission ! remarqua Nhrôr.

-Tu as de la chance, ogre, de ne pas être le compagnon de ces « Maraudeurs », ajouta Lamenoire, et j’espère de tout cœur que toi et ta horde vous les châtierez."

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Et bien ! :D

Bon commençons, deja la forme, comme ca, ca sera fait :( Bon et bien il y a pas beaucoup de fautes :wink: C'est à continuer! Attention à ce genre de choses par contre

quelque cantique hargneux

Je pense que ce serait mieux au pluriel !

Sinon, sur le fond, c'est bien ! C'est des vrais popstar ces gob en fait :D Ils parlent meme mieux que d'habitude !

Sinon la suite s'enchaine bien, par contre, j'ai oublié qui était l'elfe ! Il faudrait le rappeller en une ou deux lignes.

Pour la fin, elle reste dans le suspense, c'est passionnant ! Ca merite donc une suite ! Et vite parce que la :P

@+

-= Inxi, suite =-

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  • 2 semaines après...

:zzz: La voilà :

Sur ce, l’expédition se remit en route. Il ne parlèrent plus avant le soir, quand ils arrivèrent en vue de la Rivière Noire. Lamenoire la reconnut aussitôt : ces méandres froids et glissants, ce courant torrentueux roulant des graviers glacés sur les rives… Pas de doute, il s’agissait bien de cette même rivière qu’ils avaient traversée plusieurs jours auparavant, lui et ses compagnons ; ce jour où ils quittèrent Tuni, le repaire des hommes de boue.

Les nains commencèrent à deviser, se disputant sur la manière dont ils franchiraient le cours d’eau ; Ratirk demeurait coi, écoutant chacun donner son avis, tout en gardant un œil sur le géant qui les observait sans souffler mot.

La principale difficulté venait de la vitesse accrue de la rivière, en raison des pluies d’automne. Entre ses deux berges escarpées, le cours d’eau rugissait, raclant sans relâche les pentes argileuses. De temps à autre, un brochet frôlait la surface, puis replongeait dans les profondeurs. Les joncs sur les bords du fleuve ployaient continuellement sous les assauts furieux des vagues. A la parfin, Altiforge leva les mains et lança :

« -Assez discuté, camarades. Avez-vous trouvé une solution ?

-C’est-à-dire, commença Khrôr, je pensais faire un pont improvisé avec les barriques vides et nos cordes, mais le plus gros câble que nous ayons sert à enchaîner cette ogre…

-Alors libéré-moi ! quémanda Gonfalon. Relâché-moi et vou zauré cette satanée korde !

-Silence, prisonnier ! gronda Nhrôr. Pour ma part, je pense qu’il vaut mieux remonter les rives vers l’amont, à l’est, jusqu’à trouver un gué. »

Plusieurs murmures l’approuvèrent, mais Gonfalon partit d’un rire sardonique :

« -Et vou zespéré marché trankilleman vair lé montagnes ? Avant deu jours, vous seré rattrapé par mon maitr’ !

-Ce rustre n’a pas tort, ajouta Lamenoire. S’il dirigeait vraiment un groupe d’éclaireurs, sa horde ne doit pas être bien loin, et d’après ses dires elle vient par ici.

-C’est exact, approuva Ratirk. Nous devons franchir la Rivière Noire sans plus attendre. Aussi n’avons-nous pas le choix… »

Il s’avança de Gonfalon, et avant que le monstre n’ait pu esquisser un geste, il lui sauta dessus et le fit tomber à terre. Pointant le tranchant de sa hache sur le cou du prisonnier, il déclara :

« -Pas un geste, ogre ! Nous allons te détacher, mais si tu fais le moindre mouvement, je te décapite ! Nhrôr, défais ses liens. »

En un instant, les montagnards rassemblèrent l’ensemble de leurs cordes pour les attacher bout à bout et confectionner de la sorte un long câble résistant. Ratirk le tendit à Lamenoire :

« -Tu as le bras plus long que nous… Lancevive. Tache de l’envoyer sur l’autre bord, de la raccrocher à ce vieil arbre mort, par exemple. »

Le rôdeur hocha de la tête et aménagea une boucle à l’extrémité de la corde, avec un nœud coulant. Puis appréciant la distance à dépasser, il visa les branches tordues de l’arbre, prit son élan, propulsa le lasso improvisé qui siffla dans les airs. Il s’empêtra du premier coup dans les branchages. Lamenoire tira plusieurs coups secs pour en éprouver la solidité, puis il se tourna vers ses compagnons :

« -Je vais passer en premier, seul, et j’assurerai la prise, puis vous pourrez me suivre.

-Et pour le chariot ? hasarda Nhrôr.

-Nous aviserons, répondit Altiforge.

-On pourrait faire traverser d’abord le bœuf, puis pousser l’attelage en amont, et le tirer ensuite vers l’autre rive, proposa Khrôr.

-Soit. Nous tenterons notre chance. »

Lamenoire descendit avec prudence les flancs limoneux des bords de la rivière. Ses pieds glissaient sur la terre suintante et délavée, et il s’accrocha au cordage. Enfin il pénétra dans les eaux impétueuses. L’onde lui arrivait au mollet et déjà la morsure du froid se faisait sentir. Se ressaisissant, il hâta le pas et avança vers le milieu du courant, se cramponnant à la corde de chanvre. L’écume jaillissait autour de lui comme il se frayait un chemin à la force de ses bras, peinant et suant. L’étau frigorifiant se refermait sur lui et sa tunique trempée lui collait à la peau, ravivant les cruels souffles du vent ; le vacarme des bourrasques et de la rivière mugissant dans son lit rocailleux manquait de l’étourdir, et il se força à continuer. Il n’avait plus pied, il était suspendu dans l’eau sombre, des poissons rasant ses jambes emportées par le courant. Seules ses deux mains le sauvaient désormais de la noyade. Ses bras tiraillés par les vagues le faisaient souffrir, mais il poursuivit la traversée, les yeux fermés et la bouche serrée.

Il sentit quelque chose de dur heurter son pied : enfin il atteignait les hauts-fonds, et il ressortit du fleuve, trempé et grelottant, mais sain et sauf. A genoux entre les bosquets de roseaux, il remonta la berge et arriva devant l’arbre mort. Décrochant le lasso, il défit le nœud et enroula le filin autour du tronc plusieurs fois avant de renouer la corde. Il se retourna alors et fit signe aux nains qu’ils pouvaient le suivre.

Les guerriers n’avaient pas quitté l’homme des yeux un instant ; ils s’approchèrent de la Rivière Noire et la franchirent à leur tour, les uns après les autres. Ratirk restait en arrière avec trois gardes, surveillant Gonfalon qui devrait franchir le fleuve avant eux. Altiforge avait convenu avec ses confrères de faire entrer la carriole dans l’eau, avec à bord quelques nains, après quoi on leur lancerait des cordes pour les haler jusqu’à l’autre rive. Tandis que le géant franchissait les touffes de massettes, Khrôr et deux autres poussaient le bœuf dans le courant.

La pauvre bête meuglait et branlait du chef, complètement éperdue. Il fallut le secours de deux autres nains pour la pousser dans les remous de la rivière. Mais le bestiau se rappela assez vite qu’il s’avait nager, et bien qu’emporté par les vagues, il parvint à se rapprocher petit à petit de la rive opposée.

Les nains faisaient de leur mieux pour se tenir à l’épaisse corde, mais on voyait à leurs regards qu’ils redoutaient un moment de fatigue. Qu’ils lâchent prise, et ils seraient emportés à une mort certaine. A leur suite, Gonfalon avança dans les bas-fonds, aidé par sa haute taille. Jetant des regards noirs vers Ratirk qui le suivait à distance respectable, il progressa dans le courant, se retenant à peine au câble improvisé.

En amont, Nhrôr et ses aides poussèrent la charrette dans la rivière, puis profitant de ce radeau improvisé, ils montèrent à bord. Le courant était si fort que la carriole fit une embardée avant de se précipiter à vive allure vers les nains encore au milieu du fleuve. Ils n’eurent pas le temps de voir le chariot arriver.

Gonfalon se campa sur ses jambes et fit un pas en avant. Tendant les bras, il reçut l’embarcation de plein fouet et grogna sous l’effort, mais il tint bon. Poussant un gémissement, il hurla :

« -Faites kék’choz, vite ! J’pourré pa tenir lontan ! »

Lamenoire, qui s’était affalé dans l’herbe, se releva en entendant les cris. Courant à la berge, il s’écria :

« -Attendez, je cherche une corde ! »

Puis se tournant vers les autres nains qui avaient déjà franchi la rivière :

« -Vite, un filet, un câble, n’importe quoi !

-Hélas, gémit Nhrôr, on les a déjà tous liés pour faire le lasso ! »

Gonfalon n’en pouvait plus. Les muscles arqués, le visage contracté, il retenait devant lui la masse de la charrette poussée par des litres de flots impitoyables. Il sentit ses pieds frémir et glisser sur le lit rocheux de la rivière, désespérant de faire face un instant de plus. Une longue corde atterrit dans le chariot, juste devant Khrôr, qui interloqué, l’attrapa avant qu’elle ne plonge.

« -Attache-là quelque part ! » lui cria une voix impérieuse.

Secouant son mutisme, il la fit passer autour de l’attelage et la noua avec force. Sur le bord du fleuve, ses compagnons tirèrent en cadence la charrette qui lentement, centimètre après centimètre, se déplaça vers la rive droite.

L’ogre soupira de soulagement, et rassemblant ses dernières forces, il propulsa la carriole sur le côté puis franchit en trébuchant les derniers mètres. Lamenoire avait tranché la corde en son milieu ,la détachant d’un coup du tronc, et pendant qu’il retenait la première partie, ses compagnons de route purent envoyer à leurs amis en péril l’autre moitié. Bientôt l’ensemble de l’expédition ,fourbue et épuisée, se retrouva au complet sur la berge sud de la Rivière Noire.

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12 jours ! C'est quoi ce travail :zzz:

à deviser

Il manque des mots et une faute, a moins que je connais pas ce terme :ermm:

libéré-moi

Je sais pas si elle est volontaire celle la :blink:

Sympa ce petit episode. Tu prends ton temps mais il nous parait pas long .. Preuve que c'est bien écris ! Mais a part la traversée de la rivière, une pseudo confiance et les poursuivants, on apprend pas beaucoup !

@+

-= Inxi, qui va avoir besoin d'un résumé ! =-

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  • 2 semaines après...

Désolé, Inxi si l'intrigue ralentit... :lol:

ALors voilà quand même la suite :

Chapitre II : Pays des rives

Bientôt ils firent cercle autour d’un feu crépitant, allumé avec un brin d’amadou et des silex apportés par les nains. Ils firent griller quelques tranches de jambon et se partagèrent des galettes d’avoine, le tout arrosé d’une bière tirée d’un des tonneaux encore en état.

Gonfalon refusa toute forme de nourriture, excepté la viande qu’il dévora goulûment. Lamenoire se rappela ce qu’était avant tout leur prisonnier : un ogre, et il sentit un frisson d’horreur parcourir son échine, comme ce géant étant assis un peu en retrait, contemplant les langues de flamme léchant les branches de bois sec. Le rôdeur se laissa s’affaler, appuyé au dos de l’arbre mort, et il écouta les montagnards deviser des nouvelles de Hunk :

« -Il semblerait que le Nécromancien ait oublié les cités aux pieds de nos montagnes : ni Blancroc, ni Hunk n’ont souffert de la guerre.

-Oui, tout juste des bandes isolées de sauvages du Nord. Mais Nommiard doit avoir d’autres chats à fouetter.

-je vois ça d’ici : ruiner une fois pour toute les landes !

-En attendant, c’est nous qui sommes ruinés, remarqua Nhrôr. Entre le saccage de cette brute ( il désigna d’un signe de tête le géant ) et les sacs perdus dans la rivière au cours de notre traversée, c’est bien vingt monarchi de perdus !

-C’est mieux que de perdre nos vies ! commenta Ratirk.

-Mais, demanda Lamenoire, vous devez chaque année franchir ce fleuve ?

-Deux fois par an, expliqua Altiforge. Mais d’ordinaire, nous descendons plus tôt dans la saison. Aujourd’hui, l’hiver est déjà bien avancé, et la Rivière Noire en crue a gagné en force. Avant un mois, elle aura sans doute quitté son lit. Non, nous la passons en fin d’octobre et nous revenons à la mi-printemps, pour éviter d’affronter la mauvaise saison. Hélas en cette année, des affaires nous ont retenues plus au nord ; et trop longtemps.

-Tout ça à cause d’un casque, ajouta Khrôr.

-Un casque ? s’étonna le rôdeur.

-C’est une longue histoire, commença Ratirk, qui remonte aux racines de notre race. Mais je n’ai pas le cœur à conter ce soir comment nos pères de jadis se querellèrent pour un heaume à cimier rouge : pourquoi ne pas chanter, en attendant que le sommeil nous prenne ?

-je croyais… dit Lamenoire. Enfin… Si la horde de ce Gonfalon survenait…

-Non, je ne crois pas. Il a dit tantôt : « avant deux jours ». Et il n’avait pas de raison de nous mentir, au contraire. Il était plutôt tenté de nous effrayer en annonçant une venue plsu proche que la réalité. Non, je pense que ses camarades sont encore hors de portée de son – ou de vue. Laissons le feu brûler et nos voix aller. »

Il dit, et trois nains tirèrent de leurs sacs des flûtes grossières sculptées dans du bois vert. Khrôr prit une harpe rustique et ils en tirèrent quelques accords tandis que la voix des montagnards montait, élevant leur chant jusqu’aux astres nocturnes :

« -Allons hâte-toi vite en retroussant tes manches

Et vient jusqu’au fourneau pour y porter ta force :

Le devoir t’y invite à former ta revanche,

Oublie donc les anneaux, torques, gemmes retorses !

L’heure n’est plus à fondre atours, bagues, colliers

Car nous devons punir un ennemi trop fier :

Tôt nous irons répondre à ces aventuriers,

Pour eux, ils devront fuir ou payer, mais très cher.

Souffle, attise la flamme au creuset du foyer,

Que monte jusqu’aux cieux la fumée de la forge,

Légère comme une âme, accourrant guerroyer,

Dans la voûte des dieux, chanter à pleine gorge !

Quand ce nuage noir occultant les étoiles

Montera dans la brume alors chacun saura

Qu’avant même le soir, certes je le dévoile

L’armée pleine d’écume en guerre s’en ira.

