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Les sept compagnons


Iliaron

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L'introduction est plus subtile, inquiétante et angoissante que dans la première version (en plus d'être suffisamment courte pour m'avoir permis de la lire :lol: ).

Il me semble toutefois qu'il reste une certaine quantité de "il" et "ils" qu'il doit être possible de diminuer par divers stratagèmes, encore que ça ne soit pas obligatoirement nécessaire.

Mon principal soucis vient de:

Il se jura que le tueur périrait d’une de son propre meurtre.

Le sens reste ambigu, même si juste grammaticalement. Un "il se jura que le tueur périrait par l'arme de son propre meurtre" ou "il se jura que le tueur périrait par la pointe même qui avait transpercé son ami" aurait mieux concenu. Maintenant, c'est peut-être une question de goût, mais le "une" sous-entendu "une flèche", me semble trop vague dans ce contexte, et la phrase perd ainsi de son impact (vu que par la suite ça doit avoir une certaine importance).

Il se souvint du jour où il l’avait rencontré, et s’était juré de ne jamais l’abandonner, et d’être prêt à donner sa vie pour lui. Mais il était mort.

C'est un peu subjectif, mais il aurait fallu développer un peu le "mais il était mort", car là ça n'a que peu de sentiment, surtout que le récit est très rapide. Tu pourrais insinuer les regrets, augmenter le souvenir, te permettre même, durant un moment, d'égarer l'esprit du héros, et celui du lecteur, dans le royaume du souvenir avant de revenir durement à la réalité.

Cette soirée avait si bien commencée. Mais dans ce monde dangereux il suffisait d’un instant d’inattention pour être impitoyablement fauché par la mort.

Je rappelle qu'un point sert à séparer deux idées, ce qui n'a pas lieu d'être ici. De plus la phrase est, si tu me le permets, assez grossière. Il y aurait eu moyen de parler plus subtilement de la noirceur du monde, encore que celle-ci ne soit pas totalement mauvaise.

Bon, il me faut m'arrêter là (saleté de cours!!!), mais dans l'ensemble je tiens à dire que ce départ me semble bon, et que mes critiques sont, dans la majorité, très subjectives. En bref ce nouveau morceau est mieux que l'ancien, car s'attardant un peu plus sur le sentiment et aggripant un peu plus le lecteur.

Sur ce, Impe, qui a apprécié, vraiment apprécié (j'attendrais que tu aies réécris et que j'aies du temps pour lire le reste.)

ps: je vais aussi essayer, dans un avenir proche, de terminer l'expression de ma pensée...

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Franchement, c'est carement different !

Mais c'est pas mal :wink: on ressent plus les sentiments de tes personnages, c'est beaucoup plus vivant. Plus realiste donc c'est changement sont appreciable :lol:

Pas de fautes aussi donc ce ne sont que des changements poisitifs, ben que du bon, maintenant, il faut continuer l'histoire ^_^

@+

-= Inxi =-

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Pas de fautes

je réfute ! :wink:

ses yeux éclatants

éclatant puisque c'est un génitif et pas un adjectif

pourtant à plus de trente lieuses de là

petite faute de frappe pas méchante

élongé de tout son long à côté de lui

alongé plutôt non ?

Kev scruta ses yeux inexpressifs à jamais dans un atroce désespoir

des yeux inexpressifs qui expriment un atroce désespoir... ^_^

disons plutôt "ses yeux, à jamais figés dans un atroce désespoir."

La pensée de ses yeux d’ordinaire si pétillants de vie et de bonheur le figea un instant

le fit se figer, sinon ce n'est pas français

pour ses saisir

encore une petite faute de frappe

il s’était aussi jurer

juré

tous deux étaient morts

tout

Ces deux flèches avaient tués

tué

Cette soirée avait si bien commencée.

commencé

dernière remarque côté forme : la même que celle d'Impe en ce qui concerne le "Il se jura que le tueur périrait d’une de son propre meurtre."

sinon venons en aux points positifs, et il y en a !

vraiment mieux ! pas de doute la dessus !

bravo donc car tu t'es amélioré sur tous les points, la lecture est fluide, on rentre plus dans les personnages, encore que les descriptions manquent toujours un peu - à mons que ce ne soit fait à dessein ? :lol:

vivement la réécriture de la suite !

Linuath - mais bon sang où trouvent-ils le temps d'écrire et de poster à un tel rythme ??? -

Modifié par Linuath
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Voici l'intro corrigée:

EDIT du 19/11/2005: nouvelle intro

EDIT du 19/12/2005: tant qu'à faire, ajout d'un prologue :-x

Les Sept Compagnons

Partie I: Enfer

Prologue

Le soleil venait de se lever sur la cité de Skefoy et dardait les premiers rayons matinaux d’une aube lente à lever le manteau de velours noir qui dormait encore dans les ruelles. Quelques uns parvenaient à trouer la protection de la muraille, et, passant au travers des remparts, venaient se briser sur les toits, enflammant les tuiles de teintes mordorées.

Skefoy se réveillait de sa paisible nuit. Déjà quelques rares badauds apparurent au travers des rues, déambulant à pas rapides pour être finalement aspiré par une ouverture. D’autres, ivrognes, titubaient avec difficulté jusqu’à s’écrouler dans des impasses et gagner quelques heures de sommeil.

Dans une maisonnée, deux jeunes gens s’activaient, depuis longtemps réveillés. Ils analysaient avec attention divers bibelots à terre, seulement éclairés par la timide lueur d’une chandelle. Soudain, l’un d’entre eux, désirant se lever, marcha sur une épée en bois qui se brisa dans un craquement sourd.

« - J’avais cru m’être fait comprendre ! » tonna une voix au travers de la mince cloison qui n’offrait qu’une futile protection, mais qui permettait aux enfants d’être épargnés par la fureur de l’homme.

« - Oui, père, on sait » gronda Kev à son tour.

Le dénommé Kev était un enfant de seize ans aux yeux de saphirs, d’ordinaire pétillants de vie malgré le lot de souffrances que lui avait apporté la vie dès son jeune âge. Ses longs cheveux d’un noir de jais venaient s’écouler sur ses épaules en une cascade renouvelée à chacun de ses gestes. Ni grand ni petit, sa taille lui évitait de se faire remarquer, et à chaque instant il lui était possible de se fondre dans la masse des passants, le plus souvent pour éviter les ruades qu’il recevait de son père. Il n’en avait jamais vraiment su la raison, mais il se doutait en son for intérieur que sa naissance n’avait pas été désirée, et avait obligé son père à se marier à celle qui n’avait dû être qu’une conquête d’une nuit. Chaque fois qu’il se trouvait seul avec son géniteur, ce dernier ne cessait de ressasser en un leitmotiv lancinant « foutu code du mariage » et ses yeux gris s’enflammaient subitement en consumant Kev du regard.

Les joues de l’enfant étaient creusées par la colère qui le brûlait, son père ayant brisé, volontairement, il n’en doutait pas, le rêve dans lequel il se trouvait l’instant d’avant. Alors qu’il hésitait à s’énerver à son tour et à franchir l’ouverture pour se trouver face à son père, il se ressaisit et se rassit, les yeux noyés dans des larmes de colère.

« - Ferait mieux de pas exister » souffla-t-il avec rage à son ami.

« - Ne dis pas ça… Au moins tu as la chance d’en avoir un… Il me manque tant… »

Kev se mordit la lèvre suite à sa bourde, conscient qu’il était en train de gâcher leur future semaine dans la nature. Sincèrement peiné d’avoir attristé son meilleur ami, il ne put que murmurer un vague « désolé » avant de se détourner, honteux, du regard de Pierre.

« - Pas grave » murmura ce dernier, avant de s’efforcer à faire un sourire.

Le dénommé Pierre était d’un an plus jeune que son ami. Ses cheveux et yeux d’un noir ténébreux ne semblaient être que le reflet des pensées de l’enfant, vaste abyme dont la vacuité torturait Pierre à chaque instant. Ce gouffre profond et béant dans lequel toute joie chutait jusqu’à se métamorphoser en tristesse, il le possédait depuis quatre ans, date à laquelle son père avait été assassiné. Remplaçant le vide de son cœur, cette peine insondable l’avait envahi, comblant toute fissure par laquelle la joie pouvait transparaître. Il pensait tromper ses amis avec la gaieté qu’il affichait constamment, mais ce masque ne trompait que lui, ce que jamais ses compagnons n’avaient osé lui avouer, pour ne pas avoir à supporter la vue de larmes le long de ses joues.

« - Ca fera quatre ans demain… »

Kev se leva et s’assit à côté de son ami, avant de le prendre dans ses bras, silencieux. Les deux se regardèrent, avant que Pierre ne secoue la tête avant de dire :

« - Ca va aller, ça va aller… »

« - Courage, tu vas voir, on va passer une bonne journée demain ! »

« - Oui… tu as raison… On devrait peut-être se remettre à préparer nos affaires. » Il marqua une pause, avant de demander d’un air faussement enjoué : « On prend le bilboquet ? »

« - Et comment ! » répliqua Pierre sur le même ton. « Cadeau de Geoffroy, faut lui montrer nos progrès ! » Puis, sur un ton qu’il força à rendre enjoué, il continua : réfléchis-tu donc avant de demander pareilles inepties ? »

Kev eut un léger rire, puis voulut aussitôt s’arrêter, comme honteux d’oser être joyeux. Les yeux de Pierre s’illuminèrent, et pendant un instant un large soleil transparut au travers de ses pupilles, une joie depuis si longtemps enfouie qui ne demandait qu’à s’écouler telle une fontaine de jouvence dont les flots impétueux briseraient toutes traces de désespoir. Alors, Kev, joyeux comme jamais, partit en un fou rire, rapidement rejoint par Pierre, et pour la première fois l’écho candide de sa joie n’était ni forcé ni voilé par un quelconque regret.

* *

*

Richard soupira, et arracha distraitement une marguerite. Quatre ans, quatre ans déjà… Quatre longues années solitaires… Il fit tourner la tige, regardant les pétales se mouvoir en une danse effrénée. Tout comme sa vie, une flèche et elle s’écroulait, avant de se transformer en un cycle infernal… Il souffla, et, essuyant ses larmes, se laissa tomber de tout son long sur la terre meuble.

Richard était un garçon frêle de plus d’une vingtaine d’années. Ses yeux marrons avaient depuis bien longtemps perdus une vie qui l’animait autrefois avec passion, et leur teinte autrefois luisante ne semblait plus n’être qu’un tombeau, caveau d’une existence passée qui connut le bonheur. Il avait vécu heureux, et son père, terrorisé par les armes, lui avait enseigné la cueillette dès son plus jeune âge, tant et si bien qu’il s’était habitué à passer des journées entières hors du château pour se rendre dans des hameaux voisins et aider pour les récoltes, avec son père, toujours avec son père… Mais il n’était plus, enlevé bien trop tôt dans la vie, si sauvagement assassiné. Depuis chacun de ses mouvements était accompagné du souvenir de ce père aimé, et il n’avait plus réussi à esquisser de sourires, pourtant conscient que sa morosité peinait toujours ses compagnons. Il les remerciait intérieurement de tenter encore et toujours de le rendre heureux, et de ne jamais l’avoir abandonné, alors que jamais il ne leur avait montré sa gratitude… Un sourire leur aurait suffi, mais il ne parvenait nullement à l’imprimer sur son visage, ayant comme oublié les mouvements à accomplir. Parfois il parvenait à réaliser une parodie de sourire, mais toujours tellement empreinte de tristesse et de souffrance qu’à la vue de cette grimace ses amis se sentaient encore plus désespérés. Il avait aussi eu la chance d’être recueilli par le duc de Skefoy suite à la mort de son père, et il n’avait jamais été en mesure de le remercier, malgré les efforts parfois forcenés que réalisait ce dernier pour passer comme un père ; mais jamais il ne pourrait le remplacer, jamais il ne comblerait le vide de son cœur.

Percevant des bruits de pas, il sécha rapidement avec un pan de sa cape ses larmes, et se redressa, le visage toujours autant marqué par la tristesse. Il se déplaça rapidement sous l’ombre d’un chêne de manière à cacher les dernières traînées luisantes de ses pleurs. Il ne tenait pas à attrister de même ses amis et à gâcher leur semaine de balade par un mauvais présage.

Geoffroy apparut alors, contournant un tronc. Il tenait à la main un lapin mort, et Richard dénombra sept arcs dans son dos. S’avançant, l’homme décocha à son ami un large sourire, l’informant simplement :

« - Ils sont parfaits ! Vivement notre prochaine chasse ! Encore un jour à attendre. »

« - Oui » murmura tout bas Richard.

« - Ca va ? » s’inquiéta Geoffroy, lâchant aussitôt son lapin et se débarrassant des arcs dans son dos pour se pencher vers Richard.

« - Pour vous, demain c’est le début d’une semaine de vacances et de liberté… »

« - Pour toi aussi, » le coupa Geoffroy, comprenant parfaitement où son compagnon voulait en venir, mais ne désirant pas aborder ce sujet.

« - … pour Pierre et moi, ça fera quatre ans… »

Geoffroy soupira, ne sachant que dire pour réconforter son ami. Lui aussi se sentait triste, même s’il savait que cela n’avait aucune commune mesure avec celle que ressentait son ami. Il s’assit finalement aux côtés de Richard et lui confessa, pesant chaque mot avant de les prononcer.

« - Je suis sûr que… que ton père n’aurait jamais voulu… plutôt, que le vœu le plus cher de ton père était de… de te voir heureux. Je veux dire… il passait beaucoup de temps… de temps avec toi. »

Faiblement, Richard hocha la tête, et s’essuya de nouveau ses joues, à nouveau noyées sous les pleurs.

« - Ca va aller Richard. Courage, je sais que ce n’est pas facile ! »

Geoffroy s’efforça de ne pas verser une larme, afin de ne pas rendre encore plus difficile la peine de son compagnon. L’homme, de deux ans plus vieux que son ami, semblait à ses côtés très grand et large, mais ce sentiment était amplifié par la maigreur cadavérique de Richard. Geoffroy possédait de plus de longs cheveux noirs, que souvent il nouait au niveau de son cou pour ne pas entraver son mouvement lors de chasses, auxquelles la majorité de son travail était dévolu. En effet, artisan, il tenait à tester lui-même son matériel, et sous ce prétendu sérieux se cachait un véritable plaisir à traquer durant des lieux la bête à tuer, tout en admirant les gracieux mouvements de l’animal. Le jour où il avait rencontré Pierre et Richard s’annonçait comme une belle journée, et il se baladait avec Kev et Mav, jusqu’à ce qu’il rencontre à peu de distance l’un de l’autre les deux enfants en proie aux pleurs. C’était lui qui, le premier, avait vu l’état effroyable dans lequel les cadavres des pères avaient été laissés, et il s’était depuis ce jour là jurer de les protéger coûte que coûte de l’horrible sort qui s’était joué de leurs parents. Il avait alors passé une importante partie de son temps libre à leur apprendre à se servir d’un arc pour être un jour apte à se défendre, à prendre les armes et les braquer sur leurs agresseurs s’il le fallait… Depuis quatre ans il ne vivait que pour cela, défendre la vie de ses amis, et sa quête la plus profonde avait été de parvenir à décrocher un sourire sur les visages de Pierre et Richard. Pour le premier, il y était parfois parvenu, mais pour le second, une seule fois un réel soleil d’amitié avait luit : Richard avait réussi à tuer son premier lapin, et plus que l’acte en lui-même, l’idée de pouvoir s’opposer à la ronde infernale de la mort l’avait enchantée. Mais il était depuis retombé dans son incurable tristesse… Geoffroy avait beau essayer par tous les moyens possibles, allant jusqu’à passer des nuits entières dans des tavernes pour apprendre à réaliser de bonnes blagues, il n’était plus parvenu à le voir sourire une nouvelle fois.

Il rouvrit les yeux, et voyant le soleil à son zénith, souffla à Richard, prostré sur lui-même :

« - Tu veux manger un brin ? »

« - Ca devrait me faire du bien, » répondit, laconique, Richard.

Alors qu’il mordit dans la miche qu’avait emporté Geoffroy, ce dernier ne put s’empêcher malgré tout de sourire, empli d’espoir ; ils allaient passer une semaine entière hors du château, et là il parviendrait bien à arracher un sourire à Geoffroy. Où que le bonheur se soit caché, il y arriverait, il se le promettait.

* *

*

Le bâtiment, tout en longueur et possédant de très nombreuses ouvertures, tremblait à un rythme régulier. Le choc du métal contre le métal résonnait alentour, parcourant les murs en rapides vibrations tels les battements d’un cœur humain.

A l’intérieur, les hommes s’appliquaient à frapper sur les enclumes, ou bien à polir de longues et fines branches de métal jusqu’à faire apparaître un tranchant aiguisé. Pour un visiteur, nul autre bruit ne se faisait entendre que celui des bris métalliques, pourtant une douce mélodie se mouvait dans l’air, jamais interrompue par un coup plus puissant qu’un autre, gagnant en intensité à mesure que le temps passait et que l’heure de la sortie approchait.

« - Te voilà donc bien heureux, ça fait plaisir à voir. »

Mav se retourna, surpris par le regard amusé de son employeur. Il s’arrêta aussitôt de siffler une ballade, avant de s’excuser rapidement. Le patron chiqua un instant, avant de lui tapoter la tête :

« - Ca me fait rien, tant que tu bosses bien »

« - Tenez, regardez cette épée ! » s’exclama Mav, soulevant une rapière d’une enclume, et exposant le fil de la lame à la lumière des fourneaux.

« - Du beau travail… Et pis, te sens pas gêné, je préfère voir mes employés heureux que tristes, z’ont plus d’entrain au travail pour pouvoir sortir plus vite » taquina l’homme.

« - Ca veut dire que… » commença Mav, sentant l’espoir l’envahir.

« - Mais oui, tu pourras les rejoindre, tes amis, si tu continues à si bien bosser, je te laisserai sortir avant le crépuscule, pas de soucis ! »

Mav fit un large sourire à son patron, lequel ne put s’empêcher de légèrement rire sous la joie de son jeune apprenti.

« - N’empêche, tu vas me manquer pendant cette semaine. Y’a pas à dire, mais tu bosses bien et apporte du sang neuf… » Il resta légèrement songeur, avant de reprendre sur un ton plus strict : « allez, remets toi au boulot de suite. »

Reprenant un marteau dans ses mains, Mav remarqua que son patron lui avait adressé un rapide clin d’œil, mais le temps de vérifier, et déjà l’expression de l’homme avait muée.

Mav était un jeune homme de déjà dix huit printemps, dont les deux émeraudes vertes brillaient d’une joie de vivre sans cesse renouvelée, résistant à toutes les épreuves que la vie voulait bien lui offrir. Ses courts cheveux bruns, constamment ébouriffés et dont il avait depuis longtemps abandonné la quête irréalisable de leur donner un peu de tenue, lui donnaient une apparence sympathique dès le premier regard ; et cette première impression était de suite renforcée par le sourire constant et sincère qu’il affichait chaque jour sans faillir. D’ailleurs, ses réparties au tac au tac lui avaient très rapidement values un certain respect de la part des autres gamins de son âge, tant et si bien qu’il lui avait été possible, et même aisé, de créer un groupe parmi ses plus fidèles acolytes, et voler sa première arme, un fin stylet duquel il avait tiré l’amour de la forge. Malheureusement pour lui, éprouvé par les rudes paroles de ses parents, ses blagues se firent plus acerbes, afin de se venger et de voir aussi souffrir les autres. Cela marcha si bien que trois mois plus tard, il n’avait déjà plus un seul ami. Alors il avait rencontré Kev, et en moins de deux ans une réelle amitié était née entre eux, jusqu’à rencontrer Geoffroy, une des rares personnes à avoir un humour encore plus grinçant que le sien. Sous cette envie de rire et d’être heureux se cachait pourtant une grande sagesse que même Geoffroy ne parvenait à remettre en question – et ce n’était pas faute d’essayer – la joie étant devenu pour lui comme une route à suivre, sente bien plus accueillante que celle de la tristesse. La rencontre avec Pierre et Richard l’avait cependant grandement bouleversé, et depuis il avait renoncé à une grande partie de ce qui formait pour lui comme un idéal, de manière à éviter de briser le semblant de vie qu’était apparu au sein de ses deux compagnons.

Mav leva alors son outil, et les chocs recommencèrent avec encore plus d’ardeur. Dans quelques heures, il serait libre pour une semaine entière, et à la seule pensée des balades qu’il parcourrait avec ses amis, il ne sentit plus la souffrance dans ses bras, seulement obnubilé par la course du soleil dans sa folle descente vers les ténèbres, contemplant tour à tour l’arme sur lequel il travaillait et l’ombre grandissante des fourneaux et débris qui traînaient ça et là.

* *

*

Une musique entraînante régnait dans la taverne, repaire de la joie bien après que la nuit soit tombée. A l’intérieur, de nombreux soldats dansaient et buvaient, discutant des événements paisibles de la journée. Un groupe de trois guerriers était assemblé autour d’une table, deux discutant avec volubilité, tandis que le troisième n’avait pas encore murmuré une seule phrase, contemplant d’un regard sans vie l’âtre où les branches craquaient et se consumaient.

« - Alors, comme ça, vous partez ? »

La voix s’efforçait de rester aussi atone que possible, mais pourtant une certaine pointe d’étonnement y perçait.

« - Ouais, une semaine d’liberté, un vrai bonheur » se réjouit Arthur.

« - Toute une semaine ! » L’être ne put s’empêcher de s’abasourdir : une semaine de permission en tant que soldat était rare, très rare même, et était souvent réservé aux plus hauts gradés. Et souvent ces prétendues permissions permettaient un espionnage déguisé…

« - Le duc nous l’a accordé, il a trouvé cela normal. Et pis, au moins, on peut les défendre si besoin est » l’informa alors Arthur de manière à clore le débat.

Arthur était un homme ayant un peu moins d’une trentaine d’années, possédant une carrure impressionnante, dissuadant la plupart du temps tous ceux qui lui cherchaient des noises ; seuls les plus téméraires, ou saouls, s’y risquaient. Il possédait de longs cheveux noirs qu’il laissait tomber librement dans son dos, et ses yeux marron brillaient d’une lueur non pas d’intelligence – comme aimait à le faire remarquer Geoffroy dans ses répliques – mais d’une bonté simple qui ne s’embarrassait nullement des problèmes de forme, qu’il réservait aux têtes pensantes. Très jeune, à force de dissuader des petits bravards de son quartier de s’attaquer à plus faibles qu’eux pour montrer leur toute puissance, il défendit les plus jeunes. Il fut ainsi rapidement considéré par ces derniers comme un véritable héros – peut-être cela n’était qu’un mensonge par peur d’être battu par Arthur, mais les lumières qui brillaient dans les yeux des enfants du quartier chaque fois qu’ils le croisaient semblent bien montrer le contraire. De ces aventures, il en tira une irrésistible envie de devenir soldat afin de défendre non pas un quartier, mais un peuple. Pris dans l’Ecole de Soldats de Foy à dix ans, il montra rapidement des aptitudes à la lutte, mais eu plus de mal à manier l’épée, se sentant toujours maladroit avec ce bout de métal tranchant. Pour pallier à ce défaut, il inventa un langage codé avec son meilleur ami Gontrand. Cela leur permit de remporter à chaque fois les compétitions organisées par l’école : les mouchards adverses ne parvenaient jamais à percer leur secret, tandis qu’eux deux connaissaient parfaitement les tactiques de tous. A l’âge de vingt ans, il était devenu soldat, quatre ans après son camarade Gontrand, et il servait dans l’armée depuis ce temps-là. A son grand malheur, durant ces huit années, il n’y avait eu rien de plus que quelques escarmouches, jamais une bataille dans laquelle il aurait eu l’impression d’être utile.

« - Comme quoi, être ami avec le duc, ça sert » ironisa l’homme, plus pour terminer cette discussion que pour mettre mal à l’aise ses deux compères.

« - On n’est pas ami, mais juste… » commença Gontrand. Il voulut continuer, mais songeant à l’inutilité de cela, il s’arrêta aussitôt.

« - Juste quoi ? » Le troisième soldat avait posé cette question avec précipitation, mais trop tard, le visage de Gontrand ne reflétait plus un sentiment. « Toujours aussi loquace » marmonna-t-il dans sa barbe.

« - Juste en entente cordiale » termina Arthur, « rapprochés par l’assassinat des

parents de Pierre et Richard. »

La tête de Gontrand frémit, et imperceptiblement, il hocha la tête, si faiblement que de nombreuses personnes auraient pu croire qu’il venait juste de respirer.

Gontrand était un homme âgé d’une trentaine d’années, grand aux muscles saillants. Ses cheveux de la couleur des ténèbres étaient coupés courts, cela lui évitait de perdre du temps à les entretenir et les démêler, tandis que ses yeux bleus ne brillaient d’aucune vie, et pourtant nulle tristesse ne perçait. Jamais il n’avait beaucoup parlé, ni bougé, à tel point que ses parents s’étaient demandés s’il n’était pas muet. Il n’en était rien, en réalité Gontrand économisait à l’extrême ses forces, ne voulant les dilapider dans d’inutiles dépenses physiques, et ils durent apprendre à contenter ses désirs et à comprendre ce qu’il signifiait simplement par les tremblements infimes qui parcouraient parfois son visage. Il intégra lui aussi l’Ecole de Soldats de Foy à dix ans, simplement parce qu’il avait pris l’habitude de dormir aux côtés d’une épée en bois. Avec l’amitié d’Arthur, il se mit à parler un peu plus – certes très peu, mais il suffisait désormais de rester deux jours à ses côtés pour comprendre qu’il n’était pas muet – mais surtout il devint plus expressif et s’éveilla plus à la vie, prenant plaisir à certaines activités, telle l’élaboration des fameuses lettres codées que toute une génération d’écoliers leur ont envié. Il se révéla être un guerroyeur avisé, non pas le meilleur, mais sachant se sortir de toutes situations épineuses, autant de manière loyal que par des moyens plus détournés considérés comme fourbes – mais tant que ça marchait s’était exclamé Arthur un jour où Gontrand avait terrassé un prétentieux en lui envoyant un broc de bière à la tête. A peine sorti de l’école, il avait été envoyé en campagne à Krastik en compagnie de Geoffroy, et de nombreux autres soldats et chasseurs, pour prévenir une infiltration de Mormundes, territoire ennemi depuis des temps immémoriaux. Depuis cette époque, il était resté à Skefoy, servant à la garde du château. Il s’était lié après à Mav, Kev, Pierre et Richard lorsque Geoffroy était venu quérir son aide, qu’il avait jugé comme normale d’accepter. Arthur avait aussitôt suivi et proposé la sienne, qui bien entendu fut accueilli avec chaleur. Plus ils étaient autour de Pierre et Richard, et mieux ils serviraient à leur défense. Depuis cette époque, il n’avait jamais autant parlé, sans jamais tenir compte des railleries amicales de Geoffroy se demandant comment il pouvait se souvenir de la manière de parler après plusieurs jours.

« - On devrait y aller » suggéra Arthur. « Il serait bien que demain on soit assez réveillé pour monter un cheval. »

Gontrand, sans mot dire, se leva alors de sa chaise, et se dirigea vers la sortie.

Le troisième homme se retourna, et les voyant s’approcher de l’ouverture, les héla :

« - Bonne semaine ! Oubliez un peu les combats ! »

Arthur se retourna, lui fit un signe amical, avant de disparaître dans l’ombre de la nuit.

Chapitre I: Embuscade

Le feu crépitait gaiement au centre des sept compagnons. Les flammes venaient lécher le bois mort et l’embraser petit à petit, procurant une sainte chaleur au milieu de cette froide nuit. Les sept amis reposaient leurs jambes fatiguées, tout en discutant de sujets et d’autres.

Kev se reposait tranquillement, et esquissait un début de sourire. Rien dans son attitude, apparemment détendue ne permettait de déceler ses vifs réflexes aux aguets, à part de temps à autre un léger coup d’œil, aussi furtif que son regard le permettait, aux alentours. Soudain, n’y tenant plus, oubliant l’environnement, il se tourna gaiement vers Pierre, qui s’amusait avec un bilboquet.

« - Toujours le même jeu, à ce que je vois » lui fit-il tout en clignant de l’œil.

Pierre partit dans un rire rapide, légèrement saccadé. Ce rire était pourtant pour une fois franc, non forcé, dont la générosité inondait ses compagnons, et les ténèbres de ses pupilles s’éclairèrent un instant. Se passant distraitement une main dans ses courts cheveux noirs, il répliqua :

« - Exactement ! Un jour, j’arriverais à te battre. Regarde ça ! » fit-il heureux. Il commença à bouger le bibelot, et la boule monta en l’air. Au sommet de sa trajectoire, Pierre avança rapidement et sûrement sa main sous la boule, qui retomba au centre. D’un air satisfait, il se tourna vers Kev, qui se saisit du jouet. Surpris par la technique de son ami, il balança rapidement la boule en l’air, mais nerveux il bougea l’objet trop rapidement, et la balle atterrit sur son bras, lui laissant échapper un cri de douleur.

Richard les regarda amusé. Enfin un réel sourire sur son visage, s’extasièrent sans bruit ses amis. Malgré sa frêle silhouette, souvent considérée par Arthur comme trop fragile, il parvenait enfin à s’affirmer réellement dans ce groupe, perdant pour une fois sa crainte habituelle et ses regards sans cesse apeurés, tel un enfant loin de ses parents. Ses yeux marron luisaient d’une vie renaissante, comme un phoenix ressuscité de ses cendres dont le corps se serait paré d’un nouveau plumage. Il souriait, et sortant pour un temps hors de ses pensées noires qui constamment l’assaillaient, prononça avec sarcasmes, se retenant à grand peine de pouffer :

« - Quel jeu merveilleux pour personne voulant se faire mal. » Les compagnons furent frappés d’un fou rire auquel même Kev, honteux de son échec adhéra. La bonne humeur était communicative, et ça lui était un tel plaisir de voir Richard heureux qu’il en oubliait même son échec.

Mav soupira un instant, perdu dans ses pensées. Quatre ans de crainte disparaissaient cette nuit même. Décidemment cette soirée s’annonçait bien, et Richard pouvait encore rire de nombreuses autres fois ! A cette idée, ses deux émeraudes s’éclairèrent, fixant au travers d’une larme de joie ses amis. Il pouvait aujourd’hui rompre ce cycle décadent de la tristesse par la joie, alors pourquoi s’en priver ? Il se leva, contourna le feu, et prit le bilboquet des mains de Kev. Il essaya hasardeusement une fois, mais abandonna aussitôt lorsque la boule retomba sur son crâne.

« - Quels êtres peuvent être assez fou pour construire ce genre de jouets de la torture ? » se demanda-t-il en plaisantant.

« -Moi », lui répliqua Geoffroy. « Je le leur ait offert. »

Tout en disant cela, il resta couché en train de tapoter l’épée que Mav leur avait forgé, dans une attitude apparemment distraite, seul sa main droite serrant fermement le manche. Il ferma un instant ses yeux marrons, secoua ses longs cheveux noirs avant de regarder avec un sourire sardonique son ami.

