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la revanche des HL


Invité Mr Petch

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Invité Mr Petch

[roulement de tambour] Attention, mesdames et messieurs, voici en exclusivité pour le Warhammer forum, le nouveau récit HL, par votre serviteur !

J'annonce que ce récit fait suite à mes deux précédentes créations dans le monde des lézards : Les aventures de Tuanahok et La malédiction de Paxtala.

Il peut évidemment se lire séparement, mais je vous invite à vous pencher sur les deux autres textes, pour saisir certaines allusions. ^_^

Voici donc l'introduction du mon prochain récit :

Le destin d'Oyanotec

Le vieux Tuanahok se mourrait entre les murs froids du temple de Tlazcotl. A ses côtés, le visage soucieux du prêtre Paltepoc, dont les traits tirés indiquait une crainte évidente. Crainte face à la mort, qui emporte à jamais les êtres aimés. Le mage veillait son aîné depuis plusieurs cycles de lune. Exactement depuis qu’un incident étrange l’avait entraîné sur le sentier de la mort. Mais Paltepoc se refusait à se remémorer ces faits malheureux, si pénibles pour lui. Il ne pouvait que constater l’état de son maître et ami de toujours. Ses deux yeux globuleux, d’habitude brillant d’une sensationnelle étincelle de gaieté étaient réduits à deux misérables fentes horizontales ; sa crête d’ordinaire pointée fièrement vers le ciel palissait et fondait comme neige au soleil. Et par-dessus tout, ses marques dorsales, signes du pouvoir des Anciens frémissaient faiblement, comme un dernier battement de cœur qui faisait vibrer ce corps froid et inerte. Paltepoc savait très bien que ces oscillations régulières étaient l’œuvre des Anciens, qui appelaient doucement à eux leur fils, leur élu, le savant Tuanahok aux milles talents et aux connaissances infinies. Il savait aussi que, sans cette marque qui le faisait survivre, il serait mort depuis longtemps, car le poison qui circule dans ses veines aurait été fatal à n’importe quel autre lézard de la cité. Mais même si Tuanahok bénéficiait de la protection divine, il ne pouvait rien contre l’imminence du destin et de la nature. Paltepoc le regarda une nouvelle fois, sa glotte bleutée bougeait lentement… très lentement.

Le mage se rassura un peu en se disant que Tuanahok aurait vu de ses yeux l’achèvement de la grande cité de Petchx, la « nouvelle Tlaxtepok ». C’est lui qui aura commandé aux manœuvres pour construire le vaste temple de Tepok, le dieu tutélaire de la cité. Déjà, à cette époque, Paltepoc avait senti la fatigue gagner le sage. Il répétait sans cesse qu’il ressentait un mauvais présage, qu’il fallait se méfier. Et il n’avait pas eu tort car…

Non ! Paltepoc refusa cette idée, courba son dos sur le corps pâle de son ami et serra entre ses mains les doigts roides de Tuanahok. Ces doigts qui avaient accompli tant de choses extraordinaires, tels qu’il serait impossible de tous les narrer. Paltepoc avait bien débuté une chronique de la quête de Tuanahok, il y a peu, en se basant sur les souvenirs de son ami, tous ceux qu’ils avaient pu rassembler pendant sa convalescence. Plus tard, on connaîtra ce que fut la vie du sage Tuanahok. Mais pour le moment, il s’agissait plutôt de sa mort, à laquelle le prêtre assistait, impuissant.

Il entendit dehors, alors que Chotec était sur le point de se coucher, Paltepoc entendit caqueter un ibis, habitant imprévu des mares de vie. Il avait élu domicile dans ce bassin de frai, celui qui avait vu naître Tuanahok, il y a des milliers de cycles de lune de cela. Paltepoc sourit un peu en voyant la tête rouge et le bec fin de l’oiseau se pencher à la fenêtre et regarder la scène qui se jouait à la lueur pâle d’une bougie. Deux yeux noirs et curieux scrutaient l’intérieur du temple. L’oiseau resta immobile un petit moment, puis, dans un cri strident, s’envola dans l’horizon qui se teintait déjà des lumières rosâtres du crépuscule. Sa silhouette se fondit dans les marbrures du ciel.

Paltepoc observa longuement cet envol majestueux, vers ailleurs. Peut-être vers Oyanotec et Garmok… Non, il ne devait pas y penser. Paltepoc se retourna vivement.

Lorsqu’il revint veiller Tuanahok, il aperçut que la gorge de celui-ci ne remuait plus. La phosphorescence de son dos avait disparu. Il n’était plus qu’une épave échoué sur la plage. Plus aucune vie ne transpirait de ces membres lourds et raidis. Paltepoc lui ferma les yeux et pria Tlazcotl de l’accueillir à ses côtés. Aujourd’hui était un jour de deuil pour toute la cité.

Les prêtres de Tlazcotl arrivèrent pour transporter le corps du skink. Ils l’embaumèrent selon les rites, à l’aide de fines bandelettes de soie, peintes de signes destinés à l’accueillir dans l’au-delà. Ils prirent soin de ce cadavre et en extraient le mal, par des soins et des prières que eux seuls connaissaient. Paltepoc eut l’immense honneur d’assister à toute cette cérémonie, d’ordinaire cachée. Mais le Vénérable Slann Zlox-Quex, connaissant l’admiration du prêtre pour le savant, avait permis cet entorse au règlement.

Après l’embaumement, on vit sortir du temple de Tlazcotl un obscur cortège. Les prêtres d’Huanchi, gardien du secret divin, s’était joint à ceux de Tlazcotl, et leur silhouette noire donnait à la colonne une allure sinistre. Mais telle était la tradition. On enterrait les héros de Tlaxtepok de la même façon depuis toujours. La momie de Tuanahok était posée, assise en tailleur dans une position méditative, sur un palanquin doré. Cela aussi avait été dispensé par Zlox-Quex, qui admirait du haut de son esprit contemplatif, la sagesse du skink. Car d’habitude, seul les Slanns ont droit au palanquin d’or. Ainsi, la procession avança dans la cité au rythme des tambours et des gongs funèbres.

Paltepoc lui, marchait entre les deux confréries de prêtres. Il repensait à tout ce qu’il avait vécu avec son ami, tout ce que la savant lui avait enseigné sur la vie et la survie. Il ne faisait aucun doute que Tuanahok, l’élu des Anciens, méritait une telle cérémonie. Il sera sans doute considéré par les Anciens comme l’égal des plus grands Slanns. Paltepoc n’en doutait pas.

Pour tromper se tristesse, il regarda la foule qui se massait tout autour de la procession. Il y avait là toute la population de Petchx.

En passant près des baraquements skinks, il vit nombre de ses amis. Il y avait Klaxtenq, un jeune et fougueux kapac qui énervait souvent le vieux sage par ses actions irréfléchies et ses décisions maladroites. Mais il y avait aussi d’autres skinks, des plus jeunes et des plus vieux. Il reconnut même le millénaire Huatl, ce skink âgé d’une nombre incalculable d’années, qui avait vu naître et grandir Tuanahok et qui l’avait élevé lorsqu’il pouvait encore s’occuper des mares de vie. Il était à présent une sorte de squelette sur pattes, ne marchant que par l’appui du nouveau responsable des mares, Pitzitl. Lui aussi devait être au comble de l’émotion, car son amour pour Tuanahok avait été celui qui lie un parent à son enfant. Paltepoc s’attarda un peu sur cette figure muette, assise sur un rocher au bord de la route, puis la cortège tourna vers les huttes saurus et kroxigor.

Ils longèrent les habitations de paille des guerriers de la cité. Là encore, tous étaient réunis pour saluer la mémoire de Tuanahok. Paltepoc en eut les larmes aux yeux. Même les kroxigors, au caractère fruste et simple, semblait éprouver une intense émotion. Il baissait la tête en posant leur masse à leurs pieds, ce qui, chez ceux de cette race, est un signe de grand deuil et de tristesse. Il fallait bien dire que Tuanahok avait beaucoup fait pour les kroxigors, ordonnant aux ouvriers et architectes skinks de leur construire de véritables huttes. Peut-être y avait-il dans ces regards si vides d’émotions, un ersatz de reconnaissance.

La colonne passa encore près des temples divers, des pyramides imposantes, des bâtiments de pierre. La cité entière était endeuillée, tout était calme comme si les Anciens en personne respectait cet instant d’émotion. Enfin, ils arrivèrent au portail de Tlaztlan, là où les âmes s’en vont vers les étoiles. Les disciples de Tlazcotl déposèrent la dépouille du skink dans un tombeau. Dans le même qui contenait Korai, son fidèle ami kroxigor et Kitla, une jeune amazone, une humaine, que Tuanahok semblait aimer tendrement. Ils avaient été tous les trois de grands aventuriers durant l’apogée de la cité, alors que Tuanahok était encore un jeune skink vaillant et courageux.

Alors qu’on déposait le corps, l’ombre de Kai paru au-dessus des nuages. La matriarche téradon, dont l’immortalité n’était plus une légende, veillait aussi sur son ami et compagnon de route. Elle avait pourtant disparue de la cité depuis quelques temps, sans doute pour faire elle aussi à sa manière, le deuil de son ami. Etait-ce un rêve lorsque Paltepoc crut voir la silhouette d’un skink sur son dos ?

On avait demandé à Paltepoc de faire un discours, mais celui-ci avait refusé. Cette tâche était revenu au prêtre skink Tzenchi, un des grands administrateurs de la cité. Mais Paltepoc n’écoutât pas son discours. Il repensait à ces sombres événements qui avaient secoué la cité, cet incident qui avait tué le pauvre Tuanahok….

C’était Klaxtenq qui avait découvert le corps inanimé de Tuanahok, dans son baraquement. Il avait tout de suite appelé les médecins de la cité pour qu’ils examinent le corps. Il avait ensuite accouru chez Paltepoc pour le prévenir. Lorsque les deux skinks arrivèrent près du savant, les guérisseurs de la cité tentaient de le sauver. Ils expliquèrent brièvement que Tuanahok avait été victime d’un dard empoisonné qu’ils tentaient d’extraire de son corps. Seulement ils craignaient que celui-ci ne contienne un poison, et l’état alarmant des vaisseaux sanguins du skink tendaient à prouver cette malheureuse probabilité. Paltepoc et Klaxtenq étaient restés impuissants, à attendre, jurant de retrouver celui qui avait tiré sur leur ami. Sans doute une chose-rat en maraude, avaient-ils alors pensé. Bien qu’ils pensaient tous les avoir exterminés, ils étaient possible que cette vermine ce soit encore introduit dans la cité.

Mais l’analyse du dard donna de bien sordide conclusion. Il s’agissait d’un dard tel que l’utilise les skinks caméléons, creusé dans une dent de salamandres. Les rats ne seraient jamais parvenu à un tel ouvrage de finesse. Seulement le seul skink caméléon de la cité était Oyanotec. Un autre grand ami de Tuanahok et de Paltepoc, qui leur avait même sauvé la vie à maintes reprises. Cela paraissait si improbable…Les skinks ne se tuent pas entre eux, même si les caméléons représentent une espèce de skink à part, cela paraissait incroyable, complètement absurde.

Mais devant cette preuve irréfutable qu’était le dard empoisonné, il n’y avait rien à faire. Et selon la justice des skinks, un membre de la cité qui désobéit aux règles et entrave le dessein des Anciens doit partir en exil. Ce fut dit autrement, pour atténuer la chose et laisser une part de doute. On annonça que Oyanotec allait devoir partir pour rechercher le vrai coupable et prouver son innocence. Mais tous savaient la véritable portée de ces paroles. Le caméléon s’inclina. Il partit. Toutefois, il demanda d’être accompagné par Garmok, un saurus avec qui il était très proche, un grand ami à lui, donc. Un matin, ils disparurent dans les profondeurs de la jungle et depuis, on ne les avait pas revu. Paltepoc se demanda tout de même où ils pouvaient être en ce moment, et surtout quel chemin ils avaient parcouru depuis leur départ.

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Invité Mr Petch

Voilà donc le début des aventures d'Oyanotec (et de Garmok!). Bonne lecture à tous.

Chapitre 1 : Les exilés de Tlaxtepok

« - J’ai faim Oyanotec.

Un imposant saurus évacua d’un geste le moucheron imprudent qui s’était posé sur son museau. Il cassa quelques rameaux et jeunes bourgeons au passage, avant de répéter ses paroles de la même voix vide et grave comme le tonnerre :

- J’ai faim Oyanotec.

Le skink caméléon se retourna aussitôt, sans un bruit. Ses deux yeux télescopiques fixèrent le regard éteint de son compagnon saurus avec une grave intensité. Ils tournèrent dans leurs orbites, se levant vers le ciel. Enfin, le caméléon aux écailles vert émeraude se détourna et continua sa marche silencieuse en lançant simplement :

- Les baies ne te suffisent pas, Garmok ?

- Non… On pourrait pas chasser ?

Cette fois, Oyanotec bondit sur un rocher en face de son ami et s’y assit avec une épatante dextérité. Garmok, en revanche, se posa lourdement sur le sol, brisant des feuillages tombés à terre. Les deux lézards se regardèrent, et le saurus reprit :

- On pourrait chasser des bêtes, ça ferait de la viande !

Le caméléon hésita puis répondit d’une voix lasse :

- C’est vrai que tu es carnivore, Garmok, mais tu ne peux pas faire des efforts ? J’ai un stock de fruit pour durer plus d’un cycle de lune !

- Non, je veux de la viande.

Oyanotec ne répondit rien mais n’en pensa pas moins. Il se demanda l’espace d’un instant pourquoi il avait tant insisté pour se faire accompagner par ce lourdaud de saurus. Ce dernier continua :

- Allez, Oyanotec, comme au bon vieux temps, quand on était amis !

C’était sans doute pour ça qu’il l’avait emmené avec lui pour cet exil forcé… Parce qu’ils étaient amis. Il y eu un temps léger et bref durant lequel le caméléon fit marcher sa pensée si vive et alerte. Oui, il se souvenait de leur séances de chasse… Ils attrapaient des tamanoirs, ou des perroquets parfois même, qui faisaient d’excellents repas. Il se souvint que son ami n’aimait pas attendre le gibier, et qu’il faisait un boucan de tous les diables chaque fois qu’il voulait bouger un bras. Il regarda à nouveau la face écailleuse de Garmok, le brave saurus… Dire qu’il était considéré par ses congénères comme le plus intelligent de la bande. Mais c’était vrai qu’entre les écailles bleutées de son crâne et sa crête tirant sur le mauve, il y avait peut-être un certain esprit, certes frustes, mais si attachant. C’est ce que se dit Oyanotec en l’espace d’une seconde et, tortillant élégamment ses membres fins et souples, il finit par dire :

- C’est vrai que nous nous amusions bien…

- Alors ? fit le saurus, souriant de toutes ses dents pointues et sales.

- Bon… Je m’avoue vaincu, c’est vrai que nous n’allons pas manger des fruits tous les jours. »

Oyanotec produisit une cabriole qui le fit atterrir sur la branche basse d’un arbre. Puis, se tournant vers Garmok, lui lança :

- Alors Garmok, que veux-tu pour ton dîner ? Tapir ou gibbon ?

- Tapir ! Y a plus de viande ! »

Et l’improbable couple s’engagea dans la jungle sombre.

Une femelle tapir marchait placidement, dodelinant son corps lourd, vers le seul point d’eau accessible de cette partie de la jungle. Une petite mare naturelle d’eau de pluie, formée dans le creux des racines de palétuviers parfaitement potable et saine, pleine à ras bord grâce à la pluie qui était tombé durant toute cette journée. Maintenant que le soleil déclinait à l’horizon, le moment était propice au paisible herbivore pour aller s’abreuver tranquillement.

