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Dernier regard


Wilheim Von Carstein

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Voila un petit récit introductif, assez court, sur lequel j'aimerais avoir vos avis, histoire de savoir si cela vaut le coup que je continue où s'il est préférable pour tout le monde que je retourne à mes chers devoirs :wink:

Voila la bête :

Joshua se sentit glisser vers l’oubli.

Les ténèbres l’entouraient et, pour la première fois depuis longtemps, il ressentait quelque chose. Le froid... une sensation de froid qui remontait le long de son bras brisé, qui se déversait depuis la profonde blessure dans son abdomen et des multiples contusions qu’il portait à la tête. Ses lèvres éclatées dessinaient cependant un pâle sourire, ironique et triste ; un sourire de victoire amère ; le sourire d’un homme qui avait dû sacrifier tout ce qui lui était cher pour vaincre.

Lui qui avait toujours cherché à savoir ce que voyaient ses victimes dans leurs derniers instants, lui qui avait plongé son regard dans celui de tant de poupées brisées, un rictus sur le visage, tentant vainement de percevoir quelque chose dans ces yeux exorbités, déjà vitreux n’y avait rien vu, rien que son propre reflet, amer et torturé. Comme si, dans leurs derniers instants, ses victimes triomphaient finalement de lui en lui renvoyant cette image, preuve de son propre échec. Comme une lame dans la nuit, quelques gouttes de poison dans un breuvage délicat, comme…

A quoi bon tout cela ? Il allait bientôt savoir, ultime récompense avant la chute dans les abysses auxquelles il s’était voué lui-même, au bord desquelles il s’était tenu sans hésitation avant de sauter. Le court fil de sa vie avait été tranché il y a bien longtemps déjà et pourtant il avait continué, il s’était relevé et avait poursuivi sa route, plus fort que jamais. Pendant près de sept siècles, il avait couru le monde, seul, à la recherche de ce qui lui avait été volé, de ce dont on l’avait privé. La quête touchait à sa fin. Il avait réussi.

La mort tardait à venir le prendre, à le libérer enfin de cette vie éternelle dont il n’avait jamais voulu. Son regard erra un moment dans la pièce. Le combat y avait laissé de profondes traces. Les tapisseries anciennes étaient déchirées et en feu, les chandeliers et les braseros s’étaient renversés, répandant des braises ardentes sur le plancher marqueté. Les murs noircis étaient enfoncés par endroits, la porte avait volé en éclats et des gravats jonchaient le sol. Les vitraux n’avaient pas supporté les rafales d’énergie magiques qui s’étaient déchaînées dans la pièce. Le clavecin ne ferait plus jamais entendre sa mélodie lancinante. Le miroir… seul le miroir était encore intact mais il était lisse à présent et ne reflétait plus rien, rien que le mur rougeoyant contre lequel Joshua était écroulé. Il ne l’avait pas vaincu, pourquoi donc y aurait-il vu son image ?

Il fut pris d’une violente quinte de toux. Quelle étrange sensation pour sa gorge dans laquelle l’air ne circulait plus depuis longtemps. Cela lui rappela les temps anciens, cette époque à laquelle il pouvait encore sentir la caresse réconfortante du soleil sur sa peau, quand apaiser sa soif ne l’obligeait pas à tuer, quand une simple lame ou la maladie auraient pu l’emporter. Mais cette époque était révolue depuis longtemps, morte en même temps que lui. Mais à sa différence, elle avait atteint le calme et l’oubli. Enfin, il allait pouvoir la rejoindre, rejoindre tous ceux qu’il avait occis et jouir du repos auquel il n’avait pas eu droit depuis si longtemps l’esprit tranquille, l’âme en paix, s’il en avait encore eu une. Il s’était vengé, il avait vengé la mort des siens. Tout n’allait pas si mal…

Voila, j'attends vos commentaires

Modifié par Wilheim Von Carstein
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Moi j'aime bien! :wink:

Le style est maitrisé, un vocabulaire riche... Aucun reproche à faire, si ce n'est la longueur: un peut court...

Donc... Oui, va y envoie la suite! ^_^

Quoique... Je vois mal comment tu va poursuivre... A part en faisant un flash back. Mais je suis sur que tu va trouver!

Kadra, qui y connais rien aux vampires

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Invité Rik Azul

Ton texte est agréable a lire ,notamment grace a son vocabulaire riche et varié.Et aussi parce qu'il n'y pas de fautes d'orthographes(en plus ca a l'air d'etre ton 1er texte,non ?)Donc rien que pour cela un grand BRAVO :wink: ! Bon par contre c'est un peu court meme pour un texte d'introduction... Comme Kadra je vois mal comment tu va poursuivre,peut-etre un flash-Back ?

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Je suis dans le positif ! Comme les autres !

Tu as une bonne maitrise de l'écriture et je crois pas avoir vu de grosses fautes, de problèmes de temps ou de phrases construite de facon irregulière !

Le fond est lui aussi impecable ! On plonge bien dans cette ambiance de pré-mort et on en redemande avec plaisir ! Je demanderais bien évidemment une suite qui serai, une éventuelle reincarnation ou un développement de la vie de l'elfe, je suppose !

Bravo, et la suite !

@+

-= Inxi qui aimerait que tu jetes un regard sur les textes de la section :wink: =-

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-Un vocabulaire riche.

-Des descriptions chargées mais digestes. (comment faire autrement dans le cas présent, de toute façon?)

-Une cohérence dans les pensées que qui permet de bien comprendre le personnage...

Quoi d'autre? QUe dire?

Ah oui! Bravo! :wink:

J'attends la suite avec impatience.

P.S: Pense à lire les textes des autres. ^_^ ...et à les commenter.

Le Warza ( qui poste, lit.)

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Bon, tu pense bien que en voyant le pseudo de l'auteur, je me suis jetté sur le texte! :zzz:

Bon alors voyons, un vampire? tiens, ça me surprend :D

Bon, blague à part :

très bon texte, comme dit, le vocabulaire et le niveau des phrases y est pour beaucoup. les derniers instants de la mort d'un vampire (même si c'est une chose que je vois souvent sur le champ de bataille :wink: ) sont très bien conté et j'attend la suite avec beaucoup d'impatience

Korelion, zut alors, s'il vient là lui aussi, ou aurais-je la paix? ^_^

ps : beinvenu au club quand même! :)

Modifié par korelion
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Bon, il s'agit clairement des âffres de la mort, la lente agonie avec toute la mélancolie et le regret qui va avec.

Comme ont dit les autres, le style est maîtrisé et, ce qui ne peut que m'enchanter, il n'y a aucune faute (ou alors vraiment minimes de chez minimes!).

