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La renaissance du Faucon


Shas'o Benoît

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Courant droit devant eux, osant à peine se retourner, les deux hommes de pierre en tête commençaient de s’essouffler. Ralouet le premier ralentit son allure en gémissant :

« -Je n’en puis plus, Zaiglon, arrêtons-nous !

-Impossible, protesta l’autre, la gorge sèche, nous devons continuer ou nous sommes perdus !

-Alors tout est fini ! soupira Ralouet, désespéré.

-Appuie-toi sur moi, camarade ! »

Les deux soldats se soutinrent mutuellement, appuyés l’un sur l’autre, mais Ralouet trébucha et ils roulèrent au sol, à moitié assommés. C’est alors qu’ils tombèrent des branches.

Des dizaines de bêtes noires aux poils hirsutes et sales, aux longs bras terminés par sept griffes d’un blanc luisant, et au visage déformé par la souffrance. Gloussant et grondant, les monstres entourèrent les deux fuyards en les lorgnant de leurs yeux caves. Le meneur des bêtes, un guerrier de haute stature, cyclopéen, à la fourrure encore plus épaisse et plus sombre que les autres, bondit jusqu’à eux en poussant des grondements effrayants.

Faisant des moulinets avec leurs lances, les deux malheureux reculèrent jusqu’à être adossés à un grand chêne. L’écorce de l’arbre vibra alors, et un mugissement terrible monta de ses racines jusqu’à ses plus hautes rémiges, assourdissant les deux infortunés qui repoussaient du fer les attaques des monstres affamés.

Ladag apparut soudain derrière les créatures, et frappant du poing et du couteau, il en tua une avant que les autres ne s’aperçoivent de sa venue. Sirîn et Peau-pierreuse, ne tardèrent pas à apparaître, et l’épée et la hache transpercèrent le cœur de deux autres bêtes avant que la meute ne s’écarte de quelques mètres, grondant et sifflant. Kranit et Joyau-du-ciel vinrent à leur tour et se taillèrent un chemin dans les rangs des carnassiers, ouvrant ainsi la voie à leurs amis. Le nain et la chevalière fermant la marche, ils mirent en fuite la horde sauvage et se précipitèrent vers la lisière de la forêt, déjà en vue. Les arbres clairsemés laissaient la place à des rocs noirs, des graviers durs et du sable grossier, les vagues mordaient et giflaient sans cesse les côtes de l’île. Le Dalmasion, la voile carguée et l’ancre raclant le limon, attendait sous les falaises, docile. Les fugitifs y sautèrent en vitesse et Joyau-du-ciel retira l’amarre au moment même où leurs poursuivants quittaient eux aussi le jardin des Tourments. Tranchant la corde de l’ancre, l’elfe des plaines cria :

« -Aux avirons, compagnons, vite ! »

Nargul avait rengainé son épée Negative, et de sa main droite, il pressait la manche poisseuse de son bras gauche, là où deux entailles profondes déchiraient le tissu. La mâchoire crispée, il courut jusqu’au bord de Lamentile, pour voir ses proies lui échapper. Le vaisseau était déjà à quelques encablures ; le reste de sa troupe, quelques serviteurs éclopés et Venya, qui avait réussi à s’en sortir sans blessure, le rejoignit au bord de la mer. Les chasseurs du mal, épuisés et blessés, furent houspillés par leur comtesse jusqu’à ce que l’un d’entre eux tirât une flèche, laquelle se planta dans la coque du bateau. Etouffant un juron, Venya arracha l’arc et le carquois au malheureux, puis le précipita dans la mer en criant :

« -Incapable, meurs donc si tu ne sers à rien ! »

Elle encocha le trait, visa et tira ; le dard fendit l’air écumeux et transperça le bras de Zaiglon qui poussa un cri de souffrance et manqua de basculer dans le vide. Ses camarades le retinrent et le couchèrent, et tous ramèrent pour gagner le large.

Le seigneur lyche fit volte-face et lança :

« -On a encore une chance : prendre ton propre navire et les rattraper, Venya. Hâtons-nous ! »

Mais lorsqu’ils montèrent dans la galère, Nargul aperçut une forme recroquevillée derrière un tas de bâches et s’exclama :

« -Tiens, n’est-ce pas là mon portier ? »

Xiroluin, grelottant de froid et de peur, emmitouflé dans son manteau imbibé d’eau de mer, se terra un peu plus derrière les toiles. Le seigneur lyche tendit sa main droite vers lui et attrapa le bras de l’être pitoyable, puis le tira à la lumière. Venya Kalgonir et tous ses gardes eurent un mouvement de recul devant la créature noire, dans son large manteau loqueteux, trempé et crasseux, laissant deviner les formes d’un corps famélique, et d’où ne sortaient que deux bras longs, d’une maigreur extrême, terminés par des mains creuses aux doigts longs, fragiles.

« -On essaie de s’évader aussi ? gronda Nargul, en donnant un coup de pied à ce qui fut autrefois son frère. Mais tu vas rester avec moi encore un bon bout de temps… »

Puis se tournant vers ses hommes de main :

« -Qu’attendez-vous, sombres abrutis ? Larguez les amarres, et aux godilles, tas de vermine ! »

Le bâtiment quitta la jetée et s’engagea dans les bas-fonds, tentant de rattraper le petit voilier des évadés qui dansait sur les vagues.

S’installant à la proue, les deux elfes noirs ne tardèrent pas à se rendre compte qu’ils ne pourraient plus rattraper le frêle esquif, aussi Nargul montra du doigt Xiroluin :

« -Toi, esclave, saute et ramène-les, ou tue-les, mais qu’ils ne s’échappent pas ! »

Le spectre, cloué sur le pont du navire, leva la tête vers son bourreau, indécis.

« -C’est un ordre ! » ajouta Nargul, qui fit un pas de plus vers son frère torturé.

Xiroluin rampa jusqu’au bastingage et se laissa couler dans l’eau, puis il nagea avec détermination, guidé par la voix de son maître :

« -Fend l’onde et l’écume, Ombre du passé, et rejoint ces maudits qui se dresse devant ma volonté ! »

Jetant un regard en arrière, Kranit aperçut l’être décharné qui fonçait sur eux, comme flottant sur la surface de l’océan ; son manteau glissant dans la brume, ses pieds dansant sur la mousse blanche, il approchait à une vitesse incroyable, poussé par quelque sorcellerie cachée en lui.

« -Il faut faire quelque chose, dit l’elfe des montagnes, l’arrêter ou il montera à bord et nous devrons l’affronter.

-Je m’en charge, déclara Joyau-du-ciel, et je m’en vais lui apporter la rédemption ! »

Tirant un arc et un carquois de la soute, il visa et décocha un seul trait, qui rentra dans la forme noire et y resta, disparaissant dans ses plis obscurs ; pointe, hampe et penne rentrèrent dans le corps du spectre, qui sembla un instant continuer sa course, puis ses formes s’estompèrent, se dissipèrent, pour finalement se fondre dans la brume marine. Ainsi disparut Xiroluin, mort des siècles avant, et il ne fut plus jamais revu à la surface de monde, et n’y sera plus jamais vu, avant que le Soleil et la Lune ne tombent du ciel, et que l’apocalypse ne soit.

Le silence s’installa, puis Nargul rugit :

« -Personne n’a jamais réussi à s’échapper de Lamentile !

-Il semblerait que c’est chose faite, ricana la comtesse.

-Le vent nous est contraire, la nuit approche, remarqua l’autre. Qui sait, les eaux réussiront peut-être là où nous avons échoué. Les cyclones sont de saison par ici… »

Le soir arriva, et les rayons du soleil dansèrent dans la brume marine, éclairant la coque du Dalmasion qui tanguait sur les flots, désormais hors de portée de ses poursuivants.

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Ben c'est pas mal !!

Pas grand chose à dire sinon que la mission est un succes ! Donc dan ce passage, c'est plus pour nous remettre dans le bain puisque ca avance que très peu au final ! Mais ce n'est pas pour ca que ce n'est pas bien !

Sinon pas de fautes d'ortho ! C'est très bien, enfin j'en ai pas vu ! C'est toujours la meme chose : si y en a, c'est quelles sont bien cachées :clap: Voila suite !

@+

-= Inxi =-

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  • 5 semaines après...

C'est tout bon! Même excellent, j'adore et j'accroche totalement! ^_^

Pas ou peu de fautes, un bon style, une originalité de bonne qualité. Je profite de cette critique courte mais sincère pour faire revivre ce topic qui le mérite largement. Shas'o' Benoit, a quand la suite? Ne laisse pas tomber une histoire aussi grandiose! Bien à toi,

Méph'

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Voilà la suite, chers lecteurs ! Désormais elle n'arrivera plus qu'au compte goutte, hélas ( et j'ai encore la suite de Toregordabis à faire aussi ). Allez bonne lecture !

Mais les ouragans ne s’occupèrent guère du petit voilier, et les évadés purent aborder les côtes est de la Mer Inconnue. Kranit sauta à terre et enroula l’amarre autour d’un grand rocher, tandis que Joyau-du-ciel carguait la voile, puis tous descendirent sur la grève, épuisés. Alors les deux elfes firent signe à leurs nouveaux amis de les suivre, et ils les guidèrent jusqu’à une gtotte creusée dans les falaises, à l’embouchure inondée par les flots marins. Joyau-du-ciel ramassa unee lanterne posée sur une corniche et l’alluma avec un peu d’amadou, puis ils s’enfoncèrent dans la caverne. Un escalier naturel menait à une plate-forme rocheuse envahie par des lichens et des mousses verdâtres. Une statue taillée dans le roc représentait vaguement un guerrier en armure soufflant du cor, mais l’eau et le vent avaient en partie effacé la sculpture. Un chaudron suspendu à un trépied brillait au fond de l’antre, et l’on devinait une table de pierre ménagée dans la paroi du fond. Sirîn trouva cette demeure très agréable, même si uen odeur salée imbibait toute la pièce. Se tournant vers l’elfe des plaines, il demanda :

« -C’est vous qui avez aménagé tout ça ?

-Par la couronne d’Addim, certes non ! Cet endroit s’appelle « la côte aux Sirènes ». Tandis que nous cherchions un abri dans la région, avant que de s’embarquer, une vieille femme nous a parlé de cet endroit. En fait, les escarpements sont truffés de tunnels, pour la plupart à moitié envahis par la marée haute. Ici, seul ce promontoire reste toujours à sec. Tout cela a du être conçu par les elfes marins. Ils apprécieraient ce genre de maison. Pour nous, cela a suffit le temps de trouver la route pour Lamentile. Même si au moins, on est à l’abri des tempêtes.

-Joyau-du-ciel, lança Kranit, puisque nous avons réussi, prévenons sur l’heure mon père.

-Tu as raison, le soir va tomber. Mais ces mortels…

-Cela n’a pas d’importance. Ils peuvent rester.

-Comme tu voudras. »

Joyau-du-ciel posa son sac à terre et en retira un petit encensoir en étain, ainsi que deux sachets de poudre dorée et une poignée de charbon de bois. Se tournant vers ses camarades, il leur fit signe de s’asseoir en cercle, ce qu’ils firent sans discuter. L’elfe se plaça au centre de la petite assemblée, et il alluma les charbons puis les glissa dans le balancier tout en chantonnant :

« Vent du matin,

Vent de satin

Qui souffle au loin

Viens dans mes mains

Pour y porter

En grand Cortège

Ensemble tes…

Sortilèges ! »

Les grains d’or coulèrent de ses doigts jusque dans l’encensoir pour y crépiter joyeusement, et leur odeur se mêla à la fumée âcre qui déjà montait dans la caverne pour jouer entre les stalactites. Inspirant profondément, il poursuivit :

« Vent de midi,

Les temps maudits,

Les jours bénis,

Les lieux honnis,

Toujours apporte

Aux doigts rougis

Et par cohorte…

Toute magie ! »

L’encens entêtant monta jusqu’à redescendre du plafond, et son odeur exotique se mêla aux effluves de la marée haute envahissant les sous-sols de la grotte, jusqu’à former une vapeur grise, opaque, troublant la vue de l’assemblée. La voix de Joyau-du-ciel monta encore dans le brouillard, comme un appel lointain :

« Vent du soir

Qui chante la gloire

Et garde l’espoir

Des esprits hagards,

Amène à mes doigts

Tendus vers le ciel

Savoir adroit,

Pouvoir vermeil !

Les limbes s’atténuèrent peu à peu pour révéler aux spectateurs un univers complètement changé. Autour des voyageurs, quatre murs de pierre s’élevaient jusqu’à une hauteur vertigineuse, et des colonnes élancées montaient jusqu’au plafond, se perdant dans un entrelacs de gargouilles, de statues poussiéreuses et d’arc-boutants décorés d’arabesques. Sirîn se perdit à contempler ces décors merveilleux, à plusieurs dizaines de mètres au-dessus de lui. A ce moment, il entendit claquer des mains et il sursauta.

Un être étrange se tenait devant eux, silencieux. Le nain aurait pensé qu’il s’agissait également d’un elfe, si une paire d’ailes lumineuses ne poussait pas dans son dos. De grandes ailes de papillon, d’un noir luisant ponctué de taches jaune or. Le nouveau-venu avait un regard pénétrant, deux yeux d’on bleu profond, au milieu d’un visage gracieux. Deux mèches de cheveux blonds descendaient jusqu’à ses épaules, lesquelles disparaissaient sous les plis d’une cape rouge. Faisant un pas en avant et s’inclinant, l’étranger dit :

« -Je suis Zengan de Kalizam ; bienvenue à Vahrhend, visiteurs. Mais vous arrivez en une heure bien sombre.