Le gros animal posait une de ses énormes pattes après l’autre, son pelage noire et blanc luisant à la lumière de la lune de reflets nacrés. Sa trompe flasque s’approcha de la vasque naturelle et il se mit à boire. La nuit était froide et silencieuse, les feuilles des arbres bruissaient légèrement sous un vent sec et humide, vestige d’une journée pluvieuse. Il est vrai que, durant cette période, les précipitations se faisaient de plus en plus importantes, et la femelle tapir avait du changer d’habitat car son terrier, près du fleuve, avait été entièrement inondé par la crue. Les eaux montaient à une vitesse et le courant était dangereux. Elle avait même perdue deux de ses petits dans l’inondation, emportés par le flux de la rivière. Mais cette nuit, elle avait soif et rien ne pouvait perturber sa soif.

Soudain, elle s’arrêta un instant, restant immobile dans la semi-obscurité. L’abreuvoir se trouvait juste sous un rai de lumière et elle préféra s’en écarter. Il lui semblait avoir entendu des bruits dangereux, et son instinct lui indiquait qu’un prédateur était dans les parages. Elle continua de reculer jusqu’à être dans le noir, à l’ombre des vastes feuillages du palétuvier. Cette fois, elle en était persuadée, il y avait un ennemi, là, derrière ce buisson. Alors, sans réfléchir, son esprit animal lui intima de fuir. Elle bondit sur ses pattes noires.

Elle entendit derrière elle un hurlement atroce. C’était un lézard, un de ces gros lézards, de dangereux prédateurs. Puis il y eut comme le bruit d'u’ objet qui s'effondre au sol, mais déjà elle n’écoutait plus les bruits environnants et se concentrait à courir dans le noir. Elle n’entendit pas un sifflement aigu arriver vers elle et filer juste au-dessus de sa tête. Et, finalement, le gros animal disparu dans un buisson épais.

« - Garmok, je crains que tu ais encore tout fait rater.

La voix d’Oyanotec était sèche et monocorde, rien à voir avec les gutturalités dissonantes du saurus qui répondit :

- C’est pas de ma faute ! J’ai trébuché sur une racine !

Il se hissa sur sa patte avant pour se relever, mais glissa à nouveau sur une racine humide. Il parvint finalement avec peine à soulever son gros corps et s’assit pour entendre les reproches lasses de son ami.

- Elle a dû repérer ra présence longtemps à l’avance, tu as du faire encore un bruit de tous les diables et elle a réagit trop tôt. Du coup, je n’étais pas prêt quand elle est passée devant moi… Enfin bon, assez parlé, ce sera baies et mangue pour ce soir, assez d’émotions dans la journée. Regagnons notre campement. »

Il faisait à présent bien noir lorsqu’ils arrivèrent au campement qu’ils avaient conçu au bord de la rivière. Ils avaient décidés de s’établir là, car la chaleur était moins étouffante et le terrain plus lumineux. Et puis la rivière, au coucher, offrait d’agréables ondes moirées qu’Oyanotec aimait regarder pour méditer. Le sort s’acharnait sans doute contre eux, car les crues de la rivière les avaient obligés à déplacer trois fois de suite le campement, composé de deux huttes de branchages et de feuilles de palmes liés entre elles par de solides lianes telles qu’on en trouve un peu partout dans la jungle. La décrue se produisait la nuit, ce qui formait devant eux un grand parterre de roches et d’algues amphibies, comme le seuil éphémère de leur maison. Ils s’y trouvaient depuis quatre cycles de lune, qu’Oyanotec comptait grâce à un étrange instrument en bois qui intriguait Garmok. D’ailleurs, pendant que, la nuit, le saurus profitait de la fraîcheur pour s’assoupir et se reposer, le caméléon, lui, comme si le mot repos n’avait pas de sens pour lui, s’asseyait sur un gros rocher et contemplait la lune, encagoulé dans un manteau de plumes bariolées. Il semblait parfois au saurus que son ami parlait alors dans une langue inconnue, et cela, il le faisait depuis toujours. Au moins depuis que le saurus le connaissait. Sans doute Garmok n’était-il pas assez sage pour se poser des questions sur cette étrange affaire de meurtre, mais il ne faisait aucun doute que c’était à ça que pensait alors le skink. Sa silhouette fine se dessinait dans le ciel, des contours flous et indiscernables. Il se fondait dans le décor, la nuit ne faisait plus qu’un avec le mystérieux caméléon.

Lorsque le matin arriva, Oyanotec était encore assis sur son rocher, mais ses yeux étaient fermés. Il les ouvrit brusquement et sauta sur le sol. Il atterrit dans l’eau, éclaboussant tout autour de lui. La pluie avait repris de plus belle et frappait par petits coups sur son visage écailleux. Le manteau de plumes, étanche, le protégeait un peu, même si en réalité, Oyanotec adorait l’eau. mais il s’était toujours méfié de la pluie, qui tombe du ciel. Il pensait que si les Anciens la faisait tomber, c’est qu’elle n’était pas bonne. Mais ce n’était là que des duels d’écoles, les caméléons étaient toujours réputés pour cette faculté à comprendre les choses différemment, sous un côté plus nuancé que l’imposait le dessein des Anciens. Il se souvint d’ailleurs des longs échanges verbaux avec Paltepoc, le prêtre skink, où ils dissertaient sur la vraie nature de Sotek, où sur l’existence ou non de dieu inférieurs. Le prêtre tendait toujours vers un monothéisme accablant, vénérant plus que tout Sotek et Chotec, les deux frères, alors qu’Oyanotec voyait une plus larges palettes de divinités, Chotec et Sotek n'étant que de simples dieux parmi tant d’autres. Sans doute n’aura-t-il plus jamais ce genre de discussion…

Alors qu’il se trempait dans l’eau, pour se laver le corps et les écailles, il entendit les graviers se briser sous un poids sans doute massif. C’était Garmok qui arrivait. Il portait fièrement à bout de bras, comme deux trophées, deux gros animaux rougeâtres avec des tâches blanches. Deux bébés tapirs.

- Où as-tu trouvé ça ? demanda Oyanotec, intrigué par l’exploit de son ami.

- Là-bas, ils étaient morts sur les rochers. J’ai juste eu à me baisser pour les cueillir, comme les baies.

Evidemment, se dit Oyanotec, il ne sait pas mentir.

- Eh bien nous aurons de quoi bien manger, ce matin.

Il bondit sur la terre ferme et prit un des tapirs que lui tendait Garmok, alors sue l’autre commençait déjà à être mis en charpie par les dents du saurus.

Sans regarder son ami qui se bâfrait allégrement, le caméléon lui demanda à mi-voix :

- Dis-moi Garmok… Penses-tu, toi, que je suis innocent ?

Le saurus le regarda avec étonnement, stoppant un moment son repas. Puis, il lui répondit :

- Ben oui, ça ne peut pas être toi qui a tué maître Tuanahok.

- Et pourquoi ?

- Parce que tu es gentil.

Le caméléon regarda son ami et retint un sourire amusé :

- Evidemment, Garmok ! Comment n’y avais-je pas pensé plus tôt ! »

Et il attaqua son tapir.

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:wink::) Encore et toujours bien !

Les description sont là, la psychologie des persos aussi. Il y a du sérieux comme de l'humour. Le fond comme la forme est maitrisé, donc j'ai pas trop de critiques à faire...

Enfin j'en ai à faire mais c'est le début du texte donc ca se trouve ca n'a pas lieu d'etre ! Donc fodra attendre un peu ! :crying:

@+

-= Inxi =-

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Invité Mr Petch

L’eau avait encore montée et elle arrivait à présent juste au seuil de le tente. La pluie tombait averse, chaude et acide, provoquant des clapotement secs à la surface de l’eau. Des bouillonnements puissants se formaient à certains endroits à cause du courant, de plus en plus fort à cause de la crue. Oyanotec, abrité sous un arbre aux longues feuilles, regardait ce spectacle de la nature en action.

« - Tzunki, le dieu de la vie déchaîne sa toute-puissance aujourd’hui.

- Oui, répondit Garmok, un peu en retrait.

- Nous allons devoir à nouveau plier le camp si nous ne voulons pas être surpris par la crue demain matin.

- Tu crois que ça va beaucoup monter ?

- Je ne sais pas… J’espère que non. Mais la saison des pluies est toujours un moment difficile. En attendant, Garmok, je te propose une petite promenade matinale pour se mettre en jambe ! »

Ils s’enfoncèrent de plus belle entre les feuillages verdâtres de la jungle tropicale.

« Chotec guidera nos pas, allons vers l’ouest. »

Oyanotec progressait entre des lianes épaisses. Ici, sous l’énorme canopée de la jungle, l’eau de la pluie ne filtrait que par de minuscules gouttes qui tombaient parfois sur le sol spongieux dans un bruit caractéristique. Tout n’était qu’un entrelacs de lianes et de racines habité par une multitude impressionnante d’insectes et de petits mammifères. Ici des scolopendres orangés, aux pattes innombrables qui escaladaient le tronc d’un manguier et que Oyanotec dégustait avec délectation – il faut le saisir par l’arrière, expliqua-t-il, ses mandibules sont puissantes ; là une chauve-souris endormie sur sa branche, attendant que le crépuscule vienne éveiller ses sens apaisés ; là encore un papillon vulcain faisant vibrer ses ailes rougeoyantes dans l’atmosphère chaude d’un soleil bientôt à son zénith.

« Attention Garmok ! N’y touche pas ! »

Le saurus s’arrêta de justesse, et fit partir d’un grand geste de la main une toute petite grenouille jaune et noire, qui alla se cacher entre deux racines. Oyanotec s’approcha de son ami et lui dit :

« Ces grenouilles colorées contiennent un poison mortel, je l’utilise pour le venin de mes dards. Méfie-toi ! »

Garmok le regarda, penaud, puis continua d’avancer.

Dans cette partie du monde qui a pour toit le feuillage des arbres, la chaleur est encore plus forte qu’ailleurs, car l’humidité la retient et crée un climat étouffant pour ceux qui ne seraient pas habitués. Le saurus commençait à donner quelques signes de fatigue et de faim.

« Tu as raison, Garmok, nous devrions rentrer au campement nous reposer, le soleil est bien trop fort. »

Ils reprirent le chemin de l’est, vers la rivière.

La femelle tapir était endormie dans son nouveau terrier, son dernier petit blotti dans sa fourrure noire. Par ce temps, elle ne sortait pas, juste pour manger. D’abord car les prédateurs étaient à l’affût, elle avait pu le constater hier, et ensuite car le soleil aurait trop chauffé sur son pelage sombre. Et sous la terre, au moins, elle profitait d’une certaine fraîcheur qui n’était pas désagréable. L’eau de pluie ruisselait tout doucement, formant de petites crevasses dans la boue et elle n’avait qu’à tendre sa longue langue pour s’abreuver un peu. Elle était fière d’avoir déniché cette cache abandonnée, qui avait du appartenir à quelques autres animal de la jungle. Peut-être à cette famille de pécari dont elle voyait le squelette tout au fond là, et dont l’odeur de pourriture infestait tout le terrier. Mais qu’importait pour elle, elle avait trouvé un nouvel habitat après la crue.

Mais une fois encore, son instinct en éveil lui intima de se méfier. Elle perçut dans l’air une nouvelle odeur, qui vint s’ajouter à celle, infecte, de décomposition. Une odeur plus subtile de musc animal, une odeur qu’elle ne connaissait que trop bien. Et elle comprit aussitôt la signification des ossements. D’un geste étonnamment vif pour une telle masse, elle se leva sur ses quatre pattes et réveilla son petit. Il fallait fuir de ce terrier au plus vite avant qu’Il ne revienne. Bondissant de plus belle, elle s’achemina, suivit par le jeune tapir vers la sortie du terrier, vers la lumière floue qu’elle voyait là-bas. Rapidement, la chaleur étouffante de l’extérieur vint l’assommer, baissant ses forces. Puis elle la perçut de plus près, cette odeur. Il était là, à quelque mètres. Elle pouvait entrevoir ses yeux entre les feuillages, ses deux yeux sombres et glauques qui la fixaient. Elle se mit à courir sans réfléchir entre les branches qui jonchaient le sol. Il fallait qu’elle atteigne la rivière, là-bas, peut-être n’osera-t-Il pas s’aventurer au grand jour. C’est alors qu’elle l’entendit rugir. Oui, c’était bel et bien un jaguar qui la poursuivait. Son odeur était de plus en plus forte et de plus en plus écœurante. Elle ne souciait même plus de son petit, à la traîne derrière elle, elle voulait simplement sauver sa peau. Elle courut de toutes ses forces vers la rivière, dont elle entendait la clapotement non loin de là.

L’avait-elle semé ? Ou bien peut-être avait-il pris le temps de capturer son petit et s’en était contenté ? En tout cas, elle était sauve, et se trouvait sur les rives. Là, elle fut intriguée par une étrange habitation, un amas incongru de feuillages juste au bord de l’eau. Et il y avait là de la nourriture, des fruits et de la viande, et même une sorte d’étrange manteau de plumes. Elle le tritura de son museau. Elle se sentait un peu plus en sécurité ici, et elle avala quelques baies. Mais, une fois entré dans le plus profond de la tente, elle avait senti l’odeur des reptiles qui l’avait attaqué hier. Mieux valait ne pas s’attarder ici et trouver un nouveau refuge au plus vite. Décidément, la crue était particulièrement importante, cette fois-ci, les pluies torrentielles qui ne cessaient pas depuis bien un cycle de lune avaient transformé la jungle en une immense mangrove boueuse et spongieuse. Il allait être difficile de trouver un habitat…

Elle ressortit de la tente et l’horreur recommença. L’odeur nauséabonde du jaguar revenait, les relents malsains de sa carcasse s’approchaient de nouveau. Elle fit le tour de la tente pour inspecter les environs, et c’est là qu’elle Le vit. Ce n’était pas un jaguar, non, mais c’était bien de lui que venait l’odeur. Elle ne comprenait rien, ses sens avaient été trompés. Prise cette fois d’une peur d’autant plus intense qu’elle se mêlait à une incompréhension sans pareille, elle s’élança en avant, Le culbutant et Le faisant chuter. Elle n’entendit pas ses invectives, et la lame métallique ne vint que frôler sa chair en une cicatrice superficielle. Elle s’enfonça dans la jungle.

« Tu n’entends pas un bruit étrange, Garmok ? »

Les deux camarades progressaient toujours vers leur campement, mais le saurus se sentait de plus en plus en mal. Il ne disait plus rien et se contentait d’avancer. Oyanotec n’insista pas. Il continua de dégager le passage avec sa dague, regrettant que la pluie chaude vienne se loger dans les interstices de ses écailles. Elle avait repris de plus belle et parvenait à présent à filtrer à travers la canopée, certaines branches tombaient même sur le sol, emportées par la force de l’eau.

Puis le bruit revint aux oreilles du caméléon. On aurait dit un bruit de feuillages brisées, de course rapide. Il intima à Garmok de ne plus bouger, et fit de même, restant dans une position parfaitement immobile. Il attendit.

Le bruit de pas précipités se faisait de plus en plus imminent, cela venait vers eux, en direction du campement. Oyanotec, silencieux attendait toujours, concentrant sa mémoire auditive sur ce bruit caractéristique. Il l’avait déjà entendu récemment, mais où ? Il se concentra intensément et enfin, la mémoire lui revint. Le tapir. C’était le bruit de fuite de la femelle tapir qu’ils avaient laissée s’échapper hier. De quoi pouvait-elle avoir peur, que fuyait-elle ?