Reste que j'aimerais que l'on revoie ensemble deux passages:

Le premier est celui-ci:

Lui qui avait toujours cherché à savoir ce que voyaient ses victimes dans leurs derniers instants, lui qui avait plongé son regard dans celui de tant de poupées brisées, un rictus sur le visage, tentant vainement de percevoir quelque chose dans ces yeux exorbités, déjà vitreux. Mais rien ! Il n’y avait rien vu, rien que son propre reflet, amer et torturé. Comme si, dans leurs derniers instants, ses victimes triomphaient finalement de lui en lui renvoyant cette image, preuve de son propre échec. Comme une lame dans la nuit, quelques gouttes de poison dans un breuvage délicat, comme…

En fait, je m'en fait pour la première phrase. Il n'y a pas de sujet, pas de verbe, seulement une majuscule et un point. Grammaticalement, cette phrase n'a pas de sens.

Maintenant, on vas me répondre qu'en fait elle s'accouple avec la suite. Seulement, là, la suite, c'est : Mais rien.

Mais rien quoi? Ce pourrait être une tournure de style, mais il me semble que c'est faux. On dit par "mais rien" qu'il ne se passa rien. Seulement, cela sous-entend qu'il aurait pu se passer quelque chose dans la phrase précédente, ce qui n'est pas le cas...

Selon moi, il faudrait voir à rajouter un verbe dans la première phrase, voire même à ne faire de tout cela qu'une longue phrase, ou que sais-je. Bon, d'une certaine manière, ma vision de la chose est hautement discutable, mais il me semble vraiment qu'il y a un problème.

Déjà que ton texte est très rempli de mystère, il vaudrait peut-être mieux laisser un peu de sens aux choses. À voir... (je n'ai pas la sacro-sainte vérité.)

Sinon, voici le second morceau:

Il allait bientôt savoir, ultime récompense avant la chute dans les abysses, abysses auxquelles il s’était voué lui même,

La répétition de Abysse pourrait être justifiée, mais elle me semble, dans le cas présent, alourdir ton texte. Je propose de mettre:

"Il allait bientôt savoir, ultime récompense avant la chute dans les abysses auxquelles il s’était voué lui même,"

Voilà. Sinon, rien à redire.

Sur ce, Imperator, qui se demande s'il y aura un début (vu que cela semble être la fin...)

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Merci à tous pour vos réponses plutôt encourageantes. J'espère avoir le temps de poster la "suite" dès ce soir.

Pour Imperator, il est vrai que j'ai eu un gros doute sur le premier passage dont tu parles. La phrase est un peu tordue et il manque une fin

Du style " Lui qui avait toujours cherché à savoir ce que voyaient ses victimes dans leurs derniers instants, lui qui avait plongé son regard dans celui de tant de poupées brisées, un rictus sur le visage, tentant vainement de percevoir quelque chose dans ces yeux exorbités, déjà vitreux, n'y avait jamais rien trouvé "

Même si la phrase sonne faux, il me semble tout de même qu'elle est compréhensible : le personnage fait une sorte d'introspection amère (du style "moi qui ait fait ceci-cela, au final je n'ai rien", le "au final je n'ai rien" étant passé sous silence, car assez évident)

Il est vrai que tout ce passage est assez flou mais il me semble aussi que les phrases, bien qu'individuellement assez vides de sens, se soutiennent mutuellement. J'essayerai cependant d'y apporter quelques corrections.

Merci encore pour vos commentaires, la suite ne devrait pas tarder.

A+

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Voila la suite, comme promis.

C'est encore assez court, désolé, mais je n'ai pas des masses de temps et je préfère un récit fragmenté mais non pollué par une certaine lassitude à un récit écrit d'un bloc sur lequel j'aurais du mal à me concentrer.

Au milieu de la pièce en feu, son corps brisé adossé à un mur éboulé, Joshua se remémora ce qu’avait été son existence pendant les sept derniers siècles, cette parodie de vie qu’il avait menée.

Chapitre 1 : Renaissance

Tout avait commencé par un sombre rêve dans lequel son esprit semblait s’être égaré et dont il ne pouvait s’échapper. Il vit un corps, allongé sur un froid dallage de pierre éclaboussé de sang. Ce sang qui coulait de profondes blessures que la fine toge de lin et l’épais manteau de voyage du mourant n’avaient pas pu prévenir. Son lourd bâton orné de crânes d’oiseaux et de talismans dorés était brisé entre ses doigts qui ne semblaient de toute façon plus avoir la force de le tenir. Sa joue reposait sur le froid dallage et des gouttes écarlates se détachaient une à une de son nez sur lequel serpentait un filet de sang provenant de son front.

Il ne ressentait rien. Il regardait simplement cette pitoyable créature, immobile sur la pierre, la brume qui rampait sur le sol semblait lui tenir lieu de linceul, s’enroulant doucement autour de lui. Il ne voulait pas la voir, il ne la connaissait pas. Mais il ne pouvait en détacher son regard. Son cou ne lui obéissait pas, il ne le sentait même plus. Il ne ressentait rien, pas même le battement de son cœur ou la régulière pulsation de sa respiration.

Quelque chose attira son attention. Sur le visage de la créature, quelque chose se mêla au sang qui coulait. Quelque chose de liquide, de transparent, quelque chose qui ne pouvait être qu’une larme. L’être sanglotait doucement. Joshua regarda le coin de la paupière qui n’était pas dissimulée par le nez du mourant. Elle tremblait imperceptiblement. Et du coin de cette paupière naquit une nouvelle larme, petite masse d’eau salée qui grossissait doucement, au rythme de l’agonie. Elle se détacha doucement, sans un bruit et commença à rouler, à escalader l’arrête du nez délicat de la créature. Elle arriva au niveau du filet de sang, ralentit, s’arrêta, frémit un peu avant de disparaître, happée par cette masse rouge et poisseuse.

Son regard revint à la paupière de la créature, mais tout mouvement l’avait abandonné. Plus rien ne bougeait. L’imperceptible crispation de douleur qui déformait ses lèvres un instant plus tôt avait disparu. Elle s’en était allée en même temps que sa dernière larme, son dernier soupir, l’étincelle de sa vie.

Tout était calme à présent. Joshua sentit comme un soupir dans l’air, la fin d’une intense tension, la fin d’une épreuve difficile. Il ne pouvait toujours pas bouger. Son regard était fixé sur ce corps sans vie. La périphérie de sa vision devenait indistincte, comme si une brume sombre avait commencé à emplir la pièce, se déversant des murs. Elle se répandit rapidement et la dernière chose qu’il vit de la scène fut une goutte de sang se détachant du nez de la créature. Alors que tout disparaissait, il entendit le premier et le dernier son du rêve, le son humide d’une goutte s’écrasant sur la pierre.