Frappe, combat, martèle en cadence le fer,

Pour que ploie l’acier sous les coups du marteau ;

Il se tord et ruisselle, une source d’enfer,

Qui coule du brasier comme en fuyant l’étau !

Donne au rouge métal une pointe acérée,

Un tranchant qui ressemble aux griffes des dragons ;

Un manche sans égal portera la cognée,

Nous chasserons ensemble avec hache et angon. »

Les accords cessèrent et les voix se turent, ne laissant plus que les bûches troubler la paix de al nuit. Nhrôr se tourna ensuite vers Lamenoire :

« -Eh bien Lancevive, connais-tu quelque chant à déclamer ?

-Certes, mais…

-A toi alors, ajouta Ratirk. Nous t’écoutons.

-C’est que… Je ne sais lequel…

-Peu importe, assura Khrôr, du moment qu’il est doux à l’oreille. »

Après un court instant de réflexion, le rôdeur acquiesça :

« -Je vais donc vous chanter mon préféré. Le Symbole :

Je marchais sur la route, au pas de mon cheval,

En tenant son licol j’accompagnais son pas ;

Je regarde la voûte étoilée, le ciel pâle,

Où la Lune frivole approche son trépas

Quand soudain au détour d’une haie de vieux chênes

Je vois sous les rayons du soleil renaissant

Au milieu du labour une ruine ancienne,

Une triste vision, me frappe et je comprends…

Aurait-elle aperçu dans l’aurore naissante

Le pauvre voyageur qui l’admire en silence,

Contemple à son insu sa carcasse branlante,

Sa muraille sans peur brisée avec violence ?

La grise silhouette apparaît telle un spectre ;

Dans le vent tourmenté s’envolent des corneilles

Dont les cris de prophète annoncent un jour grisâtre,

Leur plumage envoûté semble un sombre conseil.

Sans doute a t-il connu des années glorieuses

Et des jours plus heureux pleins de faste et de joie ;

Aujourd’hui méconnu le château sans chanteuses,

Privé des coups fiévreux de cloches, seul il ploie.

Cela fait bien cent ans qu’il reste abandonné ;

Son ancien seigneur devenu solitaire,

Son emblème flottant dans sa main, résigné,

Dut quitter sa demeure, lui qui tenait la terre.

Il a vu pousser dru les tiges des scléranthes

Entre les moinions des roches effritées,

Et l’honneur disparu fait place à la tourmente

Aux mille agressions des heures ameutées :

Dressé sur la colline, égaré dans la nuit,

Ce témoin du passé brave les éléments,

Sa vision me chagrine, en mon cœur un grand bruit,

Un cri monte blessé ; sort cruel, infamant ! »

A nouveau le silence tomba sur le camp, et chacun regardait le feu rouge brûler lentement, calmement. Enfin les nains jouèrent à nouveau de leurs instruments. Cette fois la musique semblait lointaine, comme portée par des années et des années d’efforts. A travers les saisons, à travers le temps lui-même, la mélodie résonnait comme un murmure du passé ; et Ratirk, de sa voix de basse, chanta la complainte du Serpentaire :

« - A la brumeuse aurore, ô nuit tu as quitté,

Notre terre escarpée, tu as fui le soleil.

Broyant les ombres au nord sur les pans de rocher

L’astre à pleines lampées boit al noirceur du ciel.

La lune a disparu, les étoiles ont fondu,

Le manteau ténébreux d’un profond noir de jais

Digne d’un freux bourru au regard éperdu ;

Son cœur est toujours preux, mais ses plumes enneigées ;

S’échappe des taillis, abandonne les bois,

Le sapin demeura, les épines hérissées,

La résine assaillit sa ramure qui ploie

Son tronc rugueux givra, les nervures glacées.

On ouvre les battants de notre maisonnée,

Et jusqu’aux contreforts de ces monts élancés

Une poudre s’étend sur les rocs irisés,

Le sable sans effort, sans bruit s’est déversé.

C’est l’ouvrage du vent, qui souffle du midi

Déposant chaque année ce dépôt de poussière.

Et prenant les devant notre doyen prédit

Ce que chacun connaît, l’heure du Serpentaire.

Car il nous faut partir plus au sud où les rois

Par-delà le désert exercent leur pouvoir

Dans ces villes où le rire a dû chasser le froid,

Notre industrie prospère au loin du désespoir.

Mais pour vendre le fruit du travail à la forge

Il nous faut traverser les dunes ondulantes ;

Le soir la Lune luit sur les glaciales gorges

Mais le jour harassé brûle en fournaise ardente.

Sans guide devant nous pour trouver le chemin,

Nous nous serions perdus en tentant de passer

A travers les cailloux sans voir de lendemain.

La terre aride tue qui ose la défier ;

Aussi nous faudra t-il prouver notre patience,

Mais l’on sait que le Pâtre, il ne tardera plus :

Cela fait mille et mille ans de constante errance

Qu’on chante près de l’âtre, un récit du salut.

Les feuilles de vermeil se détachaient des branches

Et le sombre sous-bois s’orna d’ocre et de pourpre,

Les sapins s’émerveillent emplis d’attention franche

Pour ces atours tombés, touchés de brune lèpre.

L’automne s’installait dans nos froides montagnes

Quand nos braves ancêtres, eux quittèrent les pentes

Résolus sans délai à quitter les campagnes

Abritées par les hêtres aux ombres chatoyantes.

Ils avaient égaré leurs pas dans ce dédale,

Cherchant sans résultat un oasis fantôme ;

Leurs cartes déchirées ajoutent encore au mal,

Lors la tente on planta dans l’aride royaume.

Ivar se détourna, pour inspecter les lieux,

Au sommet d’une dune il s’arrêta, saisi

Par le panorama que contemplaient ses yeux :

Une immense infortune, un pays sans merci.

Alors il repensa à son chalet lointain,

Mais pourquoi avaient-ils dû quitter leurs foyers ?

Maudits car on brisa le fief un noir matin,

Depuis ce grand péril ils marchaient sans arrêt.

Il se tourna alors vers le camp de ses pères

Où un nouveau malheur avait frappé les nains :

Ralf, pourtant le plus fort, blessé par des vipères

Attendait, l’ombre au cœur, l’office du venin.

Soudain loin devant lui apparut la silhouette

D’un pauvre voyageur ou d’un fou du désert,

Une lanterne luit, ô lumière discrète

Jetant ses feux rageurs dans la nuit de colère.

Ivar était tout jeune, allant sur ses cent ans,

Il soupesa sa hache, attendit l’inconnu,

Bien que la faim, le jeun, blessaient ce résistant

Il gardait sans relâche un courage ingénu… »

Lamenoire perdit peu à peu conscience, engourdi par la torpeur qui l’envahissait. A travers ses yeux mi-clos, il vit encore les nains à la lueur de la flambée. Puis il sombra dans l’oubli, les échos des notes lui parvenant encore à travers des limbes de plus en plus épaisses. Il sombra bientôt dans le sommeil, oubliant mort et vie, douleur et joie, passé et futur.

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  • 2 semaines après...

Bah c'est pas mal !

Bon la plus interessante remarque que j'ai à faire, c'est sur la chanson... En ait, d'habitude, j'arrive pas à accrocher ce genre de chose, ca m'ennuie et je les lis généralement même pas :D Mais la, tu as reussis a garder mon envie de lire jusqu'au bout ! C'est du beau boulot :D

Sinon, je n'ai pas vu de fautes d'ortho, donc tu t'es bien appliqué ! Donc lors des prochains chapitres, je veux pareil !!

Suite :evilgrin:

@+

-= Inxi =-

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Chapitre troisième : la ville sur le fleuve

Lamenoire se redressa, étirant ses bras. A ses pieds coulait la Rivière Noir, toujours aussi impétueuse. Tout autour de lui, la brume matinale étirait son manteau blanc, comme un voile sur le monde. A deux pas de là, un petit feu crépitait, à moitié effacé par le brouillard. Quelques nains, parmi lesquels Khrôr, attisaient les flammes et surveillaient le campement. Le rôdeur enjamba les paquetages de ses compagnons et vint se réchauffer au foyer en demandant :

« -Où sont passés les autres ?

-partis ici et là, répondit un nain qui jetait une branche dans la flambée.

-Ratirk est allé avec quelques uns voir en aval s’il n’y avait pas moyen de trouver du bois sec au pied des aulnes. Nhrôr, quand à lui, a emmené la plupart des autres chercher de quoi se ravitailler.

-Ils sont partis depuis longtemps ?

-Oh, presque une heure !

-Quoi ? sursauta Lamenoire. Mais quelle heure est-il ?

-Nous approchons du milieu de la matinée, lui apprit Khrôr. Mais ne t’en fait pas, nous rattraperons vite ce retard. Du reste, Malida n’est plus très éloignée.

-Malidan ?

-Oui, la ville où nous allons vendre notre cargaisons !

-Certes, je me souviens… »

Peu à peu, les nains en maraude revinrent, qui portant une brassée de champignons, qui ramenant des racines et autres herbes comestibles. Khrôr avait placé un chaudron au-dessus du foyer, posé en équilibre sur deux pierres plates. Il commença à jeter dedans les ingrédients collectés, tout en remuant la mixture d’une louche en bois. Les odeurs des plantes imbibées de rosée se mélangèrent à la fumée sèche des brindilles humides, et les volutes entreprirent l’ascension vers le ciel encore blanc et immaculé.

Les pas des derniers guerriers retentirent dans le silence matinal, et Ratirk perça la brume, un fagot sur l’épaule, bientôt suivi de ses compagnons traînant leurs fardeaux. Etonné, Khrôr lança :

« -Où est passé le prisonnier ? »

Une haute taille se découpa dans la bruine, et le géant Gonfalon apparut, les bras chargés de bûches. Il déposa le bois à terre et se laissa tomber au sol en soupirant. Altiforge opina du chef et répondit :

« -Le voici, le voici. Avec tout ce fourniment, nous allons avoir une bonne flambée. »

Ils s’installèrent en cercle autour des flammes crépitantes, humant les exhalaisons du potage. Ils se servirent de cette soupe improvisée dans des bols sculptés. Quand chacun fut servi, Altiforge se mit debout et récita une courte oraison :

« -A toi qui fit le jour

Et nous donna ces fruits

Nous disons en retour

Sous le soleil qui luit

Une grande louange,

Merci du fond du cœur

Mais comme c’est étrange

Encor’ dans le bonheur

Nous te demanderons

De veiller jusqu’au soir

Ô père des nations

Nous chanterons ta gloire.

Maintenant comme hier

Sous ton beau bouclier

Tels nos pères naguères

Et nos fils à venir. »

Lamenoire observa sa part avant d’y goûter. Dans le bouillon flottaient quelques morceaux de cèpes, des tubercules coupés en rondelles et diverses feuilles vertes. Le tout semblait à la fois gluant et coulant, opaque à souhait. Fermant les yeux, il en absorba une gorgée. Ce n’était pas si mauvais qu’il aurait pu le croire : délicieusement chaud et assez fort, ce curieux brouet avait de quoi revigorer le plus glacé des Fenris ! Pour compléter leur repas, les nains partagèrent avec lui des sortes de galettes de pain de seigle sur lesquelles ils avaient écrasé des faines, et du cresson encore humide avant de les faire griller.

La fumée du feu de camp s’éleva doucement dans le ciel, masquée par le brouillard environnant. Le rôdeur n’avait jamais connu un tel moment de paix depuis des années. Qu’ils paraissaient loin, les problèmes et les soucis !

S’appuyant dos à l’arbre mort, il écouta les nains bavarder puis prit part à leurs discussions :

« -Ici sont les frontières du nord, commenta Ratirk. Au nord, la neige règne. Au sud, elle n’a pas droit de passage.

-Pourtant le pays est comme glacé par les brumes, remarqua lamenoire.

-C’est vrai, Lancevive ; mais sitôt que nous aurons un peu marché, tu verras : passés les environs de la Rivière, les plaines vertes et chauffées par le soleil apparaîtront.

-Allons tant mieux : j’ai suffisamment connus de frimas pour le restant de mes jours ! Maugréa Nhrôr.

-Nous serons à Malidan avant ce soir, poursuivit Altiforge. Nous y trouverons alors repos et paix pour un certain temps. Puis au printemps prochains, nous retournerons dans nos montagnes ! Vénérables cimes, puissent leurs bases ne jamais vaciller !

-Et que leurs pinacles culminent à jamais ! » ajoutèrent en chœur ses compagnons.

Les bagages furent vite rassemblés à bord de la charrette, et l’expédition allait se remettre en route, quand Nhrôr se tourna vers le géant :

« -Et lui, qu’allons-nous faire de lui ? On ne peut pas le traîner indéfiniment.

-C’est ma foi vrai, concéda Altiforge. Il ne serait pas sage de l’emmener plus au sud, sur les terres de la ville. »

L’ogre restait silencieux, toisant de haut les montagnards.

« -Très bien, reprit Ratirk. Gonfalon, vous êtes libres ; cependant je vous conseille de ne pas nous suivre, ou cette fois nous n’aurons pas de pitié pour votre vie qui n’a déjà que trop duré, en vu des horreurs que vous avez pu commettre ! Mais je ne suis pas idiot : sitôt le dos tourné, vous vous dépêcherez de contacter vos amis de votre horde pour vous venger. Quel gage me donnez-vous ? »

Le géant ne répondit toujours pas, observant à tour de rôle les nains de l’expédition, comme s’il voulait graver dans sa mémoire le visage de chacun. A cet instant Lamenoire s’avança :

« -Avec votre permission, laissez-moi faire, Ratirk, proposa t-il.

-Très bien, allez-y.

-J’ai entendu dire que même les ogres avaient une parole, commença Lamenoire. est-ce exact ?

-Moué, grogna Gonfalon. Sa seu peu… »

Lamenoire retourna vers la charrette et en tira le fléau du géant. La portant avec peine, il se retourna vers le prisonnier et dit :

« -Si vous me jurez de ne pas nous suivre et de ne jamais tenter quelque chose contre l’un d’entre nous, je vous rend votre arme. »

Un murmure de désapprobation souffla sur les nains, mais l’ogre sembla interessé par la proposition :

« -Hum, ai kesk’y me prouv ke tu m’l’a rendra vréman ?

-Vous avez ma parole. »

Après un temps de réflexion, Gonfalon répondit :

« -Oué, cébon, je jur.

-jurez-le sur votre honneur et votre vie. »

un horrible borborygmes sortit de la gorge du géant, qui finalement reprit :

« -Je l’jur sur mon’oneur é sur ma vi ! »

Lamenoire rassembla ses forces et d’une brusque détente, il lança le fléau en direction du colosse qui l’attrapa au vol.

