Aller au contenu

L'Ascension d'un héros


Inxi-Huinzi

Messages recommandés

J'aurais bien aimé que neldi taillade deux ou trois mecs histoire de montrer qui qui n'est le plusss fort !

ouais mais là s'aurait sûrement été difficile pour la suite (surveillance plus rapprochée et compagnie) donc valait mieux y aller mollo. Par contre, ça sent la ville franche en puissance (c'est pas lui qui a fondé Marienburg par hasard?).

Bon on attend le chapitre "Elle Croix croix Vé Bâton" ^_^

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Encore plein de merci pour vos coms ^_^

Chapitre LXVI

Neldirage perfora le chaotique qui avait laissé un trou béant dans sa garde et se retira de la mêlée. Le général ne parvenait pas à voir ce qu’était ce bruit qui émanait de la forêt. Même en sautant sur place, Neldirage n’était pas assez grand pour ne serait-ce qu’entrapercevoir l’origine de ce son sourd. Un jeune soldat émergea aussi de la masse de guerriers.

-Général ! Général !

-Qu’y a-t-il de si important pour que tu aies quitté ton poste, soldat ?

La froideur de Neldirage doucha l’enthousiaste du jeune homme.

-Je…Euh… Je…

-Allons, parle. Je ne vais pas te manger, dit Neldirage avec un ton nettement plus humain.

Le jeune homme releva les yeux et fit son rapport.

-Nous sommes sauvés ! L’Empereur a dépêché une armée par ici !

Comme pour affirmer ces dires, trois détonations, des canons à coup sûr, se firent entendre.

-Notre Empereur est à leur tête ? S’enquit Neldirage.

-Non, c’est… !

Le nom fut couvert par une série de détonations.

-Qui ? Redemanda le général en se rapprochant de la bataille.

-Oui, vous avez bien entendu ! Reprit le jeune soldat. Il est là ! Un héros, général ! Il se bat avec nous !

Neldirage ne finit donc pas par apprendre qui menait l’autre armée Impériale. Il se replongea dans la bataille en hurlant :

-Soldats ! Les renforts sont là ! Battez-vous pour vos familles et pour l’Empire ! En avant !

Les soldats se battirent alors avec les derniers morceaux d’énergie qui leur restaient. Les coups étaient moins puissants, moins vifs. Mais les adversaires, eux aussi, subissaient les effets de la fatigue. Neldirage tourna la tête pour voir qu’il était encadré par l’élite de ses soldats. Son état-major et ses hommes les plus valeureux. En une minute à peine, ils laissèrent une colonne de morts derrière eux. Malheureusement, leurs autres compagnons d’armes ne parvinrent pas à suivre le mouvement et Neldirage et ses amis formèrent un îlot qui avançait à travers l’armée ennemie. Après une trentaine de secondes à taillader toute chair dénuée d’armure qui passait par là, le petit groupe d’assiégés tomba sur un groupe de renfort. Après avoir failli s’embrocher, Neldirage put échanger quelques mots avec le commandant allié pendant que les autres soldats les protégeaient.

-Commandant Neldirage !

-Enchanté, répondit l’autre humain.

-Quels sont les renforts ? S’enquit notre ami.

-Assez pour les mettre en déroute.

Neldirage détestait vraiment qu’on ne réponde pas à ses questions. Il prit quand même sur lui pour ne pas rabaisser l’impudent et ne pas écouter son épée qui lui envoyait ces pulsions sanguinaires. L’homme s’éclipsa sans laisser le temps au général d’en savoir plus. Neldirage serra la mâchoire, bien décidé à ne pas se laisser distancer par le jeune prétentieux. Ledit héros faillit se faire transpercer mais Neldirage put, d’un revers et d’un coup de pied, mettre hors d’état de nuire ces deux agresseurs. Les deux commandants se mirent dos à dos et repoussèrent à tour de bras les chaotiques qui se jetaient sur eux.

Neldirage jeta un rapide coup d’œil par-dessus son épaule pour s’étonner du héros. Il l’aurait vu plus grand, plus charismatique et plus musclé… Comme quoi, se dit-il, on n’échappait pas aux caricatures. L’homme en question maniait ce qui ressemblait à deux marteaux et ne portait aucune armure. On dirait un barbare, pensa Neldirage. En plus, il avait la même couleur de cheveux qu’eux et ils lui tombaient jusqu’aux omoplates. Le héros se tourna vers lui et fit mine de le frapper à la tête. Neldirage se baissa et sentit un corps lui tomber dessus. Il n’avait pas essayé de le tuer mais lui avait bien sauvé la vie… Notre général se dégagea du corps et haussa les épaules. Ils étaient quittes. Un énorme chaotique fit soudain son apparition.

-Je le prends ! Dit l’autre en précipitant Neldirage sur Pierre qui venait de les rejoindre.

Neldirage se releva rapidement mais fut retenu par Ylanay qui, au travers des cris alentour, lui annonça que leurs hommes lâchaient et qu’ils commençaient à mourir par dizaine. Neldirage aurait voulu se jeter à la poursuite de cet arrogant, bien motivé par son épée… Mais le combat changeait. C’était généralement ce qui se passait quand la fatigue se faisait trop forte. Après une défense acharnée, les hommes se faisaient tuer rapidement. Neldirage décida donc de se recreuser un passage à travers l’armée ennemie pour rejoindre ses soldats. Un tir de canon, qui faillit enlever la vie à tout l’état-major de Neldirage, leur facilita la tâche.

Maintenant le général demandait à ses étendards d’annoncer le repli progressif. Lentement, la ligne de front recula. Les barbares gagnaient un terrain délaissé et la lourde porte de la forteresse fut pratiquement fermée. Le génie nain semblait avoir tout prévu. Lorsque tous les humains se seraient mis à l’abri dans le fort, un amas de roche s’écroulerait devant la porte. Ces pierres étaient stockées sous le corps de garde et Neldirage avait eu du mal à deviner à quoi cela pouvait servir. A la base, le général avait déduit que ces roches devaient détruire tout engin de siège qui aurait tenté de s’attaquer à la porte. Au final, la pierre bloquerait le passage aux barbares bien que quelques-uns réussiraient quand même à entrer : Neldirage ne lâcherait pas la roche sur ses soldats sous prétexte qu’une poignée de barbares allait rentrer… Ils seraient accueillis en conséquence.

Neldirage coordonnait le repli au côté de Van. Il voyait ses hommes reculer et toujours plus se faisait faucher. Chaque homme qui tombait au sol était comme un coup porté à sa propre anatomie. Un soldat aux cheveux noués d’une petite cordelette s’écroula avec un V sanglant sur le torse. L’épée sembla s’agiter dans la main de Neldirage. Il savait bien que c’était une impression mais il devait y aller.

-Gère le retour ! Dit Neldirage à Van tandis qu’il rejoignit ses soldats qui se faisaient décimer.

Il en restait moins de la moitié. Le reste était déjà en sûreté. D’un saut, le pied de notre ami frappa à la tête un chaotique et le précipita au sol. Cela ne le tuerait pas mais aurait au moins le mérite de le rendre moins efficace. Deux barbares frappèrent simultanément à sa gauche et à sa droite. Neldirage croisa ses lames et contra les deux coups. Il resserra ses lames ce qui rapprocha les deux chaotiques. Notre général tenta de décapiter ses ennemis d’un même geste mais le coup qu’il porta fut juste assez puissant pour attaquer le cou du second. La fatigue commençait à se faire sentir…

Les portes de la forteresse étaient maintenant à une dizaine de mètres et seuls vingt soldats retenaient la centaine de barbares qui voulaient passer. Combien restait-il de chaotiques ? Combien de barbares étaient encore là ? Combien en avaient-ils tué avant que Neldirage ne réussisse à parler avec le commandant allié ? Les alentours de la forteresse ne pouvaient supporter qu’un millier de combattants : Où était le reste ? Où que notre général pose son regard, il voyait des ennemis… Toujours et encore les mêmes belliqueux barbares. Cela n’en finirait-il jamais ? Il doutait beaucoup que les deux armées qui les avaient rejoints soient suffisantes pour les repousser.

Disposés en arc de cercle, les soldats et Neldirage battaient doucement en retraite. Un homme chuta mais il fut immédiatement relevé par Pierre qui était sorti de la forteresse. Le général était content que l’un de ses amis fut à ses côtés malgré le danger. Après quelques minutes supplémentaires à s’échanger des coups, les humains passèrent les portes. Des barbares entrèrent en grognant à leur suite. Neldirage leva la tête vers le corps de garde et donna le signal. Un soldat attrapa une hache et coupa une corde. Un grondement s’éleva et les chaotiques stoppèrent leur avancée.

Les premiers blocs rocheux tombèrent et les barbares écarquillèrent les yeux. Ceux qui étaient le plus à l’extérieur et à l’intérieur parvinrent à survivre mais une vingtaine périt le crâne broyé. La dizaine de chaotiques formèrent un rideau défensif dos à la porte. Neldirage les regarda un instant et partit dans la forteresse laissant ses hommes se défouler sur les quelques victimes qui avaient eu l’audace de les suivre.

-Comment vont-ils ? Demanda Neldirage à ses capitaines.

-Vous voulez parler des hommes ? Demanda Talaert.

-Evidement…

-Ils sont déçus de n’avoir pas pu résister et de devoir laisser la gloire de la victoire à l’autre armée, reprit Ron.

-Pourtant, il n’y a rien de glorieux à mourir… Dit Neldirage en rangeant ses lames aux fourreaux.

-En voyant votre ardeur au combat, dit Talaert, les hommes ont eu envie de faire pareil pour vous plaire.

Neldirage eut un petit sourire.

-Mais nous nous sommes enfoncés trop rapidement dans l’armée ennemie…

-J’ai cru que nous allions jamais en sortir… Murmura Neldirage en regardant le métal qui battait ses flancs.

-Votre épée ?

-Oui, elle m’a encore donné des ailes ! Dit le général avec un clin d’œil. Heureusement, il m’est rien arrivé. Au final, seule une centaine de chaotiques nous séparait de l’autre armée Impériale. Rien d’extraordinaire !

-Les hommes, eux, pensent que si ! En plus, ils meurent d’envie de savoir comment il était !

-Tu veux parler de l’autre commandant, Ron ?

-Oui, dit Talaert à sa place, il parait qu’il se bat comme un dieu.

-Plutôt hautain comme personnage oui ! Dit Neldirage sur sa défensive. Il partait affronter le général barbare quand nous avons été séparés…

-Penses-tu qu’il est mort ? Demanda un lieutenant dans son dos.

-Je pense pas, dit Neldirage sans se retourner, il en faudra sûrement plus…

Le général s’excusa auprès de son état-major et rejoignit ses trois amis.

-Que faisons-nous maintenant ? Demanda Ylanay.

-On attend ! Les autres n’ont plus besoin de nous… On a assez attiré l’attention pour qu’il ait pu mettre en déroute une bonne partie de l’armée chaotique.

-J’en ai marre de faire l’appât ! Dit Van en s’asseyant sur le sol.

-Pourtant, t’as la tête d’un pigeon… Dit Pierre avec une petite claque derrière la tête.

Le groupe pouffa.

-Je suis fatigué mais pas encore assez pour ne pas pouvoir te mettre une raclée, morveux ! Dit Van en faisant mine de se jeter à sa poursuite.

-Je vais voir aux remparts, décréta Neldirage.

-Je te suis, dit Pierre.

Les deux amis s’éloignèrent tandis qu’un peu partout, on soignait les blessures plus ou moins graves. Les soldats gémissaient peu. Neldirage se rassura : soit ce n’était pas grave, soit ça l’était trop pour qu’ils usent leurs forces pour briser ce silence. Cette ambiance était vraiment pesante. Cette odeur de mort et de sang, ces êtres fatigués, ces morts dont on apercevrait leur nature qu’au lendemain… Neldirage soupira. La guerre… C’était bien mieux quand il n’avait qu’à suivre les ordres ! Aujourd’hui, il devait les donner et subir leurs conséquences. Notre général était quand même sûr d’avoir fait les bons choix. Ils avaient défendu comme ils le pouvaient et battu en retraite quand le fortin était tombé. Ils avaient donné l’assaut pour permettre aux autres elfes et humains d’avoir un répit et de leur donner l’occasion de contre-attaquer.

Du haut des remparts, la mêlée ressemblait à un grand tapis multicolore. Du bleu, du rose, du noir coupé par des bandes rouges sanglantes. Nedlirage plissa les yeux en direction de la montée. Il semblait que les elfes n’étaient pas seuls. Le général appela un de ses éclaireurs.

-Qui est avec les elfes ?

L’homme plissa les yeux mais ne put répondre. Il sortit un étrange instrument d’optique qu’il utilisa en direction des combattants.

-Des nains… Dit l’autre soldat.

-Des nains ? Au côté d’elfes ? S’étonna Neldirage. Ils doivent vraiment être désespérés…

-Je pense qu’ils viennent récupérer le château, général.

Neldirage espérait que non. Il se plaisait dans cette forteresse. C’était un des ouvrages les plus résistants que notre général avait eu l’occasion de voir. Il était vrai que cette région était loin de tout et de toute ville mais Neldirage n’aurait pas vu ça comme une tare d’essayer de faire prospérer cet endroit. Il finit par se rendre compte de l’absurdité de la chose et que si les nains voulaient reprendre le fort de leurs aïeux, il faudrait s’exécuter.

Pour le moment la bataille semblait gagnée et les premiers humains commençaient à rallier la forteresse. Ils portaient des couleurs or et brunes. Symbole d’un protecteur de l’Empire. L’autre commandant. Neldirage se déplaça le long du rempart et ordonna aux hommes valides de dégager la porte. Cela leur prit une heure pour enlever, seulement, les barricades qui étaient à l’intérieur du fort. Ils durent renoncer à déblayer la roche qui avait servi à écraser les chaotiques. Ils installèrent à la place des planches qu’ils fallaient gravir pour accéder à la forteresse. Ce fut comme cela que les armées purent se rejoindre dans la forteresse.

Chapitre LXVII

Le soleil déclinait depuis une bonne heure déjà et les combattants qui avaient participé à La bataille des quatre armées venaient de finir de rentrer dans l’antique bastion. Les blessés avaient été déplacés dans des étages souterrains pour permettre aux hommes valides de profiter d’une bonne nuit de repos. Neldirage, malgré la fatigue, avait rejoint ses officiers, ceux nains, ceux elfiques et ceux du héros humain à une grosse table qui avait été apportée dans la cour. Le général rêvait depuis quelques temps d’une bonne nuit de sommeil. Ce fut pour cela que ce fut un peu aigri qu’il s’assit à ladite table.

-Au moins la forteresse n’a pas trop souffert ! Dit le chef nain.

-Que comptez-vous en faire ? Demanda Neldirage qui n’avait pas entendu le reste de la conversation.

-Nous allons lui rendre la splendeur d’antan. Quand le haut-roi, père de Farak, que vous avez eu l’honneur de rencontrer, humain, foulait encore les dalles de cette forteresse.

Neldirage se contenta d’acquiescer, il n’avait pas son mot à dire. Cette forteresse n’était pas à lui.

-Neldirage, tu as perdu combien d’hommes ?

Ce fut une question dont il n’avait aucune idée de la réponse. Il n’avait d’ailleurs aucune envie de le savoir. Mais il était facile de faire une approximation.

-Je dirais un bon millier, mille cinq cents en fonction des blessés qui survivront…

-Autant ? Comment t’es-tu débrouillé ? Demanda l’autre héros.

-J’ai dû tenir face à tous ces chaotiques ! Ce n’était pas une mince affaire ! Je vous mets au défi de mieux vous débrouiller que moi ! Dit Neldirage à bout de nerfs.

-Personne ne t’accuse du contraire… Dit Ylith pour calmer les esprits. Il est juste étonnant que les combats fussent aussi meurtriers. Je pense qu’il ne voulait en aucun cas critiquer ton travail, n’est-ce pas ? Demanda l’elfe avec un regard riche de sous-entendus.

Le héros maugréa et prétexta d’être fatigué pour partir se coucher.

-Ah… Les rivalités humaines… Dit le nain en secouant la tête.

Neldirage se rendait bien compte que leurs tensions n’étaient motivées que par la compétition mais il était hors de question que ce freluquet se pointe et lui pique la considération de ses soldats. Le général attrapa la chopine de bière qu’il avait fait mander puis en but une longue rasade. Une fois qu’il eut fini, Neldirage reprit la parole.

-Que faisons-nous maintenant que la guerre est finie ? Demanda notre général.

-Je pense être le mieux placé pour répondre à cette question, dit un homme en jetant des regards autour de la table pour voir si on allait le contredire.

-Et vous êtes ?

-Reet, Capitaine Reet.. Je fais partie de l’autre armée, si vous voyez ce que je veux dire.

-Oui… Dit simplement Neldirage.

-J’étais là quand notre saint Empereur a donné ses ordres.

-Que devons-nous faire alors ? Dit Neldirage dont la patience avait disparu depuis quelques semaines déjà.

-Dissoudre l’armée et retourner à la capitale. Une fois que l’Empire aura besoin de vos services, l’Empereur vous rappellera.

-Mon c… Commença à blasphémer Neldirage. Je doute que l’Empereur soit entouré de conseillers indulgents à mon égard. Je pense que je vais être mis à la retraite plutôt ! Dit Neldirage en tapant du poing.

L’homme se contenta de hausser les épaules… Il n’avait fait que rapporter que ce qu’il avait entendu. Les coulisses de ce genre de décision étaient hors de portée de ses oreilles.

-Qu’allez vous faire, humain ? Demanda le nain. Vous n’allez pas fuir avec votre reste d’armée, si ?

Neldirage releva la tête.

-Pourquoi pas ? L’Empire est faible, l’Empereur est honnête mais entouré d’incompétents… Il faut régler ça. Devenons indépendants, ne serait-ce qu’un temps. L’Empire mettra plusieurs mois avant de retrouver son organisation. En attendant, nous pourrions agir à notre guise.

-Neldirage… Je ne crois pas que tes envies ne soient poussées que par une envie de justice. Ne mélange pas tes histoires d’amours là-dedans.

Tous jetèrent un regard vers le général.

-Elle… Je réglerai ce problème au passage… Je ne veux pas remettre de l’ordre que pour ça !

-Mais tu admets, humain, dit le nain, que tu es en partie poussé par ça !

-Ma motivation vient surtout du fait que si je fais rien, je serai pratiquement banni du pays !

-Le roi Farak m’a donné une lettre pour vous, humain. A mon avis, réfléchissez à ce qu’il y sera marqué avant de prendre une décision inconsidérée.

-En tout cas, dit Talaert qui était resté debout derrière son général, vos hommes vous sont fidèles et loyaux. Tout comme à l’Empire. Ils vous savent juste. Ils vous suivront.

Neldirage acquiesça.

-Bien, dans ce cas, que l’armée se tienne prête le plus vite possible. Nous allons prendre la route ! Ensuite je passerai à la Capitale. Je jugerai par moi-même de la situation là-bas.

-Sage décision Neldirage. N’oublie pas que ces hommes qui agissent dans l’ombre et manipulent ont encore plus de partisans que toi. Ils n’ont pas la même notion de justice mais il faut avouer qu’ils permettent de maintenir un certain ordre dans la ville.

-Quel ordre, Ylith ? Ils pourrissent tous ce qu’ils touchent. Regarde-moi ! Suis-je mauvais pour qu’on tente de se débarrasser de moi ? Je ne me laisserai pas faire ! Je ne suis plus le soldat qu’on envoie dans les montagnes pour disparaître. J’ai des moyens d’agir et je compte m’en servir !

-Comment ? Demanda l’elfe. En attaquant ton propre royaume ? Tu seras encore moins bien vu qu’avant ! Le trouble qui en résultera sera peut-être pire qu’avant !

-Que devrais-je faire alors ? Dit Neldirage en s’affalant sur une chaise.

-Je crois que tu as changé de discussion, hein ? Dit l’elfe en s’asseyant à côté du général humain.

Neldirage leva des yeux remplis d’étonnement. Comment faisait-il ? Il n’eut pas le temps de pousser ses pensées plus loin que l’elfe continuait.

-Va à la Capitale. Vois par toi-même ce qui en est pour elle. Cela fait longtemps, tout peut avoir changé.

-Et pour mon armée ? Demanda Neldirage.

-Je ne peux pas t’aider, fais ce qu’il te semblera juste.

L’elfe se leva et partit dans la forteresse. Neldirage regarda les hommes qui faisaient la fête dans la cour du fort. Comment faisaient-ils pour tenir encore debout après tant d’efforts ? Les lumières rouges produites par les torches avaient une tendance assez hypnotique. Au milieu de la cour, un gros feu avait été allumé et quelques hommes, chopines à la main, discutaient. Leurs ombres se découpaient dans la nuit et sur le sol, images irréelles de la pénombre.

Devait-il abandonner ses hommes ? Non, Neldirage s’y refusait. Ils viendraient avec lui. Oui, mais pour aller où ? Depuis quelques années déjà, notre général était désireux de rentrer chez lui. Cela pourrait être une idée… Aller patrouiller dans le sud. Ils feraient une escale par son village, s’ils le retrouvaient, et il reverrait ses parents. Neldirage ne se faisait quand même guère d’illusions. Son père était déjà bien malade lorsqu’il était parti…

Neldirage décida de quand même tenter sa chance. Même si ses parents n’y auraient pas habité, le sud l’attirait. Le général tira ce que lui avait remis le nain. Il avait partiellement oublié ce qui semblait être un vieux parchemin. Il se tourna dos au feu en espérant que la lumière produite par le brasier serait suffisante pour déchiffrer l’écriture. Le papier était recouvert d’une écriture carrée et droite. Neldirage ne doutait pas qu’elle avait été écrite par un nain.

C’était un message du roi Farak. Il s’excusait de ne pas pouvoir laisser la forteresse aux mains de Neldirage. En dédommagement, le roi promit à Neldirage de l’aider à bâtir un bastion là où il le souhaiterait. Le général s’étonna de cette promesse généreuse mais il décida de ne pas se plaindre non plus… Ce cadeau pouvait être plus que déterminant dans ses projets. Neldirage plia soigneusement la feuille et la rangea dans sa poche intérieure. Il se frappa les cuisses des mains pour se motiver à se relever et décida d’aller se coucher après avoir souhaité une bonne nuit à ses amis.

Le général attrapa une vieille couverture avant de s’allonger sur le sol à côté d’autre soldat. Ses amis auraient hurlé de désappointement en le voyant s’abaisser ainsi mais Neldirage n’avait pas le courage de mettre à profit son statut de général de l’armée. Et puis… Il avait déjà vécu dans de telles conditions alors cela ne pouvait pas lui faire de mal. Neldirage se roula en boule sur le sol pour déloger les plus gros cailloux puis se stabilisa. Le sol avait beau être dur, il accueillit ce support d’un long soupir. Comme si cette position avait donné son accord, ses yeux se fermèrent lentement et Neldirage s’endormit sans crainte de ne pas voir le lendemain.

-Général… Général ! Réveillez-vous !

Neldirage grogna.

-Ca fait une heure qu’on vous cherche ! L’armée est prête !

Neldirage tourna sur lui-même et se suréleva légèrement pour voir une cour en état d’effervescence. Les hommes couraient de droite à gauche en essayant de faire main basse sur leurs équipements. Neldirage retrouva assez de lucidité pour déclarer qu’il restait aux hommes quinze minutes pour être prêts. Notre général s’extirpa doucement de ses rêves et s’assit sur le sol. Son épaule était toute endolorie du fait de sa position nocturne. Neldirage fit quelques cercles avec et se releva. Il s’approcha de Ron qui discutait avec un soldat en se frottant les yeux. Les deux soldats se mirent au garde-à-vous en le voyant s’approcher.

-Repos, messieurs ! Dit Neldirage.

-Alors Ron, où en est le départ ?

-Les hommes se sont attelés dès hier soir, les chevaux sont chargés, les charrues sont attelées et les canons prêts à partir.

-Les magiciens ?

-Ca à l’air d’être bon…

-J’espère… Ca fait trois semaines qu’ils n’ont rien fait !

-Ils se sont surpassés lors des premières batailles, répondit le soldat.

-Les blessés ?

-Ils sont intransportables, général…

-Réquisitionne ceux de l’autre armée alors, dit Neldirage.

-Mais général ! Nous ne pouvons pas ! Ce ne sont pas nos hommes.

-Jusqu’à preuve du contraire, rétorqua Neldirage, je suis plus haut que lui dans la hiérarchie ! Les sergent Antonï, Sebastian et Rudolf sont blessés… Dis-leur de rester avec nos hommes et de nous rejoindre ensuite.

-Combien dois-je réquisitionner de soldats ?

-Prends-en trois cents…

-Oui, général… Dit l’homme en s’inclinant.

Avec ces renforts, Neldirage dépassait les mille cinq cents combattants. Quand les blessés seront sur pieds, ils approcheraient des deux milles hommes. Cette pensée suffit à lui remonter le moral. Il chercha Van des yeux et trouva celui-ci en train de discuter avec Pierre. Aucune trace de Ylanay.

-Ca va Nedi ? T’es tout pâle ! Dit Pierre.

-Ca peut aller ! Je suis encore épuisé…

-Pas étonnant.. Avec ces derniers mois… Dit Van en se grattant le menton.

-Où est Eclair ? Demanda Neldirage.

-Scellé et prêt à partir ! Dit Pierre tout fier.

-Mes armes ?

-Chargées !

-Excellent travail, dit Neldirage avec une petite tape dans le dos de son ami.

-On part dans combien de temps ? Demanda Van.

-Dès que les nouveaux soldats ont été recrutés… En attendant, je m’en vais voir messire nain.

Neldirage s’écarta de ses amis et se dirigea vers le petit être bourru qui s’était mis à table. A croire qu’ils ne faisaient que ça… Il s’assit en face de lui et regarda un instant le nain avaler deux bières consécutivement. Il résistait mieux à l’alcool que lui… Cela ne faisait aucun doute.

-Messire nain, je viens vous dire au revoir !

-Alors c’est décidé, vous partez ? Demanda le moustachu.

-En effet, une longue route nous attend et nous devons partir au plus vite.

-Bien alors bonne route ! Dit le nain en tendant une main gantelée.

Neldirage saisit le bras et d’un signe de tête, se retourna pour rejoindre sa monture. En montant dessus, le général cria à son état-major de faire sonner le départ. Un musicien tira une longue note d’un instrument de cuivre et l’armée se rassembla au milieu de la cour.

Prêts ou pas, il fallait y aller.

Chapitre LXVIII

Dès le jour suivant, Neldirage sentit l’excitation le gagner. Pour passer le temps, il cherchait un moyen de faire accélérer l’allure à ses hommes. Après plusieurs heures de réflexion, il ne trouva pas de système plus performant que celui qu’il avait déjà mis en place. Les hommes se levaient peu après l’aube puis marchaient jusqu’à ce que le soleil soit au zénith. Ensuite, Neldirage leur accordait une heure de pause avant de marcher jusqu’à ce que le soleil disparaisse presque du ciel. La cinquantaine d’éclaireurs disposée autour de l’armée revenait après et indiquait quel était le meilleur endroit où passer la nuit.

A l’instant même, un homme d’une quarantaine d’années, portant les insignes d’un sergent, apparut pour lui donner des nouvelles du terrain. La vallée continuait de monter puis descendait dans une cuvette naturelle. Neldirage donna l’ordre de bifurquer vers ce lieu qui protégerait l’armée du vent. Les soldats prirent lentement la direction du sud-est lorsque leurs porte-étendards le leur indiquèrent.

L’armée mit une heure pour monter toutes les tentes et créer un endroit où les cent cinquante chevaux pouvaient paître. Une fois que Neldirage eut répondu aux quelques interrogations que pouvaient se poser les soldats, il rejoignit ses amis qui s’étaient accroupis près d’un feu.

-On avance pas assez vite ! Se plaignit Neldirage en se laissant tomber à côté de ses proches.

-On a quand même parcouru un peu moins de cent kilomètres… Dit Van avec de gros yeux.

-Je sais.. Je sais.. Mais nous n’arriverons pas à destination avant des semaines ! Les hommes ne tiendront jamais ce rythme, ils vont trop vite fatiguer. C’est pour ça que je partirai pour la Capitale demain matin.

-Ok, tu te doutes qu’on va venir avec toi.. Dit Ylanay.

-Evidement, répondit Neldirage, j’arriverai jamais à vous convaincre du contraire…

-Que ferons-nous une fois là-bas ? Demanda Pierre soucieux de l’avenir.

-Par contre, là, je devrai être seul. J’irai au château… Vous faites ce que vous avez à faire. Nous partons nous installer dans le sud alors emmenez avec vous tout ce qui a de la valeur.

-Entendu, dit Van avec un mouvement de tête et en pensant sûrement à son épouse.

-Et ensuite ? Demanda Ylanay.

Neldirage leva les yeux et fixa ceux de son interlocuteur que les flammes faisaient vaciller.

-On avisera…

-C’est juste que j’aimerais être sûr que tu sais ce que tu fais.

-Je le sais ! Enfin j’espère surtout que l’Empereur retrouvera la raison !

-Et sinon ? Demanda Pierre.

-Sinon… On deviendra indépendant !

-Tu n’es pas sérieux ! S’exclama Ylanay.

-Et pourquoi pas ?

-Je veux pas devenir un traître !

-Qui te parle de traîtrise ? Plutôt comme une sorte de mercenariat !

-Tu nous caches quelque chose, dit Pierre.

Neldirage fixa le sol.

-Comme lorsque j’ai cru que vous étiez morts, j’ai eu une vision.

Chaque ami pensa quelque chose de différent.

-Et tu leur fais confiance ? Demanda Ylanay.

-Oui ! Dit Neldirage... C’est assez réaliste. Assez pour que j’y croie.

-Bien alors on te fait confiance ! Dit Van avec un regard vers ses deux autres amis.

-C’est tout ? Demanda Neldirage en s’étonnant que ses amis le croient uniquement sur parole.

-Des choses trop étranges nous sont arrivées… Et tes pouvoirs magiques doivent y être pour quelque chose ! Alors oui, nous te croyons ! Dit Ylanay.

-Pour revenir au sujet, je pense que le mercenariat pourrait être une idée… Dit Van à qui l’idée d’être indépendant plaisait.

-Il nous faudra un fief alors ! Dit Pierre.

-Ce message, ajouta Neldirage en sortant le papier, est un message du roi Farak qui promet de m’aider…

-Ca ne me rassure que moyennement… Dit Pierre.

-Il ne sera jamais trop tard pour faire marche arrière, rajouta Ylanay qui venait de peser le pour et le contre.

-D’accord… Abdiqua Pierre qui garda quand même quelques réserves.

-Bon allez, il est temps de dormir, annonça Neldirage. Cette marche m’a fatigué ! Même avec une monture ! Je vous souhaite une bonne nuit et me retire dans ma tente !

Ses amis lui souhaitèrent une bonne nuit et Neldirage entra dans sa tente en rêvant d’un matelas confortable. Non pas que le sol lui ait déplu mais son épaule en gardait encore les séquelles. Il rentra dans ladite tente qui était gardée par deux soldats. Après un bref signe de tête, Neldirage passa le morceau de tissu qui protégeait des courants d’air et se délesta prestement de ses habits. Il leva ensuite son drap et s’allongea, ravi. Il ne mit guère longtemps à s’endormir.

Un souffle froid sur son visage l’arracha du pays des songes. Neldirage se releva de sa banquette, une légère pellicule de sueur sur le front. Encore une suée nocturne. Le général espérait ne pas être malade car cela faisait deux nuits de suite que cela se produisait. Neldirage attrapa son pantalon et sa chemise et les enfila rapidement car la chaleur de son corps contrastait trop fortement avec la fraîcheur extérieure. Une fois habillé, Neldirage alla s’assurer que ses amis étaient levés. Ceux-ci s’affairaient à travers le camp en quête de nourriture à avaler

Une cinquantaine de soldats montait la garde tout autour du camp, le général s’assura que rien ne les avait troublés cette nuit puis se mit lui aussi à la recherche de nourriture. Il finit par tomber sur une outre de vin et un morceau de viande salée qu’il mangea. Talaert et Ron apparurent derrière la tente.

-Capitaines, dit Neldirage avec un petit signe de tête. Je suis prêt au départ.

-Bien ! Dit Talaert. Jusqu’où emmènerons-nous l’armée ?

-Faites route vers le sud-est…

-Où nous arrêterons-nous ? Demanda Ron.

-Normalement, je serai de retour avant que cette question ne devienne réelle ! De plus l’armée ne pourra continuer à ce rythme. Donnez plus de repos aux hommes, cela me laissera plus de temps !