Alors que la brume semblait gagner son esprit, que ses pensées semblaient disparaître en même temps que le corps de la créature, Joshua fut tout à coup pris d’une certitude. Il ne savait pas pourquoi mais il n’avait jamais été aussi sûr de quelque chose.

Ce visage mort était le sien.

J'espère que ça vous plait, la suite viendra...plus tard

A+

Modifié par Wilheim Von Carstein
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d’eau salée

??? La, il faut que j'aille revoir mes connaissances scientifiques :wink:

Sinon, c'est toujours aussi beau ! Toujours aussi maitrisé ! Toujours aussi bien ! Et toujours aussi court ^_^

Non serieusement à part ce que j'ai relevé au dessus, j'ai rien vu à changer, c'est bien ! Pas de fautes d'hortographes ni de problème de styles ! Donc une bonne rigueur de ce coté !

Bah, je suppose que tu lance ton texte ( quelle persipacité ! ) et donc c'est pour l'instant assez bien parti ! Je veux donc une suite !

@+

-= Inxi, jete un coup d'oeil aux autres textes =-

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Heu... mes cours de bio sont assez lointains mais il me semble bien que les larmes sont composées de sérum physiologique (lire d'eau salée)

Pour Korelion, les "il" succesifs renvoient essentiellement à Joshua.

A+

Modifié par Wilheim Von Carstein
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Voila la suite, désolé pour le laps de temps important. Elle est un peu plus consistante que les morceaux précédents mais si vous n'aimez pas les descriptions, passez votre chemin... :wink:

Joshua s’était réveillé juste à la fin du rêve. Il ne s’était pas dressé soudainement, le corps couvert de sueur, les yeux hagards, le cœur battant à tout rompre.

Non, il avait simplement ouvert les yeux, et la vue qui s’offrait à lui était celle d’un plafond très bas, à quelques centimètres à peine de son visage. La pièce était sombre, aucune lumière ne brillait mais il n’avait pas de problèmes pour voir ce qui l’entourait. Il tourna précautionneusement la tête à gauche et à droite. Les murs et le plafond de l’endroit où il se trouvait étaient bosselés de façon régulière. Les bosses étaient rouges et duveteuses et dans les creux brillaient des petits disques métalliques, bombés et dorés.

L’endroit était très étroit, il pouvait à peine s’y tenir allongé, tel qu’il était à présent, mais il ne se sentait pourtant pas oppressé par le confinement. Ses mains étaient croisées sur sa poitrine. Il était vêtu d’une ample toge blanche, ses pieds étaient nus et à sa main droite luisait faiblement un anneau doré, un crâne affublé d’une paire d’ailes de chauve-souris qui s’enroulaient autour de son annulaire.

Même s’il se sentait bien dans cet endroit, sa curiosité le poussa à palper les murs, en quête d’une issue. Le plafond se souleva brutalement alors qu’il ne l’avait qu’à peine effleuré. Il bascula sur le coté. Il y eut un bruit, comme celui d’une pelle qui s’enfonce dans la terre. Un bruit sec et granuleux suivi d’un tintement métallique, puis plus rien. Ses yeux voyaient à présent un plafond de pierre, uni, terne et gris, si proche de lui qu’il aurait pu le toucher en tendant les bras.

Ses doigts aux longs ongles prirent appui sur le haut des parois bosselées, là où s’appuyait le plafond rouge quelques instants auparavant. Il se redressa doucement, s’asseyant dans l’habitacle, le haut de son crâne effleurant le plafond de pierre. Il regarda de part et d’autre. Le plafond rouge était en fait le couvercle d’une boîte de bois poli, sombre et luisant. Des ferronneries couraient sur les côtés, représentant des roses d’argent aux pétales d’or. Elle était contenue dans une autre boîte, de pierre celle là, dont le fond était rempli de terre. Il en prit une poignée dans le creux de sa main. Elle était sombre et humide, de petites plaques de mousse blafarde et des aiguilles de pin d’un vert profond, presque noir, y étaient disséminées. Joshua la pétrit pensivement au creux de sa main, puis porta ses doigts à son nez. Ce mouvement avait semblé être un réflexe mais à présent, les doigts joints, maculés de terre sous son nez, il n’aurait pas su dire pourquoi il l’avait fait..

Il rejeta la poignée de terre et se mit en devoir de sortir de cet endroit. Alors qu’il cherchait un moyen d’ouvrir la prison de pierre, son regard tomba sur le couvercle de la boîte de bois. Il n’en avait vu que l’intérieur jusqu’à présent. Il était tombé dans la terre et avait basculé sur le côté. Il s’appuyait maintenant sur la paroi de pierre. Les doigts de Joshua se refermèrent sur le bord du couvercle. Son pouce prit appui sur une des bosses rouges de l’intérieur tandis que le bout de ses doigts, cachés par l’arête du couvercle, glissèrent sur une surface lisse et polie avant de rencontrer un petit relief. Il fit basculer le couvercle, de façon à pouvoir en voir l’extérieur. Le petit relief que ses doigts avaient rencontré était une ferronnerie dorée en demi-cylindre qui suivait les contours du couvercle à quelques centimètres du bord. Une longue rose en relief, à la tige droite et argentée et aux larges pétales d’or, occupait la presque totalité de l’enceinte délimitée par la petite butte dorée. Joshua fixa pensivement la rose, ses doigts coururent dessus un moment. Il n’avait jamais vu une telle perfection. La rose semblait tressaillir chaque fois que ses doigts se posaient dessus, imperceptiblement, comme un frisson.

Il arracha finalement son regard de la fleur de métal et se remit en quête d’une issue. Il scruta le plafond de pierre, espérant pouvoir y trouver quelque chose car il était certain de ne pas pouvoir déplacer une telle masse sans aucune prise. Son regard s’arrêta sur deux fentes dans la pierre, à la verticale de l’endroit qu’occupait sa tête lorsqu’il était allongé dans la boîte de bois. Les fentes étaient de dimensions suffisantes pour qu’il puisse insérer ses quatre doigts dans chacune d’entre elles. Il se recoucha donc dans la boîte et tendit les bras, inséra ses doigts dans les fentes et tenta de faire glisser la dalle de pierre en poussant vers ses pieds.

A son grand étonnement, il y parvint sans peine. La dalle glissa avec un raclement sourd, révélant un nouveau plafond de pierre, beaucoup plus haut que le précédent et orné de clefs de voûte en forme d’écus sur lesquelles étaient peintes des têtes de loup au regard flamboyant. Le rougeoiement de flammes pour l’instant invisibles dansait avec des ombres mouvantes sur ce plafond richement décoré.