« -Je vous conseille de traverser la rivière au plus vite, lui jeta Nhrôr, avant que l’on change d’avis. »

Couvant son arme du regard, Gonfalon murmura pour lui-même :

« -Forgai par kassbras… J’oré pa supporté d’la perdr’ ! Salu lé nains, cria t-il, j’men va ! »

La masse d’arme sur l’épaule, il s’éloigna en sifflant, marchant vers l’amont du fleuve.

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Malida n’est plus très éloignée.

-Malidan ?

Une faute de frappe !

C'est la seule que j'ai vu ! Sinon, tout le reste est bon ! Je suis toujours aussi prit dans ton histoire ! Je te motives pour que tu fasses une suite rapidement :D ! Sur le fond, j'ai pas de reproches ! Ton histoire est admirablement construite ! On ne peut que l'aimer :D Par contre, je pense pas me tromper en disant que l'ogre a encore un role a jouer dans l'histoire !

Sinon, c'est que je me suis trompé :D Enfin, j'envie de le revoir, je l'aime bien :D Allez suite !

@+

-= Inxi =-

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  • 2 semaines après...

Merci merci et désolé pour tout ce temps... Voilà la suite :

Lamenoire cheminait à nouveau à côté de Khrôr, qui fredonnait quelque air mystérieux. Le rôdeur lui demanda alors :

« -Dites moi, ce chant que vous avez entonné hier soir…

-Le Serpentaire ?

-C’est cela ! Il était très curieux… D’ou vient-il ? »

Khrôr resta silencieux un moment puis répondit :

« -Jadis notre clan vivait heureux dans les montagnes, comme toutes les autres familles naines de notre lignage. Mais un jour –c’était il y a longtemps, au début de notre ère- le Grand Hiver s’abattit sur le monde, auquel succéda un été brûlant. Les ogres et les géants montèrent de l’est et firent une guerre acharnée aux Kraks de nos pères, tuant et pillant de nombreuses mines prospères. Poussés à la famine, nos ancêtres quittèrent alors leurs foyers, et tentant le tout pour le tout, ils cherchèrent à traverser le Désert de Flammes. Ils avaient entendu parler des Royaumes du sud, où l’on disait que paix et nourriture demeuraient depuis des lustres entre les mains des rois des hommes.

Ils partirent donc à travers les dunes sablonneuses, n’osant trop espérer. Après lusieurs jours de marche dans cet enfer de feu, ils s’arrêtèrent au sommet d’une falaise de rocs, et plantèrent ce qu’il restait de leurs tentes brûlées par le soleil. L’un d’entre eux avait été mordu par une bête venimeuse, et chacun attendait, désespéré, que la mort vienne le prendre.

C’est alors qu’arriva un jeune homme, un étranger portant de longues hardes teintées de suie. Sa tunique d’un blanc sale était recouverte d’un léger voile beige, et son visage, à l’ombre d’un turban de soie, avait des yeux brillants comme des étoiles. Il s’avéra que cet homme, le Serpentaire, comme il se faisait appeler, a su soigner le malade et guider nos ancêtres jusqu’aux royaumes du sud. Depuis, tous les ans, les nains désirant traverser le Désert de Flammes trouvent toujours un guide prêt à les aider : le Serpentaire a toujours eu des disciples et des successeurs efficaces. »

La troupe traversait maintenant des prairies vert tendre, parsemées de fleurs des champs. Le ciel bleu éclairait leur voyage et dans les arbres environnants, les pinsons chantaient. Les voyageurs semblaient repartir sous de bons auspices.

Doubleserre descendit en piqué, rabattit ses ailes puis se posa sur un rocher affleurant. Autour de lui, la brume matinale se levait peu à peu, révélant le champ de bataille ; c’était le deuxième jour, et l’harpie n’avait pas trouvé de traces d’un survivant.

L’aigle jeta un bref coup d’œil vers le cavalier qui l’accompagnait ; l’épée au fourreau, il arpentait les lieux, suivi de son pégase encore harnaché.

Partout, les cadavres des morts jonchaient le sol teinté de sang séché. Des corneilles par dizaines s’abattait dans la vallée, accomplissant leur sombre besogne dans un concert de croassements lugubres. Vers les cieux, les hampes des lances brisées se joignaient aux branches décharnées des vieux arbres, en un geste suppliant.

Doubleserre réprima un frisson qui parcourait son échine, et s’apprêta à rejoindre son compagnon de voyage, quand il entendit soudain un gémissement. Bondissant sur place, il cria de sa voix aiguë :

« -Par-ici, ici ! »

Son cri résonna encore longtemps dans l’air glacé des Landes Ténébreuses.

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Après lusieurs jours

Tiens, j'ai juste trouvé cette petite faute de frappe à un moment :D

Pour le fond, j'ai pas grand chose à dire. Ca n'avance pas beaucoup. D'ailleurs à ce propros, plus le texte est court plus on a l'impression que les textes ( en général ) sont décousus. Alors c'est juste pour dire, fais gaffe à pas continuer les petits passages :P

Sinon, on apprend doucement des petits éléments alors j'attends de voir la suite ! Donc prochaine étape, une suite plus longue !!

@+

-= Inxi =-

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Eh bien voilà la suite !

Après les petites collines recouvertes de fougères et les plaines infinies, la troupe entra dans uen région où l’homme avait posé sa marque : ça et là, de petits hameaux apparaissaient au milieu des champs, et les prés s’étalaient à perte de vue, habités par des troupeaux épars de chevaux rapides.

Les nains, comme à l’accoutumée, ne firent pas de pause à midi, mais mangèrent en route, droit vers le sud. Ils avaient désormais hâte d’atteindre Malidan et ses échoppes prospères. Ils bavardaient de temps à autre puis observaient des pauses, laissant leurs langues se reposer ; la taciturnité était une règle d’or chez eux.

Lamenoire marchait toujours auprès de la charrette, quand Ratirk lui fit signe de le rejoindre à l’avant. Le rôdeur se mit à ses côtés ; le capitaine lui demanda alors d’un ton curieux :

« -J’aimerais en savoir un peu plus sur toi, Lancevive. Que cherches-tu exactement au sud ?

-A vrai dire, je n’en sais rien.

-Vraiment ? Tu n’as donc pas de but à atteindre ?

-Je dois… je veux tuer le Sorcier Noir !

-Mais tu ne sais pas comment… Tu n’es pas le premier à désirer sa mort. Mais peu on eu le courage et tenter leur chance, et tous ceux qui ont essayé ont échoué.

-Qu’à cela ne tienne, je ne peux plus reculer.

-Hum… Mais pourquoi, dans ce cas, ne vas-tu pas au Nord, vers le Royaume Litigieux ? C’est bien là qu’il réside, d’ordinaire ? »

Lamenoire réfléchit, un moment, perdu dans ses pensées. Il se rappelait le visage de son maître, les derniers instants de sa vie… Et sa voix qui criait :

« -Les nains !

-Quoi quoi, les nains ? s’étonna Ratirk.

-Mon maître Ytuzîr, peu avant de mourir, m’a dit d’aller voir les nains ! Je pensais qu’en me rendant aux kraks, j’aurai découvert quelque moyen de porter un coup au pouvoir du Sorcier Noir, si je ne puis l’abattre pour l’instant. Il a ravagé ma patrie, les Landes Ténébreuses ne sont plus que des étendues gastes et hantées par ses spectres… »

A ces mots le nain parut intéressé, mais il laissa Lamenoire poursuivre :

« -Il est de mon devoir, en tant que dernier des rôdeurs, que de tout faire pour défendre mon peuple. Mais j’en ai fait une affaire personnelle, et je n’aurais plus de repos que les fantômes ne soient chassés et Nommiard abattu. J’avais espéré trouvé quelque aide parmi vous, peut-être…

-A vrai dire, les mages sont vraiment surnaturels, répondit Ratirk. Il y a bien un moyen…

-Quel est-il ? s’emporta Lamenoire. Dites-le moi !

-Olah, du calme !Il y a un chemin semé d’embûches…

-Cela ne m’effraie pas.

-Bien sûr, Lancevive, mais ce n’est pas tout : nul ne sait où… Non, il vaut mieux que je te raconte tout, et tu comprendras. As-tu entendu parler du Donomâr ?

-Non point, jamais de ma vie.

-Rien d’étonnant à cela. Ecoute et tu sauras :

Jadis dans le Krak Azoar, le plus grand royaume souterrain des Monts de Mort, alors que la nuit s’assombrissait, un vieil homme vêtu d’un manteau rapiécé se présenta au portail, et demanda asile pour la nuit. Les sentinelles se méfiaient de cet être misérable, surtout depuis que les ogres étaient venus dans les collines au sud-est. Néanmoins, le capitaine de la porte accepta de le laisser entrer, après avoir constaté qu’il ne portait pas la moindre arme.

Pas même un bâton en vérité : il n’avait pour tout bagage que ses vêtements usés et une sacoche sale et désespérément vide. Les gardes en conclurent qu’il était bien un vagabond. Mais loin de là.

L’étranger entra donc dans le Krak par la porte principale et descendit jusqu’au troisième niveau. Il semblait savoir exactement où il devait aller. Pourtant de mémoire de nains personne ne l’avait jamais vu… Traversant les couloirs, les places et les galeries, il arriva devant une petite demeure de la ville. De ses doigts osseux il frappa la porte en demandant à entrer ; un nain vigoureux ouvrit la porte, méfiant, et toisa le nouveau-venu du regard. Ce dernier ne fit pas attention à lui et entra dans la maison en coup de vent. Avant que le nain ait pu protester, l’homme entra dans la chambre à coucher. A la lueur des torches, dans un berceau en bois grossier, un tout jeune enfant dormait. L’étranger sourit et se penchant sur lui, quand le père entra furieux :

« -Qui êtes-vous, voyageur, et pour qui vous prenez-vous ?

-Votre fils, répondit l’homme, est né il y a trois nuits, n’est-ce pas ? »

Comme le nain ne répondait pas mais avançait, la hache levée, l’étranger poursuivit :

« -Et sa mère est morte hier, tuée par l’effondrement du sixième niveau, me trompé-je ? »

A ces mots le nain resta interdit, pleurant amèrement ; l’étranger le regarda au fond des yeux en soulevant l’enfant qui dormait toujours :

« -Je vois que je ne me suis pas trompé… »

Il sortit de la modeste habitation d’un pas rapide. Le nain restait interdit, comme envoûté, puis il se ressaisit et s’élança derrière cet homme inconnu. L’étranger arrivait dans la caverne aux Echos. En ce lieu gigantesque, une grotte immense menait par des escaliers à toutes les galeries de la ville, et le vaste espace servait de grande cour à toute la cité ; le palais du Roi donnait sur cette caverne titanesque, et la plupart des tunnels aussi. Il s’y tenait toujours une foule innombrable achetant vivres et autres produits dans les boutiques creusées le long des parois. Au centre de la Caverne aux Echos, un profond puits menait jusqu’aux niveaux inférieurs par un escalier taillé dans les murs en colimaçon. Mais un promontoire grossier s’avançait dans le vide, taillé à même dans le granit. L’étranger marcha résolument jusqu’au bout de la pointe, tenait dans ses bras le tout jeune enfant.

Le nain effrayé n’osa pas le suivre, dévoré par l’angoisse et la crainte ; il ne voulait pas perdre son fils comme il avait perdu sa femme, mais ne sachant ce que voulait faire cet individu, il restait au bord du précipice, rongé par l’anxiété.

L’homme éleva alors la voix, et celle-ci couvrit tous les bruits de la grotte, répercutée par l’écho formidable :

« -Regardez tous cet enfant ! Regardez-le ! »

Le silence se fit dans la grotte et tous les regards se tournèrent vers cet homme au centre de la caverne, frêle et pourtant si sûr de lui. Le Roi lui-même arriva à son balcon et observa la scène, plus qu’intrigué par cette intrusion.

« -Voici un nain qui laissera son nom dans l’Histoire du monde ! Retenez-le : Sirîn, fils de Kloîn, du Krak Azoar ! Son avenir décidera de la Destinée des peuples ! N’oubliez jamais cela : en lui réside un grand pouvoir. S’il meurt par le fer, alors la Pierre ne sera point achevée. Mais s’il quitte la terre de sa belle mort, peut-être la Prophétie d’Aagon s’accomplira t-elle… »

Il retourna vers Kloîn et lui remit l’enfant dans les bras en ordonnant :

« -Souvenez-vous de ce que je viens de dire… la Prophétie d’Aagon !

-Qui…, balbutia le nain, qui êtes-vous donc, visiteur ?

-Je suis Dollan le devin. »

Il avait répondu au nain, mais d’une voix ferme, et l’écho de son nom se répercuta dans toute la ville. Puis il repartit aussi silencieux qu’à sa venue, et franchit le soir-même les portes de la ville, avant que l’on ait pu le retenir.

Ainsi Sirîn vint au monde sous des auspices plus qu’étranges. Le Roi du Krak, sire Kâl-Ogar, décida

De faire intégrer le nain dans son palais comme Haut Nain, bien qu’il soit issu d’une pauvre famille de mineurs. Il lui donna protection et éducation, le faisant former ar les meilleurs savants du royaume. Il apprit à se battre avec une hache ou à tirer des carreaux, à forger des armures ou fondre des joyaux, à préparer des campagnes ou élaborer des plans de construction. Plusieurs longues décennies passèrent sans qu’aucun événement ne se produise.