« - Ah oui c’est vrai. Je me disais aussi, qui d’autre aurait pu avoir une telle idée pour semer la douleur parmi ses amis » tiqua alors Mav. Il fit un clin d’œil à Geoffroy, lequel lui renvoya un large sourire, de nouveau gagné par cette joie facile d’antan.

Arthur s’esclaffa, avant de se lever. L’ombre du feu renforçait encore son impressionnante stature, et si Mav n’avait su que l’apparence de brute de son ami renfermait un cœur d’or, il aurait réprimé un frisson d’angoisse. Arthur se dirigea alors vers son ami, et leva haut son bras, afin de donner une ruade amicale à Mav.

Ce dernier surpris par la force de la tape fut déstabilisé et projeté en avant en direction du cercle des compagnons, réduit à réaliser de larges moulinets dans l’air pour se retenir. Cela obligea Gontrand à se protéger derrière son bouclier pour éviter la boule du bilboquet qui suivait dangereusement le geste de Mav. Ce dernier lâcha finalement le bilboquet et chuta à terre. Kev, voyant le jouet retomber vers son ami, tendit rapidement le bras et le rattrapa à quelques centimètres du visage de Mav.

Gontrand, tacite comme à son habitude, se releva, et aida son compagnon à se dégager de l’étreinte de la boue. Sans même prendre la peine d’ouvrir sa bouche, il demanda d’un regard à son ami à terre si tout allait bien. Il se recula alors légèrement, surpris de la lueur qui brûlait dans les yeux de Mav. Il se retourna à nouveau en direction du feu, son visage toujours autant inexpressif, et se saisit de son bouclier, le posant devant ses genoux, et profita d’être debout pour rapprocher son carquois.

Légèrement penaud, Arthur s’avança à son tour vers son compagnon à terre pour l’aider à finir de se lever, maugréant une excuse en feintant de la dire à contrecœur, comme si cela lui coûtait d’avouer ses torts :

« - Mais moi j’savais pas que t’allais si facilement tomber. C’est pas ma faute, hein, j’ai juste l’habitude d’faire d’tels gestes à l’école militaire. »Il vit que son ami tournait vers lui des yeux emplis de colère. Aussitôt Arthur s’agenouilla aux pieds de Mav et le supplia : « Non, j’te jure, j’voulais vraiment pas, Gontrand peut te témoigner sans mal qu’à l’école militaire on a l’habitude d’se donner des ruades dans l’dos… c’est un signe d’amitié » finit-il bredouillant devant le regard noir de Mav. Il se tourna vers Gontrand, qui ne sut comment agir face au regard inquisiteur de son compère, et ne réussit qu’à faire un geste amorphe dans le vide.

Sentant que la situation commençait à sortir de son contexte général, Kev s’empressa de jeter la cause de ce malentendu dans son sac, puis commença à dire à l’intention de Mav :

« - Crois-le. Sous l’apparence grossière et bourrue d’Arthur se cache un cœur d’or. Il ne cherchait nullement à te causer tort, ton amitié lui est bien plus importante que toute exposition de sa force. »

Derechef Arthur secoua frénétiquement sa tête en signe d’approbation, tout en regardant Mav avec une expression implorante. Voyant que l’attitude de leur ami ne changeait toujours pas, ce fut Pierre qui prit à son tour la parole :

« - Si c’est ce bilboquet la cause de ton courroux, dis-le de suite et on le jette dans le feu. Geoffroy et Kev seront d’accord avec moi, ta joie est plus importante à nos yeux qu’un quelconque amusement. On ne peut profiter d’un jouet qu’entre amis, pour se divertir et passer un bon moment. Rien ne sert d’en avoir si cela est la cause de troubles… »

Mav esquissa alors un sourire, qui se métamorphosa rapidement en un rire joyeux. Il craignait d’être allé légèrement trop loin, et seul le rire pourrait aider à oublier cette mauvaise blague.

« - Désolé, je n’ai pas pu m’en empêcher… » Il reprit rapidement son souffle, et constata que ses six amis le regardaient l’air ahuri, Richard étant même bouche bée. Légèrement surpris de l’impact de sa parole, Mav continua, anxieux d’avoir gâché la soirée par une boutade bien trop longue et même cruelle, car jouant avec les émotions de ses amis : « Mais ce n’était qu’une blague… Je voulais vérifier les dires des gens qui disent que les soldats ont un cœur et ne pensent pas qu’à tuer » finit-il en un rire aigu et faux, pensant que ses compagnons risquaient de mal apprécier la plaisanterie et espérant intérieurement que les conséquences ne porteraient pas préjudice à sa grande amitié envers Arthur, ni à la joie qui caractérisait le cercle amical quelques instants auparavant. Il se sentait terriblement coupable d’avoir, à sa vue, brisé la soirée.

Ce fut Richard qui réussit le plus rapidement à reprendre ses esprits, fermer sa bouche, et articuler :

« - Alors, du début à la fin, ce n’était qu’une blague. Tu n’as même pas à un seul instant été énervé ? »

Mav nia énergiquement, heureux que Richard n’ait toujours pas perdu l’esquisse de son sourire, et expliqua :

« - Quand on vend des épées à l’armée, il est pratique de savoir jouer avec ses expressions pour ne pas se faire remarquer. Je ne pensais pas être si bon acteur ! »

« - Meilleur que moi » le félicita Geoffroy, hilare, « pour une fois que je comprends ce que je vous fais endurer à chacune de mes blagues ! »

« - Et dire que j’ai cru que notre amitié ne tenait pas à grand-chose et risquait de se briser à la moindre anicroche. J’ai réellement cru que dans quelques jours j’allais me recueillir au dessus du cercueil de notre bonheur commun. Ta blague a été époustouflante, mais ne refais jamais cela de mon vivant, mon cœur ne tiendra pas une seconde fois » finit Kev soulagé. Il se rapprocha alors du feu où il s’étendit de tout son long.

Arthur, encore sous le choc, bégaya un vague : « j’suis encore désolé d’t’avoir fait chuter. Je t’jure que j’ne le referais plus jamais. »

Mav eut un sourire en entendant cette phrase, mais il rejeta cette promesse d’un geste avant de s’expliciter :

« - Je pense que ma plaisanterie à vos dépens, qui elle était volontaire, était bien pire que ton geste d’amitié, certes un peu trop… puissant pour moi. De toute façon, je crois que même si j’avais réellement été vexé je n’aurais pu décemment ne pas vous pardonner. Vous étiez tous à mes pieds, implorant mon retour au calme, même ceux qui n’avaient strictement rien fait. C’est une des plus belles preuves d’amitié que l’on ne m’ait jamais faite » finit-il légèrement ému.

« - Après quatre ans tu doutes encore » se moqua Geoffroy.

Mav ne tint compte de la remarque de son ami et s’approcha d’Arthur, toujours agenouillé, et l’aida à se relever de la main gauche. Il lui tendit ensuite sa main droite, en s’exclamant :

« - A l’amitié »

« - A l’amitié ! » beugla avec force Arthur, serrant vigoureusement la poigne de Mav. Ils se prirent alors par les épaules, et Arthur s’exclama fortement :

« - T’inquiète pas, c’est pas une ‘tite blague qui va me faire flancher. Tu me connais, j’suis solide comme un roc, à aucun moment j’y ai cru. »

Il adressa un clin d’œil à Mav qui aussitôt éclata de rire.

« - Effectivement… Je n’avais jamais remarqué à quel point tu avais un tel talent d’hypocrisie. Tu es solide physiquement, mais mentalement, tu ne fais pas le poids face à mon détachement imperturbable. »

« - J’ai noté. J’ai remarqué aussi que tes apparences parfois froides n’sont qu’un voile cachant une âme pleine d’amitié. » finit Arthur avec complicité.

Mav ne put s’empêcher d’acquiescer avec un franc sourire. Puis, se tournant vers les autres compagnons, il demanda :

« - Et si l’on mangeait ? »

Il y eut alors un silence, qui ne fut rompu que par quelques gargouillements d’estomac. D’une commune faim les six compagnons hochèrent la tête, et Arthur s’écria avec gaieté.

« - Quelle bonne idée ami, je meurs de faim ! »

Rasséréné Kev posa sa tête contre son sac, puis se laissa aller à sa fatigue, ne prenant part à la discussion enjouée entre Arthur et Mav qui s’entretenaient sur la meilleure façon de faire cuire le cerf, et qui s’interrogeaient pour savoir qui garderait les ramures. Il entendait aussi Pierre et Richard qui discutaient avec gaieté de leur retour au château avec le butin de la chasse. Enfin il vit à quelques mètres du feu Gontrand et Geoffroy monter paisiblement une tente, en la mettant la plus près possible de la sainte chaleur.

Kev songea que cet instant était réellement un moment paradisiaque, nul bruit alentour, nul homme pour les gêner, et ses six meilleurs amis partageaient cet instant magique où l’homme rejoint la nature. Il s’endormit alors rêvant de leur précédente chasse. Ils avaient traqué ce cerf sur une lieue, avant de réellement l’apercevoir, ses yeux éclatant de sagesse fixant avec obstination un point vers eux… il ne savait quoi mais il pouvait le remercier. Sans cette distraction, ils n’auraient jamais pu l’abattre. Gontrand était alors passé de l’autre côté du cerf, sans un bruit, puis ils avaient tous tiré une flèche. Il se souvenait encore de ce sifflement aigu, du choc, du cri plaintif de l’animal agonisant puis de sa chute et du bruit mat lorsqu’il frappa le sol avec lourdeur. Il s’endormit alors, emporté dans le royaume des songes, bercé par le doux crépitement des flammes.

* *

*

Une flèche solitaire luisait dans la nuit. Sa pointe fendait l’air, traversant les gouffres abyssaux de la nuit en un vol rapide, passant en une course folle entre divers branchages. Son éclat disparaissait parfois, caché subrepticement par quelques amas de feuilles, avant de réapparaître, toujours plus meurtrière, irisée de reflets dansants. Sa proie était en vue, face à elle.

Un hululement d’une chouette à l’agonie sortit de leur torpeur les sept compagnons. Surpris par ce bruit inattendu, Kev cligna des yeux avant d’entendre ses amis courir vers le feu, et de voir à une certaine distance un nuage sombre s’envoler, mouvant au gré des battements d’aile. Gontrand surgit dans son dos et donna un violent coup de pied dans les bûches ardentes, étouffant un jurant sous l’attaque de la chaleur. Les branchages vinrent s’épandre dans l’herbe humide, et la danse protéiforme des flammes cessa.

Richard jeta au-dessus de Kev un bouclier, se cachant aussitôt derrière leur tente afin de rassembler au plus vite leurs affaires, et pouvoir partir de suite. Pendant ce temps, Mav et Pierre sellaient en hâte les chevaux, n’entendant même plus les bruits extérieurs, concentrés à la tâche, percevant clairement la mort rodant.

Autour des cendres encore fumantes, un cercle s’était formé. Gontrand et Arthur, arc fermement en prise et bouclier à leurs pieds, scrutaient les ténèbres avec appréhension, cherchant à déceler les causes de cette soudaine panique chez les oiseaux. Kev, pour sa part, ne parvenait à calmer les tremblements compulsifs de ses membres. Jamais tenir un arc ne lui avait inspiré tant de terreur. Pour la deuxième fois dans sa vie il sentait la mort les attaquer, et ne parvenait pas à défaire sa vision de l’image de deux cadavres horriblement mutilés. Geoffroy, quand à lui, avait fermé les yeux et prêtait attention au moindre bruit anormal. Par habitude de la chasse, il n’avait toujours pas encoché de flèche, afin de se concentrer du mieux qu’il le pouvait, essayant en vain de ne prêter attention aux sombres présages qui se bousculaient dans son esprit.

Le temps était comme arrêté autour des sept compagnons, les gestes pourtant rapide de Mav et de Pierre leurs semblaient être d’une atroce lenteur, s’attendant à chaque instant voir surgir le visage hideux de la mort. Les sept pouvaient sentir le moindre toucher vespéral de la plus faible brise. Chaque bruit leur semblaient amplifiés, et ils sursautaient à chaque craquement d’une branche. La nature qui leur semblait peu avant accueillante dressait dorénavant les rameaux terrifiants des miasmes putrides de l’enfer face à eux ; chaque seconde passée dans cet environnement agressait leurs sens, la marche d’un lapin leur semblait provoquer la cacophonie du déplacement d’une armée, le doux souffle du zéphyr leur apparaissait comme la froide morsure d’un poignard, qui tel un corbeau serait annonciatrice de la mort. L’habit des timides rayons lunaires semblait s’être évanoui dans une évanescente brume, rendant la nature couverte d’un voile opaque de noirceur. Une nuit de terreur ouvrait sa gueule béante, et les compagnons imaginaient même en sentir son haleine fétide, immonde odeur de chair en décomposition.

Soudain, Geoffroy perçut un léger claquement, et il se mit à hurler de toutes ses forces, se jetant à terre. Tel l’éclair, Gontrand et Arthur décochèrent leurs flèches avant de se protéger derrière leurs boucliers. Mav et Pierrre n’eurent que le temps de se retourner avant de voir une fine lueur s’approcher. Ce n’était pourtant qu’un fin point dont l’éclat mordoré se dissolvait dans les ténèbres, mais son intensité leur sembla plus puissante que les foudres les plus ravageuses.

Pierre fit alors un saut en arrière, avant de s’écrouler lourdement à terre. Le silence, puis des cris rageurs, dont le désespoir trouait la lourde voûte nuageuse. Le cercle était rompu, seuls Gontrand et Arthur restant sur place afin de dissuader encore l’agresseur.

Kev plongea aux côtés de son ami intime, retournant son visage avec une terrible appréhension. Ses yeux s’emplirent de larmes, gouttes qui n’avaient plus inondés ses joues depuis des années. Toute vie avait disparu des yeux de Pierre, seul se lisait, figé pour l’éternité, une pointe de surprise mêlée à la terreur. Jamais plus cette expression ne se muerait, ne se métamorphoserait en un large sourire comme auparavant. Il fut bousculé par Geoffroy, dont le poignant cri de détresse ne reçut nul autre écho que ceux de ses compagnons. Il s’était juré de le protéger, quitte à en mourir. L’inverse s’était produit, cruel destin… Il donna un violent coup à terre, avant de se relever rageusement, et de crier sa haine envers cet agresseur invisible, oublieux de toute prudence.

Richard s’élança alors vers ce dernier et lui plaqua la main contre la bouche, lui intimant le silence d’un regard où se lisait la même vacuité, la même perte de tous repères. L’instant d’après, un mince filet de sang s’échappa de sa bouche, s’écoulant par gouttelettes dans les fossettes jouxtant ses lèvres. Surpris, Geoffroy donna d’abord un coup dans le dos de Richard, avant de saisir la cause de cette soudaine inconscience. Ecrasé par l’inéluctable, il s’écroula alors à terre en un torrent de sanglot. Il s’était aussi juré de le protéger ! Ils étaient morts, tous morts…

Décontenancés par ce nouveau trait, Gontrand et Arthur se tournèrent avec horreur vers le cadavre de Richard. Dans le vacarme qui avait suivi la première pointe, ils ne s’étaient même pas rendus compte qu’une flèche avait été tirée… Rattrapé par l’habitude militaire, Arthur s’élança en arrière, criant à tous de monter les chevaux. Ils ne pouvaient plus attendre qu’ils soient sellés, ils devaient fuir. Attendre ne pouvait qu’amener dans son sillage la mort, son hideux faciès dévisageant avec un sourire narquois ses méfaits. Seul partir pouvait leur permettre d’éviter ce torrent de trépas, dans lequel s’embourber équivaut à décéder.

Avec des gestes saccadés, ne parvenant même plus à discerner aux travers de leurs cascades de larmes les moindres formes, les amis chargèrent les deux corps sur deux montures, avant de s’élancer dans les ténèbres, au plus loin qu’ils pouvaient de l’agresseur.

Seuls restaient Arthur et Gontrand. Ce dernier était encore debout, une flèche encochée fermement, ses phalanges blanchissaient contre le bois de son arc, l’étreignant d’une force qui traduisait toute la rage qu’il transposait jusque dans la pointe de la flèche. Il en sentait presque les contours, reliefs escarpés, falaise qui n’amenait en son sein nul vie…

Arthur s’approcha de lui, et malgré l’urgence de la situation, lui murmura, les sanglots étranglant sa voix :

« - Il faut partir. On ne veut pas avoir une troisième tombe à creuser. »

Gontrand restait impassible, n’articulant pas un mot. Ses yeux restaient écarquillés, fixant un point au loin, comme abîmés dans une contemplation éperdu. Seul sa tempe qui battait au rythme effréné des pulsations de son cœur témoignait de la violence de sa haine.

« - Désolé », souffla plus à lui-même Arthur avant de s’empoigner de l’arc. Gontrand revint aussitôt à lui-même, et son expression se mua aussitôt, entièrement ravagé par les méfaits d’une rage sans limite qui pulsait dans toutes ses veines. D’un coup sec dans la bride, Arthur rapprocha un cheval de son ami, avant que ce dernier ne s’accroche rapidement à un étrier, et lance sa monture dans un galop effréné, non encore assis.

Arthur suivit aussitôt son ami. Lançant un furtif regard en arrière, mémorisant une dernière fois ces lieux qui toute sa vie resteraient étroitement liés à une douleur sans nom, il remarqua une flèche enfoncée dans le sol, à l’endroit même où se tenait auparavant Gontrand, la hampe brisée étant comme la matérialisation de la coupure que leur vie venait de connaître…

Ils chevauchèrent ensuite trois lieues au galop, silencieux. Nul n’osait parler, n’osait révéler ce terrible poids qui les étreignait et les étranglait. Ils ne cherchaient même plus à réfléchir, nulle pensée ne venait effleurer leur état second. Pourtant, que leurs yeux soient fermés ou ouverts, deux images s’imposaient à leurs esprits, deux visages amicaux. Un rapide regard suffisait alors à leur insuffler plus de haine, plus de désespoir, et peu à peu les deux larges sourires de leurs souvenirs s’estompaient, laissant place à une expression de douleur figée…

Lorsqu’ils furent assurés que nul chevalier ne les poursuivait, ils s’arrêtèrent. Arthur descendit avec précaution les deux cadavres, retenant ses larmes avec difficulté. Jamais il ne s’était senti si triste, même lorsqu’un compère soldat était tombé, aucune larme n’avait coulé. Kev se pencha brusquement vers les deux corps, espérant sentir un signe de vie pour faire s’envoler ce cauchemar qui ne cessait de les acculer contre le mur du malheur. Nul battement ne vint contredire sa crainte. Ces deux flèches avaient tué deux de ses meilleurs amis. Il serra les poings, et, de rage, mit les deux flèches traits dans son carquois. Il se jura que le tueur périrait par la pointe même qui avait tué ses amis. Il tomba ensuite à terre, dépité, comprenant que sa vie allait changer ; ils avaient vécu durant quatre ans dans la crainte de la mort, et lors de leur première soirée amicale, deux de ses amis avaient été fauchés par des êtres impitoyables.

Kev se tourna désespéré vers ses quatre amis. Gontrand, à terre, se tenait la tête, quelques uns de ses courts cheveux noirs arrachés, seuls témoins de sa souffrance. Derrière lui Arthur lui tapotait l’épaule, par habitude de se soutenir durant les instants de douloureux. Des larmes coulaient le long de ses joues, traçant des traînées luisantes dans ses joues noires de boue. Il tourna ses yeux marron vers Kev, où il put voir comme en un miroir son désespoir. Pour la première fois cet air de supériorité qui lui était propre avait disparu, et laissait à côté de ces cadavres un homme ayant perdu tout espoir. A sa droite, Kev sentit un mouvement et remarqua Geoffroy tenir avec rage les cheveux bruns de Richard, une moue haineuse et affligée se dessinant sur son faciès, métamorphosant ce visage amical en être prêt à tout pour la vengeance. Quand à Mav, remarqua Kev, il caressait mécaniquement sa monture, ne pensant plus à rien, ses yeux vides de toute autre émotion que la morosité, contemplant le néant qui s’approchait d’eux, un vide créé par la perte de deux amis. Il remonta subitement avec rage sur sa monture, et partit avec fureur de cet endroit qui lui semblait maudit, ne pouvant supporter plus longtemps le spectacle macabre qui s’offrait à ses yeux. Les quatre autres compagnons se regardèrent vivement, et Kev partit au galop vers son ami, puis trotta à côté de lui. Ils n’avaient besoin d’aucune parole pour comprendre le chagrin qui les envahissait, nul regard ou message ne pouvant exprimer autant que ce silence sépulcral. Ils furent rejoint peu après par leurs trois autres amis, et continuèrent de cette manière, muets ; la douleur les liant à jamais dans les ténèbres de la souffrance.

Leurs chevaux trottèrent avec aise parmi les chemins de terre du royaume de Foy, et le vent fouettant eut tôt fait de sécher leurs larmes. Enfin, perdu dans ce brouillard de pensées ténébreuses, ils virent se profiler au loin la silhouette élancée de Skefoy château du royaume de Foy, son haut donjon allant se perdre dans l’obscurité. En arrivant, aucun des compagnons n’eut l’impression que cela amenait une quelconque protection après une si longue fuite, mais plutôt comme un emprisonnement, où les hommes meurent de tristesse après une vie sans bonheur. Ils avaient réussi à se sortir de ce marasme, à triompher des difficultés, et à avoir du bonheur dans ce monde où le sentiment le plus répandu était la servilité des paysans. Sans leurs deux amis, auraient-ils encore envie de connaître le bonheur. Ne se sentiraient-ils pas honteux de connaître ce sentiment si gai sans pouvoir le partager entièrement avec tous leurs amis.

Ils entrèrent finalement dans le château, submergés par une tristesse commune, lorsqu’ils virent accourir le duc Jules. A la vue de ces deux corps sans vie, ce dernier jura :

« -Pas eux ! Je leur aie permis de survivre, ne voulant trahir l’amitié que je portais à leurs pères. J’espérais qu’ils connaîtraient un jour la joie de gouverner à mes côtés. » Il serra ses poings et continua : « Sont-ce les assassins de la dernière fois ? »

Gontrand parvint difficilement à articuler quelques mots, les regrets l’empêchant de bien parler :

« -Leurs flèches étaient… elles étaient vertes » finit-il avec consternation.

Le duc releva alors la tête, terrorisé à la vue des deux traits que lui tendaient Kev. Un homme qui passait proche d’eux fuit alors en criant à la vue des pointes ensanglantées. Le chef continua :

« -Nous auraient-ils retrouvés. Vont-ils essayer de s’infiltrer et nous massacrer ? Les ont-ils tués pour cette expédition d’il y a si longtemps. Qui pourraient se souvenir de cette époque ? » finit-il, se posant à lui-même cette question.

Ce fut la seule parole que les amis écoutèrent tous, intrigués. Le duc semblait savoir pourquoi ces êtres avaient attaqué Pierre et Richard. Geoffroy voulut lui demander des précisions, mais il suivit ses amis qui amenaient les chevaux vers les écuries. Le duc siffla en un dernier regret : « Sales êtres. Ils mériteraient d’être tués », mais il remarqua que tous les compagnons étaient déjà partis. Un instant plus tard la lourde porte était refermée, une herse étant ensuite abaissée derrière. De cette manière nul homme ne pourrait entrer ou sortir. Le duc courut ensuite vers la cour, où lui-même sonna de son cor de guerre. Il ordonna le rassemblement immédiat de la populace à l’aurore.

Les compagnons se dirigèrent ensuite vers les écuries situées à la droite de l’entrée, passant sous une tour de vigie, puis bifurquant de nouveau à droite le long des remparts, arrivant enfin sur un espace découvert où les animaux étaient mis dans des enclos. Ils déchargèrent méthodiquement leur matériel restant : une tente, un panier, un arc avec quelques carquois ainsi que des boucliers ; repensant avec ardeur en touchant un objet aux joyeux évènements qu’ils avaient vécu ces jours là avec leurs amis, si proche et si loin…

Enfin, ils durent poser à terre les deux corps. Aucun n’osa plus les toucher, se souvenant les uns des journées passées à apprendre à Richard à tirer à l’arc, et à Pierre à mieux se servir d’un bouclier, ainsi qu’aux promenades qu’ils avaient faites, et à cette dernière chasse. Un vieil homme qui passait par là pour rentrer sa jument accepta d’accomplir cette macabre tâche, leur parlant du jour où son propre frère avait été tué lors d’une campagne militaire. Le choc lui avait été terrible, et il n’avait osé le regarder une dernière fois, de peur de voir à la place un homme défiguré par les horreurs de la guerre. Depuis ce jour lointain il regrettait amèrement de n’avoir souhaité bonne chance au cadavre pour l’arrivée au paradis, ni de lui avoir serré la main, comme ils le faisaient pour se dire au revoir…

Il repartit finalement, deux larmes coulant dans le creux de ses rides. Les cinq amis pensèrent alors brièvement au futur ; mais présentait-il un intérêt sans leurs amis ? Etait-il possible de penser à l’avenir si cela devait se réaliser sans leurs deux chers compagnons ?

Ils rentrèrent finalement chez eux, ne trouvant le sommeil, pourtant harassés par cette si longue chevauchée. Ils savaient qu’ils allaient trouver un lendemain différent en se levant, mais ils n’avaient plus le courage de le rendre meilleur. Quatre ans à grimper lentement, à se sortir peu à peu de la misère, de la peur… Et les voilà qui avaient chutés encore plus bas, et il avait suffit de quelques secondes… Quatre ans… Quelques instants furtifs… Toute une vie…

A Imperator:

ou "il se jura que le tueur périrait par la pointe même qui avait transpercé son ami" aurait mieux convenu

C'était trop beau pour que je ne le mette pas :-x .

C'est un peu subjectif, mais il aurait fallu développer un peu le "mais il était mort", car là ça n'a que peu de sentiment, surtout que le récit est très rapide. Tu pourrais insinuer les regrets, augmenter le souvenir, te permettre même, durant un moment, d'égarer l'esprit du héros, et celui du lecteur, dans le royaume du souvenir avant de revenir durement à la réalité.

Je ne sais pas si j'ai rajouté des sentiments, mais le passé est révélé vers la fin de ce que j'ai déjà recopié (vers la 30° page Word, si tu as le désir de lire jusque là :-x ), donc, suspense suspense quand tu nous tient.

Je rappelle qu'un point sert à séparer deux idées, ce qui n'a pas lieu d'être ici. De plus la phrase est, si tu me le permets, assez grossière. Il y aurait eu moyen de parler plus subtilement de la noirceur du monde, encore que celle-ci ne soit pas totalement mauvaise.

J'ai complètement changé la phrase, pour montrer la terreur dans laquelle ils ont vécu les quatre dernières années, et pour montrer qu'au moindre relachement on peut mourir.

ps: je vais aussi essayer, dans un avenir proche, de terminer l'expression de ma pensée...

Termine :P , que je sache bien les points à améliorer, mais si j'avais su que ça c'est court :lol: . Je t'applaudis pour ton commentaire bien constructif :-x

A Inxi-Huinzi:

Pas de fautes aussi donc ce ne sont que des changements poisitifs, ben que du bon, maintenant, il faut continuer l'histoire

Cela va être bien plus long, car les autres je relisais vite fait pour les fautes; maintenant j'écris, je relis et rerelis, pour éviter les lourdeurs, les répétitions... Ca prend bien plus de temps, mais je suis drôlement plus content du résultat.

A Linuath:

Bravo, tu assures pour la détction des fautes orthographiques, aucune ne t'échappe.

alongé plutôt non ?

La seule faute que tu aies faite: il faut deux "l". Sinon je ne comprends pas mon erreur, je ne pensais pourtant pas à mon SVT à ce moment là :lol: .

disons plutôt "ses yeux, à jamais figés dans un atroce désespoir."

J'ai mis pétrifié, de crainte de la répétition avec le "figé" juste après.

tout

J'ai corrigé, mais je n'ai pas réellement compris. Si tu pouvais m'expliquer, que je ne refasse plus les mêmes erreurs.

à moins que ce ne soit fait à dessein ?

C'est pour montrer qu'ils sont tellement pris de surprise par les événements qu'ils ne regardent pas les décors. En plus cela couperait l'action. Une autre petite raison, et non des moindres, c'est dur les belles descriptions, surtout quand on voit celles de wilheim von carstein!!!!

Sinon, je suis content, j'ai réussi à faire passer plus de sentiments dans le début. Maintenant attelons-nous à la suite.

Par contre, je vais la faire courte, les remarques étant précieuses. Je n'a pas envie de perdre de l'audience à cause d'une suite trop longue (très bonne excuse pour pouvoir travailler à fond un court texte)

Iliaron

Edit: dans les portes des châteaux forts il y a la porte prprement dite, ainsi qu'une autre juste derrière toute en gros barreaux de fer. j'ai cherché mais n'ait rien trouvé. Je vais continuer, qui sait.

Edit: c'est bon, j'ai trouvé: une herse. Si je fais de mauvaises recherches je ne risque pas de trouver ^_^ .

Edit: correction de la correction de la faute non faute ^_^

EDIT du 30/04/05

EDIT du 09/07/05: que dire :wink: , merci Impe ^_^

EDIT du 13/01/06: impressionnant, j'avais oublié d'éditer le chapitre I! J'en suis confus :wub:

Modifié par Iliaron
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QUOTE

alongé plutôt non ?

La seule faute que tu aies faite: il faut deux "l". Sinon je ne comprends pas mon erreur, je ne pensais pourtant pas à mon SVT à ce moment là .

oui aLLonger bien sûr ! à mon tour de faire des fautes de frappe !

QUOTE

tout

J'ai corrigé, mais je n'ai pas réellement compris. Si tu pouvais m'expliquer, que je ne refasse plus les mêmes erreurs.

je vais avoir l'air bête là... c'est bien "tout" !

tu n'avais donc pas fait de faute au contraire de moi !

je m'escuse bien bas, je viens de vérifier et pas de doute tu avais raison c'est "tous deux"

pour vérifier, il suffit juste de mettre au féminin. "toutes deux étaient mortes"

Bravo, tu assures pour la détction des fautes orthographiques, aucune ne t'échappe.

même là où il n'y en a pas !

c'était donc un peu trop présomptueux mais merci quand même :lol:

Edit: dans les portes des châteaux forts il y a la porte prprement dite, ainsi qu'une autre juste derrière toute en gros barreaux de fer. j'ai cherché mais n'ait rien trouvé. Je vais continuer, qui sait.

Edit: c'est bon, j'ai trouvé: une herse. Si je fais de mauvaises recherches je ne risque pas de trouver .

si tout le monde pouvait répondre à ses propres questions comme ça ! ^_^

Linuath - finalise son chapitre 5, enfin ! -

Modifié par Linuath
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Voilà la courte suite, et la fin du chapitre I:

Bonne lecture :lol: .

