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La voie du Samuraï


Warzazatt

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Voilà un nouveau récit que je commence.

Certains d'entre vous ont peut-être déjà lu les portes du Couchant, un récit que j'avais commencer et qui se passait à Cathay: eh bien on oublie ce dernier!

Et on recommence du neuf avec celui-là...mais cette fois à Nippon!

"Et Karl Baker, alors?" Je sais que mener deux récits en même temps sera peut-être dur, mais pour moi, ce sera plus marrant de changer de style et d'histoire de temps en temps.

Voilà. Bon, là il n'y a que le début. C'est court mais c'est juste pour savoir si vous aimez le style. :wink:

La voie du Samuraï

Chapitre 1: Sous l'ombre du Yang-Tou.

Ma mère me disait souvent que lorsque la nuit tombait sur la vallée, les démons de la montagne descendaient dans les plaines et emportaient les enfants imprudents qui se risquaient dans l’obscurité. Pendant mon enfance, ce conte m’avait gardé à la maison quand le ciel au-dessus des Yang-Tou rougissait et que les bois prenaient une teinte indigo, mais ce soir je m’étais décidé à sortir pour aller voir partir mon père et les autres guerriers du Seigneur des Kedowara.

Le village où j’habitais était construit de petites fermes et de maisons de bois espacées les unes des autres par des champs de millet. Au dessus du village, je pouvais voir en sortant la colline escarpée sur laquelle se tenait la demeure du seigneur du clan: plusieurs étages de bois blanc, de poutres, de toîts de tuiles et de panneaux de papiers posés sur un socle de pierre grise. Le chateau m’impressionnait toujours lorsque je le voyais; un jour, lors de la fête de Yangoun, le Dieu Rieur, j’avais pu gravir le chemin de pierre en lacet qui montait jusqu’au portes de bois noir. De là-haut, le regard dominait toute la vallée: au Nord, les cascades blanches des montagnes dévalaient les pentes boisées comme des fils d’argent et bondissaient sur les escarpements sombres, enfin elles se regroupaient dans un torrent violent qui contournait le village et les champs par l’Ouest puis tournait à l’Est au Sud du hameau.

C’était l’été, la chaleur du jour était tombée avec la nuit et une brise tiède et humide soufflait des montagnes, rendant ma peau moîte. Ma mère triait des fruits et les mettait à sécher pour l’hiver, l’odeur de fumée du feu parvenait encore à mes narines lorsque je quittai le village en me dirigeant vers le grondement sourd du torrent. Je quittais les lumières jaunes du village, et plongeait dans l’obscurité de la nuit seulement contestée par la lueur pâle de Yakima, la plus grande des Jumelles.

Je comptais dire mes adieux à mon père lorsqu’il passerait le pont de pierre qui enjambait le fleuve en aval: en prenant le chemin des pêcheurs qui longeait les eaux bruyantes du torrent, j’arriverais avant eux qui prenaient la route contournant les dépressions humides où les moustiques pululaient.

Mon coeur était resté serré jusqu’à maintenant par l’angoisse de voir mon père, guerrier du clan Kedowara, partir vers la capitale loin d’ici. Cela faisait quelques jours qu’il était resté à la caserne du chateau sans que je puisses le voir et c’est ma mère qui m’avait appris la nouvelle: il allait escorter le vieux seigneur du clan qui se rendait à la fête d’anniversaire du Seigneur de Guerre, à Tagoshima, la cité impériale: il serait absent longtemps.

Si j'allais jusqu'au pont, mon père verrait que j’étais brave et que j’étais digne d’être un guerrier comme lui. Je rêvais de devenir un guerrier, c’était pour moi le but le plus noble que je puisse avoir; cependant, je n’en étais qu’à ma treizième année et mes cousins plus agés porteraient avant moi la coiffe des combattants et mon apprentissage des armes serait sûrement écarté au profit de celui du dogme : selon la tradition, c’était mon grand-père qui décidait de l’avenir de ses petits-fils et il ne désirait pas en voir trop d’entre eux entrer dans la classe des guerriers.

Je pensais être celui qui connaissait le mieux les bords de la rivière et en tirait une certaine fierté : je courrais vite dans les hautes herbes et j’évitais tous les trous sombres remplis d’eau stagnante. La fraîcheur de la nuit m’environnait et la course me procurait un sentiment de liberté sans borne : je riais dans l’obscurité en pensant à la tête que ferais mon père en voyant son fils jaillir sur le chemin tel un démon des bois. Enfin, la courbe de la rivière tourna vers l’Ouest et j’aperçus le pont de pierre éclairé par des lampes de toiles vertes et bleues : les couleurs des Kedowara.