-Entendu, dit Talaert de sa voix grave.

-L’armée est entre vos bonnes mains, déclara Neldirage avec un sourire. Si jamais… Si jamais.

Neldirage soupira.

-Compris, dit Talaert en lui posant une main sur l’épaule. Nous respectons tes aspirations et on se battra pour !

Neldirage ne pensait pas qu’ils seraient capables de s’émanciper mais c’était déjà pas si mal.

-Bien, il est temps que je me mette en route ! Un long chemin nous attend !

Les trois soldats se saluèrent puis se séparèrent. Neldirage traversa le camp en prenant soin de ne pas marcher sur un soldat ivre qui s’était endormi par terre à défaut d’avoir retrouvé sa tente dans le noir. Sur sa gauche un feu de camp fumait, reste d’une longue nuit à brûler. Au détour d’une tente, Neldirage rejoignit ses trois amis qui attendaient. Pierre parlait avec son cheval plus ou moins comme le faisait Neldirage parfois tandis que les deux autres compagnons semblaient perdus dans leurs pensées.

-Tout le monde est prêt ? Demanda le général.

-Oui ! Répondirent-ils.

-Alors en route ! Dit Neldirage en montant sur Eclair.

Ils sortirent du camp en dépassant les veilleurs. Ils étaient par deux, armés d’arcs et entourant un petit gong qui permettait de donner l’alarme en cas de problème. Les amis saluèrent les veilleurs qui s’étonnèrent qu’une troupe si réduite et si haut-gradée s’éloigne de leur campement. Une fois ce cordon passé, les quatre soldats lancèrent leurs montures à un rythme soutenu à travers les plaines boisées de la région. Chacun se mit alors à réfléchir à ce qui l’attendait.

Pierre pensait à son établissement de jeu. Pour l’instant, il avait chargé l’un de ses amis de le gérer. Si la suite des événements risquait de se gâter, il devrait peut-être vendre définitivement son magasin…Pierre jeta un œil sur ses vêtements. Une veste noire et un pantalon vert usé et déchiré. Sa lame s’était émoussée lors de la bataille sur la falaise. Il faudrait qu’il aille s’en racheter une nouvelle. Il regarda ensuite pensivement la lance qui se trouvait au niveau de l’encolure de son cheval. Il caressa distraitement la hampe de l’arme. Van lui avait fait là un beau cadeau. Ce dernier regardait le terrain devant lui. Pierre se demandait s’il pensait à Charlotte.

En effet, à demi courbé sur son cheval, ses pensées n’allaient que vers sa fiancée. Si jamais Neldirage décidait de s’installer dans le sud, il emmènerait avec lui son épouse. Il espérait aussi que son ami accepterait car on ne savait pas ce qui allait se passer. Tout était allé si vite. Depuis leur retour de la Capitale, il y avait cette bataille et ensuite tout s’était accéléré. Neldirage avait reçu l’ordre de défaire son armée et de rentrer. Van était d’accord avec Neldirage en pensant que c’était juste un complot visant à le mettre hors course. Ce qui l’étonnait le plus, c’était que l’Empereur écoutait ces individus qui faisaient passer le pouvoir avant les vies humaines. Van se demanda alors ce que pensait Ylanay de tout ça.

Ylanay regardait Neldirage galoper en se rassurant sur ce qu’ils faisaient. L’Empire avait changé et des hommes comme eux dérangeaient des autorités soi-disant compétentes. A la Capitale, ils seraient enfin sûrs de ce qui se tramait. Avant tout ça, Ylanay comptait acquérir de précieux ouvrages. Normalement, ils étaient hors de prix mais il comptait bien revendre sa maison pour les avoir. De toute manière, il n’en aurait plus besoin si les visions étaient justes. D’ailleurs, Ylanay s’interrogeait sur celles-ci, où allaient-elles les mener ? Non pas qu’il ne doute de leur authenticité mais il aurait bien aimé savoir où ils allaient et ce que l’avenir leur réservait. Ylanay tourna la tête vers Neldirage : Est-ce que lui le savait ?

Non, il avait pris la bonne décision en partant, pensa Neldirage. L’armée était plus que bien dirigée : Il ne devait pas s’en faire. Un coup de vent lui rabattit ses cheveux devant les yeux. Ses cheveux noirs lui rappelaient ceux de Caroline. Que ferait-il arrivé là-bas ? Neldirage savait qu’il essayerait de la trouver. La prophétie était claire, son amour était encore vivace… Cela faisait trop longtemps qu’il était parti. Ensuite, il devrait parler à l’Empereur et lui ouvrir les yeux sur ceux qui complotaient contre notre général. Si jamais tout était aussi noir qu’il le craignait, et la prophétie semblait aller dans ce sens, il rejoindrait son armée et s’établirait au sud. De là, il verait avec ses conseillers ce qu’il devrait faire.

Le soleil montait doucement dans le ciel et les compagnons poussèrent leurs montures jusqu’à ce qu’ils arrivent, quelques semaines après, en vue de la Capitale.

Chapitre LXIX

Neldirage, perché sur son cheval, regardait les portes de l’imposante muraille. Au-dessus du corps de garde, on pouvait voir une dizaine d’archers regroupée autour d’un brasero. Le général se retourna vers ses amis.

-Il est temps de mettre nos capes ! Nous ne devons pas être reconnus.

Les amis attrapèrent les baluchons qu’ils avaient attachés à l’arrière de l’animal et en sortirent des capes noires ou très foncées. Après un bref regard, ils rabattirent leurs capuches et firent route vers les portes de bois. Etant fatigués, ils étaient pressés de rentrer et de dormir. La chaleur ambiante de ce début d’été accentuait cet effet de lassitude.

-Qui va là ? Demanda un homme du haut des remparts lorsque les quatre cavaliers approchèrent.

-A quoi ça sert qu’on vous réponde puisque vous descendrez vérifier ! Demanda Van d’un ton acerbe.

Neldirage lui jeta un regard plein de reproches que l’autre ignora. Des bruits de cordes que l’on tend se firent entendre malgré la distance qui les séparait des archers. Une petite porte s’ouvrit et un homme sortit d’un pas saccadé : Comme si on l’avait poussé. Neldirage se permit un petit sourire puis approcha sa monture près du soldat.

-I… Identité ! Dit ce dernier sur un ton impétueux qui ne lui allait pas du tout.

-Rassure-toi, soldat ! Dit Neldirage en écartant sa cape pour lui montrer son insigne de général.

Contrairement à la première fois, il était réellement général. L’homme parut se rassurer et il s’apprêtait à crier quelque chose à ses amis quand Neldirage lui intima l’ordre de se taire. L’homme regarda le général étonné puis attendit une explication.

-On ne doit pas savoir que je suis là ! Même vos amis. Je vous ordonne, soldat, de garder le silence. Entendu ? Demanda Neldirage avec un ton autoritaire.

-Oui, général ! Murmura-t-il au garde-à-vous.

-Bien soldat, maintenant nous aimerions entrer !

Comme s’il venait de remarquer qu’une armée allait arriver, le soldat paniqua et se jeta par l’ouverture de la porte. Le groupe rit de bon cœur. Après une minute à entendre des cliquetis et des rouages, la porte s’ouvrit assez pour permettre l’entrée des quatre cavaliers. Neldirage poussa sa monture en avant et entra, au pas, vers le centre de la ville. Lorsque une minute s’écoula, Neldirage remarqua enfin qu’il ne savait pas où aller, il se retourna sur sa selle et s’adressa à ses amis.

-Que fait-on ?

-Je propose qu’on aille déposer les chevaux chez le maréchal-ferrant qui s’était occupé d’Eclair ! Dit Ylanay.

-D’accord, espérons qu’il soit encore là et qu’il soit encore ouvert !

-De souvenir, il travaillait jusqu’à tard ! Annonça Van.

Les amis prirent une petite rue sur leur gauche. Elle était assez sombre et si elle était aussi remplie d’assassins, cela n’aurait pas étonné Neldirage. Heureusement, soit la rue en était dépourvue, soit ils avaient trop peur pour se montrer. En tout les cas, les quatre amis émergèrent sur une artère principale qui se terminait sur quatre rues plus petites. Sans hésiter, ils prirent celle qui se trouvait à l’extrême droite. Au milieu du chemin, ils purent contempler qu’un établissement éclairait la rue d’une lumière jaune pâle. Neldirage s’arrêta devant l’écurie du centre ville et descendit de cheval.

Il frappa deux coups et bien qu’il n’y eut pas de réponse, il entra. Comme dans ses souvenirs, la pièce était chaude. Les chevaux contribuaient à réchauffer la seule grande pièce du bâtiment. Elle était circulaire et les box faisaient le tour de la pièce. Au centre, il y avait plusieurs tables sur lesquelles reposaient tous les outils nécessaires à l’entretien d’un cheval. Un des fourneaux, dont la cheminée traversait le plafond, se trouvait au centre de la pièce. A l’heure actuelle, le maréchal-ferrant était en train de travailler sur des fers finement ouvragés. Neldirage se demandait bien qui pouvait commander ça.

-Je vois que l’on change pas ses habitudes !

L’homme sursauta et se retourna.

-Votre visage ne m’est pas inconnu… Dit celui-ci en plissant de petits yeux noirs. Neldirage ? Et au piaffement que j’entends dehors, vous êtes avec Eclair.

-Vous nous avez pas oubliés à ce que je vois !

-Non ! Dit l’homme avec un clin d’œil. Une bête comme ça, on n’en voit pas tous les jours !

-Pourriez-vous garder nos montures, à moi et mes amis ?

-Oui… Oui ! Dit l’homme. Il y a de la place en ce moment. Je peux m’occuper de vos chevaux. Quand comptez-vous les reprendre ?

-Je ne sais pas, dit Neldirage.

Il songea soudain qu’ils risquaient de partir précipitamment.

-D’ici un ou deux jours ! Peut-être trois. Nous partirons sûrement en vitesse…

Neldirage allait continuer quand l’homme l’interrompit.

-Moins j’en saurai, mieux ça sera !

Il essuya ses mains sur son vieux tablier.

-Ce que vous faites en ville ne me regarde pas, général.

Neldirage sourit, l’homme, bien qu’il n’ait pas vu ses insignes, savait son grade. Il savait plus de choses qu’il voulait bien le dire. En tout cas, Neldirage savait qu’ils pouraient récupérer leurs montures à temps et en pleine forme. Le général ressortit de la bâtisse et fit signe à ses amis qu’ils pouvaient rentrer. Neldirage attrapa les rênes de son cheval et le guida à l’intérieur. L’animal fit un brusque mouvement avec la tête ce qui ôta les lanières des mains de notre homme. Le cheval se mit lentement au trot et désigna un box en hennissant. Le maréchal-ferrant et Neldirage sourirent quand ils virent qu’Eclair avait reconnu son enclos.

Une fois que les soldats eurent conduit leurs chevaux là où ils allaient passer la nuit et une fois qu’ils leur eurent prononcé des paroles rassurantes, ils formèrent un cercle juste devant la porte.

-Une idée où passer la nuit ? Demanda Pierre dans un bâillement.

-Est-ce que l’auberge de la place du pendu est toujours là ? Demanda Neldirage au maréchal-ferrant.

-Evidement ! Répondit l’autre. Elle n’a guère changé depuis votre départ !

-Espérons qu’il n’y ait que ça ! Dit Neldirage en fixant le sol et en pensant à autre chose. Bien allons-y ! Dit-il ce coup-ci à haute voix.

Van poussa la porte et les quatre soldats le suivirent. Par précaution, ils remirent leurs capuches et remontèrent la rue pour se retrouver à l’embranchement. Ils prirent ce coup-ci la rue adjacente. L’auberge se trouvait à une centaine de mètres de là. On pouvait la reconnaître aux rires et aux bruits qui en sortaient, même à cette heure de la nuit. Les compagnons franchirent la porte. Peu de monde se retourna à leur irruption. Les animaux nocturnes en quête de compagnie n’étaient pas rares. Van, Pierre et Ylanay s’assirent à une table pendant que Neldirage allait réserver une chambre.

Rien que cet acte lui prit une demi-douzaine de minutes. Malgré le temps qui avait passé, l’aubergiste le reconnut aussitôt à sa voix. Pour ne pas ébruiter cet événement, Neldirage discuta en privé avec lui. Il lui apprit que Fertan avait assuré avec brio l’intérim du commandement du quartier. C’était l’un des plus sûrs de la ville et les classes aisées commençaient à s’y installer. Il n’y avait eu aucun problème majeur. Neldirage avait été content de l’apprendre. Ensuite l’aubergiste commença à lui parler de la vie de la cité. Le général dut l’interrompre car il fatiguait. L’homme acquiesça et lui donna la lourde clé de sa chambre. Neldirage sortit des cuisines et fit signe à ses amis qu’ils pouvaient monter.

Aussi vite qu’ils étaient arrivés, les quatre soldats montèrent dans ladite chambre. Pierre s’était allongé sur l’étage supérieur d’un lit superposé, Van s’installa en dessous. Neldirage s’assit sur un lit qui se situait contre le mur de gauche et Ylanay s’effondra sur un lit tout proche. Une paire de bougies posée sur la table centrale éclairait la pièce. En quelques secondes, un léger ronflement emplit la pièce. Pierre s’était endormi.

-Quel est le programme pour demain ? Demanda Van à voix basse.

-On a chacun des choses à régler… On se retrouvera ici dès demain soir pour faire un rapport sur la journée. J’ai des choses importantes à faire moi-même.

-En tout cas, dit Van en soufflant les bougies, quoi que tu fasses, reste prudent.

-On essayera, dit Neldirage avec un petit rire.

Il n’était peut-être pas malin de s’endormir sans garde mais Neldirage décida qu’ils avaient été assez discrets pour s’en passer pour la nuit, celle-là tout du moins. De toute manière, il n’avait pas encore agi pour qu’on veuille se débarrasser de lui définitivement. Neldirage espérait sincèrement ne jamais en arriver là. Il s’endormit rapidement sur ses pensées troublantes.

Au matin, Neldirage sentit du bois sous sa main. En ouvrant les yeux, il put voir qu’il avait la moitié de son corps hors de son lit. A cheval sur le bord, il menaçait de tomber. Le général repoussa les draps et s’assit. Ses trois amis dormaient encore à poings fermés et Neldirage décida de ne pas les réveiller. Qu’ils dorment pendant qu’ils le pouvaient encore. La suite risquait d’être beaucoup plus mouvementée. N’ayant enlevé que sa chemise pour la nuit, Neldirage l’attrapa de sa main droite pendant que la gauche agrippa ses bottes et sa ceinture. Neldirage sortit de la chambre sur la pointe des pieds et s’habilla dans le couloir.

Après avoir dû cacher sa nudité tant bien que mal devant une serveuse qui se trouvait à l’étage, Neldirage put s’habiller tranquillement et descendre dans la rue sans que l’aubergiste ne puisse l’interpeller. Le général n’avait pas envie de parler ce matin. Un courant d’air chaud montait du centre de la ville. La journée devait être bien avancée. D’après les effluves de nourriture que dégageaient toutes les maisons, on devait être au début de l’après-midi. Neldirage n’avait pas vraiment faim. Il avait plutôt envie de voir ses anciens soldats.

Comme s’il n’était jamais parti, Neldirage remonta la rue pour arriver sur une petite place. Il tourna à droite et s’enfonça dans une rue aux pavés tout juste refaits. Arrivé au bout de cette rue, il fit face à son ancienne caserne. On pouvait nettement voir qu’elle avait été réhabilitée. Neldirage espérait que son quartier ne s’était pas changé comme certaines villes. Ces dernières faisaient passer le bien individuel, en construisant de sublimes maisons, des statues et en rénovant à tour de bras, avant de s’occuper des problèmes de la communauté. Neldirage était persuadé que Fertan avait su concilier les deux : Rétablir le prestige de son ancien quartier ainsi que garder une sécurité de tout instant.

La façade de la caserne avait été rénovée et Neldirage avait l’impression qu’elle avait été agrandie. Le quartier général était rouge brique, les quelques lézardes qui couraient sur les murs avaient été comblées. Deux étendards blancs étaient pendus au coin du bâtiment et leurs bouts avaient été usés par les claquements incessants dûs au vent. La porte, autrefois simple planche de bois renforcée, avait été consolidée par des barres de fer.

Neldirage tourna la poignée et entra dans le bâtiment.

Chapitre LXX

Pat, le géant, fut le premier à l’intercepter. Il le prit dans ses bras et faillit l’étouffer.

-Pat… J’agonise !

-Excusez-moi ! Dit la brute en le déposant au sol.

Neldirage se tâta les côtes pour regarder s’il n’en avait pas de fêlée.

-Te voilà encore plus fort qu’avant, on dirait ! Dit le général.

-Toujours le même, répondit-il avec un clin d’œil, vous avez pris du galon, général…

Neldirage sourit.

-En effet, sergent ! La chance a voulu qu’on me choisisse pour pourrir la vie d’encore plus de soldats !

La troupe qui s’était formée autour de Neldirage rit.

-Comment c’était dans le nord ? Demanda un homme qui ne devait pas dépasser la vingtaine d’années.

-Et bien, jeune homme, comment sais-tu où j’étais ?

-C’est le lieutenant Fertan qui nous l’a raconté ! Répondit-il gaiement. Tous les soldats de la ville connaissent votre histoire ! Nous aimerions entendre comment c’était !

Les autres acquiescèrent dans un sourd brouhaha.

-Bien, bien ! Concéda Neldirage. Mais avant, Fertan est ici ?

-Oui, répondit Pat de sa voix caverneuse, d’ailleurs il est étonnant qu’avec ce bruit, il ne soit pas venu voir ce qu’il se passait.

-Je vais le chercher et je reviens, annonça Neldirage en transperçant la foule de curieux.

L’escalier était à présent contre le mur gauche et montait en colimaçon jusqu’à la mezzanine. Neldirage monta la volée de marche et s’engagea dans le couloir qui menait à son ancien bureau. Le général porta deux coups puissants sur le milieu de la porte. Une voix étouffée lui intima l’ordre d’entrer. Neldirage poussa la porte et vit Fertan penché sur quelques courriers. Le temps ne l’avait pas épargné et quelques mèches grises et blanches étaient visibles sur sa tête penchée. Il était l’aîné de Neldirage d’une demi-douzaine d’années. Il semblait complètement absorbé par le parchemin qu’il tenait sous ses yeux.

-Et bien, toujours en plein travail à ce que je vois ! Dit Neldirage pour rompre le silence ambiant.

-Cap… Commença le lieutenant en se levant. Général ! Félicitations !

-Merci, répondit Neldirage en saisissant le bras qui s’était tendu. Alors que racontes-tu de nouveau ?

-Oh, pas grand-chose ! Dit l’homme en s’asseyant sur le bord du bureau. On rénove le quartier…

-Oui, j’ai pu voir ça ! Vraiment du bon travail ! Le félicita Neldirage.

-Content que ça vous plaise ! Sinon… Pas grand-chose. On a peu de problèmes mais on ne peut pas dire qu’il n’y en ait plus ! On se débarrassera jamais complétement de tout.

-De toute manière, on aurait plus rien à faire sinon !

Les deux hommes rirent.

-Et vous alors ? Quelles nouvelles du nord et de la guerre ?

-J’ai promis ce récit à des soldats qui doivent être en train de mourir d’impatience derrière la porte, répondit Neldirage avec un sourire.

-Je vois, dit Fertan en l’ouvrant. Allons les rejoindre pour entendre cette épopée.

Les deux hommes s’engagèrent dans le ténébreux couloir pour arriver sur la mezzanine. Fertan descendit les marches tandis que Neldirage restait en haut pour s’approcher de la balustrade. Durant les quelques minutes pendant lesquelles il s’était absenté, la salle s’était littéralement remplie. Les soldats les plus vieux étaient venus entendre le récit de leur ancien commandant et les nouveaux venaient voir qui était cet homme dont leurs collègues se servaient comme référence. Neldirage était ému et heureux que tant de gens soient encore intéressés par lui. Il était même sûr que son histoire serait connue dans toute la ville avant la fin de la journée. Les soldats étaient des vraies commères quand l’envie leur en prenait.

Neldirage se racla la gorge. L’assemblée fit taire les chuchotements.

-Après mon exil…

Il laissa sa phrase en suspend pour rappeler à tous que son départ avait plus été forcé que volontaire.

-Nous avons fait route quelques semaines vers le nord. Le temps se dégradait rapidement et nous sommes arrivés gelés à la forteresse. J’ai pris le commandement de la forteresse et nous l’avons rénovée et rendue plus forte !

-Ca m’étonne pas ! Cria un homme de la foule.

Les autres rirent.

-Peu de temps après, nous avons appris qu’une grande invasion couvait au nord et que des chaotiques seraient bientôt là.

Un frisson de peur parcourut les soldats à la mention de ces créatures maudites.

-On m’a nommé général et malheureusement pour moi, je n’ai pas eu l’occasion de faire goûter ma lame à l’élite de leur force ! Dit Neldirage en dégainant sa lame dans un effet théâtral. Nous n’avons affronté qu’une dizaine de milliers de barbares féroces !

Les hommes applaudirent en riant devant l’annonce qu’il tentait de cacher, ironiquement, sous un masque d’humilité.

-Ensuite, pendant une semaine nous avons combattu sans relâche… Beaucoup d’hommes sont morts.

Ce coup-ci, la tristesse qui s’était affichée sur le visage de Neldirage était sincère. Tous ces hommes morts pesaient sur son âme et chaque nuit il pensait à eux. Les soldats comprirent et respectèrent le silence du général. Pendant un instant, il lui sembla même entendre les cris des mourants. Après quelques secondes, il secoua la tête et reprit le récit les yeux brillants.

-Alors que nous pensions que notre dernier bastion allait bientôt tomber, deux vagues de renforts successives sont arrivées. Des elfes venus de la mer et des hommes venus de la terre.

Pour éviter de devoir répondre à des questions pénibles sur son homologue, Neldirage tut le nom du héros. Pour l’instant, on pouvait lire dans les yeux des soldats une fascination qui avait été provoquée par la mention de ce peuple mythique. Pour continuer dans la voie, Neldirage dit :

-Ils se battaient au côté de fiers nains !

-Pourtant, ils ne sont pas réputés pour s’aimer ! Dit un homme que Neldirage ne vit pas.

-Et pourtant ! Face à des ennemis communs, les êtres peuplants ce monde savent reconnaître leurs alliés.

L’homme parut satisfait de la réponse et se tut.

-Ensuite, nous avons fini par remporter la victoire et me revoici dans notre Capitale ! Par contre, je ne souhaite pas que ma présence soit connue pour l’instant. J’ai des choses à régler, si vous voyez ce que je veux dire.

Neldirage sourit. Ces soldats ne comprendraient pas le sous-entendu mais c’était plus une formule qu’une question à laquelle Neldirage attendait une réponse. En tout cas, la rumeur de son retour devrait se propager moins vite. Voire pas du tout. Le général hocha la tête pour signifier qu’il avait fini avec la partie officielle de son récit. Les hommes applaudirent et posèrent des questions.

-Les elfes, ils sont comment ?

-Assez arrogants, dit Neldirage avec un petit rire, mais ce sont des combattants hors pair et des personnes sur qui on peut compter.

-Et les chaotiques ?

-Impressionnants. Quand j’ai vu le nombre de barbares qui nous assaillaient, j’ai vraiment eu peur, je dois l’avouer.

-Bien, je pense que le général a assez répondu à vos questions, dit Fertan qui était monté rejoindre son ami.

Ils retournèrent dans le bureau. Fertan s’assit dans son fauteuil et Neldirage lui fit face.

-Que s’est-il passé d’autres ? Demanda Fertan. Je doute que tu leur aies tout dit.

-En effet, dit Neldirage avec un petit mouvement de tête devant la perspicacité du lieutenant. Il s’est passé d’autres choses. J’ai découvert que je suis un dévoreur de magie. Je suis capable de lancer quelques sorts ainsi que d’empêcher des magiciens d’utiliser leur pouvoir. J’ai également reçu l’ordre de dissoudre mon armée et de rentrer gentiment. Et pour terminer, je compte voir l’Empereur et repartir avec la princesse Caroline.

Neldirage soupira un bon coup, ça lui faisait du bien de parler de tous ces problèmes à quelqu’un.

-Et bien… Dit Fertan pensif. On peut dire que ta situation est passablement compliquée. Qu’as-tu prévu de faire ?

-Je pense aller voir la princesse ! Il faut que je la voie ! J’ai déjà trop attendu… Sept ans…

Fertan garda des réserves sur ce sujet et décida de ne pas se dresser face à son ami général.

-Comment être sûr de ses sentiments ? Demanda Fertan dubitatif.

Neldirage baissa la tête, il avait toujours du mal avec ses prémonitions.

-Des visions me l’ont dit…

Sans lui laisser le temps d’ingérer l’information, il continua :

-Je sais que c’est bizarre, mais je sais qu’elles sont réelles ! Pendant quelques instants, je suis ailleurs… Je sais que ça parait fou mais je leur fais confiance. Elles m’ont déjà dit la vérité.

-A quel propos ? Demanda Fertan, curieux.

-Quand on m’a dit que Van et Pierre étaient morts. Ces visions m’ont empêché de devenir fou et elles m’ont dit, de façon détournée certes, mais elles m’ont dit qu’ils vivaient toujours.

-Content de voir que notre plan ait réussi et qu’ils vivent toujours. En tout cas, je suis pas sûr que des rêves soient forcement annonciateurs de ton avenir. Tu devrais plutôt te demander ce que tu dois faire, sans prendre en compte ces rêves.

-Je sais… Je sais… Concéda Neldirage. Mais même en considérant que ces rêves, comme tu dis, ne soient pas des visions… Et bien cela voudrait dire qu’ils viennent de mon inconscience et par la même occasion de moi ! Quoi qu’il en est, je ferai ce qu’elles me disent.

-Bien, je vois qu’il est impossible de te faire changer d’avis ! Abandonna Fertan avec un geste de la main. Alors si ce n’est pas possible, je ferai ce qui est en mon possible pour t’aider !

-Merci, beaucoup, dit Neldirage en lui mettant la main sur l’épaule. Ton aide sera précieuse…

-Par quoi commençons-nous alors ? Demanda-t-il en s’asseyant dans son fauteil.

-Il me faut savoir où se trouve la princesse Caroline.

-Facile, répondit Fertan négligemment, elle est chez son mari, le Duc Boraric.

Le cœur de Neldirage se serra à la mention des relations qui unissaient le Duc à sa princesse. Fertan continua :

-Je t’y conduirai… Mais tu as peu de chance de le voir, il est parti en campagne et c’est un homme prudent, tu sais… Il a sûrement donné l’ordre que personne ne vienne chez lui avant son retour.

-On verra bien ! Je ne risque rien à essayer !

-Si tu veux, dit Fertan avec un soupir amusé. Mais tu ne diras pas que je t’ai pas prévenu. Et ensuite que feras-tu ?

-Il faut que je voie l’Empereur pour que les complots qui me visent soient déjoués.

-Holà ! S’alarma Fertan. Là, ça ne sera pas aussi facile ! En supposant que ce que tu dis est vrai, dès que tu franchiras les portes du palais, tu seras arrêté pour n’avoir pas obéi aux ordres. Et en supposant qu’il te laisse tranquille, tu te discréditerais en parlant à l’Empereur ! On sait pas ce qu’ils lui ont dit de toi.

-Que conseilles-tu alors ? Que je les laisse triompher ?

-Pourquoi pas ? Demanda Fertan songeur. Attendons que l’Empire se réorganise ! En attendant, ronge ton frein, ajouta-t-il avec un clin d’œil. Quoi qu’il en soit, je peux t’appuyer que sur l’un des deux projets. Alors lequel choisis-tu ?

-Tu connais déjà ma réponse, dit Neldirage résigné.

-Dans ce cas, repasse demain, le temps que je rassemble des informations.

Neldirage acquiesça et décida de rentrer voir ses amis.

LA SUITE

@+

-= Inxi =-

Modifié par Inxi-Huinzi
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Un bon passage de transition. Pas de combat contre les gardes de la ville c'était un bon choix, ça aurais rallongé l'histoire inutilement. D'autant que maintenant je garde mon idée d'espion au sein de leur groupe (et qui joue au petit poucet pour les cavaliers derrière :D )

Tu maitrise l'art de cultiver le suspense à merveille(surtout à la fin des chap ^^) j'ai vraiment du mal à patienter :D

Bref, continue comme ça et vivement la suite ^_^

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Invité Kroxigor

Deux d'un coup, moi qui suis habitué à un seul. Mais bon, on ne peut pas être tout le temps sur l'ordinateur. ^_^

Ces deux chapitres sont assez bien, bien que de qualité moyenne par rapport a certains chapitres qu'ils avaient avant, mais le niveau reste quand même élevé.

Je dis donc bravo et la suite. :D

Toujours ce suspens à la fin de tes chapitres. Le coup de l'espion c'est vrai que ça peut être pas mal mais faut vraiment que ce soit rapide! Personne ne sait que Neldirage s'est évadé et on arrive déjà à avoir un espion avec des cavaliers qui suivent. Sont forts ces impériaux! A moins que ce ne soit pas des impériaux. :D

Bon j'arrête de me turlupiner l'esprit et je te dis: La suite, je sais ça fait deux fois mais vaut mieux deux fois qu'une. :D

Kroxigor.

Modifié par Kroxigor
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Un beau gros chapitre :ph34r: Je l'ai fait sur une impulsion mais ce passage est un de mes préférés :ermm: Avec le chapitre suivant :whistling: Il est supra important pour la fin de l'histoire :D Enfin j'en dis pas plus :blushing:

Chapitre LXXI

Deux de ses compagnons étaient déjà là. Il s’agissait de Pierre et de Van. En s’approchant, Neldirage put voir que Van avait un tic de nervosité : il bougeait la cuisse très vite.

-Que se passe-t-il ? Demanda le général.

-Je te rappelle qu’on est censé être morts, dit Pierre, c’est stressant de se dire qu’on pourrait nous tomber dessus à un moment où à un autre.

-Qu’est-ce que vous avez fait alors ? Demanda Neldirage.

-Pour ma part, reprit Pierre, j’ai confiance en l’homme à qui j’ai confié mon établissement… Je lui ai vendu ! Je n’ai désormais plus de lien qui m’unit à cette ville.

-Et toi, Van ?

-Je suis allé voir Charlotte, elle sera prête à partir demain… Quels nouveaux ennuis vas-tu nous créer, toi ?

Neldirage sourit.

-J’espère qu’il n’y en aura pas. Je suis allé voir Fertan. Il rassemble les informations nécessaires et j’irai voir Caroline demain si tout se passe bien. Par contre Van, si ça dégénère, il faudrait que vous partiez au plus tôt… Je veux dire toi et Charlotte.

-Je comprends, dit Van, j’aurais bien voulu rester mais je mettrai pas sa vie en danger. Sur la route du Sud, il y a ses parents, je pourrais la déposer puis revenir.

-Non, non ! Le contredit Neldirage. Ca serait trop risqué. Va directement rejoindre l’armée. On se retrouvera là-bas.

-Il vaudrait mieux que je l’accompagne, dit Pierre à Neldirage. Il risquerait de se perdre sans moi ! Et puis, plus je serai loin de cette ville, moins j’aurais de chance de me balancer au bout d’une corde.

-D’accord, on va faire comme ça… Avec Ylanay, on vous rejoindra là-bas. D’ailleurs où est-il ?

-Il est parti peu avant que tu arrives, il s’est levé tard. Maintenant, il va sûrement aller vendre sa maison.

-J’espère que ça va pas prendre trop de temps, dit Neldirage pensif.

-Normalement, non, dit Pierre qui revenait avec trois chopines, son voisin rêve d’annexer sa maison depuis des années.

-Alors tant mieux ! Déclara Neldirage en attrapant la chopine et la buvant d’une traite.

Les amis décidèrent de manger un peu. Le repas fut entièrement payé par Pierre, fier de son trésor. Les amis avaient commencé par refuser mais il leur avait dit qu’une fois dans le sud, son argent lui servirait à rien alors autant l’utiliser avant. Les amis abdiquèrent et se régalèrent d’un fructueux repas. Il était composé de patates avec un morceau de bœuf. Pendant le diner, ils parlèrent de leur programme en essayant d’être assez discret car l’auberge s’était remplie peu à peu. Il fut décidé que Pierre, Van et Charlotte partiraient à l’aube et que Ylanay et Neldirage partiraient le soir même.