L’animal passa devant eux tel un dard de sarbacane, Garmok ne vit qu’une masse noire filer à sa droite. Oyanotec eu le temps de percevoir la petite égratignure sur son arrière-train. Elle avait été blessée, mais cela ne ressemblait pas à une marque de crocs ou de griffes, c’était bien trop net. Il avait pu voir aussi un filet rougeâtre s’écouler de sa bouche, qui n’était pas du sang. Il y en avait un peu sur le sol. Il le ramassa et le lécha.

« On dirait des baies. C’est le goût des baies que nous avons ramassées. Garmok… Mon instinct me dit de filer à notre campement, il s’y passe des choses étranges. »

Il bondit sur le sentier creusé par le tapir, suivit par un Garmok encore plus haletant.

Lorsque Garmok, boitant et peinant, arriva enfin à la rivière, il trouva Oyanotec devant les restes déchiquetés de leur campement. Les branchages savamment installés avaient été mis à bas, la seconde tente qui contenait la nourriture étaient éventrées et sa tenture ne tenait plus que par un rondin vacillant. Evidemment, tous les vivres qu’elle contenait étaient soit éparpillés au sol, soit disparus. Un sac de mangue flottait misérablement à la surface de la rivière toute proche, une mare de sang avait remplacé le bébé tapir qu’ils gardaient pour aujourd’hui.

« - Qu’est ce qui se passe ? demanda le saurus.

- Je ne sais pas… On dirait qu’un jaguar à trouvé notre campement et en a profité pour se constituer une réserve de nourriture. Le tapir devait le fuir, à mon avis.

- Un jaguar ?

- Oui, il me semble… A moins que…

Il se pencha sur d’étranges traces de piétinements aux alentours de la tente.

- Ce ne sont pas des traces de jaguar, mais si c’est ce que je pense, nous sommes face à un encore plus grand mystère. »

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Invité Pepzi Kolaltz

Toujours la meme chose ! Continue, tu as un certain talent ! Et je sais qui a commit le meurtre ! C'est le tapir ! OK je sors par la fenetre ...

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Invité Mr Petch

Pas de tapir pour cette suite, mais ne vous en faites pas, il va revenir très bientôt ! :wub:

Oyanotec s’occupait à rassembler les quelques affaires intactes qui avaient été épargnées par le désastre. Garmok s’étonna en le voyant creuser le sol avec une roche creuse. Il s’approcha et lui demanda :

« - Qu’est-ce que tu fais ?

- Je cherche un élément très important. Je l’avais enfoui sous la terre au cas où des problèmes comme celui-ci seraient survenus.

- Je vais t’aider »

Le saurus poussa un peu son ami et, avec ses deux grosses mains calleuses, commença à évacuer la terre, envoyant tout autour de lui une fine poussière de sable. Soudain, il s’arrêta, tombant sur un objet rigide.

« - Parfait… Il a été épargné. »

la caméléon sortit alors du trou formé par Garmok un petit coffre en bois, hermétiquement fermé par un système de cliquet. Oyanotec commença à triturer avec dextérité l’ouverture qui s’enclencha en un bruit sec. Il hésita un peu avant d’ouvrir complètement la boîte, puis finit par la refermer.

- Tu ne l’ouvres pas ? lui demanda Garmok

- Non, pas pour le moment. Il pleut encore et je ne veux pas abîmer ce qui se trouve à l’intérieur.

- Et c’est quoi, à l’intérieur ?

Oyanotec regarda son ami d’un regard suspect, levant la tête comme pour le jauger. Mais rien ne passait dans l’expression bestiale du saurus. Alors il renonça à lui expliquer et se contenta de répondre :

- Nous le verrons en temps voulu. En attendant, il faut tout rassembler et repartir au plus vite, l’eau monte de plus. »

Garmok grogna un peu mais s’exécuta.

La nuit allait bientôt tomber et tout était prêt pour le départ. Comme habituellement à cette heure crépusculaire, la forêt était silencieuse car les animaux diurnes allaient se coucher et les animaux nocturnes venaient de s’éveiller. Les rives rocheuses où s’étaient installés les deux lézards n’existaient plus, l’eau avait fini par monter à la lisière de la forêt, et n’était arrêté que par une rangée de buissons épineux. Les flots se calmaient doucement, le courant s’apaisait, le ciel bleu mettait son habit noir et la jungle entière se couvrait de cette torpeur indicible qui précède le couchant.

Oyanotec, le caméléon, profitait de l’arrête momentané de la pluie pour se baigner un peu, ramassant les piranhas et les écrevisses qui se nichaient au fond de la rivière. L’eau restait son élément préféré et il aimait surnager à la surface sur le dos en effectuant de lents mouvements de brasse, lorsqu’il ne s’immergeait pas totalement pour chasser. Il aimait le calme et la solitude que lui offrait la rivière.

Garmok le saurus, pendant ce temps, s’amusait à balancer de grands coups de masse dans l’eau, éclaboussant les alentours en de magnifiques et immenses gerbes d’eau et grognant de plus belle chaque fois que le liquide lui arrivait sur les écailles. Oyanotec s’approcha de lui et, de l’air de celui qui gronde un enfant, lui dit :

« - Garmok, arrête un peu, veux-tu, tu fais fuir les poissons et tut risques d’attirer d’autres visiteurs indésirables.

- Mais je chasse le piranha !

Oyanotec le regarda et faillit éclater de rire. Mais sa retenue naturelle l’incita à se taire. Soudain, il sursauta et se retourna brusquement, arrosant le pauvre Garmok.

- Hé ! Tu as dit de pas faire de bruit et…

- Chut, Garmok. Va doucement vers la rive, je crains que nous ayons de la visite. »

Le saurus nagea maladroitement vers les buissons, remuant de grandes quantités de vase autour de lui. Oyanotec regardait toujours en direction de l’amont du fleuve. Il restait immobile. Le saurus le regarda un moment puis, ayant atteint les buissons, le prévint bruyamment de son arrivée. Mais le caméléon ne sembla pas vraiment l’entendre, car il plongea dans l’eau brusquement et disparu de la vue du saurus. Seules de petites bulles en surface indiquaient son déplacement silencieux. Garmok se demandait de plus en plus ce qui se passait, regardant à droite et à gauche et cherchant des yeux son ami, toujours immergé. Puis il finit par entendre un très léger bruit d’eau frémissante et il vit sortir derrière quelques buissons une pirogue noire qui filait doucement sur le cours d’eau. D’abord la pointe de l’embarcation, ornée d’un totem rouge à l’effigie de Sotek, puis bientôt toute la pirogue, passant devant ses yeux très doucement et dans un silence mortel, transportant à son bord d’autres totems immobiles, peints d’affreuses couleurs rouge sang. Il parvint toutefois au bout d’un moment à capter comme d’étranges psalmodies venant de la barque. Puis, il se rendit finalement compte que certains des totems bougeaient d’étranges façons, comme s’ils dansaient. Enfin, il dut admettre que ces totems dansant étaient des skinks. C’était bien de grands skinks assez massifs et tatoués de symboles rituels écarlates qui se tordaient au son de chants étranges. Leur crête était entièrement rouge elle aussi, et il la mettait en avant, l’écartant au maximum comme en position d’attaque. Le saurus était subjugué par ces si étranges créatures. La nuit était à présent presque tombée et ce spectacle avait quelque chose de fascinant, sous la lumière pourpre du couchant qui se reflétait sur les ondes noueuses de l’eau. La barque passa ainsi de la droite vers la gauche dans son champ de vision et disparut derrière de grands fourrés. Il resta longtemps à fixer le vide, jusqu’à ce que Oyanotec ne vienne le réveiller.

« - Nous l’avons échappé belle. Un peu plus et ils nous voyaient.

- Mais… C’était quoi ?

Le caméléon regarda son ami, toujours de cette manière si doctorale, en se demandant si cela valait la peine d’expliquer. il avait toujours regardé son ami comme ça, mais il n’y avait aucun mépris, juste un peu de compassion. Mais cette fois, il finit par lui dire, perché au sommet d’une branche de manguier :

- Lors de l’avènement du dieu Sotek, il a de cela fort longtemps, il apparut en Lustrie une espèce de skinks fort étranges, appelés skinks à crête rouge, menés par le prophète Tenehuini. Ils migraient pour fuir la peste qui ravageait leur cité et allèrent prêcher l’existence du dieu salvateur dans toute la Lustrie. Ainsi, cette nouvelle religion prit de l’ampleur un peu partout, et Sotek finit par répondre aux invocations en chassant les choses-rats. Les Slanns durent donc accepter ce culte d’un genre nouveau, et Sotek devint un des dieux les plus importants pour notre race, les skinks.

« Cependant, certains prêtres skinks refusèrent les autres Anciens et proclamèrent la toute puissance de Sotek, affirmant qu’il était le seul Ancien encore actif dans le monde, le seul qui pouvait encore les sauver. Et ces prêtres, bannis par les Slanns, durent quitter les cités et s’établirent en de petits groupes de skinks, dans des ruines, des plaines ou des montagnes.

« Ces skinks se peignent des symboles rouges sur tout le corps, avec le sang de leurs victimes, et étaient particulièrement agressifs envers tout ceux qui ne vénéraient pas Sotek, même d’autres skinks. Croiser leur chemin est un mauvais présage et les rencontrer entraîne bien souvent une mort douloureuse sous les coups de leur dague de sacrifice. Pour eux, le dieu serpent doit s’abreuver de sang, quel qu’il soit, et pour eux, mourir en sacrifice est un grand honneur. Mais ils sont extrêmement dangereux et il faut louer Chotec de nous avoir cachés à leur vue. Ce que je me demande, c’est pourquoi ils se déplacent… Espérons que nous ne les rencontrerons pas. »

Oyanotec, ayant fini son discours, bondit sur le sol, laissant Garmok réfléchir à ce qu’il venait d’entendre. Puis il prit avec lui son précieux coffre et s’engouffra dans la jungle. Le saurus le suivit quelques temps après, encore perdu dans ses pensées.

Ils marchèrent toute la nuit et finirent par arriver à une grande clairière, où l’on pouvait voir les ruines de ce qui devait être un temple de Huanchi, avec ce large dôme clos et son absence de fenêtres. Garmok s’assit lourdement sur un des rochers qui devait être une statue à l’effigie du dieu jaguar, et lança à son compagnon :

« - On s’arrête là ?

- Non, nous sommes trop à découverts, à la merci des prédateurs. Et je te rappelle que nous n’avons plus de tentes.

- On a qu’à en reconstruire.

Oyanotec le coupa :

- J’ai une meilleure idée, regarde.

Il ouvrit alors son mystérieux coffre avec un sourire satisfait, et en tira un grand parchemin fibreux. Il l’étendit sur le sol, et invita Garmok à le rejoindre.

- Qu’est-ce que c’est ? demanda ce dernier

- C’est une carte de la région.

- Tu l’as eu où ?

La caméléon le regarda un moment, comme toujours, puis :

- Chez Tuanahok.

- Ah.

Il y eu un silence durant lequel Oyanotec se contenta de marmonner des mots en parcourant la carte du doigt. Puis, il finit par se tourner vers le saurus :

- Regarde, là, c’est Petchx, notre nouvelle cité, juste à quelque distances du fleuve, sur le bord est. Là, loin vers l’ouest, se trouve Tlaxtepok, notre ancienne cité qu doit être en ruines. J’y ai déjà fait une expédition et je sais que certains bâtiments sont encore intacts. Je te propose Garmok de nous y rendre.

- Ouais ! cria le saurus, plein d’enthousiasme.

- Seulement il y a un problème : il faut traverser le fleuve et marcher longtemps. Le jour, cette traversée est impossible car le courant est bien trop fort et l’eau monte à grande vitesse. La nuit, ce serait dangereux, il faudrait construire un radeau solide, et je ne sais pas si tu tiendrais dessus. S’il n’y avait que moi, ça ne poserait pas de problèmes, mais là, nous devons envisager une autre solution. En plus, tu as vu comme moi les skinks à crête rouge roder près du fleuve.

- Oui, fit Garmok, dont l’enthousiasme était retombé.

- Je propose un autre plan. Il peut s’avérer dangereux, mais je m’en occuperai moi-même, toi tu resteras ici dans notre campement provisoire.

Silence de Garmok.

- Nous allons capturer un téradon ! fit Oyanotec. Et pas n’importe quel téradon ! Kai, celui de Tuanahok, la millénaire, elle seule serait capable de transporter un skink et un saurus.

- Mais… ça veut dire que tu vas aller à Petchx.

- C’est un risque à prendre… fit Oyanotec avec un sourire malicieux. Et je le prends ! »

La nuit était parfaitement couchée. Tout était noir autour d’eux. Garmok voyait seulement luire devant lui les deux pupilles éclatantes d’Oyanotec, dans lesquelles il aurait bien aimé ssavoir lire tout le mystère qui s’y cachait.

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Invité Mr Petch

(the return of the tapir... enfin sur vos écrans)

Le soleil se levait dans le ciel, entre les arbres, annonçant une nouvelle journée. Un rayon de lumière réveilla la femelle tapir, blottie dans le creux d’un arbre. Elle remua son museau, sentit l’air étouffant de la matinée, et décida d’aller chercher quelques nourritures.

Hier, après sa fuite précipitée du campement, elle avait couru dans la jungle jusqu’à parvenir à une petite clairière, jonchée de roches sculptées. C’était un endroit idéal car la pierre gardait la fraîcheur et il était possible de se reposer dans les larges interstices des ruines. Un trou entre deux colonnes, l’ouverture d’un temple, les fenêtres d’évacuation d’une habitation. Les caches à l’abri des prédateurs étaient innombrables et la femelle tapir se satisfaisait d’avoir découvert ce lieu idéal. Elle y avait passé tout l’après-midi, se reposant et tentant de recouvrer ses forces car sa blessure au postérieur la faisait souffrir. Ce n’était qu’une simple égratignure, mais elle perdait du sang. Elle la lécha longuement pour lui permettre de cicatriser.

Mais son repos fut dérangé à la nuit tombée. Il s’agissait encore des deux chasseurs lézards qui arrivaient dans sa direction, elle sentait leur odeur. Elle se hâta de s’enfuir à nouveau dans la jungle. Au bout d’une fatigante et longue course, à travers la jungle, elle avait entrepris de traverser la rivière, là où elle connaissait un passage à gué. De l’autre côté, elle dénicha ce tronc creux, moisi et rempli d’insectes, mais qu’importe, elle était épuisée et devait se reposer.

C’est ainsi que, ce matin-là, alors qu’un ara aux couleurs chatoyantes s’époumonait sur une branche haute, elle était sortie de sa cachette en espérant trouver de la nourriture, de quoi se ressourcer, car sa fuite éperdue de la veille l’avait empêché de se nourrir convenablement. Les quelques insectes qu’elle avait pu gober dans le trou n’avaient pas suffi à satisfaire son appétit. Et comme elle connaissait mal ce côté-là de la rive, elle risquait de mettre du temps. Puis, une odeur de fruits frais lui parvint aux narines.

Elle se dépêcha d’arriver vers cette manne imprévue. Mais bien vite, elle déchanta, et finit par se demander si elle n’était pas maudite, depuis quelques jours. D’abord la crue, puis la chose à tête de jaguar, les deux chasseurs lézards qui semblaient la poursuivre. Et maintenant ça… La chance n’était pas de son côté. Car face à elle, la nourriture était bel et bien là, dans deux gros sacs. Mais autour rodaient deux humains habillés d’étonnantes armures luisantes aux couleurs vives. On voyait peu d’humain par ici, mais elle savait les reconnaître. Et elle savait aussi qu’ils la mangeraient volontiers s’ils la trouvaient. Mais l’instinct et la faim furent plus forts. Il fallait tenter le tout pour le tout, et fouiller dans les sacs pour y dénicher les précieux fruits. Elle s’avança doucement entre les branchages, essayant de faire le moins de bruit possible malgré son corps pesant et lourd.