-Quel malheur frappe les Elfes de l’Ailé ? s’enquit Kranit, assez inquiet.

-Aucun sur leur tête, répondit le Lime -car c’en était un- mais votre père est mourrant. Il lui reste peu de temps, sa vie s’étiole déjà. »

Après un silence, Kranit répondit :

« -Nous devons lui parler au plus vite.

-Je vous conduis à lui à l’instant. »

Le lime les guida à travers les couloirs fantastiques de la Cité de l’Ailé, voletant devant eux. A certaines portes, des lanciers Vahrhors barraient la route, mais reconnaissant Zengan, ils écartaient leurs lances et cédaient le passage. Sirîn, à moitié endormi, suivait la troupe. Parfois, quand il levait les yeux vers les plafonds enchevêtrés d’ornements, il avait la nette impression que des créatures se mouvaient entre les figures de pierre, volaient en s’enroulant autour des décorations, et regardaient les visiteurs d’un œil intéressé. Un frisson lui parcourut l’échine et il se prit à penser que si des bêtes avaient niché dans les rebords des voûtes, il y en avait certainement plusieurs millions. Regardant Peau-Pierreuse, il vit qu’elle semblait aussi surprise que lui. Enfin le guide ailé s’arrêta devant une porte bardée de fer et murmura :

« -Il faut garder autant que possible le plus grand silence à présent. »

Poussant les vantaux, il s’envola dans la salle ténébreuse pour se poser dans une alcôve, enfoncée sur un côté. Au centre de la pièce, un lit à baldaquin trônait, devant deux grandes fenêtres aux rideaux tirés. La lumière du soleil parvenait à peine à filtrer à travers le tissu épais, et les rayons fugaces dansaient dans la poussière.

Tous restèrent sur le seuil, hormis Kranit qui s’approcha avec respect du dais de velours. S’agenouillant près de la couche, il inclina la tête et chuchota :

« -Père, Joyau-du-ciel et moi avons réussi, et nous avons libéré des esclaves de Kranit, qui amène avec eux le Donomâr. »

Un murmure sembla monter d’entre les rideaux tirés, et Sirîn vit une main sortir peu à peu de la pénombre pour s’avancer dans la lumière chancelante des bougies ; puis elle se posa sur la tête du jeune elfe, et une voix épuisée s’éleva :

« -Mon fils… Tu as tenu la promesse de nos pères… Aujourd’hui est un grand jour ; et je peux partir en paix.

-Père ! s’écria Kranit, ne vous en allez pas ! Notre peuple a besoin de vous…

-Nul n’est indispensable ici-bas, mon fils… A nous a été accordée la Longue Vie… mais Ksandrot seul sait qui de nous… verra de son vivant… les Derniers Jours du Monde…

-Pourquoi, pourquoi maintenant…

-Mon heure est venue… Rares sont les corps qui survivent au Mal… du.. Dragon… »

Le vieil elfe se redressa légèrement et gémit :

« -Tirez-moi ces rideaux… J’étouffe ! »

Zengan s’envola et écarta à l’instant les tentures, laissant un flot de clarté inonder le mourant. Se tournant vers les visiteurs au seuil de sa porte, il dit :

« -La paix sur vous, mortels et immortels ! Et que votre échéance soit lointaine ! »

Sirîn frissonna, et sentit son sang se glacer : un vent du nord s’engouffra par la fenêtre et éteignit d’une rafale les chandeliers.

Il y avait bien une fenêtre, creusée dans le mur du fond. Une grande meurtrière aménagée dans les remparts, et donnant sur les plaines en contrebas. La nuit s’avançait de l’est en envahissait toute la salle, jetant son dais oppressant sur le monde vespéral. Le vieil elfe tendit la main vers le nain et la chevalière en ajoutant :

« -Kranit, ces deux-là… réaliserons… la prophétie. Ce sont eux… Il n’y a pas de hasard dans votre rencontre… Ensemble, tous les quatre… vous pourrez purifier… le Fond-de-Détresse ! »

La nuit s’engouffra dans la demeure, anéantissant les derniers rayons de lumière, et les ombres dansèrent dans les recoins ; Sirîn et ses compagnons reculèrent d’un pas, tétanisés. Autour du lit à baldaquin, trois formes ténébreuses oscillaient dans la noirceur du crépuscule mourant. Peu à peu leurs silhouettes se dessinèrent ; les trois créatures, soulevés par de grandes ailes aux plumes diaphanes, se postèrent autour de l’agonisant. Elles portaient d’obscures armures étincelantes, comme une nuit d’étoiles occultée par l’ombre du mal, et de longues piques acérées, qui fusaient de leurs mains invisibles. Zengan se posa dans le dos de Kranit et l’écarta doucement, n’ossant dire mot. Mais le père du jeune elfe soupira :

« -Voilà la fin… »

Les walkyries le soulevèrent et l’emportèrent par la fenêtre, volant dans le ciel ténébreux, battant l’air glacé de leurs ailes mystérieuses. Sirîn fut aveuglé, par le vent ensorcelé, et il perdit conscience.

Quand il se réveilla, il était de nouveau dans la grotte marine, entouré de ses amis. Joyau-du-ciel rangeait son matériel et Kranit, debout au bord du promontoire, restait silencieux. Puis se tournant vers ses camarades, il leur raconta la neuvième prophétie de l’Elfe noir. La prophétie disait qu’un jour serait créé le Fond-de-Détresse, un puissant artefact magique destiné à la perte des Dix Races. Ce globe enchanté puiserait dans l’énergie des vents pour créer une aura de désespérance autour de lui, déclenchant aussitôt tristesse, dégoût voire panique parmi les hommes. Le seigneur elfe Terrangin, descendant des grands princes slaqhor, jura de réaliser cette prédiction. Et il y parvint, de telle sorte qu’un soir d’hiver, accompagné de hordes innombrables, il marcha sur les royaumes mortels de l’est. Dans son sillage, il n’y avait que mort, désespoir et cendres fumantes. Chaque armée qui venait à sa rencontre perdait pied et se faisait dépecer par ses orques vociférant, et sa soldatesque noire. Les cités qui s’opposaient à lui devaient subir un siège en règle, à la fin duquel la population s’entre-déchirait, rendue folle par le pouvoir du joyau ; quand aux villes qui se livraient à lui sans combattre, il en faisait des forteresses honnies où seule régnait la terreur innommable d’Asslanquo, le Premier qui partit au Ciel. Pire encore, assemblant à lui des dizaines de mages elfes, il mit au point les premiers sorts de damnation. Fondant des centaines de globes envoûtants, les premiers maîtres lyches enfermèrent les âmes de leurs esclaves pour en faire des créatures dénaturées, dociles et dépourvues de sentiments.

Arrivé aux portes des Nadaiens, le Basileus Rektarios lui-même se défendit, entouré de ses cohortes. Mais les fiers hoplites à leur tour reculaient devant Terrangin, et la défaite eût été totale si les Dimhors n’étaient venus en toute hâte, menés par le prince Scepter. Terrangin fut surpris par l’assaut des elfes de la Plaine, et ses légions furent vaincues : Scepter tua l’elfe noir et ramassa le Fond-de-Détresse, provoquant la déroute des envahisseurs. Mais sur le chemin du retour, Scepter perdit confiance et la vie lui parut insupportable. Il trouvait la déchéance des elfes noirs trop grandes pour être supportée, et les nombreuses exactions des mortels inqualifiables. Il s’apprêta à mettre fin à ses jours, mais ses conseillers retinrent son bras et lui retirèrent la pierre, pour la jeter dans le fleuve Astur qui coule jusqu’en Mer Inconnue.

Depuis ces temps reculés, de nombreux seigneurs de guerre cherchèrent le globe ensorcelé, et plusieurs prétendirent l’avoir retrouvé. De fait, personne ne revit jamais plus le Fond-de-Détresse. La fin de la prophétie ajoutait que quatre orfèvres, quatre êtres de sang et de race différents se rassembleraient pour transfigurer l’artefact, et en faire une pierre bénie, capable de donner l’espoir au lieu de le prendre. Pourtant les Damnés, nombreux sur terre, qui sait ce qu’il adviendra d’eux si le Fond-de-Détresse s’éclaire d’éspérance ? Car les sorts de Vol d’Âme reposent sur le pouvoir de cette sphère…

On sait peu de choses sur ce qu’il suivit. Tout cela a été rapporté par Zaiglon et Ralouet, quand ils revinrent à Cavernigor, après de nombreuses saisons d’errance. Ils expliquèrent que Sirîn et Peau-pierreuse étaient partis au sud, avec Joyau-du-ciel et Kranit, emportant le Donomâr, pour trouver un endroit propice à leurs travaux. Pendant un certain temps, les nains envoyèrent des messagers chez les hommes de pierre, et ces derniers dépêchaient des émissaires dans les pays du sud pour obtenir des nouvelles. Mais les voyageurs devaient traverser la Barbarie, puis les déserts du Sud, non loin des dernières demeures des Nadaiens ; un voyage mouvementé, périlleux s’il en est, et bientôt on n’entendit plus parler des quatre aventuriers, ni de ce globe maléfique.

Tout cela s’est passé il y a des siècles, et maintenant seuls quelques nains cherchent encore la trace des disparus. Si jamais ils avaient réussi, quelle arme formidable cela donnerait ! Un artefact capable de répandre dans les rangs de notre peuple moribond l’espoir perdu depuis des lustres… Nos kraks sont vides, abandonnés par des familles décimées par l’hiver, les ogres et les gobelins ; avant quelques millénaires, il n’y aura plus de nains de notre race dans les Monts de Mort, si rien n’est fait pour sauver nos foyers. Autour de nous les ennemis s’assemblent : les hordes du sud peuvent venir à tout moment massacrer les établissements des collines, les géants entourés de leur vermine viennent de l’est pour hanter nos demeures, du nord le vent glacé de la Cité des Neiges Eternelles nous condamne à mourir de froid, et maintenant l’ouest, les Landes Ténébreuses à leur tour succombent à l’ombre du mal ! Mais si tu veux chasser les spectres, ton seul espoir est aussi le nôtre, Lancevive : c’est le Donomâr ! »

Altiforge se tut, et leur groupe arriva à Malidan, la ville au bord du fleuve Elezar. Les portes n’étaient pas encore fermées, la nuit pointait à l’est, et les voyageurs passèrent sous l’arche, heureux de retrouver la civilisation des hommes.

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purent aborder les côtes est de la Mer Inconnue.
Joyau-du-ciel ramassa unee lanterne posée
même si uen odeur salée imbibait

Hop la ! Trois 'tites fautes de trouvées ^_^

Bon sur le fond rien à dire ! Enfin la suite et ca fait du bien aux n'oeils ^_^ Bon, mon principal conseil concerne l'organisation ! Je te conseillerai de dissocier le flashback, enfin l'histoire qu'il compte, du reste du texte pour pas que ca embrouille ( enfin moi c'est ce qui c'est passé ! )

Meme si le papa est mort, il le fallait a priori pour la trame et je suis donc impatient de lire la suite pour savoir ce qu'ils vont faire !

@+

-= Inxi =-

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Je n'ai lu que le début (les deux premiers chapitre du premier livre, c'est tout), et j'ai déjà plusieurs remarques à formuler. Si je suis un peu rude dans mes propos, désolé, ce n'est pas mon but! Sache que si je fais ces remarques, c'est que je sais que tu peux écrire super bien (preuve en est la Guerre de Toregardobis :wink: ), donc j'ose voir certaines choses qui ailleurs seraient bonnes comme en-dessous du reste.

Tout d'abord, dès le début, après l'intro (très jolie apr ailleurs :evilgrin: ), tu introduis un peu trop de personnages, surtout que plien mourront après. Je pense que si tu enlèves les noms de tous ceux qui mourront dans l'attaque, ça ne sera pas un mal. A la place donne leur domination, style chef des Archers.... Ce sera bien plus parlant, et puis, dans la bataille, on comprendra mieux qui ils sont. Car dès le début, on a l'impression que tous ont une importance capitale, et en fait non ^_^ .

Ensuite survient l'attaque... Déjà elle (surtout la deuxième) n'est pas très claire. Je veux dire qu'il s'il passe plein de choses, mais tout est bien court...

Pis encore, l'abondance de "et", "puis", "mais"... Ca alourdit comme il faut (pas) le texte :-x !

C'est dommage, car le passage devrait être haletant, et là j'ai eu presque l'impression qu'il avait été baclée, créé rapidement.

Surtout que le système pour suivre l'ataque n'est aps non plus très clair: on suit un personnage, puis on en va à un autre... En soit ce n'est aps mauvais, sauf que l'on change de personnage trop souvent, un simple changement de paragraphe souvent.

De plus, tu suis un peu trop les actions, je pense à un qui est mort courageusement, qui est amené à la salle des morts puis brûlé puis celui qui l'a brûlé va combattre et disparaît... Tout ça dans la bataille. En soit c'est possible au niveau temps, mais je pense que malgré leur désarroi les soldats agiront différemment, et n'auront pas le temps d'aller brûler le corps (surtout que généralement tu as toute une cérémonie :whistling: ).