L’après-midi passa assez vite. Pierre leur apprit des nouveaux jeux qu’ils essayèrent pendant plus de quatre heures. C’était fou à quelle vitesse pouvait parfois passer le temps, se dit Neldirage. Il fit légèrement basculer sa chaise vers l’arrière et s’étira. Ylanay arriva peu après. Il s’assit à la table de ses amis et posa sa cape sur la chaise, derrière son dos.

-Alors ? Demanda Pierre.

-Ca y est, c’est vendu. Ca m’a fait mal au cœur mais c’est mieux comme ça ! Et vous, quoi de neuf ?

-Rien de spécial, dit Van, Pierre, Charlotte et moi partons demain matin.

-Et moi ? Demanda Ylanay inquiet.

-Tu restes et on part ensemble demain soir normalement.

-Tant mieux, dit-il avec une pointe de soulagement, j’en ai marre de partir en fuite.

Neldirage ne dit rien sur cette remarque, craignant de briser ses illusions.

-Et bien mes amis, annonça le général en se levant et mettant ses deux mains sur la table, les jeux sont faits ! J’ai encore guère récupéré de notre voyage donc évitez de faire trop de bruit quand vous monterez vous coucher tout à l’heure ! Pour ceux que ça intéresse, il y a une petite fête près du zoo impérial ce soir. Moi je suis fatigué et j’irai pas quoi que vous disiez !

Sans laisser le temps à ses trois compagnons de digérer l’information, Neldirage monta à l’étage après un rapide coup d’œil dans la salle pour détecter tout individu suspect. Après avoir vu que rien ne clochait, il rejoint sa chambre.

Quand il se réveilla à l’aube, il s’élevait des ronflements que d’une seule couchette. En mettant la main sur les autres, il put sentir une brève chaleur : Ses amis étaient partis il y a peu et le soleil émergeait de l’horizon. Neldirage se rallongea dans une autre position car son épaule s’était engourdie. Il ferma les yeux et se rendormit.

Il se réveilla de nouveau lorsqu’un bruit de botte passa tout près de son oreille. En ouvrant les yeux à la va-vite, il remarqua que c’était Ylanay qui s’apprêtait à descendre.

-Attends-moi, marmonna Neldirage en se redressant.

Ylanay attrapa les affaires de son ami et les lui lança. En l’espace de deux minutes, Neldirage n’était plus qu’une forme bleue nuit de laquelle dépassaient deux jambes marron. D’un signe de tête, ils descendirent au rez-de-chaussée qu’était en train de balayer l’aubergiste. Après s’être souhaité une banale bonne journée, les deux amis sortirent dans un doux vent d’été. En quelques minutes, ils eurent rejoint le quartier général.

-Tu crois qu’on sait que nous sommes là ? Demanda Ylanay en poussant la porte.

-Je pense que ça doit commencer à se savoir, répondit-il avec une touche d’anxiété.

La caserne, bien qu’il fût tôt dans la journée, était déjà en ébullition. Des hommes passaient et repassaient sans se soucier des nouveaux arrivants. Neldirage indiqua l’escalier à gauche et ils montèrent voir si Fertan était là. Notre général était si pressé qu’il ne toqua même pas en entrant. Le lieutenant était assis derrière le bureau et observait les deux soldats avec amusement. De longues cernes marquaient ses yeux, preuve d’une nuit sans guère dormir.

-En voilà des manières pour un général ! Se moqua le lieutenant.

-Je n’ai pas beaucoup de temps à perdre dans des cérémonies, dit Neldirage avec un ton élogieux forcé. Mais je m’excuse, messire…

Ylanay sourit et Fertan pouffa.

-Content de te revoir Ylanay, dit le lieutenant à son équivalent hiérarchique.

-Le plaisir est réciproque, répondit l’autre avec un petit mouvement de tête, je vois que tu tiens la forme.

-Oh, le temps passe et a son effet… Ajouta-t-il avec un regard troublé vers Neldirage qui n’avait pas pris une ride.

Neldirage se contenta de sourire avant de changer de sujet :

-Alors, qu’as-tu pour moi ?

-Et bien, j’ai réussi à avoir les plans de la maison ainsi que le nombre de personnes s’y trouvant. Ca m’a coûté assez cher mais je pense que ça en vaut la peine…

-Montre-moi ça, dit Neldirage en s’approchant du bureau.

-Alors, dit-il en dépliant un grand parchemin. La maison du général Boreric est construite sur un unique étage qui s’étend de là…

Il mit le doigt à un premier endroit.

-A là.

Il ajouta son doigt à un autre endroit de la carte.

-Elle mesure environ trois cents mètres de long. Il y a ici les quartiers des serviteurs et de l’autre côté de la cour centrale, ceux de ses soldats personnels. Entre l’entrée et cette cour, il y a des bureaux, c’est là où ils gèrent tout ce qui est administration… Ensuite, de l’autre côté… Là, il mit l’index sur une partie extrême de la demeure. C’est les quartiers privés, ici et ici, ce sont les cuisines ainsi que la salle de réception.

-D’accord, d’accord, assimila Neldirage, j’ai mémorisé les lieux. Ensuite ?

-Passons à la sécurité, continua Fertan en sortant une petite feuille. Toute la zone est hautement protégée par des murs surmontés de piques. Impossible à escalader donc. Ensuite, à l’entrée, il y a seulement trois vigies mais trente soldats vivent en permanence à l’intérieur.

-Quand même ! S’étonna Neldirage.

-Je te rappelle que l’héritière au trône vit dans ces murs…

-Il est vrai ! Acquiesça notre général. Ensuite ?

-C’est tout, se désola Fertan. Il y a bien des passages secrets mais la personne m’ayant fourni ces informations a préféré en garder un peu.

-J’en sais bien assez ! Le remercia Neldirage. Je pense pas avoir besoin d’autres choses.

-Ah si ! Dit Fertan en l’attrapant par la manche tandis que le général partait. Le général Boreric… Il revient dans quelques jours ! Ca ne vous laisse que peu de temps…

Neldirage fixa le sol, comme s’il réfléchissait, opina, puis dit un :

-D’accord, je ferai vite, c’est promis. Maintenant, il faut y aller ! Au revoir.

-A bientôt, je dirais… Dit l’homme amusé. Je suis sûr qu’on va vite se revoir ! Moi, je vais aller dire aux hommes de fermer les yeux sur ce qui se passe vers ladite maison puisqu’elle est sous ma juridiction.

Neldirage rit et sortit de la caserne. Ylanay et notre général attendit qu’un groupe de carrosse ne passe puis ils s’enfoncèrent sur la droite, en direction de la maison de la princesse. Neldirage commençait à sentir l’excitation le gagner… Et en même temps une peur qui n’aurait pas eu lieu d’être. Comme si on le préparait à toutes les éventualités. Son épée vibra aussi, il la sentit contre sa cuisse. Cela fit penser à Neldirage qu’il faudrait qu’il se renseigne sur elle. D’où venait-elle et quelles autres particularités avait-elle à part envoyer un petit plus dangereux.

Il commençait à faire chaud sous cette cape… L’armure elfique le gênait et il avait du mal à respirer. Neldirage ralentit l’allure jusqu’à ce que, involontairement, il s’arrête. Ylanay se retourna, un sourcil relevé.

-Alors, le grand général a peur d’une simple rencontre ? Le taquina-t-il.

-Je crois… Avoua Neldirage.

-Allons, c’est pas en restant ici que tu auras ta réponse ! Et si tu t’en vas, tu le regretteras et j’ai pas envie de t’entendre te plaindre.

-Tu as raison ! Se reprit Neldirage en relevant le menton. En route ! Je dois savoir.

La maison apparut à un coin de rue. Devant, le général put nettement voir un groupe de soldats en faction. Comme l’avait dit Fertan, les murs mesuraient cinq à six mètres de hauteur et personne n’aurait pu passer par là. Ils étaient recouverts d’une peinture orangée et de grands sapins dépassaient juste derrière. Neldirage mit la main sur son épée. Son regard se fit plus dur et il avança droit sur les soldats. C’était le moment….

Chapitre LXXII

-Gardes, laissez-moi passer ! Cria Neldirage à ceux-ci.

Les hommes sursautèrent en entendant cette voix surgie de nulle part. Deux tirèrent leurs épées. Un rentra dans l’enceinte du bâtiment tandis que les deux autres restèrent pétrifiés.

-Nous avons ordre de ne laisser passer personne ! Dit le plus courageux.

Neldirage ouvrit sa cape pour laisser voir ses insignes.

-Je suis le général Neldirage, commandant en chef des armées du Nord et vainqueur de la bataille des quatre armées ! Je vous ordonne de me laisser passer !

Ylanay attrapa subtilement le poignet de son ami et lui fit lâcher la garde de son arme. Le général secoua la tête, revenant maître de lui.

-Je suis désolé, général. On connaît votre réputation mais vos ordres ne sont pas hiérarchiquement plus haut que celui de notre maître. Vous ne pouvez pas entrer.

Neldirage soupira de frustration et laissa tomber ses bras.

-Vous faites du bon travail les gars, dit-il avec un pâle sourire, c’est des gens comme vous qu’il faudrait dans mon armée.

Les sentinelles se redressèrent de fierté. Avec un signe de tête pour Ylanay, Neldirage fit signe qu’ils partaient.

-Que fait-on ? Demanda-t-il. Je crois pas que tu vas t’arrêter à cause de ces pauvres soldats.

-Exact, confirma le haut gradé. Je tente le mur.

Ylanay leva la tête vers le petit rempart.

-En sautant par-dessus ? Tu as vu à quoi il ressemble ? Même si tu atteints le sommet, tes mains seront transpercées par les piques !

-Justement, j’ai besoin de toi…

-Comment tu comptes t’y prendre ? Je pourrais pas te lancer par-dessus !

-Non, juste pour me faire la courte échelle.

Neldirage jeta un coup d’œil à droite puis à gauche. Les deux amis venaient de dépasser le coin ouest de la propriété. Le général dégaina son épée et recula de trois pas. Il leva la tête et lança son épée sur le mur. Elle frappa ce dernier avec un bruit sourd avant de retomber accompagnée de morceaux de pierre.

-Aide-moi à atteindre la brèche, je vais escalader par là.

Ylanay, indécis, jetait des regards autour de lui. Il était au milieu de l’après-midi et la rue était complètement bondée. Déjà, certains passants s’arrêtaient pour voir ce que faisaient les deux individus. Le lieutenant murmura à l’oreille de Neldirage que ça ne semblait pas être une bonne idée. Le général évalua la situation et jugea le contraire.

-C’est maintenant ou jamais ! On sait que je suis en ville, il ne faut plus perdre de temps… Rétorqua Neldirage d’un ton sec et cassant.

-D’accord, d’accord ! Abdiqua Ylanay en se mettant dos au mur.

Neldirage escalada son ami qui se mit à siffler et saluer les passants comme si de rien n’était. Certains les montraient du doigt tandis que d’autres faisaient comme s’il ne se passait rien. Les gens commencèrent à contourner les deux soldats, les laissant dans un îlot de vide, à la vue de tous. Neldirage prit appui sur les épaules de Ylanay et s’accrocha du bout des doigts au trou qu’il avait crée. Le général se hissa douloureusement jusqu’à ce que sa tête atteigne la pierre brisée. Il lâcha brusquement une main pour qu’elle aille s’accrocher au sommet du rempart. Neldirage accrocha sa deuxième main et s’apprêta à continuer lorsqu’une voix dit :

-Si j’étais vous, je ne ferais pas ça…

Notre général jeta un coup d’œil en contrebas sans lâcher prise. C’étaient une escouade de gardes royaux qui avait sûrement été alertée par des témoins de la scène. Ils portaient toujours cet équipement criard qui était désormais rouge lardé de vert. Elles rappelaient les couleurs que portaient Neldirage lorsqu’il était éclaireur. Ces hommes n’avaient qu’un seul supérieur : L’Empereur lui-même. C'est-à-dire qu’ils pouvaient le mettre au cachot s’ils le jugeaient nécessaire. Même général, son autorité avait des limites. Neldirage allait devoir manœuvrer avec soin. Il se laissa tomber au sol. Un élancement parcourut ses jambes et il serra les dents.

-Alors général, dit un jeune homme au port altier, qu’est-ce que vous faisiez là-haut ?

Neldirage fut surpris en voyant l’âge de ce chef d’escadron. Il devait avoir dix ans de moins que lui alors qu’il allait approcher de la quarantaine… Dans une demi-douzaine d’années tout de même. Il avait les yeux bleus et quelques mèches blondes dépassaient de son casque. Neldirage réfléchit en quelques secondes sur ce qu’il allait dire.

-Raison d’état ! Répondit-il finalement pour se laisser plus de temps.

L’homme jeta un regard vers le haut, soupçonneux.

-Et quelle est-elle cette raison ?

-Désolé, je ne peux y répondre, mentit Neldirage, mon enquête ne doit pas être entravée.

-Nous connaissons votre histoire, général Neldirage, dit le jeune chef après un regard en arrière vers ses soldats. Par doute, je vais vous laisser partir mais ne rodez plus vers la maison de la princesse.

-Entendu, vous pouvez comptez sur moi ! Dit Neldirage avec un sourire franc.

Notre général abusait de sa réputation mais mieux valait ça que de finir dans les geôles royales. Le groupe fit demi-tour et Ylanay, qui s’était camouflé dans la foule lorsque les soldats avaient approché, se rapprocha. Neldirage lui fit discrètement signe de ne pas parler tout de suite. Ils traversèrent la rue et attendirent dans une sombre ruelle que la foule se disperse.

-Un plan après ces déboires ? Chercha à savoir Ylanay en souriant.

-J’ai honte… Dit Neldirage en comprenant le comique de la scène. Mais oui ! J’ai un plan ! Faisons le tour de la muraille pour voir s’il n’y a pas une porte de derrière ! Il y en a toujours une…

-On ne perd rien à essayer ! Dit-il en haussant les épaules, résigné.

Après un coup d’œil de chaque côté de la rue, les deux amis suivirent le mur jusqu’au coin suivant. Après avoir suivi de nouveau l’enceinte, ils débouchèrent sur le dernier coin qui menait à la dernière partie de la muraille. Ils purent nettement voir que le lieu était clos et qu’il n’y avait qu’une seule entrée.

-Bon… Dit Ylanay toujours pas découragé. Encore d’autres idées ?

Neldirage fit une moue en réfléchissant.

-Il nous reste deux options : La première c’est de demander où sont les passages secrets à l’informateur de Fertan.

-Ce qui mettra du temps et encore, à condition qu’il accepte, éluda Ylanay.

-Donc il me reste une dernière possibilité… Dit Neldirage sur un ton mystérieux.

Ylanay soupira.

-D’après le ton que tu utilises, tu n’es pas disposé à parler, hein ?

-Non, confirma Neldirage avec un regard entendu. Pendant que je vais aller faire cette chose, continua notre ami, j’aimerais que tu te tiennes prêt au départ. Je vais essayer de repasser une fois que ça sera fait.

-Entendu, dit Ylanay avant de partir.

Lorsque son ami eut été avalé par la foule, le général se retourna en direction des quais. Là-bas, il mettrait son plan en action. Neldirage allait user d’une ruse lâche et fourbe mais c’était son unique solution. Jamais il n’avait imaginé qu’il devrait en arriver à ce point… Maintenant, notre ami marchait d’un pas résolu en direction des docks. Plus il se rapprochait de ceux-ci, plus la route et les bâtiments se dégradaient. Lorsqu’il le jugea bon, Neldirage rabattit sa capuche et s’enveloppa dans sa cape. Pas question qu’on veuille s’en prendre à lui parce qu’il arborait trop fièrement sa bourse, son armure et son épée. Quand il remarqua que les ombres semblaient bouger et que la lumière fuyait cet endroit, il ferma les yeux et se concentra.

Un vent chaud caressa sa joue et Neldirage savait que c’était bon. Il ouvrit les yeux pour revoir son environnement d’une façon différente. Des lignes bleues balayaient la zone en tout sens, traversant comme il l’avait déjà vu : pierre, chair et vide. Notre général vit un amas d’énergie se rassembler autour d’un édifice qui se situait à cinq cent mètres de là. Neldirage s’en approcha. Ici était sa destination. Il poussa la porte. Un tas d’odeurs différentes l’assaillirent : celle d’une pièce renfermée, celle du bois brûlé et aussi celles de plantes.

Dans un coin de cette sombre pièce dénuée de fenêtre, un homme se tenait face à une bibliothèque. Il ne se retourna pas face à l’intrus. Neldirage s’exclama :

-Toi, là ! J’ai besoin d’un sort de métamorphose !

Chapitre LXXIII

L’homme se retourna enfin. Il portait un monocle ainsi qu’une longue cape rouge usée. Il était touché par un début de calvitie et l’âge marquait le tour de ses yeux. Il leva un sourcil lorsqu’il vit qui se tenait face à lui.

-Pardon ? Dit le vieil homme d’une voix éraillée. Je ne suis qu’un humble antiquaire.

Neldirage soupira, il s’était attendu à une telle réponse.

-Je sais ce que tu fabriques… Et si tu te terres dans un endroit pareil, cela veut sûrement dire que tu fabriques des trucs pas très nets si tu vois ce que je veux dire.

L’homme mit les mains dans son dos et continua de parler.

-Je vous assure que…

Neldirage ferma les yeux, laissant le monologue aux murs de la salle. L’homme s’apprêtait à lancer un sort. D’un mouvement des yeux, que Neldirage avait appris à peaufiner, il annula le sort. L’homme releva une tête déformée par la colère.

-Les bâtards de ta race auraient dû être tués il y a longtemps !

Neldirage grogna et attrapa le vieil homme par le col de la chemise. Bizarrement, sa voix ne se fit plus cassée.

-Ose me parler encore comme ça, et je te fais mettre au cachot après t’avoir arraché les yeux.

Le général jeta l’homme au milieu de la pièce comme un vulgaire fétu de paille. L’homme se redressa et rampa sans quitter des yeux Neldirage.

-D’accord, d’accord ! Dit le magicien en tremblant. Je pense avoir ce qu’il vous faut…

-Très bien, dit notre général, à la moindre entourloupe, je te ferai pendre, c’est clair ?

-Oui, oui, dit l’autre en se frottant les mains, c’est bien compris ! Alors commençons !

-Attends, le coupa Neldirage, je veux voir le livre dont tu vas te servir. Comme ça, à la moindre déviance, je le saurai.

-Bien, j’aimerais seulement en échange…

-Ne pas être enfermé dans la prison ! Continua Neldirage.

-Etudier l’épée que vous portez à votre ceinture… Le corrigea le mage.

Neldirage mit la main par réflexe vers sa lame et baissa les yeux.

-Bien, acquiesça notre ami, vous pourrez l’étudier. Mais d’une, vous ne recopierez que les inscriptions et de deux, je veux savoir tout ce que vous aurez découvert.

L’homme parut déçu mais accepta néanmoins. Il se dirigea ensuite vers un gros coffre et sortit un gros tome rouge. Il s’avança vers Neldirage et lui montra une page. Ce dernier la lut rapidement : C’était ce qu’il cherchait. Le magicien allait lancer son sort et Neldirage n’aurait plus qu’à penser à l’homme à qui il voulait ressembler. Le sort devait cesser d’agir au bout d’une heure. Notre général lui rendit l’ouvrage et lui ordonna de commencer. L’homme leva les bras au-dessus de sa tête puis croisa les poignets. Il dit distinctement une paire de syllabe et rabattit ses membres supérieurs contre son torse, le menton baissé.

Neldirge fut frappé de plein fouet par un rayon vert fantomatique. Il crut d’abord que le magicien s’était joué de lui mais quand il ne sentit aucune douleur, il tendit les mains et les regarda. Elles se transformèrent lentement en brume.

-Maintenant ! S’exclama le mage. Pensez à cette personne.

Lentement la brume dessina une silhouette puis un corps. La peau apparut et les reliefs en firent de même. Neldirage n’avait vu qu’une statue du général Boreric devant sa maison et il espérait qu’il était assez ressemblant. Le général regarda de nouveau ses mains et il vit nettement qu’elles avaient changé. Elles étaient… plus vieilles ! Neldirage déduisit que le sort avait fonctionné.

-Alors ? Demanda ce dernier.

-Si je ne savais pas que je venais de lancer le sort ! Je dirais que vous êtes le général Boreric.

-Vous le connaissez ?

-Oui, dit le magicien, j’ai malheureusement eu affaire lui dans le temps !

Il secoua la main devant son visage pour chasser ses mauvaises pensées.

-Pourquoi m’avoir aidé ? Demanda Neldirage soupçonneux.

L’homme rit.

-J’ai beau être enfermé toute la journée, je sais quand même ce qui se passe en ville. Votre petite escalade a vite fait parler d’elle. Je ne pensais pas que vous viendriez me voir, honnêtement, je ne pensais pas que vous me trouveriez. Mais je vous ai sous-estimé à ce que j’ai vu… Enfin bref ! Tout ça pour dire que je ne porte pas le général Boreric dans mon cœur et vous non plus, ça nous fait un point commun ! Comme on dit : Les ennemis de mes ennemis sont mes amis.

-Bon, recopiez les motifs de mon épée et ensuite, je partirai.

Neldirage dégaina et posa son arme sur la table. Discrètement, il tâta les deux couteaux qui lui restait : On ne sait jamais. L’homme s’installa sur une petite table et alluma une bougie d’un geste de la main. Il remit son monocle en place et sortit une feuille d’une manufacture étrange. Il commença à recopier les inscriptions pendant que Neldirage réfléchissait. Ce dernier finit par reprendre la conversation.

-Combien temps durera le sortilège ?

-Une heure, répondit l’autre avec une lueur étrange dans les yeux. A vrai dire, je ne l’avais jamais essayé ! Je ne suis sûr de rien.

Neldirage replongea dans ses pensées. Il était enfin prêt à y aller. Le temps que le magicien finisse de recopier, pensa Neldirage, il lui resterait une petite demi-heure. Le général fixa l’homme qui grattait le papier, il était concentré et ne souciait plus de l’extérieur. A sa façon, il ressemblait beaucoup à Neldirage lors des batailles. Celle des quatre armées ne s’était pas déroulée depuis si longtemps et pourtant, les cris des mourants, la fatigue, cette odeur de sang s’estompait déjà. Une sorte de manque saisit le cœur de Neldirage. La marque des guerriers, déduisit notre ami.

-Alors ? Demanda le général.

-C’est fini… Dit le magicien en rendant l’arme à Neldirage.

-On se reverra, dit le guerrier en rangeant l’épée magique.

-J’en suis convaincu, confirma le vieillard avec un sourire malicieux.

En espérant que tout se passe bien, Neldirage quitta la demeure. Il n’eut pas de mal à changer d’identité, enfin pour ce qui était de l’allure. Pour le reste, ne l’ayant jamais connu, il ne pouvait pas connaître son comportement. Il allait devoir y aller à l’instinct. Avec l’aide du revers de la lame d’un poignard, Neldirage regarda son nouveau visage tout en continuant à avancer. C’était vraiment incroyable, pensa-t-il en se touchant le nez. Il était vraiment quelqu’un d’autre ! Neldirage se rappela soudain qu’il était en pleine rue, même si celle-ci était que très peu fréquentée, si son comportement était suspect, il serait démaqué.

Il finit par revenir à l’endroit où Ylanay et lui s’étaient séparés. Neldirage put voir que la foule n’avait pas moins diminué. Fertan avait raison, le quartier s’était développé bien au-dessus de ce que Neldirage n’avait jamais pu rêver. En y pensant, il sourit. Après qu’un groupe de cavaliers fut passé, il se dirigea vers les gardes. Ceux-ci se redressèrent en voyant arriver celui qu’ils croyaient être leur supérieur. Enroulé dans sa cape, l’imposteur ne laissait pas trahir le moindre indice qui aurait pu faire que les sentinelles ne le reconnaissent pas.

-Monseigneur, dit l’un d’eux, on ne vous attendait pas si tôt ! Nous aurions su, nous aurions préparé votre arrivée !

-Non, j’ai dû revenir dans l’urgence ! Mentit Neldirage.

L’homme regarda par-dessus l’épaule de son interlocuteur et fronça les sourcils.

-Vous êtes sans monture ? Sans escorte ?

-Je viens de dire que j’ai dû rentrer en urgence ! J’ai laissé mon cheval en ville et maintenant, j’aimerais me reposer ! Il fait nuit et je veux dormir !

-Oui, seigneur ! Dit le soldat en s’inclinant craignant de l’avoir offusqué de par ces questions indiscrètes.

Il cria un ordre et Neldirage put entendre nettement le bruit d’une barre qu’on soulevait.

-Bonne soirée, seigneur, dirent les gardes en le laissant passer.

Neldirage soupira pour montrer qu’il était las de ces questions puis s’engouffra dans la demeure. Comme l’avait indiqué Fertan, La première porte débouchait sur un petit vestibule desservant quatre issues. Sans hésiter, Neldirage prit celle qui se trouvait en face. La porte menait sur un petit jardin. Un couloir ouvert en faisait le tour et un grillage fait de bois soutenait les plantes. Sur le sol, des petites rigoles guidaient l’eau dans des motifs harmonieux. Des éclats de voix retentirent sur sa gauche : Sûrement des serviteurs. Voulant avoir le moins de contact possible, Neldirage prit l’autre passage.

La porte qui apparut sur sa droite était grande ouverte. On entendait des rires tonitruants : la salle des gardes. Neldirage passa en coup de vent devant espérant qu’on le remarque pas. Et ce fut chose faite. Il avança de quelques mètres, bifurqua et vit une porte finement ouvragée : l’entrée de la maison proprement dite. Neldirage s’en approcha, guidé par la lumière vacillante des torches qui repoussaient les ombres de la nuit. Après avoir expiré un bon coup, le général poussa les battants et entra. Il ne faisait aucun doute qu’il se trouvait dans un des plus luxueux endroits de la ville. Des tapis recouvraient le sol de toute part, des tableaux décoraient chaque mur et des objets d’une valeur au moins égale à leur éclat étaient posés sur des tables à la vue de tous.

Neldirage s’arrêta juste devant une porte d’où sortait des sons. D’après ses souvenirs, c’était la cuisine et de l’autre côté, les appartements de la princesse… Une voix féminine et cristalline ordonna qu’on s’en aille car elle souhaitait se coucher. Le cœur de Neldirage palpita : C’était Caroline, il l’aurait reconnu dans le tumulte d’une tempête. La porte s’ouvrit à la volée et il faillit être renversé. Les serviteurs ne firent pas attention et partirent par là où il était arrivé précédemment. Après s’être assuré que tout le monde avait décampé, Neldirage entra dans la pièce qui était enfumé par une odeur de légume. La chambre n’était pas vraiment bien placée, pensa-t-il. Il ne perdit pas de temps à se décrire la pièce car les bougies avaient été éteintes et l’air empestait la cire chaude. Il posa la main sur la poignée et l’autre sur son épée. Sans hésiter, il entra.

-Qui est-ce ? Demanda Caroline qui avait commencé à s’endormir.

Neldirage sourit bien qu’elle ne le vit pas. Le charme devait être rompu depuis un bon quart d’heure maintenant. Il s’assit sur le bord du lit et laissa les douces mains suivre les courbes de son corps.

-C’est toi mon amour ! Enfin ! S’écria-t-elle en plongeant son visage contre son torse.

-Oui, répondit Neldirage qui ne parvenait pas à trouver ses mots.

-Tu m’as tellement manqué, avoua-t-elle avant de poser un langoureux baiser sur les lèvres de notre général.

Neldirage répondit avec autant de fougue et se coucha à ses côtés. Il se passa une heure où les deux corps se redécouvrirent. Elle lui susurra de nombreuses fois à l’oreille qu’il lui avait manquée et Neldirage lui répétait inlassablement que ça avait été dur pour lui aussi. Immédiatement ils replongèrent dans des étreintes et des caresses faisant surgir toujours plus d’émotion. Les habits se défirent rapidement et glissèrent au sol. Ils communièrent ainsi pour la première fois. Neldirage savoura chaque instant pour qu’ils restent à jamais gravés dans sa mémoire.

Plus le moment arrivait, plus Neldirage sentait qu’il accomplissait son fantasme. Les gémissements se faisaient plus forts ce qui encourageait notre ami à continuer. Il sentit soudain son corps se raidir et il fut parcourut d’un frisson. Il lâcha un souffle rauque et laissa sa tête reposée sur l’épaule de sa douce princesse.

-Oh… Finit-elle par dire… C’était tellement bon que tu sois là Boreric…

Neldirage écarquilla les yeux d’effroi.

Chapitre LXXIV

Notre ami roula sur le lit et tomba au sol. Il s’approcha de la fenêtre et l’ouvrit en grand. Bien qu’ils fussent en pleine nuit, il n’eut pas froid. La lune et les maigres éclairages parvenaient quand même à éclairer assez la scène. Neldirage tendit les mains à l’extérieur et laissa les rayons lunaires les illuminer. Pour un tas de chose différente, le général secoua la tête. Ce n’était pas lui que Caroline avait accueilli mais Boreric. Le sort avait duré plus longtemps que prévu et Neldirage se rappela le sourire qu’arborait le magicien avant de partir… Il le tuerait pour ça !

Maintenant, il allait devoir affronter un des pires moments de sa vie. D’un mouvement de mains, il dissipa les énergies qui enveloppaient son corps. La princesse eut un petit hoquet de stupeur quand la silhouette qui se tenait devant la fenêtre se fit plus grande et plus musclée. Elle tira le drap jusqu’à ne laisser dépasser que les yeux. Ils restèrent ainsi, lui cherchant les mots et elle qui il pouvait être. Soudain, l’évidence la frappa.

-Neldirage ? Tenta-t-elle.

-Oui… Répondit notre ami déboussolé.

-Qu’est-ce que… Qu’est-ce que ça signifie ? Chercha-t-elle à comprendre.

-Je voulais te revoir… Avoua-t-il. Comme ils ne voulaient pas me laisser passer à l’entrée, j’ai pris l’apparence de Boreric.

Elle mit une main sur sa bouche.

-Oh ! Qu’avons-nous fait ! Si jamais ça se sait, on sera exécuté tous les deux !

-Ce n’est pas grave, dit notre général enthousiaste et confiant, partons tant qu’il est encore temps !

Il lui attrapa la main et elle la retira vivement.

-Mais qu’est-ce qui a bien pu te faire croire que je t’aimais encore ? Ca fait plus de huit ans !

-Mais… Dit Neldirage qui recula comme sous un coup de poignard.

-Je ne t’aime plus ! C’est Boreric que j’aime ! Jamais je ne partirais avec toi.

Neldirage ne put articuler un mot de plus. La seule chose qui traversait son esprit était pourquoi la prophétie avait-elle menti ? Soudain le général comprit l’absurdité de la chose. Quand cette dernière parlait de la force d’un ancien amour, elle ne parlait pas du sien et de la princesse mais de Boreric et la princesse… Comment avait-il pu se tromper à ce point ? Neldirage savait que ce genre de prémonitions avait des sens cachés. Mais là ! Il se sentait si honteux.

-Désolé… Dit-elle.

-Ce n’est pas grave, dit doucement Neldirage, tu devais me le dire…

-Non, pas pour ça… Pour ça : Gardes ! Hurla-t-elle.

Immédiatement l’instinct de survie de notre guerrier reprit le dessus. Il connaissait que s’il restait là, il courait un grave danger. Malgré cela, il ne pouvait détacher ses yeux de la princesse qui le regardait et lui faisait signe de s’enfuir. Il savait que pour sa sécurité, elle avait dû faire ça mais tout se passait si vite… La porte s’ouvrit à la volée et Neldirage se demanda comment elle n’avait pas été arrachée.

-Vous ? Dit le premier garde royal qui dégaina une longue épée.

Neldirage attrapa une lampe à huile accrochée au plafond et la brisa au milieu de la pièce. Il invoqua les flammes magiques qui mirent immédiatement feu au centre de la chambre. Neldirage espérait que les soldats tenteraient de protéger la princesse plutôt que de se lancer à sa poursuite. Le général fit volte-face et s’élança par la fenêtre ouverte. L’atterrissage fut assez dur et sa tête heurta le sol. Bizarrement, Neldirage se sentit déplacé.

Quand il émergea, il fut assailli par une puanteur hors du commun… Il devait être dans les égouts. Devant lui, trois hommes aussi sales que l’endroit discutaient à voix basse. En mettant une main à sa ceinture, Neldirage ne s’étonna pas de la disparition de sa bourse. Il avait dû se réveiller plus tôt que ce qu’avaient escompté les voleurs. Heureusement, son armure et son épée étaient encore là.

-Vous là ! Cria Neldirage en s’appuyant contre le mur.

Le général reprit son esprit et entendit enfin la rivière souterraine qui coulait sur sa gauche.

