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L'Ennemi intérieur


Monthy3

Messages recommandés

J'adore toujours ton texte et je ne peux que te féliciter :whistling::evilgrin:

Bon, essayons quand même de trouver quelque chose à redire :D .

Voilà... j'ai trouvé, gnark ,gnark.

Le passage où l'on passe de la voix(italique) au récit et je le trouve très... brutal.

Mais ce n'est le point de vue que d'un simple lecteur passionné.

Kroxigor.

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Dac dac ! :D fn du premier chapitre alors :evilgrin:

Tu aurais pu poster tout d'un coup :whistling: Ca aurait permis qu'on aurait pu en lire plus !!! :ermm: Nan mais ca va quand meme :D

Bon bah rien à dire, on a pas appris grand chose mais ca satisfait ma curiosité ( Enfin pour quelques heures maximum )

Tu sais ce qu'il te reste à faire :D

@+

-= Inxi =-

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Bonsoir

Le passage où l'on passe de la voix(italique) au récit et je le trouve très... brutal.

Vrai, c'est plus ou moins fait exprès... pour ouvrir sur quelque chose d'autre :evilgrin:

Tu aurais pu poster tout d'un coup innocent.gif Ca aurait permis qu'on aurait pu en lire plus !!! tongue.gif Nan mais ca va quand meme smile.gif

Très bien, je peux poster de plus gros morceaux... Mais, du coup, il y aura plus d'attente entre 2 chapitres : à toi de voir ce que tu préfères :whistling:

Merci de vos encouragements !

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Bonsoir

J'ai décidé de faire plaisir à Inxi sur ce coup, je vous livre donc le chapitre 2 d'une seule traite ! Vous me direz si vous préférez ça aux petits morceaux d'avant. Par contre, je n'ai pas commencé le chapitre 3, donc il faudra attendre (d'autant plus que la période de concours blanc se rapproche :whistling: ).

Avertissements sur le chapitre 2 :

-- j' introduis pas moins de 6 nouveaux personnages... ce qui vous fait autant de noms à retenir. Mais certains sont plus importants et interviennent plus. Enfin, il faut quand même savoir que tous reparaîtront sans doute.

-- une maladresse est glissée dans ce chapitre. Allez vous la déceler ? :D

-- tout le chapitre est une conversation ; aucun passage narratif. Autrement dit, c'est l'instant de vérité pour voir si je maîtrise plus ou moins les dialogues :evilgrin:

Bonne lecture.

_____________________________________________

Chapitre 2 : Menaçant, menacés

La nuit avait dévoré le soleil ; les ténèbres recouvraient désormais toute la cité, noyant les dérisoires tentatives des rares lampes tentant de se frayer un chemin dans leur trop dense noirceur. La vie s’était presque totalement éteinte ; elle ne reprendrait qu’au lever du soleil. Seule, la Lumière de cendres semblait pouvoir lutter contre la nuit, tout comme elle luttait constamment contre le jour. En effet, à l’intérieur, le dîner allait commencer.

L’immensité de la salle à manger paraissait déplacée tant le nombre de convives était limité ; chacun s’installait à chaque fois à la place qu’on lui désignait, toujours identique. Or le roi n’invitait pas toujours les mêmes nobles, ce qui l’obligeait à déployer une table gigantesque qui établissait parfois de grandes distances entre les aristocrates. L’ambiance se révélait alors pour le moins glaciale, ce qui serait vraisemblablement le cas pour ce repas. Il y avait ce soir, comme tous les soirs, dix convives attablés, le regard fixé sur chaque geste du roi : le dîner ne débutait qu’après que ce dernier ait porté un toast. Justement, assuré de l’attention de ses invités, le roi leva le bras, une coupe d’un alcool fort, le saïs, à la main.

“Amis, aux périls qui nous menacent tous !

Il y eut un moment d’hésitation dans la salle, chacun regardant l’autre d’un œil inquisiteur ou son propre verre avec suspicion. Quels mots ambigus, et inquiétants par leur ambiguité ! Mederick jeta un regard nerveux à Thorlof, lequel observait calmement le roi et avait, le premier, levé sa coupe. Le Vampire tremblait presque lorsqu’il fit de même ; un à un, tous les autres nobles s’exécutèrent, lentement.

– Aux périls qui nous menacent tous !

Les serviteurs commencèrent alors à apporter les plats, sucrés, salés ou les deux à la fois, les déposant au hasard devant tel ou tel invité, pendant que le roi poursuivait, un sourire aux lèvres.

– Appréciez cette nourriture savoureuse, buvez ces vins exquis, profitez-en pendant que vous êtes encore en vie !

Voilà qu’il continuait à débiter des paroles lourdes de menaces. Etait-ce juste un avertissement, ou un projet ? Peut-être une opération déjà entamée ? Mederick ne touchait pas à ce qu’on lui proposait, préférant attendre les réactions des autres. Certains dînaient de bon cœur, suivant l’exemple du roi lui-même ; d’autres hésitaient ; mais, finalement, tous entamèrent la nourriture. L’alcool faisant son effet, des conversations animées s’installèrent entre les nobles à propos de nouveaux achats, de conquêtes de terres ou de différends à régler au plus vite. Bref, l’incident semblait oublié jusqu’à ce qu’une voix, profitant d’un retour du silence momentané, s’élève.

– Votre majesté, je m’en voudrais de ne pas porter un toast en votre honneur. M’en laisserez-vous le bonheur ?

– Fais donc, Todrick, fais donc.

Le Todrick en question était petit sans vraiment l’être, tant il prenait de l’envergure lorsqu’il avait la parole. Son visage allongé, ses cheveux noirs très courts, ses yeux perçants toujours en quête de renseignements, ses ongles plutôt longs pour un aristocrate, tout en lui faisait penser à un rapace. On le soupçonnait d’avoir commis les nombreux coups bas dont on n’avait jamais pu découvrir l’instigateur ; il n’y avait personne d’assez fou pour lui faire confiance et, par conséquent, il n’avait pas d’amis. Bref, dans cette mer en furie qu’était le monde, il représentait l’îlot solitaire, immobile et arrogant.

– Je vous remercie, votre majesté.

Puis, d’une voix plus forte :

– Mon roi et maître, mes camarades et confrères, je lève ma coupe à la nouveauté !

Consternation parmi les convives : quelle audace ! C’était une réplique directe aux propos tenus par le roi ; comment ce dernier allait-il le prendre ? Cette phrase pouvait être considérée comme hautement subversive et passible de mort. Tous les regards étaient désormais fixés sur le monarque. Qui se leva puis brandit sa coupe.

– A la nouveauté, cher sire K’Rhasco !

En même temps qu’il prononçait ces mots, Mederick crut apercevoir une lueur de folie dans ses yeux ; mais il était sûr d’une chose : un sourire au mieux ironique, au pire franchement sardonique, trônait à présent sur son visage. Il préparait quelque chose, forcément, mais quoi ? Et pourquoi le dévoilait-il si clairement, justement aujourd’hui ? Le Vampire étudia soigneusement les nobles attablés : aucun ne semblait véritablement serein hormis, encore une fois, Thorlof. Lequel parla.

– Cher sire K’Rahsco, j’ai entendu dire que votre père était mort récemment.

– Oui, un événement tragique. Mais j’ai pris sur moi pour ne pas me laisser aller au désespoir.

– J’en suis persuadé. J’aimerais tellement vous soulager d’une si brûlante douleur.

– Vraiment ? Je serais ravi de vous la faire partager, mais je crains fort que ce soit impossible. Par contre, je pourrais vous faire ressentir la même souffrance. Qu’en dites-vous ?

Ce faisant, il fixait, un rictus aux lèvres, Mederick, qui, confiant, savait que son sort dans cette joute verbale était entre de bonnes mains. C’est alors qu’un autre convive, du nom de Jari B’Rauts, intervint.

– Ah, vos insinuations sont répugnantes, Vautour. Je bénis le jour où vous serez éliminé.

– Votre impudence est quant à elle détestable, sire B’Rauts. Je suis curieux de connaître la raison de votre présence ici ; cette assemblée est normalement composée de gens subtils.

Tout le monde attendait une réponse du roi à cette question qui lui était indirectement adressée, mais celui-ci se contentait de sourire, savourant les menaces et les discordes entre ses invités. Comprenant qu’il ne parlerait pas, Mederick le fit.

– Allons, sire K’Rahsco, si tel était le cas, vous n’en seriez pas. Car perfidie n’est pas subtilité.

– Et, de même, perfidie n’est pas survie.

Cette dernière phrase était évidemment de Jari. Comme à son habitude, il dérangeait par sa sincérité et son insistance ; les yeux bleu clair de son visage anguleux se plongeaient toujours dans ceux des autres franchement ; jamais une seule mèche de ses cheveux roux ne venait dissimuler une partie de sa face. Bref, il était un cas unique dans l’aristocratie.

– Il me semble que messire L’Fyls ne parvient plus à suivre la rapidité du discours. Eh, sire T’Nataus, raccompagnez notre pauvre compagnon chez lui, qu’il se remette de ses émotions.

– Je suis touché d’une telle attention, sire N’Maiz ; mais il n’est pas nécessaire d’ennuyer mon ami pour quelque chose d’aussi trivial. Votre majesté, messires, Mederick : bonne soirée.”

Comme il quittait la salle à manger, deux autres nobles se levèrent à leur tour sur un geste d’Olaf N’Maiz et partirent à sa suite. Le remarquant et comprenant la menace qui planait sur lui, un sourire aux lèvres, Thorlof s’évanouit dans l’ombre du château.

Son départ entraîna un profond silence ; chacun, les yeux rivés sur les plats qu’on lui proposait, mâchait la nourriture, sans bruit. La manœuvre d’Olaf avait été à la fois habile, puisqu’elle avait isolé Mederick dans l’assemblée, mais également maladroite dans la mesure où l’instant choisi pour la réaliser était peu pertinent ; par conséquent, il ne pouvait pour le moment plus intervenir. En fait, le premier à briser le silence deviendrait probablement la proie de tous les autres ; or, seule une personne était assez folle pour prendre le risque.

“Sire N’Maiz, maintenant que vous nous avez enfin délivré de ce parasite, pourquoi ne pas nous dévoiler ce qui vous taraudait ? Car cette disparition n’était pas gratuite, n’est-ce pas ?

L’allusion était subtile : quel prix Olaf avait-il dû verser aux deux autres nobles pour la mort de Thorlof ? Et, dans la même phrase, il en demandait la raison. Mederick frissonna brièvement, espérant de tout cœur que son ami s’en sortirait.

– Ah, sire K’Rrahsco, la raison m’empêche de faire des révélations en votre présence, vous le savez bien.

– Eh quoi, Olaf, comptez-vous l’éliminer lui-aussi ? Où vous arrêterez-vous dans cette hécatombe ?

Jari, une nouvelle fois, prenait un malin plaisir à expliciter clairement les propos détournés des autres. Car, qui n’avait pas compris cela ? Quel besoin avait-il d’énoncer à voix haute ce que tout le monde pensait déjà ? “Encore un personnage à surveiller de près”, pensa le Vampire, qui continua.

– Laissez donc notre confrère emporter ses secrets dans la tombe. Bientôt, ils n’exciteront même plus notre curiosité.

Le ton de Mederick avait été celui de la plaisanterie ; pourtant, Olaf le fixait désormais d’un œil acéré. Celui-ci devait reprendre le dessus ; c’est pourquoi il joua une nouvelle carte.

– Sire L’Gellaus, notre invité est-il arrivé ?

– Bien sûr ; voulez-vous que je lui demande de venir ?

– Eh bien, qu’en pense notre seigneur et maître ?

– Faites-le appeler, je serais ravi de faire sa connaissance.

Personne n’omit de remarquer qu’une étincelle à la fois de curiosité et d’amusement s’était allumée dans les yeux du roi, auparavant moqueurs. Le noble à qui s’était adressé Olaf, prénommé Halvor, haussa alors la voix.

– Voici venue la fin de votre attente, Arme de chair !”

Les regards des nobles se vissèrent dans un bel ensemble sur la forme qui venait de surgir des ténèbres de la salle d’à côté. Pourtant, elle n’était pas bien grande : sa taille avoisinait celle de deux longues dagues disposées l’une sur l’autre ; qui plus est, elle avançait courbée, ce qui n’arrangeait rien. Mais il émanait de cette énigme comme une puissance effrayante, une aura de terreur ; ses pas rapides, bruyants, à la fois secs et glaciaux, troublaient le silence et fascinaient les convives. De son visage, dissimulé dans l’ombre d’un capuchon au marron délavé, on ne pouvait voir, et encore uniquement en l’observant attentivement, que deux yeux d’un bleu pâle, terne, sans saveur ; son manteau, la cape reposant sur ses épaules, ses chaussures, tout était usé sur elle et en elle. Car elle avait vu ou commis les pires horreurs, assisté ou participé aux plans les plus machiavéliques ; son âme, à l’instar de sa peau, se cachait derrière la carapace mentale dont elle avait été forcée de se doter, afin de ne pas perdre la raison. Le roi lui-même tressaillit lorsqu’il se rendit compte que l’apparition, presque fantômatique, se trouvait maintenant juste à côté de lui, immobile. Elle avait semblé se téléporter, bien qu’il ait pu contempler chacun de ses pas. Reprenant contenance, il s’adressa à Olaf.

“Eh bien, très cher, qu’attends-tu pour faire les présentations ?

– Ce ne sera pas nécessaire, votre majesté, car cet homme n’a pas de nom et les nôtres lui importent peu. Sachez juste qu’il est un des assassins les plus redoutés de toute la ville.

Jari se jeta sur l’occasion.

– Tiens, un de plus à cette table ? Soyez le bienvenu parmi les vôtres, Sans-nom !

L’ignorant superbement, Olaf poursuivit.