Ensuite, il y a des passages très bien, comme celui avec la mort de l'Archer, qui est instructive. D'autres le sont moins, style le combat avec le Grand Auroch où tu arrive à créer une action encore plus lourde (je te taquine :skull: ): le grand Auroch meurt soudainement mais il a eu le courage de se jeter dans une maison. Puis son tueur meurt consumé... Dans le déroulement de l'action, donc il meurt, puis ensuite il se jette avec ses dernières forces dans la maison... Il y a comme un problème :D .

Il y a aussi un autre duel où tu dis quelque chose comme. Hachedouble meurt. Mais celui qui l'a tué(tu avais mis le nom, je l'ai oublié^^) aussi.

Puis, ailleurs....

Pas très clair dans le suivi, surtout qu'à chaque duel, sauf contre le grand méchant, de toute façon et un grand méchant et un grand bon meurent.

Enfin, le passage avant la mort du roi: je n'ai même pas compris qui est resté devant et derrière la porte. J'ai cru que Lancevive et son frère s'étaient sacrifiés, mais en fait il s'avère que c'est le contraire. C'est presque le passage le pire, car là on a vraiment du mal à comprendre quoi que ce soit, à mon goût il serait très utile de le reprendre!

Je n'ai aps lu plus loin, mais je vais le faire. Toujours est-il que le prologue me donne envie de savoir comment renaîtra l'Ordre!

Iliaron

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  • 3 semaines après...

Et bien, j'ai fini de lire ton récit (désolé du retard au passage) et force est de constater qu'il y a du bon, du très bon, et malheureusement du moins bon, mais qui n'est malheureusement du que parce que tu cherches parfois à faire trop bien, et que le soufflé retombe de lui-même.

Ton plus grand défaut: tu cherches à construire un monde, avec ses propres races, son passé... Cela pourrait être super, mais je pense qu'il faudrait passer chaque fois beaucoup plus de lignes, pas l'évoquer subrepticement à un moment (le rapide peut être quand même 10 lignes).

En fait, tu crées des races, mais souvent elles ne sont introduites que quand elles ont un rôle à jouer, il n'y a pas malheureusement de préambule, sans rapport avec le récit, certes, mais qui permettrait un peu de comprendre le monde avant d'y être précipité dedans. Car là à un moment tu parles des huit races qui vivent, et tu les énumères, mais c'est trop rapide, bien trop rapide... Par exemple, les kobolds apparaissent, mais on ne n'en a pas entendu parler avant (enfin, si, juste avant de rentrer dans la grotte mais c'est trop tard. Pareil pour les hommes de boue... C'est dommage, car tu as de l'idée, une imagination débordante, mais les événements se succèdent un peu trop rapidement, on passe trop rapidement d'une situation à une autre, d'une explication à une autre...

Autre exemple, les leçons d'Ytuzir au mitron, la différence entre le mystère et le secret est super, mais c'est mal introduit, on a l'impression que tu avais envie d'en parler, donc tu en as parlé comme si c'était une discussion normale... Le "changement de caméra" entre les différents protagonistes se passe mal^^

En fait, durant toute la première partie où tu "traînes" Lamenoire, Faelion, Harech, Ytuzir, le mitron, Sulian et encore plein d'autres, souvent la narration a du mal a être fluide, les passages entre différents protagonistes a du mal à être fluide... Je veux dire que tu as clairement dans ton esprit l'idée et le comportement des protagonistes, mais tu ne parviens pas à bien exprimer à chacun leur point de vue, car ils sont trop nombreux. Donc on a par moment des pauses, comme lors d'un repas, où tu passe des pensées de l'un à l'autre. Ce sont les transitions qui sont mauvaises, sinon les sentiments sont globalement bons! (l'exemple le plus probant est quand même celui de la bataille où l'on a des petits bouts de récits un peu partout, d'actions d'un peu tous les soldats...)

De même, un autre défaut qui en découle, est, qu'en voulant construire un monde vaste avec ses personnages, tu as créé une foultitude d'heureux hasards, certains qui peuvent se justifier, mais d'autres...

A la limite celui qui peut se justifier est l'embuscade des homme-ours, je n'en vois pas tellement d'autres...

J’en fais une rapide énumération :

- - Midiso qui se révèle être un mage

- - Vulniaf qui est retrouvé comme par hasard proche de la maison du sage (on peut aussi ajouter parmi les heureux hasards qu’il est le seul à être parvenu à s’échapper)

- - Lamenoire retrouve par miracle la lame noire avant la bataille alors qu’il aurait pu la récupérer bien avant

- - Lamenoire passe à côté du tombeau de Faelion, pourtant loin de la bataille…

- - la rencontre avec le géant (d’ailleurs, je peux ajouter la rencontre avec les brigands qui se révélent être sympa)

- - ils tombent sur la seule tribu d’Homme-Ours avec le seul elfe de soleil gentil^^

C’est dommage, car les idées sont là, mais tout ne s’enchevêtre pas parfaitement.

Autre exemple de légers défauts :

Parfois les chansons sont mal introduites, mais on sent une maîtrise excellente, je ne sais combien d’heures tu as passé dessus mais je te tire mon chapeau !

L’introduction du conte de Tirol est mal introduite, cela brise l’action

Dans la marche des nains, le décor change trop brusquement, un peu en « accéléré »

La rencontre avec les nains est un brin illogique. Certes Zarak avait une rancune à laver, mais il était quand même un très bon ami, ils ne cherchent même pas à le venger.

Enfin, je ne comprends toujours pas pourquoi Gonfalon essaie de sauver les nains en empêchant la carriole de partir…

Maintenant que j’ai énuméré les défauts, place aux qualités :

Un monde plein de charme

Les parties en rimes, très bien trouvées !

L’histoire qui promet quand même !

Sinon, pour ton problème d’énumération énuméré plus haut, avec le problème de changement de points de vue, le récit de peau-pierreuse et Sirin est à côté un vrai chef-d’œuvre, les sentiments sont bien amenés… Car ils ne sont que deux, donc il n’y a pas de transitions qui « gâchent » le tout. Aussi bizarre que cela puisse paraître, quand arrivent la haute-elfe de soleil, et les autres elfes qui veulent se venger, le récit perd de son charme, déjà car l’on recommence avec les heureux hasards (il faut que les elfes arrivent pile quand les autres fuient, et qu’ils tombent pile nez à nez avec eux, et il fallait qu’ils cherchent pile ce que les fuyards avaient ramassés. Puis il y a l’apparition de cette jungle qui n’existait pas au début quand sont arrivés les prisonniers^^

Enfin, voilà, tu possèdes de nombreuses qualités, la poésie, l’imagination, un talent de narration quand il y a peu de personnages… Malheureusement, à trop vouloir en faire, et donc à créer peut-être un peu trop de personnages, un peu trop de races, et une histoire très complexe, tu as du mal à tout tenir. En fait, au risque d’utiliser une métaphore, tu as déjà de larges épaules, mais malheureusement tu vises un peu trop haut peut-être, et résultat le résultat s’affaisse un peu. N’empêche que je te conseille quand même de continuer, car on sent que tu ne cesses de t’améliorer dans ton récit, j’ai du par exemple me forcer un peu au début, pas à la fin… Bref, tu vises peut-être trop haut maintenant, mais j’ai confiance et tu vas toujours t’améliorer. Par contre, un conseil serait d’essayer de prévoir un peu plus ce qu’il va se passer pour éviter d’avoir à recourir à des heureux hasards toujours embêtants pour le lecteur, ainsi qu’à des transitions un peu rapides, ainsi qu’à de très rapides allusions à un monde qui nécessiterait quasiment un livre entier juste pour connaître les coutumes de chaque peuple, leur passé… (sans rire, je suis sûr qu’avec ton imagination, ça ne poserait aucun problème).

Si tu veux une critique plus approfondie, n’hésite vraiment pas !

Au passage, désolé du manque de smileys, mes propos ne sont jamais injurieux ni rien, mais comme le message est très long, je n’avais pas envie de perdre le fruit d’une heure de critique par une fermeture intempestive de page…

Iliaron

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Merci beaucoup Iliaron pour toutes ces critiques. Ne t'inquiète pas, je les prends pas mal. Je sais bien que mon texte n'est pas parfait ( loin de là ). En fait cette tendance de disperser la naration en une mosaïque de points de vue est sans doute un de mes plus grands défauts. Je tâcherai de m'en séparer... Je retravaillerai le texte du début, une fois qu'il sera fini. Pour l'instant, je peine déjà à trouver le temps d'écrire la suite. Aussi, si je ne corrige pas dès à présent, je n'en oublie pas moins tes conseils.

Juste au passage, à propos des "heureux hasards", je ne crois pas que ce soit un défaut en soit. Le Seigneur des Anneaux lui-même est bourré de heureux hasards ( loin de moi l'idée de comparer la Renaissance du Faucon à ce chef d'oeuvre Tolkiennien d'ailleurs. ) Mais enfin comme dans la Terre du Milieu, l'histoire et le destin du monde sont écrits dans les astres... Ce ne sont pas des hasards mais bien la providence à l'oeuvre. Et puis je conçois mon monde comme de vastes continents sans cesse sillonnés en tout sens par des voyageurs de toutes races. Donc chaque jour, il est à peu près certain que l'on fera de nouvelles rencontres...

Quoi qu'il en soit tu as vu juste : il me faudrait écrire un livre entier ! En fait la création de mon univers est en bonne marche : j'ai quelques nouvelles à mon actif, une chronologie plus ou moins terminée et même un embryon de jeu de figurine; j'avais posté tout ça sur mon forum perso, mais wanadoo l'a supprimé. Je pense que je pourrai poster certaines choses sur le warhammer forum pour aider mes lecteurs à comprendre dans quel monde l'intrigue se déroule. J'avais aussi une carte ( avec un lien plus haut ); elle n'est pas exhaustive. Rendez-vous dans le Monde de Tü ! En attendant, bonne lecture, voici une petite suite :

Lamenoire aperçut quelques silhouettes indistinctes sur le parapet, veilleurs de nuit éclairés par des lanternes tremblotantes. Tout était silencieux dans la cité, pas la moindre clarté n’égayait les ruelles tortueuses. Les nains allumèrent quelques torches et poussèrent avec résolution leur chariot entre les hautes maisons endormies. Ils passèrent devant de nombreux bâtiments de formes diverses, maisons branlantes, immeubles de bois ou demeures de torchis, fortins de pierre, tours de marbre ou places-fortes lugubres, avant de s’engager dans un dédale de rues glissantes, aux pavés recouverts de mousse et d’eaux sales.

La nuit était tout à fait tombée quand ils s’arrêtèrent devant une boutique chargée par les ans, rangée entre deux maisons de brique ; une enseigne en fer rouillé grinçait doucement au-dessus de la devanture vide ; Ratirk fouilla dans sa poche et en tira deux clefs. En tendant une à Khrôr, il murmura :

« -Tiens, fais le tour et va ranger la charrette et le bœuf dans notre étable. »

Puis il prit l’autre, la fit jouer dans la serrure de l’échoppe et ouvrit la porte en grand en déclarant :

« -Lancevive, voici notre magasin à Malidan. Puisses-tu t’y sentir comme chez toi ! Nous allons tous nous reposer, puis je t’emmènerai demain faire un tour en ville. »

Ainsi les voyageurs entrèrent dans le bâtiment. La première salle était envahie par les toiles d’araignées, une table et quelques tabourets traînaient dans un recoin. Mais aux étages, une demi-douzaine de larges chambres s’étalaient. Ils y trouvèrent des sacs de tissu bourrés de paille desséchée et quelques draps poussiéreux. Nhrôr partit rejoindre Khrôr à l’étable, et ils en ramenèrent du foin pour renflouer les matelas de fortune, puis chacun s’installa dans un coin et l’on souffla les bougies.

Le lendemain au petit jour, quelques oiseaux marins criaillaient dans le ciel pur. L’assemblée s’attabla et Khrôr sortit d’un vieux placard un chaudron pour y faire cuire un gruau. Il y jeta le pain qu’il leur restait et quelques tranches de lard. Lamenoire et Ratirk, après ce petit déjeuner de fortune, sortirent du magasin, accompagnés de Nhrôr. Altiforge expliqua la suite des opérations :

« -Nous avons retrouvé notre établissement en assez bon état. Mais comme chaque année, il faut le remettre en ordre, aussi nos compagnons vont s’en charger ce matin. Bientôt nous pourrons vendre notre marchandise, et commercer ici jusqu’à la fin du printemps prochain. Et nous retrouverons alors nos chères montagnes… »

Déambulant encore un moment dans les rues terreuses, les trois compagnons discutèrent de leurs projets. Le capitaine nain resta assez évasif quand à ses connaissances sur le Donomâr. Il assura que plus personne dans les montagnes n’avait plus reçu la moindre nouvelle, ni retrouvé la trace des quatre voyageurs, partis depuis des siècles. Ils arrivèrent bientôt devant une sorte de forteresse grossière, flanquée de deux tours, devant laquelle ils s’arrêtèrent. La bâtisse semblait avoir été construite, non pour tenir un siège, mais pour afficher le pouvoir absolu du conseil de la cité. C’était le Fort du Bourg, et les riches négociants en étaient les maîtres ; sur les toîts pentus étaient plantés des drapeaux bleu et vert, aux couleurs de la mesnie dirigeante : celle du Prévôt Valerin, qui contrôlait à peu près toutes les activités de la ville, depuis la milice de nuit aux spectacles du théâtre.