Kev se tourna désespéré vers ses quatre amis. Gontrand, à terre, se tenait la tête, quelques uns de ses courts cheveux noirs arrachés seuls témoins de sa souffrance. Derrière lui Arthur lui tapotait l’épaule, par habitude de se soutenir durant les instants de souffrance. Des larmes coulaient le long de ses joues, traçant des traînées luisantes dans ses joues noires de boue, et tourna ses yeux marron vers Kev, où il put voir comme en un miroir son désespoir. Pour la première fois cet air de supériorité qui lui était propre avait disparu, et laissait à côté de ces cadavres un homme ayant perdu tout espoir. A sa droite, Kev sentit un mouvement et remarqua Geoffroy tenir avec rage les cheveux bruns de Richard, une moue haineuse et affligée se dessinant sur son faciès, métamorphosant ce visage amical en être prêt à tout pour la vengeance. Quand à Mav, remarqua Kev, il caressait mécaniquement sa monture, ne pensant plus à rien, ses yeux vides de toute autre émotion que la morosité, contemplant le néant qui s’approchait d’eux, un vide créé par la perte de deux amis. Il remonta subitement rageusement sur sa monture, et partit avec rage de cet endroit qui lui semblait maudit, ne pouvant supporter plus longtemps le spectacle macabre qui s’offrait à ses yeux. Les quatre autres compagnons se regardèrent vivement, et Kev partit au galop vers son ami, puis trotta à côté de lui. Ils n’avaient besoin d’aucune parole pour comprendre le chagrin qui les envahissait, nul regard ou message ne pouvant exprimer autant que ce silence sépulcral. Ils furent rejoint peu après par leurs trois autres amis, et continuèrent de cette manière, muets ; la douleur les liant à jamais dans les ténèbres de la souffrance.

Leurs chevaux trottèrent avec aise parmi les chemins de terre de royaume de Foy, et le vent fouettant eut tôt fait de sécher leurs larmes. Enfin, perdu dans ce brouillard de pensées ténébreuses, ils virent se profiler au loin la silhouette élancée de Skefoy château du royaume de Foy, son haut donjon allant se perdre dans l’obscurité. En arrivant, aucun des compagnons n’eut l’impression que cela amenait une quelconque protection après une si longue fuite, mais plutôt comme un emprisonnement, où les hommes meurent de tristesse après une vie sans bonheur. Ils avaient réussi à se sortir de ce marasme, à triompher des difficultés, et à avoir du bonheur dans ce monde où le sentiment le plus répandu était la servilité des paysans. Sans leurs deux amis, auraient-ils encore envie de connaître le bonheur. Ne se sentiraient-ils pas honteux de connaître ce sentiment si gai sans pouvoir le partager entièrement avec tous leurs amis.

Ils entrèrent finalement dans le château, submergés par une tristesse commune, lorsqu’ils virent accourir le duc Jules. A la vue de ces deux corps sans vie, ce dernier jura :

« -Pas eux ! Je leur aie permis de survivre, ne voulant trahir l’amitié que je portais à leurs pères. J’espérais qu’ils connaîtraient un jour la joie de gouverner à mes côtés. » Il serra ses poings et continua : « Sont-ce les assassins de la dernière fois ? »

Gontrand parvint difficilement à articuler quelques mots, les regrets l’empêchant de bien parler :

« -Leurs flèches étaient… elles étaient vertes » finit-il avec consternation.

Le duc releva alors la tête, terrorisé. Un homme qui passait proche de l’entrée fuit alors en criant. Le chef continua :

« -Nous auraient-ils retrouvés. Vont-ils essayer de s’infiltrer et nous massacrer ? Les ont-ils tués pour cette expédition d’il y a si longtemps. Qui pourraient se souvenir de cette époque? » finit-il, se posant à lui-même cette question.

Ce fut la seule parole que les amis écoutèrent tous, intrigués. Le duc savait pourquoi ces êtres avaient attaqué Pierre et Richard. Geoffroy voulut lui demander des précisions, mais il suivit ses amis qui amenaient les chevaux vers les écuries.. Le duc siffla en un dernier regret: « Sales êtres. Ils mériteraient d’être tués », mais il remarqua que tous les compagnons étaient déjà partis. Un instant plus tard la lourde porte était refermée, une herse étant ensuite abaissée derrière. De cette manière nul homme ne pourrait entrer ou sortir. Le duc courut ensuite vers la cour, où lui-même sonna de son cor de guerre. Il ordonna le rassemblement immédiat de la populace à l’aurore.

Les compagnons se dirigèrent ensuite aux écuries situées à la droite de l’entrée, passant sous une tour de vigie, puis bifurquant de nouveau à droite le long des remparts, arrivant enfin sur un espace découvert où les animaux étaient mis dans des enclos. Ils déchargèrent méthodiquement leur matériel restant : une tente, un panier, un arc avec quelques carquois ainsi que des boucliers ; repensant avec ardeur en touchant un objet aux joyeux évènements qu’ils avaient vécu ces jours là avec leurs amis.

Enfin, ils durent poser à terre les deux corps. Aucun n’osa les toucher, se souvenant les uns des journées passées à apprendre à Pierre à tirer à l’arc, et à Richard à mieux se servir d’un bouclier, ainsi qu’aux promenades qu’ils avaient faites, et à cette dernière chasse. Un vieil homme qui passait par là pour rentrer sa jument accepta d’accomplir cette macabre tâche, leur parlant du jour où son propre frère avait été tué lors d’une campagne militaire. Le choc lui avait été terrible, et il n’avait osé le regarder une dernière fois, de peur de voir à la place un homme défiguré par les horreurs de la guerre. Depuis ce jour lointain il regrettait amèrement de n’avoir souhaité bonne chance au cadavre pour l’arrivée au paradis, ni de lui avoir serré la main, comme ils le faisaient pour se dire au revoir.

Il repartit finalement, deux larmes coulant dans le creux de ses rides. Les cinq amis pensèrent alors brièvement au futur ; mais présentait-il un intérêt sans leurs amis ? Etait-il possible de penser à l’avenir si cela devait se réaliser sans leurs deux chers compagnons ?

Ils rentrèrent finalement chez eux, ne trouvant le sommeil, pourtant harassés par cette si longue chevauchée.

deux petits problèmes de connaissance grammaticale:

N'y a-t-il pas un autre mot que box, ce dernier me parraissant un peu trop futuriste pour l'époque.

Quand on elève la selle il y a un verbe spécial, mais Word ne me le donne pas, et je n'ai pas trouvé dans les dicos (avec les formes qui me semblaient probable, je n'ai pas lu le dico entier :wink: ).

Sinon les changements par rapport à la version initiale:

Les compagnons auront plus de chagrins: en relisant la précédente et les adjectifs que j'avais mis c'était, comment dire... en trois lettres commençant par N et L ^_^

Ils vont rester un peu plus longtemps au château, ayant envie de faire un peu durer leur récit: avant c'était bien trop condensé, et au final la vie au château représentait une partie négligeable du récit.

Je vais essayer d'inclure des descriptions au début, la dernière scène étant vraiment allourdie par ces descriptions, par contre le background y restera: Kirla aura bien besoin d'apprendre. Par contre, j'en fais allusion au début, dans l'ancien je ne pouvais y faire allusion, n'ayant absolument aucun background déjà réalisé.

Un monde moins manichéen: dans l'ancien tout le monde vivait égoïstement, mais plus maintenant. Là j'axe plus sur la servilité, même si les gens ont leur propre sentiments, mais une vie dure car ils ne peuvent réaliser aucun de leurs rêves, étant bridés par le duc et les rois.

Je crois que c'est tout.

Promis, la suite sera plus longue, mais j'ai d'abord pas mal réfléchi aux changements, et je voulait en parler. J'en ai donc profité pour poster ce que j'avais déjà réalisé.

Iliaron

EDIT du 30/04/05

Modifié par Iliaron
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On va me traiter de tous les noms, mais je survolais juste le sujet comme ça, quand j'ai vu une certaine polémique au sujet de "nous nous cachèrent."

Alors, je vous offre la clé : on dit "nous nous cachâmes."

Voilà. je vais m'attaquer au texte, maintenant! Mes impressions plus tard...

-Pour la Dame!-

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« -Nous auraient-ils retrouvés. Vont-ils essayer de s’infiltrer et nous massacrer ?

Les ont-ils tués pour cette expédition d’il y a si longtemps. Qui pourraient se souvenir de cette époque? » finit-il, se

Juste pour dire que ca va pas au niveau de l'aspect. Tu finis sa pensée dans le paragraphe d'après :blushing:

Bon c'est tout ce que j'avais à dire ! Tu es en bonne voie ! Suite ! Allez ^_^

@+

-= Inxi =-

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Voilà la suite. je voulais faire court, mais finalement l'envie était trop forte. normalement il devrait y avoir moins de fautes, car j'ai relu, mais je crains que le correcteur orthographique en ait rajouté une ou deux :'( .

EDIT du 19/11/2005: chapitre complètement remanié pour l'enterrement, et même pas mal aussi pour la suite :angry:

Bonne lecture.

Chapitre II : Enterrement

Le lendemain, Kev se réveilla à l’aurore, après une courte nuit. Il alla sur la place principale, où il regarda hagard passer les poules et la population allant entendre le discours du duc, tout en repensant à ses amis. Eux cinq avaient pris un risque terrible en décidant de protéger leurs deux amis, et en quatre ans ils avaient espéré avoir réussi à échapper à cette menace, à cette épée de Damoclès dont le lien s’était rompu la veille après avoir vaillamment tenu quatre ans. Il se souvenait parfaitement du jour où il les avait rencontrés, quelle peur il avait eu ! Cela avait été une horreur innommable, et il avait réellement cru mourir !

Il essuya d’un geste rageur les larmes qui coulaient sur sa joue, puis se rappela clairement les détails de ce massacre. Il essaya de l’oublier, mais un frisson le parcourut et, dépité, il se laissa aller à son chagrin.

Des chimères vinrent à lui, et lui apparut alors un kaléidoscope de souvenirs. Trois ans auparavant, dans les bois entourant le château, il se promenait heureux en présence de ses six amis. Pierre avait alors douze ans, et montraient d’un air jovial son premier lapin abattu avec l’arc confectionné par Geoffroy. Ce dernier rayonnait, heureux, pensant prendre sa revanche sur le destin, et espérant qu’ils pourraient se défendre face à une autre attaque. Avec un rire bourru Arthur lui avait donné une claque dans le dos, qui avait déstabilisé Pierre, en lui disant que plus tard lui aussi deviendrait soldat. A cette allusion, il s’en souvenait comme si c’était hier, Gontrand avait approuvé avec un franc sourire, puis avait continué à apprendre à Richard à se servir lui aussi de son arc. A la pensée de ses deux amis décédés, quelques gouttes tombèrent de ses yeux pour atterrir dans la poussière de la cour. Quel adorable ami Richard avait été ! Son père avait toujours refusé qu’il touche aux armes, lui inculquant que moins l’on avait la possibilité de faire du mal, moins on était tenté de le faire. Pourtant en quatre ans il avait appris à manier arc et épée, souhaitant de tout cœur pouvoir vivre paisiblement. Vivre ! Ce seul mot embrumait les pensées de Kev ; tout cet apprentissage pour être impitoyablement rattrapé par son destin. A quoi bon préparer une lutte alors que l’on ne peut même pas agir ?

Il voulut se lever et rentrer finalement chez lui, mais la pensée de ses jeux avec Pierre le replongea dans une abîme de tristesse. Ces simples amusements qui avaient rendu le sourire à son ami après le meurtre. Il repensa aux jeux d’adresse auxquels ils avaient consacré tant d’heure. Geoffroy leur avait même construit un bilboquet, et leur avait expliqué comment couper le bois et le polir. Aurait-il encore cette envie d’en fabriquer un, s’il devait être seul à jouer ? Ses autres amis étaient d’excellents compagnons, mais tous lui semblaient trop vieux, quelques années de plus qui lui semblaient être un gouffre d’incompréhension. Avec Mav il avait réussi à enfin éprouver du bonheur malgré ses sévères parents, mais il n’y avait qu’avec Pierre qu’il avait réussi à enfin passer outre les réprimandes souvent violentes.

Subrepticement il eut une autre vision, atrocement plus récente, qui datait de quelques jours à peine, et qui lui semblait pourtant si distante. Ses six amis planifiaient leur sortie. Mav avait proposé de partir vers Krastik, connaissant avec précision le chemin, ayant parfois dû y amener ses épées. Ils entassaient alors joyeusement tente, gourde, carquois pour la chasse dans la trappe de la masure de Gontrand, et Mav offrit à chacun une épée qu’il venait de forger. Richard, par habitude de la cueillette avait déposé un panier, et Pierre le bilboquet. A la pensée de ces deux objets et de leurs deux propriétaires, de nouvelles larmes affluèrent et tombèrent au sol. Et ils étaient partis, joyeux à la pensée de la première nuit qu’ils allaient passer hors du château. Seul Geoffroy avait eu un pressentiment et avait gardé épée et bouclier à même son cheval, sans les ranger avec les tentes. Une telle insouciance, quel inconscience se jura-t-il. Ils avaient pensé qu’en quatre ans les agresseurs ne se manifesteraient plus, et qu’ils allaient enfin pouvoir profiter de plaisirs refoulés, chasses, vagabondages de plusieurs jours… Ils avaient tout perdu durant cette nuit, alors qu’ils espéraient dans un fol espoir y vivre un précieux moment de liberté, ils avaient été fauchés !

Abattu, il laissa tomber ses bras à terre. Quelle allait donc être sa vie future ? Il pouvait compter sur ses quatre autres compères, mais il sentait que rien ne serait pareil, et qu’en quelques minutes les joies avaient disparu de la face de la terre, pour être remplacé par un atroce et infini désespoir.

Ses compagnons le rejoignirent une heure après, et le trouvèrent perdu dans ses pensées, prostré sur lui-même, ses cheveux noirs recouvrant ses mains. Geoffroy s’approcha de lui et Kev se leva alors brusquement, raidi par tant de fatigue, de douleur et d’accablement, ses yeux bleus empreints de tristesse et de pleurs. Ils se dirigèrent en silence vers les écuries pour amener les corps à l’église. Ils ne voulaient pas souffrir éternellement de n’avoir pris soin de leurs deux amis défunts. Les regrets du vieil homme leur avaient fait comprendre que cette tâche leur était dévolue et ils ne supporteraient qu’un autre homme la fasse. Les cadavres devaient être amenés avec le plus grand soin et seul eux auraient assez d’amour pour exécuter avec patience et passion ce trajet, dernier voyage réalisé avec leurs deux amis avant une séparation définitive…

Les cinq se penchèrent sur les corps et s’en saisirent avec extrême précaution, comme terrifiés à l’idée que les deux corps puissent n’être que des statues de glaise pouvant se briser à tous moments. Kev guida ses quatre amis en direction de l’Eglise, sans même apercevoir tous les hommes qui les pointaient du doigt et les regardaient passer avec anxiété. Le duc les avait tous réunis ce matin même… Que leur avait-il dit ? Sûrement une interdiction de sortir du château, à voir les herses baissées…

Quelques instants plus tard ils purent discerner l’Eglise des autres bâtiments. L’édifice, recourbé sur lui-même, se dressait au haut d’une colline. Ses pierres blanches luisaient au soleil, mais les compagnons n’avaient aucunement l’envie d’admirer la splendeur des reflets. Ils passèrent les premiers étendards violets flottant au vent, puis continuèrent sur la longue allée gravillonneuse. A leur gauche et à leur droite se dessinaient deux gracieux motifs formés de rose. Jamais ils n’y avaient porté la moindre attention, et aujourd’hui ils se détournaient volontairement de tout ce qui pouvait leur apporter un quelconque rayon de lumière dans leurs idées noires. L’heure était bien trop triste pour s’autoriser le moindre sentiment heureux, le moindre sourire…

Arrivant sur le perron de l’Eglise ils s’engouffrèrent directement par la porte, et s’arrêtèrent quelques mètres après. L’intérieur était sombre, comparé à la luminosité extérieure, et ils durent cligner des yeux pour s’y habituer. Au-dessus d’eux trois arches ceignaient le bâtiment de leurs bras de pierre. Des rangées ordonnées de bancs s’étendaient sur les côtés de l’Eglise, tous remplis de monde. Visiblement plus par des curieux que par des gens attristés, pensèrent les cinq amis, avant de s’avancer dans la rangée centrale.

Deux stèles de marbre se dressaient face au prêtre et l’autel, finement sculptées. Avançant, Kev sentit ses yeux piégés par les douces arabesques. Sur les deux apparaissait le même motif : un chevalier finement sculpté à la tunique immaculée brandissait haut au-dessus de lui une élégante et fine épée. Son tabard représentait un serpent s’enroulant autour du fourreau d’une épée, tel la mort autour de sa victime. En arrière-plan était gravé un gigantesque arbre, dont les feuilles de chaque branche étaient en fait des nuages volumineux à l’apparence douce comme de la soie. Dessus se reposaient sans soucis les morts, dans une seconde vie délicatement voluptueuse. Les figures semblaient s’animer, converser ensemble, tel une réunion des âmes chéries… Cette représentation était censée aider les âmes défuntes à arriver au paradis, mais à sa vue, une fois percé l’aura mystérieuse, Kev fut empli de haine. Toutes les représentations qui parcouraient cette église représentaient la beauté du monde des morts, beauté qui n’existait pas dans leur vie. Fallait-il donc mourir pour vivre ? Fallait-il supporter la vue de tant d’horreurs pour accéder à un monde superbe ? Etait-ce écrit dans le Sertic, cet ouvrage dont on leurs parlait tant mais dont jamais ils n’avaient vu une page, que le bonheur passait obligatoirement par la souffrance, comme un destin inéluctable ?

Les amis posèrent les corps sur les stèles, avant de s’éloigner respectueusement, ne parvenant à détacher leurs yeux de ceux de leurs amis. Rapidement, deux clercs s’approchèrent des stèles et glissèrent au-dessus des corps deux linceuls blancs, cachant les corps déjà abîmés aux yeux des gens présents. Les compagnons gagnèrent alors leurs places, situées au premier rang, fixant toujours avec tristesse les deux voiles blancs.

La messe commença peu après, lorsque le duc arriva enfin, laissant apercevoir par la porte entrouverte un soleil éclatant et moqueur de leur tristesse. Ses cheveux de jais étaient collés à sa peau par la sueur ; visiblement les explications avec la foule avaient du être compliquées…

Le prêtre s’avança alors sur l’autel et se mit à clamer avec force :

« - Nous sommes ici pour permettre aux âmes de sire Pierre et de sire Richard d’atteindre le paradis. Voyez ces deux stèles, voyez les corps qui reposent au-dessus. Ces deux êtres à l’âme charitable ont été enlevés si tôt à la vie, laissant un manque dans le cœur de chacune de leurs connaissances.

En effet partout où ces deux hommes allaient, ils semaient la joie, une gaieté de vivre et un optimisme certain pour l’avenir. Mais ils ne sont plus, et tous ici présents sommes réunis dans une même douleur. Depuis l’annonce de leur décès nous voilà tous plongés dans une tristesse insondable, et ne parvenons plus à lever les yeux, à voir de l’avant.

Sire Pierre et sire Richard avaient pourtant œuvrés pour notre bonheur, et nous devrions tous honorer ce combat en parvenant, avant qu’ils ne montent au ciel, à leur adresser un ultime sourire. Ils y liraient tout l’attachement que l’on porte pour eux ! Du courage, ils en auront besoin pour parvenir à onduler jusqu’aux nuages, du courage, nous avons le pouvoir de le leur en donner.

Ne pensez pas qu’éprouver du bonheur maintenant, eux mort, est un pêché. Tant de vies ont déjà défilées mais une même gaieté a persisté ! En vous vous portez des flambeaux de leur âme, et ces lanternes nécessitent d’être puissamment éclairées pour les guider jusqu’au paradis. Ils ressentent dorénavant chacune de vos humeurs, bien plus que quand ils étaient vivants. Un tel lien ne peut être brisé ; soyez heureux, et vous le ressentirez rapidement, votre esprit sera contenté. En vous sire Pierre et sire Richard vous remercieront, et vous serez envahis d’une véritable fontaine de joie quand ils atteindront enfin le paradis, et pourront se reposer en paix.

Paix ! Entendez bien ce mot. Paix ! Toute leur vie ces deux cœurs purs ont agis dans cette direction, le bonheur passe inévitablement par la paix. En paix ils veulent que vous demeuriez, même après leur décès. N’allez pas chercher une quelconque vengeance, si futile. La vengeance amène la vengeance ! Aujourd’hui vous ressentez toute la tristesse qu’un tel acte peut amener, vous sentez-vous capable d’en infliger un aussi puissant à des âmes innocentes comme vous et moi. Souvenez-vous que vos amis perdurent dans vos cœurs ; que penseront-ils de vous si, juste après leur mort, vous partez en bataille ? N’allez pas croire qu’ils seront honorés que vous avez été prêt à mourir pour eux. Ils seront répugnés ; toute leur vie ils auront agi dans un sens charitable, et sitôt eux morts, vous vous débarrasseriez de tous leurs enseignements, vous rejetteriez tous les moments passés avec eux… La mort n’est pas là pour briser l’amitié, mais pour la renforcer ! Il est si aisé de s’égarer, mais tellement dur de pouvoir revenir en arrière, de regagner la confiance perdue. Agissez sans cesse en suivant leurs conseils passés, en écoutant dans votre inconscient les messages de votre cœur, de vos compagnons disparus. »

Il marqua une pause, laissant chaque personne méditer ses paroles. Les cinq amis commencèrent à entrevoir un nouvel avenir, respectant scrupuleusement tous les reproches passés de leurs amis… Mais comment parvenir à laisser l’agresseur encore en vie… Kev songea aux deux flèches, à ces deux traits dans lesquels reposaient désormais toute sa haine… Le tueur pouvait très bien encore recommencer…

La messe continua une heure durant, le prêtre évoquant la vie des deux amis, les malheurs par lesquels ils étaient passés, s’attardant sur le meurtre remontant à quatre ans déjà… S’adressant à l’assemblée, il continua, parlant de la générosité du duc qui les avait sauvé de la misère. Au réconfort des cinq survivants, il ne fit aucune allusion au meurtre de la veille, malgré les regards parfois furieux de certains venus simplement par curiosité. Il leva finalement les yeux vers la voûte de l’Eglise, et entama une louange :

« - Ô Serpent, en ce jour de deuil, nos cœurs blessés,

Vidés de tout espoir, cherchent ton réconfort.

Vois le joug du malheur dans nos yeux attristés

Lis dans nos âmes une dernière supplique. A tort

Nous te contraignons, nous connaissons notre erreur,

Pourtant nous te supplions, si fort est le chagrin,

D’accorder aux âmes aimés ta divine lueur.

Pour que, montant vers toi, soient guidés par une main

Ces cœurs si purs, si tôt victimes de la terreur

Grâce à toi, nos cœurs s’allègent ; reviens la joie.

Les fondations de nos vies tiennent par tes pierres,

Nous te chérissons, toi qui est pour nous un roi,

De ton noble dévouement naît la lumière.

Il tourna ensuite son regard vers les vitraux desquelles filtrait une lumière ténue. D’un geste les gonds grincèrent, puis les mosaïques s’ouvrirent lentement. Le soleil était toujours aussi puissant, et il eut tôt fait d’envahir l’Eglise, illuminant les cinq amis.

Le prêtre déambula alors dans les allées, faisant la quête, insistant sur la force que ces dons avaient. Sans eux il n’y aurait plus de clergé, sans eux toutes ces cérémonies aidant les âmes à trouver un nouveau repos disparaîtraient…

Les cinq vidèrent leur bourse dans le chapeau tendu. Ils imaginaient que la prière n’aidait pas forcément à accéder à l’arbre-ciel, à ce lieu parfait, mais le prêtre les avait aidé à oublier une partie de leur tristesse. Mais celle qui restait était encore si grande…

Et puis, l’espoir… Si un don pouvait aider, même de manière infime, leurs amis à accéder au paradis, alors ils devaient essayer. Qu’étaient de vulgaires pièces d’argent par rapport à l’éternité qui se dessinait face à leurs amis ?

Le prêtre revint vers eux et leur fit un signe. Ils se levèrent et avancèrent, légèrement tremblants, vers les deux cadavres. Ils écartèrent les draps blancs et à tour de rôle, ils se penchèrent au-dessus du front de leurs amis, et l’embrassèrent, comme ils le feraient pour un habituel au revoir… Seuls eux parvenaient à voir les différences : des larmes apparaissaient au coin des yeux, et l’embrassade était plus allongée, de manière à se souvenir éternellement de cet au revoir… de cet ultime adieu…

Ils s’écartèrent et se rangèrent de part et d’autre des stèles, pendant qu’affluaient d’autres personnes. Certaines ne firent qu’un bref geste, d’autres au contraire s’agenouillèrent à terre devant les stèles, ne parvenant à se relever. Chacun dans la file attendit avec patience l’instant où il se trouverait confronté à ce dernier moment, aucun ne voulant forcer une personne à s’écarter des stèles ; la plupart unis dans une commune tristesse, certains plus que d’autres, mais tous respectant le désespoir des autres.

Le duc s’avança alors, dernier de la file. Devant les stèles, il fixa à tour de rôle les visages des deux morts, et resta ainsi durant un long moment, transi. Au fil de ses souvenirs des larmes apparaissaient au niveau de ses yeux, mais il ne faisait rien pour les retirer. Soudain, de manière rageuse, il essuya ses pleurs et se détourna, furieux contre lui-même. Les compagnons le regardèrent partir, étonnés de la tristesse qu’infligeait au duc la mort de leurs deux amis.

La procession descendit ensuite les marches menant au cimetière. Tous étaient silencieux, et fixaient les deux brancards en bois poli sur lesquels descendaient les corps. Les clercs déposèrent les corps sur les côtés de deux tombes ouvertes, avant qu’ils ne soient soigneusement allongés dans leur caveau familial respectif. Les compagnons déposèrent alors les armes et armures de leurs anciens amis, les étendant avec respect au-dessus de ces êtres. Mav mit aussi aux côtés de Richard un panier, celui qu’il avait utilisé lors de chaque cueillette. Il n’avait désormais plus aucune utilité… Kev se maudit alors de n’avoir songé à amener le bilboquet ; sans les défis constants qu’ils se fixaient entre eux, Pierre et lui, il ne servait plus à rien…

Enfin, pour la dernière, fois, ils le savaient, ils s’agenouillèrent devant leurs deux amis et les fixèrent dans leurs yeux, désespérés que rien ne reflète leur regard. Ils se relevèrent et s’écartèrent de l’ouverture, laissant d’autres proches jeter des cadeaux, bibelots qu’avaient touchés les deux êtres et qui n’avaient de raison d’être que proche d’eux. Une nouvelle fois le duc s’approcha, et jeta dans chaque tombe deux parchemins finement enroulés.

Les fossoyeurs s’avancèrent à leur tour, et commencèrent sans un mot à jeter la terre au-dessus des corps. Rapidement, pelleté par pelleté, les amis disparurent aux yeux des compagnons. D’abord les mains, puis les jambes, le cœur et enfin la tête. Ils fixèrent encore longtemps ce tas de terre, perdus dans leur pensée.

« - Si vous avez besoin de moi et de vous confiez, n’hésitez pas. Je comprends votre tristesse, mais n’agissez pas sous le coup de la colère, vous regretterez sous peu votre acte. »

Surpris les compagnons se retournèrent, ne pensant pas trouver le prêtre si proche d’eux. Ils acquiescèrent ensuite de la tête, avant de regarder à nouveaux les mottes molles.

« - Soyez courageux, c’est un moment ardu à passer, mais vous comprendrez bientôt que se priver de bonheur par culpabilité est une ineptie. Courage, n’hésitez vraiment pas si vous avez le moindre doute ; malgré les chantiers permanents chez moi, je pourrais toujours vous écouter, et serais toujours là pour vous. »

Il s’éloigna alors, laissant les amis le regarder quelque temps remonter en direction de l’Eglise, puis disparaître par l’ouverture de la porte.

A son tour, le duc vint vers eux et leur proposa de les accompagner, désirant converser un instant avec eux sur la mort de ces deux êtres qui comptaient tant. Devant la réticence de Mav et de Kev, il s’excusa de l’incident, expliquant rapidement qu’il s’était emporté sans lui-même comprendre la raison.

Ils le suivirent alors dans le dédale de rue, se dirigeant vers le donjon. Ils passèrent une première porte, où deux soldats montaient la garde, puis une deuxième, où patientait la garnison. Ils grimpèrent une volée de marche avant d’arriver dans une salle simple d’apparence que Mav et Kev reconnurent de suite. Ils s’engouffrèrent ensuite par une nouvelle porte, et arrivèrent dans un magnifique salon. De superbes tableaux ornementaient les murs, et d’admirables fauteuils en étoffe rare dormaient sur le plancher. Le duc les invita à s’asseoir, en leur montrant l’exemple. Après s’être assuré qu’ils ne désiraient rien, il commença à parler :

« - Je comprends votre tristesse, j’ai longtemps vu à quel point vous étiez liés vous sept… Mais je suis sûr que vous ne comprenez pas pourquoi leur mort me plonge dans un tel état. »

Les amis hochèrent silencieusement leur tête, et le duc continua :

« - Autant commencer du début alors… Lorsque j’étais jeune, je m’hasarda lors d’un automne dans une forêt très loin, à une quarantaine de lieues : les bois de Loriath ; et je m’y perdis, ne sachant m’y retrouver parmi tous ces arbres qui se ressemblaient tous. Je courus éperdument parmi cette forêt, puis m’écroulai épuisé, loin de ma monture. Lorsque je me réveillai, je criai de toutes mes forces, espérant qu’un homme vienne me sauver, mais nulle réponse ne se fit entendre, excepté les échos des arbres. Je cherchai désespérément à retrouver mon cheval, mais tous mes appels furent vains. Je décida alors de chercher de la nourriture pour survivre, et me nourris d’herbes et de lapins tués à distance. Par chance se trouvait aussi une source, et je pus survivre des semaines dans cet état. Je m’habitua à cette vie, et organisa en conséquence mes journées : le matin je cueillais des fruits, puis l’après-midi je chassais des animaux. Chaque nuit je dormais près de la source, ayant installé ma tente à cet endroit. Le soir venu j’allumais des feux pour repousser les bêtes sauvages. Je pus subvenir à mes besoins, mais la moindre accalmie aurait pu avoir raison de ma vie, et l’hiver approchait. Je craignis que les bêtes se fassent plus rares, et chaque jour de nombreux fruits tombèrent de leurs arbres. J’espérai alors que des hommes soient partis à ma recherche, s’inquiétant de ma si longue disparition. J’eus peur qu’aucun n’imagine que je sois parti si loin, hors des frontières de Foy, mais j’imaginai que mon père, l’ancien duc, ait dépêché de nombreuses troupes.

