Inxi-Huinzi Posté(e) le 23 octobre 2005 Partager Posté(e) le 23 octobre 2005 « - Ne dis pas ça ! Ne dis surtout pas ça, tu entends. » Anar recula d’un pas, surpris par la fureur de son ami. « La réussite de notre quête ne tient qu’à un fil, ilne doit pas céder, tu entends ! Ce fil doit perdurer malgré nos morts, tu comprends ? Nous n’avons quasiment aucune chance de survivre, alors si l’un de nous doit mourir, l’autre doit continuer coûte que coûte. » Bon, tu retrouves le meme defaut que tu avais au début : tes dialogues. J'ai l'impression d'en voir partout ! Un autre truc aussi, certains passages me font penser à des répliques de legolas dans le seigneur des anneaux : Qui sont ... space ! Du genre : "L'aube se leve rouge, beaucoup de sans a du couler ..." Des trucs qui font bizarre et manque de realisme ! Voila, en fait, je viens de tilter, des fois, tu fais parler tes persos pour rien dire alors que tu pourrais facilement le remplacer par une description ! Ma remarque a surtout à voir avec le second texte posté que sur le premier ou j'ai rien a reproché ! Enfin voila mon humble avis Sinon, pour le reste : Ton histoire est bien en place et on attend bien evidement leur arrivée pour voir comment ca va se passer ! Ah ... Autre chose pendant que j'y pense : Evite de t'eparpiller dans toutes les directions, trois passages, trois lieux et personnes differents va vite nous embrouiller donc fais bien attention ! Bon pour les qualités, pas besoin de les enumerer, tu les connais ! En tout cas, meme si ca parait dur, ton texte n'en est pour rien gaché ! Suite @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 23 octobre 2005 Auteur Partager Posté(e) le 23 octobre 2005 (modifié) Bon, j'ai modifié pas mal de choses. Merci beaucoup à Inxi pour m'avoir fait part de ses commentaires! Par contre, pour les phrases à la Legolas, je n'en ai aucune dans les dialogues, c'est sûrement lors des descriptions, j'imagine par exemple la "cicatrice luisante"... Désolé, mais celles-là je les garde, c'est rare que je sois content de mes métaphores, je trouve ça joli . Les modifications sont mises N'empêche, merci beaucoup à Inxi, sans sa remarque et la discussion msn, je n'aurais pas remarqué mes erreurs. Pourtant je m'étais relu, mais je n'avais pas remarqué avec quelle facilité je pouvais améliorer ce passage (enfin, j'espère que c'est amélioré et non dégradé ). Merci donc à lui pour m'avoir ouvert les yeux! Bon, j'éditerais après le repas, là mon estomac me tiraille, marre d'attendre, déjà 21h 37 . Iliaron, encore merci à Inxi pour sa critique, et merci à tous ceux qui vont m'en faire d'autre Modifié le 19 novembre 2005 par Iliaron Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 26 octobre 2005 Auteur Partager Posté(e) le 26 octobre 2005 (modifié) Une suite plutôt longue, par rapport à d'habitude, réalisée spécialement pour Inxi! Normalement elle ne devait pas y être, et je comptais saiter le voyage pour arriver directement à un autre discours, puis il m'a explicité plein de choses, plus qu'il ne pourrait en croire d'ailleurs. Pour le remercier j'ai créé ce passage sans aucun discours (enfin, très très peu de paroles), et je me suis même plu plus que je n'aurais cru! Bonne lecture : * * * Une heure qu’ils marchaient sur un tapis de verdure. Partout où regardaient les quatre hommes, ils ne cessaient de s’émerveiller de cette forêt si changeante ; même Arthur ne parvenait à rester froid à ces jeux de lumières chatoyants. Les feuilles irisées par le soleil se paraient de couleurs mordorées, et transformaient les branchages en arabesques, camaïeu des couleurs de l’espoir. Quelques gouttes diffractaient ça et là les rayons lumineux, et une multitude de petits arc-en-ciel accompagna les six compagnons durant leur marche. Les arbres, épars, formaient des rangées désordonnées, comme une troupe de soldats en permission. Les branches se tordaient dans tous les sens, et bougeaient au gré des vents changeants, emmenant en une valse effrénée les feuillages, Les bruissements de ces derniers semblant comme rythmer la vie de la forêt. Les amis se laissaient pénétrer à la beauté majestueuse de la nature, et s’abandonnaient enfin à des pensées heureuses. La forêt respirait la vie, et une véritable fontaine de jouvence coulait le long des troncs. Où qu’ils regardassent, ils étaient entourés par la forêt. Seul le soleil, dardant fièrement ses rayons, parvenait à faire quelques trouées dans la voûte sylvestre… Trouées pourtant joviales, car réveillant sous ses caresses toute la forêt. Aucune attaque en ce lieu, simplement une cohabitation à merveille de l’astre solaire et des peuples forestiers. Les arbres semblaient s’être redressés, et pour la première fois depuis leur arrivée les hommes furent subjugués par la puissance qui émanait de ces gardes éternels à la cuirasse boisée. Quelques jeunes pousses naissaient, faisant apercevoir leurs têtes chétives par-dessus terre. Kirla sentait leur crainte de ne parvenir à s’élever aussi droites et persuasives que leurs confrères, et pourtant elles étaient fières, heureuses du rôle important qu’elles avaient à jouer, de la confiance dont faisaient preuve les Aths… On sentait déjà de la détermination en elles, une inflexibilité à toute épreuve : les pousses se tenaient droite et ne se laissaient ployer sous le zephyr. Kirla se retourna soudainement, entendant Arthur marmonner derrière lui. « - C’est bizarre… » « - Les arbres semblent vivre… » compléta Geoffroy. « - Et ils semblent cette fois puissant. » conclut Mav. Kirla ne put qu’approuver leurs dires. Moins d’une semaine auparavant il pensait la forêt blessée à mort, et ici elle vivait, il parvenait même à percevoir son pouls intérieur… Il battait vite, comme secoué intérieurement d’une envie de vengeance. Les extrémités des branches en tremblaient presque d’excitation… « - Je n’aimerais vraiment pas être à la place de celui qui tentera d’envahir la Loriath » ne put s’empêcher de s’exclamer Ilia. Kirla se tourna vers lui et croisa un instant son regard. Un sourire se dessina sur chacun d’eux, rapide, fugace, mais présent tout de même. Un moment de bonheur échangé, non voilé d’une quelconque crainte ou rancune. Et aussitôt, comme par magie, une frontière se brisa en eux, une limite restée inaccessible depuis si longtemps. Le vase si résistant de l’espoir avait déversé son contenu, laissant en place deux individus heureux, et pour la première fois depuis bien longtemps confiant dans le futur. Malgré tous les caprices du temps, les tornades des vices, les affres de la guerre, ils pourraient toujours compter l’un sur l’autre. Ce bien était inaltérable ! Faisant de nouveau face à la route, Kirla ne vit pas le sourire d’Ilia se voiler d’un doute. Il avait perdu la foi d’un futur bienheureux, plus rien ne parvenait à réellement le rassurer. Son action ne risquait-elle pas de gâcher à jamais ce bien si précieux, cette amitié avec Kirla. Il toucha du doigt le fourreau du stylet et se haï intérieurement. Il ne savait que faire. Il ne devait pourtant pas douter… Comment pourrait-il agir autrement ? Il ne devait céder au désespoir qui l’entourait de chaque côté, et qui mettait à mal de ses vagues gigantesques les côtes ténues de l’île sur lequel il se tenait… Un îlot minuscule, et pourtant où il ne savait absolument pas où poser les pieds. Des choix s’offraient à lui, et il lui semblait que tous mèneraient inévitablement dans les remous… Restait à trouver celui qui les ferait entrer de manière la moins douloureuse, que le choc ne soit pas trop brusque… « - Je sens que j’aurais plaisir à r’venir ! » s’écria Arthur. « - Et comment ! La forêt se dévoile sous un nouveau jour, bien plus… aguicheur » souligna Geoffroy. Un léger sourire apparut alors sur le visage d’Ilia. * * * Cela faisait déjà plusieurs heures que leurs chevaux trottaient, et le soleil avait déjà entamé son lent déclin. Leurs montures peinaient à présent dans des nuées de fougères, et avançaient d’un pas claudiquant. Il ne restait rien de la majestueuse forêt qu’ils avaient traversé le matin même. Les arbres étaient dorénavant petits et râblés, n’offrant plus aucune protection contre le soleil. Leurs feuilles étaient déjà tombées, rappelant aux compagnons que l’hiver approchait. Ces végétaux-ci n’étaient plus qu’un squelette d’écorce, qui ne cessait de se craqueler, laissant entrapercevoir au travers de ces crevasses un tronc pourrissant. Partout où les chevaux posaient leurs sabots, un craquement retentissait : des branches éparses s’étalaient à terre, où que porte le regard. Rapidement les compagnons durent mettre pied à terre et guider par la bride – pour les humains – les montures. Talik trottait à leurs côtés d’une démarche assurée, sautant de bosquets d’herbes en taillis de fougères, évitant les débris que laissaient chuter, inconscients, les arbres. Leur splendeur était soufflée, la peur qu’ils devaient inspirer aux ennemis disparu, le courage qu’ils insufflaient aux Aths évanoui. Ces arbres n’étaient plus que déliquescence de leur glorieux passé, anéanti par une force implacable, une force inconnue… Devant la gravité de cette vision, les six êtres marchèrent silencieux, nul n’osant émettre le moindre constat. Les hommes se taisaient, et ne laissaient paraître leur envie de galoper hors de cet endroit pour ne plus y revenir. Cette forêt leur apparaissait malsaine, et les changements si impressionnants la parcourant n’étaient là que pour plus les inquiéter ; seule une entité maléfique pouvait, selon eux, modifier à ce point un lieu, et métamorphoser des vétérans endurcis armes au poings en vieillard voûtés, quelques haillons comme jetés sur leurs épaules chétives. Kirla et Ilia, quand à eux, ne cessaient de ravaler des sanglots en écrasant les branches mortes. Pour eux, et pour eux seuls, la scène révélait toute son intensité tragique. Pour les hommes cela était simplement, pour ainsi dire, des arbres malades en train de dépérir, et dont les branches, par manque de sève, tombent d’elle-même. Pour les deux Aths, ils naviguaient au-dessus d’un champ de bataille. Chaque brindille cassée était une mutilation, chaque branche brisée un corps abattu, chaque arbre écroulé un bataillon anéanti. Partout les cadavres jonchaient le sol, et ils s’efforçaient de ne pas laisser transparaître leur profond dégoût à la vue de tant de corps vidés de tout leur sang. La vie avait définitivement quitté ces lieux, balayée par l’ennemi. Il planait une ambiance de mort, et ils sentaient une lente odeur de décomposition s’élever de terre : les êtres boisés ouvraient leurs entrailles d’où s’échappaient des effluves âcres, blessant les sens aiguisés des elfes. Par habitude, ils se baissèrent, et entreprirent de ramasser autant de branches qu’ils le pouvaient, remplissant leurs bagages, ainsi que ceux des hommes. Ces derniers, bien qu’interloqués, n’émirent aucune objection. Il leur avait suffi de croiser le regard profondément vidé de toute joie des deux Aths pour tendre d’eux-mêmes leurs bras et en réclamer plus qu’ils ne pouvaient porter. Ils étaient touchés par la douleur muette qui étranglait les elfes, et réalisaient tout leur possible pour qu’une fois sorti de cette forêt ils n’aient aucun regret, aucune envie d’y retourner… Ils approchèrent en fin de journée de l’orée de la forêt, vers la plate-forme de Yalka. Cette dernière, lors de la guerre de la Loriath, s’était située à la lisière de la forêt ; elle se trouvait désormais deux lieues à l’intérieur de celle-ci… mais ce n’était plus une forêt à cet endroit, un marais dans lequel croupissaient les cadavres ne serait pas plus effrayants. « - J’avais souhaité dormir avec les éclaireurs » signifia alors Ilia, « mais autant continuer un peu notre marche et prendre de l’avance pour demain. » Personne n’émit d’objections, bien que tous avaient compris la réelle raison. Si le cœur lui en avait dit, il aurait dormi en Loriath, cette forêt représentait tout pour lui… Il se sentait malade de la voir en cet état, et ne pouvait plus supporter ses gémissements constants qui cinglaient ses oreilles. Il désirait ardemment s’en éloigner au plus loin, et réfléchir… réfléchir sur tout ce que cette forêt signifiait, au mal qui la rongeait… Chercher un quelconque présage dans le moindre événement anodin… La vue de tant de malheur réuni en un tel lieu l’empêcherait de bien songer… Ils sortirent enfin de Loriath, et les hommes ne purent s’empêcher de laisser échapper un léger soupir de soulagement. Ce serait mentir que de dire qu’ils n’avaient à aucun moment craint un malheur leur tomber dessus, et chacun s’était imaginé au moins une dizaine de fois l’agresseur leur tomber dessus. Un être à haute stature et à la précision démoniaque… Kirla et Ilia se retournèrent derechef après quelques mètres. Ils laissèrent tomber leurs branchages et adressèrent une prière à l’Esprit. S’agenouillant, ils chantèrent une douce mélopée, valse des âmes mortes. La tonalité était solennelle, et pourtant quelques soubresauts symbolisaient les joies d’une vie antérieure. Enfin le rythme devint lancinant, et à son apogée les deux voix s’unirent et s’élevèrent au-dessus de terre, loin en direction des nuages. Ils se relevèrent et tendirent aussi haut qu’ils le pouvaient leur bras. Ils restèrent dans une telle stature une minute, avant de ramener leur bras vers eux, et de se baisser pour ramasser les branches. Durant un bref instant ils avaient accompagnés les arbres décédés, avaient senti leurs âmes complétées de nombreux autres esprits, leur cœur complété d’autres cœurs… Ils ne ressentaient plus qu’un grand vide autour d’eux… Tant d’êtres avec lesquelles ils auraient chéri de passer des moments heureux, mais tous étaient partis vers l’Esprit… Les elfes s’approchèrent des hommes, tous encore silencieux, cois par la prière, ressentant eux aussi une légère tristesse, certes différente que celle des Aths, mais tout aussi prégnante : celle de voir leurs amis tristes. Alors qu’ils allaient repartir, les deux elfes se regardèrent fixement, échangeant en une poignée de secondes plus que de longs discours pouvaient signifiaient. Ils lisaient dans les yeux de l’autre un même regret, une même tristesse, ainsi qu’à leur propre surprise une culpabilité… celle de ne pas accorder de noces funèbres à assez d’âmes. Sans un mot, ils donnèrent leurs fagots aux hommes, puis retournèrent dans la forêt, sous le regard anxieux des quatre humains. Ces derniers se sentaient pris d’une peur panique… Kirla et Ilia n’allaient-ils pas préférer rester en Loriath et prier au croisement de chaque branche, accordant un repos mérité à tous… Ils n’allaient pas parvenir à Skefoy, ils en étaient persuadés. Ils étaient partis, et ils devaient décider de les suivre, ou de revenir à Skefoy, dans leurs cœur un nouveau décès ; celui de l’amitié de Kev… Les voyant revenir les bras chargés de nombreux branchages, ils s’exclamèrent de joie et se précipitèrent pour les aider. Pour avoir assisté à une cérémonie funèbre, ils comprenaient leur envie de brûler les corps des branches, même si, pour eux, une branche morte n’était rien d’autre qu’une branche morte. Ils étaient simplement heureux de pouvoir continuer leur marche, accompagnés des deux elfes. Ils se remirent en route, et gravissant la colline sur laquelle ils étaient arrivés, ils s’arrêtèrent au haut de celle-ci, les Aths stupéfaits du spectacle qui s’offrait à leurs yeux, et les hommes émus de retrouver leur royaume… Face à eux s’étendaient des collines, d’horizon en horizon, aussi loin que portait le regard ils apercevaient des petites bourgades se nichant dans le creux de monts verdoyants, comme un enfant se blottissant contre sa mère. Les sommets étaient balayés par un fort vent du sud et les herbes hautes ondulaient comme des vagues, se redressant par à-coups, venant lécher les jambes des compagnons. Des sauterelles s’égayaient et se faisaient parfois apercevoir aux yeux des compagnons, avant de replonger aussitôt derrière les fins doigts verts. Ailleurs, des abeilles semblaient naître des pétales de fleurs, et s’envolaient, résistant fièrement aux attaques venteuses, alors même que d’autre semblaient remonter le cordon ombilical, graciles tiges vertes, avant de rentrer à nouveau dans la protection du ventre de la mère. Partout la nature se parait de ses plus beaux atours, et envoûtait de son charme exceptionnel les Aths, encore choqués de la forêt. Eux qui croyaient la Loriath seule repaire de vie, ils en étaient encore éberlués, et presque choqués de ce soudain réveil, de cette sortie si brusque du cauchemar… Le monde possédait encore de nombreux charmes, c’était à eux de les trouver, au prix de nombreux abandons… Ils s’éloignèrent à contrecœur du sommet de la crête, et descendirent le long d’un sentier tortueux, découvrant par endroits des grottes sombres, à d’autres des arbres vénérables se dressant de toute leur hauteur. Les Aths allaient de surprise en surprise, ne connaissant toutes ces richesses, et s’émerveillaient même, à la surprise des hommes, devant les cavernes et anciennes habitations troglodytes. Ils ressentaient ici aussi la majesté de la nature, et se sentaient pris d’humilité devant l’âge que semblaient avoir de hautes colonnes, fusion parfaite entre stalactite et stalagmite. Certes ils ne ressentaient pas en ces édifices le même battement intérieur qu’animait la Loriath, mais un autre, bien plus mesuré, plus stable et régulier, comme traversé par une sagesse ancestral. Ils s’arrêtèrent enfin au pied de la colline, et entreprirent d’édifier un feu. Le tas réalisé avec toutes les branches amassées par les elfes, Arthur se mit en quête de l’allumer en frappant deux silex l’un contre l’autre. Le premier choc fut trop brusque, et un des silex éclata en de nombreux morceaux, tant et si bien qu’ils durent trouver un autre morceau. Arthur prépara longuement son geste, ne voulant paraître ridicule aux yeux de ses compagnons. Sa main droite obliqua vers sa gauche, et à l’instant même du choc un brandon sembla chuter des deux pierres jusque sur les branches. Mais le feu ne prit pas. Ce simple échec redonna un nouveau sourire aux deux Aths : le bois n’était donc pas totalement mort ; un espoir subsistait, ténu mais présent. Cet espoir fut alimenté par les deux autres tentatives infructueuses, le feu qui ne prenait pas sur les branchages allumant dans leurs esprits de très nombreuses chandelles de confiance. Lorsque enfin un ronflement s’éleva du bûcher, et qu’Arthur s’essuya le front, heureux d’être parvenu à l’allumer, les deux elfes s’agenouillèrent une seconde fois. Ils restèrent silencieux un long moment, regardant les branches crépiter, puis se tordre comme de douleur sous l’effet de la chaleur, se roussir, puis enfin se désagréger en cendres. Ilia se mit alors à chantonner en un souffle à peine plus élevé que le bruit des flammes une ode aux âmes mortes. Sa voix était faible, mais elle semblait guider les volutes enflammées qui se mélangeaient en une spirale enflammée, et s’envolaient déjà vers des cieux cléments. Ô vous, corps béats Vous voilà partis En quête d’autres vies Ne soyez pas las. Pour toujours en nous Vous demeurerez. Maintenant partez, Voyez l’espoir fou ! Il vous tend les bras Allez y sans peur Demeure le bonheur, Qui partout sera. Entendez l’Esprit Vers vous il accoure ; Sont les nouveaux jours Où éclot la vie Il s’arrêta et laissa couler une larme le long de ses joues. Il fixa le feu un instant, dont les flammes semblaient s’être amoindries depuis la fin du chant. Il murmura alors : « - Adieu, et bonne chance ! » Les flammes s’animèrent alors et s’élevèrent toujours plus hautes, toujours plus puissantes. « - Avec ça, on risque pas d’avoir froid quand on va dormir » se réjouit Arthur avant de se blottir sous des couvertures. Rapidement les hommes s’endormirent, et la nuit fut ponctuée de leurs ronflements. Seuls restaient éveillés les elfes, face à face, chacun se regardant au travers d’un écran de flamme, perdus dans leurs songes. Bon, il ne se passe rien, que des descriptions. A certaines j'étais vraiment inspirées, surtout quand on arrive dans le royaume, et je dois avouer être content de la description des abeilles! Pour le poème, j'ai eu envie de l'écrire, je me suis dit que ça irait bien! Par contre, comme je suis très mauvais dans cet exercice, ce n'est pas non plus top (enfin, si j'ai bien recompté, il n'y a que des penthasyllabes) Bon, je me couche, trois heures que je bosse sur ce texte, un peu de repos (et dire que je voulais éteindre à 23h . Iliaron Modifié le 14 novembre 2005 par Iliaron Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 6 novembre 2005 Partager Posté(e) le 6 novembre 2005 aire quelques trouées dans la voûte sylvestre… Trouées pourtant joviales leurs chevaux trottaient, et le soleil avait déjà entamé son lent déclin. Leurs chevaux Voilà une paire de répétition ! Sinon pour ce passage, c'est vrai qu'il ne se passe rien et que ce n'est que des descriptions ! Donc à part dire que c'est joli et que c'est bien écris, je sais pas trop quoi dire Passons à la suite : Pas de faute ... Par contre, je pige rien Je vois pas ce que ca vient faire ici ! Je sais que c'est l'introp mais c'est vraiment pas une bonne idée de couper ton texte, quant tu vas revenir après sur la suite de l'histoire, c'est sur je serai perdu ! Galèèèèèèèère Sinon, j'ai rien à dire, c'est une intro bien sympatique ! J'aime bien le moment avec le bilboquet ! Ca fait realiste, ca donne plus de charme Sinon, saches que j'allais commenter ton texte ce soir, je me suis juste laissé emporter par la motivation de mon nouveau texte et j'ai pas vu l'heure passer ! J'ai ecris un peu beaucoup ( je viens de depasser en taille les huit pattes du destin) mais voila mon retard ( que j'avais pris quand j'étais en Belgique) de rattrapé ! @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 14 novembre 2005 Auteur Partager Posté(e) le 14 novembre 2005 (modifié) Merci Inxi ! Voilà une paire de répétition ! La première est voulue. La deuxième a échappé au filet de ma relecture (la vile ) Donc à part dire que c'est joli et que c'est bien écris, je sais pas trop quoi dire Ca me suffit :'( Galèèèèèèèère Par pitié j'ai donc écrit la suite... euh... rapidement Sinon, saches que j'allais commenter ton texte ce soir, je me suis juste laissé emporter par la motivation de mon nouveau texte et j'ai pas vu l'heure passer ! Tu es tout pardonné (surtout que je ne vois pas trop comment je pourrais t'en vouloir, mon plus gros commentateur ) Bon, voilà la suite. Là, pareillement, ce n'est (encore) qu'un passage de transition, prochaine fois on arrivera devant les portes, prochaines fois on entrera dans le château, et puis pendant quelque temps, on visitera . Bonne lecture ! En espérant que ça te plaise, et que tu parviennes à t'y remettre Chapitre XII : Visite « - Allez debout, on se lève, et en vitesse ! » Kirla ouvrit des yeux ensommeillés pour voir les quatre hommes s’affairer autour du reste de feu… Paix à leurs âmes. Deux lapins gisaient au-dessus des flammes, embrochés chacun le long d’un bâton. Geoffroy les retournait de temps en temps, faisant dorer chaque face de l’animal, impatient de pouvoir manger. Il leva les yeux au ciel pour remarquer que le soleil était encore bas, à son grand soulagement. Il craignait de s’être endormi bien trop tard et de ne pouvoir se lever à temps pour le reste de la marche. « - Mais qu’est-ce que vous faites » hurla alors Ilia, faisant sursauter de surprise Kirla. « - Là, on fait cuire deux lapins qu’on a chassé. Comme vous sembliez vouloir encore dormir, on a préparé le repas du matin sans vous réveiller, histoire de gagner du temps… » répondit simplement Mav. « - Mais des lapins… Vous n’avez donc aucune honte ? Vous…» tempêta son interlocuteur têtu. « - Si, mais pas pour ça » le coupa Geoffroy. « - Corrompez-vous si vous le voulez… je ne le toucherai même pas des lèvres ! » conclut Ilia, ne voulant s’engager, juste avant la visite de château… et ses éventuelles découvertes, dans un débat dont le seul résultat serait de scinder l’unité déjà faible du groupe, et de semer la discorde. « - Tu devrais pourtant, c’est rudement bon. Oublies un peu toute la morale qu’on t’a appris, et profite des bonnes choses de la vie… une cuisse de lapin par exemple. » Ilia lui tourna le dos et se leva, se dirigeant vers une caverne proche de laquelle ils étaient précédemment passés. Mav eut envie de le héler et de lui donner un morceau de viande, mais il fut arrêté par Geoffroy. « - Laisse-le ; il est adulte et il a pris sa décision en toute conscience des conséquences… Qui va s’en plaindre ? » Mav haussa les épaules, ce en quoi Geoffroy l’informa, tout en dégustant une cuisse dodue : « - Pas moi en tout cas ! Ni toi de même » finit-il en tendant à son ami un autre morceau juteux. « T’en auras pas tous les jours des comme ça, cuites à point par Geoffroy. » « - Autant en profiter avec que le fumet attire d’autres curieux » se moqua Mav, avant de s’asseoir et de s’attaquer avec faim à la chair de la viande. Quelques minutes plus tard, alors que les quatre hommes finissaient les deux carcasses sous le regard légèrement dégoûté de Kirla – les hommes n’ayant cessé de lui proposer des morceaux, surpris de sa subite aversion pour l’animal qu’il préférait auparavant - , Ilia revint vers le groupe. « - Alors ces cavernes ? C’est comment à l’intérieur ? » « - Profond… et sublime… » s’exclama-t-il, les yeux encore émerveillé par sa balade. « Je suis surpris que ces endroits puissent résister au poids de… » Il pointa le haut de la colline. « De tout ce qu’il y a au-dessus… » « - Dommage, je t’aurais bien accompagné » regretta Kirla. « - On peut encore y aller. » « - Non… le soleil monte déjà… Partons. » Il siffla Talik, qui déboucha de derrière quelques conifères, puis il sauta sur sa monture avec aisance, avant de demander aux hommes de se presser. « - De suite » s’écria Arthur en jetant les os de lapins à terre. Il s’essuya rapidement les doigts, puis grimpa à la suite de l’elfe sur son cheval, et l’emmena en un trot vif. Rapidement les six compagnons galopèrent ensemble, déjà loin de leur campement et des limites de la Loriath. * * * « - Est-on encore loin ? » demanda soudainement Ilia, brisant la monotonie de leur voyage. Les hommes se regardèrent entre eux, avant de répondre : « - Plus tellement. On a encore deux hameaux à contourner, puis on devrait arriver. Dans peu de temps tu devrais pouvoir apercevoir le donjon. » Ilia acquiesça, avant de sombrer de nouveau dans ses pensées noires : plus ils avançaient, et plus approchait le moment de sa probable action… et de ses conséquences. Cette simple image de rupture totale s’imposait à son esprit, et l’empêchait d’admirer le paysage environnant. De toutes les collines verdoyantes parmi lesquels ils avaient chevauchés, de tous les animaux rieurs qui les avaient approchés, il ne se souvenait que d’une seule chose, un seul songe ténébreux : la nuit approchait, et avec elle son lot de révélations, de malheur… Peu après, au sommet d’une colline, Geoffroy retourna sa monture, avant de s’écrire joyeusement : « - Et voilà Skefoy ! » Les trois autres hommes galopèrent avec célérité jusqu’au haut de la colline, heureux de revoir leur gîte après une telle absence. Kirla sauta de sa monture pour parcourir les derniers hectomètres à pied. Une brise soufflait et balayait de sa force qui les vastes nuages, qui les plus fines tiges d’herbe. Ce mouvement perpétuel perturba un instant l’elfe, habitué au calme de la Loriath. A une dizaine de mètre, il s’arrêta. Avait-il vraiment envie de voir ce château ? Ne valait-il pas mieux faire demi-tour, retourner en Loriath ? Même s’il désirait ardemment connaître sa réelle identité, il ne pouvait s’empêcher de songer aux risques qu’il prenait, et qu’il faisait prendre à ses amis. Un tel dévouement le touchait tant… Pouvait-il donc, en guise de récompense, les amener jusqu’à la mort ? Au moment même où il hésitait à remonter sur sa monture et repartir, Arthur, hilare, le héla. Kirla ferma un instant ses yeux, imaginant tous les futurs probables. Aucun n’était réellement attrayant, mais avait-il le choix ? Oui, celui de décevoir tous ses amis, et cela, il ne le voulait pas ! Il devait se montrer à la hauteur de leur courage et de leur amitié. Il se retourna une nouvelle fois, et lentement, comme si chaque pas face au vent lui coûtait de nombreuses forces, pas après pas, oubli après oubli, son esprit s’éparpillant en une débandade folle entre joie et malheur, il finit de gravir le sommet. A la pointe, il ferma de nouveau les yeux. Les rouvrant, le spectacle qu’il découvrit le fit reculer : il connaissait cette vue : ce château lui était familier. A chacun de ses regards, il se remémorait des foulées rapides au travers de ses ruelles, le vertige en regardant le donjon, les courses le long des murailles… Tous ses souvenirs affluaient en lui, libres pour la première fois de pénétrer pleinement sa conscience. Jamais il n’avait eu une telle sensation d’être et de ne pas être à la fois, son esprit se souvenant parfaitement ces allées et venues, mais son corps ne parvenant à ressentir en lui les séquelles de cette vie passée. A son tour, Ilia s’avança jusqu’au sommet de la colline. Le spectacle qu’il y découvrit le révulsa, et de dégoût il se retourna, dos au vent. Une épine gigantesque semblait surgir de terre, en lieu et place des fondations d’une robuste et ancestrale colline. L’édifice de pierre semblait défier de sa taille indécente les nuages, orgueilleuse tour empreinte du solécisme humain. Seule elle attirait les regards, comme une marque maléfique plantée à terre, d’où ne naissent des germes que rejetés et parias détournés de la beauté sans limite de la nature, pour se vouer entièrement à leurs méfaits. Alentour, la terre était morte, asséchée par ce labyrinthe de briques et de torchis qui recouvraient les toitures. Aucune verdure n’était aperçue, seul une lande morte encerclait le donjon, tel un oasis enchâssé par le désert. Pourtant, nulle source plus néfaste n’aurait pu exister, et de ses coulées ne sortait que carences abjectes, immondes idéaux qui formaient la vertu humaine. Enfin, dans les ruelles, déambulaient tels des pantins désarticulés les hommes, dans un semblant de vie, quête vaine passée à la recherche de la bonne direction. Mais de ce dédale seuls les cul de sacs se