« -Je vais vous quitter ici, déclara Altiforge. Je dois présenter au prévôt les hommages de notre clan, et l’informer de notre arrivée ; je vous rejoindrai ce soir pour l’inventaire. Bonne journée ! »

Il s’avança dans le bâtiment, et escorté par deux hommes d’arme, passa la lourde porte de chêne ouvragé.

Ses deux amis restèrent un moment silencieux, à regarder les murs de pierre blanche, percés de larges meurtrières, puis ils se remirent à marcher dans les artères de la cité. Les colporteurs affluaient des portes de la ville, chargés de besaces et de hottes. Une foule colorée arpentait les avenues, sous le regard attentif des gardes, et partout des tréteaux, des estrades, des étals s’élevaient sur le pavé humide. A Lamenoire qui s’en étonnait, le nain Nhrôr expliqua :

« -Si tu vois toute cette foule, c’est que nous approchons de la Fin-l’An, et la Foire des Racines va commencer. D’habitude, nous arrivions beaucoup plus tôt à Maildan. Avec les troubles du nord et la fin des Landes Ténébreuses telles que nous les avions connues, cela n’a pu être possible cette année. Mais nos affaires n’en seront pas trop contrariées. C’est à la fin de l’hiver que les transactions reprendront vraiment. D’ailleurs la Foire des Racines est la dernière réjouissance avant que les frimas ne s’installent définitivement dans la région.

-Mais cette ville organise souvent des fêtes de ce genre ?

-Il y a une célébration pour chaque milieu de saison : la Foire aux Pousses, la Foire aux Fleurs, la Foire aux Fruits et la Foire aux Racines. Je n’ai jamais participé aux réjouissances d’été, mais les autres en tout cas, valent le coup d’œil ! Même si tout cela ne vaut pas nos chères vieilles agapes dans nos palais souterrains… »

Poussés par la foule bavarde, tous deux déboulèrent au bord du cours d’eau. Le long des berges, des jetées en bois sombre s’avançaient dans les flots, retenant les amarres de nombreux voiliers de pêcheurs, de commerçants et de nautoniers. Des pavillons de nombreuses contrées se mêlaient dans ce port au trafic continu. Ils s’installèrent au bord de la jetée, regardant les mouettes flâner sur les remous de la vase, et Nhrôr se lança dans un exposé de la situation topologique. Il en connaissait un bon bout sur la région, et il ne s’en cachait pas :

« -Le fleuve Elezar, ou comme d’aucuns l’appellent, le Fleuve Bleu, coule des Montagnes Grondantes jusqu’à la mer du Couchant ; il sépare la ville-même de Malidan, au nord, entourée par ses murailles, des faubourgs qui ont été construits au sud. Un pont de bois enjambe le cours paresseux pour relier les deux parties de l’agglomération. Si l’on redescend le fleuve, on arrive en Sinoplie, un petit royaume des hommes. C’est de là qu’à été importé tout le bois d’œuvre, pour le pont comme pour le port d’attache. Mais nous avons peu de rapports avec eux. De l’est, les montagnards rapportent laine, pierre, gibier, tandis que de la route du sud, nous les nains descendons pour vendre notre ouvrage. Ici nous pouvons vendre tous ce que nous ramenons de nos montagnes, ou des Landes Ténébreuses, ou même du pays Fenri ! »

Alors qu’ils allaient repartir pour leur boutique, ils croisèrent un groupe d’individus drapés dans des manteaux rouges, et portant chacun à la ceinture une épée courte. Le premier d’entre eux salua le nain en ricanant :

« -Salut petite barbe ! Alors, vous êtes revenus de vos trous neigeux ?

-Garde ta salive, rétorqua le nain. Je ne parle pas aux écervelés ! »

Lui barrant la route, l’autre fit un clin d’œil à ses camarades et répliqua :

« -Oh, vous entendez, camarades ? Une brindille qui se moque d’un chêne ! Ne me regarde pas, nain, tu risques de te rompre le cou…

-Assez, laisse-moi passer ou il t’en cuira, insolent ! »

L’homme en question lui rit au nez et s’éloigna, suivi par ses acolytes. Avant que Lamenoire ne l’interroge, son compagnon dit :

« -Une vraie plaie en vérité, ces voyous qui écument les rues ! Déjà l’année dernière, ils nous cherchaient misère. J’espère que nous pourrons leur clouer le bec. »

Le reste de la journée s’écoula sans autre incident. Ratirk rejoignit ses amis en milieu de la journée, et tous déjeunèrent dans la grande salle de leur échoppe. Puis déballant leurs marchandises, ils commercèrent tout l’après-midi. Le rôdeur s’associa aux nains pour découvrir l’art de marchander, ce qui fit rire Khrôr :

« -Avant trois jours, tu connaîtras toutes les ficelles du métier ! » lança t-il.

Moult clients passèrent à leur étalage jusqu’au soir. Certains se rappelaient de leur passage l’an dernier et commandaient qui une épée, qui un fer de pioche ; on troqua piètres ouvragées et objets d’art rustiques contre pièces d’or sonnantes et trébuchantes.

Alors que le soir approchait, l’affluence disparut et il ne resta bientôt plus dans les rues de la ville quelques badauds. Un homme au visage enroulé dans une large écharpe de soie, et dont les pans de la cape cachaient en partie son pourpoint sinople, s’avança prudemment jusqu’à la devanture du magasin et poussa la porte. A son arrivée, tous les nains levèrent la tête ; Lamenoire nota qu’il semblait assez nerveux. Ses yeux allaient constamment d’un bout à l’autre de la rue, comme s’il s’attendait à voir débouler d’un instant à l’autre une meute de dragons -ou quelque autre calamité.

Elevant la main –à laquelle il portait une bague ( apparemment marquée d’un sceau, mais le rôdeur était trop loin pour en jurer )- l’étrange personnage déclara :

« -Ne craignez rien, je viens en ami. Pour vous mettre sur vos gardes : votre séjour ici risque d’être mouvementé.

-Et pourquoi donc ? s’étonna le capitaine du Nord, tout en vérifiant qu’une hachette était bien fixée à sa ceinture de cuir…

-L’année dernière, vous avez eu de la chance. Un puissant personnage, qui faisait de la négoce dans les armes et l’orfèvrerie, avait tenté de briser toute concurrence –notamment la vôtre- par des moyens plus ou moins légaux…

-Hum ! Il me semble que ses employés avaient été molestés comme il se doit en pareilles circonstances…

-Certes, mais vous êtes reparti aussitôt pour vos montagnes. C’était la fin du printemps, on ne vous a pas poursuivi en raison du conflit contre la horde de Gnogg le Putride. Mais depuis cette époque, l’homme en question a agrandi ses moyens. L’orfèvrerie et les échanges fluviaux sont tombés sous sa coupe. De plus, il s’est acquis le soutien de la plupart des membres du conseil de la ville. Grâce à de généreux pots-de-vin, bien sûr.

-Oui, je vois de qui vous voulez parler, murmura Ratirk. Un notable rancunier et tenace, voilà l’impression qu’il m’avait fait.

-Comment se nomme ce triste sire ? demanda Lamenoire.

-Je préférerai taire son nom pour l’instant. Pour ne pas me compromettre.

-Et en quoi cela nous concerne t-il ? s’enquit le rôdeur.

-Vos amis nains sont les seuls à lui avoir résisté. Il va vouloir affirmer son emprise sur le commerce en marquant un grand coup : régler une bonne fois pour toute le problème de la concurrence du nord.

-Nous l’attendrons de pied ferme ! assura Nhrôr. Nos haches sont prêtes.

-Je ne doute pas de votre courage, assura l’inconnu. Mais notre ennemi est malin. Il emploie toutes les ruses pour parvenir à ses fins.

-Parlons-en, le coupa Lamenoire. Donnez-nous un gage de votre bonne volonté, et nous vous ferons confiance. Vous dites « notre » ennemi, mais qui sait si vous n’êtes pas vous-même un de ses valets ?

-Qui sait en effet, ajouta l’autre, sur un ton mystérieux. Tout ce que je peux vous dire, c’est de vous tenir sur vos gardes. »

Il les salua et sortit, se dirigeant d’un pas pressé dans la rue. Le rôdeur se leva alors à son tour et dit :

« -Je vais suivre ce louche messager.

-Entendu, Lancevive. Nous vous attendrons ici en faisant un bilan de la journée ; bonne traque… ! »

Frôlant les murs des maisons de chaume, Lamenoire suivit l’homme au visage voilé sur quelques rues. Soudain, un groupe de butors, portant le même manteau rouge que ceux du matin, encerclèrent le messager et se mirent à le rouer de coups, sous l’œil indifférent des rares passant. Courant sus, le rôdeur dégaina son sabre en menaçant les agresseurs :

« -Arrière, racaille, ou vous baignerez bientôt dans votre sang chaud !

-Attention l’étranger, gronda le meneur des assaillants, tu t’mêles de ce qui ne te regarde point !

-Laissez ce malheureux partir ou je vous affronterai pour vous apprendre ce qu’est l’honneur !

-Quelles leçons que tu crois pouvoir me donner, inconscient ?

-De nombreuses : escrime, diction, politesse et j’en passe ! lança le rôdeur sur un ton moqueur. Assez plaisanté. Lâche-le. »

D’un même geste, le chef de la bande repoussa l’homme emmitouflé et dégaina son épée. A ce moment, une patrouille de gardes déboucha au coin de la rue. Le leader rengaina sa lame et cracha par terre :

« -Si t’es pas un couard, viens c’soir au Champ d’Mort-vif. Et r’parl’ra d’tout ça au calme, loin des curieux et z-à tête reposée.

-A votre disposition, messire. »

Les aggresseurs s’éloignèrent d’un pas nonchalant, souriant au passage aux miliciens faisant leur ronde. Lamenoire s’aperçut à ce moment que le messager en avait profité pour tirer sa révérence. Rangeant dans son fourreau sa rapière, il caressa son pommeau en chuchotant :

« -Tu auras bientôt l’occasion de t’abreuver, ma chère. Et cette fois, du sang rouge d’homme. »

Modifié par Shas'o Benoît
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Et puis je conçois mon monde comme de vastes continents sans cesse sillonnés en tout sens par des voyageurs de toutes races. Donc chaque jour, il est à peu près certain que l'on fera de nouvelles rencontres...

Alors je vais expliciter les deux heureux hasards qui me gênent le plus:

Retrouver Vulniaf. Là ça me gêne car ce n'est pas n'importe qui, mais quelqu'un de déjà rencontré. Surtout que c'est le seul à avoir réussi à s'échapper.

En fait, on peut imaginer que sa position lui permettait de connaître des passages secrets... et s'il y a une bonne raison pou qu'il rode proche de chez Ytuzir, alors ça passera.

Le tombeau de Faelion. Désolé, mais je ne comprends toujours pas comment il a pu être enterré aussi loin du chant de bataille et surtout loin de tout.

il me faudrait écrire un livre entier !

Une profession qui se dessine :(

Par contre, juste une faveur, ne pourras-tu pas poster ici la carte du monde, carte en grand si possible (un peu dur de bien voir sur le lien que tu as passé).

Merci beaucoup Iliaron pour toutes ces critiques.

N'empêche que la lecture de ton texte m'a donné pas mal d'idées, et notamment le goût pour les chansons en plein milieu du texte (j'espère qu'il n'y a pas de copyright :hat: )

Ne t'inquiète pas, je les prends pas mal.

Parfait, car je préfère être franc le plus possible, de manière à éviter de mentir.

Mais enfin comme dans la Terre du Milieu, l'histoire et le destin du monde sont écrits dans les astres...

Malgré mes trois ou quatre lectures du livre, je ne l'avais jamais perçu comme tel, mais en fait (surtout pour Vulniaf, même presque que pour lui) c'est parce qu'on l'a rencontré précédemment qu'on le retrouve, alors que dan l'oeuvre de Tolkien, c'est parce que quelqu'un a croisé la route des compagnons qu'il a agi comme cela; ça aurait pu être n'importe qui.

(enfin, on pourrait en commenter pendant longtemps :clap:

Bon, cessons les disgressions, passons à ta suite.

Très belle, sans rire, te concentrer sur peu d'actions est super :wink: .

De plus, l'intrigue est relancé, car une sorte de nouveau monde s'ouvre à Lamenoire; un monde plus calme (sa vie de voyageur s'arêtte pour un certain temps donc) et de suite débute les mésaventures, le mystérieux orfèvre (allez, je parie qu'on l'a déjà rencontré avant... disons... Vulniaf :P (remarque, un des quatre compagnons précédent est aussi possible... là aussi il y a du mystère)), le mystérieux messager, les mystérieux hommes en rouge... Que de mystère qu'une suite devrait pouvoir parvenir à dissiper :P .

Sans rire j'ai vraiment apprécié ce passage. Retrouver l'histoire des compagnons m'a d'abord fait bizarre, puis ça m'a emballé car on se "fixe".

