Iliaron Posté(e) le 17 avril 2006 Auteur Partager Posté(e) le 17 avril 2006 Et béh, c'est bien la première fois depuis que j'ai commencé à écrire cette histoire que j'ai perdu du temps à la retrouver parmi les nombreuses pages (le concours a donc été un succès franc ). Alors, Gemini: Pas mal d'émotions: la forêt, le père, les amis; je voudrais pas être à sa place, que de pressions... Pile ce que je voulais faire naître, mais c'est parfait tout ça . Là, je commence à me faire du souci... Hé hé Le même Mälthion qui sauva Kev ? C'est bien, tu t'en es souvenu ! Bon, comme tu l'as deviné, la réponse est oui (j'aurais aussi pu arguer d'une coïncidence, mais ne poussons pas non plus le suspense trop loin ) N'empêche, si tu ne me l'avais montré, je réalisais une jolie gaffe au niveau de l'intrigue (du moins pour Kirla/Kev)! Merci! Au passage, j'ai un peu modifié: "Mälthion et les autres nous attendent " Surtout, ne finis pas les phrases, hein... J'étais fatigué Encore la métaphore de l'ile, tu sembles l'apprécier; ce qui se ressent dans ta manière admirable de l'utiliser. Je l'adore, justement parce que c'est une des rares métaphores assez simple à utiliser (et puis, j'aime bien la mer ). songeur" aurait une meilleure...sonorité, je trouve. Exact (tu es impressionnant dans tes relectures !) ??? Geoffroy, Arthur, Gontrand, Mav, Kev: ça fait cinq, Où est mon erreur ? Oups, la gaffe . "cinq des sept", voilà qui est mieux . A quoi se rapporte "enténébré" ? Euh... la, non, je veux dire: le vie (oups ) Pas compris ce passage. Alors rappelons le contexte: à ce moment-là Geoffroy gronde Arthur car ce dernier est prêt à empêcher Ilia (maintenant Iliaron, pour ne plus confondre avec Kirla; cela suite à une discussion avec Inxi) de ramener Kirla en Loriath. Il dit: « - Nous ne pouvons pas seulement revenir et vivre comme avant, en faisant semblant qu’il ne se soit rien passé. » surenchérit Geoffroy. « Même sans Ilia, cela serait impossible, une telle lutte de l’esprit ne peut que laisser des séquelles… irréparables. Et ne trouverais-tu pas en plus ingrat d’abandonner ainsi Ilia, au pavillon du château, en lui souhaitant de bien rentrer. N’as-tu donc même pas un soupçon de tendresse sous ton cœur de soldat ? » En un mot, ce que reproche Geoffroy à Arthur est que ce dernier accepte qu'Iliaron les accompagne avec eux à Skefoy, les aident jusqu'à ce que Kirla retrouve sa véritable âme, et ceci fait, qu'Iliaron reparte tout seul (Geoffroy se place dans l'hypothèse où Kirla est bien un Skefien, et où il aurait donc l'envie de rester à Skefoy. Si tel était le cas, ses quatre amis humains resteraient auprès de lui, mais Iliaron repartirait en Loriath). En clair, il reproche à Arthur de ne vouloir accepter que ce qui l'arrange dans une situation, sans accepter ce qui le gêne. Alors, j'ai fini par reformuler: « - Tu es donc prêt à amener Iliaron avec nous jusqu’à Skefoy, mais pas à revenir avec lui en Loriath avec lui ! Nous ne pouvons pas seulement revenir à Skefoy et vivre comme avant, en faisant semblant qu’il ne se soit rien passé durant tous ces mois. » surenchérit Geoffroy. « Mais même si tu laisses Iliaron en Loriath, l’oubli est une issue impossible à emprunter ! Kev a vécu des luttes entre un esprit étranger d’elfe et le sien d’homme. De telles séquelles demeureront certainement à jamais ! Et toi, tu voudrais lâcher Iliaron en plein territoire humain, qui plus est à Skefoy, sous prétexte qu’il n’y a plus l’ombre d’un doute que Kev soit un homme ! Ce n’est pas parce que nous désirons rester dans notre capitale bien aimée que nous ne devons pas au moins raccompagner Iliaron en Loriath ! N’as-tu donc pas même un soupçon de tendresse sous ton cœur de soldat ? » J'espère que tu préfères! Ilia nous a caché quelque chose ? Et encore, tu n'as rien vu flouer veut dire duper; essaie "floutée", à la limite. "flouer" veut dire tromper (je viens de vérifier dans le dico , je ne le savais pas avant ), et ça peut correspondre, en euh... s'arrangeant un peu: lorsque notre vision devient flou, ne nous trompe-t-elle pas? (bon, ok, c'est tiré par les cheveux.) Cruel dilemne, d'un côté j'aime vraiment la prononciation de "flouée", mais d'un autre, il est vrai qu'en plein milieu du passage, juxtaposé avec "brouillée", cela peut faire bizarre... (t'as pas honte de faire des remarques si pertinentes, non? ) Bon, finalement, j'ai préféré supprimé, "brouiller" suffit à lui tout seul (écoutons donc les conseils du Warza au passage (qui me reprochait de trop juxtaposer deux synonimes, au fond il a tout à fait raison!)) (maintenant, faudra que je case mon "flouer" ailleurs, mais à un endroit où le sens corresponde, mince alors ) (en fait, flouter n'existe pas) Pluriel, non ? Mais non, ce n'est qu'une larme continue (re-oups^^) Ils connaissent Ariane dans ton monde ? Que ceux-tu, c'est ça la culture, moins on en a, plus l'on cherche à l'étaler . C'était un moyen aisé de me faire comprendre, mais je compromets pas mal mon monde en même temps, alors je change! ombre qui ne le mènerait non pas à la liberté à laquelle il rêvait depuis si longtemps, mais à un gouffre encore plus profond, encore plus escarpé… (en plus, je préfère, "ombre", ça va vraiment mieux ) Pas de "en". Exact! Mais je ne change pas, là c'est le personnage qui commet l'erreur, un peu comme Arthur et ses "e" avalés. entr'apercevoir". J'ai vérifié dans le dico (le vrai, pas celui des synonimes ), et c'est "entrapercevoir" (mais comme je suis clément, je te pardonne cette erreur pourtant bien grande ) Singulier ou pluriel ? Effet de style, nul ne sait ce que je dis A quoi se rapporte "traversé" ? "traversé" se rapporte au pouls des grottes (bon, vous allez me dire que c'est illogique, car le pouls de la Loriath naît des foulées des animaux; et bien celui des grottes des gouttes d'eau, ah mais . Mais au fond, cela n'est pas très important. Le passage des grottes n'est là que pour faire contre-coup à la soi-disant splendeur de la Loriath que je décris tout le reste du temps. S'ils considèrent les territoires humains comme horribles, c'est parce que la majorité des Aths restent aveugles quant aux beautés des territoires humains, ne s'appuyant que sur des préjugés (mais nos deux amis (ou un, ça dépend de l'alignement de Kirla) sont amis avec des hommes, et ont donc fait taire une partie de leurs préjugés!); et les hommes le rendent de leur côté bien . Encore merci de ta lecture si attentive, Gemini! Tu vois tout, dis tout, et aide tout le monde avec tes remarques pertinentes, et tes relevés des fautes, euh... plutôt nombreuses . On devrait te donner un surnom pour te remercier (et je ne plaisante qu'à moitié ). Sinon, ce projet de récit ? (et oui, avec Inxi, l'on risque de longtemps te tourmenter (et là en postant je remarque qu'il y en a déjà un, je serais à peine idiot ) Maintenant, Inxi: Bon pour le fond, ben je préfere le début C'est en fait parce qu'il parle des amis Et bizarrement... je me doutais de cette dissention ( tin, j'ai pas comment ca s'écrit ) Ce trop beau calme entre les amis paraissait assez louche ! Et oui, mais ils ne savent pas qu'ils auront besoin l'un de l'autre (mais l'auteur est là pour les sauver quand même par-delà tous les dangers qu'ils pourront rencontrer ) (il n'empêche qu'après vingt jours sans écriture sur les amis, il faudra que je relise attentivement pour me remettre dans le bain (heureusement, le 30, j'avais fait une liste détaillée de toutes les actions restantes avant l'action finale ) Pour la fin, on achève la vengeance des elfes ! Enfin on doit pas en etre loin si c'est pas fini ! Tu attribues des roles donc peut etre que tu montreras leur capacité lors d'un prochain passage ! Euh... maintenant . Alors, voilà deux morceaux: d'abord, le chapitre I de la partie II réécrit, car la présentation de la Loriath était quand même vraiment faible (et j'en profite pour mettre la bonne grosse ficelle pour la suite et l'attaque de Mor ), et une courte suite (et oui, elle est courte) du chapitre XIV (qui n'est pas fini malgré ses 40 pages ). Bonne lecture ! Partie II, Chapitre I: Chasse: Kirla sortit de sa torpeur. Des rayons solaires venaient de s’échouer contre ses paupières closes, et avaient dissipé cette brume rêveuse dans laquelle il errait. Il hésita entre se lever directement, et être sûr d’avoir un bol plein de baies, ou alors rester encore quelques instants à lézarder sur cette branche. Il reposa sa tête contre le coussin de feuilles, et referma ses yeux. Une étrange sensation l’habitait encore, comme s’il n’était complètement éveillé… Plutôt, nuança-t-il intérieurement, comme si le rêve présentait sa part de réalité. Comme à chaque fois, de très brèves images demeuraient encore dans sa conscience, celles d’yeux noirs… Non, verts… Il ne savait plus vraiment… A part cette sensation de désespoir mêlée à la tyrannie, il ne restait rien. Il fixa rapidement ses pensées sur l’Esprit – le Dieu des Aths -, et aussitôt s’évanouirent ses doutes. Finalement, il retira son drap feuillu, et se leva. Déjà sa nuit était oubliée, et il ne pensa plus qu’à son père et au chef de la tribu d’Älthwe, partis depuis une semaine, à la recherche d’un important troupeau de sangliers. Comme à chaque approche de l’hiver, une battue conséquente était réalisée pour fournir des vivres au clan avant des jours plus froids – en réalité la chasse apportait avec elle surtout une opportunité de fête, l’Esprit fournissait aux hôtes de la Loriath de la nourriture quel que soit la saison, car dans cette forêt le climat ne se montrait jamais très rude. Pourtant, cette année, la Loriath n’avait pas été aussi prodigue que les précédentes saisons, et des fruits, d’habitude nombreuses et vivaces, avaient pourries avant même d’être cueillies. Kirla jeta un coup d’œil par une ouverture naturelle dans le tronc qui lui servait de chambre, et découvrit de jeunes cerfs s’amusant en réalisant des cercles à toute vitesse dans la clairière. Il ne lui serait même pas venu à l’idée de les dépecer pour manger. Ces créatures, comme les chevaux et les très rares licornes – des créatures d’origine magique -, ainsi que de nombreuses autres plus petites, étaient des créations de l’Esprit et avaient toujours vécu en Loriath. Les elfes n’étaient qu’une peuplade parmi tous ces animaux, et ils vivaient en harmonie entre eux. La seule viande qu’un Ath se permettait de manger était les sangliers, ces immondes bêtes introduites par les hommes, ces êtres cruels et répugnants, en des temps lointains. Les phacochères étaient à leur image : dégoûtants et destructeurs, s’attaquant aux arbres les plus jeunes et défiant les plus vieux, perturbant même le pouls intérieur de la Loriath - ce dernier était créé par les foulées des créatures de l’Esprit ; depuis des siècles il était agité de soubresauts, témoin d’une discorde au sein même de ce monde. Kirla ria légèrement lorsqu’un cerf un peu trop bravache se trouva monté par un elfe. La bête marqua son mécontentement d’un balancement de ses bois naissants, avant d’abdiquer et de mener l’Ath où il le désirait. Kirla s’éloigna finalement de ce spectacle merveilleux de la vie en Loriath, et commença à s’habiller. Encore jeune pour sa race – à peine deux cent ans – il était svelte mais d’une taille limitée au vu de celle des autres elfes, environ un mètre soixante-dix. Ses cheveux semblaient d’or, comme tous les Aths, et l’on aurait dit des rayons solaires venus s’attacher à un visage gracieux. Deux profonds saphirs ornaient ses pupilles ; toute la splendeur et l’orgueil des elfes pouvaient s’y lire. Mais il y subsistait encore l’éclat des Athis – les jeunes elfes – dont le moindre arbre escaladé ou bien le cerf récalcitrant rendu doux sont autant de sources d’une joie intarissable. Cette lumière se voilait pourtant de jour en jour à l’approche de l’âge adulte, bientôt sa jeunesse ne serait plus qu’un lointain souvenir. Kirla se trouvait ainsi à un âge intermédiaire, un palier de l’existence qui déterminait quel Ath il serait par la suite - chasseur ou bien cueilleur, soldat ou bien cuisinier… De nature timide et réservée – sûrement une conséquence de la mort de sa mère lors de son accouchement -, il ne possédait pas véritablement d’amis, et n’excellait pas dans le maniement de la dague et de l’arc comme tous ses congénères. Mais son cœur était pur, et il se savait prêt à se sacrifier pour le bien de la Loriath. Une fois passés ses deux capes vertes, et un bas de chausse de la même couleur, il enfila prestement de fines bottes de cuir. Il finit de s’habiller en attachant sa ceinture, et en engageant dans les fourreaux deux dagues – une habitude prise dès la très tendre enfance. Il sortit alors de sa couche et déambula dans les escaliers de l’Habitat : ce lieu avait toujours été et serait à jamais le seul foyer de la tribu d’Älthwe, et jamais il n’était venu à l’esprit des elfes de la baptiser d’un nouveau nom. L’Habitat était composé de cinq troncs imposants qui fusionnaient entre eux à une hauteur d’environ dix mètres. Au centre se trouvaient le salon, ainsi que la salle du conseil, où se réunissaient le chef Imladrik, ses gardes personnels et bien entendu ses conseillers et proches, parmi lesquels Kirtën, le père de Kirla, et meilleur ami d’Imladrik. Les branches, creuses, constituaient les couloirs, tandis que les nœuds réalisaient des chambres parfaites. L’Habitat s’étendait autant en longueur qu’en hauteur, car les troncs finissaient par se séparer à nouveau, et des escaliers naturels permettaient d’accéder aux étages supérieurs, réservés aux soldats, plus athlétiques, qu’une montée de cinquante mètres ne gênait pas outre mesure. L’ensemble était fort vaste, et pouvait abriter en son sein jusqu’à deux mille elfes, bien que présentement n’y vivaient que mille cinq cent. Aucun des habitants ne savait comment s’était créé un lieu aussi majestueux – et il n’était pas unique dans cette forêt, chaque tribu vivant en Loriath s’était établie en des endroits similaires – et finalement tous avaient convenu de l’hypothèse la plus vraisemblable : l’Esprit n’avait pas seulement créé des races par amour, mais sa bonté avait pourvu à chacune d’elle des foyers où prospérer. Certes la race des elfes n’était plus au sommet de sa puissance, comme des siècles auparavant, lorsque dans leur folie les hommes les avaient provoqués, mais ce peuple était fier de vivre en Loriath, et prêt à mourir plutôt que d’abandonner une parcelle de forêt aux mains putrides des humains. Kirla sauta une série de marches, réalisa une rapide roulade et se trouva finalement dans le salon. Tout en longueur, la tribu dans sa globalité pouvait manger en même temps à la table naturelle. Ne s’y trouvait à cette heure qu’une centaine d’Aths, parmi lesquels son père ; ses cheveux étaient encore sales de sa semaine de chevauchée, et son visage boueux, mais Kirla ne pouvait s’y tromper. Heureux de son retour, il courut à sa rencontre et s’assit à ses côtés. « - Père, vous les avez trouvé ? » « - Oui fils. Et ils sont nombreux, très nombreux ! » Il sourit, ce qui craquela la terre séchée sur ses joues. « - Alors nous passerons aisément l’hiver. » « - Comme toujours. » « - Quand chassez-vous ? » Kirtën tendit la main et prit au passage d’un serveur un bol de baies. « - Tiens, mange, tu auras besoin de forces ! » Le regard de Kirla rebondit du bol jusqu’à son père, d’abord lentement, puis de plus en plus rapidement à mesure qu’il comprenait. « - Tu veux dire que… » Il bégayait d’excitation, si bien que son père ria, avant de répliquer. « - Bien entendu, tu as l’âge, il est temps que tu chasses. » Un très rapide voile noir couvrit ses yeux, et une larme apparut même au coin de ses yeux, mais son fils ne la vit pas. En effet, la première chasse au sanglier était un évènement capital dans la vie d’un elfe, et représentait l’entrée dans la vie adulte. Parfois des jeunes trop enthousiastes – ou justement trop jeunes et inexpérimentés – mourraient, mais ces accidents étaient rarissimes. Kirtën jeta un regard en coin à son fils, occupé à dévorer les baies pour être au mieux de sa forme. S’il décédait, sa vie s’effondrerait. Kirla était à son goût l’être parfait, nul n’aurait pu plus convenir à ses rêves, et il avait du mal ne serait-ce qu’à accepter le risque de le perdre. Mais il le devait, sinon jamais son fils n’aurait une place au sein de leur société, et les métiers comme soldats lui seraient toujours refusés. Finalement, après un soupir si faible que son fils ne l’entendit pas, il lui expliqua : « - C’est pour cette après-midi. » « - Si tôt » s’étonna Kirla. « Vous êtes partis pendant une semaine ! » « - Ils étaient à l’opposé du lieu où on les a recherché. Althior… » marmonna dans sa barbe Kirtën. « Une importante troupe se masse proche – trop à mon goût, mais nous n’avons pas le choix – de l’orée de la forêt. Nous ne voulons pas qu’ils s’en rapprochent encore plus, même si je ne pense pas qu’ils le feront » ajouta-t-il en serrant les poings, sans pour autant expliquer la raison qui immobiliserait un troupeau. « A l’heure qu’il est, tout doit être prêt : nous avons demandé aux éclaireurs qui nous accompagnaient de construire un goulet ; en deux jours, il ont largement eu le temps de le réaliser ! Tu te souviens bien de toutes les leçons que je t’ai donné ? » finit-il par demander d’un ton brusque. Kirla opina, et son père ajouta : « Alors va vite te préparer. Vous passerez la nuit à chevaucher, et arriverez normalement à l’aurore en vue du troupeau. » « - Tu ne viens pas ? » « - Je ne pense pas, je n’ai pas l’endurance d’Imladrik. Une semaine à parcourir la Loriath me suffit grandement. » Il se leva et donna une tape dans le dos de son fils. « - Sois fort ! » Puis il s’éloigna en direction de sa couche. Le reste de la matinée ne fut alors pour Kirla qu’une course éperdue contre le temps. Il lui avait semblé qu’il lui aurait suffit de dix minutes pour se préparer, mais au bout de deux heures il se trouvait encore à courir à droite à gauche, oubliant toujours quelque chose dans son empressement. Il était déjà passé par trois fois à l’entrepôt d’armes pour la chasse, situé à une extrémité de l’Habitat, et bien entendu, songea-t-il avec amertume, à l’opposé de sa chambre (alors que l’entrepôt pour la guerre, comble de l’ironie, jouxtait sa couche). Une première fois il avait prit un carquois, puis était reparti à sa chambre. Là il avait remarqué qu’avoir des flèches pourrait peut-être l’aider lors de la chasse, et était allé en chercher. Il était finalement descendu et avait sifflé Talik, le cheval qu’il était parvenu à dompter depuis des années déjà. Alors que sa monture sautait au-dessus d’un fourré d’acanthes et se rangeait à ses côtés, il sentit un manque contre son flanc. Ce ne fut qu’alors qu’il comprit qu’il manquait l’arc. Se maudissant et traitant de tous les noms possibles la salle si éloignée, il repartit en chercher un, tandis que son destrier s’éloignait d’un air désinvolte, mécontent d’avoir été dérangé pour rien. Il était généralement obéissant, mais capricieux, et il lui faudrait un certain temps pour le trouver désormais : il ne viendrait plus à sa demande. Kirla remercia presque sa bonne étoile pour réussir à se ranger parmi les rangs des chasseurs avant que ceux-ci ne soient déjà partis depuis un certain temps. Lui qui avait compté passer le plus inaperçu possible, ses cheveux se hérissèrent lorsqu’Imladrik, juché sur un cheval et non sur sa licorne – chose étonnante compte tenu du lien unissant ces deux êtres, mais une semaine de chevauchée parvenait tout de même à affaiblir même une licorne ! – annonça d’une voix haute : « - Tout le