dressaient… Pitoyable civilisation, songea Ilia. Jamais il n’avait vu de lieu plus désertique, d’endroit autant contraire à la l’existence. Et les hommes qui s’y accumulaient, tels des fourmis dans une ruche. Partout ailleurs de fantastiques terres composaient leur royaume, des terres fertiles propices à la vie, toutes composées d’un cycle constant de renaissance. Et eux qui, pour parvenir à briser cet éternel retour, s’étaient enfermés dans leur propre Althior… A la simple pensée de ce terme surgit en Ilia une haine féroce, mais pour la première fois il parvient à la contrôler, tirant un plaisir délectable de ce retournement de situation. Les hommes avaient créé Althior lors de la Guerre, mais cette malédiction les avait rejoints. Les murailles ne les protégeaient aucunement, les emprisonnant eux-mêmes en compagnie de leurs propres déchets, leurs semblables… Ils s’étaient d’eux-mêmes réfugiés sur l’île du désespoir, afin d’éviter les flots altruistes de la nature… Triste décision, au vu de ses conséquences. Entièrement enivré par son bonheur, Geoffroy ne put s’empêcher de s’écrier, sans prendre garde des réactions des deux elfes : « - Vous voyez comme c’est beau ! Je parie que jamais vous n’aviez rêvé de pareil endroit ! » « - Jamais je n’en ai rêvé, et pourtant je me souviens des moments passés » répondit dans le vague Kirla. « - Jamais je n’ai approché un tel lieu, et je n’en rêve vraiment pas » acheva simplement Ilia. Personne ne tint compte de sa remarque, les quatre hommes emportés dans un nouveau saut de joie, transportés par une douce onde sur les flots calmes et joyeux de la félicité. « - Pourtant » continua Kirla, « je sens que jamais je n’y ai mis les pieds. » Une rafale fit perdre pied aux hommes qui sombrèrent dans le torrent tumultueux du doute. « - Il me semblait que vous y aviez vécu des moments douloureux » ajouta Ilia. « Comment pouvez-vous donc être si enthousiaste à y retourner ? » « - Nous avons aussi passé les moments les plus joyeux de toute notre vie » lui apprit Mav, « comme la connaissance de Kev. » Il tendit un doigt, à la hantise d’Ilia, en direction de Kirla. « Revenir nous permet de les raviver dans notre mémoire ! » « - Ainsi que les douleurs » railla l’elfe. « - Nous tâchons d’oublier ces blessures. Jamais elles ne cicatriseront, nous l’avons compris depuis bien longtemps ; à nous de rendre le gouffre béant toujours plus ténu » expliqua Mav, son ton se muant pour devenir touchant, même aux oreilles de l’elfe. Ilia pesta une dernière fois avant de s’éloigner légèrement. Pour la deuxième fois, il comprenait parfaitement le discours de Mav… Lui aussi ressentait un tel besoin de cesser parfois d’avoir conscience. N’était-il pas devenu ami avec Kirla simplement pour ça ? Pour oublier… Et son action sans cesse plus proche qui ne risquait que de perturber l’équilibre si précaire sur lequel il se maintenait… « - Faudrait y aller » héla alors Arthur. « La nuit va pas tarder à tomber sur nous ! » « - Parfait » se réjouit Geoffroy. « - J’imagine que tu vas toujours pas nous dire de quoi il en retourne » jura Arthur. « - Voyons, ça perdrait tout son charme » se moqua Geoffroy. « - Et comment on passera cette muraille ? » demanda Kirla. « - C’est inclus dans le fameux « charme » » répondit avec une emphase volontaire Mav. « - Vive les plans des hommes, si débattus entre eux » grinça Ilia « - C’est ce qui fait le « charme » de cette formule » reprit Geoffroy, savourant jusqu’aux derniers instants sa boutade. « Et de notre population » ajouta-t-il grâce à une rapide incise. « - Parle pour toi » rugit Arthur avant de s’élancer dans la descente de la colline au galop. « - Même pas eu le temps de m’excuser » se maudit Geoffroy. « Pour la seconde fois ! Faut que je me méfie, je vais finir par semer la zizanie. » Il s’élança lui aussi sur le versant, rejoignant en quelques foulées le cheval de son ami. Son soudain aveu avait allégé le cœur des compagnons, et les autres prirent le temps de descendre avec prudence parmi les quelques rochers. S’approchant de Kirla, Ilia lui souffla avec ironie : « - J’aime les hommes, ils sèment involontairement les germes de leur propre discorde. » « - Tu t’es donc enfin mis à accepter qu’ils ne le veulent pas, et que leurs erreurs peuvent être involontaires. » Alors même qu’Ilia s’attendait à ce que son ami se moque de sa réaction, il fut surpris par le ton si sérieux de Kirla. Il acquiesça, avant de murmurer : « - Je ne sais… Ils sont si différents de ce qu’on nous a toujours racontés. Presque attachants en fait… » « - Comme tu dis… Pourquoi ne t’entends-tu donc pas avec eux ? » Il n’y avait nul reproche dans la voix de Kirla, simplement un désir de comprendre. Ce vœu sincère toucha encore plus Ilia, qui se mit à bafouiller. « - Là encore, je ne sais pas… En moi, j’ai l’impression que je peux le penser. Pourtant le dire remettrait en question des siècles d’apprentissage, quasiment toute la culture des Aths, toute leur vision du monde… » se désespéra Ilia. « - Et est-ce un mal ? Tu voudrais donc perpétrer cette erreur de jugement ? Qui sommes-nous pour avoir une vue si néfaste sur nos congénères, vision infondée, comme tu viens de le remarquer… » « - Non, mais… Tu ne peux peut-être pas comprendre, comme tu as eu à cause d’un funeste présage une âme d’homme… ou tout du moins en partie… Toi tu peux mieux voir le monde. Ta malédiction est peut-être un don. Jamais je n’oserai en parler à des Aths, je me demande comment ils le prendraient ! » « - Pourtant tu viens de me confier ces songes. » « - C’est différent. Je sais que tu peux me comprendre… en tant qu’ami. » Un silence suivit alors les deux compagnons, trottant sans bruit au travers des fougères. Sans parler, et pour la première fois, les deux compagnons semblaient entièrement se comprendre sur ce point délicat qu’étaient les hommes. Pour toujours, songeait Kirla, persuadé que les découvertes dans le château renforceraient les convictions naissantes de son ami ; pour la dernière fois pensait au contraire Ilia, convaincu que son action gâcherait à jamais cette compréhension nouvelle, si jeune, et bientôt orpheline. Seulement de son désoeuvrement pouvait naître la fontaine de l’amitié. Mais il sentait son acte gravé dans sa destinée par de larges coups de couteau. Des sillons sanglants naîtraient la discorde, enfants de douleur. Au début, simple petite envie d'un petit dialogue de mon crû sur les différences entre elfes et hommes. Ensuite, il est à noter que la description du château est faite par Kirla, si je l'avais faite par, disons, Geoffroy ou Arthur, il y aurait eu quelques différences . Donc à prendre avec des pincettes, mais depuis le temps, vous avez du deviner . Pour le dialogue de la fin, fallait bien que j'insiste (un peu trop d'ailleurs ) sur la prochaine action d'Ilia, et de Geoffroy (celle-là, elle est déjà écrite, mais sur du papier, faut que je fasse le transfert, que de temps que je vais perdre ) Je crois que c'est tout La suite, disons, quand j'aurais le temps. Je ne pensais vraiment pas écrire ce soir, mais bon, l'envie était plus forte! Iliaron Modifié le 14 novembre 2005 par Iliaron Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 14 novembre 2005 Partager Posté(e) le 14 novembre 2005 parcourir les derniers hectomètres à pied. Moi, j'aurai mis en millions de picomètre Centaine de mètres aurait suffit tu sais ! Ca fait trop bizarre là Sinon, j'aime bien ce passage ! Surtout la fin en fait, en particulier le tout dernier passage ! C'est bien écris ! Limite je réutiliserai la formule ! Nan, je rigole, je te laisse tes belles phrases et me ferait les miennes :'( Bon sinon dans ce passage, je trouve que les rêves ne sont pas assez exploités ! C'est quand meme la plus grande nouvelle de ces derniers chapitres et on a pratiquement rien dessus On dirait qu'ils s'en moquent quoi ! Pour le reste, c'est du tout bon ! Vivement la suite ! @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 14 novembre 2005 Auteur Partager Posté(e) le 14 novembre 2005 Centaine de mètres aurait suffit tu sais ! Ca fait trop bizarre là Je savais que tu me ferais la remarque, je me la suis faite d'ailleurs. pour argumenter: Kirla sauta de sa monture pour parcourir les derniers hectomètres à pied.Une brise soufflait et balayait de sa force qui les vastes nuages, qui les plus fines tiges d’herbe. Ce mouvement perpétuel perturba un instant l’elfe, habitué au calme de la Loriath. A une dizaine de mètre, Si je remplace par centaine de mètres, ça fait une jolie répétition... Remarque, je peux faire dans le vague: "Kirla sauta de sa monture et s'élança à pied vers le sommet de la colline." Ca peut le faire Nan, je rigole, je te laisse tes belles phrases et me ferait les miennes Merci du compliment . Bon sinon dans ce passage, je trouve que les rêves ne sont pas assez exploités ! C'est quand meme la plus grande nouvelle de ces derniers chapitres et on a pratiquement rien dessus On dirait qu'ils s'en moquent quoi ! Peux-tu expliciter: à mon avis c'est vraiment un point très important que tu soulèves ici, j'aimerais donc avoir quelques précisions. Signifies-tu que quand je dis que ses souvenirs affluent en lui, il faudrait absolument que je décrives les souvenirs? Si oui, je te répondrais que j'aurais bien du mal: ce sont vraiment des bribes de souvenirs, comme si on te passait un kaléidoscope à très grande vitesse. Il faut te dire que l'action est quand même rapide et qu'il n'a pas le temps de s'y attarder. En outre, décrire le rêve ne ferait que ralentir inutilement l'action: qu'y a-t-il de palpitant à décrire qu'il marche ? Je préfère en faire l'ellipse, comme ça on arrivera plus vite au château . Si c'est pour le dilemne entre son esprit et son corps, là je dois t'avouer que je risque d'avoir un peu de mal, personnellement, je ne sais absolument ce que ça fait une telle sensation . Mais si tu pouvais m'expliquer, je t'en serais vraiment gré; à vrai dire c'est, pour l'instant, la partie la plus importante de mon intrigue; il ne faudrait pas que je me trompes :'( . Iliaron, cherche ce qu'il y a de merveilleux dans son dernier paragraphe Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 18 novembre 2005 Auteur Partager Posté(e) le 18 novembre 2005 Alors, voilà la suite, dans laquelle j'ai été... cruel . Niark, on ne rentre toujours pas dans le château (des gens sont en train de me dire que je fais durer mon récit ) Bonne lecture à mon plus fidèle lecteur , et à tous les autres anonymes : * * * Peu après s’être remis en route, l’astre solaire continua sa descente, lente chute en direction de l’agonie de la nuit, règne sans partage de l’obscurité et des rôdeurs nocturnes. L’ombre des collines avait augmenté, d’abord de frêles enfants qui se faisaient apercevoir, timides, sous les rochers apparents, mais rapidement les compagnons se frayèrent leur chemin au milieu d’un océan de ténèbres, meutes de la nuit. Les gais pépiements des oiseaux s’étaient évanouis, pour ne laisser place qu’à des hululements stridents de chouettes, ou à des hurlements de loups partant en chasses. Les six êtres s’étaient fait silencieux, n’osant plus déranger cette nature si sauvage. Chaque pas les rapprochait toujours plus des brasiers qu’ils devinaient sur les murailles, et ils n’osaient mêler leurs voix à l’orchestre qui se jouait à leurs côtés. Soudain, Mav, n’y tenant plus, ne put s’empêcher de parler pour briser ce mutisme : « - Tant qu’aucune chouette ne meurt, ça me va ». Son ton était légèrement aigu, et sa voix qui se forçait à être ironique ne trompa pas les autres hommes. « - Les chevaux sont sellés » coupa Geoffroy d’une voix tranchante. « - Et parle pas de malheurs ! » l’avisa Arthur. Ilia se tourna vers son ami, ne comprenant aucunement les paroles des hommes. Kirla fixa un instant les pupilles étonnés de l’elfe, avant de se détourner, essayant de cacher au mieux son appréhension grandissante. La simple pensée d’une chouette agonisante lui était douloureuse, mais quoi qu’il pense, il ne parvenait à expliciter cette crainte. Au vu des réponses des hommes, ils étaient eux aussi touchés par la parole de Mav. Certes l’idée d’un animal en danger l’avait toujours révulsé, mais le dégoût qu’il ressentait là était bien plus profond, bien plus consistant. Son inconscient le tiraillait, et des tréfonds de son âme, il le sentait, criait, hurlait, s’égosillait. Mais il ne parvenait à saisir aucun son. Il avait beau essayer, il était sourd à cette voix intérieure. Seul la visite du château pouvait dorénavant lui ouvrir le passage vers ces connaissances enfouis… Cela lui était plus importante que tous les risques que lui encourrait. Son but ultime n’était plus que de se connaître, et pour cela il était prêt à mourir, lui, mais ses amis ne le devaient pas… * * * Les six compagnons se tenaient contre des troncs, silencieux. Chacun songeait au risque qu’ils allaient bientôt prendre, tous appréhendaient cet instant de différentes manières. Arthur et Gontrand, côte à côte, effleuraient le manche de leur rapière, espérant intérieurement ne pas avoir à s’en servir. Un arbre plus loin, Geoffroy et Mav s’étaient accroupis, et tâchaient de ne pas trahir leurs présences par leur respiration saccadée. Enfin, les deux Aths s’appuyaient fortement contre l’écorce, la force centenaire de l’arbre leur insufflant petit à petit le calme qui leur manquait. Aux côtés de la rangée d’arbre une route serpentait, vague animal dont la tête allait se perdre dans l’obscurité si proche. Soudainement, les ombres s’animèrent, se mouvant comme portés par de puissants rouleaux. Chaque compagnon craignait l’instant du choc de cette vague… Arthur serra fortement le pommeau de son arme lorsque la lumière vint se briser sur ses vêtements. Ne pas dégainer, il ne devait surtout pas se révéler ! Les rayons disparurent de nouveau, et l’homme les sentit presque se fracasser contre le tronc. Qu’importe, il était désormais à l’abri ! Une botte racla la terre, puis un bruit mat se fit entendre, aussitôt suivit d’un second, puis d’un troisième et ainsi de suite. L’onde lumineuse s’éloigna, passant entre les arbres, jusqu’à disparaître complètement, au grand soulagement des compagnons. « - Je croyais que tu avais tout prévu ! » pesta sans bruit Arthur. « - Désolé les gars… Mais vous saviez qu’il y avait des rondes à l’extérieur du château ? » « - Il n’y en avait pas » l’informa d’une voix atone Gontrand. « Sinon on y aurait parfois participé. » « - Ca a bien changé » se lamenta Geoffroy. « - N’oublies pas qu’il y a eu une attaque. Avec son lot de morts et de disparus… » « - Ca remonte à plus d’un mois ! Tout cela me rappelle… vous voyez ? » questionna Geoffroy, espérant fermement ne pas avoir à plus parler. « - Quatre ans ? » demanda d’un ton compatissant Mav. Geoffroy hocha de la tête, silencieusement. « - Faut qu’on continue » souffla Arthur. « Pas le temps de plus parler, une autre patrouille peut passer ! » Ils traversèrent alors la route, et s’élancèrent aux travers de nouvelles rangées d’arbres. Leur feuillage automnal se dégarnissait par endroit, et des fentes ainsi révélées pouvaient être aperçu quelques points lumineux. Pour l’instant, ils n’ouïssaient aucun bruit, et imaginaient aisément, à leur grande peur, qu’un garde pouvait très bien être embusqué, parfaitement caché dans un fourré. Il n’en était rien, à leur grand réconfort, et rapidement les arbres s’estompèrent pour laisser place à un mur de ténèbres. Face à eux un long ruban de pierre, comme brisé par endroits, se dressait. La muraille, certes moins imposante que celle de Mor, était tout autant inquiétante. Son unique usage était de défendre et de faire payer un lourd tribut à l’attaquant. Ilia s’offusqua de la barbarie primaire qu’il sentait se dégager des liaisons entre les blocs de pierre. Nul emblème ne décorait fièrement la muraille, seuls ces rochers au profil maladif, de nombreux éclats les habillant, laissant entrevoir entre ces misérables haillons de fines pointes métalliques, habilement cachés dans les orifices. Au-dessus de ces traits de mort des remparts se découpaient nettement dans la nuit, leurs contours brillants. Quelques feux se faisaient voir, étoiles fixes dispensant lumière et chaleur aux soldats assemblés autour. Quelques scintillements perlaient l’obscurité, inutiles indices d’armes dégainés. Enfin, plus loin, un colossal pieu d’obscurité se démarquait, cachant de son profil imposant les étoiles environnantes, large trait d’obscurité perçant à nu les quelques points lumineux, repaires éternels des voyageurs. « -Misère » soupira Ilia. « - Parfait » se réjouit Geoffroy ! « Ils ne verront rien ! » « -Comment ça » interrogea l’elfe. L’homme pointa inutilement en direction des hommes, soufflant sans bruit « lumière », puis il fit un geste large de son bras et prononça, légèrement amusé, « obscurité ». L’elfe lui envoya un regard énervé, avant de comprendre. Finalement ce Geoffroy était loin d’être aussi bête qu’il l’aurait cru… cette erreur ne venant que confirmer son sentiment sans cesse croissant. Les soldats se réchauffaient proche des brasiers, et s’étaient habitués à cette vive lumière. Même si eux six se montraient ouvertement, jamais ils ne seraient aperçus. Au mieux le regard des vigies percerait l’obscurité au-delà des remparts, mais bien vite ce brouillard d’ombre arrêterait cette lame ardente lancée en son sein. Au contraire, les murailles étant baignées d’un océan de reflets dansants, jamais les six compagnons ne seraient surpris, percevant sans mal les mouvements des gardes, mémorisant rapidement les rondes effectuées. « - Maintenant reste à espérer que Gotric soit là… Mais ça devrait être bon, la lune étant dans son dernier quart. » « - Qui ça ? » interrogea Arthur, impatient de comprendre enfin le plan de Geoffroy. « - Je vous dois des explications, c’est vrai » s’excusa Geoffroy. « Venez, reculons un peu. » Ceci fait, il continua : « Il vaudrait peut-être mieux que je vous en parle avant qu’on entre, au cas où. » « - Depuis le temps qu’on te le demande » lui rétorqua Arthur. « - Excuse, c’est plus fort que moi » se repentit-il. « - Alors ? » « - Gotric est un homme que j’ai aidé après… » Il marqua une pause, sa voix légèrement voilée, avant de reprendre. « Je l’ai aidé durant une nuit. » « - On voit laquelle, ne t’inquiète pas » murmura Mav. « - Ca lui avait permis de rejoindre sa désirée… Je me sentais tellement triste, absolument incapable d’éprouver du bonheur… Il m’avait pourtant semblé égoïste de l’empêcher, lui, de le vivre. Inconsciemment j’espérais peut-être qu’il ressente une joie pour deux, la sienne, et celle qu’à l’époque je pensais ne plus jamais pourvoir ressentir… comme si la vie n’allait être qu’un éternel leitmotiv de malheurs. « - Cela l’a presque été » songea d’un air lugubre Kirla. « - Non, sinon on aurait abrégé cette souffrance. » signifia d’un ton amer Gontrand. Geoffroy continua aussitôt afin d’éviter d’avoir à revivre plus longtemps ces moments douloureux. « - Mais il y a eu aussi des moments joyeux, comme ta retrouvaille, Kev. » Il marqua une pause, légèrement hasardeux, avant de se tourner vers Ilia. « Et même si l’on ne peut s’en rendre compte encore vraiment, l’amitié naissante avec Ilia. » Ce dernier ouvrit de larges yeux, mais pour une des premières fois, toute férocité avait disparu de son visage. L’homme l’avait même surpassé, et avait fait preuve de plus de probité que lui ! Kirla avait donc raison ! Un sourire contrit prit forme, avant qu’Ilia se mette tout d’abord à bégayer, avant de prendre confiance sous le regard joyeux de Geoffroy. « - Oui, visiblement il faut croire que je peux être amis avec certains hommes, à mon grand dam » se moqua-t-il légèrement, un ton acerbe contre lui-même. « Quatre siècles d’apprentissage s’effondrent. » « - A qui le dis-tu » ironisa Arthur. « Jamais plus on ne pourra se disputer pour absolument rien. Comme quoi, même moi, tout soldat que j’suis, j’dois pouvoir ressentir ce sentiment… bien qu’il mettra du temps à apparaître dans toute sa splendeur… Mais ça viendra ! » « - Pour moi aussi, je pense… Mais déjà la source divine a percé mon cœur, et s’écoule dans mes membres ce flot intarissable de l’amitié. Il faut juste qu’il ait le temps de me submerger. Je ne peux plus cacher cette réalité moins horrible et pénible que je ne l’aurais cru de prime abord… » Un court silence s’ensuivit, avant qu’il ajoute. « Elle est même presque séduisante, comme une sorte de rébellion au temps présent, à toute cette haine qui ravage ce monde. Brisons donc ce cycle macabre ! » « - Bien dit » approuva simplement Gontrand, aussi peu loquace qu’à son habitude. « - Comme tu dis » acquiesça Mav, « un ami de plus est un nouveau rayon de soleil qui nous permettra d’éclairer notre chemin, futur bien incertain. Et en ces temps de ténèbres, chaque rayon est un guide précieux, il est si aisé de les perdre inutilement… Tâchons de ne pas les gâcher ! » « - Content de voir qu’enfin vous avez laissé votre coeur l’emporter sur vos préjugés » les félicita Kirla. « Cela ne peut que me rassurer : je crains que durant notre… visite nous n’ayons besoin d’être uni. J’ai craint que tout échoue à cause d’une si bête inimitié, alors que vous étes fait pour vous comprendre. » « - C’aurait été bête » songea Geoffroy. « - A la vie, à la mort, comme on dit » signifia Arthur, tout en approchant sa main de celle d’Ilia. « - Le plus tard possible, j’espère » souhaita-t-il avec ardeur. Il serra alors la main d’Arthur, mais cette fois avec vigueur, croyant en cette amitié naissante. Seul elle pouvait cicatriser les sillons sanglants, elle seule avait la force d’éradiquer les enfants de la douleur. De cette fontaine, au contraire, l’espoir pouvait naître. Le premier passage, je ne voulais même pas le faire. je l'ai fait juste pour la description du soleil couchant, et comme il fallait bien le clore, j'ai mis un peu ce qui m'important, au risque d'être très lourd (remarque, ça peut être intéressant, qui sait^^). Pour le deuxième passage, déjà vous apprenez enfin le plan de Geoffroy (je l'avais fait durer celui-là ), et une chose est importante, qui plus est simple (normalement, en même temps, je connais mon intrigue (aussi bizarre que ça puisse apparaître^^), et donc je sais repérer tous les indices (à la limite, j'ai plus de facilité comme c'est moi qui les ait créé ). Promis, pour la suite, discours avec Gotric! Iliaron Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 19 novembre 2005 Partager Posté(e) le 19 novembre 2005 Peu après s’être remis en route, l’astre solaire continua sa descente, lente chute en direction de l’agonie de la nuit, règne sans partage de l’obscurité et des rôdeurs nocturnes. Avoue qu'on est fier avec ce genre de phrase le passage vers ces connaissances enfouis Une petite faute d'accord Bon je n'ai vu que ça comme fautes Donc ca va ! Une bonne maitrise : Belles descriptions, bonnes ambiances, realismes des décors ! Je vois rien à redire L'histoire à avancé d'un petit coup mais pas n'importe lequel ! On a une nouvelle amitié qui vient de naitre Bon ... A part ca, j'envie de lire la suite ! Et puis le dialogue aussi maintenant que tu m'as dit ce que c'était Allez, bon courage @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 19 décembre 2005 Auteur Partager Posté(e) le 19 décembre 2005 (modifié) Histoire d'être sadique, surtout envers Inxi Suite à des conseils sur les Chroniques des Jours Anciens (décidemment, grâce à eux, je vais réécrire une troisième fois tout le texte... C'est bien parti pour d'ailleurs ), j'ai écrit un prologue pour présenter les différents protagonistes. En fait, ce prologue me sert déjà à donner une âme aux compagnons, mais surtout à donner pas mal d'indices qui me serviront après (c'est pratique ça, ça donne l'impression qu'on a tout prévu depuis de longues dates, alors qu'en réalité ) (au passage, je poste ici, mais je vais aussi éditer mon premier message, et je supprimerais celui-ci dans quelques jours ou semaines). Je précise (pour Inxi) que la suite est écrite, mais déjà, elle n'est pas relue, et en plus elle ne fait que 4 pages Word (et après un mois d'attente, tu dois en vouloir plus ). Donc ça devrait arriver très bientôt (mais le concours me prend aussi du temps ) Prologue Le soleil venait de se lever sur la cité de Skefoy et dardait les premiers rayons matinaux d’une aube lente à lever le manteau de velours noir qui dormait encore dans les ruelles. Quelques uns parvenaient à trouer la protection de la muraille, et, passant au travers des remparts, venaient se briser sur les toits, enflammant les tuiles de teintes mordorées. Skefoy se réveillait de sa paisible nuit. Déjà quelques rares badauds apparurent au travers des rues, déambulant à pas rapides pour être finalement aspiré par une ouverture. D’autres, ivrognes, titubaient avec difficulté jusqu’à s’écrouler dans des impasses et gagner quelques heures de sommeil. Dans une maisonnée, deux jeunes gens s’activaient, depuis longtemps réveillés. Ils analysaient avec attention divers bibelots à terre, seulement éclairés par la timide lueur d’une chandelle. Soudain, l’un d’entre eux, désirant se lever, marcha sur une épée en bois qui se brisa dans un craquement sourd. « - J’avais cru m’être fait comprendre ! » tonna une voix au travers de la mince cloison qui n’offrait qu’une futile protection, mais qui permettait aux enfants d’être épargnés par la fureur de l’homme. « - Oui, père, on sait » gronda Kev à son tour. Le dénommé Kev était un enfant de seize ans aux yeux de saphirs, d’ordinaire pétillants de vie malgré le lot de souffrances que lui avait apporté la vie dès son jeune âge. Ses longs cheveux d’un noir de jais venaient s’écouler sur ses épaules en une cascade renouvelée à chacun de ses gestes. Ni grand ni petit, sa taille lui évitait de se faire remarquer, et à chaque instant il lui était possible de se fondre dans la masse des passants, le plus souvent pour éviter les ruades qu’il recevait de son père. Il n’en avait jamais vraiment su la raison, mais il se doutait en son for intérieur que sa naissance n’avait pas été désirée, et avait obligé son père à se marier à celle qui n’avait dû être qu’une conquête d’une nuit. Chaque fois qu’il se trouvait seul avec son géniteur, ce dernier ne cessait de ressasser en un leitmotiv lancinant « foutu code du mariage » et ses yeux gris s’enflammaient subitement en consumant Kev du regard. Les joues de l’enfant étaient creusées par la colère qui le brûlait, son père ayant brisé, volontairement, il n’en doutait pas, le rêve dans lequel il se trouvait l’instant d’avant. Alors qu’il hésitait à s’énerver à son tour et à franchir l’ouverture pour se trouver face à son père, il se ressaisit et se rassit, les yeux noyés dans des larmes de colère. « - Ferait mieux de pas exister » souffla-t-il avec rage à son ami. « - Ne dis pas ça… Au moins tu as la chance d’en avoir un… Il me manque tant… » Kev se mordit la lèvre suite à sa bourde, conscient qu’il était en train de gâcher leur future semaine dans la nature. Sincèrement peiné d’avoir attristé son meilleur ami, il ne put que murmurer un vague « désolé » avant de se détourner, honteux, du regard de Pierre. « - Pas grave » murmura ce dernier, avant de s’efforcer à faire un sourire. Le dénommé Pierre était d’un an plus jeune que son ami. Ses cheveux et yeux d’un noir ténébreux ne semblaient être que le reflet des pensées de l’enfant, vaste abyme dont la vacuité torturait Pierre à chaque instant. Ce gouffre profond et béant dans lequel toute joie chutait jusqu’à se métamorphoser en tristesse, il le possédait depuis quatre ans, date à laquelle son père avait été assassiné. Remplaçant le vide de son cœur, cette peine insondable l’avait envahi, comblant toute fissure par laquelle la joie pouvait transparaître. Il pensait tromper ses amis avec la gaieté qu’il affichait constamment, mais ce masque ne trompait que lui, ce que jamais ses compagnons n’avaient osé lui avouer, pour ne pas avoir à supporter la vue de larmes le long de ses joues. « - Ca fera quatre ans demain… » Kev se leva et s’assit à côté de son ami, avant de le prendre dans ses bras, silencieux. Les deux se regardèrent, avant que Pierre ne secoue la tête avant de dire : « - Ca va aller, ça va aller… » « - Courage, tu vas voir, on va passer une bonne journée demain ! » « - Oui… tu as raison… On devrait peut-être se remettre à préparer nos affaires. » Il marqua une pause, avant de demander d’un air faussement enjoué : « On prend le bilboquet ? » « - Et comment ! » répliqua Pierre sur le même ton. « Cadeau de Geoffroy, faut lui montrer nos progrès ! » Puis, sur un ton qu’il força à rendre enjoué, il continua : réfléchis-tu donc avant de demander pareilles inepties ? » Kev eut un léger rire, puis voulut aussitôt s’arrêter, comme honteux d’oser être joyeux. Les yeux de Pierre s’illuminèrent, et pendant un instant un large soleil transparut au travers de ses pupilles, une joie depuis si longtemps enfouie qui ne demandait qu’à s’écouler telle une fontaine de jouvence dont les flots impétueux briseraient toutes traces de désespoir. Alors, Kev, joyeux comme jamais, partit en un fou rire, rapidement rejoint par Pierre, et pour la première fois l’écho candide de sa joie n’était ni forcé ni voilé par un quelconque regret. * * * Richard soupira, et arracha distraitement une marguerite. Quatre ans, quatre ans déjà… Quatre longues années solitaires… Il fit tourner la tige, regardant les pétales se mouvoir en une danse effrénée. Tout comme sa vie, une flèche et elle s’écroulait, avant de se transformer en un cycle infernal… Il souffla, et, essuyant ses larmes, se laissa tomber de tout son long sur la terre meuble. Richard était un garçon frêle de plus d’une vingtaine d’années. Ses yeux marrons avaient depuis bien longtemps perdus une vie qui l’animait autrefois avec passion, et leur teinte autrefois luisante ne semblait plus n’être qu’un tombeau, caveau d’une existence passée qui connut le bonheur. Il avait vécu heureux, et son père, terrorisé par les armes, lui avait enseigné la cueillette dès son plus jeune âge, tant et si bien qu’il s’était habitué à passer des journées entières hors du château pour se rendre dans des hameaux voisins et aider pour les récoltes, avec son père, toujours avec son père… Mais il n’était plus, enlevé bien trop tôt dans la vie, si sauvagement assassiné. Depuis chacun de ses mouvements