Modifié par Warzazatt
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A partie d'une trame très classique, tu arrives à suggérer tout l'exotisme et les particularités du Japon, il manque encore une épaisseur de trame mais on est au début et plusieurs pistes sont ouvertes (le destin fixé par le grand père, le sort du père).

Tes descriptions sont nombreuses, néanmoins, elles sont vivantes et l'ensemble selit très facilement.

Si je devais faire une critique, ce serait juste qu'un sentiment de redondance nait parfois (l'omniprésence de l'eau, le fait qu'il va voir son père que tu abordes deux fois), qui pourrait dire que tu aurais pu structurer l'ensemble de manière plus rigoureuse.

En lisant ça, c'est vrai qu'on pense vraiment à desimages de BD ou de films médievaux japonnais... C'est très évocateurs. Attention à ne pas te distraire trop par l'exotisme.

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puis elles se regroupaient dans un torrent violent qui contournait le village et les champs par l’Ouest puis tournait à l’Est au Sud du village.

Enlève le dernier 'puis' pour mettre un 'enfin', c'est tout con mais c'est plus jolie :D

l’odeur de fumée du feu parvenait encore à mes narines lorsque je quittai le village

Je sais pas si 'parvenait' est approprié, on dirait que l'odeur à envahit tout le village... 'envahissait' ? Là je sèche un peu, et chipote beaucoup.

Je quittai les lumières jaunes du village, et plongeait dans l’obscurité

Conccordance des temps pssé simple--> imparfait. Qu'est-ce que mon prof de français à pu me faire c**** avec ça... :wink:

A part ces trois remarques juste pour dire que j'ai quand même bien lu, le reste est bon, très bon.

Bonnes descriptions, on imagine le chateau (moi j'ai vu celui de Age Of Empire) le petit village autour, la forêt un peu inquiètante, etc.

Bon, ce n'est qu'un début, donc on a aucun repère pour deviner la suite, et c'est tant mieux, ca donne envie de la connaitre.

En clair écris-la. :D

"les démons de la montagne"---> Ne conaissant pas le monde nippon ni mauvais de Cathay, je me demande s'il s'agit d'Hommes-Bêtes...

KrokDur, ki detest lé zumin, ossi ceux avek leur ptit yeux et la po jaune.

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Invité WHAAAAAAAAG!!

Eh bien c'est un bon début, agréable à lire qui plus est :wink::D . J'ai tout de suite été plongé dans l'histoire et les descriptions bien que nombreuses sont bien menées et permettent de cerner rapidement l'environement du personnage.

Bref j'atend la suite.

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D'accord avec ce qui a été dit.

Les descriptions sont des plus agréables, on est dans l'ambiance... Bref, que du bon.

Mais moi, ce qui m'intéresse, maintenant, c'est la façon dont tu vas faire entrer l'action là-dedans...

Et pour cela, il me faut... Une suite, et oui!

Sur ce, Imperator, qui te dira tout après que tu lui aies livré ce qu'il demande...

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Un très bon début : On s'immerge réellement grâce au nombreuse description. Néammoins, elle sont faites de telle façon que l'on n'est pas ennuyé. J'attend donc la suite avec impatience.

-- Aenario --

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Merci pour vos messages! Ils m'ont fait plaisir, donc j'ai écris illico une autre petite suite tranquille. pour info, je pense que ce texte comportera beaucoup de descriptions et d'informations sur la culture et le pays de Cathay, afin que l'on plonge un max dans l'ambiance et que l'on mette enfin un peu de relief, même si je suis le sculpteur, sur ce pays fascinant de Warhammer. Si l'un de vous a des conseils sur la culture de la chine antique à me passer, qu'il ne se gêne pas. Cela m'aidera.

Pour la forme, sachez que ce texte sera sûrement long et son rythme lent. Voilà.

Ce passage est aussi assez tranquille, mais l'action viendra un jour, ne vous en faites pas.

(Bon, et ensuite, je reprends karl Baker après le diner.)

Enaï, le jeune héros du texte, arrive au pont où doit passer la troupe de soldats dont fait partie son père.

La suite...