Puis trois jours après son anniversaire, deux cents ans exactement après la venue du Devin Dollan, Sirîn et plusieurs autres apprentis nains montèrent une expédition. Ils avaient décidé de se rendre aux Mines de Duésie, parmi les gens de Kîn. Là ils apprendraient bien de nouvelles choses, et le savoir des forgeurs de l’est. Le roi kâl-Ogar leur fournit une escorte de cinquante de ses meilleurs guerriers, avec à leur tête le capitaine Râgn, misant plus sur la discrétion que sur la force des voyageurs. Ces-derniers partirent peu avant l’aube, traversant aussi vite que possible les contreforts des montagnes. Malheureusement, peu avant midi, une expédition d’Ogres vint du sud et de l’est à la fois. Ces géants de Barbarie, attisés par leur haine des nains, ne laissèrent aucun répit à l’expédition et la harcelèrent pendant plusieurs jours ; ils portèrent l’assaut final dans les régions inconnues du Centre-Maudit et ne lâchèrent plus leur proie. Les Hauts Nains résistèrent avec un héroïsme inouï, tentant de sauver leurs vies. Râgn, faisant tournoyer sa double hache, tuait les adversaires assoiffés de sang, pensant à surtout Sirîn qui devait être promis à haute destinée. Mais rien n’y fit, et un à un les guerriers tombèrent sous les coups cruels des anthropophages. Bientôt les survivants se replièrent sur une colline herbeuse autour de laquelle les ogres se massèrent pour l’assaut final. Râgn regarda les monstres charger ; à leur tête venait une brute du nom de Klurg Doigtnoir. Le capitaine tenta de l’arrêter mais Klurg le balaya d’un coup de massue. Les autres nains, assaillis par le reste de la bande, ne purent rien faire pour sauver le capitaine qui mourut écrasa sous la masse plantée de clous. Sirîn se retrouva le dernier debout, blessé en plusieurs endroits et encerclé par l’ennemi. Klurg le regarda en ricanant, se préparant à abattre son gourdin meurtrier, quand un long cri résonna. Un cri de guerre fort comme un vent de tempête, qui fit ciller tous les ogres :

« -Tremblez carcasses et maudits, l’agonie est sur vous ! Hallali, hallali ! »

Une femme de pierre bondit de nulle part, faisant des moulinets de sa longue épée aussi dure que l’acier. Chargeant le chef des maraudeurs, elle brisa en deux sa masse et transperça son cœur, l’envoyant rouler au sol. Sirîn sentit l’espoir l’envahir, et brandissant sa doloire, il accompagna la nouvelle venue dans un combat effréné. Les géants, privés de leur champion, subirent coups et plaies en nombre, de sorte qu’ils abandonnèrent bientôt et s’enfuirent, retournant dans leurs antres.

Sirîn se tourna vers la guerrière et s’inclina :

« -Vous m’avez sauvé la vie, et je m’en souviendrais toujours. Je suis Sirîn fils de Kloîn. A qui ai-je l’honneur…

-Mon nom est Peau-pierreuse, répondit-elle et essuyant sa lame dans l’épée. Mais ne trainons aps ici. D’autres peuvent venir.

-Et mes compagnons ?

-Nous leur donneront une sépulture décente. Plus tard. Pour l’heure, je retourne à Cavernigor.

-Je peux t’accompagner ?

-Si tu veux. Suis-moi, c’est par-là, au nord-est. Juste derrière ces bois. »

Ils arrivèrent donc à Cavernigor, la capitale des hommes de pierre de D’Ouestroche. Cavernigor était une grande ville entourée de hauts remparts en pierre. Il s’y trouvait très peu d’étrangers. Les hommes de pierre n’ont jamais beaucoup eu de rapports avec les autres races. Peau-Pierreuse mena Sirîn jusqu’à la Haute Cour. Là, devant l’assemblée des Erudits pierreux, il put raconter comment il avait rencontré la guerrière. Il demanda à ce que l’on s’occupe des dépouilles de ses camarades morts au combat. A cela, les Erudits consentirent volontiers, et ils firent ordonner à une compagnie de se rendre sur les lieux pour recueillir les corps. Après quoi ils ajoutèrent :

« -Tu es le bienvenu ici, Sirîn fils de Kloîn. Peu de gens de ton peuple viennent ici, mais nous t’attendions. Il y a de cela près de trois ans, un homme est venu ici même nous annoncer ton arrivée. C’était le devin Dollan. Voici un droit de passage portant notre cachet ; tu peux aller où bon te semble dans les quartiers de notre ville. »

Sirîn quitta le Conseil et accompagna Peau-Pierreuse. Elle lui fit visiter la ville, lui montrant les hauts lieux de la culture de sa nation. Ils contemplèrent les arches élancées des temples de la ville, ils compulsèrent les archives et les légendes des bibliothèques creusées dans les souterrains de la ville, ils se promenèrent le long des rues marbrées au milieu de la foule policée des habitants.

Quand la nuit tomba sur Cavernigor, Peau-Pierreuse fit signe à Sirîn de la suivre. Ils entrèrent dans un temple au cœur de la ville, dont le pinacle avoisinait les étoiles. Deux gardiens les obsérvèrent rentrer d’un air soupçonneux, mais reconnaissant la guerrière, ils se rassérénèrent ; l’un d’eux désigna tout de même le nain de son glaive :

« -Dame, il ne peut entrer dans le sanctuaire.

-Je sais, répondit Peau-Pierreuse, il restera dans la Salle d’arme. »

Elle le mena alors dans une sorte de grande pièce. Des gradins taillés dans le roc entouraient une place en demi-cercle au centre de laquelle s’élevait une sorte de courte surélévation taillé dans le marbre, et plusieurs dizaines d’hommes et de femmes de pierre attendaient en silence. Se penchant vers le nain, elle lui souffla :

« -Reste ici, Sirîn, je reviendrai demain.

-Mais que signifie tout ceci ? s’étonna le nain, ne pouvant plus contenir son étonnement.

-C’est que je vais être adoubée, expliqua Peau-pierreuse. C’est le cérémoniel.

-Très bien, acquiesça le nain. A demain, alors. »

Il s’assit au premier rang, n’osant pas s’opposer aux coutumes locales. Il attendit donc dans le silence et le calme du temple, pensant que les autres habitants présents étaient des membres de la famille. Ils n’avaient pas l’air de discuter, absorbés qu’ils étaient à fixer les murs.

Peu à peu le nain s’assoupit, regardant d’un air morne les hautes colonnes de la salle. Deux hommes de pierre habillés de tuniques bleu foncé entrèrent par des portes annexes et installèrent deux grands candélabres. Ils les allumèrent à l’aide de flambeaux et une légère fumée monta dans la pièce. Elle monta jusqu’au plafond, puis redescendit doucement sur l’assistance. Sirîn songea qu’il devait y avoir de l’encens mêlée à la cire : les fragrances de la fumée étaient âcres et parfumées, et il sentit sa tête branler. A travers ses paupières, il vit encore les deux cérémoniaires déposer des bûches au centre de l’estrade rocheuse. Sans doute pour y faire un feu.

Après ce qu’il lui parut un temps infini, il sentit quelqu’un lui tapoter l’épaule. Il rouvrit les yeux, les derniers tisons du foyer s’éteignaient. Rien ne paraissait avoir bougé depuis la veille. Sirîn commençait à s’impatienter à nouveau, quand les portes annexes s’ouvrirent à nouveau. Les deux hommes de pierre en tuniques d’azur entrèrent à nouveau, cette fois portant des lyres brillantes. Ils en tirèrent quelques accords et commencèrent à chanter, aussitôt accompagnés par les voix profondes des spectateurs.

Il serait impossible de retranscrire ici les chants et les lais qu’ils entonnèrent à pleine voix dans la salle ; les sons et les paroles s’emmêlaient comme les vents d’un cyclone, dans un concert formidable de grandeur et de majesté. Sirîn n’osa pas même bouger ou murmurer, impressionné par la solennité de l’événement.

Par les deux portes de côté, une demi-douzaine de jeunes hommes et femmes de pierre apparurent. Chacun portait une toge blanche éclatante pour tout vêtement. Sirîn reconnut Peau-pierreuse qui venait de la droite devant deux autres aspirants.

La porte d’entrée s’ouvrit, et un vénérable homme de pierre entra ; il portait une armure complète, s’ajustant parfaitement sur ses membres durs et vigoureux ; il n’avait point d’épée au côté, mais une longue cape d’hermine pendait sur ses épaules, accrochée au cou par une agrafe de diamant. Un large heaume protégeait sa tête, et un cimier symbolisant un ours gueule béante ornait le haut du casque.

Derrière lui venaient deux chevaliers pierreux, portant surcot teint en rouge, haubert et glaive dans le baudrier. Tous trois s’avancèrent en chantant, accompagnés par toute l’assistance. Ils avancèrent d’un pas droit et énergique vers la scène.

Le silence se fit quand l’antique chevalier releva sa visière. Il se retourna vers l’assistance et proclama :

« -Jour de fête et jour de joie ! Aujourd’hui six des fils et des filles de notre ville vont être adoubés ; puissent-ils en être dignes ! »

Les deux cérémoniaires entrèrent, accompagnés d’un troisième disciple. Chacun portait deux épées redoutables par la garde, pointe vers le sol. Le vieux chevalier prit la première et dit :

« -Que la première se présente, si devenir chevalière elle souhaite vraiment ! »

Peau-Pierreuse s’avança et mit genou en terre devant le maître de cérémonie. Ce dernier abaissa la lame et la posa sur les épaules et la tête de la guerrière, annonçant d’une voix ferme :

« -Peau-Pierreuse RoideGarde, fille de Casseroc Coudeframée de la maison d’Irtak, je te fais chevalière ; vis désormais pour justice et paix, oublie rancune et maléfice, ton bras sera justice tant que tes actions tu mèneras avec raison. »

Elle se leva et il lui remit l’épée en main ; puis les deux chevaliers en cotte de mailles rouges la ceignirent d’une ceinture de cuir et lui fixèrent un brassard d’acier retenu par de solides lanières. Dessus était gravé le pictogramme de l’Epée Mortelle, selon la tradition du peuple pierreux.

Peau-pierreuse s’écarta alors et le cérémoniel recommença pour chacun des cinq autres aspirants.

Le vieux chevalier reprit ensuite la parole :

« -Il n’est pas aisé de mériter tel honneur, mais encore plus dure est la tâche qui vous attend : défendez les terres de notre nation, repoussez tout suppôt du mal et pourchassez-le sans relâche ; servez toujours l’équité et l’honneur. Rappelez vous les exemples de nos pères de jadis, gravés sur ces murs mêmes ! »

Sirîn remarqua alors que les murs de marbre de la salle représentaient en fait une immense fresque de toute l’histoire des hommes de pierre. Ce qu’il prenait la veille pour des arabesques et des nervures blanches sur la pierre noire se révélaient à lui sous un nouveau jour, à la lumière du matin. L’assistance se remit à chanter avec les chevaliers, mais le nain n’y prêta pas attention, tout à son observation des pans de roc sculptés. Ici, un chevalier environné de brume chevauchait dans un marais, et une meute de loups fantomatiques hurlent en courant sur sa piste. Là, un château de nacre se dresse dans la nuit noire, à la lueur d’une lune laiteuse ; une myriade d’étoile éclaire les ténèbres et une forêt de lance se rue vers les murailles. Maintenant, des oiseaux crépusculaires environnent des monts déchiquetés, et des chevaliers en armure montent à l’assaut de forteresses en ruine, perdues dans des nuages de fumée…

« -Eh bien, demanda Peau-pierreuse, nos gravures te plaisent on dirait ?

-Oui… répondit Sirîn. Elles sont vraiment admirables !

-C’est bien peu de choses, assura la chevalière en souriant ; moi-même j’ai appris depuis longtemps à modeler la pierre de la sorte.

-C’est prodigieux, assura le nain. On jurerai que le marbre lui-même a adopté ces formes…

-De nos jours, le meilleur Graveur de Glyphes à Cavernigor est Fléaudarme Pointagile. Je te le présenterai, si tu veux.

-Graveur…de glyphes ?

-Bien oui… Ce sont des glyphes, que tu vois là. »

Sirîn fronça les sourcils et regarda à nouveau les murs : il faillit tomber à la renverse : devant lui, sur toutes les faces de la pièce, s’étalaient les caractères sophistiqués de l’écriture pierreuse : des milliers et des milliers de petits caractères calligraphiés avec art, s’emmêlant et s’enroulant à merveille sur le gypse luisant. La longue geste des Hommes de Pierre de Cavernigor, à n’en point douter. Les symboles ancestraux portaient la marque du temps, et ce système de runes ne ressemblait en rien aux caractères plus épurés que le jeune nain avait déjà vus dans de rares écrits de la main d’hommes de pierre.

« -Mais… mais comment… ? s’étonna t-il.

-Tu n’avais pas remarqué ? s’amusa Peau-pierreuse.

-Voilà qui est fort ! J’aimerai bien les étudier plus longtemps.

-Pas maintenant alors, il va être l’heure du repas.

-Quoi, déjà ?

-Eh oui ! Tu es resté longtemps là à regarder les murs ; tout le monde est sorti, nous sommes les derniers. »

Le jeune nain jeta un regard circulaire. Effectivement, la salle était complètement vide et la porte grande ouverte.

« -Je sens que je ne finirai jamais de m’étonner, ici, déclara t-il.

-Tu t’habitueras vite, assura Peau-pierreuse. Allons, viens ! Mon père a ramené de la chasse un cerf, une pièce de choix ! »

Sirîn resta longtemps à Cavernigor, découvrant chaque jour la culture des hommes de pierre. Il fut accueilli avec respect par les habitants, de sorte qu’il commença à se sentir chez lui. Peu après son arrivée, Peau-pierreuse vint le trouver un matin, sur le parapet de la ville, et lui dit :

« -Maintenant Sirîn tu te sens à l’aise en notre ville ?

-Certes, assura le nain ; elle n’a rien perdu de sa singularité mais je m’y suis sans doute accommodé.

-Tu sais, en tant que chevalière, certains devoirs m’incombent. Je devrais certainement bientôt partir en mission.

-là où tu iras, j’irai, répondit le nain. J’ai une dette envers toi. Et puis nous sommes amis à présent !

-Dans ce cas… »

Elle lui jeta un regard étrange, puis elle dégaina son épée ; celle-là même qu’elle avait reçue à son adoubement. C’était un véritable espadon, une longue lame effilée comme un rasoir, et solide comme le roc le plus dur. De la pointe acérée jusqu’à la garde, de longues fentes décoraient l’arme de spires et de symboles. La poignée enfermait un diamant d’une pureté parfaite, projetant des rayons dans le ciel matinal. Elle la tendit au nain et dit :

« -Prends cette lame, elle est à toi.

-Mais… c’est ton épée, protesta le nain, offerte pour…

-Je sais, mais c’est une coutume chez nous, assura t-elle. Deux vrais amis échangent leurs armes pour prouver leur attachement.

-je suis touché, mais…

-un cadeau d’ami ne se refuse pas.

-Grand merci, Peau-pierreuse fille de Casseroc. Je suppose que je dois te donner ma hache alors ? »

Il la retira de son épaule et la lui offrit ; c’était une doloire magnifique, taillée dans le chêne et au fer décoré de runes enchantées :

« -Grand merci Sirîn fils de Kloîn. »

Ils s’apprirent tous deux à les manier, jusqu’à ce que chacun atteigne une dextérité inégalée. Peau-pierreuse mania rapidement la lourde hache avec une vitesse et une force surprenante, et Sirîn passa maître dans l’art de l’escrime. Le nain demeura à Cavernigor, étudiant les glyphes et en apprenant chaque jour un peu plus. Il se sentait désormais chez lui ; il était enfin affranchi de toute contrainte, loin des galeries des Monts de Mort. Là-bas, chacun pensait à lui, s’occupait de lui. Pour la première fois depuis deux siècles, il avait l’impression de connaître enfin la liberté. Plusieurs dizaines d’années passèrent dans la quiétude.

