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Warhammer Forum

Jeunesse, vie et déclin


Imperator

Messages recommandés

rapidmenet escortés par une foule de lapins
plus resplandissante de verdeur et
et avant même qu’il n’incline la tête

C'est que des fautes :evilgrin: Sauf pour la dernière, c'est juste à l'oral et encore mais pas à l'ecrit :clap:

Sinon, je suis désolé, mais j'arrive pas à voir ce qui est mauvais ! Y a vraiment rien de penible ! Il faut juste que tu relises ! Car tu m'as avouer que cela n'avait pas été fait ! :clap: Alors ...

Ben le fond, on sent vraiment que c'est realiste au niveau des sentiments ... Tu maitrises totalement ce sujet en te servant, j'en suis sur, d'une partie d'une expérience personnelle !

Bon bah j'ai fais le tour ! Bonne chance pour la suite !

@+

-= Inxi =-

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Invité Elgalen

Merci pour cette suite, où j'aime beaucoup la manière dont tu décris la vie des elfes entièrement liés à la nature.

Le passage de l'oiseau te permet joliment de rapprocher tes deux personnages principaux, j'imagine que Claire doit être émerveillée devant cette "magie"... Mais vu que Aerion ne l'a fait presque qu'à contrecoeur, voyant sa tristesse, et vu qu'il lui a interdit d'en parler à quiconque, je me demande si cela ne représente pas un danger.

Je crois que tout ce passage fait aussi écho à la mort ("l'assassinat") de son oiseau quand elle était toute petite, et que c'est aussi pour cela qu'elle est tellement triste.

Et Ikha? Elle n'est plus du tout jalouse? Il faudrait qu'elle soit très forte pour regarder tranquillement l'homme qu'elle aimait (et aime peut-être encore?) séduire une autre femme... et d'autant plus qu'elles sont devenues amies.

Quelques fautes:

les marches qui menait au centre du sanctuaire
menaient
Nous sommes arrivé ici
arrivés
à réchauffer nos cœur mutuellement
coeurs

Et une remarque sur la forme:

Plus nous avancions, et plus les animaux se mirent à être nombreux.
Je dirais que tu compliques trop la phrase pour rien, et je ne trouve pas ça très joli, je crois qu'un simple "Plus nous avancions, et plus les animaux furent nombreux" suffirait.

A part ça, je n'ai qu'une chose à ajouter: moi aussi j'ai hâte que l'humain vienne et que tout dégénère à nouveau :evilgrin:

Elgalen, l'Etoile verte

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Bien... J'ai "continué" mon "oeuvre ^" :D sous le coup de l'impulsion provoquée par un événement redondant et...

Bon le plus simple reste de dire que j'ai écrit une partie de la suite avec, entre autre, une scène qui n'est pas du tout ma spécialité, et que j'espère n'avoir pas trop raté. Du reste, c'est peut-être indiscret de ma part de le demander, mais j'aimerais bien savoir si je ne me suis pas trop trompé dans les bêtises que j'ai écrites à ce moment là.

Attention, c'est assez long, et plus encore ce n'est pas retravaillé (l'impulsion s'est éteinte sous le coup d'un autre événement encore plus inattendu que le premier, et je n'en ai ni le temps, ne le courage (je fatigue à vue d'oeil)). Je coupe un peu au milieu de l'action, mais j'espère pouvoir reprendre bientôt.

Ultime détail, une partie de ce morceau correspond à un texte que je n'avais pu écrire lorsqu'on me l'avait demandé, et qui devrait répondre en partie à cette demande, dans la mesure où je ne sais si je peux faire mieux.

Voilà, et maintenant, place à Claire:

La conseil :

Les jours, depuis cet événement, se sont déroulés de manière paisible, et c’est peut-être ce qui m’a poussée, lorsque Deleth est venu me rendre visite ce matin, à me plaindre. Voilà longtemps que je souffrais de l’absence chronique d’Aerion, et je pense qu’il m’aurait été difficile de tenir un instant de plus. Ainsi, à peine était-il rentré, que je lui répétait tout un discours mûrement préparé durant la nuit, et qui, toutefois, ne ressemblait à ce dernier en aucun point. J’étais perdue, attristée, et je finis pas me taire en remarquant que mes paroles n’avaient même plus de sens ; je laissais mon silence s’exprimer pour moi. C’est alors qu’il s’est levé et, tout en me souriant malicieusement, m’a dit :

« Si tu veux voir Aerion, allons le rejoindre… »

Et avant que je n’aie vraiment pris le temps de réaliser que nous allions réellement le rejoindre, il m’avait fait entrer dans le bosquet sacré de la forêt.

Ce que j’y vois ne sera certainement jamais descriptible à l’aide de mots, et la langue humaine est bien trop pauvre pour jamais en présenter le début de sa splendeur. Le soleil ressemble à un disque d’or que l’on peut percevoir dans sa douceur et sa puissance au travers des branchages au vert scintillant des arbres millénaires… Tout ici respire la vie et la fraîcheur, le chant des oiseaux y est plus enchanteur que partout ailleurs, et les animaux aussi présents que les elfes. Au milieu de ces derniers, plus fantastique, presque divin, que jamais auparavant dans mes souvenirs, se trouve Aerion. Ses vêtements sont simples, de soie blanche, sobres mais qui laissent place à toute sa prestance. Ses cheveux sont d’or, et ses yeux pétillent dans cette lumière sublime, ses yeux miraculeusement bleus, profonds, ces yeux qui viennent de se poser sur moi…

Un léger silence s’est fait, et j’en suis gênée, mais Aerion le rompt rapidement et me demande de le rejoindre. J’obtempère et, sans oser regarder autre chose que lui, terrifiée d’être la proie de tant de regards, je lui souris. Il attrape mes mains, et en se penchant vers moi, commence à me parler :

« Claire, je suis si heureux de te voir parmi nous… »

« Tu me manquais. » lui réponds-je timidement, comme pour expliquer une attitude fautive, que je ressens d’ailleurs pleinement, un peu contre mon gré.

Il me souris à nouveau et me demande doucement :

« Vas-tu rester ? »

Je ne sais quoi répondre, et ne réponds donc rien. Le silence pourtant léger m’oppresse, et j’ai la terrible impression d’importuner tout le monde…

« Claire… Si moi je te demandais de rester ? »

Je relève la tête et bien que je n’arrive pas à prononcer le moindre son cohérent, mon regard doit, j’en suis sûr, être la marque suffisante de mon approbation. Il se retourne alors doucement, et fais quelques pas vers un petit coffret d’or et d’ivoire posé non loin, l’ouvre et reviens vers moi avec, dans ses mains, un magnifique objet aux reflets argentés, un objet que j’ai déjà aperçu il y a bien longtemps, dans l’ancienne salle du trône, un objet que je reconnais tout de suite : le diadème de la reine… Je reste pétrifiée, incapable de comprendre, incapable ou tout simplement ne voulant pas. Il me le tend en déclarant :

« Claire, s’il te plaît, j’aimerais que, juste aujourd’hui, tu le portes et reste à mes côtés au moins un instant… »

Le silence est devenu à mes oreilles un puissant orage de doutes et d’incertitudes… Je vois le diadème, je sais que je n’ai qu’à étendre la main, accepter ce qui m’est offert, mais sa vue implique trop de choses à mon esprit, trop de conséquences… Je ressens au travers de ce diadème plus de tristesse, de grandeur, d’importance que je n’en ai jamais ressenti dans tout autre chose. Je sais que si je le mets, ce ne sera pas qu’un simple jeu, ou un quelconque honneur de passage, mais bien autre chose dont la portée, encore à présent, ne peut que m’échapper. Ma réaction ne peut donc n’être que celle pour laquelle j’opte, et délicatement je tend mes mains et avec celle d’Aerion je guide la couronne jusqu’à ma tête.

Lorsque je me retourne, tous, elfes animaux et, mais cela me semble si étrange, plantes confondues, sont à genoux, la tête vers le sol, devant moi et Aerion, seuls encore debout. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais lorsque je retourne mon visage pour chercher l’explication dans le regard d’Aerion, un petit sourire illumine ma face, et je me sens rougir de haut en bas, plus écarlate qu’une baie de la forêt…

La première nuit :

Le reste de la journée ne fut qu’une suite de joies et de découvertes pour moi. Je ne sais comment je fis pour rester debout du début à la fin, mais je devais aller d’étonnement en étonnement. Nous discutions de tout, depuis la découverte d’un nouveau sanctuaire jusqu’à l’éclosion, dans la journée, d’une fleur plus belle que les autres. Toutefois, les nouvelles de la lisière étaient les plus fréquentes, et j’entendis nombre d’histoire de chevaliers ou paysans arrêté par une flèche alors qu’ils cherchaient à pénétrer dans le royaume de la Loren. Je m’en amusais presque, à l’idée de l’habileté des archers et de la peur que devaient ressentir ces pauvres gens, jusqu’à ce qu’entre dans le bosquet un elfe au regard plus triste que celui des autres. Il fit son salut, puis déclara que la forêt avait été violée par une compagnie d’humain menée par un chevalier qui avait ignoré l’avertissement. Naïvement, je demandais, toujours en souriant, ce qu’il en était sur le moment, et il me répondit qu’il n’y avait rien à craindre, et que tout les humains étaient morts avant d’avoir pu franchir le second cercle de guetteurs. J’aurais voulu en rester là, mais voyant mon ignorance, il crut bon d’ajouter que lui et ses compagnons avaient pris bien soin de pendre les cadavres en signe d’avertissement aux branches des arbres de lisière, et que les chevaux avaient été libérés dans la nature. Je ne pus m’empêcher de le traiter, lui et ses acolytes, de monstre, ajoutant qu’il était inconcevable qu’ils donnent plus de crédit à la vie de chevaux qu’à celles d’humains. Il n’en fut heureusement pas offusqué, et son regard n’en fut juste que plus triste lorsqu’il me répondit que les chevaux, eux, ne pouvaient pas les tuer.

L’incident fut clos, et je retrouvais d’ailleurs bien vite ma bonne humeur. Je n’avais que trop connu les hommes pour ne pas me dire que de telles méthodes se justifiaient peut-être… Du reste, je finis par ne plus y penser, absorbée par la contemplation minutieuse que je faisais d’Aerion lorsqu’il ne pouvait, lui, me voir.

Enfin, lorsque le soleil décida, le premier, de se retirer, chacun voulut se retirer, mais Aerion se mit à chanter dans une langue étrange, et tous revinrent pour chanter avec lui. La forêt se mit à mugir, et le rythme lancinant devint trépidant, puis retomba joyeusement. Enfin, le sujet de cette soudaine oraison me fut communiqué, à moi comme aux autres, et la grande fête fut annoncée.

Un grand ballet se mit alors en route, et avant qu’il ne me fut permis de réagir, nous étions ressorti, par je ne sais quelle magie, du bosquet et nous retrouvions dans la grande clairière où des rangées de tables avaient été montées, et un grand foyer allumé. Divers chants s’élevèrent alors pour ne plus retomber, et de partout surgirent des elfes venus prendre part au festin, et des animaux venus les observer. Les rires commencèrent et, comme les chants, ne devaient plus s’arrêter. Lorsque le repas nous fut amené, à moi et à Aerion, je me rendis compte qu’il était réellement digne d’un festin comme tout ceux jamais fait auparavant, et je vis aussi le vin dans nos coupes. Je me retournais vers Aerion, et le questionnais sur cette étrange résistance de l’ultime coutume humaine en Loren, mais il me répondit en riant que le festin n’était pas d’origine humaine, mais naine, et que ces derniers l’avaient transmis aux elfes. Il me servit une autre coupe, et les questions s’estompèrent d’elles-mêmes.

Nous avons beaucoup rit cette nuit, mais je peux avouer que je suis heureuse d’être rentrée, à plus forte raison parce qu’Aerion m’a accompagnée, et que nous sommes seuls lui et moi. Il veut me parler de quelque chose d’important, un voyage qu’il devrait effectuer dès le lendemain, mais je ne pense pas au lendemain, et sans l’écouter je l’amène au pied de l’escalier. Je ne sais pas ce qui se passe, mais je ne veux pas le laisser partir, je voudrais qu’il reste, je le veux à côté de moi, je ne veux plus qu’il me quitte. Ou plutôt si, je sais ce qui se passe…

Il y a longtemps que j’ai prise cette décision, et plus longtemps encore que j’en rêve, et ce soir, j’en suis sûre, c’est enfin arrivé. Comment expliquer cette envie avec des mots ? Comment retranscrire ce péché, comment donc l’imaginer même ?J’ai une peur terrible, je la sens qui se propage en moi, insidieuse, puissante, mais nous montons tout de même, Aerion et moi, dans ma chambre.

Là, je m’arrête, ne sachant plus que faire, par où commencer… Je ne suis même plus très sûre de mon but. Lui me regarde, n’osant ni avancer, ni reculer, comme pétrifié, véritable statue d’Apollon, si belle statue. Une idée me vient, une idée que j’avais déjà imaginée il y a longtemps, lors d’une nuit, lors d’un rêve délicieux. Instantanément, je décide de la mettre en exécution, et je dis à Aerion :

« S’il te plaît, je vais te demander quelque chose, j’aimerais que tu le fasse… »

et sans attendre sa réponse, je l’entraîne vers le lit et le fais s’allonger sans qu’il n’émette d’opposition, malgré son embarras évident, et j’ajoute :

« Maintenant, ferme les yeux, et promets-moi de ne les rouvrir que lorsque je t’y autoriserai… »

Il me regarde, et je vois une étincelle de peur dans son regard, mais aussitôt il ferme les yeux, se détend en un souffle et me donne sa parole qu’il ne les rouvrira pas. Sa voix est tremblante, la mienne l’est tant que je ne lui répond pas.

Le voilà devant moi, étendu, sans plus de barrière, à à peine un mètre et déjà je recule. Des images confuses m’encombrent l’esprit, mais je les chasse d’une main, et, de l’autre, je me défais du haut de mon vêtements, mettant à jour ma poitrine. Le vent vient alors la caresser de son souffle froid, et les images reviennent, plus précises, des images de mains, de bouche, je vois une petite fille apeurée, je me vois, je ne veux plus voir… je m’effondre, pas longtemps.

Il est toujours là, étendu sur le lit, immobile à tel point qu’on le croirait mort si son torse ne se soulevait pas à intervalle régulière, puissant, magnifique, irréel et d’un calme qui m’apporte une paix soudaine. Je fais un pas vers lui en défaisant le bas de mon habit, dévoilant ainsi mes jambes, ne me laissant pour seule parure que le diadème de la reine qui ne m’a pas quitté, mais je voile de mes deux mains le centre de tout, j’ai trop peur…Les images reviennent, violentes, agressives, virulentes…

Je vois la petite fille courbée en deux, nue comme moi, tentant vainement de se protéger de ses deux mains tandis que les mains sombres la prennent d’assaut, je vois ses yeux qui pleurent, je vois sa peau qui tressaille à chaque contact, froid, glacial, mortel, et je vois sa bouche qui s’ouvre, et j’entends ses cris, ses pleurs, ses supplications et les rires de son tortionnaire.

Les images se mettent à tourner dans une ronde infernale, et je manque de m’évanouir lorsque, entre toutes, j’aperçois Aerion qui m’attend, sage, calme. J’aperçois les parois de roche, et la lune au travers des rideaux.

Je lève alors ma main droite et l’avance vers Aerion, doucement, aussi lentement que possible, et plus j’avance plus j’éprouve de la difficulté à avancer… Il n’est plus qu’à quelques centimètres maintenant, je peux presque le toucher, mais je sens mon corps se couvrir de meurtrissures, je sens une violence que j’avais enfermé dans mes cauchemars, je sens le contact charnel, je sens la douleur et les larmes qui coulent sur ma joue, je sens ma main emprisonnée, incapable de venir me porter secours, mais qui avance toujours.

Tout se confond, réalité, rêve, je ne sais plus où je suis, ce que je fais… J’avance vers Aerion, mais je ne le vois pas, je ne sais plus pourquoi je suis ici, je ne sais plus comment, je ne sais plus quand, mais j’avance, et je pleure… Je veux fuir, partir loin, oublier tout, mais au fond de moi j’entends une voix qui me pousse à continuer, à avancer toujours plus vers ce corps offert à moi dont la poitrine s’élève et retombe comme s’écoule les heures de mon calvaire. Enfin, épuisée, j’abandonne la lutte et ma main rencontre un obstacle réel : le ventre d’Aerion.

Alors seulement je m’aperçois qu’il s’agit vraiment de lui, et toute ma lucidité me reviens, entière, intacte, et je lis dans ses yeux fermés un amour sans borne, et je dévore ce corps des yeux sans oser bouger autre chose que mes doigts qui descendent, suivant la chaleur, toujours plus bas sur ce corps, si bas, vers un objectif auquel je n’ose penser, puis je les sens faire demi-tour, et se déposer tranquillement sur sa main, la saisir et la soulever.

Il tressaille, je lui fait comprendre qu’il n’a rien à craindre. Je me mets à sourire : il est encore plus terrifié que moi. Sa main décrit une large courbe et, finalement, vient trouver refuge sur ma poitrine. Je me penche, et lui souffle un petit : « ça y est. »

Ses yeux s’ouvre, ces yeux si profonds, si calmes, et je m’y plonge et lui susurre : « Je suis prête maintenant… »

Il ne réagit pas tout de suite, puis répond tout doucement : « Je ne crois pas que… »

Je ne le laisse pas continuer, et sa seconde main, guidée par la mienne, vient se déposer sur moi, et je commence déjà à le défaire de l’inutile qui le recouvre encore, mais il me repousse, se relève, me laissant sur le lit, accroupie. Je lève les yeux vers lui, et je ne saurais dire si c’est de colère ou de tristesse que je le fusille du regard.