La troupe des soldats n’était pas encore là, mais le vent m’apportait la rumeur de sabots ferrés claquant sur la route. Je décidais de me cacher derrière un arbre près de la chaussée de pierre et d’attendre en écoutant. Ils arrivèrent rapidement à ma hauteur et les silhouettes des cavaliers se dévoilèrent à la lueur des lampes : Aucun d’eux ne portaient leurs casques et je pus facilement distinguer mon père des autres guerriers. Je sortis de ma cachette et apparus à ses côtés d’un bond. D’abord surpris, il se raidit et porta sa main au pommeau de son sabre, puis en entendant le son joyeux de ma voix, il se radoucit et m’invita à monter quelques instants avec lui car ils ne pouvaient s’arrêter pour moi. Il m’aida à monter sur le grand cheval et nous reprîmes notre place dans la colonne.

« Ta mère vas être furieuse quand tu reviendras à la maison. » dit-il non sans une teinte de reproche.

« Grand-mère sait que je suis ici. »

Mon père acquiesça en silence et je sus qu’il était fier de mon courage et de ma prévoyance.

« Serez vous longtemps absent, père ? » lui demandais-je.

« Le temps que Yakima redevienne dans le ciel exactement comme elle est ce soir. »

Je levais la tête et regardais l’astre pâle au dessus de nous, gravant sa forme dans ma mémoire. Mon père me fit plusieurs recommandations sur le travail que j'aurais à la maison et les responsabilités que j’aurais tant que lui et mes cousins seraient absents.

« Akio et Funio t’accompagnes ? » m’étonnais-je.

« Oui Enaï, mon fils, tes cousins ont tous deux l’âge de commencer leur véritable rôle en tant que guerrier Kedowara. Ce voyage sera leur première mission, et ce n’est pas une des moindres : avec tous les nobles importants réunis en un seul endroit, l’atmosphère risque d’être tendue au palais du Seigneur de guerre. Nous sommes sur le qui-vive et le resteront jusqu’au moment où nous repasseront les portes de Yung-Na. »

« C’est pour cela que le Seigneur a préféré partir de nuit si discrètement ? »

« Oui, il craint une attaque ou une filature, et il n’a pas tord. Moi-même, j’ai cru un instant à une attaque quand tu as surgit des arbres ; pourtant les chevaux ont senti ton odeur et n’ont pas bronché, cela aurait du m’avertir que tu n’étais pas un bandit. » se reprocha t-il. Un léger silence seulement troublé par le vent et les chevaux s’installa.

Assis devant lui, je me sentais dans l’endroit le plus sûr du monde et j’étais heureux de partir en voyage. Je ne voulais rien dire pour ne pas rompre le charme et j’eus bien voulu que son cheval ne s’arrête jamais pour me laisser redescendre.

« Veilles sur ta mère et sur les autres. Honores nos ancêtres et ils veilleront sur toi. »

Je le saluais respectueusement, la gorge légèrement nouée.

Puis le cheval s’ébroua et mon père disparut vers la torche du cavalier de queue.

Lorsqu’il passèrent derrière un épaulement et que leur lumière s’évanouit, je me retrouvais dans le noir le plus complet. J’attendis un instant que mes yeux s’acclimatent, puis je suivis la route dans l’autre sens.

Le retour fut morose et la nuit semblait avoir perdu sa saveur de liberté.

Ma mère me gronda sévèrement en me menaçant avec les pincettes du feu lorsque je rentrais; mais je m’y étais préparé et laissais passer l’orage : je savais qu’elle ne me tiendrait pas vraiment rigueur d’être aller dire au revoir à mon père. La maison, toujours chaude et accueillante comme les bras de ma mère, sentait la pêche et la prune. Sur le feu près d’un écran ouvert, une tarte finissait de cuire et mon appétit acheva de chasser mon affliction passagère dûe au départ de mon père.

Ma mère suivit mon regard et m’avertit :

« Celle-là est pour demain. Si tu as faim, il reste un peu de galette et il y a du miel dans le placard. »

Je grignotais un moment en pensant à la journée de demain. La moisson n’était pas terminée dans les champs et il y aurait du travail pour tout le monde dans la fraîcheur du matin, ensuite, aux heures chaudes, le prêtre du Dieu Sage instruirait les fils de guerriers sous le grand chêne près du torrent. Et enfin, lorsque le soleil baisserait, j’irais à la rivière pour pêcher avec les autres garçons ou alors nous ferions des parties de Jang, un jeu de stratégie avec des pions et des cases, si le temps était mauvais.