Lorsque la dalle eut laissé un espace suffisant pour qu’il puisse s’extraire de la boîte, il se glissa prudemment au dehors. La salle était vaste. Le plafond était soutenu par d’imposants piliers ciselés en forme de roses enlacées montant vers la voûte. Les chapiteaux des colonnes étaient ornés de visages grotesques, grimaçants, tirant la langue, une lueur de folie dans leurs froids yeux de pierre qui semblaient le suivre à la lueur des flammes. Joshua compta trois piliers de chaque côté. Les murs latéraux étaient recouverts de pâles fresques représentant des danses macabres : soldats, moines, paysans, nobles, bûcherons, pages, étudiants et tant d’autres y étaient représentés dans une parodie de danse populaire. Dans leurs orbites vides brûlait une flamme et tous souriaient, comme seul un crâne nu peut le faire. La boîte dont il venait de s’extraire trônait sur une estrade de pierre, au centre de la pièce. L’extérieur était tout aussi lisse et uniforme que l’intérieur. Cela donnait une impression de malaise dans cette pièce si richement décorée, comme si cette chose n’y avait pas eu sa place. La pièce était éclairée par quatre braseros, un dans chaque coin. Ils étaient eux aussi artistement sculptés en forme de roses à la vaste corolle emplie d’huile ardente. Sur le mur du fond étaient suspendues deux bannières, de part et d’autre d’une longue rose d’argent et d’or. Sur chaque bannière où aucun pli ne se dessinait, était représenté un homme en robe de bure, dont le capuchon ne renfermait que ténèbres. Sur celle de gauche, les mains de l’homme étaient posées sur le pommeau d’une épée dont la pointe reposait entre les deux bosses formées par ses pieds dans la robe de bure. Sur celle de droite, l’homme tenait ouvert un épais volume à la reliure de cuir épais et aux pages parcheminées. Des fils d’or et d’argent tissaient un réseau complexe de roses derrière chaque homme, strictement identique sur chaque bannière.

Joshua se retourna pour faire face au dernier mur, espérant y trouver une issue. Ce dernier était nu, sans aucun ornement. Deux volées de marches se rejoignaient sur un petit palier, à mi-hauteur du mur, devant une petite porte de bois poli mais sans autre ornement qu’une poignée d’argent.

Il se dirigeait lentement vers les escaliers et la porte, lorsque la poignée tourna dans un faible grincement. Joshua s’arrêta. La porte s’ouvrit doucement.

Bonne lecture, a+

Modifié par Wilheim Von Carstein
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Vraiment très decriptuifs !

Bon, c'est un sans fautes pour moi, vu que je ne deteste pas les descriptions et qu'il n'y a pas de fautes vivsbles (mais bon, j'ai pas top cherché...)

Il y aun certain coté apathique dans ce passage, qui tranche avec les deux premiers. Seules quelques phrases rapellent que Joshua est présent (quand même!) et ça mériterait une petit retouche, puisque jusqu-à présent, lelecteur était focalisé sur Jshua, maintenant, il s'en trouve presque détaché tout en étant à sa place. je m'explique :

On "Voit" comme si nous étions Joshua, mais on ne ressent pas franchement son angoisse, ni sa terreur. illogique pour quelqu'un censé être enterré vivant (même si à mon humbke avis, il n'est plsu franchement vivant à l'heure qu'il est... :wink: )

Bref, ses sentiments pourraient peut être être plsu exploré dans ce passage, ce qui romperait avec le ton monotone d'une description.

Mais bon, je critique sur les détails parceque le texte est plus que bon! :'( :blink::blink:

Korelion, Message irrésistible Skavens!

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Ouille, la claque. Moi qui croyait (oui je l'avoue je l'ai cru) que ce que j'écrivais était d'un niveau acceptable (voire bon?), je suis remis à ma place.

J'adore ces longues descriptions et, contrairement à Korelion, je ne pense pas qu'il faille plus de sentiment. Le vampire (ou quelque chose qui y ressemble) ne doit pas ressentire plus que ce que tu ne le dis et cette froideur renforce le sentiment que c'est bien par un vampire que l'on découvre ce caveau. Je ne parlerai pas de l'ortographe qui est parfaite ou en tous cas ne dérange pas.

La taille est bonne dans ce dernier passage et la seule critique que je ferais reste ceci

Bonne lecture, a+
Comment peux-tu nous souhaiter une bonne lecture A LA FIN du texte juste pour nous souligner que l'on devra attendre encore un peu avant d'avoir la suite :wink: ?

Rurik, impressionné et qui attend de voire comment ce vampire ce bat.

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boîte de bois poli, sombre et luisant. Des ferronneries courraient le long de la boîte, représentant des roses d’argent aux pétales d’or. Cette boîte
boîte de pierre, son regard tomba sur le couvercle de la boîte de bois. Il n’en avait vu que l’intérieur jusqu’à présent. Il était tombé dans la terre et avait basculé sur le côté. Il s’appuyait maintenant sur la paroi de la boîte

Ca fait pas mal de répétition :'(

Bon sinon le fond est impecable ! Tu prend tout ton temps et c'est assez agreable de se laisser porter par le rythme des descriptions ! Elles sont très réalistes :wink: Je demande qu'une suite pour savoir ce qu'il se passe !

@+

-= Inxi =-

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Merci pour vos encouragements

Alors, pour Korelion, le manque de "sentimentalité" dans ce passage est tout à fait justifié.

Pour Inxi-Huinzi, la répétition du terme "boîte", bien qu'exrtêment inesthétique, provient d'un fait qui sera expliqué plus tard (ou plus tôt selon, le point de vue qu'on adopte). C'est le problème de cette hsitoire un peu chamboulée, les justifications viennent à la fin qui est en fait plus ou moins le début. :'(

Korelion pourra vous affirmer que j'ai l'esprit plutôt retors mais tout devrait s'éclaircir. L'action ne devrait pas tarder à commencer non plus.

Pour le "bonne lecture" à la fin du texte, c'est mal formulé mais il exprime en fait mon souhait que vous ayez eu du plaisir à lire le texte... bon, je retourne me coucher, j'ai mal au crâne :wink:

A+

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Korelion pourra vous affirmer que j'ai l'esprit plutôt retors mais tout devrait s'éclaircir. L'action ne devrait pas tarder à commencer non plus.

je confirme! :'( Poser manfredd à 3000 pts c'était retors... :wink:

Bon, blague à part, je comprend que étant un vampire, il soit normal qu'il manque de sentiments, mais je tenais à montrer un certain contraste avec son agonie en intro, c'est ça qui m'avait turlipiné

Korelion, chercheur de petite bête, ami du soir bonsoir

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Alors là... impressioné... C'est trop beau... Limite poètique...

Le plus remarquable, c'est là façon que tu as de suggérer sans dire... On SAIT qu'il se voit lui même soufrir sans le savoir, on SAIT qu'il est dans un cerceuil avant que tu le dise...

