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La renaissance du Faucon


Shas'o Benoît

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Je viens de terminer ce récit, et je n'ai que de choses a dire: magnifique, et dommage que je ne l'ai pas lu plus tôt.

Pour cette derniere suite, il y a quelque chose qui me chiffone:

-Alors repose-toi, vieux renard, car nous partons assez tôt demain matin ! »
Je trouve "vieux renard" un peut déplacé, ils viennent a peine de se rencontrer, ce n'est même pas sur qu'ils se fassent confiance, et ils utilisent un language aussi familier.

A part ce point mineur (je ne chercherais pas a relever les eventuelles Fôtes, je laisse ça à Inxi-huinxi), c'est tout simplement magnifique.

Elwinar, :geek:

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  • 2 semaines après...

En fait lamenoire lui-même ne sait plus ce qu'il doit faire : chercher le spectre ou Yrranie, mais comme il suppose que le spêctre cherche lui-aussi le Donomâr, et qu'il a perdu la piste du spêctre, il se rattache à son dernier indice.

C'est vrai qu'ici Telic emploie un terme presque fraternel, mais bon moi ça ne me choque pas trop. C'est juste une boutade au coin du feu, après une journée de fatigue. Allez hop, après trop de reatrd hélas ^_^ , voilà la suite !

Telic n’avait pas menti : dès les premiers feux du matin naissant, la cohorte rassemblait ses paquetages, réveillée par les appels des chefs de famille et les chants joyeux qui s’élevaient autour des feux. Un repas sommaire fut consommé sur place, le sac à l’épaule. Lamenoire s’était réveillé parmi les premiers, et il avait traversé de long en large le campement formé par les dix foyers, constatant que les veilleurs étaient toujours à leurs postes. Il bavarda un peu avec ceux parmi les voyageurs ensommeillés qui fermaient leurs sacs. La plupart semblaient blessés, meurtris, arborant de vilaines plaies. D’autres boitaient, ou bien étaient borgnes. Il y avait aussi de nombreux malades étendus sur des charrettes à bras, des hommes comme des enfants frappés par un mal inconnu. Le cœur serré, le rôdeur leur prodiguait quelques paroles de réconfort. Il remarqua qu’il restait un bivouac séparé du gros de la bande, à un demi-kilomètre, et se demanda pourquoi ces gens étaient mis à l’écart. Mais Telic l’avait convié à partager sa tablée, et il écoutait à présent le chef du convoi lui exposer la situation :

« -Nous sommes à peu près trois centaines, chacune dirigée par un chef responsable de ses gens : le sire de Keloney dirige ceux de la côte, tandis que le célèbre ménestrel Tarefin s’occupe de ceux à l’ouest du fleuve. Pour ma part, je suis le meneur de ceux de l’est, et je supervise l’ensemble de nos troupes.

-Et où allez-vous sur les routes si nombreux ? s’étonna Lamenoire.

-Nous sommes en pèlerinage, messire Lamenoire. Comme vous avez pu le constater, presque tous, nous sommes dans un triste état, et pour beaucoup, le dernier espoir de retrouver la santé est le Sanctuaire de Zor-Glassil. Ce nom vous surprend on dirait. Vous n’en avez peut-être pas entendu parler ?

-Jamais de ma vie.

-Tiens ! Je croyais pourtant que ce nom était connu dans tout le pays, et ce à des lieues à la ronde…

-En fait je viens des Landes Ténébreuses, dit Lamenoire ; et je n’en suis presque jamais sorti, sauf pour quelques voyages vers l’est.

-Alors cela n’a rien d’étonnant, pour un homme du nord. Voici : Quelque part au sud-est d’ici, par-delà les terres de Barbarie, il s’étend de grands et vastes marais dont on dit qu’ils sont presque aussi vieux que la terre elle-même ; c’est là que réside un royaume d’hommes de boue dont le chef actuel porte un nom totalement imprononçable et dont je vous’épargnerai. Toujours est-il que parmi ces gens, les sciences de la médecine sont remarquables, et l’un des plus grands herboristes a fondé au cœur de ces marais, il y a des siècles de cela, un sanctuaire où ses disciples pourraient exercer leur art en toute quiétude. Peu à peu, les soigneurs des marécages ont gagné en réputation, jusqu’à ce que des voyageurs blessés ou malades convergent des quatre coins pour profiter de leurs talents.

Mais ces périples ne sont pas sans danger : outre la difficulté de trouver ce sanctuaire, et d’échapper aux dangers des marais, il y a le froid, la faim, la soif, le désert, les pillards et les brigands de tous bords qui infestent ces terres. C’est pourquoi les pèlerins se sont rapidement regroupés en compagnie, pour mieux résister à leurs ennemis. J’ai commencé à prendre la tête de ces expéditions il y a une vingtaine d’années ; depuis, tous les automnes, nous nous mettons en route, malgré les dangers. Jusqu’à il y a peu, nous disposions d’une bonne protection, mais nos gardes n’ont pas continué le voyage cette année…

-C’est inadmissible, se révolta Gandacier. Abandonner à leur sort des hommes et des femmes alors qu’ils souffrent mille morts…

-Oui, c’est vrai, soupira Telic. Enfin… Heureusement que j’ai mis la main sur toi, Lamenoire. Que comptes-tu faire ?

-Pour commencer, dites de par la troupe que tout volontaire pour former un corps armé est le bienvenu ; et que les autres gardent de côté de quoi se battre : fourche, couteau, bâton, que sais-je encore ; qu’ils aient tous une arme à portée de main, en toute occasion. Avez-vous des chevaux ?

-Quelques-uns pour tirer les rares carrioles, et deux ou trois qui portent des bagages, bien sûr.

-Alors déchargez-les en et trouvez des cavaliers. Tous les jours, ils iront avec moi, et nous observerons de loin la progression dans la vallée, guettant tout groupe étranger. Peut-on trouver des hommes capables de chevaucher sans tomber à terre ?

-Hum, oui… Je pense bien…

-Amenez-les moi, je vais leur expliquer ce que j’attends d’eux et nous nous mettrons en selle aussitôt. A quelle allure la compagnie va t-elle ?

-Aussi vite que possible, car nous désirons tous être guéris promptement. Mais certains sont perclus de blessures, et d’autres étendus dans des charrettes. Nous avons peu de monture en somme, et comptons de nombreuses femmes et des enfants.

-Ne forcez pas trop la marche, l’important est de rester en cohésion. D’ailleurs quel est ce petit groupe à l’écart ? Une soixantaine on dirait. Pourquoi ne restent-ils pas avec les autres ?

-C’est les lépreux.

-Les lépreux ?

-Oui, ils restent toujours à une certaine distance, vous comprenez. Mesure de sécurité. On leur apporte nourriture et eau à mi-chemin au coucher du soleil, et ils viennent le prendre à la nuit tombée. Mais personne ici ne pense qu’ils atteindront le sanctuaire, de toute façon. Le voyage ou les marais auront raison d’eux.

-Cela, l’avenir nous le dira. Mais c’est grande bravoure pour eux que de tenter le pèlerinage.

-Grande folie, à mon sens.

-A voir. Il faudra aussi me présenter vos deux alliés, chefs de centaine. Que je puisse leur présenter nos dispositions.

-Facile : Tarefin se suit à la trace, il n’y a qu’à tendre l’oreille. Quant à messire Krigor de Keloney…

-Oui ?

-Il s’occupe des lépreux, vu qu’il l’est lui-même.

-Cela ne doit pas faciliter vos relations ?

-je ne lui ai plus parlé depuis que c’est arrivé, sauf une fois. Pour lui intimer l’ordre de quitter notre compagnie. »

Lamenoire hocha la tête et prit congé, réfléchissant à tout ce qu’il venait d’apprendre ; tandis qu’il marchait au milieu des voyageurs en plein repas, qui assis sur une souche, qui reposant sur le sol, il entendit une voix clair s’élever, accompagnée d’un bruit joyeux, comme les mélodies d’un rossignol, et d’un chœur de voix heureuses chantant à tue-tête :

« -Regardez mes amis vers l’est encor’ brumeux

Le brasier insoumis de l’astre lumineux

Qui tire ses feux, dans un ciel empourpré,

Lui bien le plus vieux, de tous au ciel ancré :

Feu dévorant jouant dans les nuages

Et colorant les cieux de ses mirages,

Regardez la beauté de son art,

Ses cheveux d’or tissés tels des phares,

Ses rayons caressent la terre

Nous apportant la vraie lumière…

Je danse au petit matin,

Le cœur frais et plein d’entrain,

Car quand je vois monter

Le soleil décoiffé

Mon esprit chancelle,

La terre est si belle

Et les chansons

Comme en prison

Dans ma bouche

S’effarouchent

S’échappent

Sans cape

Et

Volent ! »

Et le chant reprenait sur un air toujours plus rapide, chanté en canon par une foule amusée, tandis que le son aigu d’un pipeau sifflotait avec insouciance. Gandacier s’approcha, se mêlant à la foule des voyageurs, dont les soucis étaient pour un temps chassés de leurs visages paisibles. Assis au bord de l’eau, tirant de joyeux trilles de sa flûte de pan, Tarefin déridait les visages, faisant danser ses doigts sur les roseaux de son instrument à une vitesse incroyable. Il termina sa chanson par une petite ritournelle qui fut saluée par une foule admirative, applaudissant à tout rompre. Le rôdeur lui-même félicita le troubadour, car il n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi doué. Serrant la main du chanteur, il s’enthousiasma :

« -Si la musique était une arme, messire, vous seriez déjà maître du monde !

-Oh, je ne crois pas répondit l’autre en plaisantant. Il y a encore quelques régiments de mes collègues qui tentent de me détrôner.

-En toute sincérité, je n’avais jamais entendu telle chose de toute ma vie.

-Ce n’est rien, répondit l’autre avec un sourire, après tout bien peu de chose comparé aux chants des feifhors. Vous avez déjà entendu les elfes de Feifhend chanter ?

-Pas encore, je crois bien.

-C’est un tort, car ils ont les voix les plus belles qui soient, et des instruments ensorceleurs ; je ne suis qu’un mécréant comparé à eux.

-Dites, fit Lamenoire en observant sa flûte, vous l’avez faites vous-même ?

-En effet, répondit Tarefin, ce matin avec quelques tiges coupées avec ma dague. Quelques trous, un peu de ficelle et vous avez une flûte de pan plus vraie que nature !

-Voilà qui pourrait nous être utile… Commenta Lamenoire. Vous pouvez nous en refaire ?

-Autant que vous le voulez, sans problème ! Mais pour quoi… ?

-Simple : ce sera un moyen rapide et efficace pour signaler la troupe de tout danger.

-Que me chantez-vous là ?

-Telic m’a nommé responsable de la sécurité de la compagnie. Et je pense que si un homme tous les dix mètres portait un tel instrument, et chaque cavalier aussi, on ne pourrait trouver mieux pour transmettre des informations d’un bout à l’autre de la colonne. Aussi, je vous enjoins d’en faire le plus grand nombre possible, et de me les faire parvenir.

-Alors je vais aller couper des tiges, car nous partirons bientôt. A plus tard, messire Lamenoire. »

Gandacier lui rendit son salut puis se dirigea vers le centre du campement. La plupart des tentes étaient déjà démontées, et les retardataires se hâtaient, aidés par leurs voisins. Telic attendait le rôdeur, avec dix hommes aux côtés de onze chevaux. Le meneur expliqua :

« -Ils savent tous monter à cheval, et ils ne sont pas amoindris par maladie ou autre : ils accompagnent leurs épouses ou leurs frères et sœurs, et pensent qu’ils ne le feraient que mieux en vous aidant. Voici tous les chevaux que nous avons pu rassembler. Nous leur avons retirer leurs charges ; choisissez le vôtre. »

Lamenoire le remercia et se mit en devoir d’examiner les montures : il s’attendait à trouver des bêtes de somme, chevaux de bât taillés pour le travail du labour, mais il n’en était rien : il s’agissait là de fiers destriers piaffant d’impatience, secouant leurs crinières dans le vent humide du matin, renâclant et grattant la terre de leurs sabots brillants. Gandacier les inspecta sous toutes les coutures, et il n’eut plus aucun doute :

« -Ces chevaux sont taillés pour la course et le fracas des combats, déclara t-il, les longues chevauchées, la chasse, et c’est presque un crime que de les considérer comme des mules. »

Il remarqua un étalon à la robe d’un noir tachetée de quelques éclats blancs sur la croupe, et à la longue crinière d’un gris luisant. Il était harnaché d’un licol de cuir décoré de pierres semi-précieuses, et sa selle semblait parfaite en tous points, adaptée comme il faut, épousant les mouvements de l’animal avec une aisance admirable. Elle semblait faire corps avec lui, et l’on pouvait se dire que tout cavalier ne ferait plus qu’un avec ce destrier. A qui avait-il bien pu appartenir avant d’échouer dans cette compagnie ? Le rôdeur lui flatta l’encolure, lui parlant avec calme :

« -D’où viens-tu, compagnon quadrupède ? Des plaines de l’est, ou au-delà ? »

Ses yeux tombèrent sur une inscription tracée sur l’encolure, au-dessus des yeux : un simple mot en runes elfiques, et il les prononça à voix haute, déchiffrant sans peine les caractères :

« -Koralvan ? »

Le cheval hennit avec reconnaissance, heureux d’entendre son nouveau maître prononcer son vrai nom. Gandacier sourit et le regarda dans les yeux :

« -Nuit d’embruns, c’est un nom qui te va bien, et à ce que j’en juge par ce mot, tu as été baptisé par les elfes marins… Dommage que je ne parle pas la langue des chevaux, tu aurais sûrement eu de longs récits à me conter. »

Le cheval baissa la tête avec lenteur, comme pour appuyer cette remarque. Enfin, Lamenoire se tourna vers Telic :

« -D’où viens t-il ?

-Je l’ignore, répondit-il en haussant les épaules. Je ne me suis pas préoccupé de ces bêtes auparavant.

-Cela est regrettable, mais tant pis. »

Il s’adressa alors aux dix volontaires :

« -Que chacun de vous prenne un cheval, et me suive : nous allons partir en reconnaissance pour un temps, puis nous reviendrons aussitôt, et si rien de menaçant n’est survenu, je veux que vous vous répartissiez tout le long de la colonne. Ce soir, vous vous rassemblerez autour de moi, j’aurai des consignes à vous donner. Pour l’heure, restez vigilants, et avertissez-moi si vous apercevez quoi que ce soit. Vous êtes prêts ? Messires, en selle ! »

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prenne un cheval, et me suive

J'aurai pas mis de virgule !

Sinon seule petit défaut sur le fond, c'est la vitesse à laquelle le chef de la caravane se laisse dicter ce qu'il doit faire. Je sais tu vas me dire qu'il y a pleins d'arguments comme quoi c'est normal mais y en a aussi plein comme quoi c'est pas normal ^_^

Hum chinon le chant est sympa ! Encore un de plus dans ce récit qui en compte des dizaines ! Tu pourras sortir un disque au final ! Enfin après toutes ces sotises, je demande une suite ! Et franchement.... Plus rapide que ca !

@+

-= Inxi =-

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Eh ben hop voilà une corute suite ! c'est assez rapide comme ça ? ^_^ Je pourrai pas faire aussi vite à chaque fois, et c'est court je sais, mais bon... bonne lecture !

Emportée par les fougueux destriers, la petite cavalerie prit rapidement de l’avance, si bien qu’en peu de temps la compagnie était loin derrière. Peu à peu, un puissant nuage de poussière s’éleva, révélant que la troupe s’était mise en marche. Lamenoire comprit alors que leur présence ne pourrait jamais passer inaperçu, et il se décida pour inculquer à ces hommes tout ce qu’il pourrait de son expérience. Il fit signe à ses compagnons de le suivre, et ils se postèrent à mi-pente d’une petite colline désolée, qui surplombait le cours calme du fleuve. Mettant pied à terre, il étudia les environs, et interrogea les volontaires sur ce qu’ils savaient des terres plus au sud. Le long des berges, une très maigre bande de terre fertile s’étalait, laissant partout la place à une étendue rase, desséchée, d’où émergeait quelques mamelons rocailleux. Des buissons d’épines sortaient de l’herbe jaunie, ponctuant l’immensité de taches noires. Il n’y aurait pas de ville sur la route, mais à un endroit, un bras du fleuve se séparait du cours principale dans une grande cataracte. Là, leur route devait bifurquer vers l’est, vers les marais. Lamenoire écoutait avec intérêt, puis ils retournèrent vers la colonne ; les voyageurs avançaient à un pas régulier, en silence. Les cavaliers se répartirent tout le long de la colonne, jusqu’à l’arrière garde ; derrière marchaient encore les lépreux, à distance respectable. Le rôdeur les regarda un moment, formes étranges drapées de longues bures noires, dont les capuches recouvraient leurs visages. Un frisson lui parcourut l’échine, et il se retourna vers la compagnie. Allant d’un cavalier à l’autre, il leur parlait, se mit à leur enseigner peu à peu ce qu’il savait de l’art du pistage : comment relever des empreintes dans les hautes herbes, suivre un ennemi le long d’un fleuve ; comment reconnaître l’environnement avec l’air, l’eau la terre. En chaque élément résidaient de précieux indices : odeurs de plantes connues, caresse de vents ou pluie fine, aspect du ciel, ou encore texture, rugosité du sol permettaient d’appréhender les événements. Gandacier expliqua ainsi que grâce aux traces laissées sur les bords des berges, aux dispositions et à la forme du gravier, il pensait que de nombreuses crues animaient ce cours d’eau. Le ciel était pur, mais de sombres nuages s’amoncellaient au sud, par-delà l’horizon, et l’on approchait à grand pas du cœur de l’hiver, aussi des débordements étaient à redouter. Mais il était difficile de demander aux pèlerins de s’éloigner du Fleuve Vert alors que c’était là même qu’ils trouvaient eau et nourriture. Il décida donc de n’en rien faire, mais de surveiller au plus près les modifications du ciel, en particulier en amont.