-Je vous laisse cette bourse contre votre aide !

Les trois hommes se rapprochèrent. Neldirage n’arriva pas à les distinguer les uns des autres. Ils portaient une barbe fournie, des vêtements en lambeaux et sentaient les détritus.

-Où on est ? Demanda Neldirage.

-Dans les égouts ! Répondit fièrement l’un en montrant un sourire jauni.

-Qu’est-ce que je fais ici ?

-On vous a vu tomber ! Dit un autre. Vous et votre bourse messire ! Alors on s’est dit dit que si on vous aidait, on aurait peut-être une récompense !

-Qui êtes-vous ?

-Bah, certains nous qualifieraient de mendiants mais ceux qui nous connaissent savent qu’on est plus que ça ! Intervint le troisième.

-Et vous êtes ? Chercha à savoir Neldirage qui ne voyait pas ce qu’ils pouvaient être mis à part des voleurs de la guilde.

-On peut pas vous le dire ! Reprit le deuxième.

-Bon, et pourquoi vous m’avez sauvé ?

-On aime pas franchement l’autorité pour avoir fini dans leurs geôles !

-A mort les militaires ! Cracha le premier.

Neldirage se remercia intérieurement de ne pas ressembler à un soldat. Sinon il serait resté à moitié mort sur la route et serait à l’heure qui l’est pendu au bout d’une corde.

-J’aimerais atteindre le palais Impérial en toute discrétion, vous pouvez m’aider ? Demanda Neldirage.

-Vous pouviez pas mieux tomber ! Dit le troisième en l’attrapant par l’épaule tandis qu’un autre jouait avec la bourse pour vérifier son poids. On va vous guider dans les égouts ! Comme ça, les gars du palais ils vous trouveront pas !

Neldirage le craignait un peu : Si jamais le capitaine des soldats ne lui mettait pas la main dessus, il retournerait au palais prévenir son supérieur. Ca voulait dire que notre général devrait approcher de l’Empereur avant que celui-ci n’ait déjà une opinion toute faite et exagérée, par exemple, par le père de Boreric… Il fallait prier pour qu’il arrive avant. Les trois scélérats le guidèrent avec une étroite assurance à travers les boyaux souterrains de la ville. Neldirage se demandait quand même s’ils ne l’emmenaient pas dans une embuscade où il serait tué puis dépouillé. Le général se convainquit du contraire, s’ils avaient voulu le tuer, ils auraient pu le faire avant.

Neldirage accéléra le pas tout en faisant attention à ne pas tomber dans les immondices qui circulaient au milieu des égouts. Etant un guerrier, il avait vécu et vu pire que ça : il s’en accommoda. Après une marche de dix minutes, éclairés seulement par la lumière qui filtrait par les bouches d’égouts, ils s’arrêtèrent. Sur leur droite, un mur était effondré et remontait vers la surface. Les trois hommes se turent et firent signe au général que la sortie était par là. Le général, sans montrer la moindre hésitation, escalada les débris pour déboucher dans une maison abandonnée. Une fine couche de poussière recouvrait le sol et des toiles d’araignées formaient des guirlandes vivant avec les courants d’air. Neldirage tourna la poignée de la porte qui refusa de bouger dans un premier temps. Le général la souleva doucement et retenta l’opération qui se solda par un succès. Il se trouvait à présent face au palais, l’entrée n’étant qu’à une vingtaine de mètres.

Trois gardes seulement gardaient la première enceinte en cette heure si tardive. Les trois silhouettes de ses guides émergèrent en criant d’un buisson. Ils se jetèrent sur les gardes, les frappèrent et s’enfuirent. Les soldats royaux, ne comptant pas en rester là, s’élancèrent à leur poursuite en leur ordonnant de s’arrêter. Neldirage sourit, ils n’avaient aucune chance de les retrouver. Le général, quant à lui, s’élança discrètement vers la porte qu’il franchit sans perdre de temps.

A l’intérieur du parc du palais royal, plusieurs patrouilles suivaient un itinéraire précis que Neldirage ne tarda pas à identifier. Il se glissa ainsi d’ombres en ombres, évitant la lumière des torches et les regards inquisiteurs des soldats. Notre général se demanda alors jusqu’à quand il devrait cacher sa présence. Il se dit que s’il atteignait les portes principales, personne ne pourrait l’empêcher de voir l’Empereur qui, il l’espérait, ne dormirait pas. Au moment même où se disait ça, il retint sa respiration car un groupe de dix guerriers munis de hallebardes passa à côté de lui.

Neldirage avait eu de la chance car ce dernier groupe était dépourvu de chiens. Ces sales bêtes avaient failli le faire repérer à deux reprises en grognant dans sa direction. L’allée centrale par laquelle Neldirage était venu il y a des années de ça se trouvait maintenant à quelques mètres de lui sur la gauche. Il émergea donc du taillis où il était accroupi et s’avança vers la porte comme si de rien n’était. Il attrapa un lourd anneau métallique et le fracassa contre le bois de la porte. Sans savoir qui était derrière, le serviteur pouvait se douter qu’il était pressé.

Et justement lorsqu’il ouvrit, il vit un général dans l’urgence qui le renversa brutalement. Connaissant vaguement le chemin, Neldirage monta en haut du premier escalier et s’enfonça dans le dédale de couloir. Il pensait s’être perdu quand une porte s’ouvrit à la volée et un bras l’attrapa par la manche et l’emmena à l’intérieur. Neldirage était stupéfait, mis à part le temps qui passait, le capitaine Van Hoff n’avait pas beaucoup changé. Plus de cheveux blancs, des rides plus marquées et nombreuses… Les signes de l’âge. Il avait aussi gardé une bonne poigne, nota Neldirage.

-Capitaine ! S’étonna donc t-il. Je suis content que vous soyez toujours en vie !

-Moi de même, général ! La mort n’a pas encore décidé que c’était à mon tour…

Il fit un petit clin d’œil et Neldirage le prit dans se bras.

-Je suis tellement heureux d’enfin voir un visage ami. Les choses ne sont plus ce qu’elles étaient ! Maugréa-t-il.

-Je sais, c’est pour ça que je voulais te parler. L’Empereur connaît tout ce que tu as fait… D’ailleurs qui ne le sait pas ?

Neldirage rougit sous les réprimandes de son ancien tuteur et exemple.

-En tout cas, le père de Boreric, malgré son âge, s’est déplacé… Et tu sais que c’est un ancien allié de Karlinter et te déteste donc tout autant que lui. Le capitaine de la garde de la princesse a lui aussi fait son rapport. Si on ajoute à cela, tentative de meurtre sur une princesse ainsi que refus d’obéissance aux ordres… Tu te jettes dans la gueule du loup !

-Comment ça tentative de meurtre ? S’inquiéta Neldirage en revenant en arrière.

-Lorsque tu es parti, le feu s’est propagé au drap de la princesse et plusieurs soldats sont grièvement blessés pour avoir essayé de la sauver.

-Mais elle va bien ?

-Oui, oui, dit Van Hoff en se faisant rassurant.

-Pour revenir au sujet initial, il faut quand même que je tente de voir l’Empereur ! Il est le dernier à pouvoir m’aider.

Van Hoff leva les mains au ciel.

-Tu ne pourras pas dire que je ne t’ai pas prévenu !

-Mais vous me soutenez toujours ? S’enquit Neldirage.

-Evidement ! Répondit son interlocuteur.

-Alors ça me suffit ! Rendez-moi un service, capitaine, allez voir le lieutenant Fertan et expliquez-lui ce qu’il s’est passé…

L’homme le regarda avec un petit sourire.

-Quoi ? Demanda Neldirage dont le visage s’était lui aussi élargi d’un sourire.

-Rien, je me disais juste que le changement avait été incroyable… Je t’ai connu simple soldat tremblant devant des hommes-bêtes et voilà un grand général qui s’apprête à affronter ses pairs et l’Empereur même.

Le sourire de Neldirage s’agrandit. Notre ami hocha la tête et continua dans le couloir de droite. La salle du trône se trouvait au bout du couloir. Il émergerait sur un des côtés de la pièce et cela lui laisserait le temps d’appréhender la situation. Neldirage marchait sur un luxueux tapis rouge à motifs verts et la fin du couloir se terminait sur deux grands magnifiques miroirs. Le général entra dans la plus grande pièce du royaume et se camoufla derrière un pilier.

Au loin, à cent mètres de là, l’Empereur était assis sur son trône et un peu en dessous de lui, quatre hommes parlaient. Neldirage parvint à en identifier un comme étant le jeune capitaine des soldats royaux. Les trois autres lui étaient parfaitement inconnus. Enfin il ne voyait plutôt pas qui ils étaient… En s’approchant un peu plus, Neldirage les reconnut enfin. L’un était le chef de la police de lEmpereur, il devait avoir le même âge que notre général. Il avait une petite barbe qui grisait et la malice qui se lisait dans ses yeux reflétait bien sa personnalité. L’homme sur sa droite était assez âgé, il portait un pantalon et une veste noire. Il ressemblait à la statue de Boreric que Neldirage avait vu devant la nouvelle demeure de la princesse mais en plus vieux. Il devait être le père de Borecic. Le troisième homme était assez grand et portait la tenue habituelle des marins. Les grades sur sa chemise montraient que c’était un amiral. De là, Neldirage déduisit que c’était le fameux premier conseiller de l’Empereur.

L’Empereur venait d’hocher la tête après une remarque du père de Boreric. Que pouvaient-ils bien dire ? Sûrement en train de le juger sur des fautes qu’il n’avait pas fait… Que pouvait-il faire ? Soudain une idée germa lorsque sa main se posa involontairement sur la garde de son épée. Il releva les yeux et s’avança : il allait remettre de l’ordre.

Chapitre LXXV

-Alors c’est comme ça que vous agissez dans votre monde d’hypocrites ? Hurla Neldirage ses deux épées au poing.

Le chef de la police fit une remarque sur la brusque et dangereuse apparition de notre général. Les autres acquiescèrent et l’amiral tira un sabre recourbé. L’Empereur se redressa sur son siège et le capitaine des soldats royaux aboya des ordres. Les deux gardes les plus proches se précipitèrent sur Neldirage. Notre ami esquiva le premier qu’il fit violemment tomber au sol. Il rengaina une de ses armes et profita de sa main de libre pour attraper le second et l’envoyer sur un pilier à peine à un mètre de là.

Une troupe de quinze guerriers supplémentaires arriva et encercla Neldirage. Notre ami jeta des regards autour de lui, résolu à se battre s’il le fallait. Van Hoff se présenta dans l’encadrement de la porte et lui fit signe de rester calme. Cette petite incitation n’était pas grand-chose mais elle suffit à Neldirage. Il soupira, rangea son arme et hurla alors à l’Empereur.

-Ne croyez pas ce qu’ils racontent ! Ils mentent ! Je ne suis pas l’homme qu’ils vous ont décrit !

Le père de Boraric glissa un mot à l’oreille de son supérieur. Ce dernier se leva et balaya la remarque de la main. Il prit la parole d’une voix grave mais claire.

-Général Neldirage, pour tous les griefs qui vous sont reprochés et dont la liste exhaustive ne sera pas présentée ici, je vous condamne à rester dans les geôles jusqu’à ce qu’un châtiment soit décidé.

-Alors c’est ça ? Demanda-t-il à toute l’assemblée. C’est ici qu’on en est arrivé ? Enfermer des innocents pour une question de pouvoir ?

Une sorte de doute fugace passa sur le visage de l’Empereur. Ce fut une maigre consolation mais c’était déjà un bon début. Neldirage se laissa saisir lorsque trois hommes s’approchèrent. On lui retira son armure, ses épées ainsi que tout objet qu’il transportait. On lui passa un bâillon autant pour l’empêcher de parler que pour éviter que d’autres personnes n’entendent les accusations que proférait le général. Avant d’être emmené, Neldirage put voir le père de Boreric serrer la main de l’Empereur qui affichait un large sourire. Notre ami se promit qu’un jour, ils payeraient.

Pendant tout le trajet, Neldirage afficha une arrogance forcée. S’il voulait qu’on le croie alors il devait montrer à tous qu’il avait foi en lui-même. C’est avec plaisir que notre homme vit des gardes baisser les yeux, peut-être par honte, peut-être par respect : Mais le saurait-il un jour ? On le traîna hors du palais puis l’escorte le conduisit dans des quartiers tout proches de la garnison royale. Il y avait une palissade de bois autour de quatre gros bâtiments de pierre. On le conduisit dans celui de gauche. Une porte s’ouvrit et ils descendirent une volée de marches. Les cellules commençaient à apparaître. Une puis deux, il y en avait des centaines. Après de larges détours dans les couloirs, on l’arrêta finalement devant une épaisse porte de bois. Les gardes se séparèrent et on le jeta au fond du cachot.

Voilà où il en était réduit désormais : Allongé, la tête sur de la terre humide, seul dans une pièce d’une dizaine de mètres carré. Maintenant, tout reposerait sur Van Hoff. Neldirage espérait qu’il pourrait transmettre le message à Ylanay. S’ils n’agissaient pas, notre général craignait d’être exécuté avant la fin de la semaine. Neldirage soupira en repensant aux événements de la journée et ressassa cette histoire de prophétie. S’il s’était trompé là-dessus, sur quoi allait-il encore se tromper ? Que devait-il faire ? Notre ami se reprit, les prédictions n’étaient pas fausses, ils les avaient seulement mal interprétées. A lui de se débrouiller pour que ça ne se reproduise plus…

Le paragraphe sur l’amour était très clair maintenant, Neldirage le récita à haute voix :

Les amours nouveaux résisteront

Malgré les anciennes promesses et pressions

Une erreur sera commise

Et disparaîtra une épouse promise

Il ne l’avait pas oublié… Ni la suite d’ailleurs. L’épouse promise, c’était ce qu’aurait pu être Caroline et l’erreur commise était sûrement le fait de l’avoir retrouvé. Maintenant, voyons la suite de la prophétie, se dit Neldirage avant de redire la suite exacte du texte :

Des forteresses seront dressées

Non loin de vestiges passés

Lorsque l’ordre faiblira

Une ville survivra

Le mal tentera de s’infiltrer

Et ses frères, il faudra tuer

Ceci est l’avenir des mortels hors du commun

Dont le nom grandira aujourd’hui, comme demain

La forteresse dressée… Nul doute qu’il devait s’agir de ce que voulait construire Neldirage dans le sud. De plus avec l’aide des nains, cela était plus qu’un rêve. Par contre, notre général ne voyait toujours pas ce qu’étaient les vestiges passés. Il finit par abandonner et se dit que cela viendrait plus tard. La suite était encore plus ambiguë mais Neldirage était sûr, maintenant encore plus qu’avant, qu’il faudrait se battre contre d’autres hommes… Voire l’Empire.

Il fit le tour de la cellule qui ne contenait aucun mobilier à part des chaînes aux murs ainsi qu’une grosse poutre centrale. Il fallait se changer les idées, tenta de se convaincre Neldirage. Il pensa à Pierre et Van qui devait être en ce moment même en train de rattraper l’armée… son armée avec ses hommes. Il finit par repenser à ses préoccupations actuelles : pourquoi lui faire ça à lui ? Il avait réussi à tenir un front pendant des semaines alors que n’importe qui d’autre aurait été écrasé. Et maintenant, des généraux et des politiciens véreux le faisaient arrêter parce qu’il devenait jaloux ? Neldirage se demanda s’il n’aurait pas fallu qu’il reste simple fermier au côté de son père.

Si jamais Neldirage sortait, il espérait bien les revoir… Il se rappela que c’est en partie pour ça qu’il avait envoyé l’armée là-bas. Notre ami soupira dans la ténébreuse obscurité de la pièce, combien de temps allait-il rester là ?

Cela faisait deux heures que notre général ruminait ses pensées au fond de la cellule. Autour de lui, il ne devait pas y avoir d’autres prisonniers : Pas de bruit, pas de mouvement… Neldirage tenta de percevoir le moindre bruit qui aurait pu filtrer au travers de la porte. Les gardes ne semblaient pas très bavards. Un coup contre la porte le fit sursauter et s’écarter vivement du morceau de bois qui avait vacillé. Il eut des bruissements de métal mais pas comme si on se battait, plutôt le bruit d’une armure qui frotte contre la roche. Un bruit de clé lui apprit qu’on ouvrait sa cellule. Neldirage attrapa une vieille chaîne qui s’était décrochée du mur et se prépara à vendre chèrement sa vie.

A sa grande surprise, ce fut Fertan qui entra, immédiatement suivi par Pat ainsi qu’une demi-dizaine de soldats. Voyant Neldirage perplexe, ils s’enquirent de son état de santé.

-Je vais bien, je vais bien… Les rassura Neldirage. Mais comment avez-vous fait si vite ?

Fertan haussa les épaules comme si de rien n’était.

-Van Hoff a prévenu Ylanay qui nous a prévenus ! C’est aussi simple que ça !

-Mais tu n’as pas pu tout organisé si vite ? S’étonna Neldirage.

-On va dire qu’après tes révélations, je m’attendais à ce qu’il y ait du grabuge alors j’ai prévenu les hommes. Ils vous connaissent bien, général, mieux que tu le penses ! Ils ont demandé à leurs familles de plier bagage et de se préparer au départ. Dehors, en plein centre ville et au milieu de la nuit, deux cents soldats et plus de quatre cents civils attendent que ton retour pour partir.

-Ils abandonneraient tout ? Pour moi ? Demanda Neldirage qui ne croyait pas à un tel sacrifice.

-Oui ! Ils croient en toi alors crois en eux…

-Mais que vont-ils faire avec nous ? Demanda notre général. A moins qu’ils puissent servir à de la main d’œuvre… Dit Neldirage en se grattant le menton.

-A condition qu’ils survivent… Glissa Fertan dans l’attente d’une réaction qui ne tarda pas.

-On ne peut pas emmener de stock de nourriture ! Il faudra se sustenter par nous-même…

Neldirage soupira. Ca aurait été trop simple.

-Sortons, finit-il par dire, la garde finira bien par découvrir votre arrivée ! On essayera de régler ce problème plus tard.

Le petit commando sortit de la pièce et le lieutenant Pat l’agrippa par l’épaule. La force du géant le fit stopper net. L’homme lui tendit ses épées, son armure ainsi que ses affaires.

-Merci…

-Général, dit l’homme de sa profonde voix grave, ne les décevez pas… Ils savent que leur place est à vos côtés.

Neldirage acquiesça en silence et partit, son nouveau lieutenant sur les talons.

Dehors, les étoiles étaient voilées. C’était mauvais signe, il pleuvrait sûrement demain… Quelle poisse ! Maugréa Neldirage. Déjà que cet été était sec alors s’il pleuvait le lendemain, ça ne serait pas un orage de pacotille. Sans protection, il pourrait y avoir des pertes humaines. Ils devraient trouver un abri pour la nuit. Des bruits de sabots se répercutèrent dans les ténèbres lorsque le groupe quitta le palais. Neldirage craignit qu’il ne s’agisse de la milice montée mais il se révéla que c’était Ylanay qui traînait Eclair tant bien que mal.

-C’est une vraie bourrique ! Se plaignit le lieutenant Ylanay. Il n’en fait qu’à sa tête.

Le cheval, reconnaissant son maître, s’approcha de lui en quête d’affection. Neldirage lui caressa l’encolure et monta en selle. Le groupe se dirigea ensuite vers l’est, vers la place du marché. Habituellement, seules des étables, des tapis et d’horripilantes voix qui hurlaient les bienfaits de leurs produits, habitaient la place mais aujourd’hui, c’était une petite communauté qui attendait patiemment. Neldirage se demandait comment personne ne s’était interrogé sur leur présence ici. Eclair traversa la foule aussi délicatement qu’il put et ils prirent la tête de la petite ville en faisant passer les consignes de silence. Notre général put voir plus tard que les consignes furent appliquées : les enfants s’étaient tus, les chevaux avaient été équipés de sorte de muselières et les chiens subirent le même traitement. Ils arrivèrent en face des portes Est quand un compagnie de vingt soldats se mit en travers de leur chemin.

-On se bat ? Demanda Pat.

LA SUITE

@+

-= Inxi =-

Modifié par Inxi-Huinzi
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Alors, pronostiques :

Neldi va invoquer une flamme et va bruler ses liens. Il ve se degotter une épée et tuer la sentinelle sans bruits puis il va tenter de rejoindre Van et les autres .

Un passage sympatique,

Dès qu’il se serait sorti de cette situation, ils les tueraient tous jusqu’à ce qu’ils avouent où ils l’avaient cachée. Ils les feraient souffrir jusqu’au dernier s’il le fallait.

Notre héro ex-paysan ne deviendrait ils pas frénétique??

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Pour

! Il est pas mort
et pour
qu’on est pas des méchants dans
je prend ça comme des effets du langage des bad boy, mais pour

qu’on veut pas croire en vous…
je pense que c'est: qu'on ne veut pas croire en vous

Et bien ça commence tout doucement (pour moi je veux dire) je m'étais dis qu'à partir de maintenant je ferais le traqueurs de fautes d'ortho mais je trouve rien :whistling: j'suis trop nul.

Je vais me contenter de mes commentaires habituels: messages d'encouragement, incitation( non pas à la haine... ok je sort) à la suite et maintenance du bon niveau.

Damrodil, une suite pour la deux!

Modifié par Damrodil
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

une tres bonne suite j'aime bien le rapprochement avec les ravisseurs mais je les trouve quand meme bien simpa alors que Neldirage en a blessé un!

sinon j'attends la suite avec impatience demain j'espere ^^

fibz

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Etrange début et étrange fin :ph34r: où un héros en fuite devient prisonnier de futur amis? :blushing:

Juste une remarque: dans les différents paragraphes tu utilises un langage trop "parlé" (

Nan, se dit-il, ce n’était pas le moment de ressentir de la pitié pour eux.
, j'aurais plutot utiliser un "Non!" plus énergique).

Encore un rebondissement qui demande une suite :whistling:

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Hop merci, des demain je m'attele aux fautes comme eGemini se fait introuvable ^^

Chapitre LXXVI

-On évite, répondit Neldirage à qui l’envie de se battre ne plaisait pas. Pourtant, il n’arrivait pas à oublier la prophétie qui avait prévu un moment comme celui-ci.

Le général talonna sa monture pour se rapprocher d’eux.

-Laissez-nous passer ! Ordonna Neldirage. Nous ne voulons pas nous battre.

-Excusez-nous, général, répondit un premier soldat à l’allure chétive, on ne voulait pas vous empêcher de passer ! Les amis et moi voulons vous aider. Maintenant que la guerre est finie, on n’aura sûrement plus l’occasion de se battre alors qu’avec vous, on sait qu’on va se marrer.

Neldirage ne put s’empêcher de sourire, ils ne savaient pas ce qui les attendait.

-Vous vous êtes déjà battus ? Je veux dire : pendant une bataille ?

Ils baissèrent les yeux.

-Laissez tomber, dit Neldirage, c’est trop dangereux pour vous alors… Ce n’est pas comme dans les contes.

Neldirage talonna Eclair et s’approcha de la porte.

-On vient que vous le vouliez ou non ! Cria un homme. Général… Ajouta-t-il rapidement.

Notre ami se retourna et héla Fertan qui s’approcha en trottant.

-Occupe-toi bien d’eux ! Qu’ils aident les civils en les soulageant de leurs affaires ! Ca leur fera les muscles.

Les soldats firent une grimace qui montrait clairement que cela ne les enchantait guère. Mais au moins, ça les ferait réfléchir, pensa Neldirage. Il se retourna vers les portes grandes ouvertes et siffla le départ. La longue colonne se mit en route et sortit de la ville. Une première goutte tomba, prémisse d’une averse imminente.

-Ylanay ! Envoie des éclaireurs pour nous trouver un abri d’ici une heure ! Le temps qu’on s’écarte de cette ville.

Son ami fit tourner sa monture et sélectionna des soldats d’expérience qu’il divisa en groupes de trois. Ils partirent vers le sud tandis que Neldirage donnait des ordres pour que la colonne avance au plus vite et qu’elle ne piétine pas sur place. Plus vite ils avanceraient, plus vite ils seraient protégés lorsque l’orage éclaterait.

Aux grands regrets de Neldirage, la compagnie, aussi hétéroclite qu’elle fût, n’arriva pas à rejoindre le réseau de grottes qu’avaient trouvé les éclaireurs. Pendant une bonne demi-heure, ils subirent les caprices du ciel qui grondait et déversait sur eux des trombes d’eau semblables aux pires catastrophes naturelles dont on pouvait parler dans les contes. Sur le côté, de vraies petites rivières s’étaient formées et Neldirage ne douta pas que tous les fleuves allaient être en cru. Impossible de passer dans les anciens guets.

Ils décidèrent de s’arrêter pour que les femmes et les enfants puissent s’abriter sous la corniche naturelle d’une montagne. Le couvert était spacieux mais insuffisant pour tous. Les soldats durent donc dormir sous la pluie, sous la faible protection des feuilles des arbres. Même Neldirage dut supporter l’idée de devoir dormir trempé. Cela lui rappela des souvenirs… Lorsqu’il était chez les pilleurs de la nuit, il n’était pas rare qu’ils dussent dormir par des temps froids ou pluvieux au milieu de la boue et des arbres. Cette époque lui sembla si lointaine…

Au petit matin, ils se remirent en route. Ils leur fallurent plus d’une heure pour partir. Neldirage pesta contre la flemmardise humaine. Les soldats étaient rigoureux, dès que leur général leur en avait donné l’ordre, ils s’étaient tenus prêts.

Cela faisait désormais deux heures qu’ils marchaient sans s’arrêter. Neldirage n’allait pas tarder à accorder une pause, les grognements se faisaient entendre. Etant aussi à pied, notre ami confia les rênes d’Eclair à un soldat proche. Il remonta la colonne pour venir parler avec Pat et Fertan.

-Alors ? Demanda Neldirage.

-Tout va bien, dit le lieutenant, d’après Ylanay, la nuit n’a pas été trop grave et seules des maladies bénignes agitent le groupe.

-Tant mieux, se rassura Neldirage, on est encore trop loin de la destination pour s’encombrer de malades ! Pourquoi j’ai accepté ? Se désola-t-il.

-Parce que tu es quelqu’un de bien, répondit gentiment Pat à qui sourit Neldirage. On ne pouvait pas laisser la famille des déserteurs là-bas, ça aurait été trop de pression.

-Il va donc falloir gérer une arrivée massive de population si je comprends bien ? Déduisit notre général.

-Effectivement, c’est à prévoir… Ajouta Fertan qui commençait aussi à imaginer le nombre de personnes que cela ferait.

-Et dire qu’on sait même pas où on va ! Dit ironiquement Neldirage.

-On te fait confiance là-dessus ! Dit Fertan. Tu le sauras le moment venu.

-J’espère, répondit-il simplement.

Neldirage ralentit encore l’allure et c’est Ylanay qui se retrouva à ses côtés.

-Alors ces maladies ? Demanda le général.

-Rien de bien grave ! Il leur faudrait du repos mais même sans, ils guériront ! Quel est le programme ?

-L’armée doit se trouver à quelques jours d’ici. J’aimerais que des éclaireurs partent sur sa trace et les forcent à s’arrêter.

-Je peux m’en occuper, proposa le lieutenant.

-J’espèrais bien que tu te proposerais, dit Neldirage avec un clin d’œil, pars vite et prends deux hommes avec toi.

Ylanay s’inclina et remonta la colonne en sens inverse. Une fois que les trois hommes eurent disparu au détour d’un virage, Neldirage ordonna la pause qui fut acclamée par un concert de soupir. Notre homme se rapprocha du chariot de vivres qui était encadré par quatre soldats.

-Etat des vivres ? Les interrogea Neldirage.

-Au prochain repas, nous aurons plus rien. C’est nos derniers tonneaux. On a pas pu prendre plus avant le départ.

-Bien, je vois, dit Neldirage en songeant à une solution. Il va falloir chasser notre repas ! Y a-t-il des anciens chasseurs qui s’y connaîtraient un peu parmi les civils.

-Mon frère et mon oncle, ils maîtrisent l’art de la chasse depuis longtemps ! Se permit de dire un soldat dont un casque couvrait la moitié de la tête.

-Bien alors va les chercher !

-Tout de suite, général… Dit-il avant de s’incliner.

Le soldat et les deux membres de sa famille les retrouvèrent vite. Neldirage scrutait un bois proche.

-Je vais avoir besoin de vous, commença-t-il lorsqu’ils se furent présentés, il faudrait de la nourriture. Je mets mes soldats à votre disposition ! Toi et toi, désigna Neldirage en montrant deux soldats autour du chariot, veillez à ce que les hommes coopèrent.

-Merci, messire général, répondit le plus vieux, on tachera de vous satisfaire !

Neldirage hocha la tête et alla voir Pat.

-Tu partiras avec les chasseurs, beaucoup de soldats vont s’absenter et j’aimerais qu’un officier évite que trop peu n’en revienne.

-Entendu, acquiesça le géant, je veillerai à ce que tout se passe bien.

-Emmenez le chariot avec vous, ça sera plus pratique pour transporter ce que vous ramènerez.

-Entendu, que faisons-nous du chargement ?

-Jetez les tonneaux, répondit Neldirage, de toute manière, ils vont être vidés pour le repas.

Une cinquantaine de soldats, ainsi que quelques chasseurs de métier, partirent dans le bois qu’ils suivaient depuis le départ au matin. Normalement, ils s’enfonceraient un peu puis suivraient le reste du groupe sur un chemin parallèle. Ils partiraient ainsi pour une paire d’heures. Neldirage s’assit sur un rocher qui surplombait la scène et sortit une ration personnelle. Derrière lui, les chevaux paisaient tranquillement. Quelques éclaircies transperçaient un ciel noir de nuages. Demain serait sûrement ensoleillé se réjouit Neldirage. Il grignota un morceau de pain et assigna une dizaine de sentinelles autour du camp improvisé.

La compagnie s’était arrêtée sur le flanc d’une petite colline. L’herbe était grasse en cet été, les chevaux allaient se régaler, pensa Neldirage. Il remonta la colline, slalomant entre les groupes de civil puis escalada pratiquement le sommet du monticule. De là, ils avaient une bonne vue, les tours de la Capitale étaient à peine visibles, ils étaient assez loin pour que de futures recherches se perdent dans la mauvaise direction. Neldirage avait pris soin de faire prendre au groupe un sentier peu fréquenté pour éviter que leur déplacement soit repéré. Le général se retourna pour faire face aux chaînes de montagnes. Plus ils allaient avancer, plus ils allaient devoir grimper : au travers de collines comme de petites montagnes bien que Neldirage allait éviter.

Il s’assit et scruta les pics enneigés. Pouvait-il qu’il y en ait un qui soit celui de ses rêves ? Neldirage songea soudain à ses parents, tout ce qu’il se souvenait de son enfance, c’était sa grange, sa maison, quelques collines et des montagnes au loin. Si ses souvenirs étaient exacts, son village se trouverait à une centaine de kilomètres des premiers pics. Une fois l’armée rattrapée, ils bifurqueraient en plein sud et Neldirage enverrait des éclaireurs dans toutes les directions. Peut-être que les vestiges de son passé dont parlait la prophétie avait un rapport avec ses parents et son enfance…

Après ces pensées troublées, Neldirage retourna parler avec ses soldats et sonder leur confiance et leur avis. Une heure et demie après, le général ordonna le départ.

Deux jours, plus tard, le groupe avait enchaîné de malchance en malchance. L’essieu du chariot avait cassé ce qui les avait forcés à faire une halte pour le réparer. Une fois qu’il le fut, une terrible canicule balaya les restes de l’orage. La demi-centaine de fuyants crut qu’elle allait mourir de soif. Heureusement, ils trouvèrent un grand lac dans lequel ils purent s’abreuver. C’est ce jour que revint Ylanay avec de bonnes nouvelles. L’armée s’était arrêtée à une semaine de marche de là. Neldirage se réjouit : Encore une semaine et cette aventure serait terminée, enfin en partie.

Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’une dizaine de cavaliers suivait leurs traces depuis le début du voyage. Et cette nuit, ils allaient se dévoiler.

Chapitre LXXVII

Les traqueurs mirent pied à terre à cinq cents mètres du camp. La nuit couvrait leur approche et ils n’avaient pas de crainte d’être repérés. Neldirage sentit leur présence… Enfin pas exactement, il avait la prémonition que quelque chose allait se passer. Le général retira sa couverture et se leva. Les réfugiés s’étaient regroupés par petit groupe d’une dizaine de personnes et entouraient un feu. Peu d’hommes étaient encore réveillés à cette heure-ci de la nuit. La lune était pleine mais voilée, le temps que les nuages se dégagent, ils seraient plongés dans une nuit noire où seuls les feux produiraient la lumière. Le moment parfait pour attaquer, pensa Neldirage.