– Si je l’ai convoqué ici, c’est parce qu’il rapporte que des événements particulièrement inquiétants ont lieu actuellement. Selon lui, une tempête approche.

A ces mots, toute l’assemblée redevint sérieuse et troublée ; en effet, ils signifiaient, comme à leur habitude, que le régime lui-même était en péril. Tous les convives examinaient l’assassin à la recherche d’une information supplémentaire, en vain, pendant que celui-ci restait impassible. Alors, une voix désagréablement mielleuse s’éleva, celle d’un noble resté jusqu’ici silencieux du nom d’Alrick N’Drof.

– Votre “invité” n’est pas bien loquace, sire N’Maiz. Ce qui m’amène à la question suivante : est-il là pour autre chose qu’un meurtre ? Car, depuis le début, toutes vos manœuvres n’ont pas d’autre objectif ; quelle est donc sa cible ?

– Cet homme est muet.

Par cette phrase sèche, Olaf avait coupé court à la discussion, mais aussi habilement éludé toutes les questions gênantes. Cependant, Mederick savait que toute intervention d’Alrick était pertinente ou révélatrice : cet homme possédait une lucidité parfaite des propos de chacun. Le Vampire reprit la parole.

– Alors, pourquoi l’avoir fait venir ?

– Certes, il ne parle pas. Mais il existe d’autres moyens d’expression, que peut-être vous ne maîtrisez pas puisque vous allez jusqu’à les oublier. Je pense bien évidemment à l’écriture.”

C’est Halvor qui avait répondu à la question, prenant le relais de son ami ; il brandissait en même temps une feuille sur laquelle on décelait un texte, écrit proprement et sans fioritures, mais composé de phrases dénuées de toute élégance. Il le lut.

“Soran est mort cet après-midi : c’est le onzième forgeron à être tombé cette semaine. Près de trois cadavres, on a retrouvé des signes de magie mortelle. Sur sept autres, des marques de lames, dagues ou épées. Près du dernier, les énergies étaient jaunes : je ne connais pas ce type de magie.

De plus en plus de marchands sont assassinés ; des assemblées se réunissent, des confréries se forment. Le peuple a peur.

Une tempête approche.”

C’est le seul homme qui n’était pas encore intervenu, qui brisa le silence établi par les autres, plongés dans leur réflexion.

“Il s’agit de la plus ancienne magie du monde, plus ancienne encore que celle que je pratique. Le jaune, plus précisément le doré, est la couleur de l’invocation.

Kjeld V’Fohs était probablement le sorcier le plus puissant, le plus expérimenté et le plus érudit parmi les nobles. Son domaine, la nécromancie, dont la couleur était le bleu pâle, imposait le respect par son ancienneté. Quant à son âge, nécessairement avancé pour avoir acquis une telle maîtrise de la magie, il entraînait de la déférence même de la part de ses semblables, et son désintéressement affirmé pour la politique n’était pas pour leur déplaire. Alors, on considérait chacune de ses remarques avec attention ; celle-ci plus encore, étant donné son aspect profondément inquiétant. Mederick exprima à voix haute ce à quoi tout le monde songeait.

– Plus ancienne encore que la nécromancie, est-ce à dire plus puissante également ?

– Exact. Plus destructrice notamment, mais particulièrement difficile à contrôler.

– Alors, celui qui la pratique…

– Elle lui échappera tôt ou tard, c’est certain. En tant que première magie apparue naturellement, pas créée par l’homme et donc peu connue de lui, elle est la plus instable, et surtout la plus mutatrice.

– Qu’entendez-vous par ce terme ?

Toute l’assemblée était suspendue aux lèvres de Kjeld, captivée par ses propos, attendant la suite avec avidité.

– C’est l’histoire du monde que vous me demandez là. Soit, je peux essayer de la retrouver. Cependant, je me tairai à la première interruption, car je dois me noyer dans les souvenirs des défunts, un sortilège particulièrement douloureux lorsqu’il faut remonter à une époque aussi lointaine.

Le sorcier se tut, puis se concentra. Les yeux plissés, il fit des mouvements dans l’air, saisissant des énergies invisibles aux yeux des profanes, de plus en plus rapidement, de façon toujours plus régulière. Un souffle parcourut la salle tandis que les flux se mettaient à trembler, puis à s’agiter tout en se teintant de bleu, un bleu presque transparent. Alors, le corps de Kjeld scintilla et tremblota cependant qu’il perdait toute consistance ; ses doigts se fondaient dans les énergies en même temps qu’il les manipulait et les modelait ; petit à petit, la forme d’un crâne apparut, un crâne de magie pure, de cette même couleur bleue pâle. Les yeux du sorcier s’écarquillèrent soudain ; il remua les lèvres, mais c’est de la bouche du mort-vivant que sortirent ses paroles.

“Je me souviens du monde, un monde tout entier de magie, un monde créé par la magie. Si compacts étaient ses flux que certains s’aggloméraient, formant terre et mer, faune et flore ; non, ce n’est pas tout à fait exact, cela me revient… Les créations se modifiaient sans cesse, passant de l’arbre au loup, du rocher au nuage. Je me souviens d’humains mutant, incapables de s’accrocher aux énergies, disparaissant parfois tout simplement dans un tourbillon de lumière. Oui, oui, c’est vrai ; une lumière d’un jaune éblouissant. Tous les éléments mutaient là où elle passait, et elle passait partout ; Inévitable, oh, tellement inévitable que l’humanité semblait ne pas pouvoir advenir…”

“Qu’importent ces événements révolus !

Le ton sec de Jari interrompit brutalement la transe du sorcier qui poussa un hurlement de douleur, avant de reprendre ses esprits. Cette intervention déplut fortement au roi, comme tous les autres passionné par l’histoire.

– Sortez, sire B’Rauts ; vous n’êtes plus le bienvenu à cette table.

– Je vous ouvre les yeux et vous, vous me chassez d’un mot ? Bien, très bien ; mais vous le regretterez.

Il se leva brusquement, toisa les autres convives avec mépris, l’assassin avec suspicion, puis se dirigea d’un pas rapide vers la porte. Après avoir lancé un dernier regard circulaire, il sortit. Mederick, lui, choisit de poursuivre l’idée de Jari.

– Messire B’Rauts est intervenu mal à propos, il est vrai. Il n’empêche que l’extraordinaire puissance de l’invocation ne doit pas nous faire oublier que sept sont morts par les armes.

– Et trois par une magie plus commune. Non, sire T’Nataus, vous ne réalisez pas la gravité de la situation : la magie dorée peut s’introduire où son manipulateur le désire, et vaincre tout ce que l’on peut lui opposer.

– Pourquoi nous inquiéter ? Seuls les gens du peuple sont attaqués ; je ne serais pas surpris que le coupable soit l’un des habitants du quartier riche, c’est-à-dire quelqu’un n’ayant aucune raison de nous en vouloir.

Certains hochèrent la tête suite à cette remarque de Todrick, mais les autres demeurèrent pensifs ; seul, le roi souriait toujours. “Il a perdu l’esprit, c’est évident maintenant”, songea Mederick. Alors, pour la deuxième fois, Alrick intervint.

– Quels rideaux se sont abattus sur vos yeux, confrères, pour que vous ne vissiez pas dans ces meurtres une menace nous étant directement adressée ? Exactement onze forgerons sont morts, c’est bien cela, assassin ?

La forme opina du chef.

– Onze ont péri, onze nous étions à table : troublante coïncidence, vous me l’accorderez. Trop troublante pour en être une.

Todrick reprit.

– Vous êtes, sire N’Drof, l’homme qui occulte des informations. Certes, onze forgerons ont été assassinés ; mais de nombreux petits marchands également. Votre interprétation me semble, par conséquent, trop libre.

– Libre ou pas, elle tient debout. Et, si l’on en croit messire V’Fohs, l’ennemi a les moyens de nous atteindre.

Olaf venait apparemment de résumer tout ce qu’il y avait à retenir de la première partie du message. Halvor, conscient de cela, poursuivit sur la suite du texte.

– De plus, le peuple, aussi misérable soit-il, semble représenter désormais un véritable danger.

– Inepties que tout cela ! Nous avons les fortifications, les meilleures armes, la magie, l’habileté… Non, il n’osera pas nous attaquer.

– Messire K’Rahsco est dans le vrai. Jamais il ne s’en prendra à nous, du moins directement.

Ces derniers propos venaient, étrangement, de Mederick, qui ne soutenait pour ainsi dire jamais Todrick, lui vouant une franche hostilité. Cependant, les circonstances l’avaient exigé, ce qui ne suffirait tout de même pas à éviter une remarque acerbe ; c’est pourquoi Mederick dut développer.

– Votre invité, sire N’Maiz, nous informe que les gens se regroupent ; or, il ne sort jamais rien de bon de telles réunions. Posons-nous une seule question : que peut-il s’y passer ? Une soudaine avalanche de crimes s’abat sur les pauvres : la faute, à leurs yeux – et peut-être est-ce vrai – nous incombe. Logiquement, ils devraient réagir. Comment, je ne le sais pas plus qu’eux ; mais ils finiront bien par trouver un moyen de nous nuire.

– C’est pourquoi il nous faut anticiper leur réaction.

– Oserais-je vous rappeler, sire V’Fohs, que vous ne pratiquez pas la divination, mais la nécromancie ?

– Et ? La magie n’est pas la seule solution aux problèmes que nous pose le monde, sire K’Rahsco. Vous tous qui êtes attablés ici, mettez votre intelligence et votre intuition à contribution. Réfléchissez ; si vous êtes dignes de votre position sociale, vous trouverez.

Tous se sentirent comme rabroués, rabaissés par les mots de Kjeld. Certains, comme Olaf ou Todrick, se préparaient à exprimer à haute voix leur ressentiment, quand le roi parla.

– Paroles de sagesse, maître mage. Je suis sûr que tous mes invités en tiendront compte ; bien évidemment, il serait bon d’en informer ceux qui ne sont plus des nôtres… si c’est encore possible. Eh bien, Todrick, tu parlais de changement : le voilà qui approche, sous la forme d’une tempête ! Je vous parlais de mort : elle aussi approche, à grands pas ! Messires, ce dîner, qui s’est révélé particulièrement amusant, arrive à son terme ; bonsoir ! Assassin, reste là un moment, que je te récompense pour le divertissement que nous a prodigué ton message.”

Seuls demeurèrent dans la salle le roi et l’Arme de chair. La lumière s’éteignit.

Modifié par Monthy3
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J'ai décidé de faire plaisir à Inxi sur ce coup

:D:evilgrin:

Vous me direz si vous préférez ça aux petits morceaux d'avant

Je pense que le mieux, c'est de prendre ce que ut viens de poster est de diviser par deux ! Ca devrait etre la taille idéale !

Car elle avait vu ou commis les pires horreurs, assisté ou participé aux plans les plus machiavéliques ;

Les "ou" serait mieux en "et"

Sinon pour le fond, en prenant son temps, on integre les personnages ! J'ai eu un peu de mal mais c'est tout le temps comme ca quand il y en a beaucoup, quelque soit le texte !!! :D MAis bon ...

Sinon dans le fond, je dois dire que je me suis abandonné corps et ame dans le texte et qu'il est passé vite ! ( Je demanderai bien plus long :whistling: Je rigole ... ) Bon bah j'attends la suite !

@+

-= Inxi =-

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Que dire, sinon: Vivement la suite !!!

Vous me direz si vous préférez ça aux petits morceaux d'avant

Je pense que le mieux, c'est de prendre ce que ut viens de poster est de diviser par deux ! Ca devrait etre la taille idéale !

Pareil.
la carapace mentale dont elle avait été forcé de se doter
Accord.
Le roi lui même tressaillit
"lui-même".
ils signifiaient, comme à leur habitude, que le régime lui même était en péril.
"lui-même".
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Pour reprendre Gemini, Vivement la suite.

Franchement ton texte est passionnant et j'ai lu ce chapitre d'une seule traite.

Je pense que le mieux, c'est de prendre ce que ut viens de poster est de diviser par deux ! Ca devrait etre la taille idéale !

Moi aussi je pense que c'est le mieux, parce que tout le monde ne lit pas tout en une fois.

Autrement dit, c'est l'instant de vérité pour voir si je maîtrise plus ou moins les dialogues

Mission réussi ^_^

Kroxigor.

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Content que ça vous ait plu, et de savoir finalement quelle quantité vous voulez à chaque fois :P

Merci Gemini pour les fautes, c'est corrigé.

En revanche, comme je vous l'ai dit, je n'ai pas commencé à écrire le chapitre 3 et, étant engagé autre part (concours poly-art ^_^ + concours blanc ^_^ ), ce ne sera pas pour tout de suite.

Vous serez tout de même ravis d'apprendre que j'ai avancé dans le scénario, prévoyant certaines choses et donc ne me lançant pas au hasard :(

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  • 2 semaines après...

Me revoilà pour une suite ! Il s'agit de la première moitié du chapitre 3. Le style change, d'une certaine façon, mais la cohérence demeure, du moins je l'espère :wub:

Bonne lecture.

__________________________________

Chapitre 3 : Les cartes s’abattent

“Messire ? Messire ?

Mederick se réveilla brusquement sur les mots du serviteur. Tout de suite, il s’inquiéta : où était Thorlof ? Habituellement, c’était lui qui venait le réveiller. Il regarda par la grande vitre : le soleil était déjà haut dans le ciel, mais il demeurait froid. Ses rayons ne réchauffaient personne, surtout pas Mederick ; pourtant, ce dernier ruisselait de sueur. Comme chaque nuit, les visages de ses victimes l’avaient hanté, les cauchemards l’avaient submergé.

– Messire, j’ai de graves…

– Il suffit ! Laisse-moi seul.

– Mais…

– Me forceras-tu à renouveler mon ordre ?

– Jamais, messire !”