Je souhaitais bonne nuit à ma mère et j’allais m’étendre sur ma natte dehors sur un des balcon. Je m’endormis paisiblement en tentant de me souvenir d’un coup fameux que m’avais montré un jour mon grand-père.

Modifié par Warzazatt
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Je pense que ce texte n'as pas été relu. Ou alors, tu devrais faire attention à la conjugaison. J'ai remarqué de nombreuse fautes d'accord et de concordance des temps. Ben sinon, c'est une bonne suite. Je ne m'y connais pas vraiment sur la chine donc je peux pas trop t'aider. Le seul petit reproche que je pourrais me permettre de te faire étant la courté de chaque partie. On a juste le temps de s'immerger et puis crac, le texte est fini.

-- Aenario --

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Chapeau bas....!Trés beau texte encore une fois(tu est en train de mal nous habituer :wink::D )J'ai juste remarqué 1 petite faute :

finissait de cuire et mon appétit acheva de chasser mon affliction passagère du au départ de mon père.

Je crois qu'il y a un accent circonflexe(mais je n'en sus pas ur du tout !)

Sinon a part ca je trouve que ton texte est trés bien tourné et j'adore tes descriptions(rien que la tarte aux prunes ma mis l'eau a la bouche...).Pour moi les descriptions c'est ce qu'il y a de plus important dans récit :eh oui je les places devant le scénario(il est fou ce type :D !).Attention ca ne veux pas dire que je trouve ton scénar pas terrible au contraire mais pour l'instant pour me prononcer de ce coté

la j'attends une suite!Sinon j'adore le milieu ou se passe l'histoire au moins ca nous depayse totalement !

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Invité bloody-angel

Le rythme est trop lent pour moi, mais il conviendra surement a d'autres.

A part ca, jm y connais pas des mass en chine, je suis plutot japon.

Et javais une question : les personnages sont des skavens? parce que je connais pas ce pays et jy verrai bien des skavens. Bon, cest ptet juste mon esprit tordu, mais vu que tu l'as pas precisé, jgarde espoir -_-

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Très bon texte, magnifiquement raconté. Bref, en un mot comme en mille, j'aime! Est-il besoin d'en dire plus?

Alors voilà:

Aucun d’eux ne portaient leurs casques

Aucun d'eux ne portait son casque... Et oui, aucun, c'est singulier, normal, vu qu'il n'y en a pas, ils ne peuvent être plusieurs, même si ils, c'est pluriel, et pis tant pis, c'est quand même son casque à lui, enfin, à aucun...

Bon, péccadille que cela! Continue donc, que je me régale, et n'hésite pas à rajouter d'autres prunes... Et bravo pour ton utilisation des noms qui, même s'ils peuvent être inventés (ce qui n'est qu'une hypothèse) semblent parfaitement réél.

Sur ce, Imperator, empereur du néant.

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Sir Kedowara.

Seigneur conviendrait mieux à l'ambiance, en anglicisant moins le terme.

Bon je m'étais juré de ne lire qu'un texte ce soir avant d'aller me coucher, et d'y répondre demain. Mais là, il va falloir que j'intervienne parceque... ben tu le vaux bien! -_-

Warzazzat, tu maîtrises à la perfection l'art de la description, et l'aspect exotique de Cathay est ici poussé à l'extrême. Nous sommes loin du formalisme Nippon traditionnel, et bien plus proche d'un style plus Chinois, et donc par transposition, cathayen. Mieux, tu évites les pièges de l'occidentalisation dans le fond et la forme, en t'attachant bien à décrire l'univers tel que le perçoit le jeune garçon : sa famille, ses espoirs, ses activités. Un seul doute m'assaille : cultive t'on du milet en Cathay? Sûrement que oui, mais le riz me paraitêtre un produit plus à même de correspondre à ton univers. En même temps, cela permet de t'éloigner du risque de la caricature, et apporte une petite touche d'originalité supplémentaire à ton oeuvre. C'est très rafraichissant.

Malheureusement, tout n'est pas parfait, et je vois un gros point noir, dans le dialogue entre le père et l'enfant. Certes, il s'agit d'un moyen de laisser des indices, d'ouvrir des perspectives, mais je ne suis pas convaincu par le fait qu'un père, un soldat qui plus est, raconte tant de choses à son fils. des choses qui généralement, restent entre soldats.