Un jour, au début de l’hiver, la neige tomba à gros flocon et je me réveillais entouré de blanc. J’étais grelottant, n’ayant que mes habits d’été, mais je décidai tout de même de partir en quête d’animaux. Alors survint le drame : heureux de trouver aussi vite un lapin j’arma mon arc en tirant trop fort sur la corde, qui céda. Je ne pouvais reconstruire un arc, et rentra difficilement à mon campement. J’essayai d’allumer les feux, mais ils ne prirent pas. Ne sachant comment me réchauffer, je rentrai alors dans ma tente, me recourbant sur moi-même pour garder le maximum de chaleur corporelle.

Le lendemain lorsque je me levai, je remarquai avec désespoir que davantage de neige était tombée. Me sachant perdu, je sortis ma dague, et grava sur un arbre proche mon nom, ma date de naissance, ainsi que ma probable date de mort. Je taillai aussi en grand Foy, puis essayai de marquer les moments importants de ma vie ; mais affaibli par le froid et le manque de nourriture je m’évanouis. Lorsque je me réveillai j’étais sur un cheval, au dos du père de Richard, et à ma gauche se tenait le futur père de Pierre. Surpris, je leur demandai comment ils avaient pu me retrouver, et ils répondirent qu’ils étaient partis demander au Roi des Mormundes si ce dernier n’avait trouvé un enfant d’une vingtaine d’année, mais il avait répondu sincèrement que non. Ensuite il leur avait proposés de passer la nuit en sa ville, puis à l’aube ils étaient repartis. Ils m’avaient ensuite retrouvé par hasard en s’aventurant dans une forêt aux abords de la Grand Voie, et m’avaient recueillis, étonnés de me trouver en vie après deux mois d’absence.

Jamais je n’ai compris comment j’avais fait pour ne pas remarquer que j’étais si près de la route, et j’ai même imaginé un instant que j’y avais été transporté durant mon évanouissement. Après je leur jurai que je rembourserai un jour ma dette à leur égard, et depuis nous avons été amis, et nous sommes souvent partis ensemble à la chasse, mais jamais en Loriath.

A leur mort, je compris que je devais protéger leurs enfants de cette même mort, et leur offrit ainsi de l’argent et de la nourriture, et leur proposa une chambre ici, dans ce donjon, mais ils refusèrent, préférant certainement leurs libertés à une richesse qu’ils jugeaient contraignante. Depuis hier je n’ai cessé de m’en vouloir, me demandant pourquoi je n’ai profité de mon rang pour les forcer à rester au château. En vous parlant, en voyant vos regards, j’ai enfin compris, et je pourrai mieux vivre maintenant : en agissant de cette façon autoritaire j’aurai trahi la confiance que me portaient leurs pères, et cette confiance m’a permis de survivre.

Mais il me reste pourtant un dernier regret : j’ai apprécié les rares moments passés avec eux, plus que vous ne pouvez imaginer : je n’ai pas eu d’enfants et je n’ai donc jamais connu la joie d’en élever un. Pourtant, malgré tout ce bonheur, je dus bientôt les laisser seul, obligé que j’étais à m’occuper de tout ce qu’un duc doit faire… et c’est harassant… Par chance, ils ont croisé votre route, et vous en avez pris soin, sûrement mieux que je ne l’aurais fait… Pourtant je suis sûr que si je ne m’étais pas laissé submerger par tous ces problèmes du duché, j’aurais pu les protéger, et ils seraient peut-être encore vivants aujourd’hui… Et j’aurais eu la satisfaction d’avoir vécu un réel bonheur, non pas été guidé par mes ancêtres… »

Il regarda Geoffroy, distinguant clairement des larmes couler de ses yeux marron. Il s’approcha de lui en parlant d’un ton compatissant :

« -Je sais qu’il est dur d’accepter avec abnégation que deux de ses amis meurent aussi tôt, Pierre à juste quinze ans et Richard à vingt-deux ! Mais la liberté ne vaut-elle pas ce prix. Que vaut-il mieux ? Un long emprisonnement où les âmes se meurent par la destruction de tout espoir, ou bien mourir libre, après avoir réalisé ses rêves les plus importants ?»

Geoffroy se leva alors, dépassant de sa haute taille le Duc. Ce dernier prit peur, et recula, craignant que la tristesse ne le rende fou. Mais il partit alors du salon, ouvrit la porte et descendit avec désespoir les escaliers, ses longs cheveux noirs étant la dernière vision du Duc et des amis. Il n’avait pu résisté à cette épreuve : Pierre et Richard valaient mieux que ce Duc, mais lui avait survécu, étant passé si proche de la mort. Pourquoi les riches s’en sortaient toujours pendant que les pauvres souffraient, souvent des conséquences des actes des ducs et rois. ? Pourquoi lorsqu’un duc attaquait un autre peuple, les ripostes se faisaient contre le peuple, et non le coupable ? N’y avait-il moyen de changer cela, de rendre la vie meilleure ?

Même si le duc avait semblé gentil à leur égard, et même prévenant, le simple fait qu’il ait connu les parents de leurs deux amis était un signe… Peut-être que c’était lui qui faisait fausse route, non le duc, et qu’il n’avait menti en rien… Pourtant il ne pouvait pas accepter que seul la malédiction ait frappé par deux fois par hasard… Il devait forcément y avoir un lien, et il lui semblait que le duc en possédait peut-être un.

Il alla chez Gontrand et se saisit des deux flèches vertes, qu’il porta à son cœur. Le soir venu son ami le trouva ainsi, pleurant au dessus de la trappe cachée, les flèches entre ses mains. Il était resté dans cette position durant des heures, et les flèches étaient toutes humides de ses pleurs. Revoir ainsi les pointes sur lesquelles avait noirci le sang de ses amis lui avait été un choc. Gontrand lui tapota l’épaule, et Geoffroy se leva alors lentement. Il jeta sur la table les flèches et annonça juste avant de partir :

« -Il y a deux ennemis à abattre ».

Gontrand se pencha vers les flèches et remarqua que l’une d’entre elles avait de légères nuances jaunes, comme un symbole d’importance.

Les antithèses à l'eglise sont voulus ("faut-il mourir pour vivre") et symbolisent le très grand désespoir des amis, et leur questionnement.

pour le baiser sur le front, est-ce compréhensible rapidement que cela est dû à leur entrevue avec le viellard qui a perdu son frère??? car je n'ai pas voulu le dire, cela aurait été très lourd

J'ai pris l'exemple des jets d'eau car à l'époque de louis XIV le ministre des finances (je ne sais plus le nom) avait fait construire un château plus beau que celui du roi( avant Versailles), et y avait mis des jets d'eau, une technologie à l'époque incroyablement chère (en clair, le prêtre en profite bien :angry: , comment ça un stérétype :lol: ).

L'histoire du duc n'est là que pour introduire une phrase, une seule: "avait-il deviné", le reste est juste pour embellir et tromper.

J'ai essayé d'introduire mieux dans le texte deux descriptions: celle de Kev et de Geoffroy: en relisant la précédente j'ai été mort de rire devant l'intégrité de la chose :D . Un bon moment de détente.

Le signe d'importance est-il trop clair? Je veux dire... enfin, je n'ai pas envie de casser le suspense, mais voilà, pour ceux qui ont lu la suite, devinent-ils quelque chose? je pense que cela fait partie des petits indices bien explicites que le lecteur se souviendra au moment de la présentation du personnage, et je crains qu'il devine trop rapidement. Pour le suspense ne devrais-je pas mettre:

Gontrand se pencha vers les flèches et remarqua que l’une d’entre elles avaient de légères nuances jaunes, différente du plumage totalement vert de l'autre.

Ce n'est qu'une phrase très lourde (à améliorer si je change), mais je n'ai aps envie que ce soit trop explicite: ayant de pas très belles descriptions et des personnages pas très charismatiques, j'essaie d'avoir une bonne intrigue (Ahhhh, le topic comment ne pas écrire porte ses fruits B) ).

Je crois bien que c'est tout au niveau du commentaire.

Iliaron, ou comment faire un commentaire plus long que le récit :wink:

Edit: Y a t-il moyen sous Word d'éviter les "°" qui sont avant ou après les guillemets, les deux points et points virgule??? car c'est embêtant quand l'on met sur le forum, bien que ça ne se voit pas il y a toujours les espaces.

EDIT du 30/04/05

Modifié par Iliaron
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posèrent tendrement les corps
reposaient gaiement les morts

Fais attention, même si ca permet de mettre en valeur les sentiments, je trouve que ca derange dans la description. Il y a d'autres termes qui permettent de decrire le soin qu'ils y mettent sans utiliser ceux la ! :lol:

Se demandant de l’utilité de la chose, les Compagnons donnèrent chacun une vingtaine d’écus, l’assistance n’ayant déboursée un centime, réservant leurs maigres économies pour leur famille. Kev versa l’argent en se demandant l’utilité de l’acte

Tu répètes l'idée de l'utilité

je me réveillai entouré de blanc. J’étais grelottant, n’ayant que mes habits d’été, mais je décidai tout de même de partir en quête d’animaux. Alors survint le drame : heureux de trouver aussi vite un lapin j’arma mon arc en tirant trop fort sur la corde, qui céda. Je ne pouvais reconstruire un arc, et rentra difficilement à mon campement. J’essayai d’allumer les feux, mais ils ne prirent pas. Ne sachant comment me réchauffer, je rentrai alors dans ma tente, me recourbant sur moi-même pour garder le maximum de chaleur corporelle.

Le lendemain lorsque je me réveilla

Regarde juste le groupe verbal qui debute ma citation et celui qui le fini :wink:

Bon voila tout ce que j'ai noté sur la forme ! On peut dire que c'est du bon boulot! Euh ... Par contre, pour le Duc, vu comment tu nous as décrit tout ca, tu n'as pas le droit de le laisser de coté ! Je veux :D J'ordonne :'( Qu'il ait une place dans la suite !!! Bon sinon, j'ai bien aimé ! Suite!

@+

-= Inxi =-

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J'ai fait la suite. je comptais poster plus tard, une fois le chapitre fini, mais je crains que le passage avec Geoffroy ne soit trop lourd à lire et vraiment embêtant. je dois avouer que j'ai réellement eu du mal à l'écrire, et me suis arraché les cheveux tellement je trouvais ça plat.

Chapitre III : Capture

L’aube était à peine levée que déjà Geoffroy était assis sur sa couche de paille. Son regard était figé, perdu dans des réflexions desquelles il ne parvenait à se libérer. Qui avaient donc tués ses deux amis ? Les flèches ne cessaient de lui revenir à l’esprit, et crevaient tous ses raisonnements d’une pointe de fureur. Il n’arrivait plus à se maîtriser, et était aveuglé par une haine indicible qui brûlait ses entrailles. Si jamais il trouvait les coupables, ô oui s’il les démasquait, il prendrait plaisir à les voir souffrir et, supplier une mort rapide ! Il serra ses poings sur son arc, s’imaginant décochant des flèches insidieuses dans le corps de ces assassins. Ce jour-là serait un jour heureux !

Une autre image vint à son esprit, celle de Pierre et Richard, à la fois fascinés et terrifiés par le pouvoir d’une simple flèche. Pouvoir de vie et de mort, de défense et d’attaque, de félicité et d’enfer… Jamais ils n’auraient voulu qu’il devienne pire que leurs meurtriers… Et il était en train de se métamorphoser en une bête sauvage et frénétique. Il se devait de se maîtriser ! Ne pas se laisser aller à ses instincts primaires ! Respecter la manière de vivre de ses deux amis, et essayer autant que possible de préserver la vie… la vie et le bonheur. Bonheur qui pourtant leur avait été volé depuis quatre années…

Il jeta son arc au travers de la pièce, et s’effondra à terre, brisé par les épreuves. Il ne savait plus comment agir, il avait perdu tout repère. Tout ce en quoi il avait cru s’était effacé dans le néant de la mort.

C’est ainsi qu’un garde du duc le découvrit, la tête dans ses mains, des larmes ruisselant le long de ses joues. Se retenant à grand peine de lui hurler de déguerpir, Geoffroy refusa de manière catégorique l’invitation, et l’excuse, du duc.

Il avait perdu toute confiance en leur meneur, et cette salle enluminée de richesses ne lui semblait n’être que la devanture d’une réalité bien moins reluisante. Le discours de la veille l’avait choqué. Le duc n’était pas le genre d’homme à avoir du cœur, et pour qu’il offre une rente à Pierre et Richard, il s’était passé quelque chose entre lui et les pères de ses deux amis. Quelque chose qui dépassait le simple sauvetage… Le duc était plus le genre d’homme à fonder son amitié dans les duels plutôt que dans les remerciements…

Que s’était-il donc passé dans cette forêt ? Etaient-ce des êtres immémoriaux qui avaient approché le duc de la lisière ? Pour la première fois, Geoffroy songea que les rumeurs qu’il avait toujours considéré comme fantaisistes pouvaient être porteuses d’une vérité. Des troubadours circulaient et contaient l’histoire d’une lointaine guerre contre ces peuples, où le destin du monde y aurait été scellé pour un temps ou pour toujours. Ils osaient même insinuer que ces guerriers auraient pu massacrer les humains en une seule attaque ; mais s’ils avaient possédé un tel pouvoir, ils l’auraient utilisé, imagina avec aisance Geoffroy. Il paraissait que les royaumes humains s’étaient unis pour contrer la menace, et seule cette partie lui avait semblé plausible ; et encore, très peu au vu des troubles intestinaux qui minaient les relations entre le royaume de Foy et celui de Mormundes. Mais tout cela remontait à des dizaines de générations, depuis cette époque tous les faits héroïques avaient pu être amplifiés jusqu’à atteindre à chaque fois une dimension mythique… Mais peut-être subsistait-il encore une part de vérité…

Geoffroy se décida finalement à sortir, et s’éloigna des remparts intérieurs protégeant Skefoy. Il avait toujours aimé marcher et sentir le vent dans ses vêtements. Son amour de la chasse était né de cette passion de la nature. Mais aujourd’hui tout lui semblait fade, et même la douce brise qui régnait dans Skefoy lui apparaissait avoir un toucher âpre et rugueux, comme si le vent cherchait à lui arracher ce qui lui restait de peau.

Il arriva finalement à un vieil arbre, tordu et noueux, l’écorce abîmée. En un instant, de très nombreuses réminiscences douloureuses affluèrent dans son esprit. Avec Richard ils avaient passé des heures au pied du tronc, imaginant qu’ils le grimpaient et sautaient par-dessus la muraille. Ce qui les avait retenu n’avait pas été la fragilité de l’arbre, ni même la hauteur de la muraille extérieure en cet endroit, mais la peur panique de croiser les agresseurs…

Il préférait ne plus y penser, son cœur battant la chamade à chaque souvenir de ses amis morts. Il continua d’errer sans but, comme jamais il ne l’avait fait, le long de la muraille extérieure. A cet endroit, sur cet arbre coupé, il avait offert à ses deux amis un arc pour leur permettre de se défendre. Là, un beau jour d’été, ils s’étaient couchés dans les herbes folles, s’amusant à interpréter les formes des nuages, y lisant d’heureux présages. Ici, ils s’étaient arrêtés pour observer un oisillon piailler joyeusement à l’adresse de sa mère qui revenait, le bec empli de vers.

Déchiré par cette anamnèse, il s’arrêta et s’écroula à terre. Qu’ils lui manquaient ! Quatre ans de jeux, de joie, de bonheur… Quatre ans passés à oublier la terreur. Quatre ans… Cela semblait être une éternité. Tout s’était effacé en une nuit, et pourtant jamais il ne pourrait les oublier, une part de son cœur était partie avec eux dans leurs tombeaux. Il sentait certes qu’un brin de leurs âmes était resté en lui, mais si infime que jamais il ne pourrait remplacer le vide que leur mort avait créée !

Quelle image du monde leur donnait-il ? Lui écroulé de désespoir… Que diraient-ils s’ils le voyaient ? Ils ne se moqueraient pourtant pas de le voir vivre enfermé dans son passé et sa peine, eux-mêmes ayant agi d’une telle façon. Mais ils avaient tout de même essayé, ils s’étaient battus pour trouver le bonheur. Cette quête avait été vaine, mais elle avait eu le mérite d’exister !

Il laissa tomber ses bras à terre, honteux. Vraiment il était lamentable ! Non, jamais ils n’auraient proféré une telle injure, ils l’auraient réconforté, ils auraient compris son chagrin et, en le partageant, auraient rendu la peine plus aisée à supporter. Ils avaient toujours été là, et l’étaient encore, malgré leur mort. Pourquoi étaient-ils donc morts ? Quelle était donc cette malédiction qui étendait sa hideuse carcasse sur leurs vies, et qui à chaque battement d’aile répandait tristesse et désespoir ? Si seulement ils étaient encore là, ils riraient au bec même de la mort et les ténèbres macabres se seraient transformées en de lumineux rayons.

Geoffroy s’abandonna soudainement aux pleurs, avant de contempler béatement ces gouttes mordorées qui réfléchissaient la lumière solaire. Le soleil est l’espoir, tenta de se rassurer Geoffroy, même s’il savait qu’en ce jour il ne pourrait pas ne pas être attristé.

Lorsque la luminosité se fit trop faible, il se décida enfin à rentrer à Skefoy même. La nuit avait installé son ombre lorsqu’il déboucha dans les ruelles du château. Bien qu’ayant marché six lieues durant la journée, il ne se sentait le courage d’aller chez soi et de devoir justifier son absence. Et il craignait par-dessus tout de rêver de ses amis ; il n’en ressortirait que plus triste… Il se décida finalement à aider durant la nuit la vigie surveillant la porte. Cela permit à Gotric – puisque tel était son nom – de rejoindre sa dulcinée. Quitte à être triste, avait songé Geoffroy, autant que la souffrance enfante du plaisir, même si ce doit être pour les autres… De plus, il ne se serait pas endormi, et cette nuit aurait été du temps perdu. Gotric pouvait avoir confiance en lui !

Le lendemain, après d’ultimes remerciements de la part de Gotric, et la promesse que lui aussi serait toujours prêt à l’aider pour quoi que ce soit, il sortit de la tour et rentra directement chez lui. Il croisa ses compagnons, qui s’avancèrent vers lui, mais il ne se retourna pas. Aucun n’insista, tous comprenant son désir d’être seul. Geoffroy sentit leurs regards surpris le suivre jusqu’à chez lui, mais il leur fut gré de respecter cette envie sourde qu’il avait de rester en tête à tête avec sa souffrance. Arrivant chez lui, il se coucha et fit aussitôt semblant de dormir, échappant à tous commentaires désapprobateurs de sa famille.

Le reste de la semaine fut pour lui un long calvaire : une longue succession d’événements desquels il rêvait de s’échapper, mais comme dans un cauchemar, à chaque escapade, le futur se révélait pire. Il se sentait de plus trop seul pour être heureux, mais trop triste pour être en groupe. Chaque jour il croisait ses amis qui s’inquiétaient, et chaque jour il ne leur offrait nul regard. Pour l’instant, aucun ne lui avait émis un seul reproche. Ils comprenaient tous le choc qu’avait été la mort de Pierre et Richard, et ils se sentaient tous unis sous la même bannière de désespoir.

* *

*

Il fallut une semaine aux cinq compagnons pour se trouver de nouveau rapprochés. Alors qu’ils s’étaient tous posés proche de la barbacane, au niveau de l’entrée du château, Geoffroy à l’opposé des quatre autres, un son les fit tous se dresser, alertes. Le funeste présage qui émanait de la sonorité, telle une annonce macabre criée à vive voix, les éveilla au danger. Ils n’eurent que le temps de se redresser, et avant de pouvoir faire un pas en direction d’une ruelle, le trait s’écrasa à terre. Ils firent volte-face, pour voir la hampe au plumage rouge enfoncé dans la terre.

Quelques instants plus tard, le temps que la foule réalise l’origine de la stridente stridulation, l’endroit fut vide de toute vie, à l’exception des cinq compagnons, et des gardes qui enjambaient à la volée les marches pour atteindre la muraille. Un silence pesant régnait, à peine troublé par les murmures des soldats à la recherche du tireur.

Geoffroy fixait la flèche comme si cette dernière détenait en elle une part de son destin. Le projectile avait occulté toute vie autour de lui, en son âme n’existait plus que cette flèche. Deux nouveaux traits verts vinrent se mélanger à sa vision, sur lesquels des gouttes de sang roulaient, gouttes de la même couleur que le plumage…

C’est alors qu’il le vit. Un message était finement enroulé le long de la hampe. Peut-être une réponse à leur malédiction…

Sans hésiter, Geoffroy se précipita en direction de ce morceau de parchemin. La flèche n’avait été qu’un moyen d’envoyer un message, il n’y en aurait pas d’autres ! Il arracha prestement le trait du sol, puis continua à courir jusqu’à ses quatre amis.

Alors qu’il s’apprêtait à la dérouler, le duc, armé, fit irruption dans la cour, hors d’haleine. Aussitôt un vétéran vint le soutenir et lui expliciter en quelques mots rapides la situation. En réponse, le duc chuchota ses ordres au soldat, qui courut aussitôt de compagnies en compagnies pour passer les consignes. En temps normal, songèrent les cinq compères, leur chef aurait hurlé de toute sa rage les ordres, mais si un éclaireur ennemi pouvait s’approcher assez proche pour lancer une flèche, nul doute qu’il pourrait aussi les entendre…

Finalement, il s’approcha du centre de la cour, où il remarqua avec aisance le trou dans la terre. Il demanda alors à haute voix qui avait récupéré la flèche, modulant sa voix de manière à la rendre assurée et prouver à leur agresseur que la crainte n’avait nulle prise, ni sur lui, ni sur tout son peuple.

Geoffroy, rasséréné de ne pas avoir brisé le fin sceau qui ornait le message, l’apporta au duc. Avant de la rendre, il observa avec insistance le symbole ornant la cire rouge. Un chevalier, lance en avant. Un soleil apparaissait au niveau de sa lance, tandis qu’un serpent, gueule en avant, tel un guide, émanait du heaume.

Le duc arracha avec fureur le message, sans même un regard pour le sceau, avant de lire la missive. Des tics nerveux déformèrent un instant son visage, avant qu’il reprenne un semblant de contenance. Il inspira avec force, cracha à terre sa haine, avant de finalement lire avec violence l’écrit.

« - Mon armée de Mormundes a pénétré avec facilité votre lopin de terre. Votre garnison de Krastik est annihilée, les maisonnées brûlées avec leurs habitants. Ne tentez pas de fuir, vous êtes assiégés. Toute tentative de sortie sera punie de mort.

Rendez vous.

Si vous désirez éviter une guerre perdue d’avance, jurez fidélité devant mon commandeur, et promettez de vous soumettre au Royaume de Mormundes pour toujours.

Rendez vous.

Si vous désirez combattre, apprêtez-vous à mourir dans à peine deux jours. N’attendez nul renfort de vos garnisons extérieures, aucune ne sera en mesure de vous aider.

Rendez vous.

Malak, Roi du Royaume de Mormundes et des terres environnantes, futur souverain de Foy.

Rendez vous. »

Il laissa glisser le parchemin, qui en une lente descente, se rapprocha de la terre. Alors, avec un rugissement se nourrissant de toute sa rancœur et de toute sa gloire à être le souverain de Foy, il dégaina sa rapière, puis, d’un geste sûr, coupa le message en deux.

La population qui avait approché à la lecture de la lettre s’arrêta, sidérée par l’exploit. Pour couper au vol un morceau de papier, la lame devait être effilée, et les réflexes aguerris !

Conscient de l’attention de tout un peuple, le duc monta à la volée les marches des rempart et, se plaçant bien en vue et des Skefiens, et des potentiels ennemis, hurla.

« - Mon peuple, gardez donc foi ! Ne vous laissez pas envenimer par les boniments d’un roi avide de pouvoir, mais incapable de le conquérir lui-même !

Nous avons de résistantes murailles, et tant de pièges insoupçonnés se cachent jusque dans leurs entrailles ! Nous avons les meilleurs soldats des deux royaumes humains, et notre armée excelle où qu’elle aille. Jamais ils n’ont défailli, et leur courage tiendra encore des décennies, par delà toutes les injures des ennemis. Nous avons de rapides destriers, insaisissables sur les champs de guerre, tant leurs cavalcades ahurissent les ennemis. Nous avons de compétents et dévoués fermiers, et leur travail nous permet chaque jour de tous nous nourrir à notre faim, et nous le permettra encore, même assiégés. Mais surtout, nous possédons un don divin, nous le tirons du Serpent ; notre courage est infaillible. Nos actes ont toujours été guidés par notre Dieu, et dans cette bataille, il viendra encore et toujours à notre aide.

Non, nous ne pouvons faillir ! Depuis vingt-six générations, le peuple de Foy a toujours résisté aux Mormundiens. La scission qu’a connu le royaume humain a renforcé notre pouvoir. Depuis toutes ces années, notre force s’est accrue et a dépassé tout ce que nous opposeront la misérable piétaille de ce roi déchu qu’est Malak ! »

Il leva haut son épée, avant de continuer :

« - Krastik n’a pas été vaincu, mais contournée, nos garnisons n’ont pas été découvertes, et nos forces mésestimées. Jamais, non jamais, je ne tolérerai leur présence sur nos terres plus longtemps. Moi, Jules, vingt-sixième descendant de la dynastie des Hannifoy, serai toujours un roc m’opposant aux vaguelettes que pourront créer l’armée ennemie. Que dès aujourd’hui, et que pendant toutes les journées durant lesquelles nous combattrons, le Serpent guide nos actes ! Que cette bataille soit placée sous le signe de la victoire ! »

Il replaça son épée le long de ses jambes, avant de la relever à toute vitesse, et d’hurler de toutes ses forces :

« - Pour Foy ! »

Les milliers d’hommes et de soldats levèrent en chœur leurs poings et scandèrent le même refrain, beuglant au maximum de leurs capacités pour se faire entendre des lieux à la ronde.

A peine haine et poings retombés, le duc cria à s’en blesser :

« - Pour Foy ! »

La foule repris aussitôt le refrain, tous conquis par la fougue sans limite du duc. Aucun ne pensait aux conséquences de la bataille, tous aveuglés par une même soif de victoire et un même désir de conquête. Rien d’autre ne comptait que les duels à venir et les ennemis à terrasser, que la paix à briser et les territoires à envahir, que le bonheur à enterrer et les morts à brûler.

A l’écoute de la harangue du duc, Kev agrippa fermement Gontrand et Mav, et les fit reculer jusque dans une ruelle. Les voyant s’éloigner, Arthur et Geoffroy les rejoignirent aussitôt. Alors que criaient encore les hommes et femmes, Kev siffla entre ses dents :

« - Que devons-nous faire ? Se battre ? Résister et mourir ? Se cacher ? Fuir ? Trahir Foy ? »

Geoffroy ajouta de suite, sans même attendre de réponses :

« - Déjà, cette attaque a-t-elle un rapport avec le meurtre de… de nos amis ? »

Mav, conscient de la portée de ses paroles, et réalisant l’importance que chacun de ses mots allaient avoir, commença à prononcer, hésitant.

« - Jamais nos deux amis n’auraient voulu que nous mourrions pour une telle cause ! Ces guerres n’ont nul autre but que de détruire le reste d’humanité qui réside encore en nos seins… »

« - Et de conquérir des territoires qui seront de nouveau attaqués » le coupa avec cynisme et tristesse Geoffroy.

« - A mon avis nous devons fuir » continua Mav. « Comme l’a dit Geoffroy, il ne sert à rien de rester. Nous devons rejoindre un lieu propice à nous accueillir. Malheureusement jamais je n’ai eu le loisir de voir une carte du monde, à part celles de Foy… »

« - J’aurais bien pensé à Krastik, quand on y était allé avec Gontrand, nous avions bien été accueilli. Mais si jamais les Mormundiens s’y sont installés… Et même, s’ils comprennent que l’on déserte, leur hospitalité sera nulle… »

Gontrand les coupa alors, acte que jamais il n’avait commis. Pour la première fois il saisissait à quel point une parole pouvait avoir une influence sur toute une vie, et il sentait que de cette discussion leur destin pouvait être scellé.

« - Paraît qu’au Sud est un territoire mystérieux, personne n’y a mis les pieds, ou tout du moins n’en est revenu… »

« - C’est vrai que des histoires abracadabrantes circulent au sujet d’un prétendu royaume maudit » compléta Geoffroy, encourageant son ami à parler plus en lui évitant d’avoir à prononcer toute parole qui pourrait lui sembler inutiles.

« - A l’Est est une forêt. Vu ce qu’a dit le Duc, peut-être que sont accueillants… »

« - Mais on ne sait même pas si le peuple qui les habite l’ont réellement sauvés. Après tout, il pouvait s’être égaré dans une forêt autre que celle qu’il avait songé, et être plus proche de la lisière qu’il n’avait pensé. N’oubliez pas qu’il n’avait plus de cheval… » ajouta cette fois Mav.

« - Et je crains que la réplique du duc ait été belliqueuse… » signifia sombrement Geoffroy.

« - Comment ça ? » s’enquit avec surprise Arthur.

« - Un pressentiment… »

« - Au Nord, » continua Gontrand, désirant toujours autant aider ses amis dans leur décision commune, « est justement le royaume de Mormundes… »

« - Plutôt téméraire donc, inconscient même ! » ironisa Geoffroy.

« - A l’Ouest, je sais pas. Peut-être la mer. »

« - Du moins, » finit Arthur, « jamais un seul projet de conquête n’a visé l’Ouest. »

« - Ca doit donc être la mer » éluda Geoffroy. A cette conclusion hâtive, et pourtant respirant la vérité, les quatre compagnons ne purent s’empêcher de sourire, même si pour Gontrand ce ne fut qu’un tremblement de lèvre.

« - Il nous reste donc le Nord ou l’Est. Aucun de nous ne sait naviguer, et je n’ai aucune envie de couler… » avança Mav.

« - D’abord, nous devons fuir » répliqua vivement Geoffroy. « Nous pourrons choisir la direction après. Il faut que l’on sorte et que nous nous retrouvions à un endroit où nous ne serions pas remarqués par les Skefiens ou les Mormundiens. Et cela à cinq, qui plus est ! Après, nous pourrons enfin choisir, et je pense que l’on pourrait même rester dans Foy, il suffit de trouver un hameau paisible. Grâce aux pérégrinations de Richard, j’ai de nombreuses connaissances dans pas mal de bourgades bien sympathiques ! » acheva-t-il sur une note positive.

« - Mais comment fuir sans éveiller l’attention ? » se résigna Kev.

« - Faire comme si de rien n’était » s’écrièrent ensemble Geoffroy et Mav. Le dernier continua :

« - Déjà, je crains que le duc n’ait quelques doutes au sujet de Geoffroy, ce qui va compliquer le tout. Mais si nous nous préparons normalement à l’assaut, il n’y verra vraisemblablement que du feu. Polissons nos armures, aiguisons nos épées, remplissons nos carquois, harnachons nos chevaux, faisons mine d’être prêts à partir à l’assaut.