Tremblant, le serviteur se hâta de sortir de la chambre. Mederick se leva puis, las, s’assit sur son lit ; il se prit la tête entre les mains.

Au même moment, Fadamar Lametrouble atteignait la demeure de sa cible, située dans le quartier riche. Elle était immense, mais son jardin l’était encore plus, un véritable parc, où les plantes les plus exotiques côtoyaient les statues les plus exquises, où les chemins parfaitement pavés sinuaient parmi la végétation luxuriante, où l’air pur ne faisait que répondre à la vivifiante fraîcheur installée par la verdure. Finalement, la villa, plus banale avec ses murs de marbre blanc, ses balcons décorés avec goût et ses grands vitraux quasiment transparents, passait presque inaperçue à côté de cette merveilleuse nature. Cependant, cette dernière n’émut pas le moins du monde l’assassin, qui n’était là que pour une seule chose : tuer. Il disposait de renseignements très précis, Thorlof L’Fyls s’étant refusé à laisser planer le moindre doute sur la mort du noble. C’était mal connaître Fadamar, qui laissait toujours une chance à sa cible de survivre.

Il s’introduisit facilement dans le parc, cinq gardes seulement protégeant ce lieu immense. Oh, l’un d’entre eux crut bien entendre un léger grincement mais, après deux minutes de recherches, il l’oublia. Lametrouble s’orienta dans le jardin grâce au plan qui lui avait été fourni ; bientôt, il arriva à son objectif : une petite place encadrée par quatre arbres identiques, des melletiers, croûlant sous de petits fruits jaunes. L’assassin, après un bref examen des environs, sortit de son manteau ses récents achats, soit deux Soleils noirs, deux imitations seulement. Se plaçant à égale distance des quatre troncs, il détacha délicatement la pièce de son pendentif ; c’est en la lançant à deux reprises qu’il détermina les deux arbres qui accueilleraient chacun un fruit mortel. Ce rituel terminé, il remit la pièce à sa place, puis s’approcha du premier choisi. A ses pieds, le sol était jonché de melles ; dans ce tas de fruits, il laissa tomber un Soleil noir. Il fit de même avec le deuxième arbre déterminé.

Puis il repartit aussi furtivement qu’il était venu. Seul le Hasard déciderait du sort de sa cible, comme Fadamar l’avait annoncé à ses employeurs.

Thorlof gisait sur le sol de marbre noir de sa chambre, mort. Son torse et son visage étaient couverts de blessures causées de façon évidente par une épée ; le sang qui maculait le sol était sec : sa mort datait d’au moins une dizaine d’heures. Il avait vraisemblablement succombé aux coups des nobles envoyés par Olaf N’Maiz ; cependant, un détail pouvait surprendre qui avait connu Thorlof : les yeux de ce dernier marquaient un affolement, une certaine panique, expression à mille lieues de la sérénité habituelle de Thorlof, ou de ses sarcasmes réguliers. Qu’avaient pu lui faire subir les deux nobles ? Pour y répondre, il fallait déjà retrouver ceux-ci… Cela ne devrait pas être bien difficile, puisque les deux épées de L’Fyls, elles aussi couvertes de sang, indiquaient qu’ils étaient au moins blessés.

Mederick marchait rapidement dans les ruelles du quartier nobiliaire ; il n’avait pas pris la peine de dissimuler ses riches vêtements tant le temps pressait. Egaré dans les méandres de ses pensées, le Vampire avançait presque au hasard ; certes, Olaf avait attenté à la vie de Thorlof, mais ce n’était définitivement pas lui qui l’avait tué. Jamais son ami n’aurait montré le moindre signe de peur, jamais ; il ne craignait rien de ce qu’il pouvait combattre par l’épée. Restaient les hypothèses de l’empoisonnement, peu crédible, et celle du sortilège ; malheureusement, la mort n’était pas assez récente pour que des énergies soient toujours visibles. La magie utilisée demeurait un mystère, un mystère qu’il fallait impérativement élucider. Pour venger Thorlof.

Il tomba au détour d’une ruelle sans nom sur une des quatre tavernes majeures du quartier, la Hache brisée. Parfait, tout ce qu’il cherchait ; il poussa ce qu’il restait de la porte et entra. Le lieu était bondé : à l’heure du déjeuner, tous les habitants se retrouvaient dans ce genre de taverne, dans ce qui constituait le rare rayon de soleil d’une vie de misère, d’un vide miséreux. La chaleur collante, le bruit assommant, mais aussi les délicieuses odeurs des plats cuisinés heurtaient de plein fouet celui qui entrait, en l’occurrence Mederick. Ce dernier, désorienté un bref instant, se fraya ensuite tant bien que mal un chemin vers le tenancier.

“Vous v’lez quoi… messire ?

– Je cherche des mercenaires, de préférence assez fins.

– J’vous trouve ça pour dix pièces d’argent.

– Tu en auras deux.

– Marché conclu, messire !”

Sur ce, le tavernier disparut dans la foule. Mederick se trouva une chaise puis attendit, s’occupant en regardant les pauvres jouer aux dés ou cracher sur telle ou telle mesure prise par le roi. Ah, qu’il aurait aimé leur acheter ne serait-ce qu’une partie de leur insousciance ! Mais ce serait les déposséder de leur dernière richesse, du dernier lien, peut-être, qui les rattachait encore à la vie. Il était plongé dans ces pensées quand le tenancier réapparut.

“J’ai trouvé. Si vous v’lez bien m’suivre…”

Deux minutes plus tard, il l’abandonna, non sans avoir réclamé l’argent promis, à une table occupée par trois individus à l’apparence très différente.

Le plus robuste d’entre eux avait un visage barbu couvert de cicatrices, de même que ses bras ; ses cheveux étaient châtains et courts, ses yeux verts, son regard inquisiteur. Il portait des vêtements usés, faisant penser à un mendiant, mais ceux-ci révélaient en même temps une armure de cuir, et le fléau d’armes fixé à son dos par des courroies imposait le respect. De toute évidence, cet homme était un vétéran.

Le deuxième individu était en réalité une fille aux cheveux bruns noués en une queue de cheval, aux grands yeux marrons, à la peau claire ; bref, une jeune fille magnifique. Le sourire qui illuminait son visage aurait suffi à faire céder le cœur de tout homme, quel qu’il fût. On en oubliait presque l’arbalète et le carquois de carreaux qui pendaient dans son dos, sa dague, mais aussi la petite bourse attachée sur son côté droit.

Enfin, le dernier attisait plus la curiosité. Certes, son aspect pouvait être considéré comme banal : un visage pâle, des cheveux roux, des vêtements sans histoire, une rapière comme il en existe tant d’autres, révélant comme seul fait légèrement inhabituel que l’homme était un gaucher. Non, ce qui intriguait, c’était plutôt son rôle : il ne ressemblait ni à un guerrier, ni à un assassin, ni même à un voleur. Alors quoi, un mage ? Lorsque celui-ci prit la parole, Mederick comprit son erreur.

“Bienvenue, noble sire !

Nous achevons nos rires,

Attendons le plaisir

De vos mots découvrir !

– Je veux, mercenaires, que vous meniez une enquête.

– C’est au sujet de la mort du roi ?

– Pardon ?

– Eh bien, vous savez, l’assassinat.

Les propos du guerrier désarçonnèrent Mederick. Quoi ? Le roi aussi, le roi lui-même, avait succombé ? “Olaf, tu paieras pour tes crimes.” Si ce n’était pas déjà fait. Mais, pour l’instant, Thorlof primait sur le roi.

– Peu importe ; ce sont les circonstances de la mort d’un ami que je cherche à élucider.

– Qu’en dis-tu, Annah ?

La voix qui s’éleva alors planait doucement dans l’air, tel le goéland au-dessus de l’océan.

– Cela pourrait nous changer des chasses à l’homme habituelles ou des lassantes missions de protection.

– Nous acceptons la quête.

Le temps que l’on s’apprête,

Nous mènerons l’enquête

Et trouverons la tête !

– Bien. Le mort se nomme Thorlof L’Fyls ; vous trouverez son cadavre chez un noble du nom de Kjeld V’Fohs, actuellement logé à la Lumière de cendres.

– Le nécromancien ?

– Exact. Prenez ce médaillon et dites en le montrant que vous venez de la part de Mederick T’Nataus ; les gardes vous laisseront passer. Votre solde sera à la hauteur de votre peine.

– Nous y comptons bien.”

Se détournant, Mederick partit pour le château.

On avait enfin retrouvé les nobles. Ou plutôt leurs cadavres, car tous les deux avaient le cœur percé. De toute évidence, leur bourreau avait été Thorlof, avant que lui-même ne succombe. Olaf l’avait sous-estimé : sans un événement encore inexpliqué, il aurait survécu à la tentative de meurtre.

Le roi avait péri d’une façon similaire. Son corps avait été retrouvé à l’endroit-même où il se trouvait lorsqu’il avaient tous quitté la salle à manger, la veille. Avec l’assassin. Il n’avait qu’une seule blessure, très nette : sa gorge avait été tranchée d’un geste de toute évidence vif et précis. Aucun doute ne pouvait demeurer. Et pourtant, il était difficile de ne pas rechercher une raison précise à ce meurtre, suffisante pour pousser un homme de la qualité d’Olaf N’Maiz à un tel acte.

Modifié par Monthy3
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Pas mal ! J'ai bien aimé !

Plus le temps passe, plus j'arrive à reconnaitre tes personnages :( Pour l'instant, il y en a encore avec qui j'ai du mal mais dans l'ensemble tout le monde se met en place ! Encore quelques passages et ca sera bon !

J'aime bien un passage ! Tu parles d'un poète ( je réduis le truc je sais, menestrel ) qui fait des rimes et tout, et toi, juste après :

tel le goéland au-dessus de l’océan

:wub: Ca m'a fait rire ! ^_^

Bon sinon pas trop de fautes ! Je demande la suite !

@+

-= Inxi =-

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J'ai bein aimé ta suite.

Il y a juste un petit passage qui me chiffonne.

– Nous acceptons la quête.

Le temps que l’on s’apprête,

Nous mènerons l’enquête

Et trouverons la tête !

– Bien ; votre solde sera à la hauteur de votre peine.

– Nous y comptons bien.”

Se détournant, Mederick partit pour le château.

Les mercenaires acceptent la quête sans savoir sur la mort de qui ils doivent enquêter et ne le savent toujours pas quand Mederick s'en va.

Sinon, comme Inxi, je m'y retrouve de plus en plus dans tes personnages nombreux.

Kroxigor

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Bonjour

Merci à vous deux de continuer à suivre l'histoire :clap:

Et tu as tout à fait raison, kroxigor... Je fait qu'ils l'acceptent sans le savoir n'est pas gênant... mais qu'ils ne le sachent toujours pas à la fin, si ! C'est corrigé. Faut dire que j'aime tellement laisser des non-dits dans l'histoire que j'en oublie de dire ce qu'il est inévitable de dire :lol:

Ce genre d'intervention est ce qu'il faut : n'hésitez-pas, dès que quelque chose vous semble trop obscur (et pas voulu :( ), à le signaler.

Et voilà la suite ! Peut-être que vous reconnaîtrez un des poèmes que j'ai postés dans la section poésie ;-)

___________________________________

L’Arme de chair glissait silencieusement dans les rues du palace des pauvres, se rétractant sous les regards de tous alors même qu’elle s’y trouvait exposée. En un instant, elle fut dans la ruelle du Pendu. Personne. Etonnant : le soleil allait pourtant bientôt se coucher. Soudain, une voix venue de nulle part s’éleva.

“Retrouvez-moi à la boutique du mort.”

De plus en plus étrange : pourquoi lui demander de venir en un lieu désormais évité de tous ? Qui plus est, en un lieu que l’assassin détestait, car situé du côté de la Voie magique. Tant pis, il irait.

La silhouette s’évapora.

C’est dans l’échoppe du décédé Soran qu’elle réapparut, une ombre comme tant d’autres dans le bâtiment abandonné. Ohran Thrixx n’était pas là. Ah, si, voilà un bruit. Non, plusieurs bruits… provenant de différents endroits : cinq personnes l’encerclaient. Un piège. Un sourire naquit sur le visage de l’Arme de chair. Cela faisait bien longtemps que personne n’avait commis une telle erreur ; cela faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas pu s’amuser autant.

C’est le petit marchand qui sortit de l’obscurité le premier, apparemment satisfait.

« Bonsoir, maître assassin. Excusez-moi pour ce désagrément, mais j’ai été suivi ; mes recherches ont mis ma vie en danger.

– As-tu des informations à me livrer ?

Ohran prit un air contrit.

– Hélas, hélas ! J’ai reçu l’ordre de ne pas vous renseigner.

– Qui t’a donné cet ordre ?

– Ah ! Que vous importe, puisque vous allez périr. »

Il brandit une arbalète, tire ; déjà l’Arme de chair a disparu. C’est alors qu’il ressent la douleur, atroce : un poignard est enfoncé dans son pied ! « Comment… Comment a-t-elle fait ça ? Si vite ? Impossible ! » Ohran arrache la lame avec des cris de douleur, puis dégaine une rapière. L’assassin réapparaît à sa droite, seul un réflexe sauve la vie du marchand : une dague tombe par terre. Il sourit. Avant de se rendre compte que l’autre a une nouvelle fois disparu ; soudain, un couteau de lancer se fiche dans son bras. Il hurle, se tourne vers l’origine de l’arme ; une dague s’enfonce dans son dos.

« Il me semble, petit marchand, que ton employeur a préféré te laisser périr ; je devrai donc me passer de ton aide pour découvrir son identité… Adieu. »

Non, cela ne se peut ! Pourquoi ? Pourquoi ses hommes ne sont-ils pas intervenus ? Ohran s’écroula, percé d’un poignard, d’un couteau et d’une dague, mais avant tout victime de ses illusions.