monde est enfin là. On peut donc enfin partir. Il est vrai que nous avons failli attendre. » Sa monture s’ébroua de désapprobation, et il s’élança au trot. Kirla savait que la remarque n’était aucunement acerbe, et les quelques rires qui se firent entendre étaient tous amicaux – chacun était passé un jour par cette épreuve et ils se souvenaient à quel point ils avaient été fébriles. Pour autant, Kirla rougit jusqu’à la racine et chercha en vain à disparaître dans la crinière abondante de Talik, mais il n’y parvint pas – et ce ne fut pourtant pas faute d’essayer. « - Serait-ce ta première chasse ? » demanda un chasseur, s’approchant de lui. Kirla passa à toute allure dans sa tête les moyens qui lui permettraient de s’évanouir sous terre, mais comme il n’en trouva aucun, il se trouva forcé de répondre d’un ton qu’il força à rendre le plus sûr de lui – et ce fut donc avec une voix chevrotante qu’il acquiesça : « - Effectivement. » « - Je me nomme Iliaron » lui apprit l’elfe, faisant un signe en sa direction. Kirla frémit, à l’idée des commérages qui pourraient naître sur sa maladresse et entacher son nom, puis se remémora que tous les elfes étaient dignes de confiances. « - Kirla, enchanté. » « - Tu sembles être légèrement paniqué. » Certes les elfes étaient loyaux, mais Kirla ne se souvenait pas qu’ils puissent être autant ironiques. Il voulut répliquer, énervé, et finalement seul la vérité sortit de sa bouche : « - Et ce n’est pas peu dire. » Iliaron hocha la tête, et expliqua : « - Nous l’avons tous été, il n’y a aucune honte à cela, au contraire. L’unique opprobre est de vouloir cacher sa faiblesse. » Kirla remercia alors sa couardise qui l’avait empêché de trouver la force de mentir. « - Je resterais prêt de toi » dit alors l’elfe d’un ton amical. En d’autres temps, l’orgueil de Kirla aurait été blessé de devoir concéder son insuffisance, mais pas le jour de sa première chasse. « - Merci beaucoup ! » « - Mais je t’en prie ! » Sa voix devint alors plus sérieuse, et même mélancolique. « Dans mon cas, cela avait été un désastre… » Il laissa tomber sa tête en arrière. Surpris par ce changement si subit dans l’attitude d’Iliaron, Kirla ne sut que répondre, et aurait à nouveau souhaité disparaître, mais pour des raisons bien différentes. « - C’était mon meilleur ami… » se lamenta Iliaron. « Anéanti par les pourritures des hommes ! Depuis j’ai juré par vengeance de tuer tous les sangliers que je croiserais ! » Kirla oublia alors toute compassion pour l’elfe et se sentit frappé de plein fouet par cette parole. Dans sa hâte, sa seule crainte avait été de ne pas être à la hauteur de son père, considéré tacitement comme le second chef de la tribu ; désormais il se sentait comme un cadavre en attente de la mort. « - Je suis désolé » soupira finalement Iliaron, en découvrant le jeune elfe pris de convulsions dues à l’angoisse. Kirla se força à inspirer fortement, puis éluda les excuses d’une voix rauque : « - Ce n’est rien. » Et pourtant c’était tout. Ils restèrent ensuite silencieux durant des heures, tandis que tout autour d’eux s’excitaient les elfes au sujet du festin qui suivait à chaque fois la dernière chasse de l’année. En son for intérieur, Kirla espéra être des leurs, jamais les cuisses rôties devant lesquels ils bavaient d’envie habituellement ne lui avaient semblé si menaçantes. Lorsque la nuit finit par tomber, l’excitation se calma peu à peu alors que tous se préparaient à une longue nuit de chevauchée. Le pas des montures n’était aucunement harassant, mais pendant une nuit, cela pouvait devenir irritant. « - Si tu veux dormir, je guiderais ton cheval » lui apprit Iliaron. C’était la première parole échangée depuis le début d’après-midi. « - Jamais il ne m’est venu à l’idée de dormir sur Talik, je ne sais pas si j’y arriverais. » « - Tu vas voir, il est simple de somnoler quand tu es fatigué. Demain une journée du… tu auras besoin de vigueur » corrigea-t-il. Kirla se laissa finalement aller à des songes furtifs, ne parvenant jamais ni à s’endormir totalement, ni à se réveiller entièrement. Mais chaque fois qu’il ouvrait à moitié un œil, Iliaron était constamment à ses côtés. Ce fut une tape qui le força à s’éveiller entièrement. Il tourna vers Iliaron ses yeux encore embués du sommeil qu’il n’avait pu avoir, et lut sur les lèvres qu’ils étaient proches. Alors il fut entièrement réveillé. Imladrik s’approcha de chacun d’entre eux, et annonça à voix basse : « - Chacun prend la position convenue. » Kirla approuva lorsque le chef passa à ses côtés, avant de paniquer derechef. Comment pouvait-il donc connaître ce fameux plan, alors qu’il était arrivé en retard au regroupement ? « - C’est quoi l’idée ? » souffla-t-il à Iliaron. « - Tu restes avec moi, on prend de revers les sangliers et on les fait courir dans le goulot. Jurgas est avec nous. » Ce nom ne dit rien à Kirla, mais au vu du ton empreint de respect pris par Iliaron, ce devait être un bon chasseur. En réalité, Jurgas n’était pas simplement excellent, il était le meilleur de la tribu, peut-être le meilleur de la Loriath d’ailleurs. « - Une bête à tuer absolument, il paraît » annonça celui-ci en passant dans leur dos, vérifiant la corde de son arc. Alors que l’on aurait pu s’attendre d’un tel Ath une arme décorée et splendide, l’arc brillait par l’absence d’ornements. Jurgas était visiblement un elfe préférant l’efficacité à la beauté d’une arme. D’ailleurs, sa tenue sobre complétait cette impression. Sur un signe discret de leur chef, les groupes se formèrent et chacun avança vers son objectif : une grande partie allait se placer de part et d’autre du goulet, environ deux cent elfes, tandis que cinquante autres s’apprêtaient à encercler le troupeau et à le diriger vers le piège. A un moment donné il fut donné à Kirla l’opportunité de voir les silhouettes des sangliers, et pendant un instant il fut tétanisé à la vue des bêtes immobiles. La mort allait déferler sur elles, sans qu’aucune ne puisse en réchapper. Une fois les positions prises derrière les troncs à proximité du troupeau, chacun discerna clairement les bêtes. Des marcassins dormaient paisiblement contre des laies, tandis que des ragots vantards gardaient l’arrière du troupeau. Au centre, des sangliers grattaient la terre, alors que d’autres faisaient des tours autour d’un attroupement. Alors chacun comprit ce qui nécessitait l’intervention de Jurgas : une femelle mettait bas dans une excavation – cela arrivait parfois à cette époque en raison du climat généreux de la Loriath. Tant que la femelle ne serait pas tuée, le troupeau resterait sur place et sa fureur serait périlleuse. D’ailleurs, maintenant qu’ils voyaient la laie, ils devinaient dans l’attitude de tous les sangliers de la méfiance, et de la rage. « - C’est donc pour ça » murmura Jurgas. Il se positionna, sortit son arc, et encocha une flèche de plus d’un mètre de long, à l’empennage absolument intact. Un elfe s’approcha de lui et souffla : « - Ton tir sert de signal aux autres. Tâche de l’avoir. » « Comme toujours. » Il leva légèrement son arc. Kirla ne voyait absolument pas comment un archer, aussi bon soit-il, pouvait toucher une bête à plus de deux cent mètres, alors qu’une cinquantaine de sangliers se trouvaient amassés contre elle. « - Ces sangliers qui tournent sont gênants. » « - Althior » jura un des elfes. « - Il me faut de la visibilité, là je ne peux rien faire ! » « - Althior » pesta une deuxième voix, en veillant malgré l’injure à parler bas. « - A trois » marqua finalement l’elfe aux côtés de Jurgas. Lorsqu’il rentra son premier doigt, tous les elfes encochèrent une flèche. Son deuxième fut le signal pour lever les arcs. A l’instant où son poing se referma, une volée de cinquante flèches s’élança dans les cieux. Des grognements apeurés répondirent en écho à la mort empennée, et des marcassins vinrent se réfugier proche de leur mère lorsque les traits s’abattirent dans leur chair. Des sangliers se levèrent aussitôt et ceux qui tournaient cessèrent aussitôt leur manège pour tourner la tête en direction des agresseurs. Ce si bref instant fut suffisant pour Jurgas, dont la pointe vint se planter dans le flanc de la laie. Un grognement furieux du sanglier le plus imposant, sûrement le chef du troupeau, répondit. Cela cessa aussitôt lorsqu’un deuxième trait vint s’écraser dans ses yeux porcins. « - C’est si simple » ricana presque Jurgas. Une nouvelle volée s’éleva de tous fourrés, et les sangliers commencèrent alors à s’élancer à l’opposé, en direction du goulet – et de leur mort. Pourtant, les flèches qui s’abattaient qui de droite qui de gauche ne parvinrent pas à refroidir les ardeurs – bien que ça parvenait à en refroidir quelques uns - des quelques trop blessés pour fuir, ou bien simplement trop stupides. Ceux-là firent volte-face et chargèrent les elfes. Les Aths étaient habitués à ces réactions, et chacun prenait le temps d’ajuster sa cible avant de la tuer, à l’exception de deux d’entre eux : Jurgas, qui n’en avait même pas besoin, et Kirla, qui lui en aurait bien eu besoin. Un sanglier énorme – et qui ne faisait que grandir au fur et à mesure de son approchée – courrait à toute allure vers lui. Le premier trait de l’elfe était venu se planter aux pieds de la bête, le deuxième dans sa fourrure, ce qui ne fit qu’augmenter la rage de l’animal. Il déboulait sur lui et il n’avait pas la force de s’écarter. Ses jambes se dérobaient sous lui, si faibles, et pourtant bien trop pesantes pour le mener derrière un tronc. Alors que le sanglier n’était plus qu’à une vingtaine de mètres, et qu’il distinguait parfaitement les naseaux fumants et les yeux dilatés par la rage, une étrange impression l’envahit. Il ne perçut plus le sol sous ses pieds, et se sentit exceptionnellement léger. Le temps semblait comme suspendu, alors qu’il voyait Le sanglier passer lentement sous lui, et devinait la présence d’une autre personne contre lui. Une félicité l’habitait à l’idée de survivre, déjà le sanglier ne représentait plus aucun danger. La réception fut à l’inverse bien moins agréable, et le choc contre un tronc étourdit Kirla pendant un instant. Il cligna des yeux et découvrit Iliaron penché sur lui, suant. Lorsque ce dernier découvrit l’elfe vivant, il soupira et ria même. Heureux, il s’enquit : « - Tu vas ? » « - Mieux que jamais je ne l’ai été ! Merci ! » Iliaron tendit sa main, et aida Kirla à se relever. Ils se serrèrent l’un contre l’autre, une certitude les habitant : désormais, entre eux, c’était à la vie à la mort ! « - Ca a été courageux de ta part ! » « - Je le devais » annonça Iliaron, « je me le suis promis. Depuis deux cent ans, cela n’a été que mon but, que toi tu vives. » Kirla fut surpris d’une telle parole, mais ne le montra pas. Il saisissait qu’après avoir perdu son meilleur ami lors d’une première chasse, on devait avoir envie de protéger toute une génération d’apprentis chasseurs. « - Comment… » Il était sur le point d’ajouter : « fait-on maintenant », lorsqu’Iliaron l’interrompit, refoulant quelques sanglots : « - Le sanglier me chargeait, exactement comme pour toi. Et mon ami s’est jeté devant moi, et s’est fait embrocher. Il s’est sacrifié pour que je vive. » Kirla se sentit alors terriblement gêné. Il ne voulait aucunement forcer Iliaron à aller si loin dans ses confidences, et ce dernier n’avait nulle obligation à lui apprendre tant de choses. Mais il n’interrompit pas l’elfe, comprenant que d’une certaine façon parler de ce tragique épisode de sa vie libérait l’Ath d’un poids bien trop oppressant. Il écouta ainsi attentivement le récit complet que lui délivra Iliaron, et à la fin se sentit plus proche de cet elfe que de tous les autres, à l’exception de son père. Cet elfe venait de lui ouvrir son cœur sans crainte, comme à un ami ! Et désormais, ils l’étaient pour toujours ! « - Il faudra que tu m’apprennes à utiliser l’arc, et à rester calme » plaisanta au bout d’un moment Kirla. « - Et oui, je ne serais pas toujours là » annonça d’un ton moqueur Iliaron. Sa voix s’éteignit dans sa gorge lorsqu’il leva les yeux au ciel. S’inquiétant de ce brusque silence, Kirla demanda : « - Qu’y a-t-il ? » « - A sa cime cet arbre meurt. » Il regarda alentour, et surenchérit : « tous ces arbres semblent malades ! » « - Sûrement la proximité avec les terres humaines ! » Kirla agita un bras à sa droite. En effet, par-delà des rangées disparates d’arbres se devinait la verdure de champs cultivés. « - J’espère que les Gardiens Eternels de l’Esprit sont toujours aussi solides ! » Les Gardiens étaient des arbres magiques qui poussaient à l’orée de la Loriath, protégeant la forée de toute intrusion ennemi. Leurs troncs étaient souples et pouvaient entraîner en une ronde infernale n’importe quel envahisseur, balayant les alentours de leur cime ; tandis que leurs branches étaient acérées et cisaillaient aussi bien l’air que la chair. Tant que ces statues d’écorce étaient en place et vifs, la Loriath ne courrait aucun risque ! Un soufflement de cor interrompit leur inspection des arbres : les sangliers qui s’étaient emboutis dans le goulet avaient enfin fini d’être tué, il fallait désormais ramener les carcasses jusqu’à l’Habitat. Rapidement, chaque chasseur attacha des sangles autour de leur montures, qui ne bronchèrent pas, à la surprise de Kirla : jamais il n’avait sellé un cheval, et était étonné que des montures puissent supporter un harnais. Ensuite des treillis de toiles furent attachés, sur lesquels les elfes allaient amener les lourdes dépouilles. Des équarisseurs allaient de cadavres en cadavres et découpaient rapidement et avec des gestes experts les sangliers, tout en jetant tout ce qui était immangeable pour ne pas se surcharger. Pour les ragots et marcassins – plus petits – le corps était simplement attaché aux montures, et laissé à même le sol : en glissant dans le sens du poil, la résistance était faible. Trois heures après, les quelques trois cent dépouilles étaient prêtes à être ramenées vers l’Habitat, et les elfes étaient impatients. Tous avaient en tête le festin proche, et plus tôt ils se mettraient en route, plus tôt ils pourraient déguster des mets succulents ! Cette fois, Kirla participa activement aux conversations, et se surprit à dire à Iliaron : « - C’est pourtant bien stupide que de s’impatienter, cela rend le temps plus long. » « - C’est toujours comme ça depuis l’aube des temps, il faut croire. » « - Le pire est que l’on a les bêtes pour le festin. » « - Et oui, mais qui à la faim veut les moyens ! Et nous ne les possédons pas » se moqua Iliaron. « Sans marmites et cuillères, tu ne peux rien faire » « - Et tu oublies le cuisinier » ajouta Kirla. « - Ca peut aussi être pratique pour avoir un festin, et non un ragoût fumant… » « - … cramé… » « - … dégoûtant… » « - … bon pour les hommes ! » Ils éclatèrent alors de rire, et commença une nuit blanche où chaque elfe s’émerveillait des futurs plaisirs gustatifs. Personne ne parvint même à somnoler : le festin s’annonçait tellement faste que les estomacs gargouillèrent intensément avant leur future « hibernation » avec peu de nourriture pour se remplir. Ils arrivèrent le lendemain midi vers l’Habitat, mais déjà une centaines d’Athi courraient autour des montures et piaillant à qui mieux mieux, simplement heureux. L’euphorie finit par gagner tous les membres de la tribu lorsqu’ils commencèrent à décharger les dépouilles dans la clairière, et des vieillards se mirent à déblatérer à qui voulait l’entendre les repas de leur enfance, quelques huit siècles auparavant. Les seuls, en fait, qui ne furent pas heureux furent les cuisiniers, qui faillirent tourner de l’œil lorsque chacun expliqua en détail ce qu’il désirait, et les serviteurs qui allaient devoir monter toutes ces dépouilles dans l’Habitat. Imladrik leur permit tout de même d’attendre le lendemain, en ce jour ils pouvaient se remplir la panse comme tout le monde. La fête se finit tard dans la nuit, et ce ne fut qu’après de nombreuses danses et assiettées que les elfes se décidèrent à remonter dans l’Habitat. Leurs jambes étaient alourdies par l’excès de nourriture, et la plupart tombèrent dans une profonde léthargie avant même d’avoir atteint le salon – mais ils pouvaient être content d’avoir réussi à grimper jusqu’à l’Habitat, même s’ils avaient du se servir de l’échelle de corde. Quelques minutes plus tard, tous dormaient du sommeil du juste. Dans l’ombre de la nuit se profilèrent des dizaines de formes sombres, qui s’approchaient furtivement de l’Habitat. Mais il n’y avait pas un elfe assez éveillé pour distinguer les reflets furtifs des lames. J'espère que ce n'est pas trop lourd et long. N'empêche, Inxi (et Gemini s'il relit, ainsi que tout autre lecteur (on peut rêver )), je pense que tu (vous?) auras (aurez?) plus de facilité à comprendre, comme tu connais en un sens un peu mieux le monde d'Esserpa maintenant, et surtout la Loriath. Bon, j'ai quand même caché quelques pistes d'intrigue dans ce chapitre Et maintenant, la suite proprement dite : Suite du chapitre XIV: * * * « - Folgiwe, tu m’entends ? » L’Ath sursauta de surprise. Il dormait tranquillement lorsque dans ses rêves cette voix l’avait dérangée. Il aurait bien mis cela sur le compte de l’insomnie, si la parole ne s’était répétée en un éternel leitmotiv. « - Laisse-moi » souffla-t-il, rageur. « Qui que tu sois ! » « - Je suis Anar. » La fureur de l’elfe s’évanouit de suite, et il se redressa, complètement réveillé. Pour que son ami utilise la sorcellerie pour parler à distance, la situation devait être très grave. Le risque de se faire détruire par la magie de la Loriath restait important malgré son état décadent ! « - Que se passe-t-il ? » questionna-t-il, inquiet. « - Il sait » fut la seule réponse. Un instant de silence suivit cette déclaration, avant que Folgiwe ne s’exclame : « - Qui, Kirla ? » « - Oui » « - Si j’avais su le lien si fort, j’aurais fait quelque chose ! » « - Je n’avais pas osé t’en parler, mais je le sens en moi ! » « - Alors ne fait rien ! » L’elfe marqua un arrêt, avant de reprendre : « cache-toi au Refuge, nulle magie ne peut t’atteindre là-bas. » « - Je l’espère, jamais le contact n’avait été si fort ! Avant il assistait à mes rêves, là il rêvait à ma place ! » « - Le sortilège a dû laisser des traces… » « - Si j’avais su… » commença à s’apitoyer Anar. « - On ne peut refaire le passé, essayons de limiter les dégâts maintenant. Que sait-il exactement ? » « - Il sait qui nous sommes, les buts qui nous motivent… » « - Notre présent ? » demanda Folgiwe, la voix tremblante. « - Non. » Folgiwe souffla de soulagement, malgré la situation tendue dans laquelle ils se trouvaient. « Il connaît notre identité passé mais pas présente. » « - C’est déjà ça » chercha à positiver Folgiwe. « - Il ne sait rien d’autre… » « - Tu ne me dis pas tout. » Folgiwe permit à son ami un instant de réflexion pour se confier, avant de rappeler l’Ath d’une voix rassurante : « - Anar ? » « - Il sait pour Mälthion… » « - Cela fait-il partie des… » « - Malheureusement oui » le coupa Anar. « La dernière fois, nous avions eu de la chance, mais il est parvenu à accéder à nouveau à cette partie de sa conscience, je l’ai senti ! » Un bruit strident se fit brusquement entendre, et se répercuta le long des fils magiques, empêchant toute conversation. Avant qu’Anar ait le temps de comprendre son erreur, un éclair blanc lui explosa au visage, le projetant des mètres plus loin. Alors qu’il levait les yeux, il vit une boule blanche grossir de plus en plus face à lui. Elle ne semblait constituée que de lumière pure, tandis qu’à sa surface lézardaient des rubans d’argent, qui