Oui, il craint une attaque ou une filature, et il n’a pas tord.

Un soldat n'avouerait jamais cela à un gamin. un père encore moins à son fils, pour éviter de semer la crainte et le doute au coeur de sa famille. Mais rassures-toi, ce n'est qu'un point mineur qui n'enlèves aucun plaisir à la lecture.

Et du plaisir j'en ai pris jusque là. J'attends donc, à l'instar des autres, que tu poursuives ce texte. Prends ton temps pour nous pondre quelquechose de très bien. Je te fais confiance là-dessus.

Dwarf

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La fin de l'été. Enaï attend le retour de son père partit avec le seigneur du clan qui dirige le village pour la fête d'anniversaire du Seigneur de guerre qui se déroule dans la capitale, loin du village.

La suite...

Les journées chaudes de la fin d’été passaient avec une lenteur exaspérante. Chaque jour semblait copier le précédent et je me sentais enfermé dans une routine paisible et rassurante. Cependant, chaque soir, je sortais sur le balcon et levait les yeux vers la pâle Yamika.

Je savais que quelque part, mon père regardait comme moi la même silhouette nacrée avec au cœur la nostalgie d’une belle terre au pied des montagnes: alors je priais la déesse blanche qui nous voyait tous deux de veiller sur lui et de lui trouver une voie sûre dans son manteau de ténèbres.

Je restais longtemps assis à contempler la nuit, ne cessant que lorsque ma mère venait enfin me chercher : un soir, elle s’assit à côté de moi, sa robe du soir légèrement ouverte pour profiter de la brise fraîche. Le bruissement lancinant d’un grillon nous berçait lentement, tandis que le hululement sonore d’une chouette raisonnait dans la nuit. Tous ces sons, ces odeurs de pins et de fleurs auxquelles s’ajoutait le parfum de ma mère me semblaient plus vivants que les journées brûlantes que je passais à travailler ou à m’instruire.

Ma mère prit ma main dans la sienne.

« Yakima nous montre ce soir le même visage que lors de son départ…et il n’est toujours pas rentré… »

Il n’y avait nul besoin de préciser qui était « il ». Je savais qu'elle parlais de mon père.

Je serrais ses doigts frêles et graciles dans les miens.

« Il ne devrait pas tarder. Père n’est jamais en retard…Je suis sûr qu’il sera là demain matin pour nous saluer avant que les travaux de l’aube commencent. »

Mais le lendemain, seul un soleil rose et doré me salua lorsque j’ouvris les yeux.

Mon père n’était pas seul à me manquer. Mes cousins, qui étaient plutôt des frères pour moi, revenaient souvent dans mes pensées.

Le rire cristallin d’Akio et sa bonne humeur, le ton sévère de Funio lorsqu’il nous réprimandait…J’avais vécu toutes ma vie à leurs côtés et ils étaient devenus pour moi, comme d’autres visages familiers, des repères fixes dans ma vie: cette première absence était synonyme de changements importants et semblait appeler la fin d’une vie que j’avais aimée pour ce qu’elle était :constante et heureuse dans l’ensemble. La pensée qu’un jour je puisse vivre ailleurs loin de ma famille me terrifiait et je brûlais de l’envie d’enfermer les années passées dans une sorte de bulle intemporelle qui existerait pour toujours à l’abri du changement.

Enfin, sept jours après la nuit du retour prévu, la bannière Kedowara apparut enfin au loin sur la route. Le ciel s’était chargé de chaleur pendant toute l’après-midi et le soir était maintenant obscurci par des nuages sombres annonciateurs d’orage. Sa vue me remplit de joie et je quittais mes camarades de jeu pour aller prévenir ma mère. Ijito, un de mes meilleurs amis m’emboîta le pas en me demandant ce que j’avais vu.

« C’est le Seigneur, il est de retour ! Tu ne vois donc pas sa bannière là-bas, sur la route ? »

Ijito fit un signe de dénégation en regardant la chaussée grise.

Je n’écoutais pas sa comparaison entre ma vue et un aigle et m’élançait sur la côte qui montait vers les maisons.

A mes cris, ma mère sortit en courant, le front inquiet.