L’Arme de chair se lança à la poursuite des hommes qui avaient laissé le marchand mourir. Ils étaient pour l’instant sa seule piste.

La traque se révélait particulièrement ardue, même pour un assassin tel que l’Arme de chair : ces hommes n’étaient pas de jeunes voleurs inexpérimentés, mais bien des professionnels. Cependant, ombre parmi les ombres, elle était devenue la leur. Ils ne pouvaient tout simplement pas lui échapper, même s’ils savaient pertinemment qu’ils étaient suivis. Alors, ils firent ce qu’il faut faire dans ces moments-là : ils se séparèrent en trois groupes, mais la forme ne put distinguer leur nombre. Elle ne marqua pas le moindre moment d’hésitation devant cette stratégie et prit en chasse un groupe au hasard, qui se dirigeait vers le quartier est. Bien sûr, elle aurait pu mettre fin à leur course effrénée ; cependant, cela aurait été se priver d’une chance de découvrir l’instigateur de tous ces meurtres : une belle prime serait probablement à la clef. Tous ses espoirs s’envolèrent lorsque ses proies stoppèrent leur fuite dans une petite place du palace des pauvres ; décidément, ces hommes avaient bénéficié d’un entraînement aussi exceptionnel que l’était leur fidélité. Tant pis, elle pourrait tout de même tenter de leur arracher des renseignements.

Trois hommes l’attendaient. L’assassin avança tranquillement et d’un air assuré vers eux.

« Enfin, vous avez compris qu’il était vain de fuir.

La lueur d’étonnement qui brilla un bref instant dans les yeux de deux d’entre eux ne lui échappa pas. Un détail particulièrement intéressant…

– Effectivement ; nous nous sommes dit qu’éliminer notre chasseur serait plus simple.

Ils dégainèrent chacun une petite épée courte, ainsi qu’une targe, un équipement plutôt luxueux.

– Vous vous avancez, il me semble… Ignorez-vous que vous êtes déjà morts ? »

L’Arme de chair s’évada de leur vue dans les ténèbres de la place.

Olaf N’Maiz sortit comme d’habitude à la tombée de la nuit, escorté par pas moins de six gardes du corps. Comme d’habitude, il alla faire un tour dans son immense jardin, empruntant tel ou tel sentier selon son humeur. Comme d’habitude, il termina sa promenade en passant dans l’allée des melletiers, se penchant pour ramasser un fruit bien mûr, qu’il goûta. Satisfait, il rentra en emportant le Soleil noir.

Le Hasard avait rendu son verdict.

Eh bien, voyageur ? Pourquoi détournes-tu les yeux ? Je t’avais prévenu : ce monde est impitoyable. Ces nobles, ces marchands, ces mercenaires, ces pauvres, tous ne sont que des pions sur l’échiquier de la vie. Un mauvais coup et ils sont balayés, emportés par le souffle glacé de la mort. Alors, tu penses bien que chaque acte est le fruit d’une mûre réflexion ; mais seuls les plus habiles parviennent à survivre – je n’ai pas dit vivre. Comprends-tu désormais le pourquoi de ce jeu de massacres ?

Maintenant, réponds-moi, ami : était-ce réellement différent dans ton monde ? Ah, n’esquive pas mon regard ! Car tu viens de réaliser : ce monde est ton monde, ce monde est le monde. Tu ne veux pas t’y résoudre ; comme je te comprends ! Allez, poursuis ta contemplation ; pourquoi ne pas observer quelque chose de moins macabre ?

Les trois mercenaires marchaient dans les ruelles du quartier nobiliaire, en silence. Le guerrier, du nom de Therk Poingtonnerre, prenait la tête, pendant que les deux autres avançaient côte à côte. Ils avaient passé l’après-midi à questionner les pauvres dans les trois autres tavernes majeures de la zone, sans beaucoup de succès. Tout juste avaient-ils appris qu’il arrivait à une mystérieuse personne encapuchonnée de venir recruter des pauvres sans le moindre talent. Le lendemain, il faudrait changer de quartier.

En attendant, ils parcouraient les lieux, espérant croiser un individu louche ou assister à un événement inhabituel. En vain. Rien de louche, rien d’inhabituel ne s’offrait à leurs yeux. Alors, ils retournèrent à la Hache brisée où ils avaient une chambre, payée grâce aux chansons et aux poèmes du barde. Lorsqu’ils entrèrent dans le bâtiment, l’atmosphère était à la fois morose et pesante : les pauvres le désertaient désormais dès la tombée de la nuit, effrayés par la vague d’assassinats qui sévissait dans leurs quartiers. Tant pis, il allait falloir déclamer devant quelques individus seulement. Ah, qu’elle était loin, l’époque où Arandir le Fabuleux bénéficiait d’un public conséquent !

« Oyez, gens courageux !

Oyez le Fabuleux

Mettre à vos cœurs le feu,

Faire pleurer vos yeux !

– Eh, barde, quelle arrogance ! Nos cœurs sont secs et sinistres, comment comptes-tu les faire pleurer ?

– Bah, n’écoute pas ce ménestrel de pacotille, il n’en vaut pas la peine…

Arandir fut abasourdi par ces réactions agressives : pourquoi une telle hostilité ? Il y avait anguille sous roche, forcément. Il fallait éclaircir ce nouveau mystère : peut-être était-ce leur premier semblant de piste ? Pour cela, une seule chose à faire. Sautant avec agilité sur une table, il chantonna un poème où transparaissait toute son amertume.

– La vie est un théâtre où des pions s’animent

Et recherchent sans cesse et un but et un cœur,

Ballottés par l’amour mais aussi la rancœur,

Sans cesse illusionnés par un dessein qu’ils miment.

Parfois un fil se rompt et la personne heureuse

Vit mais rêve sa vie, pas plus vraie que les autres,

Perdue mais retrouvée au milieu des apôtres,

Sœur de toutes ses sœurs et copie malheureuse.

Ce ne sont plus des gens, ce sont des marionnettes

Manipulées, trompées par un destin perfide

Qui s’amuse de voir ces grains de sable avides

Parler de liberté, du sens voulu et net

De leur vie. Quelle ironie ! Quelle vantardise !

C’est un mirage qui les guide, une chimère !

Courez, courez après, pauvres pantins amers

S’il vous reste de l’espoir pour la convoitise ! »

Lorsqu’il s’arrêta, le silence régnait dans la salle. Arandir promena son regard autour de lui : certains se mordaient les lèvres, d’autres baissaient la tête, d’autres encore le fixaient intensément, d’autres enfin l’observaient d’un air noir ; un léger sourire planait sur le visage de Therk, alors que celui d’Annah resplendissait comme elle regardait le barde. De manière générale, le poème avait provoqué un certain malaise dans la taverne. Brisant l’immobilité générale, le guerrier se dirigea vers le comptoir et demanda trois bières. Le tenancier les lui offrit.

Sans un son supplémentaire, les trois mercenaires gagnèrent leur chambre, à l’étage.

Dans une certaine maison d’un certain quartier, huit hommes s’agenouillèrent devant un trône occupé par une personne portant des vêtements noirs comme la nuit, ainsi qu’une longue cape et un capuchon de la même couleur.

« Racontez-moi, les enfants, racontez-moi votre journée, je vous prie. Et n’omettez aucun détail…

– Oui, père ! »

La réponse avait fusé de huit bouches en même temps, fière, farouche, folle.

Qu’attends-tu ? Qu’attends-tu pour observer le visage de cet homme ? Eh, je te parle, étranger ! Ne reste pas hypnotisé ainsi, ose regarder ! Je vois, il est sans doute encore trop tôt … Dommage, tu te forces à attendre, tu te forces à regarder plus longtemps ce monde. Libre à toi ! Mais, s’il te plaît, écoute cette mise en garde : n’y prends pas goût.

Modifié par Monthy3
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Encore une bonne suite et c'est un sans faute :lol::(

Je suis heureux d'avoir retrouver notre chère bonne vieille voix italique toujours autant mystérieuse. :clap:

Et puis la fin de ton texte, juste avant le dernier paragraphe de la voix italique, laisse planer encore un mystère que j'ai envie de connaitre.

Kroxigor, qui veut une suite. :(

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provenant de différents endroits : cinq personnes l’encerclent

Je mettrai au passé ! Je sais que c'est possible, je sais que la, c'est pour donner un effet mais la je toruve que cela ne va pas !

Bon sinon dans le fond, je me suis reperdu à la fin ! Avec ces trois mercenaires la ! J'ai eu du mal a leur donner une image d'identification ! Alors fais attention avec les transitions entre tes parties !

Bon bah c'est tout ce que j'ai à dire de constructif ( et encore )

Suite !

@+

-= Inxi, maintenant que tu as posté, un petit tour sur le texte des autres ? :clap: =-

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Un texte qui mériterait bien des commentaires...

Je n'ai même pas terminé le premier chapitre mais je me suis senti forcé d'intervenir quand même. Enfin, forcé n'est peut-être pas le mot mais disons que j'en ai eu l'envie, cela convient peut-être mieux.

Ce que j'apprécie tout particulièrement, c'est ton style. A la fois simple, constant mais terriblement vivant. Ta manière d'alterner simplement interrogations et déclarations dans l'introduction de manière constante mais qui ne lasse pas alimente à merveille le climat obscure mais plus intrigant qu'inquiétant qui va avec les propos du narrateur. Bravo ! :D

Pour ce qui est du texte récitatif, j'apprécie énormément la manière que tu as de présenter les éléments nouveaux, présentant les détails qui laissent transparaîtrent l'objet ou la personne plutôt que la personne ou l'objet qui porte les détails comme beaucoup, moi le premier, le font.

Une chose qui m'étonne encore est le naturel avec lequel les nombreux détails que tu joins à chaque description s'insèrent dans le texte lui apportant vie et réalisme (même si les noms des personnages sont imprononçables), chose qui ne doit s'acquérir que par beaucoup de pratique.

Pour ce qui est de l'histoire, elle est sordide à souhait pour ce que j'en ai découvert pour l'instant (Lametrouble vient de débarquer devant l'échope du forgeron) et contient ce mystère qui fait qu'on a envie de lire la suite plutôt que de faire autre chose. Bref, le genre de texte qui peut vous tenir éveillé jusqu'à quatre heures du matin parce qu'il vous reste encore 200 pages à lire et que vous n'avez pas envie de vous arrêter. Bravo !

Je gage que la suite est de la même envergure et conclus donc ce message en me replongeant dans ton texte (je t'ai dit que tu avais fait un travail magnifique digne, à mon humble sens de lecteur, de pas mal d'oeuvres éditées ? Non, je ne vois pas quoi dire d'autre que bravo...)

-Jin-

Modifié par Jineon
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Et bien, j'ai rarement eu une critique qui m'ait fait autant plaisir :lol:

(même si les noms des personnages sont imprononçables)

Puisque tu as pris la peine de laisser un si sympathique commentaire, voici la façon dont sont formés les noms des nobles :

-- le prénom est un prénom nordique tiré de ce site ;

-- le nom de famille provient de mots de grec ancien déformés : par exemple, T'Nataus vient de thanatos, la mort ; L'Fyls vient du "el" espagnol et du philos grec, l'ami.

Pour les prononcer, tu as deux choix : soit tu tentes la prononciation ardue ^_^ , soit tu prononces la première lettre séparément (ex : té nataus).

Pour ce qui est du mystère, comme il ne faut point en abuser non plus, certaines de ses composantes s'éclairent au chapitre suivant (en tout cas, c'est prévu ^_^ ) provisoirement intitulé "Indices". D'ailleurs, maintenant que j'ai vraiment pas mal élaboré la trame, je vais séparer en grandes parties, dont la première (pas terminée) a pour titre provisoire "La fin d'un ordre".

(je t'ai dit que tu avais fait un travail magnifique digne, à mon humble sens de lecteur, de pas mal d'oeuvres éditées ? Non, je ne vois pas quoi dire d'autre que bravo...)

En plus de flatter mon ego :D , tu m'encourages vraiment parce que, avouons-le, c'est franchement un de mes objectifs que d'être un jour publié... Mais bon, j'ai le temps ^_^

Tiens, pour toi, j'ai même mis le chapitre 3 dans le premier post ^_^

Merci encore :wub:^_^

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Bon, j'ai fini le chapitre deux et je me lance dans sa critique ainsi que dans celle du un avant d'éditer une fois que j'aurai lu le trois.

C'est étrange, mais la suite m'a paru un peu en dessous de ce qui a précédé. L'intervention du "narrateur extérieur" (le narrateur de ce texte est de toute façon extérieur au texte, mais je parle ici de celui du texte en italique) est tout à fait dans la veine des précédentes, si ce n'est sur la fin :

le rouge, symbolisant le sang, est par exemple la manifestation d’une magie mortelle…
C'est le début, le signe du changement. A partir de ce point précis du récit, tu deviens explicatif. Peut-être par peur de trop embrouiller le lecteur. Personnellement, ce sont les noms qui m'embrouillent (ce qui fait que le chapitre deux m'a passablement embrouillé, mais on s'y fait) et l'on perd beaucoup de l'atmosphère de mystère qui planait au début du récit. J'aurais, personnellement, plus vu ici une énumération de deux ou trois couleurs de magie et leur symbole (pas leur domaine) : "le rouge symbolisant le sang, le bleu, la mort..." par exemple (quoique j'eusse plus vu le noir pour la mort mais ça ne colle pas avec les couleurs de ton univers.

Paradoxalement, l'assemblée des nobles, censée être d'une subtilité extrême, l'est bien moins que le premier chapitre simplement parce que tout est expliqué immédiatement après avoir été annoncé.