crépitaient d’énergie. En son sein un rayonnement intense illuminait les alentours, et Anar y décela de la magie à l’état originel, tellement puissante qu’elle en était devenue solide ! Soudain, le Gardien lança la sphère dans la direction d’Anar. Encore tétanisé par le choc et la peur, il ne trouva pas la force de bouger. Il ferma les yeux. Une onde de chaleur le parcourut, brûlant en partie ses vêtements et roussissant sa peau. Rouvrant ses paupières, il découvrit avec horreur deux de ses guerriers transformés en torches, qui se tordaient de douleur. Avant qu’il ne puisse lancer tout sort curatif, les cadavres s’effondrèrent en cendres. Il releva la tête, et vit que trois Gardiens étaient sortis de leur prison de terre et courraient dans sa direction. Leurs racines écrasaient tout sur leur passage, et les quelques malheureux elfes qui étaient sortis du Refuge se firent piétiner, si ce n’est quelques miraculés qui virent leur tête coupée avant même que de voir les branches acérées voleter dans leur direction. Rapidement, Anar élabora un rapide sortilège, invoqua Mirgandas dans son esprit, et dirigea son bras vers le premier tronc. Un éclair vert en surgit, et frappa de plein fouet l’arbre, qui vacilla sous le choc. Cependant, cette joie ne fut que de courte durée car le Gardien entoura l’éclair de sa propre magie, avant de la renvoyer à toute vitesse en direction d’Anar. Seuls les réflexes sauvèrent ce dernier, qui parvint à modifier la trajectoire de la sphère magique et la dévia jusqu’à des arbres plus loin. Sous la violence du choc, des gerbes de flammes s’élevèrent au-dessus de la voûte sylvestre ; le panache lumineux ne laissa en place qu’une douzaine de squelettes d’écorces noircis. Anar, quand à lui, fut soufflé par la débauche d’énergie une douzaine de mètres plus loin. Se relevant péniblement en s’appuyant sur des souches noircies, l’elfe saisit que sa seule manière de survivre était l’esquive, et non l’affrontement. Si Folgiwe et les autres mages étaient là, peut-être qu’ils pourraient espérer vaincre un Gardien, mais le combat aurait été acharné. Alors contre trois… L’elfe ferma les yeux et commença à élaborer un nouveau sort, qui réclamait bien plus de forces. Après une minute de labeur, il tendit les deux bras en avant en suppliant Mirgandas de lui venir en aide. Surgit de ses paumes un double de lui-même. Contraignant son esprit à encore plus de souffrance, son âme prit possession du pantin, et commença à le faire courir vers les Gardiens. Il ne savait combien de temps il aurait le pouvoir de maintenir l’illusion, mais il espérait que cela durerait suffisamment longtemps. Il voyait au travers des yeux de son double, ce qui l’aida grandement dans sa tâche. Il discernait clairement les trois arbres dans la vive lumière des flammes ; deux d’entre eux élaboraient des nouvelles décharges d’énergie. Les boules furent lancées simultanément, et malgré lui Anar ferma les yeux lorsque les arbres autour de son illusion s’embrasèrent suite à l’explosion. Mais son pantin, lui, était toujours aussi vivace, courrant avec aisance parmi les flammes. Le troisième Gardien chercha à s’interposer, et après avoir posé en vain ses racines sur cette récalcitrante image magique, il commença à cisailler l’air de ses branches. Là où d’habitude ses ennemis tombaient en rondelles, le double d’Anar poursuivit sur sa lancée, et les morceaux séparés fusionnèrent d’eux-mêmes. Mais la bonne chance d’Anar avait une limite, et il le comprit lorsqu’un trait violet perça son illusion. Pendant quelques secondes, il fut sonné et ne vit tout autour de lui que les ténèbres. Enfin, après des instants qui parurent durer des éternités, tous ses sens réintégrèrent son véritable corps. Il se releva derechef, et remarqua que les Gardiens étaient deux centaines de mètres plus loin. Il n’avait que cinq cent mètres à courir pour rejoindre le Refuge, mais les trois arbres étaient encore entre lui et son unique chance de survie. Il s’élança pourtant sans réfléchir. Il n’avait plus la force de réaliser un nouveau sortilège aussi complexe. Que la mort vienne donc le prendre. Se rapprochant des Gardiens, il songea à sa vie passée et à toutes ses actions. Des remords surgirent dans son esprit lorsqu’il comprit que jamais son but ultime ne se réaliserait. Son rêve avait été si louable… Une branche se précipitait contre lui en une douce courbe. Cela aurait été joli à regarder si le bois n’avait pas été aiguisé comme les meilleures dagues. Au dernier moment, Anar bloqua l’attaque, la lame se brisa contre son bouclier protecteur et les échardes pointues jonchèrent le sol. S’il se laissait mourir, alors là, oui, il n’y aurait plus d’espoir. Mais son existence lui avait appris à passer outre toutes les épreuves d’une décadence infernale. Puisant dans ses toutes dernières réserves, il lança une nouvelle boule de feu contre une racine désireuse de l’écraser. Il dépassa ensuite un couple d’arbres qui carbonisèrent juste après son passage, et dévia une nouvelle de ces sphères de magies blanches si destructrices. Arrivé à cinquante mètres du Refuge, l’un des Gardiens se tordit de douleur, et s’effondra. La magie de l’Aube était prégnante en cet endroit ; en dépit de tout leur pouvoir les Gardiens ne pourraient y pénétrer. Anar courut jusqu’à finalement rentrer dans le long boyau noir, l’entrée du Refuge. Se retournant, il vit une énorme débauche d’énergie se précipiter à son encontre. A un mètre de lui, elle s’écrasa contre une barrière invisible et s’enroula sur toute la hauteur de l’arbre servant de refuge aux Aths renégats. La puissance de l’attaque déclina rapidement, avant que les dernières particules blanches s’évanouissent. L’elfe souffla, et tourna le dos aux deux Gardiens survivants, qui commençaient déjà à repartir. « - Que se passe-t-il ? » s’enquit Mälthion à la vue de son chef. Anar jeta ses vêtements noircis à terre, avant de finalement considérer l’Ath, et de déclarer : « - La forêt s’est réveillée. » Pour une fois, je ne suis pas (trop) radin en réponses . Déjà, on apprend que les elfes renégats ont lancé un sortilège sur Kirla (mais, mais... NON!!! Ne me dites pas que vous le saviez déjà!!! Arg, toute mon intrigue est éventée, il ne me reste plus rien que les larmes, que... que tout le reste de l'intrigue en fait ) On apprend aussi que de nouvelles barrières se sont brisées au sein de l'esprit de Kirla (tiens, intéressant cela, cela signifierait-il que... (à vous de deviner, je vais pas vous mâcher le boulot, non mais )). De même, l'on voit le pouvoir d'Anar, quand même assez sympa, ainsi que celui des Gardiens (encore mieux ) (je dois avouer m'être quand même lâché sur ce coup, mais j'aime bien l'idée d'arbres-mages en apparence (mais qui a dit que c'étaient les arbres qui avaient lancé les sorts? Les arbres peuvent très bien n'être qu'un catalyseur ). En enfin, un nom: Mirgandas... Iliaron Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 17 avril 2006 Partager Posté(e) le 17 avril 2006 (modifié) découvrit de jeunes cerfs s’amusant en réalisant des cercles à toute vitesse Bizarre ! / Une fois passés ses deux capes vertes Accord Il finit de s’habiller en attachant sa ceinture, et en engageant dans les fourreaux deux dagues – une habitude prise dès la très tendre enfance Oh la référence Père, vous les avez trouvé accord Mieux que jamais je ne l’ai été ! Merci ! Enleve voir le 'je ne l’ai été ' et était étonné que des montures étant Le pire est que l’on a les bêtes pour le festin Pas très belle cette phrase comme tu connais en un sens un peu mieux le monde d'Esserpa maintenant, et surtout la Loriath.Bon, j'ai quand même caché quelques pistes d'intrigue dans ce chapitre Oué, j'ai moins de mal avec l'action et les descriptios ! C'est le but recherché ! Enfin c'est ma troisieme lecture en plus Il connaît notre identité passé passée Bon pour le fond, je dirai encore que mon passage préféré est le début parce que c'est là qu'on obtient le plus de réponses ! Enfin pas forcement en nombre mais au moins sur le temps qu'il a fallu pour les avoir ! Folgiwe, c'est lui qui est 'marrant' son attitude est assez humaine quand meme ! En fait, les deux elfes me paraissent humains ! Essaye de les elfisé ! Je sais pas du tout comment faire mais il faut que sans qu'on sache leur race, qu'on devine que se sont des elfes ! Allez c'est un de tes meilleurs passages ! @+ -= Inxi =- Modifié le 17 avril 2006 par Inxi-Huinzi Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 17 avril 2006 Auteur Partager Posté(e) le 17 avril 2006 Bizarre ! Ils se courrent l'un après l'autre, en fait . Accord Et non: Une fois passés ses deux capes vertes, et un bas de chausse de la même couleur (bon, j'avais aussi fait l'erreur au début ) Oh la référence Hein ? Euh... Ca n'est pas tiré de Feist, ou alors inconsciemment . Enleve voir le 'je ne l’ai été ' Ca, c'est la façon de parler des elfes (bon, c'est vrai que ça varie selon ma facilité à alambiquer les phrases, qui augmente exponentiellement avec la fatigue et l'heure de la soirée qu'il est ) étant Niet: il était étonné que... Oué, j'ai moins de mal avec l'action et les descriptios ! C'est le but recherché ! Enfin c'est ma troisieme lecture en plus Arf Bon pour le fond, je dirai encore que mon passage préféré est le début parce que c'est là qu'on obtient le plus de réponses ! Enfin pas forcement en nombre mais au moins sur le temps qu'il a fallu pour les avoir ! Fallait bien que je commence à dévoiler le tout Folgiwe, c'est lui qui est 'marrant' son attitude est assez humaine quand meme ! En fait, les deux elfes me paraissent humains ! Essaye de les elfisé ! Je sais pas du tout comment faire mais il faut que sans qu'on sache leur race, qu'on devine que se sont des elfes ! Allez c'est un de tes meilleurs passages ! Et bien, qui te dit que ces anciens elfes le sont encore? Ils ont passé globalement un millénaire à parcourir le monde, et invoquent Mirgandas, non l'Esprit . Bon, là je suis en train d'écrire la suite, ça continue sur la même lignée (peut-être pour ce soir, sûrement demain), et j'ai réussi à caser "flouer". A partir de là, tout va s'accélérer (même si ce rêve était le signal!) Iliaron Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 17 avril 2006 Auteur Partager Posté(e) le 17 avril 2006 Voilà la fin du chapitre. Tout d'abord, j'ai modifié une scène précédente (juste avant la discussion entre Kirtën et son fils). En effet, je tenais absolument à mettre un discours sur les rêves, et il était illogique que je le case après le rêve de Kirla (et oui, cette fin de chapitre est trépidante, enfin je l'espère ). Voilà ledit discours : Les six compagnons mangeaient en silence. L’ambiance qui avait animé joyeusement leur groupe la veille semblait avoir déjà disparu dans les limbes d’un désespoir par trop tenace. Au bout d’un moment, excédé par l’air las de Kirla, Iliaron prit à part son ami et lui demanda simplement : « - Tout va bien ? » « - Je rêvais d’un monde meilleur… Un monde sans indécision, sans guerre, sans haine… Un monde parfait en somme, une utopie… » Après un silence, il conclut : « un monde de rêves » Iliaron frémit à cette parole, et s’exclama de vive voix : « - Il est temps d’arrêter de rêver nos vies et de vivre nos rêves. Tu comprends ? Malgré l’indécision qui nous accable, qui que tu sois, Ath ou homme, il faut passer outre et agir en fonction du futur que tu désires. Ne nous laissons plus abuser par nos destins, menons nos vies comme nous aimerions le faire, sans influence, et luttons ensemble contre les agresseurs ! Que le futur porte les marques de notre volonté, et non que notre volonté soit bridée par le passé ! » Kirla baissa la tête, comme accablé par un poids trop lourd pour un seul homme : « - Cela apparaît si simple… Et pourtant… » « - Jusqu’ici, où t’ont mené tes pensées ? » s’enquit sèchement Iliaron. « - A rien. » « - Faux, à de la résignation, à du désespoir… Au regard d’une utopie, il est certes vrai que les vies que nous menons sont bien obscurcies. Mais cela peut toujours être pire, toujours ! » « - Je ne vois pas comment » répliqua d’un air las Kirla. « Il n’y a rien à faire… » « - C’est justement le poids de l’inaction qui ne cesse de dégrader notre monde et nos existences ! » « - Je me sens si… faible… Je ne sais même pas par où commencer pour trouver notre ennemi, alors le battre… » « - Mais si tu te poses des entraves avant même que de débuter, tu n’iras jamais bien loin. Le destin a eu un malin plaisir a semé des embûches le long de nos vies, il n’est nul besoin d’en rajouter ! » « - Je n’arrive déjà pas à contourner celles de ma destinée ! » « - Il le faut pourtant ! » rugit Iliaron d’un ton impérieux. « - Comment ? » « - A toi de voir, mais il le faut ! Déjà en abandonnant tes craintes, en oubliant tes anciennes peurs et en gardant la foi au cœur, de nombreux problèmes se résoudront d’eux-mêmes ! » « - Mais je suis déjà tant terrifié ! » annonça faiblement Kirla. Iliaron explosa de rage, dégoûté de constater la futilité de son ami qui s’attachait plus à ses peurs superficielles – bien que fondées, mais qui le conduiraient invariablement à la mort – qu’à la situation présente. « - Sois donc l’elfe que tu n’es pas, et sois courageux pour une fois ! » Il parvint à calmer légèrement son accès de rage, et serra les dents en admettant : « tu l’as été à Mor, nous en avons présentement plus que besoin ! » « - Je le sais bien » soupira Kirla. « - Mais ce travail, tu dois le réaliser seul ! » Il s’éloigna de son ami, pour rejoindre les hommes qui avaient assisté en silence à l’échange. Bien que loin, ils n’avaient pas manqué un mot des paroles qu’Iliaron avait eu soin de beugler. Lorsqu’il s’assit, Geoffroy lui lança un regard ouvertement méprisant, tandis que Mav rougissait presque. Au moins, songea l’Ath, ce dernier homme était d’accord avec lui. Kirla resta immobile, se sentant malade de résignation. Il se savait coupable de sa propre faiblesse, lâche au point d’abandonner ses compagnons dans une situation mortelle. Il n’avait ni la force ni le courage de retourner enquêter au niveau de ces carcasses d’écorce, sans non plus avoir l’énergie d’accepter son être entre deux mondes, déchiré entre les hommes et les Aths. Il n’osait même plus regarder son ami Iliaron. C’était lui, plus que quiconque, qu’il trahissait, il le savait désormais. L’elfe venait de lui montrer les moyens de survivre, et l’avait par le passé éduqué pour les combats afin qu’il ait la force de lutter, et était allé jusqu’à se sacrifier en acceptant les hommes au sein de leur amitié, et même de se rendre en Skefoy ! Et lui, il ne trouvait qu’à l’abandonner… Qui était-il donc pour mériter l’amitié d’un tel elfe, lui, ce couard de la pire espèce ? Et voilà ladite suite : * * * Une douzaine d’elfes s’épongèrent le front, tremblants. Ils se trouvaient dans la clairière, au pied de l’Habitat. Tout autour d’eux, l’herbe s’était aplatie, et avait même roussie par endroits sous les puissantes énergies invoquées. Le maître de la magie blanche, Alik de son nom, avait senti un avertissement en pleine nuit. Depuis un certain moment convergeaient vers lui à chaque nuit des messages, qu’il ignorait constamment. La magie était en toute chose, et inconsciemment chacune réclamait de l’aide, cela faisait partie de l’ordre des choses. Ce qui était anormal, en revanche, était le nombre croissant de ces demandes… Mais en cette nuit, un événement inouï s’était produit : la Loriath avait réclamé l’aide des Lanceurs de Sorts. De tous temps la forêt avait été assez puissante pour se défendre seule, mais plus aujourd’hui ! Plus que la Loriath, l’Esprit même était en danger ! Alik s’était aussitôt levé, et avait rassemblé tous les magiciens blancs, à l’exception d’un seul : Iliaron, qu’ils n’avaient trouvé nulle part. Ils étaient ensuite descendus en silence dans la clairière, et Alik avait remonté le fil de sorcellerie de l’Aube qui allait de l’Habitat à l’orée de la forêt. Durant tout ce temps, les autres lanceurs cherchèrent à espionner la conversation et à découvrir l’identité des deux sorciers noirs, mais en vain : la puissance des deux êtres maléfiques était puissante, et leur invocation les protégeait de toute intrusion. Puisqu’il ne pouvait pas lier sa magie blanche à celle de l’Aube, Alik avait décidé de rompre le lien de la conversation. Là où il suffisait d’habitude simplement d’un sort pour le briser, rien ne s’était passé. Il avait aussitôt changé de stratégie, et dirigé une boule d’énergie contre la sorcellerie noire. Une fois la brèche créée, et avant que les deux interlocuteurs eût put interrompre d’eux même le lien les unissant, il s’était servi de ce fil magique comme d’un tuyau dans lequel il avait rapidement invoqué un sort de boule de puissance mineur, et l’avait dirigé contre le sorcier à l’orée de la forêt – celui qui lui semblait le plus puissant -, pensant le carboniser. Sa déception avait été grande lorsqu’il avait comprit que l’ennemi était toujours vivant. Il avait très rapidement localisé précisément l’adversaire à abattre, tandis que trois de ses congénères s’étaient chargés d’animer les trois Gardiens les plus proches. Ils s’étaient ensuite servis de la magie déjà présente dans ces trois arbres comme d’un catalyseur, et Alik avait invoqué une boule de puissance majeure, cette fois-ci. Cela n’avait encore une fois pas été suffisant, mais par malchance. Toujours était-il qu’il avait saisi la nécessité de plus de puissance. Lorsque l’éclair vert ennemi avait frappé le Gardien, un des Lanceurs avait été projeté en arrière, tandis qu’un autre avait repris aussitôt le contrôle de l’arbre. Les huit restants avaient tissé un puissant sortilège, se servant de la sorcellerie noire comme d’un réceptacle pour leur invocation. Mais cela avait été une nouvelle fois vain, et ils s’étaient ensuite laissés berner par une simple illusion, jusqu’à ce qu’Alik ait eu un doute quant à la résistance impressionnante de leur ennemi. Les Lanceurs auraient apprécié pouvoir piéger l’adversaire, mais l’illusion avaient laissé trois mages trop fatigués pour mener encore les Gardiens. Le temps de les remplacer et d’invoquer de nouveaux sortilèges, et l’ennemi était à l’abri dans son refuge, protégé par une sorcellerie bien trop puissante pour les douze Lanceurs dans l’état où ils étaient. Cette altercation gardait d’ailleurs un goût amer pour ces mages, qui avaient échoué dans toutes leurs actions : ils n’avaient pas réussi à percer à jour le masque sous lequel se cachaient les deux sorciers, pas plus qu’ils n’avaient découvert ne serait-ce que leur race : l’être qu’ils avaient eu sous les yeux n’était pas un elfe, mais clairement pas non plus un homme. Et il restait encore la sensation désagréable de ce Mirgandas, cette entité qui avait été invoquée par quatre fois, et avait à chaque fois répondu présente, devenant ainsi l’égal des autres dieux : l’Esprit et le Serpent avaient désormais un rival… Alik fit un geste, et ses compagnons désabusés et encore sous le choc commencèrent à rentrer en direction de l’Habitat. Autant essayer de voler à un destin ignoble quelques heures de sommeil en plus, les jours allaient désormais s’allonger et s’emplir comme par magie – ce devait d’ailleurs être le cas – d’embûches. Dans deux jours, les douze partiraient pour cette guerre contre Skefoy – guerre qui semblait désormais inutile en comparaison du sombre danger qui les attendait juste ici, d’autant plus qu’éloigné de la Loriath la présence de l’Esprit était bien plus faible et à ce jour seul Iliaron était parvenu à lancer une invocation en terre humaine. Cependant, Alik