était accompagné du souvenir de ce père aimé, et il n’avait plus réussi à esquisser de sourires, pourtant conscient que sa morosité peinait toujours ses compagnons. Il les remerciait intérieurement de tenter encore et toujours de le rendre heureux, et de ne jamais l’avoir abandonné, alors que jamais il ne leur avait montré sa gratitude… Un sourire leur aurait suffi, mais il ne parvenait nullement à l’imprimer sur son visage, ayant comme oublié les mouvements à accomplir. Parfois il parvenait à réaliser une parodie de sourire, mais toujours tellement empreinte de tristesse et de souffrance qu’à la vue de cette grimace ses amis se sentaient encore plus désespérés. Il avait aussi eu la chance d’être recueilli par le duc de Skefoy suite à la mort de son père, et il n’avait jamais été en mesure de le remercier, malgré les efforts parfois forcenés que réalisait ce dernier pour passer comme un père ; mais jamais il ne pourrait le remplacer, jamais il ne comblerait le vide de son cœur. Percevant des bruits de pas, il sécha rapidement avec un pan de sa cape ses larmes, et se redressa, le visage toujours autant marqué par la tristesse. Il se déplaça rapidement sous l’ombre d’un chêne de manière à cacher les dernières traînées luisantes de ses pleurs. Il ne tenait pas à attrister de même ses amis et à gâcher leur semaine de balade par un mauvais présage. Geoffroy apparut alors, contournant un tronc. Il tenait à la main un lapin mort, et Richard dénombra sept arcs dans son dos. S’avançant, l’homme décocha à son ami un large sourire, l’informant simplement : « - Ils sont parfaits ! Vivement notre prochaine chasse ! Encore un jour à attendre. » « - Oui » murmura tout bas Richard. « - Ca va ? » s’inquiéta Geoffroy, lâchant aussitôt son lapin et se débarrassant des arcs dans son dos pour se pencher vers Richard. « - Pour vous, demain c’est le début d’une semaine de vacances et de liberté… » « - Pour toi aussi, » le coupa Geoffroy, comprenant parfaitement où son compagnon voulait en venir, mais ne désirant pas aborder ce sujet. « - … pour Pierre et moi, ça fera quatre ans… » Geoffroy soupira, ne sachant que dire pour réconforter son ami. Lui aussi se sentait triste, même s’il savait que cela n’avait aucune commune mesure avec celle que ressentait son ami. Il s’assit finalement aux côtés de Richard et lui confessa, pesant chaque mot avant de les prononcer. « - Je suis sûr que… que ton père n’aurait jamais voulu… plutôt, que le vœu le plus cher de ton père était de… de te voir heureux. Je veux dire… il passait beaucoup de temps… de temps avec toi. » Faiblement, Richard hocha la tête, et s’essuya de nouveau ses joues, à nouveau noyées sous les pleurs. « - Ca va aller Richard. Courage, je sais que ce n’est pas facile ! » Geoffroy s’efforça de ne pas verser une larme, afin de ne pas rendre encore plus difficile la peine de son compagnon. L’homme, de deux ans plus vieux que son ami, semblait à ses côtés très grand et large, mais ce sentiment était amplifié par la maigreur cadavérique de Richard. Geoffroy possédait de plus de longs cheveux noirs, que souvent il nouait au niveau de son cou pour ne pas entraver son mouvement lors de chasses, auxquelles la majorité de son travail était dévolu. En effet, artisan, il tenait à tester lui-même son matériel, et sous ce prétendu sérieux se cachait un véritable plaisir à traquer durant des lieux la bête à tuer, tout en admirant les gracieux mouvements de l’animal. Le jour où il avait rencontré Pierre et Richard s’annonçait comme une belle journée, et il se baladait avec Kev et Mav, jusqu’à ce qu’il rencontre à peu de distance l’un de l’autre les deux enfants en proie aux pleurs. C’était lui qui, le premier, avait vu l’état effroyable dans lequel les cadavres des pères avaient été laissés, et il s’était depuis ce jour là jurer de les protéger coûte que coûte de l’horrible sort qui s’était joué de leurs parents. Il avait alors passé une importante partie de son temps libre à leur apprendre à se servir d’un arc pour être un jour apte à se défendre, à prendre les armes et les braquer sur leurs agresseurs s’il le fallait… Depuis quatre ans il ne vivait que pour cela, défendre la vie de ses amis, et sa quête la plus profonde avait été de parvenir à décrocher un sourire sur les visages de Pierre et Richard. Pour le premier, il y était parfois parvenu, mais pour le second, une seule fois un réel soleil d’amitié avait luit : Richard avait réussi à tuer son premier lapin, et plus que l’acte en lui-même, l’idée de pouvoir s’opposer à la ronde infernale de la mort l’avait enchantée. Mais il était depuis retombé dans son incurable tristesse… Geoffroy avait beau essayer par tous les moyens possibles, allant jusqu’à passer des nuits entières dans des tavernes pour apprendre à réaliser de bonnes blagues, il n’était plus parvenu à le voir sourire une nouvelle fois. Il rouvrit les yeux, et voyant le soleil à son zénith, souffla à Richard, prostré sur lui-même : « - Tu veux manger un brin ? » « - Ca devrait me faire du bien, » répondit, laconique, Richard. Alors qu’il mordit dans la miche qu’avait emporté Geoffroy, ce dernier ne put s’empêcher malgré tout de sourire, empli d’espoir ; ils allaient passer une semaine entière hors du château, et là il parviendrait bien à arracher un sourire à Geoffroy. Où que le bonheur se soit caché, il y arriverait, il se le promettait. * * * Le bâtiment, tout en longueur et possédant de très nombreuses ouvertures, tremblait à un rythme régulier. Le choc du métal contre le métal résonnait alentour, parcourant les murs en rapides vibrations tels les battements d’un cœur humain. A l’intérieur, les hommes s’appliquaient à frapper sur les enclumes, ou bien à polir de longues et fines branches de métal jusqu’à faire apparaître un tranchant aiguisé. Pour un visiteur, nul autre bruit ne se faisait entendre que celui des bris métalliques, pourtant une douce mélodie se mouvait dans l’air, jamais interrompue par un coup plus puissant qu’un autre, gagnant en intensité à mesure que le temps passait et que l’heure de la sortie approchait. « - Te voilà donc bien heureux, ça fait plaisir à voir. » Mav se retourna, surpris par le regard amusé de son employeur. Il s’arrêta aussitôt de siffler une ballade, avant de s’excuser rapidement. Le patron chiqua un instant, avant de lui tapoter la tête : « - Ca me fait rien, tant que tu bosses bien » « - Tenez, regardez cette épée ! » s’exclama Mav, soulevant une rapière d’une enclume, et exposant le fil de la lame à la lumière des fourneaux. « - Du beau travail… Et pis, te sens pas gêné, je préfère voir mes employés heureux que tristes, z’ont plus d’entrain au travail pour pouvoir sortir plus vite » taquina l’homme. « - Ca veut dire que… » commença Mav, sentant l’espoir l’envahir. « - Mais oui, tu pourras les rejoindre, tes amis, si tu continues à si bien bosser, je te laisserai sortir avant le crépuscule, pas de soucis ! » Mav fit un large sourire à son patron, lequel ne put s’empêcher de légèrement rire sous la joie de son jeune apprenti. « - N’empêche, tu vas me manquer pendant cette semaine. Y’a pas à dire, mais tu bosses bien et apporte du sang neuf… » Il resta légèrement songeur, avant de reprendre sur un ton plus strict : « allez, remets toi au boulot de suite. » Reprenant un marteau dans ses mains, Mav remarqua que son patron lui avait adressé un rapide clin d’œil, mais le temps de vérifier, et déjà l’expression de l’homme avait muée. Mav était un jeune homme de déjà dix huit printemps, dont les deux émeraudes vertes brillaient d’une joie de vivre sans cesse renouvelée, résistant à toutes les épreuves que la vie voulait bien lui offrir. Ses courts cheveux bruns, constamment ébouriffés et dont il avait depuis longtemps abandonné la quête irréalisable de leur donner un peu de tenue, lui donnaient une apparence sympathique dès le premier regard ; et cette première impression était de suite renforcée par le sourire constant et sincère qu’il affichait chaque jour sans faillir. D’ailleurs, ses réparties au tac au tac lui avaient très rapidement values un certain respect de la part des autres gamins de son âge, tant et si bien qu’il lui avait été possible, et même aisé, de créer un groupe parmi ses plus fidèles acolytes, et voler sa première arme, un fin stylet duquel il avait tiré l’amour de la forge. Malheureusement pour lui, éprouvé par les rudes paroles de ses parents, ses blagues se firent plus acerbes, afin de se venger et de voir aussi souffrir les autres. Cela marcha si bien que trois mois plus tard, il n’avait déjà plus un seul ami. Alors il avait rencontré Kev, et en moins de deux ans une réelle amitié était née entre eux, jusqu’à rencontrer Geoffroy, une des rares personnes à avoir un humour encore plus grinçant que le sien. Sous cette envie de rire et d’être heureux se cachait pourtant une grande sagesse que même Geoffroy ne parvenait à remettre en question – et ce n’était pas faute d’essayer – la joie étant devenu pour lui comme une route à suivre, sente bien plus accueillante que celle de la tristesse. La rencontre avec Pierre et Richard l’avait cependant grandement bouleversé, et depuis il avait renoncé à une grande partie de ce qui formait pour lui comme un idéal, de manière à éviter de briser le semblant de vie qu’était apparu au sein de ses deux compagnons. Mav leva alors son outil, et les chocs recommencèrent avec encore plus d’ardeur. Dans quelques heures, il serait libre pour une semaine entière, et à la seule pensée des balades qu’il parcourrait avec ses amis, il ne sentit plus la souffrance dans ses bras, seulement obnubilé par la course du soleil dans sa folle descente vers les ténèbres, contemplant tour à tour l’arme sur lequel il travaillait et l’ombre grandissante des fourneaux et débris qui traînaient ça et là. * * * Une musique entraînante régnait dans la taverne, repaire de la joie bien après que la nuit soit tombée. A l’intérieur, de nombreux soldats dansaient et buvaient, discutant des événements paisibles de la journée. Un groupe de trois guerriers était assemblé autour d’une table, deux discutant avec volubilité, tandis que le troisième n’avait pas encore murmuré une seule phrase, contemplant d’un regard sans vie l’âtre où les branches craquaient et se consumaient. « - Alors, comme ça, vous partez ? » La voix s’efforçait de rester aussi atone que possible, mais pourtant une certaine pointe d’étonnement y perçait. « - Ouais, une semaine d’liberté, un vrai bonheur » se réjouit Arthur. « - Toute une semaine ! » L’être ne put s’empêcher de s’abasourdir : une semaine de permission en tant que soldat était rare, très rare même, et était souvent réservé aux plus hauts gradés. Et souvent ces prétendues permissions permettaient un espionnage déguisé… « - Le duc nous l’a accordé, il a trouvé cela normal. Et pis, au moins, on peut les défendre si besoin est » l’informa alors Arthur de manière à clore le débat. Arthur était un homme ayant un peu moins d’une trentaine d’années, possédant une carrure impressionnante, dissuadant la plupart du temps tous ceux qui lui cherchaient des noises ; seuls les plus téméraires, ou saouls, s’y risquaient. Il possédait de longs cheveux noirs qu’il laissait tomber librement dans son dos, et ses yeux marron brillaient d’une lueur non pas d’intelligence – comme aimait à le faire remarquer Geoffroy dans ses répliques – mais d’une bonté simple qui ne s’embarrassait nullement des problèmes de forme, qu’il réservait aux têtes pensantes. Très jeune, à force de dissuader des petits bravards de son quartier de s’attaquer à plus faibles qu’eux pour montrer leur toute puissance, il défendit les plus jeunes. Il fut ainsi rapidement considéré par ces derniers comme un véritable héros – peut-être cela n’était qu’un mensonge par peur d’être battu par Arthur, mais les lumières qui brillaient dans les yeux des enfants du quartier chaque fois qu’ils le croisaient semblent bien montrer le contraire. De ces aventures, il en tira une irrésistible envie de devenir soldat afin de défendre non pas un quartier, mais un peuple. Pris dans l’Ecole de Soldats de Foy à dix ans, il montra rapidement des aptitudes à la lutte, mais eu plus de mal à manier l’épée, se sentant toujours maladroit avec ce bout de métal tranchant. Pour pallier à ce défaut, il inventa un langage codé avec son meilleur ami Gontrand. Cela leur permit de remporter à chaque fois les compétitions organisées par l’école : les mouchards adverses ne parvenaient jamais à percer leur secret, tandis qu’eux deux connaissaient parfaitement les tactiques de tous. A l’âge de vingt ans, il était devenu soldat, quatre ans après son camarade Gontrand, et il servait dans l’armée depuis ce temps-là. A son grand malheur, durant ces huit années, il n’y avait eu rien de plus que quelques escarmouches, jamais une bataille dans laquelle il aurait eu l’impression d’être utile. « - Comme quoi, être ami avec le duc, ça sert » ironisa l’homme, plus pour terminer cette discussion que pour mettre mal à l’aise ses deux compères. « - On n’est pas ami, mais juste… » commença Gontrand. Il voulut continuer, mais songeant à l’inutilité de cela, il s’arrêta aussitôt. « - Juste quoi ? » Le troisième soldat avait posé cette question avec précipitation, mais trop tard, le visage de Gontrand ne reflétait plus un sentiment. « Toujours aussi loquace » marmonna-t-il dans sa barbe. « - Juste en entente cordiale » termina Arthur, « rapprochés par l’assassinat des parents de Pierre et Richard. » La tête de Gontrand frémit, et imperceptiblement, il hocha la tête, si faiblement que de nombreuses personnes auraient pu croire qu’il venait juste de respirer. Gontrand était un homme âgé d’une trentaine d’années, grand aux muscles saillants. Ses cheveux de la couleur des ténèbres étaient coupés courts, cela lui évitait de perdre du temps à les entretenir et les démêler, tandis que ses yeux bleus ne brillaient d’aucune vie, et pourtant nulle tristesse ne perçait. Jamais il n’avait beaucoup parlé, ni bougé, à tel point que ses parents s’étaient demandés s’il n’était pas muet. Il n’en était rien, en réalité Gontrand économisait à l’extrême ses forces, ne voulant les dilapider dans d’inutiles dépenses physiques, et ils durent apprendre à contenter ses désirs et à comprendre ce qu’il signifiait simplement par les tremblements infimes qui parcouraient parfois son visage. Il intégra lui aussi l’Ecole de Soldats de Foy à dix ans, simplement parce qu’il avait pris l’habitude de dormir aux côtés d’une épée en bois. Avec l’amitié d’Arthur, il se mit à parler un peu plus – certes très peu, mais il suffisait désormais de rester deux jours à ses côtés pour comprendre qu’il n’était pas muet – mais surtout il devint plus expressif et s’éveilla plus à la vie, prenant plaisir à certaines activités, telle l’élaboration des fameuses lettres codées que toute une génération d’écoliers leur ont envié. Il se révéla être un guerroyeur avisé, non pas le meilleur, mais sachant se sortir de toutes situations épineuses, autant de manière loyal que par des moyens plus détournés considérés comme fourbes – mais tant que ça marchait s’était exclamé Arthur un jour où Gontrand avait terrassé un prétentieux en lui envoyant un broc de bière à la tête. A peine sorti de l’école, il avait été envoyé en campagne à Krastik en compagnie de Geoffroy, et de nombreux autres soldats et chasseurs, pour prévenir une infiltration de Mormundes, territoire ennemi depuis des temps immémoriaux. Depuis cette époque, il était resté à Skefoy, servant à la garde du château. Il s’était lié après à Mav, Kev, Pierre et Richard lorsque Geoffroy était venu quérir son aide, qu’il avait jugé comme normale d’accepter. Arthur avait aussitôt suivi et proposé la sienne, qui bien entendu fut accueilli avec chaleur. Plus ils étaient autour de Pierre et Richard, et mieux ils serviraient à leur défense. Depuis cette époque, il n’avait jamais autant parlé, sans jamais tenir compte des railleries amicales de Geoffroy se demandant comment il pouvait se souvenir de la manière de parler après plusieurs jours. « - On devrait y aller » suggéra Arthur. « Il serait bien que demain on soit assez réveillé pour monter un cheval. » Gontrand, sans mot dire, se leva alors de sa chaise, et se dirigea vers la sortie. Le troisième homme se retourna, et les voyant s’approcher de l’ouverture, les héla : « - Bonne semaine ! Oubliez un peu les combats ! » Arthur se retourna, lui fit un signe amical, avant de disparaître dans l’ombre de la nuit. J'ai donc essayé de donner des personnages poignants dans leurs actions, même si cela disparaît à mon avis beaucoup pour les deux soldats, déjà plus habitué à cette tristesse, et un peu plus bourru quand même . En espéant que ça ait plu Iliaron Modifié le 19 décembre 2005 par Iliaron Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 19 décembre 2005 Partager Posté(e) le 19 décembre 2005 ********* d'ordi à la ****** Bon toute mes remarques ont été effacées ! Bon je me souviens qu'il y avait une faute d'accord sur un participe passé au début ! Ensuite, je trouve que Richard et Pierre se ressemble trop ! Pas de difference psychologique ou presque... Seulement le physique ! J'ai pas compris non plus s'ils étaient frères ou pas ! Père mort en meme temps Sinon, il y a une phrase ou tu devrais mettre : Dit Richard, laconique. Ensuite, la répétition sur les cheveux, je ne sais pas si elle est utile. Surtout que c'est toujoursla meme chose Des longs cheveux noirs Bon sinon c'est pas mal ! Je pense que je ne me tromperai plus au niveau des prenoms ! Ca rentre beaucoup mieux comme ca ! C'est du très bon boulot ! Les remarques que je t'ai faite au dessus te permettront surement de parfaire ce prologue ! @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 19 décembre 2005 Auteur Partager Posté(e) le 19 décembre 2005 Et pour terminer, je voulais dire a Iliaron que je commence a le connaitre Il suffit que je fasse un commentaire un peu sec sur son texte pour en avoir un en retour J'adore et je vais continuer ! C'est la guerre, alors tu l'auras voulu . (au passage, mon commentaire n'a aucun rapport avec le tien, enfin si, je commente aussi pour remercier... Mais si tu me commentes, cela veut dire qu'il ne faut pas que je te commente ********* d'ordi à la ****** Tss, flammer ainsi son ordi, tout modo que tu es Bon je me souviens qu'il y avait une faute d'accord sur un participe passé au début ! Quoi! Une faute! Aux chiens de garde, partez de suite la trouver! Ensuite, je trouve que Richard et Pierre se ressemble trop ! Pas de difference psychologique ou presque... Seulement le physique ! J'ai pas compris non plus s'ils étaient frères ou pas ! Père mort en meme temps On va dire que perdre son père le même jour par les mêmes ennemis, ça a de quoi rapprocher . Et non, ils ne sont pas frères, mais tu imagines bien qu'il y avait eu un "lien" entre les deux pères pour qu'une telle coincidence se produise. Sinon, il y a une phrase ou tu devrais mettre : Dit Richard, laconique. Je dois avouer qu'après les dialogues, je n'aime pas trop les majuscules, donc je triche (et pis d'abord, c'est comme ça dans des romans, et toc ) Ensuite, la répétition sur les cheveux, je ne sais pas si elle est utile. Surtout que c'est toujoursla meme chose Des longs cheveux noirs Oui, en fait, je cherchais à faire des descriptions complètes, sans tomber dans le Suétone (tu as fait du latin, tu dois donc aisément comprendre ). D'où les cheveux. Mais je peux l'enlever pour certains, pas pour Kev et Pierre en fait. Bon sinon c'est pas mal ! Je pense que je ne me tromperai plus au niveau des prenoms ! Ca rentre beaucoup mieux comme ca ! C'est du très bon boulot ! Les remarques que je t'ai faite au dessus te permettront surement de parfaire ce prologue ! Merci beaucoup de ces remarques, sans rire, ça fait chaud au coeur! _____________________________________________________________________________________ Maintenant la suite: Bonne lecture! * * * Six ombres furtives se glissaient sans bruit au travers des arbres, leurs corps fugitifs échappant à tout regard, fusionnant avec perfection à la nuit qui les enrobait de son velours noir. De son pâle reflet qui timidement brisait le sceau de ténèbres, la pleine lune, accrochée dans le ciel pour l’éternité, guidait l’avancée de ces êtres. Les formes arrivèrent soudainement proche d’une masse sombre qui étendait son royaume loin de ses fondations. S’approchant, le point ténu de la lune s’évanouit derrière la muraille, et les compagnons se trouvèrent noyés dans l’océan sombre de la nuit. « - Skefoy » murmura Geoffroy, joyeux. « Enfin de retour. » Ilia se força à approuver, avant de suivre à nouveau ses cinq compagnons dans leur avancée. Quelques minces reflets étaient croisés entre eux, ultimes lumières persistant dans la mouvance de l’obscurité. Leur faible luminosité perçait l’opacité du lieu, seul point visible vers lequel le groupe avançait lentement. A proximité de ce treillis de chatoiement, Geoffroy intima à ses amis de s’arrêter, et souffla avec à peine plus de force que la brise environnante. « - Je vais voir s’il est là. » Les cinq restèrent alors immobiles, fixant la masse qui se dessinait peu à peu, brisant l’enchevêtrement de lueurs. Soudain, ces dernières réapparurent dans toute leur splendeur, Geoffroy ayant disparu dans l’ombre. Les secondes s’égrenèrent lentement, et de leur emprise sans partage sur le temps avaient comme ralenti le cycle inéluctable des destinées. Les amis, tels des statues, fixaient intensément les points de lumière, espérant avec force les voir de nouveau disparaître derrière Geoffroy, mais il n’en était pour l’instant rien. Que pouvait-il donc se passer ? Il n’y avait pas encore eu de cris, rien n’avait pu arriver à leur ami… Et si Gotric n’était pas de garde, comment la nouvelle vigie se comporterait face à leur compagnon ? Devant cette idée, Arthur posa sa main le long du manche de son épée et la tira lentement hors de son fourreau. Ilia et Kirla se saisirent avec soin de leur arc, et avec d’infinies précautions, encochèrent chacun une flèche. Gontrand, quand à lui, se tenait droit, son bouclier face à lui. Mav, enfin, s’approcha d’eux, et leur murmura : « - Pas besoin de vous faire du souci, il doit être en train de discuter. » Effectivement, peu de temps après, Geoffroy réapparut, et se tint immobile un instant à la vue de ses amis, devinant par les scintillement qui animaient les lames la frayeur qu’ils avaient eus. Réprimant une remarque acerbe, sachant que là n’était pas le moment de semer des germes de zizanie, il leur fit savoir. « - C’est bon. Il tient juste à vous voir… et tous. » « - Pas de problème » répondit simplement Ilia, « je comprends ses doutes. Un Ath dans une ville d’homme… » « - Je ne le lui en ai pas vraiment parlé, et n’y fais absolument pas allusion, sinon il sonnera l’alerte. » Il commença à s’approcher de la herse, dont les reflets flamboyaient dorénavant sous l’intensité d’une lanterne. Pensant un instant au meilleur moyen de passer sans problèmes, il fit volte face et demanda sans bruit : « - Arthur, Gontrand ; passez vos casques à Kev et Ilia. » « - Même Kev ? » se surprit Arthur, alors que Gontrand, sans broncher, tendait sa protection à Ilia. « - Oui ! Il a encore les oreilles pointues… Soignons les détails. » Ceci fait, Geoffroy inspira longuement pour se donner de la contenance, espérant intérieurement pouvoir passer sans aucun problème ; il n’avait pas songé aux problèmes qu’étaient les Aths, surtout après ce que venait de lui confier Gotric… * * * « - Alors, ce sont donc eux. » Gotric se tenait face aux cinq compagnons, et les considérait d’un œil attentif. « - Tu ne les reconnais donc pas ? » « - On n’est jamais trop prudent, surtout par les temps qui courent ! » Geoffroy s’arrêta un instant, songeur. Si jamais Gotric se mettait à douter d’eux, et remarquait Ilia et Kev, jamais ils ne passeraient, et ces deux derniers se trouveraient bien vite dans des cachots… Reprenant les devants, il se tourna vers Gotric, puis pointa du doigt Arthur et Gontrand. « - Tu dois reconnaître ces deux soldats. » « - Oui… J’avais d’abord cru qu’ils avaient déserté lors de l’attaque, puis qu’ils s’étaient fait tués… » « - On s’est fait capturé » prononça d’une voix larmoyante Arthur. « - Par Malak ? » s’exclama Gotric, sidéré. Les deux, ainsi que Mav, approuvèrent sinistrement. Touché, et songeant aux tortures qu’ils avaient dû enduré, il les laissa passer, comprenant aisément qu’ils désiraient rentrer à Skefoy pour effacer ce malheur, et cela sans avoir à être de suite interrogé. Profitant de l’entrée des trois hommes, Kirla et Ilia leur emboîtèrent aussitôt le pas. « - Halte là » signifia Gotric en s’interposant devant eux, « ne croyez pas passer en douce, surtout avec les disparitions de ces derniers temps. » Geoffroy se pinça les lèvres, et dans l’ombre fit un geste discret à Arthur et Gontrand. Bien qu’il lui en coûtait de songer à mettre à mort la vigie, cette dernière ne devait absolument pas sonner l’alerte ! « - Qui sont-ils d’ailleurs ? » « - Je m’en porte garant comme de ma propre personne » se précipita Geoffroy. Il ajouta de suite, après avoir réfléchi rapidement, « et tu ne reconnais même pas Kev ? » Gotric marqua un temps d’arrêt et se mit à regarder avec insistance Kirla. Son visage paraissait très fin, bien plus gracieux que les visages humains. Ses traits semblaient être en harmonie parfaite avec son faciès, et ses yeux bleus brillaient d’une sagesse supérieure à celle de nombreux vieillards. Certes ce visage ressemblait énormément à celui de Kev, mais il ne savait quoi le changeait. Peut-être que quelques mois d’exil avec un enchaînement sans fin de situations précaires et périlleuses l’avaient métamorphosé comme jamais il n’aurait cru cela possible. Au moment où il allait accepter, il remarqua que les cheveux qui sortaient de sous le casque étaient blonds, alors qu’autrefois ils étaient d’un noir de jais. Geoffroy, comprenant aussitôt au regard de Gotric ce qui lui déplaisait, mentit : « - On devait changer d’identité pour se sauver, et on lui a coloré les cheveux… » Gotric se permit un sourire, avant d’ajouter : « - Si tu crois que je ne vois pas à quel point tu me mens. Enfin, pour toi, je le laisse passer, lui, mais pas l’autre, il ne me rappelle personne. » Mav retint le bras d’Arthur dont la main était déjà sur la garde de son épée, avant d’expliquer : « - Celui-là, pour ne pas te mentir, c’est un étranger. » Ilia, furieux, dévisagea l’homme, sentant qu’il allait le dénoncer ! Finalement son stylet allait avoir une utilité qui lui plaisait légèrement plus. Et dire qu’il avait failli croire pouvoir devenir amis avec de tels gens… Voyant Ilia se mettre à serrer ses poings, Mav brisa aussitôt le silence qui avait suivi son intervention. « - Il nous a sauvé des cachots dans lesquels on était voué à mourir, sans lui on croupirait encore là-bas, avec des rats pour compagnons. » Ilia s’arrêta aussitôt, et se mit du mieux qu’il le pouvait en valeur, pour donner confiance au garde. Il réajusta rapidement le casque sur ses oreilles, afin de mieux cacher la pointe de celles-ci. « - Fais-lui donc confiance, je te l’ai déjà dit, je m’en porte garant ! » « - Je ne sais… » « - Ecoute, le jour où je t’ai aidé, alors même que tu ne me connaissais pas encore, tu m’as accepté sans rien dire, juste parce que j’étais de Skefoy, c’est ça ? » Gotric se remémora cette nuit, cette merveilleuse nuit durant laquelle il avait pu voir sa dulcinée, et sans Geoffroy, cela aurait été impossible. « - Aussi parce que ça m’arrangeait » avoua-t-il d’un air contrit. « - Fais-lui donc confiance ! Sans me connaître, tu m’as fait confiance » prononça-t-il en insistant bien sur le dernier mot. « Tu sais qu’il est un de mes amis, cela devrait suffire. » Gotric resta un instant perplexe, avant de souffler. « - Allez, qu’il passe, mais c’est bien parce que c’est toi… Je risque gros quand même. » Il se laissa aller à légèrement rire : « je remarque que tu avais quand même bien préparé ton coup quand tu m’avais aidé, et dire que je croyais que tu le faisais par bonté de cœur, sans rien demander en échange. » « - Ca l’était, crois moi » se confia rapidement Geoffroy, légèrement déstabilisé. Alors que les six s’apprêtaient à rentrer dans Skefoy, Gotric les héla, puis s’approcha assez d’eux pour leur murmurer. « - Je vais baisser la herse, mais vous pourrez passer par-dessous. Cela, ça ne me gêne pas, je verrais bien qui cherchera à rentrer. J’espère juste que… » Il s’arrêta et se corrigea aussitôt. « Je craignais juste de laisser rentrer un espion. » « - Merci » lui répondirent chaleureusement les six. Geoffroy se félicita intérieurement. Il était parvenu à rentrer sans aucun problème à Skefoy, pour l’instant tout se passait à merveille. Ils passèrent alors sous la barbacane, dans laquelle pouvaient stationner une vingtaine de chevaliers, avant de déboucher dans la rue principale. Ils s’avancèrent jusqu’au centre d’un halo lumineux généreusement dispensé par une lanterne, et regardèrent alentour. Les six se tinrent alors cois, les uns sous l’émotion qui les submergeait à la pensée de retrouver enfin leur terre natale. Les autres, légèrement terrifiés à l’idée que tant d’hommes existent en ce lieu, ne purent s’empêcher d’être émerveillé par le camaïeu de tuile rouge qui même dans la nuit dégageait une forte beauté. Face à eux, tel un serpent, les habitations s’enroulaient le long de la colline, seuls quelques arbres élancés venant briser l’harmonie des habitations. « - Voilà Skefoy la prodigue, première ville du royaume de Foy, et seconde ville du royaume humain. » « - Première même » compléta Arthur, « depuis le carnage de Mor ». Ils s’arrachèrent à leur contemplation, et avancèrent le long de la rue principale. « - Exactement, où se dirige-t-on ? » interrogea Ilia après quelques mètres. « - Chez Kev m’apparaît être le plus logique. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais on est venu pour rendre la mémoire à notre ami. » « - Les cinq autres acquiescèrent derechef, bien qu’un frémissement imperceptible parcourut l’échine d’Ilia. L’espace d’un instant, sa main s’approcha de son dos où se trouvait le stylet, avant de fermer les yeux et se retenir de ne pas verser une larme. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent au niveau d’une place où dormaient quelques poules et ivrognes à même le sol. Kirla s’efforça de continuer son chemin, bien qu’il se sentait répugné par cette misère affichée et cette paille ainsi épandue à terre. « - Par là » murmura Mav, tendant son bras vers une ruelle sombre. « Avec un peu de chance, ton père dormira » adressa-t-il ensuite à Kirla. Il s’engouffra dans l’espace sans lumière, avant de percuter involontairement deux hommes ivres morts qui tombèrent avec fracas contre un mur. Mav se pétrifia lorsqu’il entendit des bruits saccadés provenir d’une maison, celle de Kev… Quel idiot, se maudit-il, il venait de réveiller pile la maisonnée dans laquelle ils cherchaient à se rendre, et avait sûrement anéanti la possibilité que Kev se souvienne enfin qui il était ! Se jetant dans l’ombre aux côtés des deux soudards, il fit un furtif signe de la main, et aussitôt les cinq autres compagnons se terrèrent du mieux qu’ils le purent. Kirla se posa de manière à en voir le plus possible, fermement décidé à résoudre durant cette nuit ne mystère de son existence. Percevant la voix qui s’amplifiait de plus en plus, des souvenirs lui vinrent à l’esprit, où cette même voix résonnait d’une fureur toujours plus grande. Il souffla alors le plus faiblement possible : « - Ca me rappelle des choses… Des souvenirs enfouis… » Seul Geoffroy put l’entendre, et il serra légèrement ses poings de joie. Ils n’eurent pas à attendre plus d’une minute pour voir surgir un individu tempêtant. Tel un cheval, il s’ébrouait, et ses yeux bleus semblaient parcourus d’éclairs de rage. Il passa devant Mav sans même le voir, marcha encore quelques mètres avant de s’effondrer à terre. Sa voix sanglotante et hachée était incompréhensible. Rapidement, des larmes se mêlèrent à la salive qui s’écoulait le long de sa bouche, et l’homme ne fut plus que l’ombre de lui-même. Quelques instants auparavant sa carrure imposante traçait à terre une ombre élargie, désormais la boule recroquevillée ne représentait plus qu’un mince obstacle pour les lanternes. Il parvint finalement à se relever, et titubant, il disparut en direction de la colline. Aussitôt, les quatre hommes se regroupèrent autour de Kirla, le harcelant involontairement de regards implorants. Après un long silence, Kirla murmura d’une voix résignée, dont l’inéluctabilité même de la révélation le plongeait dans un immense désarroi : « - C’était mon père… » Les hommes ne surent comment réagir. En leur for intérieur, ils ne désiraient plus qu’exulter ; Kev leur était revenu ! Mais une barrière les en retint, la tristesse qui émanait de Kirla, ainsi que pour Mav et Geoffroy, la compréhension de la peine que devait ressentir Ilia. Ils restèrent ainsi, pendant encore de nombreuses minutes, pendus aux lèvres de Kirla, attendant simplement un signe de ce dernier pour se remettre à marcher. « - J’aurais préféré que ce soit Kirl » finit-il avec une larme à l’œil. Ilia posa sa main sur l’épaule de Kirla, et lui souffla dans l’oreille, de manière à n’être entendu des autres : « - Kirl sera toujours un père pour toi… Tu n’es pas obligé d’accepter un père dont tu ne sais rien. » Lisant sur les lèvres de son ami sa question, il continua : « même si c’est lui qui t’a conçu, et rien n’est moins sûr, tu as la possibilité de choisir ta vie ! Chacune a certes des inconvénients, mais une en a à mon avis moins… » conlut-il, la voix lourde de sous-entendus. Kirla approuva faiblement, avant de murmurer à son tour : « - Sauf que je suis soit homme soit Ath, pas les deux. De ma vie, je n’ai nul choix. » Il se dégagea alors de son compagnon, avant de continuer, droit devant lui, sans un regard aux hommes. Il passa parmi la ruelle sombre, et s’arrêta devant l’entrée par laquelle son père était sorti plus tôt. Inspirant avec force pour se donner du courage, il passa alors l’entrée, avant de rapidement s’éclipser vers une pièce sur la droite. Il s’arrêta aussitôt afin de calmer son pouls qui s’était emballé. Sa mère avait été là, à moins d’un mètre de lui, dos tourné. Il lui aurait suffi de s’en approcher et il aurait pu savoir… avoir la confirmation de qui il était… Mais il craignait tant de déclencher des cris hystériques de joie qu’il s’en était retenu. Ses membres lui criaient d’aller la voir, mais, pensant aux risques qu’il faisait déjà prendre à ses amis, il se retint tant bien que mal. D’un regard déstabilisé, il parcourut la pièce. Elle était petite et rectangulaire, et seule une fenêtre donnait sur un espace à peine plus large, comme une sorte de jardin. Cela ne valait pas la Loriath, mais pourtant il se sentit presque heureux de constater que ses deux vies se rejoignaient sur certains points, certes très faiblement, mais dans son état, il s’accrochait au moindre brin d’herbe qui lui éviterait de chuter dans la folie. Il s’approcha du lit au matelas rembourré avec de la paille, et se posa dessus. Il sentait que déjà il avait dormi dessus, mais ce souvenir ne provenait, à sa grande peine, que de son esprit, et son corps ne se rappela nul toucher aussi rugueux. Une fois encore, les sens de son esprit et de son corps se contredisaient, et pendant un instant Kirla se sentit légèrement mal à l’aise. Que croire ? A quoi se fier… Son inconscient se souvenait bien d’avoir dormi en un tel lieu, et pourtant jamais son corps ne semblait s’y être posé… Pris de nausées à l’idée qu’il ne sache jamais qui il était, il cessa aussitôt sa lutte intérieure et se leva rapidement du lit. Sautant au bas, il regarda les bibelots épars. Là une épée en bois, ici un panier… A chaque fois, il se souvenait de moments passés avec eux, mais jamais n’apparaissait une réminiscence telle qu’il se serait aussi souvenu de les avoir touchés… Découvrant enfin un bilboquet, il se recula pour chuter contre son lit, heureusement sans bruit. Un kaléidoscope de pensées venait d’affluer en lui à la simple vue du jouet, et de très nombreux songes qui étaient encore enfouies dans son inconscient s’imposèrent à son esprit. Geoffroy qui lui tendait ce jeu en cadeau de ses quinze ans, et qui lui avait offert un de ses plus beaux sourires lorsqu’il était parvenu à immobiliser la boule à l’emplacement prévue. Pierre qui jouait avec lui, Pierre qui… Pierre qui… Un visage jovial lui apparut à l’esprit, un bonheur cachant une tristesse à sa base même… Une âme si complexe, et pourtant si simple, appréciant la présence d’amis plus que tout, surtout la présence de Kev, sa présence… Des yeux noirs qui le fixaient et avaient le pouvoir de lui faire oublier tous ses chagrins… Un altruisme infini, pensant d’abord aux autres avant même de vérifier que tout allait bien chez lui… Des qualités, seulement des qualités… Pas un défaut ne ternissait Pierre… L’être parfait… transpercé… Kirla ravala les sanglots qui se battaient en lui, et sentant qu’il ne tiendrait pas longtemps, il se décida à partir. Vérifiant que sa mère avait encore le dos tourné – elle dormait, c’était encore mieux – il sortit de son ancienne chambre, le bilboquet fermement maintenu dans sa main. Au moment où il passait le seuil, sa mère marmonna un vague « Kev, c’est toi ? ». Ce dernier se retint de son mieux d’aller la voir et de la prendre dans ses bras, et sortit finalement dans la ruelle sombre. Il y découvrit ses cinq compagnons l’attendant avec anxiété, trop angoissés pour l’avoir aussi suivi chez lui. Le voyant reparaître, il poussèrent un « ouf » de soulagement, avant que Geoffroy ne s’exclame : « - Le bilboquet ! Tu t’en es souvenu ! » Il se jeta aussitôt à ses genoux et le serra entre ses bras. « Tu te souviens enfin ! Nous avons tant attendu, tant craint, mais là nous en sommes sûrs ! Te voilà donc de retour ! » Nul sourire ne pointa pourtant sur le visage de Kirla, et il prononça simplement d’une voix où perçaient une misère et une peine infinie : « - Où est Pierre ? » Les hommes comprirent, et leur joie exubérante fut aussitôt voilée d’un rideau noir. Pour récupérer Kev, ils auraient été prêts à tout, mais jamais, jamais ils n’avaient désirés le récupérer cassé, brisé par tant d’épreuves, par tant de morts… Jamais ils n’avaient songé que le destin qui se jouait de lui pourrait à ce point l’affecter… Et cette erreur, Kev risquait de la payer toute sa vie, lui pourtant si innocent ! Première partie: simple amusement dans les descriptions. Sigh, ce passage remonte à un mois, j'ai l'impression que je ne saurais plus écrire comme cela. Deuxième passage, première partie avec Gotric: histoire de donner un peu de suspense avec ces fameux "événements" (liés à l'intrigue, rassurez-vous ). Ensuite, le père qui pleure: juste petit indice pour la suite très prochaine. Rapprochement possible avec la mère qui pleure d'ailleurs. Enfin, les souvenirs qui affluent en lui, la façon dont isl affluent est très importante, je pense que vous l'aviez deviné! Et à la fin, l'envie de Kirla/Kev d'aller voir "Pierre" (donc le cimetière), va faire un rapprochement avec le père, et puis permettra de rappeler des points de l'intrigue plutôt importants . Iliaron Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 19 décembre 2005 Partager Posté(e) le 19 décembre 2005 Ilia et Kirla se saisirent avec soin de leur arc, et avec d’infinies précautions, encochèrent chacun une flèche. Quen il y a une phrase entre virgule comme ça, cela veut dire qu'on peut la supprimer. Regarde si tu la supprimes, tu remarqueras qu'il manque quelque chose et se tint immobile un instant à la vue de ses amis, devinant par les scintillement qui animaient les lames la frayeur qu’ils avaient eus Ici, c'est pareil Il manque un 'de' Sinon... C'est long ! Mais qu'est ce que c'est bien D'ailleurs bien que j'ai eu du mal à me resituer au départ, j'ai moins de mal avec les personnages Sinon, je sens qu'on arrive à la fin de cette première partie Je ne sais pourquoi Bref, que dire ? Ah oui, c'est ce que je pensais qu'il y avait un lien entre les pères mais tu ne laisses pas d'indices Donc j'attend de voir la suite @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 19 décembre 2005 Auteur Partager Posté(e) le 19 décembre 2005 Quen il y a une phrase entre virgule comme ça, cela veut dire qu'on peut la supprimer. Regarde si tu la supprimes, tu remarqueras qu'il manque quelque chose Deux écoles s'affrontent alors : Tu préfères comme ça? Ilia et Kirla se saisirent avec soin de leur arc et, avec d’infinies précautions, encochèrent chacun une flèche. Il manque un 'de' Là je dois avouer prononcer très souvent: "je me rends compte la frayeur que tu as eu", mais je peux aussi prononcer: "de la frayeur..." Arf, je dois avouer ne pas savoir, pour moi les deux se valent, mais la version avec le "de" semble aller un peu mieux (mais ça fait une répétition, horreur ) Sinon, je sens qu'on arrive à la fin de cette première partie Plus que deux ou trois chapitres, il est vrai . Si j'arrive à bein décrire, ça devrait se "limiter" à une soixantaine de pages Word . (sinon beaucoup moins) D'ailleurs bien que j'ai eu du mal à me resituer au départ, j'ai moins de mal avec les personnages Mon prologue a donc servi à quelque chose, mais si tu l'avais lu au début, je pense que tu aurais un peu oublié . Bref, que dire ? Ah oui, c'est ce que je pensais qu'il y avait un lien entre les pères mais tu ne laisses pas d'indices Patience: dans le chapitre des révélations, ce n'est pas pour rien que je me suis interrompu, mais de toute façon, les six compagnons ne le savent pas encore, et ne le sauront pas dans ce premier livre . Ils auront quand même quelques indices . Donc j'attend de voir la suite Elle risque d'attendre une semaine, comme je pars en vacances après-demain. Et puis j'ambitionne de relire tout mon texte pour éviter de petites incohérences, mais quand le texte fait 200 pages, c'est assez démotivant (enfin, 200 pages en taille 12, donc pas mal moins taille 9). Mais ne t'inquiète pas, la suite est (quasiment ) toute tracée dans ma petite tête . Iliaron Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 20 décembre 2005 Auteur Partager Posté(e) le 20 décembre 2005 Et bien, je ne comptais pas écrire une suite ce soir, mais finalement j'ai vraiment eu l'inspiration. Je ne pensais pas écrire cela, mais au moins... enfin vous verrez bien. En espérant vraiment que ça vous plaise, vraiment un des passages dont je suis le plus fier! * * * Au travers des rues, les six se déplaçaient avec célérité, se mouvant d’ombres en ombres tels les bêtes nocturnes à l’approche d’une proie. Effleurant à peine les pavés, survolant les flaques, dépassant la boue, ils s’approchaient du cimetière. Là ils découvriraient les sépultures de leurs amis… Mais voir ces tombes était bien plus que simplement observer une plaque de pierre. Se recueillir devant permettrait de raviver en leur cœur l’image ô combien tenace de leurs anciens compagnons, qu’à chacun de leur geste vivent les pensées des êtres morts. Dans les tombeaux n’étaient pas simplement des squelettes, mais plus encore demeuraient des souvenirs, lambeaux d’une vie passée, voiles d’une époque révolue. Toucher ne serait-ce que la pierre, que les doigts effleurent une demeure éternelle, et les spectres disparaissaient, la rancune s’évanouissait, s’effaçait le désespoir au profit d’une nouvelle joie de vivre, d’un nouvel idéal en présence d’une amitié par delà toute vie et toute mort. Jamais ils n’avaient eu le courage de revenir voir les pierres tombales, ils avaient été encore bien trop choqués juste après l’assassinat de leurs deux amis qu’ils avaient craint de ranimer non pas une seconde vie, mais une douleur tenace et poignante, comme si la simple vision des initiales des deux amis aurait eu le pouvoir d’enfoncer profondément un poignard dans leur cœur, déchirant avec force la demeure d’un ancien bonheur qui s’était perdu dans la mort. Mais ils allaient les revoir ! Après plus de deux mois d’exil et de prison, ils allaient enfin avoir la possibilité de renouer avec cette vie d’antan qu’ils avaient en vain essayé de renier dans d’inutiles tentatives. Oublier ne leur avait point apporté le bonheur ! Ce n’était pas en oubliant la joie que l’on pouvait la ressentir, il fallait l’encourager à prendre place dans son corps, lui faire une place spacieuse Là elle s’enivrerait à tous moments, et enfin se dégagerait de ses entrailles même une délicate volupté, abandon des âmes apaisées. Pierre et Richard avaient vécu en ce lieu, mais ne demeuraient plus que des images, simples squelettes de ceux qui avaient été auparavant des corps, mais plus encore, des esprits altruistes offrant sans compter leur amitié. S’approcher des sépultures n’articulerait pas ces enchevêtrements d’os, et au contraire débarrasserait leur cœur de la morne poussière qui s’était accumulée depuis quelques mois. Partirait enfin le désespoir, pénétreraient avec force les rayons de l’espoir. Tous, sauf Ilia, marchaient sans même s’en rendre compte. Bientôt, très bientôt même, leurs amis se tiendraient en eux, et plus rien ne comptait autre que cela. Seul l’amour avait le pouvoir de les évader du réel pour leur faire parcourir les voies célestes du rêve. Ce n’étaient plus cinq êtres qui se déplaçaient, mais cinq lumières, réceptacles des sentiments les plus bénéfiques, qui volaient au-dessus du bourbier infect de la misère. Ils passèrent un large porche, entrouvert en cette heure de la nuit, et foulèrent une herbe encore douce malgré l’hiver approchant. Sous la lumière ténue de quelques lanternes éloignées, ils distinguèrent des bosquets de fleurs qui s’enroulaient les uns autours des autres, myriades de roses et de coquelicots, tels des serpents s’enchevêtrant en un combat à mort. Les larges ombres s’arrêtaient sur des hyacinthes dont les pétales violets s’étendaient vers le ciel en une lancinante prière. A leur gauche l’Eglise était seulement illuminée d’une bougie, dont la flamme dansante projetait des filets de ténèbres se mouvant au gré du vent. Le dessin sur la porte rougeoyait légèrement, et un serpent apparaissait, dague dans ses crocs venimeux, chevauchant un fier destrier. Les reflets changeants donnaient l’impression à la monture d’être lancée en plein galop, et le serpent semblait se précipiter vers eux, soit pour leur offrir protection, ou mort. Seul Ilia observa un instant cet emblème, qui lui rappelait fortement celle de Mormundes – sûrement une origine commune, songea-t-il - avant de se détourner et de suivre ses compagnons dans de larges escaliers gravillonnés en direction du cimetière. Courrant, il culbuta par mégarde contre Kirla, mais devant le regard sévère de ce dernier il ne pipa mot. Regardant dans la direction où tous s’étaient figés, il remarqua une forme proche d’une tombe. Quelqu’un priait au pied d’une des sépultures. Cela ne les aurait d’habitude nullement gêné, mais à cette heure de la nuit, ils ne purent empêcher leur curiosité de s’éveiller. Ils firent rapidement comprendre à Ilia qu’avant de voir les deux tombeaux, ils devaient reconnaître l’homme afin d’aviser. Mais l’être, écroulé sur la tombe, ne semblait vraiment pas prêt à partir… A son tour Ilia fixa l’homme. Son contour lui apparaissait, à son invraisemblable surprise, familier ! Avec le peu d’hommes qu’il avait vu, ce serait bien sa veine s’il tombait sur un visage connu… Une crainte sourde lui murmura que si son meilleur ami était un homme, lui aussi pouvait l’être, mais par une violente inflexion de la pensée, il fit taire ce chuchotement dérangeant. Déjà qu’il ne croyait même pas que Kirla puisse être Kev, alors que lui, Ath, soit un homme, il n’osait même pas y penser. Il se moqua un moment de lui-même et de ses craintes stupides : il flanchait simplement pour un visage très vaguement familier, alors que Kirla, deux fois plus jeune que lui, avait résisté à un doute permanent et pour le moins consistant. Etait-il donc si faible que cela ? Par sa manière de se comporter, vraiment, il faisait honte à ses amis. D’autant plus qu’il avait le pouvoir d’apercevoir ce visage. Jamais il n’avait réalisé ce tour, et jamais non plus il n’avait usé de sorts en dehors de la Loriath, mais il pouvait bien tenter… Il se recula jusqu’au jardin précédemment traversé, et s’assit dans l’herbe, au contact des fleurs. Pour voir, il avait besoin de clarté, mais cette lueur ne devait s’exprimer que dans ses yeux ! Sinon s’il se mettait à faire jour en pleine nuit, les hommes se mettraient peut-être à avoir des soupçons, ironisa-t-il intérieurement. Il se saisit d’une rose dans chaque main, les plus claires possibles, afin d’accroître son pouvoir. Auparavant il était toujours parvenu à lancer ses sorts très rapidement, mais en pleine Loriath, là où le pouvoir de l’Esprit était le plus fort. Légèrement craintif à l’idée de lancer un sort, et à la potentialité de le manquer, il fixa désespérément l’être. Rien à faire, il ne le voyait pas. Il hésita un autre instant, songeant que l’homme pouvait bien partir d’un instant à l’autre. L’ennui était que dans ses sanglots, il n’avait encore fait un geste. Visiblement passer la nuit en ce lieu ne le dérangeait pas outre mesure, et seul semblait escompter d’être proche d’anciennes amitiés. Il n’avait pas le choix, se résigna alors Ilia. S’il voulait partir à temps de cette maudite ville, il devait lancer ce sort ! Il détestait cela, surtout que lancer un sort sur soi-même, et non sur un objet ou un être proche, était bien plus complexe : en cas d’erreur, personne pour rattraper… Se donnant du courage, il plongea sa tête dans l’herbe mouillée ; ce que penseraient ses amis ne l’intéressait guère. En cas de succès, ils oublieraient bien vite ! Mais seulement en cas de succès… Oublier, il devait oublier toute crainte ! Les deux seules autres fois où il avait lancé un sort, il n’avait même pas eu le temps de penser à ce qu’il faisait, la situation était bien trop urgente pour douter. Mais là il avait malheureusement tout loisir de douter… Mais aussi il avait le temps de réaliser parfaitement son sortilège ! Il n’avait que trop attendu, il devait maintenant se lancer. Et advienne que pourra, tant que cela lui permettait de voir le visage de l’homme ! Il serra de toutes ses forces les roses, puis, fermant les yeux, murmura dans la brise environnante : « - Par le pouvoir de l’Esprit, toi qui donne espoir aux Aths, toi qui anime la Loriath, répands ta lumière dans mes yeux. Que dans les ténèbres d’Althior je vois comme en plein jour ! » Rouvrant les yeux, il chancela et tomba en arrière. Il n’aurait pensé que le sort serait si puissant. Il en était aveuglé ! Tout lui semblait si pâle, et si déformé… Où qu’il tournât la tête, ses sens bourdonnaient et le paysage semblait animé d’une vie propre et battre au rythme d’un pouls intérieur. Les tombes semblaient se mouvoir, ballottées au rythme de vagues, et s’écrasant le long de récifs. Il aperçut enfin l’homme, et le fixa avec intensité. A peine ses pupilles s’étaient posées sur l’être qu’il eut l’impression d’avoir été catapulté face à face avec l’homme, et que seuls quelques centimètres les séparaient l’un de l’autre… Au prix d’une ferme et exténuante volonté, il parvint à forcer ses yeux à obéir à son esprit, et l’espace d’un instant le regard de la personne lui apparut comme en plein jour : ses yeux étaient bleus, et il se souvint les avoir vus quelques instants auparavant emplies d’une rage sans nom… S’efforçant de garder encore un instant le don de vision de l’Esprit, il décala son regard vers les cheveux de l’être. Ils étaient noirs, exactement du même noir que le père de Kirla… Il ferma finalement les yeux, et s’écroula en arrière dans les bosquets de fleurs, absolument épuisé. Réclamer une magie si puissante loin de la Loriath l’avait vidé de toute son énergie intérieure, et il resta quelques minutes, yeux fermés, afin de se régénérer légèrement, et d’avoir la force de se lever… S’il avait connu la force du sortilège, il aurait sûrement été moins hyperbolique dans sa demande ! Réclamer une lumière pour voir dans les ténèbres d’Althior, voilà qui était bien trop important pour la nuit environnante ! Il devait vraiment apprendre à maîtriser cette magie, même loin de la Loriath, elle était encore vraiment puissante ! Il ne l’avait encore jamais réalisé avec un sortilège si complexe – n’ayant jamais vraiment eu le temps- et le résultat l’avait pour le moins stupéfié. Voilà qui offrait de nouvelles possibilités, pensa-t-il un instant avec joie en s’abandonnant à ses rêves les plus chers. Faire revivre la Loriath et la guérir de ses maux, ramener Kirla dans la tribu d’Älthwé et se débarrasser de ces hommes… Oui, ne plus avoir à les supporter, voilà qui serait bien… Il se releva aussitôt, transpirant. Jamais plus il ne devait rêver comme il l’avait fait, jamais plus il ne devait faire appel aux sorts ! Le pouvoir de ces derniers était bien trop puissant, et prenait la place de sa propre conscience ! Jamais, malgré ce qu’il avait longtemps cru, il n’avait réellement songé à tuer les hommes ! Et voilà que par la faute d’un sort cette possibilité s’exprimait pleinement. La Loriath était pleine de rancœur, elle avait tant souffert des hommes dans le passé, et ne désirait plus que se venger. Il devait prendre garde, car au lieu d’être un Ath émérite maniant avec dextérité des sorts, il risquait bien de devenir le pantin de la Loriath. Mais non pas de la Loriath qu’il chérissait, celle au bonheur renouvelé, mais d’une Loriath qu’il ne connaissait, agressive, dangereuse… Et assez fourbe pour tromper même les Aths… Quel était donc le pouvoir qui avait contraint la Loriath à agir contre sa propre volonté, il ne le savait aucunement. Mais il était intimement persuadé que même violée et anéantie par les hommes, jamais en son sein ne pourrait germer la haine. L’Esprit était l’incarnation même de toutes les pensées les plus pures ; la haine était l plus corrupteur des jugements… Jamais en des temps normaux un sentiment de rage n’aurait dû le parcourir après avoir lancé un sort… Mais les temps étaient de moins en moins normaux, et toutes les bases sur lesquelles il avait bâti sa vie s’écroulaient les unes après les autres. Bientôt le monde tel qu’il l’avait connu allait disparaître, la grâce des Aths anéanti, et les valeurs immaculées tâchées… Un pouvoir était à l’œuvre, bien plus terrifiant que tout ce qu’il avait auparavant songé. Une force telle que toute opposition était dérisoire, tout conflit serait balayé comme le zéphyr contraint les nuages. Une puissance capable de soumettre l’Esprit de la Loriath, et au vu des méfaits déjà commis, les hommes et leurs royaumes. Une aura annihilant celle des Dieux, triomphant de toutes résistances, répandant son empire sous ses larges ailes. Une vision d’apocalypse envahit Ilia, qui imagina la Loriath livrée aux flammes en un Althior continuel, les habitats brûleraient, les Aths prieraient et pleureraient, l’ennemi vaincrait… Il sanglota doucement, refusant que cette crainte se réalise un jour. Il ne savait de quelle manière il pouvait lutter, mais il le devait. Quitte à en mourir, toute sa vie serait vouée à la lutte sans relâche contre les ténèbres. Il rouvrit les yeux pour se voir avec un certain soulagement dans le cimetière. Même être dans une ville d’homme n’était plus un problème. Il serait une époque où Aths et hommes devraient s’unir, et ce temps là approchait chaque jour de plus en plus. Du Sud il imaginait déjà un spectre noir étendre ses ailes noires et griffues par-delà montagnes et forêts. Il se releva, et redescendit les escaliers, encore troublé par ce cauchemar qu’il venait de ressentir. Il devait être fort et ne perdre aucun temps ! Plus vite ils rejoindraient la Loriath, et plus vite il pourrait mener son enquête pour découvrir les causes de cette gangrène qui soumettait toute puissance en ce monde. Ils avaient bien remarqué que la forêt était malade, maintenant ils devaient en découvrir la cause. Il avait bien une petite idée, mais cette dernière gagnerait à être d’abord complétée par quelques indices… Et cela serait toujours le démarrage d’une longue quête semée d’embûches. Il s’arrêta au niveau des hommes, et d’une voix où il se força à être le plus inexpressif, murmura : « - C’est le père à Kirla. » Cette phrase, pourtant lui apparaissant si dérisoire, résonna encore longtemps dans son esprit. C’était un signe. Le signe que la magie pourrait toujours les aider à dénicher les indices où qu’ils se situent. Pour les deux actes magiques, ils sont décris, à vous de les trouver. Un est très simple à trouver, l'autre un peu plus dur... En fait, ça renvoit pas mal au début du texte Mon histoire étant lancée, je vais enfin pouvoir me mettre à vraiment écrire l'histoire . Voilà qui fait plaisir, les choses se mettent à avancer. Iliaron Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 21 décembre 2005 Partager Posté(e) le 21 décembre 2005 ombres tels les bêtes nocturnes à l’approche d’une proie Je modifirai cette phrase en : ombres telle une bête à l'approche d'une proie ( un comportement unique s'appliquant au groupe ) ou ombres tels des bêtes nocturnes à l'approche d'une proie Là ils découvriraient les sépultures de leurs amis Là, ils découvriraient place dans son corps, lui faire une place spacieuse Là elle s’enivrerait à tous moments, Il manque un point Bon sinon, c'est pas mal ! Mais... mais... mais ! Avis purement personnel C'est les longues descriptions... Bah je n'aime pas forcement ca Surtout quand ca prend une grande partie du texte. Au bout d'un moment, je commence à sauter des lignes ! Mais rien de grave, vu que je reviens toujous dessus Sinon ( cette remarque concerne le début hein ) a partir de la moitié, ca devient beaucoup mieux et on sent que les choses finissent enfin par bouger :'( Alors lance nous voir l'histoire.. @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 21 décembre 2005 Auteur Partager Posté(e) le 21 décembre 2005 Surtout quand ca prend une grande partie du texte. Au bout d'un moment, je commence à sauter des lignes ! Mais rien de grave, vu que je reviens toujous dessus Seulement une page Word . Et puis j'y tiens, je trouvais cela assez réussi . a partir de la moitié, ca devient beaucoup mieux et on sent que les choses finissent enfin par bouger Alors lance nous voir l'histoire.. Hou la, pas tant d'optimisme, il leur faut déjà sortir de Skefoy . J'ajoute la courte suite pour te faire patienter, comme je pars demain. A ce propos, petite anecdote: mon document Word est tellement grand que Word ne peut plus gérer l'affichage de toutes les fautes (globalement, les noms), donc je n'ai plus du tout de correction orthographique . Faut vraiment que je scinde mon texte en plusieurs parties _____________________________________________________________________________ Bonne lecture * * * Les six compagnons s’avancèrent silencieusement jusqu’aux tombes, avant de s’arrêter, émus. Durant un instant qui leur sembla bien trop court, il leur sembla que Pierre et Richard se mouvaient juste devant eux, s’approchaient et leur tendaient la main. Pierre avait le bilboquet en main, et défiait Kev avec le sourire. Richard possédait un panier empli de champignons, et s’était débarrassé de son malheur. Ils riaient et plaisantaient comme jamais ils ne se l’étaient permis, la joie s’écoulait en eux en un éternel torrent tumultueux. Ils savaient bien que tout cela n’était qu’un rêve, et pourtant ces instants leur semblèrent comme réels. Ils sentirent leur cœur s’éveiller à un nouveau bonheur, comprenant que réellement leurs deux amis étaient en eux, leurs âmes encore vivantes. C’était une force, une bénédiction sur laquelle ils pourraient toujours compter. Ils ne pouvaient plus être seuls : où qu’ils iraient, Pierre et Richard les accompagneraient fidèlement. Ni les uns ni les autres ne se trahiraient jamais ! Ils restèrent encore de nombreuses minutes, insouciants et rêvant d’avant l’assassinat. Regrettaient-ils pour autant cet acte de barbarie ? Pour la première fois, ils comprirent que la vie pouvait quand même continuer, que la joie devait encore être recherchée, et la lutte pour le bien menée ! Leurs amis étaient morts, ils devaient vivre en conséquence ; vivre, non pas désespérer. Un nouvel espoir s’instaura en leurs cœurs, et ils sentirent un pouvoir les envahir. Ils n’étaient pas plusieurs entités luttant contre les ténèbres sans pouvoir s’aider, mais ils formaient un tout dans lequel ils avaient toute confiance. Finalement, mettant fin à ces heureuses et optimistes pensées, ils se relevèrent. Geoffroy