Le personnage de Jari (j'utilise plus volontiers les prénoms de tes personnages que leur nom :wub::D ) sert déjà, à mon sens, à clarifier les propos des autres (je trouve, au demeurant, ce personnage très attachant), pourquoi vouloir ajouter de la clarté dans ce qui devrait être confu et subtile ? Qu'importe si on ne comprend pas tout maintenant si trois chapitres plus loin, FLASH ! On se rappelle de ce fameux banquet et, oh, mince ! C'était vrai ! (Et quel sentiment de joie intense pour le lecteur que d'avoir découvert lui-même une subtilité qu'on ne lui a pas révélée).

Je prends quelques exemples :

“Amis, aux périls qui nous menacent tous !

Il y eut un moment d’hésitation dans la salle, chacun regardant l’autre d’un œil inquisiteur ou son propre verre avec suspicion.

Qui n'a pas pensé ici au poison ? Et si tous les verres étaient empoisonnés ? Est-il vraiment nécessaire, alors, de rajouter :
Quels mots ambigus, et inquiétants par leur ambiguité !
– Mon roi et maître, mes camarades et confrères, je lève ma coupe à la nouveauté !

Consternation parmi les convives : quelle audace ! C’était une réplique directe aux propos tenus par le roi ; comment ce dernier allait-il le prendre ? Cette phrase pouvait être considérée comme hautement subversive et passible de mort. Tous les regards étaient désormais fixés sur le monarque. Qui se leva puis brandit sa coupe.

A la nouveauté... Le roi vient de menacer d'empoisonner tout le monde et ce freluquet lève son verre à la nouveauté ! Evidemment que c'est "une réplique directe aux propos tenus par le roi" !
– Il me semble que messire L’Fyls ne parvient plus à suivre la rapidité du discours. Eh, sire T’Nataus, raccompagnez notre pauvre compagnon chez lui, qu’il se remette de ses émotions.
Ici, c'est l'inverse. Pourquoi ? Pourquoi soudainement cet homme si alerte et bien portant devrait-il rentrer chez-lui ? Et pourquoi accepte-t-il si facilement ? A-t-il été envoûté ? (Si c'est le cas, prière de ne pas tenir compte de cette remarque et d'accepter mes félicitations pour cette trouvaille.) Empoisonné ? (Mais alors que ne le montre-t-il un peu plus et pourquoi K'Rhasco (lui j'aime bien son nom) le fait-il suivre puisqu'il va de toute façon mourir ? A moins que le poison ne soit l'oeuvre du roi ? (Cf pénultième parenthèse si c'est le cas.)) Bref, un passage que j'ai du mal à comprendre (je dois dire que je m'étais passablement identifié à Thorlof pour le coup, aussi).

Ensuite, dans la description de l'Arme de chair :

son âme, à l’instar de sa peau, se cachait derrière la carapace mentale dont elle avait été forcée de se doter, afin de ne pas perdre la raison.
Est-ce à comprendre que sa peau se cache derrière la carapace mentale dont elle aurait été forcée de se doter ? Voilà une bien étrange magie...

Voilà, ceci dit l'ensemble est toujours excellent et, à me relire, je me demande si je ne me suis pas tout simplement un peu trop pris dans l'histoire et que je suis juste déçu que les personnages ne réagissent pas comme je l'aurais escompté mais plutôt en fonction de leur personnalité propre...

Bref, un récit vraiment prenant, bravo ! Continue comme ça.

Voilà, j'ai terminé et une attente fébrile du chapitre quatre va commencer, mais avant cela :

Allez, zou, une petite formalité avant de s'intéresser à l'intéressant :

Lorsque l'Arme de chair se balade dans la rue :

se rétractant des regards de tous

Es-tu sûr que cela ait un sens ? Ne dirait-on pas plutôt : "se rétractant sous les regards de tous" pour accentuer l'analogie faite précédemment avec une tortue, ou alors peut-être préfères-tu insinuer qu'elle irait en "se dérobant au regard de tous" ou même en "fuiyant les regards de tous" ?

Voilà, sinon les craintes que j'avais suite au chapitre précédent sont totalement dissipée : c'est excellent, vraiment. Tu te permets un tout petit brin moins de mystère qu'au début puisque le cadre est déjà plus ou moins posé et que cela se fait moins nécessaire sans que cela se fasse sentir. Du coup, l'histoire avance plus et ce n'est pas plus mal (vraiment bien agencé, faire démarer l'histoire plus tôt eût été te priver de nombreuses ressources pour ton récit, la faire démarer plus tard eût fourni trop d'énigmes qui auraient perdu le lecteur).

Au passage :

– Messire, j’ai de graves…
Tiens, mais ne viendrait-il pas annoncer la mort du roi ? Comme c'est gratifiant en revenant sur le texte de découvrir ceci qui nous avait échappé à la première lecture !

Allez, deux citations pour le coup :

Non, ce qui intriguait, c’était plutôt son rôle : il ne ressemblait ni à un guerrier, ni à un assassin, ni même à un voleur. Alors quoi, un mage ? Lorsque celui-ci prit la parole, Mederick comprit son erreur.

“Bienvenue, noble sire !

Nous achevons nos rires,

Attendons le plaisir

De vos mots découvrir !

Mais qui est-ce ? Un barde ? Oui, mais pas sûr... Très bonne façon d'introduire le personnage encore que sa description physique me choque quelque peu, surtout lorsque tu écris :
une rapière comme il en existe tant d’autres

Qu'est-ce qui différencie cette "rapière comme il en existe tant d'autres" de la dague comme il doit en exister tant d'autres de la guerrière ou encore de sa bourse comme il doit en exister tant d'autres ? Nul doute que plus tard nous découvrirons l'usage extraordinaire de ces objets (de la bourse, surtout, je pense) mais sur le moment, le contraste frappe : le mystérieux personnage a une rapière banale mais la dague de la demoiselle n'est pas présentée comme banale, elle (peut-être ne l'est-elle pas ?).

Tous ses espoirs s’envolèrent lorsque ses proies stoppèrent leur fuite dans une petite place du palace des pauvres ; décidément, ces hommes avaient bénéficié d’un entraînement aussi exceptionnel que l’était leur fidélité.

A ce moment-là, moi je comprends que les voleurs sont particulièrement malins de s'arrêter sur cette place et je me dis : "mais pourquoi ?" Peut-être y a-t-il du monde pour les protéger d'un assassinat ? Et bien non ! (du moins nous n'en savons rien). Pourquoi est-ce malin de s'arrêter ? Mystère...

Bref, mon bilan ? Très prenant, vraiment prenant, peut-être un peu trop... comment je vais faire pour me lever ce matin, moi ? Bravo ! Continue ainsi, c'est vraiment superbe !

Modifié par Jineon
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Encore merci à toi de faire une aussi belle critique :wub:

Je vais donc revoir le passage en italique. Mais c'est vrai que je me sentais plus ou moins obligé d'expliquer ce qui venait de se passer... Et puis, ça ne prend guère qu'une phrase. Et enfin, je préfère dévoiler les autres magies (et couleurs, du coup) au fur et à mesure du texte.

Mais je vais voir ce que je peux faire :wink:

Paradoxalement, l'assemblée des nobles, censée être d'une subtilité extrême, l'est bien moins que le premier chapitre simplement parce que tout est expliqué immédiatement après avoir été annoncé.

Tu abordes ici un problème majeur qui m'a longtemps fait hésiter : en gros, peut-on faire confiance au lecteur pour qu'il comprenne tout ?

En même temps, tu as parfaitement raison sur les phrases que tu as relevées. Mais, par exemple, si j'écris :

Car cette disparition n’était pas gratuite, n’est-ce pas ?

Est-ce que le lecteur va comprendre le double sens du mot "gratuit" ? :-x

(je trouve, au demeurant, ce personnage très attachant)

Très bon choix :rolleyes:

pourquoi vouloir ajouter de la clarté dans ce qui devrait être confu et subtile ?

Eh bien, la peur d'ennuyer le lecteur dans des propos incompréhensibles ? Je ne sais pas, là, c'est vrai que ça peut être intéressant de laisser planer autant de doutes, mais tout de même... Point trop n'en faut, je pense.

QUOTE

– Il me semble que messire L’Fyls ne parvient plus à suivre la rapidité du discours. Eh, sire T’Nataus, raccompagnez notre pauvre compagnon chez lui, qu’il se remette de ses émotions.

Ici, c'est l'inverse. Pourquoi ? Pourquoi soudainement cet homme si alerte et bien portant devrait-il rentrer chez-lui ? Et pourquoi accepte-t-il si facilement ? A-t-il été envoûté ? (Si c'est le cas, prière de ne pas tenir compte de cette remarque et d'accepter mes félicitations pour cette trouvaille.) Empoisonné ? (Mais alors que ne le montre-t-il un peu plus et pourquoi K'Rhasco (lui j'aime bien son nom) le fait-il suivre puisqu'il va de toute façon mourir ? A moins que le poison ne soit l'oeuvre du roi ? (Cf pénultième parenthèse si c'est le cas.)) Bref, un passage que j'ai du mal à comprendre (je dois dire que je m'étais passablement identifié à Thorlof pour le coup, aussi).

C'est là qu'on voit, et c'est parfait, que tu es un lecteur attentif ^_^ Lorsque j'avais posté ce texte, j'avais prévenu qu'une maladresse s'était glissée dans ce passage, mais personne ne l'a relevée.

Et oui, cette phrase tombe comme un cheveu sur la soupe ; je voulais me débarrasser de lui, mais je n'ai pas trouvé grand-chose... Franchement, il va falloir que je retravaille sérieusement ce passage (non, je ne suis pas génial :P ).

Par contre, tu as dû être déçu en apprenant la mort de Thorlof ! (ne t'inquiète pas, on reparlera de lui...)

Ensuite, dans la description de l'Arme de chair :

QUOTE

son âme, à l’instar de sa peau, se cachait derrière la carapace mentale dont elle avait été forcée de se doter, afin de ne pas perdre la raison.

Est-ce à comprendre que sa peau se cache derrière la carapace mentale dont elle aurait été forcée de se doter ? Voilà une bien étrange magie...

Hmmm... En fait, le "à l'instar de sa peau" affecte uniquement le "se cachait". Là aussi, je n'étais pas très content de cette tournure, mais je voulais établir le parallèle. A retravailler, donc ^_^

Quant à l'étrange magie, il ne s'agit pas de celle-là :lol:

QUOTE

une rapière comme il en existe tant d’autres

Qu'est-ce qui différencie cette "rapière comme il en existe tant d'autres" de la dague comme il doit en exister tant d'autres de la guerrière ou encore de sa bourse comme il doit en exister tant d'autres ? Nul doute que plus tard nous découvrirons l'usage extraordinaire de ces objets (de la bourse, surtout, je pense) mais sur le moment, le contraste frappe : le mystérieux personnage a une rapière banale mais la dague de la demoiselle n'est pas présentée comme banale, elle (peut-être ne l'est-elle pas ?).

Tu vas même chercher du mystère là où il n'y en a pas ^_^ Si c'est une "rapière comme il en existe tant d'autres", c'est uniquement pour appuyer le fait que cet homme est banal. Rien de plus ^_^

Donc, pas de dague spéciale ! En revanche, la bourse...

QUOTE

se rétractant des regards de tous

Es-tu sûr que cela ait un sens ? Ne dirait-on pas plutôt : "se rétractant sous les regards de tous" pour accentuer l'analogie faite précédemment avec une tortue, ou alors peut-être préfères-tu insinuer qu'elle irait en "se dérobant au regard de tous" ou même en "fuiyant les regards de tous" ?

1ère option, tu as raison ^_^

QUOTE

Tous ses espoirs s’envolèrent lorsque ses proies stoppèrent leur fuite dans une petite place du palace des pauvres ; décidément, ces hommes avaient bénéficié d’un entraînement aussi exceptionnel que l’était leur fidélité.

A ce moment-là, moi je comprends que les voleurs sont particulièrement malins de s'arrêter sur cette place et je me dis : "mais pourquoi ?" Peut-être y a-t-il du monde pour les protéger d'un assassinat ? Et bien non ! (du moins nous n'en savons rien). Pourquoi est-ce malin de s'arrêter ? Mystère...

Là aussi, tu cherches du mystère, mais il n'y en a pas vraiment... C'est une question de logique : s'ils continuaient, ils allaient mener l'Arme de chair à leur maître... Et ils ont été briefés pour ne pas commettre cette erreur B)

Voilà, en espérant que mes réponses ne t'ont pas déçu, et en te remerciant du boulot de réécriture que tu me proposes ^_^

Edit : tiens, je viens de remarquer que j'avais oublié deux phrases dans le chap 3, au moment où l'Arme de chair rattrape les trois gens :o Deux phrases qui ont leur importance...

Modifié par Monthy3
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  • 3 semaines après...

Bon, bon, bon : 18 novembre, 19 novembe, 23 novembre, 26 novembre. 27 novembre, 7 décembre et finalement 10 décembre avec ta moyenne de parution de 3 jours par bout de texte, t'auras bien eu le temps de nous préparer un petit quelque chose en 24 jours, là, hein ? Comment ça je suis de mauvaise foi... une conscience n'a pas à être de bonne foi, de toute façon, non mais !

Bref, j'en profite pour répondre à tes interrogations parce que sinon j'aurai apporté un message tout ce qu'il y a de non constructif et qu'il faut bien éviter les infractions à la charte :

en gros, peut-on faire confiance au lecteur pour qu'il comprenne tout ?
Le mieux aurait été d'avoir l'avis des autres lecteurs à ce sujet mais ils semblent être soudainement devenus muets.
Est-ce que le lecteur va comprendre le double sens du mot "gratuit" ?
Il me semble que je l'avais compris, à voir si les autres l'avaient également fait. Décidément, s'ils pouvaient retrouver leur langue...
Par contre, tu as dû être déçu en apprenant la mort de Thorlof !
-_-:wink:
Quant à l'étrange magie, il ne s'agit pas de celle-là :shifty:
Dommage...
Donc, pas de dague spéciale ! En revanche, la bourse...