Deux humains discutaient autour d’un tas de cendres depuis longtemps épuisé. L’un d’eux était jeune, une fine moustache brune garnissait son visage propre et lisse ; l’autre paraissait plus vieux, il portait à la joue gauche une sorte de longue cicatrice à moitié couverte par des pattes grisonnantes qui descendait jusqu’à former un petit bouc à la teinte indéfinissable. Autant le regard du jeune était vif et plein de malice, autant celui du vieux paraissait fatigué et presque fuyant. Le jeune mangeait à pleine dents dans un gros fruit rouge de la taille d’une mangue, et le vieux nettoyait avec un chiffon tâché d’un sang qui devait être là depuis des années, le manche en bois de son pistolet. Il avait retiré son casque et une petite tonsure apparaissait à l’arrière de son crâne, alors que son compagnon, ayant gardé son casque, s’appliquait tout en mangeant à rabattre les mèches de cheveux qui retombaient devant ses yeux. Le tapir ne comprenait rien à leur langage et ne s’en préoccupait pas.

« - Dino, criait le plus jeune à l’adresse de son compagnon. Tu ne vas pas bouder toute la journée ? Ce n’est pas de ma faute si l’amiral dela Francesca nous a attribué cette mission.

- Je m’en fiche, de l’amiral, répondit le vieux sur un ton de reproche, je le connais assez pour savoir que nous ne sommes que de la chair à canon pour lui, alors on ferait mieux de retourner au campement, si tu veux mon avis. On a cherché déjà hier et on ne l’a pas trouvé. Si ça trouve, il est passé de l’autre côté du fleuve.

- A la nage ? fit Giacomo, le plus jeune, avec une pointe d’agacement dans sa bouche.

- Et alors ? Il y a peut-être un passage à gué ?

Giacomo ne répondit pas et retira son casque pour se coiffer de la main, rabattant tous ses cheveux en arrière.

- Tu veux que je te dise ? continua Dino en agitant en l’air son chiffon. Cette forêt est truffée de bêtes féroces qui ne demandent qu’à nous manger tout cru. On a eu de la chance, cette nuit, de ne pas se faire attaquer, mais là, si on ne rentre pas vite au camp, il va nous arriver malheur. Alors tu fais ce que tu veux, mais moi, je rentre !

Disant cela, il se leva, essuyant son pantalon plein de poussière et se retourna pour saisir son épée laissée à portée. C’est alors qu’il vit le tapir.

L’animal farfouillait de son museau énorme dans les sacs de victuailles, émettant des grognements sourds. Dino recula un peu et posa sa main sur l’épaule de Giacomo.

- Giacomo, regarde. Moi qui trouvait à l’instant qu’on manquait de viande. Au moins, on ne reviendra pas bredouille au campement.

Le jeune tourna son regard vers la femelle tapir et failli pousser un cri, qu’il retint.

- Qu’est-ce que c’est que cette bête ? fit-il, tremblant un peu.

- Les tribus de lézards de la jungle appelle ça un tapir. C’est gros, lent, et nourrissant. Il est trop occupé à manger, et il ne nous a pas remarqué.

Il prit au sol l’arme qu’il venait d’astiquer et enclencha le rouet. Derrière lui, Giacomo se montrait plus réticent :

- Attends… On ne va pas tirer une balle pour cette bête, il suffit de la chasser.

- Tais-toi, chuchota le vieux, je l’ai dans ma ligne de mire. »

L’animal ne bougeait toujours pas, il s’empiffrait des fruits frais qui garnissaient le sac. Giacomo bougonnait dans ses moustaches, rangeant déjà ses affaires. Dino prenait le temps d’ajuster son tir, car il savait que le premier coup de feu, s’il ne parvenait pas à sa cible, allait faire fuir l’animal. D’ailleurs, il était déjà blessé, une marque de griffure sur le postérieur. A ce moment précis, Dino eut un instant d’hésitation. Ce n’était pas une marque de griffure. Ce genre de cicatrice, il la connaissait parfaitement pour l’avoir vu dans d’innombrables batailles. C’était une marque d’épée… Comme celles que feraient son épée… Cette réflexion l’incita à baisser légèrement le canon de son arme, alors que le tapir, ne s’était toujours pas rendu compte de ce qui se passait autour de lui.

Pendant le quart de seconde que dura l’hésitation de Dino, il entendit un cri déchirant dans son dos, un cri d’horreur et de souffrance, et reconnut la voix de son camarade Giacomo. D’un bond, il se retourna, l’arme au poing. Et brusquement, il Le vit, celui qu’il cherchait depuis hier. Le monstre brandissait son épée ensanglantée au-dessus du visage apeuré du pauvre Giacomo, dont la tempe dégoulinait déjà de sang. Il n’aurait pas du retirer son casque pour se coiffer. Déjà, Il profita de sa faiblesse pour lui assener de nouveaux coups, partout sur le corps, avec une fureur bestiale étonnante, se servant de ses mains et de ses dents pour attaquer.

Dino, la surprise passée, retrouva vite son sang-froid. Il l’avait retrouvé et tâcherai de le ramener a camp… « Mort ou vif », avait dit l’amiral Pietro dela Francesca « Il a pris avec lui des reliques inestimables, alors retrouvez-le ! ». La voix de l’amiral résonnait encore dans le crâne du sergent Dino Gaudio. Une voix percutante et autoritaire. Il comprenait le petit qui n’osait pas lui désobéir. Mais à présent, il fallait passer à l’action, au moins sauver Giacomo.

Il eut peu de temps pour viser, car déjà Il avait posé les yeux sur lui, deux yeux injectés de sang. Encore plus effrayant que ceux de l’amiral, pensa Dino. Pourquoi, à quelques centimètres d’une mort quasi certaine se met-on à plaisanter ? Agir… Il fallait agir vite. Il ajusta son tir et, priant intérieurement, tira, tout en criant d’un souffle :

- Désolé Beppo ! »

Le coup partit, cinglant l’air, et son écho se perpétua à travers tout la jungle, résonnant entre les troncs creux et les racines…

La femelle tapir, après son gueuleton inattendu, avait fini par entendre le cri d’un des hommes et avait levé la tête. Son horreur avait été comble lorsqu’elle avait aperçu l’homme-jaguar, la créature qui avait dévoré vivant un de ses petits et qui l’avait poursuivie jusqu’au campement. Mais cette fois, elle semblait plus intéressée par les deux humains, alors le tapir était resté pour regarder.

Car l’un des hommes en armure se faisait littéralement dévoré par le monstre, tenu en joue par son ami. Une fois qu’elle eut achevé le premier homme, elle se dirigea vers le second, et c’est là que retentit le coup de feu, un grand claquement puissant qui effraya définitivement la femelle tapir, l’incitant à fuir de ce lieu, une nouvelle fois.

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C'est bien ! C'est très bien !

En plus le tapir est de retour :wub: C'est une facon originale de mené un texte avec un point de vue extérieur ! Franchement, j'aime toujours autant.

Ce coup-ci, j'ai pas relevé de fautes genantes, donc tout va pour le mieux, j'ai que des compliments à dire ! Allez la suite !

@+

-= Inxi =-

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Invité Mr Petch

Ce soir-là, dans la grande cité de Petchx, encore scintillante de son renouveau architectural, le skink Pitzitl montait la garde près des bassins de frai. Une naissance était prévue dans quelques cycles de lune, et Huatl avait insisté pour que tout soit propre et net pour la cérémonie d’accueil. Il fallait renouveler l’eau tous les jours, retirer les mauvaises algues et favoriser la croissance des larves de skinks. Malgré son grand âge, le vieux Huatl était toujours attentif au bien-être des futurs habitants de la cité, d’ailleurs, comme il se plaisait à le dire, il était en quelque sorte le père de tous les skinks.

Pitzitl méditait ces paroles tout en faisant les cents pas autour des bassins, armé d’un grand las, un râteau en bois qui lui servait à retirer les algues en surface. De temps en temps, il chassait d’une main nerveuse les moustiques qui venaient tourner autour des mares, à l’affût du sang des jeunes reptiles encore vulnérable. S’occuper des bassins de frai était un travail prenant et fatiguant, que Pitzitl prenait avec un grand sérieux. Moins, sans doute, que maître Huatl, mais tout de même, il savait la lourde tache que les Anciens lui avaient attribués et s’en montrerait digne, lors des prochaines naissances.

Soudain, il crut entendre un bruit inhabituel dans les fourrés. Il faisait noir et la jungle était couverte de cette ombre si inquiétante. La lune n’était pas dans le ciel… Il chercha la dague qui se trouvait à sa ceinture et s’avança prudemment vers le bruit. Pitzitl avait toujours eu une excellente ouïe, et, s’il n’était pas né avec une jambe difforme, il aurait fait un très bon éclaireur. Doucement, traînant un peu sa patte sur le sable, il s’approcha des fourrés. C’est là qu’il vit une ombre furtive passer devant son champ de vision et se cacher derrière le temple de Tzunki. Un intrus tentait de pénétrer dans la cité. Devait-il donner l’alerte ? Avant, il fallait identifier l’intrus. Peut-être n’était-ce qu’un varan placide en maraude. Il entreprit de contourner l’édifice pour surprendre l’ombre. Et puis la perspective d’une aventure excitait ses sens endormis par des années de calme loin des combats et des dangers. Il bondit le long d’une colonne, passa sa tête verdâtre de l’autre côté du mur et continua son aventure nocturne.

Se faufilant entre deux blocs de pierres gravés de fresques historiques, il accéda aux arrières du temple et se risqua à jeter un œil. C’est là qu’il vit, à sa grande surprise, la silhouette d’un skink. Il ne comprenait pas et voulu se rapprocher, car le lézard était dans l’ombre d’un pilier. Soudain, le regard des deux skinks se croisèrent, et l’intrus se mit à bondir dans la végétation environnante. Pitzitl essaya de le suivre mais sa patte folle l’obligeait à se traîner, et il dut s’arrêter en lisière des bois. Il avait juste vu le regard de l’intrus, mais cela lui avait suffit pour comprendre de qui il s’agissait. Pour une raison ou pour une autre, Oyanotec était de retour à Petchx…

Il l’avait échappé belle. Oyanotec souffla un peu, adossé au tronc noueux d’un vieil acajou. C’était Pitzitl, le successeur du vieux Huatl qui s’occupait des bassins de frai. Le caméléon ignorait si le skink l’avait reconnu, il espérait que non, car sinon, il serait découvert par toute la cité. En tout cas, l’enclos des téradons n’était plus très loin et il n’allait pas prendre le risque de sortir à découvert cette fois-ci.

Il se faufilait à une vitesse hallucinante entre les branches et les lianes, surmontant le moindre obstacle avec une facilité déconcertante. Et tout cela dans un silence des plus absolus. La nuit était noire, parfaitement noire, et seules les pupilles fines de ses deux yeux pouvait trahir sa présence.

Il accéda ainsi facilement à la volière des téradons, large enclos où de nombreux nids étaient disposés en cercle. Sur chacun d’eux était allongé les mères et leur petit, dormant d’un lourd sommeil. Au centre, Kai, la vénérable, la matriarche révérée. Ses ailes étaient immenses, même pliées ainsi, et ses écailles rouges étaient constellées d’un myriade de petits éclats dorés sensationnels. Oyanotec resta longtemps à contempler la merveille de ce téradon. Puis il se risqua à sortir des fourrés.

Apparemment, personne n’avait remarqué sa présence dans le noir d’encre de cette nuit-là.

Les ténèbres entouraient Dino Gaudio, sergent mercenaire tiléen à la solde de l’amiral Pietro dela Francesca. Recroquevillé en position fœtale, ses jambes le portaient comme un automate, lourd et sans vie à travers le fouillis de la jungle. Combien de temps avait-il marché depuis sa fuite éperdue face au Monstre ? Il n’en savait rien. La panique mêlée à une douleur intense au bras droit l’avait au début empêché de se souvenir du chemin, et maintenant, la nuit apportait ses dangers et ses pièges pour perturber l’esprit déjà embrumé par la fièvre de Dino. Il fixait sans cesse d’un regard épouvanté la large entaille qui zébrait son membre blessé. Les événements se bousculèrent dans sa tête en un flot de souvenirs abscons. Il se souvint avoir tiré sur le Monstre, et l’avoir touché à la poitrine. Mais le choc avait du être en partie absorbé par l’armure argenté qu’Il portait, car Il n’avait émis qu’un bref cri de surprise et avait bondi vers Dino, l’épée en avant. Là, le sergent avait reculé avec précipitation, portant ses bras en avant pour éviter les coups. Mais l’épée avait atteint le bras droit et y avait appliqué sa signature infernale. Une dernière fois, avant que le main crispée ne lâche le pistolet, Dino tira un dernier coup de feu en direction du Monstre qui du faire son effet, car Il recula et trébucha sur le sol. Le tiléen en profita tout de suite pour fuir, abandonnant son pistolet.

Il s’était dit que s’il rentrait au camp, il pourrait au moins dire à l’amiral qu’il avait retrouvé Beppo, ou plutôt le Monstre. Sans doute n’aurait-il qu’un simple blâme et une mise au cachot de quelques jours. L’amiral semblait vraiment tenir aux objets que Beppo avait emporté, mais le sergent, lui, tenait à Beppo, un grand ami. Un guerrier médiocre, peut-être, mais toujours enjoué et gai comme un pinson, comme si la perspective des combats ne l’effrayait jamais. Et il avait du tirer sur son ami à cause de toute cette histoire…

L’image la plus forte qui le hantait encore, et même de plus en plus à mesure que la fièvre tropicale le gagnait – elle avait du entrer en lui par la plaie béante et sanguinolente – était celle du jeune Giacomo Pizzi. Une très jeune recrue fervente et très attachée au valeur morale de la guerre, elle aurait donné sa vie pour protéger celui qui l’avait payé. Opportuniste, comme l’était tous les mercenaires, il pouvait passer d’un camp et l’autre mais sa fidélité à ses anciens généraux était telle qu’on l’avait déjà vu refuser certaines offres. L’amirauté de dela Francesca devait être son dixième ou onzième poste, et il avait su montrer sa valeur au combat, d’ailleurs. Il devait avoir à peine vingt-cinq ans… Dino réfléchit et se demanda à quel âge Giacomo avait bien pu s’engager… Mais la fièvre revint vite et, à la place du sourire rieur et moustachu de son ami, il vit la face torturée, plaintive, effrayée, de ce même garçon au moment où le Monstre le dévorait cru. Il y avait dans ce regard implorant un torrent inouï de questionnements, de ceux que l’on se pose à cet âge-là, en pleine jeunesse. Dino aussi, à vingt-cinq ans, pensait que le mercenariat allait lui permettre de gagner sa vie sans risque, que ce ne serait jamais lui qui mourrait. Jusque là, il avait eu de la chance, surtout lors de cette expédition insensée dans les Terres du Sud. Mais depuis peu, depuis que tous ses camarades tombaient autour de lui, l’idée de la mort l’envahissait chaque jour, l’empêchant presque de combattre sérieusement. Il se voyait à chaque instant mourir sous les coups de l’ennemi, ou dans un marais mouvants. Le petit Giacamo, au moins, aura connu la mort sans crainte de l’affronter.