Iliaron

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Vraiment super :wink:

J'ai rien à dire sur ce passage ! A si .... Il a mit du temps pour arriver ! Après tous les efforts qu'on fait pour toi, tu pourrais poster plus vite ? :hat:

Bon niveau forme, rien à dire, tu sais de quoi tu parles, tu sais manier la langue et cela se ressent dans ton histoire !

Tu as posé ton monde et maintenant on le traverse vraiment facilement, on vit dedans comme si c'était le notre et ca te permet à toi, de te concentrer plus sur la trame que sur le fond meme !

Allez, un ti combat pour la suite :P

@+

-= Inxi =-

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  • 3 semaines après...

Désolé de pas poster assez vite... BOn voilà une courte suite :

Lamenoire marcha d’un pas vif sur les planches solides du pont enjambant le Fleuve Bleu. Le soleil se couchait de nouveau, loin à l’ouest. Les rayons rasants dansaient dans l’écume du port, illuminant la poussière dansant autour des amarres des voiliers. Grâce aux indications des quelques passants, il trouva sans difficulté le lieu dit du champ de Mort-vif. C’était un terrain vague à mi-chemin des deux principaux faubourgs de la ville. On y jugeait et exécutait les criminels de droit commun, le plus souvent par pendaison ; de nombreux chênes jalonnaient la plaine, laissant pendre encore leurs sinistres cordes de lin. Le vent froid du crépuscule soufflait doncementdans les branches des arbres, balançant les nœuds coulants ; ils gémissaient, ces gibets vivants, comme réclamant des victimes à immoler en leurs bras noueux, et leur plainte montait dans l’air sombre du soir, comme une mélopée. Le rôdeur ne put réprimer un frisson en passant entre les troncs sinistres. Dans les frondaisons, des corneilles criaillèrent, regardant avec mépris cet intrus.

Au milieu du champ s’élevait une barrière en pierres moussues, à moitié effondrée, qui servait de siège aux juges lors des tribunaux. Les butors l’attendaient là, appuyés avec nonchalance sur la haie branlante. Leur chef dégaina aussitôt son épée et défit sa cape, puis se mit en garde en se vantant :

« -Je suis le meilleur bretteur de la ville après l’chef, étranger. Tu vas r’gretter tes insolences de tantôt !

-Je suis prêt à en découdre, répliqua Lamenoire, alors finissons-en. »

L’autre chargea sans plus attendre, espérant prendre court son ennemi ; mais le rôdeur sortit sa lame et para le coup d’un même mouvement, puis bondit de côté et feinta ; estocades et estafilades se succédèrent à une cadence folle, les deux combattants se travaillant au corps sans pitié. Les truands, restés prudemment à l’écart, n’osaient s’approcher de peur de prendre un coup par mégarde, et regardaient, médusés, les deux duelistes s’affronter. Lamenoire, en tant qu’homme de garde du roi des Landes, avait passé des années à perfectionner ses talents martiaux. Il maitrisait à la perfection le corps à corps, et se contenta de mettre en pratique les leçons de ses maîtres. Son rival s’était bien vanté ; même s’il se débrouillait, il ne ferait pas le poids longtemps… Maintenant qu’il avait évaluer les talents du bandit, le rôdeur décida d’en finir, et il redoubla de vigueur, enchaînant bottes sur bottes pour déstabiliser l’autre ; le rustre sentit pour la première fois l’angoisse le serrer à la gorge. Il était essoufflé, épuisé à force de se défendre ; le rôdeur était partout, l’encerclant, lui entaillant les bras et lui chatouillant les côtes du fil de l’épée. Puis soudain ses assauts se firent plus violents, et s’abattirent sans répit sur le fer jusqu’à ce que la lame du brigand se brise à la garde. Avant que ce-dernier n’ait pu reculer, le sabre noir transperça son haubert, fouaillant dans son ventre. Portant les mains à la plaie béante qui le pliait en deux, le malheureux poussa quelques gargouillements, puis tomba la tête la première dans l’herbe retournée.

Lamenoire essuya son arme sur le dos du mort. C’était fini. On entendait encore dans le lointain le pas précipité des sbires, qui s’étaient esquivés dès qu’ils avaient vu leur leader désarmé. Le rôdeur n’éprouvait pas la moindre pitié pour son adversaire estourbi ; que méritent les larons de son espèce, sinon un tel chatiment ?

La nuit était tout à fait tombée, alors qu’il cherchait encore l’adresse de la boutique des nains. Trois fois il avait pensé retrouver le magasin, pour s’apercevoir qu’il s’était trompé. Enfin il la dénicha, logée là entre deux baraquements sales. La porte était entrouverte. Passant le seuil, Lamenoire vit ses pires craintes se justifier : plus de traces des nains. Un tabouret était brisé, mais la marchandise était restée sur place. Des pas retentirent dans l’escalier, et une douzaine de gardes en descendit, menée par un capitaine borgne ricanant :

« -Ahah, nos renseignements étaient exacts ! Voilà donc ce type signalé avec ces vieilles barbes !

-Où sont mes compagnons ? demanda Lamenoire, en laissant sa main errer près de la poignée de son sabre…

-Pas un geste étranger ! Tu es cerné, il n’y a plus d’issue ! »

Dix autres hommes en arme apparurent dans la rue, la lance au poing.

« -les prisons sont la place réservée aux assassins, étranger.

-Et de quel crime m’accusez-vous ? »

Rôdeur expérimenté, il espérait gagner du temps ; de quoi élaborer un plan d’évasion pour quitter ce guêpier…

« -Faites pas le malin, vous savez très bien de quoi je parle, grogna le capitaine ; pour ce crime ignoble, vous ne croupirez pas longtemps dans nos geôles. Et c’est tant mieux parce que ça me fait mal de savoir que j’respire le même air que des types dans ton genre ! Assez bavardé. Sergent, arrêtez cet… »

Il s’effondra au sol, la main crispée sur sa gorge transpercée par une flèche, tandis qu’une voix impérieuse venue du haut de l’escalier ordonna :

« -Plus un pas, soldats ! Ecartez-vous et laissez monter l’etranger ! Le premier qui bronche rejoint le Borgne dans la mort ! »

Lamenoire gravit les marches quatre à quatre pour se retrouver à côté de son sauveur : un homme emmitoufflé dans un long manteau noir, portant écharpe et tenant fermement un arc entre ses mains. Le messager de la veille !

« -Attention messire, murmura t-il, ces troupaillons ne vont pas rester plantés là très longtemps. La fenêtre de la troisième chambre, vite !

-je vois, acquiesça Lamenoire, mais venez avec moi, ils sont trop nombreux pour vous !

-Pas question, j’ai reçu des ordres et… »

Les sergents de la milice exhortèrent sans plus attendre leurs piétons :

« -Hardi les gars, ils ne sont que deux ! Dix pièces d’argent pour chaque tête ! »

Les fantassins se précipitèrent vers les rebelles, criant et hurlant. Le messager décocha une nouvelle flèche tandis que Lamenoire cinglait les premiers arrivants, puis tous deux défendirent avec rage le haut du palier. Bientôt quatre ou cinq lanciers moururent de leur main, et les autres reculèrent avec frayeur. Les sergents redoublèrent de colère :

« -En avant, bande de ramollis ! Double prime pour leurs têtes décollées ! Pas de quartier ! »

Lamenoire et son guide s’esquivèrent sans plus attendre, et ils se barricadèrent dans la troisième chambre, plaquant la porte avec une vieille armoire branlante. L’homme emmitoufflé lacha alors :

« -Vous devez vous échapper par là, messire ! Des amis vous attendront demain midi sur la place du marché ! Retenez bien, l’Enclume Rouge !

-Et vous ?

-Aucune importance ! Les ordres du chef étaient de vous sauver !

-Je ne pars pas sans vous, vous venez de me sauver la vie !

-Comme vous me le fites hier ; assez palabré. Ils enfoncent la porte ! »

Des coups sourds frappèrent le battant qui grinça horriblement, et l’armoire vacilla. Sans plus discuter, les deux hommes se précipitèrent vers la fenêtre. Une corde était accrochée au linteau et permettait de se laisser glisser jusqu’au sol.

« -passez le premier ! » ordonna l’inconnu.

Au moment où les gardes entraient dans la pièce, Lamenoire se saisissait du filin. Le premier des lanciers apparut dans l’embrasure et un trait lui cloua la main au mur, alors que les autres investissaient la place. Le rôdeur serra alors son compère par la taille et se laissa glisser le long du câble, sans prendre garde aux protestations de celui-ci. A peine arrivés sur les pavés humides de la rue, l’homme en noir se dégagea et disparut dans les ruelles sombres. Après avoir repris son souffle, le rôdeur ne tarda pas à l’imiter, les miliciens à ses troussses.

Modifié par Shas'o Benoît
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Sympa cette petite scène !! :lol:

Pour commncer, parlons de la forme :lol: J'ai juste une petite répétition que j'ai noté :

Comme vous me le fites hier ; assez palabré. Ils enfoncent la porte ! »

Des coups sourds frappèrent le battant qui grinça horriblement, et l’armoire vacilla. Sans plus palabrer

Sur "palabrer", c'est un terme qui est tellement rare que ca fait repetition la -_-

Sinon, pas grand chose à dire :lol: J'aime bien ce passage. L'action se precipite entre l'arrivée des gardes et le combat en haut des escaliers, essayes de ralentir plus ce passage avec des descriptions...

A part ca : :)

@+

-= Inxi =-

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Ok je corrige ça tout de suite ! Bon voilà j'ai trouvé un quart d'heure entre midi et deux pour poster ce court passage. Je sais c'est très peu mais bon... :)

Le soleil se levait sur les bords du fleuve bleu, éclairant la cité de Malzar pour une nouvelle journée. Les oiseaux marins se réveillèrent en criaillant, batifolant entre les coques des vaisseaux amarrés. Lamenoire s’étira, bailla, massa ses membres engourdis. Décidément, dormir à la belle étoile était assez désagréable, surtout en hiver. Il jeta un coup d’œil par-dessus la bâche recouvrant la barque : personne en vue. Il bondit aussitôt hors du bateau, avant que l’on ne l’aperçoive. Il était encore très tôt, et les pêcheurs n’étaient pas encore arrivés à la rade. Seul un garde somnolent, assis sur un tabouret à l’entrée de la jetée, témoignait de la surveillance portuaire.

Frictionnant ses membres engourdis, le rôdeur maugréa après sa triste destinée. Regardant encore alentour, il s’assura que personne ne pointait son regard pour utiliser un sort mineur que son maître Ytuzir lui avait jadis appris. Une flammèche dansa bientôt au creux de sa main droite, réchauffant peu à peu sa peau glacée. La chaleur se répandit dans tout son être, revigorant ses membres transis. Un cygne blanc, qui pataugeait dans les joncs au bord du fleuve, à quelques mètres, battit des ailes en chuintant : un humain aux mains enflammées !

Lamenoire se mordit la lèvre : le cygne était une langue difficile. Il essaya néanmoins :

« -Paix, paix oiseau blanc. Comprendre ? Ami, pas danger…

-Ça ! Un humain qui parle à présent ! S’esclaffa le cygne. On aura tout vu ! »

Une idée traversa soudain l’esprit du rôdeur, qui demanda :

« -Toi voyager, avoir vu faucon ? Nom Double Serre ?

-Quoi ? Je ne m’éloigne jamais de mon cher Fleuve Bleu, l’humain ! Et j’évite les faucons en général. Ce nom ne me dit rien. Et ça m’est complètement égal. »

Et en un battement d’aile, il s’envola pour se poser sur l’autre berge, loin de ce bipède inquiétant.

Lamenoire laissa son regard errer le long du cours du Fleuve Bleu. Quelques libellules, leurs ailes diaphanes étalées, voletaient de ci de là, évitant les bouches béantes des goujons voraces cachés dans les racines des roseaux. Par endroit, la nageoire dorsale d'un silure aux dents de couteaux fendait la surface, traçait dans l'onde un sillon rapide, comme une menace immanente. Mais l'eau s'écoulait vers l'ouest, inlassable, impassible, comme une promesse de paix immortelle, de tranquilité permanente. Qu’était devenu Doubleserre ? Depuis la dernière bataille dans les Landes, il ne l'avait aps revu. S'était t-il fait tuer par un archer, ou foudroyé par les éclairs de Nommiard ? C'était un hobereau débrouillard, et bien qu'encore convalescent, il avait toutes les chances de s'en sortir. S'il avait survécu, c'était ses confrères ailés qu'il faudrait interroger. Car après tout si quelqu’un le savait, ce serait un autre oiseau, rencontré au cours de ses vols. D’un pas songeur, il se dirigea vers le centre de la ville, là où l’activité reprenait. Il aurait encore quelques heures à attendre avant midi, mais d’ici là il se fondrait dans la foule, pour ne pas se faire repérer. On le recherchait encore sûrement.

Modifié par Shas'o Benoît
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Lamenoire s’étira en baillant, et il massa ses membres engourdis

Je suis sur que tu vas nous arranger cette phrase biscornue :lol:

Frictionnant ses membres engourdis, le rôdeur

Encore ? L'a des problèmes musculaire le pauvre :lol:

Sinon, c'est original le coup du cygne qui parle ! je m'y attendais pas ! J'ai meme cru que c'était un humain au début :) Comme quoi, tout le monde peut se tromper ! Nan, sinon c'est pas mal ! Gros travail !!!