Je me disais bien qu'elle devait contenir autre chose que des pièces d'or...
Là aussi, tu cherches du mystère, mais il n'y en a pas vraiment... C'est une question de logique : s'ils continuaient, ils allaient mener l'Arme de chair à leur maître...
Et du moment que l'Arme de chair les suivait, pourquoi ne pas avoir tout simplement biffurqué pour se diriger totalement ailleurs dans la ville et ainsi espérer finalement semer l'Arme avant de reprendre la direction de leur maître ?
en te remerciant du boulot de réécriture que tu me proposes
C'est moi qui te remercie pour le magnifique texte dont tu nous fait part, et puis, moi je dis que le chômage c'est pas bien et qu'il faut toujours proposer du boulot aux gens qui ne savent pas quoi faire de leur temps :D .

-Jin-

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Me revoilà pour quand même annoncer comment l'écriture (n')avance (pas) :good: Donc, pour te répondre, je suis évidemment dans le chapitre 4, qui en est pour l'instant à 3 pages et demi sous word, donc ça avance doucement... Normalement, demain soir, je pourrai l'imprimer et le corriger pour poster le chapitre 4 samedi :good:

QUOTE

Là aussi, tu cherches du mystère, mais il n'y en a pas vraiment... C'est une question de logique : s'ils continuaient, ils allaient mener l'Arme de chair à leur maître...

Et du moment que l'Arme de chair les suivait, pourquoi ne pas avoir tout simplement biffurqué pour se diriger totalement ailleurs dans la ville et ainsi espérer finalement semer l'Arme avant de reprendre la direction de leur maître ?

Peut-être parce qu'ils se sont rendus compte qu'ils n'y parviendraient pas :good:

En tout cas, je viens de brièvement passer dans la section regarder quelques commentaires, et je vois que tu t'impliques à fond dedans :good: Bref, je te remercie de tout ça (surtout que tes commentaires sont longs :good: ) et de t'intéresser toujours à ce texte (que d'autres :lol: auraient oublié).

EDIT : mes excuses pour le retard, mais j'ai malheureusement eu très peu de temps libre ; j'ai avancé dans le chapitre, mais il n'est pas encore terminé (il sera probablement plus long que les autres) et donc, forcément, pas finalisé.

Modifié par Monthy3
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Chapitre 4 : Indices

Mederick marchait bruyamment dans les couloirs de la Lumière de cendres, manquant de glisser plusieurs fois sur le marbre lisse. Quel temps de pauvre ! La pluie tombait dru depuis déjà plusieurs heures ; comme par hasard, le jour où il était le plus pressé ! Pestant contre les serviteurs qui faisaient trop bien leur travail, il parvint finalement à son objectif. Il donna deux coups secs sur la porte.

« Qui me dérange ?

– Mederick T’Nataus.

– Ah ? Eh bien, sois le bienvenu, Mederick.

Le prenant au mot, le Vampire poussa la porte. La chambre de Kjeld V’Fohs était étonnamment peu décorée. Hormis une petite bibliothèque pleine à craquer située contre la fenêtre, ce qui étouffait par ailleurs la lumière, elle ne comprenait qu’un bureau sur lequel était posé un paquet de parchemins jaunis par le temps, et deux grands lits ; sur l’un d’entre eux reposait le corps de Thorlof. Quelques énergies bleutées voletaient paresseusement au-dessus : leur rôle était d’empêcher la décomposition du cadavre. L’unique lampe à huile éclairant la pièce ajoutée au son régulier de la pluie battante, rendaient l’atmosphère agréable, reposante.

Mederick faisait confiance au puissant mage pour découvrir ce qui avait tué son ami ; pour l’instant, Kjeld n’avait pas réussi à déterminer la magie utilisée, mais cela ne saurait tarder, il en était convaincu. Cependant, il craignait les motivations du nécromancien : ce dernier avait toujours fait preuve d’une extrême avidité et d’une soif de savoir allant jusqu’à la noyade, même s’il s’en était toujours sorti. C’est pourquoi Mederick venait le surveiller régulièrement, prétextant qu’il aimait observer celui qui avait été son ami depuis sa petite enfance. Bien sûr, Kjeld n’était pas dupe, mais cela lui importait peu ; au contraire, cela lui permettait de se distraire en cherchant à mettre mal à l’aise Mederick. Cela allait être le cas aujourd’hui.

« Et bien, quelle idée de sortir par un temps pareil ! Surtout pour aller dans un quartier pauvre…

Le Vampire tressaillit presque imperceptiblement. Il avait touché un point sensible.

– Je suis parfaitement d’accord avec vous. C’est pourquoi j’ai préféré aller me promener non loin de la demeure de feu sire N’Maiz ; son meurtre m’intrigue. Je me demande…

– Oui ?

– Je me demande si ce n’est pas Thorlof qui a commandité cela. Après tout, c’est entre eux qu’existait la plus grande animosité.

– Mais quand aurait-il fait cela ? Le jour du macabre dîner ? C’est relativement peu probable : il lui aurait fallu une raison, car il faut toujours à l’homme une raison pour faire quelque chose.

Mederick sourit tristement ; pendant plusieurs minutes, le silence régna, l’un étant plongé dans ses souvenirs, l’autre attendant sa réaction. Finalement, le Vampire reprit la parole.

– Vous ne le connaissez pas, sire V’Fohs, vraiment pas. Thorlof était quelqu’un de…spécial. D’unique. Oh oui, vous avez raison : il faut toujours à l’homme une raison pour faire quelque chose. Mais Thorlof n’était pas un homme.

– Je ne comprends pas.

– Oh, mais je ne vous demande pas de comprendre ; pensez-y juste. »

Sur ces mots, Mederick jeta un dernier regard empli d’affection sur le cadavre, puis sortit de la chambre du nécromancien, encore interdit.

« Etait-ce vraiment nécessaire de commencer sérieusement l’enquête aujourd’hui ?

Therk n’aimait pas la pluie ; en fait, il l’abhorrait. Les combats sont rendus bien trop hasardeux : on glisse sur la pierre ou la boue alourdit les jambes, les lames glissent et quittent les mains… Quelle importance d’être un grand combattant dans ces conditions ?

– Comme si nous allions devoir nous battre. Allons, calme-toi. Dis-toi que c’est une des rares missions distrayantes qui nous aient été confiées.

– Mouais. Je ne suis pas vraiment convaincu, mais bon, cela devrait être bien payé.

– Si nous parvenons à élucider le meurtre. »

Annah prit la tête du groupe, devant Arandir et Therk, qui fermait la marche. Ils se dirigeaient tant bien que mal vers la Lumière de cendres, peinant contre le vent qu’ils avaient de face.

La prestation d’Arandir de la nuit dernière s’était révélée particulièrement instructive : elle avait mis en évidence l’hostilité latente qui pesait sur les agents du roi, et qui commençait à se manifester au grand jour depuis la mort de ce dernier. Plusieurs personnes qui logeaient à l’auberge leur avaient apporté quelques informations en venant les voir dans leur chambre même ; ils leur avaient révélé que les crimes commis sur les pauvres par la magie jaune avaient cessé, tandis que la magie mortelle et les armes continuaient à faire des ravages. Un indice maigre, certes, mais c’était déjà un immense pas en avant, qui ouvrait au moins deux possibilités aux mercenaires : il semblait y avoir deux coupables, indépendants les uns des autres. Et la magie jaune n’avait pas pour objectif la mort des pauvres. Du moins, elle n’en avait pas l’air. Alors, les nobles ? Ce qui pourrait éventuellement expliquer l’énigmatique trépas de Thorlof. C’est pour approfondir cette piste qu’ils traçaient leur chemin vers le château.

Ils arrivèrent en fin de matinée à l’entrée principale, une immense porte d’à peu près dix bons mètres de haut, protégée par deux robustes herses de fer, et accessible uniquement par un pont-levis de bois renforcé par des plaques de fer, qui permettait d’enjamber des douves verdâtres à la profondeur inconnue. Therk sortit de son manteau le médaillon qui lui avait été donné, puis le brandit sous le nez de celui qui semblait être le chef des gardes, lesquels regardaient le petit groupe débraillé avec mépris.

« Nous sommes envoyés par messire Mederick T’Nataus. Nous venons enquêter sur une mort.

– L’enquêteur officiel est déjà à l’intérieur. Vous pouvez partir : bientôt, nous saurons qui a assassiné notre monarque.

– Peu importe le roi

Car il ne nous échoît.

Nous cherchons un coupable,

Meurtrier lamentable.

– En paroles intelligibles, de quoi parles-tu ?

– Excusez notre compagnon, c’est un barde. En fait, nous venons pour la mort de messire Thorlof L’Fyls.

– Ah, lui ? Bah, ce n’était qu’un noble sans importance. Mais bon, si vous y tenez… Allez-y. »

Annah eut le temps de voir que les gardes se jetaient des regards tristes, voire un peu angoissés, avant de pénétrer dans l’enceinte principale.

La Lumière de cendres était encore plus impressionnante observée de l’intérieur de ses sombres remparts. Le donjon se révélait semblable à un soleil doré, se reflétant dans la boue omniprésente – sur le sol, sur les murs, obstruant même certaines meurtrières – qui, paradoxalement, rendait la vision encore plus merveilleuse par le contraste des couleurs. Après être demeurés pétrifiés, éblouis par la beauté peu banale du lieu, les trois mercenaires entrèrent dans le donjon, bien plus enthousiastes qu’auparavant.

Ils étaient perdus. Cela faisait probablement plus d’une heure qu’ils erraient dans les couloirs grandioses du château, un peu honteux de tous les souiller de la boue maculant leurs chaussures, mais surtout passablement énervés par ce lieu pour le moins labyrinthique et, plus surprenant, désert. C’est donc totalement par hasard qu’ils arrivèrent à la salle où s’était déroulé le macabre repas, deux nuits auparavant. Au point où ils en étaient, et intrigués, ils y pénétrèrent. Alors, Arandir se figea.

« Impossible… Incroyable !

La magie que je sens…

Seul, j’en étais capable,

Oui, jusqu’à maintenant !

– Tu veux dire que… Quelqu’un d’autre connaîtrait cette magie ?

– Quelqu’un d’autre qui aurait été à l’origine de la mort du roi ?

Annah foudroya Therk du regard ; décidément, il ne changerait jamais. De l’argent à la clef, et il occultait toute la dimension mystérieuse des propos du barde. Puisque ceci ne l’intéressait pas, elle ne partagerait pas la cupidité du guerrier.

– De toute façon, nous ne sommes pas payés pour lui. Partons. »

Rebroussant chemin, elle entraîna ses deux compagnons à sa suite, à leur grand dam. Le pénible voyage reprit, les mercenaires ne prenant même plus la peine d’admirer les grandes fresques peintes le long des corridors ou les statues des nobles les plus renommés. Car ils frissonnaient dans ce lieu majestueux qui tombait en ruines, sinon physiquement, du moins dans l’esprit de tous. Ils tremblaient de froid, gelés par les nombreux courants d’air, mais aussi de peur, une peur sourde et invisible qui les prenait à la gorge, la peur que l’on ressent avant de périr, glacé d’effroi. Une peur inexplicable. Les violents soubresauts précédant la mort. N’en pouvant plus de cette ambiance oppressante, Therk eut l’idée de maugréer.

« Tu sais, nous serions sûrement grassement payés si nous trouvions la cause de la mort du roi.

– Ah oui ? Rappelle-moi ce que nous a dit le sergent, à l’entrée du château ?

– Tu te laisserais arrêter par l’enquêteur soi-disant officiel ? Tout le monde dit de lui que c’est un imbécile, obnubilé par la gloire de résoudre des énigmes – ce qu’il fait fort mal, soit dit en passant.

– Peut-être que, pour sa profession, il est mauvais. Mais nous-mêmes ne sommes que des combattants…

– Fadaises ! On ne trouve pas plus perspicaces que vous deux dans toute la ville ! »

Annah et Arandir se regardèrent, puis sourirent, gênés par la confiance de leur ami. Ils poursuivirent leur périple, cette fois réchauffés par les paroles échangées.

Ah, l’amitié ! Y a-t-il quelque chose de plus précieux dans ce monde ? Pour l’instant, il semble que non, tant cette dernière resplendit dans les cœurs en proie aux ténèbres. Admire leur complicité, leur assurance, leur joie : peux-tu en dire autant ? Non, pas vraiment, n’est-ce pas ? Mais quelle beauté ! Qu’elle semble déplacée dans ce monde où ne semble régner que la laideur ! Si déplacée que ce dernier ne peut la tolérer…

Mais regarde ! Ils ont enfin trouvé l’endroit qu’ils cherchaient ! Est-ce par cette nouvelle chaleur qui animait leur cœur ? Qui sait, ce château est tellement étrange…

Presque aucune lumière ne filtrait sous la porte ; pourtant c’était bien elle, ils le sentaient. Ils frappèrent. La voix qui s’était déjà élevée tout à l’heure leur répondit. Ils entrèrent discrètement.

Kjeld était penché au-dessus du cadavre, le tournant, le retournant, le palpant partout pour la énième fois. Quelques grommellements se faisaient de temps en temps entendre comme son impuissance l’horripilait. Il ne comprenait pas deux choses, or il détestait ne pas comprendre quelque chose. L’arrivée des trois compagnons lui permit de déchaîner sa frustration.

« Alors, messire T’Nataus m’envoie des détectives de pacotille censés réussir là où même moi, le plus puissant sorcier du royaume, j’échoue pour le moment ! Quelle confiance ! Allez, partez avant de vous ridiculiser devant moi !

– Cela risque d’être difficile de faire pire que vous…

Annah n’avait pu s’empêcher de laisser siffler ces mots de sa bouche.