Satanée jungle… Il aurait du accepter sa mise à la retraite rentière comme lui avait proposé dela Francesca. Il avait voulu faire le fanfaron et jouer au plus fort… Il aurait évité le triste spectacle d’un ami devenu fou dévorant une jeune recrue tout aussi innocente.

Dino s’était assis un instant pour réajuster le garrot sommaire, fait avec de grandes feuilles de palme, qu’il s’était tissé autour de sa blessure. Mais il avait de plus en plus chaud et sentait ses forces diminuer. Les plantes, les oiseaux nocturnes, les insectes, tourbillonnaient autour de lui dans une sarabande mortelle, la narguant de leur cris sourds. La lune, invisible ce soir-là, devait rire de lui derrière les nuages. Dans un dernier effort, appuyant son seul bras valide contre le tronc rugueux d’un arbre à caoutchouc, il tenta de se souvenir du chemin pour le campement. Il se rappelait, là, dès leur arrivée en Lustrie ils avaient trouvés comme sur les cartes du comte del Castillo la cité-temple en ruine, un immense plateau où se trouvaient des bâtiments divers, des temples par centaines et de nombreux baraquements. Et tout cela était détruit, effondré. Mais Federico, le savant frère de l’amiral, avait décidé que ce serait un bon terrain pour installer le campement, et qu’il pourrait en plus étudier les nombreuses fresques sur les murs, ou encore trouver d’inestimables trésors. Dino, pour être déjà venu dans cette partie de la jungle connaissait le chemin du retour et ne se serait pas perdu si la fièvre ne lui mêlait pas les idées.

Il tituba encore un peu, s’accrochant misérablement aux lianes épaisses comme un homme qui pendaient un peu partout, son bras blessé pendait dans le vide. Puis il sentit un doux bruit familier. Ses lèvres prononcèrent : « Le Tanaro… ». Le fleuve de son enfance, où il jouait avec sa cousine Giovanna… Il était là, à quelques mètres de lui, il entendait le doux clapotement de ses eaux, murmure léger de son onde, la voix joyeuse de Giovanna à la longue chevelure blonde. Il avança plus vite et, juste devant le large cours d’eau, sans s’apercevoir qu’il ne s’agissait pas de son Tanaro, s’effondra, inconscient.

Oyanotec se risqua à approcher de la volière. Rien ne bougeait, les reptiles ailés avaient le sommeil lourd. Sa furtivité lui permit de faire le moins de bruit possible. Il enjamba allégrement la barrière haute de l’enclos et pénétra entre les masses étendues des téradons endormis. C’est alors qu’il vit Klaxtenq. Le kapac était assis sur le sol, tenant fermement une longue pique entre ses mains. Sa crête solide pointait vers le ciel et son dos écailleux était posé contre Kai, la matriarche téradon. Ses deux yeux jaunes regardait droit devant lui, dans une position de guet évidente. Le kapac Klaxtenq était le chef des monteurs de téradons. Et il était aussi un des rares à pouvoir approcher et monter Kai. Il avait été considéré comme un des grands meneurs de Tlaxtepok, mais avait toujours refusé le titre de tupac car il préférait la compagnie de ses téradons. Oyanotec réfléchit un instant et constata qu’il allait être difficile de prendre Kai sans attirer l’attention de Klaxtenq. Il fallait donc espérer que le skink lui vienne en aide, malgré son exil.

Il essaya tout de même de passer furtivement derrière le corps massif du téradon. En quelques bonds agiles, il accéda au dos énorme de Kai. Il tenta une première fois de la monter, mais un léger frémissement de l’animal lui montra qu’elle avait du le sentir. Il entendit aussi la voix de Klaxtenq :

« Qu’y a-t-il Kai ? Tu as entendu quelqu’un ? »

La matriarche émit quelques grognements aigus. Klaxtenq continua, comme s’il lui répondait :

« Tu es sûr ? Attends »

Il avait baissé d’un ton. Ainsi, le kapac, à force de vivre avec eux, connaissait le langage des téradons. Et Kai l’avait sans doute averti de la présence du caméléon. Mais il lui fallait à tout prix la matriarche, quitte à se démasquer aux yeux du skink.

Ce dernier faisait le tour de la bête, et, soudain, eut l’idée de lever les yeux. Il vit alors Oyanotec et pointa vers lui sa pique, lançant un menaçant :

« - Qui est-ce ?

Au début, Oyanotec hésita longuement. Il pouvait tout aussi bien fuir et partir dans l’ombre de la jungle, le kapac serait incapable de le suivre. Mais il avança sa tête pour se rapprocher de Klaxtenq.

La nuit était sombre, et le skink ne remarqua pas le visage du caméléon. Il réitéra sa question :

- Qui est-ce ?

Là, Oyanotec sauta sur le sol, posant ses deux longues jambes athlétiques près de Klaxtenq qui eut à peine le temps de déplacer sa pique. Il remarqua tout de suite, cependant, la nature de l’intrus :

- Oyanotec ! C’est toi ! Mais tu ne dois pas revenir à Petchx !

Le caméléon, en silence, se rapprocha du skink qui baissait sa garde progressivement. Les autres skinks étaient toujours un peu effrayés par les caméléons, dont ils ignoraient les réels desseins. Mais Klaxtenq connaissait très bien Oyanotec et savait qu’on pouvait lui faire confiance. Alors il continua :

- En fait, je suis plutôt content de te revoir… Tu sais, Oyanotec, je ne crois pas une minute à ta culpabilité.

- Je suis venu prendre Kai.

- Kai ? Pourquoi ?

- J’ai besoin d’elle pour me rendre à l’ancienne Tlaxtepok, avec Garmok.

- Pourquoi Kai ? Je ne comprends pas… Je voudrais bien t’aider mais…

- J’ai besoin d’elle, c’est tout.

Klaxtenq regarda longtemps son ami. Le regard du caméléon était impressionnant, il poussait à obéir. Ses yeux vous fixaient comme deux dagues menaçantes. Klaxtenq posa son arme au sol, puis céda :

- Je veux bien te prêter Kai, mais il ne faudra pas la garder trop longtemps. Sinon, son absence se remarquera.

- Ne t’en fais pas, je n’en aurais besoin que pour aller jusqu’à Tlaxtepok.

- Pourquoi veux-tu retourner là-bas ?

- Pour m’y installer.

- T’y installer ? Tu ne comptes pas trouver le vrai coupable ?

Oyanotec ne répondit pas et bondit sur ses pieds. Il lança à voix basse :

- Il y a quelqu’un qui arrive. Je me cache et ne dit rien… »

Le caméléon bondit se cacher derrière Kai.

Klaxtenq resta immobile sans trop comprendre. Puis, il commençait à ramasser son arme lorsqu’il entendit une voix :

« - Klaxtenq ? Tu es réveillé toi aussi.

Le kapac se retourna et ne vit tout d’abord pas son interlocuteur. Il devait être caché quelque part dans le noir. Son regard circula dans les allées de baraquements et de temples, sans qu’il ne voit celui qui lui disait :

- Klaxtenq, j’aimerai te parler de quelque chose.

Le kapac se retourna encore et vit soudain, surgissant de l’arrière du temple de Huanchi la figure boiteuse de Pitzitl. Le skink s’avança vers lui en traînant la patte, et ils se rencontrèrent à l’extérieur de la volière.

- C’est toi Pitzitl… Excuse-moi, j’étais sur mes gardes.

- Tu es nerveux ? Pourquoi ?

- Je ne sais pas… répondit le kapac, gêné. L’absence de lune, peut-être… Il fait tellement noir. Ce serait le moment idéal pour une attaque de rats.

- Tu sais bien que nous avons chassé tous les rats des environs.

Klaxtenq se sentait mal. Il sentait d’un côté le regard inquiet d’Oyanotec, qu’il ne fallait pas trahir et de l’autre celui, plus inquisiteur, de Pitzitl.

- Tu… tu voulais me parler ?

- Oui… Je nettoyai les bassins de frai, tout à l’heure, et j’ai vu Oyanotec roder près du temple de Tzunki.

- Oyanotec ? Mais il a été chassé de la cité…

- Oui, je le sais, et tu sais combien il serait dangereux pour lui de revenir.

- Oui, je le sais.

- Alors voilà ce que je voudrai te demander… Je n’ai pas pu lui parler, il s’est enfui avant de m’écouter. Donc si tu le croises, essaye de la raisonner et de lui dire de partir. Il ne doit pas rester à Tlaxtepok, il se ferait prendre.

Klaxtenq fut un peu soulagé. Pitzitl n’en voulait pas au caméléon. Il lui demanda :

- Tu crois qu’il est innocent ?

- Oui, j’en suis sûr.

Klaxtenq hésita. Il eut envie de se retourner pour croiser le regard de Oyanotec. Pouvait-il les entendre de là où il était ? Pitzitl restait là, devant lui, et le kapac sentit dans le regard de ce skink une certaine bienveillance. Il eut envie de lui faire confiance. Le prenant par le bras, il lui dit :

- Viens, moi aussi, j’ai quelque chose à te montrer. »

Le bousculant un peu, il le fit entrer dans l’enclos.

Dino était toujours au bord de la rivière, allongé sur le sol, ses deux pieds trempant dans l’eau qui refluait petit à petit. Il n’était pas tout à fait inconscient, par moment son esprit s’éveillait un peu. Mais ce qu’il voyait alors n’était que délire hallucinatoire, des visions fantasmagoriques d’êtres inhumains, de monstres et de démons. Là, il entendit des voix autour de lui, comme des piaillements d’oiseaux. puis il sentit qu’on le traînait sur la rive, qu’on le portait par les bras et les jambes. Il eut l’impression de voler dans les airs, une impression de bien-être intense. Et il sourit.

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Invité Mr Petch

Toujours pas de tapir dans cette partie, mais ne vous en faites pas, si elle s'absente, c'est pour mieux nous revenir en forme !

Deux silhouettes reptiliennes avançaient entre la palissade bambou qui formait l’enclos des téradons. Pitzitl, le responsable des bassins de frai, le gardien des mares de vie et Klaxtenq, le fougueux kapac, le champion des chevaucheurs de téradons. Ce dernier pressait son camarade en le tirant un peu par les bras, et Pitzitl manqua de tomber plusieurs fois à cause sa patte folle. Il grogna un peu mais Klaxtenq était trop excité pour entendre les plaintes de son ami. Il se demandait s’il faisait bien de montrer à Pitzitl qu’Oyanotec se cachait là, derrière un téradon. Dans la cité endormie, eux seuls sans doute étaient éveillés en cette heure avancée de la nuit ; à l’exception peut-être de Zlox-Quex, le vénérable Slann qui contemple inlassablement les étoiles.

« - Oyanotec ! murmura Klaxtenq

Seul le silence lui répondit.

- Oyanotec est ici ? demanda Pitzitl, à peine surpris.

- Oui, lui répondit le kapac. Il veut prendre Kai pour se rendre à l’ancienne Tlaxtepok.

Klaxtenq réitéra son appel qui se répercuta dans le seul vent sourd du soir. Pitzitl restait interdit, alors que Klaxtenq s’agitait pour retrouver le caméléon. Il chercha derrière Kai, et dans tous les recoins de l’enclos. Nul trace d’Oyanotec il avait disparu aussi vite qu’il était apparu.

- Alors ça… Il a du s’enfuir pendant que nous parlions.

Un instant, Klaxtenq se dit que le caméléon avait du le voir parler à Pitzitl et s’était inquiété, s’enfuyant ainsi de crainte d’être démasqué. Mais la nuit était bien trop noire pour laisser le soupçon d’un indice au pauvre Klaxtenq qui expliqua brièvement la situation à Pitzitl, qui, tout aussi soucieux que lui, ne montrait que de simples murmures anxieux.

- Il faut le retrouver, déclara le gardien des mares de vie. Et cela avant que quelqu’un d’autre ne le voit.

- Si nous restions ici ? Après tout, il reviendra chercher Kai et nous lui parlerons.

- Non, il faut le retrouver dans le village. Tlazcotl seul sait ce qu’il est en train de faire. »

Et il se retourna, sortant de l’enclos toujours en boitant.

Ils marchaient tout deux dans les rues désertes de la cité. Tout autour, les statues des temples et les colonnes prenaient des allures terrifiantes, des allures de mort et de désordre. Là, l’arène d’Itzl, long bâtiment circulaire qui couvrait une immense place prenait des proportions gigantesques ; et la jungle en arrière fond paraissait pleine de dangers insondables et merveilleux, de craintes et de peurs camouflées. Ils la longèrent un moment et Klaxtenq crut entendre des sons inhabituels, comme des tambours où des cris, mais très loin, très loin de l’autre côté de l’immense mer de verdure. Si loin qu’il se demandait si ce n’était pas le fruit de son imagination. Mais il fut tiré de ses rêveries par la vision apaisante d’un paresseux suspendu à une branche basse, dormant du sommeil du juste, les yeux fermés par le plaisir.

Ils tachaient de faire le moins de bruits possible, tout en scrutant chaque coin suspect. A plusieurs reprises, Klaxtenq crut voir des ombres bouger mais ce ne furent que des geckos malicieux qui se dandinaient le long des pierres ou sur les larges dalles de la grande place. Et là ce n’était que la statue de Tepok, le dieu tutélaire de la cité qui surveillait ses habitants.

« - Où devons-nous aller, à ton avis ? demanda Klaxtenq que la nuit rendait nerveux.

- Je pense savoir où Oyanotec s’est rendu.

- Où ?

- Chez Tuanahok.

Klaxtenq s’arrêta sur place, au beau milieu d’une rue étroite.

- Pourquoi chez Tuanahok ? La cérémonie a lieu demain, son corps est là-bas, conservé dans de l’acide de cactus… et Paltepoc le veille sans doute.

- Pas aujourd’hui, c’est le jour du grand feu de Tepok, tout les prêtres se réunissent pour prier le dieu et l’invoquer. Oyanotec devait le savoir.

- Mais je ne lui ai pas dit que Paltepoc veillait Tuanahok, ni même que ce dernier était mort d’ailleurs !

- Il l’aura deviné. Les caméléons ont un sixième sens qui les portent à deviner certaines choses contenues dans l’atmosphère. Voit cette cité endormie, on dirait qu’elle est en deuil, en grand deuil. »

Pitzitl ne laissa pas le temps à Klaxtenq de répondre, il s’engagea dans une rue adjacente.

Enfin ils accédèrent à la petite bâtisse qui servait de maison à l’humble Tuanahok. Il était mort hier soir, sous les yeux de Paltepoc. D’ordinaire, on laissait le corps reposer une journée entière dans de l’acide de cactus, pour favoriser la conservation et l’embaumement. Ce liquide avait l’avantage de dégager une odeur très agréable, une douce senteur exotique, que les deux skinks perçurent déjà à quelques pas de la maison.

« Va à la fenêtre, Klaxtenq, je m’occupe d’entrer à l’intérieur. »

Klaxtenq obéit, et courut en silence vers l’ouverture qui donnait sur la jungle. Il faillit pousser un cri en voyant une ombre sombre devant lui. Mais ce n’était qu’un ibis, l’oiseau des sages. Cet animal venait depuis la convalescence de Tuanahok veiller sur lui, comme l’aurait fait un père pour son fils. Beaucoup disait qu’il s’agissait d’un Ancien déguisé. Lorsque Klaxtenq arriva, l’oiseau ne s’envola pas, il tourna son long cou vers le skink, puis retourna à ses observations.

Pitzitl dégagea tout doucement le linge de plumes qui faisait office de porte et déplaça l’insigne mortuaire qui pendait à l’entrée. Il ne doutait plus, à présent, que Oyanotec était ici.