« Je suis désolé, Claire, me dit-il, mais je ne peux pas, pas ce soir, pas maintenant… C’est trop tôt. »

Je veux la retenir, mais une larme sort de mon œil droite et descend le long de ma joue tandis que je reste droite, haletante, tentant vainement de la faire disparaître pour ne pas laisser paraître mon trouble pourtant impossible à ne pas voir… Il se penche sur moi et, de sa main droite, stoppe la larme dans sa chute, et son contact chaud sur ma joue me calme. Je lui prend sa main et me repose dessus, espérant, je ne sais pourquoi, que je pourrais la garder s’il venait à s’en aller, et je murmure :

« Tu ne m’aimes pas ? »

« Si je t’aime, à la folie… »

J’approche ma bouche de la sienne, et lui, terminant le mouvement, vient m’embrasser comme le vent du printemps vient embrasser les jeunes pousses, avec légèreté, dans un mouvement fait de mille caresses.

Je crois un moment qu’il va me donner ce que j’attends, mais il se relève et me déclare qu’il ne peut rester, qu’il va partir et ne sait s’il va revenir, qu’il ne veut pas me laisser ce genre de souvenir de lui, et tout une foule de chose que je n’écoute même plus. Je regarde la lune, y recherchant un peu de réconfort, et goûtant encore sur mes lèvres la douceur de son baiser, et lorsqu’enfin je me retourne, il est déjà parti…

J'ai vite réédité pour mettre la nouvelle version 1.3 bien plus réaliste... encore qu'imparfaite.

Impe.

Modifié par Imperator
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Ah oui, ça se voit que ce n'est pas retravaillée :D , mais au moins on connaît la suite. Par contre, la faute au premier mot, c'est pas mal (à moins que ce soit dait exprès comme elle devient un peu elfique, et auquel cas excuse moi)

la conseil

le

je finis pas

par

Je ne relève pas plus, comme je suis (en partie) pressé, et je suis sûr que tu recorrigeras bientôt.

Pour la première partie, c'est bien écrit, le seul problème vient du fait que tu n'expliques pas pourquoi elle n'arrive pas à bien parler à Deleth: précise son appréhension face à cette demande, dis qu'elle a peur d'importuner le roi....

Sinon c'est du tout bon, vraiment un très beau jeu des pensées avec la couronne, et des perceptions avec les plantes qui s'agenouillent :D .

Et bravo pour la toute dernière comparaison de la partie, il fallait la trouver, et ça correspond parfaitement à l'univers

Deuxième:

les chevaux, eux, ne pouvaient pas les tuer.

Il manque quelque chose: "ils"

Sinon rien à redire pour ce passage; si c'est celui-là que tu craignais avoir loupé, tu as loupé ton "loupage", et le texte est réellement bien fait, tu fais plus part aux sentiments qu'aux actes, et ça rend bien. Du festin jusqu'à la fin c'est bien construit (ce que je suis constructif :P )

Troisième:

Pareil, il est très bien construit. Il introduit en une phrase sûrement la fin de l'histoire: qu'Aerion parte.

Sinon on a un peu plus de sentiments, et d'actions, mais tu n'es pas tombé dans un trop plein de détails, et c'est bien.

Que dire de plus?? Je crois bien que je ne peux rien dire de plus, car je ne vois pas de problèmes au niveau du style: tu as une facilité à nous mettre dans les pensées de ton héros assez incroyable, et on s'y sent vraiment lié.

Pour l'histoire, je me demande quand même si Ikha n'a pas trompé Claire (tu me comprendras), car Aerion était peut-être triste de ne pas s'être entièrement donné, et seul une fois parti de chez Claire (je suis presque sûr que c'est ça, vicieux que je suis <_< )

Iliaron, bravo, vivement une suite (faut que je rerererevérifie que ton histoire est super bien :D

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  • 2 semaines après...
Invité Mr Petch

I'm back :innocent:

Alors voyons... j'avais copié-collé un passage il y a de cela fort longtemps en me disant "un jour, je le lirai!". Ce jour est venu, donc, et en voulant mettre une réponse pour te fél.. enfin, chaque chose en son temps, je me suis rendu compte que ce que j'avais lu n'était qu'une petite partie de ce long texte! Vite, copiant-collant la suite, je m'attèle donc à sa lecture (si mon imprimante n'agonise pas avant la fin de l'impression). Mais en attendant, un petit commentaire de passage (note : je n'ai pas lu les vraiment nombreux commentaires de tous les autres, je m'en excuse donc si je répète des choses déjà énoncées):

Or donc... La première chose, c'est bravo, évidemment. Bravo pour quoi ? Pour le suspens et la taille du récit : je suis ravi de te voir nous tenir en haleine sur autant de pages (et apparemment, ça va continuer) sans que l'on consente de lâcher la lecture. Connaissant plutôt tes aptitudes au récit court, je suis bien content de voir là une autre facette de ton talent. Et, sans crier au génie, je te redis bravo, parce que ça le mérite : :clap:

Je vais reprendre ma lecture plus ou moins dans l'ordre. Evidemment, au début le langage enfantin est très bien représenté, et nous entraîne vraiment dans la peau et dans la tête du personnage. C'est là réellement un bon point, car en plus, ce point de vue nous donne des interprétations amusantes sur les événèments, il donne une coloration merveilleuse au récit, comme un conte de fées.

Et puis viennent les successions d'évènements, le voyage, le palais, les amis elfes, les dangers. Chaque chose en son temps, tout à fait mesuré. Un récit qui suit une logique implacable, on pressent depuis le début que le séjour chez les elfes ne va pas se passer aussi bien. Même si j'ai trouvé les rebondissements du déclin de Claire au palais un peu prévisibles, cela contribue aussi à transformer le récit en "conte" enfantin, et ils sont exploités de telle manière qu'on les lit avec interêt. Je trouve que tu as cette écriture un peu "symbolique" qui oblige le lecteur à réfléchir, à comprendre, à analyser les faits. Une écriture brève et rapide. On retrouve aussi des thèmes qui te sont chers : misère et gloire, cruauté des êtres (oui, ces elfes sont un peu trop extrêmes : soit trop gentils comme Aerion, soit abjects comme Sereth, dans le fond, ce sont des hommes...), souffrance, évidemment. Il y a, à mon avis, quelque chose d'inéluctable dans le séjour chez les elfes...

Ensuite, nous arrivons au pensionnat. Le passage de neuf à quinze ans est bien rendu, le vocabulaire change efficacement, il a mûri, une écriture presque schizophrène, dans ce contraste ! Et là revient la logique fatale : la découverte de sa propre cruauté, Claire devient un personnage machiavélique, et tout ça se fait naturellement... C'en est presque effrayant de constater que l'innocence a disparu, mais je crois reconnaître là encore l'un de tes thèmes (voire plus...). Je me suis arrêté au moment où Aerion (car c'est lui?) vient sauver Claire de la violence de Mickau (ce dernier est un peu trop caricatural à mon goût, mais enfin...). Ce sauvetage m'a un peu dérouté, mais j'attends de lire la suite.

En bref donc, un très bon texte à la première personne, bien pensé, agréable à lire. Les personnages secondaires manquent peut-être un peu de profondeur (surtout dans le pensionnat) mais je suppose que cela convient au style du texte. Et puis, on sent l'étincelle "Imperator" exacerbée, onr econnait ta patte, et je soupçonne même certains passages de n'être pas sorti uniquement de ton imagination (avoue que tu as été élevé par des elfes! ^_^). Allez, je m'en vais lire la suite et je reviens si tu le veux bien.

En souvenir

Mr Petch

Modifié par Mr Petch
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Invité Elgalen

Toujours aussi bien construit, de jolies descriptions du monde des elfes, dans l'ensemble c'est très agréable à lire.

Pour en venir au passage de la Premiere nuit, je suppose que c'est celui-là que tu craignais louper, je vais essayer de te donner un point de vue féminin.

Je me cache derrière un petit morceau de bois, à l’abri de ses regards, et lorsque j’en ressors, je ne porte plus que le diadème, ayant laissé le reste de ma peau nue et sans défense. Il ne bouge pas, et je vais me lover contre lui.

Deja le "petit morceau de bois" me fait un peu bizarre, comme s'il était insuffisant pour la cacher tout entière, mais ce n'est que mon impression.

Ensuite, je ne m'attendrais pas à ce qu'une femme qui avait été violée dans son enfance se montre devant un homme sans défense, malgré tout son amour pour Aerion. Je me serais plutôt attendue à ce que, peu à peu, sous les caresses pleines de tendresse d'Aerion elle cesse de craindre l'amour physique et découvre enfin la beauté de l'amour dans son ensemble.

« Moi j’en ai besoin, répliques-je, mais cela tu ne le comprends décidément pas… »

Le même problème qu'avant, je trouve surprenant que Claire insiste autant vu que jusque-là les hommes ne lui ont fait que du mal et elle était absolument paniquée par l'idée d'un contact physique quand elle devait recevoir une visite masculine à la prison. Je sais, avec Aerion ce n'est pas pareil, elle sent qu'il ne lui ferait jamais de mal, mais quand même...ca reste un homme, enfin, un elfe :( ...

Pourtant, malgré tout mes efforts, je n’arrivais à me souvenir d’aucune pénétration, mais seulement de caresses et de douceurs.

Personnellement, le terme "pénétration" me semble un peu cru dans le contexte. Et puis pour rejoindre les idées précédentes, c'est justement comme ça, progressivement, qu'il faut s'y prendre avec une femme qui s'était faite violer, avec beaucoup de douceur et de tendresse, ça permet de la remettre en confiance et de lui donner le temps d'avoir entièrement confiance en l'homme qu'elle aime.

Mais je comprends que tu avais besoin de cette idee pour bien montrer qu'Aerion ne se livre pas entièrement à Claire, mais on peut penser qu'il le fait par égards pour elle, qu'il ne veut pas l'effayer en allant trop vite (et puis il a aussi peut-être autre chose en tête la veille de son départ). On sent aussi que Claire veut se donner à Aerion parce qu'elle a peur de le perdre si elle le fait trop patienter (ce qui est souvent le cas chez les humains) et parce qu'elle a peur de le perdre dès son nouveau départ, alors que Aerion, étant un elfe, est qu-dessus de tout cela et pour lui ça ne presse pas, lui il a tout son temps...

Je crois qu'il suffirait peut-être de montrer que Claire le trouve distant, qu'elle sent qu'il ne fait tout ça que parce qu'elle le lui demande, mais qu'il n'en a pas vraiment envie... des idées un peu plus "soft" en gros. Après, si tu écris pour choquer, c'est réussi! ^_^

Je vais m'arrêter là, je crains que le commentaire de ce passage entre amoureux ne soit plus long que lui-même.

Vivement la suite!

Elgalen, qui espère ne pas t'avoir trop déprimé, après tout le forum est majoritairement masculin...

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Invité Erdraug

Enfin de retour mon ami

Je n'ai pas eu le temps de rattraper tout mon retard mais je te laisse tout de même un mot.

En premier lieu, je suis très fier de l'honneur que tu me fais en utilisant mon nom pour l'esprit de la forêt. Je n'ai pas vu de commentaires à ce propos mais je suis vraiment très touché (à moins que ce soit un hasard auquel cas je viens de m'humilier :ph34r: )

je viens de finir le passage de la bataille (oui je sais je suis à la bourre mais je voudrais vous y voir...).

je m'attendais aussi à ce que tu l'éludes et j'avoue que je préfère ça, tu sais très bien ce que j'en pense et ton idée de fontaine est excellente.

Par ce passage, tu peux introduire un sentiment que tu n'avais que peu utilisé jusqu'à présent: la compassion.

C'est un sentiment puissant et tel que tu le présentes, il est la clef de toute cette affaire.

S'il y avait un sous-titre à mettre à "jeunesse, vie et déclin", ce serait à mon goût:

"ou quand les sentiments vivent d'eux-mêmes"

ou du moins quelque chose dans le genre (je ne suis pas très en forme en ce moment, ma muse étant loin mais plus que présente sur le forum à ce que je découvre).

à bientôt

je finis de lire tout ça et je continue

Erdraug, honoré

Modifié par Erdraug
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Devant tant de réponses avisées de gens qui me sont aussi précieux, je ne peux qu'être honteux de n'avoir que ce faible texte à vous offrir...

peut-être, d'ailleurs, ne devriez-vous pas vous forcer ainsi à le lire, et attendre une hypothétique version un tant soit peu retravaillée et étudiée qui saurait être à la hauteur de votre attention.

Mais en attendant cette version, je vais tenter de boucler ce texte, et dans ce sens voici une courte suite qui précède l'arrivée tant attendue par moi de l'humain.

Amicalement, Impe...

L’amour :

Le lendemain, je devais m’apercevoir qu’il avait réellement quitté ces lieux paisibles pour quelque aventure… C’est Ikha qui m’apporta la nouvelle. Souriante, elle m’annonça qu’il avait enfin décidé d’aller quérir l’esprit de la forêt, « le grand Erdraug », pour qu’il vienne protéger la Loren et assurer définitivement la paix. La pauvre se rendit bien compte que je n’entendais rien à toutes les histoires de dangers dont elle essayait de m’abreuver, et finit par voir que quelque chose me troublait. Avec la franchise qui l’avait gagnée ces derniers temps, elle me posa la question et je ne sus tenir plus longtemps. En l’espace de quelques secondes, ou quelques minutes je ne sais pas, je lui révélais tout mes doutes, toutes mes angoisses, mes questions et mon désespoir de voir jamais Aerion m’aimer.

« Il t’aime, m’assura-t-elle, il t’aime plus que lui-même. » Je ne la croyais pas, pourquoi m’aurait-il refusé s’il n’avait eu ne serait-ce que de la compassion pour moi, ou simplement un relent de pitié pour ma misère ? Je fondis littéralement en larme, et ma haine si douloureusement accumulée durant ces heures interminables se mua soudain en un torrent de tristesse et d’amour qui m’emplit et me libéra de toute noir pensée. En un mot, je l’aimais, et pleurais de ne pas être aimée.

Quand enfin je cessais, ayant suffisamment pleuré, ou par honte de me dévoiler ainsi, je remarquais qu’Ikha n’avait pas osé bouger, gênée, et je vit aussi dans ses yeux un combat farouche entre, d’une part, une grande hébétude, et d’autre part une certaine hilarité qui ne pouvait que m’étonner. Sans attendre, je lui demandais ce qu’il pouvait bien y avoir de drôle, et je dus l’obliger à répéter sa réponse tant celle-ci me parut insensée. Elle n’arrivait tout simplement pas à comprendre pourquoi je dramatisais à ce point ce qu’elle nommait une preuve d’amour.

Désemparée, je me mis à lui expliquer ce que chacun sait, les relations normales entre un homme et une femme, tout ce que l’on m’avait si douloureusement enseigné lors de mon trop long séjour chez les hommes, et enfin la base même de tout couple. Elle finit par manquer d’éclater de rire, avant de se réprimer et de me répondre aussi tendrement que possible que je me fondais sur un monde, sur des lois et coutumes qui, en la Loren, n’avaient aucun sens.

La colère, alors, fit place à l’étonnement, et je lui demandais de m’en dire plus, de m’expliquer, de raconter ce qu’elle savait. Elle s’exécuta de bonne grâce, heureuse de pouvoir m’aider, et j’appris bientôt les fondements des relations elfiques.

Ces derniers sont tout simplement aberrants, et je ne manquais pas de le lui faire remarquer, pour son plus grand désespoir et, il faut bien le dire, sa plus grande hilarité. Mais peut-être me faut-il expliquer ces fameux principes pour en mieux mesurer l’hérésie. Je vais donc tenter de les résumer ici.

Premièrement, m’assura Ikha, il me fallait comprendre qu’il existe, chez les elfes, comme chez les humains, deux penchants : un penchant animal, de par leur nature et leur lien avec la nature, et un penchant spirituel, de par la formidable capacité de penser qui se trouve n’être pas suffisamment développée chez les animaux. Ainsi, il existerait deux sortes d’amour, celui contrôlé par la part animale, commune à tout les êtres vivants de ce monde, et celui contrôlé par notre autre part, qu’ils nomment « Mir », « le vrai amour ». Je dis «notre part », car Ikha tenta de me faire croire que ces deux parts existeraient chez l’elfe comme chez l’être humain.

Ceci dit, elle entra dans les détails : selon elle, l’amour naturel découlant de la nature, il n’y aurait aucune raison de le repousser, et de ne pas le vivre à la manière des animaux. Je me rappelle parfaitement n’avoir pas su retenir une moue de dégoût à ces mots. Les conséquences étaient simples, et bien trop évidentes, et impliquaient que chaque elfe ne devait pas avoir honte de s’unir avec une elfe, comme une elfe ne devait pas avoir honte de s’unir avec un elfe, et ce même s’ils ne se connaissent pas, et, plus aberrant encore, qu’ils s’avéreraient être tout deux unis par le vrai amour à un autre être. Voyant que j’étais épouvantée par ses paroles, elle voulut, vainement, m’assurer que ces rapports n’étaient pas anarchiques, et que pour qu’ils aient lieu les deux être devaient toutefois se trouver beau l’un l’autre, et s’apprécier suffisamment, mais je m’étais déjà retranchée derrière la morale et restait sourde à ses tentatives.

Que m’importe… J’avais appris cette manière d’être sous un nom que l’on m’avait déclaré comme haïssable, le libertinage, celui des êtres démoniaques, des gens corrompus, hérétiques, des monstres et démons de la ville. Soudain, je me mis à blêmir : « Et Aerion, m’écriais-je, suit-il aussi ce genre de mœurs barbares ? » J’étais dans tout mes états, mais, heureusement, elle me jura, non sans une note de regret dans la voix que je ne pus m’empêcher de noter, qu’il n’avait plus eu la moindre relation depuis qu’il m’avait recueillie. J’émis l’hypothèse qu’il pouvait se cacher derrière un profond secret, mais à nouveau elle démentit en affirmant qu’aucun elfe ne penserait à cacher ce genre de chose.