murmura alors : « - Je me demande quand même ce qu’avait jeté le duc… » « - De quoi tu parles ? » questionna aussitôt Arthur, qui lors de l’enterrement avait été bien trop occupé par sa propre peine pour regarder les gestes des gens assemblés autour de lui. « - Les parchemins qu’il a jeté » répondit Mav. « Ca m’avait moi aussi interpellé… » laissa-t-il en suspens. « - Ca avait un rapport avec Pierre et Richard, cela, c’est absolument sûr… » avança Geoffroy, perdu dans ses pensées. « - Sûrement l’acte selon lequel il s’engageait à prendre soin d’eux… » « - J’y avais songé… Mais il a jeté dans chaque tombe deux parchemins… C’est ce deuxième qui m’attire… » « - Je crains qu’on ne le sache jamais : il est trop imprudent d’aller demander au duc… » « - Je sais Mav, je sais… C’était juste un souhait » finit-il en un soupir. « Le souhait de comprendre les raisons de la mort de nos deux amis. J’ai tout aussi envie que vous de battre leurs agresseurs, mais s’il était simplement possible d’avoir des pistes, cela serait si bien… » Mav s’approcha finalement et serra contre lui Geoffroy. Il murmura alors à son oreille avec une voix teintée d’une telle confiance qu’elle insuffla un nouveau courage là où une sinistre lassitude avait pris place. « - Et on va les trouver, je te le jure, on va les trouver ! Quitte à y passer des années, mais on les dénichera ces indices ! » Un silence régna durant quelques secondes. Ilia remercia intérieurement Mav. Il avait un allié pour sa quête ! Certes ils ne cherchaient pas les mêmes choses, mais ils pouvaient s’entre aider ; à deux ils seraient plus forts que seuls. Il souffla finalement au groupe : « - Ecoutez, je vais aller m’approcher du père à Kirla. Lui ne m’a jamais vu, alors que s’il vous reconnaît, je ne donne pas cher de nos chances de retour… et de découvertes » ajouta-t-il. « - Vas-y donc » répondit aussitôt Mav. « Dis-nous sur quel tombe il pleure. » Ilia s’écarta du groupe, avant que Mav ne finisse : « - Je crains savoir quels noms sont gravés… Si c’est ce que je pense, ça nous laissera pas mal de lattitudes… » « - Tu penses quoi ? » s’enquit Arthur. « - Je préfère ne pas le dire, je peux me tromper. » « - Je déteste que d’autres que moi fassent ça » se moqua alors silencieusement Geoffroy. « Enfin, je dois quand même le mériter… » Quelques instants plus tard Ilia revint, affichant une tête étrange, les yeux exorbités comme si ce qu’il venait de découvrir l’avait destabilisé au plus haut point. A son regard, Mav comprit que son intuition était bonne, et il demanda aussitôt : « - Etait-ce sa tombe ? » Il fit un geste de la tête en direction de Kirla. Ilia acquiesça sans un bruit, au contraire des quatre autres qui ne purent réprimer un murmure de surprise. « - Ca doit être une erreur » songea Arthur. « - Et à côté étaient aussi vos tombes. » Geoffroy saisit aussitôt le message que venait de délivrer l’elfe, et ironisa : « - C’est vrai que ces derniers temps je trouvais mon teint un peu pâle. Je comprends enfin » finit-il avec un regard forcé de profonde réflexion. « - D’ailleurs, de très nombreuses autres tombes sont datées exactement du même jour ! » conclut Ilia. Mav expliqua en quelques mots à l’Ath la raison, et ce dernier hocha de la tête, avant de reprendre : « - C’était astucieux de partir un soir de bataille… Ni vu ni connu ! Maintenant vous êtes donc libres de faire ce que vous voulez, vous n’existez même plus. » « - Merci bien » fit semblant de se fâcher Geoffroy. « Ce n’est pas parce que j’ai un tombeau que je suis mort. » « - Dis-toi que nos bières sont déjà préparés, on est sûr que l’on aura un caveau… » signifia avec le sourire Mav, que la situation, au contraire de l’attrister, lui donnait un invraisemblable sentiment de liberté. Maintenant qu’ils étaient considérés comme morts, plus un asassin ne chercherait à les poursuivre pour les tuer, ce serait un tel non-sens ! « - On devrait peut-être sortir du cimetière… Je n’ai pas envie que mon père me voie » prononça Kirla avec une voix légèrement larmoyante. Tous comprirent que son vœu le plus cher était justement de voir son père, mais il ne pouvait se le permettre. « - Dis-toi quand même que tu as son amour. » le rassura Mav. « Jamais je n’aurais cru qu’il t’aimait, surtout que la première fois que je l’ai vu, cela s’était plutôt mal passé pour toi ! Finalement les cœurs sont bien plus purs et tendres que l’on pourrait le croire de prime abord » acheva-t-il en une note d’espoir. Désolé, au début, encore un peu d'impro sur l'amitié, mais tu remarqueras que cela a un lien avec l'action... Comment ça, moi, je cherches les 'tites bêtes :'( . Iliaron Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 21 décembre 2005 Partager Posté(e) le 21 décembre 2005 plus un asassin ne chercherait à les poursuivre pour les tuer, ce serait un tel non-sens ! Je n’ai pas envie que mon père me voie Allez, deux petites fautes :'( Sympa comme suite, courte sympa J'ai pas trop de choses à dire ! J'attends de voir la suite ou on apprendra que le pere regarde la tombe des autres pères Allez, (enfin je crois que c'est ca ) Souiteuh ! @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 4 janvier 2006 Auteur Partager Posté(e) le 4 janvier 2006 Après une légère pause pendant les vacances pour cause de départ chez mes grand-parents, de gastros à répétition dans la famille, et de réécriture du chapitre III de la partie I en entier (qui désormais fait plus de 20 pages , amis il faut que je le relise ), j'ai reprit la suite. Vous aviez dut remarquer que là j'étais bien lancé dans les révélations, alors je continue . J'ai quitté mon idée du tout tout début quand je débutais à écrire où je semais des indices très (trop ) finement cachés, et à vous de les trouver. Là c'est simple, mais j'espère que ça crée du suspense (c'est tout du moins le but ) Bonne lecture à mon lecteur unique (pour l'instant, mais j'ai eu l'assurance d'autres qu'ils liraient mon texte... mais il fait sa longueur ) et favori (il risque de le rester par contre ) lecteur. Après un dernier regard en direction de son père, Kirla, suivi de ses cinq amis, sortit du cimetière. Ils passèrent une nouvelle fois les jardins en sens inverses, avant d’arriver au niveau de la rue. Là Kirla s’arrêta, avant de se prendre la tête dans ses bras avec un cri étouffé. Dans l’obscurité environnante, nul ne put voir la cause de ce soudain effondrement, et les hommes défourrèrent leurs armes avec célérité, se préparant à tout effondrement. Ilia, de son côté, s’approcha de son ami, et lui souffla : « - Allons, ça va aller, je comprends… » « - Non, tu ne peux comprendre. » La voix de Kirla était brisée, et il s’étouffait avec ses propres sanglots. Les hommes, saisissant enfin la cause de ce brusque arrêt, rengainèrent leurs armes pour ne pas attirer l’attention. « Tu ne peux comprendre ce que ça fait d’avoir deux pères ! Encore avoir deux vies, j’étais parvenu à l’accepter, mais là, je me sens déchiré entre deux familles que tout oppose. J’aime mon père, Kirl j’entends. Lui aussi d’ailleurs. Et voilà que celui-là, mon probable géniteur dont je ne connais même pas le nom, débarque. Si encore il me haïssait, je n’aurais plus de dilemme, je saurais où vivre ! Mais là, je doute, tu ne peux savoir à quel point je doute ! » Ilia passa un instant sa main droite dans son dos, atterré, avant de répondre, en cherchant au mieux ses mots. « - Kirla, sache que tu es mon ami, et tu le resteras toujours, quoique nos destins décident. Que tu sois un homme ou un Ath n’est finalement en soi pas si important, ce qui fait un être n’est pas sa lignée mais son cœur. Pour l’instant, le tien a tenu bon envers tous les doutes ! Rappelle-toi, il y a à peine quelques mois tu étais terrifié à l’idée de partir en guerre, ce que je comprends, ne t’inquiète pas ; et depuis des semaines tu ne cesses plus de m’épater ! Tu luttes à un doute permanent là où bon nombre de gens auraient mis fin à cette situation, et vraisemblablement à leur vie… Tu as évolué, rends-toi en compte, évolué d’une manière impressionnante, presque… surnaturelle ! Je dois avouer que moi-même j’ai craint à de très nombreux moments que tu ne flanches, et mes nuits ont été perturbés par de sombres présages. Mais nul ne s’est réalisé, tu as vaillamment résisté, bien mieux que je ne l’aurais fait. Bien mieux que nous ne l’aurions tous fait ! » ajouta-t-il en se reculant et en fixant avec force le regard de Kirla. Dans la nuit, il ne voyait rien d’autre que deux points lumineux, reflets de rayons de lanternes venus s’égarer parmi les larmes de son ami, mais cela lui suffit à avoir la force de continuer son discours. Le torrent tumultueux qui s’était écoulé au travers des yeux de Kirla s’était tari, mais encore un mince filet d’eau persistait. A lui de le faire cesser ! « Je sais maintenant que tu auras la force de combattre ce nouveau malheur. Les destins sont bien cruels à ton encontre, mais rarement ils ont dû subir un tel affront ! Tu n’as jamais abandonné, et pourtant rien n’a été bon pour toi depuis quelques mois. Tu t’es relevé, et a toujours vaincu. Ce n’est pas maintenant que tu ne flancheras, n’est-ce pas que ce n’est pas à celle là que tu flancheras ! » Sa voix était devenue intimidante, comme s’il cherchait à forcer la fatalité à abandonner l’âme de son compagnon. « - Mais j’ai laissé tant de forces dans tous ces doutes. Je suis épuisé, abattu par tout ce qui se joue de moi. Je n’en peux plus ! » « - Mais tu le pourras encore ! Si tu abandonnes maintenant, jamais nous ne pourrons triompher des agresseurs, jamais nous ne pourrons évincer l’auteur de ce doute. » « - Je ne suis plus sûr d’avoir la force de continuer » se lamenta Kirla faiblement. « - Oh que si tu l’as, crois-moi ! » « - Vraiment ? » demanda Kirla. Sa voix ne contenait aucune nuance de défi, mais seulement le désespoir s’y lisait. Une souffrance poignante émanait de sa faiblesse, à laquelle aucun de ses cinq amis ne fut insensible. « - Oui » ajouta après un silence pesant Kirla avec une voix forte, non pas triomphale, mais assurée, « je le suis. Tant que nous continuerons notre périple pour que tu retrouves ta réelle mémoire, tant que nous cinq nous avancerons, tu resteras auprès de nous. Cela, j’en suis sûr : l’amitié que tu nous portes est telle que pour rien au monde tu ne la laisserais se désagréger ! Tu sais parfaitement que si tu abandonnes, ta situation ne s’améliorera jamais. Tu sais aussi qu’une grande partie de ton bonheur, tu le tiens de notre présence. Tu as une âme puissante, très puissante pour pouvoir lutter à tous les maléfices qui te perturbent, pour… » Il fut sur le point d’ajouter : pour lutter aux sorts de magie noire lancés dans ton esprit. Il avait mis du temps pour en être sûr, mais cela l’était finalement forcément. Jamais un être ne pouvait avoir deux consciences en même temps sans que lui en ait été bourrée une par usage de sortilèges. Mais la magie Athienne ne connaissait aucun sort aussi dangereux pour la victime. Seule une autre magie avait pu le faire, une magie dont aucun Ath n’avait eu la confirmation et que même parmi les lanceurs de sorts le nom était prononcé avec terreur. Magie noire, ou magie de l’Aube. Kirla avait réellement une résistance hors du commun face à cette magie maléfique, ou tout son esprit se serait laissait corrompre avec aisance, et jamais ses amis ne s’en seraient rendus compte. Comme tout artifice, il s’insinuait par toutes les brèches sans qu’une quelconque vigilance ne puisse être apportée contre. L’esprit de Kirla n’avait pas une faille ! Et s’ils luttaient encore, c’était bien pour éradiquer cette magie avant qu’elle ne vienne finalement à bout du rempart intérieur de son ami ! « - Oui ? » murmura Kirla Ilia reprit alors conscience de la discussion. Toutes ces pensées avaient été extrêmement rapides, mais elles lui avaient fait oublier le présent. « - Où en étais-je déjà ? Ah oui » se souvint-il finalement, « Tu as une âme puissante, dis-toi le bien. Mais sans le bonheur que tu vis, ou plutôt » rectifia-t-il après un léger ricanement attristé de Kirla, « avec le malheur que tu vivrais en notre absence, tu serais plus faible, crois-moi. » Il cessa de prendre son ton solennel, pour clore avec un ton amical : « et sans ta compagnie, la vie serait quand même moins drôle. » Il fit un clin d’œil en direction de Kirla, que ce dernier ne vit pas. Mais l’intonation l’avait convaincue. « - Oui, tu as bien raison, je continuerais, quoiqu’il se passe ! Il faut croire que tu me connais mieux que je ne me connais. » Il se releva, avant de prononcer d’une voix légèrement dépité : « Alors en route, et de suite ! » « - Surtout que l’aube sera bientôt là » leur fit remarquer Mav. « - On repart de suite en Loriath ? » questionna alors Ilia, ne parvenant à cacher le bonheur qu’il éprouvait à cette idée. « - Pourquoi rester plus longtemps ? On ne peut ici rien faire de plus » ajouta Mav, qui cherchait à consolider l’amitié naissante avec Ilia. « - Et on a promis de revenir en Loriath » compléta Geoffroy avec la même intention, ce qui ne l’empêcha pas par tradition d’ajouter avec ironie : « mais une promesse se brise, et rester ici ne me déplairait pas. » Il finit sur un ton nettement plus sérieux, ne voulant pas non plus faire éclater ce cercle d’amitiés par faute de son humour grinçant. « Kirla a juré de nous suivre où que nous allions. Il nous incombe donc de le mener là où il le faudra, là où… » « - Là où aura lieu la première confrontation. » éluda Ilia. « - Nous avons quelque chose à faire avant » annonça alors Arthur. Il regarda Gontrand, avant d’expliquer simplement : « les flèches. » « - Exact… » souffla Geoffroy, serrant les poings. « - J’avais essayé d’oublier cette sombre vengeance… » murmura Mav. « Je comptais écouter le prêtre, oublier ceux qui ont tué Pierre et Richard et me concentrer sur ceux à l’origine du malaise de Kev ! » « - L’heure de la vengeance a sonné pourtant ! » leur apprit Arthur. « Nous nous étions nous quatre jurés dans les cachots qu’une fois Kev r’trouvé, on s’attaqu’rait aux assassins. » « - Je regrette presque maintenant » gémit Mav. « - Désolé de poser une question aussi franche, mais comment sont-ils morts ? » « - Par des flèches… par des flèches vertes. » Ilia ravala une nouvelle fois un léger malaise, pour dire : « - Cela, je le sais, vous l’avez dit une fois. Ce que je demande, c’est de quelle manière ? Lors d’une bataille, lors d’une émeute en ville, ou bien en embuscade, à l’improviste, sans que vous ne puissiez vous préparer ? » « - Lâchement abattu à distance par des traîtres qui se cachaient. Nous étions en train de bivouaquer tranquillement. » lui apprit avec fatalité Mav. « - Alors je crains que leur meurtre et la double identité de Kirla ne soient liés. Mais ce n’est qu’une intuition. » « - Comment ça ? » rugirent les compagnons, mais surtout Arthur. « - Cela ferait trop de coïncidences. » « - Et ? » s’enquirent avec empressement les cinq. « - C’est tout. Je vous l’ai dit, ce n’est qu’une intuition » leur assura Ilia. En réalité il mentait. Ils en avaient trop dit, tout du moins trop pour qu’il puisse garder la tête haute à l’idée d’être un elfe. A sa connaissance, seuls les Aths usaient de flèches au plumage verdoyant, personne d’autre n’avait d’ailleurs une telle dextérité à l’arc… A Kirla avait été donné une nouvelle personnalité, celle d’un homme. Mais de pas n’importe quel homme, un des rares à côtoyer Pierre et Richard, et le seul à avoir été capturé par les mercenaires, aussi habillés de vert, et à ne pas avoir été vendu à Malak – ce que les hommes avaient dit un jour à Kirla pour qu’il se rappelle de ses racines. Mais il n’y avait plus de passé auquel se rattacher, plus qu’un futur incertain dans lequel lutter… Pourtant, il manquait une pierre dans son raisonnement. Inutile de se demander comment, il ne saurait probablement jamais par quelle manière les êtres avaient réalisé leurs prodiges. Mais pourquoi ? Pourquoi donc un Ath s’abaisserait à sortir de la Loriath pour tuer des hommes, ainsi que leurs descendances. Certes les hommes n’étaient vraiment pas considérés comme importants et utiles par les elfes, mais tout de même ! Et ensuite, pourquoi donc semer le doute chez un Ath… Qui donc avait le pouvoir de sortir de la Loriath sans attirer le soupçon chez ses congénères. Il se souvint d’un détail, d’un détail ancien… Cela ne pouvait être ! Il ravala ses sanglots, et songea avec fatalité, non sans avoir cherché vainement à réfuter l’idée par tout ce qui lui venait en mémoire : cela était. Tout s’assemblait parfaitement, même s’il ne parvenait pas encore à saisir le sens de toutes ces actions si étrangères entre elles. Cela le dépassait totalement. S’il avait su, s’il pouvait savoir ! Son regard croisa celui de Kirla. Il pouvait savoir ! Il suffisait de lancer un sort… Non, cela était bien trop dangereux ! Il s’était juré de ne plus en jeter un seul. Certes l’idée de découvrir tout ce qu’il se passait dans l’esprit de Kirla, et s’il était un Ath ou un homme, était attrayante. Pourtant, même sans le danger du sortilège en lui-même, il ne le réaliserait jamais. Non, il n’irait pas voir en Kirla et y trouver des réponses. Il serait alors pire que les agresseurs, et se servirait de Kirla d’une manière encore plus fourbe qu’eux ! Kirla avait droit à ses secrets, même si cela mettait sûrement en péril toutes leurs vies… Je pense qu'en l'état il est quand même dur de savoier qui c'est . Si tu as une idée Inxi, je veux bien que tu m'envoies un MP. Si tu trouves sans aucun problème, il faudra que je modifie deux trois trucs . Iliaron Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 4 janvier 2006 Partager Posté(e) le 4 janvier 2006 Là Kirla s’arrêta, avant de se prendre la tête dans ses Il manque une virgule après le Là Tu ne peux comprendre ce que ça fait d’avoir deux pères ! Ca fait quand meme ambigu Pour l’instant, le tien a tenu bon envers tous les doutes A tenu bon face à tous tes Je pense qu'en l'état il est quand même dur de savoier qui c'est Une idée ! Bon c'est pas mal ! Ca papote encore plus que ca agi mais c'est bien Vivement la suite pour savoir si c'est juste ! Et aussi pour savoir qui sont les agresseurs ! Pourquoi les papas sont morts ? Pourquoi avoir attaqué les autres ! Enfin je veux toutes ces réponses alors grouille !!!!!!! @+ -= Inxi, chouette, une revenant =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 6 janvier 2006 Auteur Partager Posté(e) le 6 janvier 2006 Une suite, mais d'abord, je réponds: Ca fait quand meme ambigu Pourquoi ? A tenu bon face à tous tes Je préfère le "les" qui est bien plus général . -= Inxi, chouette, une revenant =- Je n'étais pas non plus vraiment parti, hein . Du moins si peu . (suis-je donc important au point que quinze jours d'absence me fassent passer pour un réveillon) En fait, je vais lire la suite de ton récit, mais ces derniers temps s'était soit écriture, soit lecture (à part hier soir, mais à 21h il a fallu que j'aille quand même manger ) Bonne lecture * * * Les six compagnons se trouvaient dans une maison posée contre la muraille intérieure. Pour autant jamais en ces lieux un ennemi n’avait eu le loisir de poser un pied, ni même d’atteindre le haut des remparts. En effet, une seconde rangée de murailles encerclait quelques champs, les plus fertiles, de manière à se protéger d’éventuels risques de sièges. D’ailleurs, la protection de ces murailles basses était si efficace que des habitations s’étaient implantés, d’abord tout contre les murailles intérieures, puis au milieu des champs. Ce passage entre Skefoy même et ses champs n’était en vérité plus gardé, tant les échanges étaient nombreux, même la nuit – de très bonnes tavernes et auberges se situant de chacun des côtés - , et des ivrognes déambulaient par l’allée par paquets entiers sans jamais être inquiétés d’une quelconque remarque. Tant et si bien que ce lieu avait été surnommé « la Traverse du bonheur ». D’autres appellations avaient été données par la bourgeoisie de la rue gênée par la cacophonie ambiante. Elles étaient bien moins reluisante – et pourtant ô combien plus justes – telles « Allée des malades », « Voie de la vomissure » et, un jour d’inspiration, un de ces nobles avait eu un peu de lyrisme et l’avait appelé « Paradis des enfers ». La maison de Gontrand se situait donc fort proche de ce lieu, en réalité juste assez éloigné pour se protéger légèrement du bruit, mais surtout de l’odeur assez peu engageante. « - Quelle est donc cette mélodie dans la distance ? » s’enquit candidement Ilia, alors qu’ils entraient dans la masure de l’homme. « - Des vrais d’vrais d’tav… » commença à rugir Arthur. « - Absolument rien » le coupa en s’empourprant Mav. L’Ath était parvenu à supporter une grande partie de la civilisation humaine, mais il ne fallait quand même pas trop lui en demander… Il y eut un instant de flottement lorsque Gontrand tendit les deux flèches devant lui. Toute capacité de parole sembla les avoir quitté, et ils n’ouïrent même plus les bruits au loin. Ainsi c’étaient ces deux traits qui avaient ôtés les vies de Pierre et Richard. Ces deux flèches étaient à la fois naissance et aboutissement : d’elles était naît des souffrances, des tortures qu’ils n’avaient jamais imaginé, mais aussi une amitié entre deux peuples, prodige qui n’avait jusque là jamais été réalisé ; et d’elles était mort et mourrait la vie. Ilia décelait même sur les deux faces argentées l’éclat pernicieux du désespoir, et les rebords affûtés semblaient les seules échappatoires à cette souffrance. Ainsi seule la mort pouvait guérir les malheurs… Mais de la pointe, songea-t-il encore, était naît la situation qu’il vivait actuellement. Sans ces flèches, jamais il ne se trouverait en ce lieu, jamais il n’aurait sympathisé avec des hommes. Mais jamais non plus il n’aurait à supporter une telle souffrance, une telle crainte du futur. Il vivrait encore paisiblement… Mais le désirait-il réellement ? La situation serait la même, sauf que d’autres souffriraient à sa place… Il lui était donné une chance, celle d’agir sur son destin. Il avait la possibilité de marquer les événements de sa marque, alors que si ces flèches n’avaient existé, le danger qui menaçait leur civilisation ne lui serait jamais apparu, et aurait pu croître librement. De cela, il ne le voulait pas ! Il n’était pas encore trop tard pour inverser le cours des événements, alors que sans les deux traits, il aurait été trop tard. Deux hommes en étaient morts, mais cette mort avait le mérite d’être à l’origine d’une rébellion protectrice ! Que leur groupe triomphe ou ne soit battu, il n’en avait aucune idée. Mais il possédait au moins le pouvoir d’agir à l’intérieur de ce groupe, de défendre leur vie. Il n’avait pas à confier cette tâche à quelqu’un d’autre, et offrir son âme à l’épée du premier venu ! Ces flèches étaient indubitablement porteuses du mal en elles, et très vraisemblablement elles avaient été ensorcelées. Mais cette magie noire, couplée à des intentions toutes aussi sombres, n’avait pas enfanté du simple malheur que les agresseurs espéraient. De l’espoir était naît de la mort sous la forme la plus improbable qu’elle aurait pu prendre : la discorde. Cette zizanie s’était finalement effacée et l’amitié était apparue. Ilia se mit alors presque à apprécier la vision de cette flèche. La haine pour l’agresseur était encore totale, mais enfin il appréciait à sa juste valeur la tâche qu’il accomplissait. Un léger bruit vint rompre ses pensées, et le cercle silencieux s’anéantit. Cela avait été faible, à peine plus fort que les vociférations de beuverie des ivrognes. Le cri, car tout portait à croire que c’en était un, avait été voilé. C’était justement cette dissimulation qui les gênait, comme si une action avait cherché à passer inaperçu. Par instinct, ils s’en méfièrent aussitôt. Quelque chose, n’importe quoi, s’était produit, et vraisemblablement les gens qui l’avaient produites ne désiraient pas que les Skefiens le sachent… Il fallut un certain temps aux compagnons pour saisir toute la portée de cette simple pensée. Ils murmurèrent ensemble : « - Des gens… des gens à Skefoy… passer inaperçu… un cri… » Ils se regardèrent alors, comprenant soudain le drame qui se jouait en ce moment même. « - On sort ! » siffla Mav. Ils se précipitèrent hors de la maisonnée, avant de remarquer que Kirla n’avait pas bougé. Ilia se retourna, et le héla. « - Allez, viens ! » « - Je me demande si je ne laisse pas le secret de mon âme dans cette ville… » Sa voix était résolue, au damne d’Ilia. Si seulement sa crainte pouvait ne pas connaître de confirmation ! « - Je me demande se je n’ai pas envie de rester. » Mais il n’y avait nul doute dans sa voix. Il avait déjà pris sa décision. Les hommes le comprirent, et ne surent comment agir. D’un côté, ils étaient heureux de pouvoir rester dans le royaume de Foy, leur seule patrie, mais d’un autre ils étaient tiraillés par la honte de se laisser ainsi guider par un ami dans un futur qui ne pouvait qu’être empli de souffrances. Ils avaient promis de revenir en Loriath, et pourtant ils ne parvenaient à faire un geste. Ilia frappa le mur du logis avec toute sa rage, avant de dégainer avec vivacité une lame cachée dans son dos. Il pointa l’arme en direction de Kirla. Des larmes coulaient de ses yeux. Ses bras tremblaient. Sa voix était vacillante, et il semblait qu’un sanglot de plus suffirait à le faire s’étrangler. « - J’ai souffert pour prendre ce stylet, tu sais. Ne me force pas à m’en servir ! » le supplia Ilia. Kirla fixa dans les yeux son ami. Il se souvint qu’un jour Ilia l’avait appelé « presque-frère ». Oui, Ilia était aussi important qu’un membre de sa famille, même plus… Kirla fut déstabilisé, et en un instant il passa d’un être dressé de toute sa hauteur à un vieillard voûté en fin de vie. La certitude de rester qu’il avait en réalité depuis le début s’était brisée. Jamais il ne parviendrait à plus faire souffrir son si cher ami ! « - Tu as fait ça pour moi. » Sa voix ne posait nulle question, il constatait juste jusqu’où l’amitié pouvait détruire un Ath. Très loin ! Trop même… Ilia approuva à cette parole, tout en se convulsant, comme si le contact de l’arme le brûlait et distillait en son corps d’affreuses souffrances. « - C’est très courageux de ta part… Je n’ai jamais douté de toi. D’ailleurs, je savais que tu le ferais, je le savais pertinemment. Je savais que tu ferais tout pour rester en ma compagnie, que tu serais prêt à te destituer toi-même de toute ta dignité pour moi. Je ne sais pourquoi j’ai donc voulu rester, peut-être parce qu’à force je suis las de tout ce qui s’abat sur mes épaules. Je voulais me poser et comprendre… » Un tremblement plus fort que les autres secoua Ilia, et Kirla découvrit qu’à son front des perles de sueur ruisselaient. « Tu sais, je n’ai tellement pas douté de toi que je n’ai pas pris de dague. J’avais compris que l’on se trouverait dans une telle situation, et je voulais que rien ne t’empêche d’accomplir ta promesse, que tu n’aies pas à souffrir d’un échec. » Ilia chercha à réaffirmer sa prise sur le manche de l’arme, mais il ne le parvenait pas. Avec une terrible souffrance, il se dressa de toute sa taille. « - La douleur physique n’est rien comparé à ce que j’endure présentement. Viens ! » Cette injonction devait à l’origine être un ordre, mais il ne parvenait plus à lever la voix sur son ami. Il savait parfaitement que si Kirla décidait de rester, il ne parviendrait aucunement à le blesser. Il retiendrait son bras, quitte à souffrir encore plus du contact de ce stylet abject qui représentait pour lui la trahison de son amitié. « - Je devine ce que tu pense… Tu ne me trahis nullement. Au contraire, en t’interposant, tu prouves la puissance de ton amitié ! Pour mon bien, tu es prêt à nous faire souffrir tous deux ! » Ilia s’approcha légèrement de Kirla. « Lâche donc cette arme, je ne compte pas plus nous faire souffrir. » Avant même que la lame ait touchée terre, les deux amis s’écroulèrent dans les bras l’un de l’autre, pleurant à grosses larmes. Toute la tension qui s’était accumulée durant ces quelques instants resurgit au travers de ces gouttes. Jamais ils ne s’étaient sentis si heureux de se savoir encore amis malgré toutes les épreuves qui avaient tenté de les séparer. Les hommes les regardèrent, tout aussi joyeux. Si Kirla était restée, leur amitié serait morte ! Mais elle avait survécu. Kev et Ilia étaient si radieux que malgré l’urgence de la situation ils n’osaient pas les séparer. Finalement Geoffroy, après avoir estimé qu’assez de temps s’était écoulé pour avoir calmé les deux amis, s’approcha d’eux et leur tapota les épaules. Les deux se relevèrent, et il n’en fallut pas plus pour que le groupe se mette à courir au travers des rues. Soudain, un cri, cette fois bien plus puissant que le précédent, troua l’atmosphère, avant d’être suivi d’un silence pénétrant. Quelques instants plus tard, des cris jaillirent de toutes les maisons et des cors de guerre sonnèrent. « - On n’atteindra pas la porte ! » hurla Mav, avant de partir en arrière, suivi de ses compagnons. Haletant par l’effort qu’ils fournissaient, il continua. « Et même si on y parvenait… Gotric nous bloquerait. » « - Saleté » pesta Arthur contre une bouteille dans laquelle il venait de frapper. « - Faut qu’on arrive à « la Traverse du bonheur » avant qu’elle ne soit fermée ! Vite ! » les encouragea Geoffroy, qui avait quelques mètres d’avance. Les deux Aths suivirent tant bien que mal les hommes dans l’enchaînement des ruelles que ces derniers connaissaient par cœur depuis leur enfance. Ils ne se souciaient même plus où ils posaient leurs pieds, tant ils avaient du mal à se déplacer si rapidement. Ils furent tellement surpris par l’arrêt brutal des quatre qu’ils butèrent contre Gontrand et Arthur. « - Pas un bruit » leur intimèrent, un doigt sur la bouche, Geoffroy et Mav. Ils pointèrent alors des formes, et ils virent des gardes situés devant l’allée. La herse avait été baissée. Il ne restait plus qu’un moyen pour accéder aux champs, mais il était très risqué. Geoffroy fit signe aux compagnons de reculer à l’abri d’une ruelle, et murmura. « - Trop risqué de passer de l’autre côté. Trop risqué de rester ici, Gotric dira tout, et au fond » continua-t-il en entendant le juron d’Arthur « il aura tout à fait raison. » « - Je pense qu’on peut rester ici pendant