« - Il y a un problème » murmura Arthur, « Gontrand et moi sommes des soldats, nous serons en première ligne… »

« - Arrangez-vous pour vous glisser en dernière, ça devrait être possible. Dans la barbacane seuls vingt chevaliers peuvent rentrer, il y en a une centaine. Rassure-toi, il n’y aura pas qu’une seule ligne. »

Gontrand approuva d’un très léger signe de tête, et Arthur se réjouit alors :

« - Ca devrait donc être possible ! »

« - Il faudra absolument se donner un point de rendez-vous par contre… »

« - Voyons cela plus tard » les coupa Geoffroy. « Organisons-nous d’abord ! Cachons nos autres préparatifs chez Gontrand, bien entendu en douce. Si nous cachons de la nourriture dans les heaumes, des flasques dans les armures, cela devrait passer sans mal. »

« - Et les tentes ? » demanda Kev.

« - Sous la paille, proche de nos chevaux » l’informa Mav devant le silence de Geoffroy.

« - Nous pourrons partir lors de l’assaut. Même assiégé, dis-toi qu’il y aura un assaut, nous sommes un peuple bien trop fier pour rester cloîtrés derrière nos remparts. Mais le duc ne lèvera pas la herse avant, et il n’y a que dans la fureur de la bataille que nous aurons tous une chance de fuir. » Geoffroy fixa Arthur, qui tremblait légèrement, et semblait absolument consterné. Il reprit aussitôt : « je sais que c’est dur à admettre de laisser les autres gens mourir, alors que tu as tant désiré combattre pour sauver des innocents. Mais avons-nous un autre choix ? Mourir ? Dis-toi que jamais Pierre ou Richard n’auraient désirés nous voir si tôt à leurs côtés. Leur plus ardent désir est que nous vivions heureux, ne sentez-vous pas cela en votre cœur ? Ils ne réclament d’ailleurs pas la vengeance que nous risquons de ne pas être en mesure de leur offrir !

Arthur, après un temps passé à ravaler les sanglots naissants, répondit, un tic nerveux lui déformant encore son faciès.

« - Durant tout mon apprentissage d’guerrier, j’ai appris à tuer sans scrupules, non à éprouver des sentiments. C’est grâce à vous que j’ai commencé à sentir d’l’amitié, d’la pitié, même d’la souffrance. ’Vec des troupes serviles, ‘fin, soumises, l’est simple d’remporter des victoires. Les soldats n’connaissent aucun doute et n’reculent jamais d’vant l’ennemi, sont prêt à s’sacrifier pour leurs maîtres. Maintenant, m’sens faible depis que j’connais ces sentiments, et pourtant fort d’pouvoir penser par moi-même et décider seul d’ce qu’est bien ou mal. J’vous suivrais partout, où que vous alliez. »

Se tournant vers son compagnon d’armes Gontrand, il lui demanda, tremblant :

« - Nous accompagneras-tu ? »

Un léger tremblement déforma son visage, avant qu’il n’articule faiblement :

« - Sûr, seriez capable de vous perdre. » une très légère intonation dans sa voix fit comprendre à ses amis qu’il était ironique. A la surprise des quatre, il continua sans même en avoir été encouragé, cette fois plus attristé : « Notre amitié est naît de Pierre et Richard, elle doit perdurer par-delà leur mort. Nous nous sommes formés pour les protéger, désormais, protégeons leurs souvenirs. »

Il se tourna vers Mav, lequel s’éberlua.

« - Eh quoi, tu croyais vraiment que j’allais vous laisser ? Comme si avec Geoffroy nous avisions depuis déjà quelques longues minutes pour rien ? » ironisa t-il légèrement, avant de reprendre, plus faiblement. « - Certes j’aurai apprécié rester auprès de leurs dernières demeures pour les fleurir chaque jour, mais on reviendra un jour pour cela. Je ne veux pas avoir à décorer un troisième caveau, et je vous accompagnerai partout. Je me rappelle encore des évènements d’il y a quatre ans, ils ont laissé une traînée sanglante dans toute ma vie. Je me suis juré que plus jamais nous nous laisserions mener par le destin. Fuyons, brisons donc ce cycle mortel ! »

Les compagnons se regardèrent et esquissèrent l’ombre fugace d’un sourire. Leur amitié était bien plus résistante que la parjure de la bataille, et elle résisterait encore à toute intrusion !

« - Nous avons deux jours pour nous préparer » annonça en conclusion Kev.

« - Et c’est largement suffisant » sourit Geoffroy.

« - Attendez » continua Kev, « pour les flèches ? »

Les compagnons se regardèrent un instant, avant de répondre d’une même voix :

« - Laissons-les là, trop de risque de les perdre. On pourra toujours revenir les récupérer et nous venger. Mais là jamais nous ne croiserons nos proies ! »

Kev acquiesça, avant de parvenir à faire apparaître un sourire :

« - A dans deux jours, donc. »

Sur ces entrefaites, ils se séparèrent, s’évanouissant parmi la foule chacun de leur côté, par simple mesure de précaution.

La tristesse de geoffroy, juste pour montrer son écart: je change des points par rapport à l'histoire originelle, et Geoffroy ne fuira pas avec eux, du moins je ne pense pas (j'y reréfléchis ce soir, voir les possibilités que ça m'offre).

Le nom hannifoy est inspiré d'hannibal, et signifierait: béni par Foy. Je ne sais pas si ça rend bien, mais j'ai pensé que ça n'était pas trop mal.

Jules, ça fait royal ou pas???

Je trouve ce passage vraiment mauvais, et pourtant j'ai envie de le mettre. Peut-être sera-t-il supprimé au final, mais je préfère le mettre pour avoir votre avis (peut-être que c'est un trésor inestimable de beauté, on peut rêver, non :rolleyes: ???? :huh: ). sinon j'essaierai encre une fois de le modifier (fichu manque d'inspiration pour le désespoir, j'ai trop envie de continuer l'intrigue et ai du mal à faire durer!!!)

Iliaron, et si le soleil s'y met et me convainct de faire du vélo ^_^ , quand finirais-je :huh: ???

EDIT: modification du texte et enlèvement de quelques répétitions

EDIT du 30/04/05

EDIT du 13/01/06: nouveau début de chapitre, la suite dans le post juste après.

Modifié par Iliaron
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Ben c'est pas mal ^_^

Si tu veux plus de stress, ralenti encore plus la scène et décrit encore plus ! ^_^ Tu devris finir par obtenir ce que tu veux ...

J'ai pas vu de fautes, donc tu commences à bien maitriser cet aspect ! Je dis ca mais quelqu'un va passer derriere moi et montrer que je me suis trompé :blink: Enfin j'espere pas ! :(

Sinon c'est pas trop mal, et leur fuite est bien préparée ! Donc c'est que du positif pour ce passage, je veux donc .... suspense ... une suite :crying:

@+

-= Inxi =-

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Si tu veux plus de stress, ralenti encore plus la scène et décrit encore plus ! ^_^ Tu devris finir par obtenir ce que tu veux ...

C'est justement à ça que j'ai du mal, à trouver les bons mots. je vais faire de petites recherches pour le voc, et un peu augmenter, peut-être en décrivant les bruits du dehors, les râles d'agonie...

Ben c'est pas mal

Ca fait plaisir, je craignais un: "ben... comment dire... c'est... et bien... mal" :crying:

Sinon c'est pas trop mal, et leur fuite est bien préparée ! Donc c'est que du positif pour ce passage, je veux donc .... suspense ... une suite

Elle arrive elle arrive, mais je vais d'abord refaire l'ouverture de la porte.

Iliaron, motivé.

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J'ai refait le paragraphe, et dans la foulée finit le chapitre. Je ferais après le prochain chapitre, sûrement le dernier de cette partie. Après enfin la vie des elfes sylvains ^_^ .

Bonne (courte) lecture

* *

*

Deux jours s’étaient écoulés depuis leur dernière entrevue. Chaque citoyen Skefien se tenait sur le qui-vive, vêtu de sa cuirasse, armé de tout équipement assez tranchant pour repousser l’envahisseur. Les visages trahissaient tous une même panique. Malgré leur enthousiasme d’à peine deux jours, et bien que ressentant encore de la fierté à combattre pour le royaume de Foy, tous avaient peur de mourir durant la bataille et de ne pas voir l’aube se lever sur une époque dégagée de l’étreinte de Mormundes. Les paysans, armés au mieux de haches émaillés côtoyaient les soldats réguliers dans leurs armures étincelantes, enfourchant des chevaux de bien meilleure constitution que leurs mules. Les visages des vétérans, endurcis par les nombreux conflits qu’ils avaient vécus, ne reflétaient aucune expression, à part, quelque fois, au travers d’une chique, un très léger questionnement sur le nombre que seraient les ennemis, mais jamais rien de plus.

Pourtant, au plus profond de tous ces êtres, d’apparences si contrastées, un même sentiment pulsait au plus profond de tous les cœurs : la haine de Malak et du peuple Mormundien qui, de par son attaque, brisait le rythme tranquille de la vie dans lequel tous se complaisaient. Ces ennemis les forçaient à se battre, à risquer leur vie pour sauver leurs familles. Ils allaient devoir payer le prix fort pour avoir osé mettre un terme à la paix.

Sur les remparts, les archers se tenaient, encore dissimulés. Les flèches étaient encochées, et, de leur respiration saccadée, l’angoisse se devinait. Dans la barbacane, une quarantaine d’archers se tenaient, prêts à défendre la porte jusqu’au galop des chevaliers. Derrière eux se tenaient les fantassins, parmi lesquels se trouvaient des soldats et des fermiers. Ils devaient être environ un millier, et formaient deux flaques de vêtements violets, tels deux larges troupeaux partant en guerre, laissant juste un mince passage pour la charge des cavaliers. Ensuite les chevaliers et leurs montures piaffantes se tenaient en ligne. Ici se trouvaient les vétérans et les meilleurs guerriers, décidés, sans aucune crainte, à mettre en péril leur vie pour Foy. En première ligne était le duc, lance dans une main, cor de guerre dans l’autre, tandis qu’Arthur et Gontrand étaient parvenus à s’immiscer dans les dernières lignes. Enfin, derrière tous ces hommes, se tenaient d’autres troupes montées. Ceux-là étaient des chasseurs, tout du moins des hommes assez riches pour avoir un cheval. Leur rôle serait d’éliminer les survivants laissés par la charge dévastatrice des chevaliers, ainsi que d’empêcher une éventuelle embuscade par l’arrière, ce qui la plupart du temps signifiait mourir pour permettre aux cavaliers de se retourner… Dans ce groupe se tenaient Geoffroy et Mav, sur les montures qu’ils utilisaient habituellement pour se déplacer pour leur travail, ainsi que Kev, sur la jeune jument de quatre ans qu’avait enfanté la monture de Geoffroy.

Une grêle de flèches vint finalement perturber le silence qui régnait jusque là dans tout le château. Les traits s’écrasèrent dans la cour, et déjà des marcheurs tombèrent dans des hurlements, blessés ou tués. Les râles d’agonie se mélangeaient aux jurons haineux, et les armes pointées avec menaces effaçaient sous leurs tournoiements les guérisseurs. L’assaut était donc imminent…

Un clairon se fit entendre, auquel répondit, plus puissant encore, le cor de guerre du duc. Un appel rauque résonna et vibra de l’autre côté des murailles. Le souverain de Foy sonna de nouveau de son cor, avant de s’avancer, seul, jusqu’à la porte. Il hurla de toute sa voix :

« - Qui donc ose nous provoquer ? »

Un rire troua l’atmosphère, avant que le commandeur ennemi ne réponde :

« - La mort elle-même ! »

« - La Vie triomphera » signifia pour toute réponse le duc.

L’ennemi se moqua une nouvelle fois, et de nombreuses flèches furent précipitées à l’encontre de la porte. Aucune ne parvint à trouer la lourde armature, et le duc ne put voir que le métal de quelques pointes apparaître parmi les échardes projetées.

« - Traîtres » rugit le chef, « si vous espérez nous intimidez comme cela, vous vous trompez ! Vos actions ne sont pas loyales ! »

« - Seul la victoire compte » ria le meneur des armée ennemies.

Le cheval du duc s’ébroua, et en une bruyante cavalcade parcourut la cour en sens inverse, protégé sous son large écu, alors que le ciel se couvrait des projectiles ennemis. Une fois les carreaux à terre, il dégaina son épée et l’abaissa de suite. Les archers jusque là cachés se dévoilèrent et lâchèrent leurs traits mortels sur les Mormundiens. Un autre signe du duc, et des vigies s’activèrent à lever la herse, tandis que d’autres se préparaient à ouvrir ensuite la lourde porte.

Arthur, qui depuis un certain temps serrait avec toujours plus de force son bouclier pour éviter à son bras de trembler, se retourna. Il discerna ses trois autres compagnons dans les premières lignes des troupes auxiliaires. Geoffroy et Mav lui adressèrent un sourire amical, qui le revigora et lui redonna le courage qui venait à lui manquer. Kev, quand à lui, tellement obnubilé par les vérifications de tout son équipement pour calmer sa peur grandissante, en avait occulté tout ce qui se passait autour de lui. Arthur n’avait aucunement peur de prendre part à la bataille, c’était fuir qui le gênait.

« - C’est ta première bataille, mon fiston » s’enquit un homme couturé de cicatrices à son côté. »

« - Oui, pourquoi ? » s’enquit avec une voix pataude Arthur. Il craignait que l’homme ne soit chargé de le surveiller et que sa tentative de désertion ne se soit remarquée.

« - Ca se voit, tu trembles comme un feuille, mon petit gars. »

Arthur n’eut même pas besoin de mimer la surprise : il ne s’attendait pas à ce que son angoisse soit si visible.

« - Tu vas voir » continua l’homme, « ça va bien se passer ; on a les meilleurs troupes, et le meilleur plan de bataille. Tu veux qu’on fasse équipe ? Je resterai près de toi, quoi qu’y t’arrive » proposa rempli de bonnes intentions l’homme.

Arthur regarda un instant les fantassins décontenancés cherchant à se protéger par tous les moyens des grêlons de la mort. Foy était en danger et ils allaient fuir comme des lâches. Se sentant coupable, il se détourna de l’homme pour observer l’armée de Skefoy. Ils étaient des milliers, sans compter les renforts et troupes cachées dans les bâtiments. Eux n’étaient que cinq… Ils ne seraient vraiment pas d’un grand poids ! Jamais à lui seul, comme dans ses rêves, il ne sauverait la civilisation… A la fois déçu et rassuré par cette vérité, il déglutit péniblement et, regardant le vétéran, prononça :

« - Vous inquiétez pas, m’sieur, mais mon ami Gontrand veille déjà sur moi. »

L’homme ouvrit de larges yeux, avant de souffler aux oreilles d’Arthur.

« - C’est un bon guerrier. Peu loquace, mais il sait bien se tirer de toutes les situations. T’as bien de la chance d’avoir pareil compagnon d’arme ! Allez, bonne chance, mon gars, que le Serpent te sourie. J’espère te revoir après la bataille. Sois courageux, mon fils. »

« - Merci m’sieur, je l’espère aussi » répondit avec chaleur Arthur, bien que sachant pertinemment que jamais il ne le reverrait. S’il ne parvenait à fuir, il mourrait ; il n’y avait nulle autre possibilité.

Gontrand, remarquant l’attitude de son compatriote, se rapprocha et passa son bras autour de son cou, avant de murmurer à très basse voix :

« - Tout va bien se passer, tu sais. Souviens-toi bien, dans l’ombre du coin Ouest. »

« - Figure-toi » garantit Arthur, « que le simple fait que tu parles autant suffit à me donner du courage ! »

Ils se regardèrent, et en lieu et place des habituels tremblements, un véritable sourire apparut sur le visage de Gontrand. Ils tirèrent leurs épées et chuchotèrent avec joie :

« - Pour Pierre et Richard ! »

Ils se retournèrent, pour découvrir leurs trois compagnons, aussi rapières défourrées, s’échangeant le même message d’espoir. Les cinq levèrent en même temps leurs épées, dont les lames dépassèrent l’ombre des bâtiments et vinrent s’illuminer dans les dernières lueurs du crépuscule.

Ils ne pouvaient faillir !

Rengainant leurs armes, ils furent salués par leurs capitaines, ces derniers heureux, croyant leurs troupes motivées à l’approche de la bataille.

Soudain, un hurlement, suivi d’un bruit strident, brisa cet état optimiste et les firent se retourner vivement. Un mouvement de panique se manifesta dans la barbacane, et il y eut un vif recul des archers. Un des leurs avait bêtement passé son bras dans un anneau. Cette lourde et large bague de fer était liée à une longue et robuste chaîne métallique, et, actionnée par des rouages, ne cessait de grimper en direction du mécanisme. L’homme avait beau s’égosiller et se tordre sous la souffrance, rien n’y faisait, la douloureuse ascension ne cessait pas.

Tempêtant, le duc sonna une nouvelle fois son cor et fit un signe aux vigies. Toutes arrêtèrent dans l’incompréhension leur besogne, regardant l’armée de Mormundes décocher une nouvelle salve. A chaque instant perdu une vie s’envolait… Les grincements cessèrent, et ils purent enfin entendre sous leurs pieds les braillements du malheureux soldat. Aussitôt, les congénères de l’archer se précipitèrent à ses côtés et le détachèrent, avant de siffler pour que la herse continue sa lente montée.

Cela n’avait duré que de très courtes secondes, mais avait métamorphosé le comportement de toutes les troupes. Ils s’attachaient au moindre détail, et un problème était toujours un mauvais présage. Le plus touché semblait être le duc, qui jetait autour de lui des regards désabusés, s’attendant à chaque instant à ce que son armée ne panique. Il avait compté prendre de vitesse les troupes de Malak, et il n’avait gardé la herse baissée que par précaution d’un éventuel bélier. Ses hommes payaient maintenant cette erreur ! Il ne pouvait plus se permettre d’escompter encore sur l’effet de surprise, et ne pouvait soumettre ses hommes au risque d’une rude défaite. Il devait changer son plan d’attaque ; plutôt que de porter la première estocade, à lui de briser celle de l’ennemi, pour percer ensuite à nu les rangs des barbares. Sentant que finalement rien ne s’était encore joué, il regarda à nouveau la lourde grille se soulever.

L’axe geignit une dernière fois, puis un claquement métallique signala que la herse était enfin stabilisée. Maintenant il ne restait plus qu’à attendre, et ne surtout pas ouvrir la porte. S’ils parvenaient à tenir les agresseurs à l’extérieur de la muraille avant la charge, la bataille serait gagnée. Cela allait être loin d’être aisé, mais était possible ! A l’idée que dans le plan de défense qu’il allait suivre, il perdait l’initiative de l’attaque, le duc ferma les yeux et imagina ce que serait la vie s’il perdait. Durant de courtes secondes, l’anxiété prit possession de chaque trait du visage du duc, et chaque vétéran qui chercha le visage de leur meneur pour y puiser du courage et de la force ne vit que de l’abattement…

Toute l’armée de Foy attendait le signal et l’assentiment de leur chef, et les hommes commençaient à craindre que le duc n’abandonne avant même l’assaut. Les flèches ennemies tombaient encore, mais rares étaient ceux y faisant encore attention. Les murmures naissaient entre les soldats, et le doute prenait corps aux côtés des arcs et épées. Eux, simples soldats, ne pouvaient rien y faire, seul le geste du duc le pouvait. Seul lui avait le pouvoir pour qu’enfin toute la défense s’organise.

« - Bélier en vue » hurla une des vigies, épouvanté par la forme oblongue se précipitant en direction de la porte, ainsi que par l’absence de réaction chez le duc.

Enfin le souverain de Foy s’anima, se réveilla de cette léthargie qui avait semblé si longue à son peuple, et s’approcha de son plus proche lieutenant, lui annonçant d’une voix assez puissante pour que ses troupes d’élites entendent et prennent courage :

« - Un tir de volée de la cour, ça devrait les faire reculer, puis que tous sur les murailles se concentrent sur le bélier. Il devrait bien y avoir des échelles et des grappins, mais ceux-là n’auront aucune chance. »

Le lieutenant tendit alors au duc un arc long et une unique flèche embrasée. D’un signe de tête, le chef refusa.

« - A vous l’honneur de commander le peuple pour cette fois. »

Le brandon s’était à peine élancé au-dessus de la population qu’un cri de guerre sortit de tous leurs gosiers, avant que de tous les arcs ne s’envole une pluie de traits. Le doute avait disparu, la fureur de la guerre était au contraire apparu dans tout ce qu’elle avait de plus sanguinaire.

Au-dehors, des cris effrayés répondirent à l’attaque, puis le silence, seulement ponctué de râles d’agonie. Puis rapidement, comme si aucun évènement n’avait ponctué l’avancée des ennemis, une cacophonie surgit lorsque le lourd bélier se fracassa contre la porte, sans pour autant briser un seul de ses battants. Les archers tremblèrent, culbutant à terre sous le choc de la pointe nervurée, mais, tant que la porte tiendrait, ils la soutiendraient.

Le bruit cessa lorsque le tronc à l’embout pointu et métallique se retira. Un cri de douleur, et un soldat chuta tel un pantin démantibulé ; la tige du butoir encore enfoncée dans son corps. Aussitôt, les soldats sur les murailles fauchèrent les attaquants, et une clameur atténuée par la distance se fit entendre.

« - Renforcez les rangs ! Au bélier ! »

Le duc se réjouit et exulta à voix basse :

« - C’est ça, qu’il y viennent et on les tuera comme des pigeons, les idiots. » A plus haute voix, et se tournant vers son lieutenant en chef, signifia : « On tient encore trois coups, puis on leur ouvre. »

Il fit un clin d’œil aux plus anciens, qui sourirent en comprenant le plan.

« - Grappins et échelles à l’Est » s’égosilla une nouvelle vigie.

Le souverain, cette fois-ci, se dressa sur ses étriers et hurla de manière à être entendu aussi par les ennemis :

« - Priorité sur le bélier, on ne peut pas lutter sur deux fronts ! » Se rasseyant, il murmura, sous les murmures d’assentiments de ses plus expérimentés soldats : « laissons les croire que nous sommes faibles. »

Kev, n’ayant entendu que le cri du duc, se tourna, agité, vers ses deux compagnons.

« - A votre avis, que compte faire le duc ? »

« - Je ne sais pas » commença à répondre Mav, « mais j’espère que son plan est bon, que l’on n’ait pas trop d’ennemis à éviter… »

« - Mais rassure-toi » dit d’une voix plutôt calme Geoffroy, « on ne laisse jamais des gens pénétrer aisément l’enceinte d’un château. Je crois comprendre ce qu’attend le duc. »

« - Quoi donc ? » demanda anxieux Kev.

« - Les multiples pièges dans la muraille, tout simplement. »

Pas rasséréné pour un sou, car n’ayant jamais vu ces fameux pièges dans la défense qui lui avait d’ailleurs toujours semblé plutôt racornie et effritée, il fixa intensément les remparts, comme s’il espérait voir au travers la progression des ennemis.

Il vit les grappins lancés au-dessus des lucarnes, et les hauts des échelles s’appuyer contre la roche. Quelques uns furent détachés, mais sans grand espoir apparent… Il imagina sans peine les agresseurs grimper, heureux de ne rencontrer aucune résistance.

Soudain, le temps d’un battements de coeur, les échelles furent renversées à terre par des lances dissimulées dans la paroi, tandis que les hommes qui grimpaient au moyen des grappins hurlèrent de douleur avant de s’écraser des mètres plus bas, leurs mains perforés par les pointes métalliques et bris de verre habitant les moindres recoins entre les pierres.

L’attaque ennemie connut un instant de flottement durant lequel tous les Mormundiens se regardèrent et se questionnèrent. L’espoir si vite acquis venait de s’écrouler, et la victoire promise leur était retirée ; au contraire les Skefiens hurlèrent de bonheur, entièrement confiants dans les directives de leur meneur.

« - Ouvrons-leur » souffla le duc.

La lourde planche qui liait les deux battants fut enlevée, et les quelques archers encore survivants s’écartèrent de la porte, vidant avec désespoir leurs carquois parmi les trous qui décoraient désormais la porte. Avec de la chance, les traits heurtaient un ennemi, sinon ils avaient au moins le mérite de les décourager…

« - En ordre de combat, que la charge soit fulgurante et héroïque ! » signifia le duc en se saisissant de sa lance de cavalerie.

Dans un rugissement bestial, la porte s’ouvrit à la volée lors du choc du bélier. Les Mormundiens, qui ne s’étaient préparés à ce que la porte se brise aussi rapidement, tombèrent, entraînés par le poids du butoir. Durant un bref instant, tous les soldats Skefiens purent voir clairement leurs ennemis. Ils étaient habillés de gracieuses cottes de mailles qui leur ceignaient bien l’intégralité de leurs parties vitales, et munis de lourdes armes capables de transpercer de nombreuses armures. Mais cela n’était que l’apparence, et les malchanceux qui venaient de pénétrer dans l’enceinte de Skefoy ne reflétaient qu’une profonde terreur à leur mort imminente.

« - Pour Foy » rugit le duc en levant haut sa lance de cavalerie, « pour notre liberté ! ».

Son cheval, imité par ceux de tous les cavaliers, s’élança au triple galop en direction de la porte… de la porte et de la bataille ! Les archers Mormundiens apparurent face à l’ouverture, et décochèrent au travers de l’entrée ainsi dégagée leurs munitions. C’était sans compter le sacrifice des derniers archers, qui servirent de boucliers aux chevaliers, se laissant transpercer par les pointes mortelles.

« - Qu’il n’y ait pas de deuxième salve » cria le duc en abaissant sa lance et la dirigeant vers le premier des archers.

A sa suite, ses soldats brisèrent en un instant la mince résistance causée par les archers ennemis, et, comme un écho à la mort du dernier soldat de la barbacane, disparurent rapidement derrière les murailles, ne laissant derrière eux qu’un tapis de cadavres aux habits rouges.

« - A nous » s’écria un autre lieutenant dès le dernier habit violet disparu. « Que nos lames trouent l’ennemi. Gardez foi dans le courage. Pour Foy ! »

Telle une meute hurlante, tous les chasseurs et autres miliciens s’élancèrent à la suite de la bannière brandie par leur lieutenant, et le fleuve multicolore des chevaux s’écoula au travers de l’ouverture.

« - En deux groupes » ordonna le lieutenant en partant à droite, en direction du Sud, tandis qu’un de ses sous-lieutenants emmenait sa monture à l’opposé.

« - On reste groupé » s’évertua à faire comprendre par des gestes Geoffroy.

« - Derrière lui » hurla Mav en pointant de son bras le sous-lieutenant. « Moins d’ennemis » expliqua-t-il laconiquement.

Après la clameur et les cris du château, ils se trouvèrent plongés dans un silence perturbant, tandis que le crépuscule déjà installé ne leur permettait de percevoir que les lueurs des armes tirées.

Au hasard, Geoffroy décocha une flèche face à lui, avant de se baisser contre l’encolure de sa monture et de l’encourager à aller plus vite. Il plaqua son bouclier contre lui, plus pour se rassurer que pour bénéficier d’une réelle protection, et bifurqua le long de la muraille en tournant vers l’Ouest, au moment où le sous-lieutenant sonnait la charge à l’Est. Se retournant, il remarqua qu’il était seul.

A quelques encablures de là, derrière un tronc, Kev était à terre, ruisselant de boue. Une flèche s’était plantée dans le cou de sa monture, qui gisait à quelques mètres de lui. Heureusement qu’il avait eu la lucidité de se jeter dans un buisson au dos d’un large chêne avant l’effondrement de sa jument.

Il tremblait de tous ses membres et n’osait pas bouger, de peur de se faire remarquer et tuer. Il entendait distinctement le fracas des combats tout près, juste derrière l’arbre en somme, et les cris d’agonie permettaient à ses sanglots de passer inaperçu. Jamais, non jamais il n’oserait fuir de ce buisson.

Serrant de toutes ses forces les racines, comme s’il jetait ses dernières forces pour agripper les derniers limbes de sa vie, il remarqua à quel point le sol était meuble, et la boue présente. Cela ne coûtait rien d’essayer ! Il se barbouilla rapidement le visage, avant de recouvrir chaque détail métallique de terre. Il serait bien moins visible comme cela !

Légèrement rassuré par cette conclusion, et sentant que s’il ne faisait rien, il périrait tôt ou tard par un trait perdu, il se mit dans l’idée d’escalader le tronc, comme il l’avait si souvent fait avec Pierre…

Il craignait que les bruissements de feuilles n’attirent les regards ennemis, ou que la vision d’un bras passant par-dessus les branches ne surprenne des combattants, mais cela ne fut le cas. Dans la confusion environnante, seul comptait les sifflements de flèches et les lueurs de lame, tout ce qui n’avait pas une influence directe sur le combat n’avait aucune importance.

Se tenant tant bien que mal sur une branche, il scruta les montures environnantes, et remarqua, à sa grande joie, un soldat Skefien mener par la bride une autre monture. Et l’être se dirigeait sans le savoir vers lui, quelle chance !

La monture à quelques mètres de lui, il se jeta dans le vide, rattrapa la branche avec ses mains, s’y rattachant encore quelques instants. S’ensuivit un mouvement de balancier, dans lequel son corps fut amené vers l’avant, et lorsqu’il sentit le museau du cheval frotter ses jambes, il lâcha prise. Il chuta lourdement sur l’encolure du cheval, et, ne parvenant à avoir une prise correcte, se mit à basculer sur le côté en direction du sol.

Le soldat, voyant un de ses congénères perdre prise, se déporta vivement sur la droite et tamponna Kev avec assez de force pour que ce dernier ne se ressaisisse et attrape la bride. Une fois les pieds fermement calés dans les étriers, Kev se tourna vers l’homme pour le remercia.

« - Sans vous, je… Mav » s’écria alors Kev surpris, « comment j’ai pu ne pas te reconnaître ? »

« - L’obscurité et l’angoisse, sûrement. T’as de la chance que le maître de cette bête est mort juste avant ! »

« - Triste chance, en vérité. »

« - Allez, on part de là » gueula Mav sans écouter Kev. Il venait de voir un groupe ennemi, et ce dernier se retournait vers eux.

Mav donne un large coup dans la bride de sa monture, et s’élança aussitôt sur sa gauche à toute vitesse, suivi de très près par Kev. Les deux se baissèrent lorsque de rares traits fusèrent au-dessus d’eux.

« - Merde, ils nous suivent ! » maugréa Mav, « surtout, on se sépare pas ! »

Derrière eux, quatre éclaireurs ennemis s’étaient lancés à leur poursuite, et leurs visages furibonds ne laissaient nul doute sur leurs intentions !

Les montures des deux compagnons bondirent au travers de sentiers détrempés. Kev et Mav, entièrement absorbés par leur chevauchée, ne donnaient plus aucune attention aux ennemis qui derrière eux les suivaient tant bien que mal, mais ne se laissaient pas distancer. Les montures volaient au-dessus des troncs et transperçaient les buissons à toute vitesse, mais rien n’y faisait. Malgré l’obscurité, ils ne lâchaient prise.