Soudainement prise d’une intuition, je lui demandais alors si elle, elle qui me parlait, avait eu de ces liaisons d’une nuit. Sur un ton tout naturel, comme elle m’aurait parlé de la pluie ou du beau temps, elle me répondit que oui, qu’elle en avait eu beaucoup depuis les nombreuses années qu’elle avait pu passer sur ce monde, et me confia même que depuis plusieurs mois elle avait pour amant un elfe particulièrement affectueux et dont elle crut bon d’ajouter qu’il ne cessait de parler de moi et qu’il devait sans doute aller dans ses bras pour se consoler de ne pouvoir être dans les miens.

Je fus d’abord profondément choquée, et faillit succomber à la colère montante, puis pris subitement le parti de me détacher de tout cela, de rester distante. Au fond, je m’étais rendue compte que je n’avais pas à juger les elfes, ou tout du moins pas à leur faire connaître ce jugement ou essayer de les faire changer, même si je les trouvais dégoûtant…

Nous restâmes ainsi pendant un bon moment à parler, Ikha et moi, elle me contant les aventures de ses amis et amies, et des mœurs elfiques, et moi tantôt écoutant ses histoires, et m’attendrissant parfois au récit d’un amour particulièrement touchant, tantôt me révoltant contre telle rencontre sans suite. Finalement, vaincues par la faim tenace, nous avons cessé de parler et nous sommes occupés d’aller nous restaurer. J’avoue avoir, au terme de cette discussion, non pas accepté leur manière de voir, mais tout au moins appris à en respecter une certaine partie. Avant de nous quitter, je lui demandais de m’expliquer pourquoi, si tout marchait aussi bien dans le monde elfique, les humains ne faisaient pas pareil, puisqu’ils étaient, comme elle se plaisait à me le répéter, aussi proche que cela des elfes. Elle me répondit alors que les humains possédaient un esprit semblable en certains points, mais que la vraie différence était dans le fait que, contrairement aux elfes, certains humains étaient vilains, et d’autres beaux, et que c’était là le drame de l’humanité qui les empêchait de s’aimer sans limite, et créait la jalousie qui à son tour engendrait la querelle et la mort. Elle se résuma en cette phrase :

« Nous autres elfes sommes tous désirables, et avons tous droit à l’affection si nous la désirons, tandis que certains hommes doivent aller la chercher de force car leur corps n’est pas adapté… »

Enfin, alors qu’elle allait disparaître au-delà de la sortie, elle ajouta :

« Il y a un point que j’ai oublié de mentionner… Toi et Aerion êtes plus humains qu’elfes, et c’est pour cela que vous souffrez, malgré votre grande beauté. »

Je passais le reste de la journée à réfléchir, seule, dans ma chambre, en jouant parfois avec mon oiseau, ou le faisant picorer quelques miettes dans ma main. Je ne saurais dire à quoi je pensais, peut-être parce que je ne voulais penser à rien. Je rêvais d’Aerion, sans doute, et aussi d’un baiser qui n’avait pas connu de suite, et qui me brûlait, violemment, comme jamais auparavant…

Complications :

Durant les jours suivant, trop affligée par la solitude qui m’étreignait, je me mis à sortir de ma demeure et aller à la rencontre des elfes, les observer et parler avec eux. Toutefois, c’est avec Deleth et Ika que je passais le plus clair de mon temps, espérant peut-être, au travers d’eux, retrouver une part de la présence d’Aerion.

Nous n’abordions d’ailleurs pas le sujet de son départ, car nous en souffrions tout trois, moi et Ikha en silence, consciente qu’il nous manquait une part de nous-même, et Deleth à grands éclats de voix en pestant contre ce fou qui avait refusé de le laisser l’accompagner. Le pauvre criait à s’en crever les poumons pour ne pas laisser voir le profond désarroi dans lequel il se trouvait.

Somme toute, nous tuions le temps ensemble, en attendant le retour d’Aerion. Ainsi, nous marchions beaucoup dans la forêt et observions la nature en éveille et ses plus fascinantes créations, puis nous nous arrêtions au bord d’un ruisseau pour nous y baigner, ou, pour Deleth, rêvasser en y trempant les pieds. Je me rendais compte, à ces occasions, que le jeune Deleth commençait à se muer lentement en quelqu’un de plus vieux, et le signe le plus visible en était une barbe naissante qu’il ne cherchait pas à arrêter. Ce dernier point, heureusement, nous donna la possibilité de créer diverses conversations pour tuer ce temps toujours trop long, et nous cacher derrière un rideau de petits détails insignifiants.

Un soir, pareil en apparence à bien d’autres, nous décidâmes de souper ensemble, pour tromper la solitude, et nous accordâmes à Ikha le droit de venir accompagnée. Je ne sais aujourd’hui si j’aurais dû, ou non, accepter cette requête, et peut-être son sourire malicieux eut-il dû m’avertir, mais mon esprit et mon âmes n’était plus dans ce monde, et je ne faisais même pas attention à ce que disaient mes camarades, me contentant souvent de hocher la tête en émettant un petit son dont ils se satisfaisaient très bien. En deux mots, je n’ai jamais vraiment réfléchi à qui pouvait être cette personne qui devait l’accompagner, ni aux conséquences que cela pourrait avoir.

C’est ainsi que, deux jours plus tard, nous nous retrouvâmes à la nuit tombée dans une petite clairière faite d’herbe douce et merveilleusement éclairée par une lune plus brillante que jamais. L’air était chaud, le ciel scintillait d’étoiles, et, fait étrange, j’en oubliais presque l’absence de mon amour pour reporter mon attention sur ce lieu fantastique aux allures enivrantes.

Deleth était le premier arrivé, et avait déjà allumé un joyeux foyer qui pétillait, joyeux, entouré de rocher luisants. Il avait amené la nourriture et, par égard pour moi, avait préféré préparer l’ensemble avant mon arrivée pour éviter que je ne me révolte à la vue de l’animal que nous devions dévorer. Paradoxalement, la clairière semblait regorger de petits animaux chapardeurs et de divers oiseaux enchanteurs dont le chant faisait comme une mélopée qui calmait l’âme et donnait à ce lieu une autre dimension.

C’est donc dans cette atmosphère merveilleuse que nous entrâmes de concert, Ikha et moi, pour prendre part au repas. Nous saluâmes Deleth, puis nous assîmes et, à ce moment précis, une silhouette se découpa dans la nuit et atterrit à notre hauteur, ce qui ne manqua pas de me faire pousser un petit cri qui n’en amusa que plus mes compères. La silhouette, alors, se fit elfe, et Ikha s’empressa d’aller l’enlacer tendrement. Je me rendis soudain compte, enfin, que cet invité était bien réel, et plus encore je le reconnu à l’instant, car il m’était très familier. C’était, à n’en pas douter, l’amant dont Ikha m’avait parlé, mais dans mon souvenir c’était un jeune elfe dont la présence m’avait réconfortée lors d’une longue attente dans ma jeunesse, un elfe qui n’avait cessé de m’accompagner depuis, et qui maintenant se trouvait pour une soirée entière à côté de moi, au bras d’Ikha. Que ce fut de gêne ou de jalousie, je rougis, et pour n’en laisser rien paraître, j’invoquais la chaleur du feu dont je disais qu’elle m’agressait.

Cet incident passé, nous nous mîmes à manger, genoux à terre, et la tension qui s’était installée en moi retomba. Malgré tout, je me rendis compte que la présence de l’elfe ne m’était pas indifférente, et en dépit de tout mes efforts je réagissais étrangement lorsqu’il m’adressait la parole, ou que nos regards, par inadvertance, se croisaient. J’étais troublée, et pris le parti de passer à l’assaut pour éviter de devoir fuir, ce qui, inévitablement, n’aurait pas manqué d’apporter des soupçons que je préférais éviter.

Je me mis donc à interroger l’elfe sur sa relation avec Ikha, espérant l’obliger à se retrancher et prendre ses distances avec moi. Je voulus me faire acide, piquante, je cherchais à le vexer, mais il resta calme, et répondit gentiment à toutes mes questions aussi naturellement qu’auparavant, et finalement j’en vins à lui demander, pour rallier Ikha à mon camp, s'il n’en aimait pas une autre en même temps qu’Ikha, comme tel était son droit selon les mœurs elfiques. « Oui, me répondit-il, je t’aime toi...»

Je restais un moment immobile, complètement désarçonnée, incapable d’accuser le coup. Je me sentis demander à ma mémoire de me repasser plusieurs fois sa réponse, puis me mis à en étudier chaque mot comme si le sens pré-acquis de sa phrase n’en avait pas pour moi. Finalement, sans vraiment savoir pourquoi, avec une voix faible, presque inexistante, presque plaintive, suppliante, je demandais :

« Tu m’aimes ? »

Il hocha de la tête, et me répéta tout son amour sans cesser de me fixer, tendrement, au fond des yeux. Son calme me sidéra. Je voulus chercher de l’aide auprès d’Ikha, mais celle-ci, appuyée contre son amant, paraissait aussi heureuse qu’on puisse l’être, et en aucun cas choquée de ce que venait de dire son compagnon. Je tournais mon regard vers Deleth, mais celui-ci mangeait tranquillement, comme si rien de spécial ne se déroulait sur l’instant. Enfin, je regardais l’elfe et celui-ci, imperturbable, me fixa d’autant plus.

Heureusement, Deleth vint à mon secours, sans véritablement comprendre qu’il me sauvait d’une situation qui me posait profondément problème, en exprimant le regret de n’avoir toujours pas eu de nouvelles d’Aerion. Le repas reprit ainsi un cours normal, et je réussis tant bien que mal à évite les regards inquisiteurs d’Ikha et de son amant. Nous en vînmes même à rire lorsque Deleth se mit à tenter de nous expliquer le lien subtil qu’il existe entre deux symbiotes et l’échange purement pseudo-anarchique qui en résulte. Lorsque, fatigués, nous décidâmes de mettre fin au repas, et de nous séparer, la lune était encore haute dans le ciel, comme si le jour s’était transformé en nuit, ou, plus probablement, que notre rencontre s’était avérée bien courte.

Je pris le parti de rentrer immédiatement chez moi, ce que je fis non sans avoir salué Ikha et Deleth, et sans remarquer l’absence de l’elfe. Le retour, du reste, se fit sans encombre, et j’arrivais épuisée, mais heureuse, au seuil de ma demeure.

Seconde nuit :

Lorsque j’entrais, je ne pus réprimer un sursaut en m’apercevant que quelqu’un m’attendait, un elfe, l’amant d’Ikha. Il se leva et s’approcha doucement de moi. J’aurais voulu m’enfuir, crier, aller chercher quelqu’un pour me protéger, mais je m’aperçus que je ne ressentais aucune crainte, et plus encore, un certain réconfort de le savoir là. Lorsque je lui demandais ce qu’il faisait chez moi, il me répondit avoir désirer me rencontrer, pouvoir enfin me parler librement, et se libérer, se confier à moi. Je restais un moment interdite, m’attendant à autre chose, une autre chose que je ne sus, sur le moment, définir, puis l’invitais à s’asseoir sur l’un des fauteuils du salon pour y parler plus à l’aise.

Tandis qu’il s’exécutais, je m’occupais d’allumer un feu dans l’âtre, et ce faisant je pris conscience que la fatigue avait laissé place à un sentiment d’excitation sans précédent. Mon cœur battait fort, ma tête bourdonnait et je titubais avant de m’écrouler, dans un mouvement que je fis passer pour naturel, sur une chaise. Il était mal à l’aise, je le sentis tout de suite, et comme aucun son ne venait troubler notre entretien, je le priais de bien vouloir commencer, me dire ce pourquoi il voulait s’entretenir avec moi…

Ses yeux se firent tristes, accablés et accablant, et il me répondit :

« Voilà des années que ton image me poursuis, que le son de ta voix a caché en mon cœur toute musique, et que tu emplis jusqu’à mes songes, la nuit. Depuis que je t’ai connue, toute petite alors, je n’ai cessé de penser à toi, et cette torture a duré jusqu’à aujourd’hui, et dure encore terriblement… »

Je l’arrêtais, et essayais de lui faire comprendre que je n’y étais pour rien, que je ne pouvais rien y faire, bref, qu’au fond je ne savais pas ce que je devais faire ou dire. Au fond, une seule chose était sûre pour moi, c’est qu’il me paraissait fatigué et profondément triste. Il m’expliqua alors comment il avait tenté, durant des années, de m’aborder, comment il s’était battu pour avoir la chance d’être celui qui allait me sortir de ma prison, comment il était allé jusqu’à intriguer pour pouvoir, enfin, se retrouver ici, face à moi. Il m’avoua même s’être, d’une certaine manière, servi d’Ikha pour m’approcher, avec toutefois le consentement de celle-ci.

« Elle t’apprécie tant, me dit-il, et est souvent triste de te savoir malheureuse. »

Je l’arrêtais dans ses discours, et lui demanda, abruptement, d’une voix étouffée par une bouffée de chaleur, de me dire ce qu’il attendait exactement de moi.

« J’aimerais te serrer dans mes bras, me répond-t-il, j’aimerais pouvoir sentir ton cœur battre contre le mien, et t’offrir tout ce que je possède pour n’avoir seulement qu’un baiser de toi… »

Je fis mine de me lever, et, alors, sans que rien ne le laisse présager, il se jeta à mes pieds, les yeux couverts de larmes, et m’implora de bien vouloir le libérer, et de me libérer à la fois. Il me supplia de faire cesser son calvaire, de l’accepter une fois, une unique, pour qu’enfin se termine le supplice.

Je voulus me dégager, mais il se releva, et, tout contre moi, me susurra à l’oreille des mots elfiques, des mots qui racontaient l’histoire d’une âme seule, incapable de trouver la paix par la faute d’une cruelle, d’un elfe voué au tourment pour avoir aimé une humaine, des mots qui contaient enfin la résignation d’un être, et son désir de ne pas me faire de mal.

Il se détourna alors, et s’apprêta à s’enfuir lorsqu’une main l’arrêta dans son geste, ma main. Il se retourna et nous nous retrouvâmes face à face. Il était beau, il était triste… Je scrutais un instant ses yeux, et je n’y vis que le désespoir et l’ombre de longues années de souffrances. Enfin, je m’approchais de lui et, d’un geste, je fis basculer sa tête vers la mienne, et dans un baiser nous nous unîmes.

La nuit, alors, se transforma en une longue suite de caresses sucrées, sensuelles, de gentillesses, et de plaisirs infinis et langoureux à la saveur suave et, pour la première fois depuis longtemps, je me sentis enfin réconciliée avec moi-même.

Le lendemain matin, je devais découvrir deux choses : la première était un magnifique elfe étendu à mes côtés, blotti affectueusement contre moi, et la seconde était une Ikha rayonnante qui m’apportait un message, et dans ce message l’annonce du retour d’Aerion, et du succès de son aventure.

Un jour, il faudra qu'on me dise pourquoi il faut que je sois au plus bas de mon moral pour trouver la force d'écrire...

ps: c'est non sans tristesse que je dédie vainement ces piètres morceau (et le texte tout entier si elle en veut bien) à une personne qui compte beaucoup pour moi...

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peut-être, d'ailleurs, ne devriez-vous pas vous forcer ainsi à le lire, et attendre une hypothétique version un tant soit peu retravaillée et étudiée qui saurait être à la hauteur de votre attention.

arrg, le retour de ta modestie. sache que tu écris bien et que l'on prend plaisir à te lire.

Alors:

Premier chapitre

tout mes doutes,

tous

toute noir pensée

noire (je pense)

les fondements des relations elfiques.

Ces derniers sont tout simplement aberrants

dernières. a moins que tu parles des elfes, auquel cas il faudrait le préciser.

Mais peut-être me faut-il expliquer ces fameux principes pour en mieux mesurer l’hérésie. Je vais donc tenter de les résumer ici.

Ca me paraît bizarre: on a l'impression que Claire parle aux lecteurs. je trouve ça assez malhabile si c'est la première fois (j'ai oublié comment tu contais au tout début, mea culpa). Mais elle n'a pas besoin de résumer pour comprendre l'hérésie: elle a eu la version complète. certes c'est une introduction, mais elle m'a paru un peu simple.

J'aurais mis: "ce que me révéla Ikha fut un choc, et ces principes me parurent comme une hérésie." (en fait, ce n'est pas mieux, comme c'est Claire qui parle). a toi de voir (encore désolé d'oublier tout au long de ton histoire tes caractéristiques d'écriture).

A la fin de ce chapitre, j'ai malgré tout eu l'impression d'un certain détachement de Claire et des elfes. On sent qu'elle est différente, les sujets ne sont plus au pluriel, mais tantôt singulier (elle), et tantôt pluriel (eux). Elle se rend compte de cette barrière qui sépare les êtres de différentes nature. Franchement c'est réussi, et je me suis senti plus distant et en même temps plus proche (je ne saurais même pas définir mon sentiment, peut-être plus proche de Claire et plus loin des elfes.

Deuxième:

nous tuions le temps ensemble.......conversations pour tuer ce temps toujours trop long

Répétition avec le début de ton apragraphe. "passer" pourrait l'éviter.

mon esprit et mon âmes n’était

et mon âme étaient

En deux mots

Cela crée la familiarité, mais pou quelqu'un qui vit depuis longtemps chez les elfes, ça me paraît justement trop familier.

je réussis tant bien que mal à évite

éviter

C'est bien, mais pas de réflexion. pas de réels sentiments (à part l'amour de l'elfe, mais pour Claire il y en a peu je trouve). mais belle partie quand même.

Troisième:

répondit avoir désirer

désiré

qu’il s’exécutais

s'éxécutait

Sinon ce passage est beau, on apprend enfin la raison de la libération de Claire, non sans l'avoir attendu (bravo pour avoir tant patienté pour cette indice), et l'amour qu'il lui porte.

C'est un passage très bref, mais on découvre leurs deux sentiments, Claire aime cet elfe autant (voire plus) qu'Aerion, et elle redevient elfe (avec le libertinage).

Enfin, la libération est bien sentie et indique des choses: c'est avec lui qu'elle s'est libérée de ses années de souffrances avec les humains, et qu'elle se sent anfin bien dans la vie, sans regrets, et non avec Aerion (à méditer pour trouver le sens caché)

Iliaron

Un jour, il faudra qu'on me dise pourquoi il faut que je sois au plus bas de mon moral pour trouver la force d'écrire...