Ils avaient parcouru une cinquantaine de kilomètres aujourd’hui, et comme au matin, ils se reposaient dans une cuvette où le vent ne venait pas les déranger. Neldirage monta la colline en espérant avoir des rapports des sentinelles. D’un regard, il inspecta le cercle discontinu de soldats. Par groupe de deux, et torches à la main, ils devaient surtout empêcher les bêtes sauvages d’approcher. A l’un des points de garde, deux soldats n’étaient pas visibles. A la place de voir un petit îlot de lumière, il n’y avait qu’une nuit dense et profonde. Neldirage fronça des sourcils et avança pour savoir où avaient bien plus passer les deux tire-au-flancs.

En évitant de réveiller tout le monde, le général appela les deux soldats par leurs prénoms. Aucune réponse, peut-être qu’ils avaient peur de se montrer… Et ils avaient raison, Neldirage leur passerait un sacré savon. Pourtant, notre guerrier ne put s’empêcher d’avoir un doute. Ces deux hommes étaient expérimentés et ce n’était pas dans leurs habitudes de déserter. Par précaution, Neldirage dégaina son épée et avança un peu. Les ombres semblèrent bouger sur sa droite. Neldirage fit face mais ne vit rien à travers la pénombre. Un bruit dans son dos l’alerta, par réflexe, notre ami frappa et entendit un grognement. Il sentit un coup derrière sa tête, Neldirage tomba à genoux et cria de douleur avant de s’évanouir.

Les soubresauts du cheval le réveillèrent rapidement. Neldirage eut du mal à savoir ce qu’il faisait là. Il se rappela soudain l’attaque qu’il avait subie hier soir. Maintenant, pieds et mains liés, il était ballotté derrière un cavalier. Autour de lui, Neldirage voyait une dizaine de chevaux. Sa tête lui faisait mal mais son agresseur avait retenu son coup, il aurait une belle bosse. Un cavalier le dépassa et Neldirage put voir qu’un autre homme était lui aussi installé comme notre général. A la différence de Neldirage, celui-ci n’était pas ligoté et portait les mêmes habits que les autres cavaliers. Notre ami déduisit que c’est celui qui avait goûté de son épée.

D’ailleurs, elle n’était plus dans son fourreau, Neldirage le sentait. Dès qu’il se serait sorti de cette situation, ils les tueraient tous jusqu’à ce qu’ils avouent où ils l’avaient cachée. Ils les feraient souffrir jusqu’au dernier s’il le fallait. Neldirage soupira discrètement, pour l’instant, il avait autre chose à penser. Il devait se sortir de là. Il leva la tête pour essayer de glaner de nouvelles informations. Les individus ne semblaient pas laisser le moindre indice sur qui ils pouvaient être. Un cavalier dépassa le cheval sur lequel était Neldirage et ce dernier put voir un discret tatouage sur la nuque d’un des agresseurs.

Il représentait une araignée. Cela rappela quelque chose au général. Une histoire qu’on lui avait racontée il y avait de ça des années… Neldirage ne se rappela pas tout de suite de quoi il s’agissait. Quand soudain tout lui revint. L’organisation de l’araignée était souvent perçue comme étant une sorte de secte où se réunissaient les adeptes de la mort. On racontait que certains gouvernements s’en servaient parfois pour régler discrètement des affaires dites délicates. Leur efficacité était telle que Neldirage avait cru à une légende… A priori, il y avait plus de vérité dans une légende qu’on pouvait bien le croire. D’après les rumeurs, ils seraient des centaines, rien que dans la Capitale… Des meurtriers et des rebus, prêts à tuer sans le moindre état d’âme.

Neldirage vit également que d’après les regards incessants que les hommes jetaient derrière eux, ils savaient qu’ils étaient poursuivis. Peut-être que le bruit de combat s’était entendu hier et que des soldats de son armée s’étaient lancés à leur poursuite. Neldirage réfléchit à un plan d’évasion. Le cheval qu’il chevauchait paraissait solide, il avait dû être entraîné pour la guerre. Ca veut dire que même sans les mains, Neldirage pourrait le contrôler. Il faudrait qu’il arrive à ses débarrasser de ses entraves. Mais comment ? S’il feignait l’envie d’aller se soulager, il perdrait l’effet de surprise et c’était risqué car ils pourraient le ligoter de nouveau lorsqu’il faudrait repartir. Ensuite, il y avait bien des lames près de lui mais il n’avait aucune chance de les attraper dans la position où il était. Au final, il décida d’attendre pour voir comment la situation allait évoluer. C’est donc le ventre écrasé contre la croupe du cheval qu’il attendit deux heures que ses ravisseurs ordonnent une pause.

Feignant d’être toujours évanoui, il fut jeté tel un vulgaire sac sur le sol. Les cavaliers se regroupèrent et parlèrent tout bas. Quand ils eurent fini, la moitié d’entre eux disparut dans l’aube naissante tandis que le reste tenta d’allumer un feu. Neldirage se demanda s’il allait retourner dans les geôles de l’Empereur ou servir à un dessein plus diabolique. En tout cas, le bon point c’est qu’ils ne devaient pas le tuer. Notre général entrouvrit les yeux et regarda s’il n’y avait pas quelque chose capable de cisailler ses liens. Il rampa sur une dizaine de centimètres, trouva plusieurs cailloux mais ils furent trop lisses pour l’aider. Le feu prit et Neldirage cessa de bouger par crainte d’être surpris. Un homme s’approcha de lui et lui mit deux doigts sur le cou.

-Nan, il vit encore ! Il est pas mort ! Hurla-t-il aux autres. On a dû frapper un peu fort, c’est tout…

Il partit se rasseoir avec ses amis. Neldirage jeta un discret regard vers le feu. A priori, ils ne faisaient pas attention à lui. Je pourrais essayer de rouler jusqu’à mon armée, pensa-t-il ironiquement. Cette pensée lui arracha un sourire. Il commençait à penser comme Van. En tout cas, les nœuds étaient vraiment bien serrés, vérifia Neldirage en essayant de les faire craquer. A ce moment, notre ami regretta de n’avoir pas pu affiner ses talents de mage. D’un sort, il aurait pu leur régler leur compte à tous les bandits.

Une idée germa soudain dans la tête du général. C’était sa dernière solution envisageable. Neldirage se retourna sur le sol et s’accroupit comme il le put. Il se traîna ensuite jusqu’au feu où les six adeptes le regardaient l’œil amusé.

-Pas question de mourir de froid, répliqua Neldirage devant leurs questions muettes.

Les bandits rirent et Neldirage put soigneusement se les décrire. Celui sur sa droite était blême… Ne voyant pas le blessé, notre général supposait que c’était celui-ci qui n’avait pas encore sombré dans le coma malgré la blessure. Les deux guerriers suivants étaient si semblables que s’ils avaient été frères, cela n’aurait pas étonné Neldirage. La seule différence que voyait Neldirage était leur visage : l’un était rasé de près et montrait tous les détails de son visage tandis que l’autre les cachait plus derrière une courte barbe. Neldirage ne voyait pas bien les autres, on ne voyait que leurs yeux qui luisaient grâce aux flammes.

La conversation commença, Neldirage se douta qu’ils n’allaient pas parler de quoi que ce soit de palpitant. Ils se concertèrent pour savoir quelle route prendre. Ils prévoyaient de faire un détour par l’est, pensant que leurs poursuivants, qui n’étaient autres que les amis de Neldirage, décideraient de prendre la route qui menait directement à la Capitale. Ainsi, les dix adeptes pourraient conduire leur prisonnier à bon port. Les deux frères parlèrent d’un certain mandataire. Notre général, n’étant pas bâillonné, posa une question.

-Qui est-il ?

-Tu sais qui il est, c’est l’Empereur même qui a ordonné ta poursuite ! Dit une voix monotone en face de lui.

-Pourquoi le faire ? Demanda Neldirage. Laissez-moi partir, ça vaudra mieux pour nous tous.

-L’honneur est une chose à laquelle nous ne pouvons pas nous déroger… On nous a donné une mission, on l’accomplira ! Répondit l’un des deux frères.

-Mes amis vont vous retrouver, et si vous ne m’avez pas libéré, vous mourrez…

-Pour l’instant, ils ne sont pas près de nous mettre la main dessus.

Les autres rirent et Neldirage se demanda ce qu’ils leur avaient bien préparé. La conversation reprit par l’homme qui se trouvait en face à gauche.

-La guerre va bientôt reprendre au Sud, vous croyez qu’ils vont nous y envoyer.

Un des hommes haussa des épaules. Neldirage se demandait bien de quel conflit ils pouvaient bien parler.

-Les confédérations se font menaçantes… Il y a des chances ! De toute manière, on ira là où ils nous l’ordonneront.

-Fais chier ! Jura un homme. J’envie de revoir ma femme !

-Un peu patience, Grith, le gronda un des autres. On finira bien par rentrer… Encore quelques missions et ça sera bon !

Neldirage se rendit compte qu’ils n’étaient pas très différents. C’est en restant proche de ses ennemis qu’on remarquait qu’ils étaient aussi des hommes. Une vie, une famille… Neldirage se prit presque de sympathie pour ses ravisseurs. Non, se dit-il, ce n’était pas le moment de ressentir de la pitié pour eux.

-Combien de batailles avez-vous livré, général ? Demanda l’autre frère.

-Je sais pas trop, répondit Neldirage, de vraies grosses batailles… Je dirai cinq.

-Nous avons participé à plus de cinquante batailles en à peu près vingt ans qu’on travaille pour eux. On en a marre de tout ça !

-Et pourtant, continua un autre guerrier… On continue ! Tu vois notre organisation nous a donné plus qu’un rôle, et nous a donné un but…

Neldirage ne voyait pas où cette discussion allait mener.

-En tant que vétérans, on sait que la cause pour laquelle tu te bats est vaine…

-En plus, on aurait pu de boulots ! Dit l’homme en face de lui.

Les cinq autres rirent de bon cœur.

-Enfin bref, reprit l’autre, tout ça pour dire qu’on est pas des méchants dans l’histoire… On en sait assez pour juger que vous n’y arriverez pas ! De là, notre maître a décidé de vous livrer. Une forte récompense plane sur votre tête. Mais bon… C’est pas qu’on ne veut pas croire en vous…

-Mais presque ! Acheva un cavalier qui avait surgi de nulle part. Allez, arrêtez de parler avant de trop en dire ! Grith, va donc prendre la garde, ça te changera les idées.

Il descendit de sa monture pour la laisser au dénommé Grith. Il continua à parler.

-Je vois que vous avez fait connaissance avec mes hommes ! Dit le nouveau venu tandis que l’autre partait en forêt. Maintenant reposez-vous, vos hommes sont bien entraînés mais ils finiront par perdre notre trace…

Neldirage ne préféra pas répondre. Autant ne pas chercher les ennuis… Le groupe s’allongea et tenta de dormir. Le moment était enfin venu pour s’échapper.

Chapitre LXXVIII

Voici deux heures que Neldirage patientait. Le soldat blessé dormait profondément comme en attestait les légers ronflements qui s’échappaient de sa bouche. Pour le reste, il ne pouvait être sûr… L’homme juste à sa droite s’était mis de dos à lui et le reste était derrière le feu. Il avait considérablement rétréci et deux chevaux sur six ne dormaient pas encore. Dans la pénombre de la forêt, il devait aussi se cacher d’autres soldats.

Pour sortir de là, Neldirage avait pensé à deux plans. Le premier était d’invoquer des flammes magiques qui auraient pu ronger ses liens. Le problème c’est que ses mains étaient croisées et contre son dos et Neldirage se demandait si la protection de l’armure marcherait quand les flammes étaient en dessous. De plus, les flammes que notre général pouvait créer n’étaient pas franchement naturelles. Sa deuxième idée était plus sensée. Neldirage rampa discrètement jusqu’au feu central et jeta ses pieds dedans. Comme à chaque fois qu’il faisait ça, Neldirage pria très fort pour que le sort d’immunité marche encore. Une fois détaché, le général avait prévu de faire pareil avec ses mains puis de partir.

Neldirage se demandait si c’était une bonne idée de les laisser en vie… Il pourrait tuer la majorité de ses agresseurs et leur chef. Pourtant, les propos qu’avait tenu l’un des hommes sur sa famille résonnaient dans la tête de notre ami. Il ne pouvait plus tuer ces hommes, dans leur sommeil en plus. Si encore il avait eu son épée… Cela aurait soulagé sa conscience de remords exacerbés. Une fois que Neldirage eut fini avec ses pieds, il les retira précipitamment. Trop. Une braise fut éjectée par le mouvement et elle atterrit sur un des trois hommes qui faisaient face. L’homme s’éveilla en hurlant quand le petit morceau de feu commença à brûler la chair.

Sans hésiter, Neldirage se releva. Déboussolé par le sommeil, les autres furent moins rapides à réagir. L’un des frères se mit difficilement au travers de sa route. Il battait des cils très vite pour essayer de dégager cette brume nocturne. Neldirage le frappa au visage ce qui le précipita à terre. Toujours les mains liées dans le dos, le général sauta sur une souche et se propulsa sur le dos d’un cheval. Il l’avait fait tellement vite qu’il faillit glisser de l’autre côté. Neldirage avait sauté sur le plus gros animal : celui dont il pensait qu’il avait été formé pour la guerre. D’une pression des genoux, l’animal partit. Un cavalier surgit sur sa gauche et tenta de le percuter avec une lance au bout arrondi. Neldirage se baissa et l’arme ricocha sur le haut son armure. Un deuxième homme apparut sur sa gauche ce coup-ci. D’une pression plus forte du côté gauche, le cheval vira. Le poursuivant était désormais à une dizaine de mètres derrière.

Neldirage ne savait pas où aller… De quel côté pouvait être ses amis ? Dans cette ténébreuse nuit, même la lune ne parvenait pas à percer la voûte de feuilles. Normalement, d’après la course qu’il avait pris, il devait commencer à tourner autour du camp. S’il ne se trompait pas, il devrait être en train de foncer vers ses amis. Mais comment savoir où ils étaient et à combien de temps ? Les sabots se faisaient entendre derrière lui. Combien pouvaient-ils être à le suivre ? Déjà, il devait y avoir toutes les sentinelles, pensa Neldirage. Ensuite, il ne devait pas avoir beaucoup de soldats qui étaient près du feu. L’un était blessé, un autre était brûlé et Neldirage en avait sûrement assommé un troisième. Le chef de l’escouade devait aussi s’être lancé à sa poursuite avec un homme au maximum, déduisit-il.

Neldirage amortit tous les virages avec son animal. Chacun d’eux était un véritable calvaire… En plus, la pression nécessaire à appliquer sur les flancs de la bête commençait à engourdir ses cuisses. S’il continuait, il n’aurait plus de force et tomberait. Là, ses poursuivants ne feraient qu’une bouchée de lui. D’ailleurs, à ce sujet, Neldirage jeta un rapide coup d’œil derrière lui. L’un des soldats était toujours là, il ne lâchait pas. Le cheval sur lequel était notre ami semblait pouvoir courir assez longtemps. Du moins, il l’espérait.

Notre général sortit du couvert des arbres pour une vallée bordée de colline. La lune était dans son dos et Neldirage put voir que derrière lui, les huit poursuivants s’étaient regroupés. Ils n’avançaient plus et regardaient Neldirage s’éloigner. Pourquoi ? Se demanda-t-il. Il jeta rapidement un œil intrigué autour de lui. Pas de traces de bêtes dangereuses ou d’ennemis quelconque… Neldirage se demandait bien ce qui les retenait. La poursuite avait duré moins d’une heure donc ce n’était pas dû à la fatigue. Le cheval de notre général trotta car Neldirage relâcha la pression. Il sentit une sorte de panique face à l’inconnu. Que pouvait-il y avoir dans cette vallée ?

Neldirage commençait à comprendre ce qui se passait lorsque des silhouettes, habilement découpés par la lumière lunaire, émergèrent tout autour de la colline. Ils devaient être une cinquantaine et quels qu’ils soient, ils avaient encerclé à la perfection leur proie. Les mains toujours liées et sans arme, Neldirage espérait que l’intention qui habitaient ces hommes étaient pacifiques. Déjà, l’éclat de la lune faisait refléter les armures et les armes qui avaient été tirées.

-Identité ? Cria une voix à portée.

-Général Neldirage, avoua-t-il sachant qu’il n’avait rien à perdre.

-Lieutenant Ylanay ! Dit la silhouette en se retournant. On l’a retrouvé !

Neldirage sentit son cœur s’arrêter de battre pendant une seconde. C’étaient ses amis… Il les avait retrouvés ! Un cavalier s’approcha de lui. C’était Ylanay qui montait Bor. Les deux amis se saluèrent chaleureusement. Le lieutenant trancha les liens de Neldirage qui se frotta les poignets pour refaire circuler le sang.

-Doit-on les poursuivre ? Demanda Ylanay en montrant les cavaliers visibles à l’orée du bois.

-Je sais pas, hésita Neldirage, la seule raison valable serait de me rendre mon épée… Sinon, je pense pas qu’ils essayeront de me causer du tort ! Pas dans un avenir proche… Maintenant qu’ils sont découverts, ils vont agir plus discrètement.

-Nous avons ton épée ! Annonça Ylanay avec un sourire.

-Comment ça ? Demanda notre général.

-Quand vous vous êtes battus, elle est tombée à terre ! Lorsque nous avons entendu les cris et que nous avons trouvé ton arme au sol, on a compris ce qu’il s’était passé.

-Où est-elle ? Dit Neldirage avec une pointe d’avidité.

-Ici.

Ylanay tira la lame d’un repli d’une couverture et la tendit à Neldirage. Il la saisit vivement et si Ylanay n’avait pas tenu cette couverture, il aurait sûrement eu la main tranchée. Le général inspecta l’arme et la remit au fourreau qui pendait, vide, à ses flancs.

-On peut enfin rentrer ? Dit Pat qui ne semblait pas à l’aise sur son animal.

Neldirage sourit devant le comique de la situation. Le cheval, déjà belle bête, ressemblait à un vulgaire poney entre les jambes du géant.

-Oui, on peut rentrer et tu vas pouvoir remarcher !

-Tant mieux ! Sourit l’homme. Je préférerais courir !

-Rien ne t’en empêche, canaille ! Dit Fertan avec une petite bourrade dans le dos.

Les soldats aux alentours rirent et Neldirage jeta un rapide coup d’œil vers les bois. Ils avaient disparu…

-Allons-y, annonça Neldirage, on se regroupe et on y va… J’aimerais avoir rejoint l’armée pour un peu de repos !

Le temps que les cinquante cavaliers rejoignent le reste de la troupe qui avait quitté la Capitale, il s’était passé un jour et demi. D’après le rapport des éclaireurs, l’armée n’était plus qu’à un jour… Enfin, pensa Neldirage, il était temps ! Mais temps de quoi ? Pensa-t-il ensuite. Le seigneur de La Garde n’en resterait pas là et maintenant qu’il avait fait son retour, notre ami était sûr qu’il l’aurait tôt ou tard sur le dos.

Les habitants qui fuyaient étaient réellement heureux de revoir leur commandant sain et sauf. Cela se voyait sur le visage et Neldirage était heureux de leur réaction. Il ne pensait pas qu’ils auraient pu s’attacher à lui en si peu de temps. Comme quoi, Pat n’avait pas totalement tort. Comme il venait de le demander, un soldat arriva pour lui faire un rapport.

-Général, la situation est critique. Nous ne pouvons nous déplacer que de point d’eau en point d’eau et nous peinons à ramener du gibier.

-Il ne reste qu’un jour à tenir, soldat… Demain, nous aurons rejoint notre armée.

-Mais ils doivent subir le même problème que nous, non ?

-Pas encore, pas encore ! Les vivres nous permettront de tenir au moins un bon mois ! D’ici là, il faudra faire appel à la générosité locale…

-Et s’ils ne veulent pas ? Demanda l’homme paniqué.

-On devra utiliser la force…

-Bien, général ! Répondit-il en s’inclinant.

Neldirage le congédia de la main et partit voir son état-major restreint pour lui faire part de ses nouvelles incertitudes. Les autres officiers réalisèrent aussi ce qui risquait d’arriver. L’hiver approchait à grands pas et la population, plutôt pauvre, ne pourrait nourrir une telle charge. Dès qu’ils seraient arrivés à destination, ils devraient planter des récoltes assez vite pour que l’année d’après, s’ils étaient encore là, soit moins rude. Neldirage se demanda s’il n’y avait pas moyen de troquer des provisions contre leurs services, comme l’idée de mercenariat initiale. Il fut finalement décidé d’attendre que Neldirage décide où il allait construire sa nouvelle forteresse pour voir comment ils allaient faire.

Neldirage s’excusa auprès de ses amis et alla s’asseoir, seul, sur quelques rochers qui se trouvaient derrière la colline de la réunion. Notre ami scruta le ciel : Pourquoi lui faire subir ça à lui ? Il n’avait jamais voulu ça ! Au départ sa vie, il l’avait imaginée à s’occuper de vignes et de champs. Ensuite, il avait pensé vivre un amour fou avec la princesse et finir ses jours à ses côtés. Désormais, il était en fuite avec une armée sous ses ordres qu’il aurait de la peine à faire rester en vie. Il soupira. Quel destin !

Le matin du départ, tous furent prompts à se préparer. L’idée qu’ils allaient enfin pouvoir manger à leur faim motivait les troupes. En moins d’une demi-heure, tout fut empaqueté et les familles pressaient presque les soldats pour qu’ils accélèrent l’allure. A ce rythme, ils mirent une heure de moins pour rejoindre l’armée qui stationnait au pied d’une falaise. Tous s’émerveillèrent devant les milliers de tentes qui avaient été dressés le long de la paroi. C’était majoritairement le bleu qui prédominait mais on pouvait voir du rouge, du jaune, du vert. Un arc-en-ciel de soie au milieu duquel déambulaient des petites silhouettes noires.

Fertan sortit un cor et en tira une longue note. Plusieurs réponses s’élevèrent du camp et des vivats d’allégresse s’élevèrent : Le général était de retour. Laissant les familles à leur rythme, Neldirage s’élança en direction des premières tentes. Arrivé à leur hauteur, il ralentit l’allure et salua chaque homme qu’il rencontra. A la fin, le général était sûr qu’il avait dit bonjour à tous les hommes de la planète ! En tout cas, certains étaient venus deux fois… Que d’épuisement pour des retrouvailles. Il mit pied à terre devant la tente centrale où l’attendait Pierre, Van, Ron et Talaert.

-Heureux de vous revoir sain et sauf ! Déclara Talaert. J’ai cru apprendre que le voyage n’avait pas été de tout repos…

Les deux amis se serrèrent les avant-bras comme la coutume l’imposait.

-C’est exact.. Des petits contretemps, rien de bien méchant.

-Tu te fais enlever et c’est tout ce que tu dis ? Le gronda Van en campant devant lui.

-Il faut un début à tout ! Et puis l’important, c’est que je m’en sois sorti !

-Y avait intérêt !

Van le prit dans ses bras et Neldirage sourit.

-Alors, quelle est la situation ici ? Demanda le général pour parler de choses plus primordiales.

-A peine revenu et le voilà déjà au travail ! Soupira le capitaine Ron en levant les mains au ciel.

-Exactement !

Il mit les mains derrière le dos de ses deux capitaines et les poussa vers l’intérieur de la tente. Ils furent suivis par Van, Pierre et Ylanay ainsi que par deux soldats qui amenaient de quoi se sustenter.

-Ecoutons d’abord le rapport des capitaines…

Neldirage jeta un rapide regard autour de lui pour voir si quelqu’un avait quelque chose à y redire. Ron commença et Neldirage saisit sa coupe de vin qu’il porta à ses lèvres.

-Nous nous sommes arrêtés ici lorsque nous avons reçu votre message. Le chemin a été tranquille et aucun incident n’a perturbé notre marche. Rien à redire, la zone est boisée et un fleuve se trouve à une dizaine de kilomètres au nord.

Talaert acquiesça.

-Les hommes ne sont guère fatigués et les provisions pourront tenir encore deux mois… Enfin un peu moins vu que vous avez ramené du monde avec vous.

Les deux hommes se regardèrent avec un sourire complice. A chaque fois que Ron souriait, Neldirage avait le regard qui bifurquait sur son amure d’un noir inquiétant. Pouvait-elle être aussi magique ? L’homme laissa la parole à Van.

-Quand nous avons déposé Charlotte chez sa famille, nous n’avons vu aucune trace d’un quelconque ennemi potentiel. Je pense qu’on est tranquille. Et toi, comment s’est passé le voyage à la Capitale ? Mouvementé d’après ce que les rumeurs racontent.

-J’ai revu ma princesse…

-Alors c’était comment ? Demanda Pierre. Envoie des détails !

Van lui envoya une petite claque derrière la nuque avec un petit ‘ c’est pas le moment ‘

-J’ai dû user d’un charme et je me suis fait passer pour le général Boreric…

-Un bon commandant ! Dit Talaert en hochant la tête. J’ai eu l’occasion de combattre sous ses ordres.

Neldirage opina du chef et continua.

-Le problème, c’est que l’enchantement ne s’est pas dissipé et la personne qu’elle a cru accueillir n’était pas elle !

-Beaucoup moins génial ! Grogna Pierre. Elle n’est pas venu avec toi ensuite.

-Et non…

Neldirage sombra dans ses pensées et se rappela sa terrible désillusion. Il se reprit rapidement et continua :

-J’ai ensuite voulu aller voir l’Empereur mais La Garde et ses alliés avaient déjà répandu leurs mensonges. Je me suis fait enfermer au cachot… Ensuite Fertan et les hommes de la caserne sont venus nous chercher et nous nous sommes enfuis. En forêt, des membres de l’organisation de l’araignée s’en sont pris à moi pour me ramener mais je leur ai échappé.

Les amis restèrent bouche bée après le discours de leur ami. Un tas de question se bousculait dans leurs têtes. C’est Pierre qui posa la première.

-Est-ce qu’on doit craindre une riposte de Boreric quant au fait que tu as pratiquement violé sa femme ?

Neldirage tiqua au son de cette phrase.

-Je ne pense pas, elle n’avouera jamais et dira seulement qu’il s’agissait d’une tentative d’enlèvement. La prime sur ma tête sera leur seule réaction. Ils ne savent pas grand-chose de nous ce qui nous laisse du temps pour nous préparer.

-N’oublie pas que l’organisation de l’araignée te court après… Ce n’est pas rien ! Tu connais les légendes aussi bien que moi ! Annonça Ron. Ils accomplissent toujours leur contrat.

-J’ai pu parler un peu avec eux, ils attendront de voir comment la crise va évoluer afin de prendre une position, ce qui nous laisse également du temps.

-Ai-je bien rêvé ou alors tu as vraiment parlé de ce chien de La Garde ?

Neldirage répéta ce qu’il avait vu et qui il était sûr d’avoir vu dans l’ombre et Van jura de plus belle.

-Les ordures finissent par se retrouver ! Il a sûrement pas oublié ce qu’on lui a fait ! Maintenant, qui sait de quoi il est capable… ?

-Nous verrons bien ! Annonça Neldirage, nous finirons par voir.

-Et maintenant ? Demanda Ylanay en les ramenant au présent.

Neldirage sourit d’une façon énigmatique.

Chapitre LXXIX

Neldirage répondit à la question d’Ylanay sur la suite des événements.

-J’ai bien réfléchi… Il va falloir envoyer des messagers chez les nains, près de la côte. Il faudrait qu’ils transmettent le message que je veux voir le roi Farak le plus rapidement possible. Il faudrait aussi mettre en place un réseau d’espions. Il nous faut savoir ce qu’il se passe en ville : décisions, événements, mouvements de troupes… Pour le reste du temps, il va falloir fouiller la région et retrouver mon village : quelque chose me dit que c’est là-bas que j’aurai mes réponses. Ensuite, les soldats devront rapatrier leurs familles ainsi que de la nourriture pour que nous puissions tenir avant de pouvoir nous alimenter seuls. Il faudrait que je vois Ylith aussi…

Neldirage se gratta le menton en réfléchissant.

-Mais j’ai aucune idée sur comment le contacter !

-Et bien ! Admit le capitaine Ron. Nous avons de quoi faire pour les prochains mois !

-Exactement, rétorqua Neldirage, c’est pourquoi plus vite nous aurons trouvé l’endroit désiré, plus vite on touchera au but.

-Pourquoi l’elfe ? Demanda Pierre. Le nain je veux bien mais pourquoi l’elfe ?

-J’ai un projet qui me court dans la tête depuis quelques temps… Mais je vous en reparlerai le moment venu.

Personne ne sembla satisfait de cette réponse mais ils l’acceptèrent… Tout du moins pour l’instant.

-Pour les espions, proposa Ylanay, on peut commencer par Van Hoff.

-Il se fait vieux, ce n’est peut-être pas une bonne idée…

-Il pourrait disposer les agents au moins…

-D’accord ! Abdiqua Neldirage. Envoyez-lui un message ! Il faudra qu’il lui soit remis en mains propres. Ron, va faire mander les messagers, il faut qu’ils partent le plus vite possible. Le temps que le message soit relayé, y compris celui pour Farak, cela prendra plusieurs semaines.

Le capitaine poussa sa chaise et sortit de la tente.

-Les amis, dit Neldirage, vous pouvez aller organiser les citadins ? Ils doivent se sentir perdus…

-Avec plaisir ! Répondit Pierre. En plus, j’avais besoin de me dégourdir les pattes !

Ylanay et Van le suivirent sans poser de questions. Il ne resta dans la tente plus que Talaert. Neldirage avala cul-sec le reste de son vin et prit sa tête dans ses mains et soupira. Comme le capitaine Talaert avait l’impression que son général l’avait oublié, il se racla la gorge. Neldirage releva la tête avec un petit sursaut.

-Excuse-moi, mon vieil ami ! C’est juste que j’ai l’impression qu’on verra jamais la fin !

-J’imagine… Dit Talaert. En fait non ! Se contredit-il. Seul toi peux imaginer ! Et pour rien au monde je n’échangerais ma place ! Tu te débrouilles bien mieux que moi…

-Merci ! Dit simplement Neldirage. Mais c’est que des fois tout est si confus..

-Jusqu’ici, vous avez pris les bonnes décisions et tous tes hommes te suivraient jusque dans l’un des enfers… Ne te fait pas de soucis… Tout se passera bien.

-J’aimerais le croire et pourtant, quelque chose me dit que tout ne se passera pas aussi bien qu’on le voudrait.

-Si la vie de soldat m’a bien appris quelque chose, dit Talaert, c’est que le destin n’appartient qu’à nous ! Toi seul a son contrôle. Prends garde à tes visions, c’est à double tranchant, la magie est obscure.

-Tiens, en parlant de magie ! Changea de sujet Neldirage. Ca fait longtemps que j’ai pas vu ces deux bons à rien de magiciens !

Talaert rit. Il connaissait l’exaspération qu’avait provoqué la fatigue des deux mages après seulement quelques jours de bataille.

-Ils se sont réveillés et ils dérangent tout le camp pour trouver les ingrédients de leurs potions et autres mixtures ! Mais ils vont bien… Un peu pénible mais ça va.

Neldirage sourit.

-Fais-les moi amener !

-D’accord, en attendant, je vais aller faire un résumé aux autres lieutenants qui doivent se demander ce qu’il se passe…

Le capitaine sortit de la tente laissant ainsi seul Neldirage quelques minutes avec ses pensées. En attendant que les deux mages arrivent, le général regarda la tente. Elle était assez spacieuse, on pouvait faire dix pas en longueur comme la même chose en largueur. Elle était séparée en deux par un rideau que Neldirage ouvrit. Derrière, il y avait un lit, un coffre et de la nourriture toute fraîche. On avait pensé à lui, déduisit-il…

Les deux magiciens entrèrent et Neldirage laissa retomber la petite couverture.

-Vous vouliez nous voir ? Demanda l’un d’eux.

Notre ami se retourna et fixa les adeptes de la magie. Le premier portait une ample cape rouge qui surmontait une robe d’une couleur identique. Une capuche pendait dans son dos et un petit bâton de chêne trônait à ses flancs. De petites bourses étaient aussi attachées à sa ceinture. Il avait un nez crochu et de petits yeux qui luisaient constamment. Il avait des cheveux bruns très courts et portait un tatouage sur la joue droite. Il se prénommait Firtaes.