@+

-= Inxi =-

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  • 4 semaines après...

Désolé pour ce mois et même plus d'attente; :clap: je vais devoir trovuer des excuses, même si je n'en ai pas de réelles; si ce n'est que j'ai pas mal de boulot, hélas. Voilà une ( trop courte ) suite :

La cohue se faisait de plus en plus dense à mesure que le soleil montait dans les cieux délavés de ce début d’hiver. Lamenoire s’assit au milieu de la place du marché, au pied d’une statue de bronze surplombant les échoppes. Ses talents de dissimulation, et son esprit d’effacement le rendirent complètement insignifiant aux yeux des passants. Semblable à tout mendiant, la plupart des badauds ne prêtaient même pas attention à ce pauvre hère. Levant les yeux vers le colosse d’airain, le rôdeur avisa une plaque marquée de caractères effacés par le temps. Le texte était gravé dans un très vieil alphabet humain, et le vent, la pluie et la neige avaient fait leur œuvre. Cependant, en tant que l’un des meilleurs disciples qu’Ytuzîr ait jamais eu, il était capable de déchiffrer ce texte antique. Lamenoire appréciait plus que tout les histoires du passé, et goûtait à leur saveur. Pour lui, rien ne pouvait égaler la beauté de ces récits, derniers témoins, derniers conteurs des hauts faits d’antan. Fermant les yeux pour mieux s’imprégner de l’atmosphère se dégageant de ces écrits :

« -A la mémoire de notre seigneur

Atrick au bras fort, solide et vengeur,

Choisi par l’ensemble des combattants

Qui combattir’ avec lui en tous temps.

Elu par le peuple humain des rivières

Valeureux guerrier champion de naguère,

Haut combattant révélé par la guerre,

Au cœur solide, à la noblesse altière.

Son épée que voici dans sa main roide,

Reposant à présent dans la nuit froide,

S’appelait Taraglon Le Tranche-Troll

Arrachée par Atrick du cœur du sol ;

L’accompagnant dans ses nombreux combats

D’un coup vif, portant les monstres à bas,

Elle gagna le nom perdu depuis

De Saralian Celle Qui Chasse Nuit.

Sur les cadavres fumants des hoborques

Massacrés par l’armée des Porte-torques,

Au lieu même où ce chef de clan périt,

On voulait sa tête à corps et à cri :

Zarg le Très-furieux, retourné aux cendres,

Et en ce temps, gelant à pierre fendre,

L’hiver accompagnait la horde de peaux-vertes

Sur leurs pas courait la plaine déserte.

Seuls pour leur résister, des proscrits,

Quelques rescapés des monts Vert-de-gris,

Réfugiés dans les monts depuis des ans

Descendant des cols dans le vent grisant.

Les nains des Monts de Mort menés par Kîn

A leur aide vinrent briser l’échine

Des meutes de loup, des orques furieux

Qui dévastaient la plaine à mille lieux.

Atrick était le chef de ces exclus

Venus donner au pays le salut.

La bataille s’acheva ici-même

Au bord d’Elezar, Le Courant-de-Gemmes,

Et l’assaut sanglant de la horde maudite

Brisé sur les lignes d’hommes d’élite

S’acheva dans la déroute finale

Les orques pourchassés fuirent le val.

Seul demeura Zarg et sa garde noire,

Pour affronter ses ennemis au soir.

Taraglon trancha le cou du meneur

Semant dans les rangs orques la terreur ;

Dès lors connue au nom de Saralian

Son fer tranchant brisa de nombreux crânes

Avant que sombre le monde en la nuit

Que le dernier des orques ne se soit enfuit.

Sur cette colline de la victoire

Atrick acquit ses premiers jours de gloire,

Et la population à lui ralliée,

Dans la paix s’édifia une cité.

On l’appela : Malzar, le Bouclier,

Glorieux Salut des hommes menacés,

Et lorsque la mort enleva Ratirk

Monta sa statue en place publique. »

Quand Lamenoire se tira de sa rêverie, il s’aperçut que le soleil était presque au midi. Se levant d’un coup, il se dirigea résolument vers cette petite boutique qu’il avait repérée en arrivant sur la place : une petite taverne au toit de chaume, à l’enseigne décorée d’une armure teinte en rouge carmin. Poussant la porte avec précaution, le rôdeur effectua un rapide tour d’horizon. Un comptoir en bois branlant gardé par un grand échalas au visage pateux, deux trois tables où mangeaient quelques clients, tout en parlant affaire. Son regard s’arrêta sur un homme âgé d’une quarantaine d’années, habillé d’une tunique brune et de braies en tissu épais. Une longue dague était passée à sa ceinture, à laquelle pendait une sacoche de cuir, et une capeline lui recouvrait les épaules, rattachée par une broche finement ciselée. Il avait levé sa coupe, mais s’était arrêté à mi-chemin et regardait aussi Lamenoire, intrigué. Le rôdeur hocha de la tête, traversa la salle et s’assit en face de lui, murmurant :

« -Belle journée, même si le froid commence à se faire sentir, n’est-ce-pas ?

-Oui c’est vrai, reconnut l’autre. Mais point belle pour tous.

-Certains de mes amis doivent en effet se morfondre…

-Tout dépend de qui sont vos amis.

-Du genre menu et toisonneux, pour ainsi dire.

-Des moutons en somme ?

-J’ai fait un long voyage du nord avec eux. Mais des loups nous ont attaqué. »

Son interlocuteur ouvrit alors sa sacoche et en tira une tablette de cire et un stylet de bronze, dont l’un des bords était pointu, et l’autre plat.

« -J’apprécie beaucoup le dessin, et vous ? »

Rapidement, il griffonna une courte phrase et tourna la plaque vers Lamenoire :

« PLUS DISCRET ECRIRE / VOTRE NOM ? »

Le voyageur opina du chef, effaça le message et écrivit à son tour :

« LANCEVIVE ARDENTCOURROUX / ET VOUS ? »

Au tour du Malzarien de répondre, et l’échange se poursuivit :

« SEVERE TRIGULAN / QUE VOULEZ FAIRE

QUI CAUSE CAPTIVITE AMIS ET COMMENT SAUVER

HOMME INFLUENT ICI ENNEMI / PEU DE MOYENS

DOIT EXISTER UNE SOLUTION

ALLONS FAIRE DE NOTRE MIEUX MAIS JUGEMENT CE SOIR

COMMENT CELA

MAIRE DE LA VILLE DECIDER DU SORT NAINS AU COUCHER

RESTE ASSEZ TEMPS CONFONDRE COUPABLE

QUE COMPTEZ FAIRE

DONNEZ MOI NOM

TROP DANGEREUX MME ECRIRE

FAITES CONFIANCE

JE RISQUE MORT / CANOALL

MERCI

IL CONTROLE JUGES CONSEILLERS ET MILICE / HABITE 10 RUE DU FADRIN

TROUVERAI FACILE

APRES SERA DIFFICILE / ASSEZ ECRIT RISQUONS DECOUVERTS. »

Sévère rangea son matériel en souriant :

« -Vous aussi êtes un bon dessinateur, ma foi ! Je vous paie ce repas de midi, c’est le moins que je puisse faire. Patron ! »

Le barman leur apporta des plats que le malzarien avait commandé à l’avance : un gigot à la sauce de Tyrili, un plat de tubercules aux fines herbes et une bouteille de vin que l’homme maigrelet déboucha en déclarant :

« -Un grand cru messieurs, une de mes meilleures bouteilles. De l’an 12153, des côteaux sud-est des collines Verdegris. »

Le repas fut des plus silencieux. Lamenoire réfléchissait à tout ce que son interlocuteur venait de lui dire. S’il voulait sauver ses amis, il allait avoir affaire à forte partie. Première chose, repérer les lieux, puis mettre au point un plan d’action.

Sévère aussitôt sa collation finie, se leva et prit congé :

« -Et bien, salut à toi Lancevive. Je dois y aller. Inutile de m’accompagner… Bonne chance, et compte sur moi pour tout cela. »

Poussant la porte de l’auberge, il se fondit dans la population installant les étals. Le rôdeur attendit un bref instant, et allait partir quand le patron s’approcha :

« -Faut payer, messire. »

Lamenoire retourna ses poches : il n’avait plus la moindre devise ! Il allait balbutier une excuse quand son regard tomba sur une bourse de cuir posée en évidence sur la table, laissée là par Sévère sans nul doute ; il la prit et l’ouvrit : elle contenait assez d’argent pour subsister pendant au moins une semaine. Regardant le barman, Lamenoire demanda :

« -Combien ?

-Sept Frappes, noble seigneur.

-Les voici. Et mes compliments au cuisinier, tout cela était fort bon.

-Mille grâce, monseigneur. Passez une bonne journée. »

Saluant l’aubergiste, il passa à son tour l’embrasure pour chercher le 10 rue du Fadrin.

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Bon et bien c'est pas trop mal !

Pour le fond, on est dans un nouveau tournant de l'histoire. Le héros va donc devoir essayer de liberer ses amis et je m'attends à de la haute resistance ^_^ En tout cas, vivement la suite !

Pour ce qui est du passage en lui même, c'est composé des trois quart d'un affiche ! ( tu dois etre l'ecrivain qui en met le plus dans les récit : chanson, poeme, genre de truc :skull: )

Pour le reste, pas de fautes d'ortho donc c'est pas mal ! Continues comme ca et écrit plus ! Je prefere battle que 40k, donc reconcentre toi donc dans ce coin :clap: !

@+

-= Inxi =-

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joyeux et saint Noël à tous !!!! Voilà une petite suite...

Quelques pas, une demi-douzaine de rues traversées et il ne tarda pas à trouver ce qu’il cherchait : une carte de la ville sur une plaque de cuivre, placardé sur le mur d’une maison. Un rapide coup d’œil lui permit de situer la rue en question, visiblement une des artères de la cité. Mémorisant le plan, Lamenoire se rendit directement à l’adresse indiquée par son informateur. C’était une haute batisse comme tant d’autres dans Malzar. Le porche à la lourde porte de chêne s’encadrait de deux piliers décorés de fresques géométriques. Le batiment comptait deux étages à colombages, percés par de petites fenêtres. Hochant la tête, le rôdeur ne s’attarda pas. Il nota que, face à la maison, une autre bande d’hommes en capes rouges. Alors qu’il allait passer le coin de la rue, il se retint car la porte s’ouvrit d’un coup, laissant sortir un jeune homme drapé dans une longue bure violacée, coiffée d’un chapeau de feutre de même teinte et portant sous le bras une sacoche de cuir. Lamenoire réfléchit quelques instants, ébauchant un début de plan d’action. L’individu s’éloignait à l’autre bout de l’allée, sifflotant un air populaire. Le rôdeur se décida et le suivit à distance, bien décidé à en savoir plus.

Le jouvenceau le mena jusqu’à une boutique d’une rue éloignée, présentant sur sa dévanture une ribambelle de potions dans des flacons colorés ; sur l’enseigne de fer s’étalait en lettres d’or : « Allilius fils de Ravivius, apothicaire ». Lamenoire s’arrêta devant l’entrée, plongé dans ses réflexions ; puis il lui vint une idée : son plan commençait de prendre forme ! Poussé par un élan nouveau, il entra dans l’échoppe ; passant entre les étagères meublées d’innombrables fioles et autres registres de décoctions, il s’adressa au jeune homme qui posait son paquet sur une table dans un coin de la salle :

« -Excusez-moi, je désirerais vous passer une commande spéciale.

-J’ai bien peur de ne pas être compétent.

-Ah… Et pourquoi donc ? s’étonna Lamenoire.

-Si vous voulez acheter ici quelque potion, c’est à moi qu’il faut s’adresser ! » déclara une voix ferme, dans son dos. Un vieillard aux cheveux gris, dans l’encadrure d’une porte –donnant probablement sur l’arrière boutique – le toisait de haut, tout en lissant sa barbiche tremblotante. Il portait aussi une longue robe violette, mais la sienne était ourlée d’or sur les manches, et quelques arabesques couraient sur le tissu brillant. S’appuyant sur une canne, le vieil homme s’approcha en ajoutant :

« -Je suis maître Allilius. Le meilleur apothicaire de Malzar ; que puis-je pour vous, étranger ? Oui vous êtes un étranger ( ses deux yeux chaffoins s’allumèrent d’une lueur méfiante ) car votre accent ne tromperait pas même mon chat.

-Je suis venu vous voir pour…

-Vous avez besoin de mes connaissances ? le coupa l’ancien. Demandez-moi n’importe quel mélange, et mon apprenti ici présent vous l’apportera. A condition de payer un prix raisonnable, bien sûr !

-Je cherche une Mixture de Repos. Vous savez, cette pharmacopée qui…

-Merci, répliqua l’autre, je sais encore reconnaître à leur nom les médications les plus simples ; et même réciter les ingrédients de tête di vous voulez : racines de Dent-de-lion, feuilles d’ellebore, grains de Chasidoine, Xith de Loth…

-Très bien, très bien ! Pourrez-vous l’avoir fini d’ici ce soir ? Je viendrai moi-même le chercher.

-Hem ! Oui, je pense avoir tout ce qu’il faut ici… Oui ce serait faisable. Mais je vais prendre du retard sur mon travail. Et cette préparation est assez délicate, vous vous en rendez bien compte. J’attends d’être rémunéré comme il se doit lorsque j’entreprends de telles choses. Cela vous coûtera cent et cinquante Marques.