Coren appuya son rapport d’un meuglement joyeux :

« -Ces zômmes s’attendent pâs à nouh, chef chaman ! On vâ pouvoir les rançônner sans prôblèmes ! »

Quelques minotaures agitèrent leurs massues en poussant des grognements de joie. D’un geste impérial, Mugron les ramena au silence. C’était le chef chaman du clan, et le plus respecté de tous. Devenu chef incontesté depuis la mort tragique du leader hobtauron le printemps précédent, tué par les tribus barbares du sud, Mugron avait pris un ascendant irrésistible sur la plupart des bêtes à corne de la région. Minotaures, bucéphales et taurons l’écoutaient et lui obéissaient, exécutant ses moindres désirs. Il faut dire que ses talents de chaman outrepassaient ceux de simple guérisseur. Sans se vanter, il pouvait se considérer comme le plus puissant sorcier à des lieues à la ronde. Tout en caressant sa longue barbiche argentée, le géant musculeux recracha un épais nuage de fumée par ses naseaux en meuglant :

« -Es-tuh sûr deuh c’queuh tu m’dis lâ ?

-Aussi sûr qu’on peuh l’être, ô Châmân ! Ils suivent lâ bânde du fleuve et bientôt arriveront au défilé.

-Très bien, âlors prends deux taurocéphâles âvec toi, et dis-leur qu’on les tuh s’ils nouh donnent pâs touh c’qu’ils ont d’précieuh. »

Coren opina et fit signe à deux subordonnés de lui emboîter le pas. Faisant titer ses anneaux d’or sur ses épaules, le capitaine tauron quitta le campement grossier en meuglant d’avance. Se tournant vers le reste de sa tribu, Mugron apostropha les hommes-taureaux :

« -Taurocéphâles, minotaures, taurons, une nouvelle victoire en persectivbe pour nouh ! Appelez touh les frères â cornes du coin, faut qu’on soit nombreuh pour impressionner nos victimes ! Après çâ, on pourrâ festoyer pendant des lunes zé des lunes !

-Hourrah, hourrah pour Chaman Mugron ! »

Les ovations fusèrent de tous les museaux, saluant le chef charismatique. Tout en se versant du vin dans une longue corne creuse qui avait appartenu à l’un de ses anciens rivaux, le tauron sorcier lança :

« -Et les orques ? Qu’est-ce qu’ils deviennent ?

-On les â pâs revu depuis des semaines, répondit un des éclaireurs taurocéphales, assis en tailleur devant lui.

-Espérons qu’ils se mêleront pâs de c’t’affaire, maugréa Mugron. Ces zommes sont à nouh.

-S’ils viennent, on les retuerâ, comma la dernière fois, affirma l’éclaireur.

-Bien pârlé, opina le chef. Personne ne meuh volerâ mes proies ! »

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Oh ! De l'action ! Je m'y attendais pas ! :wink: Le pire c'est que c'est vrai ^_^ Ca faisait longtemps que ca avait pas bougé ! Je me demande ce qui va en résulter ! Soit ils vont se faire tuer ( les betes je parle :D ) soit il va en rester en vie qui vont etre interroger et\ou les aider ( comme l'ogre -ou un truc comme ca- plus tot dans l'histoire ! ) Enfin quoiqu'il en soit, et l'issues : vivement la suite !

Sinon... Ben le peuple des vaches ( :P ) est assez bien présenter avec ces 'h' et ces haches de partout :P Bon ok, je sors :blushing: Je crois que j'ai fait le tour du passage ! Vivement la suite ! Dans trois jours !

@+

-= Inxi, même pas vu de fautes =-

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  • 2 semaines après...

Hum après deux semaines... Heureux que ce rebondissement t'ait surpris :huh: attention voilà la suite :

L’après-midi tirait de nouveau à sa fin, et la colonne se faisait de plus en plus lasse. Une seule courte pause à midi avait interrompu sa marche, et chacun ne souhaitait plus que le repos. Lamenoire, toujours monté sur son fier étalon, semblait infatigable, allant de l’avant à l’arrière, soutenant les plus faibles. Finalement, Telic leva le bras en ordonnant :

« -Assez voyagé pour aujourd’hui, un peu de répit. »

Une vague de soulagement accueillit ces paroles, et les marcheurs les plus proches se laissèrent tomber à terre, ou déposaient leurs sacs.

« -Commencez à planter les tentes, poursuivit le meneur, et restez groupés, on ne sait jamais. Que personne ne s’éloigne du campement. »

Gandacier avait rejoint Tarefin, qui le salua joyeusement :

« -Je suis épuisé, messire, épuisé, je n’ai même plus la force de chanter. Il vous faudra attendre demain.

-Voilà qui est vraiment navrant, avoua le rôdeur. Mais à dire vrai, je ne viens pas pour cela…

-Vous voulez vos flûtes je suppose ? »

Il lui tendit une sacoche bien garnie, en ajoutant :

« -Mes mains ont presque autant travaillé que mes pieds aujourd’hui. Il y en a une vingtaine.

-Vous avez fait vite !

-Mais les roseaux se font rares. Je ne pourrai pas en refaire autant maintenant.

-Ce n’est pas grave, car il y en a en suffisance. Gardez la vôtre et donnez-en à quelques hommes de confiance, mais laissez m’en onze, puis rejoignez-moi au bord du fleuve, là.

-Entendu. »

Le rôdeur rassembla les cavaliers et les mena sur la berge, où ils mirent pied à terre. Laissant les montures brouter à leur aise, Lamenoire tendit aux dix hommes les flûtes de pan en déclarant :

« -Prenez-en une chacune, cela vous sera de la plus grande utilité.

-Des flûteaux ? S’étonna un des volontaires.

-Voici déjà Tarefin et ses camarades, remarqua Lamenoire, il n’a pas traîné. Approchez et asseyons-nous tous en cercle. J’ai pensé que ces instruments seraient l’appel idéal, aussi allons-nous convenir d’un code clair et concis : lorsque vous l’entendrez, vous saurez ainsi ce qu’il conviendra de faire. »

Il se tourna vers Tarefin en lui demandant :

« -Joue un son grave, et le plus long possible ; puis montre-nous comment faire. Choisis des notes simples, car nous ne répéterons plus avant demain soir. »

Le musicien acquiesça et plaça ses doigts sur les entailles, puis souffla dans les tubes creux. Un long bruit inquiétant, comme le vent dans une galerie profonde, sortit des roseaux. Le rôdeur approuva et s’y essaya lui-même, ainsi que les autres, puis il dit :

« -Ceci sera notre signal principal : nuit et jours, de temps à autre, si vous êtes loin de la colonne, vous jouerez cette note, pour signaler votre position et indiquer que tout va bien. Maintenant lorsque nous aurons des appels plus urgents à faire, il nous faudra imiter des sifflements d’oiseaux ou les murmures du vent, pour ne pas éveiller l’attention d’un ennemi potentiel. Tarefin, peux-tu imiter le cri de la buse ?

-Je vais essayer. »

Ils passèrent ainsi une bonne partie de la soirée à s’essayer à imiter divers cris et souffles, si bien qu’à la nuit tombée ils avaient déjà convenu de signaux pour prévenir d’un danger, appeler à l’aide ou signaler des étrangers. Lamenoire les félicita en déclarant :

« -Nous poursuivrons cet entraînement demain à la tombée, comme ce soir. D’ici là, n’utilisez vos roseaux que si le besoin s’en fait sentir. »

Chacun approuva et les volontaires s’égayèrent, retrouvant leurs familles pour les aider à passer la nuit. Lamenoire se sentait plein d’un étrange sentiment de culpabilité : il avait été radié de l’Ordre du Faucon, et voilà qu’il se mettait à instruire des étrangers selon les principes même de l’Ordre ! Il haussa des épaules, certain qu’il n’y avait aucun mal à aider ces gens dans leurs épreuves. Il se mit à arpenter le camp, saluant avec inattention ceux qui lui souhaitaient bonsoir. Il arriva ainsi au pied des collines surplombant la vallée du fleuve. Elles s’élevaient à faible altitude, étalant des pentes larges, à peine escarpées. Tout le contraire des mottes déchirant la plaine des Landes Ténébreuses.

Le sang du rôdeur ne fit qu’un tour quand il aperçut trois silhouettes rustaudes se faufiler derrière les rochers et les hautes herbes, en direction de la compagnie. La plus fortes des trois semblait bien être un tauron, un de ces géants du sud tels ceux, rares parmi les mercenaires, qui avaient servi sous les ordres de Nommiard.

Il n’hésita pas une seconde et pressa le pas pour leur barrer le passage. S’arrêtant au pied des collines à quelques dizaines de mètres d’eux, il les interpella d’une voix sévère :

« -Qui va là ? Sortez du couvert et montrez-vous ! »

Quelques grognements lui répondirent, et trois créatures apparurent, secouant leurs cornes dans la lumière du soir : deux hommes-taureaux et un tauron. Portant la main à sa garde, le rôdeur menaça aussitôt les intrus :

« -Que venez-vous trafiquer dans les parages ?

-Onh, ça neuh teuh regârde pah, humain, répliqua le chef du groupe.

-Ne croyez pas vous en tirer ainsi… Répondez à ma question ou je me charge de vous !

-Toi, petite créâture, tu nouh réglerai notre compte ? » s’esclaffa Coren.

Mais il cessa de rire en croisa le regard dur comme l’hiver de son adversaire. Grondant de colère, le tauron cracha :

« -J’suis envoyé pâr notre chef châmân Mugron. J’veuh pârler â votre propre chef ! Onh est des émissaires !

-J’en doute, mais je n’ai pas le choix. Après tout, soit. Une entrevue, déclamez votre leçon et ensuite nous déciderons de votre sort. Ola, du campement ! »

Quelques-uns des voyages s’approchèrent, et apercevant les trois bêtes, coururent chercher Telic. Ce dernier arriva tout essoufflé, puis se plaça en retrait, à bonne distance des hommes-taureaux, suivi d’une vingtaine de curieux.

« -Que voulez-vous ? demanda t-il. Je suis Telic, le meneur de cette expédition. Parlez ! »

Le tauron renâcla et se gratta le menton avant de déclarer :

« -Touh ceuh que vouh êtes âppârtient au fier peuple des cornes ! VOuh entrez sur nos terres, vouh devrez âssumer votre témérité et payer un droit de pâssâge. Vouh devez quitter les bords du fleuve et mârcher droit vers l’est. Quand vouh ârriverez â lâ Grosse Colline, vouh déchârgerez vos sâcs, et âttendrez le soir. Âlors on viendrâ, et on choisirâ touh ce qui nouh plairâ, ârmes, bijouh, esclâves. Et si ce n’est pâs âssez, nouh prendront vos vies ! Mais si vouh refusez, nouh vouh tueront tous, sans rémission ! »

Telic resta un instant suffoqué, puis s’écria :

« -De quel droit… Croyez-vous vraiment que l’on puisse accepter de telles conditions ? Pour nos objets de valeur, nous ne sommes que de pauvres pélerins, et nous avons besoin de tout ce que nous avons.

-Âlors, conclut Coren, vouh préférez mourir…

-Cela suffit ! trancha Lamenoire. Ces paroles ne sont pas celles d’un ambassadeur. Je ne vois pas ce qui nous retient de vous tuer sur l’heure. »

Les créatures ne répondirent pas, mais se retournèrent et s’enfuirent ventre à terre droit vers le Levant, soulevant la terre dans leur sillage.

« -Malédiction, jura Gandacier. Ils vont informer leur horde… Où est mon destrier ? Nuit d’Embruns ! »

Le cheval elfique accourut aussitôt, à vive allure. Lamenoire ne l’avait pas encore dételé, il sauta sur sa croupe et s’élança à la poursuite des trois fugitifs en criant :

« -Si je ne suis pas revenu avant l’aube, mettez-vous en route sans m’attendre ! »

Lamenoire pressa son cheval à accélérer toujours plus, ils fendaient les airs comme une flèche ; assez loin devant lui déjà, dans les collines, les trois fuyards galopaient sans se retourner. Coren huma les vents et maugréa :

« -C’t’un câvâlier elfe qui nouh poursuit ? »

Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, un des taurocéphales répondit :

« -Non, c’est c’type auh camp, qui nouh â repérés.

-Âh, pour lui, j’réserve un traitement spéciâl ! » déclara le tauron en allongeant ses foulées.

La poursuite dura de longues heures, sans répit. Chacun courait sous les étoiles scintillantes de la nuit, dans l’air frais et glacé. Finalement, le souffle court, Coren pila net et apostropha ses deux acolytes, qui titubaient maintenant plus qu’ils ne couraient :

« -VOuh deux, faut pâs s’laisser âller ! On vâ l’tuer pour de bon, et comme çâ touh sera réglé, on n’aura plus qu’â âller tranquillement prévenir le chef châmân. »

Les deux taurocéphales acceptèrent, trop heureux de pouvoir se reposer. Le bruit du galop d’un cheval en pleine course se répercuta bientôt dans la prairie, à mesure que les secondes s’écoulaient. Les trois monstres devinrent de plus en plus nerveux, grattant la terre de leurs sabots, écarquillant les yeux pour voir leur ennemi dans l’obscurité. Lamenoire arriva d’un coup, passant entre eux comme un fantôme. Emporté par Vent-de-nuit, il les croisa en criant et disparut nouveau dans la nuit. L’un des hommes-taureaux regardant avec incrédulité la plaie qui lui transperçait le cœur, s’effondra comme une masse. Le deuxième, complètement affolé, n’eut pas le temps d’esquiver la charge lors du deuxième passage et fut piétiné par les quatre fers de Koralvan. Le tauron restait seul, au milieu de la noirceur grandissante. Serrant les poings, il mugit :

« -Sors de l’ombre, et viens te bâttre, humain ! »

Lamenoire s’avança pas à pas, devant le tauron, le sabre dans sa main. Le reflet des astres luisait sur le fil de l’acier ténébreux, et le rôdeur déclara :

« -Vois-tu cette lame ? Elle n’a encore jamais bu du sang de ta race. Cela sera bientôt chose faite ! »

Dans un beuglement bestial, le tauron se jeta sur son ennemi avec une force décuplée par sa colère. Mais Gandacier était encore plus vif que lui, et il roula aux pieds du géant pour sauter et le frapper en pleine poitrine, où la rapière pénétra avec une aisance terrifiante, découpant la fourrure, le cuir et la chair. Puis se laissant tomber à terre, le rôdeur s’esquiva. Le géant cornu gémit, crachant d’horribles grognements, puis s’effondra de tout son long dans l’herbe foulée. Revenant alors en silence, le vainqueur planta à nouveau son arme dans le corps du vaincu, entaillant profondément le dos couturé de cicatrices de la bête. A présent, Lamenoire était sûr que cette créature ne nuirait plus aux pélerins.

Au petit matin, la compagnie s’étirait le long de la berge, comme une longue procession. Tarefin avait pris sa monture personnelle, un grand poney du nord au poil d’un gris bleuté, qui lui avait été offert par un roi fenri jadis. Accompagnant les cavaliers, il regardait les voyageurs marcher de leur pas lent sur le bord du Fleuve Vert. Plongé dans une méditation, il demanda d’un air distrait :

« -Et donc, personne n’a revu ce Lamenoire ?

-Non, répondit un des volontaires. Où qu’il est passé, ça, nul ne le sait.

-Les hommes-taureaux qu’il poursuivait doivent le savoir, eux, dit un autre.

-Peut-être, rétorqua une voix lasse dans leur dos, mais ce savoir ne leur est plus d’aucune utilité. »

Les hommes sursautèrent et pivotèrent, pour voir ledit rôdeur approcher au pas, sur un Koralvan encore fatigué par sa cavalcade. Puis reprenant sur un ton bien plus sérieux :

« -Vous devriez prendre garde à vos arrières, si vous comptez assurer la protection du convoi.

-Cela ne se reproduira plus, assura Tarefin. Eh bien, messire ? Qu’en est-il de ces trois individus ?

-A l’heure où nous parlons, ils doivent déjà être la proie des charognards. Ils ne représentent plus une menace, croyez m’en. »

Coren trébuchait, dévoré par la douleur. Chaque pas qu’il faisait lui arrachait un nouveau cri de souffrance ; ses deux plaies béantes saignaient abondamment, pourtant il marchait sans relâche, comme un automate, le regard vide, la langue desséchée. Traînant ses sabots sur le sol poussiéreux, essuyant de sa patte tremblante la sueur perlant de son front, il répétait sans cesse :

« -Ils ont refusé… Chef Châmân… Lon du fleuve, trois jours de mârche… Du défilé… Veulent mourir…Ont refusé… »

Autour de lui les vautours planaient, comme des spectres lugubre. Le tauron, tel un navire en perdition, chavirait, oscillait ; les volatiles se regardaient d’un air entendu, se pourléchant déjà le bec : leur proie n’en avait plus pour longtemps.