Quand au manque de sentiments... C'est justifié, à mon humble avis... Ou du moins justifiable.

Kadra, mais je l'avais dit que ce serait un flash-back! :wink:

Modifié par Kadra
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Salut à tous, voila la suite, plus conséquente que les précédents morceaux (cela tient particulièrement au fait que j'avais promis un peu d'action alors qu'il me restait encore pas mal de chose à décrire et que je me serais fais lyncher si j'avais encore mis un passage full descriptif :wink: )

Donc voila, bonne lecture (j'espère qu'il est à la bonne place cette fois, :'( )

La porte pivota sur ses gonds pendant ce qui sembla une éternité. Mais lorsque le battant de bois s’arrêta tout contre le mur, nul ne se tenait derrière. D’où il était, Joshua ne pouvait voir que les quelques dernières marches d’un étroit escalier en colimaçon plongé dans l’ombre qui débouchait juste derrière la porte. Ce ne pouvait pas être un courant d’air, il avait distinctement entendu la poignée tourner.

Le talon de son pied droit se décollait du sol de pierre dans une ébauche de pas lorsqu’un son parvint à ses oreilles. Un bruit de pas provenant de l’escalier. Son talon se reposa doucement sur le sol. Il ne ressentait pas la froideur des pierres, ni celle de l’air dans la salle. Il attendit. Le pas était lent, non pas lourd, mais lent, comme celui, triomphant, d’un loup qui se rapproche de sa proie épuisée, agonisante ; certain qu’il n’y a plus de raisons de faire vite désormais, savourant la terreur dans l’œil affolé de sa victime. Un pas que Joshua lui-même allait adopter de nombreuses fois, même s’il ne le savait pas encore.

Il attendit, droit, aucune peur ne se lisait dans son regard. Elle ne pouvait plus l’atteindre désormais, savait-il même encore ce qu’elle était ? Aucun rougeoiement dansant sur le mur de l’escalier n’annonçait l’arrivée du marcheur, pourtant il était évident qu’il allait apparaître d’un instant à l’autre. Le pas était si proche désormais. Tout ce que vit Joshua fut une ombre, plus noire encore que l’ombre dans laquelle était plongé l’escalier, une ombre à forme humaine, grande et élancée qui descendit calmement les dernières marches et franchit la porte d’une enjambée.

Sa botte fut la première chose à se dessiner dans la lumière vacillante des braseros sculptés. Elle sembla sortir du cadre sombre de l’ouverture de la porte. Une botte de cuir fin et souple, noir et terne auquel la semelle, taillée dans un cuir plus épais, était rattachée par de délicates coutures de fil d’or et d’argent entremêlés dans un écheveau complexe qui miroitait faiblement à la lumière des flammes. Sur les côtés, juste sous la cheville, deux lourdes boucles de métal faisaient la jonction entre deux lanières de cuir plus épais, l’une passant sur le coup de pied, l’autre au-dessus du talon. La lumière remonta le long de la jambe de l’ombre, révélant une échancrure dans la botte, un peu en dessous du genou, qui la séparait en deux replis qui retombaient de part et d’autre du tibia. Sur tous les ourlets se dessinait le motif scintillant des fils d’or et d’argent entremêlés. Le haut de la jambe était gainé dans des chausses de toile d’un noir de jais. Une ceinture de cuir damasquiné, à laquelle était suspendu un baudrier retenant des fourreaux incrustés de pierres précieuses et finement ciselés, à moitié dissimulés sous une épaisse cape de fourrure grise, faisait la jonction entre les chausses et la chemise de soie fine d’un violet profond. Un gilet noir ourlé d’or et d’argent, négligemment laissé ouvert sur la chemise complétait la tenue de l’apparition dont les bras, invisibles sous la lourde cape de fourrure jetée sur ses épaules et retenue autour de son cou par un ruban de soie violette noué, semblaient croisés dans le dos. Son visage restait cependant dans l’ombre, et seule était visible une rose aux pétales d’or et à la tige d’argent, retenue autour de son cou par une fine chaîne d’argent.

L’apparition s’était immobilisée. Sa tête, toujours dans la zone d’ombre que les braseros en contrebas ne pouvaient dissiper, vint s’appuyer contre le chambranle de la porte, dans une attitude moqueuse et pensive à la fois. Il y eut un instant de silence que la voix mélodieuse et chargée d’une pointe d’ironie d’un jeune homme déchira soudain :

« Le dormeur s’est éveillé à ce qu’il semble. »

Joshua ne répondit rien, se contentant de fixer les ténèbres dans lesquelles les yeux de son interlocuteur continuaient de se réfugier.

L’homme au visage d’ombre poussa un petit soupir, redressa la tête et s’avança dans la lumière, révélant le visage d’un jeune homme de vingt-cinq printemps tout au plus, lisse et agréable, mais d’une pâleur sépulcrale, encadré par des cheveux soyeux d’un blond pâle et qui lui arrivaient à l’épaule. La douceur de ses traits, presque féminins, le doux sourire un peu moqueur, les sourcils pâles et fins ; tout en lui faisait penser à l’incarnation de la jeunesse, espiègle et curieuse. Mais ces yeux … ces yeux n’avaient pas leur place dans un tel visage. C’étaient deux puits étroits, à la profondeur infinie, d’un noir brillant, encerclés d’un iris d’une nuance indéfinissable, entre le gris le vert et le bleu, qui semblait changer dès lors que Joshua la percevait et qui se teintait parfois imperceptiblement de rouge ou de violet. Deux gouffres étrangement fixes au centre d’un blanc légèrement injecté de sang, dans lesquels son esprit sembla plonger lorsqu’il les contempla. La salle s’assombrit tandis que la silhouette du jeune homme semblait se consumer dans une flamme d’un blanc insoutenable, ses yeux seuls restant visibles, le seul refuge pour le regard de Joshua qu’il ne pouvait détourner de ce flamboiement. Il ne voulait pas les voir. Ses mâchoires se resserrèrent, ses dents se mirent à grincer, il lui sembla que mille aiguilles d’une glaciale incandescence le transperçaient de part en part, les muscles de son cou se tendirent, il focalisa toute sa volonté sur une seule chose : détourner la tête, échapper à l’emprise des deux points noirs, perdus dans un océan blanc miroitant. Le sol se déroba sous ses pieds.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, il était à genoux, le corps penché en avant, arc-bouté sur ses bras, ses mains, floues sur le sol de pierre, doigts écartés, comme deux insectes pâles. Il releva la tête, son regard escalada les marches de pierre qui menaient à la porte. Celle-ci était toujours ouverte, mais nulle trace du jeune homme.