Un jour pourtant, la guerre fut portée contre Cavernigor : un chef orque particulièrement cruel, répondant au nom de Ladag l’éventreur, avait rassemblé une importante horde au nord et rallié à lui plusieurs tribus de kobolds sauvages. A la tête de ses créatures, il traversa les terres alentours, pillant et tuant, puis planta sa tente devant la ville rocheuse, jurant qu’il ne partirait plus que les hommes de pierre ne soient tués jusqu’au dernier.

Il ne tint pas sa promesse, car à la fin d’un long siège éprouvant, les orques levèrent le camp, chassés par les chevaliers. Commença alors la Guerre des Tisons ; pendant des décennies, les hommes de pierre durent affronter l’armée orque dans toute la région, accusant à chaque fois de lourdes pertes pour repousser les bandes furieuses de leurs ennemis. Ladag était loin d’être un imbécile, et il exploitait au mieux le terrain et les dénivelés. Chaque année, il se réfugiait au sud pendant l’hiver, puis revenait au printemps, renforcé par des clans d’ogres maraudeurs.

Finalement, un coup fatal lui fut porté dans les collines du nord, alors qu’il revenait à nouveau de Barbarie. Il y perdit presque toute sa horde, massacrée par les hommes de pierre. Il n’eut plus d’autre recours que de se réfugier dans les contrées mystérieuses du sud avec ses derniers fidèles.

Cependant ses adversaires n’entendaient pas le laisser s’échapper. Aussi le grand conseil désigna Peau-pierreuse comme capitaine chargé de régler son compte à l’orque, une bonne fois pour toutes. Elle partit donc à la tête d’un contingent d’épéistes, Sirîn marchant à ses côtés.

Pendant près d’un ans, ils traquèrent leur proie dans les plaines bourbeuses du levant ; ils rencontrèrent bien des bandes de barbares belliqueux, et leur troupe se fatiguait de jour en jour. Pourtant, menés par une chevalière décidée, et poussés par un ordre impérieux, les soldats n’abandonnèrent pas.

Alors que l’automne s’avançait, ils approchèrent aux abords d’un rivage inconnu. Une mer s’étendait devant eux, un océan qui ne figurait sur aucune carte, ni n’était mentionné dans le moindre récit. Ses vagues irisées par le soleil chaud battaient sans relâche les bancs de sable grossier dans un mouvement de va-et-vient immuable. La piste des orques ne menait pas plus loin. Sirîn observa les côtes, cherchant une trace laissée par un hypothétique navire, pendant que Peau-pierreuse organisait le camp pour la nuit. Ils allaient planter les premières tentes quand une clameur s’éleva alentour, et la bande d’orques sortit de nulle part ; elle avait grossi ses rangs par des guerriers noirs en armures ténébreuses.

Les hommes de pierre se défendirent avec vaillance, espérant repousser ces ennemis ; Sirîn faisait tournoyer son épée et tranchait sur place les orqueries. Il ne put s’empêcher de penser à une autre embuscade qui faillit lui coûter la vie, quelque cent ans plus tôt… Autour de lui, les défenseurs succombaient et trépassaient, massacrés par les sauvages. Le nain se battit avec d’autant plus de vigueur, tandis que la chevalière martelait quiconque se mettait sur son chemin. Soudain elle se retrouva isolée des autres, encerclée par cinq de ces noirs combattants. D’un coup de hache elle brisa la lance du premier, mais deux autres lui empoignèrent les bras et la tirèrent en arrière pendant que les deux derniers lui enserraient les poignets. Ladag bondit et, appuyant son coutelas sur le coup de la guerrière, il aboya :

« -Rendévou touss, ou j’la tu ! »

Aussitôt les combats cessèrent, et les survivants baissèrent leur garde. Il ne restait plus que Sirîn et deux hommes d’armes, Zaiglon et Ralouet. Peau-pierreuse, fermement maintenue par les hommes noirs, leur jeta un regard de défi et cria :

« -Ne prends pas ce risque, Sirîn, ils me tueront de toute façon !

-Har, har ! Sé p’tait vré, ricana Ladag, mé aite vou pré à prendr’le risk ?

-Tu m’as sauvé la vie jadis, protesta le nain, je ne veux pas aujourd’hui causer ta mort. »

Sirîn se rendit donc, et on leur prit leurs armes, puis on lia à tous les mains dans le dos. Ladag rengaina son couteau aiguisé et aboya :

« -Oké, mintenan on retourne o chatau ! »

Ils traversèrent plusieurs dunes sableuses pour arriver à une petite crique à l’bari des vents, où un voilier aux voiles rouges était amarré. Ils y firent monter les prisonniers et ils s’embarquèrent aussitôt, mettant le cap au sud-ouest. La coque du navire fendait les embruns comme un cheval traverserait les steppes enneigées. Sa silhouette menaçante évoluait sur les flots tumultueux, oscillant à chaque coup de brise. Plus le temps passait et plus Ladag semblait mal à l’aise ; sa mine s’assombrissait peu à peu, et il jetait des regards en coin aux hommes en noir. Il n’appréciait vraiment pas ce voyage.

Peu avant le milieu de la nuit, le vaisseau arriva en vue d’une île perdue dans la bataille des vagues roulantes. En fait, un énorme rocher de basalte émergeant de la mer, un piton sur lequel avait été bâtie une puissante forteresse. La masse écrasante du manoir se détachait sur els vapeurs perlées de l’océan, les mouettes criant et hurlant autour des murailles. Des dizaines d’archères et de fenêtres perçaient les façades de l’édifice, comme autant d’yeux scrutant l’horizon démonté.

Un vent fort et brûlant soufflait sur le pont quand le voilier accosta au pied d’un immense escalier descendant jusque dans la mer. Au sommet des marches, une lourde porte s’encastrait dans la muraille. Elle s’ouvrit en coup de vent, déversant une douzaine d’autres hommes en armures sombres. Ils firent deux rangs de lance, et un personnage occulté se montra dans l’embrasure du portail, habillé d’une longue bure du noir le plus profond.

« -Bon retour à Lamentile, chef Ladag, cria t-il d’une voix forte. Que nous ramenez vous ? »

L’orque ne répondit pas, descendant du navire, la mine sombre. Derrière lui, les hommes noirs poussèrent devant eux les quatre prisonniers. Sirîn lança d’une voix fière :

« -Mon nom ne te dirais rien, sorcier, et je n’ai pas l’intention de te le donner !

-Très bien très bien, répondit l’envoûteur. Laissez-moi me présenter alors : je suis le seigneur lyche Nargul, pour vous servir. »

Modifié par Shas'o Benoît
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  • 3 semaines après...

Il se retourna en lançant par-dessus son épaule :

« -Très bien, vous allez avoir le privilège de découvrir mes geôles…

-Eh, protesta Ladag, sé prisonyé son àmoa ! Cé moa ki lé ai pri !

-Silence, informe créature, eructa Nargul en faisant volte-face, sans moi tu ne serais rien. Si tu n’avais pas rencontré mes hommes de main tu te serais fait massacrer au bord de la mer. Ces esclaves me reviennent de droit. A présent si tu trouves quelque chose à redire…

-J’vé pa m’léssé fère !

-Réfléchissez un peu, vous ne pouvez plus rien, triompha le seigneur lyche. Perdu sur une île au milieu des flots et incapable de manœuvrer correctement un bateau ! Toi et tes orques, vous feriez mieux de plier sous ma loi. »

Les hommes noirs poussèrent en silence les détenus à l’intérieur du château. Guidés par le maître des lieux, ils débouchèrent bientôt dans une haute salle décorée de vieilles tentures déchirées, à moitié effilochées. Au centre de la pièce, une longue table en bois brut trônait, entourée d’un cercle de chaises ornées de dossiers sculptés. Nargul s’assit à la place d’honneur, et jetant un regard amusé à ses prisonniers :

« -Asseyez-vous, voyageur, et profitez de mon hospitalité ! »

Aucun ne bougea, pas même Ladag, qui s’appuya avec nonchalance sur une colonne de bois, l’air sombre. Nargul se pencha en arrière et ferma les yeux un instant. Quand il les rouvrit, sa voix était doucereuse, mais pleine de menaces :

« -A votre place je ne ferai pas le malin… Il faut manger pour vivre, non ? »

Tous les cinq s’avancèrent avec regret, prenant place autour de la tablée. Derrière chacun d’eux, trois hommes en noir se placèrent debout, les bras croisés, cependant que d’autres apportaient des plats. Ils posèrent devant chaque convive un tranchoir grisâtre, puis placèrent deux plats de fruits de mer et autres crudités. Ils amenèrent aussi deux bouteilles de vin rouge sang. Nargul se servit un verre et ricana :

« -Si c’est bon pour moi, c’est bon pour vous aussi ! A la vôtre !

-je préfère me méfier des breuvages des nécromants, rétorqua Sirîn.

-A quoi cela me servirait-il de me débarrasser si vite de quatre hôtes de marque ? Ne vous inquiétez pas, je vous réserve pour plus tard… »

Ladag avait déjà oublié toute crainte et s’empiffrait des mets, jetant des regards furieux au seigneur lyche entre deux rasades. Mais aucun des hommes de pierre ne se hasarda à goûter les plats, pas plus que Sirîn.

Quand Nargul eut fini de manger, il fit signe à tous de se lever ; les gardes contraignirent les récalcitrants. S’emparant d’une torche le sorcier s’exclama :

« -On répugne à partager mes repas, hein ? En tout cas, vous ne pourrez pas refuser les chambres que je vais vous donner : elles ont un charme rustique qui ne laisse pas indifférent. »

Ouvrant la marche, il mena la troupe dans un escalier humide qu’il descendit avec prestance. Arrivé en bas, il frappa les barreaux d’une grille barrant le passage, tout en criant :

« -Ouvre-moi, mon frère, je viens te rendre visite ! »

Après un court moment, un long râle retentit, et une voix d’outre-tombe monta dans l’air moite du couloir :

« -Pour-quoi tour-men-ter… les es-prits… dis-pa-rus ?

-Disparu, tu l’es, répliqua Nargul, mais ta main osseuse à la clef, et tu vas m’ouvrir, ou je te sortirai de là et chacun verra que…

-Non, non ! J’ar-rive… »

Dans l’ombre du tunnel, une forme recourbée s’approcha, dissimulée sous un long drap noir. L’être se plaça contre le mur, caché dans les ombres projetées par le flambeau ; il étendit un long bras vers la serrure de la grille, et sa maigre main creuse tenait une petite clef blanche comme neige. Aussi vite que l’éclair, il fit sauter le verrou, resortit la clef de la serrure et s’enfuit en courant vers le fond du boyau.

Nargul rit doucement en entrant dans le passage. Il avança, téméraire, et ordonna à ses serviteurs de forcer les prisonniers à suivre. Ils continuèrent leur chemin le long des murs, jusqu’à entrer dans une vaste caverne dénuée de lumière. Quand le seigneur lyche éleva sa torche, un gémissement retentit. Peu à peu la lumière envahit la grotte, et Sirîn put distinguer la créature, repliée sur elle-même dans un coin de la pièce, sous le tissu étouffant. Nargul fit trois aps dans sa direction et s’esclaffa :

« -Ô mon frère, tu ne sembles pas apprécier cette petite visite ? »

La forme répondit, de sa voix hachée par l’angoisse :

« -Tu-sais… per-tinament…pour-quoi…

-C’est vrai, mais c’est une vieille histoire, protesta l’autre. Veux-tu que je te présente mes amis ? Eux ne te connaissent pas…

-Non, non ! Lais-se-moi… en paix… de grâce !

-Ah ah ! Implore-donc tant que tu veux… Supplie-moi, humilie-toi ! »

Nargul indiqua d’un geste le mur en face de lui : une lourde herse de fer interdisait l’entrée d’une autre caverne voisine.

« -Cela ne te gêne pas que j’héberge quelques invités ici, disons… un mois ou deux ? »

Seul un sifflement lui répondit. Comme un serpent qui darderait sa langue… Nargul ignora l’être tassé sur le sol et se tourna vers Sirîn et les autres :

« -Voici votre chambre pour quelques temps… En fait le temps pour moi de vous trouver une activité…divertissante. Vous devrez vous serrer un peu, mais je pense que vous devrez vous réjouir : après tout, vous êtes nourris et logés à mes frais ! A demain… »

Malgré leurs protestations et leurs réticences, tous les prisonniers, rudoyés par les hommes de main de Nargul, durent rentrer de force dans la geôle. Ladag leur donna beaucoup de mal, mais enfin, roué de coup, ils le jetèrent dans la cellule puis refermèrent la grille. Alors tous s’éloignèrent, la lumière disparut, le bruit des pas sur les marches de l’escalier résonnèrent dans le lointain.

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le seigneur lyche

C'est une liche, j'en suis sur a 95%

sa voix était doucereuse

Etait douce, ca devrait suffir :ph34r:

Sinon, pour le fond, c'est bien ! J'ai un peu eu du mal à situer l'action au depart du passage mais c'est bon, après quelques instants, le flou s'en va.

Donc dans le passage précisement, on arrive pas bien a recadrer ces nouveaux persos, tu devrais joindre une description.

Et la dernière retouche, il faudrait plus de cruauté dans le seigneur. On est presque decu qu'il soit si sympa :) Mais il est quand meme mechant, ne t'inquietes pas !!

Suite !

@+

-= Inxi =-

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Désolé pour l'orthographe de "lyche". C'est comme ça que je l'écris dans mes histoires, c'est ma touche personnelle... Il faut juste s'y habituer ! :)

Voilà la suite :

Peu à peu, les yeux des captifs s’habituèrent à l’obscurité. Dans la noirceur de la prison, ils distinguaient vaguement les barreaux et les murs de la geôle. Sirîn gémit tout haut :

« -Malheur et perdition ! Nous voilà condamnés à croupir Ksandrot sait combien de temps… Et je n’ai même pas mon épée !

-Ni moi ma hache, répondit en écho Peau-pierreuse, tout en frappant les parois de la cellule.

-On dirait bien que cette cave aient été creusée dans le basalte, remarqua Zaiglon.