Modifié par Shas'o Benoît
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Bon bah c'est pas mal, un bon chapitre :)

Alors, ce qui m'a tout particulièrement plu se trouve dans le début de cette nouvelle partie, quand on a l'impression qu'il essaye de remettre son Ordre debout ! Ca fait quelques liens avec le début du texte et ca permet de voir que tout n'est pas mort !

Ensuite, on a ces hommes taureaux qui sont encore assez bien décrit. J'aime bien l'image que j'ai deux, ca me fait penser à war 3 en fait :wink: Ca doit etre ca :P Bon le combat entre Lamenoire et les trois ambassadeurs :) ... Ben facile, j'envie de dire :huh: Meme si tu as tendance à minimiser l'effet de ton texte. Genre trois jours de poursuite résumer en quelques phrases ! A cheval... A 10 km par heure de moyenne, il parcourt, sans repos, 600 bornes ! Ca fait loin :wink: Et on a l'impression qu'il est toujours à côté des voyageurs... :huh:

Allez suite !

@+

-= Inxi =-

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Heuu... En fait il ne poursuit les hommes-taureaux que pendant une nuit ( quelques heures à peine ) et revient le lendemain matin... Ils sont à trois jours du défilé... Le fameux défilé trotrop dangereux, mais je n'en dirai pas plus. :huh:

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Invité Feurnard

Désolé Shas'o, tu es le premier à trinquer pour la critique.

Pourquoi je dis ça ? Prenons une image.

Tu es un horloger, je te demande de me faire une montre.

Tu me fais un cadre en or, avec une belle chaîne et des tas de petites décorations très jolies. Seulement tu as oublié les aiguilles du cadran, le cadran tout entier également et on voit le mécanisme à nu qui grince à nos oreilles.

En d'autres termes, tu bâcles les événements, tu les succèdes sans transition entre eux et c'est hautement désagréable. Cela amène des personnages sans caractère ni véritable personnalité, beaucoup d'occasions de les approfondir étant abandonnées.

Je pense à la traversée du fleuve où l'ogre donne un coup de main, on dirait que tout le monde a oublié, arrivé sur l'autre rive. Je pense au frère vampire trop loqueux pour servir à quoi que ce soit, et qui avec une volonté propre aurait été absolument sublime.

Les solutions de facilité ne manquent pas, bien sûr, et là j'ai notamment les deux jours dans la neige mais aussi la traversée des grottes par les héros : la magie sert à ça. Je pense aussi au poison des quatre elfes, et à ce propos je rappelle que toute la nourriture et toute l'eau d'une telle troupe ne tient pas en un seul lieu, mais c'est du détail.

Je ne nie pas de bonnes descriptions mais ça reste clairement lacunaire. A force d'enchaîner les événements, tu ne prends plus le temps de les détailler et ça c'est grave. Pense à Ganda - Ytuzir qui crie "LES NAINS !", alors qu'il aurait pu la veille en parler, voire depuis plus longtemps déjà. Toutes ces lacunes, ces isolements de l'événement, destructurent le récit et me font l'horrible sensation d'un freestyle mécanique. Connaître l'histoire dans ses grandes lignes ne suffit pas.

Bref, je ne peux que te conseiller de t'attarder sur les événements, leur donner du poids et pas simplement régler la situation par une pirouette. C'est le sens donné aux événements qui est important, pas l'événement en lui-même. Rentrer chez Canoall ne doit pas simplement être un défi, encore moins une bête escalade.

Ah, j'allais oublier : lorsque tu racontes l'histoire des quatre légendaires, surtout n'imbrique pas une seconde histoire dans la première, c'est du plus mauvais effet. Je n'arrive pas à concevoir qu'un nain raconte pareillement une histoire, lui qui ne l'a pas vécue (et même s'il l'a vécue, il évitera de le faire savoir). Je rappelle à ce propos qu'à l'origine l'histoire nous vient d'un conteur, ce qui est occulté dans tout le texte.

Voilà, le monde de Tü est sans doute passionnant mais en bâclant tu retires l'intérêt et l'histoire ne suffit plus.

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Tout d'abord je tiens à remercier Feurnard de s'être penché sur mon texte. Bien que son commentaire me chagrine... :whistling:

Tu es un horloger, je te demande de me faire une montre.

Tu me fais un cadre en or, avec une belle chaîne et des tas de petites décorations très jolies. Seulement tu as oublié les aiguilles du cadran, le cadran tout entier également et on voit le mécanisme à nu qui grince à nos oreilles.

AU moins l'horloge est belle. ^_^

on dirait que tout le monde a oublié, arrivé sur l'autre rive

Oui mais bon c'est des nains, donc pas forcément portés sur les remerciements, surtout vis à vis d'un ogre dont la race est leur pire ennemie. Et puis ils en sont tellement surpris qu'ils ne savent pas quoi dire. D'ailleurs le libérer est une façon de le récompenser.

frère vampire trop loqueux pour servir à quoi que ce soit, et qui avec une volonté propre aurait été absolument sublime

Précisément, il n'y a plus rien de bien vivant dans cette forme rabougrie, tout juste un peu de survivances de souvenirs flous; c'est ça le vampirisme et la zombification : la destruction de la personnalité. :lol:

Les solutions de facilité ne manquent pas, bien sûr, et là j'ai notamment les deux jours dans la neige mais aussi la traversée des grottes par les héros : la magie sert à ça.

Désolé mais là je comprends pas... QUe viens faire la magie là dedans ? Selon toi j'aurais dû les faire voler en tapis volant pour aller plus vite ? :lol:

Je pense aussi au poison des quatre elfes, et à ce propos je rappelle que toute la nourriture et toute l'eau d'une telle troupe ne tient pas en un seul lieu, mais c'est du détail.

C'ets bizarre, j'ai toujours pensé que le poison était la meilleur façon pour empoisonner... Je ne vois pas où il y a simplification... Par ailleurs je n'ai jamais dit ( du moins je ne pense pas ) que toutes les réserves de vivres étaient stockées à Raturn ?

alors qu'il aurait pu la veille en parler, voire depuis plus longtemps déjà.

Au départ, ytuzîr ne songe même pas au Donomâr : pour lui, c'est un artefact dont même les nains ont perdu la trace. Mais quand il sent sa dernière heure arriver, il comprend que c'est le dernier espoir des Landes... Bon c'est vrai qu'il aurait pu au moins en parler uen fois ou deux avant, mais c'est un mage un peu laconique.

Toutes ces lacunes, ces isolements de l'événement, destructurent le récit et me font l'horrible sensation d'un freestyle mécanique. Connaître l'histoire dans ses grandes lignes ne suffit pas.

En même temps je n'ai pas écrit tout d'une traite, hein. Dès que j'ai fini deux trois pages, je les relis et les reposte. Forcément, la structure est hachée. Mais j'ai tout à fait conscience de ce problème ( que je connais avec la Guerre de Toregordabis aussi par exemple ).

Bref, je ne peux que te conseiller de t'attarder sur les événements, leur donner du poids et pas simplement régler la situation par une pirouette. C'est le sens donné aux événements qui est important, pas l'événement en lui-même. Rentrer chez Canoall ne doit pas simplement être un défi, encore moins une bête escalade.

Il ne s'agirait pas non plus de faire de chaque événement la décision ultime dont dépend le monde entier.

Ah, j'allais oublier : lorsque tu racontes l'histoire des quatre légendaires, surtout n'imbrique pas une seconde histoire dans la première, c'est du plus mauvais effet. Je n'arrive pas à concevoir qu'un nain raconte pareillement une histoire, lui qui ne l'a pas vécue (et même s'il l'a vécue, il évitera de le faire savoir).

Moi ça ne me choque pas. Je ne vois pas où est le problème ? De toute façon il fallait bien la raconter. Et je pense qu'un briefing n'aurait pas non plus été dans l'esprit nain.

Je rappelle à ce propos qu'à l'origine l'histoire nous vient d'un conteur, ce qui est occulté dans tout le texte.

Et ?

Désolé que mon histoire ne t'ai pas plu, mais bon... Maintenant je ne peux pas tout effacer, n'est-ce pas ? J'espère que tu ne t'es tout de même pas trop ennuyé en la lisant ; si tu me réponds que si, bein au moins j'aurai toujours le fidèle des fidèle Inxi pour me remonter le moral. :rolleyes:

Sur ce, je poste tout de même la suite :

Finalement, l’un des volatiles, plus hardi que les autres, se laissa tomber sur la nuque de sa victime, battant des griffes et du bec. Lacéré par les serres aiguisées, le tauron remarqua enfin les grandes ombres planant autour de lui dans l’air chaud, et sentit un vent de sourde angoisse le tenailler ; les charognards du Fleuve Vert comptaient parmi les rapaces les plus sinistres, capables de tout pour assouvir leur faim incessante. Battant vaguement l’air de ses mains calleuses, il tenta de déloger son adversaire, qui labourait son dos déjà déchiré ; Après quelques mètres, le malheureux s’effondra de tout son long, le vautour toujours perché sur ses épaules. Ce fut le signal de la curée. Comme une pluie noire, la volée de carnassier s’abattit sur la forme prostrée, poussant des cris partagés entre le feulement et le croassement. Coren ouvrit les yeux, mugit, hurla de douleur en sentant les becs pénétrer dans ses membres balafrés ; une douleur brûlante le lardait de toutes parts, le sang coulait et se mêlait à la poussière dans sa fourrure, tandis que les oiseaux affamés arrachaient des bouchées de chair à son dos meurtri. Poussé par une irrésistible envie de vivre, le tauron se releva lentement, s’appuyant de ses deux mains sur le sol. Ses doigts grossiers s’enfonçaient dans la terre, et Coren gronda, comme revigoré par son contact avec la Mère. Avec une vitesse incroyable pour quelqu’un de sa taille, il se redressa pour se laisser tomber en arrière de tout son poids, dans un concert de cris discordants. Ramassant la forme brisée du vautour qu’il venait d’écraser, il s’en servit comme d’un fléau et se précipita sur les autres charognards qui tentaient de lui crever les yeux, de le plaquer au sol. Bientôt deux autres rapaces tombèrent au sol, les ailes désossées. Aussitôt, leurs congénères prirent le large, cette fois décidés à abandonner la partie. Coren ricana et cracha son mépris :

« -Persônn peuh tuer un tauron si fâcilement ! »

Repartant de son allure incertaine, il mordit à pleine dent dans la dépouille qu’il tenait encore dans sa poigne. Mélange de chair, d’os et de plumes, mais à tout le moins mangeable. Dès qu’il se fut assez éloigné, les vautours survivants fondirent sur leurs camarades tombés et mirent fin à leurs souffrances. Coren se retourna vers les volatiles en hochant de la tête, sans éprouver le moindre dégoût ; le cannibalisme n’était-il pas le meilleur moyen de préserver la vitalité des défunts ?

Lorsque le soleil approcha du midi, la compagnie des pèlerins fit halte au creux d’un méandre du fleuve. A cet endroit, les rochers affleuraient en nombre, recouvrant de larges bandes de terre, tels les marches d’un escalier monumental, descendant des collines pour se baigner dans les eaux de la berge. La chaleur commençait à monter, le vent brûlant montait de l’ouest, secouant les branches desséchées des arbustes. Comme à leur habitude, les voyageurs élevèrent des auvents sommaires pour se protéger des rayons, puis préparèrent de quoi se sustenter.

Lamenoire descendit de Koralvan, le laissant chercher sa pitance dans les bandes herbeuses serrées entre les plaques de roc. Il s’approcha de la rive, observant de larges taches noires étendues sur le sable. Il ne tarda pas à s’apercevoir que ces formes n’étaient autres que de grands reptiles, somnolant négligemment sur les graviers. Il y en avait un grand nombre, tous étalés, se laissant dorer par le soleil. L’un des cavaliers, nommé Wensar, s’assit à côté du rôdeur en déclarant :

« -Belles bêtes, n’est-ce pas ?

-Certes, mais qu’est-ce ? demanda l’autre.

-Des iguanes, à ce que j’en sais. J’en ai déjà vu parfois, il y en a quelques uns près de chez moi. Ils se nourrissent des algues au fond du lit des rivières. Vous ne connaissiez pas ?<o:p></o:p>

-On n’en trouve guère dans le nord.

-A ce qu’il paraît, il y en a surtout au bord de la mer, et dans les îles du Soir. On dit que ceux de chez nous feraient figure de nains à côtés des iguanes de l’océan. Pourtant certains spécimens peuvent atteindre plus d’un mètre !

-Et, c’est dangereux ?

-Pas le moins du monde. Les hommes leur indiffèrent, et s’ils se sentent menacés, ils s’enfuient dans le courant.

-Je me disais que ces derniers temps, les vivres risqueraient de manquer. Il serait peut-être possible d’y remédier ?

-J’ai compris ! sourit l’autre. Pas de problème, je sais comment m’y prendre avec ces bestiaux. Il me faut une trentaine de gars bien bâtis et je me fais fort de ravitailler tout le camp !

-Alors, pas d’hésitation. Je m’en occupe tout de suite. »

Gandacier demanda aussitôt aux autres volontaires de le rejoindre, pendant que Wensar partait informer Telic. Ce dernier demanda aussitôt à tous ceux autour de lui qui s’en sentaient la force de suivre le chasseur pour une « pêche au lézard ». Ils se rassemblèrent tous à une centaine de mètre de la rive, et écoutèrent le plan, sous l’œil vide des sauriens.

« -Le plus important, dit Winsar, est de leur couper la retraite. La moitié d’entre-nous devra les contourner et se placer dans les eaux du fleuve, avec des bâtons. Une fois positionnés, ils feront signe aux chasseurs de se lancer. Dès le début de l’assaut, il faudra en tuer le plus grand nombre. Le meilleur moyen est encore de leur enfoncer un pieu dans la gueule ; leur peau écailleuse est assez résistante, et risquerait d’émousser les fers. On peut aussi s’y mettre à deux, et tandis que l’un maîtrise la proie, l’autre la frappe au ventre, là où son cuir est moins épais. Quand aux rabatteurs dans l’eau, il leur faudra frapper l’eau, crier, repousser par tous les moyens les fuyards. Une fois dans son élément, l’iguane est insaisissable. »

Après une distribution de gourdins, de pieux, de dagues, les chasseurs se divisèrent donc en deux groupes. Wensar prit la tête des tueurs, tandis que Lamenoire rejoignit les autres. Par un large mouvement circulaire, lui et ses compagnons atteignirent le bord du Fleuve Vert, à bonne distance de la colonie des reptiles. Sans hésiter, ils se déplacèrent alors dans les eaux boueuses, restant à quelques mètres du bord. Jilguaen, qui avait toujours apprécié la navigation dans son pays natal, remarqua :

« -C’est la première fois que je remonte le cours d’un fleuve à pied !

-Prenons garde à ne pas alerter nos proies, recommanda Lamenoire.

-Compris. Silence et circonspection. »

Ils se déplacèrent alors avec autant de précautions que possible, cependant les lézards les plus près des rives ne tardèrent pas à repérer les intrus. L’un d’eux fit mine de rentrer dans les hauts-fonds. Lamenoire s’élança alors en criant, fouettant la surface des vagues de son sabre, bientôt imité par le reste de son groupe. Intrigué par cette sarabande, le saurien stoppa net et riva sur le rôdeur un regard morne, sans expression. Il semblait s’être statufié, comme attendant la suite des événements. Le demi-cercle des rabatteurs était en place, et Gandacier joua une note claire et aiguë de son pipeau. Aussitôt Winsar et les siens, qui attendaient sur les rochers stratifiés, se précipitèrent sans un cri sur les reptiles, courant aussi vite que possible. Encore ensommeillés, les premiers iguanes furent abattus sur place, la gorge transpercée. Les autres sifflèrent alors de leurs voix rauques et se dandinèrent de toute la vitesse de leurs quatre pattes aux palmes griffues vers la berge. Winsar bondissait, cherchait une seconde l’angle de tir et lançait son pieu, frappant en plein dans le palais de sa cible, crevant jusqu’au cerveau sa proie. Tirant alors de tout son poids sur le trait, il le retirait alors et se retournait vers sa victime suivante.

Sur les bords du fleuve, Lamenoire et ses camarades avaient fort à faire. Repousser les bêtes écailleuses affolées n’avait rien d’évident, et comment retenir une créature aussi lourde que vous qui vous file entre les doigts ? Le rôdeur avait renoncé, et comme les cris et les gestes ne suffisaient plus à faire hésiter les iguanes, il les frappait maintenant. Les sauriens plongeaient, esquivaient, se débattaient quand on leur saisissait la queue ou la patte. A présent, deux corps inanimés de reptiles gisaient dans les eaux aux pieds du rôdeur, cependant les autres continuaient de se faufiler, sentant à peine les coups sur leurs écailles. Frapper leur ventre était encore plus difficile quand ils rampaient sur le fond, propulsés par leurs quatre membres palmés. La chasse se termina bientôt, et l’on tira sur le sable les bêtes abattues dans le fleuve pour faire le compte du tableau de chasse. Un peu moins de quatre-vingts iguanes gisaient à présent sur le gravier grossier, la panse vers le ciel, lardée de coups, ou la gueule dégouttante de sang frais. Winsar se frotta les mains et lança à la cantonade :

« -La plus belle « pêche au lézard » de ma vie ! Bien, je pense, messire Lamenoire, que j’ai tenu ma parole.

-Amplement, camarade, répondit Gandacier en lui serrant la main. Reste à savoir si cela n’a pas trop mauvais goût.