La souffrance des excellents artistes :wink: , comme est dit dans de nombreux poèmes

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Deleth et Ika que je passais le plus
et mon âmes n’était plus dans ce monde,
que mal à évite les regards inquisiteurs
Tandis qu’il s’exécutais, je m’occupais
accablés et accablant
que ton image me poursuis

Allez, j'ai vu toutes ces fautes ! Mais vu la longueur du texte, je suis sûr que j'en fais plus ! Alors c'est pas franchement alarmant !! :ermm:

Sinon, j'ai bien aimé ! La profondeur de ton texte est vraiment captivante ! Le personnage est bien developpé ! On ressent un malaise oppressant ( celui de l'auteur aussi :wink: ? ) En tout cas, le resultat est franchement bien et je suis impatient de lire la suite! Allez !

@+

-= Inxi =-

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Invité Elgalen

Voilà un passage où il se passe énormément de choses et très chargé en sentiments, le genre de passage que j'adore :whistling:

Tu nous donnes d'abord par l'intermédiaire d'Ikha une explication de la vision elfique de l'amour, ce qui permet de nuancer un peu les événements du passage précédent et le comportement d'Ikha.

Suite à cela, l'amant d'Ikha se présente au diner et dévoile à Claire tout son amour pour elle, tranquillement devant Ikha, sans qu'elle soit choquée. Là j'ai ressenti le même malaise que Claire, j'ai un peu de mal avec cette vision si libre de l'amour, profondément humaine que je suis (bien qu'étant la compagne d'un elfe...). Mais avec l'explication qui précède, cet événement est tout à fait cohérent avec le reste et paraît même presque logique. Et puis après tout, on comprend d'autant mieux la confusion de Claire.

Ensuite, Claire passe la nuit avec lui... une belle nuit pleine de tendresse et qui la réconcilie enfin avec son passé. Je dirais presque que Claire trouve enfin un bonheur éphèmère car elle se sent vraiment aimée. D'ailleurs une déclaration d'amour, c'est toujours flatteur, même dans le cas où les sentiments ne sont pas réciproques.

Et puis arrive Ikha, nullement gênée d'avoir "refilé" son amant à Claire, et lui annonce le retour d'Aerion. Alors là, plein de questions se bousculent dans ma tête, comme toujours après la lecture de tes textes.

D'abord, on se demande forcément que ressent vraiment Claire, est-ce que cette nuit n'était qu'une consolation, ou est-ce qu'elle se rend compte qu'elle ne peut plus attendre qu'Aerion lui offre ouvertement son amour... Parce que autant l'amour elfique est très libre, autant je l'imagine mal passer les jours (et nuits) pairs avec l'un et les jours (et nuits) impairs avec l'autre.

Et puis je me pose aussi plein de questions sur Ikha. Il me semble qu'elle était tout à fait consciente de ce que provoquerait la rencontre entre Claire et son amant, et qu'elle l'a pour ainsi dire arrangée. A-t-elle fait tout cela pour aider Claire, par pure gentillesse, pour la libérer, vu qu'une telle situation n'a rien de choquant pour elle. Ou va-t-elle en profiter pour informer gentiment Aerion en espérant qu'il chasse Claire de ses pensées, vu qu'il est plus humain qu'elfe comme elle le constate elle-même, et qu'il revienne à elle? Tout cela ne serait-ce que le fruit d'un plan de vengeance bien établi par Ikha?

Et qu'en pense Claire? Fera-t-elle toujours confiance à Ikha ou se sentira-t-elle trahie, revenant à ses réflexes humains? Se méfie-t-elle d'Ikha? S'en méfie-t-elle sufisamment? Et devrait-elle d'ailleurs s'en méfier?

Elgalen, qui espère trouver bientôt certaines réponses dans le prochain passage

Modifié par Elgalen
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  • 3 semaines après...

Et voilà comment l'empereur, plutôt que d'étudier ses examens, écris sur la seule chose qui lui tienne à coeur...

Cette petite suite est un passage que j'attendais depuis, je l'avoue, bien longtemps. On pourra dire que j'ai été un peu trop vite à l'essentiel, mais peut-être est-ce mieux ainsi, à vous de juger. Quant à moi, je suis bien trop satisfait d'avoir, d'une part, retrouvé en partie le ton originel de cette histoire, et d'autre part su mettre en scène Gilles, le preux chevalier...

Au delà de la mort :

Il revint victorieux, en effet, et on ne pouvait plus mesurer l’allégresse, la joie qui secouait la forêt. Elfes, animaux, plantes et jusqu’aux plus petits rochers chantaient le retour du roi et celui du grand Erdraug, l’esprit gardien. Je restais sourde à tout cela, indifférente, plus encore : terrifiée. Durant toute la première journée je restais cloîtrée chez moi, refusant de voir quiconque, et quiconque, de toute manière, ne daignait pas venir. Je me sentais exclue de ce monde qui se réjouissait à l’extérieur, et ne trouvait la paix qu’au milieu d’un mince filet de larmes.

Toutefois, le lendemain, je sortis de ma tanière, de mon refuge. Non pas que mes sentiments aient subitement changés, mais qu’Aerion, inquiet de mon absence, était venu en personne savoir de quoi il retournait. Aurais-je seulement pu lui montrer ma faiblesse, et plus encore refuser la main qu’il me tendait ? J’avoue avoir hésité, mais j’étais bien trop seule pour ne pas accepter de la compagnie.

C’est dans ces conditions qu’il me mena, au milieu d’un immense cortège de milliers d’elfes rassemblés pour l’occasion, jusqu’au sommet d’un piton rocheux qui s’élevait discrètement au milieu des fourrés et arbustes, et où semblaient s’être réunis tout les elfes de la Loren. Il y eut alors plus de cris, de chants et de rires que jamais auparavant et, même détachée comme je l’étais alors, je pouvais sentir les vents du bonheur qui enserraient le cœur de chacun des êtres vivants de ce lieux.

Mais nous n’eûmes pas le temps de nous en soucier, car à l’annonce de notre arrivée tous, sans exception, se dirigèrent vers de grandes tables nappées de soie blanche et couvertes de milles plats délicieux, et, après une courte prière commune à Isha, se mirent à manger et fêter tandis que je restais assise sagement, immobile, non loin d’Aerion. Le terrain accidenté et quelques manœuvres m’avaient donné le moyen de me nicher dans une anfractuosité où, si je pouvais tout voir, je ne pouvais, moi, être vue.

Du moins était-ce ce que je croyais jusqu’à ce qu’Ikha, d’un bond gracieux, se retrouve à mes côtés et, en me tendant un verre, m’incite à lui confier ma peine, ce que je refusais. N’insistant pas, elle se contenta de me tenir compagnie sans plus parler. Enfin, lorsque je n’y tins plus, je lui posais la question qui me brûlait les lèvres, la première d’une trop longue série :

« Il sait ? »

Elle me regarda, puis leva son visage vers le siège d’Aerion, à une vingtaine de mètre, se retourna à nouveau vers moi et me répondit :

« Oui, il sait ».

Je la pressais alors de m’en dire plus, de me raconter ce qu’il en était, de toute m’expliquer et, sans vraiment m’en rendre compte, je la suppliais, l’implorais même de m’aider. Son air d’habitude riant se fit grave et c’est sur un ton visiblement empli de tristesse qu’elle me dit :

« Il l’a appris en entrant dans la Loren, et tout ceux qui y ont assisté m’ont affirmé l’avoir vu vaciller. Depuis, il a retrouvé le sourire, il ne semble même plus y porter la moindre attention, mais moi qui le connaît je peux t’affirmer qu’il souffre jusqu’au plus profond de lui et que ce visage chaleureux que tu peux voir sur sa face n’est qu’une vaste mascarade… »

Puis, avant que je n’aies pu même continuer mon interrogatoire :

« Non, il ne t’en veut pas. T’en voudrait-il, il ne serait pas venu te chercher, il n’aurait pas cherché à se montrer aussi joyeux… Non, je crois tout simplement qu’il s’est forcé à l’accepter, pour des raisons qui lui appartiennent et que je ne connais pas, et qu’il a enfermé tout le mal que ça lui fait. Si l’on ose considérer que tu as fait une faute, comme il semble l’avoir pris, alors cette faute a été pardonnée. »

Nous restâmes un instant silencieuses, elle pour méditer, et moi pour réussir à bien comprendre tout ce qu’elle m’avait dit. Je voulus reprendre, mais un elfe arriva à ce moment précis et me demanda de le suivre. J’obtempérais et me retrouvais aux côtés d’Aerion qui, d’ailleurs, s’était levé pour m’accueillir. J’eus beau l’observer longuement et minutieusement, je ne sus trouver en lui la moindre trace ni de jalousie, ni d’une quelconque accusation. Il n’était que lui-même, tel qu’il avait toujours été, bon, doux et profondément gentil. C’est d’ailleurs de sa voix si chaleureuse qu’il me pria de l’accompagner, car, à ce qu’il me disait, il devait me montrer quelque chose qui devait m’étonner au plus au point. Partagée entre la peur et la confiance, je me mis en route et, ensembles, nous nous éloignâmes de l’assemblée par un petit chemin tortueux qui se faufilait entre deux parois de roches dont la hauteur se faisait de plus en plus impressionnante à mesure que nous avancions.

Il se retourna soudain ,et je sursautais, prête à crier. Il ne se passa rien et lorsque je rouvris les yeux il me regardait toujours, étonné. Il me demanda si quelque chose n’allait pas et je le rassurais. Alors enfin il se décida à me montrer une faille qui éventrait la roche et s’enfonçait sombrement dans la roche à la manière d’un escalier menant aux profondeurs. Nous devions l’emprunter et l’empruntâmes de suite.

Je remarquais immédiatement que la chaleur augmentait rapidement, et si je m’étais étonnée d’avoir de la facilité à apercevoir et le sol et les murs de ce couloir, je m’aperçus rapidement que la raison en était une puissante lueur à son extrémité, ou plutôt à ce que je pensais être son extrémité et qui s’avérait, tournant après tournant, n’être qu’une continuation de notre descente infernale.

Malgré tout, elle prit fin, au moment où nous entrâmes dans son antre. Car sans même vraiment comprendre ni les tenants, ni les aboutissants, l’évidence m’avait saisie et j’avais compris qu’il ne pouvait s’agir que de l’antre d’une puissante créature, créature qui ne manqua pas de se dévoiler à notre entrée, gigantesque masse étincelante dans la semi-obscurité.

« Claire, je te présente Erdraug, l’esprit de la forêt, grand protecteur de la Loren, le dragon d’or d’Isha. »

Je crois ne pas avoir vraiment entendu ces mots tant était grande ma stupéfaction. J’avais déjà, dans mon enfance, vu le dessin de dragons titanesques, mais jamais je n’aurais pensé me trouver un jour devant l’un d’eux, et certainement pas un aussi imposant que celui-là. Il était démesuré, terrifiant et de ses naseaux sortait une fumée à l’allure non moins inquiétante.

Toutefois, les secondes passées, le premier choc se fit moins fort, et, devant l’assurance d’Aerion, je repris légèrement contenance. C’est alors que je le vis vraiment tel qu’il était, magnifique, et le mot est faible. Grand mais svelte, imposant mais gracieux, terrifiant mais d’une beauté enchanteresse, il n’en avait pas moins un œil dans lequel se lisait une âme douce et bonne, un esprit vieux et sage, mais aussi altruiste et d’une vigueur entraînante.

« Erdraug est le plus grand des dragons de la Loren, mais plus qu’un dragon c’est surtout l’esprit de la forêt, l’incarnation d’Isha pour défendre tout ce qui vit dans la forêt. Il m’a fallu un long périple pour le retrouver, car il avait fui la forêt lorsque je pactisais avec les humains, et… »

Je ne l’écoutais pas. En fait je ne faisais plus rien, pas même penser. Une seule chose me préoccupait alors : la fascination que j’avais pour ce dragon, une fascination qui, au plus profond de moi, n’avait de cesse de m’inquiéter.

Voyant mon désarroi, Aerion me ramena à l’air libre et là me fit m’asseoir pour récupérer. Quand il me jugea capable de supporter une conversation, mon compagnon me demanda ce que j’en pensais, et je lui répondis qu’il était plaisant de savoir que la forêt avait un aussi puissant protecteur. À ces mots, il exulta :

« Puissant ? Mais bien plus encore, il ne craint ni le feu, ni les armes des hommes comme des bêtes. Erdraug est invincible…»

« Invincible ?», demandais-je alors, instinctivement étonnée.

« Non, pas tout à fait, reprit-il sur un ton plus modéré, comme honteux de s’être emporté, pas invincible mais presque. »

Il en resta là pendant près d’une minute, puis voyant que je ne semblais pas vouloir lui parler, il continua :

« Erdraug a beau posséder une carapace à toute épreuve, il est lié avec Isha et la forêt, ce qui est son point faible. Si ce lien venait à être brisé, alors Erdraug perdrait tout ce qui fait sa force, et, comme n’importe quelle créature mortelle en ce monde, il pourrait être tué par une lame ou une lance. Vois-tu, la légende veut que ce soit la reine de la Loren qui, devant un grand péril, invoqua Erdraug au nom d’Isha, et cette dernière, pour sceller l’alliance, fit placer le cœur d’Erdraug dans le diadème de la reine, car ainsi son sort serait lié à cette dernière. »

Une fois encore, il s’aperçut que je n’écoutais pas et s’arrêta là, sans plus insister. Enfin, visiblement poussé à ses extrémités, mais toujours aussi gentiment, aussi doucement, il me dit :

« Claire, dit-moi ce qu’il y a, je t’en prie. »

Puis reprit :

« Si c’est pour cette nuit que tu as passée avec cet elfe… »

Il me regarda et vit que soudain toute mon attention lui était accordée…

« Claire, si c’est cela qui t’inquiète, alors sache que tout est oublié. Tu peux passer toutes les nuits que tu voudras avec qui tu voudras, cela m’importe peu. Tout ce que je te demande, c’est de ne pas m’oublier, d’accord ? »

Je posais ma tête contre sa poitrine et, en le serrant aussi fort que possible, lui murmurait :

« Il n’y aura pas d’autres nuits sans toi, jamais. »

Alors je sentis mon corps se relâcher, comme soudain libéré de ses entraves, et je m’endormis aussitôt. Dans mon rêve, tout au début, avant que ne commence le fantastique, alors que j’étais encore contre Aerion, bien au chaud en son sein, je vis un messager venu lui annoncer l’arrivée d’un humain au frontière de la Loren, et qui, au nom d’une vieille promesse, demandait à être hébergé en la Loren…

L’humain :

Ce matin, je me suis levée de très bonne heure, avant même le soleil et avant les premiers chants d’oiseaux. Impossible de tenir en place, ni assise, ni debout. Je tourne comme un animal en cage dans ma chambre, sans un mot, simplement pour faire passer le temps au plus vite, car il me tarde de voir le zénith et, par là même, l’arrivée de l’humain.

Car mon rêve de hier soir n’en était pas un. La nouvelle, rapidement, me fut confirmée, et les festivités en l’honneur du retour du roi se transformèrent en un vaste tumulte sur l’arrivée de l’envahisseur.

D’aucuns se demandaient qui il était, et s’il était bien prudent de le laisser entrer, d’autres, plus jeunes, voyaient là une expérience des plus étonnantes, et tous, enfin, faisaient un grand tumulte dont la voix d’Aerion les tira. En une phrase rapide mais claire, il les informa qu’il acceptait la requête de l’humain au nom de la parole donnée, et interdisait que quiconque lui fît du mal. Il ajouta aussi qu’une escorte avait été envoyée à sa rencontre et qu’elle ne reviendrait que le lendemain, c’est à dire aujourd’hui.

À quoi peut-il bien ressembler ? Comment seront ses habits, sera-t-il accompagné ou viendra-t-il seul ? Ces questions me hantent et me rendent folle. Un instant, comme pour me raisonner, j’essaie de me demander pourquoi je fais de l’arrivée de cet humain un tel événement, plutôt que de n’y voir qu’une simple anecdote, mais j’en connais trop bien la réponse, et celle-ci m’est tout simplement insupportable, alors je préfère l’oublier.

Pourtant, puis-je ignorer qu’il m’est très agréable, et même salvateur, de voir enfin l’un de mes semblables ? Puis-je ignorer que depuis mon arrivée dans la forêt je n’ai cessé de me sentir étrangère où que je sois et quoi que je fasse, sinon dans les bras d’Aerion, à de bien trop rares occasions ? Puis-je enfin ignorer que, tout simplement, les histoires de preux chevaliers ont hanté mon enfance, et que toute ma curiosité bouillonne à l’idée d’en voir un, même de loin ?

Les heures s’écoulent, et je m’épuise doucement, mais sûrement, jusqu’à m’effondrer dans un fauteuil dont je me relève aussitôt. Exténuée, je n’en reprends pas moins ma ronde lorsqu’une grande clameur se fait entendre.

Aussitôt je m’élance, descend les escaliers, coure au milieu des autres elfes et, après quelques minutes, me retrouve avec eux le long du sentier par lequel va entrer l’humain. Mon cœur bat à tout rompre. Un cheval apparaît, mais c’est celui d’Aerion, suivi des plus vieux elfes de la Loren. Je vois les armures briller, les bannières flamboyantes, les heaumes étincelants et comprend que tout a été mis en œuvre pour impressionner l’humain. Qu’importe, cela ne peut que renforcer ma curiosité, et si un tel étalage a été fait, cela ne peut être que pour recevoir un invité de marque, quelqu’un d’important. Aerion s’arrête à ma hauteur et, à ma grande surprise, après avoir mis pied à terre, m’invite à monter avec lui pour recevoir ensemble l’invité. Dans la main qu’il me tend, je reconnais le diadème de la reine, plus brillant que jamais. J’accepte et peu de temps après me retrouve sur une vaste tribune élevée pour l’occasion et ceinte d’un grand nombre d’elfes en armes à l’air sérieux. Du haut de notre perchoir, nous avons l’air d’une forteresse prête à tenir un puissant siège, et il me tarde vraiment de voir venir celui qui, de sa seule présence, peut nécessiter un tel déploiement de force.