-Vous recevrez votre salaire, et selon votre mérite.

-Mais dites-moi, c’est pour usage personnel ou pour un de vos amis ? Un parent souffrant peut-être ?

-Pour une de mes connaissances, qui me remerciera sûrement de lui en apporter. Je vous fait donc confiance. A ce soir, au coucher du soleil au plus tard. »

Le saluant de la main, Lamenoire resortit d’un pas rapide. Allilius se tourna vers son apprenti en ricanant :

« -Ce qu’il va faire d’une mixture de Repos, peu me chaut ! Encore une bonne affaire : j’aurais pû demander deux cents et cet olibrius n’y aurait vu que du feu ! »

Lamenoire se rendit directement dans un magasin de pièces d’armure, où il chercha quelque casque pouvant dissimuler ses traits. Il opta pour un heaume en fer, avec deux fentes pour les yeux et une dizaine de trous pour respirer. L’ensemble ne relevait pas d’un art exceptionnel, mais suffirait amplement. Payant les cent Marques exigés pour son acquisition, il chercha ensuite un commerce de draperie. Il finit par en dénicher un non loin du port, et il y acheta quelques liasses de filasses de chanvre. Portant tout cela sous le bras, il s’installa au bord du fleuve Elezar, assis sur un rocher, non loin de l’endroit où il avait passé la nuit. La cygne était revenu, mais il fit mine de ne pas voir l’humain. Lamenoire haussa les épaules et commença à filer. Metant en jeu toute son adresse, toute son agilité, toute sa patience, il enroula, tissa, tressa, tordit les brins, les relia, les enfila, les noua, les froissa, les croisa, les recroisa, les embobina, les serra et reserra ; plusieurs heures durant, il travailla, faisant danser ses mains comme des fuseaux vivants, créant peu à peu une longue corde rugueuse, et aussi solide que possible. Le rôdeur sourit tout en poursuivant sa tâche. Tous les enseignements de son maître trouvaient à présent une application.

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Quelques pas, une demi-douzaine de rues traversées

Il a de grandes jambes !

Il nota que, face à la maison, une autre bande d’hommes en capes rouges

Il doit manquer un verbe

( ses deux yeux chaffoins s’allumèrent d’une lueur méfiante )

Il faudrait remplacer les ' ( ) ' par ' , ' Ca convient largement :)

Sinon dans le fond, j'adore toujours autant ton écriture ! Exemple ici, bien qu'il ne se passe rien de palpitant, j'ai vraiment été étonne d'arriver aussi vite en bas de paragraphe ! Une grande qualité :wink:

Bon, je ne peux attendre qu'une suite pour savoir ce qu'il va trouver dans cette maison !

@+

-= Inxi =-

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Voilà la réponse, et bonne année ! Allez hop la suite, dernière fois que je posterai avant longtemps hélas, les cours reprennent ^_^ :

Désormais muni d’un solide cordage à toutes épreuves, Lamenoire revint au coin de la rue tenue par le 10 du Fadrin. Un bref coup d’œil l’assura que les gardes en faction étaient toujours là. Revêtant son casque, il sortit de l’ombre et alla droit à eux en lançant :

« -Hardi vermisseaux, je gage qu’aucun de vous ne pourra m’arrêter ! »

Et d’un coup de poing, il envoya le premier bouler à terre. Les quatre autres dégainèrent et s’élancèrent à la poursuite du provocateur qui courait déjà dans le dédale de rues, bousculant les passants. La poursuite commença comme elle avait fini : le rôdeur s’échauffait sous son heaume, et d’un bref crochet, il s’escamota derrière des tonneaux à l’entrée d’une auberge. Ses poursuivants passèrent devant lui sans le voir, croyant toujours être sur ses traces, et houspillant les badauds. Plus silencieux qu’une souris, Lamenoire revint sur ses pas et se plaça devant cette fameuse maisonnée qui était gardée avec tant de hargne. La façade présentait deux fenêtres au deuxième étage, et quelques gargouilles en pierre usée sous la charpente du toit. Se servant de sa corde comme d’un lasso, l’aventurier fixa un nœud coulant autour du cou d’une des statues, et grimpa bientôt sous le nez ébahi de la foule. Il se doutait bien qu’avant peu, des miliciens rappliqueraient pour mettre fin à ses activités. Le temps était compté. La corde tenait bon, mais les sculptures se faisaient vieilles et celle qui le retenait commençait de se lézarder. Jaugeant la distance qu’il lui restait à monter et bondit, se rattrapant de justesse au rebord d’une des fenêtres. Un coup de tête casquée et le rôdeur entra dans une pièce poussiéreuse, où s’entassaient des registres et autres livres de compte. Plus pressé que jamais, il passa dans le couloir pour renverser un domestique. Ce-dernier se releva en criant :

« -Aleeerte ! Un intrus ! »

Lamenoire l’envoya dinguer dans l’escalier, ce qui mit un terme à ses hurlements, mais d’autres gens montaient à l’assaut des marches ; pris de cours, notre héros ouvrit la porte de la deuxième chambre et la referma derrière lui, puis se rua sur une armoire posée contre un mur et la fit basculer sur le côté, en travers du passage. Se retournant, il sursauta alors : assis sur une chaise, derrière un bureau en bois noir, un homme en habits colorés le regardait avec un mélange de surprise et de colère. Il paraissait assez jeune, cependant il suffisait de le regarder pour voir qu’il était homme à ne reculer devant rien pour parvenir à ses fins ; posant la plume avec laquelle uil écrivait sur un parchemin, il se leva et dit :

« -Voilà une visite bien inattendue, et bruyante ! Pourquoi venir chez moi renverser mes affaires ? Si vous vouliez me parler, sachez qu’il existe des moyens bien plus…

-Je n’ai guère le temps alors assez discuté ! Savez-vous où est Canoall ?

-Canoall ? répliqua l’autre en reniflant, visiblement peuu habitué à recevoir des ordres. Messire Canoall fils de Zamilrod, dit le Bienveillant, seigneur de Calle et régent de Filline je suppose ? C’est moi-même. Et qui êtes-vous vous même, monsieur l’inconnu casqué ? »

Lamenoire le considéra avec un peu plus d’intérêt, et ordonna d’une voix ferme :

« -Rasseyez-vous, monsieur le Bienveillant.

-Et puis quoi encore ? Ouais, recevoir des ordres sous mon propre toit ! »

Tirant une dague de sa manche, il la jeta vers le rôdeur qui eut juste le temps de sauter de côté, laissant le coutelas s’enfoncer dans l’armoire ; dégainant son sabre d’ébène, ce-dernier empoigna alors le maître des lieux en déclarant :

« -Plus de coups bas, Canoall, ou je te fends de part en part !

-Ouvrez la porte ! » intima une voix derrière ladite porte, tandis que l’on tambourinait sur le battant. Canoall ricana :

« -Ce sont mes hommes de main, étranger ; tu es fait comme un rat !

-Pas encore ! »

Lamenoire leva sa rapière jusqu’à ce qu’elle frôle la gorge de son prisonnier, et il cria :

« -Je tiens votre maître à ma merci messieurs ! Si vous entrez dans cette salle, je le tue !

-Quand bien même vous le feriez, répondit la voix, vous seriez perdu !

-Mais Canoall mort, qui vous paiera vos services rendus ? »

Le garde ne répondit pas, et Lamenoire poussa son hôte involontaire sur la chaise en intimant :

« -Prenez un parchemin vierge et une plume, nous allons faire un peu de littérature…

-Cela me gausserait bien de voir un peu d’instruction dans un homme tel que vous, persifla l’autre.

-Vous seriez bien étonné… Très bien, commençons sous ma dictée. Ecrivez sans rien omettre ni rajouter ou vous le regretteriez.

Je soussigné Canoall fils de Zamilrod…

-Dit le Bienveillant, seigneur de…

-Je vous dispute tous ces titres et je m’en moque éperdument.

-Je refuserai de signer cette lettre, de toute façon !

-Au contraire, vous la signerez, et vous avez tout intérêt à le faire. C’est cela ou la mort ; et je vous préviens, si je dois vous supprimer, je m’arrangerai pour faire durer les choses, afin que le remords puisse effleurer votre esprit borné. Poursuivons…

-Jamais !

-Poursuivons ! » ordonna Lamenoire, rapprochant sa lame du cou de son otage, jusqu’à ce qu’un fin filet de sang dégouline le long du fer. Canoall se retint de déglutir et obtempéra. Arrivés à la fin de la missive, malgré quelques réticences –bien vaines il est vrai face à une épée- Lamenoire obtint la signature et le sceau de Canoall : lui tenant la main, il le força à appliquer lui même sa chevalière sur les gouttes de cire versées au coin du parchemin.

« -Voyez, triompha t-il, on arrive à tout avec un peu de persuasion.

-Vos amis nains, commença le magistrat, il fallait le dire et je les aurait grâciés… Rendez-moi ce document et je promets de…

-Pas un mot de plus, inutile de se parjurer, messire. Je préfère me fier à ma propre initiative, si cela ne vous dérange pas. Sur ce, je vais devoir vous quitter…

-Vous ne sortirez pas vivant d’ici, étranger ! J’ai vingt gardes en permanence dans ma demeure, prêts à…

-Vingt seulement ? Ce n’est guère prudent ! mais vous oubliez que j’ai un otage de marque. Olah, dehors ! Il y a quelqu’un ?

-Ouais, répondit le garde derrière la porte. Que veux-tu, criminel ?

-A présent, plus rien. Nous allons sortir ; écartez-vous, ou je tranche la gorge de votre bien aimé patron. »

Lamenoire, poussant devant lui le maître des lieux, lui signifia qu’il devrait pousser l’armoire. Suant et grognant, il s’executa, et au bout de quelques minutes d’efforts épuisants, il parvint à dégager la porte. Le sabre repassa alors devant son cou. Marchant dans son dos, Lamenoire lui demanda d’ouvrir la porte tout en lançant à la cantonade :

« -Nous voilà messieurs ! Pas de gestes brusque, un accident est si vite arrivé… »

Les sbires s’effacèrent pour céder le pas au duo, qui commença à descendre les escaliers. Gredins armés jusqu’aux dents, hommes à tout faire, domestiques, tous regardaient passer l’homme au heaume et son prisonnier, et les suivaient en une longue procession. Marche après marche, le cortège avança dans le silence le plus complet, jusqu’à la porte d’entrée du bâtiment. Lamenoire relâcha un peu son étreinte et dit :

« -Un instant. Il doit bien y avoir une écurie dans cette baraque ? »

Canoall opina, serrant les poings. Le rôdeur sourit et clama :

« -Nous allons à l’écurie, aussi dit à tes serviteurs de seller un cheval, et d’ouvrir les portes. Vite !

-Faites ce qu’il dit » grogna l’otage.

Le groupe se remit en route, précédé par deux palefreniers courant au box pour sortir une monture. Lamenoire les regarda faire avec attention, puis acquiesça et conclut :

« -C’est la fin, Canoall.

-Pitié, gémit-il, je…

-Allons, je ne vais pas te tuer maintenant… Je préfère à tous points de vue, attendre que ta disgrâce soit complète. Ce sera alors bien plus juste, et intéressant aussi…

-Toute la ville est à ma solde, rétorqua Canoall, je suis intouchable ! Et passé ce portail, toute la milice sera sur tes pas. Tu es seul, étranger. Abandonne maintenant, ou meurs ! »

Pour toute réponse, Lamenoire le propulsa d’un coup de botte dans le box, pour atterrir dans le foin, tandis que lui-même sautait sur le destrier et partait en coup de vent, dans un brouhaha assourdissant de cris, de hennissements et de cavalcade. Se relevant en suffoquant, Canoall criait :

« -Rattrapez-le, incapable ! Mort ou vif, je le veux ! Alertez toute la garnison ! il me faut ce type casqué avant ce soir ! »

Lamenoire pressait son cheval, se demandant comment il allait sortir de cette nouvelle situation. La première partie de son plan avait fonctionné, restait maintenant à survivre pour réaliser la suite… Bientôt des groupes de cavaliers se lancèrent derrière lui, le talonnant de près. Les habitants affolés se précipitaient vers les bords des rues, manquant de peu de se faire piétiner ; des patrouilles de lanciers déboulaient des carrefours pour stopper le fuyard, mais le rôdeur éperonnait sa monture et sautait au-dessus des fantassins, ou se taillait un passage à grands coups de sabre. Cependant l’étau se resserrait et la troupe de poursuivants se faisait e plus en plus nombreuses. Du reste, le cheval commençait à s’essouffler, sans cesse poussé dans une ruelle à droite, à gauche, ou obligé de faire volte-face, de se cabrer, de galoper, de renverser la soldatesque…

Soudain un autre cavalier déboula d’une allée voisine, parvenant à la hauteur de Lamenoire. Ce-dernier s’apprêta à le cingler de sa lame, quand il reconnut cet homme même qu’il avait déjà rencontré par deux fois dans la boutique des nains ! Toujours enveloppé d’une longue cape noire, et le visage caché par le voile de soie, il portait dans son dos son carquois et son arc. Levant la main, il fit signe à son allié de le suivre, et les deux fugitifs repartirent de plus belle vers le sud, jusqu’à arriver à l’un des deux ponts enjambant la Rivière Bleue. Une douzaine d’archers attendaient sur l’autre rive, dans les fossés, de part et d’autre de la route. Chacun avait le visage couvert d’un casque complet, et les épaules recouvertes d’une longue cape noire. Sitôt les deux aventuriers passés dans les faubourgs, les embusqués tirèrent à vue sur les miliciens, avec une précision mortelle. Ce retournement suffit à stopper net la poursuite, et les deux fuyards purent disparaître sans autres difficultés dans les quartiers du sud.