Face à eux se découvrit soudainement de multiples lanternes : le champ de bataille. Exactement la direction à éviter… Courroucé par cette malchance, Mav lança sa monture vers sa droite, qui cavala par-dessus des cadavres, témoins d’un précédent guet-apens. Ils pouvaient désormais entendre le reniflement macabre des destriers et les cris rauques de leurs cavaliers. Ils ne tiendraient pas longtemps à ce rythme, leurs chevaux étaient de bien plus frêles constitutions.

Mav se retourna pour voir Kev, quelques mètres derrière lui, souffrir le martyr pour maîtriser ce cheval que jamais auparavant il n’avait monté. Leur seule chance était de s’aventurer entre les arbres ! Il tourna et dévora les quelques mètres le séparant d’un sinueux chemin. Mais Kev n’avait pas suivi ! Ils s’étaient séparés ! Et il ne pouvait faire demi-tour, leurs poursuivants s’étaient séparés en deux groupes égaux, il ne pouvait donc que continuer. Il savait que le chemin rejoignait celui qu’avait suivi Kev dans bien moins d’une lieue, mais il pouvait se passer tant de choses !

Sa monture se pressa entre les troncs et son habitude de ces chemins lui permit de regagner quelques mètres. Ceux-là pouvaient se perdre à tout moment, mais le simple fait de ne plus entendre le galop de leurs ennemis, de ne plus percevoir leurs habits rouges le rassurait.

Son cheval hennit de souffrance lorsqu’il enfonça encore plus profondément ses étriers dans ses flancs pour qu’il aille encore et toujours plus vite. S’il continuait à le soumettre à un tel train, il s’écroulerait et mourrait, et lui, à pied, n’aurait plus grande chance ! Aussi dur qu’était la décision, il devait ralentir. Il en profita pour regarder autour de lui, en direction du chemin d’où devait déboucher Kev, et remarqua avec joie son ami, encore poursuivi par les Mormundiens. Et lui aussi l’avait remarqué !

Il obligea sa monture à un nouveau galop, tout en fixant intensément Kev. Sa monture connaissait le chemin par cœur, et il pouvait se permettre de ne pas la guider. Les ennemis n’avaient pas cette chance, et n’avaient aucun moyen de voir le piège qui se refermait sur eux.

« - Encore un petit effort, mon petit Mika » souffla-t-il à l’oreille de son cheval, « tout dépend de toi maintenant. »

Il se retourna pour voir les agresseurs regagner un peu de terrain. Cela était parfait ! Il déboucha juste devant la monture de Kev, exactement à la perpendiculaire de la trajectoire que suivait ce dernier. Il continua sur sa lancée au galop, tout en se saisissant de son arc. Tournant son regard, il vit ses deux poursuivants surgir face aux deux chevaux ennemis, et, sous la vitesse, deux soldats se fracassèrent l’un contre l’autre, trop éberlués d’avoir ainsi surgi devant leurs compatriotes pour faire le moindre écart. Les deux autres évitèrent tant bien que mal le choc, mais la manœuvre les déstabilisa et ils en oublièrent Kev et Mav.

Juste après les hennissements d’agonie, les deux compagnons avaient arrêtés leurs montures et dégainés leurs arcs. Avant même que le premier ne saisisse le danger auquel il était exposé, une flèche pénétra profondément en son cœur. Kev décocha sa flèche sur le second, mais fatigué par sa longue cavalcade et entièrement consumé par l’angoisse, le manqua largement.

Ne s’attendant pas à une erreur de la part de Kev, Mav encocha avec précipitation une flèche, qui manqua à son tour sa cible. Le Mormundien se saisit à son tour d’une flèche qu’il dirigea vers celui qu’il estimait être le plus dangereux, à savoir Mav. Il n’y avait en ce geste nulle cruauté, seulement une envie de survivre à cette bataille, et cela ne pouvait que se réaliser au travers de la mort des autres.

Derrière eux un rugissement épouvantable résonna, qui les détourna tous pour découvrir la provenance du cri. Ils découvrirent un Geoffroy écumant, qui se précipitait à l’encontre de leur agresseur. Son épée était tirée, et passant aux côtés de l’agresseur, la lui jeta dans la gorge. Il fit stopper sa monture quelques mètres plus loin, et haleta :

« - Pas facile de vous rattraper. Galopez mieux que je ne pensais. »

Il se permit enfin un sourire, avant de s’asseoir à terre.

« - Content de vous voir vivants, j’ai cru que jamais je n’arriverais à temps. »

« - Merci d’avoir été là » trouva juste à dire Kev, encore sous le choc de leur cavalcade et de son heureux dénouement.

« - Pas de quoi » se réjouit Geoffroy, « remercie justement mon habitude de chasseur, sinon je vous aurais jamais remarqué parmi les autres ombres. »

« - En même temps » se moqua Mav, juste parce qu’il éprouvait le désir de rire après être passé si près de la mort, il était en vie et voulait en profiter, « un si petit cavalier que Kev, ça doit bien se remarquer ! »

Geoffroy acquiesça avec le sourire, encore usé par sa chevauchée, tout comme ses deux compagnons.

« - Je récupère mon épée, on achève les deux autres, et on peut y aller. »

Kev, à cette parole, avala difficilement sa salive.

« - Dis-toi que si on les laisse vivant, ils auront encore la possibilité de te tuer » prononça Geoffroy en tranchant la gorge des deux agresseurs. « C’est cruel mais c’est la guerre. »

Kev approuva péniblement, avant de suggérer :

« - On devrait peut-être aller au point de rendez-vous, j’espère que Gontrand et Arthur y sont déjà. »

« - Je l’espère aussi, cela voudra dire qu’ils sont toujours vivants » signifia Mav.

« - Attendez » cria Geoffroy, « on récupère leurs deux montures encore valides. Elles sont fatiguées, mais elles feront le voyage à vide. Elles pourront toujours nous servir. »

Il saisit par la bride un des chevaux, puis partit en un trot calme vers le point de rendez-vous.

« - Suis-le, je prends l’autre et vous rejoint de suite » l’informa Mav, en récupérant la bride de la deuxième monture.

* *

*

Cinq êtres tout de vert vêtu étaient cachés dans des branches et feuillages avec lesquels ils semblaient former une parfaite unité. A leurs pieds, leurs montures broutaient paisiblement de l’herbe dans un parfait silence, comme leurs maîtres le leur avaient demandés. A une dizaine de mètres étaient trois formes le long d’un sentier, flèches encochés. Ces dernières n’avaient pas remarqués la présence des cinq intrus, qui s’approchaient petit à petit. Parfois un des êtres prenait la parole, mais leurs voix se mélangeaient au vent environnant comme s’ils avaient eu le pouvoir de dicter à la nature de dissimuler leur présence.

« - Voilà nos lièvres » souffla le meneur.

« - Que fait-on ? »stridula un second, ne comprenant pas encore pourquoi ils n’abattaient pas ces hommes, rejetons d’Althior.

« - Tu ne vois donc pas » gronda le chef tel le roulement des vagues sur le galet, « ils attendent, alors on fait de même. De cette façon Anar sera content. »

« - Ecoutez ! » La voix avait tonné tel l’éclair dans l’air, et la surprise suait à grosses gouttes du visage de l’être.

« - Aux chevaux ! » ordonna finalement le meneur, paniqué, en entendant un galop rapide dans la distance. Leurs proies allaient s’échapper s’ils ne prenaient attention. Ils sautèrent tous sur leurs chevaux, qui ne furent nullement surpris, avant de se déporter vers le sentier.

Face à eux apparurent, encore dissimulés par la nuit, Arthur et Gontrand, poursuivi par trois poursuivants, aussi habillés de vert.

« - Derrière-vous ! » hurla Arthur, paniqué, à ses trois amis inconscients des lames qui se défourraient dans leurs dos.

« - Ecartez-vous » commanda Gontrand, gardant toute sa lucidité pour le combat. Il pointa en avant sa lance, tout comme Arthur, et se précipita vers les cinq agresseurs. Geoffroy, Mav et Kev eurent juste le temps de mener leurs chevaux contre les bords du sentier que déjà les pointes effilées conquéraient l’endroit où ils se tenaient un instant auparavant. Le choc fut bref, mais fatal à deux des agresseurs, la lance profondément enfoncée dans le thorax. Sans même prendre le temps de ralentir pour récupérer leurs armes, et se sachant moins nombreux, ils continuèrent sur leur lancée pour être hors d’atteinte de la moindre flèche, avant de dégainer leurs rapières.

Ils découvrirent un troisième cadavre, transpercé d’une flèche. Geoffroy avait donc eu le courage d’assurer un tir. Mais cette pensée ne les rassura nullement, car hormis la présence des trois agresseurs morts, ils étaient seuls. Leurs amis avaient fuient par un autre chemin !

Percevant un léger bruit de galopade dans le lointain, leurs destriers bondirent dans cette direction, et volèrent au-dessus de tous les obstacles, parmi les forêts qu’ils connaissaient tant.

Un cri, il avait entendu un signal ! Gontrand se força à se concentrer sur la source de ce bruit. Il le reconnaissait, Kev criait !

« - Au Nord ! » rugit Arthur, qui avait aussi perçu le hurlement de détresse.

Sa monture bifurqua juste devant celle de Gontrand, qui lui continua encore tout droit. Plus loin, un sentier était autrement plus praticable et il irait bien plus vite ! Ne songeant plus qu’aux risques qu’encourraient ses trois amis non soldats, il cavala, oubliant les rameaux qui lui fouettaient le visage et laissaient des traînées sanglantes dans sa chair. La souffrance s’était faite oubliée devant la peur.

Il contourna un large rocher avant de déporter sa monture sur la droite. Son destrier avait beau geindre sous la douleur, il allait devoir accélérer encore, et survivre jusqu’à ce qu’il soit aux côtés de ses amis.

« - Arthur, par là ! »

Les voix se faisaient de plus en plus insistantes, il se rapprochait donc, et vite. Bien trop rapidement d’ailleurs pour son cheval fatigué, songea-t-il un instant. Les autres devaient être sur ce même sentier, mais dans l’autre sens. Il allait bientôt les croiser !

Le spectre de l’échec lui apparut quand il tendit son épée face à lui, et s’imagina rapidement ne parvenant à maîtriser sa vitesse et percutant un de ses amis. Son habitude de telles situations lui permit de se concentrer, et lorsqu’au détour d’un virage il découvrit face à lui ses amis et les agresseurs, c’est avec calme et courage qu’il analysa la situation.

Une centaine de mètres les séparaient encore. Devant, Kev et un ennemi sur le même destrier, Kev maintenu plaqué contre l’encolure de la monture. Juste derrière, et tentant de désarçonner l’agresseur, étaient Mav et Geoffroy. Ensuite il devait y avoir quelques autres êtres verts et Arthur, mais il ne s’autorisa qu’un furtif regard.

Plus que cinquante mètres. Mav et Geoffroy s’étaient écartés, Kev s’était penché encore plus contre le garrot, et l’être vêtu de vert chevauchait toujours face à lui, trop occupé à repousser les attaques des deux hommes pour guider sa monture.

Gontrand leva rapidement sa lame au-dessus de son casque, avant de faire arrêter brutalement sa monture. De douleur cette dernière hennit et se cabra, ce qui prévint l’ennemi du danger. Mais trop tard ! Moins de dix mètres les séparaient. Gontrand précipita la lame contre le visage de l’agresseur. Une balafre ensanglantée naquit à l’instant du choc, et l’homme s’écroula à terre, mort. Sans perdre un instant, Kev prit les rênes de la monture et continua le galop. Geoffroy ralentit un instant et décocha une nouvelle flèche qui alla se planter dans le cou d’une monture, qui s’affala, inerte, entraînant dans sa chute son cavalier.

Gontrand voulut relancer sa monture à la poursuite de ses amis, mais la si longue cavalcade avait eu raison d’elle, et ses jambes tremblantes ne laissaient aucun doute : il avait présumé des forces de son destrier.

Il sauta à bas du cheval, et dressant son bouclier face à lui, hurla :

« - Pour Pierre et Richard ! »

Il tendit avec rage son épée vers le premier ennemi qui se présentait à lui, mais ce dernier l’évita. Alors qu’il allait crier sa fureur et la haine de cette lâcheté, il sentit un choc dans le bas de son dos. Il y découvrit une flèche au plumage vert profondément enfoncée dans son corps. Déjà des gouttes de sang s’écoulaient et teintaient de rouge son étincelante cotte de maille.

Ses pieds lâchèrent prise, et sans même comprendre comment, il se retrouva, hébété, genoux à terre. Il avait échoué, et allait mourir là… Il n’avait pu protéger ses compagnons… Ses compagnons ! Ils ne devaient pas rester là pour défendre sa dépouille, mais partir, fuir vers un lendemain meilleur !

Déjà il n’avait plus de sensation, et ne ressentait plus qu’un froid mordant et glacial se répandre dans tout son corps. Ah, ils devaient bien rire, à le laisser souffrir ainsi ! Ces bêtes n’avaient même pas le cœur de l’achever ! Ils allaient donc le laisser là en pâture aux corbeaux. Il n’aurait nulle sépulture sur laquelle ses proches pourraient se recueillir, nulle pierre témoignant de sa vie passée.

Oh, des bruits de pas approchaient. Dans son dos, il ne pouvait rien voir. Se retourner ! Il n’en avait pas la force. Diable qu’il se sentait faible ! Une main, plutôt en gant en cuir, sur son épaule. Il le discernait au travers de ses larmes de souffrance. Un pied, oui, ça devait être un pied, au bas de son dos. Cruelle sensation qui le trahissaient, il était incapable de savoir si c’était ses amis ou ennemis qui le touchaient…

Il cria de toute la force de ses larmes lorsqu’il sentit la pointe se retirer de son corps. La douleur affluait, et pulsait dans toutes ses veines. Il pleurait ou vomissait, il ne le savait même pas, après la léthargie dans laquelle il avait chutée, le brouillard évanescent de la mort s’était effacé au profit des brûlures de la douleur. La souffrance, il ne ressentait plus qu’elle. Qu’on le touche ou qu’on lui jette une pierre, il ne le remarquerait même pas.

Des ongles décharnés se promenaient le long de son cou, s’amusaient de ses gouttes de sueur. Oh qu’il imaginait la joie des êtres, il n’était rien d’autre qu’un morceau de viande, laissé à la merci du premier venue. Non, il délirait, son imagination l’abusait. Ses yeux le piquaient, et il sentait de multiples pointes le transpercer, lui envoyant des décharges dans tout son corps. Rien ne pouvait être réel, non, il n’avait eu qu’une pointe dans le dos, c’était tout. La souffrance, cette corruptrice, la souffrance le trompait, trahissait tout son corps. Il était peut-être mort, et cette satanée douleur l’envahissait encore, ah Serpent, quelle horreur ! Jamais il ne se remettrait d’un tel traumatisme, un venin devait être en lui, maintenant il voyait les arbres danser autour de lui. Et les étoiles se rapprochaient, allaient le percuter !

Finalement, abattu par la douleur, son cœur vaincu par le désespoir, il n’eut plus la force de lutter et s’effondra dans l’inconscience.

Un sourire sardonique illumina un instant le meneur des agresseurs, avant que ce dernier ne murmure avec une joie indécente :

« - Emmenez-le avec les autre autres. Qu’il souffre pour la folie qu’il a eu de s’opposer à notre pouvoir. »

Il s’éloigna, et se murmura à lui-même :

« - Il sera heureux, ô oui il sera très heureux. Les temps changent, et les cieux deviennent cléments pour notre souveraineté sur ce monde. »

Contrairement à la dernière fois, il n'y a pas tout le combat, sui sera dévoilé par les pensées de Kev qui a assisté jusqu'à la fin à la bataille.

Le véritable assassin n'était pas sur le lieu de la bataille, il n'allait pas risquer sa vie pour si peu :blink: .

La suite bientôt, mais je tenais à finir le chapitre avant d'entamer le prochain.

Iliaron

EDIT du 30/04/05

EDIT du 13/01/05: fin du chapitre remanié

Modifié par Iliaron
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Ben on ressent mieux le stress au début, tu t'es un peu plus appliqué et on ressent mieux ces émotions qu'on avait pas forcement au depart !

Bon côté forme j'ai pas trop de remarques, le texte est assez court et je n'ai pas vu des fautes d'orthographes genantes ! C'est pas mal, c'est a continuer pour la suite !

Bon sinon, l'histoire en elle-même gagne en intensité car tu développe plus ces petits passages. Tu sais meme les quels developper pour garder ce charme que tu as reussi a donner a ton récit !

Allez, suite !

@+

-= Inxi =-

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Invité Snikch, le maître de la nuit

Bon je comptais faire des remarques sur les derniers chapitres mais comme tu refais ton récit...

Enfin sache que je suis toujours la, quelque part, à te lire...

@+

-=Snikch,Lecteur skaven et fidèle...=-

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Bon je comptais faire des remarques sur les derniers chapitres mais comme tu refais ton récit...

Fais-les quand même s'il-te-plaît, je suis preneur d'absolument toute remarque: ça m'évitera de refaire les mêmes erreurs, et donc de rerecommencer :wub: .

Iliaron, la suite est en cours de préparation, environ la moitiè du chapitre III de rédigée.

Modifié par Iliaron
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Voilà, j'ai fait la suite. j'ai donc rajouté un personnage qui aura un rôle assez important vers la fin (je dis ça je dis rien :wub: )

Chapitre IV : Destins

Kev cligna lourdement des yeux, ébloui par ce soleil écrasant. Il les ferma de nouveau, alourdis par une nuit de torture. Ensuite il tituba difficilement, avant de s’effondrer à plat ventre dans de l’herbe.

Si seulement ils avaient réussi à fuir, ils n’auraient pas été ainsi maltraités. Si seulement Geoffroy avait réprimé sa haine et ne s’était pas élancé si témérairement dans le piège. Si seulement Arthur n’avait été blessé d’une flèche au ventre. Si seulement Gontrand avait réussi à occire le cinquième envahisseur avant d’être assommé par un bouclier. Si seulement… Que d’espoir brisé, perdu dans les ténèbres de la mort de leurs deux amis…

Il se laissa aller doucement aux sanglots, se sentant terriblement seul. Il ne savait ce qu’étaient advenu ses autres amis ; tués, torturés, ou relâchés ? Il était seul. Levant sans espoir les yeux au ciel, il remarqua avec haine qu’une sentinelle le surveillait, qui se décala pour lui cacher la vision de cette onde de lumière réconfortante. Kev sombra alors de nouveau dans l’inconscience, ses blessures tiraillant douloureusement son corps.

Il se réveilla en entendant le crépitement d’un feu. Ce bruit…. Il ne pouvait plus l’entendre. Il voulut porter ses mains à ses oreilles, mais elles étaient liées entre elles par de solides cordes, d’une couleur qu’il n’avait jamais vue. Elles étaient d’une finesse incomparable, et semblaient luire d’un reflet de nacre, argenté et si pur. Etonné, il oublia un instant sa condition, avant d’entendre à l’arrière une voix forte. Un homme s’approcha alors et lui fit avaler de force un breuvage au goût surprenant. Alors qu’il s’attendait à une boisson immonde, celle-ci lui redonna des forces, et il put finalement s’accroupir. Il regarda le feu, duquel s’élevait une forte fumée, puis tourna son regard vers cet être qui semblait être le chef. Ce dernier lui parla alors en une mélodie onctueuse :

« -Qui êtes-vous ? Que vous est-il arrivé ? Nous vous avons sauvé des griffes de mercenaires, et vous étiez dans cet état, anéanti, blessé et souffrant. »

Kev scruta alors vivement cet homme, au visage si étrange : ses yeux verts semblaient avoir vécu de longues années, mais pourtant son visage semblait jeune. Mais ce qui l’étonna le plus était ces oreilles, qui étaient pointues. Jamais il n’en avait vu de tel. Emporté par son envie de connaître la vérité, il demanda :

« -Qui êtes vous ? De quelle race êtes-vous ? » Il regarda alors l’être, sentant qu’il avait été trop curieux, mais ce dernier lui répondit en toute simplicité :

« - Je m’appelle Mälthion. J’étais un elfe de Loriath : un Ath » répondit-il l’air enjoué heureux de la curiosité de Kev. Il reprit alors avec regret : « autrefois nous vivions dans une belle et luxuriante forêt, mais cette dernière a été détruite par des humains. Jamais nous n’avons osé vérifier si l’Esprit de la bête et des tribus avaient survécu. Depuis cet événement nous parcourons le monde, essayant de prendre notre revanche, de faire revenir cette époque fastueuse où chaque Ath pouvait parcourir des jours durant la Loriath avec bonheur, sous une voûte d’arbres aux feuilles colorées. Mais cette époque n’est plus » finit-il tristement. Son regard s’embruma légèrement de regrets, se rappelant ces temps anciens : une vie opposée au regard de cette longue errance.

Kev reprit prudemment la parole, ne sachant de quelle manière témoigner sa compassion :

« -Avez-vous trouvé des hommes comme moi, attachés, et sûrement torturés ? »

-Non. Les hommes qui vous ont capturé n’étaient plus que cinq, et portaient les marques d’un rude combat. Près de leur tente était une vingtaine de tombeaux. »

Etait-ce possible ? Etaient-ils donc tous morts après une seconde attaque, menée vraisemblablement par le duc ? Le regardaient-ils maintenant, sur un branchage du grand arbre-ciel, enfin heureux. L’attendaient-ils impatiemment, pour ne plus jamais être séparé ?

Il voulut se lever, et aussitôt un elfe accourut, et lui coupa ses liens. Le chef expliqua :

« -Nous sommes désolé, mais nous avions craint que vous ne soyez comme eux. »

Kev approuva tristement, et se leva, voulant se diriger vers une tente qu’il voyait dans le fond. Il entendit Mälthion lui demander avec empressement :

« -Voulez-vous nous suivre demain ? Nous avons assez confiance en vous pour cela et nous vous ferons de nouveau lier si jamais vous tentez un acte de folie. Nous ne pouvons vous ramener d’où vous venez, nous risquerions de croiser des humains tyranniques. »

Que devait-il faire ? Rester libre, ou bien retourner au château jusqu’à sa mort, dans l’espoir de revoir ses amis ? Il fit alors lentement signe que oui, avant de rentrer dans une tente, où il s’endormit rapidement. Il ne sentait pas son cœur lourd, et n’arrivait à entendre la voix de ses quatre amis. Avaient-ils ainsi survécu à l’attaque et aux envahisseurs ?

* *

Geoffroy s’éveilla difficilement, des liens lui lacérant sa chair. Désespéré il comprit qu’ils avaient perdu l’affrontement, et essaya de se débarrasser de ses rudes cordes, mais toute tentative fut vaine. Dépité, il regarda alentour, et remarqua à sa droite Mav, et à sa gauche Arthur, ses longs cheveux noirs reposant sur sa poitrine. Il scruta vivement la tente, mais ne put apercevoir ni Gontrand ni Kev. Se pouvait-il qu’ils soient morts dans la bataille ? Il essaya de se remémorer les événements, mais sa dernière vision avait été celle d’un archer de haute stature cherchant une nouvelle flèche dans son carquois.

A cet instant Mav se réveilla, et Geoffroy lui demanda fébrilement la description de l’affrontement. Celui-ci répondit pâteusement :

« - Tu t’es élancé comme un fou devant nous, sans écouter nos hurlements. Un archer t’a pris pour cible après qu’Arthur se soit effondré. Ensuite les autres chevaliers nous ont chargé. Le début a pourtant été bon : on en a tué deux sans qu’ils parviennent à nous blesser, mais alors que Gontrand voulait en tuer un cinquième, un des hommes lui fracassa son bouclier sur sa tête, ce qui l’assomma. Nous avons espéré pouvoir nous débarrasser des quatre restants ; je me suis alors élancé vers eux, en blessant un, mais étant à mon tour touché de la pointe d’une épée sans grande gravité. Avec Kev, nous nous sommes alors rapidement observés, voulant nous rendre, mais j’ai était atteint avant d’une flèche qui m’a transpercé mon épaule. » Il s’arrêta un instant, avant de continuer : « Je ne pense pas que cet être ait voulu nous tuer, sinon il aurait pu ensuite nous achever. Je crains que ce ne soit des mercenaires, car ils étaient à l’écart des troupes, et ne possèdent pas les mêmes vêtements que les mormundiens : leurs habits et leurs flèches sont vertes. »

Il s’arrêta sur cette parole. Les deux réfléchirent, se souvenant de l’assassinat de Pierre et Richard. Geoffroy se maudit de n’avoir pris les flèches, et siffla :

« -Il est là, j’en suis sûr

-Je ne le pense pas. Après la bataille j’ai été réveillé lorsqu’on m’a retiré ma flèche et pansé mon entaille. Je suis ensuite resté conscient assez longtemps pour voir deux hommes partir… » Il marqua une longue pause, durant laquelle il prit du courage, avant de finir : « deux hommes habillés en vert ; l’un possédait une fine cape couleur or. »

Il regarda alors Geoffroy serrer ses poings de rage. Ils restèrent silencieux, ressassant en un éternel leitmotiv leur haine à l’égard de ces êtres.

Une heure après, un homme entra, laissant pénétrer la doucereuse lumière du jour un instant dans la tente. Il donna un coup de pied dans les côtes d’Arthur, qui gémit de douleur, puis jeta Gontrand à terre. Il repartit sans un mot, et un autre archer parut alors. Ce dernier s’agenouilla prestement, puis se mit à interroger d’un air féroce les deux compères.

« - Vous avez osé tuer quatre de nos hommes, et en blesser deux autres. Vous allez devoir payer pour cet acte, et souffrir pour que nous puissions oublier cette blessure. » Il gifla alors Geoffroy, et sortit avec un rire sardonique de la tente.

Le soir les quatre amis sortirent enfin de la tente, enchaînés, menés comme des bêtes autour d’un large feu produisant une épaisse fumée. Un fouet claqua, les forçant à s’asseoir. Ensuite, de la nourriture leur fut jeté à même la terre sous les quolibets des archers. Les quatre mangèrent, affamés, ne se souciant guère des rires. Ces derniers cessèrent pourtant lors de l’arrivée d’un homme, habillé d’une longue cape rouge. Son visage était gras et sévère, et ses yeux injectés de sang inspiraient la terreur. Le chef archer prit alors rapidement la parole, arrêtant du même coup les rares rires persistants.

« -Vous êtes donc enfin arrivés », commença-il mielleusement, « nous allions partir.

-Vous ne seriez partis avant que j’arrive » rétorqua-t-il l’air hautain, « où est donc la marchandise ?

-Ici même sire ». Il pointa son doigt en direction des quatre compagnons. Le roi Malak lui riposta :

« -Vous m’en aviez promis cinq en bonne santé. Ils ont été torturés et affaiblis. Cela va faire baisser le prix.

-Vous n’oseriez pas », répondit fermement l’archer, « figurez-vous que nous avons trouvé une meilleure utilité du dernier. Mais ne vous inquiétez pas, ceux-la n’ont que peu été torturés en comparaison. »

A cette parole, les quatre compagnons se regardèrent haineusement, pensant fortement à Kev qui souffrait, seul. Ils levèrent de nouveau les yeux vers le débat, et virent Malak jeter avec force une bourse remplie d’or en direction du chef mercenaire. Sous la violence du choc, ce dernier tomba en arrière, et s’écrasa lourdement à terre. Les archers se ruèrent en direction du roi, l’arme à la main.

Les quatre amis décidèrent alors de fuir, n’ayant cure de leurs chaînes, ils s’élancèrent à l’opposé aussi vite qu’ils le purent, Mav ramassant dans sa course une épée qui traînait à terre. Aussitôt à l’arrière le conflit s’arrêta, et des hommes s’élancèrent alors vers eux. Mav s’arrêta brusquement voyant un homme se ruer vers lui, et tendit en avant son épée. N’ayant pensé rattraper aussi rapidement les fuyards, ce dernier n’eut le temps de s’arrêter et vint s’empaler le long de l’épée. Cependant un deuxième archer avait eu le temps de les rejoindre, et jeta à terre l’arme de Mav. Il leva haut son épée, avant de s’écrouler à terre, transpercé d’une flèche. Le chef des mercenaires, qui s’était enfin relevé, cria aux autres que le même sort les attendrait s’ils touchaient à la marchandise : chaque blessure risquait de faire baisser le prix.

Malak fut alors secoué d’un rire puissant, et récupéra les quatre compagnons esseulés, leur disant :

« -Vous donnez l’impression d’être coriace. Mais j’ai besoin de connaître des secrets, et la torture vous aidera à vous souvenir de ces informations. » Il se tourna ensuite vers l’archer, marmonnant doucement : «la peste soit des mercenaires ». Ce dernier lui lança alors un sourire narquois, avant de revenir vers ses archers.

Le roi fit enchaîner les quatre compagnons sur des chevaux, puis se mit en tête de file, sonnant haut et fort de son clairon. Il s’éloigna quelque peu du campement, puis fit signe à un de ses acolytes. Aussitôt une vingtaine de chevaliers partit charger les mercenaires.

Les compagnons se retournèrent pour voir les archers se faire traverser de part en part par les longues lances des mormundiens. Deux chevaliers s’étaient effondrés, tués par des flèches. Les amis furent alors frappés par un garde qui les força à se retourner, et ils quittèrent ainsi le campement sous les hurlements déchirants des mourants, les bruits de pelle s’enfonçant dans la terre et les cris de supplications.

Devant cette ignominie, Geoffroy ne put s’empêcher de penser qu’à Foy tous les survivants avaient déjà du les oublier, ou même pire, et cela lui était dur à accepter, que des hommes s’enchantaient de leur disparition. Les hommes ont des vices : ils ont horreur de connaître les dangers et leurs défauts, et le simple fait qu’eux sept les découvraient les terrorisait. Ils préféraient vivre naïfs, quitte à mourir un jour par manque de préparations, que survivre prévenus. Avec un regret, Geoffroy se rappela qu’eux même n’avaient tenu compte de leurs propres paroles, ce qui avait tué Pierre et Richard. Quelle horreur que cette soif de pouvoir qui les avait soufflés comme un balai nettoie la poussière. Cela avait peut-être fini par causer la perte de Foy… Le Roi des Mormundes était peut-être mauvais payeur, mais même sans ces mercenaires archers, il possédait une grande armée dévouée à sa cause, et qui allait à la guerre comme eux sept allaient avant dans une taverne.

Il se retourna alors, regardant les corps sans vie être jetés dans une fosse. Quel sort macabre les attendait donc dans la demeure de ce roi méprisant ?

Je précise: arbre-ciel: le paradis (la représentation dans l'église lors de l'enterremnt de Pierre et richard)

Quand Kev sort de torture, il est presque seul (je précise: pas un campement entier autour de lui, si ça peut inspirer des gens :wink: )

Ne croyez pas en tout . Je ne suis pas tombé dans le piège du héros ayant accompli moult actes héroïques, enfin j'espère (je n'en dis pas plus, de peur de trop vous en dire)

Pour la seconde partie, recherchez bien les points communs avec la première (il y en a deux). Mince j'en ai trop dit :wink: .