Mais à peine ais-je formulé cette pensée qu’apparaît le premier cavalier humain. Facile à reconnaître, il est couvert de boue jusqu’aux oreilles, que ce soient celles de la monture comme du cavalier. Ce dernier, d’ailleurs, est courbé sur le cou de son destrier, pitoyable dans sa posture, ses vêtements sont troués, son armure cabossée et sur son côté pend une épée sans fourreau, faite d’un métal rongé par la rouille.

Je vois ainsi approcher toute une procession de ces humains repoussants et indignes, et commence à voir mes espoirs disparaître lorsqu’il m’apparaît.

Plus de boue, plus d’être prostré, courbé sous le poids de l’infamie. Son éclat est sans autre pareil, son armure semble faite d’argent, et partout courent des filets d’or aux formes infiniment belles. Son maintien est noble, son destrier magnifique et grand, son casque au bras, il laisse voir un visage puissant, ferme et beau. Il est jeune, ses cheveux sont d’un blond d’or et ses yeux sont empli d’une assurance que n’aura jamais aucun elfe. Il avance seul au-dessus de la basse engeance, sans se soucier des malheureux qui rampent à ses pieds et s’approche de nous en maître, insouciant de tout les soldats accumulés comme des fétus de paille face à lui. Il n’est que force et puissance, un roc inébranlable, un véritable chevalier. Je me recule un peu et cherche à me faire toute petite en le voyant s’arrêter juste devant nous. Je crois le voir me regarder, mais c’est à Aerion qu’il s’adresse, allant droit au but, sans s’avilir, fidèle à lui-même, comme un dieu en son royaume.

En quelques mots, il lui est évidemment accordé de rester autant qu’il lui plaira en la Loren, jusqu’au jour où il décidera de nous quitter, après quoi le serment serait considéré comme rempli. Il fait un signe dédaigneux d’accord et s’éloigne, emportant avec lui les autres humains. Les elfes semblent un peu indignés de son outrageante conduite, mais je n’y fais pas attention. Rêveuse, je reste un moment à le suivre des yeux, puis m’éloigne sans mot dire, laissant derrière moi Aerion et le diadème.

Ce que veut l’humain :

Voilà une semaine que Gilles est arrivé. Gilles, c’est l’humain, le chevalier. Peut-être devrais-je dire « mon » chevalier , car il ne cesse de venir me voir, et s’il reste distant, pris dans ses nombreuses préoccupations, il ne manque jamais de m’apporter présents et cadeaux en grands nombre, et jamais aussi je ne me suis vue entourée de tant de fleurs et de bijoux.

Il dit que c’est bien le moins qu’il puisse faire pour honorer comme il convient la reine des elfes, mais je sais qu’il n’en est rien. Je lui ai déjà dit que je n’étais qu’une simple humaine, et bien que j’aie préféré omettre, peut-être par distraction, mon origine paysanne, il doit bien avoir compris ce que je suis, ou peut-être pas.

J’apprends beaucoup avec lui, plus que jamais, et surtout sur lui. Je sais à présent comment, après avoir repris en main le fief de son père, il a vaincu la manticore, abattu brigands et vilains, maté les révoltes, défait ses ennemis et, une fois l’ordre et la justice revenue, il s’en est allé trouver le grall. J’en avais déjà entendu parler, mais il a su me le décrire en détail, car, m’a-t-il dit, il a eu l’occasion de l’approcher, mais non d’y boire encore, car, à ce moment, la dame lui aurait demandé de faire preuve de patience. Instinctivement, je lui demandais de me décrie la dame, avec, je dois le dire, un accent de jalousie dans la voix, mais la personne dont il me parla n’était autre que moi.

Ainsi passèrent les jours en sa compagnie, heureux et simples. Il riait beaucoup et mettait tout en œuvre pour me voir rire autant. Il ordonnait à ses gens de faire mille tours pour m’amuser, m’appris à me tenir comme une grande dame et me permis même de soulever son épée, ce dont je fus, je dois bien l’avouer, incapable tant elle était lourde.

Je l’accompagnais aussi lorsqu’il allait rendre visite à Aerion, pour lui rendre compte de sa décision de rester ou partir. J’y revoyais les elfes, les arbres et animaux, mais n’y faisais pas attention. Si la première fois l’on me proposa de monter aux côtés d’Aerion, telle proposition ne me fut plus jamais faite après que j’aie refusé. Du reste, je voyais trop bien Aerion qui, malgré ses tentatives pour rester inflexible, ne manquait jamais de jeter un ou deux éclairs lors de nos entretiens. Le pauvre croit sans doute que je l’ai oublié, mais c’est faux. Je l’aime toujours, immensément fort, mais je profite juste de l’occasion qui m’est donnée de passer un peu de temps avec l’un des miens. Je sais qu’il me pardonnera, et peut-être qu’après cela, lorsque nous nous retrouverons enfin seuls, ensembles, il acceptera de me prendre vraiment, ou peut-être avant cela s’avouera-t-il à moi…

Mais les choses prirent une autre tournure. Trois semaines après l’arrivée de l’humain, plusieurs elfes se présentèrent à ma porte et m’apportèrent or, argent, bijoux, ivoire, trésors en quantité incroyable et gerbes de fleurs en nombre tel qu’il était impossible de les faire entrer dans ma demeure. Il vinrent aussi transformer cette dernière en un véritable palais, avec des colonnades, de nombreuses salles, des miroirs et des argenteries au point que je me retrouvais à vivre comme une véritable reine. Enfin, il me fut offert un nombre considérable de robes tant elfiques qu’humaines, et des parures en quantité. En quelques heures, je me retrouvais plus riche que ne l’ont sans doute jamais été toutes les reines de ce monde.

Pourtant, je restais indécise devant tant de richesse. Que se passait-il, qui pouvait m’envoyer tout cela ? Le nom d’Aerion, bien évidemment, s’imposait, mais je ne comprenais pas ce soudain revers d’attitude, en particulier car, lorsque je voulus aller lui parler de cet étrange fait, il refusa de me recevoir, et lorsque je trouvais le moyen de forcer le passage, il avait fui sans laisser ni mot, ni explication d’aucune sorte.

Durant deux jours le cortège de richesse continua, empilant à mes pieds tout ce que pouvais contenir la Loren sans discontinuer, puis cessa, plus, aurais-je tendance à dire, faute de place pour entreposer les richesses que faute d’en avoir encore à apporter. Trois journées entières passèrent sans que je n’eus de nouvelles d’aucune sorte. Gilles, entre temps, vint me rendre visite, s’étonna de tout ces trésors et m’invita à en profiter, mais je lui fit comprendre que j’avais d’autres soucis.

Ils se confirmèrent lorsqu’enfin un elfe se décida à me donner une explication, et cette elfe fut Ikha, évidemment, qui, à son habitude, m’apparut comme tombée du ciel. Mais elle ne souriait pas, plus encore son visage était blême, comme rongé par un mal terrible, et la marque de la faim et de la fatigue montrait trop bien que depuis longtemps elle n’avait ni mangé ni dormi. Son discours ne manqua pas d’attiser en moi maintes craintes.

« Je reviens du refuge d’Aerion, me dit-elle, et malgré toute l’interdiction qu’il m’en ait faite, je penses qu’il me faut absolument te parler. »

Elle s’arrêta un instant, puis continua :

« Claire, par pitié, dis-moi ce qu’il se passe ! Aerion est devenu fou, il fulmine, crie contre les dieux, contre les hommes, contre les elfes et la forêt, puis s’écroule en pleurs sans que rien ne puisse sembler pouvoir le calmer. J’ai bien essayé de le réconforter, mais il m’a repoussée avec rage, s’est excusé puis s’est renfermé à nouveau. J’ai très peur pour lui, et plus encore car il semble clair que la cause de son mal ne peut être que toi. »

J’aurais voulu répondre, mais elle ne m’en laissa pas le temps, car elle venait soudain de s’apercevoir, en sortant de l’aveuglement dans lequel l’avait plongé son inquiétude, de toute la richesse dans laquelle je baignais :

« Claire, mais d’où viennent tout ces biens, tout ces trésors ? Est-ce donc l’humain qui te les a offert ? »

Je lui fit signe que non, et doucement, je répondis :

« C’est Aerion… Je crois… »

Elle leva les bras au ciel, comme touchée à mort, et m’en fit si peur que je tombais de ma chaise. Ses yeux reflétaient à la fois la rage et la folie lorsqu’elle se jeta sur moi pour continuer :

« Si ce que tu dis est vrai, alors nous vivons des heures bien sombres ! Faut-il être désespéré pour espérer acheter l’amour ! Vois dans quels retranchements tu l’as poussé, vois ce que tu lui as fait, vois l’œuvre de ton… de cet… de la compagnie de cet humain ! Il a raison, peut-être vaudrait-il mieux le tu… »

Elle s’arrêta, puis me regarda à nouveau, l’air soudain triste, empli d’une pitié qu’elle implorait, et s’effondra en larmes :

« Sauve-le, Claire, je t’en supplie, je ferais tout ce que tu voudra, je te donne ma vie si tu la veux, mais cesse de torturer Aerion, cesse ton jeu cruel, cesse donc et sauve-le. »

Elle resta ainsi prostrée, et moi aussi. J’aurais voulu répondre, mais elle s’en fut, rapidement, en fuyant, me laissant seule et malheureuse. Lorsque Gilles, comme à son habitude, vint me trouver, je me jetais dans ses bras, en lui demandant de me serrer très fort, ce qu’il fit de bonne grâce, puis il me consola, sans même savoir de quoi, et nous restâmes l’un contre l’autre longtemps jusqu’à ce que je réussisse à oublier mon chagrin.

Mais le jour même, un messager elfe arriva au campement humain, portant une lettre que Gilles me fit lire, et qui lui intimait l’ordre de quitter la Loren dans les deux nuits à venir sous peine de terribles conséquences. Lorsque je lui demandais ce qu’il allait faire, il me répondit avoir décidé de partir, ne voulant pas faire souffrir les elfes, malgré l’évident manquement à leur parole donnée. Je voulus parler, mais les sons moururent dans ma gorge. Je laissais donc parler mes yeux, et lui aussi me regardait, incapable de s’en aller comme il devait pourtant en avoir eu l’intention. Enfin, après bien des hésitations, il céda, et me fit part de son projet :

« Claire, me dit-il, ma très chère Claire, lumière de toute les lumières, je ne saurais vivre sans toi, et le monde, aussi beau soit-il, aura perdu tout intérêt à mes yeux si tu n’es pas à mes côtés… Claire, ajouta-t-il sans me laisser le temps de répondre, ce que j’ai à te demander n’est pas facile, ni pour moi, ni pour toi, et je ne le sais que trop, mais je crois savoir que je ne te suis pas non plus indifférent, alors… Claire, je t’aime, je ne peux le cacher, je t’ai aimé dès que je t’ai vu, et n’ai depuis cessé de t’aimer encore plus que je n’ai jamais aimé même la dame ou moi-même, Claire, je t’aime et j’aimerais que tu m’accompagnes en mon domaine pour devenir baronne à mes côtés, porter mes enfants et vivre enfin dans un lieu qui serait le tien, loin de ces elfes qui t’ont enfermé dans leur forêt comme le seul trésor qu’il possèdent vraiment. »

Je voulus détourner le regard, mais cela m’était impossible. Je voulus retenir mes larmes, mais ce l’était encore plus. Soudain, je me pris à me demander pourquoi je n’avais pas déjà refusé… Était-il possible que j’hésitasse ? Voulais-je vraiment partir avec lui ? Ma tête bourdonna et mille questions enterrées depuis longtemps remontèrent à la surface et se transformèrent en évidence. Mon sentiment d’être une étrangère, ma solitude et mes larmes trouvaient un sens clair et précis, tout devenait limpide et lorsque je regardais à nouveau Gilles devant moi, fier, beau, vaillant, noble et sincère, ma décision fut prise. Je le relevais, et après l’avoir embrassé, lui dit doucement :

« Je viens. »

Quelque chose se brisa, je sentis les vents tourner, l’air se faire ni plus lourd, ni plus léger, mais différent, et les couleurs de la forêt, à mes yeux, se firent plus ternes, comme si soudain on avait déchiré un voile qui depuis longtemps m’aveuglait. Alors je sus que j’avais fait le bon choix…

Fin de partie :

Tout était décidé, et Gilles en était heureux, mais, m’avoua-t-il, jamais Aerion ne me laisserait partir ainsi. Quelque fut la parole donnée, il la romprait au dernier moment, trop soucieux qu’il devait être de me voir le quitter. Je l’assurais du contraire, et lui affirmais avoir confiance en Aerion, mais cela ne sut le rassurer, jusqu’à ce qu’il me propose une manière de savoir de quoi il retournait. Il me demanda de faire à Aerion une demande qui prouverait son amour, et donc l’assurance qu’il me laisserait libre. J’acceptais, me ne vis pas quelle demande pouvait faire l’affaire. Il me fit donc part de son idée. Il avait entendu parler du diadème de la reine, et croyait savoir qu’il n’existait pas de plus précieux bien en toute la grande forêt de la Loren. Si Aerion acceptait de me le confier sans discussion, alors Gilles accepterait de croire qu’aucune résistance ne serait faite à mon départ. Sans réfléchir plus avant, j’inclinais la tête en signe d’obéissance. Peu m’importait le moyen tant que, au bout du compte, nous nous retrouvions hors de la forêt.

Je m’arrangeait donc pour me faire recevoir par Aerion, et il accepta. L’entrevue se fit dans une petite clairière sacrée où avait été élevée un trône dans lequel il siégeait.

Sa vue m’effraya. Son visage avait changé, il s’était fait vieux à force de rides, ses yeux ne brillaient plus et tout son corps semblait vidé de son âme. Il se tenait droit, ferme comme un véritable bloc de pierre face à l’assaut de la mer, et attendit sans un mot que je lui parle de la raison de ma visite.

En peu de mots, je lui fit comprendre que toutes les richesses dont il m’avait fait la dépositaire ne m’intéressaient pas, et que s’il m’aimait vraiment, alors seul le diadème sacré saurait me le prouver. Je lui demandais de me le remettre et de me laisser l’emporter après quoi je prendrais une décision. Il tourna lentement son visage vers un elfe à ses côtés et fit un signe. L’elfe hésita mais Aerion recommença son ordre muet et l’elfe s’exécuta, partant et revenant rapidement un coffret à la main, l’ouvrit devant moi pour que je voie le diadème resplendir, ce qui ne manqua pas de donner un haut-le corps à Aerion, puis me le remit sans autre attitude que celle du mépris. J’aurais voulu m’expliquer, dire ce que j’avais sur le cœur, mais je me contentais de m’enfuir aussi lentement et dignement que possible sous un nombre considérable de regards tristes ou accusateurs. Par moment une petite prière elfique se faisait entendre, qui implorait un être de revenir des terres sombres vers la lumière…

Lorsqu’il vit le coffret, Gilles exulta, mais s’enquit rapidement de ma santé, car il me trouva pâle, et je l’étais vraiment. Il me rassura, me fit comprendre que tout serait bientôt fini, que nous serions loin dans très peu de temps, et qu’une ultime démarche était nécessaire. Il me fallait enfin signifier à Aerion la décision de mon départ. Je demandais à être exemptée, mais il m’assura que c’était nécessaire, invoquant le déshonneur qu’il y aurait à partir comme des voleurs. J’étais effondrée, je ne discutais plus et c’est pourquoi, j’imagine, j’acceptais cette dernière mission.

Je retrouvais Aerion où je l’avais laissé, mais les elfes étaient partis. Il n’était plus question de droiture ou de fermeté, l’être qui se tenait assis en face de moi était courbé, tenait sur son siège à grande peine et me regardait comme au travers d’une vitre, tel qu’il en aurait été s’il avait rêvé.

Je m’approchais un peu, mais il recula, ou plutôt essaya de s’adosser encore plus, de se recroqueviller dans son fauteuil, et je cessais donc mon avancée. Que fallait-il faire, que dire, par où commencer ?

« Aerion… commençais-je. »

Il ne réagit pas. Je continuais donc :

« Aerion, il me faut te parler d’une décision que j’ai prise. »

Il ne fit toujours aucun mouvement et je pris donc le parti d’aller droit au but en priant pour qu’il survive au choc :

« Aerion, j’ai décidé de quitter la forêt, de partir et de m’installer en terre humaine. »

et j’ajoutais rapidement, avec un accent de culpabilité :

« Je crois que je ne compte pas revenir, désolée… »

Alors un miracle se produisit. Le vieillard retrouva un semblant de force, certains rides disparurent et il retrouva un instant suffisamment de maintient pour énoncer d’un ton sans vie, comme récitant une leçon apprise :

« Tu es ici mon invitée, et tu peux rentrer et sortir de la Loren à ton gré, autant de fois et aussi longtemps que tu le voudra bien. Quiconque s’y opposerait devra en répondre devant moi. »

Il retomba aussitôt dans sa posture d’origine, sans plus même me regarder, et je me retournais pour ne pas m’avouer avoir aperçu au coin de son œil l’éclat d’une larme naissante.

Je me mis en route sans regarder en arrière, et lorsque j’entendis derrière moi un grand bruit suivi d’un tumulte, je ne fis qu’accélérer en priant pour que le cauchemar prenne fin. Je ne savais alors qu’Aerion, à bout de force, avait cédé et s’était effondré au sol, face contre terre, les yeux vides de toute lueur de vie, en prononçant faiblement mon nom avec un long soupir de profond chagrin.