– Vous croyez ? Un guerrier, une fille et… et quoi, d’ailleurs ? Bah, qu’importe ! Si cela vous plaît de jouer les enquêteurs, parfait. Mais laissez-moi faire ce que j’ai à faire, et restez derrière. Je dirai à Mederick que vous avez fait votre travail et il vous paiera, si c’est ce qui vous inquiète.

– Pour qui nous prenez-vous ? Nous sommes des mercenaires, pas des voleurs. On nous a engagés pour une enquête, et nous avons bien l’intention de la mener.

– Vermine arrogante ! Que croyez-vous pouvoir faire ?

– Nous comptons étudier

Un cadavre étonnant,

Pour ensuite y trouver

Une piste de sang

Que nous pourrons suivre,

Ce, jusqu’à en être ivres.

– De toute façon, je n’ai pas le choix… Très bien, je vous laisse une dizaine de minutes. Puis je vous congédierai, par la force s’il le faut.

– Essaie voir…

– Merci bien, cela nous suffira amplement. Arandir ? »

Le barde s’approcha du lit funéraire. Il repéra tout de suite les yeux exorbités de Thorlof, ses traits figés en une sarabande de convulsions, sa bouche ouverte en un cri muet ; bref, ce que le magicien n’avait pas pu laisser échapper lors de son étude. Il était mort de terreur, cela semblait évident ; mais qu’est ce qui avait pu l’effrayer au point de le tuer ? Arandir se remémora leurs pérégrinations dans les couloirs lumineux du bâtiment ; il se souvint du froid qui les avait étreints, de la peur qui s’était insidieusement glissée en eux, et que seules leurs paroles avaient pu chasser. Il ne put s’empêcher de rapprocher les deux faits, quand bien même ce qu’ils avaient ressenti n’était peut-être qu’une illusion trop réelle de leurs esprits impressionnés. Le coupable se trouvait peut-être dans le château ; ou bien alors, c’était le château lui-même ? Arandir secoua la tête, chassant cette dernière ineptie de ses hypothèses, lesquelles demeuraient dramatiquement peu nombreuses. Il savait que l’invocation avait récemment frappé ; cette mort était-elle son œuvre également ? Mais il pouvait tout aussi bien s’agir d’une autre magie, comme la magie verte, l’illusion, ou encore la… nécromancie. Cependant, l’apparente frustration de V’Fohs permettait d’écarter cette dernière possibilité, du moins pour l’instant. Ces idée en tête, renonçant à une étude plus approfondie du cadavre, qui d’une part aurait pris énormément de temps, d’autre part se serait révélée vaine – il en était persuadé –, il se redressa et, faisant un signe à ses deux amis, sortit de la salle. Annah remercia le nécromancien de sa patience, puis elle quitta la chambre, Therk sur ses talons.

Elle s’éleva rapidement dans l’air froid, aucunement ralentie par les trombes d’eau qui se déversaient dans la cour de la Lumière de cendres, jusqu’à la fenêtre qu’elle cherchait. Une bibliothèque l’obstruait en grande partie, mais qu’importe ? Elle pouvait quand même se faufiler dans la pièce, sans un son. Devant elle, deux corps, le vivant étant penché sur le mort. Le vivant, sa proie. Riant d’un rire sans joie, elle fondit sur lui.

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Ces trois-là paraissent invincibles, tu te trouves pas ?

ne trouves pas

Après leur départ, quelque peu étonné, Kjeld se pencha à nouveau sur le corps de Thorlof. Il y était encore lorsqu’il fut attaqué par un flot de magie jaune.

Cette phrase fait bizarre dans ton texte ! Tu prends tout ton temps avant et d'un coup paf ! La phrase de conclusion où il se passa autant de choses importantes que dans quatre pages word ! :D Ca fait un peu trop phrase a suspense ( c'est pas un défaut ) parce que c'est vraiment fait pour qu'on reste dans le suspense que fait pour etre dans la continuité du texte ( si tu vois ce que je veux dire :wub: )

Bon sinon, c'est pas mal ! On commence a cibler ton histoire et identifier les personnages clés ! Le dialogue est bien mené meme si on a un aperçu que de la personnalité du necromancien ! Les autres parlent pas beaucoup ! Et quand ils parlent on sait pas qui sait ! ( Comme celui qui menace avec la phrase 'essaie voir' On peut avoir des dotues ! )

A part ca, c'est très bien et j'attends donc une suite !

@+

-= Inxi =-

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Merci de ton commentaire ^_^

QUOTE

Ces trois-là paraissent invincibles, tu te trouves pas ?

ne trouves pas

J'ai hésité, et j'ai finalement choisi ma proposition car plus familière, ce qui colle bien au texte -- je trouve. Le narrateur parle au gens comme à un vieil ami ^_^

Cette phrase fait bizarre dans ton texte ! Tu prends tout ton temps avant et d'un coup paf ! La phrase de conclusion où il se passa autant de choses importantes que dans quatre pages word ! tongue.gif Ca fait un peu trop phrase a suspense ( c'est pas un défaut )

Raaa, je suis désolé, c'est ça de poster en deux parties le chapitre ^_^ Tu as la suite dans la partie que je vais poster tout de suite, pour la peine ^_^

Les autres parlent pas beaucoup ! Et quand ils parlent on sait pas qui sait ! ( Comme celui qui menace avec la phrase 'essaie voir' On peut avoir des dotues ! )

L'exemple que tu donnes me paraît tout de même évident, non ? :D C'est Therk le plus "agressif", enfin, celui qui montre sa réprobation le plus souvent. J'espère que ça apparaît dans le texte :wub:

______________________________________________

A quelques lieues du château, l’Arme de chair se laissait guider par ses pas dans le quartier est, perdue dans un songe. Elle rêvait de la vie et de la mort ; d’ailleurs, elle venait de prodiguer cette dernière à ses trois malheureux adversaires. Puis elle se prit à penser à sa vie, une vie dénuée de saveur. Une survie. Qu’elle luttait pour conserver, tout comme ceux qu’elle avait abattus. Puis c’est à sa mort qu’elle songea ; jusqu’ici, elle avait toujours été la plus forte, et elle le serait encore longtemps. Son trépas n’était pas imaginable à cet instant. Pourtant, n’était-elle pas déjà morte ? En prenant la vie de tant de gens, en participant à des complots meurtriers, n’avait-elle pas plongé dans sa tombe, une tombe où étaient déjà enfouis tous ses sentiments ? Pour la première fois depuis son enfance, ses yeux reprirent une teinte vive, pour mieux laisser couler ses larmes.

Quelques secondes plus tard, elle avait repris ses esprits, et se remémora les événements de la nuit précédente. Le décès incompréhensible d’Ohran Thrixx – qu’avait-il bien pu apprendre ? –, les trois hommes parfaitement entraînés et d’une loyauté sans faille, leur équipement luxueux. Et puis, cette cicatrice sur le front, représentant un soleil. Un soleil… Etait-ce une référence à la magie dorée dont avait parlé ce nécromancien, deux nuits auparavant ? Comme si cela ne suffisait pas, l’un d’entre eux saignait encore de cette blessure ; elle devait être récente, très récente. Elle datait d’un jour ou deux, trois tout au plus. Qu’est-ce que cela signifiait ? Ah, si seulement elle avait pu déterminer le nombre de ces guerriers de l’ombre ! Restait encore un indice, infime mais bien réel : deux d’entre eux ignoraient qu’elle pouvait parler, et elle soupçonnait le troisième de ne l’avoir su que dans l’échoppe de Soran, lorsqu’elle avait rencontré Thrixx. Cela ne pouvait signifier qu’une seule chose : celui qui avait laissé périr le marchand d’épices était présent à ce dîner maudit, le soir où l’Arme de chair avait été présentée comme étant muette.

N’ayant aucune autre piste claire, l’ombre se dirigea vers la seule qu’on avait bien voulu lui proposer : l’échoppe d’un certain forgeron, assassiné magiquement deux jours plus tôt.

La surprise de Kjeld s’effaça bien vite devant son expérience : immédiatement, il entra en transe. S’élevant de son corps, il appela à lui les énergies qu’il maintenait au-dessus du cadavre de Thorlof afin d’en modeler une barrière d’ossements grinçants et caquetants, fragile mais provisoire. La bourrasque d’invocation avait pris la forme d’un essaim d’insectes ; elle heurta de plein fouet le mur, s’insinua dans ses failles, à peine affectée par ses morsures, et la fit rapidement éclater. V’Fohs était déjà prêt à répondre à l’attaque, des plus pernicieuses contre un nécromancien ; il rassembla les flux bleutés autour de sa bouche, puis souffla puissamment. Les insectes furent balayés sans même avoir eu le temps de grignoter son corps. Se regroupant, les énergies jaunes tourbillonnèrent sur un espace très limité ; il fallut bien plusieurs secondes à Kjeld pour comprendre où son agresseur voulait en venir. Un élémental ! Angoissé devant une forme aussi puissante, malgré son habitude des duels magiques, il ne sut dans l’instant quelle riposte choisir. Alors que la créature commençait à frapper son corps physique, le nécromancien choisit son sort le plus puissant : modelant à une vitesse ahurissante, pourtant encore trop lente à son goût, il organisa les énergies selon une forme humanoïde, livide, sans squelette. Profitant de l’inattention de l’élémental, occupé à réduire en charpie son corps, il hurla de toutes ses forces ; le son discordant qui déchira la bouche de sa création, une banshee, délita littéralement la créature jaune en filaments de magie amorphe, vaincue. L’invocation se retira mollement ; Kjeld aurait dû la poursuivre, mais, effondré par les efforts fournis, il ne le put. Sentant sa forme immatérielle être peu à peu écartelée, il s’empressa de regagner son corps mutilé. Il s’évanouit.

Lorqu’il se réveilla, la nuit était tombée. Il tenta de bouger, mais cela ne fit que lui faire ressentir la souffrance de tout son être ; il gémit doucement.

« Eh bien, maître mage, qu’a-t-il bien pu vous arriver ? Je vous ai trouvé étendu sur le sol nu de votre chambre, blessé de façon critique.

– Ah ! Que ce soit toi, Mederick, qui m’ait retrouvé, est une heureuse circonstance. D’autres auraient pu profiter de mon état de faiblesse.

– Vraiment ? Quoi qu’il en soit, je n’ai pas pu vous soigner. Vous en sentez-vous capable ?

– Oui. Mentalement, je suis en parfaite santé.

Devenant une nouvelle fois éthéré, Kjeld appela à lui les énergies encore présentes dans l’air ; délicatement, il les manipula pour créer un nouveau-né magique. Puis il tira avec une surprenante violence sur les fils qui le formaient, déroulant toute une vie. La création devint un enfant, l’enfant devint homme, l’homme devint vieillard, le vieillard devint squelette ; en même temps, le corps du nécromancien profitait de cette vitalité perdue. A la fin du sortilège, il était indemne. Kjeld le regagna.

– Impressionnant. Et maintenant, pouvez-vous répondre à ma question ?

– Oui, par un reproche. Ce sont ces mercenaires vénaux que tu as employés, contre mon avis. Alors que j’étais occupé à rechercher le moindre indice sur le corps de ton défunt ami – qui, soit dit en passant, est bien un homme, quoique tu puisses en penser –, ils sont entrés furtivement dans ma chambre et m’ont agressé. Je n’ai même pas eu l’opportunité de me défendre.

– Vraiment ? Ce que vous dites m’étonne, sire V’Fohs. Ces hommes m’ont fait très bonne impression. Ce ne sont pas des brutes sanguinaires.

– Peut-être pas sanguinaires, je te l’accorde. Mais ils m’ont volé quelques parchemins précieux pour ma propre enquête. Qui est aussi la tienne.

– Je vais remédier à cela, dès demain. Vous ne serez plus dérangé.

– Je t’en serais gré. »

Scrutant une dernière fois le nécromancien, Mederick sortit de sa chambre. Kjeld put enfin réfléchir à la confrontation de l’après-midi. Il était parvenu à vaincre l’invocateur ! Or, selon tous ses livres, c’était tout bonnement impossible. Un autre détail l’avait marqué : la magie dont il avait été la cible. Elle était jaune. Jaune, pas dorée. Quelque chose clochait. Soit cet invocateur n’en était pas vraiment un, et pratiquait une magie encore inconnue ; soit il ne maîtrisait l’invocation que partiellement, ce qui serait une nouvelle rassurante. Et plus il y pensait, plus Kjeld tendait vers cette hypothèse : en effet, il avait été attaqué par des formes typiques de l’ancienne magie, bien que moins puissantes. Désormais, il restait une seule chose à faire : localiser et capturer le mystérieux sorcier, tout en entretenant une atmosphère de crainte parmi les autres nobles afin qu’ils accèdent à ses désirs.

En tout cas, le nécromancien était désormais sûr d’une chose : Thorlof n’avait pas péri par l’invocation.

Eh quoi ? Pensais-tu que ce magicien était un sage ? Allons, il aurait bien trop détonné au milieu des autres ! Avant de poursuivre, débarrasse toi de ta naïveté : chacun poursuit un but, jamais identique. Crois-tu pouvoir dire d’un individu qu’il est bon, d’un autre qu’il est mauvais ? Et tu le sais, oh oui, je le lis dans tes yeux… Tu es passé par là, aussi, n’est-ce pas ? Tu te croyais uniquement capable de faire le mal, alors que tu as peut-être sauvé ton monde… Ah, ne sois pas surpris si je donne l’impression de te connaître ; après tout, malgré leurs incommensurables différences, les hommes sont tous les mêmes. Est-ce malheureux ? Je ne le sais, mais cela permet de prévoir leurs actions ; avec plus ou moins de succès, comme tu le découvriras tôt ou tard en poursuivant ta contemplation…

L’Arme de chair pénétra une nouvelle fois dans l’échoppe de Soran, alors qu’une nuit sans lune régnait dehors. Elle aurait dû ne rien voir, mais sa vie d’assassin lui avait permis de développer une sorte de nyctalopie, encore imparfaite. Cela suffisait à se repérer ou à trouver les éléments pas trop petits, tels que les dagues ou les parchemins. Au rez-de-chaussée, le cadavre avait disparu, ainsi que les armes qui l’avaient percé ; seules demeuraient les traces de sang, que l’Arme de chair put sentir sous ses pieds. Balayant la large pièce du regard, elle ne trouva rien de particulier. Il n’y avait pas de traces de lutte, ni de panique, pas le moindre objet intéressant ; de toute façon, les pseudo enquêteurs devaient déjà s’en être saisis. Il lui faudrait être plus maligne ; mais cela, elle en avait désormais l’habitude.