L’autre aussi portait des tatouages. Deux cercles transpercés d’épées incrustés sur le dos des deux mains. A la différence du premier mage, celui-ci portait un pantalon noir rentré dans ses bottes ainsi qu’une chemise blanche parfaitement ajustée. Des cheveux noirs descendaient jusqu’aux épaules et étaient attachés par un bandeau serti d’or qui faisait le tour de sa tête. Plusieurs bagues décoraient ses doigts et autour de sa ceinture, on pouvait y voir de nombreux objets tous plus étranges les uns que les autres. Il s’appelait Trair.

-Effectivement ! Répondit Neldirage. J’ai une mission à vous confier !

-Et quelle est-elle ? Demanda Firtaes, l’homme en robe rouge, soupçonneux.

-Il va falloir que vous vous rendiez en ville et que vous recrutiez des mages désireux d’un peu de liberté… Avec deux mages dans mon armée, et fainéant comme ils sont, on ira pas bien loin.

Les deux mages tiquèrent sous la pique de leur général.

-En plus, ça vous sortira un peu d’ici ! J’ai cru comprendre que vous avez besoin de refaire vos stocks !

Les magiciens se dévisagèrent avec un regard entendu.

-Nous acceptons ! On part quand ?

-Le plus tôt possible, répondit Neldirage. Par contre, une fois sur place, agissez avec la plus grande prudence… Des gens nous cherchent et vous risquez de vous attirer des ennuis si vous criez partout que vous me servez !

-On est plutôt là parce qu’on le veut bien ! Rétorqua Trair.

-En même temps, répliqua Neldirage au tac au tac, vous êtes aussi renégats que nous ! Et comme ça m’étonnerait que vous vouliez faire une armée à deux, je considère que vous êtes sous mes ordres ! Des objections ? Ah oui ! J’oubliais ! Si en ville vous pouviez mettre la main sur un magicien… Je vous en serai reconnaissant. Il est assez âgé, chauve… Capable de lancer des sorts de polymorphisme !

-Si on le retrouve, qu’est-ce qu’on en fait ? Demanda Trair.

-Interrogez-le sur ce qu’il devait faire pour moi ! Ensuite ramenez-le ici ! A la moindre menace, vous pourrez le tuer.

-Entendu… Dirent en chœur les mages.

-Vous pouvez disposer ! Les congédia Neldirage de la main.

Les deux magiciens étaient visiblement satisfaits de leur entrevue. Ils quittèrent la tente promptement. Neldirage espérait que les deux compères n’allaient pas ramener n’importe qui de leurs collègues… Notre général n’aurait pas aimé faire un tri. Par contre, il aimerait bien qu’ils mettent la main sur ce magicien des bas quartiers. Ses pensées furent coupées par le retour de Van dans la tente.

-Alors ? Le questionna Neldirage.

-Ils sont installés… Je sais pas trop ce qu’ils vont faire ! Avoua Van.

-Ils vont rester là, du moins pour l’instant ! Répondit Neldirage. Le temps qu’on trouve un endroit sûr où dormir.

-Que va-t-on faire maintenant ? Le questionna Van.

-Je vais partir en éclaireur pour essayer de localiser là où était mon village… Annonça Neldirage en guettant la réaction de son ami.

-Mais bien sûr ! Dit Van en ne faisant pas attendre. Avec ses tueurs qui rodent sûrement autour de nous, ton petit cul serait percé de flèches avant que tu t’en rendes compte ! On vient et des soldats nous accompagneront…

-Je pense que tu as raison… Mieux vaut être prudent ! On sait pas ce qu’on va trouver.

-Je vais faire préparer les hommes ? Demanda Van.

-A peine arrivé et déjà reparti ! Dit Neldirage en levant les yeux au ciel.

-C’est parti ! Ajouta le jeune sergent avec enthousiasme.

Neldirage commença à stresser. Pour occuper ses mains qui commençaient à trembler, il sortit une petite pierre de sa bourse et aiguisa ses deux épées. Depuis qu’il était parti, il y avait pratiquement vingt ans de cela, il avait espéré revoir ses parents mais jamais l’occasion ne s’était présentée. Ce que craignait le plus Neldirage, c’est que ses parents soient morts et qu’il n’ait pas pu les revoir… Sa gorge se serra d’émotion à cette simple pensée. Il fallait y croire ! Le général tira sa deuxième épée, celle qui était magique, il serra la garde et sentit une énergie chaude l’envahir. Cette faculté de donner du courage supplémentaire… Non, se corrigea mentalement Neldirage, c’était plutôt de la prétention que du courage… En tout cas, cette sorte de drogue lui permettait de voir les choses de façon différente et de se rassurer. D’ailleurs, il se demandait ce que le mage de la ville avait trouvé sur ces inscriptions que notre ami caressait d’une façon négligente.

Van rentra de nouveau dans la tente et le prévint que les hommes étaient parés. Que Neldirage connaissait, il y avait Pierre, Ylanay, Van et Ron. Tous les autres lui étaient partiellement inconnus dans le sens où il ne les connaissait pas beaucoup.

-Tu ne viens pas, vieil homme ? Dit Neldirage pour taquiner son capitaine.

-Je suis encore assez vieux pour vous mettre une raclée, jeune général ! Le menaça Talaert. Je préfère rester ici et m’occuper du camp ! Sinon personne ne le fera.

Neldirage hocha la tête et pressa les flancs d’Eclair. Il remarqua que sa selle avait été changée et que les étriers rehaussés. Le général bénit celui qui avait pensé à le faire. La colonne d’une cinquantaine d’individus traversa le camp sous la chance que leur souhaitaient les soldats restants. Ron approcha sa monture pour qu’elle arrive au niveau de celle de son supérieur.

-Où va-t-on ? Demanda-t-il.

-Je ne sais pas ! Avoua Neldirage. Je n’ai pas la moindre idée d’où peut se situer mon village… Mais dans mes souvenirs, les femmes allaient chercher de l’eau à la rivière. Ma mère m’avait interdit de m’en approcher parce que son cours était rapide. Je crois savoir qu’il y a un fleuve au-dessus du camp ?

Le capitaine acquiesça.

-Alors nous allons le redescendre ! Annonça Neldirage avec conviction.

-Je pense que c’est la meilleure chose à faire. Si jamais nous ne trouvons rien, jusqu’où ira-t-on ?

-On verra… Poussons jusqu’aux frontières et la mer ! Dans mon rêve, j’entendais un grondement sourd. Comme le son de vagues qui s’écrasent contre des falaises…

-Alors nous verrons, nous partons peut-être pour une à deux semaines de voyage.

Neldirage mit la main sur les deux baluchons qui pendaient à la selle de son cheval. Ils contenaient de la nourriture qui serait suffisante pour leur exploration. Le général bâilla. Il aurait bien dormi un peu sur son lit avant de repartir… Bah, fit-il en secouant la tête, il s’était douté qu’il n’aurait pas pu rester. Van prit l’initiative d’envoyer deux hommes devant en éclaireur. Neldirage regarda les cavaliers disparaître au loin. Le reste des cavaliers suivaient une plaine qui encadrait la falaise au pied de laquelle campait la vaste armée. Ils mettraient une petite demi-heure à rejoindre le fleuve puis ensuite, ils le suivraient.

Comme prévu, ils furent en vue du fleuve trente minutes plus tard. Les éclaireurs leur annoncèrent que la rivière coulait vers le sud-est et que d’une colline, ils avaient vu qu’elle bifurquait plein sud. Neldirage les remercia et les renvoya découvrir le terrain tandis que le reste de la troupe faisait boire leurs montures. Notre homme en profita pour regarder la rivière. Le débit de l’eau était vraiment incroyable et il semblait impossible que quelqu’un puisse traverser par là. Peu de cailloux jonchait le fond du fleuve ce qui prouvait que le courant était aussi très fort sous la surface.

Alors qu’ils étaient arrêtés depuis seulement cinq minutes, Neldirage ordonna le départ. Les cavaliers se remirent en selle en silence et suivirent cette rivière qu’il allait suivre pendant trois jours…

Ces trois jours écoulés, les éclaireurs revinrent en annonçant qu’ils avaient trouvé un village qui correspondait à la description qu’en avait faite Neldirage. A l’heure actuelle, la compagnie se trouvait dans une forêt traversée de part en part par la forêt. Pendant tout le chemin, les collines s’étaient succédées et la région n’avait pas échappé à la règle. Neldirage remarqua que ça ressemblait assez aux souvenirs qu’il avait de chez lui. Ca y est, pensa-t-il, je suis enfin rentré… Une petite larme coula discrètement le long de sa joue.

Chapitre LXXX

Les autres soldats se réjouirent aussi pour leur ami qui rentrait enfin chez lui. Neldirage restait immobile, comme s’il avait peur de suivre les deux éclaireurs… Pierre le poussa dans le dos et le général émergea de ses pensées. Ylanay monta sur Bor et tendit les rênes d’Eclair à son ami.

-Van, Ron, restez ici ! Nous reviendrons avant le coucher de la nuit.

Ylanay, Neldirage et dix hommes partirent à la suite des éclaireurs. Le village, d’après le rapport, se trouvait à deux kilomètres après la sortie de la forêt. Le groupe suivit un mince sentier bordé d’une végétation épaisse qui déboucha sur une bifurcation. La forêt était encore très épaisse mais on pouvait voir que le chemin de gauche était utilisé. Sans hésiter, les deux éclaireurs s’engagèrent sur cette voie. Les autres suivirent puis prirent un virage sur leur droite. La forêt se fit moins épaisse puis disparut complètement sur leur droite. Un champ avait pris temporairement sa place mais Neldirage vit que la forêt avait vite repris ses droits une fois le champ terminé.

Ils replongèrent en pleine forêt. Un nouveau sentier de terre apparut permettant à deux cavaliers de chevaucher de front. Les feuilles n’encombraient pas le sol à la différence de ce qu’ils venaient de traverser et la forêt semblait plus élaguée. Ils chevauchèrent encore cinq cents mètres avant de quitter le couvert du bois. La route était toujours faite de terre séchée par le soleil et elle slalomait désormais entre plusieurs plans de vignes. Cela faisait longtemps que Neldirage n’en avait pas vu. Il ordonna une halte et descendit d’Eclair. Il s’approcha d’un premier cep et l’étudia. On était au milieu de l’été et pourtant, certains grains étaient déjà mûrs. Il cala son doigt contre la tige et tira d’un coup sec. Le raisin résista. Neldirage jura en accusant son inactivité vinicole. La grappe lâcha au deuxième coup. Le général mordit le raisin pour sentir son jus couler dans sa bouche. C’était un raisin fruité… Il aurait de bons retours, pensa Neldirage.

Plusieurs grappes de raisins blancs décoraient un cep à quelques mètres de là. Neldirage s’en approcha, cueilli lesdites grappes puis les jeta à ses hommes. Ils acceptèrent la nourriture avec plaisir. Le jus était frais et assez désaltérant. En plus cela les changerait de la viande séchée qui était contenue dans leur sac. Une fois que chacun eut pillé les ceps qu’il y avait à côté d’eux, ils se remirent en route. Ce plan se situait en haut d’une colline et les premières maisons se trouvaient de l’autre côté. Les cavaliers avancèrent au pas dans la direction indiquée.

En effet, en contrebas, une première maison avait été construite au milieu d’un champ. Elle avait été bâtie dans un bois solide et sur deux étages. Tout autour, on pouvait voir plusieurs champs de blé. Deux petites granges se trouvaient aussi symétriquement par rapport à la bâtisse. Le moulin du village était aussi visible sur une colline à un bon kilomètre de là. Neldirage reporta son attention sur les champs et ces silhouettes qui préparaient le terrain pour les moissons. Le général sourit, il se souvenait de cette maison... Le propriétaire, un vieil homme à l’époque, l’avait terrifié lorsqu’un jour, il l’avait poursuivi parce qu’il s’était servi d’une de ses vaches comme d’une monture.

La maison de Neldirage se situait de l’autre côté du village. Sur sa gauche, il montra à Ylanay le fameux rocher, toujours entouré de hautes herbes, où il s’était caché lors de l’attaque du gobelin. Son ami sourit en repensant à l’histoire que son général lui avait raconté il y avait des années de cela.

-Alors c’est donc ici qu’est né notre général ? Dit Ron en regardant les forêts, les champs et les maisons de chaume qui décoraient la région. C’est pas trop désagréable…

Neldirage se contenta d’agrandir son sourire avant de lancer sa monture en avant. Les travailleurs levèrent les yeux de leurs fourches lorsqu’ils entendirent les cavaliers arriver. La région était loin de tout et chaque étranger était un événement rare pour eux. Alors une troupe de soldats… Mené par un homme richement vêtu… Quelques enfants s’échappèrent : Sûrement pour prévenir le village, pensa Neldirage.

Ils longèrent le sentier et saluèrent les paysans lorsqu’ils passèrent à côté. Ceux-ci leur répondirent timidement. La douzaine de chevaliers continua sa route et arriva en vue du centre du village où une petite foule de curieux s’était déjà rassemblée. Neldirage arrêta sa monture à la vue de tous. La foule s’épaissit et entoura les cavaliers. La dernière fois que des soldats s’étaient tenus là, ils avaient recruté la moitié des hommes du village et la plupart n’était pas revenue. Cela faisait vingt ans…

-Peut-être que certains d’entre vous m’ont reconnu ! Clama Neldirage haut et fort.

A ces mots, les gens commencèrent à plisser les yeux pour tenter de découvrir un visage familier. Si certains trouvèrent qui il était, ils n’en firent rien savoir.

-Je suis Neldirage ! Fils de Thomas et Aude ! Après vingt ans, je reviens enfin !

Un murmure d’étonnement parcourut les villageois. Ils ne parvenaient à croire que le turbulent enfant qu’ils avaient connu était l’homme qui se présentait devant eux. Un ami d’enfance, un avec qui Neldirage avait commencé son éducation, finit par le reconnaître et le clamer tout haut. Il y eut un flottement et la foule changea du tout au tout. De la méfiance naquit la joie de revoir l’un des leurs. Le nouveau chef du village, l’autre ayant décédé, vint se présenter.

-C’est un honneur pour nous de vous recevoir, général… D’autant plus que c’est un enfant de notre village. Ta mère sera heureuse de te revoir…

-Mon père ? Demanda Neldirage qui avait compris le sous-entendu.

-Celui-ci est dans le coma depuis plusieurs années… Peu de gens ont dû vivre aussi longtemps ! Il va avoir soixante ans cette année !

-Mais il est comme mort… Réalisa à peine notre ami.

-Effectivement, tenta de le consoler l’homme. Mais sa vie a été riche… Je le connais depuis que je suis enfant et c’est un homme dont je me suis servi comme modèle. Vous pouvez être fier de lui, c’était un homme bon, sévère mais juste.

-Merci, répondit notre ami avec une voix faible, je m’en vais les voir immédiatement si ça ne vous dérange pas.

-Non, non ! Evidemment s’exclama-t-il. On va s’occuper de vos soldats en attendant.

Neldirage confia sa monture et s’avança prudemment sur le chemin qui montait à sa maison. Plus il s’en approchait, plus il avait l’impression qu’elle s’éloignait… Pourtant il n’en était qu’à une cinquantaine de mètres. Toute son enfance commençait à remonter. Il revoyait l’arbre duquel il était tombé… Le poulailler dont il s’était servi de cibles avec ses cailloux… La fenêtre de laquelle il avait failli chuter. Le palier sur lequel son existence avait changé quand il avait vu le massacre des orcs.

Neldirage monta la première marche du palier. Il sembla retourner en enfance… Pour lui, il rentrait après une longue journée dans les champs. Mais ce n’était pas le cas, il le savait. Il s’arrêta devant la porte, respira un bon coup, et frappa.

Une vielle dame voûtée lui ouvrit la porte. Elle tenait un petit gilet de laine qu’elle lâcha quand elle leva la tête. Elle mit une main devant sa bouche pour masquer son étonnement.

-Oh, Neldirage ! Est-ce bien toi ?

-Maman… Dit notre homme en tombant en pleurs dans les bras de sa mère.

-Oh mon enfant… Ca fait si longtemps… Tu nous as tellement manqué ! Répondit-elle tout en le tenant fermement.

-Vous m’avez aussi manqué !

Neldirage profitait au maximum de l’étreinte de sa mère. Même s’il était assez âgé lorsqu’il avait été recruté, l’amour parental lui avait créé un vide dans le cœur.

-Tu as tellement changé ! Dit-elle en le relâchant et touchant son visage.

Neldirage lui prit les mains et sourit.

-Tu as l’air en forme, la complimenta-t-il.

-Il y a des hauts et des bas ! Dit-elle se baissant difficilement pour ramasser le gilet. Nous sommes les doyens du village avec ton père, tu savais ?

-C’est ce qu’on m’a dit quand je suis arrivé… Dit Neldirage en entrant dans la maison. Comment va papa ? Continua-t-il. J’ai appris qu’il était… Qu’il était…

-… Gravement malade, acheva-t-elle. Il t’attendait ! Tu sais comme il était borné ! Il a dit qu’il ne mourrait pas tant qu’il n’aurait pas vu son fils.

Neldirage hésita.

-Si j’y vais, il va mourir alors ? S’inquiéta notre général.

-Oh, tu sais, dit-elle d’une voix neutre, ça fait longtemps qu’on s’est fait à l’idée… Ca va faire deux ans à la fin de l’année.

Neldirage ne comprit pas tout de suite le ‘on’. Ils s’assirent autour d’une table et se regardèrent un instant comme pour incruster ce nouveau changement physique dans leurs esprits. Sa mère reprit.

-Je vois qu’il y a eu pas mal de changements ! Raconte-moi donc tout ça !

-J’espère que tu as du temps ! Dit Neldirage avec un léger rire.

-Evidemment ! Répondit-elle. Et puis tu resteras bien dormir auprès de ta vieille mère ?

-Je ne puis, se désola Neldirage, j’ai promis à des amis que je reviendrais pour la tombée de la nuit.

- Oh, ce n’est pas grave… Tu es là, c’est déjà bien !

Neldirage sourit en réponse et commença à raconter son histoire. Cela lui prit pratiquement trente minutes. Une demi-heure pendant laquelle sa mère l’écoutait et analysait chaque information. Quand il eut fini, elle le félicita pour les décisions qu’il avait dû prendre.

-Et toi ? Demanda le fils. Que s’est-il passé pendant mon absence ?

-Oh pleins de choses palpitantes ! Je garde la plus importante pour la fin !

Elle fit un clin d’œil complice et commença.

-Après ton départ, ton père a essayé de partir à votre poursuite… Par chance, il a dû abandonner les recherches et revenir à la maison, assez déprimé. Il a fini par se résigner, convaincu que tu reviendrais. Nous avons attendu, guettant ton retour avec impatience ! Les années ont passé sans éroder sa conviction. Cela a au moins eu l’avantage de le garder au calme tandis que Ulis s’occupait de nos hommes et nos récoltes.

Neldirage déduisit que l’homme était le gérant.

-Et puis un beau jour d’hiver, ton père a fait un malaise. Il reprit une seule fois conscience après, juste pour dire qu’il t’attendrait…

La porte s’ouvrit à la volée et un jeune homme entra. Il avait une vingtaine d’années et se tenait pour l’instant de dos au deux occupants de la pièce. D’après sa tenue, ce n’était pas un de ses hommes alors qui pouvait le déranger ? Il commença à parler sans se retourner :

-Tu croiras jamais le foutoir qu’il y a dehors ! Jamais vu autant de soldats ! Je me demande bien ce qu’ils nous veulent… Je suis sûr que c’est pour nous voler !

Il se retourna après avoir retiré ses bottes. Il fronça des sourcils quand il vit qu’un général était assis à sa table.

-Général… S’inclina-t-il.

Il regarda la mère.

-Que fait cet homme chez nous, maman ?

Neldirage ne comprit pas tout de suite…

-Ulis, je te présente Neldirage, ton frère…

@+

-= Inxi =-

Modifié par Inxi-Huinzi
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Il ne pouvait plus tuer ses hommes

ces hommes (cene sont pas les siens :ph34r: )

nous avons vu aucune trace d’un quelconque ennemi potentiel

nous n'avons vu :whistling:

ils attendront de voir comment la crise vont évoluer afin de prendre

la crise va évoluer

Pas mal, j'ai juste tiquer sur le fait que Neldi évoque son aventure avec la Princesse devant tout son état-major: à mon avis, il n'en aurait parlé qu'avaec ses amis les plus intimes car un chef ne doit pas montrer de faiblesse (surtout celles de ce genre :blushing: ).

@+

-=Diab'=-

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

j'ai juste tiquer sur le fait que Neldi évoque son aventure avec la Princesse devant tout son état-major: à mon avis, il n'en aurait parlé qu'avaec ses amis les plus intimes car un chef ne doit pas montrer de faiblesse (surtout celles de ce genre  ).

de même, à ta place, je supprimerais ce passage.

Le fait que l'armure de ron soit magique m'intéresse fortement... à quand des précisions?

Une bonne suite. D'autant plus que tu as rédigé deux passages en 2 jours ! :whistling:

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

vous avez pris les bonnes décisions et tous tes hommes te suivraient jusque dans l’un des enfers

Ils se vouvoient ou ils se tutoient :D ?

Notre ami se retourna un fixa les adeptes

En fixant (faute de frappe)

Et quelle est telle

Et quelle est-elle? :D

et fainéant comme ils sont, on ira pas bien loin.

nous n'irons pas bien loin (le on ne passe pas toujours bien à l'écrit, éssaye de mettre nous de temps en temps)

Avec ses tueurs qui rodent sûrement autour de nous, ton petit cul

avec ces tueurs (à moins que tu ne parle de ceux de son petit c.l :P )

On sait pas ce qu’on va trouver.

on ne sait pas (Neldi devrait faire attention à son langage vu son grade (pour ses subordonnés, ça se comprend :P )

dans une forêt traversée de part en part par la forêt.

une forêt traversée par une forêt :D

transition pour une suite attendue

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Invité Kroxigor

3 chapitres d'un coup! Saleté de fête que ce soit musique ou autre!

Alors, j'ai fait deux chapitres en même temps:

Toujours aussi bien.

Alors, tu dis que ces deux passages sont ultra important pour la fin de l'histoire? Cela veut dire que l'organisation de l'araignée est une force avec qui il faudra compter dans la suite des aventures de Neldirage.

Pas mal, j'ai juste tiquer sur le fait que Neldi évoque son aventure avec la Princesse devant tout son état-major: à mon avis, il n'en aurait parlé qu'avaec ses amis les plus intimes car un chef ne doit pas montrer de faiblesse (surtout celles de ce genre  ).

Moi je trouve plutôt que cela renforce le fait que ce soit un homme et pas un demi-dieu. C'est pour ça que les gens qui le suivent l'aiment et que ses capitaines mouraient^pour lui, car il leurs parle de tout même de choses inutiles et donc ils ont le sentiment que et être est tout simplement un homme bon.

Et maintenant le troisième:

Je n'ai retenu qu'une seule chose:

Pourquoi le fait d'aller dans son village répondra à certaines questions que se posent Neldirage?

Sinon, ben la suite.

Kazakh.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Oh purée, trois semaines de retard à rattraper (foutue technologie, j'ai des techno-prêtres à fouetter), mais je suis de retour !!!

Il lui attrapa la main et elle la retira vivement.

-Mais qu’est-ce qui a bien pu te faire croire que je t’aimais encore ? Ca fait plus de huit ans !

-Mais… Dit Neldirage qui recula comme sous un coup de poignard.

-Je ne t’aime plus ! C’est Boreric que j’aime ! Jamais je ne partirais avec toi.

:D Bon...
-Désolé… Dit-elle.

-Ce n’est pas grave, dit doucement Neldirage, tu devais me le dire…

-Non, pas pour ça… Pour ça : Gardes ! Hurla-t-elle.

En plus !!! Carrément...On peut pas rester amis ???
Soudain une idée germa lorsque sa main se posa involontairement sur la garde de son épée
Oh misère... faudrait un bouton On/Off, vraiment...
On va dire qu’après tes révélations, je m’attendais à ce qu’il y ait du grabuge alors j’ai prévenu les hommes. Ils vous connaissent bien, général, mieux que tu le penses ! Ils ont demandé à leurs familles de plier bagage et de se préparer au départ. Dehors, en plein centre ville et au milieu de la nuit, deux cent soldats et plus de quatre cent civils attendent que ton retour pour partir.

-Ils abandonneraient tout ? Pour moi ? Demanda Neldirage qui ne croyait pas à un tel sacrifice.

Mazette, là j'suis mpressionné, c'est beau, c'est noble...
Une petite larme coula discrètement le long de sa joue.
Annonciateur ???

Vivement la suite !!!

Neldirage n’était pas assez grand pour ne serait qu’entrapercevoir l’origine de ce son sourd
"ne serait-ce".
Le jeune homme releva les yeux et dit son rapport.
On fait son rapport plutôt qu'on ne le dit.
leurs autres compagnons d’arme
C'est pas un pluriel ?
une trentaine de seconde
Accord.
toute chaire dénuée d’armure
"chair".
le petit groupe d’assiégé tomba sur un petit groupe de renfort
Un seul assiégé ? Répétition de "petit".
on échappait pas aux caricatures
Manque une négation.
L’homme en question maniait deux sortes de marteau
A moins que tu voulais dire qu'il manie deux types de marteaux differents, je propose "ce qui ressemblait à deux marteaux".
En plus, il avait la même couleur de cheveux qui tombaient jusqu’aux omoplates.
Comprends pas: la même que quoi ?
-Je le prends ! Dit l’autre en précipitant Neldirage sur Pierre qui venait de le rejoindre.
"les", non ?
au travers des cris alentours
"alentour", ou "aux alentours".
Neldirage décida donc de se recreuser un passage au travers l’armée ennemie
"à travers", ou "au travers de".
bien que quelques uns réussiraient quand même à rentrer
"quelques-uns"'; "entrer" puisqu'ils n'ont jamais été à l'intérieur.
Neldirage coordonnait le repli au côté de Van. Il voyait ses hommes reculer et toujours plus se faisait faucher. Chaque homme qui tombait au sol était comme un coup porté à sa propre anatomie. Un soldat aux cheveux noués d’une petite cordelette s’écroula avec un V sanglant sur le torse. L’épée sembla s’agiter dans la main de Neldirage. Il savait bien que c’était une impression mais il devait y aller.

-Gère le repli ! Dit Neldirage à Van tandis qu’il rejoignit ses soldats qui se faisaient décimer.

Echo.
Toujours en encore les mêmes belliqueux barbares
"et", peut-être ?
les deux armées qui les avaient rejoint
Accord.
Disposé en arc de cercle, les soldats et Neldirage battaient doucement en retraite
Accord.
Le général était content que l’un de ses amis soit à ses côtés malgré le danger.
"fût".
Des barbares rentrèrent en grognant
"entrèrent".
Il partait affronter le général barbare quand nous avons été séparé
Accord.
Le général s’excusa auprès de son état-major et rejoint ses trois amis.
"rejoignit", non ?
Je suis fatigué mais pas encore assez pour ne pas pouvoir te mettre une raclé
"raclée".
Le général appela un de ces éclaireurs.
"ses".
Qui sont avec les elfes ?
"Qui est".
Neldirage n’espérait pas.
"Neldirage espérait que non".
Il est vrai que cette région était loin de tout et de toutes villes
"Il était vrai"; "toute ville", non ?
. Il est vrai que cette région était loin de tout et de toutes villes mais Neldirage n’aurait pas vu ça comme une tare d’essayer de faire prospérer cet endroit. Mais il finit par se rendre compte de l’absurdité de la chose
Echo.
Ils portaient des couleurs ors et brunes
C'est pas invariable ?
C’est comme ça que les armées purent se rejoindre dans la forteresse.
"Ce fut comme cela".
C’est pour cela que c’est un peu aigri qu’il s’assit à ladite table.
"C’était pour cela que ce fut un peu aigri qu’il s’assit à ladite table."
C’est une question dont il n’avait aucune idée de la réponse
"C'était".
Neldirage à bout de nerf.
"nerfs".
A… Les rivalités humaines…
"Ah".
la chopine de bière qu’il avait fait mandé
Infinitif.
Je pense être le mieux placer
"placé".
Je fais parti de l’autre armée
"partie".
Dissoudre l’armée et retournez à la capitale.
Par cohérence: les deux à l'infinitif, ou les deux à l'impératif.
Il n’avait rapporté que ce qu’il avait entendu.
"Il n’avait fait que rapporter ce qu’il avait entendu."
N’oublies pas
"oublie".
Que devrai-je faire alors
"devrais", non ?
Devaient-ils abandonner ses hommes ?
"Devait-il", on ne parle pour l'instant que de Nedi.
après avoir souhaiter une bonne nuit
Participe.
Neldirage roula en boule sur le sol
Manque pas un "se" ?
Prends en trois cent
Accord; "Prends-en", non ?
Neldirage dépassait les mille cinq cent combattants
Accord.
Cette pensée suffit à remonter le moral à Neldirage
"Cette pensée suffit à lui remonter le moral".
il rejoint ses amis qui s’étaient accroupis près d’un feu.
"rejoignit", non ?
j’arriverais jamais à vous convaincre du contraire…
"j'arriverai".
Assez pour que j’y crois.
"croie".
-C’est tout ? Demanda Neldirage en s’étonnant que ses amis le croit uniquement sur parole.
"croient".
Il leva ensuite son draps
Pourquoi un "s" ?
rien ne les avait troublé
Accord.
Normalement, je serais de retour avant que cette question ne devienne réelle
"serai".
un soldat ivre qui s’était endormi par terre à défaut d’avoir retrouver sa tente
Participe.
Ils étaient par deux, armés d’arc
"d'arcs",ou "d'un arc".
Une veste noire et pantalon vert usé et déchiré
Manque un "un" devant "pantalon".
Il caressa distraitement l’hampe de l’arme
C'est pas "la hampe" ?
Ce qui l’étonnait le plus, c’est que l’Empereur écoutait ces individus
"c'était".
Des bruits de corde que l’on tend
"d'une corde", ou "de cordes".
L’homme parut rassurer
"se rassurer", ou "rassuré".
Comme s’il venait remarquer qu’une armée allait arriver
Manque un "de".
Vous nous avez pas oublié à ce que je vois !
Accord.
Eclair avait reconnu son enclot
"enclos".
Le général dût l’interrompre
Le "^" est pour le subjonctif.
Une paire de bougie posée sur la table centrale éclairait la pièce
Accord.
Neldirage décida qu’ils avaient été discrets pour s’en passer pour la nuit
Manque un "assez", non ?
A cheval sur le bord, il menaçait de tomber. Le général repoussa les draps et s’assit sur le bord.
Echo.
Le quartier général était rouge brique les quelques lézardes qui couraient sur les murs avaient été comblées
Une "," après "brique".
La porte, autrefois simple planche de bois renforcée, avait été consolidées par des barres
Pourquoi un "s" ?
Neldirage se tata les côtes
"tâta".
-Cap… Commença le lieutenant en se levant. Général ! Félicitation !
Pluriel.
En quelques minutes où il s’était absenté, la salle s’était littéralement remplie.
"Durant les quelques minutes pendant lesquelles il s'était absenté,...".
Les soldats étaient venus entendre le récit de leur ancien commandant et les nouveaux venaient voir qui était cet homme que leurs collègues se servaient comme référence.
"Les soldats les plus vieux étaient venus entendre ...";"dont".
J’ai pris le commandement de la forteresse et nous l’avons rénovée et rendue plus fort !
Accord.
l’annonce qu’il tentait de caché
Infinitif.
se sont des combattants hors pair
"ce".
Quand j’ai vu le nombre de barbares qui nous assaillait
"assaillaient".
je suis pas sûr que des rêves soient forcement annonciateur de ton avenir
Accord.