« Pas mal … pour un début. Je savais que tu en valais la peine quand je t’ai choisi. »

La même voix. Dans son dos. Toujours la même pointe d’ironie. Comme une lame glissant sur une gorge. Joshua se releva, ses jambes semblaient incertaines de pouvoir le porter. Il était toujours dans la même pièce. Face à la volée de marches vers la porte. L’estrade était quelques pas à peine derrière lui. Sa vue redevenait nette, les détails semblant se dessiner d’eux-mêmes en sortant de cette mer de pierre indistincte. Il se retourna. Le jeune homme était négligemment adossé au réceptacle de pierre, le contemplant, à la fois curieux et moqueur. Ses yeux avaient perdu leur couleur changeante mais restaient froids et fixes. Joshua se raidit dans une attitude de défi, plongeant son regard dans celui du jeune homme.

« Que m’avez vous fait ?

- Moi ? il semblait intrigué et amusé par la question, mais rien ! C’est toi qui as regardé ce que tu n’aurais pas dû. »

Son sourire, son insolent et insupportable sourire narquois, s’élargit encore un peu, révélant une dentition parfaite, d’un blanc de nacre. Joshua ne savait plus quoi penser. Le jeune homme était frêle mais il semblait en même temps tellement fort. Le poids de sa certitude et de son calme, ajouté à l’égarement de Joshua et à cette impression de faiblesse qu’il ressentait depuis sa chute dans les profondeurs du regard de l’autre firent qu’il abandonna son attitude défiante, son visage se détendit, il baissa le regard.

« Allons, je comprends que tu sois un peu hébété mais nous allons remédier à cela bientôt. Cependant, il nous reste encore du chemin à parcourir et il serait bon de nous mettre en route de suite. »

Le ton était moins arrogant, empli d’une certaine douceur ; le sourire du jeune homme avait disparu et il parut presque empreint d’une certaine compassion.

Joshua escalada les marches en titubant, suivi par le jeune homme qui le soutenait sans chercher à le presser. L’escalier en colimaçon lui sembla ne pas avoir de fin, son regard errait sur les marches qui semblaient défiler sous lui, ses doigts étaient crispés sur la paroi de pierre suintante d’humidité, s’accrochant à la moindre aspérité. Puis enfin, il arriva devant une porte. Une porte de bois brut dont les planches à peine égalisées étaient retenues par deux barres de fer rouillées, parsemées de clous à tête ronde. Nulle torche n’éclairait l’escalier mais sa vision, bien qu’encore un peu floue, ne semblait pas pâtir du manque de lumière. Il poussa faiblement le battant qui pivota dans un grincement. Un courant d’air glacial lui fouetta le visage mais il ne tressaillit pas, malgré la finesse de la toge qu’il portait. La porte donnait sur l’extérieur. Il faisait nuit, Morrslieb luisait dans un ciel sans étoiles surplombant la forme indistincte d’une forêt à une vingtaine de mètres. Le long de l’orée se dessinait une route caillouteuse sur laquelle une lourde diligence semblait attendre. Les hautes roues cerclées de fer supportaient un habitacle d’un noir de jais percé de trois fenêtres derrière lesquelles se dessinaient des tentures d’un violet profond. Sur les portières, toujours les mêmes roses d’or et d’argent enlacées, comme un leitmotiv lancinant. Sur le toit de la diligence, une rambarde dorée ne garantissait la stabilité d’aucun bagage à l’exception d’un tas de chiffon déposé sur le siège du conducteur. Six chevaux à la tête ornée d’un plumet étaient harnachés à la diligence et attendaient, immobiles.

Joshua n’avait pas souvenir de s’être jamais senti aussi mal. Une pensée fugitive lui traversa l’esprit : il n’avait aucun souvenir de quoi que ce soit d’antérieur au rêve. Il n’eut pas le temps de réfléchir à la question, le jeune homme semblait s’impatienter. Il se mit en marche vers la diligence d’un pas traînant, trébuchant et glissant dans l’herbe humide qui séparait le pas de la porte et le bord de la route. Le jeune homme vint se placer à son côté et le soutint jusqu’à la porte de la diligence qu’il ouvrit. Alors qu’il s’engouffrait dans l’habitacle, Joshua crût voir tressaillir le tas de chiffon, là-haut, sur le siège du conducteur, mais il n’y prêta pas attention, occupé à atteindre le haut marchepied et à se hisser péniblement dans à l’intérieur, toujours soutenu par le jeune homme qui monta gracieusement à sa suite. Joshua s’écroula sur une des banquettes. Il pût sentir la diligence se mettre en mouvement avant de sombrer dans un sommeil sans rêves.

Il fut réveillé par le choc de sa tête avec un objet dur. Il était étendu sur ce qui semblait être un plancher de bois, sur le dos, et glissait irrésistiblement vers le pied d’une banquette noire. Un crissement aigu se faisait entendre, de même que le battement emballé de sabots sur le sol. Il y avait autre chose, une plainte grave et sourde qui semblait se répercuter tout autour de lui. Il lui sembla également entendre des cris rauques, des voix éraillées qui hurlaient dans un langage qu’il ne connaissait pas. Tout s’inversa brutalement : le crissement cessa ainsi que le bruit des sabots et il fut soudainement rejeté en arrière lorsque la diligence s'immobilisa totalement. Les cris et les plaintes, eux, étaient toujours audibles. Un grincement lui fit tourner la tête. Du côté de ses jambes, la porte s’ouvrait, révélant une face bestiale. Avant qu’il ait pu faire le moindre geste, il sentit quelque chose aspirer l’air derrière lui, comme si un tourbillon s’était formé dans son dos. Il vit comme un filet de fumée violacée entrer dans l’habitacle, passant par dessus l’épaule de la chose qui avait ouvert la porte et qui essayait maintenant de grimper à l’intérieur, passer au-dessus de lui, comme aspirée. Il essaya de reculer en rampant, pour se mettre hors d’atteinte de la chose dont la main aux ongles sales essayait de saisir sa jambe. Il y eut un chuintement dans son dos, la bête se figea, son regard attiré par quelque chose derrière Joshua que ce dernier ne pouvait pas voir. Il y eut un bruit humide, semblable à celui d’un paquet de neige qui tombe au sol, lorsqu’une petite boule noir et brillante frappa le visage de la bête après avoir survolé Joshua. La créature porta ses mains à son visage recouvert par la substance noire et tomba en arrière en poussant un braillement rauque.