Elle se retrouva à l’étage. Là aussi, rien de spécial, comme elle s’y attendait. C’est en entrant dans la chambre qu’elle découvrit l’enveloppe, délicatement laissée sur le lit du forgeron à son attention. Elle datait forcément de cette nuit. S’en emparant nonchalamment, en remarquant tout de même au passage qu’elle était marquée d’un sceau représentant un soleil, l’Arme de chair sortit du bâtiment.

« Ainsi, je conclus naturellement que notre roi bien-aimé a péri des mains de l’assassin connu sous le pseudonyme de l’Arme de chair. Je demande donc de procéder à l’arrestation de cet individu, afin de le faire passer en jugement. »

L’assemblée des nobles se leva de table suite à ces paroles de Ghendes Jhan, l’enquêteur officiel de la cour. Sa démonstration avait été d’une extrême simplicité, convaincante pour la plupart, mais justement trop simple pour quelques-uns. Selon Mederick, il y avait une contradiction dans l’acte supposé de l’Arme de chair : elle allait être payée, probablement grassement, par le roi lui-même. Pourquoi aurait-elle voulu l’assassiner à ce moment ? Cela n’avait pas de sens ; alors, l’aurait-elle fait par folie ? Certains, comme Jari B’Rauts, Todrick K’Rahsco et – de façon plus surprenante – Kjeld V’Fohs, avaient témoigné en ce sens. Mais s’il y avait quelqu’un de fou dans cette salle, ce soir-là, c’était bien le roi, pas l’assassin.

« Eh bien, messire T’Nataus, je vous sens songeur. Pensiez-vous à m’engager pour élucider le meurtre de votre ami ?

– Il va de soi que non, considérée la tendance que vous avez à suivre toutes les chimères que l’on vous propose.

– Que me reprochez-vous, au juste ? De ne pas m’étendre sur les causes somme toute évidentes de la mort du roi ?

– Non. Plutôt de justement considérer comme évidentes ces causes. Mais peu importe, j’ai à réfléchir. Laissez-moi.

Comme Mederick faisait mine de s’en aller, Ghendes reprit.

– Combien me paierez-vous ?

– Je vous demande pardon ?

L’enquêteur esquissa un sourire, un sourire carnassier.

– Allons, ne faites pas l’innocent. Vous savez bien que messire Halvor L’Gellaus m’a chargé de trouver l’assassin de son ami, comment s’appelle-t-il, déjà ? Ah, oui ! Olaf N’Maiz.

– Je ne vois pas en quoi cela me concerne.

– En êtes-vous sûr ? Très bien ; je vais effectivement vous laisser, maintenant. Profitez-en pour réfléchir, et apportez-moi votre réponse demain. Bonne nuit, mon cher. »

Ghendes s’inclina puis, sur un clin d’œil perfide, se détourna. Mederick, désormais seul dans la salle à manger, laissa son corps chuter sur une chaise, épuisé.

Il fallait qu’il retrouve Lametrouble.

Modifié par Monthy3
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Ces trois-là paraissent invincibles, tu te trouves pas ?

C'était pas ca que je voulais dire ! Je voulais dire que la phrase devrait être : Ces trois-là paraissent invincibles, tu ne trouves pas ?

Poura la forme du deuxième passage, j'ai cru voir une faute mais non ! En fait, après vérification dans le dico, c'est toi qui avait raison ! Ben que dire à part continue comme ca ? Rien ? Okey :D !

Sinon si je peux te donner un conseil, meme si maintenant c'est trop tard, c'est de ne pas poster trop vite ! A moins que tu ne veuilles que je sois ton seul lecteur commentateur ! ( parce que du monde te lis mais tous ne postent pas ! ) Donc a toi de gerer !

Sinon pour le fond, je me suis embrouillé avec les noms dans le dialogue a la fin du texte ! Au debut, la pseudo enquete est pas mal et le combat avec l'elemental est aussi bien decris ! Que du bon ! Et oui, j'avais compris qu'il était le plus aggresif sauf que ca n'aurait pas été choquant que quelqu'un d'autre le dise quoi ! C'est tout ! Voila ! Suite :wub:

@+

-= Inxi =-

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c'est de ne pas poster trop vite !
+1, même si j'aurais tendance à dire qu'il vaut mieux poster plus régulièrement mais moins (par exemple en séparant ton chapitre en deux comme tu l'as fait ici mais en publiant une partie après l'autre avec un intervalle de temps entre les deux). Comment ça c'est pas clair :wub: !?
A moins que tu ne veuilles que je sois ton seul lecteur commentateur !
Nous serons deux, je ne vais quand même pas rater une occasion de lire ce merveilleux texte et de m'amuser à le commenter, non plus...

Voilou, pour ce qui est du texte à proprement parler, à présent :

– Peu importe le roi,

Ce n’est pas notre choix.

Nous cherchons un coupable,

Meurtrier lamentable.

Je comprends bien la nécessité de la rime dans la bouche d'Arandir, mais s'agit-il vraiment d'un choix ?

Le donjon se révélait semblable à un soleil doré, se reflétant dans la boue omniprésente – sur le sol, sur les murs, obstruant même certaines meurtrières – qui, paradoxalement, rendait la vision encore plus merveilleuse par le contraste des couleurs.
Là, je suis carrément perdu : l'accord singulier de "rendait" semble indiquer que le "qui" qui le précède renvoie soit au donjon, soit au soleil doré auquel il s'apparente, mais alors je ne vois pas ce qu'il y a de paradoxal à ce qu'un soleil doré rende une vision plus merveilleuse (et plus merveilleuse que quoi, d'ailleurs ?).

Ce que je pense est qu'en fait, le paradoxal renvoie à la boue. A bien relire, il doit bien s'agir de cela. Peut-être ai-je été induit en erreur par la partie entre "-" qui coupe l'apparition de la "boue" de l'énonciation du paradoxe et qui peut plonger le lecteur dans la confusion. A voir si cela ne concerne que moi ou si d'autres ont aussi ressenti un malaise en lisant ce passage.

un peu honteux de tous les souiller de la boue maculant leurs chaussures
Je suis probablement paranoïaque et cette remarque devrait certainement être ignorée, mais on voit ici le contraste entre la boue qui couvre la Lumière de Cendres et celle qui macule les chaussures des mercenaires à quelques lignes prêt. Comme je viens de pondre deux paragraphes pour comprendre que celle du donjon, omniprésente (seulement à l'extérieur ?) le rendait merveilleux, il me semble étrange que les mercenaires s'arrêtent tant sur le fait qu'ils en barbouillent le sol. Mais je le répète, je dois être paranoïaque.
Au point où ils en étaient, et intrigués, ils y pénétrèrent.
La phrase sonne mal. Si je comprends bien, tu veux dire qu'ils n'avaient rien d'autre à faire à ce moment-là et qu'ils étaient intrigués, ce qui justifie le fait qu'ils y entrent. Personnellement, l'incision du "et intrigués" me choque puisque la conjonction de coordination "et" lie deux éléments qui ne sont pas pris sous un même rapport : le "intrigués" rapporte à "ils" qui est contenu dans l'élément lié. Bref, le deuxième élément est tributaire du second et ils ne peuvent donc pas être pris à un même niveau, me semble-t-il. Ceci dit, je commence à me perdre dans ma formulation et il se peut très bien qu'il s'agisse d'une figure de style volontaire (et dont j'ai oublié le nom).
« Impossible… Incroyable !

La magie que je sens…

Seul, j’en étais capable,

Oui, jusqu’à maintenant !

Tiens donc, Arandir serait un peu mage :D ... comme on en apprend.
De l’argent à la clef, et il occultait toute la dimension mystérieuse des propos du barde. Puisque ceci ne l’intéressait pas, elle ne partagerait pas la cupidité du guerrier.

– De toute façon, nous ne sommes pas payés pour lui. Partons. »

Euh... elle ne partage pas la cupidité de Therk et donc décide d'accorder plus d'intérêt à la tâche rémunérée qui leur a été confiée plutôt qu'à celle gratuite de découvrir l'assassin du roi ? Dis-moi si je me trompe, mais Therk me semble faire ici plus preuve de curiosité et la seule personne faisant réellement montre de cupidité me paraît bien être Annah.

Ah, ok, je viens de tomber sur :

« Tu sais, nous serions sûrement grassement payés si nous trouvions la cause de la mort du roi.

Qui semble justifier la pensée d'Annah en ce qui concerne la cupidité de Therk et l'on pourrait dès lors présummer qu'elle use de l'excuse de n'être payée que pour Thorlof afin de mieux convaincre Therk de la suivre. Tu sais que tu es vicieux, toi ? :P
Car ils avaient froid ; ils tremblaient dans ce lieu majestueux qui tombait en ruines, sinon physiquement, du moins dans l’esprit de tous.
Sauf erreur de ma part, une phrase ne devrait pas commencer par "car" mais par une autre tournure, du genre de "en raison de" ou autre chose (j'ai brûlé mes fiches de français en sortant du lycée et je ne peux donc pas retrouver la liste des expressions à utiliser, désolé.)
Car ils avaient froid ; ils tremblaient dans ce lieu majestueux qui tombait en ruines, sinon physiquement, du moins dans l’esprit de tous. Ils tremblaient de froid, gelés par les nombreux courants d’air
La deuxième phrase est bien trouvée pour introduire le sentiment de peur, mais la répétition immédiate des tremblements de froid me semble cependant malheureuse. Peut-être peux-tu tout simplement te passer de la première phrase qui, de toute façon, me semble dire la même chose (le froid psychique peut très bien symboliser leur peur).
Ces trois-là paraissent invincibles, tu ne trouves pas ?
Non, je ne trouve pas puisque je n'ai pas encore pu le juger en les voyant confrontés à un vrai danger.
Tant d’expérience, tant de talents différents, tant de noblesse…
Je ne conteste pas la différence de leurs talents ni la noblesse de leur coeur, mais pour ce qui est de l'expérience dont ils ont fait preuve, on ne sait encore rien de concret des compétences martiales réelles de Therk, ni du domaine dans lequel elle eût pu acquérir de l'expérience d'Annah, d'ailleurs. Ceci dit, Arandir est bel et bien expérimenté en ce qui concerne les vers et semble bien connaître deux ou trois choses au sujet de la magie. Bref, on ne connaît pas assez bien les exploits de ces jeunes gens pour qu'il me semble possible de les juger réellement expérimentés. N'oublions pas non-plus qu'ils se sont perdus et qu'il nous est suggéré que ce soit par "cete nouvelle chaleur qui anim(e) leur coeur" qu'ils se retrouvent là où ils voulaient aller plus que par leur expérience ou leur habileté propre.
– Cela risque d’être difficile de faire pire que vous…

Annah n’avait pu s’empêcher de laisser siffler ces mots de sa bouche.

Décidément, cette Annah me plaît de plus en plus ^_^
– Essaie voir…
Therk est le seul à ne pas vouvoyer son interlocuteur… quelle vulgarité ! :P
Il y était encore lorsqu’il fut attaqué par un flot de magie jaune.
Comme Inxi, il me semble que cette phrase coupe radicalement d’avec ton style habituel. Si elle va très bien pour nous faire nous impatienter de découvrir la suite, elle n’a plus de sens lorsque celle-ci est publiée (à fortiori si peu de temps après). Pourquoi nous priver d’une de ces si belles descriptions auxquelles tu nous as habitué qui nous permettent de comprendre les faits plutôt que de les subir ?
Une survie. Qu’elle luttait pour conserver, tout comme ceux qu’elle avait abattus.
La coupure entre ces deux « phrases » ne me semble nécessaire, ni heureuse. Peut-être qu’une simple virgule suffirait à indiquer la pose à effectuer en les lisant.
une barrière d’ossements grinçant et caquetant
Soit c’est la barrière qui grince et caquette et les deux participes utilisés comme qualificatifs doivent s’accorder au féminin, soit ce sont les ossements et ils devraient être pluriels.
en remarquant tout de même en passage qu’elle était marquée d’un sceau représentant un soleil
"au" passage ?
Ghendes Jhan
Enfin un nom humain :D .

Pfiouuu… Quelle lecture, mes amis ! Et bien, ne te fie pas à la nature de mes commentaires ci-dessus, s’ils sont sévères, c’est uniquement que tu as toi-même placé la barre bien haut avec tes débuts et que nos exigences s’en font conséquemment ressentir.

Bref, du bon, du très bon, comme ce qui a précédé. Et puis, enfin un passage où l’on apprend quelque chose et où l’intrigue avance. On est un peu moins perdus, on commence à trouver des points de repère et à se sentir à l’aise dans ton univers. On sent le temps passé à retravailler ton texte et je ne peux que t’encourager à continuer. Vas-y, fais nous attendre sans pitié et reviens avec un passage de cette qualité. ^_^^_^^_^

-Jin-

EDIT :

L'exemple que tu donnes me paraît tout de même évident, non ?
A moi aussi, mais j'ai triché en lisant les commentaires avant le texte. Modifié par Jineon
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