La maison de Tuanahok était petite. Une grande pièce de plein pied et un petit escalier qui montait vers le toit, où le sage passait énormément de temps. Et un peu au fond de la grande pièce, une large ouverture qui formait la chambre du sage. Pour le moment, Pitzitl, déambulait lentement dans la pièce principale. Partout autour de lui étaient disposés des instruments de mesure, des objets sacrés, des plaques et des parchemins. Il vit même deux gravures qui représentaient Kitla l’amazone et Korai le kroxigor, les deux fidèles compagnons de Tuanahok. Les murs, comme dans toutes les maisons étaient couvertes de fresques, et celles-ci montraient une sorte de grande aventure épique. Le responsable des bassins de frai était déjà entré dans cette pièce, lorsque les architectes et les artistes skink venaient reconstruire la maison. Il avait demandé au savant ce que signifiait ces fresques. Il se souvint alors de sa voix un peu chevrotante, qui lui avait répondu :

« Ces fresques sont toute ma vie, je les peints sur ces murs pour ne jamais les oublier, et pour que personne ne les oublie jamais. C’est ma petite fierté personnelle, mon doux orgueil que de pouvoir contempler chaque jour ce que fut mon existence, et de croire que le monde ne m’oubliera pas. »

Pitzitl n’avait rien répondu, bien trop impressionné par les mots du savant. Mais à présent qu’il pénétrait pour la seconde fois entre ces murs, il eut l’impression de revoir Tuanahok, là, assit sur son fauteuil de paille à lui parler.

« De croire que le monde ne m’oubliera pas. »

« Non, Tuanahok, répondit Pitzitl à son rêve, le monde ne t’oubliera pas. »

Pitzitl aurait voulu rester longtemps à imaginer le visage vieilli par le temps de Tuanahok, l’entendre encore conter ses aventures extraordinaires, mais un bruit dans la chambre, un léger craquement le mit sur ses gardes. Et, comme s’en était douté, Oyanotec sortit de la pièce, tenant entre ses mains une liasse de papyrus.

Prompt à réagir, Pitzitl lança cette fois au skink :

« - Oyanotec, ne part pas, je voudrai te parler.

Le caméléon le regarda, contenant sa surprise dans une moue féroce. Mais finalement, devant le regard doux de Pitzitl, lui répondit :

- Qu’y a-t-il ?

- Je voulais juste te prévenir que tu es en danger si tu restes ici. Je te conseille de partir au plus vite, avant que le jour revienne. Je ne sais pas ce que tu es venu faire ici, et je ne veux pas le savoir, mais pars vite.

- Je suis venu chercher Kai pour…

- Oyanotec, le coupa Pitzitl d’une voix plus virulente. Je ne suis pas Garmok ou Klaxtenq, tu sais tout comme moi qu’il y a un passage à gué pour traverser la rivière, et tu sais même qu’il aurait été très simple de construire un radeau et de traverser de nuit, alors que le courant est faible. Si tu es revenu ici, ce n’est pas pour t’approprier une monture, c’est pour une toute autre raison. Ta présence dans cette maison le prouve.

Oyanotec s’approcha du skink, un peu penaud. C’était la première fois qu’on le prenait en faute. Tout en gardant une certaine dignité, il répondit :

- Tu as raison. Je suis revenu ici pour aller voir Tuanahok une dernière fois, et le saluer par-delà la mort. Et puis… J’avais quelque chose à prendre.

Il lui montra les papyrus.

- Bien… Ta démarche funéraire prouve que tu ne l’as pas tué.

Cette fois, le caméléon reprit son air hautain.

- Toute les personnes que j’ai croisé pour le moment pensent que je suis innocent. Pourtant, on m’a bel et bien rejeté de la cité… »

Il passa devant Pitzitl, étonné, en un éclair.

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:ermm:8-s

Sensationnel ! Par contre doucement sur le rythme car après cela sera dur de rattraper ( a moins que tu es un planning :P )

Niveau forme, toujours parfait et le fond est tout aussi attirant ! Que des points positifs en somme. :D

Bon bah continues est le meilleur conseil que je puisse te donner :(

@+

-= Inxi =-

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Invité Mr Petch

Oyanotec sortit en trombe du baraquement, bousculant au passage l’ambiance calme de ce soir-là et Klaxtenq eut juste le temps de le voir, tel une ombre, troubler cette indolente quiétude pendant à peine une seconde. Il courut pour rattraper le caméléon. Deux ombres se poursuivaient dans la nuit.

« - Oyanotec ! Nous te cherchions partout.

- J’ai remarqué.

Sa vois était dure et l’absence de tonalité montrait ce mépris particulier que le caméléon aimait souvent à montrer lorsqu’il voulait éviter une conversation ennuyeuse. Mais Klaxtenq ignorait tout des volontés de Oyanotec, et continua :

- Que vas-tu faire maintenant ?

- Comme prévu, je vais prendre Kai et partir à l’ancienne Tlaxtepok.

- Ah ! Pitzitl a du te raisonner ! J’en suis content.

Pendant ce temps, la silhouette fine du gardien des mares de vie était apparu dans l’embrasure de l’entrée, sans pour autant troubler le discours du fougueux Klaxtenq :

- Car il ne faut pas que tu restes là, si jamais un des administrateurs de la cité apparaissait et te voyait, ce serait une situation horrible. »

Pas de réponse, le caméléon était déjà loin dans l’obscurité, longeant les rues selon le chemin inverse des deux autres. Klaxtenq s’en étonna et courut d’autant plus pour revenir à son niveau. Pitzitl le regarda s’agiter en soupirant, et entreprit de revenir doucement à son travail. Doucement car la douleur à sa jambe morte semblait revenir… Pourquoi précisément ce jour-là ?

Oyanotec franchit l’ouverture de l’enclos des téradons et commença à chevaucher Kai, un peu surprise d’une telle intrusion. Klaxtenq qui suivait commença à parler de nouveau, de sa voie si active :

« - Attends, il faut que je lui explique. Elle n’obéit qu’à mes ordres…

Il hésita avant d’un instant pour conclure :

- … et à ceux de Tuanahok.

Inopinément, Oyanotec demanda d’une voix si assurée qu’elle fit frissonner Klaxtenq :

- Quand à lieu la cérémonie d’embaumement de Tuanahok ?

- Demain…

- Merci.

De nouveau, l’écho silencieux de la nuit leur répondit. Si tranquille. Klaxtenq souffla quelques mots à l’oreille de la matriarche téradon. Puis il regarda le ciel, contemplant les étoiles à la façon des vénérables Slanns sur leur pyramide. Il finit par déclarer, sans baisser les yeux :

- Pitzitl a tout de suite deviné que tu étais chez Tuanahok. Je ne veux pas être indiscret mais… qu’as-tu fait chez lui ? »

Oyanotec lui répondit par un sourire qui signifiait trop bien qu’il avait été trop indiscret. Si Pitzitl avait su deviner ce qu’il était venu faire chez Tuanahok, du moins en partie, le caméléon ne voulait pas que d’autres personnes soit au courant. Alors il balança une tape sur le flanc du téradon, qui s’envola dans le ciel sombre. Bientôt, la silhouette pâle de Klaxtenq devint de plus en plus petite, jusqu’au disparaître dans les ténèbres. La caméléon, après s’être stabilisé, risqua de regarder au loin. Il vit quelques lumignons dans la jungle, non loin du côté est de la cité. Sans doute la cérémonie en l’honneur de Tepok à laquelle Paltepoc participait. Il sourit en pensant à ce dernier. Lui, aurait-il compris comme Pitzitl la raison de son retour soudain à la cité ? Il laissa le silence lui répondre et conduisit Kai vers les ruines du temple de Huanchi, ou le fidèle Garmok devait l’attendre.

Le jour était presque levé lorsqu’il fut en vue de la clairière. Les premières nuages matutinaux commençaient à pleurer leur grosses gouttes, ce qui annonçait une nouvelle journée d’averse. D’ailleurs, la rivière paraissait plus chargée encore que les autres matins. Etait-ce un bon ou un mauvais présage ? Oyanotec ne voulut pas répondre, trop occupé à camoufler sous un linge orangé les parchemins qu’il avait trouvés chez le sage Tuanahok. Il s’accrochait à la crête saillante de sa monture par moments, lorsque les secousses de vol étaient trop puissantes. Il craignait avant tout que le précieux document ne tombe dans l’immense mer de verdure. Non, cela aurait été trop bête. Durant tout le chemin, il fut prit d’hésitations et décida finalement d’annoncer à Garmok qu’il devait rentrer à Petchx, que lui continuerait la suite du voyage seul. Le saurus comprendrait. Ou plutôt il ne comprendrait pas, mais il obéirait. Il lui avait toujours obéi.

Mentalement, alors qu’il apercevait les cendres d’un feu de camp qui avait du brûler toute la nuit dans la clairière, il s’entraîna à chercher la bonne formule pour faire obéir son ami. Puis, alors qu’il voyait la colonne grise de fumée qui, partant du sol, venait s’éteindre au milieu des gouttes d’eau, il fut pris d’un mauvais pressentiment.

Il fit comprendre à Kai qu’il fallait descendre, mais elle semblait déjà connaître la teneur de l’itinéraire. Rapidement, le téradon trouva un espace entre les roches pour se poser. Oyanotec bondit au sol. Son pressentiment se confirma.

Plus trace de Garmok dans ce qui avait été leur campement provisoire. Les affaires étaient renversées, mais ce n’était pas le même ennemi que près de la rivière. Non, cette fois, Oyanotec pu distinguer une multitude de petits piétinements un peu partout sur l’herbe rendue humide. Des marques reptiliennes… Il y avait également d’évidentes traces de luttes, l’arme du saurus gisait ensanglantée sur le sol près d’un rocher, à moitié enfoncée dans le sol spongieux. Il n’eut qu’à lever la tête pour remarquer sur ledit rocher d’énorme traces de sang. Il accourut pour étudier de plus près les marques rouges qui dégoulinaient sur toute la surface du rocher. Il y vit de grosses plaques rouges, coagulées. Mais celles qui semblaient s’écouler des pores de la pierre n’étaient pas du sang. Il y trempa son doigt. C’était de la teinture. De la pourpre, issue de certains mollusques que l’on trouvait sur les rivages, loin d’ici. Ces marques écarlates sur la pierre humide étaient le signe flagrant de ceux qui avaient agressé le tranquille saurus par cette nuit sans lune. Ils avaient du profiter de leur acuité visuelle, plus évolué chez ces reptiles-là que chez les saurus. Car à n’en pas douter, les ennemis qu’avaient affronté Garmok tait des skinks, et Oyanotec savait exactement lesquels.

Ramassant l’arme de son ami, il l’en essuya le sang sur l’herbe, et la rangea avec la parchemin, dans la large tissu orangé. Puis il regarda Kai qui reposait doucement ses ailes sur un des rochers surélevés.

Chotec était à présent haut dans le ciel. Oyanotec avait passé un grand temps à réfléchir, sous l’averse naissante, sur la démarche à suivre. Puis la pluie s’était apaisée, pour une raison inconnue, et la soleil avait percé derrière les nuages, rendait l’air plus lourd et irrespirable que jamais. La caméléon avait décidé de faire comme il l’avait dit à son ami, de s’en retourner à l’ancienne Tlaxtepok. Peut-être même que les agresseurs du soir y avaient trouvés refuge.

« Mais avant, avait-il soufflé à l’oreille de Kai, nous avons encore un voyage à effectuer »

Et à présent, il se trouvait, sous le soleil resplendissant, au-dessus de l’immense cité récemment construite de Petchx. Il suivait des yeux la longue procession qui partait du temple de Tlazcotl. Une file interminable de lézards qui priaient à la mémoire du défunt Tuanahok.

S’imposa alors au regard du caméléon l’image trouble du visage du sage, tel qu’il l’avait trouvé, surnageant dans l’huile de cactus. Un visage livide, mais un visage fier, face à la mort. Un visage qui reflétait une extraordinaire dignité. Sûr que ce sage devait rejoindre les Anciens, avec tous les autres héros. Il en avait la carrure. Même mort, il rayonnait d’une aura sensationnelle qui avait même ému le caméléon, hier soir, dans le noir de la chambre.

Mais Oyanotec sortit brusquement de ses pensées hasardeuses, car son sixième sens l’avertit de la présence de Paltepoc. Kai était descendu assez bas, et le caméléon pouvait apercevoir le visage affecté du prêtre. Maintenant, le risque qu’il ne penche sa tête vers le haut était trop grand. Mieux valait s’en aller. Il lança Kai dans l’étendue du ciel bleu, vers l’ancienne Tlaxtepok.

Chapitre 2 : les prisonniers de Sotek

Dino réveilla ses muscles engourdis par un trop long et douloureux sommeil. Sa première réaction fut d’observer son bras droit. Il sursauta en voyant qu’il ne l’avait plus. A la place se trouvait un moignon hideux mais propre, comblé avec du linge rouge. Il eut l’impression de devenir fou, mais son sang-froid reprit le dessus… d’abord savoir où il se trouvait.

Le vieux soldat tiléen regarda donc autour de lui, et là, la surprise fut encore plus grande. Il s’agissait d’une immense salle en roche ocre richement décoré, avec des pierreries diverses, des ornements en os, des bandes d’étoffes et des linges de plumes gigantesques qui pendaient du plafond, des murs, et des fenêtres. Ou plutôt de la fenêtre, car il ne vit qu’une seule ouverture vers l’extérieur. Lui même se trouvait sur une grande paillasse tressée deux fois plus large que lui, au poignée d’or et d’obsidienne.

Il eut soudain envie d’aller voir au dehors, mais il se rendit compte que, malgré tout, il avait peu de forces et se traîner jusqu’à la fenêtre aurait nécessité un effort trop important. L’ablation de son membre droit avait sans doute dû lui saper des forces. En tâtonnant de sa main gauche, il chercha ses armes mais elle n’était pas sur lui. C’est là qu’il se rendit compte de ses habits. Des parures de guerriers, des tatouages rouges ornaient tout son torse poilu, et seul une jupette rouge et un collier de dents lui servaient d’habillements. Voilà qui était bien singulier, se dit-il. Qui étaient ces mystérieux sauveurs qui l’avaient parés de la sorte ?

Il continua son inspection de la pièce. Au quatre coin se trouvait des statues qui l’assurèrent de l’appartenance de ses ravisseurs : des lézards. En effet, les statues représentaient Sotek, l’un des dieux majeurs de leur panthéon païen. De même que les fresque sur les côtés semblaient dépeindre des combats mettant en scène le dieu serpent. Non, là, une des statues au milieu était celle d’un véritable lézard, dos à lui. Elle bougea soudain, se retournant dans une posture primitive. Et Dino, le vieux mercenaire tiléen à la solde de l’amiral Pietro dela Francesca eut face à lui cette créature qu’il avait déjà maintes fois combattu, lors de batailles rangées. Il avait face à lui l’humanoïde le plus étrange qui existait pour lui, ce monstre issu des légendes auquel bon nombre de bourgeois des comptoirs tiléen ne voulait pas croire. Mais lui savait qu’il était réel. Il savait que cette masse de muscle recouvertes d’écailles luisantes était un saurus. Un véritable saurus. Restait à connaître ses intentions.

Modifié par Mr Petch
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Mais que dire ? A part des louanges des bien sur !

Parfait ! Toujours dans l'ambiance, les descriptions y sont ainsi que tout le reste ! Reproche sur la présentation : Le petit bout de deuxieme chapitre qui traine :P

Voilà j'ai fait le tour ! J'ai rien à dire mis à part : Y a plus de tapir :o:P^_^:wink: Et sinon l'action se lance, tout est bien !