un certain temps, le temps que l’allée ouvre de nouveau ses portes. Ce ne devrait pas être trop grave, ce n’est pas non plus la première fois que sonnent les cors pour une vulgaire altercation. » les informa Mav. « - Je vais voir ! » Geoffroy se leva, et chancela. Il tomba à terre aussitôt. Ilia voulut lui venir en aide, mais il fut retenu par Mav, qui lui souffla « laisse lui donc faire l’ivrogne, » avant de sourire du coin des lèvres. Geoffroy fit semblant de hoqueter, puis se releva. Il tournoya encore quelques instants, et, après avoir traversé la rue avec des pas mal assurés, il s’effondra contre un mur. Il glissa de côté, avant de disparaître dans l’ombre d’une anfractuosité. Au bout d’un certain moment, il sortit de sa cache et chancela jusqu’à la porte d’une auberge, avant de disparaître à l’intérieur. « - Mais qu’est-ce qu’il fait ? » fit médusé Arthur. Et le pire était qu’il restait bien longtemps à l’intérieur ! Ils ne pouvaient se permettre d’intervenir, pas encore tout du moins. C’est alors qu’ils le virent surgir d’une ruelle derrière eux, et il se mit à déblatérer aussi vite que possible tout ce qu’il avait appris, comme s’il craignait de tout oublier à l’instant. Mais c’était plutôt qu’il voyait l’étau se refermer sur eux très rapidement. « - Il y a eu un mort dans la garde, poignardé dans le dos. Ils l’ont découvert aux environs de la porte principale. Sûrement Gotric a pas vu, ‘fin je pense. Le duc a décidé de fermer toute issue, ressemble trop aux agressions qu’on a subi par le passé. Sauf que c’est à l’intérieur même de la ville. On n’est plus à l’abri, et la garde est renforcée partout. On est fait comme des rats ! » Il marqua une pause très brève, et continua. « J’ai pris des bières à la taverne, suis sorti par l’arrière. Faut qu’on ait haleine de soudard. On a pas le choix ! » Il déposa un petit tonnelet de bière, et à la vue de la boisson un sourire apparut sur le visage d’Arthur. Avec la ferme impression qu’il ingurgitait un poison, Ilia but une gorgée de ce liquide ambré. Cela lui apparaissait absolument immonde, et la texture lui déchirait son palais et agressait tous ses sens. Jamais il n’avait bu de liquide alcoolisé, et il n’était pas prêt d’en reboire. Vraiment la situation devait être désespérée pour qu’il se force ainsi. « - Allez, pas grave que tu n’arrives pas à le boire, passe donc ce tonnelet, je me charge de ta part s’il faut » s’exclama Arthur Ilia adressa à l’homme un regard reconnaissant, même s’il se doutait que ce dernier appréciait la boisson. « - Et maintenant ? » questionna l’Ath. « - Nos vêtements sont des vêtements de voyage, ça peut faire fermier. On fait mine qu’on a passé notre soirée dans l’auberge, comme de très nombreux, et que l’on était en train de décuver dans une ruelle quand on a entendu l’alerte. On raconte des bobards aux gardes, qui sait ? » « - Ce serait se jeter dans la gueule du loup ! » marqua Mav d’un ton autoritaire. « - Tu vois une autre solution ? » demanda Geoffroy avec un ton sarcastique. « - Pas vraiment » se résigna Mav. « - Attendre, c’est carrément siffler le loup et avoir de la viande dans nos poches ! Allez, suivez-moi, on passe par les ruelles, et on dévale d’une autre qui est juste en face de la porte, ça devrait faire son effet. » Ils coururent de nouveau, ce qui avait l’avantage de les faire haleter, le portrait n’en serait que plus criant de vérité devant les soldats ! « - Faites comme moi » annonça Geoffroy à proximité de la herse. « Attendez, j’ai une idée. » Il s’inséra la main dans la bouche, et vomit. « Pas besoin que vous le fassiez. Désolé, ça fera plus vrai quand même. » « - Il fait si bien que ça l’homme saoul ? » demanda Kirla. « - Faut dire aussi qu’il a une grande expérience » sourit Mav. « Ou plutôt une très faible résistance. Plus un mot maintenant ! » Ils arrivèrent devant les soldats, et Geoffroy se traîna jusqu’à l’un d’eux. Il s’appuya dessus pour ne pas tomber, et l’autre ne sut que faire. Soufflant une bouffée ayant l’odeur de la vomissure et de la bière, il dit : « - Dites, pourriez pas y ouvrir, à moi et ma clique. On est des fermiers, passé la soirée à la Muri… Mura Encho… » « - Muraille enchantée ? » chercha à l’aider le soldat, qui commençait à s’énerver d’avoir un tel poids dans ses bras. Geoffroy partit dans un rire grossier. « - Vous y savez mieux que moi l’nom ! Z’avez dû y aller. » Il fit un sourire béat absolument grotesque. « - C’est cela, c’est cela » se renfrogna l’homme. Il se tourna vers les quatre autres, et gueula : « Putain, mais vot’ soirée, elle a été arrosée, ce mec pue le vomi ! » Il donna un coup à Geoffroy et le laissa s’étaler à terre. Alors ce dernier pleurnicha avec une voix nasillarde, et il siffla entre ses sanglots avec une voix de bébé : « - Ô z’êtes méchants ! Z’êtes tous les mêmes, tous des, des… » Il avala involontairement de la boue, et se mit à vociférer de plus belle. Excédé, la vigie appela à l’aide son second. « - Allez, ouvre-moi cette herse et qu’on balance ces cons de l’autre côté ! » Geoffroy se releva en s’aidant très largement de la herse qui remontait et le soulevait, puis tomba dans les bras du soldat. « - Ô que mici. Z’êtes un ami, oui, quéqu’un de bien. » Absolument tempêtant, le soldat rugit de toute la force de sa voix un « Assez » tonitruant, avant de se saisir de Geoffroy et de le lancer par-delà l’ouverture. Il atterrit mollement sur le sol, et pleurnicha : « - Ô rustre. » « - Ah mais merde, il a vraiment pas fini. » Il s’avança et gifla Geoffroy, avant de le prendre par le col, de le relever avec aisance, et de lui faire comprendre avec une voix sifflante de haine : « - Toi, si tu me refais chier avec une quelconque parole, je te jure que plus jamais tu parleras. Ca commence à bien faire ! » Il l’envoya valser au loin, et sortit sa rapière. Comme il n’y eut nul gémissement, il la rengaina. « Au moins ça lui apprendra. » Il était loin de se douter que Geoffroy était bien content de cesser son imitation. « - Putain, mais y en a encore cinq ! » se souvint avec rage le garde. « - Est bon, on s’débrouille seul. » annonça Mav, en marchant plaqué contre le mur. « - Allez, plus vite ! » hurla le soldat. Une fois qu’ils finirent de passer l’allée, la vigie, absolument hors d’elle, hurla à son aide. « Fais moi descendre c’te herse, et vite ! Seraient bien capable d’avoir oublié quelque chose de ce côté. Ils ont pas intérêt de rappliquer ! » La herse s’abaissa enfin au sol, et le bruit mat de la fermeture couvrit un « J’te dis, ce gars-là, je le revoie, je l’étripe ! » * * * Juste derrière la herse, les compagnons titubèrent jusqu’à une ruelle, avant de reprendre des postures tout à fait normales une fois hors de vue des gardes. « - On oublie ça » murmura Geoffroy, les larmes aux yeux. « C’est la pire honte de ma vie ! » « - C’était absolument brillant pourtant » le félicita Mav. Il donna un coup de pied à Arthur, qui aussitôt couvrit Geoffroy de louanges. « - Jamais on avait dû faire subir ça à un soldat » se moqua dans ses pleurs Geoffroy. Mav approuva, cherchant à réconforter son ami. Il comprenait parfaitement la honte que son ami ressentait. « - S’il vous plaît, on ne parle plus de ce moment. Faites comme s’il avait jamais existé. Je peux pas expliquer, mais vraiment il fallait que ce soit important, sinon j’aurais jamais fait ça. » « - On comprend, ne t’inquiète pas. » « - Et n’en parlez pas non plus entre vous, pas dans mon dos. » les implora Geoffroy. « - Fais nous confiance, on ne le fera pas » lui jura Mav. « Allez, cesse de pleurer, continuons notre route, éloignons-nous plus de cette porte ! » « - Je ne pleure pas » s’insurgea dans un sanglot Geoffroy. Mav ne chercha nullement à lui affirmer le contraire, et le prit dans ses bras. « - Ca va aller, tu vas voir. Dis-toi que tu es celui qui a eu le plus de courage d’entre nous ! Ca compte ça, non ? » Geoffroy chercha à se dégager de Mav, comme s’il trouvait cela honteux, songeant à tout ce que lui dirait s’il découvrait deux amis comme cela. En réalité, il ne dirait rien… Il s’abandonna alors à ses pleurs, ne cessant de s’excuser entre deux sanglots, et ne cessant de recevoir des réconforts de la part des autres membres. « - Ca va mieux ? » demanda avec une voix apaisante Mav. « - Oui » approuva faiblement Geoffroy. « - Alors en route. » Il se releva, et les six s’avancèrent dans les ruelles. Il y a pas à dire, mais je me suis bien marré sur la fin . Sinon, le cri est quand même pas mal important, une très très grande part de l'intrigue (en creusant pas mal, on peut commencer à répondre à la question Pourquoi? ). Sinon, pour le passage pour ouvrir la herse. C'est inutile, certes. Mais j'ai songé que sans, tout serait trop simple: il y a quand même eu un meurtre, donc pas mal de mesures prises rapidement (souvenez-vous aussi que lors e la mort des pères et de Pierre et Richard, il y avait eu une semaine de fermeture totale). J'ai donc songé que si je ne décrivais rien, cela ne le faisait pas trop... Enfin, pour l'anéantissement de geoffroy, là ça ne m'apparaît pas inutile du tout, au contraire je trouve qu'au niveau de la psychologie, ça fait bien ressortir sa dualité: se moque de pas mal de choses, mais au fond a un coeur énorme, il est prêt à se sacrifier... Pourquoi est-il si triste, allez-vous me demander. Je dirais que je ne sais pas vraiment, mais qu'après avoir agi d'une telle manière, je me sentirais aussi "sale", je ne sais pas pourquoi, mais j'ai vraiment ce sentiment. Iliaron, oups, demain compétition de tennis, ça va être du joli Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 7 janvier 2006 Auteur Partager Posté(e) le 7 janvier 2006 Désolé de vous surcharger de lecture, mais comme j'ai (enfin) eu le courage de corriger le chapitre, je poste (comme je risque de ne plus écrire de la semaine ensuite, ça équilibre). Pour l'Ascension d'un Héros, maintenant que j'ai fini 1984, ça devrait être bon . Là c'est donc le chapitre III de la partie I. Ce n'est nullement la suite du récit! Bonne (re)lecture (enfin, "re", tout a été réécrit, mais le fin fond de l'histoire reste à peu près le même, la longueur a juste triplé, c'est "tout"). Partie I: Enfer Chapitre III : Capture L’aube était à peine levée que déjà Geoffroy était assis sur sa couche de paille. Son regard était figé, perdu dans des réflexions desquelles il ne parvenait à se libérer. Qui avaient donc tués ses deux amis ? Les flèches ne cessaient de lui revenir à l’esprit, et crevaient tous ses raisonnements d’une pointe de fureur. Il n’arrivait plus à se maîtriser, et était aveuglé par une haine indicible qui brûlait ses entrailles. Si jamais il trouvait les coupables, ô oui s’il les démasquait, il prendrait plaisir à les voir souffrir et, supplier une mort rapide ! Il serra ses poings sur son arc, s’imaginant décochant des flèches insidieuses dans le corps de ces assassins. Ce jour-là serait un jour heureux ! Une autre image vint à son esprit, celle de Pierre et Richard, à la fois fascinés et terrifié par le pouvoir d’une simple flèche. Pouvoir de vie et de mort, de défense et d’attaque, de félicité et d’enfer… Jamais ils n’auraient voulu qu’il devienne pire que leurs meurtriers… Et il était en train de se métamorphoser en une bête sauvage et frénétique. Il se devait de se maîtriser ! Ne pas se laisser aller à ses instincts primaires ! Respecter la manière de vivre de ses deux amis, et essayer autant que possible de préserver la vie… la vie et le bonheur. Bonheur qui pourtant leur avait été volé depuis quatre années… Il jeta son arc au travers de la pièce, et s’effondra à terre, brisé par les épreuves. Il ne savait plus comment agir, il avait perdu tout repère. Tout ce en quoi il avait cru s’était effacé dans le néant de la mort. C’est ainsi qu’un garde du duc le découvrit, la tête dans ses mains, des larmes ruisselant le long de ses joues. Se retenant à grand peine de lui hurler de déguerpir, Geoffroy refusa de manière catégorique l’invitation, et l’excuse, du duc. Il avait perdu toute confiance en leur meneur, et cette salle enluminée de richesses ne lui semblait n’être que la devanture d’une réalité bien moins reluisante. Le discours de la veille l’avait choqué. Le duc n’était pas le genre d’homme à avoir du cœur, et pour qu’il offre une rente à Pierre et Richard, il s’était passé quelque chose entre lui et les pères de ses deux amis. Quelque chose qui dépassait le simple sauvetage… Le duc était plus le genre d’homme à fonder son amitié dans les duels plutôt que dans les remerciements… Que s’était-il donc passé dans cette forêt ? Etaient-ce des êtres immémoriaux qui avaient approché le duc de la lisière ? Pour la première fois, Geoffroy songea que les rumeurs qu’il avait toujours considéré comme fantaisistes pouvaient être porteuses d’une vérité. Des troubadours circulaient et contaient l’histoire d’une lointaine guerre contre ces peuples, où le destin du monde y aurait été scellé pour un temps ou pour toujours. Ils osaient même insinuer que ces guerriers auraient pu massacrer les humains en une seule attaque ; mais s’ils avaient possédé un tel pouvoir, ils l’auraient utilisé, imagina avec aisance Geoffroy. Il paraissait que les royaumes humains s’étaient unis pour contrer la menace, et seule cette partie lui avait semblé plausible ; et encore, très peu au vu des troubles intestinaux qui minaient les relations entre le royaume de Foy et celui de Mormundes. Mais tout cela remontait à des dizaines de générations, depuis cette époque tous les faits héroïques avaient pu être amplifiés jusqu’à atteindre à chaque fois une dimension mythique… Mais peut-être subsistait-il encore une part de vérité… Geoffroy se décida finalement à sortir, et s’éloigna des remparts intérieurs protégeant Skefoy. Il avait toujours aimé marcher et sentir le vent dans ses vêtements. Son amour de la chasse était né de cette passion de la nature. Mais aujourd’hui tout lui semblait fade, et même la douce brise qui régnait dans Skefoy lui apparaissait avoir un toucher âpre et rugueux, comme si le vent cherchait à lui arracher ce qui lui restait de peau. Il arriva finalement à un vieil arbre, tordu et noueux, l’écorce abîmée. En un instant, de très nombreuses réminiscences douloureuses affluèrent dans son esprit. Avec Richard ils avaient passé des heures au pied du tronc, imaginant qu’ils le grimpaient et sautaient par-dessus la muraille. Ce qui les avait retenu n’avait pas été la fragilité de l’arbre, ni même la hauteur de la muraille extérieure en cet endroit, mais la peur panique de croiser les agresseurs… Il préférait ne plus y penser, son cœur battant la chamade à chaque souvenir de ses amis morts. Il continua d’errer sans but, comme jamais il ne l’avait fait, le long de la muraille extérieure. A cet endroit, sur cet arbre coupé, il avait offert à ses deux amis un arc pour leur permettre de se défendre. Là, un beau jour d’été, ils s’étaient couchés dans les herbes folles, s’amusant à interpréter les formes des nuages, y lisant d’heureux présages. Ici, ils s’étaient arrêtés pour observer un oisillon piailler joyeusement à l’adresse de sa mère qui revenait, le bec empli de vers. Déchiré par cette anamnèse, il s’arrêta et s’écroula à terre. Qu’ils lui manquaient ! Quatre ans de jeux, de joie, de bonheur… Quatre ans passés à oublier la terreur. Quatre ans… Cela semblait être une éternité. Tout s’était effacé en une nuit, et pourtant jamais il ne pourrait les oublier, une part de son cœur était partie avec eux dans leurs tombeaux. Il sentait certes qu’un brin de leurs âmes était resté en lui, mais si infime que jamais il ne pourrait remplacer le vide que leur mort avait créée ! Quelle image du monde leur donnait-il ? Lui écroulé de désespoir… Que diraient-ils s’ils le voyaient ? Ils ne se moqueraient pourtant pas de le voir vivre enfermé dans son passé et sa peine, eux-mêmes ayant agi d’une telle façon. Mais ils avaient tout de même essayé, ils s’étaient battus pour trouver le bonheur. Cette quête avait été vaine, mais elle avait eu le mérite d’exister ! Il laissa tomber ses bras à terre, honteux. Vraiment il était lamentable ! Non, jamais ils n’auraient proféré une telle injure, ils l’auraient réconforté, ils auraient compris son chagrin et, en le partageant, auraient rendu la peine plus aisée à supporter. Ils avaient toujours été là, et l’étaient encore, malgré leur mort. Pourquoi étaient-ils donc morts ? Quelle était donc cette malédiction qui étendait sa hideuse carcasse sur leurs vies, et qui à chaque battement d’aile répandait tristesse et désespoir ? Si seulement ils étaient encore là, ils riraient au bec même de la mort et les ténèbres macabres se seraient transformées en de lumineux rayons. Geoffroy s’abandonna soudainement aux pleurs, avant de contempler béatement ces gouttes mordorées qui réfléchissaient la lumière solaire. Le soleil est l’espoir, tenta de se rassurer Geoffroy, même s’il savait qu’en ce jour il ne pourrait pas ne pas être attristé. Lorsque la luminosité se fit trop faible, il se décida enfin à rentrer à Skefoy même. La nuit avait installé son ombre lorsqu’il déboucha dans les ruelles du château. Bien qu’ayant marché six lieues durant la journée, il ne se sentait le courage d’aller chez soi et de devoir justifier son absence. Et il craignait par-dessus tout de rêver de ses amis ; il n’en ressortirait que plus triste… Il se décida finalement à aider durant la nuit la vigie surveillant la porte. Cela permit à Gotric – puisque tel était son nom – de rejoindre sa dulcinée. Quitte à être triste, avait songé Geoffroy, autant que la souffrance enfante du plaisir, même si ce doit être pour les autres… De plus, il ne se serait pas endormi, et cette nuit aurait été du temps perdu. Gotric pouvait avoir confiance en lui ! Le lendemain, après d’ultimes remerciements de la part de Gotric, et la promesse que lui aussi serait toujours prêt à l’aider pour quoi que ce soit, il sortit de la tour et rentra directement chez lui. Il croisa ses compagnons, qui s’avancèrent vers lui, mais il ne se retourna pas. Aucun n’insista, tous comprenant son désir d’être seul. Geoffroy sentit leurs regards surpris le suivre jusqu’à chez lui, mais il leur fut gré de respecter cette envie sourde qu’il avait de rester en tête à tête avec sa souffrance. Arrivant chez lui, il se coucha et fit aussitôt semblant de dormir, échappant à tous commentaires désapprobateurs de sa famille. Le reste de la semaine fut pour lui un long calvaire : une longue succession d’événements desquels il rêvait de s’échapper, mais comme dans un cauchemar, à chaque escapade, le futur se révélait pire. Il se sentait de plus trop seul pour être heureux, mais trop triste pour être en groupe. Chaque jour il croisait ses amis qui s’inquiétaient, et chaque jour il ne leur offrait nul regard. Pour l’instant, aucun ne lui avait émis un seul reproche. Ils comprenaient tous le choc qu’avait été la mort de Pierre et Richard, et ils se sentaient tous unis sous la même bannière de désespoir. * * * Il fallut une semaine aux cinq compagnons pour se trouver de nouveau rapprochés. Alors qu’ils s’étaient tous posés proche de la barbacane, au niveau de l’entrée du château, Geoffroy à l’opposé des quatre autres, un son les fit tous se dresser, alertes. Le funeste présage qui émanait de la sonorité, telle une annonce macabre criée à vive voix, les éveilla au danger. Ils n’eurent que le temps de se redresser, et avant de pouvoir faire un pas en direction d’une ruelle, le trait s’écrasa à terre. Ils firent volte-face, pour voir la hampe au plumage rouge enfoncé dans la terre. Quelques instants plus tard, le temps que la foule réalise l’origine de la stridente stridulation, l’endroit fut vide de toute vie, à l’exception des cinq compagnons, et des gardes qui enjambaient à la volée les marches pour atteindre la muraille. Un silence pesant régnait, à peine troublé par les murmures des soldats à la recherche du tireur. Geoffroy fixait la flèche comme si cette dernière détenait en elle une part de son destin. Le projectile avait occulté toute vie autour de lui, en son âme n’existait plus que cette flèche. Deux nouveaux traits verts vinrent se mélanger à sa vision, sur lesquels des gouttes de sang roulaient, gouttes de la même couleur que le plumage… C’est alors qu’il le vit. Un message était finement enroulé le long de la hampe. Peut-être une réponse à leur malédiction… Sans hésiter, Geoffroy se précipita en direction de ce morceau de parchemin. La flèche n’avait été qu’un moyen d’envoyer un message, il n’y en aurait pas d’autres ! Il arracha prestement le trait du sol, puis continua à courir jusqu’à ses quatre amis. Alors qu’il s’apprêtait à la dérouler, le duc, armé, fit irruption dans la cour, hors d’haleine. Aussitôt un vétéran vint le soutenir et lui expliciter en quelques mots rapides la situation. En réponse, le duc chuchota ses ordres au soldat, qui courut aussitôt de compagnies en compagnies pour passer les consignes. En temps normal, songèrent les cinq compères, leur chef aurait hurlé de toute sa rage les ordres, mais si un éclaireur ennemi pouvait s’approcher assez proche pour lancer une flèche, nul doute qu’il pourrait aussi les entendre… Finalement, il s’approcha du centre de la cour, où il remarqua avec aisance le trou dans la terre. Il demanda alors à haute voix qui avait récupéré la flèche, modulant sa voix de manière à la rendre assurée et prouver à leur agresseur que la crainte n’avait nulle prise, ni sur lui, ni sur tout son peuple. Geoffroy, rasséréné de ne pas avoir brisé le fin sceau qui ornait le message, l’apporta au duc. Avant de la rendre, il observa avec insistance le symbole ornant la cire rouge. Un chevalier, lance en avant. Un soleil apparaissait au niveau de sa lance, tandis qu’un serpent, gueule en avant, tel un guide, émanait du heaume. Le duc arracha avec fureur le message, sans même un regard pour le sceau, avant de lire la missive. Des tics nerveux déformèrent un instant son visage, avant qu’il reprenne un semblant de contenance. Il inspira avec force, cracha à terre sa haine, avant de finalement lire avec violence l’écrit. « - Mon armée de Mormundes a pénétré avec facilité votre lopin de terre. Votre garnison de Krastik est annihilée, les maisonnées brûlées avec leurs habitants. Ne tentez pas de fuir, vous êtes assiégés. Toute tentative de sortie sera punie de mort. Rendez vous. Si vous désirez éviter une guerre perdue d’avance, jurez fidélité devant mon commandeur, et promettez de vous soumettre au Royaume de Mormundes pour toujours. Rendez vous. Si vous désirez combattre, apprêtez-vous à mourir dans à peine deux jours. N’attendez nul renfort de vos garnisons extérieures, aucune ne sera en mesure de vous aider. Rendez vous. Malak, Roi du Royaume de Mormundes et des terres environnantes, futur souverain de Foy. Rendez vous. » Il laissa glisser le parchemin, qui en une lente descente, se rapprocha de la terre. Alors, avec un rugissement se nourrissant de toute sa rancœur et de toute sa gloire à être le souverain de Foy, il dégaina sa rapière, puis, d’un geste sûr, coupa le message en deux. La population qui avait approché à la lecture de la lettre s’arrêta, sidérée par l’exploit. Pour couper au vol un morceau de papier, la lame devait être effilée, et les réflexes aguerris ! Conscient de l’attention de tout un peuple, le duc monta à la volée les marches des rempart et, se plaçant bien en vue et des Skefiens, et des potentiels ennemis, hurla. « - Mon peuple, gardez donc foi ! Ne vous laissez pas envenimer par les boniments d’un roi avide de pouvoir, mais incapable de le conquérir lui-même ! Nous avons de résistantes murailles, et tant de pièges insoupçonnés se cachent jusque dans leurs entrailles ! Nous avons les meilleurs soldats des deux royaumes humains, et notre armée excelle où qu’elle aille. Jamais ils n’ont défailli, et leur courage tiendra encore des décennies, par delà toutes les injures des ennemis. Nous avons de rapides destriers, insaisissables sur les champs de guerre, tant leurs cavalcades ahurissent les ennemis. Nous avons de compétents et dévoués fermiers, et leur travail nous permet chaque jour de tous nous nourrir à notre faim, et nous le permettra encore, même assiégés. Mais surtout, nous possédons un don divin, nous le tirons du Serpent ; notre courage est infaillible. Nos actes ont toujours été guidés par notre Dieu, et dans cette bataille, il viendra encore et toujours à notre aide. Non, nous ne pouvons faillir ! Depuis vingt-six générations, le peuple de Foy a toujours résisté aux Mormundiens. La scission qu’a connu le royaume humain a renforcé notre pouvoir. Depuis toutes ces années, notre force s’est accrue et a dépassé tout ce que nous opposeront la misérable piétaille de ce roi déchu qu’est Malak ! » Il leva haut son épée, avant de continuer : « - Krastik n’a pas été vaincu, mais contournée, nos garnisons n’ont pas été découvertes, et nos forces mésestimées. Jamais, non jamais, je ne tolérerai leur présence sur nos terres plus longtemps. Moi, Jules, vingt-sixième descendant de la dynastie des Hannifoy, serai toujours un roc m’opposant aux vaguelettes que pourront créer l’armée ennemie. Que dès aujourd’hui, et que pendant toutes les journées durant lesquelles nous combattrons, le Serpent guide nos actes ! Que cette bataille soit placée sous le signe de la victoire ! » Il replaça son épée le long de ses jambes, avant de la relever à toute vitesse, et d’hurler de toutes ses forces : « - Pour Foy ! » Les milliers d’hommes et de soldats levèrent en chœur leurs poings et scandèrent le même refrain, beuglant au maximum de leurs capacités pour se faire entendre des lieux à la ronde. A peine haine et poings retombés, le duc cria à s’en blesser : « - Pour Foy ! » La foule repris aussitôt le refrain, tous conquis par la fougue sans limite du duc. Aucun ne pensait aux conséquences de la bataille, tous aveuglés par une même soif de victoire et un même désir de conquête. Rien d’autre ne comptait que les duels à venir et les ennemis à terrasser, que la paix à briser et les territoires à envahir, que le bonheur à enterrer et les morts à brûler. A l’écoute de la harangue du duc, Kev agrippa fermement Gontrand et Mav, et les fit reculer jusque dans une ruelle. Les voyant s’éloigner, Arthur et Geoffroy les rejoignirent aussitôt. Alors que criaient encore les hommes et femmes, Kev siffla entre ses dents : « - Que devons-nous faire ? Se battre ? Résister et mourir ? Se cacher ? Fuir ? Trahir Foy ? » Geoffroy ajouta de suite, sans même attendre de réponses : « - Déjà, cette attaque a-t-elle un rapport avec le meurtre de… de nos amis ? » Mav, conscient de la portée de ses paroles, et réalisant l’importance que chacun de ses mots allaient avoir, commença à prononcer, hésitant. « - Jamais nos deux amis n’auraient voulu que nous mourrions pour une telle cause ! Ces guerres n’ont nul autre but que de détruire le reste d’humanité qui réside encore en nos seins… » « - Et de conquérir des territoires qui seront de nouveau attaqués » le coupa avec cynisme et tristesse Geoffroy. « - A mon avis nous devons fuir » continua Mav. « Comme l’a dit Geoffroy, il ne sert à rien de rester. Nous devons rejoindre un lieu propice à nous accueillir. Malheureusement jamais je n’ai eu le loisir de voir une carte du monde, à part celles de Foy… » « - J’aurais bien pensé à Krastik, quand on y était allé avec Gontrand, nous avions bien été accueilli. Mais si jamais les Mormundiens s’y sont installés… Et même, s’ils comprennent que l’on déserte, leur hospitalité sera nulle… » Gontrand les coupa alors, acte que jamais il n’avait commis. Pour la première fois il saisissait à quel point une parole pouvait avoir une influence sur toute une vie, et il sentait que de cette discussion leur destin pouvait être scellé. « - Paraît qu’au Sud est un territoire mystérieux, personne n’y a mis les pieds, ou tout du moins n’en est revenu… » « - C’est vrai que des histoires abracadabrantes circulent au sujet d’un prétendu royaume maudit » compléta Geoffroy, encourageant son ami à parler plus en lui évitant d’avoir à prononcer toute parole qui pourrait lui sembler inutiles. « - A l’Est est une forêt. Vu ce qu’a dit le Duc, peut-être que sont accueillants… » « - Mais on ne sait même pas si le peuple qui les habite l’ont réellement sauvés. Après tout, il pouvait s’être égaré dans une forêt autre que celle qu’il avait songé, et être plus proche de la lisière qu’il n’avait pensé. N’oubliez pas qu’il n’avait plus de cheval… » ajouta cette fois Mav. « - Et je crains que la réplique du duc ait été belliqueuse… » signifia sombrement Geoffroy. « - Comment ça ? » s’enquit avec surprise Arthur. « - Un pressentiment… » « - Au Nord, » continua Gontrand, désirant toujours autant aider ses amis dans leur décision commune, « est justement le royaume de Mormundes… » « - Plutôt téméraire donc, inconscient même ! » ironisa Geoffroy. « - A l’Ouest, je sais pas. Peut-être la mer. » « - Du moins, » finit Arthur, « jamais un seul projet de conquête n’a visé l’Ouest. » « - Ca doit donc être la mer » éluda Geoffroy. A cette conclusion hâtive, et pourtant respirant la vérité, les quatre compagnons ne purent s’empêcher de sourire, même si pour Gontrand ce ne fut qu’un tremblement de lèvre. « - Il nous reste donc le Nord ou l’Est. Aucun de nous ne sait naviguer, et je n’ai aucune envie de couler… » avança Mav. « - D’abord, nous devons fuir » répliqua vivement Geoffroy. « Nous pourrons choisir la direction après. Il faut que l’on sorte et que nous nous retrouvions à un endroit où nous ne serions pas remarqués par les Skefiens ou les Mormundiens. Et cela à cinq, qui plus est ! Après, nous pourrons enfin choisir, et je pense que l’on pourrait même rester dans Foy, il suffit de trouver un hameau paisible. Grâce aux pérégrinations de Richard, j’ai de nombreuses connaissances dans pas mal de bourgades bien sympathiques ! » acheva-t-il sur une note positive. « - Mais comment fuir sans éveiller l’attention ? » se résigna Kev. « - Faire comme si de rien n’était » s’écrièrent ensemble Geoffroy et Mav. Le dernier continua : « - Déjà, je crains que le duc n’ait quelques doutes au sujet de Geoffroy, ce qui va compliquer le tout. Mais si nous nous préparons normalement à l’assaut, il n’y verra vraisemblablement que du feu. Polissons nos armures, aiguisons nos épées, remplissons nos carquois, harnachons nos chevaux, faisons mine d’être prêts