ne désirait pas s’attirer les mauvaises grâces de toute la nation elfique, et pour rien au monde il ne trahirait les siens ! Les douze allaient devoir attendre un mois, voire plus, avant de pouvoir enquêter. Pendant ce laps de temps, les ennemis allaient gagner encore en puissance… A côté de tous ces problèmes, l’absence d’Iliaron dans leur rang semblait presque anecdotique. * * * Kirla s’éveilla lentement suite à la sensation étrange qui l’habitait encore. D’habitude ces réveils avaient été brutaux, mais pas aujourd’hui. Il sentait que quelque chose avait changé en lui, et prenait peur. Il se rappelait parfaitement de Mälthion, ce même Mälthion qu’il avait vu dans le rêve et qui avait en un autre temps ponctué sa fuite de Skefoy. Si le récit détaillé que Geoffroy lui avait déjà fait sur les mercenaires était vrai, alors Anar n’était autre que le chef qui avait vendu ses quatre amis à Malak… Or les deux anciens elfes étaient auparavant amis, et l’étaient certainement encore ! Il lui manquait un indice pour appréhender parfaitement la situation dans laquelle il se trouvait. Tant qu’il ne découvrirait pas la clé de l’énigme il resterait esclave de ses émotions et sensations. Et de cela, il en était sûr, il avait été floué depuis le début ! Seul un sortilège puissant avait pu modifier ses perceptions au point Qu’il ne sache plus précisément quel être il était. Ce qui le ramenait au point de départ : pourquoi ? Pourquoi Anar et les siens s’étaient autant acharné sur lui ? A quoi rimait donc ce manège dans lequel l’elfe renégat les avait embarqué, lui et ses amis ? Soudain, un souvenir afflua à la surface de sa conscience. En ce jour lointain où Mälthion était venu à son aide, comme il l’avait d’abord cru, l’elfe lui avait donné un breuvage, sans doute une potion visant à changer sa mémoire. Non, ce n’était pas tout ! Anar et Folgiwe étaient forcément passé après… En outre, ses amis humains l’avaient reconnu, alors qu’il possédait encore les traits elfiques. Certes, ils avaient admis qu’il y avait eu un léger changement, mais ce dernier ne devait pas être si faible que cela ! Anar et Folgiwe avaient donc certainement modifié les perceptions des quatre hommes. A la pensée du pouvoir énorme qui s’était déjà ligué contre eux, Kirla prit peur. Si Iliaron avait été présent, il aurait été en mesure de le rassurer en lui apprenant que même une faible magie pouvait changer la conscience d’une personne – ce qui était absolument faux, mais Kirla y aurait assez cru pour abandonner sa terreur. Lorsqu’Iliaron était parti, il avait pensé qu’il abandonnait un Kirla trop apeuré pour honorer ses rêves ; en réalité Kirla était alors perdu. A présent, il disposait d’informations qu’Iliaron aurait chéri, tandis que ce dernier possédait l’assurance qui faisait défaut à Kirla. S’ils étaient restés unis, ils auraient eu en leur main le moyen de mettre à bas leur ennemi. Mais justement ils s’étaient dispersés, et de cette désunion ne pouvait naître que la mort. * * * Mav avança en silence jusqu’à sa monture, dont il serra l’encolure dans ses bras, enfouissant sa tête dans la crinière. Il jeta un regard en direction de l’Habitat, là où restaient tous ses amis. Il aurait apprécié de rester avec eux, mais ils s’étaient laissés corrompre par les vicissitudes de la faiblesse, même Geoffroy, surtout Geoffroy ! Il se jeta sur sa selle, les larmes aux yeux. Il commença à trotter légèrement, avant de se retourner une toute dernière fois. Son cœur se serra en songeant aux années d’amitié qu’il laissait derrière lui, à tous ses bonheurs qu’il avait vécus et qu’il abandonnait sciemment. Ils avaient tous été une bande soudée, n’imaginant même pas la vie sans cette amitié. Quelle plaisanterie que tous ces rêves d’une unité indéfectible qu’ils avaient chéri tous ensemble… Il ne put plus contenir ses larmes en songeant à ses quatre compagnons, quelque part dans un des cinq troncs de l’Habitat. Il ne leur avait même pas dit au revoir. Il finit par se détourner, et à lancer sa monture au galop. Il ne savait pas dans quelle direction il partait, mais une telle considération ne l’intéressait plus. En son cœur n’était plus qu’un désespoir si grand qu’il se sentait capable de se laisser mourir ; chevaucher vers l’inconnu au triple galop, jusqu’à mort de sa monture, n’était qu’un moyen. Il croisa un Athi, et éclata en sanglots en songeant à l’enfant qu’il avait été. Tout cela était bien loin désormais, perdu dans un océan de noirceur. Entendant un écho lointain de son nom, il se refusa à se retourner et il talonna à nouveau sa monture, se pencha contre l’encolure, et s’évanouit de tristesse en repensant à ses amis. * * * « - Qu’fait-il » demanda inquiet Arthur, debout dans le salon. Par une ouverture naturelle, il regardait Mav s’approcher d’un cheval, et commencer à le monter. Au bout d’un long moment silencieux, Gontrand annonça simplement : « - Il part. » « - Mais où ? » « - Il ne le sait pas lui-même » affirma Gontrand, sûr de lui. « - C’mment peux-tu l’savoir ? » interrogea Arthur en prenant Gontrand par le col. « - Par son regard. » Arthur lança un regard vers la clairière, et vit avec panique Mav commencer à s’éloigner. « - Qu’a-t-il ? » demanda-t-il avec un tel empressement qu’il en fit s’agenouiller Gontrand. « - Il a perdu tout éclat de vie. » « - Mais il reviendra ? » Gontrand secoua la tête, avant de continuer : « - Non, il part pour toujours. » Arthur fixa intensément le visage de Gontrand, voulant deviner le mensonge sous les traits tirés et émaciés. Mais jamais son ami ne lui avait menti, jamais ! Il lâcha aussitôt Gontrand, et courut comme jamais il ne l’avait fait à travers les couloirs de l’Habitat. Les elfes non assez prestes pour s’écarter furent bousculés sans ménagement. Alors qu’ils se relevaient en grommelant, Gontrand les fit à nouveau tomber dans sa propre course. Les deux hommes se jetèrent l’un après l’autre sur l’échelle de corde, se laissant glisser à toute vitesse contre le sol. Puis ils s’élancèrent à travers la clairière, Arthur criant de toutes ses forces le nom de « Mav », mais en vain. Après plus de cinq cent mètres, Gontrand parvint à le rattraper, et posa sa main sur l’épaule d’Arthur. Ce dernier s’effondra alors contre son compagnon d’arme. « - Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fait cela ? » « - C’était son choix. » « - Ne sommes-nous donc plus ses amis ? » « - Si, mais notre amitié a changé en ce lieu. Il ne nous reconnaît plus. » « - Comment ça ? » Gontrand éloigna Arthur de ses épaules, et le fixa intensément dans ses pupilles. « - Nous ne sommes plus à l’image de son espoir, nous n’agissons pas comme il l’aurait espéré. » « - Et comment aurait-il fallu faire ? » demanda Arthur en tremblant. A cela, Gontrand répondit simplement : « - De la bonne manière. » Alors les jambes d’Arthur se dérobèrent, et il s’effondra pesamment à terre, songeant au gâchis qu’avait été leur amitié, brisée par un simple malentendu. Tous avaient le même désir, celui de vivre mieux, mais ils s’étaient disputés sur la manière d’y arriver. Ils payaient désormais le prix fort. Redonner à Kev ses véritables pensées semblait maintenant bien futiles ; leur amitié était brisée à jamais ! * * * « - Que compte-tu faire maintenant ? » demanda Geoffroy. Kirla lui avait raconté le rêve qu’il avait eu, ainsi que les conclusions qu’il en avait tiré. Les deux êtres étaient tous aussi terrifiés, mais ils puisaient de la force en repensant au discours d’Iliaron. Il était temps qu’ils vivent leurs rêves : ces derniers devaient cesser de les tourmenter en les réduisant à l’impuissance. « - J’avoue ne pas savoir… Anar et Folgiwe sont très puissants. Quand à Mälthion, le seul que j’ai vu en vrai, il est potentiellement très dangereux. J’avais senti être aux côtés d’un assassin, alors même que j’étais certainement sous l’influence d’une potion. » Son ton était étrangement calme, comme si en constatant qu’il ne pouvait rien faire, ses craintes s’étaient évanouies. Comme Geoffroy l’avait lui-même dit, ils avaient exploré jusqu’aux tréfonds du désespoir, la situation ne pouvait plus en toute logique que s’améliorer. « - Cela semble si désespéré que ça en apparaît presque possible » se prit à songer Geoffroy. « Nous n’avons aucun moyen de les vaincre, et pourtant j’ai cette impression que nous ne serons soulagés non pas en les gagnant, mais simplement en se battant contre eux, quelque soit l’issue du combat. » « - J’ai aussi cette impression… Au fond je ne me soucie plus vraiment de ma vie désormais. » « - Je n’en suis pas à ce point » se moqua gentiment Geoffroy. « - Notre lutte ne vaut-elle pas le prix d’une vie ? » demanda alors sérieusement Kirla. « - Sûrement, mais j’espère juste que ce ne sera pas la mienne ! » « - Au fond, tu sais que tôt ou tard, toi aussi, tu mourras. » Geoffroy baissa les yeux, et annonça résigné : « - J’aurais aimé que ce ne soit pas ma vie… » Kirla tendit son bras pour apaiser Geoffroy, mais son geste s’arrêta brusquement lorsque ses yeux vinrent à le piquer avec une telle puissance qu’il se prit la tête dans ses mains, et hurla. L’instant d’après, tout bruit cessa dans la salle, lorsque sa conscience quitta son corps, qui gisait aux pieds d’un Geoffroy absolument paniqué. Il se voyait étendu sur une dalle, non, rectifia-t-il intérieurement en observant plus précisément, sur une excroissance boisée. A ses côtés il devinait aussi une autre personne qui lui ressemblait étrangement. Alors il tendit ses bras, et en sortit une effrayante lumière verte, comme du pus qui surgirait de bubons pourris. La vision s’évanouit lorsque, répugné, il força son esprit à échapper à cette vision. Mais son esprit ne réintégra pas son corps, comme il l’avait d’abord pensé. Il se tenait au haut d’un arbre, sur une branche. Regardant à ses pieds, il vit d’abord une sombre entrée noire qui semblait vomie des entrailles même de la terre, comme un long intestin malade qui serpentait sans fin, s’enfonçant toujours plus bas certainement jusqu’en Althior, l’enfer elfique. Puis, alors qu’il levait les yeux, il découvrit une silhouette un peu plus loin, qui avançait aux aguets sur un cheval blanc. Il le reconnut comme étant celui de son ami elfique. En se concentrant sur le cavalier, il remarqua que l’Ath était bien Iliaron. Il tendit son bras droit dans sa direction, et deux elfes renégats apparurent à ses côtés, arc en main, une flèche pointée avec précision vers l’elfe qui avançait, inconscient du danger, trop ébloui par l’obscurité du boyau face à lui pour regarder autre part. Alors Kirla cria, et se débattit violemment. Les deux flèches fusèrent n’importe où, sauf là où elles l’auraient dû. Cependant, une troisième – tirée par un elfe plus loin - désarçonna Iliaron, s’enfonçant profondément dans l’échine de sa monture. Kirla donna un violent coup de pied dans un des archers, qui regarda avec étonnement la branche s’éloigner de lui, avant de crier de toutes ses forces. Dans un craquement macabre, il s’écrasa par terre. Kirla sentit alors une autre présence dans ce corps, qui se débattait avec lui. Il modifia son champ de perception, et plutôt que de voir par les yeux de l’être – Anar, il le savait désormais – il scruta avec attention l’âme de l’ancien Ath. Il devait parvenir à échapper à la conscience d’Anar encore un temps, afin qu’Iliaron ait l’opportunité de fuir. Kirla s’enfonça profondément dans l’inconscient d’Anar, pendant que l’esprit de ce dernier cherchait à le localiser. Il fallut une minute pour qu’il soit repérée, et s’engagea alors une lutte entre les deux âmes, un duel des volontés. Pendant un temps Kirla crut qu’il allait vaincre Anar et prendre possession de son corps, mais le sorcier noir avait l’habitude de ces combats d’esprit. Bien que jamais une âme ne lui ait opposé une résistance aussi farouche, il parvint à la renvoyer. Il voulut la suivre, mais son esprit se trouva cloisonné dans son propre corps, emprisonné dans cette prison de chair. La conscience de Kirla réinvestit le corps de ce dernier, et se retrancha profondément dans les limbes de son esprit pour se protéger. Une fois qu’il fut sûr qu’Anar n’avait put le suivre, il reprit conscience, et ouvrit ses yeux. Geoffroy sursauta lorsque Kirla se leva, alors que l’instant d’auparavant il gisait inconscient, avec un pouls très faible. Lentement et calmement, Kirla déclara : « - Iliaron est en danger de mort ! » Alors: beaucoup de choses en fait . Déjà, Mirgandas, voilà une piste pour le livre II . Au moins vous savez comment ça se passe en partie, et vous avez une autre vision de la scène. Au passage, n'est-ce pas un peu trop redondant avec le passage précédent? Ensuite, le passage avec Kirla. Petite introspection rapide, rien de super important si ce n'est la potion (bon, elle avait quand même un rôle limité). Ensuite, le passage avec Mav, puis celui avec Gontrand et Arthur. Ce chapitre s'appelle désunion, faut bien que je désunisse vraiment, non ? J'espère avoir fait naître des sentiments, c'est là mon unique but, je l'avoue. Vient (enfin) le passage avec Kirla et Geoffroy, qui clot ce si long chapitre (47 pages tout de même ). Au début, ce n'est qu'une discussion sans grand intérêt, juste pour caser une répartie dont j'avais envie (celle avec le prix du combat), car au fond, tout ce qu'ils disent se trouvent totalement modifié par la suite. Mais au moins on ne me reprochera pas (trop ?) leur brusque courage. On a une très courte vision (profitez-en ) du moment d'ensorcellement de Kirla. Au moins l'on devine enfin qui est Kirla (c'est pas trop tôt, me direz-vous ). Ensuite, vient la vision d'Iliaron qui s'approche du Refuge sans faire gaffe des Aths (notez l'oxymore de la mort qui tue ) On a alors le combat entre l'esprit de Kirla et celui d'Anar. Cela présage de la suite, car (je vous laisse deviner, dire que j'allais l'écrire, non mais oh ). Retour dans l'Habitat, avec la phrase qui déchire pour bien poser le suspense et, euh... ensuite la suite . Et dire que j'avais prévu que ce chapitre finisse comme il avait commencé, cad dans le calme. Mon chapitre action risque d'être bien pâle en comparaison . Ah oui, je sais, deux suites dans la même journée, ça fait vraiment beaucoup, mais c'était pour que, euh... vous restiez bien dans l'esprit (en réalité, j'étais vraiment impatient de vous en faire part, plutôt content de ma brusque inspiration ) Iliaron Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 18 avril 2006 Partager Posté(e) le 18 avril 2006 découvrit de jeunes cerfs s’amusant en réalisant des cercles à toute vitesse A la base, c’était pour dire que les deux participes présent à la suite n’allaient pas Une fois passés ses deux capes vertes, et un bas de chausse de la même couleur Je sais pas… Parce que tu dis : l’homme, et la femme, allait et non pas allaient à cause de la virgule… Oh la référence C’était à ton texte que je disais ca ! On voit tout de suite que tu as casé les indices sur la suite Maintenant, le texte : invoqué un sort de boule de puissance mineur Ca fait un peu RPG comme phrase, baldur’s gate et co ^^ modifier ses perceptions au point Qu’il ne sache plus précisément La majuscule ^^ Pourquoi Anar et les siens s’étaient autant acharné sur lui ? Acharnés - Par son regard. »Arthur lança un regard vers la clairière, et vit avec Répétition et le fixa intensément dans ses pupilles Pas la peine de mettre ‘dans ses pupilles’ c’est bien assez fort comme ca Il fallut une minute pour qu’il soit repérée Pas d’accord Alors commençons… Le passage n’est pas redondant avec celui d’avant parce que là, tu prends le temps d’expliquer ! Je dois admettre que j’avais pas tout compris lors du dernier passage. Je pense qu’ils sont largement complémentaires ! Donc garde-les. Ensuite, je ne sais pas si ça vient de moi mais au départ, j’ai cru que c’était Kirla qui s’en allait ! Je sais pas pourquoi j’ai compris ça ! Comme je n’ai pas le temps de relire, regarde rapidement s’il y a pas de fausses pistes Quoi qu’il en soit, c’est triste qu’il parte ! Ensuite le passage avec l’esprit est marrant je trouve, c’est original de faire une bataille psychique Bonne idée, je trouve Vivement la suite quoi ! En fait, combien la taille du texte au final ? @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Damrodil Posté(e) le 25 avril 2006 Partager Posté(e) le 25 avril 2006 Ouf! Une semaine et demie que je suis sur ce texte et enfin j'ai rattrapé mon retard . Je n'ai qu'un mot à dire: p-a-l-p-i-t-a-n-t ah non deux mots: encore Damrodil -celui-qui-a-les-yeux-qui-pique- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 13 mai 2006 Auteur Partager Posté(e) le 13 mai 2006 Il n'y a pas à dire, damrodil, mais quand j'ai vu ton message, j'ai vraiment été surpris et content! Surpris, car il doit falloir du courage pour lire tout ce récit, et content car cela fait plaisir que ça te plaise ! Merci vraiment!!! Bon, cela fait un certain moment que je n'avais pas posté, mais une éniéme réécriture du début pour un concours m'avait un peu dégoûté pour deux semaines d'écrire (disons que passer pendant deux jours quasiment une quinzaine d'heures, ça m'a achevé ). Et hier j'avais le choix entre commenter le texte d'Inxi et écrire (bon, le troisième choix était de faire mes fiches de latin et de maths pour le bac ), et j'ai choisi la seconde solution (désolé Inxi, mais ce sera lu ). Ca fait un peu RPG comme phrase, baldur’s gate et co ^^ Je note . Alors commençons… Le passage n’est pas redondant avec celui d’avant parce que là, tu prends le temps d’expliquer ! Je dois admettre que j’avais pas tout compris lors du dernier passage. Je pense qu’ils sont largement complémentaires ! Donc garde-les. Parfait, d'autant plus que ça me sert grandement dans la suite que je vais juste poster . Ensuite, je ne sais pas si ça vient de moi mais au départ, j’ai cru que c’était Kirla qui s’en allait ! Je sais pas pourquoi j’ai compris ça ! Comme je n’ai pas le temps de relire, regarde rapidement s’il y a pas de fausses pistes ok, je regarderais. Cependant, je ne vois pas vraiment comment j'aurais pu créer de fausses pistes, car j'avais précisé (ou peut-être cela a été lors des corrections juste après ton message ) que Mav sentait qu'après Iliaron, ce serait à lui de partir. Bon, je vérifierais quand même! Quoi qu’il en soit, c’est triste qu’il parte ! Et oui, mais je ne suis pas du genre à infliger des souffrances inutiles Ensuite le passage avec l’esprit est marrant je trouve, c’est original de faire une bataille psychique biggrin.gif Bonne idée, je trouve Crois moi ou pas, mais c'est à la fois drôle de l'écrire, mais aussi dur: lorsque l'on agit, on pense toujours au corps, et au vocabulaire qui s'y rapporte. Sauf que dans un esprit, le corps n'est pas vraiment là . En fait, combien la taille du texte au final ? Ca devrait faire un peu plus d'un million de caractères, espaces compris. Bon, voilà la suite. Elle est un peu plus longue que d'habitude: je me suis dit qu'après quasiment un mois il serait bon que ce soit plus long pour remettre dans le bain : Chapitre XV : Combat Alik frémit. Un nouveau message d’alerte venait de le réveiller, du moins il le pensait. L’appel avait été si bref que le magicien s’était demandé pendant longtemps si ce n’avait été qu’un rêve, jusqu’à ce qu’il ressente à nouveau la même sensation. Il fixa aussitôt son esprit sur l’appel, et chercha à localiser l’émetteur. En vain, tout cela avait été si fugace ! Il n’avait qu’une certitude : le message avait été puissant, empreint de détresse. Seul un Lanceur avait de telles capacités. Et sur les douze, onze étaient en sécurité dans l’Habitat… Sans