-Rassurez-vous, c’est tout à fait acceptable une fois grillé. »

D’une main experte, il tira son couteau de chasse de sa ceinture et commença à découper la peau épaisse du ventre d’un des iguanes. Quelques instants plus tard, les premiers quartiers de viande fumaient déjà sur les feux de camp, une odeur appétissante montait aux narines des voyageurs.

Kiloug était un capitaine tauron fort respecté dans la horde, un des hommes de main les plus dévoués à Mugron. Toutefois, il arrivait encore de temps à autre que certains membres de la tribu remettent en cause sa domination. Il s’essuya les mains sur la tunique de son adversaire trépassé avec négligence, arracha d’un coup de pied sa lance du cadavre et meugla :

« -Y’en â encore qui veulent se mesurer â moi ? »

Aucun des hommes-taureaux qui l’accompagnaient ne broncha. Satisfait, il aboya ses nouveaux ordres :

« -Drugg, tu vâ me débârasser deuh ceuh corps. Fauh pâ laisser de trâces. Vouh autres, planquez-vouh derrière ces buissons. On doit pâ être repérés.

-Dites, chef, dit un jeune taurocéphale nommé Hilagg, vouh croyez vraiment qu’y aurâ encore des orques chez nouh âprès les dernières bâtailles ?

-Fauh âccomplir les ordres de Mugron, petit. Cherche pâ â te creuser les cornes. »

Cette expression courante dans les tribus des hommes-taureaux avait double-sens. Se creuser les cornes, signifiait chercher à comprendre des choses impénétrables. Mais bien souvent, cela revenait aussi s’attirer la mort. C’était coutume répandue que de boire dans les cornes évidées de ses plus illustres adversaires…

Drugg revint, un air inquiet sur son visage bestial. Se glissant dans les fourrés, il chuchota à la large oreille de son supérieur :

« -C’est Coren qui revient, chef ! Il â l’air mâl en point, qu’est-ce qu’on fait ?

-On l’attend, on doit pâs bouger d’ici, c’est les ordres du chef. »

Respirant avec peine, le tauron moribond se traînait presque, manquant de tomber à chaque pas. Il avait perdu beaucoup de sang, et ses plaies ouvertes suintaient à présent, lui arrachant des gémissements sans fin. A travers ses larmes et la sueur, il s’aperçut qu’une petite forêt de pins s’étendait non loin de lui. Il gronda de soulagement, car le camp n’était plus très loin. Plus épuisé que jamais, il tourna ses pas titubants vers le bois sombre, espérant y trouver un peu de fraîcheur, y faire halte avant de reprendre la route. L’ombre des branches craquantes, gorgées de résine, couvrit sa haute stature courbée par la douleur. Ses sabots tracèrent deux longs sillons dans le tapis d’épine. Il régnait une atmosphère de paix, de repos. Secouant sa tête endolorie, il s’appuya à un vieux sapin, dont le tronc avait été frappé autrefois par la foudre. Il laissa ses doigts errer le long des blessures de l’écorce, songeant à la souffrance de l’arbre.

« -Il â dû souffrir autant que toi, je pense » dit Kiloug en sortant des taillis. Coren sursauta, puis marmonna quelques mots, avant de s’effondrer. A l’instant tout le groupe se réunit autour de lui en meuglant :

« -L’est fichuh, dit l’un, même lui pourrâ pâs guérir de çâ.

-J’suis pâs sûr, dit Kiloug. Le vieuh Coren en â vu d’autres jadis. L’est presque aussi ancien que Mugron lui-même.

-Tu rigoles ? s’esclaffa Hilagg. Ârrangé comme il l’est…

-S’il est mort, déclara Drugg, ses ânneaux sont â moi. C’est moi qui l’ait vu leuh premier. »

S’ensuivit une violente dispute entre les maraudeurs. Kiloug dut cogner plusieurs mâchoires avant de rétablir le calme. Il se pencha alors en grognant :

« -Regârdez : il pârle encore. Taisez-vouh tous ! »

Dans le silence le plus complet, le tauron s’agenouilla pour recueillir les murmures du mourant. Se relevant plein de gravité, Il balança sa lance sur son épaule en annonçant :

« -Drugg, tu prends l’commandement ; oublies-pâs que t’es responsâble devant Mugron. Fauh que j’aille les prévenir au camp.

-Mais t’âs dit qu’il fâllait rester ici ! protesta Hilagg.

-Je sais ! beugla Kiloug en lui décochant un coup de sabot. Faites ce que je dis !

-A t-il parlé des orques ? s’enquit Drugg sur un ton autoritaire, fier de sa nomination.

-C’qu’il â dit regârde que moi et Mugron. Relâchez-pâs votre surveillance, c’est touh. »

Sur ce, le guerrier tauron partit au pas de course, droit vers le Levant.

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quelques uns près de chez moi. Ils se nourrissent des algues au fond du lit des rivières. Vous ne connaissiez pas ?<o:p></o:p>

????

Bon bah déjà, sur la critique de Feurnard, il faut pas t'en faire, on est tous passé par là ! Même les meilleurs d'entre nous ! Alors il a beau dire des choses qui peuvent faire mal, elles sont vraies mais à toi de savoir faire l'effort pour prendre sur toi et les surmonter !

Pour le reste, bah on fait une pêche à la grenouille :whistling: En gros l'histoire avance pas mais ca a l'avantage de nous faire suivre ton trip. Ce qui pourrait être un défaut parce que tu passes du temps dessus mais ca n'apporte rien ^_^ Sinon, il faudrait differencier par des espaces entre le passage avec les taureaux et ceux de Lamenoire !

Allez suite ! J'aime !

@+

-= Inxi =-

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  • 1 mois après...

Mea culpa, je suis désolé de poster avec tant de retard... Bonne lecture quand même. :P

Comme les soirs précédents, la caravane s’arrêta pour planter les tentes à quelques distances du fleuve, au creux des collines. Lamenoire rassembla alors ses dix volontaires et commença à leur parler en ces termes :

« -Mes amis, si vous voulez vous montrer à la hauteur, il va falloir faire plus que ce que nous avons réalisé jusqu’à aujourd’hui. Chacun de nous doit utiliser ses capacités au mieux. Ceux qui savent viser doivent se confectionner des arcs et des flèches ou ramasser des galets et se tresser des frondes. Ceux qui savent se battre doivent s’entraîner et entraîner les autres. Il faut établir des tours de garde efficace, être prêt à seller les chevaux à toute heure. Souvenez-vous de tous ces conseils simples, pour les retransmettre à votre tour lors de vos prochains voyages. Il est insensé que de telles compagnies puissent voyager sans protection dans ces contrées sauvages.

-Au début de notre expédition, nous n’étions pas sans protection, hasarda Wensar.

-Mais quand je suis arrivé, vous l’étiez. Vous ne devez compter que sur vous-même. »

Il leur parla alors de la manière dont on peut prévoir le temps, en observant le ciel, les vents, les oiseaux ; il expliqua en détail la façon d’interpréter le comportement de la faune et de la flore pour en déduire les intempéries à venir.

« -Connaître quel temps il fera peut s’avérer primordial. En ce moment même, je peux vous assurer qu’il pleuvra bientôt, et assez fort. Cela se remarque au vol des corbeaux venus du sud ; il tombe par-là une averse, cela ne fait pas le moindre doute. »

Après ce bref discours, il enchaîna sur diverses méthodes de combat, l’art et la manière de feindre, d’esquiver, de frapper avec des armes rudimentaires.

« -L’essentiel n’est pas l’outil en lui-même, expliqua t-il, mais la façon de s’en servir. Un couteau, un bâton, une pierre peuvent suffire à mettre un adversaire hors de combat. »

Ils s’entraînèrent donc à faire des passes, à s’affronter et à échanger des coups. Il fallait être prêt à se défendre, si une bande de maraudeurs venait à nouveau à croiser leur route.

Le soleil était tout à fait tombé quand ils se rassemblèrent en cercle autour du feu, pour se reposer. Assez fatigués par leur chevauchée suivie de ces exercices, ils écoutèrent le rôdeur jouer un air de musique sur sa flûte de pan. Lamenoire était assez satisfait de leurs prouesses, et s’accorda quelques instants de détente. Cette musique apaisante lui avait été inculquée par Ytuzîr ; le vieux magicien disait qu’il ne savait rien de mieux pour apaiser les esprits les plus tourmentés. Les notes douces et harmonieuses fusaient des roseaux et montaient dans le ciel, telles des oiseaux nocturnes réveillés par la montée de la lune.

Enfin le petit groupe se sépara en se souhaitant bonne nuit, et chacun ramassa son paquetage pour passer la nuit. Le rôdeur restait encore quelques minutes auprès du foyer, à regarder les bûches devenir braises, quand quatre de ses compagnons s’approchèrent sans mot dire. Le plus hardi d’entre eux, Wensar, prit la parole d’un air gêné :

« -Heu, messire, cela va peut-être vous paraître insensé, mais dans votre musique là…

-Eh bien quoi ? s’étonna Lamenoire.

-Vous allez peut-être trouver cela bizarre, mais bon…

-En fait, dit Jilguaen, on a senti quelque chose là-dedans. On en a parlé à quelques camarades, mais seuls nous quatre avons eu lk’impression qu’il s’y passait…un air étrange.

-Vous dites, répéta lentement Lamenoire, que vous avez décelé dans ma musique quelque chose de surnaturel ?

-Cela doit vous paraître ridicule, s’excusa un des hommes, nommé Tirien, mais… en quelque sorte, oui, c’est cela.

-Je vois. »

Le rôdeur resta un moment muet, se demandant comment il se faisait que ces quatre pèlerins aient ressenti chacun en son cœur les infimes murmures des vents magiques qu’il avait mêlés aux sons ? Ytuzîr lui-même lui avait montré jadis comment l’usage de la magie, qui résidait dans la nature, en tout lieu, pouvait se mélanger aux ondulations des instruments de musique pour proprement charmer les oreilles. Aussi s’y employait-il toujours lorsqu’il jouait un air, même si ses modestes talents d’enchanteur ne parvenaient à tisser que quelques bribes de magie. Pourtant, cela avait suffit pour éveiller quelque chose dans ces quatre voyageurs. Prenant soudain sa décision, il leur ordonna :

« -Tendez votre bras droit devant vous, au-dessus du feu… Comme ça. Et maintenant, tournez la paume vers le ciel, doigts écartés. »

Ils s’exécutèrent aussitôt, sans poser de question. Lamenoire les imita et ajouta :

« -Maintenant concentrez-vous, et répétez après moi, d’une voix forte et sans tremblement :

Feu rouge et brûlant Qui bouge au ponant,

Au cœur du soleil Ô Fleur de Vermeil,

Retiens tes cendres, Reviens me prendre ! »

Alors même qu’ils achevaient le dernier vers, leurs visages s’éclairèrent d’un seul coup, illuminés par les flammèches qui dansaient au creux de leur main. Lamenoire referma promptement la sienne, étouffant entre ses doigts les grandes langues de feu qui dansaient dans sa paume. Ses quatre compagnons restaient interdits, sidérés, contemplant les petites étincelles lancinantes qui crépitaient dans leur dextre sans pourtant les brûler. Peu à peu, les petites lumières s’estompèrent puis s’effacèrent, emportées par le vent. Gandacier leur fit signe de s’asseoir, et il leur expliqua :

« -Hum, cela va sûrement vous surprendre, mais il semblerait que vous ayez les compétences requises pour devenir des magiciens…

-Quoi, vous voulez dire des prestidigitateurs ? S’étrangla Wilsar.

-Non, non, non ! Rien de tout ça, j’ai bien dit magiciens, enchanteurs, envoûteurs ! Tisseurs de sorts, si vous préférez. Je vois que vous ne me croyez pas mais c’est la vérité. Sinon, comment auriez-vous saisi les nuances enchantées de ma musique ?

-Je ne comprends pas, grogna Jilguaen. Vous êtes un sorcier, vous ?

-En quelque sorte ; cela dépend de ce que vous appelez sorcellerie. J’ai été formé par un demi-elfe qui m’a beaucoup appris dans ce domaine. Mais ce que certains appellent magie, d’autres l’appellent adresse de domptage des vents.

-Quels vents ? Vous parlez par énigme, messire.

-Pas le moins du monde, mais il est vrai que vous ne pouvez… Enfin, il y a certaines choses que vous devez savoir.

Le monde est gorgé de magie, on pourrait le voir comme une montagne creusée de galeries, ou plutôt comme une éponge gorgée d’eau. La magie se trouve partout, dans la pierre, la terrez, l’eau, les nuages, l’air, les arbres, les brins d’herbe, les êtres marins et aériens, toute la faune et la flore, les êtres vivants sont tous emplis d’une quantité assez conséquente de ce que l’on appellerait mana. Mais il faut aussi savoir que cette mana n’est pas immobile, ni asservie aux réalités matérielles du monde. Elles le parcourent, volent d’une chose à une autre, rentrent dans le monde et le quittent, parce que la magie vient aussi de l’espace et y retourne parfois. La magie est le fil qui suspend l’univers et l’empêche de s’effondrer. Tous ces courants de mana circulent dans un mouvement perpétuel de va-et-vient, qui recouvre le monde entier de ses marées. Bien sûr, certains endroits sont plus riches que d’autres en ce fluide essentiel. En général, les êtres doués d’intelligence sont des bons réceptacles.

-C’est sidérant, murmura Wilsar, presque incroyable.

-Et pourtant c’est ainsi : bien qu’en faibles quantités, le mana est inhérent à n’importe quelle composante du monde qui nous entoure.

-De quelles compétences parliez-vous ? S’étonna le quatrième, Marsen, qui observait encore sa paume avec un mélange de crainte et d’admiration.

-Il s’agit de reconnaître l’influence de la magie dans notre monde, de la comprendre. Il faut s’ouvrir aux fragrances de cette autre réalité dans laquelle nous baignons.

-Comment se fait-il, demanda Tirien, que nous ne soyons pas tous des sorciers, alors ?

-Eh bien, certains êtres vivants sont plus disposés que d’autres à écouter les vents, à les percevoir, en quelques sortes. La plupart des membres des dix races sont aveugles dans ce domaine, on compte des borgnes et seulement une poignée de voyants des deux yeux. Il parait que chez les elfes, au contraire, tout le monde a une perception claire de ces courants magiques, bien plus fine que nos meilleurs magiciens. Cependant cette compréhension n’est pas évidente. Nombreux hommes on vécu toute leur vie sans savoir qu’ils détenaient cette faculté particulière. Il faut parfois attendre des dizaines d’années avant qu’une épreuve, qu’une occasion révèle ce pouvoir ; ce déclic provoque alors l’ouverture à tout un nouveau monde de sensations.

Après cette découverte, tout est question de pratique. Plus un être s’expérimente, s’entraîne à appeler et maîtriser les vents, plus il sera à même de s’en servir, d’assujettir ce pouvoir à sa volonté. Ainsi vous avez pu voir que les flammes étaient bien plus vives et grandes dans ma main. C’est que je suis déjà un initié. Vos flammèches se fortifieront avec le temps.

N’est pas magicien qui veut : pour manier les vents, il faut respecter des formules, inventées par les elfes, pour attirer par les paroles les courants enchantés. D’autres facteurs entrent en jeu : seule une grande concentration peut permettre de manipuler sans danger la magie. Il faut aussi des circonstances favorables, par exemple pour animer des langues de feu dans vos mains, je vous ai fait rapprocher vos paumes d’un vrai feu de bois, ce qui a facilité cette création abstraite. De même, les intonations de vos voix joueront sur la taille de vos flammes, en fonction de votre expérience. Un murmure me suffit quand vous devez crier vos invocations. Certains mages peuvent même se contenter de penser les formules pour tisser leurs sorts.

-Vous semblez parler de la magie comme d’un couteau à double tranchant, remarqua Marsen.

-C’est exact, avoua le rôdeur. Je l’ai dit, n’est pas sorcier qui veut, et l’emploi des vents peut parfois être très néfaste. En toute occasion, l’enchanteur doit rester maître de soi. S’il s’enivre de sortilèges, ou de recherches de formules alambiquées, il risque d’oublier qui il est. Mon mentor m’a rapporté des cas de très grands mages qui se sont piégés à leurs propres envoûtements : la magie charme aussi le cœur des magiciens, et cela n’est pas sans danger. Certains se retrouvent prisonniers des vents, et passent tant de temps à les rassembler qu’ils se coupent du monde matériel. Ils sont alors absorbés par les courants, pris dans cet ouragan phénoménal et rapidement déchiquetés, dissipés en fumée impalpable. D’autres vont se retrouver coincés sous une forme ou une autre, parce qu’ils en auraient trop abusé, et ne seraient plus capable de la quitter – ou bien dans leur folie ne voudrait plus s’en séparer. Mais beaucoup succombe en magie dans ce même péché qui guette toute vie : l’orgueil les domine, et dans leur soif de pouvoir, ils en viennent à renier tout ce qui fait qu’ils sont eux-mêmes. Ils deviennent alors des créatures terrifiantes, à moitié invisibles, à moitié matérielles. On les appelle démons, et vraiment c’en sont. »

Mugron fourragea dans sa barbe d’un blanc neigeux, tout en écoutant un Kiloug essoufflé terminer son bref récit. Le soleil finissait de disparaître à l’ouest, et le calme commençait peu à peu à s’installer dans le camp. Assis sur un trône composé de défenses d’éléphant enchevêtrées, le chef chaman du clan des hommes-taureau écoutait avec intérêt le rapport de son capitaine. Quand ce dernier eut terminé, Mugron lui lança une cuisse d’antilope en meuglant :

« -R’pran des Forces, Kiloug, t’en aurâs besoin. Que pense-tu de touh celâ ?