« Ils sont exaspérants ! Reste là, je m’en occupe. »

Ces paroles, prononcées d’une voix lasse, résonnèrent dans l’habitacle, couvrant le bruit d’une lame que l’on dégaine et les cris au dehors. Joshua vit une jambe, puis une autre, passer au-dessus de lui, toujours étendu sur le sol. Il se rappela la diligence, le jeune homme, mais qu’était cette chose au dehors ? Le jeune homme, une longue épée au poing, descendit prestement de la diligence alors que les cris et ce que Joshua, ayant retrouvé un peu ses esprits, identifia comme des sonneries de cors redoublaient. Des silhouettes sortaient de la forêt, brandissant des lances primitives, des gourdins et des lames ternies. Elles se précipitaient vers le jeune homme qui, toujours au pied de la diligence, semblait les attendre, dans une posture de garde relâchée, l’épée à peine levée. Joshua se mit péniblement à genoux en s’aidant des banquettes de part et d’autre de lui, ses jambes refusant toujours de le porter.

La première silhouette atteignit le jeune homme en hurlant, mais son cri mourut lorsque le jeune homme, ayant esquivé avec une aisance incroyable le coup de masse qui visait sa tête, la transperça de sa longue épée. Joshua se déplaçait vers la porte à genoux tandis que le jeune homme, se penchant un peu en arrière, posa son pied sur le torse de la créature hybride et d’une détente, la repoussa violemment, dégageant ainsi son épée de la poitrine de la bête avant de la faire tourner dans ses mains et de la décapiter d’un ample moulinet. Joshua atteignit la portière. Au pied de la diligence, le corps du premier homme bête terminait d’être dévoré par le fluide noir, qui ne laissait rien de la créature, si ce n’est un squelette noirci. Joshua reconnut là un des effets magiques du vent d’Ulgu, le vent améthyste, celui des temps anciens, des morts et des souvenirs. Il avait toujours pu le voir, courant violacé qui stagnait au-dessus des cimetières et des charniers, qui soufflait en tempête autour des morts sans repos. Il avait appris à le contrôler, comment ? il n’aurait pu le dire. Il le savait, c’est tout.

Un hurlement effroyable le fit sortir de sa rêverie. Les cadavres de deux nouveaux hommes bêtes étaient étendus non loin de la diligence, le jeune homme se battait à présent contre trois d’entre eux à quelques mètres de Joshua. Ce dernier remarqua du coin de l’œil un homme bête de plus petite stature qui avait profité de la confusion pour contourner le combat. Il se tenait à présent à hauteur de la roue avant de la diligence et se rapprochait discrètement de lui. Son sourire vicieux révéla des dents gâtées mais terriblement aiguës tandis qu’il se rapprochait, serrant sa dague rouillée entre ses doigts griffus. Il y eut un sifflement et le sourire de la créature disparut lorsqu’une lame courbée jaillit de son torse dans un craquement d’os brisé et une explosion écarlate. La lame de faux se dégagea de la poitrine de la créature dans un raclement et celle-ci s’écroula comme une marionnette dont on aurait tranché les cordes, sans un bruit. La forme encapuchonnée sur le siège du conducteur ramena sa faux dégoûtante de sang à la verticale, à côté d’elle et ne bougea plus. Joshua ne voyait rien du cocher, si ce n’est sa cape qu’il avait tout d’abord prit pour un tas de chiffon sans vie.

Son regard se tourna à nouveau vers le combat entre les hommes bêtes et le jeune homme, juste à temps pour voir ce dernier éventrer deux de ses adversaires d’un coup de taille circulaire tout en plongeant sous le coup de hache d’un troisième. Il semblait avoir été blessé à la jambe gauche mais ses gestes, toujours aussi fluides et gracieux, ne montraient aucun signe d’épuisement. Il y avait maintenant près d’une dizaine de cadavres étendus sur le sol, baignant dans un sang sombre et épais, d’un vermillon luisant. Il dégoûtait de profondes blessures, se répandait sur le sol en de larges flaques poisseuses qui ne cessaient de s’étendre. Joshua ne pouvait détourner son regard de cette marée écarlate, comme hypnotisé par les pâles reflets de la lune qui jouaient sur chaque goutte. Si beau, si bon. Sa bouche s’entrouvrit légèrement, il se sentait desséché, il fallait qu’il boive, sa survie en dépendait. Le bruit du combat avait disparu, le combat lui même avait disparu. Seule restait cette grandissante tache rouge au milieu des ténèbres. Il se laissa tomber en avant, par la portière. Il sentit quelque chose se briser sous lui lorsqu’il toucha la sol. Quelque chose avait été broyé par son poids. Il ne regarda pas ce que c’était. Il commença à ramper lentement, tellement lentement. Il lui semblait qu’il n’atteindrait jamais les corps. Ils semblaient fuir, secoués par des spasmes d’agonie. Ses doigts se plantaient profondément dans la terre, ses bras fournissaient un effort toujours plus douloureux pour tracter son corps privé de la force de ses jambes. Il rampa pendant ce qu’il lui parut une éternité, le bruit de gouttes qui s’écrasent au sol, amplifié des dizaines de fois, lui vrillait les tympans. Enfin, il lui sembla qu’il y était, sa main avait atteint le bord de la flaque, se noyant dans le liquide visqueux. Encore un effort, une seule traction, une seule fois encore, rien qu’une, les muscles de son bras devraient… et ensuite…

Quelque chose l’agrippa par le col de sa toge, dans son dos.

« Non ! Pas maintenant ! Pas ça ! C’est interdit ! »

Il tenta de résister lorsque le jeune homme le tira en arrière. Ses doigts crispés ne purent qu’arracher une motte de terre sanguinolente. Il se sentit glisser en arrière, traîné par une force tellement plus grande que la sienne. Il ne put que regarder l’objet de son salut s’éloigner tandis que le monde réapparaissait tout autour : les arbres, l’herbe même sur laquelle il glissait. Quelque chose s’agrippa au bas de sa toge. Tout bascula soudainement, le sol s’éloigna , il se sentit flotter dans l’air, il vit tout d’abord se dessiner les bottes du jeune homme puis ses jambes, comme s’il s’élevait dans les airs tout en continuant de regarder le sol. Il passa au dessus de l’épaule gauche du jeune homme, survola ses cheveux, vit son dos se dessiner sous la cape grise, s’élevant toujours un peu plus haut. Puis il retomba. Son ventre heurta ce qui semblait être l’épaule droite du jeune homme, sa tête plongeait dans la cape de fourrure, percée et tâchée d'un peu de sang sous l'omoplate gauche, la blessure ne semblait pas le gêner. Joshua contemplait toujours le sol mais ne voyait plus à présent que les talons du jeune homme qui apparaissaient et disparaissaient au rythme de ses grands pas.