@+

-= Inxi =-

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Invité Mr Petch

Oyanotec errait dans le ciel clair depuis un long moment. Kai volait sans but précis, répondant brièvement aux directives aléatoires de son conducteur. Car Oyanotec hésitait énormément. Il avait prévu, après être revenu aux ruines du temple de Huanchi, de permettre à Garmok de revenir à la cité, et que lui continuerait sa route dans une autre direction. Il est vrai qu’il avait eu comme idée première de se rendre et de vivre pour toujours à l’ancienne Tlaxtepok, mais ce qu’il avait trouvé dans la vaste chambre de Tuanahok hier soir l’avait incité à prendre une toute autre direction. Malheureusement, la disparition de Garmok suspendait ses plans pour le moment, car il n’allait pas laisser son ami saurus dans un danger où il l’avait lui-même conduit. Mais dès qu’il aurait retrouvé Garmok, chacun repartirait de son côté, voilà ce qu’il en serait.

En attendant, Oyanotec fit prendre à Kai la direction de l’ancienne Tlaxtepok. Son sixième sens lui disait qu’il y trouverait de l’aide et la réponse à sa question. Et au pire, cela ferait un abri provisoire, hors d’atteinte des prédateurs. Il espérait secrètement que les ravisseurs de Garmok l’eussent emmené là-bas, mais il savait que c’était impossible. Les traces sur les ruines lui avaient démontré qu’il s’agissait des adorateurs de Sotek, et ses fanatiques monothéistes refuserait de bâtir leur camp dans un lieu consacré à un autre dieu. Il savait aussi la férocité et la dangerosité de ces créatures, et connaissait le sort réservé aux prisonniers. Pour cela, il fallait faire vite et sauver le saurus, quoi qu’il en coûterait.

Il arriva rapidement en vue des ruines immenses et tellement étendus de ce qui avait été son ancienne cité, là où il était né. Il vit les tours de gardes, appelés yeux de Tlazcotl, encore fixes sur leur piédestal. Elles marquaient l’entrée dans la cité. Des monticules de rochers, anciens temples en ruines garnissaient partout le sol à moitié dallé, où des herbes s’étaient installés, la jungle rognant toujours plus sur la civilisation. Il reconnut l’immense pyramide principale, au flanc est lacéré, souvenir de la destruction de la cité par les hordes grouillantes d’hommes-rats. Une bonne partie des constructions, surtout celles en lisière de jungle, étaient envahis par une végétation luxuriante. C’était si étrange de voir ce spectacle où la vie renaissait sur les vestiges d’une autre vie. De plus, Petchx avait été construit à l’identique de Tlaxtepok, et Oyanotec eut la sensation de voir sa nouvelle cité détruite, portant les cicatrices de ruines et de flammes. Mais ce n’était qu’un cauchemar qui s’estompa bien vite sous le soleil de plomb.

Non, toutefois, les flammes étaient bien réelles, ou plutôt une douce fumée qui montait. Oyanotec fut intrigué, mais, rapidement, en s’approchant de l’ancienne cité, il vit un campement, des tentes, et des formes s’agiter en bas. Un autre groupe avait pris possession de l’ancienne cité ! Il espéra secrètement qu’il s’agissait des adorateurs de Sotek.

La femelle tapir s’était adjugé une journée de repos complet avant d’entreprendre un bilan des faits. Elle s’était donc trouvé un abri rudimentaire, entre deux grands arbres et avait dormi toute la journée. Elle se réveillait à présent que le soleil était à son zénith. D’abord elle se réjouit de voir qu’il ne pleuvait plus, car ainsi certains sites près des rives seraient intacts, mais bien vite la chaleur l’étouffa. Elle remarqua toutefois avec grand plaisir que sa blessure postérieur avait presque entièrement cicatrisé, et ne la faisait plus souffrir. Voilà qui était déjà bien. A présent, en route ; il fallait décider d’une direction à prendre.

Son intuition animale la poussa à aller vers le nord, en aval de la rivière. Elle commença donc sa route paisiblement en repensant à ce qu’elle venait de vivre. La crue, l’attaque des reptiles chasseurs, l’agression du Monstre, le retour des reptiles chasseurs et le retour du monstre. Somme toute, elle jugea qu’elle avait eu beaucoup de chances car milles occasions de se retrouver au cimetière des tapirs s’étaient présentées et elle avait courageusement évité toutes les embûches. C’est plein de cette fierté animale qu’elle remarqua une colline d’où elle pourrait scruter l’horizon.

Elle entreprit l’ascension de la colline avec ses grosses pattes, les faisant progresser dans l’herbe à peine sèche. Alors qu’elle commençait à grimper, elle sentit un rayon de lumière douce illuminer sa courte trompe d’une façon agréable. Elle en ferma les yeux et continua. Une fois au sommet, elle se sentit en pleine lumière et dominait une bonne partie de la jungle. Jamais elle ne s’était senti aussi bien, le soleil venant taper directement sur son pelage noir et blanc. De là-haut, même un animal fruste comme elle possédait cet intense sentiment de toute-puissance. Elle s’imagina alors que les dangers qu’elles avaient affrontés, la crue, les reptiles chasseurs et le Monstre avaient été envoyés là pour tuer tous les tapirs, et que elle seule était parvenue à survivre. Elle était le seul tapir encore vivant sur cette terre ! Elle était l’élue des tapirs, celle qui ferait repartir la race éteinte ! Il ne restait plus qu’à trouver le mâle élu avec qui faire les petits de la nouvelle génération. Se disant, elle revint à des considérations plus matérielles, baissa les yeux à cause du soleil qui l’éblouissait, et brouta l’herbe bien verte qui garnissait la sommet de la colline.

Après ce bon repas, elle regarda de nouveau l’horizon. C’est là qu’elle aperçut ce qui pouvait être son salut. Au loin, une grande pointe saillante jaillissait du sol comme une canine, et on voyait à sa surface de nombreuses aspérités, comme des milliers de grottes habitables. Là-bas, c’était la Terre promise, le paradis des tapirs. Et elle commença à galoper vers le grand pic.

Dino était resté interdit un long moment, à fixer ce saurus qui le regardait avec autant, sinon plus, d’étonnement que lui. Mais rapidement, les deux êtres vivants avaient compris qu’ils étaient dans le même bateau et l’instinct de survie les avait incités à ne pas se frapper mais à réfléchir ensemble – au grand soulagement de Dino.

Garmok s’avança vers le tiléen et effectua une sorte de révérence primitive qui devait être un salut saurus. Dino lui répondit par un salut identique. Il avait appris que le meilleur moyen d’être accepté par des étrangers était de faire comme eux. Là, le saurus lui désigna de la main droite un point dans la pièce. Dino tourna la tête doucement et vit une corbeille remplie de fruits et de viande divers. A côté, une jarre de grande taille qui sans doute, contenait un liquide quelconque. Au moins ne mourraient-ils pas de faim ni de soif. C’est là que Dino commença à se poser des questions. Il n’avait vu aucune ouverture, à la part la mystérieuse et inaccessible fenêtre, et il s’agissait assurément d’une prison. Maintenant, tout ce faste, ce luxe ne correspondait pas vraiment à l’image qu’il sa faisait d’un lieu de captivité. Alors, tout de go, il lança au saurus :

« - Hé bien mon ami, voilà un lieu bien singulier !

Garmok écarquilla ses yeux, surpris de voir cette créature émettre des sons, et s’approcha de lui. Dino savait très bien que son codétenu ne le comprendrait pas, mais il s’était retenu trop longtemps, il n’avait pas pu parler lorsqu’il était seul et il allait profiter de la présence de ce lézard pour s’exprimer.

- Maintenant, j’aimerais bien pouvoir me lever voir à la fenêtre, mais mes forces sont trop faibles…

Là, un miracle se produisit. Le saurus sembla comprendre ce qu’il avait dit. Il acquiesça par un grognement sourd et, se dirigeant vers Dino, le prit par l’épaule gauche et le tira jusqu’à la fenêtre. Là, le tiléen pu observer le paysage.

Il dominait toute la jungle luxuriante d’ici, et pour cause : ils devaient bien être à cent mètres au-dessus de sol. C’était vertigineux, et Dino ne resta pas trop longtemps à la fenêtre et partit se reposer de nouveau sur sa paillasse.

- Bon… Visiblement, on ne veut que nous sortions… Maintenant, reste à savoir la volonté réelle de nos agresseurs. Après tout, ils sont peut-être pacifiques.

Il regarda alors son moignon de bras. Puis, se tournant vers le saurus :

- En fait, je m’appelle Dino…

Et il répéta les deux syllabes de son prénom et posant son index gauche sur sa poitrine. Le saurus dut comprendre car, faisant de même, il répéta en souriant :

- Garmok ! »

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Invité Mr Petch

Oyanotec entreprit de se poser dans la jungle, assez loin de la cité pour ne pas être vu et approcher en silence. Il commanda à Kai de se poser à l’abri d’un grand bosquet, et commença ses investigations.

Profitant de son talent d’éclaireur, il n’eut aucun mal à parcourir la petite distance qui le séparait des premiers bâtiments du camp avec la plus grande des discrétions. Il entendait de longs murmures provenant de la cité en ruines, ce qui confirmait la présence d’intrus entre ces murs. A tâtons, dans l’obscurité relative de la lisière, il écarta légèrement le feuillage qui allait lui permettre d’accéder à un meilleur poste d’observation.

Il sursauta alors en entendant une voix plus forte que les autres, et d’autres qui lui répondaient. Il ne comprenait pas ce langage, ce n’était donc pas des skinks. Il ne pouvait voir celui qui parlait car un énorme bloc de pierre lui masquait la vue, l’un des « yeux de Tlazcotl » l’empêchait d’observer à loisir. Sans bruits, il se décala un peu vers la gauche, et alors put enfin voir qui étaient les mystérieux intrus.

Des humains. Des humains arborant d’énormes armures dorées et des uniformes colorés. C’était donc eux qui s’étaient permis d’établir ici leur campement. Entre les blocs de pierre effondrés, les colonnes vacillantes, les lianes envahissantes, des toiles de tentes et des abris sommaires en branchage avaient été érigés. Et de nombreux humains grouillaient comme des fourmis dans ce chaos verdoyant. Il en aperçut certains qui abattaient des arbres, le torse nu, une hachette à la main, s’acharnant avec hargne sur le pauvre tronc d’un acacias en fleurs. D’autres semblaient s’intéresser aux ruines, se penchant sur les inscriptions et les notant sur un petit objet à l’aide d’une sorte de stylet minuscule. Enfin, d’autres encore se contentaient de parler, de ranger leurs armes, ou même de dormir à l’ombre d’une voûte encore intacte sur un hamac de fortune. Le plus étrange était cette sorte de nonchalance chez tous ces soldats, comme si pour eux, l’idée d’une guerre était loin et qu’il se reposait ici. D’ailleurs, à bien y réfléchir, ils n’étaient pas si nombreux, peut-être une quarantaine, et une simple patrouille de kroxigors auraient suffi à les faire fuir. Cette pensée rassura un peu Oyanotec. Peut-être n’avaient-ils aucune volonté belliqueuse.

Et puis apparut derrière la colonne un humain essoufflé, portant une simple chemise verdâtre. Il parlait de façon volubile et semblait désigner quelque chose dans la forêt. Oyanotec se crut repéré, mais non, le soldat désignait bien autre chose. La curiosité du caméléon s’aiguisa d’autant plus lorsque l’humain sortit d’une de ses poches un médaillon de rubis rouge. Il savait où il avait vu ce médaillon… Même à cette distance, la vue perçante du skink ne le trompait pas. La forme sinueuse qui ornait l’intérieur du bijou dans une courbe précieuse était la silhouette fatale du dieu serpent, Sotek.

A partir de ce moment, Oyanotec décida qu’il fallait établir un lien avec ces humains, et oublier toutes les craintes et les réticences à demander de l’aide à des créatures différentes. S’ils savaient quelque chose à propos des adorateurs de Sotek, il fallait agir. Le caméléon retourna à toute vitesse, mais toujours aussi discrétement, vers Kai qui l’attendait sagement. Il l’enfourcha, et décida une approche directe et céleste avec les humains.

L’ombre imposante de la matriarche téradon, dont l’envergure dépassait du double de celle des autres de son espèce, s’étalait, de plus en plus grande, sur le sol herbeux de l’ancienne Tlaxtepok. En bas s’était massé une foule d’humains curieux, dont certains brandissait une sorte de longue pique qui obligeait Kai à changer d’itinéraire. Oyanotec entendait des murmures monter vers lui. Evidemment, cette apparition soudaine allait en imposer, et c’est ce qu’il voulait. Pour le moment, les soldats ne devaient voir qu’une aile rouge géante au-dessus d’eux, le spectacle devait être grandiose. Le caméléon se rappela l’avoir déjà vu, lorsque les escadrons de téradons revenaient de leurs expéditions pour se poser dans la volière, majestueusement, comme les Anciens venus des étoiles.

Puis arriva le moment de l’atterrissage. Et alors que Kai trouvait une roche adéquate pour agripper ses pattes crochues, une roche légèrement surélevé pour que Oyanotec puisse dominer la foule, une cercle humain s’était formé autour d’elle, dont beaucoup étaient armés, et d’autres tremblotaient légèrement. Mais tous avait ces yeux effarés de quelqu’un qui subit une apparition divine.

Ils restèrent ainsi un long moment, Oyanotec balayant de son regard imposant la foule, avant que l’un des humains ne se décide enfin à venir parlementer. Oyanotec le vit fendre le groupe de ses congénères avec un certain dédain, ce qui lui plut de prime abord. Il observa venir vers lui cet homme à la barbe rousse épaisse, à la longue robe rouge aux reflets orangés et aux milles paillettes jaunes luisantes un peu partout. La caméléon distingua d’emblée une sorte de magie qui émanait de cet homme, qui était à n’en pas douter un sorcier. Quelques distances derrière lui se tenait un autre homme qui lui ressemblait beaucoup, à l’allure hautaine, qui triturait une épée large dans sa main. Mais ce dernier ne s’avança pas plus, et continua de regarder Oyanotec du même regard supérieur, laissant le sorcier s’exprimer.

Il y eu d’abord un silence durant lequel l’homme et le skink s’observèrent, comme pour mieux lire dans le visage de l’autre. Oyanotec eut même l’impression que le sorcier regardait à l’intérieur de lui, le forçant à débuter la conversation. Mais le caméléon n’en fit rien, comptant sur son indomptable volonté qui, en effet, était bien plus grande que la patience du sorcier, qui lança alors dans un saurien primitif mais compréhensible :

« - Que viens-tu faire ici ?

- Je viens pour vous proposer un marché.

- Un marché ?

Le sorcier eut l’air étonné. Le petit jeu d’Oyanotec fonctionnait à merveille. Il continua :

- Oui. Je me présente d’abord. Oyanotec, skink caméléon à la cité de Petchx.

- Federico dela Francesca, savant et sorcier du feu en Tilée.

Leur regard était encore un peu suspicieux, mais c’était comme s’ils commençaient à se comprendre l’un l’autre. Il y eut un nouveau moment de silence, pendant lequel le skink cherchait du regard une personne précise dans la foule. Le soldat qui avait trouvé le médaillon. Il parcourut ainsi le cercle en silence, puis finit par désigner du doigt le tiléen en question, le faisant sursauter de peur. Le caméléon ajouta la parole au geste :

- Je voudrais parler avec cet homme.

- Que veux-tu savoir de lui ?

Le soldat en question n’en menait pas large, il se cachait derrière ses congénères, écoutant une conversation qu’il ne comprenait pas.