Fin de partie, réalité :

On ne peut imaginer quelle fut ma joie de revoir les humains et surtout Gilles, et celui-ci fut tout aussi heureux, tant et si bien qu’il me souleva du sol et ne m’y reposa qu’après m’avoir fait faire au moins trois tours haut au bout de ses longs bras. Je l’embrassais, mais m’aperçut soudain que derrière nous passaient des hommes transportant de nombreux coffres, trop nombreux pour être ceux de l’expédition humaine. Je voulus questionner Gilles, mais celui-ci me fit durement signe de me taire, et ajouta :

« Ne te mêles pas de ça, c’est une affaire entre hommes et elfes. »

Puis il fit signe à deux de ses vilains qui m’empoignèrent et me firent m’asseoir sur un chariot, au milieu d’une bonne douzaine de gueux. Tout autour s’affairaient les autres, les uns pour piller tout ce qui pouvait l’être des richesses qui m’avaient été confiées, les autres brûlant et saccageant la forêt du mieux qu’ils pouvaient, simplement par rage destructrice. Bientôt, un grand incendie débuta, et nous nous mîmes en route aussi vite que possible pour ne pas devenir ses proies. Je regardais cela avec horreur, et ce qui me blessa le plus durement fut sans aucun doute de voir Gilles qui riait à gorge déployée à la vue de ce triste spectacle.

En nous éloignant, j’entendis les clameurs des elfes alertés par le feu, et les hurlements des animaux pris par les flammes. La ruse semblait réussir, et nous allions atteindre la lisière sans que l’on ne se soucie de nous, lorsqu’un bruit plus fort que tout les autres se fit entendre. Le soleil fut caché un instant par une ombre gigantesque et bientôt, au milieu des cris des humains, Erdraug, l’esprit protecteur, vint se poser, rugissant, fulminant et pressé d’en découdre avec ceux qui avaient osé le défier. La plupart, parmi les humains, furent pris de terreur et cherchèrent à s’enfuir, mais furent déchiquetés pas la mâchoire du grand Erdraug, d’autres par la longues lance d’Aerion.

Car c’était Aerion en personne qui chevauchait Erdraug, plus vivant que jamais. Le voir ainsi me redonna espoir. Il avait revêtu son armure de combat et retrouvé toute sa fougue et sa jeunesse. D’une main il tenait Sephir, la donneuse de mort, sa lance, et de l’autre le cor d’ivoire avec lequel il appelait les elfes devant lui prêter main-forte. Enfin, au profit d’une attaque particulièrement violente, j’eus l’occasion d’apercevoir, prise entre deux lacets d’or à ses côtés, une rose blanche.

Le combat était clairement en défaveur des humains, et bien qu’Aerion fut seul contre eux, la puissance d’Erdraug ne manquait pas de lui donner un avantage décisif. Pourtant, malgré cela, Gilles s’avança, sûr de lui, à la rencontre du terrible adversaire et, pour le défier, fit faire à sa monture une puissante ruade. Il appela Aerion de sa lourde voix, l’incitant à bien observer ce qu’il avait à lui montrer, puis sortit, à ma plus grande horreur, le diadème que j’avais eu le tort de lui confier. Soudain, ce fut un grand cri de la part d’Erdraug qui semblait paniqué, et Aerion perdit instantanément toute la prestance dont il s’était revêtu. Son regard parcouru alors le convoi humain et il m’aperçu sur le chariot. Que put-il se dire alors, je n’en sais rien, mais il prononça un mot qu’évidemment je n’entendis pas, en fronçant les sourcils, puis chancela alors que Gilles, la lance tendue, chargeait Erdraug et enfonçait la longue et froide arme au plus profond de ses chairs, faisant s’écrouler le monstre. Voyant le cavalier étendu à terre, il sourit puis ordonna à deux gueux de le relever, après quoi il s’approcha et se mit à le frapper d’un grand revers de la main avant de laisser ses vilains s’acharner sur lui de toute part tandis que nous nous étions remis en route, m’empêchant de voir, mais non pas d’entendre, Erdraug pousser son ultime cri d’agonie, un cri qui glaça la forêt et sembla faire cesser toute vie. De fait, malgré tout mes espoirs, nous ne fûmes pas une seule fois inquiétés et quittâmes la forêt sains et saufs…

Voilà... La fin ne devrait pas être trop longue, et pourtant il reste un dernier acte à jouer, et non des moins importants. Pour expliquer certains passages, Erdraug est une entité puissante, aux grande capacités, mais malheureusement lié à la forêt, ce qui est son vrai point faible, et il suffit que la forêt se retourne contre lui pour qu'il se retrouve alors aussi faible qu'un humain... Erdraug, si tu lis ce passage, il ne s'agit pas directement de toi. Je ne cherche pas à faire passer de message, et je ne peux pas avoir l'arrogance de dire qu'il te représente directement. Si tu vois un message dans ce passage, il est involontaire...

Enfin, tout se résume en quelques mots. Aerion est l'amour désintéressé, l'amour véritable, celui du sacrifice, celui où l'on confie son âme à l'autre, d'où le fait qu'il dépérisse lorsque son âme s'éloigne de lui. L'humain, lui, est un amour passion, celui où l'on trompe au départ, puis où l'on prend ce qui nous plaît et où l'on lâche tout. Y a-t-il cru? Oui, sans doute, un peu. Mais au fond, une fois que l'on a ce qu'on veut, que reste-t-il de ce fameux amour?

Enfin, si certains posent la question, Aerion fronce les sourcils en voyant Claire, mais parce qu'il est en colère contre lui-même, pour ne pas avoir su prévoir cela, pour ne pas s'être préparé à la voir chez les autres, et pour ne pas succomber à la tristesse qui l'envahit. Du reste, chacun imagine ce qu'il veut. Ainsi j'ai décris le dragon de manière évasive d'une part parce que je suis mauvais pour les description, et d'autre part parce que cela permet à chacun d'y voir SON dragon.

Que dire d'autre? Le mal vient et viendra toujours de l'humain. C'est ainsi, et le pire être humain de mon histoire est l'héroïne de ladite histoire, car c'est d'elle que vient le mal. Est-ce un constat définitif? Au fond, c'est à cela que doit répondre mon ultime parti, le déclin, car j'ai fini ici la vie de Claire. Après avoir été la fille et l'amante, la voilà prête à devenir...ce qu'elle ne peut que devenir.

Imperator, ce texte tout innocent qu'il est n'existe en vérité que comme exorcisme, et, il me faut bien l'avouer, pour une fois, la souffrance que j'y ai mise est la mienne.

Modifié par Imperator
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Chouette, une suite (je lis malgré mon temps réduit :D )

ne daignait pas venir

La pas me semble de trop

Ces dans ces conditions

Groumf: c'est dans (voyons Impe, de telles fautes, une petite relecture n'est jamais bénigne :evilgrin: )

où semblaient d’être réunis tout les elfes

où semblaient être réunis tous les elfes

T’en voudrait-il il ne serait pas venu te chercher

La phrase est correcte mais me semble lourde. pourquoi pas: "s'il t'en voulait il ne serait...

la moindre trace ni de jalousie, ni de la moindre accusation.

répétition.

Pourquoi pas: "ni d'une quelconque accusation"

Grand mais svelte, imposant mais gracieux, terrifiant mais d’une beauté enchanteresse

Bravo pour ce jeu d'antithèses :D

je pactisais avec les humains, et… »

Je ne l’écoutais pas. En fait je ne faisais plus rien,

Suspense quand tu nous tient :lol: . Mais c'est bien, tu arrives à assez bien justifier le fait qu'elle n'écoute pas (pas des rochers tombèrent au loin couvrant de leurs fracas toutes paroles (et lautre continue bien entendu à parler :) ))

que tu voudra avec qui tu voudra

voudras.. voudras

fit placer le cœur d’Erdraug dans le diadème de la reine, car ainsi son sort serait lié à celui de la reine

Juste comme ça, avant de lire la suite, je sens que le diadème a été donné à Claire ou ikha :evilgrin: .

Toujours est-il que cette partie, outre les trois fautes du début que tu pouvais aisément éviter et les dix lignes du début, le temps qu'il t'a fallu pour toi aussi bien te plonger dans ton récit et lancer l'action (je pense) , est splendide. on retrouve bien le ton du début, cette magie dans laquelle tu nous avait plongé, la beauté du texte (en un mot, absolument tout, c'est magnifique, aps d'autres mots)

Je poste et continue de suite (je n'ai que moyennenemnt confiance en la non fermeture inopportune de page

SUITE:

Problème dès le début de la suite: le présent.

Il en resta là pendant près d’une minute, puis voyant que je ne semblais pas vouloir lui parler, il continua
Je tourne comme un animal en cage dans ma chambre, sans un mot, simplement pour faire passer le temps au plus vite, car il me tarde de voir le zénith et, par là même, l’arrivée de l’humain.

Je crois que c'est le gros problème de ton récit, ces sauts entre présent et passé assez inopportun et même souvent gênant (passé présuppose qu'elle vit encore, mais cela est bien plus fluide, et le rpésent, implique que le tout se passe en ce moment même)

il les informa qu’il acceptait la requête de l’humain au nom de la parole donnée, et interdisait que quiconque lui fît du mal. Il ajouta aussi qu’une escorte avait été envoyée à sa rencontre et qu’elle ne reviendrait que le lendemain, c’est à dire aujourd’hui.

Je mettrais "avait informé" pour bien montrer que cela se passe bien avant le moment où elle se réveille.

que, tout simplement, que les histoires de preux chevaliers

Ne garde que le premier "que"

je reconnais le diadème de la reine

Je viens de perdre mon pari :P

de sa seule présence

Je mettrais "par" (mais je ne suis aps non plus ûr de cela).

Son éclat et sans autre pareil

est (grrr :D )

Ainsi passèrent les jours en sa compagnie

Tiens, retour du passé :D

à ce moment, la dame lui aurait demandé de faire preuve de patience. Instinctivement, je lui demandais de me décrie la dame, avec, je dois le dire, un accent de jalousie dans la voix, mais la personne dont il me parla n’était personne d’autre que moi.

Intéressant tout ça (un bien bel indice, mais qui est donc Claire :) )

Alors je sus que j’avais fait le bon choix…

Tu aimes bien cacher les indices. Bravo quand même :)

me ne vis pas quelle demande pouviat faire l’affaire

Décidemment les débuts de chaque partie :wub: (je ne corrige aps)

Je m’arrangeait
arrangeais
maintient

Sans "t" à la fin (je pense)

tu le voudra
"s"
il m’aperçu
"t"
Erdrauh pousser

tout mes espoirs

Sinon c'est magnifique, et triste. je ne puis dire ce que j'ai ressenti. c'est magnifique, mais quelle tristesse on ressent, elle sait au fond d'elle qu'elle a fait le mauvais choix, mais la perversion de Gilles a réussi à la battre et à lui détourner son coeur, qui a perdu toute innocence. Elle devient humaine, est prise d'horreur mais n'agit pas (à mon grand désarroi je dois avouer, je croyais réellement que cela allait finalement bien finir, malgrè tout ce que tu disais (et malgrè le titre très clair).

bref, me voilà touché par ton récit qui est vraiment réussi pour donner de tels sentiments.

Un grand bravo (sniff, et dire que le meilleur signifie une fin proche). il faut croire qu'il est plus simple de faire ressentir l'horreur que la joie quand même (là ça me semble non pas très bien comme avant, mais parfait).

Iliaron, vraiment touché par le récit.

Modifié par Iliaron
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Une seule chose à dire: honte à moi.

Ces fautes sont ignobles et indignes. je vais les corriger de suite.

Pour ce qui est du passage présent/passé, il faudra me prouver que cela pose problème, car c'est une des bases de ce récit. De fait, elle raconte ce qui lui est arrivé jusqu'à ce qui lui arrive (la cause pour laquelle elle a expliqué tout le reste), puis recommence, et ainsi de suite. Pour le reste, c'est aussi une manière de signifier le changement de partie.

T’en voudrait-il il ne serait pas venu te chercher

La phrase est correcte mais me semble lourde. pourquoi pas: "s'il t'en voulait il ne serait...

J'accorde, mais au fond j'aime trop cette formulation. Manque juste une virgule là au milieu.

Juste comme ça, avant de lire la suite, je sens que le diadème a été donné à Claire ou ikha  .

À priori, il fut donné à la première reine des elfes. Quant à savoir qui c'était...

Intéressant tout ça (un bien bel indice, mais qui est donc Claire  )

Non, tu fais fausse route. Je n'ai pas envie de me mettre toute la bretonnie à dos :evilgrin: . Et puis, je parle là d'un coeur simple, pas d'histoires de dieux et de rois, malgré ce que l'on pourrait croire. Simplement d'amour, entre des êtres vivants et passablement faibles.

(à mon grand désarroi je dois avouer, je croyais réellement que cela allait finalement bien finir, malgrè tout ce que tu disais (et malgrè le titre très clair).

Je sais, et si tu t'y attardes, tu verra pourquoi tu as cru que tout allait bien se finir... Je crois que le principal événement est de voir Aerion sur son dragon, prêt à en découdre et plus puissant que jamais, avec les humains qui déguerpissent. Mais il y a aussi toute la tristesse de Claire pour Aerion qui pousse à croire qu'ele va rester, etc... Je n'ai pas cessé de jouer là-dessus avec, je dois l'avouer, un sadisme aussi piètre que délectable.

il faut croire qu'il est plus simple de faire ressentir l'horreur que la joie quand même

Je tiens le pari...

Allons, je vais corriger ces fautes! il faut dire que je suis souvent épuisé après avoir écri (je sue d'ailleurs plus à ces moments-là que lors de tout autre exercice physique, allez donc comprendre) et que pendant l'écriture elle même je suis presque en transe, pris dans l'histoire et les formulation (avec des lapsus assez étonnant par moment).

Impe, qui ferait mieux de montrer l'exemple...

ps: voilà, les fautes ont été corrigées et le texte relu. Je me rend compte que nombre de passage auraient peut-être gagné à être plus approfondi, certains transitions plus étudiées, mais je suis trop pressé d'en finir. Nous verrons cela à la relecture finale, si elle a jamais lieu (faut dire que ça demandera presque autant de travail que cette première rédaction).

Modifié par Imperator
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Pour ce qui est du passage présent/passé, il faudra me prouver que cela pose problème, car c'est une des bases de ce récit. De fait, elle raconte ce qui lui est arrivé jusqu'à ce qui lui arrive (la cause pour laquelle elle a expliqué tout le reste), puis recommence, et ainsi de suite. Pour le reste, c'est aussi une manière de signifier le changement de partie.

En fait ça ne pose pas de problèmes.

Pour expliquer: quand je corrige une faute, je lis le paragraphe jusqu'à la fin quand même pour ne pas me couper trop dans le texte. mais comme la majorité de tes fautes sont situés en début ou en fin de chapitre, je passe souvent de passé à présent, ce qui m'apparaît bizarre. en relisant le tout globalement, je me rends compte à quel point cela rend légèrement mystérieux, mais attachant (il y des moments où elle a envie d'exposer ce qui lui arrive, et pour cela elle parle à partir de son passé pour expliquer le présent)

A toi d'écrire parfaitement et sans faute que je puisse lire le récit d'une traite sans jamais m'interrompre, surgissant d'un monde imaginaire heurté par toutes ces maladresses :):wub::evilgrin::lol:

J'accorde, mais au fond j'aime trop cette formulation.

Elle a son charme c'est sûr

Non, tu fais fausse route. Je n'ai pas envie de me mettre toute la bretonnie à dos  . Et puis, je parle là d'un coeur simple, pas d'histoires de dieux et de rois, malgré ce que l'on pourrait croire. Simplement d'amour, entre des êtres vivants et passablement faibles.

J'ai compris lors de la suite de ton texte, qu'il était pour l'instant (ça a été rapide :evilgrin: ) amoureux.

Je n'ai pas cessé de jouer là-dessus avec, je dois l'avouer, un sadisme aussi piètre que délectable.

un sadisme sublime donc délectable, nuance

Sinon j'ai enfin compris pourquoi j'adore ton texte. ce n'est pas pour ses descriptions, car certains textes (rares) en proposent de plus belles; non, c'est pour l'attachement à l'héroïne. on s'y attache vraiment, on aime sa façon d'agir qui, comble de l'horreur, nous rappelle (enfin, me rappelle) par moment notre façon d'agir et no questions intérieurs. on s'y attache tellement que l'on aimerait qu'elle agisse comme nous (enfin, moi)aimerions agir.

C'est un des rares récits (et pour l'instant le seul de cette section) où j'ai presque été blessé de voir le personnage agir au final humainement et donc être faible. d'habitude c'est prévisible, ou alors illogique et donc on trouve que le personnage n'est plus le même donc pas très bien, mais là c'est assez inattendu, mais logique.

Et c'est ça qui est dément, c'est que on se dit que justement cela ne pouvait pas se passer autrement, elle s'est toujours laissé faire, a presque toujours été passive et n'a réellement prise que peu de décisions (fuite au début, et épargnement d'Ikha sont les deux seules que j'ai retenu de notable ayant une conséquence sur les autres). Elle regarde juste, se révolte intérieurement, souffre intérieurement de partir et de quitter aerion, mais elle se laisse faire.

Je me suis réellement senti dans la peau de Claire (oserais-je dire, quand même pas complètement), surtout grâce à la première personne utilisé à bon escient, et aux sentiments bien décrits, ce qui fait qu'on souffre quand elle souffre, et on est joyeux quand elle l'est (car j'ai plus été triste car elle l'était de tout quitter, à la limite la destruction de la forêt ne m'apparaît qu'une conséquence minime de l'amour brisé pas réellement importante, qui accentue juste les conséquences de l'amour, mais qui n'est absolument pas le centre de ton histoire.

En un mot (pour résumer tout ça), c'est bien la première fois que j'aime lire une histoire avec tant de sentiments amoureux. Bravo à toi (sniff, dire que la fin approche, je ne pourrais même plus prendre plaisir à décortiquer l'oeuvre et à apprécier sa lecture :D )

Iliaron, ému

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  • 3 semaines après...

Bon bah c'est très bien !

T'a posté qu'une texte mais il était bien assez long, comme on le voit... c'est prennant de toute manière ! J'ai adoré !

Bon j'ai vu quelques fautes ! Mais comme j'avais une flemme assez importante, je les ai pas relevé :D

J'ai vu des fautes d'enclises, une d'accord, et de présentation avec une virgule de déplacée ! Mais bon, rien de dramatique !