« Qu’est ce qui se passe, Enaï ? »

Le seigneur, je l’ai vu ! il revient ! Ils sont de retour ! »

Ma mère sourit de bonheur et je lui souris en retour : Je n’aimais rien plus que de la voir joyeuse. Je m’apprêtais à courir pour rejoindre la troupe des guerriers approchant et les saluer comme une armée victorieuse, mais ma mère m’interpella :

« Non ! Tu restes ici ! J’ai besoin de toi pour préparer le dîner, sinon ton père mangeras des fruits secs ce soir. »

Un instant l’envie me prit de protester, mais contre l’expression impassible et immuable de son visage, je savais que je n’avais aucune chance. Je pénétrais donc à regret dans la maison et me dirigea vers la cuisine.

Lorsque mon père rentra enfin après avoir rempli ses offices à la caserne, le Soleil avait déjà passé l’horizon et le ciel était maintenant tout à fait noir : les étoiles étaient voilées par les nuages et un vent fort se levait. Mon grand-père avait fait égorgé un veau pour l’occasion et une odeur délicieuse de viande cuite et d’herbes emplissait la salle d’entrée.

Toute la famille vint l’accueillir en lui souhaitant un bon repos, mais père avait le visage voilé par la tristesse et nos acclamations moururent dans nos gorges à sa vue. Quelque chose me frappa immédiatement: il était seul.

« Funio et Akio…où sont-ils ? » dit ma grand-mère d’une voix anxieuse.

Mon père baissa les yeux et le tonnerre claqua dans l’air, se perdant en échos sur les reliefs du Nord. Le reste de la soirée me parut irréel, comme un cauchemar dont j’étais prisonnier: Mon père et mon grand-père se rendirent au château pour aller chercher les corps et les faire envoyer au temple. Ma mère, ma grand-mère et moi restâmes dans la salle du repas à pleurer un flot de larme qui semblait impossible à endiguer. L’orage grondait au-dessus de nous et le torrent forcissait sous l’ajout des pluies, mais j’aurais souhaité que le ciel se déchaîne encore plus pour exprimer pleinement le désespoir et la rage que je ressentais. La pluie descendit des montagnes et inonda les champs. A travers les éléments, je pouvais presque entendre les prières des prêtres du Dieu des Morts qui accueillaient mes cousins dans leur nouvelle demeure : regardant vers le temple dressé sur une petite éminence, je vis un brasier s’allumer malgré l’averse. Le bois mouillé hésita, puis finalement l’huile triompha de l’eau et une flamme énorme enfourna les deux corps. La fumée noire se perdit dans un ciel d’encre et la nuit prit un goût de larmes.

Modifié par Warzazatt
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Très beau, on se sent immédiatement dépaysé...

Je vais essayer de suivre ce texte avec plus d'assiduité que Karl Baker... :lol:

J'aime vraiment, vraiment beaucoup!

J'attend la suite avec impatience! :lol:

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Merci pour vos messages!

j'ai corrigé les fautes signalées.

Enfin, j'ai des questions: trouvez vous le rythme trop lent? Est ce que vous voulez de l'action rapidement? Mon texte restera je pense centré sur les humains de Cathay...Quelqu'un a t-il des idées quant à l'organisation géo-politique du pays? (Je ne demande pas la version officielle, mais des idées made in vous-même.)

Voilà. Merci de me lire: ca fait toujours plaisir. :'(

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:'( Bravo j'ai adorer le texte! Les descriptions sont sublime et me font énormément penser au Japon, en clair c'était splendide.

Quand au information sur la Chine, vu que le titre est "La voie du Samuraï", je pense qu'elles seraient inutiles et que des renseignement sur le Japon s'impose. :)

Sir Kedowara.

Seigneur conviendrait mieux à l'ambiance, en anglicisant moins le terme.

Pour rendre plus Japonnais, tu pourrai changer sir par Shogun qui signifie seigneur si je me souvient bien.

Un seul doute m'assaille : cultive t'on du milet en Cathay?

En Chine, je suis certain que le millet était cultiver mais je n'irai pas jusqu'a affirmer que c'était le cas au Japon.

Pour plus d'information sur le Japon médiéval, je te conseil de voir "le dernier samouraï" (même si je n'aime pas l'idée qu'un ricain sois le dernier samouraï...), sinon je croi qu'il existe en Cathay et peu être en Nippon des hommes-bête à tête de tigre...

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Merci pour les conseils Otaji.

Quand au information sur la Chine, vu que le titre est "La voie du Samuraï", je pense qu'elles seraient inutiles et que des renseignement sur le Japon s'impose.