-J’pense, répondit le tauron, que Coren â eut âffaire â forte pârtie !

-Ces pitoyââbles hommes oseraient âttirer délibérément mon courrouh ? s’esclaffa le chef des minotaures. Fort bien ! Râssemblez lâ horde, nouh partons sur le champ ! Pliez vos bâgâges, et n’emmenez que pour quelques jours de nourriture. Nouh âllons les devancer et leur livrer une bâtâille qu’ils n’oublieront pâs de sitôt ! »

Aussitôt les guerriers et les guerrières se rassemblèrent, ramassant à la hâte leur équipement. Le bruit des clans se regroupant et marchant d’un pas lourd vers la place centrale résonna aux oreilles, tandis qu’une poussière s’élevait entre les tentes rustiques, soulevée par les sabots fébriles. La plpart déboulaient hors de leur foyer, suivis par leur famille, tandis que d’autres, entendant l’appel et les schofar résonner, descendaient des contreforts qui entouraient la cuvette. Une foule cornue couvrit bientôt tout l’espace au centre de la vallée. Mugron agrafa sa longue cape délavée sur ses larges épaules, balança sa hache démesurée dans l’étui rangé dans son dos et resserra à sa ceinture les cordages fermant les sachets d’herbe salvatrice dont il ne se séparait jamais. Ecartant ses deux bras musculeux, il harangua ses troupes :

« -Tous âvec moi, brâves ! C’est le dépârt de lâ châsse ! Cette campâgne nouh rapporterâ richesses, trésors et esclâves. Âlors sus auh hommes !

-Sus auh hommes ! Sus auh hommes ! » scanda la foule joyeuse. D’un geste patriarcal, le vieux chaman rappela le silence :

« -Trikk, tu resterâs ici âvec les tiens, â gârder le campement, histoire de pâs âvoir de mauvaises surprises â notre retour. Fruhâk, tuh prends deux fois deux mains âvec toi et vouh partez immédiâtement vers le sud, touh droit vers le midi, vuh ? Dès que vouh repérez les orques – un grondement menaçant sourd de sa gorge bavante – vouh revenez nouh prévenir.

-Oui chef châmân, mais comment vouh savez que ces lâches vont venir ?

-J’le sais, j’le sens, c’est touh, âlors vâ et perd pâs de temps ! »

Laissant son subordonné se choisir ceux qui l’accompagneraient, Mugron poursuivit :

« -L’est lâ nuit, maintenant. Si onh se presse, onh peuh ârriver au défilé âvant eux ! En route, peuple des Cornes Rouges ! »

Au rythme des des centaines de sabots d’airain martelant le sol et des voix gutturales scandant des chansons de massacre, l’immense troupeau quitta le camp, presque désert, où seule une poignée restait sous les ordres de Trikk Main-Dure. Celui-ci tourna en rond en frappant des ennemis imaginaires de sa massue, tout en pestant :

« -C’t’une honte, qu’onh doive rester ici alors q’euh pârtent en châsse ! »

C’était une punition, il le savait. Le chaman n’avait pas été satisfait de ses prouesses au cours du derneir conflit contre les peaux-vertes. Balayant le sol de ses moulinets énergiques, le tauron pestiférait :

« -Mort et Douleur, Croc et Sang, Vent et brise, pourquoi dois-je supporter celâ ? Qu’onh me laisse me bâttre et je montrerai si j’en suis digne ouh non !

-P’t’être bien qu’c’est tâ faute si onh est tous coincés ici » hasarda un des taurocéphales sous ses ordres. Trikk hocha de la tête et se dirigea d’un pas lent vers l’importun. Il avait besoin de passer sa colère sur quelqu’un, il venait de trouver sur qui…

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Mea culpa, je suis désolé de poster avec tant de retard

Je sais pas... On negorciera ca plus tard :P

Bonne lecture quand même.

Comme si c'était pas évident ! :clap:

tours de garde efficace, être prêt à seller les chevaux

efficaces ; être prêts

eu lk’impression qu’il s’y passait…un air étrange

Faute de frappe ^_^

hommes on vécu toute leur vie sans savoir qu’ils détenaient

ont

Et une peite faute sur la forme : tu différencies toujours pas tes paragraphes ! On passe du récit de Lamenoire aux taureaux limite sans retour à la ligne ^^

Pour le fond, c'est pas mal ! Tu entraînes les hommes ce qui va leur permettre de résister aux taureaux ^^ On a de jolies descriptions et le passage sur la magie est intéréssant ! Sinon, j'ai pas bien compris le passage sur l'organisation nocturne du camp. Mais je vais relire ca doit etre la fatigue !

Sinon ... Encore !

@+

-= Inxi =-

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Ok je corrige les fautes et je m'excuse. Merci Inxi pour ta vigilance :wink: Pour ce qui est de l'organisation, ben elle me parait pas trop compliquée ( après tout c'est juste des taureaux... ) Maintenant une (trop) petite suite pour tenir en haleine !

La nuit s’étant passée sans alerte, la troupe de pèlerins, reposés par une dizaine d’heures de sommeil, se remit en route dans le calme, remballant tentes et auvents. Les deux groupes s’étirèrent bientôt le long de la berge sablonneuse, séparés par un petit intervalle. Parcourant le haut des dunes sur leurs destriers, les volontaires observaient l’avancée de l’expédition.

Depuis la découverte de la veille, Lamenoire gardait les trois cavaliers sensibles aux vents avec lui, et il leur parlait magie. Avec un peu d’efforts, il parvenait à se rappeler les étapes par lesquelles il était passé, se remémorant les leçons d’Ytuzîr. Il leur décrivait les méthodes d’invocation d’élémentaux quand un de leurs camarades s’avança en remarquant :

« -Y’a quelque chose qui s’avance en aval du fleuve, là-bas. Qu’est-ce que cela peut-être ?

-Difficile à dire, nota Marsen, en plissant les yeux. C’est encore à bonne distance.

-Mais s’approche à vive allure, remarqua Wilsar. En tout cas, ce n’est pas un bateau.

-On dirait un filet de taches noires étendu sur l’eau… Non, c’est plus gros.

-Quoi qu’il en soit, dit Gandacier en descendant la butte, mieux vaut être sur ses gardes. Marsen, va prévenir Telic, mais dis-lui d’attendre avant de s’alarmer qu’on en sache un peu plus. Jilguaen, tu viens avec moi en reconnaissance. Les autres, poursuivez le guet, et souvenez-vous des signaux convenus, entendu ? »

Portés par leurs montures, les deux observateurs longèrent les pentes des petites crêtes, pour se porter au-devant du phénomène. Ce faisant, ils remontèrent la colonne des voyageurs, puis celle des lépreux. Ces derniers marchaient moins vite, affaiblis par leur maladie, et se cachaient sous de longs draps noirs rapiécés dont les capuchons recouvraient leurs têtes penchées. Plusieurs parmi eux portaient des cottes de maille sous leurs vêtements salis par le voyage, l’un d’entre eux en particulier, était coiffé d’un heaume de fer dont la visière était à moitié défoncée, et un fourreau vide pendait à sa ceinture. Lamenoire resta un moment intrigué, puis tout comme Jilguaen, il se déporta de manière à se maintenir à distance raisonnable de leur sinistre convoi.

Une fois à bonne distance, les deux hommes mirent pied à terre et attachèrent la bride de leurs chevaux à un vieil arbre desséché. Le rôdeur observa la rivière, sur laquelle on apercevait maintenant très distinctement un assez grand nombre d’embarcations remontant les flots, et quelques intonations résonnaient déjà aux oreilles des guetteurs. Lamenoire avisa une langue de sable immergée couverte de roseaux et de joncs, et fit signe à Jilguaen de l’y suivre. Bientôt ils s’enfoncèrent dans les tiges vertes, de l’eau jusqu’aux genoux, tout en prenant soin de ne pas effrayer les poules d’eau. Ils avançaient en silence, et le rôdeur employait tout son talent pour apaiser les oiseaux effarouchés. Après quelques instants de remue-ménage, le silence revint dans les joncs, et les deux hommes patientèrent.

Les échos d’un chant enjoué, mêlés à des cris, des jurons et des éclats de voix, parvenaient jusqu’à eux. Tout en retenant leur souffle, ils écartèrent avec précaution quelques tiges pour pouvoir observer les nouveaux venus. Il y avait une vingtaine de pirogues grossières, creusées dans des troncs d’arbres, et chacune portait une demi-douzaine de créatures. C’étaient des sortes de bipèdes courbés, flasques, à la peau luisante, d’un jaune vif criard égayé de taches d’un vert plus ou moins sombre. La plupart ramaient avec énergie, tout en chantant ou en se disputant. Sur l’une des barques rustiques, un des individus, plus grand que ses congénères et sans nul doute le chef, portait un bouclier recouvert d’un cuir tanné, et frappait de temps en temps ses subordonnés du manche de son trident –apparemment en or massif. La flottille passa devant les deux sentinelles sans même les remarquer, quand soudain un hennissement retentit, faisant s’arrêter aussitôt les rameurs. Brandissant son arme, le leader s’écria :

« Y’a des types par ici, c’est sûr ! Faut les trouver vite et pis les questionner ! »

Deux créatures surgirent de l’intérieur de la pirogue et plongèrent dans l’eau, laissant deux sillons derrière elle, leurs crêtes fendant la surface de l’eau en direction de l’appel du destrier. Comprenant qu’ils se retrouveraient bientôt en mauvaise posture s’ils ne faisaient rien, Lamenoire ordonna à Jilguaen :

« -On retourne aux chevaux, vite !

-Enfin, je me demandais quand on allait se mettre à courir…

-y’a des trucs dans ces roseaux ! s’écria le capitaine de la flottille. Attrapez-moi ça ! »

Plusieurs bipèdes sautèrent dans les flots, non sans s’être munis des petits tridents qui étaient couchés sous les rangs des rameurs. Nageant avec une rapidité incroyable, ils arrivèrent dans les hauts-fonds et frappèrent à l’aveuglette les buissons de joncs. Les deux choses qui nageaient en tête atteignirent le rivage et coururent de toute la vitesse de leurs pattes palmées dans la même direction, secouant leurs crêtes rouges pour en chasser la vase. C’étaient des sortes de crapauds géants aux membres plus musclés que leurs semblables et tout en bondissant, ils coassaient :

« -Foaa de chasseur Vogriss, on voaa les trouver !

-Montre-toaa, voaayageur, ou on voaa s’en choaarger ! »

Levant la tête, l’un des guerriers glapit :

« -J’les vois, y se sauvent par là ! »

Lamenoire ne prêtait plus attention aux hommes-crapauds car il venait de comprendre pourquoi Koralvan avait henni : une troupe de Glores entourait les deux montures, en activant leurs machoires. Deux des maraudeurs se frottaient le menton, ayant visiblement tâté des sabots du cheval elfique, mais les autres ne voulaient pas pour autant renoncer à un aussi bon dîner. Sans dire un mot, le rôdeur dégaîna son sabre et bondit sus aux pillards, tranchant net le bras du plus proche, puis lui sautant sur le dos, il lui coupa à moitié la gorge. Le guerrier massif s’effondra de tout son long sur le sol, et avant que ses compagnons de route aient pu esquisser le moindre geste, l’un d’entre eux tombait en avant, le pieu de Jilguaen fiché entre les omoplates. Le premier mouvement, l’envie de goûter à la chair de ces deux hommes, disparut bientôt quand ils virent toute la troupe d’écumeurs de rivière derrière eux. Sans aucune apparence d’ordre, les Glores refusèrent le combat et déguerpir sans demander leur reste.

« -Vite, s’écria Jilguaen en récupérant son bâton effilé, sauvons-nous ! »

Mais avant qu’ils aient pu sauter en selle, les deux traqueurs vogriss dansaient autour d’eux, la crête ondulante, parés à mordre au moindre geste des deux humains. Les autres hommes-crapauds arrivèrent ensuite, bousculés par leur leader qui cracha :

« Qu’éque vous faites ici, vous autres ?

-Eh bien nous sommes en voyage… commença lamenoire.

-Te moques pas de Vladandir, j’sais que t’es un espion des nains.

-Mais nous ne sommes pas des nains ! lui fit remarquer Jilguaen.

-C’est pareil ! Vous êtes venu les prévenir qu’on arrive !

-Dans ce cas, on ne serait pas ici, mais chez eux, dans leurs grottes, dit Lamenoire.

-Ah, tu vois qu’tu les connais.

-Tous les nains vivent dans des grottes, sous des montagnes. Mais vous, qui êtes vous ?

-J’suis Vladandir, et j’suis un bacrophage, répliqua le chef de la flottille en bombant son torse. Même que j’suis un Docile du Grand Chasseur Tarvrasove, qui m’a chargé d’partir en avant pour rel’ver la route et r’pérer les embûches. Et toi qui t’es ?

-Un des hommes de l’escorte d’une expédition humaine, qui ne vous concerne en rien.

-Tout c’qui se passe sur la rivière nous concerne, même qu’on la remonte, alors faudra voir à savoir c’que vous trafiquez sur nos eaux.

-On les longe juste pendant quelques jours, je vous assure.

-Cela c’est toi qui m’le dit. Bon, vous êtes mes prisonniers, et j’vous garde avec moi jusqu’à c’que le Grand Chasseur décide c’qu’on doit faire de vous. Pendant c’temps on va vous garder ici avec nous, et puis rôtir vos deux ch’vaux. C’la fait une éternité qu’j’n’ai pas mangé de ch’val. »

Modifié par Shas'o Benoît
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ben elle me parait pas trop compliquée ( après tout c'est juste des taureaux... )

C'est des humains que je parlais ^^ On a pas l'impression qu'ils dorment tous au même endroit, c'est pour ça ^_^

d’élémentals quand un de

élémentaux ?

l’un d’eux eu particulier, était coiffé d’un heau

hop hop hop :wink:

Fau les trouver vite et pis les

Commence c'est écris impec' autour, je me demande si tu as pas oublié le 't' de 'faut'

C’étaient des sortes de crapauds géants aux membres plus musclés que leurs semblables et tout en bondissant, ils coassaient :

Des murloks :wink:

Mais vous, qui êtes vous ?

Tiret ^_^

Hop, pas mal ce passage :D Essaye de soigner la transition entre le moment où ils tuent les pillards et où ils vont finir par être prisonniers ! J'ai eu un peu de mal ^^ Sinon, un nouveau peuple en perspective ( bien que je l'ai déjà vu ailleurs ) mais c'est donc pas mal si tu oublies pas de t'en servir apès :wink:

Je veux bien une suite ^_^

@+

-= Inxi =-

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  • 2 semaines après...

Oui une petite présentation d'un des nombreux peuples qui existent dans mon univers, sans compter les peuplades auxquelles il est fait allusion par moment...

Merci pour la lecture attentive, j'ai corrigé les fautes d'ortho et de frappe.

Pour ce qui est de m'en servir dans la suite, c'est l'histoire de Lamenoire, pas des hommes-crapauds. Mais bon, on en parlera encore un petit moment :D

Au fait, j'avais inventé les bacrophages bien avant de découvrir warcraft III mais en revanche il est vrai que les "hydrophages" et "hydroblastes" ( les crapauds géants qui accompagnent les bacrophages ) sont eux directement inspirés des Murloks. :rolleyes:

Hop, la suite :

Drugg s’avança, l’air menaçant, secouant sa tête avec colère. Son adversaire le regardait, les mains ouvertes, les crocs découverts. Soudain, le tauron chargea son opposant, en poussant un grand cri, para de sa massue le coup esquissé par l’importun, puis le frappa à l’épaule, transperçant son bras de ses cornes. Le rival lâcha son gourdin en gémissant, et s’effondra au sol. Se dégageant du vaincu, Drugg le souleva à bout de bras et le propulsa sur le tronc d’un sapin. Le corps frappa l’arbre avec un bruit d’os brisé, mais le minotaure géant ne s’en tint pas là, et revenant à la charge, il prit la tête du mourant et la cogna sur les pierres du sous-bois jusqu’à ce qu’un craquement sourd retentisse. Se relevant enfin, un air heureux sur son visage essoufflé, Drugg déclara :

« -Y’en â t-il encore un qui voudrait se bâttre âvec moa ? »

Hilagg, tout comme ses camarades, avait suivi le duel avec intérêt, se demandant lequel des deux combattants allait remporter le droit de dépouiller le corps sans vie de Coren. Aucun des membres du groupe d’éclaireurs ne broncha, tous baissèrent la tête avec respect. Satisfait, le chef de la bande s’accroupit alors du cadavre de Coren et lui retira ses anneaux d’or et sa ceinture, à laquelle pendait un splendide coutelas en acier, ciselé de pierres semi-précieuses. Il l’avait ramassé au cours d’un raid sur les tribus anguipèdes de l’est… Le fil était tranchant à souhait, le tauron opina avec satisfaction : c’était une arme parfaite à tout point de vue, y compris pour l’usage qu’il comptait en faire.

Maniant la dague avec expertise, il retourna le corps de Coren et planta la lame dans sa poitrine, puis y découpa une large plaie. Plongeant sa main libre dans le torse couvert de poussière et de sang, il en arracha le cœur, guère palpitant, mais encore gorgé de ce liquide rouge et chaud, quintessence de l’être. Le tauron en huma le fumet avec délice, puis le dévore en quelques bouchées, sous les regards envieux de ses camarades. Tout en se léchant les babines, il se tourna alors vers le duelliste qu’il venait de tuer. C’était lui aussi un grand guerrier, et il eut été dommage de l’abandonner aux charognards. Il s’apprêtait à abattre de nouveau son coutelas, quand un rai de lumière le frappa en plein visage. Ebloui par la clarté soudaine, il tomba en arrière, et ne put se relever, car Mugron avait posé son pied botté sur sa nuque. D’une voix monocorde, le chef chaman gronda :

« -Que fâbriques-tu, espèce de traître ?