à partir à l’assaut. « - Il y a un problème » murmura Arthur, « Gontrand et moi sommes des soldats, nous serons en première ligne… » « - Arrangez-vous pour vous glisser en dernière, ça devrait être possible. Dans la barbacane seuls vingt chevaliers peuvent rentrer, il y en a une centaine. Rassure-toi, il n’y aura pas qu’une seule ligne. » Gontrand approuva d’un très léger signe de tête, et Arthur se réjouit alors : « - Ca devrait donc être possible ! » « - Il faudra absolument se donner un point de rendez-vous par contre… » « - Voyons cela plus tard » les coupa Geoffroy. « Organisons-nous d’abord ! Cachons nos autres préparatifs chez Gontrand, bien entendu en douce. Si nous cachons de la nourriture dans les heaumes, des flasques dans les armures, cela devrait passer sans mal. » « - Et les tentes ? » demanda Kev. « - Sous la paille, proche de nos chevaux » l’informa Mav devant le silence de Geoffroy. « - Nous pourrons partir lors de l’assaut. Même assiégé, dis-toi qu’il y aura un assaut, nous sommes un peuple bien trop fier pour rester cloîtrés derrière nos remparts. Mais le duc ne lèvera pas la herse avant, et il n’y a que dans la fureur de la bataille que nous aurons tous une chance de fuir. » Geoffroy fixa Arthur, qui tremblait légèrement, et semblait absolument consterné. Il reprit aussitôt : « je sais que c’est dur à admettre de laisser les autres gens mourir, alors que tu as tant désiré combattre pour sauver des innocents. Mais avons-nous un autre choix ? Mourir ? Dis-toi que jamais Pierre ou Richard n’auraient désirés nous voir si tôt à leurs côtés. Leur plus ardent désir est que nous vivions heureux, ne sentez-vous pas cela en votre cœur ? Ils ne réclament d’ailleurs pas la vengeance que nous risquons de ne pas être en mesure de leur offrir ! Arthur, après un temps passé à ravaler les sanglots naissants, répondit, un tic nerveux lui déformant encore son faciès. « - Durant tout mon apprentissage d’guerrier, j’ai appris à tuer sans scrupules, non à éprouver des sentiments. C’est grâce à vous que j’ai commencé à sentir d’l’amitié, d’la pitié, même d’la souffrance. ’Vec des troupes serviles, ‘fin, soumises, l’est simple d’remporter des victoires. Les soldats n’connaissent aucun doute et n’reculent jamais d’vant l’ennemi, sont prêt à s’sacrifier pour leurs maîtres. Maintenant, m’sens faible depis que j’connais ces sentiments, et pourtant fort d’pouvoir penser par moi-même et décider seul d’ce qu’est bien ou mal. J’vous suivrais partout, où que vous alliez. » Se tournant vers son compagnon d’armes Gontrand, il lui demanda, tremblant : « - Nous accompagneras-tu ? » Un léger tremblement déforma son visage, avant qu’il n’articule faiblement : « - Sûr, seriez capable de vous perdre. » une très légère intonation dans sa voix fit comprendre à ses amis qu’il était ironique. A la surprise des quatre, il continua sans même en avoir été encouragé, cette fois plus attristé : « Notre amitié est naît de Pierre et Richard, elle doit perdurer par-delà leur mort. Nous nous sommes formés pour les protéger, désormais, protégeons leurs souvenirs. » Il se tourna vers Mav, lequel s’éberlua. « - Eh quoi, tu croyais vraiment que j’allais vous laisser ? Comme si avec Geoffroy nous avisions depuis déjà quelques longues minutes pour rien ? » ironisa t-il légèrement, avant de reprendre, plus faiblement. « - Certes j’aurai apprécié rester auprès de leurs dernières demeures pour les fleurir chaque jour, mais on reviendra un jour pour cela. Je ne veux pas avoir à décorer un troisième caveau, et je vous accompagnerai partout. Je me rappelle encore des évènements d’il y a quatre ans, ils ont laissé une traînée sanglante dans toute ma vie. Je me suis juré que plus jamais nous nous laisserions mener par le destin. Fuyons, brisons donc ce cycle mortel ! » Les compagnons se regardèrent et esquissèrent l’ombre fugace d’un sourire. Leur amitié était bien plus résistante que la parjure de la bataille, et elle résisterait encore à toute intrusion ! « - Nous avons deux jours pour nous préparer » annonça en conclusion Kev. « - Et c’est largement suffisant » sourit Geoffroy. « - Attendez » continua Kev, « pour les flèches ? » Les compagnons se regardèrent un instant, avant de répondre d’une même voix : « - Laissons-les là, trop de risque de les perdre. On pourra toujours revenir les récupérer et nous venger. Mais là jamais nous ne croiserons nos proies ! » Kev acquiesça, avant de parvenir à faire apparaître un sourire : « - A dans deux jours, donc. » Sur ces entrefaites, ils se séparèrent, s’évanouissant parmi la foule chacun de leur côté, par simple mesure de précaution. * * * Deux jours s’étaient écoulés depuis leur dernière entrevue. Chaque citoyen Skefien se tenait sur le qui-vive, vêtu de sa cuirasse, armé de tout équipement assez tranchant pour repousser l’envahisseur. Les visages trahissaient tous une même panique. Malgré leur enthousiasme d’à peine deux jours, et bien que ressentant encore de la fierté à combattre pour le royaume de Foy, tous avaient peur de mourir durant la bataille et de ne pas voir l’aube se lever sur une époque dégagée de l’étreinte de Mormundes. Les paysans, armés au mieux de haches émaillés côtoyaient les soldats réguliers dans leurs armures étincelantes, enfourchant des chevaux de bien meilleure constitution que leurs mules. Les visages des vétérans, endurcis par les nombreux conflits qu’ils avaient vécus, ne reflétaient aucune expression, à part, quelque fois, au travers d’une chique, un très léger questionnement sur le nombre que seraient les ennemis, mais jamais rien de plus. Pourtant, au plus profond de tous ces êtres, d’apparences si contrastées, un même sentiment pulsait au plus profond de tous les cœurs : la haine de Malak et du peuple Mormundien qui, de par son attaque, brisait le rythme tranquille de la vie dans lequel tous se complaisaient. Ces ennemis les forçaient à se battre, à risquer leur vie pour sauver leurs familles. Ils allaient devoir payer le prix fort pour avoir osé mettre un terme à la paix. Sur les remparts, les archers se tenaient, encore dissimulés. Les flèches étaient encochées, et, de leur respiration saccadée, l’angoisse se devinait. Dans la barbacane, une quarantaine d’archers se tenaient, prêts à défendre la porte jusqu’au galop des chevaliers. Derrière eux se tenaient les fantassins, parmi lesquels se trouvaient des soldats et des fermiers. Ils devaient être environ un millier, et formaient deux flaques de vêtements violets, tels deux larges troupeaux partant en guerre, laissant juste un mince passage pour la charge des cavaliers. Ensuite les chevaliers et leurs montures piaffantes se tenaient en ligne. Ici se trouvaient les vétérans et les meilleurs guerriers, décidés, sans aucune crainte, à mettre en péril leur vie pour Foy. En première ligne était le duc, lance dans une main, cor de guerre dans l’autre, tandis qu’Arthur et Gontrand étaient parvenus à s’immiscer dans les dernières lignes. Enfin, derrière tous ces hommes, se tenaient d’autres troupes montées. Ceux-là étaient des chasseurs, tout du moins des hommes assez riches pour avoir un cheval. Leur rôle serait d’éliminer les survivants laissés par la charge dévastatrice des chevaliers, ainsi que d’empêcher une éventuelle embuscade par l’arrière, ce qui la plupart du temps signifiait mourir pour permettre aux cavaliers de se retourner… Dans ce groupe se tenaient Geoffroy et Mav, sur les montures qu’ils utilisaient habituellement pour se déplacer pour leur travail, ainsi que Kev, sur la jeune jument de quatre ans qu’avait enfanté la monture de Geoffroy. Une grêle de flèches vint finalement perturber le silence qui régnait jusque là dans tout le château. Les traits s’écrasèrent dans la cour, et déjà des marcheurs tombèrent dans des hurlements, blessés ou tués. Les râles d’agonie se mélangeaient aux jurons haineux, et les armes pointées avec menaces effaçaient sous leurs tournoiements les guérisseurs. L’assaut était donc imminent… Un clairon se fit entendre, auquel répondit, plus puissant encore, le cor de guerre du duc. Un appel rauque résonna et vibra de l’autre côté des murailles. Le souverain de Foy sonna de nouveau de son cor, avant de s’avancer, seul, jusqu’à la porte. Il hurla de toute sa voix : « - Qui donc ose nous provoquer ? » Un rire troua l’atmosphère, avant que le commandeur ennemi ne réponde : « - La mort elle-même ! » « - La Vie triomphera » signifia pour toute réponse le duc. L’ennemi se moqua une nouvelle fois, et de nombreuses flèches furent précipitées à l’encontre de la porte. Aucune ne parvint à trouer la lourde armature, et le duc ne put voir que le métal de quelques pointes apparaître parmi les échardes projetées. « - Traîtres » rugit le chef, « si vous espérez nous intimidez comme cela, vous vous trompez ! Vos actions ne sont pas loyales ! » « - Seul la victoire compte » ria le meneur des armée ennemies. Le cheval du duc s’ébroua, et en une bruyante cavalcade parcourut la cour en sens inverse, protégé sous son large écu, alors que le ciel se couvrait des projectiles ennemis. Une fois les carreaux à terre, il dégaina son épée et l’abaissa de suite. Les archers jusque là cachés se dévoilèrent et lâchèrent leurs traits mortels sur les Mormundiens. Un autre signe du duc, et des vigies s’activèrent à lever la herse, tandis que d’autres se préparaient à ouvrir ensuite la lourde porte. Arthur, qui depuis un certain temps serrait avec toujours plus de force son bouclier pour éviter à son bras de trembler, se retourna. Il discerna ses trois autres compagnons dans les premières lignes des troupes auxiliaires. Geoffroy et Mav lui adressèrent un sourire amical, qui le revigora et lui redonna le courage qui venait à lui manquer. Kev, quand à lui, tellement obnubilé par les vérifications de tout son équipement pour calmer sa peur grandissante, en avait occulté tout ce qui se passait autour de lui. Arthur n’avait aucunement peur de prendre part à la bataille, c’était fuir qui le gênait. « - C’est ta première bataille, mon fiston » s’enquit un homme couturé de cicatrices à son côté. » « - Oui, pourquoi ? » s’enquit avec une voix pataude Arthur. Il craignait que l’homme ne soit chargé de le surveiller et que sa tentative de désertion ne se soit remarquée. « - Ca se voit, tu trembles comme un feuille, mon petit gars. » Arthur n’eut même pas besoin de mimer la surprise : il ne s’attendait pas à ce que son angoisse soit si visible. « - Tu vas voir » continua l’homme, « ça va bien se passer ; on a les meilleurs troupes, et le meilleur plan de bataille. Tu veux qu’on fasse équipe ? Je resterai près de toi, quoi qu’y t’arrive » proposa rempli de bonnes intentions l’homme. Arthur regarda un instant les fantassins décontenancés cherchant à se protéger par tous les moyens des grêlons de la mort. Foy était en danger et ils allaient fuir comme des lâches. Se sentant coupable, il se détourna de l’homme pour observer l’armée de Skefoy. Ils étaient des milliers, sans compter les renforts et troupes cachées dans les bâtiments. Eux n’étaient que cinq… Ils ne seraient vraiment pas d’un grand poids ! Jamais à lui seul, comme dans ses rêves, il ne sauverait la civilisation… A la fois déçu et rassuré par cette vérité, il déglutit péniblement et, regardant le vétéran, prononça : « - Vous inquiétez pas, m’sieur, mais mon ami Gontrand veille déjà sur moi. » L’homme ouvrit de larges yeux, avant de souffler aux oreilles d’Arthur. « - C’est un bon guerrier. Peu loquace, mais il sait bien se tirer de toutes les situations. T’as bien de la chance d’avoir pareil compagnon d’arme ! Allez, bonne chance, mon gars, que le Serpent te sourie. J’espère te revoir après la bataille. Sois courageux, mon fils. » « - Merci m’sieur, je l’espère aussi » répondit avec chaleur Arthur, bien que sachant pertinemment que jamais il ne le reverrait. S’il ne parvenait à fuir, il mourrait ; il n’y avait nulle autre possibilité. Gontrand, remarquant l’attitude de son compatriote, se rapprocha et passa son bras autour de son cou, avant de murmurer à très basse voix : « - Tout va bien se passer, tu sais. Souviens-toi bien, dans l’ombre du coin Ouest. » « - Figure-toi » garantit Arthur, « que le simple fait que tu parles autant suffit à me donner du courage ! » Ils se regardèrent, et en lieu et place des habituels tremblements, un véritable sourire apparut sur le visage de Gontrand. Ils tirèrent leurs épées et chuchotèrent avec joie : « - Pour Pierre et Richard ! » Ils se retournèrent, pour découvrir leurs trois compagnons, aussi rapières défourrées, s’échangeant le même message d’espoir. Les cinq levèrent en même temps leurs épées, dont les lames dépassèrent l’ombre des bâtiments et vinrent s’illuminer dans les dernières lueurs du crépuscule. Ils ne pouvaient faillir ! Rengainant leurs armes, ils furent salués par leurs capitaines, ces derniers heureux, croyant leurs troupes motivées à l’approche de la bataille. Soudain, un hurlement, suivi d’un bruit strident, brisa cet état optimiste et les firent se retourner vivement. Un mouvement de panique se manifesta dans la barbacane, et il y eut un vif recul des archers. Un des leurs avait bêtement passé son bras dans un anneau. Cette lourde et large bague de fer était liée à une longue et robuste chaîne métallique, et, actionnée par des rouages, ne cessait de grimper en direction du mécanisme. L’homme avait beau s’égosiller et se tordre sous la souffrance, rien n’y faisait, la douloureuse ascension ne cessait pas. Tempêtant, le duc sonna une nouvelle fois son cor et fit un signe aux vigies. Toutes arrêtèrent dans l’incompréhension leur besogne, regardant l’armée de Mormundes décocher une nouvelle salve. A chaque instant perdu une vie s’envolait… Les grincements cessèrent, et ils purent enfin entendre sous leurs pieds les braillements du malheureux soldat. Aussitôt, les congénères de l’archer se précipitèrent à ses côtés et le détachèrent, avant de siffler pour que la herse continue sa lente montée. Cela n’avait duré que de très courtes secondes, mais avait métamorphosé le comportement de toutes les troupes. Ils s’attachaient au moindre détail, et un problème était toujours un mauvais présage. Le plus touché semblait être le duc, qui jetait autour de lui des regards désabusés, s’attendant à chaque instant à ce que son armée ne panique. Il avait compté prendre de vitesse les troupes de Malak, et il n’avait gardé la herse baissée que par précaution d’un éventuel bélier. Ses hommes payaient maintenant cette erreur ! Il ne pouvait plus se permettre d’escompter encore sur l’effet de surprise, et ne pouvait soumettre ses hommes au risque d’une rude défaite. Il devait changer son plan d’attaque ; plutôt que de porter la première estocade, à lui de briser celle de l’ennemi, pour percer ensuite à nu les rangs des barbares. Sentant que finalement rien ne s’était encore joué, il regarda à nouveau la lourde grille se soulever. L’axe geignit une dernière fois, puis un claquement métallique signala que la herse était enfin stabilisée. Maintenant il ne restait plus qu’à attendre, et ne surtout pas ouvrir la porte. S’ils parvenaient à tenir les agresseurs à l’extérieur de la muraille avant la charge, la bataille serait gagnée. Cela allait être loin d’être aisé, mais était possible ! A l’idée que dans le plan de défense qu’il allait suivre, il perdait l’initiative de l’attaque, le duc ferma les yeux et imagina ce que serait la vie s’il perdait. Durant de courtes secondes, l’anxiété prit possession de chaque trait du visage du duc, et chaque vétéran qui chercha le visage de leur meneur pour y puiser du courage et de la force ne vit que de l’abattement… Toute l’armée de Foy attendait le signal et l’assentiment de leur chef, et les hommes commençaient à craindre que le duc n’abandonne avant même l’assaut. Les flèches ennemies tombaient encore, mais rares étaient ceux y faisant encore attention. Les murmures naissaient entre les soldats, et le doute prenait corps aux côtés des arcs et épées. Eux, simples soldats, ne pouvaient rien y faire, seul le geste du duc le pouvait. Seul lui avait le pouvoir pour qu’enfin toute la défense s’organise. « - Bélier en vue » hurla une des vigies, épouvanté par la forme oblongue se précipitant en direction de la porte, ainsi que par l’absence de réaction chez le duc. Enfin le souverain de Foy s’anima, se réveilla de cette léthargie qui avait semblé si longue à son peuple, et s’approcha de son plus proche lieutenant, lui annonçant d’une voix assez puissante pour que ses troupes d’élites entendent et prennent courage : « - Un tir de volée de la cour, ça devrait les faire reculer, puis que tous sur les murailles se concentrent sur le bélier. Il devrait bien y avoir des échelles et des grappins, mais ceux-là n’auront aucune chance. » Le lieutenant tendit alors au duc un arc long et une unique flèche embrasée. D’un signe de tête, le chef refusa. « - A vous l’honneur de commander le peuple pour cette fois. » Le brandon s’était à peine élancé au-dessus de la population qu’un cri de guerre sortit de tous leurs gosiers, avant que de tous les arcs ne s’envole une pluie de traits. Le doute avait disparu, la fureur de la guerre était au contraire apparu dans tout ce qu’elle avait de plus sanguinaire. Au-dehors, des cris effrayés répondirent à l’attaque, puis le silence, seulement ponctué de râles d’agonie. Puis rapidement, comme si aucun évènement n’avait ponctué l’avancée des ennemis, une cacophonie surgit lorsque le lourd bélier se fracassa contre la porte, sans pour autant briser un seul de ses battants. Les archers tremblèrent, culbutant à terre sous le choc de la pointe nervurée, mais, tant que la porte tiendrait, ils la soutiendraient. Le bruit cessa lorsque le tronc à l’embout pointu et métallique se retira. Un cri de douleur, et un soldat chuta tel un pantin démantibulé ; la tige du butoir encore enfoncée dans son corps. Aussitôt, les soldats sur les murailles fauchèrent les attaquants, et une clameur atténuée par la distance se fit entendre. « - Renforcez les rangs ! Au bélier ! » Le duc se réjouit et exulta à voix basse : « - C’est ça, qu’il y viennent et on les tuera comme des pigeons, les idiots. » A plus haute voix, et se tournant vers son lieutenant en chef, signifia : « On tient encore trois coups, puis on leur ouvre. » Il fit un clin d’œil aux plus anciens, qui sourirent en comprenant le plan. « - Grappins et échelles à l’Est » s’égosilla une nouvelle vigie. Le souverain, cette fois-ci, se dressa sur ses étriers et hurla de manière à être entendu aussi par les ennemis : « - Priorité sur le bélier, on ne peut pas lutter sur deux fronts ! » Se rasseyant, il murmura, sous les murmures d’assentiments de ses plus expérimentés soldats : « laissons les croire que nous sommes faibles. » Kev, n’ayant entendu que le cri du duc, se tourna, agité, vers ses deux compagnons. « - A votre avis, que compte faire le duc ? » « - Je ne sais pas » commença à répondre Mav, « mais j’espère que son plan est bon, que l’on n’ait pas trop d’ennemis à éviter… » « - Mais rassure-toi » dit d’une voix plutôt calme Geoffroy, « on ne laisse jamais des gens pénétrer aisément l’enceinte d’un château. Je crois comprendre ce qu’attend le duc. » « - Quoi donc ? » demanda anxieux Kev. « - Les multiples pièges dans la muraille, tout simplement. » Pas rasséréné pour un sou, car n’ayant jamais vu ces fameux pièges dans la défense qui lui avait d’ailleurs toujours semblé plutôt racornie et effritée, il fixa intensément les remparts, comme s’il espérait voir au travers la progression des ennemis. Il vit les grappins lancés au-dessus des lucarnes, et les hauts des échelles s’appuyer contre la roche. Quelques uns furent détachés, mais sans grand espoir apparent… Il imagina sans peine les agresseurs grimper, heureux de ne rencontrer aucune résistance. Soudain, le temps d’un battements de coeur, les échelles furent renversées à terre par des lances dissimulées dans la paroi, tandis que les hommes qui grimpaient au moyen des grappins hurlèrent de douleur avant de s’écraser des mètres plus bas, leurs mains perforés par les pointes métalliques et bris de verre habitant les moindres recoins entre les pierres. L’attaque ennemie connut un instant de flottement durant lequel tous les Mormundiens se regardèrent et se questionnèrent. L’espoir si vite acquis venait de s’écrouler, et la victoire promise leur était retirée ; au contraire les Skefiens hurlèrent de bonheur, entièrement confiants dans les directives de leur meneur. « - Ouvrons-leur » souffla le duc. La lourde planche qui liait les deux battants fut enlevée, et les quelques archers encore survivants s’écartèrent de la porte, vidant avec désespoir leurs carquois parmi les trous qui décoraient désormais la porte. Avec de la chance, les traits heurtaient un ennemi, sinon ils avaient au moins le mérite de les décourager… « - En ordre de combat, que la charge soit fulgurante et héroïque ! » signifia le duc en se saisissant de sa lance de cavalerie. Dans un rugissement bestial, la porte s’ouvrit à la volée lors du choc du bélier. Les Mormundiens, qui ne s’étaient préparés à ce que la porte se brise aussi rapidement, tombèrent, entraînés par le poids du butoir. Durant un bref instant, tous les soldats Skefiens purent voir clairement leurs ennemis. Ils étaient habillés de gracieuses cottes de mailles qui leur ceignaient bien l’intégralité de leurs parties vitales, et munis de lourdes armes capables de transpercer de nombreuses armures. Mais cela n’était que l’apparence, et les malchanceux qui venaient de pénétrer dans l’enceinte de Skefoy ne reflétaient qu’une profonde terreur à leur mort imminente. « - Pour Foy » rugit le duc en levant haut sa lance de cavalerie, « pour notre liberté ! ». Son cheval, imité par ceux de tous les cavaliers, s’élança au triple galop en direction de la porte… de la porte et de la bataille ! Les archers Mormundiens apparurent face à l’ouverture, et décochèrent au travers de l’entrée ainsi dégagée leurs munitions. C’était sans compter le sacrifice des derniers archers, qui servirent de boucliers aux chevaliers, se laissant transpercer par les pointes mortelles. « - Qu’il n’y ait pas de deuxième salve » cria le duc en abaissant sa lance et la dirigeant vers le premier des archers. A sa suite, ses soldats brisèrent en un instant la mince résistance causée par les archers ennemis, et, comme un écho à la mort du dernier soldat de la barbacane, disparurent rapidement derrière les murailles, ne laissant derrière eux qu’un tapis de cadavres aux habits rouges. « - A nous » s’écria un autre lieutenant dès le dernier habit violet disparu. « Que nos lames trouent l’ennemi. Gardez foi dans le courage. Pour Foy ! » Telle une meute hurlante, tous les chasseurs et autres miliciens s’élancèrent à la suite de la bannière brandie par leur lieutenant, et le fleuve multicolore des chevaux s’écoula au travers de l’ouverture. « - En deux groupes » ordonna le lieutenant en partant à droite, en direction du Sud, tandis qu’un de ses sous-lieutenants emmenait sa monture à l’opposé. « - On reste groupé » s’évertua à faire comprendre par des gestes Geoffroy. « - Derrière lui » hurla Mav en pointant de son bras le sous-lieutenant. « Moins d’ennemis » expliqua-t-il laconiquement. Après la clameur et les cris du château, ils se trouvèrent plongés dans un silence perturbant, tandis que le crépuscule déjà installé ne leur permettait de percevoir que les lueurs des armes tirées. Au hasard, Geoffroy décocha une flèche face à lui, avant de se baisser contre l’encolure de sa monture et de l’encourager à aller plus vite. Il plaqua son bouclier contre lui, plus pour se rassurer que pour bénéficier d’une réelle protection, et bifurqua le long de la muraille en tournant vers l’Ouest, au moment où le sous-lieutenant sonnait la charge à l’Est. Se retournant, il remarqua qu’il était seul. A quelques encablures de là, derrière un tronc, Kev était à terre, ruisselant de boue. Une flèche s’était plantée dans le cou de sa monture, qui gisait à quelques mètres de lui. Heureusement qu’il avait eu la lucidité de se jeter dans un buisson au dos d’un large chêne avant l’effondrement de sa jument. Il tremblait de tous ses membres et n’osait pas bouger, de peur de se faire remarquer et tuer. Il entendait distinctement le fracas des combats tout près, juste derrière l’arbre en somme, et les cris d’agonie permettaient à ses sanglots de passer inaperçu. Jamais, non jamais il n’oserait fuir de ce buisson. Serrant de toutes ses forces les racines, comme s’il jetait ses dernières forces pour agripper les derniers limbes de sa vie, il remarqua à quel point le sol était meuble, et la boue présente. Cela ne coûtait rien d’essayer ! Il se barbouilla rapidement le visage, avant de recouvrir chaque détail métallique de terre. Il serait bien moins visible comme cela ! Légèrement rassuré par cette conclusion, et sentant que s’il ne faisait rien, il périrait tôt ou tard par un trait perdu, il se mit dans l’idée d’escalader le tronc, comme il l’avait si souvent fait avec Pierre… Il craignait que les bruissements de feuilles n’attirent les regards ennemis, ou que la vision d’un bras passant par-dessus les branches ne surprenne des combattants, mais cela ne fut le cas. Dans la confusion environnante, seul comptait les sifflements de flèches et les lueurs de lame, tout ce qui n’avait pas une influence directe sur le combat n’avait aucune importance. Se tenant tant bien que mal sur une branche, il scruta les montures environnantes, et remarqua, à sa grande joie, un soldat Skefien mener par la bride une autre monture. Et l’être se dirigeait sans le savoir vers lui, quelle chance ! La monture à quelques mètres de lui, il se jeta dans le vide, rattrapa la branche avec ses mains, s’y rattachant encore quelques instants. S’ensuivit un mouvement de balancier, dans lequel son corps fut amené vers l’avant, et lorsqu’il sentit le museau du cheval frotter ses jambes, il lâcha prise. Il chuta lourdement sur l’encolure du cheval, et, ne parvenant à avoir une prise correcte, se mit à basculer sur le côté en direction du sol. Le soldat, voyant un de ses congénères perdre prise, se déporta vivement sur la droite et tamponna Kev avec assez de force pour que ce dernier ne se ressaisisse et attrape la bride. Une fois les pieds fermement calés dans les étriers, Kev se tourna vers l’homme pour le remercia. « - Sans vous, je… Mav » s’écria alors Kev surpris, « comment j’ai pu ne pas te reconnaître ? » « - L’obscurité et l’angoisse, sûrement. T’as de la chance que le maître de cette bête est mort juste avant ! » « - Triste chance, en vérité. » « - Allez, on part de là » gueula Mav sans écouter Kev. Il venait de voir un groupe ennemi, et ce dernier se retournait vers eux. Mav donne un large coup dans la bride de sa monture, et s’élança aussitôt sur sa gauche à toute vitesse, suivi de très près par Kev. Les deux se baissèrent lorsque de rares traits fusèrent au-dessus d’eux. « - Merde, ils nous suivent ! » maugréa Mav, « surtout, on se sépare pas ! » Derrière eux, quatre éclaireurs ennemis s’étaient lancés à leur poursuite, et leurs visages furibonds ne laissaient nul doute sur leurs intentions ! Les montures des deux compagnons bondirent au travers de sentiers détrempés. Kev et Mav, entièrement absorbés par leur chevauchée, ne donnaient plus aucune attention aux ennemis qui derrière eux les suivaient tant bien que mal, mais ne se laissaient pas distancer. Les montures volaient au-dessus des troncs et transperçaient les buissons à toute vitesse, mais rien n’y faisait. Malgré l’obscurité, ils ne lâchaient prise. Face à eux se découvrit soudainement de multiples lanternes : le champ de bataille. Exactement la direction à éviter… Courroucé par cette malchance, Mav lança sa monture vers sa droite, qui cavala par-dessus des cadavres, témoins d’un précédent guet-apens. Ils pouvaient désormais entendre le reniflement macabre des destriers et les cris rauques de leurs cavaliers. Ils ne tiendraient pas longtemps à ce rythme, leurs chevaux étaient de bien plus frêles constitutions. Mav se retourna pour voir Kev, quelques mètres derrière lui, souffrir le martyr pour maîtriser ce cheval que jamais auparavant il n’avait monté. Leur seule chance était de s’aventurer entre les arbres ! Il tourna et dévora les quelques mètres le séparant d’un sinueux chemin. Mais Kev n’avait pas suivi ! Ils s’étaient séparés ! Et il ne pouvait faire demi-tour, leurs poursuivants s’étaient séparés en deux groupes égaux, il ne pouvait donc que continuer. Il savait que le chemin rejoignait celui qu’avait suivi Kev dans bien moins d’une lieue, mais il pouvait se passer tant de choses ! Sa monture se pressa entre les troncs et son habitude de ces chemins lui permit de regagner quelques mètres. Ceux-là pouvaient se perdre à tout moment, mais le simple fait de ne plus entendre le galop de leurs ennemis, de ne plus percevoir leurs habits rouges le rassurait. Son cheval hennit de souffrance lorsqu’il enfonça encore plus profondément ses étriers dans ses flancs pour qu’il aille encore et toujours plus vite. S’il continuait à le soumettre à un tel train, il s’écroulerait et mourrait, et lui, à pied, n’aurait plus grande chance ! Aussi dur qu’était la décision, il devait ralentir. Il en profita pour regarder autour de lui, en direction du chemin d’où devait déboucher Kev, et remarqua avec joie son ami, encore poursuivi par les Mormundiens. Et lui aussi l’avait remarqué ! Il obligea sa monture à un nouveau galop, tout en fixant intensément Kev. Sa monture connaissait le chemin par cœur, et il pouvait se permettre de ne pas la guider. Les ennemis n’avaient pas cette chance, et n’avaient aucun moyen de voir le piège qui se refermait sur eux. « - Encore un petit effort, mon petit Mika » souffla-t-il à l’oreille de son cheval, « tout dépend de toi maintenant. » Il se retourna pour voir les agresseurs regagner un peu de terrain. Cela était parfait ! Il déboucha juste devant la monture de Kev, exactement à la perpendiculaire de la trajectoire que suivait ce dernier. Il continua sur sa lancée au galop, tout en se saisissant de son arc. Tournant son regard, il vit ses deux poursuivants surgir face aux deux chevaux ennemis, et, sous la vitesse, deux soldats se fracassèrent l’un contre l’autre, trop éberlués d’avoir ainsi surgi devant leurs compatriotes pour faire le moindre écart. Les deux autres évitèrent