Aaaah, aïe, aïe, aïe!!! La grosse boulette! Bon, vu que mon histoire devait se dérouler dans Cathay, il vaudrait peut-être mieux que je change le titre...mais en fait: Non! Bienvenue à Nippon!

Sinon, pour les hommes-tigres...C'et une riche idée: faudra que j'y pense...

Pense tu qu'ils devraient être forcémment hostiles?

Modifié par Warzazatt
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Pense tu qu'ils devraient être forcémment hostiles?
Tout ce qui n'est pas 100% humain est hostile, tout bon répurgateur te le dira. Et encore, le 100% humain brûle bien, il paraît. Plus sérieusement : si ce sont des hommes-bêtes (quelle que soit la bête), ils seront hostiles. Sinon, ça dépend quelle divinité ils servent.

Pour la suite, surtout, ne te presse pas : contrairement aux fous du kult' de la vitess qu'on peut trouver en Europe, les Chinois n'ont pas réputation de se dépécher. Applique-toi à de somptueuses descriptions, le plus possible, puisque tu les réussis très bien. Demande aussi un coup de main à O;)rion si tu le trouves, c'est un spécialiste du Background.

J'ai tout de même été très déçu que le père ait survécu (on est jamais content). Pour tout dire, je trouve que les sept jours ont passé diablement vite ; il aurait sans doute fallu ponctuer par des rumeurs rapportées par les voyageurs ou les marchands. Un peu de doute aurait fait le plus grand bien car même si la surprise (pour celui qui n'a pas lu la critique de Inxi) est au rendez-vous, elle n'a pas tout son intensité.

Enfin, je crois qu'il te faut au plus vite introduire la trame principale de ton histoire : ç'aurait même dû (en effet, il y a le circonflèxe) être fait depuis longtemps. Toutefois, je te fais confiance sur ce point, mieux vaut que tu restes humble : un gosse de treize ans ne soulève pas les montagnes, contrairement à d'autres.

Conservateur, je n'ai pas un goût prononcé pour tout ce qui dépasse l'Oural ou même les Alpes. Mais comme j'aime bien m'ouvrir, parfois, autant en profiter pour connaître un peu mieux la Cathay et ses coutumes. Ne te gêne donc pas dans d'immenses descriptions de la poutre soutenant la porte secondaire d'une cuisine !

P.S. : Karl baker... c'est long !

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Bienvenue à Nippon!

:) Cathay est le nom donner à la fois au pays représentant la Chine et au territoire qu'y l'entour. En clair, les jungles étouffante du sud qui représente notre Indochine actuelle s'apelle Cathay mais ne fait pas partie du Royaume de Cathay, peu être est ce le cas pour Nippon.

Pour tes hommes bêtes à tête de tigres, je pense qu'il sont forcément hostile, mais ils pourraient peu être obéirent à un humain, aller un nom au pif "Nobunaga" le seigneur-démon ( :D Quoi? Comment sa il a exister? :'( ).

Sinon quelques info sur les samouraï: leur arme de prédilection est l'arc long, il porte deux sabre: un long et un plus court. Leur armure est en plaque de bronze il me semble et ils ne craigne pas la mort. Si ils perdent la face il se suicideron, lorsqu'il vont au combat ils se parfument et se font beau au cas ou ils mourraient je croi... ils sont fidèle a leur seigneur (shogun) et n'obéissent que lui, un samouraï qui trahi ces lois (le code de l'arc et de la flèche, qui ressemble au code de chevalerie du moyen age européen) il devien un ronin et est exclu.

Pour finir, je te dirai juste que mon samouraï préféré se nommai Benkei, c'était un colosse de 2 mètre de haut mort contre les archers de Nobunaga pendant qu'il défendait le chateau de son seigneur. Il se battai avec une énorme faux avec laquelle il pouvai déblayer les rangs ennemis (bon j'exagère mais c'est mon idole ce gars la), si tu pouvai le fair intervenir dans ton récit, même pour trois seconde, j'en serai heureux :D (si tu ne peu pas le placer, ne te force pas a lui trouver une place)

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Invité tequierojamaica

Très bien écrit !!!

Maintenant, pour la suite :

- les hommes tigres sont bien des hommes-bêtes. Mais selon le codex, ils sont lunatiques, parfois agressifs et parfois sages et protecteurs, et vivent en INJA ( il me semble ), donc tant pis pour les hommes tigres !!!

J'attends impatiamment la suite !!!

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