-Ch’uis le chef de cette bande, et j’ai le droit de le faire, selon nos loas.

-Plus maintenant. On est en châsse, pâs de temps â perdre. Kiloug ! T’âs vraiment donné le commandement de mes éclaireurs à cet incâpâble ?

-c’est que… J’étais pressé, fâllait que je vouh prévienne vite, chef châmân, répondit le susnommé, en tripotant le manche de sa lance.

-Pâs d’excuse, c’est inutile. On â puh s’âpprocher d’eux âssez près pour les encercler, sans qu’ils ne nous repèrent. C’est â peine croyâble. Vouh deux, vouh âllez prendre lâ tête de lâ colonne. Et je veuh pâs entendre le moindre gémissement âvant qu’on soit ârrivés, c’est compris ? Âllez, en avant ! »

Jetant un regard noir à son subordonné, dont le museau dégouttait encore de sang, Kiloug se plaça à l’avant de la horde, et les hommes-taureaux s’ébranlèrent au pas de course, quittant bientôt le couvert du bois d’épineux pour se diriger vers le sud, sur la plaine desséchée par les vents.

Lamenoire secoua la tête et dit :

« -Cela n’a pas de sens de nous affronter ainsi. Laissez-nous repartir auprès des nôtres, je vous promets que…

-J’veux pas l’zsavoir, éructa le chef bacrophage en brandissant son trident. Vous zsallez rezster izci et vous taire, vu ?

-Nos compagnons sont nombreux… Et bien armés, hasarda Jilguaen.

-Exact. Si vous ne nous relâchez pas, ils viendront nous délivrer, et vous aurez deux guerres sur les bras. Que préférez-vous ? J’ai cru comprendre que vous désiriez guerroyer contre des nains. Alors évitez-vous des complications inutiles. »

L’homme crapaud parut réfléchir intensément, mais finalement claqua de la langue en rétorquant :

« -Zs’est pas à moi de dézcider quel zsera votre zsort. C’est le Grand chazseur qui jugera.

-Soit, tant pis, répondit Lamenoire. »

A cet instant, un tourbillon apparut au bout de sa main, et fonça droit sur le chef des hommes des marais, comme si un marteau impalpable fendait l’air pour le frapper au creux du ventre. Plié en deux par la douleur, il se mit à bafouiller des malédictions entrecoupées de gargouillis infâmes. Sabrant les bêtes qui tentaient de le maîtriser, le rôdeur parvint à se dégager de la foule, et sauta sur le dos de Koralvan, puis chargeant les créatures bondissantes, il en libéra Jilguaen qui enfourcha son propre cheval. Les deux amis partirent à fond de train, accompagnés par les flèches tirées malhabilement par leurs poursuivants. Les foulées des coursiers surpassaient largement en vitesse les bonds des hommes-crapauds, qui abandonnèrent rapidement la poursuite. Se retournant pour constater leur déconvenue, Gandacier remarqua :

« -Ils retournent à leurs pirogues. Il va falloir prévenir Telic. »

Remontant le cours du Fleuve Vert aussi vite que possible, les deux éclaireurs furent bientôt en vue de la colonne des voyageurs. Lamenoire joua aussitôt de son instrument de roseaux, pour prévenir les autres cavaliers. Winsar et Tirien vinrent à leur rencontre, et tous les quatre rejoignirent au grand galop la tête de l’expédition. Sautant à bas de son cheval elfique, le rôdeur salua de la main le chef des pèlerins en déclarant :

« -Des créatures viennent à grande vitesse, en aval. Ils nous auront rattrapés sous peu, et je crains que leurs intentions ne soient pas bienveillantes.

-Voilà une fâcheuse nouvelle. De quoi s’agit-il ?

-Des bacrophages, et d’autres bêtes des tourbières, précisa Jilguaen. Assez nombreux d’après ce que nous avons compris. Nous ne sommes tombés que sur l’avant-garde, mais le gros de leur armée ne doit pas être trop éloigné.

-C’est très contrariant… On ne pourra pas acheter la paix avec ces individus, nous n’avons presque rien. Avides comme ils sont, ils seraient capable de nous massacrer pour s’approprier nos travois…

-Il va falloir s’organiser, dit Gandacier en secouant sa cape pleine de vase. Hum, s’ils pagaient vite, ils peuvent nous avoir rejoints avant midi. Il faut que d’ici là nous ayons pris nos dispositions.

-Quelles seront-elles ?

-Il faut les décourager, leur montrer qu’ils n’ont pas intérêt à s’en prendre à nous. D’abord, nous allons grimper en haut de ces collines qui longent la berge. Sur une position en hauteur, nous pourrons mieux nous défendre. Que chacun se tienne prêt dès la moindre alerte. Les volontaires vont continuer leur guet, dès qu’ils apercevront les embarcations ennemies, il faudra stopper la marche et organiser une ligne de front imprenable. Placer les chariots en ligne, face, à la rive, et se poster derrière.

-Et les ladres ?

-Ils pourront nous être d’un grand secours. Peut-être ces maraudeurs hésiteront-ils à s’en prendre à une caravane frappée par ce mal. Voilà : ils devront se placer en contre-bas de notre propre ligne de front, pour former une seconde enceinte de charrette et de barricades. Les bacrophages verront avant-tout une troupe malade, et se garderont bien de charger, je pense.

-Excellente idée, approuva Telic, ils feront même office de bouclier le cas échéant.

-Je n’ai pas dit cela, rétorqua Lamenoire, l’air grave. Si l’affrontement a lieu, ils ne seront pas en mesure de se défendre, après toutes les privations du voyage, ajoutées à leur faiblesse maladive. Ce sera à nous de nous porter au-devant d’eux, et de faire notre possible pour nous défendre. Ce sera la seule solution digne de ce nom. »

Tous les auditeurs acceptèrent ce plan, mais aucun ne se résigna à en parler au chef des lépreux. Le rôdeur fut donc prié de servir lui-même de porte-parole, puisque c’était une idée de son cru. Lamenoire se plia à ces demandes, mais s’arrêta néanmoins à bonne distance de la troupe de lépreux, et héla les pèlerins les plus proches :

« -Olah, je vous prie, pourriez-vous aller quérir votre chef de groupe ? J’ai une affaire à discuter avec lui, qui ne saurait tarder. »

Les hommes hochèrent de la tête, et firent passer le message. Une grande figure s’avança alors, enroulée dans ses draps abîmés, et pourtant encore teintés par endroit de pourpre. Le rôdeur le reconnut aussitôt : son visage était en partie caché par son casque brisé, et son baudrier vide pendait sur son épaule. C’était bien celui qu’il avait remarqué le matin-même, dans cette foule miséreuse.

Croisant des bras couverts de bandelettes sur sa poitrine plastronnée, le curieux personnage lança :

« -Je suis le sire de Keloney, étranger, que me veux-tu ?

-Simplement vous annoncer qu’une armée d’hommes-crapauds remonte les flots du Fleuve Vert, et seront sur nous avant midi. Il faut prendre des dispositions.

-Pas nécessairement, répliqua l’autre. J’ai déjà eu affaire à ces créatures. La promesse de récompenses peut suffire à apaiser leur perpétuelle soif de reconnaissance. Ils ne deviennent belliqueux que si quelqu’un les a insulté, ou s’est aventuré sur leur domaine sans y être prié.

-Ce qui pose problème, car ils semblent avoir un compte à régler avec un krak nain établi plus au sud, et en outre, ils considèrent toutes ces eaux comme leur bien. Le simple fait que nous les longions leur a paru intolérable. J’ai moi-même failli être prisonnier par l’avant-garde de leur flotte.

-Oui, dans ces conditions évidemment… Il va donc falloir prendre des mesures.

-J’y ai penser, c’est pour vous en faire part que je suis venu. »

Lamenoire exposa alors les quelques suggestions qu’il avait eues, et le seigneur lépreux parut les approuver. Il s’inclina et déclara que lui et ses semblables se tiendraient parés à faire ce que l’on attendait d’eux, ajoutant même :

« -Si cela peut nous rendre un peu moins détestable aux yeux de nos camarades, alors nous accomplirons volontiers notre tâche. »

Il y avait une lueur d’amertume et de tristesse dans ses yeux, mêlée à une profonde détermination. Gandacier s’inclina et fit tourner bride à Koralvan, rejoignant Jilguaen et Marsen qui l’attendaient, en haut des pentes de la colline.

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Ben c'est pas mal !

Le truc que j'ai bien aimé sur ce chapitre, c'est la fin ! Parce qu'on s'occupe un peu des lepreux, juste assez pour nous faire ressentir un peu de tristesse et de pitié !

Pour la forme, toujours aussi bien écrit, ca devient plus en plus fluide au fur et a mesure de la lecture car on assimile rapidement ton monde. Sinon, evite les termes trop compliqués comme bacrophages

Allez suite !

@+

-= Inxi, revient d'un mariage <_< =-

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Merci inxi, je suis bien content de savoir que je progresse, aprce que sans critique, comment savoir??

Pour les termes compliqués, bien je pense qu'il sont importants, surtout que bon bacrophage c'est juste un nom synonyme d'homme-crapaud ( dans mon langage en tout cas :shifty: ). Tous ces termes sont les nomsd es races, et avec les descriptions, on comprend peu à peu ce qu'il y a sous ces noms barbares -_-

Allez hop une suite certes courte mais bon j'ai fait ce que j'ai pu...

La flotte des hommes-crapauds remontait le courant de la large rivière, à la force des rames poussées par des centaines de pattes palmées. Précédé de quelques coudées par les premières pirogues de reconnaissance, le gros de l’armée recouvrait les flots comme un drap de bois et de vase. Les barques et autres voiliers grossiers aux mâts rafistolés traînaient d’épaisses chevelures d’algues emmêlées, depuis leur proue sculptée jusqu’à la poupe. Les coques couvertes de lichens géants, de coquillages et de plantes lacustres semblaient glisser sur un lit de boue et d’herbe, sous les coups de fouet des contremaîtres.

Les innombrables bacrophages s’activaient dans le plus grand bruit, les uns ramant en courbant l’échine, les autres arpentant le pont en quête d’armes ou courant après des hydroblastes et autres bestioles échappées de leurs cages. Au-dessus de cette cohue indescriptible de cris, de gestes et de couleurs, les sergents brandissaient leurs fourches à trois dents, maintenant un semblant d’ordre dans les équipages.

Venaient ensuite de plus grands bâtiments, capable sans nul doute d’aller affronter le grand large : des galères à haut bastingage, à deux ou trois rangées de rames. Sur celles-là, le gros des soldats se massait, non plus des marins de rivière, mais des pillards accomplis, passant leur temps à se disputer leurs colifichets ou à tourmenter les forçats. Ceux-ci étaient des prises de guerre, épargnés pour fournir de la main d’œuvre corvéable à merci. Hommes-lièvres, gnolls, quelques kobolds et plusieurs humains ramassés sur la côte. Vêtus de haillons, le dos zébré des coups cinglant des fouets de cuir, à bout de force, ils ne survivaient que grâce au brouet infâme qu’on leur servait le soir, tout juste de quoi tenir, et à l’eau blafarde qu’on leur accordait avec dédain. Dans un univers étouffant, humide, putride, dans ces cales grinçantes et boueuses, livrés aux caprices de leurs maîtres baveux, les galériens connaissaient une des pires vies qui soit.

Dans les cabines de chaque galère, entouré de ses fidèles aide-traqueurs, le capitaine préparait des plans rudimentaires sur des cartes grossières qu’il salissait de ses doigts boursouflés. Vêtu d’habits complètement trempés volés au cours de campagnes lointaines, armé d’un trident en or pur pour l’apparat et d’une hache ou d’une épée ramassée sur le champ de bataille pour les combats, il vérifiait chaque jour son ascendant sur ses subordonnés en faisant preuve chaque jour d’une arrogance et d’une cruauté consommées.

C’est à l’arrière du plus imposant vaisseau, une quadrirème à la voile d’un blanc cassé, que siégeait Tarvrasove, dans toute sa suintante majesté, entouré de ses plus fidèles Dociles. Assis sur son trône de chêne, drapé dans ses oripeaux rapiécés, ensemble des dépouilles de ses anciens rivaux cousues bout à bout pour former une ample tunique lisse autant que solide, il observait les rives défiler sous ses yeux globuleux. Des bracelets d’or décoraient ses bras et ses jambes torses, des bagues, saphirs et rubis brillaient à ses doigts humides et glacials ; un collier lourd, où s’enfonçaient des diamants lumineux, décorait les épaules, soutenant sa gorge flasque et coassante ; il tenait à la main un sceptre d’une incroyable beauté, dont les bords aiguisés reluisait sous les feux des pierres précieuses, et qui reflétait la magnificence de sa tiare imposante. Levant son bras gauche avec mollesse, il fit signe à l’un de ses esclaves personnels d’approcher. Lui prenant des mains un calice de cristal, il s’humecta les lèvres de la mixture avant d’hocher de sa tête énorme et de l’avaler d’un coup. Après un coassement approbateur, il chassa le serf d’une détente brusque du pied, puis déclara :

« -Croaas-tu que nous arriverons bientôt là où tu as rencontré ces proaas ?

-Oui, Grand chasseur, opina Vladandir avec énergie, on y seroaa sous peu, c’est certain.

-Faudroaa faire attention : je ne veux poaas que ma horde perde des forces avant que les combats contre les nains ne soaa commencés. En tout cas, poaa sans savoaar si cela en vaut la peine. Maintenant, un chant pour encourager ces larves et nos chasseurs. »

L’un des Dociles acquiesça et porta une sorte de long bambou creux à sa bouche. Un son guttural et profond résonna sur le Fleuve Vert, répercuté sur les voilages. Au son de nombreux tambours de peau de lézard, agrémenté par les claquements injonctifs des fouets, galériens, marins et maraudeurs chantèrent à pleine voix :

« Le Soleil se lève sur le marais

Projetant ses feux en tous sens,

Réveillant les douces fragrances

Des fleurs d’eau aux pétales colorées,

Tandis qu’autour des bleus rivages,

Là où s’envole le cendré,

Le haut sur pattes, l’échassier,

Le jour vient sur les marécages.

La Lune se lève sur le marais

Fidèle alliée pour le chasseur,

Dont elle chasse la frayeur

Et mêle l’argent aux nœuds de ses rets,

Pour piéger le poisson rapide,

Et refléter la peau humide,

Le manteau d’écailles glacées,

Les feux follets des Trépassées.

Les étoiles brillent sur le marais,

Tapis de mille et un saphirs,

Des guides qui ont sans mentir

Toujours montré les longues routes du vrai

Aux braves voyageurs nautiques,

Aux marins des vertes rivières

Courant leur destin, forts et fiers,

Sur la fraîche écume magique.

La Nuit se propage sur le marais,

Le vent souffle dans les voilages,

Féroce comme un ours en cage,

Hurlant les contes chantés par l’orfraie ;

Récits d’un passé révolu

Sous les sombres ombres nocturnes,

Et les exploits du grand Saturne,

Et de guerres que nul ne voulu…

Et lui, il se lève sur le marais,

Le seul et vrai, le Grand Chasseur,

Notre maître et notre seigneur

Plein de grandeur, d’innombrables attraits,

Chantons tous notre obéissance,

Pour cet astre resplendissant,

Plus blanc que Lune et plus puissant

Que Soleil - Firmament en danse !"

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Pour les termes compliqués, bien je pense qu'il sont importants, surtout que bon bacrophage c'est juste un nom synonyme d'homme-crapaud

Ouais mais le connaissaient ils à l'époque ? Comme moi un jour j'avais dit hématophage et on m'avait fait la remarque ^^

C'est tout ce que j'ai à faire remarquer :shifty: Sinon, vivement la suite ^_^ Les vaisseaux ressemblent pas mal à des vaisseaux humains en fait ! La chason est encore bien trouvée ! Ca fait une de plus à ton repertoire :P Tu devrais bien te débrouiller en poésie ^_^

Bon allez la suite -_-

@+

-= Inxi =-

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Ouais mais le connaissaient ils à l'époque ?

Bah pourquoi pas ? Un mot grec n'est pas forcément un terme scientifique, et après tout, le narrateur est postérieur à l'histoire elle-même, d'au moins un siècle...

Les vaisseaux, certes, ressemblent à ceux des hommes, mais les bacrophages sont d'incorrigibles pillards, y compris pour se fournir en embarcations, qu'ils aménagent ensuite à leur convenance... Pour ce qui est de la poésie, j'espère en effet avoir quelques compétences, mais je les reserve à mon univers ^_^ même si j'en ai posté quelques unes dans la section récit.

Allez, une suite un peu plus longue :

Aux environs de midi, l’expédition des hommes-crapauds accosta à quelques centaines de mètres des pèlerins humains rassemblés sur les crêtes des dunes. Le Grand Chasseur, informé des dispositions prises par les voyageurs, ordonna à tous ses soldats capables de manier la fronde de se préparer à faire feu. Puis il fit débarquer la totalité de ses troupes sur la rive est, afin de disposer de tous ses moyens en cas de bataille.