Leurs destriers fourbus, ils s’arrêtèrent non loin des limites de la ville, dans une petite rue boueuse ; Lamenoire serra la main de son sauveur en déclarant :

« -Merci de votre aide, ami. Je me demandais justement comment j’allais m’en sortir. Mais comment avez-vous su…

-Enfantin ; il y avait une telle agitation que nous nous sommes tous doutés que cela venait de ce mystérieux étranger nommé Lancevive… Sévère m’a aussitôt demandé de faire mon possible poour vous aider. J’ai bien pensé qu’une fois entré chez Canoall, vous auriez besoin d’un secours pour tirer votre révérence. Alors j’ai emmené quelques uns de nos fidèles, et voilà. A l’heure qu’il est, les soldats de la ville ont sûrement repris la poursuite. Mais ils ne nous retrouverons pas. »

Lamenoire retira son casque et le tendit au jeune homme en disant :

« -Prenez-le alors, je n’en ai plus besoin, et il va m’encombrer.

-Ah bien… Que comptez-vous faire maintenant ?

-Combien de temps me reste t-il avant le jugement ?

-L’après-midi tire à sa fin. Dans une heure tout au plus, le soleil se couchera, et ce sera le moment pour vos amis de comparaître.

-Bien, bien. A ce soir alors. Je serais là sans faute. Tachez de venir aussi.

-Cela ne posera pas de problèmes. Je rentre au palais. Soyez prudent tout de même, les gardes ne doivent pas vous reprendre ou ce sera la mort.

-Ne vous inquiétez pas, je serais invisible. Du reste, ils n’ont pas encore vu ma tête… Allez, salut à vous et aux vôtres ! »

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cette fameuse maisonnée qui était gardée avec tant de hargne

Tant de soin

avec laquelle uil écrivait sur un parchemin

une faute de frappe

puis quoi encore ? Ouais, recevoir des ordres sous mon propre toit

Le 'ouais' fait intrus

Pas de gestes brusque, un accident

Accord

Bon voila ! J'ai fait le tour de la forme ! Assez rapide je dois admettre et tant mieux ! C'est plus agréable de lire un texte sans fautes -_-

Au niveau du fond, la poursuite est bien menée ! Tu aurais peut etre du plus décrire la course que decrire uniquement le moment ou il ya rencontre avec des soldats ! Ca aurait été plus prennant !

Bon voici mes remarques ! Sinon c'est toujours :shifty:

@+

-= Inxi =-

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  • 2 semaines après...
Invité Snikch, le maître de la nuit

Bon je suis désolé d'arriver en retard comme ca.

Bon j'ai bientô fini de lire entièrement le récit...

Pour l'instant ce que j'ai lu est très bon, mais je ferais un commentaire détaillé plus tard.

Je finis le récit et je m'y colles.

Surtout ne te démotives pas...

@+

-=Snikch=-

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« -Lancevive Ardentcourroux, maître herboriste. J’ai été convoqué par votre maître, le prévôt de Malzar.

-Hum ! fit le garde, personne ne m’en a parlé.

-Croyez-vous que votre maître n’ait rien d’autre à faire que de dire aux soldats ce qu’est leur devoir ?

-Et quel est-il, si je puis me permettre ?

-Obéir à ses ordres sans discuter !

-Je n’ai pas le droit de vous laisser passer sans ordre supérieur, justement.

-Vous devez avoir la mémoire courte alors…

-Arrière, manant ! Tu m’as fait perdre assez de temps !

-Dommage… Quand Monsieur Valerin saura qu’il a perdu l’occasion d’arrêter cet étranger… Je ne donne pas cher de votre peau, milicien. Au revoir ! »

Lamenoire s’éloigna nonchalamment du porche du palais, mais bien vite la sentinelle le rattrapa :

« -Mille pardons messire, je ne savais pas…

-N’en parlons plus, mais laissez-moi entrer. C’est urgent.

-Vous… Vous savez où se cache ce trouble-fête qui a mis en branle la moitié de la garnison ?

-Oui, mais cela ne vous concerne pas, soldat. Du large ! »

Et d’un pas triomphal, le rôdeur s’avança dans la cour du Fort du Bourg.

« -Il est temps, mon oncle. Le jugement va commencer.

-Encore des innocents inculpés par ces canailles, soupira Sévère. Tu sais, Larin, que j’en ai plus qu’assez. Dommage qu’un poignard bien placé ne puisse régler tout cela…

-Voilà des paroles bien indignes de vous, répondit le jeune homme.

-Je sais, je sais, mais vois-tu ? Aujourd’hui tu as risqué ta vie pour un étranger, et des nains attendent la mort dans NOS cachots. Ah, du temps de Zimius, les choses en allaient autrement…

-Zimius est mort, répondit une voix fatiguée, et il ne sert plus à rien de le regretter. »

Un vieillard aveugle, soutenu par une jeune fille en robe d’un jaune ocre, s’avança pour rejoindre les deux hommes de loi. Levant sa cane et frappant le sol avec force, l’ancien déclara :

« -Mon frère n’est plus ! Et si maintenant les juges traquent les juges, et les coupables font condamner les innocents, il ne nous appartient pas d’empirer les choses ! Vois-tu mon cher fils, c’est à force de patience et de courage que triomphera la vérité.

-Les petites gens sont excédés par le pouvoir corrompu de Valerin, et si nous prenions le pouvoir, tous nous suivraient…

-Tous, en es-tu sûr ? Les pots-de-vin et la terreur sont des armes puissantes. Et je me refuserai toujours à une guerre civile ! Aucun Malzarien ne doit mourir de la main d’un Malzarien, ou ce sera la fin de notre belle cité ! Jure-moi mon fils, qu’après ma mort tu ne tenteras rien de ce genre…

-Comment peux-tu exiger cela de mon oncle ? s’indigna Larin.

-Tu es déjà sage, petit-fils, mais trop d’impétuosité bouillonne en toi. Toute cette volonté de rébellion, tu la caches depuis toujours… Il ne sert à rien de violer les lois, car alors Ksandrot seul sait ce qu’il adviendrait du Fleuve Bleu rougit par le sang de ses fils… »

Les quatre notables marchèrent dans les corridors du palais, ne parlant plus qu’à mi-voix :

« -Brigands et tyrans font bon ménage, nota Sévère.

-C’est vrai, opina le vieillard ; il faudra bien que cela change un jour. Mais toi ma chère Siria, tu ne dis mot, mais tu n’en penses pas moins.

-Je pense comme toujours, répondit Siria en serrant les poings, que tout le mal vient de Canoall. Décapitons le serpent et il ne mordra plus.

-Hélas ! Le mal est une hydre, et trancher les têtes ne suffit pas toujours, soupira le vieil homme. Enfin, ce soir encore faisons de notre mieux. Pourras-tu sauver nos montagnards, Sévère ?

-Si la cour était impartiale, je dirais que oui. J’ai rassemblé plusieurs témoins prêts à parler contre notre protection. Mais je doute qu’on leur laisse une chance… Reste ce Lancevive…

-Lancevive, répéta l’ancien, si tel est le nom de cet étranger, alors peut-être… Mais il ne t’as pas contacté de nouveau ?

-Non, ni moi ni Larin. Je me demande comment il veut s’y prendre pour entrer ici…

.-Lancevive a sans aucun doute suivi l’entraînement de l’Ordre du Faucon, répondit son père. Il se peut qu’il bouleverse l’équilibre des forces établies…

-Vous le connaissez ? s’étonna Sévère.

-Oui, je l’ai déjà vu une fois. Quand j’étais jeune, j’ai participé à un ou deux voyages dans le nord. Au cours d’une étape, je me suis lié d’amitié avec un rôdeur du nom de Perceflèche Ardentcourroux. J’ai fait la connaissance de son fils et de son petit-fils qui venait d’avoir un an. Je suppose que cet étranger, s’il s’appelle Ardentcourroux, est l’héritier de ce vieil ami d’autrefois. Les hommes des landes ont connu bien des misères ces derniers temps, à ce qu’il paraît…

-On parle d’une guerre, approuva Sévère. Quelles désastres elle a causé, je ne sais. Mais peu de messager sont venus des villes du Septentrion, et ils ne parlent qu’au conseil de la ville. Alors comment savoir… »

La porte du cachot s’ouvrit en grand, laissant entrer dans la geôle la lueur rougeâtre des torches. Khrôr bondit en s’exclamant :

« -Ahrr, enfin l’on vient nous tirer de là !

-Je ne crois pas que ce soit une bonne nouvelle, répondit Nhrôr. »

Une brute épaisse avança, un fouet à la main, encadrée par une demi-douzaine de gardes, épées à la main. Le chef des prisons s’esclaffa :

« -Petits barbus, le prévôt va décider de votre sort. Vous serez jugé dans les règles bien sûr… Mais ne comptez pas trop revoir le jour !

-Nous sommes habitués à vivre sous terre ! rétorqua un des nains.

-Certes, mais bientôt vivre ne vous sera plus nécessaire… Allez, en rang par deux ! »

Les prisonniers, ayant chacun les mains liées dans le dos par des chaîne sde fer solide, se levèrent en grommelant et obtempérèrent. Ratirk ,parvenu devant le butor, ne put s’empêcher de cracher :

« -Cette conduite est inqualifiable ! En tant que capitaine du Krak Lokar, j’ai droit à…

-Silence, petit barbu et avance ! » Et le fouet claqua dans l’air, manquant de peu d’arracher un œil à Altiforge. Ce-dernier renifla et monta de son pas lourd la volée de marche qui menait hors des souterrains. Ses compagnons l’imitèrent, et la petite troupe s’avança d’un pas martial vers la salle du conseil.

Canoall, flanqué de trois courtisans, tournait en rond dans cette même salle du conseil. Lers autres conseillers regardaient quelques rouleaux posés sur la large table, ou bien discutaient de la bonne marche des affaires. Valerin, sirotant avec délice un verre de nectar du Sud, regardait le fils de Zamilrod ronger son frein. Le prévôt ricana en déclarant :

« -Allons, tu n’as pas à t’en faire, mon cher. La culpabilité de ces nains ne fait pas le moindre doute, et je m’assurerai qu’ils connaissent une mort atroce. Après tout, c’est tout ce que mérite des ennemis de Malzar, n’est-ce pas messieurs ? »

Et les conseillers d’approuver vigoureusement. Voyant que cela ne ragaillardissait pas son complice de toujours, Valerin vida sa coupe et lâcha :

« -C’est ce brigand de tantôt qui te tracasses ?

-Non ! Enfin, oui, avoua Canoall. Quand je le tiendrai, il regrettera d’avoir vu le jour… »

Le prévôt fit signe à un domestique de remplir son verre, puis tout en admirant les reflets du soleil dans le liquide ambré, il demanda :

« -Que t’a t-il donc fait, pour que tu t’énerves de la sorte ? T’aurais t-il dérobé quelque bien précieux ?

-Aucun ! A part un assez bon cheval que tes gens ont retrouvé.

-Il y a anguille sous roche…

-Tu remets ma parole en question ? »

Le silence s’installa dans la pièce. Les conseillers se turent, attendant de voir comment l’affaire allait tourner. L’un comme l’autre, les deux hommes étaient les plus puissants seigneurs de la région. Valerin soupira en répondant :

« -Nullement, je dis simplement que les gardes seront prêts, au cas où les prisonniers tenteraient quelque geste désespéré pour s’enfuir.

-Tu bois plus que de raison, rétorqua Canoall. Ces nabots n’ont aucun espoir à se faire. Je vais régler personnellement leur sort, et ils ne viendront plus jamais faire ombrage à ma…Hum ! A notre chère Malzar !"

La scène était dressée, les protagonistes se préparaient, le jugement pouvait commencer.

****

Ne t'en fais pas Snikch, tu n'as pas à t'excuser ! Un lecteur de plus est une bénédiction ! :whistling: J'attends ton commentaire avec impatience, en espérant ne pas être trop vertement tancé...

Merci Inxi pour ta fidélité fidèle ( ^_^ ) ; à propos du "ouais" je l'utilise ici au sens désuet du terme ( comme une interjection d'incrédulité, de rebuffade ).

Modifié par Shas'o Benoît
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-Je sais, je sais, mais vois-tu ? Aujourd’hui tu as risqué ta vie pour un étranger, et des nains attendent la mort dans NOS cachots.

Pour éviter ce problème du 'nos' majuscules, il y a une methode : Mettre le 'nos' en minuscule et mettre un " dit-il en appuyant sur le 'nos' "

Sinon ^_^ C'est pas mal ! Mais comme pour Bahan, un tel écart dans tes suites réduis le nombre de lecteurs au minimum.... Enfin moi, je lis toujours car c'est franchement un des meilleurs textes de la section ! Tu ecris bien et j'ai beaucoup de plaisir à lire !

Continue

@+

-= Inxi =-

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