maintenant, l’auberge s’était remplie peu à peu
"maintenant désigne un instant, "peu à peu" une durée, les deux sont incompatibles.
Neldirage n’était plus qu’une forme bleue nuit dans laquelle dépassaient deux jambes marron.
"de", non ?
Après s’être souhaités une banale bonne journée
Pas d'accord.
Elle mesure environ trois cent mètres de long.
Accord.
se sont les cuisines
"ce".
le grand général a peur du simple rencontre
"d'une", peut-être ?
C’étaient une escouade de gardes royaux qui avait sûrement été alertée par des témoins de la scène. Il portait toujours cet équipement criard qui était désormais rouge lardé de vert.
"Ils portaient", non ?
Un plan après se déboire ?
"ces déboires".
Ils purent nettement voir que le lieu était clôt
"clos".
Neldira fit une moue en réfléchissant.
Qui ?
La première s’est de demander où sont les passages secrets
"c'est".
Le général jeta l’homme au milieu de la pièce comme un vulgaire fétus de paille
Pourquoi un "s" ?
Oui, dit le magicien, j’ai malheureusement eu à faire lui dans le temps !
"eu affaire à lui...".
Votre petite escalade a vite fait parlé d’elle
Infinitif.
Après qu’un groupe de cavaliers soit passé
C'est "avant que" qui est suivi du subjonctif.
Ceux-ci se redressèrent en voyant arriver ce qu’ils croyaient être leur supérieur.
"celui", "ce" fait penser à un objet.
un des plus luxueux endroit de la ville
Accord.
objets d’une valeur au moins égal à leur éclat étaient posés sur des tables
Accord.
Il se posa la main sur la poignée et l’autre sur son épée.
Pourquoi ce "se" ?
Comme il ne voulait pas me laisser passer à l’entrée
Sont plusieurs à l'entrée, non ?
Alors on sait dit que si on vous aidait, on aurait peut-être une récompense !
"on s'est dit...".
Si jamais le capitaine des soldats ne lui mettait pas la main dessus, il retournait au palais prévenir son supérieur.
"retournerait", non ?
Ca veut dire que notre général devrait approcher de l’Empereur avant que celui-ci aurait déjà une opinion toute faite
"voulait"; "eût".
L’Empereur connaît tous ce que tu as fait
"tout", non ?
c’est comme ça que vous agissez dans votre monde d’hypocrite
Pluriel, non ?
Notre ami esquiva le premier qu’il fit violement tomber au sol
Manque pas un "m" ?
l’escorte le conduit dans des quartiers tout proches de la garnison royale
"conduisit", non ?
On le conduit dans celui de gauche.
"conduisit", non ?
Il se rappela que c’est en parti pour ça qu’il avait envoyé l’armée là-bas
"partie", non ?
ce fut Fertan qui entra, immédiatement suivi par Pat ainsi qu’une demie dizaine de soldats
"demi-dizaine".
Van Hoff a prévenu Ylanay qui nous a prévenu
Accord.
deux cent soldats et plus de quatre cent civils attendent que ton retour pour partir
Accord (x2).
Ils croient en toi alors croie en eux…
"crois".
il pleurait sûrement demain
"pleuvrait".
Le cheval, reconnaissant son maître s’approcha de lui en quête d’affection.
J'aurais mis une "," après "maître".
Eclair traversa la foule aussi délicatement qu’il put et prit la tête de la petite ville en faisant passer les consignes de silence.
Euh... c'est le cheval qui fait tout ça ?
Son ami fit tourner sa monture et sélectionna des soldats d’expériences qu’il divisa en groupe de trois.
Sûr de ce pluriel ? Un seul groupe ?
la compagnie, aussi hétéroclite qu’elle était
"fût".
une bonne demie heure
"demi-heure".
ils s’étaient tenus prêt
Accord.
la nuit n’a pas été trop grave et de seules des maladies bénignes agitent le groupe.
Pourquoi ce "de" ?
L’armée doit se trouver à quelque jours d’ici
"quelques".
Entendu, que faisons du chargement ?
Manque pas un mot ?
Ils partiraient ainsi pour une paire d’heure
Accord.
Il remonta la colline, slalomant en les groupes de civil
"entre", peut-être ?
au travers de colline comme de petites montagnes
"collines".
ce qui avait forcé de faire une halte
N'est-ce pas "ce qui les avait forcés à faire une halte" ?
La demie centaine de fuyants
"demi-centaine".
cinq cent mètres du camp
Accord.
Ils les feraient souffrir jusqu’au dernier s’il le fallait. Neldirage soupira discrètement, pour l’instant, il avait autre chose à penser. Il fallait se sortir de là.
Echo.
S’il feintait l’envie d’aller se soulager
"feignait".
il fut jeter tel un vulgaire sac sur le sol
"jeté".
la moitié d’entre eux disparue dans l’aube
"disparut".
notre ami regretta de n’avoir pas pu affiner des talents de mage
"ses", non ?
Neldirage se douta qu’ils n’allaient pas parler de quoique se soit de palpitant
"...quoi que ce soit...".
leurs poursuivants, qui n’étaient qu’autres que les amis de Neldirage
"qui n’étaient autres ...".
Pour l’instant, ils ne sont pas prêts de nous mettre la main dessus
"près", non ?
Nous avons participé à plus de cinquante batailles en un peu près vingt ans qu’on travaille pour eux.
"à peu près", non ?
Neldirage ne préféra par répondre.
"pas".
Il l’avait fait tellement vite qu’il failli
"faillit".
D’une pression de genoux
"des" sonne mieux, je trouve.
une lance au bout arrondie
Accord.
L’un était blessé, un autre était brûlé et Neldirage avait sûrement assommé un troisième.
"Neldirage en avait...".
quel qu’ils soient, ils avaient encerclé à la perfection leur proie
Accord.
on a compris ce qui s’était passé.
Pas "ce qu'il" ?
En moins d’une demie heure, tout fut empaqueté
"demi-heure".
les milliers de tente
Accord.
Il faut un début un tout
"à", non ?
Neldirage fit un rapide regard autour de lui
"jeta" sonne mieux, je trouve.
Je me suis fait enfermé au cachot
Infinitif.
Il nous faut savoir ce qu’il se passe en ville : décisions, événements, mouvement de troupe
Pourquoi "mouvement" est le seul à être au singulier ?
Mais c’est que dès fois tout est si confus
"des"
Toi seul à son contrôle
"a".
Notre ami se retourna un fixa les adeptes de la magie
"et", peut-être ?
Et quelle est telle ?
"quelle est-elle ?".
Il va falloir que vous rendiez en ville
Manque un "vous".
vous risquez de vous attirez des ennuis
Infinitif.
Entendu… Dirent en cœur les mages.
"choeur".
Ce que craignait le plus Neldirage, c’est que ses parents soient morts et qu’il n’est pas pu les revoir
"ait".
parce que son cour était rapide
"cours".
Je crois savoir qu’il y avait un fleuve au-dessus du camp ?
Le fleuve est parti ?
Poussons jusqu’au frontière
Accord.
Ils mettraient une petite demie heure à rejoindre le fleuve
"demi-heure".
un village qui correspondait à la description qu’en avait fait Neldirage
"faite", non ?
les collines s’étaient succédées
Pas d'accord.
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Je corrigerai demain Gemini :D La, je vais faire un barbeuk :P

Chapitre LXXXI

-Mon frère ? S’exclama Neldirage.

L’autre resta de marbre comme si cette confrontation devait arriver un jour ou l’autre. Neldirage ne parvint pas à articuler un seul son. Il était loin de s’être imaginé en revenant ici qu’il tomberait sur un frère dont il n’avait jamais appris l’existence. C’est vrai qu’à y regarder de plus près, il présentait certaines caractéristiques de leur famille. Un regard pénétrant, des cheveux bruns avec des reflets cuivre ainsi qu’un corps assez fin malgré les activités extérieures.

Ils se regardèrent un instant. Aucun des deux ne pensait la même chose. Neldirage était plutôt heureux de savoir qu’il avait un petit frère. Cela ne lui avait jamais plu de ne pas avoir de compagnon de jeu ou même quelqu’un proche de lui à qui confier ses tourments. Et puis… S’efforça Neldirage à penser, à la mort de mes parents, je serai moins seul. Il regarda son frère et lui sourit.

Sourire auquel son frère répondit. Lui, il était moins heureux que Neldirage. Ses pensées étaient tout autres. Depuis son enfance, on lui rabachait l’histoire de son frère. Pour Ulis, il n’était pas venu au monde parce qu’on le voulait mais bien comme remplaçant. Depuis, il rêvait qu’on leur annonce un jour la mort de ce frère disparu. Et maintenant qu’il était là, devant lui, un flot d’émotions contraires l’assaillait. L’indifférence envers un homme dont il ne partageait que le nom, la rancune qu’il gardait contre celui qui faisait de lui qu’un simple remplaçant et la joie de revoir un frère qu’il avait toujours espéré rencontrer.

-Oui, il est né un an après que tu sois parti…

-Enchanté de te connaître ! Dit Neldirage sur un ton enjoué et en lui tendant la main.

-Moi aussi ! Répondit Ulis d’un ton plus froid.

-Je suis si heureuse de voir mes deux fils côte à côte ! Se réjouit la mère.

Neldirage jeta un œil par une des fenêtres.

-Il commence à se faire tard, je devrais aller voir papa… Dit notre général.

Ulis ouvrit des grands yeux.

-Maman ! Tu sais ce qu’il va se passer s’il y va !

-Oui, mon chéri, dit-elle se levant et lui prenant les mains, mais je crois qu’il est temps pour ton père de rejoindre l’autre monde…

Il soupira.

-Tu as sûrement raison ! Mais on le garde en vie depuis tellement longtemps...

-Uniquement pour qu’il puisse assouvir sa dernière volonté ! Souviens-t’en.

-Il est vrai ! Répondit le jeune homme. Je suppose qu’il doit en être ainsi… Ca sera mieux pour lui ! Vas-y Neldirage…

Après que la permission lui fût accordée, notre homme se dirigea vers les escaliers qu’il monta en vitesse. Le bois avait été refait à cause de l’humidité qui était déjà bien présente lorsque Neldirage habitait là. La porte de la chambre sur sa droite était ouverte. C’était son ancienne chambre. Maintenant, c’était celle de Ulis. Neldirage décida de lui laisser un petit cadeau. Il sortit une dizaine de pièces de sa bourse et les jeta sur le lit. Lors du prochain marché inter-village, il pourrait se faire plaisir en faisant quelques folies. Il y avait là de quoi acheter au moins trois chevaux…

La chambre était décorée assez sobrement. Pas le temps en futilité, des affaires pour aller à l’extérieur, un fusil - sûrement entreposé là après l’attaque orc - , un lit ainsi qu’une armoire de manufacture simple. Neldirage se demanda si sa chambre aurait été dans le même état s’il était resté. Sûrement, se dit-il avec un geste de la main pour balayer immédiatement ces hypothèses. En face de cette chambre, il y avait une porte entrouverte.

Neldirage s’approcha à pas lent, comme pour essayer de ne faire qu’un avec le bois qui grinçait à peine sous ses pieds. Il poussa de sa main la porte et entra dans la chambre. La première chose qu’il se remémora et qui était toujours là, fut le grand lit recouvert d’un unique drap blanc. Cet investissement avait énormément coûté à la famille… Neldirage s’en souvenait encore : Les économies de toute une année étaient parties en même temps que le marchand qui avait promis de revenir avec un sommier. Il avait tenu parole. Ce matelas était devenu nécessaire pour cet homme qui était désormais allongé là depuis trop longtemps.

Neldirage s’assit sur le bord du lit et lui prit la main, ne sachant quoi dire. Il savait qu’il était tout comme mort mais les larmes finirent quand même par couler.

-Je ne sais pas par où commencer, il ravala ses sanglots dans un petit rire nerveux. Tant de choses à dire… Commençons par le départ ! Annonça-t-il en regardant le plafond. Tu sais si je suis parti, c’est parce que c’était pas à toi d’y aller… Tu étais malade et je m’en serais voulu toute ma vie ! Surtout quand on voit comment elle s’est déroulée…

Neldirage regarda le visage, vieux et fatigué, guettant la moindre réponse. Son père, même au seuil de la mort gardait une aura de force et de bien-être… Neldirage continua :

-Il s’est passé pleins de choses ensuite… Mais tu sais, papa… Tout ce que j’ai fait, même si tu ne le sauras peut-être jamais, je l’ai fait pour que toi et maman soyez fiers de moi… J’ai jamais voulu vous laisser tout seuls. Oh si tu savais comme je regrette !

Neldirage s’effondra sur le corps de son père, calant sa tête au creux de son épaule. Ainsi bercé par une respiration inquiétante, notre général laissa aller ses larmes.

-J’aimerais tellement que tu restes… Dit Neldirage d’une voix plaintive.

-Je suis… fier de toi ! Entendit Neldirage qui se redressa à la va-vite.

Un long râle sortit de la bouche du mourant. Neldirage mit une main contre la gorge de son père afin de sentir le pouls faiblir pour finalement disparaître. Notre général recula jusqu’à se retrouver acculé contre le mur du fond. Il sortit de la pièce, toujours perdu et le regard dans le vide. Le reste de la famille le regarda descendre les escaliers et quand ils virent les yeux rougis par les larmes de leur frère, ou leur fils, ils se laissèrent aller à une mélancolie déjà préparée. Mais même s’ils savaient que c’était déjà la fin, la douleur n’en fut pas moins atténuée.

Neldirage prit sa mère dans ses bras, les larmes remontant à la surface.

-Il a dit… Il a dit qu’il était fier de moi…

Il se remit à pleurer et sa mère lui tapota le dos, les yeux humides de larmes contenues.

-On est tous fiers de toi… Lui glissa-t-elle à l’oreille. Allez, ressaisis-toi ! Est-ce ainsi qu’un modèle se présente à ses hommes ?

Neldirage s’essuya les yeux d’un geste distrait et s’approcha de son frère. Il le prit dans ses bras et lui murmura :

-Prends bien soin de maman…

Son frère lui rendit l’accolade et Neldirage sortit rejoindre ses hommes. Il resta un instant sur le palier, le temps de reprendre ses esprits. Les deux heures qu’il avait passées dans sa maison avaient permis à ses amis de faire la visite de la zone. Quand il arriva au centre du village, c’est donc avec surprise qu’il remarqua que seul son cheval patientait. Neldirage s’en approcha et lui flatta l’encolure.

-Alors, on t’a laissé tout seul ? Lui demanda notre général.

Le cheval secoua sa crinière pour marquer son désappointement. Neldirage remonta en selle et se dirigea vers l’entrée du village. Notre ami scruta les collines en cherchant par où ils avaient pu partir. Il les aperçut qui revenaient de sud-ouest. Neldirage lança sa monture à leur rencontre.

-Alors ? Demanda le général lorsque les deux groupes se retrouvèrent.

-Il faut que tu viennes voir ça ! Lança Ylanay, une excitation à peine contenue.

Neldirage sourit devant l’émerveillement qu’affichaient ses soldats. Même Ron semblait avoir du mal à croire le spectacle qu’il avait vu. Ne voulant pas qu’on lui gâche la surprise, Neldirage coupa la description que n’avait pas encore commencée Ylanay. Prétextant un retard, le général remit la colonne en marche pour rejoindre les autres soldats de la forêt. Qu’avaient-ils bien pu voir de si extraordinaire ? Peut-être qu’il aurait enfin la réponse à ses questions. Cela serait cohérent, pour lui, son passé était ici.

Ils chevauchèrent en silence. Les uns pensant à ce qu’ils avaient vu, l’autre à ce qu’ils allaient faire. Les pensées de Neldirage revinrent bientôt sur le décès de son père et la volonté qu’il avait eu de survivre jusqu’à ce qu’il revienne. Cela avait plus troublé et ému Neldirage qu’il avait pu le penser… Maintenant, une petite douleur étreignait son cœur et malgré l’énergie qu’il dépensait pour la chasser, il savait que cet événement le troublerait encore longtemps. Il essaya de se consoler en se disant qu’il avait déjà eu la chance d’avoir pu lui reparler. En plus, il avait peut-être perdu un père mais il y avait gagné un frère.

Ils finirent par rejoindre le campement. Neldirage avait perdu toute son excitation à force de ruminer ses pensées. Ron, Ylanay et les autres, eux, descendirent rapidement de cheval pour aller raconter leur dernière expérience à leur coéquipier. En quelques minutes, un brouhaha de discussion secoua la forêt. Déjà la nuit était tombée et au milieu de ces paroles incessantes, Neldirage s’endormit profondément. Il allait enfin savoir s’il avait trouvé l’objet de sa quête.

Chapitre LXXXII

Notre général se leva en même temps que le soleil. Dans le campement, il manquait cinq soldats dont Pierre. Sûrement en train de faire leur tour de garde, déduisit Neldirage. Eclair était allongé derrière la souche sur laquelle notre ami avait passé la nuit. Neldirage s’étira pour achever de se réveiller. Il avait envie d’aller se promener. D’ailleurs, son instinct le poussait à aller visiter seul ce que les soldats avaient vu la veille. C’était plus prudent, il le savait.

Le cheval sortit du camp et Neldirage salua un soldat qui pensait s’être soigneusement dissimulé dans un buisson. Le général sourit. La monture prit d’elle-même le chemin de son village. Lorsque Neldirage y arriva, les paysans s’étaient déjà mis au travail. Tous le saluèrent quand il passa au milieu de la place. Ils avaient une lueur de fierté dans leurs yeux que Neldirage n’avait jamais vue auparavant. Pour une fois, il se sentit chez lui. Il ne croisa pas Ulis, les champs appartenant à sa famille étant plus loin du village et les vignes plus hautes dans les collines.

Une fois assez loin du village, il lança Eclair au galop. Le sentier cascadait au travers de hautes collines. Lors des conversations, il avait entendu que les éclaireurs étaient partis plein est. Bien qu’ils fussent revenus du sud-ouest, Neldirage prit le cap de la direction initiale. Une forêt surplombait une colline sur sa droite. Le général guida sa monture en haut. Une longue plaine s’étalait sur une vingtaine de kilomètres. Et au-dessus, droit devant à une centaine de kilomètres de là, une longue chaîne de montagnes lui exposait son ombre. Sur la gauche, la plaine se retransformait en un enchaînement de collines et de vallons. Loin à droite, on pouvait voir une autre chaîne de montagnes et un vaste reflet de la lumière : la mer qui reliait les deux chaînes de montagnes.

Neldirage descendit de la colline pour fouler, par intermédiaire, l’herbe de la plaine. Une large rivière coulait en son centre, dans le même sens que les montagnes. Le courant allait plein sud. Neldirage décida de le suivre, c’est sûrement ce qu’avaient fait ses amis. Cela faisait une bonne heure qu’il avait quitté le campement. Maintenant, l’air se faisait plus chaud et sec. Eclair, d’instinct, se rapprocha le long du fleuve. L’atmosphère était plus fraîche et plus humide. Neldirage regarda les muscles puissants de son cheval le guider.

Après une heure supplémentaire de cavalcade pendant laquelle Eclair avait pratiquement marché au pas, rythme qui s’harmonisait parfaitement avec l’humeur changeante de notre ami, le vrombissement fluvial s’accentua. En fait, nota Neldirage, il semblait ne plus venir seulement de cette rivière qu’il suivait depuis le début… Notre cavalier se traîna encore le long du courant pendant une dizaine de minutes durant lesquelles le bruit semblait s’intensifier jusqu’à devenir un vacarme assourdissement. A une dizaine de kilomètres de là, l’horizon se déroba sous ses yeux. Plus de terre, rien qui puisse annoncer ce qui allait se présenter.

Neldirage avança lentement, comme pour saisir chaque moment qu’il allait vivre. Le fleuve finit par s’élargir jusqu’à se jeter dans un lac immense. Tellement grand que Neldirage crut que c’était une mer. En suivant la fine plage sur environ trois kilomètres, il atteignit un point qu’il pensait être l’endroit où ses amis s’étaient arrêtés. Notre général ne savait quelle était la largeur du lac mais il aurait bien parié sur au moins dix kilomètres. En jetant un coup d’œil sur sa gauche, Neldirage aperçut une île dont il aurait juré qu’elle ne se trouvait pas là quelques instants auparavant. Une haute tour trônait en son milieu et quelques ruines décoraient sa base. C’était là que Neldirage devait aller, il en était persuadé.

Au loin des petites silhouettes se découpaient. Le soldat n’avait pas mis longtemps à le dénoncer auprès de son capitaine, remarqua Neldirage. Il sourit, il devait faire vite… Il fallait y aller seul. Notre ami glissa quelques mots rassurants à l’oreille de son cheval qui remua la tête pour confirmer qu’il resterait en place. Neldirage partit en forêt à une centaine de mètres de là. Il tira un large tronc qu’il poussa dans l’eau et attrapa une branche de forme rectangulaire puis se jeta sur le tronc en pagayant de sa rame improvisée. Il arriva sur à l’île en même temps que ses amis là où il avait laissé son cheval. Neldirage se dégourdit les épaules, le courant s’était fait plus fort… Il était sûr que le lac se terminait par des cascades. Soudain il fit le lien avec son rêve… Se pouvait-il que le bruit sourd qu’il entendait fût ces chutes ?

L’île devait mesurait un bon kilomètres carré. Un espace oublié du temps où seuls quelques animaux avaient pu survivre au milieu d’une végétation omniprésente. Le climat plutôt chaud avait permis la pousse d’espèces plutôt rares dans le nord. Des arbres fins et longs avec d’étranges gros fruits marron. Des fougères plus denses qu’hostiles… Il y avait même une légère couche de sable qui recouvrait le sol. Neldirage foula les grains qui roulèrent sous ses pieds. Les deux épées jaillirent du fourreau et se calèrent à la perfection dans la paume de ses mains. Neldirage frappa deux coups pour se tailler un passage à travers cette flore.

A la fin, son bras était tellement engourdi qu’il préféra se glisser entre les branches et arbustes plutôt que de les couper. Cela fut même plus rapide… Il ne mit qu’une heure pour parcourir les deux kilomètres qui menaient jusqu’à l’antique bastion. Si jadis il y avait eu une porte, cela faisait longtemps qu’elle avait disparu. Il franchit une arche de pierre finement sculptée, elle représentait une traînée stellaire. Neldirage n’avait jamais vu un tel matériau. Ce n’était pas de la pierre mais quelque chose de transparent et opaque… On pouvait voir au travers et pourtant cela semblait très résistant.

Il finit par la franchir et déboucher dans une première cour. On pouvait apercevoir des socles qui devaient supporter autrefois des statues. Une ancienne fontaine cassée s’était vidée de son contenu et la végétation, des lierres, avait pris possession de la place. Neldirage rentra dans un bâtiment dans la cour suivante. Celui-ci s’était effondré sur lui-même… C’était étonnant car le reste des édifices avait tenu bon face au temps. Si la végétation n’avait pas poussé, Neldirage n’aurait jamais pensé que les occupants du fort étaient partis.

Notre ami ne s’était pas trompé… Le bâtiment contenait l’accès à la tour. Il grimpa les marches quatre à quatre pendant un temps qui lui sembla être une éternité. Quand il émergea enfin de la tour, ce fut pour se retrouver sur une large plateforme qui surplombait un paysage au moins équivalent à celui vu par Neldirage du haut de la tour d’observation à Kaer Ynir. Il regardait de face le décor qu’il avait vu précédemment. Sur sa gauche, il voyait les montagnes dont il ne voyait que le côté ainsi que les sommets qui disparaissaient à l’ouest. A sa droite, l’autre chaîne de montagnes, celle qu’il avait eue de face. Elle continuait loin au nord. Juste à sa gauche, la plaine. Ce coup-ci, Neldirage vit plus de détails. Il put remarquer que sept fleuves se jetaient dans ce lac qui avait les dimensions imaginées par notre général. En regardant au nord-ouest, il vit la forêt qui lui avait servi de poste d’observation.

Neldirage soupira, c’était drôlement beau. Comme dix ans auparavant, il ferma les yeux et les rouvrit pour faire apparaître les énergies magiques. Aussi incroyable que cela pût paraître, les énergies convergeaient toutes sur cette île dans un torrent d’étincelles bleues. Neldirage fut étonné de ne pas avoir senti cette vague de puissance qui était pourtant flagrante. Notre général fit le tour de la plateforme pour regarder ce qu’il y avait derrière. Si la vue de Kaer Ynir l’avait impressionné, là, il en fut bouleversé.

C’était le plus formidable paysage qu’il avait vu. Le lac se terminait en effet par une série de cascades. Sûrement les plus étendues du monde. A la réception, une grande baie rattrapait ce précieux liquide. La différence avec un autre décor du genre résidait dans le fait que l’eau faisait une chute vertigineuse d’au moins un kilomètres. Le lac s’était en fait accumulé en haut d’une falaise et avait creusé la pierre jusqu’à déborder par l’arrivée de ces fleuves montagnards. La baie devait mesurer une vingtaine de kilomètres de large, soit deux fois plus que le lac. Elle rétrécissait ensuite pour se diviser en rivières moins imposantes, mais tout aussi impressionnantes, qui allait se jeter dans la mer à une centaine de kilomètres au sud.

Le sol était si loin que Neldirage ne parvenait à voir aucun détail. Les étendues vert foncé devaient être des forêts tandis que le vert clair des plaines. Le relief aussi était imperceptible à cette distance. Du haut de cette tour, c’était simplement un tapis vert, marron et bleu qui prolongeait vers l’horizon la base de la falaise. Neldirage soupira, ce spectacle était vraiment à couper le souffle. Neldirage regretta son geste mais il s’arracha à cette contemplation pour rejoindre ses amis qui devaient se faire un sang d’encre sur la plage. Ca serait ici qu’ils bâtiraient la forteresse… Neldirage avait même un plan fou mais s’il se réalisait, il ferait de la ville la plus sûre à la surface de la terre. Avant ça, il faudrait en parler aux architectes nains, elfes et humains qui allaient devoir s’occuper de son projet. Si jamais ça marchait… Neldirage en frémit d’excitation.

La descente fut plus facile au retour à la grande joie de Neldirage. Par contre, la flore l’entrava tout autant qu’à l’aller. Comme si elle voulait protéger des secrets qu’elle recouvrait. Bientôt, pensa notre général, ces secrets seraient révélés. Arrivé dans la dernière cour, Neldirage ôta son casque pour passer une main distraite dans ses cheveux. Les deux sorties étaient si similaires que le général était incapable de savoir quelle était la bonne. Au hasard, il prit celle de gauche, pourtant il aurait dû voir qu’elle n’était pas orientée avec le soleil. Aussi étonnant que cela fût, Neldirage put voir que le chemin pavé qu’il empruntait continuait au beau milieu de l’eau, droit sur les chutes. Celui-ci avait été bâti à la limite de la surface du lac et à chaque remoud, une légère langue humide venait lécher les pavés réchauffés par le soleil.

Neldira avança de quelques mètres déjà, comme pour vérifier que la pierre n’allait pas craquer sous son poids et qu’il ne coulerait pas comme une pierre. Il avança encore un peu puis encore et encore… Jusqu’à ce que le pont finisse par déboucher sur une petite bande de terre ferme coupée net par la falaise. Neldirage descendit du pont de pierre et s’approcha du bord pour contempler la cascade. Il se pencha pour admirer la formidable puissance aquatique. Le lac formait un immense tapis scintillant qui se déroulait à l’infini dans le vide. La lumière se reflétait occasionnellement transformant le tout en une pluie de cristal. Le bruit était encore plus fort ici : Un bruit clair malgré le grondement sourd de la baie remontait quand même.

Cette plate-forme, de la taille d’un hameau, servirait à merveille pour ses projets… Tout se présentait pour le mieux. Il fit demi-tour et retraversa le pont en sens inverse. Une vague plus audacieuse que les autres immergea les dalles et vint caresser les bottines que portait Neldirage. Il sourit, l’eau était chaude : Il se plairait ici. Il mit une heure pour sortir du bastion et rejoindre la plage où il avait laissé son esquif de fortune. Il regrimpa maladroitement dessus et se remit à pagayer. Comme à l’aller, le retour se passa sans bévue.

Les amis l’attendaient sur la plage, l’air fortement désappointé. Neldirage sourit, ils en faisaient trop. Il n’avait pas besoin d’autant de protection mais c’est vrai qu’il aurait pu lui arriver n’importe quoi… Il se rappela soudain qu’il avait des tueurs aux trousses et Neldirage jeta un regard sur l’île qu’il venait de quitter en se demandant s’ils étaient dessus. Van tournait en rond et Pierre tapait du pied tandis que Ron revenait d’une balade le long de la plage.

-Tu trouves ça malin ? Le blâma Pierre surgi derrière lui.

-Tu nous as fait une de ces trouilles ! Ajouta Van.

-Tu sais ce qu’il arriverait si tu venais à disparaître ? Acheva Ylanay. Ton armée serait dissoute, on serait tous tués ! Nous trois ainsi que tous les officiers !

Neldirage n’avait jamais voulu ça… C’était qu’une balade innocente mais c’est vrai qu’il n’avait pas réfléchi aux conséquences. Lui, le général d’une armée se faisait réprimander comme un enfant. Neldirage ne dit rien car il savait qu’il avait agi d’une façon irréfléchie. Il s’excusa.

-Ce n’est rien ! Dit Pierre en reprenant son calme. Tu nous as fait une de ces peurs !

-Bon, qu’est-ce que tu as vu là-bas ? Demanda Van en désignant les ruines.

Le visage de Neldirage s’éclaira d’un sourire.

-C’est ici que nous bâtirons notre forteresse !

-On va devoir se serrer… Dit Van en regardant l’île.

-Nan, pas là ! Corrigea Neldirage, plus bas !

Tous crurent à l’établissement de leur future colonie dans des grottes et ils ne jugèrent pas bon de demander des explications. Neldirage se tourna vers Ron qui semblait vouloir dire quelque chose.

-Capitaine ?

L’homme parut soulagé de faire part aux autres de ce qu’il avait remarqué. Sa lourde armure luisait au soleil et Neldirage mit une main en visière pour cacher les rayons solaires.

-Je viens de voir en suivant la plage qu’elle est invisible par moment…

-C’est ce que je pensais… Ajouta Ylanay. Je sais pas vous, mais quand on était au débouché du fleuve, on la voyait pas ! Et pourtant, on n’en est pas loin…

-Neldirage, tu aurais vu quelque chose qui pourrait expliquer ça ?

Notre ami réfléchit en fronçant des sourcils.

-Il y a une matière bizarre, finit par se rappeler notre ami, assez opaque et transparente. Elle est disposée d’une façon très spéciale.

-Je parierais pour un jeu de lumière… Dit Pierre en jetant un caillou dans l’eau le plus loin possible.

Quand il vit que tous les hommes qui avaient entendu s’étaient retournés vers lui, il baissa les yeux et ajouta :

-C’est un truc qu’on utilise dans les jeux de cartes… Avec quelques miroirs, on peut cacher certaines choses autour de nous… Comme des cartes…

Neldirage sourit et Van dit :

-Je savais que c’était louche que tu me battais tout le temps !

-En tout cas, reprit le plus jeunes des quatre, cette matière doit être spéciale pour avoir tenu aussi longtemps. Ceux qui ont construit ça devaient être très malin…

-D’un point de vue militaire, c’est un bel endroit ! Annonça Ron après avoir étendu son regard sur les lieux. Pour voir l’île, il faut se trouver sur un des côtés… Avec les reflets de l’eau et celle de la matière disposée dans l’île, le fort n’a rien à craindre tant que des hommes ne se sont pas rapprochés dangereusement du gouffre.

Tous jetèrent un regard vers le vide qui s’étendait à une cinquantaine de mètres de là. Le grondement laissait clairement présager que la moindre chute serait mortelle.

-Ron, fais quérir deux hommes, je veux que l’armée soit ici le plus rapidement possible. Les travaux vont commencer !

Chapitre LXXXIII

L’armée mit une semaine à arriver. C’était surtout à cause des canons. Les chevaux avaient plus de mal à tracter les pièces d’artilleries dans des vallées et les collines.

Pendant ce temps, Neldirage, et les hommes qui l’avaient accompagné, visita les environs. Ils découvrirent que cette étrange matière déviait les rayons du soleil ce qui cachait les ruines aux yeux des non-avertis. Ils firent le tour de la forêt et voyagèrent jusqu’aux premières montagnes. Les jours suivants, ils trouvèrent un chemin qui partait de la plaine entre le lac et les montagnes, qui descendait vers la baie. D’après Ron, le courant était si fort dans celle-ci et sur le début des rivières qu’il serait impossible à tout navire de remonter de la mer jusqu’à la baie. Cela contrecarra une partie des plans de Neldirage qui échafauda des dizaines de solutions différentes.

Lors d’une exploration, ils trouvèrent cette étrange matière opaque. Elle ne semblait pas avoir été laissée sur le sable mais plutôt créée. Neldirage confierait la tâche à ses magiciens de découvrir comment la fabriquer. Ils explorèrent derrière la cascade également, malgré la force de l’eau qui tombait juste derrière eux. Il y avait quelques grottes mais toutes se terminaient par une impasse. Si l’une d’elles conduisait à un passage secret menant aux ruines, il devait être bien cachée. Pendant les deux derniers jours, la cinquantaine de soldats se reposa. Neldirage, très peu à l’aise dans le milieu aquatique, fit ce qu’il put. Vêtu seulement d’un pagne, et sous les encouragements moqueurs de Pierre, il apprit les bases de la natation.

-Alors ? Demanda Neldirage en revenant de sa deuxième matinée à nager.