-Oué, renifla l’orque. Tou Lamentile é konstrui sur cé kayoux. On na aukune chanss d’san sortir en kreusan. Mé dai k’jeu sortirai…

-Tu pourrais éviter de parler, se lamenta Ralouet. Ton haleine me frappe en plein visage, c’est abominable.

-Sa t’poz in problaim ? gronda Ladag, montrant les crocs.

-plutôt, rétorqua l’autre. Mieux vaut mille fois subir les tortures des elfes noirs plutôt que sentir ces émanations fétides.

-A… ta-place…je… ne-di-rais… pas ce-la ! »

Tous sursautèrent en entendant cette voix désagréable, susurrée depuis le fond de la grotte voisine. Une sorte de frôlement s’approcha, et l’être recouvert du drap noir se tapit de l’autre côté de la grille en marmonnant :

« -Je su-is… dis-pa-ru… le maît-re dit… ma mé-moire s’ef-face… je su-is que… le ge-ôlier. Mais je… je vois en-core… dans mon es-prit… »

Il fit une pause et reprit :

« -Autre-fois… j’étais… grand… et puissant. Une armée, oui… Toute une armée. Je commandais… par-ce…que je suis… un haut slaqhor. Oui, un elfe noir, noble… et influent… du moins jadis.

-Ah, vraiment ? Tu m’en diras tant… ironisa Sirîn.

-Oué, kan je sui venu la dairniaire foa, t’aité toujour ossi misairabl ! ajouta Ladag.

-At-tendez… Il y-a des hommes ; des hommes de pierre par-mi vous, non ?

-Certes, nous sommes trois ici, assura Peau-pierreuse.

-Alors… le nom de Xiroluin… Xiroluin vous dit-il quelque chose ?

-Un nom haï parmi nous, répliqua la chevalière. C’est ce monstre de prince elfe, qui le premier a assailli notre cité de Cavernigor. Il voulait envahir le Nord depuis la Barbarie. C’était au début du Second âge, mais il a été chassé lors de la Bataille du Lys et de la Rose. Attendez… Vous voulez dire que…

-Oui… c’est bien ça, oui… Je m’en rappelle, comme si c’était hier –pourtant, depuis combien de temps… je meurs ici ? Xiroluin. Xiroluin est mon nom.

-j’ai peine à le croire, remarqua Sirîn. Même dans nos mines, nous avons eu vent de ce seigneur elfe. Je sais que son corps n’a jamais été retrouvé, mais néanmoins… il avait la réputation d’être un grand elfe, même pour son peuple, et plutôt charmeur. Tandis que vous…

-C’est Nargul ! Il m’efface… Il efface les vies, les âmes. Bientôt je serais évaporé. Mon evanescence est commencée depuis des siècles ; mon corps n’est déjà plus que l’ombre de lui-même, et maintenant mon cœur, mon souffle part à son tour. Mes souvenirs s’étiolent et je sombre dans l’oubli… Tout est oubli, noirceur, abandon…

-Je sais ! s’exclama Zaiglon. On reconnaissait Xiroluin par son regard : il avait deux yeux différents : un bleu et un noir.

-Ce sont mes yeux, assura la forme décharnée ; ainsi sont-ils.

-Prouvez-le nous. On ne voit rien d’ici, dans le noir.

-je déteste la lumière ! Si j’allume, vous me verrez.

-Vous pouvez allumer ?

-Oui… Il y a de l’amadou, une bougie dans un coin… Mais je déteste, j’exècre le soleil : s’il me voit, je…

-Allumez, et nous vous croirons, lui garantit Zaiglon. »

Le spectre parut hésiter un instant, puis il fit volte-face et s’éloigna en marmonnant. Il y eu un bruit de frottis, et la lumière se fit, un éclat ténu qui envahit la prison. Le revenant, qui tenait la bougie dans sa main gauche – une main d’un blanc livide – la posa sur le sol, devant la grille, s’accroupit et dit :

« -Vous voyez bien. La lumière… non, non, je n’aurai pas du allumer ! Le soleil…

-on ne voit rien, assura Sirîn. Votre drap cache complètement votre visage.

-Et…et alors ? »

La voix du gardien tremblait un peu. Une seconde s’écoula, puis il cria :

« -Je ne l’enlèverai pas ! Jamais, vous entendez ? Vous voulez me voir c’est ça ? Vous voulez voir, un elfe, une chose, une bête torturée par un frère fou à lier, un malheureux dont la vie fuit son corps ? Je suis mort, vous entendez ? Vous voulez voir un cadavre ! Laissez-moi en paix ! »

Mais l’autre ne se laissa pas démonter :

« -Si vous ne nous laissez pas voir vos yeux, nous ne croirons jamais que vous êtes ce que vous prétendez être ! »

Le malheureux hésita, déchiré entre deux positions ; s’il enlevait son masque, ils pourraient tous voir dans quel état abominable il était : chaque jour, il se regardait dans al glace, et se voyait sombrer un peu plus dans la lente agonie. La torture qui les attendait tous, voilà ce que c’était ! Et cet autre jeune fou qui avait dit être prêt à souffrir au lieu de respirer… Mais s’il gardait son masque, alors plus personne ne croirait en son nom. Il n’aurait plus d’identité, plus d’histoire. Le peu d’honneur et de gloire qui pouvait rester en débris en lui s’envolerait. Secouée par les sanglots, sa voix monta alors, comme un murmure :

« -Vous… vous pro-mettez de n’en dire… mot à personne ?

-Cela dépend, rétorqua Sirîn.

-C’est ça… ou je souffle la bou-gie !

-Moa, je jur pa ! décida Ladag. J’é rien à dir à sait espaiss de déjénéré. »

Chacun regarda l’orque, qui était adossé au fond de la prison, les bras croisés. Puis le spectre ricana :

« -Toi tu peux… Jamais Nargul te laissera vivre, après les derniers événements. Tu t’es dressé contre lui, il te tuera en retour.

-On vairra bien ki tura l’otre !

-Personne ne peut tuer Nargul, menaça le revenant. Personne !

-Pourkoi ?

-Parce que… c’est un Grand Elfe… Personne ne porte la main sur eux, sauf un grand elfe. Et puis c’est un monstre, mais c’est aussi mon frère… Si tu le tue, je t’étranglerai. »

Après quoi il se releva, et il avait haute stature, bien qu’horriblement amaigri. Deux longues mains diaphanes relevèrent le tissu grossier qui recouvrait sa tête et tout son corps, et le jetèrent au sol. L’être était d’une minceur extrême, il n’avait que la peau sur les os et ses articulations saillaient sous ses vêtements délavés, à moitié déchirés. Son visage surtout était l’image même de l’abomination. Son menton saillant tirait la peau sur ses joues creuses, ses arcades sourcilières renforçaient l’impression de dessèchement émanant de tout son corps. Seuls de rares cheveux dorés, flottant sur ses épaules, et ses oreilles effilées témoignaient encore de son elfisme. Tout le reste n’était que famine, souffrance et épuisement. Son nez atrophié disparaissait dans sa face effilochée, sa bouche distordue tremblait en permanence. Mais au centre, ses deux yeux n’avaient rien perdu de leur vigueur d’antan. Le droit, bleu comme un pâle matin de printemps, comme un ciel lavé par la pluie et la brume, luisait tel un lac scintillant ; le gauche, d’un brun sombre tirant sur le roux, rappelait le sol terreux des forêts en automne, tapissé de kyrielles de feuilles mortes.

Le face à face ne dura qu’une fraction de seconde ; avec une rapidité surprenante, la créature se jeta sur la toile noire et s’y enroula de plus en plus. Puis se relevant, il tourna sa tête camouflée vers les prisonniers en sifflant :

« -Vous avez promis ; vous n’avez rien vu, compris ? »

Il se retourna et rampa jusqu’au fond de la pièce, puis éteignit la bougie, et l’obscurité revint. Un court instant s’écoula, puis Ladag se jeta sur la herse qui refermait la cellule :

« -Laiss’moa sortir ou j’kasse tou ! »

Seul le silence lui répondit, et fulminant de rage, l’orque se mit à secouer la grille, soufflant et grognant. Il frappait, cognait, ébranlait, et les barreaux geignaient sous les coups. Mais le métal tenait bon, et la brute redoubla d’ardeur, cognant comme un sourd.

Peau-pierreuse, qui était assise dans le fond de la grotte, allait lui dire d’arrêter sa folie destructrice, quand un horrible crissement retentit : la herse se soulevait. Ladag, tenant fermement deux barreaux entre ses mains musclées, tirait de toutes ses forces pour relever la barrière. Et il y arrivait. Sirîn bondit aussitôt et aida l’orque de son mieux à pousser les barres vers le haut. Ralouet, Zaiglon et la chevalière apportèrent également leur soutien, et à eux cinq, centimètre apr centimètre, ils réussirent à faire coulisser la grille…

Xiroluin commençait à se demander ce que les détenus pouvaient bien faire : il s’avança lentement en déclarant :

« -I-nutile. Les bar-reaux sont so-lides… »

Ladag surgit hors du cachot, et plaquant le geôlier au sol, il eructa :

« -Oué p’têt, mé pa zassé lour pour nou ! Mintenan, je vé te…

-Laisse-lui la vie sauve, ordonna Sirîn.

-J’voi pa pourkoi je f’ré ça ! Pi d’abor t’é k’un nin !

-Sans lui, nous ne sortirons pas vivants de Lamentile. Il nous faut un guide sûr.

-Exact, approuva Zaiglon. Encore que je me demande si ce serait sage de se confier à ce…

-Il déteste cet endroit plus que nous tous, dit Peau-pierreuse. Parle, Xiroluin ; veux-tu partir avec nous ?

-Non… non… Mon frêre me tu-erai… Lui n’hé-site pas. Je veux res-ter i-ci. Dans la nuit, oublié, c’est ma place. Pers-onne ne doit savoir, ne doit me voir… »

Ralouet ramassa à tâtons la bougie, et chercha de la main l’amadou, tout en grinçant entre ses dents :

« -J’en ai plus qu’assez de t’entendre, elfe ! Pour nous, tu n’es qu’un vieil ennemi… Si ça ne tenait qu’à moi, je laisserai ce cher Ladag te broyer. C’est tout ce que tu mérites, dans le fond.

-Je me le demande… murmura Peau-pierreuse.

-Quoi qu’il en soit, il doit connaître le château comme son ombre, nota Sirîn. Allez, Xiroluin, tu vas nous ouvrir la route.

-Impos-sible, la porte en fer bar-re le tun-nel.

-Et bien, à nous cinq, nous allons nous en occuper. Allons. »

Ils marchèrent jusqu’à l’entrée de la caverne, éclairés par la bougie. Encastrée dans le mur, la porte condamnait tout issue.

« -Je l’av-ais bien dit, remarqua le spectre en haussant les épaules. Vous êtes coincés ici.

-Qui a la clef ? demanda Ralouet.

-C’est le Maî-tre… »

Zaiglon réfléchit tout haut, faisant le tour de la cave :

« -Voyons, nousa vons un guide mais une porte fermée ; de la volonté à revendre mais pas d’armes…

-Cela pose problème pour la suite remarqua Sirîn.

-Hum… Pas d’outils, une bougie, des murs de basalte et quelques éclats de pierre ça et là… poursuivit Zaiglon. J’ai trouvé ! Nous allons arracher la porte. Rappelez-vous, elle s’ouvre vers l’intérieur, les gonds doivent être de ce côté. Ramassons les blocs de pierre et martelons les charnières jusqu’à ce qu’elles se brisent. Ensuite, il n’y aura plus qu’à tirer. »

Chacun s’empara d’un morceau de roc et se mit à l’ouvage ; en quelques instants, les paumelles furent broyées et concassées. Ladag, d’une vigoureuse secousse, tira sur les battants et les décrocha aux parois. Soupirant intérieurement, ils s’engagèrent dans l’escalier grossier, Sirîn et Peau-pierreuse encadrant leur otage et guide, suivis de peu de ladag et Ralouet qui tenait encore la chandelle. Zaiglon fermait la marche.

Arriés au sommet des marches, le nain se tourna vers Xiroluin :

« -mène-nous vivement à la sortie. Et la plus discrète possible.

-Il n’y-a pas d’en-trée se-crète ; juste la por-te prin-cipale.

-Nous devrons donc nous en contenter. Et pas un bruit ! »

Le spectre rampant devant, reniflant le sol et geignant. Ils traversèrent plusieurs couloirs tortueux, puis de nouvelles volées de marches pour arriver à une salle obscure, éclairée par des candelabres. Sur les murs, des centaines d’étagères croulaient sous les manuscrits et autres grimoires. Le sol lui-même était jonché de parchemins, de rouleaux et de formules. Xiroluin continua sa route, regardant à droite et à gauche, éternuant dans la poussière volant en tout sens. Il disparaissait presque sous la couche de papier recouvrant les dalles. Ralouet ne put s’empêcher de frissonner :

« -Songez à l’horrible savoir qui doit être renfermé dans ces ouvrages !

-je l’ignore, avoua Sirîn, qui feuilletait un livre à reliure jaunâtre. JE n’arrive pas à déchiffrer ces caractères. Sûrement de l’elfique solaire.

-Pres-sez-vous, chuinta Xiroluin. Si le Maître nous trou-ve ici, il nous to-tu-reras puis nous tu-era sans même ré-fléchir ! On est dans sa bi-bliothèque.

-Qu’attends-tu pour trouver la sortie, tempêta Ralouet. Je n’ai que faire de ces choses !

-Je cherche, protesta le spectre. Je cherche et je ne trouve pas encore ! »

Un doute assaillit la chevalière. Regardant le misérable, toujours empêtré dans son drap couleur de nuit, elle lui demanda :

« -Depuis combien de temps n’es-tu plus sorti de la grotte ?

-Je ne sais pas, gémit Xiroluin. Quelle année sommes-nous ?

-Nous sommes en l’an 270 du IV âge.

-Alors… cela fait 820 ans. »

Un silence de mort s’installa. Xiroluin releva la tête et considéra les voyageurs à travers le drap qui recouvrait son visage :

« -Le Maître a rajouté des couloirs, des tunnels… Détourné des boyaux. Je ne sais plus… Cela me revient au goutte à goutte. Mais… je crois que c’est par là. »

Son long doigt décharné indiqua un autre tunnel, qui s’enfonçait à droite. Sirîn soupira et dit :

« -Bien, allons-y alors. Passe devant.

-Moi j’kroi k’i vodré mieu le krabouillé, seu pti elfe.