Bon l'evolution de l'histoire est assez surprennante ! Je dois l'avouer :lol: Mais quelque part, c'est une possibilité et ca passe bien ! Les sentiments font la force du texte, on s'en rend bien compte la !

On commence meme a perdre les sentiments positifs qu'on avait pr l'heroine, cte ****** :shifty: Enfin après, on voit ces evenements avec notre propre experience, c'est ca qui est bien ! Bon j'attends la fin pour rentrer plus dans l'histoire !!! :lol:

Suite

@+

-= Inxi, a mort les n'humains ! =-

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  • 4 semaines après...

Un très long passage donc forcément pas mal de fautes, je les note puisque je les ai relevées, peut-être cela te servira-t-il à la relecture finale:

le cœur de chacun des êtres vivants de ce lieux

lieu

couvertes de milles plats délicieux

mille

Je la pressais alors […] de toute m’expliquer

tout

mais moi qui le connaît

connaîs

Puis, avant que je n’aies pu même continuer mon interrogatoire

aie

m’étonner au plus au point

haut

je me mis en route et, ensembles, nous nous éloignâmes

ensemble

l’arrivée d’un humain au frontière de la Loren

aux frontières ou à la frontière

Aussitôt je m’élance, descend les escaliers, coure au milieu des autres elfes

descends et cours

Je vois [...] et comprend que tout a été mis en œuvre

comprends

Mais à peine ais-je formulé cette pensée

ai

ses yeux sont empli d’une assurance

emplis

présents et cadeaux en grands nombre

grand

je lui demandais de me décrie la dame

décrire

Il ordonnait à ses gens de faire mille tours pour m’amuser, m’appris à me tenir comme une grande dame et me permis même de soulever son épée

apprit et permit

après que j’aie refusé

ai (indicatif après "après que" mais sbjonctif après "avant que")

tout ce que pouvais contenir la Loren sans discontinuer

pouvait

mais je lui fit comprendre que j’avais d’autres soucis

fis

je penses qu’il me faut absolument te parler.

pense

Je lui fit signe que non

fis

je ferais tout ce que tu voudra

ferai (futur vu le contexte)

loin de ces elfes qui t’ont enfermé dans leur forêt

enfermée (Claire)

une petite clairière sacrée où avait été élevée un trône dans lequel il siégeait.

élevé

je lui fit comprendre

fis

certains rides disparurent

certaines

Son regard parcouru alors le convoi humain

parcourut

Et puis une petite répétition:

Alors enfin il se décida à me montrer une faille qui éventrait la roche et s’enfonçait sombrement dans la roche à la manière d’un escalier menant aux profondeurs.
répétition de "roche"

Pour ce qui est du fond, j'adore :ermm: Le rebondissement avec l'arrivée de l'humain est grandiose, je ne m'attendais pas à ce que tout soit aussi rapide. Tu nous rappelles ainsi à quel point Claire est manipulable, à quel point elle se laisse faire... c'est fou de pouvoir tout oublier aussi rapidement.

Personnellement ce que je retiens le plus de ce passage, c'est que la déception, le malaise peuvent mener très loin. Claire est en quelque sorte déçue par sa relation avec Aerion, qui l'aime, mais qui ne s'occupe pas assez d'elle et qui ne lui donne pas ce qu'elle attend de lui, qui de plus est souvent absent. Elle tente alors de se réfugier dans les bras d'un autre elfe mais elle ne fait que se décevoir elle-même, puisqu'elle culpabilise par rapport à Aerion dont l'amour est si généreux qu'il lui pardonne sur le champ malgré sa grande souffrance.

Je parlais aussi de malaise: en effet Claire a tout ce dont elle a besoin parmi les elfes, elle se sent bien en leur compagnie, mais elle sait aussi qu'elle ne pourra jamais se sentir chez elle dans cette forêt. Ainsi l'arrivée de Gilles lui fait complètement tourner la tête, elle perd tous ses repères, ne contrôle plus ce qui lui arrive... et petit à petit Gilles obtient ce qu'il veut, il la manipule, profite du fait qu'elle soit complètement déboussollée, et elle se laisse faire, complètement aveuglée.

Et à cause de ce malaise et de tout ceci, Claire, complètement perdue, ne fait même plus attention à Aerion qui dépérit, elle oublie même de se méfier de Gilles un minimum, pourtant elle sait quel pouvoir a la couronne de la reine.

Et puis si on observe un peu Aerion, c'est horrible comment l'amour peut détruire si l'on donne tout à la personne aimée et qu'elle le piétinne... bien qu'elle le fasse dans un état où ce n'est pas tout à fait elle-même.

Vivement le déclin ^_^

Elgalen :lol:

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Vivement le déclin 

On y arrive, personne sur terre ne peut y échapper...

Impe, le déclin fait partie de la vie...

ps:

Et puis si on observe un peu Aerion, c'est horrible comment l'amour peut détruire si l'on donne tout à la personne aimée et qu'elle le piétinne... bien qu'elle le fasse dans un état où ce n'est pas tout à fait elle-même.

C'est ainsi qu'est l'amour, et ce que j'ai exagéré ici, beaucoup l'ont sans doute vécu. Un des nombreux petits drames insignifiants (parait-il) qui forgent la vie...

Modifié par Imperator
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  • 2 semaines après...

Les humains :

La forêt est bien lointaine à présent, inexistante, elle n’appartient plus qu’à un passé oublié. Les champs se sont succédés aux champs, et parfois une colonne de mendiants. Je n’y fais plus attention, ni à rien d’ailleurs, je ne veux plus penser, je dois être forte car, je le sais, le rêve est terminé, je reviens à l’humanité…

Les murailles de la ville ont fini par nous apparaître, grisâtres, ternes, irrégulières elles enserrent la cité comme une mère étoufferait ses enfants. Nous n’y entrons pas tout de suite, évidemment…Quelle image pour les paysans que ces chevaliers dépravés, couverts de boue et aux montures épuisées.

Le camp monté, ils ont fait venir de nouveaux destriers, des habits propres et de quoi se laver. On m’a déshabillée de force et jetée dans un bac d’eau froide, après quoi on m’a fait enfiler une robe ridicule, couverte de feuillages et de branchage pour bien montrer qui je suis, d’où je viens, pour bien montrer que je suis à lui. Je n’ai pas résisté longtemps : c’était inutile.

À présent nous sommes prêts à rentrer, à jouer notre comédie. À les voir tous ces hommes sont de preux chevaliers, eux qui quelques heures avant auraient été pris pour des bandits égarés. Qu’ils ont l’air beaux en pantins sur leurs grands chevaux, que j’ai l’air soumise sur mon destrier… Un moment je pense à défier la foule du regard, à leur prouver qu’il me reste encore suffisamment de force pour me relever, mais je n’arrive pas à en trouver et c’est le regard baissé que je me laisse guider aux travers des sinueux sentiers de la ville, au milieu des cris de joie, des hourra, des hurlements des enfants et de l’extase de la foule pour celui qui a vaincu le grand roi des elfes.

Arrivés au château, nous sommes séparés des gueux par quelques hommes zélés et on me fait passer la sombre entrée. Au travers des planches de bois vermoulues de cet étrange pont je peux apercevoir le vide : je n’ai qu’une envie, m’y jeter. Mais pour cela non plus, je ne trouve pas de force.

Je suis rapidement séparée du groupe, dans une petite salle sombre à l’odeur nauséabonde. On me retire ma robe pour m’en donner une autre, plus sobre, de manière à ce que j’aie un peu l’air d’une reine. A-t-on jamais vu reine aussi triste que moi ?

Une porte dérobée s’ouvre et l’on m’y pousse brutalement. Je vois la blancheur des nappes, j’aperçois les mets qui ornent les tables, le vin que l’on verse et les tapis sur le sol, mais des visages je n’entrevois que des masques abominablement mutilés par la suffisance et l’ignominie.

On me pousse, j’avance et me retrouve au centre des tables. À peut-être deux mètres de moi se trouvent trois sièges plus grands que les autres et dont deux seulement sont occupés. Dans l’un j’aperçois un vieil homme boudiné à l’air rieur et mauvais. Dans l’autre je vois Gilles, souriant, sûr de lui, qui me présente du doigt à celui qu’il nomme son père. On me fait me tourner sous les glapissements admiratifs et étonnés de la foule incrédule, puis je vois le père se pencher vers son fils, puis le fils vers le père, et ce sans qu’ils ne cessent de m’observer. J’ai peur, j’ai froid, je tremble, je voudrais m’évanouir mais ne peux pas, je voudrais mourir mais ne peux pas, je voudrais partir, mais ne peux pas…

La nuit :

J’avais bien joué mon rôle lors de leur dîner et peut-être est-ce à cause de cela que je fus amenée avec plus de douceur dans une grande chambre aux minces fenêtres. Je l’observais un instant et constatais la présence d’un grand lit, d’une commode, d’une armoire et même d’un tapis sur le sol. Après mon périple assise au bord d’une charrette, j’avais l’impression de retrouver un petit quelque chose d’accueillant. Je m’écroulais donc dans le lit.

Pas longtemps, car la porte s’ouvrit avec grand fracas. Une large silhouette se découpait dans l’ouverture à présent béante, qui s’avança rapidement en riant et titubant jusqu’à s’écrouler au pied du mobilier. Dans un rot sonore elle se releva tandis qu’une seconde se dessinait à son tour dans le couloir.

Le père, bien qu’Ivre, n’eut aucun mal à se relever et se saisir de moi, faisant la sourde oreille à mes cris, tout comme son fils qui, sans bouger, se délectait de la scène. Je remuais, mordais, tapais, puis me résignais. Ni mes mouvements désespérés pour me défaire de la solide étreinte, ni mes morsures pour la faire lâcher, ni même mes coups ne surent et n’auraient su l’arrêter. Je me relâchais complètement et il me souleva les jambes. La suite, heureusement, ne fut pas longue et il se retira, toujours titubant, félicitant son fils pour le cadeau qu’il lui avait fait. Je restais, pour ma part, seule, faible, comme dépouillée au fond du lit où je m’étais recroquevillée. Partout sur mon corps je ressentais encore les séquelles de son toucher, et au fond de mon ventre la violente morsure de son intrusion. J’avais mal, non pas physiquement, mais simplement mal. La porte se referma et aucune lumière ne réussissant à percer par les minces ouvertures au travers du mur, je me retrouvais dans le noir le plus total.

Quant à dire ce qui m’arriva à ce moment, moi-même je ne saurais le dire. Je fermais et rouvrais mes yeux, voulait me réveiller et savait trop bien que tout ne pouvait être que réel. Plusieurs fois je me crus à la ferme, dans ma petite chambre. Je m’apprêtais alors à sortir, heureuse sans l’être, pour changer l’eau des cochons. Mais la douleur toujours persistante me faisait revenir aux froids murs de pierre. Je passais le reste de la nuit ainsi, entre rêve et cauchemar prostrée, terrorisée, malade.

Au réveil j’aperçus une vieille femme aussi sèche qu’une vieille noix et qui me regardait sans la moindre lueur de pitié. Elle devint ma servante, l’une de toutes celles qui se succédèrent à mon service au fur et à mesure de leur décès ou des fantasmes érotiques de Gilles suivant qu’elles étaient soit vieilles et ridées ou jeunes et frivoles, mais ce fut d’elle que j’appris, rudement il faut le dire, les rudiments de la vie en ces lieux. Bientôt j’avais appris où était ma place et combien il valait mieux s’y tenir. C’est aussi elle qui introduisait Gilles dans ma chambre lorsqu’il venait me prendre, comme le feraient toutes les autres par la suite, mais c’est surtout elle qui assista et m’assista pour mon mariage.

À cette occasion, elle m’avait fait apprendre par cœur tout ce que je devais dire, me frappant lorsque je me trompais, parfois au bas du corps, parfois à la tête. Elle me conduisit à l’autel où m’attendait Gilles et me surveilla d’un œil attentif. Elle n’en avait pas besoin, j’avais bien compris la leçon et ne fit aucune faute d’aucune sorte si bien que tout les gens présents crurent réellement à cette union. À mon grand soulagement, plutôt que de m’embrasser, Gilles se proclama simplement, en tant que mon époux, roi de toute la Loren. On lui apporta une couronne faite d’argent et de fleurs de lys et il se fit ainsi couronner sous les applaudissement hypocrites ou non des spectateurs. J’eus encore à subir ses assauts dans l’heure qui suivit, puis mon rôle se borna à me montrer à ses côtés en douce épouse soumise, et à lui prêter mes fesses lorsqu’il manquait de maîtresses.

À la mort de la vieille femme, j’acquis donc une certaine autonomie dont je ne pouvais jouir. Les jours s’étiraient les uns sur les autres, mornes, long, interminables au point que le temps semblait sans cesse s’arrêter. Puis je découvris des moyens de m’occuper, surtout grâce à l’arrivée de Christelle, une nouvelle servante qui avait eu l’avantage de plaire à la fois au fils et au père. En plus de m’amener à faire ménage à trois durant des nuits que je préfère oublier, elle m’appris, ou plutôt me réapprit d’une manière détournée ce que j’avais depuis longtemps oublié : la ruse, l’astuce et la méchanceté. Je gardais les deux premiers et résistait au dernier.

La ruse :

C’était durant une de ces journées comme il s’en passait tant que je surpris durant une discussion avec Christelle des propos sur son amant. Intriguée, je lui en demandais plus et elle m’appris qu’elle n’avait pas moins de neuf hommes qui venaient la voir au castel. Prise par le sujet, elle m’en décrivit un qui, à ce qu’elle me disait, était jeune, fort, beau et surtout sincère et aimant. Et pour aimer il l’aimait m’ajouta-t-elle en riant, me contant comment il balbutiait lorsqu’ils passaient à l’acte, comment il hésitait à rentrer dans son intimité et comment ses joues rougissaient lorsqu’elle lui faisait des allusions coquines ou lui déposait, sur le coin de la joue, un doux baiser sucré.

Au départ, je ne voulus pas la croire, et lui fit remarquer qu’il n’existait pas d’être humain capable d’aimer réellement nul part partout en ce monde. Elle m’affirma le contraire et prit le pari de me le prouver dans les deux nuits qui suivraient. Par dédain, ou pour me sentir supérieur à quelqu’un j’acceptais le défi. Toutefois j’y ajoutais la condition suivante, à savoir que s’il l’aimait vraiment il devait prendre de réels risques pour venir la voir, et qu’il fallait donc qu’il le fasse lorsque le comte et son fils seraient présent dans le château. Est-ce de la folie ou de l’assurance que je lus dans ses yeux à cet instant ? Toujours est-il qu’elle se contenta de répéter les termes du pari et de me quitter en souriant.

Deux jours passèrent et j’avais oublié cette stupide conversation lorsqu’elle revint me voir, souriante en me disant simplement: « Il arrive ».

Je ne compris pas tout de suite et l’obligeais à répéter, mais bien vite tout devint clair. Son amant allait pénétrer ici cette nuit… D’un coup je pris peur. Quelle folie avait été la mienne que de provoquer ainsi une situation aussi dangereuse. Que Gilles apprenne qu’un homme autre que lui pénétrait dans ma chambre et j’aurais à subir ses foudres. Pire encore, je voyais déjà un de ces gros bourgeois satisfaits de leur pitoyable existence pénétrer ici, se saisir de moi et m’abandonner peu de temps après. Je frémissais, mais étrangement n’osais partir comme la raison l’imposait. Quoi qui ait déclenché chez moi ce besoin, je voulais voir ce fameux homme, je voulais savoir si vraiment il était comme Christelle l’avait décrit et sans doute espérais-je au fond de moi qu’il pourrait, sinon me sauver, du moins me faire oublier un instant mes malheurs.

Un pas se fit entendre dans le couloir, rapide, étouffé, furtif. Il s’arrêta devant la porte et l’ouvrit lentement, silencieusement. Il ne me restait pas longtemps pour fuir, la porte déjà était sur le point de tout dévoiler. J’aurais voulu sauter, courir, me couler sous le lit ou devenir ombre parmi les ombres, mais je restais là, stoïque, secouée de spasmes incontrôlables tandis que la planche de bois continuait son mouvement puissant dans un silence terrifiant.

L’astuce :

Il fit alors son entrée. Il était très jeune, avait de grands yeux d’un bleu merveilleux, d’une naïveté touchante. Il pénétra prudemment et s’agenouilla devant nous avec respect. Lorsqu’il releva le regard sur moi, il ne pu s’empêcher de sursauter tant il s’émerveillait. Son visage devint rouge et s’il tenta de prononcer une parole, aucun son ne sortit de sa bouche. De fait, il était aussi gêné et intimidé que moi lorsque Christelle le fit se relever en le tirant par la main. Elle me le présenta, puis me présenta à lui après quoi il fit une large révérence. S’approchant plus, il trouva enfin le courage de m’avouer la cause de son trouble :

« Votre visage, madame, me dit-il, est bien au-dessus de ce que l’on dit de vous. Aucun poèmes, aucun mot d’aucune personne n’aurait su me préparer à telle beauté… »

Et ce disant il me fixa d’un air qui me déconcerta totalement tant il était empli de bonté et de sincérité. Il détourna un instant le visage, se recula un peu car il venait de constater que nous étions serrés l’un contre l’autre. Christelle vint vite entre nous et lui demanda :

« N’est-il pas vrai qu’elle est belle ? »

Il hocha de la tête timidement sans ajouter mot, visiblement gêné. Elle ajouta :

« Dis-lui donc pourquoi tu es venu ! ».