pousser plus loin ses réflexions, Alik lança de suite une première invocation : « - Par le pouvoir de l’Esprit, toi qui donne espoir aux Aths, toi qui anime la Loriath, prête moi ton omniscience, que je localise Iliaron où qu’il soit. » Rien ne se passa. L’espace d’un instant, Alik trembla et prit peur. Il ne connaissait qu’un lieu en Loriath où sa magie était incapable de localiser un Ath… A moins qu’Iliaron ne soit plus en Loriath… Mais pour savoir, il n’y avait qu’une seule solution, une unique, désespérée… Personne n’avait d’ailleurs encore osé… Alik hésita un instant, freiné dans son élan par la raison. Cependant, l’appel pressant d’Iliaron résonnait encore dans son esprit… Il prit son inspiration pour réaliser une nouvelle invocation, plus puissante, mais bien plus dangereuse. Il allait avoir besoin de toutes ses connaissances pour faire cohabiter entre elles les deux entités ennemies et les plier à sa volonté. Avec un peu de chance, le Serpent et l’Esprit seraient assez affaiblis suite à l’apparition du Dieu émule Mirgandas. S’il parvenait à les maîtriser ne serait-ce que quelques secondes, il pourrait sauver Iliaron. Sinon… il n’osait même pas penser aux conséquences, mais il savait que son destin se trouverait scellé. « - Par le pouvoir de l’Esprit, toi qui donne espoir aux Aths, toi qui anime la Loriath ; par le pouvoir du Serpent, toi qui insuffle la vie aux hommes, toi qui est le maître de leurs terres, prêtez moi votre puissance, que je localise Iliaron même dans les flammes d’Althior. » Alik fut pris de convulsions suite à la puissance du sortilège. Ses yeux se révulsèrent et tournèrent dans son orbite. Il chercha à interrompre le sortilège, mais le dieu des hommes ne voulait pas s’échapper de son esprit. Il avait ouvert sa conscience au Serpent, une erreur mortelle, il en avait désormais la certitude ! Il invoqua à nouveau et en toute hâte l’Esprit pour se protéger, mais trop tard. Il fut projeté violemment contre une façade de sa chambre, et son sort s’arrêta lorsqu’il s’évanouit. Pour la première fois, le Serpent avait été invoqué, qui plus est en Loriath. Le Dieu chercha à diriger son entité ailleurs, mais s’en trouva empêché. Malgré toute sa puissance, une magie protectrice l’empêchait de passer les barrières de la Loriath. De frustration, il lança une stupéfiante débauche d’énergie dans l’esprit même d’Alik ; l’entité regagna ensuite sa place dans l’univers, entre réalité et illusion. Un dernier tressautement parcourut Alik, qui s’immobilisa à jamais. L’instant d’après, son corps s’embrasa de l’intérieur, des cendres se répandant partout dans sa chambre. * * * Kirtën se campa solidement sur sa monture, et dégaina sa dague. « - Elfes, vous êtes ici pour venger vos frères ! » La clairière sembla broyée par les rugissement frénétiques des Aths. « - D’où que vous soyez, vous avez tous connus un jour les méfaits des hommes, vos ancêtres les ont combattu, et si cela continue, vos descendants mourront contre eux ! » La haine apparut dans les cœurs, et des poings rageurs se levèrent. « - Nous avons toléré les hommes pendant trop longtemps. Nous avons cru qu’après la guerre de la Loriath ils s’amélioreraient, que de tels êtres ne pouvaient se complaire dans leurs vices. Mais nous avions tort ! Nous avons pensé que jamais ils n’oseraient violer les accords tacites de paix, qu’ils ne s’attaqueraient jamais plus à notre peuple. Mais nous avions tort ! Aujourd’hui ils ont remué la Loriath jusqu’au bout de chaque brindille, jusqu’à la pointe de chaque racine, des plus petites pousses aux plus majestueux Gardiens, des animaux les plus fébriles aux plus fiers. » Il abaissa son arme, pour lever au plus haut un poing rageur. « Ils nous ont cru faible, ils ont eu tort. Ils nous ont cru cloîtrés dans la forêt, ils ont eu tort. Ils ont cru pouvoir décimer deux tribus, déchiquetant du plus jeune Athi au plus vénérable elfe sans pour autant déclencher notre courroux ! Mais ils ont eu tort ! » Il défourra ses deux dagues, et les brandit largement au-dessus de tous. « - Serons-nous faibles ? » « - Non ! » beuglèrent la masse des troupes. « - Laisserons-nous les hommes encore nous massacrer ? » « - Non ! » se remirent à hurler les elfes. « - Déclencherons-nous notre juste courroux ? » « - Oui ! » clamèrent tous les Aths, dégainant dagues et stylets, levant haut poings et arcs. « - Me suivrez-vous jusque dans les ténèbres infernales d’Althior pour purger ce monde des hommes ? » « - Oui ! » « - Pour les Aths ! » hurla Kirtën, sa parole aussitôt reprise en un lancinant leitmotiv. « - Pour la Loriath ! » Des vivas accueillirent cette sentence. « - Pour l’Esprit ! » conclut Kirtën en rengainant sa dague. Aussitôt, tous rangèrent leurs armes, avant de prendre place sur leurs montures. « - Mes frères, partons en guerre ! Les jours seront longs et durs, la mort décimera nos rangs ; mais lorsque l’aube se lèvera à la fin de cette bataille, ce monde sera pur ! » Il talonna son cerf, qui s’élança de suite parmi les arbres. Aussitôt, plus de trois mille autres montures s’ébrouèrent et prirent place dans cette colonne vengeresse. Tous des cœurs purs, des êtres chérissant la vie et plus encore la paix. Mais la haine avait assombri leur cœur et obstrué l’horizon. Tous galopaient à leur perte, et imaginaient à la place du prochain massacre un monde débarrassé de l’ombre des hommes. Regardant tout cela de l’Habitat, Kirla s’écria, paniqué : « - Il faut que je l’arrête ! » « - Tu ne le peux plus » annonça Geoffroy, coupant l’elfe dans son élan. « - Mais c’est mon père ! » « - Je le sais bien, comme je sais parfaitement que tu es un elfe. Et à tes pieds, c’est aussi ton peuple qui part à la mort, qui part décimer mon peuple. » Kirla se rapprocha de Geoffroy, et lut dans les yeux de l’homme une pointe de désespoir, ainsi qu’une autre lueur : de la folie. « - Tu serais prêt à me tuer pour cela ? » demanda-t-il, la voix tremblante. Geoffroy éclata d’un rire amer qui sonnait faux. « - Non, voyons. Il n’y a aucune cause dans ce monde qui vaille la peine de mourir, pas même l’amitié ; cela, j’ai fini par le comprendre. Mais pareillement, il n’y a aucune cause qui mérite de tuer. » « - On en parlera après, » fulmina Kirla. « Viens, il faut les arrêter ! » « - Non ! » tempêta Geoffroy en attrapant son ami par le bras. « - Et pourquoi donc ? » « - Ils sont désormais hors de contrôle. » « - Faux, il m’écoutera, c’est… » « - Ton père, je sais » le coupa Geoffroy d’un ton cynique. « Mais même si tu parviens à le raisonner – et rien n’est moins sûr d’ailleurs, un des elfes se chargera de prendre le commandement de ce raid punitif. » « - Un raid de trois mille elfes ! » rugit Kirla, assenant un violent coup de poing à Geoffroy, qui tint bon. « - Je sais, c’est d’ailleurs ce qui fait le drame de la situation. Je ne te lâcherais pas » ajouta l’homme lorsque l’elfe le gifla. « J’ai déjà vu des hommes avec la même lueur maladive dans les yeux, des ennemis venaient de tuer leurs enfants. Ils ont taillé en pièce les soldats qui venaient les arrêter. On a été obligé de les tuer à leur tour… » Cette parole tétanisa Kirla, qui cessa de se débattre et s’écroula contre le mur derrière lui. « - Tu jures que tu dis la vérité ? » « - Jamais je ne mentirais au sujet de tels drames. » « - Jure ! » « - Je le jure, Kirla, mais je t’en prie, calme-toi ! » L’Ath éclata en sanglots. Geoffroy le prit dans ses bras et tenta de le calmer, en vain. Au bout d’un moment, Kirla demanda : « - Que devons-nous faire alors ? » « - Sauver Iliaron, tout simplement. » « - Etrangement, depuis que je l’ai vu prêt à mourir, et que je parviens à sentir cet Anar en moi, je me sens bien plus fort qu’auparavant. Peut-être est-ce par amitié… Je sais cependant que je suis prêt à mourir pour sauver Iliaron, j’accepte tous les sacrifices comme lui les a accepté. Mais j’imagine que toi, tu ne seras pas prêt à risquer ta vie… » ajouta-t-il après un temps. « - Moi ? » s’exclama Geoffroy. « Voyons, j’ai dit que j’avais compris, mais ce n’est pas pour cela que j’applique ! Je suis têtu comme une mule, et déteste par-dessus tout avoir eu tort ! Ce serait bien la meilleure, ça, que j’agisse avec raison » ria-t-il sincèrement. Après un instant, il reprit, son ton empreint de douleur : « J’ai aussi senti son appel… La détresse en était palpable… » Kirla opina, avant de conclure : « - Alors nous sommes deux contre… contre beaucoup. » « - Quatr’. Mais ce s’ra sans Mav… » annonça Arthur, qui rentrait dans l’Habitat en compagnie de Gontrand. « - Où étiez-vous ? » s’enquit Geoffroy. « - Un peu trop long à expliquer. Mais on a eu peur d’ s’ montrer en présenc’ d’ quelques milliers d’ cœurs haineux. N’oubli’ pas, c’est un peu nous l’ennemi… Encor’, ils ont pas fait l’amalgame entre nous et l’ rest’ des hommes ! » « - Heureusement » soupira Geoffroy. « - N’oubliez pas cela, » annonça Kirla, « les elfes, comme les hommes, je pense, sont bons. Cependant la haine occulte leurs qualités, mais certaines subsistent. Peut-être qu’un jour nous jugerons les êtres pour ce qu’ils sont et non pour leurs races. » « - Plutôt rêver » ironisa Geoffroy. « Utilise donc ton imagination à bon escient, et songe à un moyen de rejoindre Iliaron. Tu dois être le seul dans toute la Loriath à avoir aperçu leur refuge. » * * * La nuit était tombée depuis un moment, mais les troupes continuaient sans vergogne leur avancée. Les Lanceurs s’étaient rapprochés, et discutaient maintenant à voix basse. « - Vous l’avez senti, vous aussi ? » « - Oui Malar… J’aurais aimé qu’Alik soit parmi nous et nous dicte que faire… » « - Que lui est-il arrivé d’ailleurs ? » interrogea à nouveau Malar. « - Brûlé… Il ne restait plus grand-chose dans sa chambre » annonça un des magiciens en serrant les poings. Kikaï avait été depuis son enfance le meilleur ami d’Alik, et il avait ressenti en lui la détresse de l’elfe, puis sa mort. Depuis, un vide perpétuel semblait l’habiter… Il avait même été prêt à se tuer en découvrant le corps – ou plutôt les scories – mais s’était retenu en songeant qu’Alik s’était sacrifié pour une cause bien plus importante qu’une simple amitié. Et pour que le meneur des Lanceurs meurt ainsi, l’ennemi devait être puissant. Kikaï songea avec sarcasmes que les agresseurs seraient bien assez forts pour le tuer lui aussi, quand il les rencontrerait… « - Il faut que l’on s’échappe » annonça soudainement Malar. « - Regarde autour de toi » répondit Kikaï, énervé, « les officiers sont autant là pour nous encadrer que pour nous emprisonner. » « - Alors que devons-nous faire ? » « - Attendre. Le destin finira bien par nous rattraper » conclut Kikaï. « - Et tu ne comptes pas essayer de le changer ? » « - Je te laisse le faire. De toute façon, entre ton destin et toi, je sais déjà qui gagnera ! » « - Voilà bien la raison pour laquelle tu ne seras jamais l’égal d’Alik. Lui osait, il avait le courage et était prêt aux actes les plus irréfléchis pour un monde meilleur. Mais toi tu es définitivement rebuté par toutes les actions téméraires… » « - Ecoute moi bien, Malar, » commença Kikaï, les dents serrées. Reparle une fois d’Alik, une fois seulement, et je te jure que tu ne pourras plus dire un seul mot, compris ? » « - Parfaitement… A mon tour maintenant, si tu n’y vois pas d’inconvénients » débuta d’un ton sardonique Malar. « Alik est mort et nous ne savons pas pourquoi. Seulement, en dépit de tout son courage, il n’était pas du genre à prendre des risques inconsidérés… » « - Je le sais, c’était mon meilleur ami » siffla Kikaï. « - Alors tu sais aussi que sa puissance était phénoménale ? » Kikaï opina à contrecœur, refusant presque de concéder une part de raison dans le discours de Malar. « - Ce qui l’a tué est donc encore plus puissant que ce que nous pouvons imaginer, et peut certainement nous terrasser d’un claquement de doigt. Seulement, vois-tu, je suis prêt aussi à mourir pour combattre cette chose, ce monstre, enfin, ce que tu veux ; et ce n’est pas en restant parmi ces troupes que nous vengerons Alik. » Après un moment durant lequel Kikaï n’essaya même pas de prendre la parole, Malar continua : « il n’a pas eu le temps de nous en parler, mais je suis sûr qu’il est mort pour une cause qui dépasse le cadre d’une simple bataille, ou même d’un peuple et si ça se trouve d’un monde… Et je suis prêt à poursuivre sa quête. » « - Et bien, poursuis-la. Cependant, Alik était aussi un elfe, et il aurait protégé son peuple lors de cette guerre ! » Kikaï omis de préciser qu’en dehors de la Loriath le pouvoir de l’Esprit devait être bien faible. « - Alors je pars seul » annonça Malar. « - Tu vas te faire repérer » lui rappela un autre Lanceur. « - J’ai quelques petits tours dans ma poche. » « - Les lieutenants noteront ton absence. » « - Je ne pense pas. Vois-tu, lors des marches, personne ne remarque l’absence d’un elfe parmi des milliers. Et lors des revues des troupes, tu auras l’amabilité d’invoquer un double. » « - Bien entendu » tempêta Kikaï. « - A part Alik, seul toi est assez bon magicien pour un tel sort. Et puis, je te rappelle que je risque ma vie aussi pour venger Alik… » Kikaï serra les dents, avant d’acquiescer faiblement. « - C’est d’accord… » « - C’est pour cette nuit, alors. » * * * « - Y a pas une arm’ ici » cria Arthur en sortant d’une anfractuosité dans une branche. « - Logique, ils ont tout pris pour leur guerre. » « - Continuons, il y a encore trois caches » annonça Kirla. Les trois hommes grommelèrent, et entreprirent d’escalader chacun une cavité des trois immenses troncs qui formaient l’habitat. « - Car en plus il fallait que vous les mettiez tout en haut » rouspéta Geoffroy. « - Ca évite que les agresseurs ne nous les vole. » « - Serpent que je vous comprend. Il est vrai que les ennemis se présentent toujours sans armes » ironisa Geoffroy. « Bonjour, je suis venu pour vous tuer, présentez moi vos armes, puis je vous attaque et tue si possible. » Kirla éclata de rire, et donna un coup dans le dos de son ami. « - Arrête de perdre ton temps et grimpe. » Une fois les hommes disparus dans les couches des soldats, au haut desquels étaient les planques d’armes, Kirla se dirigea dans le salon et s’approcha d’un des très rares elfes qui était resté pour garder l’Habitat et la défendre. En tout, seuls vingt Aths étaient encore en Althwe ; en cas de contre-attaque des hommes, la tribu tomberait. « - Vous n’avez pas trouvé d’armes ? » « - Non. » « - Ni vous ? » demanda Kirla en se tournant vers un autre. « - Non plus. » « - Continuez à chercher, je vous rappelle que ceci est un ordre de Kirtën. » Tout ceci était pur mensonge, mais Kirla profitait au maximum du rang de son père pour se faire respecter au doigt et à l’œil. « - Attendez ! » ordonna Kirla « - Oui ? » « - Vous avez encore vos armes ? » « - Bien entendu, pour défendre… » « - Enfin essayer, » rectifia un Ath hilare, « mais nous n’en aurons jamais besoin. » « - J’ai besoin de dix hommes dans l’heure, en armes et armures. » Un des elfes sourcilla avant de s’éloigner, mais le second apostropha Kirla, oubliant tout respect. « - Et pourquoi devrions-nous vous obéir ? Vous n’avez aucun mot de votre père ! » « - Car vous pensez que mon père a jugé bon de me donner un message ? Je suis son fils, et le fils du commandeur des armées des elfes représente la voix de ce commandeur. Seriez-vous donc prêts à trahir l’espoir de toute une nation ? » « - Non » bredouilla-t-il. Comme il n’était pas encore parti, Kirla décida, afin de le motiver un peu, de continuer sa harangue : « - Mon père n’avait pas pensé qu’un elfe oserait contester son pouvoir et ses ordres. Mais dès que je serais de retour, je lui en ferais part. Attendez-vous à un sévère châtiment, il n’est pas du genre à pardonner impunément les récalcitrants. » « - Je cours me préparer » débita à toute allure l’Ath, disparaissant en quelques secondes du salon malgré son malaise évident. Un rire fit se retourner Kirla. « - Je commence à être fier de toi, Kirla. Tu commences à devenir comme moi. Cela fait plaisir de penser que l’on sert de modèle aux autres » annonça-t-il en feintant le sérieux. « - Euh… Je ne crois pas » se moqua Kirla. « - Regarde ce que je t’amène. » L’homme tendit à Kirla un magnifique arc en bois d’if. Cependant, la corde était coupée, ce que fit remarquer l’elfe avec résignation. Geoffroy ne perdit pas pour autant sa répartie et répliqua : « - Je le vois bien, mais peut-être qu’Arthur ou Gontrand vont trouver un arc cassé, mais avec la corde en bon état. » Une heure plus tard, et après avoir réussi à récupérer deux arcs et une corde – « je te l’avais bien dit » ironisa Geoffroy – mais non à la bonne longueur – « on ne peut pas non plus tout avoir ! » - Kirla et les trois hommes attendaient dans la clairière. Peu de temps après, les dix elfes arrivèrent. « - Elfes » commença Kirla, « mon père, commandeur des armées de la Loriath, a décidé de nous envoyer nous tous dans une mission de filature. Il craint que des hommes aient parvenus à voir la levée des troupes, et a décidé ainsi de nous envoyer ainsi le lendemain de leur départ, afin de nous assurer du contraire. Imladrik l’a d’ailleurs prévenu de l’existence d’un refuge des hommes à l’orée de la Loriath. Nous devons nous en assurer. » « - Les Gardiens auraient dû les en empêcher » maugréa un des elfes – celui qui déjà s’était opposé à Kirla dans l’Habitat. « - Remarque fort pertinente. N’avez-vous pas remarqué l’état déplorable de la Loriath à son orée ? Ce sont les hommes qui ont empoisonné les arbres avec leurs vicissitudes ! Allons, partons ! » « - Qu’ont ces trois hommes à voir dans une telle histoire ? » « - Absolument tout. En outre, je m’en porte garant, et mon père aussi. Cependant, puisque vous allez risquer votre vie, j’estime que vous avez le droit de savoir. Ces trois hommes – Gontrand, Geoffroy et Arthur – serviront de leurre et feront croire qu’ils font partie des troupes humaines. Nous profiterons de cette diversion pour nous infiltrer dans le repaire même de ces pourritures. Vous avez tous compris ? » Les dix opinèrent derechef. La petite troupe partit alors au trot. Kirla se laissa descendre au bas de la file et demanda à l’elfe qui l’avait interrompu plusieurs fois. « - Quel est ton nom ? » « - Auror. Est-ce pour le dire à votre père ? » « - Rassurez-vous. Mais je tenais à discuter avec vous. Je pense que vous mesurez l’importance de notre action, nous avons le pouvoir d’empêcher, ou tout du moins de retarder une contre-attaque humaine. Ne serait-ce pas dommage d’échouer pour d’inutiles inepties ? » « - Tout à fait. » « - Je prie pour que nous y arrivions ! » « - Je prie avec vous ! » * * * « - Maintenant » annonça Malar. Il envoya aussitôt une pomme de pin sur la tête d’un des lieutenants. Ce dernier regarda au-dessus de lui, et commença à maudire l’arbre. Quelques instants plus tard, après avoir ramassé la cause de cette furie, il remarqua qu’il se tenait au-dessous d’un chêne. « - Pourriez-vous m’expliquer ? » « - Excusez-nous » débuta Kikaï, « nous testions nos sorts en vue de la bataille. Cette pomme de pin nous a échappé. » « - Oh, alors ce n’est pas bien grave ? J’ai craint que ce ne soit une blague. » « - Nous n’oserions pas, lieutenant » reprocha presque le magicien. « - Je ne voulais aucunement vous offenser ! Pourriez-vous rapidement me montrer ? Vous savez, je n’ai jamais eu l’occasion de voir un seul Lanceur, je n’étais même pas sûr de leur existence. » Kikaï se mordit la lèvre, se maudissant de sa gaffe. Personne ne savait pour les Lanceurs, mais ces deux derniers jours avaient été tellement empreints de magie qu’il l’avait oublié… Ils allaient