Sinon je sais que je reste trop dans les normes, avec les méchants d'un côté et les bons de l'autre, mais comment rendre les méchants moins abjects (en les rendant plus gentils :( )???

A la toute fin, c'est bien clair que presque aucun mercenaire ne va survivre, enfin j'espère car j'arrête là ma première partie, pour prendre l'histoire de Kirla (enfin un peu de joie (éphémére 8-s ) dans ce monde de brute.

Sinon ma grande, ma très grande, je dirais même mon immense crainte est que les dialogues soient nuls comme pas possible, et aient un effet anesthésiant :D .

Iliaron, un peu de repos pour réfléchir si je change des choses du récit de kirla, et puis je me lance.

EDIT du 30/04/05

Modifié par Iliaron
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Mälthion lui demander avec empressement

Il fait naif comme elfe, il hais les hommes mais essaye d'etre gentil. Sa reaction ne colle pas vraiment avec qui il est censé incarner ! :-x

Un archer t’a tiré.

Bon isolé comme ca, tu vois le problème :evilgrin:

et j’y parviendrais aisément

C'est le "y" qui me gène :-x En fait, c'est le Y Lyonnais :D Tu peux changer ta phrase pour qu'elle devienne bonne facilement :D

Bon sinon, pour le fond c'est pas mal ! Tu developpes la captivité ! On en apprend largement plus et tu te rends compte, j'espere, que, pour nous, ca reste toujours aussi interessant ! J'ai pas de remarques précises à dire, mis à part : suite !

@+

-= Inxi =-

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Voilà la suite, avec un peu plus de mystères et d'indices pour aider la... suite (mais vraiment vers la toute fin).

Partie II : Apprentissage

Chapitre I : Chasse

Kirla s’éveilla en sursaut, moite. Il regarda, terrifié, autour de lui, puis se rallongea, ne parvenant à se calmer. Il repensa à ce cauchemar : il lui semblait qu’il venait d’être ramené ici à l’instant, mais il était toujours dans le même lit, et rien n’avait bougé. Il se mit en position assise, cherchant à mieux se souvenir de son rêve, à découvrir ce que tout cela signifiait… Une brume semblait flotter dans son esprit, un brouillard rêveur… Oui, c’était cela, il avait vu des yeux noirs, ne brillant plus d’aucune vie, il n’avait vu que les yeux… Après il avait aperçu des yeux cette fois-ci verts, étincelants de tyrannie et d’une autre lueur, encore plus atroce, comme si cet être cherchait à le… à…

Enfin, ce n’était qu’un rêve ! Il avait tort de lui porter autant d’attentions si futiles. Ce n’était pas comme cela qu’il parviendrait à aider aux chasses et aux cueillettes : en ne se reposant pas.

Il se glissa de nouveau sous sa couverture de feuille, et s’endormit aussitôt.

L’aurore le réveilla finalement, les rayons lumineux passant à travers le vert feuillage de sa fenêtre, pour venir caresser ses cheveux noirs. Il s’extirpa prestement de son lit, s’habilla, puis descendit au salon, n’ayant plus aucun souvenir de sa terreur nocturne. Il y découvrit avec bonheur son père Kirl.

« -Où étais-tu passé durant ces trois jours. Tu ne m’as pas prévenu, contrairement aux autres fois.

-Je suis parti avec notre chef Imladrik. Nous avons découvert un grand troupeau de ces sangliers en train d’abîmer nos arbres. Sales bêtes humaines » siffla-t-il. Il reprit sur un ton plus calme : « Une chasse va être organisée cette après-midi : nous manquons cruellement de nourriture, et nous devons purifier la forêt. Tu en feras parti » finit-il par un sourire envers son fils.

Joyeux, Kirla alla chercher un bol de fruits, se servit d’eau à la fontaine principale puis s’assit à côté de son père. Ils parlèrent une heure durant des préparatifs pour la chasse, de l’équipement à prendre ainsi que de techniques à utiliser pour surprendre ces bêtes.

Kirl alla discuter ensuite avec son ami Imladrik pour organiser les groupes de chasse, tandis que Kirla remonta à sa chambre, excité : il adorait chasser, mais il n’avait que très rarement croisé des sangliers. Il avait l’habitude de croiser des cerfs, et plus rarement des licornes, mais jamais il n’en avait blessé une : sans elles l’Esprit de la Forêt n’aurait pu survivre, et sans lui jamais ils n’auraient pu arriver jusqu’en Loriath.

Kirla descendit voir son cheval, lui mit une fine selle, à laquelle il attacha une épée et deux carquois. Il remonta dans l’habitat, ne pensant plus qu’à la future chasse. Il craignait de ne pas être à la hauteur, malgré sa joie à l’approche de cette première expérience. Aucun elfe n’oserait refuser une chasse, les sangliers incarnant toute leur haine à l’égard des hommes. Ce mal les a affaibli et les a rendu vulnérable, et pourtant sans lui ils n’auraient pu survivre, par manque de nourriture.

En fin de matinée il redescendit l’échelle de corde, et alla à l’écurie où se trouvait rassemblé tous les participants. Imladrik expliqua brièvement à chacun son rôle, et la cinquantaine d’elfes fut répartie en quatre groupes. Trois groupes d’une dizaine d’elfes étaient chargés de rabattre les sangliers vers un goulet d’étranglement, pour éviter que certains parviennent à s’échapper.

Après que le groupe se fut mis en route, Kirla fit connaissance de son groupe, et s’entretint longuement avec Ilia. Ce dernier lui parla de ces premières expériences de chasse :

« - La première fois que je suis parti à une chasse, je devais être légèrement plus jeune que toi et était âgé de juste cent cinquante ans. J’étais parti insouciant avec un de mes amis, car nous étions confiants en notre supériorité. A peine sommes nous arriver qu’un sanglier nous a chargé. Il s’est jeté devant moi, et est mort sur le choc. Il est mort pour me protéger, car je n’avais pas réagi. On nous avait toujours parlé de notre force et de notre vivacité, et nous nous sommes laissés tromper par ces paroles. Si nous restons passifs nous risquons à tout moment de nous laisser battre et abattre. Depuis ce jour j’ai participé à chaque chasse, essayant d’éliminer cette race si ignoble. Jamais ils n’auraient dû exister ; seuls les humains sont capables de pareilles horreurs. » Il s’arrêta un instant, ses yeux verts reflétant toute sa tristesse. Il se retourna vers Kirla, des larmes dans ses yeux, et lui dit avec regrets :

« -Je suis désolé pour sa mort. J’aurais préféré mourir à sa place : le sanglier n’aurait pu l’atteindre. Excuse-moi. »

Kirla ne comprit pas ces paroles, mais n’osa pas le lui faire remarquer : il n’avait pas à s’en vouloir de lui avoir raconter sa première chasse, aussi tragique fut-elle. Il serra quand même son arc dans ses mains, implorant rapidement l’Esprit de lui accorder sa grâce et de lui permettre de survivre. Il regarda autour de lui, et vit que chaque discussion était enjouée ; tous étaient persuadés que cette chasse allait se passer à merveille, et certains s’échangeaient déjà sur le menu du futur festin.

Arrivés à distance du troupeau, Imladrik s’arrêta et conversa un instant avec deux éclaireurs aux robes marrons se confondant avec perfection avec les arbres environnants. Il se remit ensuite en tête de groupe, puis expliqua brièvement qu’il était temps que les groupes se séparent, et que le goulet était en place.

Une dizaine d’elfes dont Kirla et Ilia chevauchèrent en silence durant de brefs instants, avant de sauter à bas de leurs montures à l’orée de la forêt : le bruit des sabots risquait d’être perçu par la harde et faire échouer la chasse. Kirla souffla doucement à l’oreille de Talik :

« - Va rejoindre les autres. Eloigne-toi d’ici, mais tiens-toi prêt à revenir au moindre sifflement. »

Puis il donna une tape amicale sur la croupe de l’animal, et suivit les autres Aths dans leur calme progression. Il s’avança avec grande précaution sur le sol irrégulier de la forêt, où s’étalaient pêle-mêle de nombreuses branches cassées. Un des elfes pointa alors à sa droite, et mit son index sur sa bouche, leur intimant le silence. Là étaient les sangliers, dans une mince clairière. Quelques uns mâchaient, d’autres dormaient… De nombreux marcassins dormaient contre des laies, tandis que de jeunes ragots étaient restés à une légère distance, gardant l’arrière de la compagnie. Une femelle semblait mettre bas dans une excavation… Enfin quelques mâles semblaient monter la garde, à l’affût de tout bruit inattendu. Le troupeau était proche, ils devaient se faufiler le plus discrètement possible.

Ilia murmura directement dans l’oreille de Kirla :

« - Le vent vient de leur côté. Ils ne nous sentiront pas. »

Kirla hocha sa tête et reprit le lent contournement du troupeau. Jamais il n’aurait cru qu’il puisse se trouver à terre autant de débris végétaux, et les Aths durent user de toute leur finesse pour ne pas déclencher l’alerte.

Enfin, après avoir contourné la compagnie, l’elfe qui avait montré le troupeau reprit la parole, ses mots étant prononcés si faiblement qu’ils se confondaient presque avec le doux murmure du vent.

« - On se cache derrière les troncs, et on encoche chacun deux ou trois flèches. A trois on tire Pas besoin de les tuer, on doit juste les effrayer. Le troupeau va déguerpir droit dans le goulet. On s’occupe aussi des belliqueux qui nous chargeront. Pour ceux qui se dirigent en face ou sur les côtés, ce n’est pas notre affaire, des groupes y sont déjà. Compris ? »

Tous les elfes acquiescèrent silencieusement.

« - J’espère que l’accouchement de la femelle ne va pas les rendre plus brusques qu’ils ne sont d’habitude » pensa dans un murmure l’Ath. « Jurgas, à toi de l’avoir. »

Ce dernier acquiesça de la tête, et s’accroupit silencieusement à terre. Il se cala du mieux qu’il put, puis plaça une longue flèche à la fine pointe sur sa corde. Il tira sur celle-ci, leva légèrement l’arme, avant de la baisser de nouveau avec précision. Il souffla alors :

« - Ils se tiennent trop proche d’elle ! »

« - Althior ! » jura l’elfe silencieusement, mais rageusement.

« - Quand les autres auront tiré, ça devrait aller. Ils se disperseront. »

« - A trois donc. »

Jurgas ne fit alors plus un mouvement, attendant avec concentration l’instant demandé.

Le groupe prit place derrière les troncs, puis les elfes sortirent leurs arcs et encochèrent d’un geste expert des flèches sur la corde. Tous les regards étaient tournés vers l’Ath qui avait donné les ordres. Ce dernier se plaça proche de Jurgas, afin de lui permettre de voir le compte à rebours. Son poing était encore fermé…

Son index se tendit alors. Les elfes vérifièrent la position des flèches, et serrèrent du mieux qu’ils le pouvaient leur arc. Chacun jeta des regards furtifs, vérifiant qu’il ne gênerait personne.

Son majeur se tendit ensuite. Les Aths redressèrent leurs arcs et se penchèrent pour apercevoir les sangliers, et ainsi calculer la trajectoire de leur tir.

Enfin son annulaire fit de même.

Aussitôt les elfes surgirent de leur cachette et décochèrent leurs flèches en direction des sangliers. Le troupeau, qui juste avant paissait paisiblement en paix se sentait pris au piège. Des grognements effrayés se firent entendre lorsque deux volées vinrent les frapper, qui de gauche et qui de droite. Les marcassins apeurés venaient se réfugier auprès de leur mère, qui toutes martelaient la terre de rage pour protéger leur progéniture. Les sangliers s’étaient mis à gratter la terre en grommelant, et leurs yeux minces lançaient des regards véhéments. Quelques ragots, restés en arrière, se pressèrent de rejoindre le cercle de la harde, cercle qui leur semblait protecteur, Ils se placèrent autour de la laie enceinte d’une façon menaçante.

Voyant cette vision de piège inéluctable, Kirla détourna un instant les yeux. Tous les sangliers allaient périr, la mort s’était regroupée autour d’eux. Que ferait-il s’il était au milieu du troupeau…

« - Parfait ! » se réjouit Jurgas tout en lâchant la corde. La flèche s’élança alors dans une course mortelle en direction de la laie. Il y eut un léger bruit mat de chute, avant que les grommellements s’intensifient. Mais certains semblaient moins menaçants, comme terrorisés…

« - Bravo » complimenta l’Ath, avant de continuer hâtivement : « On tire une autre salve, ils sont encore hésitants. Ils ne devraient tarder à fuir ! »

Le rugissement tira Kirla de sa rêverie, et il alla chercher vivement une flèche dans son carquois. Il l’encocha prestement, leva son arc, et tira en direction du sanglier le plus proche.

Quatre bêtes furent tuées lors de cette salve, et ce fut suffisant pour faire fuir la majorité du troupeau dans une forte cacophonie : la laie morte, garder la clairière leur était soudain devenu inutile. Quelques téméraires ou blessés firent tout de même volte-face et s’élancèrent en direction des elfes.

« - Abattez-les vite ! » s’écria l’elfe tout en se saisissant d’une flèche.

Un des sangliers se dirigeait droit sur Kirla. Une centaine de mètres et il serait sur lui. Surpris par ce changement de situation, et ne possédant encore aucune expérience de la chasse, Kirla ne pensa à s’abriter derrière le tronc et encocha une flèche avec terreur. Le sanglier, un trait planté dans son dos, baissa la tête pour charger l’elfe. Kirla tira alors précipitamment au hasard. Sa pointe alla se planter sans dommage dans la terre derrière l’animal. Il n’avait pensé à tenir compte de la vitesse ! Il n’avait plus le temps ! Le sanglier était sur lui… Il ferma les yeux, préférant ne pas voir le choc. Il se sentit s’envoler quelques instant en l’air, et être accroché à quelques chose de solide. C’était la fin ! Pourtant il était encore en vie…

Il ouvrit les yeux pour découvrir un Ilia exténué qui le tenait dans les bras. Tous deux étaient par terre.

« - Tu vas ? » demanda anxieux Ilia.

« - Merci pour ton courage, mille fois merci ! » répondit soulagé Kirla, ne saisissant toujours pas pleinement qu’il était sain et sauf. Il avait vu la mort de si près !

« - Ce n’est rien » répondit rayonnant Ilia. Il continua plus sombrement : « je n’ai pu le sauver, mais toi si ! » Il songea ensuite sans le dire à voix haute : lui était mort, mais sa mort avait pu éviter celle de Kirla. Il n’avait plus à se maudire. Il fallait de plus qu’il remercie chaleureusement Kirl pour la confiance éperdue dont il avait fait preuve…

« - Et le sanglier ? »

« - Je ne m’en suis pas occupé. Si je le tuais, il t’aurait éventré. Mon choix a été rapide. »

Il se releva alors et aida Kirla à faire de même.

« - Pas grave, la chasse a tout de même était bonne. »

« - Mais pas grâce à moi » s’attrista légèrement Kirla.

« - C’était ta première chasse. On commence tous au même niveau. Ne t’inquiète pas, ça va venir. »

Il posa sa main sur l’épaule de Kirla, et ce dernier finalement retrouva rapidement le sourire, avant d’énoncer joyeusement :

« - Mais je suis quand même heureux d’être encore en vie. Je vais pouvoir m’améliorer ! »

« - Et je te promets de t’aider » s’exclama Ilia.

« - De nouveau merci ! »

Ils arrivèrent à la nuit tombante, et la centaine d’elfes qui étaient restés les acclamèrent avec euphorie : avec toute cette viande ils ne craignaient plus l’hiver. Ils avaient vécu trois jours de crainte dû à la disparition subite de leur chef Imladrik, mais son retour avait ramené joie et sérénité.

Quelques heures plus tard, un festin fut organisé dans une fine clairière. Le feu crépitait gaiement au centre des elfes. Les flammes venaient lécher le bois mort et l’embraser petit à petit, procurant une sainte chaleur au milieu de cette froide nuit. La fête se finit tard dans la nuit, et les elfes rentrèrent repus à l’habitat, avant d’aller retrouver avec sommeil leurs lits. Ilia remarqua avec plaisir à l’angle d’un couloir Kirl s’entretenir avec Imladrik, et s’arrêta, ne voulant les déranger:

« -Heureusement qu’Ilia l’a sauvé, sinon je ne sais pas ce qu’il ce serait passé. Tous ces efforts pour voir mourir ce pour quoi l’on se bat depuis deux siècles. Sans lui, que serais-je devenu » se lamenta Kirl.

Touché par cet amour paternel, il voulut remercier Kirl en le rassurant, mais ils étaient partis finir leur discussion chez Imladrik.

Beaucoup de commentaires donc à faire:

Vous vous doutez bien que le cauchemar et l'absence n'est pas là pour rien (ah ben mince alors, pourquoi j'ai pas commencer trois jours plus tôt. Surtout qu'il peut s'en passer des choses en trois jours :crying: )

Pour la première rencontre avec Kirl et Imladrik je n'ai rien à dire, à part si j'ai mis des indices sans y penser.

Ensuite, Ilia est réellement désolé (en fait, vous avez bien compris que ce n'était pas un hasard qu'il se trouve avec Kirla, car... mais je ne vais pas vous dire pourquoi :P )

Il se promit d’aller remercier le père Kirl dès qu’il le pourrait pour la confiance dont il avait fait preuve.

C'est la raison, mais il faut chercher plus loin encore (pas pour rien qu'il demande à Kirl :D )

Les éclaireurs sont importants :P

Lors de la charge du sanglier, il est tout à fait normal que juste après qu'Ilia soit retombé le sanglier se trouve cent mètres plus loin. relisez bien et vous comprendrez (à moins que ce ne soit évident). De toute façon la scène sera mieux expliquée après (vers la fin je pense), mais il est simple à comprendre (trop peut-être :crying: )

il était mort, mais cette mort avait évité la sienne.

C'est normal que ce soit incompréhensible: ce sont les pensées d'Ilia et il sait très bien qui sont ces "il" :crying:

Le feu crépitait gaiement au centre des elfes. Les flammes venaient lécher le bois mort et l’embraser petit à petit, procurant une sainte chaleur au milieu de cette froide nuit.

Petit parallélisme intéressant avec le début, qui annonce la suite (même pour ceux qui ont lu l'autre version :D ). En plus, ça me permet d'éviter de me perdre dans tout un tas d'indices étranges, un simple parallélisme et c'est bon :'( .

Le discours de la fin est important, il suffit de bien le décrypter (ah, les elfes ont la facheuse manie de parler par énigme, c'est pas croyable :crying: )

Iliaron, je crains avoir un peu trop expliquer ce passage, mais au moins l'histoire est en partie fixée.

EDIT: mince, les balises

et

ne fonctionnent pas :P

EDIT du 20/11/2005: légères modifications

Modifié par Iliaron
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Ben, c'est pas trop mal !

Cette partie chasse est riche en enseignement et est fort bien décrite ! J'ai pas trop de remarques negatives a faire.

Ce passage nous apprend donc comment se deroule les chasses et developpe également une partie psychologie. On en apprend plus sur notre petit elfe. Mais dans l'ensemble ce passage est plus descriptif que narratif, l'histoire n'avance pas reelement :D

Niveau forme, j'ai pas de remarques car je n'ai pas vu de fautes ! C'est donc du tout bon et je t'encourage à écrire la suite :P

@+

-= Inxi =-

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La suite. Par contre je la continuerais, pour bien montrer la souffrance des elfes. Et Kirla va faire un acte horrible (dans la suite), c'est pas bien tout ça :'(

Bonne lecture:

Chapitre II : Vol

A la fin du repas, Kirla se dirigea comme un automate vers sa couche, où il s’écroula dans le moelleux matelas de feuilles. Il repensa un instant à la chasse, heureux d’être toujours en vie. Il ne savait comment son ami avait réussi à l’extirper du chemin de la bête, mais avec l’affreuse peur dont il avait été victime,

ses sens avaient été biaisés. Enfin, il ne servait à rien de penser au passé, ce qui escomptait était le futur, il n’y avait nulle importance à être trop rattaché au passé…

Il posa alors sa tête sur une branche de chêne, aussi moelleuse qu’un oreiller de plume, puis sombra dans le sommeil, songeant au futur festin du lendemain.

* *

*

Il voyait au loin un être flou, ou alors ce dernier était très proche… Il avança avec une démarche mal assurée vers l’ombre, mais ses mais tendus ne touchèrent rien. Etrange… Même avec sa vision, il ne parvenait à apercevoir clairement la forme, tous ses contours étaient troublés… Pourtant il parvenait à voir les yeux : des pupilles noires comme les pires ténèbres ! Il lui semblait que la chose ressemblait à un Ath, et possédait deux bras et deux jambes.

Une zone d’ombre bougea soudainement et se démarqua du flou, très légèrement. C’était comme si l’être lui faisait un signe… A lui ! Il s’avança alors, jetant de furtifs regards de droite à gauche, ne percevant que des ténèbres changeantes. Il ne parvenait même pas à voir où il allait, il suivait l’être. Soudain la chose s’arrêta et pointa du bras - ou était-ce simplement un bâton ? – une zone. Il apercevait quelque chose, une autre forme flouée malgré la proximité. Les deux êtres s’avancèrent communément vers lui… Que lui voulaient-ils donc ? Ils approchaient, tels des monstres mortels, ou bien comme des amis… A voir…

Il courut alors de toutes ses forces dans la direction opposée, ses deux agresseurs sur ses talons. Ces derniers lui criaient quelque chose, mais il ne pouvait l’entendre, la voix était distordue, comme sa vision. Il devait les distancer… Il courrait encore et encore, mais les formes revenaient légèrement sur lui, bientôt elles allaient le rattraper !

Soudain, les deux choses s’arrêtèrent et un son plus fort que les autres se fit entendre. Mais c’était inaudible… Tant mieux s’ils s’arrêtaient, lui il continuait.

Il fit un pas de plus et tomba alors dans le vide. Il ne l’avait aperçu… Tout n’était plus que ténèbres.

* *

*

Kirla s’éveilla en sursaut, suant à grosses gouttes. Terrifié il regarda autour de lui. Il n’y avait rien d’inconnu. Son cœur battait encore la chamade, mais maintenant il savait que ce n’était qu’un cauchemar, le deuxième en deux nuits. Faites que ça ait été le second… ces chimères étaient bien trop affreuses.

Mais que lui arrivait-il donc ? La veille il avait rêvé, si l’on pouvait appeler les cauchemars comme cela, d’yeux verts et noirs, cette fois-ci il n’avait vu que les noirs… Pourtant il avait pu apercevoir en plus un contour incertain. Bientôt il pourrait voir clairement les êtres… même s’il espérait intérieurement que ses cauchemars cesseraient bientôt.

Demain il dirait tout à Ilia, ce dernier lui conseillerait certainement un breuvage.

Il se leva alors et sortit de sa chambre, afin d’humer l’air extérieur. Il était au milieu du couloir lorsqu’un cri sourd retentit, aussitôt suivi du son mat d’une chute. Il venait de se passer quelque chose de grave… dehors.

Il sentait son sang s’écouler dans toutes ses veines, en proie à la terreur, et il déambula dans les couloirs, à la recherche d’elfes aussi éveillés. Il ne devait crier, cela attirerait les ennemis… ou les ferait fuir. Il devait prévenir Imladrik ! Il se précipité alors dans un couloir opposé à lui, s’engouffra sur une fine passerelle tendue entre deux branches, pour découvrir Ilia assoupi devant la chambre du chef. Il le réveilla alors.

« - Quoi ? » marmonna ce dernier avec peine, faisant un geste de la main pour écarter le bras de Kirla et se rendormir.

« - On nous attaque. » murmura paniqué Kirla.

Ce fut comme si Ilia venait de recevoir un coup de poing dans les côtes, et il se raidit, entièrement réveillé.

« - Qu’as-tu dit ? »

« - J’ai entendu un cri et le bruit d’une chute » siffla-t-il avec rapidité, « laisse-moi réveiller le chef ! »

« - Non, tu as dû rêver. Si on nous attaquait vraiment, toute la tribu serait réveillée. » Il se dirigea vers le pont de bois : « Viens, on va vérifier ce que tu as dit. »

Ils se mirent alors à courir dans les couloirs et sautèrent à bas de l’échelle de corde. Kirla souffla :

« - On n’a ni arc ni dague. »

« - Pas besoin… normalement tu n’as que rêvé… Sinon on crie et on coure, on connaît mieux la forêt que les agresseurs. »

Ils avancèrent durant une dizaine de mètres, contournèrent le tronc, pour finalement voir l’herbe aplatie sur une grande largeur. Ils se plaquèrent aussitôt contre l’Habitat, chuchotant :

« - Il y a quelque chose… quelque chose de mauvais qui se passe. »

« - Ecoute ! » lança Ilia.

Dans l’étrange silence environnant, quelques murmures indistincts parvenaient à leur oreille, ainsi qu’un bruit de frottement continu, comme si une lourde charge traînait à terre.

Ilia pointa alors du doigt un arbre à quinze mètres d’eux, et n’annonça pour consigne que cette rapide parole :

« - A trois. »

Chacun fit alors le décompte mental, avant de s’élancer à pas feutrés. La marche leur apparut horriblement longue, imaginant qu’à tout instant un des agresseurs pourrait se retourner et les voir… Finalement ils parvinrent sans mal à l’arbre, et tendirent leurs oreilles. Les bruits s’éloignaient au fur et à mesure.

« - On court ! »

Joignant le geste à la parole, Ilia se précipita en direction des êtres, Kirla sur ses talons. Ce dernier avait la funeste impression qu’au bruit qu’ils faisaient n’importe quel tireur pourrait les viser dans le noir le plus complet, mais s’ils voulaient les voir… Ils approchaient légèrement, bientôt ils allaient pouvoir les apercevoir…

Brusquement, Ilia plongea face à terre, avec un hoquet de surprise. Quelques agresseurs beuglèrent alors des ordres indistincts, comprenant enfin qu’ils étaient pris en chasse. Des chevaux hennirent, et le bruit de frottement s’intensifia, pour finalement s’évanouir dans le lointain.

« - Fichue racine ! » jura Ilia. « Si seulement j’avais pu l’éviter, on saurait qui étaient ces êtres. » Il se releva et donna un furieux coup de pied dans l’excroissance qui l’avait faite chuté. Il ne sentit qu’une chose molle, ainsi qu’un léger frottis de métal.

Les deux Aths eurent l’impression que leur cœur s’était arrêté de battre, pour reprendre de plus belle. Ils savaient ce qui était à terre, mais n’osaient vérifier. Ils savaient…

Ilia s’affala alors à terre, et avança par à coups son bras, tremblant. Il retourna la chose à terre. Voyant ce qu’il savait apercevoir, il s’écroula en arrière, poussant un cri de détresse.

Il leva ensuite le bras et chevrota :

« - Regarde ! »

Kirla suivit l’endroit pointé par son ami, et aperçut alors la plate-forme des

éclaireurs.

« - D’habitude ils sont deux » constata Kirla en jetant alentour des regards macabres.

A cette annonce, Ilia se raidit et se jeta sur le chêne, sautant prestement de branche en branche, trouvant une accroche dans l’écorce même de l’arbre. Kirla le suivit, dépité : si le second éclaireur n’avait sonné l’alerte, cela signifiait que… Peut-être était-il juste assoupi.

Aucune voix heureuse ne vint contredire sa crainte, et ce fut un second cri, cette fois-ci de rage, qui fit bruisser les feuilles de la forêt. Atteignant enfin la plate-forme, et détournant les yeux du corps sans vie, Kirla siffla à Ilia :

« - Tu ne trouves pas que c’est bruyant ici ? »

Ilia lui lança un regard surpris, puis d’une voix atone suggéra :

« - Le vent. »

C’était comme si la forêt venait de se réveiller, auparavant nulle onde s’engouffrant parmi les feuilles n’avait fait le moindre bruit, et maintenant la forêt était secouée de fortes bourrasques.

Ilia se pencha alors et pointa du doigt une blessure au cou de l’Ath :

« - Epée » annonça-t-il avec peine, « trop large pour une flèche. »

Kirla assimila l’information, mettant un certain temps à comprendre la signification de tout ceci, sa peine empêchant son esprit de se concentrer. Il s’exclama soudainement :

« - Mais alors, un des agresseurs est monté les tuer ! »

Ilia approuva.

« - Pourtant l’échelle de corde est remontée ! Tu penses qu’un homme peut monter à un arbre ?

Ilia nia cette fois-ci, et ajouta :

« - Seul un Ath le peut. »

Kirla tomba à terre, conscient de la portée de la parole… Un Ath ! Un Ath en agresser en autre ! Un Ath tuer un de ses frères ! Seul un homme pourrait agir de cette manière, seuls eux pouvaient être aussi inutilement cruels.

« - Jamais un elfe n’agirait de cette manière. Et pourquoi ? »

Ilia sombra alors dans un mutisme, songeant.

« - A partir de là on pourra répondre… Viens, descendons sans dérouler l’échelle, qu’Imladrik voit le lieu comme lors du meurtre.

Ils rejoignirent le sol en silence, chacun pensant aux multiples possibilités qui s’ouvraient devant eux. Si seulement ils avaient pu apercevoir les agresseurs…

Rejoignant sombrement l’Habitat, ils aperçurent au détour d’un tronc Imladrik et Kirl qui courraient à pas pressés. Ilia les héla, et les deux se retournèrent, surpris.

« - Qu… Quoi ? » demanda Imladrik avec crainte.

« - Les éclaireurs, ils sont morts » annonça Ilia en trépignant d’impatience.

« - Comment ? » rugit Kirl cette fois-ci.

« - Père, je te le jure, il y a un corps au sol, l’autre encore sur la plate-forme… »

« - … tués à l’épée » ajouta Ilia.

« - On va voir ça. Fiston, cours donner l’alerte. »

Les deux groupes se séparèrent alors, Kirla et Ilia courrant vers l’Habitat. Une chance que le chef était là, songea Ilia. Ils avaient dû sortir peu après que lui-même suive Kirla. Mais au vu de leur réaction, ils ne s’attendaient pas à une telle nouvelle ! Qui aurait jamais pu imaginer que les temps sombres recommençaient ?

Parvenant dans l’Habitat, les deux elfes se séparèrent et hurlèrent qui à droite, qui à gauche, tirant sur le lierre à l’entrée des chambres, faisant pépier les oiseaux. Rapidement tous les Aths furent réveillés, et sortirent à pas lourds de leur couche, baillant :

« - Que se passe-t-il. A quoi bon se réveiller si tôt ? »

« - Nous avons été victime d’une attaque » annonça Ilia.

« - Comment ? » sifflèrent les elfes, cette fois-ci alertes.

« - Les éclaireurs de la plate-forme Nord ont été tués ! »

Aussitôt la foule se dispersa, tous se dirigeant vers le lieu macabre. En quelques instants les deux amis se retrouvèrent seuls. Ils s’effondrèrent alors sur un entrelacs de branches.