-On peut pas dire que tu saches nager, dit en rigolant Pierre, tu sais flotter on va dire ! Et c’est déjà pas mal !

Van et Ylanay discutaient avec Ron tandis que les hommes jouaient avec une grosse balle faite de mousse. Neldirage regrettait qu’il n’y ait pas plus de moments de détente que ça. La vie de soldat n’était pas la plus tranquille, se désola-t-il. Malgré cela, on pouvait quand même voir que toutes les armes et armures étaient à portée. En cas d’attaque soudaine, ils seraient équipés en une petite minute. Le dernier jour, le petit régiment construisit un radeau et décida d’aller visiter l’île plus en détail.

Même en groupe Neldirage avait l’impression qu’ils piétinaient sur place. Ils furent un petit peu plus lent pour rejoindre les ruines qu’ils atteignirent en une heure et quart. Tous contemplèrent avec admiration l’architecture si particulière du lieu. Neldirage regarda rapidement mais même en ayant déjà vu tout ça, il ne put s’empêcher d’admirer la beauté ancienne du lieu. Des statues représentant ce qui semblait être des humains, des arches formées par cette matière spéciale, des bâtisses de pierres blanches, des voûtes profondes et des ponts élégants qui reliaient les édifices. Ylanay demanda la permission de grimper en haut de la tour, Neldirage le lui accorda et Pierre, Van et tous les soldats le suivirent. Seul Ron resta avec lui.

L’homme devait aller sur ses trente ans. Il portait toujours son armure noire qui semblait ne pas refléter la lumière. Il était à l’opposé de Talaert. Le vieux capitaine était fort comme Ron pouvait se montrer fin, le vieux capitaine adorait le corps à corps tandis que Ron se battait le plus souvent à l’aide d’un fusil. En fait, se dit Neldirage, il ne pouvait rêver de meilleur état-major, les deux se complétaient très bien.

-Tu ne vas pas voir ? Demanda Neldirage.

-Non, répondit le jeune homme d’un mouvement de tête, quelque chose me dit que j’aurais plus tard le loisir de regarder tout ça tranquillement.

-C’est pas faux, répondit Neldirage. Viens, on va regarder un truc.

Les deux hommes prirent l’autre arche de la cour. Celle que Neldirage avait prise par erreur. Ron s’étonna du pont de pierre. Même si son général lui avait décrit, il s’était attendu à quelque chose de moins… troublant. Sans se presser, les deux amis rejoignirent l’autre île, celle qui était beaucoup plus petite. Arrivé dessus, Neldirage posa une question en s’approchant du vide.

-Tu crois qu’on pourrait construire une plate-forme qui descendrait jusqu’en bas ? Demanda Neldirage.

Ron s’avança et regarda la baie, circonspect.

-Je ne sais pas ! Je suis pas très calé dans ce domaine. Je serais plus apte à te dire où pourraient tirer les canons de cette position. Mais je pense que c’est possible ! Finit-il par avouer. Quand commenceront les travaux pour l’aménagement des ruines et de l’île ?

Neldirage sourit. Ron n’avait pas tout à fait tort mais ce n’était pas là qu’ils allaient construire leur place forte bien qu’il eût des projets pour ces ruines et cette île. Il regarda distraitement les cascades et dit :

-Bientôt... Les nains doivent être au courant que j’ai mandé le roi Farak. Je pense qu’il sera bientôt là.

-On risque d’avoir des problèmes de logistique ? Dit Ron.

-En effet, répondit Neldirage en retournant s’asseoir sur le pont et en laissant ses pieds tremper dans l’eau presque chaude. C’est ce que je crains. Je ne vois déjà pas comment nous allons faire pour passer cet hiver !

-Notre trésor ? Demanda Ron.

-Complètement à sec ! On ne peut pas dire que les chaotiques se soucient vraiment de l’or… Et puis qui nous vendrait de la nourriture ? Personne ne traitera avec des renégats.

Neldirage soupira.

-Et encore ce n’est pas fini, reprit le général, pour construire notre fort, il faudra de la pierre. Chose que nous n’avons pas ! Les premières montagnes sont à vingt kilomètres donc les carrières devront être là-bas.

-Le véritable problème reste la nourriture, reprit Ron. Peut-être que les nains et les elfes que vous attendez pourront fournir cette solution.

-C’est pour ça que plus tôt ils seront arrivés, mieux cela sera. Retournons à la forteresse, il ne semble plus y avoir personne en haut de la tour.

En effet, quand Ron se retourna, les petites silhouettes noires avaient disparu de l’édifice. Les deux amis retournèrent dans la cour qu’ils avaient quittée.

-Fantastique ! S’écria Ylanay quand les deux groupes se rejoignirent. Cette vue qu’on a ! On voit tout et de très loin ! D’ailleurs, deux cavaliers arrivent droit sur nous ! Impossible de voir leurs couleurs…

-Retournons à la plage alors, les chevaux sont restés là-bas et je doute que les dix hommes qu’on a laissés se sentent très rassurés.

La quarantaine de soldats retraversèrent la forêt dans le sens inverse. La délicatesse qu’il avait utilisée lors du premier passage leur permit de mettre pratiquement deux fois moins de temps qu’à l’aller. Neldirage se dit qu’il faudrait créer un chemin… Sûrement celui-là même qu’il empruntait à présent, ils gagneraient du temps même s’ils perdaient en discrétion. Le radeau étant toujours bien amarré, le groupe s’entassa dessus et rama sans conviction vers la plage.

Neldirage sauta dans l’eau juste avant la côte. Il se traîna jusqu’à la plage, l’eau arrivant à mi-cuisse l’empêchant d’avancer rapidement. L’éclaireur vint à sa rencontre, faisant barboter son cheval. Il était couvert de poussière et l’homme avait les traits fatigués : on les apercevait rapidement sous son casque. Son équipement indiquait que c’était un éclaireur. Neldirage l’invita à parler.

-L’armée sera là avant la tombée de la nuit, général… Dans une heure environ. Le capitaine Talaert m’a chargé de vous dire que Firtaes et Trait étaient de retour !

-Déjà ? Déclara Neldirage surpris.

-Ces magiciens sont pleins de ressources ! Déclara l’éclaireur.

-Ouais, répondit Neldirage dans sa barbe, c’est bien ce qui m’effraye.

-Et pour terminer, les nouvelles des nains. Ils sont prévenus et nous ont promis que le haut-roi Farak serait bientôt mis au courant.

-Qui a bien pu aller aussi vite ? S’étonna Neldirage.

-Le capitaine connaissait quelqu’un de très efficace. Soi-disant l’éclaireur le plus rapide du royaume…

Il cracha presque les derniers mots. Neldirage se demanda ce qui avait provoqué une telle réaction d’orgueil. Il continua son récit.

-Je suis aller le chercher dans une auberge de la Capitale où il devrait ensuite rejoindre Kaer Ynir. Mais quelle surprise de voir que c’était une femme ! Mais à priori, fallait pas la sous-estimer ! C’est une dure et elle fait quand même du bon boulot !

-Bah, répondit Neldirage avec un sourire, moi aussi un jour j’ai mal jugé une femme éclaireur ! T’en fais pas ! D’ailleurs je me demande ce qu’est devenue Ria… Pensa tout haut notre général.

-Ouais, général ! C’est comme ça qu’elle s’appelait ! Ria la demoiselle ! Un beau brin de fille ! Si ca tenait qu’à moi…

Il s’arrêta en voyant le regard que lui jetait Neldirage et dit d’un ton un peu honteux :

-Elle vous fera un rapport détaillé plus tard je pense ! Maintenant, si vous le permettez, général, j’aimerais aller me reposer un peu ! La route a été longue…

-Je vois… Tu peux y aller, l’autorisa Neldirage en sortant ses pieds de l’eau, trouve-toi à manger et repose-toi, tu l’as bien mérité.

-Ylanay ! Cria notre ami à celui qui discutait avec deux soldats. Prends quelques hommes et trouve où l’armée pourra camper ! Elle va bientôt arriver.

Ylanay choisit les deux hommes avec qui il parlait et se mit en selle. Ils partirent vers le nord pour faire le tour du lac. Van et Pierre le rejoignirent.

-On va faire un tour, Nedi ! Annonça Pierre.

-Tous les deux ? Demanda Neldirage.

-Oui, reprit Van, ainsi que Ron, on aimerait un peu de calme avant que l’armée arrive ! Et puis on va aller vérifier que ces membres de l’araignée ne sont plus dans le coin.

-Bien, reprit Neldirage, soyez prudents et rentrez vite, je vais avoir besoin de vous pour établir le campement.

-On fera vite ! Dit Pierre en lançant sa monture au galop.

Neldirage retourna s’asseoir sur la plage après s’être assuré que Eclair ne manquât de rien. Le cheval s’était allongé sous un arbre, les pattes avant dans le sable mais toujours à l’ombre. Notre ami vérifia que ses deux épées ceignaient toujours la selle ainsi que son armure qu’il avait laissée près d’une souche d’arbre. Neldirage remonta son pantalon encore mouillé jusqu’aux genoux et fit de même avec sa chemise noire. Il regarda l’île au loin et se perdit dans ses pensées. Il resta un quart d’heure ainsi, le soleil séchant ses vêtements et les petites vagues lui léchant paresseusement le bout des pieds.

Les hommes, étant au courant de la proche arrivée de leurs amis soldats, rassemblèrent leurs affaires et se placèrent autour de Neldirage pour discuter. Ces voix graves le ramenèrent un instant à la réalité. Il vit que le ciel prenait doucement une teinte rougeâtre : La nuit tarderait à tomber et peu de nuages gâcheraient le futur ciel étoilé. Neldirage regarda ses hommes : certains jouaient aux dés, d’autres riaient et d’autres encore profitaient de l’eau chaude pour se nettoyer et nager pour ceux-là qui savaient. Neldirage encercla ses jambes de ses bras et laissa tomber sa tête sur ses genoux. Une pensée déchirante lui traversa l’esprit après avoir regardé ces visages heureux : Combien d’entre eux mourraient par sa faute ? Un profond désespoir l’envahit. Quelques instants avant, il était si sûr… Et maintenant, il envisageait le fait qu’il avait pris la mauvaise décision et que tous ces hommes, et femmes, qui croyaient en lui, finiraient par en succomber.

Heureusement pour son moral, une longue note sourde résonna dans la vallée à laquelle se joignit d’autres instruments. L’armée arrivait, et enfin les choses sérieuses allaient commencer.

Chapitre LXXXIV

L’armée arriva en pleine forme au lac. La beauté et la température ambiante avaient pour conséquence de donner du moral aux troupes. Il était plus agréable de marcher sous un ciel bleu et un beau soleil que sous la neige et le froid comme ils avaient pu le vivre. Ylanay avait choisi une large bande de terre entre deux des fleuves. Avec une vigueur insoupçonnée après un tel voyage, le camp fut dressé en une heure. En récompense, Neldirage autorisa ses hommes à une demi-journée de permission… Avec un service minimum tout de même.

-Autant vivre ici, autant qu’ils connaissent un peu la région. En plus, il fera nuit noire dans une heure et demie, autant qu’ils en profitent après ce long voyage ! On a quand même traversé le royaume de part en part ! Déclara Neldirage à ses capitaines.

-La garde ? Demanda Talaert.

-Que les hommes qui ont profité de cette semaine de vacances se remettent au travail ! Cela ne pourra leur faire que du bien.

Ron rit en imaginant les grognements de protestation de ces soldats lorsqu’ils apprendraient qu’ils devraient surveiller le campement.

-Si, ça ne te dérange pas, Talaert, je vais laisser Ron te faire un résumé ! Ma journée a été épuisante et je vais me retirer sous ma tente !

-J’imagine, général… Dit-il avec un franc sourire en voyant la simple tenue qu’il portait.

Neldirage traversa le camp en largueur pour rejoindre sa tente qui avait pratiquement été installée au bord de l’eau. A l’intérieur, un lit aux couleurs noires et vertes semblait l’appeler. Neldirage se vautra dedans en remerciant le ciel de ne plus avoir à dormir par terre. C’était incroyable, pensa notre ami, comment on pouvait vite s’habituer au confort… Il y avait à peine dix ans, cela lui aurait paru normal de dormir sur le sol… Ses affaires avaient été apportées et Neldirage entendit Eclair bouger près de sa tente. Des fruits avaient été amenés et notre général mordit dans une pomme avant de se recoucher.

Il mâchouilla en regardant les plis supérieurs de la chambre de toile. Neldirage se demandait quand arriveraient les nains. Il fallait qu’il sache si son projet était possible. Il aurait aussi besoin de l’avis des elfes pour modifier l’un de ses objets magiques. Neldirage y avait longuement réfléchi mais il ne savait pas comment les contacter. Il espérait que les nains pourraient le faire bien qu’ils ne soient pas en si bons termes. Il y avait aussi ce problème de nourriture qu’il ne savait pas comment régler. Il mâcha plus doucement, ayant la désagréable sensation que ça serait l’une des dernières fois qu’il mangerait un fruit. Demain, il faudrait qu’il parle aux mages ainsi qu’à Ria pour avoir les dernières nouvelles.

Il allait s’endormir lorsqu’un long son sourd sembla venir de la chaîne de montagnes de l’est de l’empire… Et donc du nord-est du camp. Neldirage attacha sa ceinture et enfila rapidement son armure. Il se coiffa de son casque et mit une paire de botte en fourrure. Il était pratiquement en train de courir hors de la tente lorsqu’il percuta quelqu’un. Même après quinze ans, il reconnut la femme qui était venue le voir.

-Ca va ? Demanda Neldirage qui s’était relevé plus tôt et tendait la main.

-Un peu brutal comme rencontre mais je survivrai, dit-elle avec une pointe d’ironie non dissimulée.

Ses cheveux bruns étaient en tout sens et son propre casque avait roulé à quelques mètres de là. Neldirage alla galamment le ramasser et lui tendit pendant qu’elle remettait de l’ordre dans sa coiffure. Elle ne remit pas son heaume tout de suite ce qui lui permit de voir que la jeune fille avait beaucoup mûri pendant ces dernières années. Neldirage était sûr qu’elle devait être un peu plus jeune que lui mais sur son visage était peint toutes les rigueurs des saisons du monde. Cela lui donnait un air tout à fait adorable, pensa Neldirage, une force cachée sous un masque de fragilité. Le général s’était déjà trompé sur elle et ne la rejugea pas tout de suite…

-Qu’est-ce que c’était ce bruit ? Demanda Neldirage.

-C’est ce que j’étais venu vous dire, général, je devais vous dire que les nains allaient arriver… vite… Ils devaient être juste derrière nous…

-Comment est-ce possible ? S’interrogea Neldirage. Tu es à peine revenu !

-Le commandant de la forteresse de la baie de la bataille des quatre armées m’avait annoncé que le roi Farak s’était déjà préparé à votre appel… Il m’a dit aussi que votre demande serait transférée dans les plus brefs délais ! J’ai ainsi compris que vous risquiez de recevoir les nains sans être avertis de leur présence alors je me suis pressée ! Pas assez visiblement… Termina-t-elle en regardant la base des montagnes cachées par la nuit.

-Bien, tu as fait du mieux que tu pouvais ! Ce n’était pas pour rien que mon prédécesseur à Long-Col m’a dit que tu étais la meilleure.

Elle sourit d’un air tout à fait charmant.

-Le fait que tu aies pu faire l’aller-retour aussi rapidement est déjà un exploit ! Presque autant que la vitesse à laquelle les nains ont prévenu le roi Farak… Bon, tu viens les accueillir avec moi ? On parlera sur le chemin ! A Long-Col, on n’a pas eu l’occasion de beaucoup parler, lui glissa Neldirage.

-Avec plaisir, dit l’ancienne mercenaire en se mettant à ses côtés. Que voulez-vous savoir ?

-Tu as des nouvelles de Phil ?

La mercenaire sembla étonnée de cette question. Comme tout le monde, les derniers aperçus qu’elle avait eu de leur relation avait été plutôt… houleux. Comme visiblement ce n’était pas une blague, elle répondit :

-Il garde toujours la frontière… La ville s’est agrandie avec la grotte toute proche. Il y a eu plusieurs tentatives d’attaques mais la garnison a tenu bon. La ville s’est légèrement enrichie mais reste quand même assez isolée. La population a doublé il me semble depuis ton départ…

Elle était passée au tutoiement mais Neldirage passa outre le respect.

-Peu de soldats sont morts… Si jamais tu leur rendais une visite, tu reverrais beaucoup d’amis ! Ton entraînement leur a été profitable, Phil a continué avec ta méthode, il faut dire qu’elle est efficace.

Cela fit penser qu’il faudrait essayer de l’enseigner à ses hommes. Il n’avait jamais pensé à l’appliquer à plus large échelle. Il suffirait de faire des petits groupes et… Il arrêta le cours de ses pensées pour répondre à l’éclaireur qui l’accompagnait. De plus, ils étaient arrivés à la lisière du campement.

-On verra ! Comme tu me l’as rappelé, mes dernières relations avec Phil étaient loin d’être agréables.

-Neldirage, j’ai une question à te poser…

Le ton semblait hésitant mais Neldirage ne la regarda pas et préféra suivre des yeux les petites lueurs des nains au loin.

-Je t’en prie, pose ta question…

-Pourquoi tu sembles le même que la dernière fois que je t’ai vu ?

-Tu sais, on dit qu’on ne change pas ses principes comme ça !

Il rit, toujours fixant les torches qui arrivaient.

-Non, je veux dire physiquement ! Je dois être une des seules personnes qui puisse voir le changement ! Enfin l’absence de changement…

Neldirage la regarda, fronçant des sourcils. Elle détourna les yeux, regardant le sol et parlant avec de grands gestes.

-Regarde, Van et Ylanay comment à avoir quelques cheveux blancs et toi, tu n’as même pas encore une seule ride !

-Je supporte peut-être mieux les années ! Ajouta Neldirage avec un haussement d’épaule.

Elle ne parut pas accepter la réponse et préféra se taire pour revenir à la charge plus tard. Les premiers nains se firent bientôt visibles. Neldirage alla à leur rencontre.

-Enchanté de vous revoir, roi Farak ! Dit Neldirage en tendant le bras.

-Et moi de même, humain ! Répondit-il en serrant le membre tendu.

Neldirage leva les yeux vers le cortège qui accompagnait le petit guerrier.

-Vous avez l’air d’être chargés à ce que je vois !

-Exactement, rétorqua le nain de sa voix rocailleuse, on a de quoi bâtir au moins cent forteresses ! Montrez-nous où et ça sera vite fini !

Neldirage rit.

-Si vous voulez bien m’excuser… Demanda Ria.

Neldirage lui permit de se retirer bien qu’il aurait préféré qu’elle reste encore un peu. Les deux commandants la regardèrent partir.

-Une bonne compagne que vous avez là !

Avant que Neldirage puisse réagir, il continua :

-Allons parler de ce projet pendant que mes braves compagnons montent le camp.

Neldirage se laissa emporter par le coude en donnant de nouveaux ordres pour que les sentinelles se déplacent pour surveiller aussi les nains. Arrivé dans la tente de notre général, ils commencèrent à parler.

-Alors ? Demanda le nain. Vous avez l’air d’avoir trouvé un endroit intéressant ! Enfin pour un humain parce qu’il manque de grottes dans le coin…

-Oui, maître nain, mon projet est compliqué…

-Vous voulez la construire sur cette île au milieu du lac ?

Neldirage sembla étonné que le nain soit au courant de sa présence. Devant son air intrigué, le nain rit.

-Nous vous avons observé plus longtemps que vous pouvez l’imaginer ! Enfin bon, l’aménagement de cette île ne devrait pas trop poser de problème ! Il…

-Non, c’est pas là que je veux la construire, l’interrompit notre général, c’est sous la cascade que je le veux !

LXXXV

-Sous la cascade ? Reprit le nain pensif.

Il se gratta la barbe, les yeux perdus dans le vide. Il compta sur ses doigts puis se remit à réfléchir. Neldirage le regardait, à la limite du dévisagement. Le nain jeta un coup d’œil vers le campement nain qui commençait à prendre forme. Il regarda ensuite Neldirage en fronçant ses sourcils broussailleux.

-Je crois que je vais aller en parler avec mes architectes ! Dit le nain. Nous continuerons cette discussion après une bonne nuit de sommeil et de réflexion !

-Bien, se réjouit Neldirage, content que son idée ne lui paraisse pas impossible.

Le nain sortit de la tente, tout de suite remplacé par Van. N’aurait-il donc pas une minute de repos ?

-Qu’y a-t-il ? Demanda Neldirage à son lieutenant.

-C’est Firtaes… Ca fait une heure qu’il hurle pour te voir… Et c’est assez pénible ! Il faut que tu viennes sinon je vais finir par le tuer… Dit Van avec une exaspération sincère.

Neldirage soupira : Il les avait oubliés. Il se leva malgré la fatigue qui comprimait son cerveau. Le général suivit son ami jusqu’à une large tente qui devait être pratiquement aussi grande que la sienne. Il leva la main pour écarter une porte de toile et entra. Il put voir le mage de la Capitale assis sur un coffre ainsi que Firtaes et Trair qui semblaient guetter chacun de ses mouvements.

-Je vois que vous l’avez retrouvé … Dit Neldirage avec un certain contentement.

-Oui… Commença l’un des deux mages.

-Non ! S’interposa le prisonnier. Je suis venu à eux… Sinon, ils ne m’auraient jamais retrouvé ! Dit-il avec un ample mouvement des bras.

Neldirage avait discrètement mis ses sens en alerte pour contrer toute tentative magique.

-Quel est le résultat de votre retour en ville ? Demanda le général à ses deux magiciens.

-On a trouvé ce qu’on cherchait et … Commença Trair.

-Il s’en moque de ça, sale pie ! Le coupa Firtaes. Nos amis mages se préparent… Ils vont bientôt arriver, le temps de mettre en ordre leurs affaires.

-Excellent, se réjouit Neldirage, bon et toi ! Dit-il avec un mouvement de tête, tu vas m’expliquer à quoi tu as joué l’autre soir !

L’homme à la calvitie avancée fit mine d’être surpris par la remarque.

-Je vous ai dit que je ne maîtrisais par les effets de ce sort ! C’était la première fois que je l’utilisais, j’étais loin de prévoir ce fiasco…

-J’espère que vous avez de bonnes nouvelles à m’annoncer sur mon épée ! Sinon, je vous ferai pendre ! Le menaça Neldirage.

L’homme hocha la tête et Neldirage déclara qu’il allait se coucher et qu’il verrait ça demain matin. Si c’était compliqué, autant avoir les idées claires. Il quitta la tente escorté par deux gardes à qui il confia la mission que personne ne le dérangeât sans un motif urgent. Il s’allongea sur son matelas en sombrant immédiatement dans ses rêves.

Quelqu’un le secoua par l’épaule. Neldirage ouvrit les yeux pour voir un des deux soldats de la veille attendre que son général se réveille complètement.

-Qu’y a-t-il ? Grommela le général.

-Le roi Farak vous attend devant la tente… Répondit le soldat aux grandes cernes.

-Très bien, répondit Neldirage qui s’assit sur le bord de son lit, dites-lui que j’arrive et allez prendre du repos avec ton ami.

-Bien, général, dit l’homme avant de s’éclipser.

Il rejoignit le nain dehors après seulement deux minutes. Le roi lui tendit un pichet de bière que Neldirage refusa le plus poliment possible. Ils avancèrent le long de la plage après avoir salué Pat et Fertan.

-J’ai parlé de ton projet à mes architectes… Nous sommes allés voir la baie pour juger nous-même. La pierre que nous avons, nous permettra seulement de construire les fondations. Nous ne sommes pas équipés pour dresser les murs d’une ville où l’eau tombe avec autant de force qu’un tir de canon…

-Je pense que les elfes s’en chargeront ! Annonça Neldirage.

-Les longues oreilles ? S’étonna le nain qui se rembrunit à l’idée de partager son travail.

-Oui, confirma Neldirage, j’aimerais qu’il modifient les piliers d’invisibilités pour en faire un de bouclier. Ainsi l’eau tomberait sur le bouclier pour se jeter dans la baie. Le hic c’est que je ne sais pas comment contacter les elfes.

Le nain regarda la forêt toute proche comme s’il y avait vu quelque chose.

-Quelque chose me dit qu’ils sont déjà au courant.

Neldirage assimila la remarque sans chercher à comprendre. Il reprit sur des sujets actuels.

-Combien de temps pensez-vous avoir besoin pour faire les bases de la ville ? Demanda notre général.

-Cela sera l’histoire de deux mois ! Si vous nous prêtez des hommes ! Evidement ! Répondit le nain. Par contre, si l’eau nous dégringole dessus, nous n’y arriverons jamais !

-Il faut que les elfes arrivent au plus vite alors…

Un soldat arriva en courant.

-Général ! Cavalier en provenance de l’ouest !

Cela ne sembla pas étonner le nain.

-Quand on parle du loup… Dit ce dernier.

En effet, même si le soleil qu’ils avaient de face les empêchait de discerner distinctement qui arrivait, Neldirage sut que les elfes étaient de retour. Ils allaient devoir se serrer ! Par contre le cortège était assez réduit, il devait y avoir environ cent cavaliers. Tous sur des montures blanches… Mais pas de chariots.

-Allons les accueillir, proposa Neldirage.

Notre ami se sentait un peu perdu… Tout allait trop vite, beaucoup trop vite. Il y avait trop de choses qui se passaient en même temps : Les nains, les elfes, ses amis, Ria, les mages, son état-major, l’approvisionnement… Dès qu’il aurait un moment de libre, si c’était possible, il remettrait de l’ordre dans tout ça. Ylith fut le premier à descendre de cheval, Neldirage le reconnut tout de suite malgré son casque en forme de dragon.

-Content de te revoir, prince elfe ! Déclara notre général.

-Moi aussi, répondit l’elfe avec une accolade, tu as l’air toujours aussi jeune !

-Toi aussi ! S’exclama Neldirage en repensant aux mots de Ria.

-Bien, j’ai appris par les vents que tu avais besoin de moi !

Neldirage grimaça devant l’explication du commandant elfe. Il rit léger, ce qui arracha un sourire à notre ami.

-Les nains sont tellement bruyants qu’on a entendu leur préparatif à l’autre bout du monde, annonça-t-il pour Farak qui venait de les rejoindre.

-Content de revoir tes grandes oreilles ! Déclara le nain.

-Ainsi que ta grosse barbe, rétorqua l’elfe.

Les deux commandants rirent et se saluèrent chaleureusement. Neldirage reprit contrôle de la conversation.

-Ylith, tu peux conduire notre ami nain jusqu’à tes seconds pour qu’il leur explique ce qui devra en être puis revenir.

L’elfe se retourna et désigna un homme. Farak hocha la tête et le rejoignit. Malgré le ressentiment elfique envers le peuple de la montagne, les éloges qu’avait faites Ylith avaient suffi à leur donner confiance. Neldirage héla le capitaine Talaert qui venait de passer derrière une tente. L’homme fit demi-tour, assez surpris.

-Talaert, tu vas faire passer le message que les soldats devront obéir aux architectes nains et elfes, sauf si les ordres se contredisent avec les miens !

-Oui, général ! Dit le capitaine avant de partir.

Ylith revint après avoir lui aussi transmis ses ordres.

-Où en étions-nous ? Demanda l’elfe. Ah oui, en quoi puis-je t’aider ?

-J’aurais besoin de vos talents pour modifier un objet magique…

L’elfe fronça les sourcils… Expression qu’il garda même après que Neldirage lui eut expliqué le résultat, c'est-à-dire un bouclier capable de les protéger des chutes d’eau. L’elfe lui promit qu’il verrait avec les mages qui l’accompagnaient. Neldirage l’en remercia et ils se mirent à parler de la pluie et du beau temps. Se faisant un résumé de ce qui s’était passé depuis qu’ils s’étaient quittés près du Kaer. L’elfe lui apprit d’autres choses plus troublantes.

-En tant qu’ambassadeur, j’aurais dû être bien accueilli dans votre Capitale mais on m’a réservé un accueil plutôt froid… On m’a même empêché d’avoir accès à certains endroits de la ville.. Heureusement, mes espions ont réussi à s’y infiltrer. Neldirage, tu dois savoir… Ils préparent une guerre ! Je n’en étais pas sûr mais d’après ce que tu m’as dit, De la Garde ne compte pas en rester là et ils montent un assaut contre toi !

Neldirage soupira, l’heure de la prophétie était arrivée….

@+

-= Inxi =-

Modifié par Inxi-Huinzi
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Alors voila.

Tout d'abord bravo mais alors vraiment pour ton boulot c'est un truc de fou.

Ensuite je voulai savoir quand le livre sort pasque la pour lire c'est la galère totale.

Oui bon ca fait un moi que je suis l'aventure et j'en suis a la page 9 et dès foi tu refais les chapitres donc c'est encore plus la misère.

Cela dit: :D:D:P:D:D:P:-x^_^:wink::):P

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

-Que fait cet homme chez nous, maman ?

Neldirage ne comprit pas tout de suite…

-Ulis, je te présente Neldirage, ton frère

Du coup on se rappelle:
Le mal tentera de s’infiltrer

Et ses frères, il faudra tuer

Ceci est l’avenir des mortels hors du commun

Dont le nom grandira aujourd’hui, comme demain

Ca ouvre plein de nouvelles perspectives...

Intéressant...

J'ai hâte de voir la réaction de Nedi.

Vivement la suite !!!

Nous reviendrons avant la couchée de la nuit.
C'est pas "le coucher" ?
Ils chevauchèrent encore cinq cent mètres
Accord.
Il s’approcha d’un premier cèpe et l’étudia
Plusieurs grappes de raisins blancs décoraient un cèpe à quelques mètres de là.
"cep", sinon c'est le champignon.
Le jus était frais et assez hydratant.
Un peu trop scientifique, "désaltérant" sonne mieux, je trouve.
En plus cela leur changerait de la viande séchée
"les", non ?
Une fois que chacun eut pillé les cèpes qu’il y avait à côté d’eux
"ceps".
Alors une troupe de soldat
Un seul soldat ?
La douzaine de chevaliers continua leur route et arrivèrent en vue du centre du village
"La douzaine de chevaliers continua sa route et arriva... ", ou "La douzaine de chevaliers continuèrent leur route et arrivèrent...".
la plupart n’était pas revenu
Accord.
le turbulant enfant qu’ils avaient connu
"turbulent".
Il eut un flottement
Il y eut...".
Non, non ! Evidement s’exclama-t-il
Manque un "m".
Maman… Dit notre homme en tombant en pleur
Pas au pluriel ?
l’amour parental lui avait crée un vide dans le cœur.
Manque un accent.
Il a dit qu’il ne mourait pas tant qu’il n’aura pas vu son fils
"mourrait"; "aurait".
Je ne puis, se désola Neldirage
Il fait des efforts ou quoi, ce doit être la première fois qu'il s'exprime aussi bien.
j’ai promis à des amis que je reviendrai
"reviendrais".
Une demie heure pendant laquelle sa mère l’écoutait
"demi-heure".
Je garde la plus importantes pour la fin !
Singulier ou pluriel ?
il a dû abandonné les recherches
Infinitif.
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Invité Kroxigor

L'arrivée du frère me donne des frisons car comme l'a montré Gemini il pourait très bien devoir tuer son frère. A moins que frère ait un sens autre, comme frères d'armes, et là ça risque d'être dramatique. Enfin, tu nous montreras tout ça un jour ou l'autre.

Le mal tentera de s’infiltrer

Jalousie du frère quant à la position sociale de Neldirage? Dénonciation du lieu où est Neldirage par le frère à l'organisation de l'araignée? Tout cela ouvre plein de perspectives ( dédicace à Gémini :D ) et promets encore de nombreux complots et de rebondissements. J'en salive déjà.

La suite, et aussi :D:P

Kroxigor

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

J'ai bien aimé la suite. Juste un point sur lequel j'ai un peu tiqué:

Celui-ci est dans le coma depuis plusieurs années… Peu de gens ont dû vivre aussi longtemps ! Il va avoir soixante ans cette année !

Soit c'est un petit oubli de correction soit ça fait un peu bizarre, dans le comas, faut un certain équipement (qui n'existe pas AMHA dans ce genre de monde).

bonne retrouvaille (ça me fait un peu penser à mon texte "le retour du guerrier", les grand esprit se rencontrent :P ).

On arrive à un virage dans l'aventure de Neldi, tout peu arriver, d'autres questions sont encore en suspend :D .

Be continued

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.
Remarque : votre message nécessitera l’approbation d’un modérateur avant de pouvoir être visible.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

×
×
  • Créer...

Information importante

By using this site, you agree to our Conditions d’utilisation.