devoir parvenir à acheter le silence de l’individu… ou tirer cet événement à leur avantage… « - Vous voyez, nous plaçons la pomme de pin comme cela, » lui apprit Kikaï, « puis nous réalisons notre sortilège. » « - Comment ? » « - Ah, cela, désolé, je ne puis vous le dire. » « - Je comprends… Montrez donc ! » s’exclama d’un air avide l’elfe. Kikaï se laissa pénétrer par la magie de la Loriath – nul besoin d’invoquer l’esprit pour un sort si mineur – et lança la pomme de pin sur un de ses congénères, qui la renvoya sur un autre. Après plusieurs échanges, l’Ath ne tenait plus en place, émerveillé. Kikaï jugea bon de tirer profit de la contemplation du lieutenant. « - Nous devons par contre vous prévenir, ce que vous avez vu, vous ne pouvez jamais vous en vanter, ce que vous avez entendu, vous ne pouvez pas le répéter. » Une partie de l’enthousiasme du soldat disparut aussitôt, mais il opina, et déclara solennellement : « - Je vous le promets. » « - Nous devons en outre vous prévenir que notre rôle peut dépasser le simple cadre d’une attaque. Nous n’avons d’ordre à recevoir de personne, sauf de Kirtën, avec qui nous sommes en liaison et pour qui nous agissons. Il se peut ainsi que nous devions partir. » « - Entendu. » « - Pouvons-nous compter sur votre aide pour nous aider à partir en toute discrétion si nous deviens réaliser une mission secrète ? » « - Bien entendu » se réjouit le lieutenant. Un immense sourire était apparu ; visiblement l’idée même d’aider les Lanceurs plongeait l’elfe dans la félicité. S’il se doutait qu’il se laissait embobiner… « - Une dernière chose : très peu d’elfes ont connaissance des Lanceurs, ce ne sont que des rumeurs. Vous en faites maintenant partie ; pour l’instant cela vous apparaît joyeux, mais je dois vous informer que jamais vous ne devez nous trahir et parler de nous, pas même à d’autres qui nous connaissent aussi, c’est compris ? » « - Je vous l’ai déjà promis. » « - Je sais. Tendez votre main. » Le lieutenant trembla légèrement. « Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas vous faire de mal. Je vais juste, disons, enchanter, cette promesse, afin d’être sûr que vous la teniez. » Kikaï serra la main de l’elfe, et clama : « - Jures-tu devant l’Esprit de ne jamais nous trahir sous quelque forme que ce soit, que ce soit par la parole ou la pensée ? » « - Moi, Likal, je le jure. » « - L’Esprit est témoin, tu as juré. Jamais tu ne trahiras les Lanceurs. » Kikaï passa sa main au-dessus de celle du lieutenant, et appuya la paume de l’elfe avec son doigt. Ce dernier hoqueta de surprise sous la morsure de la chaleur. « - Ton destin est désormais scellé à celui des Lanceurs, Likal. » Kikaï se recula, et continua, toute solennité effacée de son timbre : « - Tu as senti la chaleur ? » « - Oui, qu’était-ce ? » « - Ton honnêteté. » « - Juste pour savoir, que se passerait-il si je vous trahissais. » « - Tu serais brûlé de l’intérieur » répondit simplement Kikaï. « - Vous pouvez compter sur moi » promis le soldat, qui venait de perdre toute sa confiance. « - Mais nous y comptons déjà ! Allez, va reprendre ta place avant que des doutes n’apparaissent. » Lorsque l’elfe eut disparu, les Lanceurs soufflèrent de soulagement. « - Voilà deux bonnes choses : Malar enfui, et ce lieutenant entièrement dévoué à notre cause. » « - Tu me surprendras toujours Kikaï » annonça l’un des mages, « dire qu’il y a quelques heures tu semblais prêt à tuer Malar. » « - Je l’étais, et j’ai bien failli le détruire. Mais au fond, et même si ça me fait un peu de mal de l’avouer, c’est lui qui a raison : il est prêt à mourir pour Alik, tout comme moi ; de plus Alik s’est toujours montré courageux et inventif. Faite que je sois digne de lui. » « - Pour l’instant, tu l’es ! » Les joues de Kikaï s’empourprèrent légèrement, avant que ce dernier ne détourne la tête et dise : « - C’est bien peu de choses comparé à Alik… et à Malar… Mais c’est déjà un début. » « - Et que fait-on maintenant ? » « - C’est justement là le problème : je ne le sais vraiment pas. J’espère qu’en temps voulu nous le saurons ! » « - J’ai comme le pressentiment que oui ! » « - Vu les débauches d’énergie auxquelles nous avons assisté en même pas deux jours, je pense que la discrétion est loin d’être le fort du véritable ennemi. Nous agirons lorsqu’il le faudra, et avec subtilité ! » Intérieurement, il ajouta : « enfin, j’espère… Faites que je sois à la hauteur d’Alik ! » Alors... Déjà il y a une avalanche de nouveaux noms. Désolé, j'espère que vous les retiendrez bien (en fait seuls trois sont vraiment importants (Auror, Malar et Kikaï); le nom de Likal, je l'ai mis simplement pour la solennité. Mais je dois bien pouvoir le réutiliser (je sais déjà ce qu'il va se passer (heureusement d'ailleurs ), mais je ne sais pas comment pour un point précis ). Prenons tou partie par partie: Le passage avec Alik sert à une chose: montrer l'importance de la situation, car Alik prend un risque fou pour seulement localiser Iliaron. D'ailleurs, j'avais hésité à le faire mourir, mais je me suis dit que c'était le plus logique (sinon il aurait survécu ). Ensuite, harangue de Kirtën. Plutôt important, car l'on note un changement dans les elfes... L'échange entre Kirla et Geoffroy est surtout là pour montrer les changements d'état d'esprit des deux protagonistes. Déjà, on est maintenant sûr que Kirla est bien un Ath (je vous laisse retrouver pourquoi ), et il devient bien plus fort et sûr de lui (la force, il l'avait déjà). De même, Geoffroy est à la fois lucide et un peu fou (en clair, il agit à l'inverse de sa raison + lueur de folie dans les yeux.) Ensuite, on découvre deux nouveaux protagonistes: Malar et Kikaï (j'aime son nom, pour une fois B) ). Je ne suis pas vraiment satisfait de l'échange, je n'ai pas réussi à retranscrire le dialogue que j'avais dans l'esprit, plein d'idées mais je n'ai pas réussi à les exprimer (les idées étaient plus des sensations, pas des mots, dommage). Bon, je ne vais pas non plus vous dire à quoi ils vont servir, hein ! Les deux passages suivants ont une tonalité bien différente, avec pas mal d'ironie, car Kirla embobine largement les dix elfes, tout comme Kikaï embobine Likal en ne racontant que des mensonges (par exemple, le "sortilège" était simplement de la chaleur, Likal ne risque absolument rien, mais il le croit (effet placebo en somme)). En somme, eux aussi pourront partir . Iliaron Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 13 mai 2006 Partager Posté(e) le 13 mai 2006 toi qui est le maître de leurs terres, prêtez moi votre tiret Violent le sort... Tu peux être sûr que tu m'as surpris... Le pauvre, il a bien dégusté ! J'aurai pas aimé être à sa place. talonna son cerf, qui s’élança de suite parmi les arbres. C'est plus drôle que sérieux je trouve cette phrase J'ai eu un grand sourire quand je l'ai lu mais tu peux rien y faire... évite que les agresseurs ne nous les vole accord compter sur votre aide pour nous aider à partir Répétition Alors... Déjà il y a une avalanche de nouveaux noms. Désolé, j'espère que vous les retiendrez bien (en fait seuls trois sont vraiment importants (Auror, Malar et Kikaï); Parfait, je m'en souviendrai ^^ D'hab je rechigne un peu mais là, c'est bien écris donc j'aurai pas de mal ! Bon sur le fond, on voit que les liens entre elfe et humain se rapproche ( pour notre groupe je parle ^^ )Ils sont plus amis ce qui se voit bien lors de la petite blague Bon bah je crois que j'ai fait le tour. Le coup de la pomme de pin m'a bien fait rire aussi ! Je voyais bien la scène xD Allez suite, @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 10 juillet 2006 Auteur Partager Posté(e) le 10 juillet 2006 Voilà une assez longue suite. En effet, je tenais aucunement à en réaliser une courte juste pour relancer le topic. Et comme nous en étions à peu près vers la fin, autant traiter l'action d'un trait, non ? (au passage, pour Inxi: tu n'as pas vraiment de chance: j'avais posé les 70 pages Word (tu es prolifique, dis donc ) sur Silverthorn, et résultat, au lieu de lire ton texte, j'ai recommencé ce livre de Feist... En plus, j'ai eu le regard malheureux et découvert que Nedi a un frère, cela otera bien du suspense . Enfin, ce serait quand même bien que je réponde avant que je ne parte en Angleterre ! Bonne lecture à vous tous, et désolé pour la longue attente! * * * Malar s’arrêta. Face à lui, une quinzaine d’elfes avançaient à un rythme soutenu, tous couverts d’habits sombres. Alors qu’ils s’approchaient, le magicien sentit une présence hostile dans les rangs des Aths. Ce ne fut qu’une fugace perception, qui s’évanouit avant que Malar ne puisse mieux la repérer. Il ne pouvait laisser passer l’occasion d’en savoir plus : Alik en savait bien plus que lui-même lors de son décès… Il s’avança. Les chevaux hennirent des brimades de leurs maîtres, et les épées défourrées se tendirent toutes en direction de Malar. Gontrand sauta à bas de sa monture et appuya la pointe de son arme contre la nuque du Lanceur. D’une pression contre la peau, il le força à parler. « - Je ne vous veux aucun mal… » commença Malar hésitant, craignant que son intuition ne le mène à sa perte. « - Même si tu le voulais, tu ne le pourrais » remarqua un des soldats. Malar la reconnut comme étant celle de Geoffroy. Il soupira de soulagement, et annonça calmement : « - Nous poursuivons alors le même but, je pense. » Gontrand éloigna son arme du cou exposé du Lanceur. « - Et qui vous le dit ? » questionna Kirla. « - Un appel de détresse. » Gontrand rengaina sa rapière. « - Je me présente : Malar. » « - Kirla. Comment… êtes-vous au courant de notre opération ? » demanda l’elfe, tournant la tête en direction des dix elfes autour de lui. « - J’ai certaines… capacités. » « - Je vois… Voulez-vous vous joindre à notre troupe. » Malar opina. « - Vous avez une monture ? » « - Elle n’a pu venir avec moi. » « - Auror » appela Kirla. « Vois lequel des elfes est le plus faible, et prend lui sa monture. Il n’aura qu’à rentrer à pied à l’Habitat. Donne lui deux journées de vivres. » « - De suite ! » « - Malar, je crois qu’il est le moment de vous souhaiter la bienvenue parmi nous. En nous excusant encore de notre méprise. » « - Je commence à avoir l’habitude, ces derniers jours. A force, les lames contre le cou ne sont même plus effrayantes. » « - Je crains que bientôt nous aurons suffisamment de raisons pour être effrayés. » « - Je le crains aussi » approuva sombrement Malar. « - Mais nos ennemis aussi » répliqua Geoffroy non sans son humour habituel. « - Deux Aths puissants dans un raid vengeur, dont un qui a percé les secrets de l’agresseur, ça a de quoi en terrifier! » « - Sans oublier trois guerroyeurs avisés. » Geoffroy s’étrangla se surprise, et nuança : « - Je ne suis que sournois, pas avisé. Allez, en route, les compagnons ! » Les heures passèrent sans que les compagnons, et leur hôte nouvellement arrivée, ne prononcent le moindre mot. Chacun sentait parfaitement la terrible menace qui pesait sur eux, bien plus réelle que tous les arbres qui les entouraient, que les montures qu’ils chevauchaient. Même Malar tremblait – peut-être pour la première fois, auparavant sa fougue, et surtout son caractère téméraire, lui avait épargné tout doute. Mais à seulement quelques heures de la confrontation, il craignait être parti sur un coup de tête, pour prouver aux autres Lanceurs que lui aussi était des leurs, tout aussi fort. Il l’était certainement, mais la puissance avait abattue Alik… Seul il n’avait aucune chance. Même en prenant le contrôle des Gardiens, aucun n’y était parvenu. Et alors ils étaient onze… Il tourna son regard vers les hommes, et Kirla, qui se tenait proche d’Auror. La salut de son peuple ne viendrait clairement pas de ces cinq là. Les trois humains étaient d’ailleurs plus une gêne qu’une aide… Que pourraient-ils faire, confrontés à l’ennemi. Sans aucun doute le rejoindre, attirés par les mêmes vices qui caractérisent leur essence… Auror non plus n’était digne d’intérêt aux yeux de Malar. Un Ath plus bon à exécuter les ordres qu’à mener, sans aucun doute. Bref, un serviteur. Et en ces temps, il y avait grand besoin de cœurs vaillants, alliés à de vigoureux soldats. Les êtres dont la seule gouverne était la fuite ne pouvaient survivre. En fait, seul Kirla intriguait le mage. Il pressentait plus qu’il ne sentait une puissance dans cet elfe. Certes, son corps émacié ne laissait aucun doute quand à sa maîtrise des armes de lutte, et les tressautements qui glissaient tels des ondes le long de ses bras empêchaient toute utilisation réussie d’un arc. Son pouvoir était tout autre : en son âme, et non d’aucune manière dans son corps. Une puissance semblable aux Lanceurs, et en même temps, opposée. Une force en devenir, que l’elfe ne maîtrisait sans doute pas encore, mais qui faisait déjà de lui le seul roc apte à résister à l’agresseur. Une aura respirait autour de Kirla, d’une telle vigueur que Malar se sentait incapable d’invoquer l’Esprit. L’elfe pouvait terrasser leur Dieu ! Et dire que Kirla n’était qu’aux prémisses de sa puissance… A l’idée que l’Ath puisse devenir l’esclave de son propre pouvoir, Malar frémit. S’ils survivaient à la bataille, tous devront le tuer. « - Vous êtes conscients du danger ? » questionna finalement Malar, à brûle-pourpoint. Tous tremblèrent nettement. « - Un ami est en danger, rien d’autre ne compte » répondit de manière laconique Kirla. Un borborygme fit comprendre que Gontrand était du même avis. « - Et vous n’avez pas peur ? » « - La peur est pas une bonn’ maîtresse » expliqua Arthur. « - Pourtant, l’ennemi est si puissant. Nous tous sommes si faibles comparé à lui et… » « - Il ne sert à rien de reculer : l’ennemi, lui, avancera » le coupa Geoffroy. Il ne se sentait déjà pas très glorieux, à tel point qu’il ne faisait même pas le fanfaron. Alors si cet idiot d’elfe continuait à leur saper le peu de moral restant, qu’il aille de suite en enfer ! « - Fort juste. Je vois que vous êtes donc tous assez courageux. » « - Ecoute, si tu veux en venir là, abrège ! Si tu veux savoir, je suis ici bon gré mal gré, et si je puis dire, surtout mal gré. Tu vois du courage où je ne sens qu’une peur mortelle. Nous quatre avons tous, à un moment ou à un autre, dévisagé la mort sur l’autel même de l’arbre-ciel, mais jamais ses crocs n’ont semblé si inéluctable, et son regard autant haineux. Nous venons de te le dire, nous sommes ici dans cette galère par amitié autant que par malchance, et j’aurais mille fois préféré qu’une centaine d’elfes meurent juste pour préserver ma vie. A quoi bon décéder pour un monde, si nous ne devons jamais en voir l’aube ? Et si tu penses nous donner de la force en nous démontrant que de toute façon, nous sommes tous aux crépuscules de nos vies, et qu’entre mourir aujourd’hui en combattant ou demain en fuyant, il n’y a pas grande différence, tu te trompes ! » « - Est courageux qui va au devant de la mort pour une cause bien au-delà de sa simple existence. Laissez- moi vous dire que vous l’êtes tous. » « - Mais que cherches-tu donc à la fin ? Après nous avoir jeté toi même la première poignée de terre sur nos visages troublés, comme si nous étions morts, tu vantes notre mérite ! » « - J’ai besoin d’alliés pour espérer triompher, mais d’alliés viables. Vous ferez l’affaire » éluda Malar. « - J’adore cet Ath » marmonna Geoffroy à ses trois amis, « on l’épargne, on le recueille parmi notre groupe, on lui passe une de nos montures, et il nous remercie en s’autoproclamant le meneur de notre équipée. » « - Il est certainement le meilleur dans cette tâche » supputa Kirla, sans parvenir le moins du monde à calmer l’homme. « - Je le suis bien plus ! » répondit sèchement Geoffroy, avant de sourire nettement. Il continua plus sérieusement, d’un ton presque rebelle. « Certes il doit être puissant, mais est-ce une raison pour être aussi présomptueux ? » « - Ce qu’ tu viens d’ subir, en permanence j’ l’ vis » lança Arthur d’un ton bien trop sérieux. « - Seulement, Arthur, lorsque je me moque à tes dépends, certainement je vais trop loin, mais je blague. Lui non, il se prend pour ce qu’il n’est pas. » « - Ca n’excus’ rien » bougonna le mastodonte. Après une longue inspiration, Geoffroy parvint à s’excuser (il n’en avait pas vraiment l’habitude). De suite, il s’adressa à tous : « - Nous allons certainement mourir dans quelques heures, autant que nous soyons unis jusque là, ne pensez-vous pas ? » Ils opinèrent, et se remirent en route. Se sentant si proche de la mort, les langues se délièrent enfin, et le groupe encore bancal s’unit entièrement, et se rapprochèrent même légèrement de Malar. « - C’est bizarr’ » commença Arthur, « j’ verrais pas l’ soleil s’ coucher, et pourtant j’ suis pas forcément terrorisé. J’ regretterais seul’ment Skefoy et les gosses du quartier. Y avait un nouveau bravache qui s’était installé, j’aurais jamais eu l’ temps d’ m’en occuper. Mais on r’trouv’ra Pierr’ et Richard, et sûr’ment Kev, pisqu’ Kirla dit êtr’ vraiment un elf’. » « - Je suis préparé depuis si longtemps à la mort. Je l’ai donné, j’ai vu les autres la donner. Il est bien normal que j’y passe à mon tour » surenchérit Gontrand. « - Ca fait toujours plaisir d’entendre deux soldats, dévoués corps et âmes. A leur côté j’ai l’impression de passer pour un déchet, un marais putride dont les miasmes enserrent des détritus pourrissants. C’est bien, tu meures avec la certitude d’être pire que ce que t’escomptais battre… » « - C’est impossible » nia de suite Kirla. « J’ai souvent senti l’ennemi en moi, de tous je suis celui qui ait été le plus en, disons, relation avec lui. Ses rêves sont parmi les pires que jamais je n’ai imaginé, et ce ne sont nullement des cauchemars. Des mondes étalés sous ses pieds, les cadavres humains encore fumants et l’épée ensanglantée, cet être ne pense à rien d’autre. Et dire que c’était à la base un Ath qui a simplement voulu se venger après la Guerre de la Loriath… Du meurtre ne naissent que des meurtriers… » « - J’aimerais tant le tuer. Vous savez, à la mort de Pierre et Richard, je me suis juré de tuer cette pourriture. J’ai même les deux traits dans mon carquois… Je comprends mieux ce qu’il est devenu, mais je ne lui excuserait jamais un seul de ses actes. Il s’en est pris à nos amis : qu’il paye. Et si notre résistance est balayée en une seconde, j’aurais toujours cette satisfaction de l’avoir perturbée durant cette seconde. Malar doit avoir raison, quitte à mourir, mourrons dignement. Nul besoin d’être fier de sa vie, si notre mort est belle ! » « - J’aimerais tant qu’Iliaron vive… Il m’a sauvé la vie plus d’une fois. Mon frère s’est certes sacrifiée pour lui, mais j’ai une dette envers lui… Pourtant, j’apprécierais aussi de survivre… » conclut Kirla, comme si sa dernière phrase dénotait un net paradoxe : il était à ce point résigné qu’il lui semblait impossible que deux amis puissent survivre et continuer à éprouver du bonheur. « - Nous espérons tous survivre. Mais notre chance est si infime que nous dressons le bilan d’une vie qui ne saurait tarder à s’arrêter » rappela Auror. « Je sens que l’ennemi peut être battu maintenant, même si je ne sais pas vraiment comment. Plus tard, et bien il sera trop tard… En réalité, il est très puissant, cependant, il se croit légèrement plus puissant qu’il n’est, et je pense qu’il baissera sa garde au mauvais moment. C’est comme cela que j’ai sauvé une première fois Iliaron, et tué deux acolytes » rappela Kirla. « - Tu as donc déjà rencontré l’ennemi ! Comment est-il ? » s’enquit Malar. « - Je ne l’ai pas vraiment « rencontré » comme tu dis. Intrinsèquement, j’ai agi par ses