-Tais-toi, Ladag ! lui intima Peau-pierreuse. Il ne faut pas se faire remarquer. Nous règlerons nos comptes plus tard. »

Le nouveau passage montait en colimaçon entre deux murs taillés dans le basalte le plus sinistre. Le petit groupe suivit le guide improvisé, escaladant parfois des rochers tombés du plafond. Plus ils avançaient, et plus la noirceur environnante disparaissait, cédant la place à un éclat diffus. L’atmosphère devint plus lourde, oppressante, l’air se fit chaud, dilaté, rougeoyant. Le sol tremblait maintenant et un grondement montait des entrailles de la terre. Sirîn sursauta :

« -Qu’est-ce que cette sorcellerie ? »

Devant eux, au bout du passage, une énorme grotte naturelle s’étendait. Des vapeurs fumantes montaient jusqu’au plafond hérissé de stalactites, et au fond, tout au fond, un profond lac de lave rugissante coulait, rongeant les bords de la caverne !

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Tain ! Quel naze je fais pas ! J'ai fermé la page ou j'avais noté toute les retouches sur la forme !!! Bon, désolé de pas avoir posté avant mais je sors d'une semaine surchargée ! Comme en bac blanc ! ( surtout de latin mais avec 16.5, c'est assez bien passé :lol: ) !!

Bon fin de ma vie ! Pour la forme, il y a des fautes de frappes ( 2 ) et des débuts de phrases sans majuscule ( au moins 3 ) donc ca se corrige assea facilement ! Mis à part ca, c'est du tout bon !

Niveau fond, toujours autant pris dans l'histoire. On récupère enfin les autres personnages, ce qui permet de redonner une bouffée d'air a ton texte, c'est agreable. Bon tu te debrouilles très bien !! Encore !!

@+

-= Inxi =-

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  • 1 mois après...

Mon mois sabbatique est fini alors voilà toujours une petite suite...

Peau-pierreuse leva les yeux vers les sommets de la salle : tout en haut, à peine visible à travers l’air embué et brûlant, une petite plate-forme rocheuse donnait aussi sur le vide. Une forme drapée de noir, encapuchonnée, se enait au bord de l’abîme, les bras levés, les doigts écartés, comme tendus dans l’espace vers des étoiles invisibles. Les évadés ne parvenaient pas à discerner qui se tenait sous ce manteau sombre, mais Xiroluin le reconnut et gémit tout bas :

« -C’est le maî-tre, le maître, c’est Nargul ! »

Le sorcier n’avait pas remarqué les intrus, concentré comme il l’était. Ses deux yeux flamboyants contemplaient les langues de lave montant à l’assaut des parois. Soudain, il éleva les mains et chanta d’une voix profonde, envoûtante :

« -Pierre noircie d’âcres fumées,

Veinée de feu, striée de lave,

Je te réclame une framée

Car la situation s’aggrave ;

AU NOM DU SANG VERSE SANS FIN

Par tous les Elfes sous les cieux,

Celui de nos pères défunts

Qui pourtant furent valeureux…

AU NOM DE NOTRE DESTINEE,

Nous les slaqhors fils du soleil

Qui cherchons la voie dessinée

Par nos ancêtres sans pareil…

AU NOM DE LA GLOIRE A VENIR

Pour couronner tous nos efforts,

Un juste prix pour ce martyr

A nous privés de réconfort… »

A mesure qu’il parlait, une trombe de magma s’éleva, projetant des éclats et des gouttelettes incandescentes dans toutes les directions. La colonne de feu s’éleva comme une trombe d’eau, spiralée, rugissant d’un brasier intérieur, jusqu’à arriver à la hauteur du seigneur lyche. Nargul sourit et avança une main, reprenant sa mélopée ensorcelée :

« -AU NOM DU SOLEIL RADIEUX

Tel un flambeau fixé au ciel

Pour montrer aux audacieux

La route de vie éternelle…

AU NOM DE LA LUNE FUGACE

A la pâle et faible lumière,

Un disque à la gloire salace,

Un ennemi antique et fier…

AU NOM DES ETOILES DE NACRE

Autant de vigilants gardiens

Qui veulent retarder le sacre

De l’empire de tous les miens… »

Peu à peu, la lave rouge et dorée se tordit et se condensa, la base du pilier de feu retomba en flammes précipitées, tandis que le haut demeurait, flottant de l’espace. La matière incandescente se durcit, se courba, prenant peu à peu une forme bien connue de tout guerrier… Le magma se muait en une sorte de terrifiante épée de pure ardeur, une arme impalpable et brûlante jetant des étincelles ! Nargul fit un pas en avant et conclut son incantation :

« -AU NOM DU FEU GRAND REDEMPTEUR,

De ses langues mordant le bois,

Abandonne-moi ta vigueur,

Ton pouvoir qui dicte la loi…

AU NOM DU FER TIRE DU SOL

Comme on puise l’eau de la source,

D’où naît l’acier qui tue le fol

Qui s’oppose à nos grandes forces…

AU NOM DE LA CREATION

Donne moi l’arme meurtrière

Qui brisera l’abjection

Pour honorer ma bannière ! »

Alors sa main se referma sur la poignée basaltique. Et voilà que l’épée s’était durcie en un instant ; désormais le rouge sang clair et fondant, le doré et le jaune souffre, au contact de la main du maître lyche, avaient cédé la place au gris cendre, au noir de nuit et à une teinte obsidienne. Un ricanement retentit dans toute la pièce, et Nargul éleva son bras, brandissant la lame au-dessus du précipice :

« -Voici une lamefuneste ! »

Et il prit l’épée de sa poigne ferme ; sur la lame était gravé un seul mot en elfique : « Negative », et tel était le nom de cette lame. Nargul quitta son promontoire, et il n’y eut plus que le grondement de la lave en contrebas pour troubler le silence.

De longues secondes s’écoulèrent, au cours desquelles pas un des six fugitifs ne cilla. Puis Xiroluin se redressa et murmura :

« -Faut y al-ler, pas at-tendre maintenant. »

Ils rebroussèrent chemin jusqu’au croisement précédent, et le spectre les mena vers un autre tunnel qui était éclairé par des torches tous les quelques mètres. Il paraissait de plus en plus nerveux, et même franchement angoissé. Alors qu’ils approchaient d’une nouvelle porte, la créature fit volte-face en protestant :

« -Pas par-là ! Par-la non plus ! Demi-tour, vi-te !

-Kwa enkor ? gronda Ladag. J’en é assé deu sé retours. Moa jivé ! »

Il fonça sur la porte et la démolit d’un bon coup d’épaule. Le battant vola en éclat, et tous s’engouffrèrent dans la pièce, sauf Xiroluin qui rampa doucement vers l’autre bout du couloir.

Les murs étaient recouverts d’incrustations de quartz et le plafond semblait dégouliner de cristal, des dizaines de stalactites miroitantes étaient suspendues. Le sol était recouvert de mosaïque aux tons froids, bleus, gris, noirs, représentant les antiques batailles de la Première Guerre. Au centre de la salle, une sorte de trépied en métal trônait, entouré d’un halo blanchâtre. Ses pattes étaient ornées de statues effrayantes, gueules de dragons, de monstres et de fantômes torturés hurlant la mort et crachant des flammes. Le haut du meuble se terminait en cinq pointes acérées, sculptées dans l’acier le plus solide ; et sur les cinq griffes tenait en équilibre un globe.

C’était une sphère plus ou moins circulaire, d’un noir profond nervé de stries blanches pareilles à de longs doigts crochus, à des mains par centaines entourant la boule de nuit. L’objet était assez volumineux, et brillait de lui-même dans l’obscurité.

Sirîn s’avança, émerveillé. Il n’avait jamais rien vu de tel, et pourtant il pensait savoir de quoi il s’agissait. Peau-pierreuse se plaça à côté de lui, hochant la tête :

« -C’est le Cœur de la Désespérance ! » souffla t-elle.

Sirîn effleura de la main la surface du globe. Une vague d’appréhension, de trouble le submergea. Il recula d’un pas, quelque peu décontenancé, et approuva :

« -A n’en point douter.

-On ne peut pas le laisser ici, remarqua Zaiglon. Ce… Nargul serait bien capable de s’en servir.

-Je ne sais pas, dit Sirîn. Pourquoi l’avoir gardé ici si longtemps ?

-Enfantin, répondit Peau-pierreuse. Il n’a pas d’armée pour le soutenir dans une guerre. Une pierre magique seule ne donne pas la victoire.

-Oué, fit Ladag, chak foa ke j’vené, y’avé perssaune appar sé sbir’ ! »

Ralouet se plaça face au guéridon et souleva la pierre de son support :

« -Eh bien, emmenons-là alors ! Diable, elle pèse son poids. Il va falloir faire vite. Où est-on à présent ? Comment sortir d’ici ?

-Du calme, nous avons un guide, rappela Zaiglon. Mais… Où est Xiroluin ? »

Le spectre les avait quittés. Il n’était jamais entré dans la pièce avec eux.

« -Enfer ! tempêta Sirîn, il va donne l’alerte maintenant.

-Peut-être pas, dit Peau-pierreuse. Il déteste ce maître lyche et n’a aucune envie d’avoir encore affaire à lui, je présume.

-Bon, perdon pa d’tan ! cria Ladag. Y’a k’une paurte devan nou, alaur allonzi ! »

Venya Kalgonir était la comtesse de Tergalk, souveraine indiscutée des côtes ouest de l’Ocean Inconnu. Menant l’excavation de plusieurs mines riches en fer et en argent, elle entretenait un commerce fructueux avec les grands seigneurs barbares alentour. Pour ce nouveau voyage vers Lamentile, elle s’était équipée de pied en cape. Sur sa tête, un heaume forgé dans l’acier le plus solide était décoré d’un serpent d’or dardant sa langue. Sur ses éaules reposait une cape d’hermine et de soie, agrafée par une broche représentant une serre d’aigle. Sa longue robe noire était serrée à la taille par un baudrier en cuir, dans lequel reposait sa propre lamefuneste, un long sabre à la poignée sculptée dans un gros morceau d’ambre rouge. Debout à la proue de son navire, elle regardait l’île de basalte s’approcher à l’horizon, perdue dans les brumes du matin. Les embruns bondissaient des flots et le vent fouettait son visage. Cet univers tempétueux, cette mer tourmentée lui rappelaient ses jeunes années de pirateries, quand elle servait dans les légions slaqhors du sud. Que de bons moments de pillage n’avait-elle pas vécus !

Nargul observait la galère s’approcher peu à peu de son fief. Il n’aimait pas beaucoup Venya et ses airs hautains ; elle était par trop arrogante ! Ses possessions sur le continent l’amenaient à mépriser les elfes comme lui qui préféraient consacrer plus de temps aux recherches occultes. Néanmoins, il savait qu’elle tenait de son père une quantité impressionnante de manuscrits très précieux. Il était prêt à tolérer sa présence sur ses terres quelques temps, si cela pouvait l’amener à acquérir certains de ses ouvrages. Et puis Vanya, malgré toute sa suffisance, restait une très belle princesse elfe…

Nargul s’avança jusqu’au bord de la mer, sur la jetée, pour accueillir son hôte de marque, entouré de ses hommes de main. Vanya descendit en compagnie de dix de ses archers ensorcelés. Si Nargul se méfiait de Narya, il détestait franchement les archers qui l’accompagnaient. C’étaient des hommes entièrement pervertis et voués à sa cause. Un à un, ils étaient tombés en son pouvoir. Venya Kalgonir était une grande sorcière, et elle avait réuni ses talents dans sa bague de Damnation. Quiconque effleurait la gemme ornant l’anneau qu’elle portait à l’indexe devenait aussitôt un de ses esclaves. La métamorphose était particulièrement horrible sur les hommes. Ils se courbaient sur eux-mêmes, leur peau se flétrissait et des séries de piques souples poussaient le long de leur échine et de leurs jambes. La sorcière leur apprenait alors à se servir d’arcs rustiques, tout juste assez robuste pour supporter leur poigne rude.

L’air faussement chaleureux, Nargul sourit à son invitée :

« -Bonjour et salut à vous, Venya Kalgonir, souveraine des sept mines de l’ouest !

-A toi aussi, Nargul du Rocher, répliqua t-elle en posant le pied sur le ponton de la jetée. Je suis venu voir comment marchaient tes affaires. Assez mal, j’ose espérer ?

-Ah, par les temps qui courent, avoua nargul, il devient difficile de se faire obéir des peuplades –c’est ainsi que les elfes appelaient les dix races : hommes, nains, squals, dryades, hommes de pierre et de boue, fenris, orques, trolls, gnomes.

-Certes ; il y a pas moins de deux semaines, ajouta Venya tout en marchant vers la grande porte, j’ai du, à mon grand regret, mater une petite révolte de gobelin. Je me demande toujours pourquoi nos pères ont créé cette forme atrophiée d’orqueries qui ne peut plus que servir d’exemple lors de mes démonstration de force. A la rigueur, ils forment de bons excavateurs… Même si pour cela les kobolds sont plus appropriés. »

Tout à leur discussion, aucun des deux slaqhor ne prit garde au petit voilier à proue en forme de cygne dont le mat dépassait, derrière les falaises nord de l’île. Kranit l’unadmhor, elfe des montagnes, et Joyau-de-ciel le Dimhor, elfe des plaines avaient abordé à Lamentile, et ils suivaient la discussion de près. Tous deux commençaient à haïr franchement ces slaqhors qui dénaturaient l’honneur de tous les elfes. Embusqués derrière les rochers, ils attendaient une occasion pour entrer dans la forteresse.

Venya arriva devant les deux battants de l’imposante porte et ricana :

« -on ne se refait pas, Nargul ! Quand changeras-tu de porte ? Celle-ci a bien cinq mille ans. Tu devrais engager quelques uns de mes forgerons. Ils sont habiles et…

-Pourquoi pas ? la coupa t-il sèchement. Mais nous en reparlerons tantôt. Pour l’heure, je n’en ai nullement besoin. En revanche, j’ai là quelque chose qui vous intéresserait sûrement… »

Les deux seigneurs, suivis de leurs gardes, passèrent la porte qui se referma doucement, déclenchée par quelque sortilège immanent. Les deux elfes qui les épiaient en profitèrent pour se glisser à l’intérieur de Lamentile, avant que les battants ne se referment dans un claquement sourd.

Modifié par Shas'o Benoît
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  • 2 semaines après...

Nargul mena son invitée jusque dans une grande pièce aux pierres bleues argentées. Plusieurs hautes colonnes soutenaient la voûte d’où pendaient des lustres de cristal projetant sur les lieux des halos de lumière vacillante. Au milieu de chaque mur, dans les directions des quatre points cardinaux, une porte en bois de chêne s’encastrait dans les pierres.