- Il a découvert un médaillon qui m’intéresse.

- Il t’appartient ? demanda à brûle-pourpoint le sorcier.

Oyanotec y sentit un piège, et répondit :

- Non. Au contraire, j’aimerai retrouver son propriétaire qui m’a kidnappé un de mes amis.

Le sorcier eut une moue de surprise agréable. Autour d’eux, les murmures se faisaient plus intense entre les rangs agités des soldats, beaucoup avaient baissé leurs armes mais certains tenaient encore la main sur leur épée. Celui qui ressemblait au sorcier se tenait toujours immobile, avait la même prestance et la même assurance, il devait être le chef. Parfois, le sorcier lui jetait un regard significatif. Cette fois, ce fut même un échange de paroles, car la réponse du caméléon semblait avoir intéressé les deux hommes. Soudain, le chef envoya d’un geste tout ses soldats se disperser dans le camp., et invita du regard Oyanotec à le suivre, lui et le sorcier dans leur tente.

L’abri était sommaire mais richement décoré. Le chef avait le goût du luxe. Ils s’assirent sur une sorte de paillasse, et Oyanotec se tint en tailleur face à eux. Le sorcier continua la conversation :

- Je vous présente l’amiral Pietro dela Francesca, mon frère, celui qui dirige cette expédition. Comme vous avez pu le remarquer, nous ne sommes pas là pour vous combattre, nous sommes là pour étudier ces ruines et repartiront… sans rien voler.

Il avait hésité un instant et jeté un regard vers son frère à cet instant.

- Je veux juste savoir où il a trouvé le médaillon, lança Oyanotec qui n’appréciait pas ces formalités d’usage.

Le sorcier fut surpris, mais enchaîna tout de même :

- Pour cela, il me faut vous expliquer dans le détail une affaire. Nous sommes arrivés par le nord il y a maintenant un mois. Et en chemin, nous nous fîmes attaquer par un groupe de lézards comme vous, mais portant des tatouages rouges sur le corps. Heureusement, nos soldats aguerris parvirent à les mettre en déroute et nous eûmes peu de morts et de blessés à déplorer. Toutefois, l’un de nos soldats avait reçu un projectile dans la jambe et se sentait mal. Mais pas assez pour arrêter de marcher.

« Et puis soudain, ce même soldat, un brave homme nommé Beppo, fut pris d’une sorte de folie sanguinaire, et se mit à mordre à la gorge son compagnon, le tuant sur le coup. Le spectacle était atroce, il suçait le sang de l’infortuné soldat et il fallut cinq hommes courageux pour le contrôler. Mais rien n’y fit, il ne se calma pas et, blessant l’un des hommes une nouvelle fois, partit dans la forêt comme un forcené.

« Nous autres, mercenaires tiléens, tenons plus que tout à sauver nos hommes, et des expéditions furent organisés pour tenter de le retrouver. L’une d’elle le trouva… Y participait une jeune recrue du nom de Giacomo et un vétéran, Dino. Giacomo fut tué par celui qui était désormais un monstre, et Dino s’enfuit blessé.

« L’homme que tu as vu découvrit le corps inanimé de Dino près de la rivière, mais il s’inquiéta en entendant des bruits venir vers lui. Il s’agissait du groupe de lézards qui nous avaient attaqués. Ils emportèrent Dino, et le courageux soldat entreprit de les pister, pour parvenir à l’endroit où il se cachaient. Il parvint à leur dérober un médaillon doré et retourna au camp nous avertir. Nous allons tout faire pour retrouver Dino à présent.

L’amiral avait suivit la conversation avait ce même air supérieur, regardant tour à tour son frère et la caméléon. Après l’histoire, Oyanotec lança une question, la seule qui l’intéressait, et dès qu’il aurait le renseignement, il repartirait d’ici :

- Où l’ont-ils emmené ?

- Un grand pic, non loin d’ici, qui mesure bien une centaine de mètres.

- La dent de Sotek… Evidemment. »

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Bon, alors je viens de finir les deux premières sagas, et je veux déjà la suite de celle-ci !

Rien à dire sinon, c'est entrainant et captivant, c'est du tout bon. Le Monstre a disparu depuis un moment... Serait-il avec les skinks rouges ???

Sinon, juste une remarque négative : L'histoire de Oyanotec et de son ami saurus qui disparait me fais légèrement penser à Tuhanok et son ami Kroxigors qui disparait tout le temps et qui attaque tout... Bref, légère répétition, mais rien de grave

La suite !

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Invité Mr Petch

Voilà donc la suite, avec deux fois plus de tapir ! Attention, certaines scènes "hot" peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes ! :lol: (enfin... vous verrez bien quoi...)

Mais avant, juste pour répondre à Geofff:

- Merci pour tes compliments, et ta remarque on ne peut plus judicieuses concernant l'analogie entre Tuanahok et Oyanotec. Mais je m'efforce dans e nouveau récit, notamment dans les chapitres 2 et 3, de rendre l'intrigue asez différente pour que la essemblance s'estompe au fil de la lecture !

La femelle tapir avançait sans quitter des yeux le long pic rocheux qui émanait de la jungle environnante tel une improbable épine. Elle fixait intensément, avec une incroyable ferveur ce « Paradis des tapirs », ce lieu miraculeux qu’elle rêvait d’atteindre. Elle s’imaginait déjà y rencontrer le Mâle élu, avec lequel elle continuerait la race éteinte. Il y avait à cet instant quelque chose d’humaine dans le comportement instinctif de la bête, quelque chose d’étrangement inhabituel. Elle se prenait à rêver et à réfléchir, et s’imaginer des choses incroyables. Tout autour d’elle n’était que cendres et ruines, le ciel était un néant vide et le sol n’existait plus sous ses pieds. Il y avait juste cette épine miraculeuse jaillissant du rien, ce lieu sacré où l’attendait le mâle élu. Elle ne voyait que ça et ne faisait pas attention aux éléments qui l’entouraient, perdu dans de si lointaines pensées.

Et elle n’entendit pas le souffle rauque du Monstre, tapi dans un fourré. Sa respiration haletante et nauséeuse retentissait pourtant dans toute la forêt, et son odeur infâme de sang séché se répandait atrocement autour de lui. Ses deux bras étaient couturés de cicatrices divers et de tatouages grossiers, tracés avec le liquide vital de ses proies, son visage hideux ne ressemblait plus à l’humain qu’il avait été, mais à un hybride simiesque et détestable, que le crâne de jaguar, lui servant de casque, rendait encore plus effrayant, car il donnait cette impression que le Monstre avait deux bouches, deux nez et deux paires d’yeux, et qu’il était issu d’un quelconque croisement malsain. Tel était à présent le Monstre, anciennement un mercenaire tiléen du nom de Beppo Girobaldi, affilé à l’amiral Pietro dela Francesca, et tombé au combat lors d’une rixe contre des adorateurs de Sotek. Il n’était plus rien à présent, juste le Monstre, et ainsi en serait-il jusqu’à sa mort. Toutefois, un éclair de lucidité se lisait dans les flammes corrosives de ses yeux ; et cet moment de raison lui incitait de se venger de ceux qui l’avait ainsi meurtris.

Il laissa passer la femelle tapir, encore plongée dans ses réflexions, et se mit à la suivre, à tâtons, vers la dent de Sotek.

Dino regarda par la fenêtre le ciel qui affichait toujours un soleil rayonnant. Il se languissait dans sa cage dorée et la compagnie du saurus Garmok n’était pas des plus distrayantes. En effet, le lézard restait dans un état de semi-conscience, comme si pour lui le monde s’était arrêté et qu’il attendait, comme s’il était resté bloqué dans une torpeur toute reptilienne, une position d’attente infinie qui le confinait dans un autre univers. Souvent il passait sa main à la liane qui lui servait de ceinture, comme pour y trouver une arme, mais son insuccès le replongeait de suite dans l’état en question.

Dino observait ce petit manège avec un ennui profond, et se demandait si, lui aussi, n’allait pas devenir comme le saurus, d’autant plus qu’il ne pouvait pas trop se lever. Tout de même, ça valait le coup d’essayer.

S’appuyant de son coude gauche sur la paillasse, il tenta de se hisser, mais le bras valide ne parvenait pas à soutenir tout le poids du corps. Il devait compter sur la seule force de ses jambes. Cherchant un meilleur appui, il plaqua la plante de ses deux pieds au sol, et, poussant un cri, parvint finalement à se mettre debout.

« - Ca y est, Garmok ! Je peux marcher ! Regarde, c’est formidable, je peux marcher !

Le saurus le regarda en effet, plus surpris par le cri que par les paroles. Dino, quant à lui, sautillait gaiement dans la pièce, et alla jusqu’à la corbeille de fruit pour se saisir d’une mangue fraîche et la croquer.

- Ces fruits sont délicieux… Nos ravisseurs sont au moins attentifs à nous laisser en vie.

Il se retourna alors vers le saurus, à présent assit sur le sol, ses deux jambes balourdes étendues devant lui.

- Tu ne trouves pas ça bizarre, qu’ils nous laissent en vie ? Nous n’avons pas encore vu leur visage, ils ne nous ont rien dit de leurs volontés. Pourtant, il doit bien avoir une ouverture quelconque, ils vont finir par venir nous chercher, ne serait-ce que pour nous nourrir.

Il se mit à arpenter la pièce en tâtant les murs, à la recherche de ce qui pouvait être une ouverture. Il abandonna la partie est où se trouvait la fenêtre, qui n’était qu’une immense falaise, et cogna avec un bâton trouvé par terre sur les murs ouest. Soudain, il s’arrêta victorieux :

- Là ! A cet endroit là, c’est creux, le passage doit être là. Maintenant, évidemment, il faudrait briser la roche, et je ne voit pas comment, d’autant plus que nous tomberions dans la gueule du loup. Bon… voyons l’autre côté.

Il se dirigea vers la fenêtre et évita de regarder vers le bas pour ne pas être pris de vertige.

- Nous devons être au dernier étage. La fenêtre la plus proche est à cinq mètres en contrebas. On pourrait l’atteindre avec une bonne corde, mais là encore, rien ne dit que nous serions tirés d’affaire. Il ne reste plus qu’à attendre nos ravisseurs. »

Il se tourna alors dans la direction du saurus et constata à regret son inaction. De dépit, il se jeta sur la paillasse et s’allongea pour calmer sa jambe qui lui faisait toujours mal. Il la massa un peu et continua de déguster sa mangue. Elle avait un petit goût acidulé qui réveilla ses papilles , qui n’avaient plus senti le goût de la nourriture depuis plus d’une journée. La texture charnue du fruit l’apaisa un petit moment, et le jus sucré qui jaillissait de l’entaille faite par les dents du tiléen s’écoulait lentement en de fines gouttes tout le long de la joue sale où poussait une barbe de trois jours. Le liquide glissa jusque dans son cou, rafraîchissant tout son être. Dino en ferma les yeux de plaisir. Cela faisait plusieurs mois qu’il n’avait pas goûté à un tel délice, le voyage en bateau et la traversée de la jungle s'étant limité à des haricots au bouillon, des morceaux de lards fumés bien trop salés et des citrons à l’acidité agressive. Il savoura donc cet instant pour que le goût du fruit lui este longtemps dans la bouche.

Une fois qu’il eut achevé son court repas, Dino lança au saurus, qui était à présent étendu contre le mur:

« Tu ne manges pas ? Tu devrais, cette viande à l’air appétissante. »

Disant cela, il alla chercher la viande en question, et tira de la corbeille ce qui devait être une cuisse.

« A quel animal peut-elle appartenir ? » se demanda le tiléen en observant l’appendice musculaire. Puis, il repéra quelques poils grisâtres laissés sur le membre. Intrigué, il en tira quelques uns, mais sans parvenir à les identifier. Alors, il plongea de nouveau sa main valide dans la corbeille tressée, et faillit pousser un cri. Ses doigts venaient de frôler un élément froid et mou, terminé par deux extrémités rigides et tranchantes. Il retira vite son bras dans un mouvement de hâte et se contenta cette fois, de regarder.

Il vit deux yeux glauques le regarder dans l’obscurité, deux yeux d’un bleu luisant, entourés d’une sorte de texture opaque et gluante. Les deux organes le fixaient, comme un zombi guettant sa future proie. Dino sursauta, puis se reprit. Il jeta un œil vers le saurus, au bord de la somnolence, et se risqua à retenter la traumatisante expérience. En fermant les yeux cette fois, il lança sa main gauche dans le récipient pour en tirer la chose qui l’avait tant effrayée.

Un crâne de skaven, les fameuses créatures-rats, responsables de la chute de Miragliano. Il en avait déjà combattu. Sauf que celle-ci était bel et bien morte, sa chair pourrissant dans la corbeille. Il fallait croire que pour leurs ravisseurs, le rat constituait la principale source de nourriture. Seulement le ventre du tiléen se mit à grogner, sans doute n’avait-il pas été calmé par le fruit. Surmontant un dégoût naturel, il arracha un petit morceau de l’avant-bras et se mit à le grignoter, cru. Non qu’il n’avait jamais mangé de la viande crue – la guerre contraint bien souvent à pire que ça – mais la provenance de la viande le mit mal à l’aise. Et puis il y avait le silence de son codétenu, toujours immobile dans une position fœtale, à présent. Dino n’aimait pas ça. Il ne l’aimait pas du tout.

Ca y est, elle y était enfin parvenue, au pied de cette immense tour, dont les trous étaient comme de multiples yeux qui la regardaient en silence. Elle s’approcha de ce qui devait être l’entrée, un petit passage étroit dans la roche. Elle s’y faufila sans grande habileté. Derrière elle passait l’ombre froide du Monstre.

Le couloir montait ensuite en pente douce, à travers un dédale labyrinthique de conduits plus ou moins exposés au soleil chaud de l’après-midi. La femelle tapir regardait autour d’elle émerveillée encore d’être arrivée au Paradis des tapirs. Elle continuait de monter, suivant son instinct, en sachant que là-haut l’attendait le Mâle élu. Elle pressa un peu le pas, mue par une sorte de douce frénésie. Ses grognements résonnaient dans les couloirs, et leur écho la poussait à croire de plus en plus à l’existence d’un autre tapir dans ces lieux. Elle se pressa davantage encore.

Soudain, elle s’arrêta au beau milieu d’un tunnel sombre éclairé par une intense lumière venant du fond. Elle s’arrêta car elle venait d’entendre un cri. Un cri différent du sien, plus grave, plus discordant. Un cri qui, à n’en pas douter, n’était pas l’écho du sien, mais bel et bien la tonalité accueillante d’un mâle tapir. Le Mâle élu. Aucun doute, elle fila vers la lumière.

Là, dans une immense grotte haute et large baignée d’une lumière puissante, celle d’un soleil généreux dans un ciel bleu de marbre, l’attendait, étendu comme un dieu sur son trône, le Mâle élu. Elle admira longuement sa trompe aux crénelures élégantes, ses poils fous, assez gris, mais signe d’une force de survie importante. Ses deux yeux noirs fixaient la femelle avec un mélange de crainte et de désir animal. Mon son instinct de mâle reproducteur fut plus fort, et, alors que la femelle ébahie par ses rêves réalisées miraculeusement restait immobile dans l’entrée de la cavité rocheuse, il s’approcha d’elle, avec un démarche souple, et se mit à la renifler, un préliminaire amoureux classique pour cette espèce. Le soleil vint taper de plus en plus fort les esprit déjà échauffés des deux animaux. Et dans cette journée comblée de miracle, celui de la vie se produisait à dix mètres au-dessus du sol, dans une alcôve bouillante des rayons du soleil.

Modifié par Mr Petch
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