yeux, mon âme se battant contre la sienne hors de mon corps. Tu comprends ? » « - Encore moins… Et tu l’as battu ? » demanda avec optimisme Auror. « - Nullement. Sans l’Esprit ou la magie de la Loriath, je serais mort. » « - Ah c’est… c’est rassurant de savoir qu’ils veillent encore sur nous. » « - Je suis persuadé qu’ils peuvent nous aider ! » « - Malar ! » beugla alors Geoffroy, trop excité pour parler calmement. Le premier se retourna et sourcilla. « - Tu as dit avoir quelques capacités. Quelles sont-elles ? » « - Vous n’avez nul besoin de le savoir. » « - J’en déduis donc que tu es un des fameux Lanceurs dont nous a parlé Iliaron. Et je parierais même que si tu es ici, c’est plus par sentiment de faiblesse que par force. Sûrement pour montrer ta soi-disant puissance dont toi-même doute le premier. Tu ne fais au moins pas cela pour ta fiancée ? » Geoffroy y était allé entièrement au bluff, et garda son air vindicatif sans se démunir. « - Comment as-tu deviné ? » fut la seule réponse de Malar, qui douta d’un coup sérieusement de la stupidité des hommes. » « - Des signes avant-coureurs Un sain d’esprit ne serait jamais aussi sûr de lui en ces temps là. L’orgueil n’est qu’un autre moyen d’expression de sa peur, j’en suis un des premiers concernés. Et puis, j’ai bien vu comment tu as regardé Kirla, tu as frémit à son regard. Cependant, je suis étonné qu’un type comme toi agisse pour sa fiancée… » « - Pour le maître décédé des Lanceurs de sort, en fait. » « - Nous y voilà donc, et… » Geoffroy s’arrêta et repensa à ce que venait de lui dire le mage. « - Quoi ? Mort ! Comment ? » « - Implosé certainement par l’ennemi. Un choc magique, une boule d’une puissance phénoménale. » « - Et tu n’aurais pas pu nous le dire plus tôt. Ne penses-tu pas que cela aurait pu influer légèrement sur notre plan de bataille ? » « - Car vous en avez un ? » « - Pas encore, mais tout de même. » « - Et vous comptez le faire quand ? Une fois que nous serons tous réduits en cendres comme Alik ? » « - Avant si possible. Mais lorsque l’on fait un plan, ne considères-tu pas que connaître les capacités des gens concernés est utile ? » « - Alors qu’a-t-on ? Malar est un Lanceur, Gontrand et Arthur sont imbattables dans une mêlée, Kirla peut peut-être perturber quelques instants l’ennemi, et je tire assez bien à l’arc. Et on doit faire un plan de bataille avec ça… » « - Tu ne nous oublierai pas un peu par hasard » se moqua Auror. « - Désolé, vous êtes nouveaux » s’excusa Geoffroy. « - Moins que Malar. » « - Une farouche engueulade laisse toujours des traces » ironisa l’homme. « Alors, que savez vous donc faire ? » « - Les neuf autres elfes sont de bons soldats, sans vraiment exceller quelque part. Ils peuvent sans aucun mal servir d’appui dans un combat, ou garder et éloigner les blessés, voire tenir une position. Quand à moi, j’arrive plutôt bien à m’infiltrer. » « - Comment ça ? » « - A m’introduire dans un lieu sans me faire repérer, et à rapporter des informations. » « - Je sais cela, mais je ne pensais pas que des Aths savent cela. Je vous pensais trop purs pour de tels actes de doutes. » « - A croire que nous ne le sommes pas vraiment… » « - Tu pourrais donc t’infiltrer et voir où est Iliaron, et le ramener vivant ? » « - Impossible, » contredit Malar, « la magie le repérera avant. Il faudrait détruire leur barrière pour qu’il s’infiltre. » « - Et bien tu t’en chargeras ! » « - Je ne suis pas assez puissant… » « - Attends… As-tu vu leur refuge pour connaître cette barrière ? » « - Tu es bien perspicace pour un homme » le félicita Malar. Décidemment, la sagacité de cet homme le surprenait. « - Et ce n’est rien comparé à mon ami Mav, lui vous aurait déjà découvert vos troubles obsessionnels et vos rêves cachés. » « - Pour ce que j’en ai vu, le Refuge est un simple arbre. En dessous est un intestin sombre, protégé par une puissante magie défensive. J’ai beau avoir lancé une boule de puissance, rien n’y a fait. Et l’ennemi est parvenu à tromper en tout trois Gardiens, menés par onze Lanceurs. Personne n’avait auparavant réussi un tel exploit ! » « - Je n’ai vu qu’une branche » ajouta Kirla. « Elles étaient grandes, ils étaient au moins trois sur celle où Anar était. Et il faut aussi se méfier de Folgiwe et Mälthion, ce doivent être les plus dangereux, après Anar bien entendu ! » « - Une chose à la fois, Kirla. Déjà, parvenons à entrer, on verra ensuite. » « - Tout être utilisant de la magie est bloqué une centaine de mètres hors de l’entrée. Ce qui veut dire que je ne pourrais vous accompagner. Par contre, Kirla devrait aisément y parvenir. » « - Et comment » s’enquit ce dernier. » « - Simple intuition. Je ressens la même magie en toi que celle qu’ils utilisent… » « - En bref, tout le monde sauf toi, Malar, peut rentrer. Nous avons cent mètres à traverser sous les boules de magies et les tirs ennemis, mais un ou deux devraient survivre… Et lorsque nous arriverons à l’intérieur ? » « - Ce sera pire » l’avisa simplement Kirla. « Ces renégats ont eu des siècles pour s’entraîner… » « - Justement, ils doivent bien s’essouffler, depuis le temps… » « - Bien au contraire » conclut Malar. « - En clair, il nous faudrait un miracl’ » soupira Arthur. « Mais j’ai cessé d’espérer. » « - Tu as tort, » annonça dans son dos une voix qu’il reconnut aussitôt ! « L’espoir n’est jamais vain, il faut toujours persévérer, envers et contre tout ! » « - Mav ! Mais comment ? » « - J’ai aussi entendu l’appel d’Iliaron. Et puis, perdu pour perdu, autant défier l’ennemi que de s’enfoncer inutilement dans la forêt. » « - Toi tu saura nous pondre un vrai plan de bataille ! » « - On verra ça en temps utile… Qui sont ces gens ? » Mav désigna Malar, Auror et les soldats du doigt. Kirla fit brièvement les présentations, et termina par le mage. « - Ce ne serait pas un Lanceur ? » questionna à tout hasard Mav. Geoffroy s’esclaffa, avant d’acquiescer. « - A le voir seul sans ses pairs, j’imagine qu’il est parti pour montrer aux autres tout ce dont il est capable. Mais il tremble de toute part. Dis-moi, Malar, n’aurais-tu pas peur ? » « - Mais comment ? » s’étonna le mage. « - J’ai amené du renfort ; il m’a suffi de discuter un peu » se moqua Mav. Kikaï sortit de derrière un arbre, suivi de huit autres magiciens. « - Seul, je ne vaux rien ; avec eux neuf, nous avons nos chances. » « - Nous voilà maintenant dans la même galère, Malar » commença Kikaï, « mais nous lutterons mieux unis que dispersés ! » « - Vous vous êtes rencontrés par hasard, vous et cet homme ? » « - Pas du tout ! Il a de suite deviné qui nous étions réellement ; il est impressionnant ! » « - Ce n’était pas très dur, » corrigea aussitôt Mav, « pas un Ath n’a remarqué que je rentrais dans la colonne, et vous étiez le seul groupe qui semblait plus attristé qu’euphorique. Une fois que j’ai entendu le nom d’Iliaron, j’étais fixé. Il faudrait surtout remercier ce lieutenant, Likal ! » « - Ainsi il a tenu sa promesse. » Malar sourit enfin. Ils étaient dix Lanceurs ; enfin ils avaient une chance. Faible, sûrement inespérée, mais présente tout de même ! « - Nous sommes, d’après les Lanceurs, à moins de cinq lieues du refuge des renégats » leur apprit Mav. « - Et la colonne ? » s’enquit Arthur, craignant pour Foy. « - Certainement déjà sortie de la Loriath à l’heure qu’il est. Mais nous devions faire un choix, espérons que ce soit le bon. » « - Un ami contr’ des centaines d’ vie… » « - Du sort de votre ami dépend celui de la Loriath, voire du monde » les avisèrent Kikaï et Malar. « - Quel est le plan, finalement ? » « - Laissez-moi un instant. Et avançons, j’aimerais autant attaquer de jour… » Ils se remirent à trotter, pendant que Mav discutait avec chaque elfe, jugeant au mieux des capacités de chacun. Il lui était dur d’écouter sa raison, sentant sa haine refluer à chaque instant. Cependant, jamais sa sagesse ne l’avait trahie, la fureur avait à contrario anéanti plus d’une existence. Finalement, il déclama à tous : « - Puisque nous connaissons, en fait, bien peu de choses du nombre des ennemis et de leur puissance, le plan doit être au plus simple. Les Lanceurs, vous vous concentrez sur leur magie défensive, tout en restant caché derrière des troncs. Pendant ce temps, Auror, accompagné de quatre soldats et Geoffroy, avancent à couvert. Leur magie ne stoppe pas les flèches, tuez en autant que vous le pouvez. Espérons que cela affaiblisse leur défense… Une fois que vous avez atteint l’entrée, tenez-là. Tous les autres, nous arrivons par l’autre côté, en tirant autant que possible. S’il y a un blessé, Gontrand et Arthur le ramène aux Lanceurs, qui soignent. Une fois à l’intérieur, Auror essaie de nous guider jusqu’à Iliaron. » « - Et contre l’ennemi ? » demanda un des Aths. « - Seul Kirla pourra nous sauver… » Puis, avec un regard appuyé en direction de Malar et de Kikaï, Mav demanda : « Tous d’accord ? » « - Disons que oui » grommelèrent-ils. Geoffroy s’approcha de Mav, et lui confia à voix basse : « - N’empêche, je me demande vraiment s’il est utile de s’en tenir à un plan de bataille, de toute façon l’ennemi va nous écraser comme un vulgaire moustique. » « - Je sentais que tu n’étais pas bien, et que tu cachais ton pessimisme derrière un masque de combativité. » « - Je pensais être meilleur acteur que cela… » « - Un ami ne peut jamais en tromper un autre ! Allez, sois plus optimiste, et tu verras que tout s’arrangera. » « - T’as raison. Ca nous sert à rien de nous en tenir à un plan de bataille, de toute façon on les écrasera ! » « - Ah, je te reconnais enfin. Voilà le Geoffroy incisif et cynique avec qui je suis ami ; et non ce faiblard peureux ! Rassure-toi, nous avons une chance ! Certes très faible, je ne te le cache même pas, mais présente. Pour la saisir, il faudra cependant combattre au mieux ! » « - Dans ce cas, je sens que je vais être courageux comme jamais par couardise, j’aurais bien trop peur d’échouer et de mourir ! » Mav rit à ce trait d’humour. En retour Geoffroy adressa enfin un timide sourire. * * * « - Et bien, il faut croire que personne ne viendra jamais à ta recherche » se moqua Anar, couvert d’une cagoule verte. « A l’heure qu’il est, ils ont déjà du faire tes funérailles. » « - Vous êtes abjects ! » beugla Iliaron. Il voulut lever son poing, mais ses poignets liés l’en empêchèrent. « - La vie m’a façonné comme je suis. Mon but vaut bien la mort de quelques uns. Après cette guerre, tu verras comme le monde sera beau ! » « - Tout ça pour une vengeance, car vous avez été matés par les hommes » se moqua le Lanceur. Iliaron comprit qu’il avait touché au but lorsque l’agresseur frémit. « - Ils paieront leurs actes ! » « - Vous êtes devenus comme eux ! Vils, prêt à tuer des innocents… » « - Aucun humain n’est pur ! » claqua Anar. « Ils sont coupables par naissance, coupables de leur passé et de leurs ancêtres ! » « - En suivant cette logique, il est donc pire d’avoir des aïeux tueurs, que d’être soi-même un tueur… » « - Je ne tue pas, je purifie ! » « - Vous croyez purifier, en réalité vous détruisez. Est-ce réellement un monde sain qu’un globe noirci par les cendres, où toute vie est impossible, un monde où les nuées ardentes ne cessent que pour découvrir un ciel vidé de toute étoile, un lieu où jamais plus les plaines ne ressentiront le galop d’une biche ou la caresse d’un serpent et où les cascades tumultueuses ne s’abattront jamais plus contre les rocs dressés… » « - Je ne détruis pas la sainte nature, mais les hommes ! » le coupa Anar. « - Un monde » continua Iliaron, levant la voix, « où plus un elfe ne pourra jamais prodiguer à l’Esprit sa passion ; Il mourra dans les scories de la Loriath. Les Aths préféreront décéder avec leur trésor que d’accepter le commandement de renégats ! » « - Qu’en sais-tu ? » « - J’ai déjà vu ce monde en songe. Des cadavres avançant en file indienne sur les sols dévastés d’un monde en flammes, quémandant pitance aux dieux infernaux. Ce monde était Esserpa ! » Un coup de poing rageur fit taire brutalement Iliaron. * * * La compagnie était en vue du Refuge. Un vaste arbre qui dominait ses congénères par sa stature et ses branches solides. Autour pourrissaient les troncs et s’affaissaient les branchages, empoisonnés par l’engeance maléfique. Kirla se pinça les lèvres : s’il avait précédemment écouté Iliaron, rien de ce cauchemar ne se serait produit… Son ami l’avait prévenu que la maladie qui étreignait tous ces arbres était anormal, et qu’il fallait enquêter toujours plus en avant. Il n’avait écouté que sa peur et sa répulsion. Et tandis que lui, le lâche, était toujours libre, le téméraire se trouvait emprisonné. Pour tuer l’ennemi, ils avaient surtout besoin d’Iliaron, de sa puissance, de sa détermination… Et lui qui l’avait laissé partir. « - L’heure n’est pas aux regrets » murmura Auror, qui avait clairement senti le changement d’attitude de l’elfe. « Nous allons le délivrer, votre ami, mais nous avons besoin de chaque bras, surtout du votre si j’ai bien compris ! » « - J’espère vous être utile… » « - Si vous, l’instigateur de ce raid, doute ; alors nous qui vous suivons nous… » « - Je suis désolé, n’ayez nulle crainte » se rattrapa Kirla, qui n’avait aucune envie de voir partir en débandade la dizaine d’Aths qu’il avait forcé à venir. « Je pensais un peu trop à mon ami et me demandait s’il était en vie. Plus que jamais, nous pouvons tuer son agresseur ! » Et même s’il n’y croyait que peu, il parvint à convaincre Auror par sa sincérité affichée – ici une sincérité hypocrite. Cependant, tant qu’Iliaron était prisonnier, il se battrait jusqu’au bout ! Kikaï les fit alors tous s’arrêter, et pointa droit devant lui. « - Vous voyez ce gouffre noir ? C’est l’entrée par laquelle ces pirates d’elfes entrent. Si vous forcez vos yeux, vous devriez voir un léger rideau blanchâtre, leur défense magique. » Seuls Kirla et Geoffroy parvinrent à la discerner, et leur première réaction fut spontanée : « - Elle est toute fine et… » « - Mais d’une puissance inouïe » les coupa dans leur enthousiasme Malar. « Vous voyez le cadavre là-bas ? » Il montra le tronc d’un Gardien de la Forêt. « Lui n’a pas pu le forcer. » « - C’est là que de bêtes pointes au bout de morceaux de bois sont plus utiles que toutes les boules magiques. » se moqua Geoffroy. Il continua bien plus sérieusement. « Si l’on tue assez de renégats, leur défense faiblira-t-elle ? » « - Probablement… Je ne vais pas vous expliquer tout en détail… Pour faire simple : le sort est lié à une personne – sûrement l’ennemi – mais puise sa ressource chez tous les autres renégats. » « - Parfait, j’aurais au moins le sentiment d’être utile ! » « - A vous de jouer maintenant. » « - A vous de nous préparer une merveille d’invocation ! » Sur cette dernière parole, les trois groupes se formèrent. La dizaine de mages resta sur place, tandis qu’Auror, Geoffroy et quatre soldats partaient sur la gauche, et les autres contournèrent entièrement le Refuge jusqu’à arriver derrière. Lorsque tous furent en place, Geoffroy encocha une première flèche, et visa soigneusement un de ces renégats qui scrutait l’horizon à la recherche de possibles ennemis. S’il savait… La corde claqua, et la flèche se ficha dans le torse de l’ennemi. En un dernier cri d’agonie, ce dernier traversa les feuillages denses pour s’écraser à terre. Geoffroy plongea aussitôt derrière un nouveau tronc, tandis qu’une volée de traits s’abattait dans sa direction. Tous les elfes s’étaient retournés vers lui. Quelle erreur… » Un moment de silence matérialisa cette mégarde. Tournant rapidement la tête, Geoffroy vit trois corps tomber. Un malaise certain envahit les adversaires, qui s’entre-regardèrent sans comprendre comment, dans toute leur puissance, ils pouvaient ainsi être dévastés. Geoffroy tira, toucha un nouvel ennemi, puis s’élança de toutes ses forces à travers les arbres. Les flèches le poursuivaient tels les abeilles à l’encontre de l’ours voleur de miel, sans jamais – et heureusement – le toucher. Soudain, les tirs cessèrent : les deux groupes venaient de tirer une salve mortelle. Geoffroy eut la présence d’esprit de se cacher tandis qu’une boule de feu s’écrasait à l’endroit même où il se tenait l’instant d’avant. La donne était désormais claire : leurs adversaires élevaient leur niveau d’attaque ; eux ne pouvaient rien faire. Alors qu’un nouveau globe magique allait trouer le tronc pourri derrière lequel Geoffroy se sentait en sécurité, Arthur sortit de sa cache, tira au hasard, et servit de diversion. La boule le manqua, frôlant sa manche droite qui s’embrasa. Un instant désorienté, il jeta son habit en flammes. Ce fut bien assez pour qu’une flèche se plante dans son épaule exposée. Il fut projeté en arrière dans ce qui avait dû être des buissons, puis récupéré par Gontrand qui le glissa avec force à l’abri d’autres pointes mortelles. Geoffroy s’échappa de son abri et courut vers le blessé ; lorsqu’il arriva, l’alité laissa échapper de sa bouche cette parole, en même temps qu’un filet de sang. « - Et dire que ce matin j’ai rêvé de bière… Si j’avais su. » Ses bras tombèrent alors mollement à ses côtés. « - Toujours aussi excessif cet Arthur » lança, exténué, Geoffroy. Se penchant, il annonça : « il respire encore, il est juste évanoui. Faut l’amener aux Lanceurs. » Sitôt dit, Gontrand posa le mastodonte sur ses épaules, et s’éloigna du Refuge en direction des mages. Les renégats n’attendaient que cela, et une sphère blanche grossit devant la main d’un d’entre eux. Geoffroy siffla de toutes ses forces. Par chance, Malar réagit aussitôt, et lança une vaste pelote aux fils incandescents en direction des branchages. L’attaque ne traversa certes pas la défense magique, mais la déflagration s’enroula un instant autour des elfes maudits, qui perdirent concentration, et par la même leur sortilège. Ainsi Gontrand put arriver sans mal aux Lanceurs, et posa le corps d’Arthur à terre. Avant même que Geoffroy ne leur explique la situation, la flèche était retirée et la blessure cicatrisée. « - J’avais craint une blessure plus grave, ce n’était vraiment rien » leur apprit Kikaï, en se relevant. « - Vous en êtes sûrs ? » s’inquiéta Gontrand, pâle. « - Certain, sinon je n’aurais même pas eu besoin de l’endormir pour lui retirer son trait… Mais mieux vaut qu’il reste ici et se repose, il est encore faible. Maintenant laissez-nous continuer notre attaque. » Les deux hommes commencèrent à regagner leurs positions, qui s’étaient considérablement éloignées depuis que leurs ennemis ratissaient les alentours de boules de feu – à l’exception de trois soldats elfiques dont les corps sans vie étaient restés à l’avant. D’ailleurs, l’une se formait entre les mains d’un des renégats. Avec célérité, Geoffroy attrapa son arc, encocha une longue flèche, et, visant à toute vitesse, lâcha son trait. Celui-ci fit mouche, et l’elfe agonisant ne put maintenir son emprise sur son sortilège, qui explosa en plein milieu de ses congénères. Des corps noircis, réduits à l’état de cendres, retombèrent entre les branches. Les attaques cessèrent brusquement, tandis que les ennemis vomis des différents trous dans les branches commencèrent à reculer vers un tronc protecteur. La ligue des hommes et des Aths choisit ce moment pour sortir à découvert, et lancer une nouvelle volée à l’encontre des renégats, qui s’écroulèrent en un puissant râle. La terreur remplaçait désormais l’angoisse. Des arcs étaient lâchés, et ces êtres qui n’avaient jamais connu de défaits en plusieurs siècles de combat se débattaient pour regagner au plus vite le Refuge salvateur. Profitant de cette confusion, les Lanceurs résorbèrent un instant le sort