Il se tourna vers moi d’un bond en s’écriant aussi doucement que possible :

« Je ne voulais que la voir, et ce que je vois dépasse tout ce que j’aurais jamais pu espérer. »

Cela faisait si longtemps qu’on ne m’avait parlé sur ce ton que je lui jetais un regard de reconnaissance, mais Christelle se fit plus entreprenante, et amenant sa main sur ma cuisse elle déclara :

« Vois comme sa peau est douce, sens ! »

Mais il se retira rapidement tandis qu’elle me contourna et soulevant mes cheveux les lui fit humer tandis qu’il se rapprochait. Elle lui fit poser ses mains sur mes seins et nous restâmes deux secondes ainsi tandis qu’elle disait :

« Oui elle est belle ma maîtresse, ses cheveux sont d’or, ses seins sont tendres et doucereux… »

Et le visage de l’homme qui s’approchait du mien, les yeux implorant. Soudain je sentis sa main qui descendit le long de ma poitrine tandis que Christelle lui caressait l’épaule en se coulant contre lui. Il se colla à moi et j’aurais crié s’il n’avait posé un doigt sur ma bouche en me murmurant qu’il ne fallait pas que le comte m’entende sans quoi nous serions tous punis. Sa main descendis encore et je ne pus me dégager. Christelle lui défit sa ceinture et se mit en devoir de lui forger un argument de taille tandis qu’il me mettait à nu en m’embrassant malgré mes faibles protestations, et soudain me coucha et s’apprêta à s’introduire lorsqu’un puissant fracas figea la scène et un rayon de lumière vint nous éclairer.

L’homme se retira un instant de moi et je pus alors apercevoir son vrai visage, dur, bestial, sûr de lui, et juste derrière Christelle, dans l’ombre, qui nous avait observé en riant et se touchant au fur et à mesure de sa progression. Tournant la tête rapidement, j’aperçus Gilles sur le pas de la porte, l’épée au clair et deux chevaliers à ses côtés. Il avait l’air furieux et, sans vraiment réfléchir, instinctivement, j’étendis la main dans sa direction en émettant un léger gémissement. Je voulais m’excuser, l’implorer, mais Christelle, voyant que je semblait le supplier de venir me sauver cria et se mit à frapper l’homme, bientôt aidée des chevaliers. Gilles s’approcha de moi tandis qu’on nous laissait seuls me gifla aussi fort qu’il le pouvait avant de s’en aller à son tour. Je ramassais mon vêtement à terre et voulus méditer, mais on vint me chercher.

La méchanceté :

Peu de personnes étaient présentes, et il était clair que Gilles voulait garder cela secret. Il y avait avec moi l’homme et Christelle. Si le premier était abattu, portait les traces visibles de coups violents et des blessures multiples, la seconde semblait relativement tranquille. En me voyant entrer, elle recommença vite son plaidoyer pour bien que je comprenne ce que je devais dire :

« Monsieur, je vous assure, il est entré comme un voleur et m’a frappée, puis s’est attaqué à madame. Il est venu comme ça monsieur, sans doute un voleur qui a vu une occasion de se satisfaire, mais nous ne nous sommes pas laissées faire, ah ça non. Madame n’a pas arrêté de gigoter et aurait bien appelé s’il n’avait réussi à l’en empêcher ! Heureusement que vous êtes arrivés à temps pour le stopper… »

Gilles fit un geste et elle s’arrêta. Il se tourna vers moi et me demanda, les yeux rouges de colère :

« Que s’est-il passé ? »

Je répétais à peu de choses près ce qu’avait dit Christelle, pleurait beaucoup, n’ayant pas besoin de me forcer pour cela, et fit tant et si bien qu’il finit pas nous croire. L’homme tenta bien de répondre, de se défendre, mais après un regard plein de sous-entendu avec Christelle, l’un des gardes le frappa à la mâchoire si violemment que du sang s’en échappa et que les mots se transformèrent en râle.

Nous fûmes relâchées et l’homme fut condamné à être châtré puis fouetté avant d’être pendu par les pieds. Nous reçûmes encore l’ordre de ne parler de cela à quiconque et nous nous retrouvâmes seules. Me voyant triste et songeuse, elle partit dans un grand rire et me déclara :

« Allons, tout est bien allé, nous ne risquons plus rien. »

Puis elle s’approcha de moi et me parcourut l’échine d’une main avait de chercher à m’embrasser en ajoutant :

« Tu as aimé ses caresses, c’est-ce pas, tu aimais quand il te disait qu’il t’aimait ? Tu peux encore être aimée si tu veux… »

Je la repoussais violemment et allait m’enfermer dans ma chambre tandis qu’elle éclatait de rire derrière moi.

Peut-être n’aurais-je pas dû, mais bientôt je fis venir d’autres amants chez moi. J’allais les chercher dans la rue, parmi les chevaliers ou parmi les gardes et me laissait faire sous leurs mains. Je n’appréciais pas ce qu’ils me faisaient, mais j’avais besoin de compagnie, plus que de la compagnie j’avais besoin de voir du monde. Du reste je devins bien vite insensible à leurs caresses car il n’y avait en elles aucune douceur.

Quant à Christelle, elle eût un malheureux accident deux jours après la visite de l’homme. Elle chuta du haut du donjon et se rompit dans un grand bruit d’os brisé sur une guérite en contrebas. Je ne fus jamais suspectée, ce fut le premier sang qui coulait depuis mon arrivé au castel, et le seul que je laissais couler. J’ai récupéré sur son cadavre une mèche de cheveux et s’il me vient l’envie de faire du mal je n’ai qu’à la regarder pour m’apercevoir et voir de qui je suis et ce que je fais. Pourquoi je ne sais pas, mais c’est tout ce qui me reste de mon ancienne vie, de mon ancien rêve, un peu de ce qui manque chez tous ces hommes : de l’humanité.

Une petite suite, courte, une simple transition. Le ton est sensé être dénué de sentiments, sauf quelques rappels, pour faire sentir ce détachement qu'a Claire envers la vie. Sentiment qui se déchirera sous peu. Le sexe est très présent dans ce passage, j'en suis conscient, et j'ai essayé de faire à ce que le texte ne tourne pas uniquement autour de cela en éludant les passages, en sautant ce qui devait l'être, en en faisant pas trop... j'espère avoir peut-être réussi.

Quant à Christelle, c'était juste une garce. L'homme n'a pas de nom car je ne veux pas qu'on croie qu'il a de l'importance. Au départ on croit qu'il aime réellement, puis petit à petit on s'aperçoit de ce qu'il est vraiment. Je cherche aussi à montrer par là que l'homme est imparfait de nature. Ce n'est pas une preuve, simplement quelque chose que je montre. à la base je voulais faire ressentir qu'il avait été "briefé" par Christelle sur Claire quant à son besoin de romantisme, puis j'ai laissé tomber cet aspect. C'est sans doute un peu bâclé, je verrais peut-être à le reprendre, mais je n'y ai pas goût.

Je ne sais pas pourquoi j'ai écris cette suite, si ça se trouve il doit y avoir un ou deux lapsus dans le texte, qui sait. Tout ce que je sais est que la seule figure de style que je voulais utiliser n'y est pas, soit une suite d'adjectifs dont un qui se répéte à intervalle de plus en plus resserée pour faire ressortir la folie qui envahit l'être...

Bref, je suis fatigué, éreinté, lessivé et par dessus tout j'ai une folle envie d'hurler à tout va contre tout et rien. Bref, je dois aller me coucher.

Impe, la fin arrive bientôt, je dois juste encore paramétrer un léger détail.

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C'est bien gore quand meme :clap:

Bon gros point positif : Ton recit est excellent ! Au debut, je me suis dis que ca allait etre long mais en fait, j'ai vraiment pas vu passé ! Limite j'envie de dire que ton texte est court !!

Sinon j'ai rien à redire ! L'histoire est pas mal, malgré cela je trouve bizarre que Gilles n'est pas écouté ce que disait l'homme! Parce que pour quelqu'un qui va etre tué, il n'est pas très causant !!

Sinon, j'attends bien évidement la suite mais pas la fin !!

@+

-= Inxi =-

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Salut, je suis trop intéressé et rompt ma promesse d'il y a cinq minutes :clap: :

et peut-être est-ce à cause de cela que je fus amenée

grâce à... non :D ???

Le père, bien qu’Ivre, n’eut aucun mal à se relever et se saisir de moi

i

Ni mes mouvements désespérés pour me défaire de la solide étreinte, ni mes morsures pour la faire lâcher, ni même mes coups ne surent et n’auraient su l’arrêter

Je mettrais "le", car après tu mets "l'"

Sinon pas mal le parallélisme: homme/viol :D

il ne pu s’empêcher

put

c’est-ce pas

Volontaire ou pas???

Sinon, il est sûr que le texte est présent, mais pas trop non plus, tu ne décris pas l'acte, tu décris son insensibilité.

de plus on sent bien le ton détaché.

Au final, j'ai vraiment eu l'impression d'évoluer dans la tête de ta héroïne, ce qui est vraiment bien, à mon goût rien à ajouter ou enlever.

Iliaron

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Invité Elgalen

Un passage bien cruel, un peu dans le genre de ceux du tout début, même si c'est un peu moins choquant car Claire n'est plus une enfant (enfin ça reste des viols tout de même).

En quelque sorte sa vie est cyclique, elle finit toujours par s'attirer des ennuis par sa beauté qui lui est fatale. Déjà enfant, elle réveille le désir de son propre père, mais elle s'enfuit avec Aerion. Puis en prison elle devient une adolescente, elle commence à prendre des formes et commence aussi inévitablement à attirer les hommes, mais cette fois-là elle échappe au viol de justesse, encore sauvée par des elfes. Après quelques années de vie tranquille, elle doit affronter la vision elfique de l'amour physique, vision tout à fait différente de celle des humains, elle ne se fait pas violer, mais ça ne doit pas être très clair dans son esprit, du moins ça ne doit pas l'aider à trouver la stabilité.

Et finalement, elle se fait enlever par Gilles, qui avait bien joué la comédie pour lui faire croire qu'il l'aimait, et qui finalement est non seulement lui-même brutal avec elle, mais il la laisse même à son père, comme une chose, un "cadeau". D'ailleurs je me serais attendue à ce que Claire souffre davantage de ce viol par le père de Gilles, que ça lui rappelle de mauvais souvenirs, qu'elle soit complètement terrifiée que ça lui arrive encore, que tu plonges plus dans ses pensées. Mais après tout, vu tout ce qu'elle a vécu, elle peut tout aussi bien juste prier pour que ce soit rapide car elle sait qu'elle l'a déjà vécu et qu'elle y a survécu. Donc la solution que tu as adoptée est finalement très bonne, elle se débat au début, mais vu qu'elle n'a aucune chance contre un chevalier grand et fort, elle se laisse faire, ce qui revient finalement à accepter le moindre mal (car continuer à se débattre ne lui aurait servi qu'à subir encore plus de blessures).

Pour la suite, les relations physiques avec les hommes deviennent une routine. C'est pathétique, mais elle n'a pas vraiment le choix. Par contre là il y a une chose qui me dérange un peu. Je comprends qu'elle soit obligée d'accepter Gilles dans son lit. Je comprends qu'elle se laisse tromper par Christelle et qu'elle fasse venir ce jeune homme qui joue la comédie de l'amour pour finalement se révéler aussi insensible que tous les autres. Mais je ne comprends pas pourquoi, une fois s'être aperçue que tous les hommes sont pareils et ne demandent qu'une chose, pourquoi elle continue à faire venir d'autres amants... elle n'est quand même pas devenue nymphomane :P Tu dis qu'elle a besoin de compagnie... je suis d'accord, mais elle a sûrement la possibilité de rencontrer d'autres femmes de chevaliers pendant la journée, et pour les nuits, à mon avis elle devrait plutôt être contente de pouvoir de temps en temps passer une nuit seule et tranquille quand Gilles a d'autres occupations. En fait je m'attendrais à ce qu'elle cherche au maximum à éviter de provoquer le désir des hommes, sachant toutefois que le seul qu'elle ne peut pas se permettre de refuser est Gilles. Mais là aussi elle n'a sûrement pas trop le choix, elle doit faire comme tout le monde...

En tout cas ce passage est vraiment essentiellement axé sur les relations physiques, mais tu nous présentes cela de manière très correcte, sans que ce soit obscène. En fait le tout reste assez choquant, mais justement parce que l'on imagine très bien les passages que tu éludes, on lit entre les lignes. Donc bravo pour avoir trouvé cette juste mesure, ce qui n'est jamais facile dans ce genre de sujets délicats.

Elgalen :D

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Invité Squeegik le Malchanceux

C'est excellent ... Je n'ai pas encore tout lu (juste les 5 premiers posts que tu as fait (avec du texte), et j'adore. L'écrit est fluide, les descriptions ni trop lourdes ni trop succinte, l'histoire captivante ... J4aime beaucoup !

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Rédemption:

Ma vie aurait pu s'arrêter à cela, à cette succession sans sens d'hommes et de femmes... C'était le plus sûr chemin pour la destruction et la seule voix que je pouvais emprunter alors, la plus déshonorante, la seule que le destin m'offrait et que j'acceptais comme un libération.

Mais s'il est des dieux en ce monde, ceux-ci furent assez cruels pour m'infliger une ultime blessure, la pire qui pouvait m'être octroyée, le souvenir vivace de mon passé, d'une joie qui avait été, si peu de temps hélas, la mienne et d'un visage que j'avais préféré oublier.

Tout a commencé lors d'une des nombreuses réceptions qui se déroulent au château. Je venais d'entrer dans la salle à manger, ombre parmi d'autres ombres, marchant sans but au travers des convives. Je ne pensais alors à rien, ne ressentait rien et, pour être tout à fait franche, n'entendait même pas ce qui se disait autour de moi, comme si toutes les paroles échangées aussi puissamment pourtant n'étaient que les murmures impossibles des muets. Pourtant j'entendais, oui, j'entendais et ce fait éveilla ma curiosité trop longtemps engourdie pour que je m'en méfiasse. Tendant l'oreille, je prêtais attention au son particulier qui m'avait attiré, une mélodie étrange, et soudain propulsée par une énergie qui m'était devenue totalement inconnue, je fendis la foule en sa direction, pour en trouver l'origine, comme si celle-ci pouvait m'apporter autre chose que la mort après laquelle, depuis des semaines alors, je courrais.

Mais ma course cessa aussi subitement qu'elle avait commencée aux pieds de Gilles. Il avait revêtu son plus beau vêtement, et entourant sa prestance de ce torchon, me regardait d'un air contrarié, furieux même, mais d'une fureur qui s'éteignit bien vite.

"Nous parlions justement de toi.", me dit-il alors pour mon plus grand étonnement, en se tournant vers un gros homme dont le ventre n'aurait rien eu à envier aux plus fortes barriques.

Pourtant ce ne fut pas son ventre qui m'attira vers lui, mais bien son visage, un visage que, malgré les années écoulées, je reconnus immédiatement et avec frayeur, car celui qui le possédait alors m'avait été donné comme mort. Ce visage n'était autre que celui de mon oncle, ou celui qui, le premier, avait tenu ce rôle, mon premier gardien, celui que je nommais "Khal".

Sans faire attention à mon trouble, il me tendit une cage dorée aux fines ciselures et recouverte d'un magnifique drap blanc aux motifs dorés eux-aussi. J'abaissais les yeux sur la cage, puis les relevait et, sans comprendre, dit:

"Merci."

Gilles se retourna devant moi, l'aiur furieux, m'insultant pour l'avoir dérangé et à côté de lui se tenait un gros homme dont le ventre d'aurait rien eu à envier aux contrepoids des trébuchets et au visage joufflu et à ce point recouvert par la graisse que les yeux apparaissaient comme deux points noirs sur sa face. Son rire, enfin, faux, cassant, moqueur, finit de me mettre en fuite, laissant ainsi le loisir aux deux hommes de reprendre leur discussion.

Ce n'est qu'une fois dans ma chambre que j'aperçus dans mes bras la grande cage dorée. J'ôtais le drap et un petit chant m'en remercia joyeusement. Dans la grande cage il y avait deux oiseaux, un jaune et un blanc. Le jaune semblait avoir du mal, parfois, à rester parfaitement cohérent, comme si ses os refusaient de se tenir les uns les autres, et sur le ventre de l'oiseau blanc j'aperçus des traces nettes de sang, un sang rouge clair, mais déjà sec.

C'en était trop en une fois, et je sombrais dans un profond sommeil, incapable de savoir si je ne rêvais pas déjà. Au milieu de cette pensée, je ne sais pourquoi, je me suis prise à souhaiter ardemment que tout cela ne fut pas un rêve. Plus encore, j'implorais que ce ne le fut pas.

Pas envie de lire, rien envie de faire, mais au moins j'ai avancé un peu ici... Bon, c'est sans doute plein de lapsus (j'en ai remarqué un au départ lors de mon écriture), mais au final ça devrait passer inaperçu. Pour le reste j'essaie de repartir vers quelque chose de moins "manichéen" (homme=viol) et de peut-être un peu plus beau. La transition est finie et puis... De toute manière avec le blues, j'ai pas envie d'écrire des choses tristes.

Petit détail: le départ n'est PAS une manière de répondre à Elgalen. Du reste ses propos étaient et sont toujours parfaitement justifiés. C'est juste que je voulais marquer cette absence de sentiment chez Claire, et doucement en arriver à ce qu'elle voulait vraiment, comment, inconsciemment, elle s'était enfermée dans ce qu'il y a de pire. Les indices ne manquent pas, à vrai dire je m'exprimer même assez clairement à ce niveau.

M'enfin, reste encore quelques passages à écrire, et puis la fin à mettre en forme. Après... Après on passera à la suite, ça n'a pas d'importance.

Impe, "OH oui, j'ai le blu, le blu, le bluuuuuuuuues...."

ps: mais heureusement y a un magnifique soleil derrière la fenêtre ^_^

Modifié par Imperator
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^_^ Mais qu'est ce que c'est que c'est que cette attitude hein ? Allé, remets toi vite !

Bon niveau texte, j'ai pas grand chose à faire remarquer ( pour changer d'aujourd'hui sur les textes ... ) La forme tient plus que la route, les descriptions parfaites et les personnages palpables !

Ici, on a un passage poignant que j'ai fort bien apprécié ! On sait tout de suite que c'est l'oiseau et on est impatient de savoir sa reaction ! En fait, je suis pas decu du tout alors fais vite une suite !

@+

-= Inxi =-

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