Portant Joshua jeté comme un sac sur son épaule droite, tenant ses jambes au creux de son bras droit pour éviter qu’il ne glisse, le jeune homme se dirigea vers la diligence, jeta un regard torve au cadavre du petit homme bête, affalé au pied de la roue, enjamba sans efforts les éclats d’os noircis, seuls restes de l’homme bête foudroyé par son sort et déposa délicatement Joshua dans la diligence. Il retourna ensuite en arrière, récupéra son épée restée plantée dans le torse du plus gros des hommes bêtes. Celui là avait été coriace, mais après tout, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas eu le loisir de se battre et il s'était toujours réjoui de la mort de ses ennemis. Avant de retourner à la diligence, il laissa un avertissement : les hommes bêtes s’étaient montrés entreprenants ces derniers temps, il fallait leur montrer que le suzerain de ces terres n’acceptait pas que l’on remette son autorité en cause. Il retourna prestement à la diligence, une fois son travail achevé. Il devenait urgent de rentrer.

Bonne fin de week-end

A+

Modifié par Wilheim Von Carstein
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Bon, je commence par ce que je rlève (je le fais au fur et à mesure)

de toile d’un noir de geai. Un ceinture de cuir damasquiné,

Jais et non geai! et il manque le E de une ceinture

roses d’or et d’argent enlacées, comme un leitmotiv lancinant.

Ca, ça me gêne : leitmotiv au milieu de tout levocabulaire très soigné, ça choque un peu

Bon, voilà pour les grosses fautes je n'ai pas pris le temps de tout relever, mais celle c-i faisaient vraiment tâche.

Sinon, pour le fond :

On en apprend plus sur Joshua, l'arrivée du jeune homme augmente le mystère mais le tout reste parfaitement bien cohérent.

Le passage sur le vent d'améthyste nous dévoile un peu plus le passé de Joshua (au passage, j'ai repéré des clins d'oei au SDA avec l'abscence de rougeoiement dans l'escalier :'( arrivée du BAlrog et au GBR avec la descritpion des vents de magies de la mort... :blink: )

Le combat contre les hommes bêtes est assez bizarre. La focalisation sur Joshua ne permet pas de s'y interesser complètement, mais on sent une certaine importance, surtout de par le premir contact avec le sang (tiens, on dirait des vampires les deux gars :wink: ! Quoi, je débarque?...)

Bon, et bref, toujours aussi bon, continue ! :blink:

Korelion

Modifié par korelion
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(il semblait intrigué et amusé par la question)

Les parentheses sont inutiles

Une porte de bois brut

A verifier, il faut regarder s'il faut pas accorder "brut", j'ai un doute.

il ne tressailli pas

Accord, d'ailleurs pas loin de celui là, il y a un deuxième verbe pas accordé mais je l'ai perdu. J'ai bien eu beau recherché mais je l'ai pas trouvé ! Donc votre mission, si vous l'acceptez, sera de la retrouver :wink:

Pour le fond, commençons par les descriptions : Exceptionelle ! Tu as beaucoup de vocabulaire et tu l'emploi corectement ! C'est beau et prenant ! Par contre, il faut faire attention à ne pas en abuser ! Car le moment dans le carosse, bah je sais pas du tout ce qu'il se passe !

Sinon on commence à entrevoir ce qui va se passer alors c'est bien ! Je suis a fond dans l'histoire donc c'est pas le moment de poster dans trois semaines ! Allez une suite et que ca ne lambine pas !

@+

-= Inxi =-

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Oups, autant pour moi pour jais, l'accord et les parenthèses.

Par contre, je ne vois pas en quoi "leitmotiv" est choquant, c'est un terme musical, soit, mais assez usité. Si vous pouviez m'éclairer un petit coup là...

Enfin, je conteste pour "damasquiné" et pour "brut"

Dans le premier cas, c'est le cuir (donc masculin) qui est damasquiné (même si j'avoue que "damasquinée", se reportant à la ceinture est tout à fait correct également).

Dans le second, je suppose que c'est le bois qui est brut, je ne suis pas sûr mais une porte brute ça me parraît bizarre.

J'avoue que certains passages (dont celui du carosse) sont un peu confus. Mais c'est censé représenter l'état de faiblese extrême dans lequel se trouve Joshua et sa perception plus que floue de ce qui l'entoure. J'essayerai cependant de le retoucher histoire de l'éclaircir un peu.

Pour la suite, si elle n'est pas là ce soir, il faudra attendre un peu, j'en suis désolé.

Merci de votre vigilance et de vos encouragements.

A+

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Bon, eh bien tu peux reprendre mon premier commentaire pour les points forts, ca ne change pas.

Cepedant, je te donnes quand même mon avis sur un point précis:

Je pense que tu décris parfois inutilement et de façon plus précise que nécéssaire.

Autant parfois la précision et la richesse des images apportent quelque chose, autant parfois cela nous donne vraiment envie de passer au paragraphe suivant. Et pourtant Dieu sait que j'aime les belles descriptions.

Voilà, sinon c'est très bien écrit. Mais fait attention à ne pas endormir ton lecteur: maintiens nous dans cette ambiance langoureuse, sombre et poétique, mais ne nous laisse pas tomber.

Pour résumer, je dirais que ton texte est aussi agréable que les instants tièdes et calmes qui suivent juste le réveil (Ouuh! Mais d'où il sort ça lui? :blushing: )

Cependant, parfois je crois que je vais me rendormir.

Voilà...

P.S: Pense à comenter les autres. (J'ai pas vérifier si tu le faisais, mais dans le doute, je me répète.)

Le Warza (constructif comme d'habitude)

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Un texte extrêmement prometteur, en effet.

J'ai du mal à critiquer ta décision de tuer une dizaine d'hommes-bête, dont un minotaure ; on pardonne mais quand même. J'ai vérifié : même avec un très gros bourrin, lorsqu'ils viennent à dix contre toi, les plus rapides lames ne vont pas assez vite pour tous les arrêter ; et ton vampire n'est pas protégé. Donc, à mon avis, tu es allé trop loin avec le minotaure. Ce n'est pas parce que tu écris bien qu'il faut te permettre ce genre de fantaisie.

D'un autre côté, je crie au loup pour un rien alors voilà... on prend ça comme on veut.

Contrairement à Warzazatt, je ne peux que te conseiller de continuer ainsi avec les descriptions. Il faut juste que tu tiennes le rythme ; ce qui, à mon avis, ne sera pas évident.

Des descriptions auréolées d'un vocabulaire très riche donc. Mais le plus intéressant reste ce style un peu flou que tu utilises pour rendre la faiblesse de Joshua. Pour une fois, c'est au lecteur de faire le boulot en devinant de quoi il est question : pour exemple le cercueil.

Il n'y a pas beaucoup de suspens (pas même dans le combat, tu l'auras deviné) mais une ambiance du tonnerre, que je n'avais plus retrouvée depuis longtemps.

J'espère que tu ne te relâcheras plus, désormais, même si cela devait toucher ton rythme d'écriture. Ce serait dommage de s'arrêter en si bonne voie...

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