« - Tu as compris la raison de l’attaque ? » questionna Ilia fatigué, les yeux exorbités dû aux récentes découverts.

« - L’herbe couchée et les frottements… » songea à voix haute Kirla.

« - Les sangliers ! » rugit Ilia. « Ils étaient encore entreposés à terre. »

Il se leva alors et se précipita en direction de la sortie de l’Habitat, pour finalement

arriver en direction des premières herbes aplaties. Les deux Aths se penchèrent et perçurent plusieurs gouttes de sang.

« - Toute la nourriture » bégaya Kirla.

« - L’entrepôt » beugla Ilia, « les cuisines ».

Ils s’élancèrent de nouveau en direction de l’Habitat, pour constater avec soulagement qui ces deux endroits avaient été épargnés. Mais les réserves étaient bien maigres…

S’asseyant, Ilia lança à Kirla d’un ton las :

« - Reprenons tout depuis le début. Comment as-tu perçu les agresseurs ? »

« - J’ai… »commença-t-il hésitant, « j’ai eu un cauchemar, qui m’a réveillé. Je suis

allé vers une ouverture, et j’ai ouïe le bruit d’une chute. »

« - Ensuite ? Tu es allé directement me réveiller, c’est ça ? »

Kirla hocha sa tête.

« - Qu’ont-ils pu faire durant ce moment ? »

« - A mon avis, ils sont allés chercher les sangliers : les éclaireurs les auraient

aperçus s’ils ne les avaient tués avant… »

« - Ils ont été rapides » constata Kirla. « A partir du moment où ils ont tués les sangliers, ils ont eu au mieux dix minutes pour attacher les sangliers et s’en aller avec eux… »

« - Les bêtes étaient encore attachées par le groin… Le problème n’est pas là : comment ont-ils pu savoir qu’aujourd’hui nous aurions une importante somme de nourriture ? »

« - Le hasard ? » proposa Kirla.

« - La coïncidence est forte… Tout laisse à croire qu’il y avait un complice au sein même de nous autres… »

« - Mais pourquoi un elfe se comporterait d’une telle manière ? »

« - Les velléités de pouvoir… le besoin de nourriture…

« - S’ils avaient demandé, on leur aurait offert de quoi survivre… Tous les Aths le

savent ! »

« - Il est vrai qu’il aurait fallu un groupe important d’elfe pour transporter toutes ces bêtes, jamais un tel nombre ne pourrait accomplir un tel acte. Il y a peut-être un ou deux elfes différents, mais une quarantaine… »

« - Ce sont bien des hommes qui ont attaqués. »

« - Tout le laisse à croire. Ou des êtres dont nous ne connaissons rien… Mais

pourquoi aujourd’hui ? Le seul jour où nous avons une grande réserve de nourriture encore à terre…

« - Un complice elfique peut-être ? »

« - Impossible. Un Ath n’accepterait pas de traiter avec des hommes. Et quand bien même une telle exception existerait, les hommes l’auraient tués avant qu’il ne puisse même ouvrir la bouche et annoncer ses intentions. »

« - Redescendons voir les traces, gageons que l’on découvrira un indice de plus »

paria Ilia.

Ils marchèrent alors lentement à travers l’Habitat, leurs pas lourds résonnant au travers du plancher naturel. Arrivant enfin au commencement de l’herbe couchée, ils virent de nombreux Aths piétiner les indices, justement à la recherche de ces derniers.

« - Viens, allons un peu plus loin, sous le treuil de la réserve. »

Ils s’éloignèrent d’une centaine de mètres de l’important groupes d’elfes, pour en découvrir d’autres agenouillés, qui pleurant, qui palpant chaque brin d’herbe.

« - Des indices ? » demanda Ilia.

Un des Aths acquiesça.

« - Là : des traces de sabot. »

« - Ce sont peut-être les nôtres. »

« - Non » contredit l’Ath, « en passant par ici les multiples chevaux ont écrasés les herbes profondément. Jamais une de nos montures ne créerait un tel dégât. Les chevaux étaient lourdement chargés, sûrement plus gros que les nôtres, et leurs maîtres plus lourds que nous-même. »

« - Des hommes ? »

« - Tout le laisse à croire, bien que je n’en ai jamais vu. »

« - Y a-t-il des traces de pas ? »

« - Je ne peux le dire, tant d’Aths marchent par ici… Même si les agresseurs

étaient plus lourds… la différence n’est donc pas flagrante. »

« - Rien d’autre ? »

« - Non, malheureusement. »

« - Où est le chef ? »

L’elfe pointa de son bras une zone emplie d’Aths. Les deux amis le remercièrent, puis suivirent la direction pointée.

« - Maintenant on est assuré que les Aths n’en sont pour rien. »

« - La majorité, oui » corrigea Ilia. Il eut alors une exclamation surprise : «

Imladrik semble pester de rage. »

« - Mon père aussi. »

« - Il doit se reprocher cet accident ? Ce n’est pourtant pas sa faute… Il regrette de ne pas avoir pu prévoir, de ne pas avoir pu préserver la vie de frères de sa tribu.

S’approchant, ils l’entendirent crier à l’encontre de quelques Aths :

« - Vous avez dit des hommes ! Ils auraient osés ! »

Ce fut Kirl qui répondit alors :

« - Leurs traces sont encore visibles. On peut encore les prendre en chasse… et nous venger. »

« - Non, » répondit Imladrik, sa voix redescendant d’un ton, « trop d’Aths sont morts aujourd’hui, je n’accepterais pas qu’un de plus ne les rejoigne. Appelle mes gardes, on va les prendre en filature… puis nous improviserons. »

« - A tes ordres » annonça Kirl en s’éloignant.

Imladrik siffla alors sa licorne, qui apparut un instant après à ses côtés, comme par magie. Il lui murmura à ses oreilles :

« - J’espère que tu t’es reposée de la veille. Il nous attend une longue poursuite. »

La monture piaffa d’impatience, comme répondant à l’Ath. Elle baissa alors son encolure et permit à son maître de prendre place.

« - Heureux de te voir prête. »

Un instant après cinq Aths apparurent sur leurs montures, les quatre acolytes du chef et Kirl.

« - Mes amis, suivons la piste des brigands. Connaissons notre ennemi avant la vengeance ! »

Les quatre gardes levèrent leurs dagues en signe d’assentiment. Kirl s’approcha alors d’Imladrik et lui demanda :

« - Mon ami, que fais-je pendant ce temps ? »

« - Trouve de la nourriture. Ces hommes nous ont attaqués pour nous affaiblir, espérant que nous mourrions de faim. Contrecarre leur plan, apporte fruits et viandes à la tribu. La morte saison approche, mais encore nous pouvons survivre. Je veux que toute la tribu survivre… par tous les moyens. Envoie des messagers vers Gwaïwe et Lyondri, ils répondront. Tu t’en sentiras capable ? »

« - Oui » répondit Kirl en en donnant une tape dans le dos de son compagnon. Ce dernier rugit :

« - Yalgar, en avant. Surprenons-les de notre vitesse. »

La licorne s’élança alors au triple galop, dans son sillage les quatre cerfs des gardes personnels. Rapidement ils disparurent de vue, et les Aths présents retournèrent à leur peine ou leur recherche.

Quelques Aths se tenaient déjà aux côtés de leurs montures, et les harnachaient, les parant pour une longue et exténuante chevauchée. Kirl se dirigea alors vers

eux :

« - Si vous avez besoin de nourriture, servez-vous, on se débrouillera. »

« - On en trouvera sur notre chemin » l’informa l’un d’entre eux.

« - Prenez-en, vous arrêter vous fera perdre du temps. »

« - Non, cela permettra à nos montures de se reposer et de brouter. Sinon elles vont mourir en moins d’un jour. »

« - Bon voyage alors. Revenez vite ! » annonça d’un ton solennel Kirl.

« - Pas d’inquiétudes. Nous ferons tout notre possible pour que la tribu vive bien. »

L’homme caressa l’encolure de sa monture, lui susurrant quelques mots

d’encouragement. Peu de temps après les quatre elfes s’éloignèrent, avant de se diviser en deux groupes de deux, chacun se dirigeant vers une tribu différente.

Ilia souffla alors à Kirla :

« - Viens, allons voir les cada… les corps, cherchons d’autres indices. »

Arrivant sur le lieu du crime, Ilia retourna le corps pour constater :

« - Une seule blessure. S’ils avaient combattu face à un homme, il y aurait des entailles, des marques du duel… Il est mort en un coup. »

« - Pourtant le coup n’a pas l’air d’être mortel. Certes qui blesse gravement, mais pas mortel. »

« - La chute l’aura été… Ce qui est étrange est l’absence de marques de duel. Si un être était monté, Ath ou humain, ils l’auraient vu, et attaqués… Il y aurait de nombreuses traces de sang par ici et sur le tronc, et là rien… Ils l’ont donc pris pour un ami… »

« - A moins qu’il n’y ait eu un lanceur d’épées empoisonnés »

« - Il aurait été sacrément puissant : viser deux Aths sur une plate-forme à une vingtaine de mètres au dessus de la terre…

« - Effectivement… »

« - Je garderais la thèse du complice… »

« - Et une machine pourrait les viser » s’exclama Kirla. « Rappelle-toi ce qu’a dit Imladrik avant de partir : les hommes veulent nous affaiblir. Quoi de mieux que les elfes aient des suspicions entre eux pour nous faire dépérir. Si l’on se craint, il n’y a plus d’aide, il n’y a plus de vie. »

Ilia surpris se tourna vers son ami :

« - Je n’y avais pas songé… Mais ce que tu dis est intelligent ! On verra bien au retour d’Imladrik quelle thèse est privilégiée, mais la tienne m’apparaît bonne, et m’évitera de me méfier de mes congénères. » Il eut un sourire fugitif, avant de demander : « on monte vérifier ta thèse avec le corps d’en haut ? »

« - Maintenant l’échelle de corde est déroulée » prononça Kirla d’un air noir.

Arrivant sur la plate-forme, ils examinèrent de nouveau le corps. Ce dernier n’avait qu’une entaille, dans une épaule. Les os étaient broyés, mais la blessure en elle-même n’était pas mortelle.

« - Horrible arme que ce poison, c’est vraiment… »

« - …humain » finit Ilia. « Là aussi aucune trace de duel… Que n’inventeraient-ils pas pour massacrer ? »

« - Même Althior est douce aux côtés de ces hommes. » Althior… les bois brûlés, la mort déchaînée ne rivalisait pas avec de tels êtres !

« - Récapitulons » reprit Ilia. « Ils ont tués grâce à une machine les éclaireurs, puis ont attachés les bêtes à leurs montures, avant de s’en aller ? Nous sommes donc arrivés à ce moment là… Reste que l’on ne sait pas pourquoi ils ont attaqués aujourd’hui… »

« - Imladrik nous l’apprendra » annonça confiant Kirla. Il fera son maximum pour réparer ce qu’il croit être sa faute.

Ilia acquiesça :

« - J’espère. »

Une voix se fit entendre en bas :

« - Vous deux, pouvez-vous descendre le corps ? »

Les deux amis se résolurent à cette pénible tâche, et arrivèrent quelques minutes plus tard à terre, une pénible impression de toucher la mort de trop près…

« - On amène les corps à la famille » expliqua l’elfe. « A part si vous désirez découvrir d’autres indices et les examiner plus longuement. »

« - C’est bon, on en a tiré tout ce que l’on pouvait. » répondit résigné Ilia.

« - Venez donc avec moi et expliquez cela aux familles, elles sont désireuses d’apprendre de quoi sont morts leurs membres.

Les deux suivirent alors l’elfe d’un air las.

* *

*

Ils ressortirent une heure après du salon, les larmes aux yeux. La discussion avait été malaisée, la vision de la famille secouée de sanglots et se jetant sur eux en les suppliant de les aider les avait exténués. Eux deux pensaient surtout au manque de nourriture, manque qui pouvait facilement se combler. Les deux morts, eux, laisseraient un vide qui jamais ne serait comblé…

Ils s’écroulèrent alors le long d’une branche, lorsqu’un elfe vint les voir et les réveilla :

« - Venez, nous devons partir à la recherche de vivres. Nous ne tiendrons pas longtemps sinon. »

Les deux elfes se relevèrent alors, exténués, et sifflèrent leurs montures. Talik accourut aussitôt, et le cheval d’Ilia de même. Montant sur sa monture, Kirla remarqua qu’il avait oublié et sa dague et son arc… La journée allait être longue et fastidieuse.

Les elfes n'ont pas été victime de somnifères ou de sorts ni rien, c'est juste que le festin les a bien remplis, ils n'ont pas l'habitude de selever tôt un lendemain de fête :P .

J'ai l'impression de ne pas avoir été très clair dans les explications (ou tout du moins que ce ne soit pas très joli), donc je retravaillerais peut-être (je préfère quand même par rapport à mon ancien récit :P )

les sangliers sont déjà au sol, la dernière fois en y repensant c'était trop illogique: comment des hommes auraient pu descendre tous ces sangliers sans se faire entendre (m'enfin, je ne dis pas que c'était des hommes, c'est juste le terme général :D )

Sinon, devinez quelle est la bonne thèse, et le pourquoi du comment d'une telle attaque (tout est lié :crying: )

Je croisq ue je vais retravailler la dernière phrase, elle donne une impression de..., de rien justement :P .

Sûrement en guise de suite la version retravaillée (je vais voir avec les commentaires et les défauts relevés).

Iliaron, épuisé.

EDIT: correction des fautes. C'est vrai qu'il y en avait une de belle (je devais vraiment être épuisé :D ).

Sinon je me justifie sur un groupe de mot:

dans lequel de nombreux oreilles pointues allaient mourir

Les oreilles pointues symbolisent les elfes, qui sont masculins. Je trouvais que mettre au féminin donnait l'impression que seules les oreilles mourraient. Mais j'ai sûrement tort.

Sinon un point que j'avais oublié: au début encore un parallélisme, mais qui se démarque de son dernier (ça signifie quelque chose :crying: ).

Pour la suite, à la fin de la semaine lors des vacances. Et merci pour le compliment:

Sinon pour le fond, c'est toujours aussi interessant ! Tu vas vraimen en t'ameliorant ! Bravo ! Je n'ai que des encouragements  ! L'histoire reste la meme pourtant j'ai l'impression de la redécouvrir, reelement... Alors tu sais ce que ca veut dire ? Suite ! Allez grouilles

Moi qui croyais que je baissais, mais c'est peut-être que lorsque je lis les récits des autres je me sens tout petit :crying: .

Re-EDIT du 19/08/2005: Chapitre tout beau tout neuf :crying: .

Modifié par Iliaron
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Bon bon, bon !

J'avais commencé un commentaire jusqu'a ce que mon frère coupe la prise en appuyany sur la sienne ! :-s Il en va donc sans dire que les quelques fautes d'orthographes que j'avais trouvé n'y sont plus ! Heureux hasar non ? :wink: Enfin bon, tout ca pour dire qu'il y en a qui sont passé à travers une éventuelle relecture ! -_- Donc fais attention !!!

Sinon pour le fond, c'est toujours aussi interessant ! Tu vas vraimen en t'ameliorant ! Bravo ! Je n'ai que des encouragements :D ! L'histoire reste la meme pourtant j'ai l'impression de la redécouvrir, reelement... Alors tu sais ce que ca veut dire ? Suite ! Allez grouilles :D

@+

-= Inxi =-

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EDIT du 28/01/2006: j'ai rajouté le début du chapitre (merci Gemini :clap: )

Voilà la suite. Ennemis des elfes, venaient voir comment se comportent ces faiblards en temps de disette :wub: .

Suite du chapitre (quoique j'hésite à en faire un autre vu la longueur, mais ce n'est qu'un changement mineur (un mot)).

Chapitre III : Survie

Ils ne revinrent qu’à la tombée de la nuit, n’ayant trouvé que des fruits, et aucun sanglier. L’ambiance dans l’habitat était morne, aucune parole ne se faisant entendre. Chaque elfe contemplait désespéré le peu de nourritures qu’ils avaient tous ramenés.

Préférant se priver et permettre de garder de la nourriture pour le lendemain, de nombreux Aths refusèrent de manger, laissant leur part aux plus vieux qui ne pouvaient survivre sans cela.

Lors du crépuscule Kirl enjoint à son fils et à Ilia de le rejoindre, et ils allèrent à l’extérieur. Il leur apprit brièvement que des elfes étaient partis vers les tribus, mais qu’au vu de la distance les dons n’arriveraient que dans trois voire quatre jours. Avant qu’ils ne remontent, il ajouta qu’il chasserait avec eux le lendemain, et qu’ils essaieraient de s’éloigner le plus possible de l’habitat pour trouver quelques sangliers.

Ils se couchèrent ensuite, entamant avec faiblesse leur première nuit sans manger.

* *

*

Des maux de ventre réveillèrent Kirla alors que l’obscurité emplissait encore sa chambre. Il regarda sans espoir au-dehors et remarqua qu’il faisait encore nuit. Il tenta de se rendormir, mais il ne le put : sa faim lui tiraillait son esprit, l’empêchant de se détendre. Il sentait son estomac se refermer sur lui-même à la recherche de fragments de nourriture ; ses jambes étaient lourdes et faibles, vidées de l’énergie qui les animait habituellement. Il remarqua enfin qu’Ilia était debout, lui aussi ne parvenant à calmer son appétit ; la disette se faisait déjà ressentir. Allaient-ils réussir à survivre encore deux jours ?

Il se leva, ruminant ces sombres pensées de famines et de morts, s’habilla en n’oubliant pas son arc, et alla en compagnie d’Ilia vers la chambre de Kirl. Il pensa avec une certaine amertume qu’au moins ce n’étaient pas les cauchemars qui l’avaient réveillés. Quand le corps est trop occupé, l’esprit ne gaspille pas futilement l’énergie dans de fausses angoisses, pensa-t-il en apercevant son père. Ce dernier les attendait déjà, et était déjà prêt à partir.

Ils descendirent alors de l’habitat et se dirigèrent vers la clairière. Toutes les montures s’y reposaient profondément après leur journée de chevauchée. Les trois Aths, résignés à exiger d’elles encore un effort, sautèrent sur leurs chevaux. Alors qu’ils s’apprêtaient à s’éloigner, ils virent d’autres elfes tituber difficilement jusqu’à leur monture. Ainsi, pensa Kirla avec consternation, tous enduraient cette même souffrance De nombreux cerfs et chevaux étaient absents ; ainsi ils comprirent que chaque elfe endurait la même souffrance. Kirla songea que c’était le début d’une nouvelle époque. C’était la première fois depuis La Guerre qu’ils souffraient comme cela. Et il s’en rendait compte avec ses moindres habitudes : il s’était toujours réveillé grâce à l’aurore, ou par le doux chant d’alouettes et de rossignols sifflotant parmi les arbres, et pensait ensuite chaque fois à son bol de baies sauvages. C’était la première fois que la seule pensée d’une matinée normale le désespérait.

Ils quittèrent rapidement la petite clairière de l’habitat pour s’enfoncer dans les ténèbres de la nuit. Jamais Kirla ne s’était tant éloigné de sa tribu de nuit, et la forêt lui semblait hostile ; il se sentait impuissant face aux animaux nocturnes : si un les chargeait, pourraient-ils seulement fuir ? Se dirigeraient-ils à l’opposé, ou au contraire vers la bête ?

Ce fut avec plaisir qu’il accueillit l’aurore. La Loriath lui sembla alors accueillante, et il parvint à discerner sans mal chaque espèce présente. Kirl leur fit un signe et ils bifurquèrent vers la gauche, arrivant vers un bosquet. Kirla remarqua avec envie toutes ces baies, son estomac se faisant insistant et il eut le plus grand mal à résister. Ils descendirent ensuite à terre, et remplirent chacun leurs paniers des fruits. Ne pouvant lutter face à cette envie, Kirla mangea finalement quelques baies. Cela ne fit qu’intensifier sa faim, son corps lui réclamant plus de victuailles. Il résista cette fois, et se remit en selle. Ils errèrent ensuite dans la forêt, Kirl les menant de bosquets en bosquets. Sa connaissance de la forêt surprit son fils : jamais il ne s’était attendu à ce que son père les guide avec une telle aisance, lui qui sortait si peu.

Enfin, vers la fin de la journée, alors qu’ils allaient rentrer, les gargouillements mécontents de leurs estomacs les affaiblissant, ils aperçurent un troupeau de sangliers. Ils étaient dix ! Kirl retint les deux elfes et, regardant la position du soleil et le sens du vent, ils contournèrent de loin les bêtes, et se placèrent du côté opposé. Ainsi ils passeraient inaperçus, ne se faisant trahir par une quelconque odeur. Ils bandèrent alors leurs arcs, attendant le signal de Kirl pour tirer. Ce dernier avait en joue le sanglier le plus massif. Il fit un rapide geste de la main, et sitôt trois flèches s’envolèrent, entrant profondément dans la chair des bêtes.

Ce fut alors la panique dans le troupeau, qui s’enfuit dans la direction opposée. Les trois Aths décochèrent de nouvelles flèches, mais ne parvinrent à toucher qu’un seul autre sanglier. Les effets pervers de la faim se faisaient déjà fortement sentir, et leur vivacité avait baissé. Kirla se sentit alors dépité : comment allaient-ils survivre si pour manger il fallait être précis, alors qu’il fallait manger pour être vivace et disposer de cette précision salvatrice ?

Kirl sonna de son cor, et à quelque distance un autre lui répondit. Le père leur annonça qu’ils allaient rester ici jusqu’à que ces autres elfes arrivent pour transporter les sangliers. Il sauta à terre, enjoignant à ses deux compagnons de l’aider à attacher les corps. Kirla descendit prestement de son cheval, mais ses jambes ne purent le retenir. Il constata avec malheur qu’elles étaient trop faibles. Il se traîna ainsi jusqu’aux cadavres et passa une corde par le groin de la bête, et attacha le tout à un cheval. Une fois les autres Aths arrivés, ils se dirigèrent en silence vers l’habitat, trop affaiblis pour parler.

Arrivés à Älthwé, ils détachèrent les sangliers, et laissèrent vagabonder leurs montures à la recherche de nourriture. Kirla les regarda avec envie s’en aller. S’il était si simple de pourvoir à ses besoins, ils pourraient vivre sans crainte d’un vol. Se laissant entraîner par ses pensées, il voulut monter à l’échelle de corde lorsque Kirl le héla :

« -Kirla, va dire aux autres de descendre, nous ne pouvons monter les bêtes : tout le monde est trop faible pour cette tâche. » Acquiesçant, il transmit le message, puis alla se changer. Jamais son armure légère lui avait paru si lourde, jamais sa fine épée n’avait été si grosse ; jamais son arc en bois ne lui avait paru d’or.

Il redescendit faiblement, ses bras parvenant avec difficulté à maintenir la moindre emprise sur la corde, et se dirigea vers Ilia. Ce dernier était assis, et mangeait avec fureur un fin morceau de viande. Kirla crut qu’ils avaient presque tous finis de manger, et se dirigea joyeux vers le cuisinier. Ce dernier lui donna alors une très petite ration. Surpris, il s’insurgea :

« - Pourquoi devrais-je avoir une part plus petite que tous les autres.

- Tu as eu ta part comme les autres » lui répondit-il coléreux

- Mais… cela signifie-t-il que… qu’ils n’en sont qu’au début de leur repas ? »

L’elfe approuva alors avec tristesse. Kirla se dirigea en maugréant vers Ilia et mordit avec haine dans la viande crue. Sans avoir eu l’impression de se nourrir, Kirla songea à aller essayer de dormir. Alors qu’il se levait difficilement, il vit avec horreur qu’était servi aux anciens une ration de plus. Son sang ne fit qu’un tour, et il se dirigea haineux vers le cuisinier, lorsqu’Ilia le retint.

« - Laisse moi ! » lui lança méchamment Kirla.

« - Je sais que c’est dur de ne pas se laisser submerger par la faim, mais il faut essayer. Il faut que tu luttes intérieurement. Imagine que chaque elfe se laisse guider par son envie, que restera-t-il quand Imladrik reviendra. Rien ! On nous aura volé quelques sangliers, mais ce serait nous qui nous serions entretués. Nous serions pire que ces voleurs. »

Kirla voulut lui répliquer que c’est eux qui avaient tué ces quatre sangliers, mais parvint après une longue réflexion à se dompter. Qu’il était dur de lutter face à ses envies primaires ! Mais se battre n’avait jamais permis de vivre mieux. Les hommes avaient cédé à leurs envies, et étaient depuis soumis à celles-là. Non ! Mieux valait la souffrance que la violence !

Il alla faiblement vers l’échelle. Que ces cinq mètres étaient hauts. Pourrait-il jamais atteindre le plancher. Il se traîna lourdement à travers le premier mètre. Plus que quatre. Le deuxième mètre mit à mal les dernières forces qui lui restaient. Jamais il n’aurait du s’énerver, cela avait usé son énergie vitale ! Se maudissant lui-même, il continua son insupportable montée. Plus qu’un mètre. Il regroupa son courage, et atteint enfin les planches. Il s’y hissa péniblement, puis rampa quelques mètres avant de s’endormir à même le sol. A quoi lui servait donc d’aller jusqu’à sa chambre ? Il lui faudrait revenir ici de toute façon.

Quelques elfes perturbèrent son lourd sommeil, et une partie mineure eut la folie de se traîner jusqu’à leurs lits. Très peu avaient eu le courage de monter dans l’habitat, et une grande partie d’Älthwé s’était endormi dans la clairière.

Le lendemain matin, Kirla fut tiré de son sommeil comateux par un Ath qui le secouait. Ce dernier lui donna quelques baies, et s’assit ensuite dans un coin. Anéanti, Kirla resta couché et mangea avec avidité ces fruits. Peu après, le sommeil le regagna alors qu’il espérait descendre partir à la recherche d’autres fruits.

La journée ne fut pour la tribu qu’une longue succession d’heures passées à penser à de la nourriture, sans qu’un seul n’ait la force d’en chercher. A la tombée de la nuit, Kirla tenta de ramper jusqu’à la réserve. Il parvint à sortir de l’accueil, passa dans un couloir. Il pensait aux moult fois où il avait traversé gambadant ce couloir pour aller manger. Avec l’énergie du désespoir, il franchit le salon, puis un autre couloir. Son corps refusait de continuer, mais son esprit lui permit de continuer, lui arrachant des larmes de douleur. C’était là. Il voyait au travers de ses pleurs le contour d’une porte se dessiner. Encore vingt mètre et il y serait. Se traînant laborieusement, il déboucha dans la salle. Il allait enfin pouvoir retrouver ses forces. Avec un fol espoir, il leva les yeux vers les étagères. Vides. Défaillant il s’évanouit une nouvelle fois dans ce semblant de sommeil.

Il fut réveillé par des cris de joie :

« -Gwaïwe arrive ! Des vivres arrivent !

-Enfin, nous avons tant souffert.

- Ô merci Esprit, sans toi jamais nous n’aurions survécu ! »

Il reconnut ensuite la forte voix de son père :

« -Merci de vous être porté à notre secours. Vous n’avez donc pas oubliés l’alliance.

"Nous ne pourrions, votre tribu en porte le nom » répliqua avec bonheur un des elfes, heureux d’être arrivé avant le désastre.

Kirla entendit ensuite des Aths monter avec vivacité dans l’habitat, amenant de la nourriture aux affaiblis. Il en vit enfin un lui tendant la main et lui offrant des fruits. Il mangea autant qu’il put, sentant le jus sucré le ramener totalement conscient. L’oreille pointue l’aida à se relever et à descendre de l’habitat, mais Kirla parvint ensuite à se diriger seul vers le feu qui brûlait dans la clairière. Il s’assit à côté de son père, qui s’entretenait avec le chef de la tribu : Morath. La conversation était chaleureuse, et la tension qui avait régné entre les membres de la tribu d'Älthwe avait entièrement disparue.

Je penses que je donnerais un nom aux elfes, comme Ath (vivant en Loriath), car parfois je sature en "elfe".

Pour la famine, je sais que la réaction de Kirla peut paraître stupide, mais je pense que l'on se rend compte que les temps changent quand nos petites habitudes disparaissent, et pas réellement avec les causes d'état (ce n'est qu'une idée de ma part)

Pour les baies, quand Kirla en mange, je veux montrer que lorsque l'on succombe à un pêché il est toujours possible de se rattraper même si l'on souffre plus. On a tous une seconde chance, mais il faut savoir souffrir pour l'attraper (encore une vision personnelle, même si je ne l'applique pas trop :evilgrin: )

Sinon il n'y a rien de réellement important, car je ne pense pas appliquer une nouvelle foisla faiblesse des elfes, le passage n'est là que pour le montrer, et un peu me démarquer de la précédente version (un petit peu de changement permet d'éviter de perdre patience, car passer pas mal d'heures à réécrire la même chose, même si c'est mieux, est lassant :clap: .

Je retoucherais sûrement la fin (les deux dernières phrases), mais je voulais finir le paragraphe, et il faut que j'aille poser une bâche (aah, les joies du jardinage :clap: )

Pour la suite, continuons avec les joyeusetés avec l'enterrement des deux éclaireurs. ca tombe bien: le feu est déjà là :wub:

Iliaron, si tard :clap: , mais c'est que ça prend du temps d'écrire!!! :wub:

EDIT du 28/01/2006: j'ai rajouté le début du chapitre (merci Gemini :clap: )

Modifié par Iliaron
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J'avais un peu de temps (vive les vacances :wub: ), et j'ai donc réalisé une carte pour éviter que je m'y perde dans ce petit monde (je m'attends à tout :P ):

La voilà (je la mets en image, comme elle est petite, mais si c'est trop grand, je mettrais juste un lien):

Carte002.jpg

La carte avec l'indication excentrée: ici

Sinon pour la suite du récit, je crains à la fin des vacances: non pas que je n'aurais pas de temps, mais pas d'ordinateur.

Iliaron

PS:j'ai changé la photo (trop grande). Les points rouges sont des plate-formes d'elfes sylvains.

Modifié par Iliaron
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Pfff.... et au moment ou je promets de lire et de commenter le texte, enfin terminé, d'Inxi, je tombe soudain sur ton récit que, je m'en souviens, je m'étais juré de lire (et de commenter, par la même occasion.)

Ben dis donc, GuyGui, t'as du taf, pour ce soir!

La réponse demain matin, sans doute, monb cher Ilarion, en même temps que pour inxi... à condition que l'imprimante marche à nouveau (auquel cas je pourrais enfin lire les aventures de karl baker pour le conseil des sages... j'ai pas fini, moi! :P )

Bon, ben voilà! Juste pour te prévenir que j'étais avec toi!

Edito : sans compter, je m'en rappelle maintenant, le chapitre VII d'Adoption que j'avais décidé d'écrire ce soir... ouhlàlàlà... :wub:

-Pour la Dame!-

Modifié par Guillaume de Rochebrune
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