défensif, et une gigantesque boule de puissance partit d’on ne sait où s’échoua contre le tronc, et souffla tous les ennemis qui n’avaient eu le temps de gagner un refuge viable. Les cadavres tombèrent par grappe. Les Lanceurs exténués ne purent maintenir plus longtemps leur invocation, et le mur de magie se reforma, qui sembla encore plus fin que précédemment. Dans les veines magiques se décelaient désormais des signes flagrants de faiblesse. « - En cet instant, tout se joue ! » lança Geoffroy, qui comptait profiter de l’absence de tireurs ennemis pour pénétrer dans les boyaux obscurs. « - Pas encore » l’avertit un Malar concentré. * * * Iliaron n’émergeait que maintenant de la brume envoûtante de l’inconscience, pour se découvrir dans les ténèbres d’une salle. Face à lui, un être qu’il reconnut de dos comme étant Anar était penché sur une préparation. Lorsqu’il se pencha pour prendre un ingrédient, Iliaron retint son souffle. « - Imladrik ! » « - Ah, tu te réveilles enfin. C’est bien, très bien. Se réveiller pour s’endormir pour toujours ! Bientôt tu rejoindras les autres ! » « - Comptes-tu donc être perçu par un tyran par tout ton peuple ! Nous avions tous confiance en toi ! Nous avons attaqué Mor pour toi, nous avons détrôné Malak pour toi ! » Iliaron jouait ici son va-tout. Avec pour unique espoir : perturber assez Imladrik pour qu’un miracle survienne. « - Et bien il fallait réfléchir et ne pas suivre aveuglément votre chef » éructa Imladrik alias Anar. « Mais, vois-tu, tu es seul, aucun ami pour te sauver. Jamais personne ne saura… Tu emporteras avec toi le secret de mon existence dès que j’aurais fini cette potion. » Un renégat déboula dans la salle, et cria : « - Chefs, nous sommes attaqués ! » « - Placez-vous sur les branches et tuez-les ! » gronda Imladrik. « - C’est que » commença Mälthion, hésitant, « nous avons eu un problème, et de branche il n’y a plus… » « - Comment ? » tonna Anar. « Alors utilise les défenseurs et lance un raid ! » « - Il n’y en a plus non plus… » Mälthion chercha à se faire le plus petit possible ; ce ne fut pas suffisant : son chef le foudroya, et beugla : « - Envoie tous nos soldats combattre, tous ! Quand à toi, reste en retrait et protége cette entrée ! Mälthion, tu ne m’a jamais déçu, que cela continue ! Talka mort, et Folgiwe absent, il ne me reste que toi ! Alors sois bon ! » « - Comptez sur moi, chef ! » Le félon s’éloigna en courant de la salle, soulagé de ne pas avoir subi une colère démesurée. Cependant le châtiment après la victoire serait terrible ! Iliaron profita de cet échange pour regarder les liens qui retenaient ses jambes et ses poignets. Une fine corde argentée le ligotait prisonnier. Il avait beau tirer, elle ne cédait pas du tout. Il aurait donc besoin d’une lame pour se libérer… Et dans ce qui lui semblait être l’estomac d’Althior, dans les furoncles de la terre, où chaque ennemi possédait sur lui pléthore d’objets coupants, pas un seul ne traînait à terre… Imladrik se tourna lentement vers Iliaron. A part ses articulations qui blanchirent contre le manche de son épée, il semblait parfaitement calme. « - Tes amis veulent donc te sauver. Et ils semblent malheureusement aptes à y parvenir, et à réduire à néant des siècles de lutte pour les Aths. En nous détruisant, ils se détruisent en même temps… » Le traître marqua une pause, tout à ses souvenirs. « Enfin, leur entreprise ne débouchera que sur ta mort. Jamais je ne me pardonnerais si par mégarde je procurais du bonheur aux hommes et à ces traîtres elfiques ! » « - Non ! » hurla Iliaron. Sa terreur avait fait place à une horrible lucidité. Il allait mourir des mains même du chef pour lequel il serait mort. S’il voulait survivre, il devait gagner encore du temps… – et ce serait d’autant plus dur que désormais Imladrik savait lui aussi que son temps était compté - et espérer que ses amis se dépêchent. Toujours voir son ennemi pour prévoir une quelconque attaque, et profiter de la moindre erreur adverse. Même si lié comme il était, l’esquive était mal aisée – l’attaque pis encore – cela était la seule solution. « - Vois-tu » continua Imladrik, qui savourait pleinement la vive terreur de sa victime, « toi et tes amis ont commis l’erreur de me faire confiance depuis le début. Nous vous avons manipulé sans mal, surtout ces idiots d’hommes. Ils ne savent pas ce qu’ils trouveront ici… Je crains que cela fasse drôle à Kirla quand il découvrira la réalité ! » Son sourire fit place à un rire moqueur. Iliaron déglutit péniblement, comprenant parfaitement. Sa toute première hypothèse, qu’il avait rapidement chassé après leur fuite de Skefoy, se trouvait avérée… Kirla devra tuer son propre père ! « - Trêve de bavardage, il faut bien que je te tue maintenant, tu ne penses pas ? » Ilia n’eut le temps de se baisser, et il reçut un violent coup de pied dans la mâchoire. Sous la douleur, et à moitié sonné, il ferma un instant les yeux, qu’il rouvrit de suite. Cette mégarde aurait pu valoir cher… Son ennemi avait disparu ! Un rire retentit derrière lui, un rire qui aurait pu être émis par les miasmes mêmes des mânes d’Althior. Ses amis n’arriveraient jamais à temps, comprit Iliaron. « - Adieu » souffla doucereusement Imladrik, avant d’abaisser vivement sa lame… Mais elle ne rencontra aucune résistance, et vint se planter dans le sol, à l’endroit même où se tenait la nuque d’Ilia. Surpris, Imladrik accompagna le mouvement de sa lame, et bascula au dessus de son épée. Il n’en fallait pas plus à Iliaron, qui tendit en même temps ses deux jambes et donna un violent coup dans la tête d’Imladrik. Puis, roulant tant bien que mal jusqu’à l’arme de son parjure de chef, il commença à faire glisser la corde qui enserrait ses poignets contre la lame. Le sang coulait désormais à flots constants, et Iliaron serrait les dents, avec pour seul espoir d’enfin venir à bout de la résistance acharnée de ce bout de ficelle par trop résistant. Imladrik était encore évanoui. Cependant, des bruits de pas précipités se faisaient entendre dans les couloirs, de plus en plus proches. Simples échos, ou bien ennemis ? * * * Un flot d’ennemis sembla dégouliner de l’entrée du Refuge. Une centaine, peut-être plus, bien trop, même pour des guerriers aussi valeureux que Gontrand ou aussi rusés que Mav. « - Et que compte faire maintenant Malar » s’inquiéta Geoffroy. « - Ils font une erreur : ils s’exposent. » « - Et mon plan magique va nous sauver » se vanta Mav tout en pesant ses mots. Comme pour confirmer ses dires, un arbre verdoyant détacha ses racines de l’emprise du sol spongieux, et s’avança en direction des renégats, qui s’arrêtèrent net dans leur assaut, et lorgnèrent sur la protection magique, une cinquantaine de mètres derrière eux… « - Cet arbre marche ! » s’éberlua Geoffroy. « - Il n’était pas là auparavant » fit remarquer Gontrand. « - Un Gardien ? » murmura Kirla. Mav acquiesça. « - Nous sommes sauvés ! » Tous reportèrent leur attention vers le combat décisif qui allait se jouer. Le Gardien s’était interposé entre l’entrée du Refuge – et une réelle protection – et les félons. Les plus fous décochaient de nombreuses flèches inutilement contre le tronc, tandis que d’autres légèrement plus censés lançaient des boules de feu, qui n’atteignaient jamais l’immense Gardien. Enfin, la grande majorité se cachait derrière les attaquants. Une balle de feu commença à germer devant le tronc, boule qui atteignit bientôt une taille démesurée. Des lézardes orangées crépitaient, mais le Gardien maintenant son emprise magique. Les branches étaient éclairées et rougeoyaient, tandis que les feuilles brûlaient sous la chaleur. En un hoquet de terreur des renégats, la sphère fut lâchée. Elle traversa plusieurs troncs pourris, avant de s’abattre de plein fouet contre les elfes maudits. Aucun n’eut même le temps de crier de douleur, réduits instantanément en scories. La boule implosa, et déversa ses flammes ardentes alentour. Ces dernières contournèrent et les Lanceurs et les hommes et elfes comme par magie – et c’était d’ailleurs le cas. Enfin, le cataclysme cessa soudainement. Sur plusieurs centaines de mètres, les arbres avaient brûlés, et seul une plaine noircie restait. Même le Gardien était tombé dans son propre sort. En effet, Les huit Lanceurs n’avaient pu créer une bonne protection contre le sortilège combiné de Kikaï et de Malar, et avaient préféré se sauver eux-mêmes que l’arbre magique. « - Les embûches germent des pas d’un Gardien » souffla Kirla, éberlué par la puissance de l’attaque. « - Ils n’ont pas à se plaindre » rétorqua Geoffroy. « On a réservé à des traîtres comme eux un bûcher funéraire comme dans leurs coutumes ! » Kikaï et Malar opinèrent, avant de s’écrouler de fatigue. De même, les huit autres Lanceurs ne semblaient pas frais. Kirla prit aussitôt le contrôle des initiatives. « - Que deux soldats restent à veiller sur eux. Auror, tu pars directement devant. Nous te suivons à distance, et dégageons ton chemin de retour. » Dégainant ses deux dagues, il cria : « en avant ! » * * * Iliaron parvint enfin à libérer ses mains endolories de leurs liens, et coupa ceux retenant ses jambes au moment même où un félon apparaissait dans la salle. De tout ce qu’il venait y faire, manifestement il ne s’attendait pas du tout à découvrir un ennemi. Et c’est ébahi qu’il reçut l’épée au milieu de son corps. Rapide comme l’éclair, Iliaron s’élança en avant, retira la rapière du corps chutant, et décapita un nouvel ennemi avant d’enfoncer l’arme dans le dos du dernier renégat. Aucun n’avait eu le temps de pousser le moindre cri, pas même un gargouillement ! Il était donc sauvé ! Euphorique, il ne se soucia pas de retirer la lame du corps du félon, et regagna la précédente salle pour tordre le cou à son ancien chef. C’est alors qu’il le vit, debout, arme pointée dans sa direction. Iliaron déglutit de surprise. La joie était très mauvaise conseillère ! Imladrik commença à s’avancer résolument vers l’elfe paniqué. Sans réfléchir, Iliaron se pencha, esquiva un coup maladroit, et plongea dans le recoin où le traître préparait des potions. Se saisissant d’un chaudron, il le brandit en avant, et para un coup. Le choc se répercuta jusque dans ses bras, mais il tint bon, contrairement à Imladrik, qui lâcha l’arme après avoir frappé de toutes ses forces. Avec un moulinet, Iliaron balança le chaudron dans le visage du félon, qui fut projeté plusieurs mètres en arrière, puis ramassa la dague. « - Tout est fini désormais. Encore une fois, tu as perdu » annonça-t-il à son ennemi évanoui. * * * Le groupe ne lutta que contre une résistance sporadique, qui à aucun moment ne fit douter les amis. La majorité des renégats préférait abdiquer et se rendre que de mourir. A un moment donné, ils arrivèrent à un embranchement, et trois directions s’offrirent à eux. Kirla était sur le point de diviser leur bande, lorsqu’Auror surgit. « - Tout droit. Les autres mènent à des couches, il y a encore des ennemis prêts à combattre là-bas. Dans ce couloir n’en est qu’un, sans arme. » Kirla acquiesça, puis s’avança jusqu’à la rencontre du renégat. Celui-ci, sans trembler, s’inclina. « - Je me présente : Mälthion. » Kirla ressentit au fond de lui un sentiment vague. « - Je vous reconnais… » « - Certainement. C’est moi qui ait administré la potion à l’homme dont vous partagez quelques souvenirs. Mais il est trop tôt pour parler de cela, Anar maintient votre ami prisonnier, et peut le tuer à tout moment ! » « - Et pourquoi devrions-nous vous faire confiance ? » hacha Geoffroy, sentant la haine refluer en lui. Ce renégat les avait séparé de Kev ! « - Car nous n’avons nulle autre piste. Auror, veille sur lui. Les autres, on court » s’exclama Kirla. « - Faites attention, il est très puissant ! » lança Mälthion. Lorsqu’ils débouchèrent dans la salle, armes défourrés, ils découvrirent avec joie leur ami menacer Anar. Cependant, passé cette joie, reconnaître Imladrik – et comprendre que tous les elfes avaient aidé les traîtres – les bouleversèrent. Lentement, leur chef déloyal se releva, et leur fit face. « - Il faut croire que vous êtes tous là pour le bal final. » « - Tu es battu, anéanti. Et bientôt tu vas mourir ! » « - Les idées ne meurent jamais. Leurs opposants toujours ! » Tendant le bras, une vague de puissance projeta les amis en arrière, se fracassant contre des étagères emplies de potions. Iliaron voulut invoquer un contre-pouvoir, mais l’Esprit ne parvint pas à entendre sa requête, et il resta une seconde le bras tendu, en vain. « - Mauvaise magie » se moqua Anar en levant les deux bras, et en les abaissant brusquement. Une boule de feu parcourut la salle et embrasa deux soldats qui n’avaient pas eu la présence d’esprit de se baisser. Kirla s’avança. Pour la première fois, il se sentait terriblement fort, en mesure de lutter avec l’ennemi. « - Quel dommage, je vais être obligé de te tuer avant que tu n’aies vu ton père ! » « - Ne l’attaquez jamais ! Et dire qu’il vous considérait comme un ami ! Traître ! » tempêta Kirla. « - Oh, mais il était un ami. C’est plutôt toi qui n’aurais jamais dû le considérer comme un père… » Finissant sa phrase, il lança un nouveau globe de feu contre Kirla. Ce dernier eut juste à tendre la main, et la boule lévita à quelques centimètres de sa paume. D’un geste rageur, il la renvoya vers l’envoyeur. Imladrik plongea en catastrophe. Stupéfait, Kirla regarda ses paumes, ignorant comment il avait réalisé ce prodige. Sur le coup ça avait été naturel. Sans perdre en apparence de sa superbe, Imladrik se releva. « - Je vois que tu as appris à maîtriser les invocations de Mirgandas. J’avoue ne pas m’être attendu à cela. J’ai bien dû te transmettre une part de mon pouvoir ce jour-là… » Il fit mine d’être songeur, et lança une sphère fulgurante contre Kirla. Ce dernier n’eut pas le temps d’entamer le moindre geste, et pourtant le sort rebondit contre son corps, pour être dévié de justesse par Imladrik. La boule disparut dans le couloir. « - Stupéfiant ! » remarqua Imladrik. Brusquement, il bondit vers Kirla, une dague dans chacune de ses mains. Puisqu’il ne pouvait tuer sa victime par magie, une lame ferait aussi bien l’affaire. C’était sans compter les années d’expérience de Gontrand, qui bondit en avant, arracha les lames des mains du traître et l’envoya paître plus loin. Kirla mit à profit ces secondes de répit pour pénétrer dans l’esprit d’Imladrik. Alors que le cerveau de ce dernier lui commandait de se relever, Kirla le fit au contraire tomber, puis se rouler par terre, et enfin s’assommer soi-même d’un coup contre la paroi. « - Je ne comprends plus grand-chose » s’interloqua Geoffroy. « - J’exploite simplement ses faiblesses » se moqua Kirla, encore stupéfait d’avoir maté son ennemi. « Il ne reste plus qu’à le ligoter ! » « - Alors c’est fini ! » se réjouit Geoffroy. « - Pas encore. Cela ne fait que commencer. Nous venons de gagner la première bataille, mais il nous reste toute une guerre ! » Kirla s’avança vers Imladrik, le releva et d’une baffe le ranima. « - Un geste et tu es mort ! » l’avertirent Gontrand et Geoffroy, épée bâtarde défourrée et flèche encochée. « - Que compte faire mon p… Kirtën ? » « - Et tu crois que je vais répondre ? » éructa Imladrik. « - Ce n’est pas vraiment un problème… » Gontrand donna un coup de pommeau au sommet du crâne de leur ennemi, qui s’évanouit à nouveau. Une nouvelle fois, Kirla usa de ce lien l’unissant à son pire ennemi, lien qu’il maîtrisait bien mieux lorsqu’il se trouvait proche d’Imladrik, pour trouver la réponse. Chancelant, il se résigna : « - Attaquer Skefoy. » Il s’avança vers un flacon contenant une potion jaunâtre, et la vida sur la tête du félon, qui s’ébroua. « On repart, et on t’amène. A la moindre tentative de fuite, je t’annihile et Gontrand te tue, compris ? » L’agresseur ne put qu’acquiescer, avant d’être traîné en avant sans douceur par le soldat. « - Qu’est-ce que… ? » gémit faiblement Imladrik, tournant un œil hagard vers Kirla. « - Je retirais votre protection » lui apprit ce dernier en rouvrant ses yeux. Puis, nonobstant l’ennemi, il s’engagea dans le sombre tunnel. Une fois hors du Refuge - qui tenait désormais plus d’une prison pour les occupants que d’un vrai abri - Kirla s’approcha des mages, ainsi qu’Auror et sa prise. « - Mes amis Lanceurs, vous allez rester ici, et veillez à ce qu’aucun renégat ne sorte. Sans défense, cela ne devrait pas vous poser problème. Auror, tu les aideras dans leur tâche, garde avec toi les trois derniers soldats. Avec Iliaron, les hommes et nos deux prisonniers, je pars arrêter… mon père » finit-il avec une grimace. Etonnamment, Mälthion se trouva presque plus mal à l’aise que les compagnons de Kirla. « - Alors en route, et arrêtons Folgiwe » murmura ce premier. « - Tu nous a trahi ! Et dire que j’avais confiance en toi ! » cracha Imladrik. « - Désolé Anar, mais tu étais plus humain qu’elfe… Votre séjour en Soleilla vous a changé. Depuis le début je me méfiais de cette magie de l’Aube et de ce Mirgandas, il vous a détourné le cœur… Heureusement, jamais je n’y ai pénétré et j’ai gardé le cœur pur ! » « - Oh la ! » s’interposa Geoffroy. « Les deux traîtres là, vous ferez votre ménage ailleurs ! Maintenant on s’en va ! » Imladrik lui décocha un regard noir, tandis que Mälthion se baissa et obéit comme un chien battu. Et bien, vous n'espérez tout de même pas que je fasse le plan de lecture si proche de la résolution finale . Allez, quand même, je clarifie une chose: la boule de feu qui tue les renégats dans l'arbre provient du Gardien. Iliaron Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 11 juillet 2006 Partager Posté(e) le 11 juillet 2006 une quinzaine d’elfes avançaient à un rythme soutenu Accord Donne lui deux journées de vivres Donne-lui ; j'aurais mis 'jours' Geoffroy s’étrangla se surprise, et nuança 'de' et leur hôte nouvellement arrivée Masculin mais jamais ses crocs n’ont semblé si inéluctable Inéluctables je ne lui excuserait jamais un seul de ses act Accord Mon frère s’est certes sacrifiée signes avant-coureurs Un sain d’esprit ne Majuscule ? Tiens entre les fautes, je vais raconter deux trois trucs Donc le début est pas mal, nouveau compagnon qui s'integre assez vite J'en suis au passage avec le plan d'action qui fait assez sketch d'ailleurs J4ai eu un beau sourire $ Tu ne nous oublierai pas un peu par hasard Accord . « Alors, que savez vous Tiret Quand à moi, j’arrive plutôt bien à m’infiltrer Quant Toi tu saura nous pondre un vrai plan de Accord il m’a suffi de discuter un peu » Accord Pas mal aussi le passage où il se fait tabasser même si je trouve que Illiaron reste assez poli enfin de compte jamais connu de défaits en plusieurs siècles Il manque un 'e' éructa Imladrik alias Anar Quand à toi, reste en retrait et protége cette entrée ! Mälthion, tu ne m’a jamais déçu, que cela cont 'Quant' ; Accord lorgnèrent sur la protection magique Pas sûr du 'sur' les arbres avaient brûlés, Pas d'accord Le duel, qui se finit pas franchement en duel d'ailleurs..., est bien décrit Je suis juste étonné que la premiere boule de feu fasse pas plus dégats Sont dans un arbre quand meme ^^ Bon sinon c'est pas mal, ca touche lentement a sa fin Par contre, j'ai mis le temps pour lire Surtout aussi tard Post moins mais régulièrement hein En plus, j'ai eu le regard malheureux et découvert que Nedi a un frère, cela otera bien du suspense Bah c'est pas là où il y avait du suspense Par contre, va falloir éviter les commentaires du moment parce que là c'est important !!! Bref ! Encore @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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