Le seigneur lyche marcha droit vers une table sculptée dans la roche. Dessus était posée une longue épée, fine et acérée, d’un noir uni. Le pommeau, la garde et la lame elle-même semblaient coulés tout d’une pièce, d’une égale force et d’un éclat pareil. Venya, respectueuse, effleura le tranchant de l’arme et lut les runes :

« -Negative. Un nom approprié. C’est une lamefuneste, dit-moi ?

-Bien sûr, s’offusqua Nargul. Je suis un grand forgeur slaqhor, ne t’en déplaise. Cette lame va remplacer celle que j’ai brisée le mois passé…

-Oui, sur les écailles d’un dragon, j’en ai entendu parler » marmonna la comtesse, qui soupesa le fer de la main.

Le seigneur lyche commença à être agacé. Il espérait que ce dernier exploit aurait quelque peu modifié sa réputation. Car après tout, tuer un grand ver n’apportait donc pas de gloire ? Avisant l’attitude de Venya, il lui retira prestement négative en demandant :

« -Laisse donc cette épée et parlons plutôt affaire. »

Kranit risqua un coup d’œil dans le couloir voisin, et vit des ombres projetées par les torches s’approcher. Il murmura à son compagnon :

« -Quelqu’un vient, prépare-toi ! »

Dégainant silencieusement leurs épées, ils écoutèrent les pas approcher, prêts à frapper. La troupe s’avançait, ils allaient franchir le tournant…

Les deux elfes restèrent stupéfaits, incapables d’attaquer, tout comme leurs opposants. Un orque, trois hommes de pierre et un nain ! Joyau-de-ciel tendit la pointe de son arme sur ce-dernier et demanda :

« -Que peut bien faire un maître nain ici en si charmante compagnie ?

-Je vous retourne la question, messire l’elfe, rétorqua Sirîn.

-Qu’est-ce qui me prouve que vous ne travaillez pas pour le vampire de cette île ? continua le Dimhor en faisant un pas en avant.

-Et vous ? répliqua Peau-Pierreuse. Vous êtes des elfes, vous êtes à plus forte raison susceptible de travailler pour lui, il me semble. »

Après un moment de flottement, Joyau-de-ciel baissa sa garde en avouant :

« -Peut-être, mais ce n’est pas le cas. Nous venons d’accoster aujourd’hui à son insu, pour lui voler le…

-Regarde, le coupa Kranit, ils l’ont ! »

Il montrait du doigt le Donomâr, à la fois étonné et heureux de sa découverte. Joyau-de-ciel hocha de la tête :

« -Bravo, maître nain, c’est une bonne affaire. Auriez-vous l’obligeance, vous et vos amis, de me le remettre ?

-Pas question, fit Zaiglon en serrant les poings. Moi, je ne vous fait pas encore confiance.

-On vous l’a demandé poliment, déclara Kranit. Mais nous pouvons aussi vous le prendre de force. Vous êtes désarmé.

-Menez-nous hors d’ici et nous vous donnerons la pierre » dit Peau-Pierreuse.

Le Dimhor acquiesça, et leur fit signe de les suivre.

Il n’en revenait pas. Ils n’étaient pas entrés dans Lamentile depuis une demi-heure, lui et Kranit, et les voilà qui ne retrouvaient déjà plus leur chemin dans ce dédale. Arrivés devant une nouvelle porte, ils la franchissent pour déboucher dans une salle basse de plafond, encombrée de rateliers croulant sous des armes aussi étranges que redoutables. Sirîn, Peau-Pierreuse et Ladag bondissent aussitôt et trouvent rapidement qui son épée, qui sa hache, qui son coutelas ; Zaiglon et Ralouet qui tenait toujours le globe dans sa main gauche, prirent chacun une courte lance. Ils se remirent alors en route, passant par une autre entrée. De nouveaux couloirs, de nouvelles salles désertes.

Nargul claque des doigts :

« -Tu vas voir quelques autres merveilles que j’ai forgées à ton intention. »

Trois de ses serviteurs en armure noire arrivèrent de la porte ouest, portant chacun à bout de bras une épée grise, comme des barres de cendres durcies. Ils les posèrent les unes à côté des autres, alignées sur la table à côté de Négative. Chacune était comme enserrée dans des barres d’argent pur torsadées, courant tout le long du fer, de fines tiges dentelées qui se coulaient parfaitement dans l’épaisseur de la lame. Venya les étudia avec minutie, prononçant à voix haute les noms inscrits sur leurs poignées :

« -Véloce, Atroce et Féroce. Voilà des noms cinglants pour des armes prêtes à fendre l’air.

-Elles sont à toi si tu y mets le prix, décréta Nargul.

-Et qu’entends-tu par « y mettre le prix » ?

-Tu sais que je m’intéresse beaucoup aux écrits rassemblés par ton père. Je me contenterai de deux de ces ouvrages. N’importe lesquels, je lui fait confiance.

-Tu ne sais pas ce que tu exiges de moi, protesta la comtesse en faisant la moue. Je tiens beaucoup à ces livres, c’est presque tout ce qu’il me reste de lui… »

Le seigneur lyche ne daigna pas répondre ; il savait tout comme elle que si son père était mort, elle n’y était sûrement pas pour rien. Tournant le dos, il soupira :

« -Très bien, moi qui pensait que cela t’intéresserai…

-C’est un déchirement, mais j’accepte, répondit-elle. J’ai justement quelques uns de ces grimoires dans ma cabine.

-Allons les chercher alors, proposa Nargul. Pas de temps à perdre, n’est-ce pas ? Nous les immortels, nous connaissons mieux que les peuplades la valeur du temps. »

Ils allaient sortir de la salle, quand la porte nord s’ouvrit en coup de vent… pour laisser entrer les quatre fugitifs accompagnés des deux elfes !

Modifié par Shas'o Benoît
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j’ai brisée le moi passé…

Bon, ca devrait pas être dur à voir où est la faute :P

ils allaient franchir, le tournant…

Je pense pas que la virgule soit necessaire

Nargul claque des doigts :

Le temps n'est pas le bon

dans des barres d’argent pur

Je crois que "pur" doit s'accorder

je lui fait confiance.

Accord de "fait"

ils allaient sortir de la salle,

Manque la majuscule à "Ils"

Voila sinon c'est du tout bon ! Des persos commencent à se retrouver ce qui permet de creer plusieurs nouvelles situations. La, tu fais le max et les fait rencontrer le "grand mechant". Sinon, dans l'ensemble j'ai pas de remarques précises mis à part que je veux une suite d'aussi bonne qualité !!

@+

-= Inxi =-

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  • 2 semaines après...

ben voilà la suite :P , j'espère qu'elle te ( vous :wink: ) satisfaira :

« Gardes ! Arrêtez ces évadés ! éructa Nargul, brandissant Negative.

-Voilà un lugubre comité ! » remarqua Kranit, se mettant en garde.

Nargul aperçut alors la sphère que tenait un des hommes de pierre et explosa :

« -Ils ont volé le Donomâr ! massacrez-les ! »

Sirîn courut vers la porte de droite en criant :

« -Par ici, c’est la seule issue ! »

Ils s’engouffrèrent dans le tunnel, les suppôts du vampire sur leurs talons. Jetant un regard en arrière, Ralouet distingua nettement les deux chefs mener leurs serviteurs à l’attaque. Serrant anxieusement le Donomâr dans sa main, il gémit :

« -Ils gagnent du terrain… Nous sommes perdus !

-Courage, répondit Zaiglon, je vois un escalier au bout du corridor ! »

Ils gravirent les marches deux par deux, soufflant et haletant, les hommes noirs à leurs trousses. Venya suivait Nargul en ricanant :

« -C’est ainsi que tu gardes tes prisonniers, mon cher ?

-Cesse de persiffler, rétorqua l’autre, et dis-tu plutôt à tes archers d’utiliser leurs arcs !

-Les prisonniers en fuite sont à tout le monde, et si je peux, je les épargnerai pour les conserver, avança Venya, bondissant à son tour dans l’escalier.

-Tu es folle ! Arrivés sur la terrasse, ils s’enfuiront en volant ton navire ! Il faut les arrêter maintenant.

-Personne ne m’insulte impunément ! » rugit Venya, les yeux enflammés.

Ils se toisèrent une seconde, puis reprirent la montée, et la comtesse cria :

« -Feu, archers, que les traits fusent dans les airs ! »

Sirîn et ses compagnons arrivaient au sommet de l’escalier, et la lumière les éblouit soudain. Ils avaient débouché sur une large terrasse aplanie, et en contrebas, les récifs et la jetée s’étalaient. Kranit se pencha de l’autre côté des hauteurs et distingua nettement le vaisseau sur lequel il avait accosté :

« -Regarde Joyau-du-ciel, notre bon vieux Dalmasion nous attend ! Par ici… »

Alors qu’ils traversaient en toute hâte la plate-forme, les premiers Archers Malins apparurent dans l’encadrement de la porte, encadrés par les hommes en armure noire. Les premiers décochèrent quelques flèches qui se perdirent dans les rochers.

Nargul sourit à son tour, courant au milieu de ses esclaves :

« -Ils ne savent pas tirer, des fameux possédés.

-Ricane, gronda Venya en fouettant l’air de son sabre, mais ce sont tes évadés que je poursuis. Il faudra m’en remercier plus tard, et y mettre le prix. »

Peau-pierreuse s’arrêta net alors qu’ils approchaient d’une aile extérieure envahie par les mauvaises herbes et des arbres noueux, couverts d’une mousse verdâtre. Joyau-du-ciel s’avança prudemment, essayant d’oublier les cris de leurs poursuivants à moins de cent mètres maintenant :

« -Je n’aime pas cet endroit, murmura le Dimhor, mais il va bien falloir y aller…

-En avan, hurla Ladag, j’veu kité sait endroa é plu jamé i r’venir ! »

Ils s’enfoncèrent dans les sous-bois sombres et humides, d’ou montaient une odeur profonde et entêtante.

Lorsque les hommes de main arrivèrent devant les bosquets, Nargul dut user tout son pouvoir pour les y faire entrer à sa suite :

« -Je suis votre maître, et vous devez obéir à mes ordres, même si je vous envoie brûler en enfer ! Vous êtes à moi, et vous faites ce que je vous dis ! En avant, vermines, et ramenez-moi ces fuyards vivant ! Je leur réserve un tourment particulièrement horrible… »

Venya s’enfonça avec lui dans la forêt obscure, poussant ses propres Archers Malins à traquer les évadés. Tournant la tête vers le seigneur lyche, elle s’interrogea :

« -Quelle idée de faire pousser une telle jungle sur lamentile !

-gardez vos réflexions, ma chère. Sachez que cette jungle, c’est mon chef-d’œuvre. Le Jardin des Tourments. Le problème, c’est que personne n’en est jamais sorti vivant… C’est la première fois que j’y entre d’ailleurs. »

Venya s’arrêta et regarda d’un air interrogateur le lyche qui continuait d’avancer entre les troncs tordus des arbres déchirés. Elle commença de se sentir mal à l’aise, mais n’en voulut rien montrer. Nargul continuait son monologue, entouré de ses sbires effrayés :

« -Pas question de laisser ces cinq lâches m’échapper. Leur mort sera à la hauteur de cet affront ! Et pressez le pas, vous autres ! Ola les archers ! Partez en avant et rattrapez-les, ou je vous étripe ! »

Ladag se retourna en faisant danser ses poignards, et observa les Archers Malins traverser les fourrés droit vers eux :

« -Trotar, i son d’jala ! J’vé lé ret’nir.

-Alors moi aussi, déclara Sirîn.

-Et moi, ajouta Peau-pierreuse. Ralouet et Zaiglon, continuez droit vers le bateau. On vous rejoint dès que possible. »

Les deux hommes de pierre acquiescèrent et s’éloignèrent à toute jambe, tandis que les poursuivants arrivaient à hauteur de leurs compagnons. Le choc fut rude. Ladag chargea les servants en beuglant et en piétina un avant d’égorger deux autres. Sirîn tenta de couvrir ses arrières en lacérant ceux qui s’approchaient, et son épée découpait les mailles comme si elle fendait de l’eau.

« -Attention Sirîn, derrière toi ! »

Peau-pierreuse éleva sa hache et l’abattit avec violence sur un homme de main qui s’apprêtait à frapper le nain. Le serviteur noir fut fouetté au passage et cloué sur le tronc d’un vieux sapin gris, le fer de la hache transperçant son corps et se fichant profondément dans l’écorce. Aussitôt du sang coula en abondance, versé à la fois par le mourant et l’arbre mutilé, et les ramures de l’épineux frémirent. Un long cri déchirant monta dans la forêt, un cri de douleur et de rage. La chevalière regardait éberluée le sang noir qui coulait en lieu et place de la sève, et sentit un frisson la secouer. Sirîn abattit un nouvel adversaire et laissa les ennemis survivants se replier momentanément. Le silence retomba dans les sous-bois, un silence de mort. Le nain contempla les corps des morts tapissant le sol terreux et grogna :

« -j’aime pas ça ; si même les esclaves lobotomisés du vampire fuient ces lieux, qui sait ce qui y vit ?

-Oué, fit Ladag en regardant les branches secouées par des soubresaus au-dessus de sa tête. On feré mieu d’filé. »

Les trois évadés s’enfuirent à l’instant sur les traces de Ralouet et Zaiglon. Dans la clairière abandonnée, le sapin gémit et soupira, et les futaies alentour répétèrent sa complainte.

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-gardez vos réflexions,
« -j’aime pas ça ;

Il manque les deux majuscules !!! :wub:

Sinon, c'est vraiment très bien ! Mais j'ai quand meme deux remarques a te faire part !! Rien de bien méchant !!

La première, c'est qu'il faudrait que tu rappelles leur but ! Parce que la, je suis au fil de la lecture mais meme en gros, je suis incapable de me rappeler leur dessein ou meme ce qui va se passer ensuite

Et l'autre truc a faire .... Uniquement pour moi, c'est personnel ... Une suite beaucoup plus longue que je puisse plus profiter s'il te plait !!!! :P

@+

-= Inxi, franchement bien, ca reste mon coup de coeur :wink: =-

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merci Inxi, fidèle lecteur parmi les fidèles ! :wink:

Pour ce qui est de la suite... Je pars en vacances demain et je reviendrai pas avant la mi-août ; je suis désolé. :P

Allez, bonne fin de juillet à tous !

Modifié par Shas'o Benoît
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