Tandis que les bacrophages se jetaient à l’eau ou bien se laissaient glisser le long des filins spongieux, les équipages lâchèrent les ancres et firent rentrer les rames, tout en distribuant aux esclaves leur ration quotidienne. En quelques minutes, le paysage se para d’un spectacle effarant de cris et de coups, comme l’eau et la terre se recouvraient d’une foule bariolée, coassant ordres et gémissements.

Les hydroblastes et hydrophages, petits quadrupèdes sautillants et dégoulinants, pullulaient déjà sur les rochers, se répandaient depuis les écoutilles des navires et se rassemblaient entre les pierres, dans les hauts-fonds, avalant à peu près tout ce qui tombait dans leurs pattes palmées. Ce fourmillement de bleu et de vert dans la vase semblait donner vie aux flots, mêlant à l’écume une sueur olivâtre.

Nautoniers et pillards se rassemblèrent sur les rivages en petits groupes, chacun menés par un Docile, et se mettaient en quête de nourriture. Les plus doués préparaient de petits feux et entretenaient les foyers naissants avec des brindilles et de la tourbe, tandis que les autres attrapaient tout ce qu’ils pouvaient : les uns couraient après les bestioles pataugeant dans les roseaux, d’autres péchaient les poissons venus de l’amont du fleuve, d’autres encore tentaient d’abattre les rares volatiles nichant près des berges, canards et autres oiseaux effrayés par ces intrus bipèdes. Pour d’autres, les esclaves apportaient des chaudrons grossiers dans lesquels reposait une mixture pâteuse à l’aspect peu ragoûtant, mais dont leurs maîtres semblaient se délecter. Tout en enfournant aussi vite que possible leurs victuailles dans leurs gosiers, les maraudeurs gardaient un œil vigilant tourné sur les humains…

Escorté par ses féodaux, Tarvrasove descendit du vaisseau-amiral, protégé du soleil par un dais porté par quatre serviteurs. On lui apporta à grande peine son trône, et après avoir regardé, satisfait, ses gens s’installer, il prit place et coassa :

« -Pressez-vous, esclaves, et amenez-moa promptement ma pitance. Le Grand Chasseur a faim ! »

Les domestiques obéirent en s’inclinant, puis sous les coups de fouet des esclavagistes, apportèrent une énorme vasque de terre cuite, dans laquelle on servit en toute hâte une bouillie fumante. Ce n’était pas le même plat, bien sûr, et les mets raffinés de Tarvrasove n’avaient rien à voir avec ceux de ses guerriers : un mélange d’algues fines, de diverses racines et lentilles d’eau broyées, plusieurs écrevisses démembrées et bouillies, le tout arrosé d’une bouteille de bière de vase de premier choix. Ses seconds, en grande solennité, eurent chacun le droit de prendre une poignée de ce plat raffiné, selon un ordre hiérarchique bien établi que nul n’aurait osé contester devant le Grand Chasseur. Ils s’assirent ensuite en tailleur autour de leur maître et dévorèrent leurs propres repas, tout en discutant avec leur suzerain de la conduite à tenir :

« -Que doa t-on faire, ô Grand Chasseur ? S’enquit un des Dociles tout en avalant de pleines bouchées de son écuelle. Est-zse q’on va les combattre, zses hommes ?

-On verra bien ce qu’ils en pensent eux-mêmes, renifla Tarvrasove. Tout dépend de leur comportement, et de leurs ressources.

-Ils m’ont inzsulté, déclara Vladandir, ils m’ont fauzzsé compagnie, il faut leur faire payer !

-Pas question de les affronter à ton seul profit, décréta le Grand Chasseur. C’est moa seul qui déciderai ce que l’on fera.

-Dites, Grand Chasseur, il nous rezste encore plusieurs jours avant d’arriver aux dernières eaux navigables, et encore autant avant d’atteindre les montagnes. On pourrait faire une pause izsi et profiter de zse que zses humains zsont là pour…

-On n’a pas de temps à perdre, je tuerai le thain du Karak Satir de mes propres mains ! » éructa Tarvrasove, et de sourds grognements résonnèrent depuis sa gorge ventrue.

Lamenoire observait le campement précaire des hommes-crapauds depuis le sommet des collines, à une petite distance de la troupe. Tous les voyageurs s’étaient installés en rangs selon ses conseils, et les chariots, travois, paquetages s’alignaient sur la crête, comme un rempart de pavois. Les quelques hommes portant des armes dignes de ce nom, et en état de se battre, se tenaient derrière la barricade et veillaient ; les lépreux, postés à mi-pentes, avaient eux-mêmes édifié une autre ligne de défense. La plupart d’entre eux portait qui une épée, qui une lance, et le rôdeur s’en étonna. Posté au milieu de ses semblables, le sire de Keloney s’était coiffé de son heaume défoncé, et tout en discutant avec ses compagnons, il taillait la pointe d’une longue perche avec une épée, dont le fer était brisé à mi-hauteur. Ils avaient tous, lépreux comme bien-portants, prit leur repas dès que les guetteurs avaient vu l’armada des bacrophages remonter les méandres du Fleuve Vert.

Un certain temps s’écoula avant que la situation n’évolue. Il fallut attendre que Tarvrasove ait fini ses agapes pour que l’armée des hommes-crapauds se réveille, comme tirée d’une torpeur passagère. Houspillés par leurs chefs de patrouille, les pillards se rassemblèrent en groupes hétéroclites, mêlant frondeurs, lanciers, marins, se rassemblant derrière leur chef incontesté. Le Grand Chasseur, comme totu ses semblables, était le plus gros spécimen de sa tribu, d’une forte corpulence, et cependant doué d’une agilité et d’une vitesse remarquables. C’est à une cadence effrénée qu’il mena les bandes bacrophages jusqu’au pied des collines, à quelques foulées seulement de la ligne des lépreux. Repérant sans peine les taches révélatrices sur leur peau, et le mal qui ravageait leurs chairs, il recula de quelques pas avant de talocher le domestique à sa droite qui bafouilla aussitôt des excuses avant de s’écrier :

« -Le Grand Chasseur Tarvrasove, seigneur des Côtes et des Rivières, maître des lacs et des étangs, désire parler au chef des humains qui se sont aventurés sur son territoire ! »

Tout en envoyant promener le malheureux d’une détente de ses pattes musclées, le suzerain des bacrophages appuya sa demande d’un coassement guttural, aussi vibrant que menaçant. Une discussion animée s’engagea dans les rangs des pèlerins, après quoi trois hommes s’avancèrent, dont l’un portait un sabre noir à la ceinture. Vladandir le reconnut aussitôt et grogna :

« -Zs’est lui, l’humain qui nous ezspionnait zse matin !

-Tiens ta langue, dit Tarvrasove en foudroyant le Docile du regard. Mais si tel est le cas, nous refusons de parlementer avec lui.

-Soit, soupira Telic. Marsen et Lamenoire, reculez de dix pas. Faites-moi confiance, je sais comment m’y prendre.

-Vous y prendre avec quoa ? se méfia le grand Chasseur, en agitant son sceptre. Essayez pas de m’avoar. Vous êtes sur mes terres et mes eaux. Quel prix allez-vous payer pour cela ?

-Messire, répondit Telic, loin de moi l’idée de vous offenser, mais nous ne vous cherchons pas noise. Nous sommes en pèlerinage, voyez-vous, et…

-Cela m’importe peu. Présentez vos objets de valeur.

-Nous n’en avons, hélas, pas un seul à vous offrir, sans quoi nous vous les aurions donné sans discuter, pour traverser votre grand territoire, ô glorieux Grand Chasseur.

-Mensonges ! Je ne peux pas croare que toute une bande d’humains n’a pas quelque objet précieux en sa possession.

-Jamais je n’oserais vous mentir, répondit Telic. On m’a toujours dit que les Grand Chasseur sont des êtres surnaturels, capables de déceler la vérité dans chaque parole ; dès lors, comment espérer vous tromper ? La raison de notre dénuement, c’est que nous avons eu affaire à bien des pillards depuis notre départ. Dont certains ne seraient pas de cette espèce avare, cupide, hypocrite que l’on nomme les nains.

-Quoa ? s’esclaffa le chef des bacrophages. Des humains dépouillés par les longues barbes ? Par ma foa, j’aurai dû penser que ces creuseurs de mines faisaient aussi du tort à quiconque croise leur route.

-A n’en point douter ; toujours est-il que nous ne souhaitons pas croiser leur route, et que nous nous dirigeons vers le sanctuaire de Zor-Glassil, où j’ai quelques amis.

-Coaaarh, je connais ce nom, humain. Mon père y a soigné son bras démis. Ainsi vous êtes ennemis des nains, hum ? J’ai moa-même un différend avec ceux au sud.

-Précisément, ce sont eux qui…

-N’en rajoutez pas, voayageur. Je vous laisse passer sur mes terres. Je vais de ce pas vous signer un laisser-passer.

-Grand merci, ô illustre Tarvrasove.

-Ce n’est rien, humain. Ola ! que l’on m’apporte plume et rouleau ! »

Ses serviteurs lui remirent une plume d’oie, un flacon d’encre d’algue et quelques papyrus conservés dans des cylindres de bois, de ce fait conservés de l’humidité. De sa patte lourde, le suzerain des crapauds rédigea quelques lignes :

« Moi Grand Chasseur Tarvrasove, seigneur des Côtes et des Rivières, maître des lacs et des étangs, fils de Mulcasorvre le Gaucher, déclare donner au porteur de la présente ma protection et mon appui. Mort aux félons qui lui feront nuisances. »

Suivant sa signature malhabile, tracée à la hâte, dont le gribouillage incohérent était sensé représenter l’emblème de la tribu. Remettant les autres feuillets dans leur étui protecteur, il tendit la missive à Telic en prononçant sur un ton solennel la phrase protocolaire :

« -Prends et n’aie plus crainte, tu vas sous ma loi ! »

Le chef de l’expédition humaine s’inclina et prit la lettre avec révérence, puis s’en retourna rejoindre les siens. Dès qu’ils furent assez loin, le responsable du convoi souffla à Marsen et Gandacier :

« -Vous voyez, il faut savoir les prendre, ces bêtes. L’affaire est dans le sac, comme on dit. »

Les soldats crapauds refluèrent vers les rives du fleuve en désordre, retournant vaquer à leurs occupations. Cependant Vladandir n’était pas satisfait, et il bondissait autour de son suzerain :

« -Pourquoa vous les laizzsez aller, ô Grand Chazzseur, zses misérables gueux ?

-Tu l’as dit, ce ne sont que de pouilleux mendiants. Aller à leur rencontre n’apporterai que plaies et maladies. Pourquoa alors leur faire du tort ? Ils ne représentent pas une menace. Allons tuer du nain, puis nous nous occuperons des ces humains à notre retour, s’ils sont toujours là. Annoncez aux équipages que nous repartirons en fin d’après-midi, le temps de refaire un peu nos provisions. »

La colonne des hommes-taureaux courait sous le soleil, soulevant de lourds nuages de poussière brûlante. Derrière eux, la longue traînée poudreuse retombait doucement sur le sol crevassé, desséché, terre et pierre mêlées. Kiloug soufflait avec peine, laissant retomber à un rythme inlassable ses lourds sabots sur les rochers, ses mains moites crispées sur le manche de sa lance. A ses côtés, Drugg, qui n’avait pas l’endurance d’un tauron dans la force de l’âge, sentait la fatigue le gagner ; mais il savait que Mugron les observait à quelques pas derrière eux, avec ses acolytes, et que le moindre signe de ralentissement serait synonyme de mort par piétinement. La gorge en feux, saturée de poussière, il gardait la cadence coûte que coûte.

Derrière le groupe de tête, composé des taurons, les hommes-taureaux et bêtes à corne suivaient avec peine, tandis que les bucéphales et autres minotaures peinaient à l’arrière. Peu à peu, le clan s’étirait sur la plaine silencieuse, grillée par les feux de midi. Mugron comprit que son clan ne tiendriat plus très longtemps à cette allure, aussi leva t-il le bras et ordonna :

« -On mârche au pâs maintenant, et en silence. Pâs d’ârret âvant ce soir. Vous sâvez tous que faire une pause dans ce désert reviendrait â mourir étouffé par la châleur. Âlors, pâs de répit avant que les ombres ne s’âllongent sur les rocs noircis. »

Poussant un soupire de soulagement, Drugg et kiloug ralentirent progressivement leur vitesse, et peu à peu le troupeau ralentit, passant du trot au pas cadencé. Petit à petit, le bruit des sabots martelant le sol brûlant entretint une marche saccadée, que les taurons accompagnèrent de fredonnements et de grognements intempestifs, encouragements et menaces tout à la fois, qui composaient une sorte de chant sans paroles bientôt repris par toute la troupe, sous les vols sinistres des vautours géants.

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Franchement, rien à dire dans ce chapitre ! Tu nous as écrit un truc captivant ^_^ Mon but, c'est d'écrire comme toi :D Le moment du débarquement et tout et trop bien rédigé ! Bravo !!!!

A par contre, je trouve brusque la retraire des crapeaux ! En fait, tu fais tout comme s'ils allaient se battre et en fait il n'en n'est rien ! Sinon, je sens que les taureaux vont se battre avec les crapeaux :D

Allez, vivement la suite :D

@+

-= Inxi =-

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Ah, content d'avoir atteint à peu près tous mes objectifs ce coup-ci :D Même si ce n'est sûrement pas parfait pour autant. Oui, c'est vrai que c'est un peu rapide, le départ. Mais il va se rallonger, comme tu vas le voir. Enfin, bonne lecture.

PS : ne compte pas sur moi pour gâcher le suspens, aucune information ne filtrera ! :P

De longues heures d’attente se passèrent ainsi à observer les allées et venues des pillards du fleuve, jusqu’à ce que les marins rembarquent, que les crapauds plongent dans les flots et que les ancres se lèvent, alors les voiles grandes ouvertes aux vents de l’ouest tirèrent les lourdes coques des navires vers l’amont, traînant dans leur sillage les draps de vase pendant de leurs proues. Les rames s’activaient à une cadence rapide, tant et si bien que les derniers mâts ne furent bientôt plus que des traits indistincts dans le lointain.

Un vent de soulagement souffla sur le campement des hommes, qui félicitèrent leur chef Telic pour sa prestation. Cependant de l’avis commun des commandants de groupe et de Lamenoire, les rondes se poursuivirent et le guet fut maintenu. On redescendit les pentes pour longer à nouveau le cours du Fleuve Vert, jusqu’à ce que la nuit tombe. Sur la berge sablonneuse, quelques hydroblastes et autres amphibiens, oubliés par leurs maîtres, pataugeaient dans les hauts-fonds, absorbant dans leurs grands gosiers tout ce qui baignait autour d’eux. Gandacier sentit un frisson de dégoût le prendre, tandis qu’il chevauchait à deux pas de la rive. Marsen, à deux pas de lui, hocha de la tête :

« -Oui, ces créatures sont assez écoeurantes. Bouffies, toujours affamées, elles se nourrissent de boue, d’alevins, de tout les détritus charriés par le cours : branchages, cadavres d’animaux, et ainsi de suite. Les charognards des rivières, en quelque sorte. Et vous n’avez encore rien vu. Quand la nuit, tombe, le spectacle est insurmontable.

-Bien vrai, opina Jilguaen, et en plus, ces bestioles sont absolument immangeables… Sauf pour un bacrophage, bien sûr.

-Apparement, elles sont là pour un moment, remarqua Lamenoire.

-Il en va toujours ainsi, approuva Marsen. Là où les hommes-crapauds sont passés, on trouve toujours quantités de batraciens délaissés, qui dévastent les berges.

-Il faudra faire avec » conclut le rôdeur, tout en flattant l’encolure de son cheval.

La caravane, qui s’était dès son départ scindée à nouveau en deux groupes, atteignit les abris d’une petite colline escarpée dans la soirée. L’air commençait à franchir, les bourrasques de la plaine du couchant se réveillaient, battant les rares arbres dénudés, rabougris par le temps d’ordinaire sec et rude.

Les voyageurs s’arrêtèrent donc pour la nuit, plantant là tentes et bagages, dans l’ombre des grands rochers noirs couronnés par quelques mottes d’herbe rase. Au sommet de l’élévation, quelques gyps se rassemblaient, claquant du bec, battant des ailes. Tarefin porta sa flûte de pan à ses lèvres et joua quelques notes, puis fredonna :

« Noir comme la nuit,

Tel est mon cimier

Coiffé par la pluie,

Sous les grands Glaciers.

Gris comme la brume

Voici mon pelage,

Et mes douces plumes

Et mon bec sauvage.

Blanc comme la glace

Mon œil acéré,

Se teinte d’audace

A vue de sang frais.

Dorées comme l’or

Mes serres seront

Tant que serait fort

Et vrai Hobgriffon ! »

« -Bigre, ce poème n’est guère engageant, commenta Lamenoire. Pourquoi donc le chanter ?

-Ce sont ces oiseaux de mauvais augure, qui me l’ont inspiré, expliqua le troubadour. C’est une vieille comptine de mon pays, à propose des griffons et du roi des Aires dans le Sud, et tout ce qui s’y rapporte. C’est une tradition vivace par chez nous que de s’en rappeler avec nostalgie. En fait, la légende dit que nos premiers ancêtres descendent des Sires de Travural, qui furent sauvés par la gent ailée, de l’extermination lors de la Prime Bataille.