tant bien que mal le choc, mais la manœuvre les déstabilisa et ils en oublièrent Kev et Mav. Juste après les hennissements d’agonie, les deux compagnons avaient arrêtés leurs montures et dégainés leurs arcs. Avant même que le premier ne saisisse le danger auquel il était exposé, une flèche pénétra profondément en son cœur. Kev décocha sa flèche sur le second, mais fatigué par sa longue cavalcade et entièrement consumé par l’angoisse, le manqua largement. Ne s’attendant pas à une erreur de la part de Kev, Mav encocha avec précipitation une flèche, qui manqua à son tour sa cible. Le Mormundien se saisit à son tour d’une flèche qu’il dirigea vers celui qu’il estimait être le plus dangereux, à savoir Mav. Il n’y avait en ce geste nulle cruauté, seulement une envie de survivre à cette bataille, et cela ne pouvait que se réaliser au travers de la mort des autres. Derrière eux un rugissement épouvantable résonna, qui les détourna tous pour découvrir la provenance du cri. Ils découvrirent un Geoffroy écumant, qui se précipitait à l’encontre de leur agresseur. Son épée était tirée, et passant aux côtés de l’agresseur, la lui jeta dans la gorge. Il fit stopper sa monture quelques mètres plus loin, et haleta : « - Pas facile de vous rattraper. Galopez mieux que je ne pensais. » Il se permit enfin un sourire, avant de s’asseoir à terre. « - Content de vous voir vivants, j’ai cru que jamais je n’arriverais à temps. » « - Merci d’avoir été là » trouva juste à dire Kev, encore sous le choc de leur cavalcade et de son heureux dénouement. « - Pas de quoi » se réjouit Geoffroy, « remercie justement mon habitude de chasseur, sinon je vous aurais jamais remarqué parmi les autres ombres. » « - En même temps » se moqua Mav, juste parce qu’il éprouvait le désir de rire après être passé si près de la mort, il était en vie et voulait en profiter, « un si petit cavalier que Kev, ça doit bien se remarquer ! » Geoffroy acquiesça avec le sourire, encore usé par sa chevauchée, tout comme ses deux compagnons. « - Je récupère mon épée, on achève les deux autres, et on peut y aller. » Kev, à cette parole, avala difficilement sa salive. « - Dis-toi que si on les laisse vivant, ils auront encore la possibilité de te tuer » prononça Geoffroy en tranchant la gorge des deux agresseurs. « C’est cruel mais c’est la guerre. » Kev approuva péniblement, avant de suggérer : « - On devrait peut-être aller au point de rendez-vous, j’espère que Gontrand et Arthur y sont déjà. » « - Je l’espère aussi, cela voudra dire qu’ils sont toujours vivants » signifia Mav. « - Attendez » cria Geoffroy, « on récupère leurs deux montures encore valides. Elles sont fatiguées, mais elles feront le voyage à vide. Elles pourront toujours nous servir. » Il saisit par la bride un des chevaux, puis partit en un trot calme vers le point de rendez-vous. « - Suis-le, je prends l’autre et vous rejoint de suite » l’informa Mav, en récupérant la bride de la deuxième monture. * * * Cinq êtres tout de vert vêtu étaient cachés dans des branches et feuillages avec lesquels ils semblaient former une parfaite unité. A leurs pieds leurs montures broutaient paisiblement de l’herbe dans un parfait silence, comme leurs maîtres le leur avaient demandés. A une dizaine de mètres étaient trois formes le long d’un sentier, flèches encochés. Ces dernières n’avaient pas remarqués la présence des cinq intrus, qui s’approchaient petit à petit. Parfois un des êtres prenait la parole, mais leurs voix se mélangeaient au vent environnant comme s’ils avaient eu le pouvoir de dicter à la nature de dissimuler leur présence. « - Voilà nos lièvres » souffla le meneur. « - Que fait-on ? »stridula un second, ne comprenant pas encore pourquoi ils n’abattaient pas ces hommes, rejetons d’Althior. « - Tu ne vois donc pas » gronda le chef tel le roulement des vagues sur le galet, « ils attendent, alors on fait de même. De cette façon Anar sera content. » « - Ecoutez ! » La voix avait tonné tel l’éclair dans l’air, et la surprise suait à grosses gouttes du visage de l’être. « - Aux chevaux ! » ordonna finalement le meneur, paniqué, en entendant un galop rapide dans la distance. Leurs proies allaient s’échapper s’ils ne prenaient attention. Ils sautèrent tous sur leurs chevaux, qui ne furent nullement surpris, avant de se déporter vers le sentier. Face à eux apparurent, encore dissimulés par la nuit, Arthur et Gontrand, poursuivi par trois poursuivants, aussi habillés de vert. « - Derrière-vous ! » hurla Arthur, paniqué, à ses trois amis inconscients des lames qui se défourraient dans leurs dos. « - Ecartez-vous » commanda Gontrand, gardant toute sa lucidité pour le combat. Il pointa en avant sa lance, tout comme Arthur, et se précipita vers les cinq agresseurs. Geoffroy, Mav et Kev eurent juste le temps de mener leurs chevaux contre les bords du sentier que déjà les pointes effilées conquéraient l’endroit où ils se tenaient un instant auparavant. Le choc fut bref, mais fatal à deux des agresseurs, la lance profondément enfoncée dans le thorax. Sans même prendre le temps de ralentir pour récupérer leurs armes, et se sachant moins nombreux, ils continuèrent sur leur lancée pour être hors d’atteinte de la moindre flèche, avant de dégainer leurs rapières. Ils découvrirent un troisième cadavre, transpercé d’une flèche. Geoffroy avait donc eu le courage d’assurer un tir. Mais cette pensée ne les rassura nullement, car hormis la présence des trois agresseurs morts, ils étaient seuls. Leurs amis avaient fuient par un autre chemin ! Percevant un léger bruit de galopade dans le lointain, leurs destriers bondirent dans cette direction, et volèrent au-dessus de tous les obstacles, parmi les forêts qu’ils connaissaient tant. Un cri, il avait entendu un signal ! Gontrand se força à se concentrer sur la source de ce bruit. Il le reconnaissait, Kev criait ! « - Au Nord ! » rugit Arthur, qui avait aussi perçu le hurlement de détresse. Sa monture bifurqua juste devant celle de Gontrand, qui lui continua encore tout droit. Plus loin, un sentier était autrement plus praticable et il irait bien plus vite ! Ne songeant plus qu’aux risques qu’encourraient ses trois amis non soldats, il cavala, oubliant les rameaux qui lui fouettaient le visage et laissaient des traînées sanglantes dans sa chair. La souffrance s’était faite oubliée devant la peur. Il contourna un large rocher avant de déporter sa monture sur la droite. Son destrier avait beau geindre sous la douleur, il allait devoir accélérer encore, et survivre jusqu’à ce qu’il soit aux côtés de ses amis ! « - Arthur, par là ! » Les voix se faisaient de plus en plus insistantes, il se rapprochait donc, et vite. Bien trop rapidement d’ailleurs pour son cheval fatigué, songea-t-il un instant. Les autres devaient être sur ce même sentier, mais dans l’autre sens. Il allait bientôt les croiser ! Le spectre de l’échec lui apparut quand il tendit son épée face à lui, et s’imagina rapidement ne parvenant à maîtriser sa vitesse et percutant un de ses amis. Son habitude de telles situations lui permit de se concentrer, et lorsqu’au détour d’un virage il découvrit face à lui ses amis et les agresseurs, c’est avec calme et courage qu’il analysa la situation. Une centaine de mètres les séparaient encore. Devant, Kev et un ennemi sur le même destrier, Kev maintenu plaqué contre l’encolure de la monture. Juste derrière, et tentant de désarçonner l’agresseur, étaient Mav et Geoffroy. Ensuite il devait y avoir quelques autres êtres verts et Arthur, mais il ne s’autorisa qu’un furtif regard. Plus que cinquante mètres. Mav et Geoffroy s’étaient écartés, Kev s’était penché encore plus contre le garrot, et l’être vêtu de vert chevauchait toujours face à lui, trop occupé à repousser les attaques des deux hommes pour guider sa monture. Gontrand leva rapidement sa lame au-dessus de son casque, avant de faire arrêter brutalement sa monture. De douleur cette dernière hennit et se cabra, ce qui prévint l’ennemi du danger. Mais trop tard ! Moins de dix mètres les séparaient. Gontrand précipita la lame contre le visage de l’agresseur. Une balafre ensanglantée naquit à l’instant du choc, et l’homme s’écroula à terre, mort. Sans perdre un instant, Kev prit les rênes de la monture et continua le galop. Geoffroy ralentit un instant et décocha une nouvelle flèche qui alla se planter dans le cou d’une monture, qui s’affala, inerte, entraînant dans sa chute son cavalier. Gontrand voulut relancer sa monture à la poursuite de ses amis, mais la si longue cavalcade avait eu raison d’elle, et ses jambes tremblantes ne laissaient aucun doute : il avait présumé des forces de son destrier. Il sauta à bas du cheval, et dressant son bouclier face à lui, hurla : « - Pour Pierre et Richard ! » Il tendit avec rage son épée vers le premier ennemi qui se présentait à lui, mais ce dernier l’évita. Alors qu’il allait crier sa fureur et la haine de cette lâcheté, il sentit un choc dans le bas de son dos. Il y découvrit une flèche au plumage vert profondément enfoncée dans son corps. Déjà des gouttes de sang s’écoulaient et teintaient de rouge son étincelante cotte de maille. Ses pieds lâchèrent prise, et sans même comprendre comment, il se retrouva, hébété, genoux à terre. Il avait échoué, et allait mourir là… Il n’avait pu protéger ses compagnons… Ses compagnons ! Ils ne devaient pas rester là pour défendre sa dépouille, mais partir, fuir vers un lendemain meilleur ! Déjà il n’avait plus de sensation, et ne ressentait plus qu’un froid mordant et glacial se répandre dans tout son corps. Ah, ils devaient bien rire, à le laisser souffrir ainsi ! Ces bêtes n’avaient même pas le cœur de l’achever ! Ils allaient donc le laisser là en pâture aux corbeaux. Il n’aurait nulle sépulture sur laquelle ses proches pourraient se recueillir, nulle pierre témoignant de sa vie passée. Oh, des bruits de pas approchaient. Dans son dos, il ne pouvait rien voir. Se retourner ! Il n’en avait pas la force. Diable qu’il se sentait faible ! Une main, plutôt en gant en cuir, sur son épaule. Il le discernait au travers de ses larmes de souffrance. Un pied, oui, ça devait être un pied, au bas de son dos. Cruelle sensation qui le trahissaient, il était incapable de savoir si c’était ses amis ou ennemis qui le touchaient… Il cria de toute la force de ses larmes lorsqu’il sentit la pointe se retirer de son corps. La douleur affluait, et pulsait dans toutes ses veines. Il pleurait ou vomissait, il ne le savait même pas, après la léthargie dans laquelle il avait chutée, le brouillard évanescent de la mort s’était effacé au profit des brûlures de la douleur. La souffrance, il ne ressentait plus qu’elle. Qu’on le touche ou qu’on lui jette une pierre, il ne le remarquerait même pas. Des ongles décharnés se promenaient le long de son cou, s’amusaient de ses gouttes de sueur. Oh qu’il imaginait la joie des êtres, il n’était rien d’autre qu’un morceau de viande, laissé à la merci du premier venue. Non, il délirait, son imagination l’abusait. Ses yeux le piquaient, et il sentait de multiples pointes le transpercer, lui envoyant des décharges dans tout son corps. Rien ne pouvait être réel, non, il n’avait eu qu’une pointe dans le dos, c’était tout. La souffrance, cette corruptrice, la souffrance le trompait, trahissait tout son corps. Il était peut-être mort, et cette satanée douleur l’envahissait encore, ah Serpent, quelle horreur ! Jamais il ne se remettrait d’un tel traumatisme, un venin devait être en lui, maintenant il voyait les arbres danser autour de lui. Et les étoiles se rapprochaient, allaient le percuter ! Finalement, abattu par la douleur, son cœur vaincu par le désespoir, il n’eut plus la force de lutter et s’effondra dans l’inconscience. Un sourire sardonique illumina un instant le meneur des agresseurs, avant que ce dernier ne murmure avec une joie indécente : « - Emmenez-le avec les autre autres. Qu’il souffre pour la folie qu’il a eu de s’opposer à notre pouvoir. » Il s’éloigna, et se murmura à lui-même : « - Il sera heureux, ô oui il sera très heureux. Les temps changent, et les cieux deviennent cléments pour notre souveraineté sur ce monde. » Principaux changements: la bataille et la capture. A l'origine ça faisait une demie-page . Pour le reste, bon, maintenant que voux connaissez la suite, les êtres immémoriaux, simple à voir qui c'est . Et je me permets d'insister sur les directions dont ils ont le choix Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 7 janvier 2006 Partager Posté(e) le 7 janvier 2006 Les six compagnons se trouvaient dans une maison posée contre la muraille intérieure. Le posée fait trop 'maison en papier machée !' d’elles était naît des souffrances, des tortures qu’ils De l’espoir était naît de la mort sous la forme la plus improbable qu’elle aurait pu prendre Pourquoi naitre est il conjugé ? « - C’est cela, c’est cela » se renfrogna l’homme. Il se tourna Un garde dirait plus ça que cela Commentaire : C'est pas mal ! Au début, j'ai cru que je l'homme qui avait abbatu les deux humains c'était l'autre Ath ! Je comprenais plus rien ! Je sais pas si c'est l'effet que tu voulais donner Sinon pas mal comme d'habitude ! Tu laisses tes dialogues et les descriptions pour les faire bouger un peu et ca rend bien ! Tu alternes tres bien les genre ! Deuxieme partie ! la fois fascinés et terrifié par le pouvoir d’une simple flèch Un participé au pluriel et pas à l'autre ? Lequel se verra changer ? Mon peuple, gardez donc foi Marrant le jeu de mot ! A leurs pieds leurs montures broutaient paisiblement de l’herbe dans un parfait silence T'aime aps les virgules ! Comme après pieds Il contourna un large rocher avant de déporter sa monture sur la droite. Son destrier avait beau geindre sous la douleur, il allait devoir accélérer encore, et survivre jusqu’à ce qu’il soit aux côtés de ses amis ! Fais gaffe, à la fin de ton texte, tu as tendance a remplacer les points par des points d'exclamations Bon sinon c'est pas mal et c'est vrai que c'est beaucoup plus développé que la derniere fois ! Par contre evite les longs passages comme ca ! Je me suis fais violence !! Mais bon ... Ca en vallait le coup @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Iliaron Posté(e) le 12 janvier 2006 Auteur Partager Posté(e) le 12 janvier 2006 Bon, comme j'avais pas mal de profs absents, et comme je suis passé complétement à côté d'un DS de SVT qui m'a miné le moral au point de ne pas avoir le courage de sortir de devant l'écran (m'énerve, j'aurais pas réviser, j'aurais eu une meilleure note... Pfiou, à bas les chahutages dans les couloirs, ça m'a déconcentré pile à la lecture d'un des mots les plus importants... (sigh, c'était la seule matière où je pouvais encore rester premier, dommage...) enfin bon, passons), j'ai écrit une suite (ça m'a toujours permis de rendre mon ennui utile...) Par contre evite les longs passages comme ca ! Je me suis fais violence !! Mais bon ... Ca en vallait le coup Faudrait savoir, d'habitude tu te plains que c'est trop court^^ (bon là c'est vrai que je suis vraiment passé du coq à l'âne...) Là ça risque d'être un peu court, mais ça permet de clore ce chapitre d'une trentaine de pages (mais je risque de faire passer une partie du début dans le précédent chapitre histoire d'équilibrer). Normalement je n'aurais pas besoin d'y revenir, ils ont pris le bilboquet et les flèches, et se sont demandés ce qui était écrit au niveau du parchemin, c'est donc bon. Bonne lecture Inxi (j'ai cessé de me faire des illusions, surtout aujourd'hui...) * * * Un quart d’heure s’était écoulé, et déjà les six ombres se coulaient avec aisance entre les barrières des champs. La muraille semblait déjà loin, et les quelques lanternes qui ornaient les façades extérieures n’étaient plus que de ténus points lumineux. Après leur échappée de justesse des gardes, des gueulades avaient accompagné leur avancée, et sans nul doute un conseil de guerre avait été convoqué. Des flèches enflammées avaient même été décochées au-dessus des remparts, vraisemblablement pour alerter les hameaux environnants. Ils n’avaient donc plus beaucoup de temps pour quitter les environs directs du château. Certes sortir de Skefoy même leur avait permis de passer, non sans risque, au travers des mailles du filet qui chutait sur eux, mais tel un nuage poussé par quelque pernicieuse brise, la prison était poussé inéluctablement à leur encontre. Après cette course éperdue, Gontrand, habitué aux situations de fuite, leur intima d’un unique geste de stopper leur folle avancée. Arthur s’en fit aussitôt l’interprète. Geoffroy semblait prêt à les houspiller de continuer de courir. Il avait réalisé un fort sacrifice pour découper un passage au travers du piège tendu, et n’était nullement prêt à abandonner les quelques minutes gagnées. « - Il a raison, nous avons encore les forces d’continuer d’courir, c’est vrai. Mais elles s’ront épuisées avant d’arriver aux murailles. Et si on tombe dans un mauvais traq’nard, faut être capable d’s’en sortir, donc d’un coup courir vite pendant un certain temps… Faut toujours prévoir un coup d’avance, sinon on est perdu. » « - D’accord, d’accord » maugréa sans cœur Geoffroy. « - De toute façon, il nous reste quoi jusqu’au vieil arbre ? Deux lieues au grand maximum » pronostiqua avec sérieux Mav. « - Me dis pas que tu comptes sauter de là-bas ? » « - Geoffroy, je sais que tu as passé avant pas mal de temps avec Richard à son sommet. Mais c’est bien le seul endroit où l’on peut passer si aisément au-dessus de la muraille, et un où la hauteur est la plus basse. » Devant l’air surpris de Geoffroy, il lui apprit : « ne pense pas que tu as été le seul à vouloir fuir… » Geoffroy se contenta de hocher pensivement, avant de leur confier : « - Fichue aube qui se lève déjà… Je dois vraiment être un pleutre, d’abord je pleure, maintenant j’ai peur d’une aurore. » Mav s’arrêta brusquement et se tourna vers Geoffroy. Il annonça d’une voix solennelle : « - Pleurer, c’est avoir le courage d’exposer ses sentiments. Je te trouve bien plus courageux d’avoir pleuré, que si tu avais gardé cela à l’intérieur de toi en une forte rancœur. » « - Ah bon » s’étonna avec sarcasmes Geoffroy, « car tu trouves que je vous ai vraiment confié beaucoup de choses ? » Il repartit, laissant en plan ses amis. Ceux-ci suivirent en silence, comprenant que Geoffroy allait finir par tout leur dire, il fallait lui laisser le temps de puiser en lui assez de courage. Après un temps, il commença : « - Vous avez dû remarquer que j’aime quand même bien blaguer. » Il marqua une pause. Arthur, qui était celui qui appréciait le moins les railleries, aurait à un tout autre moment répliqué vivement. Mais malgré tout il se sentait en cet instant bien trop proche de son ami pour briser sa confidence. « Mais toujours, quand je sens que je suis allé trop loin, je m’excuse. Cela fait, selon moi, partie intégrante de l’ironie… Jamais, je pense, je n’étais allé aussi loin. » Il s’arrêta, et ses compagnons approuvèrent d’un geste de tête. « Pourtant ce soldat ne m’avait strictement rien fait, et je n’aurais jamais plus l’occasion de m’excuser. Le pire c’est que c’en était un vraiment sympathique, car quand même il m’a d’abord accepté un temps dans ses bras, et pas mal d’autres m’auraient tué et on en parlerait plus. C’est sûr que j’aurais pu y aller d’une manière moins forte, mais on devait passer avec des rapières, et si le soldat n’avait pas été entièrement absorbé par mon passage, il l’aurait bien remarqué… » Il ravala quelques timides larmes. « Mais ça me fait quand même vraiment mal d’avoir ainsi brisé la nuit au soldat, je pense qu’il restera longtemps à se maudire de ne pas m’avoir tué, et la haine qu’il éprouve à mon encontre n’est vraiment pas près de se tarir. » « - Allez, un peu de courage, Geoffroy, tu vas voir, grâce à toi on va fuir. Une fois qu’on aura sauté au-dessus de la muraille, ça ira bien mieux ! » Ilia s’approcha discrètement de Mav et lui souffla : « - Nos chevaux ne sont-ils pas au niveau de la porte d’entrée ? » « - Si, mais ils ne sont pas attachés. Et tu ne m’avais pas dit que les chevaux elfiques venaient quand on les sifflait ? » « - Pas de si loin en tout cas. » « - N’en parle pas à Geoffroy, pas dans son état » le supplia presque Mav. « Je n’ai pas envie de le voir encore plus souffrir. » « - Je saisis » le rassura Ilia. Ils parlèrent ainsi de tout et de rien jusqu’à atteindre l’arbre. Mav le noya sans discontinuer d’anecdotes sur le travail à la forge et de l’amour qu’il avait à voir le métal fondu. Ilia, qui pourtant percevait les fourneaux des humains comme des outils d’Althior, l’enfer elfique, ne put s’empêcher de se laisser bercer par la passion qui émanait des paroles de l’homme. Ils parlèrent de Pierre et de Richard rapidement, comme s’ils ne voulaient pas se rendre triste à songer au futur – ils savaient pertinemment qu’ils allaient avoir à tirer leurs armes, pas besoin de ne penser qu’à ce moment là – Geoffroy évoqua avec quelques souvenirs ses premières conquêtes, tandis qu’Ilia parla de son enfance Athi et de ses premiers arbres grimpés, de sa première chasse et de son triste dénouement, et enfin de sa rencontre avec Kirla. Ils ne virent pas les kilomètres défiler, et sans avoir évoqué une seule fois ce qu’ils feraient une fois au niveau de l’arbre, ils arrivèrent au point nommé. Certes cette discussion ne leur avait absolument pas permis de mieux envisager leur fuite, mais elle avait permis de concrétiser leur amitié de la plus belle manière qui soit. Et cela, même s’ils avaient été poursuivis par des agresseurs, valait bien de perdre quelques instants. Sans amitié, ils ne pourraient jamais triompher ! « - Comment on fait » demanda simplement Arthur sans plus tergiverser. « - Une corde » répondit avec concision Mav. « - Quoi ? » « - Avec une corde ! » Mav s’étonna quelque peu qu’Arthur n’ait pas saisi dès le début sa phrase. « - Non, t’as du mal m’comprendre ! J’veux dire, d’accord pour la corde, mais comment ? » « - En l’attachant au tronc, en se hissant au haut de la muraille grâce à ce même arbre, puis en se balançant au bas. » Cette fois, Mav eut réellement l’impression de persister dans un dialogue de sourd. « - T’m’as toujours pas compris ! On a pas de corde » se lamenta Arthur, tout en dissipant le quiproquo. « - Ah, si c’est ça le problème » se moqua Mav, rassuré, « rappelle-toi qu’on ne savait pas ce qu’allait faire Geoffroy. J’avais donc par précaution, disons, emprunté une corde aux Aths, histoire d’avoir l’opportunité de passer par-dessus la muraille. » « - Comme quoi » railla Geoffroy, « cela a servi que je maintienne le secret. » Il n’y eut nul commentaire. Geoffroy avait retrouvé le sourire, c’était suffisant ! « - Eclats de verre » marmonna très faiblement Gontrand. « - Je les avais oublié ceux-là » se maudit Mav. « - Sont moins nombreux sur la muraille extérieure, et heureusement. Z’ont garni la muraille intérieure de piège, mais, tu sais, la muraille extérieure est d’toute façon q’peu gardée. Ca a coûté b’en assez cher comme ça. » « - Et à quoi elle sert cette muraille » s’enquit Ilia, légèrement décontenancé par la folie humaine qui consistait à construire de coûteuses fortifications – même si en tant qu’Ath l’argent ne signifiait pas grand-chose pour lui – et à ne pas les garder. » « - Il faudrait trop d’hommes. L’édification remonte à une époque où l’on était bien plus prospère, avec plus d’hommes. Ca doit bien remonter à l’origine du royaume d’ailleurs, à cette époque il y avait plus de guerriers, du moins c’est ce que disent les légendes » songea à haute voix Mav. « - Et ça ralentit les invasions » conclut Arthur. « - Je me rappelle d’un charlatan m’ayant appris que ça remonte à une très ancienne défaite où l’on avait pourtant failli gagner, et, par peur de représailles d’une peuplade étrange et puissante, une grande partie des hommes avaient construit Skefoy pour s’y réfugier. Il paraît qu’à l’époque presque toute la population était des soldats, mais bon, c’est sûrement des commérages, faut pas non plus y prêter grande attention. » « - Ton charlatan avait raison alors » lui apprit, à la surprise des compagnons, Kirla. « Et la guerre dont tu parles est la guerre de Loriath. L’homme ne savait simplement pas que les hommes s’étaient réfugiés par peur des elfes. » Cette révélation leur apparut à tous invraisemblables, puis après une rapide réflexion, ils saisirent enfin l’origine de la xénophobie des hommes à l’encontre de tous peuples étrangers. Cela devait tout de même remonter à loin, très loin ! Vingt-deux générations, sûrement… Le duc n’était-il pas le vingt-deuxième descendant de la dynastie des Hannifoy… Et les Aths se souvenaient encore de ces temps reculés ! « - Si vous voulez, on pourra toujours en parler plus tard » commença à s’énerver Ilia devant le temps perdu, « mais là, il faut vraiment s’en aller ! Le soleil se réveille de sa nuit et darde déjà ses rayons ! L’aube fait rougeoyer le ciel, et nous serons plus que visibles dans quelques instants ! » Tous se rendirent alors compte qu’ils venaient de perdre inutilement de précieuses minutes. La connaissance valait certes un certain prix, mais pas celui qu’ils encourraient s’ils se faisaient prendre ! « Mav, passe-moi la corde, je l’attache. Vous autres, montez sur l’arbre. Kirla et moi on passe dernier, on a l’habitude de grimper aux arbres. En très peu de temps, le filin fut enroulé autour du tronc, et, d’un nœud qui paraissait lâche, s’agrippa solidement contre l’écorce. Ce fut Mav qui monta le premier le long du tronc. L’entreprise était rendue ardue car l’arbre, vieux et pourri de l’intérieur, présentait certes des branches pour poser les pieds, mais des dernières avaient la fâcheuse habitude de se briser lorsque l’on voulait y prendre prise. De plus, de la mousse apparaissait dans tous les recoins et rendait l’ascension encore plus dangereuse. Par chance, la muraille ne faisait que trois mètres de haut, et une chute, à moins d’être réellement malchanceux, ne faisait perdre que du temps. Une fois à hauteur de la muraille, Mav sauta le mètre le séparant de celle-ci, se saisit de la corde, et disparut derrière les pierres. Une fois à terre, il cria un « c’est bon », et ce fut à Geoffroy de s’élancer. Puis vint Arthur, qui dut tenter par trois fois la grimpée, les branches ne supportant pas sa stature imposante. Heureusement, il était assez souple – vive les entraînements soldatesques, se réjouit Gontrand en silence – et atterrit à chaque fois comme un félin, certes il avait l’air d’un chat très lourd et bruyant, mais il possédait la même agilité. Avant de prendre la corde, il demanda nerveusement : « - T’es sûr que ça va tenir ? M’a pas l’air b’en solide. » « - Ne te fais nul souci » le rassura Ilia, « c’est moi qui ait fait le nœud ! » Sans être rasséréné, car ne connaissant les qualités d’Ilia, Arthur se risqua à confier sa descente au mince filin. « - Ah ben, finalement, c’est bon » se surprit-il une fois en bas. Ilia ria légèrement en songeant que l’arbre ne survivrait pas à un passage de plus de la part d’Arthur, avant de remarquer que Gontrand était déjà en haut. Ilia admira la prestance avec laquelle il avait grimpé, et nonchalamment Gontrand se balança au-dessus de la muraille et disparut sans mal derrière les fortifications. Comme ils s’y attendaient, ce ne fut pas Gontrand qui assura avoir bien descendu, mais Mav. Vinrent alors les deux Aths, qui prirent un plaisir rapide, mais bien trop bref à leur goût, à chercher des prises sûres dans l’écorce de l’arbre. Certes le toucher d’un arbre pourri n’était pas forcément très gracieux, mais tout de même, c’était un arbre ! Une fois en bas, Geoffroy les pressa à partir. « - Et tu comptes partir comme ça ? » s’insurgea Ilia. « - Pour sûr, qu’aurait-on oublié ? » demanda juste pour la forme Geoffroy, tout en s’éloignant avec de vifs pas. « - C’est vrai qu’on a laissé une carte de visite » constata Mav en observant la corde, « mais on ne peut rien faire » finit-il avec une pointe de miséricorde dans sa voix. « - Bien sûr que si, pourquoi croyez-vous que le nœud paraît si lâche ? » Simplement, et comme si cela lui apparaissait tout à fait normal, il donne une chiquenaude à la corde qui coula comme un serpent le long des remparts. « - Et on a confié nos vies à ça ! » remarqua, tremblant, Arthur. « Jamais, c’est décidé, jamais plus, je te confie mon existence, Ilia. » Avec un large sourire, ce dernier mima une courbette, l’air de dire « si vous le prenez ainsi », puis marcha droit devant lui afin de rejoindre leurs montures éloignées. Se passe pas grand chose, on en apprend juste un tout petit peu plus sur Skefoy (prochaine leçon, pourquoi Skefoy est surnommée la prodigue) Pour l'arbre, je n'avais pas envie qu'il se passe d'ennui, ça aurait juste été pour rallonger le récit, aucun intérêt donc. Ah oui, et je tenais à expliciter la conduite de Geoffroy, car ça me permet, sans rire, de mieux caractériser l'homme, ça m'aide pas mal sur la psychologie (une des causes de ma mauvaise nuit, à minuit je me suis mis à songer à ce passage...) J'espère que ça vous a plu! Le prochain chapitre sera donc consacré à la rentrée en Loriath. Ben oui, faut bien qu'ils découvrent certaines choses en route! Iliaron, assez démotivé Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Inxi-Huinzi Posté(e) le 13 janvier 2006 Partager Posté(e) le 13 janvier 2006 Faudrait savoir, d'habitude tu te plains que c'est trop court^^ Le truc c'est que tu as posé un fois la bonne taille puis ensuite, tu as reposé une deuxieme fois ! Donc une bonne taille + une bonne taille = Trop long ( Bizarre cette équation ) lumineux. Après leur échappée de justesse des gardes Après avoir échappé de justesse aux gardes la prison était poussé inéluctablement à leur encontre. Accord « - Ah bon » s’étonna avec sarcasmes Geoffroy Point d'interogation Se passe pas grand chose, on en apprend juste un tout petit peu plus sur Skefoy (prochaine leçon, pourquoi Skefoy est surnommée la prodigue) Je le savais meme pas Bon bien que tu dises qu'il se passe pas grand chose, j'ai quand meme l'impression que ca bouge pas mal ! Notement dans les premiers paragraphes ! Plus de psycho et la description du pourquoi les remparts Enfin bref, tout ca pour dire : la suite ! @+ -= Inxi =- Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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