-Cela remonte à des millénaires, remarqua Lamenoire. Quand je pense à mes Landes qui n’ont pu guère vivre que quelques siècles…

-La grandeur des nations ne réside pas en leur passé mais en leur présent, dit le ménestrel. Pour ma part, je préférerai mille fois être un vikingar qu’un ouestain de Frivarlie.

-Vous savez, le destin des Landes n’est guère enviable, répondit amèrement le rôdeur. Quand aux vikingars des Ports, on les appelle plus souvent pirates que corsaires.

-Puisse le monde tourner mieux qu’il ne va. »

Le rôdeur salua alors le musicien, puis alla retirer sa selle et son harnachement à Koralvan, puis trouver une place dans l’assemblée.

Les foyers rassasiés par le combustible trouvé sur place – plusieurs souches d’arbre, un peu de tourbe – projetèrent leurs flammes rougeoyantes sur les escarpements, tandis que l’ombre s’accroissait. La plupart des voyageurs se regroupèrent à bonne distance de la grande rivière, sous les rebords crochus des blocs de pierre basaltique. L’air devenait plus humide, et de lourds nuages remontaient du sud, s’étirant avec une lenteur extrême sur le dais bleu marine du firmament naissant.

Les pélerins aviaent installé au-dessus des flammes plusieurs chaudrons dans lesquels ils avaient jeté pêle-mêle des herbes comestibles, diverses racines et des morceaux de viande d’iguane qu’ils avaient conservé. Cette sorte de potage fut servie dans des bols en terre cuite ou en bois, et chacun mangea dans le calme, discutant des derniers événements avec ses voisins. C’est à ce moment que les vautours géants prirent leur envol. Battant de leurs larges ailes cendrées, tels des draps dépecés, poussant des cris rauques vibrant dans le ciel humide, ils passèrent au-dessus du campement, à quelques mètres seulement des hommes. Ils se laissaient tomber du promontoire, puis planant sur les larges rives, ils rasaient la surface des eaux. A chaque passage, un couinement inhumain retentissait, accompagné d’un hurlement de triomphe. Les rapaces revenaient alors, tenant dans leurs serres aiguisées un crapaud géant éventré, les pattes molles pendant dans le ciel.

Jilguaen montra les bords du fleuve et dit :

« -Cela pullule de ces créatures. Elles se reproduisent à une allure effroyable. Le concert ne va pas tarder.

-En tout cas, les gyps ne mourront pas de faim aujourd’hui. Mieux vaut pour nous que ces charognards préfèrent la chair des amphibiens… »

Soudain de violents éclats de voix et trois coups de flûte retentirent au bord de l’eau. Laissant là son repas frugal, Lamenoire se hâta de voir de quoi il retournait. Wilsar et Tirien, qui étaient de quart, se débattaient dans les roseaux. Le premier avait la jambe prise dans la gorge noueuse d’un des batraciens, tandis que le deuxième essayait de repousser une nuée de crapaurochs affamés. Le rôdeur sentit monter en lui l’horreur, un sentiment d’écoeurement indescriptible. Dégainant son sabre, il s’avança dans les flots en criant :

« -Wilsar, Tirien, revenez au bord de l’eau ! Pourquoi êtes-vous allés si loin !

-C’est ces bestioles, hurla Wilsar, elles nous ont attirés. Cela me brûle, aaah ! »

Déjà des dizaines de paires d’yeux globuleux apparaissaient à la surface de l’onde, encerclant le rôceur. Au moindre pas en avant, il était condamné. Sur la berge, plusieurs de leurs compagnons de voyage s’approchaient, mais Gandacier ordonna :

« -Ne vous avancez pas, vous seriez pris vous aussi ! »

Les langues sifflaient autour de lui, comme autant de serpents. Il était pris au piège.

Modifié par Shas'o Benoît
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Mieux vqut pour nous que ces charognards préfèrent la chair des amphibiens… »

hop hop hop, la petite faute :D

Et pourquoi tu veux pas lacher d'infos? :P C'est parce que je suis dans le vrai :P:D J'en suis sur :-x Bon sinon je voulais dire que c'est bien mais qu'on perd un peu la trame de l'histoire! Parce que moi, j'ai qu'une envie c'est qu'il aille lui défo** la gu** à ce gros méchant ^_^

Allez encore :D

@+

-= Inxi =-

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  • 3 semaines après...

Aaah je ne dirais rien... Bon je suis en retard je m'excuse et je poste la suite. Bonen lecture !

Jilguaen comprit aussitôt dans quelle situation désespérée ils se trouvaient. Mettant ses mains en porte-voix, il cria :

« -Ne bougez plus, ou ils attaqueront ! Attention à leur dos, la sueur ! »

Lamenoire, sans vraiment comprendre, surveillait les innombrables créatures aux yeux blancs rivés sur lui, gonflant leurs joues flasques, irrités par l’irruption de trois bipèdes dans leurs eaux. L’espace d’une seconde, les batraciens semblèrent hésiter à attaquer. Mais malgré toute sa volonté, Wilsar ne put bien rester longtemps immobile, alors que l’un des hydrophages suçait cruellement son pied… Les innombrables dents s’enfonçaient dans la peau, tandis que la bave irritante se répandait et brûlait avec atrocité, d’un feu si violent que même la fraîcheur des flots ne pouvait apaiser. N’y tenant plus, il saisit à deux mains son agresseur et serra de toutes ses forces, essayant d’ignorer la salive qui coulait maintenant aussi sur ses doigts… Rapidement ettouffé, suffoquant, le crapaud s’enfonça dans l’onde eu gargouillant, lachant du même coup le pied de l’homme.

Ce fut comme un signal pour les autres amphibiens. Détendant d’un coup leurs longues pattes par des bonds sporadiques, les créatures se jetèrent sans rémission sur les trois intrus. Le rôdeur sabra les deux premiers crapauds, la bave et les sucs gastriques giclèrent et éclaboussèrent ses bras, tandis que les cadavres coulaient, piétinés par les suivants. Les rangs serrés et culbutés sautaient déjà sur le dos des hommes en frappant des pattes, en mordant de leurs minuscules dents, s’accrochant de toutes leurs forces aux habits de leurs proies. Tournant sur lui même, Lamenoire se précipita en direction de ses deux camarades qui luttaient dos à dos, plusieurs grappes de bestioles fixées à leurs bras et jambes. Il s’effondra soudain dans l’eau putride, écrasé par une dizaine d’amphibiens qui venaient de se jeter sur son dos. Tourbillonnant dans les flots déjà souillés par les cadavres éventrés et piétinés, le rôdeur lutta de son mieux, essayant de donner des coups sur les bêtes qui se cramponnaient à ses épaules. Refaisant surface en hurlant, crachant vase et sable, il tenta de se calmer, canalisant soudain toutes ses pensées en un seul but : utiliser les vents de magie pour enflammer son épée. Tandis que le sabre allait et venait, tranchant gorges et pattes, la lame se couvrit peu à peu d’un reflet rouge, qui n’était pas du sang, puisque celui des crapauds était vert. Le fer darda bientôt des flammèches léchant son tranchant, qui brûlèrent bientôt dans le crépuscule. Les bêtes effrayées s’écartèrent alors, inquiétées par cette lumière déchirant leurs pupilles. Lamenoire en profita pour prendre place aux côtés de Tirien et Wilsar. Ce-dernier boitait lamentablement, traînant sa jambe gauche invalide, autour de laquelle une flaque rouge se diluait dans l’eau souillée. Tous trois étaient couverts d’un mucus épais, reste des agresseurs qu’ils avaient tués et dont les sécrétions s’étaient déversées sur eux. L’odeur d’œuf pourri et de mort était à la limite du supportable, et malgré toute sa volonté, déjà épuisé par le premier affrontement, Gandacier sentit sa tête tourner. Ses yeux tombèrent alors sur les hydroblastes les plus proches, gesticulant au milieu des cadavres flottant, boursoufflés, de leurs semblables. Chacune de ces créatures dégageait de son dos une épaisse sueur, suintant jusque dans la rivière. C’était de cette mixture immonde qu’ils étaient badigeonnés.

Le répit fut de courte durée. Les crapaurochs surmontèrent bientôt leur peur du feu, et se relancèrent à l’assaut, bientôt suivis par les autres. La vague de batraciens monta sur les compagnons, en refermant son cercle de plus en plus vite. Frappant du sabre ou de leurs bâtons, ils parvinrent à mettre hors de combat les cinq premières bestioles, mais les suivantes passaient outre les morts pour refermer leurs machoires pendants sur tout ce qui passait à leur portée. Lamenoire ne pouvait même plus frapper, les crapauds se catapultaient et atterrissaient d’eux-mêmes sur le fer de son arme, refermant leur gosier sur le sabre avant d’expirer. La masse de grenouilles géantes et autres créatures fut bientôt telle que les trois hommes disparurent sous un rideau de formes spongieuses et grognantes, mordant, sifflant, crachant, bavant, comme une vague de bêtes molles qui s’abattit sans leur laisser la moindre chance. Croulant sous le nombre, ils tombèrent à la renverse, littéralement recouverts d’amphibiens. Lamenoire se démenait, au fond de la vase, plusieurs pattes lui enserrant le cou, des machoires plaquées sur ses bras, ses jambes, sa main gauche enfermée dans la gueule d’un crapauroch tandis que sa droite, refermée sur la garde du sabre, ne pouvait plus bouger, entraînée par la masse de cadavres fichés à la pointe de l’arme. Plaqué dans la boue, couvert d’êtres à la peau humide et glacée, baignant dans un flot glauque, imbibé d’une bile pâteuse, il sentit ses poumons protester, réclamer de l’air, lui intimer de respirer, d’ouvrir la bouche… Les levres serrées, les yeux clos, il sentit sa poigne se refermer, tandis que ses agresseurs ne bougaient pas d’un muscle, immobiles, attendant sa mort. Son esprit commença à chavirer, vaincu par le manque d’oxygène. Dans les vapeurs de l’inconscience, il crut encore entendre une explosion dans le lointain… Rassemblant ses dernières forces, il esquissa un mouvement. Une voix étouffée retentit, criant :

« -Il est là, je le vois ! Tiens bon, Lamenoire ! »

Deux mains plongèrent dans l’onde verdâtre et le tirèrent de l’eau, encore recouvert de crapauds sifflant pour protester : on leur retirait leur proie ! Deux hommes sortirent leurs couteaux et tailladèrent sans pitié les batraciens qui lachèrent prise, poignardés, transpercés. Soutenu aux épaules, présentant de vilaines taches bleues et vertes, la tête prête à éclater, Lamenoire se secoua la tête. Ils étaient quatre, deux qui repêchaient Wilsar et Tirien, tandis que Jilguaen et Marsen, dont le premier tenait une corde solide, surveillaient les crapauds qui reffluaient. Le rôdeur se retint de se frotter les yeux –ses poings étaient encore recouverts de fluide acide- et tituba dans leur direction :

« -Mer-ci les gars… Mais comment… ?

-Simple, répondit Jilguaen en s’expliquant : nous avons utilisé nos talents de sorcellerie. »

Tout autour d’eux, de petites flammèches persistaient à la surface de la rivière, étincelles fumantes. Plusieurs dizaines de crpaurochs gisaient entre deux eaux, la panse cramoisie, à moitié brûlés. Le rôdeur opina du chef avec respect :

« -Une boule de feu ?

-Ouais, mais j’aurai pas pensé que cela serait si efficace. Mais on avait pas le choix.

-Si la volonté est suffisante, les flammes peuvent être grandes… Bon, il faut pas traîner.

-Pour sûr, dit Marsen. On voit à leurs yeux globuleux qu’ils vont bientôt réattaquer. »

Tirien et Wilsar, guère en meilleur état que Gandacier, se réveillaient de leur torpeur, et tous les sept se rassemblèrent autour de Jilguaen qui montra la corde :

« -Vite, accrochez-vous tous ! Ola, de la berge, ramenez-nous ! »

Tirant de toutes leurs forces, plusieurs solides gaillards hâlèrent peu à peu leurs cinq camarades. Des dizaines de crapauds s’accrochaient à leurs vêtements, attrapaient leurs pieds ou bien se fixaient sur le cordage pour l’alourdir et l’inonder d’une bave poisseuse. Mais les hommes tinrent fermes, et en quelques minutes d’efforts épuisants, parvinrent à s’arracher à l’étreinte des créatures. Posant enfin le pied sur le sol rocheux des berges, ils se retournèrent ausitôt por repousser les crapaurochs qui avaient l’audace de les suivre. Dépités, les batraciens reffluèrent en désordre dans les flots, en jetant des regards furieux à leurs anciennes proies. Lamenoire poussa un soupir de soulagement, et se dirigea d’un pas incertain vers le campement, en compagnie de ses amis. Là, ils se jetèrent tous autour du feu, glacés jusqu’aux os. Tout comme Wilsar et Tirien, il était recouvert d’un fluide pénétrant,d’un vert translucide, aussi gluant que nauséabond. Des picotements désagréables recouvraient tout son corps, et la tête commençait à lui tourner à nouveau, contre-coup des émotions, et peut-être, qui sait, effets secondaires de la bave des créatures. Tirien restait affalé auprès du foyer, en essayant de surmonter les démangeaisons qui le dévoraient.

Mais Wilsar était dans un bien triste état :son pied gauche avait enflé à un tel point qu’il avait dû retirer sa chausse. De vilaines cloques purulentes apparaissaient au milieu de taches d’un jaune verdâtre, et des dizaines de petites écorchures imbibées de salive irritante le martyrisaient. Serrant les dents pour ne pas crier, il restait étendu sur le sol. Même ses mains étaient blessées, plusieurs fois mordues par les hydrophages, et l’acide rentrait dans les plaies. Surmontant sa propre souffrance, le rôdeur se tourna vers lui, et voyant son visage blême, essaya d’alléger la douleur de son compagnon. Malheureusement, depuis qu’il avait quitté Raturn, il n’avait plus sur lui la moindre herbe médicinale. Essayant de se souvenir de quelques incantations salvatrices, il demanda qu’on lui apporte de l’eau fraiche. On lui donna quelques outres de cuir, dont il versa le liquide pur sur la jambe endolorie. Mais la glu brûlante ne partait pas, aussi décida t-il de faire des cataplasmes de boue. Prenant de la terre, il en appliqua sur tout le membre blessé, ordonnant à Wilsar de ne plus bouger la jambe avant le lendemain. Quelques pèlerins lui proposèrent diverses lotions qu’ils avaient emportées, et Gandacier les remercia : sélectionnant ceux dont il connaissait le nom et les effets, il prépara une sorte de breuvage amer, tout en invoquant la guérison. Pour les mains, évidemment, pas question d’emplâtres, on se contenta donc de les bander avec des lanières de draps déchirés et imbibés de la mixture.

Le calme revenait peu à peu sur le campement, quand un murmure sourd gronda dans l’air, comme des milliers de coups frappés sur l’eau clapotante. Le rôdeur se retourna, inquiet, observant le rivage. Jilguaen, qui n’était recouvert que de quelques éclaboussures maculant ses habits, vint s’asseoir à côté de Lamenoire et dit :

« -Cette fois, c’est la bonne ! Vous allez assister à un concert mémorable. »

Avant qu’il n’ait pu ajouter un mot, un son terrifiant résonna, à mesure que les crapauds chantaient ; toutes les créatures, petites ou grosses, se lançaient dans des aubades frénétiques, coassant à qui mieux mieux, brassant de l’air dans leurs larges bouches à une vitesse incroyable. Le vacarme fracassant fit même ébranler les rochers du promontoire, et les gyps épouvantés s’envolèrent en criaillant, pour chercher une aire plus calme. Le concert assourdissait les voyageurs, et dura des heures, jusqu’à ce que la nuit fut tout à fait installée, et que la moindre étoile brille enfin dans le firmament. Alors les époumonements baissèrent jusqu’à devenir un murmure inaudible. Pendant tout ce phénomène, les hommes s’étaient abrités de leur mieux, derrière les pans de rocs, à se boucher les oreilles. Ils purent enfin se reposer, et se laisser aller au sommeil. Cependant les cinq malchanceux qui avaient été souillés par les hydroblastes se tinrent à l’écart de leurs confrères, car leur odeur était insoutenable. Adossés à la muraille de basalte, ils sombraient dans la somnolence, quand Lamenoire secoua la tête, incrédule :

« -Ce boucan, c’était inhumain ! C’est comme ça tous les soirs avec ces bestioles ?

-Je n’en sais trop rien, répondit Jilguaen en haussant des épaules. J’avais déjà assisté à ce… spectacle. Dans mon village, on dit que souvent, les créatures des marais se rassemblent pour saluer la montée des astres, comme les loups le font aussi.

-Ouais, bien j’espère qu’on trouvera bientôt de l’eau propre, grogna Marsen. Que l’on puisse faire partir toute cette crasse. »

Sur ce, ils se turent, et leurs yeux harassés se reposèrent.

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Bon c'est bien ( sauf le retard :ermm: ) Alors un truc qui est à la fois un défaut et une qualité, ce sont tes répétitions de 'bourssouflé' 'bavant' ce genre de chose. En fait, tu as super bien décrit mais a la fin du passage avec l'affrontement, j'ai ces mots qui cligontaient dans ma tête tellement j'avais l'impression de les avoir lu. Peut etre regarder le dosage ^_^

Ben pour le reste, comme je viens de le dire, la scene est bien faite. Et ca me ferait peur moi une armée de crapeau qui me saute dessus :crying: Bref, ils s'en sortent plutot bien <_< Il la lance quand meme facilemetn sa boule de feu l'autre :crying:

Encore !

@+

-= Inxi =-

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